Mojca Schlamberger Brezar: LA PHRASE EMPHATIQUE ET SES ÉQUIVALENTS EN SLOVÈNE 155 Mojca Schlamberger Brezar Université de Ljubljana Faculté des Lettres mojca.schlamberger@ff.uni-lj.si UDK 811.133.1'42:811.163.6'42 DOI: 10.4312/vestnik.7.155-165 (cc) ®@ LA PHRASE EMPHATIQUE ET SES ÉQUIVALENTS EN SLOVÈNE 0 LA GRAMMAIRE CONTRASTIVE DANS L'ENSEIGNEMENT DU FLE L'importance de bonnes connaissances en grammaire française dans l'enseignement universitaire avait depuis toujours une position centrale dans le cadre du Département des langues et littératures romanes de la Faculté de Lettres de l'Université de Ljubljana1. L'enseignement de la grammaire procédait par la morphologie verbale et non-verbale et aboutissait à la syntaxe comme le point culminant. La syntaxe du français, enseignée par Mme Elza Jereb, était centrée surtout sur l'usage contemporain du français, prenant en compte aussi bien le français standard que les expressions plus familières. Sa grammaire Francoska slovnica po nase (Jereb 1995) est une grammaire du français langue étrangère qui se veut pédagogique à l'instar des grammaires pédagogiques françaises, parues dans la même époque. Nous pouvons souligner ici la différence entre une grammaires de référence ou descriptives, qui englobe le savoir sur une langue, et les grammaires d'apprentissage ou pédagogiques, qui se veulent utiles pour l'apprenant d'une langue étrangère. Quelles sont les tâches de la grammaire du français langue étrangère (FLE) ? Callas et Rossi (1997) disent : « Comme il a été souligné maintes fois, grammaires français langue maternelle (FLM) et grammaires FLE n'ont pas le meme objectif. Les premières ont pour tâche de délivrer le savoir sur la langue, d'entraîner l'apprenant à la « conceptualisation des problèmes linguistiques de sa propre langue » (Courtillon 1985 : 33), les secondes, en revanche, visent à transmettre un savoir-faire langagier, à permettre l'apprenant à mieux pratiquer une langue étrangère. » (Callas, Rossi 1997 : 179-180). Les exemples des grammaires du FLE ont le mérite de ne pas relever uniquement de « l'écrit standardisé », comme c'est si souvent le cas dans les grammaires du FLM. La tendance répandue de la plupart des grammaires du FLE de rattacher telle ou telle forme à tel registre témoigne donc d'un souci de ne plus considérer la norme comme étant unique mais comme plurielle. (Callas, Rossi 1997 : 186). 1 En slovene Oddelek za romanske jezike in književnosti, Filozofska fakulteta, Univerza v Ljubljani. 156 VESTNIK ZA TUJE JEZIKE Dans l'introduction à sa grammaire Francoska slovnica po naše, Elza Jereb (1995) souligne les mêmes principes. Sa grammaire, qui est centrée sur l'approche communicative, est bâtie sur les principes de la démarche onomasiologique. Cette démarche qui, selon Callas et Rossi (1997 : 183) « tend à regrouper autour d'un même sens, ou autour d'une même valeur pragmatique, différentes formes, est sans doute celle qui s'inscrit le plus volontiers dans une approche communicative. Ce type d'approche, né dans les années 70, vise la mise en place (...) d'une compétence de communication, plus large que la compétence linguistique chomskienne et comportant , entre autres, des compétences discursives (...) et socioculturelles, pusique (...) toute phrase grammaticale ou dicible n'est pas appropriée à la situation. » A part cela, la grammaire Francoska slovnica po naše donne aussi des informations sur des éléments contrastifs avec la grammaire slovène - c'était le choix obligatoire qui était imposé par le texte explicatif de la grammaire en slovène à l'intention des locuteurs natifs de cette langue, car les années 70 n'étaient pas propices à l'analyse grammaticale en classe ni à la traduction en tant que moyen d'apprentissage de la langue. Toutefois, ces données se sont avérées bien utiles à l'apprenant ainsi qu'à un possible traducteur. Toutes ces caractéristiques de la grammaire Francoska slovnica po naše présentent un point de départ intéressant pour l'analyse contrastive des faits linguistiques dans les deux langues. Dans la suite, nous allons présenter une courte étude sur la mise en relief en français et en slovène, faite sur un corpus bilingue, qui part des préliminaires données ci-dessous. 1 LA PHRASE EMPHATIQUE ET LA MISE EN ÉVIDENCE : PRÉLIMINAIRES THÉORIQUES Dans cette partie, nous allons présenter le point de vue sur la phrase emphatique et la mise en relief en géneral d'abord en français, puis en slovène pour procéder après à une analyse contrastive basée sur les traductions. La définition de la phrase emphatique ne peut pas se passer de mention de la structure fondamentale de la phrase simple d'un côté et de la modalité de la phrase de l'autre. Cette phrase est traitée comme une des formes de phrase dans les grammaires françaises, tandis que dans la grammaire slovène, structurale et fonctionnelle, elle présente une modalité énonciative traitée dans le cadre de l'actualisation de la proposition (Toporišič 1982). 1.1 La structure fondamentale de la phrase simple : types obligatoires et facultatifs Les auteurs de la Grammaire méthodique du français considèrent la phrase emphatique comme un des types facultatifs de la phrase. Les quatre types fondamentaux, il s'agit notamment des types déclaratif, interrogatif, exclamatif et impératif ou injonctif, ne sont pas combinables etre eux et peuvent être trouvés dans toutes les langues existantes (Dik 1989) Mojca Schlamberger Brezar: LA PHRASE EMPHATIQUE ET SES ÉQUIVALENTS EN SLOVÈNE 157 en présentant chacun un acte de parole particulier. Par contre, les types facultatifs, appelés aussi les formes, unissent les phrases négative, passive et emphatique. Un type facultatif, selon la théorie de la grammaire générative transformationnelle (Riegel, Pellat, Rioul 1994 : 386), constitue un simple réagencement de la structure syntaxique ou bien, selon la Grammaire méthodique, le réarrangement communicatif : « ces types de phrase peuvent se cumuler entre eux ; ils sont facultatifs, car une phrase peut n'en comporter aucun et se caractérisent essentiellement par la réorganisation de la phrase à l'aide d'un matériau morphologique propre » (Riegel, Pellat, Rioul 1994 : 389). La phrase emphatique à son tour désigne tout procédé d'insistance ou de mise en relief qui peut dépasser la structure de la phrase et se confiner, à l'oral, à la seule intonation. Dans la grammaire universelle fonctionnelle de S. Dik (1989), où les types obligatoires sont liés avec les actes de parole de base tandis que le phénomène d'emphase couvre différents chapitres, partant de l'intonation et allant jusqu'à l'ordre des mots. En slovène non plus, la phrase emphatique n'est pas reconnue comme un type non-obligatoire ou une forme de phrase. Les types de phrase sont appelés les modes syntaxiques (skladenjski naklon (cf. Toporišič 1982, 2000)) à l'instar de Bally (1965), qui opposait le modus et le dictum. Elsa Jereb (1995), dans sa grammaire Slovenska slovnica po naše, adopte l'approche onomasiologique ou sémantique en réunissant tous les moyens qui servent à produire l'emphase dans la phrase. 1.2 La phrase emphatique et la mise en relief en français et en slovène Dans les grammaires du français contemporain, le phénomène d'emphase est traîté dans le cadre phrastique avec la dénomination de phrase emphatique ou bien en tant que procédé textuel : l'emphase fait partie d'un champ plus large de la mise en relief ou de la mise en évidence ou du phénomène d'insistence. Ce phénomène se décline sous trois formes : comme l'accent d'insitance, comme dislocation de la phrase ou comme l'extraction d'un constituant. Dans notre article, nous ne nous occuperons pas de l'accent d'insistence : celui-ci présente un phénomène de l'oral, placé par le locuteur sur le terme qu'il veut mettre en valeur. Par sa nature, il dépasse les limites de notre recherche qui se déroulera sur un corpus de textes écrits. La mise en évidence se fait par le choix de la position privilégiée au début de la phrase, c'est la dislocation de la phrase (voir l'exemple 6) ci-dessous). Les pronoms, dans leur forme disjointe, sont mis au début de la phrase, ainsi que les noms dans la position sujet, COD, ou COI, et ensuite repris par le pronom (voir la 2e phrase de l'exemple 2') ci-dessous. Les compléments circonstanciels sont mis au début sans reprise postérieure. Riegel, Pellat et Rioul (1994) ajoutent que la reprise du complément circonstanciel peut se faire par le pronom y dans les emplois non-normatifs. Une troisième possibilité est l'extraction à l'aide de c'est... qui, c'est... que où le 2e constituant est un pronom relatif (voir les exemples 6),7), 8) et 9) ci-dessous). 158 VESTNIK ZA TUJE JEZIKE 1.3 La mise en relief en slovène En slovène, l'emphase était le mieux décrite par Toporišič. Dans son oeuvre Nova slovenska skladnja (Toporišič 1982), nous trouvons la notion d'emphase dans le cadre de l'actualisation du contenu propositionnel2 (Toporišič 1982: 285), qui se fait avec la mise en relief d'une partie de la phrase par son seul positionnement. C'est la focalisation thème-rhème. Les bases en sont données par Breznik (en 1908, cf. Breznik 1982) qui souligne que la partie la plus importante vient à la fin de la phrase. L'emphase ou la mise en relief est liée avec la position finale de la phrase, à comparer : 1) Otrok piše nalogo. 1') L'enfant écrit le devoir. Cet ordre des mots, S-V-O, est neutre. Si l'on modifie les postions dans la phrase, comme suit dans 2) ci-dessous, 2) Nalogo piše otrok. 2') C'est l'enfant qui écrit le devoir. L'enfant, il écrit le devoir. Le mot otrok dans l'exemple 2) est focalisé en étant mis à la fin de la phrase. Ce procédé est inverse de la focalistion en français, où la position privilégiée est au début de la phrase. Toporišič (1982) consacre la plupart du chapitre à ce phénomène et il touche aussi le phénomène de l'intonation, typique pour l'oral, comme c'est d'ailleurs le cas en français. A la fin du chapitre, Toporišič se demande s'il existe des indicateurs de la mise en relief en slovène, et sa réponse est qu'il s'agit de particules emphatiques comme tudi, celo, prav et autres (Toporišič 1982 : 386). 3) Tudi otrok piše nalogo. 3') L'enfant aussi fait/écrit le devoir. Une autre recherche qui concerne les particules emphatiques en slovène est notamment celle de Jacqueline Oven (2004). Sa recherche porte sur les traductions de la particule tudi dans les textes littéraires français, donc dans le cadre inverse de notre étude. Elle démontre que la particule tudi est traduite par des moyens très variés parmi lesquels figurent des adverbes, des pronoms ou des connecteurs ayant une valeur equivalente, ainsi que par c'est... qui/que, marqueur d'emphase. Il est intéressant que dans la grammaire Slovenska slovnica (Toporišič 2000 : 307) l'emploi du pronom personnel sujet au nominatif n'est pas donné comme un phénomène 2 En slovène, aktualnostna določitev skladenjske podstave (Toporišič 1982: 286) Mojca Schlamberger Brezar: LA PHRASE EMPHATIQUE ET SES ÉQUIVALENTS EN SLOVÈNE 159 d'emphase bien qu'il puisse très bien être classé parmi ceux-ci (à comparer les exemples 4) et 4') qui sont neutres, et 5) et 5') emphatiques ci-dessous) : 4) Dela. 4') Il travaille. 5) On dela. 5') C'est lui qui travaille. C'est justement la grammaire d'Elza Jereb Francoska slovnica po naše (Jereb 1995) qui offre, par le biais des traductions vers le slovène, d'autres possibilités de la mise en relief en slovène que la grammaire de Toporišič (Toporišič 2000) ne mentionne pas. Le regard contrastif ici est très précieux aussi bien pour les apprenants que les traducteurs. Ainsi, parmi les exemples où l'emphase affecte l'ordre des constituants en slovène, nous avons l'exemple 6) qui met en valeur une des possibilités de la traduction du pronom personnel disjoint : 6) Lui, il vit aux États-Unis. On živi v Združenih državah Amerike (Jereb 1995 : 214) Pour l'extraction, elle donne plusieurs exemples de traduction avec l'extraction en slovène, ce qui pourrait être compris comme une traduction mot-à-mot (exemples 7) , 8) et 9), ibid.) : 7) Le théâtre, c'est ce qui m'intéresse. Gledališče je tisto, kar me zanima. 8) La musique, c'est ce que j'aime. Glasba je tisto, kar ljubim. 9) Faire du ski, c'est ce qu'il adore. Smučanje je tisto, kar obožuje. Si nous comparons ces traductions vers le slovène par les originaux slovènes dans le corpus Gigafida (www.gigafida.net), nous constatons que les exemples syntaxiques de ce type sont loin d'être rares ; l'analyse donne 121 231 concordances, un exemple en est donné ci-dessous (exemple 10). 10) In ta fleksibilnost je tisto, kar ta vojaška sodišča postavlja malodane ob bok podobnim kreaturem izpred nekaj stoletij. (Dnevnik 2003) 10') Et c'est cette flexibilité qui met ces cours martiales à peu près de paire des créations semblables d'il y a quelques siècles. 160 VESTNIK ZA TUJE JEZIKE D'ailleurs, Toporišič donne l'exemple du pronom démonstratif emphatique dans sa grammaire (Toporišič 2000 : 340), mais ces exemples ne figurent pas dans l'index des paradigmes d'emphase et sont par ailleurs introuvables pour quelqu'un qui les chercherait de cette manière : 11) Vi ste tisti, ki ne daste miru. 11') C'est vous qui ne nous laissez pas en paix. 12) Delo je tisto, ki rešuje človeka. 12') C'est le travail qui porte le salut à l'homme. C'est alors une possibilité de plus qui présente l'équivalent de la phrase emphatique française. Dans la suite, nous allons effectuer une analyse qualitative sur quelques exemples extraits du corpus littéraire non-annoté (Elikan 2009) et du corpus parallèle bilingue français-slovène FraSloK (Mezeg 2011) de la dislocation et de la phrase clivée c'est... que et ses équivalents dans la traduction slovène. 2 RECHERCHE DANS LE CORPUS PARALLÈLE BILINGUE : ANALYSE CONTRASTIVE Comme nous venons de voir, les procédés de mise en relief et de l'emphase emploient différents moyens en français et en slovène, mais peuvent s'apparenter jusqu'à un certain degré au niveau de l'expression. Tandis que la place privilégiée de la dislocation de la phrase en français est au début de la phrase, le slovène préfère la position finale. L'extraction en français c'est... que/qui a son équivalent en slovène dans l'expression tist-i/-a/-o, ki. Dans la suite, nous allons voir les possibilités et les variantes de leur traduction dans les trois corpus analysés. Nous voulons mettre en évidence les moyens de traduction de ce type de phrases. Nous nous inspirons de deux recherches contrastives qui ont été préparés sous notre tutelle en tant que mémoires du premier cycle: d'abord, Dunja Elikan (2009) s'est basée sur le corpus des phrases emphatiques tirés de l'ouvrage de Gosciny, La rentrée du Petit Nicolas (et la traduction vers le slovène d'Ales Berger Nikec gre spet v solo). Nina Kordis (2012) a étudié la phrase emphatique dans le corpus FraSloK compilé par Adriana Mezeg (Mezeg 2011) qui fait partie d'un corpus plus large Spook (http://nl.ijs.si/noske/, Vintar 2013) , partie littéraire. A notre tour, nous élargissons la recherche sur le corpus Le Monde diplomatique (http://nl.ijs.si/noske/) avec l'analyse des pronoms personnels disjoints dans les extractions du type c'est moi qui (et ainsi de suite) et leurs traductions en slovène. Pour la traduction, il va de soi qu' il est important de reconnaître cette dimension textuelle déjà dans l'original et de la reproduire dans la traduction, ce qui n'était pas toujours le cas. Nous discuterons de quelques exemples trouvés dans le corpus parallèle dans la suite. D'abord, nous nous sommes centrée sur la dislocation comme structure typique de la phrase emphatique. Elle était moins évidente et ses moyens d'espression moins Mojca Schlamberger Brezar: LA PHRASE EMPHATIQUE ET SES ÉQUIVALENTS EN SLOVÈNE 161 voyants, mais aussi présente, tandis que les traductions n'étaient pas toujours très convaincantes. Si la position privilégiée en français est au début de la phrase et en slovène à la fin, en est-il ainsi dans les traductions ? Dans l'exemple 13) et 13') (Elikan 2009 : 25), la syntaxe françoise présente la structure orale typique tandis que la traduction est faite presque mot-à-mot ; il faudrait peut-être choisir une autre possibilité de positionnement de fenêtre à la fin de la phrase comme suggère l'actualisation de la phrase en thème et en rhème. 13) La fenêtre, il l'a cassée, papa ? j'ai demandé. 13') A ga je razbil, okno, očka ? sem vprašal. Dans l'exemple 14) ci-dessous (Elikan 2009 : 25), on peut remarquer l'absence d'emphase dans la traduction slovène : 14) Papa, il m'écoutait et n'a rien dit. 14') Očka meje poslušal in ni nič rekel. D'autres exemples de l'emphase par dislocation s'avèrent problématiques d'autant plus que ce phénomène ne peut pas être observé dans un corpus annoté de manière classique comme c'est le cas du corpus FraSloK et Le Monde diplomatique. Nous devrons consacrer à la dislocation une étude spéciale. Par contre, il est plus facile d'examiner dans le corpus la mise en relief par l'extraction c'est ... que et ses équivalents en slovène. Les exemples de l'extraction 15) et 15') (Elikan 2009 : 23) nous présentent une traduction à l'aide des particules emphatiquespa et saj qui jouent aussi le rôle du connecteur comme équivalents de pourtant et le pronom tonique ti : 15) C'est pourtant toi qui as insisté pour que nous retournions à Bains-les-Mers, cette année. 15') Pa saj si ti vztrajala, da gremo letos spet v Bains-les-Mers. A partir du corpus FraSloK (http://nl.ijs.si/noske/), nous avons choisi les exemples suivants qui méritent le commentaire : 16) C'est ainsi que je l'appelle, reprit l'inconnu. (Eldorado) 16') »Tako mu pravim jaz,« je nadaljeval neznanec. (Eldorado) L'emphase dans l'exemple 16') n'est pas tout à fait conforme à celle de l'original, l'accent tombe sur le pronom personnel jaz. Selon la théorie, l'emphase est mise sur la partie disloquée qui est l'adverbe ainsi, en slovène tako ; on s'attendrait à Jaz mu pravim tako ou tako mu pravim. 162 VESTNIK ZA TUJE JEZIKE Par contre, l'exemple 17) ci-dessous nous donne la traduction avec la particule emphatique qui est tout-à-fait appropriée. 17) C'est cette vie qui se révélait maintannt essentielle. (Le Testament français) 17') Prav to življenje seje zdaj izkazalo za bistveno. (Francoski testament) La traduciton avec la particule serait possible aussi dans l'exemple 18), mais nous pouvons y observer que l'emphase par l'extraction à l'aide de c'est... que est reproduite par la position finale dans la phrase : 18) C'est encore moi qui aie le fric. (Fou de Vincent) 18') Zaenkrat imam keš še vedno jaz. (Nor na Vincenta) L'exemple 19) est intéressant pour la traduction par tisti, ki : 19) C'étaient peut-être les dates qui me donnaient le vertige. (Le Testament français) 19') Morda so bili datumi tisti, ki so mi povzročali vrtoglavico. (Francoski testament) Nous pouvons aussi remarquer, de temps en temps, l'absence d'emphase dans les exemples avec l'extraction du pronom personnel. L'ordre des mots dans la phrase 20') met en relief l'adverbe tako, tandis que l'emphase dans l'original porte sur le pronom personnel moi : 20) C'est moi que vous le dis. (Le ventre de l'Atlantique) 20') Vam rečem, daje tako. (Trebuh Atlantika) Dans le corpus littéraire FraSloK, ce n'était pas le seul exemple de manque d'emphase sur le pronom personnel. Par contre, parmi les exemples recueillis dans le corpus Le monde diplomatique (http://nl.ijs.si/noske/), tous les pronoms personnels en extraction étaient traduits par le pronom personnel tonique slovène (deux fois c'est moi qui par jaz, c'est lui qui par on, et ce sont eux qui par oni et une fois c'est toi qui, c'est elle qui, c'est nous qui et c'est vous qui par ti, ona, mi, vi respectivement) comme nous pouvons aussi constater dans l'exemple 21) ci-dessous. 21) Un des exemples du corpus Le Monde diplomatique Pékin pris Tibet lors est lui qui ordon- Tibetan- Tibetu je on zapovedal zatr- au piège des mani- na la répres- ci, ki so v med de- tje in uvedel vo- entre... festations sion et kitajs... monstracija- jaško zakono- (2008) de 1989, c' décréta la (2008) mi leta 1989 prav dajo Mojca Schlamberger Brezar: LA PHRASE EMPHATIQUE ET SES ÉQUIVALENTS EN SLOVÈNE 163 2.2 Analyse des données Le parcours des exemples tirés des trois corpus démontre les tendances suivantes : surtout le phénomène de l'oral, l'emphase se retrouve à l'écrit le plus souvent dans les parties qui miment l'oral, c'est-à-dire dans le discours direct, les dialogues littéraires et le discours rapporté ou discours indirect libre. Dans les traductions, nous avons trouvé toutes les possibilités de l'emphase que nous avons décrit au début de l'article dans la partie théorique : les particules emphatiques, les pronoms personnels emphatiques, l'extraction à l'aide de tist-i/ -a/-o ki. Le moins représentée était la dislocation avec le changement de l'ordre des mots. Dans la plupart des cas, les traducteurs reprennent l'emphase ; s'ils la reprennent, c'est par la particule, par l'usage du pronom personnel ou par la structure de la mise en relief tisti, ki. La traduction des articles des journaux dans le corpus Le monde diplomatique présente moins de variété que les traductions dans les deux autres corpus. Le problème se pose surtout pour la dislocation qui est difficilement saisissable aussi à cause de la structure et de l'organisation du corpus Spook, qui n'est pas approprié à ce type de recherche. Il faudrait effectuer une recherche à part pour traiter de ce phénomène à fond. 3 CONCLUSION Nous avons essayé d'analyser les manières d'expression et de traduction de l'emphase entre le français et le slovène d'abord à l'aide des indications données dans la grammaire du français (Riegel, Pellat, Rioul 1994 ; Jereb 1995) et la grammaire du slovène (Toporišič 1982, 2000) et puis par une analyse des corpus parallèles français-slovène. Nous pouvons constater que le phénomène de l'emphase est présenté de manière adéquate pour aider les apprenants du FLE ainsi que les traducteurs à chercher les équivalents dans les deux langues et que les acquis de la linguistique ont été intégrés dans les grammaires du FLE. Là-dessus, nous pouvons conclure que le principe onomasiologique des grammaires du FLE se prête à être développé dans la grammaire contrastive et la traduction. D'un côté, l'insertion des repères contrastifs dès le début de l'apprentissage nous permet de développer la sensibilité des apprenants aux différences ou similitudes entre sa langue maternelle et la langue étrangère en question, de l'autre côté, le traducteur peut plus facilement choisir les moyens d'expression équivalents dans les deux langues. Les grammaires donnant les traductions des exemples, comme Slovenska slovnica po naše d' Elza Jereb, sont très précieuses dans ce genre d'activité. 164 VESTNIK ZA TUJE JEZIKE BIBLIOGRAPHIE BALLY, Charles (1932, 41965) Linguistique générale et lingusitque française. A. Francke AG Verlag, Berne. BENVENISTE, Emile (1966) Problèmes de linguistique générale 1. Paris : Gallimard. BOY, Monique (1978) Formes structurales du français. Paris : Hachette. CALLAMAND, Monique (1987) Grammaire vivante du français. Paris : Larousse. 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Pri dislokaciji pa opažamo, da je v francoščini poudarjeno običajno na začetku, v slovenščini pa na koncu povedi. Te razlike je potrebno upoštevati tako pri učenju francoščine kot tujega jezika kot pri prevajanju. Ključne besede: poudarjalna poved, francoščina, slovenščina, ekstrakcija, dislokacija, prevajanje, korpusna analiza ABSTRACT Emphatic Clause and its Slovene Equivalents On the basis of the grammar book Francoska slovnica po naše of Elza Jereb, we compare means of expression of emphasis in French and Slovene. The so-called emphatic clause in French represents a form of a sentence and we are looking for its equivalents in Slovene grammar. In French, we list the means under the labels of emphatic intonation, dislocation or extraction of a constituent, whereas in Slovene we speak of actualisation and emphatic particles. The means of extraction can be put in parallel with slovene where we can use demonstrative pronouns to point out on a part of a sentence. Within the dislocation, we can see that what is emphasized in French goes at the beginning of the sentence whereas in Slovene it is put to the end. Those differences should be taken into account as well in teaching of French as a foreign language as in translation. Key words : Emphatic clause, French, Slovene extraction, dislocation, translation, corpus analysis