PROCES VERBAL D ? INSTALL ATION DE LA COUR D r APPEL D E LAYBACH E T D I S C O UR S PRONONCE S P A E' MM,f LE eOMMISSAIRE GENERAL DE JUSTICE^ LE PREMIER PRjŽSIDENT E T f t S-e; e R O C U R E U R- GEN E R Alfe, A L A Y B A C H j Ghez Jean Retzer, Imprimeur, Rue de la Plače, N®-, 12, AN l 8 1 2 «. 03tosM' • ' ■ . . * • COUR DAPPEL DE LATBACH Proces verbal d ? Installation» c V-^ejourdhui 30. Decembre 18ti heure de muli tous les membres notnmes par le deeret de S. M. L’Empereur et R01 da 14 7- bre deruier pour composer la cour d’appel etablie a Laybach par le deeret du 15» Avril deruier , ayaut ete convoques et se trouvant reunis dans la prin- cipale salle du palais de justice destinee aux seances de la cour; M. CoHinhal, Baron de 1’Empire, chevalier de la Legion d’ honneur 5 conseiller de S. M. en s a' cour de _ cassation et son commissaire gdneral de justice en lllyrie , qui avait indiqtie ce jour pour celui de 1’installation de la cour d’appeL de Laybach ; s’est rendu de son hotel au Palais de justice escorte d’un Detaciiement de cavalerie. Arrive au palais, une deputation des membres devant composer la cour, esc venue recevoir et complimenter M. Le Commissaire general qui a etd introduit dans la Salle des Seances, precede des huissiers de Service. M r * Le Commissaire general de Justice ayant pris plače au fauteuil qui !ui etait destine , M. Fournier, Secretaire de Monsieur le Commissaire general, tenant la plume pour la redaction du Proces verbal, la Seance a ete ouverte en presence.de Monsieur le Comte Chabrol, Maitre des requetes, Intendant general, de M. le Comte de Lascase president, et de M vi. les membres de la Commission de !iquidation, de M. de la Moussaye, Auditeur au conseil d’etat, Intendant de la Province et des principales autorites de la vili e invitees pour donner a cette ceremonie toute la Solemnite dont elle etait susceptible. Monsieur le Commissaire gdneral a ordomie la leeture du deeret de S. M. ci - dessus date qui nomme les membres qui doivent composer la cour d*appel de Laybach , lequel est concu aiirsi qu’ il suit; c( JE x t r ait d e s Min ut£ s d £ la S ec retairerie d' e t a t A m P a lat s de .C o.m p i egne le 14. Septembre igli, “NAPOLEON Emp e r e ur de s Fr ang a is , Roi d' I t ali e Prot e c te ur de la c o n f e d e r a t i o n d u Rhin, Me d i at e u r de la c o n- C£ f e d ir ati on Suisse &c. &e, &c, “ Sur le rapport de notre Grand-juge, Ministre de la Justice, uous “ a.vons uommd et nommons, savoir: COUR D’APPEL SEANT A LAYBACH * PREMIER PRESIDENT. L, e s SS t IS SPALA TIM } and en conse.ill.er a la c o ur d'appel de Dal- mati e, Premier Prčsident du tribunal civil et crimijiel de Žara, me.mbre d.ela Legi on .d’ b o 11 n e u r* P R & S 1 D E N T. cC PEP£U ? avocat et P r o c ur e u r fi sc at an tritunal civil $ rovi n dal de Trie ste, JUGE S., ' ce v I. K UP F E RS C H E 1 N , juge au tribunal dv il eteriminel d e T v i e s te, cc 2, GISCLON^ avocat a la cour d’appel de Riom, i( 3. CELEBRliVIf juge assesseur legal au tribunal de c o m m e r c e de Fi u m e . c< 4» A L B O R G H E T TI, j u ge a u t rib u n al c im i l e t c rimi n el d e Tri e st e, te 5. REPITSC H, a n c i e n juge d vil et c r i m in el d P i .r i no, 6, RUP P E RT H, p r o c u r e u r fiscalpris le tribunal det n o bi e s a L ay b a c h. ci *l, BUSAN, p r e mi e r j u g e d u ime, Arrondissement de la Croatie d vile. ei 8 . '(5) JU G E S S UPPLSANS Les SS. T * “ I.. Le Comte D’AUERSPERG, fils d’un presidcn t du tribunal desnobles, '■ 2 , LUSSNER, ancien a v o c at d L ayb a c h, - --- s ‘ 3* JENKENSHEIM, ancien capitaine de c e v c le, -— cs 4 , JOSEPH KO KEIL , b ourgue me str e e t e x President d'U tribunal de premiere instan.ee a Laybacb. N O T R E PR O C U R E U R GENERAL. e< P » er re Bruno DESCLAUX, Arno c at a lacour de c as- s at ion, au con se il de s p ris e s, Secretaire gčnčral du Cornmi s s ar i ad de Justice, SUBSTITUT DE NOTRI PROCUREUR GENERAL, --- iC ANTO I NE CALLAN, avocat, G R E F F I E R. —■■—- cc S IG IS M ONL G AND INI, fes ant foni; tion.de Se cretaire du tribunal de s no bi e s. :,jC Notre Grand - Juge > Ministre de la justice es.t charge de 1’ execu- M -ti.oji de notre presen c decre,t S; g n d NAPOLEON. Par 1’ E m p e r e u r LE MINISTRE , SECRETAIRE D’ETAT, / * S i g n 6 LE CO MTE DARU. Certiiie conforme par nous Grand-Juge, Ministre de la Justice, S i g n i LE DUC DE MASSA.* C 6 J) C Apres cette lecture MVI. les membres de la cour places jasqne ^ la a la barre , ont ete appeles dans 1’ordre ci—dessus par un de £ huissiers audienciers et admis a la prestation du Sermenr; chaeun d’eux £ s’ avan$ant a 1’ entree da parquet a prete individuellement a haute j Voix le serernent qni suit: je j mr e o b e i s s a n c e au-x l o i x de F Em p ir e ] e t fi delite a F E snp e r e u r: < Mousieur le Commissaire general de Justice a doline successive- ment aete a chaeun de son serment, et 1’a admis a prendre plače sur les sieges destines a la cour. Ensuite M. le Commissaire general a prononce un discours, dan~; Kquel il a fait connaitre aux habitants en general, autrefois sujets de charlemagne, 1’avantage de vivre sous les loix du Grand Napoldonj le plus auguste de ses successeurs et qui 'reunit aux qualires d’un trio.nphateur magnanime celles de grani legislareur et politique; qui dans tous les pays soumis a son etnpire a signale sa puissance par de grands bienfaits envers 1’ humanite et des etablissemens dignes de son genie immortel; Aux magistrats, qu’ils seraient toujours surs de sa protection en fesant executer ses loix, en assuraut par elles et par leur application aux cas particuliers, le repos des peuples do.it rhonneur, la vie et les proprietes sont placžs sous leur sauve-garde; Qu'il s’ estimerait ‘heureux , s’il pouvait emporter comme la plus honorable recompense de la mission que S. M. avait daigne lui contier, la eertimde d’avoir pu contribuer au bonheur de ces Provinces, en designant comme dignes d’ etre appelles a rendre les oracles de la Justice au nom de Napoleon legrand, des hommes investis au plus haut degre de 1’opinion publique, par leur sagesse, leurs moeurs leur ddsinteressement, leurs lumieres et leur experience. Apres le discours de M. le Commissaire general de Justice, M. le premier President adressant ses remerciements a M. le Commissaire general de Justice, a temoigne et fait partager a 1’assemblee l’dmotion d ont il etait penetre aiusi que tons les membres de la cour dans ce jour solemnel; il a prie ensuite M. le Commissaire general de Justice de I ( 7 ) faire parvenir aux pieds du trdne, 1’assurance du Žele dont les membres dela cour etaient animes pour remplir digneraent les foncdon honorables et deiicaces qui leur btaient confiees, ec repondre au choix de S. M. exprimant apres son devouement particulier et inalterable pour la personne auguste de notre grand Monarque, ainsi que celui de tous les membres de la cour; il a repete au nom de tous le serment grave dans leur coeur, d' oh ti s s anc e aux loix de P E m pire et fi delite a V Em jp e r e ur , Ensuite, M. le Procureur gendral a prononce un discours dans lequel apres avoir rapelle les bienfaits que S. M. a repandus sur rillyrie ec la pro- sperite dont jouissenc deja ces Provinces, il a fait remarquer tous les avantages que Pon devait esperer de 1’ organisation de Fordre judiciaire, il a ensuite forcement demontre tous les devoirs qui sont imposes a ceux qui distribueuc la justice, et il a termine par faire des voeux abn de pouvoir lui mšme remplir digneraent les glorieuses mais difficiles fone* tions qui lui sont confiees. — \ Apres le discours de M. le Procureur general, M. le Commissaire general de Justice a declare que la cour d’appel seant a Laybach etait installee et il a leve la seauce. Fait et clos a Laybach les jours et an que dessus. Le Baron de l'Empire C ommis s a ir e g e n e r al da Justice. ' S i gn e COFFINHAL Si gn d FOURNIER Secretaire. C 8“ J' Discours Prononce P A R M r 'le Baron Coffinhal: Commissaire general de Justice,. -C*s»— -X- M ms» t C^’est au nom du plus grand des Monarquesq que je suis vena,, Messieurs, vous installer en qualitd de Membres de la cour d’appelt etablie en cette ville , par le Decret du iq Avril. deruier, Habitans de ces provinces, anciens sujets de Charlemagne; le plus auguste de ses successeurs, le Genie qui en a ressaisi le sceptre, qui a porte la gloire du Nom Fran§ais jusqu’ aux extremites de la terre, vous appelle a vivre sous ces loisi sous- ses lois fruits de ses lieureuses concepcions,. qui oiu frappe L’£urope entiere d’admirarion; adoptd.es par les peuples des bords de la vistule., qui rdgissent les habitants du tibre, de cette cite veuve d’un ptuple Koi, qui n’exiscait plus que par des s.ouv.enirs, e.t qu’.il ecoit r.eserv.e au graud Napoldbn. de faire revivre>. Dans les ciimats que vous habites, corame en Italie ou Napoldon a fonde un Royaume, comrae dans les regions les plus eloigudes, on trouve des traces. de ses Memorables combats, des Monuments de ses vietoires; bientot aussi on y adrairera les utiles institutions qu’il y aura creecs les dtablissements qu’il y aura fondes, la. sagesse. de son. Gouvernement.. N’ avez vous par deja la plus precieuse la plus respectable garanrie des esperances quil doit vous donner, dans son attencion conscante: a conlier le principal som de vos destinees, a des heros compaguonsde sa gloire, qui ont affrontd avec lui tous les dangers; que 1’amour des arts et des Sciences conduisit avec lui dans cette terre elassique ou regnerent. sdsostris et. les Ptolemde; qui ont toujours. su aliier la (9 J bonte avec lafermete, Tausterite avec la douceur, la valeur avec la politigue la plus dclairee. A des Administrateurs tous choisis dans le sein de son conseil, a qui leur reputadon d’ integritd de sdvdritd de Moeurs, de Lumieres, et leur experience eprouvee, a seule valu l’honneur d’etre ses orgaues auprčs de vous, cette meme reputadon devient, je le repete, la respec- table garantie de votre avenir; elle ne trompera personne. Pour vous Magistrats, Napoleon vous a confie le depot des lots civiles et criminelles; c’est a dire qu’il a mis sous votre Sauve garde? les proprietes, Phonneur, et la vie des citoyens. Je ne vous retraeerai point Fetendue des obligations que vous avez contractdes, vous les connoissez, et le choix de sa Majeste sera jusdtie par vos actions. Vous aurez a juger entre le genie du bien, et celui du mal, entre la vie et la mort ; augustes fonedons, mais eflrayanre responsabilitd, la Loi vous a remis son glaive, vous repondez de n’en jamais abuser. Des Ecrivains' celebres s’etoient euergiquement prononces contre ces formes cruelles employees par la force, pour faire sordr la vdate du sein des tourraents, il y avoit dans 1’usage de ces moyens, plus de rigueur contre 1’accuse que d’esperance pour la justice; le progres des lumieres a fait disparoitre ces dpreuves de notre legislation; elles sont eucore adinises par les codes de ces contrees, mais les habitants de ces provinces devant desormais vivre sous Pempire de nos Lois, vous n’ aurez plus le regret d'etre obliges de les employer; ainsi 1’innocence sera priservee d’ un danger elfrayant: de douloureux ressentimems doivent meme etre epargues au compable, il est injuste de lui faire subir une peine anticipee Mais aussi pour ne pas enhardir le crime, vous ne serez plus asservis k latheorie metaphysique des preuves legales, telles que 1’aveu de 1’accuse, le calcul numerique des' depositions des temoins, le concours oblige de circoustances determinees. z C io ). Ces combinaisons autorissds par les lois jusqu’apresent observees, en~ chainant pour aiiisi dire la religion du Magistrat, ouvraient au crime des chances si favorables qu’elles en rendoieiu la punition presqu , impossible et 1’ absolution d’uu grand coupable, moins funeste sans doute que le supplice d’un innocent, repand neantmoins une terreur generale dans la societe. Le 1 egislation de ces Provinces ainsi en contradicrion avec elle meme, etablissoit entre le crime et la justice une espece de lutte. donts’iu- dignoit lequitable raison, et sous un Gouvernement sage, ce speccacie a du faire plače a des moyens de conviction plus sirnptes, qui offrenc une garantie elficace centre le crime sans etre redoutables pour 1’iunocence* Magistrats, vons arrives dans ou Moment un le grand Napoleon, s’elevantau dessus de touces les dillicultes, surmontant touts le-; obstacles n’a pas moins etendu sa sollicitude paternelie sur la legislation civile que sur la legislation criminelle; la Science des lois civiies, nest plus comme autrefois un dedale ou la raison perdue ne se retrouve pasLe probleme du mieux possible est resolu par ces Codes immortels ou yous puiserez le moyen de maintenir 1’etat des citoyens, leurs droits, leurs conventions, leurs engagements, leurs proprietes; de venger enfin les atteintes portees a la fui des transactions, de regler 1’ordre des successions, de faire respeeter les dispositions de ceux qui se seront conformes a la loi qui en legle les lormes et les effets. Napoleon dans ce grand euvre d’une legislation uniforme, a encore oflert aux Nations soumises a son empire un rempart sacre pour leur liberte civile", et a execute en peu d’annees ce que. la puissanee du regime feodal avoit rendu impossible jusqu’d lui. L’etude de cette Legislation Nouvelle si' peu en rapport avec les lois et les usages d’uu pays ou la raison etoit beaucoup moins perfectionnee pourra, je le sais, vous donuer quelqu’ ambarr.as.au. moment, ou va s’ouvrir devant vons une nouvelle carriere; mais vous lfignores pas auelles immenses ressources votre žele peut trouver dans votre association augrand empire, a ces cours imperiales qui vous ont fraye la route, qui ont dej : a produit des magistrata d’un merite si eminent; a cette cour de. (n) Cassation regulatrice suprčme de L’ ordre Judiciaire , dont la jurispru- dence universelle est si uti le k consulter. Ce qtri doit enfin vous inspirer la plus haute confiance et la faire passer toute entiere dans 1’ ame de vos justiciables, cest celle que vous avez inspirec vous meme, a L’ homme du monde qui se con. noit le mienx en hommes. a celui a qui les Corps judiciaires doivens f accroissemant de leur Confideration, a celui par lequel vous pourrez operet* le bien que vous oserez concevoir, a qui vous etes comptables de votre conduite comme sujets, et comme Magistrata ; et a qui vous serez toujours surs de plaire, en assurant par la Jus tiče le repos des peuples dont il vous dtablit jnges. Puissai-je MM. emporter aussi comme la plus honnorable recompense de la mission que Sa Majeste a daigne me confier, la certitude d’avoir pu contribuer au bonlreur de ce pays, en desiguant comme dignes d’ etre appellčs a rendre les oracles de la Justice au nom de Napoleon le Grand, des hommes depijis longtemps investis de l’opinion publique accontumes a dtre les organes de la veritč, et a la faire entendredans sou sanctuaire. i ( 13 ) Discours Prononce PAR M. r Spalatin Premier President, membre de la Legion d’honneur, Monsieur le Commissaire gdneral de Justice, Messieurs 1 Destind par notre auguste Souverain a 1’ honnenr de presider sa eour d’ Appel de Laybach , s’ il ecait pdssible de lui exprimer nia re- . spectueuse reconnaissance aussi vivement que je suis penetre d’ un dd- vouement pret a donner ma vie poar sa personne , je me serais mis en devoir de le faire dans ce jour de pompe, et*devant vous, Mr. le Commissaire general de Justice , qui venez de nous installer en sou Nom i mais cela est au dessus des mes forces-. Ce qui m’ e ut paye des Services rendus pendant ma vie eutiere, devient 1*enconragement du reste de mes Jours. Fort de la Loi, dont je ne me suis jamais departi, ma conscience ne se dementira jamais. Les bontes de S. E. Mr. leGouverneur gdndral de ces Provinces, de Mr. 1’Intendant general, et de vous Mr¬ le Commissaire general de Justice, me donneront du Courage pour remplir les fonctions de la plače que Sa Majeste m’a confiee, et l’ex- etnple de vos vertus me soutiendra; Combld des bontes de F auguste Monarque sous les loix du quel je vis depuis six ans , il ne me reste qu’un seul voeu a faire a la Providence , c’est qu’ el le puisse doubler mes forces en retablissant ma sante. Toute ma confiance repose sur le Žele de Mr. le second President et de MMr. les Juges, dont les lumieres m’ aideront a remplir digne- ment ma tache. Celui qui. joint aux autres fonctions attachees a son C 13 ) Mini st ere, le som de maintenir 1’ordre judiciaire en rapellant, eomme C 011 « servateur des loix, leur pleine execution, nous dclairera dans le Chemin difficile, dans lequel nous entrons. Organe de cette Cour je puis promettre a mon Souverain, que tous ses membres se penetreront de 1’Influence ec de 1’ objet de leurs fonctions dans rexercice du pouvoir qu’il nous a confie. • Cette Influence, MMrsles Juges, n’apointde bornes; toutes les actions du Citoyen doiventetre regardees en quelque sorte comme de notre do- maine, car pour peu que nous y reflechissions, nous remarquerons, qu’il n’est aucune afetion de 1’homme, qu’il ne faille considerer comme legitime ou illegitime,comme permise otidefeudue, selon qu’elle est conforme ou nou a la loi. Or notre pouvoir etant institue pour 1’ application de la loi, ayant en coR'sequence pour butunique d’ assurer 1’ execution de tout ce qui est permis, d’empecher tout ce qui est defendu , on concoit qu’ 51 n’est aucune action sociale, metne aucune action domestnjue qui ne soit plus ou moins immediatemeut de notre ressort. Pour que cette Influence soit tonjours bonne, il n’ est besoin que de reflechir avec quelque attention sur le but que notre Monarque s’ est propose en nous constituant. Le grand objet desloixen general etant de garantir la liberte civile et de metcre ainsi ie Citoyen en etat de jouir de touts les droits qui sont declares lui appartenir, on sent que nous ne somrnes institues qu’autant que, dans Fusage que nous ferons de Fautorite qui nous est confiee, etdela force publique dontnous disposons, nous ne porterons pas atteinte a cette metne liberte que la loi nous charge de garantir. Nous avons done le depot d*une action perseverante, actioo qui exige un courage capable de se mettre an dessus de toutes les affections, de tous les prejuges. Ce n’est pas pour celaque 1’amour universel soit uue qnalitequq doive nous etre etrangere: au conttaire ia raisoii d’un juge est perfectionnee par le plus heureux sentiment de Farne, par cet amour vertueux qui unit 1’ h o mm e a tous les homrnes; II est Fhomtne lui merae ou si 1’ on veut c’est une qualite essentielle de F h rame, et innee avec lui, qui lui inspire d’aimer ses semblables; C’est de cet amour general que nait la Jusrice distributive, qui rend a chacun ce qui lui est du; cet amour, cette charite pure doit čtre une affection constante de notre ame, un mouvement conforme a la raison |qui par notre etat nous detaehe de C 14 ) nos insetdts personnels, qui nous fera embrasser Phumanite entiere, regarder tous les hommes comme s’ils ne faisaient qu ’1111 corps avec nous, Iorsque nous serons obliges de condamner eeux qui auronc brise les liens sacres qui les attacheut a Phumanite. Tachous done, Messieurs les Juges, d’etre toujours penetres de ces principes. La maniere la plus sure de faire aimer notre auguste Souverain au peuple est celle de lui garantir 1’inviolabilite de sa iiberte civile, qui est toujours pjotegee , lorsque eeux qtii ont notre depot ne lui inspirent pas de la mehance, et c'est pour cela que nous somraes respousables de la fideiite et de 1’amcnr que le peuple doit avoir pour notre Monarque. Que ces Reflexions augmentent notre activite, qu’ elles conservent toujours notre Žele. Nous ne sommes pas dans le cas de justitier nos erreurs, comme generalement se justifient les erreurs des aurres indivi- dus, sous le pretexte que ce sont des erreurs iuvolontaires et excusa- bles. Les cireonstanres n’ embarrassent point Pequite et ne troublent Pin- telligence du Juge , que lorsqu’il resiste aux sentimens de llutegrite , et qu il veut etre plus severe que la loi. Si nous ne voulons pas nous ecarter de Plntention de la loi, et conser- ver toujours son empire nous devons toujours 1’intetpreter dans le sens le plus favorable a Phumanite, parceque le grami Monarque au nora duquel nous P appPquerons , n’4dopte pas des loix parce qu’ elles sont lois, mais parce qu’ elles sonr justes, et les lois ne sont conformes a la Justice, que lorsqu'elles peuvent rendre heureux ceux qui sont soumis a leni* empire. Mr. le President, MMs. les Juges, nous avous jure fideiite a notre Souverain et obeissance a ses loix; La premiere partie de ce sennent solemnel, n’avait besoin que d’etre exprim.ee , parce que c’est un sentiment qui doit etre grave au fond des coeurs de nous tous, et T organe de la parole ne pourra jamais faire expriraer asser:, au sujet de Napoleon le grand, le sentiment de devouement qu’ ils lui doivent. Nous serons obeissants a ses loix; lorsque reglant par elles cettepordon de son im- mense lami 11 e, nous commencerons d’abord par bien nous regler nous memes; il fant trouver dans sa propre personne le modele qu’on doit se proposer dans le regime d’ une famille entiere. Ajoutons a notre serment la promesse solemnelle de rectifier nos ( i5 )■ š.mes,.de dompter et moderer les affdctions qui pourraient les detour- ner de sa premiere drokure. Mr. le Conunissaire general' de Justiee, organe des sentimens de ces respeetables magistrats , je promecs a notre Monarque en moa nora et an nora de nous tous, d’etre toujours sim- ples et aecessibles dans nos moeurs, enconservant toujours cette dignite de manieres qui esc le sur garant de eelie des sentimens; si nous deseencli ons de la gravite de notre caractere , de la sincerite de nos moeurs , de la majeste de nos travaux, prenons y garde, on nous reprocherait les viees que nous ne devons connaitre quej pour les decrier par nos exemples. II ne nous est pas donne de nous corrompre sans choquer 1’opinion pnblique , qui nous observe pour nous juger severement: Monsieur le Conunissaire general de Justiee, soyez le garant de nos promesses et de nos sentimens, ils ne manqueront jamais parceque je les prononce au pieds de ce trdne, devant lequel tout ce qu’ on dit doit venir du coeur; d’ un trdne, que nous tous reverons comrae un autel erige a la verite, et on devrak crain lre la vengeance du ciel, si on osoit mentir et enfreindre des sermens proaouces la oii est le Siege d’ un Souv r erain, y qui est 1’ image visible de la Divinite sur la terre. ( ) Discours Prononce PAR Monsieur De sc 1 a us Procureur General imperial. I-/e liom mdme de 1’ Illyrie etatt efface r de la terre, ses peuples jadis si renommes , divises sous plusieurs Gouvernements n’ avaient plus d’existence policique, venise , 1’Autriche, la Hongrie, la Turquie meme s’ etaient enrichies des debris epars de ce vieux Royaunie, la raeme province fesait partie de divers etats,la servicude reculait la civilisation^ les loix dtaient faibles et par tout differentes, les valeureux illyriens depouilles de leur patrie se voyaieut humilies et avilis, et places sur un des points les plus importants de 1’Europe, ils ne communiquaient pour ainsi dir e pas avec elle. Mais celui qui etait appele a Gouverner les nations, čelni qui devait retablir 1’ Empire de charlemagne , celui enfin qui devait rendre a Rome la cdlebrite qu’ elle avait perdue, a aussi jette ses regards sur cette terre antique et 1' Illyrie a reconquis son nora et sa felicite. Oui l’Iliyrie a recouvre sa gloriense existance! et desormais unie au grand Empire , elle ne craindra ni vicissitudes ni dangers.! Voyes comme depuis 1’ epoque fortunee que 1’Empereur regne sur ces Provinces, tout s’anime, tout se vivilie; deja les habitans de ces divers pays, naguere si divises, ne font plus qu’une metne famille, une organisation forte assure une longue prosperite; egalge a la mere patrie les bienfaits que S. M. repand sur la Irance sont declares communs & rillyrie, ses Soldats sont appelds a partager la gloire de ces phalanges fameuses qui conduites par Napoleon n’ont jamais connu que la Vic- toire ; une marine illyrieune va concourir a venger le coutinent, des administrateurs celčbres par leur sagesse font partout prosperer 1’agri- ( r?) cul ture, le commerce et 1’industrie, les loix renommees du grand peuple les codes immortels que Napoleon meditait en conquerant le monde, sont mis en activite, l’enseigtiement publie confie a des mains savantes, garantit le bonheur de la postorite, les Villes s’embellissent, de grandes routes proinetceuc des Communications siires et laciles, en un mot endn, il 11 ’est point de genre de prosperite, il tvest point d’rnstitution qui ne portdt a croire que depuis des siecies ces provinces sont reunies sous la dominadon d un puissant et sage inonarqne, eteependant deuxansse sont apeine ecoales depuis le traite de vienne! ' Mais devons' nons nous etonner, Messi,eur3, de- tant de merveilles? le genie de PEmpereur 11 ’est i! done pas connu? et rdavons nous pas du tous prevoir le destin brillant que Sa Majeste preparait a rillyrie, lorsque nous 1’avons vil avec une sollicitude pate imel le choisir pour la gouvevner les plus celebres des heros qui ont partage ses perils et sa gloire, pour diriger son idministration les hommes les plus delaires de son couseil, et pour eiief de la Justice un des magistrats les plus re- nomrnes de 1’Empire. Que riLlyrie s 7 abbandonne done a Tesperance du bonheur, tous les avaatages dont elle jouit deja, ne fout metne qu’annoncer ceux qu’elle doit esperer encore, et ie jour solemnel que uous consaerons, lui assure une longue suite de properke. De tous les bienfaits que S. M. a repandus sur ces proviuces, le plus grand et sans doute le mieux aprecie, esc en effet celui qui leur a don- -ne un ordre judiciaire charge de maintenir une legislation aussi sage qu’eclairee, et sur lequel repose la liberte et la surete des citoyens , 1’inviolabilite des proprietds, le respeet du a un gouvernement puissant et la feliertd de la Nation. Premiere cour de ces proviuces, c’est surtout a votre compagnie, Messieui*s, que S. M. a confie Taccomplissement de ses volontes bien- fesantes, et plus d’uu millionde citoyens va desormais idesperer de repos que de la sagesse de vos oracles. 3 ( 18 ) Quelle gloire pour vous , Magistrats, quelle gloire d’avoir etd juges dignes de remplir des ionctions aussi augustes, organes duSouverain, cest vous qui distribuerez sa justice, c’est vous qui donnerez la vie a ses loix et qui les met tre z en action, c’est vous qui en son nom ferez prd- valoir les droits du plus faible sur les injustes pretentious du plus fort; c’est vous enfin qui forme rez la morale publique en fletrissant les acti- ons contraires a 1’honneur., et en retranehant de la Societe ceux qui en auront commises de criminelles; vous parlerez, comme le disait D’aguesseau, et tout obeira .a votre voix, vous commanderez et tout s’executera, devant vous tomberont et .s’aniantiront toutes les grandeurs de la terre, et chaque jour vous verrez a vos pieds ceux meme dont on adore ou dont on craint la fortune et ila puissance« Mais, Messieurs, plus vos fonctlons sont importantes plus vos devoirs sont grands; il n’est point, disait encore le celebre orateur que nous venoiis de citer, il riVest point d^acdon indifterente dans la vie publique du magistrat ; tout est condamni, tout est de rigneur dans le ministere redoutable qu’il exerce, toutes ses fonctions ne sont pas dgalement importantes, mais elles appar tiennent toutes egalement a la justice ; son tems meme n’est pas a lui, c 5 est un bien consacre A la r£publique et qui tenant. de la nature des ehos.es saintes doit etre .distribud au poids du sanctuaire. Oui nous ne remplirions .gnane partie dela tacbe qui nous estimposee, si nous ne vous fesions voir que 1’ecla t de votre digniti , et malheur a nous si preferaut le langage de la flatteriea celui de la verite, nous man« quions de vous faire connaitre tout ce que FEmpereur, tout ce que la patrie, tout ce que votre honneur exigeut de vous me me s. La fortune, la vie des eitoyens, la tranquiliite de 1’etat -sont entre vos mains; mais vous en etes responsables, tous les yeux seront desor. mais fixds sur vous , et vous devrez rendre eompte au tribunal de l’opi- nion, tious ne disons pas de toutee que vous ferez contre la Jusitce, mais meme de tout ce que vous ne ferez pas pour elle, Loin de nous lidde d’un juge prevaricateur ,graces au chois distingue du sage magistrat que nous dirige, 1’ Illyrie ne donnera point Fexemple d’une telle calamite. ( i9 ') Mais ce nest pas tout que d’etre integre; la probite est une vertu trop commune pour qu’un * ministre de la Justice puisse se glorifier de la compter parmi celles doni il est decore, Le vrai magistrat image dela divinite, doit etre sans tache comme elle ; il nest point de vice, il n’est point de defaut qui puisse lui drre pardonne, exempt de prejuges, de passions et de faiblesses, il ne doit vsvre que pour la vertu et pour la justice, ses rooeurs simples et graves doivent etre pures comme la sagesse merae; etranger pour ainsi .dire a la societd , il doit tout sacrifier pour remplir dignement ses foncrions; sa fortune et sa vie doivent etre comptes pour rieu devant ses devoirs; les soins mčme de sa famille doivent etre abbandonnes si le bien public l'dxige, et tout entier a la patrie , tous ses moments doivent etre con* sacres a dispenser la justice ou a approfondir 1’etude des loix pour la rendre plus surement. Eniin,Messieurs,nous devons vous le dire,nous devons acbeverde vous de. voiler toutes les obligations que vous venez de contracter en vous assoyant sur le trdne de la Justice; ce ne sera pas assez pour vous.d’er/evertueux, ce ne sera pas assez de oonserv.er dans l’exercice de vos fouctions, toute 1’integritd de votre innocence , ce ne sera pas assez de remplir avec la plus seru* puieuse exactitude tous les devoirs qui vous sont imposds; on attend encore plus de vous , on veut que le soupgon ne puisse pas vous attein- dre, ou veut que la critique metne soit foreče de detourner de vous ses trans en veni m es. Jugzs de la terre, pour nous servir du iangage de l’ecriture, Jugis de la terre, vous štes des Dieuxet les enfans -d utrčs h a ut ; con« servez done toujo.urs l'idee de la grandeur de votre earaetere, ne des- -honnorez jamais la glorieuse ressemblance qui existe, a dit le prophete, entre vous et la Diviniteque toutes vos actions soient dignes de vous metne , que non seulement dans le sanctuaire du tribunal mais encore dans votre vie privee tout concoure a vous meriter la veneration des hommes, que votre exterieur metne annonce le sacre ministere que vous remplissez, et que 1’oeil le plus serutateur ne puisse jamais distin- guer en vous le sage Magistrat du citoyen vertueux. # C 20 ') Puissions nous aussi y Messieurs, dans les gloneuses rtfats diiBciles' fonc- dons que noas alloas remplir, puissions nous meriter la confiance qu*e S. M. nous a honorablement temoignee en nous atcachant a votre Sane- tuaire, puissions nous charges de la dsfeuse deš interets p.ibdes sup- porter le- fardeau qui pesera sur no tre tete; mafs nous ne rougirons pas d’en faire 1’aveu, notre esperance esc en vous , votre sagesse do it etre notre soutien et votre approbadon no tre premiere recompense. Unissons nous done,. Magistrats, repondons par notre devouemeut aux cris de Napoleon qui nous appble pour etre les depositaires de sa justice, prouvons lui notre amour en nous sacriiiautpour le bonheur. de la patri e. Tout ce qui nous entoure doit auimer notre Zete., un long. avenir esc devant nous, le bonheur de l’IHyrie cormnenee et son beau destin ne sera point interrompu ; ee que 1’Eropereur a fait pour ees provinees esc le garant de ee qu’il fera encore pour elles, et sans pressentir les eve- nemeuts que sa sagesse prepare sans povter des regards profanes sur les objets de ses meditations , touc semble nous annoneer que de grauds bienfaits seront encore offerts a notre etonnement, a notre admiradon, a notre reconnaissance, et que Fepoaue fortunee qui aura vu assurer a jamais, par la naissance du Roi de Rome la felieice de la France, et le repos du monde, ne sera pas eloignde de celle qui achevera d’accom- plir les brillantes desdnees de Flllyrie,