PLACE DE L'ECOMUSEE DANS L'EVOLUTION DE LA PENSEE MUSEOLOGIQUE' Jean-Claude Ehiclos IZVLEČEK Pisec se v članku ukvarja z vlogo eko- muzejev v splošni zgodovini muzejev, z nastankom in razvojem ekomuzejev, z mož- nostmi inomejitvami in z njihovim prispevkom k sodobni muzeologij. RÉSUMÉ Dans l'article l'auteur parle de la place des écomusées dans l'histoire générale des musées, de la naissance et développement des écomusées, des possibilités et limites des écomusées et de leur apport a la muséologie contemporaine. Ecomusée : en France et dans le inonde, le mot a fait fortune. Il apparaît au début des années 1970 et reste curieusement absent de la législation des musées. Aucun pays en effet ne distingue réglementairement l'écomusée du musée mais les entreprises qui ont pris ce nom sont si diverses et si dissemblables qu'il est devenu difficile de s'y retrouver. Donnant im contenu au concept qu'il recouvre, Georges Herui Riviere réussit a mettre l'institution museale au service des questions les plus actuelles que se pose ime population : quel enviroimement, quel développement, dans quelle continuité ? Ainsi fait-il progresser la réflexion muséologique. Car s'intéresser a l'écomusée, a la place qu'il occupe dans l'histoire des musées, aux textes qui le définissent, aiix expériences qui se font en son nom, permet d'apprécier quelques uns des progres les plus notables de la muséologie contemporaine : la participation de la population, la contribution a la réflexion collective sur le développement, la pratique de l'interdisciplinarité scientifique. C'est dar« la recherche permanente d'ime adaptation de l'institution museale aux besoins changeants d'ime population, que réside la force et la générosité de ce concept. Mais c'est la aussi que résident la difficiilté et la faiblesse de l'entreprise écomuséale car jusqu'ou peut-elle évoluer et se transformer sans que les principes sur lesquels le musée se fonde soient contredits, voire reniés ? Cette approche que certains qualifient de margiiwle et ou d'autres recoraiaissent l'existence d'ime nouvelle muséologie est pourtant 1 Ce texte est repris de celui d'un cours universitaire donné et régulierement remis a jour depuis une dizaine d'années. Ce texte a été présenté a Ljubljana au MUZEOFORUM en janvier 1995 et publié en Slovene dans le recueil "MUZEOFORUM 1995". 253 Jean-Claude Ehiclos pleine d'enseignements. C'est elle en effet qui permet au musée de jouer au mieux ses fonctions sociales : comparer (par le jeu des ressemblances et des différences), donner des reperes (par rapport a im temps, un territoire, ime identité), restituer (pour qu'au temps des recherches et des collectes succede celui de l'échange), aider a l'accomplisse- ment d'un travail de deuil (afin de mieux assimiler ime mutation) et reconnaître (soit rendre leur digiuté a ceux que la société oublie). Trouvant des réponses a ces besoins, l'écomusée fait avancer la muséologie d'xm grand pas montrant combien l'institution museale peut servir l'exerdce de la démoaatie. Ecomusée: le mot a fait fortune! Il fut tant utilisé depuis sa création et pour désigner des réalités si diverses, que son image s'est quelque peu brouillée aujourd'hui. Il est vrai qu'il y a quantité de maniere d'appliquer ce concept, autant peut-etre que de cas de figure. Et puis l'entreprise est difficile, elle peut coimaître de profonds changements au cours de son évolution et coiwerver l'appellation d'écomusée tandis que plus rien ou prfôque ne permet de la distinguer du musée local ou régional. Sans doute est-ce pour cette raison qu'aucun pays au monde n'a encore fait de place particuliere aux écomusées dans les textes qui réglementent ses musées. Voila pourtant plus de vingt dnq ans que le mot existe. Quand on demande a ceux qui l'emploient, ce qu'il signifie, on obtient généralement trois sortes de réponses.^ Les premiers l'opposent au musée «traditionnel», au musée de «beaux-arts», ajoutant, pour justifier la présence de la racine eco, que c'est un mxisée qui accorde ime place importante au milieu naturel. Les deuxiemes, qui probablement ont vu les présentations d'im écomusée, disent qu'il traite, en im lieu donné, de la vie rurale d'autrefois. Les troisiemes, enfin, le définissent par rapport a im espace géographique et donnent en exemple Le Creusot (France), La Margeride (France), Les Valls d'Aneu (Catalogne) ou La Haute Beauce (Canada). Tentant de préciser ce que recouvre l'appellation d'écomusée, de l'apparition du mot a aujourd'hui, le développement qui suit s'organisera en cinq points : 1 - Place des écomusées dans l'histoire générale des musées 2 - Naissance et développement des écomusées 3 - Textes et définitions 4 - Possibilités et limites des écomusées 5 - Apports de l'écomusée a la muséologie contemporaine 1 - PLACE DES ÉCOMUSÉES DANS L'HISTOIRE GÉNÉRALE DES MUSÉES ' C'est dans la seconde moitié du XIXe siecle que des musées a travers le monde commencent, dans une perspective que l'on peut qualifier d'anthropologique, a conserver des témoins de la culture matérielle. C'est aussi durant cette meme période qu'apparaissent dans de nombreux pays d'Europe les premiers grands musées 2 Jean-Yves Veillard «Pour un nouvel humanisme» in Découvrir les écomusées. Musée de Bretagne - Ecomusée Les Bintiruis. Reimes, mars 1984,47 p. 3 François Htibert «Historique des écomusées» in «La miisélogie selon Georges Henri Riviere», Dunod, Paris, 1989. pp. 146-154. On se référera aussi a l'article de François Hubert de la publication déja dtée. Découvrir les écomusées. Place de l'écomusée dans l'évolution de la pensée muséologique 285 d'ethnographie (celui du Trocadéro, a Paris, est inauguré en 1884). Quant aux premieres manifestations d'im intéret poiu- l'ethnographie régionale, il semble falloir le trouver, en ce qui concerne la France, dans les grandes expositions universelles de la seconde moitié du XlXe siecle. Celle de 1867 prévoit notamment ime section réservée aux «costumes poptilaires de diverses régions» de France et d'autres pays. Les présentations de la Norvege et de la Suede, a base de groupes de mannequins, y sont particulierement remarquées. Lors de l'exposition imiverseUe de 1878, cet intéret se confirme. La encore, la Hollande *, la Suede et plus précisément le Nordiska Museet, fondé en 1873, a Stockholm, par Arthur Hazelius, se distingue en présentant, toujours a l'aide de mannequins costumés, ime série de scenes dont ime foire villageoise, une demande en mariage, im retour de chasse... Peu apres, l'idée fait son chemin de créer, en France, im musée consacré a ce type de présentations. Eue est notamment soutenue par deux associations : la Société des traditions populaires, fondée par Paul SébiUot en 1886 et la Société d'ethnographie et d'art populaire. Cette denuere se propose notamment : ...de mettre en relief, par des expositions, des représentations, des auditions et des conférences, l'art populaire disparu ou existant, les légendes, le parler, la musique, les chansons, la danse, la littérature de chaque province. C'est ainsi qu'xme salle de France est aménagée en 1888, au sein du Musée d'ethnographie du Trocadéro. Pendant ce temps, plusieurs musées, que l'on peut déja qualifier de régionaux, tel le Musée Basque de Bayonne ou le Miisée Breton de Quimper, apparaissent a travers la France. D'autres musées a vocation encyclopédique, constituent aussi des collections d'ethnographie régionale, tel le Musée de Caen. D'autres encore, des Museums d'histoire naturelle, tels celui de Toulouse ou de Nantes, créent des sections d'anthropologie régionale. L'élément dominant, dans toutes les présentations de ces miisées, c'est le costimne, c'est la coiffe, ce sont les mannequins qui les portent et les intérieurs réconstitués dans lesquels on les a placés, a l'instar des prestigieiix dioramas des expositions imiverselles. Les pliis anciens des musées auxquels il semble possible d'apparenter l'écomusée, peuvent etre regroupés sous l'appellation de musées régionaux. Si les objets qu'ils présentent restent sélectiormés pour leur décor, ils le sont aussi pour le témoignage qu'ils apportent de l'existence d'un patrimoine local, d'ime identité. En 1898, le grand poete provençal, Frédéric Mistial, crée, dans la cité d'Arles, en Provence, un musée qui bien que régional Ivi aussi, se distingue des précédents : c'est le Museon Arlaten. Ce qui importe, dit-il en 1896, c'est : (...) la conservation, la résurrection - dans la mesure du possible - de tout ce qui fait ou fit la personnalité de nos provinces par le parler, les traditions, les coutumes, les costumes, l'art local, les monuments. Dédié a la culture provençale, le Museon arlaten est réalisé a partir d'une collecte programmée portant sur la plupart des themes de la vie locale. Son autre originalité est d'avoir été l'oeuvre d'vm poete qui toujours a nourri son oeuvre de l'observation minutieuse et véritablement ethnographique des réalités de la vie provençale et plus précisément du pays d'Arles dont il est natif. * Adriaan de Jong and Mette Skougaard "The Hindeloopen and the Amager Rooms, two examples of an historical mtiseum phenomenon", in Journal of the History of Collections 5 no71993 pp. 165-178 Jean-Claude Duclos Quelques aimées plus tard, en 1904, Hippolyte Müller fait le prqet de réaliser a Grenoble, capitale des Alpes françaises, im musée semblable, le Musée Dauphinois. Ce qui lui paraît nécessaire, alors, c'est de (...) relier les premiers occupants d'un pays a ceux qui l'habitent encore. A la notion d'espace cultureUement homogene pris en compte tres clairement par Mistral, Müller ajoute l'histoire tout en accordant une place nouvelle a la culture matérielle pour "recréer - dit-il - la pensé qui a créé l'objet". Conçus avec plus de riguevir que les précédents, ces deux derniers musées annoncent une deuxieme catégorie de musées regroupés par François Hubert sous le nom de musée d'identité. Co-fondateiir du Musée de l'Homme, a Paris, et fondateur, en 1937, du Musée national des arts et traditions populaires, Georges Heiui Riviere, tout en favorisant la naissance d'une ethnologie de la France, va développer encore l'assise scientifique des musées. C'est en concevant le programme de l'im d'entre eux, le Musée de Bretagne, en 1957, qu'il exprime déja certaines des préoccupations qu'il reprendra plus tard, dans le cadre de l'écomusée. Le Musée de Bretagne, a Rennes, présente ime synthese de l'histoire de la Bretagne, «des temps géologiques a nos joiu's», sur la base d'un «programme interdisciplinaire et périodisé». Ces deux formules suffisent a révéler l'association que fait Riviere des apports de l'histoire et de l'ethnologie et de sa traduction muséographique, par l'alternance de la sjmchronie et la diachronie. Une phrase résume sa découverte, qui contient déja en germe le concept d'écomusée : Deux themes vers lesquels doivent tendre les présentations museales s'imposent alors : le temps et l'espace autour d'un territoire donné, les rapports de l'homme et de la nature.^ Curieux de surcroît de tout ce qui se passe dans le monde en matiere de réalisations muséologiques. Riviere en suit l'actualité avec beaucoup d'attention, sachant discerner avec sureté ce qu'elle apporte de véritablement novateur. Sans doute faut-il rappeler qu'il participe, peu apres la derniere guerre, a la création de l'ICOM (International Coimdl of Museimis, UNESCO), qu'il en assure la direction, de 1948 a 1966, et en restera le conseiller permanent jusqu'a sa mort, en 1985. C'est parce que l'écomiisée va peu a peu se définir par rapport a la conscience planétaire qu'avait Riviere du rôle du musée, que d'auties catégories de musée doivent encore etre dtés pour compléter cette évocation de la généalogie de l'écomusée. C'est le cas des musées de plein-air, que Riviere découvre avec beaucoup d'enthousiasme dans les années 1930. Le premier d'entre eux, celui de Skansen, dans la banlieue de Stockholm, existe cependant depuis 1891. Arthur Azelius y a rassemblé des bâtiments représentatifs de l'architecture tiaditiormelle des différentes régions de la Suede. Ces musées de plein-air se sont rapidement multipliés dans les Pays Scandinaves, les Pays-Bas, l'Allemagne mais aussi la Roumanie, la Grande Bretagne et les Etats-Unis. Dans un environnement reconstitué, et souvent sur plusieurs hectares, des exemplaires de constructions traditionnelles ont été remontés et complétés, bien souvent, de tout leur contenu mobilier. Le cas de l'heimatmuseum, qui apparaît dans l'Allemagne des années 1930 mérite aussi de prendre place dans cette généalogie ^ Son origine ne peut etre dissodée ni des 5 Georges Henri Riviere in «Dossier écomusée», 26 mars 1980,9 p. dact. 6 Alfredo Cruz-Ramiiez «Heimatmuseum: une histoire oubliée», in Museum nOl48,1985, pp. 241-244. Place de l'ecomiisée dans l'évolution de la pensée muséologique 287 conséquences de la Premiere Guerre, ni du besoin qu'éprouve une population de se retiouver dans son histoire et son identité. L'heimatmuseum valorise ainsi la culture popidaire, met en évidence les relations qui unissent l'individu a l'environnement et accorde une place nouvelle a l'action pédagogique. La légitimité et le caractere novateur d'ime telle entreprise ne sauraient etre discutés s'ils n'avaient eus aussi pour objectif de démontrer la supériorité du «peuple aryen». Le degré d'élaboration de ces expériences n'est cependant pas discutable : la distinction, dans im souci pédagogique, établie pour la premiere fois, entre la collection d'exposition et la collection d'étude, et d'autre part, la mise au point d'im langage muséographique clair et attrayant, sont deux nouveautés qui méritent d'etre soulignées. Sur im autre plan, il demeure édifiant de constater a quel point l'heimatmuseum, et par extension, tout autre type de musée ou d'écomusée, peut etre détourné par un pouvoir politique, au profit de sa propre idéologie. On ne peut oublier non plus les musées de voisinage, encore appelés musées commimautaires. Cette nouvelle catégorie de musées apparaît aux Etats-Unis vers la fin des années 1960 et le début des années 1970. us naissent généralement au sein de groupes sociaux défavorisés, souvent constitués de nunorités etiiniques pour tenter de revaloriser leur identité. Le plus connu d'entre eux, l'Anacostia Neighborough Museum (ANM) est créé en 1967, par John Kinard, dans un quartier de Washington a majorité noire. 11 faut citer aussi le Museo del Barrio, destiné, a New York, a la population portoricaine ou encore la Casa del Museo qui s'adresse aux habitants d'im quartier pauvre de la périphérie de Mexico. En offrant a ces populations la faculté d'accéder a leur propre culture, ces musées veulent les inciter a prendre en charge leur propre avenir. n est vrai qu'im contexte idéologique, favorable a de tels objectifs, se manifeste alors au niveau international. A la fin des années 1960 et au début des aimées 1970 (vers la fin des «trente glorieuses»), la prise de conscience des détériorations de l'environnement provoque im certain nombre de prises de position en faveur de l'amélioration du cadre de vie. L'écologie répond au besoin d'une meilleure connaissance des équilibres naturels et du rôle que l'homme y joue. L'existence d'un patrimoine commim dont chacun doit pouvoir également profiter se révele peu a peu. A la faveur des positions de l'UNESCO, la culture va prendre alors un sens nouveau. Ainsi le Directeur de l'UNESCO dit en 1972, a Helsinki, a l'occasion d'ime conférence internationale sur les politiques culturelles : Lorsque l'urbanisation coupe l'individu de ses racines, la culture lui apporte la possibilité de maintenir le contact avec ses traditions tout en le faisant accéder a la connaissance du patrimoine du reste de l'humanité et ainsi de multiplier les sources ou s'alimentent sa créativité. C'est durant cette meme conférence qu'il est question de l'aide a apporter aux pays en voie de développement pour : ...l'épanouissement de leur culture nationale, la préservation de leur patrimoine culturel et de leurs traditions populaires. Le respect des personnes et des communautés qu'elles forment constitue ainsi la base de cette conception mondialiste de la culture et du rôle qu'il lui est désormais reconnu. Sans doute n'est-il pas tres étonnant qu'une assemblée, réunie la meme année (1972) dans le cadre de l'ICOM, a Santiago du ChiH, déclare a son tour : 7 Citées par Paul-Marc Henry, ces phrases sont extraites d'im ouvrage fondamental : Paul-Marc Henry et Basile Kossou «La dimetision culturelle du développement» Nouvelles éditioi\s africaines, UNESCO, Lomé 1985,161 p. Jean-Claude Dudos ... que le musée est une institution au service de la société dont il est partie intégrante et qu'il possede en lui-meme les éléments qui lui permette de participer a la formation des communautés qu'il sert. 2 . NAISSANCE ET DÉVELOPPEMENTS DES ÉCOMUSÉES Dans les années 1960, en France, une poKtique d'aménagement du territoire prévoit la création de parcs naturels régioiiaux. Il s'agit, par rapport aux parcs natioiwux, inadaptés a la protection des espaces habités, d'une mesure qui permette la protection de l'environnement grâce au concours de la population locale. La définition du rôle et des missioiis des Parcs naturels régionaiix est mise au point en 1966, a l'occasion de journées d'étude réimissant a Lurs, en Provence, divers ministres, des hauts fonctionnaires, des experts et des chercheurs de disciplines diverses. Toujours influencé par les miisées de plein-air Scandinaves, Georges Henri Riviere fait part durant ces journées d'ime réflexion qu'il ne cesse d'ailleurs d'approfondir sa vie durant, celle qu'une sodété, quelle qu'elle soit, s'exprime totalement dans son architecture. Coi^idérant qu'u existe 130 t5^es de maisons rurales en France et qu'il faudrait tme dizaine de musées de plein-air pour les conserver, il propose que les parcs soient le cadre de ... musées de maisons extraites de leur milieu et transférées dans des enceintes exploitées muséographiquement. A l'issue de ces journées de Lurs, Riviere précise sa proposition: Notre société industrielle est a la recherche d'un nouvel équilibre. Elle ne peut l'atteindre sans restaurer l'intégration de la nature et de l'homme telle que l'avait réalisé avant de disparaître, dans l'espace rural, la société traditionnelle, avec sa culture matérielle, ses vetures, ses nourritures de la vie quotidienne et cérémonielle, son äiquette sociale, ses rites des âges de la vie et des moments de l'année, ses langues vemaculaires, ses expressions de danse communautaires, de musique ethnique et de phénomenes paramusicaux, de littérature orale, d'arts plastiques mineurs et majeurs, message que reflétera le miroirs des parcs. Deux années tout juste séparent ces propos des événements qm vont agiter la France, en mai 1968. Beaucoup d'envies nouvelles émergent de ce formidable bouillonnement sodal et culturel, telle celle du "retoiu- a la terre". Le refus de la société de consommation, la remise en valeur des cultures traditionnelles ou minoritaires, celles de la dvilisation rurale, notamment, vont trouver la un regain d'intéret. C'est en 1971, l'année de la création du Ministere de l'Environnement et de la Qualité de la Vie, en France, que le mot écomusée apparaît pour la premiere fois. Hugues de Varine et Serge Antoine le placent alors dans l'im des premiers discours du ministre afin d'associer les notioi« de musée et d'environnement l Jean Blanc, l'organisateiir des 8 Le mot écomusée apparaît pour la premiere fois dans le discours adressé par Robert Poujade, alors ministre de l'Environnement, le 3 septembre 1971, a l'occasion de la 9eme conférence générale de l'ICOM, a Grenoble. Hugues de Vaiine, secrétaire général de l'ICOM, l'invente alors pour Serge Antoine, conseiller du ministre et auteur dudit discours, pour éviter celui de musée, jugé malvenu (CF l'article d'Hugues de Varine dai\s la Gazette des musées canadiens, 1978). Auparavant, en novembre 1970, l'adjectif écomuséographique est prononcé pour la premiere fois par Jean-Kerre Gestin, directeur-adjoint du Parc naturel régional d'Armorique, lors d'une ccâjérence doimée a Paris a l'occasion des journées d'étude de l'Association des coi\servateurs de collections publiques. Place de l'écomusée dans l'évolution de la pensée muséologique Journées de Liirs, mais aussi l'expert du Haut-Comité de l'Environnement, travaille alors a la mise en place des Parcs naturels régionaux, dirige la formation de leurs premiers chargés de mission et donne, cette meme année 1971, la premiere définition de l'écomusée 11 en fait, dans la filiation de la définition de l'environnement, im moyen de coimaissance. C'est alors, qu'apparaît le ferment de ce qui prendra plus tard le nom de "Nouvelle muséologie". Quelques mots d'Heru'i Laborit, édiangés peu avant avec Jean Blanc, lors des Joiunées d'étude des Conservateurs (Paris, 1970) suffisent a mesurer l'importance de ce qiii suivra : On en arrive a dire que la conservation pourrait effectivement ne pas conserver une culture particuliere, mais permettre a chaque homme, désemparé par les changements trop rapides de son environnement, de se resituer dans le monde. (...) les objets pourraient permettre a chacun de se situer dans l'évolution, dans le temps, et • par la meme, d'inventer l'avenir avec plus d'imagination. - En homme de son temps, Georges Herui Riviere perçoit ces orientations ; peut-etre meme les devance-t-il. Quoiqu'il en soit, c'est dans ce nouveau contexte social et culturel de l'apres 1968 que va naître l'écomusée. Et c'est par rapport a l'héritage de cette époque qu'il s'oppose au temple de la culture auquel est fréquemment assimilé le musée. Un premier musée de plein-air français est mis a l'étude dans le cadre du Parc naturel régional des Landes de Gascogne, sur l'espace d'une ancierme exploitation ou subsistent quelques bâtiments de grand intéret. Constatant que l'ancien cadastre (1836) atteste l'existence d'autres bâtiments, disparus depuis. Riviere ré-oriente le projet. Plutôt que de réaliser im musée de maisons, retrouvons, dit-t-il, des bâtiments semblables a ceux qui se trouvaient la au XlXe siecle et reconstruisons-les aux memes emplacements. Ainsi le coeur de l'exploitation redeviendrait ce qu'il avait été, avec ses bâtiments mais 9 Définition de l'environnement et de l'écomusée par Jean Blanc (rédigé en 1971, distribué a l'occasion du colloque de l'ICOM de 1972 "Musée et environnement"). CF ENVIRON n02. Revue du College d'Ecologie, d'Ethno-Ecologie et d'Histoire, décembre 92, Hauts-de-Courbons, 04000 Digne. CF, aussi, Museum, "Musée et environnement". Vol. XXV, n" 1/2,1973, pp. 119-120. Un groupe social doimé, en un lieu donné, dispose d'un "milieu de vie" : milieu naturel considérablement manipulé et architecture par les actions antérieures de l'homme. Ce groupe social dispose d'im capital biologique, d'im potentiel technique, d'im héritage culturel et de capacités d'innovation qui détermineront ce que nous pourrons appeler son "mode de vie". Les relations biologiques, les commimicatioi\s mentales, le mode et le contenu des interactions entre ce mode de vie déterminent l'&iviroimement du groupe. L'Enviroimement permet, avec plus ou moins de bonheia, la vie (relations biologiques iwtureUes), la sensation d'etre (perception de ces relations), la conscience d'etre (connaissance du terrotoire d'évolution), l'intervention et la créativité technique et mentale. Les "mécanismes" créateurs d'Enviroimement, c'est a dire ceux, d'vme part du milieu de vie, d'autre part du mode de vie et finalement des commimications entre les deux (iwture, qualité et densité de ces commimications), sont extremement complexes, mobiles et tres fi-agUes. Il est de la plus haute importance pour l'homme de les comprendre afin d'assurer sa pérermité et de se "situer dan sle monde. Un des éléments de cette cormaissance peut etre l'écomusée, a la fois collection in situ d'unités oiganiques traduisant, dai\s l'espace, le réseau des relatioi« entre le milieu de vie et le mode de vie de l'homme et la collection in vitro de témoins représentatifs du développement historique de ces relations. n reviendra a la recherche de dresser le réseau de ces relations, d'en prévoir l'évolution, de proposer des alternatives. n reviendra er\fin a la muséographie de mettre en valeur "objets" et produits de recherches en vue d'une action pédagogique. Jean-Claude Dudos 290 aussi ses jardins, ses diamps, ses troupeaux, ses forets, pour témoigner, en im temps donné (vers 1850), de la globalité d'im mode de vie, d'vtn type de relation entre l'homme et le milieu. Inauguré en 1969, ce Musée de Marqueze, prendra plus tard le nom d'Ecomusée de la Grande Lande. Dans le meme temps, ime expérience semblable est conduite a Ouessant (xme île bretonne dépendant du Parc naturel régional d'Armorique), par Jean-Pierre Gestin. Une maison est acquise ainsi que ses abords immédiats, et restituée dans son dernier état d'utilisation ; tme recherche puis ime collecte mobilisent la population et une exposition a programme diachronique est montée daiis une partie de la maison. Pour la prenuere fois, en France, la maison qui abrite l'exposition, son contenu mobilier et son proche environnement partidpent d'im meme ensemble muséographique combinant les notions de temps et d'espace. Ce sera, peu de temps pltis tard, l'Ecomusée d'Ouessant. Peu apres ces deux premieres expériences, vont apparaître deux nouvelles applications de la démarche proposée par Georges Henri Riviere. La premiere se situe daiis le Parc national des Cévennes. L'initiative date de 1971. Sa réalisation exigera cependant une dizaine d'année, de 1974 a 1984. C'est l'Ecomusée du Mont Lozere dont Gérard CoUin conçoit et réalise les programmes. La seconde se décide en 1973, dans le Parc naturel régional de Camargue ou im miisée du temps est conçu sous ma responsabilité. Le projet de tendre par étapes vers la réalisation d'im véritable écomusée dut etre abandonné, c'est pourquoi cette opération ne prit pas d'autre nom que celle de Musée Camarguais (notons qu'il obtint le premier prix européen du musée de l'année 1979) Tous ces projets, jusqu'a présent, naissent dans des parcs naturels régionaux. Or au meme moment, entre 1971 et 1974, ime nouvelle expérience débute dans im contexte tres différent, celui d'ime communauté urbaine, composée de 16 commîmes marquées par pliis d'un siede d'activités industrielles. Il s'agit de la Commimauté du Creusot-Montceau- les-Mines. Conduite par Marcel Evrard cette expérience va notamment bénéfider des conseils d'Hugues de Varine qui dit d'elle, en 1973 : La communauté toute entiere constitue un musée vivant dont le public se trouve en permanence a l'intérieur. Le musée n'a pas de visiteurs, il a des habitants. Cette réflexion est a relier aux expériences qui se déroulent au meme moment en Amérique latine ou émerge alors, en 1972, la notion deMuseo integral. D'im bout a l'autre du monde, ces réflexion s'eiu-ichissent de leurs progres respectifs ; des hommes tels Hugues de Varine, alors directeiir de l'ICOM, y travaillent activement. C'est pourquoi la naissance des écomusées ne peut etre limitée au seul territoire français, meme si c'est la que le nom apparaît et que le concept se dessine. L'expérience du Creusot restera longtemps ime référence. On y défend l'existence d'un patrimoine commun issu des activités quotidiennes des hommes. On veut que ce patrimoine soit conservé in situ, par les habitants, y compris dans leur propre maison. Des sites sont choisis a travers le territoire de l'écomusée poui en évoquer les différents aspects. Des antames y sont créées; partout la partidpation de la population est recherchée, ce qui nécessite de la part des membres de l'équipe permanente de l'écomusée, des qualités et des savoir-faire qu'ils s'inventent dans l'action. Au-dela des coUedes, des inventaires 1" Jean-Qaude Duclos «Miaée Camarguais, Mas du Pont de Rousty, Arles, France», in Museum vol. XXXnn°l/21980, pp. 24-33. Place de l'écomusée dam l'évolution de la pensée miiséologique 291 et des expositions, il faut aussi créer les conditioi\s d'vtn échange, stimuler les mémoires, éveiller les consciences, coordonner les efforts de chacun, bref jouer ce rôle difficile et exaltant de «catalyseur» social. Riviere, qui suit tout cela avec attention, soutient l'opération de ses conseils. EUe prend le nom d'écomusée en 1974. Désormais la racine eco du mot écomusée, va aussi bien désigner l'environnement social, urbain et industriel, que l'enviroimement naturel. En France comme a l'étranger, ecomusée du Creusot devient vite une «expérience- phare». Des Québécois viennent s'en inspirer des 1974. Os créeront ensmte, de 1979 a 1984, de nombreux écomusées (tels ceux de la Haute Beauce, du Fier monde, de l'Insulaire, de La Vallée de la Rouge, de Saint Constant, des Deux Rives...). Ce sont eux qui définiront l'écomusée en l'opposant au musée MUSEE: bâtiment experts collections visiteurs ECLATEMENT ELARGISSEMENT ENGAGEMENT ECOMUSEE: territoire mémoire coEective patrimoine popiilation Au Portugal a la faveiu' de la Révolution des Oeillets (25 avril 1974), l'expression de l'identité collective, doime lieu a la création de nombreux musées locaux et, a partir de 1981, d'écomusées, comme ceux de Sebcal, de Monte Redondo ou de Condebca. On doit d'ailleurs observer que la création de beaucoup d'écomusées et de musées locaux succede a voie phase de domination, voire d'oppression. C'est le cas au Portugal, ce fut aussi le cas en Norvege, au Canada, en Catalogne et meme dans l'espace rural français. C'est en effet souvent pour échapper a la dépendance d'un pouvoir trop fort et rechercher les conditions d'une nouvelle autonomie que naissent de telles initiatives. Ainsi l'exprime Alpha Oumar Konaré, a propos d'im progranune d'écomusées du Sahel, Seuls ceux qui vivent de leur culture ä la font vivre peuvent penser a de nouvelles structures autonomes. ^ 3 . TEXTES ET DÉFINITIONS En 1972, la conférence générale de l'ICOM sur le theme «musée et environnement» précise, au-dela des définitions évoquées plus haut, le contenu de qu'on appellera plus tard l'écomuséologie. Des phrases fameuses y sont prononcées ; ainsi celle de Stanislas Adotevi: Les objets de musée n'ont jamais représenté que les manifestations tangibles, palpables et matérielles de l'existence spirituelle et morale de l'homme. L'homme dans son environnement, ses traditions, sa vie, comment il a transformé la matiere, intériorisé et assimilé les apports extérieurs, comment enfin il a assumé sa culture, c'est a dire assumé son développement. Georges Henri Riviere donne sa premiere définition de l'écomusée en 1973, soit 11 René Rivard «Que les musées s'ouvrent ou vers une nouvelle muséologie. Les écomusées et les musées ouverts» Québec, octobre 1984, multigraphie 171 P. 12 Alpha Oumar Konaré «Des écomusées pour le Sahel : un programme» in Mtiseum n<'148,1985, pp. 230-236. Jean-Claude Duclos detix ans apres la création du mot. Il la veut évolutive et en donnera successivement trois versioi«. Riviere y résume, en quelques phrases particulierement inspirées, l'essentiel de sa pensée d'humaiüste. Tout y est dit, en moins d'ime page, la participation de la population, le tenitoire, la nature, l'homme, le temps. L'écomusée y est tour a tour défini comme un instrument (...) un miroir (...) une expression de l'homme et de la nature (...) une expression du temps (...) une interprétation de l'espace (...) un laboratoire (...) un conservatoire (...) une école. Bien que cette définition demeure aujourd'hui la référence de beaucoup d'écomusées, aucun ministere, nous l'avons dit, n'en a jamais repris les termes dans un texte officiel. Un autre texte, mis au point en 1980, n'y réussit pas davantage, n s'intitule «Principes d'organisation des écomusées» et tente de mettre en évidence ce qui les distingue des autres musées: - la nature des biens conservés qui peuvent aussi etre immobiliers (bâtiments, terrains...) et fongibles (animaux, cultures...) - le mode de fonctioimement, basé (suivant l'exemple de l'Ecomusée du Creusot) sur l'existence de trois comités : . le comité de gestion (ou sont représentés les collectivités locales et les administrations), . le comité des usagers (ou sont représentés les différentes associations locales), . le comité scientifique. n y est précisé que le langage écomuséographique combine les notions de temps et 13 Définition évolutive de l'écomusée par Georges Henri Riviere (datée du 22 janvier 1980, cette définition est la plus récente) : Un écomusée est un instrument qu'un pouvoir et qu'une population conçoivent, fabriquent et exploitent ensemble. Ce pouvoir, avec les experts, les facilités, les ressources qu'il fournit. Cette population, selon ses aspiratior«, ses savoirs, ses facultés d'approche. Un miroir ou cette population se regarde pour s'y recoimaître, ou elle recherche l'explication du territoire auquel elle est attachée, jointe a celle des populations qui l'ont précédée, dans la discontinuinité ou la continuité des générations. Un miroir que cette popiilation tend a ses hôtes pour s'en faire mieux comprendre, dans le respect de son travail, de ses comportements, de son intimité. Une expression de l'homme et de la nature. L'homme y est interprété dans son milieu naturel. La nature l'est dans sa sauvagerie, mais telle que la sodété traditionnelle et la sodété industrielle l'ont adaptée a leur image. Une expression du temps, quand l'explication remonte en deça du temps ou l'homme est apparu, s'étage a travers les temps préhistoriques et historiques qu'u a vécus, débouche sur le temps qu'il vit. Avec une ouverture sur les temps de demain, sai\s que, pour autant, l'écomusée se pose en déddeur, mais en l'occurence, joue un rôle d'information et d'analyse critique. Une interprétation de l'espace. D'espaces privilégiés, ou s'arreter, ou cheminer. Un laboratoire, dans la mesure ou il contribue a l'étude historique et contemporaine de cette population et de son milieu et favorise la f onnation de spécialistes dans ces domaines, en coopération avec les organisations extérieures de recherche. Un coiwervatoire dans la mesure ou il aide a la préservation et a la mise en valeur du patrimoine naturel et culturel de cette popidation. Une école dans la mesure ou ü assode cette population a ses actions d'étude et de protection, ou il l'indte a mieux appréhender les problemes de son propre avenir. Ce laboratoire, ce conservatoire, cette école s'inspirent de prindpes communs. La culture dont ils se réclament est a entendre en son sei\s le plus large, et ils s'attachent a en faire connaître la dignité et l'expression artistique, de quelque couche de la population qu'en émanent les maiufestations. La diversité en est sans limite, tant les doimées different d'vm édhantillon a l'autre. Us ne s'enferment pas en eux-memes, ils reçoivent et dorment. Place de l'écomusée dans l'évolution de la pensée muséologique 293 d'espace : l'espace, pour montrer, a l'aide de témoiiis, les relations qu'une population a entretenu avec son environnement au cours de son histoire et jusqu'a maintenant. Le temps pour analyser depiiis l'origine, l'évolution d'une identité et des facteurs écologiques, historiques, économiques et sociaux qui la conditiorment. A ces deux catégories de préoccupations correspondent différentes structures: des espaces témoins conservés et aménagés pour l'accueil, en différents points du territoire de l'écomxisée : ses "antennes" ; et d'autre part au chef-lieu, un "musée du temps", des locaux administratifs, im centre de documentation, ou laboratoire de terrain, des magasins d'objets. 4 . POSSIBILITÉS ET LIMITES DES ÉCOMUSÉES. Si la plupart des responsables d'écomusées continuent de recoimaître les grands principes de leur action dans les textes évoqués plus haut, tous sont d'accord poiu refuser l'existence d'un modele. Il n'y a pas d'écomusée-type aiment-us dire, ü n'y a que des «écomusées en devenir». Riviere terminait lui meme sa définition en précisant : la diversité en est sans limites, tant les données different d'un échantillon a l'autre. Meme si les mérites d'ime telle position ne sont pas discutables, elle ne va pas dans le sens d'une reconnaissance officielle et définitive de l'écomusée. La liberté dans laquelle l'entreprise doit nécessairement s'épanouir peut aussi laisser la place aux dérives et dormer prise aux arguments des détracteurs de l'écomusée. Faute de pouvoir établir une typologie satisfaisante, on classe généralement les écomusées en fonction de l'époque de leur aéation. Ceux qui naissent avant 1980 ont bénéficié de circonstances économiques favorables et souvent d'un engagement décisif des collectivités. Il est vrai qu'ils apparaissent presque toujours dans le cadre de parcs naturels régionaux. Apres 1980, des écomusées se multiplient, issus d'une volonté souvent plus authentique de la population. S'ils correspondent mieux a la définition de Georges Henri Riviere, ils connaissent pourtant de plus grandes difficultés. Les deux tiers sont en effet gérés par des associations ou les moyens financiers de l'année a venir doivent etre justifiés et négociés sans relâche. Des évolutions plus ou moins brutales, telles la fermeture d'usines ou la désertification de zones rurales ont pu induire leur aéation (un journaliste les a d'ailleurs qualifié de «musées de la récession»). A l'exception de ceux qui ne se distinguent plus du musée local ou d'autres qui n'ont d'écomusée que le nom et ont peu a voir avec l'histoire que nous venons d'évoquer (tels l'écomusée du chapeau, du plâtre, de la truffe ou du pain...), beaucoup d'écomusées continuent, aujourd'hui, non sans difficultés, a faire preuve d'originalité. Le territoire et la population qui l'habite composent une réalité mouvante. L'écomusée qui se défiiut par rapport a eux, doit suivre cette évolution et ajuster son action en conséquence. Ces transformations peuvent prendre l'allure de véritables mutations et compromettre le devenir de l'écomusée. Comment l'Ecomusée du Creusot, né en pleine croissance économique, peut-il retrouver la participation de la population, quand celle-d, souffrant de la crise économique, a d'autres soucis que la défense de son patrimoine ? Dans un ordre idée voisin, comment des écomusées vont-ils pouvoir Jean-Claude Duclos fonctionner au Sahel si la «recherche du bonheur», se réduit toujours a «boire et manger ?» Le champ d'action de l'écomusée est vaste. Il touche a tous les domaines de la vie locale. Cette multiplicité de fonctions est difficile a assurer ; elle est tout aussi difficile a défendre quand elle est jugée concurrente. Car l'écomusée peut alors favoriser l'expression d'im contre-pouvoir et sxisciter la méfiance et meme le rejet du pouvoir politique en place. La réflexion sur le développement local fait aussi partie des spécificités reconnues de l'écomusée. Il peut certes pallier les défaillances de la mémoire collective et contribuer a nourrir de la connaissance du passé, les décisions qui engagent l'avertir. Cependant, et mis a part les activités totiristiques issues de la valorisation du patrimoine, ou il peut etre tres actif, son rôle s'arrete la."Il ne s'agit pas d'avoir plus mais d'etre plus" : Cette formule de René Maheu pourrait suffire a résumer le rôle de l'écomusée en matiere de développement. C'est dire, a l'heure ou l'objectif économique devance de loin tous les autres, si la tâche est difficile. n en est de l'écomusée comme de beaucoup d'autres entreprises : c'est quand il parvient a surmonter les difficultés auxquelles il est confronté, ces observations le monfrent, qu'il est véritablement novateur. Aucun d'enfre eux, cependant n'est a l'abri d'tme possible dérive si son action ne bénéficie pas d'un minimum de rigueur scientifique. En favorisant la réappropriation du patrimoine, l'écomusée peut devenir le refuge de populations qui, devant les incertitudes de l'avenir, prîferent privilégier l'expression du passé Il a pu arriver atissi qu'une communauté tire prétexte de l'existence d'tm territoire propre pour exprimer des positions de type nationaliste. Le «miroir» de l'écomusée devient alors déformant car ce n'est plus la réalité qu'il reflete mais l'image qu'tme population veut montrer d'elle. C'est la raison pour laquelle Georges Heiwi Riviere insistait tant sur le rôle du coiruté scientifique de l'écomusée. Il tenait beaucoup aussi a celui du «Musée du temps», soit de cette présentation «interdisciplinaire et périodisée», référence permanente des fondements réels de l'identité et composante majeure des dispositifs de l'écomusée. La réflexion collective s'établit toujours sur des choix idéologiques, encore faut-il veiller a ce qu'elle bénéficie des «gardes-fous» de l'approche scientifique. En effet l'écomusée ne peut se passer du concours de la recherche et de l'assise scientifique dont chactme de ses actions doit bénéficier. Encore faudra-t-ü éviter atissi que les chercheurs, universitaires ou experts d'origines diverses n'y prennent le pouvoir. La population s'en éloignerait et les conséquences en seraient désastreuses. Dans la dialectique qui assode la recherche a l'action culturelle, un équilibre est toujours a frouver et le rôle en revient a l'écomusée. En 1986, eurent lieu a Lisle d'Abeau, en région Rhône-Alpes, les Premieres rencontres des écomtisées de France. Bien que le nombre de partidpants put faire croire a im succes, il n'y en eut jamais de deuxieme. Quant a l'orgaiusme qui fut créé peu apres, pour rassembler les responsables des écomusées et promouvoir l'image de leurs établissements, "Ecomusées en France", il change de nom en 1991 pour devenir la "Fédération des écomusées et musées de sodété". Beaucoup d'écomusées, en effet, ne se 1* Alpha Oumar Konaré «Des écomusées pour le Sahel : im programme», op. dt. 15 François Hubert «Les écomusées en France: contradictions et déviatioi\s» in Museum n0148,1985, pp. 186-190. Place de l'ecomxisée dans l'évolution de la pensée mxiséoloeique 295 distinguent plus de ce qu'il est désormais convenu d'appeler des musées de sociétés Et réciproquement, beaucoup de musées de société ont eux-memes repris a leiir compte des stratégies qui jusqu'alors distinguaient les écomusées des autres musées. Aussi la défense et la promotion d'ime image de marque propre aux seuls écomusées fut-elle abandonnée par la Fédération. On aiu-ait tort cependant de de se contenter de cette unique raison pour expliquer la désaffection que connaît aujourd'hui le concept d'écomusée en France. D'autres causes alimentent le jugement de ceux qui coi^iderent aujourd'hui qu'il est passé de mode. EUes relevent de l'utopie révolutionaire que véhicule le concept d'écomusée, de la crainte des contre-pouvoir qu'il peut favoriser mais aussi de la réaction négative ou méprisante de la majorité d'une profession, dominée en France par les conservateurs de musée de beaux-arts (H est étonnant ve voir avec quelle insistance d'auams continuent de critiquer l'oeuvre de Georges Henri Riviere ; n'a-t-on pas évoqué sa resporisabiHté, dans la crise que traverse actuellement le Musée national des arts et traditions populaires ?). A noter également le temps qu'il a fallu pour que le nom d'écomusée apparaisse dans l'intitulé d'un des comités international de l'ICOM. Mais d'autres raisons encore, intrinseques a la nature meme du concept, a la nécessité de la participation de la population et aux inévitables fluctuations qu'elle coimaît, a la difficulté croissante de maintenir une définition satisfaisante du territoire, a la fragilité de l'entreprise, a l'insuffisance récurrente des moyens financiers, au rôle déterminant qu'y joue son responsable, a la dépréciation du mot écomusée, utUise a tort et a travers... Tous ces facteiirs contribuent en France a reléguer l'écomusée au rang des tentatives inabouties d'une époque révolue. Des sentiments inverses s'expriment pourtant dans plusieurs autres pays ; le modele de l'écomusée y a toujours d'ardents défenseurs et continue de susciter de l'intéret. Beaucoup plus que l'écomusée, l'écomuséologie et tout ce qui la définit, l'histoire que nous venons de brosser a grands traits, des réalisations, des méthodes, des expérimentations, mie éthique (assez voisine de celle que défendent aujourd'hui certains écologistes himianistes), demeure ime discipline d'avenir. Et d'abord parce qu'elle releve de préoccupations d'ordre planétaire. 5 . APPORTS DE L'ÉCOMUSÉE A LA MUSÉOLOGIE CONTEMPORAINE En dépit des expériences sans siiite, des difficultés et des risques, les apports de l'écomusée sont considérables. Leur apparition et celle d'autres musées, de par le monde, tels ceux de voisinage, aux Etats-Unis, tel le Musée de Niamey ou la Casa del Museo, a Mexico, ont définitivement remis en cause l'existence a'vn seul type de musée, imiversel, immuable et saao-saint. Faute de cet héritage, nous aurions beaucoup de difficulté a revendiquer aujourd'hui l'existence et la spécifité des musées de société. Pour la premiere fois, dans l'histoire des musées, la population est devenue im partenaire de l'institution museale. C'est im immense changement. H est heureux qu'im homme comme Georges Heiui Riviere qui en a tres vite perçu le besoin, ait pu doimer 16 Eliane Baroso et Emilia Vaillant (sous la direction de) "Musées et sociétés", actes du colloque de Mulhouse / Ungersheim,iuin 1991- Répertoire analytique des musée, bilans et projets. Ministere de l'éducation et de la Culture, Direction des musées de France, Paris, 1993,446 p. Jean-Claude Dudos corps a cette idée et mettre son talent et sa longue expérience d'ethnologue et de muséologue, au service de la définition et de l'application du concept d'écomusée. Le nombre d'écomusées, nous l'avons évoqué, n'a pas continué de s'accroître au meme rythme. Il en est meme qui disparaissent (c'est le cas de l'Ecomvisée Nord-Dauphiné dont l'activité cesse en 1993) tandis que d'autres doivent leiir sxirvie a l'existence de colIectioi\s. Aux grands moments d'enthousiasme et de créativité qui accompagnerent leur naissance en ont succédé d'autres, plus difficiles, voire fatals. Comment assurer le financement du fonctioimement ? Ou continuer de puiser indéfiniement l'énergie et le temps de sa recherche ? Comment préserver la pérennité de l'entreprise ? Les écomusées, pourtant, sont probablement, parmi d'autres musées de sodété, des laboratoires de la muséologie de demain. Pourquoi, dans le cas contraire, de pliis en plus de musées auraient-Us repris a leur compte leurs orientations et leurs succes ? Les apports de l'écomusée relevent principalement de trois domaines : 1. La partidpation de la popiilation : Cette préoccupation se traduit dans un nombre croissant de musées par une forte volonté de coimaître leurs publics, de répondre a leur attente et d'instamer im véritable dialogue. L'écomusée, le musée, terminaison nerveuse de la sodété, va aux devant de ses questionnements, fournit des reperes, rassemble les données des problemes a résoudre... 2. La contribution du musée a la réflexion collective sur le développement : En aidant une population a comprendre la situation dans laquelle elle se trouve, le musée peut lui redonner courage et dignité et stimuler sa capadté a maîtriser son devenir. Des musées s'y emploient, des expériences en témoignent. 3. Le recours a l'interdisdplinarité : L'étude et l'interprétation de la globalité des rapports de l'homme avec son environnement exige le croisement, l'union, l'intégration des méthodes et des résultats de plusieurs disciplines sdentifiques. Des écomusées ont montré combien l'application de l'interdisdplinarité avait d'heureuses conséquences, tant au niveau des échanges entre les chercheurs et la population, qu'a celui de l'expression muséographique qu'elle permet comme au progres, d'ime maniere plus générale, de la connaissance d'un espace donné. D'aucuns veulent voir dans l'exerdce de ces trois prindpes, l'interdisdplinarité comme moyen, le développement comme objectif et la partidpation comme moteur, l'existence d'une nouvelle muséologie Quoiqu'il en soit, c'est du progres de la muséologie toute entiere qu'il s'agit et de l'évolution qu'elle doit nécessairement connaître pour adapter ses méthodes aux besoins changeants de l'homme et de la sodété. L'histoire que nous venons d'évoquer, mais aussi, pour ma part, les tentatives que j'essaie de renouveler pour évaluer les demandes et les réactions de ceux qui fréquentent ces musées dits en France "de sodété" - écomusées, musées d'ethnographie, musées régionaux...-, finit par donner quelques convictions quant aux rôles qu'ils jouent. Comparer, donner des reperes, restituer, accomplir des "travaux de deiul", reconnaître, telle est la déclinaison que nous pouvons donner maintenant de l'action du musée. Comparer, user du plus élémentaire des exerdces de la science ethnologique, la 17 Jean-Qaude Dudos «Les écomusées et la nouvelle muséologie» in Actes des Premieres rencontres rationales des écomusées. 13 & 14 novembre 1986, Agence Régionale d'Ethnologie Rhône-Alpes, Grenoble, pp. 61-69. _Place de Tecomtisee dans l'évolution de la pensée muséologique_ comparaison, est logiquement l'ime des principales stratégies du musée d'ethnographie. En dormant a voir a des gens, ses visitevirs, ses usagers, comment vivent d'autres gens, le musée favorise le jeu des différences et des ressemblances. "Qui nous enseignera l'infinie diversité des etres dans l'éoidente unité de l'espece ?" lançait Edgar Pisani dans un récent nimiéro du Courrier de l'UNESCO. N'est-ce pas le défi que nos musées ont a relever ? indéfiniement ? Doimer des reperes, permettre a qui le veut de se re-situer dans im temps et im espace est aussi l'ime de ses fonctions majeures. Confronter et relier, d'hier a aujourd'hui, en un ou des territoires de référence, des manieres de vivre, de penser et d'agir est aujourd'hui plus que jamais, vue l'ampleur des mutations que connaissent nos sociétés, l'xme de ses contributions essentielles : celle du bilan dont il faut rassembler les données et que chacim doit pouvoir établir avant se lancer dans l'action. Restituer, conduire des recherches et des collectes dans un musée, aupres de tel groupe, telle communauté, telle corporation, est suivi d'im second temps, celui de la restitution : "Pour qu'en ces musées de l'homme - dit GHR - l'homme rende a l'homme ce qu'il lui a pris". Faute de quoi, le musée devient l'im de ces "lieux de confiscation du patrimoine" que d'aucuns dénoncent a raison. Accomplir un "travail de deuil", observer la disparition ou la transformation d'objets, de savoir-faire, de comportements ou de croyances, incite a la collecte. 11 n'est pas rare, quand il y a mutation que cette démarche et la restitution qui suit, fonctionnent alors comme im travail de deuil, conune une façon de mieux accepter le passage d'ime étape a im autre, d'assumer im changement et de le dépasser pour vivre autre chose. Reconnaître, donner aux minorités la possibilité de se faire connaître et reconnaître, depuis l'avenement des musées de voisinage, des écomusées et de la "nouvelle muséologie", est probablement l'une des fonctions nouvelles du musée d'ethnographie. La connaissance d'autrui, le relativisme culturel, le respect des différences, bref la condition pour qu'un heureux "métissage des cultures" s'opere, est l'une des nécessités de notre époque auxquelles le musée peut contribuer. Aucune de ces fonctions "sodétales", on le voit, n'est vraiment dissociable des autres et si toutes se recoupent ou se completent, c'est précisément parce qu'elles participent de l'action d'im seul et meme outil, le musée, dans tous ses domaines d'intervention : l'acquisition, la conservation, l'étude et la présentation. Notre chance au musée Dauphinois, est de travailler dans im établissement dont le fondateur, au début de ce siecle, Hippolyte Müller, voulait "relier les plus anciens occupants d'un pays a ceux qui l'habitent encore" (...) "recréer la pensée qui a créé l'objet" et donner "une leçon puissante de choses et d'histoire alpine (...) pour le plus grand profit technique et cérébral des visiteurs" Si nous ne le dirions pas tout a fait dans les memes termes aujourd'hui, le projet du Musée, par contre, n'a pas connu de grandes modifications. Seuls ont changés les moyens, les formes d'expression et surtout les questionnements. Ce sont en effet les grands questionnements du moment, les découvertes, l'urgence qui guide le musée aans ses chobc. C'est de cela que s'alimente la relation qui l'imit a ses visiteurs. Si nos sociétés vivent dans l'urgence, il n'y a pas de raison que les musées n'en fassent pas de meme. La réside la mission la plus élevée du Musée, dans cet aller-retour entre l'expression du phénomene identitaire et celle de la conscience planétaire. D'un Jean-Claude Duclos côté, chacun doit etre recoimu dans sa différence, sa place, son rôle, soit, en un mot, sa dignité ; d'im autre, ü faut que des objectifs et des valeiirs fassent l'unanimité et soit partagées dans im meme destin, dans une meme histoire. C'est ce chemin la que le musée ne doit pas arreter reprendre. Et si la trace, l'objet, le docimient, l'oeuvre demeurent l'accroche de chacime de ses actions, rien ne compte plus que ceux, de chair et d'esprit, avec qui et pour qui le musée se construit. 298 VLOGA EKOMUZEJA V RAZVOJU MUZEOLOŠKE MISLP Jean-Claude Duclos Ekomuzq: beseda seje prijela, tako v Frandji kot drugod. Pokazala se je na začetku sedemdesetih let našega stoletja, vendar je - čudno - ne srečamo v muzejski zakonodaji. Nikjer po svetu namreč v zakonih ne razločujejo med miizejem in ekomuzejem, in ustanove, ki so prevzele to ime, so si tako različne in tako nepodobne, da se človek le stežka znajde. Pojmu je dal posrečeno vsebino Georges Henri Riviere, ko je muzejsko ustanovo postavil v službo najbolj perečih vprašanj, ki si jih zastavljamo: kakšno okolje, kakšen razvoj, v katero smer? Miizeološka misel je tako naredila korak naprej. Ob ekomuzejih, ob vlogi, ki jo imajo v zgodovini muzejev, ob besedilih, kijih opredeljujejo, ob izkušnjah, ki jih imajo za seboj, smo namreč priča nekaterim najbolj opaznim korakom, kar jih je naredila sodobna muzeologija: sodelovanju ljudi, skupnemu razmišljanju o razvoju, znanstveni interdisdplinamosti. Moč in plemenitost koncepta sta v tem, da se muzejska iistanova nenehno prilagaja spreminjajočim se potrebam prebivalstva. Toda prav tu se skrivajo tudi zagate in šibkosti ekomuzejev: do kod se lahko razvijajo in spreminjajo, ne da bi pri tem zašh v protislovje ali celo nasprotje s temeljnimi muzejskimi načeli? Tak prijem, ki je za ene obroben in ob katerem drugi govorijo o novi muzeologiji, je vendarle poučen. Zaradi njega lahko namreč muzej najbolje opravlja svoje družbene naloge: primerjanje (z igro podobnosti in različnosti), dajanje oprijemališč (glede na čas, ozemlje in identiteto), vračanje (tako da času raziskovanj in zbiranj sledi čas izmenjav), žalovanje (da so spremembe manj boleče) in priznavanje (se pravi spoštovanje tistih, na katere družba pozablja). Ko je ekomuzej našel odgovore na take potrebe, je potisnil razvoj muzeologije krepko naprej in pokazal, kako naj bo muzejska ustanova v službi uresničevanja demokracije. Ekomuzej: beseda se je prijela! Potem ko so jo iznašli, so jo toliko uporabljali in z njo označevali tako različne stvari, da je danes njena podoba pravzaprav zamegljena. V resnid jo lahko uporabljamo zelo različno, četudi le kot besedno figuro. In bolj ko je ustanova zapletena, globlje spremembe je lahko doživela v svojem razvoju in je ohranila ime ekomuzej, čeprav se v ničemer aK skoraj v ničemer ne razlikuje več od krajevnega ali pokrajiiiskega muzeja. Prav zato ekomuzeji še nikjer po svetu nimajo posebnega mesta v 1 Pričujoče besedilo je povzeto po univerzitetnem predavanju, ki ga ima avtor s tekočimi dopolnitvami že dvai\ajst let. Predstavljeno je bUo v Ljubljani na MUZEOFORUMU januarja 1995 in objavljeno v slovenščini v zborniku " MUZEOFORUM1995". 299 Jean-Claude Duclos besedilih, ki urejajo miizeje. Toda beseda je tukaj že domala dvajset let. Na vprašanje, kaj pomeni, dobimo od tistih, ki jo uporabljajo, na splošno tri vrste odgovorov^ Prvi postavljajo ekomuzej nasproti "tradicionalnemu" muzeju, muzeju "lepih umetnosti", in dodajajo - kot razlog za koren eko - da gre za muzej, ki daje pomembno vlogo naravnemu okolju. Drugi, ki so najbrž videli kakšno ekomuzejsko razstavo, pravijo, da se ukvarja z nekdanjim kmečkim življenjem na nekem prostoru. Tretji ga naposled opredeljujejo glede na zemljepisno ozemlje in kot zgled navajajo Creusot (v Franciji), Margeride (v Franciji), Valls d'Aneau (v Kataloniji) ali Haute Beauce (v Kanadi). V nadaljevanju bom poskiišal natančno opredeliti, kaj pokriva poimenovanje ekomuzej od nastanka besede do danes, in sicer ob petih točkah: 1. vloga ekomuzejev v splošni zgodoviiü muzejev 2. nastanek in razvoj ekomuzejev 3. besedila in opredelitve 4. možnosti in omejitve ekomuzejev 5. prispevek ekomuzejev k sodobni muzeologiji 1. VLOGA EKOMUZEJEV V SPLOŠNI ZGODOVINI MUZEJEV^ Muzeji po vsem svetu so začeli ohranjati pričevanja materialne kulture - v perspektivi, ki bi jo lahko označili kot antropološko - v drugi polovici 19. stoletja. V tistem času so se v številnih evropskih deželah pokazaÜ prvi veliki etnografski muzeji (Trocadéro v Parizu so odprli leta 1884). Prva znamenja zarmnanja za pokrajinsko etnografijo so se v Franciji najbrž pokazala ob velikih svetoviüh razstavah v drugi polovici 19. stoletja. Razstava leta 1867je predvidela poseben oddelek, namenjen "ljudskim nošam iz različnih pokrajin" v Franciji in iz drugih dežel. Še posebej opažeiu sta bUi predstavitvi Norveške in Švedske s skupinami lutk. Zanimanje se je še utrdilo na svetoviü razstavi leta 1878. Tedaj sta se spet odlikovali Holandija* in Švedska: še zlasti Nordiska Museet, muzej, ki ga je leta 1873 v Stockhobnu ustanovil Arthur Hazelius, je spet s pomočjo oblečenih lutk pokazal vrsto prizorov, med drugim vaški sejem, zasnubitev, vrnitev z lova... Zamisel se je kmalu zatem prijela in v Franciji so ustanovili muzej, posvečen samo takim predstavitvam. Še zlasti sta idejo podprli dve društvi: Société des tradition populaires, društvo za ljudsko izročilo, ki ga je leta 1886 ustanovil Paul SébiUot, in Société d'ethnographie et d'art popiilaire, društvo za etnografijo in ljudsko imietnost. Le-to si je za cilj postavilo še zlasti, dabo z razstavami, predstavitvami, predstavami in predavanji opozarjalo na izginulo ali še živečo ljudsko umetnost, legende, narečja, glasbo, pesmi, plese in književnost iz vseh pokrajin. 2 Jean-Yves VeiUard, 'Pour im nouvel himianisme", v: Découvrir les écomusés. Musée de Bretagne - Ecomusée Les Bintiiuiis, Rennes, marec 1984,47 str. 3 François Hubert, "Historique des écomusées", v: "La muséologie selon Geoiges Henri Riviere", Dunod, Pariz, 1989, str. 146-154. Sklicujem se tudi na članek Françoisa Huberta v že imvedeni publikaciji: Découvrir les écomusées. * Adriaan de Jong in Mette Skougaard, "The Hindeloopen and the Amager Rooms, two examples of a historical museum phenomenon", v: Journal of the History of QjUections, 5, št. 2,1993, str. 165-178. Vloga ekomuzeja v razvoju muzeološke misU In tako so v etnografskem muzqu v Trocadéru leta 1888 uredili francosko dvorano. V tistem času so po vsej Frandji že vzniknui števuni muzeji, ki bi jih lahko označili kot pokrajinske, na primer Musée basque v Bayoimu ali Musée breton v Quimperju. Drugi muzeji enciklopedične vrste so odprli pokrajinske etnografske zbirke, na primer muzej v Caenu. Spet tretji, naravoslovni muzq'i, na primer v Toulousu ali Nantesu, so ustanovili oddelke za pokrajinsko antropologijo. Prevladujoča prvina pri vseh muzejskih predstavitvah so bila oblačila in pokrivala, oblečene lutke v obnovljenih notranjščinah, kamor so jih postavili po zgledu mikavnih dioram s svetovnih razstav. Najstarejše muzeje, ki bijih lahko povezali s pojmom ekomiizej, bi lahko združili z imenom pokrajii^ki muzej. Čeprav so bili razstavljeiu predmeti izbrani zaradi svoje okrasnosti, so bili odbrani tudi zaradi pričevanja o krajevni dediščini, o domači identiteti. Leta 1898 je veliki provai\salski pesnik Frédéric Mistral ustanovil v mestu Arles v Provai\si muzej, kije bil sicer pokrajinski, vendar drugačen od prejšnjih: Museon arlaten. Pomembno je, je dejal leta 1896, da v mejah mogočega ohranimo in obnommo vse, fcar daje ali je dajalo našim pokrajinam njihovo osebnost, od narečij, izročila, šeg, noš in krajevne obrti do spomenikov. Museon arlaten je bil posvečen provansalski kulturi in je zrastel iz načrtnega zbiranja, usmerjenega zvečine k vprašanjem iz krajevnega življenja. Njegova druga izvirnost je bila, da je bil sad pesniJca, ki je za svoja dela vselej črpal iz natančnega in pravzaprav etnografskega opazovanja stvarnosti v provansalskem in še zlasti domačem arležanskem življenju. Čez nekaj let, leta 1904, je Hippolyte Müller ustanovil v prestolnid francoskih Alp, v Grenoblu, podoben muzej. Musée dauphinois. V tistem času se mu je zdelo pomembno, da proe prebivalce v pokrajini poveže s tistimi, ki tamkaj živijo še danes. Pojmu kulturno homogenega prostora, ki ga je zelo razločno upošteval Mistral, je MüUer dodal še zgodovino: s tem je dodelil materiakii kulturi novo vlogo in tako - kot je dejal - "obnovil misel, kije ustvarila predmet". Omenjena muzeja, ki sta bila zasnovana strožje od prejšnjih, napovedujeta drugo skupino muzejev, ki jih je François Hubert povezal z imenom muzej identitete. Znanstveno podlago muzejev je nato razširil Georges Henri Riviere: bil je soustanovitelj pariškega Musée de l'Homme, leta 1937 je ustanovil Musée national des arts et traditions populaires in je bil pobudnik nastanka francoske etnologije. Ko je leta 1957 zasnoval program za Musée de Bretagne, je že izrazil nekaj misli, ki jih je pozneje uporabil v zvezi z ekomuzeji. Bretonski muzej v Rennesu je bil sinteza zgodovine Bretanje "od geoloških časov do današnjih dni", in sicer na podlagi "interdisciplinarnega in periodiziranega programa". Obrazca z izmenjavanjem sinhronije in diahronije jasno kažeta, kako je Riviere v svojem muzeografskem prevodu združil zgodovino in etnologijo. Njegova novost je povzeta v rwslednjem stavku, v katerem se že skrivajo kali pojma ekomuzeja: Každa se tako dva sklopa, h katerima se morajo nagibati muzejske predstavitve: čas in prostor na nekem ozemlju ter razmerje med človekom in naravo.^ Riviere je zelo pozorno in z zanimanjem sledil vsemu, kar se je v zvezi z muzeološkimi uresničitvami dogajalo po svetu, in je znal zanesljivo izluščiti tisto, kar je 5 Georges Henri Riviere, v: "Dossier écomusée", 26. marec 1980,9 str., tipkopis. Jean-Claude Duclos prinašalo kaj zares novega. Spomniti je pač treba, da je takoj po drugi vojni sodeloval pri vistanovitvi ICOM (International Coimdl of Museums, UNESCO), ki ga je vodil med letoma 1948 in 1966 in bU njegov stalni svetovalec vse do smrti leta 1985. Ker je bila vloga muzejev po Rivieru planetarna in se je v to smer vse bolj nagibala tudi opredelitev ekomiizejev, je treba, če naj bo genealogija popolna, navesti še nekaj drugih vrst muzejev. Gre najprej za muzeje na prostem, ki jih je Riviere navdušeno odkril v tridesetih letih. Prvi muzej na prostem, Skansen v stockholmskem predmestju, je bil sicer ustanovljen že leta 1891. Arthur AzeUus je tamkaj zbral značilne stavbe tradicionalne arhitekture iz različnih švedskih pokrajin. Muzeji na prostem so se nato hitro razširili v skandinavskih deželah, na Nizozemskem in v Nemčiji, pa tudi v Romuniji, Veliki Britaniji in Združenih državah. V obnovljenem okolju in pogosto na več hektarjih površine so na novo postavili primerke tradicionalnih stavb in jih velikokrat zapolnili s celotnim pohišjem. Prostor v pričujoči genealogiji si zasluži tudi heimatmuseum, ki se je v tridesetih letih našega stole^a pokazal v Nemčiji^ Njegov nastanek je bil tesno povezan s posledicami prve svetovne vojne in potrebo prebivalstva, da si najde svojo zgodovino in svojo identiteto. Hef/nahnuseum je tako poudarjal ljudsko kulturo, opozarjal na vezi, ki povezujejo posameznika z okoljem, in dodelil novo vlogo pedagoški dejavnosti. Upravičenost in novost ustanove ne bi bUi sporni, če ne bi bil njen dlj, tako kot drugod, pokazati premoč "arijskega ljudstva". Kljub temu pa dodelanost tedanje izkušnje ni sporna: pedagoško skrbno razločevanje, prvikrat dotlej, med razstavno in študijsko zbirko na eni ter upoštevanje jasne in privlačne muzeografske govorice na drugi straiü sta novosti, ki sta vredni omembe. Na povsem drugi ravni pa je slej ko prej poučna ugotovitev, do kod lahko heimatmuseum aH katero koli drugo vrsto muzeja ali ekomiizeja politična oblast prikroji svoji ideologiji. Ne smemo pozabiti tudi na tako imenovane muzeje sosesk ali skupnosti. Ta nova vrsta muzejev se je ob koncu šestdesetih in na začetku sedemdesetih let pokazala v Združenih državah. Na splošno so zrastli v okviru prikrajšanih družbenih skupin in so jih pogosto ustanovile etnične manjšine v želji, da bi si povrnile identiteto. Najbolj znan muzej te vrste je Anacostia Neighborough Mviseum (ANM), ki ga je leta 1967 ustanovil John Kinard v washingtonski četrti z večii^kim črnim prebivalstvom. Navedem naj še Museo del Barrio v New Yorku, ki je namenjen portoriškemu prebivalstvu, ali Casa del Museo, ki se obrača k prebivalcem revne četrti na obrobju Ciudada de Mexico. Vsi ti muzeji omogočajo ljudem dostop do lastne kulture in jih spodbujajo, imj skrb za prihodnost vzamejo v svoje roke. Povedati je treba, da se je v svetovnih razsežnostih tedaj pokazal ideološki kontekst, ki je bil naklonjen takim ciljem. Ob koncu šestdesetih in na začetku sedemdesetih let so namreč v zaskrbljenosti zaradi poslabšanja okolja sprejeli več stališč o izboljšanju življenjskega okolja. Ekologija je dala odgovore na potrebo po boljšem poznavanju naravnega ravnovesja in človekove vloge pri tem. Počasi se je začela izluščati skupna dediščina, do katere so vsi enako upravičeni. Na podlagi UNESCOvih stališč se je kultura tedaj zasukala v novo smer. Direktor UNESCOa je na mednarodni konferenci o kulturnih politikah leta 1972 v Helsinkih tako dejal: 6 Alfredo Cruz-Ramirez, "Heimatmuseum: une histoire oubliée", v: Museum, št. 148,1985, str. 241- 244. Vloga ekomuzeja v razvoju muzeološke misH Medtem ko urbanizacija seka posamezniku korenine, mu kultura daje priložnost, da ohranja stik s svojim izročilom, in mu obenem omogoča dostop do poznavanja dediščine vsega drugega človeštva: tako mu povečuje število virov, iz katerih lahko zajema njegova ustvarjalnost. Na konferenci so govorili tudi o pomoči, ki bi jo bilo treba dodeliti deželam v razvoju, da bi oživili narodno kulturo in ohranili kulturno dediščino in ljudsko izročilo'. Spoštovanje ljudi in skupnosti, kijih obHkujejo, je potemtakem temelj planetarnega razimievanja kulture in vloge, ki ji jo odtlej priznavajo. Zato pač IÜ presenetljivo, da je zbor, ki se je prav tistega leta (1972) zbral v okviru ICOMa v Santiagu de Chile, razglasil, da je muzej ustanova v službi družbe, katere sestavni del je, in da ima v sebi prvine, ki mu omogočajo, da vzgaja skupnosti, ki jim služi. 2. NASTANEK IN RAZVOJ EKOMUZEJEV V šestdesetih letih so začeK v Frandji v okviru politike urejanja prostora ustanavljati pokrajinske naravne parke. V primerjavi z narodnimi parki, neprilagojenimi za varovanje naseljenega prostora, je šlo za ukrep, kije omogočil varovanje okolja ob pomoči domačega prebivalstva. Vloga in poslanstvo pokrajinskih naravnih parkov sta bUi opredeljeni leta 1966 med študijskimi dnevi v Lursu v Provaiisi, kjer so se zbrali med drugim ndnistri, visoki madniki, stiokovnjaki in raziskovalci z različnih področij. Georges Henri Riviere, slej ko prej pod vplivom skandinavskih muzejev na prostem, je tedaj izrekel misel, ki jo je sicer poglabljal vse življenje, misel namreč, da se vsaka družba docela izraža s svojo arhitekturo. Upoštevaje, da je v Frandji 130 vrst kmečkih stavb in da bi bilo potrebno kakšnih deset miizqev na prostem, če naj bi jih ohranili, je predlagal, naj bodo parki nekakšen muzej hiš, M bi jih iztrgali iz okolja in prenesli v ograjen prostor, kjer bi jih muzeograßko izrabili. Ob koncu študijskih diu v Lursu je Riviere še izostril svoje stališče: Naša industrijska družba išče novo ravnovesje. Dosegla ga bo le, če bo obnovila vez med naravo in človekom, kakršno je na podeželju poznala tradicionalna družba, preden je izginila, s svojo materialno kulturo, nošo, vsakdanjimi in prazničnimi jedrni, družbeno etiketo, obredji starostnih obdobij in letnih časov, narečji, skupnim plesnim izrazjem, etnično glasbo in paraglasbenimi fenomeni, ustno književnostjo, kiparstvom v večjem in manjšem merilu, s sporočibm, ki bo odsevalo z ogledal v parkih. Natanko dve leti sta nato minili od teh predlogov do dogodkov, ki so maja 1968 razburkali Frandjo. Iz neverjetnega družbenega in kulturnega vrenja je tedaj vznikmlo veliko novih hotenj, med drugim "vrnitev k zemlji". V ospredje zanimanja sta znova prišli zavračanje porabniške družbe in ponovna uveljavitev tradidonalnih ali manjšinskih kultur in še zlasti kmečke dvilizadje. 7 Misli, ki ju navaja Paul-Marc Henry, sta iz temeljnega dela: Paul-Marc Henry in Basile Kossou, "La dimensian culturelle du développement", v: Nouvelles éditions africaines, UNESCO, Lomé, 1985,161 str. Jean-Claude Ehiclos 304 Beseda ekomuzej se je prvič pokazala leta 1971, leta, ko so v Franciji ustanovili ministrstvo za okolje in kakovost življenja. Hugues de Varine in Serge Antoine sta jo položila v enega prvih ministrovih govorov in tako povezala pojma muzej in okolje*. Jean Blanc, organizator šudijskih dnevov v Lursu, obenem pa tudi ekspert visokega urada za okolje, je bil tedaj tisti, ki si je prizadeval za ustanovitev pokrajinskih naravnih parkov, vodil izobraževanje prvih zaposlenih in še istega leta 1971 dal prvo opredelitev ekomuzejev'. Postavil jo je takoj za opredelitvijo okolja in zanj je bila sredstvo spoznavanja. Tedaj se je pokazal zarodek tistega, kar je pozneje dobilo ime "nova miizeologija". Za razimievanje pomena vsega, kar je sledilo, bo dovolj nekaj besed Hemija Laborita, kakor jih je malo poprej izmenjal z Jeanom Blancom med študijskimi dnevi konservatoijev v Parizu leta 1970: lahko bi celo reüi, da konservatorstvu dejansko ne bi bilo treba ohranjati te ali one kulture, ampak bi samo omogočalo slehernemu človeku, zgubljenemu sredi prehitrih sprememb v okolju, da si znova najde svoj prostor v sväu. /.../predmeti naj bi omogočili, da bi si vsak opredelil svoj prostor v razvoju in času ter si tako z več domišljije našel prihodnost. Kot pravi človek svojega časa je Georges Hem-i Riviere seveda poznal take iismeritve; nemara je bil celo pred njimi. Kakor koli že, ekomuzej se je torej rodu v novem družbenem in kulturnem okviru po letu 1968. In prav z dediščino tistega časa se je postavil 8 Beseda ekomuzej se je prvič pokazala v govoru, ki ga je imel Robert Poujade, tedanji minister za okolje, 3. septembra 1971 na 9. generalni konferenci ICOMa v Grenoblu. Za Sergea Antoina, tedanjega miiustrovega svetovalca in pisca omenjenega govora, jo je iziwsel Hugues de Varine, generalni sekretar ICOMa, da bi se izognil neprimerni rabi besede muzej (prim. članek Huguesa de Varina v: Gazette des musées canadiens, 1978). Že prej, novembra 1970, je pridevnik ekomuzeografski prvi izrekel Jean-Rerre Gestin, pomočnik direktorja armoriškega pokrajinskega naravnega parka, in sicer med pariškimi študijskimi dnevi zveze kustosov v javnih zbirkah. ' Jean Blanc, definicija okolja in ekomuzeja (ur. 1971, razdeljeno na Icomovem kolokviju "Muzeji in okolje", 1972). Prim.: ENVRON, št. 2, Revue de College d'Ecologie, d'Ethno-Ecologie et d'Histoire, december 1992, Hauts-de-Courbons, 04000 Digne. Prim, tudi: Museum, "Musée et environnement", zv. XXV, št. 1/2, 1973, Str. 119-120. Družbena skupina ima na svojem prostoru na voljo "življenjsko okolje": naravno okolje, ki ga je predrugačU in preoblikoval človek s svojimi prejšnjimi dejanji. Družbena skupirw ima na voljo tudi biološki kapital, tehnični potencial, kulturno dediščino in novatorske zmožnosti: vse to določa njen "način življenja", kakor bi ga lahko poimenovali. Okolje tej skupim določajo biološka razmerja, komuniciranje ter iwän in vsebina povezav znohraj njenega Twäna življenja. Okolje omogoča srečnejše ali nesrečnejše življenje (naravna biološka razmerja), občutje življenja (dojemanje teh razmerij), zavest o sebi (poznavanje ozemlja svojega razvoja) ter tehnično in miselno vmešavanje in ustvarjanje. Ustvarjalni "vzvodi" okolja, se pravi vzvodi življenjskega okolja na eru, načina življenja na drugj strani in naposled komunikadj med obema (glede na naravo, kakovost in gostoto), so zelo zapleteni, gibljivi in hudo krhki. Za človeka je najpomemlmejše, da te vzvode razume, saj si le tako lahko zagotovi trajnost in svoj "prostor" na svetu. Eia od mogočih prvin spoznavanja je ekomuzej: zbirka in situ organskih enot, ki v prostoru prevajajo mrežo razmerij med življenjskim okoljem in človekovim lačinom življenja, in hkrati zbirka in vitro značilnih pričevanj zgodovinskega razvoja teh razmerij. Naloga raziskovanja je, da vzpostavi mrežo razmerij, predvidi razvoj in predlaga alternative. In naloga muzeografije je, da "predmete" in izdelke raziskovanja ovrednoti za pedagoško dejavnost. Vloga ekomuzeja v razvqu muzeološke misli po robu muzeju kot templju kulture, vlogi, ki jo muzeju radi pripisujejo. Prvi francoski muzej na prostem je bil del pokrajinskega naravnega parka v gaskonjski pokrajini Landes, in sicer na starem posestvu, na katerem se je ohranilo nekaj dokaj zaiiimivih stavb. Ko je Riviere odkril, da bi morale biti tamkaj po starem katastru (iz leta 1836) še druge, pozneje izginule stavbe, je načrte zaobrnil v novo smer: lükar ne delajmo muzeja hiš, je dejal, ampak rajši poiščimo podobne stavbe, kakršne so büe tamkaj v 19. stoletju, in jih na novo postavimo. Osrednji del posestva je tako znova postal tak, kakršen je svoje čase bü, z vsemi poslopji, pa tudi vrtovi, njivami, čredami in gozdovi, priča celotnega načina življenja, razmerja med človekom in okoljem v nekem času (okoli leta 1850). Tamkajšnji Musée de Marqueze, odprt leta 1969, se je pozneje preimenoval v Ecomusée de la Grande Lande. Hkrati se je s podobno izkušnjo spoprijel Jean-Pierre Gestin na Ouessantu (bretonskem otoku, ki je bil tedaj del armoriškega pokrajinskega naravnega parka). Pridobili so hišo z najbližjo okolico in jo obnovili v zadnje uporabno stanje; raziskovanje in zatem zbiranje gradiva sta spravili domačine na noge in v delu hiše so nato postavili razstavo z diahronim programom. Prvič v Frandji je bila tako hiša, ki je gostila razstavo, z vso premično notranjščino in najbližjo okolico del ene same muzeografske celote, igrajoče na pojma časa in prostora. Muzej je kmalu zatem dobil ime Ecomusée d'Ouessant. Kmalu po teh prvih izkušnjah sta se pokazali še dve novi udejanitvi Rivierovega predloga. Prva je del narodnega parka v Seveiuh (Cévennes). Pobuda sega v leto 1971, za uresnidtev pa so potrebovali deset let, med letoma 1974 in 1984. Tamkajšnji Ecomusée du Mont Lozere je zasnoval in ga vodi Gérard Colin. Odloätev o drugi udejanitvi je bila sprejeta leta 1973: gre za muzej časa v pokrajinskem naravnem parku v Camargue, ki sem ga zasnoval sam. Načrt postopne uresničitve resiučnega ekomuzeja smo morali opustiti, zato je muzej obdržal ime Musée Camarguais (naj povem, da je leta 1979 dobu prvo evropsko nagrado za muzej leta)'". Vsi dotedanji načrti so zrasli v pokrajinskih naravnih parkih. Prav v tistem času, med letoma 1971 in 1974, pa se je pokazala nova izkušnja v povsem drugačnem okviru: v okolju mestne skupnosti šestnajstih občin, ki so jih že dobro stoletje zaznamovale industrijske dejavnosti. Gre za skupnost Creusot-Montceau-les-Mines. Izkušnji pod vodstvom Marcela Evrarda so büe še posebej v prid tele besede Huguesa de Varina iz leta 1973: Vsa skupnost je živ muzej in obiskovalci so vseskozi v muzejski notranjosti. Muzej nima obiskovalcev, ima prebivalce. Misel je treba povezati z izkušnjami, ki so se prav v tistem času odvile v Latii^ki Ameriki, kjer je leta 1972 vzniknil pqem museo integral. Misli so se razvijale in oplajale od enega konca sveta do drugega; pot so jim utirali ljudje, kakršen je bil Hugues de Varine, tedaj direktor ICOMa. Rojstva ekomuzejev zato ne smemo omejevati samo na francoski prostor, čeprav se je v Frandji sicer pokazalo ime in se je zarisal pojem. Creusotska izkušnja je bila še dolgo referenčna točka. Tamkaj so zavarovali skupno dediščino, posledico vsakdanjih dejavnosti ljudi. Prebivala so dediščino ohraiüli in situ, 10 Jean-Claude Duclos, "Musée Camarguais, Mas du Pont de Rousty, Arles, France", v: Museum, zv. XXXn, St. 1/2,1980, Str. 24-33. Jean-Claude Duclos V domači hiši. Na ozemlju ekomuzeja so bile izbrane posamezne točke z različnimi vidiki. Zrastle so tipalke; povsod so iskali sodelovanje prebivalstva, kar je od stalno zaposleiuh v ekomuzeju zahtevalo znanje in improvizacijo. Poleg zbiranja in inventariziranja gradiva in razstav so morali ustvariti hkrati tudi razmere za izmenjavo, za spodbujanje spominjanja, obujanje zavesti, usklajevanje prizadevanj, skratka, ves čas so morali igrati težko in zaneseno vlogo driižbenega "katalizatorja". Riviere je vsemu temu pozorno sledil in pomagal z nasveti. Usmeritev je dobila ime ekomuzej leta 1974. Odtlej je koren eko v besedi ekomuzej označeval tako družbeno, mestno in industrijsko, kot naravno okolje. Tako v Franciji kot po svetu je creusotski ekomuzej hitro postal "zgled". Leta 1974 so si ga navdušeno ogledali muzejci iz Quebeca. Med letoma 1979 in 1984 so nato odprli celo vrsto ekomuzejev (Haute Beauce, Fier monde. Insulaire, Vallée de la Rouge, Saint Constant, Deux Rives...). In prav Quebecani so opredelili ekomuzej kot nasprotje muzeja^^ MUZEJ: stavba strokovnjaki zbirke obiskovalci IZBRUH RAZMAHMTEV ZAGNANOST EKOMUZEJ: ozemlje skupni spomin dediščina prebivalci Na Portugalskem je po nageljnovi revoluciji (25. aprila 1974) izraz skupne identitete spodbudil nastanek stevüriih krajeviuh muzejev in po letu 1981 tudi ekomuzejev, med diupm v Seixalu, Monte Redondu ali Condebd. Pripomniti je sicer treba, da ekomuzeji in krajevni muzeji dostikrat vzniknejo po obdobju obvladovanja aH celo zatiranja. Tako je bilo na Portugalskem, tako je bilo na Norveškem, v Kanadi, v Katalorüji in tudi na francoskem podeželju. Take pobude namreč po navadi zrastejo iz hotenj ljudi, da ubežijo izpod premočne odvisnosti ali si najdejo novo samostojnost. Takole je v zvezi s programom ekomuzejev za Sahel dejal Alpha Oumar Konaré: Samo tisti, ki se hranijo s svojo kulturo in jo sami hranijo, lahko razmišljajo o novih avtonomnih strukturah.''^ 3. BESEDILA IN OPREDELITVE Leta 1972 je generahia konferenca ICOMa obravnavala vprašanje "muzejev in okolja" in poleg že omenjenih opredelitev natančneje določila vsebino, ki je pozneje dobila ime ekomuzeologija. Izrečene so bile slavne misli; med drugim misel Stanislasa Adotevija: Muzejski predmeti so od nekdaj kazali zgolj dotakljivi, otipljivi in stvarni zunanji videz duhovnega in nravnega bivanja človeka. Človeka v njegovem okolju, izročilu, življenju, v tem, kako je preoblikoval snov, ponotranjil in priliäl zunanje prispevke, kako si je naposled privzel svojo kulturo, se pravi, kako je prevzel svoj razvoj. 11 René Rivard, "Que les musées s'ouvrent ou vers une nouvelle muséologie. Les écomusées et les musées ouverts", Quebec, oktober 1984, razmnoženo, 171 str. 12 AlphaOuinarKonaré,"DesécomuséespourleSahel:unprograrnme",v:Museum,st.l48,1985,str.230-236. Vloga ekomuzeja v razvoju muzeološke misli Georges Henri Riviere je prvič opredelil ekomuzej leta 1973, se pravi dve leti po nastanku besede. Njegova opredelitev je bila hote razvojna in po vrsti je dal tri različice." V njih je v nekaj še posebej navdihnjenih stavkih povzel bistvo svojega hiraianizma. Na manj kot eni strani je izrečeno vse, sodelovanje prebivalstva, ozemlje, narava, človek, čas. Ekomiizej je zaporedoma opredeljen kotorodje/.../ogledalo /.../izraz človeka in narave/ .../izraz časa /.../razlaga prostora /.../laboratorij/.../konservatorij/.../šola. Čeprav se na tako opredelitev še danes sklicujejo številni ekomuzeji, je lü nobeno ministrstvo, kot rečeno, nikoli sprejelo v uradno besedilo. Drugo besedilo, dokončano leta 1980, ni bilo nič boljše sreče. Imenuje se "Načela organiziranosti ekomuzejev" in poskuša pokazati, zaradi česa so ekomuzeji drugačru od drugih muzejev: - zaradi narave ohranjenih dobrin, ki so lahko nepremične (stavbe, ozemlje) in porabljive (živali, pridelki), - in zaradi načina delovanja, ki (po zgledu ekomuzeja v Creusotu) temelji na treh odborih: upravnem odboru (v katerem sta zastopani domača skupnost in uprava), odboru uporabnikov (v katerem so zastopana različna domača združenja) in znanstvenem odboru. V besedilu je natančno opredeljeno, da ekomuzeografska govorica združuje pojma časa in prostora: prostora, ki s svojo pričevalnostjo govori o razmerjih prebivalstva do okolja v zgodovini in vse do danes. In časa, s katerim od začetkov razčlenjuje razvoj identitete ter ekološke, zgodovinske, gospodarske in družbene dejavnike, ki jo opredeljujejo. Obe temeljiü kategoriji imata različno zgradbo: iw eiu strani so pričevalni prostori, ohranjeni in urejeni za sprejem, in sicer na različnih točkah ekomuzejevega ozenija: to so 13 Georges Henri Riviere, razvojna definicija ekomuzeja (definicija ima datum 22. januar 1980 in je najnovejša). Ekomuzej je orodje, ki ga oblasti in ljudje zasnujejo, izdelajo in izrabljajo skupaj. Oblasti s strokovnjaki, zmogljivostmi in viri, ki jih zagotavljajo. Ljudje s hotenji, ziwiji in različnimi prijemi. Je ogledalo, v katerem se ljudje gledajo, da bi se prepozimli, v katerem iščejo razlago ozemlja, na katero so lavezani, obenem z ljudmi, ki so bUi pred njimi, v pretrganem ali nepretrganem zaporedju rodov. Ogledalo, ki ga ljudje držijo svojim gostom, da bi jih ti boljše razumeli, da bi spoštovali njihovo delo, njihovo obnašanje, njihovo zasebnost. Je izraz človeka in narave. Človek je pojasnjen v svojem naravnem okolju. Narava je v vsej svoji divjosti, vendar taka, kakor sta si jo po svoji podobi prilagodili tako tradicionalna kot industrijska družba. Je izraz časa, ko razlaga seže onkraj časa, ko se je pokazal človek, se raztegne v predzgodovinski in zgodovinski čas, ki ga je človek doživel, in se izlije v čas, ki ga živi. In z oknom v jutrišnji čas, čeprav ekomuzej noče odločati, ampak ima vlogo informacije in kritične analize. Je razlaga prostora. Posebruh prostorov za postanek aH za pot naprej. Je delavnica, laboratorij, saj prispeva k zgodovinskemu in sodobnemu raziskovanju ljudi in njihovega okolja ter v sodelovanju z zimanjimi raziskovahimi organizacijami izobražuje strokovnjake na tem področju. Je konservatorij, saj pomaga pri ohranjanju in vrednotenju naravne in kulturne dediščine. Je šola, saj povezuje ljudi z raziskovanjem in varovanjem ter jih spodbuja k boljšemu razimievanju vprašanj lastne prihodnosti. Laboratorij, konservatorij in šola temeljijo na skupnih načelih. Kulturo, na katero se sklicujejo, je treba razumeti v rajširšem smislu, in prizadevajo si razvozlavati njeno dostojanstvo in njen imietniški izraz, ne glede na to, iz katerega sloja prebivalstva izhaja. Različnost je brezmejra, saj so si danosti v različiuh ekomuzejih tako različne. Ne zapirajo se vase, dobivajo in dajejo. Jean-Claude Duclos "tipalke"; in na drugi sti'aiü, na srediiü, "muzej časa", pisarne, dokumentacijsko središče, terenski laboratorij, skladišče predmetov. 4. MOŽNOSTI IN OMEJITVE EKOMUZEJEV Čeprav večina vodilnih v ekomuzejih še danes priznava, da njihovo delovanje temelji na zgornjih načelih, so vsi v en glas proti kakršnemu koli že modelu. Ni tipičnega ekomuzeja, radi rečejo, so samo "prihodnji ekomuzeji". Sam Riviere je bU na koncu svoje opredelitve zelo jasen: /.../različnost ekomuzejev je brezmejna, saj so si danosti med njimi tako različne. Čeprav stališče pač ni sporno, seveda lü v pomoč pri uradnem in dokončnem priznanju ekomuzejev. Ker se mora vsaka ustanova razvijati svobodno, je svoboda lahko tudi razlog za odklone in podlaga za nasprotovanja tistih, ki črnijo ekomiizeje. Ker zadovoljiva tipologija ni mogoča, ekomuzeje po navadi razvrščamo glede na čas, v katerem so bUi ustanovljeiü. Tisti, ki so zrastli pred letom 1980, so imeli prednost ugodnih gospodarskih razmer in pogosto odločilne zagnanosti oblasti. Domala vsi so v okviru pokrajinskih naravnih parkov. Po letu 1980 se je število ekomuzejev povečalo in so velikokrat posledica bolj pristne volje prebivalcev. Čeprav se boljše ujemajo z opredelitvijo Georgesa Henrija Riviera, se vendarle spoprijemajo z večjimi težavami. Dve tretjini teh ekomuzejev namreč vodijo združenja, zato je treba finančna sredstva za prihodnje leto na dolgo in široko opravičevati in se zanje pogajati. Ustanovitev ekomuzeja je büa lahko tudi posledica bolj ali manj krutega razvoja, ko so, na primer, zaprli tovarno ali se je kmečko prebivalstvo izselilo (mimogrede, neki novinar je take ekomuzeje poimenoval "muzeje gospodarske recesije"). Če ne upoštevamo tistih ekomuzejev, ki so se zlili s krajevnim muzejem, ali onih, ki so ekomvLzeji samo še po imenu in imajo le malo skupnega z zgodovino, kakor smo jo navedli na prejšnjih straneh (ekomuzeji klobukov, mavca, gomoljik ali kruha, na primer), številni ekomuzeji še danes in ne brez težav dokazujejo svojo izvirnost. Ozemlje in ljudje, ki na njem prebivajo, so premična stvarnost. Ekomuzej, ki je po definiciji v razmerju do obeh prvin, se mora podrejati razvoju in se ustrezno prilagajati. Drobne premene se včasih razširijo v resnične spremembe in lahko ogrozijo prihodnost ekomiizeja. Kako naj ekomuzej v Creusotu, ki se je rodU sredi gospodarske rasti, znova pridobi sodelovanje ljudi, ko pa hnajo le-ti pod bremenom gospodarske krize čez glavo drugih skrbi in jim rü mar varovanja svoje dediščine? In podobno: kako naj bi delovali ekomiizeji v Sahelu, ko pa "iskanje sreče" pomerü zgolj in vselej le "grižljaj za v usta"?'* Torišče ekomuzejev je široko. Dotika se vseh področjih krajevnega življenja. Vse najrazličnejše naloge je težko opravljati; težko jih je tudi zagovarjati, kadar gredo komu v nos. Ekomuzej lahko namreč sproži odpor, nezaupanje in celo zavračanje krajevnih političnih oblasti. Ena od priznanih lastnosti ekomuzejev je tudi razmišljanje o krajevnem razvoju. Lahko namreč blažijo slabosti skupnega spomina in odločitve o prihodnosti oplajajo s 1* Alpha Oumar Konaré, "Des écomusées pour le Sahel: ur\ programme", op. dt. Vloga ekomiizeja v razvoju muzeolcÄke misU poznavanjem preteklosti. Če pa ne upoštevamo tmističnih dejavnosti, ki izhajajo iz spoštovanja preteklosti in kjer so lahko zelo dqavni, pa se njihova vloga tukaj konča. "Ni pomembno imeti več, marveč biti več": s tem obrazcem Renéja Maheuja je lepo povzeta vloga ekomuzejev na področju razvoja. Pri ekomuzeju je tako kot pri marsikateri drugi ustanovi: samo tedaj, kadar se mu posreči preseči težave, s katerimi se spopada, je zares novotarski. Po drugi strani pa je hitro lahko žrtev odklonov, kadar njegova dejavnost nima vsaj najmanjše znanstvene natančnosti. Ker ekomuzej spodbuja prilaščanje dediščine, lahko postane zatočišče za tiste, ki si namesto negotove prihodnosti rajši izberejo izražanje preteklosti". Ta ali ona skupnost včasih najde izgovor za svoj obstoj v svojem ozemlju in si tako izbere nacionalistično stališče. Ekomuzejevo "ogledalo" se tedaj izkrivi, saj ne odseva več stvarnosti, ampak tako podobo o ljudeh, kakršno si ti želijo o sebi. Zato je Georges Hemi Riviere tako vztrajal pri pomenu znanstvenega odbora v ekomuzeju. Opozarjal je tudi na vlogo "muzeja časa", se pravi "interdisdpliname in periodizirane predstavitve", te najpomembnejše sestavine orodij ekomuzeja, ki pomerü nenehno sklicevanje na stvarno podlago identitete. Skupinsko razmišljanje vselej črpa iz ideološke izbire, zato je treba poskrbeti, da je oboroženo tudi s "svarili" znai\stvenega prijema. Ekomuzej namreč potrebuje raziskovanje in znanstveno podlago pri vseh svojih dejavnostih. Pri tem pa je treba obenem tudi paziti, da univerzitetiu raziskovalci in najrazličnejši strokovnjaki vendarle nimajo v njem najpomembnejše besede. Ljudje bi se imiakrüli in posledice bi bile porazne. V dialektiki med raziskovanjem in kulturnim delovanjem je treba vselej poiskati ravnovesje in prav v tem je vloga ekomuzeja. Leta 1986 je büo v kraju Lisle d'Abeau v pokrajini Rhône-Alpes prvo srečanje francoskih ekomuzejev. Čeprav je število udeležencev napovedovalo uspeh, do drugega srečanja ni prišlo. Kar zadeva telo, "Ecomusées en France", ki so ga kmalu po srečanju ustanovili in katerega dlj je bü povezovanje ekomuzejskih ravnateljev in promocija lokacij, se je leta 1991 preimenovalo v "Fédération des écomusées et musées de société" (Zvezo ekomuzejev in druzbeiiih muzejev). Marsikateri ekomuzej se namreč v ničemer več ne razlikuje od muzejev, ki govorijo o družbi'*. In imrobe, marsikateri družbeni muzej je prevzel strategijo, ki je bUa dotlej pridržana zgolj za ekomuzeje. Zveza je torq opustila varovanje in promoviranje zaščitne znamke zgolj ekomuzejev. Motili bi se pa, če bi si nepriljubljenost, s katero se danes spoprijema ekomuzejski koncept v Franciji, razlagali samo s tem razlogom. Stališče tistih, ki menijo, da je ekomuzej danes iz mode, črpa tudi iz drugih razlogov. Iz revoludoname utopije, ki jo s seboj nosi zamisel, iz strahu pred odporom, ki bi jo lahko sprožila, pa tudi iz zanikujočega in zaničujočega stališča pretežnega dela poklica, ki ga v Frandji obvladujejo muzejski in galerijski kustosi (presenetljivo je, kako vztrajno nekateri kritizirajo delo Georgesa Hemija Riviera; ali ni bila v krizi, ki danes preveva Musée national des arts et traditions populaires. 15 François Hubert, "Les écomusées en France: contradictiorK et déviations", v: Museum, št. 148,1985, Str. 186-190. 16 Eliane Baroso in Emilia Vaillant (ur.), "Musées et sociétés", actes du colloque de Mulhouse/ Ungersheim, junij 1991 - Répertoire aialytique des musées, huans et projets. Ministrstvo za vzgojo in kulturo. Direkcija francoskih muzejev, Pariz, 1993,446 str. 309 Jean-Claude Duclos omenjena tudi njegova odgovornost?). Opozoriti je tudi treba, koliko časa je moralo preteči, preden se je ime ekomuzeja pokazalo v naslovu enega od mednarodnih odborov v ICOMu. So pa še drugi razlogi, ki so posledica same narave ekomuzejske zamisli, potrebe po sodelovanju prebivalstva in neizogibnih nihanj, ki se kažejo pri tem, čedalje večjih težav, kako obdržati zadovoljivo omejitev ozemlja, krhkosti tovrstnih ustanov, večne nezadostnosti finančnih sredstev, odločilne vloge, ki jo ima v ekomuzeju ravnatelj, razvrednotenja besede ekomuzej, ki jo uporabljajo narobe in počez... Zaradi vseh teh razlogov uvrščajo v Franciji ekomuzej med neuspešne poskuse nekega nünulega obdobja. V marsikateri drugi deželi pa se kažejo drugačru pogledi: ekomuzejski model ima tamkaj še zmerom vnete zagovornike in še danes zbuja zanimanje. Bolj kot ekomvizej pa je veda prihodnosti ekomuzeologija, z vsem vred, kar jo opredeljuje, z zgodovino, ki smo jo v grobih potezah začrtali, z uresničenimi načrti, s poskusi, z etiko (dokaj sorodno etiki, kakršno danes zagovarjajo nekateri himianistični ekologi). Veda prihodnosti zato, ker je njeno področje planetarno. 5. PRISPEVEK EKOMUZEJEV K SODOBNI MUZEOLOGIJI Navzlic neuspešnim izkušnjam, zagatam in nevarnostim je prispevek ekomuzejev precejšen. Njihov prihod in iiastanek še drugih muzejev po vsem svetu, na primer muzejev sosesk v Združenih državah ali muzeja v Niameyu aU muzeja Casa del Museo v Ciudadu de Mexico, sta nusel o enem samem, vseobsegajočem, negibnem in svetem muzeju korenito postavila pod vprašaj. Če jih ne bi bilo, bi danes le stežka zagovarjali obstoj in posebnosti tako imenovanih družbeiuh miizejev. Prvič v muzejski zgodovini je postalo prebivalstvo družabnik muzejske ustanove. Velikanska sprememba. K sreči je človek, kakršen je bü Georges Herui Riviere, ki je hitro opazü, koliko je ixra, znal dati zamisli meso ter je s svojo nadarjenostjo in dolgimi etnološkimi in muzeološkimi izkušnjami pomagal pri opredelitvi in udejanitvi ekomuzejske zamisli. ŠtevUo ekomuzqev, kot rečeno, ni naraščalo enakomerno. Nekateri so celo izginili (Ecomiisée Nord-Dauphiné, na primer, je prenehal delovati leta 1993), medtem ko so drugi preživeli zgolj zaradi zbirk. Velikim trenutkom navdušenosti in ustvarjalnosti, ki so spremljali njihov nastanek, so sledili drugačni, težji in tudi usodnejši dnevi. Kako zagotoviti financiranje? Kje v nedogled črpati energijo in čas za raziskovanje? Kako za dolgo ohraniti dejavnost? In vendar so ekomuzeji z družbeninu muzeji vred po svoje delavnica jutrišnje muzeologije. Če ne bi bilo tako, zakaj bi vse več drugih muzejev prevzemalo njihovo usmeritev in uspešnost? Ekomuzeji so v načelu novost na treh področjih: 1. Pri sodelovanju prebivalstva: Vse več muzejev si želi zares spoznati svojo publiko, ustreči njenim pričakovanjem in vzpostaviti resiučen dvogovor. Ekomuzeji in muzeji, živčni končiči v družbi, hodijo pred svojo problematiko, ponujajo oprijemališča, zbirajo podatke o nerešenih vprašanjih... 2. Pri skupnem razmišljanju o razvoju: Ko muzej pomaga ljudem razumeti položaj, v katerem so, jim lahko povrne pogum in dostojanstvo ter jih spodbudi, da obvladajo svojo prihodnost. O takih muzejskih prizadevanjih nam pričajo izkušnje. 3. Pri interdisdpliiwmosti: Raziskovanje in pojasnjevanje celotnih razmerij med Vloga ekomuzeja v razvqu miizeološke misli Človekom in njegovim okoljem zahteva prepletanje, povezovanje in združevanje metod in rezultatov več znanstvenih disciplin. Ekomuzeji so dokazali, da je interdisciplinarnost srečno obrodila, tako na ravni izmenjave med raziskovalci in prebivalstvom kot na ravni muzeografskega izraza in, splošneje, boljšega poznavanja konkretnega prostora. Ta tri načela, kjer je interdisciplinarnost orodje, razvoj cUj in sodelovanje gibalo, so po nekaterih temelj nove muzeologije'^ Kakor koli že, gre za napredek celotne muzeologije, za razvoj, ki ga mora obvladati, da bi lahko svoje postopke prilagodila spreminjajočim se potrebam človeka in družbe. Zgodovina, kakor smo jo opisali na prejšnjih straneh, po mojem pa tudi poskusi, ki sem jih poskiišal obnoviti, da bi dal težo zahtevam in odzivom tistih, ki v Franciji hodijo v tako imenovane "družbene muzeje" - ekomuzeje, etnografske muzeje, pokrajinske muzeje... - so se na koncu stanili v nekaj opredelitev v zvezi z vlogo, ki jo igrajo taki muzeji. Primerjanje, dajanje oprijemališč, vračanje, "žalovanje", priznavanje, taka je abeceda muzejske dejavnosti, kakor jo lahko sedajle naštejemo. Primerjanje: primerjava, najpreprostejša vaja etnološke znanosti, je seveda ena od najpomembnejših strategij etnografskega muzeja. Miizej ponuja ljudem, svojim obiskovalcem, svojim uporabitikom, na ogled, kako živijo drugi ljudje - in pri tem stavi na igro različnosti in podobnosti. "Kdo nas bo poučil o neskončni različnosti očitno ene same vrste? " je vzklikiiil Edgar Pisani v eni zadnjih številk UNESCOvega Glasiüka. Mar ni to izziv za muzeje? Neskončen izziv? Dajanje oprijemališč: omogočanje tistim, ki to hočqo, da se najdejo v času in prostoru, je tudi ena od najpomembnejših muzejskih nalog. Primerjanje in navezovanje - med včeraj in danes, med različnimi ozemlji - kako ljudje živijo, raznušljajo in delajo, je zaradi neznanskih sprememb v naših družbah danes eden od najpomembnejših muzejskih prispevkov: sestavitev bilance, za katero je treba zbrati podatke in ki mora biti dostopna vsem, preden se lotijo dejanj. Vračanje: muzejskemu raziskovanju in zbiranju v okviru te alt one skupine ali skupnosti sledi druga stopnja, stopnja vračanja. "Kajti v takih muzejih o ljudeh," je dejal Georges Henri Riviere, "človek vrača človeku, kar mu je vzel." Če tega ni, postane muzej "prostor zaplenjene dediščine", kakor mu včasih očitajo. "Žalovanje": opazovanje, kako predmeti, znanja, obnašanja ali verovanja izginjajo aH se spreminjajo, vodi k zbiranju. In pri spremembah je ta korak in vračanje, ki mu sledi, pogosto nekakšno obdobje "žalovanja", oblika nekakšnega lažjega prehoda iz ene stopnje v drugo, sprejemanja sprememb in njihovega preseganja v drugačnem življenju. Priznavanje: omogočanje, da se manjšine spoznajo in prepoznajo, je po prihodu ekomuzejev, muzejev sosesk in "nove muzeologije" verjetno ena od novih nalog etnografskih muzejev. Poznavanje drugega, kulturni relativizem, spoštovanje razlik, okoliščine, skratka, za srečno "križanje kultur", vse to je ena od nuj našega časa, pri kateri lahko muzeji pomagajo. Nobene od teh "družbenih" nalog, kot vidimo, ni mogoče ločiti od drugih, in med seboj se križajo in dopolnjujejo prav zato, ker so del dejavnosti enega samega orodja. 17 Jean-Claude Ehidos, "Les écomusées et la nouvelle muséologie", v: Actes des Premieres rencontres nationales des écomusées. 13 & 14 novembre 1986, Agence Régionale d'Ethnologie Rhône-Alpes, Grenoble, Str. 61-69. Jean-Claude Duclos muzeja, in sicer na vseh njegovih področjih: od pridobivanja in hranjenja do raziskovanja in predstavljanja. V mojem muzeju. Musée dauphinois, imamo srečo, da delamo v ustanovi, s katero je njen ustanovitelj Hippolyte Müller na začetku stoletja hotel "-povezati najstarejše prebivalce v pokrajini s tistimi, ki tamkaj še zmerom živijo ", "obnoviti misel, ki je ustvarila predmet ", in dati "veličasten pouk o alpskih stoareh in zgodbah /.../v kar najveiji tehniini in umsU prid obiskovalceo". Čeprav danes tega ne bi izrazili s takimi besedami, se muzej pravzaprav ni dosti spremenil. Spremenili so se samo pripomočki, obKke izražanja in predvsem problematika. Muzej namreč pri njegovih izbirah vodijo danes velika vprašanja, odkrila, nujne potrebe. In z njimi se hrani razmerje, ki ga povezuje z obiskovalci. Če družbe živijo v nenehni nuji, ni nikakršnega razloga, zakaj ne bi tako počeli tudi muzeji. In prav v tem je največje poslanstvo muzeja, v večni izmenjavi med izražanjem enkratnega fenomena na eni in planetarne zavesti na drugi strani. Po eni plati je treba vsakomur priznati njegovo različnost, njegov prostor, njegovo vlogo, skratka, z eno besedo, njegovo dostojanstvo; in po drugi morajo biti cilji in vrednote ubrani in naravnani v enaki usodi in enaki zgodovini. Po tej poti mora muzej brez obotavljanj naprej. In čeprav se mu na vse njegove dejavnosti obešajo najrazličnejši sledovi, predmeti, listine ali dejanja, so najpomembnejši zanj v mesu in duhu vendarle tisti, ki so ga ustanovili in za katere je bil ustanovljen. Iz francoščine prevedel Gregor Moder BESEDA O AVTORJU | Tean-Qaude Duclos. Rojen 1947 v Mar- j seillu (Francija). Kmetijska šola. Vodja izo- j braževanja na ministrstvu za kmetijstvo med i 1970 in 1972 (v Marseillu), pomočnik direktorja i pokrajinskega naravnega parka Camargue (v j Arlesu) do 1981, pozneje kustos-konservator in pomočiuk direktorja v Mtisée dauphinois in i Conservation du Patrimoine de l'Isere (v 1 Grenoblu). Zasnoval je več muzejev in razstav, napisal več del in člankov z različnih področij i o etnologiji kmečkega sveta (pastoralizem, j transhumanca), Alpah in muzeologiji. | L'AUTEUR Jean-Claude Duclos. Né en 1947 a Mar- seille (France). Ecole d'agriculture. Chargé d'étude du ministere de l'Agriculture, de 1970 a 1972 (Marseille), dkecteur-adjoint du Parc naturel régional de Camargue jusqu'a 1981 | (Arles) et, depuis, conservateur du patrimoine, ] directeur-adjoint du Musée Dauphinois / Cor\servation du Patrimoine de llsere (Gre- noble). Concepteur de musées et d'expositions, auteur d'ouvrages et d'artides sur différents domaines touchant a l'ethnologie du monde rural (pastoralisme, transhumance), aux Alpes et a la muséologie.