Trimestre I. PROVINCES 1 L L T R I E M N E 8,, N. 6. télégraphe officiel. Laybach y samedi 19 Janvier 1811. ANGLETERRE. Londres, 28 décembre. Une lettre d'Alicante fait part du résultat d'une expédition peu considérable commandée par le générai Blake. Elle a été malheureuse. En essayant de surprendre un corps français qui occupoit Baza, il a été défait avec perte de i5oo hommes, et de six pieces de canon . L'ennemi avoit été averti d'une manière ou d'autre de son intention, et s'étoit préparé à le bien recevoir. La même lettre porte que les François ont réussi à surprendre la ville -de Vernel où ils se sont emparés de six pièces de canon, ont tué un grand nombre de soldats espagnols et dispersé le reste de la garnison. La frégate la Dryade étoit %enue à Alicante pour escorter jusqu'à Cadix le général Blakeoù il va remplir sa place de membre de la régence . Il avoit jugé nécessaire d'imposer une contribution pour entretenir les troupes qu'il commande. Du 29. Plusieurs nouvelles particulières de Lisbonne, que nous sommes fâchés d'être obligés de faire connoître , représentent les forces combinées de l'ennemi comme étant devenues si formidables , qu'il paroît ne rester à lord Wellington d'autre alternative que de se retirer des positions qu'il occupe en ce moment , ou de bazarder une bataille générale contre des forces supérieures. L'on rapporte , et il faut espérer que ces bruits sont sans fondement , que lord Burghersh , arrivé mercredi du Portugal , est chargé par lord Wellington d'une mission confidentielle relativement à son armée, dont la situation devient, dit-on , assez fâcheuse , non pas seulement à cause de la continuation des vents contraires qui la privent des vivres arrivant ordinairement d'Angleterre, mais encore par les positions ùe l'ennemi, qui sont telles qu'aucune opération militai; a ne peut avoir lieu d'ici à long-temps. Lord Burghersh, d'après le même rapport, attribue la retraite du général Gardanne à un faux avis que celui-ci a reçu sur la force des alliés, ce qui lui a occasionné une terreur panique et l'a déterminé à prendre la fuite. Du 3i. Hier il est arrivé des dépêches du Portugal , et des journaux du 17. Il y a eu quelques affaires d'avant-postes, mais il ne s'est opéré aucun changement important dans la position des deux armées . Le major Fenwich du régiment des Buffa , a été cué dans une de ces escarmouches. Les gazettes de Lisbonne annoncent que ia division du général Hill, renforcée par un corps de miiice, garde toujours la^ rive méridionale du Tage, tandis que Siiviena , Miller et Trant occupent entièrement l'attention de l'ennemi dans le Beira. On regarde Coimbre comme suffisamment défendu, sa garnison ayant été portée à i5ooo hom. Nos troupes sont dans les meilleures dispositions. - La frégate le Seashore est entrée ici hier, venant de Mahon , où elle a laissé la plus grande partie de la flotte de sir Charles Cottoti, qui a été jetée des cotes de ?ûnîon dans les parages de cette ile. Elle a eû des avaries considérables dans un coup de vent qu'elle a essuyé, et qui a démâté plusieurs bâtimens. Du 1 janvier.Des ministres ont reçu avant-hier des dépêches de lord Wellington, datées du 17 de ce mois. Il n'y avoit eu jusqu'à ce moment aucun changement essentiel dans les positions des deux armées ennemies et il n'est pas à supposer, en vérité, qu'aucune opération puisse avoir lieu d'ici à quelques semaines- Le général Hill étoit encore sur la rive méridionale du Tage , et les lettres particulières portent que le général Miller a i5,ooo hommes à Coïmbre. Il a été fait une attaque sur l'île de Léon -, les particularités ne sont pas connues, La malle de Malte est arrivée ce matin. Sébastiani , avec 2000 hommes, s'est emparé du château de Marbeila, près de Malaga. Il y a laissé une petite garnison , et il est retourne dans la partie de l'Est. Il n'est donc pas vrai qu'il ait rejoint Mortier devant Cadix. Souft continue ses préparatifs contre Cadix et l'île , avec autant d'activité que de persévérance. On a coulé dans le mois de novembre, àSéville, une pièce d'artillerie d'une nouvelle invention 3 et si cet essai répond aux désirs comme aux promesses des inventeurs , tout autre ouvrage doit être laissé de coté pour jeter en fonte immédiatement 3o pièces de la même espèce. L'ordre de construire i5o chaloupes canonnières a été donné : 5o sont déjà prêtes, et on s'attendoit que 5o autres pourroïent être mises à la mer au commencement de ce mois. Des buis avoient aussi été envoyés de Séville par la rir vière pour construire un immense radeau sur lequel on se propose de placer i5 mortiers. On ne savoit pas encore sur quel point il dovoit être établi. On prenc^t en même temps des mesures pour faire descendre au Trocadero toutes les chaloupes canonnières qui étoient dans lia rivière de Saint-Pierre. Etats-Unis. - Le vaisseau américain la Lucìa , parti de New-Yorck le 5 decembre , a apporté la substance du discours d'ouverture du congrès par le président, M. Ma-dis»on, M. Madisson rappelle Pacte passé à la fin de la dernière session, et lui attribue la révocation prononcée par la France des décrets de Berlin et de Milan , qu'il cite comme les seuls contraires aux intérêt^ du commerce des neutres , et il informe du renouvellement du commerce avec la France, en conséquence du rapport desdits dé" crets- Il ajoute qu'on auroit pu s'attendre à des dédoin- magemens de la France pour les propriétés américaines confisquées , mais que cette attente n'avoit pas été remplie. Il annonce en outre que le gouvernement anglais , par l'entremise du ministre américain à Londres, a notifié son consentement à révoquer ses ordres aussitôt que le commerce des neutres seroit rétabli sur l'ancien pied , et que le gouvernement américain avoit en réponse communiqué au gouvernement anglais, que non seulement les ordres du conseil devoient être révoqués, mais que l'Angleterre uCY'Jlt autsi abandonner les blocus généraux et illimités établis par des ordres du conseil. Santé du roi. Ou ne se souvient pas d'avoir vu les habitans de Londres aussi alarmés qu'ils Font été le a5 décembre. Le prince de Galles ayant été mandé à Windsor au milieu de la nuit, les bruits les plus alarmans lurent répandus , et l'inquiétude générale des citoyens donna à notre vénérable souverain une nouvelle preuve de l'amour de ses sujets. Le bulletin de la santé du roi n'arrivant pàs d'aussi bonne heure qu'à l'ordinaire, on crut en général que ces bruits n'étoient que trop fondés. C'est lundi soir seulement que la fievre du roi fut aussi violente, et «ausa un tel désordre dans les premières voies, qu'on craignit pendant quelque tems l'inflammation . Le pouls étoit à 120 battemens, et S. M. ressentoit des douleurs aiguës. A dix heures on jugea à propos d'envoyer un exprès au prince de Galles, qui arriva à Windsor entre quatre et cinq heures du matin. Mais avant son arrivée, le pouls de S. M. étoit «ïéjà moins fréquent et les douleurs avoient cessé. Le roi avoit dormi pendant plus de quatre heures, et la fievre avoit beaucoup diminué. Dans la matinée du 2-5, le diacre de Wiudsor fit le service divin dans les appartenons particuliers du chateau, et administra le sacrement à S. M. et aux princesses. Depuis le moment où la fievre a diminué , S. M. est toujours à-peu-près dans le même état. Chambre des Communes. S canee du 3 x décembre, La chambre se forme en comité général pour prendre en considération l'état de la nation sous la présidence de M, Lusington. Le chancelier de l'échiquier se leve et dit : :C La chambre des lords ayant adopté les résolutions qui déclarent que le roi est incapable d'exercer les fonctions royales; que les deux chambres ont le droit et doivent régler le mode d'y suppléer par un bill ; il reste maintenant aux communes à considérer quelles mesures il convient d'adopter pour suppléer à cette absence du pouvoir exécutif. „En conséquence, le chancelier de l'échiquier propose 4 la chambre l'adoption des cinq résolutions suivantes : i. Afin de pourvoir à l'exercice de l'autorité royale pendant la durée de la maladie de S. M., de la manière et dans l'étendue que les circonstances actuelles et les in-téréts pressans de \a nation l'exigent , il convient que S. A. R. le prince de Galles , résidant dans ce royame y soit autorisé à exercer et administrer l'autorité royale , suivant les lois et la constitutions de la Grande-Brétagne , au nom et en place de S. M. , et sous le litre de régent du royaume ; et à jouir de, exécuter et faire , au nom et en place de S. M., toute l'autorité , les prérogatives et acics du gouvernement , ainsi qu'il appartient au roi de ce royaume d'en jouir , de les exécuter, et de les faire, suivant les lois du royaume, moyennant telles limitations et exceptions qui seront réglées et déterminées. 2. L'opinion de ce comité est que, pour un temps qui sera déterminé, les pouvoirs qui seront conférés à S. A.R. le prince de Galles , ne doivent pas s'étendre à celui d'accorder quelque rang que ce soit dans la pairie de ce royaume , à quelque personne que ce soit , excepté à celui ou à ceux qui auroient fait quelque grand exploit naval ou militaire. 3. L'opinion de ce comité est que pour un temps qui sera déterminé, les susdits pvuvoirs ne doivent pas s'étendre à celui d'accorder un office quelconque en survivance , ou à celui d'accorder des offices , salaires ou pensions, pour tout autre terme que durant le bon plaisir de S. M., si ce n'est tels offices qui , d'après les lois , doivent être accordés pour la vie, ou du moins jusqu'à forfaiture 4* L'opinion de ce comité est que les parties des propriétés particulières de S. M qui ne sont pas encore confiées à des curateurs, doivent êtr? confiées à des curateurs pour le bénéfice de S. M. 5. L'opinion de ce comité est que le soin de la personne royale de S. M. doit être confie à S. M. la reine ; et que , pour un espace de temps qui sera déterminé , S. M. la reine doit avoir le pouvoir d'éloigner des différens offices de la maison du roi, et d'y placer telles personnes qu'elle jugera convenable ; et d'ordonner et de disposer sur toute les autre» choses relative: au soin de la personne royale d»r S. M. pendant le temps susdit ; et que , pour mettre à même S. M. la reine de mieux remplir cette importante tache, if doit être nommé un conseil pour conseiller et aider S. M. dans les différens objets ci-dessus mentionnés , et qui seru autorisédu temps à autre, lorsqu'il le jugera convenable, d'interroger, sous serment, les médecins et autres -personnes -employées auprès du roi, relativement a l'état de la santé de S. M. et de tout ce qui a rapport. M. Lamb fait la motion, par amendement, que les mots moyennant telles limitations et exceptions qui seront réglées et déterminées, soient effarés de la première rëso-solution. M. Canning parle longuement contre les restriction« qu'on propose de mettre au pouvoir du régent, et vote pour l'amendement de M. Lamb. M. Mathevv Montagne et lord Castlereagh appuyeut les résolutions du chancelier de l'échiquier. M. Leach déclare que , dans son opinion , la chambre n'a pas le droit de mettre des limitations à l'autorité du régent. M. Bathursfc parle longuement en faveur des motions de M. Perceval. Sur la première , pour conférer le titre de régent à S. A. R. le prince de Galles, et un amendement proposé par M. Lambe , savoir , si la régence seroit ou nori limitée ? pour les restrictions 224 voix, contre 200.- Majorité 24- Sur la seconde résolution , portant restriction du droit de conferer la pairie : pour la résolution 026 voix, contre aio. - Majorité 16. Stif la troisième résolution , relative à la concession de pensions et à la nomination à certains emplois : pour la restriction a3o , contre ai4- - Majorité 16. Sur la quatrième résolution, relative à la disposition des propriétés particulières de S. M., point de division. Sur la cinquième résolution, tendante à confier à la reine le soin de la personne du roi , le droit de nommer à tous les emplois de la maison sous l'assistance d'un conseil de la maison du roi: Ajournement au 1er. janvier au soir. Sur la première résolution , protestation de 84 membres du parlement , au nombre desquels les princes , hormis le duc d'Yorck. Sur la deuxième résolution , protestation de 4a mem-• brcs , parmi lesquels le duc d'Yorck et tous les princes. Sur la troisième résolution, protestation de 41 membres 3 dont le duc d'Yorck et tous les princes. Ces protestations sont motivées. -La majorité des ministres s'est tellemeut affaiblie, que le Statesman, dans un article très-bien fait, s'attend à les voir quitter le timon des affaires. M. Canning a voté contre eux avec tous ses amis. Le discours de M. Canning est remarquable. Ce qui prouve la chaleur des débats et l'agitation actuelle des esprits , c'est que les journaux publient la liste des membres de la minorité. Du 2 janvier. Un bâtiment de Rio-Janeiro , qui est arrivé à Guernesey, a apporté une lettre qui dit qu'il s'est manifesté quelques symptômes de révolte au Brésil. Plusieurs arrestations ont eu lieu dans la capitale, et on a fait marcher un corps de troupes, sous les ordre» du comte Arcot , vers Bahia, pour contenir cette province. 7 Une députation du corps des négccians qui fout le commerce des Etats-Unis, s'est rendue , samedi donner , chez le marquis Wellesley , à l'effet de savoir si S. Exc. a voit quelque réponse à faire à la demande qui lui avoit étoit faite il y a peu de temps, relativement aux décrets de Betlin et de Milan , et aux ordres du conseil, ainsi que sur ce qui s'est dernièrement passé aux Etats-Unis. Lord Wellesley leur a dit qu'il ne pouvoit encore faire aucune répense à cette demande. L'épidémie arreparu à Gibraltar, et fait de grands ravages dans la garnison. Une dépêche de lord Wellington , datée du quartier-général de Cartaxo , le i5 décembre, contient ce qui suit: ,, Rien d important. L'armée française ne paroi»soit se disposer à aucune opération offensive. „ chambre dïs communes. Séance du i.er janvier. La chambre se forme en comité général, sous la présidence de M. Lusington. Le chancelier de l'échiquier fait la motion que la cinquième •«solution soit adoptée. Lord Gower propose, par amendemeut, d'effacer de la résolution proposée tout ce qui suit les mots de S. M. la reine, et d'y substituer ceux-ci: „ Avec la seule direction ,, des personnes et des choses qui conviennent et sont néces-„ saires dans ce moment pour le soin de la personne sacrée „ du roi et la dignité royale. ,, Après de ✓vifs débats , dans lesquels M. Canning; et sir S. Romilly ont parlé longuement pour l'amendement, il est mis aux voix : pour l'amendement, 2263 pour la résolution primitive, 2i3; majorité contre les ministres, i3. Le résolution, ainsi amendée, est donc conçue dans les termes suivans: " L'opinion de ce comité est que le soin de la personne „ royale de S. M. doit être confié à S. M. la reine, avec „ la seule direction des personnes et des choses qui convien-„ nent et sont nécessaires dans ce moment pour le soin de „ la- personne sacrée du roi et la dignité royale. ,, En conséquence, la reine lie pourra ni révoquer, ni nommer les maîtres de la garde-robe, le grand-écuyer, le maréchal du palais et autres grands-officiers du palais. (Moitit./ PRUSSE. 'Koenigsberg, 28 décembre. Nous avons ici et dans le Port de Msmel, confisqués et en notre pouvoir, 210 bâtimens du convoi de la Baltique. Sur ces 210 bâtimens, 60 sont sur leur lest> et i5o bâtimens chargés, dont la cargaison est estimée, l'une portant l'autre, n5o,ooo francs, ce qui fait une valeur d'environ 3o millions. Il y a à Colberg, à Stettin , à Swinemunde , de.s bâtimens pour une valeur presqu' aussi considérable. Voilà doftç 60 millions de denrées coloniales envoyées par les Anglais, confisquées dans les ports de Prusse: oii assure que ces marchandises sont remises à la France en déduction des contributions que doit notre cour, hormis les marchandises anglaises, estimées un sixième , c'est-à-dire 10 millions, qui seront brûlées ; le reste sera envoyé en France par transit pour être vendu et consommé dans l'intérieur de l'Empire. L'imprudence et la confiance dés spéculateurs étoierît telles qu'ils avoient jugé ne devoir prendre d'assurânee que contre les corsaires et les dangers de la mer, et point, contre les dangers si imminsns de la confiscation; Il y a beaucoup de négocians dès villes ansèaf'ques, de Kœnigsberg, de Suisse, quelques-uns d'Aix-la-Chapelle et un de Lyon, qui ont compromis leur signaturè et leur fortuna dans ces spéculations coupables , aventureuses et "prohibées . (Monit.) Berlin , àf> décembre. Le 23 de ce mois, de grand matin, ori a, par ordre du roi, transporté les restes mortele de la reine, qui étoient déposés dans une sacristie de la cathédrale, dans le monument funéraire qu'on lui adressé dans les jardins de Charlottembourg. Le roi s'y rendit à onze heures, avec ses enfans et plusieurs seigneurs de la cour, et M. le prévôt B.ibbech prononça , en présence de cette auguste assemblée , un discours qui fit verser bien des larmes. L'entrée du jardin fut ouverte au public jusqu'à trois heures après-midi. Le même jour les habitans de Berlin prirent le deuil, '{ Jour n. de Paris ) EMPIRE FRANÇAIS. Parisy 7 janvier. Dans la nuit du a au 3 de ce mois , le feu prit par accident à une maison du marché d'Aguesseau, construite en bois. Malgré la promptitude des secours , qui n'ont pu qu'empêcher l'incendie de se propager , la maison fut entièrement consumée , et quelques locataires se virent sans asile et sans aucunes ressources après la perte de leurs effets. S. M. s'étant fait rendre compte de leur situation , a fait'remettre , par le préfet de police , une somme de 3ooo fr. au sieur Delaunay , une de 1000 fr. à la femme Potentier , et une de de iooo fr. au sieur Lambert. - M. le comte de Beust , ministre de S. A. le grand-duc de Francfort , est mort mercredi dernier , et a été inhumé avant-hier dimanche , au cimetière Montmartre. S. M. a rendu, le 29 décembre 1810 , le décret suivant : Napoléon , etc. Les finances ont été l'objet constant de nos méditations. Les finances d'un grand Empire doivent offrir les moyens de faire face aux circonstances extraordinaires, même aux vicissitudes des guerres les plus acharnées , sans avoir reconrs à de nouvelles impositions , puisqu'elles rendent peu pendant les premières années où elles sont établies. Les nations les plus éclairées sur ces matières avoient pensé que le seul moyen qui put remplir cet objet étoit un système d'emprunts bien calculés. C« moyen est à-la-fois immoral et funeste ; il impose à l'avance les générations futures ; il sacrifie au moment présent ce que les hommes ont de plus cher , lo bien-être de leurs enfans ; il mine insensiblement l'édifice public , et condamne une génération aux malédictions de celles qui la suivent . Nous avons adopté d'autres principes. Nous avons reconnu qu'il falloit un grand nombre d'impositions qui peseroient peu sur nos- peuples én temps ordinaires , parce que le tarif en seroit peu élevé } et seroient susceptibles de pourvoir , dan» des tems extraordinaires , à tous les besoins du trésor , par la simple augmentation des tarifs. JNoui avons considérablement diminué les impositions foncière et personnelle. Nous avons établi les droits réunis et. l'imposition sur le sel, en évitant les vexations et les injustices dont la France eut tant à se plaindre , sous le régime des aides et des gabelles. Les tabacs qui , de toutes les matières , sont la plus susceptible d'imposition, n'avoient pas échapé à nos regards. L'expérience nous a démontré tous les inconvéniens des mesures qui ont été prises jusqu'à ce jour. Les fabricans étant peu nombreux , il etoit à prévoir que l'on seroit obligé d'en réduire encore le nombre. Le prix du tabac fabriqué étoit aussi élevé qu'à l'époque de la ferme générale. La plus foible partie des produits entroit an trésor ; le reste se partageoit entre les fabricans. A tant d'abus se joignoit celui que les agriculteurs se trou voient à leur merci. Après de mûres discussions, nous avons jugé que toutes les considérations , même les intérêts de l'agriculture-, veulent que la fabrication du tabac ait lieu par une régie au profit du trésor ; que la culture sera suffisamment garantie et protégée, lorsque nous imposerons à la légie l'obligation de ne fabriquer ses tabacs qu'avec les produits de la culture du sol français; que la consommation restant ainsi la même, l'agriculteur ne pourra recevoir aucun dommage de l'établissement de la régie ; et qu'enfin , sans augmenter les charges de nos peuples , nous acquerrons une branche de revenus que l'on évalue à près de 80 ,000,000; ce qui nous permettra d'apporter une diminution de pareille somme au tarif des contributions personnelle et foncière , et ce qui assurera au trésor de «otre Empire un revenu toujours en proportion avec les circonstances et avec les besoins. Nos besoins ne sont que de 600,000,000 fr. en tems de paix/ ils sont de 900,000,000 en tems de guerre maritime, et ils seroient de 1,100,000,000 dans des circonstances critiques et extraordinaires où nos peuples auroient à soutenir l'intégrité de l'Empire et l'honneur de notre couronne. Pour arriver à ce but, nous n'avons besoin ni d'emprunts, ni ^'aucune aliénation , ni de l'établissement-de nouvelles impositions : la simple augmentation ou diminution du tarif des contributions suffira pour produire ces grands résultats. Par ces considérations , etc., nous avons décrété et décrétons ce qui suit : ( Suit le décret dont nous citons les principales dispositions.^ A partir dela publication du présent décret, l'achat des tabacs en feuilles , la fabrication et la vente , tant en gros qu'en détail, des tabacs fabriqués, sont exclusivement attribués â notre régie des droits réunis, pour tous les départemens de l'Empire, auties que ceux au-delà des Alpes et les sept departemens au-delà de l'Escaut. La régie ne pourra s'approvisionner qu'en feuilles de tabacs du sol français, à l'exception seulement d'un quinzième qu'elle pourra prendre en tabacs étrangers. é La régie au-delà des Alpes sera tenue de faire ses approvision-nemens de la même manière. Notre ministre des finances fera conuoître chaque année, aux préfets , la quantité d'hectares de terre qui pourra être plantée en tabac dans chaque département, à raison des besoins du service de la régie , qui sera tenue d'acheter et de payer comptant la totalité de la récolte. Des règlemeus d'administration publique détermineront l'organisation de la régie du tabac , les lieux où seront établies les manufactures impériales , les entrepôts principaux et particuliers, les cautionnemens que devront fournir les préposés , et les prix auxquels seront vendues par la régie les diverses espèces de tabac. Les tabacs en feuilles ne pourront circuler sans acquit à caution . , il est défendu à tout particulier d'avoir chez lui des tabacs fabriqués autre* que ceux provenant des manufactures impériales, ou des fabriques ci-devant pourvues de licences et revêtues des marques de la régie. i es tabacs fabriqués , de quelque pays qu'ils proviennent , sont prohibés à l'entrée de notre Empire , même ceux de la Hollande. Toute infraction ani articles du présent décret sera punie d'uue amende de 1000 francs et de la confiscation des tabacs. - Un autre décret de la même date porte enti 'autres dispositions: Les tabacs en feuilles existans chez les cultivateurs , négocians et fabricans , lors de la publication du présent décret , seront achetés par la régie des droits réunis. » A partir de la publication du présent décret, il sera fait uu inventaire de toutes les matières et de tous les ustensiles existans dans les fabriques. Le fabricant continuera la fabrication des tabacs en proposition , jusqu'au 1er. »avril 1811. Les tabacs en feuilles seront mis sous le scellé après pesee , et ils y resteront jusqu'à ce que l'estimation en a.t été faite et que la régie en ait pris livraison. - Les dispositions du décret du 19 juillet 1810 , concernant les jeunes gens sujets à la conscription , employés en qualité de médecins , chirurgiens 011 pharmaciens au service de santé des armées de terre, sont rendues applicables aux jeunes gens sujets à la conscription , qui sont embarqués en la même qualité sur les bâtimens de guerre. , .. -- Un décret du 6 janvier porte q„'il sera construit a Pologne une