HISTOIRE DE LA DERNIERE REVOLUTION DES INDES ORIENTALES, TOME II. HISTOIRE DE LA DERNIERE RÉVOLUTION DES INDES ORIENTALES, Compofêe fur les Mémoires originaux & les Pièces les plus autcritiques ; Par M. L. L. M. ' TOME SECOND. A PARIS, Chez P. Ai. Le Prieur, Imprimeur du Roî; rue S. Jacques, à l'Olivier. - M. a CC, L X. AVEC APPROBATION ET PERMISSION. T .M HISTOIRE DE LA DERNIERE RÉVOLUTION DES INDES ORIENTALES. SECONDE PARTIE. LLlcLi E nouvel ennemi étoit Arrivée Nazerimgue , qui vou- dims k c«s lant prévenir les delft?insnatc* de MuzafeiTmgue fon neveu qu'il ne regardoit que comme un rebelle à fon égard f venoit, difoit-s Tome IL A % Révolution 1—'■' on , le chercher jufques dans le yiindcha. Sud à la tête de 5 00 mille hommes pour le punir de fa révolte. Le bruit de fa marche étoit déjà répandu dans tout le pays; on n'y parloit que de fon arrivée* II efl vrai que les nouvelles qu'on en reeevoit , fe contrediloieut aiïez fouvent ; cependant il étoit confiant qu'il approchoit, & il n'y eut plus lieu d'en débiter, quand vers le commencement du mois de Mars 1750 , on eut avis qu'il avoit paru en deçà des monta?» gnes qui îeparent le Carnate du royaume de May (four J plufieurs partis de Cavalerie Maratte 3 qui iJans tous les lieux où ils paf-foient portoient la terreur & le ravage. Les Angloïs ont eu beaucoup 4e part aux troubles qui on affligé ces ffovinc.es pendant dix moi* des Indes Orientales; ^ (tf). Quelque oppofés que fuffent " les intérêts de l'oncle & du neveu , Amct-aîa5 quoi que Nazerfingue eût à appréhender des prétentions de Muza-feriingue , dont les juftes droits étoient appuyés de toute l'autorité du Grand - Mogol, il y a lieu de croire que ce Prince lâche 8c efféminé , adonné au vin 8c incapable d'une réfoliuion généreufe , n'eût jamais ofé tenter de mettre le pied dans le Carnate , s'il n'y avoit été attiré par les intrigues de cette Nation , qui ne celîa de l'en p relier, de l'en folliciter , & de l'y engager, par les promeuves immenfes qu'elle lui faifoit. Il ne s'agilïoit pas de (a) Les preuves s'en trouvent partîculiére-jment dans les lettres écrites a Max-^rfinfue par les Coinmandans Anglois de Goudcloui , MM. Floyer , Laurence, & Tnoinas Fender. A.rèslà mort de N.'xcrfmzue, elles fc truverent en ori-girnl dans fa rente j & furent rcm'lcs à Muxafer-fingue , qui les donna enfjiie a M. Dupleix. 11 me feroit facile de rapporter ici ces lettres en entier ©u par extrait. Aij !$ Révolution ■ moins que de lui fournir trois miîfe jiméi-Ci», Sommes de troupes réglées , cent pièces de canon, & toutes les munitions nécefîaires pour une artillerie auiïi nombreufe. Cet appareil magnifique en idée flattoit agréablement les efpérances de Nazerfin-gue j fier de cet appui , & vain comme le font tous les Mogols, il s'imaginoit déjà voir fes ennemis plier devant lui, Si fe difliper à fa vue. Cependant une crainte balle qui n'abandonna jamais cette race Maure, le retenoit au milieu des vaftes projets qu'il méditoit. Le récit des exploits par Iefquels les François avoient tout récemment éternifé leur nom dans l'Inde, ve-r noit troubler la douce idée de fes conquêtes imaginaires ; il lui occa-fionnoit des fouvenirs amers Se des féllexions chagrinantes, qui Parrêij îoient fou vent dans fa route» On l'a 'des Indes Orientâtes** f Vu prêt à palTer le Quichena (a) , . ' . - T 1 • 1 f 1750. après avoir balance long - tems le Amoc-cuad difpofer à rebrouiïer chemin & à retourner en arrière , comme û cette rivière eût dû être ïe terme de fes profpérités. Ainfï flottant entre l'efpérance &la crainte, il employa fix mois à faire une marche , qui n'eût peut - être pas coûté à tout autre plus de fix femaines. II n'avançoit cependant qu'en trembian!: , avec les plus grandes précautions, & toujours à très - petites journées. La peur étoit égale dans fon ame , Se dans celle de fes troupes ; fans trop fçavoïr ni les uns ni les autres ce qu'ils avoient à redouter , ils s'intimidoient réci-> proquement de part Se d'autre. Ce qu'il y a de fingulier, cil que com- (a) Le Quïchena, eu le Chrîshnam , eft une rîvîeté à l'embouchure de laquelle la Ville de Mafulipatan efi bâtie. 11 faut la palier pour entrer du royaume de Golconde dans le Carnnte» A iij 6 Révolution " me fï cette efpece de terreur panî-imclcia. que eût été contagieufc pour les deux partis, dans le tems que Na-zerfmgue Se fes Soldats ofoient à peine fe répondre de leur fureté dans leur propre camp , au feuï bruit de fon arrivée l'aliarme fe mit également dans les deux armées Maures de Muzaferfingue & de Chandafaheb ; il ne fut plus pofli-bïe de les contenir. Inllruit de ce contre-tems , le Gouverneur de Pondichery fait envain propofer à ces deux Princes de fe rendre maîtres de la Ville de Tanjaor , où leurs troupes feroient à couvert de toutes les forces de l'ennemi , fuf-fent - elles le double de ce que la renommée en publioit ; rien n'efl capable de les perfuaderrla frayeur dont iis font poffédés , ne leur permet pas d'écouter la raifon même* Les lettres qu'il leur écrit pour les raflurer, les efforts que font les 'des Indes Orientâtes. f Officiers François pour les retenir, " tout efl également inutile ; le parti Amet-ct». efl pris de décamper 5c de s'éloigner de Tanjaor, & les Maures l'exécutent fur le champ , lailTant les François au pied des murs de cette place. Abandonnés de leurs timides Alliés , ceux - ci n'en font ni furpris, ni déconcertés ils les rejoignent le lendemain , fans que l'ennemi ofe les troubler dans leur retraite. Ce fut alors qiVon mit en déli- Muiafer/în- r • i-i r \ PUC fe retire beration , s il ne ieroit pas a propos * Pondic-har de prendre le chemin de Gingy ry* {a) , & de s'emparer de cette Ville. Oétoit le fentiment du Gouverneur de Pondichery , & il fat d'abord généralement approuvé ; mais à mefure que l'on recevoit des nouvelles de l'approche de ?\Tazer-fîngue, ce delTein s'évanouilfoit : (a) Ville du Carnatc , dont il fera parlf dans la fuite. A iy 8 Révolution r" on l'abandonna entïn tout - à - fait i abnct-Cha. & (3uo^ (Iue P^ ^rre ou écrire M* Dupîeix, on ne penfa plus qu'à fe réfugier fous les murs de Pondichery. Les deux armées combinées qui dans cette marche occu-poient une étendue de plus de trois îieues y commencèrent à être harcelées auprès de Chalembron par les Coureurs Marattes , fans que dans ce trajet qui efl de huit îieues, ceux - ci pu/Tent jamais venir à bout de les entamer. De quelque côté qu'ils avançatlént , les troupes Françoifes faifoient face par - tout, montrant bonne contenance , 8c détruifant chemin faisant beaucoup de cette canaille , qui n'ofoit plus fe préfenter qu'avec de très - grandes précautions , toujours de fort loin. Enfin l'armée Maure arriva proche de Pondiche- (a) Grande aidée, dont il a éxi parlé Part* L pag. 83. des Indes Orientales. 9 ty fans avoir reçu aucun échec s Se ' fut obligée de camper malgré elle Amec-cûa. au-delà de ViHenour, le Gouverneur Tayant fait menacer de faire tirer fur elle , fi elle approchoit des limites. Dès le lendemain Muzaferfîneue Se Chandafaheb fe rendirent chez le Gouverneur, auprès duquel ils tâchèrent de juflitier de leur mieux la démarche peu fage & trop précipitée qu'ils venoient de faire. Le premier s'exeufa fur le deiïein où il étoit de remettre à Pondichery toute la famille, que ces Seigneurs Mogols ont la mauvaife coutume de traîner toujours après eux , & de fe débarraffer aînfi d'une fuite îmmenfe d'équipages, qui ne fervent qu'à mettre la confuuort dans une armée. Chandafaheb alléguoic de fon côté l'obligation où il s'étoit trouvé de fe conformer aux volontés du Souba, Le rcfuïtat de cette Av I o Révolution — entrevue fut que le jour même on iinct-Cha. ^n entrer dans Pondichery'cette nombreufe famiile & tous les équipages inutiles ; ce qui feul formoit l'apparence d'une armée atfezconsidérable. Mais le point le plus eflfentieï, 8c que l'on avoit peine à découvrir au Gouverneur , étoit le befoin d'argent où Muzaferfingue fe trou-voit alors. Les fommes confidéra-bles qui lui étoient rentrées des di-verfes contributions qu'il avoit levées , avoient été confommées à payer fes troupes en partie ; 8c elles refufoient ablolument de marcher, fî auparavant on ne Ieuffaifoit toucher ce qui leur étoit dû de refte. Le cas étoit prelfant, & la conjoncture embarralîante ; on s'en ouvrit enfin, 8c l'on déclara dequoi il étoit quertion. M. Dtipleix s'y at-tendoit ; il lit d'abord quelques difficultés, après quoi il compta à des Indts Orientales. 11 Muzaferfinsue 500 mille Roupies ——— qu il avoit empruntées lui* ion cic- Am«-ciu. dit, & que ce Prince fit auflîtôt diflribuer à fon armée. Ce fecours venu à propos fembla avoir rendu îa vie au Souba. Chandafaheb qui n'étoit pas beaucoup mieux dans fes affaires malgré le peu qu'il avoit pû tirer du Roi de Tanjaor , ne fut; point oublié : on lui donna au fit quelque argent ; 8c après diverfes-conférences tenues fur les opérations qui dévoient Cuivre, les deux' Princes Mogols partirent de Pon--dichery pour retourner à leur camp. M. Dupleix fut aufXi obligé de Nouvelle faire alors quelque changement d'efiiders dans les troupes. M. Goupil qui avoit été envoyé à Tanjaor pourfe£'' remplacer M.- du Quefne, étant lui -mi me tombé malade, avoit été contraint au moment du départ de le retirer à Karicai 5 011 A vj t i Révolution 1 nomma M. d'Auteuil pour prendre jrljnet-Cha, & place , & ccla-même à la prière de M. de la Touche , qui s'étoit chargé de îa retraite , Se qui avoit fi giorieufement ramené l'armée faine & fauve jufqu a Villenour. En même-tems plufieurs Officiers demandèrent à être relevés fous prétexte d'incommodité , Se du befoin qu'ils avoient de fe remettre des fatigues palfées : il fallut pour les remplacer, fe fervirnéceffairement de ceux qu'on trouva fous fa main j & quoique parmi eux quelques-uns euiïent été demandés nommément par M. d'Auteuil., M. Dupleix ne fe porta cependant à cette nouvelle promotion qu'à regret Se avec peine. Ses répugnances étoient fondées fur certains difeours qui lui étoient revenus , Se que tenoient les nouveaux Officiers au fujet de la gratification que les anciens a-voient reçue à Tanjaor j ils difoienr des Indes Orientales. 1$ _^ à cette occafton , que ceux - ci t o> avaient profité de la récompenfe, Auuit-çj*»: & que pour eux il ne leur refloît que des coups à efpérer. De pareils fentimens fi peu naturels à des Militaires à qui Phonneur efl: ordinairement plus cher que tout le relie , rapportés au Gouverneur , lui parurent de mauvais augure , 8c lui rirent tout appréhender pour l'avenir. On va voir qu'en effet ils eurent des fuites bien funefles. On recevoit cependant tous les jours des nouvelles allez incertaines de l'approche de Nazerlïngue & de fon armée ; elle marchoit par divifion , ou plutôt les moins timides prenorent les devans. A l'égard de Nazerfinaue lui-même , il étoit encore au - delà des montagnes , fans pouvoir fe déterminer à aller plus avant. Les Anglois n'épar-gnoîent rien pour l'y engager : ÏIs lui {aifoient toute forte de promeifesjos r4 Révolution ■ ils étoient Contenus dans leurs cxir- iaJ-ciiA. gérations outrées par Mafouskan & Mametalikan , toujours ennemis-déclarés de la Nation. Le premier fur-tout qui, comme je l'ai dit^ avoit été fait prifonnicrà la bataille d'Amour, fembloit ne vouloir faire ufage de la liberté qu'il avoit obtenue depuis de la générofité de Mu-zaferfingue , que pour animer fon oncle contre lui, & le lui renJre irréconciliable. Ainli prefle , foiii-cité de toutes parts , & plein des magnifiques promelTes qu'on lui faifoit, Nazerfingue fe réfolut enlin de palfer les montagnes, 8c entra dans le Carnate La plus grande partie de fon armée étoit déjà rendue â Gingy ( a ) , & quelques Coureurs Marattes fe montroient de loin à l'armée Fiançoife, qui ( 1 ) Cette place n'eft éloignée de Pondichery «lac de <}u4tûrx; lieues. * des Indes Orientales. î $ ïe 20 Mars prit le parti de marcher 1 en avant, renverfant & faifant fuir Amet-cha. devant elle tout ce qui fe préfen-toit de ces pillards. Les Marattes fe voyant poulïés , prirent l'épouvante , & fe retirèrent en défordre environ à fept lieues de Pondichery. , On allure que fi les François avoient continué de marcher à l'en- Mutinerie ., , . . • T des nouveau^ nemi , il n auroit jamais eu le tems officiers», de mettre fes troupes enfemble. Mais l'efprrt de révolte avoit déjà foufflé parmi eux la divi-iîon , qui commençoit à y faire d'étranges ravages. La fource du mal étoit dans ces nouveaux Officiers 3 dont M. Dupleix avoit conçu de fi juftes défiances : ils ne juflifierent que trop les foupçons-légitimes qu'il avoit formés à leur -égard ; ceux mêmes que M. d'Auteuil ayoit demandés 5 furent les 16 Révolution * premiers auteurs de la mutinerie & (Amcc-cha. ^u défordre. Soit humeur, ou tout autre motif qui feroit peut-être afTez difficile à démêler ( a ) , ces Officiers malintentionnés répandoient de faux bruits parmi les troupes, auxquelles ils fembloient vouloir faire entendre , que l'on n'a voit d'autre delîein que de les mener à la boucherie , exagérant à tous pro-. pos les forces de l'ennemi, ne parlant que de vingt mille Marattes, & d'un fecours d'AngJors qu'ils di-foient être fort confidérable. Tout cela n'avoit de réalité que (a.) Je n'ai garde d'attribuer le procédé irrégulier de ces Officiers à un m.uique de cœur Se à lâcheté ; je (jais au contraire qu'on ne fçauroic lien reprocher du moins à la-plupart d'cn'i'eux du côté du courage & de la btavourc. Mais anffi comment efpcrent - ils pouvoir perfuader, que ce foit i'amour du bien pqblic , l'envie dj fauver l'armée Se de conferver la Colonie , qui les ait engagés dans une démarche , donc nous avons peine à trouver un fcul exemple dans les troupes Françoires ? L'Amour de la patrie inlpira - t'il jamais la dé fobcifljp.ee aux ordres des Supérieurs t Ec que deviendr tient une armée ou un Etat» € ceux qui ont droit de commander étoient fujet* 4 être contrôlés par des Subalternes l des Indes Orientâtes! J"7 cTans leur idée; les vingt mille Ma- * • -n < i 1750. lattes n'avoient jamais exilte, les Amet-cha. Anglois n'avoient encore alors envoyé aucun fecours , & l'artillerie feule qui étoit dans le camp , fuffl-foit pour mettre à la raifon toutes les forces de Nazerfingue. Cefl ce qui étoit prouvé par tout ce qui: avoit précédé , 8c ce que la fuite juflifia d'une manière auffi humiliante pour les Officiers mutins, qu'elle fut glorieufe à ceux qui ne cefferent d'être zélés & fidèles. Mais il efl aifé de fentir, que des cir-conflances auffi critiques ne font pas un tems propre pour entreprendre de faire des conquêtes , ni pour penfer à attaquer un ennemi , tout ce que la prudence peut alors permettre à un Chef efl de chercher à I'amufer , en fe tenant fur la défen-five, 8c de tâcher cependant de contenir des Officiers mal difpo-fés ; 8c des troupes intimidées. Ce I % Révolution ■■■ fut le parti fige que prit M. J'Àu-I2.r A' tetiil dans les circonflances. Con- mct-Cha. tent de refufer conflamment de fe prêter à la propofition fionteufe qu'on lui faifoit de fe replier fur Pondichery, il crut qu'il lui fufiifoit d'ailleurs de ne point fuir devant Pennemr, & de l'attendre de pied ferme. Cette réfolution occafiqnna des marches , des contremarches & divers féjours, auxquels on employa tout le relie du mois de Mars. Les ennemis profitèrent de cet intervalle d'inaction de la part des François, pour fe mettre en-femble & pour fe former ; elle fer-vit même à les raflurer, & à leur faire concevoir des efpérances. D'un autre côté , fur les premières nouvelles que l'on avoit eues de l'arrivée de Nazerfingue , le Gouverneur de Pondichery avoit écrit à fon Divan ou premier Mi-niflre , qui avoit été des premiers à I 7 , o. Amet-Chai des Indes Orientales. 19 fe rendre en deçà des montagnes. Mais foit mépris de la part du Divan , ou mauvaife volonté du côté d'un Brame que M. Dupleix avoit chargé de fes lettres, il n'en avoit reçu que des réponfes vagues, qui ne s'accordaient point avec les. avances qu'il vouloit bien faire pour la paix. Nazerfingue lui avoit au (fi écrit, pour Rengager à faire retirer les troupes Françoifes , & il lui avoit répondu , qu'il étoit réfolu de n'en rien faire "]iifqu'à ce que la paix fut conclue ; qu'au relie s'il lut plaifoit de lui envoyer un homme de confiance , il efpéroit que leurs diflérends ne tarderoient pas à être terminés. Cependant les Anglois n'avoïent Jonâfca r ? «es AngJoi* point encore joint l'armée enne- avec Nazer-niie; & ce fut fans doute pour leurlmsue* donner le tems de faire cette jonction , que le même Divan ou premier Mîniflre à qui le Gouverneur 20 Révolution *' % '—■ de Pondichery avoit écrit, jugea â tiUic/cha.ProP05 de lui députer deux per-fonnes chargées de propofitions qui lui parurent fort raifonnabies , & qu'il crut pouvoir accepter. En conféquence il écrivit à M. d'Auteuil de fufpendre les holiilités j mais à peine eut - il expédié cet ordre, qu'il fut înllruit de la fourberie des Maures : car les Anglois profitèrent de cet intervalle pour les joindre. Ils ne l'avoient pas encore fait, lorfque l'ordre fut révoqué; mais le contre-ordre vint trop tard : il arriva le foir, & la nuit même fe fit la jondion ; ce fut le premier d'Avril 175*0. Quelle furprife pour Nazedingue , de voir que ce fecours dont Pef-pérance l'avoit attiré dans cette Province, fe réduifoit à environ deux cens cinquante Blancs 8c quelques miférabîes Topas l C'c-toit-là à quoi avoicnt abouti les des Indes Orientales. z t proniefTes , que les Anglois lui 111 ** avoient faîtes. Àuffi en parut-il j^J-.ç^ indigné lorfqu'il eut joint y ce qui n'arriva que deux ou trois jours après : il ne voulut jamais admettre à Ton audience , ni le Commandant Anglois , ni les Envoyés du Gouverneur de Goudelour. La nouvelle de cette jonction C(5ttt»nMa réveilla les plaintes & les murmu-«ondcvn"r r mures des res des Officiers mécontens ; rien officiers, n etoit plus capable de les retenir. Leur révolte éclata enfin par une repréfèntation fignée d'eux tous, qu'ils tirent remettre à M. d'Auteuil. Celui - ci l'envoya fur le champ à M. Dupleix , qui ne lui répondit que pour lui faire fentir îe ridicule d'un pareil acte. Avant d'avoir reçu cette réponfe s M. d'Autçuil avoit déjà pris le parti,; non de fe replier, comme les mutins le fouhaitoient J mais de fe jn.er.tre dans une autre pofition plus ! î Révolution avantageufe , fans cependant s'c-ha, loigner de l'ennemi, que ce mouvement obligea de même à changer de camp. Les deux armées n'étoient alors qu'à trois lieues de diflance Tune de l'autre. Ce voiflnage favorifant les projets de Nazerfingue , dont l'arrivée des Anglois n'avoit pas trop bien diiTïpc les craintes, il ne cefîoit d'envoyer vers fjn neveu des perfonnes de confidération de fon armée , pour lui faire des pro-pofilions j tout fembloit fe difpofer. à fa paix, & il paroilloit que l'on ne tarderait pas à voir ces différends terminés par une heureufe conclufion. Ces négociations fe palToiént à la vite de toute l'armée: les féditieux étoient inllruits de ces allées & de ces venues, & bien loin qu'elles fuffent capables de les calmer, ils en prirent occa-fion de concevoir de nouveaux des Indes Orientales. 23 ©mbrages ( a ). Plufieurs de ceux ——• qui avoienc ligné la repréfentation Amet'âtj avec eux , ayant ouvert les yeux fur la faute qu'ils avoient faite, a-voiciit abandonné leur parti , 6c s'étoient retirés de leur cabale ; cependant ils n'en étoient pas moins ardens à pourfuivre l'exécution de leur delîein. Témoins de leur fureur à perlifler dans leur défobéif-fance , Muzaferfingue & Chandafa-lieb ne fçavoient bientôt plus que devenir : on tâchoit de les ralîurer; mais on ne les tranquiiiifoit pas. M. d'Auteuil écrivoit à Pondichery. lettres fur lettres, tant pour ren- ( a ) Ils en prirent occafîon de dire , que Mu- fcafcrfiiigue chcrchoir à trahir les François, pour fe réconcilier avec fon oncle ; ce qui n'étoit fondé qae fur ces négociations, qu'ils interprétaient mal, parce qu'ils n'en aveient j as le fteret, &' fur quelques lettres mal entendues. Le Souba n' :voit-*1 pas alors a Pondichery toute fa faiuii;e , qui étoit garante envets la Nation de la conduite de ce Prince ? La fuite de cette Hiftci.c prouvera encore mieux , qne ces fc upeons des mécon-tens n'avoic/tt j>aj même l'ombre dç viaifca,- 54 Révolution - dre compte de ce qui fe paflbïtj A»ct-Cha. que pour folliciterun promt remède au mal dont on étoit menacé; il en arrivoit à chaque inflant. Le Gouverneur en reçut une le 3 Avril à deux heures du matin ; & elle lui parut ii preflante, que fur le champ il fit partir pour l'armée M. Burry., Major Général, afin de voir s'il ne feroit pas polTible de ramener les mutins, & de les faire rentrer en eux-mêmes. Il lui déligna ceux qui étoient les principaux auteurs de la révolte , & lui ordonna de caiTer le premier qui refuferoit d'obéir. Mais à peine l'eut - il dépêché avec ces ordres , qu'il comprit l'inutilité de cette démarche , oc le peu de fruit qu'il y avoit à attendre du voyage de ce Député dans les circonflances. £n même - tems il confidéra le peu de fond'que l'on pouvoit faire fur des Officiers mutinés ; des Indes Orientales. tmes , qui avoient entraîne dans — leur parti les plus imbécitles de AmcvCrL* l'armée , Fimpuiflance où il étoit de les remplacer par d'autres plus fidèles & plus zélés, & l'imprefiion que pourroit faire fur Pefprit da Soldat la défertion de plus de la moitié de fes Officiers. Balançant enfuite les différens partis que les ci [confiances préfentes pouvoient permettre, il prit enfin celui d'écrire à Nazerfingue. Dans fa lettre datée du même îour 3 Avril, M. Dupleix marquoit à ce Prince , qu'il ne devoit pas ignorer les rai fous qui Tavoient porté à donner du fecours à Muza-ferfingue 8c àChandafaheb ; quil fçavoit comment dans toutes les occafions Anaverdikan 8c fes enfans avoient été contraires aux François tant qu'ils avoient été les maîtres dans le Carnate 3 & qu'ils u'avoient .celle dans toutes les ren-Tome IL B '2(5" Révolution' ——— contres Je leur donner des marques t-cha. ^e ^eur niauvaife volonté -3 qu'au lieu d'empêcher qu'il ne s'élevât aucune guerre entr'eux & les Anglois dans l'étendue de leur Gouvernement , non contens d'être les premiers à l'allumer , ils avoient encore eu la lâcheté de fe joindre à ces mêmes Anglois, iorfque ceux-ci étoient venus affiéger Pondichery par mer & par terre ; qu'une conduite auffi irréguliere de la part de ceux qui dans ces circonftances dévoient au moins garder une exacte neutralité^ voit allumé contre eux l'indignation d'une Nation gé-néreufe, qui croyoit mériter plus d'attention & plus éfégards de la part de cette famille , & I'avoit obligée pour punir leur témérité de joindre fes forces à celles de Muza-ferfingue 8c de Chandafaheb , lorsqu'ils étoient venus prendre pof-(elJTiûn de cette Province j que per- \ des Indes Orientales. ±J Forme n'ignoroit quelles avoient été les fuites de cette jonction, fi fu- Aiaei-Cbju nèfles à Anaverdikan & à fes enfans, & fi glorieufes à la Nation Françoife ; qu'il étoit inutile de lui vanter l'importance des fecours qu'il avoit accordés à Chandafaheb & à fon neveu, puifque lui-même étoit en état d'en juger mieux que perfonne ; qu'il les avoit donnés d'abord & depuis augmentés, non point pour le détruire, ni pour le dépouiller des charges & des honneurs qu'il pouvoit pofféder, mais dans l'efpérance de parvenir par-là 1 une heureufe paix ; que c'étoit-ïà l'unique but de fesfouhaits, 8c qu'il en avoit donné une preuve bien fenfible, en empêchant juf-ques - là l'armée Françoife de l'attaquer comme elle l'auroit pû , 5c de remporter fur lui les avantages dont fa valeur pouvoit lui répondre j que dans ce deifein il avoit lU Révolution *■ vu avec joie les* négociations qui \7^Z\ s'étoient commencées entre lui 6c fon neveu pour la paix j qu'il avoit crû pouvoir fe flatter alors qu'elle al loi t bientôt fe conclure , & qu'il en avoit été d'autant plus charmé, qu'elle lui paroiifoit néce flaire à fa gloire , à celle de Muzaferlingue & au bien de toute fa famille ; que cependant il avoit eu la douleur d'apprendre que les conférences étoient rompues , qu'il n'y avoit plus aucune efpératice de conciliation , & qu'il falloit de nouveau en venir aux armes j qu'il ne pouvoit attribuer ce changement qu'aux pernicieufes infinuations de Mafouskan & de Mametaiikan fon frère, qui ne confuliant que leurs intérêts particuliers, ne cberolioient qu à le tromper, & ne cefloienr. de l'aigrir contre fon neveu, mettant fort peu en peine de le voit; engagé dans Le précipice, pourvu des Irides Orientales. 3p ïjti'iîs' puiïent venir à bout de fe fatis- '■ ' larre , que c étoient eux qui aveu* Amet-çjù, glés par la haine qu'ils portoien-t aux François , & p reliés du defir de fe venger des pertes qu'ils !bur ayoient caillées , Te m re te noient dans des idées dont les fuites ne pouvoient qu'être fatales à fon hoi> ■ neur, lui exagérant le fecours des Anglois dont lui-même étoit au-jourd'hui à portée de reconnoitre la foibleiïe, l'empêchant ainfi d'en* tendre à aucun accommodement,. & l'engageant à continuer une guerre , qui ne pouvoit fervir qu'à ruiner fon pays & à enrichir les Marattes , ennemis communs dé lui & de fon neveu Muzaferjin-» gue. *> Et qu'importe en effet, dr-foit-il, à Mafouskan Se à fon frère j> que cette terre foit défolée ? Ne » fçavent - ils pas bien qu'ils n'en » feront jamais polïeiTeurs , tant » qu'il y aura un François fur cciu Révolution 1 » côte ? Que leur importe de* A»et-Cha. » intérêts de la famille de Nizam ^ » pourvu que leur vengeance foit » fatisfaite f « II ajoutoit qu'il étoit tems enfin de terminer des troubles, qui ne pouvoient aboutir qu'à la ruine d'un pays , dont la confervation devoit lui être chère 5 qu'il étoit bien inftruit que les anciens fervr-teurs de Nizam qu'il avoit à fa fuite & dans fon armée, étoient les premiers à le folliciter de conclure la paix y qu'il fe joignait à eux pour ia lui offrir ; mais que pour qu'elle fût folide 8c durable, il falloit qu'elle fe fit félon l'équité , 8c non au gré de Mafouskan ou de fon frère; qu'il étoit dans la difpofition de lier avec lui l'amitié la plus étroite, 8c qu'il ne tiendroit qu'à lui de la rendre éternelle y mais que fi fes offres ne lui convenoient point, il ofoit i'afîurer que Mafouskan ni le* des Indes Orientâtes. 3 t Anglois ne pourroient l'empêcher L de fuivre fes jufles delîeins & d'aller Amctcùu en avant. » Le Dieu des armées, » continuent - il , tient la victoire » dans fa main : il efl le maître de » Taccorderà vous ou à nous ; mais » de quelque cô'é qu'elle panche, » foyez perfuadé que la Nation » Françoife ne foufTrira jamais que » la famille du perfide Anaverdt-» kan rentre dans le gouvernement » de cette Province. Cefl fur quoi » je vous prie de faire les plus fé-» rieufes réflexions. La paix efl en-» tre vos mains : fi elle efl de votre » goût, 8c Ji vous voulez que j'en » fois le médiateur, envoyez ici une » perfonne de confiance , Chanda-» fa heb 8c votre neveu en feront au-» tant, 8c tout pourra être réglé » dans une conférence. Que fi au » contraire mes offres ne vous font » point agréables , au moins les ? fuites d'une -guerre funclte ne §2 Révolution lJ » pourront-elles plus mètre împiP jLZclcte. » tées ; cela me fuffit. oc Après avoir écrit cette lettre , le Gouverneur l'envoya à M. d'Auteuil , avec ordre de la faire tenir fur le champ à Nazerfingue. Le lendemain M. Burry revint du camp, aflurant qu'il avoit parié, comme il devoit à tous les Officiers mutins ; qu'il leur avoit représenté la honte & le faux de leur conduite , 6V le déshonneur dont ils fe couvriraient à jamais s'ils aban-donnoient l'armée ; Se que tous de concert l'avoient chargé de prier le Gouverneur d'oublier le pafîé, ' promettant de fe comporter en braves gens dans toutes les occa-fions qui fe préfenteroient dans la fuite. M. Dupleix mieux inftruit que lui de l'état des chofes , ajouta peu de foi à fon rapport : il avoir raifon jle jour-même il apprit par les lettres qu'il reçut de M. d'An- des Indes Orientales. 3 5 tenil, que le voyage de M. Burry * ~ avoit été parfaitement inutile , & Amct-cka. que bien loin de lui marquer le moindre repentir , les féditieux avoient déclaré au contraire que fi dans vingt*- quatre heures ils ne recevoient pas de Pondichery une réponfe conforme à leurs prétentions , ils étoient réfolus de fe retirer & d'abandonner le fervice. Ils ne tinrent que trop bien parole.- Ce même jour 4 Avril on enten- Défertîôn' dit de Pondichery plufieurs coups 's CIClî"' de canon redoublés : ils venoient des deuxannées,qui fe canonnerenti toute la journée fans aucune perte de la part des François; leur artillerie au contraire fit beaucoup de ravage dans le camp ennemi, & deuxf ou trois boulets de dix-huit tuèrent quelque Cavaliers & plufieurs chevaux aux cotés de Nazerîingue, Vers le midi H reçut la lettre du Gouverneur de Pondichery r & Il y' $4 Révolution afTembla fur le champ tous les prin» Cha.c*Paux Officiers de f°n armée, pour délibérer de ia.réponfe qu'il devoît y faire. Le réfultat de ce Confcil fut de faire cefTer auffitôt toute hoftilité , 6V de députer le lendemain dès la pointe du jour vers fon neveu Muzaferfmgucpour finir avec lui à quelque prix que ce fût, 6V terminer leurs différends de façon ou d'autre. C etoit le parti le plus fage qu'il pût prendre. Depuis fon entrée dans la Province, les François avoient déjà remporté fur lui en différentes rencontres plulieurs petits avantages, fans que jamais fes troupes en euffent eu aucun, & les divers d^tachemens qu'il avoit faits de fon armée pour battre h campagne cV pour piller, en étoient toujours revenus fort maltraité?. Un de ces partis de Maraudeurs ayant ofé la veille s'avancer jufqu'à Ariancoupan , les des Indes Orientales, nabîtans feuls armés de bambous —■—*-avoient fuffi pour les chalTer ; ils Ainet-qia, leur enlevèrent même trois chevaux , & prirent un Maratte. Ces mauvais fuccès , joints au îîfllement des boulets François a-voient fait impreffion fur Nazer-iingue ; naturellement lâche , i[ n'en avoit pas fallu davantage pour le décider. Tout alloit fe conclure ; on touchoit au moment d'avoir la paix , torfque les Officiers mutins qui feuls jufques - là avoient mis le défordre & le trouble dans l'armée Françpife, prirent cet inltant pour mettre le comble à leur défobéif-fance. Piqués de ce qu'on refufoit conflamment de fe pirater à leurs fantailies & à leurs caprices ; ils recommencent leurs menées avec pfub de fureur que jamais. Ingénieux à fe faire à eux - mêmes des peurs chimériques , ils éclatent en plaintes Se en murmures : ils pr„n- r%6 Révolution ' nent enfin le parti de dcferter \ de cj^ils le font avec fi peu de retenue^ que fuivant les lettres de M. d'Auteuil, un d'eux qui étoit alors de garde avancée à la portée du piflo-let des ennemis, abandonna fon pofle fans en avertir , & fans demander à être relevé. Témoin de cette fcène affligeante, Chandafa-heb ne fçavoit que penfer de ce qu'il voyoit ; l'idée avantageufe qu'il avoit conçue de la Nation, fe trouvoit alors furieufement balancée dans fon efprit par ce qu'il avoit fous les yeux. II pria, il fur*-plia, il n'oublia rien de ce qu'il crut propre à fléchir les mutins & à leur faire changer de ré-folution j prières , fupplications-, tout fut inutile. Muzaferfingue à qui l'on avoit envoyé M. de Buffy pour l'informer de ce qui fe paffoit,. également furpris 8c conflemé de cette défertion * employa aulfi vai* des Indes Orientales: ifff nenient les follicitations les plus *^ preffantes pour retenir les fédi- A»w*-ciw» tieux : rien ne fut capable de les arrêter ; & ce dont notre Hiftoirené nous fournit qu'un feul exemple-dont la vengeance fuivit de près Ça) , on vit en ce jour treize Officiers François, oubliant leur devoir & leur honneur, abandonner leur Commandant , leurs troupes , leurs drapeaux , le camp où ils étoient en (ûreté , 8c fans être attaqués ni pourfuivrs, prendre hon*-teufement la fuite , comme s'ilâ avoient eu fur les bras toute l'armée ennemie. On peut juger de l'embarras oà dut fe trouver alors M. d'Auteuil, qui fe préparoit à recommencer la (a) Ce futàTrcves, où.M. de Crcqui qui en . 1675, s'y ét^it retiré avec lesdébiis de l'armée, fut abandonné de les Officiers , qui livrèrent ta Ville aux hnpéiiaux. Par le jugement ^;ui fuivit, pluiîeurs furent punis de mort, les autres dégradés de NoblcH'e , Se déclarés indignes de jamais gorter les anues pour le feïvicc du Roi. 3 S Révolution * canonnade le lendemain. Ceperï-* Amet-Cha. dant le tems prefloit : la confierna-tion étoit déjà répandue dans les deux armées de Muzaferfingue 8c de Chandafaheb ; 8c il y avoit tout lieu d'appréhender ,que parmi les François mêmes le Soldat frappé de fe voir abandonné de fes Officiers 3 ne prît également j'épouvante. Dans une conjoncture anfîi critique , M. d'Auteuil fit appel-kr MM. de la Touche 8c de BulTy ; ôc après avoir délibéré entr'eux de ce qu'il y avoit à faire dans les cir-conftanceSy ils conclurent que le feul parti qu'il y eût à prendre T étcit de fe replier lur Pondichery, La réfoluiron en fut auiïîrôt prife & iignée d'eux trois» ; 8c fur le champ l'ordre fut donné pour décamper lt lendemain à trois heures du matin le plus fotirdement qu'il feroit poiïible. On en informa Muzafer-fingue j qui après avoir long-tena& des Indes Orientales. débattu cette retraite, & avoir allégué au contraire toutes les raifons ArLt-ci^ qu'il pm imaginer, parut enfinconsentir à fnivre l'armée. Elle fe mit en marche le % au Remît* matin , au lignai d'un coup de ca- ^r/Kg non dont on étoit convenu , & prit ch«y-la route de Pondichery. On étoit dans la perfuafion que Muzaferfin-gue fuivoitj comme il Tavoit promis ; eniorte que la furprife ne fut pas petite , lorfqu'à la pointe du jour on n'apperçut ni ce Prince ni fon armée. On découvrit feulement quelques pelotons de Cavalerie de Chandafaheb , qui mieux qu'un autre fcavoit de quelle importance il étoit pour lui de ne point abandonner l.'s François, 8c qui, ainfi que fon fils, le comporta en brave homme dans cette retraite» Ou fçut depuis que Muzaferfirc-gue avoit été détourné de fuivre par fes principaux Officiers , qui jjJQl Révolution " lui avoient repréfenté qu'étant pof- 'Amét-cha.teur des ordres de l'Empereur, il feroit honteux Se indécent pour lui de fuir lâchement devant un Ré^ belle. Le Souba , malgré fa jeu-nelTe & fon peu d'expérience , ne s'étoit cependant rendu à cet avis que contre fon gré, Se n'en avoit point fait avertir M. d'Auteuil. Cependant l'armée continuoit fa marche, côtoyée à droite Se à gauche par diflcrens corps de Cavalerie, qui dans l'obfcurité furent pris d'abord- pour amis. Le jour qui parut dilîipa l'iilufion , Se lit voir à découvert toute l'armée? ennemie, qui accourut aulfitôt à toutes brides , Se vint fondre fur les troupes Françoifes. Eile fut reçue par-tout avec une valeur égale. Quoiqn'a-bandonnés de leurs Officiers ,'les. Soldats ne perdirent point coura^ ge ; piufieurs mêmes en firent les 'fondions,, ralliant leurs pelotonsù des Indes Orientales: 4$ & les conduifant eux - mêmes à la —* charge. Les Maures de leur côté Amet-ciûu n'ayant aucune idée de retraite , Se perfuadés que les François fuyoient devant eux, n'en étoient que plus acharnés à les pourfuivre," repouf-fés de toutes parts , ils revenoient de tous côtés à la charge , de non-veaux corps fe fuccédant fans ce (Te fans fe rebuter , Se trouvant partout la même réfiftance, avec une intrépidité qui ne fe démentit jamais d'un feu! mitant pendant dix heures d'un combat opiniâtre qu'il fallut livrer jufqifà Oulgaré éloigné de cinq à fix lieues de l'endroit d'où l'armée étoit partie. Jamais retraite n'avoit été fi bien conduite , Se jamais troupe ne s'étoit • mieux comportée. M. d'Auteuil étoit par - tout, toujours fécondé à propos par MM. de la Touche Se - de Buffy ySe parce qui refloitd'Officiers fubalternes, qui chacun dans» 41 Révolution leur pofle firent en cette occafion °h'a tout ce que l'on devoît attendre de leur zele&de leur bravoure. Ceux-mêmes qui entraînés par le torrent s'étoient d'abord rangés du côté des mutins, ÔV avoient ligné la re-préfentation avec eux, revenus depuis de leur égarement , & réfolus de réparer leur faute , fignalerent en cette rencontre leur courage & leur fermeté, & contribuèrent comme les autres à foutenrr l'honneur de la Nation. Arrivé à Oulgaré, M. d'Auteuil ayant fait la revue de fa troupe, n'y trouva de manque que dix - neuf hommes , dont onze fe réftouverent depuis ; il n'y eut aucun Officier bleffé. Au contraire cette journée fi glorïeufe aux troupes Françoifes & aux Officiers qui les conduifoient, coûta cher aux ennemis ; quelques Mémoires que je ne garantis point » portent qu'ils y eurent pies de fix des Indes Orientales. 43 mille hommes tués ou bleues. Voilà 1 a quoi aboutit le fecours qu'ils a- Amet-Cku voient reçiPSes Anglois, dont on remarqua plufieurs Officiers parcourant à cheval pendant l'action les rangs des Maures , les encourageant , les mettant en ordre , & les menant eux - mêmes au combat. Cependant malgré ce mauvais fuccès de leurs armes, ils ne biffèrent pas de triompher de cette retraite , comme fi c'eût été une véritable fuite. C'cft ce qui fe voit par les lettres écrites quelques jours après du camp de Na2erfingue à M. d'Auteuil par M. Cope Commandant des troupes Angloifes, qui n'y ménagea point les termes. •Tandis que ces chofes fe paf-foient à l'armée, le Gouverneur de Pondichery étoit inquiet de n'avoir point reçu de nouvelles du camp depuis la veille ; il en attendoit avec impatience > Iorfqu'un Caffre , va- 44 Révolution — Iet d'an des Officiers fugitifs, vrnfc t 7f~; lui dire que fon maître avoit déferté avec plufieurs autres, (ffc'ils étoient pourfuivis par les Marattes, & qu'il les croyoit tous maffacrés. Peu de tems après il fut informé , que plufieurs de ces Officiers étoient réfugiés dans un jardin voilln d'OuU garé. Audi tôt il envoya ordre aux portes d'arrêter tous ces déierteurs à mefure qu'ils fe pra fente roi en t ; mais avant que l'ordre fût arrivé , il y en avoit déjà quelques - uns qui étoient entrés , & que la peur pof-fédoit encore fi cruellement, qu'ils couroient par les rues comme des infenfés , criant à pleine tête , Marranes y Marattes. Cependant l'or*, dre porté contr'eux s'exécutoit 8c l'on arrêtoit tous ceux qui paroif-foient, Iorfqu'on vint dire au Gouverneur que le coteau d'Oulgaré étoit couvert de Cavalerie ; qu'elle paroilToit pourfuivie , 8c fembioit des Indes Orientales: 4*5 fe réfugier de ce côté-là. Sur cette • *" nouvelle , il fit auffîtôt donner or- Anct-Cha* dre aux limites & aux portes de la Ville de refufer l'entrée à toutes ces troupes. Un inftant après parut M. de BuflTy en fort mauvais ordre , venant lui annonner l'arri-j vée de l'armée , la prife de Muza-ferzingue par fon oncle, & la perte de quelques pièces de canon abandonnées par les Officiers d'artillerie , 6V enlevées par les Maures dans l'obfcurité. Il a^outoit que depuis la retraite, toute la Cavalerie du Souba & de Chandafaheb , montant environ à vingt mille chevaux, s*étoit diffipée de façon qu'il n'en paroiffoit que le peu qui s'étoit réfugié à Ouigaré 3 qu'on ignoroit ce que le relie étoit devenu. Tant de mauvaifes nouvelles arrivées coup fur coup ne déconcertèrent point le Gouverneur ; il or* ffonna fur le champ à M. Burry d & de fa mere , qui eft votre « feeur. Retirés dans cette Ville, ai ils y éprouveront toujours de ma ' » part toute l'attention Se toutes les a> confidérations, que leur rang 6c 3î leur nailîance exigent de moi. » II paroît que les oifres que je vous y> ai faites par ma première lettre, sa ne vous ont po intété agréables, 3> puifque dans notre retraite vos » gens ont fondu fur nous comme j> fur une proie afîùrée. Nous nous» 33 retirions pour accélérer la paix;6c « 33 ils vous ont fait croire quenous j) prenions la fuite : à Ieurrecour-* 33 vous ont - ils tenu le mçme lan-^ 33 gage ? Combien cette erreur ner 33 leur a - t'elle pas coûté de fana i ?» Ha ont appri» à leur^ dépens cç des Indes Orientales. y 5 W que l'on gagne â attaquer les •* » François oans le tems même Amet-Cha< » qu'ils femblent céder : vous-mê-a> me en avez été frappé. Pourquoi ». donc nous forcer plus long-tem-s » à vous faire fentir malgré nous Je » poids de nos armes ? pourquoi » vous obiliner à la continuatiort » d'une guerre fn nèfle , qui ne 33 peut aboutir qu'à la défolation de yy votre pays ? Maître d'avoir la 3» paix , pour y parvenirf éloignez ?y de vous les mauvais confeils, les » difcours trompeurs qui vous ont » engagé dans cette guerre , & qui 33 vous y entretiennent ; vous êtes » plus que jamais en état d'en re-» connoître le poifon & IafaufTeté. as Ecoutez des avis plus fages ; ils 33 ne tendent qu'à votre bien & à » votre gloire. Combien de maux ?3 n'éviterez - vous pas par-ià j de » quelle fatisfa&ion pour vous, de » rendre à vos pays la tranquillité * » qu'ils ont perdue, « C iij 5*4 Révolution 1 Cette lettre écrite le Avril fut Amtt-cha.remife le jour même à Nazerfin- WtSe'3"011 Slle' C1UI ne iuSca Pas a ProP°sd'y - la paix. répondre. Au contraire encore fier de la lâcheté qu'il venoit de commettre contre fon neveu , il ofa s'avancer jufqu'à Valdaour (a) où il établit fon camp. Le Gouverneur de Pondichery voyant de fcn côté les troupes repofées & rétablies , leur ordonna de marcher en avant ; elles fortirent des limites, & allèrent fe pofler fur le chemin ie plus court de Valdaour. Ce voifinage des deux armées occafionna quelques pourparlers. La plupart des Seigneurs du parti de Nazerfingue fouhaitoient la paix , & étoient difpofés à s'entremettre d'accommodement entre l'oncle & le neveu. Les anciens ferviteurs de Nizam - Moulou^ («) A trois licucs de Pondichery, des Indes Orientales. e i S mtereflbient tous pour le jeune ————-Souba , & faifoient afTez fentir à Aaret-cf^ù Nazerfingue qu'ils étoient réfolus de le quitter , s'il refufoit de tenir la parole qu'il leur avoit donnée fur l'Alcoran , Iorfquc fon neveu étoit venu fe rendre à lui. Ces mêmes Seigneurs ne celfoient de fol-* liciter le Gouverneur de Pondichery de ne point abandonner la défenfe de ce jeune Prince , & lui faifoient entendre que s'il vouloir envoyer à leur camp quelque per-fonne de confiance , ils ne dou-toient prefque point que tout ne fe terminât promptement à la fa-tisfaêtion des parties. Il céda à leurs infiances, & confentit à la députa-tion , à condition que Nazerfingue lui enverroit un palleport figné de £a main pour les perfonnes qu'il chargeroit de fe rendre auprès de lui. Celui - ci accepta la proportion j & M.. Dupleix n'eut pas plu-; C iy ^o" Révolution -— tôt reçu de lui les alfurances qu'il Ame/-Cha. demandoit , qu'il fit partir pour le camp des Maures MM. du Bauffet & de Larche. l.e premier étoit connu particulièrement de Nazerfingue , qu'il avoit vu & entretenu plufieurs fois à Trichenapaiy, lorf-qu'en 1743 , il avoit été député vers Nizam - Moulouk -, l'autre polTédoit parfaitement la langue Perfane. Ces deux Députés chargés des ordres du Gouverneur , & efcortés par cinquante Cipayes qu'il leur donna 3 arrivèrent au camp des Maures le 18 Avril; & y furent reçus avec tous les honneurs & toute la diflinétion qu'ife pouvoient fouhaiter. On leur afli-gna un logement proche de la tente de Nazerfingue & de celle de Chanavaskan fon premier Minif-tre : le foir - même de leur arrivée ils furent conduits à l'audience de ce Divan, qui d'auffi loin qu'il Jes des Indes Orientales. 5 7 uppercut, fe leva, & s'avança pour -■D—- fes recevoir ; enfin des le fende- Airxt-çjla. main ils eurent audience de Nazerfingue lui - même , qui leur fit l'accueil le plus favorable, les affiliant de la joie qu'il avoit de les voir, des difpofitions finceres où il étoit, difoit - il, pour la paix, & de i'eftime particulière qu'il faifoit de la Nation. Malgré ces belles apparences j cette Négociation ne réuffit pas mieux que celles qui avoient précédé. Elle roula principalement fur deux chefs,' la liberté de Muzafer-fingue, & la jouiffance pour lui de toutes fes terres, avec le Gouvernement du Carnate. Les Députés étoient chargés par leurs inflruc-tions d'infiuer fortement fur ces deux articles ; & parce qu'à l'égard de la Nababie du Carnate , Nazes-fmgue pouvoit faire difficulté de faccorder à fon neveu , dans la C v 58 Révolution • crainte qu'elle ne le rendît trop iinet-Cna. P»ifl"ant » *k avoient ordre en ce cas de propofer comme d'eux-mêmes de donner ce Gouvernement à Chandafaheb , à la charge d'en faire hommage à Nazerfingue , & de relever directement de lui. M, Dupleix alloit même encore plus loin dans fes inftruétions à ces Députés. Suppofé que l'on s'obflinât à leur refufer abfolument la liberté du Souba , il leur ordonnoit (a) de déclarer encore comme d'eux-mêmes, que fi Nazerfingue vou-loit promettre par écrit de ne point attenter à la vie de fon neveu , ils crovoient que le Gouverneur de' • Pondichery pourroit confentirà ne plus infifler fur cet article, taillant à la clémence & à la générofité de ce Seigneur J d'en 11 fer à cet égard comme il le jugeroit à propos, à (a) Lettre de M. Dupleix du zz Avril à MM» «lu fiauu'ec & de Larche» des bides Orientales. 59 condition néanmoins que pour " confoler cette famille défolée, il Amet-cLa accorderoit à Mahamet-Sadoudin-kan, fils de fon neveu , la jouifTance de toutes les terres que fon pere pof-fédoit avant la guerre , jufqu'à ce qu'il fui plût d'y rétablir Muzafer-fmgue lui - même, donnant ainfi à fes petits - neveux & à fa fœur une affurance que fa vengeance ne s'é-tendroit point jufqu'àeux, 8c mê-; me un jufte fujet d'efpérer de fe revoir un jour entre les bras de leur fils , de leur mari & de leur pere. Ces ménagemens par où M. Dupleix fembloit fe relâcher du point capital de la négociation, qui étoit la liberté du Souba , lui avoient paru d'aïuant plus néceffaires, qu'il ne fe croyoit pas alors en état de forcer Nazerfingue à l'accorder, & qu'il étoit prefque convaincu qu'il ne l'accorderoit qu'à la force. Eu Cvj croiroient être à leur bienféance. "J Ces négociations tirent le fujet Amclci^ de plufieurs alfemblées , tant publiques que particulières, pendant lefquelles il ne fut pas poiïible aux Députés de s'aboucher t comme on le leur avoit recommandé , avec aucun de ces Seigneurs qui favoiï-foient le parti de Muzaferfingue. Pour ne pas fe rendre fufpeéïs , ceux-ci affectèrent même dans un grand Confeil qui fe tint à ce fujet, d'être d'un fentiment oppofé à ce jeune Prince. Ils fçavoient qu'ils étoient écoutés , & que Nazerfingue étoit caché derrière la toile, qui féparoit la tente où fe tenoit la conférence. Enfin après huit jours de négociation , MM. du Baulfet & de Lar-che ne fe voyant pas plus avancés que le premier , prirent le parti de fe retirer, conformément aux ordres qu'ils recevoient de Pondj- 66 Révolution 1 chery En prenant congé de Chana, Amet-Cha. vaskan , ils crurent devorr faire fen-tir à ce Miniflre fa peine que leur caufoit une démarche aufïi infruc-tueufe , qui alfoit mettre les François dans la triiîe néceflité de con-tinuer les troubles, non - feulement dans cette Province, mars même dans plufieurs autres , qui abandonnées de leurs défenfeurs, étoient à fa merci de quiconque oferoitfes envahir. Ils lui déclarèrent,que par le peu de difpofition qu'on leur avoit fait paroître pour la paix , on obligeoit la Nation de garder à Pondichery une famille refpeéta-j ble , qui tant qu'elle ne feroit pas rétablie, feroit dans cette partie de PInde une fource éternelle de divi-lion & de difeorde ; que de cette famille étoient fortis deux enfans mâles auxquels le Roi leur Maître avoit accordé fa protection, & dont Sa Majeflé ne manqueroit certai- des Indes Orientales. 67 nement point de prendre la défenfe j-T™• ce qui pouvoit occafionner un jour Amct-aU* les révolutions les plus funeftes, non-feulement dans ce pays, mais peut-être même dans tout l'Empire. Ils finirent, en priant le Ciel de détourner de delTus ces Provinces les malheurs qu'ils prévoyoient , proteftant qu'après les avances & les offres qu'ils avoient faites 3 les fuites du refus qu'on faifoit de les écouter , ne pourroient plus leur être imputées. On remarquera que pendant tout ïe tems de cette négociation , les Anglois qui étoient au camp de Nazerfingue, affectèrent de ne pa-roître nulle part où (e trouvoient les Députés François. Ils n'y a u-roient pas tenu la première place; le refus qu'on faifoit de leur donner audience depuis trois femaines qu'ils étoient arrivés, marquoit af-fez le peu de cas que les Maures 68 Révolution fa faifoient d'eux, & du fecburs q'u'iîà Amet-Cha. *eur avoie'nt amené. Us parurent enfin fenfibîes à Ce inépris 5 & peu de jours après le départ de MMé du Bauffet & de Larche, piques de ce qu'ils avoient été fitôt préfentés à l'audience , ils demandèrent à y être admis à leur tour fur le même pied que les François , c'efl-à* dire chauffés, menaçant en cas de refus de fe retirer fur le champ. Mais on leur répondit que Nazerfingue étoit Je maître de fes volontés & de fes grâces j que fi cela leur convenoit, il les admettroït à fon audience, mais fans chauffure ; 8c que s'ils n'étoient pas contens, lis pouvoient prendre leur parti. Qnelqu'humi* liante que fût cette réponfe , les Députés Anglois aimèrent encore mieux s'y conformer, que de fouf* frir qu'il fût dit qu'ils s'en fuflent retournés fans audience. Ils parurent fans fouliers devant Nazerfin- des Indes Orientales. 69 . gne qui les reçut fort froidement, * & qui prit leur préfent avec beau- a\tL:5-ci«. coup d'indifférence , fans marquer aucune curioiité de le voir, quoi-qu'entr'autres effets précieux dont il étoit compofé , on vantât fort une certaine tente, que l'Amiral Bofca-yven avoit, dit - on, apportée d'Europe pour lui être offerte. Le Gouverneur de Pondichery camifaoe voyant le peu de fruit de cette der- jj»Br£ niere négociation, perfuadé que la les François, terreur des armes Françoifes étoit fçule capable de déterminer Nazerfingue , envoya ordre aux trou-, p.es de s'avancer jufqu'à Oulgarc. Çeimouvement occafionna de non-, villes proppfitions & de nouvelles conférences au[Tî inutiles que les précédentes. Enfin ennuyé de ces longueurs & d'une inaétion qui du-roit depuis trois femaines, la nuit cju 27 au ;8 Avril M. d'Auteuil «lé.tacha M. de la Touche avec trois *jo "Révolution — cens hommes, qui une demi-heure °" avant le jour donnant au travers du camp de Nazerfingue, y firent le plus terrible ravage , maflacrant ou mettant en fuite tout ce qui fe pré-fentoit devant eux , & pénétrant plus d'un quart de lieue dans cette grande armée , où tout fut mis en confufion & en défordre. Si M. d'Auteuil avoit pris le parti de fur, vre, Se de féconder cette opération avec le refte de fes troupes, on croit que dans le trouble que caufacette attaque imprévue, l'ar». mée ennemie auroit pû être mife entièrement en déroute. L'incertitude du fuccès le retint dans fes retranchemens , Se l'empêcha de remporter tout l'avantage qu'il eût pû tirer de cet événement. Le jour parut 5 Se M. de la Touche craignant fagement que revenus de leur première frayeur , les Maures ne reconnuffent la foibleffe de fon des Indes Orientales. détachement, fit fa retraite en bon ordre j & regagna le camp en triom- Àmet-ch* plie, charge des dépouilles de l'ennemi. Depuis cette allarme , la frayeur Retraite de dont Nazerfingue avoit été fàifràfgg^ cette occafion , ne l'abandonna plus d'un feul inûant ; à tout moment il croyoit avoir les François fur les bras. Enfin le 30 au matin il prit le parti de fe retirer. Le prétexte dont il fe fervit pour colorer fa fuite , étoit la perte confidé-rable qu'il avoit faite, d'hommes, d'éléphans , de chevaux , de cha-maux 8c de beftiaux j 8c il efl vrai de dire que s'il étoit demeuré encore quinze jours dans le même camp, fon armée s'y feroit enfin détruite d'elle - même & réduite à rien. Il prétexta auiïi des nouvelles qu'il avoit, difoit - il, reçues du Nord, & qui le prelîoient de s'y rendre. Mais il eit certain que la terreur & fl Révolution -- — l'épouvante avoient la meilleure ^nc^c°ha.Part ^ant *a réfolution qu'il avoit prife. Avant de décamper, il fit dire aux Anglois par un fimple Choup-dar, qu'ils étoient libres de retourner chez eux dès qu'il leur plairoit. Il partit enfuitc , prenant le chemin de Gingy, toujours dévoré par la peur, Se ne s'y croyant pas encore en fureté à caufe de la proximité, il continua fa route jufqu'à Arcatte. Il y arriva, traînant après lui les débris de fon armée à moitié ruinée, Se réduite à douze mille Cavaliers, qui déteflant la guerre 8c redoutant jufqu'au nom des François , ne refpiroient tous que la, paix ou fa mort. Après fa retraite, le Gouverneur de Pondichery fit prendre de nouveau polTefiioji des. aidées de Villenour Se de Bahour:. En même-tems il donna ordre aux* troupes de rentrer dans les limites âi ne lailfant à Viilenour que deux- des Indes Orientales: 73 ■cens Blancs avec les Cipayes , tant -pour la coufervation de ces aidées Amet-cû. prefque ruinées , que pour faire voir à Fennemi que fi foccafion s'en préfentoit, on étoit prêt à le recevoir. Il ne paroiffoit pas être fort oc- LCscomp* cupé de nouvelles ^it^if^ic^'t^ll^^% que vers la mi-Mai on apprit que d'Yanaon ? < rr 1 pilles par les Nazerfingue avoit ordonné au Fauf Maures. o fedar, ou Gouverneur de Mafuli-patan , de faire arrêter les Employés que la Compagnie avoit dans cette Ville , & que le même ordre avoit été envoyé au Nabab de Ragimendy pour le Comptoir d'Yanaon. Cet ordre fut auiïkôt exécuté à Mafulipatan , fans que les Maures y trouvaient nulle ré-fiflance. Ils y arrêtèrent & mirent en prifon les Sieurs Coquet Chef de ce Comptoir, la Selle Employé, le Courtier, les marchands & les .principaux ferviteursde laCompa-Tome IL D Révolution <*—- gnie ; après quoi ils s'empârerenï . J^ttçiu. de ia Loge, où ils mirent le feelié par - tout en préfence du Courtier, afin que rien n'en fût détourné, fui-rvant l'ordre qu'ils en avoient reçu de Nazerfingue. A l'égard d'Yanaon , la cîiofe ji'étoit pas fi facile. Le Sr le Noir, Chef de ce Comptoir, avoit avec lui une petite garnifon , de l'artillerie, des munitions , & deux mille coups de canon à tirer ; Se s'il avoit eu la moindre réfolution, s'il eût voulu fe rendre à l'avis du petit nombre d'Officiers François qui .étoient auprès de lui, non - feulement il auroit pû tenir, mais mê-jne donner afTez d'affaires aux Maures pour les obliger peut - être d'abandonner leur entreprife. Mais au ieul bruit de la marche du Nabab de Ragimendy, la frayeur le faille au point que fans tirer un feul coup jdç canon , Se fans vouloir rier* des Indes Orientales^ écouter, il prit le parti de fe retirer ■■ au bas de la rivière avec fa famille Àmct-âw. & fes meilleurs effets , abandonnant la Loge , le canon, les muni-nitions & tout ce qu'il ne put emporter. Au bruit de cette lâche défcr-tion, le Gouverneur de Pondichery fit embarquer fur le champ pour ce Comptoir trente Blancs & vingt Topas ( a ) avec un Officier, du canon 8c des munitions de toute efpece. L'arrivée de ce petit renfort redonna cœur au Sr le Noir ; il rentra triomphant dans la Loge , où les Maures n'avoient fait aucun dégât, 8c d'où ils furent auffi - tôt chalfés. Déjà avec le fecours des équipages de deux vahleaux François qui avoient abordé à cette rade , on commencent à la fortifier, (a) J'ai oubHé d'avertir, que les Topas font de-» Soldats Mcftices du pays. On les appelle Topas , c'eft-a-dire Hommes à chapeau, parce qu'il» fç-nf habille* a rturopéenrie. Dij l'*}6 Révolution mm quand fur la nouvelle du retour Je I 7 J O, . /.:rcx-cha. l'ennemi, la peur s'empara de nouveau du Sr le Noir,- qui fans vouloir effuyer un feul coup de fufil, prit encore une fois la réfolution de fe retirer au bas de la rivière, d'où •peu de tems après il palfa à Bengale avec tout fon monde Se tous fes effets. Ce qu'il y eut de plus fâcheux dans cette retraite , efl que par un trait de bravoure fort déplacé , en defeendant la rivière, te •Sr le Noir fit mettre le feu à un gros village voilin, Se à quelques em-•barcations qui y étoient échouées, La repréfaille ne tarda pas à fuivre • la Loge abandonnée fut auffi - tôt reprife Se réduite en cendres par les ■ Maures, qui achevèrent de détruire ce que les flammes n'avoient pû confumer. les t'ran- Le Gouverneur de Pondichery ienc poffer- penfoit à tirer raifon de l'entrepri-^^^•'■v'fe des èhnéniïs fur ces deux Çoum- des Indes Orientales. % *f toirs j Se parce que la prifon du Sr 1 "* Coquet & la fuite du Sr le Noir J&SS&h avoient fait du bruit dans la Province y il crut devoir s'en venger avec éclat. Dans cette vue on faifoit par fon ordre la plus grande diligence à Pondichery pour décharger les vaiifeaux le Fleuri & le d'Argenfon, fous prétexte de vouloir les envoyer à Bengale a lorfque tout étant prêt Se les munitions en> barquées , le Gouverneur alfembla le Cônfeil fecret, auquel il lit part de fon dellein ; c'étoit de fe rendre maître de Mafulipatan , Se de s'apurer la polfeflion de cette Ville conformément à la conceffion que Muzaferfingue en avoit faite à la Compagnie. Ce projet ayant été généralement approuvé , on nomma M. Guilard pour l'exécuter , Se on lui donna pour le féconder deux cens Blancs, vingt Topas Se deux cens Cipayes commandés par M. de la ^78 Révolution ■ Toirr. Cette petite troupe mit àïa-itoet-Cba. voile la nuit du p au 10 de Juillet j & le i 3 du même mois ayant débarqué à Mafulipatan , elle fe rendit mai trèfle de cette Ville fans y trouver aucune oppofition, & fans y caufer le moindre défordre, ce qui furprit d'autant plus les Maures , qu'ils ignorent abfoiument cette manière noble Se généreufe ^e faire la guerre. Auffi-tôt après M. Guilard prit poffeffion de la place au nom du Roi Se de la Compagnie. A l'arrivée des troupes Françor-fes t les Maures s'étoient retirés dans un Fort fi tué environ à trois quarts de lieue de la Ville. L'épouvante étoit fi grande parmi eux} qu'ils mirent aulTi - tôt en liberté le Sr Coquet, Se tous ceux qui avoient été faits prifonniers avec lui 3 mais revenus depuis de leur première tes Indes Orientales: *fff frayeur , ils parurent vouloir in- •- qtiiéter les François, faifant fur eux Àmet-ch^. des forties fréquentes, & leur coupant les vivres, & l'eau qu'ils étoient obligés de faire venir de dehors. Ces hoflilités firent prendre la réfolu-lion de les c'halîer de ce polte , qui leur fervoit d'afde. En conféquence M. de la Tour marcha contre le Fort • qu'il attaqua ; & l'ayant emporté d'à (Tau t , il le fit rafer. En même - tems la garnifon Franeoife fut renforcée de cent Blancs & de , Cent cinquante Cipayes., qu'on lui envoya de Pondichery. Au moyen de ces précautions , & des foins que M. Gnilard fe donna pour mettre la place hors d'infulte, elle fut en peu de jours en état de défenfe ; elle peut aujourd'hui réfifler, non-feulement à toutes les forces de l'Inde, mais même à celles des Européens , d'autant plus que fa fitua^ Diy So Révolution 1 tîon avantaceufe au milieu des ma-* Amct-cha. l'ais en rend les approches prefque impraticables, Mametalî- Tandis que ces chofes fe pafToient kaiifemeten r r , T x-i-r -^a Campagne.n du cote du Nord , retire a Arcatte. it £& nové dans Ies Plaifirs * Nazerfingue fembloit ne penfer à rien moins qu'à continuer la guerre , ou à mettre fin aux troubles dont fon Etat étoit agité , fes débauches ne faifoient que redoubler. Cependant les amis que le Gouverneur de Pondichery entretenoit auprès de lui, ne ceiToient de l'exhorter à faire marcher des troupes de ce côté - là, lui faifant entendre que c'étoit le feul moyen de tirer ce Prince de fon alFoupiifement. Pref. fé & follicité de leur part, M. Dupleix fit prendre pofleffion de quelques terres fi tuées dans le vo ili nage j entr'autres d'une Pagode fortifiée appelïée Tiravady, où il envoya une petite garnifon de vingt des Indes Orientales. 81 Blancs , d'autant de Topas & de —— cinquante Cipayes. Ce mouve- Arae&efc», ment fembla réveiller Nazerlin-gue ; les pourparlers & les proportions recommencèrent de fa part: H étoit, difoit - il , prêt à finir, lorfque les Anglois oubliant le peu de cas qu'il avoit paru faire du premier fecours qu'ils lui avoient donné, le firent changer de réfolu-tion: ils agirent fi fortement auprès de lui, qu'ils l'engagèrent enfin it faire partir Mametalikan à la tête de quelque Cavalerie , avec ordre de chafler les François de cette Pagode fortifiée , pour le fiege de laquelle ils dévoient fournir des troupes , du canon, & toutes les munitions néceffaires^ Informe de la marche de l'ennemi , le Gouverneur de Pondichery augmente îe nombre des Blancs qu'il avoit lailîés à Villenour jufqu'à cinq cens, & en donne le commandement à 81 Révolution *' ' M. de la Touche, avec ordre de ^t-Cha. couvrir Tiravady & Villeparon , autre pofte fortifié , où l'on avoit mis auffi une petite garnifon Fran-çoife. Les Anglois fe mettent en campagne avec leur détachement & quelques pièces d'artillerie y 8c tirant droit à i'Oueft de Goude-lour , ifs font leur jonction avec l'armée Maure. Auffi-tôt M. Dupleix en donne avis à M. de la Touche , qui régie fes mouvemens fur ceux des ennemis. Leurdefïein paroiiTant être fur Tiravady , les François s'en approchent ; mais au moment qu'on y penfoit le moins , les Anglois fe retirent brufquement 8c avec précipitation J 8c rentrent chez eux. Surpris 6* conlierné de -cette réfolution imprévue, Mamet-ajikan ne les abandonne point; if fuit avec fon armée t 8c va camper au pied de leurs limites. Un vaiiléau d'Europe nouvelle- des Indes Orientales. 8 3 tnent arrivé à Goudelour avoit eau- • fé cette retraite fi fubite & fi étran- AmeV-cha,. ge. II portoit la révocation du Gouverneur Anglois & de tout fon Confeil, 8c fon fucceflfeur par intérim n'étok pas plutôt entré en charge, qu'au ffi-tôt il avoit envoyé ordre aux troupes Angloifes de revenir. On en ignoroit alors la véritable raifon ; elle ne tarda pas à fe découvrir. Défefperé de fe voie abandonné de fes Alliés, Mameta-Iikanmit tout en oeuvre pour faire changer de fentimens au nouveau' Gouverneur prières , promelîes tout fut employé pour le fléchir : il y réuffit enfin ; les Anglois fortirent de nouveau de Goudelour avec deux pièces de canon de 24 livres-de balle , fix-de 6 livres , & quelques mortiers de plus qu'ils n'a«-voient la première fois. La jonclton étant-faite, toute cette armée fe mit-en marche;. 0 vy S 4 * Jfo olution 1 M. de la Touche qui épioit fes Xmet-Cha. mouvemens, bien réfolu de décon-Combat des certer fes projets, fe prépara à faire !• loi!." & ^ace Par "tom* Comme elle paraif-foit en vouloir tout de bon à Tiravady, il s'en approcha environ à deux lieues ,• enfuite s'étant apper-çu que les Maures avoient porté une de leurs gardes fort proche des fiennes, & cette garde ne lui ayant pas paru de grande importance, il la fit attaquer par vingt Cadres fou-tenus de cent cinquante Cipayes* Peu s'en fallut que cette démarche n'engageât une action générale, pat ïa réfiftance que fit la garde ennemie , qui fe trouva beaucoup plus forte que l'on n'avoiterù. Toute l'armée Maure s'étant avancée pour la foutenir , les François firent la même manœuvre -? Si il y eut entr'eux wne efearmouche des plus chaudes c qui dura allez long - tems, avec un feu très - vif des deux c n'y eurent que quatre Blancs de tués , avec quelques Caffres & vingt - trois Cipayes- Les ennemis y firent au contraire une perte con-fidérable j les Cipayes Anglois fur-tout y furent fort mahiaités par ceux des François , qui commandés par leur brave Général Cher Jtafïem , firent des merveilles à-cet-«te journée. Elle auroit pû être dé- S<£ RJvolutiort ci(ive fans la préfence des Anglois^ °^ qui fervirent eux-mêmes le canon-, retinrent les Maures, 6c les empêchèrent de fe mettre en déroute. Ils décampèrent pendant la nuit j & après plufieurs marches Se contremarches , ils allèrent s'établir environ à une lieue & demie de; Tannée Françoife , qui de fon côté fe rapprocha de Tiravady, Se campa fous fon canom Quinze jours fe palferent de part & d'autre dans une efpece d'inaction ; Se pendant ce tems - là , à la réferve de quelques aliènes de nuit que les François donnèrent aux Maures , Se dont quelques - unes rendirent, il n'étoit arrivé rien de confidérable , Iorfqu'im matin on vit décamper l'ennemi, qui après avoir prisd'aburd au N-ord , fe replia tout d'un coup à i'Elt, Se alla fe porter entre l'armée Françoife &, Pondichery-, s'éiendant cependant:-; des Indes Orientales. S 7 Beaucoup plus du côté de Goude-Jour. Cette pofition devenoit d'au» A-met-oûi tant plus gênante pour les François-, qu'ils tiroient leurs vivres de Pondichery : c'eft pourquoi M. Dupleix donna ordra à M. d'Auteuil de fortir à la tête de deux cens Blancs , auxquels il joignit quelques CarTres & quelques Cipayes, pour efcorter les convois , ôc donner de l'inquiétude aux ennemis. La dilïenfion régnoit alors dans Dîvïfionen- T ' »a i-i tre les Mnu» leur armée. Mametalikan prcten- res&lcs a». doit que les Anglois fe moquoient ëlols' de lui y qu'après avoir reçu fon argent ^ clans toutes les occafions qui jufques-là s'étoient présentées ,-ils n'avoient rien moins fait que le féconder comme il s'y étoit attendu, 8c comme ils le lui avoient fak efpérer; & il donnoit à entendre alfez clairement , qu'ayant été leur -dupe jusqu'alors., il étoit bien té* foin de ne plus l'être. Ceux - ci Ce 88 Révolution ' plaignoient à leur tour de ce qu'on 1750., . 1 ,Ainet-cha.^e »eur tenoit pas la parole qu'on leur avoit donnée , 6c de ce qu'on ne leur envoyoit point les Parava-nas qui leur avoient été promis pour les terres qu'on leur avoit cédées, menaçant hautement de le retirer J fi les Paravanas ne venoient pas in, ceflamment, & fi l'on retardoit le payement des trois mille Roupies qu'on s'étoit obligé de leur donner par jour pour l'entretien de leurs troupes. Ces plaintes réciproques a-voientoccafionné des difpuies très-vives , qui fembloient menacer d'une rupture prochaine. On s'é-chaurToit de part & d'autre ; & l'on s'attendoit à quelque coup d'éclat de leur part , quand en efïet'quel-ques jours après on les vit décamper brufquement, & regagner encore une fois leurs limites, abandonnant les Maures Se MametaiL kan leur Chef à-leur bonne fo:tuner des Indes Orientales. $p Inilruit de leur retraite, le Gou- 1 Verneur de Pondichery envoya or- AmUâ'a. dre fur le champ à M. d'Auteuil de Combat de . . 1 Tiravady. joindre de nuit l'armée de M. de la Défaite f i o i i v i. • Mameult; 1 ouche , & de marcher à Pennemi. kan, La jonction fe fit le 31 d'Août à onze heures du foir ; & le lendemain premier Septembre toutes les dif-pofitions étant faites pour une attaque générale , les troupes quittèrent leur camp à deux heures après midi , & marchèrent fur trois colonnes , précédées des Grenadiers commandés par MM. de Puymoriu & Dugrez , Se des Dragons qui avoient à leur tête MM. Garanger & du Rouvray. M. de la Touche conduifoit la droite , & M. de BuiTy la gauche ; M. d'Auteuil étoit au centre. Après une heure Se demie de marche on découvrit l'armée des Maures , eompofée d'environ quinze mille Cavaliers, Se de quatre à cinq mille hommes dTn- po Révolution fanterre. Leur camp s'étendoit le *ifet-Cha. long de la rivière de Poniar, qu'ils avoient à dos, leur droite & leur gauche étant appuyées à deux petits villages brûlés. Il étoit défendu par intervalles de plufieurs bons re-tranchemens, que l'Infanterie oc-cupoit j la Cavalerie étoit à cheval par gros Corps en féconde ligne. Les tentes étoient encore prefque toutes debout ; & trois grands Pavillons flottoient au milieu du camp. A la vue de l'ennemi, M. d'Auteuil fit faire halte , & rangea l'armée en bataille. Les troupes Fran- . çoifes occupoient le centre : à la droite étoient les Cipayes de Mu-zaferkan , & ceux de Chekaffem à la" gauche ; la Cavalerie noire vol. tigeoit fur les ailes. L'artillerie fut diflribuée' fur tout le front de Par-mée ; & les chariots de munition furent rangés en ligne derrière le* des Indes Orientales.* pj troupes. Le terrein permettant de 1 marcher en cet ordre , on alla j^-S* droit à l'ennemi. A la portée du canon , l'armée fit halte; & M. d'Auteuil ayant donné le lignai à l'artillerie , elle fut fervie avec tant de vivacité, que de cette première falve on vit les Maures prefque fur le point d'abandonner leurs retran-chemens. Alors fe tournant du côté des Soldats , Enfans, leur dit M. d'Auteuil , qui m'aime me fuive. A cette courte exhortation à laquelle toute cette petite armée répondit par un grand cri , les troupes s'é* branlèrent de nouveau , contenues par la vigilance & la fermeté de ïeurs Officiers , qui avoient l'œil par-tout. Elles s'avançoient en bon ordre , lorfque M. d'Auteuil ayant apperçu dans le camp ennemi quelques mouvemens qui lui parurent marquer de la confufion, fit faire àaite une féconde fois j Se donna. 91 Révolution. T~' le fmnal à l'artillerie , qui fit une -A^et-cin. nouvelle décharge auffi vive que la première. Tout fembloit répondre d'un heureux fucces. II y avoit déjà quelque tems que les François et* fuyoient les falves du canon des Maures qui étoit nombreux, & répandu fur tout le front de l'attaque, fans qu'ils eulfent encore perdu un feiil homme , quand une fouguette partie de la droite de l'ennemi donnant dans deux de leurs chariots de munition, les fit fautera vingt pas derrière eux. Le hafard voulut qu'aucun Blanc n'en fûtblef-fé j & cet accident, bien loin de rallentrr l'ardeur des troupes, ne fervit au contraire qu'à les animer. En même - tems les fréquentes décharges de la moufqueterie ennemie , dont les balles arrivoient jufqu'à M. d'Auteuil, lui annoncèrent qu'il étoit tems de marcher er* des Indes Orientales. 9 5 avant : il donna l'ordre de l'attaque; 1 * cv elle fut autfitôt exécutée par tenu Am^Ch»* te l'armée avec une bravoure & une intrépidité admirable. 11 fe trouva quelque difficulté à la gauche où M. de Bufly commandoit, à caufe d'un ruiffeau que les ennemis avoient coupé, Se qui avoit inondé le terrein 3 mais ce léger obfta-cle ne fut pas capable d'arrêter les troupes ; elies le franchirent presque fans s'en appercevoir , Se fe trouvèrent dans le camp en méme-tems que le centre & la droite. Alors la confnlîon devint générale parmi les Maures , tandis que fidèle à fuivre les ordres de les Officiers, le Soldat François négligeoit le foin du pillage pour ne fonger qu'à pourfuivre fa victoire, Tout tomboit fous l'épée du vainqueur, ou prenoit lâchement la fuite. On "yoyoit les bataillons & les efca* ' cirons ennemis, après avoir palfé 5>4 Révolution ** fous prefque tout le feu de îa monf, ^et-cha. queterie Françojfe , aller fe préci-* piter en défordre dans la rivière voifine, & trouver dans les eaux la mort qu'ils vouloient éviter. H efl impoffible de marquer précifé-ment le nombre des morts & des bleiïés du côté des Maures; mais i{ efl certain que leur perte ne put être que fort confidéiable : on en fit un trèi-grandcarnage;& plufieurs jours encore après la bataille la rivière ne rouloit que des corps d'hommes , de femmes, de chevaux & d'autres animaux .noyés. A l'égard des François , un fuccès fi marqué ne leur coûta que quatre Blancs bleiïés par le feu de l'ennemi, Se dix - huit Noirs brûlés par Pacci-dent des deux chaiiots qui fautèrent. Le butin qiriis firent fut im-menfe ; ils trouve' ent dans le camp des Maures une quantité prodi* gieufe de vivres & d'elfets de toute. des Indes Orientales. 9^ cfpece; du ris, du bled , & autres T 1 T-l I7ÏO grains, des chevaux, des chameaux, Amct-chw des balles & des boulets fans nombre , avec beaucoup d'autres munitions de guerre, trente pièces de canon de différent calibre, Se deux mortiers aux armes d'Angleterre. Jamais victoire ne fut plus com-plette , Se ne marqua mieux la terreur que les Maures avoient conçue des armes Françoifes. AulFitôt qu'on en eut reçu la nouvelle à Pondichery , le Gou- . A'erneur jugea qu'il étoit à propos d'en profiter J Se de ne pas donner à l'ennemi îe tems de fe reeonnoî-tre. En conféquence il envoya ordre à M. d'Auteuil de faire fous la conduite de M. de Bufly un détachement de deux cens Blancs, fou-tenus de quelques Caffres Se de quelques Topas avec la moitié des Cipayes, pour marcher du côté de Gingy, & ferrer les Maures de plus 5>5 Révolution - près. L'ordre fut exécute fur îg • û£net-cia. champ;& M. de Buiïy fe mit en marche à la tête de fon camp-volant, ne faifant que de très - petites journées , afin qu'il fin toujours à portée d'être joint par le relie de l'armée qui fuivoit, & qui partit quelques jours après. Sur fa route il reçut difTérens avis "des débris de l'armée des Maures ; les plus vrai-femblables étoient que Mametaii-kan fongeoit à fe jetter dans Gingy, qu'il prévoyoit devoir être attaqué par les Françoi?. Enfin le neuvième jour de fa marche il arriva avec fa petite armée à Moustakom-gory , d'où l'on découvre Gingy qui n'en efl éloigné que d'une lieue. h». . ■ Gingy dont il a été beaucouo Description C5-' r 4eGingy. parlé dans nos Gazettes, efl une Ville du Carnate d'environ trois lieues de tour J bâtie dans les mon--tagnes à quatorze lieues à POueft des Indes Orientales: $f <8e Pondichery , & palTe pour une ' ' des plus fortes places de l'Inde. Elle Ainet Ch» efl fermée d'un beau mur, & défendue par une Citadelle qui entre les mains des Européens pourroit réfifler à toutes les forces de l'Afie. Cette forterefle principale qui renferme elle-même une allez belle Ville, ell entourée d'un large fof-fé très - bien revêtu ; & par le moyen de plufieurs courtines pratiquées dans les rochers , elle communique à fept autres Forts conf-truits fur le haut d'autant de montagnes d'un accès très - difficile. Ces fortifications étoient garnies au tems dont je parle d'une artillerie très - nombreufe , confiliant en plufieurs canons de fer Si de bronze de dilférent calibre depuis 4 livres de balle jufqu'à 3 6. Se elles étoient fournies de toutes les munitions néceffaires pour une longue Se vigoureufe réfiliance. Tome IL E d'autres leur donnoient la chalfe , Se ren-doient les chemins plus libres pendant quelques jours. Avec bien des des Indes Orientales. ny foins à peine fut - il pomme d'en- -1 tretenir parmi les troupes une cer- Amet-Cba* taine abondance 3 capable de les dédommager du moins en partie des fatigues qu'elles avoient à effrayer. Celles de Nazerfingue parta^ Ce prfnc* „ « °, . fe met es geoient avec elles les mêmes in- campagne, commodités. Guidé par fon deflin qui l'entra'inoit à fa perte, ce Prince étoit enfin forti d'Arcatte ; 8c s'avançant lentement à caufe de la difficulté des chemins 3 après des peines infinies il étoit parvenu à aller camper à quatre lieues des troupes Françoifes. Une rivière qu'on ne pouvoit paffer à gué , fé-paroit les deux armées. Le même inconvénient des pluies qui rete-noit l'une , ernpéchoit l'autre d'aller eu avant i 8c dans cette pofition gênante celle des Maures avoit d'autant plus à fouffrir 9 qu'étant plus nombreufe, il étoit auffi plus ï i 8 Révolution ' » difficile de fournir à fa fubfiftance. jwcin. La mifere y étoir extrême ; Ies hommes 6c les animaux' y mou-roient par milliers : ce n'étoit qu'un Cri général dans ce camp contre le Prince , qui pour fatisfaire fa vengeance & fon ambition, expofoic aînfi tant de braves gens à périr. Tout le monde vouloit i'abandon-ner ; & peut r être fe feroit-il enfin déterminé à fe retirer, fi les débor-démens le lui euffent permis. Mais ifolé entre deux rivières extrêmement enflées par les pluies, il n'a, voit d'autre parti à prendre que de voir fon armée fe détruire d'elle-même par la famine, ou fe noyer au palTage. Peut - être auffi fut - il retenu par la honte de voir une poignée de François lui faire la loi dans fon propre pays. Enflé de quelques légers avantages que cjuel-ques-uns de fes partis avoient remportés fur eux , il s'imagina que des Indes Orientales. ï r p puîfqu'il étoit polTible de les enta- -~ mer , ils n'étoient pas indompta- A nies j ne pouvant efpérer de les vaincre en corps, il ofa fe flatter de les détruire en détail & par parties. Telle étoit la lîtuation des deux armées depuis environ le commencement d'Octobre. Retenues l'une 8c l'autre dans une inaction forcée par la rigueur de la faifon, elles de-meuroïent triflement occupées à fe confumcr lentement. Ces retarde-mens caufoient des inquiétudes mortelles au Gouverneur de Pondichery. Il appréhendoit avec rai-fon , qu'à force de délais l'intrigue qui jufques - là avoit été tenue fi fecrete , ne vînt enfin à fe découvrir, 8c que la vie de Muzaferfingue ne fut le prix d'une entreprife formée pour le couronner. La moitié peut - être de l'armée ennemie étoit complice du complot : un fe- I20 Révolution F cret de cette nature pouvoit - il Je; JUe?-cha.meurer toujours caché ? devoit-on fe flatter que dans un fi grand nombre de perfonnes dont les intérêts étoient ii divers, il ne fe trouvât pas quelque traître ou quelque lâche ? Le Ciel qui fembloît avoir décidé la ruine de Nazerfingue, ne permit pas que ce Prince eût le moindre ioupçon de ce qui fe tramoit contre lui j & le retour de la belle faifon diffipa les jultes craintes qu'on pouvoit avoir qu'il n'en fût inftruit.. Vers les premiers jours de Déct mbre les pluies cédèrent, Ies chemins commencèrent à devenir praticables ; 6c l'on ne penfa plUs dans le camp François qu'à marcher à l'ennemi, afin de ne pas lui donner le tems de fe remettre & de grofTir fon armée davantage. $ui, vant les avis qu'on en recevoit, elle étoit alors compofée de 40 mii[e hc-muies des Indes Orientales. m nommes de pied , de 4e mille — chevaux, 700 éléphans , 360 pie-ces de canon de différent calibre, & d'un grand nombre de fouguet-tes. A l'égard de l'armée Françoise , on y comptoir. 8co Européens, JJoo FantaflTms Cipayes , $00 chevaux & vingt pièces de canon de campagne , dont dix à la Sué-doife. Ce fut avec des forces fi inégales , qu'on réfolut d'aflronter l'armée formidable des ennemis. Mais l'ardeur des troupes foutenue de la réputation du nom François dans l'Inde, fuppléoit au nombre 5 & une efpece de preflentiment qu'elles avoient des intelligences que M. Dupleix entretenoit dans le camp des Maures, les mettoit en état de tout ofer. Une violente attaque de goutte ayant obligé M. d'Auteuil de quitter l'armée , M. de la Touche auquel il eu avoit remis le Commandement, devenu partici-Jom II g Ï2î Révolution —*11 " 1 cipant du fecret, fe difpofa à exe- fcmet-Cbfe ciuer ^es ordres qu'il recevoit de Pondichery., d'en venir à une ac-i tion déciilve. Elle fut fixée au i j du mois, jour auquel la Lune devoir éclairer un combat des plus vifs & uye viéioire des plus com-plettes : car on choifit la nuit pour attaquer le camp ennemi, ce tems étant ordinairement favorable aux troupes bien difcipïinées. Nouvelle Naseriingûe que le mauvais tems Négociation . . t / .r ^ùcikf & 1 eioignement du péril avoit rendu fier, étoit rétombé au retour de la beiie faifon dans fes frayeurs oi# quatre heures du loir, conduits par un homme du parti de M. Dupleix qui leur fervoit de guide. La dirrr-culté des chemins les obligea d'à- ïi4 Révolution - bord de prendre un grand détour : ÂaUcha.Ia marche fut longue & pénible ; 5c ce ne fut que le 26 au matin fur les deux heures, qu'ils arrivèrent à la vue des ennemis : à trois heures ils fe trouvèrent à portée de les canon-• ner. Alors M. de la Touche détacha M. de Puymorin avec fes Grenadiers , pour aller furprendre les gardes avancées ; en même - tems joute l'armée fe mit en bataille. M. de Bully conduifoit la droite, & M. de Kerjean la gauche -, M. de Villeon commandoit au centre j M. de la Toucne étoit par - tout. &es Cipayes ôV leur Cavalerie é-tojem djftrjbués fur les ailes* Les • troupes s'avancèrent en cet ordre, foutenues de l'artillerie commandée par MM. Gallard , Sabadin & J?ixiny. péfaite & Quelques rondes de Cavalerie £$n^y aûil^uç t^uç la vérité. F vf 1%2 Révolution mmm^mm heures du foir la nouvelle de cette iac*ciûu fameufe révolution étant arrivée à Pondichery, le Gouverneur la fit annoncer à la Vilïe par une falvë de vingt & un coups de canon ; 6c le lendemain le Te Deicm fut chanté en action de grâces dans l'Eglife du Fort au bruit de toute la moufque-terie & l'artillerie de la place. En même-tems M. Dupleix députa vers Muzaferfingue , pour le complu menter au fùjet de l'heureux événement qui venoit de le rétablir fur Je trône, & pour lui préfenter au nom du Roi fix Serpeaux ( a ) magnifiques" qu'il lui envoyoit, conformément au nombre des royaumes dont le nouveau Souba entroit en polfellion. Le préfent & ceux qu'on en avoit chargés furent reçus de ce Prince avec tous les honneurs & toute la diflinctionpoffibles. lien» ( a. y J'ù donné l'explication de ce mot Piit, des Indes Orientales: ï 3 j Voya au devant des Députés les Sei- * gneurs les plus diftingués de fa Amct-cï^ Cour qui les conduifirent à fa tente, où il les accabla d'honnêtetés & de politelles. Il ordonna auffi qu'un drapeau blanc que le Gouverneur de Pondichery avoit joint à fon préfent, fût toujours porté dans la fuite au milieu de fes marques d'honneur, le regardant, difoit-iï, comme un témoignage afîuré de la protection glorieufe que le plus grand Roi du monde vouloit bien lui accorder. Après ces premiers jours panes dans les coraplimens & dans la cérémonie , la Souba efcorté des troupes Françoifes fe mit en marche avec toute fon armée pour fe rapprocher de Pondichery j il y arriva ïe 26, & y fit fon entrée le même jour au bruit de toute l'artillerie de la Ville. Je ne m'arrêterai point à décrire fon entrevue avec M. Du- ï^4 Révolution. É - pleix '3 elle fut des plus tendres & Jùaet-au. des plus touchantes. Les larmes du Prince Maure, les careiïes dont il combla le Gouverneur, exprimèrent alors beaucoup pins vivement que fes remercimens & fes dif-cours, la reconnoiflance dont ii é-toit pénétré , & la haute idée qu'il avoit conçue du fervice qu'il venoit de recevoir.. Auffi témoigna - fil à M. Dupleix, que croyant tenir de fon amitié 8c de la générofité de la Nation la dignité de Souba du De-can dont il fe voyoit revêtu, il n'a-voit voulu prendre aucunes mefu-res pour i'admûri'îlration de fes Povrinc^s fans l'avoir confuité ; le priant inftamment de vouloir Lieu fe charger lui - même du loin de faire à cet égard tout ce qu'il jnge-roit à pïopos de difpofer das Charges 7 des penlions, des honneurs 8c des dignités y 8c de mettre msx un- mot dan» k gouvernement des Indes Orientales. ri 3 j H? fes royaumes l'ordre & t'arran- • cément qu'il croiroit le plus con- ÂmeL?^ Venable. La première affaire qui fe pré-fentoit à régler, regardoit la fatis-ladion qu'on devoit donner à ceux °es Chefs de l'armée de Nazerfingue , qui s'étoient liés d'intérêts a-Vec le Gouverneur pour afïurer les droits & procurer la liberté du Soufra. Entre ces Seigneurs , les trois Généraux Paianes dont j'ai parlé,, étoient ceux qui faifoient Tonner le plus haut leurs prétentions-. Fiers du fervice qu'ils fe fiattoient d'avoir rendu à Muzaferlmgirc, quoique, comme on l'a vil, il ne confinât gueres qu'en ce qu'ils n'avoient pas pris lâchement la fuite à l'exemple de leurs camaradesils ne deman-doient pas feulement qu'on partageât avec eux tous, les tréfors qui s'éioient trouvés dans le camp de Nazerfingue 3 ils exigeoient enco? t%6 Révolution * re qiie pour éviter, difoïent - ifs • ciàmet-cha. toute difculfion avec le nouveau Souba au fujet du Gouvernement, il leur cédât toutes les terres com, prifes depuis le Quichena jufqu'à tj mer, pour être partagées entr'eux trois, & polfédées par portions égales fans être foumifes à aucun tri, but : ils prétendoient outre cela, que ce Prince leur fît une remife des fommes conlidérables dont ils étoient redevables au Cazena ou trélbr de la Province pour raifon du tribut des terres qu'ils pollé-doient déjà, dont ils n'avoient rien payé depuis trois ans. Ces demandes avoient été portées à Muzaferfingue dès le lendemain de la mort de fon oncle 5 & il ne s etoit exempté de les accorder, qu'en représentant à ces Seigneurs qu'il ne pouvoit difpoier de rien fans l'agrément du Gouverneur de Pondichery 9 & en les engageant à s'en remettre à fcdécifion. des Indes Orientales. 137 - leur arrivée, les trois Géné- * faux Patanes ne manquèrent pas de /^etci»* renouveller les mêmes prétentions. Mais le Gouverneur leur en fit lî nie n le n tir l'injuflice & la téméri- 3 *é ; il refufa avec tant de fermeté 4 de confentir jamais à des propofi-tions pareilles , qui n'alloient pas à moins qu'à les rendre indépendans & à dépouiller Muzaferfingue ; il leur déclara fi nettement, qu'il ne fouffriroit jamais que Ton impofât à ce Prince des conditions fi dures & fi humiliantes, & que s'ils per-; fiftoient dans les mêmes fentimens, il étoit réfolu de ne plus fe mêler de cette affaire } & de les laiffer s'accommoder comme ils I'enten-droient, qu'après beaucoup de difficultés , ils confentirent enfin d'en paffer par tout ce qu'il décideroit. Après lui avoir proteflé que ce n'é-toit qu'à fa confidération qu'ils ac-ceptoient des conditions, qui n'é* - Révolution * • * - toient pas, difoient-ils , lavmgtic'-Amet-cha. me partie de ce qu'ils dévoient attendre pour le fervice qu'ils avoient rendu , ils bornèrent leurs demandes exorbitantes à q ie!que augmentation de titres jk de dignités ' quelques penfions, quelques terres à rente & quelques petites fortereu fes , que M. Dupleix confeilla à Muzaferfingue de donner à ces gens avides. Il fit plus \ ii engagea ces trois Seigneurs à prêter ferment de fidélité au Souba. La cérémonie s'en fit dans fon cabinet, où Muzaferfingue fe rendit à ce fujet, & où les trois Généraux Patanes jurèrent fur i'AIcoran de lui être fidèles &; de ne fe départir jamais de fon fer-vice. M. Dupleix partagea enfui te avec eux le tréfor de Nazerfingue (a), après avoir eu foin cependant que les bijoux, article effentiel & (a) On prétend qu'il y avoit dans ce tréfor 129 Uks de Roupie*, ou 26 millions. des Indes Orientales. ï $ e> confidérable, ne fulTent ni vifités ~ 17 % ni partagés , & fnfTent remis en en- Amet-*ter au Souba ; il fir même préfent a ce Prince de ia part du tréfor qu'on l'avoît forcé d'accepter. Celui-ci fut d'autant plus touché de cet acte de générofité & de défm-téreffement, qu'il eft moins commun parmi les Maures. II y répondit par un autre, en faifant fur le champ difiribuer 3uxtroupes & aux Officiers François 400 mille Roupies , qui font près d'un million ; en même - tems il en fit remettre 500 mille à la caiffe delà Compagnie , à compte des avances où elle pouvoit être avec lui. Après la défaite de Nazerfingue, la décifion de cette affaire fut con-îidérée alors*comme une de celles qui faifoient le plus d'honneur au Gouverneur de Pondichery. Muzaferfingue y fut très-fenfible, par-Ce qu'il ia regardoit comme une 14 3 Révolution 1 des plus difficiles & des plus épi.; AsKt-ciw. neufes. A l'égard du ferment,quoi, qu'il ne foit pas fort facré parmi les Maures , cependant les Seigneurs de la Cour du Souba en furent d'an, tant plus étonnés , que Nizam. Moulouk lui-même ,tout puiflant qu'il étoit, n'avoit jamais pû parvenir à le faire prêter aux Généraux Patanes. Ils ne pouvoient fur - tout revenir de leur furprife, lorfqu'ils confidéroient la manière dont une affaire fi délicate avoit été termi. née. Ils s'étoient flattés que toutes les demandes des Patanes leur fei roient accordées fans aucune diffi. culte; & ils n'attendoient que ce moment pour mettre au jour leurs prétentions. La fermeté que le Gou. verneur fit paroître en cette occa-lion , déconcerta tous leurs projets. Dès lors il ne fut plus queflioii de demandes'extraordinaires ; tel de ces Seigneurs qui comptoit au des Indes Orientales. î^f moins partager le Decan avec le 1 1 * Souba, témoin de ce qui venoit de iZetoiâ fe pafler, fe trouva fort heureux de pouvoir obtenir quelque terre, quelque penlion , quelque petite augmentation de grade. Pour y parvenir , tous s'emprelîoient de pré- ** tenter leurs requêtes au Gouverneur , de lui faire leur Cour & de ménager fon amitié, ne demandant rien qu'à titre de grâce , dont ils vouloient, difoient-iis, lui avoir l'obligation. Il penfoit alors à prendre des arrangemens pour le Gouvernement du Carnate, où il s'agilfoit de rétablir Chandafaheb ; ce Seigneur retiré à Pondichery depuis la retraite forcée du mois d'Avril 8c la défertion de fon armée, atten-doit de lui ce fervice. Le Gouverneur le préfenta donc à Muzaferfingue, auquel il demanda pour lui la Nababie de cette Province. Ce 14* Révolution L Prince lui répondit, que c'étoit à gùt^ebun» qu il appartcnoit dy nommer tel Gouverneur qu'il lui plairoitj que de ce moment il lui donnoit le commandement de toute la côte depuis le Quichena jufqu'au cap de Comorin que par-là le Carnate devenant de fa dépendance & de fa jurifdiélion , il ne tenort qu'à lui d'en donner le Gouvernement à qui il voudroit. M. Dupleix remercia le Souba de cette nouvelle marque de fon amitié & de la confiance : Chandafaheb fut invelli fur le champ du Gouvernement d'Ar-c ute i & après avoit prêté ferment de fidélité à Muzaferfingue , & avoir juré fur l'Alcoran de lui être toujours fidèle & fournis, il fut déclaré Nabab de toute la Province de Carnate. Céiémcv\e On faifoit cependant tous les pré-^inlbd-paratifs n'ecellaires pour l'inftalia-tiou du nouveau Souba j c'étoit en des Indes Orientales 14^ partie ce qui l'avoit attiré à Pondi- -chery , dans le deflein d'y prendre Amet-Ouy de la main même du Gouverneur 1 niveftituré de fes nouveaux Etats; & par cette marque de dépendance & de foumïfîïon rendre publiquement nommage à Sa Majelfé des 'ôyaumes îmmenfes qu'il venoit de recouvrer par !a protection des armes Françoifes. La cérémonie s'en fit le dernier Décembre, fous une tente magnifique élevée à ce def-fein dans la grande place de la Ville, vis à-vis de la maifon que Muzaferfingue occupoit avec fa famille. Là ce Prince s'étant afiis fur un trône fimerbe qui lui avoit été dref-fé, le Gouverneur lui préfenta le' Salamy de vingt & une Roupies" d'or , & le reconnut pour Souba du Decan ; enfuite l'ayant embrafîé, Muzaferfm:aie le força de s'ailëoir avec lui fur le trône qu'il occupoit, tandis que tous les Seigneurs de la T44 Révolution ■ 1 " Cour du Souba, les Généraux Pa^ JLLlcha.tanes & Marattes, & Chandafaheb lui - même, s'emprelfoient de venir à fes pieds lui préfenter aulfi lem Salamy, & le reconnoitre pourleut Souverain. Pendant ce tems - \\ toute l'artillerie de la Citadelle & des remparts annonçpit à la Ville par une décharge générale l'élévation du nouveau Prince. Ce fut au milieu de ces fêtes & de ces applaudilfemens que le Gouverneur partageoit avec le Soubat que celui-ci lui confirma la donation qu'il lui avoit déjà faite du. Commandement général de toute la côte depuis la rivière de Qui. chena jufqu'au cap de Comorin, Ig priant de fe charger du gouvernement de ce pays, & ne fe réfervant à lui - même que celui des Provinces lituces au-delà de cette rivière. Il le fit enfuite Manfoubdar de fept Azaris, ou de fept mille chevaux des Indes Orientales. 145-& lui dit que comme c'étoit la -coutume de donner un jagftir & Amet-Ct* une forterefle aux Manfonbdars de fa conlidéracion, il le prioit de vouloir bien accepter la fo.terefïe de Valdaour avec fes dépendances , dont il lui faifoit préfent. Cette cérémonie dura trois heures .pendant lefquellcs le S >uba difpofa de toutes les Charges de fa maifon, fit des ManfoubJars , distribua des penfions, des honneurs & des ré-compenfes, & cela feulement en conféqueuce des requêtes qui a-voient été lignées le matin par le Gouverneur , celles qui n'étoient pas lignées de lui ayant toutes été rejettées. Ce fut là le premier Dor-bar ( a ) ou la première aîfemMie générale que tint Muzaferfingue depuis fon élévation fur le trône ( a ) On nomme Dorbar aût Indes ce qu'en Turquie on appelle Divan. C'c;l-laoule Prince tient Confeil ck donne audience. Tome, IL G 146 Révolution - du Dccan ; & tous les anciens Seî- Âmct-Cha. gneurs, tant de la Cour de Nizam, Moulouk que de celle de Nazerlin. gue, avouèrent que jamais ils n'en a-voient vu d'auffî belle ni d'auffî nom. breufe , & où tant de différentes na, tions fuiïent ralTemblées. En effet tous les Généraux Mogols, Patanes , Marattes & autres fe trouvèrent à celle-ci -, ce qui parut d'autant plus nouveau, que la défiance & la jaloufie qui régnent ordinaire-rement entre ces Seigneurs, leur permettent rarement de fe trouver réunis à ces alfemblées. Auffi Muzaferfingue félicitant M. Dupleix de cette fingularité, lui difoit agréablement , que ce qui ne s'étoit peut-être jamais vu, il avoit trouvé le fecret de réunir dans un même lieu 111 les lions, les tigres Se les moutons PrivUéges Peu de jours après cette cérémo-?ou!îaCmon-«"e. le Divan ou premier Minifoe di°cbcrJP°n ^u S°uùa remit au Gouverneur les des Indes Orientales. Patentes de Commandement général de la côte de Coromandel depuis le Quicliena jufqu'au cap de Cô-niorin. II y joignit une confirmation de la donation faite à la Compagnie de la Ville de Mafulipatan & de l'Ifle de Divi avec leurs dé-, pendances j un ordre pour le cours des Pagodes frappées à Pondicher ry dans toute l'étendue de la domination du nouveau Souverain ; & un autre qui défendoit d'admettre dans le Carnate, à Mafulipatan & dans tout ie royaume de G. Iconde d'autre monnoie que celle de Pondichery & d'Arcatte. Muzaferfingue ne fe contenta pas-même de ces marques de recoanoiflance ; d'eflune 6c d'attachement, aufli honorables qu'avantageufes à la Nation ; pour lui en donner un témoignage encore plus éclatant & plus fenfible, il ordonna à tous les Nababs & Gouverneurs de cette par- Gij ïq.$ Révolution f" tie de l'Inde , entr'autres 'à celui AroetCha. d'Arcatte, de payer déformais leur tribut à Pondichery, voulant que dans la fuite cette Ville lût dépoli, taire du Cazena ou tréfor de la Province , pour lui être de - là remis par mer à Mafulipatan. Son intention étoit de faire de cette dernière place un entrepôt pour toutes les marchandées étrangères qu'il tireroit par mer, & de remettre fes effets les plus précieux entre les mains des François ., dont l'affection & la fidélité lui étoient connues. Pour alfurer le fruit de fes tra-; vaux, ÔV le rendre folide & durable, x il. reffoit encore au Gouverneur de Pondichery une grande affaire à terminer. Mametalikan toujours maître de la forte Vdle de Triche-napaly , y étoit rentré après la mort de Nazerfingue ; & tant qu'il en deuieureroit en poffelfion, la tran- des Indes Orientale sY 4.9 Çuîliïté ne pouvoit être affurcedair» ————i le Carnate. Il s'agifloit de l'en ti- Amcc-Cha, rerj & M. Dupleix ne voyoit pas trop comment on pourroit y réuffir par les voies ordinaires de la douceur. Mametalikan lui-même parut lui en fournir le moyen. Convaincu , à ce qu'il fembloit, de l'impmf-fance où il étoit de conferver cette place contre les forces réunies des François & du Souba > il feignit d'avoir pris la réfolution, en la remettant lui-même à certaines conditions, de s'en faire un mérite auprès de ce nouveau Maitre. Il char-chea Raja - Janogi, un des Généraux Marattes dont j'ai parlé, de négocier cette affaire avec ce Prince. Janogi s'en ouvrit à M. Dupleix, qui ne fut pas plutôt inflruit de la difpofitîon de Mametalikan qu'il croyoit fincere , qu'il fe hâta dVn profiter. 11 en paria à Muzaferfingue 5 & celui - ci charmé dç f y 6 Révolution ■ trouver une occafion qui lui fem- jî^ofrÇfcuiïloit très - favorable , ne balança, point à accorder à Mametalikan toutes fes demande*. II confentit à ne point l'inquiéter au fujet de l'adminiftration de la Nababie d'Arcatte, qui avoit été entre les mains de fon pere Anaverdikan, & promit de le conferver dans tous les biens & dans tous les honneurs dont il étoit en pofTeffion. A ces. conditions Mametalikan promit d'é-l vacuer Trichenapaly pour être re-:. mis à Chandafaheb s fe contentant^ difoit- il j du gouvernement d'une forterelTe, que le Souba s'engagea à lui donner dans le royaume de Golconde. La fuite fera voir comment ce fourbe tint parole. Cette réconciliation apparente fut fuivie d'une autre qui, comme l'événement le prouva depuis j n'é-toit pas beaucoup plus fincere ; je-parle de celle de Chanavaskan pre- des Indes^ Orientaler.' i «j f niier Miniffre de Nazerfingue, dont '* il avoit eu toute la confiance. Après Amet-ctl, ïa défaite & la mort de fon Maître, ce Seigneur s'étoit retiré à Chette-pette , fortereffe éloignée de Pondichery d'environ vingt lieues. M. Dupleix perfuadé qu'il étoit de l'intérêt de Muzaferfingue d'attirer à fon fervice un homme aulTi puiffant & auffi habile, lui écrivit pour fin* viter à fe rendre auprès de lui, Paf-furant qu'il ne lui feroit fait aucun tort, & que fa perfonne ne courroie aucun rifque dans ce voyage. On avoit déjà fait quelques autres tentatives pareilles auprès de ce Minif-tre, fans qu'il eût été poffible de rengager à fe foumettre ; mais à peine lui eut - on remis la lettre du Gouverneur de Pondichery, qu'il lui répondit fur le champ qu'il étoit prêt à faire tout ce qu'il exi-geroit de lui, & qu'il fe rendroit à fes ordres auffitôt qu'il le jugeroit t j/2 Révolution ~ à propos. Cette réponfe ayant été ^mct-chu. communiqué^ au Souba J on en~ voya fur le champ vers ce Seigneur deux Députés , qui quelques jours après revinrent à Pondicfvn-y , ramenant avec eux Chanavaf-kan, que Je Gouverneur préfenta à Muzaferfingue. Ce Prince le reçut avec beaucoup de bonté 6V de diftinc-tîon, l'empraiïa, & le fit affeoir au nombre des Seigneurs de fa Cour; il le fit même enfuite Manfoubdar de 2^oo chevaux , & lui fit préfent d'un jaghk proportionné à cette dignité , le priant de lui être aufil attaché qu'il l'a voit été à fon on. de , 6c de lui rendre les mêmes fervïces. Muzaferfingue ayant ainfi tcrmr. né les alTaires qui l'avoient attiré à Pondichery, il ne lui reftoit plus que d'aller prendre poffeflion de fes nouveaux Etats. II s'y difpofoit ; &. dans cette vue il prelfoit chaque des Indes Orientales; 172 jour le Gouverneur de lui accorder 1 1 * Un détachement de troupes Fran- Amcc-ChV. Çoifes, un train d'artillerie & quelques Cipayes , pour le conduire jusqu'à Aureng - Abad. II convè-noit, difoit - il, que tout IMiidoublant fût témoin de la puilîante protection dont Sa Majeflé l'honoroit, & que puifque c'étoit aux François qu'il étoit redevable du Decan , il n'en prît poffeffioiï qu'en leur compagnie. Le Gouverneur parut d'abord faire difficulté de fe rendre à ce que ce Prince fouhaitoit , fondé, à ce qu'il fembloit, fur le grand éloignement : mais en effet pour obliger le Souba à faire un meilleur parti aux Officiers & à la troupe qui dévoient lui fervir d'efcorte. Enfin après quelques jours de négociation il fut arrêté entr'eux, que l'on fourniroit à ce Prince un détachement de trois cens hommes ,. avec dix pièces de canon 8c deux i<;4 Révolution 1 mille Cipayes, & que cette petite* fmet-Gku armce feroit entretenue aux dépens du Souba fur le pied dont on convînt , jufqu'à ce qu'il l'eût remife dans un des ports de la Nation. M. de Bulfy, Officier ferme , a&if & vigilant, qui s'étoit offert pour ce long voyage , fut mis à la tête de cette expédition ,• on lui donna pour le féconder, M. de Kerjean 6c huit autres Officiers. Départ da APïès 3V°k P"S CeS arrange- Souba pour mens , Se avoir compté trois mois de paye d avance au détachement qui de voit l'accompagner, Muza». fcrfingue quitta Pondichery le fept Janvier 1751 fuivi de toute fa fa-, mille , 6V fe rendit à fon armée qui campoit au dehors des limites. If demeura dans ce camp jufqu'au 15,, 6c ce jour-là ayant été joint par les troupes Françoifes , il partit, Se prit la route de Golconde. La veille M. Dupleix étant ailé lui rendre fa des Indes Orientales. I ■> S dernière vifite , & lui fouliaiter un heureux voyage, il lui fit préfent JZ^Iq^ d'un cheval & d'un éléphant , qui avoient été donnés à fon grand-pere Nizam - Moulouk par Tha-mas-Kouii-Kan Roi de Perfe. II l'aHura en même-tems t que lai & les defcendans conferveroient un éternel fouvenir du fervice que la Nation lui avoit rendu ; qu'il rc-connoiffoit que c'étoit à elle qu'il étoit redevable de fa confervation & de fa couronne 5 que c'étoit d'elle qu'il tenoit le Decan; qu'aulfine l'oublieroit-il jamais ; qu'il lui accorderait tous les privilèges dont elle pourroit avoir befoin ; & qu'il vouloit qu'elle fût toujours la maî-trelle dans fes Etats autant & plus que lui - même. C'elt dans ces fen-timens que fut conçue la lettre qu'il écrivit au Roi avant fon départ, 6c qu'il chargea M.-de la Touche de préfenter à Sa Majeflé. Là après l'a- ï 5 6 Révolution • voir remerciée dans les termes 1er iAmet-ciia. plus affectueux & les plus fournis , if lui préfentoit tous ces royaumes qu'il venoit d'acquérir, difbit - il-t par la bravoure de fes Sujets, la priant d'en difpofer comme d'un bien qui lui appartenoit , de le re-oarder lui - même comme le plus iidefe & le plus dévoué de fes vaf-fauxj 6c de lui continuer pour fes Etats 8c pour fa famille la même protection dont elle I'avoic jufques-là honoré. Delà il continua fa marche vers Goîconde, recevant partout fur fa route les refpects & les foumiffions dts Peuples, qui s'em^ prelîoient de le reconnoître pour, leur Souverain. Vers le io de Fé--vrier , on le comptoit environ à foixante lieues de Pondichery. Cette tranquillité ne fut pas de longue durée. Les trois Généraux Patanes qui d'intelligence avec le Gouverneur de Pondichery avoient des Inies Orientales: I5 f travaillé à la perte de Nazerfingue,-* T *7 ^ T peu fatisfaits de la récompenfe qu'ils Amet-cha. avoient reçue de ce prétendu fer-vice, ne cherchoient que l'occafioa de s'en dédommager. Tous les fer-o mens qu'ils avoient faits à Muzaferfingue , toutes leurs protedations d'une fidélité inviolable à fon lèrvr-ce, n'étoient que des grimaces, de pures cérémonies dont ils cherchoient à voiler leur mauvaife humeur & leur mécontentement. Le Gouverneur de Pondichery Révoitedét . . t or Paranes, n ignoroit point le caractère de ces efprits légers , de ces a mes baffes Se intéreffées ■> & c'étoit pour prévenir le malqu'ih pouvoient faire,-qu'il avoit exprelTément recom»-mandé à M. de Eufîy' en partant, de fe conduire dans le voyage avec beaucoup de fagefle Se de ménagement, d'éviter avec foin tout ce qui feroit capable d'indifpofer les Patanes & de les aigrirfur-tout d$ rï'^S Révolution - veiller avec un très-grand foin à ce iinct-cha. que la perfonne du Souba ne fe trouvât point compromife. Les circonstances ne permettoient gueres, ce femble , de prendre des me. fures plus fages, ni d'employer des moyens plus efficaces. Tant que ï'armée marcha dans les environs de Pondichery , on put croire n'avoir pas befoin de ces précautions ; mais à mefure qu'on s'en éloignoit, les haines fe manifeffaient , les plaintes & les murmures fe faifoient entendre : à peine étoit - on arrivé à moitié chemin de Mafulipatan , que la mauvaife humeur des Patanes éclatta. L'armée étoit entrée fur les terres du Nabab de Cadapé un des mécôntens, & celui-là même que l'on foupçonnoit d'avoir coupé la tête à Nazerfingue. Quelques Coureurs ayant mis le feu à deux ou trois villages fur la route, il n'en fallut pas davantage pour des Indes Orientales. r<Ç faire entrer ce Nabab en fureur. II-—¥• fiûfit ce prétexte pour ordonner à Amet-cl»^ fes gens de prendre leur revanche ; & fes ordres furent aufutôt exécutés. L'arriére - garde du Souba fut pillée , ainfi que les équipages de tes femmes & de fes Choupdars, & fon artillerie fut arrêtée 5 les mutins oferent même s'emparer de quelques chariots appartenans aux François ,. ainli que de-leurs munitions, & ils tuèrent deux de leurs Gipayes.. Des marques d'hoflilité fi peu équivoques pouvoient être regardées comme une vraie déclaration de guerre , mais M. de Buffy n'i-» gnoroit pas l'ordre qu'il avoit reçu en partant de Pondichery, de fe porter toujours pour, médiateur dans les différends qui pourraient furvenir entre ces Seigneurs. Àinfi au lieu d'en venir d'abord aux dernières extrémités, il crut devoir,. 160 Révohttion ■ ufer en cette occaiion de la mode- AœcfCha. ration qui lui avoit etc li forcement recommandée- fl députa aux Patanes un Turc appelle Abdala , que le Gouverneur de Pondichery avoit mis auprès de lui comme un homme de confiance , capable par fort zele & fon habileté de lui rendre de bons fervices. Ce Député étoit chargé de représenter aux Mécon-: tens , combien le Commandant François étoit furpris de leur procédé ; de leur demander raifon d'une conduite aufli étrange ; de leur rappeller le fouvenir de leurs pro-meiïes & de leurs fermens j & de leur déclarer que les François é-toient toujours dans la difpofition de leur garder jufqifà la mort l'amitié qu'ils leur avoient jurée ; mais qu'ils n'auroient point d'ennemis plus mortels, s'ils ne fe dilpofoient à leur donner fatisfaciion , ainfi qu'au Souba, de i'inl'ulte qu'ils leur avoient faite. des Indes Orientales. i6t Tandis que M. de Buffy étoit ■ occupé de cette négociation, Mu- JLn«-ci, zaferfingne qui lui-même avoit député aux Patanes, 6V qui en avoit reçu une réponfe très - lîere, faifoit auprès de lut les plus vives inf-tances pour l'engager à marcher contre les mutins. Envain le Commandant François lui remontra, qu'il avoit envoyé vers eux pour leur reprocher l'indignité de leur conduite , 6V pour les faire rentrer dans leur devoir ; qu'il falloit attendre le retour de fon Député, 6V que fur la réponfe qu'il rapporteroit on prendroit le parti le plus convena^ ble ; qu'il y avoit lieu d'efpérerj, que fur fes repréfentations les Mé-contens fe mettroient à la raifonj qu'après tout il y auroitde la témérité à pouffer à bout de braves gens? qu'avant de les condamner, l'équir té demandoit qu'on fe donnât le teins de les entendre 3 que la vio- r 62. Révolution ——— ïence & la force ne réuftiflbient pas Âmct-cha. toujours ; & que pour fe porter aux dernières extrémités, il falloit d'à. bord avoir effayé de ramener par de bonnes façons ceux auxquels on avoit affaire. Quoiqu'il pût dire, le Souba outré de l'infidélité des Pa-tanes fut fourd à tout ce qu'il lui allégua , Se lui déclara qu'il étoit ré-folu de partir fur le champ pour aller tirer vengeance de ces traîtres. II partit en effet, après avoir prié M. de Buffy de le féconder j 6V par cette réfolution précipitée il mit celui - ci dans la néceffité de fe fuivre. £tur défaite, jj étoit environ midi , ïorfque l'armée quitta fon camp pour marcher contre les Rébelles. Ils l'atten-doient à deux lieues de là, d'autant mieux difpofés à la bien recevoir ,\ que majgré l'infériorité de leurs forces, tiers de la valeur naturelle à leur nation, ils comptoient en** dès Indes Orientales.. 1,6*5 eore être foutenus par les Paliaga- 1 'es, auxquels ils avoient donné or- j^ec-chai. dre de s'affembler dans les défilés & dans les gorges des montagnes 5 on découvrit même quelques jours après , qu'ils y avoient fait une grande provifion de canon , de caë-toques & autres armes. On avan-Çoit cependant contre eux; mais il régnoit dans l'armée Maure une confufion étrange. Les François an contraire accoutumés à une difci--pline plus exaâe, toujours atten* tifs & dociles au commandement, marchoicnt en bon ordre , difpofés atout événement, 8c ne défefpé-rant pas encore d'un accommodement capable de réunir les deux partis. & de rétablir le calme. En effet on étoit environ à moitié chemin du camp ennemi , quand le-Turc Abdalla en arriva, rapportant? beaucoup d'excufes de la part des trois Généraux Patanes. Ils protek 1^4 Révolution ~~ toient que tout ce qui s'étoit patte 1 175t.;. . ^ r y Amct-tha.ctoit arrive lans leur ordre ; du relie, ils oOroient de rendre (or le champ tout ce qui avoit été piHé , & de donner telle fatisfaction qu'il p!ai-roit au Commandant François de prefcrire. Celui-ci charmé devoir jour à pacifier ce différend , renvoya auffitôt le même AbJalla vers le Souba, pour l'engager à fufpen-dre fa marche. Mais ce Prince avoit été trop fenfible à l'affront qu'il croyoit avoir reçu , pour vouloir écouter fes remontrances 3 ni prières ni raifons , rien ne put le vaincre : il fe fâcha même très-vivement contre Abdalla, qui faifoit infiance pour le retenir. Fâché à fon tour de ï'obffi nation; de Muzaferfingue , dont la vivacité pouvoit nuire à fes intérêts, M. de Buffy lui fit dire qu'il vouloitabfo-lument lui parler, & qu'il le prioit de l'attendre. Il le joignit 3 il lui des Indes Orientales. itfj rcpréfenta fortement les excufes des * Patanes , leur défaveu formel au JialJ-cU* fajet de Pinfulte qu'on leur impu-l°it, & les offres qu'ils faifoient de rendre tout ce qui avoit été enlevé. Iî ajouta, qu'une guerre ne pouvoit jamais avoir de fuccès heureux, fi elle n 'étoit jufte ; & qu'il y auroit une injuitice manifeffe à irai* ter en ennemis des gens , qui au défaveu des hoftilités dont on fe plaignoit, joignoient l'offre d'une réparation convenab.e ; qu'au refte il y auroit bien peu de gloire à acquérir , de battre quelques milliers de Cavaliers avec des forces fi fu-périeme?. Mais finffant fatal étoit arrivé , & rien n'étoit déformais capable d'éloigner le coup, dont le Souba devoit être la victime. Loin de fe rendre aux raifons du Commandant François , il lui répondit, comme il avoit fait d'abord , que les Patanes étoient des traîtres & ï 66 "Révolution " 1 1 ■ des miférables ; qu'ils avoient oie Amec Cha. infulter fes Députés ; qu'il avoit ré» folu de s'en venger , & qu'il Ie prioit de lui aider à les châtier de leur perfidie. II eft vrai que Muzaferfingue n'a-voit nullement à fe louer de la réception , que les Mécontens avoient faite à fes Envoyés. Non-feulement ceux - ci en avoient été indigne* ment traités j les Patanes avoient même ofé leur déclarer, qu'ils at-tendoient à voir leur Maître & à lui répcmdre le fabre à la main. Urt difcours fi fier & fi infolent découvrait toute la mauvaife volonté des Rébelles ; auffi efl - il croyable que les Patanes n'avoient fait un accueil plus gracieux à Abdalîa, que dans le deffein d'amufer les François , 5c de gagner du tems pour exécuter plus finement leur entreprife. Muzaferfingue n'y fut point trompé. Animé du défîr de la vengeance, il des Indes Orientales; 167 âvançoit contre l'ennemi, & mar-choit à fi grands pas , que les trou- À^e*cha* Pes Françoifes pouvoient à peine fe fuivre. Le choc fut rude des deux côtés : les Maures chargèrent Vivement les Patanes ; 8c ceux-ci fes reçurent avec une audace & une Jntrépidité, qui mit bien - tôt le trouble 8c le défordre dans leur ar-mée. Us les rompirent ; 8c malgré feur grande fupériorité les Maures alloient être taillés en pièces , lorfr que les François parurent. Leur arrivée fit changer de face Mort Je ~ . , . ri Muxaferlîn- aux affaires. Aux premières de- gue. charges de leur artillerie & de leur moufqueterie, on voit d'abord les Rebelles s'arrêter : leurs efforts fe rallentilfent ; ils reculent, ils s'ébranlent , ils plient enfin, & prennent ouvertement la fuite. M. de Bulîy toujours attentif à la confer-vation de la perfonne de Muzaferfingue , fait auprès de lui d'inutiles ï68 'Révolution - inflances pour l'engager à ne pas Âm«-Cha. s'éloigner de l'armée Françoife; ce Prince ne daigne pas l'écouter ; entraîné par (a deftinée , il court à la pourfuite des fuyards j le Commandant François double le pas; & fait un nouvel effort pour ne point le perdre de vue. Tout tombe fous i'épée du vainqueur. De$ trois Chefs des Rébelles , le Nabab de Cadapé échappe avec peine bleffé de deux coups de fabre ; celui de Savounour efl déjà immolé à la vengeance du Souba, Se celui de Canoul a fubi le même fort. M. de Buffy rencontre fur fa route le corps de ce dernier fans vie Se fans tête, les Soldats Mogols fe difputant en-tr'eux , même après fa mort J l'honneur de lui porter encore quelques coups. Cependant les François n'ont perdu qu'un feul Blanc , avec environ une trentaine de Cipayes j Se de toute l'armée des Patanes, à peine des Indes Orientales. ï 69 peine s'en elt - il fauve cinq à fix 1 ■« cens hommes. La victoire paroît AJcJ.ch^ * complette ; il femble qu'il ne relie qu'à la célébrer, quand au milieu de la joie générale on apprend que tout efl perdu. Ramdas - Pandet que le Gouverneur de Pondichery avoit mis auprès de Muzaferfingue en qualité de Divan ou premier Minillre, après avoir fait pendant l'aélion tout ce que l'on pouvoit attendre d'un ferv-iteur fidèle & d'un brave homme , accourant monté fur fon éléphant» annonce que dans la déroute une flèche partie d'une main inconnue a donné dans l'œil du Souba, & la renverfé mort fur fon éléphant. D'autres di-fent qu'il fut percé d'un coup de lance par le Nabab de Canoul dans le tems qu'il fe préparait à porter a celui-ci un coup de fabre. Ainfi périt malluureufementMu-z-afet lingue à la Heur de lage, deux Tome IL H 170 Révolution mois après fon élévation fur un trô-in^ct-ck ne dont il ne prit jamais ppfieflion ; Prince humain, généreux & libéral y qui avoit même de la bravoure, 8c auquel il ne manquent que de l'expérience j Prince en un mot digne d'un meilleur fort, fi plus défiant & plus circonfpect il ne s'étoit pas livré lui-même à fon oncle qui le retint prifonnier, & fi un défit aveugle de vengeance ne l'eût pas précipité à fa perte. Les lettres de M. de Buffy ex-ht salabet- priment vivement fa furprife 8c fon ttooeduD^ embarras à la vue d'une révolution 99* fi fubite. On perdoit un Prince ami de la Nation, engagé à la protéger par reconnoiflance des fervices qu'elle lui avoit déjà rendus, inté-refïé à favorifer les vues qu'elle pouvoit avoir , autant par les few cours qu'il en attendoit encore, que par ce que lui-même avoit déjà fait pour elle 9 Se ce Prince ne laijfoit des Indes Orientales, T*TT en mourant pour lui fuccéder qu'un jeune enfant, incapable par fon âge J^Hi^ de gouverner fes valtes Etats & de commander fes armées. Après un coup fi propre à déconcerter les projets qu'on avoit formés, & à rompre les mefures les plus jufles que l'on eût prifes, que refloit - il à efpérer ? quel parti devoit-on prendre ? Les troupes Françoifes fe trouvaient alors à plus de foixante lieues de Pondichery, dans un pays & au milieu d'une armée étrangère qui l'inflant d'auparavant leur étoient amis, mais où tout pouvoit devenir ennemi pour eux dans les circonflances préfentes. Dans une pofition fi équivoque falloir - il reprendre le chemin de Pondichery; repaffer en défordre & comme en fuyant par ces mêmes lieux, qu'on avoit trave.rfés quelques jours auparavant en vainqueurs 8c comme en triomphe 5 8c par ce retour humi- Hij tyi Révolution ■ • liant Te réfouclre à perdre le fruit de j^tçt-cha. toutes les peines & de tous les travaux1 pallés , renoncer aux idées flatteufes qu'on avoit conçues, aux avantages réels dont on étoit déjà en poffeflion, & abandonner les ri-cheflês de Golconde & d'Aureng-Abad, les terres même du Carnate & du Maduré à la difcrétion des Patanes & des Marattes, qu'on au» roit continuellement fur les bras, & qui encouragés par cette efpece de fuite, ne manqueraient pas de porter le ravage 8c la défolation dans ces malheureufes Provinces ? Ou bien fonderoit-on de nouvelles efpérances fur le jeune fils du Souba ? Et qu'attendre d'un enfant héritier , il efl vrai, d'un grand pays □ de grands biens, de grands titres 8c de grandes Charges s mais qui ne pofledoit encore rien de tout cela & qui pour s'en mettre en poflef-fjou n'avoit d'autre appui que deux; des Indes Orientales. tj$ femmes, fa mère 6V fon ayeuïe, 6V 4 un petit nombre de Seigneurs amis AmcZ-Cbaj de fon pere ? Occupé de ces réflexions accablantes, le Commandant François n'ofoit voir que ce qu'il avoit à craindre , fans appercevoir ce qu'il pouvoit efpérer, quand il fut tiré de cet embarras par un événement des plus inefpérés, 6V qui du côté de l'honneur 6V des avantages rendoit à la Nation beaucoup plus qu'elle n'avoit appréhendé de perdre. C'étoit l'arrivée de tous les Seigneurs de l'armée Mogole, qui s'é-tant rendus à la tente de M. de BnlTy , imploroient à grands cris la protection des François, les fup-pliant de rétablir la famille de Nizam - Moulouk fur le trône de fes ancêtres. Pour entendre ce dénouement, on doit fçavoir qu'à peine .h nouvelle de la mort de Muzaferfingue Hhj X 74 Révolution n fe fut répandue, que tous ces Ser- ^Uct-d». gneurs Maures , même ceux qui étoient les plus affectionnés à ce Prince, renfermant en eux-mêmes,, comme c'efl la coutume de cette nation , la douleur qu'ils relîen-toient de fa perte , penferent auffi-tôt à lui nommer un fuccefîeur j s'ils, tardoient un inftant , ils étoient perfuadés que fur le champ l'armée alloit fe débander , que chacun prendroit fon parti, & que le camp • feroit mis au pillage , comme il arrive prefque toujours lorfque des troupes manquent de Chef,.& que l'on n'en a pas un autre à lui fubfli-tuer fur l'heure. Dans unbefoin qui leur paroifîoit fi preflfant , ces Sei» gneurs ne balancèrent pas un moment fur le choix du nouveau Souba qu'ils dévoient élire. Mahamet-Sadoudinkan, fils de Muzaferfingue n'y eut pas' la moindre part * fa jeunelîe l'en excluoit.. Toutes. des Indis Orientales. 17^ leurs vues fe tournèrent fur un Prin- ■* ce malheureux du fang de Nizam, Aiuc!-Ch», qui leur parut feul propre à remplir leurs delfeins. Ce fut dans le fein même de l'efclavage, qu'ils allèrent le chercher pour le mettre \ leur tête. Dans la première Partie de cette Hiftoire (a) , en parlant de la famille de Nizam-Moulouk, j'ai dit que ce Seigneur avoit un fils aîné nommé Cafmdikan , qui lors de l'élévation d'Amet -Cha fur le trône des Mogols, fut foupçonné par ce Prince d'avoir trempé dans la confpiration qui coûta la vie à l'infortuné Mahamet - Cha fon pere. Nazerfingue avoit encore trois autres frères, comme lui fds de Nizam , qui lors de la dernière bataille où il fut défait, étoient dans fon camp. Par fa mort & l'élévation de <«) Voyci Partie i. pajr. 215. Hiv 1*}6 Révolution fon neveu, ces trois Princes devin-A*n«-Cha. rent prifonniers de ce dernier , 6c furent défîmes à fuivre la fortune du vainqueur. Ils accompagnèrent Muzafeifmgue dans le voyage qu'il fit à Pondichery pour y célébrer la 'cérémonie de fon inftallation ; ce qui procura au Gouverneur î'occa-fion de les connoître , 6c de leur rendre quelques fervîces. Ils étoient partis depuis de cette Ville , traînés comme en triomphe par le Souba, & ils fe trouvoient au milieu de fon armée , lorfque fa mort imprévue obligea les Seigneurs de fa fuite de fonger à fe donner un nouveau Maître. Tous de concert jeiterent auffi-tôt les yeux fur l'aîné de ces trois Princes. Ils vont le tirer des fers avec fes deux frères; ils fe jettent à fes pieds 6c le faliient en qualité de leur Chef 6c de leur Souba. Cependant au milieu de leurs foumiffions 6c de leurs des Indes Orientales. 177 refpects, la crainte des armes Fran- -çoifes, la haute idée qu'ils ont de Amct-Cha^ la Nation , la perfiiafioii intime où n"* font, que rien de ce qu'ils font ne peut réuiïir fi elle vient à les abandonner , fufpend leur joie & leur fatïsfaélion entière. Salabetfin-gue lui - même ( c'en le nom du nouveau Souba ) femble fe refufer à leurs empre'femens ; il ne veut point du trône, leur dit - il, s'il ne le tient de la main des François. Oeil à eux qu'appartiennent les tréfors de Golconde & les richeifes d'Aureng-Abad ; s'ils veulent, les portes de ces Villes lui feront ouvertes, & fans eux il efl inutile qu'il fonge jamais à les poiféder. Tel efl le fujet du concours de tous ces Seigneurs à la tente du Commandant François. Ils lui pré-fentent les trois frères ; ce font tous trois l^s fds de Nizam - Moulouk, dont la mémoire leur eil fi chère ; Hy TJ% Révolution 1 ils le prient d'accorder fon choix h àmei-Cha. * UO d'entr'eux , & de donner au: Decan un Souba. Les trois Princes eux-mêmes le font alfeoir au milieu d'eux; ils lui protellent qu'ils ne veulent tenir que des François leur fortune Se leur grandeur. Salabet-fïngue lui dit, que tout le Decan efl à la Nation ; que fi elle le lur donne, il pourra fe flatter d'en être îe maître ; qu'au contraire li elle l'abandonne il ne lui relie d'autre* parti à prendre que de retourner à* Pondichery. M. de Buffy héfite. Egalement furpris Se charmé de cette fubite révolution , il voit avec fatisfaétion la Nation Françoife donnant en ce moment la loi à toute cette grande partie de l'Inde dans la perfonne de fon Souverain ; maïs cette idée flatteufe n'efl pas encore capable de le déterminer. Ramdas-Pancfet i Divan du dernier Souba, fe joint à des Indes Orientâtes: ïjç' pour le décider. Ils lui re-préfentent qu'il va tout perdre par Àmcc-Ûn refus 5 qu'au moindre figne de mécontentement qu'il donnera , il Va voir tout en combuftion parmi ïes Maures ; qu'au contraire en accordant fa protection au nouveau Souba, il en retirera pour la Nation de plus grands avantages, qu'elle n'auroit pu en efpérer de Muzaferfingue lui - même ; que ce Prince ne fe conduira que par les confeils des François, & que des murs de Pondichery ils gouverneront tout le royaume de Golconde. M. de Buify connoît l'habileté & la fidélité de ces deux hommes ; il goûté leurs raifons, & fe rend enfin aux vœux du Prince & de l'armée. Auf-fuôt on dépêche un Exprès à Pondichery pour y donner avis de cette élection& obtenir qu'elle foit con-^ fermée* La réponfe arrive peu de jours après; le Gouverneur approu- l8o Révolution - ve tout ce qui s'eft fait. & en con- Auict-Cha. Icquence envoie ordre au Commandant François d'efcorter le nouveau Souba, 8c d'aller l'inflal'er dans Golconde. Cette nouvelle rétablie la joie 8c la fatisfaclion dans des lieux, où peu auparavant on fe préparait à voir régner la défolation & le carnage;8c SalabetfingueeÛproclamé Souba du Decan (a) au bruit de toute Parti llerie du camp & aux acclamations de toute Parmée. En même - tems tous les Seigneurs Maures prêtent ferment de fidélité à la Nation entre les mains du Commandant François , PafTurant que bien loin de s'oppofer à l'exé- (d) Je dois avertir ici pour l'intérêt de la vérité , qu'il ne paroît point par les lettres de M. Je EurTy qu'on ait attendu l'agrément de M. Dupleix pour inltaller Salabctlîngue } au contraire ces lettres que l'on doit regarder comme les Mémoires les plus fîdelcs que nous puiiTions avoir fur les évenemens que je décris, font clairement entendre qje pour l'infiallation du nouveau Souba on fe contenta du confentement du Commandant François, & que l'agrément du Gpuveraeur 4ç 3Ppfl4çhcjy ûç vint ^u'çniuitf. des Indes Orientales. i S r cution des projets concertés avec , * fe dernier Souba J ils travailleront Amet-ciu4 -tous avec zele à en procurer le fuccès. Salabetfingue ne fçavoit comment exprimer fes fentimens de reconnoiflfance , d'amitié & d'attachement pour les François. Vers la fin de Février M. de Bufly ccri-voit au Gouverneur de Pondichery : » On vous donne tout le De-»can, & on vous iaiiîe le maître » d'en difpofer en faveur de qui ?> bon vous femblera ; le nouveau » Souba dit que fi vous l'en grati-» fiez , en vous abandonnant tous 3> les pays qui font en deçà du » Quichena, il ne fe regardera que » comme votre fermier pour l'au-3> tre partie. « Les effets répondirent a ces prew méfies magnifiques ; & pour prouver le défir fincere qu'il avoit de vivre dans une union parfaite avec les François, le premier ufage que ï S 2 Révolution' * Saîabctfineue fit de fon autorité, fut Àraci^Cha. d éloigner de fa perfonne tous ceux qui pouvoient leur être fufpecb. Au contraire toutes les perfonnes que le Gouverneur de Pondichery , avoit placées auprès de Muzaferfingue , devinrent les amis & les confidens du nouveau Souverain, on les conferva dans leurs emplois, & on les combla d'honneurs 8c de carefies. Ramdas - Pandet entr'au-tres qui avoit été Divan du dernier Souba, pafïa auffi-tôt auprès de celui - ci en la même qualké de premier Miniftre. Salabetfingue déclara qu'il lui donnoit toute fa confiance , 8c qu'il ne vouloit gouverner que par fes confeils. *réCen$(ùts Ce Prince travailla aufli dès les farlesSa1! Prem-ers jours de t°n élévation à donner à la Nation des preuves effectives de fon affection pour elle. Il confirma d'abord toutes les concernons faites à la Compagnie par des Indes Orientales:. t$f Muzaferfingue ; enfuite pour ren- * dre fon établiflement à Mafulipa- jJJet*ciLi* tan d'autant plus folide & plus ccfnfidérable , il ajouta à la donation qui lui avoit été faire de cette Ville, les terres de Nizampatnam, de Condnonr , d'Àlcmenare & leurs-dépendances, cpti font fituées-aux environs : enfin il y joignit à douze lieues dans le Nord celles de Narfapour , placées fur la rivière' de ce nom, avec dix - huit villages* qui en dépendent, 8c dont la pofi-tion rend les François abfolumenc maîtres du cours de cette rivière. Les libéralités du Souba s'étend dirent jufqu'au Gouverneur de' Pondichery , auquel en particulier il voulut aufii donner des marques de fa reconnoiifance. II choifit pour cela un établifiement allez avantageux du diftrict de Chicacol, forme autrefois par le vieux Anaverdikan Nabab d'Arcatte 3 qui par affection 18$j Révolution " pour Mafouskan fon fils aîné l'avort Amcc-chi». appelle Mafous - Bendere. Salabetfingue en fit préfent j M. Dupleix, voulant qu'en fa confidération il portât déformais fon nom. Comme cet établiflement avoit alors befoîn de quelques réparations, entr'autres ■ d'un petit Fort qui le mît hors d'in-fulte, ce Prince fît écrire au Nabab de Ragimendy dans le Gouvernement duquel cet endroit efl fi tué, de fournir tout ce qu'on jugeroit néceffaire pour le mettre en état d'être habité, & d'en faire lui - même la dépenfe. En même-tems ce Nabab eut ordre de s'aboucher avec le Commandant de Mafulipatan , & de prendre avec lui les ar-rangemens convenables, tant pour la conflruétion du Fort & autres bà-timens qu'on voudroit élever, que pour le rétabliffement du Comptoir d'Yanaon qui, comme on l'a ,vû, avoit été ruiné dans la dernière. • cles Indes Orientales. i S < guerre. Il fut aulli chargé de mettre * incelîamment les François en pof- Àm«-câp féiïion de Narfapour; & pour veiller à l'exécution de ces ordres , Ilamdas - Pandet fit nommer fon frère Divan de ChicacoJ, & de tous les pays dépendans de ce Nabab, Les Paravanas néceflaires,.tant pour h fureté de ces nouvelles concef-fions que pour celle des anciennes, furent expédiés dans la- forme la plus autentique. Le Souba eut même foin de faire réitérer les ordres donnés à Chandafaheb par Muzaferfingue , d'être exact à payer à Pondichery le tribut dont il étoit chargé pour les Provinces de Carnate & de Maduré, voulant que ces pays relevalTeut déformais du Gouverneur de cette Vide , comme Nabab & Gouverneur de tous les pays fuués entre le Quichena & le cap; de Comorin. 18 6 Révolution L Au milieu de ces arrangement* Amc?-cha. l'armée avoit repris la route de GoU Continua- corcde, & l'on approchoit de Cation duvoya- , , * ge de Goi-noul, ou les relies des troupes Patanes s'étoient retirés après leur dé. faite, & qu'on avoit réfolu de leur enlever. On arriva le 17 Mars à la vue decette Ville ; & à peine I'ar-mée avoit - elle commencé à camper, que Ramdas- Pandet fe met. tant à la tête de quatre à cinq mille chevaux, s'avança jufqu'à la portée du canon de la place. II eut bientôt lieu de fe repentir de cette démarche hafa-rdée. Les Patanes voyant ce gros corps de Cavalerie s'avancer à découvert, le faluerent de toute leur artillerie r Se cette falve fat fi vive, que les Maures furent obligés de fe replier. Ils fe retirèrent derrière un rideau , où ils é-toient à l'abri du canon des ennemis , Se d'où Ramdas - Pandet envoya Couriers fur Couriers au des Indes Orientales. i%y> Commandant François , pour ie Si prier de faire avancer fes troupes. AjJ.ch*» M, de Kerjean commandoit alors .au défaut de M. de BufTy , qu'une fièvre violente retenoit au lit depuis quelques jours. Il détacha auf-fîtôt le Général Moufaferkan à la tête àe deux cens de fes Cipayes & de trois cens Cavaliers., pour aller fou-tenir le Divan> lui-même fe difpofa a le fuivre» Canoul efl unetrcs-grande Ville, PHredeCa* entourée d'un bon mur, & défendue par une forterefie affez confi-déraWe pour avoir ré fi fié plus d'une fois aux forces de Nizam - Mou-Jouk, 8c' à des armées nombreufes de Marattes. Elle efl bâtie fur une grande rivière, qui l'hiver d'auparavant y avoit fait des ravages affreux , renverfant plus de quatre mille maifons de pierres , 8c entraînant plus de cent cinquante toifes. des murs de la place. Du refte la» iSS Révolution1 - Citadelle ctoit alors, difoit-on, en imct-cha. f°rt DOn éta* J & les Patanes qui s'étoient réfugiés dans celle Ville , perfuadés qu'ils y feroient pourfui-vis &affiegés , s'eto'rent préparés a faire une vigonreufe réfiltance. Ils avoient à leur tête la femme du Nabab de Canoul, tué, comme je lai dit, à la dernière action ; & ils étoient au nombre d'environ 2300 hommes de pied , 4J0 chevaux & 100 Canonniers. Cependant comme avec ces forces ils ne fe croyoient pas en état de défendre une fi grande étendue de murs, fur-tout une brèche aulfi confidéra-ble que celle dont je viens* de parler, à l'arrivée de l'armée ils prirent le parti d'abandonner la Ville, 8c de fe retirer dans la Citadelle ; ce qu'ils exécutèrent en braves gens , après avoir tiré une centaine de coups de canon fur les Maures, & s'être long-tems battus en retraite. des Indes Orientales. Divan profita de cette occafion ^ Pour entrer dans la Ville, où fes Àm«-cû-gens étoient occupés à tirer fur les Afîîegés, lorfque MM. de Kerjean, Vincent & le Normand arrivèrent faivis de vingt - cinq Caffres, de trente hommes de la Compagnie de Macé & de cent cinquante Ci-^ payes. Auffitôt que Ramdas-Pandet les apperçut, il courut à eux pour les fuppiier d'avancer , affinant que des qu'ils paroîtroient , les Patanes prendraient la fuite. M. de Kerjean lui réponJit qu'ifs alloient examiner la place , & que s'ils jugeoient qu'on pût Pemporter fans échelles, ils ne balanceroient point à Patta-quer ; mais qu'auparavant il ctort obligé de faire venir un fecours de cent cinquante Blancs, ne pouvant pas prudemment, difoit - il, h 1 farder cette entreprise avec des Caffres & des Topas. En effet il fit ïpo Révolution » ...... partir fur le champ deux de fes jLu«-cha. gens * toute Poul" aller chercher du renfort. En même-tems M. le Normand alla pofler les Caffres à portée de faire le coup de fufil Au: ies murs de la Citadelle. Leur voi-fmage en impofa d'abord aux Patanes; le feu de ces derniers fe ral-ientit, & ils commencèrent à tirer avec plus de précaution. En examinant de près les murs de la fortereffe , on y découvrit deux brèches afTez confidérables, Fune de quinze à vingt pieds de large dans une tour de trente de hauteur, dont le revêtement étoit tombé , & par fa chute avoit comblé le foflTé , l'autre de huit à dix pieds de front étoit* dans l'angle d'une féconde tour quarrée, qui n'avoit pas plus de vingt pieds de haut. Quelque rapides que fulfent ces deux brèches , M. de Kerjean ne douta point qu'ayec le fecours des Indes Orientales. j p i des troupes Françoifes il ne fût pof-fihie de les emporter. Sans atten- ^et-ch*4 dre leur arrivée , M. le Normand attaqua la dernière , malgré une grêle de flèches & de coups de caetoques que les ennemis faifoient pleuvoir fur lui ; mais à peine com-mençoit - il à monter, qu'il fut iâ-j chement abandonné par les Caffres & les Topas. Une féconde tentative ne réuffit pas mieux ; & l'on avoit pris le parti d'abandonner cette attaque, Iorfqu'en fe retirant, 8c pafîant au pied de la grande tour, M. le Normand fit obferver à M. de Kerjean qu'on pouvoit la monter aux deux tiers fans être ap-perçu. Auffi • tôt ce dernier penfa à mettre à profit cette découverte ; il raflembla autour de lui le peu de Blancs qu'il avoit avec les Soldats de Macé , 8c tous montèrent à la brèche fans être découverts de l'ennemi. Quelques Caffres 8c quelques i$2 Révolution - Cipayes les voyant engages, pouf-ferent un cri qui répandit l'épouvante parmi les Patanes ; ils s'imaginèrent que c'étoit le lignai du fe-cours qui arrivoit aux Alfaillans, Se abandonnèrent la tour. Dans le même moment M. le Normand s'en rendit maître ; il fut fuivi de près par un Officier de Macé , & tous deux donnant la main à M. de Kerjean, l'aidèrent à gagner le haut de la muraille : ils y furent joints un infiant après par tous leurs braves. A leur vue , les ennemis prennent l'allarme & difparoiflent, laif-fant leurs ramparts & leur Citadelle à la diferétion du vainqueur. Plufieurs fe précipitent dans la Ville, où ils font reçus par les troupes du Divan qui ne font quartier à aucun $ tous font pailés au iil de l'épée. Alors on ne penfa plus qu'à piller. Après avoir long - tems cherché le logement du Nabab, M. de Kerjean des Indes Orientales. t 9 5 ]ean le trouva enfin , 6c apprit en y " arrivant, que quelques Patanes s'é- Amct-Cb* Soient retranches dans un des ap-partemens. Il entre; & au lieu d'ennemis il ne trouve que le Divan de Canoul avec environ quatre-vingts des principaux du pays, qui dès qu'ils l'apperçurent , tombèrent à fes pieds lui demandant la vie , 6c promettant de lui livrer toute la famille du Nabab. En effet on lui apporta dans l'infiant deux jeunes enfans de fept à huit ans , qui em-braflant fes genoux & le prenant par fes habits , ne voulurent jamais lâcher prife qu'il ne leur eût promis qu'il ne leur feroit fait aucun mal, & qu'il les prenoit fous fa protection. Il fit auffi alTurer leur mere, qu'il ne les abandonnerait point. Enfuite confidérant que la nuitapprochoit, 6c qu'il n'étoit pas pofiible de contenir le Soldat, qui la bayonnette ou le fabre à la main Totne Ut l 1^4 Révolution —- fe difputoit avec les Maures jufqu a *: un morceau de toile , après avoir faille fous la garde des Cipayes ta veuve du Nabab avec toutes fes jichelîes , il reprit le chemin du camp fuivi des troupes 6V des pri» fonniers. L'armée fit un butin confidéra-bîe dans cette Ville , dont la prife confirma les Maures dans la grande idée qu'ils avoient conçue des François, lis avoient peine à imaginer, comment avec vingt-cinq ou trente feommes feulement, fans échelles , fans canon, ils avoient pû en fi peu de tems fe rendre maîtres d'une place de cette conféquence. Cette conquête ne leur coûta que trois hommes tués & cinq blefïés : à l'égard des Patanes, ils ne perdirent gueres plus de cent cinquante gommes à la défenfe de la place : mais prefque tout le refle fut mafia-pré , ou dans la Ville même pat Jes des Indes Orientales, iqj Maures , ou clans les dehors par les Marattes de Parmée du Souba. Lorf- aJJA^ que M. de Kerjean préfenta à ce Prince les deux fils du Nabab,il promit de leur faire du bien en confi-dération des François j & il l'exécuta de la façon que je rapporterai dans la fuite. Ce fut après 1a prife de Canoul, te gout< que ce Prince termina ce qui re-f^ "n éca- * , . blifleinenc at» gardoit la famille de fon prede- fil» de Muta* celfeur, Se qu'il décida du fort de^11^ ' Mahamet-Sadoudinkàn fils de Muzaferfingue. Les François n'avoient point oublié fes intérêts dans la ré-» volution qui veuoit d'arriver ; fa jeuueffe n'ayant pas permis a M. de Buffy de lui mettre fur la tête la couronne de fon pere , il n'avoit confenti à l'élévation de nouveau Souba , qu'à condition qu'il pren-droit foin de la fortune de ce jeune Seigneur. En effet l'intention du Gouverneur de Pondichery étoit \ç€ Révolution qu'on lui fît une efpece d'appanagç capable de le dédommager de ce ' qu'il perdoit. Celt ce qui fut exécuté alors d'une manière lî avanta-geufe pour lui, que non-feulement fa mere & fon ayeule en furent ex-^ trémement fatisfaites , mais même que les Seigneurs les plus arïectîon-nés à cette maîfon furent forcés d'avouer , qu'il n'étoit pas poffible de faire davantage. Outre fon patrimoine d'Adony & de Batchour que fon pere avoit poffedé, 8c qu'on Jui conserva , on lui donna encore Çanoul qu'on venoit d'enlever aux Patanes, Cadapé, Bincapour, Be-jjapour., Savounour, 8cc. en un mot des terres immenles, qui le ren-doient beaucoup plus riche que fon pere , 8c dont on fait monter le revenu environ à vingt-cinq millions. Il fut auffi fait Aft-Azary3 ou "Manfoubdar de fix mille chevaux; gï comme fi ces grands biens n'euf* des Indes Orientales. fç 7 fent pas encore été fuffilans , le * " — Souba déclara que ce qu'il faifoit Amet-cû», alors pour lui à la recommandation des François, n'étoit qu'un acbemi-» nement à quelque chofe de rnieûx^' ïorfqu'il feroit en âge depofféderdo plus grandes Charges. Il fit plus ; & Payeule de ce jeune Prince , mère de Muzaferfingue , s'étant emparée de tous les bijoux de fon fils qu'on faifoit monter à quinze îaks de Roupies, c'eft - à - dire à près de quatre millions, Salabetfin* gue eut la générofité de ne lui en redemander aucun par confidéra-tion pour la Nation t & dans fa crainte de lui déplaire. Depuis ces arrangemens cette famille refla encore quelques jours à Canoul, où les François mirent un Commandant au nom du jeune Prince ; delà elle partit pour Adony qui n'en eft éloigné que de vingt - cinq Iieues,& y arriva au commencement d'Avril, X iij ï barraiïé d'un grand attirail, il avoit déjà fait mettre fes femmes , fes équipages, toute fa grofle artillerie, fes tentes même & tous les gens inutiles de fa fuite dans une petite Ville proche de laquelle l'armée étoit campée. Mais ces préparatifs devinrent peu néceffaires ; la feule réputation des François fuffit pour . iiv zoo Révolution 1 tirer ce Prince d'inquiétude, L'af- Amct-Cha. faire avoit d'abord ete mile en négociation,* & Ton en avoit chargé Kaja- Janogi, ce Chef des Marattes dont j'ai parié ailleurs, qui s'é-tant attaché à Muzaferfingue, avoit pane depuis fa mort au Tervice de fon fuccelîeur. Cependant comme les chofes traînoient en longueur; Ramdas-Pandet prit le parti d'aller lui-même au camp des Marattes, efcorté de quarante Blancs 5c de deux cens Cipayes que M. de Bu ffy lui donna. Là il fit fi bien valoir auprès du Général Maratte la gloire êc les fuccès de la Nation, qu'il fa> mena au point d'en paffer par-tout ce que l'on voulut ; on convint à deux Iaks de Roupies. Bajiro dé, clara qu'il vouloit être ami du Soin ba & des François, priant le Divan d'engager M. de BulTy à lui accor-der fon amitié, & le chargeant même d'une lettre d'honnêteté pour le dis Indes Orientales. 201 Gouverneur de Pondichery , ac-compagnée d'un Serpeau très - ma- A4£ciLu gnifique. Cet accommodement auffi glo- Arrive* , 0 enrrte du »'eux qn avantageux pour le Sou- scUb*4Ede-i>a ouvrit à Parmée ies portes d'E- " * derabad., où elle arriva le 12 Avril, après une marche de deux cens lieues qui avoit duré près de trois *nois. Malgré les incommodités inséparables d'une fi longue route, les François n'y perdirent que quatre Blancs & deux CafTres. Salabet-Gngue fit fon entrée le même pur dans cette Capitale , ayant à fes côtés MM, de Bufly & Vincent montés fur des éiéphans richement parés, montrant à fes Sujets iacon-fidération qu'il avoit pour eux par cette marque de diflinclion, & par l'attention qu?i-I avoit de leuradref-fer de tems en tems la parole. Le long de la marche ce Prince ré-endort de Pargent de tous côtés I v 2C2 'Révolution - fur une fouïe immenfe de peuples AmV-Cha. accourus fur fon partage , moinj encore par curiofité de connohre leur nouveau Maître , que pour voir ces François qui leur ame-noient leur Souverain , & dont la réputation étoit f: grande dans toute l'Inde. Auffi tout le monde avoit-il les yeux fur eux. Ils étoient précédés des deux frères du Souba montés de même fur des cléphans , dont les Chérolles & les couvertures étoient ornées d'une broderie d'or très - magnifique. En tête mar-choîent les troupes Françoifes partie à cheval 6V partie à pied. Les femmes du Souba fuivoient ce Prince , & étoient efcortées de tous les. Seigneurs de l'armée. Ederabad, Capitale du royaume de Golconde , eft une Ville d'une grandeur immenfe , entourée d'un mur très-bien entretenu , mais fans fo£fé. Elle efl bâtie fur le bord d'une des Indes Orientales. 105 ttviere qui coule au pied de fes mu- -railles 3 l'air & l'eau y font fort fains. .ÂmeUï* A legard de Golconde même,que nos Géographes marquent mal à propos pour la Capitale de ce pays (a), c'eit une forterefle très - vafte fituée à quelque diflance de cette Ville , où les anciens Rois de Golconde fiifoient leur féjour. Eile n'a plus aujourd'hui qu'un grand nom ; tout y tombe en ruine. Peu de jours après fon arrivée à Ederabad , Salabetfingue fans en être aucunement follicité j fit délivrer aux François qui l'avoient fur-vi la gratification dont on étoit convenu avec fon prédecefïeur, & y ajouta l'augmentation que lui-même leur avoit promife. Dans cet intervalle il vint des ordres de Pondichery , qui enjoignoientaM.de BufTy de continuer fa route , & de (a'1 C'eft comme fi l'on difoît, que Verfailles oa fouuincbleau font C'a^iiaies de la France. i04 Révolution -- conduire le Souba jufqu'à Aureng-jLLt-Cha. Abad -, fur quoi il fut réglé , que ce voyage fe feroit fur le même pied, que celui de Pondichery à Golconde. On fit pour cela les préparatifs néceffaires , Salabetfingue fournif-faut abondamment tout ce dont on pouvoit avoir befoin, entr'autres cent chevaux qu'il donna pour monter la troupe. On ne peut exprimer l'empreffe-ment de tous les principauxdu pays à faire accueil aux François $ ils ne cefîoient de les exalter : on les» combloit d'honneurs, on les acca-bloit de carefîes* Bajiro prêt à reprendre le chemin de Satara, voulut avant fon départ prendre congé de leur Commandant , auquel il envoya un Serpeau, ainfi qu'à MM. Vincent & de Kerjean. En même-tems il écrivit au premier une Ier> tre de politcfle , par laquelle en lui demandant fon amitié Se celle de la des Indes Orientales. ijo f Nation, il l'affuroit que dans la fuite ~" jamais Aîaratte ne defcendroit par AnJt fon ordre les gorges des montagnes pour entrer dans la Province des François ; c'en le nom qu'il donnoit au Carnate, M. de Buffy reçut dans ce tems-là les mêmes afîurances d'un autre Chef de cette Nation -, c'étoit ce fameux Ragogi-Bouffouia, dont iï a été tant parlé dans la première . Paitie de cette Hiftoire. Ce Général étant venu à l'armée du Souba, ne voulut point en partir fans voir le Commandant François ; il fe rendit chez M. de BufTy , où il fut in--troduit au bruit du canon, après, avoir palfé au travers d'une file de So.dats, qu'il regarda long - tems avec furprife & admiration. Dans l'entretien qu'il eurent enfembie, Ragogi renouvella à M. de Buffy les mêmes proteflations que Bajiro îUiaYoit déjà faiics* lui demandant îo n- o du Raja àQ route augmenta encore 1 eitrme ex NirmeU la reconnoiflance , que Salabetfingue avoit déjà pour les François ; il contribua aufii à relever la gloire de la Nation , & fervit à fortifier la baute idée que les Maures en a-voient conçue. A quelques journées d'Aureng- Abad il y avoit un Seigneur Gentil, Raja de Nirmel, nomme craint 8c redouté dans le pays , qui depuis fixa fept ans faifoit trembler tous les Mogols de ces contrées. Depuis ce tems - là il n'a- Aol Révolution 1751. vo,lPas"ctépo(ribïe, ni à Nazef4 Amet-ciu. fingue, ni même à fon Ton pere Nizam- Moulouk t de lui faire payer aucun tribut ; les armées qu'ils avoient fait marcher contre lui pour l'y obliger , avoient toujours été battues. Il n'avoit pas été jufques-là plus docile aux avances , que le nouveau Souba avoit faites pour le gagner : la parole de ce Prince; celle de fon Divan r n'a voit encore pû l'engager à venir à l'armée ; 8* quelques troupes ayant été envoyées depuis peu contre lui, il les avoit défaites & mifes en fuite. j.e Souba qui eflimoit ce Raja à caufe de fa valeur, étoit embarraffé de la manière dont il devoit s'y prendre pour le foumettre. II en parla à M. de BufTy j il lui repré-fenta que quoique cette opération dût rendre le voyage un peu plus long , il étoit d'ailleurs d'une coiv-fèquençe iiifinic pour fon honneus des Indes Orientales. z 09 & pour fa tranquillité de faire ren- ■ trer ce Seigneur dans fon devoir ,& ^ttc'hu finit par lui dire que les François étoient feuls capables de le réduire. M. de Buffy répondit à ce Prince, que les troupes de la Nation n'é-toient avec lui que pour lui fou-mettre tout le Decan, Se pour le Venger de fes ennemis. En confé-quence on marcha droit à Nirmel, & l'on n'en étoit plus qu'à douze lieues , lorîqu'un Envoyé du Raja arriva au camp, portant une lettre pour le Commandant des troupes Françoifes. Ce Seigneur lui mar-quoit, que rien au monde n'étoit capable de le foumettre au Souba du Decan J que la réputation des François ; qu'il avoit entendu dire qu'ils joignoient la probité à la valeur 3 que dans cette perfuafion, s'il vouloit lui donner fa parole de parler au Souba en fa faveur & de lui obtenir fon pardon, il étoit prêt Révolutipn --d'aller fe jeiter à fes pieds & fe rè- JJet-Gha. mettre à' fa diferétion. M. de Buffy n'eut pas plutôt reçu cette lettre, qu'il la communiqua à Salabetfingue , qui ne fut pas moins charmé que fon Miniftre d'un fî heureux événement. Il fut décidé entr eux , que le Commandant François prendroit le Raja fous fa protection ; que ce feroit chez lui qu'il defeendroit à fon arrivée au camp j que lui-même enfin le conduiroit à l'audience du Souba , & demanderoit fa grâce en plein Dorbar. » Vous feul êtes ■» caufe , dit Salabetfingue à M. de » Buffy, que ce Raja rentre dans i> fon devoir ; c'efi un hommebra-» ve Se puiffant, qu'il efl important » que j'aye dans mes intérêts. Plu-» fieurs de ceux qu'il abattus vou-» droient que je m'emparaffe de » tous fes biens , & que je le pu, » niffe rigoureufement j au con- des Indes Orientales: stij * traire mon intention efl cTe me 14 •*» l'attacher, ôV de m'en faire un Amet-cLai » ami. L'occafion efl d'autant plus » belle , que le pardon que je lui i> accorderai , paflêra fous votre nom. Révolution ' Les chofes étoient en cet état: X 7 f I \ Ajnet-Œa.lorfqu'à ia mort de ce dernier Salabetfingue ayant été élevé fur le trône du Decan par le confente-ment de tous les Seigneurs de l'armée appuyé du fumage des François , il fe crut en droit de s'en mettre en poflefiion , fans égard aux prétentions que fon aîné pouvoit y avoir. Mais cette poileffion ne pouvoit être tranquille & folide, tant que l'élection du nouveau Souba ne feroit point confirmée par l'Empereur ., Se il ne paroilfoit pas facile d'obtenir cette confirmation au préjudice de Cafindikan , déjà muni des lettres du Prince Se qui étant actuellement à la Cour , fe trouvoit d'autant plus à portée d'eu folliciter l'exécution. La réputation des François Se l'habileté de Ramdas - Pandet levèrent ces difficultés. Amet-Cha avoit alors pour premier Miniflre un certain Nabab. des Indes Orientales. ~&tj bab - Bahadour , auquel il avoit -» donné toute fa confiance. Cet hom- Ame*ckeé nie étoit tout - puiffant à la Cour j on afîure même que , quoique Eunuque , il étoit l'amant de la mere de l'Empereur, & que ce Prince lie fignoroit poirft. Quoiqu'il en foit de cette anecdote fort peu inté-reffante pour notre Hifloire, ce fut à cette porte que Ramdas-Pan-det crut devoir frapper $ Se il y frappa avec le marteau d'or , qui dans ce pays-là, encore plus qu'ailleurs , manque rarement d'ouvrir toutes fortes de portes. II fut fécondé dans cette négociation par un Seigneur de la Cour intime ami du premier Miniflre , qui lui commu-niquoit toutes les affaires; il s'ap-pelloit AfTeindikan, Se étoit oncle de Muzaferfingue. Ramdas - Pan-n*et Se ce Seigneur agirent de concert , Se le firent fi efficacement, qu'en femant à propos l'argent Se JTome Ut K 218 Révolution ■ les préfens, & répandant part-tout 17 5 la terreur des armes Françoifes. malgré les prétentions de Cafindi-kan , ils obtinrent toutes les pof-feflions de Nizam - Moulouk pour Salabetfingue. Des le commencement du mois <*e Juin on apprit à l'armée du Souba par les lettres venues de Dely , que le Firman du Grand - Mogol avoit été expédié au nom de ce Prince , & qu'il étoit forti de cette Capitale. Cette négociation ne put être tenue fi fecrette 3 que Cafindikan n'en fût inflruit ; 8c l'on peut juger à quel point il en fut outré. Après avoir épuifé inutilement pour la faire échouer fon crédit & celui de fes amis, il fortit de Dely, affem-bîa une armée , 8c fe prépara à marcher contre fon frère. Mais il ne fut pas plus heureux les armes à la main ^ qu'il l'avoit été dans fes intrigues. Un de fes Généraux qnil des Indes Orientales. Hip avoit envoyé du côié de Brampour, afin de prendre en fon nom poffef-fion de ce pays, après un combat opiniâtre qui dura depuis deux heures après midi jufqu'au lendemain , fut battu & mis en fuite par quelques troupes, que Salabetfin-* gue avoit fait marcher de ce côté-là. Les lettres qui annonçoient cet heureux fuccès, arrivèrent le premier de Mai à Ederabad, où fè Souba étoit encore alors. II les fit lire le foir au Dorbaren préfence de MM. de Buffy & de Kerjean, qui lui en ayant fait leurs compli-mens, ce Prince leur répondit fort poliment, que tant qu'ils feroient avec lui , il ne pouvoit être malheureux. Cafindikan étoit campé à quatre lieues de Dely avec fon armée, lorfqu'il reçut la nouvelle de cette défaite. Cependant maigre les ordres réitérés de la Cour, il refufoït I 7 J i. Amcc-Clu. 2 2 & Révolution - toujours cte défarmer , quand pour ÂL^-Cha. châtie? fa défobéilfance le Nabab-Bahadour envoya couper les cordes de toutes fes tentes. Après un affront fi fanglant, il ne refloit plus à ce Seigneur d'autre parti à prendre , que de congédier fes troupes & de rentrer honteufement dans Dely ; ce qu'il fit. Cependant cette difgrace qui fembloit devoir le perdre, fut fuivie peu de tems après d'un honneur, auquel il n'avoit aucun lieu de s'attendre ; ce fut la Charge de Généralifiime que Nizam fon pere avoit pofïedee , Se dont il fut revêtu. En la lui conférant , l'Empereur afiaifonna ce pré-fent d'un compliment bien propre à le confoler. Il lut dit, qu'il n'a-voit rien plus à cœur que I'agran-difiement de fa maifon $ qu'il étoit fatisfait de fon obéifiance 3 qu'il étoit informé des prétentions qu'il ayoit fur le Decan 5 mais que puif- des Indes Orientales. aiI que fon frère Salabetfingue en étoit ■ le maître., & avoit pour s'y mainte- Amet-cjû. nir d'auffi puifîans protecteurs que les François, il lui ordonnoit de n'y plus penfer, l'ami rant qu'il Iecom-bleroit de tant de biens & de tant d'honneurs,qu'il fe croiroit lui-même bien dédommagé de la perte qu'il avoît faite. Tandis que ces chofes fe pafloient à Dely, le Firman arriva vers la fin de Juin à Parmée de Salabetfingue , qui pour le recevoir s'avança un quart de lieue au-delà de fon camp accompagné des troupes Françoi-fes. La cérémonie s'en fit au bruit du canon & de toute la moufque-terie. F.nfuite M. de Bulîy qui avec les autres Officiers François tenoit à l'ordinaire la première place au Dorbar, fe préfenia devant le Souba , & lui oifrit le Salamy de vingt & une Roupies d'or au nom du Gouverneur de Pondichery , de-Kiij "222 Révolution " mandant à ce Prince fon amitié imtlcL. pout la Nation , & l'attirant qu'en toute occafion elle fe feroit un plaifir & un devoir de lui donner des marques de la fienne. Salabetfingue répondit à ce compliment en préfence de toute fa Cour , que c'étoit à lui à rechercher 8c à tâcher de mériter l'amitié de la Nation, puifque tenant d'elle tout ce qu'il poffédoit, il ne pouvoit douter de fon affeétion à fon fervice ; qu'il avoit écrit au Roi de France pour mettre à fes pieds fon trône 8c fes Etats, 8c pour lui demander fa protection ; qu'il fe regardoit moins comme Souverain du Decan , que comme l'un de fes vaffaux, & que s'il avoit fouhaité d'être autorifé par le Firman du Grand - Mogol ce n'étoit pas tant qu'il crût en. avoir bcfoin, que pour que l'on ne pût pas dire que les François pro-tégeoient un révolté. Après plu-. de r Indes Orientales; 123 fieurs autres complimens Je cette — nature, MM. de Buiïy, Vincent & ÀnltlcL. u*e Kerjean préfenterent à ce Prince leur Salamy particulier -3 il fut fuivï des Serpeaux accoutumés, dont le Souba les fît revêtir en fa présence. On n'étoit plus alors qu'a vingt- Perfidie d« cinq Iieues d'Aureng - Abad ; mais Latt. avant de paroître dans cette Capitale du Decan , il étoit de l'intérêt des François de détruire certains bruits qu'on y avoit répandus au défavantage de la Nation. Ils avoient fait une telle impreffion, que plufieurs des principaux Seigneurs du pays ne fçavoient trop à quoi s'en tenir fur fon compte. L'auteur de ces mauvais difeours étoit ce même Chanavaskan dont H a été parlé plus haut, qui avoit été Divan ou premier Minifire de Nazerfingue. On a vii comment après la mort de fon Maître le Gou- Kiv 12~4 Révolution verneur de Pondichery ï'avoit ré-Amcr-cha. concilié avec Muzaferfingue. Depuis ce tems-là il avoit toujours fuivi Parmée. Jufques - là il n'avoit lailTé paroitre aucune mauvaife volonté , ni pour le Souba ni pour les François ; mais à peine eut - on quitté Ederabad , que cet homme mal intentionné pour la Nation fît voir que les bienfaits ne peuvent rien fur un cœur ingrat, 6V qu'un ennemi réconcilié efl toujours à craindre. II partit un jour furtivement du camp , prenant la route d'Aureng - Abad , & emmenant avec lui dix Blancs que M. de Buffy lui avoit donnés pour fa garde, & qu'il débaucha. Auflitôt qu'on eut appris la nouvelle de fon é.va-fion , M. de Figeac fut détaché avec trente Cavaliers pour le pour-fuivre ; 8c l'ayant rencontré , il fît une action dont le feul récit faifoit depuis trembler tous les Maures. IX des Indes Orientales. 1*5 aPPuya le piftolet fur I'eftomach de Ghanavaskan qu'il arrêta, fit lier les Àmclck^ Soldats, & les ramena au camp avec celui qui les avoit féduits. A-près s'être beaucoup fait prier, M. de Buffy accorda leur grâce aux preffantes follicitations de Salabet* fingue j & Chanavaskan fe voyant démafqué, profita de fa liberté pour fe rendre à Aureng - Abad. C'étoit ce même homme , qui à fon arrivée en cette Ville avoit mis tout en œuvre pour indifpofer les principaux du pays contre la Nation 3 & il y avoit fi bien réuffi J que par fes intrigues Se fes impollures il étoit venu à bout d'exciter dans cette Capitale une efpece de fou-levement contre les François. Un des principaux de ceux qu'il avoit féduits étoit ce même Sayed - Las-kerkan dont j'ai parlé. C'étoit un Seigneur très - puiffant., Se qui paf-foit dans tout le Decan pour un Kv 12.6 Révolution - parfaitement honnête-homme. En-. Âmtt-Cht, tt'autres mauvais difcours que Cha-navaskan lui avoit tenus, il avoit eu ie fecret de lui perfuader que les François le haïfloient, & vou-. loient avoir fa tête ; qu'ils tenoient ïe Souba comme prifonnier ; 8c qu'ils ne cherchoient qu a le dépouiller de tous fes pays , en lui enlevant fes terres 8c fes places en détail & l'une après l'autre. M. de Buffy crut devoir travailler à dilïï-per ces mauvaifes impreffions ; & fans détruire abfolument dans l'ef* prit de ces Peuples la terreur qu'ils avoient conçue des armes François fes, qu'il convenoît de conferver, il vint à bout de confondre ces faux bruits par fa conduite. A quelques lieues d'Aureng - Abad il reçut une lettre de Sayed - Laskerkan , non-feulement- très - polie, mais même fort refpedueufe. Ce Seigneur lui dçmandoit l'amitié 8c la protection des Indes Orientales. î 2,7 tfes François, & lui promettoit de ■ le voir à l'entrée que le Souba fe iZlcit, préparoitàfaire dans la Capitale. Aureng - Abad, Capitale du De* can , efi. une Ville affez moderne, bâtie fur la fin du dernier fiecle par Aureng - Zeb , pour arrêter les courfes des Marattes qui en font fort voifins. Elle efi fituëe à fix journées ou foixante lieues des Surate, Si nous en croyons les lettres de M. de BulTy , Ederabad & Golconde font la pauvreté-même en com-paraifon de cette Ville. Il efi vrai qu'elle n'efl pas fi bien bâtie que ces deux premières ; mais elle renferme un peuple infini. D'ailleurs elle efi fort riche ; 8c l'on peut dire que c'etl - là que fe trouve toute la Pampore, c'eft-à-dire, tout le fafle & tout le luxe Afiatique. Salabetfingue fit fon entrée dans Entréc du cette Capitale le 29 Juin ; elle fut des plus magnifiques. Avant qu'elle K vj 118 Révolution • ' " ' commençât, Ramdas - Pandet qui Amci-Ckw avoit ménage une entrevue entre Sayed-Laskerkan & le Commandant François, vint prendre celui-ci pour s'y rendre. M. de Bufly s'étoit fait efeorter ce jour - là de toute fa petite armée & de fon artillerie. On partit pour aller au-de-tant du Seigneur Mogol , & les deux troupes s'étant rencontrées à une lieue de la Ville, Sayed-Laskerkan defeendant de fon éléphant» s'avança au - devant du Commandant François , qui de fon côté avoit mis pied à terre. Ils s'embraf-ferent j & M. de Bulfy prenant la main de ce Seigneur, lui dit que jufques - là il avoit heureufement conduit le Souba dans fa Capitale ; qu'il le remettoit à prêtent à fa gar> de, & qu'il comptoit qu'il lui feroit fournis 8c lidele. Ce difeours fut fuivi de part 8c d'autre de plufieurs complimens flatteurs..Sayed? des Indes Orientales. zit) ■kaskerkan étoit fi tremblant & fi J ï 7 % I • confus, qu'à peine pouvoit - h* pro- Amec-où. férer une parole. H avoit vingt fois en chemin été fur le point de s'en retourner , fur la nouvelle que les-François marchoient à lui- avec toutes leurs forces & leur artillerie ; H s'imaginoit qu'ils n'alloient le. joindre que pour lui faire couper la tête. M. de Buffy le raflùra par l'accueil gracieux qu'il lui fit, & le remit enfuite au Divan, qui alla le préfenter à Salabetfingue ; après-cela on remonta fur fes éléphans> & l'on fe mit en marche pour l'en» trée. Elle étoit ouverte par les trou* pes Françoifes, conduifant leur canon avec elles ; leurs différens Gorps étoient diftingués par plufieurs drapeaux de différentes couleurs, que M. de Buffy avoit fait faire exprès pour cette cérémonie^, comme une chofe néccffaire. dan* Révolution ~un pays, où il importe encore plus inct-Cha.q»'a^eurs jours un honneur iniini d'être «x l'ami intime des François 5 & j'ai des Indes Orientales 2$$ * prié inftamment ce matin chez ——— » moi le Commandant de ceux qui ■ 7 * L\ f , . ^ A»«-.C1 » lont icr d'écrire au Gouverneur » de Pondichery, & de lui deman-» der fon amitié pour- moi. Je dé-W clare que je tiendrai pour enne-*> mis tous ceux qui le feront des » François. * Un éloge de la Nation fi flatteur & fi public, forti de la bouche d'un Seigneur à qui la réputation de probité dont ii jouiffoit donnoit un grand crédit dans le pays, impofoit filence au petit nombre des mai intentionnés. On avoit pour elie une vénération fi grande & fi générale , que le 29 Août M. de BmTy écri-voit à M. Dupleix : » Tout trem-» ble ici au feul nom des François ; 5» fi vous étiez témoin de ce qui s'y » paffe , vous en feriez vous-même »> étonné : les pauvres ne deman-» dent plus Paumône dans les rues » d'Aureng - Abad, qu'au nom de » Jefus 8c de Marie. « Révolution -i—— Chanavaskan lui - même confus Amet-Cha. de voir fes impoflures & fes intrigues tourner à fa honte, fut enfin contraint de fe foumettre , 5c de rechercher l'amitié des François. II envoya plufieurs fois à M. de Buffy,. pour lui faire exeufe de ce qui s'étoit paffé, 8c comme bien loin de lui donner des réponfes fatisfaifan-tes, le Commandant François fem-bloit au contraire le négliger, ce Seigneur lui manda un jour qu'il alloit fe faire Faquir, puifqu il le méprifoit au point de ne lui avoir pas encore envoyé perfonne de fa part ; qu'il avoit mis toutes fes-ef-pérances dans l'amitié 8c dans la protection des François; 8c que fi l'une & l'autre lui manquoient, i{ ne lui reftoit plus d'autre parti à prendre que de renoncer au monde. Ce n'eff. pas que M. de Buffy ignorât que Chanavaskan tenoit un des premiers rangs dans le pays,. & des Indes Orientales. iyj qu'il y étoit fort confidéré j il étoit -prefîé & follicité chaque jour , tant /^et-ci. par le Divan que par plufieurs des principaux de la Cour du Souba, de lui faire quelque politefle. Mais plus ce Seigneur étoit grand & accrédité, plus le Commandant François croyoit devoir lui faire fémur qu'il avoit manqué à la Nation. II étoit à propos qu'il fût bien perfua-dé que les François n'avoient nullement befoin de lui, afin de mieux comprendre qu'il ne pouvoit fe paf-fer d'eux. L'exemple du Prince ne pouvoit manquer d'infpirer à tous fes Sujets, fur-tout à ceux qui appro-choient de fa perfonne , des fenti-mens favorables à la Nation. Lui-même accabloit publiquement les François de careiles& d'amitiés ; il répétoit fans cède qu'ils étoient fes protecteurs , que fans eux il étoit perdu lui & fon armée. Environ 238 Révolution — huit jours après fon arrivée à Ain toztlcL. reng * Aï>acî > il alla Ieur rendre vifite dans leur logement ; démarche importante, qui étonna toute la Ville. Un autre jour il ieur donna le plaid r de la chafîe aux Tigres 5 & le 2 j Août M. de Bnfly ayant fait célébrer la fête de S-Louis avec beaucoup de magnificence, le Souba voulut auffi donner au Roi en cette accafion des marques publiques de fa recon-noiffance & de fon refpeét, en lui rendant les mêmes honneurs, que ces Princes ont coutume dans ces rencontres de rendre à leur Souverain. Le matin il fit faire un falut général de toute Tartillerie & de toute la moufqueterie de fon armée ; & le foir il fit tirer le canon de Ja Ville à la façon du pays, c'efl-à-dire , à longs coups & de loin en loin. Son deffein étoit même de rendre vifite ce jour-là à M. de des Indes Orientales. 2 j ç Buffy pour le complimenter à ce- fujet ; mais le mauvais tems l'en Âmet-Ch* empêcha , 6V la partie fut remife au Dimanche fuivant. Outre la reconnoifîance, un au-Projetsie l9 tre motif engageoit encore le Sou-Cour Af A"" r v 1, * rcng-Abad. ba a avoir tant d égards pour la Nation y 1 efpérance d'en tirer dans la fuite de piiilîans fecours pour les projets qu'il méditoit, étoit pour ce Prince une nouvelle raifon de chercher à fe l'attacher par toutes fortes de bons traitement 6V de marques de diftinction. il n'avoit point encore alors reçu de la Cour le Serpeau, qu'elle a coutume d'en-vover aux nouveaux Princes avec i le Firman de l'Empereur 3 on fça-voit feulement par les lettres de Dely , qu'il devoit arriver inceffam-ment. II confiftoit, difoit-on, en un habillement complet , un éléphant , un cheval 6V un fabre ; 6c il devoit être accompagné d'un Fir- 240 Révolution *mfmmmmm man du Grand - Mogoï, tant pour Âmct-ciu.tomes ïes concetfions faites à la Compagnie, que pour le Gouvernement des pays compris entre le Quichena & le cap de Comorin , & d'un Serpeau pour le Gouverneur de Pondichery. On étoit averti que tout cela devoit partir en même-tems, Se arriver par la même voie. Outre ces titres néceflaires pour affermir & cimenter ce qui s'étoit fait ju(qu'alors, ces mêmes lettres de la Cour annonçaient à Salabetfingue un avenir grand Se flatteur, mais dont le fucecs n'étoit fondé que fur [la valeur des François, & fur la réputation qu'ils avoient dai s l'Inde. On ne parloit que d'eux à Dely , au point que le Grand - Me gol avoit demandé qu'on lui envoyât en diligence ïe nom de celui qui commandoit l'armée qui avo.'t fuivi Salabetfingue ; Se l'on avoit entendu dire publiquement à ce Prince des Indes Orientales. 241' Frjnce, que le tems étoit enfin venu • de fe venger des ennemis de fa puit {JJ-o^ fance . puifqu'un de fes Sujets avoit Tcu gagner l'amitié d'une Nation auffi brave que les François. Oeil dans ces difpofuions, que l'Empereur jettant les yeux , d'iui côté fur le royaume de Bengale qui étoit alors en proie à une armée de Marattes, de l'autre fur les troubles de Surate & de Cambaye , oà fes Généraux fe jouoient de fon autorité , en faifant paroître tour i tour des ordres de Dely chacun à leur avantage , crut pouvoir profiter de l'occafion qui fe préfentoït; pour rétablir l'ordre Se le calme dans l'Empire. Dans cette vue il réfolut de donner au nouveau Souba un domaine & un pouvoir fi grands , que Nizam - Mouloufc lui-même n'auroit jamais ofé s'en flatter. Le jour même que Sala» betfingue fit fon entrée à Aureng- Tome IL L 24- Révolution L Abad, Ramdas - Pandet reçut d« l. '-cL. Dely une lettre d'Afleindikan ; quî lui écrrvoit : » Le Nabab » Bahadour vient de nYordonner » de vous écrire ces mots de la part » de l'Empereur : Conferve\ bien Va-» m/'r/V d« François , dont j'ai cA-fr» Je fuis extrêmement mécontent de » mon Viceroi ; je vous appellerai » avec tous vos braves François pour le » châtier. Je veux par leur moyen » mettre l'ordre dans tous mes Etats. « Ces nouvelles furent confirmées trois jours après par une autre lettre, qneRamdas-Pandet reçut du même AîTeindikan.ÂbdalIa étoit auDorbat des Indes OtientzUs. î 4 3' lorfque cette lettre arriva , 6V fut té-moin d'une longue converfation ÀnLc-ch*, quelle occafionna entre le Souba 6V fon Divan. II ne les entendit point , parce qu'ils parloient extrêmement bas ; mais au bout de quelque tems Rairtdas - Pandet ayant appelle Abdalla , lui demanda ii dans le Bengale il connoilîoit quelques places, qui puiïent convenir aux François pour leur commerce. Le Turc lui en ayant nommé plufieurs , le Divan lui fit la même, quellion au fujet de Patnaj furquoi AbJalla lui ayant demandé à fon tour , à quel delTein il vouloit être informé de ces particularités : » Le u Nabab Bahadour, lui répondit » ce Minftre , va fiirement faire ï*> avoir Bengale à Salabetfingue. » Auffiiôt que le Firman en fera ar» a» rivé, fi le Gouverneur de Pondi-» chery veut nous féconder, on lui *» donnera dans ce pays toutes les 2.j 4 Révolution - » terres qu'il demandera. Nous n'ai I 7 K I • Amu-Cha. » vons befoiti que* de quelques » troupes de plus ; à l'égard de n l'argent qui fera néceiïaire pour m cette expédition, je me charge « de le fournir. * Le lendemain matin Ramdas - Paudet confirma la même chofe à M. de BufTy, & l'af-fura des mêmes avantages pour la Nation du côté de Surate & de Gu-zarate. &*roluâoa Ma's avant de penfer à rexécii- 2S*r,Ma" tîon ^e ces Projets > il &tott nécef-faire de pourvoir d'abord à un autre objet d'autant plus intérefiant, que fa proximité ne permettoit pas de le négliger. Je parle de la guerre qu'il paroifioit alors que le Souba alloit avoir avec les Marattes. Pour en entendre le fujet, il faut fçavoir ue Savon - Raja Roi des Marattes, *** ont j'ai parlé dans la première Partie de cette Hiitoire i étant mort des Indes Orienrales. 24? fans biffer d'enfans ( a ) , la Reine--f» fon époufe entreprit de mettre après lui fur le trône un jeune enfant, qui étoit de la famille du prédéceffeur-du Roi fon mari. Cette prétention de la Reine excita- de grands troubles dans la Nation. Ce même Ba> jiro dont il a été fait mention ur* peu plus haut, s'y oppoia,- & comme il étoit alors à la tête d'une armée nombreufe , il ftt proclamer Roi un autre enfant fort? d'une.-balfe Cafte, qu'il avoit fait élever dans cette vue, afin de pouvoir gouverner fous fon nom. Sur ces entrefaites arriva la morr. de Nazerfingue, qui fit concevoir à Bajiro de plus grands delîeins 3 il entreprit de fe rendre maître de ce qui relloit de la famille de Nizam-Moulouk , & de s'emparer du Decan. Les nouvelles qu'il reçut de la. ( a ) Son fils FcitiiTïnjiic dent j'ai parle ailleurs,; fcoit mot t avant lui,- • L iij 2.^6 Révolution - protection que les François avoient ^Jet-Cha.accor bien n'y a - t'il pas de perfonnes » à Dely , qui font jaloufes de » mon bonheur'.Mon frère Iui-mé-» me a toujours les yeux ouverts » fur le Decan j & la protection » que vous m'accordez , efl la feule » raifon qui l'oblige à voir mon » élévation d'un œil tranquille. II » en efl de même ici : votre pré-fence y tient tout le monde dans a> le devoir ; mais à peine m'aurez-» vous quitté, que ceux qui trem-» blent aujourd'hui fous mon au-9» torité, voudront faire les maitres, v> 8c que tous ces pays auxquels » avec le fecours des François je » compte donner une forme de » gouvernement plus raifonnable, * ou feront tout - à - fait ruinés > ou des Indes Orientales. z J r » me feront peut - être enlevés par -» les Marattes, qui depuis dix ans y JiJJ.a'x, » font les plus affreux ravages.C'eft » à IaNation à achever ce qu'elle a » fi bien commencé. Mes affaires » font fur le meilleur pied à la *> Cour i j'attens inceffamment le 33 Serpeau de l'Empereur , & les » Firmans pour un Etat encore plus » étendu que celui dont je fuis déjà » en pofTeffion : votre Général rece-» vra en même- tems de Dely ce que » vous m'avez demandé de fa part. 3î Er attendant, je veux réprimer 331'infolence de Bajiro, qui a ofé » me demander une partie confiai dérable de mon bien. Ce Maratte » efi aujourdh'ui plus riche que » l'Empereur même , qui depuis 3>I'invafion du Roi de Perfe n'a » plus de tréfor , & dont tout le » revenu fe borne à ce qu'il peut » tirer des eYivirons de Dely. Je » fçais que Bajiro levé une armée 2. 5 2 Révolution 1 >» nombreufe 3 mais outre que j\îî Amdcha, » détaché dc fon parti Ragogfc. .» Boufibula tSc plufieurs autres Gé-33 néraux Marattes , avec votre fe-3>.cours j'ofe.me flatter d^en venit » aifément à bout. Apres avoir ainfi » rétabli la tranquillité dans ces 3> Provinces , je pourrai les quitter 3> pour aller travailler à pacifier mes » autres Etats. Je vous promets que » je partagerai avec la Nation tourtes les faveurs que je recevrai de » l'Empereur ,& que fi elle m'aide 3> à me rendre maître des pays qr.e a> l'on m'a promis , elle peut comp-» ter fur tous ceux-qui feront à fa » bienféance. Stége de Tandis que ces chofes fe paf-' ^ cwpa"foieat dans le Decan , les François travailloient du côté du Maduré à rétablir le calme, dans cette Province, en achevant d'étouffer les refies des troubles -qui i'avoienr agi té e j u f qu'alors.. Ma m e ta 1 i ka n , dès Indes Orientales. îOHjôurs maure de la Fortereflë de T richenapaly , étoit le feul obflar AmœÇtaj. cle qui s'oppofât à fa tranquillié.. On a vu comment après la mort de Nazerfingue , m. Dupleix avoit ménagé fon accommodement avec Muzaferfingue ,.& fui avoit obtenu de ee Prince un Gouvernement dans le Royaume de Golconde.. Au moyen de ce dédommagement, Mametaiikan avoit promis de rer mettre Trichenapaly ; mais fon def-fein n'étoit nullement de tenir paT rôle : if cberchoit feulement à gaT gner du tems & àamufer les François j jufqu'à ce que les Anglois avec lefquels il avoir toujours étç lié, & qui le foIlieitoLent alors très^ vivement de ne point efFeétner fen accommodement , euffent. eu le tems de lui envoyer du fecours. La grâce que le Gouverneur de Ponr ticliery lui avoit obtenue, ne lui jparut pas fuffifante : il fit de .non-. 2j/^ Révolution 1 1 velles demandes ; 6V on les lui ac-ifVma-châ. coràa encore avec la même facilité. Ces délais n'étoîent point un effet de foibleffe de la part de M. Dupleix ; mais il avoit befoin du recours du tems, pour être en état d'employer la force contre ce Prince rébelle. II falloir pour agir Iaiffer palfer la faifon des pluies j il faïloit amaiïer de l'argent ^ donner le tems de lever une armée à Chandafaheb 'qui n'en avoit point, voir comment tourneroit la dernière révolution qui venoit de mettre Salabetfingue à la place de Muzaferfingue. Ces circonfiances réunies exigeoient la plus grande prudence de la part du Gouverneur de Pondichery; & fi Salabetfingue ne fe fût pas maintenu dans le Decan, peut-être n'eût-il pas été de l'intérêt de la Nation , de difputer à Mametalikan la pof-feffion de Trichenapaly. Ce Prince qui pendant ce tems-là négocïoit des fades Orient ah: s; 2Çf avec les Anglois , ayant* conclu fon ■* Traite avec eux , mais d'ailleurs Amec-ciu. fouhaitant de bonne foi un accommodement avec Chandafaheb & les François, chercha de nouveaux délais ; & pour le mettre dans tout fon tort ,îe Gouverneur de Pondichery qui de fon côté avoit befoin de tems,-voulut bien encore fe prêter pendant deux mois à toutes les mau-vaifes difficultés qu'il voulut faire. La mort de Muzaferfingue arriva dans cet intervalle ; & l'on crut pouvoir profiter de l'élévation de Salabetfingue fur le Trône du Decan > pour prefier Mametalikan de tenir la promette qu'il avoit faite. Le nouveau Souba lui fit écrire dans le mois de Mars d'évacuer Trichena-paly , & de remettre cette place à Chandafaheb ; mais fes ordres ne furent pas plus efficaces, que ce qui avoit précédé. Mametalikan qui avoit reçu dans fa Place de la part Révolution- - des Anglois un fecours d'hommes & Amcc-cha. de munitions, recommença a négocier, toujours difpofé de bonna foi à s'accommoder avec le Nabab, d'autant plus qu'il s'étoit apperçu , que les Anglois ne vouïoieni fe fer-' vir de lui que comme d'un prétexte pour leurs intérêts particuliers , & pour s'approprier tout ce qui pourroit être conquis fous fon nom. Cette négociation dura en* core environ deux mois : enfin rebuté des artifices , de rimpuiifance & des lenteurs de ce Rebelle , M. Dupleix que tous ces délais1 avoient mis en état de prendre fes mefures , forcé d'en venir aux voies de fait , fit foriir de Pondichery un Corps d'environ mille Blancs, fou-tenus des Cipayes & de- «quelques Caffres , avec un train d'artillerie. Ces troupes ayant joint l'armée de. Ghandafahe-b compofee de fept i huit mille hommes , prirent le che-* des Indes Orientales. 2.^7 mm de Trichenapaly, dans l'inten-Von d'en faire le fiége. A peine fçut-on la nouvelle qu'elles étoient en campagne , & mar-cfioient contre Mametalikan, que les Anglois firent également fortir de Goudelour huit à neuf-cens hommes , avec un train d'artillerie affez confidérable. Ceux-ci ayant pris un chemin plus court > arrivèrent les premiers à une ForterefTe fituée fur la frontière du territoire de Tricher napaïy ; on l'appelle Valgonda-Douram : Chandafaheb ne < parut que quelques jours après à la vue de cette Place, 8c campa à une certaine diftance. Le Gouverneur Maure qui y commandoit pour le Nabab , follicitoit cependant un prompt fecours, repréfentant qu'il ne pouvoit douter que le deffeîn. des Anglois ne fût de s'emparer de fa Forterelfe ; qu'il fe défendroit de fon mieux 3 mais qu'il ne fe croyoit 15 8 Révolution *"* pas allez fort pour réfiiler à un hâ. collP ^e main' H feroit allez difficile de deviner ce qui put empêcher l'armée Maure de céder à fes follicitations ; ce qu'on peut en dire de plus certain, efl que Chandafaheb cherchoit encore à ménager les Anglois, & ne vouloit pas commettre les premières hoftilités contre eux. Son intention étoit avant d'agir hoflilement, de leur laiffer porter les premiers coups. Cette conduite avoit certainement beaucoup de fageffe à bien des égards , & étoit d'un habile homme. Quoi qu'il en foit, ce Prince fe tenoit fort tranquille, lorfqu'une nuit un grand bruit de canon & de mouf-queterîe que Ton entendit, ne laif-fa aucun lieu de douter que la For-tereffe ne fût attaquée. Alors on fe mit en mouvement pour aller à fon fecours ; mais on n'étoit pas encore forti du camp, & ii étoit déjà grand des Indes Orientales. z^ç pur , quand on apprit par un 1 homme envoyé du Fort que l'en- Ajnct-Cfci, treprifedes Anglois avoit échoué, & qu'ils s'étoient retirés avék perte. Sur cet avis, l'armée fe mit en marche pour les pourfuïvre, &pour s'approcher de la ForterefTe. Les Maures s'avançoient dans un défor-dre d'autant plus grand, que les chemins étoient fort mauvais, & qu'ils étoient perfuadés que l'Ennemi rebuté de l'acf ion de la nuit, ne penfoit qu'àla retraite : auffi^œnt-îls trèï-furpris , quand au mBBient qu'ils y penfoient le moins il parut en fort bon ordre, & eut le tems de les faluer de toute fon artillerie , avant que la leur fût en état de lui répondre. Malgré le défavantage de cette fituation dont les Ennemis*ne fçurent pas profiter, l'acf ivité de quelques Officiers rétablit l'ordre ; i'artillerie fut placée, Se fervie avec tant de vivacité, que les Anglois 16o Révolution L furent obligés de plier. On les pour- fractCbL mivil > niais allez mollement pour leur donner le tems de fe réfugier en boiPardre dans une Pagode-cependant la terreur étoit fi grande parmi leurs troupe? /qu'ils jugèrent à propos de décamper lourdement pendant la nuit. On* fut averti trop tard de leur retraite ; & ils ne purent être atteints que par quelque Cavalerie Maure , qui leur enleva plufieurs chariots chargés d'armes 6c de inanitions. On continua de les pouflnvre les jours fuivants ; Se orr les ferra dé fi près ■> qu'on les força enfin de palîer le Colram , qui étoit alors extrêmement débordé. Dans-ce paff ige,a'nfi que dans les diverfes aélions qui l'avoient précédé , ils-perdirent beaucoup de monde, fix canons, grand nombre de fufils r le refle de leurs munitions Se toutes leurs tentes. On prétend qu'il n'en feroit pas échappé tin feul, fi la. des Indes Orientales. 26Y fcourfuite eût été plus vive. : Le débordement du Colram don- Am«*ch»« "na le tems à cette armée délabrée de fe refaire, & de revenir de fes allarmes; pendant deux mois les Maures & les François demeurèrent dans l'inaction jufqu'à ,1a fia de Septembre. Les eaux ayant diminué t 6c M. La\7 étant venu prendre le commandement des troupes à la place de M. d'Auteuil, que fa goutteavoit obligé de quitter le camp., ce nouveau Général fignala fon arrivée par une action de vigueur. Des le lendemain il palîa le Colram , emporta tout de fuite un petit Fort qui pouvoit le gêner dans le palTage du Cavery , 6c alla camper fur le terrein même de Tri-chenapaly , dont il fe difpofa à faire les approches. Quelques - uns ont foupçonné M. d'Auteuil, de ne s'être pas fervi dans cette expédition de fon acti^ 262 Révolution 1 vite accoutumée , 6V de s'être iai(îe" Amct-chi. amufer par les artifices de Mametalikan. Mais il efi très-certain que ce Prince Mogol étoit alors dans des difpofitions fincéres de s'accommoder ; mais qu'il lui fut très-im-polïible de les effectuer dans les cir-confiances : il s'apperçut trop tard , combien il étoit la dupe des Anglois. Ce fut pendant les deux mois d'inaction des deux armées combinées , que les ennemis crurent pouvoir tenter de faire une diverfion du côté d'Arcatte. Ce fut vers le milieu du mois de Septembre qu'ils exécutèrent ce projet ; ils firent pour cela un détachement de quelques Blancs 6V d'un petit nombre de Noirs, qui n'ayant trouvé aucune réfiflance dans cette Ville toute ouverte, y entrèrent fans oppofi-tion. Leur deiïein étoit d'engager par-là les Maures & les François à des Indes Orientales. '2.63 abandonner leur entreprife fur Tri- " chenapaly , pour courir au fecours Amet d'Arcatte. -Mais ni Chandafaheb, ni le Gouverneur de Pondichery ne prirent point le change 3 6V fans rien déranger des opérations du fiége, on fe contenta de détacher quelque Cavalerie Maure , avec cent Blancs 6V des Cipayes, pour aller chaffer les Ennemis de leur nouvelle conquête. Cependant les nouvelles qu'on recevoit du fiége , en faifoient efpé-rer le plus heureux fucccs : la Ville de Trichenapafy étoit dépourvue de munitions de toute efpece , 6V la méfinteiligence y régnoit entre les Afiiégés , les Anglois fe plaignant de ce qu'on ne les payoit point t 6V Mametalikan leur reprochant à fon tour, qu'après lui-avoir vendu leurs fervices au centuple, ils ne lui étoient d'aucun fecours. Ce qu'il y a de certain, elt que par une '2 6*4 Révolution. ■ y J lettre interceptée , écrite par ïe Amet-Cha. Commandant des troupes Angloi* fes au Gouverneur du Fort Saint». David, & que j'ai eue entre les mains f on voit que le Prince Maure, épuifé par les dépenfes exorbi*. tantes que fes Alliés lui occalïon-noient, n'étoit plus en état d'y fournir. Auûl croyoit-on qu'il ne pouvoir tarder de prendre fon parti. On alîuroit même qu'il fauroit pris des-lors, s'il n'avoit été obfédé par ies Anglois, qui le tenoient comme prifonnier dans fa Place , & qui lui demandoient des fommes confidét rables. Des relations dont quelques per-fonnes bien inflruites m'ont garanti ia fidélité, rapportent un trait, qui prouve qu'en effet Mametalikan n*é-toit pas trop le maître dans fa propre Ville. On prétend qu'un Seigneur du Pays lui remontra un jour, qu'il étoit de fon devoir de fe fonmettre à des Indes Orientales. ii5f m Salabetfingue fon légitime Souve- -rain ; Se que les Anglois înflruîts Se Amct-Chaj? mécontens de cette repréfentation y qui ne produifrt d'ailleurs aucun effet, voulurent exiger que ce Seigneur en fût puni, difant que c'étoit un traître qui étoit vendu à Chandafaheb, Se qui méritoit la mort. On ajoute que Mametalikan ne jugea pas à propos de s'en rapporter à leur décifion, d'autant plus que ce Seigneur étoit un Sayet? c'efi - à - dire , un defeendant de Mahomet, Se que la Loi défend aux Mufulmans de répandre le ïang du Prophète. Cette raifon, dit-on, ne Jatisfit point les Anglois ; Se pour fe faire juitice par eux-mêmes, leur Commandant apofla un jour une demi-douzaine de fufiliers , qui ayant attendu ce Seigneur au palla-ge j lui calibrent la tête dans fon palanquin. Ce fait qui efl très-cer-tain , acheva de faire connaître à Tome II M *ù£6 dévolution »' " ' Mametalikan quels Alliés îl s^étoît ^nst-cha. donnés. Tel étoit à la mi-Octobre de Tannée 17 51 .l'état du fiege de Triche*, napaîy, lorfque la fuite des événe-nemens fit évanouir les efpérances flatteufes qu'on en avoit conçues. L'armée Angloife s'affembla par petites divifions,"& devînt alTez nombreufe pour couper les vivres à M. Law - en conféquence il fut obligé de livrer Chandafaheb fans aucune condition écrite au Roi de Tanjaor , qui le remit aufii-tôt aux Anglois; & ceux-ci lui firent far ;ïe champ trancher la tête. M.Lawfe rendit enfuire prifonnier de guerre avec toute fon armée,par une capitulation qu'il figna avec le Commandant des troupes Angloifes. Les fuites qu'a eues un fi trifle événe-iment, le rappel de M. Dupleix de Pondichery , Tétabliffement d'un nouveau Çouverneur & d'un nou- des^Ir.des Orientales! Veau, fyftême de Gouvernement 1 1 — dans cette Capitale de nos Colo- ^Jg/cîa nies aux Indes Orientales, & les Traités faits avec les Anglois n'en^ trent point dans mon deffein. Mfj $t8& -, Répùlutîori .'ADDITIONS ET CORRECTIONS; Tome IL PAge no, & fuiv. jufqu'à la page 12p. Au fiije tde ce qui efl dit, des intelligences que le ^Gouverneur de Pondichery entre-tenoit avec les Seigneurs Patanes , & les autres Officiers de l'armée de Nazerfingue qui avoient conjuré fa perte , on doit faire les réflexions Suivantes* Que Nazerfingue étoit ïncon-teftablement un ufurpateur, puif-que , comme on l'a fait obfer-ver à ïa page 21?. du premier volume de cette Hiflorre, Muzaferfingue fon neveu étoit feuL héritier légitime des Charges, biens & dignités de Nizam'- Moulouk fon ayeul, dont il avoit déjà en confé-guence recui'invefliture du Grand- des Indes Orientales: 2,6 Mogol, lequel ne regardoit Nazer-fiugue que commrim Rebelle ; en- 1 forte que l'on peut dire que le Gouv verneur de Pondichery qui s'étoit • chargé de l'exécution des intentions & des ordres- de l'Empereur, étoit* autorrfé à pourfuivre la-perte de ce-dernier par toutes fortes de voies. - Que malgré ces raifons qu'avoiïf-le Gouverneur de Pondichery pour ofer travailler à la ruine & à la def- -truélion dé Nazerfingue-, ce ne fut" cependant ni à fa perfuafion, ni à fa -follicitation ou à fon inliigation , que les Généraux Patanes 8c autres' Conjurés formèrent le defiein d'à--bandonner ce Prince ; que combine on le voit dans cette Hiftoire ^ la plupart des Chefs de fon armée-fouffroient impatiemment , qu'il eût manqué à Sa parole qu'il leur-avoit fi folennellement donnée au-fujet de fon neveu -, que le mécontentement étoit général dans foiv "û7<5 Révolution camp ; Çue l'on s'y ennuyoït des fatigues& encore plus desdépen-fes d'une guerre; où même en fup-pofant que Nazerfingue fût viéto-lieux / on ne ne voyoit que des coups à gagner; que tous fôuhar-îoient l'exaltation de fon rival par intérêt perfonnel ; & que même en fomentant ce mécontentement général, & en entretenant des intelligences dans cette armée , M» Dupleix avoit moins en vue la perte de Nazerfingue , que de conferver la vie à Muzaferfingue,& d'amener les chofes à un accommodement raifonnable. C'eft ce qui efi prouvé par la déclaration exprelfe qu'il fit aux derniers Envoyés des Conjurés , & dont il efl parlé page 113, qu'il ne s'étoit propofé d'autre objet dans cette guerre, que d'affiner les droits & la liberté du Seigneur Muzaferfingue ; que pour cela il n'a-voit nullement befoin de leur fe- dès Indes Orientales. 2jT cours ; & que quand même ils ne fe feroient pas liés d'intérêts avec lui, les François n'en auroient pas moins exécuté la réfolution qu'ils avoient prife, d'attaquer le camp ennemi, & de livrer bataille à l'u-furpateur. Mais ce qui acfieve de juflifier la conduite du Gouverneur de Pondichery, efl la négociation fecrette qui fe conduifoit alors entre lui & Nazerfingue, négociation qui étoit ignorée des deux armées J qui avan-çoit lentement, fuivant l'ùfage des Maures , & dont on voit le fuccès à la page 123. de cet Ouvrage. En conféquence Nazerfingue confen-» toit à confirmer aux François toutes les conceffions que Muzaferfingue leur avoit faites, à rendre la liberté à ce Prince , à faire un partage avec lui, Se à établir Chandafaheb Nabab d'Arcatte & du Maduré. Le Traité étoit conclu 5 & fi la ratifia M iiif "272 Révolution caiion Je Nazerfingue n'avoît pa? tant tarde à venir à Pondichery, la bataille ne fe feroit pas donnée, M. Dupleix qui connoilîoit la mau-vaife foi des Maures, ne vouloit point être leur dupe, & n'interrompit point les opérations militaires ; perfuadé que leur fuccès ne pouvoit qu'accélérer une conclulion; Au moment où il reçut la ratification de Nazerfingue, il expédia im Courier à l'armée ; mais la bataille étoit gagnée, & Nazerfingue mort, lorfque l'ordre arriva. Page 15 6\ €r fui]/. Obfervez qu'outre les fujets de mécontentement que prétendoient avoir les trois Généraux Patanes, ils ne fe révoltèrent qu'à l'infiigation des Anglois, qui agilfoient en même tems auprès de Mametalikan, du Nabab de Canoul & de celui de Carapen, pour exciter de nouveaux troubles. des Indes Orientales. 273 Page 21<>. Remarquez que Ca-fîndikan n'avoît obtenu le Firman de l'Empereur pour le Gouvernement du Decan que par furprife * auffi lorfque ce Prince en fut inf-truit, il fit couper la tête à un des principaux Eunuques qui avoît conduit cette affaire. Dans la fuite h Grand-Mogol donna à Cafindr-; kan la Charge de Généraliffime de fes armées, comme il efi dit page 22©. de cette Hifloïre ; mais loin de s'en contenter, ce Seigneur s'échappa de Dely, & alla fe mettre à là tête d'une armée Marâtre ? dans le deffein de détrôner fon frère'Sa-' labetfingue. II fut battu à plate couture par les troupes Françoifes, Se en mourut de chagrin peu de jours après. » TA B L E 'DES MATIERES* A r À Boc cha aï d, Grand - Mogol. Ses /i malheurs & fesdifgraces, T. I. p. 4?. eft mis à mort par Uium-Caflan Roi de Perfe, ib. & fuiv. Akebar, v. Ekbar. Amayum, v. Houmayum. Amec-Cha. Victoire qu'il remporte fur les Patanes, T. I. 209. Son élévation fur le trône des Mogols , ni. Çffuiv. eft dér trôné par Heroudine , 27.9. Anaveràïkan eft fait Régent du Carnate & du Maduré pendant la minorité du fils de Sabderalikan, T. 1.1 yy. Fait aflfaflîner ce jeune Prince, i<>6. & 282. S'empare du Gouvernement qu'il poflédoit , 167. &* fuiv. & 282. îffuiv. Encourt la hante de toutela Province ,158. Voyage qu'il fait à Pondichery, 1^9. Çrfuiv. Il y jure amitié avec la Nation Franco* le , 161. Sa partialité pour les Anglois , 1^3. & JùzV. Ses hoftilitcs contre les François, 1 64. &Jùïv, Fait la paix avec eux , 17c. & fuiv. Favori fe les Anglois au ficge de Pondichery > DES M A T I Ë R ES. %fô fait des Royaumes de Golconde Se de Car-190* S'oppofe à l'entrée de Muzaferfingue dans le Carnate, 223. Ses forces, 225. Sa défenie&fa mort à la bataille d'Amour, 217. & fuiv. Anglais (les) Guerre aux Tndes entre eux â: les François, T. I. 162. G*fuiv. Afliégent Pondichery, i8f. Sollicitent inutilement Nazerfingue de fe joindre à eux y 186". frfuiv. Secours qu'ils reçoivent d'A-naverdikan & de fon fils , 190. Ils lèvent le fiége, 198. Leurs intrigues pour exciter de nouveaux troubles, 284. &• fuiv. Attirent Nazerfingue dans le Carnate, T. Il, 2. & fuiv. Secours qu'ils lui envoient, ip. ts fuiv. Peu de cas qu'il faifoit d'eux, 67. & fuiv. 72. Joignent leurs troupes à celles que commande Mametalikan, 80. 6- fuiv. Divifion entr'eux , 87. £rfuiv. Fomentent la révolte des Patanes contre Muzaferfingue , 272. Traité qu'ils font avec Mametalikan , &- fecours qu'ils lui envoient, 27 •). (y fuiv. Se mettent en campagne pour le foutenir, 277. Ils le tiennent comme prifonnier dans fa place, 2 64. fuiv* Font trancher la tête à Chandafaheb,2 6 6, fuiv. Aureng-Abad. Defcription de cette Capitale du Decan , T. II. 127. Salabetfingue y fait fon entrée , ib. Çr fuiv. Efiime qu'on y fait des François, & reipeft qu'ils s'y attirent, 252. îr fuiv. Aureng Zeb détrône fon pere, & le f?it' empoilbnner, T. I. çS. Comment juilifié par un Auteur, 5 7» G"*fuiv. Conquête qu'il M vj i76 TABLE nate, éo.&fuiv. S'empare du Vilapoùrj 6$. G' fuiv. Sa mort., 69. Auteuil( M. d') commande les François à la bataille d'Amour , T. I. 225. Victoire qu'il y remporte fur Anaverdiknn , 217. fuiv* Eft nomme pour commander les troupes Françoifes après le fiége de Tanjaor, T. II. 11. Mutinerie dans fon armée de la part de quelques Officiers, i<;.iyfaiv. 27. & fuiv. Leur défertion , 33. & fuiv. Se replie fur Pondichery , 35». &JwV. Défaif Mametalikan à Tiravady, 89. O'fuiv. Se rend maître de Gingy ,103. trfuiv. Marche vers Arcatte, 114. &■ fuiv. Eft obligé de quitter l'armée, 12 t. Soupçons conçus contre lui dans le dernier fiége de Trichenapaly , z6iB fuiv. A\aris, v. Manfoubdars, B BABAR,paroù il rendit fon régne fameux dans les Indes, T.I. 46. 6*JuiV. Enlevé .Dely aux Patanes, 47. Sa mort, 4,8. Bajiro , Général des Marattes , entreprend de fermera Salabetfingue l'entrée du Royaume de Golconde,T. II. 198. &■ fuiv. Son accommodement avec ce Prince , 199, (y fuiv. Demande l'amitié des François 8c fe retire dans Ton Pays, 204. &• fuiv. Ses vues ambitieufes ,247. &* fflV, Lettre très-fiere qu'il écrit à Salabetfingue , 247. Lui demande la paix, 248. Bangue(le) Ce que c'eft,T, I. 142. not. (a). (DES MATIERES. Vff> ' Barafaheb. Qui il étoit, T. I. 81. Sei conquêtes dans l'Inde , ib. Secours qu'il porte à fon frère Chandafaheb affiégé dans Trichenapaly par les Marattes. 13 7. Sa dé»: faite & fa mort, 13 8. cr fuiv. Bétel ( le ) Ce qu'on appelle de ce non* aux Indes, T. I 207. not. (a) Buffy ( M. de ) eft détaché pour le rendre" jsnaîtrede Gingy, T. II. 9%. irfuiv.Bat les Maures à la vue de cette place , 98. O'fuiv.' Eft nommé pour commander Tefcorte accordée à Muzaferfingue, 1 ?4* Sa furprife 3d fon embarras à la morrde ce Prince, 170» &fuiv. Confent à l'élévation de Salabetfingue furie trône du Decan , 178. trfuivi Conduit le Souba jufqu'à Golconde, 1860 & fuiv. Reçoit ordre de l'efcorter jufqu'à Aureng-Abad , 203. & fuiv. Services qu'il . rend au Souba dans cette route, 207. 0*. fuiv. Difcipline qu'il fait obferver par les troupes à ion arrivée dans Aureng-Abadj 2 21. &• fuiv. C CA n o v l. Description as cette Placé r & fa prife par les François, T. II. 187. & fuiv. Carnate. Etablifiement du Royaume de Carnate, T. I. 60. Conquête qu'en font les Mogols, 62. Us y établiffent un Nabab ou Gouverneur, 6y. &- fuiv. Cafindikan. Qui il étoit , T. ï. % lj* eft 3rrété prifonnier à Dely , ib. Sort de pnfon , & furprend un Firman du Grand-Mogol pour le Gouvernement du Decan g *7l ï A B t rf t. II. iif. & 173. AiTemble une armée pour attaquer fon frère Salabetfingue, z 18* Défaite de fes troupes , ib. &>• fuiv. Affront qu'il reçoit, 219. &fuiv. Le Grand-Mogo! le fait Généraliflimede fes armées, u0l Se met à la tête d'une armée Maratte & e{t battu par les François, 273. Sa mort, ib. Cha-Halam, fils d'Aureng - 2eb , fort avènement au trôné des Mogôls, T. Iq -69. & 179. Sa mort, ib. Cha-Jehan* Richeffes de cet Empereur, • T. I. 30. Fait périr fon frère , & fe révolte contre fon pere, f 4. Son avènement au trône desMogols, îî. Eft détrôné & em* poifonné par fon propre fils, 5 6. Chandafaheb.^ Qui il étoit, T. I. 77. &> fuiv. & 281. Fait le fiége de Trichenapaly,' & s'en rend maître, 78. & fuiv. & 281, Forme celui de Tanjaor , 80. Service im- . portant qu'il rend aux François, 8 r. & fuiv. Sa famille fe réfugie à Pondichery après le combat du Canamay , 104. &fuiv. Eft zC-fiégé dans Trichenapaly par les Marattes, 1 i),.ù'fuiv. Négocie inutilement avec eux, 13 6. G»fuiv. Leur rend Trichenapaly & eft fait prifonnier , 145. O'fuiv. Obtient fa liberté, 192. (y fuiv. Son retour dans le Car-rate, 19 j. if fuiv. Eft confirmé dans le titre de Nabab d'Arcate & du Maduré, 221. 6* fuiv. Se rend à Pondichery, 23 2. &■ fuiv. Ses préfens au Gouverneur, 234. f> fuiv. Secours que les François lui accordent, 247. f> fuiv. Forme le fiége de Tanjaor, £4i?t t? fuiv* le quitte pour retourner à Pondichery , T. II. 6. &> fuiv. Eft de nouveau déclaré Nabab du Carnate, 141. £-fuiv. Marche contre Trichenapaly, ajré. fuiv. Cherche à ménager les Anglois, i Il leur eft livré, & ils lui font trancher la téte, z66.&fuiv, Cha-Selim, premier nom de l'Empereut Gehan-Guir, T. 1.5 3. Chérolïes, Ce que c'eft aux Indes, T. X* Z37. not. (b). Chircha, Seigneur Parane , chaffeHou-mayum de l'Empire, T. I. 4^. Régne avec làgeiTè & modération dans les Indes, f o. Coffigny ( M. de ) Qui il étoit, T. L; 12.9, Met Pondichery en état de défenfe contre les entreprifes des Marattes, ib. G*. fuiv. Trait de Ton invention qui les enraya s 13 3. G* fuiv. Créqui ( M. de ) Abandonné à Trêves par les Officiers de fon armée, T. II. 37,-not. (a). D DAoustalikan, Nabab d'Arcàte; conceffions qu'il fait aux François établis à Pondichery, T. I. jf. Ses vues ambi-tieufes , ib- G* fuiv. Eft attaqué par les Ma-rates, 9$. Sa défaite & fa mou au combat du Canamay, 99. f> fuiv. Sa veuve fe réfugie à Pondichery avec fa famille, I04r G" fuiv. Dorbar. Ce qu'on nomme ainfi aux Indes', T II. i4f. not. (a). Dumas (M. ) Succède à M. le Noir dans Je Gouvernement de Pcndichery, T.. I» %96 TABLE 75. Traite avec le Roi de Tanjaor pour II ceflîon de Karical, 84. G* fuiv. En met les François enpofleflion, 89. bfuiv. Reçoit à Pondichery la veuve du Nabab d'Arcate avec fa famille, 106. & fuiv. Lettres que lui écrit le Général des Marattes, & répon* fes qu'il y fait, il y. ù1 fuiv. Préparatifs qu'il fait à Pondichery en cas de fiége, 1 2*. G* fuiv. Dupleix (M. ) Succède à M. Dumas dam} 3e Gouvernement de Pondichery, T. I; •iyp. Lettres de félicitation qu'il reçoit fur la prife de Madraz, 178. bfuiv. Honneurs qu'il reçoit du Grand-Mogol, 191. Procure la liberté à Chandafaheb, 192. G* fuiv.Lettre de compliment qu'il reçoit au fujet de •la levée du fiége de Pondichery, 200. G» fuiv. Reçoit Muzaferfingue dans cette ville, -3?« &*fuiv. Lettre qu'il écrit à Nazerfingue à fbn-arrivée dans le Carnate, T. IL' 2?. (y fuiv. Négociation inutile qu'il entame avec ce Seigneur , 51. G* fuiv. Fait prendre poffeffion de Mafulipatan , 76. G» fuiv. Intelligences qu'il entretient dans le camp de Nazerfingue, 110. G'fuiv. & 268* & fuiv. Négocie avec lui, 112. ïyfuiv. 8c $71,' & fuiv. B EDerabàd. Entrée de Salabetfingue dans cette Capitale du Royaume de Golconde , T. II. 2.o\.&fuiv. Defcription de cette ville , 202. G* fuiv. Ekbar, ou Akebar. Ce que l'on rapporte desricJieifesde cetEn»]?ereur,T,I,}o,Poux? DES M#A T I E R E S. zti\ JÇuoi furnommé le Grand, y i. G" fuiv.Détruit la puiflànce des Patanes dans l'Inde, y*. Tranfporte fa Cour à Agra, 53» Sq mort, ib* F FAquirs. Ce que c'en; que ces (Religieux Indiens, T. I. 173. not.(b). Fauffedrars. Qui font ceux qui portent ce nom dans l'Inde , T. 1.24. Firman. Signification de ce nom dans l'Inde-, T. I. 37. Fonguettes ( les ) Efpece d'armes en uîà* ge dans l'Inde , T. I. 236. not. (a). François ( les ) obtiennent de Sévagi îà permiflïon de refter à Pondichery, T. I. 6j. Nizam - Moulouk leur accorde celle d'y battre monnoye , 74. G* fuiv. Leur établifiement à Karical, 81. & fuiv. Leur conduite dans l'Inde, 161. G" fuiv. Guerre dans ce pays enrr'eux & les Anglois, &f.fe rendent maîtres de Mndraz, 163.Joignent Mn<àferiîngue à fon entrée dans is Carnate, 224. Çyfuiv. Leur victoire à la bataille d'Amour, 227. G" fuiv. Donation que Alufaferfingue leur fait de Mafulipatan & de l'Ifle de Divi ,248. G* fuiv. Forment avec lui le fiége de Tanjaor, 249. G* fuiv. Prennent poiTeflion de Mafulipatan, T. II. 76. G* fuiv. Se rendent maîtres de Gingy , 103. G* f. Faveurs que Muzaferfingue leur corde, 146.G'/Marques de confiance que Sa-kbetfingue leur donne, & préfens qu'il leur fait? 18 x. G* fuiv. Se rendent maîtres de.- Sfô T A B L#E Ganou!, i^7« bfuiv. Prennent le parti dé Chandafaheb contre Mametalikan, 256. &f fuiv, G GIn g y. Defcription de cette Placé 3 T. II. $6. & fuiv. Sa prife par les François, 103. &fuiv. : Golconde. Etablifiement du Royaume de Golconde, T. I. 59. &• fuiv. Conquête qu'en fait Aureng-Zeb, 61. & fuiv. Goupil ( M.) eft nommé pour fuccéder à M. dn Quefne au fiége de Tanjaor, T. I, 271. Eft forcé par fa maladie de fe retirer à Karical, T. II. 11. Grand-Mogol ( le ). Soft pouvoir abfoln dans fes Etats, T. I. 20. & fuiv. Officiers principaux qu'il a fous lui, 22. fuiv. Ses richeffes, 29. & fuiv- & 3 3. cV fuiv. A quoi fe réduit fon autorité, 30; Cr1 fuiv. Ses forces , 3$. É> fuiv. Guyon ( M. l'Abbé ) Peu d'exactitude de cet Ecrivain, T. I. 40. not. (a) 6 y. not. (a) 74. 109. not (a) 146. not. (a) Se (b) 147^ not. (à). H HEroudihe. Son origine, T. I. 17p. Détrône Amet-Cha & régne fur les Mogols , ib. fcVfuiv. Houmayum fuccéde à fon pere Babardans la fouveraineté des Indes, T. I. 48. Eft détrôné par un Seigneur Patane, ib. f> fuiv. Sa retraite en Perfe, 49. Remonte furie îrône > 50» 6*278, Sa mort, 5 u DE S M A T I ERES. a$3; I A g h t r. Ce que e'eft aux Indes, T. T,1 21. & ib. not. (a). Jeckam-Guir. Durée de fon régne dans l'Inde, T. I. $ 3. Révolte de fes fils contrep lui, 54. Sa mort» y y. Lnan-Saheb. Qui il étoit, T. T. 7?. & » i45>- S'intérefie pour le fils de Sabderali-kan , t4i>. G* fuiv. Inde ( T ) ou Ylndoujian. Defcription ro-pograpliique de ce pays, T. I 2. tV Jw*;-;. Par qui habité , 6. G- JùiV. Son Gouvernement , 20. cr JwV. Révolution arrivée dans cet Empire, 204. G1 fuiv. Indiens ( les ) Leur origine, T. I. 11. G* fuiv. Leur religion ,12. Leur caradère, ifo leurs forces, 13. G*fuiv. Indoufan, y. Inde. K KArical. Etablifiement des François dans cepofte, T. I. 81. trfuiv. Son revenu, 94. Augmentation de cet établifiement, 270. &■ fuiv. Kerjean ( M* de ; eft fait prifonnier par les Maures, T. I. 164. G* fuiv. Eft mis en liberté, 17fi. Se rend maître de Canoul* T. II. 187. bfuiv. L LA\v(M.) Succède à M. d'Auteuil au dernier fiége de Trichenapaly > T. II9 m% TABLE ■z6 t .Par où il fignale Ton arrivée à l'armée,;^ Loges. Ce que Ton nomme ainfi aux lïi^ «es, T. I» 131. not. (a). M MAdraz. Etabiiflêmentde cette'vil-le, T. 1. 63. Sa prife par les François , 163. " Mafouskan. Qui il étoit, T. I. 157. Eft battu par les François, 166. & fuiv. Seconde défaite de ce Seigneur à S. Thomé lôZ.&'fuiv. Il fe fait Faquir, 173« Va au fecours des Anglois à Goudelour, 17?»-Eft forcé de demanderla paix aux François % ib. £" fuiv. Va le cacher dans Trichenapaly , 177. Sa haine pour les-François, 18$. Secours qu'il envoyé aux Anglois au fiége de Pondichery, 150. Eft fait prifonnier à la bataille d'Amo-r , 2.19. Mahamet-Qha, fuceédeà Cha-Halam fon pere dans la Souveraineté de l'Inde , T- I. 69. Son caractère, 70. &fuiv. Ses malheurs, 204. G* fuiv. Sa mort tragique , 2 10. Mametalikan. Qui il étoit, T. I. i?7. Se renferme dans Trichenapaly après la bataille d'Amour, 2 2 9. Se met en campagne , & eft joint par les Anglois, T. IL 80. G-fuiv. Divifion entr'eux, 87-&fuiv. Eft défait par les François à Tiravady, 89. ù'fuiv. Sa féconde défaite à la vue de Gingy, fuiv. Par qui excité , 284. G* fuiv. Marattes ( les ) Quels peuples portent ce nom dans l'Inde, T. I. 1 f. if fuiv. & 277, Xeur religion, 16. Leurs forces, ib. cVfuiv» . Leur irruption dans le Carnate, 9 S. (f fuiv, . Leur vicie ire au combat du Canamay, 99» &> fuiv. Leurs courfes fur ia côte, 131. G* fuiv. Se rendent maîtres de Trichenapaly, ,Sc l'abandonnent, 146. &fuiv^Révolution . arrivée chez ces peuples, T. II. 244. G* fuiv. Mafulipatan. Donation que Muzaferfingue fait aux François de cette ville & de Ces dépendances, T. I. 24 GJfuiv. Son com-; ptoir pillé par les Maures, T II. 73.6* fuiv. /Les François prennent poffefiion de cette ' ville, 76. & fuiv. Maures iV.Mogols. Métiapour, y. S. Thomé. . ■Miracha, fuccéde à Tamerlan îon pert HfttM la fouveraineté de l'Inde, T. I. 4Q. §on régne fur ce pays, 44. Sa mort, ik au t a * l e Mogoh ( les ). Signification ce leur riôiï; T. I. 7. Portent auffi le nom de Maures, ib. leur origine, ib. & 10. Leur religion, ib. leur caractère > ib. G" fuiv. N'ont point de noms propres à leurs familles, g. Çyfuiv. Succeffion des Empereurs Mogols 39. G* fuiv. Vanité propre à tous les Mogols, T. II. 4. Muzaferfingue. Son ongine,T. I. njf,' £f 284. S'a "nomination à la Vice-Royauté Idu Decan & de Golconde, 218. fuiv. Sa marche vers le Carnate , 220. G* fuiv. Eft ^oint parles François, 224. G* fuiv. Sa marche vers Pondichery après la bataille d'Amour, 231. G-fuiv. Son entrée & fon fé-jour en cette ville, 13 6. G*fuiv. Confiancer-qu'il fait paroître pour les François , 240» G* fuiv. Donation qu'il leur fait de Mafulipatan & de rifle de Divi, 243. &fuiv. Secours qu'ils lui accordent, 247. G* fuiv* Quitte Tanjaor , pour fe retirer à Pondichery , T. II. 6. G* fuiv. Eft fait prifonnier par ton oncle, 47» (yfuiv. Eft reconnut Souverain du Decan , T29. & fuiv. Son retour & fon féjour à Pondichery, 133. G* fuiv. Y prend poffeffion de fes Etats 142. f>. fuiv. Faveurs qu'il accorde aux François » 146.G*fuiv. Son départ pour Golconde, if 4. G* fuiv. Lettre qu'il écrit au Roi aupa* ravant, 1 y y. G1 fuiv. Eft tué dans une révolte des Patanes contre lui, 15*7. G* fuiuî Etats accordés à fpnfils par Salabetfingue T, O-fuiv. N (nom, 14. Leur pouvoir, 2 y, Çyfuiv. Na^ar? v. Salamy. Nazerfingue. Qui il étoit, T. I. 15-4. G* .184. Eft. inutilement follicité par les Anglois lors du fiége de Pondichery, 186. G* fuiv. S'empafe. de la fuccefïion de Nizam-Moulouk, 218. Sort arrivée dans le Carnate , T. II. 1. G* fuiv. Jonction des Anglois avec lui, 19. &fuiv. Fait fon neveu .prifonnier, 47. &fuiv.Négociation inutile entre lui & M. Dupleix , % \. îr fuiv. Sa retraite à Arcatte, 71. G» fuiv. Conjuration tramée contre lui, no. G* fuiv. Se met en campagne ,117* & fiiiv. Ses forces, 120. Kr fuiv. Sa défaite & fa mort, 124. &• fuiv. Ni\am-Moulouk. Origine & élévation de ce Prince, T. I. 71. G*fuiv. Se 276. Son caraftère, 7$. Accorde aux François la per-mifïion de battre monnoye à Pondichery , 74.G*fuiv. Se 2S0. Il marche vers le Carnate 8e le Maduré, ryo. Defcription de cette marche pompeufe, ib. G* fuiv. Il pacifie ces Provinces, if4* G" fuiv. Son retour, iyç. Soupçonné d'avoir attiré les Perfans dans l'Inde, 2oy. G*fuiv. Sa mort., zi6. & fuiv. Obfqrvation fur fon nom sd'Azefia, 27 Noir (M. le) Sa lâcheté à défendre lC •Comptoir d'Yanaon contre les Maures j '»£• II» 74. bfuivA à MS T A » L K Normand ( M. le ) Se diftingue à la prifrj •le Canoulparles François, T. II. ipi. G* fuiv, ■ O O'Mr ahs (les) Ce que c'eft, T. I, ia. Leur emploi, ib. if fuiv. PAgode. Ce que c'efi que cette mon-noye des Indes, & fa valeur, T. I. if fuiv* Se rend maître de Trichenapaly, & abandonne cette Place, 146 b fuiv. Lettre de félicitation qu'il écrit à M. D upleix fur la prife de Ma-draz, 178. if fuiv. Se rend auprès de ÇalabetfingMe, 276. Permet aux François de s'établir à Pondichery, 67. Ne peut être fournis par Aureng-Zeb,. ib. Souba. Qui font ceux qui portent ce nom aux Indes, T. I. 23. £r fuiv. Signification de ce nom, 24. Leur autorité, 2f« Cn fuiv. Soubdars. Ce que c'eft dans l'Inde, Tom, I. 24. Deux fortes de Soubdars» m \çi T A B LE T TA m e Ri ANi Epoque de fon entrée dans l'Inde & de fa mort, T. I. 40. Son vrai nom , & fa figitification, ib. Trait fingulier de ce Prince, au fujet de Bajazet, 4t. & fuiv. Etat de fes conquêtes dans les Indes , 42. & fuiv. Tanjaor. Siège de cette Place par les François & les Mogols, T. I. 248. &» fuiv. Revenu du Royaume de Tanjaor, Topas, ( les ) Ce que c'eft aux Indes T. II. 75. not (a) Touche, (M. de la-) Se diftingue au fiége de Pondichery, T. I 199. Se fignale à la retraite de Tanjaor, T. II. 12. Ca-mifade qu'il donne aux Maures ,65». &* fuiv. Avantages qu'il remporte fur Mametalikan , 84. &- fuiv. Commande l'armée contre Nazerfingue, m ,. Victoire qu'il remporte fur lui, U.Î.&1 fuiv. Tour, ( M. de la ) Victoire qu'il remporta fur les Maures, T. I. \66. fuiv. Commande les troupes Françoifes commandées pour s'afïùrer de Mazulipatan, T. II. 77 & fuiv. Trichenapaly. Defcvïption de cette ville,-T. I. 78. & fuiv. Siège & prife de cette Place par les Mogols, ib. Se 281. Eft af-fiégéeparles Marattes, 113. b fuiv. Réduction de cette ville, i\C* Les Maratteî en font chafles, DES MATIERES. 193 Y YA n a o n. Comptoir que les François y avoient pillé par les Maures,T. II» 74. & fuiv* Fin de la Talle* APPROBATION J'A I IA par ordre de Monfeignear le Chancelier un Imprimé , ayant pour titre : Hifloire de la dernière Révolution des Indes Orientales , 6»c. Cet Ouvrage m'a paru intéreflant, bien écrit, glorieux à la .Nation & à ceux qui la cqmmandoient. Fait à Paris,ce Février 1757» TANEVOT, fautes a corriger. PAge %.note (a) ligne 4. Thomas Fender> lifef Thomas Saunders. Pag. tf.lig. 7. annonner, lif. annoncer. Pag. 13 3. lig. 17. la Souba r lif. le Souba. Pag. 138. Ug. ii, acca/îonna, ii/^ occa-pansa,