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DIVISÉ EN DEUX PARTIES, Dont l'une comprend la Législation Mahométane; l'autre, l'Histoire de l'Empire Othoman. DÉDIÉ AU ROI DE SUÈDE, PAR M. DE M*** D'OHSSON, Chevalier de l'Ordre Royal de Wasa, Secrétaire de S. M. le Roi de Suède , ci-devant son Interprète, et chargé d'affaires à la Cour de Constantinople. OUVRAGE ENRICHI DE FIGURES. TOME TROISIEME, A PARIS, DE L'IMPRIMERIE DE M m. d c c. l x l. j avec approbation, et privilège du roi. TABLEAU GÉNÉRAL d e L'EMPIRE OTHOMAN. LIVRE QUATRIÈME. Du Jeune, Sau///. Nous diviserons ce livre en quatre chapitres. Dans le premier , nous parlerons du jeûne en général ; dans le second , de ce qui invalide et rompt le jeûne ; dans le troisième , de la dispense du jeûne en laveur de différentes personnes; et dans le quatrième, de la retraite Spirituelle qui doit accompagner le jeûne dans les derniers jours du Ramazann. CHAPITRE PREMIER. Du Jeûne en général. Le jeûne consiste dans une abstinence entière de toute nourriture quelconque , et dans une contiiience parfaite ? Tome III. A 2 CODE RELIGIEUX, pendant toute la journée, depuis la première heure canonique du matin, qui commence à l'aurore, jusqu'au coucher du soleil. On distingue le jeûne en jeûne canonique , satisfactoire, expiatoire, votif, et surérogatoire. Ces cinq espèces , quoique déterminées par des motifs difîférens, exigent cependant chacune la même abstinence durant tout le jour. Article Fr. Du Jeûne canonique, Sawm'ur-Ramazann. Ce jeûne, qui doit durer toute la lune de Ramazann , est de précepte divin pour tout Musulman de l'un et de l'autre sexe , dès qu'il est parvenu à l'âge de majorité , et qu'il jouit de toute sa raison. Pour que le jeûne soit valide, il est nécessaire que le fidèle ait l'intention d'y satisfaire. Il faut donc qu'il la renouvelle , soit clans la nuit CODE RELIGIEUX. 3 précédente , soit dans le jour même , avant le déclin du soleil. V. L'Imam Malïk n'exige cette intention qu'une seule fois : ainsi, Lorsqu'elle a été formée , par exemple , le premier jour du Ramazann , cela est suffisant pour toute la lune , et le fidèle, selon lui, n'est pas tenu de la renouveler chaque jour par un acte formel. Le jeûne doit commencer avec la lune de Ramazann, lorsque sa naissance a été constatée juridiquement ; et au défaut de son apparition, immédiatement après le trentième jour de la lune précédente de Schabann : si le dernier de cette lune est un jour douteux (i) , il n'est pas permis au fidèle , dans cette incertitude , de commencer le Ramazann ; et le jeûne qu'il feroit alors ne pourroit être qu'un exercice de subrogation , comme celui de ces ames saintes , qui se sont fait une heureuse habitude de jeûner les lundis, ( i ) Yemnu ach-scli ék. Ai; 4 CODE RELIGIEUX, les jeudis, ou les dix derniers jours des autres mois de Tannée. C. C'est qu'il faut une intention déterminée pour la nature du jeûne que l'on veut pratiquer- Or , une abstinence faite dans un jour douteux ,-avec le dessein de le rendre ou suré-rogatoire ou canonique , d'après ce qui aura été constaté sur l'apparition de la lune , ne peut qu'anéantir le mérite du jeûne, et en faire un acte blâmable, Mehrouhh. Si un temps nébuleux empêche de reconnoître la nouvelle lune, le témoignage d'une seule personne qui lauroit découverte , est recevable. C. Dans ce cas tout témoin est digne de foi. On n'a égard ni au sexe, ni à la condition, ni à l'état ; de manière que toute personne quelconque , homme ou femme , libre ou esclave , fut-ce même un sujet flétri par des peines afrlictives , doit en être cru sur son rapport, attendu qu'il ne s'agit pas d'un témoignage juridique , Schchhadeth , mais d'une simple information , Khabcr , relative à l'une dès pratiques du culte religieux. Mais si le ciel n'est pas nébuleux, il faut le témoignage de deux hommes'.,, comme pour les lunes de Sckewal et de Zilhidjé , qui, dans tous les cas , demandent la déposition formelle de deux témoins. La naissance de ces deux lunes étant relative à la célébration des deux' fêtes de Bejram (i ) , qui sont ordinairement accompagnées d'œu-Vres mondaines et d'opérations temporelles, elle exige, par cela même , que le témoignage soit revêtu de toutes les conditions requises par la loi. Ainsi toutes les fois que la naissance de la lune de Ramazann se trouve constatée par deux témoins , on peut terminer le jenne à l'expiration des trente jours de cette lune. Mais si ce n'est que (i) On a déjà vu que le iCT <\ç Sc/icn-al est cousacrë à la fête Id-filr , et le iode Zilhidjé, soixante-dix jours après , à celle des sacrifices, ïd-add'hha, ou Cou rbann-Bt'jrum. A iij / 6 CODE RELIGIEUX, sur la simple déposition d'un seul homme , on ne doit alors rompre le jeûne , ni célébrer la fête de Beyram, que l'apparition de la lune suivante, Schewaly n'ait été constatée d'une manière légale. Le fidèle qui a vu naître la lune de Ramazann t est obligé, dès ce moment, de commencer le jeûne en son particulier , quand même sa déposition au-roit été rejetée par le magistrat. S'il ne l'observe pas , il est tenu à un jeûne satisfactoire dans un autre temps de l'année ; et si avant sa déposition, il manque volontairement à l'observance du jeûne, il est pour lors soumis à un jeûne expiatoire de soixante-un jours. Il est du devoir de tout Musulman d'être attentif à la naissance des lunes de Raniazann et de SchewaL Enfin , CODE RELIGIEUX. 7 lorsque l'apparition de Tune ou de l'autre est authentique ment reconnue dans un lieu quelconque , elle devient une loi universelle pour tout le peuple Mahométan. C. Si donc l'apparition de la lune de Ramazann est constatée en Occident, l'obligation du jeune commence alors , non-seulement pour les Musulmans de ces contrées , mais encore pour ceux de l'Orient ; et si après l'expiration de ce mois, consacré au jeûne, Pappa-rition de la lune de Schewal est reconnue dans une cité, la fête Id-Jitrào\t être célébrée, et dans cette cité et dans toutes les autres, les fidèles n'eussent - ils jeûné que vingt-neuf jours , sauf l'obligation de compléter le mois dans un autre temps , par une abstinence à titre de jeûne satisfactoire. article 2. Du Jeune satisfactoire, Sawm'ul-caza. Ce jeûne est aussi de précepte divin; son objet est de remplacer les jours du A iv 8 CODE RELIGIEUX, jeûne canonique qui ont été omis involontairement ou par motif légitime. Ainsi le fidèle qui auroit manqué au jeûne du Ramazann un ou plusieurs jours, est obligé d'y satisfaire dans un autre temps de Tannée absolument à son choix. Article 3. Du, Jeûne expiatoire, [ SawnTuI-kéfareth. Ce jeûne, qui est d'obligation canonique , a été établi pour expier la transgression volontaire de celui du Ramazan/i, dont l'omission d'un seul jour doit être réparée par une abstinence de soixante-im jours consécutifs, les soixante à titre d'expiation , et le soixante-unième a titre de satisfaction. Article 4. Du Jeûne votif, Sawm'un-nézr. ' ' Ce jeûne est également d'obligation CODE RELIGIEUX. 9 canonique. Il dérive du vœu qu'en auroit fait le fidèle , porté à cet acte de pénitence , soit par esprit de dévotion, soit dans des vues temporelles et mondaines. C Les vœux de cette nature ne sont valides et obligatoires qu'autant qu'ils ne portent , dans leur motif, sur aucun objet illicite ou contraire à la religion et à la loi. L^oiiiission de ce iéûne, comme de celui du Ramazann , doit être réparée par un jeûne satisfactoire; et si le vœu est accompagné d'un serment , elle ■ oblige alors à un jeûne expiatoire de soixante-un Jours. Dans toutes ces différentes espèces de jeûne, il v a deux choses essentielles à observer : là déterm ihation des j ours, et l'intention que le fidèle doit former dans la nuit précédente ou dans la matinée même. Article 5. Du Jeûne mrérogatoire 9 Sawm'un-nafilé. C'est un acte fie pénitence entièrement soumis à la volonté du Musulman. Mais s'il la commencé 3 il devient dès-lors obligatoire pour lui, et il faut qu'il l'achève : ce principe est général pour toutes les pratiques qui concernent la religion ou le culte extérieur. Ainsi tout fidèle est maître de jeûner à son gré par surérogation, mais jamais les femmes mariées, à moins qu'elles n'en aient la permission expresse de leur mari. Enfin il est libre aux Musulmans de jeûner dans tous les temps de l'année, excepté le premier jour de la ïètzldfitr, et les quatre jours de la fête Id-add'h/ia. C. Ces cinq jours , qui sont prohibés et connus sous le nom d'tïam-Mennhiyé ou Eiani-Khamséy étant consacrés à la célébra- CODE RELIGIEUX. 11 tion des fêtes religieuses , ne peuvent admettre aucun jeûne , et cela en vertu d'une loi expresse de notre Prophète. Au reste , tout fidèle qui seroit disposé à jeûner par suréro-2-ation , feroit un acte louable et méritoire, d'observer une abstinence pour le moins de six jours, pendant la lune de Schewal. CHAPITRE IL Des cfiQsês qui invalident et rompent Je Jeûne. Tout acte contraire à l'esprit et à l'observance du jeûne, le rend nul, et soumet le fidèle prévaricateur, suivant la nature de la faute , on à une peine expiatoire , Kéfareth , ou à une peine satisfactoire, DJéza. Les prévarications qui entraînent la première peine, sont, 1°. l'acte conjugal , même une caresse voluptueuse entre le mari et la femme ; 20. toute yz CODE RELIGIEUX, nourriture, et tout remède quelconque pris intérieurement. Dans ces cas, si la transgression est volontaire, et com-mise pendant le jour, seul temps consacré au jeûne, le fidèle est tenu à une peine expiatoire : elle consiste dans l'affranchissement d'un esclave mâle ou femelle, ou dans un jeûne de soixante-un jours consécutifs , ou dans une aumône suffisante pour la nourriture de soixante pauvres. Ces trois degrés de peines se règlent selon l'état moral et physique du su et prévaricateur. Les choses qui n'exigent que des peines satisfoctoires , sont, i°. tout ce qui appartient à la classe des alimens , et que l'on prend par méprise ou par contrainte; 2°. tout cequï est étranger à cette classe , et que l'on prendront volontairement. C. Ainsi des grains, des herbes, etc. qui CODE RELIGIEUX. i3 ne. sont point _ repu Lés comestibles, et que Ton mapgeroit; de l'eau de pluie ou de neige qu'on avaleroiten dormant; tout remède intérieur; toute eau dé senteur respirée ; toute liqueur qui pénétreroît dans l'oreille; tout ce qui peut être appliqué sur une plaie ; le vomissement volontaire ,• enfin le droit du mariage lui-même, auquel une femme auroit été soumise pendant son sommeil : dans tous ces cas, le jeûne est rompu , et la faute n'en peut être réparée qu'en jeûnant dans un autre jour de l'année. Le Musulman qui , de propos délibéré , manque au jeûne canonique, mais qui au préalable nauroit pas formé l'intention de l'observer ce jour-là, n'est également tenu qu'à une peine satisfactoire. V. Les Imameinns prescrivent la peine expiatoire. Il faut distinguer les cas qui ne portent aucune atteinte légale à l'observance du jeûne, sans cesser néanmoins d'être blâmables , et même de faire évanouir presque tout le mérite du jeûne aux jeux de la Divinité : tels sont la médisance ; emissio seminîç involun-ta ri a, sive lutta , sive extra somnum ; l'usage du collyre, du mastic (i), des parfums, des aromates ; les caresses innocentes , même entre mari et femme ; les scarifications, le vomissement involontaire ; l'état d'impureté légale , parle défaut des purifications; la poussière ou la fumée introduite dans la bouche ou dans le gosier; l'usage extérieur que l'on feroit de l'eau dans les ardeurs de l'été, pour se raffraîchir le corps, la bouche ou le nez , à m'oins de motifs pressans et légitimes , etc. Il est louable encore de ne pas devancer l'heure où commence le jeûne, (i) C'est une espèce de gomme que l'on recueille principalement dans l'île deChio, et dont les femmes Mahométanes fout usage en mastication. CODE RELIGIEUX. i5 ni de retarder celle où ii se termine. C. On doit observer avec une scrupuleuse attention ces momeas canoniques , soit pour rompre le jeûne au coucher du soleil ,soitpour le recommencer le lendemain vers l'aurore. CHAPITRE III. De la dispense du Jeûne en faveur de différentes personnes. La dispense du jeûne canonique regarde tous ceux qui ne sont pas en état de l'observer; savoir, i°. les malades; 2°. les vovageurs ; 3°. les femmes enceintes ; 4°. les nourrices ; 5°. les femmes qui se trouvent en impureté légale ( pendant leurs infirmités périodiques, ou la quarantaine de leurs couches); 6°. toute personne pressée par la faim, et en danger de mourir ; j°. ceux qui ont l'esprit aliéné ; 8°. les mineurs; 9°. enfin, tous ceux qui par leur grand î6 CODE RELIGIEUX, âge ne pourraient pas soutenir les rigueurs de l'abstinence. C. Pour être réputé malade , il faut avoir eu trois accès de fièvre , ou être moralement sûr, d'après lavis d'un médecin Musulman, d'aggraver son mai par le jeûne , d'empirer son état, ou de retarder son rétablissement. Quant au voyageur , il ne peut s'en dispenser qu'autant qu'il seroit hors d'état de soutenir les fatigues de la route ; et dans ce cas même, il ne doit pas rompre le jeûne le premier jour de son voyage. Toutes ces personnes, excepté les vieillards , sont néanmoins soumises à ia peine satisfactoite , c'est-à-dire, à jeûner dans le reste de l'année autant de jours qu'elles en auraient omis pendant le Ramazann. Le fidèle qui meurt avec la conscience chargée de cette dette religieuse, est obligé à une satifaction aumônière , Fldïc. C. Elle consiste, comme pour les prières dont dont on auroit négligé de s'acquitter de son vivant, à donner en aumônes , pour chaque jour de jeûne omis , une demi-mesure , Sa r de froment. Cette aumône doit être prise Sur le tiers de l'hérédité du mort, et distribuée aux pauvres par les mains de son tuteur naturel, Tfrdj. Si le tuteur donne du sien , le mérite de cette œuvre , faite clans l'esprit de l'aumône paschale , ne peut toujours que se rapporter au mort. Le vieillard, quoique dispensé de tout jeûne en nature, n'est pas moins tenu à cette satisfaction durant sa vie même. Il peut donner son aumône jour par jour, ou tout à-Ia-fois , au commencement ou à la fin du Ramazann. V• L'Imam Schafiy exige , au lieu de l'aumône satisfactoire pour les Musulmans décédés , que le tuteur naturel remplace par autant de jours déjeune, tous ceux qui auroient été omis par le mort lui-même» Si le fidèle qui auroit négligé le jeûne canonique , diffère encore le jeûne satisfactoire jusqu'à l'époque du Ramazann suivant, il est dans ce cas obligé . Tome III. B ,8 CODE RELIGIEUX, d'observer d'abord le jeûne canonique du Ramazann actuel, et de s'acquitter ensuite du jeûne satisfactoire pour l'omission du Ramazann précédent, sans être tenu d'ailleurs à aucune aumône, en réparation de sa négligence. V. L'Imam Schafiy exige du fidèle qui a négligé de remplir ce devoir important, de se soumettre au jeûne satisfactoire , et à une aumône proportionnée à la nourriture d'un pauvre pour chaque jour du jeûne omis. Si dans un jour de Ramazann, un mineur de l'un ou de l'autre sexe parvient à l'âge de majorité ; si un infidèle embrasse le musulmanisme ; si u n fidèle voyageur rentre dans la condition d'un homme en demeure fixe ; si enfin une femme en état de souillure légale, vient à recouvrer sa pureté , tous sont également obligés à observer le jeûne le reste de cette journée , ainsi que le reste de la lune de Ramazann : ils sont CODE RELIGIEUX. 19 même tenus de satisfaire ensuite au jeûne canonique de ce jour , par un jeûne satisfactoire. On en excepte le mineur parvenu à majorité, et l'infidèle converti à la foi Musulmane , attendu l'incapacité de l'un , et la non obligation de l'autre à ce devoir religieux , au commencement du même jour. CHAPITRE IV. De la Retraite spirituelle, Itikiaf. La retraite spirituelle consiste à demeurer quelques jours et quelques nuits dans l'intérieur du temple , pour y jeûner, prier, méditer , dans un entier et parfait recueillement. Cet acte, le plus pieux , le plus saint et le plus auguste de tous les actes religieux, exige du fidèle qui s'y consacre, l'entier détachement de tout objet mondain, et un dévouement absolu à son B ij 20 CODE RELIGIEUX. Créateur, dont il doit implorer sans cesse la clémence et la bonté, en ne lui demandant jamais que des grâces spirituelles. On en distingue de trois espèces: la retraite imitative, la retraite votive , et la retraite surérogatoire. Article Ier. De la Retraite imitative, Itikiaf-sunnéth. Cette retraite est d'obligation pour le Musulman , parce qu'elle a été régulièrement observée par le Prophète lui-même, sur-tout vers la fin de sa vie. Elle doit avoir lieu dans les dix derniers jours de la lune de Ramazann. C. Et cela encore à l'imitation de J'Apôtre céleste. Cependant , en cas d'impossibilité d'observer cette pratique pendant dix jours consécutifs , le fidèle est toujours censé s'en être acquitté, s'il passe un jour entier dans la mosquée en jeûne et en prières. QQ DE RELIGIEUX. 21 Le fidèle une fois voué à cette retraite, doit se tenir constamment dans le temple pendant ces dix jours : il ne peut en sortir que pour les besoins naturels, ou pour quelque cas très-pressant, comme aussi pour s'acquitter les vendredis du Namaz solennel dans la mosquée la plus voisine, supposé que celle où il fait sa retraite n'ait pas le droit de célébrer cet office public. S'il quitte le temple sans un de ces motifs légitimes , et s'il s'en absente seulement une heure , le mérite de cet exercice spirituel est absolementperdu pour lui. La nécessité d'y passer assidûment les nuits et les jours , l'autorise , après le coucher du soleil, à manger, à boire et à dormir dans le même temple. Il lui est aussi permis d'y travailler, de se livrer même , dans des cas urgens, à B iij 22 CODE RELIGIEUX, des stipulations de ventes et d'achats, pourvu que les objets du trafic ne soient point sous ses jeux. Du reste ces actes civils et temporels sont prohibés aux fidèles dans le temple du Seigneur, qui doit être uniquement consacré à la prière et à l'adoration. Le fidèle en retraite spirituelle doit aussi s'abstenir de tout commerce avec sa femme , soit pendant le jour, soit pendant la nuit ; sans quoi son exercice seroit réputé nul. Il en est de même des conversations qui rouleroient sur des choses frivoles et jtnondaines. Cependant il doit éviter de garder constamment un morne silence, à moins que ce ne soit dans tout autre esprit que celui de pénitence et de mortification. C-Ce-qui a été prohibé par le Prophète, comme étant une des pratiques vaines et superstitieuses des ignicoles. Article 2. De la Retraite votive, Itikiaf-nézr. Comme cet exercice dépend absolument de la volonté du fidèle , ii est le maître , dans le vœu qu'il en fait, de déterminer à son gré l'époque, la durée et le lieu de sa retraite. Mais à l'exception de ces trois circonstances, il est toujours obligé à la même abstinence, et aux lois qui sont prescrites pour la retraite imitative. Article 3. De la Retraite suréroga-toire, Itikiaf-néfel. Cette retraite se règle par les mêmes principes que la retraite votive : la seule différence qui existe entre elles , est que celle-ci ne devient obligatoire que lorsqu'elle a été commencée. C'est pourquoi si le fidèle vient à l'interrompre , B iv il doit s'en acquitter dans un autre temps. Les femmes peuvent aussi pratiquer ce saint exercice , non à la mosquée, mais chez elles,dans un endroit retiré. Si cependant, au milieu de leur retraite , elles éprouvent leurs infirmités ordinaires, elles sont pour lors obîi% gécs de le suspendre, pour s'y livrer de nouveau lorsqu'elles auront recouvré leur pureté légale. Observations. Le jeûne çles Mahométans diffère , comme on le voit, cle celui des Chrétiens. II est de trente jours pendant tout le Ramazann > et il faut l'apparition de cette. lune pour Je commencer. Au défaut de cette circonstance, dans les temps nébuleux , on peut toujours commencer à jeûner après le trentième jour de la Tune précédente, Schabann. La célébration du Beyram exige aussi l'apparition de la lu«e suivante, Scheival>;à moins que celle cle Ramazann n'ait été constatée juridiquement par le témoignage de deux hommes. Ces précautions que la loi recommande si rigoureusement, occupent chaque année les magistrats dans toutes les villes de l'Empire, et le ministère lui-même dans la capitale. A l'époque cle ces nouvelles lunes, lesMuezzinns des mosquées les plus élevées passent ordinairement toute la nuit sur le haut des minarets , pour en observer le moment précis. La même chose se pratique également à Andrinople , à Brousse y et clans toutes les grandes villes de la monarchie. Les habitans de Tavous-chandjll, bourg situé, sur une hauteur, vis-à-vis de Cara-Mursel y dans le Sandjacat. cV1 Izmido\\Nico?nédîe y sont particulièrement préposés à ces observations, et jouissent pour cela d'une exemption générale d'impôts publics. On s'en tient toujours au rapport juridiquement constaté des premiers qui découvrent la nouvelle lune dans quelque ville que ce soit. Cette formalité règle et détermine le commencement du jeûne , et le jour de la célébration de la fête de Beyram } sans égard au nombre, complet ou non, des trente jours du Ramazann. II arrive donc assez souvent que le jeûne public n'est que de vingt-neuf, quelquefois même que de vingt-huit jours. En effet, si la ville qui a commence le Ramazann le lundi, vient à recevoir ensuite d'une autre l'avis juridique de l'apparition de la nouvelle lune le dimanche ou même le samedi précédent , elle compte alors de ce jour le mois de Ramazann , et célèbre le Beyram le trente-unième jour, sans aucune obligation de compléter les trente jours de jeûne, et de soumettre la célébration du Beyram à l'apparition de la lune suivante. Par conséquent, cette fête se célèbre tous les ans dans l'universalité de l'Empire , presque le même jour, quoique le jeûne ait commencé plus tôt ou plus tard en différentes villes. Tout ce que la loi prescrit sur ce point , prouve que ni Mohammed> ni les interprètes du Cour'ann, ni les rédacteurs de la loi canonique, n'avoient pas beaucoup de con- noissances en astronomie. On ne peut cependant accuser les Arabes des siècles postérieurs, moins encore les Othomans de nos jours, de la même ignorance. On a vu qu'il se trouve parmi eux des astronomes , qui tous les ans donnent de nouveaux almanachs , où ils indiquent avec précision toutes les révolutions, soit diurnes , soit annuelles du soleil et de la lune. Mais leurs connoissances sur le système planétaire, et leurs indications astronomiques , ne servent jamais de règle sur ce point relatif au culte public. Il est du ressort absolu des Oulémas comme ministres de la religion, sans que l'autorité politique ose rien statuer de contraire à l'esprit et aux dispositions de la loi. Chaque année il faut donc constater la naissance de la lune de Ramazann pour commencer le jeûne , et celle de Schewal et de Zilhidjé , pour célébrer les deux fêtes de Beyram. Cependant , dans toutes les villes où l'on est exposé à ne commencer le jeûne qu'un ou deux jours plus tard , les Musulmans n'en sont pas moins tenus au précepte qui 28 CODE RELIGIEUX, ordonne la peine satisfactoire dans un autre temps de l'année, afin de compléter les trente* jours requis pour cette lune de jeûne et de pénitence. Ce jeûne est en effet un acte de mortification desplus rigides, puisqu'il exige une abstinence absolue de toute nourriture et de toute boisson pendant le jour entier , depuis l'aurore jusqu'au coucher du soleil. Durant cet intervalle il est même défendu de prendre une goutte d'eau. Le tabac , soit en poudre, soit à fumer , et les eaux de senteur, sont également interdits. On ne se permet que l'odeur des fleurs; encore plusieurs dévots s'en font-ils scrupule. Cette abstinence générale est accablante , su r-tout lorsque la lune de Ramazann qui, tous les trente-trois ans parcourt ïesdifïe-rentes saisons de l'année , se rencontre dans les fortes chaleurs de l'été. Les grands, les personnes opulentes et la plupart des officiers en place, adoucissent les rigueurs de cette pénitence , en veillant presque toute la nuit, et en reposant une bonne partie du jour. Mais le reste des citoyens , les gens d'arts et de métiers , ceux qui vivent du travail de leurs mains, sentent tout le poids de ce jeûne rigoureux. Tous cependant le supportent avec cette gaieté qu'inspirent ordinairement le zèle et l'enthousiasme de la religion. Chacun suit son travail et ses affaires avec la même activité que dans le reste de l'année. Les hommes lâches et efféminés , les tempéramens foibles et délicats, sont les seuls qui laissent apercevoir quelque langueur de corps et d'esprit, souvent même affectée. A cet égard , tout Mahométan se montre plus scrupuleux que sur tout autre article de son culte. Si jamais quelqu'un étoit tenté de violer la loi , il n'oseroit le faire en public. La transgression volontaire d'un précepte religieux emportant avec elle le caractère de l'impiété et du mépris, celui qui s'en rend coupable , est dès-lors réputé infidèle, apostat, et par-là même digne du dernier supplice. La déposition de deux hommes suffit pour le perdre sans espoir de pardon. Aussi ne voit-on personne, ni hommes , ni femmes, ni enfans, prévariquer publiquement contre cet article 3o CODE RELIGIEUX, essentiel de la religion. Ceux qui , par d *s motifs légitimes , rompent le jeûne pendant cette lune, ne manquent jamais dy satisfaire dans un autre temps, en jeûnant autant de jours qu'ils en ont omis en Ramazann. Les autres préceptes relatifs aux peines satis-factoires et expiatoires > sont également observés, sur-tout par les ames dévotes. On a vu dans le texte les circonstances qui emportent l'une ou l'autre de ces deux peines. Selon les Fcthwas des Mouphtys> un Musulman qui, par méprise, croyant son jeûne déjà rompu , mange et boit de propos délibéré, ou qui , après avoir rompu le jeûne volontairement, se trouve le même jour , avant le coucher du soleil, soit par incommodité grave , soit par quelque autre accident, dispensé de la loi de l'abstinence, n'est tenu , dans l'un ou dans l'autre de ces cas, qu'à une peine satisfactoire. Ces décisions autorisent aussi le Musulman employé par l'administration aux travaux militaires dans une place frontière , à suspendre le jeûne en Ramazann , et à y satisfaire dans nne autre temps de l'année, supposé que cette abstinence épuise ses forces, et l'expose évidemment à perdre la santé et la vie. Dans les transgressions qui exigent la peine expiatoire , le jeûne doit toujours être de soixante-un jours consécutifs. En cas d'interruption , on est obligé de recommencer cette longue abstinence. La loi n'en excepte que les femmes dans le cours de leurs infirmités périodiques, pendant lequel le jeûne leur est interdit, comme toute autre pratique religieuse ; mais elles sont tenues à le reprendre dès l'instant qu'elles recouvrent leur pureté légale : au défaut de cette précaution , elles sont soumises, comme les hommes , à recommencer encore un jeûne de soixante-un jours consécutifs. Plusieurs Musulmans font encore la retraite spirituelle, soit dans une mosquée, soit dans l'intérieur de leur maison, où ils passent six, huit ou dix jours en jeûne , en prières et en méditations , dans le silence et dans la solitude la plus profonde. BajezidII, quiétoit d'une piété exemplaire , se livroit aussi à ces exercices : il passoit ordinairement les di* derniers jours du Ramazann en retraite , et le plus souvent avec le Shejhh Meuhhyed-dhm Yawouz, père du célèbre Mouphty Eb'us-Soaoud F/enay. Enfin ce jeûne en Ramazann est toujours accompagné de prières surérogatoires , et d'aumônes considérables , que les personnes opulentes répandent au sein de l'indigence. Une grande partie de la nuit se passe encore en prières; celle du Tcraivikh (i) est la plus ordinaire. C'est pourquoi toutes les mosquées sont ouvertes pendant les trente nuits du Ramazann j et éclairées d'une infinité de lampions, ainsi que les galeries qui régnent autour des minarets. Pendant ces trente nuits seulement, il est permis dans toutes les villes Malîomélanes d'ouvrir les cafés et les boutiques où se débitent des pâtisseries,des sucreries , des liqueurs douces, etc. Ce sont autant d'auberges pour le peuple et pour ceux qui n'ont pas de maisons. Ces repas nocturnes se (i) Voyez cet article dans le premier vol. liv. II, thap. VI. font font dans le calme et dans le silence , sans rumeur, sans tumulte , sans aucun éclat de gaieté mondaine. L'esprit du jour, l'esprit de pénitence semble présider généralement à tous ces banquets. C'est , à proprement parler , le seul temps de l'année où les parens et les amis , dans les différentes classes de la nation, se réunissent et mangent mutuellement les uns chez les autres. Ces banquets nocturnes du Ramazann semblent tenir des agapes de la primitive église. Durant ces trente nuits , lesMahomé-tans prennent un esprit de sociabilité et d'aménité dont on ne retrouve que de foi bles vestiges dans le reste de l'année. Leur table est d'ailleurs ouverte à tous ceux qui s'y présentent ; les hommes cependant restent toujours séparés des femmes : loi généralement observée par la nation dans tous les temps et dans toutes les cérémonies quelconques. Il règne dans ces jours-là une recherche et une profusion étonnantes dans les mets comme dans les différentes boissons. Ces repas commencent toujours après le coucher du soleil , lorsque les Tome III. C 34 CODE RELIGIEUX. Muezzlnns annoncent du haut des minarets l'heure de la prière. Il est aisé de concevoir l'impatience universelle aux approches de ce moment. Sans cesse on s'informe de l'heure ; on a les yeux fixés sur sa montre; il est même du bon ton , parmi les grands , d'en avoir plusieurs autour de soi, pour rendre encore plus sensible l'accablement où l'on se trouve d'une abstinence si longue et si austère. Aussi l'instant où les Muezzinns font entendre leur voix, met-il en mouvement la nation entière. Ce repas est appelé Tft_ar_, c'est-à-dire, rupture , parce qu'il est l'époque de la cessation du jeûne. Tous s'acquittent ensuite du quatrième Na??iaz du jour , et cle la prière Térawihh , les uns à la mosquée , les autres chex eux. L'emploi du reste delà nuit dépend de l'état, des occupations ou cle la dévotion cle chaque individu. Les uns travaillent; les autres prient : ceux-ci reposent ; ceux-là prolongent plus avant dans la nuit les plaisirs de la société. Les grands, les ministres, les ofTïciers publics se visitent, les uns pour affaires , les autres par devoir ou par bienséance, pour faire leur cour à leurs supérieurs , parce que ordinairement les ministres et les grands officiers ne sont visibles que trois ou quatre heures de l'après-midi,, et ne s'occupent même jamais , en ces moniens de langueur et d'inanition , que d'affaires trè/s-pressantes. Tout est remis à la nuit après Yljiar. Ce repas se renouvelle, mais en particulier-, en famille, vers l'aurore, et une demi-heure avant la prière du matin : cette espèce de collation s'appelle Jmsali, parce qu'elle prépare au renouvellement du jeûne. Les repas çlu soir se l'ont seuls en société: ils sont, comme nous l'avons dit, d usage universel ; mais il faut en excepter le Sérail. La majesté du trône semble interdire au Monarque de descendre en aucun temps aux douceurs qui font le premier charme de la vie. Sa Hautesse est presque toujours seule à table dans ces nuits du Ramazann , comme dans tout le reste de l'année. Quelquefois elle y admet ses en fans , les princes de sa maison , rarement les Sultanes , et jamais aucun ministre d'Etat, aucun seigneur de la cour, ni même aucune des sept Cad'ums qui partagent son lit. 36 CODE RELIGIEUX. A cet égard on a dérogé aux principes des anciens Sultans , quiadmettoient àleur table les grands de l'empire dans des jours solennels et dans des têtes extraordinaires , sur-tout aux époques de la circoncision des|princes du sang. Cependant le Grand-Vézir , comme lieutenant du Souverain, supplée à la solitude de son maître par les repas qu'il donne dans ces nuits aux differens ordres de l'Etat. Il ne peut disposer à son gré que de sept nuits des trente du Ramazann : les autres sont réservées à des têtes toujours réglées par une étiquette qui s'observe avec autant d'exactitude que d'éclat, sous la direction même du Teschrifatdjy-F*fe?idy y grand-maître des cérémonies. Un ancien usage détermine et les nuits et le nombre des convives, en classant même les diffe-? rens états par ordre et par rang. Les deux premières nuits, le Grand-Vézir est libre. Nous observerons que les repas de société n'ont jamais lieu dans la première nuit du Ramazann ^ parce qu'elle précède le premier jour du jeûne ; le jour civil , chez les Ma home tans, s'ouvrant au coucher du soleil. Mais l'illumination des mosquées et la prière Térawihh commencent cette nuit-là, et se ter" minent la veille du trentième jour du Ramazann. La nuit suivante , veille du Beyram , n'admet plus la prière Térawihh ; et l'illumination des mosquées est relative non au Rama-zann, mais à la nuit du Beyram > qui fait partie des sept nuits saintes, Lé'ilé-y-Mùba-reké y dont nous avons déjà parlé. Ainsi les repas d'étiquette du premier ministre commencent la troisième nuit du Ramazann, ou pour mieux dire , la nuit qui suit le second jour du jeûne. Voici l'état de ces nuits , et l'ordre dans lequel les grands de toutes les classes sont admis à ces hanquets. 3e. Nuit. Les ministres et les grands officiers de la Parle j le Kéha.ya-Bey, le Reïs-Fjbudy _,\e Tschavouscli-Baschy , Secrétaires d'Etat, et les deux Tezkéredjys x maîtres des requêtes , sont admis, à la table du Grand-Vézir. Ces repas ont lieu dans la salle d'audience, Arz~odassyySuxune table ronde placée dans l'angle du sopha. Le Méktoubdjy-Pfendy, le Bvilihdjy-Ffindy^etle Kéhaya- C iij 38 CODE RELIGIEUX. hiatiby, qui sont des ministres subalternes, se mettent à une seconde "table , que l'on dresse à l'autre angle de l'appartement. Voy. la pl. 41. 4e. Nuit. Les Sheyhhs, prédicateurs des quatorze: mosquées Impériales. Les quatre pi^rniers mangent avec le Grand-Vézir j les autres sont servis sur trois tables séparées. 5e. N u 11. Le Mouph/y avec les principaux officiers de sa maison. Ce chef de la loi dîne seul aVéc!-'lepremier ministre; ses officiers sur quatre autres tables. 6°. N-tî it."Le Capcmda-n-P'asc/m et les principaux officiers de la marine; LeGrand-Vézir n'admet à Stable'que-Je premier; les autres sont servis séparément.' SiHl'autrCs Pa'sdhàs à troistjttPiïes s6 trouvenifi'oe jour-Jà à Coniian-linopiè, ce qui arrive Quelquefois , ils sont aussi évités , et prennent également place à ïa tabledu-Grand-Vézir. • • . . 7e. N u tt. Les deux @ât&&skcrs en exercée avec tous les'Ex-Ca'ii-aïAers., soit de-/^//-milie;$6\ t'iïAha!ëli&:\jë$Quatre pl us antfVètfs sont les seuls qui aient kl'roit de manger à là table du-premier ministre. I - ^\';\ Les douze nuits suivantes, depuis le 8 jusqu'au 19 , sont pour le reste des principaux membres du corps des Oulémas. Il y a ordinairement quatre-vingt ou cent de ces magistrats résidens à la capitale. On en fait la liste tous les ans et leur nombre détermine celui des convives pour chacune de ces douze nuits. 20e. Nuit. \JAgha des janissaires avec l'état-major de cette milice , qui forme un cortège de plus de deux cents personnes. 21e. Nui t. Les généraux des six corps de cavalerie, Sîpahhs , S1Hhhdars,etc. et leurs principaux officiers. 22e. Nuit. Les généraux des trois autres corps d'infanterie , Djébedjys , Topdjys et Top-Arabadjys , avec les principaux officiers cle ces milices. 23e. Nuit. Le Bejierdar-Efendy ou ministre des finances, avec tous les Khodjéakianns, qui sont les premiers commis des bureaux , et qui forment,pour ainsi dire,lecorps des gens de plume. — A l'exception des chefs de ces dif-férens corps qui mangent avec le Grand-Vézir, tout le reste est servi sur des tables séparées. 24e. Nuit. Le Mir-Alcm avec les quatre 1 Rékiab-Jghnlérys y personnages distingués du Sérail, et tous admis à la table du Grand-Vézir. s5c. N u 1 t. Ce dernier repas d'étiquette est pour les ex-ministres et les officiers qui ont occupé les principales charges de l'Etat : on les appelle Ridjeal-Mâzoulys : les plus anciens d'entre eux, au nombre de cinq , se placent à la table du Grand-Vézir. Le cérémonial qui règle toutes ces fêtes, exige encore que le premier ministre fasse des présens : ce sont des montres, des boîtes d'or, des fourrures, des étoffes et même des bijoux. Ses officiers les distribuent en son nom aux convives selon leur rang-et leur condition. Par un ancien usage les Scheykhs sont distingués dans ces libéralités. Au moment de leurdé-part, chacun VFeux est revêtu , en présence du Grand-Vézir d'une pelisse de drap vert fourrée de petit-gris , et on leur remet un rouleau de vingt-cinq écus. Nul autre dans l'Empire n'est tenu à ces repas d'étiquette. Les grands officiers de tous Jes ordres de l'Etat dînent, ces nuits-là, chez eux ou dans l'hôtel affecté à leurs départe-rnens, et sont toujours maîtres du chuixde leurs convives. Les ministres, les secrétaires et tous les officiers qui travaillent dans le palais du Grand-Vézir y et qui sont obligés d'y passer une partie de ces nuits , mangent alternativement les uns chez les autres : leur table est même censée ouverte aux officiers qui sy présentent au moment du repas. Tous y font apporter leur dîner de chez eux , excepté le Kéhaja-Bejy lieutenant du Grand-Vézir , dont la table est fournie toute l'année par la cuisine de ce premier ministre. A la suite de ces repas viennent d'autres cérémonies , que Ton observe tous les ans avec une exactitude rigoureuse. C'est alors que lacourparoît dans tout son éclat, et que l'on peut se former une véritable idée de la dignité et cle l'importance de la place qu'occupe le Grand-Vézir. Le 26 de Ramazann. y vers le coucher du soleil, ce ministre , accompagné des secré- 42 CODE RELIGIEUX, taires d'Etat et des principaux officiers de la Porte , fait une visite publique au Mouphty ; pour le complimenter sur l'approche de la fete de Beyram s la visite est suivie d'un festin que lui donne le chef de la loi. Le jour suivant, 27 , le Grand-Vézir reçoit à son tour la visite du Mouphty , et immédiatement après , celle du Capoudan-Pascha et de tous les Paschas à trois queues qui. se trouvent dans la capitale. Ces Paschas sont obligés entre eux aux mémos devoirs. Comme leur rang est réglé par ordre d'ancienneté , ceux de nouvelle création visitent les-pjus anciens, sans que ceux-ci soient tenus à la réciprocité. Les deux Cazi-askers et tous les Ex-Cazi-askcrs vont aussi présenter leurs hommages le même jour, d'abord au Moupht/y et au Grand-Vézir , ensuite à tous les Paschas , en observant très exactement leur rang suivant Jbrdre d'ancienneté. Le 28, le premier ministre reçoit les respects des Scheyhhs prédicateurs des quatorze mosquées Impériales, auxquels on remet encore un rouleau de vingt-cinq écus ; ensuite ceux de tous les Mollas en corps , précédés par YIstambol-EJfendissy j, juge ordinaire cle Cous tan tinople. De là tout le corps de la magistrature passe chez le Mouph-iy y eikez les Paschas , et chez les deux Cazi-askers en exercice. A la suite *de cette cérémonie, le Grand-Vézir j précédé du Tschawousch-Bas-cliy et du Capoudjiler-Kclhhoudassy > qui remplissent les fonctions de maréchaux de la cour , chacun tenant en main un bâton garni de lames d'argent, passe de la salle d'audience à celle du Divan , où assis sur son tribiinal, comme dans ia tenue des Divans ordinaires , il reçoit successivement les respects des généraux et des officiers cle l'état-major de toutes les milices de l'Empire. UAghéiàes. janissaires s'avance le premier. Après avoir baisé la robe du Grand-Vézir y il se place à sa droite, et là, toujours debout , il présente de sa main le bord de' la même- robe à tous les officiers de son corps qui s'avancent chacun selon son rang j la baisent et se retirent. Les généraux des autres corps de milice en font de même : tous vont ensuite, dans le même ordre, rendre également leurs respects au Mouphty et aux Paschas à trois queues. Le29, le Grand-Vézir, assis sur un fauteuil de velours placé entre deux portes dans la salle d'audience , reçoit encore les hommages des diffërens officiers du Sérail et de la cour, d'abord du Mir-Alem yk J a tête de tous les Capoudjys-Baschys ou chambellans du Grand-Seigneur, ensuite du premier et du second écuyers de Sa Hautesse. Après eux viennent les grands officiers de chasse, et le Mutéférica-Baschy y chacun à la tête des officiers de son corps ; le Harcméïnn Mouhas-sehedjissy y suivi de tous les Mutéwellysy ou administrateurs des biens VVahfs des mosquées Impériales, et les Sultanc-Kéhayalérys, iri-tendans des Sultanes mariées. Ils entrent, chacun suivant son rang, par l'une des deux portes de la salle , baisent la robe du Grand-Vézir y et sortent par l'autre porte qui est vis-à-vis de la première. A la suite de cette cérémonie, le premier ministre se rend , comme la veille , dans la salle du Divan, pour recevoir encore les hommages des différentes classes de la magistrature , de leurs chefs, et d'autres grands officiers de l'Etat : ce sont, i°. les deuxCazi-ashersj à la tête de tout le corps des Mitderrissj ils baisent la robe du Grand-Vézir > se placent à sa droite ; et à mesure que les Muderriss s'avancent, le Cazi-asker de Roumilie, tenant une liste à la main, les annonce au premier ministre, chacun par son nom et son grade : z°. le Beflerdar Efendy ^ ministre des finances , et le Rels-Ejendy > grand chancelier de l'Empire , suivis de tous les Khodjeaîdanns ou gens de plume : 3°. le Tschawousch-Baschy à la tête de ses officiers et de tous le corps des Guédihly-Zdim Tscha-V'ouschs, et 4°. le Capoudjiler Kelhhoudassy > suivi de tous les officiers qui lui sont subordonnés : le Teschrifatdjy Ejendy, grand-maître des cérémonies, baise le dernier la robe du Grand-Vézir , ce qui indique la clôture de l'étiquette. Au sortir du Divan , tous ces officiers vont également rendre leurs devoirs au Mouphty et aux Paschas à trois queues. Le Rç'is-Fjcndy 46 CODE RELIGIEUX. ■ paroi t ce jour-Là en public avec un grand cortège. Il est accompagné des deux maréchaux de la cour, précédés de tous leurs officiers , parce qu'il est censé aller complimenter le Mouphty , tant en son nom qu'en celui dit Grand-Vézir. Le 3o , dernier jour du Ra/nazann , est consacré à d'autres étiquettes qui regardent le Sérail seulement. Après la prière dé midi, le Monarque se rend dans les appartenions du Sîllhdar-Aghay grand-maître de sa maison , et se place dans un Keoschh élevé, d'où il prend part au divertissement du Tomak : c'est une espèce de joute qu'exécutent les pages de Sa Hautesse , au milieu de la musique du Sérail, dans une plaine sur laquelle ce pavillon domine.Tous , lestement vêtus , sans turban , la tête couverte d'une simple calotte rouge, et divisés en deux bandes, chacune sous la conduite des plus anciens officiers du corps , ils se donnent la chasse , la main armée d'un long tuyau de cuir, bourré , à l'extrémité, de laine ou de coton. Ce jeu, dont nous parlerons ailleurs, en exposant tout ce qui concerne la vie privée des Sultans, est un de leurs amu-semcns ordinaires, toutes les (ois qu'ils dînent ou qu'ils passent une partie de la journée dans les Keoschks qui embellissent les jardins du Sérail. Il vaut chaque (bis à ces jouteurs des poignées-de sequins que le Monarque leur fait distribuer. Ce divertissement est suivi ce jour-là d'une espèce de parade qu'on appelle Neubcihj elle consiste principalement dans une musique militaire, qui s'exécute en présence du Sultan et des principaux officiers de sa maison , tous rangés en ordre dans la seconde cour du palais. Les Tschawouschs et les Capoudjjs , précédés de leurs chefs , forment deux grandes haies devant la porte Ba&'ns-SéâdetJi, qui conduit aux appartemens de Sa Haucesse. A dix pas cle cette porte , dans le corridor intérieur , on place un trône d'or massif: au dehors se rangent à droite tous les eunuques blancs, gardiens de cette porte ; et à gauche y tous les Mnczzinns dutSéraiî. Au milieu cle la haie les Capoudjy-Baschys et les Salakhors forment deux grouppes énormes, les premiers '48 CODE RELIGIEUX, ayant à leur tête le Mit-Aient, leur chef, et les seconds, les deux écuyers de Sa Hautesse. Au bout de cette haie on aperçoit trente-deux chevaux des écuries du Sérail, tous superbement enharnachés , et que des officiers promènent à pas lents comme dans un cirque. Voyez la planche 42. Telle est l'ordonnance de ce Neubelh , que le Sultan honore de sa présence. Sortant de XArz-Qdassy > il vient se placer sur son»trône, ayant à sa droite le Kidar-Aghassy s chef des eunuques noirs ; à sa gauche, Iq Capou-Aghassy , chef des eunuques blancs , et derrière lui tous les Khass-Odalys ou gentilshommes de sa chambre. II salue d'un léger signe de tête l'assemblée, qui y répond par une profonde inclination , au milieu des acclamations redoublées de tous le corps des Tscliawouselu. Ces acclamations, que l'on appelle Alkisch > ont ordinairement lieu toutes les fois que le Sultan paroi t en public , sur-tout au moment [qu'il monte à cheval ou qu'il en descend. i\Jors la musique commence, et dure une demi-heure. Aussitôt qu'elle a cessé, le Doadjy-Tschawousch fait quelques quelques pas vers le trône , et forme à haute voix des vœux pour la conservation de S. H. Les Muezzinns y répondent en chorus par un Amen, Aminn, qui fait retentir, disent les registres du cérémonial, les roules duJïrma-ment. En se retirant, le Monarque salue de nouveau l'assemblée; et tout le corps des Tscliawouschs renouvelle ses acclamations. C'est à la suite de cette cérémonie que le canon du Sérail annonce au public la fête du Beyram pour le jour suivant. Cette étiquette n'est qu'un reste d'une ancienne pratique, observée autrefois par les Sultans delà maisonOthomane. Ertoghroul père d'Osman I j étant gouverneur d'Angora j sous les Sultans Seldjoukiens> faisoit jouer sa musique militaire tous les jours, vers le coucher du soleil,à l'exemple des autres gouverneurs de provinces. Il étoitmême d'usage qu'ils assistassent en personne à cette espèce de parade, chacun à latête de ses officiers. La musique se terminoit par des vœux pour la prospérité du Monarque. Osman J , héritier de la fortune et destalens guerriers o"Ertoghroul , ne fut pas Tome III. D 5o CODE RELIGIEUX, d'abord aussi attentif que son père à observer cette coutume. Maïs les succès constans de ses armes contre les ennemis de la puissance 6e/« djoukienne, lui ayant concilié l'entière faveur deMess-oud III, il montra alors les plus profonds sentimens de respect et de reconnois-noissance pour ce Sultan son suzerain. A la suite de la prise de Caradjc-hissar et de nouveaux exploits contre les Grecs du Bas-Empire , Mess-oudIII donna publiquement les plus grands éloges à sa valeur, lui céda la propriété de toutes ses conquêtes , et le combla de présens. II lui donna entr'autres un cheval superbement paré , un drapeau blanc , un sabre , une masse d'armes, un poignard , une boucle de ceinture et un parasol, Schemssiyé, le tout garni en or et en pierreries. Une musique militaire accompagnoit encore ces dons magnifiques. Osman I ? flatté de ces distinctions, jusque-là sans exemple dans l'Empire Scldjoukien , alla au devant des officiers dé la cour, qui se rirent annoncer chez lui vers le coucher du soleil, au moment qu'il alloit se mettre à table. Il les reçut avec un certain appareil. Sâd-ed-dinn Efendj rapporte que pour donner plus d'éclat à sa reconnoissance envers le Sultan , il fit servir au bruit de tous les instrumens guerriers qu'il venoit de recevoir, ordonna à tous ses convives de s'asseoir, et se tint lui-même debout pendant le repas, les mains jointes et dans la contenance la plus respectueuse : il se fit une loi d'en user ainsi régulièrement tous les jours avant l'heure de son. souper. Jamais il n'y manqua, pas même dans le cours de ses prospérités , ni lorsqu'il eut élevé sa puissance sur les ruines de la maison Seldjoukienne j mais alors il fut animé par un autre principe , par l'idée de bonheur qu'il attachoit à cette cérémonie : aussi obli-gea-t-il tous les gouverneurs des provinces et tous les vassaux de ses domaines à pratiquer cet usage chaque jour et à la même heure. Ce cérémonial fut exactement suivi par ses successeurs , jusqu'à MohammedII : après la conquête de Constantinople? ce Prince, moins superstitieux sans doute que ses pères , l'abolit , comme dérogeant à la majesté du trône Il ne la laissa subsister que pour deux jours de D ij 52 CODE RELIGIEUX. Tannée, c'est-à-dire, la veilledes àeuxBejrrams. Comme ses prédécesseurs, il se tenoit debout à côté du trône pendant toute Ja cérémonie. Bayczidllen usa de même,ainsi queSeiïmlj dans les premières années de son règne : mais durant la quatrième, une attaque de goutte l'engagea à déroger à Ja loi de ses aïeux ; il se plaça sur le trône, et son exemple a servi dérègle à ses successeurs. Ce cérémonial n'a cependant pas été aboli dans les provinces : tous les Paschas soit à deux , soit à trois queues , font jouer chez eux exactement tous les jours , vers le coucher du soleil, la musique militaire du Neubelh ; mais ils n'y assistent plus en personne , depuis le règne de Mohammed II. A la suite'de cette parade, le Sultan assiste à un office particulier. A peine rentré dans \Arz-Odassy, on y introduit le grand aumônier du Sérail à la tête des ministres Khatibs des quatorze mosquées Impériales, et de trois des premiers Imams de ces temples , qui se remplacent alternativement chaque année. Ces prélats prennent place sur des ïhhrams posés sur le tapis même de l'appartement, et forment un demi-cercle devant le trône; à gauche de Sa Hautesse se tiennent trois des premiers officiers du corps des eunuques blancs, et vers la porte tous les Muezzinns du Sérail. Voyez la planche 43. Le grand aumônier récite d'abord quelques versets du Cour'ann analogues à la fête du Beyram: les Khadbs et les Imams chantent ensuite différentes hymnes ; et les Muezzinns terminent l'office par le Nath-Schér/jé j un cantique à la louange du Prophète. En se retirant, tous ces prélats reçoivent des mains du Khaziné-Kéhayassy y chacun un petit rouleau de dix écus. Quelque modique que soit ce présent , il est regardé comme une distinction flatteuse de la part de Sa Hautesse. Par un ancien usage les Sultans sont encore obligés d'inviter au Sérail , pendant la lune de Ramazann y et à dix reprises différentes , quatre ou six Muderriss , professeurs des collèges, et membres du corps des Oulémas. Ils entrent dans l'appartement de Sa Hautesse après la prière de midi, s'asseyent devant lui D iij 04 C 0 D E RELIGIEU X. sur des Ihhrams y et font successivement la lecture d'une partie du Cour'ann avec ses commentaires : ils tiennent leurs livres sur de petites banquettes placées devant eux en forme de pupitre. Cette lecture se continue chaque fois deux ou trois heures: on l'appelle Bas y c'est-à-dire, leçon, comme servant à-la-fois d'examen pour les Muderriss > et d'instruction pour le Sultan lui-même ; au moment qu'ils se retirent, ils reçoivent chacun de la main de Sa Hautesse un rouleau de quarante ducats. Toutes ces coutumes de la Cour et du Sérail, qui s'observent dans les derniers jours du Ramazann y et qui sont relatives à la célébration de la première fête de Beyram y se renouvellent dix semaines après , aux approches de la seconde. Les cérémonies usitées à ces époques , et qui ont le Monarque pour objet, étant du ressort de la politique plutôt que de la religion, nous nous réservons^ d'en donner le détail , avec le reste des étiquettes de la Cour , dans le Discours qui termine le Code Politique. / CODE RELIGIEUX. $$ L I V R E V. DU PÈLERINAGE, Badjll. On divise ce livre en sept chapitres. Le premier traite du pèlerinage fait en personne;le second, cle la visite de YŒumré j le troisième, des quatre difïërens actes du pèlerinage; le quatrième, du sacrifice relatif au pèlerinage; le cinquième , des peines satisfactoires auxquelles est soumis le pèlerin pécheur et trans-gresseur de la loi ; le sixième , des empèche-mens légitimes qui peuvent faire perdre au pèlerin le temps et les momens consacrés à cette pratique ; le septième , du pèlerinage acquitté par un mandataire. CHAPITRE PREMIER. * Du Pèlerinage fuit en personne. Le pèlerinage est un acte religieux ? qui consiste à visiter , une fois dans sa vie, le Kéabé, le tabernacle de Dieu, D iv 36 CODE RELIGIEUX, àla Mecque, au jourprescrit par la loi, et avec différentes pratiques ordonnées par la religion. Cet acte est d'obligation divine pour tous les Musulmans de l'un et de l'autre sexe. C. Le précepte divin qui l'ordonne est conçu en ces termes : Le pèlerinage au temple du Seigneur(i), est un devoir imposé à tous les Musulmans qui sont en état de V entreprendre j et ceux qui ne s'en acquittent pas , ne font tort qu'à eux-mêmes , car Dieu se passe de tout l'univers. Le Prophète l'ordonne aussi par ces paroles terribles : Celui (2) qui meurt sans s'être acquitté du devoir du pèlerinage , peut mourir y s'il le veut, ou Juif ou Chrétien. Cette pratique, qui est un des points fondamentaux de l'Islamisme , n'a pas été (1) Ve allah'u aï en-nass hadj'el beïth m'en isslita iléih sebila ve m'en Référé fé inné allah'u gJianiy'iut an'el aleminn. (2) Menu maté ve lem youadjéfélyemoute inscha yehhoudiyénn ew naesraniyénn. moins fortement recommandée par les disciples de Mohammed. Le Khaliphe Orner, en particulier , étoit tellement convaincu de son indispensable nécessité, qu'il refusoit le nom de Musulman à tous ceux qui , étant en état de s'en acquitter , en négligeoient l'observation : il ajoutoit que si ces impies lui étoient connus, il iroit incendier leurs maisons , leurs personnes, leurs propriétés , tout ce qu'ils possédoient dans le monde. Tout fidèle est donc obligé de remplir ce devoir une fois dans sa vie , soit en se hâtant dans sa jeunesse , soit en le remettant à un âge plus avancé. C. C'est que le premier verset, Ayclli, relatif à ce pèlerinage, a été promulgué l'an 6 de l'Hégire ; et que le Prophète ne s'en est lui-même acquitté solennellement que l'an 10 , quatre années après. V. Cette loi a été établie d'après l'opinion cle l'Imam Mohammed, conforme à celle de l'Imam Schafiy. Elle a prévalu contre celle des autres Imams qui, 58 CODE RELIGIEUX. n'admettant point de délais dans l'exécution de ce précepte, veulent que tout Musulman s'empresse de l'accomplir aussitôt qu'il est en état de le faire. Ils prétendent que l'exemple du Prophète ne peut autoriser sur ce point une opinion contraire; qu'il étoit le maître d'en différer le moment , parce qu'il étoit sûr de s'en acquitter avant sa mort, et qu'il atlen-doit d'ailleurs l'époque de la purification du temple, et de sa délivrance des mains des Arabes païens, pour remplir dignement, lui et les siens , ce devoir important de la religion. Cependant cette loi ne regarde pas indistinctement tous les fidèles ; elle n'est obligatoire qu'à l'égard de ceux qui, par leur position ou des circonstances particulières, n'ont aucun motif légitime pour s'en dispenser. A r ticle Ier. Des circonstances ou conditions qui rendent le Pèlerinage légalement obligatoire'à tout fidèle de l'un et de Vautre sexe, Schourouth ul-Hadjh. Ces circonstances sont, i°. la condition libre ; 2°. le bon sens ; 3°. l'âge de CODE RELIGIEUX. 5a majorité ; 40. l'état de santé ; 5°. l'état d'aisance; 6°. la sûreté du voyage; 70. la compagnie du mari ou d'un proche parent, Mahhrem, sous la garde duquel doit être la femme qui se destine au pèlerinage ; 8°. l'état de liberté de la femme ; 90. enfin l'absence de tout empêchement légitime , de quelque genre qu'il soit. C. Ainsi nul esclave n'est tenu au pèlerinage , parce qu'il est censé ne rien posséder en propre, et qu'il n'a pas non plus la liberté ni de s'éloigner de la personne de son patron, ni de vaquer à des objets étrangers à son service. En ceci , la loi fait prévaloir le droit humain sur le droit divin ; et le patron qui auroit accordé à son esclave, mâle ou femelle, la permission de faire le pèlerinage, est toujours le maître de la révoquer, quand même l'esclave se trouvcroit déjà revêtu du manteau pénitentiel, Ihhram. D'ailleurs, le pèlerinage d'un esclave n'est jamais qu'un acte suréro- 6o CODE RELIGIEUX, gatoire. Or rout fidèle qui, dans sa condition serve , fait ce pèlerinage, même dix fois , n'en est pas moins obligé de le renouveler, s'il obtient un affranchissement absolu , qui le range dans la classe des hommes de condition libre. L'homme en démence et le mineur en sont également dispensés. Si le mineur s'en acquitte, il est tenu, comme l'esclave, à en renouveler l'acte après être parvenu à majorité. Mais s'il entreprend le voyage étant encore mineur, et qu'il atteigne l'âge de majorité avant sa station à Arafaih , fût-il couvert du manteau pénitentiel, il lui suffit de le changer, pour que son pèlerinage devienne bon et valide. La loi n'est pas la même à l'égard de l'esclave qui obtiendroit son affranchissement étant déjà revêtu de Ylhhramparce que les majeurs , soit libres, soit esclaves , n'ont pas la faculté de quitter le manteau , et de changer ainsi la nature de leur pèlerinage, canonique ou surérogatoire , nonobstant le changement de leur condition. Tout homme qui pour cause d'infirmité ou de maladie est dans l'impuissance d'entreprendre un voyage, cesse d'être obligé à ce devoir. Il en est de même des personnes affligées de quelques défauts corporels, tels que les aveugles, les boiteux, les perclus , etc. L'état d'aisance est pareillement nécessaire, parce qu'il faut avoir les moyens de pourvoir aux frais du voyage, qui ne doivent jamais être pris sur la subsistance et les alimens que l'on doità sa famille. Le point relatif à la sûreté du voyage exige qu'il n'y ait point de risques imminens, ni par terre, ni par mer. Ainsi le fidèle ne doit pas s'exposer par terre aux attaques des brigands ou des ennemis , et par mer aux hasards de ce terrible élément. Ces risques doivent cependant être d'une certaine évidence , et même pesés dans la balance des » événemens annuels , parce que si , le plus souvent et le plus communément , le voyage se fait sans danger, c'en est assez pour qu'on ne puisse plusse dispenser de l'entreprendre. S'il n'est pas permis à la femme d'aller en pèlerinage sans son mari, ou un proche parent, c'est qu'elle ne doit jamais exposer sa 62 CODE RELIGIEUX. personne et sa pudeur à desévénemens hasardeux. Au défaut du mari, le proche parent qui l'accompagne doit être un homme vertueux, en âge de majorité, jouissant de sa raison, et par-là digne de toute confiance. Sa nourriture , ainsi que les frais de voyage, doivent être supportés par la femme, qui, moyennant ce compagnon avoué par la loi, peut se mettre en marche sans la permission même de son mari , ou du moins sans qu'il ait le droit de s'y opposer. Par l'état de liberté que la loi exige en elle , on entend que si les liens de son mariage ne subsistent plus, comme étant veuve ou répudiée, elle ne doit pas entreprendre ce voyage pendant le terme, Iddeth y qu'elle est tenue d'observer avant, de convoler à de secondes noces. Enfin dans tous les cas d'empêchement légitime, l'homme et la femme qui se dispensent du pèlerinage, sont justifiés devant Dieu de n'avoir pas rempli ce devoir de la religion. V. L'Imam Schafiy ne permet pas à la ferrune de faire le pèlerinage , même en compagnie d'un proche parent , sans la permission expresse cle son mari. Article 2. Des pratiques auxquelles le Musulman est individuellement obliné o dans le pèlerinage. Le fidèle est tenu en son particulier à différens exercices , pour s'acquitter comme il faut de ce devoir important de l'Islamisme. Ils consistent : 1 °. A s'arrêter aux premières stations, Micath, pour j pratiquer diverses observances. C. Le Prophète lui-même établit ces stations autour de la Mecque, à une certaine distance de la cité sainte, et sur la route même des pèlerins qui y viennent de toutes les parties du monde : à Zoul-IIouléifé ou Aly-Capoussy , ]i$ur les pèlerins de Me'dine j h Ileudjhjé, pour ceux de Syrie j à Zath-Irak , pour ceux de Y Irak j à Carenn, pour ceux de Nedjdh j et à Yélemlem ? pour ceux de XYémen ou Mocca. 64 CODE RELIGIEUX, 2°. A y faire les purifications par une lotion entière , ou par une ablution , après s'être coupé les ongles des mains et des pieds , avec une partie des moustaches , et s'être fait raser sous les aisselles , etc. Ç, La femme qui seroit en impureté légale par ses infirmités périodiques, ou par ses couches , est obligée à une lotion entière. 3°. A prendre Ylhhram. C. Ce voile doit consister en deux pièces de toile de laine, toujours blanches et neuves , ou du moins bien lavées et très-propres , mais sans coutures, l'une pour se couvrir la partie inférieure, et l'autre la partie supérieure du corps. L'objet que doit avoir en vue le pèlerin en se revêtant du manteau pénitentiel, est de se* préparer dignement, comme l'indique le mot Ihhram, à entrer dans une terre si sainte et si distinguée du reste du -globe par l'érection du Kcabé , qui depuis l'origine du monde est consacré sacré à l'adoration de l'Eternel. Ce manteau n'est pas d'obligation pour les femmes; si elles le prennent, elles ne doivent pas pour cela se dépouiller entièrement de leur hahit, comme les hommes : la pudeur au contraire les oblige à garder chemise et caleçon, et même à se dérober aux regards des hommes, moyennant un voile qui leur couvre la tête, et qui doit être soutenu de manière à ne pas toucher le visage; et cela à l'imitation iïA'lsché, lorsqu'elle s'acquitta du pèlerinage dans la compagnie du Prophète. 4°. A se parfumer avec du musc ou d'autres aromates, et à faire ensuite un Namaz de deux rilCaths, en récitant, avec l'introït Fatikha, le chapitre-Goul-ya-Eyuh'el K.éafirouné a,u premier riliatli, et celui qui est mtït\jAé'Ikhlass\ au second (1). 5°. A prononcer à la fin du Namaz (i) Ce sont le 109' et 112* chapitres. Tome III. E 66 CODE RELIGIEUX, cette prière particulière : O mon Dieu ! je suis dans la disposition de m acquitter dw pèlerinage ; accordé-moi cette grâce 9 et que mon action te soit agréable ; et à chanter immédiatement après , le cantique Telbiyé. C. Il consiste en ces paroles : Me voici à l'on service , ô mon Dieu ! et prêt à obéir à tes ordres (i). Tu es unique, 6 mon Dieu! il n'y- a point d'association en toi. Me voici prêt à te servir et à obéira tes ordres. Certes , les louanges sont pour loi , les grâces dérivent de toi , l'univers entier est à loi: il n'y a point d'associé avec toi. Ce cantique est en mémoire cle l'invitation mystérieuse que le Patriarche Abraham, fondateur du Kéabé, fit au genre humain du haut de la montagne Djébel-Eb'y-Coubéïss, Lebb/ikéalah'ummë, lebbéiké la scherik lek, lebbéiké inn*el-hamd v'en-nimetk lek, Vel-mulk lek , la sc/ierik' lek. par ces paroles : Fa eyu-hennas } etc. O peuples! venezà votre Dieu. Cette invitation qui parvint miraculeusement dans toutes les parties de l'univers et à toute la postérité des hommes concentrés dans le sein des femmes, fut acceptée par tous ceux qui étoient et qui seront, jusqu'à la consommation des siècles,prédestinés à la grâce du Mahométisme : tousy répondirent par ces mots, Lebbéiké Allahummé: Me voici à ton service , ô mon Dieu ! etc. lesquels furent répétés deux , trois, quatre fois , et même plus , par ceux qui étoient prédestinés à s'acquitter aussi souvent de l'acte de pèlerinage. Ce cantique doit être psalmodié à haute voix , et répété sans cesse le reste du "chemin , sur-tout en montant ou en descendant les montagnes , et en traversant les plaines , toujours dans cet esprit de ferveur que la religion exige du fidèle. Les femmes ne doivent pas hausser la voix en prononçant ce Telbiyé, ou tout autre cantique , et cela pour éviter que la mélodie et le charme de leur voix, ne donnent des tentations aux hommes qui pourroient les entendre. Eij Du moment que le pèlerin se couvre cle Xlhhram, il doit s'abstenir de toutes les œuvres mondaines et charnelles qui seroient incompatibles avec la sainteté du pèlerinage , et avec cet esprit de pénitence qu'il exige. C. Ainsi il ne doit se permettre aucun commerce avec sa femme , aucun propos libre et scandaleux, aucune querelle particulière, aucun acte d'hostilité , à moins qu'il n'y soit forcé pour sa défense naturelle. La chasse, de quelque nature qu'elle soit, lui est interdite. Il ne lui est pas non plus permis , tant qu'il est couvert de VIM/nm, de faire usage de parfums et d'aromates , de se couper les ongles et la moustache, de se faire raser dans aucune partie du corps , de se couvrir la tête et le visage, et de porter aucune sorte de vêtement, pas même des chaussures, excepté les Nalinns. Le pèlerin ne peut avoir sur le corps que son Ihhram, et il n'a la liberté de le quitter que pour le temps de sa purification. Il peut cependant avoir sur lui des espèces en or ou en argent, niais dans une bourse ou dans une ceinture ; être armé de son sabre ; porter son cachet au doigt , et le saint livre du Cour'ann dans un sac pendu à son côté. Il peut encore se teindre les yeux avec du collirium, et se garantir à son gré des ardeurs du soleil, en se tenant, dans les fortes chaleurs du jour, ou sous une tente , ou à l'ombre d'un édifice. £V L'Imam Mohammed ne le permet pas j il regarde ces précautions comme des délicatesses contraires à cet esprit de pénitence et de mortification qui doit accompagner le fidèle dans toutes les pratiques relatives au pèlerinage. Le pèlerin ne doit jamais dépasser les lieux de station sans prendre Ylkhraml C. Mais il lui est permis de s'en revêtir avant d'y arriver ; c'est même un acte méritoire et très-agréable aux yeux de la divinité. La religion cependant, qui permet cette anticipation locale, n'admet point d'anticipation de temps. Nul pèlerin ne doit prendre XIhhram avant le 7o CODE RELIGIEUX, premier de la lune de ZUcadé, parce qu'étant nécessaire de le garder jusqu'au jour de Beyram (ce qui fait 40 jours ), un plus long-terme , attendu la fbiblesse et la fragilité humaine, pourroit l'exposer à des prévarications qui le ferment décheoir de cet état de sainteté qu'exigent et le vêtement de Ylhhram, et la préparation nécesssaire à l'acte du pèlerinage. Tout Musulman qui arrive à la Mecque dans les mois consacrés à ce saint exercice, est obligé de prendre le manteau pénitenticl , quand même son voyage n'auroit pour objet que des affaires civiles et temporelles. S'il y manque, il doit réparer sa faute par un sacrifice satisfactoire. V. L'Imam Sehafiy n'impose l'obligation de prendre Ylhhram, qu'aux fidèles qui se rendent à la Mecque dans l'intention de s'acquitter du pèlerinage, ou de Ja visite de YŒumré (r). :q \<;}x 6°. A s'avancer vers la Mecque dans ces pieuses dispositions , toujours en (1) C'est une chapelle à deux heures de distance au nord de la Mecque. CODE RELIGIEUX. 71 chantant et psalmodiant le cantique "Tellnyé. 7°. A réciter en entrant dans la ville {1 ) cette prière :. O mon Dieu ! c'est Ici ta région sainte. J'ai articulé les paroles de ton culte. Ta parole est Ici vérité même. Celui qui entre dans ce temple y trouve son salut. O mon Dieu ! préserve du feu ma chair .et mon sang, et samc^moi cle la colère au jour de la résurrection de tes serviteurs. 8°. A ne s'arrêter en aucun endroit ; à se rendre directement au Kéabé quels -que puissent être l'heure et le temps auxquels on y arrive , parce que la visite de ce sanctuaire fait l'unique objet du pèlerin. 90. A entrer dans le temple par là ■— 11 ' (1)] Ici le lecteur doit jeter un coup d'oeil sur le tableau de la Mecque, et suivre le pèlerin dans toutes ses prières aux différentes stations du Kedbé, E iv 72 CODE RELIGIEUX, porte Bab-sché'ibé, les pieds nus, et en récitant cette prière : Au nom de Dieu et. de la doctrine de Vapotre de Dieu ; grâces au seigneur qui nia conduit au sacré Kéabé. O mon Dieu, ouvre sur moi les portes de ta clémence et de ta miséricorde : ferme devant moi celles du crime et de Vinfidélité* io°. A réciter, au premier aspect du Kéabé , les prières Tekbir et 'Tehhlil; puis celle-ci : GrandDieu ! Grand Dieu ! Grand Dieu ! 6 mon Dieu ! le salut de paix est en toi ; le salut de paix est de toi. J^ivifie-iirms Seigneur, par le salut de paix , et fais-nous entrer dans la maison du salut. O mon Dieu ! augmente la sainteté, la majesté .et la grandeur de ta maison. O mon Dieu ! agrée ma componction- , pardonne mes offenses , efface mes péchés ! âDieu de miséricorde ! 6 Dieu de munificence l GODE RELIGIEUX. 73 A s'avancer du même pas vers la Pierre-noire : Hadjer'ul-essired, les mahls élevées vers le ciel , et en récitant cette prière après celles du Tehbir et du Pehhlil : Au nom de Dieu ! Grand Dieu ! 6 mon Dieu ! je crois en loi , je crois en Ion livre , je crois en ta parole, je crois en ta promesse. J'observe les pratiques et les œuvres de ton Prophète. O mon Dieu ! ce temple est ta maison , ta demeure, ton sanctuaire, c est le séjour du salut. J'ai recours à loi; sauve-moi des-Jeux de l'éternité. Après cette prière il faut s'approcher de la Pierre-noire, la baiser respectueusement ou bien la toucher des deux mains, et les porter ensuite à la bouche. C. On peut omettre cette pratique, s'il n'y a pas moyen de l'observer sans se gêner et fouler la multitude. Dans ce cas on peut ) 74 CODE RELIGIEUX, toucher la pierre avec un bâton , et le porter ensuite à la bouche. Le Prophète fut un-joUr obligé d'en user ainsi , pour ne pas incommoder le peuple dont il étoit environné. Il ne s'acquittoit jamais de cet acte sans verser des larmes d'attendrissement. L'hommage que l'on rend à cette pierre est pour rappeler au fidèle l'aveu et la confirmation de l'acte de foi que toute la légion des Etres spirituels, Envahit \ fit à la création du monde. L'Etre suprême les ayant interrogés de la sorte : Ne s dis-je pas votre Dieu? tous répondirent : Oui ^ vous Vêtes (i). Ces paroles furent déposées dans le sein de cette pierre par l'Eternel lui-même, comme l'apôtre céleste l'a révélé et confirmé plusieurs fois à ses disciples , en leur parlant delà vertu et dé la sainteté de ce précieux monument. Ainsi cette pierre exige les hommages et les respects des fidèles j parce qu'au grand jour des jugemens , elle rendra témoignage en faveur de tous ceux qui auront eu le bonheur de la baiser ou de la toucher avec foi et révérence. S'il y avoit un grand concours ( i) ' Elesstu bi rebbikum ? Bély. CODE RELIGIEUX. 75 d'hommes, les femmes pourroient se dispenser de cette cérémonie. 12°. A faire , aussitôt après , les tour-nées, Tcnvaf, autour du sanctuaire » en partant de l'angle de la Pierre-noire, et avançant toujours du côté droit, pour avoir le sanctuaire à gauche, et par-là plus près de son cœur. C. C'est par cette raison que dans toute prière, Namaz , faite en commun , où il n'y a qu'un seul homme avec Y Imam , cet homme doit toujours se placer à la droite.de Ylmam, comme étant le ministre du temple du Seigneur. , Dans ces tournées , le pèlerin doit passer l'un des bouts de son Ihhram sous le bras droit, en le jetant sur l'épaule gauche , et diriger ses pas derrière le mur hatim , parce qu'il faisoit autrefois partie du Kéabc. C. Ce Kcabë j ouvrage des anges, et réédifié N 76 CODE RELIGIEUX, huit fois en différons siècles, étoit de la fondation des Courêïschs, lorsque le Prophète fit la conquête de la Mecque. Aïsché avoit fait Vœu de s'acquitter de la prière Namaz dans le sanctuaire même , s'il tomboit au pouvoir de Mohammed. A l'événement de cette conquête , comme elle vouloit satisfaire à son vœu, le Prophète la prit par la main, la conduisit à ce mur hatim , et lui ordonna d'y faire sa prière , en lui disant que son vœu y seroit parfaitement rempli, parce que ce lieu faisoit partie du Kéabé. II est d'autant plus digne de notre vénération, que c'est là où reposent les cendres d?Ismaël et à'Agar. i3°. A réciter cette prière en passant devant la porte , Bab-Schérif, du Kéabé. O mon Dieu ! ta maison est grande : ta face est bienfaisante. Tu es le plus miséricordieux de tous les êtres. Sauve-nous dufeu éternel et du démon qui a été chassé à coups de pierres. Préserve du feu ma chair et mon sang. Sauve- moi des tourmens au dernier des jours , et délivre-moi des peines temporelles et éternelles. 140. En passant devant l'angle de Vlrak, Rukn-lraky : O mon Dieu ! préserve-moi de F esprit d'incertitude, de malice, de sédition ; des vices , des mœurs perverses et de tous les mouvemens delàjalousie, de l'avarice et de la concupiscence. i5°. En passant devant la gouttière d'or : O mon Dieu / couvre-moi de l'ombre de ton trône auguste en ce jour où il n'y aura d'ombre que ton ombre, de divinité que ta divinité. O le plus miséricordieux des êtres ! 6 mon Dieu ! rafraî-chis'tnoi avec la coupe de Mohammed , sur qui soit paix et salut, et avec un breuvage qui puisse étancher ma soif pour jamais. 160. En passant devant l'angle de §yrie , Ruhn-Schamy : O mon Dieu ! rends mon pèlerinage digne de toi, nu il te soit agréable; pardonne-moi mes péchés; soutiens mes travaux ; bénis mes entreprises : 6 Dieu saint, 6 Dieu clément ! efface les péchés que tu connois en moi : d Dieu très-saint et très - tniséri-cordieux. 170. En passant devant l'angle de Y Yémen, Rukn-Yémany : O mon Dieu ! j'ai recours à toi ; daigne me sauver de l'infidélité , de l'indigence, des tourmens de la tombe, des supplices de la vie et de la mort y des afflictions temporelles et éternelles. Après cette prière le pèlerin doit baiser cet angle , ou bien le toucher avec les mains, en observant de les porter ensuite à sa bouche. 180. En passant devant l'angle delà Pierre-noire , liuhn-Hadjer ul-Essved: O Seigneur ! donne-nous ce qui nous est CODE RELIGIEUX. «79 avantageux dans ce mande et dans Vautre; sauve-nous, etdestourmensdufeu , et des lourmens de la tombe. ief. A s'arrêter un moment devant la Pierre-noire pour y faire encore cette prière : O mon Dieu ! que ta clé-mence me fasse miséricorde : J'ai recours au créateur de celle pierre sacrée pour qu'il me délivre des dettes de mes crimes, des misères de ce monde , de l'oppression et des souffrances de la tombe. 20°. A renouveler cette tournée autour du TLéabé sept fois de suite. Le pèlerin doit faire les trois premières en se balançant alternativement sur chaque pied, et sautillant tour-à-tour ; les quatre autres , au contraire , d'un pas lent et grave. C. Cette pratique, remet ou herwefé, a pour but de retracer dans l'Islamisme ce qui a 8o CODE RELIGIEUX été observé par le Prophète, l'an 7 de l'Hégire. Les femmes en sont dispensées. 21° A terminer à l'angle cle la Pierre-noire les sept tournées , en récitant à chacune les mêmes prières. Le pèlerin doit baiser de nouveau cette pierre , et de là passer à la station Mécam-lbrahim , pour y faire un Namaz de deux rilCaths. G. Si cela ne lui étoit pas possible, à cause de la foule, il pourroit alors faire cette prière à un autre lieu du temple. La station de Mécam-Ibrahini est révérée par la pierre qui en est l'objet, comme ayant servi de marchepied à Abraham lors de la construction du Kéabé. On y voit encore aujourd'hui la trace du pied de ce saint Patriarche. 22°. A revenir ensuite à la Pierre-noire pour la baiser de nouveau , et de là passer à la station de Sa/a, par la porte appelée de son nom Bab-SaJ'a. CODE RELIGIEUX. 81 o3°. A monter sur la colline de Safa, où le pèlerin , tourné vers le Kéabé, doit lever les mains au ciel, et réciter les prières Tekbir èt Tassliyé ; puis celle-ci : 'Il n'y a point de Dieu sinon Dieu : il est seul, il est unique. Il n'y a point aV association en lui. U univers entier est à lui. Les louanges sont pour lui. C'est lui qui donne la vie : c'est lui qui donne la mort. Il est le Dieu vivant et immortel. La félicité est entre ses mains, et sa puissance s'étend sur toutes choses : il n'y a point de Dieu sinon Dieu. Ne rendez de culte à nul autre qu'à lui. Soyez les adorateurs de sa loi et de sa doctrine , et ne vous laissez jamais corrompre par les discours pervers des infidèles. Et 240. Enfin à parcourir sept fois, Saih, l'espace Batn-wady, qui se trouve entre Saja et Mervé, où il faut répéter les mêmes prières, le visage tourné Tome III. F 82 CODE RELIGIEUX. vers le Kéabé, et les mains élevées vers le ciel. Mais en dépassant les lieux marqués par deux pilastres , Miléin-Ahzaréin, l'un vert, l'antre rouge , on doit à chaque fois réciter encore cette autre prière : O Dieu ! jais-moi miséricorde , et efface les péchés que tu connais en moi : 6 Dieu très-saint et très-clément ! C. Cette pratique a été observée par le Prophète; c'est la commémoration de ce qui arriva autrefois à Abraham. Ce Patriarche ayant vu Agar et Ismaël, tourmentés tous deux des ardeurs de la soif, dans cette place Batn-wadj- , monta sur la colline de Sofa pour y chercher de l'eau; et n'en ayant point trouvé, il s'abandonna à toute sa douleur, en se promenant sans objet entre Sofa et Merçé. Les femmes sont dispensées de ce pieux exercice. Le pèlerin, après avoir achevé ces pratiques qui sont ordonnées pour la CODE RELIGIEUX. 83 première visite du sanctuaire, est maître de quitter le temple, et d'établir sa demeure dans la ville ou aux environs. Il est cependant obligé de garder son Ihhram , et de se maintenir dans les mêmes sentimens de piété , de ferveur et de pénitence, jusqu'au premier jour du Beyram. Pendant cet intervalle, il lui est libre de renouveler à son gré chaque jour les mêmes tournées autour du Kéabé. Quoiqu'elles ne soient alors que des actes de surérogation , elles n'en sont pas moins méritoires aux jeux de l'Etemel. C. C'est-à-dire, à l'égard des pèlerins étrangers, Jjaly, et non des Mecquois, Mekkl, parce que ceux-là ne sont que des passagers, et n'ont pas, comme les habitans de la cité sainte , l'occasion perpétuelle de rendre au sacré Kéabé l'hommage de leur dévotion et de leur piété. Fij article 3. Des pratiques communes à tout: le corps des pèlerins. Indépendamment des pratiques qui regardent chaque pèlerin en particulier , il eu est d'autres qu'il faut observer en commun , pour se disposer à la célébration de la fête des sacrifices , Id-adcCkha. i°. Le 7 de la lune de Zilhidjé , trois jours avant le Beyram , Y Imam doit annoncer au peuple l'approche de la fête , en récitant le .Khoutlibé-y-Hadjh, immédiatement après la prière de midi. C. Par ce Khouthbé-y-Hadjh > Y Imam , qui d'ailleurs est obligé de se tenir debout, enseigne aux fidèles les pratiques et les prières consacrées à l'acte de pèlerinage. 2°. Le lendemain 8 , aussitôt après la prière du matin et avant le lever du soleil, toute la troupe des pèlerins doit quitter la ville , et prendre le chemin de Mina. C. Il faut aussi que lesMecquoîs qui se joignent au corps des pèlerins pour s'acquitter ensemble de ce précepte, prennent Vlhhram au plus tard ce jour-là, avant de sortir de la ville. Ce jour, qui est l'avant-veille du Beyram 3 est consacré sous le nom de Yewm-Terwijrê, jour du songe. C'est en mémoire de celui qu'eut Abraham, lorsqu'une voix céleste lui ordonna d'immoler son fils. Troublé et incertain si c'étoit un ordre de Dieu ou une suggestion artificieuse du démon, le Patriarche attendit la nuit suivante; et la même voix s'étant fait entendre de nouveau, il se persuada alors que c'étoit la volonté de Dieu : c'est ce qui l'engagea à donner au jour suivant le nom de Yewm-Aréfé, jour de connoissance ou de manifestation. Cependant, pour ne rien donner au hasard, et acquérir encore une certitude parfaite , Abraham différa jusqu'à la nuit suivante; et le même ordre lui ayant été réitéré pour la troisième fois, F iij il se détermina pour lors à immoler son fils. C'est de là que ce jour fut appelé Ycivm-Nahhr ou Yeivm-Udd'hha ( jour d'immola-tion, jour de sacrifice ), et qu'il fut depuis célébré sous le nom d'Id-add'hha. Cependant quelques-uns de nos Imams donnent une autre origine aux mots Ternijé et Aréje. Ils prétendent que le premier dérive de celui de Raiiiyc, qui sont les outres de cuir remplies d'eau que les pèlerins emportent avec eux sur des chameaux , le jour qu'ils quittent la ville pour passer à Mina. Quant à celui dArefe j ils le font descendre de la réponse que fit Abraham à l'ange Gabriel. Celui-ci , après avoir enseigné au Patriarche, de la part de Dieu , les prières consacrées au pèlerinage, lui demanda s'il \çssavo\tt Ilei-arcf/u j Abraham lui répondit, Areflu , je les sais je les ai apprises. 3°. Les pèlerins , après avoir passé la nuit à Mina, doivent se remettre en marche le jour suivant, 9 de la lune , veille du Beyram , immédiatement CODE RELIGIEUX. 87 après l'aurore , pour se rendre par Messdj id-lbrahim, à la station çXA.rafath. Là, au déclin du soleil , VImam placé à la tête de tout le corps des pèlerins , doit réciter le Khoulhbé, comme dans l'office solennel des vendredis, et faire ensuite en commun deux des prières du jour, celle de midi et celle de l'après-midi successivement. Au moyen de la réunion de ces deux Namazs, une seule annonce , Ezann , est suffisante. Ils doivent cependant être précédés , l'un et l'autre , de la seconde annonce , Ikameth, chantée par tous les Muezzins en corps. A la suite de ces prières , chaque pèlerin est obligé de renouveler ses purifications, et de faire ensuite la station qui estprescrite à Arafat Ii, dans quelque partie que ce soit de cette montagne, excepté 1 e lieu appelé Balnn-âraJ'é. C, Cest-làquele démon apparut au Prophète, qui dès ce moment proscrivit ce lieu , et défendit aux fidèles d'y pénétrer jamais , pour ne pas s'exposer aux tentations de l'esprit infernal. Tout le reste de cette montagne et ses environs sont des lieux saints , sur-tout le D/cbel-rahhmeth moût de miséricorde, parce que c'est particulièrement en ce jour et dans cette station que l'Eternel répand les trésors de sa miséricorde sur les pèlerins qui se destinent à la visite de son temple. Lorsque ce jour, Artfé , veille du Beyram. , se rencontre un vendredi, le pèlerinage est infiniment plus i méritoire, suivant cette parole du Prophète: Le plus heureux des jours est celui d''Aréféj lorsqu'il tombe le vendredi > car ce pèlerinage est pour lors au-dessus de soixantc'dix autres dont le jour Aréfé ne se rencontrerait pas un vendredi. Durant cette station, VImarn et toute la troupe des pèlerins , les mains élevées au ciel et la face tournée vers le Kéabé , doivent réciter de suite même sur leurs montures , les prières i TaJihmid , Tehbir, Tehhlil, Tqssllyé , puis le Telbiyé. Ce cantique doit être psalmodié et répété à haute voix par toute la troupe des pèlerins. Cette station doit durer jusqu'au coucher du soleil. Alors c'est à Xlmam à se mettre le premier en marche, et à s'avancer vers Muzdêlifé avec tout le corps des pèlerins. C. Autrefois les Arabes païens quittaient cette station avant le "coucher du soleil : le Prophète dérogea à cette pratique , non de son propre mouvement, mais par inspiration divine. Dans cette station du MuzdcJifc, ou tous les lieux sont réputés saints, et par-là habitables, excepté le Wadi-y-Muhassir, qui est à gauche , les pèlerins peuvent s'étendre jusqu'à la montagne Djébcl-CouzuliJi. C. Selon une ancienne tradition , c'est là 9o CODE RELIGIEUX. epvAdam préparent sa nourriture, etc est pour cette raison que les Arabes païens étoient dans l'usage, tous les ans, d'y allumer un grand feu. En y arrivant , Xïmam doit faire avec toute sa troupe les deux dernières prières du'jour , celle du soir et celle de la nuit, précédées l'une et l'autre de l'annonce ordinaire d e YEzann et de YJhameth. Ensuite ou doit réciter en corps cette prière : O mon Dieu ! préserve du Jeu ma chair, mon sang, mes os et tous mes membres ; 6 le plus miséricordieux des Êtres miséricordieux ! 4°. Après avoir passé la nuit à Mi^jr délifé , les pèlerins doivent reprendre le lendemain , 10 de la lune , jour de Beyram , immédiatement après la prière du matin, et avant le lever du soleil, le chemin de Mina. On doit passer par Mesch-ar-ul-haram , s'y arrêter mi instant pour j réciter les prières de la veille, et traverser à la hâte la plaine jVadi-y-Muhassir. Après être sorti de Mahhallé-y-Mina, chaque pèlerin doit commencer le jet des sept pierres par Bathn-TVady , vers Djemrè-y-Acabé , en récitant ces paroles : Au nom de Dieu ; Dieu est grand en dépit du démon et des siens : rends, d mon Dieu ! les travaux de mon pèlerinage dignes de toi , et agréables d tes yeux. Accorde-moi le pardon de mes offenses et de mes iniquités. C. L'objet cle celte pratique est de retracer dans le Musulrnanisme la fidélité éC Abraham aux ordres de l'Eternel. Ce Patriarche , en traversant ces lieux pour aller immoler son fils, y chassa à coups de pierres le démon qui lui suggérait de ne point obéira Dieu. Ces pierres peuvent être prises sur le chemin, au gré de chaque pèlerin , mais jamais parmi celles qui auroient déjà été jetées par d'autres. Il faut qu'elles aient été lavées , et que leur grosseur n'excède pas celle d'une feve, afin de témoigner par là plus.de mépris au démon, et d'éviter les accidens qui pourraient arriver dans une grande foule. Posées sur le pouce joint au petit doigt , on doit les lancer avec force , pour qu'elles soient jetées à la distance au moins de cinq pics , en observant cependant qu'elfes ne dépassent jamais le Bjemré. -On ne doit dans aucun cas y jeter autre chose , pas même des espèces en or ou en argent, pour ne pas exposer les fidèles qui voudraient les ramasser, à pécher contre l'esprit de cette pratique , qui n'a d'autre but que de chasser, à l'exemple Abraham }\q démon et ses tentations à coups de pierres. Celles que lancent les fidèles qui s'acquittent dignement du pèlerinage, sont aussitôt enlevées par les anges : sans ce miracle constant, les trois Djemrcs seraient impraticables , attendu la quantité prodigieuse de pierres que les pèlerins y jettent depuis tant de siècles. A la suite de ce premier jet de pierres hDjemré-y-Acahé, le pèlerin peut faire son sacrifice. C. Il y est obligé , s'il a l'intention de réunir à l'acte de pèlerinage la visite de YŒumré j et-si, en partant de chez lui , il avoit destiné d'avance une bête à ce sacrifice, il ne pourrait plus alors se dispenser ni d'immoler sa victime , ni de faire la visite de YŒumré. Après le sacrifice, le pèlerin doit se faire raser toute la tête, ou au moins la quatrième partie : faute de rasoir, il suffiroit de se faire couper les cheveux de la longueur d'un doigt , en forme circulaire, d'une extrémité de la tête à l'autre. C. Si le pèlerin étoit chauve , il n'en serait pas moins obligé de faire passer le rasoir sur sa tête, pour marquer sa soumission à ce précepte de la loi. Quant aux femmes, pour peu qu'elles se fassent couper de leur chevelure, elles ont suffisamment rempli leur ob^gaUon sur ce point. Le pèlerin doit ensuite continuer sa route vers la Mecque, en observant absolument les mêmes pratiques et les mêmes prières que le jour de son arrivée dans la cité sainte , et principalement les sept tournées, Ttiwaj-Ziya-reth, autour du sanctuaire. C. Ces tournées, qui forment un des actes les plus importans du pèlerinage , doivent se l'aire en trois differens temps ; c'est ce qui leur a fait donner trois dénominations : la première s'appelle Tuu'af-CondoumÇi'), tournée d'arrivée, parce que le pèlerin s'en acquitte le jour même de son entrée à la Mecque jU seconde, Taivqj-Zij'areth (2,) , tournée de (j) On l'appelle encore Tawaf-ul-Talihiyéj tournée de salutation ; Taivaf-id-lika , tournée d'apparition j et Taivaf-uL-ahhd, tournée de vœu. (2) On l'appelle encore Taivaf-ul-Ifaza, tournée de retour , et Taivaf-jemn-un-nahhr , tournée du jour des sacrifices. visite , comme ayant lieu dans la fête même de Beyram; et la troisième, Taivaf-Sadr'}), tournée de congé , parce que le pèlerin s'en acquitte en partant, le jour même qu'il quitte la Mecque. Le fidèle qui a ?fait la visite du Kéabé avant la fête de Beyram 3 peut se dispenser, le jour des sacrifices , de sauter et de secouer les épaules dans les trois premières tournées , ainsi que de parcourir sept fois l'espace entre Sofa et Mervé. Les sept tournées doivent être faites ce jour-là, c'est-à-dire, entre l'aurore et le coucher du soleil , peu importe d'ailleurs quel en est le moment. C. Le pèlerin qui auroit laissé passer le premier jour sans remplir cette obligation , pourrait s'en acquitter le second et même le troisième jour de la fête; mais alors son pèlerinage , quoique bon et valide, n'en serait (i) On l'appelle encore Tcm-af-Wéda, tournée d'adieu ) et Tcwaf-akhifid-ahhd, tournée définitive. 96 CODE RELIGIEUX. pas moins un acte blâmable aux yeux de la religion , et ne pourrait être réparé que par une oblation satisfactoire. V. L'Imam Malik permet ces tournées non-seulement dans les trois premiers jours cle la fête , les io , n et 12 Z'dhidjé, mais encore dans tout le reste de cette lune. A la suite de ces pratiques, le pèlerin est le maître de quitter son llthram > pour reprendre son habit 9 et dès-lors il n'est plus assujetti à aucune des prohibitions faites aux fidèles lorsqu'ils sont couverts de ce manteau. 5°. Le second jour de la fête , le pèlerin est obligé de repasser encore à Mina, et de renouveler , après le déclin du soleil , le jet des pierres , d'abord à Djemré-y-Saniyé , du côté du Mesdjid-ha'ij', ensuite à Djemré-y-Salisse , enfin à Djemré-y-Acabé : il doit lancer sept pierres dans chacun de CODE'RELIGIEUX. 97 de ces trois endroits , en récitant les mêmes prières que la veille. C, Le pèlerin peut y en ajouter d'autres à son gré : il peut même faire de légères stations aux deux premiers Djemrés, mais jamais au troisième. Il est libre à chacun de faire ces courses à cheval , sur un mulet, sur un chameau, etc. mais il est plus méritoire de les faire à pied , sur-tout celle des deux premiers Djemrés. 6°. Le troisième jour, le pèlerin est encore obligé de jeter des pierres , comme il a fait la veille , et de passer cette nuit, comme la précédente , à Mina. 7?. Enfin , le quatrième et dernier jour de la fête , le pèlerin doit pratiquer la même chose , mais dans la matinée avant le déclin du jour (1). (i) Dans ces quatre jours, chaque pèlerin jette soixante-dix pierres vers ces trois difFéïens Djemrés. Tome III. G 98 CODE RELIGIEUX. Avant satisfait alors aux devoirs essentiels du pèlerinage, il peut se retirer où bon lui semble : cependant, s'il est dans l'intention de rentrer à la Mecque, il est obligé de faire ce dernier jet de pierres dans la nuit même , et de se rendre à la ville avant l'aurore : il faut rïiême qu'il descende et s'arrête un instant à Mouhàssab , lieu saint situé sur le chemin, tout près de la ville, pour y faire des prières et des aumônes. C. Le pèlerin qui rentre dans la cité sainte, ne peuty faire passer son bagage avant lui, sans se rendre coupable aux yeux de la religion , parce que ce seroit s'occuper de choses mondaines , dans un temps où son esprit et son cœur ne doivent être remplis que d'idées spirituelles sur la félicité et les biens de la vie future. Le pèlerin rentré dans la Mecque après les fêtes de Beyram, ne doit pas s'y arrêter long-temps. C. Et cela , pour ne pas s'exposer au crime de profanation d'un lieu si saint et si sacré, où tout péché commis étant doublement grave, exige par conséquent une double peine. Ainsi le fidèle ne doit pas s'y arrêter , à moins qu'il ne soit humainement sûr de lui-même , et maître de réprimer ses sens et ses passions. En quittant la ville , le pèlerin est encore obligé de faire sept autres tournées autour du sanctuaire. C. Ces tournées de congé , Taivaf-sadr, n'exigent ni le mouvement des épaules , ni les sept allées et venues entre Safa et Mervé. Il doit aussi boire de l'eau de Zemzem en récitant cette prière : O mon Dieu ! je te demande des sciences utiles , des Gij biens abondans, et des remèdes pour tous les maux. C. II doit môme prendre de cette eau sainte, pour en avoir chez lui, et pour en donner à ses proches et à ses amis. Enfin , au moment où il sort du temple, il doit i°. porter la main sur le voile du Kéabé ; 2°. faire les prières les plus ferventes , en les accompagnant de larmes et de soupirs ; 3°. toucher le mur Mullézem, qui est entre la Pierre-noire et la porte du sanctuaire , en j posant d'abord la poitrine, ensuite le ventre et la joue droite, à, l'exemple de ce qu'a pratiqué le Prophète lui-même ; 40. se retirer, le visage constamment tourné vers le sanctuaire ; et 5°. sortir par la porte Bab-ul-Wedâ, après en avoir respectueusement baisé le seuil. CODE RELIGIEUX. 101 Article 4. De la distinction des différentes pratiques du pèlerinage , les unes plus obligatoires que les autres. Toutes les pratiques qui constituent lacté du pèlerinage sont , les unes d'obligation divine , Farz ; les autres d'obligation canonique, Vadjib; et d'autres d'obligation imitative, Sun-neili. Celles d'obligation divine sont, 1°. le vêtement du manteau pélerinal, Ihhram, que L'on doit prendre au plus tard la veille du Beyram, avant que les pèlerins réunis en corps psalmodient le cantique Telbiyé ; 20. la station au mont Arajath , la veille du Beyram; et 3°. les quatre premières tournées autour du Kéabé, dans l'un des trois premiers jours de la fête. C. Le temps prescrit pour la station du mont Arafath, est depuis le déclin du soleil, G iij io-2 CODE RELIGIEUX, immédiatement après midi , jusqu'à l'anrore du jour suivant, premier jour de la fête. Le pèlerin doit s'y trouver dans cet intervalle, ne fût-ce que pour un instant : s'il ne fait qu'y passer , si même il est endormi sur sa monture , il est toujours censé avoir rempli ce devoir religieux. Le vêtement de Ylhhram et les. tournées autour du Kéabé, sont également indispensables dans les temps prescrits. Ces trois points sont capitaux dans l'acte du pèlerinage ; ils en font, pour ainsi dire, l'ame et l'essence : si l'on en omet un seul, on rend le pèlerinage absolument nul. Le pèlerin serait même obligé d'attendre le Beyram de l'année suivante pour s'en acquitter dignement. La loi n'en, dispense que les femmes , qui se trouvant atteintes d'impureté légale , ne pourraient pas s'approcher du sanctuaire. Elles peuvent cependant s'acquitterde toutes lés autres pratiques, attendre le, retour de leur pureté pour faire les tournées requises autour du Kéabé , et compléter ainsi l'acte de pèlerinage, sans être obligées de le remettre à l'année suivante. Cette'exception a été faite CODE RELIGIEUX. io3 par le Prophète, d'abord en faveur d'Essma, épouse d'Eùu-BeJcir , ensuite (XAisché sa femme, qui ayant eu ses infirmités deux jours avant la fête de Beyram, étoit inconsolable de ne pouvoir satisfaire aux sentimens de piété et de dévotion dont elle étoit animée. Les pratiques d'obligation canonique sont , i°. le vêtement anticipé de Xlhhram, que les pèlerins du dehors doivent prendre aux premières stations , dans les environs de la cité sainte , et les Mecquois avant de sortir delà ville , l'avant-veiile du Beyram; 2°. la station à Arafath, qui doit être prolongée jusqu'après le coucher du soleil ; 3°. les tournées autour du sanctuaire , le premier jour de la fête , plutôt que les suivans ; 40. les trois autres tournées à la suite des quatre-premières, qui sont les seules de précepte divin ; 5°. la station de MuzdeUfé ; G iv 104 CODE RELIGIEUX. 6°. les sept promenades entre Sofa et Mervé ; y°. le jet des pierres à Djemré-y- Acabê; 8°. I attention du fidèle à se raser la tête à la suite du premier jet des pierres et de l'immolation des victimes ; 90. celle de suivre Xïmam dans toutes les pratiques qui sont communes ; io°. celle de faire les tournées toujours de droite à gauche, pour avoir le cœur du côté du JLêabé, en passant constamment derrière le mur Hatitn ; 110. la prière de deux rik'aths , à la station Mecam-lbrahim ; 12°. la propreté de Xlhhram, et la netteté de tout le corps; et i3°. les sept tournées d'adieu , lorsque le pèlerin étranger se retire de la ville. C. Si la femme qui est sur le point de quitter la ville , se trouve en état d'impureté légale, elle peut alors se dispenser de ces tournées d'adieu. CODE RELIGIEUX. i05 L'omission de toutes ces pratiques n'invalide pas le pèlerinage , mais elle soumet le fidèle à une œuvre satisfactoire , qui consiste à faire un sacrifice pour chacun de ces points, omis volontairement ou non. V. Selon l'Imam Schafiy , la station de Muzdélifé et les sept promenades entre Sofa et Mervé, sont de précepte divin , et par-là indispensables pour la validité du pèlerinage. Toutes les autres pratiques de ce devoir important de l'Islamisme , ne sont que d'obligation imitative. C. Leur omission n'invalide pas non plus le pèlerinage ; elle n'exige pas même de peine satisfactoire : mais c'est toujours un péché commis contre Dieu , de n'avoir pas respecté et suivi des pratiques observées par l'Apôtre céleste lui-même. Toutes généralement sont donc nécessaires pour la perfection de cet acte indispensable à tout mortel qui professe la foi Mahométane. Ainsi il faut absolument que le fidèle s'en acquitte , et par obéissance pour la loi, et par sentiment de dévotion, eu 106 CODE RELIGIEUX. ^ égard aux grâces infinies attachées au pèlerinage , à la visite d'un lieu si saint, si sacré, si miraculeux , comme on le voit par ces actes émanés de la bouche même du Prophète : » Le pèlerin qui , stationné à Arafath , dou-» teroit d'avoir obtenu la rémission de ses »> péchés, en commettroitun bien plus grand » encore. — Certes, la Pierre-noire est un des » rubis du paradis : elle sera envoyée au der-» nier jour ; elle verra, elle parlera , et elle » rendra témoignage de tous ceux qui l'au-» ront touchée en vérité et dans la sincérité » de leur cœur. — Le pèlerinage dont on s'est >> dignement acquitté est au-dessus du monde »et de tout ce qu'il renferme, et ne sauroit » être récompensé que par les délices du » paradis. — Le pèlerinage tient lieu d'expiation pour soixante-dix années de crimes » et d'iniquités. — Un seul regard porté sur le » Kéabé y même sans tournées et sans Namaz, » est plus agréable à Dieu qu'une pénitence » d'une année entière dont on passeroit les » jours dans le jeûne, et les nui ts dans la prière, » la méditation et l'adoration du Créateur.—TJn CODE RELIGIEUX. 107 » jour cle jeûne à la Mecque est égal à cent » mille par-tout ailleurs , comme une dragme » donnée en aumône dans cette cité, en vaut » cent mille distribuées dans toute autre. « CHAPITRE IL De la visite de PŒumré. La visite de YŒumré (1) est d'obligation imitative. C. Elle est même fondée sur ces paroles du Prophète : » Acquittez-vous de la visite »de YŒumré, à la suite du pèlerinage, car » certes, la réunion de ces pratiques reli-»gieuses attire la bénédiction céleste, et sur » vos jours et sur vos biens , efface vos péchés » et vous en purifie , comme l'orfèvre purifie «au feu 1 or et l'argent, en les dépouillant * de leurs scories. « V. LMmàin Schafy regarde cette visite comme de précepte divin , et par-là indispensable à tout pèlerin. (1) On verra plus bas l'explication de cet article. Elle doit avoir lieu avant ou après le pèlerinage , jamais pendant les fêtes de Beyram. C. Mais particulièrement pendant les trois mois consacrés au pèlerinage, c'est-à-dire , pendant la septuagésime d'un Beyram à l'autre, et par conséquent avant la visite du Kéabé, le jour des sacrifices. Cependant si le fidèle ne peut s'en acquitter qu'à la suite du pèlerinage au Kéabé y il doit alors remettre Ja visite de YŒumré après l'expiration des fêtes, attendu que ces jours sont spécialement consacrés aux pratiques relatives au seul Kéabé y à la seule visite du sanctuaire. CHAPITRE III. Des quatre differens actes de pèlerinage Aksam-Hadjh. Il y a , à proprement parler , quatre espèces de pèlerinages :. Le premier, que Ton appelle Kir-ânn, est celui où le pèlerin fait tout à-la- CODE RELIGIEUX. 109 fois, avec le même ïhhram , sans le quitter, et la visite du sanctuaire , et celle de YŒumré. C. Pour avoir le mérite de l'un et de l'autre, il est nécessaire , i°. de prononcer le mot d'Œumré dans toutes les prières où entre celui de pèlerinage, Hadjh j 2.0. de faire, en arrivant à la Mecque , quatorze tournées autour du sanctuaire , et quatorze promenades entre Sajd et Mervé j sept dans l'intention de YŒumré, et les sept autres pour le pèlerinage; 3°. d'offrir dans Mina un sacrifice*1, le premier jour de Beyram , ou d'y suppléer par un jeûne qui doit être de trois jours, si on l'observe avant le Beyram , et de sept si c'est après la célébration de la fête. Ce double pèlerinage ne regarde au reste que le pèlerin du dehors. Le Mecquois.ne doit jamais s'acquitter à-la-fois de Ja visite du sanctuaire et de celle de YŒumré, avec le même Ïhhram ; il doit le déposer après l'une de ces deux visites , et le reprendre de nouveau pour s'acquitter de l'autre , en se faisant chaque no CODE RELIGIEUX. fois raser Ja tête ou couper une partie des cheveux. Le second se nomme T'émet tu. C'est celui où le pèlerin fait d'abord la visite de YŒumré, et après avoir abandonné son Ïhhram, le reprend aux approches de la fête , pour s'acquitter avec les autres pèlerins en corps, de la visite du Kéabé le premier jour de Beyram. C. Tl exige aussi que Je fidèle immole une victime , ou qu'il observe un jeûne de trois jours avant le Beyram , ou de sept après la célébration de la fête. Le troisième , est celui où l'on ne va qu'au Kéabé, et qu'on appelle par cette raison Ifrad-bll-Hadjb. Le quatrième enfin, qu'on désigne sous le nom eXTfrad-bil-Œumré , est celui où le fidèle se borne à la visite de YŒumré. C. L'ordre dans lequel ces pèlerinages CODE RELIGIEUX, m viennent d'être indiqués , marque leur prééminence respective. Le premier est au-dessus des trois autres ; le quatrième est inférieur à tous, et ne dispense pas le fidèle de faire dans un autre temps le pèlerinage du Kéabé. On donne aux pèlerins les noms particuliers de Carinn , de Mutémetiy , de Mufrid-bil-Hadjh, et de Mufrid-bil-Œumré, selon l'espèce de pèlerinage dont ils se sont acquittés. CHAPITRE IV. Du sacrifice relatif au pèlerinage, Hédy. Le pèlerin n'est obligé à un sacrifice, qu'autant qu'il réunit à la visite du sanctuaire , celle de YŒumré. C. Tous les sacrifices faits à la Mecque ou dans le territoire sacré , le jour de Beyram, portent le nom de Hédy (offrande, oblation). On les distingue en majeurs , bédéné , et en mineurs, dém. Dans les premiers, on immole un chameau, un bœuf ou une vache ; dans les autres , un mouton , un agneau ou une chèvre. Cependant le pèlerin qui en partant de chez lui a déjà destiné une victime , et l'emmène avec lui à la Mecque , comme le pratiquoit le Prophète, ne peut plus se dispenser d'en faire le sacrifice: il ne lui est pas même permis alors de quitter son ïhhram , ni de se faire raser la tête , qu'il n'ait entièrement achevé toutes les pratiques du pèlerinage. Il n'est pas nécessaire que l'animal destiné au sacrifice , soit avec le pèlerin à la station d'Arafat h , mais il faut qu'il soit exempt, comme celui du sacrifice Paschal, de toute défectuosité corporelle ; autrement il ne seroit pas propre à l'immolation et à l'hommage que la créature rend par cet holocauste au Créateur. Une partie de la victime doit être rôtie et mangée par le pèlerin même qui en fait l'offrande. C. C'est à l'imitation du Prophète, qui, dans son premier pèlerinage, après avoir sacrifié de sa propre main soixante-trois animaux, tant CODE RELIGIEUX. n3 tant bœufs que chameaux , indépendamment de ceux qui le furent dé la main $Aly , fît rôtir un morceau de chacun, en mangea avec son disciple , en rendant grâces à l'Éternel. Tout le reste de l'animal doit être distribué aux pauvres. C, Peu importe que ce soit à ceux de la terre sainte ou à d'autres, parce que tout in-digenty a un droit égal , et que l'aumône, à quelque personne qu'on la fasset, a toujours le même mérite aux yeux de la divinité. Ce don doit être accompagné de tout ce qui sert à couvrir ou à parer la victime. Si quelqu'un fait son sacrifice par une main tierce, le salaire de celui-ci ne doit jamais être, pris sur l'holocauste , qui doit toujours être donné gratuitement aux pauvres. La bête destinée au sacrifice ne doit jamais servir de monture au pèlerin, à moins de nécessité extrême ; parce Tome III. H ii4 CODE RELIGIEUX, que nul mortel ne doit tirer avantage pour soi d'une offrande destinée et consacrée à l'Eternel. Si, pour avoir été monté , l'animal vient à perdre de sa valeur, le pèlerin est obligé d'en donner l'équivalent aux pauvres : si l'on a fait usage de son lait, on doit également Jeur en distribuer le prix. Dans le cas où la bête destinée au sacrifice n auroit pas les qualités requises pour une victime , soit par maladie , soit par quelque défectuosité naturelle, le pèlerin doit en substituer une autre , sauf à lui à disposer de la première à son gré , comme d'un bien rentré dans son domaine. Enfin toute victime destinée au sacrifice du pèlerinage, doit être stigmatisée, et porter sur elle une marque, Nischann , en signe et en témoignage de son heureuse destination, CHAPITRE V. Des peines satisfactoire s auxquelles est soumis le pèlerin pécheur et trangres-seur de la loi. Ces peines se divisent en trois classes . eu égard aux différentes transgressions dont le pèlerin peut se rendre coupable. Elles consistent ou en un sacrifice majeur, ou en un sacrifice mineur, ou en une satisfaction aumônière. I. Le sacrifice majeur est ordonné pour les cas suivans : 1°. si le pèlerin a fait les tournées de visite dans la fête de Beyram , en état de péché t et 2°. s'il a cohabité ou -même pris quel^ que liberté avec sa femme, ou avec son esclave, après la station eYArafatli^ et avant de s'être rasé la tête : si le pèlerin avoit commis cette faute avant sa station à Arafath , son pèlerinage Hij seroitréputé nul, et indépendamment de la peine satisfactoire, il seroit obligé de le renouveler Tannée suivante. V. L'Imam Sckafiy regarde le pèlerinage comme nul , même dans les premiers cas j et les Imams Zufer et Malik exigent , pour plus grande sûreté , la séparation du mari d'avec la femme , et celle du patron d'avec son esclave, depuis le premier jusqu'au dernier jour du pèlerinage. Le pèlerinage est également nul, si le fidèle , après avoir rempli deux des trois points fondamentaux de ce saint exercice , savoir, le vêtement de Yïhhram et la station à Arafalh , omet volontairement le troisième , qui consiste dans les tournées de visite autour du Kéabé , dans la fête de Beyram; ou bien s'il en fait moins de quatre , attendu que ce nombre est de précepte divin. Il y a plus : le fidèle prévaricateur seroit encore obligé de garder son ïhhram , et de vivre dans une CODE RELIGIEUX. n7 continence absolue jusqu'au renouvellement de son pèlerinage dans le Beyram de l'armée suivante. II. Les circonstances où le sacrifice mineur est ordonné , sont : î°. si le pèlerin , couvert du manteau ïhhram, a fait usage de parfums , d'aromates, de hinna pour se teindre les ongles, d'huile précieuse pour se frotter le corps bu l'un de ses membres en entier; 2°'. s'il s'est couvert la tête un jour entier j 3°. s'il s'est couvert tout le corps, fût - ce même avec Yïhhram ; 40. s'il s'est fait raser la tête ou la barbe, etc. quand ce ne seroit que la quatrième partie; 5°. s'il s'est coupé les ongles des pieds ou des mains, ne fût-ce que d'Une'seule main ou d'un seul pied1; 6°. s'il a fait les tournées d'arrivée en-état de péché ; 7*. s'il a fait les tournées de visite le jour de Beyram , ou celles Hiij ai8 CODE RELIGIEUX, qui ont pour objet YÇEumré , avant de s'être purifié par une lotion ou par une ablution ; 8°. si, au lieu de faire ces tournées le premier jour de la fête , il ne s'en est acquitté que les jours suiyans ; 90. s'il a omis les tournées; de congé, ou s'il a en fait moins de quatre ; io°. s'il a quitté la station çVArafaifi avant Ylmam ; 110. s'il a omis celle de Muzdélifé ; 120. s'il a négligé Jes.. sept promenades entre Sa fa et. 'Mervé ; i3°. s'il n'a point fait le jet des, pierres aux trois Djcmrés, ou. s'il a remis cet exercice à un autre temps ; 24°. s'il s'est fait raser hors du territoire sacré, ou avant son sacrifice ; i5°. si, ajant fait vœu de faire le pèlerinage à pied , il a entrepris le voyage à cheval ou en voiture ; 160. s'il a altéré l'ordre dans lequel doivent être observées toutes les pratiques et toutes les prières consacrées au pèlerinage ; et 17°. s'il a cohabité, ou même pris quelque liberté avec sa femme ou avec son esclave, après s'être fait raser la tête , et avant les tournées cle visite au Kéabé. C. Ces offrandes satisfactoires doivent être faites dans le même esprit que les sacrifices ordinaires du pèlerinage ; il n'y a aucune différence entre les unes et les autres, si ce n'est que dans les premières , l'animal doit être distribué en entier aux pauvres, et ne porter aucun stigmate, aucun signe qui puisse indiquer sa destination , afin de dérober aux yeux du public les causes qui ont exigé ce sacrifice. II peut avoir lieu en tout temps, avant, après ou pendant les fêtes de Beyram; il est mieux cependant de s'en acquitter le plus tôt possible, et de ne pas différer des actes qui sont prescrits en réparation des offenses faites à la loi, et en expiation des péchés commis contre Dieu. On doit faire ces offrandes à la Mecque ou dans son territoire, puisqu'elles sont relatives au pèlerinage de cette cité sainte. Au reste , Hiv tout péché , toute prévarication exige un sacrifice, cle sorte que si le pèlerin s'étoit rendu coupable de plusieurs , il seroit obligé à autant d'offrandes satisfactoires ; et si le pèlerinage embrassoit à-la-fois la visite du sanctuaire et celle de YŒumré, cette double pratique exi-geroit alors du fidèle un double sacrifice pour chaque prévarication. Cependant, clans tous les cas où la trangression auroit été involontaire, ou nécessitée par quelque accident, le pèlerin seroit libre de satisfaire à son gré à la peine légale, ou par l'oblation d'un sacrifice , ou par un jeûne de trois jours consécutifs, ou par une aumône faite à six pauvres, consistant , comme l'aumône Paschale , en une demi-mesure dç blé par tète. III. Le pèlerin est obligé à la satisfaction aumônière, i°. lorsqu'il a fait usage de parfums , d'aromates, d'huiles , seulement pour une partie de ses membres ; 2°. lorsqu'il s'est couvert une partie de la tête , ou du corps , pendant un jour entier ; 3°. s'il s'est fait raser moins que la quatrième partie de la tête ou de la barbe , etc. 40. s'il s'est coupé moins de cinq ongles ; soit des mains, soit des pieds ; 5°. s'il a fait les tournées d'arrivée ou celles de congé autour du Kéabé , sans s'être auparavant purifié par une ablution ; et 6°. si dans les tournées d'arrivée, il eu a fait moins de quatre. La chasse est encore prohibée au pèlerin pendant tout le temps qu'il est couvert de Yl/ihram. La transgression de ce précepte , ou par lui-même , ou par tout autre qui chasseroit par ses ordres , le soumet également à unq peine satisfactoire. V. L'Imam Schafiy n'exige celte peine que pour la chasse faite par soi-m récite onze fois de suite le chapitre Couvel-houw'e-allah'u-ahad , pour les ames des trépasses , tous les corps qui y reposent participent également au mérite de cette prière. Généralement toutes les œuvres qui sont faites dans un esprit de religion , sont considérées comme autant de prières : c'est, par cette raison qu'on les distingue en prières pécuniaires, Ibadath-maliyé j en prières corporelles , Ibadath-bédéniyé j et en prières mixtes , Ibadath-murehkébc. Les premières sont la dîme aumônière, les satisfactions ou expiations en argent, les donations , les Tome III. I i3o CODE RELIGIEUX. libéralités, les aumônes, etc. Les secondes sont les prières dominicales , Namaz , le jeûne canonique , la retraite spirituelle , la lecture du Cour'ann , la récitation des noms et des attributs de la divinité, etc. Le pèlerinage fait partie des. troisièmes, comme renfermant des pratiques et des œuvres propres aux deux premières. i Les prières pécuniaires faites par un mandataire , soit pour un vivant, soit pour un mort, sont valides , quels que soient les moyens et les facultés de celui pour qui on les acquitte. Les prières corporelles par mandat ne sont permises que pour les morts, jamais pour les vivans , quels que soient l'état et la fortune de celui pour, qui on se chargerait de les faire, attendu que ces prières sont d'une obligation personnelle, et qu'aucun vivant ne sauroit s'en acquitter devant Dieu, que par lui-même. Enfin les prières mixtes faites par un mandataire, ne sont licites que pour ceux qui manquent, non pas des facultés requises, mais des forces physiques nécessaires pour supporter les fatigues du voyage de la terre sainte : et comme le précepte du pèlerinage n'oblige qu'une fois dans la vie, l'espoir cle s'en acquitter , même vers la fin de ses jours, ne peut jamais autoriser le fidèle à y satisfaire par autrui , à moins qu'il ne soit à l'article de la mort , ou attaqué d'une maladie évidemment mortelle. L'obligation de s'en acquitter personnellement est telle, que dans le cas même où le pèlerinage auroit été fait par un mandataire , le fidèle rétabli de sa maladie est toujours obligé à cet acte religieux , qui est pour lors censé non acquitté pour lui. Mais excepté le pèlerinage canonique, qui est d'obligation divine , tout fidèle, quels que soient son état et sa position physique, peut, par voie de substitution , faire un pèlerinage surérogatoire, parce que toute œuvre, toute prière , tout acte de subrogation , est censé arbitraire, et ne déroge en rien a ce qui est d'obligation divine on canonique. Ainsi le fidèle doit être à toute extrémité, pour avoir le droit de nommer un substitut qui remplisse en son nom le devoir du pèlerinage. i32 CODE RELIGIEUX. Le pèlerin qui a subrogé quelqu'un à saplace jlmlr-b'U-Hadjh , est pour lors censé s'être acquitté de ce devoir, et le pèlerin mandataire, Mémour-b'il-Hadjh , n'y participe en rien; il est même obligé de ne proférer dans toutes les prières du pèlerinage, d'autre nom que celui de son constituant: s'il y manque, celui-ci ne perd rien dans le mérite de son acte, tout étant à découvert auxyeux de la divinité. V. Les Imams Schajîy et Màlïk n'admettent la transmission du mérite des bonnes œuvres à autrui, que dans l'acte de pèlerinage , et dans les libéralités aumônières. La secte des Mœuiétilés n'en admet absolument aucune: elle prétend que toute œuvre est personnelle, et que rien ne peut se rapporter à autrui, encore moins aux morts. Ainsi le pèlerinage fait par procuration est un acte légal et valide. Le mandataire n'a droit à aucun salaire pour cet acte religieux : il ne peut exiger que les frais de son voyage. S'il lui reste même quelque chose de la somme qu'il auroit reçue par avance , il est CODE RELIGIEUX. i33 obligé, à son retour, de le remettre entre le mains de son constituant, ou de ses héritiers. Toute personne est capable de recevoir la procuration d'un pèlerin , les femmes même et les esclaves. C. Il est cependant plus convenable de donner la préférence à un homme de condition libre, parvenu à L'âge de majorité , jouissant de sa raison, et qui auroit déjà fait pour lui-même le voyage de la Mecque. Un mandataire ne doit passe charger du pèlerinage pour deux personnes : s'il le fait, Pacte lui devient propre et personnel, ce qui l'oblige à restituer à l'un et à l'autre de ses commettans , ce qu'il en auroit reçu pour les frais de son voyage. Le sacrifice ordinaire est dans tous les cas à la charge du mandataire. C. Comme cet holocauste n'est en soi qu'une I ii; 134 CODE RELIGIEUX. action de grâces que l'on rend à l'Eternel d'avoir vu et visité son sanctuaire, il ne peut regarder que le pèlerin mandataire qui auroit eu ce bonheur , et non le fidèle qui l'en auroit chargé. Les sacrifices , les aumônes, et les peines qui ont pour objet l'expiation des péchés ou des fautes dont le mandataire se seroit rendu coupable pendant le pèlerinage , sont également à sa charge. C. Et cela en vertu de la maxime de droit et de justice , qui fait retomber sur le délinquant seul la peine de son délit. Il n'y a que le sacrifice auquel seroit tenu le mandataire arrêté en chemin par un empêchement légitime , qui puisse être à la charge du pèlerin constituant. Toute transgression qui rend nul le pèlerinage du fidèle mandataire , fait CODE RELIGIEUX. i35 évanouir sa procuration , et alors l'acte réputé n'être que pour lui , le soumet à l'obligation de rendre ce qu'il auroit reçu de son commettant, et de satisfaire l'année suivante au pèlerinage invalidé par sa faute. En cas de mort du mandataire dans le cours de son voyage , le constituant est obligé d'en faire partir un second de chez lui-même , et non du lieu où seroit décédé le premier. V. Les Imaméins admettent l'expédition du second mandataire du lieu où seroit mort le premier, comme une continuation de voyage. Si le mandant lui-même vient à mourir dans le même temps , alors les frais du voyage du second mandataire ne peuvent jamais être pris que sur le tiers de sa succession ; seul parti disponible en œuvres pies et religieuses. La loi est différente lorsque le pèlerinage I iv i36 CODE RELIGIEUX, par mandat n'a lieu qu'après la mort du constituant, et en vertu de ses dispositions testamentaires. Dans ce cas, le mandataire mort, ou volé en chemin, doit être remplacé par un second, un troisième, un quatrième s'il le faut , jusqu'à ce que les volontés du testateur , relativement à cet acte religieux , soient remplies, sans égard à la répétition des frais du voyage , quand même ils excéderoient le tiers de son hérédité. V. L'Imam Ebu-Youssouph n'admet en aucun ca* la liberté de disposer au - delà du tiers de la succession. C. Mais si le défunt y avoit destiné par son testament une somme quelconque , et qu'elle ne fût pas suffisante pour défrayer un mandataire que l'on expédieroit cle la même ville, on pourroit alors en Faire partir un d'une ville moins éloignée cle la Mecque , parce qu'il n'est pas permis de prendre sur la succession CODE RELIGIEUX. i37 du défunt, au-delà de la somme fixée et déterminée par lui-même. Dans tous les cas , un mandataire retenu en chemin, soit par maladie, soit par tout autre accident , ne doit pas en substituer un autre à sa place , sans l'agrément formel de celui qui l'envoie. S'il le fait sans cette autorisation , le pèlerinage devient illégal et nul. Enfin le pèlerinage fait volontairement par un fidèle , en mémoire d'un parent décédé , est, comme la prière ou toute autre pratique de religion faite dans le même esprit , un acte valide, très-louable, et également méritoire pour le fidèle vivant, comme pour le fidèle décédé. C. Ainsi tout fidèle qui seroit mort sans s'être acquitté du pèlerinage, ni en personne, ni par mandat, soit de son vivant, soit après son décès, auroit la conscience déchargée de cette dette religieuse, si l'un de ses héritiers ou de ses parens s'en acquittait volontairement et à ses propres frais , mais en mémoire et au nom du défunt, auquel il rapporterait le mérite de cette action. O B S E r V A T i O N S. Le pèlerinage est un objet si important dans l'Islamisme, qu'il est nécessaire de le présenter sous tous ses rapports religieux et politiques. Cet examen nous conduit à donner un précis historique de l'origine des Arabes, de la fondation de la Mecque , de son temple, de son sanctuaire , et des traditions fabuleuses sur lesquelles est fondée cette profonde vénération des Arabes et de tous les peuples Mahométans pour \e Kéabé, qu'ils regardent comme le premier , le plus ancien et le plus auguste des temples consacrés à l'Eternel. Ce discours embrasse deux époques : la première comprend tous les événemens antérieurs à Mohammed j la seconde , ceux qui ont succédé à l'établissement du Musulmanisme. Première É'toque. Nous distinguons ici les vérités historiques des temps moins anciens, d'avec les descriptions mythologiques des premiers âges , qui, quoique mêlées de fables et de fausses traditions , n'en sont pas moins gravement rapportées par des écrivains très-estimés chez les Arabes et chez les Othomans, tels cm'AJuned-Efendy , Kéatib-Tschélébj , Takiy'udd'inn-Farissy etc. Suivant ces historiens, Cahhtarmet Yactann, en fans ÏÏAbir ou Iléber, descendant de Sam par la branche d'Erfahschcd, sont les premiers qui habitèrent l'Arabie après la destruction prétendue miraculeuse des Adites ? Cawm-âd, dont l'histoire ne présente qu'une pure mythologie. Ces deux frères se fixèrent d'abord dans VYémen, qui en arabe signifie îieud; jelieitc. Cette région fut ainsi appelée par Cahhtatm lui-même. Yareb son fils, que l'on regardé comme le premier prince de Y Yémen, donna son nom à tous ses descendans connue à toute l'Arabie. II* Cette presqu'île , Diézirclh-ul-Areb fut de depuis partagée, comme elle l'est encore au-lArabie. jourc|'[nlf , en quatorze principautés. Ce sont io. Y Yémen ; z°. le Bidjeazj3°. le Tehhamé-Yémen ; 40. le Tehhamê-Hid/eaz j 5°. le Nedjhd-Ycmen. ; 6°. le Nedjhd-Hidjcaz j f. le Schahhr) 8°. YŒummmm j 90. le Yémaméj io°. YArouz ; n0. le Jladjlir , ou Bahhrv'imi; J2°. YAhhcqf j i3°. le Ilazar-mewth, et T40. le Missketli. Indépendamment de cette division générale , l'Arabie étoit encore subdivisée en plusieurs petits Etats , et en sociétés fédératives , par hordes et par tribus établies les unes dans les villes, les autres au milieu des plaines et des vallons , ou sur les montagnes de cette vaste péninsule. III. Yareb eut pour successeur à sa puissance are et na;ssante Yesckhab son fils , fondateur de tes Bcno- ' Humeurs Méereb l'ancienne capitale du royaume , et des— » *" cendans-, père du fameux Abd'asch-Schems, dit Séba. premiers £e surûora qU\ signifie capteur, lui fut donné rois de r ' ' * Yï'émen. à la suite de ses victoires, et parce qu'il donna aux Princes le premier exemple de réduire en servitude les captifs qu'il ayoit emmenés dans ses Etats. Le premier encore , suivant l'opinion commune , il porta une couronne d'or. C'est la postérité nombreuse cle Séba} qui s'établissant dans les contrées de l'Arabie, devint la souche des différentes tribus qui y subsistent encore aujourd'hui. Voyez le tableau généalogique, planche 44 , que nous avons dressé d'après la description historique des mêmes auteurs orientaux. Séba laissa , entre autres en fans , Iîuméir et Kehhlann. Le premier, dont le nom signifie rouge, à cause de l'habitude où il étoit de ne jamais porter aucune autre couleur , succéda à son père , et c'est de lui que tous les rois de VYémen , furent depuis appelés Huméirys ou Béno-Hiiméir. Sa postérité et celle de Kehhlann son frère et son successeur, occupèrent alternativement le trône , jusqu'au siècle qui précéda celui de Mohammed. Suivant les mêmes auteurs, c'est à cette dynastie qu'appartiennent les fameux Schédad, Beschdad, Iacmann, EfriJtisch le conquérant d'une grande partie de l'Afrique , les trois Tébaâ , le grand Zoul-Carnéinn 3 enfin la célèbre reine Btlkiss, qui alla à «Jérusalem admirer la sagesse de Salomon. Cette maison souveraine de XYémen } exer-çoit une espèce de suzeraineté sur tout le reste de l'Arabie, et reconnoissoit à son tour celle des anciens rois de Perse, dont la domination s'étendoit sur tout l'Orient. Bezaz-rannXiit\ç dernier monarque de cette maison. A la suite d'une guerre mal heureuse contre Ernath} roi d'Ethiopie , il lût pris et mis à mort , 123 ans avant l'Hégire. Ematli ne jouit pas long-temps de son triomphe. Ayant eu à combattre Ebrehh ^ l'un des princes de sa maison , qui lui disputoit la couronne, il tut tué dans un combat singulier, et son vainqueur préférant le séjour de l'Arabie à celui de l'Ethiopie, fixa sa résidence à Sann'â, alors la capitale de XYémen. jy Ce prince étoit chrétien. Jaloux de la gloire Entrepri- c|u Kéabé de la Mecque . qui attiroit tous les se <±E- ' brehh, ans, à 1 époque du pèlerinage, presque tous Kéalé Iô *es naDjtans tle l'Arabie et des contrées cir-convoisines , il fît élever dans Sann'd une superbe église, destinée à être la rivale du temple de la Mecque. L'édifice achevé, il CODE RELIGIEUX. i43 publia une lui qui ordonnent à tous ses sujets de visiter ce temple une fois l'an , et leur dé-fendoit de faire à l'avenir le pèlerinage de la Mecque. Ces ordres firent murmurer tous les habitans de YHidjeaz et de VYémen. Un Arabe de la tribu de Kénanc, dans l'excès de son fanatisme, vomit mille blasphèmes contre le nouveau temple , et le remplit d'immondices. Ebrehh irrité , jure la ruine du Kéabé, et de tous les citoyens de la Mecque. Il arme et marche à la tête de ses troupes, monté sur un superbe éléphant blanc. Les Mecquois étoient hors d'état de faire une longue résistance ; mais, dit l'auteur Mahométan, Dieu qui veilloit à la conservation du Kéabé, prédestiné à devenir le centre de l'Islamisme , fait périr miraculeusement toute l'armée & Ebrehh , le frappe lui-même d'une maladie cruelle qui l'oblige à respecter le sanctuaire, et à retourner précipitamment dans ses Etats. Cet événement eut lieu , en 622 , cinquante jours avant la naissance de Mohammed j époque consacrée sous le nom de Yeirm-Jil 3 qui signifie , la journée de l'éléphant. V. Iibrchh, que l'histoire représente comme téduit en un tyran , eut pour successeurs ses deux fils province Yehsann. et Meschrouk , non moins cruels. Persanne. , , n . , , . que leur pere. Comme tout 1 Yémen gémis» soit sous le sceptre de fer de Meschrouk 3 le prince Scif-Ebu-Méré> descendant delà maison des Huméirjs 3 après avoir sollicité en vain des secours auprès de l'Empereur de Constandnople y passa à la cour de Perse , et obtint de JSouschréivannl, un corps de troupes sous la conduite du général Hczrum-Schahann. Il défit et tua Meschrouken 629 , chassa de XYémen tout ce qu'il y avoit d'Ethiopiens , et remonta ainsi sur le trône.de ses ancêtres. Mais il ne jouit pas long-temps du fruit de ses victoires. Deux ans après, il lut assassiné dans une partie de chasse : alors !e général Hezrinn-Schahhann s'empara de tout XYémen 3 et le gouverna au nom et sous l'autorité du roi de Perse. Bazannàbn-Sassan en étoit le huitième gouverneur , lorsqu'il embrassa le Musulmanisme, l'an io de PHègïre ; et depuis cette époque XYémen demeura fidèle et soumis aux lois de Mohammed. Après Après Y Yémen, le Hîdjeaz fut de tout VI. temps l'État le plus considéré de l'Arabie, à tion°delâ cause du sanctuaire , Kéabé , élevé au milieu Mecque > de la Mect/ue , qui en est la capitale. ^hass f*n5* Les mêmes écrivains attribuent la fonda- fAmr>et . beau-pere tion cle cette ville à l'un des desçéndans de # Ismaël. Heber, à Meghass-ibn-Amr , issu du, sang de Yactann, par la branche de Bjerrhem. Ilvivoit du temps $ Abraham . avec lequel il s'allia en donnant sa fille en mariage à Jsmael. Ces traditions, quoique îubuleuses , méritent sans doute d'être connues : nous les rapporterons d'après les historiens nationaux. Plus ou moins, elles tiennent aux annales primitives d'un grand peuple , et le sort des nations a souvent dépendu de l'influence des fables, comme cle celle des vérités. Abraham échappé à la tyrannie de Nem-roud, épousa Sara sa cousine , et s'enfuit en Egypte9 où régnoit alors le cruel et voluptueux Pharaon, Toutis Fir-awn II. Ce Prince instruit de la beauté extraordinaire de Sara, la fait amener dans son palais. Epris de ses charmes, il étend sur elle sa main criminelle Tome III. K qui se sèche à l'instant ; lui-même est renversé par terre. Saisi de frayeur, et pénétré de cette vertu qui éclatoit dans tonte la personne de Sara , il la conjure de lui procurer saguérison , en lui promettant de la remettre en liberté. Sara adresse ses vœux au ciel. Aussitôt Pharaon se relève, et voyant sa main guérie, il fait présent h Sara d'une très-belle esclave Copte , et la renvoie à son mari. Sara ayant rejoint Abraham, lui fait hommage, de cette esclave , qui s'appeloit Agar (Ilaajer*), en priant Dieu de la rendre féconde dans les bras de son maître : en effet, Agar devint enceinte, et donna Ismaël h Abraham , qui, repassant dans la Palestine, s'établit près de Rem lé , où le ciel le combla de bénédictions et de prospérités. Sara elle-même eut aussi l'annonce miraculeuse de sa fécondité , et mit au monde Isaac. Devenue mère elle ne tarda pas à concevoir de la jalousie contre Agar. Un jour ayant vu Abraham prendre surses genoux Ismaël, et faire asseoir Isaac à ses côtés : Çuo^f s'écria-t-elle, caresser à ce point Venfant d'une esclave , et rebuter celiii de la femme légitime ! Dans l'excès de sa douleur elle jure de mutiler le visage d'Agar et de la défigurer ; mais bientôt, le calme succédant à ses transports , elle se re-peut du serment qu'elle a t'ait, et Abraham , pour lui éviter un parjure , l'engage à percer les oreilles d'Agar. C'est de là que cette opération est devenue une sorte de loi coutu-mière, ou de pratique imitative, Sunnéih, pour les femmes , comme l'est la circoncision pour les hommes. Les querelles fréquentes qui s'élevèrent dans la suite , entre Ismaël et Isaac, fatiguèrent tellement Sara , qu'un jour elle fit serment de ne plus habiter avec Agar et son fils. Pour lui complaire, Abraham les emmena tous deux en Arabie, dans le lieu même où la Mecque fut depuis élevée : il les y laissa sous la garde de la Providence , après s'être inutilement promené entre Safa et Mervé , et dans les environs, pour y chercher de l'eau. Cette région neprésentoit alors qu'un désert affreux. Le sol où est aujourd'hui le Kéabé étoit une colline de terre rougeâtre. Agaf Kij étoit assise avec Ismaël, à l'endroit que l'on nomme Heudjhr , entre le sanctuaire et le mur , Hatim. Pressée par une soif extrême, elle parcourt Sofa et Me/vë, les plaines et les collines d'alentour, sans découvrir ni eau ni aucune trace d'hommes. Accablée de fatigues et cle douleur , elle revient éplorée vers son fils , lorsque tout-à-coup l'ange Gabriel apparoissant au lieu appelé Zemzem , frappe la terre de ses ailes , et aussitôt il en jaillit une source d'eaux douces, salubres et abondantes. C'est-là l'origine cle cette vénération profonde que l'on conserve encore aujourd'hui pour les eaux de Zemzem. Quelques jours après, Agar vit paroître une troupe de gens qui marchoient sous la conduite de Meghass j c'étoient des habitans de Y Yémen : ils se rendoient en Syrie ; et ayant aperçu de loin un oiseau sur la montagne Djebel-Eby-Coubéiss, il jugèrent que ce lieu devoit renfermer des eaux. Ils se déterminent alors, à y porter leurs pas. Agar les ayant instruits du miracle opéré en sa faveur, ils redoublent de respect pour elle , et lui demandent son agrément pour fixer aussi leur habitation dans cette terre si visiblement favorisée de Dieu. Tel fut le motif de l'établissement à la Mecque , de ces Arabes de XYémen. îrf'ghrmourut quelques années après; Ismaël vécut parmi eux , apprit leur langue, et épousa la fille de Meghass leur chef. Cette alliance fit donner à sa postérité la dénomination dAreb-Mustaribé ou Mutéaribé , qui signifie Arabes mixtes. Cependant Abraham retiré dans la Pales- VIL tine , voulut revoir Agar et Ismaël. De re- t;0n°Ddu" tour à la Mecque , il apprit avec douleur la Kéabéfàx „ . _ ... , . , , , , Abraham. mort A Agar. Ismaël etoit alors a la chasse. Sa femme ne fit pas au Patriarche un accueil distingué , ce qui l'engagea à sortir aussitôt de la maison. Mais en partant, il dit àsa belle-fille de recommander de sa part à Ismaël, de changer le seuil de sa porte. Ismaël pénétrant ce qu'il y avoit de mystérieux dans . cet ordre, répudia aussitôt sa femme , et en épousa une autre. Abraham revint peu de temps après ; et quoique Ismaël fût encore à la chasse , sa nouvelle femme l'accueillit K iij avec respect, le traita avec distinction, Ie fit asseoir sur un beau socle de pierre, lui présenta du lait et de la viande, lui lava le visage et lui peigna les cheveux. A son retour Ismaël applaudit à la conduite de sa femme ; il baisa même par respect la pierre où Abraham se-toit reposé, et la garda soigneusement. Elle servit depuis de marche-pied au Patriarche lui-même, lorsqu'il construisit le Kéabé. Par-là elle fut consacrée sous le nom de Iladjhér-ul-Ess'àd, pierre fortunée. On l'a placée au lieu où elle est aujourd'hui, lieu révéré sous le nom de Méca/n-Ibrahim , qui signifie station d* A bruha m. Ce Patriarche revenant à la Mecque, entreprit la construction du Kéabé par un ordre exprès du ciel. II éleva ce monument dans le centre de la ville , sur le sol même où les anges avoient dressé une tente le jour de la eréation du monde. On a observé dans la cosmogonie Mahométane , que cette tente avoit été transportée par eux du paradis terrestre , et consacrée à l'Eternel sous le nom de Bëùh'ullah , maison de Dieu , comme un tabernacle destiné à son culte par le premier père des hommes. Seth, disent les mêmes traditions , y bâtit depuis un édifice de terre sur le même plan que la tente céleste qui , à l'époque du déluge 5 fut enlevée par l'archange Gabriel, et portée dans les cieux. On croit qu'elle y est encore placée perpendiculairement au dessus du sanctuaire actuel. Abraham donna à ce nouveau bâtiment la forme de l'ancien tabernacle , et le nom de Kéabé ou Kéab , qui signifie base , fond , lieu } pour indiquer qu'il étoit assis sur le sol même où les anges avoient placé la première tente. Destiné, comme l'ancien tabernacle , aux adorations de tous les peuples de la terre, ce Kéabé porta aussi le nom de Beïth-ullah. On l'appelle encore Bc'iAi-ul-IIaram , la maison vénérée ; Be'iih-ul-Màmourla maison de prospérité , et Bcï/h-Schér/fj la maison sacrée. Abraham y travailla de sa propre main , les pieds toujours posés sur le socle Mecam-lbrahim ; et Ismaël charioit les pierres sur ses épaules. Il donna à l'édifice neuf pics de haut sur trente- Kiv iSi CODE RELIGIEUX, deux de long, et vingt-deux de large. Il en plaça l'entrée du côté de l'orient , mais sans portes. Depuis, Tuba, l'un des rois cle XYémen de la maison Huméirienne , y en fit poser une. Enfin il ménagea vers l'entrée du sanctuaire, à gauche , un souterrain très-profond , où l'on dé-posoit toutes les offrandes qui provenoient cle la pieuse libéralité des hommes, et en confia la garde à Ismaël son fils. VÏTI. Aussitôt après l'érection du Kéabé , Abra-d^"péle- ham reçut encore de l'Eternel l'ordre d'inviter rinage. ]es peuples au pèlerinage , à la visite de son saint temple. Comment donc , ô mon Dieu ! s'écria-t-il , ma voixpourra-t-elle parvenir au genre humain dispersé dans les différentes régions de la terre P C'est àl£&i (îr),' lui répond l'Eternel , d'annoncer VÈzànn , d'élever ta voix ; cest à moi à la leur faire entendre. Alors le Patriarche monte sur la montagne. Djebel-Ebjr-Coiibe'tsset fait retentir les airs de cette invitation miraculeuse , Ya-eyyu-hetinassé, etc. 0 peuples! Tenez à votre Dieu. (i) Mink'cl-Ezann we aiyid-belagh. Des millions de voix humaines y répondent: Lebbëihé-Allahumé , me voici prêt à ton service , o mon Dieu! Après cette invitation, l'ange Gabriel enseigna à Abraham et à Ismaël les prières avec toutes les pratiques consacrées à ce saint exercice , les stations à Mina , à Arafath, à Muzdélije , les tournées autour du Kéabé, le sacrifice d'un bouc à la place à'Ismaël, etc. Telles sont les traditions sur lesquelles l'Islamisme tonde l'origine de la Mecque , du Kéabé , et de plusieurs pratiques que l'on observe encore aujourd'hui dans l'acte de pèlerinage. Elles donnent, comme on le voit, Meghass pour le fondateur et le premier prince de la Mecque , ^braham , pour l'instituteur du Kéabé et du pèlerinage, et Ismaël pour le premier gardien du sanctuaire. Selon les mêmes traditions, Ismaël mou- ix. rut à l'âge de iZy ans, et laissa douze enfans, t^mdes" dont la postérité fut des plus nombreuses,sur- Béno- tout la branche de Ca'idar , l'aîné de tous, h^ims et C'est de lui que l'on fait descendre en li^ne àe&Béno- directe Aânann , Nizar, Kénané et Fihhr- àUAteo que. Coureïsch, la souche de la maison du pro_ phète , comme on l'a observé dans son tableau généalogique, planche A , tome premier. Cette branche fut toujours distinguée parmi Jes Arabes sous le nom de Béno-Cdidar 3 et celle de Meghass , beau-père à* Ismaël 3 sous celui de Bëno Djerhhem. Les chefs de ces deux grandes tribus gouvernèrent la Mecque pendant long-temps. Ils possédoient tour-à-tour les clefs du Kéabé. Cet office formoit la première dignité de l'Etat , qui étoit aristocratique , et leur don-noit une prépondérance infinie sur toute la nation. Mais au bout de trois siècles, le culte impie des Amalécites et des autres tribus idolâtres s'introduisit à la Mecque 3 corrompit tous les enfans à'Ismaël et de Meghass3 et souilla le sanctuaire Kéabé. C'est alors qu'un culte sacrilège fut substitué à celui de l'Eternel ; différentes idoles furent placées dans l'intérieur du temple, avec les images dVi-braham et d'Ismaël. On y voyoit encore deux cerfs et deux soleils d'or , que Ton adoroit sous le nom de Ghassalé. .Cette corruption du culte des Arabes, et X< les dissentions qui s élevèrent parmi les chefs UsurPa" a t tion des des deux maisons principales, occasionnèrent Béno-des troubles et des factions qui enfin firent passer la Mecque sous la puissance de Kiab-Khouzâa, descendant de Yaréb par la branche de Kehhlann. Cette maison posséda alors les clefs du Kéabé } et exerça pendant plusieurs siècles un pouvoir presque absolu sur toutes les autres tribus. Ebu-Ghabschann en fut le dernier prince : il régnoit à la Mecque du temps du fameux roi de Perse Behhram VI, environ deux siècles avant l'Hégire. Ici finissent les traditions fabuleuses, pour faire place aux vérités historiques, dans lesquelles cependant les auteurs nationaux n'ont pas craint d'insérer des traits qui tiennent du merveilleux. Un jour , dans son ivresse, Ebu-Ghahs- w chann vendit pour une outre de vin , lesciefs . Cousra, 1 le premier du Kéabé à Coassa, descendant (Y Ismaël et des Cot- de Fihhr-Coureïsch. Cette étrange marché possède"1 étonna toute l'Arabie, et couvrit d'onnro- 'es clefs 11 du Kéabé. bre la race $ Ebu*Ghabsçhana. Il a même passé en proverbe chez les Arabes , qui, encore aujourd'hui, comparent toute action honteuse ou désastreuse à ce marché à'Ebu-Ghabs-cAara(i).De là les inimitiés et les dissent ions qui armèrent les chefs des principales tribus les uns contre les autres, et qui tournèrent àl'avantagede Coassa. Les Khouzâas expulsés de la Mecque se retirèrent à Ba/h-merdé , leur ancienne habitation. La nation fut longtemps en proie à ces guerres intestines : elles ne cessèrent que l'an 6 de l'Hégire; a l'époque du traité du Hudéïbiyé entre Mohammed et les Courëischs. Ceux-ci cédant à la nécessité , se réconcilièrent alors avec les Béno-Khouzâas, et les rappelèrent à la Mecque pour fortifier leur parti contre les entreprises ultérieures de Mohammed leur ennemi commun. XII. Cependant Coassa, possesseur des clefs du tior^du" Kéabé, devint par-là le restaurateur de sa temple. maison, et en soutint avec sagesse les anciennes prérogatives. Jusqu'à lui le Kéabé n'avoit point eu d'enceinte. Situé au milieu (i) A'khser'u Safkalh'enn rrn'nn Eb'u-Ghabschann. d'un champ ouvert de tous côtés, Coussa lui en donna une , fit construire autour de ce sanctuaire le temple Messdjid-Schérif ou Mcssdjid'ul-Ilaram > que l'on voit encore aujourd'hui ; vaste monument qu'il ne faut pas confondre avec le Kéabé. Il permit aux citoyens de bâtir des maisons hors de cet enclos. On lui doit encore la fondation du fameux bâtiment Dar'un-Nedu-é, espèce d'hôtel de ville où s'assembloient les Schérifs et les officiers du gouvernement. Cet édifice, reconstruit plusieurs fois en différons siècles , fut, l'an iô20 , converti en chapelle, Messdjid , par M ou rad III. Coassa chéri de la nation , fut assez puis- XIII. sant pour détruire cette espèce d'aristocratie, r^[„_ eS qui constituoit alors l'administration politique tions dans , , T1 , . • le gouver- de la Mecque. 11 réunit en sa personne les nement. six principales dignités de l'Etat , et par-là toute l'autorité souveraine qu'il transmit à ses enfans. Abd-Méaaf son fils , et Haschim son petit-fils, héritèrent successivement de sa fortune et de sa puissance. Mais Abd'ul- Muttalib} fils et successeur de ce dernier , t58 CODE RELIGIEUX, n'eut pas assez cle talent pour s'y maintenir; il succomba sous les efforts d'une ligue puissante qui l'en dépouilla , rétablit l'ancien gouvernement , et ne lui laissa que la garde des clefs du Kèabé, dignité toujours considérée comme la première de l'Etat. Quant aux autres , elles passèrent aux chefs des différentes branches cle sa fa mi lie. Depuis cette révolution , ce prince n'éprouva plus de leur part que des dégoûts et des chagrins, sur-tout après qu'il eût découvert le puits sacré de Zemzem. L'un de ses pareils , Jdy ibn-Ncwjel} l'accabla d'injures , et le traita en face d'usurpateur et de tyran. II alla même jusqu'à publier que sa race étoit frappée de la malédiction divine , parce qu'il n'avoit que Ila/lss pour toute postérité. Dans sa douleur , Abd'ul-Muttalib pria Dieu de lui donner dix enfans , et s'engagea par un vœu solennel , d en immoler un devant le sanctuaire Kéabé. Le" hasard lui procura ce nombre cTenfahs. Un jour il les rassemble autour de lui , et leur déclare le vœu qu'il a formé. Tous s'y résignent avec une égale soumission , et chacun d'eux le conjure de le prendre pour victime : mais la tendresse paternelle ne lui permettant pas de taire un choix ,et de diriger contre aucun le glaive du sacrifice , il les conduit au sanctuaire , les fait tirer au sort devant l'idole Hubél. Le sort condamne le plus jeune de la famille^ Abd'ullah , depuis père du Prophète. Abd'id-Multalib le mène aussitôt hors du sanctuaire, et ilalloit l'immoler de sa main devant l'idole Essann , placée sur la colline de Sofa , lorsque toute la tribu des Courcischs alarmée , accourt, arrête la main $Abd'ul-Multalib, proteste hautement contre un acte qui alloit donner un funeste exemple à la nation , et demande à cris redoublés que Ton remplace ce sacrifice par des offrandes et des aumônes. Dans le trouble qui l'agite , Abd'iil-Mut-lalib fait consulter une femme de Vllidjeaz, qui avcyit la réputation d'être en commerce avec le ciel. Celle-ci demande quelle est l,a loi des Mecqnois sur le prix du sang: lorsqu'on lui dit que c'étoit dix chameaux, elle commande de placer Abd'ullah d'un côté , et i6o CODE RELIGIEUX. de l'autre dix de ces animaux , de jeter le sort, et d'y ajouter chaque fois le même nombre de chameaux , jusqu'à ce que le destin se décide contre eux. Abd'ul-Muttalib ravi de joie , se hâte d'exécuter l'oracle ; mais le sort toujours contraire, ne se décida pour les chameaux qu'à la dixième fois , de sorte qu'il fallut immoler en la place $ Abd'ullah cent chameaux , qui, depuis cette époque, firent parmi les Arabes le prix du sang humain. Cette hécatombe se fit avec les plus grandes cérémonies dans les differens quartiers de la Mecque , et sur les plus hautes montagnes qui couvrent cette cité. Un tel événement joint à la découverte du puits de Zemzem répandit le plus grand éclat sur la personne iïAbdul-Muttalib , et sur celle & Abd'ullah son fils. Celui-ci se maria peu de mois après avec Eminé , fille de l4/rehhbé , qui étoit chef de la tribu de Béno-Zehhré. De ce mariage naquit Mohammed. XIV Cinq ans avant le prétendu apostolat de ce Réedifî- législateur, le Kéabé fut reconstruit à neuf. Ce sanctuaire , disent les historiens , ouvert jusqu'alors jusqu'alors à tous les peuples de la terre, fut cation du incendié par l'imprudence d'une femme qui ^f^f1*1 y brûloit des parfums. Toutes les parties en reïschs. bois furent consumées ; l'édifice , ébranlé de toutes parts , s'écroula quelques semaines après , dans une de ces inondations soudaines qui ont si souvent désolé cette contrée de l'Arabie. Les Coureïschs frappés de ce désastre, se déterminèrent sur-le-champ à construire un nouveau sanctuaire. Us formèrent la résolution de le rebâtir avec la plus grande solidité , de placer la porte fort Haut , et de la tenir fermée, afin que personne ne pût y entrer désormais, sans la permission expresse des chefs de la nation. Occupés de ce dessein, ils apprennent qu'un navire venoit d'échouer sur la côte de Djidda , chargé de tous les matériaux nécessaires pour la construction d'une église que l'Empereur Grec de Conslantinople vouloit élever alors dans une des villes de VEthiopie. Les Coureïschs , ajoutent les mêmes auteurs , qui voyoient clans cet événement la main de la Providence, dépêchent aussitôt à Bjidda un Tome III. L 162 CODE RELIGIEUX. officier, TVelid-ibn-Mughdirc > avec ordre de faire transporter à la Mecque tous ces matériaux , et deux fameux architectes qui se trouvèrent sur le même navire, l'un Copte , l'autre Grec et nommé Yacoum. Aussitôt tous les citoyens transportés d'un même zèle, s'empressent à l'envi de mettre la main à l'ouvrage , et de participer au mérite de la réédification du sanctuaire. Pour plus d'ordre et de célérité , ils se partagent le travail, sur - tout celui de la construction des quatre murs. Le côté méridional fut assigné aux BenyMakhdoums , avec les plus notables des Coureïschs j le septentrional aux Beny-Abd'ul- TVad s , Beny-Esseds et Beny-Adenésj le côté orientai fut le lot des tribus de Zehhré et de Beny-abd-Ménaf jet l'occidental, celui du reste des Coureïschs. Le Prophète, continue le même auteur, qui n'a voit pas encore reçu du ciel sa mission , et qui, rangé dans la classe des simples citoyens , n'étoit connu que sous le nom de MoJuimmed-Eminn, se trouvoit confondu dans la foule, et y travailloit avec ceux de sa CODE RELIGIEUX. i63 tribu. II avoit alors 35 ans. L'ouvrage étant parvenu à la hauteur où devoit être posée la Pierre-noire ( dont on fait également remonter l'origine à Abraham} , toutes ces tribus Arabes se disputèrent vivement l'honneur de la poser. La querelle s'échauffa ; on al loi t en venir aux armes , lorsque Ebu-Umeyé-Ibn-Mughaïré, personnage très-considéré, trouva dans sa sagesse le moyen de calmer les esprits. II proposa à ces généreux ouvriers de tourner les yeux vers la porte de Sofa, et de prendre pour arbitre de leur cause le premier citoyen qui s'y présenteroit. Tous y consentirent. A l'instant on vit paroître Mohammed } qui s'é-toitabsenté quelques heures auparavant. C'est Mohammed-Emin s'écria-t-on tout d'une voix ; qu'il prononce } et nous souscrirons à son jugement. Mohammed, avec une présence d'es-prit merveilleuse , demande sur-le-champ un manteau; et après avoir placé la Pierre-noire au milieu , il le fait porter et hausser des quatre bouts , par les chefs de ces différentes hordes, qui concoururent ainsi à placer la pierre sainte , que l'ingénieux arbitre du différend acheva de mettre dans son assiette de sa propre main. Le plan de ce nouveau sanctuaire formé et exécuté sous la direction des deux architectes étrangers , étoit dans les proportions de dix-huit pics de hauteur, c'est-à-dire, neuf de plus que l'ancien édifice. Mais la largeur en fut moindre du coté de Hatlm , parce que les deniers du temple ne permettoient pas alors d'entreprendre un plus grand ouvrage. La porte en fut placée, comme anciennement, du côté de l'orient , mais à la hauteur d'un homme. Enfin, l'édifice fut décoré intérieurement de six superbes colonnes de marbre, et d'un escalier ménagé vers l'angle Ruhn-Schamjr, pour monter au besoin sur le toit du sanctuaire. XV. Le gouvernement de la Mecque , avons-Aristocra- 7. .. , „ . . tie de la ^ous c"t , etoit une espèce d aristocratie. Mecque. Malgré la stabilité de sa constitution , et la liberté politique dont elle jouissoit, cette cité n'en étoit pas moins soumise que le reste de l'Arabie, à la suzeraineté des rois de Y Yémen. Selon l'historien Ahmed-Ejendy , chaque ville de cette vaste péninsule, chaque district, chaque tribu, chaque peuple, soit Arabes , soit Juifs, soit chrétiens , avoit son irouver-nement et ses lois municipales: c'étoit, à proprement parler , une grande république, que l'on pouvoit comparer à celles de l'ancienne Grèce. Tous se confèdéroient dans le besoin , soit pour croiser les entreprises d'un citoyen ambitieux , soit pour repousser les attaques de leurs voisins. Nonobstant l'égalité établie entre toutes ces villes et ces nombreuses tribus, la Mecque s'étoit. toujours conservée une sorte de prépondérance sur toutes les autres cités de l'Arabie. Elle devoit cet avantage , non à ses forces politiques , mais à la profonde vénération des peuples Arabes, pour le Kéabé, qui de tout temps fut regardé comme le plus ancien et le plus auguste des temples consacrésau culte public. Son aristocratie maintenue avec plus ou moins cle vigueur sous les Béno-Khouzciâs, comme sous les descendans de Coussa 3 , con-sistoit dès l'origine en une espèce de sénat composé de six personnes , qui exerçoient sur la nation une autorité presque souveraine. Le 166 CODE RELIGIEUX, nombre en fut porté successivement à sept , huit, neuf, et finalement à dix , après la découverte du puits de Zemzem , par Abd'ul-Muttallb , grand-père de Mohammed. Ces décemvirs, si l'on peut s'exprimer ainsi, occupoient les dix premières places de l'Etat, qui sous le même Abd'ul-Muttalib , furent déclarées héréditaires dans leur maison , en faveur de l'aîné , ou du chef de la famille. Ils étoient tous de la tribu de Fihhr-Courcïsch , alors la plus considérée de toutes les tribus établies à la Mecque , et dont la branche principale et la pluâ distinguée étoit celle de Haschim. Ces dignités étoient , i°. le Hadjéabeth , qui réunissoit le sacerdoce à la garde des clefs du Kéabé. Il fut déféré à la maison d'Abd'ur-rurj fils de Cous s a. Osman , fils de TaVhha, en étoit en possession à l'époque de la ruine de l'idolâtrie, et de l'établissement du Mahométisme. 2°; Le Sikayèth , ou l'intendance du puits sacré de Zemzem , et de toutes les eaux destinées à l'usage des pèlerins qui se rendoient tous les ans à la Mecque. Cette dignité réservée à la maison de Haschim } étoit occupée par Abasy oncle du Prophète, et la souche des Khaliphes Abassides. Il avoit succédé à Zubeïr et à Ebu-Talib, ses frères. 3°. Le Déjrath y ou la magistrature civile et criminelle , qui depuis long-temps appar-tenoit à la maison de Téminn , fils àeMurré, et qui étoit alors sur la tête d'Ebu-Behir, beau-père de Mohammed. 40. Le Sifareth ou légation. Celui qui rem-plissoit cette charge \ étoit le négociateur et le plénipotentiaire perpétuel de l'Etat, autorisé à discuter et à terminer les différends qui pouvoient s'élever entre les Coureïschs et les autres tribus Arabes , ainsi qu'avec les étrangers. Cet office affecté à la maison ÏÏAdy, fils de Kéab y étoit occupé par Orner , également beau-père de Mohammed. 5°. Le Liva. C'étoit la garde du drapeau sacré, appelé Œucab, sous lequel la nation marchoit contre ses ennemis. Le gardien de cette bannière, étoit le Général en chef de toutes les forces de l'Etat. Cette charge Liv militaire , qui appartenoit à la maison à'Ummeyé , reposoit alors sur la tête d'Eùu-Sufiyann l'ennemi le plus implacable de Mohammed , et depuis son beau-père ; il embrassa même l'Islamisme, et en devint l'un des plus zélés défenseurs. C'est le père du célèbre Muaiviyc I >\e premier des Khaliphes Qm/niades établis à Damas. 6°. LeRicadeth , ou l'administration de la caisse des pauvres. Formée des aumônes de la nation , on l'employoit à la subsistance de tous les pèlerins indigens , soit passagers, soit rési-dens à la Mecque , où l'Etat les regardoit et les traitoit, dit l'histoire, comme des Mussafirsy des hôtes de Dieu. Elle fournissoit encore au traitement accoutumé que la cité faisoit tous les" ans à.la troupe des pèlerins le jour de leur station à Mina. Cette charge attachée à la maison de Neufel , fils &Abd-Menaf, étoit alors occupée par Hariss, fils à'Amr.. 70. Le Nedweth, ou la présidence des assemblées nationales. Celui qui Pexerçoit étoit le premier conseiller de l'Etat : son avis avoit toujours le plus grand poids dans les délibérations publiques. Esswed , de la maison cYAbd'ul-Œuza ? fils de Coussa , possédoit alors cette charge. 8°. Le Khaiméj ou la garde de la grande tente du Conseil. Cette charge , qui donnoït le droit de convoquer l'assemblée, et même de réunir les troupes, étoit remplie par Khalil, fils de Welid, de la maison de Yakza, fils de Murré. 9°. Le Khazinè ou l'administration des finances publiques , emploi attaché à la maison de Hassass, fils de Kéab , et alors exercé par Hariss fils de Cdiss. Et io°. VEzlam} ou la garde des flèches sacrées, qui servoient au jugement des différentes affaires dont on abondonnoit la décision au sort ou à l'oracle-des divinités du Kéabé. Saffwan } frère àrEbu-Sufijann y étoit revêtu de cet office religieux (1). On distinguait ces dix premiers citoyens _________j (1) Voyez ces dix Schérifs dans l'arbre généalogique, planche'A , tome premier, où ils sont indiqués par.làleltre S au-dessous de leurs noms. 170 CODE RELIGIEUX. sous le titre de Schérij\ qui répond à noble, Seigneur, prince. En même temps , il fut établi que le plus ancien d'entre eux auroit la prééminence, et porterait le nom de Rc'is pu, de Sejjid, dont l'un signifie, chef, et r l'autre, seigneur par excellence. Ahas,yoncle du Prophète, étoit alors le premier de ces sénateurs Arabes. On avoit aussi confirmé l'ancienne loi , qui obligeoit chaque nouveau Schérif à payer une certaine somme au. trésor public, le jour .de son élévation à la dignité qui'appartenoit à Sa maison. Tels étoient.Tétat et la constitution politique de la Mecque , lorsque le ciel , dit le même auteur, envoya Mohammed, prédestiné dans ses décrets éternels , à renverser le culte et le gouvernement de sa nation , à changer la face de l'Arabie , et celle d'une grande partie du globe. XVI. ^n sa^ cllie l'entreprise hardie de ce légis- Mohatn- iateur commencée d'abord par des discours med mai- . tre de la et des prédications, n'eut de véritables succès détruit le que par la force des armes. Les progrès de pagams- 8a pUissance et de sa doctrine datent propre- ment de son Hégire , qui est l'époque de sa meetl'an- fuite de la Mecque et de sa retraite à Médine. "^f-U" Après huit années consécutives de mouve* ment de cette cité mens et d'efforts , encouragé d'un côté par ses victoires, et de l'autre par les dissentions qui désoloient la Mecque, il tenta enfin la conquête de cette cité , à la tête de dix mille hommes. » ha Mecque , dit ici l'auteur national, cette » cité idolâtre , ne put opposer alors qu'une » foible résistance aux attaques vigoureuses >' d'une armée composée de disciples-soldats, « tous enflammés de zèle et d'ardeur pour la » plus belle cause ; l'établissement d'un culte » céleste et d'une religion divine. Elle céda à « leurs efforts, et reçut en vainqueur et en » maître, son Prophète et son libérateur, qui » la traita, non en ennemi, mais en père tendre » et en protecteur généreux. Cet événement, » qui arriva le vendredi 2.0 de Ramazann , de » l'année 3 de l'Hégire ( 22 janvier 63o), mit le « dernier sceau à l'Islamisme. Ce fut alors que » Mohammed purifia le Kéabé des idoles dont » il étoit souillé depuis tant de siècles. Il fit son i72 CODE RELIGIEUX. » entrée à la Mecque avec l'appareil le plus \m„ » posant: il avoitce jour-là un turban noir; yJtjr «portoit le Sandjeah-Schérif, ou l'oriflamme » sacrée. Après avoir reçu solennellement les » clefs du sanctuaire, des mains d'Osman-]bn-» Talhlia, qui en étoit pourvu , l'Apôtre » céleste, d'un ton plein de douceur et de » bonté, fit au peuple un discours analogue »à sa mission et à la doctrine qu'il vouloit » établir. Monté sur un chameau , il fit sept » fois le tour du Kéabé , en saluant chaque «fois la Pierre-noire, avec son Mahhdjinn , » espèce de sceptre qu'il tenoit de la main » droite. Il entra ensuite dans ce tabernacle, » en fit emporter les idoles et les images, sans » excepter celle d'Abraham que l'on avoit représenté avec un faisceau de flèches dans sa » main , et en parcourut l'enceinte extérieure, » qui étoit ornée de trois cent soixante autres «divinités. A mesure qu'il approchoit , il le->>voit son sceptre contre chacune de ces «idoles, en proférant ces paroles augustes: >> A Vapparition de la vérité , que la Jiclion » et l'imposture se dissipent : Certes , tout » ce qui est faux est périssable (i). A l'instant toutes se renversoient et tomboient »le visage contre terre. Ainsi purifié de ses » idoles et de son culte sacrilège, le Kéabé » fut le même jour consacré à l'adoration » de l'Eternel, et restitué au culte des anciens » Patriarches, Adam, Noé} Abraham , Is-» maël, etc. par la .prière Namaz , que le » Prophète y fit solennellement, à la tête de «ses disciples et du peuple Musulman. » Nonobstant cette protection éclatante du » ciel en faveur de la doctrine et des armes » de Mohammed, les Mecquois, quoique sou-» mis à sa puissance , ne paroissoient point en-« core disposés à embrasser sa religion. Leur «attachement aveugle à la croyance de leurs » pères, les faisoit gémir sur la ruine de leurs » divinités. Dans leur égarement , plusieurs » versoient des larmes amères, et faisoientre-«tentir l'air de leurs gémissemens ; ils osèrent » même se répandre en blasphèmes contre le » nouveau culte. Lorsque Bilal-HaLcschy , ( i ) Djea'el-hakkve Zehhak'ui-batil enn'el'batil Kéané Zehhouk'ann. «qui le premier remplit les fonctions de » Muezzimi; s'acquittoit de l'annonce Ezann «pour la prière de midi : Oh ) que mon « père est heureux %, s'écrioit Djuwëiriyé y » fille du fameux Ebu-Djehhlde ne pas en-» tendre la voix impie de cet homme sur les » voûtes sacrées de notre temple ! Hariss-ibn-» Huschem et Khalid-ibn-Essed , rendoient » publiquement à Dieu des actions de grâce, « pour avoir , disoient-ils , épargné à leur «père le spectacle d'un jour aussi désastreux. » Le Prophète instruit de ces discours , usa «d'abord de la plus grande dissimulation; « mais bientôt il se vit contraint de recourir à la «sévérité, et d'immoler les plus séditieux aux » intérêts de la religion, comme au maintien « de l'ordre public. Sa proscription se borna » cependant à dix personnes , six hommes et m quatre femmes. Hinndou épouse à'Ebu-»Sufyrannfut de ce nombre; mais elle ob-»> tint sa grâce par son repentir, par sa soumis-«sion, et par les vives instances de sa famille. » Acldrmê , fils cYEbu-Dyehhr , ne se déroba » au supplice qu'en embrassant le nouveau » culte. Iles autres proscrits préférèrent d'ex-»pirer sous le glaive, plutôt que de renoncer m à la religion de leurs ancêtres. Abd'ullah-»ibn-Helal, fut le premier Musulman qui » eut le malheur d'apostasier. Sa conversion » n'ayant pas été sincère , il eut le courage » insensé d'abjurer la doctrine de Mohammed, » et de porter gaiement sa tête sous la main » des bourreaux. Après ces premiers actes de » rigueur, Mohammed employa la douceur «et la persuasion pour ramener le reste des wMecquois à sa doctrine. Raccorda à chacun «des principaux de la nation , un terme dif-« férent pour méditer à loisir sur les vérités et » les mystères qu'il leur annonçoit. Sajlvann, » frère à'Ebu-Siifiyann , eut entre autres un « délai de deux mois. « Cependant la conquête de la Mecque, et l'abolition de son ancien culte, ne pouvoient qu'entraîner la destruction du gouvernement aristocratique de cette cité. Des dix premières charges de l'Etat, Mohammed n'en conserva que deux, le lïadjeabeth ou la garde des clefs du sanctuaire, et le Sicayeth, ou l'intendance des eaux de Zemzem. La première fut conservée à Osman, fils de Talhha, et la seconde à Abas , qui en étoient investis ; le Prophète laissa même subsister dans leur maison l'hérédité de ces offices : cependant il créa le même jour une nouvelle dignité , qui réunissoit le ministère sacré à l'administration civile et politique, et en revêtit Atab-ibn-Essed , âgé seulement de vingt ans, et qui, tout à-la-fois, fut décoré .des titres d'Imam, d'Emir et d'Ami/. Il nomma encore premier docteur de la loi Meaz-ibn-Djébel, très-instruit dans l'Islamisme , et le chargea d'enseigner aux peuples les préceptes de sa morale et de son culte. Tandis que Mohammed élevoit au sein de la Mecque les fondemens d'une monarchie sacerdotale sur les ruines du paganisme, ses généraux Amr, Sâd, Khalidet Alj, chacun à la tête d'un corps de troupes , renversoient dans les environs les idoles des autres hordes Arabes. Les principales étoient YŒuza, Sewâ,Mcnath, Feless , Denam , Yâvessy , Nesserzj, Yâouf, etc. qui étoient honorées chacune chacune par le culte particulier des Béno-Kéna-nés ; des Béno-Huzeïls ; des Béno-Elvess ; des Béno-Kliazerdjhhs J des Béno-Taïhs j des Béno-Kelbs j des Béno-Medyhhadjhs j des Béno-IIuméirs j des Béno-Sakifs etc. Toutes ces idoles eurent la même destinée que celles du Kéabé. Seconde Époque. Après avoir développé, dans la première partie de ce discours , l'origine de la Mecque et du Kéabé , sous les Arabes païens , nous exposerons d'une manière également succincte et rapide , les rapports religieux et politiques sous lesquels on doit considérer cette cité, depuis l'établissement du Mahométisme, jusqu'à nos jours. Ainsi, nous parlerons, i°, de la position de la Mecque , de ses révolutions, de son temple, de son sanctuaire, etc. 2°. des riches offrandes qui y ont été faites en difïe-rens siècles, des fondations , des établissemens pieux, etc. 3°. de la Pierre-noire ; 40. du voile et de la ceinture extérieure du Kéabé j 5°. delà gouttière d'or ; 6°. du puits sacré de Zemzem ; Tome III. M 70. des lieux de station marqués autour du Kéabé, pour les Musulmans des quatre rits Orthodoxes ; 8°. de YŒumré j 90. de l'institution de quelques-unes des pratiques du pèlerinage par Mohammed lui-même; io°. de l'attention scrupuleuse des Mahométans à s'acquitter du pèlerinage ; 11°. du commissaire Surré Emiiiy , des chameaux sacrés , etc. du Pascha de Damas, et de la grande caravane des pèlerins, qui tous les ans passe de la Syrie en Arabie; i3(). du Schérij de la Mecque , et du Pascha de Djidda j 140. du Molla de la Mecque , en sa qualité de vicaire du Sultan dans l'exercice public du pèlerinage ; io°. de la prééminence de la Mecque sur Médine j 160. de son territoire sacré ; 170. du sépulcre de Mohammed à Médine, et 18°. de la distinction dont jouissent les pèlerins le reste de leurs jours. . 35 . .§- De la position géographique de la Mecque ; des révolutions de son gouvernement , de son temple , de son sanctuaire , etc. Selon la description qu'en donne Kéatib- Tschélébj, la Mecque est située clans une plaine, au vingt-unième degré quarante minutes cle latitude , et au soixante-dixième degré de longitude. Elle est environnée d'une chaîne de montagnes toutes plus élevées les unes que les autres. Outre le nom àçMekhé, elle porte encore ceux cle Beké, ftArouz, de Beled'ul-Eminn^QAté cle sûreté) et à'Um'ul-CouraÇXa. Métropole ) ; mais le plu scommunément, on l'appelle Mehké'y-Mukcrrémé ( Mecque la vénérable ) : et c'est sous ce nom qu'elle est désignée clans tous les édits et dans tous les actes publics. Cette ville n'a jamais été considérable , ni par son étendue , ni par sa population. Dans les siècles du paganisme , comme nu temps de Mohammed et des Khaliphes ses successeurs, elle fut toujours d'une médiocre étendue. Anciennement elle étoit entourée d'une haute muraille , que les inondations ébranlèrent souvent, et qu'enfin elles détruisirent : il n'en reste plus de vestiges. Les maisons j sont bâties cle pierres noires et blanches , et toutes généralement couvertes de plate-formes. Voyez la planche 45. Quoique Médine fût le siège du Prophète, la capitale de son Empire,et la résidence des premiers Khaliphes, la vénération des peuples pour le Kéabé, et laflluenee prodigieuse des Musulmans qui s'y rendent chaque année à l'époque du pèlerinage, ont toujours fait regarder la Mecque comme le centre de l'Islamisme, et la première de toutes les cités Mahométanes. Aussi le commandement de cette ville fut-il constamment brigué par les princes du sang des Khaliphes , comme par les seigneurs les plus considérés de la nation. De païenne devenue Mahométane, la Mecque, comme on l'a vu plus haut, eut pour premier go u ve rneu r Atab-ibn-Essed , que le Prophète y établit lui-même le jour qu'il en fit la conquête. Cette ville parvint à son plus haut degré de splendeur sous Ebu-Békir, O mer et Osa/an, à cause des fréquens pèlerinages qu'ils y faisoient , et de la pompe qui les accompagnoit. Les divisions qui s'élevèrent ensuite entre la znaison cvAljr et celle des Ommiades établis à Damas , furent pour cette cité et pour tout le reste cle XArabie-, le principe des maux qui les accablèrent. A la suite de la journée de Kerbéla , si funeste à l'Imam Hussein et à sa maison, Yczid I fit la guerre la plus cruelle aux Arabes , pour les punir de leur défection et de leur attachement aux princes du sang d'Aly. Ses armées s'abandonnèrent aux plus affreux excès , da-bord à Médine, ensuite à la Mecque. Le général Musslim ibn-Œukhé , força la première de ces cités , l'an 63 ( 682, ), et la livra au pillage pendant trois jours et trois nuits. Plus de onze mille amesy périrent par le fer et par le feu. Merwann, qui usurpa depuis la dignité Khaliphale , et qui descen-doit également dCUmmeyë, la souche des Oinmiades 3 commandoit alors dans cette ville. L'année suivante , la Mecque eut le même sort. Le général Hassi m-ibn-Nëmir Xassiégea pendant quarante jours; il la couvrit de ruines , et sa fureur alla jusqu'à incendier le Kéabé. La voix des Musulmans, dit l'auteur national, se réunit dans tout l'Empire à celle i8s CODE RELIGIEUX, des Arabes de Yllldjeaz y pour crier à l'im. piété. Yezid I fut accablé de malédictions, et avant été frappé d'une mort subite , on regarda cet événement comme un effet visible de la colère du ciel. La cité sainte étoit alors sous la garde d'Abd'ul/ah y fils de Zubéïry l'un des douze Apôtres , et neveu de Khadldjé , la première des femmes du Prophète. Ce gouverneur» ennemi déclaré des Omm/'ades j et entièrement dévoué à la maison d'A/jr y s'occupa d'abord à réédifier le Kéabé. Quoique Mohammed n'eût rien changé à ce sanctuaire , il avoit cependant résolu de le démolir,et d'enrecons-truire un autre,selon l'ancien plan à?Abraham. Il vouloit prolonger cet édifice jusqu'au mur Hatim , et placer deux portes , l'une vers l'Orient, l'autre vers l'Occident ; toutes deux de plain-pied; mais ce projet, qu'd avoit confié à A'isché sa femme , ne fut pas exécuté, disent les historiens , parce qu'il mourut trois ans après la conquête de la Mecque. Abd'ul/ah-ibn-Zubë'ir, qui avoit eu connoissance de ce projet, l'exécuta. Il n'épargna rien pour la décoration du nouveau Kéabé, dont il fit couvrir toutes les colonnes de plaques d'or massif. Mais tandis que la piété de ce prince con-sacroitdes trésors immenses à la réédification du sanctuaire , son ambition cherchoit à profiter des troubles qui déehiroient l'Empire du Kbaliphat. L'abdication de Muaiviyé II, avoit fait naître cinq anti-Khaliphes, qui se disputoient à-la-fois le sacerdoce suprême. Dahhak-ibn-Ca'iss dans Damas s Nœumann-ihn-Beschir dans Ilamass j Mouhhlardbn-Abdyullah dans Kîujë j Zefer-ibn-Hariss clans Cansserinn j et Merwann dans Mèdine. Tous disoient n'avoir d'autre intention que celle de venger le sang $Aly et cle l'Imam Hussein. Celui de Kiufé avoit même eu l'artifice de faire marcher devant lui un mulet chargé d'une espèce de tabernacle , à l'imitation de Moïse } comme un gage de la faveur et de la protection du ciel sur son entreprise. slbd*ullah-ihn~Zubéir , enhardi par ces circonstances , prit aussi le titre de Khaliphe, et entraîna bientôt dans son parti presque tout i84 CODE RELIGIEUX, le Hidjeaz et YEgypte. Les prétentions c]e tous ces usurpateurs firent couler des flots de sang. Moubhtar fit égorger dans la seule ville de Mousson! , plus de soixante-dix mille hommes, qu'il immoloit, disoit-il, aux mânes à'Aiy et de Hussein. Cependant Menvann triompha des trois premiers de ces anti-Khaliphes; et maître du trône de Damas ,\\ fit les plus grands efforts contre celui de la Mecque, le plus dangereux cle tous. En effet, après le meurtre de Menvann , son fils Abd'ul-Melib I ne put réduire Abd'ullah-ibn-Zubéir qu'au bout de neuf années cle guerre et de carnage. Cet anti-Khaliphe cle la Mecque lança le premier des anathêmes contre toute la race des Ommiades. Comme les imprécations dont il les chargeoit lui-même tous les vendredis , du haut de sa chaire, faisoientune grande impression sur les esprits, mais particulièrement sur les pèlerins qui s'y rendoient de toutes les parties delà monarchie , Abd'ul-Meîikl, sacrifiant dans sa fureur, la religion aux intérêts de son trône et de sa famille, CODE RELIGIEUX. i85 défendit, l'an 70(689), à tous ses sujets, sous les peines les plus sévères, le pèlerinage de la Mecque. Il ne tint pas à lui que Jérusalem ne devînt alors le centre de l'Islamisme. Il y fit construire , dans la forme du Kéabé, un superbe monument , Coubbé-y-Hazra , qu'il consacra aux pratiques et aux cérémonies prescrites par la religion pour l'acte du pèlerinage. Par ses ordres mêmes, on traça sur les portes l'image du Prophète, avec diffèrens tableaux qui représentoient, entre autres, le paradis et l'enfer. Six siècles après, Erghoun-Khan , qui occu-poit le trône de Tébriz dans Xlrann, renouvela cet exemple si funeste à l'Islamisme. Ce Prince Talar , qui descendoit du fameux Dj'mguiz'Khan par la branche de Touly, étoit païen comme toute sa maison. Sa foi-blessé pour son premier ministre Sad'ud-Uewleth, juif de nation, l'entraîna dans les entreprises les plus extravagantes. Cet Hébreu, homme de génie, d'une imagination exaltée, et d'un caractère ferme , eut un tel ascendant sur l'esprit de son maître , qu'il l'engagea, l'an 689 ( 1292), à prendre la qua, lité de Prophète et d'inspiré, à interdire à tous les Mahométans ses sujets le pèlerinage de la. Mecque , et à élever clans Tébriz un nouveau temple, ou plutôt une espèce de tabernacle, dans la même forme que le Kéabé. Mais cette entreprise n'eut pas plus de succès que celle à'Jbd'ul-Melih I. Dieu , dit ici le zélé Ahmecl-Efendj y Dieu , ce protecteur suprême da Musulmanisme confondit les desseins impies de ce Prince idolâtre > et le précipita bientôt , açec son malheureux ministre , au plus profond des enfers. Erghoun-Khan fut frappé d'une maladie cruelle qui le conduisit au tombeau , et Sad'ud-Deudcth son Vézir, fut assassiné clans sa maison , au milieu d'une multitude déchaînée contre ses exactions et ses projets insensés. On a vu plus haut que le célèbre Ghazan-Khan, fils du même Erghoun-Khan fut le premier Prince de cette maison qui embrassa le Musulmanisme , l'an 694 de l'Hégire. Le nouveau temple de Jérusalem mena-çoit déjà le Khaliphat et le Mahométisme des plus grands maux , lorsque la valeur du Fameux Général ïladjeadjh porta les derniers coups à la puissance déjà si Formidable du nouveau Souverain delà Mecque. Après trois victoires consécutives remportées sur cetanti-Khaliphe , il l'assiégea, l'an 73 (692), dans la Mecque , qui Fut de nouveau en proie à toutes les horreurs qu'elle avoit éprouvées neuf ans auparavant , sous le Khaliphat de Yedd I. Au bout de six mois d'efforts et de carnage, Abd'ullah-ibn-Zubéir réduit aux dernières extrémités , tenta dans son désespoir une sortie générale , où il perdit la vie , après l'avoir défendue avec un courage héroïque. Le vainqueur lui coupa la tête , l'envoya en triomphe à Jbd'ul-Melih I, et fit pendre son corps au milieu de son camp , à la vue de la Mecque. Il releva ensuite le ruines de cette cité, et celle du Kéabé, avec l'appareil des plus grandes cérémonies. C'étoit la seconde fois que l'on réédifioit ce sanctuaire, depuis l'établissement du Musul-manisme. ïladjeadjh le lit reconstruire presque sur le même plan que celui des Courëïchsj et tel qu'il étoit du vivant de Mohammed. II laissa du côté de Hatim une espace de six pics , qui conserve encore aujourd'hui le nom de Heudjhr, comme au temps du paganisme. II donna cependant plus d'élévation à l'édifice , et plus d'étendue du côté de l'Occident. Le plan présentoit vingt-deux pics de hauteur , vingt de longueur, et dix-huit de largeur. La porte Bab-Schérif ', fut placée à cinq pieds du sol du côté de l'Orient, vers l'angle sud-est. L'espace Heudjhr entre le sanctuaire et le Hatim, fut pavé de marbre , ainsi que le Hatim même , qui avoit vingt-cinq pics de circuit. Le sanctuaire , placé comme autrefois dans le centre même du temple , à une distance presque égale de tous côtés de quarante-neuf pics et demi , offrait dans sa partie la plus voisine , une circonférence de cent sept pics à parcourir. C'est dans cette enceinte , appelée Mélaf, et fermée par un péristyle dont les colonnes sont de bronze, que les pèlerins font leurs tournées, en passant toujours derrière le petit mur Hatim. La Pierre-noire fut placée comme précédemment, à trois pics de hauteur, dans l'angle sud-est. L'espace qui règne depuis cet angle jusqu'à la porte du sanctuaire , a conservé son ancien nom , qui est celui de 1 Multézem. Ce lieu étoit en grande vénération chez les Arabes païens, comme étant consacré à recevoir les sermens des citoyens de tous les ordres. On ne s'en approchoit qu'avec une sainte frayeur, parce que dans ce lieu terrible, disent les historiens, le ciel punissoit d'une manière éclatante les hommes irréligieux ou parjures contre lesquels on implorait sa vengeance. Enfin le général Hadjeadjh, fondateur de ce nouveau sanctuaire , y conserva toutes les richesses et les décorations que la pieuse libéralité du malheureux Abd'ullah-ibn-Zubëir y avoit répandues. Les soins qu'il se donna pour la réédification du Kéabé , rendirent son nom célèbre dans les fastes du Mahomé-tisme. L'histoire le représente comme l'un des héros de l'Orient , et le premier appui de la maison (\ç&Ommiades. Il fut la terreur de tous les ennemis du Khalipl^at, autant par i9o CODE RELIGIEUX, sa valeur, que par la sévérité de son caractère. A sa mort, l'an 94 (712), TVelid 1 moigna la plus vive douleur, et l'honora de ses larmes. Depuis cette époque, la forme du Kéabé n'a point changé, quoiqu'il ait subi des réparations immenses sous les Khaliphes et sous les autres souverains , qui mettoient , dit Ahmed-Ejendj} leur plus grande gloire à être les gardiens et même les premiers serviteurs de cet auguste tabernacle. Plus d'une fois cependant, les Musulmans eux-mêmes le profanèrent. L'ambition des Princes qui se disputoient les droits du sacerdoce , firent souvent de la Mecque et de son sanctuaire , un théâtre de scandale et d'horreurs. Ceux de la maison à'Aly y jouèrent le principal rôle ; et Médine y quoique résidence ordinaire des Imams de cette race , et le lieu de la sépulture du Prophète , ne fut pas plus respectée. Cest à l'époque de la chute des Onimiades et de l'élévation des Abassides y que leurs fureurs éclatèrent davantage. Mohammed-ibn-AbcVuUah fut le premier deces Aléwys qui ,en i3i ( 749), prit le titre de Khaliphe, et fit reconnoître son sacerdoce dans Médine et dans la Mecque ; mais bientôt il se vit forcé de plier sous la puissance d1'Abd'ullah I, qui déféra le gouverne-mens général de ces cités au Prince Davoud-ibn-ALy son oncle. Quoique l'usurpateur eût eu le temps de se dérober aux poursuites de son vainqueur, et de se sauver aux Indes , son entreprise coûta cher à sa maison. Quelques années après , Abd'ullah II passant par Médine pour aller en pèlerinage à la Mecque, usa d'artifice envers sa famille , et fit arrêter son père avec onze autres Princes Aléwys. A son retour de la Mecque , il ordonna de les transférer à Médaïnn, où il se donna le plaisir barbare d'en faire écraser un sous ses yeux, entre deux piliers, d'en faire fouetter un autre jusqu'au sang,et de laisser périr le reste dans un cachot. Ces horreurs, qui révoltèrent tout le Illdjeaz,, furent pour le Prince Mohammed vme nouvelle occasion de reparaître sur la scène , et de faire revivre ses prétentions au Khaliphat. Maître de Médine , de la Mecque et de tout XYémen , il prit le surnom de Nefss-Zéhijé } qui signifie génie ardent , et donna à la cour de Kiufè, les plus vives alarmes. Abd'ullah II , qui jetoit alors les fondemens de la superbe ville de Baghdad sur les rives du Tigre, lui opposa Issa-ibn-Moussa son neveu et son héritier. La chute de l'anti-Khaliphe fut aussi rapide que l'avoient été ses nouveaux succès. Après une résistance assez opiniâtre , il périt les armes à la main sur les remparts de Médine. Le vainqueur lui coupa la tête, et l'envoya à Abd'ullah II, qui la fit porter dans toutes les provinces de sa domination. C'est sur ce Prince infortuné que Ton trouva le fameux sabre à deux lames, Zoul-Fécar , dont le Khaliphe Alj avoit hérité du Prophète. Abd'ullah II le conserva religieusement, et le laissa à ses descendans , comme un gage précieux des faveurs du ciel envers sa postérité. L'un des derniers Princes de sa maison eut le malheur de le rompre un jour à lâchasse. Ce. même sabre est représenté encore aujourd'hui sur les drapeaux de la maison Othomane, mais mais particulièrement sur les pavillons cle l'Amirauté. Après avoir réduit Médine , le Général Issa-ibn-Moussa punit sa défection avec la * dernière rigueur. 11 fit pendre hors cle la ville et exposer pendant trois jours à la vue du public , tous les officiers et les soldats qui avoient été tués dans l'armée de l'anti-Khali-phe, et les regardant comme exclus du sein de l'Islamisme, il fit jeter leurs corps dans les cimetières des juifs, et de là dans un grand fossé , en les privant des honneurs de la sépulture , des lustrations , et des prières funèbres prescrites par la loi. Ces rigueurs jointes à celles qu'y exerça le nouveau Gouverneur A bd'ullah-ibn-Kcbj , dans la poursuite de tous les partisans de la maison à'Aljr , furent la source de nouveaux malheurs. Médine dans son désespoir se révolta encore , chassa de la ville ce tyran , et renouvela les horreurs de la guerre civile. Dans le même temps, le Prince Ibrahim , frère de Mohammed-ibn-Abd'ullah , et le compagnon de ses infortunes , se déclara Tome III. N l'héritier cle ses droits , dans Bas fora où il s'étoit sauvé; et bientôt , à la tek* d'un gros parti, il s'empara si le Prince Ibrahim déjà parvenu à Ba-IIunira > à deux journées de Kiuj'é , et suivi cle plus cle cent mille hommes, eût marché droit à cette ville , qui n'attendoit que sa présence pour lui ouvrir ses portes. Mais il voulut épargner le sang Musulman. Ce sentiment d'humanité joint à la persuasion où il étoit du succès de son entreprise , lui fit manquer une révolution qui eût mis le Khaliphat dans la maison à'Aly- Il dut sa ruine à cette faute politique. Surpris clans son camp parla valeur active du Général Issa-ibn-Moussa il le repoussa d'abord avec avantage ; mais ayant eu l'imprudence de s'exposer sur les premières lignes, il fut blessé à la gorge ; on le crut mort. La frayeur s'empara cle son armée; elle s'enfuit et l'abandonna à la discrétion de son ennemi. Issa-ibn-Moussa, lui fît trancher la tête et l'envoya à Abd'ullah II, qui , glacé d'effroi, malgré les prédictions favorables de son astrologue New-Bahhth , se disposoit déjà à quitter Kiujé y et à passer à Réih, pour se jeter dans le camp que formoit en grande hâte le Prince Mehhdj son fils. Il voulut voir la tête de l'infortuné Ibrahim, et après l'avoir arrosée des larmes que le dépit et la joie lui arrachoient tour-à-tour, il la fit exposer , comme celle de Mohammed son frère , clans toutes les contrées de son Empire. C'est alors que le Prince Idriss , frère puîné cle ce malheureux Ibrahim , se sauva en Afrique , et jeta en 163(779) , les fondemens de l'Empire de Maroc. Vingt-trois ans après , l'ambition du Prince Hussein , également de la maison àAly y replongea la Mecque et tout le Ilidjeaz dans de nouveaux malheurs. Ce Prince ne succomba sous les efforts du Khaliphe Moussa I, que ■N ij pour faire revivre les mêmes droits en la personne de Husseïn-ibn-Hassan , de la même maison. C'étoit un monstre de cruauté. Maître de la Mecque } avec le titre de Khaliphe, il dépouilla l'an 200, (8 iô), le temple de ses ornemens; il n'épargna pas même le Kéabé, et força, par ses rigueurs et par ses exactions, un grand nombre de citoyens à déserter la ville , et à se retirer sur les montagnes d'alentour. Mohammed-'Paba-Taba et Ibrahim-ibn-Moussaj s'emparèrent dans le même temps, l'un de Kîufé l'autre de XYémen, et remplirent toute la contrée de sang et de carnage. Us opposèrent la plus vigoureuse résistance à toutes les forces d'sAluVullah III. C'est alors que ce Khaliphe, effrayé de Ja combustion générale où se trouvoit la monarchie , se détermina à nommer pour son successeur l'Imam Alj-Riza , dans l'espoir de désarmer et d'appaiser tous les Princes Aleiiys j mais la mort violente de l'héritier du Kha-Jiphat, qui fut empoisonné quelques mois après , renouvela tous les troubles de l'Arabie. Enfin , pendant près de trois siècles , la Mecque et Médine eurent presque tous les ans de nouveaux maîtres , et autant d'oppresseurs. La domination des Béno-Ukhdidars commença l'an 251 (865), sans cependant rendre la destinée de la Mecque plus heureuse. Ismaïl-ibn-Youssouph-UIdididar, surnommé Scjfali (le sanguinaire) , y entra le sabre à la main , et y commit autant de sacrilèges que de barbaries. Il enleva le trésor du Kéabé, et tous ses ornemens. Il en prit l'or , l'argent , les pierreries , et leva même dans la ville une contribution de deux cent mille ducats. Ensuite il porta le fer et la flamme dans Médine et dans Djidda ; et de retour à la Mecque , il fit égorger environ douze cents pèlerins sur le mont Arafath. Moham-nicd-Ebu Abd'ui/ah , son frère et son successeur, non moins cruel que lui, subjugua tout le Yé marné , et y commit toutes sortes d'abominations. Nonobstant les revers qu'il essuya, ainsi que sa postérité, par les armes , soit des Khaliphes, soit des Caiainnlhcs , les Béuo- N iij Vkhaïdars se maintinrent dans cette partie de l'Arabie pendant un siècle. Mohammed-ilm-BjéaJer fut le septième et dernier Prince de cette maison. Il succomba en 35o (961), sous les efforts des Caramalhes qui envahirent cette contrée, et firent passer la Mecque sous la domination d'une autre branche de la maison iïAlj. . Cette nouvelle dynastie , appelée Bcno-Moussa j du nom de son fondateur Davoud-ihn-Moussa , régna sur la Mecque et sur le Yémamé , jusqu'à l'an 4-53 ( 1061 ). Le onzième et dernier Prince fut Schukur-Tadjh'ul-Méalj , savant distingué , grand poète , et protecteur zélé des lettres et des sciences. Les Béno-Fuléitès, qu'on appelle encore jleu>ascliinis, succédèrent alors aux Béno-Moussas. Le premier Prince de cette maison , M oh ammed-Ehu-Haschim y est regardé comme un brigand. Il employoit les voies lee plus odieuses pour accumuler l'or et l'argent. Sacrifiant tout à une aveugle cupidité, il se permit plus d'une fois de faire attaquer et piller les caravanes des pèlerins aux portes mêmes de la Mecque. Ses successeurs ne furent ni plus vertueux ni plus religieux que lui. Davoud y l'un de ces Princes, dépouilla aussi le Kéabé en 572 ( 1176), d'une partie de ses ornemens. U enleva jusqu'aux cercles d'argent qui en-châssoient les morceaux de la Pierre-noire. Ces excès renversèrent sa fortune ; et sa maison , devenue odieuse à tous les citoyens de la Mecque, succomba, en Ô98 ( 1201 ) , sous les armes d'une autre branche de la maison d'Aly : Muksir fut le neuvième et dernier Prince de ces Béno-Fuléitès. Abandonné des siens et de la fortune, il fut sacrifié à l'ambition d'Ebu-Aziz-Kitadé , alors Prince de Yenbou. Ce nouveau tyran de la Mecque est le fondateur de cette dynastie des Béno-Kitadés, qui règne encore aujourd'hui dans cette contrée. Il étoit descendant d'Aly par la branche de Hassan. En vain voulut-il étendre son autorité jusqu'à Médine : jamais il ne put arrêter les progrès des Bèno-Mèhennas , qui, également issus dyAljy s'emparèrent de cette N iv 2oo CODE RELIGIEUX, ville, où ils régnèrent plus cle trois siècles , sous le titre de Schérif. Ebu-Aziz-Kitadë, à la suite de deux expéditions malheureuses, tut assassiné par son fils Hassan. Ce monstre, qui trempa encore ses mains dans le sang d'un oncle et d'un frère qui lui donnoient cle l'ombrage , fut battu quatre ans après , et chassé de la Mecque par Mess-oud} roi cle XYémen , le dernier de la dynastie des Béno-Ejubs. Enfin ce malheureux réfugié en Syrie, y termina ses jours clans l'obscurité et dans la misère. Sous le règne de Radjihh, son frère et son successeur , la Mecque fut de nouveau livrée aux horreurs cle la guerre. Mélih-Kéamil, roi d'Egypte, et Mé/i/i-Omet-Nour'ed-dinn, le premier de la maison des Béno-Ressou/s qui s'éleva sur les ruines de celle des Béno-Ejubs clans XYémen , se disputoient alors cruellement la suzeraineté cle cette ville. Le premier l'emporta sur son rival, et força la Mecque à reconnoitre son autorité. À peine cette ville commençoit-elle à respirer,qu'elle se vit de nouveau agitée par les dissentions CODE RELIGIEUX. 2oi de ses Princes. Elle ne le fut pas moins sous les règnes suivans , par les nouveaux troubles que suscita dans son sein, l'ambition des difierens Princes du sang, sur-tout après la mort ÏÏEbu-Ncmy , qui régna cinquante ans avec beaucoup de splendeur. Cette maison offrit alors un événement presque unique dans les fastes du Maliométisme. Les deux fils de ce Schérij', Ruméissé et Ilumêissé, qui se disputoient le trône , finirent par se réconcilier , l'an 719 ( 1319), sous la condition de l'occuper ensemble. 11 régnèrent, en effet, l'un et l'autre dans une parfaite intelligence; mais au bout de quatre ans , ayant voulu se soustraire à la suzeraineté de l'Egypte, ils furent battus^et faits prisonniers par YEmir-ul-Iiadjh Bihcrs , qui les conduisit au Caire, et leur donna pour successeur Mohammed Eb'ul-Ghaïss leur neveu. Quelques années après , les révolutions qui agitèrent le trône d'Egypte, passèrent jusqu'à celui de la Mecque j et les deux frères parvinrent encore à occuper ensemble la dignité de Schérij'. Après la mort de ces Princes , Ghaïss et 202 CODE RELIGIEUX. Ghat/fc leurs cousins, profitant de cet exemple, tinrent ensemble les rênes du gouvernement. Ziïuud-dinn , le vingt-quatrième Prince de cette maison , fut le premier qui alla en personne au Caire,l'an 869 ( 1464 ) , pour re-connoître solennellement la suzeraineté des Monarques de l'Egypte sur la cité sainte. Il rendit ses hommages au Khaliphe Fous-souph II , et au Sultan Melik-Zahhir-Khos-chcadcm , envers qui il s'engagea à un tribut annuel de dix mille séquins , avec la cession de tous les droits sur le commerce des Indes qui se faisoit dans ses domaines, sur-tout à Djidda. Tel étoit letat politique de la Mecque , lorsque entraînée par le destin de l'Egypte , elle passa avec cette vaste contrée, en 923 (1517), sous la domination Othomane. On a vu quele Sc/ie'rifalors régnant, Mohammed-Eb' ul Béréhlath ? le trente-quatrième Prince de cette maison des Béno-Kltadés ,fit hommage de sa puissance à Sellml> en lui présentant, par les mains ÏÏEbu-Noumy son fils, les clefs du Kéabé dans un bassin d'argent. Jusque là tous les Princes de la Mecque des quatre dynasties également issues du sang d'Aljr , y avoient régné, les uns sous le titre d'Imam , les autres sous celui de Schérif et de Sultan. Ils reconnoissoient d'un côté la suprématie des Khaliphes Abassides > et de l'autre la suzeraineté des Monarques de Baghdad , de la Perse, deY Yémen et de l'Egypte, faisant chaque fois des efforts inutiles pour sy soustraire, et pliant chaque fois, selon les circonstances , sous les armes du plus puissant de ces Princes : ainsi , disent les historiens , la prospérité de cette ville , la première et la plus sainte des cités Mahométanes, son bonheur, son calme politique, ne datent, à proprement parler , que de l'époque où la fortune de Selim I la mit sous la garde, sous la défense et à l'ombre des ailes augustes de la maison Othomane. Le Kéabé, endommagé souvent par des inondations subites, et réparé toujours par la piété des souverains et par les libéralités des peuples, le fut pour la première fois, en i5ôi, par les princes Othomans, sous Sulejman I. Ce Monarque avoit tant de respect pour la religion et le Kéabé , qu'il ne se permit d'entreprendre ces réparations que d'après un Fethwa ou décret du Mouphty Eb'us-Sououd-Fjendy j il voulut même qu'elles se fissent en présence des Oulémas , et des Ministres des quatre ri ts orthodoxes , avec tout l'appareil des formalités religieuses. Ces réparations furent renouvelées sous Mourad III et sous Ahmed I. Ce Prince donna une marque éclatante de sa piété, et des regrets qu'il avoit de ce que les lois politiques de l'Empire ne lui permettoient pas de s'acquitter en personne du pèlerinage de la Mecque. Pour y suppléer autant qu'il étoit en lui, il imagina un moyen jusque là sans exemple, et qui édifia tous les Maho-métans de son siècle. Dans le temps que ses commissaires à la Mecque y prodiguoientdes trésors pour donner aux nouvelles réparations du Kéabé toute la solidité possible, il faisoit travailler lui-même dans Constanlinople à une large ceinture en vermeil, et à plusieurs cercles , les Uns d'argent , les autres d'or massif, pour enchâsser le sanctuaire au dehors et au dedans. 11 fit fabriquer en même temps une gouttière d'or, pour remplacer celle d'argent que Sulcjiîian I avoit envoyée un siècle auparavant. On établit pour tous ces objets , un nouvel atelier à Stavros sur le Bosphore j et le Sultan , accompagné du Grand-Vézir, du Mouphty et des principaux Oulémas , se rendit sur les lieux , et assista par dévotion à l'ouverture des travaux. Dès qu'ils furent achevés on éleva par ses ordres,en 1019 ( 1610), dans la plaine de Davoud-Pascha , un édifice en bois , de la même grandeur , et dans les mêmes proportions que le Kéabé de la Mecque. L'inauguration des métaux précieux destinés au Kéabé, formoit l'objet de ce monument figuratif. La cérémonie se fit dans l'appareil le plus imposant. Ahmed 1 y assista avec toute sa cour. Il s'assit sur un trône d'or au milieu d'une superbe tente dressée vis-à-vis de ce Kéabé symbolique , que les Ministres de la religion décorèrent de la nouvelle gouttière, et des nouveaux cercles d'or et d'argent. On y fit des prières , on chanta des hymnes , on brûla des parfums ; tous versoient des larmes d'attendrissement. Ensuite on fit des sacrifices, et les officiers du Sérail distribuèrent des aumônes abondantes aux pauvres de la capitale. L'année suivante , à la Mecque, on déploya autant d'appareil et de magnificence à la dédicace du nouveau Kéabé ; l'ambre et l'aloès y furent brûlés en profusion, et l'on fit couler des flots d'eau rose, pour laver le parvis , et la surface intérieure de la muraille. Nonobstant la vigilance extrême des Sultans Othornans, et les sommes qu'ils consacrent chaque année à l'entretien de ce temple,une nouvelle inondation le détruisit de fond en comble, en to3q (1629), sous le règne de Mourad IV. Aucun événement n'affligea davantage la cour de Constcuitinople > l'Arabie entière, et généralement tous les peuples Musulmans. Le Mouphty et les Oulémas , qui jusqu'à cette époque n'avoient permis que les réparations les plus indispensables de ce sanctuaire , reconnurent , par un Fethwa formel j la nécessité de le réédifier, mais à condition de lui conserver son ancienne forme, sa première étendue, et d'y employer les vieux matériaux qui pouvoient encore servir à sa reconstruction. MouradlF* s'occupa de ce grand objet avec l'ardeur que lui inspiroient et la religion et la politique. Il confia l'inspection générale de ces travaux au Naldb'ul» Esch raj Sofdjy-Seyyid-Mohammed-Efendy en le nommant Molla de Médine. Il y assigna des fonds considérables, entre autres le tribut annuel des Coptes d'Egypte. C'est alors que l'on changea trois des anciennes colonnes d'ébène de ce tabernacle. On en fit des chapelets, que la piété des pèlerins leur faisoit acheter bien cher ; on leur donnoit les noms de Hanann, Ménann et Deyann , qui étoient ceux de ces trois colonnes. C'est ainsi que l'on appelle encore tous les chapelets qui se débitent annuellement dans cette cité : ils sont, comme ceux des Derwichs , de quatre-vingt-dix-neuf grains, nombre qui répond à celm qu'ils donnent aux attributs de la divinité. Il résulte de ces observations, que le Kéabé 2o8 CODE RELIGIEUX, actuel , reconstruit en entier pour la neuvième fois, est de la fondation de Mourad 1V. Ce sanctuaire , que tous les Musulmans sont obligés de visiter une fois dans leur vie , reste cependant toujours fermé. On ne l'ouvre que six fois l'an, à des époques déterminées par la législation civile , savoir , le iÔ de Ramazann > le i5 de Zilcadé, le i5 de Zilhidjé , et le lendemain de chacun de ces jours. Les trois premiers sont pour les hommes , les autres pour les femmes. Ordinairement ils commencent à l'aurore , et finissent à midi. On dresse alors à la porte du Kéabéun escalier portatif, que l'on garde dans tout le reste de l'année, à côté de la station Mécam-Schafij. C'est une opinion commune, que l'intérieur de ce sanctuaire est d'un éclat éblouissant. On croit assez généralement que la nef en est habitée par des anges et des esprits célestes ; et aucun Musulman n'ose porter ses regards vers le plafond , dans la crainte de perdre la vue par la splendeur de ces substances spirituelles. Les quatre murs sont tapissés de passages du Cour'annj Cour'ann y écrits en gros caractères, Kiiify. Tout Musulman qui entre clans ce sanctuaire, est obligé cle faire une prière , Namaz , de deux rik'ailisy devant chacun de ces quatre murs , et de poser la tête contre les quatre angles, à mesure qu'il passe d'un mur à l'autre. Dans cette posture, la religion semble permettre aux hommes et aux femmes de demander au ciel , des grâces relatives aux biens * temporels , pourvu cependant, disent les Ministres de la loi, qu'une foi vive anime et sanctifie leurs vœux , afin de pouvoir compter sur l'intercession efficace et toute-puissante du Prophète auprès de l'Eternel. Dans les trois jours consacrés à cet acte de dévotion pour les hommes, toute la ville est en mouvement. Un zèle fanatique y occasionne souvent les plus grands désordres, surtout le iode Zilhidjé , qui est le jour destiné aux pèlerins. Les efforts , les excès auxquels on s'abandonne pour pénétrer des premiers dans ce lieu saint, entraînent assez souvent les scènes les plus sanglantes. Comme la porte en est platée à la hauteur d'un homme, il Tome III. O 210 CODE RELIGIEUX, arrive presque toujours que Ton marche sur la tête et sur les épaules'cle cette multitude, dont le flux et le reflux, au rapport des pèlerins eux-mêmes, offrent dans toute l'étendue extérieure du Kéabé, le tableau effrayant d'une mer agitée. Il est d'usage que les personnages les plus distingués, tels que les Paschas de Damas et cle Djidda > le Surré-Eminy , le Muzdedjy-Baschy > etc. n'entrent dans ce tabernacle que pendant la nuit, pour ne pas s'exposer aux hasards , inévitables dans ces mbmens , où le fanatisme du peuple n'écoute ni la voix des chefs , ni les ordres cle la police. Le temple Messdjid-Schérif, au milieu duquel s'élève le Kéabé, diffère dans sa forme et sa construction, des mosquées ordinaires. Fondé, comme on l'a vu , par le célèbre Cous s a y l'un des aïeux du Prophète , il se conserva clans le même état pendant plus de neuf siècles. Le Khaliphe MohammedI, dans le pèlerinage qu'il ht à la Mecque , l'an 160 (776) , dépensa des sommes prodigieuses pour les réparations et les embellissemens de ce temple. Mais , en 802 ( 1400) , il fut réduit en cendres ; et ce désastre, dit l'auteur Mahométan , sembla annoncer tous les malheurs dont ^Timour accabla' l'univers. Trois ans après, il fut réédifié par le fameux Prince Emir-Bijik-Tahhir. Mais étant tombé en ruines au bout d'un siècle et demi, la maison Othomane le fit reconstruire sur de nouveaux fondemcns. Cette entreprise , commencée en 979 ( 1571 ) , 'sous Sel;m. IT, ne fut achevée que cinq ans après, sous Mourad ITT. C'est alors que l'on éleva ce superbe péristile qui règne autour du temple , et dont les colonnes de bronze , au nombre de deux cent quarante , supportent une multitude de dômes qui offrent le spectacle le plus imposant. Pendant la nuit, tout l'édifice est éclairé par une infinité de lampes. C'est sous ce portique immense que le peuple se réunit dans les mauvais temps, ainsi que dans les fortes chaleurs de Tété, pour y faire la prière, Namaz. Enfin ce Messdjid-Schérif., qui a six minarets et dix-neuf portes, est regardé comme le premier et le plus auguste de tous les temple» Oij 212 CODE RELIGIEUX. Mahométans, à cause du sanctuaire, Kéabé, qu'il renferme dans son enceinte. g. I I. Des riches offrandes faites au Kéabé , en dijférens siècles } des fondations , des éta-blissernens pieux , etc. On lit dans Kiatib-Tschélébj , une description pompeuse des offrandes faites au Kéabé par la piété des Princes dans les difîè-rens siècles, mais sur-tout après rétablissement du Mahométisme. Suivant cet écrivain , plusieurs maisons souveraines s'empressèrent, à l'envi les unes des autres , de témoigner leur vénération pour ce sanctuaire, par des offrandes et des libéralités sans nombre. U parle d'un soleil, Gkazalé , rayonnant d'or et de pierreries du fameux roi Sassan-ibn-Babih j de deux croissans, Hélais , garnis de rubis et de perles que le Khaliphe Orner 1 y envoya à la suite de ses exploits contre la Perse; d'une émeraude de grand prix du Khaliphe sîbcPt/llah JIT} d'une boucle d'or richement décorée de diamans du Khaliphe Bjéaferl? etc. Il ajoute que le Khaliphe TVelid I employa trente-six mille ducats , pour donner plus d'éclat aux colonnes qui soutenoient le sanctuaire ; que le Khaliphe Djéajer I fît garnir les quatre angles intérieurs de lames d'or, et d'une ceinture d'argent massif large de cinq pics , qui embrassoit l'intérieur de l'édifice ; que le prince Eschref, petit-fils de Melih-Nassir, instruit que des mains sacrilèges avoient enlevé les plaques d'argent qui cou-vroient la porte du Kéabé, les fit remplacer en or massif, etc. Les sultans Othomans, con-linue-t-il , ne l'ont cédé à ces monarques, ni en piété, ni en magnificence. Rien n'égaloit les offrandes de Selim I et de Suleyman I. Mou-rad III y envoya deux grandes lampes en or massif garnies de pierreries; et AhmedI, comme on l'a vu plus haut , fit entourer le sanctuaire de plusieurs cercles d'or et d'argent. Indépendamment de ces dons, plusieurs des princes Musulmans ont encore signalé leur piété par les fondations et les établissemens qu'ils ont consacrés dans cette cité aux besoins O iij de l'humanité souffrante, et à l'instruction de la jeunesse. Le Khaliphe Mensourlly fonda un collège et une riche bibliothèque. Le roi d'Egypte Melik-Tschahmah fit construire à Muâlla un grand réservoir d'eau, qui fut depuis renouvelé et embelli par la princesse Khanim-Sultane , fille de Suleyman I, Ghajass'ud'dinn-Mnazzam-Schah } roi de Bengale , fut le fondateur d'une hôtellerie, d'un grand hôpital, et d'un beau collège auquel il attacha des revenus considérables, pour l'entretien de soixante étudians et de quatre professeurs, Méderriss , des quatre rits orthodoxes. Le fameux Berséba, roi d'Egypte, fit entre autres établissemens , celui d'entretenir tous les ans un certain nombre de chameaux, de tentes , de fours, de réservoirs, de boucheries , sur plusieurs des routes de la Mecque et particulièrement du côté de l'Egypte ? pour la subsistance et la commodité des pèlerins indigens. Le Khaliphe Abd'ullah 1, célèbre par sa magnificence , avoit fait élever un grand nombre de tours et d'obélisques , le long du chemin depuis Kiujé jusqu'à la Mecque, Le sultan Caïtébaïk lut aussi le fondateur de quatre collèges , et de quatre Khanns ou grandes hôtelleries. Anciennement on n'avoit à la Mecque d'autres eaux que celles des pluies et des citernes. Zubéidé-Khatunn , femme du Khaliphe HarounnIy lui procura des eaux de source, en faisant conduire par des canaux souterrains celles de Messlasch jusque dans le centre de la ville. Cet ouvrage , qui coûtai des sommes immenses, fut cependant ruiné plusieurs fois, mais toujours il trouva des restaurateurs, tels que le Khaliphe Ahmed VI, \Emlr-Tschobann , Suleymann I, et la Khassehj'-Sultane son épouse; cette princesse fit même élever plusieurs réservoirs sur les différentes routes de la cité, pour l'usage des pèlerins qui y accourent des trois parties du monde. Suleyman Iy fit construire la fameuse fontaine Scbil, du côté de Mctvé, et agrandir les deux bassins situés entre Safa et les Turbe's des Schcr/Js. Les eaux de ees bassins immenses servent principalement aux besoins de la multitude pendant les jours du pèlerinage. O iv L'un, Scham-Burhessy , est destiné aux pèlerins qui arrivent? sous l'escorte du Pascha de Damas j et l'autre, Missir-Burkessy , k ceux de l'Egypte et du reste de l'Afrique. Suleyman I fonda encore quatre collèges pour les quatre rits orthodoxes , en y établissant à perpétuité des Wahfs, pour l'entretien des recteurs et des étudians. On doit aussi à la princesse Mihlir-Mahh-Sultane sa fille , cette superbe fontaine , Aïn-Arafath y qui fournit abondamment les eaux nécessaires à Arafalh et à la ville. Enfin MohammedIV ne se montra ni moins religieux ni moins libéral que ses ancêtres. La. Mecque, qui par sa situation au milieu d'une chaîne de montagnes , a toujours été exposée à de fréquentes inondations, en essuya, l'an 1093 ("1682), une terrible qui submergea presque tout son territoire , emporta plusieurs maisons, et fit périr une multitude d'hommes et de bestiaux ; le sanctuaire même fut extrêmement endommagé. Mohammed //^n'épargna rien pour mettre désormais la Mecque à l'abri de cette désolation. Il envoya sur les lieux son premier écuyer , Suleyman Agha , qui , par des travaux considérables, depuis le mont Arafath jusqu'à la ville , opposa d'un côté des digues à l'impétuosité des eaux, et de l'autre en facilita l'écoulement. A toutes ces dépenses , que la piété des princes ou des grands consacra de siècle en siècle aux besoins de la Mecque et à la décoration de son temple , les souverains ajoutoient encore tous les ans de fortes sommes pour le soulagement des pauvres et des autres classes des citoyens. Nous verrons plus bas que les sultans Othomans, en succédant à leurs droits, n'ont pas dégénéré de leur munificence. Les ornemens actuels du temple et du sanc-x tuaire, se conservent dans un bâtiment appelé Coubbé-y-Schcm'y-dann; du côté de la station Mécam-Shafiy , et attenant à celui de Coubbé-y-Abas , qui est le dépôt des nates et des tapis du temple , ainsi que des vases et des pbioles destinés à la distribution des eaux de Zcjnzem. §. m- De la Pierre-noire. Cette pierre nommée Iladjer'ul-Esswed, à cause de sa couleur noire, est placée à hauteur d'homme, sur l'un des angles du Kéabé. Son origine, comme celle du sanctuaire , se perd dans la nuit des temps. La vénération qu'on lui porte est également appuyée sur des notions fabuleuses. Suivant les auteurs nationaux , cette pierre est regardée comme le gage ou le symbole précieux cle l'alliance que Dieu fit avec les hommes dans la personne à'Adam. Ce Patriarche passant par la plaine Vadi-y-Nœumann, y fut arrêté par l'ange Gabriel, qui lui toucha les épaules; et dans l'instant il en sortit une légion d'êtres spirituels : c'étoit sa postérité entière , c'étoit tout le genre humain. Ces esprits se partageant en deux corps, se rangèrent les uns à sa droite , les autres à sa gauche. Les premiers étoient prédestinés à professer l'Islamisme ; et les autres représentoient le reste des nations de la terre. Alors 1 Eternel apparaissant au milieu d une nuée, leur demanda s'il n 'étoit pas leur Dieu. Tous répondirent d'une même voix, Oui, bélyj ce qui fait conclure aux docteurs, que tout mortel naît Musulman. D'après cette confession consacrée sous le nom d1Akhz-Missak > qui signifie alliance , l'Etre suprême leur donna sa loi : elle fut gravée en caractères mystérieux, ainsi que les paroles de l'alliance, sur cette Pierre-noire, qu'Adam emporta avec lui en sortant du paradis terrestre. L'Éternel la déposa ensuite sur la montagne Djébel-Ebj-Cuubeïss , d'où l'ange Gabriel la retira pour la remettre entre les mains d'Abraham , lors de la fondation du Kéabé, avec ordre de la placer à l'angle sud-est, comme un avertissement aux fidèles de commencer toujours par-là leurs processions autour du tabernacle. Cette opinion générale des Arabes et de tous les peuples Mahométans, a été le principe de leur constante vénération pour cetle pierre. Aussi rien n'égala leur consternation, lorsqu'au milieu des horreurs de tant de -2o CODE RELIGIEUX, guerres civiles qui désoloient la Mecque et le reste de l'Arabie , ils se virent enlever ce monument par les Caramathes } qui poussèrent leurs dévastations jusqu'à la cité sainte. Ce peuple anti-Mahométan ne la rendit que vingt-deux ans après , l'an 317 ( 929) , en déclarant que sa conduite dans l'enlèvement comme dans la restitution de cette ancienne relique, étoit l'effet d'un ordre mystérieux et d'un avertissement céleste. Un siècle après, elle fut profanée d'une manière encore plus scandaleuse. L'an 414 ( io2,3), sous le Khali-pliat & Ahmed IV, au milieu des exercices publics du pèlerinage, un forcené se détachant de la multitude, s'approche de la pierre, tire de dessous son habit une masse d'armes, et lui porte trois grands coups, en s'écriant : Jusque s à quand cette Pierre-noire, ainsi que Mohammed et Aly , seront-ils les objets de notre adoration P Mettons fin à ce culte sacrilège j détruisons ce temple -, et que VIslamisme soit enseveli sous ses ruines. A ce discours tous les esprits se glacent. Le profanateur alloit prendre la fuite , lorsqu'un des pèlerins tombe sur lui le poignard à la main. Le peuple accourt , on le met en pièces , on jette son corps dans les flammes. Nonobstant les perquisitions les plus sévères , qui coûtèrent la vie à une infinité de citoyens, onne put rien découvrir des motifs de cet attentat. La Pierre-noire se trouva toute mutilée. C'est dans cet état qu'on l'a conservée , et qu'elle reçoit encore aujourd'hui les hommages de tous les pèlerins , tels qu'ils sont prescrits par la religion et la loi. §. 1 v. Du voile et de la ceinture extérieure du Kéabé. Le Kéabé est toujours couvert d'une étoffe de soie noire, sur laquelle sont brodés difre-rens passages du Cour'ann y analogues à la sainteté de ce lieu et à l'acte du pèlerinage. Ce voile porte le nom de Kissué-y-Schérijé, qui veut dire vêtement sacré. Selon Kiatib-Tschélébj, on est redevable de cette institution aux vertueux Ess'ad , de la maison 222 CODE RELIGIEUX. Jiiïmtïrienne, quirègnoit sur Y Yémenquelques années avant l'établissement du Musul-manisme. Une nuit, ce Prince rêva qu'il couvrait de sa main tout le Kéabé. Réveillé en sursaut, il prit cette vision pour un oracle du ciel, et ordonna le même jour de couvrir Je sanctuaire de la toile la plus précieuse que l'on fabriqudit dans ses états. Ses successeurs suivirent religieusement son exemple. Ce voile ne fut converti en étoffe riche que du temps à'Abd'ul-Muttalîb, grand-père du Prophète. Abas son oncle , encore enfant , s'étant un jour égaré dans la Mecque } Nétilé sa mère courut éplorée invoquer les idoles du Kéabé, et fit vœu de couvrir de drap d'or tout le sanctuaire , si elle avoit le bonheur de retrouver son fils. Elle fut fidèle à ses promesses , et son exemple fut suivi par differens Monarques, à la tète desquels on place Abd'ul-Melikl j,\e premier de tous les Khaliphes qui revêtit le Kéabé d'une riche étoffe. Anciennement, on ne changeoit ce voile qu'une fois l'an. Par la suite , on établit qu'il seroit renouvelé deux fois, savoir, le 10 de Moharrem} jour consacré sous le nom de JTewm-Aschoura, et le 8 de Zilhidjé , qui est Pavant-veille de la fête des sacrifices. Le Khaliphe Abd'ullah III fut le premier de sa maison qui ordonna de le renouveler annuellement trois fois. Il en fixa les époques aux deux fêtes de Beyram, et au premier de la lune de Rcdjeb j il statua même que pour la fête Idd'-add'hha, ces voiles seroient de drap d'or à fond rouge ; pour celle ld-Jitrde drap d'or à fond blanc ; et pour le premier de Redjeb , de Cabaly, qui est une toile de lin travaillée en Egypte. Cette loi fut religieusement observée par ses successeurs. Mais après la décadence de la maison d'Abas les rois d'Egypte et de XYémen se disputèrent long-temps cet honneur , par des motifs de piété et par des intérêts politiques. Enfin , pour terminer les débats que leurs prétentions pouvoient exciter entre eux, ils consentirent d'un commun accord à jouir alternativement de cette prérogative. Cette convention fut respectée parles deux Etats, jusqu'au règne de Mélik-Calanounny Sultan d'Egypte, quis'ar- 224 CODE RELIGIEUX, l'an 682 ( 1288), s'arrogea ce droit exclusivement , et l'attacha pour toujours à sa couronne ; ce Monarque convertit même en PVabfsj deux grandes bourgades de ses États, et en consacra les revenus à l'entretien ou plutôt au renouvellement annuel de ces trois voiles. Ses successeurs les réduisirent d'abord à deux, et ensuite à un seul, dans la vue de se conformer à l'esprit de son ancienne institution. L'honneur de fournir ce voile au Kéabéy excita plus Kl'une fois la jalousie des autres princes de l'Orient. A peine Mirza-Schah-? oublifils du fameux Tïmour, fut-il parvenu à la souveraineté du Khorassan , qu'il demanda cette faveur à Melik-Parsbciih } alors roi d'Egypte. Sur les réponses vagues de ce Monarque, Mirza-Schahroukh députa à la Mecque, en 838 (1434), un officier qui mit en œuvre toutes les ressources de la religion et de l'intérêt, gagna le Schérrf\et les Ministres du temple, et couvrit le Kéabé d'une riche étoffé , au nom de son maître. Cette entreprise fit naître d'abord de vives contestations, CODE RELIGIEUX. 226 tations, et bientôt une haine ouverte entre les deux souverains. Melik-Parsbaïh se disposa à la guerre, fit des préparatifs immenses, et envoya même à Brousse une ambassade à Mouradll, sixième sultan Othoman , pour l'entraîner dans son parti contre le roi du Khorassan. Mais sur ces entrefaites, ayant été surpris d'une maladie violente , il ne s'occupa plus que d'assurer le trône d'Egypte à Melik-Youssouph son fils. En effet ce Prince lui succéda ; mais il ne régna que trois mois. \J Ata-Bey-Tschaktnak le renverse du trône, s'en empare lui-même ; et au milieu des troubles qui désoloient ses Etats, il voit arriver une ambassade l'an 848 ( 1444)» du même MirzaSchahroukh, dont l'unique objet étoit d'obtenir son agrément pour fournir encore un voi le au Kéabé. Tschakmak y embarrassé, voulantconeiliersa position précaire sur le trône avec les préjugés du peuple, et les mé-nagemens que nécessitoient les circonstances, exigea des ambassadeurs le plusgrand secret, et pritquelques jours pour y réfléchir. Bientôt l'affaire transpire, et tout le Caire murmure Tome IIL P , sur l'objet de cette ambassade. Les esprits les plus fanatiques se sou lèvent; on s'attroupe, on force l'hôtel des ministres Tatars , on pille leurs meubles et leurs effets, en les accablant d'injures et d'imprécations. Tschahmak employa tour-à-tour les caresses et les rigueurs pour appaiser la sédition ; mais il ne parvint à calmer les esprits, qu'en déclarant qu'il ne se prêterait jamais aux vues du monarque Ta/ar, et qu'il soutiendrait de toutes ses forces cette auguste prérogative de sa couronne. En même temps il écrivit des excuses à MirzaSchahroukh , sur le mauvais traitement que venoient d'essuyer ses ambassadeurs, combla ceux-ci de présens et de distinctions , et les fit partir, peu de mois après, poitr la Mecque , avec un officier de confiance chargé en secret de faire poser pendant la nuit l'étoffe envoyée par le prince du Khorassan , sous le voile ordinaire qui couvrait le tabernacle. Ce droit si important aux yeux de l'Islamisme et de tous les monarques Mahométans, passa avec l'Egypte , avec le sacerdoce su- prême et la suzeraineté de la Mecque , à la maison Othomane , sous Selim I. Suleyman I, son fils et son successeur , ajouta aux deux bourgades cédées anciennement par Melik-Calawounn j et qui étoient fort délabrées de son temps, de nouvelles terres , dont les revenus furent également destinés à perpétuité à l'entretien de ce voile- Il ne se renouvelle plus qu'une fois l'an , le premier jour de la fête des sacrifices. L'Egypte a cependant conservé le privilège de faire cette étoffé. Ahmed 1 fut le seul qui dérogea à cet ancien usage. Quelques mois après son avènement au trône, informé que le Kisswé-y-Schénfé travaillé en Egypte, ne répondoit pas à la majesté du temple, il ordonna de fabriquer, IxConstantinople même , une nouvelle étoffe dont la richesse et le dessin n'eussent rien de commun avec celles qui servent ordinairement. On en fit une espèce de drap d'or, de mille soixante pics pour le voile , et de cinquante-un pour la ceinture. Depuis , la plupart des Sultans en ont usé de même, mais seulement à l'époque de leur avène- 228 CODE RELIGIEUX. ' ment à l'Empire. Ainsi l'Egypte resta en possession de son ancien droit de fournir ce voile tous les ans , et c'est toujours un de ses Bejs qui en est chargé, comme de la conduite des pèlerins de cette province, et d'une bonne partie de l'Afrique. La consécration de ce voile au Kéabé , s'opère chaque année avec les plus grandes cérémonies. Dans le temps que la troupe des pèlerins fait les sacrifices à Mahalléy-Mina, dans la matinée du premier jour de la fête, le Bey prend les devants , entre dans la cité, et va droit au temple , où il remet pompeusement le voile sacré , assisté de tous les Ministres attachés au service du sanctuaire. Les Dé/ils, qui en sont les gardiens, ôtent l'ancien voile, et y substituent le nouveau. Il est toujours garni en dehors d'une ceinture , Couschak , dont on étreint , pour ainsi dire, le Kéabé. Ce Couschak , sur lequel sont brodés en fils d'or différens passages du Cotir'anii > se travaille également en Egypte. Le voile et la ceinture que l'on ôte du sanc- tuaire , sont révérés comme des reliques. Autrefois ils étoient adjugés à la tribu de BénoSchéibé , comme spécialement chargée du soin et de l'entretien de ces ornemens. On les coupoit en différentes pièces qui se distri-buoient parmi les principaux de cette tribu. Le Khaliphe OrnerI abolit ce privilège, et ordonna que tous les Musulmans qui alloient rendre leurs pieux hommages au sanctuaire, y participeraient également ; mais comme le nombre des pèlerins augmentoit tous les ans , par les progrès du Musulmanisme , la difficulté de satisfaire sur ce point les vœux de la multitude, engagea les Khaliphes ses successeurs à abandonner les anciens voiles aux Ministres et aux Déllls du Kéabé. Cet objet est pour eux d'un rapport considérable; ils les coupent en lambeaux, les vendent au poids de l'or , et ceux qui les achètent les gardent et les laissent à leur famille, comme des monumens précieux de la religion. Les mosquées ont une ou deux de ces pièces, dont on se sert clans les funérailles pour couvrir le cercueil des morts, sur-tout ceux des femmes 23o CODE RELIGIEUX, et des enfans. La maison souveraine est presque la seule qui laisse pour toujours ces voiles sacrés sur les mausolées des Monarques , des Princes et des Princesses du sang. Une fois tous les sept ans, l'ancienne ceinture appartient en entier au souverain : c'est dans l'année du grand pèlerinage , JJadjKul-Ehber, lorsque la fête des sacrifices tombe un vendredi. L'ancienne ceinture est alors envoyée au sérail , où on la reçoit avec tout l'appareil de la religion. De la gouttière d'or } Mizab , ou Allunn-Olouh. Cette gouttière, longue de quatre pics, est placée sur le haut du Kéabé , entre l'angle de Xlrak et celui de Syrie. Elle est destinée à l'écoulement des eaux de pluie, parce que le toit du sanctuaire est en plate-forme, comme le sont les édifices de la Mecque , de Médine , et de presque toute l'Arabie. Le Khaliphe CODE RELIGIEUX. a3i JVelidl fut le premier qui fit couvrir cette gouttière de plaques d'or. Sulejmann I en envoya une d'argent ; et Ahmed 13 comme nous l'avons dit plus haut, en fit placer une d'or massif. A la première pluie dont le ciel, toujours d'airain en Arabie , vient favoriser la cité, le peuple en Foule court se placer sous cette gouttière , pour se laver et se purifier avec ces eaux réputées saintes par leur écoulement du sanctuaire. Si ce bienfait du ciel se déclare dans Jes jours consacrés au pèlerinage , il devient alors funeste à beaucoup de citoyens. L'ardeur avec laquelle s'y précipite la multitude enthousiaste des pèlerins , entraîne souvent des désordres qui dégénèrent presque toujours en scènes tragiques. %. vi. Du puits sacré de Zemzem. On a vu plus haut l'origine prétendue miraculeuse des eaux de Zemzem. Ce puits est au-dessous de la station Mécam-Scha/ij. Pendant les troubles qui suivirent l'établissement P iv 23* CODE RELIGIEUX, de l'idolâtrie à la Mecque, il fut comblé par les Béno-Djerhhems y qui y jetèrent tout ce qu'ils avoient de plus précieux en or et en armes , entre autres les deux cerfs d'or qui étoient consacrés au Kéabé. Ce puits, révéré jusqu'alors , resta dans l'oubli près de quinze siècles. Abd'ul-Multalib y grand-père de Mohammed, le découvrit ; et suivant la tradition de ces peuples, ce fut par un avertissement céleste qu'il eut en songe. Il y travailla de ses propres mains, avec Harissy l'aîné de ses enfans. II dégagea ce puits , et y trouva tous les trésors qui y étoient déposés. Il fit placer les deux cerfs d'or devant la porte du Kéabé y et ordonna la distribution des eaux de Zemzem aux pèlerins qui venaient tous les ans visiter le sanctuaire. Après l'établissement de sa religion, Mohammed consacra cet usage en mémoire éCAgar et Ismaël. Quoique les pèlerins ne soient réellement obligés de boire de cette eau qu'à la suite des tournées de congé qu'ils font autour du Kéabé y le jour de leur départ , plusieurs cependant se font un devoir CODE RELIGIEUX. 233 d'en boire le jour même de leur arrivée , ainsi que dans la fête des sacrifices : c'est ordinairement à la suite de leur marche autour du sanctuaire , et après la prière prescrite à la station Mécam-Ihrahim. On porte l'eau à la bouche avec une dévotion extrême , et en récitant des prières ; plusieurs même s'en versent quelques seaux sur la tête et sur tout le corps, en signe de purification. En quittant la Mecque, tous les pèlerins ont également soin d'en emporter des phioles, dont ils ne font que verser quelques gouttes dans celles qu'ils boivent pendant tout le voyage. §• VII. Des lieux de station marqués autour dit Kéabé pour les Musulmans des quatre rits orthodoxes. Le temple de la Mecque est le seul de-tout l'Empire Othoman où le culte public soit permis, suivant les statuts des quatre rits orthodoxes du Musulmanismc. II existe à cet effet autour du Kéabé, quatre édifices consacrés chacun au culte particulier des diffé-rens sectateurs de ces rits. On les distingue sous les dénominations de Mécam-IIanéJy y Mécam-Scbcifiy , Mécam-Malihy etMécam-Ilannbély , du nom des Imams fondateurs de ces quatre rits réputés orthodoxes. Ce sont, pour ainsi dire, quatre différentes chapelles, desservies chacune par quatre Scheybhs, douze Khalibs , quinze Imams , soixante Muezzins et cent Délils. Ces derniers remplissent , dans le temple de la Mecque, les mêmes fonctions dont s'acquittent les Caïms dans toutes les autres mosquées de l'Empire. Ainsi les cinq prières du jour, qui, comme on l'a déjà vu , constituent le service divin chez les Musulmans, se font séparément dans chacune de ces stations. Les ministres Muezzins se placent dans la partie supérieure, et les Imams au-dessous , toujours à la tête de rassemblée, et tous la face tournée vers le Kéabé. Mais la prière publique des vendredis à midi, et l'oraison paschale dans les deux fêtes de Beyram, ne se récitent jamais sépa- CODE RELIGIEUX. 235 rément. Dans ces solennités , le culte public exige la réunion de tous les Musulmans des quatre rits. L'office se fait alors en corps d'assemblée , et tour-à-tour , dans l'une des quatre stations. Par-là elles participent toutes d'une manière égale , ainsi que leurs ministres, Khatibs, Imams y etc. aux mêmes avantages et aux mêmes distinctions, soit religieuses , soit politiques. Ainsi les Khalibs des quatre rits , à la tête de tous les Maho-métans de la cité , s'acquittent ces joursf-ïà , dans un ordre alternatif, des fonctions du Khi label h et de X Imamelh au nom et sous l'autorité sacerdotale du Sultan. C'est par cette raison qu'il n'y a dans le temple qu'un seul Minnber, qui est la chaire de ces ministres Khalibs pour le rjrône, KhoUbkbé, consacré aux vendredis et aux deux fêtes de Beyram. Cette chaire est placée près du sanctuaire entre le Mécam-Ibrahim et le mur lia liai. Le service public se fait alors avec différentes cérémonies qui ne s'observent point ailleurs , pas même dans la capitale. A l'heure de la prière, le Khalib paroi t couvert de la tête aux pieds, d'un SchaL blanc , et accompagné de trois autres Khatibs de la même chapelle. L'un marche devant lui avec un bâton pastoral, Assa , très-riche, et très-artistement travaillé; les deux autres sont à ses côtés , chacun tenant en main un grand drapeau , Alem. Le bâton pastoral est le symbole de celui de Moyse > et les deux drapeaux rappellent les pratiques usitées pour le Prophète, lorsqu'ils s'acquittait en personne de ces fonctions sacerdotales. Arrivés au pied de la chaire , Minnber 3 les deux derniers Khatibs y plantent les drapeaux , l'un à droite , l'autre à gauche, et le Khalib célébrant monte en chaire, appuyé sur le bâton pastoral qu'il tient de la main droite pendant tout le Khouthbé. A la suite de cette espèce de prône , il descend , et va à sa station se placer à la tête de toute l'assemblée , pour faire en commun la prière Namaz j c'est alors qu'il se dépouille de son SchaL Ce manteau ne sert qu'à le garantir de toute souillure,et de toute déjection d'oiseau , de bête , etc. soit CODE RELIGIEUX. 237 pendant la marche, soit durant le Khoulhbé. Si le manteau vient à se souiller, il suffit au Khalib de le quitter pour conserver en lui la pureté nécessaire dans l'exercice de ses fonctions : autrement il seroit obligé de les suspendre , et de recourir à des purifications. On observe ces mêmes cérémonies tous les vendredis , ainsi que le premier jour de la fête Id-Jilry qui suit le jeûne du Ramazann, Elles sont encore plus pompeuses dans la fête des sacrifices, Idd-addyhha. Le ministre célébrant est ce jour-là précédé de tous les Khatibs des quatre chapelles , dont trois portent toujours le bâton pastoral et les deux drapeaux. Deux officiers prennent les devants, et se placent sur le haut de la chaire, l'un delà part du Surré-Eminy, commissaire de la Porte, l'autre au nom du Schérij' de la Mecque. Chacun tient une riche fourrure de zibeline dont ils revêtent le Khalib, le premier au moment qu'il profère le nom du Sultan, et l'autre dès qu'il fait mention de celui du Schérij. Ce jour de la grande fête des sacrifices,les pèlerins sont dispensés de forai- 238 CODE RELIGIEUX, son paschale , non-seulement parce qu'ils sont occupés de différentes pratiques relatives au pèlerinage, mais encore par leur qualité de voyageurs. Ainsi les citoyens de la Mecque s'en acquittent seuls dans le temps que le corps des pèlerins, détaché de Muzdélifé> s'avance vers la ville , après l'immolation des victimes autour de Mahallé-y-Mina* §. VIII. De l'Œumré. C'est une petite chapelle située au milieu d'une plaine à deux heures de distance au nord de la Mecque , du côté de la montagne Djébel-IIinndy. Les anciens Arabes avoient pour ce lieu une vénération particulière, et tons les ans ils le visitoient, avant ou après le pèlerinage du Kéabé. Mohammed crut aussi de sa politique de consacrer cet usage. Il n'en fit cependant pas une loi absolue a ses sectateurs. C'est pourquoi les Imams Banéjys ne proposent la visite de YŒumré, que comme une pratique imitative , et qu'à l'exception des Musulmans du rit Schajîj , auxquels elle est recommandée comme de précepte divin, il n'y a que les"dévots des trois autres rits qui se fassent un devoir de s'en acquitter. §■ I x. De l'institution de quelques-unes des pratiques du pèlerinage , par Mohammed lui-même. Le fondateur de l'Islamisme, qui avoit pour système de se conduire en tout selon les circonstances et selon la disposition des esprits, ne parla du pèlerinage que la sixième année de sa retraite â Médine , deux ans avant la conquête de la Mecque. C'est alors qu'il ordonna la visite àuKéabé,, comme un point important de sa doctrine et comme un précepte divin. Il eut même la politique de ne rien changer d'abord aux anciennes pratiques qu'observoient les Arabes païens. Il les consacra toutes , et voulut même appuyer cette loi par son exemple , en s'acquittant en personne du pèlerinage dans la même année. Cette démarche couvroit le dessein secret de surprendre la ville, et de s'en emparer, soit par artifice , soit par la force des armes. Dans cette vue il prit la route de \aMecque, à la tête d'un corps d'élite de quatorze cents hommes. Les Coureïschs , informés de sa marche , se mettent en défense , résolus de lui fermer les portes de la ville. Mohammed leur députe Osman , pour leur déclarer qu'il n'avançoit vers la cité que dans des dispositions pacifiques , dans le dessein de faire le pèlerinage de la Mecque et la visite de YŒumré. Les Coureïschs font arrêter son député, et répandent le bruit qu'il est mort dans sa prison. Mohammed en est instruit : transporté de colère, il se détermine à attaquer la ville. A son approche , les Coureïschs alarmés rendent la liberté à Osman , et députent à son maître Suhheïl-ibn-Amr. Ce ne fut pas sans peine que ce négociateur vint à bout de désarmer le Prophète , et d'amener les deux partis à une conciliation. Elle por-toit sur trois points capitaux : i°. une suspension d'armes pour dix ans ; 2°. une liberté entière entière aux uns et aux antres de former des alliances avec telles tribus ou nations que bon leur semblèrent ; et 3°. un engagement réciproque de livrer à lapremière réclamation tout citoyen ou soldat déserteur qui passeroit d'un parti dans l'autre , quels que fussent d'ailleurs sa condition et son culte. Il fut aussi convenu que le Prophète auroit la liberté de venir en pèlerinage à la Mecque l'année suivante , mais qu'il s'y rendrait avec un petit cortège, et que tous les Mecquois armés sortiraient aussi de la ville, pour la sûreté commune des uns et des autres. Ce traité , qui fut signé à Hudéibijé, à quatre lieues de la Mecque > offre différentes particularités assez remarquables. Comme Alj avoit été chargé d'en rédiger les articles , Mohammed lui ordonna de mettre à la tête du traité ces paroles : Au nom de Dieu très-clément et très-miséricordieux, par où commencent tous les chapitres du Cour'ann. Le négociateur Mecquois rejeta avec fermeté cette formule, comme étant une innovation. Après bien des débats, on convint d'y substi- Tome III. Q tuer ces mots : En ton nom , 6 mon Dieu ! Lorsqu'il fut question de signer, Alj voulut mettre la signature ordinaire de son maître, Mohammed Ressoul'ullah , c'est-à-dire, Mohammed Prophète de Dieu. Suhhéil prenant le ton de la plaisanterie , lui dit qu'il avoit tort de se qualifier ainsi auprès de lui et des Mecquois qu'il représentoit : » Si nous avions >> le bonheur, ajou ta-t-il, de croire en votre apos-» tolat, en votre caractère prophétique,il n'y » auroit entre vous et nous , ni hostilités, ni » négociations. Ne nous écartons donc pas des » formes ordinaires et usitées jusqu'ici parmi » nous. Signons l'un et l'autre suivant la coutu-» medenotrenation,eunousen tenant à notre » nom joint à celui de notre père. « Mohammed , dit l'historien Ahmed-Efcndj, se prêtant aux circonstances, sourit à ce propos, et prenant le même ton , ordonna à Alj de signer pour, lui , Mohammed fils d''Aôd'ullah. L'instant d'après, il offrit des sacrifices: il immola de sa main plusieurs chameaux, se fit raser, la tête par dévotion , et. pratiqua avec ses flisciples plusieurs des cérémonies. relatives au pèlerinage. 11 rentra ensuite en triomphe à Médine, et l'année suivante, 7 cie l'Hégire , il reprit le chemin de la Mecque x suivi de deux mille hommes , uniquement pour s'acquitter du pèlerinage. Les Mecquois, soit par crainte, soit par préjugé,, ne s'y prêtèrent qu'avec une répugnance extrême: ils ne pouvoient d'ailleurs s'y refuser sans manquer aux engagemens qu'ils avoient contractés par le traité de Jludêi'uiyé. Toutes les troupes sortirent de la ville. Mohammed laissa aussi les siennes au dehors, et n'entra dans la Mecque qu'avec les principaux de ses disciples. Ce fut alors qu'il s'acquitta, pour la première fois , du précepte du pèlerinage, en ajoutant aux anciennes cérémonies de nouvelles pratiques, qui toutes portoient l'empreinte de l'Islamisme. Rien ne parut d'abord plus absurde et plus extraordinaire que ses tournées autour du Kéabé. Il les fit à la tête de ses disciples, le turban de côté, le bras droit dégagé de son habit, en sautillant, et secouant les épaules , précipitant ses pas , et les ralentissant fôûr-à-toùr. Mais par cette contenance assurée, il vouloit, dit Alimed-Rfendy, en imposer à ses ennemis , en leur montrant (pie lui et les siens jouissoient d'une santé parfaite) et qu'ils n'étoient pas, comme on le croyoit dans la ville, réduits aux dernières extrémités, par les fièvres qui régnoient alors dans Médine. Les Coureïschs , rassemblés à l'hôtel Dar'un-Nedué , le regardoient d'un ceil d'étonnement, de scandale et d'effroi. Mohammed employa trois jours à ces cérémonies. Comme il ne sepressoit pas de quitter la cité, les Schérifs inquiets lui firent déclarer par Huwéitab fils iïAbd'ul-Œuza, qu'ayant rempli son objet, qui étoit le pèlerinage , il eût à songer à son départ. Mohammed témoignant quelque désir de leur donner un repas avant de sortir de la Mecque, le député, homme brusque et violent, lui répondit d'un ton sec, qu'on ne vouloit ni de lui ni de son festin, et qu'il feroit bien de partir dans la journée même. Mohammed, quoique justement irrité de ce propos , crut devoir dissimuler , et quitta aussitôt la Mecque, bien. CODE RELIGIEUX. 245 résolu de se venger dès que les circonstances le lui permettraient. La querelle survenue entre les Béno-Behirs ses alliés , et les Béno-Khouzaas , qui, ligués avec les Mecquois , commirent les premières hostilités , lui en fournit bientôt l'occasion : il la saisit avec transport. Regardant ce procédé comme une violation de la trêve de IJudé'ibiyé, il prit les armes l'année suivante, 8 de l'Hégire , rejeta avec hauteur toutes les offres de conciliation qu'on lui fit, marcha contre les Coureïschs , tailla en pièces leurs armées, et mit le sceau à sa doctrine comme à ses triomphes, parla conquête de la Mecque. Quoique sa présence fût nécessaire dans la ville, il se vit obligé de la quitter pour re,-pousser différentes tribus Arabes , qui mar-choient au secours des Coureïschs > et qu'il battit à Iluncinn. A la suite de cette journée il retourna à Médine > où le soin d'affermir sa puissance » de dissiper de nouvelles factions, et de taire respecter ses lois dans le reste de l'Arabie , ne lui permit point de s'occuper d'abord des pratiques du pèlerinage. Qiij 246 CODE RELIGIEUX. Cet acte religieux fut donc exercé cette année, à son époque ordinaire , et par les Arabes païens, et par les nouveaux Musulmans , cha-que parti suivant les pratiques de son culte, mais tous confondus en un seul corps , sous la condnile et sous les auspices ftjâtHb-îb'n-ll',\scd, Te premier des Inunns de la Mecque et des licutenans du Prophète dans cette cité • sainte:- ' L année suivante, 9 de l'Hégire, Mobu/u-med, après avoir remporté de nom elles victoires sur ses ennemis , s'occupa du pèlerinage , publia des lois relatives à ce point important de son culte , ordonna à presque tous les citoyens de Midi ne de s'en acqmtter 'cette* même année, ëf les fit marcher sous la conduite <¥Ebu-Bebir , avec le titre cYiïmir-Meivsim., ou Rmir'ul-Hadjh , c'est-à-dire , Prince ou commandant des pèlerins. Ce Général sortit de Médine avec le plus 'grand appareil. Le Prophète le fit accompagner Je dois cents officiers ne s'a cour, avec vingt chameaux superbement décorés , cl destines à être immolés en son nom'à la-Mecque le Jour des J sacrifices. Aussitôt arrivé à Zoul-Houléifé, Ebu-Bekir reçut par Alj un ordre du Prophète de faire , avant tout, promulguer dans la Mecque le chapitre Bacra , qui défendoit à tout pèlerin d'être nu désormais en faisant les tournées autour du sanctuaire , et inter-disoit d'une manière absolue cette pratique religieuse à quiconque ne professoit pas ouvertement la doctrine Musulmane. Cette loi céleste, dit gravement l'auteur national, qui fut exécutée avec la plus grande rigueur, jointe à l'éclat , à la pompe et à la majesté que mit Ebu-Behir dans l'exercice public du pèlerinage et dans les nouvelles pratiques de l'Islamisme , acheva d'ébranler les esprits et de déterminer les Arabes païens , comme le reste des Mecquois , à abjurer leurs erreurs et à embrasser la foi du saint Prophète. Mais l'année suivante, 10 de l'Hégire, l'Islamisme acquit un nouveau degré de splendeur. Mohammed fit encore en personne le pèlerinage de la Mecque: il marcha de Médine vers cette ville , à la tête de cent quatorze mille pèlerins , accompagné cle ses femmes, Q iv de sa cour et Me toute sa maison. Ainsi le Prophète fut le premier à remplir à-la-fois la double fonction d'Rmirful-IIadjhet&Imam. Il enseignoit lui-même aux peuples les pratiques , les cérémonies et les prières consacrées à cet exercice important du culte qu'il éta-blissoit. La veille du jour des sacrifices, il monta en chaire, et prononça un discours dont la noblesse et la sublimité frappèrent les esprits. Après avoir publié les louanges de l'Eternel, exalté son unité , sa grandeur , ses attributs infinis et ses perfections immuables, il exhorta les peuples à oublier pour jamais leurs erreurs et les absurdités de leur ancien culte , à être fidèles à la grâce de leur conversion, à nourrir dans leurs ames les sentimens de crainte et d'amour pour un Dieu si miséricordieux et si bon, qui avoit daigné, disoit-il, les arracher aux ténèbres de l'idolâtrie, et les ramener dans le sein cle l'Islamisme, dans le sein d'une religion céleste, clans le sein du culte d'Adam et des Patriarches, dans le sein d'une croyance heureuse qui n'ap-partenoit qu'à ses élus. C'est alors qu'il établit aussi d'une manière fixe et permanente le jour où tous les ans on devoit célébrer la fête du pèlerinage et celle des sacrifices. L'époque en étoit fixée autrefois au to de la lune de Zilhidjé. Une ancienne tradition faisoit remonter ce règlement jusqu'à Abraham , comme fondateur du Kéabé et instituteur du pèlerinage. Dans la suite, les Arabes s'é tant livrés à l'idolâtrie, changèrent le jour de cette fête, qui, suivant le calcul des révolutions lunaires , parcouroit successivement toutes les saisons dans l'espace de trente-trois ans. Ils la fixèrent d'une manière invariable aux approches du printemps, et cela , ajoute l'historien , pour rendre le voyage moins pénible aux pèlerins , et faciliter en même temps le transport et la vente de leurs denrées. On voit par là que le pèlerinage ne fut dans l'origine, qu'un établissement politique présenté sous le voile de la religion , dont le but principal étoit le commerce et la tenue d'une foire considérable. D'après ce nouveau règlement, à l'époque de chaque pèlerinage, les chefs de la cité avoient soin d'annoncer à tout le corps des pèlerins le jour et Je mois lunaire où l'on commen-ceroit le pèlerinage l'année suivante. Par un hasard assez singulier, ce jour tomboit cette année , 10 de l'Hégire , au 10 de la lune Zilhid/c( 9 mars 632 ) } ce qui répondoit exactement à l'époque de sa première institution. Mohammed en profita adroitement pour fixer cette solennité, d'une manière perpétuelle, au même jour , conformément à l'ancienne loi d Abraham : Mon grand, objet, disoit-il au peuple du haut de la chaire, étant de rétablir dans sa partie primitive le eu Ile de Dieu et 'tçulcs les. pratiques de l'Islamisme. De l'attention scrupuleuse des Mahomet ans à s'acquitter du pèlerinage. Rien n'égale le zèle et l'empressement de tous les peuples qui professent l'Islamisme , aTcinpHr ce devoir important de leur culte. Les anciennes traditions relatives à l'origine du Kéabé j la profonde et constante vénération des Arabes païens pour ce tabernacle ; la poli- tique qu'eut Mohammed de consacrer ces mêmes opinions , et de présenter la visite du sanctuaire comme un précepte divin;, et l'un des principaux articles de sa doctrine; la dévotion avec laquelle il s'en acquittoitlui-même; enfin l'exemple de ses disciples , de ses successeurs et des Musulmans de tous les siècles, concourent à taire regarder encore aujourd'hui comme absolue et indispensable en soi lob! igati'on de visiter au moins une fois dans sa vie le temple de la Mecque. Les premiers Khaliphes établis à médine étoient très-attentifs à donner eux-mêmes sur ce point des exemples eoifiarV à leurs *v 2fVU'T " i i •'• •• •' • »• • '..•>•! iBDf! véim\ès.'E'hu-Behir s'acquitta en personne du ai • « , un , - r.1-. ••, pèlerinage , des la seconde année tie son Khaliphat. Orner et Osman etorent dans 1 usage de le renouveler tous Mes ans. ÎLl- ràâm"lias-sa-ni fus d\-//r, quoique résident à'/\7///c , où il se démit (lu K.haliphat en fa- Veur de Muai^rye IJ lit vingt-cinq lois le -ifiib esli^di gDi&um iiaiinyî >. n voyage de la Mecque . toujours a pieq , et avec lés démon':.1™tions de là plus vive piété. Snb::!s'!A Khaïïpïrcs Ummiades qui régne- rent à Damas ne remplirent pas cette obligation en personne, c'est qu'ils furent toujours arrêtés par les dissentions et les guerres civiles , qui, de leur temps, désolèrent l'Arabie. Les premiers Khaliphes A bas si des . d'abord établis à Kiufé, ensuite à Baghdad, remplirent très - exactement ce devoir religieux. Harounn Isurnommé Rescïiid, le renou-veloit tous les deux ans. Il avoit pour maxime de se livrer alternativement à cet exercice , et aux expéditions guerrières contre les ennemis de la religion et de l'Etat. Dans les années mêmes où il marchoit en personne à la guerre , il envoyoit à sa place trois cents mandataires , qui faisoient à ses frais le voyage de la Mecque , et qui à leur retour étoient encore généreusement récompensés. Des exemples aussi puissans durent entretenir chez les peuples Mahométans ce zèle et cet enthousiasme qui, perpétués de siècle en siècle, leur ont fait, surmonter avec une constance étonnante les hasards et les difficultés d'un voyage si long et si pénible. Aussi Voit-on chaque année plus de cent mille Musulmans de tout sexe, de tout âge , de toute condition , s'acheminer des diverses contrées de l'Europe, de l'Asie et de l'Afrique , vers le Kéabé de la Mecque. Il est des années où le nombre des pèlerins va jusqu'à cent cinquante mille. Selon une opinion populaire , il ne peut jamais y en avoir moins d© soixante-dix mille , parce que c'est le nombre arrêté dans les décrets du ciel , et que toutes les fois qu'il reste inférieur , les anges y suppléent d'une manière invisible et miraculeuse. Quelque foible que puisse être sa foi , un Musulman ne se prévaut pas même des dispenses accordées par la religion à ceux qui auraient tous les ans des empëchemens légitimes : il sacrifie tout à ce devoir essentiel de son culte. Pour se former une juste idée de la rigueur de ce précepte, il suffit de consulter les Fethwas des Mouphty s. On lit dans ces décisions, que si une femme n'a d'autre empêchement pour faire le pèlerinage de la Mecque , que celui de manquer d'un compagnon sûr et avoué par la loi, comme l'est 204 CODE RELIGIEUX, le mari ou un proche parent , elle est alors obligée cle se marier à quelqu'un revêtu des qualités requises pour s'acquitter avec elle de ce précepte divin. On y lit encore que la femme doit pourvoir par elle-même à tous les frais de sou voyage , sans avoir le droit d'exiger de son mari rien au-delà de l'entretien ordinaire auquel il seroit légalement tenu à son égard. En un mot, l'importance cle ce précepte aux yeux cle l'fslamisme est telle , que ceux qui se trouvent forcés d'en différer l'exécution , de remettre le voyage d'une année à l'autre , sont toujours obliges de nourrir dans leur cœur le désir et l'espoir de s'en acquitter avant leur mort. Pour dissiper leurs scrupules et soulager leur conscience du poids de cette obligation , les personnes opulentes , les officiers en charge, ceux qui sont revêtus de quelque dignité , ne manquent jamais d'y suppléer par des aumônes qu'ils envoient tous les ans aux pauvres cle l'Arabie, et par des secours aux pèlerins peu favorisés de la fortune. Lors même qu'ils perdent l'espérance d'accomplir en personne ce précepte du pèlerinage , pour cause de vieillesse, de maladie mor telle ou autres empëchemens légitimes , il ne manquent jamais de s'en acquitter par la voie d'un mandataire. C'est ce qui arrive ordinairement aux femmes, aux grands de l'Etat, aux Princes et Princesses du sang, au Sultan lui-même, à qui des raisons politiques ne permettent pas de s'absenter long-temps de sa capitale. Cette raison est du nombre des empëchemens légitimes énoncés par la loi. Ainsi nul Monarque Othoman n'a jusqu'ici entrepris le voyage cle la Mecque. Osman II est le seul qui ait formé ce projet, à la suite cle sa malheureuse expédition contre les Poio-nois. 11 est vrai que l'objet principal et secret de ce voyage, étoit de se rendre au Caire pour y créer une nouvelle milice toute composée d'Egyptiens, avec laquelle il sepropo-soit de détruire celle des Janissaires. On sait que ce projet funeste coûta à ce jeune Prince le trône et la vie , et ht couler des flots de sang dans la capitale et dans presque toutes les provinces de l'Empire. De toute la famille Olhomane, on ne voit qu'une Sultane fille de MohammedI^ et Veuve de Mahmoud Tschcléby } fils du Grand-Vézir Ibrahim Pascha, et le Prince Djém , frère et rival de Bajezid II, qui se soient acquittés de ce devoir religieux. Celui-ci entreprit le voyage de la Mecque à la suite de sa défaite par les armes de son frère, et de sa fuite en Egypte , alors dominée par les Memlouks Circasses. C'est le même Prince si connu en Europe sous le nom de Zizim, et si célèbre dans tout l'Orient par ses infortunes , mais plus encore par ses tristes aventures à Rhodes , en France, à Rome, à Naples, etc. Si des raisons politiques empêchent les Monarques Othomans de s'acquitter en personne du pèlerinage ,s il sont cependant censés y satisfaire tous les ans par voie de substitution , aux termes cle la loi. En effet ils sont représentés à la Mecque j clans l'ordre religieux et sacerdotal, par le Moi/a cle cette cité, et dans l'ordre civil et politique , par un officier de la cour , sous le titre de Surré- Eminy ? CODE RELIGIEUX. 2.57 Ërniny, et même par le Pascha de Damas , sons eelui d'Emir-ul-TIadjh. §• X L Z?/^ commissaire Surré-Eminy , des Chameaux sacrés , etc. Le pèlerinage de la Mecque a Tait de tout temps un article essentiel de l'administration politique, dans une Monarchie où le Souverain , réunissant les deux pouvoirs, est regardé comme le chef suprême de la religion , et comme l'auguste dépositaire des clefs du Kéabé. Aussi ce point du culte extérieur , qui intéresse tout à-la-fois la religion, la politique, la gloire même et la dignité du Monarque Othoman , fait l'objet de son attention principale, et de l'emploi d'une partie considérable des deniers royaux. La subsistance des différentes hordes Ara* bes , qui ne vivent que des libéralités du Sultau ; l'entretien des chemins publics depuis Constanlinople jusqu'à la Mecque; les réparations continuelles des réservoirs d'eau, et des bâti mens qui servent de dépots pour Tome III. R les vivres , depuis Damas jusqu'à la cité sainte; les sommes considérables portées annuel lement par le Surré-Eminy ; les denrées que sont obligées de fournir l'Egypte et la Syrie ; l'emploi de presque tous les revenus publics de Djidda et d'autres villes circonvoi-sines; enfin la marche du Pascha de Damas j préposé à la conduite des pèlerins à travers les déserts de l'Arabie , sous l'escorte d'un gros corps de troupes, forment tous les ans une dépense très-forte du trésor impérial. A l'exemple des Khaliphes et de tous les autres Monarques de l'Orient, les premiers Sultans de la maison Othomane ne man-quoient jamais de faire à la Mecque des libéralités immenses. Bayêzid II, à 1 époque de chaque Courhann-Bejram > y envoyoit quatorze mille ducats. Seliml, qui le premier de sa maison fut honoré de la garde des clefs du sanctuaire , porta au double les largesses du Sultan son père , et confirma en même-temps celles que faisoient autrefois les rois d'Egypte à l'une et à l'autre cité de l'Arabie. Ces largesses se firent d'abord avec beaucoup CODE RELIGIEUX. 26 9 de formalités, par les mains à"Emir-Muss-lihiïnd-dinn , officier que la cour expédia , en 923 ( 1Ô17 ) , pour la première fois avec le titre de Surré-Eminj 9 qui veut dire intendant ou dépositaire du trésor. Cet ofiicier , accompagné de deux Cadjs d'Egypte, distribua ces sommes dans la Mecque avec beaucoup de sagesse. Il donna cinq cents ducats an Schérij'? six à chaque docteur de la loi, et trois à chacun des plus notables citoyens de la ville : il fit inscrire leur nom dans un registre qui sert encore aujourd'hui de règle pour la distribution annuelle de ces dons. Il assembla ensuite hors de la ville tous les pauvres de la cité, et leur donna à chacun un ducat, ce qui s'observe encore tous les ans. A la suite de ces libéralités , les Oulémas , les ministres de la religion , et les chefs de la cité,s'assemblèrent, récitèrent en signe de reconnoissance et d'hommage, plusieurs chapitres du Cuur'ann, et firent des vœux pour la prospérité du Monarque Othoman, comme nouveau protecteur de la cité sainte. Cette cérémonie donna alors au commissaire du R ij 26o CODE RELIGIEUX. Sultan l'idée de nommer trente Emirs , qui furent spécialement préposés à réciter chaque jour, dans le même endroit, le Cour'ann tout entier, en se partageant entre eux les trente cahiers de ce livre. Cette prière devoit toujours se rapporter au Sultan , en sa qualité d'Imam suprême. L'officier assigna un honnête entretien à tous ces Emirs , et cet établissement subsiste encore aujourd'hui. Il fit ensuite le dénombrement de la cité, où il ne trouva que douze mille ames , de tout âge et de tout sexe : il leur distribua de nouveau un ducat par tête. Enfin les largesses faites dans les deux cités de l'Arabie par les ordres de Selim Iy montèrent à deux cent mille ducats. Indépendamment de ces dons en espèces , il y en eut aussi en denrées, toutes tirées de l'Egypte ; savoir, cinq mille èrdéhs de blé et de riz pour la Mecque;èi deux mille pour Médine. Cet officier fit encore revêtir de Caftans ou robes d'honneur , les ministres du temple, les chefs des tribus , et les citoyens les plus distingués de la ville. Ce fut à l'imitation des anciens Khaliphes, sur-tout de MohammedI, qui lors de son voyage en Arabie , en 160 ( 776), où il déploya la plus grande magnificence , fit distribuer , outre l'or et l'argent, plus de cinquante mille Cajlans > soit à la Mecque soit à Médine. La pieuse générosité des Sultans successeurs de Selim I} ajouta'encore à ces libéralités, qui sont aujourd'hui beaucoup plus considérables. Ces sommes, que l'on prend toujours sur les deniers publics , ne sont pas les seules consacrées à la subsistance annuelle de ces deux cités. L'une et l'autre jouissent encore des revenus de diflerens Wahfs, qui sont autant de fondations pieuses faites par des Sultanes', des Cadinns } des Vézirs , des citoyens opulens, toutes également destinées à l'entretien des pauvres de l'Arabie ; et dont l'administration Générale est soumise au o Kizlar-Aghassy , chef des Eunuques noirs du Sérail. Ces fonds :-ont confiés annuellement à un officier de marque , qui, sous le même titre de Surré-Eminj, va les répandre dans ces villes , conformément aux états qu'on lui R iij 262 CODE RELIGIEUX, remet , avec les formalités les plus rîjgtrti-reuses ,au moment cle son départ de Constant, /ino/'/c. Tous les ans ces états sont examinés, vérifiés et signés, non-seulement parle Khlar-Jghassy et le Btftcrdar-Ffcndy ministre des finances , mais encore par le Harémcïn-Mr/fettischy et le Nischandjy-Efcndy. La religion, autant que la politique, fait presque toujours rechercher avec ardeur la commission de Surré-Eminy par les anciens officiers de l'Empire. Quelquefois on la donne aussi à des personnages disgraciés, mais assez riches pour supporter les dépenses de cet important office. En effet l'Etat ne leur accorde que vingt-deux mille piastres pour les frais du voyage , qui ordinairement leur en coûte soixante-dix ou quatre vingt mille ,tant les diverses fonctions'de cet emploi entraînent de pompe et d'étalage. Le départ du Surré-Eminy cle Co//sfan/i-tinoplc a lieu , tous les ans , le 12 cle la lune de Bcdjeb > cinq mois avant la fête des sacrifices. Ce jour est une espèce cle fête religieuse. Le Surré-Eminy se rend en grand CODE RELIGIEUX. 263 cortège au Sérail, pour recevoir les ordres du Sultan , le chameau sacré, Mahhmil, et le trésor d'usage destiné pour l'Arabie. Cette cérémonie est moins frappante par son éclat que par sa singularité. D'abord le Sultan se place sous un grand pavillon garni d'un riche sopha, et dressé au milieu d'un vaste corridor , appelé Mermclih-Capoussy , du côté du Harem, qui est la partie du palais occupée par les dames du Sérail. Un instant après, tous les Khatibs et les Imams des mosquées Impériales y sont introduits : ils forment un demi-cercle devant Sa Hautesse , et s'agenouillent sur des Ihhrams ou petits tapis placés sur celui même qui couvre tout le parquet du pavillon. Ils ont ordinairement à leur tête l'un des quatorze Seheyhhs des mosquées Impériales, lesquels jouissent de cet honneur alternativement tous les ans, selon l'ordre de préséance établi parmi eux. Ce Scheyhh entonne le premier differens cantiques à la louange du Prophète : les autres prélats l'accompagnent, et finissent par des vœux pour la conservation de Sa Hautesse. A la suite de R iv cette prière , les premiers officiers du corps des Eunuques noirs se présentent au milieu de cette cour , avec le chameau, M ah h m il, magnifiquement paré , et le cou garni d'un chaînon d'argent. Alors le Kizlar-Aghassy s'avance , porte la main sur le chaînon , le baisé respectueusement, promène le chameau quelques minutes devant le pavillon du Sultan, et remet ensuite le même chaînon entre les mains du Surré-Eminy. Voyez la planche 46. Cet officier est dans ce moment décoré d'un Caftan d'honneur, ainsi que le Muzdedjy-Baschy. Le Kizïar-Aghassy reçoit en même temps, des mains du Teschnfatdjy-Ffendj, grand maître des cérémonies , une fourrure de zibeline > avec un Caftan de drap d'or. Cette étiquette est suivie de la remise du trésor , chargé sur huit mulets, dont cinq ont des caissons garnis de velours vert. Le Defterdar-Fjendy et le Nischandjy-Efendy scellent alors les états relatifs à la distribution de ce trésor , et les remettent au Surré-Eminy , en présence de Sa Hautesse. Le Reïs-Efendy , (omme grand chancelier de l'Empire, pré- sente ensuite au Kizlar-Aghassy la lettre du Sultan pour le S clic ri j de Ja Mecque, et ce chef des noirs la remet en cérémonie anSurré-Eminy. Aussitôt après , commence la marche de cet officier. De Ja main droite , qu'il tient toujours élevée, il porte la lettre du Sultan dans une bourse de drap d'or jusqu'à la seconde porte , Orla-Capou du Sérail : le Kizlar-Aghassy l'accompagne jusqu'au Khass/aler-Capoussjr } dans la première cour du palais ; honneur qu'il est censé rendre , non à cet officier , mais au chameau sacré confié à sa garde. Le H are'méinn-Mufcltischy et tous les prélats suivent le cortège jusqu'au quai Vézir-Isshélcssy. Au sortir du Sérail , cette marche présente dans les rues de Constan/inoplelecoup-d'ceil à-la-fois Je plus extraordinaire et le plus imposant. Elle est ouverte par douze Tschawouschs , suivis de douze Za'ims, tous à cheval et en habits de cérémonie. Après eux viennent soixante Bal/adjisà. pied-: on voit ensuite les deux Muzdedjys avec huit Capoudjy-Baschysle Surré-Eminy avec son Kéhayaj 266 CODE RELIGIEUX, enfin le chameau sacré , avec un second, rUn et l'autre entourés d'une trentaine de Balta-djys , et suivis de huit mulets chargés des deniers sacrés. A la suite de cette marche grave et sérieuse , on voit des jeux et des bouffonneries que des Arabes exécutent en signe de joie et d'alégresse pour la fête du jour relative au pèlerinage. Six tambours ouvrent cette seconde marche , composée de trois différentes bandes d'Arabes, chacune de cinquante à soixante hommes : elles portent sur leurs épaules un bouffon, qui , tenant un grand balancier , exécute toutes sortes de jeux , de tours de force et d'adresse. Au milieu de ces trois bandes , on voit aussi plusieurs mulets chargés d'énormes machines , la plupart mouvantes , et toutes garnies de flammes et de banderoles flottantes au gré des vents. Voyez la planche 47, ainsi que les planches 48, 49 et ôo, qui représentent d'une manière encore plus distincte , les deux chameaux sacrés, et quatre des mulets décorés. En hiver cette cérémonie se fait au Sérail, lorsque le 12 de la lune de Redjeb se ren- CODE RELIGIEUX. 267 contre dans cette saison ; et en été, c'est à Beschihtasch , maison de plaisance où S. H. passe ordinairement cinq ou six mois de l'année. Le Surré-Eminy et les deux Muzdedjys traversent le canal sur une galère , avec les-mulets chargés du trésor , pour se rendre sur la côte d'Asie à Scutary. Mais les chameaux sont dépouillés de leurs ornemens sur le quai même , par des officiers du Kizlar-Aghassy y qui les rapportent le même jour au Sérail, sans aucune cérémonie. On ne les pare avec cette magnificence qu'en mémoire du chameau qui portoit le Mnhlifil ou siège du Prophète, dans ses voyages, comme dans ses expéditions guerrières. C'étoit une espèce de trône où il se plaçoit pour rendre la justice aux peuples. On suppose même que ces chameaux sont de la race de celui que montoit ordinairement Mohammed. C'est par cette raison qu'on les appelle indistinctement Mahlifil et Mahhmil j le premier mot signifiant siège , le second une bête de somme ou de monture. La présentation du second 263 CODE RELIGIEUX chameau n'a d'antre objet que de remplacer le premier en ras d'accident. On ne les conduit jamais à la Mecque > de peur qu'ils ne succombent aux fatigues d'un aussi long voyage. On les conserve soigneusement au Sérail, où leur race est censée se perpétuer sans mélange, et d'une manière pour ainsi dire miraculeuse. Ils sont cependant remplacés à la Mecque par deux autres , que l'on croit également descendre de celui que mon-toit le Prophète. L'un est gardé en Syrie par le Pascha de Damas> qui le conduit tous les ans à la Mecque , avec la caravane des pèlerins ; et l'autre en Egypte, par l'un des Beysàe cette province , chargé aussi delà conduite des pèlerins qui partent de cette contrée par l'Arabie. Ces deux chameaux , décorés comme ceux de la capitale , sont menés aux différentes stations que font les pèlerins en corps hors de la ville , l'avant-veille et la veille du Beyram y sur-tout à celle du mont Arafathj comme on le verra plus bas. Cette cérémonie est encore symbolique : elle a été instituée en l'honneur du Prophète, CODE RELIGIEUX. 269 qui ne faisoit jamais que sur un chameau ses courses de la Mecque au mont Arafath , et en mémoire des vingt chameaux magnifiquement parés qu'il fit marcher, avec trois cents officiers de sa maison, à la suite d'Ebu-Be/d/'j lorsqu'il lechargea, l'an 9 de l'Hégire, de conduire la troupe des pèlerins à la Mecque j, sous le titre & Emir-ul-Hadjh. Enfin le Surré-Eminy se rend tous les ans par terre , avec son précieux dépôt et un cortège brillant , de Constantinople à Damas qui est le rendez-vous général de la plus grande partie des pèlerins de l'Empire. Du Pascha de Damas, et de la grande caravane de s pèlerins marchant de /«Syrie à la Mecque. La manière dont la religion Musulmane considère le pèlerinage de la Mecque, et l'enthousiasme des peuples pour cette pratique de leur loi, attirent tous les ans dans cette 270 CODE RELIGIEUX, ville une partie considérable des sujets de l'Empire. Une multitude immense de pèlerins s'acheminent des trois parties du monde pour se rendre en Arabie dans les jours consacrés à ce saint exercice : pendant huit mois de Tannée, avant et après la fête des sacrifices, tout est en mouvement dans les contrées qui professent l'Islamisme. Les villes,les bourgs, les villages , les campagnes , les chemins, ne présentent que des voyageurs. Les grands et les personnes opulentes font ce voyage avec un domestique nombreux , et avec toutes les commodités qu'ils peuvent se procurer. Mais les simples bourgeois, les gens d'une fortune médiocre voyagent autrement. Il se forme des compagnies de quinze ou vingt personnes , qui marchent toujours ensemble , par raison d'économie et de sûreté. Ordinairement ils s'abonnent avec des trai-tans , qu'on appelle Mucawim , lesquels, au moyen d'une certaine somme , s'engagent à fournir les voitures , les bêtes de somme et les vivres nécessaires dans le voyage. Ainsi un Hucawim se charge de vingt, trente ou quarante hommes, et se règle là-dessus, afiu de pourvoir à tout, principalement dans les déserts de l'Arabie. Ces entrepreneurs sont presque tous des Arabes , dont la plupart ont acquis par-là de grandes Fortunes. Trois ou quatre mois avant l'époque du pèlerinage , des Mecquois attachés à leur service annoncent leur départ dans toutes les villes Mahométanes , au bruit du tambour et par des chants analogues à cet acte religieux, en invitant et exhortant les peiiples à remplir Seins délai ce devoir important de l'Islamisme. Généralement tous les pèlerins des provinces Européennes et Asiatiques soumises au grand Seigneur , se rendent en droiture à Damas j plusieurs même profitent de l'escorte qui accompagne le Surré-Eminy dans sa marche, depuis le moment de son départ de Constantinople j ce corps grossissant de jour en jour le long du chemin, est déjà considérable lorsqu'il arrive en Syrie. Le jour marqué pour le départ, cette grande caravane de pèlerins rassemblés à Damas , se 272 CODE RELIGIEUX, met en mouvement sous la conduite du Pascha de cette province, qui exerce cet office sous le titre d,E/u//-u/-I/adjh. On a vu plus haut o^Ebù-ÈeJarï\it le premier décoré de ce titre auguste, et chargé de conduire la troupe des pèlerins Musulmans , de Médine à la Mecque , la seconde année de la conquête de cette cité. Dans la suivante, 10 de l'Hégire, Mohammed se fit un devoir de remplir lui-même l'office (YEmir-ul-IIadjh et celui a Imam. Comme il mourut peu de mois après son retour à Médine , Ebu-Bekir le premier des Khaliphes , chargea , l'année d'après , 11 de l'Hégire, Orner de ces fonctions importantes. L'armée 12 , Ebu-Behir s'en acquitta en personne'. Orner et Osman, et tous ceux des Khaliphes, soit Ommiades , §oit Abâssides j qui avoient coutume de faire eux-mêmes ce pèlerinage presque tous lés ans , remplissoient avec le même zèle les devoirs augustes d'/////7//z et d'Eniir-ul-Hadjh y ii tête de tout le corps des pèlerins. A leur défaut ils ne confîoient:jamais la garde et la-conduite de cette caravane qu'aux Princes CODE RELIGIEUX a73 Princes de leur sang , ou aux premiers personnages de l'État. Ces exemples , qui entraînoient la vénération des peuples pour cette partie du culte public, ajoutèrent dans la suite un nouvel éclat à l'office d'Emir'ul-Hadjh. Aussi le Pascha de Damas , qui en est revêtu depuis la soumission de la Syrie , de l'Egypte et des deux cités de l'Arabie , jouit-il d'une considération particulière , qui l'élève au-dessus de tous les autres Paschas de l'Empire. Autrefois il avoit encore la garde perpétuelle du Sandjeak-Schérifj de cette oriflamme du Prophète sous laquelle les pèlerins marehoient tous les ans de Damas à la Mecque. îs'ous avons déjà exposé les circonstances qui , l'an ibo.$, sous le règne de Mourad III, engagèrent le gouvernement à transférer à Constanilnople ce drapeau sacré , que l'on porte encore aujourd'hui avec tant d'enthousiasme et de confiance , à la tête des armées Othomanes. Rien n'égale la pompe qu'étale le Pascha de Damas, le jour qu'il se met en marche avec toute la caravane des pèlerins. Tome III. S 274 CODE RELIGIEUX. On y voit ordinairement un grand nombre d'officiers et de soldats armés de cottes de mailles, ou couverts de peaux de tigres: les uns portent des boucliers et des carquois garnis d'argent, d'or et même de pierreries ; les autres , des lances et des piques dorées ou argentées, et surmontées de banderolles flottantes au gré des vents. Les grands du pays, les citoyens de la ville , accompagnent cette marche , et tous se répandent en vœux et en bénédictions pour l'heureux accomplissement de cet acte religieux. L'éclat de cette marche est encore relevé par le Pascha de Tripoli et les Mutesselims ou gouverneurs deLedjounn et fijâdjelounn, avec les troupes de ces deux Sandjêacats. Elles sont de douze à quinze mille hommes: on les appelle Djcrdc-j4skéry. C'est proprement sous l'escorte de cette armée que marche tous les ans ce grand corps de pèlerins réunis à Damas. Elle a pour objet de protéger ces voyageurs, et de les couvrir contre les attaques des brigands, sur-tout dans les déserts de la Syrie et de l'Arabie. Une triste expérience a rendu nécessaires ces - CODE RELIGIEUX. 275 précautions politiques. Plus d'une fois les Arabes Nomades , qui vivent dans le fond de ces déserts, ce sont jetés à main armée sur la troupe des pèlerins , qu'ils ont pillés et massacrés impitoyablement. La dispersion de ces caravanes fait ordinairement plus d'impression sur les esprits, que la défaite des armées en temps de guerre. C'est alors que les cris et les murmures de la nation s'élèvent hautement contre l'administration publique , ce qui entraîne ordinairement la perte du Pascha de Damas , et souvent même celle du Grand-Vézir. Ces deux personnages ont donc le plus grand intérêt de veiller à tout ce qui concerne la sûreté des pèlerins. Tous les ans l'armée qui les escorte, les conduit jusqu'à la distance de trois journées de Médine : là , ce grand corps de pèlerins se réunit à ceux d'Afrique, qui marchent également sous la garde d'un des premiers Bejs d'Egypte , décoré, comme le Pascha de Damas} du titre d'Jlmir-ul-Hadjh. La sortie de cet officier de la ville du Caire présente également une marche processionnelle , qui Sij ne cède guère en splendeur et en magnificence à celle du Gouverneur général de la Syrie. Une fois tous les deux ou trois ans, les sujets de l'Empereur de Maroc font aussi ce voyage en corps, sous la conduite particulière d'un officier de ce Monarque, qualifié, comme les deux autres , du titre d'Emir'ul-Hadjh. Les Mahométans de la Perse , du Japon, des Indes et du reste de l'Orient, marchent ordinairement par bandes et par pelotons vers l'Arabie, et pourvoient par. eux-mêmes à ce qui leur est nécessaire , tant pour la sûreté que pour la commodité du voyage. Une fois arrivés sur les terres de l'Arabie, tous en général se reposent sur la vigilance et sur les soins du Schérij'de la Mecque , qui est censé répondre d'eux, mais particulièrement des pèlerins sujets du grand-Seigneur. Du Sçjiérifdelà Mecque et du Pascha de Djidda. Le Schérifde la Mecque reçoit tous les ans le corps des pèlerins à la tête d'une armée d'environ cinquante mille hommes,tous Arabes Nomades soumis à sa puissance. Ils marchent presque nus , sur-tout dans les fortes chaleurs de 1 été , et sont armés de fusils , de pistolets, de lances^ de piques et de javelots. Le Schérif en forme un cordon depuis le mont Djébel-Arafath jusqu'à celui de Djébel-Schérif Il couvre ainsi toute la troupe des pèlerins pendant leurs stations hors de la.ci té, soit avant, soit après la célébration de la fête des sacrifices. Ce corps de troupes est aussi chargé de la police intérieure et du maintien de l'ordre parmi les pèlerins mêmes. L'autorité du Schérif est presque absolue dans tout lellid/eaz: c'est toujours un Prince delà maison des Béno-Kitadé, issue d'Aby par la branche de Hassanqui, comme on l'a vu plus haut, occupe le siège de la Mecque, depuis environ huit siècles. Ces Princes sont ordinairement distingués par la forme de leur turban , garni d'ailleurs de grosses houpes dont les fils d'or tombent sur leurs épaules. Voyez la planche Ô4. La dignité de Schérif, quoique héréditaire, éprouve quelquefois des S iij révolutions , par l'ambition des autres Princes de la même maison. Le droit d'aînesse n'est pas toujours respecté ; souvent il cède à la forre et à l'usurpation. L'autorité d'un QQU-veau Schérif n'est cependant réputée légitime, qu'autant qu'elle est formellement reconnue par le Monarque Othoman , en sa qualité d'fmam suprême et de dépositaire des clefs du Kéabé. La politique constante de la Porte est d'accorder l'investiture d'usage à celui qui réunit en sa faveur les vœux des citoyens de la Mecque. Cette investiture consiste en un manteau de drap d'or doublé de martre-zibeline, que le Sultan envoie au Schérif, avec un diplôme de création , Emaréth-Béralhy. La cérémonie du manteau se renouvelle tous les ans, et est toujours accompagnée d'une lettre de Sa Hautesse, en signe de faveur et de bienveillance. L'officier chargé de cette com-mission , sons le titre de Caftann-dghassy , part de Conslantinople ordinairement deux mois avant le Surré-Eminy. La lettre que ce dernier reçoit au Sérail le jour de son audience de congé, comme on l'a vu plus haut, recommande expressément tous les pèlerins aux soins actifs et-vig'ilans du Schérif. Ces deux lettres sont d'étiquette. Le Schérif fait sa •réponse dans le même esprit, et le Muzdedjy-Baschy en est toujours le porteur. A son retour en Syrie avec la grande caravane des pèlerins , il reçoit encore des dépêches du ■Pascha de Damas , et un rapport juridique de YEscrMoila de la Mecrpte çt dû Molla de Damas ) sur l'heureux retour des pèlerins sans aucun événement fâcheux. Muni de ces xiocumens, cet officier vole à Conslantinople , .où il répand-la joie et Palégresse , ainsi que dans toutes les villes qu'il rencontre en traversant Y Anatolie.. Par la nature même de sa commission , il porte le titre de Muzdedjy-Baschy', qui signifie donneur de bonnes nouvelles. Il a toujours soin d'arriver à la capitale avant là fête de la nativité du Prophète, parce qu'il est d'usage de présenter la lettre du Schérif à Sa Hautesse , dans la Mosquée même de Sultan Ahmed, au milieu de la solennité de ce jour, comme on l'a vu à l'article du Meuloud} tom. II , pag. 358. Il est S ÎV revêtu d'un Caftan , le.turban entouré d'une mousseline noire , et1 décoré d'un plumet. Voyez la planche 56. Nonobstant le pouvoir Souverain qu'exerce le Schérif h certains égards sur le Hidjeaz , l'autorité des Paschas de Damas et de Djidda conserve une grande influence sur la discipline des hordes Arabes qui habitent les frontières des provinces où commandent-ces. deux gouverneurs. Celui de Djidda est en même temps Mutéwelly} ou administrateur de tous les biens Waïfs consacrés à ;l'entretien du temple de la Mecque et de, son sanctuaire , sous les ordres et sous l'inspection du Schérif lui-même, qui, en cette partie , est représenté dans la capitale de ' f Empire par le Kizlar-Aghassy du ; Sérail. Le Pascha de Djidda est par cette raison toujours décoré, comme le gouverneur de Médine , du titre de Scheykh'ul-JIarcm , et obligé en cette qualité de se rendre tous les ans à la Mecque aux approches du pèlerinage. Après avoir exposé ce qui concerne la conduite et la sûreté des pèlerins , soit dans leur marche, soit pendant leur séjour à la Mecque, ainsi que l'office des représentais du Souverain dans l'ordre civil et politique,nous détaillerons ce qui regarde le Mol/a cle cette cité , qui, au nom et sous l'autorité sacerdotale du Sultan, remplit les fondions à'Imam dans cette partie du culte religieux. f. X I V. Du Mol la de la Mecque , en sa qualité de Vicaire du Sultan , dans l'exercice public du pèlerinage. Les fonctions d'Imam dans les différens exercices qui constituent l'acte de pèlerinage en corps , sont cle la plus grande importance aux yeux de l'Islamisme. Toutes ont été consacrées par la loi, d'après l'exemple du Prophète et des premiers Khaliphes ses successeurs, très-scrupuleux à s'en acquitter en personne. A leur défaut, les Princes ou Schérifs de la Mecque présidoient tous les ans à cette auguste cérémonie /et cela jusqu'à l'époque de la soumission de cette contrée aux Monarques Othomans. Alors l'inquiète et jalouse politique de ces nouveaux Souverains enleva cette prérogative aux Schérijs de la Mecque } pour en revêtir le Molla de cette ville , qui l'exerce tous les ans au nom et en la place du Sultan son maître. C'est donc ce magistrat qui aujourd'hui fait l'annonce des trois Khouthbés relatifs au pèlerinage ; c'est lui qui conduit le corps des pèlerins hors de la ville , dans les différentes stations prescrites par la loi ; c'est encore lui qui remplit , la veille de Beyram, les fonctions de VI marne fh. Placé à la tête de toute la troupe , il fait successivement deux des prières du jour dans une même- heure canonique, d'abord-ait mont Jlrafatli, ensuite à Muzdé/ffé, ce qui n'est permis que ce jour- là , et dans ces deux stations. Il veille en même temps avec tous les ministres du Kéabé, à Ce que chaque pèlerin s'acquitte en son particulier de toutes les pratiques ordonnées par la loi dans cet exercice religieux : aussi tous prennent-ils le manteau ïhhram y dans l'une des stations indiquée*» sous le nom de Mica/h y et appelées communément rabik. Voyez la planche 5i. Pendant le pèlerinage, tout autre vêtement est interdit; on n'en excepte que les Nalinns ou Djimdjimé: c'est une espèce de chaussure qui ne couvre que le talon et les doigts du pied ; en entrant dans le temple, on est même obligé de s'en dépouiller , et de les laisser à la seconde porte du vestibule, appelée Bab'us-Sélam-Sany. Ceux -qui par délicatesse ou par besoin veulent garder ces sandales , ou faire usage d'autres souliers , ou se couvrir la tête , ou prendre une fourrure par dessus Y Ïhhram , sont obligés de réparer cette violation de la loi par autant de sacrifices. On a vu dans le texte que la même peine est imposée à tout Mahométan qui entreroit dans la Mecque pendant les trois mois consacrés au pèlerinage , sans être couvert de Yïhhram. Ces mois , appelés Eschhur'ul-Iladjh, sont les lunes de Schewal et de Zilcadé y avec les dix premiers jours de Zilhidjé, qui font la Septuagésime d'un Beyram à l'autre, seules fêtes religieuses de cette nation. Les femmes étant dispensées de porter cet Ïhhram , s'en tiennent , comme à l'ordinaire, au manteau Féredjé, et au voile JTasâhmah. Quelques-unes cependant prennent un grand voile blanc qui leur tient lieu $ ïhhram , et dont elles s'enveloppent depuis les épaules jusqu'aux pieds : celui dont elles se couvrent la tête est toujours suspendu de façon à ne toucher aucune partie du visage. Voyez la planche ôs. Ces voiles , ainsi que les Ihhrams des hommes , sanctifiés par f usage auquel on les emploie , sont conservés soigneusement par les mêmes pèlerins, hommes et femmes , durant leur vie ; et à leur mort ils leur servent de linceuls.. Les femmes , quoique toujours accompagnées de leurs maris ou d'un proche parent, évitent de se trouver dans la foule avec les hommes , sur-tout lorsqu'il est question des tournées autour du sanctuaire^ Quant aux prières prescrites pour les différentes stations, soit au Kéabé, soit dans les environs de la cité, et qu'on appelle mena s s ik, les pèlerins les apprennent par cœur. Tous les ans il s'en débite une infinité d'exemplaires dans les diverses provinces de l'Empire.Ceux qui manquent de mémoire, ou qui n'ont pas le temps de les apprendre, les Grands sur-tout, se font suivre par un Mecquois, ou par un des Délite du temple, qui les récite avec eux dans toutes les stations. La marche processionnelle de cette multitude de la Mecque à Mina , de là à Muzdé-lijé, ensuite au mont Arafath, qui sont autant de stations éloignées* les unes des autres de deux lieues, se fait ordinairement sur des chameaux, sur des mulets, sur des ânesses , et en takhlh-rewann , espèce de litière traînée par des chameaux ou des mulets. On ne voit à cheval que des personnes de la première distinction ; le gros de la troupe marche à pied. Dans la première station à Mina les pèlerins passent la nuit du 8 au g Zilhidjé, avant-veille du Beyram , sous des tentes dressées la plupart entre les quatre pyramides appelées Mill : elles offrent le coup-d'ceil d'un camp immense qui s'étend depuis Mina jusqu'au mont Arqfath, Pendant cette nuit, le Coubbé, qui est une espèce de dôme élevé sur le sommet de cette montagne , est illuminé d'une infinité de lampions. Le Mo lia préside encore à la station du mont Arqfath, qui a lieu le jour suivant, veille du Beyram. Monté sur un cheval, et placé sur une espèce de terrasse aux pieds de la montagne , il commence le cantique Telbiyé, et en donne le signal à la multitude, avec un mouchoir blanc qu'il tient de la main droite. Au moment où le soleil disparoît de l'horizon, il se met en marche le premier, et" dirige ses pas vers Muzdélifé. Ce moment est effrayant , souvent même funeste à une infinité de pé crins. L'enthousiasme les fait courir à toutes jambes pour arriver les premiers dans l'enceinte des quatre pyramides. Dans ce tumulte , plusieurs sont ou étouffes par la foule , ou écrasés sous les pieds des chameaux. Mais rien n'est comparable au désordre qu'entraîne presque toujours le fanatisme des deux partis de Syrie et d'Egypte , qui chargés de la conduite des chameaux sacrés de ces deux provinces, se disputent l'honneur de cette course religieuse : les uns et les autres poussent et animent leurs chameaux avec des cris et des hurlemens épouvantables. Dans la chaleur de leur marche , ils se heurtent , s'entre-choquent, et en viennent quelquefois aux mains ; ainsi, malgré toutes les précautions delà police, malgré la présence duSeize-rif, et le corps d'armée qu'il a sous ses ordres, cet acte religieux se change quelquefois en' une scène meurtrière. C'est en traversant les plaines de Muzdélifé, au milieu de la nuit même, que les pèlerins ramassent les petites pierres qu'ils sont obligés de jeter le jour suivant à Djemré-j-Acabé. Les hommes les enveloppent dans les bords de leur ïhhram, et les femmes dans ceux de leur robe , sans jamais y faire aucun nœud. Les sacrifices de ce jour se font autour des deux Mahallé-j-Mina, deux bourgades considérables , situées entre Mina et le Djebel-Abd'ullah. Cette vaste étendue de terrain est inondée du sang des victimes : l'abandon qu'on en fait aux pauves y attire , des pays d'alentour , une multitude d'Arabes qui se livrent presque toujours aux excès les plus scandaleux. Enfin toutes les pratiques aussi austères que minutieuses qui constituent le pèlerinage, se terminent par des fêtes et des réjouissances dans les trois nuits du Beyram que l'on passe à Mina, et pendant lesquelles le Minarat du Messdjid-Ilaïf est illuminé d'ifne manière extraordinaire. Le Schérif de la Mecque , les Paschas de Damas et de Djidda , et le Bey d'Egypte , sont dans l'usage d'y faire tirer des milliers de fusées à leurs frais. Ces grands officiers , ainsi que les personnes les plus considérables parmi les pèlerins, occupent pendant ces fêtes les principales maisons des deux Mahallé-y-Mina. La musique militairey joue presque sans interruption nuit et jour ; et une bonne partie des pèlerins, sur-tout les Egyptiens et les Arabes , s'égaient dans ces trois jours par toutes sortes de jeux et de bouffonneries, qui n'ont jamais lieu alors dans aucune autre partie de l'Empire. g. XV. De la prééaiinence de la Mecque sur Médine. Excepté l'Imam Malik, toits les anciens docteurs donnent à la Mecque un caractère de sainteté bien supérieur à celui de Médine ; ils se fondent, dans leur opinion , sur les grâces singulières dont il a plu au ciel de favoriser cette cité ; sur le nom de Harem , qui signifie un lieu saint, vénéré, auguste, et que l'Eternel donna à ce territoire, le jour même de la création de la terre et des cieux ; enfin sur l'origine de l'ancien Kéabé , qui, d'après les traditions nationales , y fut élevé d'abord par les anges , ensuite par Adam et par Set h son fils. Ce qui ajoute encore à leur respect profond pour cette cité, c'est, disent-ils , qu'elle a été la demeure des Patriarches Abraham et Ismaël j qu'elle possède dans son enceinte la Pierre-noire et les eaux sacrées de Zemzem j qu'elle donna naissance au Prophète ; qu'elle reçut du ciel les premières révélations cle l'Islamisme et la plus grande Tome III. T 2 si illustre du temps du Prophète et des premiers Khaliphes ses successeurs , comme le premier siège de la puissance Maho-métane, n'est plus aujourd'hui qu'une ville médiocre, dont les murs sont flanqués, de distance en distance, de tours et de bastions. Le précieux avantage de posséder dans son sein les cendres du fondateur de l'Islamisme , l'a fait décorer du nom cle Médiné-y-Mune-wé/é, c'est-à-dire, Médine l'illuminée. Le sépulcre de Mohammed est enfermé dans un Turbé y édifice en pierres d'une construction simple, élevé sur le sol même de la maison qu'habitoit autrefois A'isché. L'Islamisme la regarde comme l'épouse la plus chérie du Prophète, comme la plus vertueuse et la plus chaste de toutes les femmes. Elle est d'ailleurs distinguée, dans la religion, des autres femmes de Mohammed } parce que c'est d'elle que l'on tient la plus grande partie des lois orales et des préceptes de ce législateur. Une tradition commune prétend qu'A'isché vit en songe trois étendards plantés dans la cour de sa maison , et qu'en ayant demandé l'explication au Prophète , il lui dit que ces trois enseignes indiquoient trois tombeaux , le sien, celui d'Ebu-Behir et celui d'O/nen L'événement, dit ici Ahmed-Ejéndy , vérifia la prédiction, puisqu'en effet ils furent tous trois inhumés dans cette enceinte. Ce sépulcre , consacré par la religion sous le nom de Renzajy-Mutahharé, c'est-à-dire, jardin de pureté , est placé au centre d'un superbe temple. Voyez la planche 53. Le Khaliphe Welid I > qui surpassa tous les Princes de sa maison en grandeur et en magnificence, et qui, entre autres beaux édifices, éleva Tan 89 (707) , la grande Mosquée de Damas, Messdjid-Sahhabé , fut aussi le fondateur du temple de Médine. Il est de même forme que celui de la Mecque , et décoré comme lui , du nom de Messdjid-Schérif. Pour donner à ce temple une certaine étendue, TVelid I voulut que l'on abattît toutes les maisons d'alentour, même celle & A'isché, qui tomboient alors en ruines. Omer-ibn-Abd'ul-Aziz son cousin , et alors gouverneur de Médine, éprouva dans l'exécution de cet ordre les plus grandes oppositions de la part des citoyens. Tout Medine s'éleva en murmures contre une entreprise que l'on regar-doit comme impie et sacrilège, sur-tout lors-qu'en remuant la terre sous la maisondAïsché, on trouva des ossemens que les uns crurent être ceux du Prophète , et d'autres ceux du Khaliphe Orner. Ce ne fut qu'en usant de la plus grande sévérité d'une part, et de l'autre en répandant d'immenses largesses , que l'on parvint à calmer les esprits. Trois ans après , en allant en pèlerinage à la Mecque Wzlid 1 eu t la poli tir] ue de passer par cette ville,et de visiter le sépulcre du Prophète avec le plus grand appareil. C'est alors qu'il fit couvrir ce tombeau d'un riche brocard, à l'imitation de celui du Kéabé j cet usage s'est perpétué depuis , et s'observe encore aujourd'hui très-scrupuleusement par les Monarques Othomans. C'est une étoffe de soie rouge, sur laquelle sont richement brodés en or des versets du Courann. On l'appelle AsstarrSchérif, c'est-à-dire , doublure ou couverture sacrée. Elle se travaille à Constan-tinople , sous l'inspection du Kizlar-Agliassy, et se renouvelle de droit à l'époque de chaque nouveau règne, et par esprit de dévotion .une fois tous les trois ou quatre ans. L'ancien voile, comme celui du Kéabé de la Mecque , sert à couvrir les mausolées des Souverains et de tous les Princes et Princesses du sang. La piété de tous les Monarques Mahomé-tans,sur-tout de ceux de la maisonOthomane, s'est toujours signalée par des dons et de magnifiques offrandes envers ce sépulcre du Prophète. On y voit encore aujourd'hui, entre autres monumens de leurs libéralités, une lampe d'or enrichie de pierreries , et un diamant de la valeur cle quatre-vingt mille ducats. L'un est cle Mourad III, et l'autre à'Ahmed I. Tous les Khaliphes et autres Souverains qui ont visité ce sépulcre , en faisant le pèlerinage cle la Mecque , n'ont jamais manqué de prodiguer des largesses aux citoyens de la ville, comme aux Ministres du temple. Ils donnoient en même temps les marques les plus édifiantes de leur dévotion , lorsqu'ils rendoient leurs hommages aux cendres du Prophète. Au premier aspect du tombeau, ils avoient coutume de proférer ces paroles: Salut et paix à toi, ô le Prophète de Dieu / Cet usage coûta cher à un Imam de la race à'Aly. Ilarounn I, surnommé lieschid, qui faisoit tout les ans la visite de l'une et l'autre cité,fut, l'an 179,(79a) accompagné au sépulcre par le septième Imam , Moussa-Kcazim , alors établi à Médine. Le Khaliphe en,entrant dans la chapelle, affecta de saluer Je 1 B o Prophète en l'appelant son cousin (i): Moussa Kcazim eut l'imprudence d'en user de même, et de saluer aussi le Prophète en l'appelant son père (2). L'un et l'autre titre faisoient allusion au degré de parenté des maisons d'A/y et d'Ahas avec Mohammed. Ha-rouan indigné de cette audace du Prince Alewy , ne put retenir sa colère : il l'apostropha d'une manière outrageante, le fit arrêter ensuite, et conduire à Baghdad, où, quatre ans après, cet Imam infortuné mourut dans un cachot, de langueur et d'infirmités. Cet acte de sévérité fit le plus grand tort à la réputation de Harounn I, qui, par ses vertus et ses talens guerriers , est placé d'ailleurs k juste titre parmi les plus grands hommes de sa maison. Plusieurs Emirs se permettent encore aujourd'hui , en visitant le sépulcre du Prophète , de l'appeler leur aïeul , y a Djeddim. (i) Es-Selamaléikéyaressoul'ullah veja amoudjea-zadem. (-2) Es-Selam alsiké yu rass^l' uÙah ve èy peder buzurkuyarim: Quarante CODE RELIGIEUX. 3o5 Quarante eunuques noirs appelés Mow-haffizs ? sont spécialement préposés à la garde de ce sépulcre, sous les ordres du gouver-.neur de Médine , qui en est le premier gardien : cet officier, qui est aussi un eunuque noir, porte le titre de Scheybh-ul'harem, qui Veut dire Xancien , le sénieur du lieu saint. Ordinairement ce sont les Ex-Kizlar-Aghassys du Sérail qui occupent cet emploi important: dès qu'ils sont disgraciés et relégués en Egypte , ils bornent tous leurs vœux au commandement de Médine / et n'aspirent plus qu'au bonheur de consacrer le reste de leurs jours à la garde <*t an service dn tombeau de leur Prophète. Voyez la planche 55. Les fonctions servi les dans ce sépulcre sont exclusivement remplies par les quarante noirs : ils ont soin des lampes et des orne-mens ; ils frottent, nettoient et balaient l'intérieur de la chapelle sépulcrale. Cet emploi leur vaut le titre de Ferrasch, qui veut dire balayeurs, titre hpnorable et consacré par la religion même. Ils jouissent de la plus haute considération : ils ont pour substituts Tome III Y en survivance , plus cle trois cents autres Ferraschs domiciliés clans lamême ville. Tous sont distingués autant par ce titre que par leur vêtement, qui consiste- en un large manteau de drap ou de camelot blanc. Voyez la planche 57. Indépendamment de ces Ferraschs effectifs, il y en a encore environ deux mille , simples titulaires : c'est à proprement parler une espèce de confrérie , dont les places sont toujours recherchées avec ardeur par les premiers personnages de l'Empire , jusqu'aux Paschas à trois queues , qui forment le premier ordre de l'Etat, On arracha à la seule qualification de Ferrasch le plus grand prix dans l'ordre de la religion. Au commencement de ce siècle r leur nombre avoit été fixé à cinq cents, mais comme à l'époque de chaque vacance, l'enthousiasme multiplioit à l'excès les sollicitations , le gouvernement, potir satisfaire au zèle et à la piété des personnages distingués, prit le parti , sous le règne de Moustapha III , cle partager ces emplois en moitié, en quart et en huitième, > , .»ll LaMoT 'CODE RELIGIEUX. 3o7 selon l'exigence des cas et des circonstances. Ces offices ainsi divisés , portent le nom de Kyralh , et on les défère par autant de diplômes , que l'on appelle Férascheth-Bêrathjrs\ Le Kizlar-Aghassy du Sérail en a l'entière disposition, et ce n'est jamais que d'après les mémoires qu'il adresse au Souverain, que s'expédient les brevets de ces officiers. Ils sont conçus en ces termes : » L'ordre suprême dé-» coré du haut et noble chiffre impérial du » plus glorieux des Monarques , etc. a pour » objet ce qui suit : » Comme le saint sépulcre, jardin pur qui » égale les délices du paradis , mausolée em-» baume de pai^fums qui s'élèvent jusqu'aux » cieux, de Mohammed'ul-Mouslapha (l'ami » de Dieu, le coryphée des Prophètes, l'appui » des bienheureux, sur qui soient les béné-» dictions les plus pures et les plus abondan* « tes est le séjour délicieux de l'archange » Gabriel, et un domicile sacré où se fixent » les regards du Tout-puissant, il n'est pas » à douter que le bonheur de s'attacher au * service d'un lieu si saint et si auguste, Vij »ne soit une véritable félicité temporelle et » spirituelle. Aussi le plus illustre des officiers » qui approchent de mon auguste personne , » digne de la confiance des monarques et des « souverains , A. B. le Kizlar-Aghassy ac-» tuel de ma maison impériale , et l'inspec-» teur général des biens Walrfs voués aux » deux saintes cités de l'Arabie , m'a repré-» sente , par un mémoire -déposé aux pieds » de mon auguste trône , que l'office d'un » Kyrath de Férascheth consacré au service du » saint sépulcre à Médine : l'illuminée , la plus » noble de toutes les cités de l'univers, se trou-» vant vacant par la mort de C. D., il en avoit ?> disposé en faveur de E. F. qui le sollicitoit » dans les sentimens de la plus ardente dévo-» tion, comme devant mettre le comble aux » vœux de sa piété et de son bonheur. En con-> séquence de cette disposition faite par une » suite de ma volonté suprême, et de cette fa-w veur spéciale dont le susdit Kizlar-Aghassy » jouit auprès de ma Majesté Impériale , j'ai *> ordonné, par un effet dé ma pleine puissance et de mon autorité souveraine , l'expédition CODE RELIGIEUX. 3o9 i> du présent Bérath , diplôme auguste , en » vertu duquel ledit E. F. succédant aux » droits du défunt C. D. dans l'office d'un » Kyrath de Férascheth dont il étoit en pos-» session, entrera, à compter de ce jour, dans » l'exercice du même emploi, avec la liberté » de nommer et constituer à son gréunsubs-» titut, Càimmécam > pour s'acquitter en sa » place , et sur-tout avec le vêtement requis , » et avec la modestie, l'humilité, la dévotion » et le respect qu'exige la sainteté de ce lieu, » de tous les devoirs attachés à ce noble et au-» guste office auprès du saint sépulcre , qui » est le seuil sacré de tonte interception spiri-» tuclle auprès du trône de l'Eternel. Donné » à Constanlinople la bien gardée, etc. « Ces diplômes sont écrits sur du papier de soie , en grosses lettres d'or et de couleur. Us sont surmontés du chiffre du Sultan, dont les ornemens , qui sont en or , représentent une longue pyramide artistement dessinée. Comme tous ces Ferraschs titulaires sont des personnages de distinction employés ou à la eour, ou dans les provinces , ils-nomment V iij ordinairement pour leur substitut l'un des Ferraschs effectifs de Médine, à qui ils expédient encore leur procuration , avec une copie authentique de leur diplôme. En vertu de ces pièces, le substitut remplit les devoirs de son office auprès du sépulcre, tant en son nom qu'en celui de ses commettants, qui par là sont censés participer aux mérites qu'y attache l'opinion religieuse. L'acte de procuration est toujours accompagné de riches présens , soit en espèces, soit en effets. Ces dons se renouvellent tous les ans , au gré de la générosité de chaque Fcrrasch titulaire , et font un objet considérable pour tous les Ferraschs effectifs de Médine. Us reçoivent aussi des largesses continuelles de la plupart des Musulmans qui vont visiter le sépulcre. Quoique la religion n'impose à cet égard aucune obligation, cependant les pèlerins qui reviennent de la Mecque , et particulièrement ceux qui prennent la route de Médine , vont rendre leurs pieux hommages aux cendres de leur Prophète. Indépendamment de ces deux cités de l'Ara- bie , consacrées par les respects et la visite cle tous les peuples Mahométans, l'Islamisme révère aussi Jérusalem , à cause cle son ancien temple qu'ils appellent Sahhrath'ullah du sépulcre de Jésus-Christ} et des tombeaux des Patriarches. Quelques-uns des anciens Khaliphes, et même des Sultans Othomans, ont donné à cette ville des témoignages écla-tans de leur dévotion. Suleyman I fit même décorer son temple d'un superbe dôme, qui depuis fut réparé avec beaucoup de magnificence , par les ordres et les libéralités cY/Jhmed I. L'Islamisme a aussi un respect particulier pour les portes caspiennes, que les Orientaux appellent Derbend-Cal'assy , Démir-Capou ou Bab'ul-Ebivab. Ce respect est fondé sur l'opinion que l'ange Gabriel y traça cle sa main ce mur fameux Sedd-lskender > dont l'origine remonte à la plus haute antiquité. Une tradition assez commune prétend que le Prophète ne parloit jamais de cette contrée que dans les termes les plus respectueux, ci que peu avant sa mort il en avoit recom- V iv 3a3 CODE RELIGIEUX. mandé la conquête à ses généraux et à ses disciples. Quelques-unes des sectes hétérodoxes parmi les Schijrs , regardent ces régions comme bénies du ciel d'une manière spéciale, en ordonnent le pèlerinage, et vont même , ce qui est très-étonnant, jusqu'à mettre leur sainteté au dessus de celle des deux cités de l'Arabie. §. XVIII. De la distinction dont jouissent, les pèlerins le reste de leurs jours. Tout Musulman qui se destine au pèlerinage se nomme Dallai , jusqu'au moment où il prend Y ïhhram dans l'une des premières stations, aux environs de la Mecque. Couvert de ce manteau , il porte le nom de Mcuhhrim , auquel succède celui de Hadjjr ou El-IIadjh , qui signifie pèlerin. Aussitôt qu'il a satisfait à toutes les pratiques requises pour cet acte religieux, cette dénomination deHadjy que la religion accorde à tous ceux qui ont eu le bonheur de visiter le sanctuaire , de- vient une espèce de surnom que les pèlerins de tout état , de tout rang et de toute condition , conservent le reste de leurs jours. A cette prérogative , qui leur concilie une espèce de vénération dans le public , se joint encore celle de laisser croître la barbe, comme étant une pratique consacrée par la loi et par l'exemple même du Prophète. Ainsi tous les pèlerins Iladjjs portent la barbe par dévotion, et s'en font un devoir indispensable , tandis que le reste de la nation se la fait raser sans scrupule. Ceux des grands et des citoyens des diverses classes qui laissent croître leur barbe, suivent là-dessus leur goût, ou les bienséances que prescrit leur état, plutôt que les dispositions de la loi , comme on le verra dans Ja partie morale. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES Contenues dans les trois premiers volumes. Les chiffres romains indiquent le tome ;etlcs chiffres • arabes , la page. a •A.basside,dynastie de Klialiphcs universels , qui a succédé à celle des Ouiuiiadcs, Tome I, page 231. Hommages rendus à la suprématie de ces Khaliphes par les premiers Sultans Ofcboinans , 2 33. Excès et barbarie de plusieurs ,237. Grandes qualités 3e quelques-uns, 246. Abdesth , Ablution, II, j4.5. Abd'ïïLLAH If ; Barbarie de ce prince, III, 191. A b d1 u l L a h-Ib n-W e n b b b , fondateur de la secte des Haridjys , I , 98. Son opinion sur les péchés, ibid. TABLE DES MATIÈRES. 3iJ Abd'd l-M tj t t a l i b. Ce prince découvre le puits sacré de Zemzem, 111, i58. Vœu de sacrifier un de ses dix enfans, auquel on substitue cent chameaux, 1J9. Abd'usch-Schems, troisième roi de l'Yémen, III, 140. Le premier prince que Ton croit avoir porté une couronne d'or, 141. A b e d é-y-E w s a n n-A d j e m , idolâtre d'une nation quelconque , excepté celle des Arabes, 1, 48. Abedé-ewsann-y4r. oil • m I açuiîanwl L é ï l é-y-M U b a r é k é ; les sept nuits saintes , FF , q . ; . , ;.,| „.»• iloo 8ji m 1 Lettres. Voyez Caractères. L1 h h 1 y é-y-S c11é r1 f ii, barbe sacrée , II, 3 9^. ; L1 n c e u l .5 en quoi consiste l'enveloppement. imi-tatif et suffisant du corps, II, 3o3. Couleur des linceuls, 300". ., >.> L l t u r g | e ; en quelle langue est la liturgie Maho-métane , II, 98. Tome III. A a LiV A j en quoi consistait cette dignité sous l'ancien gouvernement delà Mecque, 111 , 167. Li V.re; rang que l'on donne aux livres regardés comme célestes, I, 202. Enumération de plusieurs livres classiques , 476. Manière particulière dont les Maliométans les cotent , les rangent et les conservent, 4^9- Matières exclusivement traitées dans ces livres , 490. J^uxe des manuscrits , 492. Logique; enseignée dans les collèges , ÏI, 468. Loi ; Pendant le premier siècle de l'Hégire il n'exis-toit d'autre loi écrite que le Cour'ann , T , t. Lois orale» de Mohammed, ibid. Leur recueil en un code universel, 4. Division des lois orales en quatre classes, 5. Distinctions de la loi entre les religions , les nations et les conditions de l'homme , 35 et suiv. Forme adoptée par les commentateurs , 320". On enseigne dans les collèges les lois orales du Prophète, H , 4^8. LOTI ON ; origine de la lotion funéraire , 1, 70". Eu quêrerle consiste, II, 299. Peines spirituelles attachées àla transgression de cette loi , ibid. Avec quoi se fait la lotion, 3oi. Seul exemple où elle n'ait pas eu 1 i eu , 327.' Espèces de soui 1 lu res qu i assujettissent à la lotion, II, 2-5. , .11! ^ ^ oT DES MATIÈRES. S71 Ltjn e j sou cours règle plusieurs exercices de piété , III, 24. Manière juridique den constater l'apparition, 20". Prétendu miracle de sa fraction par Mo-bammed, 2 9 «5. Lus t ration; eu quoi consiste cette pratique , II , iS. M. ]VI a g 1 e 3 noms des plus célèbres devins, l, 334* Vénération que les Egyptiens et les Arabes ont pour eux , 342- Mahhdjinn, sceptre de Mohammed, III, 172. M a h ht 1 l , tribune des mosquées, II, 170. M a h h k É m É , cour de justice , III, 297. M a h h l o u l ; bien vacant, II, M a h h mil, chameau sacré , III, 263. Mahomet. Voyez Mohammed. M a h o m é t a n j peuple qui suit la doctrine de Mohammed. Voyez Musulman. Maï-maïnn, eau pure et limpde d'un fleuve qui traverse le paradis, I, 141. A a ij M a 11\ ; de laquelle on doit se servir pour les œuvres manuelles , lï, 17. M a 1 s o n s j elles sont toutes bâties en bois ,11, J62. M a k o u l. Voyez K 1 y a s s. Ma la d e ; dispenses qui lui sont accordées, II, i5o. Mali k , troisième Imam : sa mort, 1,14. MalikianÉ; ferme viagère des biens domaniaux ou publics , II , J33. Manichéens ; Mobammed I sévit contre ces sectaires , I , 102. Manuscrits; leur nombre considérable dans les bibliothèques des Othomans , II, 492. Commerce qui s'en fait, 494* maroc; quel Prince jeta les fondemens de cet empire, III, iq.5. Marouth, fameux magicien , I, 337- Martyr; promesse faite parla religion Maho-métane à ceux qui meurent les armes à la main, 1, 176. Deux espèces de martyrs , II, 319. Leurs obsèques, 321. Habits dont on dépouille les martyrs militaires , 32 2. Ceux qu'on répute martyrs civils, 324. Entretien sur ce sujet entre Timour efc les Oulémas d'AIep, 348. Le seul des Sultans Othomans qui soit préconisé , 3Jo. Mausolée ; ostentation des Grands dans dis mouu- mens, II, 342. Ceux des saints les plus révérés du Mabométisme, 343. Ce sont les seuls monumens élevés à la gloire des Monarques et des, grands hommes de l'Etat, ibid. MÉc a m- Ibrahim; opinion qui fait révérer cette station du Kéabé , III, 80, io~o. Mecque (la) , cité sainte , où les Musulmans vont en pèlerinage, III, 56. Les péchés commis dans ce lieu sacré sont réputés doublement graves, 99. Importance que le jeûne et l'aumône y acquièrent, 107. Respect pour sou territoire, 124. A qui est attribuée la fondation de la ville, 14J. Origine de l'établissement qu'y firent les Arabes, 149. Son ancien gouvernement aristocratique, 164. Mohammed détruit cette constitution , 170. Position géographique de la Mecque, 178. Epoque de sa plus-grande splendeur, 180. Troubles survenus et révolution qu'elle éprouve, t8i et suiv. Elle passe sous la domination Othomane , 202. Ouvrages pratiqués pour se procurer de l'eau dans cette cité, 2iJ'. Le temple da la Mecque , le seul où le culte public soit A a iij permis suivant les quatre rits orthodoxes, a33. Libéralités des Sultans pour cette cité et pour Médi|te, 2Ô"8. Prééminence de la Mecque sur cette deruière ville, 289. Opinions sur les animaux qui viennent dans le territoire de la Mecque , 290. Les pèlerins ne peuvent séjourner dans cette cité après les fêtes de Beyram , 292. Les non-Musulmans n'ont pas la faculté d'entrer à la Mecque ni à Médine , 293. Monumeus les plus remarquables de la Mecque, 297. Aridité de son sol, 398. Voy. KÉABÉ, pèlerinage, ScilÉlUF. M É E R E B , ancienne capitale de l'Yémen , ï 1T, 140. MÉDECINE; causes qui retardent les progrès de cette science , II, 347. Collège destiné à son étude, 469. Medjeoussy, Igmcole ou sectateur de Zoroastre , r, 48. MÉDINE , capitale de l'empire de Mohammed, HT, 160. Révolutions qu'elle éprouve , 190. Soulèvement qu'y occasionnent les cruautés d'Issa-Ibn-Moussa, 193. L'entrée de cette cité est interdite aux non-Musulmans, 293. Son état actuel , 299. Sépulcre de Mohammed et vision d'Aïsché à ce sujet, 3oo. DES MATIÈRES. B7S Medresses; études qui se font dans ces collèges , II, 475. Celles particulières des enfans des Oulémas et de la jeune noblesse dans la maison paternelle, 477- Meghass , fondateur et premier Prince de fit Mecque, suivant la tradition des Musulmans , IFI, 148 , . iJ3. , Mehhalé. Voyez Marouth. M e h h d y , singulière opinion sur l'apparition et le retour de ce dernier Imam de la race d'Aly , I, a 66. Des imposteurs abusent de cette croyance , 267. Portrait de cet Imam, a68. M e 1111 lé. Voyez H a r o u t h. M E k k é ou MekÉ' y-Muke r r ÉmÉ ; la Mec'qUe , III, I79. Mekrouhh, lois prohibitives, 1,84. M e k t e r , École publique , IF, 464. MÉ la 1 k é-y-M ukarribinn, anges favoris, I , 43r. M é l e k' d l-m e w t h , ange de la mort, 11,296. M é l 1 k. Voyez E mi r. M e m p 111 s , fondateur de cette ville , I , 336. A a iv 376 TA Ii LE Mén ann) chapelet, III, 207. M é n A t h ; idole, III, 176. MÎnawouS) honneurs divins par lui rendus au boeuf, 1,338. Mendicité ; elle n est point permise au pauvre quia sa nourriture pour la journée, III, 406. MennÉAwouseh; on lui attribue la découverte des secrets du grandœuvre , 1, 338. Menstrues; objets auxquels ces accidens périodiques servent d'époque , ii, 4.1. Messdjid, temple de la dernière classe, 11, 19 3 , 4J4. M e s s d j 1 d-S c h é r i f. Temple qui entoure le Kéabé , III,2io. Son superbe péristile , 2 r r. M e s s h , bain des voyageurs , 1 , 32 2 ; II, 20. M e s#s 1 e. Voyez J é s u s-C h r i s t. MÉsth; seconde chaussure "avec laquelle on entre dans les temples, II, 172. MET A F , nom donné à une enceinte du Kéabé , III, 188. métempsycose , doctrine d'Ahmed-Ravrendy à ce sujet, 1, 100. DES MATIÈRES. 377 MÉTOUSCH alk. Voyez MÉTU8ALEM. MÉTD8ALEM; sou origine, I, 77. Durée de sa vie , ibid. M e u h h r1 M , nom donné au pèlerin couvert du manteau, ïhhram, III, 3o6. Meuhyed-dinn Maghriby, le plus fameur des astrologues Arabes, I , 4.17. M EWLOiïDj Fête de la nativité de Mohammed, II , 3-58. Où et comment elle se célèbre , ibid. Etiquette qu'on y observe , 20"9. Panégyrique qu'on y prononce , 362. M E w L o u d-K H A n A n ns , ministres du Courann , II, 364. M. E w L o U D1 v É. Hymne sur la nativité du Prophète, ir, 364. M É z A H IB-E R BEA, nom donné aux quatre rits orthodoxes du Musulmanisme , I , iS. MiKATH, nom de plusieurs stations autour de la Mecque, III, 63. Michel; fonctions de cet archange , I , 43ii M1 H h r A b ; autel : fn quoi il consiste , II, 169. Mihman-KhanÉ. Hôtel entretenu autour des mosquées pour les voyageurs indigens, II, S22. 3y8 TABLE M i k a t r,. Voyez M r c h e r.. Mina , lieu .consacré aux sacrifices dans les environs de la Mecque , I, 74. Par qui seulement l'office religieux peut être exercé dans ce lieu, II, 194. Minaret, tour d une mosquée , dans la galerie de laquelle se place le Muczzinn, II , 164. Leur nombre sert à distinguer les mosquées des trois classes, 4.^. Ministres, facilité avec laquelle on leur fait adopter des projets utiles , et abandonner les préjugés nationaux, II, 485. Heures auxquelles ils donnent audience ,111, 3ô". M1 n n b e r ; chaire uniquement consacrée au ministre Katib, II, 170. Miracle; ceux de Jésus-Christ ,1, 189 ; de Mohammed , 196. Vertu miraculeuse des saints, 204. M1r a d j h. Voyez Ascension. Mir-a l e m, chef des Chambellans du Grand-Seigneur, III * 44. M1 s s c a l ; en quoi consiste ce poids , II, 416. Missketh, une des quatorze principautés de l'Arabie, Ht, 140. DES MATIÈRES. 379 M r s s 1 o N j celle des Prophètes , 1, 177. MIS S R A ï m , tige de la première dynastie des Princes Missraïmiens en Egypte , l , 334- Nom des plus fameux cabalistcs parmi ces Princes, 33J. Seconde dynastie , 336. Ml z a b ; gouttière d'or du Kéabé , HT , 2 3o. MœuteziLÈs, secte dont Wassel-Ibn-Ata fut le chef, I, 104. Mohammed; but que ce législateur s'est proposé , 1,63. Où il a puisé ses maximes, 64. Comment il est réputé avoir reçu les feuillets du Cour'ann, 84. Révélation de sa prétendue mission , 8.Î. Sa retraite dans une grotte, ibid. Apparition de l'ange Gabriel, 86. Il reçoit le don de lire , et l'ordre de prêcher, ibid. Emotions qu'il éprouvoit à la lecture du Cour'ann, 87. Schisme élevé au sujet de son apothéose, 97. Appaisé par Orner, ibid. Il est regardé comme le dernier et le plus émiuent des Prophètes, 178. Sa naissance, 192. Opinions singulières sur sa préexistence , 193. Passages de la bible et de* l'évangile où l'ofl prétend qu'il est question de lui, t 94. Evènemens extraordinaires sur lesquels on fonde sa mission, 196. Miracles qu'on lui attribue , 197. 38o TABLE Ses différcns noms et titres, 200. Son portrait 201. Dogme sur son ascension, 2o3. Prédictions de plusieurs devins qui contribuèrent à ses succès, 342. Vision qui augmenta le prestige, 344. Sex dernières paroles, Tî, 297. Celle d'Aly après la lotion funéraire du Prophète, 3o2. Exemple de la résignation de Mohammed aux revers , 332. Fête de sa nativité ,3^8. Ses reliques, 381 et suiv. Chapelle qui les renferme, 397. Encore simple citoyen ii concourfcavec le peuple à la réédification du Kéabé, III , 162. Sa décision adroite au sujet de la Pierre-Noire que les différentes tribus s'envioient l'honneur de placer, i63. Moyens qu'il emploie pour la propagation de sa doctrine, 171. Dans quelle vue il fait un premier pèlerinage à la Mecque, 239.Sa négociation avec les Coureïschs àHeudeibiyé, 240. Second pèlerinage et institution de nouvelles pratiques , 243. Conquête de la Mecque , 24.Ï. Nouveau pèlerinage fait avec pompe, et progrès de l'Islamisme, 246. Autre pèlerinage et prédication de Mohammed, 247. Le jour de cette solennité par lui fixé d'une manière perpétuelle, 2J0.Sépulchre du Prophète à Médine, 299, Qui en est le premier gardien , 299. Voile donton le couvre, 302. Autres offrandes faites àceSépulchre par les Monarques Mabométans , 3o3. Sévérité d'Harounn I, envers l'Imam Moussa Kéazim, à l'occasion de ce tombeau , ibid. Mo h a mme Dr. Voyez Manichéens, I, 103. Mohammed II; pronostics sur ce Monarque, conquérant de Constantinople et destructeur de l'empire Grec , 1, 373. Songe mystérieux , 3yS. Mohammed III; singularité pour laquelle il fut nommé Octacuple , 1, 209. Victime de sa crédulité, 407. Mohammed VII; ses débauches , sa tyrannie , sa mort, 1, 348. Moh amme d-Ibn-Ab d'u L l a h ; ses succès et sa mort, III , 190. Mohammed Mehhdy-Ibn-Tcjmereth, fondateur de la secte des Muwahhidiuus , on adorateurs de f unité , 1, 107. Moïse; opinions des Musulmans à son sujet, I, i83. Molla, juge ordinaire d'un lieu, II , Sàfi. Fonctions de celui de la Mecque, III ,281. Monarchie ; division de l'orient en deux monarchies universelles , I, 226. Progrès rapides'et étonnaus cle celle des Mahoiiiétans , 227. Véritable constitution des états Musulmans , 260. Unité de pouvoir, et dépendance des Souverains qui suivent les quatre rits orthodoxes, 2 63. Monde ; sa définition, [ , 62. Opinions des Otho-maus sur sa création , 67. Signes de sa fin donnés par Mohammed , 434. hlvènemens qui auront lieu à cette époque , 42S. Résurrection du genre humaiu quarante ans après sa destruction , 426. Monnoie, le droit de la faire battre et celui du Kouthbé, les seuls droits régaliens des potentats Mabométans , II, 207. Morale, enseignée dans les collèges, U , 468. Morts; oraison qui leur est consacrée, II, 3oç;. On ne porte pas leurs corps à la mosquée , 3n. Seul cas où il est permis d'ouvrir un cadavre , 318. On n'exhume point les corps, 346. Traits historiques sur finfractiou de cette loi , ibid. Ou n'embaume jamais le cœur d'un mort, 347. MOSQUEE; à quoi se réduisent les décorations de ces temples, II, 168. La principale mosquée de l'empire, 3^4- Étymologie de ce mot, 447. Division des mosquées en trois classes, 448. Nom des quazorze mosquées ImpérialesdeConstantinople, ibid. Leur magnificence , 4J0. Les dômes et les fcoîts sont couverts en plomb , ibid. Leurs prérogatives , 4S1. Nom des plus considérables mosquées ordinaires, ibid. Ou en compte plus de deux cents, 4.J2. Superstition au sujet d'un vase conservé dans la plus ancienne de ces mosquées , ibid. Droits dont jouissent ces temples du second ordre , 4Ô"3. Les Messdjids, temples de la troisième classe , 4.5*4. Edifices qui entourent les mosquées , 4.5*9. Hôtels pour les voyageurs iudigens, et bains publies entretenus autour de ces temples , S 22. Revenus de» mosquées Impériales, .538. M o u g h a ï r é I b n S a ï d , forme sous laquelle cet hérésiarque présentoit la divinité , I, 99. M o u H ass a b, lieu réputé saint près de la Mecque, III, 98. Mouphty, chef de la religion Mahométaue, T, J.2. Mo u r Ai) II, pronostics heureux et malheureux sur ce Prince , 1, 368. M ourai) III , pronostics malheureux tirés des premières paroles de ce Sultan , 1, 390. Songe merveilleux , 394. II cause sa mort, 40J. 384 TABLE Mo u R AD ÏV , son esprit superstitieux, l, 41 3. Moussa. Voyez Moïse. M o us t a c h e , quel est le premier homme qui a fait usage des ciseaux sur les moustaches , T, 1 83. Mo v se. Voyez Moïse. Mu A t t a l É, une des six classes de douze sectes élever* dans l'Islamisme , 1 , no. Mu AWIYÉ, premier Khaliphe Ommiade , T, 22S. M u a y edÉj en quoi consiste cette cérémonie ,11, 228. MuBAHHIYE, secte dcrislamisme, 1, 110. Mue ANNA. Voyez Ata-Hakem. MudÉriss, professeur, II, 470. MudjeAWIR, nom donné aux dévots qui, après leur pèlerinage , font un long séjour à la Mecque, III, 292, M u D j h t e 11 H 1D , interprète sacré ,1,9,21. Ces Docteurs ne sont pas réputés infaillibles , 429. Mue z z in n , origine de cet office, II, 109. Fonctions du Muezzinn ,110. Etat de pureté requis pour l'annonce de l'Ezann ,114. Manière dont elle se fait, 164. Muezzinns particuliers à titre de chapelains, ryS. 170". Cantique que les Muezzinns des mosquées chan- tentavant l'aurore , 3S 2. Hymne des vendredis, 353. Cantiques de minuit pendant le Ramazann, 3^4-. Mufettisch, magistrat subdélégué par le Haré- méïnn Mufettiseby,. II, J40. Mufti. Voy. Mouphty. Muïd ou Muridj étudiant dans un collège, II, 469. Mulhhidys , l'un des noms sous lesquels l'Islamisme désigne les bétérodoxes, I, 109. MïïLK, bien libre , en opposition aux Wakfs qui sont des biens engagés, II, ô*4,5\ Multeka-ul-Ubhhur, titre sous lequel est connu le recueil de toutes les lois canoniques, 1, 2,3. MuLTEZEM, lieu fort révéré dans le sanctuaire Kéabé ,111, 189. Munedjim. Voyez Astrologie. Muned JIM-Bascii y; chefs des astrologues, I, 416. M u re r b a-W e f k , écrits mystérieux dont se servent les astrologues , 1, 418. M u r t e d d , apostat qui abjure la foi Mahométane, 1,48. Tome III. Bb 386 TABLE M u RTEZicA,, uuni de ceux qui jouissent de pensions charitables , I[ , ^44. MusCH EBBElIHÉ, une des six classes de douze sectes nées au sein de l'Islamisme, 1 , no. M u s c n r 1 k 1 n n , polithéiste , I , 37. Voyez KÉAFl r. M us i que; interdite par la loi , et peu cultivée parles Mabométans ,11, 2 3o. Mussafir, homme en voyage, If, I4-5", etsuiv. M y s s a F i r-K ii a n É. Voy. M i h m an-K h a ne. Mussalla, oratoire, H, 193. M lissAWÉRlYÉ, secte de l'Islamisme , I, no. M u s s liM , nom donné aux peuples qui professent la foi Maboméume, T, 36. Musttahhsenn, lois positives , considérées seulement comme des actes louables , 1, 34. M u s t É É m 1n n ; nom sous lequel on désigne tous les étrangers qui se trouvent dans l'Empire, T, 4^' Musulman ; origine de l'opinion que tout homme naît Musulman , III, 219. M ut t e s s a r 1 F , tenancier d'un Wakf, II, SS3. Mutewelly, administrateur d'une mosquée, II, DES MATIÈRES. 38/ 368. Des donations qui lui sont faites , 439 , ô"24. Ses obligations, J47. f Muwahhidinn, adorateurs de l'unité, 1, 107. Mu wesch ih , cbantre , 11, 364-M u w e T t a, ouvrage très-estimé , sur les lois orales du Propbète , I , 10". MuzdelifÉ, une des stations du pèlerinage delà Mecque ,111,89. Mystère; la mission des Prophètes en est un, I, *77- _ . /. N. Nacrasch; il est regardé comme le premier qui représenta en figures et en images les douze signes du Zodiaque, 1, 335. NACRA wouscii , le premier Prince d'Egypte qui excella dans l'astrologie, 1, 334- Nadazly-sary Aed'ur-rahhmann E f e n d y ; opinions de cet impie , 1, 1J9. Sa mort, 160. N A f1 r< e , pratiques surérogatoircs , 1, 3ô". N AÏ b , vicaire judiciaire , 190". B b ij 388 TABLE Nak ib'ul-Eschr a f , chef des Emirs, II,36r 391. N al 1 n n , espèce de chaussure , HI , 2 83. Namaz , prière dominicale, lï, 70. Conditions requises pour s'en acquitter ,71. Pratiques qui la constituent , 77. Il est d'obligation pour toutes les classes des citoyens , 96. En quelle langue il se récite, 98. Quelles sont les cinq heures canoniques, 99. En quelles circonstances on peut réunir plusieurs Namazs , 10S. Quand on peut s'en dispenser, 107. De cette prière faite en commun, 117. Qui doit présider l'assemblée, 118. Par quoi la prière commence , 119. Formes à observer dans le Namaz t fait par uue assemblée de femmes, 121. Rang dans lequel se placent les fidèles , 122. Conditions requises pour la valadité du Namaz, 128. Trois classes de Musulmans qui font le Namaz eu commun, 129. Circonstances qui en exigent le renouvelles ment, 2 3o. Souillures qui ont un effet pareil, iSS. Observations générales sur la prière Namaz, 1S8. Attention extrême des Musulmans de tous les rangs à s'en acquitter , 16S. Précision des exercices qu'où y fait, 173. Obligation de s'en acquitter en commun, 178. Recueillement qu'on y apporte , 179, DES MATIÈRES- 38o Namazs des malades après leur rétablissement, 182. Observations sur le Namaz des marins , ibid. Obligation aux héritiers de satisfaire par des aumônes aux Namazs négligés par un défunt, i83. Voyez Prière, Salath. N a s s o u ii-P as G h a, horoscope qui cause la mort de ce Vézir , 1, 407. Les rues de Constan.tinoplc purgées par ses ordres des chiens qu'on y laissuit courir , 408. > Nassrany, chrétien , I , 48. N AT h-S chérif, hymne à la louange du Prophète , 11, 363. Nazareth; inspection de Wakfs , Il, S24. Nazir, inspecteur général des deniers sacrés ,ïf, 3J9. NÉANT, les Mceutézilès n'en admettent point dans la nature, ï , 422. Néby. Voyez. Prophète. N e d J h d-1Ii d J e a z et N e d J h d-Y e m e n , deux des quatorze principautés de l'Arabie , III , 140. N é d o u ré, célèbre magicienne , qui établit le culte de la grande idole du soleil , ï, 337. Edifice inagi- Bb ï»| que qu'elle fait construire pour la conservation" de • l'Egypte, 340. N e d w* e t h ; quelle était cette dignité dans l'ancien Gouvernement de la Mecque , lit, 168. Nesserz y, idole, TU , 176. N e s s k h ou N e s s k ii y , caractère qu'on emploie pour les livres , If, 474. N e s s k h-D jértssy, caractère des légendes , II, 47.5. Ne u b e t h ; parade , qui consiste sur-tout en une musique militaire , T f T , 47. Anecdote sur Osman T, relative à l'origine de cette cérémonie , TTI, 49. Ni re ndjeath , science Arabique, ou divination , I, 418. NischANN, marque imprimée sur la victime destinée au sacrifice du pèlerinage , IIf, 114, N 1 s s A b j taux décimal , II, 407. NoÉ , son origine, I , 77. Premier nom qui lui fut donné , ibid. Ses imprécations contre le genre humain , 78. Construction de l'arche , ibid. Déluge, 79. Sortie de l'arche , ibid. Lieu où Noëse fixe, ibid. Sa mort ,80. Sa postérité , ibid. Construction de la tour de Babel , ibid. Confusion des DES M A T I È R E S. 39i langues et dispersion , 81. Voyez DÉlugk. Nom; d'où dérivent les noms que prennent les Arabes et les Mabométans , l, 207. Eu quel temps on en donne un aux nouveaux nés, 294. Eu quoi consiste cette céiémouie , 29J. Elle uexige point de parrains , ibid. Nouhh. Voyez NoÉ. N o u r-l mann; la poitrine , réputée le siège des lumières de la foi , Il , 308. Nuit , les sept nuits saintes, Leïie-y-Mubareké , ÏI, 373. Comment on les célèbre, 376. Crainte qui empêche les maris de coucher avec leurs femmes dans ces nuits , 377. Le Sultan passe Tune de ces nuits avec une esclave vierge, ibid. O. Obsèques, à quoi se réduisent celles d'un fidèle , ŒtJCAB, nom du drapeau de Mohammed , II, 379. Œ u m a n n , une des quatorze principautés de l'Arabie , ïf ï , 140. > Œ cj m r é ,• chapelle à quelque distance de la Mecque , lll, 70. Visite des pèlerins, 107. CE u v r E s 3 différence des bonnes oeuvres et de la foi, I,162. Œ-uza, idole, TU, 176. CE u z e ï r. Voyez. Es d r a s. Office, ordre qui s'observe dans les offices publics, IT, i73. O Ai e r T ; trait de génie de ce Khaliphe, T , 2 3o. Haute opinion qu'en avoit Mohammed , 3o.S". Om mi a des, origine de leur sacerdoce, T, 220". Ils.succèdent aux quatre premiers Khaliphes , 23l. Oraison; en quoi consiste l'oraison paschale, IT , 222. Son heure spéciale, et quand elle doit nécessairement avoir lieu, ibid. Voyez. Prière. Oreille; origine de l'usage de les percer aux femmes , TTT, 147. Oriflamme; respect pour cet étendard sacré, II , 383. Sa description, 384. En quelles circonstances on le transporte à l'armée, 38J. Quels officiers en sont les enseignes, 387. Enthousiasme que sa vue excite , 388. Massacre occasionné parce fanastisme, 389. Voyez San d je ak-Sché rif. Osman I , troisième Khaliphe 5 tristes suites qu'eut DES MATIERES. 3o3 la perte de l'anneau de Mohammed, I, 34-J. O s m a n I, fondateur de la marine Othomane ; prédictions favorables à ce prince, 1, 35* • Sa passion pour Malhounn - Khatunu , 3<5"4. Songe extraordmaire, 356. Belles paroles adressées par ce Sultan, au lit de la mort, à Orkhann, son fils,, II , 479' Osman II; suites malheureuses d'une vision, 1, 410. O TH , argile qui sert à épiler, II ,' 62. Othoman, titres sur lesquels sont établis les droits de la maison Othomane , I, 269. Ordre de succession observé, 284. Causes des révolutions que la monarchie Othomane a éprouvées , 347. Qui en a été le fondateur , 349. Oulémas , docteurs de la loi Mabométane , 1, 20. . Ministres à la fois de la religion , de la loi et de la justice , 2J7. O D l o u m-A r é b 1 y é ; pratiques observées pour les sciences occultes ,1,418. P. ' ' \ Paradis; dogme de l'Islamisme à son sujet, T , 140. Huit degré*; de béatitude, 141. Fleuves,qui arrosent le paradis, ibid. A qui il est promis, 3oo. Délices dont on y jouit, 318.. Anecdote 'qui / prouve l'Empire de cette opinion sur les csprils, ibid. Parfum; les trois instans auxquels on doit parfumer un Musulman décédé ,11 , 3q6. Par o l e jpronostîc que l'on tire des premières qui sor-tent de la bouche d'un nouveau Monarque , \ ,389; P a t r ï a r en ES'i vénération des Musulmans pour la cendre des Patriarches et des Prophètes , T, 309. Patrie 3 distinction en trois espèces , II ,144, ~ PÉC h é s 3 on les distingue en graves et en légers , T , " 144. Leur éuumération 14Ô". Intercession des Prophètes , en faveur des fidèles coupables de grands péchés , 146. Pèlerinage ; à qui l'origine en est attribuée , J , i83. En quoi il consiste , T[[, 55. Il est d'obliga-; tion divine , 56. Motifs de dispense, 5<). La femme doit être dans la compagnie de son mari ou d'un proche parent, ibid. Pratiques que chaque Musulman est tenu d'observer dans le pèlerinage, 63. Singuliers motifs de la défense faite aux femmes de ' hausser la voix en chantant IcTelbiyé ou tout autre cantique , 67. Costume des pèlerins , 68. Dif- férentes prières que font les pèlerins dans les sept tournées TaWaf, autour du Kéabé, 76. Marclie qu'on y observe , 79. Pratiques communes aux pèlerins, 84. Jet des sept pierres, 91. Cérémonies qui se font à la sortie du temple , 100. Distinction des pratiques du pèlerinage d'obligation divine, canonique ou imitative~ 101 , et suiv. Excellence du pèlerinage, 106. A quelle époque se fait la visite de l'CEumré, 107. Quatre différens actes de pèlerinage , 108. Noms donnés aux pèlerins qui s'en sont acquittés, ni. Sacrilk-cs que font les pèlerins ? ibid. Peines satisfactoircs des pèlerins transgresseurs de la loi , Causes qui rendent le pèlerinage nul , 116. Empëchemens légitimes qui peuvent survenir dans le cours du pèlerinage , 12.5. Pèlerinage acquitté par un mandataire, 128. Obligations personnelles à celui-ci , 133. Pèlerinage fait volontairement par un parent du défunt, 107. Prières et pratiques enseignées à ^Abraham par l'ange Gabriel, rô"3. Pratiques instituées par Mohammed , 2A3. But primitif du pèlerinage , 249. Le jour de cette solennité fixé d'une manière perpétuelle, 2S0. Attention scrupuleuse des Mabométans. â s'acquitter du pèlerinage , ibid. Nombre annuel des pèlerins, et singulière opinion S96T TABLE à ce sujet, 2S2. Rigueur de ce précepte, 2.53. Le Sultan ne s'en acquitte pas en personne , 2.55. Par qui il est représenté à la Mecque. 256. Ordre de ; la marche des.caravanes, 274. Pèlerinage des Afri-quains, 276. Marche processionnelle aux différentes stations, 28J. Désordres qui naissent souvent du fanatisme des deux caravanes de Syrie et d'Egypte, 286. Fêtes et réjouissances qui terminent le pèlerinage, 288. Distinction dont jouissent les pèlerins, 3o6. Ils conservent leur barbe , 307. pEND-AïTAR, poème Persan estimé, II, 476. Perse; causes de la fureur des guerres qui ont eu lieu en divers temps , entre les Persans Ôchiys et les Othomans Sunnys, I, i3<5'. Rigueur avec laquelle les Persans traitoient les Oulémas faits prisonniers , ibid. Anathême de Mohammed auxquelles on a attribué les désastres de ce royaume , 298. La langue persane est très - douce ,11, 472. Pharaon,, grand cabaliste ; ses cruautés, 1, 3 35. Pharaon Ht, il ne peut détruire l'astrologie , T, m 338 , 339. ' ■ f ::. r Pharaon IV, c'est celui/de Joseph. Pharaon VII, c'est celui de Moïse, T, 339. Philosophie ; enseignée dans les collèges,11, 468. P1e d ; de quel pied ou doit entier dans les mosquées, II, 17. Pierre qui porte l'empreinte de celui de Mohammed, 3 9 5. Pie r r e ; jet des sept pierres par les pèlerins, III ,91.' Pierre-Noire; hommages que Ton rendu la Pierre-Noire du Kéabé, III, 73. Opinion des Musulmans à son sujet, 74- Son origine fabuleuse , 218. Sou enièveuieut et sa restitution par les Cara-niathcB , 2,20. Elle est mutilée par un fanatique, 221. Polythéisme, regardé comme un péché irrémissible, I, 144* Por c , sa chair réputée impure dans l'Islamisme, II, 33. Porte; respect que les Musulmans ont pour les portes Caspieuues, III, 3oô~., Prêche; celles qui se font dans les mosquées , II, 369. Prédestination; dogme de l'Islamisme à ce sujet ,1,165. Distinction des cas où l'on admet 3c,8 T A B L E le fatalisme ou le libre arbitre, 166. Effets dangereux du système de la prédestination ,169. Orner se met au-dessus sde ce préjugé , 171. Bayézid I[ suit son exemple, 172. Les Musulmans ne suivent pas le dogme du fanastisme dans leurs actions privées , 174. Avantages que la politique retire de cette opinion , 17J. Prédicateur; ceux des mosquées , JT , 069, La plupart ne prononcent pas leurs discours de mémoire, 870. Voyez, Sermon. Prédiction, lesquelles seules on peut admettre , J, 333. Empire des fausses prédictions sur l'esprit des Orientaux . 34-5". PriÈRE, ce qui a donné naissance à la prière funèbre , 1, 7-5*. Elle est requise pour tous les morts, 292. Effets qu'on lui attribue, 422. Comment Dieu agrée les prières des fidèles et des infidèles, 423. Différentes espèces de prières, II, 69. Définition de la prière en général, 70. Prière Dominicale ou Namaz, ibid. Conditions requises pour s'en acquitter dignement ,71. Essence de cette prière 76. Attention que l'on doit y apporter, 88, 9.5". Heures canoniques, 99. Heures où l'on doit s'abstenir de la prière, t 04. Les femmes ne doivent point prier avec les hoimnes , 121. Souillures survenues au milieu de la prière, 127. Choses blâmables dans la prière , i36. Prière dominicale des voyageurs, 142, Celle des malades , 1 <5o. Prière satisfactoire, io"3. Les marins autorisés ci faire la prière assis, lorsqu'ils sont en mer, 182. Celles qui se fesoient dans le temps des éclipses, de la disette d'eau, 236. Semblables prières dans les calamités publiques, 244. A quoi elles se réduisent maintenant, 248. Lieux interdits pour la prière , 26S. Différentes prières de dévotion , 268. Prières surérogatoires, 270. Lhie 1 fois commencées parle fidèle, elles deviennent obligatoires , 271. Celles pour les agonisans et les morts, 296. Pour qui, quand et par qui la prière funèbre doit être faite, 3o6. Eu quoi elle consiste, 3o8. Quelles personnes eu sont privées, 32 3. Nom des diverses prières de subrogation, 352. On désigne eu général sous le nom de prière, toutes les œuvres religieuses, pécuniaires, corporelles ou mixtes, TU, 129. Prières qui peuvent être faites par un mandataire, i3o. Voyez Salath , Namaz , Souillure. Printemps; à quelle époque de Tannée il commence chez les Musulmans, T, 188. Prononciation; celle consacrée pour les paroles du Cour'ann , II, 47S. Prophète; objet de la mission des Prophètes, I, 177. Le premier et le dernier, ibid. Leur nombre, 178. Leur distinction en simples Prophètes, Néby, et en envoyés de Dieu, Ressoul , 180. Dénomina-nations dotràées ù plusieurs, 181. Tls sont supérieurs aux saints , 32 3. Les Prophètes humains réputés supérieurs aux Prophètes angéliques , 430. Qualifications de plusieurs personnages regardés comme Prophètes, 3J7. Prosodie, nombre des prosodies adoptés pour le chant spirituel, II, 173. Prosternation; quand le fidèle est tenu de faire celles que l'on appelle satisfactoires , Il , 141. A la lecture de quels versets du Cour'ann on est tenu d'en faire , 273. Pureté ; moyens de rappeler à la pureté les objets qui ont contracté quelque souillure , II, 10 , etsuiv. Quelles substances sont réputées pures ou impures, 2 9. Voyez Femmes. Purgatoire, admis dans l'Islamisme , T , 142. A qui il est réservé, ibid. Purifications, DES MATIÈRES 401 Purifications,à qui on en attribue l'origine, I, i83. Objet cle leur institution , 11, 7. En q'îoi elles consistent , 8. Eaux qui y sont propres ,20. Purifications pulvérales , 46. Manière de les employer au défaut d'eau , 47. Observations générales sur les purifications , 5z. Motif qui a porté Mohammed à en faire une loi, 0*9. Souillures qui en exigent le renouvellement, 135. Pyramide; le premier Prince égyptien qui en éleva, Ï,33S. r. R a f a z l y £ | une des six classes de soixante-douze sectes nées au sein de l'Islamisme , I, 110. R a f a z y , sectaire , 1, 98. Ramazann, jeûne observé pendant les trente jours de cette lune, II, 231. Dévotion qui éclate à cette époque, 2 3J. Voyez Je fuie. Rasoir ; qui s'en est servi le premier, I, i83. R e ï s , dignité dans l'ancien gouvernement de la Mecque, III, 170. RÉïs-E f e n d y , grande haneelierde l'empire, If 1, 4J. Religion; peine corporelle encourue par la transgression volontaire d'uu précepte religieux, III, 29* Tome III. Ce Reliques, vénération des Mabométans pour elles, If, 378. Celles relatives au Prophète, 38i. Celles relatives à ses disciples , 396. Chapelle où elles sont déposées , ibid. Combien cette chapelle est révérée , 398. Prudence employée pour arrêter les entreprises des imposteurs au sujet des reliques, 399. A quoi se borne , à leur égard, la dévotion des Musulmans, 400. RÉmel, singulière pratique qui s'observe dans les tournées autour du Kéabé de la Mecque , III, 79. RbpAS , ceux qui ont lieu pendant le jeûne du Ramazann, III, 32. Les hommes toujours séparés des femmes pendant les repas ,33. Etiquette de ceux du Sultan , 3ô~. R e s s m-F éraghath, Lods et ventes , II, ô"J8. Ressoul, Envoyé de Dieu i I, 180. Voyes Prophète. R e s s o u l-M é l a ï k é , Envoyé angélique , 1, 43 r. Résurrection ; celle des morts est certaine, I , i38. .Re t r a i t e , en quoi consiste cet exercice spirituel, III, 19. Retraite imitative, 20. Obligations qu'elle- DES MATIÈRES. 4o3 impose ,21. Retraite votive , 2 3. Retraite suréro-gatoire, ibid. Révélation, quels êtres en ont reçu le don , I, 179. R H é t.o Riq u e , elle fait partie de la science des allégories enseignées dans les collèges, Il, 468. Ri c a d e t h , charge daus l'ancien gouvernement de la Mecque, Tfï, 168. R1d J E A l-M AZOULY, ex-ministres , III, 40. RlK'a, caractères employés pour les mémoires et placcts, II , 474. Ri K1 A t H , pratique religieuse qui fait partie du Namaz ,11, 82. Combien il en faut pour les cinq Namazs du jour, 167. Voyez Namaz. R ï k k , serf ou esclave, 1, 49. RiKKiYETH , condition serve , ï , 49. RlRE, un éclat de rire pendant l'ablution ou la prière oblige à la recommencer, II, 22. Rit, quatre seulement sont envisagés comme orthodoxes dans l'Islamisme ,1,3. Celui de l'Imam Azam-Ebu-Hanifé est le dominant, 16. Cinq points généraux dans lesquels le rit consiste, II, r. C e ij 40À TABLE Robe, les deux robes du Prophète qui s'exposent à la vénération publique, If, 394. Rououss A, officiers constitués en charge et en dignité dans les différens ordres de l'état, I, Jo. Rouyeth, vue de Dieu promise aux fidèles, 1, 94. R o u z-N a m É , tablettes astronomiques perpétuelles , II, 160. Leur construction , leur usage , ibid. Ro u znamedjy, greffier , II, S62. S. Sa j «valeur de cette mesure, II, 423. Saby, son origine, T, 7-S. Il est la souche des Sabécns , adorateurs des astres, ibid. Sacre, cérémonial de la solennité du sabre, qui tient lieu de couronnement ,11, 229,0"! 9. Sacrifice ; en quoi consiste le sacrifice paschal , II, 42J. Temps consacré à cette offrande, 427. Animaux qui y peuvent être présentés , 428. Par qui la victime doit être immolée ,429. Usage qu'on en fait après la mactation , 43o. Circonstances qui rendent le sacrifice valide ou non valide , 43 r. Appareil de celui que le Sultan fait en personne, 433. Sacrifices qui se font dans d'autres circonstances, ibid. Ceux des pèlerins de la Mecque, RI, 112. Distinction entre le sacrifice majeur et mineur, 11S. Sadaca. Voyez Aumône. Sa dacath'ul-fitr. Voyez Aumône Paschale. Sa fa , prière qui se récite à cette station du Kéabé , 111, 81. S a H h a f , libraire , Tl , 494. S aï b-Œ u r s Y , poème Persan estime , II, 476. Saint , personnages réputés saints dans l'Islamisme , I, 191. Qui l'on honore sous ce nom , 3o6. Chaque province a ses saints , 308. Légion d'ames saintes , 3iJ. A qui l'on attribue l'origine de cette bizarre opinion , 316. Ils ne parviennent pas au même degré de béatitude que les Prophètes , 32 3. Sala, hymne chanté les vendredis par les Muezzinns, 3o~3. A la mort de quels personnages on le récite, 3J4. S a l a t H ; en commémoration de quel événement a été instituée la prière des veudredis Salath'ul-Djuni'A, 1,69. Différentes espèces deS;daths,et personnages qui s'en sont acquittés les premiers ,11, 1 00 et suiv. En quoi consiste la prière Salath-Witr, et à quelle C iij 406 T A B L E heure elle se fait, 184. Singulière opinion du peuple au sujet des pays septentrionaux relativement à cette prière, 187. Entreprise importante que ce préjugé fit abandonner, ibid. Six conditions qu'exige la prière Salath'ul-Djum'â , 192. Obligation générale de s'en acquitter, 197. A qui la dispense en est accordée , ibid. On ne peut en réparer l'omission par des prières satisfactoires, 198. Suspension de tous actes civils pendant la durée de cette prière, 199. Seule circonstance où il soit permis de fermer les portes d'une ville où il existe des temples qui ont .droit de faire cette prière, 220. En quoi consiste la prière des militaires Salath'ul-Kbawf, 2-53. Elle est nécessaire au moment où Ton se trouve en présence de l'ennemi i 2.54. Cas où l'en ne peut s'en dispenser, 255. Celle que fit Mourad I la nuit qui précéda la bataille de Cassovic, 2J9. Ferveur de celle de Mourad 11 et de son armée dans la journée de Dobridjé-Sahrassy, 261. Actes religieux avant et après les combats, 262. De la prière Salatb-F'il-Kéabé 26S. De celle Salath-TctaWWTi , ou Salath-Nafilé ,370. De la prière funèbre, Salatb'ul-Djénazé, 306. S A l A w A T ii, prière qui termine le Namaz, II, 85, S ali h , premier des Prophètes Arabes ,1, 186. Prodiges qu'on lui attribue, ibid. S A l m h, homme vertueux , I, Jl. Salomon j opinion des Musulmans à son sujet, T, 184. S a m s o n d j y-B a s c h y, Officier de l'état-mn jor des Janissaires ,11 , 361. Sa n d j eak-Sche r if , oriflamme sacrée , II , 378. Sand j eak&ar , Porte-étendard , II, 388. San n'a, ancienne capitale de l'Arabie, où Ebrebh fit construire une superbe église destinée à être la rivale du Kéabé, III, 142. SARA, son enlèvement par Pharaon, III, 14-J. Origine de l'usage de percer les oreilles des femmc3, 147. S ar r a f , quel commerce constitue l'état de ces personnes , III, 298. S a r r h 11, construction de cette tour, 1, 80. Confusion des langues ,81. SAWM. Voyez Jeûne. Ce it S c h a f i t , second Imam orthodoxe : sa naissance , sa mort, 1,14. S C h a n h r , une des quatorze principautés de l'Arabie, nr, 140. S c n a L , usage de ce manteau , 111, 2 36. S c h E d a d , regardé comme le premier des astronomes, et le pére des signes célestes , 1, 337- S c h e h h 1 d. Voyez Martyr. schemssiyé, parasol , 1H, So. ScHERBETH, composition de cette boisson , Il, 363. Schérif ou Emir, descendans de la race de Mohammed , 1, So. Ce titre est plus particulièrement alTecté aux Gouverneurs de la Mecque, 2S6. En quoi consiste cette dignité, III, 170. Fonctions du Schérif de la Mecque , et son autorité sur le Hidjeaz, 276. Comment l'investiture en est accordée par la Porte , 278. S c n e vv a l , lune dont le premier jour est consacré à l'une des denx fêtes de Beyram, 111,5. ScheWKETH, poème Persan estimé, II, 476. Se hé yk h , Prédicateur, II, 369. S c h 1 r k. Voyez Polythéisme. Schisme, il s'en élevé plusieurs dans le sein de l'Islamisme, I, 90". Voyez Cour'ann, Islamisme. Se h iss. Voyez Se th. S c h 1 y , sectateur d'Aly, ou, en général, Hétérodoxe né au sein de l'Islamisme, I, 46, 9-5". Origine de la secte des Schiys proprement dits, 110. Elle est ensevelie sous les ruines de Baghdad , 117. Elle renaît deux siècles après sous la protection du Schah-Ismaïl-Erdébily, 132. Epoque à laquelle ce schisme commença à séparer lesOthomans des Perses , i 23. Schourouth-Islam, statuts de l'Islamisme, I, i63. Schudjea, comment cet Albanois obscur parvint au faîte des grandeurs, I, 393. S c h u r f É , petite galerie qui règne autour de chaque minaret, d'où les Muezzinns annoncent l'Ezann, II, 164. Se iences , celles qu'on enseigne dans les collèges, II, 467. Livres destinés à l'étude particulière de chacune, 468. Sciences qui languissent dans l'empire, 477- Traits historiques qui prouvent le goût de plusieurs Sultans pour les lettres, 478. Causes du dépérissement des sciences dans ces contrées, 483, Moyens de régénération, 486. SÉBA, surnom d'Abd'usch-Sclicms , troisième roi de l'Yémen, III, 140. Se© d-Is k e n d e r, opinion des Musulmans sur ce-mur fabuleux, III, 3o.5*. SedjeâdÉ , tapis d'adoration dont se servent les Grands, II, 396. S e d j o u d'u t-T é l a w e t h. Voyez Prosternation. Scheiilouk, Prince missraïmicn qui adoroit le feu , I, 335. S E h h m y, le premier des enseignes de Mohammed, 11 382. SÉLIM I j il prend les armes en faveur des Sunnys contre Schab Ismaïl , protecteur des Schiys , I , 12 3. Ses victoires, i34- Prédiction sur les hautes destinées de ce Prince, 376. Accomplisement de sept évènemens remarquables annoncés à son sujet, 378. Autres présages qui l'enhardissent dans ses entreprises', 379. L'un d'eux contribue à abréger ses jours, 381. Etablissemens par lui faits au Caire , 382. Bague de diamant perdue et retrouvée, 383. DES MATIÈRES. 411 Sélim II, augure sinistre qui cause sa mort, I, 388. S e n a , espèce -de prière , II, 79. Sens, un des principes des connoissances humaines, I, 60. Sépulture, heures où Ton ne doit pas ensevelir les morts , H, 104. Motif singulier pour ne la pas différer, 298. Expiation des péchés obtenue par ceux qui portent le corps mort, 3i3. Célérité de la marche du convoi, 314. Voyez Convoi, Inhumation, T o m d e. SÉrail, esclaves qu'il renferme , If, S21. Ser-ASÇER, chef d'armée, 1, 2.54. Se r m o n , peu de ministres les débitent de mémoire, H, 370. Hardiesse de ces discours, ibid. Effets que cette licence produisit sur Mohammed, III, 371. Ily en a tous les mercredis, 372. V. Prédicateur. Servitude, quel Prince a le premier réduit les captifs en servitude , III, 140. S e t h, naissance de ce fondateur du Kéabé j ï , 74. Se wa, Idole, III, 176. Se w a b , pratiques méritoires, 1, 35. Seyyid, titre que s'attribuent les descendons de Mohammed, T , 211. En quoi consistait cette dignité de l'ancien gouvernement de la Mecque, TU, 70. SIf a reth, dignité sous le gouvernement aristocratique de la Mecque, Tlf, 166. Si k a y et h , dignité dans l'ancien gouvernement de la Mecque , [If, 166. Silihdar-Agha, premier gentilhomme de' la chambre du Sultan , IT , 363. Il est le porte-glaive de ce Monarque, 391. Le grand maître de sa maison, 111,46. SlNN-ScHÉ,RlF, dents sacrées, TI, 394. SiR ath , description de ce pont dressé au-dessus de l'enfer, T, 140. Siyacath, caractères d'écriture réservés au département des finances , II, 474. Sobriquet, usage qu'en font les Musulmans, I, 211. Soft a , étudiant dans un collège, II,'469. Soie, l'usage des étoffes de soie est interdit aux hommes, II, 331. Soliman. Voyez Suleyman. S o p h 1, fondateur de cette maison, 1, 122. D E S M A T I È R E S. 413 S o u a l. Voyez Interrogatoire. Souillure, ses différentes espèces , U , 8. Ses effets , 9. Moyens de la faire disparuître, 10. Choses dont il faut s'abstenir pendant sa durée, 28. Précautions des Musulmans pour éviter la souillure, J3. Noms donnés aux personnes atteintes des diverses espèces de souillures, 67. De celles qui surviennent au milieu de la prière , 127. soulehha. Vovez s a i N t. SoURID, le premier Prince Egyptien qui éleva des pyramides, I, 33«5". Souverain, qualités et vertus que la législation religieuse exige de lui, ï , 274. Spectacle, il n'y a dans les états Othomans ni spectacles ni divertissemens publics, II, 2 31. Statu e , il n'y en a point chez les Mabométans, ni aucune autre espèce de trophées, II, 343. Style, exemples du style figuré et métaphorique des orientaux, I, 124, II, 290, 341, 3Jo. s u f y a n n Ibn Saï d-u s-sewry, cinquième Imam fondateur d'un rit orthodoxe , sans adhérens, r, 16. S u l e y m a n t, augures qui le portent à se livrer à de grandes entreprises, T, 384. Sultan, que} Prince s'est le premier arrogé ce titre, ï , 2o~3. Il désigne l'autorité temporelle, comme celui d'Imam , l'autorité spirituelle , 2.57. Autres titres que prennent ces Souverains, ibid. Ordre de succession au trône, 284. Loi qui condamne les Princes collatéraux à un emprisonnement perpétuel, et leurs enfans à la mort, 280". Dogme qui est le bouclier des Souverains Mabométans, 288. les plus révérés d'entre les Sultans, 307. Né- ' cessité de la présence du Sultan à la prière publique des vendredis, 190", 200. Il se rend tour-à-tour aux diverses Mosquées qui ont droit de la célébrer, 2o3. Mauvaise éducation des héritiers du trône, 483. Etiquette des repas du Sultan, III, 35. S u lt a ne-Keh ay a lé r y , intendants des Sultanes mariées, IH, 44. Suluss, caractères employés pour les devises , les épigraphes , II, 47^* Sunneth , articles du code universel qui sont de pratique iniitative I, 33. Division de ces pratiques DES MAT'1ÈRE S. 41.S en absolues et non absolues, constantes et non constantes , 1, 34. Voyez Circoncision. Sunnethdjy, celui qui circoncit, II, 287. Sunny, Musulmans des quatre rits orthodoxes, 1, 40". Persécution que les Sunnys éprouvent, 118 , 123. Superstition, son empire et son influence sur les peuples orientaux, I, 3^.5 et suiv. Surnom, son usage, 1, 207. S u r r É-E M l n y , quelle est cette dignité , III, 2 Sa.. Cérémonies qui se pratiquent à Constantinople au départ de cet officier pour la Mecque , 262. Syntaxe, enseignée dans les collèges, II, 467. T T a y-K H a n k , hôpital pour les malades, II, 461. T a h h a r e t h. Voyez Purification. T ah h mi u, espèce de prière, II, 80. III, 89. Takwim, tablettes astronomiques annuelles, II, 160. Leur construction, leurs usages, ibid. Talik, caractère consacré aux poèmes. II, 472. 4.i6 TABLE T a r t a r. Voyez T a t a r. Tas s l i y é, espèce de prière, HI , 81. T a t a r , destruction du Khaliphat par les princes Tatars-Moghouls, conquéraiis et fléaux de l'Orient, r, 117/ Tawaf, nom générique des sept tournées que les pèlerins font autour du Kéabé, lit, 7J , 94. Teawogz, espèce de prière, II, 79. Teberru , bénéfice que les Mosquées retirent de l'amélioration des Wakfs coutumiers, II, 55. Wa k f 1 y é, charte qui confère l'administration des Wakfs, If , J28. W a k f-M u te we l.l is s y , administrateur d'un. Wakfpublic, II, S 47. W a k o u f. Vojez Wakf. W a s s e l-ï b n-A t a , chef de la secte des meeu-téziles, 1, 104. W a s s 1, exécuteur testamentaire, If, «5î3 r. W a k t h-K ibakhEth, momens prohibés pour la prière, II, i63. W k K 1 l , vicaire temporel , civil et politique, II7 1 190". t 4H TABLE w e L e d. V()jc7. T b n. TV e l iD I, députation singulière envoyée sous son règne à l'Empereur de la Chine, 1, 327. Wely , saint, II, S12. wel fY-W a k f. Voyez MtTTE wellt. W e z n. Voyez Balance. Y. Y ah e B , premier Prince de l'Yémen , III, 109. Sa postérité, 140. YAOtJF, idole, TIt, 176. YaschmÀK , usage de ce voile des femmes, TIT , 284. ' Y a v e S S t , idole , IÏÏ , 176". Yazidgy-Efendt, premier commis du Kizlaf-Aghassy , If, S3<). Yeedjoudjes-MÉedjoudjes, nains issus de Japhet dont l'apparition est regardée comme devant avoir lieu à la fin du monde, I, 424. Yehhouddy, juif, I, 48. YÉ m a me, une des quatorze principautés de l'Arabie, >in 140. Yémen, origine du nom donné à cette contrée , une des quatorze principautés de l'Arabie, III, i3o. Epoque depuis laquelle l'Yémen est soumis aux lois de Mobammed, 144. Yeschhab, fondateur de Mééreb, ancienne capitale de l'Yémen, III, 140. Y e w m-A schoura, fête célèbre dans la Perse, en commémoration du martyre de ITmamHusseïn , fils d'Aly, I, n6. Y e w M—F i L, jonrnée de l'éléphant y III, 143. Yewm'u n-N a h h r , jour de l'immolation paschale, II, 427. Z. Zaghardjy-Baschy, officier de l'état-majoi des Janissaires, II, 36r. Z é k r a t 11. Voyez Dîme Aumônier e. Zemzem, eau réputée sainte dont les pèlerins boivent à la Mecque, III, 99. Origine de la vénération qu'on lui porte , 148. Situation du puits d'où elle s* tire, 23 1. Zeydiye, secte née dans l'Islamisme, I, no. Ztlhï djs, lime dont le dixième jour est consacré à la seconde fête de Bejram, III , .5". Zimmis , sujets tributaires, chrétiens, juifs ou payens, asservis à la domination Mahométauc, I 43, Si. ZindtktyÉ, secte élevée dans l'Islamisme, 110. Zoul-Fec ar, fameux sabre à deux lames, III, 192. ZdlUFLY-BaLTADJY, officiel du Sérail , 11, 363.