////?. rr. ./ Ex L i b r i s Jo ann is Tret ter C oe f a r. Reg. Profefforis p u b 1. M <>. of L E S PROVINCIALES, o u LETTRES ECRITES PAR LOUIS DE MONTALTE A un Provincial de fes amis, & aux RR. PP. Jefuites fur la Morale & la Politique de ces Peres. A V E C LES NOTES DE GUILLAUME WENDROCK, Dodleur en TWologie dans l’Univerfite de Salczbourg en Allemagne. Traduites en Francois Par MADEMOISELLE DE JONCOURT. NOUVELLE EDITION, Revue , corrigie 6? augments de courtes Notes TOME QUA TRIE ME. A CC Ch Chap. XXV. Reponfes aux Argument que BeUarmin pretend tirer des Conciles. 3^3 Chap. Contenus dans ce IV. Tome. Chap. XXVI. Preuves du fentimcnt de I'Eglife de Prance par les Autoritez des Canales. 370 Chap. XXVII. Du Pouvoir de convoqutr les Conci- les. 383 Chap. XXVIII. Ce qv.t les Papes ont pratique pour fe rendre maitres des Conciks. 389 Chap. XXIX. Out fidvant la Raifon, & la Pratique de I’Eglife , ce n'efl pas aux Papes , mats nun Princes Temparels d convoqutr les Conciks. 390 Chap. XXX. De I'e’tat prefent de I'Eglife pour la Convocation des Conciles. 3 96 Chaa. XXXI. De la Convocation des Conciks Na• tionaux. 401 Chap. XXXII. Out le Pape n’a aucun pouvoir, til dirctt ni indireft , fur le Temporel des Rois. 404 Chap. XXXIII. Quels Papes ont entrepris cette pretendue Superiorite T emporelle. 413 Chap. XXXIV. Des cinq Exemples apportez par Bellarmin pour autorifer la pretendue Puijfance eh Pape fur le Temporel des Rois, & Refuta¬ tion du primer Exemple. 417 Chap, XXXV. Re'ponfe au 2. Exemple de Zacba- rie ei regard de Cbilderic. 420 Chap. XXXVI. Hiftoire de 1 ’UJUrpation de Pepin fur Cbilderic fon Roi legitime. 421 Chap. XXXVII. Que ce qu'on impute au Pape Zacharie fur le fujet de Chilpdric, efl me impof- ture munifefte. 427 Chap. XXXV 1 IL Examen de la pretendue Re’ponfe du Pape Zacharie par elle-meme. 433 Chap. XXXIX. ReponJ'es aux 3. autres Exemples citez par Bellarmin. 437 Chap. XL. Reponfe d deux autres Pajfages de PE- criture citez par Bellarmin. 440 Chap. XLI. Recapitulation de ce qu'ejl le Tape Jpi- rituellement & temporelkment. 442 Chap. TABLE DES OUVRAv.ii Chap. XL1I. Du Droit de Frcmcbife Cjui appartient ati Roi lie France, d Rcxciuiiun des 445 autres Potent iits- Chap. XLIII. De Lettre de jet Francis L’Osigujal DIX-NEUVIEME LETTRE (i). TOUCHANT L’INQUISITION Q’on veut etablir en France a l’oc- CASION DE LA NoUVELLE BuLLE DU Pape Alexandre VII. QUI A COURU SOUS LE TITRE DE Lettre d'un Avocat au Parlement d un de fes Amis. Du I. Juin i<5$7> Monsieur, S xm Ous croyez que toutes vos afFai- ^5 res vont bien , parce que votrd $1^ V $ proces ne va pas mal ;mais vous allez bien apprendre que vous ne favez gubres ce qui fe paffe. Vous 6tes bien heureux de voir les affaires de loin. (t) Cette Lettre, 11 belle Sc 11 favante, n’eft point di Mr. Pafcal. Elle vient de Mr. le Maiflre 1’Avocat, fiere Tome IV. A 2 XIX. Lett. De l’Inquisition loin. Nous nous fommes trouvez & la veiJ- le d’unelnquificion qu’onvouloit bcablir en France , & done nous ne fommes pas couc- &-faic dehors. Les Agens de la Cour de Rome,&quelquesEv£ques qui dominoienc dans I’Aflemblbe, ont cravailld de concerc a cet dtabliflement, done ils one pris pour fondemene la Bulle du Pape Alexandre VII. fur les cinq Propoficions. 11s Tone fait re- cevoir au Clergb, & avec des fuices p’ropres & leur deflein. Car il a deb arrbte dans 1’Af- femblde , qu’elle feroic foulcrice ( i ) par touslesEcclefiafb'ques du Royaume fans ex* cepcion , & qu’il feroic proedad, concre ceux qui refuferoiencde.Ia figner, par couces les peines ordonndes contre les Herdeiques , c’eft*&*dire par la perce de leurs Bendfices, & de Mr. le Maiftre de Sacy: tous deux neveux de Mr. Arnauld par leur mere , fille du ceiebre Antoine Ar- nauld l’Avocat, ft connu dans les differends des Jefuites avec l’Univerfite de Paris. Mr. le Maiftre, de :: B 2 qu’il so XIX. Lett. Be l'Inquisition qu’il ne iemble, lorlque le Pape dit qu’on' a employe a examiner cette matierelaplus grande diligence qui fe puifle defirer, qua. major dejiderari non pojjit. Car il y a ici un artifice i'ecret qu’il faut decouvrir. C’eft que, comme je vous l’ai dbja dit, les Pa¬ pes veulenc qu’on croie qu’ils peuventfeuls decider les points de Foi, en forte qu’aprds ceia il ne faut rien defirer davantage ; au lieu que nous foutenons qu’il n’y a que les Conciles qui puiffent obliger a croire , & qui ne laiffent rien a defirer. Et ainfi le Pape fait fort bien, felon fa prbtention, de nous vouloir faire avouer qu’on a apportb en cette matiere tout ce qui fe pent dtjirer, quoiqu’il n’ait fait autre chofe que conful- ter quelques Rbguliers. Mais nous ferions fort mal d’y confientir, puifque ce feroitle reconnoitre pour infaillibie, blefler infini- inent nos libertez, rui'ner les Appels au Con- cile Gdndral, & meme rendre tous les Con¬ ciles inutiles, puifque le Pape fuffiroit foul s’il etoit infaillibie. Et ne doutez point que les Partifans de la Cour de Rome ne filfent bien valoir un jour la reception de cette Bulle, pour en tirer ces confluen¬ ces. Il y a bien d’autres nullitez elfentielles , que je ferois trop long a rapporter. Jamais Bulle n’en eut tant. Mais ce qui la met le plus hors d’dtat d’dtre reque au Parlement, eft qu’ayant dtb faite par le Pape feul, fans Concile , & mdme fans l’avis du College des Cardinaux , elle ne peut dtre confidb- qu’on veut etablir en France. 21 i£e que comme ayant btd faite par le pro- pre mouvement du Pape, motu proprio, que l’on ne reconnoit point en France. Car on n’y a jamais requ les Bulles faites motu pro¬ prio (1) en matiere de Foi ou de chofe qui regarde toute l'Eglife, quelque effort qu’a- yent fait Jes Papes pour cela , comme fit Innocent X , dans fa Bulle de la refidence des Cardinaux de fan 1646, ou il declare, qu’encore qu’elle foit faite par Jon propre mon¬ ument , il entend qu’elle ait la mime force que fi elk avoit ete faite par le confsil des Car¬ dinaux. Sur quoi feu Mr. 1’Avocat-Gene¬ ral Talon dit, que c'etoit en vain que dans cette claufe le Pape avoit voulu fappleer par la voie de puiffance a I’.ejfence d’un A&e impor¬ tant , de forte qu’elle fat rejettee comme abufive. Et la derniere Confiitution du mdme Pape fur les cinq Propofitions, quoi- qu’elle ddciddt des points de Foi quibtoient reconnus de tous les Thdologiens fans ex¬ ception; ndanmoins par cette feuie raifon que le Pape y parloit feul , on n’dfa pas feukment en demander Venregiftrement , quelque ddfir que l’on en efit. Comment done (1) Les Bulles de mom proprh du Pape out touiours ete rejette'es en Fiance, pour cette feuie claufe. Nous voulons qu’il paroiffe que nous avons confulte le Pape fur les difficnltez qui s'elevent parmi nous. Nous n',1’ vons jamais reconnu cette plenitude de puitfance qui qutotifetoit le Pape a fe melet de lui-meme du gou- vernement patticulier de nos Eglifes. Il ne le pouiroit tout au plus que par voie de remontrance , & non par voie d’autoiite ; chaque Eveque scant Pape dans fon Diocefe. 22 XIX. Lett. De l’Inquisition done celle d’Alexandre n’y feroit-elle pas refufee ; puifque quand elle n’auroit poinc tant d’autres nullitez , ce ddfaut effentiel d’etre faite par le Pape feul la rend inca¬ pable d’y etre admife ? i! eft done conftant, Monfieur, qu’il n’y eat jamais de Butle moins recevable que celle-ci ; puifqu’on la devroit rejecter a* eaufe de fes nullitez , quand on n’en vou- droit point faire de mauvais ufage; & qu’on la devroit encore rejetter a-caufe du mau¬ vais ufage qu’on medite d’en faire , quand elle n’auroit point de nullitez. Que fera- ee done ft on en confidere tout enfemble & les nullitez & l’ufage? N’eft il pas vifible que ft cello - ci pafle , il n’y en aura point qu’on ne foit oblige d’admettre, & qu’ainfi nous voil& expofez a toutes cellesqui pour- ront arriver de Rome; ce qui n’eft pas d’u- ne petite confequence. Car on peut juger de ce qui en peut venir ,par ce qui eft dejd venu. Ne voyez-vous pas qu’on ne tache qu’a multiplier les Bulles, afin que ce foient autant de litres de l’infaillibilitd , qui en a befoin, & que le monde s'accoutume peu k peu a y ajouter une creance aveugle ? Quand ils fe feront ainfi rendus maitres de 3’efprit des Peuples, ce fera en vain que les Parlemens (i) s’oppoferont aux entre- prifes (i) Le Clerge mollit fouvent fur ce qui regarde 1’au- torite temporelle des Princes , foit pour faire valoir 1’autoiite fpirituelle a laquelie il participe , foit par des egards trop marquez pour la Com de Rome. On a I’obiigatioc aux Parlemens s fur-tout a celui de Paris s d’avoir QU’ON VEUT ETABLIR EN FRANCE. 23 prii'es de Rome fur la puiffance temporelle de nos Rois. Leur oppofition ne paffera que pour un effet de politique, & non pas pour une decharge de confcience. _ On les fera paffer eux-mdmes pour heretiques, quandil plaira a Rome ; car le moyen de faire croirequ’une autorite infaillible fefoic trompee ? De forte qu’apres les Bulks de Boniface VIII, & de fes femblables, il n’y a point de difference entre dire que le Pa¬ pe eft infaillible, & dire que nous fommes fes fujets. Vous voyez par tout cela, Monfieur, & combien cette Bulle eft daogereufe par la fin oh Ton veut la faire fervir, & combien elle eft defedlueufe dans la rnaniere dont elle eft dreftee. II ne me .refte qu’a vous faire remarquer combien elle eft peu con- fiderable dans le fond , & dans la matiere qui y eft ddcidde , laquelle n’dtant qu’un fimple point de Fait, eft bien eloignee de mdriter tout le bruit qu’on en veut faire. Car il eft conftant, felon tous les Theolo- giens du monde, que ce Fait ne peut ren- dre herhtiques ceuxqui le nient,mais tout au plus temeraires. Or qu’une temdritd mdrite qu’on prive les gens de leurs biens & Bendfices , & qu’on les puniffe comme des hdrdtiques, cela n’eft pas raifonnable. Car pourquoi traiter comme hdrdtiques ceux qui ne le font point, la difpute n’etant que fur d’avoir toujours maintenu la jufte autorite de nos Rois eontre les entreprifes de la Cour de Rome ; & il ne pa- roit pas qu’ils foient difpofez a flechix, B 4 24 XIX. Lett. De l’Inquisition fur un point de Fait, qui ne peut faire d'hb- rdfie ? Cependant quelques Evdques qui ont refolu de depofleder les Bdndficiers , & qui n’en ont de pretexte que fur ce point de Fait, ont arrdte dans leur Lettre Circu- laire du 17. Mars dernier: Que ceux qui re • fuferont de foufcrire le Fait ,feront traitezcom- me s’ils refufoient de foufcrire le Droit. I!s ont beau faire neanmoins. I!s ne fauroient confondre par touteleurpuiflance, cescho- fes qui font iepardes par ieur nature. Un Ample Fait demeurera toujours un Ample Fait; & celui-ci ne fauroit jamais donner lieu de priver les gens de leurs BeneAces; car j’en reviens toujours-la. N’eft-il done pas plus clair que le jour, qu’en tout ceci ils n’ont point du tout fon- ge a nous inftruire dans la Foi, mais feule- ment a nous alfujettir a 1’InquiAtion ? C’eft ce que je vous montrerois au long, A j’en avoir le loiAr; tantpourle point qu’ilsont choiA pour objet de leurs deciAons , que par la maniere dont ils s’y prennent. Car n’eA:-ce pas un bel article de Foi, de croi- re que des propoAtions que tout le monde condamne, font dans un Livre? Et peut- on s’imaginer que ce foit feulement pour faire croire ce point, qu’on exige des Agna- tures de toute l’Eglife ? II faudroit dtre bicn Ample. S’ils avoienc tant voulu le faire croire, ils n’avoient qu’^ en citer les pa¬ ges : & s’ils avoient eu deflein de nous d- claircir tout de bon, ils nous auroient ex- pliqud ce fens de Janfdnius, qu’ils condam- nent qu’on veut etabeir. en France. 2^ sent fans dire ce que c’eft; comme die fore bien la 18. que mon fils m’a montree ce ma¬ tin. Reconnoiffez-le done, Monfieur. Ils n’ont penfe qu’ii eux , & non pas a nous. 11s n’ont choifi ce point, que parce qu’il leur etoit favorable , a-caufe de la paffion qu’on a contre Janfdnius. 11 s ont voulumd- nager cette occafion , & tournant & leurs fins le defir qu’on a temoigne de voir con- darnner cette dodtrine, ils ont cru que nous y ferions affez echauffezpour acheter leurs Bulles par ]a perte de nos liberrez. Comme j’ecrivois ces dernieres lignes , je viens de voir un Confeiller des plus ha- biles , qui m’a dit que e’eft une maxima eonllante dans les Parlemens , qu’ils font les Juges legitimes & naturels desqueftions de Fait qui fe rencontrent dans les Made- res Ecclefiaftiques ; & qu’ainfi n’dtantquef- tiori ici que de favoir fi les cinq Propo- fitions condamndes fonttirdes de Janfenius, il leur appartient d’examiner fi elles yf'ont, au cas qu’on leur prdfente cette Bulle. De- mdme que dans la cdlebre Conference de Fontainebleau , oh le Cardinal du Perron, accufa de faux 506. paffages des Pdres alle- guez par Du Pleffis Mornay, le Roi Henri IV. nomma des Commiffaires Lai'ques pour juger cette affaire , oh il dtoit queftion d’examiner fi ces paffages dtoient vdritable- ment dans les Peres, comme il s’agit ici de favoir fi ces Propofitions font dans Jan¬ fenius. Et quelque bruit que fit le Nonce d’abord , de ce qu’on ne prenoit pas des B j Eccld- 2,6 XIX. Lett. De l’Inquisition Ecclefiaftiques pour connoicre d’une Ma¬ ture Ecclefiaftique, ils en demeurerent les Juges , parce qu’il n’etoit queftion que d’examiner des points de Fait. II m’en don¬ na encore d’autres exemples; mais celui-li fuffit pour mettre la chofe hors de doute, & pour montrer que fi Ton prefle le Parle- ment fur le fujet de la Bulle, nous aurons le plaifir de leur voir examiner reguliere- ment, & en pleine affemblde des Chambres, fi ces cinq Propofitions font dans le Livre de Janfenius: nous faurons s’il eft vrai que ce foit une temerite de ne le pas croire , & nousverrons le jugement du Pape expo* fe au jugement du Parlement. Ainfi je ne puis afiez admirer combien ce deflein d’Inquifition a dte mal concert^ , pour avoir dtb conduit par de fi habiles gens. Car ils ne pouvoient choifir de ba¬ le plus foible & plus rui'neufe que cette Bul¬ le, qui n’dtant que fur un Fait,ne pouvoit jamais dtre afiez confiddrable pour foute- nir une fi grande entreprife. Car ne feroit- ce pas une chofe honteufe & infupportable, que I’lnquifitionqu’on n’a point voulufouf- friif en France pour les chofes memes de la Foijs’introduilitaujourd’hui fur ce point de Fait; 2. JtJGEMENT SUR EES ces que les Loix ordonnenc a ces fortes de Coupables. Mais parce que les Homines font plus touches de ce qui leur frappe les fens, il n’y a perfonne qui ne reconnoifie com- bien ce procddb dans les chofes tempo- relies feroit cruel & ddraifonnable. Et au mdme terns on ne fait point de confcien- ce de commettre la mdme injuftice , quand il s’agit de repandre le fang, non du corps, mais de 1’honneur, felon la parole d’un ancien Pbre; quand il s’agit de rendre inu¬ tiles aux ames rachetees par le fang de Je- fus-Chrift, ceux que d’ailleurs on avoue y pouvoir dtre fort utiles par leuf fcience & par leur vertu; quand il s’agit de detruire la charitd qui doit dtre entre les membres d’un mdme corps, & d’entretenir le fant<5- me d’une nouvelle hdrefie, qui ne peut fervir qu’i troubler toute 1’Eglife , & k donner lieu k fes ennemis de lui infulter, & de juffifier leur fchifme, par celui qu’on leur fait croiredtre dans l’Eglife mdme. On fait gloire de tous ces maux, par cette feule raifon que tout cela eft non feulement permis, mais louable a l’dgard des Heretiques, & qu’on ne fauroit les avoir trop en horreur. Mais, plus on les doit avoir en horreur, plus on doit dtre retenu a n’imputer ce crime qu’a ceux qui en feroient vbritablement coupables. Plus il eft grand, plus il faut avoir de grandes preuves pour 1’attribuer a fon Frere. Car Contestations Presentes &c. 35 c’eft une faute pardonnable, que de croire iegerement une petite faute d’un autre ; mais c’eft un crime que d’en croire un cri¬ me , fans en dtre bien afford; & c’eft un abus facrildge des paroles de l’Ecriture ; que d’appliquer ce qu’elle dit contre Ies Herdtiques, a ceux qu’on s’imagine dtre hdretiques fur de fimples foupqons, & fans aucune convidtion Idgidme. I! n’y a rien de plus fage & de plus judi- cieux que ce que dit St. Auguftin fur ce fujet, dans fon Livre de l’Unite de l’Eglife contre les Donadftes, Chap. 5. Jugez, dit-il parlant a fon peuple, comhien il eft facile, oud nous d’appliquer aux Donatiftes, ou aux Donat ijtes de nous appliquer ce que Jesus-Christ a dit contre les Pharifiens , qu’ils etoient femblables d des fepukres blan- cbis, qui paroiffent beaux au dehors , mais qui au dedans font pleins d’os de morts & de toute forte d’ordure; qtt’ainfi Us paroiffbient jultes aux homfnes qui ne confideroient que U dehors de leurs actions, mais qu'au-dedans de leur cceur Us etoient pleins de malice & d’hypo* crijie. Mais ,foit que nous nous fer-vions de ces paroles contre eux,ou qu’ils s’en fervent contre nous, Ji on ne montre auparavant par des preuves trh-manifeftes qui font ceux qui &■ tantmechans contrefont les gens de Men, qui eft I’homme qui ait un pen de fens, qui nevoie que c’eft pliitot I’humeur legere d’uneperfonne medl- fante , que le jugement equitable d'uneperfonne convaincue de la verite , qui fait fairs css re- procbes. Htec fivp in illos a nobis, live ab Tome /F. C eis 34 JlJGEMENT SITK LES eis in nos dicantur , ni(i pri'us probetur manifeftiffimis documentis qui fine qui, cbm lint injufti,juftos fe ipfos confingant, conviciante magis levitate quiim convin- cente veritate did , quis mediocriter fa- nus ignoret. 11 n’en etoit pas de mime de Jesus-Christ , ajoute ce Pere. Car etant Dieu , voyant le fecret des cceurs, dont il etoit en mime terns le temoin le juge, il leitr pouvoit faire ces reproebes fans crain- te de fe tromper. Mais pour nous a, qui ce fecret eft cache , nous devons premierement decouvrir ce qui pent etre d reprendre dans les autres , en avoir des premies pour les en convaincre , afin de ne nous pas ren- dre nous-mimes coupables du crime tr'es-grand d’une folk temirite. Aliter quippe ilia Do- minus irv Pharifeos dicebat tanqu&m Do- minus, id eft, cognitor cordis & humano- rum omnium fecretorum , & teftis & ju¬ dex. Nos autem prihs debemus invenire & oftendere quid arguamus , ne ipfi po- tiiis graviffimo crimine infante temeritatis arguamur. Que Ji les Donatijies , continue ce Saint, peuvent faire voir que nous fom * mes tels que Jesus-Christ a decrit les Pba- rijiens , nous ne devons point trouver maw vais qu'ils emploient , pour nous confondre, les mimes paroles dont Jesus-Christ a ufi envers les Pharijiens. Et de mime , Ji nous pouvons montrer que ce font eux qui reffem- blent d ces Hypocrites , il nous fera permis de leur appliquer ces reproebes de Jesus- Christ , apres les avoir convaincus qu'ils Contestations Pkesehtes &c. gf m vieritent dutant qu» cettx d qui Jesus- Chiust les a faits. Sand, (I ante nos docue- rint rios tales efle , nequaquim recufare debemus talibus Sandtarum Scripturarum verbis nos reprehendi atque contundi. Ita , ii nos eos tales effe docuerimus, erit fimiliter in poteftate noftra, quibus Do« minic/s increpationibus, jam demonftratos conviftofque, feriamus. Que ces paroles fi faintes & fi pleines d’equite doiverit donner de frayeur a ces tdmdraires Accufateurs de leuvs Freres , qui fe croient en furetd, en traitant ceux qu’ils appellent Janfenijles , comme TE¬ criture veut que Ton traite les Heretiques , fans s’Stre jamais mis en peine de confide- rer s’ils avoient des preuves fuffifantes pour les convaincre de tenir les hdrefies qu’on leur impute ! Cependant , felon ce grand Saint, avanc cette conviction, tqute cette application de TEcriture, qui en: le fon- dement de leur conduite , eft injufte & ctftninelle. Car s’il y a des perfonnes que Tori puiffe convaincre de combattre la Foi Catholique , en foutenant les im- pidtds & les hdrdfies que le Pape a con- damndes dans les Cinq Propofitidns, on a raifoil alors de les tenir pour hereti¬ ques , & de les confondre par les juftes repvoches que TEcriture fait aux Pldreti- ques. Mais fi on ne le prouve auparavant manifejlijftmis docume'ntis, comme parle ce Saint, tout ce qu’on die contre ceux qui le combat- tent, ddclarent qu’ils n’ea veulent point a la memoire de ce Prelat; fit qu’dtant mort dans la paix des Julies, ils ne prdtendent point troubler fon repos. Ils attaquent feulement ceux qui le defendant, & ils les voudroient faire pafler pour dcs hdrdtiques tres-dangereux. Cependant, quelque hd- refie qu’ils prdtendent avoir trouvde dans le Livre de Janfbnius, ils ne peuvent rien trouver que de Catholique dans la manu¬ re dont fes Ddfenfeurs l’expliquent. Ils ne peuvent done que leur dire touchant le Livre de cet Evdque: Quamvis bene a vobis accipiatur , malus eft tamen. Quoique vous donniez un fens Catholique a toutes les pa¬ roles de cet Auteur, le fens neanmoins qu’il a eu n’eft point Catholique. Mais en dtant rdduits-la, n’attirent-ils pas cette repartie ft fage & fi judicieufe de St. Au¬ guftin ? Quid eft aliud vivos , cum quibus resagitur, adverQirios abfolvere , atque olim tnortuum , cum quo nulla contentio eft , accu- Contestations Presentes &c. f9 fare? Vous abfolvez done vos Adverfaires vivans, qui font les feulsavec qui vous conteftiez, puifque vous dees contraints d’avouer que leur fens eft Catholique; & toutes vos accufations ne retombent que fur un Evdque rnort, que vous faites pro- feffion de vouloir laifier en paix; puifque ne pouvant trouver les herefics, done vous vous plaignez, dans les Ecrits de fes Dd- fenfeurs, vous ne pouvez dire autre cho- fe, finon qu’elles fe trouvent dans fon Li- vre. Enfin , St. Auguftin ajoute pour conclu¬ sion de tout ce difeours: (1) Pour moi, je crois que les Auteurs des iftvres de l’An- cien Teftarnent ont ete des Hommes Di- vins, & qu’ils n’ontrien ecrit que de faint & de veritable; & quoique je ne fois pas encore fort inftruit dans ces Livres, il ne jne feroit pas difficile d’en convaincre une perfonne bquitable , & je pourrai quelque jour vous le montrer k vous - rndme. Mais comme vous n’en dtes pas encore perfua- db, quoiqu’il en foit, & quelque opinion que vous ayez de ces Ecrivains, il me fuf- fit, pour ma juftification a votre egard, que ( 1 } Ego quidem , illos viros 5 & omnia utiliter memorial ■mandajje , &■* magnos ac divinos fuijje , & ill am Legem Dei juffu ac voluntate promulgatam ejfe (y conditam credo : £? id y quanquam per^auca ejus generis librorum feiam , perfua- dere tamen facitt poffum , fi mi hi aquas £y minimi pertinnx animus adhiheatur : atque id fuciam , ckm copia mihi data fuerit benevolarum aurium ac mentis tua: fed hoc ckm pote• TO, Nunc autem nonne mihi fatis d/7, quoquo modo fe ifl& Tic b&btat ? dteeptum non fuiffe ? Ibid, c. $• 60 JCGEMENT SUR LES que leur lefture ne m’a jettd dans aucune erreur, puifque je les entends en un fens S ui ne contient rien qui ne foit digne de iieu. C’eft Ie fens plus au long & plus expliqub de ce que die ce Saint en moins de paroles. Nous voyons par-l& que quoique ce Pere ne doutat point que les Auteurs des Livres de l’Ancien Teftament n’eMent bcrit par l’Efpric de Dieu , neanmoins Jaiflant & part cette veritb, parce qu’elle btoit conteftee par les Manicheens, & qu’il rbfervoit d’en parler en un autre terns , il pretend que quoiqu’il en fiit de ces Li¬ vres , Quoquo modofe ifta res babeat, & foit qu’on les crAt divins & incapables d’er- reur, comme les Catholiquds, ou humains & remplis d’erreurs, comme les Mani- chdens , il fuffifoit, pour la juftification des Catholiques , que l’eftime qu’ils en faifoient ne les portoit a rien croire d’in- digne de la nature de Dieu: Nunc autem nonne mihi fatis eft , quoquo inodo Je ifta res babeat, deceptum non fuijfel Il s’agit maintenant d’un Livre qu’on ne peut mettre que dans le rang des Livres Humains ; mais que les uns difent dtre rempli de fentimens hdrdtiques, & que les autres foutiennent ne rien enfeigner qui ne foit reconnu pour Catholique par tout le monde. Les derniers prdtendent avoir dequoi Ie juftifier, & l’avoir dbjii fait fuffifamment. Mais au moins ils peuvent protefter dgvant Dieu, & toutes les per- Contestations Presentes &c. 6i Tonnes equitables les en doivent croire, puifqu’il ne s’agit en cela que du tdmoigna- ? e de leur confcience; ils peuvent, dis-je, rotefter devant Dieu , comme fait ici St. Auguftin h Ton ami : Teftor, Nonorate „ confcientiam meam , & pur is animis honor an- tem Deurn : qu’ils ddteftent les herdfles qu’on a condamndes fousle nom de Janfd- nius, & qu’ils ne font difficulte de con- damner le Livre de cet Evdque, que par- ce qu’ils font perfuadds qu’il ne contient que des maximes tres*Chrdtiennes tou- chant la Grace, & tres-dloigudes de ces herefies. Or cela feul,felon ce Pere , fuffit pour leur entiere juftification , quelque Opinion qu’on ait d’ailleurs du Livre de Mr. d’lpre. Car peut-on nler qu’ils n’ayent droit de dire ? Penfez de ce Livre ce qu’il vous plafra: pour moi , qui n’y trouve point les erreurs qu’on lui impute , foit qu’elles y foient en effet, ou qu’elles n’y foient pas, quoquo modo fe ijla res habeat, il fuffit que la ledture de ce Livre ne m’ait jettd dans aucune de ces erreurs , & que je n’y aye appris que des vdritds Catholi- q'uesi Nome mibi fatis, eft , quoquo modo fe ijla res habeat , deceptum non fuijje? En vdritd je ne faurois croire que des perfonnes qui voudront prendre la peine de confiddrer les chofes devant Dieu, ne foient touchees de regret de s’dtre peut- dtre engagdes par un faux zble bien loin au-deli des bornes & de la Charitd & de la Juftice, & qu’ils ce trouvent plus de 62 JuGEMENT SUE LBS furetd a fuivre deformais les lumieres de c-d grand Saint, que les emportemens dequel* ques Efprits paillonnds, qui ne travailient qu’& entretenir le trouble & la divifion dans l’Eglife. ARTICLE V. Autres Remarques importantes de St. Augufiin fur I’Hiftoire des Donatijles , qui peuvent etre appliquks aux Conteftations Prefen • tes. M Ais on peut encore ajouter l’exemple de la conduite que toute l’Eglife d’A- frique, l’une des plus favantes & des plus pieufes qui ffit au monde , a tenue k l’en- droit des Donatiftes ; & Ton jugera par-l& de quelle forte ceux qui aimenc vdritable- ment l’Eglife, doivent travailler a la con* fervadon de fon unitd. La prdmibre occafionduSchifmedesDo* nadftes fut l’eledtion de Cecilien a l’Arche- vechd de Carthage , qui fut conteftde par les Evdques de Numidie , done les princi- paux avoient ete gagnds par une Dame Ef- pagnole demeurant a Carthage,piqudecon- tre Cdcilien de ce qu’dtant encore Diacre il 1’avoit reprife d’une fuperftition. Aind ces Evdques , gagnds ou trompds au nom- bre de 70. affembldrent un Concile , oh ils depoferent Cdcilien, qui ne s’y voulut point trouver, comme etahe coupable de divers crimes qu’on lui impofa,& principalement d’avoir Contestations Presentes &c. 63 d’avoir Livrd aux Payeus les Livres Sacrds pendant la perfdcution de Diocletien, & d’avoir ete ordonnd par un Evdque qu’ils dil'oient auffi les avoir livrds. Mais Cecilien , qui favoit qae ce Conci- le n’dtoit qu’une confpiration de fes enne- mis, rdferva fa caufe au jugement des E« glifes d’Outre-mer, & elle y fut en effetdd- cidde en fa faveur: prdmierement, par le Pape Melchiade , dans un Concile de 13. ou 14. Evdques , dont il y en avoit trois des Gaules , qui le ddclara innocent des crimes dont on l’accufoit, & condamna Donat Evdque de Cafenvire , cornme un calomniateur : & en fecond lieu , par le tres celdbre Concile d’Arles , qui en jugea encore aprds le Pape, & qui condamna de noUveau les Donatiftes. Us ne fe rendirent pas neanmoins h ces jugemens, ni a celui de 1’Empereur Conf- tantin, a qui ils en avoient appel!d;&qui s apres avoir tdmoignd l’horreur qu’il avoit de cet appel , les abandonna au jugement de Dieu, ne pouvant vaincre leur opinid- trete. II y avoit done cent ans que ce Schifme continuoit, lorfque les Evdquesd’Afrique, entre lefquels St. Auguftin tenoit alors le premier rang , s’appliqudrent particuliere- ment a la gudrifon d’un mal fi funefte, & & la rdunion de ces Membres fi mifdrable- ment fdpards. Mais la moddration & la charitd qu’ils garderent en cette rencontre, doit fervir d’exem* 64 Jugement sur les d’exemple a tous les Evdques , de l’efpnt avec lequel ils doivent travailler ^ la recon¬ ciliation des Hdrdtiques , rn^me les plus ddclards. Ils ordonnbrent dans un Concile de Car¬ thage de l’an 403. que , comme dans la plupart des Villes Epifcopales il y avoit deux Evdques, l’un Catholique, & l’autre Donatifte, l’Evdque Catholique iroit trou- ver celui du parti contraire, poilr lui offrir de confdrer enfemble avec route forte de charite & de douceur, d’dcouter tout ce qu’ils voudroient alleguer pour juftifier leur fdparation , & travailler fincerement & l’e- claircilTement de la Veritd. Mais les Donadftesne rdpondirent qu’a- vec une aigreur & une infolence infuppor- table a une offre fi avantageufe. Ils re- fuforent toute conference , en difant qu’il n’dtoit pas jufte que les Enfans des Mar¬ tyrs fe trouv&flent en mdme lieu avec les Enfans de ceux qui avoient livrdles Livres Saints: Indigmm eft ut in unurn conveniant filii Martyrum, & progenies Traditorum. Et comme les Catholiques ne fe rebu- toient point pour cela , & qu’ils les pref- ioient toujours d’entrer en dclairciflement, afin qu’un fi long Schifme pfit prendre fin, les Donatiftes 1‘e porterent a des violences horribles , qu’ils faifoient exdcuter par de certaines gens qu’on appelloit des Circou- cellions, tant contre ceux d’entre les Do¬ natiftes qui quitoient leur parti pour fe rd- concilier k l’Eglife, que contre les Evd- ques Contestations Presented &c. C $ ques Catholiques qui travailloient a cette ■reconciliation. Neanmoins la patience de ces faints Pre* lats fut encore plus forte , que la fureurde ces Schifmatiques; & rien ne fut capable de ralentir la paffion qu’ils avoiect de les engager dans une conference reglde , oil la vdritd put £tre connue. C’eft ce qu’ils obdnrent enfin en 1’annee 411. oil, pres de fix cens Evdquesdesdeux partis s’etant trouves & Carthage, toute la caufe du Schifme fut amplement examinee, & Cdcilien pleinement juftifie de tous les crimes qu’on lui avoit impofez , & qui a* voient dte la caufe de la feparation. Les Catholiques montrdrent auffi par des Adtes Proconfulaires, que c’dtoit une impofture que Felix , qui avoit ordonnd Cecilien * eftt livre les Livres Sacrds ; mais ils firent voir au contraire, par les Adtes d’un Con- ciie, que c’dtoient les ennemis de cet E- vdque de Carthage, qui s’etoienc eux-md- mes reconnus coupables du crime dont ils l’accufoient. Mais quoique ces faits parftfient 11 im- portans , puifque c’dtoit de-lA qu’etoit ne le Schifme, & qu’ils euffent des preuves li convaincantes pour les jultifier , nous ne voyons point que, ni dans cette Conferen¬ ce, ni devant, ni depuis, on ait jamais eu la moindre penfde d’obliger les Donatiftes d’en reconnoitre la vdrite, ni de confeffer que Cecilien dtoit innocent , & que les prdmiers Auteurs de leur Sedte l’avoient Tome IF. E in* 66 JuGEMENT SUR LES injuftementcalomnib. Cependant ce n’au- roit btb que les obliger d’acquiefcer a la decifion du Pape Melchiade,& de l’undes plus cblebres Conciles apres les Oecume- niques, Ces Prblats btoient trop fages & trop bien inftruits des vbritables regies de l’Eglife, pour avoir voulu faire dbpendre fa tranquilite de la confeffion de ces fairs, quelque veritables qu’ils puffent dtre. IIs mettoient au-contraire Jeur principal foin a faire voir que la caufe de 1’Eglife en btoit entierement feparbe: que , foit que Cbci- lien fiit innocent ou coupable, fes crimes vrais ou faux n’avoient pu faire pbrir I’E- glife ; qu’ils n’auroient pu nuire furtout k ceux qui les auroient ignorez , quand ils auroient ete vbritables : & qu’ainfi , fans s’arreter a tous ces faits , il faloit demeu- rer infdparablement dans l’Eglife, que Je¬ sus-Christ avoit prbdit devoir fubfifler jufqu’b la fin du Monde , & qui feroit md- Ibe de Bons & de Meehans jufqu’b la der- nidre reparation , fans que les Bons f&lfent fouilles par la communion extbrieure des Mbchans, pourvu qu’ils en fftllent fbparbs de cceur. LaiJJons la , dit St. Auguftin dans le Li- vre de 1’Unite de l’Eglife. chap. 2 . tous ces faits que nous nous obje£lons les uns aux autres. Ils rapportent des Abies , pour fai¬ re voir que Cecilien a ete depofe pour a- voir livrb les Livres Saints; & nous enap- portons, qui font voir que ce font les prb- ihicrs Auteurs de leur Schifme qui les ont livres. Contestations Presentes &c. 67 livres. Meltons tout cela d part. Que s’ils ne le veulent pas , nous leur dirons. Si les uns & les autres font veritables , Us n’ont point dti fe J\sparer, puifqu’ils en avoient par- mi eux de tels que ceux qu’ils fuyoient. Si les uns & les autresfont faux, Us n’ont point dd fuir ceux qui n’etoient point coupables. Si les notresfont vrais , £? les leurs faux, ilsont dil fe corriger & demeurer dans Vunite. Et Ji les notres font faux , les leurs veritables , Us n’ont point eu neanmoins de jufte caufe de figuration ; parce qu’ils ne. devoient point qui- ter I'Eglife repandue par toute la Terre , qui etoit innocente de ce qu’ils imputent d Cecilien , a qui ils n’ont pas voulu ou n'ont pu prouver ce qu'ils lui objeStent. (1) Mais pour - quoi , me dira quelqu’un , voulet-vous quon neparle point de ces Abies; puifque , quand on s’en voudroit fervir, la caufe de votre Com¬ munion eft invincible ? Je le fais, repond ce Saint, parce que je ne veux pas qu’on emploie les temoignages des Homines pour montrer I'E - glife , mais les Oracles de Dieu. Ii dit en un autre endroit, qu’il fuffifoit aux Catholiques de rdpondre aux Donatif- tes touchant Cecilien , ce qu’eux-mdmes rd* (1) Qu&rat fortaffi aliquis , dicat miht : cut ifta vis ciuferri dc medio , quandd communio tua , etiam ft prefer an * tur , inviffa eft ? Quia r.olo humanis documents , fed divi • rAs craculis , Santtam EccUfiam demorftrari, Auguft* de Unit. Ecd, c f 3, E 2 68 JUGEMENT SUR LES repondoient quand on leur obje&oit les violences d’un de leurs Evdques nomine Optat: Nous n’abfolvons, ni ne condam- nons Cecilien : (i) Sufficit ad caufam ,Jiboc de illo dicamus ,quod tu de Optato dixijliynos Ccecilianum nec abfohimus , nee damnamus. Que ceux qui en ont juge, foie des votres, loin des ndtres, voient quelle railonils one eue d’en juger conune ils ont fait: e’eft & eux a rendre raifon de leur jugement, & it porter le poids devant Dicudece qu’ilsont ou bien ou mal fait: mais pour nous, qu’il nous foit au moins permis de douter des faits desautresqui ne nous regardent point: Nos Ccecilianum nec abfolvimus , nec damna¬ mus : viderint illi, J'eu nojlri, J'eu veftri, quemadmodum de illo judicaverint. Ipfi fua- rum fententiarum rationem reddant: ipfi por¬ tent, feu boni, feu mali,fui opens farcinam nobis de alienis faltem fa£tis dubitare per- mitte. Pourquoi tant de fimples Fideles, qu’on inquiete aujourd’hui fur ie fujet d’un Livre qu’ils n’ont point lu , & qu’ils ne font pas meme capablesde lire, ne pourront-ilspas, dire de la meme forte: Nous n’abfolvons, ni ne condamnons Janfbnius; e’eft a ceux qui font juge, a rendre compte a Diqu de leur jugement: mais, pour nous , qu’il nous foit au moins permis de douter, ou de nous abftenir de juger & de rendre temoignage d’un (i) Contra Crefcofi. !. 3. H» Contestations Presentes &c. 6 ) d’un fait qui ne nous touche en aucunefqr- te. Ec pourquoi ne pourront-ils pas ajou- ter encore ce que die cembme Saint? (1 )Si ■nec faltem dubitare permittitur,quid iniquius? Si ciutem permittitur, quid fufticientius ? S’il ne nous eftpasau-moins permis dene pren¬ dre point de part a un fait de cette nature, qu’y a-t-il de plus injufte? Et s’il nous eft permis de n’y prendre point de part, que peut-on dbfirer qui nous mette plus hors d’atteinte ? (2) Ce fait , ajoute ce Saint, peut etre douteux;mais il n’eft pas fi dou- teux , qu’il ne faille faire toutes chofes pour ne pas troubler la paix de l’Eglife. Et ainfi quiconque la trouble pour le mal io- certain d’une autre perfonne, eftlui mdme certaineraentmbchant: Oiiipro incerto alie- no malo pacem Cbrijli rejpuit, certiffime via - lus eft. N’abfolvons done, ni ne condam. irons ce qui ell douteux, mais confervons avec une charitb de freres la paix de Jesus- CHRisT,qui eft un bien qui n’eft point dou¬ teux: (3) Nec abfolvamus dubia , nec damne - vius, & pacem Cbrijli , cnjus bonum dubium non eft, fraternd diisStione teneamus. Aprds avoir montre en un endroic que Cecilien avoit etelegitimement abfous par le Pape Melchiadeil ne les prelie point de fe rendre a ce jugement , mais il leur demande feulement qu’il foit permis de buf¬ fer en doute 1’innocence ou les crimes de Cecilien: Ccecilianus feemdo judicio Melchia- dis ( 1 ) Ibid. c. 30, ( 2 ) Ibid. Ibid. c. 40. E 3 7© JUGEMENT SUR LES dis, Roviani abfolutus eft prcefens. Adlnic nos de illo certos ejfe non vnltis , faltem dubitare permittite. Etcelafuffit, dit-il, pourvous convajncre du tore que vous avez d’entre- tenir ladivifion dans'l’Eglife; puiique vous n’avez rien a dire , ni a celui qui fait que Cdcilien eft innocent, ni a celui qui igno¬ re s’ii eft coupable : Vincit enim vos , non foliim qui Ccecilicmum fcit innocentem , -verum etiam qui nefeit nocentem. Ne peut-on pas dire mdme : Soit que je croiejanfbnius in¬ nocent des erreurs qu’on lui impute , foie que j’ignore s’il en eft coupabie, queldroic a t on de m’inquieter fur le fujet de fon Li- vre ? Mais vous ne le devez pas ignorer. Et pourquor? Qu’eft ce quecela me regar¬ de? Croyons-en St. Auguftin ; & ce feta ]uj qui nous fera voir encore, d’une ma* niere merveilleufe, combien cette preten¬ tion eft deraifonnable. (i) Car, apres a- voir montre que 1’Eglife rdpandue par rou¬ te la Terre avoic au-moins ignorb les cri¬ mes de Cdcilien , il ajoute. Mais luppo- fpns qu’on nous les ait prouves maintenant, & qu’on nous en ait convaincus , que fe- rons-nous de tant de peoples qui certaine- ment les ignorent? Devons-nous courir par-tout pour leslcurfaire favoir? Etpour- quoi cela ? Si e’eft afin qu’ils foient inno- cens, ils font innocens , encore qu’ils les ignorent. Car il n’eft pas ndcelfaire , pour canferver l’innocence, de connoitre les crimes (ij De Unit. Eccl. c, z. (2) Ep- -48. Contestations Presentes &c. 71 crimes d’autrui ; mais il eft feulement nd- ceftaire de ne pas confentir & ceux qu’on connoit, & de ne pas juger tdmerairement de ceux qu’on ne connoit point. An cnrre• re debemus , & eos docere quod fcimus ? Ut quid hoc ? Si ut innocentes fint , innocentes j'unt etiam dum nefciunt. Non enim mala fac¬ ta bominum cognofcendo , fed cognitis non confentiendo : de incognitis autem non temerh judicando , innocentiam cafiodimus. Et, com- me il dit encore enun autre endroit: Qui pourra dtre innocent, fi c’eft un crimeque Ton m’impute que de ne pas {'avoir le cri¬ me d’un autre ? (2) Quis locus innocentice refervatur , fi crimen eft proprium nefcire cri¬ men alitnum ? Y a-t- il done rien de plus contraire a l’efprit de ce Saint, qui connoiffoit parfai- tement celui de PEglife , que le zele mal regie de ceux qui veulent qu’on trouble & qu’on inquiete les perlonnes fimples, pour leurfaire reconnoitre qu’un Evdque Catho- lique a enfeignd des herdfies ? Car quel pent dcre le fruit de cette conduite ? Ut quid hoc ? Eft ce afin qu’elles foient exem- tes de ces herefies ? Et n’en font elles pas exemtes , encore qu’elles ignorent ft cet Eveque les a enfeigndes? An ut innocentes fint ? Innocentes funt etiam dum nefciunt. Il n’eft pas neceffaire , pour ne pas pdcher contre la Foi , de favoir qu’un Particulier 1’a combattue par des erreurs; mais on pe- cheroit en adhdrant a ceux que l’onfauroit la combattre , comme on pdcheroit aulfi E 4 en yz JtJGEMENT SUR. LES en jugeant temerairement qu’une perfonne la combat, fans avoir ailfez delumiere pour former ce jugcment. Non enim errores bo- minurn cognofcendo , fed cognitis non conj'en- lienao: de incognitis autem non temere judi- eando, imiocentiam cujlodimus. ARTICLE VI. De I'efprit de douceur £? de cbarite dont on doit ufer envers dss Perfonnes que leur condition e? leur fexe difpmjent de prendre part a ces Contejlations. C ’Eft pourquoi il n’y a pas feulement de l’inutilitd dans le procdde extraordinai¬ re que Ton dent aujourd’hui , mais i! y a infime une tres-grande injuftice. Car il y a des perfonnes, qui par leur condition & par leur etat one droit d’ignorer de certai- nes chofes , qui ne regxrdent ni leur foi, ni la conduite de leurs moeurs. Cell un cles a vantages de leur {implicit^, &quifert beaucoup a les exemter des inquietudes & des Icrupules oh ces fortes de connoiffan- ces les pourroient jetter. On ne peut done leur ravir ce droit & cet avantage fans injuftice; & d’autant plus qu’on ne le pout fsire , fans fe mettre au hazard de leur fai- re perdre cette paix interieure de I’efprit, qui eft la plus grande confolation des ames qui fe font privbes pour Dieu de toutes les confoladons de la Terre. Cela eft vrai principalement, lorfqu’il sTRve des conteftations & des difputes fur des Contestations Presentes &c. 73 des matieres, que ces perfonnes ont droit: d’ignorer. Car alors il ell tres-injulle de vouloir les contraindre d’y prendre part. 11 y a des tempetes dans l’Eglife, auffi- bien que dans le Monde. II s’y dieve des troubles & des factions. II y a quelque- fois des Innocens perfecutds, & qui 1'uc* combent. Et St. Augultin nous apprend qu’il y a plus qu’on ne penfe de Saints op. primes, & mdme condamnes par les Mi* niftres de l’Egliie, que Dieu qui les voic en fecret couronne en lecret: ( 1 ) bos com- nat in occulto Pater in occulto videns. C'eft un bonheur a des ames qui ne pen- fent qu’a joui'r de Dieu, autant qu’on le peut en ce Monde, de pouvoir trouver un abri contre ces tempetes de l’Eglife, auffi- bien que contre celles dont le Monde ell agite; & d’imiter la prudence de ceuxdonc jf eft dit dans le Prophete , qu’ils le met* tront a couvert du vent, & fe ddroberont a la tempete: Et erit quafi vir, qui abfcon - ilitur d vento, & celat J'e a tempejlate, Les perfonnes a qui Dieu a fait la grace de fe retirer dans les Monafteres , ont plus de fujet que tous les autres de prd- tendre qu’elles ont trouve cet azile & ce lieu de lurete; parce que la vie toute ca- chde dont on y fait profeffion, les oblige non feulementa ne prendre point de part a routes les affaires Sdculieres, mais de n’en prendre point merne a celles de l’E- giife, (i) De Veia Rejig, c. 8. El 74 JtJGEMENT SUR EES glife, qui ne touchent point la Foi, au- trement que par les prieres qu’elles font continueilement pour elle. Lots done qu’il s’dldve dans l’Eglife des conteftations de Dodlrine, elles ont droit de les regar- der comine des orages qui paffent fur leurs tcuis , & qui ne les touchent pas. II leur eft permis de vouloir ignorer tomes ces chafes ; de s’en feparer , non feulement par volonte , mais par profeflion & par dtat; & de fe rdjoui'r de la grace que Dieu leur a faite de les retirer dans fon Taber¬ nacle , pour les garantir des troubles des homines, & de les cacher dans le fecret de fa face , pour les mettre & couvert de leurs difputes. Que ft on veut maintenant leur faire prendre' part b ces difputes, & les engager a des fermens touchant des chofes qu’elles ignorent, e’eft leur ravir leur furete , & les vouloir precipicer dans les dangers’dont Dieu les a retirees. Car ce n’eft pas un petit danger aux Miniftres de l’Eglife, lorsqu’ils ontljuger de quelque perfonne. Ils peuvent & ils doivent crain- dre les furprifes de l’impofture , & les td- nebres de leur propre efprit. C’eit une des raifons qui a fait apprehender les Charges & tous les Saints, & qui les a porrds a fe tenir, autant qu’ils ont pu , au dernier rang de l’Eglife , pour eviter ces pdrils. Mais ft on oblige ceux-mdmes qui ne font point dans les Charges, & qui font mdme incapables d’y dtre appelles, a prendre part aux jugemens de l’Eglife touchant les per- Contestations Presentes &c. 75 perfonnes, & fi on les fait jurer qu’ils font juftes & legitimes, & que ceux qui font candamnes font vdritablement coupables, qui ne voic qu’on les met dans le mdme danger de condamner les Innocens , que ceux a qui il appartient, par leur dignitd, de prononcer ces jugemens? Dieu ne veut point qu’on confonde de fi diffdrens etats. Corame ce feroit une prefomption H un Inferieur d’ufurper le droit de juger, qui n’appartient qn’aux Supbrieurs , ce feroit une injuflice aux Supdrieurs d’obliger ceux qui leur font founds de prendre part a leurs jugemens en des chofes qui ne les re¬ garded point. Le mdme fujet de plainte qu’auroient ceux-bi fi on leur voulait ravir leur dignite, ceux-ci font quand on leur veut ravir leur furete;& leur furete confide a ne juger point. Que fait-qnfice n’eft point jci une de ces occafions dont parle St. Au- guftin, 011 1’on opprime des Innocens?II y en peut avoir; & cela fuffit a des ames crain- tives & religieufes, pour ne point vouloir fortir de l’ordre oil Dieu les a mifes, qui eft de ne point s’entremettre de toutes ces conteftations. II eft mdme utile h l’Eglife que, fi on ne peut pas empecher qu’il ne s’y blbve de ces fortes de difputes qui ne regarded point la Foi, & dont ia dbcifion n’efl: point neceflaire au faiut des Particuliers, elles fe pafient aq moins entre peu de perfon- nes; & que ie refte des Fiddles , & mb* me 75 JOGEMENT SffR EES me le cornmun des Ecclyfiaftiques , ne s’en radiant point , ils ne laiflent pas ce- pendant de fervir Dieu avec paix & tran¬ quility. Et comme I’Eglife n’eft point in- faillible dans ces fortes de chofes, ii eft avantageux pour la Verity , que dans la chaleur de la conteftation il y en ait moins qui prennent parti ;afin que s’il s’y etoit gfiffy quelque erreur, ceux qui ne s’y feront pas engagds le puiflent recon¬ noitre plus facilement, en examinant les chofes fans prevention. On a vu le Pape Etienne VI, qui n’dtoit point ft mechant que Baronius le depeint, & qui peut n’avoir manque que de lumie- re, ddgrader le Pape Formofe fon prede- ceifeur, pour avoir paffe, contre les Ca¬ nons , de i’Evdchy de Porto a celui de Rome , & caller routes les Ordinations qu’il avoit faites pendant fon Pontificat. On a vu Jean IX. ^caller les A dies d’E- tienne, & rdtablir la memoire de Formofe & fes Ordinations; & quelque terns aprfes, Serge III. degrader de nouveau le Pape Formofe, & ddclarer fes Ordinations nul- les, felon le jugement d’Etienne, & con¬ tre le jugement de Jean. Dans quelle horrible confufion fe feroit trouve .I’Eglife , ft chacun de ces Papes avoit voulu faire ce que 1’on fait aujour- d’hui, en obligeant tous les Ecclyfiaftiques par toute l’Eglife , jufqu’aux Religieuies, de foufcrire les jugemens qu’il pvononcoit, pourfavoir II Formofe avoit dte, ouVa- voit Contestations Presentes &c. 77 voit pas etb le legitime fuccefieur de Sr, Pierre, & fi tout ce qu’il avoit fait pen¬ dant fon Pontificat devoit fubfifter: ce qui etoitbien d’une autre importance, que de favoir feulement fi des Propofitions fe trouvent dans le Livre d’un Auteur parti¬ cular. Auroit il falu foufcrire a tous ces jugemens diffdrens, & changer autant de foisque ces Papes changeoient d’avis? Et comme il eft impofiible qu’etant contraires il n’y en ait eu de faux, n’eft-il pas vifible que la foufcription des faux auroit etd un empdchement & un obftacle h reconnoitre la vbrite, parce que tout le monde fe fe- roit trouvd engagb a foutenir l’erreur? 11 eft done auffi avantageux pour l’Egli- fe, que jufte en foi-mdme , de ne point gdner les confciences dans ces queftions de nulle importance pour le commun des Fideles. Mais la charite qu’on doit avoir pour les ames, eft ce qui doit le plus Eloi¬ gner d’une conduite fi peu charitable. Les Pafteurs n’en fontepas les Maftres: ils ne font que les Serviteurs & les Mi- niftres du Souverain Pafteur , & qui elles doivent bien appartenir , puifqu’il les a achetdes fi cherement. Il en redemande- ra le fang & ceux qui les auront traitdes avec fierte & avec rigueur,- & il leur di- ra ce qu’il leur a ddja dit par fon Pro- phbte: ( 1 ) dim aufteritate imperabatis eis, & cum potentid , £? difperfa funt eves mecs. Vous ( 1 ) Ezech. XXXIV. •78 JUGEMENT SUR LES Vous n’avez penib qu’a faire valoir vd- tre puiffance , & vous avez mieux aimd que rues Brebis ayent btb difperfbes, que d’ufer envers dies de condefcendance <5c de bonte. C’ejt . pourquoi, Pajleurs , ecou- te z la parole da Seigneur. Propterea , Paf- tores, audite verbura Domini. Ce' Jera moi qui recbercberai mon Trcupeau, le re- tirerai de la main de ces Pajieurs. J'empe- cberai qu’ils ne paijjent plus mes Brebis, qu'ils ne fe putffent plus eux-memes. Je les en delimerai lorfqu’elles feront pretes a en etre dtvoreer, e? elks ne leur feront plus en proie. La promeffe que Dieu fait a ies Brebis, de les delivrer de la main de ces Pafteurs qui les traitent avec une humeur auftere & imperieufe, dim aufieritate 6? potentid, ne regarde pas ccujours le terns de cette vie, qui eft le terns de la diffimulation de Dieu ; pendant lequel il fouffre fouvent que ceux qui le fervent avec plus de pure- tb foient bprouves par la perfbcution , & quelquefois opprimbs par des perfonnes qui penfent faire un facrifice a Dieu, en dbtmifant I’ouvrage de Dieu. Mais il fuf- fit, pour la conlolation de ces Affliges, qu’il y a un autre monde que celui-ci, oft la calomnie & la violence n’etnpbchent point que la juftice ne foit couronnbe, & oft le credit & la puiffance ne peuvent point empbcher aufli que 1’injuftice ne foit punie. S’ils ne trouvent point de pro¬ tection dans la terre des Morts , ils en Erouveront dans la terre des Vivans. Si le jour Contestations Presentes &c. 79 jour de l’Homme les condamne , le jour de Dieu les juftifiera. II peut n’y avoir point ici-bas aucun Tribunal, oh il leur foit permis de porter leurs juftes plaintes; mais il y en a un dans le Ciel , oh l’on peut toujours appeller de tous les autres, & oh la caufe des Foibles qui n’ont point d’autre refuge, eft toujours favorablemenc bcoutbe. C’eft ce qui les fait vivre dans la paix parmi les plus grandes agitations, & lever la tbte avec le plus de confiance, lorfqu’ils paroiffent le plus accablbs par toute forte de maux, parce que c’eft alors qu’ils jugent que leur delivrance eft plus proche. Ainfi, dans la vbritb, ce ne font pas eux qu’il faut plaindre, puifque les peines qu’ils fouffrent leur font ft avantageules. Il y a bien plus de fujet de plaindre leurs Perfb- cuteurs, & principalernent ceux qui btant emportbs par un faux z'ele, s’imaginent fervir l’Eglife,lorfqu’ils en rui'nent l’efprit, qui eft la paix & la charite. C’eft pour eux principalernent qu’on a travaillb dans cet Ecrit, oh l’on n’a prefque fait autre chofe que d’y faire parler un grand Saint, done tout le monde avoubra que la lumid- re a bte aflez grande, & le zble auffi ar¬ dent & alfez pur , pour btre propofe en exemple k tous ceux qui aiment vbritable- ment l’Eglife. S’ils font Enfans de paix, la paix que ce Saint leur annonce repo- fera fur eux ; finon elle retournera vers 3ui , & fur ceux qui entreront dans cet ef- 80 JUGEMENT SUR EES &C. efprit de charitd , & qui aimeront mieus fuivre une regie fi divine & fi chretienne, que de fe regler par des interdts & des confiderations huipaines & politiques. Ouicunque have regulam fecuti fuerint, pax Juper illos & mifericordia x £? Juper Ijrael Dei. AVIS SI AVIS D E MESSIEURS LES CUREZ D E PARIS, A MESSIEURS LES CUREZ des autres Diocbfes de France, (i) Sur le fujet des mauvaifes Maximes de quelques nouveaux Cafuijtes. Mess ieuks, IHn tous les vrais Chrdtiens font unis enfemble par un mdme ef- prit & un mdme coeur, & font obliged par les devoirs de la charitd divine de prendre part aux intdrdts fpirituels les uns des autres dans (i) Cette Piece eft deMr. Nicole 8c de Mr. Atnauld, qui compofeient, conjointement avec Mt. Pafcal, pref- que tous les Ecrits que les Cure* de Pans 8c ceux de Rouen publieient dans cette affaire. Tome IF F 82 Avis des Curez de Paris &d. dans les occallons que Dieu leur en prd- fente ; tous les Pafteurs de l’Eglife Catho- lique le font encore davantage , & leur charitd devant btre plus grande que celle des Particuliers, puifqu’elle en eft l’exem- ple & le moddle, elle les lie aufti plus d« troitemenc enfemble, & les engage beau- coup plus & s’aider mutuellement pour le bien des ames que Dieu a commifes h leur conduite. C’eft ce qui nous a portez k dcouter favorablement ce qui nous a dtd reprefentd de la part de nos venerables Confreres, Meflleurs les Curez de Rouen, dans nos dernibres Affembldes: favoir que Mr. le Cure de St. Maclou, l’un des plus confiddrables d’entr’eux, s’etant cru obli- gd de parler dans un Sermon Synodal, en prefence de Monfeigneur l’Archeveque de Rouen, de plus de huit-cens Curez, & de pluileurs autres Perfonnes de condition, contre les mauvaifes maximes de quelques Cafuiftes, qui troublent l’Ordre de la Hid- rarchie , & corrcmpent la Morale Chrd- tienne; & ayant depuis ddclare dans un autre Sermon fait en fa Paroifte , qu’en prbchant contre ces pernicieufes maximes, il ne les attribuoit k aucun Ordre ni & au- cun Corps, mais les combattoit feulement en elles-mdmes: les Jdfuites de la ville de Roudn n’ont pas laiffd de fe tenirtellement offenfez du ddcri de cette doiftrine, qu’ils ont prdfentd b Monfeigneur l’Archevdque de Rouen,au nom de Frbre Jean Brifacier Recteur de leur Collbge en ladite ville, une StJR QUELQUES NoUV. CASUISTES. 33 une Requete remplie d’injures & de calom- nies contre la perfonne dudit Sieur Care de St. Maclou; afin que l’ayant rui'ne d’honneur & de crddit, il ne fe trouv&t plus perfonne qui 6sdt entreprendre de de¬ crier publiquement ce que ces Auteurs fcandaleux dfent foutenir & ecrire publi¬ quement : Que ce traitement li injurieux qu’on faiibic d leur Confrere , les avoic obligez de s’affembler pour examiner les points touchant les moeurs qui avoient donne lieu a ce diffdrend : Que pour ce- la ils avoient lu les Livres defquels ils ontdtetirez, & qu’en ayant fait des ex¬ traits fidelles , ils y avoient trouve des propofitions it deranges & fi capables de corrompre les ames, que cela les avoit encore plus engagez a fe joindre a leur Confrere , pour en demander tous enfem- ble la condamnation: Qu’a cette fin ils a- voient prdfente une Requete a M on fei¬ gn eur l’Archevdque de Rougn, qui leur ayant dit que cette affaire dtoit commune & regardoit toute l’Eglife, leur temoigna la vouloir renvoyer par-devant Noffei. gneurs de l’Affemblde gdnerale du Clergd de France qui fe tient maintenant & Paris: Ce qui les avoic encore portez davantage a s’adrefier £ nous, afin qu’etant joints en- femble nous pfiflions travailler plus utile- ment it obtenir la Cenfure de ces maximes entidrement oppofdes aux rdgles & d l’ef- prit de l’Evangile, dont ils nous ont en* voyd les extraits, & a arrdter la violence F 2 de 84 Avis des Curez de Paris &c. de eeux qui voudroient par leur crbdit fer- mer la bouche aux Pafteurs de l’Eglife, qui dtant btablis de Dieu pour fervir de fentinelles a la maifon d’lfrael, felon les paroles de l’Ecriture , doivenc crier & a- vertir de tout ce qui peut porter preju¬ dice aux ames dont Dieu leur demandera un compte fi rigoureux. Cet avis plein de prudence & de zdle nous ayant puif- famment touchez , nous a fait’ refoudre dans notre derniere Aff'emblee, non feule- ment de nous joindre a Meffieurs les Cu¬ rez de Rouen, mais auffi de les imiter , en vous faifant part de cette affaire, qui nous eft commune £t tous; puifque nous avons tous le mdme intbrdt que l’Eglife , cette pure & chafte Epoufe de Jesus- Christ, dont la conduite nous eft confide fous l’autorite de Nofleigneurs lesEvdques* ne reqoive aucune fouillure dans fes moeurs par des maximes corrompues & toutes contraires & fes rbgles faintes ; & qu’elle ne fouffre pas davantage les reproehes fcandaleux que lui font les Hdrdtiques fes ennemis, qui la veulent rendre refponfable de ces fentimens pernicieux de quelques Cafuiftes particuliers, qu’elle a toujours improuvez par fes Canons & par fes De¬ crees. C’eft dans ce deffein , & dans la feule vue de rendre quelque fervice & l’E¬ glife , que pour vous inftruire de tout ce qui s’eft pall'd en cette rencontre, nous vous envoyons une copie de la Requdte que Meflieurs les Curez de Rouen ont prdfen-r tde SllR QUELQUES NoUV. CaSUISTES. 85 tbe d Monfeigneur !eur Archeveque, avec im extrait fidelle de quelques - unes des propofitions, que nous avons prifes par- mi le grand nombre d’autres femblables qui contiennent une dodlrine dont toute perfonne qui a quelque loin de fon falut aura fans-doute de I’horreur; & entre lefi. quelles nous n’avons mis que celles qui regardent la Morale , & non celles qui concernent la Hibrarchie. C’eft afin que dans un mdme efprit de paix , de con- eorde & de charitb , & dans un meme defir de profiter aux ames qui nous font a nous commifes , vous-vous uniffiez a nous , comme plufieurs de Meffieurs les Curez des autres Diocbfes offrent dbjd de le faire , & envoyiez pour cela vos procurations aux Syndics de notre Com* pagnie, qui foient en bonne forme devant Notajres, & mifes au pied de l’Extrait que nous vous envoyons des propofitions a condamner, & pour demander & pourfui- vre conjointement, tant par-devant NoiTei- gneurs de l’Aflembtbe gbnbrale du Clergb de France, qu’aiileurs oh il appartiendra, 1 a Cenfure & Condamnation decesmauvai- fes maximes, qui corrompent la Morale Chretienne, & troublent mdme la Societd Civile; celles que font celles dont nous vous envoyons les extraits, & autres fem¬ blables a ce que les peuples que Dieu a commis d notre garde fous Noffeigneurs les Prblats, foient deformais prbfervez de ce venin mortel qui les pqrte au relache- F 3 ment 86 Avis des Curez de Paris See. xnent & au libertinage,- & que nous puiP- fions tous enfemble louer & benir -le Pere des mifericordes , de ce qu’il nous aura donnb la force de nous acquirer de notre devoir fans aucune craince ni confidbra- tions humaines, & de ce qu’il nous aura fait la grace de contribuer par ce moyen au faluc de tanc d’ames, qui one bte ”ra- chetbes par le prbeieux fang de Notre Sei¬ gneur Jesus-Christ. Ainji conclu , & Jigne par iordre de VAf- femblee de Mefieurs Us Curez de Paris. Rousse , Cure de St. Roch, Syndic. Dupuis, Curb des Sts. Innocens, Syndic. a Paris, le 13. Septembie, 1656 . COPIE DE LA REQUETE Prbfentbe par Meffieurs les Curez de Rouen a Monfeigneur leur Archeveque. A Monfeigneur Monfeigneur illlujlnffime o 1 Religiojijfime Archeveque de Rouen , Primat de Normandie. CUpplient humblement les Doyen & Cu» O rez de Rouen fous-iignez, difant que depuis quelques annbes plufieurs grands Prblats & autres Ecclbfiaftiques recom- mandables en pietb & fuffifance , auroient remarque, & fe feroient plaints tant par berit que de vive voix, que plufleurs des Auteurs moderaes qui on? traice de la Thbo, SUR QUELQUES NoUV. CaSUISTES. S7 Theologie Morale & des Cas de Confcien* ce, ont enfeignd dans leurs Ecrits & dans les Livres qu’ils one compofez fur ces ma- tieres, des dodlrines pernicieufes, qui cor- rompent les bonnes mceurs , & qui font tout-i-fait oppofees aux maximes de l’E- vangile: Que feu Monfeigneur l’Archeve- que, votre oncle & votre preddeeffeur , eft un de ceux qui ont mieux reconnu les consequences de ce inal , done il fait de grandes plaintes dans cet excellent Ouvra- ge qu’il a compote , De Rebus Ecclejice , 011 il deplore avec un zele & une force digne d’un grand Pitelat, la corruption des Mceurs & le relachement de la Discipli¬ ne, qui eft arrive par les mauvais princi- pes de la Thdologie accommodante & complaifante des nouveaux Cafuiftes, dont il compare les Livres & ces LibePes Pe- rsicentiaux qui fervoient autrefois de re¬ gies aux ConfelTeurs en l’adminiftration du Sacrement de Pdnitence, dans Jefquels il fe glilfa tant d’erreurs & tanc d’abus, que le fecond Concile de Chalons fous Charlemagne , & le fixteme Concile de Paris lous Loui's le Debonnaire, furent pbligez de les condamner. Mais outre ces plaintes gendrales qui ont dtd faites par plufieurs grands Perfonnages de ce terns contre les Cafuiftes, on a btd fouvent contraint d’empdeher leprogrbs de la mauvaife dodirine de quelques-uns par les Cenfures, & par d’autres voies juridi- ques, comme il eft arrivd a Itegard du Li- F 4 vre gg Avis des Curez de Paris &c. vre de Pierre Milhard de 1’Ordre des Bd- nddidtins, qui porte pour titre La Grande Guide des Curez , & celui de Mr. Benin Berthauld Prdtre du Diocefe de Coutance, intituld le DireEteur des ConfeJJeurs , qui one etd notez de Cenfure par la Faculte de Thdologie de Paris; & depuis,le Livrede la Somme des Pkbez, compofe par ie Pere Bauny jefuite, a ete cenfurd k Rome par la Congregation de 1’Indice , & en France par PAffemblee gdndrale du Clergd le 12. Avril 1642 , comme contenanr des propo- fitions qui portent lesamesau liberdriage & & la corruption des bonnes mceurs, & violent 1’equitd naturelle & le droit des gens, ex- cufent les blafphemes, ulures , (imonies, & plufieurs autres pechez les plus enor- mes. Et il eft confiddrable , Monseigneuk. , que dans l’Afte de Cenftire JN’ofleigneurs les Prblats rdfolurent de faire drefler un Corps de Thdologie Morale par dix ou dou- ze Dodteurs des plus celebres de la Facul* td de Paris, lequel feroit approuve par les Prdlats de ce Royaume , & requ en tous leurs Diocefes, afin d’obvier aux inconve¬ niens que caufe la multiplicity de ces for¬ tes de Livres. Et environ deux ans apres cette Cenfure, & favoir Tan 1644, le Pdre Hereau Jefuite, Ledteur des Cas de Con- fcience au College de Clermont a Paris, ayant enfeignd a les Ecoliers quelques pro- pofitions prdjudiciables a la vie des hom¬ ines , 1’Univerfitd en fit informer, & prd? fenta SUR QUELQUES NoUV. CaSUISTES. 89 fenta au Parlement trois Requites l’une a- pres l’autre: en ia premiere defquelles, en date du 5 . Mars de la meme annee , l’Upi* verfite demande qu’il foit fait defenfe aux Jdfuites de plus eDfeigner la Thdologie au College de Clermont , ni ailleurs. En la feconde, 1’Univerfitd reprdfente h Ia Cour & fait voir que la dodtrme contenue dans les Ecrits du Pere Hereau n’eft pas le fen- timent d’un particulier, mais la dodtrine de plufieurs des Auteurs de cette Societe. Et la troifieme Requdte tend& faire fuppri- mer par la Cour le Livre du Pere Cauffin, qui porte pour titre Apologie pour les Reli~ gieux de. la Compagnie de Jlfus , oti ce Jd- fuite tache de juftifier fa Compagnie del’ac- cufation formee contr’elle par l’Univerlite, & entreprend de deifendre par ce Lib die, les mdchantes doftrines fur lefquelles die avoit prdfentd les deuxRequdtes prdcdden- tes. Pendant lefquelles procedures le Roi en fon Confeil ayant eu avis de ces dodlrines pernicieufes enfeigndes au College de Cler¬ mont, mandale Provincial dtlesSupdrieurs de trois Maifons des Jdfuites de Paris, & leur fit entendre , en prdfence de la Rei- ne Rdgente fa Mere , le mecontentement qu’avoit Sa Majeftd des propofitions en¬ feigndes par le Pere Bdreau; qu’il y avoit beaucoup defaute de la part des Supdrieurs, d’avoir permis que telles maximes fuflent mifes en avant, dont la connoiflance dtojt ties*dangereufe, dormant des ouvertures po Avis des Curez de Paris &c. d’exercer plutdt Jes pafnons que de les r&- gler ; qu’dle deliroic que les Superieurs de leur Ordre fMent a 1 ’avenir plus foigneux de s’informer de ladodtrine qui feroit ecri- te ou enfeignde en leurs Maifons ; qu’elle ne recevroit pas pour excufe qu’ils efiflent ignore les mauvaiies maximes qui fe traite- roient par leurs Pdres ; & qu’elle fe pren< droit a eux des fautes qu’ils feroient a far venir. Sur quoi, ainfi qu’il eft porte en l’enon- cd de 1 ’Arrdt du Confeil en date du 28. A- vril 1644, leTdirs Jdfuites tdmoignerent a- voir un extreme dbplaifir que Sa Majeftd eftt eu fujet de fe plaindre de la conduite de leur Phre ; qu’ils reconnoiftbient qu’il avoit failli de traiter publiquement de tel- les queftions dont on fe plaint, lefquelles ils defavouent , jugeant qu’il eft tres-dange. reux de les enleigner & de les dcrire ; & qu’a 1’avenir ils clendroient la main k ce qu’en leurs Colleges il ne ffit propofe au- cune matiere qui pflt dtre prdjudiciable au public. En confequence defquelles Decla¬ rations le Roi en fon Confeil fit tr£s ex- preffes inhibitions & deffenfes aux Jefuites, & tous autres , de plus traiter a 1’avenir dans les Leqons publiques & autrement pareiiles propofitions, avec injondtionaux Supdrieurs de veiller exadleinent &ce qu’en toutes leurs Maifons Ton ne traitat telles nratieres; & cependant, que le Pere H6* rcau demeureroit en arrdt en la Maifon de SUR QUELQUES NoUV. CASUISTES. t)E leur College , jufqu’a ce qu’autrement par Sa Majefte en efit bte ordonne. Le bruit & l’bclat que firent alors & Pa¬ ris ces propofitions pernicieufes du Pbre Hereau, & principalement celles qui regar- dent le meurtre des Mbdifans , reveilla la curiofitb de plufieurs Perfonnes de Lettres, pour examiner de plus prds la do&rine des Cafuiftes. Les Auteurs des Livres faits en ce tems-lh pour la deffenfe de l’Univerfitb contre les pretentions & entreprifes des Jb- fuites, en ont recueilli plufieurs propofi¬ tions dangereufes, qui fe lifent principale¬ ment dans deux Livres , dont l’un porte pour titre les P'eritez Acqdemiques (i) ; & l’autre , Reponfe de I’Univerjiti de Paris & I’Apologie pour les Jefuites faile par le Pere Caujjin. Mais environ ce mbme terns, & encore depuis,on a imprimd & publib plu¬ fieurs recueils plus amples , oh l’on a ra- mafle quantite de propofitions dbteftables que l’on y attribue aux Cafuiftes mbme les plus ceiebres. C’eft, Monseigneur , ce qui nous a don- n6 occafion de recherchernous-mbmes, le plus exaftement qu’il nous a btb pofilble, s’il fe trouvoit dans les Livres de ces Au¬ teurs des doflrines fi pernicieufes, que cel¬ les qui font allegubes dans ces recueils. La charge de Palteursque nousexerqons dans ( i) Ces deux Ouvrages font de Mr, Godefroi Hes- xn3nsj Chanoinede Beauvais. 92 Avis des Curez de Paris &c. dans l’Eglife fous votre autoritb, & l’obli- gation que nous avons d’empdcher que les ames qui nous (one commifes ne foient infe&ees de ce venin , & que les Pr£cres qui adminiftrent le Sacremenc de Penitence dans nos Paroiffes ne prennent pour rdgle ces maximes dangereufes , & ne s’en fer¬ vent dans les Confedionnaux , nous one portez tous k ce delfein, & nous avons, d’un m§me efprit& d’un mdme cceur,con- fulte les Livres que nous avions en main, oh nous avons trouvb un grand nombre de propofitions fauffes, dangereufes & detefta- bles, dont nous avons dreflb un extrait delle, que nous prefentons 4 votre Gran¬ deur pour en obtenir la Cenfure. Comme ce mal eft maintenant ft public, qu’on ne peut plus ni le cacher ni le diffi- muler, il femble qu’il foit terns d’ydonner un remede efiicace. Car tUmoinsquel’Au- torite Epifcopale n’intervienne pour con- damnerces malheureufes propofitions,ceux du peuple qui en ont connoiffance , pour- roient fe perfuader fauftement que ces opi¬ nions btant enfeignees par des Dofteurs Catholiques, & dtant tolerbes dans l’Egli¬ fe, elles ne font point mauvaifes, & qu’on les peut fuivre en furetb de confcience, ce qui ferait capable de produire detres-mau- vais effets, s’ils n’y etoit promptement pour- vu. Car les Gens-de-bien en demeure- roient toujours fcandalifez , les Libertins en prendroient occafion de pdcher avec plus d ? infoience, & les H£r£tiques conti¬ nue- SUR QTJELQUES NoUV. CaSUISTES. 93 nueroient d’en tirer avantage pour ddcrier l’Eglife Catholique,lui attribuant ees mau- vailes maximes f comme a fait ci-devant le Miniftre du Moulin dans fon Livfe des Tra¬ ditions, oil il reproche & l’Eglife Romaine les opinions pernicieufes de quelques-uns de nos Cafuiftes. Et d’ailleurs la neceffitd ne fut jamais (i grande de reprimer l’audace de ces nou- veaux Th'dologiens, dont nous voyons que les derniers ajoutent toujours quelque nouvel excds aux egaremens des premiers, ce qu’il feroit ail'd de faire voir par plu- fieurs exemples confiddrables. De forte que fi Ton ne donne ordre k reprimer une temdritd fi prdjudiciable h l’Eglife * il eft & craindre a l’avenvr que Ton ne faffe paf- fer pour des dodtrines certaines & des vd- ritez conftantes, quantitd de propofitions dangereufes, que les plus hardis Cafuiftes n’ont encore 6fd avancer que comme dou- teufes ou peu probables. Ce confiddrd, Monseigneur, nous fu- plions tves-humblement votre Grandeur d’employer fon autoritd & fon zele vrai- ment Epifcopal, pour arracher cette mau- dite zizanie du champ de l’Eglife, & pour y faire fieurir la puretd de la Morale Chrd- tienne , en retranchant ces dodtrines mal- heureufes par une Cenfure digne de vous, qui animera fans-doute les autres Prdlats, & les portera h faire le mdme dans leurs Diocdfes , afin que l’Epoufe de Jesus- Christ paroiflant incorruptible & fans cache 94 Avis des Curez de Paris &c. tache en fes mceurs auffi-bien qu’en fa doc¬ trine, impofe fiienee a fes ennemis, & con- ferve inviolablement la purete que fon di- vin Epoux lui a meritde par foil fang. Et parce que Mr. Jean Brifacier , fe difant Redeur de votre College Archidpifcopal, a depuis quelques jours prdfente k votre Grandeur une Requdte toute pieine d’in- jures & decalomnies centre la perform© de Mr. Charles du Four Abbd d’Aulney, Tre- forier de votre Eglife Cathedraie, & Curd de la Paroiffe de St. Maclou, dans laquelle Requete il traite ledit Sr. du Four, de te- meraire, de feditieux, de rebelle, defau- teur d’hdrdOe & de calommateur, & le charge de plufieurs autres injures fcanda- leufes , parce qu’il a prdche avec zele & vigueur contre ces dangereufes dodrines une fois en votre prdfence & devant tout votre Clerge,&une autrefois en fa Paroif¬ fe , expliquanc au peuple les commande* mens de Dieu & les maximes falutaires de l’Evangiie, fans que neanmoins il ait taxe ou offenfd en aucune manifere les Jdfuites; & que par cette Requdte que ledit Brifacier vous prdfente en forme de plainte, il tend & dtouffer la voix des Pafteurs, & nous em- pdcher d'enfeigner au peuple dont la char¬ ge nous eft comtnife , la puretd de la Mo¬ rale Chrdtienne, & de combattre ces er» reurs dont on a tdche de la corrompre, il piaffe a votre Grandeur lui enjoindre de faire audit Sr. du Four rdparation des ca? lomnies & injures .atroces contenues en fa- sur quelqu£s Nouv. Casuistes. 95 dite Requdte, & 1’obliger lui-meme de defa- vouer fmcerement & improuver , tanc par dcrit que de vive voix , ces opinions d6» teflables; & en cas qu’il vous plaife d’ad- mettve ledit Brifacier k lifter en jugement, afin de procdder en termes certains, il vous plaira ordonner qu’avant toutes ehofes il fera tenu de fe purger canoniquement de la note & cenfure faite & publiCe contre lui par feu Monfeigneur l’Archevdque de Paris, enfemble de fe faire avouer par fes Superieurs en fes demandes & deffenfes, <& fe foumettre en toute cette inftanceavotre Tribunal & JurifdiCtion; & en outre de de¬ clarer d’article en article s’il entend ap- prouver ou defapprouver les pronofitions que Mr. le Curd de St. Maclou a ddcrides en fes predications, dont le mCmoire eft ci* attache,- pour ce faire, entrer en la con- teftation de caufe, procdder & 1’inftruCtion, & apres la perfection d’icelle attendre fur le tout votre jugement. Et quant a nous, Monseigneur , qui vous reclamons comme notre Juge¬re PCre, il vous plaira de nous maintenir tous en votre protection , avec ledit Sr. Curd de St. Maclou,dont la caufe nous eft com¬ mune , & en condamnant ces mauvaifes doCtrines retenir dans le filence ceux qui nous voudroient empdcher de les ddcrier , & d’en faire connoitre au peuple les pdril- leufes confdquences ; Vous fuppliant de confiddrer combien il doit dtre f&cheux aux Pafteurs & Curez de votre Mdtr.opole, 9<5 Avis DES CuREZ DE PARIS &C. de fouffrir que quelqucs particuliers d’en- tre les Jefuites entreprennent de leur fer- mer la bouche de les empeeher de prd- clier la vdrite de la faine Doftrine , & de combattre les dgaremens de la faufie Mo¬ rale , durant qu’on fouflre que ces mdmes particuliers les favorifent & les deffendent publiquemenc, comme fait journellement le Pere Bril'acier lui-mdme , tant par bcrit que de vive voix , comme il nous eft aife de le verifier , s’il l’dfe ddnier. C’eft ce qu’a fait aufli i fon exemple, voire mdme avec plus de fcandale & de danger, le Pe¬ re des Bois, Regent de Thdologie en vo- tre College Archiepifcopal , qui non con¬ tent d’avoir combattu & tdchb de detruire, comme il fit l’an pafte , le point de la Difci- pline Eccldfiaftique & Hierarchique le mieux dtabli en votre Diocdfe, ayant fait plufieurs difcours expres & fes Ecoliers ("qui font quad tous Prdtres habituez ennos Paroifles)con- tre 1’obligation de la Mefle Paroiffiale, & contre l’autorite qu’ont les Prdlats d’y o- bliger les peuples , a quitd fes leqons or- dinaires depuis un mdis en pour excu- fer , & mdine pour deffendre la mauvaife doftrine des Cafuiftes les plus bdcriez de fon Ordre: ayant entrepris de juftifier entre les autres le Livre du P6re Bauny intituld la Somme des Pichez , & de faire paifer fa do&rine pour faine & innocente, bien que ce Livre ait dtd cenfure h Rome & en Prance par Noffeigneufs les Prblats en une Aflem- bide gdndrale. Ef c’eft encore avec une pareille SUR QUELQUES NOUV. CASUISTES. 97 pareille hardiefie que le mbme. Fere des Bois a 6fe deftendre le Pere Lamy Thdologien. de fa Compagnie , fur le fujet du meurtre de ceux qui calomnient ou menacent de calomnier les PretresouReligieux,-jufques- 1& mdme que dans une des dernieres legons qu’jl a fakes k fes Ecoliers depuis peu de jours r il a infinub clairement qu’il etoit permis aux Prdtres & Religieux de deffen- dre, etiam cum morte invaforis , Phonneur qu’ils one acquis par leur vertu & leur fageffe, lorfqu’il n’y a point d’autre moyen d’empdeher le calomniateur. A raifon de- quoi , Monseigneur , nous demandons qu’il vous pla^le ordonner & ce Rbgent de retrader & defavouer publiquement les propofitions qu’il a avancees, tant contre les bonnes mceurs, que contre l’ordre & la difeipline de votre Diocefe & de toute I’Eglife, & qu’il lui foit fait deffenfe d’en- feigner k l’avenirpareillesdodrinesfcanda- leufes fous les peines de droit. Et cependant, Monseigneur, nousprie* rons Dieu, qui ell le grand Maitre de la bonne & falutaire Dodrine, de vous con- ferver , afin d’en retablir la purete dans fon Eglife, & vous combler de toutes for¬ tes de profpdritez. Et plus ; bas font les feings fuivans avec leurs parafes. Turgis , Doyen delaChrdtientd &Curd de St. Vivien. Du Four , Cure de St. Maclou. Du Perroy, Cure de St. Etien¬ ne les Tonneliers. Sancier, Curd de St. Time IF. G Denys, p§ Avis des Ciirez de Paris &c. Denys. Voisin , Cure de Sc. Michel. Thier¬ ry , Curd de St. Jean. Chrestien , Curd de St. Patrice. Le Clerc , Curd de St. Andrd. Picquais , Curd de St. Sauveur. Lorrain , Cure de St. Martin du Pont. Avice, Cure de St. Lo. De Sahurs, Cu¬ re de St. Pierre du Ch&tel. Lf Febvre , Cure de St. Vincent. De la Vigne, Cu* re de St. Pierre le Portier. Nicolas Tal- leeot , Curd de St. Andrd prds Cauchoi- fe. De la Fosse, Doyen & Curd de No¬ tre Dame de la Ronde. ‘De la Haye , Cu¬ re de St. Amand. Marc, Curd de St.Mar¬ tin fur Renelle. Tirel , Curd de Sainte Croix des Pelletiers. Le Prevost , Cure de St. Herbeland. Artus , Curd de St. Vigor. Gueroult , Cure de St. Nicaife. Des Marets , Curd de Sainte Croix St. Oueri. Cotteret , Curd de St. Cande le Jeune. De Fieox , Curd de St. Laurent. Teveneau, Curd de St. Etienne la Grande Eglife. Le Cuilier , Curd de Sainte Ma¬ rie la Petite. FAuciLLON^Curd de St. Ni¬ colas. Ladite Requite a ete communiquee au Pro- moteur , fuivant I’Ordmnancede Monfeigneur I’Arcbeveque de Rouen, rendue dans Jon Pa¬ lais Arcbiipifcopal de Gaillon, le 28. Aodi 'iGjG. T A- &UR QUELQUES NoUV. CASUISTES. 99 TABLE D E S PROPOSITIONS Contenues dans I’Extrait de quelques^unes des plus dangereufes Propofitions de la Morale de plufieurs nouveaux Cafuiftes 9 fidellement drdes de leurs Ouvrages. i. QT. Thomas ayantenfeigne clairement Oquodl.,8. a. 13.& quodl. 3. a. 10. queles opinions des Dodteurs n’empdchent point qu’on ne foit coupable lorfqu’on agit con- tre la loi de Dieu; ces Cafuiftes enfeignenc au-contraire, qu’une opinion eft probable., lorfqu’elle eftenfeignee par un Dodteur gra¬ ve ; & qu’on eft affure de ne point pecher en quitant une opinion que nous croyons vraie, & qui eft la plus lure , pour fuivre la contraire,quieftmoins probable & moins Pure. Filliucius Jef. Mor. qu. tr. 21. c. 4. n. 128. Tannerus Jef. Thdol. Schol tom. a. difp. 2. q. 6 . dub. 2. Sanchez Jef. in Sum. 1 . 1. c. 9. n. 7. Layman Jef, Theol. Mor. 1. 1. tr. 1. c. 5. §. 2. n. 6 . 11. Du fentiment qu’ont ces Cafuiftes, que lenrs opinions probables, font que ce qui etoit auparavant pbchb , ne l’eft plus, Caramud. in Epift. ad Ant. Dianara. G 2 ii)l. ioo Avis des Cure2 de Paris &e, hi. Que les Cafuiftes peuvent rdpon- dre felon les opinions des autres , quoi- qu’ils les croient faufles , lorfqu’elles font plus favorables ^ ceux qui les confultent, & ainfi repondre tantdt felon un fentiment, & tant6t felon le contraire. Layman Jef. ThdoJ. Mor. 1. i. tr. c. j. §. 2. n. 7. Efco- lar. Print. ex. 3. n. 24. iv. Que les conditions que ces Cafuiftes jugent neceffaires afin qu’une adtion foit imputde a pdchd, peuvent excufer une in¬ finite de crimes. Baunyjef. Som. desPdch. c. 39. p.906. Edit, 6. v. Comme ils andantiffent les loix de l’E- f life dans la punition des crimes les plus orribles. Efcobar Jef. Th. Mor. Tr. 1. Exam. 8. c. 3. Praxis ex Soc. Jef. Doctori- bus. vi. Que l’onpeut tuerune perfonne pour s’empdcher de recevoir un ioufflet ou un coup de btlton, Azor Jef. Inftit. Mor. Part. 3. 1. 2. p. 105. Filliucius Jef. To. 2. Tr. 29. c. 3. n. 50. Leffius Jef. de Juft. & Jur. 1. 2. C. 9. dub. 12. n. 77. Efcobar Jef. Mor.Theol. Tr. 1. Exam. 7. c. 3. Praxis Soc. Jefu. Be- can Jef. Sum. part, 3. tr. 2. c. 64. de Ho- mic. qu. 8. vii. Qu’il eft permis mdme a un Eccld- fiaftique, & k un Religieux, de deffendre I’honneur qui nait de la fcience & de la vertu,- en tuant celui qui attaque cet hon- fieur par des mddifances & des calomnieSi Lamy Jef. To. y. difp. 36- n. 118. viii.La dodtrine du P .Lamy, quidonne per- SUR quelques Nouv. C.ASUISTES. 101 permiffion a un Religieux de tuer celui qui menace de le calomnier, foutenue par Ca- ratnuel, comme btant le feul veritable fen- timent fur ce fujet, & le contraire n’dtant pas feulement probable. Thdol. Fundam. Fund. 55. §. 6. p. 544. ix. Qu’ii eft douteux, fi un Religieux a- yant abufd d’une femme, ne la peut point tuer quand elle publie ce qui eft arrrivb. Caramuel, ibid. §. 7. p. 551. x. Que comme on peut deffendrefon hon- neur contre celui qui le veut ravir, en lui impofant un faux crime , on le peut auffi en le tuant. Caramuel. Theol. Fundam. Fund- 55- §• < 5 - P- 550 . xi. Qu’ii eft permis felonies uns dans la fp^culation, & felon les autres dans la pra¬ tique mdme, de blefter &de tuer celui qui a donnbun foufflet, quoiqu’il s’enfuy e.LeJJ. Jef. de Juft. & Jur. 1 . 2. c. 9. dub. I2.n.79. Reginaldus Jef. in Praxis 1 . 21. n. 62. Fil- liucius Jef. tr. 29. c. 3. n. 51. Layman Jef. 1.3. tr. 3. par. 3. c. 3. n. 3 E/cobar Jef. Mor. Theol. Tr. 1. Exam. 7. c. 3 Praxis. Caramuel. Theol. Fundam. Fund. 55. §. 8. p. tfl. xi r. Qu’on peut tuer unfaux accufateur, & mdme Jes temoins, &lejuge, qu’on ne peut empdcber autrement d’opprimer un innocent. Tannerusjef To. 3. difp. 4. q. 8. d„ 4. n. 83. Sanchez Jef Oper. Mor. in Decal. 1. 2. c. 39. n. 7. xiii. Qu’on peut procurer l’avortement avant que le fruit foit anigiS, pour fauves; G 3 la 102 Avis des Curez de Paris &c. la vie & l’honneurd’unefille. JEgidius TruU lench in Decal. Tom. 5. 1 . 5. c. 1. dub. 4.11. i. Et quidam Tbeologus Soc. Jefu apud Dia- mam. Part. 6. Tr. 8. Refol. 37. xiv. Qu’on peuttuercelui qui nous don- ne un dementi,ou qui nous dit des injures. Efcobar. Theol. Mon Tr. 1. Exam. 7. c, 3. Praxis. Reginaldus Jef. 1 . 21. c. 5. n. 60. xv. Qu’on peut tuer celui qui nous em- portenotre bien, lors mdme qu’il s’enfuit, pourvu que lachofefoitde prix. Leffiusjef. de Juft & jure 1 . 2. c. 9. dub. 11. n. 66 & 72. Efcobar Theol. Mor. Tr. 1. Exam. 7. c. 3. Praxis. xvi. Qu’il eftpermisen desoccafions d’ac- cepter le duel. Efcobar Theol. Mor. Tr. 1. Ex. 7. c. 3. Praxis. Layman Jef. 1 . 3. t 3. part. 3. c. 3. n. 2. & 3 Hurtado de Mendoza Jef. in 2. 2. difp. 170. fedh p.-§. 82. apud Dianam p. 5. t. 13. refol 21. Idem Hurta¬ do de Mendoza Jef. referente Diana, part. 5. tr. 14. Mifcellan. 2. Refol. 99. xvi i. Que ce n’eft point Simonie de don- ner ou de recevoir un bien temporel pour un fpirituel, lorfqu’il n’eft donnd quecom- me motif, & non corame prix. Gregorius d Valentia Jef. to. 3. difp. 16. q 6. pun. 3. p. 2039- & fequent. Efcobar Mor. Theol. traft. 6. ex. 2. c. 6. n. 40. Praxis. Miibard Guide des Curez ch. 63. Inft. 1. n. 2. xviii. Que ce n’eft point Simonie d’ob- tenirun Bdnefice enpromettant del’argent, iorfqu’on n’a pas deflein de ie payer. Efco¬ bar Jef. Mor. Theol. tr. 6 . ex. 2. c. 2. n. 14- ’ xix. S0R QUELQUES NoUV. CaSUISTES. XO3 xix. Qu’un Devin eft obligd de rendre ce qu’il a requ pour deviner , s’il n’a con- fultd que les Aftres , mais qu’il n’y eft pas oblige s’il a confulte le Diable. Sanch. Jef. Sum. Caf. 1.2. c. 38. n. <,6. xx. Qu’on n’elt point oblige , ni felon le droit de nature , ni felon les loix , de rendre ce qu’on a requ pour donner une fentence injufte , ou pour commettre un alfiffinat , ou un adultere, mais qu’on le peut retenir. LeJJius Jef. de Juft. 1.2. c. 14. d. 8. n. 52. xxx. Ouverture que ces Cafuiftes don- nent aux vols domeftiques. Bauny Jef. Som. des Pech. p 213. & 214 Edit. 6. xxii. Qu’on n’eft point obligd aux refti” tutions des dommages qu’un tiers a faits & notre inftance. Bauny Jef. Som. des Pdch. p. 307. & 308- Edit. 6 . xx 1 1 1 Qu’on n’eft point obligd fous pei= ne de pdchd mortel il rendre la fomme to- tale que Ton a derobde par quantitd de pe- tits larcins. Bauny Jef Som. des Pech, p. 220. Edit. 6 . xxiv. Ufure pallide par ces Cafuiftes fous le nom de Major , auquel ils impofent. Bauny Jef. Som. des Pdch. p, 331. & feq, Edit. 6 . xxv. Que l’Envie n’eft point un pdchd mortel, quand elle eft conque pourle bien temporel du prochain. Bauny J6f. Som. des Pdch. p. 123. Edit. 6. xxvi. Qu’un Prdtre qui a requ de l’ar- gent pour dire une Meffe 3 peut encore G 4 en io4 Avis des Ccrez de Earis &c, en recevoir pour ia jpartie du facrifice qui iui appartienc. E/cobar. Theol Mor. Tr. i. Ex. ii. c. 4. Praxis. xxvi 1. Que c’eft entendre la Mefle , que d’en entendre quatre quarts en mbme terns. Efcobar. Theol. Mor. Tr. 1. Ex. n. c. 4. Praxis p. 146. Edit. Lugdun. Ann. 1644. Bauny jef. Mor. Theol. Par. i. Tr. 6 . de Pnecepto audiendae Miffae. q. 9. p. 312. xxviii. Relachemenscontrel’obligation de jeftner. Efcobar. Theol. Mor. Tr. 1. Ex. 13. c. 3. Praxis. xxix. Qu’ils rbduifent le foin que le Con- feffeur doit avoir de juger de la difpofttion de fon Pbnitent , a lui demander s’il a re¬ gret de fes pechez & deffein de n’y plus retomber,& qu’ils prbtendent qu’ayanc ditr oui, le Confeileur Ten doit croire. Filliu ■> ctus Jef. Mor. Qua:ft. Tom. 1. Trabt. 7. n. 354. Suarez Jef. in Par. 3. Tom. 4. difp, 32, febt. 2. n. 2. xxx. Que le Pbnitent btant mbme inter- rogb par fon Confeileur, n’eft pas obbgb de lui avouer que le pbchb dont il fe con* feffe, eft un pbchb d’habitude, auquel il a accoutumb de tomber fouvent. Bauny Jef. Th. Mor; Part. 1. Trabt 4. de Pceflit. q. 15. P- * 37 - . , ' xxxi. Qu’une occafion prochaine de pb- chb btant celle qui porte d’elle-mbme aupe- chb mortel, & en laquelleune perfonne ne fe trouve jamais ou prefque jamais fans tom* ber dans le pechb mortel , on peut nban- moins y demeurer } & mbme s’y eDgager pour StiR QUELQUES NoUV. CASUISTES. 10 $. le b.en Ipintuel ou ternporel de nous ou de nocre prochain. Bauny Jef. Theol. Mor. Par 1. Tr. 4 de Pcenic. q. 14. p. 93. & 94. xxxii. Qu’un Concubinaire n’eit pas 0- blige de chaffer fa Concubine, mais feule- ment de promettre de ne plus pdcher avec elle , lorfque ne l’ayant pas il en vivroic plus tri/lement. Sanctius in Seledtis Difp. difp. 10. nutn. 20. apud Dianam Parc. 5. Tr. 14. ref. 108. xxxiii. Que la confideration d’un intd- ret temporei fait qu’on peut abfoudrecelui qui eft dans uneoccafion prochaine de pb* che, fans qu’il la quite. Bauny Jef. Theol. Mor. Part. 1. Tr. 4. de Pcenit. q. 14. p. 94. xxxiv. Abfoudre ceux qui font dans les occafions prochaines, raeme d’incefte, fans les obliger de fc fdparer, lorfque leur re¬ chutes ne font pas frbqiientes &quafijour¬ nalises, mais feulement une ou deux fois le mois Et qu’il faut mbme abfoudre, to- ties quoties , l’Enfant defamille qui ne peut abandonner la maifon de fon pere , ni en chaffer la fervante dont il abufe frequem- ment,bienqu’il n’y aitapparence qu’il s’abf- tienne du pbche , quoiqu’il le promette. Bauny Jef. Som. des Pdch. ch. 4 6. p. 1089. Edit, 6 . xxxv. Abfoudre toties quoties les jeunes gens qui fe corrompent, & retombent tou- jours dans les mdmes pbchez mortels, fans travailier mdme & s’en corriger. Bauny Jef Theol. Mor. Part. 1. Tr. 4, de Pcenit. q. 15. p. 9 qui n’admi- rera SUR QTJE.LQ.tfES NoVV. CaSTJISTES. 1 5$ rera la hardiefle de quelques perfonnes, qui ont voulu faire paffer les plaintes que nous vous avons adreffees concre ces maximes fdditieufes , pour une entreprife prdjudi- ciabte au bien de l’Etac? Mais ceux qui travaillent avec tan: de zele d fa conferva- don & a fa grandeur, font crop affurez de notre parfaite & inviolable fidelice, pour avoir ete fufceptibles des mauvaifes im- preflions qu’on leur a voulu donner contr'e nous. On fait que dans les Aflemblees ob nous avons accoutume de nous trouver, & qui font autorifees, non feulement par la coutume & l’approbation de nos Arche- vdques, mais aufli par les Lettres qu’il a plb aSa Majeltd d’y envoyer, on ne parle jamais de ce qui touche les affaires publi- ques , ce n’di pas-ld notre emploi; mais feulement de ce qui regarde les befoins de nos Paroiffes, & le bien fpirituel des Ames qui nous font foumifes , parce que c’elt-ld le devoir de nos charges. C’ett aufli, Meffeigneurs , ce feul intd- rdt des Ames fi precieufes d Jesus-Christ, qui nous oblige de nous adrelier d vous, pour vous prier d’empdcher par votre au¬ torite , que ces nouvelles corruptions ne s’etablfflent davantage au deshonneur des Catholiques , &. au fcandale des Herdti- ques. La Cenfure que vous en ferez, ne peut qu’dtre tres-avantageufe a toute I'K- glife, & a ceux mdmes qui les foutiennent & qui les publienc: car s’ils fe rendent d vos D.ecrets, ils rentreront dans la voie de la if 6 Avis des Cur ez de Paris &c. la vdritb, de laquelle ils fe font fi dtrange- ment dloignez; & s’ils y refiftent a'leur ordinaire, ils perdront au-moins la fauffe crbance qui ieur donne pouvoir de trom- per les ames, & qui eft pour eux-mdmes, aufli-bien que pour les aucres, le plus de¬ plorable de tous les malheurs. En tout cas , Mefleigneurs , vous delivrerez vos ames felon le langage de l’Ecriture; & la condamnation publique que vous ferez de ces fentimens pernicieux* vous fervira de deffenfe devant le tribunal de Jesus- Christ, qui demandera un cornpte exadt aux Paftcurs de Ton Eglife, de tous les abus & de tous les defordres qu’ils ne fe feront pas efforcez de re primer. Mais pour nous, Mefleigneurs, qui ne fommes appellez qu’a une petite partie de la puiflance dont vous pofledez la plenitu¬ de, tout ce que nous pouvons faire, eft de vous temoigner nos voeux & nos fou- haits pour le rdtabliflement de la purete de la Morale Cbretienne, & en decriant ces malheureufes maximes parmi les peu- pies qui nous font foumis, conferver tou- jours 1’union & la paix avec ceux-memes qui les deffendent, fuivant ces belles pa¬ roles de St. Auguftin; Quisquis vel quod poteft, arguendo corrigit, vel quod corrigere non potejt, falvo pads vinculo excludit ; vel quod falvo pads vinculo excluders non pote/t , cequitate improbat, firmitate fupportat: hie ejt pacificus , e? ah ijio malesliclo, quod Scrip¬ tures (licit, P"® bis qui dicunt , quod nequam , suit QUELQUES NoUV. CaSUISTES. 1 57 ionum eft , (ft quod boniim , eft nequam, omnino liber, prorfus J'ecurus , penitus die- ms. Ainfi conclu & arrdtd en PAflemblde de Meflieurs les Curez de Paris, & prefentd & Noffeigneurs de l’Affemblde Gendrale da Clerge, le 24 Novembre 1656, & fl- gne, Rousse, Curd de St. Roch, Syndic. Du puys, Curd des SS. Innocens,Syndic. PRINCIPES ET SUITES D E LA PROBABILITE’, Expliqude par Caramuel , l’un des plus celdbres entre les Cafuiftes nouveaux, dans un Livre imprimd en 1652 , & intitule Tbeologia Fundamentals. C Et Extrait comprend le prmcipe general de la nouvelle Morale , qui eft la doclri- ne de la Probability. On I’a tinle d'un feul Auteur, afin que Von voie mieux que ce ne font point des maxim.es detachtes , qui ne foient foutenues que fepariment , (ft qui ne fe doivent pas allier enfemble. On a cbpift pour cela Vun des plus celebres (ft des plus Javans de ces Cafuiftes , nomme Caramuel , qui eft encore vivant, (ft que les autres re- gar - * 158 Avis des Curez I)E Paris &c. gardent comme le flambeau des beaux ef- prits de ce terns, ingeniorum facem; £? qui eft en telle eftime parmi eux, qu’ils ne croient pas que ce que le grand Caramuel, comme ils I’appellent, auroit approuve , puif- fe etre condamne de perfonne. On ne peut pas donter autji qu’il ne foil bien inftruit dans la doctrine de ces nouveaux Auteurs * puifqu’il fait profejiqn de ne lire prefque que leurs Livres , & qu’il croiroit Jon tend perdu en lij'ant les anciens Peres. C’ejl ci qu’il declare par ces paroles p. 22. qui pen- vent faire jtiger du caraEtere de Jon efprit. Non multum ego temporis impendo, aut PKRDo in veterum (Patrum) hbris legen- dis; non quod contemnam illos, fed quod omnia qute pulcrb cogitarunt, jam lint a junioribus fummo Audio & ingenio eli- mata. Pour bien entendre la doctrine de la Pro¬ bability , fur laquelle route toute la fcience de ces Cafuiftes , il faut remarquer que la qucftion n'eft pas s'il y a des opinions pro¬ bables dans la Morale. Perfonne ne doute qu’il n'y en ait, quoique le nombre en foi( infiniment plus petit , que ne s’imaginent ceux qui reduifent en queftions problematic ques les plus certaines regies de nos moeurs, & qui 11'ont point rougi de faire des volu¬ mes entiers remplis de ces dkifions inouief jufques d cette heure parmi les Tbeologiens. Eft, & non eft; licet, & non licet; pec- cat, & non peccat ; tenetur, & non tene- tur; fuffieic, & non fufficit; comme ft I’E- sur quelques Noav. Casuistes. 159 tole de Jifus-drift etoit devenue tout d'un coup une Ecole de Pyrrboniens. Mais le venin de cette doStrine conjijle dans Vunion de ces quatre maximes, qui fervent de fondement d toutes les autres. La 1. que lorfqu’il y a differentes opinions probablesJur quelque point , c? que quelques- uns foutiennent qu’une cbofe ejt dejf'endue , les autres au - contraire qu'elle eft permife, toutes ces deux opinions font dgalement J'ures en confcience: & quoique par necefftte il y en ait une des deux qui foit faujfe, & contraire d la loi de Dieu , on ne laift'e pas neanmoim dialler au del par toutes les deux, aufti lien par la fauffe que par la veritable: ut quamcunque duarum viarum primo diver- iarum homines inierint, refli tendant ad fuperos , coniine dit Efcobar Thel. Moral, Tom. 1. in Prsel. cap. 3. La 2. qu’il eft permis de cboifir Vopinion la moins probable & la moins fure, en quitant la plus probable & la plus Jure: c’eji-d-dire , que lorfqu'on eft en doute s’il y a pecbe dans une a£tion ou s’il n'y en a point, if que l’o- pinion qui foutient qu’il y en a nous pa- roit plus probable , en forte que tout conjidere nous fommes de ce fentiment , il nous eft neanmoins permis, of fur en confcience, de faire cette adlion que nous croyons plus pro- bablement etre un piche. La 5. qu’une opinion eft probable , lorf- qu'elle eft appuyee d’une raifon ou d’une ait- torite confidtrable, & qu’il n’eft pas neceftai- re que ces deux conditions foient jointes en- ftmbk, tfi'O Avis DCS CuREZ DE PARIS &C; femhle , Vune vu Vautre fuffifant. ll's appel- lent la premiere forte de .Probability, proba- bilitatem intrinlecam, {*? la Jeconde, pro* babilitatem extrinfecam. La 4. que, felon le fentiment general des CaJ'uifles, une opinion eft probable, & pent 'etre communement fuivie fans craint'e , lorf- qu’elle eft foutenue par quatre Auteurs gra¬ ves, & que plufteurs enfeignent que Fautori- ti d'un feul fuffit. C'eft dans iencbainement, (ft dans l'union de ces quatre maximes , que confifte la doc¬ trine de la Probability. Cet extrait, ceux que nous avons donnez auparavant , en peu• vent faire voir les pernicieufes fuites. Mais pour fermer la bov.che a tons ceux qui la vou ■ droient deffendre , il n’y a qu’d les avertir , que I'Etat , aujft-bien que la Religion , eft oblige de I’dtouffer; parce que taut qu’elle fubfiftera, on ne pourra jamais empecber que les detefta- Ues maximes coiitre la furete de la perfonne des Rois , ef contre leur autorite fouveraine, qui ont ete Ji fouvent condamnks par les Par- lemens , par les Univerjitez & par le Clerge de France , ne demeurent toujours probables fcf Jures en confcience , & ne foient regar- dees par ceux qui font, inftruits en cette doElrine comrne des voies certaines pour allef au Ciel ; puifqu'elles ont etd enfei- gnees , non par un , ni par quatre , mais par plus de vingt des plus celebres de ces Ca- Juiftes. Enfin , pour donner en peu de paroles un contrepoifon qui ne puiffe etre fu/peet , nous join- SUR QUELQUES NoUV. CaSUISTES. Ii 5 t joindrons ici un lieu celebre ae St. Thomas j qui eclaircit toute cette matiere. St. THOMAS, Quodlib. 8. Art. 13. ytrum, quando flint diverfe opiniones de all- quo facto, ille, qui fequitur minus tutam> peccet; ut de pluralitate Prcebendarum. R Efpondeo dicendum , quod duobus rnodis aliquis ad peccatum obligatur: uno modo , faciendo contra legem , ut cum aliquis fornicatur : alio modo , fa¬ ciendo contra confcientiam , etiamfi non lit contra legem: ut fi confcientia didtac alicui , quod levare feftucam de terra lit peccatum mortale. Ex confcientia autem obligatur aliquis ad peccatum, five habeat certain fidem de contrario ejus quod agit; five etiam habeat opinionem cum aliqua dubitatione. Illud autem quod agitur con¬ tra legem, Temper eft malum, nec excufa- tur per hoc quod eft fecundum confeien- dam: & fimiliter , quod eft contra con¬ fcientiam , eft malum , quamvis non fit contra legem. Quod autem nec contra confcientiam, nec contra legem eft, non poteft elfe peccatum. Dicendum eft ergo, quod quando duss funt opiniones contrarise de eodem , oportec efie alteram veram, & alteram falfam. Aut ergo ille qui facit con¬ tra opinionem magiftrorum, utpote haben- do plures Pratbendas , facit contra veram opinionem; & fic cum facit contra legem Tome IT, L Dei, t6z Avis de$ Curez de Paris &c. Dei, non excufatur & peccato, quamvis non faciat contra confcientiam: fic enim con¬ tra legem Dei facit. Aut ilia opinio non eft: vera, fed magis contraria, quam ifte fequitur, ita quod vere licet habere plures Prtebendas , & tunc diftinguendum eft: quia aut tabs habet confcientiam de eon* trario;& fic iterum peccat contra confcien¬ tiam faciens, quamvis non contra legem: aut non habet confcientiam de contrario, fed certitudinem; fed tam in quandam du* bitationem inducitur coDtrarietate opinio- num: & fic, fi manente dubitatione plures Prtcbendas habet, periculo fe committit;: & fic procul dubio peccat, utpote magis amans beneficium temporale , quam pro- priam falutem: aut ex contrariis opinioni- bus in nullam dubitationem adducitur; & fic non eommittit fe difcrimini, nec pec¬ cat. T A- SUR QUELQUES NoUV. CaSUISTES. I(S3 TABLE D E S PROPOSITIONS Contenues dans la fuite de l’Extrait de plufieurs mauvaifes Propofitions des nouveaux Cafuiftes , recueillies par Meffieurs les Curez de Paris. Et prdfentees & Nofleigneurs de l’Aflem- bide Gendrale du Clergd de France, le 24. Novembre 1 656. PRINC 1 PES ET SUITES De la Probability expliquez par Caratmiel, I'un des plus celebres entre les Cafuiftes nouveaux , dans un Livre imprimi en intituU Theologia Fundamenta¬ ls. I. T'\Eux fortes de Probabilitez , l’unc 1 J par la raifon, 1’autre par l’autori- td. Que l’une fans 1 ’autre fuffit. Que tou- tes les opinions probables font dgalement fures d’elles-mdmes. Que par accident les plus douces font les plus fures , & L 2 qu j il 164 Avis des Curez de Paris &Ci qu’il eft permis de fuivre la moins pro¬ bable. Cqramuel Theol. Fundam. p. 132. If. Que felon le fentiment coraman des Cafuiftes , quaere Auteurs fuffifent pour rendre une opinion probable; & par une confluence nbceffaire, un feul fuffit auffi. Caramuel. Theol. Fundam. p. 137. III. Trois conditions nbceftaires pour pbuVoir dire qu’une adtion eft illicite, & que l’une des trois manquant, on doit di¬ re qu’elle eft permife. Idem. Ibid. p. 13$. IV. Que les Evbques ne peuvent def- j fendre ies Livies des Cafuiftes, que com¬ ine des marchandifes , ou comtne nuifi- bles par accident,& non pas les co'ndam- ner comme mauvais. Ibid. p. 89- V. Qu’il eft impoffible de condamner en.elle-meme une opinion probable , & qu’il eft impoffible auffi qu’une opinion foutenue par plufieurs Dodieurs , ne foit .pas probable. Ibid. p. 393. VI. Qu’une opinion probable , e’eft-i- dire qui a btb foutenue par des Cafuiftes cblebres , ne peut cefter d’btre probable j & fure, ft le contraire ne devient article i de foi , par une nouvelle ddfinition de | 1’Eglife. Et qu’une condamnation moin- ; dre que celle-ht ne lui peut dter fa pro¬ bability. Ibid. p. 89- VII. Que fuppofb la dodtrine de la Pro- babilitb , tout ce que quelques Cafuiftes berivent pour condamner quelques opi¬ nions relachbes des autres , ne fert de fien ; parce que eela n’empdche pas que Sur quelques Nouv. Gasuistes. 165 ces opinions des autres ne demeurent pro¬ bables. Ibid. p. 6j2. VIII. Que lorfqu’il n'y a encore qu’un Auteur grave qui ait traitd d’un cas en propres cermes , fon opinion eft mora- lement cercaine & plus que probable. Exemple de la dodtrine du P. Lamy, qui donne permiffion aux Religieux de tuer pour des calomnies. Ibid. p. 5-45. IX Qu’on ne doit point alldguer les Loix Civiles ou Eccldfiafuques contre les nouvelles opinions des Caluiftes ; parce qu’dtant plus jeunes que les loix , dies ne peuvent y avoir ete exprelTdment con- damnees. Ibid. p. 549. X. Que les inconveniens & les dange- reufes fuites qui naifient des opinions probables, n’empechent point qu’elles ne foient probables. Ibid. XI. Qu’il faut reformer la Logique ; parce que cejle qu’on a enfeignee juft ques-ici, ne s’accorde pas afiez bien avec la dodtrine de la Probability. Ibid. p. 550. XII. Wage de la dodtrine de la Pro¬ bability pour autorifer les plus mychantes dycifions. Ibid, p, 550. & p. 552. XIII. Que les Juges ne peuvent condam- ner ceux qui ont fuivi une opinion proba¬ ble , cornme feroit celui qui auroit tud pour la deffenfe de fon honneur; & qu’il en eft de-mdme de 1’excdmmunication &c. Caramael p. 202. Ei in Conmentario in Megul. S. Benedicti. 1. 1. n. 6 y XIV. Que ceux 9 ui fuivent les opinions L 3 pro- 3 66 Avis des Curez de Paris &c. probables les plus douces, c’eft-a-dire les plus relachees, telles que font celles qui font approuvees par Diana, doivent dtre sappellez non feulement des Soldats gend- reux, mais auffi des Vierges \ parce que ces opinions donnent moyen d’agir dans tous les prdceptes de l’Eglife avec une telle pqretb, qu’on n’y commet pas mdme un feui peche vdniel. Caramuel in Epift. ad Ant. Dianam. p. 2 4. XV. Que par le moyen des opinions probables on fatisfait & l’Office Divin fans aucun peche vdniel, quelque diftradtion que 1’on y ait , meme volontaire •, parce qu’on n’a qu’a croire probablement que i’Eglife ne commande que la recitation extdrieure, fans qu’on foit oblige k aucune attention interieure. Caramuel, pour recom¬ mander l’utilite de cette invention , de¬ clare , parlant de lui-mdme, qu’ii ne fe confeifoit pas en un an une fois d’avoir fait la moindre faute vdnielle en difant fon Breviaire ; mais qu’au-contraire il pouvoit jurer qu’ii n’en avoit fait aucune, quoiqu’il efit fouvent plufleurs diftradtions , meme volontaires. Caramuel p. 134. XVI. Que de deux opinions probables contraires , une meme perfonne peut a fa fantaifie fe fervir de 1’une, & un moment apres de I’autre, quelque dommage que le procbain en puiffe recevoir. Que cette dodtrine eft vraie, quelques inconveniens qui en arrivent, & quoique par ce change- menc d’opiaion on s-exempte d’obferver SUR QUELQUES NoUV. CaSUTSTES. l6f les commandemens de 1’Eglife; parce que ces commandemens font fort anciens, & que ces fubtilitez font fort nouvelles ; & qu’ainQ l’Eglife ne les ayant point pre- vues, ne les a point auffi deffendues. Ibid. P- 143 - XVII. i. Exemple de la doftrine prd- cddente. Qu’une perfonne ayant entendu fonner minuit du Same'di au Dimanche, & ayant fait un bon repas de viande , II apres qu’il a mange minuit fence a une autre horloge, il peut communier le len- demain comme etant encore a jeun; parce que ces deux horloges tiennent lieu de deux opinions probables, & qu’ainfi fui- vant la prdmiere il a pu manger gras com¬ me dtant dej^ Dimanche; & que fuivant la feconde il peut croire n’avoir point mange le Dimanche , mais feulement le Samedi. Ibid. p. 139. XVIII. 2. Exemple. Qu’un Eccle/iaf tique s’embarquant, & n’ayant porte que fon Diurnal, felon l’opinion de Sanchez, qui enfeigne qu’on fatisfait a l’Office Divin en difant ce qui eft dans le Diurnal, peut, etant fur mer, ne rien dire de fon Office an changeant de fentiment; & fuivant ce- bi de Sancius, qui dit qu’on n’y fatisfait paseu ne difant que le Diurnal, & qu’ain¬ fi celui qui n’a qu’un Diurnal n’eft obligd a rien. Ibid. 138. & 144. XIX. Qu’i! s’enfuit de la do&rine de la Probabilite,parune bonne & Mgi time con- ffiqyence, que I’Eglife ne peut ni com. L 4 Blander, *if>S Avis des Curez de Paris &c. xnander, ni defFendre aucune aftion qui fe fait en l'ecret , & qu’ainli on ne pecheroit poinc en mangeant en fecrer de la chair les Vendredis, ou ne difant point fon Brdviai- re i pourvu que perlonne n’en fqftt rien, &c. Que ces fuites font improbables , & que neanmoins elles font Idgicimement ti¬ ldes de la dodtrine des Opinions Probables. De force que cette dodtrine pourroit pro¬ duce dans les Ecoles 1 ’herefie des Inddpen- dans d’Angleterre. Caramud. p. 20J. XX. Confequences ridicules, quoique neceflaires , til des par Caramud d’une opi¬ nion enfeignee par plus de huit Cafuiftes, & par confdquent probable felon leurs maxi- mes. 1. Confdquence. Que Caramuel approu- ve en cet endroit comme tres - probable , qu’en fe confelfant & communiancdPaques, on peut fatisfaire au precepte de l’Eglife pour deuxanndes, la precedence & celle qui fuit. p. 216. 2. Confdquence. Qu’en difant une feu- le fois Matines & Laudes vers le foir, on peut fatisfaire au prdcepte de les dire pour ce jour-la & pour le lendemain. Ibid. 3. Confluence , qu’il n’approuve pas; mais qu’il affure dtre bien tirde de la me- me opinion. Que 24. Moines qui diroiert tout enfemble cbacun une leqon , & un re¬ ponds de Matines, farisferoient tous a l’o- bligation qui regarde les leqons & les id- ponds. p. 225. 4 4. Confdquence. Que lorfque deux per- •; focces SUR QUELQUES NoUV. CASUISTES. I69 i'onnes difent enfemble leur Brdviaire , ils peuvent prononcer chacun fon verfet en meme terns, fans femettreen peine del’at- tencion; parce qu’elle n’eft pas ndceffaire. 5. Confequence. Qu’il luffic de dire une fois tout ce qui fe repfete en ces diverfes parties de l’Office, comme le Pater, Deus in adjutorium. Cette opinion lui paroit probable 6 . Confluence. Qu’on fatisfait h I’o- bligation qu’on auroit de dire le Rofaire, en difant un feul Pater & un feul Ave. XXI. Doute impie fonde fur la Probabi¬ lity , qui va & prouver qu’on fe peut fauver dans toutes les Seftes d’Heretiques , pro- pole par Caramuel , fous le nom d’un Lu- therien , fans qu’il y apporte aucune repon- fe. p. 472 LA CENSURE Des Livres de Caramuel par feu Mr.TAr- cheveque de Malines , dans laquelle la licence des nouvelles Opinions Proba¬ bles eft particulibrement condamnde. J Agues , par la grace de Dieu & du St. Siege Apoftolique Arcbeveque de Mali¬ nes , a tous ceux qui verront ces Prd- fentes , falut en notre Seigneur. Sur le rapport qui nous a etd fait, que les Librai- res de notre Diocefe ddbitoient certains Livres de Theologie mis en lumiere par L 5 Jean 270 Avis des Cvrez de Paris &c. Jean Caramuel Lobkowits Do&eur en Thdologie , remplis de plufieurs propofi- tions qui fcandalifent les perfonnes favan- tes & pieufes , Nous avons faic examiner avec beaucoup de foin par plufieurs Theo- logiens la dodtrine qui eft contenue dans ces Livres , afin que s’il y avoic quelque venin capable de nuire au falut des ames qui nous font commifes , nous apportafi fions des rem&desconvenables pour les em- pdcher de fe perdre. Ayant done ete bien informez par ces Theologiens , apres la recherche exa&e qu’ils en one faite , que cet Auteur avance plufieurs propofitions dtranges & impies, qui ouvrent un chemin fort large pour precipiter les ames dans la damnation dternelle;& qu’i! propofe avec beaucoup d’imprudence plufieurs doutes contre les plus certains principes de Theo- logie , en y oppofant de foibles raifons , auxquelles il ne donne point de rdponfes; & qu’ainfi cet Auteur favorife desfentimens exdcrables , & qui font horreur m£me a penfer, comme s’il avoitentrepris d’dbran- ler les fondemens de la faine Dodlrine 9 pour en renverfer enfuite tout 1’ddifice ; & qu’enfin il declare ouvertement en divers endroits , que fon deflein eft de rendre probables plufieurs opinions , afin de faire paffer plufieurs chafes pour permifes , qui ont toujours pafib jufques - d - prelent pour des pechez, dlargiflant par ce moyen & rendant chaque jour la voie du Ciel plus facile ; comme s’il pouvoit par fes nouvel- les SUR QUEEQUES NoUV. CASUISTES. I71 les fubtilitez dementir Jefus-CbriJl, qui dit dans fod Evangile: Encrez par la porte dtroite; car la porte par oh 1’on entre a la mort ell: large,& le chemin qui y mene eft grand & fpacieux, & plufieurs entrent par cette porte: Mais que la porte par oil Ton entre a la vie eft petite , & que le chemin qui y mene eft dtroit, & qu’il y a peu de perlonnes qui le trouvent. Nous croyant done obligez par le devoir de notre Char¬ ge Paftorale, d’dloigner de cette porte lar¬ ge & de ce chemin fpacieux les brebis qui font commifes knotre conduite, nousavons juge qu’il etoit tout-a-fait ndeeflaire de def- f'endre la lefture de tous les Livres que cet Auteur a compofez ou qu’il compofera a 1’avenir, ft ce n’eft que nous les eftffions approuvez, ou qu’ils le fuffent pardesper- fonnes qui auroient charge de nous. C’eft pourquoi nous deffendons trds etroitement & tous les Fidelles de notre Diocefe d’im- primer, vendre, acheter , lire ou retenir aucundetouscesLivres; enjoignant d tous ceux qui en auront, de nous les apporter dans quinze jours apres la publication de ces prdfentes , afin que nous en difpolions comme nous le jugerons k propos. Fait k Bruxelles le 18. Fdvrier 16 ;y. Ainfi fi- gnd, Jaques , Archeveque de Malines. A Bruxelles, chez Martin de Boffuyt, Imprimeur de la Ville , dans la rue de la Pierre, a l’lmagede St. Pierre. MDCLV. E X- 172 AVIS DES CuREZ DE PARIS &C. E X T R A I T De quelques Propoiitions d’un nouvel Au¬ teur jdfuite, nomme Mascarenhas, im- prime chezCramoifyen cetce'annee i 0 j 6 , & qui ne fe vend que depuis le moisd’Oc* tobre. Ce Livre eft dedie a, la Vierge , VAuteur, declare qu’il enfeigne ce qu'il a appris d’elle comme de fa maitrejje , £? que c’ejt elleaufi qui lui a infpire de le compofer. On pourra ■ juger par quelques ■ unes de ces decifions , fi c'eft un Ouvrage digne de ces infpirations pretendues, £? de>la pureti de celle i qui il eft adrejfe. 1. (^)Ue tout ce que l’Eglife fouffre btre V£_enfeigne & publib par les Cafuiftes, doit dire cenfe permis ; & que par conic* quent on fatisfait au prbcepte d’entendre la Mefle , lorfqu’on cn emend deux moi* tiez de deux divers Pretres, foit en di¬ vers terns , foit en mdme terns. Trafl. j. n. 491. 11. Qu’un Lai'que, ou un Prbtre, btant tombd dans quelque forte d’impurete que ce foit, mbme contre la nature, peut fans le moindre pbchb vbniel , & mbme loua* blement, communier le jour meme apres s’en dtre confeflb. Que s’il v a eu autre¬ fois dcs loix de l’Eglife contraires d cela, $UR QUELQUE 5 NOUV. CASUISTES. I73 elles font abrogdes par la coutume contrai- re de toute la terre. Que le Confeffeur doit confeiller h fon Penitent de recevoir l’Euchariftie , le jour meme qu’il eft tom- bd dans ces crimes; Et que le vceu que quelqu’un auroit fait de n’en point appro- cher en cet dtat , feroit nul. Tr. 4. de Sa- crof. Euch. Sacram. Difp. 5. c. 7. p. 239. Le P. Bauny Jef Theol. Mor. T. 10. p. 47. traitant la mdme queftion fur le fujet d’un Prdtre qui auroit la hardiefle de vou- loir dire la Mefle le jour mdrne qu’il feroit tombe en des crimes infames, luit le md- me fentiment de Sancius , approuve par Mafcarenbas ; & declare nettemcnt, que c’eft ce qu’on doit fuivre dans la prati¬ que. in. Que lesCommunionsfacrilegespro- duifent la grace., aufli-tor qu’on eft revenu en bon etat; & qu’ainil celui qui en auroit fait une infinite, ou qui auroit dit la Mefle dix fois chaque jour contre leprdceptede l’Eglife, & en mauvais etat , deviendroit tres-faint en un moment, aufli-t6t qu’il au¬ roit fait un afte de contrition ou d’attri- tion avec la confeflion. Tr. r. de Sacram. in genere. Difp. 4 c. 5. p. 4.7. iv. Qu’un Prdtre qui fans aucune necef- fitd, mais par pure malice, dit la Mefle en fitat de pdchd mortel , fans fe confefler auparavant, n’eft point obligd de fatisfaire a ce que le Concile deTrente ordonne de fe confefler au plutdt; parce que le Con¬ cile ne parle que de ceux qui oat ornis la Con-’ I?4 Avis des Curez de Paris &c. Confeffion parneceifitd,& non pasde ceus qui l’ont omife par malice. Tr.4. de Saerofi Euchar. Sacram. Dilp. 5. c. 6. p. 23d. v. Qu’abfolumentparlant ce n’eft pas feu* lement un peche vdnield’omettre leSacre* ment de Confirmation : ce qui a dte con* damnd par les Eveques de France , & par la Sorbonne dans la Cenfure des Livres des Jdfuites d’Angleterre. Tr-3.de Sacram. Confirmat. Difp. 4 . c. 3. p. 152. vi. Que lorfque I’on a diverfes opinions probables fi Ton a pechb, ou fi 1’on n’a point peche,on n’eft pas oblige de fe con- fefier de ce peche douteux , encore mdme qu’on panche plus vers l’opinion qui fait croire qu’on a peche. Tr. 4. de Sacram. Euchar. Difp. 5. c. 4. p. 227. vii. Que celui qui va a la MelTe pour voir impudiquement une femme , & qui fans cela n’y iroit pas, fatisfait au prbcepte d’entendre la MelTe , encore me me qu’il efit intention expreffe de n’y point fatisfai* re. Tradt 5. n. 518. SUR QUELQTJES Nouv. Casuistes. 175 E X T R A I T De plufieurs dangereufes PropofitioDs tirdes des nouveaux Caluiftes, & particuliere- ment du premier Tome in folio de Ja Nou- velle Theologie Morale d’Efcobar, Jefui- te, imprimd depuis peu a Lyon , & dd- did au Gendral des Jdfuites. f~\N pourra etre furpris , dans cetExtrait, de ^ ce nouveau Jlile d’Efcobar , licet & non licet , peccat & non peccat, &c. C’eft pourquoi il ejl neceffaire d’etre averti qu’il veut dire par-la qu’une cbofe eft permife felon cer¬ tains Cafuijles , £? qu’elle ne I'ejl pas felon d’autres: D’oit il conclut qu’elle eft certains., ment permife par le principe de la Probability, qu’il etablit des le commencement de fon Ou- vrage, comme on vena par la premiere pro- pofition. Cette maniere de trailer la Morale Cbretienne paroitra fans-doute ridicule aux perfonnes de bon fens;mais elle f era gemir tout eeux qui ont de la piete , & elle juftifiera a tout le monde aveccombien de raifon feu Mon- fieur I'Eveque de Bellay a dit en I'un de fes Livres contre ces Rafineurs des Rtgles de Con- fcience: C’efl: principalement dans la Thdo- logie que Ton appelle Morale,oh ils pren- nent leur carriere fort ample, fubtilifant fi parfaitement fur la loi de Dieu , & fur les adiions Humaines , que comme tous leg jours ils ddeouvrent de nouveaux pdchez. 176 Avis dEs Curez de Paris &e„ & des terres neuves dans le pai's du vice, ils ont aufii moyen de les fubjuguer, fai- fant & defaifant des pechez comme illeur plait & deplait, & formant les confcien- ces, ou piutdt s’en jouant, comme bon leur femble. Qiie ft , Que non , voila la devife de cette clpece de fcience. Voulez- vous qu’il y ait du pbche a ceci ou & cela? ils vous en feront voir le vifage. Eft-il expedient qu’il n’y en ait plus ? voila un autre front. Regie de plomb qui fe tour- nc a tous ufages. Tous les ans , que dis- je! tous les mois , voire a cliaque quarcier de la Lune , la Societd des Indes nous ap- portequelque Cafuifle nouveau. C’eft-Ia oh Ton fait, defait & refait des pdchez;& ce qui etoit pechd l’annbe paflbe , ne l’eil plus en celle ci ; &xce qui ne l’eft pas en cette annde ,le ferapeut-dtre l’anqui vient, ft le cas y echet. 1. QUe toutes les opinions probables font ' s ^_egalement fures en confcience: D’oh il s’enluit que.lorfque quelques Cafuiftes difent qu’une chofe eft permife , & d’au- tres , qu’elle ne l’eft pas , il eft certain qu’elle eft permife, & que tout le qionde la peut faire fans pdchd. Efcobar. Theol. Mor. Tom. 1. 1. 2. Sedt 1. c. 2. p. 34. 11. Qu’il eft permis de confulter divers Dodteurs, jufques a ce qu’on en trouve quel- qu’un qui nous rdponde felon auelque opi¬ nion probable qui nous favorite. Efcobar. Theol, SCR QCELQCES NoUV. CaSUISTES. 1ft Theol. Mor.com. 1. 1 . 2. fedh 2. c. 6. Probl. 7 - P- SP- iii. Que les Rois peuvent impofer un tribut comme jufte, felon une opinion pro¬ bable ; & les Peuples refufer de le payer comme injufte , felon une autre opinion probable. E/cobar. Theol. Mor. tom. 1.1.2. ledt 2. c. 6 . Probl. 18. p. 43, iv. Que les Sujets ne pechent point, en refufant, fans aucune raifon , de recevoir une Ioi qui a dtd Idgitimement publide par le Prince. Efcobar. Theol. Moral, tom. 1. 1 . j. fedt 2. c. 14. Probl. 13. p. 160. v. Que lesClercsne font point fujetsdes Princes Seculiers , & qu’ils ne font point foumis & leurs loix , encore mdme qu’elles ne foient point contraires & l’Etat Eccld- fiaftique. Efcobar Tr. 1. Exam. 1. c. 5. num. 34. & feq. vi. Qu’un homme profcrit par un Prin¬ ce temporel ne peut point etre cud horsde fon territoire, mats que celui qui eft profcrit par le Pape , peut dtre tub par toute la terre , parce que fa jurifdidtion s’etend par-tout. Efcobar Moral. Theol. tr. 1. Exam. 7. c. “3. Praxis ex Dodtoribus So- ciet. vii. Que les loix qui impofentdespeines & ceux qui feront de certaines adtions, n’o- bligent point en confcience, mdme en ma- tiere importante. Efcobar Theol. Mor. tom. 1. 1. j-. fedl. 2. c. 17. Probl. 2 6. p. 164. v,m. Qu’un Juge , tant fupdrieur qu’in- Tome IF. M fdrieur. 178 Avis des Cukez be Paris' See,- fdrieur, peut juger felon une opinon pro¬ bable en quitant Ja plus probable. Et que de mdme un Medecin peut ordonner un medicament moins probable , au lieu de celui qu’il croit & plus probable & plus fur. E/cobar Theol. Moral, tom. i. 1 . 2. fedl. 2. c. 6 . Probl. 14. p. 42. ix. Qu’en regardant la juftice en elle* mdme, un ]uge peut prendre de l’argent pour faire gagner celui qu’il lui plait de deux perfonnes qui auroient egalement bon droit. Efcobar Moral. Theol. tr. 3. ex. 2. c. < 5 . Prax. ex Soc. Jefu Dodt. x- Que dans les contrats civils celui qui s’eft obligd exterieurement de parole ou par dcrit, & qui interieurement n’a pas voulu s’obliger , ne 1’effc point en con- fcience, & peut reprendre en cachette ce qu’il auroit vendu en rendant le prix. Ef¬ cobar Theol. Moral, tom. 1. 1 . 10. fedt. 2. c. i( 5 . Probl. 20. p. 462. xr. Que dans une opinion probable que la taxe des marchandifes n’eft pas jufte 9 on peut ufer de faux poids pour gagner davantage, & le nier avec ferment en u- fant d’equivoque , lorfqu’on en eft inter- roge par le Juge. Efcobar Moral. Theoh tr. 1. exam. 3. c. 7. Praxis ex Society Jef. Dodtor. xu. Qu’un fils qui eft en la maifon de J fon pdre, peut exiger le falaire des fervi- ces qu’il lui rend, & le voler en confcien* ee s’il ne le lui donne. 'Efcobar Moral. Theol. Sta QUEI.QUES Nouv. Casuistes. 179 Theol. tr. 3. exam. 9. c. 4. Praxis exSo- ciet. Jefu Dodtor. xiii. Qu’un homme n’eft point irrbgu- lier, c’eft-a-dire, incapable des MiniftereS Eccleiiaftjques , pour avoir procure un avortement, s’il doute que le fruit btoit anime. E/cobar Moral. Theol. tr. 4. exam. G. c. 5. Praxis ex Societ. Jef. Dodi. xiv. Qu’un homme furpris en adultbre, qui tue le mari en fe defFendant, n’eft point irrbgulier. Efcobar Moral. Theol. tr. 4. exam. < 5 . c. 5. Prax. ex Soc. Jef. DoAor. xv. Qu’un homme condamnd aux Gale- res n’eft point irregulier. Ejcobar Moral. Theol. tr. 4. ex. 6 . c. 5. Praxis ex Soc. Jefu Dodtor. xvi. Que l’Eglife deffendant fous peine d’excommunication de lire les Livres des fibretiques, elle ne comprend point dans cetce deffenfe ceux qui les font lire; parce que fe faire lire, n’eft pas lire. Efcobar Theol. Moral. 1 . 7. fedt. 2. c. 33. Prohl. 59. p. 289- xvii. Que ce n’eft point fimonie de donner de 1’argent dun homme, aim qu’il s’emploie enversun autre pour nous faire donner un Bdndfice duCollateur. Efcobar Mor. Theol. tr. < 5 . exam. 2. c. < 3 . Praxis ex Soc. Jef. Doctor. xviii. Que la difpenfe demeure, quoi- que la caufe pour laquelle on a obtenu difpenfe foit entibrement ceffbe : comme lorfqu’un homme a obtenu difpenfe de ne M 2 point igo Avis des Curez de Paris &c^ point dire Ton Breviaire a caufe d’un mal d’yeux , il n’y eft plus obligd , quoique Ion mal foit gueri. Efcobar Moral. Theol. tr. i. ex. id. c. 4. Praxis ex Dodlor. Spc. Je(h. xix. Qu’il n’y a pas mdme un pechd vdniel a l'e fervir d’une difpenfe obtenue fans aucune caufe legitime. Efcobar Mo¬ ral. Theol. tf. 1. ex. 16. c. 4 Praxis ex Dodlor. Soc. Jef. xx. Que le Pape ordonnant (Implement des aumdnes pour gagner les indulgences, il fuffit de donner une obole. Efcobar Moral. Theol. tr 7. ex. 5. c. 8 Praxis ex Soc. ]ef. Dodlor. xxi. Que des ceuvres bonnes en foi, mais qui font des pdchez mdme mortels par la jnauvaife fin a laquelle on les rap- porte, luffifent pour gagner les indulgen¬ ces. Efcobar Moral. Theol. tr. 7. ex. 5. Prax. ex Soc. Jef. Dodlor. xxii. Qu’un privilege eft bon , encore qu’ii ioit obrenu en expofant la vdritd a demi , & de telle forte qu’on ne l’auroit pas obtenu, fi on 1‘avoit entidrement ex¬ pose. Efcobar Theol. Moral, tom. 1. I. < 5 . fedt. 2. c. 13. Probl. 6 . p. 187. xxiii. Qu’il eft permis pour quelque grande crainte,d’ufer de diflimulation dans Padminiftration des Sacremens, comme de faire femblant de confacrer en profdrant les paroles fans attention. Efcobar Theol. Moral, tom. 1. 1 . 1. fedt. 2. c. 7. Probl. 26. P • 27. XXIV» SUR queiques Nouv. Casujstes. Jgl xxiv. Quhl n’y a aucun p^che a contrac¬ tor un manage par feinte, en ulant d’dqui- voque devant l’iiglife, lorfqu’on y elt pouf- fd par une grande crainte.. Efcobar Theol. Moral, com. i. J. i. fed. u. c. 7. Probl. 24. p. 26. xxv. Qu’en vertu de la Bulie appellde Cruciata, on peut difpenfer du voeu '& du ferment qu’on auroit fait de ne point com- mettre fornication , ou quelqu’autre pd- chd , quoiqu’on ne pflc pas dilpenfer d’un ferment qui feroit fait pour l’intdrdt du pro¬ chain. Efcobar tr. 1. ex. 17. n. 144. Idem Theol. Mor. tom. 1.1. 7. led. 1. n. 245. xxvi. Que venant h la Prdface,- on n’eft pas obligd d’entendre le refte de la Mefle en un lieu ofa on ne dit qu’une Mefle. Ef¬ cobar Mor. Theol. tr. 1. ex. 8. c. 3. Prax. ex Soc. Jefu Dodor. xxvi 1. Qu’un homme qui eft en reputa¬ tion d’dtre fort debauche , ne peche pas rnortellemeht en foilicicant une femme fans intention a’executer ce qu’il propofe. Ef¬ cobar Mor. Theol. tr. j. ex. 8. c. 3. Prax, ex Soc. Jefu Dodor. xxviii. Qu’une perfonne ayant devind par une invocation exprefie du Diable, il h’eft point obligd de fe confelfer d’autre chofe, finon qu’il a devind. Efcobar Theol. Mor. tom. 1. J. 3. fed. 2. c. 10. Probl. p. 102. On peut voir encore d’autres dtrangesre- Iflchemens contre la fincdritd de la Con- felfion, que la pudeur empdche derappor- M 3 ter j jg2 Avis des Curez de Paris &c„ ter, dans ]e mdme E/cobar, Theol.Moral, torn. i. 1. 3. n. 236. 294. 300. 302. 323. xxix. Que ce n’eft pas un pdche mortel de prdcher principalement pour la gloire ou pour l’argent. Efcobar Moral. Theol. tr. 6. ex. 7. c. 7. Praxis, p. 954. xxx. Que des Catholiques peuvent tenir fur les fonds des enfans que les Miniftres batifent. Efcobar Mor. Theol. tr. 7. ex. 2. c. 4. Praxis p. 980. xxxi. Qu’il eft permis de louer fa mai- fon a des femmes perdues, que 1’on fair en devoir faire un lieu de ddbauche, fansmd- jne qu’il foie ndeeffaire d’avoir quelquerai- fon qui nous excufe, etiam nulla jujid caufd excujante. Sanchez in Sum. 1 . 1. c. 7. n. 10. La mdme chofe eft encore enfeignee par d’autres Jtfuites. Fafquezia Onufc. de Scan- dalo, q. 43. a 8. d. 5. n. 48. Rebellius 1. 14. q. 17. n. 8. Cajtrus Palaus tr. 1. tr. 6. diip. 9. pun. 12. n. 1. Azor 6? Valencia citez par Sanchez. xxxi 1. En combien de manidres les va¬ lets peuvent fc-rvir aux debauches de leurs maitres, felon la dodhine de ces Cafuiftes. Gafpar Hurtado Jef apud Dianam part. 5. р. 435. Efcobar Moral. Theol. tr. 7. ex. 4. с. 8. n. 223. xxxiii. De quelle forte ces nouveaux Cafuiftes aneantiffent les plus falutaires re- glemens de l’Eglife, & les plus ndeeffaires pour arrdter le cours des grands crimes, tels que font les blafphdmes, en difant faulfe- ment qu’ils font abrogez par une coutume con- SUE. QUEIQUES NoUV. CaSUISTES. I§3 contraire. Thomas Sanchez in Sum. 1 . z. c. 32. n. 44. xxxiv. Qu’un Cure eft dechargd de l’o- bligation d’inftruire l’on peuple , lorfqu’il ne le peuc faire parfoi-mdme k caufe defon ignorance, & qu’il n’a pas moyen de le fai¬ re par autrui, k caufe du peu de revenude fa Cure. £aun r j Traci.'10. dePresbyteris & Parochis, q. 32. p. 488. xxxv. Qu’un homme ne peche point , & ne commec aucune irrdvdrence envers Dieu a lorfqu’il 6fe s’adreffer a lui pour lui faire des priferes , ayant la volontd afiuelle de 1 ’offenler mortellement. Sanchez Opufcul. Mor. 1 . 7. c. 2. d. 9. xxxv 1. Qu’un Prdtre qui diroit tous les jours l’Office de Pdque fans aucun fujet, ne pecheroit que veniellement ; & avec quelque fujet, ne pbcheroit point-du-tout. Carar/iuel Tiieol. Fund. p. 520. xxxvii. Que celui qui a la volontb de commettre tous les pdchez veniels, ne pb- che point mortellement. Granados , Diana } Mucha , apud Efcobar Theol. Mor. 1 . 3. p. 83. xxxvm. Que c’eft un fcrupule fort bu¬ rnable de dire en fe confeffant, qu’on a commis une faute fachant bien qu’on fai- foit mal. Bauny Tr. 4. de Peenit. q. 15. p. 138. xxxix. Que de n’eft point faire tort k la puiflance paternelle, que de perfuader a une ftlle de s’enfui'r pour fe marier contre la volontd de fon pere. Bauny Theol. Mo- M 4 ral. 184 Avis des Curez de Paris &c. iral. Tr. 12. de Impedimento Raptus, p. 721. xl. Qu’il eft probable par 1’autoritd, & certain par Iaraifon, qu’un mari peut'fans aucun pdchd tuer fa femme furprife en adul- tere, & un pere fa fille ; & que les loix de 1’Eglife qui condamnent cette adtion , n’o* bligent que les Ecclefiaftiques , & non les Laj'ques. Caramuel Theol. Fund, p.737. xl 1. Qu’il eft permis pour conferver fa voix, de fe faire Eunuque , eontre toutes les loix Civiles & Canoniques qui le def- fendent. Quelle opinion ces Cafuiftesont les uns des autres. Caramuel Theol. Fund. p. 555. & 556. xlii. Que lorfqu’un fidelle trouve enco¬ re fa faufle Religion probable, il n’eft pas obligd d’embraifer la Foi Chrdtienne qui lui eft propofde , & qu’il juge plus croya- ble, ft ce n’eft & l’article de la mort felon les uns, & non pas mdme a I’article de la mort felon les autres. Thomas , Sancius , & Diana , apud Efcobar , Theol. Moral. P- 39. ' * xn 11. Qu’un homme qui eft prdt de mourir , n’a pas befoin, pour recevoir de Diou la remiffion de fes pdchez , d’avoir qtl vrai ddfir de changer de vie, ft Dieu le laiftoit plus longtems au roonde; & qu’il la peut obtenir par 1’abfolution du Prdtre, quoiqu’il foit en telle difpofition , que s’il favoit devoir vivre plus longtems, il ne fe eonfefieroit point , & ne quiteroit point fes peehez. Petrus Michael de Sanromm SUR quelques Nouv. Casuistes. 185 Jef. Expedit. Spirit. Soc. Jef. 1. 3. c. 7. p. 78. L E T T R E ECRITE PAR MESS IRE JAQUES BOONEN, Archevdque de Malines, A MeJJeigneurs les Cardinaux de VInquifition de Rome, auxquels les Jefuites amient ap- pelle de fes Ordonnances. Fidellement traduite en Francois. Messe 1 GNEDR, J ’Ai requ le 21. de Mai la Lettre que vo- tre Sacrde Congregation m’a dcrite le 18. d’Avril , par laquelle elle me mande, qu’inclinant aux prieres da Re&eur duCol* lege des Jdluites de Louvain, qui eft de ce Dioc£fe, elle a jugd Apropos de m’ordon- ner de ne point refufer aux Prdtres de ce Coliege qui auront dtd examinez & approu- vez , la permiffion d’entendre les confef- fions des perfonnes fdculieres: Si ce n’eft que fe rencontrant en cela quelque chofe qui me donne peine, je -reprdfente dans •trois mois k votre Sacrde Congregation, M 5 les 186 Avis des Curez de Paris &e. les juftes caufes qui m’empdchent de leur accorder cette permiflion. A quoi fije ne¬ glige de fatisfaire , on donnera & un autre Evdque ie pouvoir de les examiner & les approuver. Voila, Mefieigneurs, ce qui ne me don- ne pas feulement de la peine , mais qui m’afflige plus que je ne iaurois vous l’ex- primer ; voyant dans mon extreme vieil- lefte , & lorfque je fin's fur le point d’aller rendre compce au Souverain Juge de mon adminiftration, que non feulement le mon- de eft plein de malice , mais qu’il fe cor- rompt tous les jours de plus en plus par ie refroidiffement de la Charite. Sur quoi j’ai fouvent remarqud , & par ma propre experience , & par le rapport & le juge- ment de plufieurs perfonnes , dont la pro- bitd, lezele, l’expdrience,. & la doftrine me font connues , que la principale caufe de ce deplorable ddreglement procede de J’indulgence de quantite de Confefl'eurs, qui Idchent avec trop de facilite la bride aux Pdcheurs, en s’appuyant pour celafur quelques nouvelles opinions de certains Theologiens, qui au lieu d’avoir pour but la pratique des vdritez de l’Evangile, & les regies pour bien vivre qui nous ont ete laiflees par les Saints Peres, ne penfent qu’i trouver de nouvelles excufes pour for¬ tifier celles que les Pecheurs alleguent dans leurs pbchez , & a couvrir du manteau de la Probability, la honte & la turpitude tie leurs crimes. C’eft de ces perlonnes que Sur quelques Nouv. Casuistes. 187 que le Prophete Ezdchiel a dit dans l’E- cruure : Malheur a ceux aid metient des coujjineis fans les covdes, & "des oreillers fous la tete de ions les bournes , afin de perdre Lems ames! Ces excds pernicieux font paffez juf ques a un tel point , qu’il faudroit non pas une Lettre, mais un Livre entier, il Ton vouloit feulement extraire de quel- ques-uns de leurs Livres & de leurs Pra¬ tiques , tous ces paradoxes inoui's par leiquels on dlude aujourd’hui les precep- tes de l’Eglife touchant l’obfervation des Jednes, des Fdtes, & du Ricit des Heu- res Canoniales; par lefquels on pallie les Simonies 3 les Vengeances particulieres, les Menfonges & les Parjures; par lef¬ quels on diminue & on rdduit comme a rien l’obligadon d’dviter les occafions de tomber dans le peche; & enfin par lef¬ quels on expofe a un pdril Evident de nullite 1’efHcace & l’efret des Sacremens. Or comme les hommes approuvent fans peine ces maximes reldchees qui flattent leurs fentimens dereglez , ceux qui en font les .Auteurs , s’dtant imaging par ce fuccds, qu’iis avoient rendu a l’Egiife un fervice fort confiderable,ils 61ent fe glo- rifier infolemment d’elargir de jour en jour le chemin du Ciel par le moyen de leur Probability , c’eft-a-dire , d’arracher les bornes de la voie etroite qui mdne a la vie plantdes par la main de jdfus- Chrift mdme, qui efc la verite dternelle & 188 Avis des Curez de Paris &c. & immuable , & de les porter plus loin par des inventions qui n’onc autre prin- cipe qu’eux-memes. Ayant requ diverfes plaintes contre cet- te fauffe & dangereufe Thdologie , par ceux qui ont'du zele & de l’amour pour une dodtrine plus folide , & pour une difcipline plus Chrdtienne: Et d’autre part les Hdrdtiques , qui nous font voifins, nous reprochant continuellement que quelques Dodteurs de notre Eglife Ca- tholique enfeignent des chofes fi deranges touchant les moeurs, que les Payens me ne difent rien de femblahle, j’ai pris foin de ramaffer quelques uns des Articles les plus relachez & les plus dangereux, dont j’ai joint ici la copie, drez en par- tie de leurs Livres imprimez, & en par- tie de ce que Ton a remarque dans la pratique de quelques-uns d’eux, dont on m’a fait un rapport fidelle. Enfuite de- quoi j’ai voulu favoir le fentiment & le jugement des plus favans homines de mon Diocefe, tant Sdculiers que Rdguliers: Qui ayant vu & examind tout cela, je me liiis rdfolu d’arreter le cours de ce mal,par les remedes les plus doux dont je me fuis pu avifer; en faifant favoir par moi-mdme,& par mes Examinateurs , que ceux que l’on admettoit pour entendre les con- feffions, priffent garde de ne pas tomber dans cette dodtrine relachde ; & donnant ordre enfuite que l’on rdfut&t par un Ecrit plein d’drudition une partie de ces Arti- SUR QUELQUES NoUV. CaSUISTEs’. 189 cles. Mais ayant reconnu que cette prd- voyance ne fuffifoit pas , & qu’il falloic avoir recours a des remddes plus forts, je relolus de ne donner le pouvoir de confef- fer, ni d aucun beculier, ni d aucun Rd- gulier, s’il ne promettoit & ne jiiroit de ne pratiquer aucun de tous ces Articles. Environ ce terns , il arriva que le 23. jour d’Avril 1652. plufieurs Religieux de la Compagnie de Jesus s’dtant prefentez 4 l’examen , j’eftimai ne pouvoir rencon- trer une occafion plus propre pour exdcu* terce qui m’dtoit venu en l’efprit; & ainfi je commengai par ceux-la , tant parce que je jugeai que s’ils fe portoient volontiers a faire & d obferver ce ferment, les Re¬ ligieux des autres Ordres n’en feroient nulle difficulte; que parce que j’avois des preuves certaines, que les Peres de cette Socidtd dtoient plus portez que nuls autres a invecter & a pratiquer ces dodlrines re- lachdes. Ge qui entre plufieurs exemples parut clairement aux Examinateurs que j’avois ddputez pour cet exameu, au jour que je viens de marquer. Car les Jefuites y ayant ete examine* a delfein touchanc ces Articles dangereux, ils en foutinrenc un grand nombre avec opinidtrete , & particuberement celui que je fai d’ailleurs certainement avoir dtd pratiqud par des Religieux de leur Compagnie, qui porte qu’il eft permis de donner l’Abfolution Sa- cramentale d ceux qui n’ont dit que Id moitid de leur confeffion, lorfqu’il fe ren- con- jyo Avis des Cukez de Paris &c. contre un grand concours de Penitens. ainQ que cela peut arriver dans les gran- des Fetes, ou dans un terns d’Indulgence: ce qui dtant colere, il arriveroit fort fou- vent que 1’on ne fe confefieroit qu’a demi , ces Peres attirant k leurs Eglifes une grande multitude de peuple. Et de plus, que par la crainte qu’auroient les plus grands Pdcheurs de declarer l’dnormi- td de leurs crimes, ils embraiTeroient avec joie cette commodite d’obtenir 1’abfolu- tion aprds s’etre confeffez feulement d’une ou deux de leurs fautes les plus Iegeres. Ces raiions firent que je differai de per- mettre d’entendre les Confeffions des Se- culiers & fept des Religieux de cette So- cidte , qui avoienc fait paroitre dans le refte une dodlrine fumfante, jufques i ce qu’ils edffent promis avec ferment de ne fe point conformer 3 ces Articles dans la conduite des confciences. Et d’autant que je prdvoyois qu’ils ne prdteroient point ce ferment fans que leurs Supdrieurs y con- fentiflent, je leur donnai une copie de ces Articles pour les leur montrer, pe qu’ils me promirent de faire. Mais jufques-ici je n’ai requ aucune reponfe, ni d’eux, ni de leurs Superieurs; fi ce n’ell: que 1’un d’entr’eux, que je crois Sere un Profefleur de Louvain , me ait que leur Socidtd a fait imprimer en France quelques-uns de ces Articles , mais que cela ne regarde point les Flamans. A quoi je lui repondis, que leur coutuoie n’etant pas de permettre StJR QUELQUES NoUV. CASUISTES. I gt 3’impreffion des Livres faits par ceux de leur Compagnie , fans avoir auparavant etd approuvez par trois de leurs Thdolo- giens nommez par leur Provincial, on ne pouvoit douter que toute leur Societd ne tine pour probable ce que tant de Thdo- logiens , outre 1’Auteur du Livre , au- roient juge que l’on pouvoit donner au public. Toutes ces chofes confiderdes, j’avoue n’avoir pu comprendre jufques-ici fur quoi ces Peres fe fondent, pour croire que je leur aye fait quelque tort , en exigeant d’eux le ferment dont j’ai parle. Que s’ils s’dtoient expliquezfur ces prdtendus griefs, je les aurois examinez avec grand foin; & li j’avois trouve qu’entre leurs plaintes ils en avoient quelques-unes de raifonnables, je n’aurois eu nulle peine a me departir de mes fentimens. Car je n’ai pas eu defiein d§ rien ordonner contre eux pour leur nuire; mais feulement de detourner la M'ne des brebis qui me font commifes, & de les prdferver des maux que peut pro¬ duce le relachement de quelques Confet feurs qui s’augmente de jour en jour, & que je craignois principalement de la part de cette Socidtd. Et parce que je n’ai pas pu foupgonner qtfils ufalfent de fuites fous un autre prdtexte, que parce qu’entre les Articles cenfurez il y en a quelques-uns qu’ils eftiment peut-dtre pouvoir rendre moins odieux par une interpretation favo¬ rable , ou dtablir de telle forte par des ar- gU 4 192 Avis des Curez de Paris &c. gumens plaufibles, qu’ils ne femblent pas mdriter une fi fdvere Cenfure, pour n’dtre point obligd d’entrer fans aucune efpdran- ce d’utilitd dans plufieurs difputes, j’aifait mettre ces Articles entre les mains de la Facultd de Thdologie de Louvain , afin qu’eile les examin&t a loifir, qu’elle cen- furat feulement ceux qui l'e trouveroient dvidemment mauvais & condamnables; & | que fi elle en avoit trouvd d’autres, ou dans les Livres, ou dans la Pratique des Confefleurs, qui continfient une auffi mau- vaife dodtrine que ceux-la * elle les ajoutat & ces prdmiers, ainfi qu’elle a fait tant le 30. de Mars, que le 26. d’Avril i653,lors- qu’elle ajuge que 17 propofitions n’htoient pas fupportables dans la pratique, & qu’il dtoit du devoir des Supdrieurs de deffen- dre par leur autoritd qu’on ne les enfei- gnUt, comme on le peut voir par la copie du Decree de ladite Facultd ci-deflous joint. Afin done , Messeigneurs , que j’o- bdi'ffe en tout a votre ordre autant que je puis, & qu’en mdme terns je n’omette pas de fatisfaire au devoir de ma Charge Epif- copale, en dtoufFant les mauvaifes dodtri* nes, je ferai prdt d’admettre les Keligieux de la Socidtd & recevoir les confefiions, quand il n’y aura point d’autre empdche- i ment d’ailleurs, pourvu qu’dtant duement autorifez ils promettent avecferment,que jamais ils n’adhereront dans la pratique h ces dix-fept propofitions au*moins, lef- quelles SUR QUELQUES NoUV. CaSUISTES. ipg quelles je propoferai demain aux Eccle- fiattiques & aux Reguliers de mon Dioce- fe, atin qu’elles foient abhorrees de tous; ce que j’efpere que vos Eminences juge- rone trds-dquitable. II y a encore deux chofes done j’ai voulu, fur cette occafion, donner avis a vos Emi¬ nences. La premiere eft, que les Rbgu- liers n’obfervent point le Decree de la Congregation ordonnee pour les affaires deles requifitions des Evdques & des Re¬ guliers, qui eft du 15 Juin 1647, & mar¬ que ci-uellbus , par lequel on declare: Qu’il n’eft pas permis aux Reguliers d’ab- foudre des cas rdfervez aux Ordinaires des lieux, ou qui leur pourront due refervez ii l’avenir. Et par’tant qu’ils ne peuvenc ufer de ce pouvoir, s’ils n’en ont obtenu la permillion de 1’Qrdinaire. Et quoique j’aye eu foin de .faire fignifi&r ce Decree k tous les Supdrieurs des Ordres Rdgulicrs le 3. du mois d’Odtobre 1647 , 1 n’y a eu pourtant qu’un feul Religieux de l’Ordre de St. Auguftin qui m’ait demandd ce pou¬ voir , & je le lui ai accord'd, puree qu il eft fage & pieux. Les autres pretendent avoir je ne fai quels privileges, ou des communications de privileges , & mdme ils proteftent de nullite contre ce Decret, parce qu’il a dtd donnd fans les oui'r Les autres difent, qu’il eft feulement declara- tif, & partant qu’il n’a point de force contre leurs privileges , qui ne ceflent point, comme ils difent, fans un Decret w Tome IV. N qui 194 Avis des Citrez de Paris &c. qui y deroge formellement. II y en a de fi temeraires qu’ils dfent dire, que mdme notre St. Pere ie Pape ne peut pas rdvo* quer ou reftraindre leurs Privileges, com- me leur ayant dt£ accordez pour leurs mdrites. La feconde chofe que j’ai & vous reprd- fenter, eft que plufieurs Reguliers reqoi- vent les confeflions dans mon Diocefe, encore qu’ils n’ayent dtd approuvez, ni de moi, ni de mes prdddcefteurs. C’eft pourquoi j’ai ddclard depuis peu k tous les Rdguliers (comme il paroit par la Copie du Mandement ci-jointe,) qu’ils ayent a prefenter l’Afte oil l’on voie les noms & Ie terns de l’approbation qu’ils ayent re- que de moi ou de mes predecefleurs. Ce qui a dte fait par plufieurs. Et on a recon- nu que plufieurs fe font intrus dans l’Offi- ce de Confefleurs en mon Diocefe, fans avoir eu Iadite approbation. Mais ce que je n’ai pu aflez admirer, lorfque ce Man¬ dement eft venu & la connoiflance de 1’Ab¬ be de St. Ange, Internonce de fa Saintetd dans les Pais-Bas, il a voulu & m’a fait fignifier que je rdvoqudfie ledit Mande¬ ment , quoique ce qu’il porte ait etd ainfi obfervd de toute antiquitd, & qu’il ait 6t6 etabli pour rbgle dans le Concile Provin¬ cial de Malines, confirmb par le Pape Paul V, au Titre 5. c. 1. du Sacrement de Pe¬ nitence , dans les termes rapportez en FArticle ci joint. Et de plus , quoique notre tres-faint P£re le Pape ait voulu par Sun QUELQUES NoiFV. CASUI 5 TES. IP5 fon Bref du 16. de Mai 1548, touchanc la caufe de l’Evbque d’Angblopolis, qu’il f\k obfervb , ordonnanc par ledit Bref, que les Rbguliers mdme de la Compagnie de Jesus, approuvez dans un Diocdfe par un Evbque pouf oui'r Jes confeffions des per- fonnes fbculieres , ne pourronfi oui'r de femblables confeffions dans un autre Dio- cefe, fans 1’approbation de 1’Evbque Dio* cefain, comme je fai qu’il eft notoire k vos Eminences. Voil£, Messeigneurs, les Eniinentiffi- mes & Rbverendilfimes Pbres, ce que j’ai dd faire favoir a votre Sacrbe Congrega¬ tion pour le bien de la Difcipline Eccle- fiaftique, me confiant en la piete de fod zble & en fa vigilance, qu’elle ne dedai- gnera pas de me donner des remedes & des moyens encore plus efficaces, par leS quels je puiffe m’oppofer k ces abus qui ne doivent pas btre negligez. Cependant, apres avoir reverb votre pourpre avec rou¬ te foumiffion, je demeurerai, De vos Eminentij/imes Seigneuries Le tres-humble Serviteur. JAQUES Arche veque de Malines. I)e Bruxelles, le 17. Juin, 1654. Nz p id ip tainement, comme nous le verrons, la Corruption des Moeurs, & qu’on la verroit meme eclater avec une efpece d’impdtuo- fitd, qu’on ne pourroit reprimer qu’avec peine. Mai* Clerge’ de France &c. 205 Mais ce n’a pas dtd aflez pour ce tres- faint Pape , de nous decouvrir la fource du mal danscette dang reufe mdthode,qui tend it envelopper ia V'.- n'te. & & fe jouer de la Confcience , pou; deicendre encore aux ruiffeaux de cette pernit afe dodtrine, il a condamnd & ddfen u plutieurs Propo- fitions , pour le moins camire fcandaleufes 5 fans approuver les autres qui pourroienc fe prdfenter ; S cela fous la menace du Ju- gement de Dieu , S’ fous la peine d’Excom¬ munication , dont nul autre que ce Pontife Remain ne pourroit abfoudre , except e d Par¬ ticle de la mart. Innocent XI. ayant continub un ouvrage fi utilement commencb , a condamne & ddfendu fous les memes peines , plufieurs autres Propofitions, avec le meme loin & le mdme difcernement de doftrine, fans approuver toutes. les autres ; S’ pendant qu’il a refolu S' decerne de le: condamner tou¬ tes t du-mains comme fcandaleufes & pernicieu- fes dans la pratique , il a jugb qu’il falloit les bannir entidrement, non feulement desLi- vres & des Sermons, mais auffi de toute la Vie Chrbtienne. Pidt d Dieu que ces trds-faints Papes edffent profcrit pour-toujours les mauvais fentimens par les Formules de leurs De- crets, qui font regues par l’ancien ufage& par le ndtre , & qui doivent s’dtendre & toutes les Eglifes! Mais en attendant que les Souverains Pontifesachbventun li grand ouvrage, fuivant la coutume de leurs Prd- 3 , 0 6 Censure de l’Assemble’e du deceffeurs,& dans les formes Caroniqoes, Nous Cardinaux, Archevdques & Eveques aflemblez , pour ne pas laiffer plus long- terns le poifon fe repandre , nous avons cru devoir choifir entre les Propoiitions condamnees, comme nous l’avons dit ci- deffus , avec rappiaudiftement de tout le Monde Chretien, par les Papes ci-deffus nommez," & de marquer expreflement les principales, pour les rdduire d’abord a de certains chefs, afin de les avoir plus ala main pour les cenfurer enfuite,& donner k chacune d’elles les qualifications qu’elles mdritent, pour inftruire par-la plus par faitement le Clerge & le Peuple Chre¬ tien. II eft incroyable combien les maux fe font accrus, en etabliflant, malgre la re¬ finance de toute l’Eglife, de mauvais Prin* cipes; les Efprits les plus fubtils dtant u- niquement occupez a fe faire chacuu une reputation d’autant plus grande d’dtre bom Theologiens, qu’ils auroient plus inventd de pareilles opinions, qui pafieroientpour probables ; mais de vouloir leur donner une telle autorite, ou de pretendre, fous cette apparence, donner une fauife & nui* fible fecurite a l’efprit des Foibles ,ce n’eft rien faire autre chofe que perdre les A- mes, & fubftituer, comme les Pharifiens, k la place de la loi de Dieu , les fend* mens & les ordonnances des Hommes, & leurs vaines traditions. Ne pouvant done plus rdfifter h l’expe* riened Clerge’ de Fkance &C. 207 fence de tant d’erreurs, nous avons jug£ ccceffaire de couper la racine du mal , C’eft-^-direj cette manibre de former des opinions , qui ayant btd ineonnues aux Saints, a produit tant d’oppofitions de fendmens fur les chofes les plus im¬ portances, que dans les mdmes Paroi£ fes & dans les nndmes Eglifes,nous voyons refufer par les uns Fabfolution des mdrnes Cas, done les autres ne faifoient aucune diffi¬ cult^ d’abfoudre, & les Fidelles abandon- nez a la diverfitd & a Fincertitude des fendmens , fans favoir a qui ils devoient croire ; ce qui tourneroit extremement k la home de la Puiffance Eccldfiaftique, & ouvriroit une grande porte a la negligen¬ ce & a Fin difference du falut. Defordre qui ne pourroit dtre reprimb par chaque Evbque particulier, mais par la feule au¬ torite de tous les Evdques'enfemble. fui- vant ce qu’adit 1’Apotre : Je vous conjure 3 ines Freres . . . de dire tous la mime cbo/e, $ de n’avoir point entre vous de partages de fentiment. On va mettre ici les Propofi- tions condamnbes, fans approuver les au¬ tres Propofitions ou Erreurs, que les bon¬ nes du terns de FAffemblbe nous one obli¬ ge de paifer fous filence. 208 Censure be l’Assemble’e do Cenfure des Propofitions. 1. DE L’OBSERV ATION DES CONSTI¬ TUTIONS D’INNOCENT X. ET D’ALEXANDRE VII. SUR LES CINQ PROPOSITIONS CONDAMNE’ES. i. *Que les Princes qui gouvernent TEglife & les Royaumes, reconnoiflent enfin par cette raiion trbs-claire , que le Janfeniline eft un phantbme qu’on a cherchb par-tout, & qu’on n’a trouve nulle part , excepte dans 1’imaginaton blelide de quelques-uns. 2. La Conftitution d’nmocent X. n’a rien fait que renouvelier cc bchauffer ies difpu- tes. On a fait*entrer dans la mdme route Alexandre VII. comme un homme que d’uucres homines pouvoient aifdment poul- fer a des chofes qui eonvenoient. peu a fon miniftere. Innocent XII. aufii, etanc obligd par devoir de porter un jugement clair , a donnd lieu , par des termes gdne- raux & equivoques, de penler qu’il n’dfoit pas .parler plus clairement , de peur de tornber clans I’erreur; & Fexprefllon du me* me Pape conque en ces termes, dans le fens qui fe prefente d'abord, eft encore plus gene¬ rate & plus vague , que ces paroles d’Ale- xandre VII. dans le fens que Janfenius a eu dans f Elefatio Libri cm titulus Avgujlin, Eeclef. Rimer., DeSr, Clerge’ de France &e. 209 dansVefprit. Enfin les Evbques de France one renverfe les Libertbs de l’Eglife Galli- cane, fous prbtexte de les aflervir, enre- cevant la Conllitudon d’lnnocent X, con* tre Janfbnius. 3 - II fembloit qu’Innocent XII. avoitappor- tb quelque remhde a ce mal dans fon .Bref du 6. Fbvrier 1694. . . Mais il n’a pas peu affoibli cet adouciflement prbtendu , par fon Bref da 24. Novembre 1 6g6 , oh il nie ouvertement, que la Conftitution, ou For- ttulaire, d’Alexandre VII. ait etb alteree ou rbformbe par fon Bref dans la moindre de fes parties : &. nous n’agrbons point l’opi- nion de ceux qui ont tenth de tirer de fon prbmier Bref du 6 . Fbvrier 1694. quelque adouciflement a l’egard du Fait. . . Il con. vient mdme de remontrer ici, qu’on n’a pas plus avaneb jufqu’a-prbfeflt hl’egardde la queftion de Droit. 4. Pour ce qui regarde la condamnation de VAuguJlin de Janfbnius , il feroit nbcefc faire de faire une confrontation dans les rhgles en prbfence des Juges donnez ou par le Pape , ou par le Roi. Plufleurs vi- vent encore aujourd’hui, de ceux qui fa- vent que les dblibbrations tenues furl’affai. re du Janfbnifme, dont les Eveques fe fer¬ vent comme de rhgles dans leurs dblibbra¬ tions fur le nouveau Quibtifme , feront b- ternellement la honte du Clergb de Fran¬ ce. Toms IV. O Cen- s , io Censure de l’Assemble’e du Cenfure. Ces quatre Propofitions , par lefquelles des homines, inquiets mcpri/ent ouvertement les < Confutations d'Innocent X, & d’Alexandre Vil & les Brefs Julies & approuvez par tout le monde d’Innocent XIL outragent les Evi- ques de France , qui adherent aux jugemens dejdporlez , demandent qu'on traite tout de nouveau cette caaje , comma Ji elle n’etoitpas finie par tant de Conjlitutions Apojloliques, lors mime que le cunfentement de I’EgliJ'e y ejl joint ; font faujfes , temeraires , fcandaleu• Jes, injurieufes au Clergede France , aux Sou- verains Pontifes , o 1 a I'Eglife UniverfeUe , fchifmatiques ,& favorables aux Erreurs con « damnees. I I. SUR LA GRACE. 5 - Get axidrae de Thdologie, Dieu ne refu- fs point la grace a celui qui fait ce qui eft en fon pouvoir , non feulement eft tr'fes-ve¬ ritable , & tres-conforme h la do&rine de l’Ecriture, des Conciles & des Peres, mais encore il fignifie ftobligation que Dieu a de donner la grace & celui qui fait ce qui eft en fon pouvoir, & non feulement a ce- ]ui qui fait ce qui eft: en fon pouvoir par les forces de la Grace, mais m£me 4 celui qui n’ayant point la Grace , fait ce qu’ii peut par les forces de la Nature. <5, Mais Cl'erge’ de France &c. 2 it <3. Mais parce que les aftions faites par les feules forces de la Nature , font tout-i-faic fteriles & incapables de menter les dons qui font effentielleraent & tbdologiquemenc furnaturels ; c’eft pour cela que l’obliga- tjon que Dieu a de conferer la grace a ce- lui qui fait ce qui eft en fon pouvoir par les forces de laNature,ou par les forces d’une Gracepurement naturelle,ou quine feroit pas theologiquement furnaturelle,ne vienc pas de labontede ces aftions, ou d’aucun merite, foit de condignice , foit de con- grui'td, qui foit dans ces aftions; ou d’au¬ cun mdrite par rapport & la Grace , mais’ du pafte fait entre J. C. notre Caution & fon Pere, pour confdrer la grace aux honv- mes en vue des merites de J. C. regardant ces aftions naturelles comme un pur ter- me, & non pas-comme aucun merite, ou condition rigoureufe. Cenfure. Ces deux Proportions, enfant qu'elles tapper^ tent d des actions purement naturelles, la cau- fe du difcernement entre les Jufl.es & les Non- j-ujtes , renouvellent le Jimipilagianifme , eii thangeant feulement les termes. Quant ait paEte qu’on etablit entre Dieu & j. C. cejfl une fuppojition timer aire , erronee , g? avancee non feulement centre le Jilence de I’lfcriture £5* des Saints Peres , mais encore contre le temoi- gnage de l’Ecriture 6? .de la Tradition des mimes Peres. O 2 III 2i2 Censure de l’Assemble’e du I I I. des vertus theologales. De la Foi. „ 7 - L’Homme n’eft jamais obligd dans aucun terns de fa vie, de faire un adle de Foi, d’Efpdrance & de Charitd , en vertu des Commandemens de Dieu qui regardentces vertus. 8 . C’eft aflez de faire une feule fois dans la vie un afte de Foi. Cenfure. Ces deux Propofitions font fcandaleujes , per* nicieufes dans la pratique , erronies; elles par- tent a Voubli de la Foi 6? de I’Evangile. 9 - Un adte de Foi naturel & utile pour le falut peut compdtir avec la connoiflance purement probable de la Rdvdlation,&md- me avec la crainte que quelqu’un auroit que Dieu n’a pas parld. Cenfure. Cette Propofition eft fcandaleufe ,pernicieu- fe , £? elle renverje la definition que I'Apotrt dome de la Foi. De la Profession exterieure de la Foi. io. Si quelqu’un eft interroge par une Puif- fance Clerge’ de France &c. 213 fance Publique, je Iui confeille , comme une chofe glorieufe k Dieu & a la Foi,de faire un aveu fincere de fa crbance ; mais s’il veut garden le lilence, je ne condamne pas fon aftion eomme criminelle par elle- mdme. Cenfure. Cette Proportion eft fcandaleufe , ouverte- , ment contraire aux Preceptes de I’Evangile £? des Apotres , 6? beretique. DES MOTIFS DE CrEDIBILITE*. II. La Religion Chretienne eft dvidemment croyable; car il eft Evident que quiconque I’embraffe , agit prudemment. Elle n’eft pas dvidemment vraie ; car ou eile enfei- gne avec obfcuritd, ou les chofes qu’elle enfeigne font obfcures. Bien plus: ceux qui difent que la Religion Chretienne eft dvidemment vraie, font forcez d’avcuer qu’elle eft dvidemment faufle. Inferez deli qu’il n’eft pas dvident, 1. qu’il y ait iprd- fent fur la terre aucune Religion veritable: car d’oti avez-vous que toute chair n’a pas corrompu fa voie ? 2. Qu’il n’eft pas non plus evident, que de toutes celles qui font fur la terre, la plus vraifemblable foit la Chrdtienne : car avez-vous parcouru tous les Pais , ou favez-vous qu’ils ont ete parcourus par d’autres ? 3, Que la Di- vinitd de J. C. ait ete manifeftement con- nue paries Apdtres & par les Demons: car O 3 fi ii4 Censure de l’Assemble’e du fi vous le ditfes, il faut que vous dilief qu’il eft manifefte que j. C. eft Dieu. 4. Que les Oracles des Prophetes ayent dtd.inlpi- rez de Dieu: car que m’oppoferez- vous, fi je nie que les Oracles ayenc etddevraies predictions, ou ft failure qu’elles n’ont dft que des conjectures ? 5. Que les Miracles qu’on die avoir etC fails par J. C ayent etC de vrais Miracles , quoique perfonne as piaffe le nier prudemment. Cenfure. La doctrine contenue dans cette Propojitm 1 ejl impie, blafpbematoire , emme'e, c? ellefp v'orife les Ennemis de la Religion Cbritiennt. 12 . II n’eft pas evident d’une Evidence mora¬ le proprement dice & phyfique , que la Religion Catholique eft la vraie Religion. Cenfure. Cette Proportion qui contient une do&rini eonforme a celle de la Propojition precedents , ejl teme'raire & induit en errear. DES CHOSES qu’il FAUT CROIRE d’uNE Foi D1ST1NCTE ET DEVELOPPE’e. 13 . II n’y a que la Foi d’un Dieu Unique qui foie ndcelfaire de ndcdlitd de moyen; mais la foi diftinCte d’un Dieu Remundra- teur ne l’eft pas. M* Clerge’ de France &c. 215 I 4- La Foi prife dans un fens moins propre, fondee fur le temoignage des Creatures, ou fur quelqu’autre femblable motif, i'uffic pour la J unification. if- „ Un Homme, quoiqu’il foit dans 1’igno- rance des myfteres de la Foi, ne laifle pas d’etre capable d’abfolution, quand indme il ignoreroit le my Here de la Tres-Sainte Trinitb, & de l’lncarnation de notre Sei¬ gneur, par une negligence criminelle. Cenfure. Ces trois Propofuions font outrageufes d re¬ gard de Dieu Rsmuneratenr , du nom de ■ notre Mediateur f. C. erronees e? benti- ques. I V. DE L’AMOUR DE DIEU. 16. II fuffit qu’un adte foit moral, qu’il tende d’une maniere interpretative i la fin der- niere. L’Homme n’eft point obiigd d’aimer cetce fin,ni danslecommencement, ni dans le cours de fa vie. Cenfure. Cette interpretation eft beretique . 17 - Savoir fi celui qui ne feroit qu’une feule O 4 fois ei6 Censure de l’Assemble’e du fois dans fa vie un a&edel’Amourde Dieu, pecheroit mortellement? C’eft ce que nous n’dfons pas condamner. 18. II eft probable que le prdcepte delaCha* ritd a J’dgard de Dieu, de foi n’oblige pas a larigueur, mdme de cinq ans en cinq ans. 19- 11 oblige feulement, lorfque nous fom* jnes obligez de nous juftifier, & que nous n’avons point d’autres vofes que celles-la pour pouvoir parvenir a notre juftificauon. 20 . Le commandement de l’Amour de Dieu, n’oblige de foi qu’a l’article de la mort. 21 . Le Prdcepte affirmatif de l’Amour de Dieu 6c du Prochain, n’eft pas un Prdcep- te particulier , raais un Prbcepte gbndral, auquelon fatisfait par I’accoinpliflement de tous les autres. Cenfure. Ces Proportions font fcandalenfes perni- cieufes; elles offenfent les oreilles pieufes; elks font erronees & impies ; elks aneantijfent k premier £? le trls ■ grand commandement ; £? elles eloignent Vefprit de la Loi Evatigeliqne. V. DE L’AMOUR DU PRO CHAIN. 22 . Nous ne fomraes point obligez d’aimer le Clerge’ de France &c. 2x7 le Prochain par nul adte interieur ou for- md; nouspouvonsfatisfaire h ce Prdcepte 9 par les feuls a&es exterieurs. 23. Vous pouvez en gardant une jufte mode¬ ration, fans commettre un feul pechd mor- tel, vous affliger de la vie de quelqu’un, che dans 1’efprit des autres, 41. II peut aufil 1’appeller en duel, s’il nepeut pas autrement fauver fon honneur. Cenfure. La doStrine renfermee dans ces Propofitions eft faujfe , fcandaleufe , contraire au Droit Divin fy* Humain , tant Canonique que Civil , mme au Droit Naturel. IX. S24 Censure de l’Assemble’e cu I X. SUR LA CHASTETE'. 42. I] paroit fi clair que la Fornication de foi n’enferrae nulie malice, & n’eft man- vaife que parce qu’elle eft ddfendue, & qu’il femble que le contraire eft tres-oppO’ li '& k la raifon. 43 - Le commerce avec une Femme maride, lorfque le Mari y content, n’eft point un adultere; c’eft pourquoi il fuffit, en s’en confeflant, de dire qu’on eft tombd dans la Fornication. Cenfure. La doctrine contenue dans ces Propo/itions eft fcandaleufe fi? pernicieufe ; elle bleffe let vreilles cbaftes fi? pieufes; fi? elle eft erronee. 44 - Dans la violence , dans la crainte de 1’infamie & de la mort dont Sufanne dtoit • menacde, elle pouvoit dire, je ne confent point au crime , maitje le fouffrirai & je me tairai , de peur que vous ne me diffamiez , fi? que vous ne m'expoftez d la mort. Peut-dtre qu’elle ne favoit pas cela, ou qu’elle *’y penfoit pas. Car c’eft ainfi que des Filles chaftes & honndtes fe croient coupables, comme fi elles confentoient en effet k leurs Corrupteurs, quand elles ne leur rd- fiftent Clerge’ de France &c. ftzy fiftent pas par leurs cris, par leurs addons, & par routes fortes d’efforts. Suzanne au- roit pu, dans un fi grand pbril d’infamie & de mort, demeurer d’une maniere paffi- ve, & s’abandonner a la paffion de ceux qui la follicitoient, pourvu qu’elle n’yefit point contend par un adle intgrieur, rriais qu’elle l’eflt eue en horreur & en execra¬ tion; parce que la vie & la reputation font un plus grand bien que la chaftetd; & ain- fi il eft permis d’expofex celle-ci , pour fauver les deux autres. Cenfure. Cette Vropnfition eft timeraire & fcandat leufe , elle (ffenfe les oreilles chaftes, elle eji erronie & contraire d la Loi de Dieu. . X. SUR LE VOL, SUR LE GAIN SOR- DIDE, ET SUR LA CORRUP¬ TION DES JUGES. 4 I'¬ ll eft permis de voler, non feulement dans I’extrdme ndceffitd , mais auffi dans un grand befoin. Cenfure. Cette Propofition , entant qu’elle permet le larcin dans un grand befoin , eft faujje# temeraire , pernicieufe au Bien Public. 4 < 5 . Les Serviteurs & les Servantes domefti- ques peuvent prendre en cachette de ledrs Tome IV. P Mat- 22 6 Censure be l’Assemble’e du Maitres dequoi rdcompenfer le fervice qu’ils leur rendent , lorfqu’ils le jugent plus grand que les gages qu’ils en resol¬ vent. Cenfure. Cette Proposition ejt fauffe , elle own k cbemin au vol, e? elle renverfe la fidelite des Gens qui fervent. 47 - Une Femme peut prendre h Ton Mari de 1’argent, mdme pour jouer, fi elle eft de telle condition , que le Jeu b fon egard pafle pour auffi neceflaire que font les ali- mens & la nourriture. Cenfure. Cette Proportion eft temeraire & fcanda- leufe , £? elle trouble la paix des families. Mais ce au’on ajoute du Jeu, en le mettant en parallele avec des oilmens, ne fait que foindre d Vinjuftice du larcin de tres-mau- vais artifices pour tromper , introduit dans la vie bumaine , des necefiitez tres-op ■ pofees a la SimpUcite & d I’Honnetete Cbre- tienne. 48. Nul n’eft tenu , fous peine de pdch£ mortel , de reftituer ce qu’il a pris par de petits vols , quelque grande que foit la fomme totale. Cenfure. Cette Propofttion eft faujfe £? pernicieufe * Ceerge’ de France &c. 227 £? elle approuie les larcins mime confident * hies. 49 - Celui qui porte ou induit un autre h faire quelque grand dommage & un tiers, n’eft point oblige & reftituer ce dommage que le tiers a fouffert. jo. Quoiqu’un Homme a qui l’on a fait une donation, connoifie qu’on la lui a faite a deffein de fruftrer les Crdanciers, il n’efl pas oblige a reftituer, a moins qu’iln’ait perfuade cette donation, ou qu’il n’y ait induit le Donateur. Cenfure. Ces Propojitions font fciujfes temerai- res, elles favorifent les Vols iS les Fraudes , cf elks font contraires aux regies de la Juj- tice. Ji. Les Enchanteurs , & tous les autres Trompeurs, les Magiciens, les Gens qui font profeffion de l’Aftrologie Judiciaire, les Devins,& les Faifeurs de Predictions & d’Horofcopes, cherchant a gagner par toutes fortes de mauvais artifices , peu- vent en confcience garder ce qu’ils ont acquis par ces moyens. Cenfure. Cette Propojition entendue des faktffes a- dreffes & des artifices trompeurs dont il y eft parli, ejl faujfe, temiraire , £? propre P 2 « 22g Censure de i/Assemble’e-^u d fomenter les illufions rneme du Demon. 5 a. Qaand deux Perfonnes qui plaident font fondles fur des opinions dgalement pro¬ bables, un Juge peut recevoir de 1’argenc pour juger en faveur de l’une plutdt que de 1’autre. Les Juges peuvent recevoir des prefens des Parties , & ne font pas obligez de reftituer ce qu’ils ont recu pour juger in- juftement. Cenfuve. Ces Propojitions font faujjes ,pernicieufes, contraires a la Parole de Dieu, & portent les Juges d fe laijfer corrompre. X I D E L’QSURE. 54 - Le Contradt appelld Mohatra , c’efM- dire celui par lequel on achette des marcban- difes d'un Marchand a un plus grand prix , qui doit itre paye dans un certain terns & fur le champ fans deroger a cet achat , on les revend a moindre prix argent comptant, eft permis nidrae a l’dgard de la mdrne perfon* ne; & quoique le Vendeur ait fait un pac- te expr£s , qu’on lui revendroit la mdme marehandife, dans l’intention qu’il a d’y gagner. Clerge’ de France &c. 229 55 - Comme l’argent comptant eft plus efti- me que celui qui ne l’eft pas, & n’y ayant perfonne qui ne fade plus de cas d’une fomme prefente, que d’une fomme qui ne doit dtre payde que dans la fuite, eelui qui prdte peuc exiger de celui qui emprun- te quelque chofe au-deli du Principal, par cetce raifon n’dtre pas coupable d’Ufure, 5<5- II n’y a pas d’Ufure a exiger quelque chofe au-delA du Principal, comme dft par un motif d’amitid ou de reconnoiflan- ce, mais feulement A l’exiger comme du par juftice. 57- I! eft permis a celui qui prdte , d’exiger quelque chofe au-dela du Principal , s’il s’engage a ne point redemander le Princi¬ pal jufqu’a un certain terns. 58. II eft autant permis de prendre une rente annuelle d’un bien qui n’eft alidnd que pour quelques anndes , qu’il eft permis d’en prendre d’un bien qui feroit abend pour toujours. Cenfure. Ces Proportions dans lefquelles en chan - geant feulement le mm de pret £? d’ufure , mais dans un fens qui revient au mime , on elude la force de la Loi de Dieu par defauffes ventes & alienations , par des Societis Si- mulees, & par d’autres artifices & fraudss P 3 de 230 Censure de l’Assemble’e du de ceite nature, contiennent une doEtrine faujfe , fcandaleufe , captieufe , pernicieufe dans la pratique , propre d pallier let uju • res, contraire d la Parole de Dieu ecriteft non ecrite, reprouvee dejd par le Clerge de Prance , Eft fouvent condamnee par les De- crets des Conciles Eft des Papes. 59 - Quoique l’Ufure ftk ddfendue aux Juifs, elle ne l’a pas cependant ete aux Chretiens, la Loi Ancienne ayant.etd abolie par J. C. quant aux preceptes judicieux. Cenfure. Cette Proportion eft contraire a la Parole de Dieu , cletruit la perfection de la Nouvelle Loi , Eft de I’union fraternelle de toutes les Nations qui font reunies en J. C. X I I. SUR LE FAUX TEMOIGNAGE , SUR LE MENSONGE, ET SUR LE PARjURE. 60. Quand on a quelque raifon de jurer , il eft permis de jurer fans en avoir intencion, foit que la chofe done il s’agit foit peu importance, ou qu’eile foit confiddrabie. 61. Celui qui n’a pas intention de jurer, quoiqu’il jure cl faux, ne fait pas un par- jure; il fe rend cependant coupable d’un autre Clerge’ df. France &c. 231 autre pdchE, comrae feroit quelque men- longe. 6 2. Celui qui promet avec ferment de faire quelque cho(e, avec intention de ne pas s’y obliger, n’y eft pas effedtivement obli¬ ge en vertu de fon ferment. Cenfure. Ces Propofitions font temeraires , fcandtt- leufes, pernicieufes , fe jouent de la Bonne Foi } if font contraires au Decalogue. 63 - Si quelqu’un jure n’avoir pas fait une chofe qu’il a vEritablement faite, foit que jurant il foit feul ou en prefence de quel- ques autres perfonnes, foit qu’il ait parle de fon propre mouvement, foit qu’il ait fait le ferment pour fe divertir ou pour quelque autre fin, il ne ment point en ef- fet, & n’eft point parjure, pourvu qu’il entende en lui-meme quelqu’autre chofe qu’il n’ait pas faite, ou quelqu’autre endroit que celui oh il l’a fait, ou queiqu’autre circonftance veritable qu’il ajoute. 64. On a une raifon lEgitime de fe fervir de ces Equivoques toutes les fois qu’il eft nEcefiaire ou utile pour conferver la fante, le corps, 1’honneur, les biens, ou pour pratiquer queiqu’autre adte de vertu, en forte qu’il paroifle alors expedient & avantageux de cacher la vErite/ P 4 Cen- Censure de l’Assemble’e du Cenfure. Ces Proportions font timiraires , fcanda• leufs , pernicieufes , illufoires , erranks , frayent k cuemin aux menfonges , aux jrau- dts & aux purjures, & jont contraires aux Sa.in.us Ecrituxes. 65. Celui qui a dtd d!eve & une Magiftratu- re, ou & une Charge Pubhque, par des lecommandations , ou par des prefens, pourra avec une reftndhon meDtale prdter le ferment qu’on a coutume d’exiger par ordre du Roi, de ceux qui parviennent k ces Digoitez, fans avoir dgard a 1’inten- tion de celui qui exige le ferment, parce qu’il n’eit pas oblige de declarer un crime cachd. Cenfure. Cette Propofition eft fcandaleufe , perm- eieufe , favorife l’ambition des bommes, ex- cuje les parjures , rififte d la Puijjance Publique centre I'ordre de Dieu. 66. Non feulement les Hommes Julies & Saints , mais les Patriarehes, les Prophe- tes, les Anges, & J. C. lui-mdme, le font fervi d'equivoques, ou d’amphibologies, & de reltridtions mentales. Cenfure. Cette Propofition ejt fcandaleufe , temerai- re , confond avec des actions ordinaires , ce qui Clerge’ de France &c. 233 qui a ete dit ou pajje fous Jilence par myjle- re , par prophetie , par parabola, ou par une fage mconomie , pour infinuer la verite d’une inaniere plus profonde plus relevee ; tour - ne en ridicule les adtions des Saints Peres; ejt injurieufe aux Anges mtme; 6? a regard de f. C. elle eft outrageufe £? impie. XIII. SUR LA CALOMNIE. t 67. II eft probable que celui-la ne pbche pas mortellement, qui pour d^fendre fon inno¬ cence & fon honneur , impofe a un autre un crime faux ; & ft cette opinion n’eft pas probable , k peine y en aura-t-il une probable dans toute la Theologie. Cenfure. La doCtrine de cette Proportion eft fait jje , temeraire , fcandaleufe , erronde , ouvre une grande porte aux Calomniateurs §? aux im- pojleurs , decouvre clairement combien font m&charites les maximes qidon introcluit fous le mm de Probability XIV. SUR CEUX QUI AIDENT A COM- METTRE DES CRIMES. 68 . Un Serviteur qui avec connoiflance aide P j fon 2,34 Censure de l’Assemble’e du Ton Maitre , en lui prdtant fes 6paules pour raonter par une fendtre , a deffein d’abufer d’une Vierge , & qui lui fere plu- Ceurs fois en portant une dchelle, en ou* vrant une porte, ou pour quelqu’autre mi- niftere femblable, ne peche pas mortelle- ment, s’il fait cela par crainte d’un dom- mage confiddrable; par exemple , de peur d’dtre maltraitd de ion Maitre, de peur d’en btre regarde de travers , ou d’etre chaffd de fa maifon. Cenfure. Cette Propofition ejl Jcandaleufe , pernicieu- fe , ouvertement coniraire aux paroles de notre Seigneur & de VApotre , beretique. Car par quel bchange 1’homme pourra-t-il ra- cheter fon ame ? Et non leulement ceux qui font ces fortes de crimes font dignes de more , mais encore ceux qui font de concert avec les perfonnes qui les font. X V. SUR LA SIMQNIE ET SUR LA COL. LATION DES BK’NE’FICES. bp. II n’efl: pas contra lajufticede ne pas con- fdrer gratuitement les Bdndfices Eccldfiaf- tiques; parce que le Collateur qui les con- fbre pour de l’argent, n’exige pas cet ar¬ gent pour la collation du Bdndfice , mais en quelque manidre pour l’avantage tem- porel, Clerge’ de France &c. 235 porel, qu’il n’etoit pas oblige de vous pro* curer. 70. Donner le temporel pour le fpirituel , ce n’eft pas une fimonie , quand le tempo¬ rel ne fe donne pas comme prix , mais feu- lement comme un mocif de conferer, ou de faire une chofe fpirituelle, ou memo- quand ]e temporel eft une compenfadon purement gratuite du fpirituel, ou au-con- traire quand le fpirituel eft une compenfa- tion purement gratuite du temporel. 71 - Ce n’eft pas non plus une fimonie, quoi- que le temporel foit le principal motifde donner le fpirituel , quand bien meme il feroit la fin qu’on fe propofe , en recher* chant la chofe fpirituelle , en forte mdme qu’on eftimat davantage ce temporel que la chofe fpirituelle mdme. Cenfure. Ces Proportions font temeraires , fcanda- leufes,pernicieufes, erronees ; & introduifent , en changeant feulement de nom , par une di¬ rection trompeufe de penfee ou d’intentioh , Vherefie des Simoniaques , condamnee par VE- criture Sainte , par les Canons , £? par les Conjlitutions des Papes. 72 - ^ Lorfque le Concile de Trente a dit,que ceux 1&, en participant aux pdchez des au- tres, pechent mortellement,qui n’dlevent pas au gouvernement des Eglifes ceux qu’ils jugent 13<5 Censure de l’Assemble’e du jugent les plus dignes, ou qu’ils croient les plus utiles a 1’Eglife. Le Concile,ou bien en premier lieu ne paroit vouloir figni'fier autre chofe par les plus dignes , que ceux qui font dignes de ces emplois, en prenant ]e comparatif pour le pofitif; ou bien en fecond lieu , par une maniere de parler moins exadte , il n’a mis les plus dignes que pour exclure les indignes, & non pas pour exclure ceux qui font {implement di¬ gnes; ou enfin, il ne parle que dans lecas du concours, Cenfure. Cette Propofition eft contraire au Concile de Trente, d Vutilite de VEglife, & au falut des Ames , qui depend principalement du cboix des Fajteurs, XVI. SUR LE SACRIFICE DE LA MESSE, ET SUR LA SAINTE COMMUNION. 73 - Celui-li fatisfait au Prdcepte Eccldfiafti- que d’entendre la Mefle , qui entend tout ^ la fois deux , ou mdme quatre parties de Mefle cdldbrdes par diffdrens Prdtres. Cenfure. Cette Propofition eft abfurde , fcandaleufe , illufoire , 6? revolte le fens commun des Chre¬ tiens. 74 * Clerge’ de France &c. 237 74 > On fatisfaic a ce mdme Precepte par un refpeft purement exterieur , quand m£me on auroit l’efprit volontairement attachd a des penfees etrangeres, ou mdrae mauvai- fes. 75 - On fatisfait au Precepte de la Commu¬ nion annuelle, par une Communion facri- lege. Cenfure. La doctrine contenue dans ces deux Propofi - tions eft temeraire, fcandaleufe , erronee, fa- mrife I’lmpieU & les SacriUges, fejoue- des Commandemens de I'Eglife. % 76 - La Confefiion& la Communion frdquen- te eft une marque de Prddeffination, meme dans ceux qui vivent d’une maniere toute Payenne. Cenfure. Cette Propofition eft temeraire-, fcandaleu~ fe, erronee, impie, & contraire aux Saintes Ecritures. XVII. SUR LA MESSE DE PAROISSE, 77 - Perfonne n’eft obligd en confcience d’af- fifter a la Paroifle, de faire confeffion an- nuelle, d’aller aux MeflTes de Paroiffe, d’en- tendre 238 Censure de e’Assemele’e du tendre la Parole de Dieu , la Loi Divine, les Elbmens de Ja Foi, & les Regies deMo* rale, qu’on y expofe, & qu’on y enfeigne dans les Cat6chifmes. 78 . Dans cette matidre , ni les Eveques, ni les Conciles foie Provinciaux foit Nation- naux, ne peuvent porter une telle loi , ni punir ceux qui y manqueroient d’aucunes Cenfures Eccldfiaftiques. 7 9 - On ne fauroit en vertu du Concile de Trente obliger le peuple par desPeines & des Cenfures Eccleflaftiques , d’aller ii fa Paroifle les jours de Dimanche , pour y entendre la Mefle, e’eft-d-dire la Meffe de Paroiffe. • Cenfure. La do&rine de ces Proportions eft fanjfe , timeraire, fcandaleufe, condamnte dejd tres~ Jeverement par le Clerge de France , con- traire aux Saints Canons , ait Concile de Trente, & d la Tradition Apojlolique , fui- vant ce que dit 1’Apdtre: Ne nous redrons point de nos Affembldes,comme quelques- uns one coutume de faire. XVIII. SUR LA CONFESSION SACRAMEN- TELLE. 8o. On n’eft pas obligd de declarer, dans les Con- Clerge’ de France &c. 239 Confeffions fuivantes, les pdchez qu’on a omis ou oubliez, & caufe d’un danger pref- fant de la vie,ou pour quelqu’autre raifon. Cenfure. Cette Proportion eft timer air e , erronie ,£? deroge d I’integrite de la Confeftion. 81. Celui qui fait volontairement une con- feffion nulle , fatisfait au Prdcepte de l’E- glife. Cenfure. Cette Propofition eft temeraire , erronie , £? favorife le Sacrilege , & ft joue des Pri- ceptes de I’Eglife. 82. LaLoi de fe confeffer au-plut6t, quele Concile de Trente a portde pour un Prd- tre, qui dtant enetat de pdchd mortel, fe- roit obligddecdldbrerles Diviiis Myfteres, eft un Confeil & non pas un Precepte. Cette parole au-plutot s’entend du terns que le Prdtre a coutume de prendre pour fe confeffer. Cenfure. Cette Propofition eft faufte, pernicieufe , & renverfe un Decret clair~& formel du Con- die de Trente. 83. ( On n’eft pas oblige d’avouer 1’habitude d’un peche , lors • in erne que le Confeffeur nous interroge la-defflis. 84. II eft permis de donner l’abfolution fa- 240 Censure de e’Assemblee du cramentelle k ceux qui n’onc fait que la moidd de leur confeffion , a caufe d’un grand concours de Pdnitens, tel qu’il peut arriver, par exemple , un jour de grande Fdtei Cenfure. La doStrine contenue dans ces deux Pro • positions eft faujje , temeraire , induit en ef- reur , favorife les Sacrileges , & deroge d la Simplicity Cbretienne ,d la puijjance judicial- re des Miniftres de N. S. J, C. d l'integri¬ ty de la Confeftion , d la fin & d I’inftitur tiori du Sacterhent meme. X I X. SUR LES DISPOSITIONS DU PE’NI- TENT, SUR L’ABSOLUTION, SUR LES OCCASIONS PROCHAINES. 85. II eft probable qu’une Attrition naturelle fuffit, pourvu qu’elle foie appuyee fur un < motif honndte. Cenfure. Cette Propojition eft heretique. 86 . L’Attridonqui n’a pour motifque lacrain- te de I’Enfer , fuffit mdme fans amour de Dieu, fans aucun rapport k Dieu offenfd; parce qu’une telle Attrition eft honn^te & furnaturelle. Cierge’ de France &c. Cenfure. Cette Proportion,par laquelle on exclut det difpofitions necejjaires d I'abfolution tout rap¬ port a Dieu offenfe, ejt temeraire , fcanda- leufe , pernicieu/e , Ift conduit d I'berejie. 87 - Le Concile de Trente a ddfini ft expref- fdmenc, que l’Attricion qui ne vivifie pas Fame, & qu’on fuppofe dtre fans amour de Dieu , fuffit pour Fabfolution , qu’il pro¬ nonce anathdme concre ceux qui difent le contraire. Cenfure. Cette Propofition eft faujje , temiraire y contraire au Concile de Trente , induit en Verreut. 88 . On ne doit ni refufer, ni diffdrer l’abfo- ludon a un Pdnitent qui fe trouvedansl’ha* bitude de pdcher contre la Loi Divine, Na- turelle ou Eeclefiaftique, quand mdme il ne parottroit aucune efpdrance d’amende- ment , pourvu qu’il dife de bouche qu’il eft f&chd d’avoir pechd, & qu’il fe propo- fe de fe corriger. Cenfure. Cette Propofition eft erronee , (ft conduit a l'impenitence finale. 89 - On peut quelquefois donner I’abfolution a celui qui fe trouve dans une occafion pro- cbaine de pdcher, qu’il peut, & qu’il ne veut Tome IV. Q dvi- 24-2 Censure de l’Assemble’e du dviter , & meme a celui qui la chercheroiE de propos ddlibere, & qui s’y mettroit de lui-meme. 90. On n’eft pas oblige de fuirl’occafion pro- chaine de pecher, quand on a quelque rai- fon honndte ou utile dene la pas fuir. C’eft pourquoi il ne faut pas obliger un Concu- binaire a chaffer fa Concubine, ft elle dtoit d’une trop grande utilitd pour la fatisfac- tion du Concubinaire, qui pafferoit une vie trop trifle fans elle , qui feroic degofttd & l’excbs des viandes apprdtdes par toute au¬ tre , & qui auroit trop de peine & trouver une autre Servante. 91. II eft permis de rechercher dire&ement l’occaiion,prochaine de pdcher, dans lavue de nous procurer k nous, ou k notre Pro¬ chain, un bien fpirituel ou temporel. Cenfure. Ces Proportions font fcandaleufes , perni- cieufes, heretiques , Mdemment contraires an Precepte de J. C. qui ordonne de couper, fc? de jetter la main , le pied , & meme I'osil droit , qui feroit pour nous une occafion de fcandals. X X. DU JEDNK 92. Celui qui rompt le jeftne de 1’Eglife au* que! Clerge’ de France &c. 245 quel il eft oblige , ne pecbe pas mortelle- ment, 11 ce n’eft qu’il le fafle par mdpris, ou par desobbi'ffance, en ce qu’il ne veuc pas fe foumettre au Prbcepte. 93 - Celui qui dans un jour de Jedne mange k plulieurs reprifes peude choles ne rompc pas Ion jedne , quand mfime il fe trouveroic qu’il eut a la fin mange confidbrablement. 94. Tous ceux qui dans la Rbpublique font des travaux corporels, font difpenfez de l’obligation du Jedne , & ne font pas obli- gez de s’accufer, fi leur travail eft compa¬ tible avec le Jedne. 95 - Ceux-ld font abfolument difpenfez du Prbcepte du Jedne, qui voyagent a cheval de quelque manidre que ce lbit , quand mdme le voyage ne feroit pas neceflaire, ou qu’il ne feroit que d’un jour. Cenfure. La doctrine contenue dans ces quatre Pro- pojitions eft faujfie , timeraire , fcandaleufe , pernicieufe , introduit la negligence de: Com- mandemens de VEglife , elude la Loi du Jedne par de mauvais artifices, XXI. SUR L’lMTEMPERANCE. $ 6 . Ce n’eft pas un pdchb de manger & de Q 2 boire 544 Censure de l’Assemble’e du boire julqu’4 dtre plein ,dans la vue du feul plaifir, pourvu que la fantd n’en foit pas al* tdrde , parce qu’il eft permis 4 l’appdtit naturel de joui'r de fes aftes. Cenfure. Cette Propofition ejl temeraire , fcandaleu - fe, pernicieufe , erronee , fif doit etre renvoyei d I'Ecole d’Epicure. XXII. SUR LES HEURES CANONIALES. 97- La loi de reftituer impofde par Pie V. aux Bendficiers qui ne recitent pas leur Of¬ fice , n’oblige pas en confcience avant la lentence declaratoire du Juge , parce que cette reftitution eft une peine. 98. Celui qui ne peut pas rdciter Marines & Laudes , mais qui pourroic rdciter les Pe- tites Heures,n’eft obligd 4 rien,parce que la plus grande partie attire a foi la plus petite. Cenfure. Ces Proportions font fauffes , timhaires , cuptieufes , & font un jeu des Prlceptes Ec- clefiajliques. 99- Celui-14 fatisfait au Prdcepte, quivolon- tairemtnt prie feulemenc des Idvres, & con Clerge’ de France &c. 145- Son pas de J’efpric. . . Je repons, que j’ai rbcitb l’Office Divin pendant une femaine, un mois, un an, fans pbchb vbniel,& j’en fuis fi certain, que je pourrojs 1’affirmer par ferment. . . Je fuis homme. . . je n’bvite pas les diftrabtions. 11 m’arrive mille fois d’en avoir d’involontaires,quelquefois mb- me j’en ai de volontaires, & cependant je ne fuis tourmentb d’aucun fcrupule: je n’ai paslemoindredoute, parce que je fuppofe prudemment que je ne fuis pas oblige a une attention intbrieure qu’il eft bon d’avoir ; mais qu’il n’y a pas la moindre faute & ne la pas "avoir, & que je fuis feulement obli¬ ge k lire avec une attention extbrieure. Cenfure. Cette Propo/iticn eft abfurde, contraire a la Parole de Dieu, & introduit I’bypocrifte con- damme par J. C. & les Propbftes dans ces paroles : Ce peuple m’honore des levres, mais fon coeur eft bien bloignb de moi. X X I 1 I. SUR LA JURISDICTION, ET SUR LES RE’GULiERS. 100. Les Curez peuvent fe choifir pour Con- fefieur un fimple Prdtre , qui n’eit pas ap- prouvb par l’Ordinaire. 246 Censure de l’Assemble’e du Cenfure. Cette Propofttion eft faujfe , temeraire, con- traire au Concile de Trente. 101. Les Religieux Mendians peuvenc abfou- dre des cas rbfervez aux Eveques, fans en avoir obcenu d’eux le pouvoir. 102. Celui qui fe prbfente h un Religieux Re- gulier qui a 6te prefentd a l’fivdque , mais qui en a dtd incitement refufb , fatisfait au Precepte de la Confefiion Annuelle. 103. Les Religieux peuvenc, dans le For de la Confcience , fe fervir de ceux de leurs privileges qui one btb expreflemenc revo- quez par le Concile de Trence. 104. Les Evdques ne peuvent pas l’imiter,ni mettre dereftridtion aux approbations qu’ils donnenc aux Rbguliers , les revoquer pour caufe , & mdme les Religieux des Ordres Mendians nefonc pas obligez d’obtenirces fortes (^approbations; & li les Evdques les refufent, ce refus vaut autant que l’appro- bation. Cenfure. La doCtrine contenue dans ces Proportions ejl faujfe, ttmeraire. fcandaleufe , erronee, tendante a VHerefie &? au Schifme , contraire m Concile de Trente , detruit la Hitrarcbie EecUfiajlique , ouvre la parte aux Confeffions nulles, i Clerge’ de France &c. 247 miles, & a ete deja autrefois condamnk par les Souverains Pontifes £? par le Clerge de France. IOJ. L’approbation de l’Ordinaire eft requife dans le Miniftre du Sacrement de Peni¬ tence. . . Cette approbation peut dtre li- mitde,mais elle ne peut pas dtre rdvoqude fans caufe. 106. Un Confeffeur approuve dans un Dioce ; fe , quand mdme il auroic fa jurifdi&ion immddiatement du Pape , ne peut pas ce* pendant confefler dans un autre Diocefe. fans l’approbation de l’Evdque Diocdfain , au moins'dans le lieu oh eft cet EvSque Dio- cefain. Cenfure. La doStrine continue dans ces Proportions , entant qu’elle nie qu’une approbation puijje e- tre revoquk fans caufe , fif qu’elle fait necejfaire dans un lieu oil I’Eveque Dine fain ne refi.de pas, ejlfaujfe, temeraire , & donne atteinte aux droits des Eveques. 107. En vertu du Concile de Trente, 1’appro- batiori d’un feul Evdque fuffit pour toute 1’Eg life, e’eft-a-dire,, un Prdtre approuvd par un Evdque peut abfoudre par-tout, pourvu qu’il ait ia jurifdidlion : & pour avoir cette jurifdiftion , il fuffit (en vertu du Concile de Trente) d’dtre approuvdd’un feu! Evdque. Q 4 10S, 248 Censure de l’Assemble’e du 108. Les Religieufes exemptes peuvent rece- voir l’abfolution d’un Pretre qui n’eft pas approuvb par 1’Evdque , foit que ce Pr£tre foie S4culier, foit qu’il foie Rbguiier. Cenfure. Ces Proportions font fauffes , temdraires , oppofees d l'intention du Concile de Trente , £?• contraires d la Jurifdiction des Eveques & 4 Difcipline Ecclefiujtique. XXIV. SUR LES LOIX DES PRINCES. ET SUR LEUR POUVOIR. 109. Le Peuple ne peche pas, quand mdme il rejetteroit fans raifon une Loi publide par le Prince. no. Les Sujets peuvent refufer le payement des Impofitions legitimes. Cenfure. Ces Proportions font feditieufes, & combat* lent manife/lement les paroles de notre Seigneur * & la dodtrine de I'Apftre » XXV Clerge’ de France &c. XXV. SUR L’A M O U R. hi. A peine trouverez-vous dans les Sdculiers, mdme dans les Rois, quelque chofe de fu- perdu k leur dtat; & ainfi a peine y a -1 - il quelqu’un qui foitobligb a l’aumdne, fi Ton n’eft oblige & la faire que de ce qui eft fu* perdu & fon dtat. Cenfure. Cette Propojition eft temiraire, fcandaleufe, pernicieufe, erronee , aneantit le Pricepte dt I’Evangile fur I'Aumme. XXVI. SUR LES ENDURCIS. 112 . Si les Pecheurs d’une malice confommde be fentent point de remords deconfidence, & n’ont point la connoiflance du ma! qu’ils font lorfqu’ils blafphdment , & qu’ils s’a- bandonnent au crime , je foutiens avec tous les Thdologiens , qu’ils ne pechenc point en faifant ces a&ions-R. Cenfure. Cette Propojition eft fauffe , Umiraire ,per- •nicieufe, corrompt les Bonnes Mosurs, excufe les Blafpbmes £? les autres pecbez , £? comme Q j telle y 150 Censure be l’Assembee’e bu telle , a dejd ete condamnee par le Clerge de France. XXVI I. SUR LE PECHE’ PHILOSOPHIQUE. 113. Le Pbchd Philofophique, ou Moral, eft an afte humain, oppoft a la Nacure rai- fopnable & A la droite Raifon; mais le Pd- che Theol-ogique & Moral, eft une trans- greffion libre de la Loi de Dieu. Le Pd- ehd Philofophique ,quelque grief qu’il foie dans celui qui ignore Dieu, ou qui ne pen- fe pas adUiclie-ment a lui, eft un grand pe- che ; mais il n’eft pas une offenfe deDieu, ni un pechd mortel, qui rompe l’amicidde Dieu, ni qui merite la peine bternelle. Cenfure. Cette Proportion eft fcandaleufe, timeraire t offenfe les oreilles pieujes , £? eft erronee. XXVIII. SUR LE PECHE’ MORTEL. 114. La plupart des pdchez , dont I’Apdtre dit que ceux qui les commettent , ne pof- fdderont pas le Royaume de Dieu, & qui font expreffeitienc contraires aux Prdceptes du Ddcalogue,-peuvent ecre appellez mor¬ sels ; parce qae ceux qui en font coupa- bles, Clergr’ de France &c. 151 bles, ont perdu tout fendment de charitd, ou en confervent peu, de forte que la cu- piditd domine entieremenc en eux. U5- Cela pourroit cependant s’entendre avec ce tempdramment, que s’ils les avoient commis avec une entiere repugnance, & comme entrainez malgre eux par la vio¬ lence de la paffion , ou par la crainte de quelque grand mal dont ils dtoient meDa- cez , enforce qu’echappez de ces extrd- mitez ils fuflent faifis d’une douleur vive pour le pechd qu’ils auroient commis, on ne pourroit pas affurer 11 pofidvement qu’ils eftffent perdu la grace , ou qu’ils eM'ent encouru la peine de la damnation; parce que, quoique la cupiditd ait domind pendant ce moment, cette domination a pu etre une domination courte & paffage- re, par laquelle la difpofition intirae de la volontd n’eft point changde. Ce tempd- ramment femble fuivre naturellement la dodrine de Saint Auguftin. Cenfure. Ces Proportions qui enfeignent ou declarent que l’habitude, de la cbaritd divine peut etre compatible avec les pechez centre le Decalo¬ gue , £? dont I'dpotre dit que ceux qui les qommeitent ne pojjederont pas le Royaume de Dieu , font faujjes, pernicieufes , erronees , contraires d la Parole de Dieu. Car quelle union peut-il y avoir entre la juftice & l’iniquitd. . . . ? Ou quel accord de J. C. avec 2 fa Censure de l’Assemble’e du avec Bela] ? Elies oument le cbemin d exes* Jer toutes Jones de peebez, ou d en diminuer toute la gravite , £p elles impojent d taint /lugujiin• XXIX. SUR LES PENSE’ES OU SUR LES DELECTATIONS MOROSES. 1 16. Del& nous devons concJure, que le con- fentement qu’on donne aux mauvaifes fug- geftions , n’eft , fuivant Saint Augullin, qu’un pdchd veniel, lorfqu’il tend au plai- fir de penfer feulement a une chofe ddfen- due; par exemple, a venger une injure, quoique l’afte mdme de vengeance dont 1’efprit s’occupe avec plaifir dans la pen* fde,foit cres-mauvais, & tr&s-certainement up pdchd mortel. Cenfure. Cette Propojition, qui, rigulihrement pan lant, impute feulement d peche veniel toutes les penfees & les delegations qu’on appelli jnorofes, eftfaujfe, temeraire , fcandaleufe, pernicieufe dans la pratique, fomente la con • cupifcence , induit dans la tentation dans les peebez les plus griefs, £? eji contraire 6? injurieiife a Saint Auguftin. XXX. Clerge’ de France &c, a5| XXX. SUR LA REGLE DES MOEURS ET SUR LA PROBABILITE’. H7- Je crois que tout elt aujourd’hui mieux examine, & c’eft pour cela qu’en touce forte de matidre , & principalement en matibre de Morale, je lis & je fuis plus vo- lontiers les Auteurs recens , que les an- ciens.11 faut chercher la do&rine de la Foi dans les anciens Auteurs, &. cel- le des Moeurs dans les plus nouveaux. Cenfure. Cette Proportion eft ttmiraire , fcandaleu- fe,pernicieufe, erronee,injurieufe aux Saints Peres 6? aux anciens Dodteurs, rend arbi¬ trage la Tbeologie Morale, en meprifant 1’au¬ torite 6? I'interpretation de VEcriture £? de la Tradition, qui eft nicejjaire pour regler les moeurs des Chritiens , fcf ouvre le chemin d I'etablijfement des DoStrines Traditions Humaines defendues par J. C. 118. On peut fuivre dans la pratique une opi¬ nion fur l’autorite d’un feul Auteur , quand mdme on la jugeroit par des raifons in- trinfeques faufle & improbable, up CetteThefe (il faut pour la Probability, le fentiment de feize Auteurs) n’eft pas pro- Censure de e’Assemble’e du probable. Si feize fuffifen t, quatre fuffiront. Si quaere fuffifent., un fuffira.... Quatre Auteurs fuffifent pour faire une opinion probable. . . Or quatre Auteurs, & mS- me plus de vingt, prbtendent qu’un feul iuffit. Done un leul Auteur fuffit effe&ive* menc pour faire une opinion probable. Cenfure. Ces Proportions font faujjes , fcandaleufes , pernicieufes , decident les queftions de Morale par le nombre des Auteurs , fans avoir egard ala verite, ouvrent la porte a des difeor- des fans nombre. 120. Une Opinion doitdtre cenffie probable, quand elle fe trouve dans le Livre de quel- que Auteur moderne, pourvu qu’il ne foit pas conftant qu’elle ait btb rejettee par le Saint Siege, comme improbable. 121 . Des Opinions ne doivent point pafler pour fcandaleufes ou erronees, des-la que 1’Eglife ne les corrige pas. Cenfure. Ces Propositions , entant qu'elles prennent le filence £*p la tolerance de I’Eglife ou du Saint Siege pour une efpece d'approbation ,font faujjes , fcandaleufes , nuifibles au Jalut des Ames , autorifent les plus mauvaifes opinions qulj'e debitent de terns en terns avec temerite, & ouvrent le cbemin a etouffer la verity de I’Evafigik par d'mjufies prejugez. 122 . Ceerge’ de France &c. 255* 122. G6n£ralement parlant, on agit toujours avec prudence,quand on agit fur une Pro¬ bability, foit intrinfdque, foie extrinftque, quelque Idgere qu’elle foit, pourvu qu’oa ne forte pas des bornes de la Probability. Cenfure. Cette Proportion eft faujje , timer aire , fcandaleufe , pernicieu/e , £? etablit , au grand danger des Ames , une nouvelle regie de Mo¬ rale, & une nouvelle efpice de Prudence ,fans aucun fondement dans I'Ecriture ef dans la Tradition. 123. Si quelqu’un veut qu’on lui donne con- feil, felon I’opinion de toutes la plus favo¬ rable, on pbche en le confeillant autre- ment que fuivant cette opinion. Cenfure. Cette Propofition qui enfeigne d exiger con- tre le droit, fcp d donner centre la confcience des confeils reldchez & fiatteurs, eft faufte, temeraire , fcandaleufe , pernicieu/e dans la pratique , c? ouvre la porte a beaucoup de tromperies. 124. II n’efl pas illicite dans l’aclminiftratioa des Sacremens, d’abandonner l’opinion la plus fure pour en fuivre une probable tou- chant la valeur du Sacrement, a moins que cela ne foit defendu par quelque loi, ou par quelque convention, ou qu’il n’y ait 25?> Censure de l’Assemble’e du pdril d’encourir un grand dommage. Cell pour cela qu’il n’eft pas permis de fe fer- vir d’une opinion purement probable dans radminiftrarion du Batdme, ni dans 1’ordi* nation des Prdtres & des Evdques. 125. Je crois probablement, qu’un Juge peut Juger fuivant l’opinion meme la moins probable. 12 ( 5 . Un Infidele qui ne croit pas , ne fera pas coupable d’infidelitb , s’il s’appuye fur une opinion moins probable. 127. Ce n’eft pas pdcher mortellement, que de recevoir le Sacrement de Pbnitence a Particle de la mort avec une Ample attri¬ tion, quand mdme on omettroit de pro- pos deiibdre un adte de contrition: car il eft permis a tout le monde de fuivre une opinion moins probable, en abandonnane la plus probable. Cenfure. La doctrine contenue dans ces Proportions, eft refpetrtivement faujfe, abfurde, pernicieu- Je, erronee, & doit etre regardee comme un tres-mecbant fruit de la Probability Declaration sur l’Amodr de Dieu , REQUIS DANS LE SaCREMENT DE Pe’- NITENCE Apr&s avoir achevd la Cenfure des Pro- pofi- Clerge’ de France &c. 257 pofitions, reftent quelques Pomts, done i’importante demande qu’on les expofe phis clairement, & qu’on les tire de leurs principes, pour les mectre dans tout leur jour. Et pour De pas omettre ce qu’il eft nbceffaire de favoir touchant l’Amour de Dieu , qui eft bgalement requis dans le Sacremenc de Batdme pour les Adulces, & dans le Sacremenc de la Penitence, qui eft un Bacbme laborieux, nous avons cru devoir fur-tout avertir & inftruire de deux chofes priles du Saint Concile de Trente. La prbmifere , que perfonne ne doit regarder comrae une difpofition nb- eeffajre & l’un & a l’autre de ces Sacre- mens , une contrition qui feroit encibre- ment formee par la charitb , qui avec le vteu du Sacrement reconcilie Vbomme d Dieu, avant qu'il l'ait aStuellement refit. Et la feconde, que perfonne ne fe doit croire en furete , ft dans ces deux mbmes Sa* cremens , outre les abtes de foi & d’ef- pbrance, it ne commence pas a aimer Dieu comme la fource de toute jujiice. En effet, on ne peut fuffifamment exr bcuter la refolution nbceffaire a ces deux Sacremens , de commencer une nouvelle vie & d’obferver les commandemens de Dieu, ft le Pbnitent ne fait aucun cas du premier & du plus grand de tous les commandemens, qui eft d’aimer Dieu de tout fon cceur, s’il n’eft du-moins dans la difpofition d’efprit de s’exciter & anit mer lui-mdme & accomplir le, commam- Tome IV. E de- 2f8 Censure de l’Assemble’e du dement avec le fecours de la Grace Di- vine. Il faut aulfi que les ConfefTeurs fe don- nent bien de garde de fuivre dans I'admv- nifiration du Sacrement de la Penitence , non plus que des autres Sacremens , une opinion probable touchant la valeur du Sacrement , en abandonnant la plus Jure ; & ils ne doivent pas cefler d’avertir ceux qui leur confient le foin de leurs ames , qu’ils doivent en- trer dans la pdnitence par un amour de Dieu au moins commencb ; parce que c’eft le feul chemin qui foit fdr,& qu’ils pbcheroient grievement dans une occaiion oil il y va du falut ,dh-ld mime qu'ils prefi • reroient Vincertain au certain. De l’Usage des Opinions Probables. A Dieu ne piaffe que nous approuvions l’erreur de ceux qui prdtendent, qu’il n'efi pas permis de fuivre entre les Opinions Proba¬ bles, celle qui eft la plus probable de toutes. Mais pour faire un bon ufage des Opi¬ nions Probables, nous reconnoiflons les rbgles fuivantes, dtablies par le droit. La prdmibre eft , que dans les doutes oil il y va du falut, lorfqu’il fe prdfente a l’ef- prit des raifons dgalement fortes de part & d’autre , il faut fuivre la plus fure , c’eft-i-dire, ce qui eft dans ce cas-la uni- quement ffir;& que nous ne devons point regarder cela comme un confeil, mais comme un prdcepte , fuivanc ce que dit l’Ecri- Clerge’ de France &c. 259 1’Ecriture: celui qui aime le peril, y perira . VoM la premiere rdgle. La feconde, c’eft qu’a 1’dgard des fenti- mens probables rouchant laDodtrine Chr£. tienne, nous fuivons ce que le Concile Oeucumdnique de Vienne a determine touchaneles venus infufes par le bacdme, tant dans les Enfans,que dans les Adulces, voici fes paroles. Nous avons cm devoir cboijir cette opinion, comme la plus probable & la plus conforme aux paroles des Saints , £? d la Tbiologie des DoSteurs modernes. Ee il eft d’autanc plus conftant que le juge- ment du Concile doit s’appliquer & regler la Morale , que la faintete & le falut des Fidelles depend plus de ce reglement. II s’enfuit done de cette rbgle. Prdmie- rement, que dans les matures de Theo- logie qui regardent la Foi ou les M'ceurs, nous devons k la vdritd dcouter les Thdo*- logiens , mdtlie modernes ; mais fuppofe qu’ils enfeignenc des fentimens conformes k ceux des Saints P£res. Seeondement, que desle moment qu’ils s’en ecartent, il faut empdeher le cours de ces opinions, bien loin d’y avoir aucun dgard, ou de leur donner aucune autorite. Enfin 3 qu’il n’eft permis a perfonne de fuivre un fend- ment qu’ii ne jugera pas le plus conforme 3 la vdritd. Ainfi, qu’il 1 nous foit permis dans la pra¬ tique de fuivre un fendment que nous-md- mes ne jugdons pas devoir dtre fuivi com¬ me le plus probable. C’eft une propofi- R 2 cion z 6 o Censure de l’As^emble’E do tion nouvelle , inoui'e , avancee dans Ce dernier'fiecle par de certains Auteurs bien connus, & donnde par eux. comme la re¬ gie de la Morale , mais qui rdpugne a cet axi6ine des Peres, qu’on ne doit ad- mettre que ce qui ell approuve, en tout terns, en tons lieux, &? par toutes fortes de perjonnes , & qui par conldquent ne peut avoir le mdrite & la furetd d’une regie vd- ritablement Chredenne. Les confdquences de ce principe, & la fuite des terns , ont bien fait voir, que q’avoit etd-la le commencement des mal- heurs, & la fource de tous les relache- mens dont on vient de parler. Nos Predd- cefleurs, remplis de zele & d’amour pour la Religion , avoient dbjd cenfure cette nouveaute: on l’a fouvent reprife, & on la reprend encore aujourd’hui , fans que perfonne s’y oppofe, & au contraire avec Papprobation de tous les gens de bien , comme on n’en peut difconvenir. C’eft pour ces raifons qu’apres avoir tout bien examine, nous avons cru , & nous croyons qu’il faut dviter avec grand foin, & eondamner ces nouveaux fentimens, dangereux dans ce qui regarde le falut. Godtons plutdt cette prudence qui nous fait conferver, & mettre, avant toutes chofes , l’unique necejjaire ; & accomplif- fons ce que dit notre Seigneur , Soyez pru- dens comme des Serpens dont le propre dan< le pdril, eft d mettre d’abord & cou- tert ce qu’ils ont de plus prdcieux , qui Clerge’ de France &c. 26r efl: leur tdte; & que perfonne dans un dou- te oh il y va du faluc, ne fe determine h agir, qu’aprds avoir ddpofd fon douce,non pas par le caprice de fa volonte, ou par le mouvement de la cupiditp , mais par la droite raifon,' fuivant ce que die 1’Ecritu- re, que le fervice que vous rendez a Dieu foit raifonnable; & ailleurs, le Sage craint & J'e detourne du mal ; I’infenfe pajje par-dejfus t & fe croit en furete. Enfin dcoucons cetce maxime de l’Apdcre : Eprouvez tout , retenez ce qui eft bon: & encore, tout ce qui n'eft pas felon la loi, c’eil-a-dire, fuivant le tdmoignage de la confcience, ou la per- fuafion interieure , eft peebe: enfin, leur confcience leur en rendant timoignage, non pas par la confcience des autres, mais la leur propre. A VERTISSEMENT E T j CONCLUSION. A U refte nous aveniffons tous ceux d’en- tre nos Confreres dans le Sacerdoce, foit Sdculiers, foit Rdguliers,qui fous l’au- toritd des fivdques prdchent la Parole de Dieu, ou adminiflrent les Sacremens, de ne jamais foufFrir, que la voie du falut que Dieu, qui eft la fupreme vMti, cLont les pa¬ roles demeurent d jamais , a declare etre etroi- te, foit jamais (largie d la perte des aims , ou R 3 pur 2.62 Censure de l’Assembles du pour parier plus jufte, qu’elle foil pervertie; mais de travailler au contraire a ramener dans le bon cbemin ceux des Cbritiens , qu’ils trou- veroient engagez dans la voie large & fpa- cieufe, qui conduit k la perdition. Nous fouhaitons & nous prions que ces paroles de J. C. inculqudes par Aiexandrie VII. foient profonddment gravees dans les ef- prits; & nous efpdrons dans le Seigneur, que ceux qui jufqu’ici auroient enfeigne ces fentimens rejachez , fans avoir autre raifon que l’aiftoritd de ceux, qui fe font fuivis les uns les autres , cefferont enfin de les enfeigner, les Evdques, & les Juges mdmes les ayant condamnees;les Hdreti* ques les imputant a l’Eglife, & lui en fai* fant un crime fuivant ieur coutume, mais trds-injuftement & trds-mal & propos ; & les Enfans du Sidcle s’en mocquant, com* me de chofes vaijnes. Ayant done un grand eloignement & une grande averfion pour cette fauffe Dialeftique , odieufe a Dieu & aux Homines,qu’ils s’approchent de la vdritd, afin, comae dit Saint Jdr6- me, que ceux qui trompoient auparavant le peuple par de vains adouciffemens, lui impri- ment a Vavenir une crainte falutaire, en lui annongant la verite , & le ramenent par-id a la voie droite ; £jp que ceux qui avoient ete caufe de leur erreur , commencent d guerir les blejjures qu’ils avoient faites, (f foient par* U une occajion de f 'ante. Clerge’ de France &c. 263 Donnd au Palais Royal de Saint-Germain, dans l’Affemblde Gendrale du Clergd de France, le4 jour du mois de Septem- bre , l’An 1700, ainli fignd d l’Origi- nal. h- A. Cardinal de Noailles, Archevdque de Paris, Prdfident. Charles M. Archevdque Due deRheims. Anne, Archevdque d’Auch. Armand, Archeveque de Vienne. Ldon P. P. Archevdque de Bourges. Armand, Archevdque de Bourdeaur. ,. Bdnigne, Evdque de Meaux. ' ' ienri, Evdque de Challons. t ean Baptirte, Evdque de Rennes. Charles Evdque de Marfeille. Henri, Evdque de Montauban. Henri Evdque de Cahors. Charles Evdque de Glanddve. Jofeph Ignace, Evdque d’Apt. Louis Evdque de Seez. D. Franqois Evdque de Troyes. Jean P. de Cailus. Roger de BuiTy Rabutin. C. Maurice de Roquepine , Abbd de St. Nicolas d’Angers. Henri Charles Arnauld de Pompone, Ab¬ bd de St. Mddard. Jean Franqois Paul de Caumartin , Abbd de N. D. du Puzay. Jean de Catellan. R 4 Ja* z64 Censure de l’Assemble’e &c. Jaques Bdnigne Boffuet , Abbd de Sa« vigny. Louis Armand de Gourgue. Frangois de Thomaffin de Saint Paul. Claude le Mazuyer. C. L. de Biet de Maubranches. J. Francois Petit de Ravanne. Flodoard Moret de Bourchenu, Prdpofd de l’Eglife de St. Andrd de Grenoble. Frangois Profper Choart de Buzanval. H. de Beaujeu. Camille le Tellier de Louvois. Charles Maurice Colbert de Villacerf, ci- devant Agent Gbndral & Promoteur. Gabriel de Cofnac, Agent General pour les Affaires du Clergb. Charles Andrault de Langeron - Maule- vrier, Agent General pour les Affaires du Clergdi Vincent Francois Demaretz, ci-devant A- gent pour les Affaires du Clergd, A-prd- Pent Secretaire. I N»' INSTUGTIONS CATHOLiaUES TOUCHANT LE SAINT SIEGE. Motif be l’Ouvrage. L Orsque pour le malheur de l’Eglife, il arrive des Ddmdlez entre les Papes & les Rois de France , comme il en arriva fous les Regnesde Philippe-Augufte, de Philippe le Bel, & de Louis XII. & de- puis encore fous Henri III. & Henri IV. par la faveur publique que les Pontifes donne- rent h la Ligue, pour 6ter de concert avec I’Efpagne la Couronne aux ldgitimes Suc- cefleurs , fous un faux prdtexte de Reli¬ gion , il fe trouve dans l’Etat de trois for¬ tes d’Efprits. Les uns , imbus du poifou de l’Hdrdfie ou du Libertinage, n’ont au- cun refpeft pour le St. Siege , & par une haine inconfiddrde contre Rome ddnient la Jude autoritd qu’ont les Papes, tant de droit Divin que de droit Pofitif. Les autres tout oppofez, & laches Efclaves de Rome, foit par fimbdcillite d’une confcience trop ti- ffiorde, foit qu’ils fe foient laiffez prdvenir des illufions de la Doctrine des Canoniftes znodernes, au que des intdrdts partieuliers VL R J les 266 Instructions Catholiques les attachenc crop fervilement au Pape, fe ferment de mauvais fcrupules pournepoinc entrer dans les bons fencimens, & donnenc au Sidge de Rome beaucoup plus qu’il ne lui appartient. 11s confondent les attributs du Chef Minifteriel qui eft le Pape , avec ceux du Chef Eflenciel qui eft Jdius-Chrift. Enfin , la croifidme forte d’Efprits font les vdritables Chrdtiens & les fages Politiques, qui prennent le milieu entre ces deux ex- trdmitez , & qui renferment la plenitude de Puiftance du St. Sidge dans les bornes Idgitimes que Dieu lui a donndes , & fans fe departir des profonds refpedts qui font dfts au prdmier des Evdques, auSucceffeur de la Chaire de St. Pierre, au Chef Minif- tdriel de l’Eglife ; s’oppofent avec vigueur aux entreprifes injuftes que la coldre, fin* tdrdt, la vengeance, & les autres paflions humaines lui infpirent quelquefois pour faire un abus vilible de fon autorad. II eft done hdeeffaire dans ces tarns f£- cheux d’inftruire les Fiddles des Vdritez qu’on doit tenir, afin que les Libertins & les mauvais Catholiques foient rappellez au Idgidme refpeft qu’ils doiventau Pape, que les confcienees trap foibles foient raflu- ydes, & que ceux qui font dans les bons & vdritables fentimens y demeurent de plus en plus confirmez, en apprenant les rai- fons fur lefqueiles eft fondde la Doftrine Orthodoxe qu’on a toujours inviolablement senue en France, & par laquelle nous fam¬ ines attaches. infdparablement au St. Sid* ge, TOUCHANT LE St. SlEGE. 267 ge, non pas comme de timides Efclaves* mais comme les veritables Enfans de L’E¬ glife. CHA PITRE I. Ce que c'ejl que le Pape. Deux qualitez qui font en lui. A Vant touteschofes il faut favoir ce que c’eft que le Pape, & diftinguer en lui deuxgrandes & illuftres qualitez, dont jqt confuflon eft la fource de toutes les er« reurs oh l’on peut comber en parlant de fa puiffance. L’une, qui eft la plus fubli- me & la plus dminente, eft celle de prd- midr Vicaire de J. C. Succeffe'ur de St. Pierre, & Chef de l’Eglife. Je dis pre¬ mier Vicaire ; parce que tous les au- tres Eveques ne font pas moins les Vi* caires du Sauveur que le Pape , qui n’a que la Primautd entre fes egaux. L’autre qualite , beaucoup moindre quoique trds- grande, eft celle de Souverain Temporei du Patrimoine de St. Pierre , qu’il tient de la libdralitd des Rois de France. L’une de ces qualitez eft toute Spiri- tuelle, & lui eft commune avec tous les Evdques a Ja Primautd pres. L’autre eft toute Temporelle, & lui eft commune a* vec tous les Souverains & les Rois de la Terre. L’une lui met en main l’ufage des Clefs de l’Eglife , dont il eft le principal Adminiftrateur. L’autre lui donne le Droit de j?68 Instructions Catholiques de faire pour la confervation de fes Etats la Paix & la Guerre, des Traitez , des Li- gues & des Alliances. Et enfin, l’une fait ce que nous appellons le St. Si£ge, que Dieu a dtabli une efpece de Monarchic Spirituel- le, conduite par le Gouvernement Arifto- cradque des Conciles. Et I’autre fait ce que nous appellons la Cour Romaine, com- polBe, comme routes les autres Cours, d’un grand notnbre d’Officiers, de Soldatefque, & de Courtifans , que la fortune attache & la fuite de Ieur Maitre, & au milieu def- quels le Pape eft un vrai Souverain Tem- porel , fuj'et & tous les mouvemensque 1’in- tdvdt & la confervation de leur Couronne infpire aux autres Rois de la Terre. Quiconque ne concevra pas ces deux dif¬ ferences qualitez dans le Pape , s’abufera dans tous les'raifonnemens qu’il en voudra faire. L’une n’a rien de commun avec I’au¬ tre. Quand il n’auroit niPatrimoine, ni Etats, ni Souverainetb, & qu’il feroitdans la pauvrete Apoftolique de St. Pierre, fon autoritd Paftorale n’en feroit pas moindre, & cette autoritd Paftorale n’ajoute rien k fa dignite Royale pour le Temporel. Mais dans Tune & dans l’autre de ces qualitez, on doit avoir pour la perfonne du Pape de' tres-grands egards; puifque l’une demande une foumiffion Filiale de tous ceux qui fe difent Enfans de l’Eglife ; & l’autre exige le mdme refpedl qui eft ehiverfellement dft aux Tdtes Couronndes. Mais il faut bien prendre garde que l’union de ces deux Gran- touchant iE St. Siege. Grandeurs ne nous dbloufffe pas, pour j’dlever au-deffus de ce qu’il eft en l’une & en l’autre de ces qualitez ,que les Papes & leurs Flatteurs s’efForcent perpdtuelle- ment de confondre. Car fi I’on examine bien a fond la coii- duite de tous ceux qui fe font fervis de leurs foudres contre les perfonnes facrdes des Empereurs &. des Rois, Ton verra clairement qu’ils n’ont employd des Ar- mes. Spirituelles que depuis qu’ils fe font enorgueillis de la Puiffance Temporelle, & qu’ils en ont fait l’inftrument de leurs paffions, fuivant les mouvemens que l’in- tdrdt de leur Monarchie leur infpiroit , foit pour l’agrandir,foit pour la foutenir, foit pour la deffendre , & pour appuyer les Ligues & les Traitez dans lefquels comme Princes Temporels ils entroient a- vec les autres Princes, CHAPITRE II. De la Puiffance Temporelle du Pape „ C Oinme la qualite de Pontife Romain &, de Prdmier Evdque eft le princi¬ pal objec de ce petit Traitd, il faut eft rdferver 1’examen pour le dernier, & com- mencer par Tdcablilfement de la Souverai- netd Temporelle que poffedent aujourd’hui les Papes , en montrant quand & de qui ils Pont eue. ■ Qui que ce foit ne revoque en doute la‘ 270 Instructions Catholiques la pauvrete de St. Pierre , & de ce grand nombre de SucceiTeurs , qui jufques au terns de Conftantin ont donnb leur fang pour l’dtabliffement & l’afFermifTement de la foi de J. C. comme ils avoient enco¬ re prdfentes k Tefprit ces paroles de leur Divin Maitre: Mon Royaume n’ejl pas de ce monde : les Princes des Nations leur do- minent , mats il n'en eft pas ainfi de vous. Ils fuyoient avec foin les richefies , & toute cette vaine pompe qui fuit la Gran¬ deur Mondaine. Mais enfin la pietd des Chrdtiens vainquit par fes liberalitez ce faint ddtachement des Biens Temporels, on enrichit les Eglifes; & les Fideles per- fuadez qu’il dtoit de l’honneur & de futi¬ lity de la Religion que les Prdlats etifient dequoi foutenir avec dclat la dignity de leur Caradtbre , les Evdques participbrent aux grands biens dont les Eglifes furent dottees , & les fatigues de l\ApoftoIat fe trouverent foulagees par la joui'ilance des biens Temporels qu’on y attacha, & qui furent ddpofez entre leurs mains pour des ufages pieux. Comme ces liberalitez furent univerfel* lement communiquyes aux Eglifes, il ne faut pas trouver dtrange que Rome, qui eft le prymier Sidge Epifcopal, s’en foit encore plus reffentie que les autres; & il n’y a peut-dtre pas eu moins de fagefie que de pidtd dans les Donations immen- fes que nos Rois ont bien voulu faire k 1’Eglife de Rome, afin que le Pape, dont le TOUCHANT IE St. SlEGE. 271 le Miniftere s’etend unfverfellement fur tou- tes les Eglifes particulieres de la Chrdtien- td unies a elle com me ^ fon Chef, efic dequoi fournir non feulement k fes ddpen- fes ndceffaires, mais encore au foutien de fa dignitd de Grand Pontife. Voyons main- tenant k quel titre les Papes poftedent cet- te Souverainete. CHAPITRE III. De lafaujfete de la Donation deConftantin. C ’Eft une vdrite dont toutes les perfonnes detachdes de prevention conviennent 9 qu’il n’y a rien de plus faux que cette ima- ginaire Donation de Rome & de 1’Empi¬ re d’Occident, qu’on fuppofe avoir dtd fai- te par l’Empereur Conftantin au Pape Syl- veftre I. Et quand il n’y auroit que l’abandon* nement qu’en a fait le Cardinal Baronius dans fon Hifioire EccUJiaJtique, ce feroit une preuve fuffifante de la fauiTetd de cettePidce. Celui qui s’eft avifd de compofer cette fable , s’eft trahi & ddmenti lui-mdme par le mauvais tiffu qu’il en a fait , par les achronifmes dont elle eft remplie, & par les ignorances groffidres qu’il y a fe- mdes. II fuppofe que Conftantin dtant en¬ core dans les tdndbres du Paganifme , fuc attaqud d’une lepre , & qu’ayant rdiola pour la gudrir de fe baigner dans le fang d’un grand nombre d’Enfans ramaiTez & prdcs d’etre dgorgez , il vit en fonge St. Pierre INSTRUCTIONS CATHOLIQUtS •Pierre & St. Paul , qui lui ddfendirent Ce carnage, & lui commanderent de rappeller lefPape Sylveftre qu’il avoit exild , & qu’il recevroit de lui fa gudrifon. Que ce Pape etant rappelld b&tifa cet Empereur , & par une impofition de mains gudrit fa lepre. Qu’en reconnoiffance de ce bienfait mira- culeux, Conftantin lui donna tous les droits de l’Empire fur 1’Occident, & la predmi* minence fur les quatre Patriarchats d’An- tioche, d’AIexandrie , de Conftantinople St de Jerufalem , & enfuite fe retira lui- mdme & Conftantinople, oil il dtablit le fie* ge du refte de l’Empire qu’il s’dtoic confer* vd; & datte cette Donation du quatridme Confulat de Conftantin & de Gallican. La fauifetd de cette impofture fe prouve par une infinitd de raifons invincibles & fans replique. La premidre, c’eft le filence profond de tous les Auteurs contemporains qui ont dcrit la vie dd Conftantin , ou prononce fon pandgyrique, & qui parmi les louanges qu’ils donnent avec profufion a ce pieux Empereur, dont ils rapportent jufqu’aux moindres libdralitez , n’auroient pas ou- blid une circonftance ft importante. Eufe- be, qui vivoit dans le mdme terns, n’en a pas dit un feul mot. Et l’on ne doit pas croire que St. Jdrdme , St. Auguftin, St. Ambroife, Bazile ,Grdgoire de Nazianze, 1’Hiftoire Tripartite, le Pape Damafe,Bd* de , Orofe , & tous les autres Auteurs les plus anciens, & qui out dcrit de 1’Hiftoire c cant TOUCH ANT LE St. SlEGE. 273 tftht Prophane qu’Ecclbfiaftique, auroienc tous omis un point de cette confequence. La leconde eft le iilence des Papes eux- memes, qui dans les grands dbmdlez qu’ils ont eu avec IesPatriarches de Conftantino¬ ple, n’ont jamais avance ce droit, queieur eftt inconteftablement affurd cette preteu- due Donation , li elle avoit ete veritable; puifqu’en termes ex'pres , elle porte la fu- perioritd de Rome fur Conftantmople. La troifieme fe tire de l’ignorance grof- ftere de celui qui a fabrique cette Piece , & de plufieurs fauffes circonftances qu’il y a infdrdes. Car n’eft-ce pas d’abord un ana- chrocifme effroyable , de dire dans cette Pancarte que Rome aura la preeminence fur le Patriarchat de Conftantmople ; puilque Conftantinople ne fuc bdtie par Conftan¬ tin, & honorde de fon nom & du litre de Capitale de l’Empire, que fept ans apres le Concile de Nice , fous le Confulat de Pa- catian & d’Hilarian , dix-fept ans apres le quatrieme Confulat de Conftantin , duquel cette faufle Piece eft datdeP La quatrieme eft que dans cette Pidce ridicule l’Eglife de Conftantinople eft qua- lifide du litre de Patriarchat, & cependant ce titre ne lui a etd donndque dans le Con¬ cile qui y fut tenu plus de cinquante ans a- pves la date donnee a cette Donation. La cinquidme eft que jamais Gallican n’a dtd Conful ni vdritable ni honoraire avec Conftantin, coirnne le porte cette date. La ftxidme eft que Conftantin partagea Tome IV, S fon 274 Instructions Catholiqiies fon Empire avantfamort entrefes trois fils, Conftantin, Conftantinus & Conftans j qui one gouvernd, ou leurs Succefleurs , pen¬ dant cenr foixante ans l’Empire d’Occident jufqu’ci 1’Empereur Auguftule Que cet Em¬ pire fat ddtruit par Odoacre Roi desHeru- les 1’an 47 6 , depuis lequel Rome fut fous fa puiflance , & enfuite fous celle de Thdo- doric & de neuf Rois Oftrogots, dont Tdias fut le dernier, qui fut ddfaitpaiTEunuque Narfes fous l’Empire de Juftinien, qui fut tellement Maftre & Souverain de Rome, qu’il en exila le Pape Sylvdrius ; que fes Succefleurs continuerent de pofleder cette Souverainetd de Rome , & gouvernerent long-tems ce qui leur reftoit dans l’Empire d’Occident, par des Exarques qui faifoient leur rdfidence A Ravenne, & qui avoient fous eux El Rome des Gouverneurs fous le nom de Dues, qui non feulement avoient 1’adminiftration de tout ce qui concernoit la guerre, mais y rendoient aufll la juflice au nom des Empereurs. La feptidme raifon eft que les Papes eux- rndmes ont depuis cette prdtendue Dona¬ tion reconnu la Souverainetd des Empe¬ reurs Grecs dans Rome; puifque Boniface IV, voulant confacrer au vrai Cultede Dieu le Pantheon , en obtint la permifiion de Phocas. Que St. Gregoire avant lui avoit appelld PEmpereur Maurice fon Seigneur, & s’dtoit nommd fon ferviteur , une pouf- fiere &, un ver. Ego indignus pietatis vej~ tree famulus Dominis mis loqwns y quis Jum touchant le St. Siege. 27^ tiiji pulvis & vermis ? Et que le Pape Ho* norius , voulant enlever la couverture de bronze qui dtoit fur le Temple de Romu¬ lus pour en couvrir 1 ’Eglife de St. Pierre, en demanda permiffion a l’Empereur Hd- raclius. La huitieme eft que les Papes Succefteurs de Sylveftre poffedoient ft peu cet Empire, que, fuivant le rapport de Gregoire de Tours, le Pape Gregoire le Grand, prelTd d’indigence &de pauvretd,dcrivit plufieurs Lettres k la Reine Brunehaut , pour obte- nir d’elle une Terre d’un revenu mddio- cre pour fournir ii fa fubfiftance. La neuvidme eft que cette Pifece ridicule dit que cette Donation de la moidd del’Em- pire fut faite & l’Evdque de Rome par Conf- tantin , du confentement & de l’agrdment de tout le Sdnat. Or il eft certain que le Sdnat dtoit entierement Payen, & que jul- qu’au terns de Valentinien les Sacrifices du Senat fe faifoient aux Fauftes Divinitez. Comment done auroit-il etd poffible que tant de Payens, tout-puiflans dans une Mo¬ narchic EleQive , efiffent confenti ii une Donation qui auroit paffd dans leur efprit pour une pure extravagance, & que tantde Payens auroient fouffert le ddmembrement de la moitid de l’Empire au profit d’unpau- vre Prdtre , qui ne penfoit it rien moins qu’aux grandeurs de la Terre? Hofpinien , Laurent Valle, & quantitd d’autres Auteurs cdlebres prouvent encore, par une infinitd d’autres raifons, la faufle- S 2 t6 s7<5 Instructions Catholiques te de cette Donation fuppofee , & que lei Papes n’ont inventde que pour eflayer de diminuer indireftement la grandeur des bienfaits qu’ils ont requs aes Rois de Fran* ce, de qui feuls-ils tiennent tout le Patri- moine & la Souverainetd dont ils joui'flent. I! faut done voir maintenant de quelle ma- niere les Rois de France one repandu fur eux avec profufion Jeurs exceflives libdra- litez. CH A PITRE IV. De la Domination des Lombards en Italie. Q U AN D Narffes, l’an 552, eflt detruit _Tdias Roi des Oftrogoths, & rdtabli dans Rome & dans l’ltalie I’autoritd des Empereurs Grecs,i! s’dlevafeize ans apres dans I’ltalie, & par l’intrigue de ce General difgracid , une nouvelle Puiflance fatale a l’Empire. Ce fut la Monarchic des Lombards qu’Al- boin fonda fan 568, en ie rendant mat* tre de cette partie de I’ltalie qui eft entre les Alpes & les deux Mers , & etabliflant le fiege de fonnouvel Etatdans Pavie. CeS Rois Lombards ferendirent fi puiflans pen¬ dant deux fiecles, qu’enfin ils ne laiflbrent plus aux Empereurs que quelques places dans la Pouille , & une ombre d’autoritd dans Rome, qui ne confiftoit prefque plus qu’en l’honneur qu’on Ieur faifoitj de dater les expeditions par I’anndede leur Empire. Aftolfe 3 TOUCHANT LE St. SlEGE. 277 Aftolfe , Roi des Lombards , ayant en- levd l’Exarcat de Ravenne & laPentapole fur Eutychius,le quatorzieme & le dernier des Exarques quigouvernerent i’ltalie pour les Empereurs Grecs. Apres qu’il efic fait cette conqudte , il ne penfa plus qu’a reduire le rede de I’lta¬ lie fous fa puilfance, ce qu’il e 0 c fait aifo¬ ment, s’i 1 eilt pu fe rendre maitre de Ro¬ me ; & il fe flatta d’en venir ii bout , vo- yant que les Empereurs d’Orient etoient engagez dans des guevres bloignbes , & nonfeulement hors d’btatde donner du fe- cours aux Romains , mais brouillez avec eux pour l’Hbrbfie il laquelle ils s’btoient a- bandonnez. Pour comprendre la fource du chagrin des Papes contre les, Empereurs de Condanti- nople, & du mepris qu’en faifoient leslta- liens, il faut favoir que Lbon Ifaurique b- tant tombd dans I’Hbrefie des Iconoclades, il envoya un Edit enlcalie pour yfaire bri- fer les Images. Get Edit anima tellement les peoples qui redoient encore fous fa do¬ mination, que tous ne penfbrent plus qu’a fecouer le joug. Aftolfe,qui ne cherchoit que 1 ’oecafion de fe rendre maJtre de Ro¬ me & d’en envahir la domination , fit fes efforts pour profiter des difpofitions dans lefquelles il voy^oit toutp l’ltalie contre l’Empereur; mais Gregoire II, qui etoit alorsPape, s’oppofa vjgoureufement a fen- treprife du Roi des Lombards. Sa piete 1’avoit anitnb d’qn faint.zele contre Leon, S 3 pour 27B Instructions Catiioliques pourempdcher comme il fit l’exdcution de fon Edit impie ;&il alia mdme jufqu’a pro- noncer 1’anatheme centre cet Hbrdtique. Mais s’il dtoit pieux , il n’dtoit pas moitis politique ; & aimant mieux avoir un Mai- tre Temporel en Grece,qui ne l’btoit qu’en peinture , que d’en avoir un a fa porte tel que le Roi des Lombards , il fe montra auffi bon Sujet que fbvdre Evdque; & tan- dis qu’il excommunioitl’Empereur comrae hdrbtique, il travailloit k maintenirles Peu- pies dans l’obei'fiance qu’ils lui devoient comme & leur Souverain. C’elt le tbmoi- gnage d’Anaftafe, qui dit que les Romains voulant dlire un autre Empereur, le Pape les exhorta de ne point manquer a la fidd- litd qu’ils devoient & leur Souverain ; & Paul Diacre dit que les Italiens auroient dlu un autre Empereur, fi le Pape Grdgoi- Te ne les en efit empdehez. Cependant, comme Aftolfe dtoit puif- fant,& que lesPeuples animez contre l’im- pidtd de l’Empereur pouvoient s’dchapper malgre lui, ce Pape vit bien qu’il ne pou- voit pas longtems refifter a la puiflance & aux intrigues du Lombard, & qu’k la fin il feroit fored d’y fuccomber: e’eft ce qui l’o- bligea d’implorer le fecours de Charles Martel , qui fous le com de Maire du Pa¬ lais gouvernoit la France, & le pria de pren- 'dre la qualitd de Patrice de Rome , e’eft-ii* dire Protedteur du St. Sidge & du Peuple Romain, & Vicaire-Gdneral de l’Empire. Martel accepts cette qualitd, &fon def- fein TOUCHANT LE St. SlEGE. 279 fein dtoit de palfer en Icalie avec une puiflan- te armbe pour reprimer i’ambition d’Altolfe : mais ce deffein fut rompu, parceque dans eette meme annee, qui fuci’an 741, Char¬ les Martel, l’Empereur Leon , & le Pape Grbgoire II, moururent. Ce dernier euc pour Succefleur Zacharie, & enfuite Etien¬ ne. Conflantin Copronyme fuccbda k Lbon, & Pbpin prit la place de Charles Martel. CHAPITRE V. De quelle maniere Pepin Charlemagne con - quirent & 1 donnerent aux Papes le Patri- tnoine de St. Pierre. f Es chofesbtantdanscetbtat, Aftolfecon- tinua fes perfecutions & les entreprifes fur la Ville de Rome , dont il vouloit ab- folument ufurper la domination ; & les E- vdques de Rome, fuivant la politique de Gr 6- goire ,s’y oppofoient de routes leurs for¬ ces : c’efi: ce qui obligea Etienne de venir en France en l’an 754 , pour implorer le fecours de Pepin, que fes vertus & fes in¬ trigues avoient blevb dds Pan 752 fur le Tr6- ne des Frangois , du confentement unani- me des Etats , par Pabdication du jeune Childbric Hgb de 17 ans, & qu’onrenferma dans un Cloitre, en le fuppofant incapable du Gouvernement, quoiqu’il n’eftt d’autre defaut que la foiblefle de fon age, & la puilfance exceflive de fon premier Mi- niftfe. S 4 Etiea- s8o Instructions Catholiques Etienne fit la Cdrdmonie du Sacre de Pe¬ pin , dont l’elevation etoit devenue legiti¬ me par la mort de Childdrie, qui ne furve- cut qu’un an & fa Tonfure , & en qui fut eteint !e fang de Merovde. Apres cette Ce- rdmonie du Couronnement, ou plutdt du Sacre de Pepin, le Pape, au nom duPeu- pie Romain , lui offrit & lui dbfera ia qua* litd de Patrice , qui lui donnoit dans Ro¬ me, corame Lieutenant de 1’Empereur, la fuprdme autorite , afin de Pinciter par fon propre interdt a la protedlion de cette Ca- pitale du Monde, & & celle du Sr. Siege, qui non feulement n’avoit alors aucune Sou* verainete dans Rome , mais qui ne pofle- doit pas mdme le moindre Village de tout le grand Patrimoine dont il joui't aujour- d’hui. Pepin, fe voyant paifible Roi de Fran¬ ce par Textindtion de tout le fang de la premiere Race , & en mdme terns reveru de cette qualitb de Patrice de Rome,pafIa en Italie avec le Pape Etienne, fit la guer¬ re a Aftolfe , le vainquit, & l’obligea de faire la paix avec les Romains. Mais il fe rdvolta l’annde fuivante , ce qui obliges Pepin de retourner une feconde fois en Ita¬ lie, ou il vainquit encore le Roi des Lom¬ bards; & 1’ayant ddpouille de I’Exarcat de Ravenne , & de la Marche d’Ancone ap¬ pellee alors la Pentapole, il donna de l’un & de l’autre le Domaine utile au Pape, mais non pas laSouverainete, quiappartenoitaux Empereurs de Conftanunople avanc quo TOUCHANT LE St. SlEGE. 281 jes Lombards s’en fuffenc emparez, & qui de ce moment appartint a Pbpin , tant par droit de Conquete , que par fa qualitb de Patrice. De cette ample & premibre Donation Ton en voit a Ravennelesglorieux veftiges, fur une Pierre ou ces mots fontgravez :Pepi- nus pius , primus amplificandce Ecclefice viarn (iperuit, & Exarcbatum Ravenna cum ampUJJi- mis... C’eft-a-dire Pepzra lePieuxaete lepre¬ mier qui a ouvert le cbernin a Vagrandijjement del’Eglife, en lui dormant VExarcat.de Ravenne apse de tres-amples .... Le refte' a bte efface par l’injure des terns, ou par la ma¬ lice de quelque envieux de la gloire de la France: mais le mot de primus y eft remar- quable, & fart a ddtruire la fable de cette pretendue Donation de Conftantin , que j’ai aflez refutee. Ce monument parut meme fi vbnerabled Leon X , qu’ayant fait peindre la Sale du Vatican , & reprdfenter cette Donation de Pepin , il fit berire au bas ces mdm.es pa¬ roles tirees de la Pierre antique de Raven¬ ne. F.n effet voili le premier Domaine que les Papes ont pofibdd en Italic: & pour faire voir que Pepin n’en avoit donne que le Domaine utile & non pas la Souve- rainetb , il ne faut que lire la Lettre du Pape Paul Succefieur d’Etienne, qui fe plaint des troubles que lui fait Didier Roi des Lombards Succefleur d’Aftolfe. Le Roi des Lombards , dit-il, pajjant par les terres de la Pentapok que vms avez donnees d St. Pierre S 5 pour 282 Instructions Cathoeiques pour le grand foulagement de votre am , a confume par le fer & par le feu toutes les moif- Jons , c? toutes les cbofes qui font utiles a la vie des bommes ; & ainfi, au grand mepris de votre Regne , il a defole les territoires de Spo * lete 6? de Benevent , quife font joumis a vo¬ tre puijjance , que Dieu conferve. Etenim, dit-il, Longobardorum Rex Pentapolen- fium per civitates tranjiens , quas heato Petro pro magna animce vejtrce mercede contulijtis , ferro & igne omnia fata & univerfa qua ad fumptus bominum pertinent confumpfit ; Jicque Spolentinum & Beneventinum, qui fe fub vejlrd a, Deo fervata potejlate contu- lerunt , ad magnum dejpeclum regni vefiri defolavit. Charlemagne , maitre de Rome comme fon Pdre en cette meme qualite de Patri¬ ce, paffa en Italie Pan 774, pour delivrerle Pape Adrien des oppreflions de ce mdme Didier. II 1’affidgea dans Pavie, le pric, & I’envoya prifonnier en France avec fa fem¬ me & fa fille; & s’dtant ainfi rendu maitre par droit de conqudte de tout le Royaurne de Lombardie, il fut a Rome , oil non feu- Jement il confirma la Donation de fon Pd- re, mais il y ajouta le Duchd de Spoldte guxmdmes conditions, c’eil-a-dire en don- nant le Domains utile, & s’en rdfervant ia Souverainete. Ce fut dans ce premier voyage il Rome qu’il y convoqua un Concile de cent cin- quante-trois Evdques ou Abbez ; & c’eil dans ce Goacile que Gratian , fur le rap¬ port TOUCHANT LE St. SlEGE. 203 port de Sigdbert, fuppofe contre la verite que le Pape & les Peres donnerent a Char¬ lemagne le droit de nommer l’Evdque de Rome; puifqu’au contraire, fuivanc le te- moignage de Sigonius approuvd par le fa- vant Pere le Coiute , Charlemagne , qui avoit ce droit comme Patrice, le remit au Peuple. Charles , dit-il , par une grande moderation d’ame remit aux Romains le droit A'Hire un Pontife, confentit que l’election fe feroit felon Vancien ufage par le Clerge £? le Peuple ajfemblez, pourvu qu’elle fefit fans tumulte .& fans brigues. Carolus, dit-il, eximia animi moderatione ufus, Romanis jus legendi Pontificis remijit; atque, ut antiqua ratione comitia per Clerum ac Populum modo fine tumultu ambituque baberentur , ultra af- fenft. L’an 781 Charlemagne fit un fecond vo¬ yage a Rome, oh il fit facrer par Adrien i'es deux fils, Pepin Roi d’ltalie, & Loui's Roi d’Aquitaine, & donna encore auPspe tout le Territoire de Sabine. Territorium Sabinenfe integrum. L’an 787 il fit un troifieme voyage & Ro¬ me, & ayant vaincu Arigize Due de Bene- vent, il donna Capoue au Pape avec plu- fieurs autres Terres de ce Duchd. L’an 795 Adrien mourut, & Ldon III. lui ayant fuccddd , le vieil Annalifte de Lauresheim dit que le Pape Ldon envoya par fes Nonces les elds du tombeau de Saint Pierre, & l’dtendard de Rome avec plufieurs autres prdfens, 6c le pria d’en- voyer 484 Instructions Catholiques voyer quelqu’un des Grands delonRoyau* me pour recevoir du Peuple Romain le ferment de fidelitd & de fubjedtion. Per Legatos fids Leo claves confejjtonis Sancli Petri , ac vexillum Romance Urbis cum aliis muneribus Regi mifit , rogavitque ut aliquem de Optimatibus Romani mitteret, qui Popu- him Romanum ad J'uam jidem atque fubjec- tionem per J'acramenta firmaret. Ce qui eft une preuve manifefte que le Pape recon. noifloit que la Souverainete dans Rome appartenoit & Charlemagne; puifqu’il le prie d’envoyer un des Grands de fon Ro* yaume pour recevoir le ferment de fidelitd & de fujettion du Peuple Romain. Fidem atque fubjeSlionem. Toutes les equivoques que cherche Bel- larmin pour binder un paflage ft clair & ft net, & pour dire que Lbonlll. s’adrefla k Charlemagne afin qu’il lui fit preter a lui Pape le ferment de fidblite par les Ro- mains, font des raifonnemens qui n’ont ni fond ni fo!idite,& que la Grammaire feule pourroit confondre; puifque le mot,fuam, ne peut fe rapporter qu’a celui qui enyoie le Grand Seigneur, & non pas a celui qui le demande: raifonnemens qui font entie- rement dbtruits par Tegan, qui die qu’E- tienne IV, SucceiTeur de I.bon, fit preter paries Remains le ferment de fidblitb & Loui's le Debonnaire: Qui Jlatim pojlquam, dit-il , Pontificatum fufeepit , juffit omnem Populum Romanum fidelitateni cum juramen- te promittere Ludovico. Dans lequel mot TOUCHANT LE St. SlEGE. 185 Bellarmin ne peut imaginer d’equivoque. En l’an 800, fous le Poncificat de ce mdme Leon III, Charlemagne, comble de vi&oires & de triomphes, ajouta & tous les titres glorieux le nom d’Empereur d’Occident, qui ne lui donna rien qu’il ne poffedHt deja ; puifque par fes armes il ecoit Roi de prefque toute l’ItaHe,que fon epee avoir unie a la Couronne de France par la deftruftion du trdne des Lombards , & dont dix-neuf ans aupara- vant il avoic fait couronner Roi Pepin fon fils-aind; & qu’en qualitd de Patrice, & en vertu de fes conqudtes, il etoit re- connu dans Rome pour unique Souverain abfolu , non feulement par l’autoritd de la Juftice qu’il y exferqoit , mais par la Monnoie qu’on y frappoit i fon coin,& dont il refte des monumens dans les Ca¬ binets,- prerogative qui n’appartient qu’aux veritables Souverains. Paul Diacre nous en fournit mdme une preuve fort authentique,parce que dbdiant le Livre de Pomponius Feftus a Charle¬ magne, dans le terns qu’il n’dtoit encore que Roi: Vous trOuverez, lui dit il, dans ce Lime les noms des rues, des portes , des montagnes , 6? des tributs■- de votre villa de Rome. Civitatis veftrce Romuled via- rum , portarum, montium , locorum, Iribuum- ve vocabula diferte reperietis. Et il eft conf- tant que lorfque cette Epltre Dedicatoire lui fut adreffde, il n’dtoit que Roi & non pas Empereur; puifqu’elle s’adreffe Domi - nd 28(5 Instructions Catholiques no RegiCarolo Regum J'ublimiJJim , au Roi Charles le plus grand des Rois. Done il bioit Souverain de Rome avanc que d’e¬ tre Empereur. Les Papes, lors de Felevation de Char¬ lemagne h 1’Empire , n’avoient done en¬ core aucune Souverainetb dans l’ltalie, qaoique par fa liberalite & cede de Pd- pin fon Pere , i!s y poffedaffent deja le Dorhaine utile d’un tres-ample patrimoi- ne. L’on poarroit mdme en cirer une preuve du tdmoignage de deux Auteurs Grecs, d’autant plus irreprochables fur ce fait , qu’on fait la jalouiie que la Procla¬ mation de Charlemagne donna aux Empe- reurs de Conftantinople. Cependant ces deux Auteurs, qui font Zonare & Thdo- phane, difent nettement que Charlema¬ gne, du moment de cette Proclamation, acquit la Souverainetd de la Ville de Ro¬ me , qu’ils prdtendoient Sere jufqu’ii ce jour demeuree a Ieurs Empereurs. Tevo^hva TPjS Pupey; air' exehs xsapov viro TVjS eifiucluv tSv ^pdymv, dit Theophane : Rome depuis ce tems-ia, , dit-il , mint en la pojjejjion des Francois. Et Zonore dit: y, Pwfivj uzdrSe^pdy- muz eyyeveto tS XctpoKs rervi&HevTog zapor ts Asovtos vial B«ct/A£ms P a^ulav ovo/cdabevTog: Rome-vint , dit-il, en la pojjejjion des Fran • pis , Charles etant couronne par Leon S’ nomme Empereur des Remains. . Et plus bas, vial tmC » IruKtuz r.davfi Hat rvjs Pw/xvjff dvrol iy.vpisutruv : par ce moyen, dit-il, Us furent maitres de toute I'Jtalie. It TOUCHANT LE St. SlEGE. Zg? II eft vrai que ces deux Auteurs fe trom- pent, en difant que Charles ne fut maitre de Rome que du jour qu’il fut proclamd Empereur , puifqu’il l’etoit auparavant; mais leur tdmoignage fert toujours pour montrer que les Papes n’y avoient alors aucune Souverainetd. CHAPITRE VI. Des Libiralitez de Louis le Debonnaire. L Ooi's le Debonnaire ayant fuccddd & Charlemagne, voulut enchdrir fur les libdralitez de fon Pere & de fon Ayeul; & pour cet effet l’an 817, non feulement il confirma au Pape Pafcal toutes les Do¬ nations qu’ils avoient faites au Saint Siege, mais il y ajouta la Ville de Rome, avec tous les Droits de Domaine, de Juftice & de Principautd, hors la Souverainetb di- refte & fuperieure , dont il fe rdferva & dont il exerqa toujours, & lui & fes Suc- ceffeurs , la jouilfance. Ego Ludovicus , dit le titre, ftatuo & concedo per boc paEtum confirrnationis nojlrai tibi Beato Petro Princi- pi ApoJtolorum , & per te Ficario tuo Domi¬ no Pafcbali Summo Pontifici ac Univerfali Papce fif Succejjoribus ejus in perpetuum civi- tatem Roman am , £?c. Moi Louis, dit- il , je donne par cet adte de confirmation k vous Saint Pierre Prince des Apdtres, & par vous a votre Vicaire le Seigneur Pafcal Souverain Pontife & Pape Univerfel, & a fes 2.8§ Instructions CaTholiqu£s & fes Succeffeurs a perpetui'te, la Ville de Rome, &c. Et enfuite: Has ornnes fupra • diElas proviricias, urbes, civitates & oppida atque cajUlla, vkulos & tefritoria , Jimulqui £? patrimonia jam dicta Ecclefice tux, beats Petre Apojlule , £ 5 * per te beato Vicario tuo Jpirituali Domino Pafchali Siwimo Pontifzi UniverJ'ali Papx ejufque Succefforibus ufque in finem fxciili eo niodo conftrniamus ut in j'uo detine,at jure , principatu ac ditione : Touces ces fufdites Provinces , Vfiles, Citez, Bouvgs, Chateaux, Villages & Territoires, & tous ces Patrimoines iufdits, j’en allure le don a votre Eglife, 6 bienheureux Saint Pierre Ap6tre, &"par vous ii votre bienheu¬ reux Vicaire Spirituel notre Pdre le Sei¬ gneur Pafcal Souverain Pontife & Pape U- niverfel, & a fes Succeffeurs jufqu’a la fin des fiecles.en forte qu’ils le poffedent en Droit utile, en titre de Principautd & en Juftice. Voiiii de quelle majfiere ce Roi de Fran¬ ce Empereur accrut de la ville de Rome & d’un titre de Principautd les Donations de fes Pkres; & quoique les Italiens difenc que ce titre n’eft qu’une Ample confirma¬ tion de ce qui leur appartenoit dejH a cau- fe du mot confirmamus , il eft vrai que ce n’eft qu’une confirmation a I’egard des Do- maines utiles que fes Prddeceffeurs avoient deja donnez au Saint Siege,-, mais c’eft une Donation nouvelle ii l’dgard de Rome, & du titre de Principaute accorde fur le TOUCHANT LE St. SlEGE. 28p J’ai dit qu’en donnant au Pape ces Etats en Domaine, Juftice & Principaute, cet Empereur s’dtoit retenu le droit de Souve- rainete diredte, qui confiftoit a faire bat- tre monnoie dans Rome, confirmer 1’d- leftion du Pape, envoyer des Commiflai- res pour reformer la Juftice, & publier des Loix & des Ordonnances: c’eft ce que porte expreftement ce meme titre par ces mots, Salva nojtrd in omnibus dominations illorum ad nojtram partem fubjeciione , lauf en tout notre domination & la fujet* tion qui nous appartient. Et ce que dit une Conftitution qui fe trouve dans les Capitulaires de VEmpereur Lothaire, par laquelle il ordonne que les Loix de Char¬ lemagne & de Louis le Ddbonnaire feronc bbfervdes par tous fes Sujets du Royaume d’ltalie, & par ceux de la Saints Eglife. Jufques-!a que des plaintes ayant dtd portdes h cet Empereur de quelque entre- prife faite a Rome fur fon autoritd , voici les mots d’une Lettre que le Pape lui ecri- vit. Nos fi incompetenter aliquid egimus , £? in fubditis jujlce legis tramitem non conferva- vimus veftro ac mijforum veflrorum cun£ta vo- lumus emendari judicio. Si j’ai fait quelque cbofe incompitemment , que je ne me fois pas renfermd dans les voies de la juftice que j’ai fur mes fujets , je me foumets d la correc¬ tion de votre jugement., ou de celui de vos Commifaires. Voila la fource veritable des grands biens que pofledenc auiourd’hui les Papes , & Tome IN. T Louis 290 Instructions Catholiques Loui's le Dcbonnaire leur ayant accordd la Juftice dans de cercaines bornes,& le ti* tre de Principautd ddpendante ndanmoins de fa Couronne, il leur a bed facile dans rabaifiement de la race de Charlemagne* & dans les revolutions de la Monarchic Fran§oife, & de PEmpire paflfd en diffe¬ rences families, de profiter de ces change- jnens pour dtendre leur puiflance, & fe donner enfin une Souverainetd abfolue fur Rome &, fur le Patrimoine de Saint Pier¬ re, & e’eft ainfi qu’ils ont joint peu & peu la Principautd temporelle 4 l’dminence du Sacerdoce. Je n’entrerai point dans la queftion, de lavoir fi cette Puiflance temporelle qui a mis le luxe & les richefles, & par confe- quent 1’orgueil & 1’ambition dans la Cour Rotnaine , s’accorde parfaitement avec 3’Evangile qui ne prdche que la pauvretd: il fuffit quej’aye moncre que lapidtdRoya* le de Pdpin, de Charlemagne & de Loui's le Debonnaire envers le Saint Sifege, eft digne d’une dternelle lodange,& d’une re- eonnoiffance immortelle de la part des Papes. Si les Evdques pour foutenir leur dignitd pofibdent des Biens temporels, des Fiefs, des Comtez, des Duchez, & s’il y en a mdroe en Allemagne qui du ddbris de la Couronne des Enfans de Louis le Ddbonnaire ont joint le Sceptre k la Hou- lette, la Couronne h la Mitre, la Sonve- rginetd S I’Epifcopat, comme lesEle&eurs 4 aucres Princes Eccieftaftiques, pourquoi TOTJCHAKT EE St. SlEGE. 2 quence ndeeffaire que l’Eglife ait l’Autorit£ Souveraine de juger par-deffus le Pape .-car il feroit contre le bon fens,que celui qui peut faillir ffit au deflus de ce qui eft in¬ faillible : e’eft le cinquieme Point 4 exa¬ miner. Bellarmin, qui eft le plus folide Arcbou¬ tant de l’Autoritd du Pape, & qui a con- facre toute fa profonde Erudition k foute- nir la plenitude de fa Puiflance, a fait un petit Traitd Italien contre les XII. Con- liberations de Gerfon; oh apres avoir fou- tenu de toutes fes forces 1’Autorite du Pa¬ pe fur le Concile, il en tire une conclu- fion qui n’avoit jamais ni propofde ni imaginde; qui eft de dire que I’Ecriture ne donnant aucune autoritd a l’Eglife fur le Pape, mais bien au Pape fur l’Eglife, oil ne peut pas du Pape appeller au Concile, mais bien du Concile au Pape. Ne fequita, dit-il, cbe non Ji pub appellare d’al Papa al Concilio , ma Ji bene d’al Concilio al Papa. Qui TOUCHANT LE St. SlEGE. 353 Qui eft ane propofition furprenance, cho- quant le Bon Sens, ia Raifon , & la Doftine des Pbres de tous les fiecles. En effet, foit que j’examine 1’Ecriture Sainte, cette fource pure de la Veritd, j’y trouve prbcjfement 1’autoritd de l’Eglife dtablie au-deifus de St. Pierre. Si je m’at- tache k la Raifon, je conqois que le tout eft fupbrieur a ce qui ne fait que partie du tout. Et ft je confulte les Peres, je trouve parmi une infinitd d’autres un St. Grdgoi- re, qui avec une profonce foumiftion met les Decifions de 1’Eglife en parailele avec l’Evangile. Ainfi la Propofition de Bellar- min etant infoutenable , la confluence qu’il en tire eftfaufle & fans aucun fonde- ment. C’eft ce qu’il faut montrer le plus bridvement qu’il fera poflible. CHAPITRE XXIII, Que la Propofition de Bellarmin eft faujje. B EUarmin, pour etablir cette faufle pro¬ pofition , fuppofe temdrairement que Jdfus Chrift en nul endroit de. I’Evangile n’dtablit l’autoritd du Tribunal de i’Eglife, & qu’au contraire il y dtablit prdeifement en beaucoup d’endroits celle de St. Pier¬ re : mais il eft furprenant qu’un Dodleur d’une aufli profonde penetration, n’ait pas remarqud que le Sauveur dtant interrogd par fes Difciples par la bouche de St. Pier¬ re, le renvoie au Tribunal de l’Eglife; Die Tome IV. Z Eccle* 354 Instructions Cathouques Ecclejice , dit le Sauveur, Va le denoncer h VEgliJ'e. A qui parle Jdfus-Chrift , & St. Pierre luimdme, au premier des Apdtresj & celui dont Ies Papes font SuccefTeurs? Et a qui le renvoie-t-il? A VEglife. Done Jdfus-Chrift a dtabli le Tribunal de l’Eglife au-deflus de St. Pierre. 11 eft bon de remarquer que fur cet inci¬ dent de l’Evangile, le Miilel antique por- toit ces mots: Refpiciens Jefus in Difcipu - los fuos dixit Simoni Petro, Ji peccaverit, f fc. Jefus regardant fes DiJciples dit a Si • mon qui etoit appelli Pierre , fi votre frere, fcpc. Mais depuis peu, les Papes voyant bien que cette parole adreffde il Pierre * & qui le renvoie au Tribunal de l’Eglife, senveffoit la nouvelle Dodtrine des Cano- niftes, ont cru trouver une grande fubtilitd x de corriger ce Miflel, & d’dter ces mots, Simoni Petro, pour faire croire que ce n’eft 5 as St. Pierre que Jdfus-Chrift renvoie au 'ribunal de fon Eglife. Mais ce change- ment n’dte rien a la force de 1’argument que je tire de ces paroles; puifque fans- contredit le Sauveur parloit & tous fes A- pfitres , du nombre defquels dtoit St. Pier¬ re qu’il n’en excluoit pas. Bien loin done que Jdfus-Chrift n’dta- bliffe point dans fon Evangile le Tribunal de l’Eglife j comme le fuppofe Bellarmin, il etablit au contraire fort clairement dabs ce Paflage les trois differens Tribunaux qui f ; rencontrent dans l’Eglife, & qui font fsbordonnez les uns aux aucres. Poaf TOUCHANT IE St. SlEGE. 355 Pour premier Tribunal infdrieur & tous, il marque celui de l’Evdque feul, • Corripe inter te & ipfum folum. Reprens - le feul d feul. Pour lecond Tribunal il dtablit une Aflemblee Synodale particulidre, en difant, Adbibe tecum mum aut duos. Prens avec toi un ou deux Fidelles. Et enfin pour fouve- rain Tribunal par defius tous, & fur lequel il n’y en a plus d’autre, il nomme celui de toute l’Eglife , Die Ecclefice , afin qu’elle juge fouverainement; & alors, Si Ecclefiam non audierit , fit ut Etbnicus: S’il ne dtfere- pas au jugement de I'Eglife , qu'il te foit com- meunPayen. Voilii l’anathdme fouverain dont Jdfus-Chrift donne toute l’autoritd 4 ion Eglife, & au-deflus de laquelle il ne met aucun Tribunal; puifqu’il ne dit point, Si Ecclefiam non audierit die Retro. S’il ne fe foumetpas a I’Eglife dis-le a Pierre, pour etablir ce monftrueux appel du Concile au Pape que Bellarmin 6fe propofer. Mais comme il s’eft dpuifd pour raflem- bler toutes les raifons qui peuvent flatter cette fauffe opinion de la fuperioritd du Pape lur I’Eglife Univerfelle, il nous fauc examiner par ordre tout ce qu’il dit, & le rdfuter ; & enfuite nous ajouterons les preuves invincibles de notre fentiment Or- thodoxe, qui eft que le Concile Oeucu- mdnique eft par-defius le Pape, & qu’il peut le juger & le ddpofer; que 1’Appel de fes Bulles, Fulminations, Decrets, & au- tres Jugemens, eft juridiquement portd au •Souverain Tribunal de I’Eglife aflemblde Z 2 ea 3f6 Instructions Catholiques en Concile Univerfel ; & que croire le contraire, c’eft s’ecarter de la puretd des fentimens des Pdres, &dela Ddcifion des Conciies. CHAPITRE XXIV. Reponfes aux Raifons que Bellarmin tire de I'Ecriture. nrRois diffdrentes preuves font proposes ■* par Bellarmin, I’Ecriture, les Conciies & la Raifon , & je lui repondrai par la Rai- fon, par les Conciies & par I’Ecriture ; & afin de fuivre fon ordre, commemjons par les contorfions qu’il donne a I’Ecriture pour la tirer & fon fentiment. Le premier PalTage qu’il rapporte eft du XX. Chapitre des Adtes des Apdtres, qu’il a tronque d’un mot en difant, Qiie Dieu a mis les Eveques pour gouverner VEglife. Done , die il, le Pape , qui eft le premier Evi- que, eft au-dejjus de I'EgliJe. Pour comprendre le veritable fens de ce PalTage, & la fupercherie dont Bellarmin s’eft lervi pour lui en donner un tout con¬ traire, il ne faut que le reftituer en fon entier. St. Paul adreflant la parole aux Evdques d’Afie qu’il avoit affemblez & Mi- let, leur dit: Attendite vobis, univerfo gregi in quo FLKRERtTicus est : & de m£m e,dit- il, que le Concile de Calcedoine a tire de l’Ecriture Salute cequ’ilprononcej demdme touciiant ie St. Siege. 375 aufii le Concile de Conftance a til'd de la mdme Ecriture le point dont nous parlons; & comme 1’un eft de foi Catholique l’autre 1’eft aufti, & qui croit le contraire de l’un ou de 1’autre eft Hdrdtique Et plus-bas il ajoute : Eft igitur ex fide Catholicd hcec veritas , eamque omnes ampledti debent, cui qui refiftitpertinaciter Hxreticus accenfendus eft ; nee durum alicui videatur Hcereticum did, qui Generalis Concilii autori- tati derogat. Cette vdritd, dit-il, eft done de foi Catholique , que tous doivent em- bralTer; & celui qui y refifte avec obftina- tion , doit dtre mis au rang desHeretiques: & il ne faut pas trouver dur qu’on nomme Herdtique, celui qui refifte a l’autorite d’un Concile Gdndral. La feconde Objedlion eft encore plus frivole, puifque tous les Peres qui ont dtd'prefens au Concile de Conftance , & qui en ont dcrit,n’ont jamais rdvoque en doute que ce Concile n’ait entendu par- ler des vrais & ldgitimes Papes, & il n’y a eu que des Canoniftes gagez depuis le Concile de Bafie qui ayent imagine ce pitoyable faux-fuyant. Il ne faut pour les confondre que le temoignage de ce md- me Pie II. qui fous le nom d ’JEneas Syl¬ vius fut Secretaire de ce Concile de Bafie, par lequel celui de Conftance fut confir- md. Il eft vrai qu’ayant dte depuis dleve au Pontificat, il crut par intdrdt devoir changer de fentiment: mais les retradta- tions qu’il a faites par un motif interefle, A a 4 n’em* 37 quid obftat quominus banc ejfe veri- tatem fidei Catholic A a 5 cher- 378 Instructions Catholiques chercher pour aucune adminiftration de fon Pontificat. Ec dans la Selfion 39. il commande aux Papes futurs d’aflembler ]e Concile dans de certains tems prefcrits. Ge que Martin V, Pape ldgitime, exdcu- ta , & obcit. Et le terme mdme dont fe fert le Concile eft remarquable , tenean * tur, qu’ils foient tenus, ce qui eft un ter¬ me d’autorite & de commandement. Quant & la troilieme Objection,que ce Concile fans Pape btoit un Corps Ace- phale ( ou fans Chef) qui ne pouvoit dd- eider les Dogmes de Foi ,non feulemenc cette chicane tombe par la confirmation du Pape Martin, laquellen’dtoit ndanmoins, comme je l’ai ddja die, d’aucune ndcelfite; mais par la condamnation des Herdfies de Wiclef & de Jean HulT, a laquelle Bel- larmin fans y prendre garde donneroic par fon faux raifonnemenc une dangereu- fe atteinte. Car fi ce Concile ne pouvoic pas ddcider des Dogmes de Foi , il ne S ouvoit done pas condamner ces deux [drdfiarques. Mais comme Bellarmin ne peut pas nier qu’il n’ait eu l’autorite de les condamner , il faut done qu’il avoue qu’il pouvoic decider des Dogmes de Foi. Audi n’eft-il pas vrai qu’un Concile fans Pape n’en foit pas moins Eglife & Corps parfait, ayant toujours fon Chef efientiel qui eft Jefus-Chrift. Ainfi e’eft une im- pidtd & on blafphdme de dire,que quand elle eft fans Pape, elle eft fans Tete, le TOUCHANT LE St. SlEGE. .379 Pape n’etant qu’un Chef Minifteriel: au- tremenc , d chaque more de Pape il n’y auroit plus d’Eglile parfaite, & elie auroic cefle quelquefois plufieurs annees entie- res: ce qui feroic de la derniere tdmdritd a propofer, puifque 1 ’Eglife allemblee Ians Pape, & mdme fans fon aveu s’il refufoit de la convoquer dans les befoins de la Religion, n’eft pas rnoins une Eglife en- tiere & parfaite; etant certain que les pre¬ miers Conciles Qeucumeniques, & grand nombre qui n’onc pas ce fublime caradtere, quoiqu’ils foient requs de toute 1 ’Eglife , one ete convoquez par les Empereurs ou autres Puiflances; & qu’a quelques-uns me- me, comme a celui d’Ephefe, on pretend que le Pape n’y a ete prefent ni en perfon- ne ni par fes Ldgats. De forte que le Concile de Conftance confirme par ceux de Bafle & de Pile, ayanc ddtermind canoniquement cette quefhon, c’eft fuivant le fentiment de Pie II. lui-md- me une Herdfie de foutenir l’opinion con- traire. Sur quoi l’on peut ajouter les paro¬ les du Concile de Calcedoine: Regula eft ut ab bac ele£ta Synodo non liceat appellare. Hcec eft fides Patrnm: qui prater bac Japit y Hareticus eft.- C’eft une Regie, qu’il n’eft pas permis d’appeller de ce faint Concile. C’eft la foi des Peres, & qui a un fend- ment contraire eft Hdretique. Et cepen- dant, contre les anathdmes de ce Concile, Bellarmin dit que du Concile on peut ap- peller au Pape. SSo Instructions Catiioliques Quid non mortalia peStora cogis, OJtri facra fames! A quoi ne nous porte point le defir de Ja Pourpre Sacree! Difons done que par l'Ecriture, par les Conciles, & par les raifons que j’ai rdpan- dues dans toutes mes reponles aux Objec¬ tions de ce Canonifte, il eft clairement prouvd que le Pape en toutes chofes eft inferieur au Concile, & que e’eft une er- reur de croire autrement. Et quand, fie- Jon le fentiment de Bellarmin, il feroit vrai que le Pape ffit le Majord6me de la Mai ion de Dieu, Jbfus-Chrift avoit trop de juftice pour prbferer fon Majofdome d fou Epoufe; d cette Epoufe bien-aimde, qui, felon les termes de l’Ecriture, fera toujours pette j puiflapte armde rangde en bataille, pour terrafler les ennemis de la Foi, & foutenir jufqu’a la fin des fiecles le Regne glorieux de fon Epoux. Sentiment de VEglife de France promt par le Concile General de Bajle. Une preuve confirmative de celle du Concile General de Conftance, fe tire de celui de Bafle, dgalement Oeucumdnique, aflembld Pan 1431. par Eugdne IV. Suc- cefieur de Martin V. Le Concile de Bafle renouvelle done & ponfirme dans la 2. Sefiion les Deci¬ sion des Stances 4. & 5. du Concile de Conftance : & met comme Regie certain? & TOUCHANT EE St. SlEGE. jgr & invariable, que le Concile eft au-dellus duPape, & que le Souverain Pontife eft oblige de lui obdir,du moins en trois cho* i'es. Savoir. I. Dans ce qui regarde la Foi. II. Dans ee qui regarde l’Extindtion du Schifme. III. En ce qui concerne la Reformation des Mceurs, l'oit dans le Chef, foie dans les Membres. Ces definitions font conftantes & decifi- ves pour la Supdriorite du Concile. Mais Eugene voyant que par-la on reprimoit fon ambition, & qu’on reduifoit fon autoritd dans les plus juftes bornes, voulut la faire valoir & la mettre au-dellus de celie du Concile. Malgrd toutes fes pourfuites & fes raifons, il fue decide derechef dans la Seffion 6. que le Concile de Balle repre- fentoit 1’Eglife Univerlelle , & que par confequent fon autoritb dtoit Pupdrieure ^ celie du Pape. Les inquietudes d’Eugene l’engagerent 4 publier trois Bulles confecutives, pour laffer & annuller tout ce qui s’dtoit fait au Concile de Bafle. 11 y decida mdme que le Pape dtoit au-dellus du Concile General. Son obftination proauifit de fort mauvais effets, & 1’on alloit rentrer dans le fchif- me & dans les troubles d’oii I’on dtoit for" ti. C’eft ce qui engagea le Pape Eugene k fe rapprocher du Concile, & a publier le 16. Ddcembre de l’an 1433. une quatrieme Bulle, qui revoque non feulement les trois £82 Instructions Cathoeiques prbcbdentes , raais qui regarde merae le Concile de Bade cornme Oeucumbnique, done il approuve tous Jes Decrees. Voici fes paroles: Decernimus fif declaramus, prat- fatum Generate Concilium Bajileenfe a tempore pnediBcs ineboationis Juce, legitime continm-. turn fuijfe fif efje , profecutionem femper ha• buijjfe, continuari , ac profecutionem habere debere ad prcedibla (il s’agifloic delacondam- nation de l’Hbrefie , de J’extintftion du Schifme, & de la reformation de l'Eglife dans le Chef & dans les Mem fares) fif per - tinentia ad ea, perir.de ac Ji nulla diffolutio faSta fuijfet; quin immo preefatam diJJ'olutio- nem irritam fif inanem de conjilio fir ajjenfu ftmili (Cardinalium) declarantes , ipfum Ja- crum Concilium Generate Bajileenfe, pure > Jimpliciter fif cum affetdu ac omni devotione fif favore profequimur fif profequi intendi - mus. . . quidquidper nos,aut nojtro nomine, in prcejudicium aut derogatiotiem prcedi&i fa- cri Concilii Bafileenfis, feu contra ejus auc• toritatem factum , fif attentalum feu ajjertum ejl , cajfamus , revocamus, irritamus fif an- nulamus, nullas fif irritas fuijfe fif effe de¬ claramus . . Nos autem deinceps a novi • tatibus fif gravaminibus , feu prcejudiciis in- ferendis ipji Sacro Concilio... realiter fif cum ejfeEbu defifiemus. 11 eft done certain par la decifion de l’E- glife Umverfelie affemblbe a Bafle, recon- nue & avoube par le Pape Eugene IV. que le Concile eft au-defius du Pape. Tel a etb & tel fera non feulement le Senti¬ ment touchant ie St. Siege. 3§3 ffient de l’Eglife de France, mais encore la Dodrine conftante & invariable de 1’E- gliie Univerfelle. CHAFITRE X X Vli Sixie’me Point. Du Pomoir de convoquer les Conciles. Q Uand le Concile de Conftance efit dd* _termind far les Paffages formels de la Sainte Ecriture, que le Tribunal de l’E¬ glife Univerfelle affemblee au nom de Je- fus-Chrift etoit au-deffus du Pape, & comr mande aux futurs Pontifes de convoquer des Conciles dans les termes prefcrits, Martin V. obdit ponduellement auxordres fouverains de ce Concile , & convoqua cinq ans apres celui de Pavie, qui du con- fentement des Pdres fut transfere k Sienne a caufe de la contagion, & fept ans aprds il convoqua celui de Bade , & mourut a- vant qu’il fftt ouvert. Eugene IV. qui lui fuccdda, & qui fut un elprit inquiet & remuant, plus propre a la guerre qu’au gouvernement de la Bar¬ que Apoftolique,confirma d’abord le Le- gat envoye par fon prdddcefieur pour prdfider a ce Concile : mais ayant vu que des la a. Seiiion les Peres , apres avoir confirme les Deciiions du Concile de Conftance , y ajouterent que le Pape ne pourroit le transfdrer fans leur con- 3$4 Instructions Catholiques ientement , parce que la tranflation 6* toit un moyen indirect pour parvenir a fa rupture , ou en tout cas un moyen Evident de prolongation ; ce Pape qui vit que par ce Decree fa prbtbndue fouverMne & independante Autoritb Pontificate rece- voit de la diminution, refolut de rompre entierement ce Concile. Ce qui fit que dans la 3 . Seffion , les Peres avertis de cette entreprife, determindrent que !e Pape ne pouvoit point le difl'oudre. Cette dbcifibn btant faite, le Cardinal Julien,Ldgat & Prefident du Concile, ddri- vit au Pape une Lettre grave, & les Peres ayant fommb les CardinauX de Cour de fe rendre inceffamment a Bade, Eugene en* voya quatre Deputez au Concile, qui fu- rent admis dans la 6 . Sefiion , oil ils defendirent de leur mieux la prbtendue Autorite du Pape : mais le Concile lui ayant fait une Rdponfe fort jufte & vigou- reufe par une Lettre Synodale, ce Pape, qui ne voyoit plus d’autres moyens pouf foutenir fa pretenfion contre la Idgitimd dutoritb du Concile qu’en brouillant tout, convoqua k Ferrare un autre Concile dd fes adhdrens , qui fut enfuite transfdre & Florence. De quoi les Peres de Bafle, juftement offenfez, lui firent trois citations canoniques d’obbl'r; & !e voyant perfifter dans fa contamace , ils !e depbferent, & elurent canoniquement Amedde de Savoye, qui prit le nom de Felix V. Eugene, pour fortifier fon parti, fit une nom* TOUCHANT LE St. SlEGE. 3§/ iidmbreufe creation de Cardinaux affidez, & entr’autres deux Grecs, qui avoient ma¬ nage une paix fourrbe entre ies Eglifes d’O- rient & d’Occident, pour donner plus d’b- clat a Ton Concile de Florence, lequel 6- tant conclu, & enfuite celui de Bafle, ce Pape m'ourut dans ce fchifme qu’il avoic caufb. , II eut pour Succefleur Nicolas V. done j’efprit doux gagna le cceur de tous les Princes: de forte que pour appaifer le fchif- me on tint le Synode de Lyon, oh toutes chpfes furent amiablement pacifibes: & Felix, qui n’etoit pas d’un naturel moins doux que fon Concurrent, quita volon- tairement le Pontificat, a condition qu’il demeureroit Cardinal avec une ample Le¬ gation perpetuelle, & que les Cardinaux qu’jl avoit creez feroient incorporezaceux de Nicolas: de forte que tous btant con- tens, le fchifme fut bteint, l’ble&ion dou- teufe de Nicolas fe trouvant ratifibe par le confentement univerfel de l’Eglife, & de fon Compdtiteur; & ce Pape donna en fa- veur du Concile de Bafle une Bulle de Confirmation dont il n’avoit pas befoin. Les chofes mifes fur ce pied par le bon Pape Nicolas j ceux qui le fuivirent prirenc des fentimens tout oppofez,& ne pouvant fouffrir que les Conciles mfflent une bar- rihre A cette autoritb fouveraine qu’ils vou- loient poflbder inddpendamment , ils fe firent un capital d’abroger per defuetidinem cette divjne inftitution: & pour empdeher Tome IK B b que 3 So Instructions Catholiques que les Princes Temporels ne les obliged lent de les convoquer , ils appliquerent tout leur efpric b fufciter & b fomenter des guerres continuelles entre les Chretiens, afin que durant les troubles & les divi- fions, Pautoritd du Pontificat pftt de plus en plus ctre affermie. En effet, dans toutes les guerres qui ont affiigd l’Europe depuis le fchifme dteint, on a toujours vu les Papes,ou les allumer, ou les fomenter fecrdtemenc, ou y pren¬ dre pu'bliquement parti, fans que pendant tout un fidcle ils ayent parle d’affembler aucun Concile; de forte que Jule II. ce Pape ennemi du repos, & qui pour pren¬ dre l’epde de St. Paul jetta, comme on dit, les Clds de St. Pierre ; ce Pape, dis- Je, aprds avoir change de parti dans les guerres d’Italie,autant de fois que fon in* teret particulier ou fon caprice le lui in- fpiroient, s’anima enfin d’une haine irrd- conciliable contre le bon Roi Louis XII. ce Pdre du Peuple, qui fit tenir fous fon autoritd un grand & plein Concile Natio¬ nal en la ville de Tours, oh il fut rdfolu qu’on ddputeroit au Pape pour 1’obliger de convoquer un Concile General: & fur fon refus les Princes Chrdtiens en convoqud- irent un it Fife, transferd & Milan, & de-li & Lyon, qui fut fans fruit ni conclufion, par les adrefles & les intrigues de ce Pape Gdnois, qui favoit admirablement le fecret de defanir fes enhemis , & qui mourut sniff dans le trouble 5 apres avoir indigud TOrCHANT LE St. SlEGE'. un autre Goncile d Rome dans l’Eglife de Latran, pour contrebalancer celui de Pi- fe. Sa mort, & l’dlevation de Ldon X. aui Pontificat, fit difloudre le Concile que les Princes avoient convoqud; parce que l’on efperoit que celui qu’il tiendroic h Latran feroit Oeucumdnique: mais Ldont X. qui avoit joint la, Politique.Florentine d la Romaine, &: que l’attache qu’il avoic au luxe & aux plaifirs n’empdchoit pas d’dtre l’un des , plus, habiles • & des plus rufez Princes de la Terre, fe garda bien de tenir un Goncile Gdndral , & ne fic qu’une Afiemblee d’Evdques prefque tous Italiens, & des environs de Rome, atta¬ che?, a fa Cour & ddvouez a fes intdrdts 5 de forte que Pori nty propofa & ddcida que des chafes qui concernoient l’utilitd particuliere de ce.Pohtife , qubne pen- foit qu’a fatisfairc les inclinations qu’il avoit pour la magnificence, le plaifir & la libdralitd. ; < Enfin, apres une infinitd dfinftances, & I’Eglife gdmiflant & foupirant pour un Goncile Gdndral, afin d’y condamner les Hdrdfies de Luther,& de Calvin, que Pin- terruption de ces AfTemblees Univerfelles avoit 1 aid’d naftre & croitre jufqu’d une puif- fance formidable, le Pape Paul III. cent cinq ans apres la conclufion de celui de Bafle, indiqua celui de Trente en l’annde 1547; mais fon adreffe & celle de fes Suc- ceffeurs en prolongea la conclufion jufi- B b 2 qu’en 358 Instructions Catholiques qu’en 1564, apres l’avoir transfdrd a Ba* logne , rappelld a Trente , & refufe les honneurs dtis aux Ambafladeurs de Fran¬ ce ; afin que nos Rois ofFenfez de ce re- fus ffiflent obligez a ne point envoyer £ ce Concile les Eveques du Royaume, & qu’en leur abfence lesltaliens, dont lenom- bre prdvaloit infiniment, eftlfent la libertd de faire pafler fans obftacle des Ddcifions Morales contraires aux anciens Canons, qui fervent de fondement aux Libertez dans lefquelles i’Eglife Gallicane s’eft mainte* nue. Voili le dernief Concile que l’Eglife a vu, & depuis cent vingt-fept ans qu’il a £td conclu d’une manidre qui n’en permet pas en France la reception, les Papes n’onc pas feulement penfd & la convocation d’au- cun autre; & ainfi en deux cens trente an- ndes il n’y a eu qu’un feul Concile, encore n’eft-il pas recevable. Et fi les Princes Chrdtiens ne donnent la main, comme il eft de leur autoritd & de leur devoir, au rdtabliflement de cette Difcipline, par l’e- xdcution de celui de Conftance, qui en a ordonnd la convocation de dix en dix ans, les Papes feront de 1’Etat Eccldfiaftique ce S ue Jule-Cdfar fit de la Republique de .ome. v m r TOUCHANT IE St. SlEGE. 38^ CHAPITRE XXVIII. Ce que les Papes orit pratiqui pour Je ren- dre mattres des L'onciles. C Omme les Italiens, majs furtout ceux qui compofent la Cour de Rome,font dlevez & nourris dans les artifices & les adrefles de la Politique la plus rafinde, il n’y a point de ddtours qu’ils n’ayent ima. gind pour rendre les Papes maitres de ce Souverain Tribunal, en le faifant ddpen- dre de leur volontd. Pour y arriver, ils ont fait foutenir k leurs Dofteurs trois fuppofitions. L’une, que le Droit de convoquer les Conciles ap« partient au Pape , & ce premier Chef fe- roit juftement pour en abolir abfolument 1’ufage en ne les convoquant jamais. Leur feconde fuppofition ell, que les rdfiolu* tions y doivent dtre concertdes avec lui avant que les Peres y prononcent; & par ce moyen en cas qu’ils fftflent obligez de les convoquer, ils fe rendroientles mai- tres abfolus des Ddcifions, & de les pro- longer tant que bon leur fembleroit: c’eft la conduite qui fuc tenue au Concile de Trente, & qui leur fervit a le fipre durer dix-fept ans entiers. Enfin la troifieme eft, que le Concile n’a, difent-ils, d’au- toritd que quand il eft confirmd par le Pa« pe; & par ce dernier moyen ils ie donne- roient le pouvoir d’andantir tout ce que Bb 3 W |'po Instructions Catiioliques I’Eglife auroit prononce contre leurs in¬ tentions. II faut montrer que toutes ces fuppofi- tions font faufles, contraires 4 la raifon, & 4 la pratique de l’ancienne Eglife. CHAPITRE XXIX. Que fuivant la Raifon & la Pratique de I’E- glij'e , ce n’eft pas aux Papes , muis aux Princes Temporels d convo- quer les Conciles. I L eft aifo de concevoir par la feule lu- midre du bon fens, que le Droit de con- voquer les Conciles ne doit pas appartenir au Pape. La raifon manifefte eft, que le Concile eft le feul Tribunal auquel les Princes Chretiens peuvent s’adrefier pour avoir juftice des entreprifes trop frequen- tes que les Papes font fur PAutoritd Tem- porelle: de forte que n’etant comptables de leur Conduite qu’4 cette Affemblde Ge¬ nerate de l’Eglife, leur laifier la pleine li- bertd de la convoquer ou non, & ne don- ner d'autorite au Concile que quand ils i’auront confirme, ne feroit-ce pas rendre illufoire cette Inftitution Divine, & ce Souverain Tribunal indiredtement inferieur 4 l’autoritd du Pape? Mais quant a la pratique de l’Eglife, il faut diftinguer trois terns differens. Le premier contient l’dtat de 1’Eglife depute jefus-Chrift jufqu’4 la profeffion publique : : : ' que TOUCHANT LE St. SlEGE. gpj que Conftandn fic de la Religion Chrdden* ne. Le feconddepuis l’Empire deConftan- tinjufqu’au neuvieme fidcle, que l’Eglife Grecque a etd enderement fdparde de cel- le de Rome, & que les Empereurs de Conftantinople ont achevb de perdre tou- te leur puiflance en Occident. Et le troi- iieme depuis le rbtablifiement de cet Em¬ pire d’Occident en la perfonne de Charle¬ magne jufqu’a-prefent. Pendant le premier dtat qui dura trois fibcles, il eft vifible que les Conciles n’onc pu dtre affemblez par l’ordre des Empe- reurs, ni d’aucuns Princes Temporels; puifi- qu’ils etoient encore tous dans l’aveugle- ment du Paganifme, & que felon les ne- ceffitez qui furvenoient en chaque Provin¬ ce, le Concile Provincial ou National s’af- fembloit de 1’autoritd du Patriarche ou du Mdtropolitain, chacun dans leur reflort, & fort fouvent fans la participation de 1’E- ▼dque de Rome, cpmme il fe voit par la Lettre Synodale des Evdques d’Afrique , qui dcrivoient au Pape qu’il ne doit pas xecevoir k fa Communion ceux que le Concile d’Afrique en a fbparez, Les Eglifes etoient alors partagdes en quatre Patriachats, favoir deRome, d’A? lexandrie, d’Andoche , & de Jdrufalem," & toutes les Provinces foumifes k un Pa¬ triarche, le reconnoifloient pour Chef. A- lexandrie avoit 1’Egypte, la Lybie, & la Pentapole d’Afrique. Andoche avoit la Syrie 9 la Cdlefyrie, la Mdfopotamie, & Bb 4 Ice Instructions Cathoiiques les deux Cilicies. Jdrufalem avoit la Palef* tine , l’Arabie, & la Phenicie. Et Rome avoit tout le refte de 1’Orient, de l’Occi- dent, & de J’Afrique, comme la prdmi^re & la priucipale. • Le Concile de Nicde parle expreifd- ment de l’autoritd de ces quatre Patriar- chats: Antiqui mores Jerventur in JEgypto , iLybid, fif Pentapoli, ut Alexandrinus Epif- copus borum omnium habeat.potejlatem, quail- doquidem Epifcopo Romano hoc ejt confuetum:. Jimiliter in Antiochid fef aliis Provinces fua privilegia , ac fuce dignitates Jerventur •Ecclefiis in JElid (c’eft-li-dire Jdrufalem) EpiJcopus habeat honoris confequentiam , Me- zropoli propria dignitate Jervatd: Que les ari- ciennes coutumes foient obfervdes dans l’Egypte , dans la Lybie, & dans la Pen- tapole ; en forte que l’Evdque d’AIexan- drie ait puiflance fur toutes ces Provinces, ainfi qu’il fe pratique pour 1’Evdque de Ro¬ me: Que de la rndme forte les privileges , Jes dignitez & les autoritez foient confer- yees aux Eglifes dans Antioche & dans les autres Provinces qui en dependent: Etque dans Jdrufalem l’Evdque ait l’hohneur qui ]ui eft dii, en confervant au Metropolitain fa dignitd. Mais depuis leConcile deNicde, la Ville de Conftantinople , qui n’dtoit qu’un petit Evdchd d’une Bourgade rui'nde avant que Conftantin y eftt transfdre le Sifege del’Em- pire , obtint cinquante ans apres le titre de Patriarchat fur la Thrace , le Pont, & x ■ rAfic; TOUCHANT LE St. SlEGE. 393 FAfie Mineure , qui furent demembrez du Pacriarchat de Rome: ce qui dans la fuite a Ste la prSmiSre fource du fchifme , & par le Concile de Conftantinople confir¬ ms par celui de Calcedoine, on lui attri- bua le fecond rang immSdiatement aprSs l’ancienne Rome. Comme done avant Conftantin route la ChretientS Stoit divifSe en quatre Patriar- chats, quand un Concile Provincial ou National s’aflembloit, c’Stoit, comme je Fai die, & la diligence du Patriarche ou du Metropolitan. Or comme pendant les trois premiers GScles il ne s’Stoit affem- bid depuis les Apdtres aucun Concile Ge- nSral , il n’y a qu’& voir le nom de la Ville oh ils le font tenus, & cotter pour certain que FEvSque de Rome n’a eu au- cune part h la convocation de ceux des trois autres Patriarcbats , & que mSme fous fon Patriarchat il s’en eft aftemblS quelques-uns fans fon autoritS , comme celui de Sinueife qui fut de trois cens E- vSques , qu’on pe peut pas croire avoir StS convoquez par Marcellin, puifque c’S^ toit pour le condamner. Le fecond Stat de 1-Eglife commence avec le quatriSme fiecle, lorfque l’Empe- reur Conftantin fe fit ChrStien: & ce fut le grand Triomphe de la Religion , qui par cette profeftion publique du grand Monarque de la Terre vit cefler les per- fScutions de l’Eglife, Slever des Temples m vSritable Dieu, pour y cSISbrer publi- Bb j que- §94 Instructions Catholiques quement & en furetb fes faints Myfl£res s & fermer ceux oh l’on offroit au Demon des facrifices profanes & criminels. L’Empire & la Religion Chrbtienne eu* rent alors prefque les mdmes bornes; & tout ce qui profeffoit la Foi de ]. C. 6- toit, ou peu s’en falloic, fous la Domi¬ nation de l’Empereur. L’Hdrdlie d’Arius ayant alors attaqu£ avec la derniere impidtd le fondement le plus folide de la Religion , c’elM-dire la Divinitd du Verbe qui s’etoit fait Chair, cette H6r6fie s’infmuoitinfenfiblement dans beaucoup d’Efprits, par des raifonnemens afiez conformes a l’btendue bGrnee de la conception humaine, dont la foibleffe fe perd dans les abimes du myftere de la Trinity, & elle s’appuyoit fur le mauvais fens qu’on pouvoit aifbment donner a la lettre de quelques Paffages de I’Ecriture qui paroilfent Equivoques. Le poifon fai- foit un progres terrible dans le Patriarchat d’Alexandrie , oil il avoit pris naiffance : il fut jugd a-propos d’en arrfiter le cours par un Concile Oeucumdnique qui fut con- voqud h Nic£e , non pas de I’autorite du Pape , mais par les ordres fouverains de .l’Empereur Conftantin: & les Patriarches y aiMerent, celui de Rome par fes Legats, & les autres en perfonne. Que les Cano- niftes nous montrent la moindre ombre de preuve quele Pape ait convoqud ni ce Con¬ cile , ni pas un des fept autres Oeucumdni- cues qui font fuivi. 11$ ne le peuyent fai- TOUCHANT LE St. SlEGE. 395 ?e, puifque mdme il eft conftant que celui d’Ephdfe fut tenu fans fa participation , & qu’ii n’y aflifta pas meme par fes Ld- gats. Mais que repondroient-ils au Concile de Sardique ? Athanafe, ce grand Saint , cec illuftre Ddfenfeur de la Confubftantialitd des Trois Perfonnes Divines, futchafldde fon Siege d’Alexandrie parun Conciliabule d’Ariens aflemblde a Antioche. jule Eve- que de Rome aflembla fans l’autoritd de 1’Empereur un Synode de cent feize Evd- ques, dans lequel il prononqa le rdtablifle¬ ment de St. Athanafe , & ecrivit aux Evd- ques d’Orientfa Lettre Synodale imprimde au premier Tome desConciles. Mais ces Eveques ne' voulurent- point reconnoitre ce rdtabliflement fait de 1’autorite du Pa„ pe: & ayant, de celle de 1’Empereur, con- voqud un Concile dans Sardique compofe de trois cens Evdques, ils prononcerent le rdtabliflement de ce grand Saint, qui fut reftitue dans fon Siege Patriarchal d’A¬ lexandrie, non pas en vertu de la Sentence du Pape Jule, mais en vertu du Concile de Sardique , non in vim Sententics Julii , fed Decreti Concilii Sardicenfis. Que peuvent rdpondre ces mdmes Cano- niftes h l’anathdme que le Pape Innocent prononqa contre 1’Empereur Arcadius , parce qu’ii refufa d’aflembler un Concile -pour abfoudre le grand Chryfoftome ? Si le Pape fe fflt cru en droit d’aflembler ce Concile, auroit-il demandd cette Aflembleq i l’Era- 39 6 Instructions Catholiques & l’Empereur, & employd jufqu’a l’anathd- ne pour l’y obliger? Les fept & huici£me Conciles Oeucumd* niques convoquez a Conftantinople dans les fept & neuvidme fiecles, n’ont-ils pasdtd conftamment aflemblez par les ordres des Empereurs Conftantin Pogonat & Michel, fans que le Pape y ait eu d’autre part finon d’yenvoyer fes Legats, qai n’en rappor- toient pas toujours la fatisfaftion qu’il eta plperoit ? CHAPITRE XXX. De 1’eta.t prefent de VEglife pour la Convs • cation des Conciles. M Ais venons au troifikme terns, qui eft celui da rdtabliftement de l’Erapira d’Occident dans la perfonne de Charlema- gne , & examinons fes changemens juf* qu’au Cede oil nous fommes prdfente- raent. Quand l’Eglife de Conftantinople eut en¬ ticement fait Schiftne , & que les Seca¬ teurs de la Loi de Mahomet eurentddtruif les Eglifes foumifes aux Patriarchats d’A- Jexandrie , d’Antioche & de Jdriftalem , l’Evdque de Rome demeura feul Patriarche dans fa Communion. C’eft ce qui commen- qa d’infpirer aux Papes cette idde de Mo¬ narchic Spirituelle abfolue, qu’ils ont voulu s’arroger fous pretcxte d’une Primauc6 qu’og TO'ECHANT LE St. SlEGE. qu’on ne leur difpute pas; & parce que leur qualitd d’ancien Patriarche n’avoit plus de Concurrens, & s’dtendoit alors fur l’Uni- verfalitd de l’Eglife Orthodoxe. 11 ne reftoit de puiffant Monarque en Occident que le feul Charlemagne , qui ayant joint auRoyaume de France lesCon- qudtes d’Efpagnej d’Allemagne & d’ltalie* y ajouta encore le titre d’Empereur. J'ai montrd de quelle maniere fes libdralitez & celles de Pepin fon Pere , & de Louis le Debonnaire fon Fils,eleverent les Papes it la Grandeur & k la Souverainetd Tempo* relle qui les met aujourd’hui au rang des Princes du Siecle: cependantiieftconftanc que le prdmier Concile qui fut convoqud k Rome fous fon Empire fut aflembld par fes ordres, lui prdfent , & pour recevoir l’accufation formde contre le Pape Ldon. Tandis que l’Empire fut dans la Maifon de France,nos Rois n’ont point laifle ufur- per aux Evdques de Rome ce droit decon- voquer les Conciles : mais enfin les Def- cendans de Charlemagne ayant partagd fes Etats , & enfuite ddgdnerd de la vertu de ce grand Prince, l’Empire, qui n’dtoit qu’un nom prefque fans puiffance, fut ufurpd par la Maifon de Saxe, & pafia aux Allemands. Les Conqudtes au-delk du Rhin furent dd- membrdes, & partagees entre une infinitd de petits Princes & Prelats, qui fous l’au- toritd de la Build d’Or d’Henri l’Oifeleur , & d’Othon fon Fils, ufurpbrent chacun uni Fleuron de la Couronne; plufleurs autres par* 398 Instructions Catholiques partagdrent l’ltalie favorifez par les Papesi qui aimoient mieux pour voifin un Beren- ger Ci ) ou un Albdric, qu’un Roi de Fran¬ ce leur Bienfaiteur : tout ce qu’on- avoit conquis au-dela des Pyrenees fut ]e pre¬ mier perdu: & enfin la Race de ce grand Conqudrant fut meme ddpbuillde du Scep¬ tre, qui pafla dans les mains du grand Hu- gues Capet , dont la Poftdritb le pofledera avecla grace de Dieu jufqu’a la confomma- tion des fidcles, Dans toutes ces Revolutions il fut ai« fd aux Papes d’empidter peu & peu des Droits qui ne leur appartiennent pas. Ce fut la fource de ces longues guerres entre les Empereurs Allemands & les Evdques de Rome , qui fous le nom de Guelfes & de Gibelins partagerent non feulement l’Alle- magne & l’ltalie , mais divifdrent les Pro¬ vinces, les Villes, & les Families : & com- me la Divifion des Etats Chrdtiens entre plufieurs Princes qui ont toujours des intd- rdts oppofez , ne leur permet pas de con- courir unanimement h la gloire de l’Eglife, & fon Ordre , & k fa Difcipline , qui ne peuvent fe maintenir que par la frequente aflemblde des Conciles, chaque Prince ne pouvant pas en particulier obliger les Evd- ques des autres Etats de fe rendre en un lieu (i) Bdrenger i. Roi On Tiran de 1 ’Italie, comments I’an 888 ; & apres bien des revolutions il fut tue l’an ft 4; 8: Be'renger II , autre Roi d’ltalie, ne comments qua i’an 9So* & tegna feulement deux ans, TOUCHANT LE St. SlEGE. 399 lieu indiqud, comme le pouvoientfaireles Empereurs de Conftantinopie qui etoienc les Maitres du Monde, il femble qu’en cet Etat il foit plus naturel & plus aifd que la Convocation en foitfaite parle Pape, done I’Autoritd Spirituelle s’etend fur tout le Chriftianifme ; & que les Princes Chre¬ tiens , par le Droit qu’ils ont de tenir la main a J’exdcution des Conciles, faflene leurs diligences pour obliger le Pape de le Convoquerde dixans en dix ans, pourcor- riger les abus qui fe gliffent ou dans la Foi ou dans les Mceurs. Etant conftant que jamais les H£r£iies de Luther & de Calvin n’eMent fait le progrhs prodigieux avecle- quel elles ont corrompu la moitid de l’Eu- rope , C l’on avoit affembld un Concile tous les dix ans depuis celui de Basle. Mais il faut tenir pour vdritd tres-conC- tante, que ce n’efi: ni la convocation ni la confirmation du Pape qui fait la validity du Concile Qeucumdnique, & quedequel- que autorite que les Peres foient aflemblez 9 foit S6culihre, foit Eccl6fiaftique, pourva qu’ils le foi ent au nom de J. C. fes Ddci- lions font infaillibles; & tousles Fiddles, mdine le Pape comme meinbre de l’Egli- fe , font obligez fous peine d’anathdme d’y obii'r. Puifque felon le temoignage deSt. Grdgoire, on ne doit pas moins rdvdrer les Ddcifions d’un Concile Gdndral que 1’E- vangile mime ; & que quoique les quatre premiers grands Conciles ayent conf- tamment convoquez par les Empereurs, & 4*o Instructions Cath cliques que jamais ils n’ayent dtd confirmez par les Papes , il ne laifle pas d’avouer, tout Pape qu’il eft, qu’il n’a pas moins de ve¬ neration pour eux que pour le Texte Sa- ere. Et ne doit-on pas avouer que ft Ton peutj stiam Papa invito, malgrd le Pape lui- mdme, affembler un Concile, lorfque par exemple il s’agit de prononcer contre lui, comme le Goncilede Pife futaflemble mal- grd Gregoire XII. & Benoit IX & depuis encore l’autre Concile de Pife malgrd Jule II. & contre lui , k plus forte raifon on n’a pas befoin de leur confirmation pour les valider? Voilk pour ce qui concerne les Conciles Gdndraux qui s’affemblent, ou pour deci¬ der fouverainemenc un Point de Dodtrine dttaqud par quelque Hdrdfie, ou pour re¬ former les Mceurs & la Difcipline de I’E- glife, tant dans le Chef que dans les Mem* bres, auxquels les Papes font eux-mdmes foumis. 11 n’y a que les Conciles Oeucu- mdniques qui ayent le droit & le pouvoit de conftituer des Canons inviolables qui fervent de rhgles pour la conduite de l’E- glife Univerfelle, & qui donneht cette md- me autorit£ aux Ddcifions des Conciles Nationaux, lorfqu’ils les ont requs & ap- prouvez; Car comme les Princes Tempo- r.els ont 1’autorite de faire obferver dans 1’etendue de leur Domination les Conftitu* tions Canoniques des Conciles ; Qua enim ad publicam Bifciplinam fpedtmt, Regum ejl TOUCHANT LE.ST. SlEGE. 4
res contra omnes viri- iittr nos tueri. Seem autem credentes fatuts Fy dementis re- TOUCHANT LE St. SlEGE^ 415 ta tres-grande folie. Ce Pape outrd d’arro- gance, apres s’dtre montrd en public re- vdtu des Habits Imperiaux contre le paifa- ge de la Lettre du Pape Nicolas, dont j’ai parld ci-defliis, declara par fa Bulle extra¬ vagance , Unam SanSlam , que tout le Genre Huriiaiu lui dtoit foumis. Mais con¬ tre une entreprife ft dereglde, l’Eglife Gal- licane & tous les Etats du Royaume, ind- branlables dans la puretd de la foi qu’ils devoient a Dieu & & leur Monarque, s’op- pofdrent vigoureufement k cet attentat, & rappel interjette au futur Concile, fut affi- chd k la Porte du Vatican; apres quoi ce Pape brouillon & inquiet ne fut pas long- tems fans porter la peine des troubles qu’il avoit fi mal-Apropos caufez , & prevint par fa mort la ddpofition que Philippe le Bel avoit entrepris de pourfuivre. Mais Clement V. cafla & revoqua tout ce que ce Pape avoit fait contre la France & con¬ tre fes Libertez , & flechit le Roi, qui par une juftice qu’il fembloit devoir it fon Etat & a toutes les Couronnes, vouloit, mdme apres putamus. Datum Parifiui 8cc. On volt par cette Lettre tres-energique & trcs-viye, de quelle maniere on peut corriger & reprimer les exces d'un Pape qui fort des homes de ion devoir a l’egard des Teres Couronnees , fans neanmoins manquer de refpedt au St. Siege. Louis XI. Louis XII. Henri it. & Henri IV. ont bien ifu £e de- fendre contre les infultes qui leur ont ete faites par quelques Papes. Ils ont empeche que i’on ne pottat de l’argent a Rome pour les Difpenfes & les Benefices. C’effi le feul moyeft de reduire les Romains: ils ne font tots- Chez que de la privation des fubfides pecuniaires, 4i 6 Instructions Catholiques apres la more de Boniface, faire prononcet fa condamnation. Jule II. Gdnois, homme extrdmement turbulent, & qui fembloic n’dtre nd que pour la guerre , mic toute l’Europe en armes, endoffa lui-mdme la cuiraffe , en- tra par la brdche dans Cologne , com- manda en perfonne le Siege de la Miran- dole ; & aprds s’etre fervi de l’Epee de St. Paul plus que des Clds de St. Pierre, & avoir fufeied par fa mauvaife conduite tous les Princes Chrdtiens contre lui, il tut caufe qu’iis convoqudrent le Concile de Pile oil il fut citd. Enfin , tournant toute fa haine contre le Roi Louis XII. ce fage & vertueux Monarque , dont la pidtd & la bontd feront en dternelle vend- ration, il lui fit reffentir les vjolens & vains efforts de fa paffion, en abufant des fou- dres de TEglife, & enveloppa dans cette Excommunication frivole Je Roi de Na¬ varre, dont il eut 1’audace de mettre le Royaume en interdit, & de le faire enva- hir par le Roi d’Efpagne, qui fous ce vain prdtexte ufurpa la meilleure partie de ce Royaume, qu’il redent encore aujourd’hui fans droit, fans raifon & fans juftice; Hen¬ ri d’Albret & Antoine de Bourbon ne s’b- tant jamais trouvez en etat de pouvoir les recouvrer, mais ayant laiffe k de puiffans Monarques, leurs Succelfeurs,le droit per- petuel d’y rentrer quand ils le jugeront k propos. Sixte V. & Grdgoire XIV. ont eu la tnd- irie TOUCHANT LE St. SlEGE. 417 me tdmbritd d’attenter au Temporel dc la France, dont ils ont voulu renverfer les Loix fonclamentales, pour fomencer la re¬ bellion des Ligueurs, & favorifer ouverte* ment les entreprifes de la Maifon de Gui- ze, qui avoic formd le deflein'd’dter la Couronne a la Maifon de Bourbon, fous un faux pretexte de Religion, & par l’ap- pui du Roi d’Efpagne. Mais Dieu jufte a toujours protdgd nos Rois contre les diffe¬ rences attaques des Papes, qui ont dchoues l’un apres l’autre dans leurs deffeins perni- cieux, toutes les fois qu’ils ont voulu at- tenter quelque chofe contre la France. CHAPITRE XXXIV. Des Cinq Exemples apportez par Bellarmin pour autorifer la pretendue PuiJJance des Papes fur le Temporel des Rois , £? Refutation du l.Exemple. B Ellarmin, dont le Livre a dtd condam- ne par Arrdt du Parlement de Paris du 26. Novembre 1610. comme fdditieux, & contenant des maximes faufles & ddtef- tables, & des propofitions tendances k la fubverfion des Puiflances Souveraines: Ce grand Adulateur des Papes cite cinq exem¬ ples pour autorifer la pretendue Puiffance Temporelle du Pontife fur les Rois Chrd- dens. Celui de Grdgoire II. contre Ldon Iconoclafte ,• de Zacharie contre Childd- ric; de Grdgoire VII. contre l’Empereur Henri IV; du Concile de Latran tenu en Tome IF. DU saitf. 418 Instructions Catholiques 1216. par Innocent III; & d’Innocent IV, au Concile de Lyon. On peut !ui rdpondre d’abord *en gene¬ ral, qu’il ne s’agit pas de citer ce que les Papes ont entrepris; mais qu’il faut prou- ver qu’ils ont. dte bien fondez k l’entre- prendre, & qu’on a foufcnt & approuvi leurs entrepril'es. Car ce feroit de mdme que fi pour prouver qu’il eft permis aux Frangois de fe rebeller, & de fedonner d’au- tres Rois que ceux qu’ils ont de la main de Dieu , l’on apportoit pour exemple que Cabocbe, miferable Ecorcheur dans Paris, & le nommd Legras Marchand de Draps a Rouen , ont fouffert pendant le terns af- freux d’une ledition populaire, que des Bouchers & des Artifans les ayent traitez de Rois, donnant a l’un des Gardes, & promenant l’autre fur un Chariot, & que dela on voultit inferer que ces Bouchers & les Artifans de la Harelle de Rouen ont eu droit de difpofer de la Couronne. N’a-t- on pas vu pendant les fureurs de la Ligue & la chaleur des entreprifes de la Maifon de Lorraine, un infame Bufly le Clerc , l’un de leurs plus zelez fuppdts, Ample Procureur, & l’un des feize, pro- noncer un jugcment de mort contre le Prefident Briflon, & le faire exdcuter avec deux Confcillers du Parlement, & atta- cher leurs corps a la Greve? Eft ce & dire qtfe ces feditieux Quarteniers ont le droit de juger a mort un Premier Prdfident du Parlement? On TOUCHANT LE St. SlEGE. 419 On peut dire par comparaifon la mdme chofe des Papes, cum Regna nofira fom¬ niant , lorfqu’ils. revent que les Royaumes de la Terre font & leur difpofition; & tou- tes les entreprifes qu’ils ont formdes pour exciter & fornenter les rdvoltes des Peu- ples contre Jeurs Souverains legitimes , ou provoquer des guerres injures, ne font pas des preuves qu’ils ayenc eu droit de le fa ire. Maisaufond, il eft fort aifd de rdpon- dre a ces cinq exemples, & de faire voir que Bellarmin les cite mal Apropos, puif- qu’il ne peut en tirer aucune confluen¬ ce pour appuyer fes proportions tdmd- raires. A l’dgard du premier, il faut ou n’avoir pas lu l’Hiftoire, ou prendre plaifir a la ddguifer, pour dire que Grdgoire II. en- treprit fur le Temporel de l’Empereur Ldon; & en voici la vdritd. Cet Empe- reur, infatud de l’Hdrefle des Iconoclaftes, entreprit de faire brifer les images dans toute l’dtendue de fon Empire, & envoya un Edit en Italic pour exdcuter cette im- pidtd. Le Pape exhorta fortement le Peu- ple k ne point defdrer k cet Edit impie, & ne procdda contre Ldon que pour le Spirituel , & pour condamner fon Hdrd- fie-. Mais bien loin d’entreprendre quoique ce foit fur le Temporel de la Gouronne Impdriale, au contraire, comme il vit que le Peuple animd vouloit fe rdvolter contre Dd 2 Ldon, 420 Instructions Catholiques Lbon,& lui fubftituer un autre Empereur, en renongant au ferment de fidelity qu’il lui avoic prdte, ce bon Pape employa tou- te fon autorite Paftorale pour les contenir dans i’obei'flance; fur quoi Platine dit, en parlant de 1’obftacle que ce Pape apporta par fes exhortations a l’exdcution de la Bulie de cet Empereur: Qua cobortatione adeo animati junt Italics populi, ut paulum abfuerit quin alium Jibi deligerent lmperato- rem , quominus autern id fieret autoritate fua Gregorius adnixus eft: Les Peoples d’lta- lie, dit il, furent tellement animez par les exhortations de ce Pape, qu’il s’en falue peu qu’ils n’euffent un autre Empereur; mais Grbgoire par fon autoritb les empd- cha de le faire. Ainfi, bien loin que ce Pa¬ pe, fage &z£lb pour la Religion, fe foie laiiTd emporter a aucune entreprife fur le Temporel de 1’Empereur, comme le fup- pofe Bellarmin, il a au-contraire mainte- nu fon autoritd, tout Hdrdtique & Difcole qu’il etoit. CHAPITRE XXXV. Reponfe au 2 . Exemple de Zacbarie a I'egard de Childeric. Q Uant au fecond exemple, ce qu’on al- Jegue entre Zacharie & Pdpin pour 1’abdication de Childdric, eft entieremenc fuppofd. Et parce que cette Fable infame de la prdtendue rdponfe du Pape fur la Con- TOUCHANT LE St. SlEGE. 421 Confultacion que I on die fauflement lui avoir btb faite, a trouvb quelque crbance dans l’efprit de piufieurs ignorans, qui n’ont pas approfondi cette injure enorme qu’on fair k la vertu de ce bon & fainc Pontife; & que d’aiileurs cecte abdication de Childbric, & l’elevation de Pepin an Trone des Franqois, qu’il ufurpa contre tout droic & juftice fur le lbgitime SucceF- feur, eft un point des plus importans de, l’Hiftoire mal connue & mal berite par la plupart de nos Hiftoriens. II faut m’bten- dre un peu davantage fur cet article, pour dbfendre l’honneur du Pape, & confondre 1’infame impofture dont Eginhard & d’au- tres aprhs lui ont voulu ternir fa memoi? re. CHAPITRE XXXVI. Hijioire de VUfurpation de Pepin fur Chil- diric fan Roi ligitime. T Es Maires du Palais, fous les Rois de la prbmiere Race, btoient quant au pou- voir, ce que font aujourd’hui les Grands Vizirs dans I’Empire Ottoman, Chefs de la Juftice , des Armes & des Finances: leur autoritb etoit mdme beaucoup plus grande, en ce que non feulement ils n’b- toient pas expofez aux facheufes deftinees que la cruautb & la barbaric des Turcs a rsndues ft familibres parmi ces Miniftres, Dd 3 mais 4&2 Instructions Catholiques mais parce qu’ils fe rendoient ce Majorat herbditaire. Leur puiffance s’accru't exceffivement apres le Regne de Clovis II. depuis le- quel prefque tous les Rois vinrent a la Couronne en bas age , & la poffederent peu de terns ;de forte que les Mairesmon- terent a un tel point de grandeur , que pour fe maintemr dans cette Dignite, ils dferent bien faire entr’eux de fanglant.es Guerres Civiles , tandis que les Rois par leur enfance & leur foiblefle etoient hors d’etat d’agir pour les reprimer. C’eft ce qui a donnb lieu ii tant d’im- pertinentes fables qu’on a ddbitdes tou* chant leur prbtendue fainbantife, qui font routes impoftures & fuppofitions ; ces Rois n’ayant manqub de fe foutenir que par le ddfaut de l’age ; & cette montre ridicule de leur perlonne fur un char tire par des Bceufs , n’etant qu’un menfonge effronte de l’impofteur Eginhard fans veri- tb ni Ians fondement. Le Majorat etant tombd a Ebroi'n, horn- me mechant, fuperbe, cruel & ambitieux, 11 fe vit expofb a d’etranges changemens de fortune; puifque de Maire de la Neuf- trafie, il fut enfermb dans un Cloftre, & du Cloitre dtant rentrd dans le Miniltere, - enfin, apres une infinite de traverfes, il fut afiaflinb par le Comte Hermenfroi, qui fachant qu’Ebroi'n avoit toujours eu pour ennemi capital, St pour rival d’ambibon, Ebpin TOUCHANT LE St. SlEGE. 423 Pdpjn Hdriftel Maire d’Auftrafie, fe rdfu- gia prds de lui. Ce Pepin etoit un Prince adroit, politi¬ que, grand Homme de Guerre, & d’une naiffance illuftre, puifqu’il defcendoit di- reftement en ligne mafculine de Ferrdol (1) Prefer du Pretoire,& Gendre de J’Em- pereur A vitus. 11 ne manqua pas de profi¬ ler del’incident de la mort de fon Rival; & pas un Francois n’dtant en etat de fe croifer avec lui, il reunit en fa perfonne Jes deux Majorats de Neufirafie & d’Aut- trafie, qui etoient feparez depuis quelque terns. 11 avoit epoufd Ple&rude, & en avoit eu Drogon & Grimoald; & mdlant aux enga- getnens de ce mariage les amours de la belle Alpai's , il en eut Charles Martel & Childebrand, & mourut Pan 7f4. fous le Kegne de■ Dagobert III. A pres que Dro¬ gon fon fils-aine fut mort , & que Gri- rnoald qu’il avoit ailocid au Miniildre efic dte tud,ne laiffant qu’un fils nommeTheo- dald, qu’avant fa mort il fit declarer Mai¬ re du Palais. Charles Martel, fils d’Alpais, avoit alors 24. (1) L’Auteur donne ici dans la fable au fujet de la genealogie de Charles Martel. Il fuffifoir de fuivre les Auteurs les plus cxa&s, qui font defcendre nos Roi* Carlovingiens, de St. Arnould Eveque de Metz, qui eut pour fils Anchife , pour petit fils Pepin de Heriftel, pour arriere petit-fils Charles Martel, & ce dernier eut pour fils Pepin ie Bref, qui fut pere de Charlemagne*, c’eit tout ce qu’on peut dire de moins equivoque. Dd 4 4M Instructions Catholiques 24. ans, & Pledtrude le tenoit enferme dans une etroite prifon , de crainte qu’il n’ufurp&t le Majorat fur fon neveu : mais eomme Theodald etoit fort jeune & fans experience, un nommd Rainfroi, profitanc de la foibiefle du Mini fire, & de lajeuneffe du Roi, excita une Guerre Civile , & n’a- yant pas eu de peine a vaincre Theodald, il s’etablit Maire du Palais. Dagobert mourut incontinent apres a Page de vingt ans, & ne laiifa qu’un fils dans le berceau ndmm6 Theodoric; & dans ce mdme terns Martel s’etant echappd de prifon , leva des troupes contre Rainfroi, qui pour fe donner contre lui un appui plus fort que celui d’un Roi au berceau , tira du Cloltre un Prince du Sang nomme Da¬ niel , coufin germain du Pere de Dagobert, & lui ayant fait prendre le nom deChilpd* Tie III. il l’dleva fur le Trdne, & fit la guerre a Martel & a Pledtrude , qui eurent la pru¬ dence de fe reunir pour rcfifter & leur en- nemi commun. Martel, qui avoit une valeur extraordi¬ naire , prenant le pretexte de foutenir les droits duRoi Idgidme contre Daniel, com- battit & vainquit enfin Rainfroi, & l’ayant oblige de fe contenter du Gouvernement de 1’Anjou , fous le nom de Comte d’An¬ gers , il demeura maftre de toute la Fran¬ ce. Daniel etant mort durant cette guerre des deux Miniftres , qui dura cinq ans , Martel fit reconnoitre pour Roi le petit Thdo-. TOUCHANT LE St. SlEGE. Theodoric, qui n’en avoit que fix;& lous pet enfant gouverna la Monarchic avecun pouvoir abfolu , qu’il fut poulfer jufqu’au plus haut point d’autorite, par I'adreile de fon efprit,& paries grandes vidtoires qu’il remporta fur les Sarrazins. Pour corable de fortune pour ce MiniF tre puiffant, le Roi Thdodoric fon Mai.re btant raort h l’age de 23. ans, Fan 737. ne lai/fa qu’un fils au berceau , nomme Chil- deric. Martel, qui mbditoit deji d’ufuro¬ per la Couronne , ou d’en frayer a fes fils la poffeflion, ne fit point faire pour Chil- deric la vieille Cdrbmonie de la Proclama¬ tion ; & laiffant la France dans une anar- chie capable d’accoutumer les peuples k ne plus reconnoitre leur Roi , il ne faifoit dater les Adtes publics que par ces mots Anno &c. pojl mortem Tbeodorici, l’An tel apres la mort de Theodoric. Et les inti- tulant de fon nom il y prenoit la qualite de Maire, Due & Prince des Franqois, & quelquefois celle de Subregulus , comme on voit que lePape la luidonne dans quelr ques Lettres. Ayant ainfi gouvernd la France avec une puifiance fouveraine & abfolue, il mourut pendant cette anarchie Fan 741, & parta- gea le Majorat entre fes deux fils Carloman & Pdpin, qui pendant deux ans continue- rent de gouverner fans faire reconnoitre le Roi ldgitime , & prirent comme Martel }e nom de Princes des Franqois. Il ne faut pas douter que des-lors Pepin, D d 5 beau- 4.16 Instructions Catholiques beaucoup plus ambitieux que le bon &d£- voc Carloman Ton frere, ne ddfirac paffion- nement de monter fur le Trdne ; mais les affections du people n’etant pas encore difpofees k la revolution qu’il tramoit, & ]a vercu imegre de fon frere lui etant peut- dtre un obftacle inmrmontable, il fe fitune Ligue des plus Grands du Royaume en fa- veur du petit Childeric; & quandte de Sei¬ gneurs, qui erivioienc la puiffance exceffi- ve des deuxfreres, done jamais on n’avoit pu troubler Turnon , entrerent dans cette Ligue, & ayanc raalgre eux affemble les Etats, ils y proclamerent Roi le jeune Chil¬ deric agd alors de 8. ans. L’Anarchic dtant ainli finie ,Pdpio &Car< loman continuerent leuradminiftrationfous le nom du Roi; snais cinq ans apres, e’eft* si-dire Tan 748 , Carloman pouffd d’une ve¬ ritable piete quita toutes les Grandeurs Mondsines, & s’etant fait Moine au Mont Caffin laiffa par fa retraite fon frere Pepin feul Mairc du Palais, & feul Arbitre de la Monarcbie Frangoife ; De forte qu’ayant peu a peu pendant ces cinq annbes gagne ceux qu’il croyoit les plus contraires a fes deffeins , & la vertu de Carloman ne fer- vant plus de contrepoids a fon ambition, il relblut d’accomplir le projec qu’il avoit depuis long-tems forme. I! employa encore qustre anhees a difpo- fer & amenager.les.plus fortes Tdtes de I’E- tat. Enfin Tan 752. voyant que Childeric, qui reftoit feul de tout le fang de Merovee, avoit touchant le St. Siege. 427 avoit 17. ans,& qu’aprochant del’age pro- pre au mariage il pouvoit par la naiffance d’autres Princes lui apporter de nouveaux obftacles, il fc rdfolut de ne pas carder da. vantage a franchir le pas , & ayanc faic af- ferabler a Soiffons des Etats done il avoit gagne les fufFrages, le malheureux Childd- tjc, qui n’avoic d’aucres defauts que celui d’une jeuneffe opprimee par 1’autorite d’un SujeccroppuifFant,futinjuflement ddpouil- Je de Pa Couronne , & renferme dans un Cloitre, 011 l’annde fuivante il mourut; & cotnme il etoit, ainfi que je l’ai dit, 1’uni- aue Prince qui reftoit du Sang de Clovis, Pepin par cecte more devint d’Ufurpateur Roi legitime de la France, n’y ayanc plus a- pres cecte more aucun Prince vivanc qui fife en droic de luidifputer la Couronne, que les fufFrages du Peuple lui avoient donnde. C H A P I T R E XXXVil. Que ce qu’on impute au Pape Zacbarie fur le .fuietde Cbilperic , elt uue impoiiiire manifejte. I L ell done conftant, & l’on ne peut pas difeonvenjr que cecte entreprifede Pepin ne fdc trds-criminelle, & qu’il n’ait etd un Ufurpateur, quicontre touc droit & juftice avoit enjeve la Couronne a fon Maitre. Voyons maintenant ce qu’on impoFe fauf- femenc au bon Pape Zacharie pour le ren- dre complice dece crime, & de quelle ma- nidre 428 Instructions Catholiques mere on a tilTu cette impertinente calom* nie,qui noircit la mOmoire d’un Fapedont la vertu Ocoic incapable de l’infame Rdpon- fe qu’on fuppofe qu’il a faite fur ce fujet: & ce qui eft dtonnant , c’cft qu’une fable fi groilidre ait trouvd des Efprits fi crd- duies, que les Iiiftoriens Frangois l’ayent avalee comme l’eau ; & que des Theolo- giens mdme donnans dansce piege, s’alam" biquent l’efprit a ergoter dans les Ecoles, pour chercher des folutions & des inter¬ pretations a ce faux trait de Pofitive, com¬ me fi effe&ivement ce Pape avoit fait cec¬ te rdponfe , dont il eft bon qu’enfin une fois tout le monde foit defabufe, & qu’on fache que ce n’eft qu’un menfonge impu¬ dent. Voici de quelle maniere on conte cette ridicule fable. On dit qu’en Tannde 749. Burchard Evdque de Wirtzbourg, & Fulrard Chapelain , c’eft- k - dire Grand Aumdnier de France , furent envoyez & Rome pour interroger le Pape Zacharie, favoir , De Regikus in Francid, qui illis temporibus non habentes Regalem potefiatem , fi bene fuif- fet an non: Pour 1 'interroger , dit cefotAn- ualifte, toucbant les Rois de France, qui dans ce tems-ld n’avoient pas la puijjanoe Royale , Ji cela etoit bien ou non. bur cette deman- de impertinente, qui n’a ni fens ni raifon, & indigne d’dtre faite a un Pape , on fait fairea ce Pape unerdponfe la plus ridicule & la plus deraifonnablequi ait jamais dtd faite. Melius ejje Regem apud quern fumma Potef- tas TOUCHANT LE St. SlEGE. 429 tas confijteret. Qu'il eft mieux que celui-Id Joit Roi cbez lequel refide la plus grande auto- riti: ou comme dit 1’Annalifte, Ut melius ejjet ilium Regem vocari qui poteftatem babe- ret , quarn ilium qui fine Regali poteftate ma - neb at , ut non conturbaretur or do : C’eft dire , que pour ne point trouhler I'ordre , il valoit mieux maimer Roi celui qui en avoit la puijjance entre les mains , que de laijjer Roi celui qui ne pojjedoit pas la puijjance Roya - le. De bonne foi, un Pape peut-il pronon- cer une maxime fi contraire a la juftice & au bon fens? Eft - il poffible que des Ecri- vains qui ont une once de jugement,&que Bellarmin, qui d’ailleurs avoit de la raifon, aitdtd capable d’imaginer, ni qu’on ait ja¬ mais fait une pareille demande & un Pape, ni qu’un Pape aufll fage , auffi bon chrd- tien, & aulli dquitable & faint qu’dtoitZa- charie , ait dtd capable de repondre une chofe G depourvue de juftice & de bon fens? Car enfin,G ce qu’on fait dire a ce Pa¬ pe dtoit une maxime recevable,il ne fau- droit plus de Rois Succeffifs, la porte fe- roit ouverte a la violence d’un Ufurpa- teur; & des-qu’un Roi, ou par fon enfan- ce, ou par une infirmitd qui peut lui fur- venir , telle que fut celle de Charles VI. n’auroit plus pour lui que le nom de Roi & fon droit , & qu’un Sujet pufffant auroit ufurpd une autoritd abfolue, il faudroitfui- yant la rdponfe de ce Pape ddgraderle Roi 430 Instructions Catholiques legitime, & placer au Trdne le crime qui fe feroit rendu le plus fore. N’eft*il pas horrible de faire prononcer a un faint Pape cette raaxime abominable , & fur laquelle il n’y a point de Miniftre ambitieux qui ne foit en droit de detroner fon Maitre? Point de Gendre appuye d’un Peuple Rebelle qui ne depouille avec juftice fon Beaupdre: Point de Guillaume de Naftau qui n’ait rai- fon de femettre a la place dejaques Stuart; puifqu’il n’y auroit qu’a rbpondre comme Zacharie, - melius eft ilium Regem vocari qui potejlatem babet, ut non conturbetur ordo. Pour delTtllcr une fois les yeux a tous ceux qui fe font laiflez abufer par cette fa¬ ble , il faut remonter a la fource, & cher- cher qui en eft le premier auteur, & quels motifs Pont engagb a l’inventer. 11 ne faun point s’amufer a rdfuter les Modernes , ni mdme nos Hlftoriens Franqois les plus fa- Hieux , qui fans jugement ni reflexion ont aveuglement donnd dans cette fuppoftion : car comme ils n’ont parld qu’apres les An- ciens que cite BeHarmin, & mdme que tous ces Anciens qu’ii cite au nombre de feize, ontpuifd cette Fable dans Eginhard & dans I’Annalifte de Loifel qui ont ecrit fous Char¬ lemagne , en rdfutant Eginhard ont refutd tous ceux qui ont dcrit fur fa bonne foi. Eginhard etoit Chapeiain!& Crdaturejde Charlemagne, dont il a ecrit la Vie. Tou- te fon attache n’a dtb que de fuppofer fauf- fement une infinite de fables pour abaif- fer les Rois de la Race Mdrovingienne 5 qu’ii TOUCHANT LE St. SlEGE. 431 qu’il a fait malicieufement pafter pour des laches & des faindans, afin de colorer & d’excufer autant qu’i! feroit poffible 1’at- tentat crirainel de 1’Ufurpation de Pdpin. Celt dans cette vue queparune ignoran¬ ce ridicule il donne de la barbeadesEn- fans de 8. ans, & des Enfans a ceux qui n’etoienc pas nds , & qu’il noircit d’op- probres de jeunes Princes qui n’ont eu pour tout defaut qu’une vie trop courts pour faire connoitre leurs vertus. C’eft par cette meme malignite d’efprit qu’il a invente cette ridicule Promenade des Rois dans un Char tird par des Boeufs le prd- mier jour de Mai, & leur retraitc obfcu- re dans le Chateau de Mamaca qui n’a ja¬ mais etd ; puifque dans le terns qu’il en- ferme ces Rois dans cette folitude ima- ginaire , on fait voir par les Auteurs Con- tefnporains qu’ils dtoient a la tdte de leurs armdes, ou dans d’autres opdrations telles que leur age le pouvoit pennettre. Cette malice d’Eginhard regne vifible- ment dans tout le cours de fon Ouvra- ge; mais quand il a voulu parler de {’ab¬ dication de Childeric , il a cru qu’il dif- culperoit entierement Pdpin s’il rendoit le Pape complice de fon attentat , & il l’a fait avec fi peu de circonfpe<3:ion,& avec un anachronifme fi rempli d’ignorance , qu’il dit que Childdric fut ddgradd par le commandement du Pape Etienne : Juffa Stepbani Romani Pontificis exauctoratus : & cependanc Pdpin etoit proclamd Roi avant qu’E- 432 Instructions Catholiques qu’Etienne fut Pape ; puifqu’il n’a dtd Pa¬ pe, dlu dans Rome , qu’ii la fin du mois de Mars de Pan 752 , & que la proclama¬ tion de Pepin fu l faite des le premier de Mars. II efi mdme fi mauvais Chronologifte, quoique prefque contemporain , qu’il dit que Pepin regna 15. ans depuis que Chil- ddric fut tondu. Or Pepin mourut au mois de Septembre Pan 768 , &fut proclamd au mois de Mars Pan 752 , qui font feize ans & demi. Ainfi l’on voit le peu de creance que mdrite cet Auteur fabuleux. Et com¬ ment diroit-il quelque chofe de certain du Regne de Childdric & de Pdpin , lui qui s’avoue fi ignorant & fi peu verfd dans la le&ure , qu’ayant entrepris d’ecrire l’Hif* toire de Charlemagne , il dit qu’il ne dira rien de fon enfance ni de fajeunefle;parce qu’au moment qu’il bcrit, il n’y a p’us de perfonne vivante qui pflt lui en rien dire? JVec quifquam modo fuperejje invenitur , qui horum fe dicat habere notitiam. Qjii que ce /oit, dit-il, ne fe trouve qui puiJJ'e dire en avoir connoijfance . D’oh 1’on peut juger fur quels beaux Mdmoires il avoir comp’Id fon Hiltoire, & parld des chofes anterieu- res. Ces remarques fuffifent pour montrer le peu de foi que mdrite Eginhard fur le fait de cette abdication, non plus que l’Anna- lifte de Loifel, qui quoiqu’il l’ait copid ne l’a pas ndanmoins fuivi dans le contretems d’Ecienne. Mais examinons maintenant cette touciiant ie St. Siege. 433 Cette prdtendue reponfe du Pape par elle- mdme, pour en montrer l’impertinence, le ridicule, & la fuppoficion. CHAPITRE XXXVIII. Examen de la pretendue Reponfe du Pape Za - cbarie par elk-mime. T ’Inventeur de cette fable die qu’on en- voya des Ambafladeurs pour interroger le Pape touchant les Rois de France qui n’ont pas une puiffance Royale , Si cela, etoit bien ou non ; fi bene fuiffet an non. Sup- pofe qu’on eht fait au Pape cette demande ridicule, qu’eft-ce que le Pape , ou tout autre homme de bon fens , eftt repondu? II auroit dit farrs-doute non bent fuijjes, que cela n’itoit pas bien ; parce qu’il elt contre 1’dquite que les Rois n’ayent pas 1’autoritd Royale. VoilA la rdponfe d’un Chrdtien, d’un Pape, d’un Juge,d’un homme de bon fens, d’un homme fage, d’un homme jufle comme dtoit Zacharie. Mais que lui fait- on rdpondre? une rdponfe de fou , d’in- fenfd, d’homme inique, fans raifon, fans jugement: Pour ne pas troubles I'ordre , lui fait-on dire , ne conturbaretur ordo, il vaut mieux nommer Roi celui qui en a ufurpe Ice puijjance fans aucun droit , que de laiffer Roi celui qui en a le droit 6? qui n’en apas l'autorite. Melius ejje ilium, vocari Regem qui poteftatem haberet , quam ilium qui fine Regali potefiate manebat. Y eut - il jamais rdponfe fi im- Tome IV. Ee per- 434 Instructions Catholiques pertinence, (I inique,fi contraire auxLoix Divines & Humaines? — Pour ne pas troublerl’ordre, dit-il. Quel eft l’ordre? C'eft ce me femble de confer- ver h chacun ce qui lui appartient de droit, & de laiflef la Couronne & celui & qui le Sang & ia Loi de 1’Etat l’ont donnde. Ce- pendant on impofe a ce bon Pape d’avoir dit, que pour conferver 1’ordre il faut 6ter la Couronne a qui de droit elle appartient, & la dorner a celui qui abufant du basage de fon Roi en a ufurpd Pautorite. Peut- on noircir un Chrdtien d’une calomnie plus horrible que celle qu’on impofe & ce bon Pape? Mais Gratian & fa Glofe qui ont enchdri fur l’Annalifte & furEginhard,ajoutentune calomnie bien plus impertinence,lorfqu’ils difent que cette Ambaffade fut envoyde au Pape pour lui expofer que Childdric d* toit un homme corrompu de debauches, & perdu avec les femmes , DiJJolutus cjirn mutieribus £? effceminatus. Or l’Annalifte dit que cette Ambaffade fut envoyde&Za- charie en l’an 749 , & en Pan 749 Childd- ric n’avoit que 14. ou 15. ans tout au plus, Peut-il done tomber fous le fens qu’un Roi etant dans un Age ft tendre , un Peuple g uiffe former une pareille accufation, qu’un apel’aitdcoutee,& que fans oufr ce jeune Prince dans fes juftes ddfenfes ,il l’ait con- damnd & jugd digne de perdre fa Couron¬ ne , parce qu’on lui dit qu’k Page de 14. ou 15 ans diffolutus erat cum muHeribus, TOUCHANT LE St. SlEGE. 435 il dtoit diffolu avec les femmes ? N’eft-ce pas fe moquer da Peuple, da Pape, & de route la Pofterite , d'dfer dcrire des i'otti- fes de cetce nature? C’eft cependant Gra- tian, c’eft fon Gioflateur , 6c c’eft aprds eux un Baronius & un Bellarmin, hommes d'erudition , qui ont donne cette rdverie pour une preuve decifivede leurfentiment; parce qu’ils ont cru qu’elle flattoit ce droic imaginaire du Pontife fur les Couronnes; & ils ne feignent point de deshonorer un faint Pape, pour donner un foible appui a une mdchante caufe. Mais ce qui confond abfolument cemen- fonge, c’eft le filence des Hiftoriens con- temporains qui ont dcrit la vie du Pape Zacharie, Anaftafe lui-meme I’a dcrite en Profe , Flodoard l’a derite en Vers , de fa- vans Benedictins les ont commentdes, & cependant pas un feul ne dit un mot de cette prdtendue Ambaflade, ni de cet ini- que jugement par lequel on veut qu’il ait condamne un jeune Roi prefqu’enfant a perdre une Couronne qui lui appartenoic par le Sang, par la Nature, & par la Loi de l’Etat , pour la faire pafler a un Sujet dont le Pere & l’Ayeul avoient etd plus d’une fois accufez de crime d’Etat & de confpirations pour ufurper le Trdne. O'u eft la Juftice, oil eft la Religion? Souffrez Bellarmin, fouffrezque nous appellions de cette calomnie, ii la prudence, k la pidtd, & it la faintetd de Zacharie, incapable d’a- voir fait une pareil'e chute. II 43 6 Instructions Catholiques 11 ne fauc done point rejetter fur ce Pa¬ pe ce crime d’Etat, il n’en a jamais dtdle complice; &l’on n’en doit accuferque l’am- bition dePdpin, qui confomma ce que fan Pere & fon Ayeul avoient projettd. 11 fe voyoit dans un age floriffant de 38. ans, il avoir deux enfans de grande efpdrance, fon frere Carloman s’dtoit retire dans un Cloitre,la France etoit paifiblepar fes vidtoi* res, & par celled de fon Pere. Childdric for- toic a peine de l’enfance , & n’dtoit point marie, & c’dtoitle feulPrincequi reftoitdu Sang de Mdrovee. Il poffddoit de Pdre en Fils la principale Charge de l’Etat, qui lui en dOnnoit la fuprdme adminiftration. Il avoit acquis par plufieurs grandes adtions, non feulement beaucoup de gloire , mais les affedtions de tout le Peuple. Il ne lui manquoit plus que le nom de Roi. Il crut done qu’il dtoit terns de franchir le pas , & que le Roi avangant en dge,fe mariant, & ayant des enfans , il pourroit ddtruire fon projet. C’eft ce qui lui fit confommer l’entreprile par les fuffrages des Etats qu’il avoit corrompus: mais cela fe fit fans au- cune participation du Pape. Je me fuisun peu dtendu fur cette fecon- de preuve rapportde par Beilarmin ; parce que ce fait eft fi important pour 1’Hiftoi- re de France , que je n’ai pas cru devoir le patter legdrement ; & qu’il eft une foi* necefiaire d’inftruire h fond les Frangois touchant cette fuppofition , dans laquelle une TOUCHANT LE St. SlEGE. 437 une infinite de perfonnes ont donne tdte bailfde & fans reflexion. CHAPITRE XXXIX. Reponfes dux 3.. autres Exempies citez par Bellarmin. P Our ce qui eft du troifikme exemple qui concerne Gregoire VII,fa conduite eut des fuites fi funeftes , & fon entreprife eft ft univerfellement bl&tnde, qu’il ne fautque lire le Livre Be Difcordid Regni & Sacer- dotii , & l’Epitre du Clergd de Libge au Pape Pafchal (1), pour voir en quelle exe¬ cration doit 6tre A toute la Chrdtientb la mdmoire de ce Pape aufli brouillon & aufli turbulent. Quant au Concile de Latran tenu par In¬ nocent III. les bons Hiftoriens demeurent d’accord qu’il fut dilfous avant que d’y rien conclure. Platine lui-mdme dit : Venire multa in confultationem, nec decerni quicquam aperlk potuit. L’on mit plufieurs cbofes en deliberation, mais rien ne fut conclu. Ainfi ce ne fut point en vertu de ce Concile que Edmond Comte de Touloufe Prote&eur des Albigeois fut depouilld de fes Etats , xnais il le fut par 1’autoritd & par les armes de Philippe-Augufte. Et (1) Nous avons cru devoir joindro cette Lettie a la fin de ce Volume , comme des plus beaux monumens du XII. Siccte. Ee 3 438 Instructions Catholiques Et pource qui eft du Concile de Lion, dans lequel Innocent IV , de la Maifon des Comtes de Fiefque , dbclara l’Empereor Fredbric H. dbchu del’Empire,il eitconf- tanc que ce ne fut qu’une paffion pardcu- Jiere , Saint Louis qui fe trouva au Con¬ cile ayant fait fon poffible pour ajufterce differend. L’Hiftoire dit, quod cum Papa ■ ereSta cervice rcfutaftfet , Rex Francorum iratus L? indignatus eft, e'o quod bumiliia- tem quam Jperavercitin Jervo fervorum Dei -non reperiftet: Que le Pape en ayant avec orgueil refufe les proportions, le Roi en fut irrite & indigne, ne trouvant pas dans le Scrvitenr des Serviteurs de Dieu l’humi- lite qu’il efpdroit. Mais une raifon invincible que les Pa¬ pes n’ont aucune puiflance diredte ni in- diredle fur le Temporel des Rois par la yoie de leursFoudres fpirituels, c’eft qu’il faut faire un railonnement egal , & tirer de parodies confluences des Excommu¬ nications des Evdques a celles du Pape. On doit comparer les Biens propres des Particuliers avec les Etats qui font poffb- dez par les Princes a titre de fucceftion ou autrement; parce que l’effet de l’E^j communication eft bgal, tant a i’bgard des fevbques qui font bgaux aux Papes dans le pouvoir de lier & de delier , qu’a re¬ gard des Rois & des Sujets qui font bga- lementChrdtiens: Nulla enim eft apudDeum acceptio perfonarum: Parce que Dieu ne dip- tingue point les qualitez des Ur bonnes. Or TOUCHANT LE St. SlEGE. 439 les Canomftes n’ont jamais die que les E- vdques foient en droit de difpofer duTem- porel ni des Princes, ni d’aucun Particu- lier. Done le Pape, qui n’eft pas plus E- vdque que le moindre de tons les EvS* ques, ne peut point le faire. Car demd* me que le dernier des Prdtres confacre le Corps de J. C. avec autant de realite & de dignite que fi le Pape le confacroit , & que le dernier des Pretres confere !e Batdme avec autant de graces que le Pa¬ pe le confdreroit; auffi le moindre Eve* que lie & ddlie avec autant de puiffarree que le Pape , puifque J. C. a donnd une puiffance digale de Her & de ddlier a tons les Apdtres. En forte que fuivant la de- cifion des Peres d’Afrique au Concile de Carthage, & leur Lettre au Pape Cdleftin, nul Evdque, non pas meme le Pape, ne peut recevoir a fa Communion celui qu’un autre Evdque en a iepard ; parce que le Corps de j. C. & celui de fon Eglife n’e- tant qu’un, on ne peut pas y dtre admis d’un cote & exclu de l’autre. Si done I’Excommunication d’un Evdque a autant de force que celle du Pape , fi St. Am¬ brose a excommunid i’Empereur Thdo- dofe avec autant de puiifance que le Pa¬ pe Grdgoire excommunia FEmpereur Ldon Iconoclafte , il e(l d’une confequenCe in* dubitable que comme un fimple Evdque renfermd & circonfcript dans le Spiritual n’a point d’autoritd fur le Temporel ni d’aucun Prince, ni d’aucun Particulier, le Ee 4 Paps 440 Instructions Catholiques Pape n’en peut pas non plus avoir ni fur les Couronnes des Rois , ni fur. les Biens des Sujets. CHAPITRE XL. Riponfe d deux autres Pajjages de VEcrituri citez par Bellarmin. F JN dernier Argument ridicule qu’appor* te Bellarmin aprds Boniface VIII , & ies autres Canoniltes, c’eft la mauvaife ap¬ plication de 1’incident des deux dpdes dont les Apdtres s’etoient munis lorfqu’ilsfurent manger la Paque avec le Seigneur : ils in¬ terpretent ces deux epees du glaive Mate¬ riel & du glaive Spirituel , pour chercher du myllbre dans une chofe oil l’Eglife n’en demande point. Si les Canoniftes avoient trouvd dansI’E* vangile queSt. Pierre efitmis ces deux glaR ves afon cdtd,que d’argumens n’en auroient- ils point tird en faveur du Pape? Maispar malheur pour leur raifonnement,ces deux glaives dtoient egalement matdriels; & non feulement il paroit vifiblement par l’Ecri- ture que St. Pierre n’en porta qu’un au Jar- din des Olives , & que l’autre etoit portd parquelqu’autre Apdtre; mais on voit qu’a- yant voulu s’en fervir pour frapper un mi- fdrable Valet du Pontife, Jdfus lui recom- manda de remettre ce glaive matdriel dans le fourreau, & lui en ddfendit l’ufage par la menace de la peine du Taliom Ainfi ten? TOUCHANT LE St. SlEGE. 44 s tout ce que Boniface & fes Canoniftes ga- gnez ont voulu dire fur ce prdtendu myitb- re des deux glaives n’eft que des chimeres, dtantde la dernidre impertinence des’ima- ginerquej. C.leur a donnb le droit d’exer- cer c'ontre les Rois ce glaive matdriel, lorf- qu’il n’a pas voulu que St. Pierre l’exerg&t contre le Domeftique de Cai'phe. Quant au Paflage de Jdrdmie , Confiitui te bodie fuper Reges cf Regna , dont Boni¬ face a voulu appuyer & a chamarrb fa Dd- cretale Extravagante, Unam SanElam , & toutes les autres autoritez de l’Ecriture qui attribue a J. C. un empire abfolufur tout 1’Univers , il y a bien de la tdmdritd d’en faire l’application au Pape , par une confu- fion impie du Crdateur & de la crdature , de la Majeftd Divine & de la baffeife hu- maine, de J. C. Dieu & Homme impecca¬ ble, & du Pape pur & Ample homme, & fouvent trbs-grand pdcheur. Ainfi tous ces Paffages , Ego conflitutus fum Rex ab ceter - no , Je fuis dcabli Roi de toute dternitd : Dabit ei Dominus fedem David , Dieu lui donnera le Siege de David : Regnabit in csternum , il regnera dternellement; tout cela ne s’applique qu’au feul J. C. le Roi des Rois, & le Maitre abfolu du Monde; mais nullement au Pape, dont la puifTan- ce fubordonnde h celle de 1’Eglife fe rdduic purement au Spirituel. 442 Instructions Catiioliques CHAPITRE XL I. 'Recapitulation de ce qu’ejl le Pape fpiritueU lement 6 ? temperellement. D E tout ce que je viens de dire & prouver, I’on peut en tirer une con' not/fance parfaite de ce qu’eft le Pape cant au Temporel qu’au Spirituel, &. quelle eft en l’une & en l’autre ue ces qualitez l’eten- due de fa Puifiance. Quant au Temporel e’eft un Prince qui pofiede fouverainement des Etats contldd- jables, qu’il dent uniquement de la libe- ralitd des Rois de France, qui par confe- quent ont fur la Ville de Rome, &. fur le Patrimoine de St. Pierre, un droit de Patro¬ nage & de Protection qui les diltingue de tous les Potentats Chretiens, coaime je le ferai voir tout prdfentement. Et A 1’egard du Spirituel, il eft fans-pon- tredit le premier des Evdques & le Chef Miniftdriel que Jdfus ■ Chrilt a mis a la tdte de cet Etat Ariftocratique pour en marquer 1’Unitd; mats il n’a pas plus de part a l’Epifcopat que les autres Eveques les freres, qui font dgalement les Vicaires de Jefus-Chrift, les Succefleurs des Apo- tres, les Palteurs des Quailles , les Fonde- mens de 1’Edifice, & les Ddpofitajres des Cles, qu’ils tiennent du Chef Effentiel de i’Eglife & non pas de fon Chef Miniftdriel, ainfl que leur Miffioa & leur Autorird, TOUCHANT LE St. SlEGE. 443 independamment da Pape, fi ce n’eft pour en reconnoitre la Primautb. On voit auffi que les Bulies du St Sib- ge ne font point abfoiument nbcelTaires pour autorifer les Elections (1) ou Nomi¬ nations des Evbques. Que le Pape comme Pape n’elt point perfonnellement infalli¬ ble ni en Fait ni en Droit, & que 1’infail- libilitb a dtb donnee a 1’Egliie i'eule legi- timement affemblee au nom de Jelus- Chriil. Que le Concile eft inaubitable- ment fupbneur au Pape. Que c’eft un Ar¬ ticle de F 01 decidb par le Concile deConf- tance, que le Pape doit obeir It l’Eglifo, * ■ qui (1) Quand les Fapes refnfent en France de donner das Bulles aux Eveques, on fait prendre des mefures pour letnediet a cer inconvenient. Henri II. fe defifta pout un terns du Concordat. Henri IV. notnraa des Econo- mes temporels, & le Chapitre des Vicaires Generaux. Mats feu Mr. le Due d’Orleans fit bier, mieux. Quand il vit que le Pape au commencement de fa Regence vouloit refufer des Bulles, il ne fit pas autre cliofe que de nommei des Dues Sc Pairs Sc des Matechaux de France pour examiner les voies qu’on pourroit prendre pour fe pallet des Bulles de Rome. Le Pape, qui vie qu’on allott traiter militairement une tnatiete Ecciefiaf- ttque, ne fe le fit pas dire deux fois, Sc envoys auffi- rot les Bulles qu’on lui demandoit. Mais un moyen bien court en cette matiere, leroit qu’a la mort d’un Eveque , le Roi , pout la prochaine Elefiion feule- ment, (e defiftat du Concordat, qui eii un Contrail fait uniquement en fit faveut pout retablir pour cette fois la Pragmatique ou le Droit d’Ele&ion, en recommandanc neatimoins ie Sujet Eligible. Comme c’eft une voie Ca- nontque, il n’y a point d’Eveque qne ne facrat le rtou- vel Elu. Et J’on vertott que Rome ne tardetoit point a env. yer des Bulles, tant elle ctaiut le retabliflcmeiK des Elcftions. 444 Instructions Catholiques qui eft etablie de Dieu un Tribunal Sou. verain pour recevoir l’appel de les injufti- ces, & qui pent le corrjger & mdme le ddpofer. Que foutenir le contraire, c’eft au fencimedc du Pape Pie II. lui-mdme, dtre Herddque formel. Que le Pape doit adminiftrer les _Cles conformdment aux Canons de 1’Eglife , dontil ne peuc chan* ger un leul Ioca, ft le Concile ne lui en a referve les Difpenfes en certains cas. Qu’il ne lui appartient pas de droit de convo* quer les Conciles, mais que ndanmoins en 1’dtat que font aujourd’hui les Principautez Chrdtiennes, il eft plus convenable & plus aifo que la convocation s’en faffe en fon nom, non pas de droit, mais pour la com? moditd publique ; & que c’eft aux Princes h les demander, & a obliger le Pape de les convoquer de dix ans en dix ans, & eux* mdmes de concert les alTembler s’il refufe ou ndglige de le faire. Que le Pape ne peut .ni transfdrer, ni prolonger , ni diffoudre un Concile affemble, & que fa confirma¬ tion eft inutile pour 1’autorifer. Que les Princes Temporeis ont droit de tenir la main & l’exdcution des Conciles, auxquels ils doivent afllfter en perfonne, ou par Ambafladeur. Et qu’enfin le Pape n’a aucun droit ni diredt ni indirect fur les Biens Temporeis des Princes, ni d’aucun Pardcu- lier, fi ce n’eft pour la levde des Impdts dans les Etats qu’il poffode en Souveraine- td : mais c’eft en fa qualitd de Souverain somme ies, autres Rois fur leurs Sujets, TOUCHANT LE St. SlEGE. 445 & non pas en qualite de Papes & d’Evd- ques. CHAPITRE XLII. Du Droit de Francbife du Qiiartier qui ap • partient au Roi de France , d I'exclufion des autres Potentats. L E Pape dtant ainfi connu dans les vdri- tables circonftances de Ton pouvoir, il eftdtonnant qu’Innocent XI. ait entrepris, cotnme Prince Temporel & Souverain de Rome , d’bter aux AmbaiTadeurs du Roi de Prance un droit d’honneur dont ils font en pofftfllon de terns immemorial, & qui de droit & par titre autemique appartient a cette Couronne, privativement k tous les sutres Potentats du Monde. Je dis en vertu d’un Titre autentique, & non pas par une fimple Poflefiion; puiF que le Roi de France eft Patron du Patri- moine de St. Pierre, comme l’ayant don- nd gratuitement & libdralement au St. Sid* ge, tant en Domaine qu’en Principautd, par les bienfaits de Pdpin, de Charlema¬ gne & de Louis le Ddbonnaire, qui par le titre de Donation & de Confirmation s’efl expreflfdment rdfervd le Droit de Patrona¬ ge, en fe rdfervant la protection particu- liere du St. Siege & des Biens donnez, & xdfervd en termes exprds ce Droit de Fran- 1 chifes a l’egard de ceux qui dtant pourfui- vis par la Juftice du Pape auroient recours au 446 Instructions CatHoliques au Roi de France, & fe jetteroient entre fes bras, pour implorer l'on interceflion: ce qui ne pourroic dtre execute, li la Mai- fon de fon Ambafladeur n’dtoit un azile impenetrable aux Officiers prdpofez pour arrdter ceux que l’on pourfuit comme cou- pables. Ilnefaut point ici que les Flatteurs du Pape, ou ceux qui n’ont pas penetre ce Droit de Franchifes, prennent ce que je dis pour un paradoxe, lor/'que j’avance que ce Droit eft etabli par bon titre: & afin qu’on voie que je n’impofe point lorfque je 1’avance, voici fur ce fait important les propres termes de ce grand & illuftre Ti¬ tre , confervd dans le Vatican, rapporte par Baronius, par Baluze (i), & par une infinite d’autres cdlebres Auteurs. Et premierement a regard de la rdferve du Droit de prote&ion particuliere du St. Siege, voici ce qu’il dit: Omnia qua fupe- rius leguntur , id eft Provincial, Civitates , Urbes , Oppida , Caftella , Territoria , Pa- trimonia, atque Infulas , Cenfus , & Penfto- nes Ecclefice Beati Petri Apoftoli & Pontifici - bus in Sacratiftimd illius Sede in perpetuum reftdentibus, in quantum pojjumus defendere ms promittimus. Toutes ces chofes ci-defius expliquees, c’eft-a-dire ces Provinces, Ci- tez, (i) Cette 1 ‘iece eft imprimee par !e Cardinal-Baromus Tom. IX Anr.alium Eccleftaft. ad Annum 817, n. 10. &V. & par Mr, Balufe Tom. I. Capitular. Reg. Franc. Columni 591. £re. TOUCH ANT LE St. SlEGE. 447 tez, Villes, Bourgs, Chateaux, Territoi- res, Patrimoine , lies, Revenus, & Pen- lions donnbesa l’Eglife du BienheureuxSt. Pierre Apdtre, & anx Pontifes qui rdfide- ront a perpetui'td dans fon trds-facre Sie¬ ge , Nous promettons de les difendre autant qu'il nous Jera pojjible. Et enfuite il explique comment ce Droit de ddfenfe & de protection s’etend fur les Sujets du Pape qui auront recours & fon interceffion, & qui cherchent un aziie en- tre fes bras, ce qui eft le Titre forme! qui dtablit a perpetuite la Franchife de l’Hdtel de 1’Ambaftadeur. Voici les termes de ce Titre, que le LeCteur peut examiner avec attention; tous ceux qui fe font mdlez de parler jufqu’ici de ces Franchifes n’ayant point remonte a leur fource, Sc ne s’etant amufez qu’& l’dcorce, c’eft-a dire i la Am¬ ple polfeflion. Si quilibet bovio, dit ce Titre, de fupra diftis civitatibus ad •vefiram Ecclejiam perti - nentibus (c’eft Louis le Debonnaire qui parle au Pape Pafcal dans le Titre , Ego Ludovicus) ad nos venerit fubtrahere fe ce /era me- me quelqu'un de votre maifon qui me vengs - ra. En effet, ce fut Abfalon qui exbeuta cette vengeance, lorfqu’il s’empara de Je- rufalem. & qu’il en chaffa fon Pere. Mais Abfa- be Liege &c. 469 Abfalon parvint-il par cette a&ion & la J£- rufalem Celefte ? Dieu die encore par Ifai'e : Malheur a V AJJyrien l C’efi lid qui /era la verge & le baton de ma fureur , j’armerai fa main de man courroux , je I’enverrai fairs la guerre a une Nation perf.de, & a un Peuple qui s’eft rendu I'objet de ma coUrc: je ltd commande- rai de ravager tout , & de mettre tout au. pillage, Pourquoi done Dieu charge- t-il I’Affyrien de malediction , puifque s’il a fait du mal , il ne l’a fait quo par fon ordre ? Malheur au monde d caufe des fcandal.es, dit Jefus-Chrift: II eft necejjaire qu’il arrive des Jcandales , mais malbeur d I’honme par qui le fcandale arrive. Sur quoi void 1’ex- preffion de St. Jdrdme. Encore, dit ce Pe- re, qu il foit necejjaire que des Jcandales ar- rivent, malbeur ndanmoins d celui qid. par J'a faute , eft caufe que ce qui ejl nkejjaire arrive. II feroit inutile d’apporter d’autres exam¬ ples fembiables. Voila cependant les ac¬ tions qu’un Pere preferit a fon Fils , com- me les exploits d’une julte guerre ; voila les movens qu’un Pape propofe a un Soldat du Rof du Ciel , pour arriver a lajerufa- lem Celefte, en l’exhortant de ravager l’E* glife de Dieu. Pafchal pourfuit, & remereie Robert de ce qu’il a executd fes ordres dans la Pro¬ vince de Cambrai. Mais pent- on penJer a la defolation & aux extremes miicres de 47© Lettre de l’Egeise l’Eglife de Cambrai, fans en dtre pdndtrd de douleur ? Pour moi qui fuis Fille de l’Eglife de Rome , je compatiifois aux pei- nes de celie de Cambrai , parl’affedlion que je portois h ma Sceur : mais apprenant au- jourd’hui que ces ravages s’exerqoient par i’ordrede ceiui qui occupe le Siege Apof- tolique, je foufFre encore davantage; parce quej’apprdhende pour ma Mere, & que je crains qu’elle n’dprouve ce queditDieu par la bouche d’lfaie : Malbeur a ceux qui cornmandent I'iniquite , S qui font des or- donnances injufles , pour o pprimer les pau- ot dans le jugement , pour accqbler les foibles de mon peuple fans avoir igard d la jujlice de leur caufe , pour devorer les veu¬ ves S en faire leur proie , pour dipouiller les orpbelins , Sc. Qui auroit cru qu’une fi horrible defolation d’uneEglife, qu’une oppression fi derange d’une quancirb d’Or- phelins & de Veuves , que des vols & des pilleries fi cruelles , & ce qui eft encore plus fort, que des meurtres commisfurdes Gens-de-bien comme fur des Mdchans;qui auroit cru , dis-je, que ces chofes, & d’au« tres encore plus funeftes, eMent dte l’effet d’un ordre donrd par le Pontife Romain , s’il ne nous en aifuroit par fa propre bou¬ che ? Je ne parle point id de la divifiOD de I’Evdchd de Cambrai, autorifde par l’Egli- fe de Rome, je ne dirai pas non plus com¬ ment Walchere, qui avoit dte approuvd a Rome, & qui avoit etb ordonnd ie pre¬ mier d e Liege &c. 471 mier, da confentement & de l’autoritd da Pape , fe trouva coat d’un coup depofe & excommunid , & comment on en mit un autre en fa place. Si ces chofes fe font, faites avecjuftice, ou autrement, Dieu cn fera le juge. Je n’ai pas envie de m’ele- ver contre J’Oint du Seigneur , qui eft chargd du foin de toutes les Eglifes. Mais lorfque je vois que le Pape lui meme s’at* tribue tous ces defordres , & qu’il applau- die k celui qui a ravage 1’Eglife jufques k lui en faire des coimplimens, je ne fai s’il y a plus de fujet d’en dtre furpris, ou de s’en affliger. Je doute que 1’on puiffe aifd- ment ddcider s’il y a plus & craindre, de la part de Dieu, pour celui qui a commandd, que pour celui qui a obdi'. Quant a nous , dans Fbtonnement oti nous fommes d’une. nouveautd ft derange, nous ne faurions comprendre un dvdne- ment qui eft fans exemple ; & comment celui qui eft etabli pour prdcher la paix, veuille lui-meme qu’on fafte la guerre , & qu’on la faffe mdme a 1’Eglife. Les Canons permettent &-la-verite aux Clercs de pren¬ dre les armes pour la defenfe de la Patrie & de l’Eglife , contre les attaques desBar- bares & des Ennemis de Dieu; mais nous ne trouvons nulle part que Ton ait jamais fait la guerre k EEglife par 1’ordre des Pon- tifes. je cherche & je detnande ld-deffus ce que je ne fai pas, &. je dis ce que je fai Jdfus-Chrift prcche la paix , les Apdtres Gg 4 & 472 Lettre de l’Eglise & les Hommes Apoftoliques la prechent de-mdrne. Us reprennenc, il ell vrai, les Pdcheurs, ils les exhortent, ils les prient, ils les menacenc; mais c’eft toujours enles inftruifant paifiblement & patiemment. St. Paul veut qu’on reprenne fortement les Defobei'/Tans; & Jdfus-Chrift nous apprend la maniere de les reprendre avec force , quand il nous dit : Si votre frere a piche centre vous , reprenez -le premierement entre nous £? lui: Reprenez -le, en fecond lieu $ en prtfence de I'Eglife: Et s’il n’ecoute pas I'E- glife , qu’il foit a votre egard comrne un Pa- yen & un Publicain. St. Auguftin faifanc reflexion fur cesdernieres paroles dejdfus- Chrift , dit qu’elles ont quelque chofo de plus terrible pour les Defobdi'fTans , que fi on les condamnoit k mourir par 1’dpee, a pdrir dans les flammes, ou a dtre expofez aux bdtes feroces : car Jefus Chrift ajoute au meme endroit: Je vous dis en verite, que ce que vous liirez far la Terre , J,era aujji- IU dans le del. Par oh il nous fait entendre, que quand il femble qu’on laifle ainfi un hom- me fans le punir , fa punition en cela me- me eft plus grande, que fi on le condara- noit k quelque peine fenfible. St. Auguftin expofant ainfi l’oracle de Jefus-Chrift, y a-t-il quelque homme aflez hardi pour en- cherir fur la vengeance divine, en ajoutant de nouvelles peines k celles que Dieu a preferites ? Que celui done qui perfdcute encore une perfonne que Dieu a frappee, it qui ajoute de nouvelles plaies a celles que d e Liege. &c. 473 la main de Dieu lui a faites, tremble 6c prenne garde a la malbdidtion que ceDieu, qui s’eft chargb de nos iniquitez, 6c qui a fouffert pour nous dans la perfonne de je- fus-Chrift, prononce contre ceux qui en ufent ainfi: Ajoutez , dit-il , iniquitez fur iniquitez, & Je refte. Que fi quelqu’un oppofe, pour la dbfen- fe de Pafchal, que Ton doit, & qu’il efl jufte d’exterminer une Eglife dont l’Evd- que eft excommunie , qu’il apprenne le contraire par un exemple, 011 Fefpece oc les perfonnes font toutes femblables. Du terns de Gregoire I. FEvdque de Salone etant mort, 6c St. Gregoire ayant ordonne que Fon dtablit Honorb a fa place, un certain Maxima s’empara a main forte de 1’Eveche de Salone, & fe fit ordonner par d’autres Evdques. St. Gregoire excom- munia cet intrus; 6c quoiqu’aprbs fon ex* communication, il ne laifiat pas de ce!e- brer laMeffe, ndanmoins St. Gregoire ne fe fervit pas d’autres armes pour le rbduire que des armes fpirituelles. 11 n’ordonna pas Iionord, afin de prendre la place de Maxima; il n’envoya point de brigands, pour ravager l’Eglife de Salone: mais il fe contenta de le reprendre avec patience, pendant fepc ans; & Fayant enfin engagb a fe reconnoitre, 6c a demander pardon de fa faute, il ne le dbpofa ni ne le rbor- donna; mais apres l’avoir requ favorable- ment, il lui donna meme le Pallium d’Ar- chevdque, qu’il n’avoit point encore. Puis G g s done 474 Lettre de l’Eglise done que la caufe de Salone eft toute fem- blable a cede de Cambrai, pourquoi l’ii- glife de Rome dans une caufe pareille por- te-t*elle un jugement ft different? L’exemple de St. Martin , Evdque de Tours, devroit fuffire pour empdeher Paf- chal de plus opprimer les Innocens. L’E- vdque Prifcilien ayant dte excommunie par !e Pape Damafe a caufe de fon herdfie, f’Ernpereur Maxime , excitd par Ithacius auffi Evdque, le fit mettre & mort, & or- donna que 1’on traitat de-mdme tous ceux de fa Sefte par-tout oh on les trouveroit. St. Martin & les autres Evdques priverent Ithacius de la Communion, & le condam- nerent pour avoir donnd occafion a la mort d’un homme , quoique de peu de confiddration. Maxime cependant fit alors tous fes efforts aupres de St. Martin, pour Pobliger de communiquer avec Ithacius; & St. Martin de fon cdte tra vailloic & fai- foie fes offices auprds de Maxime pour fau- ver la vie aux Prifciliianiftes, de crainte qu’on nesfit auffi pdrir en mdme terns des Catholiques; mais il n’auroit jamais obte- nu ce qu’il demandoit a Maxime, ft par condefcendance il n’eftt communiqud pen¬ dant quelque terns avec Ithacius: & ce fut en fe faifant ainfi en quelque forte anathd- me pour fes Freres , qu’il arrdta le bras de f’Empereur, & qu’il les ddlivrade la mort qui leur eroit inevitable. Si celui qui condamna Ithacius, pour a- voir donnd lieu k la mort d’un Hdrdtique, vivoic d £ Liege &c. 475 vivoit aujourcfhui, il n’approuveroit pas fans-doute la conduite d’un Pontife qui fait pdrir par fes ordres un fi grand nora- bre de perfonnes dans l’aft'aire de Cam- brai: & celui qui rifqua prefque le faluc de fon ame pour fauver la vie a des Hereti- ques, pourroitil, fans une extreme dou- leur, voir rant d’lnnocens opprimez & en- veloppez avec les Coupables? Je ne fais jci que comparer les chofes paffees avec les prdfentes, & remarquer la difference des conduites : mais les pauvres Peuples de Cambrai accablez de mifdres die vent leurs voix plaintives, & crient a Pafchal, comme faifoient autrefois les Ifraelices a Moi'fe: Vous nous avez rendu odieux d Pba- raon , 6? vous lui avez mis I’epee d la main pour nous perdre. Dieu le connoit , qu'il en foit le juge. Cependant Pafchal ordonne que 1’on faf- fe les memes traitemens aux Liegeois qu’& ceux de Cambrai. Nous vous commandons , dit-il a Robert, de ne pas plus epargner les Liegeois , qui font de vrais Excommumez 6? de faux Clercs: car il ejt jufte que ceux qui fe font eux-memes feparez de I'Eglife Ca - tbolique , foient dipouillez des biens de I'Eglife par la main des Catboliqaes. C’eft ici que je reffens des tranchdes comme une femme qui eft dans l’enfante- ment; je fuis meme forcde de crier & de dire a haute voix, Que mes douleurs fur- padent les fiennes. Car enfin j’ai vdrita- blement engendre les Liegeois dans la vie 47.6 Lettre de l’Eglise Spirituelle , je les ai nourris du lait de la Foi, je les y ai confirmez par le pain de la parole de Vdritd, & ils fembloient y avoir acquis la force d’un ageviril. Je m’applaudilfois rndme , & je me tenois heureufe, de ce que les voyantdeurir dans la Cour du Prince de mdme que dans l’E- glife, iI me paroiflbit qu’il ne leur man- quoic rien de ce qui pouvoic les rendre heureux, foit quant au corps, foit quant £ i’ame. Mais je m’appercois bien qu’il u’y a point de bonheur parfaic a attendre en ce Monde. Car au moment que je les crois heureux, la Sainte Eglife Romaine, ma propre Mere, les charge d’infamie , & les traite d’excommuniez: & non con- rente de ccia, elle ordonne qu’on les paP fe au tranchant de I’dpde, & qu’on les fade mourir. La deflus mes entrailles de Mere font dechirees , par un exces de douleur qui m’dce 1’ufage de la pa role. Mais ils font en ige, qu’ils parlent eux* memes, & qu’ils difent ce qu’ils penfent fur cec ordre etrange du Pape: Nous or- donnons qu’on traite les Litgeois ,ces Excom- niuniez fe? ces faux Clercs , cormne on a traite ceux de Cambrai. Ilsdiront fans-doute qu’iis ont appris de la Sagelfe meme, qu’une balance doit dcre julle , & qu’autrcment elle n’eft pas bonne, & ils auront raifon de le dire. Car peut-on comparer notre caufe avec celle des Cambraifiens, pour nous faire fouffrir les memes calamitez qu’ils ont fouffertes? Nous avons ada-ve- be Liege &c.. 477 ike compHti a leurs malheurs, mais nous ne penfions pas avoir fujet d’en apprehen- der de femblables. Ceux de Cambrai ea ajoutant fautes fur fautes, & en fubftituant un fecondEvdque £ un premier, one peut- dtre pu s’attirer un traitement fi rude, & comrae une double punition. Mais quanE a nous autres Liegeois, qu’avons-nous faic de femblable ? Et pourquoi done nous traiter d’excommuniez ? Pourquoi nous vouloir exterminer ? Avons-nous fait quel- que chofe contre les Loix Ecclefiaftiques ou Divines, qui merite l’excommunication: ou lamort? Nous avons, graces 4 Dieu, tous btb batifez dans le mdme Efprit, & pour ne faire qu’un meme corps ; & nous vivons dans fa maifon parfaitement unis, & avec les mdrnes fentimens. St. Paul conjure les Fiddles au nom du Seigneur de bannir les Schifmes, & de n’en point fouf- frir. Quand eft-ce qu’on s’eft plaint a 1’E* glife de Rome, qu’il y efit quelque divi- fion parmi nous? Nous avons tous le md- me langage; il n’y en a point parmi nous qui difent: Je fuis a Apollos; d’autres qui difent, Je fuis a Cephas; & d’autres qui difent, Je fuis a, Jefus-CbriJl. Eft-ce a caufe de ce confentement unanime que l’on nous traite d’excommuniez ? Eft-ce parce que nous fommes foumis, & que nous obeiflons aux Puiflances qui veillent & notre furete, ainfi que St. Paul l’ordon- ne? Que peut-on done objedler is des per- fonnes qui obfervent religieufement la Lai * de 478 Lettre de l’Eglise de Dieu ? Void notre crime. Ils nous bldment de ce qu’en obfervant la Loi de Dieu, nous ne fuivons pas leur nouvelle Tradition. Mais Dieu les reprend eux-mdmes , & leur dit: Pourquoi tranfgrejjez-vous ma Loi pour fuivre vos Traditions ? Jdfus-Chrift commande, de rendre a Ce- far ce qui appartient a Cefar, de rendre a Dieu ce qui appartient a Dieu. St. Pierre & St. Paul fuivent en cela 1’exemple & la dodtrine de leur Maftre. Craignez Dieu , dit St. Pierre, 6? bono- rez le Roi. Serviteurs foyez founds d vos Maitres avec toutes fortes de reJ'peSl & de crainte , non feulement d ceux qui font tons & modirez , mais a ceux qui font rudes & fdcbeux ; car c'ejt ce qui eft agreable a Dieu. Que toutes perfonnes , dit St. Paul, foient foumifes aux Puijfances fuperieures. Qui- conque s’oppofe aux Puijfances , refijte A I’ordre de Dieu. Celui qui fait ce eommandement k tout le monde , excepte-t-il quejqu’un de la foumiffion que l’on doit aux Princes de la Terre ? Quoi done , parce que nous honorons notre Prince, & parce que nous obdi'ffons & nos Supdrieurs , non pas par une crainte fervile , mais dans la fimpli- citd de notre coeur , nous ferons pour cela des excommuniez? On nous objedtera peut etre, que nous fomraes des Sjmoniaques. Mais au-con- trairs d e Liege &e. 479 traire nous dvitons les Simoniaques, au- tant qu’il nous eft poffible ; & nous ne les toierons, que quand, par la ndceflitd des terns ou des lieux, nous ne pouvons pas faire autrement: car nous favons trds- bien , que Jdfus-Chrift fit un fouet des cordons meme de femblables Pdcheurs, pour les chafler du Temple: nous favons qu’il renverfa les tables de ceux qui ven- doienc des Pigeons , & qu’il jetta par ter re l’argent des Changeurs. Nous dvi- tons, dis-je, les Simoniaques autant qu’il nous eft poffible *, & nous n’avons pas moins d’averfion de certaines gens , qui couvrant leur avarice par de beaux prd- textes , vendent effedtivement, fous pre- texte de charitd , ce qu’elles fe vantenc de donner gratuitement ; & qui, comme des Montaniftes , ont l’adrefle de tirer des prdfens pour fe dddommager de leurs oblations. Mais nous ne pouvons cefter d’admirer dans notre douleur,& parmi nos pleurs, comment on peut nous traiter d’Excom- muniez. Car enfin , par qui & pourquoi avons nous dtd excommuniez? Ce n’a pas dtd par notre Evdque; ce n’a pas dte non plus par l’Archevdque de qui notre Evd- que eft Suffragant, il ne nous a rien pa- ru de cela. Nous ne pouvons pas nous imaginer que q’ait dte par le Pape ; car nous favons qu’il n’ignore pas ce que die Nicodeme : Selon notre Loi, nous ne ju- geons perfonne fans V avoir entendu ; & Dieu 48o Lettre de l’Eglise lui-meme n’auvoic pas condamne les ha- bitans de Sodome, s’il ne fftt auparavant defcendu , pour voir s’il dtoit vrai que par leurs oeuvres abominables, ils etHTent donne lieu aux clameurs que la Terre avoic pouflees jufques au Ciel. Ainfi, qui croiroit qu’un Pape qui n’a jamais oui parler de nous , & qui n’a bte inter- pelld ni par notre Eveque , ui par notre Archevdque , de fevir contre nous , ait pu nous excommunier ? Jacob vit autre¬ fois des Anges qui montoienc & qui def- cendoient par une dchelle , dont le haut touchoit jufques au Ciel. Et Jefus-Chrilt die a fes Difciples : Je nous dis en norite que nous nerrez le Ciel ouvert , & des An - f es qui monteront & qui defeendront J'ur le "ils de l'Homme. II "ne die pas, iur les Fils de i’Homme, c’elM-dire fur les En- fans d’Adam ; parce que e’etoit de lui- mdme dont il parloit. Le Ciel de l’E- glife ell ouvert & tout lemonde, les Bons & les M dchans y entrent avec libertd. Les Prdlats de l’Eglife font les Anges de Dieu , ils doivent monter vers nous par certains degrez , & nous devons de md- me monter vers eux par autant de degrez. Par Je premier degrd nous montons a no¬ tre Evdque ; par !e fecond nous montons a notre Archevdque; & par ces deux de¬ grez nous montons h un troifieme, c’elt- S-dire au Pontife Romain, Quant aux Prdlats, ils defeendent fur le Fils del’Hom- me, lorfqu’ils s’abaiffent en compatilTane D e Liege &c. 481 ii la miiere des Pauvres ; & ils montenc au-defius du Fils de l’Homme, quand par leurs inftruftions & leurs bons exemples, ils portent les Foibles & les dRvent juf- ques dans le Ciel. Je m’attens que Ton dira que nous fom- mes des excommuniez ; parce que nous demeurons attaches a notre Evdque, qui fuit le parti de l’Empereur Ton Maitre. V'oila juftement le premier fujet de nos douieurs , & voila ce qui les renouvelle, voyant le Demon dechaxnd parcourir la Terre, & femer la divifion entre 1’Empire & le Sacerdoce,- & parce que ce Malin Efprit vient h nous plein de colere & de fureur, nous avons recours k notre Pere Celefte, & nous lui demandons particulie- rement de ne nous pas expofer a la tenta- tion , & de nous delivrer de la cruelle dpreuve qui nous menace. Pendant que nous dtions endormis , FEnnemi a femd de l’ivraie dans le Champ de l’Eglife: nous attendons que les Anges, les Moiflonneurs de Dieu, viennent , & qu’ils faffent des bottes de cet ivraie, pour les jetter au feu. Eft-ce par-la que nous meritons d’dtre ex¬ communiez? O combien de poignees de froment a ddja arrache celui qui prdcipi- tamment, & avant le terns de la moiffon, entreprend de lbparer l’ivraie du froment & du bon grain 1 Mais ennn, qui peut raifonnablemenc bldmer un Evdque, de ce qu’il garde a fon Roi la fiddlite qu’il lui a jurde, en ne l’a- Tome IP". Hh ban- 482 Lettre de l’Eglise. bandonnant pas ? II n’y a perfonne qrn doute que le parjure ne foit un trds-grand crime. Dieu feul jure fans jamais s’en re- pentir, parce que fa fagefle infinie l’em- pdche de fe parjurer. Mais parce qu’il n’en eft pas de meme de nous, & que fou- vent nousavons fujet de nous repentir de nos fermens, c’eft pour cela qu’il nous eft dbfendu de jurer tbmerairement. Si ce- pendant il arrive que l’Homme foit obligd de jurer, Dieu lui ordonne de tenir fes fermens. II n’y a perfonne qui ne fache routes ces chofes: elles ne font pas mdme inconnues a ceux qui mettent aujourd’hui le divorce entre le Sacerdoce & l’Empire, & qui fondez fur des Traditions routes nouvelles, ainfi que Ton en juge, ne font pas difficulte de promettre l’abfolution k des Sujets qui violent les fermens qu’ils ont fait b leur Prince; ne faifant pas refle¬ xion 4 ce que le Prophete Ezechiel, in* fpire de Dieu, a dit au fujet d’Ezdchias, qui avoit manque de foi a Nabuchodono- for fon Roi. Celui , dit le Prophete, qui a rompu un traite qu’ii avoit jure , penfe-t- il ecbapper a la jujlice de Dieu ? Sur quoi St. Jdrdme fait cette belle rdflexion. Nous apprenons de-ld , dit ce Pere, que la foi doit etre gar dee meme entre les Ennemis , £? qu'il nefaut pas regarder a qui , mais par qui l’on a jure. Ainfi celui qui s'eji fii dtoi, d caufe du nom de Dieu que tu avois atteJU , & que tu as neanmoins Idcbement trompi , a ete juge plus bomme de bien que toi , qui t’etois Jervi t> e Liege &c. 483 du nom de la Majefie Divine, pour tendre plus furenient des pieges d ton ennemi , £5* bien plus, d celui qui etoit devenu ton ami. Mais pourquoi fe mettre en peine de chercher des exemples pour montrer que Ton doit dviter le parjure? N’avons-nous pas le troifieme prbcepte du Decalogue,, qui eft forci du cceur & de la bouche de Dieu, & qu’il a dcrit de fon doigt? Ce precepte ne nous dit-il pas ? Tu ne prendras pas le nom du Seigneur ton Dieu en vain; car le Seigneur punira celui qui prendra le nom de fon Seigneur en vain. Les trois premiers preceptes du Ddcalogue regardent le Culte de Dieu. Mais ft on examine la chofe de pres, on trouvera que tous les autres prdceptes font en une maniere ren- fermez dans celui-ci : car quand on faic ce que Dieu ordonne, & qu’on ne fait pas ce qii’il defend, on le fait ou on ne le fait pas, afin de ne pas prendre en vain le Nom de Dieu, qui commande & qui de¬ fend. Or qui eft-ce qui prend plus formel- lement le Nom de Dieu en vain, que celui 'qui viole le ferment qu’il a fait en emplo- yant le Nom de Dieu? Dieu me dbfend de jurer , ni par le Ciel, ni par la Terre , ni par ma propre tdte, de crainte que je ne me parjure. Si c’efl: done un crime de feparjurer lorfque l’on a jurd par une Crea¬ ture, quel plus grand crime ne fera ce pas de fe parjurer "quand on a jurd par fon Createur. De-la il s‘enfuit vifibletnent, qu”un Su¬ fi h z jsc 484 Lettre de l’Eglise jet qui ne rend pas a Cefar ce quiappar- tient a Cefar, fuivant l’Oracle Divin; oa qui n’honore pas fon Roi, ainii que l’or- donne l’Apotre ; ou enfio qui en fe par- juranc prend en vain leNom de Dieu,par iequel ii avoit jure d’dtre fidele a fon Prince; ii s’enfuit, dis-je, qu’un tel Sujet eft trbs-coupable, & ne mdrite pas moins que la nrort. Voila pour ce qui regarde le fujet de no- tre excommunication. Mais pourquoi nous traiter encore de faux Clercs , nous qui vivons r^guliere- ment, & qui par la qualite de nos oeuvres mdriterions plutot d’dtre appellez de bons Ecclbfialliques? En vbrite, en verite, que celui qui nous veut ainfi exclure de l’heri- tagedeDieu, prenne garde lui-mdme de n’y avoir aucune part. Non , non, l’E- gli'fe, notre bonne Mere, ne nous a pas donnb une education qui permette que l’on nous traite de faux Clercs , elle ne nous a pas abandonnb a nos mauvais pan¬ chans, & ainfi nous ne feronspas non plus le fujet de fa confuflon. On a peine & comprendre oh Fafchal a pu ramafler une ft prodigieufe quantity d’injures. II faut qu’il ait trouvd des gens qui lui en ayent fourni & bon marchb, pour en repandre contre nous une ft grande abondance. Car tantdt i 1 nous appelle Excommuniez , tantot il nous traite de faux Clercs; & cela de fon mouvement, & d’une volontd gratuite. II fortit du cceur de Liege &c. 4gj* cceur du Roi David de bonnes paroles; mais Pafchal ne vomit que des injures grof- fieres, & femblables a celles que les Vieil- les & les Fileufes ont coutume de fe chanter. St. Pierre recommande aux Prdlats, de ne -point affedter de domination fur le Clerge. St. Paul bcrivant aux Galates qui btoient en faute, les traite avec tendrefle. Mes petits enfans , leur dit-il, que j’enfante une feconde fois au Seigneur. Que Pafchal ecou- te de ii pieux &: de fi lages Confeiilers, plutot que de fe laiffer conduire par d’in- fames Calomniateurs. 11 nous maudit, & il nous reproche que nous fommes des E'x- communiez: mais nous apprdhendons bien plus la malddidfion que prononce le Pfal- mifte, quand il dit: Maudits font tons ceux qui s’ecartent de la voie de tes commande- mens. Nous ne nous mettons gueres en peine de cette nouvelle efpece d’excommunica- tion, dont on n’avoit point vu d’exemples avant Hildebrand, Oudard, & ce troifie- me-ci, que Ton a vu en ufer avec beaucoup d’indifcretion: mais nous refpedtons l’au- toritd fainte des anciens Peres, qui en fui- vant les mouvemens du Saint Efprit, & non pas leurs caprices, ont quelquefois diffimule les fautes des Puilfances, quel¬ quefois ils fe font contentez de les repren- dre, & d’autres fois mdme ils les ont to- Jdrez pour empdcher de plus grands def- ordres. Hh 3 On 48 6 Lettre de l’Eglise On objedte pour toutes raifons, que no- tre Evdque communique avec l’Empe- reur fon Roi, £ qui ii a fait ferment de fiddlitd, a caufe des Rbgales qu’il tient de lui. Mais cette conduite fe ddfend par fon antiquite: & plufieurs faints & vdndrables Evdques ont vdcu & font morts dans cec ufage, rendant a Dieu ce qui appartenoit ii Dieu, & a Cdi'ar ce qui appartenoit a Cefar. St. Ambroife en interpretant St. Luc, fe fait cette queftion. Pourquoi no tre Sei¬ gneur, qui n’avoitpas Vimage de Cefar, lui paya neanmoins le tribute Et il repond, que notre Seigneur paya le tribut, non pas de ce qui lui etoit propre, mais qu'il rendit au monde ce qui etoit du monde. Apres quoi il ajoute: Si done vous ne voulez rien devoir a Cefar, ne pojfedez rien de ce qui eft. du monde: mais fi vous voulez poffeder quelques ricbeffes du monde , vous etes des-lors tribu- taires £? fujets de Cefar. Ne voulez-vous rien devoir aux Princes dela terre ? renoncez d toutes les pojjeffions de la terre, & fuivez Jefus- Cbrift. St. Auguftin s’explique de la m£me ma- niere fur St. Jean. L’Jpotre, dit ce Fere , veut que Von bonore les -Rois. Honorez le Roi, dit-il. Ne dites done pas: Qiiel compte ai-je d rendre au Roi? Car on vous repondra , gue vous ne devez done rien poffeder, puifque Von tient ce que Von pojfede de la main des Rois ; c? que c’eji par leur miniJUre que Dim d e Liege &c. 4§j. Dieu diftribue les liens temporels au Genre Humain. Que les Evdques qui font fujets & rede- vables a des Princes a caufe des Regales qu’ils en ont reques, falfent done atten¬ tion a ces paroles des Peres , & qu’ils prennent garde a ne les pas tuer de leur propre epde , e’eft-a-dire , a ne pas fe fervir de leurs bienfaits pour leur faire la guerre & pour les perdre. Si apres cela, par le refpedl que l’ont doit au Saint Efpvit, on veut examiner les Ecritures tant de l’Ancien que du Nou¬ veau Teftament, & faire rdflexion fur les chofes qui fe font pafiees dans l’Eglife; on trouvera que les Rois & les Empereurs ne peuvent dtre excommuniez, ou au moins que tres-difficilement ; foit que l’on ait egard h Pdtimologie de leurs noms, foit que l’on s’en tienne aux termes ordinaires de PExcommunication. Et e’eft une quef- tion qui n’eft pas encore bien ddcidde. On convient que des perfonnes fages & diferetes peuvent bien les avertir de leur devoir , & quelquefois mdme les repren- dre avec force: mais pour les juger ou les condamner, e’eft ce qu’il femble que Je- fus-Chrift,le Roi des Rois,fe foit refervd, en les dtablilfant fur la terre pour y tenir fa place, Voilk done pourquoi on nous traited’ex- communiez. On nous traite ainfi, parce que nous fuivons les traces des Saints & des anciens Peres, dont nous tdchons d’i- Hh 4 miter 488 Lettre de l’Eglise miter la moderation, autant qu’il nous eft poffible : car nous faifons profeflion de fuivre la Tradition ancienne; & c’eftpour cela que nous demeurons attachez k notre Evdque, k notre Archevdque, & aux de¬ finitions du Synode de notre Province , qui dtant faites fuivant les Ecritures Saintes, nous fervent de regie ; la coutume n’etant de rapporter k Rome que les affaires diffi- ciles & embarraffees, que l’on ne trouve pas moyen de decider par I’autoritd de i’Ecriture. Quant aux Legats d Latere , que Ton voit venir de la part des Evdques de Ro¬ me, & qui courent les Provinces pour s’en- richir de leurs depouilles, nous eftimons que l’on doit s’y oppofer, comme firenc autrefois les Conciles d’Afrique du terns de Zozirne, de Ceieftin & de Boniface. Et pour entrer dans ce fentiment, il ne faut que voir quels font les fruits ordinai- res de ces Legations: car au lieu de fervir a corriger les moeurs & a faire des gens de bien,elles donnent fouvent occafion & des meurtres, & font ordinairement caufe de la rui'ne & de la defolation des Eglifes. Eft-ce done parce que nous demeurons attjehez a ces Rdgles anciennes, & que nous ne nous laiffons pas emporter k tou- tes fortes de vaine Dodlrine, qu’on nous traite d’excommuniez? Mais Pafchal a t il plus de raifon de-nous traiter de faux Clercs? Les faux Apdtres que blame St. Paul dans fes Epitres, font ceus d e Liege &c. 48 $ ceux qui alterent & qui corrompent la Parole de Dieu. Or on ne peut pas dire que nous la corrompions; mais graces au Seigneur nous confervons la Foi Catholi- que dans fa purete , & nous en faifons les cauvres felon Dieu- Nous refpe&ons les Regies Canoniques que nous avons re- ques par tradition de nos Peres; & c’ell l'uivant ces Regies que nous vivons, que Ton nous punit,ou que Ton nous abfout. Nous ne nous ingerons pas dans le Con- feil des Rois & des Empereurs , & nous ne nous mdlons pas de ce qui s’y palTe: c’eft l’affaire des Puiffances qui nous gou- vernent , & qui fauront bien s’en acqui¬ rer, en fuivant les exemples des Princes qui les ont prdcedez. Pourquoi done Pafchal veut-il nous faire payer ce que nous n’avons pas ufurpd? Pourquoi nous traiter de faux Clercs, lorfque nousfuivons les veritables Regies? Ne feroit-il pas mieux, en fe ddfaifant de cet efprit d’orgueil & de prefomption, de repaffer un pe'u ferieufement avec les gens de fon Confeil, de quelle manid« re les Papes , depuis Sylveftre jufques a Hildebrand , ont ete dlevez fur le Sidge de Rome? Quels maux inoui's ont produit les brigues que Ton a employees pour y parvenir, & comment les conteftations ar- rivees a ce fujet ont ete decidees par l’au- toritd des Empereurs & des Rois,qui ont juge & fait ddpofer les faux Papes , & dont les Decrets avoient en ces occafions H h 5 bien 490 Le TTRE DE l’Eg LISE bien plus de force , que les Excommuni¬ cations d’Hildebrand, d’Oudard, ou de Pafchal. Notre Seigneur dit de lui-mdme dans l’Evangile : Si j’ai vial parle, rendez temoi - gnage du mal que j’ai dit. Et l’Apdtre St. Paul ne refifta-t-il pas a St. Pierre le Prin¬ ce des Apotres? Pourquoi done, fans s’ar- rdter aux vaines pretentions de Rome, n’aura-t-on pas la iiberte de reprendre & de corriger des Papes qui font coupables de crimes fcandaleux & notoires ? Celui qui ne veut point etre repris ni corrige, mdrite le nom de faux, foit qu’il foit Clerc, foit qu’il foit Evdque. Mais par la mifdri- corde deDieu,nousne lommesnidefobdi'f- fans, ni incorrigibles. Nous ne voulons point de Schifmes, nous avons horreur de la Simonie, &nous dvitons dans notre con- duite tout fujet d’excommunication , ainfi que la bonne Raifon le demande, &;le St. Efprit nous 1’ordonne. Les Rois & les Empereurs , au rapport de St. Auguftin , ont fait des Loix pour empdeher que les Herdtiques ne pofled&f- fent quelquechofeencemonde. Mais puif- que nous ne fommes pas des Pleretiques , & que cela eft du droit des Empereurs ; pourquoi Pafchal ne fe conterrte-t-il pas de ion glaive Ipirituel; & pourquoi envoie-t- il Robert, fon Executeur, ravager les champs & les poflefiions des Eglifes ? Quand de pareilles hoftilicez auroient a s’exercer, ce ne pourroit dtre que par les ordres des Rois d e Liege &c. 491 Rois ou des Empereurs, qui pour cela lont armez d’une epee. Mais ctpendant voila Satan dechaine,le voila en grande colere: ne tremblera-t-il done pas lous la puifi'ante main de Dieu ? Apres tout, il ne faut pas nous allarmer ft fort de ce qu’il femble qu’on nous enve- loppe avec des Excommuniez. Nous a- vons fujec d’efperer que nous en ferons ex- ceptez, fuivant mdme les intentions de Ro¬ me. Car Hildebrand,qui eft l’auteurde ce beau Schifme, & qui le premier a levd la lance Sacerdotale contre le diaddme des Rois, avoit autrefois inconfiderdment ex- comniunid toutes les perfonnes qui fui- voient le parti d’Henri: mais reconnoifiant fon exeds & fa faute , il en excepta ceux qui dtoient attachez a l’Empereur par une liaifon , & par une fujettion ndeeftaire, & non pas k deftein de faire mal, ou de nui- re a quelqu’un. Il ddclara cette exception par un Decret public. Voici neanmoin? comme s’explique Paf- chal en parlant a Robert. Ce n’ejl pas feu - lenient dans cette Province que vous devez faire la guerre d Henri le Cbef des Hereti- ques & d fes Fauteurs , & que vous devez les combattre de toutes vos forces ; mais cefi gineralement par~tout oil vous pourrez lesjoin- dre. Car il eft certain que vous ne pouvez faire un facrifice plus agteable a Dieu , que d'abbattre celui qui s’ejl eleve lui meme contre Dieu , qui s'efforce de ravir a I'Eglife la Sou- verainete qui lui ejt fropre, qui a place l’ido~ 4$2. Lettre de l’Eglise le de Simon dans le lieu faint , & qui a Hi cbajfe de la maifon de Dieu paries faints Apo- tres , &? par leurs Vicaires , autorifez du ju- gement du Saint Efprit meme. Lorfqu’Alaric, Roi des Goths, dtoit au¬ trefois en chemin pour alier prendre Ro¬ me, un Serviteur de Dieu 1’avertit de s’ab- ftenir de cette entreprife, qui alioit caufer de G furieux maux , & il lui repondit: Ce n’eft pas de ma volenti , c’eft malgri moi qut fevaidRome; vouiant lui marquer qu’ii y etoit porte par un inftinft divin. C’eft ap- paremment fur cet exemple que Pafchal porte Robert, fon Grand Ecuyer, a rava- ger un Royaume ; quoique cela ne puiife s’exdcuter que par les meurtres & le car¬ nage , & qu’en defolant les Eglifesde Dieu. Alaric montra quelque efpece de clemen- ce , en ce qu’ayant pris Rome il bpargna les Eglifes, & donna la vie aux Habitans: mais ici on envoie Robert, avec ordre de tout ravager, fans rien excepter,- & on ne borne pas fa commiffion a la rui'ne feule- ment des Cambraifiens & des Lidgeois, mais on veut qu’ii n’dpargne aucune des Na¬ tions. Qui pourra s’dcrier avec Ifai'e: Qu’ii fait beau voir fur les montagnes , les pieds de ceux qui annoncent le falut! lorfque celui qui doit dtre 1’Ange de la Paix, emportd par un zele qui le ddvore, declare lui-md- me la guerre aux Amis de la Paix? Car tel que fut autrefois le zele de St. Pierre, quand il abbatit l’oreille & Malcus (nom qui figni- fie Roi) tel eft aujourd’hui celui du Vicaire D e Liege &c. 453 de St. Pierre , cn vou!ant,pour ainfi dire, abbattre l’oreilie d’un Roi herdtique, con- tre lequel il s’emporte a 1’exces. En effet, quand il le qualifie de chefdes Hbrbriques, de rdvolte contre Dieu, jd’ufurpateur de la Souverainete, d’adorateur de l’ldole de Si¬ mon ; c’eft comme autant de coups qu’il porte les uns fur les autres , & comme au¬ tant de plaies qu’il fait ^ fon ame ; en forte que s’il n’dtoit ferme dans la foi , e’en fe- roit afiez pour le jetter dans le defefpoir. Que celui qui veut imiter St. Pierre en frappant, l’imite done aufli en remettant fon dpde dans le fourreau ; car celui qui guerit l’oreille de Malcus, peut auffi gud- rir 1’oreille d’un Roi herdtique. S’il etoit vrai que notre Roi ftit hdrdti* que (ce qu’a Dieu ne piaffe!) ce feroit un vrai fujet de douleur pour nous , & nous ferions obligez de le plaindre. Nous ne difons rien prefentement pour fa defenfe; mais nous foutenons que quand mdme il feroit tel , nous ne lailferions pas cepen- dant d’dtre obligez de lui obei'r comme k notre Prince ; parce que ce feroit en pu- nition de nos pdchez, que nous aurions un tel Maftre. Ainfi quand nous ferions obli¬ gez d’avouer que notre Prince eft tel qu’on le veut faire paffer, il ne nous feroit pas permis pour cela de prendre les armes , pour en fecouer le joug. Moi'fe,en combattant 1’opinidtretd de Pha- raon dont le cceur dtoit endurci , faifoit fondre fur 1’Egipte des gi;enouilles , des mou- 49+ Lettrede l’Eglise mouchesjdes fauterelles, de la grdle;maia quand il s’agifloit de ddtourner ces fleaux, il ne le pouvoit qu’en priant , & qu’en le¬ vant Jes mains vers le Ciel. St. Paul de- mande avec inllanee que 1’on prie pour les Rois, & pour les Perfonnes elevdes en di- gnitd, encore que les Rois de ce tems- 14 pour lefquels il demande que Ton prie, ne fuflent ni Chretiens ni Catholi- ques. Et Baruc , Secretaire de Jdrdmie , dcrivant aux Juifs que le Roi de Babi- lone tenoit captifs, leur dit. Priez pour la confervation de la vie du Roi Nabuchodono- for & de Balthazar Jon fils , que Jes jours foient feniblables aux jours du Ciel, & que Dieu nous fortifie de fa grace nous Mat¬ te pour pouvoir vivre foils la protection de Nabucbodonofor fif de Balthazar fon fils , pour pouvoir les fervir long■ terns , fif meri- ter leurs bonnes graces par nos fervices. St. Paul apporte la raifon pour laquelle on doit prier mdme pour les mauvais Rois. C’cfl , dit-il . afin que nous vivions tranquilement £? paijiblement fous leur rlgne. Il feroit du devoir d’un Homme Apofto- lique d’imiter un Apdtre, & de celui d’un Homme Prophetique d’imiter un Prophd- te: mais il arrive ici pour nos pechez, que celui qui tient la place des Ap&tres & notre dgard, au lieu de prier pour le Roi , qu’il fuppofe pdcheur , afin que nous puiffions vivre paifiblement fous fon rdgne , empd- che lui-mdme par la guerre qu’il excite, que d e Liege &c. 495 que nous ne vivions en tranquilite & en oaix. Puifque l’Apotre & Ie Prophbte convien- nenc en ce point, je demanderois volon- tiers, avec toute humilitb , & comme une Fille a fa Mere ; je dematederois, dis-je, a l’Eglife de Rome, d’o'u Iui vienc cette au¬ torite , d’ufer non feulement du glaive fpi- rituel, mais de porter la main a un autre glaive, & de repandre Ie fang de ceux qui la reconnoiflent pour leur Maitreffe ? Je ne plaide pas ici la caufe de raon Roi , mais je parle pour l’intbrdt de la Mere des Egli- fes, dont nous fommes les Filles , & pour laquelle nous avons fujet de beaucoup ap- prdhender. Car fi David ne merita pas d’edifier le Temple , parce que c’btoit un homme de fang ; comment le Souverain Pontife, en ayantune feule goute fur fes vd- temens,pourra-t-iI entrer dans le Sanftuai- re, & y offrir le fang de Jblus-Cbrift, tant pour fon ignorance que pour celle du peu- ple ? O pltit a Dieu que non feulement il lavat fes mains avec Pilate, en difant com¬ me lui, Je fuis innocent du fang des Juf- tes ; mais qu’il dit avec St. Pierre , Sei¬ gneur , lavez - moi non feulement les pieds , mais les mains & la tete ! Les Juifs qui crucifierent Jefus-Chrift, par leurs langues & la troifidme heure,& par les mains^des Gentils k la fixieme , n’eurent pas pour- tant leurs mains nettes du fang de Jdfus- Chrift. Et Pafchal penfera dire avec St« Paul 3 4S>6 Lettre de l’Egl isz Paul, & en s’excufant, Je fids pur £? in- nocent du fang de vous tons. Mais aucun des Pontifes Romaics at-il jamais etabli dans fes Decrets, qu’il faille tirer l’epde conrre les pbcheurs, & que l’on doive les cofriger par la voie des ar- mes? Gregoire I. fait voir dans la Lettre qu’il bcrit au Diacre Sabinien, quel a btb li-delTus le fentiment des Papes qui Pont prbcbdb , & quel doit etre celui de tous ceux qui viendroient apres iui. Faites en¬ tendre doucement, lui dit-il,d nos Serenifft- mes Seigneurs , que Ji moi qui fuis lew fer- mteur, j'avois voulu feulement prendre quel- que part d la defaite des Lombards, la Na¬ tion des Lombards n’auroit de I’beure qu’il eft , ni Rois, ni Dues , ni Comtes , qu’elle fe trouveroit dans la derniere confufion: mais parce que je crains Dieu , j’apprebende aujji de me rendre complice de la mart d’aucun bomme, quel qu’il puijfe etre. Depuis Gregoire 1. les Papes qui l’ont fuivi fe reglant fur cet exemple , s’btoient contentez de fe fervir du glaive fpirituel jufques a Grdgoire dernier, e’eft-a-dire jufques a Hildebrand , qui le premier a pris l’bpbe au cdtb, & a donne Pexemple a fes Succeffeurs, de faire 1st guerre aux Empereurs. Hbliud favoit mieux que nous a qui il appartient de juger les Rois, lorf- qu’il dit dans le Livre de Job , que c’elt Dieu qui fufeite des Rois impies, & qui fait regner des hypocrites , a caufe des pdchez du peuple. Et Sc. Gregoire expo- d e Liege &c. 497 fant cet endroit de Job: Que celui, dit ce Pape , qui gemit fous la domination d’un mauvais Maitre, ne s’en prenne point d ce Matt re , if mais d foi-meme qui fe I’ejl attiri par fes pechez. S’il a done d fe plaindre , qu’il accufe fa meebante vie , if non pas Vinjufte conduite de celui qui le gouverne. Car Dieu dit dans I’Ecriture , Je leur donnerai des Rots dans ma fureur. Pourquoi done blamerons - nous ceux qui nous gouvernent , puifque e’eft la jujle col ere de Dieu qui nous les donnel Etpour montrer que la quality des Rois que Dieu donne, fe mefure par la difpoft- tion des Sujets, e’eft que fouvent il arrive que ceux qui paroijfoient bons avant que d’etre mis en place, ne font plus les mimes quani ils viennent a gouverner, ainji qu’ilparut dans Saul depuis fon elevation. Et la conduite mime des Princes depend Ji fort de la qualiti des Sujets, que Dieu permet quelquefois que des Princes, dont la vie d’ailleurs eft innocen » te , commettent des fautes pour punir la malice des Peuples. Enfin il eft certain qu’il y a une telle convenance entre les moeurs des Prin¬ ces if les moeurs des Sujets , que fouvent les rniebans Rois font les meebans Sujets, if que les mechans Sujets font les meebans Rois: mais parce que les Rois ont Dieu feul pour Juge , les Sujets doivent Je donner de garde de bid - mer temerairement la conduite de leur Prince. Ces paroles de St. Grdgoire font admi- jrablement pour nous, comme elles font contre ceux qui ufurpent un jugemenc qui n’appartientqu’4Dieu, fit qui ne font point Tome I'V, I i aflfez 49 S Lett re de l’E g l i s e afiez d’attention aux paroles du Prophete Amos, qui leur parle , quand il dit; Mal¬ heur cl ceux qui defirent le jour du Seigneur. Car ddlirer !e jour du Seigneur , c’eft juger contre les rdgles, c’eit juger tdmerairement '& h contre-tems, & vouloir prdvenir le ju- gefnent de Dieu. Nous ne demeurons pas pour cela d’ac- dord que riotre Empereur foit un hypocri¬ te; mais lious fommes furpris que ceux qui ]e dennent pour tel, ferment les yeux aux raifons pour Iefquelles Dieu fait rdgner un hypocrite. Qu’on fade ceffev les pdchez, &. on ne vevra plus de, chatimens. - Que dirons-nous a ces autVes paroles de Pafchal, qui djt: Que Henri ejl excommunie par les Apotres .partesHomm'es Apojloliques, & pur le jugment du St. Efprit ? On pour- toit d’abord lui faire remarquer que c’eft tfaiter trop'Sndignement ce Prince, de ne lui donner ni la qualitd de Roi ni le nom d’Empereur. Mais enfin , qui pourra de¬ cider ici entre l’Empire & le Sacerdoce? Si la paix de Dieu qui pafletoiite intelligen¬ ce, n’unit ces deux Puiflknces par la pierre angulaire de la Concorde , on doit apprd- hender que l’Edifice de l’Eglife ne foit d- bratde fur'fes propres fondemens. Comme l’on juge de la juftice ou de I’injiiftice du gouvornemem des Princes , par les motifs qui les font agir, & par l’ufage qu’ils font de leur puiflance; de mdme Ton juge de la conduite des Prdlats, par les motifs qui les remuent, & par la maniere dont ils u- fent d b Liege &c. 49^ fent du pouvoir de lier & de delier. D’oti vient que St Clement tdmoigne que St. Pierre lui avoit dit: Tu lieras cequ’il faut lier , tu dilieras ce qu’il convient de delier . Celui qui eft propofe pour gouverner les autres, doit faire 1’office d’un MddeCin * & lion pas s’emporter comme une Bdte fu- rieufe. Que celui done qui doit faire i’offi¬ ce d’un Medecin, dcoute ces belles paro¬ les de la Sagefle : La me de tous cBUx qui gomernent ejl courte. Une maladie longue Q* opini&tre fait le fupplice du Medecin , au lieu qu’il guerit aifement une indifpojitim pajjagk- re. /Unjiun Roi ejl aujourd’hui, cf demain il n’ejl plus. Puifqu’il n’y a rien qui ne recommande la moderation ii un Prelat, d’oh vient que des Papes qui fe fuccddenc les uns aux au¬ tres., femblent auffi hdriter les uns des au¬ tres l'envie de faire la guerre , & d’inful- ter par des excommunications indifcretes un Prince qui eft leur Roi f & k qui par cette ,raifon ijs font tenus d’obdi'r ? On avoue que quiednque eft excomrnunid par le jugement du Saint Efprit, doit etre chafte de la Maifon de Dieu : mais peut-on dire que celui-l& foit exdommunid par le jugd- meht du Saint Efprit J qu’un PrdlAt excom- munie, ou par quelque intdrdt particulier, ou eri haine de fa perfonne ? . Vous nous direz peut-dtre avec Stl Gregoire, que dd quelque manidre qu’un Pafteurli-e, leTrou- peau doit en apprdhender le lien. Mais nous vous rdpondrons avedle mdme Saint: li 2 Que 5*00 Lettre de l’Eglise Qiie ce Pajteur-la fe prive du pouvoir de Her & de delier, qui lie ou qui delie fes Ouailles fuivant fon caprice, £? fans qu’elles miritent d'etre lUes ou deliees. Vous nous direz enco¬ re que de quelque maniere qu’uneperfonne foit excommunide , fi elie meurt en cet dtat, elle eft damnde. Mais l’Eglife de Rome nous fournit de quoi vous repondre: car St. Gregoire a laifie par dcrit, & il a fait voir par fon exemple, qu’un Pape peut abfoudre une perfonne qui a dtd injufte- ment excommunide par un autre Prdlat. Si cela eft au pouvoir d’un Pape, qui dou- tera que Dieu ne puifle auffi abfoudre ce- lui qui aura dtd injuftement excommunid par le Pontife Romain? Car enfin une per¬ fonne ne peut dtre juftement punie par une autre, qu’elle ne fe foit rendue digne de punition par quelque faute. Pafchal pourfuit,& dit k Robert en l’ex- hortant a nous perdre: Vous nefauriez cer- tainement offrir un facrifice plus agreable a Dieu. Souffrez,ma chbre Mdre 1’Eglife Romai- ne,fouffrez que je vous demande comment rien ne peut dtre plus agrdable & Dieu que ce facrifice ? Car enfin aucun facrifice ne petit dtre agrdable & Dieu, qu’il ne foit tout-i-fait pur ; & la Loi ancienne n’or- donnoit d’offrir & la Pique un Agneau fans tache , qu’afin que ceux qui l’offroient ffffient auffi purs & fans tache. Com¬ ment dont cette guerre que Pafchal ordon- ne que Ton nous faffe, peut ■ elle dtre un be Liege &c. for crifice agrdable a Dieu ; puifqu’elle ne fe peuc faire fans couvrir fes Auteurs de mille pdchez & de mille fouillures; & que felon Malachie, c’eftmdme un pdchd,que d’of- f'rir & Dieu un animal qui loit boiceux , a- veugle ou invalide ? Le Pape qui prefcrit ce facrifice fanglant a Robert fon fils, veut apparemment rappeller le zdle de Phinees, & imiter la conduite de Moi'fe , qui con- facra Ies mains des Ldvites dans le fang de leurs freres. Les fils d’Aron pdrirent au» frefois pour avoir offert un feu dtranger. Que Dieu ddlivre d’un femblable malheur, celui qui lui offre encore aujourd’hui un feu Stranger ; qui ne lui offre pas le feu que Jefus-Chrift eft venu jetter fur la Terre qu’il veut qu’on y allume. Mais encore une fois, comment Dieu peut-il avoir pour agrdable un facrifice qui n’eft ni pur ni fans cache ? Quoi! ddpouil- ler les Pauvres de leurs biens fera un facri¬ fice agrdable a celui qui rejette les chofes ddrobees qu’on lui offre en holocaufte! Les larmes qu’on arrache des yeux des Or- phelins & des Veuves , par les calamitez d’une guerre fanglante, ne font pas non plus un facrifice qui puiffe fitre agrdable k Dieu ; puifqu’au contraire , Jdfus Fils de Sirach affure que Dieu eft fenfible aux gd- miffemens de 1’Orphelin & de la Veuve 2 Les larmes de la veuve, dit cet Auteur Sa- cre, ne defcendent-elles pas fur fes joues, £? de fes joues ne montent-elles pas jufques ait del? Or Dieu qui les voit, en fera touchL 1 i 3 Les j-oa Lettre de l’Eglise Les Eglifes oppriraees feront- elles quelque chofe de plus agrdable ,, & qui puiffe dtre oftert a celui qui a die ; De qui eft - ce que faurai compajfton , finon du miferable , de i'afflige , & de celui qui tremblerg, fousmes erdres ? Mais combieu parmi ceux qui fe¬ ront opprimez dans cette guerre Papale , y aura t-il d’innocens done Dieua dit i^wf- conque vous toucher a-, touchera a la prunelle de men ceil*i Enfin ce feroit une chofe fur- prenante , qu’un facrifice tout fouillb du fang humain, pfit dtre agrdable ti celui qui a dit 5 Je vengeful votre lang fur les betes £? fur les hommes qui I'auront repandu. Jefus Chrjft a compris ceci prefque en trois mots dans l’Evangile, quand il a mar¬ que les conditions du Sacrifice. Tout Sa¬ crifice ateur , dit Jdfus Chrift , ferafale avec le feu , & la T'iclime J,era [alee avec le fel. On ne pouvoic expliquer plus nettement quel eft le Sacrificateur qui eft agrdable h Dieu, & quelle eft la Vidtime qui lui plait; car fi le Sacrificateur eft fale par le feu du Saint Efprit, la Vietime fera auffi falbe par le fel de la Sagefie : & Jefus-Chrift allant encore plus avant, & penetrant jufques aux intentions du coeur, ajoute : Le fel eft bon , •mais ft le fel s’affadit, avec quoi I’ajfaifonnerez- vous? Ayez. du fel en vous , 6? gardez lapaix tntre vous. Rien ne juftifie mieux ces pa¬ roles de l’Evangile, que ce qui fe pafle & qui fe voit aujourd’hui. Nous ne pouvons avoir la paix entre nous , fi nous n’avons du fel en nous; & ainfi parce qu’il n’y a point D E LlE .G E. &C. - 503 poiqt de fel en nous p nous tfavons pas auffi la' paix entre nous. Pafchal conclut enfin fon Bref par ces paroles : Voild ce que nousvous ordormoris , £? ce que nous impofons a vos Solddts, comnie le moyen d'obtenir la remijjlon de v'os p&bez, de meriter les bonnes graces du Siige Apojloli- que, & d’arriver enfin par ces travaux , e? par ces triompbes, d la ferujalem Celejie. Ju£ ques-il-prdfent nous avons traitd les matu¬ res, en nous appuyant fur les tdmoignages des Evangdliftes, des Apdtres & des Prp. phetes, ou fur des exemples autentique's. Mais ici je ne fai que dire , & ne v'ois pas par 011 m’y prendre. Car fi je parcours tout l’Ancien & tout le Nouveau Teftament, fi je confhlte tous les Commentateurs des Ecritures, je ne trouve ni veftige, niexem- ple d’aucun prdcepte femblable k celui que Pafchal indme ici k Robert & h fes Sol- dats. Hildebrand eft le feul & le premier qui paflant par-deflus les Canons, ordonna h la PrincefTe Mathilde de faire la guerre k Henri , afin d’obtenir la remiffion de fes f idchez; & nous ne voypns pas fur quoi, ni ui ni ceux qui rimitent, . peuvent fe fon¬ der: nous favons feulement,& nous avons appris , qu’aucun Prdlat ne peut ufer du pouvoir de liet & de ddlier, qu’avec beau- coup de difcrddon, & qu’en gardant bien des mefures. Jdfus-Chrift lui- mdme, revdtu de touts aotre humanitd a 1’exception du pechd * I i 4 ea 504 Lettre de l’Eglise en donne l’exemple dans l’Evangile, Iort qu’il veut reflufciter Ie Lazare: car voyant que tous les Afliftans pleuroient cette mort, il frdmit en Ton efprit, il fe trou- bla lui-mdme, il verfa aufli des larmes ; & fremifiant encore enlui-mdme lorfqu’il approcha du fepulcre, il commanda qu’on 6tlt Ja pierre qui Ie couvroit, & levant les yeux en haut, il pria, & cria h haute voix , Lazars fortez dehors. Le Lazare fortit & l’inftant, ayant les pieds & les mains liez de bandes, & le vifage enve- loppe d’un fuaire , & Jdfus commanda a fes Difciples de le delier. Voili dans Lazare la figure du Pdcheur, & nous voyons dans Jefus-Chrift le mo- dele du Miniftre. Autant done de mou- vemens paffionnez que J6fus-Chrift fait paroitre a la rdfurredtion de Lazare, au¬ tant le Miniftre en doit - il montrer en rendant la vie k un Pdcheur. Si done Ie Pdcheur , ou fi le Miniftre en gdmiflant pour le Pdcheur s’eft trouble lui-mdme par des fentimens de penitence , s’il a pleurd, s’il a crid au Pdcheur: de l'e- tat oil tu es, confeffe tes pechez ; s’il a Jevd la pierre de-defius fon cceur endur- ci ; qu’alors en obdi'flant 4 Dieu, il dd- lie les liens de l’excommunication , qu’il 6te de-deflus fon front le trifle fuaire de la penitence, & qu’il le metre en li- bertd. C’eft a ce fujet que St. Grdgoire dit; Que I r d e Liege &c. 505: Que celui'qui condamne un jujte donrie la mart , mais en apparence , a celui qui ne meurt pas pour cela ; de meme que ce¬ lui qui penfe delivrer un coupable du Jup - plice qiCil mirite, s’efforce en vain de don- ner la vie d un mart qui ne rejjufcitera pas ; I’abfolution du Minifire n'dtant ve¬ ritable , que lorfqu’elle fuppofe la Sentence du Juge eternel. Ainfi Us Difciples delierent celui a qui Jtfus- Cbrijt avoit .rendu la vie ; & s’Us Vavoient delie dans le terns qu’il etoit encore mort, leur pouvoir fe J'eroit termine a en decouvrir & a en faire fentir la pmntur. Voila comme parle St. Grd- re. Vous aviez coutume d’en ufer ainfi , notre chere Mdre la Sainte Eglife Ro- maine, en ne liant, & en ne dbliant les Pdcheurs , qu’avec beaucoup de difcrd- tion; vous nous ordonniez mdme de fui- vre en cela votre exemple. D’oii vous eft done venue cette nouvelle autoritd , d’accorder a des Pdcheurs fans confef- fion & fans penitence, l’impunite de leurs pdchez , & en leur donnant la libertd d’en commettre d’autres ? Quelle porte n’ouvrez-vous pas a la corruption , & & la malice des Homines ? Que Dieu , 6 notre chdre Mere , vous deiivre de tous les maux qui vous menacent ! Que Jd- fus-Chrift foit votre porte, & votre por- tier ! Que Dieu vous ddfende , vous & v.ptre Pjfdlat, des rufes & des artifices de ' : 1 I i 5 ceux fo 6 Lettre de l’Egljs,? &c. ceux qui fdduifent fon Peuple, qui le de- vorent de leurs dents., pendant que leurs langues prdchenc 1 a paix; & qui enfin d’a- bord que queiqu’un ne donne pas dans leur fens, ne raanquent pas aufll - t6t de lui declarer la guerre, & cela fous prdtex- te de Religion! EPIS- EPISTOLA EC CLESIi LEODIENSIS, SCRIPT A OCCASIONS brevium Litterarum Pafchalis II. ad Robertum Flandrenfium Comitem. MNIBUS bonce voluntatis bomi- nibus , Leodienjis Ecclejia verita• tern fidei catbolicam unanimita - tem inconcuffb tenons. Stupendo 6? gemendo exclamo cum Efaid XXL qui onus deferti maris exaggerans, ex- clamat: Sicut turbines ab Africa veniunt, de deferto venit , de terrd borribili vifio dura nunciata eft mibi. Qui incredulus eft, infi- deliter agif, &jqui depopulator eft , vaftat. Qui ba&enus non intelligebat loquendo , quid fit Defertum Mare, nunc intelligat vi- dendo, quod per Defertum Mare fignificetur , non folum Babylonia , fed etiam Mundus & Ecclejia. Quamvis enim ut Mare undis , fie Mundus Ecclejia affluant populis : tamen jure vocantur Defertum Mare , quia Mun¬ dus videtur ejfe defertus ifapientium Princi- b »- pm foS Epistoea Ecclesi® pum gubernaculo. Ecclefia gemit fe defertm d J'ano Pra'fulum confilio. Qua enim major olim confufio fuit in Babylonia,, quain bodie ejl in Ecclefia, ? In Babylone confufa funt lingua gentium Gen. II. In Ecclefia dividun- tur lingua mentes credentium. Ait Petrus in Epifiold fud t. Cap. V. Salutat vos Ecclefia, qua efi in Babylone cplleEta. HaSlenus inter- pretabar idea voluijfe Petrum per Babylonem fignare Romani , quia tunc temporis Roma confufa erat idololatrid omnifpurcitid. At nunc dolor mens mibi interpretatur, quod Petrus prophetico fpiritu dicens Ecclefiam in Babylone collectam, pravidit confufionem dif- fenfionis qua bodie fcinditur Ecclefia• Nam quamvis Ecclefia fit in Babylone mundi , ta~ men debet ejfe collect a per frater mm unanimi - tatem. Qui fint turbines, ab Africo difcimus patiendo magis qudm legendo. De terra bor- ribili, a Romand fcilicet Ecclefia vifio dura hunciata eft mibi: inde turbo ut tempeftas venit ab Africo. Romanus enim Praful, Pater omnium■ Ecclefiarum , litteras contra nos mittit Roberto Flandrenjium Comiti , qua- rum exemplar tale eft. PafcBalis EpilcQpus fervus fervorum Dei, dilefto filio Roberto Flandrenfium Comiti, falutem & Apoftolicam benediftionem. Benediftus Domirius Deus Ifrael, qui in te virtutis lute efficaciam operator , qui reverfus ab Hierufalem Syria;, in Caelorum Hierpfalem jufise militise operibus ire con* tendis. Hoc eft legitimi militis, ut fui Regis hoftes inftantitis perfequatur. Gra- Leobiensis &c. 509 tias ergo prudenti® tuas agimus, qubd prasceptum noftrum in Cameracenfi Paro- chia executus es. Id ipfum de Leodienfi- bus excommunicads Pfeudoclericis pratci- pimus. Juftum enim eft ut qui femetipfos k Catholic^ Ecclefla fegregarunt, per Ca- tholicos ab Ecclefiae Beneficiis fegregen- tur. Nec in hac tantum parte, fed ubi- curaque poteris , Henricum Hasreticorurii caput, & ejus fautores pro viribus perfe- quaris. Nullum profefto gradus Deo fa- crificium offerre poteris, quam ft eum op- pugnes, qui fe contra Deum erexit, qui Ecclefias Dei regnum auferre conatur, qui in loco fandto Simonis idolum ftatuit, qui & principibus Dei fandtis Apoftolis, eo- rumque Vicariis de Ecclefiffi domo, SanCti Spiritus judicio , expulfus eft. Hoc tibi ac milidbus tuis in peccatorum remifiio- nem , & Apoftolicte Sedis familiaritatem prtecipimus, ut his laboribus & triumphis ad Cceleftem Hierufalem , Domino prxU tante, pervenias. Datum Albani XII. Ka.- lendas Februarii. Super his litteris cujus lumbi non replean- tur dolore ! Super bis me obftupefecerunt tt- nebrce,nec tantdm pro horrorepericuli , quan¬ tum pro borrendd rei novitate, quod turn Id- chrymabiles litterce potuerunt fcrihi d matte contra filias fuas qmmmspeccantes. In judi¬ cio Salomonis 3. Reg. III. expreffa eft magni¬ tude maternce pietatis, quandh judicante Sa- lomone , ut infans pro quo contendebatur t gladio divideretur , maluit mater filiumfuurh fxo Eprs TOLA Ec CLES I IE fub attend muliere vivere, qudm gladio judi• cis dividi. Dicit Efaias Cap. XXI. Babylon, diletta mea , verfa eft mibi in thiraculum. At ego dico : Roma dileSta mea mater verfa eft mibi in miraculum. Quid enim tam mirabi - le, imb quid tam miferabile ! Uidit olim Da¬ vid 2 . Reg- XXIV. Angelum Domini ftantem extento gladio fuper Hierufalem : nos flics Romance Ecclefice ecce videmus Romanum Free- fulem, qui eft Angelas Domini, extento gla¬ dio fuper Ecclefiam. David orabat, ne popu- lus occideretur : Angelas nofter, porrigens Roberto gladium , orat ut occidamur. Unde ifte glaftus Angelo nojtro ? Jubente Jefu difeipulis , Luc '. XXII. Ut venditd tuni¬ ca, emant fibl gladium, dicunt difeipuli, Do- mine ecce dud’gtadii hie. Et Jefus , Satis eft. Ut ex Patrum diStis colligimus , eft unus gla- dius fpirittis, qui eft verbum Dei, de quo Jefus ait Mattb'.X. Non venipacemmittere, fed gladium. Et Propbeta, Jerem XLVlII. MalediStus qui probibet gladium fuum d fan- guine. Hunc gladium diftringit Jefus magis contra carnales affeStus, qudm contra mundi ajfidtus. Eft 6 ? alter gladius fpiritualis, quo mortificatis vitiis carnis, emitur corona mar- tyrii. Cum ergo duos tantitm gladios a Domino Apojloli babeant , unde ifte tertius Apoftolico gladius , quern in nos porrigit Roberto armige- ro fuo? Forte recurrit ApoJlblicus ad Ezechie- lem Prophetam ,ut de manu ejus tertium arri- piens gladium , vadat ad dexteram five ad finiftram , ccedendo bonos & malos. Dicit mint Deus Ezecbieli Propbetcs Cap. XXL ut Leodiensis &c. 511 ut duplicetur 6? triplicetur gladius inter- feElorum. Puto , non dabit Propbeta ter- tium gladium Apoftolico. Propbeta namque duos Evangelii gladios oftendens , per duos unius gladii ufus, gladium Apoftolico dan- dum duplicat dicens •. Gladius' exacutus eft & limatus Ezecb. XXL Exacutus , ut cadai viStimas : limatus , ut fplendeat. Exacutus tjl, quia, ut ait Hieronymus (Lib. 3. Com¬ ment, in Ezecbiel.) qui malos percutit, in eo quod mali funt, & babet gladium interfedio- nis ut occidat pejfhrtos , mihifter Domini ift. Limatus ejt , ut fincere preedicetur verbum Domini Triplicato gladio dr mat Propbeta interfeStores , quia (ut ait, Paulus Rom. XIII.) non fine caufd judex gladium port at. Hie eft gladius inierfeaidnis magnee, qui me turn Ezecbiele obflupefcere facit. Quem enim non faciat corde tabefeere.,. quod Apoftolictts ad vivificandum unEtus , dccinghur in nos ter- tio gladio interfectorum ? O utinam placatus dicat Deus etiam nunc Angelo percutienti, 2. Reg. XXIV! Suffiiit nunc , contine manum iuam, Nibil dico in Cbriflwn Domini, fed vicem noftram doleo. S ednifi Cbrijlus Domini ve- niens ad caulas ovium intrajjet in fpeluncam purgare ventrem , non pmcidiffet David oram cblamydis ejus. Si quis eft David 1. Reg. XXIV. inveniens bunc Cbrijlum Domini dor- mientem, omnefque milites ejus dormientes, non mittat manum in Chriftwtn Domini, fed tanturn toUqt haftam ejus tft'fiypbum aquee , qui oft ad caput ejus- dortmeniis. Hanc haf¬ tam 5i2 Epistola Ecclesije tarn quam 4 . Reg. XXVI. contra nos erexit , oftendo cunStis: bunc fcypbum aquce, qui eft ad caput ejus dormientis , porrigo cunctis ad guftandum, utfapiant omnes , quam infipida fit auEloritas legis ejus f quia difirinxit gladios Laicorum in cervices Clericorum. Si liceret dicere (/aha Apojlolica Dignitatis reveren¬ tial ipfe nobis videtur dormiviffe. Dormie- runt cum eo omnes Confiliarii ejus , quando conduxit fiibi vaftatorem Ecclefiarum Dei. Prcecipit Paulus (l. ad Tim. 111. ad Tit. I.) ut verbum Epifcopi fit Janum irrepreben- fibile. Nos ergo non infirmamus aut repre- bendimus verbum Epifcoporum Epifcopi : fed quia Apofiolicus non debet deviare ab Apoflo- lo , qucsrimus bumiliter per Jingula, utrum bcec Apoftolici verba pint per omnia gravita¬ te Apoflolicce aucloritatis fana £? irrepreben- fibilia. Ecce ut pater diledtofilio falutem mittit, o’ Apojlolicam benediStionem promittit. Sed ut multis videturnon ea illi opera in- dicit , quibus falutem £? benediEtionem d Deo promereri pojjit. Benedicit Deum qui in eo efficaciam fucs virtutis operatur quod Ecclefiam Dei debellat & depopulatur, ac per hoc coelefiis Hicrufa- lem aditum eipollicetur. Num redid via di - leEtum filium dirigat, ipfe Pater nobifeum videat. • ' Ut utanmr verbis Auguftini fummatim col- leElis, Deus qui dixit: Ego Deus facien-s pacem & creans malum Efai. XLV, ficut ce¬ tera fuaviter dijponit , ita hoc etiam difponit, ut Leodiens is &c. 513 utbonum pads per bonos faciat, malum vero belli per mcdos creet.Utens enim Deus animis bominumpro voluntatibus £? mentis eorum , digna dignis opera imponit, at digna dignis prcemia rependat, bonis bona pro bonis , mails mala pro malis. Quis unquam populum Dei , quit unquam Ecclejiam Dei impundperfecutus ejl ? Quoties peccabant filii Ifrael, fufcitabat Deus hojies qui contererent peccantes. Cafti- gabat Deus quos amabat : & damnabat illos , qui vitio fuo tales erant, ut per eos mala■ ma¬ lis inferret. Dicit Deus per Propbetam Danielem: Vo- cabo ab Aquilone fervum meum Nabucbodo- nofor, qui faciet omnem voluntatem meam. Quam voluntatem , niji ut peccantes difper- dat , 1 Reg. XII. Hunc fervum fuum , Deus pro merito fervitutis in bovem convertit. 2 Reg. XVI. XVII Peccanti David ait Deus. Ecce ego indu • cam malum fuper te de domo tud. Hoc malum executus Abfalon, fugato patre fuo , invajit Hierufalem. Nunquid per hoc meruit cosleftent Hierufalem ? Per Efaiam, Cap. X. dicit Deus: Vce Af- fur, virga £? bacillus furoris mei ipfe. In manu ejus indignatio mea. Ad gentem fad- lacem mittam ilium, 6 ? ad populum furoris mei. Mandabo illi , ut auferat prcedam fef di- ripiat fpolia , & reliqua. Cur Deus inten- tat vce Afjur, quia mala qua fecit, eo man- dante fecit ? Dee mundo ab fcandalis dicitDominus, Mat. XVIII: Neceffe eft ut .veniant fcandala, vce Tome IV. Kk tmm 5GJ. Epistola Ecclesi/e tavien Mi per quern fcandalum venit. Hoc Hieronymus (Lib. 3. Comment.') fie exponit, dm neceffe fit quidem ut veniant fcandala, ixb tamen bomini, qui, quod neceffe efi ut in mundofiat, facit fuo vitio, ut per fie fiut. Qjiid multis opus ? Ecce > opera jujice mill• tint , quibus pater filiitm , Papa ccelefiis Re¬ gis uiilitem imbuit, per qua pojfit contendere ad cceleftem Hierujalem, impugnando fcilicet Ecclefiam Dei. Gracias , inquit, prudenti® tux agimus, quod pr£eceptum rsoftrum in Cameracenfl Provincia executus es. Qiialis Efi quanta fit vajlitas , Efi contritio. Cameracenfis Eccle - fice , quis recolit fine dolors ? Ego quidem fi¬ lm Romance Ecclefice, condolebam Cameracen- fibus pro affeStu germanitatis. Nunc ‘verb, au- diens hcec mala inferri ex prcecepto Apoftolicce AuEtoritatis, jam amplius doleo, qiiia.tvm.eo inatr'i mece, ne in earn redunclet ilkid, quod Deas dicit per os Efaice , Gap. X: Hcs, qui condunt leges iniquas, Efi feribentes injujti- tiam ferip/erunt , ut opprimerent in judicio pauperes , Efi vim facerent caufee humilium populi mei, ut ejjent Pidm proeda eorum, Efi pupillos diriperent ; Efi reliqua. Tantum Ecclefite defolationem , tantam paicperum Efi viduarum oppreffionem, tantam preedarum Efi rapinarum mimanitat'em , Efi quod gravius eft, promifeuambonorum Efi malorum occifio- nem, htec Efi pejora bis prcecepto Apaftvlici faEta effe quis crederet, nifi ipfe fuo fe ore prodidiffet ? Taceo Cameracenfem Epifcopatum in duos. ' efe L.EODIENSIS &C. 5T5 effe divifum judicio Roman# Ecclejits: taceo tUalcherum, qui Apojtolici confenju £*? au - tboritate probatus, & prior orainatus fuit, jubito exordinatum , excommunicatum, alium ei fabordinatum. Hcec jufia Jint, nec ne, in Dei pendet J'ententid. Non invebimur in Cbrijlum Domini , ad quern pertinet folli- citudo omnium Eclejiarum Sed quia Apojto- licus bcec malafibi adfcribit, cj? Ecclejice vaf- tatori per gratiarum aStionem applaudit, fu- per bis mirandum, an magis Jit dolendum % nefcio. Cui hoc magis Jit periculofum , ju- benii , an obedienti? cui hoc magis Jit damno- Jum, facienti, an patienti; quis homo dif- cernet ? Nos attoniti bdc novitate rerum, qucerimus unde Jit hoc novum exemplum, ut prcedicator pads, fuo ore & alterius manu inferat Ec - clejite helium . Contra barbarorum & inimi- corum Dei ajfultus, concedunt Canones etiatrt Clericis arma addefenjionem Ur bis & Ecclejice. Bella verb indici Ecclejice per auttoritatem ca• nonicam nufquam legimus. Qiicero quod nef¬ cio , dico quod fcio. 2. Tim. 1 U. Pacem Jefus, pacem Apojioli, pacem Apof- tolici Uiri prcedicant ,peccantes arguunt, ob- fecrant, increpant in omni patientid & doc- trim. Inobedientes jubet Paulus , Tit. I. du¬ re increpari. Quomodo dure increpantur ino¬ bedientes , dicit Jefus, Matth. XUlll : Si pec- caverit intefrater tuus, corripe ilium, pri- mb folum folus , fecund'o cum duobus aut tribus tejlibus; tertib cum Ecclejid. Si Ec- clefiam non audierit, fit tibi ficut Etbnicus Kk 2 £? j-16 Epistola Ecclesiae & Publicanus. Hinc ait Augujlinus : lllud quod ait Jefus , Si Ecclefiam non audierit, Jit tibi ficut Etbnicus & Publicanus ; gra¬ vies eft quam ft gladio feriretur, ft flammis abf umeretur, fi feris fubjiceretur. Nam, ibi quocjue Jefus Jubjunxit , Mattb. XVIII.: A- men dico vobis , qua ligaveritis in terra, li- gata erunt & in ceelo, ut intelligeretur, quod graviiis fit punitus, qui velut relidtus eft im- punitus. Sic fententid veritatis expofita ab Auguftino, quit divines vindidiee humanam vindiPtam fuperponat ? Qid ilium perfequi- tur, quern Deus percujfit& Juper dolorem vulnerum Dei addit , videat quid imprece• tur illi Deus, qui iniquitates & dolores nof- tros in per fond dominici bominis portavit , Pfalm. LXV 11 I. Apponite iniquitatem fuper iniquitatem illorum; & reliqua. Si quispro Apoftolico dicat, merit'odepopu- landam Ecclefiam cui incumbat excommuni- catus Epifcopus; audiat exemplum, in qm caufa caufce , & perfona perfones refpondet , Lib. 7 . Regift. cap. 129 . Tempore primi Gregorii Papes , defunSto Salonitanes urbis Epifcopo, citm decrevijjet Gregorius ut pro to Epifcopus ordinaretur Honoratus, Maxi¬ mus quidam auxilio militaris manus mvadens EpiJ'copatum Salonitanum , & ab Epifcopis confecratus, d Gregorio excommunicatus eft , 6 ? tamen miJJ'as celebrare preefurnebat. Hunc Gregorius, non aliis quam facer dot alibus ar- mis debellans, non fuperordinavit ei Honora- tum , non immijit Ecclefice vaftatorem, fed tamdiii peccantem arguitj donee feptimo ex - com - Leodiensis regni invaforem, Simoniaci idoli adoratorem, ab Apoftolis & Apojlolicis excommunicatum meat , quafi tot iEtus ittibus addidit , If tot vulnera animee ejus infligit , ut fi infirmus in fide effet, de/perare poffet. Sed qui in feu riendo Petrum imitatur, etiam in recondendo gladio Petrum imitetur. Qui enim fanavit Tame IV. L 1 ««* 5jo Epistola Ecceesi.® auriculam Malcbi, poteft etiam fanare auri- culam Regis bceretici. Si talis eft {quod dbfit) If pro nobis dole - mils , If ipfi Domino noftro condolemus. Ni¬ hil modo pro Imperatore noftro dicimus , fed hoc dicimus, quod, etiam ft, talis ejjet , tamen eum principari nobis pateremur : quia ut talis nobis principetur , peccando meremur. Efto , concedimus vobis inviti,eum talem ejje, qua- lem dicitis. Nec talis d nobis repellendus eft Jet armis contra, eum fumptis , fed precibus ad Deurn ftufis. Contra Pbaraonem , Exod. VIII. IX. X. cujus cor contra Deum induruit , Moifes ra- nam, mufcam, locuftam , grandinemque in- duxerat: has tamen plagas , non nift orando extenfis in ccelum manibus avertere potuit, Et Paulus, x. Tim. II: Obfecro, inquit t pri¬ on b omnium fieri orationes pro Regibus , If If pro omnibus qui in fublimitate funt conft tituti. Reges illius temporis, pro quibus Pau¬ lus orari obfecrabat , non Catbolici , non Cbriftiani erant. Baruch, Cap. /. quoque ex ore Hieremice , fcribit Judceis d Rege Babylo- otis captivatis: Orate pro. vita Nabucbodono- for Regis, If Balthazar filii ejus , ut Jint dies ejus ficut dies coeli fuper terrain , If det Dominus virtutem nobis , If illuminet oculos noftros , ut vivamus ftub umbra Nabucbodono «. for Regis Babylonis, If Balthazar filiiejus, ut ferviamus eis multis diebus , If invenia- onus gratiam in confpeRu eorum. Cur pro ma¬ ils Regibus orafi debeat, Paulus die it ; Jcilicet ut trunquillamvitam qgarnus. L E O D I E It S I S &C. 5£l ' EJJet Apojtolicum imitari Apojiolum, i. Tim. II. EJJet Propheticum, imitari Propbetam. Sed peccatis nojtris merentibus Apo/tolicus , qui etiam modo orare deberet pro Rege quamvis peccatore , ut tranquillam c? quietam vitam agamus , agit bellando , ne tranquillam c? quietam vitam agamus. Ciim ita Jibi confonent Apojlolica , cf Pro - phetica verba , quaro humiliter ego /ilia d ma- tre mea Sanctd Remand Ecclejia , unde bcec aucioritas Apojlolica , ut prater fpiritualem gladium, exerat in J'ubj echos alterum occifimis gladium ? Non ago pro Rege , fed pro Eccle- Jiarum matre , cujusparti timemus nos ejus Jilice. Si enim David i. Par. XXII. XXVIII. non meruit adificare templum Dei , quia vir fanguinum erat , Summits Pontifex ,fi vel JliU la janguinis vejlem ejus tetigerit ,'qubmodb in San eta Sanffiorum introibit cum/anguine Chrij- ti , quern offer at pfojud'ff pro populi igno- rantia. O utinam non cum Pilato, Mattb. XXVII. tantum lavet mantisfuas,dicens: Mun- dus ego fum d /anguine innocentum ,/ed etiam cum Petro dicat, Joan. XIII. ■Domine lava non tantum pedes meos , fed & manus fc? ca¬ put. Judcei, Marc. XV. non excufaverunt manus fuas d /anguine Chrijti , quem ipji bora tertid Unguis Juts , bord fexta manibus Romanorum crucifixerunt. Apoftolicus verb fe excufans, dicit cum Paulo , A£t. XX. Mun - dus ego fum a,/anguine omnium vejlnlm. Quis Pontificum Romonorum (Lib. VII. Re- gift. cap. i.) Juis unquam decretis autlorifavit , ut debeat Pontifex gladio belliin peccantes uti? Gregorius primus"ejus nominis Papa ,' quid L 1 2 om- 5J2 Epistola Ecclesije cnines ante fe Papa fuper hoc fenjerint , & quid omnes poji Je /entire debeant, ojlendit, Jcribens Sabiniano Diacono. Unum eft quod bumiliterfuggeras ferenijfimis Dominis noftris: quia Ji ego fervus eorum , in mortem vel Lon- gobardorum me mifcere voluiffem , bodie Lon- gobardorum gens nec Regem, nec Duces, nec Comites baberet , atque in Jummd confuftont ejjet. Sed quia Deum timeo, in mortem cit - jufibet bominis me mifcere formido. Hoc exemplo omnes d primo Gregorio con- tenti , utebantur folo gladio fpirituali, ufque ad ultimum Gregorium , id eft Hildebrandum y qui primus fe er fuo exemplo alios Pontifices contra Imperatorem accinxit gladio belli. Quis poftit Regem arguere ? Melius nobis intellexit Heliu, qui in libro Job, Cap. XXXIV. de Deo ait: Qui vocat duces impios, cf qui reg- nare facit bypocritam propter peccata populi. Quod Gregorius , Moral, lib. 25. cap. 20. ex- ponens : Nullus, inquit , qui talem reStorem patitur, eum, quern patitur accufet: quia ni- mirum fui fuit meriti, perverji rectoris fub- jacere ditioni. Culpam ergo proprii magis ac~ cufet operis , qudm injuftitiam gubernantis : Scriptum namque eft 0 fece XIII. dabo tibi Reges in furore meo. Qidd ergo illos nobis prceeffe defpicimus, quorum fuper nos regimi- na ex Domini furore fufcepimus> Sic ergo fe- cundum merita fubditorum tribumtur perfona regentium, ut fcepe, qui videntar boni, ac- cepto mox regimine permutentur, Jicut Saiil , 1. Reg. XIII. qui cor cum dignitate mutavit . Sic ergo pro qualitatibus fubditorum difpo- nuntur L. EODIENSIS &C. 5U TMTitur a£ta regentium, ut Jape pro malo gre- gis, etiarn vera boni recloris vita delinquat. Certum verb ejl , quod ita Jibi invicem fc? reElorem 6? plebium merita conneStantur , ut /ape ex culpa reclorum deterior fiat vita ple- bium, £? Jape.ex merito plebium mutetur vita reStorum. Sed quia reel ores habent judicem Deum , magna cautela fubditorum eft non tsmeri judicare vitam regentium. Hcec Gregorii verba agunt pro nobis , quod vos Deo judicium fuum tollatis, nec attenda- tis quod dicit Amos Propbeta Cap. V: Vos dejiderantibus diem Domini.- Diem Domini defiderat, qui injufte vel importune, vel intern• peftive de fubjeEtis judicat , vel voto cordis judicium Dei praoptat. Non dicimus Imperatorem noftrum ejje by - pocritam, fed vos, qui eum babetis pro bypo- critd, miramur , quod non attendatis, qud cau/d Deus regnare faciat bypocritam. Si enim cejfarit caufa peccati , ce/fabit & pana peccati, Job. XXXIV. Quid de eo dicimus, quod Henricum ab A- poftolis & Apoftolicis viris excommunicatum Sancti Spiritus judicio dicit ? Nimis ilium deteftatur, quern nec Regis, nec Imperatoris nomine dignatur. Quis poterit difeernere cau- Jam Regni a caufa Sacerdotii. Nifi pax Dei , Philip. IV. qua exuperat omnem fenfum , co- pulet regnum £? facerdotium uno angulari la - pide concordia , vacillabit ftruStura Ecclefia fuper fidei fmdamentum. Utpoteftatem regni probat vel improbat caufa modufque regendi , fee poteftatem Jacerdotii probat vel improbat L1 3 cauftt 53+ Epistola Ecclesi^ caufa modufque ligandi & folvendi. Nam Clemens, EpAJi. i. ad Jac. fcribit dixijje Pe- Irum: Ligabis quod oportet ligari, & folves quod expedit folvi. Qui pr mais point le troifieme (le Temporel ) que les Papes s’arro- gent. 4S4. Paflage d’Ezechiel dont on abufe au lujet de ce Glaive-ci. 463. Epicure. Son fentiment fur le Souverain Bien. 44 - Escobar. Extrait de Propofitions dangereufes tire'es de fa Thcologie Morale. 17$. EvEquES. Le Pape peut les appeller Freres 8c Coeve- ques, mais point Fils 17. La raifon. 326. Quels font ceux qui foutiennent mieux la dignite de leur caraftere. 17. Note. 11 s ont leur pouvoir immediatement de J. C. ,j2o. Mot de St. Cypricn a ce fujet. 321. Ils font appelleZ egalement Chefs de l’Eglife dans uneEpitreat- tribuee A St. Jaques. 322. En quoi leur miffion confif- te effentiellement. Ibid. L’Eglife Univerlelle a de tout terns reconnu leur pouvoir. 323. Sem'ores, nom qui leur a ete donne. Ibid. Sur quoi eft fonde.Sc fur quoi n’ell pas fonde l’ufage des Bulles qu’ils prennent a Rome. 32S. Raifons qui prouvent que les Rois de France peu- vsnt les nommer. 3*7. Source de Tautoiite que les Pa- DES MATIERES pes fe font donnee de les obliger de prendre leiir inveP titure du St. Siege. 329. V. Papes. Eugene IV. Cara&ere de ce Pape. 383. Eft depo¬ se. 384- Eutichius. Dernier des Exarques qui gouvemerent l’ltaiie pour les Empereurs Grecs. 477. Par qui depouil- ie de Ion Exarcat. Ibid. Ezechiil. V. Epees. F. F Aineans. Ce qui a donne lieu a donner ce nom aux Rois de France de la premiere race. 422. Felix. Son cara&ere, 8c lous quelle condition il qui- tale Pontificat. 38}. France. V. Sixie V. Franchise DU qjjartier. V. H°is de France. G. G laives. V. Epees. GibElins. V- Guelphes. Guelphes 8c Gibelins. Source des guerres entre les Empereurs Allemands 8c les Eveques de Rome delignez par ces noms. 39s. Guigues. Exclamation de ce Gene'ral des Chartreux fur le Dogme de la Probability, iji. Guize. Deflein de cetteMaifon contre celle deBour- bon. 417. Gregoire II. Stile de fa Lettre a l’Empereur Mauri¬ ce. 410. Juftifie contre Bellarmin fur 1 ’entreptife qu’il lui attribue fur le Temporel de l’Empereur Leon. 4.9. V. Maxime. Gregoire VII. Son cara&ere. 437. Gregoire XIV. Son entrepiife lur le Temporel de la France. 416. H. H Enri IV. V. Unties. H/rsaa. Per fen. Hereau (le Perej enfeigne a fes Difciples des Tropofirions prejudiciables 88. Tiois Requttes prefentees au Parlement de I’Univerfite de Paris a ce lujet 89. MecontentemenC du Roi contre ce Pere. Ibid■ Hildebrand. Le premier Pape qui ait leve la lance 'irnr.e IV. I>£iS_ . Sa» TABLE Sacerdotale cor.tre le Diademe des Rois. 471, Honorai. V. uAugujtiu . I. J EromE (St.) Son mot celebre au fiijct des Opinions Probables. 14s. Ses belles paroles touefaant les Sen- timens relzchez. 262. Infaillible. V. P apes. Innocent 111 . Son entreprife confre Philippe-Auguf- te & Philippe le Bel. 413. Innocent XI. Son entreprife fur un droit d’honneut que les Rois de France poffedent de terns immemorial. 44>. V. Lmuriin. Morale. Inquisition. Lettre fur lTnquliition qu’on veut eta- blir en France. 1. orc. Ses facheufes co/ife'quences pour bien des Families. 3. &c. Queries que f-a feule idee oc- calionna en 1565. dans les Pais-Bas. is- Note. Jour du Seigneur, Ce que e’eft que le defirer. 49 s - ITHACIUS. V. P rifcilien. Jugemkns. Que les Jugemens temeraires &crimine!s en matierede Foi font tres-communs. zs. Leurs four- ces generales, ou deux erreurs a eviter la-deftus. 29 ike. V- ■Av.gujtm. Juls II. Caraftere de ce Pape. 3S5. Son entreprife contre Louis XI. tk Henri d’Albret. 416. L. L AmV. V. Des Bois. Lavamin. Attentat d’Innocent XL contre eet Am- balfadeur de Fiance a Rome. 162. Leg ATS A LATERE. Pourquoi if faut s’oppofer 4 ceux qui vieiinent de la part des Evequ'e's de Rome. 4S8. LegrAS. V. Caboche. Le Noble. V. Noble. Leon X. Caraftere de ce Pape. 387. Libelee. Replique des Curez de.Rouen a la %eponfe d 9 t*n Theologicn attx Proportions txtraites des Leltres de Jan- Jenim. 107 ike. LibeRte’s Gallicanes. Ce qui en eft la fource.in- violable. 403. Liege. Lettre de l’Eglife de Liege au fujet d’un Eref de pafehat II, contr’elle. 4)3. are. Peife'cntee. 475. Li- D E S MATIERES, LtvrvS. V. ^duguftin. Livres Fenitentiaux. Comre lefquels I’Eglife de France s'eleva dans le IX. Siecle. ijg. See. Lombards. Origine de leur domination cn Italic. 276. See. Louis lf. DebOnnaire. V. Papes. Lucrece. Ce qu’il penfoit de l’Ame. 44. M. M Aires du Palais. Leur pouvoir fous les Rois de France de la premiere race. 421. Maistre (Mr. le) V. Sacy. Majordome. Le Pape l’eft de l’Eglife felon Beliar- min 360. Mal. Exemples de la vengeance que Dieu tire de ceux oui font du mal. 468. Mahichx’ens. bn de ieurs principaux artifices pour decrier la Religion Catholique. 39. V. AogulHr.. Mariana. Auteur d‘un Livre dangereux, 14, Note. Marth (Evequede Touts.) Sa vigoureufe mais faga condnite envers 1 ’Eveque Ithacius. 474. V. Priftilien. Maxime. S’empare a main forte de I’Evtcbe de Salone , & fage conduite de St. Gregoire a Ion egard. A73- Maxime. (Empereur) V. Prifdlien. Mechans. Paroles de |. C. one St Auguftin trouve plus ternbles pour eux, que la moit ou l’on pourroitles -condamner. 472. MascArenhaS. Cenfure de quclques-unes de fes pro- poiitions. 172. MeR Deserte e’Isaie. Ce qu’on peut entendre par la 400. Mil.hard. Son Livre intitule , La Grande Guide des Cures.. 88. Missed. Mots qu’on cn a retranchez. 374. Moderation. Exemples de ceite vertu. V. Martin, t.iauime. morale. Comment traitez ceux.qui s’oppofent a la Morale corrompue. .202. Paroies d’Alexandre VII. con- tr'elle. 204. Et d’lnnocent XI. 205. MonArchiE. Ses differentes efpeces. 298. See. Tour- quoi l'Etat Monarchique eft le plus noble, & l’.Arifto- cratique le plus conforme a Ja liberte Sc it la raifon, 302. Mornav. (Du Plefils.) V. Perron. Mm 2 N, TABLE N. N Oblf. ( Mr. lc ) Quel Livie on Iui attribue com* munement. 341. Note. O. O pinions Probables. Quand e’eft qu’on peut en iaire ulage, 258. V. Probability. Ofiat. Cara£tere de cet Eveque. 68. P. P Apes. S’ils font infaillibles. 18. Leur pouvoir born£ en France. 19. On veut bien les y confulter.. 2 r. Note. Papes done l’un degrade l’autre. 76. Trois fa- 50ns de penler 1 leur fujet, quand il arrive des demeiez entr’eux & les Rois de France. 265. Etabliffement de ]a Souverainete Tempordle qu’ils pofledent aujour- d’hui. 269. Sur quoi l’on fonde la donation faite par l’Empereur Conflantin au Pape Silveftre I. 271. Freuves de la fauflete de cette donation. 272. Source du cha¬ grin des Papes contre les Empercurs de Conftantinoplc. 277 - Pepin, en qualite de Patrice de Rome vient au fe- cours du Pape contre Aftolphe Roi des Lombards 8c d'italie, qu’il depouille de l'Exarcat de Ravenne & de la Marche d'Ancone, dont il donne Je domaine utile au Pape , s’en refervant a lui-meme la Sonverainete. 2S0. Didier, Succefletu d’Aftolphe, vaincu par Charle¬ magne, qui confirme la donation de Ion Pete (la pre¬ miere qui ait ere faite au St. Siege) & y ajoute le Du* che de Spolete , avec la meme relerve. 2J2. Enfuite tout le Territoire de Sabine, & Capoue avec plufieurs auires Terres de ce Duche, apres avoir vaincu Arigize qui en etoit Due. 283. Louis le Debonnaire a ces do¬ nations de fes Peres ajoute la Ville de Rome, aulli a la Souverainete pres. 287. Sentiment des Uitramontains & de FEglife de France touchant le Pape.. 291. 8ec. Pa¬ pes dont on ne pent lire qu’avec horrent les exces de Jeurs entrepriles. 294. Primaure du Pape reconnue par 1 ’Ecriture, & par tous les anoiens Peres. 295. &c. Ce qu’emporte cette Primaure. 29S. 8cc. Comparaifon du l'ape avec le Doge de Venife. 299. Comment on doit gdininiftrer l’ufage des Cles. 300. A qui elles ont ere doc* DBS M A T I E R E S.' donnees. 307. Trois Paffages de l’Ecrituie pour prouvef que St. Pierre eft ieul Chef de l’Eglife. 307. Repon- fe au premier. 3 ° 9 . Rep. au fecond. 314. Rep. au noi- lieme. 31S. Papes qui ont lefufe Je litre d’Eveques .Umverfels. 330. En quel lens on pent ie leur donner, & en quei fens point. 332. Que Trnfaillibiiite ne leur appartieut point, mais a l'Eglile. 333. Temoignages de St. Paul & des Peres contte i’lnfaiilibilite des Papes. 339. Papes qui out end. 340. Reponfe aux paffages des Ultramontains pour ce Dogme. 341 Preuves con- tre, tirees du Droit Canon. 34s- Autres preuves titees du tejnoignage meme de divers Papes. 347. lnepte dif- tinftion des Ultramontains a ce fujet. 346. Qu’un Con- cile Univerfel legitimement affemble eft au-dellus du Pape 352. Bellarmin contraire a cela. ibid. Sa fauffe fuppofttion pour foutenit fou fentimer.t. 353. Il alle- gue lesConciles 8c l’Ecriture. 356. Rep a fa preuvetiree de l’Ecriture. Ib’d. 8cc, Rep. a celle qu’il tite des Con- dies. 3. 8cc. Au Concile de Conftance, qui lui eft contraire , il objefte tro.s chofes. 373. Rep. a la pre¬ miere. Ibid. Rep. a la feconde. 37s. Rep. a la trojfie- me. 378. Trois Papes depofts a la fois. 360. Le Con¬ clude Bade etablitqae le Pape eft oblige d’obeir au Con- cile du moins en trois points. 3 8 °. Quand e’eft que les Pa¬ pes commencerent a empieter des droits qui ne leur ap- partiennent pas. 398. Qu’ils n’ont aucun pouvoir liar le Temporel des Rois , prouve par 1 ’Ecriture. 404. 413. Par les anciens Ieres. 407. Par les Conciles, & par des Papes memes. 408. Fauflete du pouvoir, au-rr.oins in- direift, que Bellarmin leur donne la-deffus. 409. Papes qui ont enttepris fur le Temporel des Rois. 413. &c. Cinq exempies rapportez pat Beilarmm pour autorifer ce pouvoir des Panes. 417. Reponie geuerale a ces exempies. 418. Refutation du premier exempie 419. Du fecond. 420. Des trois autres. 437. Raifon invin¬ cible contre ce pretendu pouvoir. 438. Reponfe i deux autres Paffages de l’Ecriruie alleguez pat Bellarmin a cc fujet. 440. Recapitulation de ce qu’eft le Fape fpirituel- lement & temporellement 442. &c, S’tls peuvent em¬ ployer le Glaive Temporel. 465. 495. Exempies de moderation qu’ils devroient luivre, 473. 474. Qu'on peut les repiendre quaud ils font en fame. 45,0. V. Bar. nifdce Vlil. DiJpenjes. Eglifc. Epee. Evcques. Lregairc i I. & XIV. Hildebrand. Mnjordome. Parlsment de Paris. Upts de France, Mm 3 Par, T A B I E TaRjure. Qu’il faue l’eviter. 482. Parlement de Paris. Redoutable au Pape , auxr Eveques & sux Jefuites. 2. Note. A toujours, comme les autres Parlemens, foutenu I’autorite des Roiscontre les entrepriles de la Cour de Rome. .22. Note. Que les Parlemens Tout les juges miturels des queltions de Fait dans les Matieres Ecclefiaftiques. 2 s. Paschal II. V. L'ige. PenitentiAux. V. Livres. Ff.pin. V. Childctic. Papes. Pepin Heristkl. Sa naiffance , fes emplois , fon caraftete, Sc hiftoire de fes Enfans. 423. See. Perron (le Cardinal du) attaque du Pleffis-Mornay, & ce qu'Henri IV. ordonne a ce fujer. 25. PersF.cuteuRs. Plus a plaindre que ceux qu’ils per- fecurent. 79. Si l’on peur perfecuter une Eglife dont 1 'Eveque eft excommunie. 473. V. Cambras. Canz. Liege. Philippe le Pee. V. Boniface VIII. Pierre. (St.) V. Papes. Plectsude. V. (buries-Martel. Priscilirn & Priscilianistes. Excommunication de cet Eveque par le Pape Damafe ; & arret, de mort eontre lui Sc fes Seftateurs par l’Empereur Maxime, y incite par l’intolerant lthacius. 474. Probabilite’. Comme elle nair Sc ctoit, Sc comme on traite ceux qui la comfcattent. 743. Les Jeliiires eux- memes n’en diffim.ulent pas la nouveaute. 144. Ses fa- dieufes confluences pour l’Etat. ijj See Explique'e par Caramuel. 137. Quatre maximes dans l’union def- quelles confide Ion venin. 159. See. V. Gnigues. Jerome. Opinions Probables. Thomas. Propositions qu’011 ne peut fouffrir dans la prati¬ que. 19S. See. U artier. (Eranchife du) V. Rois de France. R. R A ineroi. Excite une guerre civile, Sc fe fait Maire du Palais aux de'pens de Theoba'd. 424, Reguliers. Plaintes de I’Archeeeque de Malines con- tre ceux de la Compagnie de Jelus. J93. See, Ri- DES MATURES, Richelieu (le Cardinal de ) y. ^Appels comme d’almi. Robert ( Comte de Flandre ) exhorte par Pafclial II. a ravager l’Eglife de Liege. 461. Remercie de I’avoit fait a Cambrai. 469. ROis. Qu’on leur doit une jufte foumiffion. 478. Si l’on peut les excommunier, 487. Qu’on doit prier pour ceux meme qui font heretiques. 494. Sur le Tempore! des Rois. V. Papes. Rois de France. Qtie le Droit de Franchife du Quartier a Rome leur appartient, a l’exclufion des au- tres Potentats. 44s. Ce qu’ont fait les Papes pour abo- lir indiredlement ce Droit. 4J0. I'reuve de la Souvcrai- iiete' des Rois de France fur Rome. 489. &c. Pourquoi Dieu do.une iouvent de mauvais Rois. 497. V. Clerge. Candles. Evecpues. Pain cans. Innocent XI. Papes. Parlement de Paris. Rome. V. ^ilaric, Papes. 'Pais de Prance . S. S acrifice. Conditions du Sacrifice, joo. 8cc. Sacy (Mr. le Maiftrede) Sa Lettre contre l’Jnqui- fiticn qu’on veut etablir eu France. 1. ike. Particular!.' tea concernant cet habile homme. Ibid . Note. Salomon. Application a 1 ’Eglile de Rome du juge- ment de ce Roi-Prophete entre deux Meres qui le diipu- toient uu Enfant 4S3. Salone. V. Maxime. Serpens. Leur prudence. 260 . SfondratE. V. Celeilin Sfonctrate . Silvestre I. V. Papes. Si xte V. Son infolente Bulle contre un Roi de Fran¬ ce. 410. Son entxeprife fur le Temporel de la France. 416. T. T EmporEl. V. Papes. Ttois. Slxte V. Theobald. V. %ainfroi. Thomas. Lieu de St. Thomas qui dclaircit la matiere de la Probabilite'. 1S1. T rente. V. ConctUs. Tribunaux de Conscience. ]. C. en etablic trois inferieurs. 35s. V. TABLE DES MATIEB.ES. U. u Niversite* df. Paris. V. Here an. W. W Alchere (£veque de Cambrai) depo/e & ex com- ( munie. 470. 1 Z. Z Acharie (Pape) juftifie contre Bellarmin fur I’en- / rreprife qu'il lui artiibue a Pegard de Childexic, 420. See. Tin de h Table du Tome IF- '•?' /•> <•' ' . 1. ■v>’';'- J Tr t. j'-* 'S,. ■■•■■■ ' . , v- V - V *> >v- ■ ? ■ '■ - , ' ■ ■ ■ ' • - • 1 . < A H V V. ' ; ‘h: w . *-*' ^ . 4 A K. - A ! ~ ,K 4 f i : v> V.A x - i\' v v ;/ / *v . . . r.\ . , ) V , i . • ' • v s ' v ' Trrfi. -.V -h."' *.• ■ •.--- / ^ - • - - ;• ’ . N ; . - ' - " > • . ,r . . . . — . ' ■ ^ . < - s 1 '-.-' ■; - - v • >• \-V ^ " ‘ - ^ ■ . • ; . -v- . =•• v A .A - • \ - N - v V. V . 'i , >' .... . \ i - ' i ( ' ; ;* . v Vv' /; \ : . - ■ y i y X :'!rAi * i r ~ r 'y ■ •/.. -/, - A ■» . - - - . - ' . \ A : \ V. ' V:: ; vV\; * : ■ ' v , A " . . . * Y* ?. w /■ ;V ; . .. M < ' ' •' V ~ r (; ' . ■ ‘ ' ?. Y,.Y ; f.: ■' ifftV- ,, , • ,■ • W - ,. w !■ ^ , ' , • ■ ' ' " ■ . ■ ' - , ‘i'-V :{■ ‘ <■; — ■ * -V - 'A V- ' ; ’ ‘ . . •• • ■ -• , - v v - - - .A ' J '-'A ."vA ' .. 1 r '' J • - ■ a " ■ y~ ■, ■ Vi*-. ’M v - ry - , /. | & . ■ yy *y y f ■ •- ; V . -': v >:' ■ , ■ . s. - • ■ , \ /■ ■ ' /■ ; 1'.'iJf.y-.-v4- , , 1 * ■.-. la-mn-r. y: : ;y';y. - ■ - 1 ■’ ■■ "A l 'y, : .y ■ ’.<.--vy.. ■ ;y 7, : ; ' • . • -> . V - ' 5 ' . . I ■ -• . SSSi wmt - . , '.-j : ."5 7; ... , : s . ' - ■ ': . 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