ACTA CARSOLOGICA XXVI/2 5 55-62 LJUBLJANA 1997 LE ROLE DES BOTANISTES DANS LES DEBUTS DE LA SPELEOLOGIE FRAN^AISE VLOGA BOTANIKOV PRI ZAČETKIH SPELEOLOGIJE V FRANCIJI CHRISTOPH GAUCHON^ Izvleček UDK 58:551.44(44)(091) Christophe Gauchon: Vloga botanikov pri začetkih speleologije v Franciji Pogosto je prispevek botanikov k poznavanju podzemeljskega sveta neopažen, običajno omejen le na Tournefortov spust v jamo Antiparos (1700) in njegovo zmotno mišljenje o rasti kapnikov. Vendar so botaniki v 18. in 19. stol. veliko prispevali k odkrivanju in k raziskovanju jam, saj so po terenu nabirali gradivo za herbarije in cesto iskali jame, da bi pred njimi našli redke rastline. Najboljši primer je Villaijev opis Trou du Glas, glavnega vhoda v jamski splet Dent de Grolles, iz 1786. Ključne besede: zgodovina speleologije, botaniki, Francija, Alpe, Dent de Grolles, Pireneji. Abstract UDC 58:551.44(44)(091) Christophe Gauchon: The contribution of botanists to the development of speleology in France The contribution of botanists to knowledge of the subterranean world is often undervalued. Sometimes only Tournefort's visit to the Antiparos cave in 1700 is quoted, together with his mistaken views about the vegetative origin of stalactites. But botanists did play a very important part because they systematically practiced field-work to full their herbarium; and they often looked for caves to find scarce plants, unusual elsewhere. The best instance of this contribution is the first description of the main entrance of Dent de Grolles system by Dominique Villars, in 1786. Key words: history of speleology, botanists, France, Alps, Dent de Grolles, Pyrenees. 13, Impasse du Languedoc, 34730 PRADES-LE-LEZ, FRANCE Tantot encore, un cercle se forme autour d'un alerte vieillard Qui explore la nature et connait sa beaute; La vertu miraculeuse des plantes et leurs formes varices Sa perspicacite les a des longtemps scrutees, elle a nomme chaque mousse; II penetre d'un oeil aigu les souterrains abTmes Et c'est en vain que la terre cherche ä lui derober son or pale. Albrecht de HALLER. Les Alpes La question que Ton peut se poser quant ä I'histoire de la speleologie est de savoir qui allait sous terre, qui explorait et rendait compte de ce que recelaient les cavernes, avant que les speleologues n'existent? Bien sür il est aise d'apporter quelques elements de reponse: les paleontologues, les archeologues viennent tout d'abord ä I'esprit, mais, en France au moins, leurs premieres investigations ne remontent pas au-dela de 1826, lorsque furent decouverts des ossements d'ours des cavernes dans la grotte d'Osselles (Doubs). On pense ensuite aux physiciens qui des le XVIeme siede s'interesserent aux circulations d'eau sou-terraines: Palissy, Kircher, Perrault..., puis aux geographes, aux geologues... Mais il est une categoric de savants que Ton oublie peut-etre trop souvent et que Ton ne croirait pas avoir joue ici un role bien important, ce sont les bota-nistes. Certes, il est au moins une celebre figure de botaniste qui emerge de I'histoire de la speleologie, c'est celle de Joseph Pitton de Tournefort, professeur de botanique au jardin des plantes de Paris, dont chacun connait I'exploration de la grotte d'Antiparos, ä la fin de 1700; les observations qu'il fit sur place le conduisirent ä se prononcer pour la "vegetation des pierres" comme mode de formation des concretions et ä defendre cette opinion jusqu'a sa mort, surve-nue en 1708. Meme si Tournefort n'emporta pas I'adhesion de tous les savants, ses recits de voyage eurent une grande audience, connurent plusieurs editions et furent meme traduits et publies en Angleterre (Shaw 1992, 244). On a beaucoup raille Tournefort, et tous n'ont pas compris "la designation d'un botaniste pour une recherche en mineralogie" (Minvielle 1967, 20). Or, juger severement sur ce seul episode, c'est meconnaitre I'apport des botanistes en general ä la decouverte du monde souterrain. Certes, les connaissances des botanistes ne trouvent guere leur utilite dans la comprehension des cavernes, et il n'y a sans doute rien de bon ä en garder, mais nous verrons qu'en revanche, leurs fagons de travailler les mettaient dans des situations propres ä favoriser des decouvertes importantes. I. LA BOTANIQUE AU CENTRE DES SCIENCES NATURELLES: II n'est pas innocent que la connaissance des plantes et celle des cavernes soient souvent mises en parallele, et attribuees aux memes hommes. La citation de Haller que nous avons mise en exergue en est une premiere illustration. II en est bien d'autres. Bosc par exemple, vantant, en 1797, la diversite des Grands Gausses de I'Aveyron, ecrivait ainsi: "Quelle etude plus attrayante que celle de ces plantes, de ces arbustes, de ces simples de toute espece (...); de ces coteaux (...); de I'interieur de ces grottes profondes, par lesquelles on semble penetrer les entrailles de la terre, pour lui derober les secrets mysterieux de la vegetation, ou pour contempler les routes cachees des fontaines et des ruisseaux?" (Bose 1797, I, 12). Les plantes rares sont autant de secrets, que la nature cache, comme eile cache les cavernes, et qu'il faut chercher et invento-rier de la meme fagon. De plus, revocation des plantes medicinales suppose une certaine initiation reservee ä un petit nombre, et au secret s'ajoute alors un mystere. A cet egard, I'association entre cavernes et guerisseurs est significative: Termite qui sejournait au XVIII™® siecle dans la petite grotte de Loi-zia (Jura) faisait pousser, juste au-devant, sur un petit terre-plein, du cerfeuil, du cresson et de la valeriane (Lequinio 1801, 246-247), et il est probable que Termite de la grotte de Saint-Antoine de Galamus (Pyrenees-Orientales) four-nissait des plantes abortives aux paysans des alentours (Fabre 1985, 23). Mais cette parente entre cavernes et plantes n'existe pas seulement dans les mentalites; au XVIIF""' siecle, et dans une moindre mesure au XIX™®, avant que la speleologie ne se soit constituee en discipline ä part entiere, les botanistes joueront souvent un role de premier plan dans la decouverte des grottes. Le rapport entre les deux domaines n'est pourtant pas a priori evident, et merite exphcation: au siecle des Lumieres, la botanique est ä la base de toute Tinstruction scientifique; Saussure, quand il se rendit pour la premiere fois dans la vallee de Ghamonix, avail surout Tidee d'y herboriser, et ses "Voyages dans les Alpes" abondent de notations botaniques autant que de considerations geologiques. Les deux disciplines sont d'ailleurs etroitement liees, ne serait-ce que pour reconnaitre la flore fossile des gisements houillers; les annees d'etudes du je-une Humboldt sont dominees par une reelle passion pour la botanique (Sotting 1988, 16), passion qu'il sut prolonger lorsqu'il entra ä TAcademie des Mines de Freiberg; nous y reviendrons. Un siecle plus tard, Martel comptera parmi ses collaborateurs au moins deux hommes dont la premiere curiosite avait ete pour la botanique: Felix Mazauric, qui dressa la topographic complete de la grotte de Bramabiau avant de s'orienter vers Tarcheologie du pays nimois, avait redige ä Tage de 20 ans le recit d'une excursion botanique au Mont-Aigoual; et Joseph Vallot, selon son biographe, etait ä 16 ans "un passionne de botanique, discipline dans laquelle il s'averait un veritable speciahste (et) les herbiers succedaient aux herbiers" (Vivian 1986, 36-37); il publia plus de 20 etudes de botanique, tout en s'interessant aux gouffres des Gausses, puis se consacra tout entier au Mont-Blanc. De meme, Henri Poujol, qui fut le predecesseur de Martel dans les gorges de la Jonte mais qui refusa ensuite de collaborer avec lui, s'etait d'abord fait connaitre par des travaux de botanique, avant de proceder ä des fouilles archeologiques fruc-tueuses dans les grottes des Gausses. La botanique apparait done comme une veritable et indispensable initiation ä I'esprit scientifique, quelle que soit la discipline ä laquelle on se destine finalement. En plus des savants, la botanique jouit aussi au XVIIP™ d'un grand effet de mode et toute personne distinguee qui se pique d'histoire naturelle tient forcement un herbier. En 1770, Jean-Jacques Rousseau herborisa autour de Grenoble, et le secteur du Vercors qu'il arpenta s'appelle, depuis lors, "Desert de Jean-Jacques"; atteint de la maladie de la persecution, il aimait ä se retirer dans des endroits tranquilles, et en 1762-63, lors de son sejour ä Motiers-Travers (Jura suisse), il s'etait plu ä mediter sous le grand porche de la grotte de Motiers. II. LES BOTANISTES SUR LE TERRAIN: Serieux ou dilettantes, les naturalistes sont done avant tout des botanistes, mais avec cet avantage formidable sur tous les autres savants que les botanistes, eux, allaient forcement sur le terrain, ne serait-ce que pour remplir leurs herbiers, alors que de nombreux geologues ou geographes ne quittaient guere leurs cabinets de travail. Et quand I'Europe decouvrit les grands glaciers de Chamonix et de Grindelwald, les hauts massifs alpins capterent tous les regards, drainerent tous les curieux. Les botanistes ne trouvaient guere leur compte dans ces etendues rocailleuses et englacees, et continuerent ä preferer la moyenne montagne, souvent plus isolee et, paradoxalement, plus difficile d'acces. En effet, alors que des touristes par milliers montaient dejä ä Chamonix ou au cirque de Gavarnie, beaucoup de massifs moins prestigieux n'etaient desservis par aucune route, ce qui faisait dire ä un savant de la fin du XVIII'™ siede que "les Pyrenees n'ont paru etre ouvertes qu'aux seuls amateurs de la botanique" (Reboul 1788). Ceux-ci cherchaient ä illustrer par leurs trouvailles le principe de I'etagement de la vegetation qu'avait, le premier, enonce Tournefort ä la suite de ses observations sur les flancs du mont Ararat (Broc 1991, 174) et arpentaient done, entre autres, les massifs karstiques des Pyrenees et des Alpes. Le Casque de Lheris (1595 metres) au-dessus de Bagneres-de-Bigorre (Hautes-Pyrenees) fut ainsi un haut lieu de la botanique au XVIIP""® siede, mentionne par tous les ouvrages de l'epoque, et, tout en herborisant, on ne pouvait manquer de re-marquer les cavernes qui s'ouvraient sur ses flancs: "Le celebre Tournefort a parcouru la montagne de Lheyris (ä l'automne 1685); comme lui, venez y remplir votre herbier (...) Nous verrons le puits d'Arris, que le vulgaire, ami du merveilleux, croit un abime incommensurable. Nous visiterons les grottes de la Gourgue et de Coume-Barade" (Joudou 1818, 137). Le peuple ignorant et superstitieux s'oppose done au savant botaniste, seul qualifie pour observer avec serenite et methode les phenomenes de la nature. De meme, dans les Prealpes de Savoie, la grotte des Portes (commune de Doucy) est opposee ä la grotte de Banges, frequentee par les curistes d'Aix-les-Bains: "Cette caverne, moins connue, n'est guere visitee que par les bota- nistes qui viennent herboriser dans ces hautes regions" (Richard 1839, 109). Cette pratique systematique du terrain est alors relativement rare, et il semble que tous les savants reconnaissent cette specificite aux botanistes. Un exemple nous le montre bien, choisi dans les Alpes du Sud: sur le flanc Nord du Mont Ventoux, autour de 1400 metres d'altitude s'ouvre une caverne aujourd'hui bien connue et longue d'environ 500 metres: le Trou du Vent. Mentionne depuis longtemps, les descriptions en sont toutefois imprecises, et pourtant le courant d'air qui en sort intrigue. Le geologue Guettard, ayant fait le point des con-naissances acquises sur cette caverne, aimerait bien en savoir davantage, et conclut logiquement: "Le Mont Ventoux est fameux en Provence ä cause des plantes qu'on y trouve: les botanistes le parcourent souvent; quelques uns d'eux probablement resolvera (sic) cette difficulte & nous decrira ces cavernes, si reellement elles existent" (Guettard 1779, XCVI). Les botanistes se trouvent ainsi en position d'arbitres des problemes qui ne peuvent trouver leur solution que d'une frequentation du terain. III. LES BOTANISTES SOUS TERRE: Mais ce qui importe le plus pour nous, et qui est la consequence logique de ce que nous venons d'exposer, c'est que les botanistes seront les premiers ä signaler et ä decrire toute une serie de cavites; en un temps oü la specialisation scientifique n'existe pas encore, certains n'hesiteront pas ä penetrer sous terre et ä en ramener des informations interessantes. La premiere synthese sur la Fontaine de Vaucluse, sur son fonctionnement et son bassin d'alimentation, est due ä Joseph Guerin, createur du jardin botanique d'Avignon (1775-1850). Au cours de ses herborisations dans les Grands Gausses, Antoine Gouan fut le premier, ä la fin du XVIIP""= siecle, ä decrire le site de Bramabiau; sa relation est precise et distingue bien I'orifice dans lequel se perd le Bonheur de la resurgence de Bramabiau ä proprement parier (Gouan 1796, 196-197). Mais surtout, en 1768, il consacra deux journees ä I'exploration de la Baume-Cellier (Monts de Saint-Guilhem, Herault), elargit avec ses compagnons I'etroiture qui terminait la caverne et decouvrit ainsi une nouvelle salle (id. 175-177). Une fois qu'il est entre sous terre, Gouan semble avoir laisse de cote ses preoccupations botaniques et ses investigations sont reellement speleologiques. II n'en est pas de meme de Dominique Villars; ce grand botaniste dauphi-nois de la fin du XVIIP""® parcourut pendant des annees les montagnes de sa province, du massif des Ecrins jusqu'a la Grande Chartreuse, sans en laisser un coin inexplore. Les grottes I'interessent pour elles-memes sans doute, mais surtout parce qu'il y traque les formes specifiques de vegetation: "Les grottes, les lieux bas marecageux, les aqueducs, les conduits souterrains, les puits, les galeries de mines, les endroits les plus infects qui refusent la vie aux plantes ordinaires, sont converts de moisissures, de lichen, de biffus, de mousses et d'autres productions analogues. Ces plantes contribuent ä la salubrite de Fair" (Villars 1781, 166-167). La lecture de son Histoire des Plantes du Dauphine, et surtout de son tome III consacre aux cryptogames, reserve ainsi de nombreuses notations sur les mousses qui croissent "dans les antres, les fentes, ä I'entree des grottes" (Hypnum crispum, 893), sur des lichens qui viennent "dans les pierres creuses, les grottes, dans les endroits oü Fair circule difficilement et oü le soleil ne penetre presque jamais" {lichen lutescens, 1003)... A plusieurs reprises, il cite des especes qu'il a trouvees ä I'entree de la grotte des Cuves de Sassenage (Vercors) ou dans la grotte de I'Ermitage au Neron (Chartreuse). Mais sa contribution la plus importante tient dans sa description du Trou du Glaz, premiere mention connue de ce qui deviendra, bien plus tard, le reseau de la Dent de Grolles. Le passage merite d'etre cite in extenso: En 1775, "nous visitames la fameuse grotte appelee trou-du-Glaz, c'est ä dire trou de la glace, parce qu'elle en conserve souvent toute I'annee. La direction de cette grotte est au Nord; sa hauteur est considerable, sa longueur est de plus de 700 pieds, dans un enfoncement regulier & presque horizontal; son elevation est ä plus de 3600 pieds au-dessus de la plaine de grenoble; on y trouve des stalactites d'une grosseur enorme et d'une assez belle transparence. La vegetation ne se prolonge qu'a 30 ä 40 pieds environ, quoique son ouverture ait plus de 20 pieds de diametre. Les plantes, d'abord legerement inclinees vers le cote du jour, deviennent de plus en plus penchees et plus minces ä mesure qu'on s'enfonce davantage & finissent par etre jaunes, eti-olees, minces comme des cheveux, insipides, inodores et sans consistance, au moment oü cette grotte leur refuse la vie" (1786, XXVI-XXVII). Le temoi-gnage est certes precieux, ä la fois sur le plan speleologique, et sur le plan d'une etude ecologique du monde souterrain. A n'en pas douter, Villars est ici un precurseur. On voit bien par cet exemple que les botanistes ne visitent pas seulement les grottes ä I'occasion de leurs excursions en montagne, en plus de leurs travaux serieux, mais aussi pour y chercher des formes de vie vegetale propres ä ce milieu. Quelques annees seulement apres Villars, Humboldt fut anime de la meme curiosite, meme si eile ne s'appliquait pas aux cavites naturelles : "A I'occasion de ses nombreuses expeditions personnelles dans le sombre laby-rinthe des mines de Freiberg, il est completement fascine par les mousses et autres plantes qui parviennent ä produire une pigmentation verte avec, pour toute lumiere, la faible lueur des lampes de mineur. Du coup, il se met ä etudier, dans son petit jardin souterrain, I'effet de la lumiere sur la croissance des vegetaux" (Botting 1988, 21). Depuis longtemps, la presence de vegetaux ä I'entree des grottes avait dü intriguer; des 1616, Chifflet, medecin de Besangon avait note ä la glaciere de la Grace-Dieu (Doubs) que "les pulmonaires poussent dans cette antre avec la saxifrage" (Chifflet 1616, 97). Mais il semble qu'au debut du XIX^™« siecle, de telles notations deviennent plus frequentes. Dans les Pyrenees, par exemple, le grand botaniste Picot de Lapeyrouse releve la presence d'une fougere Adian-tum Capillus Veneris "sur les rochers humides, dans les cavernes, dans les puits" (Picot 1813, 629). A la meme epoque, Monteil explique que le bord du Causse Noir "presente un grand nombre de belles grottes: celles qui sont d'un acces facile servent ä renfermer les troupeaux, les autres, ou Ton ne penetre qu'avec peine, offrent des concretions pierreuses et plusieurs especes de plantes, telles que le polipo-dium, le politricum, le pinguicula (qui sert ä soigner les gergures des mamelles des vaches), Vacrosticum et Vadiantum" (Monteil 1802, 170). On retrouve ici cette predilection du botaniste pour des grottes d'acces un peu difficile, des grottes qui ne sont pas frequentees pour les usages quotidiens et qui recelent des plantes medicinales. CONCLUSION Cette inclination des botanistes, ou de certains d'entre eux du moins, pour les cavernes ne concerna certes pas souvent le karst profond, et leur curiosite s'arretait en general peu au-dela de la zone de penombre. lis se soucierent rarement de considerations karstologiques ou hydrologiques, mais firent indu-bitablement faire ses premiers pas ä I'ecologie souterraine. Et surtout, dans bien des cas, ils ouvrirent la voie: ä la suite de Villars, plusieurs auteurs mentionnerent le trou du Glas, bientöt indispensable ä toute description du massif de la Chartreuse; Gouan ä la Baume Cellier fut suivi 30 ans apres par un autre botaniste, Amelin, qui la fit connaitre au grand public. Et il est evident que le travail de defrichement effectue par Poujol fut d'une grande utilite ä Martel lorsqu'il vint ä son tour explorer les grottes des Gausses. Sans exagerer done cet apport des botanistes, il convenait de leur rendre ici la place qui leur etait due, aux cotes des autres pionniers de la speleologie. BIBLIOGRAPHIE BOSG (L. C. P.), 1797, Memoires pour servir ä I'histoire du Rouergue, Rodez, Devic, 3 t. BOTTING (D.), 1988, Humboldt, un savant democrate, Paris, Belin, 296 p. BROC (N.), 1991, La Montagne au siecle des Lumieres, Paris, C.T.H.S., 300 p. CHEVALIER (M.), 1987, Au temps des geographes sedentaires, in Le Climat, la Montagne, I'Homme: Melanges geographiques offerts ä Pierre Esti-enne, Clermont-Ferrand, p. 263 ä 275 CHIFFLET (J. J.), 1616, Vesontio, Civitas Imperialis Libera Sequanorum Metropolis, Lyon, Claude Cayne FABRE (D.), 1985, Savoirs naturalistes populaires et projets anthropologistes, in Les savoirs naturalistes populaires, Paris, ed. M.S.H., p. 15 ä 27 GOUAN (A.), 1796, Herborisations des environs de Montpellier, Montpellier, Izar 1 Ricard, 275 p. 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Vallot in E Mazauric, Martelova tovariša, sta bila predvsem botanika. V drugi polovici 18. stol., ko je Evropa odkrila ledenike Chamonixa in Grindelwalda, so visokogorja pritegnil turiste in znanstvenike, medtem ko so botaniki nadaljevali s pohodi po manj obiskovanih in teže dostopnih predalpskih gorovjih. Zagotovo vemo, da so botaniki v času, ko večina geografov in naravoslovcev ni zapuščala svojih kabinetov, nabirali po terenu gradivo za herbarije. Znani botanik iz Grenobla, Dominique Villars, je prvi objavil (1786) opis Trou du Glas, glavnega vhoda v jamski splet Dent de Grolles. Klasično Chaixovo delo o škrapljah temelji na seznamu, ki ga je sestavil botanik John Briquet. Na podlagi več primerov iz Alp in s francoskega krasa avtor v tem prispevku pomaga osvethti vlogo botanikov pri nastajanju znanosti o jamah.