Mojca Smolej Université de Ljubljana UDK811.133.1:811.163.6:81367.63 LA CLASSIFICATION DES PARTICULES EN FRANÇAIS ET EN SLOVÈNE 0 INTRODUCTION Le but de ce travail est de montrer les traits communs et les divergences entre les linguistes français et slovènes du point de vue du traitement des lexèmes que les grammairiens slovènes classent parmi les particules. Après avoir examiné les ouvrages Slovenska slovnica, Le bon usage et La grammaire méthodique du français, nous comparerons les différentes approches morphosyntaxiques adoptées par les auteurs. Pour illustrer certaines différences sémantiques et autres entre les deux langues étudiées, nous aurons recours à des exemples précis tirés de trois romans slovènes traduits en français: Alamut de Vladimir Bartol, Printemps difficile {Spopad s pomladjo) de Boris Pahor et Demain le Jourdain {Jutri čez Jordan) d'Alojz Rebula. Avant tout il convient de préciser que le fait de se rapporter uniquement à l'emploi des particules dans des œuvres littéraires,1 bien que réduisant quelque peu la portée de l'analyse comparative, permettra néanmoins de présenter, du moins partiellement, le vaste champ d'action sémantique des lexèmes étudiés. 1 COMPARAISON ENTRE LE TRAITEMENT MORPHOSYNTAXIQUE DES LEXÈMES (PLUS SPÉCIALEMENT DES «PARTICULES») CHEZ LES LINGUISTES SLOVÈNES ET FRANÇAIS Dans la linguistique Slovène, les particules ont été étudiées pour la première fois comme catégorie de mots autonomes en 1974, dans l'article de Jože Toporišič intitulé « Brève morphologie de la langue slovène » (« Kratko oblikoslovje slovenskega jezika »). La cause ou le fondement ayant motivé la classification de ces mots et locutions dans une catégorie distincte de celle des adverbes (ils figuraient auparavant, dans la grammaire d'Anton Breznik, dans la sous-catégorie des adverbes de manière et formaient, dans Slovenska slovnica de 1956, la catégorie à part des adverbes de mise en évidence et de pensée) repose sur l'impossibilité de questionnement. Pour simplifier, le linguiste part de la constatation selon laquelle le locuteur ne peut pas poser de question à laquelle les particules permettraient de répondre. Ainsi, contrairement aux adverbes, les particules ne jouent pas le rôle d'unités phrastiques. Si nous nous intéressons de plus près au traitement des différentes catégories de mots proposées dans Slovenska slovnica (2001, 255-256), nous constatons que le linguiste 1 La fréquence d'emploi des particules, notamment en slovène, est relativement élevée. Elle l'est, comme chacun sait, dans la langue parlée de tous les jours, mais aussi dans la langue écrite. Bien que leur présence varie beaucoup selon les types de textes, les registres ou les auteurs, on ne risque pas d'être contredit par les faits en affirmant que ces petits mots interviennent dans tous les domaines. 109 slovène répertorie et analyse neuf catégories de mots (le substantif, l'adjectif, le verbe, l'adverbe, «povedkovnik», l'inteqection, la préposition, la conjonction et la particule). Les quatre (ou cinq d'après Slovenska slovnica) premières catégories se caractérisent, au niveau sémantico-syntaxique, par leur rôle d'unités phrastiques tandis que les trois dernières agissent sur le plan fonctionnel avant tout en tant que mots grammaticaux ou, dans le cas des particules, comme modificateurs. Nous pouvons conclure de ce qui précède que la division en catégories de mots dans Slovenska slovnica est indéniablement fondée sur la fonction syntaxique, laquelle est en grande partie liée à la division en unités phrastiques sémantiques. À présent, il convient d'examiner les catégories répertoriées par deux grammaires françaises. Le bon usage (1980) propose neuf catégories de mots: le nom, l'article, l'adjectif, le pronom, le verbe, l'adverbe, la préposition, la conjonction et l'inteijection. Il en est de même dans la Grammaire méthodique du français, à ceci près que les articles y sont appelés déterminants, dénomination se rapportant à l'ensemble des lexèmes précédant le substantif et permettant de « déterminer » le genre et le nombre du groupe nominal. Un rapide examen nous permet d'aboutir à une conclusion aussi attendue que compréhensible, à savoir que la classification des mots en catégories dans la grammaire slovène ne diffère pas fondamentalement de celle proposée par la grammaire française. En réalité, il est intéressant de constater que les deux classifications seraient presque identiques si l'on se référait à la classification slovène proposée par le dictionnaire unilingue faisant autorité, Slovar slovenskega knjižnega jezika (1987,1: LVIII), fondé sur la grammaire Slovenska slovnica de 1956 (1964). En effet, seule cette classification connaît la catégorie des pronoms (ainsi que celle des numéraux), mais ignore celle des particules {Slovenska slovnica, 1956: 132, 153, 243). Les lexèmes que Slovenska slovnica (éditions parues entre 1976 et 2001) classent dans la catégorie autonome des particules forment, dans la Slovenska slovnica de 1956 (260-264), forment deux catégories autonomes d'adverbes : celle des adverbes de mise en évidence et celle des adverbes de pensée. Les adverbes de mise en évidence, « qui permettent de mettre plus ou moins en valeur les mots de la phrase et qui peuvent compléter tous les mots, même ceux ne pouvant pas être en eux-mêmes des éléments phrastiques, tels que les prépositions » (1956:260), se subdivisent en quatre groupes: (1) les adverbes de mise en évidence (prav, ravno, posebno, predvsem, zlasti), (2) les adverbes permettant d'augmenter la quantité ou l'intensité (čisto, prav, zelo, popolnoma, celo, kar, povsem), (3) les adverbes permettant de limiter la quantité (le, samo, vsaj, skoraj), (4) les adverbes exprimant une relation émotionnelle ou affective à l'encontre de quelque chose (vendar, pa, pač, že, še, saj). Les adverbes de pensée, « qui expriment une relation de pensée à l'encontre de la phrase entière » (Slovenska slovnica, 1956: 261), se divisent en quatre sous-catégories: (1) les adverbes d'affirmation, (2) les adverbes de négation, (3) les adverbes interrogatifs et (4) les adverbes à valeur vocative. Qu'en est-il dans les grammaires françaises examinées ? Le bon usage (1980:1008) distingue, selon le sens, sept espèces d'adverbes: 1. les adverbes de manière (ainsi, bien, mal, vite), 2. les adverbes de quantité ou d'intensité (environ, presque, tellement, trop), 3. les adverbes de temps (après, avant, hier), 4. les adverbes de lieu (ailleurs, autour, devant), 5. les adverbes d'affirmation (certainement, absolument, oui, vraiment), 6. les 110 adverbes de négation (non, ne, guère, rien), 7. les adverbes de doute (apparemment, peut-être, probablement, vraisemblablement). Une comparaison superficielle des catégories mentionnées avec les catégories de la Slovenska slovnica de 1956 suffit à montrer les similitudes et divergences morphosyntaxiques des langues slovène et française qu'il conviendra ensuite d'examiner plus attentivement à l'aide d'exemples concrets. À ce stade de la comparaison, seul importe le fait que la majorité des lexèmes que la grammaire française susmentionnée inclut dans la catégorie des adverbes d'intensité, adverbes d'affirmation, adverbes de négation et adverbes de doute, correspondent aux adverbes de mise en évidence et, en partie, aux adverbes de pensée (adverbes d'affirmation et de négation) répertoriés par la Slovenska slovnica de 1956. Nous parvenons à des conclusions similaires lorsque nous comparons les adverbes de pensée et de mise en évidence avec les adverbes de la Grammaire méthodique du français. La ressemblance est particulièrement nette si l'on prend en compte la grammaire slovène de 1956. En effet, la Grammaire méthodique du français ( 1994:378-380) connaît six catégories d'adverbes différentes du point de vue sémantique: 1. les indicateurs du degré (très, fort, légèrement), 2. les modificateurs d'une expression quantifiée (juste, presque, seulement, environ, à peu près, exclusivement), 3. les modificateurs d'un procès verbal (sèchement, à moitié, bien, mal), 4. les modificateurs d'un rapport de caractérisation (rarement, souvent, toujours), 5. les modificateurs globaux de la phrase ou de l'énoncé (ici, ailleurs; probablement, peut-être, sans doute; heureusement, bizarrement; franchement, sérieusement), 6. les marqueurs d'une propriété globale de la phrase (a: les indicateurs du type «est-ce que», «comme»-, b: les connecteurs tels que «c 'estpourquoi», «en effet», «ainsi»', c: les marqueurs de l'orientation argumentative comme «déjà», « même»-, d : les adverbes de balisage textuel, notamment «d'abord», «ensuite», «puis», «alors», «enfin»). À la deuxième et, en partie, à la troisième catégorie d'adverbes (les modificateurs d'une expression quantifiée et d'un procès verbal) correspond la majorité des adverbes dits « de mise en évidence » présentés dans la Slovenska slovnica de 1956 et les particules de mise en évidence, de restriction et d'évaluation de la Slovenska slovnica de 2001; le sous-groupe incluant les «modificateurs globaux de la phrase, qui précisent le degré de réalité que le locuteur assigne au contenu propositionnel du reste de la phrase ou l'évaluation qu'il en fait»,2 a pour équivalent les adverbes d'affirmation ou de négation (adverbes de pensée) de la Slovenska slovnica de 1956 ou les particules de confirmation ou d'accord, les particules de possibilité et de probabilité, les particules d'opinion et d'hypothèse et les particules exprimant les émotions répertoriées dans la Slovenska slovnica de 2001. Aux «indicateurs du type de la phrase» correspondent les adverbes d'interrogation (sous-catégorie des adverbes de pensée) de la Slovenska slovnica de 1956 ou les particules interrogatives et incitatives de la Slovenska slovnica de 2001. Les connecteurs et « adverbes de balisage textuel » ont pour équivalent la sous-catégorie des adverbes d'affirmation (torej, zatorej, tedaj, tako) de la Slovenska slovnica de 1956 ou la catégorie des particules de liaison de la Slovenska slovnica de 2001. 2 Grammaire méthodique du français 1994: 379. 111 Pour synthétiser ce que nous venons d'écrire, nous pouvons dire que, dans la grammaire française, la majorité des lexèmes que la Slovenska slovnica de 1956 classe parmi les adverbes de mise en évidence et les adverbes de pensée et auxquels la Slovenska slovnica de 2001 consacre une catégorie de mots à part, celle des particules, sont répartis dans les différentes catégories d'adverbes. Tableau comparatif des particules répertoriées par la Slovenska slovnica de 2001 et de leurs équivalents sémantiques1 présentés dans La Grammaire méthodique du français: Catégories de particules dans Slovenska slovnica (édition de 2001, pp. 448-449) Catégories équivalentes sur le plan sémantique dans Grammaire méthodique du français (pp. 377-380) 1. particules de liaison (navezovalni č.): s kratka, zatorej, potem, tako,... connecteurs et adverbes de balisage textuel: en effet, ainsi, alors, ensuite, ... 2. particules exprimant les émotions (č. čustvovanja): žal, na srečo,... les adverbes de commentaire phrastique qui précisent l'évaluation: malheureusement, heureusement,... 3. particules de mise en évidence (poudarni č.): posebno, zlasti, celo,... \ les modificateurs d'une expression 4. particules de restriction (izvzemalni č.): samo, edino, komaj,... quantifiée, surtout le sousgroupe des 5. particules d'évaluation (presojevalni č.): približno, skoraj,... adverbes restrictifs ou exceptifs: environ, 6. particules d'addition (dodajalni č.): tudi, prav tako,... i presque, seulement, uniquement, exclusivement, etc. 7. particules de réticence ou d'hésitation (č. zadržka): pravzaprav, pač, saj, že, sicer,... différentes catégories d'adverbes, en particulier les adverbes indiquant l'orientation argumentative (sous-catégorie des marqueurs d'une propriété globale de la phrase: déjà; adverbes de commentaire énonciatifs: au juste, jranchement,...) 8. particules de confirmation ou d'accord (č. potrjevanja ali soglašanja): da, gotovo,... > les adverbes de commentaire phrastique: 9. particules exprimant la probabilité (č. možnosti in verjetnosti): morda, mogoče,... • oui, sans doute, probablement, peut-être, 10. particules d'opinion et de probabilité (č. mnenja in domneve): baje, menda,... j certainement, etc. 11. particules interrogatives (vprašalnič.): ali, mar... \ les marqueurs du type de la phrase : 12. particules d'incitation (spodbujalni č.): ko, da,... > est- ce que, si (seulement), que (+ subj.), comme, ne...pas, etc. 13. particules de négation (č. zanikanja): ne, nikar,... 3 L'expression « équivalent sur le plan sémantique » se rapporte aux mots et aux lexèmes. Son exclus les différents moyens structuraux (locutions). 112 Pour conclure la première partie de notre exposé, nous pouvons donc affirmer que les divergences caractérisant la classification des lexèmes étudiés dans les catégories de mots proviennent d'une approche différente de ces lexèmes sur le plan syntaxique. La grammaire slovène, Slovenska slovnica (1976, 1983, 1991 et 2001), exclut les particules de la catégorie des adverbes en raison de l'impossibilité de déterminer le rôle que ces mots jouent dans la phrase (contrairement aux adverbes, les particules ne sont pas, dans leur structure de surface, des entités ayant une fonction sémantique au niveau phrastique). Par contre, les deux grammaires françaises examinées, de même que l'édition de la grammaire slovène de 1974, partent dans leur classification des mots en catégories (en particulier quand il s'agit de déterminer les lexèmes devant être classés parmi les adverbes), de la tradition classique en s'appuyant avant tout sur la catégorie de capacité connective. Cela signifie que les adverbes occupent en majeure partie sur le plan phrastique les places syntaxiques libres (ce sont donc des éléments additionnels) et que, par conséquent, les adverbes, de même que les particules,4 sont contingents, c'est-à-dire ne jouent aucun rôle dans la définition de l'énoncé sur les plans sémantique et structurel. 2 LES PARTICULES Dans cette seconde partie, nous analyserons les différents groupes de particules et leurs fonctions. Avant tout, il convient de mentionner rapidement les caractéristiques distinctives des particules par rapport aux autres catégories de mots (notamment par rapport aux adverbes, conjonctions et prépositions). On classe traditionnellement les mots d'une langue en deux grands types. Le premier est celui des mots que l'on dit pleins parce qu'ils possèdent un contenu référentiel propre. Le second correspond aux mots qui n'ont pas cette caractéristique et que l'on a, pour cette raison et par opposition aux premiers, parfois déclarés vides. Ces mots, que l'on regroupe en divers sous-ensembles (articles, prépositions, conjonctions etc.), ne renvoient pas directement au monde extérieur, mais ont une fonction en quelque sorte interne à la langue, en ce sens qu'ils sont mis au service des premiers pour indiquer les rapports qu'ils entretiennent entre eux ou les constituer en unités grammaticales plus vastes (locutions, syntagmes, phrases), raison pour laquelle on les qualifie volontiers de mots outils (LID: 1-2).5 En examinant attentivement le cas des particules, nous constatons que ces dernières sont sans aucun doute des mots qu'il est malaisé de ranger dans l'un ou l'autre types (celui regroupant ce que l'on appelle communément les mots lexicaux et celui qui sert à regrouper les mots grammaticaux). Citons quelques exemples : 1. vendar : Zakaj si ga vendar jezil? (Mais, pourquoi l'as-tu ennuyé?) 2. ravno : Zakaj morapriti ravno danesl (Pourquoi faut-il qu 'il vienne précisément aujourd'hui!) 4 II va sans dire que les particules et adverbes ont également en commun la catégorie morphologique d'invariabilité. 5 René Métrich, Eugene Faucher, Gilbert Courdier, 1993 : Les Invariables Difficiles. Dictionnaire allemand-français des particules, connecteurs, interjections et autres »mots de la communication«. 113 3. skratka : Igra tenis, pleza, redno plava v bazenu. Skratka, je zelo športna. (Elle joue au tennis, fait de l'escalade, nage régulièrement à la piscine. Bref, elle est très sportive.) 4. da : Da se to ne zgodi več! (Que je ne t'y reprenne plus!) Ces mots n'ont, de toute évidence, rien de commun avec les mots lexicaux. Mais s'ils partagent quelques traits avec les mots grammaticaux - en particulier celui de ne pas avoir de contenu référentiel propre - ils s'en écartent au moins par une caractéristique suffisamment forte pour qu'on se refuse à classer parmi ces derniers. Ils ne servent pas, contrairement aux mots grammaticaux, à constituer des unités linguistiques de rang supérieur. (Ils ne peuvent pas, contrairement aux prépositions, établir un lien de subordination entre des mots ou des syntagmes; ils ne peuvent pas non plus, contrairement aux conjonctions de coordination, unir des éléments de même statut, soit des phrases ou des sous-phrases, soit, à l'intérieur d'une phrase, des éléments de même fonction.) Alors que la préposition na (sur), par exemple, s'adjoint à un groupe nominal pour constituer un groupe prépositionnel susceptible de fonctionner dans la phrase «Knjiga je na mizi» («Le livre est sur la table»), on ne voit pas avec quelle autre unité un mot comme vendar («Zakaj si ga vendar jezil?») pourrait constituer un quelconque syntagme. Le rôle de ces mots n'est donc ni d'ordre lexical (référentiel) ni d'ordre grammatical (syntaxique). Les fonctions de ces mots se situent sur un autre plan: celui où se réalise l'acte concret d'énonciation. Les particules exercent leurs effets sur le plan de la communication. Quelles sont donc les fonctions de ces mots et combien de groupes peut-on distinguer ? On peut distinguer six groupes de particules définis sur la base de critères fonctionnels.6 1. les particules d'affirmation et de négation; 2. les particules de mise en relief - elles modifient et renforcent le sens du membre de la phrase; 3. les particules modales - elles indiquent la valeur illocutoire de l'énoncé et marquent le dégré de vérité ou de réalité que le locuteur assigne à son propre énoncé; 4. les appréciatifs - ils marquent la réaction affective du locuteur face au contenu de son propre énoncé; 5. les particules connectives - elles servent selon les cas à « enclencher » l'énonciation, à la clore ou à la réorienter, à l'accrocher au contexte ou à la situation; 6. les formants des actes de discours (réalisés dans les énoncés). 3 PANORAMA DES EMPLOIS CONCRETS DES PARTICULES ET DE LEUR(S) TRADUCTION(S) EN FRANÇAIS À partir d'exemples tirés des trois romans déjà mentionnés, nous essaierons de présenter quelles sont les ressemblances et divergences d'emploi pratique de quelques lexèmes dans l'une et l'autre langues étudiées. 6 La classification proposée par la dernière édition de Slovenska slovnica (2001) est, comme en témoigne les appellations des catégories, fondée sur les capacités de modification sémantique des particules, donc sur les différents types de modifications que ces dernières font subir à l'énoncé. 114 3.1 Les particules de mise en relief Le groupe des particules de mise en relief rassemble des mots (ou locutions) comme: tudi, ravno, celo, samo, še, že. zlasti, etc. Contrairement, par exemple, aux particules modales (adverbes modaux ou d'opinion), ces mots ont comme caractéristique fondamentale de ne pas porter sur l'ensemble de la phrase où ils figurent, mais seulement sur l'un de ses membres7 (ils modifient et renforcent le sens du membre de la phrase qu'ils mettent en relief). Exemples: 1. Komur tečejo samo Nil, Evfrat ali Hidaspes, naj nikar ne bere tega, kar tukaj sledi (JJ,811).// Que celui qui ne connaît que le cours du Nil, de l'Euphrate ou du Jhelam, ne lise pas ce qui suit (DJ,9 9). - la particule slovène samo met en relief le sujet de la proposition (Nil, Evfrat ali Hidaspes). Dans la phrase française la mise en relief (la restriction) s'affectue au moyen de la locution ne....que. La locution ne....que porte sur l'objet (le cours du Nil, de l'Euphrate ou du Jhelam). 2. Že tri žetve so bile mimo, kar sem ga bil moral zapustiti in končati tam, na meji sveta, sredi zahodnih peščin (JJ, 12). // Trois moissons déjà, depuis que j'avais dû le quitter et finir là, aux limites du monde, au milieu des sables d'Occident (DJ, 11). - la seule différence entre les phrases slovène et française est dans l'ordre de mots (des lexèmes particule že et l'adverbe déjà). La particule že est placée devant le groupe nominal qu'elle met en relief (tri žetve). Quant à déjà, il est placé après le substantif et son épithète (trois moissons). Les deux mots sont équivalents sur le plan de la signification. 3. A da Egipt začenja zdaj crkavati celo v zibelkah... (JJ, 13).//Maisquel'Égyptese mette maintenant à agoniser dès le berceau... (DJ, 12) - la particule celo renforce l'idée du complément circonstanciel de lieu (v zibelkah). Dans la traduction française, la particule celo est remplacée par la préposition dès. 4. Šele zdaj sem se zavedel, daje fantič nosil hebrejsko ime (JJ, 33). // C'est alors seulement que je pris conscience que l'enfant portait un nom hébreu (DJ, 45). 3.2 Les particules modales La première partie des particules modales (telles que morda, mogoče, verjetno, morebiti, očitno, gotovo, res, zares, seveda, vsekakor etc.) marquent le dégré de vérité ou de réalité que le locuteur assigne à son propre énoncé. Du point de vue du locuteur, on peut donc dire que les modificateurs expriment la certitude (réelle ou feinte) quant à la réalité du contenu qu'il relate. Du point de vue du statut de l'énoncé, on remarque qu'une partie des modificateurs (morda, mogoče, verjetno, morebiti)10 ont pour effet de lui ôter le caractère assertif qu'il a sans eux pour lui donner un caractère plus conjectural. En passant de "Odšla je v Pariz." (Elle est allée à Paris.) à "Morda je odšla v Pariz." (Elle est allée peut-être à Paris.), on change en effet totalement de monde: quiconque 7 Les éléments ou groupes sur lesquels portent les particules de mise en relief peuvent, eux, être de nature, de fonction et de longueur quasi quelconques. 8 Alojz Rebula: Jutri cez Jordan. Dorénavant cité avec l'abréviation JJ et le numéro de la page. 9 Alojz Rebula: demain, le Jourdain. Traduit du slovène par Zdenka Stimac. Dorénavant cité avec l'abréviation DJ et le numéro de la page. 10 (fr.: peut-être, probablement, éventuellement) 115 profère le premier énoncé peut être accusé de faux témoignage, si le fait se révèle ne pas correspondre à la réalité, alors que celui qui en produit la version "modalisée" ne pourra se voir reprocher qu'une erreur de "croyance". Par contre, l'autre partie des modificateurs (gotovo, res, zares, seveda etc. )n renforce et souligne la certitude du locuteur. L'autre partie des particules modales (pa, pač, vendar etc.) joue un rôle important pour • la valeur illocutoire des énoncés (elles indiquent la valeur illocutive) et pour l'expression de l'attitude du locuteur (elles montrent une certaine attitude du locuteur vis-à-vis du contenu de son affirmation et vis-à-vis de l'interlocuteur). Exemples: 5. Kisel se je privzdignil na komolce: "Kot Jud, kolikor sem sploh še Jud, bom pač rekel karavani: Ne prehitro ne prepočasi in srečno pot!" (JJ, 16). // La mine renfrognée, il se souleva sur les coudes: "En tant que Juif, dans la mesure où il reste quelque chose de juif en moi, je dirais à la caravane: pas trop vite, pas trop lentement, et bon voyage! (DJ, 18) 6. In govoril je sunkovito, s prijetno rezkim in čez hip precej hripavim glasom, kakor so pač njegovo živo in neugnano govoijenje sproti modulirala pljuča (SP, 36). // Il parlait d'une voix tranchante mais agréable, saccadée, parfois rauque, ses poumons modulant au fur et à mesure une élocution aussi vive qu'infatigable (PD, 36). - Dans les deux exemples mentionnés précédemment, nous rencontrons la particule pač. Dans l'exemple 5, celle-ci en quelque sorte renforce la connotation d'assurance (son rôle revêt une valeur plus référentielle qu'émotionnelle). Ainsi, du point de vue de la signification, nous pourrions la reformuler à l'aide des particules enostavno, zagotovo. En revanche, dans l'exemple 6, la particule pač joue un rôle avoisinant celui d'un connecteur : avec le mot de liaison kakor, elle exprime, sur le plan sémantique la cause de la phrase précédente. Il est intéressant de constater qu'aucune traduction française ne propose d'élément lexical ou structurel prenant en charge la signification de la particule pač. Il faut quand même souligner, que parfois les particules slovènes sont rendues dans la traduction française par des formes verbales ayant une valeur modale. Dans notre cas le conditionnel présent (je dirais) transcrit à la fois le futur Slovène (bom rekel) et la signification de la particule pač qui correspondrait aux particules sans doute, probablement etc. 7. "V kakšno deželo Obljube?" - "V našo izvorno domovino vendar!" je rekel Adonija." V deželo, ki jo je Najvišji obljubil Mojzesu." (JJ, 19) // "Quelle Terre promise?" - "Mais notre patrie d'origine, bien sûr!" dit Adonias. Ce pays que le Tout-Puissant a promis à Moïse." (DJ, 21) 8. "Noče letala," je še potožil možic. "Porinite ga vendar proč," je zdaj zakričala debeluhinja za gručo mater z otroki, mož v črnem predpasniku pa je skomignil z rameni in se zmedeno začel vračati k letalu (SP, 23).12 // "Il ne veut pas de 1'avion," protesta l'homme. "Enlevez-le donc." cria alors la grosse femme dérrière la masse des mère et des enfants (PD, 25).13 11 (fr. : certainement, certes, sûrement, assurément etc.) 12 Boris Pahor: Spopad s pomladjo. Dorénavant cité avec l'abréviation SP et le numéro de la page. 13 Boris Pahor: Printemps difficiles. Traduit du slovène par Andreée Liick-Gaye. Dorénavant cité avec l'abréviation PD et le numéro de la page 116 Nous avons mentionné les exemples 7 et 8 en raison des deux utilisations de la particule vendar qui mettent en évidence et soulignent l'opinion subjective du locuteur, la position du locuteur par rapport aux déclarations de son interlocuteur. Il convient d'ajouter que, en dépit de l'interprétation de départ commune, les deux vendar se distinguent du point de vue de la modification sémantique qu'ils apportent. En témoignent non seulement les deux traductions françaises mais aussi toute tentative de substitution des particules étudiées par d'autres particules apportant à l'énoncé une modification similaire. Le premier vendar, traduit en français par les particules mais et bien sûr, pourrait être remplacé par la particule menda pour exprimer l'évidence et la déception à l'égard de l'opinion de l'interlocuteur (v našo izvorno domovino vendar: v našo izvorno domovino menda). Or, nous ne pouvons pas faire de même pour le second vendar. En effet, celui-ci est, du point de vue de la modification qu'il apporte à l'énoncé, proche de la locution de particules že enkrat {porinite ga vendar proč: porinite ga že enkrat proč). En utilisant la particule donc, la traduction française confirme, elle aussi, que la modification dont est porteuse la particule vendar dans l'exemple 8 diffère de celle perceptible dans l'exemple 7. 3.3 Les particules connectives Le groupe des particules connnectives rassemble les éléments lexicaux comme : natančneje povedano, natančneje rečeno, skratka, torej, se pravi, z drugimi besedami. in sicer, etc. Leurs fonctions sont nombreuses et diverses. Une partie des particules agissent au niveau des informations transmises dans les énoncés, plus exactement, elles interviennent dans l'organisation de l'information, elles peuvent la (l'information) reformuler, restreindre, préciser, compléter ou la détailler. Les autres particules n'interviennent pas dans l'organisation de l'information mais servent selon les cas à "enclencher" l'énonciation, à la clore ou à la réorienter, à l'accrocher au contexte ou à la situation, à marquer une prise de parole ou à en susciter une. Exemples: 9. Pozneje, ko sva sedla pod napušč konjušnice, sije dal roke na kolena, se zagledal v puščavo in rekel: "Svobode si torej želite Hebrejci?" - "Kot vsak narod pod tem milim soncem," sem rekel (JJ, 14). // Plus tard, alors que nous asseyons sous l'auvent de l'écurie, il posa ses mains sur ses genoux, laissa aller son regard sur le désert et dit: "Vous désirez donc la liberté, vous autres, Hébreux?" - "Comme tout peuple sous ces cieux," dis-je (DJ, 13) - torej et donc marquent la conclusion de ce qui précède ou de ce que l'on constate. Il n'existe pas de différences sémantiques et fonctionnelles significatives. Les différences résident surtout au niveau syntaxique, au niveau de l'ordre des mots, ce dernier étant étroitement lié à la progression thématique. 10. Ljudje, kolikor se jih nisem izogibal, so me kar pošteno poučevali o smeri izraelskega pohoda, neki deček mi je nasul v torbo praženega lotosovega semena, krokodila nisem pravzaprav videl nobenega, z vrat ilovnate koče, potaknjene z lastovičjimi gnezdi, mi je mlada ženska rekla: "Pridi se ljubit k meni!" Zlagal sem seji, češ da se hočem ohraniti za dekle, ki me čaka v Izraelu. Tam me namreč nihče ni čakal, niti domači ne, kakšna otroška ljubezen pa ni bila več kot spomin. 117 Skratka, vso pot tja do Sukata mi ni bilo hudega (JJ, 40-41). // Les gens, quand je ne les évitais pas, m'indiquaient avec assez de précision la direction prise par la caravane d'Israël, un gamin versa dans mon sac des graines de lotus grillées, je ne croisai pour ainsi dire aucun, crocodile et, devant la porte d'une cabane en terre couverte de nids d'hirondelles, une jeune femme me dit: "Viens m'aimer!" Je mentis quand je lui répondis que je voulais me garder pour une jeune fille qui m'attendait en Israël. En réalité, personne ne m'attendait, pas même ma famille, et si un amour d'enfance avait existé, ce n'était plus qu'un souvenir. En un mot durant tout le trajet jusqu'à Sukkot, rien de grave ne m'arriva (DJ, 56). 11. A zdaj je odrinil te podobe, ker so bili v sosednjih kopalnicah nekdanji vojni ujetniki glasni in norčavi; niso imeli namreč takšnih prividov o smrti pod prhami, kakor so jih imeli deportiranci (SP, 12). // Mais il repoussa ces images car, dans les cabines voisines, les anciens prisonniers de guerre blaguaient à grand bruit. Ils n'avaient pas, à l'inverse des déportés, ces visions de mort sous la douche (PD, 14). 12. Skušal je pregnati vse te podobe; a hkrati je čutil, da je ves sestavljen iz njih, da se bo v njih pravzaprav odpočil, se v njih izgubil (SP, 29). // Il repoussait ces images de toutes ses forces, bien conscient en même temps d'en être entièrement fait: en réalité, c'était en elles qu'il se perdrait (PD, 31). Nous avons regroupé les exemples 10, 11 et 12 du fait que les particules employées relèvent de la même catégorie (exemple 10: namreč —> en réalité, exemple 11: namreč —> à l'inverse de et exemple 12: pravzaprav —>■ en réalité). Remplacée en français par le connecteur en réalité dans l'exemple 10, la particule namreč est exprimée par à l'inverse de dans l'exemple 11. Dans l'exemple 12, nous pouvons remarquer que, que contrairement à ce qui se produit dans l'exemple 10, la locution française en réalité ne remplace pas la particule namreč, mais la particule pravzaprav. Un examen rapide des exemples mentionnés suffit à montrer que les variantes françaises sont adéquates et couvrent le sens exprimé par les particules slovènes. Dans l'exemple 10, le lexème namreč exprime sur le plan sémantique une relation d'opposition (Hočem se ohraniti za dekle, ki me čaka v Izraelu: namreč/vendar me tam nihče ni čakal), mais sur le plan métatextuel il exprime une relation d'explication ( Zlagal sem se ji, tam me namreč ni nihče čakal). Dans le contexte précis, la particule namreč pourrait être remplacée par la particule v resnici. Sur le plan sémantique, la particule pravzaprav exprime, elle aussi, l'opposition {Skušal je pregnati vse te podobe: pravzaprav/vendar je čutil, da se bo v njih odpočil, se v njih izgubil). Pour résumé l'analyse des exemples 10 et 12, nous pouvons dire que le syntagme en réalité exprime dans les deux cas une relation d'opposition sur le plan sémantique, ce qui signifie qu'il remplace de manière adéquate, sur le plan tant de la signification que de la fonction, les lexèmes namreč et pravzaprav. Au contraire, dans l'exemple 11, la particule namreč exprime sur le plan sémantique une relation non pas d'opposition mais de cause ou d'explication. Il s'ensuit que, dans l'exemple étudié, le rôle causal ou explicatif de la particule est pris en charge de manière adéquate par la locution prépositionnelle à l'inverse de. En effet, bien que cette dernière élargisse indubitablement l'information, elle ne change pas la valeur de la relation sémantique intertextuelle (la relation causale ou explicative). 118 3.4 Les formants des actes de discours réalisés dans les énoncés Les composants, les constituants essentiels des actes de discours (réalisés dans les énoncés) tels que le constat, l'ordre, la demande, la promesse, le souhait, le regret, le doute, la défense, la menace, le reproche, l'accomplissement performatif, etc. (il n'est pas possible d'en dresser une liste exhaustive) sont des groupes lexicaux (par exemple, des particules: da, ko, če, ali, mar) et aussi des groupes syntaxiques (le mode, le temps, la personne de verbe etc.). Dans ce chapitre on se concentrera surtout sur l'emploi des particules. Il faut tout de suite souligner qu'on prendra en considération aussi d'autres moyens lexicaux et syntaxiques qui sont aussi indispensables pour la formation des actes de discours (les particules, les adverbes, les conjonctions et les moyens syntaxiques s'entraident en constituant et en formant des actes de discours réalisés dans les énoncés.) Exemples : 13. "Da bi se le skidali vsi do zadnjega!" (JJ, 15). // Si au moins ils pouvaient tous disparaître, jusqu'au dernier!" (DJ, 15) - la particule Slovène da (+ le conditionnel du verbe skidati se) et la conjonction française si (+ l'imparfait de l'indicatif du verbe pouvoir) expriment la même valeur illocutoire (le souhait). 14. "Šopka da ne pozabiš!" je rekla za mano, ko sem že stopal čez prag koče (JJ, 39). // N'oublie surtout pas ton bouquet!" lança-t-elle derrière moi, tandis-que je passais déjà le seuil de la maison (DJ, 54). - le formant da (+ le présent de l'indicatif de la deuxième personne du verbe pozabiti) et l'adverbe modal surtout renforcent le conseil, l'ordre. Ici la particule da, alliée au verbe pozabiti à la deuxième personne du présent de l'indicatif ne fait pas ressortir le rôle illocutoire du souhait (ce dont témoigne déjà la forme illocutoire de l'énoncé), mais celui du conseil ou de l'ordre. La différence de valeur illocutoire de l'énoncé (en comparaison avec l'exemple précédent) ressort également de la forme illocutoire de l'énoncé dans la traduction française (la forme impérative du verbe oublier accompagnée du lexème surtout renforçant encore le conseil, l'ordre). 15. Toda kaj meje še bolj pretreslo? Videti govedo, kako je mukaje odhajalo z verigo za vratom, ko da izreka svoj zbogom dolini Nila! No, saj bo koga prineslo spet nazaj (JJ, 37). // Mais ce qui m'a le plus bouleversée, c'est de voir le bétail enchaîné s'en aller en beuglant, comme s'il faisait ses adieux à la valée du Nil! Bien sûr, quelques-uns vont revenir (DJ, 50). - la particule saj. (le formant des actes de discours) et l'adverbe modal ou d'opinion bien sûr introduisent et renforcent l'assertion (Quelques-uns vont revenir. // Koga bo spet prineslo nazaj.) qui s'oppose à ce qui précède. 4 CONCLUSION Nous avons donc encore une fois obtenu la confirmation (attendue) de ce qu'il fait nécessairement, avant toute analyse contrastive de langues différentes, prendre conscience de ce que les locuteurs peuvent user pour un même présupposé conceptuel de moyens lexicaux et grammaticaux très distincts. Il s'ensuit logiquement qu'il est impossible, durant l'étude des catégories grammaticales d'une langue, de tirer des parallèles avec les catégories grammaticales d'une autre langue. En effet, il convient de prendre en compte 119 diverses lois textuelles, syntaxiques et morhpologiques qui apparaissent au niveau de l'usage et de la fonction des lexèmes étudiés. En résumé, pour étudier et comparer pleinement des catégories grammaticales similaires ou identiques dans deux langues distinctes, il convient, en dehors des postulats théoriques proposés par les grammaires et dictionnaires, d'inclure dans l'analyse un corpus assez large d'emplois effectifs des moyens lexicaux étudiés permettant d'appréhender également les caractéristiques structurelles, morphologiques et textuelles gouvernant l'usage de tel ou tel instrument lexical. Bibliographie: A Bartol, Vladimir, 1988: Alamut. Traduit par Claude Vincenot. Paris: Phébus. Bartol, Vladimir, 1984: Alamut. Maribor: Obzoija. Pahor, Boris, 1995: Printemps difficile. Traduit par Andrée Liicke-Gaye. Paris: Phébus. Pahor, Boris, 1998: Spopad s pomladjo. Ljubljana: Slovenska matica. Rebula, Alojz, 1997: Demain, le Jourdain. Traduit par Zdenka Štimac. Paris: Cerf. Rebula, Alojz, 1988: Jutri čez Jordan. Celje: Mohoijeva družba. B Hervé-D. Béchade, 1986: Syntaxe du français moderne et contemporain. Paris: PUF. A. Bajec, R. Kolarič, M. Rupel, 1956: Slovenska slovnica. Ljubljana: DZS. Pierre Le Goffic, 1993: Grammaire de la phrase française. Paris: Hachette. Joëlle Gardes-Tamine, 1990: La grammaire. Paris: Armand Colin. Maurice Grevisse, 1980: Le bon usage. Paris: Duculot Hélène Huot, 2001 : Morphologie. Forme et sens des mots du français. Paris: Armand Colin. Viktor Jesenik, Narcis Dembskij, 1990: Slovensko-francoski slovar. Ljubljana: DZS. René Métrich, Eugene Faucher, Gilbert Courdier, 1993 : Les Invariables Difficiles. Dictionnaire allemand-français des particules, connecteurs, interjections et autres »mots de la communication«. Nancy: Université de Nancy. Phillipe Monneret, René Rioul, 1999: Questions de syntaxe française. Paris: PUF. Martin Rœgel, Jean-Christophe Pellat, René Rioul, 1994: Grammaire méthodique du français. Paris: PUF. Mojca Rogač, 1998: La classification des particules en français et en slovène. Mémoire de diplôme (sous la direction de V. Pogačnik). Faculté des Lettres. Ljubljana. Mojca Smolej, 2001: Členek v slovenskem knjižnem jeziku. Pomenoslovni in skladenjski vidiki. Thèse de magistère (sous la direction de B. Pogorelec). Faculté des Lettres. Ljubljana. Jože Toporišič, 2000: Slovenska slovnica. Maribor: Obzoija Maribor. Povzetek OBRAVNAVA ČLENKOV V FRANCOSKEM IN SLOVENSKEM JEZIKOSLOVJU Članek se ukvaija s primeijavo obravnave in razumevanja besedne vrste členkov v francoskem in slovenskem jezikoslovju. Po pregledu nekaterih jezikoslovnih del, kot npr. Slovenska slovnica, Le bon usage in La grammaire méthodique du français, se oredotoča na različne morfoskladenj ske pristope obravnave preučevanih leksemov v omenjenih priročnikih. Za natančnejši prikaz skladenjskih in pomenskih razlik, pa tudi razlik med samima jezikoma, so navedeni nekateri primeri rabe členkov in njihovih prevodov v literarnih delih: Alamut avtoija Vladimira Bartola, Spopad s pomladjo Borisa Pahoija in Jutri čez Jordan Alojza Rebule. 120