J??2>SSJ. ^y/. 2/ RECUEIL D'ITINERAIRES DANS LA TURQUIE D'EUROPE. RECUEIL »ITlftH DANS LA TURQUIE D'EUROPE. ----/ , AAA/V DÉTAILS GÉOGRAPHIQUES, TOPOGRAPHIQUES et STATISTIQUES suh cet EMPIRE PAR àmi boui l>r. en médecine, Membre honoraire de la Société' des Sciences de Harlem, de ta Société froo-logique du Cornouailles, de la Société de Physique do Genève, du Musée de Bohême à Prafrue, «le la Société géologique de l'Autriche intérieure a Gratz, de la Société Weruérienue de Brunn et de. la Société d'Utilité publique de Trêves, Membre de l'Académie impériale des Sciences de Vienne, des Sociétés géologiques dé France et do Londres, des Sociétés Wernérienne et de médecine d'Edimbourg et des Sociétés d'Histoire naturelle de Moscou, de Halle, de Francfort sur le Main et de Berne, Correspondant de la Société philomutjque de Paris, de la Société de Géographie de Berlin , de l'Académie des Sciences naturelles de Philadelphie . de la Société de l'Université de Craeovie, de la Société Linnécune du Calvados, des Sociétés d'Histoire naturelle et d'Agriculture de Lyon et de Troyes. etc. / TOME SECOND. (PUBLIE AUX VRAIS I>E L'ACADEMIE IMPERIALE DES SCIENCES.) - »AitrifLriTiJlAArm«' - VIENNE. EN COMMISSION CHEZ W. B 11 A U M V L L E R, LIBRAIRE DE L'ACADÉMIE IMPÉRIALE DES SCIENCES. imprimerie de charles ce roi, d et fils TABLE DES MATIÈRES. ALBANIE. Papes N°. XVIII. Itinéraire de Scutari à Janina et Arta par Elbassan et, Bérat..................................................... 1— 51 ALBANIE, THESSALIE et MACÉDOINE. N". XIX. Itinéraire de Janina a Salonique par Metzovo et la Thessalie 52— 77 N". XX. Itinéraire de Larisse en Thessalie à Prizrcn et Prisèhtina par le Sarantoporos, Scrvia, Kastoria, Oehri et Kritsehovo.......... 78—110 HAUTE ALBANIE et BOSNIE. N°. XXI. Itinéraire de Scoutari à Sérajévo en Bosnie par Ipek et le Glicb..................................................... 111—140 N°. XXII. Itinéraire de Novipazar à Scoutari par Gouzinié et la plus haute chaîne de la Turquie.................................. 141—173 BOSNIE et HERZEGOVINE. N". XXIII. Itinéraire de Prisèhtina à Mostar en Herzégovine par Novipazar, Fotscha et Gatzko.................................. 174—'214 N". XXIV. Itinéraire de ltuguse à Sérajévo par Mostar............. 215—224 BOSNIE et CROATIE TURQUE. N". XXV. Itinéraire de Sérajévo a Giadiska par Travnik et Banja- iouka avec une excursion à Voinitza et Skopia................. 225—239 CROATIE TURQUE. N°. XXVI. Itinéraire de Banjalouka à Kostainitza et Novi par Kozaratz ou Stari-Maidan............................................ 240—243 BOSNIE SEPTENTRIONALE. N°. XXVII. Itinéraire de Banjalouka a Brod..................... 244—249 N". XXVIII. Itinéraire, de Spalatro à Brod par Keupris, Travnik et le long de la Bosna........................................... 249—251 N". XXIX. Itinéraire de Banjalouka à Zvornik par Maglaj.......... 252- 253 Nu. XXX. Itinéraire de Sérajévo a Belgrade par Zvornik et Ratscha . 254—263 SERVIE. Pages N°. XXXI. Itinéraire de Belgrade à Sokol et Zvornik ou Oujitzé par Kroupagne............................................ .. 2154 -277 N". XXXII. Itinéraire de Sokol à Kragoujévatz par Valiévo........ 278—288 N". XXXIII. Itinéraire de Kragoujévatz à Oujitzé par les montagnes de Roudnik................................................ 289 -294 N°. XXXIV. Itinéraire de Kragoujévatz à Novipazar en Bosnie par Karanovatz et Studénitza.................................... 295—305 N°. XXXV. Itinéraire de Pojarévatï à Oujitzé par Jagodina et Krou- sehévatz.................................................. 306—312 N°. XXXVI. Itinéraire de Pqjarévatz à Jagodina par la vallée du Mlava et Gorniak................................................ 313—315 M". XXXVII. Itinéraire de îsisch à Kragoujévatz par Gourgousovatz, Bania et Jagodina......................................... 316—325 Proposition d'une réforme administrative........................... 327'—332 ALBANIE. xvin. IVtlillAlll de SCUTAR1 ou SCOUTARI a JANINA et ARTA. U ne plaine fertile et en partie cultivée s'étend au S. et S.E. de Scoutari depuis le Drinasi ou Kiri jusqu'au Drim, mais à l'O. de ce vaste canal s'élèvent de petites buttes et une série de hauteurs. C'est vers ces dernières que se dirige la route de Scoutari à Alessio. Le chemin est en grande partie une chaussée pavée plus ou moins démantelée et bordée de fossés. Pour éviter les plus mauvaises portions de ce casse-col, on préfère souvent se jetor dans la fange du fossé ou même entrer par des trous de haies dans des prés adjacens. Au milieu de ces misères d'une mauvaise administration, on ne peut s'empêcher de se retourner plusieurs fois pour jouir encore du coup d'ccil de ce beau bassin de Scoutari, entouré d'un amphithéâtre de montagnes, sur lequel dominent les neiges des montagnes de Schalia et du Prokiétia. Vue pardessus les groupes verts des arbres, la haute citadelle de Scoutari a l'air bien plus imposante que de près. Elle semble même quelquefois planer dans les airs. Après avoir passé entre deux petites buttes, on atteint à ll/2 h. de Scoutari le grand village de Bouchera (Bouschatz, alb. Bouschat) orné d'une mosquée, de quelques platanes d'Orient et de tilleuls argentés. C'est le lieu de naissance de la famille des derniers Paschas héréditaires de Scoutari. Nous y rencontrâmes une dame albanaise musulmane se rendant à la ville. Elle était couverte d'un grand manteau de soie violet à broderies rouges. 1 Devant elle un serviteur portait son enfant dans un berceau semblable à un petit cercueil et couvert d'une étoile violette en soie. Derrière elle suivaient à cheval sa servante et à pied un domestique albanais. A demi-heure plus loin nous passâmes à côté d'une église catholique, qui indique un village voisin et nous fîmes une petite halte sous un vaste tilleul argenté. Nous voyagions entre le Drim et les collines, qui sont à l'O. et dont les pentes sont nues, déchirées ou couvertes tout au plus de minces broussailles. Ces petites hauteurs de 100 à 200 p. bordent les deux rives du Drim et cachent ainsi à la vue Skéla-Mjed , où ce fleuve sort des montagnes des Myrédites. A 3 h. de Scoutarî le Drim décrit une grande coude du N. au S. pour ne reprendre que plus tard sa direction du N. E. au S. O. Les collines ont dans ce lieu 3 à 400 p. à l'O. et 6 à 800 à l'E. Avant ce contournement du fleuve est le bac, qui porte le voyageur sur la rive opposée pour éviter ces hauteurs. Ce n'est encore comme à Skéla que deux étroits batelets attachés l'un à l'autre par des barres de bois. Il fallut faire trois traversées pour passer tous nos chevaux. Entre Bouschéra et ce point Mr. Kiepert indique, d'après le Dr. Millier, à l'O. les villages de Barbalischi, de Koukli et de Koukaritsch, qui nous restèrent cachés, parce qu'ils sont probablement dans des gorges des collines. Il y a une église catholique de St.-Nicolas dans le dernier village que le Dr. Millier dit toucher l'eau de la rivière. Le bord du Drim est garni d'une basse falaise d'argile alluviale, qui met au jour la fertilité du sol de ce paradis de l'Albanie supérieure. Le fleuve y est large comme la Seine dans les grandes eaux au-dessus du pont du Louvre. Ses eaux sont courantes et assez profondes. La vallée du Drim jusques vers Ales-sio est habitée par des Guégues catholiques, qui y ont de nombreux villages et sont sujets aux impôts, tandis que leurs compatriotes des montagnes ne le sont pas. Les collines bordent la rive occidentale du Drim, tandis qu'une vaste plaine forme entre ce fleuve et les montagnes au S. un triangle à sommet aigu et placé à Alessio. C'est ce qui constitue le district du Zadrim (Riverain du Drim). Au point du débarquement du bac, à 3Y4 d'h. de Scoutari, on voit un peu à l'E. un grand village qu'on nous nomma, pro- bablement par erreur, Zadrima, du moins Mr. le Dr. Millier l'appelle Raboschta (500 h.), plus loin au N. E. est Daitschi (80 h.) à la place de Daïna (leDagno des cartes), une ancienne résidence seigneuriale sous Scander-Bcg et plus bas à y4 d'h. de Zadrima le village de Linista (pron. aussi Linischta, le Blinisti des cartes) se trouve au point, où le Drim reprend son cours au S. O. Une petite église catholique est placée au bord du fleuve. Un couvent avec un clocher précède d'une demi-heure ce village et est situé sur la rive opposée du Drim au pied de montagnes calcaires de 5 à 600 p. En continuant à parcourir les plus beaux champs possibles de maïs, de tabac et souvent à l'ombre d'arbres entrelacés de ceps de vignes, on atteint à demi-lieue de Linischta le village de Poborik (Oboris des cartes), puis à une demi-heure plus loin le hameau de Baldrin en grande partie détruit et à décombres couverts de pampres. Mr. le Dr. Millier place non loin de là un Baldren (40 m.) dans un vallon sur la rive droite du Drim et y indique ce-pendant les mômes beaux aunes que dans notre Baldrin. Du reste il est assez particulier que le Dr. Miiller ne cite point dans le Zadrima les villages par où nous avons passé, il faut donc qu'on nous ait trompé ou que ses indications ayent rapport à des villages un peu plus loin de la rive gauche du Drim. Il y nomme depuis Alessio au bac de Mjed ou de l'O. à l'E. les villages sui-vans, savoir Podané (30 m. et 150 h.) lieu fréquent de tremble-mens, Zeiméni (80 h.) à % h. du Drim, Raboschta, Mitzia (00 h.) avec une chapelle catholique de St.-Marie, Daitz, Stéphan (50 h.), Braïm-Aga (16 h.), Kodéli avec une église de St.-Roch, Ner-schahat (130 h.) avec une chapelle, St.-Nicolas, Batzti (45 h.;, Nézatzi (95 h.) et Ilaiméli (86 h.). On apperçoit de loin devant soi l'ancien château et la ville de Lesch, mot, qui signifie en albanais Alexandre et aussi charogne, d'où il vient peut-être, comme le dit Mr. de Hahn, que les Slaves en ont fait Mrtava et les Turcs Mrtav. Probablement la dénomination de Lesch se dérive de l'ancien nomdeLissus, dont. Mr. de Hahn trouve fort à propos l'origine dans le mot albanais de Ljissi, un arbre, à cause de la forêt immense, qui s'étendait jadis le long de cette côte et dont les restes se voient encore dans la vallée de l'Ischm. Les montagnes au S. du Zadrim se terminent du côté de l'O. par deux montagnes pointues, dont la 1** première est le Vélilesch avec un Téké et la plus basse celle, qui supporte à une hauteur d'environ 300 p. le château de Lesch. Ce dernier occupe probablement la place de l'acropole de l'ancien Lyssus fondé par le tyran Dénis de Syracuse. Mr, de Hahn y a retrouvé encore quelques restes de murs cyclopéens. Du reste le château actuel est entouré d'un mauvais mur crénelé, a des meurtrières et contient une petite caserne pour 20 Albanais, On n'y voit plus de traces du tombeau de Scander-Beg. (Pour l'histoire de l'ancien Lissus , voyez l'hist. de l'Empire ottom. de Mr. de Hammer. Vol. I.) Les pentes de cette petite montagne sont dénudées et sur leur pied septentrional est placé à côté du Drim la ville étroite de Lesch, tandis que sur la rive septentrionale du fleuve se trouve aussi une colline pointue adossée à une plus haute montagne. Dans ces lieux le couvent catholique et à clocher de St.-Marie est situé sur un petit rocher à peu de distance au-dessus de Lesch. La route tournoie au milieu des cultures et des bocages le long du Drim jusqu'à ce qu'on atteigne enfin le bas de la ville d'Alessio à 5 3/4 h. de Scoutari. Il fallut monter au-dessus de toutes les habitations pour atteindre commodément la principale auberge de cette petite ville de 14 à 1700 âmes, savoir 224 familles catholiques albanaises ou slaves, 85 familles surtout albnnaises-mahométancs et 40 familles zinzares. Des troupes en passage et des voyageurs avaient déjà occupé toute la place disponible du misérable Han de la poste. Sur la galerie vermoulue du premier étage étaient dès officiers et dans la cour étaient assis de tous les côtés des groupes de passagers, qui gardaient à vue leurs effets, car comme toutes les villes du littoral albanais, Lesch a une mauvaise réputation. Notre postillon ne sut nous trouver de meilleur place que la devanture d'une boutique dans la rue du Bazar, qui était à côté du Han. Malgré une odeur épouvantable s'exhalant d'un établi de boucher et les bclemens des moutons réservés pour l'holocauste du lendemain, il fallut bon gré mal gré se soumettre. Bientôt nous fûmes nichés avec nos effets dans ce local improvisé et ayant servi déjà à plus d'un voyageur. Mais il fallut avoir bien de la patience pour attendre le souper, qui se réduisit cependant à quelques œufs et du vin, parce que nous étions arrivés après le coucher du soleil et la fermeture du Bazar. A l'aube du jour nous nous hâtâmes de nous lever, car déjà le maître dela boutique voulait entrer dans son local et le boucher faisait couler des flots de sang à nos côtés. Néanmoins il était impossible de partir, parce que les chevaux n'avaient pas encore mangé l'orge, nous parcourûmes donc un peu la ville. Elle est affreuse, la petite rue du Bazar et une ou deux ruelles adjacentes renferment toutes les boutiques de ce grand lieu de passage. Par-contre le Drim forme une jolie nappe d'eau et porte de grosses barques. Nous aurions bien voulu visiter le château, mais les Albanais attachent une telle importance stratégique aux moindres manoirs que nous nous en abstenâmes. Sous Skander-Beg ce fort commandant l'entrée de la vallée devait avoir encore plus d'importance qu'à présent et probablement la ville adjacente était alors plus florissante qu'actuellement. Après Alessio on passe un ruisseau et à iy4 d'h. on laisse eu plaine à gauche un village myrédite et plus loin sur la hauteur à une assez grande distance le village de Matsonia. Ces montagnes sont le prolongement S.E, de celles près d'Alessio et l'une d'elles entre cette ville et le Mat s'appelle d'après Mr. de Hahn à cause de la couleur blanche de ses rochers calcaires Malli-i-Barth. Une solitude de près de 5 1. de longueur sur une à 2 '/2 1. de largeur s'étend au S. Ces lieux couverts de bocages de lîhamnus Paliu-rus et d'autres arbrisseaux ainsi que ça et là de roseaux ou de chardons ont été de tous temps la retraite favorite des voleurs, dont la fuite était favorisée par le voisinage des montagnes ou de la mer. Des bouquets de figuiers, des vignes sauvages et des arbres fruitiers indiquent ça et là que ce désert, nommé en albanais Gours, (de Gour, pierre), l'était bien moins dans le temps glorieux de •Skander-Beg. La main destructive des Ottomans a passé sur cette plaine et le reste de ses habitans s'est retiré dans les montagnes, où tout est vie et valeur, tandis que la mort seul règne à leurs pieds au milieu des tombeaux et des décombres. Il faut bien savoir la route, pour ne pas s'égarer dans ces broussailles parsemées de marécages et assez hautes pour empêcher de se reconnnaître. Ce sont des détours sans cesse renouvelés, dont on tâche de sortir aussi vite que possible de crainte de quelque mauvaise rencontre. En hiver les eaux pluviales des montagnes voisines grossissent à tel point les marais de la plaine, nommée Souschti (?), que cela augmente les difficultés de la route. Enfin une zone de hauts roseaux annonce les bords du large lit du Mati, qui est plein de cailloux calcaires et dioritiques et près duquel on recommence enfin à observer quelques petits champs de maïs et de blé. C'est la propriété des habitans du village voisin et caché de Catherine. Deux autres hameaux catholiques sont placés dans le défilé, d'où sort le Mati, l'un, nommé Schoulazi, est sur le côté septentrional et l'autre, appelé Spitani, sur le côté opposé, tous deux sont à demi enfouis dans de petites gorges. Cette grande porte du pays des Myrédites est bordée d'escarpemens calcaires, mais passé le défilé des pentes plus douces sont couvertes d'autres villages tous libres. Mi\ le Dr. Millier place au N. du Mati vers la mer le village mahométan albanais de Schleintz (13 h.) et au N. Ë. de la plaine de Cours et au S. du Mati du moins d'après sa carte le hameau de Miljodi et le village mahométan de Laatzi (45 m. et 500 h.), tandis qu'à l'E. seraient les misérables hameaux de Valiès et de Mévadiès composés de maisons éparses (page 72). Probablement ces deux derniers noms ne sont pas les véritables, car il les cite déjà au pied du mont Vélilesch dans le Zadrima (pag. 59). À 3% ou 4 1. d'Alessio on atteint l'auberge isolée de Schi-navlia-IIan, qui est placée dans une petite pelouse au milieu des bois. Un beau peuplier noir très élevé y sert de salle et de chambre à coucher, car l'auberge en elle-même n'est qu'une misérable habitation, dont deux Albanais font les honneurs. Néanmoins comme à l'ordinaire, il y a un village caché à demi-heure ou une heure de là vers la montagne. Etablis en plein air, nous pûmes étudier à notre aise le rempart naturel du pays des Myrédites, car on ne peut pas donner de nom mieux approprié à ces escarpemens continus de 800 à 1000 p. d'élévation sur une étendue de pays de près de 9 à 10 1. Ils courent du N. O. au S. E. et sont formés par les montagnes calcaires, qui bordent le côté oriental de la large vallée de Brari ou de l'Ischm (Hismo) depuis Matsonia et Scltleinz (13 m. alb. mahom.) jusqu'à Tirana. Cette dernière forme du S. E. au N. O. une étendue de plaine de 9 à 10 1., dont la largeur varie de \/<> à 1 1. jusqu'à 2'/2 1. dans la partie inférieure. Sa figure est celle d'un triangle assez aigu, dont le sommet serait vers Tirana. Sur le côté occidental de cette cavité s'élève entre elle et la mer une colline de 4 à 5 ou même 600 p. de h., qui est couverte en partie de petits chênes et en partie dénudée. Elle s'appelle Lais, nom que portent aussi ses habitans, surtout Guégues. Le fond large et sau- vage de la vallée de l'Ischm est connu sous la dénomination albanaise de Mrschéré, dont l'étymologie est peut-être Mrézé, filet En reprenant la route, qui conduit à Tirana, nous atteignîmes bientôt le pied même des montagnes et passâmes dans des lieux couverts de buissons entremêlés de ceps de vignes, d'arbres de Judée et d'arbustes fruitiers. L'ancienne route pavée en était en partie obstruée. Des villages avaient garni jadis cet endroit comme des décombres l'attestaient ça et là. La pente des montagnes décrit ici un arc de cercle très ouvert, au milieu duquel s'élève une butte conique à large base. Sur son sommet se trouve la ruine du château fort de Stelousia (alb. Stelousia Kail), tandis qu'on apperçoit dans des anfructuosités des rochers escarpés de la montagne au-dessus du fort d'un côté un village et de l'autre un petit cloître catholique. Ce dernier, situé au S. tC., fait surtout un effet pittoresque. Ombragé de quelques arbres il domine une haute muraille qu'on ne peut escalader qu'en tournoyant dans la gorge entre la montagne et l'espèce de promontoire, qui supporte le monastère. D'après l'aspect des lieux il n'est guère douteux qu'une partie de la montagne ne s'y soit affaissée, tandis que la destruction du château ne date que des temps de la conquête de la Haute Albanie par les Ottomans après la mort de Scander-Beg. Les Turcs, qui nous accompagnaient, prétendaient au contraire que Moustapha-Pascha de Scoutari avait porté le fer et le feu dans ce pays à cause d'un petit Beg rebelle niché dans ce vieux manoir. En continuant à parcourir en partie sous des berceaux de ceps de vignes une route ça et là pavée et quelquefois entourée d'anciens murs de clôture, nous atteignîmes, à une grande lieue de Schinavlia, Koulana et les premiers bocages d'oliviers. A FE. s'élèvent de petites montagnes de 5 à 800 p., qui sont les contreforts de la chaîne calcaire de Kroja. Un petit ruisseau, à sec en été, passe à Koulana et court de l'E. à l'O. comme tous les eaux venant de ces montagnes. Serait-ce là le Kroja (Troja) de Mr. de llahn qu'il place à 6 h. de Tirana et dont la source serait à 1'/2 h. de l'endroit, où on le traverse? Il ajoute qu'à 6% h. de Tirana auN, du village de Bouschnek, il se réunit au Tergjousa et au Zeza (pron. Çcca), cours d'eau venant du S. E., dont nous allons par-ter. Plus loin ces eaux se mêlent à 1 h. au S. E. de ce confluent à celles du Ljoum, qui coule près de Tirana et depuis ce point seulement la rivière prend le nom de Ljoum i [chmit du bourg dTsclimi (300 m.), qui est situé à 3/i d'h. à l'O. de là sur la crête de Presa. Ischmi avec un petit hameau et 260 familles albanaises catholiques et 120 familles musulmanes est à 1 h. au S. de la mer et 3 h. au S. du cap Rodoni. (Voyez l'ouvrage de Mr. de Hahn. Pag. 24.) Nous traversâmes un pays assez couvert d'arbres, parmi lesquels se remarque le platane d'Orient. Au milieu de ces bois de chênes nous fûmes tout-à-coup surpris par la vue d'un petit cours d'eau blanchâtre comme de l'eau de savon. Ce ruisseau, le Kou-kourlisou (eau puante), circulant au milieu d'un terrain marécageux sort, à 3/4 d'h. de ce lieu, des escarpemens calcaires au pied des grandes montagnes à l'E. C'est une eau hydrosulfureuse froide, qui dépose un limon noir et un peu de souffre. Il est précédé d'un autre ruisseau d'eau non sulfureuse. D'après la position septentrionale de ces eaux nous ne pouvons pas déterminer, si Mr. de Hahn a voulu en parler, lorsqu'il raconte avoir passé dans la grande forêt de chênes de Schperdet un marécage et une eau puante, nommée en albanais Ouie-Kjelbeté, Il dit positivement qu'elle dégage de l'hydrogène sulfuré et fait partie d'un terrain marécngeux qui s'étend au S. O. vers une mosquée isolée ou un lieu de pèlerinage turc nommé Sparadgia. Il a traversé le bois en se rendant en apparence de Kroja à Tirana ou du moins dans la vallée de ,1'Ischm. Il a couché au hameau catholique de Dervéni et a voyagé 4 h. dans cette forêt, qui s'étend au pied des montagnes du Myrédita. Comme nous n'avons pas vu de mosquée, ce cours d'eau serait-il un autre que le Koukourli-Sou ou même que l'eau de Kampsi ou de Loushan. (Voyez pag. 90.) Un terrain assez accidenté et occupé par de petites ondulations règne entre ce lieu et le Han de Lous ou Lous-Han. On rentre d'abord dans les bois, puis on revoit de nouveau des oliviers, sans appercevoir de villages ni d'êtres vivants. On remonte un petit vallon dans des bois, pour passer le petit plateau bas de Mamoura. On y rencontre un torrent coulant de l'E. à l'O. et bordé de platanes. Il y a aussi un village (400 h.) et un Han de ce nom à gauche de la route. Lorsqu'on atteint la cime de ces coteaux graveleux et s'éle-vant à 200 à 2o0 p. sur la plaine, on est tout-à-coup surpris par la vue du dôme ou de la cime neigeuse du Haut Tomor près de Bérat. Depuis ce point son élévation ne peut pas être estimée à moins de 6 à 7000 p. Cette sommité ne devient visible que parce qu'on se trouve exhaussé au-dessus du niveau de la vallée et que la montagne susdite est assez éloignée et haute, pour n'être pas interceptée par les montagnes à l'O. et au S. de Tirana. Dans la plaine on remarque un village près de Bouros-IIan à % d'h. de Mamoura. Des figuiers énormes et une fontaine antique y sont encadrés dans des pampres de vignes, de manière à livrer le plus joli fond de paysage possible. C'est probablement le village de Koziés (85 h.) du Dr. Mùller. Le ITan Lous est situé à environ 1 1. des coteaux dans la plaine cultivée de Kampsa, qui s'étend jusqu'au-dessous de la haute corniche de Kroja. Elle n'est séparée des murailles au-dessous de cette dernière que par quelques bas contreforts boisés en chênes et hêtres. La ville de Kroja avec ses mosquées fait à cette hauteur d'environ 5 ou 600 p. un effet d'autant plus singulier que les rochers calcaires sont coupés a pic au-dessus ou derrière cette ville comme au-dessous d'elle. Néanmoins la corniche est assez large et forme même une espèce de terrasse, ce qui y permet même quelques cultures. Le Han Lous n'est, qu'un moulin, dont la chambre à coucher est un beau platane. Le ruisseau, qui le fait aller, soit a 35 minutes de là du milieu des rochers calcaires. C'est une eau légèrement hydrosulfureuse et froide, mais la quantité de ses parties hydrosulfurcuses varie tellement suivant l'heure du jour ou le temps que le matin l'eau nous parut laiteuse, tandis que le soir elle était limpide. Du reste sous la montagne ses bords offrent des incrustations de sulfate de magnésie et l'eau sort d'une caverne de dolo- CD mie, dans laquelle on peut pénétrer. Cette curieuse muraille de plusieurs centaines de pieds d'élévation offre encore deux autres cavernes au-dessus de celle du ruisseau. Il est possible que jadis il en soit sorti aussi de l'eau ou même qu'il s'en écoule encore dans les temps de pluie. Toute la plaine entre ce point et Lous-Ilan est bien cultivée et était couverte à notre passage de paysans <'t de paysannes albanaises. Néanmoins on n'entrevovait aucun village, tant les habitans prennent soin de cacher leurs demeures. Kroja est appelé par les Albanais Krouja, qui signifie source à cause de l'abondance de ses eaux. Les Turcs la nomment le château blanc, Akschehissar. Elle est située à 360 p sur la vallée du Kampsi à 6 h. de Tirana et 8h. d'Alessio. La montagne, qui la supporte, est appelée Toumenist par Barléti. C'est une ville à Kl présent surtout mahométane, qui compte 700 maisons ou 2000 à 3000 habitans. Il y a un tour à horloge, deux ou trois mosquées et un Bazar dans la rue, qui conduit au fort. Ce dernier est placé sur un petit roc calcaire escarpé au S., à l'E. et au N. et n'offrant une pente douce que du côté O. Il est entouré do murs et détours rondes, qui datent surtout de 1338. Tout cela tombe en ruines, surtout depuis les destructions subies en 1832. Il recèle 80 maisons. (Voyez l'ouvrage de Mr. de Ilahn.) Pour monter à cette ville il faut faire depuis Lous-IIan un grand détour au S. et S. Ë., pour tourner la muraille inférieure de rochers et l'ascension a lieu par une gorge rocailleuse en pente. Cette ville, dominant tout*; la plaine, a une position telle qu'il est fort probable qu'elle a déjà existé comme place forte du temps des Romains, lorsque Pétrela et Ischim avaient aussi leur importance militaire. Scander-Beg en resta maître pendant 25 ans, savoir de 1443 à 1408. Maintenant depuis l'invention de la poudre et des bouches à feu de grande portée, elle a perdu toute sa valeur, le château étant dominé par les crêtes à l'E. Ce n'est plus qu'une ville destinée à descendre tôt ou tard au rang d'un village, les habitans devant être disposés à transporter leurs demeures dans la plaine, dès qu'un régime plus rationnel aurait pris pied dans ce pays. A 1 h. au S. O. de Kroja Mr. de Ilahn signale une ruine sous le nom de Scourtesché, elle est sur la pente S. O. d'une colline, nommée Gracé, au S. du village de Fount-Gracé. (Voyez pag. 121.) Depuis Kroja on peut se rendre dans le pays des Myrétides libres et à leur capitale d'Orosch. Pour cela il faut franchir la crête calcaire voisine et passer par Kourbino sur le Vardascha, Orosch n'est qu'un village de 40 à 45 maisons ou 250 habitans catholiques. Les maisons n'y sont en général que des rez-de-chaussée, il y a une église et un petit couvent, m'a-t-on dit. C'est la résidence de la famille Doda, dont l'un est le chef ou Prink des Myrédites, Cette grande division des Guégues albanais habite au S. du Drim le pays montueux des deux côtés de la route de Spass jusqu'au passage de fekela-Mjed sur le Drim, puis surtout les vallées des sept cours d'eau, qui forment le Mati. Au N. est le Pli an dé coulant presque E.-O. et composé au-dessus de Simoschni de deux branches, dont la plus septentrionale porte le nom albanais de Phandé-Mat ou Grand Phandé et l'autre celui de Phandé-Vogli ou Petit Phandé. La tête du premier serait sur le pied S. O. de l'Ibaléa, M d'où il coulerait entre le mont Monilia au N. et Gerschia au S., tandis que celle du second se trouverait à l'O. du mont Scliintit et passerait entre le mont Gerschia et Porinit. La tribu myrédite des Bardi (de Barv, tombeau?) occupe surtout cette contrée. Au S. du Phandé est le Mati, qui va prendre ses sources dans le Spi-leon (du mot albanais Spilje, caverne), montagne calcaire à l'O. de Dibra dans le district myrédite de Mat (Grand). Ce torrent reçoit du côté de l'E. le Soulimit, qui coule du S. E. au N. 0, et a ses sources dans le mont Koma au S. du Porinit. Du côté occidental le Mati reçoit du S. S.E. les eaux du Vardascha, qui descend des montagnes à l'E. de Tirana dans le district myrédite d'Akraba. Plus bas un cours d'eau vient du S. des hauteurs derrière Kroja, et coule dans le Vardascha, la vallée du Biezit du Dr.Millier. Le confluent de ces eaux avec le Mati et le Soulimit serait, d'après Mr. Kiepert, pour le premier au-dessous de Per-kaschi et pour le second au-dessus de ce hameau. La tribu myrédite des Schouschi, les Sosi du Dr. Millier, occuperait les environs de ces confluens. Leur nom viendrait peut-être de Zot, monsieur ou seigneur, parce que la famille de leur petit prince paraît être de cette tribu, tandis que plus au S. habiterait la tribu des Krouschmali (de KroucJi, croix, et Mal, montagne) et plus haut dans les montagnes celle des Bdaitschi (du mot Vdikia, mourir ?) et au S. E. sont les Mati (de Mat, grand), qui seraient d'après Mr.de Hahn la plupart Mahométans. La tribu la plus méridionale serait celle d'Akraba, qui se diviserait en trois, savoir l'Akraba Myré-dit à l'O. et l'Akraba Dibrit à l'E., au S. desquels viendrait encore le district surtout mahométan de Krabadotna, où coule 1'Arzen. Le nom de Kraba n'est que celui de Graba des Slaves ou des Turcs pour la montagne entre Tirana et Elbassan. Le plus singulier dans ses nouveaux renseignemens donnés par Mr. de Hahn et reproduits surtout par Mr. Kiepert est le changement de place du bourg d'Orosch, qu'il recule beaucoup plus à l'E. et place au pied du mont Porinit dans une vallée courant Ë.-O., tandis que Mr. Miiller dit positivement qu'Orosch est dans la vallée de Doda, que Mr. Kiepert a écrit sur le Mati. Nos renseignemens sont aussi conformes à ceux du Dr. Millier. Mr. Kiepert n'a-t-il pas copié trop servilement Mr. Pouqueville, qui n'a pas visité ce pays. Après Lous les arbres cessent et on peut prendre une idée L 2 de la colline à 1*0. de la vallée de l'ischm ou du Brari. Si à Schénavlia cette dernière peut avoir 2 à 2Y2 1. de largeur, ici elle n'en a plus déjà qu'une ou une et demie. On apperçoit sur les hauteurs d'environ 400 p. deux endroits, savoir à l'O. Preschja (le Press ou Presa des cartes) ]) et à s/2 1. au N. O. Ischim. Ces deux lieux, habités déjà très anciennement, sont placés sur deux des plus hautes cimes de ces collines et ils y ressortent d'autant plus que le sol marneux gris blanchâtre y est dégarni totalement d'arbres. Preschja est à 4 h. au N. O. de Tirana et à 3'/4 d'h.du débouché de l'ischm dans la mer. On y trouve 300 maisons épar-ses, dans lesquelles Mr. Miiller ne compte que de 240 habitans mahométans et 80 catholiques. Il y a une tour carrée à horloge et une mosquée. Quant à Ischim, ce petit bourg de 300 maisons avec un petit château ancien est à % d'h. au S. du débouché de l'ischm et en partie sur le côté occidental du coteau. A y2 h. de Lous ou à 3 h. de Tirana, on passe le torrent du Ziasou (en albanais Zêza, noire, et en slave Tzerna), qui a son origine à 3 h. à l'E. et coule de l'E. S.E. à l'O. N. O. dans une gorge rocailleuse entre le mont Kourtsein et la montagne de Kroja. Sur cette eau, qui sert à arroser des rizières, est Garousch (80 m. et 600 h. mahométans), ainsi que Zéza. Environ entre ce lieu et Tirana Mr. le Dr. Millier cite un peu à l'O. le village de Grepsa et plus près de cette ville celui de Barbolousch (15 m. et 86 Albanais catholiques). Plus d'une lieue plus loin après des emmenées couvertes de bocages de chênes, on rencontre le torrent du Tergjouse (en alb. Corde), pron, aussi Tourkousa. Il prend sa source à 5 h. à l'E. et court dans la même direction que le précédent dans une gorge entre les monts Ferré et Kourtsein. Les montagnes au S. de Kroja offrent trois gorges distinctes et sont bien plus élevées que celles près d'Alessio. Leur hauteur dépasse déjà 2000 p. et au moyen de leurs gorges on apperçoit derrière elles des sommets, qui doivent avoir au moins 3000 p. et qui sont placés dans la direction du district des Dibres. Les collines à l'O, de la vallée d'Ischm continuent de leur côté à se relever au S. et atteignent bien entre 4 à 500 p. dans le Press. Elles ne forment qu'une crête faiblement ondulée et à pentes dou- ') Ce nom de Preschja dérive peut-être de Près, je coupe ou je sépare une partie d'une troupeau, ou de Pré. vol de troupeau. is cen, ce qui contraste avec les grosses têtes calcaires et à escarpe-mens des chaînes des Myrédites. Vis-à-vis de la seconde gorge après Kroja se trouve sur la route l'auberge et le café de Vlies-Han (du mot albanais VU, acheter) avec un tombeau musulman. Non loin de là on observe des rizières, qui indiquent l'approche d'un cours d'eau assez grand qui s'appelle le Loum (rivière) ou aussi Lioum-Tiranese (rivière de Tirana). Il a sa tête à 4 h. à l'E. de Tiran entre le mont Dairi et le mont Herré ou Ferré, où il y a deux villages portant les mêmes noms que ces montagnes. Depuis cette gorge transversale il coule de l'E. S.E. à l'O. N. O. et passe à environ 20 minutes au N. de Tirana. Ses bords sont entourés de petites hauteurs, qui sont plus élevées sur la rive droite que sur le bord opposé. Son lit large est rempli de gros cailloux. Il faut traverser cette rivière à gué, pour atteindre la petite plaine, où est située Tirana. Cette ville, cachée dans des bocages et des arbres, semble partagée en deux parties par une pelouse, qui se trouve au-devant, du Konak de l'Ayan et précède la portion marchande, le 1 \cliartscMa de Tirana. Une horloge en forme de grosse tour carrée et une mosquée entourée de peupliers frappent la vue avant d'atteindre le Bazar. Ce dernier ne consiste qu'en une ou deux rues assez larges garnies de boutiques et de passages couverts. Deux petits ruisseaux d'eau vive font l'office de balayeurs des rues. Nous nous arrêtâmes à la poste, où nous ne trouvâmes pas d'autres lieux pour nous reposer que l'estrade basse, qui séparait la rue du couloir devant les maisons. Campés là à la vue de cette population albanaise surtout musulmane, nous fûmes quelques momens l'objet de la curiosité des passans et surtout des eufans, néanmoins on ne nous insulta en aucune manière. Le Konak ou la résidence de l'Ayan de Tirana est une grande bâtisse d'un étage, qui entoure une vaste cour et qui est flanquée en dehors de parties proéminentes rondes ou polygones et bâties en bois. Ce sont des chambres ou simplement des galeries ouvertes, qui permettent dans le cas d'urgence d'écarter les malcontens plus commodément à coups de fusil. Un mur d'enceinte complète ce singulier genre de fortin. Au S. se trouve un vaste enclos ou une espèce de cimetière entouré de murailles et bordé de hauts eypresses. Tirana (alb. Touranné,gr. Touranna, t. Tiran), ville de 2000 maisons, d'après Mr. de Hahn, est habitée par une population éminement guégue et musulmane. On ne lui a indiqué que 6 maisons catholiques et 100 familles grecques surtout des Valaques-Zinzares. Elle est appelée à devenir tôt ou tard une ville de quelque importance par sa jolie position à 474 p. sur la mer, son sol fertile, ses oliviers et le passage des voyageurs et des marchandises. Le petit Pascha oui'Ayan de Tiran commande à une population de 31,000 âmes, parmi lesquelles le Dr. Millier compte 11,600 Chrétiens surtout catholiques et gué-gues. Il y a peu de Bulgares ou de Serbes grecs, mais aussi des Zinzares le long de la mer. Les Musulmans sont presque uniquement des Guégues. Le gouvernement de Tiran s'étend jusqu'à Alessio et à la mer en comprenant la ville de Krouja. A l'exception de cette dernière et du bourg de Preschja il n'y a que des villages, A 3/4 d'h. de Tirana est le hameau de Téké, nommé ainsi à cause d'un monument funéraire pour un Ayan de cette ville. Il se trouve sur la rive droite du Ljane (Bras), qui est garni d'oliviers. Cette rivière prend sa source près du village du môme nom à 1 h. à l'E. de Tirana sur le mont Daïti, nommé ainsi d'un village de ce nom. Elle coule sur le côté immédiat S. O. de Tirana, pour se réunir au Ljoum à 41/2 h. au N. de cette ville et à 11/2 h. au N. de Présa, (Voyez l'ouvrage récent de Mr. de Hahn, pag. 24.) C'est la première fois qu'on apperçoit depuis cette route sur la hauteur au S. S. O. l'ancien château fort de Pétreila, en slave Pétrova et en italien Petrella. De petites collines tertiaires continuent à occuper le fond de la vallée et expliquent le bas partage des eaux entre l'Arzen (pron. Arçen) et le Ljane ainsi que le Ljoum de Tiran. La première rivière se fait jour à travers les hauteurs en décrivant des sinuosités, ce qui empêche de suivre de l'œil son cours au N. O. Les collines à l'O. ne dépassent pas 500 p., mais celles sur le côté opposé ont de 6 à 800 p. et s'adossent aux hautes montagnes calcaires de la partie méridionale du Myrédita. En s'élevant dans ces coteaux, on a encore une fois une échappée de vue sur la pointe du Tomor près de Bérat. A l/2 1. de Téké on remarque sur le côté un village avec des oliviers et des champs de millets. Deux torrens venant de l'O. se jettent dans l'Arzen, qui vient du S. E.J à 1 % d'h. de là cette dernière eau coule de l'E. à l'O. et reçoit un torrent, venant du S.E. Avant cette jonction on traverse trois fois à gué la grande rivière de 1'Arzen et on longe les hauteurs, qui bordent à l'O. son affluent. Ses rives sont en partie cultivées et couvertes d'oliviers et la portion supérieure de cette vallée paraît peu boisée et rocailleuse, du inoins aussi loin que s'étend la vue à l'E. D'après Mr. de Hahn , cette rivière prend sa source entre les montagnes dulvraba-Dotna et du Gabar-Balkan ; elle traverse de l'E. à l'O. au moyen de plusieurs contours les collines au pied du château fort de Pétreila et va déboucher du S. E. au N. O. dans la mer Adriatique à 1 h. au N. du cap Pali. Ce serait environ le cours de la prétendue Lisana de la carte de Weiss, qui est indiquée au S. de la plaine maritime cultivée et fertile de Schjak. Cette dernière à 3 1. de long sur 3 à 4 h. de largeur et contient plusieurs villages, dont trois sont habités par des Va-lac lues grecs. Le reste de la population est mahométan ou catholique. Ces derniers forment les deux communes de Jouba et Bisa. Schjak, à 3 h. au N. E. de Douratzo, est simplement un lieu de Bazar inhabité avec une mosquée. Au S. est l'extrémité du Gabar-Balkan, qui va finir au cap Rodoni. Le cours de l'Arzen à la fin découvert, on n'a plus de peine à concevoir l'établissement de l'ancien fort de Pétreila, à 2 grandes heures au S. O. de Tiran, au haut d'une butte d'environ 1000 p. d'élévation et sur un rocher escarpé au S, O. et au N. Ce poste militaire ne surveillait pas seulement le passage du mont Gabar entre Tiran et Elbassan, mais il fermait encore à l'O. l'accès le plus facile dans la vallée de Tiran. Aujourd'hui toute cette vallée de l'Arzen n'est habitée que par des Mahométans, quoiqu'il y ait ça et là des ruines d'églises chrétiennes. Du reste Mr. de Hahn nous a communiqué aussi une autre découverte géographique, savoir qu'il y a encore une autre échancrure, courant de l'E. à l'O., à travers la chaîne côtière. Elle n'est pas, il est vrai, si profonde que celle de l'Arzen, néanmoins elle rend facile de se rendre en voiture de Tiran à Douratzo. Cette cavité se trouve à % d'h. au S. de Preschja, a un quart de lieue de largeur et est cultivée. A l'O. de Pétreila l'Arzen reçoit le Tzaranika, qui coule environ du S. au N. A 1/2 h. au S. est le village de Sché-Pol (St.-Paul), qui fait partie de celui de Pétreila et n'est habité que par des Mahométans. Quant à la route if- la plus directe de Tirana à Douratzo, une distance de 8 h., elle va gagner en biais à l'O. FArzen, qu'on passe sur un pont en pierre à moitié chemin entre Tirana et Nderenje. Ce bourg ma-hométan avec un fort sur un haut mont est placé sur la rive méridionale de la rivière et offre des plantations d'oliviers. A 5 minutes à l'E. de cet endroit règne le long de l'eau sur un espace de 200 pas une pente fort inclinée de couches de grès et marnes arénacées noires, qui a 60 à 80 pieds de hauteur et produit, des éboulis au printemps. Ce lieu s'appelle Karaboja (couleur noire). Depuis Nderenje on longe assez longtemps FArzen pour tourner ensuite au S. O. sur Douratzo. A 2 1. avant cette ville est le village d'Arapani, où il y a une fontaine avec une inscription latine de 12 lignes. (Voyez de Hahn, pag. 91 et 119.) En remontant Frffluent S. E. de FArzen la route circule pendant quelque temps entre des champs de blé de Turquie et des bouts de pavés y arrêtent de temps à autre le voyageur au lieu d'accélérer sa marche. A droite on apperçoit de loin le village de Chip ou Hip et à gauche celui de Prschida ou Prégida dans le vallon. A FE. s'élève la montagne de Péloumatz, qui a 8 à 900 p. de h. et tire son nom du mot albanais Pêlouma (Colombe). Après cela vient celle du Paskaschat-Planina. Plus haut le vallon se rétrécit petit à petit et est bordé à l'E. par une montagne, dont les couches sont coupées ça et là verticalement. Enfin on voit que le torrent de Mrdaoui ou Mordar prend en partie sa source à FE. Au pied des montagnes à gauche on distingue le village de Skodra et la pente insensible augmentant, on monte un peu fortement pour atteindre le misérable Han de Trschida ou Trpschida à 4 1: de Tirana. Serait-ce le Han Agait-o-Gérabésé à 1 h. de la cime d'après de Hahn? Nous espérions pouvoir y coucher, mais il n'y eut pas moyen, parce qu'il n'y avait pas d'orge, ni de foin pour les chevaux. Nous nous décidâmes donc à quitter ce hangar pour gagner Elbassan. Il fallut encore monter pendant une bonne demi-heure avant d'atteindre les cimes rocheuses du col, qui à 1860 p. d'altitude est dominé par de petits sommets de cent pieds. Il se relie au mont Gabar ou correctement Graba-Balkan (JUopha-Grabar des Albanais, cime de Graba).1) Sur le côté sud sous le col est une ') D'après Mr. de Hahn il paraît positif que la dénomination de Gabar n'est qu'une manière fautive rie prononciation, sans cela on aurait pu y voir un dérivé fontaine d'eau fraîche excellente, qui forme le lieu de repos ordinaire des voyageurs. Nous y trouvâmes une nombreuse caravane, les uns désaltérant leurs chevaux , les autres prenant leur repas. Depuis les cimes environnant le col de la montagne de Graba on jouit d'une vue peu étendue au N., savoir sur la partie supérieure de la vallée de 1'Arzen et des environs de Tirana, parce que la vallée montante est contournée ; mais au S. on a un vue magnifique, l'horizon étant borné au S. O. par la mer Adriatique et la plaine du Mousaché (alb. Mousakia), derrière laquelle s'élève dans le lointain les cimes du Tschika et du Koudési dans la chaîne acrocéraunienne de la Liapourie ou Arbérie, comme le veut Mr. de Hahn, tandis qu'au S. trône le beau Tomor. On y montre la trace du pied et môme des doigts d'une main de Marko-Kralie-vitch, appelé par les Turcs Déli-Markou, qui depuis Kroja atteignit en deux sauts le mont Gabar. (Voyez de Hahn.) Le Graba-Balkan, prononcé aussi Kraba-Balkan, n'est qu'une portion de la grande chaîne géographique, qui partant de celle à l'O. de Strouga et du Drim noir va se terminer avec une direction E.-O. au cap Laghi. La partie orientale est une haute crête calcaire à dos arrondi et à cimes garnies de grands escarpemens sur les côtés O. et S., au pied desquels sont les têtes de plusieurs torrens. Son élévation doit dépasser 3000 p. A 1 ou 2 1. à l'E. du col du Kiapha-Graba la montagne descend tout-à-coup au-dessous de 2000 p. et à l'O. elle continue à s'abaisser rapidement. D'une autre part, en considérant cette crête géologiquement elle se décompose en deux ou trois parties bien distinctes, dont la direction est totalement différente de celle de la chaîne géogra- asscz caractéristique du mot albanais Kava, air. Or le mot Gérabé ou Graba ou Krava viendrait d'après le même savant de Krabé ou Kérrabc, un bâton courbe de berger. Il ramène aussi à cette racine le nom du village de Gravobé en Albanie et même peut-être celui de Grévéno. Or les Slavistes ne manqueront pas d'observer que Grab désigne le Carpinus betulus L. et que les Graovo, Grabova, Gra-batz, Grabitza etc. ne sont pas rares dans les pays slaves. Serait-il possible que le bois de charme étant bon pour fabriquer des bâtons, le mot albanais de Krabé ait la même racine et ne soit qu'emprunté aux Slaves: cela ne paraît guère probable. Dans un pays successivement occupé par diverses races, on ne doit pas brusquer les étymologies des noms de lieux importans. Ainsi par exemple Deli veut bien dire fou en turc, mais Deljé est un mouton en albanais, de même le B»t>t albanais ghrabit, voisin de celui de Gérabé, veut dire je. vole etc. phïque, savoir du N. O. au S. E. Les hautes montagnes à l'E. étant secondaires, des dépôts tertiaires, sont venus s'appliquer en inégales quantités contre le pied de leurs pentes, de manière à atteindre presque la moitié de leur hauteur, au moins sous les escar-pemens de leurs parties élevées. Plus tard ces terrains ayant été démantelés et surtout détruits dans une direction du N. O. au 8. E., il en est résulté la vallée do l'Ischm avec ses deux pourtours à hauteurs si contrastantes, tandis que plus au S., où la destruction n'a pas été si grande ou l'accumulation des matières plus considérable, il est resté une basse arête. Nous avons ici un exemple excellent pour démontrer la différence entre un relevé gé graphique sans géologie et une description ou représentation vraiment naturelle. En effet le cartographe, qui se tiendra purement au faux système du géographe ne donnera aucune idée de la réalité, en même temps que le pur géographe trompera ses lecteurs sur la direction véritable des montagnes. S'il y a au N. du Schkoumb une ligne de hauteurs de l'E. à PO., cette dernière n'est qu'une succession de crêtes juxtaposées, qui sont alignées du N. O. au S. E. et qui exigent un dessin tout particulier. Or le cas du Graba-Balkan se répétant souvent dans toute l'Albanie et en général dans toute la Turquie occidentale, on voit tout de suite à quelles erreurs de figuré et de description un géographe non géologue peut être conduit. La descente depuis le col de Graba ou Gérabé, suivant Mr. de Hahn, est infiniment plus longue que la montée, parce qu'on descend tout d'un trait sur une pente rapide toute la hauteur, à laquelle on était monté insensiblement en 14 heures depuis Alessio. Elle a lieu par une suite de chemins tournans sur de petites crêtes dénudées, entrecoupées de ravins et composées de grès et de marnes bleues. C'est un pays, qui me rappelait beaucoup les environs de Volterre en Toscane. La descente prit environ une heure et demie; à tout instant on croyait être à la fin de ce chemin, où il fallut quelquefois mettre pied à terre, mais il se présentait de nouveau quelque petite colline ou un nouveau ravin qu'il fallait tourner. Sur les pentes reste à gauche le hameau de Baltes et à droite celui de Mamli. Enfin étant descendus près de 1700 p. depuis le col, nous arrivâmes au grand torrent, qui coule au pied de cette singulière pente et nous nous y reposâmes un moment, sous les platanes d'Orient de ses bords. Ces eaux du Koutscha Hi viennent du N. E. du Graba-Balkan et coulent au S. ou S. S. O, en décrivant quelques contours , dont on est obligé de suivre le principal, qui va de l'O. N. O. à l'E. S. E. A cause des petites falaises d'agglomérats il faut passer plusieurs fois ce torrent, dont, le large lit de cailloux roulés est désagréable pour les chevaux. Une source d'eau très fraîche sourde sur sa rive et ne se dépasse jamais sans qu'on ne s'y désaltère. Nous y rencontrâmes une troupe de Musulmans albanais et de Derviches à turban blanc et barbes épaisses. Plus bas la vallée a l'air de devenir moins agreste, on apperçoit des oliviers et de petits prés , on entrevoit même un village de loin au S. O. près du couvent de St.-Jean, mais le torrent se dirigeant trop de ce côté et étant encaissé entre de hautes pentes de débris avec de profonds ravins, la route d'El-bassan est obligée de le quitter pour franchir directement du N. N.O. au S. S. E. les hauteurs, qui séparent dans ce lieu cette vallée de celle du Schkoumb, nom dérivé du mot albanais Schoumé (écume) (?). Si le chemin de la descente du col est quelquefois bien étroit, il en est bien autrement de cette montée, qui tournoie sur une pente d'alluvions et ne consiste qu'en un sentier profondement encaissé et incapable de tenir plus d'un cavalier. Après s'être ainsi élevé avec peine, on tourne à l'E. le haut d'un énorme ravin et on gagne un bas col, d'où une descente insensible dans un vallon cultivé, courant du N. au S., conduit le voyageur par une route de charrette dans la vallée d'Elbassan. On est alors à environ 3/4 d'h. de cette ville et on voit devant soi une vallée fertile d'une lieue de largeur, bordée d'oliviers et occupée par des prairies dans son milieu. Quelques habitations se remarquent le long de la route au N. Des bois d'oliviers et d'autres arbres cachent. Elbassan à la vue. La petite rivière de Tza-ranika, venant de l'E.N. Ë., coule à 10 minutes avant cette ville et un pont en pierre y est établi. Le faubourg d'Elbassan ne présente que des habitations entourées de jardins, de manière que les rues ne sont garnies que de murailles. Ce n'est que plus loin qu'on atteint la cité entourée jadis par une haute muraille et protégée par un château garni de grosses tours rondes, dont les restes forment encore la résidence de l'Ayan. l'ne partie de ces constructions datent du temps de Mahomed II. Comme nous passions devant cette demeure, nous apperçûmes sur la plate-forme d'une des tours les dames de l'Ayan, qui y prenaient le frais. 2** L'entrée de la cité est à côté de celle du Konak , la porte du château étant celle de la ville. Les rues sont étroites et pavées et n'offrent rien de remarquable. Elbassan, l'ancienne Skampa ou Bassania? est la véritable capitale de la moyenne Albanie et est appelée à devenir une fois une ville considérable. Elle ne contient d'après de Hahn que 2000 maisons turques et 200 familles grecques, dont 80 parleraient seules l'albanais. Il y a aussi des Zinzares et des Zin-gares. H y a une nouvelle église grecque et c'est la résidence d'un évoque grec, qui a sous lui 940 familles dans les districts d'Elbassan et de Tiran. Il n'y a que deux ou trois mosquées à minarets un peu élevés. Le Bazar est assez grand et les jours de marché il est très vivant et bien fourni de toutes sortes de fruits et de légumes, parmi lesquels le pourpier nous frappa comme une rareté en Turquie. Du reste il n'y a point de Bazar voûtés, mais simplement des ruelles en partie couvertes de planches ou de toile et garnies de boutiques. Le Konak de l'Ayan est établi sur l'emplacement du vieux château, qui paraît avoir eu une forme quadrangulaire et des tours de 50 à 60 p. d'élévation. Il ne reste de cet édifice qu'une portion du côté occidental de la haute et épaisse muraille et une tour du côté méridional. Tout le reste, excepté quelques pans de murs, a disparu et a été remplacé par les misérables dépendances de l'habitation de l'Ayan. Au-devant de cette dernière se trouve une vaste cour; un grand escalier, moitié en bois, moitié en pierre, conduit au premier étage, où se trouvent, comme dans tous les Konak, une galerie et une suite d'appartemens, dont les fenêtres donnent sur le côté, où est l'ancien mur du château. Pour en utiliser les quatre grosses tours, on a rasé le dessus de quelques-unes pour en faire des terrasses. Or comme il se trouve au pied un méchant fossé à sec et en deçà des arbres le long de la route, il y en a déjà assez pour en faire un lieu agréable pour des Turcs. Par contre le divan de l'Ayan est une pièce, qui ne manque pas d'élégance. Ce seigneur nous reçut la main armée d'une espèce de grattoir d'acier à manche d'ivoire. Jadis ces genres d'instrumens contre la vermine étaient fort en usage. A notre passage à Elbassan on y semblait tort occupé de l'exercice de nouvelles levées albanaises. Une assez grande caserne avait été arrangée pour le Nizam et comme partout ailleurs en Albanie elle était entourée d'une mur avec des meurtrières pour pouvoir tirer au besoin, quoique l'alentour ne présenta que des rues fort étroites. Des roulemens de tambour et des fanfares de clairons ne cessaient de se faire entendre. Parmi les curiosités des environs est à signaler à 1 b. au IN. O. d'Elbassan le couvent grec de St.-Jean (alb. Jon Wladimir) ; il est dans le bas de la vallée de Koutscha, qui débouche dans celle du Schkoumb. Sa fondation remonte environ à l'an mille et est due à Jean, fils de Néeman et petit-fils du roi bulgare Simon, qui a résidé à Ochrida. Le corps du premier est conservé dans ce couvent. (Voyez l'ouvrage de Hahn, pag. 83.) Aussi y vient-on en pèlerinage de tous les environs. C'est le seul reste de l'ancien royaume bulgare dans la moyenne Albanie et il a été visité ces dernières années par un philologue russe. A 2V2h. au S. O. d'Elbassan il y a, d'après Mr. de llahn, 18 sources chaudes sulfureuses, savoir 14 dans le lieu dit Ilidga (le Lidga des Albanais) Kodrobajarese et 4 à Ilidga-Lirait ou Ilidrit ou Hidra-chout. Leur sortie ou l'émanation de leur gaz a lieu par soubresauts. Nous fûmes logés à Elbassan chez des Chrétiens catholiques, dont les femmes se voilaient comme les Musulmanes. Malgré la grandeur de cette ville nous eûmes le premier jour assez de peine a nous procurer le foin et l'orge nécessaires pour nos chevaux, tant il faut connaître les localités et les particularités des villes turques pour ne pas se trouver pris au dépourvu. Le Paschalik d'Elbassan comprend les districts d'Elbassan sur le Schkoumb supérieur, de Pékin sur la partie inférieure de cette rivière, de Kavaja, de Tirana depuis 1*Arzen jusqu'au débouché du Drim, de Mat dans la partie méridionale du torrent de ce nom, de Dibra, de Gora et Mokra sur le bord occidental du lac d'Ochrida avec le chef-lieu de Bogradessi. Telle est du moins la division donnée récemment par Mr. de llahn, mais en 1838 les deux derniers districts faisaient une partie immédiate du liouméli-Valési ou du Paschalik deMonastir. La population de ce Paschalik est éminemment, albanaise et guégue. Le Schkoumb est la limite imparfaite entre ces derniers et les Toskes, ceux qui défirent des détails sur ce point de l'ethnographie, les trouvent dans l'ouvrage de Mr. de Ifahn. (Voyez pag. 13 à 17.) Les Guégues d'Elbassan ne sont mélangés que de peu de Valaques - Zinzares , de Bulgares ou Serbes et de Zingares. La population est en grande partie mahométane, quoiqu'il y ait aussi des Catholiques et des Grecs. Mr. le Dr. Miiller élève le chiffré de cette population à 81,000, parmi lesquels il place 41,500 Chrétiens. Pour se rendre d'Klbassan à Bérat, il faut passer le Schkoumb ou Schkoum. Il coule à un petit quart de lieu au S. de la ville presque de TE. à l'O., tandis que plus haut sa direction est du N.E. au S.O. et son cours supérieur au contraire du S. S.E. au N. N. O. Il décrit donc en petit un contour comme la Narenta et prend sa source dans les montagnes au N, de Maïik ou Molécha ou plutôt au N. des défilés du Dêvol. Sa vallée est bordée à l'E. par le Bagora ou la longue crête sans interruption à l'occident du lac d'O-chrida. A l'O. s'élèvent de moindres hauteurs, savoir le mont Lenia et ceux de Dschoura et Darda. Ce sont ces derniers qui forcent le Schkoumb à remonter plus au N. Il ne reçoit que de petits affluens dans son cour supérieur, et c'est surtout Veau des vallées de Pou-lava et du Tzaranika, qui l'augmentent considérablement, de manière que si ce n'est pas une rivière navigable ni même toujours considérable, son lit est devenu très étendu par suite des crues subites, auxquelles elle est sujette. Des prairies verdoyantes la bordent des deux côtés. Un pont en pierre de douze arches de très diverse grandeur y a été bâti par un certain Rourd-Pascha, d'où le pont porte son nom. Mais sa bâtisse inégale semble prouver que cet individu n'a fait que le réparer, car la moitié du haut du pont forme une voûte très surbaissée, tandis que l'autre partie du côté d'Elbassan présente trois angles fort saillants, en petit comme les ponts de Beujuk-ïschékmedgé près de Constantinople. A Y2 h. plus bas les restes d'un autre pont, probablement très ancien, attestent assez la force destructive des eaux du Schkoumb dans les temps de pluie. D'après le niveau égal de la plaine, elle doit être sujette alors à être inondée et il est même possible que dans de grandes inondations les eaux du Schkoumb aillent joindre celle du Dêvol ou vice-versa, car entre ces deux rivières au S. d'Elbassan ne règne qu'une plaine surtout en pâturage. Mr. Kie-pert a mal représenté cette curiosité géographique. La rive méridionale du Schkoumb est en partie cultivée et n'offre que de fort bas coteaux, au pied ou dans les gorges desquels il y a quelques villages. On en apperçoit un à 11. d'Elbassan sous le nom de Bostandjics et à demi-heure plus loin est celui de Gérgian ou Gorgian. On ne reste que peu de temps en vue du Schkoumb, car on se dirige au S. O. en s'avançantdans une plaine presque sans arbres, qui a environ à 1 1. de large et n'est que le fond d'une vallée extrêmement évasée. On y observe des cultures et surtout beaucoup de belles prairies avec des troupeaux de bêtes à cornes ou de moutons. D'un autre côté les coteaux voisins ont un air stérile et sont couverts de bouquets d'Epine-Porte-Chapeau {Rliamnus Paliurus). A l'O. il n'y a plus jusqu'à la mer qu'une plaine avec quelques faibles ondulations de terrain, mais au S.E, s'élève, à plusieurs lieues de distance derrière les collines, la montagne appelée Planina- Vri d a, ainsi que le Bagora ou l'arête qui borde à l'O. le lac d'Ochrida, tandis qu'au S. O. s'étendent les monts Souleva, qui courent du N, E. au S. O. Tout-à-coup on est étonné de se trouver à o 1. d'Elbassan de nouveau au bord d'une grande rivière, qui n'a pourtant que la moitié de la largeur du Schkoumb. La plaine au N, ne laisse apperccvoir aucune pente sensible. En avant du Dêvol, pron. presque Deole (en slave Diable, en albanais Djali) est un village albanais. Nous aurions bien voulu y demander à coucher, mais on nous avertit que ces Mahométans ne nous accepteraient pas. Avant d'arriver au torrent un moulin se présenta encore à nous, mais on n'y recevait personne et on ne daigna même pas répondre à notre demande: Na moundem mepldiet? (pouvons-nous coucher ici?) Or, comme le temps devenait orageux et que le Dêvol devient impassable à la suite de grandes pluies, nous nous résolûmes à le passer tout de suite. Cette rivière, coulant à l'O. et S. O., prend sa source à plus de 25 à 26 I. de ce gué dans les montagnes à l'O. du Néretschka-Planina et auN.O. des contreforts de cette chaîne s'étendant vers le lac de Kastoria (Voyez l'itinéraire Nr. 15). Elle reçoit par plusieurs torrent» les eaux du versant occidental de toutes les montagnes entre le Né-retschka-Planina et le Péristeri à l'O. du bassin de Monastir ou du Tzerna-Rieka, ainsi que celles sur le côté oriental de la crête au N. E. de la vallée du Bilischta. Dans cette partie de son cours elle coule du S. E. au N. O. sous le nom de petit Dêvol, plus tard tournant à l'E., elle paraît recevoir les eaux du lac de Drenovo et elle sort des montagnes par une fente N.-S. sous le nom de grand vol ou de Dêvol tout court, pour réprendre sa première direction et se réunir au Bilisehta, qui coule aussi du S.E. au N. O. ') Il traverse ensuite le défilé au S. de Pliascha, pour entrer dans le vaste bassin de Pojani, où il est assez encaissé et peu large. Après avoir franchi la plaine alluviale au-devant de Goritza, il se jette à distance dé» ce bourg dans le lac de Malik ou Molécha, d'où il ressort pour entrer dans les gorges de Grouka (défilé). C'est une fente E.-O. dans la crête liant la chaîne à l'O. du lac d'Ochrida avec les montagnes plus basses au S.O. de Goritza et de Molécha. En deçà de cet étroit canal le Dêvol reçoit du S. et S.E. les deux grands torrens du Chélidoni et du Tomoritza, dont le dernier descend du Tomor et donne le nom à tout un district à cause de ses nombreux ruisseaux tributaires. Le Dêvol continue à couler au N. O. entre les hauteurs, qui séparent ces deux torrens au S. et le mont Lénia au N. Puis il sort des petits coteaux, entre en plaine et tourne au S. O., pour aller se réunir au Ljoum de Bérat àKotzara ou Koschara. Cette rivière a un cours très rapide et change très souvent de lit en charriant en même temps une masse énorme de cailloux. La cause de ses crues soudaines n'est pas à chercher vers ses sources, parce que les eaux trouvent dans le bassin de Pojani et du lac Malik la place nécessaire pour s'étendre, mais elles sont produites par les pluies, qui ont lieu autour du Tomor ou aux sources du Schkoumb, d'où ces eaux, coulant déjà sur de fortes pentes, gagnent rapidement le Dêvol et ne trouvent plus rien dans la plaine, qui puisse les arrêter. Il fallut un bon quart d'heure pour traverser ses bords, ses deux bras et un îlot de cailloux. Jadis on avait essayé d'y établir un pont de cinq arches, comme l'attestent encore des restes de culées, mais les Turcs n'ont pas pensé à le relever et s'inquiètent peu que des voyageurs ou des couriers perdent quelquefois des journées entières à attendre, que l'eau soit ') Depuis que nous avons fixé avec Mr. Viqucsnel les sources du Dêvol, si on ne comprend guère la carte de Pouqucvillc, on saisit au moins son voyage. (Voyez Vol. 3, pag. 361.) Son village bulgare de Bobsoura est sur la partie du grand Dêvol, qui réunit les eaux venant du S.E. et du N. Il était alors à 3 h. au S. de Doubéni et à 4 h. au S. de Drénovo. Le Dêvol de Drénovo recevrait les cours d'eau d'Ostima et de Sélovo sur sa rive occidentale. Dans tous les cas il a gagné Kastoria par la montagne et par les sources du petit Dêvol, donc il n'a pas pu marcher à l'E. N. E., mais bien au S. E. Son Drenovimi au pied du Bora, son Cbroulia, son Prosnitza et Smourdetz ne seraient que des villages sur les cours d'eau formant le petit Dêvol et en particulier sur le côté oriental du bassin. Son Tzaratschina en formerait la «ligue occidentale. écoulée. Du reste l'établissement d'un pont sur des bords si plats serait hazardeux, il faudrait chercher plus haut quelque rétrécissement de la vallée plus favorable pour cette construction ou plutôt recourir à un pont suspendu. Nous touchions à la limite d'un pays assez boisé, inhospitalier et réputé de voleurs et nous ne pouvions pas espérer de gîte qu'à quelques lieues avant Bérat. Le plus sage parti fut d'imiter des Derviches, qui, au lieu de s'aventurer dans les bois pendant la nuit, avaient établi leur bivouac au bord de la rivière. Leurs ânes paisaient et leurs maîtres cuisaient leur pillav sur un feu pétillant. Nos gens se mirent donc à couper des halliers, à faire un beau feu et à amonceler nos effets en tas , afin que nous puissions établir à l'entour nos lits et être sûrs de ne rien perdre. Nos parapluies et nos toiles cirées servirent plus tard à détourner la pluie de nos personnes et de nos malles. On voyage pendant assez longtemps le long du Dêvol au milieu de bocages d'aunes et de chênes. Au S. règne une basse colline et au N. une un peu moins élevée. Au S. E, on remarque une grosse tête calcaire. A 1/2 1. de notre bivouac nous longions le pied N. O. des monts Tourkol, à peu de distance desquels est le village de Turkeui. Ail. nous passâmes devant le Han isolé de Molas à moitié détruit et abandonné et 1 h. plus loin nous nous désaltérâmes à une fontaine' antique offrant trois auges et au-dessus trois niches triangulaires, pour y placer quelques ustensiles pour boire. Le Dêvol tourne déjà au S. O. et 4 1. avant Bérat il se dirige même tout-à-fait au S., pour franchir par un défilé le mont Draschi, en deçà duquel il reprend sa direction au S. O. pour gagner la rivière de Bérat. Pour arriver à cette dernière ville, il faut abandonner le Dêvol et franchir les hauteurs dans une direction presque N.-S. Nous montâmes en conséquence par des bois très touffus composés surtout d'arbre de Judée, de Colutea et de tilleul argenté, arbres entrelacés de vignes sauvages. Au bout d'une petite heure nous étions hors de ce fourré et sur le haut de petites collines, dont les pâturages secs sont parcourus par quelques troupeaux de moutons. Depuis ces lieux la vue était assez étendue soit au N., soit au S. Nous distinguions le Graba-Balkan et les montagnes vers Ochri aussi bien que le superbe Tomor ou Tomoros, qui domine environ le pays bas de Bérat comme l'Olympe la plaine thessalienne. Il avait Pair de s'élever à 2800 ou 3000 p. au-dessus de notre observatoire. Cette montagne dépasse ses voisines de près de Ja moitié de sa hauteur et se présente séparée dans le haut en trois cimes. Ses pentes sont très abruptes, mais sa masse calcaire totale n'est pas très considérable, rappelant ainsi le rapport du Kom dans le Monténégro avec les montagnes environnantes. Près de nous à droite étaient les hauteurs de Bélogoscht ou Vélogoscht, tandis qu'à FE. s'élevait à distance la crête de l'Ora. On y distinguait aussi des hameaux. Celui de Koutlova (leKluka des cartes) restait à gauche au pied des montagnes. C'est dans ces hauteurs, qui ne dépassent pas 1200 p., que doit prendre naissance le torrent marqué sur la carte de Vienne comme se jetant dans le Dêvol vers Karbonar (le Karbonates des cartes), qui se trouvait à 6 1. au S. O. de notre bivottac sur le Dêvol. On n'est plus alors qu'à environ 3 1. de Bérat et à V2 1. de la vaste plaine, qui précède cette ville et qui est bordée à PO. par des montagnes peu boisées. D'après Mi\ Viquesnel ces dernières porteraient en partie près de Bérat le nom de Spiragar ou Spiragi. On y remarque plusieurs villages , dont l'un s'appelle Goran. Ce sont surtout les habitans de ces hauteurs, qui venaient détrousser les voyageurs se rendant à Bérat et qui ont poussé même leur audace jusqu'à s'emparer une fois du château de Bérat. On nous racontait que des courriers y avaient été encore arrêtés en 1837 et que ces brigandages, quelquefois accompagnés d'assassinats, n avaient cessé que depuis peu. On avait su gagner certains petits chefs, on avait enrôlé pour l'armée d'Asie ou pour la Bosnie beaucoup de mauvais sujets, tandis qu'on en avait puni d'autres et les moins compromis av dent été condamnés à travailler à Monastir avec des fers comme les galériens. Arrivé dans la plaine de Bérat, la route va gagner le village en partie zingare de Prékonandri ou de Séner en albanais. 11 est placé sur la rive occidentale du petit cours d'eau du Laparda (Pétrodi des cartes?), qui coule environ tantôt du S. E. auN.O., tantôt du S. au N. et se rend dans le Dêvol. La jonction de ce dernier avec le Loum ou Lioum Bératit n'est qu'à environ 1 1. à PO. de ce village et depuis là ces eaux réunies prennent le nom de Sémen. Cette plaine, favorable à la cavalerie, est le champ de bataille fatal aux Albanais, où le général turc battit en 1383 le seigneur albanais Bal za et où Sévali, autre général ottoman, fit lever le siège de Bérat sous Scander-Beg en 1450. Prékonandri a une auberge, leSéner-Han ou Séméni, tenue par un Hadgi ou Musulman albanais ayant été à la Mecque. Le village est composé d'une trentaine d'habitations. Entre cet endroit et Bérat il n'y a qu'un petit Han, où nous nous arrêtâmes pour donner le temps à notre Tartare de nous préparer un logement. Nous y rencontrâmes le premier albanais Grec avec le Fess pointu à la tyrolienne et avec ce joli habillement bien connu, qui leur serre si avantageusement la taille. La plaine de Bérat, peut-être le Grahova du Dr. Millier, a un sol alluvial très fertile et à 2Y21. de long sur 1 1. de largeur. La partie N. O. est traversée par le Laparda, tandis que le Loum coule à l'extrémité S. O. Les montagnes basses à l'O. sont suivies au S. O. de montagnes calcaires à escarpemens en même temps qu'à l'E. les crêtes de l'Ora se terminent au défilé de Bérat par la butte de son château. On voit ce dernier de loin et il s'élève à 280 à 300 p. sur le Loum. La ville même au contraire ne s'ap-perçoit que lorsqu'on y entre, tant elle est cachée, dans une profonde anfractuosité. Le Loum, coulant de l'E. à l'O., n'y a que la place pour sortir de cette gaine bordée de petites pentes rapides et surmontées d'escarpemens. Il est évident que la ville ne s'est formée que petit à petit par suite de l'établissement romain du château pour garder cette clef de la vallée du Loum et de l'Albanie inférieure, car on ne pouvait choisir un terrain plus inégal et plus mal approprié pour une grande cité. Lorsqu'on se trouve au pied de la butte du château, on ne voit pas encore la ville, mais seulement un vaste cimetière, où il y a quelques tombeaux garnis de petites colonnes ou d'ornemens, ce qui indique l'aisance d'une certaine partie des habitans. Ce n'est qu'en débouchant dans la rue pavée, qui va au pont qu'on ap-perçoit devant soi appliqué en amphithéâtre contre les rochers la partie chrétienne de Bérat sur la rive méridionale du Loum, mais il faut passer le pont, pour savoir qu'il y a encore un autre quartier bien autrement grand sur la rive opposée au pied et surtout au S.E. du château. C'est un aspect tout-à-fait unique que ces rangées de maisons en étage sur les rochers blancs avec quelques oliviers ça et là, ce pont de sept arches ridiculement bombées et ce château couronnant des tas de rocs, au milieu desquels existe la ruine d'une ancienne chapelle catholique, tandis qu'à leur pied une église grecque ruinée atteste que les deux cultes chrétiens ont eu à souffrir de la brutalité des Turcs. Bérat (l'Arnaout-Béligrad ou la forteresse blanche albanaise, à cause de la couleur de ses rochers) est une ville fort commerçante, qui a bien ses 8000 âmes, car on y compte presque 2000 maisons. La population est un mélange d'Albanais grecs, de Zinzares et de Toskes musulmans. C'est la résidence d'un archevêque grec. Les Chrétiens habitent la plupart sur la rive méridionale, mais comme il n'y a de boutiques que sur le côté opposé, les marchands sont obligés d'y passer leur journée. Le Bérat chrétien, le Goritzasur le pied escarpé d'un contrefort du mont Spiragri, n'est composé que de rues étroites, fort irrégulières et montantes. Dans le Bérat musulman il n'y a guère que la rue du Bazar en partie couverte et fort obscure, et les rues près de la rivière plus à l'E., qui ne soient pas trop en pente. Le reste est aussi un labyrinthe de ruelles la plupart en gradins et dans la partie musulmane à l'E. du château une petite gorge, s'élevant au N.O., a permis d'annexer aux habitations des jardins entourés de murs. C'est là ainsi que près du pont qu'on remarque des mosquées, chacune avec un seul minaret. Pour monter au château, on peut s'y rendre également depuis le côté E. ou O. avec la différence cependant que la première route passe par des rues en escalier, tandis que l'autre fait la moitié du tour de la butte sur une pente gazonnée sans maisons. Ce château est sur une plate-forme assez étendue, mais dominée par la montagne au S. Occupant un parallélogramme irrégulier, il est entouré de murailles avec une vingtaine de tours carrées, dont chacune a un ou deux canons. Les murs sont crénelés ça et là et il y a au S. E. un fortin avec quatre tours, d'où part un chemin couvert à demi-détruit, garni de meurtrières et aboutissant au pont sur le Loum. L'intérieur de cette forteresse à l'albanaise est partagé en deux parties par une muraille ; dans la première se trouve une petite ville surtout musulmane, qui ne paraît être que l'ancienne cité romaine et dans la seconde au S.(). et la plus élevée est la résidence de PAyan et la caserne du Nizam. Lorsqu'on passe les deux portes de ce château, qu'on arrive dans la cour du palais à deux étages et qu'on en parcourt les vastes galeries toujours encombrées de monde, on né peut s'em- pêcher d'y reconnaître ]a résidence assez belle do l'ancien prince héréditaire du Mousaché, de cet Ibrahim, qu'Ali Pascha détrôna au grand regret des habitans et dont les ancêtres ont abjuré la foi chrétienne. Les salles même conservent encore quelques restes d'ornernens ; la vétusté des plafonds, ainsi que les planchers troués et noirs des galeries attestent que depuis ce temps-là il n'y a eu que des insoucians Satrapes turcs sous ces lambris une fois dorés. Lors de notre visite àl'Ayan, nous remarquâmes à Bérat le même vacarme militaire qu'à Elbassan, on exerçait les troupes, on formait des musiciens et les soldats montaient la garde avec leurs manteaux et havresacs. L'Ayan fut poli à sa manière, car il ne voulut pas absolument me laisser retourner chez moi sur mon cheval, il fallut monter sur son cheval blanc de parade et garni d'une belle selle anglaise et mon compagnon en dut faire de même. De plus deux domestiques nous accompagnèrent et montrèrent leur mauvaise humeur, quand ils n'eurent reçu que dix piastres de pourboire, pensant que cet honneur en valait bien le double. Du reste la même rapacité semblait propre à tous les domestiques de ce petit Satrape, témoin ce ehei' des Kavas, qui exigea lui-même un pourboire comme une chose d'usage. On sentait qu'on avait quitté les pays slaves et qu'on touchait à la région grecque, où. on aime tant à surfaire et tromper les étrangers. Les maisons de Bérat sont toutes en pierre de taille, à l'exception des galeries, les murs en sont en général assez épais et les fenêtres petites, de manière que les chambres, non recrépies à l'intérieur, ont l'air de caveaux. Nous reçûmes plusieurs visites de Grecs et de Zinzares, car ces gens, la plupart négocians, sont toujours à l'affût des étrangers, pour apprendre des nouvelles de leurs correspondans au loin ou au moins pour savoir ce qui se passe dans le monde. Ils nous apprirent que Bérat avait assez souffert depuis Ali Pascha, quoique son château se fut rendu sans siège; en effet, dans le quartier grec on appercevaît encore ça et là des maisons détruites et sur la rive opposée les habitations près du pont n'étaient que des décombres. Dans le haut des murailles du château on remarquait même des brèches, dont quelques-unes n'avaient été bouchées qu'avec des fascines. *) ') C'est a Bétat que nous nous défîmes enfin d'un Tartare surnuméraire, qui nous suivait en pic-assiette et cherchait à se placer, parce qu'ivrogne fieffé on l'avait chassé de. Scutari. Si notre Tartare. buvait, ce n'était que le soir, aussi so _ Le Paschalik de Bérat n'est qu'un gouvernement de moyenne grandeur comme tous ceux de l'Albanie en général, tandis qu'ils sont en bonne partie subordonnés au Pascha de Janina. Il comprend au S. du Semen le district maritime de Grabova et au S. de cette rivière le Mousaché (alb. Mousakja). Plus loin au S. vers le Vojoutza vient le Malakastra, au N. E. et à l'E. de Bérat le Tomoritza et au S. le Skrapari et le Trebouschi, auxquels confinent à l'E. du Vojoutza le Dangli, Enfin ce Paschalik comprend la portion septentrionale de la Liapourie avec le district de Kourveljesch et les montagnes de Tschika (Cbimara), de Loun-gara (au S. E. d'Aulone), de Koudesi et de Griva sur les bords du Souschitza (val. Schoutzista). Il n'offre que trois villes, savoir Bérat, Aulone et Permet, un ou deux gros bourgs comme Kli-soura et Douka. La population est éminemment albanaise et toske avec un bon nombre de Zinzares et quelques Grecs surtout à Bérat, dans les bourgs et les grands villages. Il y a aussi des Bulgares dans certains lieux. La religion mahométane paraît dominer, mais le rapport exact entre les Musulmans et les Grecs m'est resté inconnu. Mr. de Hahn cite en particulier comme entièrement grec le district peu connu de Schpath au N. E. de Bérat. Il y a aussi là comme dans l'Albanie septentrionale, des Chrétiens cachés sous l'apparence du mahométanisme. J'ai cru pouvoir proposer 70 à 86,000 âmes pour la population de ce Paschalik, en le comparant à d'autres Paschliks albanais, dont on connaît à peu près la population. Bérat est à l'intersection de deux routes principales, celle de Scoutari à Janina et celle de la Macédoine à Aulone Cette dernière passe par le district de Makastra et a été décrite par Mr. Pouqueville. (Voyez son voyage, vol. 1, p. 348.) Mr. de Hahn donne à Aulone, le Wljones des Guégues et le Wljores des Toskes, 400 maisons et sept mosquées. Ce port de mer est en quelque sorte la capitale de la Liapourie , nommée ainsi d'une sous-division des Albanais, qui sont en général laids de figure, Liape signifiant ride. Mr. de Hahn prétend que ce nom de Liape n'est qu'un sobriquet et que ces Albanais s'appellent Arbéri et leur pays Arbéria. Ils peuplent surtout les montagnes acrocérau-niennes, Mr. de Hahn est le premier, qui y ait visité dans le était-il profondement scandalisé de voir son confrère chevaucher a cheval dès le matin. Il s'arrangea en conséquence avec le maître de la poste pour qu'on ne lui donnât pas de chevaux et on se quitta ainsi en bonne amitié â la turque. district de Kourvélesch et aux sources du Souschitza le village de Nivitza placé sur une plate-forme crevassée de calcaire éocène à Nummulites (pag. 6). La route de Bérat à Permet suit la rive méridionale du Loum, dont le nom d'Ergent sur les cartes peut être une dénomination zinzare, tandis qu'en italien c'est le Beratino. On n'abandonne cette rivière et son lit plein de cailloux calcaires que dans le point, où elle reçoit le torrent de Kodvitza. Celui-ci coule presque du S. S. E. au N. N. O. Un défilé assez voisin ne permet pas de voir grand chose du haut de la vallée, d'où le Loum descend à l'E. et où se trouve le village de Koutschova. Près de Bérat on observe quelques cultures et même des vignobles à l'E. de la ville , mais en remontant le vallon du Kodvitza on entre dans un pays totalement sauvage et couvert seulement ça et là de halliers de myrthes, de lauriers, d'arbres de Judée ou de genévriers. Comme nous étions partis sans les deux gardes que l'Ayan nous avait promis, notre Tartare regardait souvent avec inquiétude aux embranchemens des sentiers si quelque Albanais n'y était pas en embuscade. Quelques mois auparavant le courier du Vice-Consul d'Angleterre de Novipazar avait été tué sur cette même route, mais heureusement nous n'étions pas dans le cas de courir des dangers à cause de missions , qui en Turquie ont toujours leurs côtés périlleux. Dans le haut de ce vallon se trouve caché sur le côté le village de Kodvitza. Il faut traverser plusieurs fois le torrent avant d'arriver près de ses sources, où on franchit un bas col de 1042 p. d'altitude abs. On en descend dans un autre vallon, dont l'eau se décharge par un défilé à l'E. dans le Skrapari (de Schépar, un défilé). Ce dernier est un des affiuens du Loum et coule au fond dune large cavité. Ayant parcouru à distance du torrent à l'E. un terrain ondulé et à sol graveleux, nous atteignîmes enfin à 4 à 5 1. de Bérat l'auberge isolée du Téman-Han, au-devant de laquelle coule un petit ruisseau, qui vient du S. E, Quatre Zinzares ou Valaques à figures brutes formaient les habitans de cette auberge ou plutôt de ce moulin avec une écurie et deux ou trois platanes comme chambres à coucher. Ces deux bâtisses, produisant un angle fort rentrant, nous nous y plaçâmes pour plus de sûreté, car si les figures de nos hôtes étaient trop stupides, pour nous inspirer des craintes, on ne pouvait pas savoir ce que la nuit amènerait dans ces contrées sans gendarmes. Néanmoins nous y trouvâmes tout ce qui nous fallait et vers les dix heures nos deux Kavas de Bérat arrivèrent pour faire la garde la nuit. Le lendemain nous fûmes furieusement écorchés par nos Valaques , qui exigèrent un bon tiers en sus, de ce qu'on leur devait, parce qu'ils prétendaient que l'orge était très chère. L'un d'eux voulut même arrêter par la bride de son cheval celui de nous , qui était chargé du payement et qui avait un peu rogné le bénéfice illicite; enfin un des Kavas, peut-être compère de la friponnerie, mit fin à cette farce incommode. C'était encore une de nos tribulations grecques, qui ne devaient cesser qu'à notre rentrée parmi les Slaves, en général probes. Depuis Ïéman-Han on remonte la vallée pour franchir un col 50 à 00 p. plus bas que celui, qui précède Ïéman-Han, tandis que des cimes voisines s'élèvent à 2 ou 300 p. au-dessus du passage. Toutes ces montagnes sont nues ou parsemées de broussailles, mais les lauriers et les myrthes cessent après Téman-Han. Sans la belle vue du Tomor, qui trône à l'E. et étend du S. au N. sa croupe verdoyante, l'âme du voyageur se remplirait de tristesse en traversant des solitudes si arides. Néanmoins on apperçoit au S. O. sur la pente de la montagne le village albanais de Tojari et à 1V2 de Téman-Hau au pied du col on arrive à un second Han isolé, qui prend son nom du dernier hameau. L'eau de ce vallon court du S. au N. avec des déviations intermédiaires de l'G. à l'E. Sur les pentes des montagnes à l'O. on remarque successivement les hameaux de Kamerlik et de Poggi. Avant l'endroit, où le torrent décrit un grand coude O.-E., il reçoit un affluent de l'E. et il y a un défilé ainsi qu'un moulin près duquel on est bien aise de revoir des champs de maïs. On est alors tout près de Bogopolie, petit hameau, et un pont achevé d'indiquer que le pays est habité. En continuant à remonter le torrent au S., on arrive insensiblement à un troisième col, qui est précédé à droite par un village situé à distance dans les hauteurs. Depuis ce point on distingue pour la première fois au S. O. dans la direction de Té-pédélen des montagnes, qui ont pour le moins 3000 p. Nous vîmes le sentier, par lequel on peut franchir les hauteurs et descendre de là dans le Trébouschin à Tépédélen sur le Vojoutza, bourgade, qu'on peut aussi gagner directement depuis le Han Tojari ou depuis Bogopolie, en passant le Mal-Dam. On peut encore bien saisir depuis là les détails orographiques de la masse du Tomor ou Tomoros, qui est exactement à l'E., de manière que Mr. Kiepert l'a placé un peu trop au N. Il se divise en deux sommets; l'un le grand Tomor et l'autre le petit, ce dernier ayant l'air d'avoir près de mille pieds de moins que le grand. Cette montagne court du N.N.O. au S. S. E. et présente du côté de l'E. d'énormes escarpemens, parce que les couches calcaires y sont fort redressées. Au-dessus de ces murailles sont de beaux pâturages alpins. Les Albanais, excellens marcheurs, ne comptent qu'une douzaine d'heures depuis Bérat pour monter au sommet de cette montagne, qui atteint dans sa plus haute sommité au-delà de 6000 p. Comme toutes les grandes montagnes en Turquie, elle sert de refuge en été à des gens poursuivis ou à des voleurs de profession. En général le haut de la vallée du Loum et les vallons des contreforts du Tomor au N. et à l'E. sont une pépinière inépuisable de soldats toskes, qui vont servir les Turcs loin de leurs foyers. Après la descente de ce troisième col d'environ 1700 p. de hauteur, on suit l'eau du torrent de Boubousi ou Baubisch, coulant du N. O. au S. E. et on atteint bientôt un Han ruiné, devant lequel étaient deux Albanais appuyés sur leurs fusils. Pour n'être pas pris au dépourvu, nos deux gardes nous quittèrent en nous disant de poursuivre notre route le long du torrent et devant l'auberge, tandis qu'eux traversaient un champ voisin toujours prêts à riposter à la première décharge. En vérité, l'aspect des lieux n'indiquait que trop, combien de fois il avait dû s'y passer des brigandages. Au S. de cet Han détruit pour bonne cause, le vallon est resserré entre de petites buttes rocheuses, et dans une fractuosité du sommet de celles à gauche on apperçoit, comme un nid d'oiseaux de proie, les maisons disséminées d'un hameau albanais. Chaque habitation bâtie en pierre est à elle seule un fortin garni de parties avancées en forme de tours carrées. Le plein-pied n'offre aucune fenêtre et le jour n'entre que par des trous pour y pouvoir passer le bout d'un fusil, tandis qu'au premier les fenêtres sont remplacées par quelques fentes étroites. On nous dit que ce village était en fort mauvais renom, mais que du reste c'était la mode de bâtisse de beaucoup de villages dans les montagnes de la basse Albanie. (Voyez le dessin donné par Mr. de Hahn, pag. 171.) Sur la hauteur nous apperçûmes aussi un autre hameau, nommé Sténitza ou Schténï a à peu près dans le même genre. Nous nous hâtâmes de sortir de ces gorges sauvages pour gagner dans une partie plus large et cultivée de la vallée le Han de Vi-nokasé (Vinio Castron des Grecs, pron. à l'albanaise Vino-Kaschtro). Il est à 6 h. de Téman-Han. En continuant à descendre le torrent on atteint enfin son confluent avec la Desnitzaou Deschnitza, qui coule de l'E. à l'O. environ comme le Loum et va prendre ses sources au-delà de Staria dans le Grammista. Ces parties inférieures de la vallée sont tout-à-fait cultivées. On y remarque môme au milieu de beaux champs de maïs un système d'irrigation fort bien entendu. Des alîuvions anciennes forment plus loin de petites falaises le long de la vallée et la resserrent ça et là assez pour empêcher qu'on ait pu y établir la route; on est donc obligé de s'élever à l'E. sur les petites plateaux, dont l'aridité contraste avec la fertilité des bas fonds, A 2y2 1. de Vinokasé on laisse à gauche un village albanais musulman , on passe près d'une petite cascade et bientôt on apperçoit de loin au S. O, les maisons de Klisoura l) en amphithéâtre sur une pente rocailleuse. 2) Vis-à-vis de cette bourgade et du défilé de Grouka est à l'E. le Han isolé de Klisoura (à 890 p. d. h. abs.). Il consistait en une écurie, dont l'entrée était ornée de quatre petites colonnes en pierre, tandis que sur les côtés étaient deux méchantes maisonnettes. Comme il y avait déjà des personnes sur la galerie du premier, nous ne savions trop où prendre place, car ce lieu paraissait peu sûr à cause des Zingares et des figures sournoises des Toskes. Nous prîmes le parti de nous hucher, nous et nos malles, sur les deux plate-formes étroites, qui supportaient les colonnes, et nos domestiques se mirent sur un banc de pierre ou à terre près de nous, pour être prêts de tout événement. Du reste la présence de tant d'Albanais armés rendait foute précaution illusoire. Une fois arrangés nous eûmes tout le loisir de considérer le chemin ') Mr. ic Dr. Miiller. ne sachant probablement pas que Klisoura pouvait se changer par abréviation en Klissa, me reproche ridiculement l'absurdité d'avoir cru que le comte Mousachi était comte de Klissa en Dalmatic. (Voyez son Albanie, p. 19.). a) En comparant avec cet Itinéraire les détails donnés par Mr. PouquovilJe, on remarque que dans plusieurs lieux il y a eu des ehnngemens assez notables par suite des révoltes. (Voyez son voyage. Vol. 1, p. 282.) tournant conduisant à Klisoura et la construction étrange de ce petit bourg, dont chaque maison en pierre est une petite citadelle albanaise et est bâtie isolement à cette effet avec la même parcimonie de fenêtres que dans les l'liages que nous avions vus. A l'extrémité méridionale de ce bourg, composé plu'ôt de maisons disséminées que de rues, il y un château, qui domine à quelques centaines de pied de hauteur l'entrée du défilé de Grouka. La rivière de Konitza, qui prend aussi le nom le Vojoutza (alb. Vjoscha), s'y fait jour du N. E.-S. O. à travers la chaîne calcaire, courant du N. O. au S. E. et s'étendant de Bérat au Pinde. Le bourg de Klisoura a tiré son nom de cette fente, car il signifie en slave défilé et son synonyme albanais est Grouka. Les Albanais nous observaient avec un œil inquiet, car dans leurs idées nous ne pouvions vouloir autre chose que de reconnaître la position de ce qu'il appelait leur sauve-garde, savoir un mauvaise bicoque entouré de murailles à meurtrières et avec quelques parties avancées pour pouvoir tirer commodément sur ceux, qui auraient voulu escalader l'édifice. Lorsque nous nous rendîmes dans le fond de la gorge ou Grouka, leurs soupçons recommencèrent et, il fallait bien faire attention de ne pas fixer trop longtemps le fortin. Les massives montagnes, bordant cette fente, ont environ 2000 p. sur le fond de la vallée, qui a une altitude d'environ 800 p. Les couches calcaires y sont coupées comme avec un couteau, de l'E. N. E. à l'O. S.O., puis de TE. à l'O. et la crevasse est si étroite qu'il y a à peine la place pour le torrent et le sentier. Cette curieuse gaine continue pendant plus que 2 lieues, car on compte 3 lieues de Klisoura à ïépédélen, qui est déjà situé dans une assez large vallée. l) Nous aurions bien voulu partir de l'auberge de Klisoura aussi promptement que possible, mais un de nos gens ayant pris la fièvre, il fallut patienter et endurer une foule de questions de ces Albanais-ïoskes, qui paraissaient fort d'humeur d'alléger notre bagage et nous auraient peut-être fait cette galanterie sans la présence de nos deux Kavas albanais. Une pareille offense aurait pu compromettre leur endroit, comme l'attestaient ça et là des villages détruits de fond en comble par l'autorité turque. ') Voyez pour cette route le voyage de, Mr. Pouqueville, Vol. 1. p. 274. 3** La route de Permet ou Prémiti suit le bord de la Konitza, car les gens du pays ne voulaient pas lui donner celui de Vojoutza des cartes. Cette rivière est encaissée comme dans un canal par des couches d'alluvions, qui sont devenus des poudinguea plus ou moins durs et qui forment le long de l'eau de petites plate-formes incultes ou ça et là couvertes de Vitex Agnus Casti, Il est fort probable qu'avant l'ouverture du défilé de Klisoura la vallée du Vojoutza et la partie inférieure de celle de la Desnitza formaient un lac. Le sillon du Vojoutza est un exemple de ces nombreuses vallées longitudinales, qui courent du N. O. au S. E. et forment une bonne partie de l'Epire. Parmi les plus grandes on peut citer surtout celle du Drino ou du Déropolie avec ses vallons latéraux du Schouka à l'E. et du Bélitza ou du Gardiki à l'O. Elle est séparée de celle du Vojoutza par le Némertschika et bordée à l'O. par l'Ergénik (de Erghent, argent) et le Tschorades. D'autres sillons de ce genre sont la vallée du Soutschitza entre la crête du Griva à l'E. et celle de Koudesi à l'O., celle du Plavla dans l'Eria à l'E. de la chaîne de Chimara etc. La communication entre ces sillons longitudinaux s'établit par des crevasses transversales, courant du N. O. au S. E., comme cela se voit par le cours des afnuens orientaux du Vojoutza, par le défilé de Klisoura, le Bélitza, affluent du Drino, le Bendscha, affluent du Vojoutza etc. En un mot, on retrouve dans l'Epire le même échiquier de guerre que dans la Bulgarie occidentale et la Haute Moesie orientale, avec la différence que les proportions des montagnes et des gorges albanaises sont plutôt plus grandes que plus petites, parce que ces dernières ne sont pas placées sur un piédestal aussi rechaussé. Evidemment ce terrain est très favorable à l'établissement de fortins ou de châteaux forts, dominant le pays ou fermant des vallées. D'un autre part cette infériorité militaire de la configuration plastique des pays slaves mentionnés est compensée en partie par la conservation de la plus grande partie des forêts, tandis qu'en Albanie elles ont disparu presque partout et n'offrent le plus souvent à leur place que des halliers peu touffus ou tout au plus des petits bois à arbres clairsemés. Enfin, comme dans le Monténégro, la configuration particulière de l'Albanie en général donne la clef de l'origine des diverses tribus, dans lesquels se partagent les habitans de ces pays. Ces 3fa grands Clans ont trouvés leurs limites naturelles dans des bassins ou des districts enclavés dans des montagnes ou des défilés, ailleurs ils se sont ancrés sur certaines montagnes, dont l'entrée était plus ou moins difficile et ont pu conserver jusqu'à ce jour leur individualité particulière.1) A '/4 h. de Klisoura on passe un ruisseau sur un pont de bois et à une bonne heure on atteint un Han isolé, où il y a une excellente fontaine ombragée de platanes et de ceps de vignes. Les montagnes à l'E. de la vallée ne sont point si hautes que celles à PO., ces dernières s'élèvent très brusquement à 2 à 3î>00 p. et même en deçà de Permet on voyait déjà les cimes neigeuses du Malia-Nemertska, qui atteignent au moins 5500 p. Mr. Kiepert leur donne le nom grec de Pélagos que nous n'avons pas entendu. A PE., au contraire, les pentes des montagnes sont longues, elles montent graduellement par une suite de hauteurs jusques aux sommets de la chaîne, qui lie le Pinde aux montagnes de Barmach, de Staria (s. Starova) et de Géortsché (s. Gorifza) ou au Grammos ; c'est le district des Dangli. Or, comme depuis la vallée on ne peut appercevoir que les premiers degrés de cette espèce d'escalier, on trouve ces hauteurs pointues d'autant plus basses à côté de la chaîne élevée de Permet et de la série de hautes plate-formes ainsi que des sommets , qui terminent au S. E. la vallée vers Konitza On traverse deux torrens venant de PE., dont le second, le Lioknitza, se passe sur un pont en pierre composé de trois arches élevées, entre lesquelles il y en a trois autres bien plus petites. Près de là est à PE. le hameau de Pazomet. Pendant cette course d'environ 2 heures on a l'occasion d'observer plusieurs villages à distance, d'abord sur la rive gauche du Konitza ceux de Bre-tchani et Kosina (Rossina des cartes) et sur le côté opposé Ila-pitschka (Arabesca des cartes). Pour atteindre Permet, placé sur la rive occidentale du Konitza, il faut franchir un pont de pierre, qui comptait jadis sept arches, mais dont deux ont été remplacées par une mauvaise construction en bois. Les premiers objets, qui frappent sur ce côté de la rivière, sont des ruines de fortins ou de couvents ni- ') Pour les détails .sur les tribus albanaises voyez Je voyage do I'ouqncville f'l ma Turquie. Vol. 2. chés au haut de petits rochers calcaires, qui s'élèvent tout-à-fait isolement au N. de la ville et peuvent atteindre 60 p. Ensuite on remarque sur le bord de l'eau les restes de l'ancienne résidence d'un Beg et près du pont est le nouveau Konak de l'Ayan. Ce dernier étant absent, son alter ego eut cependant, la complaisance de nous assigner un logement et pour nous voir au moins, il nous pria de passer à travers sa cour, au lieu de faire le tour de son manoir entouré de murs. Permet (Perméti) est une petite ville de plus de 3000 âmes, qui est très bien situé dans un encadrement de collines couvertes de vignobles et de cultures, à l'O. derrière elle est la haute chaîne du Nérnertska-Malia. Sa population est un mélange d'Albanais grecs, musulmans et catholiques; il y a deux ou trois mosquées à minarets et quelques jardins ornés de cypresses, qui paraissaient mieux que ce que nous avions vu depuis notre départ de Scou-tari. Du reste les rues y sont assez étroites, pavées, quelques-unes en pente et le Tschartsckia ou marché se réduit à une petite place avec quelques boutiques. Nous logeâmes chez un Albanais grec, qui était déjà dans l'habitude de recevoir chez lui des étrangers et surtout des Anglais, car il faut savoir que chez les officiers et les employés anglais dans les îles Joniennes un tour (a trip) en Albanie est compté parmi les voyages à la mode. Au lieu de rechigner, comme tant d'autres Chrétiens de Turquie, chargés d'héberger des Européens, notre hôte ne nous montrait que de la bonne volonté et de la gaieté, en ne négligeant pas toutefois de se faire payer fort bien d'avance chaque chose qu'il nous fournissait. Comme il avait assisté à la plupart des actes de la vie d'Ali-Pascha, nous le mîmes sur ce sujet et il nous raconta une foule d'anecdotes avec la plus curieuse mimique et des apropos, dans lesquels les Grecs sont reconnus les maîtres. Permet a été même le théâtre d'une des cruautés de ce grand tyran, qui y a fait périr dans le boue et dans l'eau un Beg des environs. Il nous raconta aussi qu'il y avait à Permet un curé catholique de Venise pour une petite communauté d'Albanais catholiques. Pour se rendre de Permet àOstanitza, il faut repasser sur la rive orientale du Konitza. A % 1. plus loin il y a sur ce dernier un pont en pierre, élevé et composé de trois grandes arches assez étroites avec-deux petites voûtes entr'elles, c'est par là qu'on va à Bardiglioné, village, au-dessus duquel sont presque les plus hautes cimes du Némertska-Malia (Mertchika ou Némertzika).*) Après le confluent du Konitza avec le grand torrent de Levkovitza (Levkavitza des cartes), qui vient de l'E., et celui d'un autre, qui vient du S. E., on passe un pont établi sur ce dernier à 11/2 L de Permet. Toute la vallée devient très sauvage, on ne voit de tous les côtés que des montagnes pelées et grises avec des touffes de myrthes, d'E-pine-Porte-Chapeaux, de petits chênes ou de hêtres. Sans rencontrer ni voir âme qui vive, nous atteignîmes ainsi le Touranik-Han, qui est placé juste vis-à-vis de la crête la plus élevée du Némertska-Malia. Elle forme un véritable cirque à pentes très rapides et couvertes de débris calcaires et il s'en échappe un torrent, qui se rend dans le Konitza, Des petites plaques de neiges couronnaient encore en juillet les sommités, mais elles diparaissent plus tard en été et sur le côté sud il n'y en avait déjà plus. Ces montagnes s'élèvent à plus de 4500 p. sur la vallée. Depuis leurs cimes on peut voir Delvino et Corfou ainsi que toute la chaîne du Pinde depuis le haut de l'Aspropoamos jusqu'aux montagnes d'Ochrida et du Tomor. Au S, E. se trouve sur le prolongement de ces crêtes un col assez bas pour permettre de passer avec peu de difficultés depuis Bardiglioné par le district de Zagorié (en deçà des monts) à Janina. On s'élève graduellement au-dessus de la rivière, qui est bordée de grands escarpemens d'éboulis ou de rochers. On descend de ces hauteurs dans des bois de chênes verts, de myrthes et de lauriers. Cet endroit isolé et traversé par des files d'eau descendant d'un village au N. N.O., a été longtemps le lieu favori pour surprendre les voyageurs. Les habitans des villages voisins venaient se glisser jusques là au moyen des ravins, attaquaient à l'improviste les passans et même quelquefois les assassinaient comme l'attestent quelques tombes. Pour mettre fin à ce brigandage, on a détruit le village le plus voisin et on a établi un poste de gendarmes sur la hauteur, qui domine au S. cette gorge boisée. Un chemin tournant conduit au Karaoul de Fourka, où les deux Kavas pris à Permet furent remplacés par deux autres et ') Cette dénomination pourrait-elle venir des mots albanais Nemer, nombre, noir, et Ka, boeuf, mais Mr. Pouqueville lui donne le nom de Mertztka et le mot Merzeig signifie pour le bétail reposer pendant la chaleur du jour "a l'ombre ou sous un toit. s'en retournèrent chez eux. Ce poste ne consistait qu'en des huttes de paille. Depuis là on distinguait sur la pente du Némertska-Malia des plaques de neige s'étendant jusqu'au demi-tiers de sa hauteur sur la vallée. La route descend depuis là sur les bords immédiats du Konitza et est resserrée entre l'eau et les falaises. A la sortie de cette longue gaine on remonte sur les hauteurs et on passe un petit col couvert de lauriers et d'arbres de Judée. Les montagnes calcaires du haut de la vallée se dessinent de plus en plus et frappent la vue par leurs sommets tronqués, plats ou peu inclinés et étages en forme de quatre escaliers. En descendant vers la rivière le terrain est couvert de chênes verts et de bouquets de platanes d'Orient. A 1 1, du Karaoul on passe un torrent (le ïscharkov?) venant du N.E. et à 2 1. on arrive à un Han abandonné, qui est placé au-dessous du village de Séran. Ce dernier est sur la hauteur à l'E., tandis qu'à l'O. se remarquent sur les cimes des coteaux les maisons éparses de Kara-Mourad. Chaque habitation est isolée sur le sommet d'une éminence et bâtie en forme de tour quadrangulaire, pour se défendre. A V4 d'h. de Séran il y a un autre village au S. E. entre des collines d'environ 200 p., mais sur la rive opposée du Konitza les hauteurs sont plus considérables. On passe le Sarantoporo, qui vient du N.E. du pied du Rouschotari ou Roschitas en valaque, ainsi que du Smolika. Enfin on arrive au confluent du Konitza et d'un torrent, qui court du S. O. au N. E. et vient d'Ostanitza. On passe le Konitza à gué au-dessus de ce confluent. Comme l'eau était assez profonde, nos deux Kavas nous quittèrent et nous arrivâmes seuls au Han et Karaoul d'Ostanitza. Il est placé à 20 minutes du gué et à 999 p. de h. abs. On est obligé de traverser au-devant de cette auberge sur un pont un torrent fortement encaissé et coulant dans le Konitza. Cette auberge ne consistait qu'en un local, où on faisait la cuisine et où il avait une natte. Le chef du poste de gendarmes était niché dans un chénit voisin et la garde était sous une petite tente devant le Han. Il y avait bien dans la cour entourée de murailles une petite estrade découverte, où il aurait été agréable de passer la nuit, mais on nous le déconseilla, pour ne pas risquer d'être volé. Le Boloubaschi, commandant le poste, était aussi assez peu sociable et demanda d'un air moqueur, si nous n'écri- vions pas tous les noms des montagnes et des villages. Un bon nombre de Toskes rôdaient autour de ce singulier manoir, où. notre Tartare était tout dépaysé, malgré tout son savoir faire ordinaire pour dérider le front des plus mal disposés. Il ne put pas même nous épargner de payer le lendemain aux gendarmes une espèce de péage ou Gumruk de 2 piastres pour chaque voyageur étranger, ce qui du reste n'était pas une friponnerie, mais un usage, dont on s'affranchit avec un Bojourdi spécial du Visir de Janina. On comprend qu'au milieu de gens si soupçonneux il n'y avait guère moyen de prendre des renseignemens. Nous vîmes seulement de l'autre côté du torrent de l'auberge un moulin et quelques maisons. Le grand village d'Ostanitza était sur la pente assez élevée de la montagne. Nous eûmes à monter pendant une bonne heure au milieu de grands bois de chênes verts et accompagnés de deux Kavas, qui prennent depuis ici le nom grec de Palicares et portent à la place des pesants fusils tout en fer des Albanais du Nord de plus petits fusils à crosse en grande partie de bois. La vue depuis ces hauteurs était étendue et intéressante, car on avait devant soi les sommets rabattus et verdoyans autour de Konitza, où confluent le Vojoutza, venant du S.E., ou des montagnes de Métzovo et le Topolitza coulant de l'E. et ayant ses sources dans les monts Smolika, Tzarous et Vasilitza. Au S. on voyait le bourg de Konitza et à l'E. celui deLetzovik (alb. Ljaskovik) dans la vallée du Tscharkov et. sur la route de Janina à Oehri par les districts de Kolonia et Kjari. Les montagnes dans cette direction présentent l'aspect déboisé de celles bordant à l'E. la vallée du Konitza (en slave Ramisa) et on y paraî parcourir surtout des plate-formes entre quelques vallons peu profonds. Lekzovik ou Ljaskovik ') est un gros bourg, où on n'apperçoit aucun minaret. Depuis Konitza on peut aller à Grénovo en remontant le Topolitza et passant entre les cimes du Tzarous et du Vasilitza ou au N. du avait plus aucun droit pour les réclamer. ALBANIE, THESSALIE et MACEDOINE. XIX. a ê a i i a & s sa DE JANINA A SA L O N I Q II E PAR LA THESSALIE. Km sortant do Janina par le faubourg, où était jadis la porte de Kalo-Tschesmé, on se trouve dans une plaine bordée de petits coteaux à PO. et dans laquelle il y a à i/i de 1. de la ville un Han et un platane. A notre passage des Zingares, habitant cette partie de Janina, accoururent sur la route, pour nous faire de la musique. A Va 1. de Janina est une fontaine et un second Han et sur une butte sont des restes de murailles. A 1 '/4 d'h. est le Plan de Katchika, dont le village reste à droite sur la hauteur. Notre Tar-tare, qui avait servi dans le siège contre Ali-Pascha, racontait qu'il y avait autrefois un ou deux villages au S. O., mais qu'ils avaient été détruits, parce que les troupes turques avaient campé dans ces environs. Depuis le troisième Han la route tourne au S. E. à travers des prairies marécageuses, pour gagner la chaussée de pierre, qui borde l'extrémité méridionale du lac de Janina et qui est dominée par des escarpemens d'environ 80 à 100 p. d'élévation. Ce pavé est si exécrable pour les chevaux, qu'on préfère dans les basses eaux passer sur le bord du lac au pied de la première partie de la chaussée. Elle offre quelques arcades, parce qu'il paraît que dans les grandes eaux une partie est absorbée par des crevasses au pied d'un rocher voisin à l'endroit, où Mr. Pouqueville a marqué sur sa carte une petite anse. Plus loin on passe devant le moulin mis singulièrement en mouvement par le dégorgeoir du lac de Janina et placé presqu'au-dessous de Hella, près duquel lieu est le petit monastère de Kastritza. La chaussée pavée va presque jusqu'au Han au pied de la montagne à l'E., mais on tâche de l'éviter tant qu'on peut, en se jetant dans les prés et les champs de maïs, d'autant plus qu'en 1838 un petit pont en était rompu. Le Han est précédé de deux maisons, dont l'une est aussi une auberge. Une troupe de Zingares y étaient campés sous leurs tentes noires. Au-devant du Han plus visité est un énorme platane, qui sert de salle et de chambre à coucher. Mr. Pouqueville donne le nom d'Ardamista à cette auberge qu'on m'a dit s'appeler Baldoun-Han, dénomination dans la carte de Mr. Pouqueville appliquée à un Ilan près du pont sur le Dipo-tami non loin du Han Kyra, or cette auberge près du pont n'est plus qu'une ruine. La montée du col à l'E. entre les montagnes de Mitschikéli et du Driskos a lieu par une ancienne route pavée. Ce sont des plaquettes de grès placées verticalement et horizontalement. Le chemin décrivant plusieurs tournans, on abrège en suivant à droite ou à gauche des sentiers et on ne regagne le pavé que près du haut de la montée, qui prend une bonne heure. Toute la montagne est pelée et privée d'arbustes. Le col a 2774 p. de h. abs. ou 1174 p. sur le lac de Janina, il est si étroit qu'à peine arrivé on recommence tout de suite à descendre. Depuis-là je fus témoin de la formation subite et très remarquable de deux trombes ascendantes sur le lac de Janina. (Voyez Comptes-Rendus del'Acad. de Vienne. 1851. Vol. 6, pag. 90 et Bull. Soc. géol. deFr. 1851. Vol. 8. pag. 274 avec fig.) Au col s'embranchent deux routes, savoir celle conduisant derrière le Mitschikéli dans le haut de la vallée du Dipotami et celle de Métzovo. On descend par des chemins tournans assez mauvais et établis dans une gorge à buissons de noisetiers. A 20 nnnutes sous le col on passe près d'une fontaine et à côté d'une garde. Plus bas on franchit le petit torrent, presqu'à sec en été, et on continue à descendre sur la rive septentrionale par une série de tournans très forts, profonds et fort étroits. Le Han Kyra est au pied de la descente et est en même temps un Ka- raoul '). Une fontaine ombragée d'un platane et un autre grand arbre de ce genre forment les salles des voyageurs, tandis qu'une petite estrade couverte de quelques branches d'arbres sèches sert de pavillon aux soldats du poste. Leur chef ou Bôhubaschi était justement en tournée d'inspection lors de notre passage. Cet homme, jadis de lu bande des brigands de Taphilbos, était vêtu très proprement avec une belle veste, dont le nombre des broderies en argent cachaient presque le fond jaunâtre. Il se tenait an premier étage au-dessus de la cuisine de l'auberge dans un chenil, dont le mur avait disparu, de manière qu'il était comme sur une estrade ouverte. Il nous reçut fort gravement sur son tapis et nous fit servir du café, comme s'il avait été un Pascha. Plus tard il nous fit la galanterie de partager avec nous son lait. Comme l'indisposition de l'un de nous nous retint toute une journée dans ce lieu, nous eûmes tout le temps d'étudier ces Palieares et leur vieux chef à moustaches blanches. Ils passaient une partie de leur temps à tirer à la cibe et plaçaient pour cela un œuf à la distance de près de 300 pas. Celui, qui atteignait l'œuf, était obligé de payer à la compagnie un mouton ; il s'entend bien qu'on laissait cet honneur au Boloubaschi. On fut chercher la bête au village à 2 1. de là dans la montagne. Pendant toute la journée il y eut des allang et des venans, parce que c'est la grande route pour arriver de Constantinople par Salonique et Larisse à Janina et dans toute la basse Albanie, C'est aussi pour cela qu'on compte plus d'une vingtaine d'auberges entre Janina et Trikala. Parmi ces voyageurs aucun ne nous frappa comme un certain Nikolesko, partisan grec expulsé par le roi Otton, parée qu'il s'était révolté contre lui. Le gouvernement turc avait cru prudent de l'éloigner des frontières et de l'exiler à Andri-nople ; il en revenait accompagné de deux Palieares grecs et il espérait bientôt rentrer en Grèce. En attendant, le Visir de Janina l'avait fait capitaine. Cet homme à taille élancée et costumé à l'albimaise avait un démarche tout-à-fait théâtrale, Pyrrhus ou Alexandre n'ont pas pu se mouvoir avec plus d'assurance et de conscience de leur grandeur. On se disait l'un à l'autre que bientôt il s'ennuyerait à Janina et serait de nouveau à la tête de quelque bande de Kleptes. ') Près de là se trouve le village de Goschîsta, le Godesta des cartes. Sur le Dipotami est situé a plusieurs lieux au N. le village de Liaskovitz, le Liasto-visti des cartes, Des bouquets bas de platanes couvrent la pente, qui descend dans le torrent de Dipotami. Celui-ci est encaissé entre d'assez hautes montagnes à éboulis grisâtres et â petits buissons. Au S. E. se trouve le mont Tschoukiirelli (Tzikouréla, Tschoukarouka des cartes). Lorsque l'eau est haute, on va passer l'eau à un pont en pierre. Il est assez élevé et composé de deux grandes arches séparées par une épaisse culée et au-dessus de cette dernière il y a trois très petites ouvertures voûtées, dont le bas dans deux est environ de niveau avec le haut des deux grandes arches, tandis qu'une seule descend plus bas. Dans les grandes eaux on se tient tout le long de la route sur des corniches au N. du torrent et au pied du mont ïschoukarelli, où Ali-Pascha a fait pratiquer une route. Quand l'eau est basse, on traverse le torrent à gué, pour se porter tout de suite dans le vallon du cours d'eau, qui vient de l'E. ou de Métzovo et se jette sous le pont dans le Dipotami, coulant dans ce lieu de l'E. N. E. à l'O. S. O. On longe la rive méridionale du torrent au milieu de petits buissons et en ayant au N. de grandes coupes de roches contournées. A 1/2 1. du Han Kyra on passe près d'une auberge détruite et entourée de platanes et de figuiers sauvages. Plus loin le vallon se ressert beaucoup ; on guée l'eau onze fois et les montagnes environnantes paraissent s'élever à 3000 p. Sous le village de Posgoil (Ragoli des cartes), situé au S. de ce torrent, il y a un pont qu'un paysan nous dit s'appeler Stou-pounar. Sur la pente de la montagne il y a quelques vignobles et des champs de blé de Turquie. Le chemin passe alors de la rive septentrionale au bord opposé. Le terrain suivant est très rocailleux, calcaire et couvert de myrthes, de petits frênes et de chênes verts. A 2 1. du poste de Kyra deux torrens tombent dans le grand, l'un venant du S. et l'autre du N. Sur ce dernier est un petit pont écroulé avec une chaussée en pierre, qui y aboutit. A l 1. plus loin on apperçoit quelques champs de maïs, on traverse le torrent et on observe le long de sa berge septentrionale un chemin en corniche pour l'hiver ou les temps, où il y a beaucoup d'eau dans le torrent. A % d'heure plus loin un petit vallon venant du N. E. débouche dans le grand vallon et on voit devant soi trois ou quatre auberges sur la pente élevée du torrent. Ce sont les Voutounos-IIan ou les Utsch-Han des Turcs, les trois H-ans, parce qu'il n'y en avait jadis que trois. Le premier est en même temps la demeure d'un poste de gendarmes, qui ont à côté d'eux comme lieu de refuge contre de trop fortes bandes de brigands une tour carrée sans porte et à l'étage supérieur de laquelle on monte par une échelle pliante en bois. Cette dernière suspendue au toit se hisse en haut, quand on est monté, et des trous dans la muraille permettent de tirer sur l'ennemi sans crainte d'être atteint. Nous fîmes notre dîner au second Plan, où il y eut un moine grec assez complaisant, pour nous aller chercher du vin dans l'auberge voisine, parce que le sien s'était aigri. Il était du couvent voisin de Kosovitza ou de celui de Voutza à 6 h. de là dans la vallée au N. en deçà de la montagne. Le torrent décrit un coude assez fort sous cet endroit, car il vient du S. E., tandis que depuis là il court à l'O. 8. O. et à PO. La montagne du Pétistéra avec sa zone de pins fait un bel effet au S. et non au N., comme le voudrait Mr. Kiepert. Elle a l'air de s'élever à 4000 p. sur la vallée, de manière à former une montagne entre 6000 et 7000 p. de h. Au S. E. de notre station se trouvait Drévédista, le Trépicha des cartes. Ail. de Voutounos est un Plan et un Karaoul, qui sont placés sur la rive méridionale du grand torrent et au confluent d'un autre torrent coulant du S. O. au N. E. et venant des gorges entre le Péristéra et la montagne de Kakardista (alb. Krapsch). A 10 minutes de là la vallée tourne au N.E. et l/2 h. après on passe une fontaine et on se dirige de nouveau au S.E. On remarque sur la rive orientale du torrent une maison et un Han, ainsi qu'un pont détruit et des vignobles. La route passait jadis de ce côté, comme paraît le décrire Mr. Pouqueville. En continuant à monter, on atteint un moulin près du confluent d'un torrent venant des montagnes du Péristér au S. et on monte à Métzovo le long de la rive méridionale du torrent principal, qui vient de l'E. et ne décrit que de légers contours. Cette partie de la route en corniche est rendue pittoresque par le rétrécissement de la vallée et par la hauteur, à laquelle elle conduit le voyageur; toutes choses propres à la défense. Lorsqu'on a atteint par deux ou trois contours le haut de cette route gagnée en partie sur le roc, on passe près d'un Karaoul, qui ferme le chemin et on ap-perçoit sur le côté N. du torrent de beaux vignobles entre deux crêtes noires de rochers et sur une pente élevée à 3705 p. d'altitude absolue quelques maisons de Métzovo. Cette ville est placée en deux quartiers sur les côtés du torrent. Ses maisons sont appliquées par étages sur des pentes rapides, il n'y a que le bas du profond torrent, où le terrain plein d'éboulis n'ait pas permis de bâtir des habitations. Le quartier, appelé Pros Mon, contre le soleil, c'est-à-dire sur le côté méridional, est une partie peu considérable de Métzovo et celle, par laquelle on arrive. Le quartier An Mon exposé au soleil couvre toute la rive boréale du torrent et on passe d'un quartier à l'autre par de mauvais sentiers ou en gagnant par une bonne et longue route un pont situé à l'E. Nous préférâmes descendre tout droit dans le ravin, où il y a un moulin, et gagner la ville en passant pat-un bosquet de chênes verts, près duquel est placé fort pittores-quement un petit, couvent avec un saule-pleureur dans la cour. Depuis ce point on n'a plus que des vignobles jusqu'aux premières rues de Métzovo, où il ne manque pas de bonnes eaux. Toutes les ruelles sont en pente et vont en zigzag jusqu'au sommet de la montagne, où habite l'Ayan. Il y a environ 80 à 100 habitations dans le quartier au S. et 900 dans le quartier au >N., ce qui fait présumer une population d'au moins 5000 âmes. Toutes les maisons sont bâties en pierres avec des poutres placées horizontalement à différentes distances. Elles sont blanchies en dehors avec un liseret jaune dans le bas. Un bon nombre ont des galeries ou des salles, dont les ouvertures sont du côté du midi et peuvent se fermer en hiver avec de grands contrevents, comme les boutiques turques, ce qui forme en été des lieux d'autant plus agréables qu'on a la vue des montagnes voisines. L'intérieur est propre et dénote le bien-être, si ce n'est l'aisance. Toute la population de Métzovo est valaque ou zinzare. Ce sont des gens très industrieux, chaudement et assez bien vêtus, qui comme les Savoyards vont gagner au loin de l'argent et reviennent ensuite chez eux. Néanmoins tout le monde se mariant de bonne heure en Turquie, il arrive souvent que des maris abandonnent leurs familles pendant plusieurs années. Comme certains artisans des hautes vallées du Piémont, plusieurs hommes mariés s'associent ensemble et vont faire le commerce ou exercer leur industrie à l'étranger et le voyage dans leur patrie a lieu à tour de rôle, de manière qu'il y en a toujours quelques-uns à Métzovo. Ces Valaques peuplent toute cette partie de la chaîne pindique et on compte plus de huit villages zinzares, tous dans les environs. C'est de cette colonie, datant du dixième siècle et si singulièrement placée entre les Albanais, les Grecs et les Bulgares, que sortent une foule de Kiradgis ou de muletiers répandus dans la Turquie méridionale. D'après Mr. deHahn ils se donnent dans le Pinde le nom d'Armeng et ailleurs celui de Roum. Us abondent dans la première chaîne depuis Konitza jusques vers Arta et y peuplent surtout les bourgs et les lieux suivants, savoir dans le district de Grivano-Koli, San Marina, Périvoli, Avdélia, Krania, Milia, Métzovo et Malakassi ; dans le district de Klinovo-Koli, Chaliki, Lèpénitza, Kotori, Dragovitza, Krania, Doliana, Sklin-jassa, Novoous, Kastanja, Klinovo et Skliniorou ; dans le district de Porta-Koli, Motschnora, Gardiki, Kjamyje, Typhloséli, Dési, Vétourniko, Pyrra1) et Pertouli. Il y en a encore dans les montagnes entre les sources de l'Aspropotamos et le Lorou comme à Syrako, àKalarites ainsi que sur le côté oriental du Grammes et du Pinde au S. du lac d'Ochrida et à l'E. de Kastoria. (Voyez l'ouvrage de Mr. de Hahn et ma Turquie. Vol. 2, pag. 22.) Nous passâmes d'agréables instans parmi ces habitans, qui comptent parmi eux deux ou trois médecins non patentés et aussi Valaques. Ils paraissent goûter beaucoup la musique et les chansons joyeuses ou célébrant des faits d'armes des Palicares. Le luth et le tambour de Basque sont les instrumens obligés des chants. A notre passage un chanteur malin, sachant bien que notre Tar-tare turc n'entendait pas sa langue, nous débitait dans ses chansons des remarques peu amicales pour les Ottomans et prédisait aux Rajas un avenir prochain plus heureux. Pour ceux, qui désirent le renversement du gouvernement turc ou de pêcher dans l'eau trouble, aucune idée politique n'est plus favorable que cet espoir inébranlable des Grecs de l'Epire et de la Thessalie et même ') Ce nom rappelle le mythe du déluge de Deuealion, dont Aristote place le théâtre dans l'Hellade autour de Dodone, c'est-à-dire donc dans le bassin de Janina, ce qui est bien plus judicieux que de le mettre en Thessaiie. Si la l'ente de Tempe a vuidé le bassin Thessalien, cela s'est passé pendant l'époque alluviale ancienne, tandis qu'une inondation dans les temps historiques p^ut avoir eu lieu bien aisément par l'obstruction des Katavotrons, où s'écoulent les eaux de tant de dolines en Albanie et en Grèce, comme cela s'est vu encore ces dernières années en Béotie. des Grecs en général de secouer un jour le joug ottoman. Il s'agit seulement de ne pas trop entraver sa réalisation et de ne pas s'inquiéter des massacres barbares, qui eu résulteront immanquablement des deux côtés. L'humanité n'est souvent que le manteau de cérémonie de la politique, la vie des hommes son hochet. Un coup d'oeil sur la carte suffit pour montrer que le Gram-mos et le Pin de, s'étendant de la plaine de Goritza à Arta et Agrapha, ne sont que la continuation méridionale du système des montagnes N.-S. ou N. N. O.-S. S. E. le long du Drim noir et sur les bords du lac d'Ochrida, Les chaînes, courant N. O.-S. E. dans l'Epire, viennent butter contre cette digue, tandis qu'à Metzovo il s'est produit un nœud de montagnes par la rencontre de ces deux formations d'aspérités avec une troisième, savoir celle du Rhodope ou de l'O.N.O. à l'E. S. E. De plus, si notre système de montagnes N.-S. est accompagné dans le N, de fentes longitudinales, dans le S. nous y remarquons les deux énormes crevasses du même genre, savoir celles de l'Arta et de l'Aspropotamos. De tous ces accidens il est résulté qu'il part de Metzovo cinq grandes rivières, savoir du N. au S. les deux déjà citées, duN. O. au S. E. la Salambria, du S.O. au N. E. le Vénétiko et du S. E. au N.O. le Vojoutza. De plus à l'E. se présente l'énorme enfoncemenr de la Thessalie et à l'O. celui de Janina. Metzovo est donc à l'en-trccroissernent de plusieurs routes et une position militaire très importante. Aussi tout militaire doit être étonné de n'y pas trouver même un petit fort. Pour passer le mont Zigos (Joug), on a le choix de deux routes, l'une va au S. E. et descend dans la Thessalie et l'autre va au N. E. et conduit à Grévéno ou Grévéna dans le bassin de lTndge-Karasou le long du Milias et du Vénétiko par le haut du Vojoutza et le col de plus de 5000 p. entre le Mavro-Vouno et le Sedviliani. On peut aussi gagner Konitza par le Vojoutza ou bien passer du village de Vojoutza à Périvolia, Av-déla et Grévéno par le Vénétiko , coulant au pied du Spilaeo-Vouno. Le torrent de Metzovo est formé par la réunion de deux autres, provenant l'un du S.E. et l'autre du N. E. Après avoir traversé ce dernier sur un pont de bois non loin de son confluent, on monte assez insensiblement sur les bords élevés de 1 autre, en laissant à droite quelques moulins et un établissement pour scier des planches. On atteint ainsi à plus de 4000 p. de h. la région de la montagne couverte de hauts buissons de buis ainsi que de pins et en continuant à s'élever toujours plus on se trouve bientôt au pied de la pente rapide du col de Zigos. Un grand éboulis de serpentine y a permis l'établissement de petits sentiers tournans. Ils conduisent en une demi-heure le voyageur à la cime des montagnes, où on passe entre des rochers luisans comme de l'huile et il y a à côté une petite crête de calcaire rouge. Depuis le pont de Metzovo jusqu'au col nous mîmes 11j2 h. La vue de ce point, à 5063 p. de h., est fort belle. Sur le côté albanais on apperçoit au S. 50 0 O. une partie des cimes du Péristéra-Vouna et de celles, qui y font suite. Au N. 20°. O. s'élèvent les montagnes pointues ou rabattues autour de Konîtza et en particulier celles du Smolika; à l'O. sont les hauteurs bien plus basses du bassin de Janina et à l'O. de cette cavité la mer Adriatique reste dans les vapeurs. Mais si ce côté n'offre qu'un amphithéâtre de sommets, le versant opposé présente par ses vallées et la distribution de ses rides un tableau bien autrement animé et étendu. L'Olympe, le Schélé des Turcs, frappe tout de suite dans le lointain à l'E., tandis qu'on le voit se lier au Pinde par une longue crête, qui est bien plus basse que lui et que le mont Zigos. On dit que les Albanais l'appellent Liaka, du mot Liak, j'arrose, dénomination que Mr. de Hahn rapproche de celles de .Accxpcov et Lyncon. Il n'y a que le mont Kroutsehévo (Kratschovo) ou la partie la plus voisine du Zigos en delà de Malakassi (alb. Malakasch), qui soit assez élevée et peut avoir 400 p. de hauteur de moins que le lieu d'observation. Plus à l'E. vient le Voloutza. Par-dessus le contrefort septentrional de l'Olympe, qui trône dans les nuages, on entrevoit la place du golfe de Salonique, tandis qu'à ses pieds on a au N. E. tout le coin S. O. de la Macédoine avec une foule de petites collines, de villages et en particulier avec le bourg Grévéno. En deçà de cette cavité s'élèvent les montagnes du Bourénos ou Bou-rino et nous crûmes même reconnaître plus loin les montagnes vers Vodéna. Depuis ce col on sent fort bien combien il est plus aisé de pénétrer dans la Macédoine transaxienne , qui est sous la montagne, que dans la plaine Thessalienne, à laquelle on ne parvient qu'en parcourant au S. E. le sinueux et long vallon du Salambria. Des hêtres remplacent les pins à l'E. du col et à 150 p. plus bas se trouve un poste ir une quantité de curieux costumes des paysans bosniaques et des paysannes chrétiennes. Nous y fîmes aussi connaissance avec un déserteur hongrois, qui était depuis 25 ans en Bosnie et s'était marié. Un autre avait été au service de l'aubergiste et venait de décamper en lui volant 50 florins. Ces militaires désertent surtout depuis la frontière da Imate et prennent quelquefois du service en Bosnie. Celui de Taschlitza était venu par le Monténégro. Après Taschlitza la route parcourt dos hauteurs déboisées et très pierreuses jusqu'au-delà de Minareti-IIan. Une douzaine do petits cours d'eau prenant leurs sources dans la crête au N. E., y parcourent de petits vallons et déversent au S. O. leurs eaux dans la Tchiotina. Le premier ruisseau est à % d'h. do Taschlitza,, le second à 1 1. dans une petite gorge, d'où on monte sur une plate-forme calcaire couverte d'argile rouge, comme c'est si souvent le cas en Carniole. Dans ce lieu on se trouve presque vis-à-vis du plus haut point de la chaîne du Lioubitsclmia, qui reste à l'O. 10° S. et s'élève à 3000 p. sur la vallée, ce qui donne une hauteur absolue entre 4500 et 5000 p. Cette chaîne est formée d'une série de sommets rabattus, qui s'abaissent insensiblement au S.E., tandis qu'au N, O. elles conservent plus longtemps une assez grande hauteur. A 11/2 h. de Taschlitza on passe un troisième ruisseau. Plus loin on observe une échancrure dans la chaîne à l'O., tandis qu'à l'E. s'élèvent des sommets pelés et bosselés. Deux petits ruisseaux suivent plus loin, puis vient un torrent dans le haut du vallon duquel on apperçoit à l'E. un Han isolé. Le septième vallon n'a pas d'eau en été, le huitième n'est qu'un ruisseau et le neuvième est à 4y2 h. de Taschlitza. Avant le Minareti-IIan on parcourt une plate-forme calcaire très pierreuse, au bout de laquelle on atteint enfin la gorge assez profonde, où est. enfouie cette auberge, dominée à l'E. par une petite cime isolée. Cette hôtellerie ne consiste qu'en une grande écurie, à côté de laquelle est un rez-dc-chaussée occupé par le Ilarem de l'aubergiste. Elle prend son nom d'une petite chapelle à minaret, qui se trouve à côté. Depuis ce point à 5 h. de Taschlitza on commence à monter au Kovatsch -Planina par des bois de chênes et do bouleaux, auxquels se mélangent ensuite des poiriers sauvages et des noisetiers, mais plus haut il n'y a plus que des hêtres et des bouleaux. Ail. de Minareti-IIan on atteint un petit ruisseau coulant au S.O. C'est la tête du Slatinska-Rieka, qui avec un cours S. E.-N. O., parallèle à la Tchiotina, afflue dans cette dernière vers Ivtzar. On arrive bientôt après au Kovatsch-Han, en deçà duquel on entre dans les forêts de sapins, couvrant tout le haut de la montagne. Le Kovatsch-Han ou l'auberge du maréchal ferrand est à 3114 p. de h. abs. Quelques cerisiers sauvages se rencontrent autour de ce lieu. Comme cette montagne totalement boisée forme une forêt de 4 à 5 1. de largeur sur 7 à 8 de longueur , elle a recelé pendant longtemps des brigands, des Hai-doukes s'y rendaient même de loin et s'en retournaient chez eux lorsqu'ils avaient fait du butin. A présent on y a mis ordre par l'établissement de trois postes, mais on devrait aussi élaguer le bois le long de la route, car elle en deviendrait encore plus sûre et au moins plus sèche. Telle qu'elle est actuellement, elle forme par son pavé exécrable et ses trous pleins de boue une des plus mauvaises chaussées de Turquie. Il y a de quoi s'impatienter, on cherche vainement à éviter ces casse-coux, en se jetant dans les sentiers ou le fossé à côté de la route, l'épaisseur du bois ou la pente vous ramène forcement sur le pavé démantelé et composé de toutes sortes de pierres. H y a plusieurs longues parties qu'il est impossible de faire à cheval. Au lieu de réparer le pavé, on avait comblé dans deux endroits les bourbiers avec des troncs d'arbres placés horizontalement. En 1837 il y avait après le premier Karaoul d'énormes sapins tombés en travers de la route et dont il fallait faire le tour. En 1838 on ne s'était pas encore donné la peine de les ôter, mais on avait pratiqué dans quelques-uns la place nécessaire pour le passage d'un cheval ou d'une charrette. Telle était alors l'insouciance turque pour les routes ! Entre les deux premiers Karaouls il y a un endroit, où un rocher calcaire barre la voie. Après avoir un peu descendu, on remonte enfin au dernier Karaoul, qui se trouve à 3300 p. de h. abs. Dès qu'on l'a dépassé, on a une grande descente de 1 % h. à faire par un chemin en zigzag, qui était jadis pavé, mais qui n'est à présent qu'un bourbier ou un lit de cailloux. Une belle foret de hêtres remplace les sapins. Il faut faire un grand détour à PO., pour descendre dans une gorge, d'où on va reprendre à PE. la pente de la montagne bordant la rive occidentale du torrent de Tschainitza ou du Vrt. On se sent soulagé, quand on prévoit la fin de cette sauvage foret par les premières vues sur la gorge de Tschainitza. Quelques prés ornés de cerisiers, de pruniers et de noyers ainsi qu'un petit tombeau ou Téké précèdent ce bourg, qui est situé de la manière la plus bizarre sur une pente de montagne en deçà d'un profond ravin. Ce dernier vient immédiatement des montagnes à PO. et coule dans le Vrt, qui descend pittoresquement des forêts au S. E. et se rend au N. O, par la Janina dans la Drina. Tchainitza est ainsi à 1076p, de h-abs. dïins une espèce de cirque oval de montagnes boisées en hêtres et sapins, qui s'élèvent à 800 ou 1000 p. sur ce bourg. Il est à l'intersection de trois routes, savoir celle de ïaschlitza à Go-rcschda, celle de Vischegrad le long de la Drina et une autre, qui monte au N. O. dans la montagne et va à Fotscha. Tschainitza (nommé ainsi de Tachai, en turc rivière) est un bourg d'environ 800 habitans en partie mahométans. Il y a une assez belle mosquée à minaret. Ses maisons sont appliquées contre la pente de la montagne ou placées le long du ravin venant de l'O. Sur ce dernier se remarquent les indices d'un ancien pont en pierre, qui venait aboutir à la poste de ce lieu. Maintenant on passe le ravin plus loin à l'O. sur un pont en bois. Il n'y a que trois rues horizontales. Dans l'une d'elles est la poste près du bord du ravin encaissé par des rochers d'un énorme dépôt de tufa calcaire ayant 50 p. d'épaisseur. L'écurie est dans une enceinte en partie murée et paraissant les restes de quelque édifice assez ancien. Vis-à-vis est une espèce de café et une chambre propre à cheminée, où. nous fûmes fort bien. L'auberge de la ville est une vaste écurie avec un premier étage, où il y a 3 ou 4 chambres, dont l'une sert de divan au maître. Ce dernier cumule les trois places de Musselim, d'aubergiste et de maître de poste. On descend la vallée du Vrt, dont le fond s'élargit plus bas et est occupé par des prés. A 2 1. au-dessous de Tschainitza on prend à l'O. et on franchit une crête de 400 p., en deçà de laquelle est une belle vallée ornée de pruniers et de chênes. C'est par elle qu'on débouche sur la grande vallée de la Drina. Mr. H. Pouqueville vit en 1806 sur cette route un Han et plusieurs villages, qui ne paraissent plus exister. (Voyez son Voyage. Vol. 3, pag. 147.) La Drina coule dans un beau canal, qui est entouré de montagnes de médiocre hauteur et en partie boisées en chênes et hêtres. Les cultures et les villages occupent les bords de la rivière, qui paraît entrer dans des défilés au-dessous de Go-resda. Comme pour la plupart des rivières de la Bosnie, son cours n'est qu'une série de sillons longitudinaux S.E.-N. O. réunis par des crevasses transversales N.E.-S. O. De pareilles fentes sont par exemple celles, qui forment le lit de la Drina de Fotscha à Vi-latkovitch, de Gouraschitch à Vischegrad etc. Cinq piles intactes attestent qu'il y avait une fois un pont en pierres et bois à Go-reschda ou Goresda. Mr. Pouqueville l'a passé en 1806. On dit que les bateliers du bac en ont déjà brûlé un. Bref on est obligé de passer la Drina dans un grand bateau plat, qui ne peut pas toujours s'approcher de la berge à cause des bancs de cailloux et du peu de profondeur des bords de la rivière. Goresda, ville en partie chrétienne, se présente bien avec sa quantité de vergers et surtout de pruniers , elle peut bien avoir ses 1200 habitans et offre deux mosquées à minarets. Comme nous étions un peu en retard et que nous avions devant nous jusqu'à Pratza un chemin très mauvais, nous ne nous arrêtâmes pas à Goresda et nous nous contentâmes de remplir nos sacoches de fruits pour aller faire un petit repas à 1 1. de là auprès d'un clair ruisseau. On remonte le vallon de Soponitza, au débouché duquel est la ville et on marche de l'E. à l'O., mais après cela on tourne du S. au N. et on franchit par des sentiers exécrables la montagne d'Inila boisée en partie en bouleaux. Une vallée, s'étendant au S.O., sépare cette crête d'une autre encore plus considérable et toute boisée en hêtres. Au milieu de cette épaisse forêt il est tout naturel que le chemin ne soit jamais sec, aussi la plus grande partie n'est qu'une série de cannelures transversales boueuses, où on ne peut aller qu'au pas et où il faut encore savoir distinguer les cannelures les moins profondes, pour ne pas y rester embourbés. La nuit et une pluie battante vinrent pour comble d'infortune nous assaillir dans ces lieux, de manière que la descente sur Pratscha (Pratza) eut lieu pour ainsi dire sans voir trois pas devant soi. Avec un temps pareil et dans des forêts presque continuelles nous ne pouvons pas dire, si Mr. Kiepert a raison d'indiquer au S. O. une montagne sous le nom de Hanitch-Planina et de placer le Karen-Planina à l'O. de Pratza, Avant d'atteindre à 2000 p. de h. abs. ce hameau dévasté parla guerre, il faut passer un torrent coulant à l'E. et S. E, et affluant dans la Drina. C'était jadis un bourg florissant, qui comptait 400 boutiques chrétiennes, mais il ne présente plus que 7 à 8 maisons et deux minarets. Des plantations de pruniers y prouvent qu'on y faisait une fois de l'eau de vie. Le Menzil-Han ou la poste occupe la plus grande habitation et n'offre dans une vaste écurie qu'un carré élevé autour du foyer. Nous y trouvâmes l'aubergiste et d'autres voyageurs, qui tous nous félicitèrent de notre arrivée, car dans quelques heures le torrent de Pratza aurait été impassable. Le bravo aubergiste nous fit faire des œufs frits et nous apporta de la crème avec du miel dedans malgré que l'Akscham était passé depuis longtemps. Après quoi, sans trop faire attention à la propreté du lieu, nous nous étendîmes pêle-mêle avec les Bosniaques autour du feu. On remonte le vallon de Pratscha et on trouve deux Hans isolés, l'un à '/2 1. de Pratscha et l'autre à 1 1., puis on tourne au N. à travers des petits bois, où nous remarquâmes quelques grandes pierres monumentales sans inscription. Les gens disaient que cela datait des Latins, c.-à-d. du temps des liomains. On suit un torrent, qui coule du N. au S. et on monte ensuite une montagne boisée en bouleaux, hêtres, platanes et cerisiers. Son sommet forme une espèce de plateau, qui a 2469 p. d'élévation et d'où on a une vue sur la crête au N. E,, offrant ^une suite d'escarpemens calcaires. A l'O. il n'y a que des sommets, qui ont 3 à 500 p. de plus que le lieu d'observation. Ce serait le Javorina de Mr. Kiepert. Sur le plateau lui-même il y a des éminences de 2 à 300 p. Deux Karaouls s'y trouvent dans les bois et au pied de la descente sur son côté septentrional est le hameau et Han de Ko-lischitz. La descente est moins forte que la montée et on atteint ainsi la tête d'un des affluons supérieurs du Bosna, savoir la Mi-gliatza. Le vallon de Kolischitz ou Kolischitch est assez joli et entouré de sapins, de bouleaux et de cerisiers. La vallée s'élargit plus loin au N. 0. et on voyage à travers des prairies pour éviter le mauvais pavé, ce qui a déjà abîmé de grandes portions de prés. On est néanmoins forcé de revenir sur le Kaldroum pour franchir une crête boisée à pentes douces, qui est placée entre deux Hans isolés. Cette vallée de Kolischitz, à 1860 p. de h. abs., est fort champêtre, celle du dernier Han, tenu par un Bosniaque musulman, offre de ces beautés propres à toutes les contrées, où le calcaire forme des montagnes, des escarpemens et des défilés. Près de cette auberge se réunissent deux torrens , dont l'un vient du N.E. et l'autre de l'E. et ils coulent à l'E. en traversant un défilé calcaire, dans lequel un pont a été jeté sur le torrent. Plus loin à 2 1. du Han un autre torrent vient joindre ce dernier en coulant du N. au S, et toutes ces eaux tourn int au N. se rendent à Bosna-Séraj par un profond défilé calcaire. Ce n'est qu'en deçà de ee dernier et m dans cotte ville qu'elles reprennent leur cours de l'E. à l'O. Après avoir passé le torrent du Migliatzka-Rieka, la route se tient sur la pente occidentale ou S.O. et assez élevée des montagnes très peu boisées du Bielava-Planina (Mont Blanc). Ces dernières sont couvertes de pâturages et ornées ça et là de belles murailles de rochers. Elles peuvent s'élever à 2800 ou 3000 p. de h. abs., mais la route reste à 7 ou 800 p. sous les sommets. La gorge, par laquelle on débouche sur Sérajévo (Bosna-Scraj) est étroite et couverte de broussailles, on voit quelques minarets de la ville longtemps avant de l'atteindre et au moment, où on croit y arriver, il faut encore descendre dans le torrent, qui a 20 t. de largeur, le franchir sur un pont de pierre et remonter à une grande hauteur sur une corniche de rochers. Vis-à-vis au S.E. est placée la citadelle sur une plate-forme à 300 p. sur le torrent. Elle est dominée par de petites éminences. On sait "qu'elle fut fondée par le général hongrois Cotroman en 1263 sous le nom de Bosna-Var. Ce n'est qu'après avoir longé ces hauts précipices d'une gorge, qui n'a qu'une vingtaine de toises de largeur, qu'on arrive au haut d'un des bords du cirque de montagnes occupé entièrement par la belle ville de Sérajévo. On dirait voir devant soi un amphithéâtre romain. On y compte près d'une centaine de mosquées dont une trentaine ont des minarets. Une des plus grandes a un péristyle dans le genre de St.-Pierre de Rome et ressemble pour la forme au dôme de St.-Charles à Vienne (en Autriche). Deux autres mosquées sont aussi remarquables. De plus il y a des églises grecques, une chapelle catholique, de grands Bazars, plusieurs bains, plusieurs grands Konaks et un très grand nombre de fontaines. Sa population, éminemment slave, peut s'élever à 50—60,000 âmes, quoique Mr. Tirol lui en donne 85,000. On porte le nombre des maisons à 12,000 à 18,000 , parmi lesquelles il y en a un millier au moins, qui appartiennent à des familles de la religion grecque. 5 à 600 familles sont catholiques et les Franciscains ont une station dans la ville. Elle est traversée par la Migliatzka ') sur laquelle sont bâtis trois ponts, dont deux sont en pierres et à quatre ou cinq arches. Les rues sont pavées et en grande partie en pente à l'exception de quelques rues le long du Migliatzka, qui fait aller beaucoup de moulins. Des cimetières sont vers les hauteurs. Le Konak du ') C'est par efrettr 'pi^ dans \&e cartes on place ^ette ville sur le Keschova. Visir est sur le bord de la Migliatzka et est un bâtiment carré qui se distingue d'avec tous ceux de la Turquie par de vastes galeries garnies de vitraux comme dans nos maisons de gens riches. Près de la citadelle il y a aussi d'autres habitations et des jardins, qui doivent appartenir au Pascha. Une vieille muraille avec des tours carrées aux portes entoure une partie de la ville, mais elle est ouverte sur le côté sud, qui est d'ailleurs sous le canon de la citadelle. Ayant une lettre pour le Visir, notre Tartare voulut absolument nous procurer un gîte dans une maison particulière et chez un Catholique. Nous fûmes donc faire visite au Kiaja du Visir, ce dernier résidant à Travnik. Il demanda notre firman et avait déjà accédé presque à notre demande, mais ayant fait chercher le Chrétien chargé de la distribution des logemens parmi ses corréligîonnaircs , le firman passa en d'autres mains et fut analysé complètement. Après une heure d'attente enfin le Kiaya se vit obligé de déclarer que nous devions nous désister de notre demande, le firman ne spécifiant pas que le logement fut obligatoire. On voyait que lui-même n'était pour rien dans cette més-avanture, mais qu'il était sous le contrôle de gens connaissant bien la matière. Il nous avait montré quelques momens auparavant sa bienveillance en nous lançant quelques beaux fruits, afin de n'avoir pas la peine de se lever. Nous allâmes donc nous loger à la poste, où nous trouvâmes une très bonne chambre à fenêtres vitrées, à poêle et divan avec tapis et coussins, de manière que nous trouvâmes tout naturel que les Européens aillent y chercher leur logement plutôt que d'être à charge à leur corréligionnaires. Il y avait encore d'autres plus petites pièces dans cette auberge et l'écurie occupait le bas. Il y avait môme une espèce de valet d'auberge fort complaisant, on voyait vraiment que Sérajévo n'était pas fort éloignée de la civilisation européenne. Bosna-Séraj doit avoir du reste un climat assez froid étant protégé par les montagnes contre les vents chauds du S. et ceux , qui ont vu des vignobles dans les environs ne paraissent pas y avoir été. Ce n'est qu'à l'O. que la vallée de la Bosna s'élargit assez pour permettre des cultures; autour de Bosna-Séraj il n'y a que des rochers presque nuds. Les promenades les plus agréables sont au S. et S. O. dans ia montagne. A 1V2 1. de là à l'O. est la source thermale d'Ilidga et à 7.1. au N.O. dans la vallée de Voinitza est une source acidulé visitée en été. Sérajévo est à la rencontre d'au moins quatre ou six routes principales, savoir celle qui traverse du S.E.-N.O. toute la Bosnie de Novipazar à la Save; celle qui vient du S.O. ou de la Dal-matie par Mostar et va gagner au N.E. Zvornik, la Save ou la Servie danubienne ; celle qui longe au N. N. O. la Bosna et remonte au S. S. E. par Fotscha dans l'Herzégovine vers le Monténégro et Eaguse; enfin celle qui va d'un côté au S.E. à Vi-schegrad et de l'autre à l'O. N. O. par Travnik sur l'Ouna à Ostro vat z et Bihatsch dans la Croatie turque ou bien par Keu-pris ou Svouitza en Dalmatie. Si on ajoute à cela qu'elle est placée dans une concavité centrale de la Bosnie d'environ 1700 p. d'altit. abs., et que l'on n'y peut pénétrer que par des défilés ou de longues gaines ou môme par d'assez hauts cols de montagnes, on comprendra toute l'importance de cette ville et on s'expliquera son origine ainsi que sa grande population comparativement au reste de cette province. Le bassin de Sérajévo est réellement une grande place d'armes au centre du pays. Sérajévo est la capitale de la Bosnie et de la Croatie turque. Ce grand Paschalik, divisé en 24 petits gouvernemens, comprend 22 villes et 13 bourgs et un grand nombre de villages. Les petits Paschaliks, jadis héréditaires dans ce pays, y ont aussi cessé. Dans ma Turquie d'Europe (voyez Vol. 2, pag. 10) je me suis déjà prononcé sur le chiffre probable de cette population presque totalement slave, j'ai cru pouvoir le fixer entre 900,000 pour le plus bas chiffre et 1,200,000 pour le plus haut. Ce nombre comprend 7 à 800,000 Bosniaques et 2 à 400,000 Croates, parmi lesquels 650,000 ou 866,000 seraient Mahométans et le reste Chrétiens. Quant au nombre relatif des Catholiques et des Chrétiens grecs, on dit qu'il y a 160,000 à 200,000 Catholiques dans la Bosnie, la Croatie et l'Herzégovine. En renvoyant pour leur distribution géographique générale à mon ouvrage (voyez Vol. 3, pag. 503), je remarquerai seulement que les Catholiques ne se trouvent que dans la Bosnie et l'Herzégovine septentrionale ainsi qu'eu Croatie, ce qui s'explique par le voisinage de la Hongrie. Livno (sb. Lijevno) et Srebernitza (d'argent) indiqueraient presque leurs limites méridionales, s'ils ne l'a dépassaient en Herzégovine, car il y a encore des Catholiques à Mostar. Cette particularité est un bonheur pour la Porte ottomane, car si des Catholiques avaient existé dans le S. de la Bosnie, ils auraient pu s'entendre avec leurs frères, les Albanais-Guégues. L'identité de confession aurait fait surmonter l'antipathie de ces deux races. D'une autre part les cantons, les bourgs ou les villages catholiques du N.O. de la Turquie n'y sont que disséminés et non agglomérés, de manière que dans l'attaque de ce territoire par une puissance catholique, elle ne peut pas attendre de la sympathie de cette partie de la population, un secours aussi efficace que si les Catholiques s'y trouvaient tous réunis dans certains districts ou s'ils formaient môme à eux seuls une contrée, comme c'est le cas par exemple pour les Malisores et les Myrédites en Haute Albanie. Le reste des étrangers dans le N. O. de la Turquie est extrêmement exigu, si on en excepte toutefois les Albanais-Guégues, qui s'étendent dans la Bosnie méridionale jusqu'à la hauteur de Kolaschin ainsi que des districts de Bichor et de Novipazar. 11 y a bien dans le S.E. du pays quelques Serbes, mais la différence entre ces derniers et les Bosniaques n'est presque, physio-logiquement du moins, qu'une pure fiction, tandis que les Bulgares s'en distinguent et n'existent pas en Bosnie. Enfin il y a des Zin-gares et quelques Zinzares dans certaines grandes villes et un petit nombre de Juifs. De tous les pays slaves de Turquie la Bosnie serait celui, où la reconstitution d'une aristocratie trouverait encore le plus vite les matériaux nécessaires à un tel système de gouvernement. XXII. IV1 <1 AI à 211 DE NOVIPAZAR À SCOUTAPJ par GOUZINIÉ. En quittant Novipazar on marche du N, E. au S. O. le long de la Raschka, à xj% h. de la ville est située Varévo, et à 1 h. la route se divise, l'une allant à l'O. ou au N. O. à Sjénitza et l'autre au S. O. à Souodol (vallée sèche). A peu de distance de là on passe à gue une rivière qu'on nous dit etre la Loutschka-Rieka et on distingue à gauche le village de Loutkotschévo et à droite celui de Dvojévitch. Slatina est à 21/2 h. de Novipazar. On atteint ensuite les montagnes calcaires , qui bordent la vallée de la Raschka et qui la resserrent bientôt entre des murailles pittoresques. Avant d'entrer dans ce défilé, un sentier tournoyant à gauche sur une pente rapide de rochers calcaires conduit sur les cimes des montagnes, où il y a ça et là des villages seulement en partie musulmans, en particulier ïrigousclma et la ruine du château de Jelesch. C'est la route la plus directe pour aller de Novipazar à Rojai, une distance d'environ 9 l/2 à 10 h. Elle traverse dans toute sa longueur le plateau de Jelesch, franchit la montagne de Bojour (Boiiiyp, signifiant Pœonia officinalix) au N. E. de celle de Vrenie et voyageant par les hauteurs au S. de Glougovik on descend à Osdol. D'après feu Vasoevitch le mont Stavitza serait dans ces lieux, car il le plaçait au N. de l'Ibar entre le mont Vrenie, Rojai et Bélotiteh, tandis que nous avons cru qu'il était à l'E. du Mokra-Planina. Plus loin on passe le torrent, qui descend du Jarout-Planina et du vallon de Cha-rolia pour former l'Ibar par sa réunion à la Makva et on remonte par Ivovik la vallée de cette dernière jusqu'à Rojai. Une route plus longue ou d'environ 12 h. est celle, qui se rend par la vallée de Koznitza ? ou Jeleschnitza ? au col de Vrenie et à Ribaritch sur l'Ibar, elle remonte cette rivière et la Makva sur leur bord méridional en entrant dans le défdé de Vratsché. On trouve sur cette route Kotscharnitz (de Kotscliara, une grange), Gadova, Bischéva et Bjela-Tzrkva (Église blanche). Une troisième route par Glougovik et Souodol compte près de 18 h. Le Pascha de Novipazar nous avait donné un Kavas, qui voulait nous faire passer par le premier chemin comme le plus court et surtout le plus agréable pour des Chrétiens disait-il, parce qu'il y a des villages serbes, où il pourrait commander en maître, au lieu que les autres routes et surtout la seconde traversent des hameaux albanais en partie indépendans du Pascha de Novipazar. D'une autre part nous avions loué un cheval de Kiradgi jusqu'à Scoutari, or cet homme de Sjénitza prétendait connaître la route et ne voulait pas absolument passer par celle conseillée par le Kavas. Le Chrétien serbe de Sjénitza insinuait que le Kavas musulman voulait nous faire dépouiller ou assassiner en chemin. Ce dernier au contraire disait que la gorge conduisant à Glougovik était infestée de brigands et nous faisait remarquer nombre de paysans armés, qui se rendaient à cheval ou à pied vers ces lieux. Nous ne savions que faire dans ce désaccord et regardions tantôt l'un, tantôt l'autre de nos guides. Le Musulman avait une figure repoussante et des habits fort déguenillés, tandis que le Kiradgi avait une figure ouverte; en conséquence nous nous décidâmes à l'unanimité de suivre l'avis de ce dernier. Néanmoins son sourire fin aurait dû nous inspirer quelque défiance, car à peine arrivés à Rojai nous découvrîmes qu'il ne connaissait pas la route et que celle du Kavas aurait été préférable. La gorge ét oite, dans laquelle nous entrâmes , était boisée en chênes, la Raschka n'en arrose qu'une partie, parce que sa source est au S. O. et qu'elle ne pénètre dans cette fente que par une autre crevasse courant du S. O. au N. E., tandis que le reste de la vallée se dirige du N. au S. et contient un petit torrent, qui se jette dans la Raschka. La route a lieu sur le bord occidental du torrent et avant de s'élever de la vallée vers les hauteurs, on voit au loin et à gauche le village do Bélotiteh au milieu de grandes forêts. La route monte pendant une heure et demie assez rapide- ment à travers des bois.de chênes. Après une heure d'ascension on plonge à droite dans la partie supérieure de la vallée de la Raschka, qui traverse ici une espèce de petit bassin et son de gorges étroites et profondes à l'O. de Dolani-Sélo. Près de ce village (à environ 1 1. de la route) est la ruine de l'ancien couvent serbe de Sopotchani et au N. E. sur la pente d'une montagne on distingue le village de Gratschani. Au haut de la montagne nous trouvâmes un plateau rocailleux, d'où nous apperçû-mes au S. les cimes de la montagne de Mokra-Gora (mont humide) avec quelques neiges au mois de juin. Après avoir dépassé une petite émincnce atteignant 2954 p. de h. abs., nous descendîmes à PO. par une courte pente dans une vaste pelouse de verdure, une véritable Movdina serbe, bordée de très basses cimes de rochers calcaires, s'élevant à 3000—3014 p. de h. abs. Cette plaine sans eau était couverte de bestiaux et s'étendait au loin au 8. O., en formant le fond d'une cavité allongée irrégulièrement et presqu'au sommet de ces montagnes, car les cimes ne dépassaient guère cent pieds de hauteur au-dessus de la prairie. La largeur de ce bassin variait de 4 à 500 pas. Le premier village albanais qu'on y rencontre , s'appelle Glougovik (de Glog, Cratœgus oœi/acantha). Chaque maison y est dans une enceinte de branches d'arbres tressées et quelques champs, d'orge précèdent les habitations. Nous résolûmes d'y coucher et nous nous adressâmes au chef de ce village, qui nous plaça près d'une maison habitée par un vieillard ayant plusieurs fils et des fdles. A cause de ces dernières que nous entrevîmes cependant, on ne voulut pas nous recevoir dans l'enceinte des maisons, mais le temps étant fort beau, nous bivouaquâmes en plein air autour de nos effets et non loin de nos chevaux attachés aux haies. Le principal était qu'on voulût nous donner à manger et nourrir les chevaux. Il paraît que ces villageois n'avaient guère vu d'Européens, car l'apparition de nofc chapeaux fit sensation; nous eûmes à répondre le soir et surtout le matin à une foule de questions excitées par la curiosité de nos hôtes et de leurs amis. Un parapluie, des lunettes, de petits pistolets et d'autres objets de voyage parurent pour eux des choses jusques là inconnues et nous servirent à amuser ces gens, dont nos guides nous conseillaient cependant de nous défier. Toutefois nous étions tous fort rassurés sur le caractère des habitans de ce village à l'exception de notre Kavas, qui ne cachait guère son malaise de se trouver à la merci de personnes, qui ne lui paraissaient rien moins que des rebelles, parce qu'ils se refusaient à tout impôt. Néanmoins nous nous attendions guère à le voir décamper furtivement de grand matin sans môme recevoir son pourboire, il faut qu'il ait eu une bien mauvaise conscience ou qu'il ait eu vent de quelques propos, qui lui parurent dangereux. En nous levant, nous apprîmes bientôt qu'un duel à mort avait eu lieu la vieille dans la gorge, par laquelle nous étions montés. Un meurtre commis il y a une cinquantaine d'années, avait allumé une haine invétérée entre deux familles albanaises. Un fils avait vengé la mort de son père, en tuant le fds de son assassin. (Voyez la description de cette scène homérique dans ma Turquie. Vol. 2, pag. 533.) Ayant perdu notre guide et ayant appris que les habitans du village de liojai venaient récemment de chasser leur Mus selim à cause de la demande de trop forts impôts, nous priâmes le Pliah ou le vieux chef de la famille de nos hôtes de nous servir de Mentor et de garde jusqu'à Gouzinié. Il était connu dans tout le pays et paraissait un brave homme, à barbe grise, habillement brun de montagnard et petit turban blanc. L'arrangement fut bientôt conclu, car il comptait faire servir cette course à rapporter chez lui certains objets qu'il devait trouver à meilleur compte à Gouzinié qu'à Novipazar. En marchant de Glougovik au S. O., nous vîmes un petit ruisseau nommé Ouvor ou Isvor (source), coulant de PO. au S. O. ou S. dans la vallée et s'engouffrant probablement dans un f\a-tavothron. A 3/4 d'h. de Glougovik le village arnaoute de Déli-média (Délimagdia d'après Mr. Viquesnel) reste à gauche dans la plaine, tandis qu'à droite la vallée se rétrécit et n'a plus que 50 à 60 pas de largeur. En la remontant, on arrive à des champs d'avoine et à une foret qu'on nous dit être peu sûre. Au milieu de ces lieux sauvages est une fontaine située au point, où se réunissent deux ruisseaux, dont l'un vient de PO. et l'autre du S. O. On remonte ce dernier pour arriver sur la hauteur, qui est encore à une petite demi-heure de là. Dans ces lieux la vue de quelques Arnaoute8 armés donna un moment d'inquiétude à notre Tar-tare, d'autant plus que l'un d'eux se mit à prendre la même route que nous. Comme la nature du chemin empêchait de nous éloigner, nous l'abordâmes et tirâmes de lui divers renseignemens sur les environs, quoiqu'il eût l'air assez sournois et sembla d'abord peu flatté de notre conversation. En lui parlant tant, bien que mal dans sa langue Schkype des objets de prédilection de ces peuples, savoir de leurs usages et de leurs mœurs, son front se dérida; néanmoins il nous quitta sans dire mot à 1 1; de là et ce départ brusque, pour ainsi dire presque mystérieux, nous frappa d'autant plus qu'il faisait contraste avec cette politesse toute de cœur du bon Serbe, urbanité que nous avions rencontrée jusques-là. Mais tel est le caractère sauvage des Albanais mahométans, plus clair-voyans que les Turcs et moins bons de nature, ils n'aiment pas les Européens, parce qu'ils les craignent ou ne croient pas plus en avoir besoin que des Ottomans. Ils ne fraternisent guère qu'avec les leurs. Au sortir de ce bois de chênes, on arrive sur une pelouse dépendante du Jarout-Planina, qui est à I '/2 a 2 h. de Glougovik, et atteint la région des hêtres ou 3387 p. de h. abs., tandis que d'autres sommets plus au S. s'élèvent à 3500 ou 3000 p. Nous vîmes depuis là le mont Glieb avec ses sommités rabattues, il était au S. 15° O., tandis que vers le S. s'élevait à près de 5000 p. le Sta-vitza (de Staviti, placer) en montagne moins grande, moins élevée et séparée du Glieb par une suite de bien plus basses sommités. Nous descendîmes dans une vallée déboisée et arrosée par un torrent, qui, courant du N. au S., va se jeter dans ITbar à Kli-soura et qui en reçoit un autre venant du S.O. Non loin du village arnaoute de Charoja ou Charolia (du mot albanais Charrie, le cousin) nous remontâmes ce dernier, pour arriver dans des petits bois, au-dessus desquels sont des sommets gazonnés et plus bas que le Jarout-Planina. C'est dans une gorge au-dessous de ces cimes à pentes douces que nous lâchâmes nos bêtes et prîmes un frugal repas. Nous avions fait au moins quatre heures de marche. Depuis cette montagne de 3465 p. d'élévation et la plus haute de cette crête, on dominait le bassin déboisé de Souo-dol (Souvodol, vallée sèche, en albanais Perroni i thaté), qui est formé par la plaine circulaire au N, d'Ougrlo et par plusieurs terrasses ondulées autour de cette cavité. C'est le fond d'un lac écoulé, dont l'eau pluviale se rend encore actuellement au N., c'est-à-dire qu'elle s'engouffre près de la Koula ou Tour. Au-dessous de la 10 cime Je la montagne était à L/2 1. le village arnaoute de Malaja (de Mali, mont) et on distinguait encore plus loin d'autres hameaux ou des habitations isolées, entr'autres une maison en forme de tour carrée ou Koula blanche. Le village de Souodol lui-même était placé à l'0.10° S. On descend de ces prairies subalpines au S. O. vers les villages arnaoutes de Djelakar et de Naboi, on traverse un ruisseau coulant du S.E. au N. O. et on longe à demi-côte les pentes basses sur le bord méridional et irrégulier du bassin de Souodol. C'est un pays de gras pâturages avec des bestiaux et un sol argileux noir comme celui de la plaine et partout on peut y aller avec des charriots. On comprend que ces terrasses favorables pour les évolutions de la cavalerie turque ont pu arrêter un moment la marche victorieuse des fantassins de Tzerni-George, lorsqu'on 1809 il voulait se mettre en communication avec les Monténégrins. Les habitans de cette cavité élevée vont au marché de Novipazar et font partie du district de Bichor (mal prononcé aussi Bachor) entre ceux de Bojai, de Bielopolie et de Novipazar. Je ne sais pas positivement si Sjenitza n'y appartient pas aussi. A plus d'une lieue de notre dînée nous commençâmes à monter les premières pentes des montagnes, qui séparent ce bassin des affhiens de l'Ibar. Arrivés sur une première terrasse, où se montraient déjà à 3925 p. de h. abs. des pins et des sapins, nous nous apperçûmes de la perte d'un thermomètre. Aussitôt deux domestiques furent expédiés et au bout de deux heures ils étaient de retour. Pendant cet intervalle nous avions lâché nos chevaux sur l'herbe, le Tartare s'était endormi sous un arbre et des pâtres s'étaient rapprochés de nous avec leurs moutons. Nous citons ce fait, pour montrer que ce pays d"Arnaoutes n'est pas si dangereux pour des Européens qu'on le prétend. Néanmoins un de nous étant monté tout seul à une demi-heure de notre station sur une butte, nos guides trouvaient cela imprudent, disant que nos habits européens auraient pu engager quelque Albanais à tirer un coup de fusil dans l'espérance du butin. Cette espèce de corniche est placée à PO. d'un vallon profond, auquel Mr. Viquesnel applique le nom de Naboi et en deçà duquel est un escarpement calcaire. Ce n'est qu'au-delà de ces hauteurs que nous parut être à PO, la route que nous avions parcourue en un 1837 de Rojili à Ougrlo. (Voyez notre Itinéraire, Nr. 21, p. 125.) Au S. on se trouve toute do suite sur le bord élevé occidental d'une vallée courant du S. O. au N. E, et ayant sur ce côté une grosse butte en cône tronqué. En s'élevant sur cette pente rocailleuse et garnie ça et là de conifères, on atteint un petit col, d'où on descend dans un petit bassin calcaire circulaire, dont le ruisseau va s'engouffrer à l'O. dans un trou, appelé Mousinaja ou fossé de Mousa. La grande vallée se continue à l'E. de cette cavité et paraît remonter encore assez loin au S. Après etre sorti du bassin en question, on descend dans un vallon qu'on traverse à son extrémité supérieure et qui, courant de l'E. à l'O., laisse appercevoir tout-à-coup à l'œil étonné du voyageur la masse énorme bifide du Kom avec ses neiges. Depuis ce point il se présente comme un grand cône, dont le sommet tronqué serait remplacé par deux cimes, munie chacune de deux ou trois pointes et séparée par une vaste échancrure. De là on remonte sur la haute pente orientale de la grande crête du mont Krouschtitza, d'où on domine à l'E. de profonds sillons. Après avoir traversé du N au S. cette montagne sur un col très étroit presqu'en lame de couteau, on a devant soi au S. 25 °0. le Kom !) et au S. la chaîne du Glieb, du Haila et des montagnes à l'E. ou au N. E. de Plava. Entre la masse carrée du Glieb et le Haila, montagne plus longue, mais non moins haute, on remarque de bien plus bas sommets en partie pointus et avec d'assez profondes échancrures. A FO. de l'Haila les montagnes s'abaissent aussi, mais pour se relever assez vite et se terminer enfin par le roi des montagnes turques, le haut Kom, lo Skomios de Thucydide. On descend par des sentiers un peu pierreux dans des prés assez en pente et formant les bords supérieurs d'une vallée s'étendant au S.O. Puis en s'élevant de nouveau, on gagne le haut de longues crêtes boisées en sapins et se prolongeant au S.E. A 6 1. de notre dînée nous débouchâmes sur une maison de paysan entourée de quelques prés. Notre guide albanais espérait nous faire loger chez ce Serbe dépendant du hameau d'Ontzitjé (ou Otzitch), car il faisait déjà nuit, il pleuvait et nous étions encore à 2 1. de Rojai. Comme à l'ordinaire le paysan objecta ') Ce nom viendrait-il du mot albanais Kmnp. bouton, noeud et osselet des doigts. 1Q.** qu'il n'avait pas de quoi nourrir tant de monde, mais rassuré sur le payement il allait céder à nos instances, quand les femmes placées à distance sur la hauteur se mirent à crier qu'elles n'avaient pas même assez à manger pour leur famille et que nous n'avions qu'à aller à Rojai. Il devint évident qu'elles craignaient notre Turc et d'être rançonnées gratis. Force fut de continuer notre route dans des forets de sapins, qui nous ôtaient encore le peu de jour que nous aurions pu avoir en plaine. La jaquette blanche du Tartnre était notre fanal et nous le suivions silencieusement, de peur de ne pas tomber dans quelque trou ou même dans un ravin. Pendant l'obscurité les chemins turcs dans un bois sont de vrais casse-cols, car ils offrent presque toujours ça et là des troncs d'arbres en travers. Nous commençâmes enfin à descendre dans un vallon dépendant de celui, où est situé Rojai et s'ouvrant à l'E., puis nous remontâmes pour couper transversalement l'éminence, qui nous séparait de ce village. Mais ici la pluie fut si forte que, n'y voyant plus du tout, nous nous égarâmes sur un sentier très étroit et rapide et nous nous trouvâmes enfin dans un pré à clôtu e auN.E. de Rojai. Distinguant les lumières de ce lieu, nous reprîmes courage, mais il fallait faire tourner toute la cavalcade dans cette; étroite gaîne, ce qui n'était pas chose aisée, enfin nous y réussîmes sans accident et nous fûmes bientôt à l'auberge de Rojai. Rojai ou Roujai (alb. Roujaja) ') est le chef-lieu du district de Rojaja, qui est placé entre ceux de Plava, de Rougova, d'Ipek du Stari-Kolaschin, de Bichor et de Novipazar. Les habitans fréquentent le marché d'Ipek. Rojai est à 2903 p. de h. abs. un village d'une soixantaine de maisons bâties toutes en bois, les murs étant des tas de troncs de sapins placés horizontalement et le toit des planches. La Makva, dépourvue de pont, traverse cet endroit du S. au N. et va gagner au N.E. l'Ibar à S 1. de là. Sur la rive orientale sont placés l'auberge et quelques maisons, tandis que la plus grande partie des habitations est sur le bord opposé. On y remarque une petite mosquée avec un minaret aussi en bois, un carré de murailles en ruines, qui paraît avoir été un petit fort, et sur un rocher calcaire très peu élevé un vieux manoir avec quelques tou- ') Ce nom vient probablement du.mot albanais Roghjé ou Roghjcja, qui signifie un vase rond d'argile, dont le milieu est plus large que le reste, ce qui caractérise la position de ce village. La dérivation du mot slave Rog, corne, a cause d'un rocher sous le petit manoir de ce lieu me paraît moins probable. relies rondes. L'habitation du Musselim ou de i'Aghaest au pied du rocher dans une enceinte de murailles. l) La population de ces lieux est un mélange de sang bosniaque ou serbe et albanais guégue, le costume est déjà en grande partie celui de cette dernière nation, savoir des gilets de drap écarlate et même rarement le Fhistan au lieu des Schaschire ou culottes turques blanches, mais la langue est encore le bosniaque. Pendant les deux journées que nous restâmes dans ce lieu, nous eûmes occasion de remarquer de nouveau le plaisir que les Albanais éprouvent, quand on s'efforce d'apprendre leur langue. Le lioup phliasclit, je veux converser, les faisait toujours sourire avec amitié et ils ne se rébutaient pas, lorsque pour mieux saisir la prononciation des mots schkypes, nous étions obligés de les prier de répéter (Prap mephol) certains mots. Pour aller de Rojai à Gouzinié (11V2 h. de distance), on remonte la Makva sur son bord méridional jusqu'à demi-lieue du village. Ici on passe l'eau sur un pont de bois et on quitte bientôt la rivière, qui va prendre sa source à 2 1- au S. 0. de Rojai dans le mont Haila. On commence alors à remonter à 10. un affluent de la Makva dans de jolis vallons renfermant des prairies et entourés de bois. On marche d'abord à l'O., puis au N. O. et en- ') La forme bizarre du rocher calcaire supportant le fortin au bord de la Makva nous engagea à le visiter, mais personne ne voulut nous y accompagner. Nous résolûmes donc d'y aller tout seul; à peine étions-nous clans le chemin du château que nous fûmes entourés par une vingtaine de Bosniaques armés du village. Nous seûmes trop tard pour nous que ce que nous avions pris pour une ruine, était regardé par ces villageois comme une forteresse importante, qui avait déjà résisté cinq fois à des troupes du Pascha. De plus on nous avait caché que les habitans de Rojai, irrités des exactions du fisc, avaient expulsé tout récemment le Musselim que le Pascha leur avait imposé et s'étaient choisi pour Agha un bon vieux Turc maladif. Ces gens nous apostrophèrent assez rudement, nous prenant pour des espions, qui voulaient reconnaître leur citadelle, ils ne pouvaient pas comprendre que nous cherchions seulement à étudier la nature du terrain , car ajoutaient-ils, il n'y a point de mines ici, tout y étant calcaire {Kiretsch). Nous vîmes bien que notre promenade serait inutile, mais pour ne pas corroborer les soupçons de ces gens-là. nous continuâmes notre chemin et trouvâmes accroupi devant sa porte le Musselim improvisé. Quelques mots de ma part éclaircirent l'affaire, qui fut oubliée, pour parler de médecine, mais elle aurait pu avoir des suites lâcheuses, si le hazard avait voulu que nous ayons eu le loisir d'escalader le ro-'lier du fortin, comme nous en avions le dessin. D'un autre part les Bosniaques parurent assez stupéfait» que j'osai sans cérémonie tutoyer en slave leur chef. suite au 8. A 1 y3 h. de Rojiti on passe près de Gavertzî (Zaversch d'après Mr. Viquesnel) et à 3/4 d'h. plus loin à côté du lieu appelé Djak-Kamen (le roc fort) à cause d'un grand rocher calcaire. Ensuite on recommence à se diriger à PO. et au S. O., pour atteindre enfin le pied de la montagne de Dobrobouk-PMa-nina. Une montée très rapide de 11/4 d'h. au milieu d'un bois conduit sur la première plate-forme, où on trouve au sortir des bois de bouleaux des prés et quelques maisonnettes en bois. Au S. E. et S. se présentent les masses du Glieb et de l'Haila et. quelques chalets s'apperçoivent ça et là sur le penchant des basses montagnes. Après être entrés tout-à-fait dans des sentiers subalpins au milieu de prairies ou de bois sur des pentes élevées, on continue à monter, pour arriver à une seconde terrasse et pour gagner enfin à plus de 5000 p. de h. abs. la grande crête du Smilievitza-Pïanina (de Smilj, Gnaphalium arenarium _L.), massif, qui lie les montagnes au N. et N. O. d'Ipek avec celles, qui bordent le Lim. Nous mîmes 1 y4 d'h,, pour atteindre depuis Dobrobouk le premier col de 4500 p. de hauteur, qui sépare deux vallons alpins tortueux. Une fontaine est sur le côté oriental de ce passage et un petit étang sur son pied occidental. On est dans la région des hêtres. Depuis ce point on ne quitte plus les sommets élevés jusqu'à la descente sur le Lim. Le sentier, se dirigeant toujours à PO. ou au S. O., tournoyé longtemps sur le côté méridional des cimes ça et là boisées en sapins, d'où on a la vue sur les montagnes vers Ipek et en particulier sur une partie des cavités, qui contiennent la route d'Ipek à Kougova et Plava. On passe deux petits cols du Stamilovitza-Planina et à ly^'h. du premier col de la fontaine on franchit un quatrième petit col ou port, pour passer sur le versant septentrional des sommets du Mo-kra-Planina (mont humide). Comme il était tombé beaucoup de neige pendant l'hiver de 1837—38, des plaques de neige encom-beraient encore ca et là la route au commencement de juillet. Plus loin elle la bouchait même tout-à-fait en s'étant accumulée sur le côté nord d'une espèce de grand cirque protégé contre l'ardeur du soleil vers le midi et ouvert vers le N. Le hameau de Baktsch ou Sékoulani ? était perché sur la montagne au N. O. de cet entonnoir. Nous eûmes quelques peines à nous élever sur ces pentes rapides de neige, d'où nous passâmes à ,*)00 habitans catholiques de la tribu des Klementi est placé à 2715 p. p. de h. abs. sur les ') Notre hôte de Schalia, qui nous avait servi de guide, voulait nous quitter an col, mais nous le priâmes de nous aider à descendre nos chevaux sur les neiges et nous ne le congédiâmes qu'après cette opération achevée. Il avait demandé dix piastres pour cette promenade et espérait probablement n'en recevoir que la moitié, Puisque nos guides loués au même prix pour toute la journée, trouvèrent que nous avions été trop coulans en nous laissant extorquer cette somme. Nous aurions Pu nous passer à la rigueur de cet homme, mais en cas d'accident il aurait été fort utile. Quoiqu'il ne fût guère éloigné de chez lui, il n'avait pas manqué de se charger de son long et pesant fusil, qui est pour les Albanais comme le bâton Pour nos paysans. v deux côtés dû torrent du même nom, qui descend du col au-dessus de Schalia. La plus grande partie des habitations est. sur }n rive septentrionale, tandis que sur l'autre est une petite église avec la croix latine. Les maisons sont couvertes en planches, au-dessus desquelles il y a des blocs de pierres pour empêcher que le vent n'enlève les toitures. Quelques champs de blé noir et de belles prairies entourent ce village et des montagnes, n'ayant l'air depuis la vallée que d'avoir 2000 p. environ , s'élèvent des deux côtés de la vallée, en offrant un agréable mélange de bosquets et de rochers. ') Il n'est guère douteux que les Malisores de Boga communiquent par la montagne avec les Klementis, car pour ces montagnards tous les sentiers sont bons. Ainsi il y en a aussi de Schalia aux sources du Zem, comme de Schalia aux pâturages de Krou-tschevo ou de Schalia à Zoubi et Hass. Depuis Boga (du mot slave Bog, dieu, ou du mot albanais Boge, couleur) la vallée tournant au S. devient tout-à-fait champêtre et les bois disparaissent ou ne forment que quelques bouquets à demi-pente des hauteurs. Les cimes conservent encore à l'E. des formes pointues ou bizarres comme les rochers dolomitiques du Proklétia. Le torrent était à sec, parce qu'il paraît que l'eau dérivée des neiges se perd dans les fentes ou les trous des rochers ou dans le fond graveleux et fragmentaire de la vallée. A Boga il y a encore de belles fontaines, mais en deçà elles deviennent plus rares. On est donc déjà sur ce sol calcaire poreux et sec de l'Albanie et on nous disait, à ce sujet qu'il y a un manque presque complet de sources sur la route de la partie inférieure de la vallée du Zem à Scoutari. Nous marchâmes ainsi ou plutôt descendîmes insensiblement pendant près de 2 heures au milieu de prairies, sans voir personne si ce n'est quelques paysans dans l'éloignement. Nos gens s'efforçaient en vain de leur crier de temps à autre: Avez-vous de l'eau (Akeni oui) ? ou donnez-nous de l'eau (Bieri oui) ou y a-t-il une source (Akeni kroui)? Nous arrivâmes enfin à une partie de la val- ') Comme c'était l'heure de prendre notre repas, une auberge mirait été notre affaire, mais les vexations des Turcs ont rendu les Albanais si farouches, qu'ils évitent de pareils établissemens et que la vue d'un Ottoman reprime tellement leur curiosité que nous n'apperçûmes pas âme qui vive dans ce grand endroit. 11 fallut nous établir sous un chétif arbre sur le cimetière et y dépecer sans témoins notre mouton de Schalia. lée, qui court de l'K. à l'O. et où est situé à une demi-heure plus loin à gauche le village de Schkriell (pron. aussi Schkrell, dérivé peut-être de Skraja, du bord des montagnes, 80 m. et 500 h.). C'est le chef-lieu de la tribu de ce nom, qui compte 2500 âmes et qui est en grande partie catholique. Cet endroit a une église latine et rappelle par ses maisons en calcaire blanc certains villages de la France méridionale. Des bouquets de noisetiers, des noyers, des cerisiers et des champs de maïs s'observent dans cette espèce d'élargissement de la vallée, tandis que le lit du torrent à sec occupe le fond d'une profonde et étroite fente, sur laquelle est un pont en pierre. A cette élévation d'environ 2000 p. de h. abs. la chaleur était déjà excessive, surtout pour nous, qui sortions des neiges, nous aurions bien voulu pouvoir nous arrêter à Schkrell, mais malgré l'importance de ce village les voyageurs n'y trouvent aucun gîte. Il fallut donc continuer à descendre et. bientôt après nous vîmes à 1975 p. de h. abs. des vignes sauvages et cent pieds plus bas les premiers grenadiers. La vallée se rétrécit de nouveau et prend pendant près de 5 h. un aspect sauvage, son fond et les pentes des montagnes n'étant couvertes que de rochers ou de petits buissons. On est enfin sorti des hautes montagnes, dont les extrémités s'étendent jusqu'à l'E. de Schkrell. Néanmoins en compensation de ce manque de cultures nous rencontrâmes enfin des habitans et même des Albanaises revenant du marché de Scoutari. La première question à nos guides était toujours, de quelle tribu ils étaient. (Schile Phis oschto f) A 4 h. de Schkrell nous laissâmes à droite sur le pied de la montagne la ruine d'une église latine et un champ de blé de Turquie et à 1 h. plus loin nous atteignîmes le village de Déthai], où la vallée, ayant environ une demi-lieue de large, est couverte de belles cultures de maïs, de vignobles etc. Nos guides avaient espéré nous loger chez quelque habitant de Didanié (à 4% h. de Scoutari), mais on nous pria de passer outre, en nous promettant comme une leurre un gîte dans quelque village plus loin et nous rafraîchissant avec de l'eau claire. Nous passâmes à 1 1. plus loin à côté du village de Zagresoh et nous y vîmes le torrent à sec se diriger au S. O. Il coule au milieu d'une vaste plaine, qui n'est, qu'une sinuosité du grand bas-su> du lac de Scoutari. Obligés de continuer à marcher sur ce sol desséché, nous trouvions notre position d'autant plus désagréable que le soleil était couché depuis longtemps et que nous voyagions en vue de plusieurs villages inhospitaliers. Mais nous ne rencontrions personne et avions devant nous une immense plaine ça et là avec quelques cultures et entre le lac de Scoutari, le lac ou marais d'Oum, l'Oumsko ou Goumsko-Blato nous observions des petites hauteurs, dont les cimes déchiquetées et rocailleuses avaient la fausse apparence de fortifications. Enfin le bonheur amena sur notre route un Albanais que nous engageâmes à nous conduire au plus proche village au S. de nous. C'était celui de Gradiska à environ 6 1. de Schkrell. Une ferme entourée de grands tas de foin et de blé nous faisait espérer d'y trouver ce qu'il nous fallait, mais on nous en refusa l'accès au milieu de l'aboyement d'une troupe de chiens furieux. Heureusement à côté de ce Crésus un pauvre paysan se montra plus traitable, nous laissa bivouaquer dans son enclos et nous fournit ce, dont nous avions besoin. Je le répète, la crainte de n'être pas payé, malgré les promesses les plus solemnelles, est le seul motif, qui rend l'Albanais si inhospitalier. Nous avions encore cinq grandes lieues, pour atteindre Scoutari. La plaine, qui nous séparait du lac, descend en pente extrêmement douce et avait encore au moins ll/2 à 2 1. de largeur. Elle fait partie d'une étendue considérable de pays plat, s'étendant depuis le confluent du Zeta et de la Moratscha jusqu'à Scoutari et même jusqu'au-delà du Drim. Elle porte le nom de Baisa à l'E. du milieu du lac, mais vers Scoutari elle forme le Livadia ou lieu de prairies, le Liouat des Albanais, tandis qu'au N. du lac le long de la Moratscha les Slaves l'appelent Retzka ou Zetska-Polie et à l'O. de cette rivière est leur Lieschkopolie. Les Albanais au contraire ont pour la plaine entre le lac, la Moratscha et le Zem le nom très caractéristique de Lemm ou Lémé, qui signifie une aire de grange. Quelques tumulus s'y trouvent, dit-on. Best évident qu'à l'époque alluviale ancienne les eaux du lac baignaient les basses montagnes derrière Gradiska comme ailleurs et que cette immense plaine était sous les eaux. Le lac avait alors plus de 3 à 4 1. de large. Le lac, le Skadarsko-Jéséro ou Blato des Slaves et le Blat des Albanais, a 8 1. de long et une largeur, qui varie de 1 à 2 et même 3 1. Sa forme est allongée du N. O. au S. E. (du N.N.O. au S. S. E. d'après Mr. de Hahn). Ses bords sont presque; plats à l'E. et rocailleux à l'O. et surtout au N. O., tandis qu'au S. O. vers Scoutari il y a des marécages, bien moins étendus que ceux du district de Iloti. Ses îles y font un joli effet en même temps qu'elles indiquent par leur élévation et leurs rochers que ce ne sont que des portions d'un sol affaisé, qui a produit une fois cette cavité. Au fond du lac sont les îles de Vranina (avec quelques maisons) et de Lésendra ou Lisandra, vers son milieu celles assez élevées de Moratschnik et de Moraka sont les plus considérables et la première a une tour ou un fortin ancien. Au débouché du lac dans la Bojana (si. Bouana, alb. Bouanné) est l'île de Palikara. Ses eaux sont soumises comme celles des grands lacs de la Suisse au phénomène occasionnel des sèches. A l'exception des eaux qui se rendent dans le lac par des conduits souterrains, son affluent principal est la Moratscha, qui écoule, pour ainsi dire, la plus grande masse des eaux du Monténégro et une partie de celles des contreforts au S. du Kom. Les sources de la Moratscha sont au pied du Dormitor et au-dessus de Séotza au pied de la montagne, qui sépare le district monténégrin de la Moratscha d'avec celui de Drobniak. Cette rivière coule d'abord du N. O. au S. E. dans une vallée assez étroite, dominée à l'O. et au S.O. par les sommités de l'Oubli, du Siljévatz et du Lisatz et à l'E. et au N. Ë. par les pics dolomitiques du Dormitor, du Javor ou Javorie, du Trebisch, du Rovtzi et du Kom. Entre ce dernier et le Lisatz elle tourne au S. O. et continue ainsi jusqu'au lac de Scoutari. Ses affiuens sur le côté occidental sont d'abord d'assez nombreux torrens jusqu'à la ruine de Diocléa ou au confluent du Zeta. Mr. le colonel Karaczay n'a cru devoir en figurer que sept principaux. Plus bas se trouvent surtout trois affiuens, savoir le Zeta, qui descend du N. O. de Spouge (CnyjK) et reçoit dans le Monténégro le Souschitza (par erreur Sasitza dans la carte de Mr. Kiepert) et vers sa tête l'Obostitza. Puis vient le Sitnitza, qui réunit les eaux du Golatz et du Lisitza et prend dans son cours inférieur dans la plaine de Lieschkopolie le nom de Mataritza. Enfin il y a encore un torrent à l'E. de Gasnitza. Sur sa rive orientale la Moratscha se grossit principalement des torrens descendant du Dormitor et du frebisch, puis des eaux du Mala-Rieka coulant du N. PI depuis Lopati et Berskout (voyez ma Turquie. Vol. 1, pag. 133), et de celles du Lievna-Rieka, ensuite après quelques torrens viennent celles du Ribnitza (poissoneuse) coulant au N. de l'odgoritza (\000 m. mahom, et 200 m. grecq. et à 12 h. de Seoutari) et provenant suivant Mr. Karaczay du mont Kakaritska (?) et enfin celles du Tzievna ou Zem. Le lac de Seoutari reçoit en outre sur son côté occidental les trois torrens monténégrins du Tzernitza, de l'Orochovka et de 1T-van-Bégovo-Tzrnovitch-Rieka, qui sort toute formée d'un rocher à Obod, ainsi que le Karaschoumlia sortant d'un petit lac au N. de l'extrémité du lac et au pied du mont Bobija. Ce dernierforme à son débouché une île, où est situé le fort de Jabliak (iKaÔjiiaK) (de Jaba, grenouille; 20 m. mah.). D'une autre part sur la rive opposée on ne trouve que le petit torrent de Plavnitza, celui qui descend du N. e. des montagnes de la tribu de Hotti et contribue à former le grand marais d'Oum, enfin le torrent de Schkrel. Les montagnes dominant le lac de Seoutari sont sur le côté S. O., surtout le Soutourman, le Kounovo et le Roumia (auN. e.) d'Antivari, puis le Moklichi et le Braisa, qui se terminent vis-à-vis du château de Seoutari par le Tarposch (alb. Tirabosch ou Tirabosk). Au N.e. on remarque les montagnes neigeuses de Schalia et le Véletschik de Mr. Karaczay environ au N. O de Boga, notre Sco-drus et celui de Mr. de Hahn , avec leurs contreforts plus bas, auxquels Mr. Karaczay a donné les noms de Sambouko et de Ma-randi au N.E. d'Oum, de Biskaschit au N.Ë. de Rioli etdeZou-kali au S. du Chiri ou Drinasi. La plaine le long du lac pourrait être un véritable jardin, mais au Jieu de cela plus on approche de la capitale de la Haute Albanie, plus le terrain devient un désert couvert de buissons de Paliurus, de Viteœ-Agnus Casti ou de chardons à fleurs roses. Ça et là des figuiers rabougris et des Coïutca nrborescens interrompent cette uniformité. Il ne manque pourtant pas de villages, mais ils sont tous placés loin de la route ou au pied des montagnes ou près de l'eau et des touffes d'arbres indiquent seules leur présence. C'est la demeure de la tribu albanaise des Koukli, tandis que d'après Mr. Kiepert les Kastrati (de Kaschte, paille?) seraient plus haut dans la vallée de Schkrell. On nous avait indiqué au contraire les Kastrati à Seoutari et dans ses alentours. A 1 1. de Gradiska le village de Kopilik (de Kopil, valet) reste à gauche au pied de collines rocheuses. Puis on passe près de Gria (le Grisca des cartes, chaud de Orijali, chauffer)et de Vreka (lePlacca des cartes), ainsi qu'à loi côte d'une chapelle ruinée et, on arrive à une fontaine, où Broie uu quatre grands peupliers noirs invitent au repos. Par la négligence des habitans les eaux ont formé dans ce lieu un petit marécage (Batak). On voit depuis là le château blanc de Rosapha ou Scoutari, ainsi que quelques îles du lac. En deçà le rideau des montagnes du Monténégro avec laXahie de Tzernitza font un effet agréable , en même temps que vers le fond du lac l'horizon est borné par une série de hauteurs, qui paraissent très basses, mais moins continues que les précédentes, à cause des vallées existantes dans ces lieux. D'une autre part on voit encore à l'E. des cimes neigeuses, en avançant vers Scoutari les montagnes blanches de Schaiia se dessinent même très distinctement sur deux ou trois autres crêtes en gradins. Ail. avant Scoutari on traverse une petite rivière, puis deux autres cours d'eau sur un pont en pierre et on observe pendant quelques momens une chaussée pavée établie dans un désert occupé seulement par des fougères. Des tourbillons de poussière accompagnaient des charriots chargés de paille, qui nous précédaient de loin et après avoir dépassé ces indices de l'approche d'une grande ville, nous entrâmes à Scoutari en ayant derrière et devant nous des troupeaux de buffles, de bœufs et de vaches. Cette ville n'est indiquée à distance que par un énorme espace boisé et quelques bas minarets au nombre de 20. A peine entré on se trouve sur des pavés assez élevés, établis sur un sol argileux, et entre les hautes murailles de jardins. On parcourt ainsi de longues rues sans rencontrer guère de passans hors des momens des prières ou des repas. Ce manque de boutiques donne aux rues une telle uniformité que nous dépassâmes notre auberge sans la reconnaître et n'apperçûmes notre erreur qu'en débouchant sur le cimetière d'une mosquée. Ce sont ces derniers édifices, qui peuvent seuls guider un étranger, les uns étant blancs, les autres rouges, d'autres en ruine ou avec une fontaine etc. Scoutari (si. Skadar, t. Skodra ou Schkodra, alb. Isken-dérijé) tire, d'après Mr. de Halm, son nom du mot Schkype, Kodve, butte, parce qu'au milieu de la plaine la proéminence escarpée de son château de 465 p. de h. abs. a dû offrir de toute antiquité un lieu propre à la défonce. Cette cité est de droit et de fait la capitale de l'Albanie septentrionale aussi bien que Janina est celle I «s de l'Epire. Ses environs s'appellent Skanderija en slave. Cette ville ouverte maintenant est à 93 p. sur la mer adriatique et 5 h. de cette dernière en ligne directe. Les petits bâtimens pourraient remonter jusqu'à Scoutari, s'il n'y avait pas des bancs de sables dans la Bojana, de manière qu'à présent ils ne peuvent arriver que jusqu'à Oboti à 2 1. sous la ville. Elle peut contenir 22,500 à 23 ou même 24,000 âmes dans ses 4500 maisons, y compris 2000 boutiques. Cette ville occupe une grande étendue de terrain, elle a près d'une lieue de long de l'O. à l'E. et une demie de large ou elle couvre un espace de 2 milles italiens carrés. Elle est situé au S. du lac dans une plaine, qui vient se terminer en cul de sac contre la butte calcaire du château de Rosapha et contre son prolongement oriental sous forme d'une petite crête nue et basse. La Bojana coule au pied des rochers dénudés du château et sépare Scoutari d'un petit faubourg, appelé Tophana ou Galata. Ce dernier communique avec la ville par un pont en bois (l'Ouzoun Keuprisi) de plus de 200 toises de long et est resserré entre la rivière et les escarpemens des hauteurs voisines du Tarposch. Ce faubourg de plus de 25 maisons est surtout habité par des Slaves et des gens malfamés. On y remarque sur la pente du Tarposch la ruine de l'église catholique de St.-Marie, détruite en 1807. Scoutari se divise en deux parties bien distinctes et séparées par un espace vague , savoir la ville du commerce ou du Bazar et la ville principale avec les jardins, mais sans boutiques à l'exception de quelques épiciers et boulangers. La première n'est pas fort grande et est au pied du château, qui est à 372 p. sur la Bojana. Trois rues principales traversent ce quartier du S. au N. A l'extrémité méridionale de la plus grande des trois , celle qui conduit à Alessio, est le marché aux poissons. Deux autres rues s'en détachent et vont à l'E. vers l'autre quartier de Scoutari. Il y a un Bazar voûté pour les marchands d'étoffes et les gens à argent. Le quartier oriental de Scoutari en forme la partie la plus considérable et est la cause de la grandeur de cette ville, parce qu'il est composé presqu'entièrement de maisons ayant chaeune des jardins plus ou moins étendus et entourés de hautes et fortes murailles. La cour des maisons a une porte placée dans un enfoncement et il y a des deux côtés de ce dernier des fentes dans les murs pour pouvoir tirer au besoin sur les assaillans. Toutes les rues à jardins sont larges ou même très larges et aux extrémités des principales il y a des digues pavées pour obvier aux inondations produites par le Kiri et même il y en a encore de semblables moins grandes dans certains rues adjacentes. Les jardins sont des vergers ou des parterres de rieurs et de plate-bandes de légumes. Ceux des gens riches sont ornés d'orangers, de grenadiers et d'oliviers en pleine terre. De grandes places au nombre de 13 sont occupées par des cimetières et des mosquées avec de grands arbres, tels que des platanes d'Orient, des aulnes, des peupliers etc., de manière que cette partie de Scoutari fait plutôt l'effet de plusieurs villages accolés l'un à l'autre que d'une ville. C'est le quartier le plus sain, parce que le voisinage du lac, les marécages de la Bojana et le marché aux poissons rendent la partie marchande de Scoutari très fiévreuse. L'eau y est aussi meilleure, pure et très fraîche. Les Albanais catholiques paraissent habiter surtout les parties de ce quartier éloignées du château, tandis que la plupart des Musulmans se tiennent plus près de ce dernier. Il y a peu d'Albanais ou de Slaves grecs. Mr. Millier n'y compte que 1500 Slaves et n'estime les véritables habit an s turcs qu'à 1600, tandis qu'il y aurait 16,000 Albanais mahomérans et 13,000 Albanais catholiques. ') En 1853 Mr. de Hahn indique à Scoutari 4000 maisons, dont 3000 appartiennent à des familles albanaises mahométanes, 900 à des Albanais catholiques, 100 à des Serbes et 24 à des Zinzares (page 105). Il est inouï qu'il n'y ait pas encore pour 900 familles catholiques une église à Scoutari et que le service divin se fasse en plein air au N.E. de la ville sur un petit tertre avec trois tilleuls dans la plaine de Tuhadder (Nuhaddel). L'évoque de Scoutari a enfin pu faire construire une petite chapelle dans sa maison. Néanmoins Mr. de Hahn en trouve la raison non dans l'intolérance des Musulmans, mais dans l'insouciance des Catholiques (page 138). ') Voyez sa description très détaillée de cette ville. (Albanien, p. 46—53.) Le seul rapport qui nous y a surpris, c'est la transformation d'un chemin tournoyant **sez large et, montant au haut du rocher de la citadelle en un sentier de 2 pieds •le largeur et planté de platanes. En 1838 il n'y avait rien de semblable. Comparez notre Turquie. Vol. 2. p. 342. no Le Paschalik de Scoutari comprend 7 Moudhliks avec leurs Musselims, savoir celui d'Antivari (si. Bar, t. Divar), de Doul-oigno (si. Oligoun, t. Oulkin), d'Alessio , de Zappa, de Podgo-ritza avec Spouge (s. Cnyat, alb. Schpounge, (à 14 '/4 d'h. de Scoutari, 300 m. mahom, et 30 m. grecq.) et Schabliak, de Gouzinié et Biélopolié, y compris Plava et Kolatschin sur la Tara. De plus le Pascha de Scoutari a sous lui les Myrédites, les Malisores y compris les Klementi, dont les tribus ont leur Vekil ou agent auprès du Pascha. Vu le grand nombre d'Albanais libres, c'est à présent le seul Paschalik de la Turquie d'Europe, qui n'ait pas encore été désarmé presque complètement, car d'après Mr. de Ilahn en Epire le port d'armes n'est plus usuel. C'est aussi cette raison, qui a empêché les Turcs de morceler en petits gouver-nemens l'Albanie septentrionale autant que l'Epire. Il n'y a presque plus de Begs héréditaires, si ce n'est ceux de Spouge et d'Antivari. La population de ce Paschalik s'élèverait, d'après le Dr. Mùl-ler, à 305,600 habitans, dont 196,450 seraient chrétiens et en très grande partie catholiques. Les Grecs seraient surtout vers le Monténégro. Le district de Scoutari aurait 59,000 habitans et 25,000 Chrétiens; celui de Dulcigno 17,000 h. et 5600 Chr.; celui d'Antivari 32,000 h. et 19,000 Chr.; celui de Podgoritza 4600 h. et 750 Chr.; celui de Zadrim 19,000 h. et 16,100 Chr. Si ces nombres peuvent s'approcher de la vérité, on est étonné de le voir élever le chiffre des Myrédites à 70,000 , parce qu'ils comptent 19 tribus et ont pu fournir en 1831 avec le district sans limites déterminées de Dibre 8000 hommes armés. Or ces deux districts ne contiennent que des villages et surtout de petits hameaux clairsemés, leur population ne peut guère atteindre 50,000 âmes et ne s'élève peut-être qu'à 40,000. Une exagération encore plus forte est celle d'attribuer 104,000 âmes aux quatre districts de Malisores et des Klcmentis, savoir 19,000 âmes pour le district de Schkrel, 28,000 pour celui des Kastrati, 15,000 pour celui des llotti et 42,000 pour celui des Klementi et des Malisores. Or, si Mr. de Hahn ne se prononce pas sur la population de ces derniers, il estime celle des autres à la somme minime de 13,000 âmes, dont 1500 seraient Mahométans et qui peuvent mettre 2 à 3000 hommes sur pied. Les Malisores n'habitant que les montagnes n'atteignent pas certainement ce nombre, ni même peut- être la moitié, bien entendu que les districts de la Mctocliiia restent hors de ligne. Nous croirons donc que le chiffre de 21,000 pour tous ensemble serait plus près de la réalité. Ainsi la population de tout le Paschalik de Scoutari se réduirait à 200,000 ou bien tout au plus à 212,000 ou 222,600 habitans, parmi lesquels 117,930 ou 127,952 seraient environ Chrétiens, tandis qu'on ne compterait qu'entre 22 ou 32,000 religionnaires grecs, les autres étant Catholiques romains. Quant aux tribus principales des Albanais surtout libres, Mr. de Ilahn nous a donné des détails intéressans sur bon nombre d'entr'elles, sur leur dissémination et en particulier sur la distribution générale des Schkypetares, dont il élève le nombre total à 2 million en Turquie et en Italie. A l'O. de Scoutari sont les Mrkovitchi, nommés ainsi du Merkovtscha-Rieka, qui sépare les districts de Scoutari et d'Antivari et qui coule dans le lac. Autour d'Antivari sont les Zale (de Za, beaucoup?), dans la vallée du Kiri les Grouémir (de Ghroua, femme et mir, belle), dans celle du Drim inférieur à l'E. et N.E. du Zadrim les Boukémir (de Bouk, pain et mir, bon), etc. La province albanaise catholique se divise en sept diocèses, savoir l'archevêché de Douratzo avec 8 cures et environ 10,000 âmes, l'évêque réside à Kourbina sur le Vardascha dans le Mi-rédita; celui d'Antivari avec 5 cures et 3000 âmes, celui dePriz-ren, qui porte seulement le titre nominal de Skopia ou Ouskoup avec 6 cures et 10,000 âmes, l'évêché de Scoutari avec 26 cures et 28,000 âmes, celui d'Alessio avec 24 cures et 19,000 âmes, celui de Çappa avec 25 cures et 16,000 âmes et celui de Poulati avec 8 cures et 10,000 âmes. L'archevêque d'Antivari y joint le titre de Dioclea et de Primas totius Serviae. En résumé, d'après le dire des évêques latins, il y aurait 96,000 Catholiques dans l'Albanie septentrionale, dont la plupart seraient des Schkipeta-res, car il n'y a des Slaves catholiques que dans les évêchés d'Antivari et de Prizren. Il y a de plus 5 préfectures apostoliques de l'ordre des Franciscains, dont chacune a quelques couvens, mais il n'y en a que 2 à 3, qui aient quelque bien. Ils n'ont en général qu'un moine. Leur distribution est la suivante, savoir dans le district d'Ales-s'o 5 hospices, savoir à Alessio , Roubigo, Troschiani, Sebaste, Mouschuli et Capo Rad oui ; dans la préfecture de Macédoine 3 hospices à Podana, Piseasio, Mattia et Louria; dans celle de Kastrati 6 hospices à Kastrati, Hotti, Grouda, Triepschi, Seltze et Voukoli ; dans celle de Poulati 7 hospices à Schoschi, Planti, Nikai, Aranja, Kiri, Dousmani et Schalia, enfin dans celle de Prizren 1 hospice à Zoumbi. *) Les Kastrati, un nombre de 2300, habitent, les montagnes et la plaine de Baisa entre les Klementi, les Hotti, les Schkrieli et les Boudischia. Bs comprennent 408 familles ou 3157 âmes, 72 familles du village d'Aliai sont mahométans, les autres catholiques. Ils habitent 16 villages, savoir dans la montagne de Martinai, Gjokai et Theresi, Bradosvi et Budischia, Kourtai, Gorai et Piétrovitch et dans la plaine Pouta, Kopani, Hikoutzai, Pié-troschinai, Skandschi, Moxetti, Dobrovoda et Aliai. Le chef-lieu de Kastrati a 60 m. et 400 h. Ils ont 6 chefs reconnus par les Turcs. Au N. des Kastrati viennent les Hotti sur l'Oum (2300 h.), qui sont tous Catholiques excepté quatre familles et qui proviennent, dit-on, originairement du mont Vélétschiko, où il y a une caverne calcaire nommée Schpéla e devet (caverne des bêtes); Hotti, leur chef-lieu, est 8 h. de S cou tari ; plus auN. sont les Groudi (de Grouda, masse ou morceau) (1500 h.) sur le bas du Zem. Ces derniers appartiennent à la grande tribu des Klementi comme les Schkrieli (2500 h.) et les Triepschi ou Zatriébatz au N. du Zem et sur le Kibnitza. Ces derniers comptent 115 familles et 700 habitans. A l'exception des Triepschi le plus souvent avec les Monténégrins , chacun de ces districts a son Boloubaschi mahométan près du Pascha et son Tschausch, ainsi que son conseil de 12 membres. Les Malisori ou les Poulati de Mr. de Hahn (de Poul, forêt) se divisent en Schalji, Schoschi, Kjiri, Toplani, Dschouani avec les Douschmani et Soumma plus au S.O., les Postripi au-dessous de Scoutari, les Martouri mahométans à l'E. et les Nikai catholiques au S. de Djakova. Scoutari est à la rencontre de trois grandes routes, dont les plus importantes sont celles de Constantinople à l'Adriatique et celle de Belgrade ou du bas Danube par la Drina et la Moratscha à la Méditerranée. Malheureusement cette dernière est fermée jusqu'ici par l'occupation de la vallée de la Moratscha par les ') Voyez. Albunesiserip. Stndicn rie Mr. rie Ihilm, 18S3, p. 19< Monténégrins. (Voyez ma brochure sur les routes et les chemina de fer en Turquie. Vienne 1852, pag. 20). La troisième route est celle qui, partant de la Dalmatie, traverse toute l'Albanie dans sa longueur. La route de Scoutari à la frontière dalmate passe par la plaine de Schass, à Soulika (75 m.) village slave maho-métan sur le Braitz. A l'E. sur le pied de la montagne du même nom est la commune albanaise catholique de Schouinpérovtz avec l'église de St.-André. Plus loin vient Mikoulitz, chef-lieu de la commune albanaise musulmane de Dobravoda. Elle confine au N. avec celle de Zaleph et au S.E. avec celle d'Anamali. Entre ce point et Antivari on rencontre encore le village mahométan de Bartola et de Veljésolo placé avec une mosquée sur une hauteur. Antivari (si. Bar) est à 6 h. de Scoutari et à '/2 h. du Bazar dalmate de Smi-lova Ouglitza. Cette ville, bien située et entourée d'oliviers, comprend une citadelle en ruine avec une population de 3500 Serbes, savoir 1200 Mahométans, 800 Grecs et 1500 Catholiques avec 400 Albanais de cette dernière confession et 80 à 80 Zinzares. BOSNIE et HERZEGOVINE. XXIII. de PRISCHTINA à MOSTAE en HERZEGOVINE PAR novipazar, fotscha et gatzko, AVEC QUELQUES DÉTAILS S'tTH LES ROUTES de l'herzegovine en dalmatie. Au N. O. de Prischtina est une petite colline couverte de vignobles sur son côte méridional, tandis que son versant septentrional n'est occupé que par des pâturages secs. On passe trois éminences avant d'atteindre à 1500 p. de h. abs. le véritable champ de la bataille de Kosovo le 13 juin 1389. On nous dit qu'il s'appelait Gasimestan (lieu de guéage, de gaz, gué, et mesto, lieu) à moins que cela vienne du mot turc gazi, en guerre. Dans les chansons serbes il est dit que le Sultan avait son camp sur la plateforme de Masgit entre le Lab et la Sitnitza. Cette localité consiste en une plaine inculte couverte ça et là de quelques broussailles et s'élevant en talus fort doux au S. e. comme au N. O. Ce n'est au fond qu'une grande sinuosité du bassin de la Sitnitza ou plutôt un rebord un peu exhaussé. Sur ce champ de bataille se trouve deux Téké ou petites maisons contenant des tombeaux. Sur l'éminence avant de descendre dans la plaine est un Téké&vec deux tombeaux, un grand et un petit et quelques candélabres. a côté se trouve une maisonette, où logent deux Derviches. a moins d'une demi-heure plus au N.O. existe dans la plaine un autre m Téké avec un sarcophage fort simple en plâtre. Des candélabres en fer blanc et une natte environnent ce tombeau qu'on nous assura être celui du Sultan Àmurath II., tué par le Serbe Miloseh Obilitch à la bataille de Kosovo. L'autre Téké ne serait que le tombeau de deux célèbres Derviches (?) ou n'aurait été élevé que pour taire croire qu'Amurath et son assassin y sont enterrés. Or les Serbes prétendent tous que Miloseh Obilitch fut enterré dans l'église de Sa-modreja (CaMO^peaîa), où Knes Lazar communia avant de se battre avec Amurath. Des restes de cet édifice détruit par les Turcs se voient encore à droite et à distance du Lab à moitié chemin entre le pont du Babin-Most sur le Lab et Vouschitrn. Quant au corps d'Amurath, son cénotaphe n'est que l'indication du lieu de sa mort, il fut transporté à Constantinople et quelques Turcs ajoutent qu'on ne pût pas retrouver sa tête, parce qu'ils s'imaginent qu'elle fut coupée sur le champ de bataille par son assassin gisant blessé. Une autre question, qui serait historiquement intéressante, c'est de déterminer si toutes les batailles soi-disant livrées dans la plaine de Kosovo l'ont été dans le lieu de la première ou bien s'il faut appliquer ce nom comme les gens du pays à tout le bassin de la Sitnitza. Nous savons d'abord positivement que le 21 novembre 1403 le despote serbe Etienne Lazarevitsch remporta sur les Turcs sous Soliman une victoire près de Tripol non loin du couvent de Gratschanitza. Or le couvent actuel de St. Etienne sur la Gratschanitza est à l'E. de Lapou-Sélo et il n'y a pas de traces de monastère près du village de Gratscha , qui est situé à une petite heure au N. du champ de bataille de 1389. La bataille de 3 jours perdue le 18 octobre 1448 par le héros hongrois Hunyad contre Amurath III. fut-elle livrée entre Prischtina et Vouschitrn ? C'est probable, puisque dans sa fuite Hunyad manqua d'être pris par un Turc sous le château de Zvetschan à Mitrovitza, ce qui n'aurait pu guère arriver, si le combat avait eu lieu plus loin au S. Néanmoins il est dit que le Sultan s'avança à la rencontre de Hunyad vers Novobrdo, c'est-à-dire aux sources du Graschanitza à quelques lieues au S.E. de Prischtina. En novembre 1689 les Turcs sous le commandement du Chan de Crimée battirent les Impériaux réunis aux révoltés serbes dans la plaine de Kosovo, c'est-à-dire probablement dans le voisinage de Prischtina, parce que les Impériaux, ayant perdu Ouskjoub et Katschanik, n'auront pas voulu abandonner cette ville sans risquer une bataille. Enfin en printemps de 1831 le Grand-Vi sir Reschid Pascha défît à Kosovo 2S,000 Bosniaques en révolte contre le Sultan et commandés par le capitaine Hussein. A une demi-heure du Téké d'Amurath on arrive à un petit cours d'eau, qui est le Lab. On est alors à 2 h. de Prischtina et on y trouve depuis 1838 un grand Han avec un café. Ce bâtiment en bonne partie en bois a été construit par le Pascha Ja-schar de Prischtina. Il consiste en une écurie, à l'une des extrémités de laquelle est une maisonnette carrée et à l'autre une maison d'une étage plus grande que l'autre. Le café est au premier étage et est à côté d'une galerie ouverte ou Tschardak. Le Lab coule de l'E. à l'O. et se passe sur un petit pont en bois. En deçà on continue à voyager en plaine presque parfaite jusqu'au-delà de Vouschitrn (Vouschitrin). Mr. Jourischiteh dit qu'il y a sur le Lab près du village de Raskovo un pont nommé Babin-Most et qu'à peu de distance au-dessous le Lab se réunit à la Sitnitza. (Voyez son ouvrage, pag. 120.) Sur les petits coteaux à droite on apperçoit au N. E. du Lab le hameau serbe de Pa-vena et plus loin on voit à près d'une lieue à l'E. celui de ïzer-nitza (noirâtre). Ce dernier village est situé dans une vallée arrosée par un torrent, qui coule du N. O. au S. E. C'est ce sillon qu'on remonte, pour atteindre le col, qui conduit à Podrovo, Kra-tovo et Kourschoumlia. De très petites montagnes entourent seules cette basse échancrure d'environ 2400 p. de h. abs. Elle ne sont que le prolongement des crêtes à l'E. de Prischtina, hauteurs qui portent quelquefois le nom de Graschan-Dagh. Pendant une dixaine de minutes on longe le torrent de Tzernitza, puis on s'élève d'environ 60 p. et on laisse à droite sur un petit plateau le village serbe de Gratscha. Si au S. le Lioubéten domine toutes les autres hauteurs et attire seul les regards, la vue sur les montagnes au N. E. est très belle et surtout très instructive. Les contreforts du hautKopaonik forment au N, un amphithéâtre imposant, tandis qu'au N. O. s'élèvent une portion des cimes escarpées de la chaîne calcaire entre le bassin de Novipazar et celui d'Ipek, savoir les montagnes de Tschetschevo ou du Stari Kolaschin. Entre ces deux massifs se trouve la vaste échancrure de l'Ibar, celle qui donne accès depuis le bassin de la Sitnitza dans celui de Novipazar et celui de la Morava sorbe. A vue tl'œil la largeur de cette cavité doit avoir derrière Mitrovitza au moins trois lieues, mais avant d'arriver aux hautes montagnes on observe à un niveau plus élevé une échan-crure bien autrement large, formée par des sommets en terrasses des deux côtés de la basse dépression. Les montagnes verdoyantes ou boisées autour de Mitrovitza et la ruine du château de Zvé-tschan décorent agréablement le fond de cette dernière. La beauté de ce tableau frappera tout le monde, mais le géologue seul s'en explique entièrement les causes cachées. Ainsi chacun peut bien se figurer qu'il y a eu là des fentes et des af-laisemens comme des érosions aqueuses à différents niveaux et à diverses époques, mais le géologue seul appercevra qu'il y a aussi un mélange de diverses formations, dont le contraste produit les effets du coup d'œil. En effet le terrain calcaire et schisteux de formation secondaire récente s'étend de la Bosnie vers ces contrées et y a été percé par des siénites et des serpentines en même temps qu'il y a des dépôts trachytiques plus récens dans le fond de 1 échanernre. Ail. du Han sur lcLab on laisse à droite un village. Dans ces lieux le bassin delaSitnitza (Cerisier sauvage) n'est plus qu'une plaine de 1 V2 à 2 1. de largeur. Un peu plus loin un ruisseau venant du S. Ë. se rend au N. O. dans- la Sitnitza. On approche alors de Vouschitrn qu'on voit de fort loin au milieu d'un pays agreste de pâturages naturels, qui a remplacé les champs couvrant cette contrée du temps des rois serbes. Les montagnes des deux côtés de la vallée sont toutes boisées et n'offrent aucune apparence de vil-Liges. A y2 h. avant ce petit bourg il y a à gauche de la route une Koula ou tour et un Tschiftlik ou ferme. Vouschitrn, une des résidences du Tzar serbe Etienne Dou-H<'han, est bien déchue de sa grandeur, car ce n'est plus qu'un groft village, où il n'y a même plus 400 familles comme en 1806 au Passage de Mr. Pouqueville. Il y existe une mosquée ancienne, mosquée nouvelle et une église grecque achevée en 1838. Il y a aussi un Konak ou Kasaba de l'Ayan, qui est situé sur la ruine du château d'Etienne Douschau. Il n'en reste plus qu'une portion inférieure des murailles ou plutôt les trois côtés d'un carré. ^u'- le pan occidental de ce mur épais de pierres de taille et haut Ue 20 p., les Turcs ont établi sur deux coins des petites maison-u,'tteH ou tour» basses en bois. Sur le côté septentrional ils ont 12 ajouté une tour carrée semblable, qui va jusqu'au pied du mur et sur le côté méridional il y a un endroit garni de fascines et de terre, pour y placer un canon. Enfin sur le côté oriental est l'habitation de l'Ayan. Tel est le curieux petit fort turc de ce lieu. Le Man de Vouschitrn n'est qu'une vaste écurie que nous trouvâmes envahie par des chevaux et les bagages dcKiradgis, ainsi que de 30 pèlerins ou Hadgis mahométans revenant de la Mecque. On ne savait où se mettre, pour se garantir de la chaleur et des mouches, aucun arbre n'existant dans l'endroit. Mr. Jourischitch indique près de ce bourg un village du nom de Bania. Il y a là une source nommée Miloschéva-Bania, où se rendent des malades. Les gens du pays croient que le tombeau de Milosch Obilitch est dans ces lieux. Dans le district de Vouschitrn à 4 h. de la plaine est le couvent de Dieviteh, nommé ainsi de Divitza, fille, parce qu'une jeune fille y a été guérie d'une maladie cutanée. (Voyez son opuscule, pag. 123.) Les chansons serbes et Mr. Stephanovitch le placent vers la Drnitza et non loin de Schischavitza. Après Vouschitrn on passe la Sitnitza en été à gué, mais dans les grandes eaux sur un pont en pierre bombé et formé par neuf arches assez malfaites. Cet ouvrage paraît dater du temps des Serbes et être mentionné dans les chansons de ce peuple. Lin terrain assez marécageux l'environne, car un petit ruisseau venant de l'Ë. vient déboucher dans la Sitnitza peu avant ce pont. Le pays entre Vouschitrn et Mitrovitza n'est qu'une plaine jusqu'à la colline, qui précède ce bourg. C'est probablement le Liplian des chansons serbes, nommé ainsi de la fréquence du ti-leul noir ou IJpla dans les bois sur les côtés. H y a aussi un Liplje sur la Moratscha dans le Brda du Monténégro. A 1 x/2 1-avant Mitrovitza on atteint la frontière bosniaque, qui est formée par un ruisseau venant de l'O. et sur lequel il y a les restes d'un pont. On voyage alors sur le pied immédiat des montagnes, qui bordent à l'O. la vallée de la Sitnitza. A 25' avant Mitrovitza il faut franchir une petite plate-forme de 60 à 70 p. d'élévation et composée d'argile alluviale. Arrivé sur la hauteur, on domine la vallée de l'Ibar, mais on n'apperçoit Mitrovitza qu'après avoir avancé un peu, car ses maisons restent cachées sous la hauteur. La vue des environs de Mitrovitza est fort jolie et leur culture est relevée par l'encadrement de montagnes toutes boisées en chênes et en apparence sauvages. C'est surtout à l'E. que se trouvent ces dernières, qui s'y élèvent à environ 1500 p. sur la plaine et présentent vers leur haut de grands éboulis blanchâtres indiquant les lieux des carrières de meulières. Au N. et N. O. de «Mitrovitza une série de petits coteaux couverts intérieurement de vignobles est surmontée par une butte conique de 530 p. d'élévation et supportant l'ancien château royal serbe de Zvétschan. Son nom de sonore vient de ce que le trachyte de cette éminence donne environ le son d'une cloche, lorsqu'on le frappe. Mitrovitza à 1460 p. de h. abs. n'est qu'un petit bourg de 2 à 300 maisons ou de 7 à 800 âmes. Il y a des bouts de pavé dans la rue principale, deux mosquées à minaret, une tour à horloge et sonnerie, deux Hans et quelques boutiques. Un Agha y réside et n'a qu'une misérable maison d'un étage et précédée d'une grande cour. Au bord de l'Ibar, séparant le bourg des hauteurs, se trouve un moulin et quelques beaux peupliers (Fopulus dila-tata), qui offrent en été un lieu de repos agréable. Lors de notre passage en 1839 le voisinage de la peste à Nisch avait engagé le Sultan à ordonner une quarantaine sur ce point de la frontière bosniaque. Il fallut donc se résigner à rester sept jours dans ce lieu; heureusement la promenade dans les environs était permise, de manière que nous y passâmes fort bien notre temps. L'auberge de la poste était le lieu principal, où stationnaient les personnes soumises à cette quarantaine turque. La grande écurie était pleine de voyageurs et surtout de pèlerins turcs, °ï quelques-uns partant pour Novipazar peu après notre arrivée, nous leur donnâmes une lettre pour feu M. de Vasoevitch, alors vice-consul anglais de Bosnie en cette ville. Nous lui demandions comme au seul agent européen le plus proche de nous, de faire abréger notre quarantaine, si cela était possible. (Voyez ma Turquie. Vol. 3, pag. 570.) Le lendemain nous visitâmes le château de Zvétschan, auquel on parvient par les vignobles et une série de talus et de petites collines couvertes de pâturages secs ou de broussailles. Les aggrégats trachytiques y sont liés à des molasses tertiaires à impressions végétales. La ruine couronne très pittoresquement des bocages et des bois de chênes. Depuis le haut à 1990 p. de h. a^>8. on plonge à l'E. sur l'entrée des défilés de lTbar et au S. °n domine une partie du bassin de la Sitnitza. Le long de l'Ibar des buttes noires de Serpentine alternent avec des masses d'agglomérats frachytiquee, qui forment par leur décomposition des rochers ayant la forme de tours gothiques en petit environ comme à l'E. de Deda en Transylvanie. (Voyez la description de ce château dans ma Turquie. Vol. 2, pag. 373.) Pour aller aux carrières de meules à plus de mille pieds sur l'Ibar dans la montagne au n. E. de Mitrovitza, on traverse à gué la Sitnitza et on monte par un petit vallon à I'Ej, puis au N.E. Ce chemin a lieu à travers des petits bois de chênes jusqu'à ce qu'on atteigne à 1 h. de Mitrovitza une esiièce de col, où il y a quelques habitations dépendant du hameau arnaoute de Boletin. Les carrières se trouvent précisément à l'E. de ce dernier, à environ 4 à 500 p. au-dessus de lui et à 3/4 ou 1 h. de là. On y monte tout droit à travers les bois par un sentier ou bien on peut suivre la route, par laquelle on descend les meules sur des traîneaux ou de« charrettes attelées de bœufs. Les carrières sont assez bien tenues. On y exploite des porphyres trachytiques à cristaux de quarz, baryte sulfatée et parties très ferrifères. (Voyez ma Turquie. Vol. 3, pag. 57.) Dans une des supérieures il y a une source d'eau extrêmement fraîche, où de la glace se cons-rve, dit on, jusqu'au 29 juin. Depuis Boletin on peut descendre au N.N.O. sur l'Ibar. Le chemin tourne agréablement le long d'une pente boisée, d'où on débouche sur une prairie. De là on peut revenir à Mitrovitza en restant sur la droite de l'Ibar ou en passant au pied oriental de la butte du château ou bien on peut gagner la route de Mitrovitza à Bagniska. Pour joindre^ cette dernière, on longe l'Ibar, qui est encaissé entre des rochers serpentineux ou à cimes déchiquetées. A 1 1. environ en ligne droite de Mitrovitza est situé le village de Bouga-ritsché, où on peut guéer aisément la rivière dans les basses eaux Elle décrit au N. un contour à l'E. en continuant à couler entre des crêtes de serpentine. Elle reçoit un torrent, qui vient du S. ou S.O. C'est vers ce cours d'eau qu'on se dirige par des prés humides, après avoir dépassé la petite hauteur rocailleuse, qui le sépare de l'Ibar. On y rejoint la route postale de Mitrovitza à Bagniska, qui, après avoir passé sous le pied oriental du château de Zvétschan, traverse la hauteur et gagne ce vallon en tournant à l'O. ces sommités. A 1 h. de Bougaritsché on arrive à un mou- lin situé sur le Bagniska-Rieka (appelé aussi Bagnska-Kieka ou Bagnanska-Rieka.) Ce torrent coule du N. O. au S. E., reçoit le torrent précédent un pe i au-dessous du moulin et va se jeter à l'E. dans l'Ihar, qui coule au N. E. Le vallon de Banska ou Banjska (pron. Bagniska) est étroit, inculte et entouré de montagnes peu garnies de halliers. Partout ressortent les roches noires et à aspect huileux des serpentines. Ce n'est qu'en approchant de Bagniska après un petit contour du vallon au N. qu'on atteint des cultures. Banjska est situé à 34 d'h. du moulin. Cet endroit, environ à 1(580 p. de h. abs., ne consiste qu'en une quarantaine d'habitations, surtout sur le côté méridional du torrent. L'ancien couven troyal serbe, placé sur une butte au S., est. devenu une espèce de château fort turc, où on remarque les ruines d'un minaret et d'une tour à horloge. D'épaisses murailles crénelées décrivant un carré entourent ce manoir que nous ne voulûmes pas visiter, afin de ne pas nous exposer à des ennuis, pour ne rien voir au fond, les Turcs ayant partout détruit les traces de la domination serbe. Ce couvent a été fondé en l'honneur du martyre St.-Etienne par le Krail Etienne Miloutin Ourosch au commencement du quinzième siècle. Sous la butte du château est un bain thermal légèrement sulfureux , qui est dans un état si pitoyable que le vestiaire est déjà sans toit Ce bain n'offre plus qu'un local pour les baigneurs, de manière qu'il y a des heures pour les hommes et d'autres pour les femmes. D'après l'état délabré de Banjska il est évident que ce lieu a souffert dans des guerres vers ou avant le commencement de ce siècle et était une fois plus considérable l). Banjska est entouré de montagnes dénudées et rocailleuses, qui ont de 4 à 000 p. à l'O. et un peu moins à l'E. Comme nous allions avoir à gravir la montagne par des sentiers étroits, nous ') L'auberge n'y consiste qu'en une vaste écurie, ou nous trouvâmes déjà établis une trentaine de chevaux de Kinulgis et une ùixaine de pèlerins musulmans de Bosnie. Ces derniers s'étant commandé un assez, bon dîner pour l'endroit et entravant ainsi l'apprêt du mitre, nos gens, très friands de Pita ou gâteau serbe, surent au moins leur souffler ce plat, de manière que malgré leurs demandes réitérées ils durent s'en passer. Tant il est. vrai qu'en Turquie de pareilles mécomptes sont irréparables pour le moment. L'Aksrham était passé, les hommes étaient dans leur Harem, il n'y avait plus moyen quoiqu'on lasse, de se procurer une seconde Pila. aurions voulu partir avant les caravanes, qui voyageaient dans la même direction que nous, mais les domestiques slaves ou turcs sont si difficiles à presser, les remontrances les plus vives font si peu d'impression sur eux que nous eûmes le temps de revoir charger 30 chevaux avec leurs balles de cotons avant que nous fussions prêts. Les Kiradgis opèrent un tel chargement fort promptement, parce qu'ils ont bien équilibré leurs ballots et ont soin d'en faire porter toujours à chaque cheval les mêmes. En soutenant par un bâton le premier ballot attaché au bât, un homme seul peut souvent opérer le chargement. On abandonne le vallon de Bagniska, qui remonte à l'O, et au N. O., pour monter un petit vallon courant du N. au S. et au bout d'un petit quart d'heure on commence à gagner à l'O. par un sentier en zigzag le haut de la montagne. L'ascension dure moins d'une heure. Au milieu de cette nature si dégarnie de tout arbrisseau rien n'arrête la vue, mais il n'en est point ainsi quand on est occupé à tourner autour des cimes de cette suite d'étroites crêtes, qui séparent la vallée de Bagniska du bassin de Novipa-zar. Sans les découpures occasionnées par les cours d'eau, ce ne serait vraiment qu'un plateau ondulé, couvert de beaux prés et entremêlés de petits bois de hêtres, comme un jardin anglais. On revoit au S. les cimes trachytiques boisées, qui terminent la partie septentrionale du bassin de la Sitnitza. A l'E. l'Ibar reste caché dans une crevasse profonde et ondulée entre des cimes ça et là pointues. Plus loin et surtout au N. E. s'élèvent les contreforts du Kopaonik. La route a une direction générale au N. O. Lorsqu'on a dépassé les premières cimes de serpentine et couvertes en hêtres, on se trouve sur une crête entre deux vallées, courant celle à l'E. du N.N.O. au S. S. E. et celle à l'O. du S.S.E. au N.N.O. De hautes montagnes ^'élèvent au S. S. O. Les crêtes ou plate-formes courent du S.S.O. au N.N. E. Pour atteindre le plus haut col, on traverse la petite sommité trachytique boisée la plus élevée, on est alors à 3445 p. de h. abs. ou à 2000 p. sur la plaine de Kosovo. L'élévation des autres plate-formes peut être évaluée de 1500 à 1900 p. sur Kosovo. Une grande vallée boisée se voit à l'O. et on atteint enfin à 4 h. de Bagniska sur la Rogosna-Planina 1 )lcHan ') La dénomination de Rogosna-Planina .signifie en slave montagne a Ty-pha latifoiia, le Rogos de» Slaves, cette plante ne croît, il est vrai, que dans les isolé de Ragosna. L'aubergiste musulman s'y montra fort prévenant, il habite au milieu des plus beaux prés subalpins. La descente dans le bassin de Novipazar a lieu par dégrés, c'est-à-dire qu'on traverse plusieurs terrasses. Après la première descente, on laisse à gauche le prolongement de la vallée courant au N. O. et on trouve un bout d'ancien pavé. On descend ensuite assez rapidement dans un vallon au N., où nous rencontrâmes une bande de Zingares voyageant avec femmes et enfans. En tete étaient les hommes armés de fusil et de pistolets. De tous petits enfants étaient attachés sur des chevaux. Ces pauvres gens allaient se disséminer dans les bois voisins pour y passer la nuit. A une grande lieue du Rogosna-Han, on arrive par une troisième descente à un Han isolé, placé sur un tertre, au-devant duquel est un vallon boisé courant du S. E. au N. O. et débouchant dans la vallée du Rnava, qui conduit à Novipazar. Depuis ce point on a la première vue de cette ville et on peut prendre une bonne idée d'une partie de cet enfoncement cratériforme, d'où partent bon nombre de vallées comme autant de rayons ou de fentes d'un centre. Il n'est ouvert que du côté oriental ou serbe par la vallée de la Raschka et est entouré par les montagnes ou en slave Planina appelées Rogosna au S.E., Goreschda au S. et S O., Glougovik au S.O., Raschka à l'O. et Kovatschka au N.O. en Bosnie, tandis qu'au N.E. s'élèvent des crêtes serbes au S. de la vallée de Stoudénitza. Depuis ce point élevé environ à 2500 p. de h. abs. on distingue à droite au N. une portion de la vallée d'Ilidga, qui est à l'E. de celle de Rnava en deçà de la hauteur, où on est placé, et d'une gorge. D'une autre part on voit à l'O. et S.O. une plate-forme étendue et verdoyante sur une montagne assez éloignée et d'au moins 2600 à 2900 p. de h. On y apperç.oit le grand château serbe de Jélesch et près de cette belle ruine, ornée encore de plusieurs tours, est un village, peut-être le ïri-gouschna des cartes. Entre ce plateau et l'observateur courent au moins deux vallées, dont la plus petite et la plus rapprochée serait celle de Kojéné et la plus grande et la plus éloignée est celle nommée par erreur par Mr. Viquesnel Joschanitza. (Voyez notre Itinéraire Nr. 12. V. 1, p. 186.) Cette vallée s'appellerait Kosmik marais, mais on en fait des nattes ou Rogojina. Peut-être qu'une fois un Tsehar-rlak couvert de pareilles nattes a existé sur la montagne. La dérivation du mot Rog, corne, à cause des buttes sur le plateau, n'est guère admissible. ou Kosnitza ou Jélesehnitza. (?) Au N. et N.O. (le la plate-torme du JélescJb est un autre sillon boisé, dans lequel on entre lorsqu'on veut gagner les hauteurs de Glougovik (voyez l'Itinéraire précédent) et en deçà au N. vient la vallée des sources de la Raschka. Au N.O. sont les vallées du Lioutzka ou Lioutschka-Rieka et au N.N.O. celle du Lèpénatz en partie en Servie. D'après mes trois visites à Novipazar ce dernier se déverserait dans le Lioutzka-Rieka et non pas immédiatement dans la Raschka1). Enfin au N. de Novipazar le torrent de Joschanitza2) descend des hauteurs à l'O. du mont du couvent des colonnes de St.-Georges, coule du N. au S. et sépare le fort avec la ville, tandis qu'à l'E. et au N. E. de cette dernière est la vallée de Déjéva courant du N. N. E. au S. S. O. au pied oriental du couvent susnommé. De cette manière Novipazar est placé au centre ou presque à la rencontre de 10 à 11 vallées, qui se réduisent à sept en n'ayant égard qu'aux principaux affiuens de la Raschka. Novipazar, à 1257 p. de h. abs., est à l'entrecroissement d'au moins de 5 à 6 routes, dont la principale est celle, qui lie Sérajévo à la Haute Moesie. Nous avons déjà décrit les divers sentiers de montagnes conduisant dans la Métochiia ou Haute Albanie par Vrénie ou Roj ai ; nous avons aussi détaillé ceux menant à travers les chaînes les plus élevées de la Turquie dans le Monténégro et à Scoutari. Depuis la Servie on peut atteindre Novipazar par cinq voies plus ou moins aisées, savoir de l'E. ou de l'Ibar depuis Jarénie par Bjélobrdo (Mont Blanc 7 à 8 h.) ou depuis Roudnitza au pied du Kopaonik (63/4 h.). Du N.O. les bords de la Raschka offrent un troisième chemin, tandis que du N. et N.O. les vallées du Déjéva et du Lèpénatz ouvrent, encore deux autres voies d'autant plus importantes que la frontière serbe y est la plus voisine. Le poste serbe de Doubovitza n'est qu'à ilL h. de Novipazar et celui de Raschka à 1 h. 45 m. En réunissant tous ces détails, on entrevoit l'importance mi- ') En 1838 j'ai passé le Lèpénatz à l1/, h. à l'O.N.O. de Novipazar et la même année j'ai franchi a un peu plus d'une heure de la ville une rivière qu'on m'a dit être le Ljoutzka-ltieka. 2) J'ai varié dans le nom donné à ce torrent; je l'ai appelé avec certains géographes Lèpénitz.a dans le premier volume, de ma Turquie (pag. lfl) et Joschu-nitza dans mou second (pag. 844). Dernièrement on a bien voulu me mettre dans la position de pouvoir assurer officiellement que ce dernier nom était le véritable. fs:> litaire de cette ville, son occupation devient pour les Ottomans une question de vie ou de mort relativement à la possession de la Bosnie, parce que la frontière serbe n'est qu'à quelques portées de canon et que Novipazar est presque la seule clef de la Bosnie méridionale. Cette partie du pays n'a pas plus de 12 à 14 1. de largeur de l'O. à l'E. et tous les autres points conduisant de l'Albanie supérieure dans la Bosnie méridionale n'offrent que des cols plus ou moins difficiles à franchir. Depuis la Moesie il n'y a que la seule vallée de l'Ibar qu'on pourrait remonter au besoin, mais entre ses sources et les bassins de Souo-dol et du Jablanitza il se présente encore un terrain assez élevé sans routes et seulement à sentiers. (Voyez ma Turquie. Vol. 1, pag. 19 et vol. 3, pag. 17.) Revenons à notre voyage. Il faut faire un grand détour au N., puis à l'O. pour descendre par les bois sur le côté septentrional du vallon au-dessous du Han isolé. Ce n'est que dans la vallée de Rnava qu'on cesse d'Être entouré de chênes. Elle court du S. au N. et est arrosée par un petit cours d'eau qu'on traverse deux fois. Il faut une demi-heure pour la parcourir et à sa sortie on se trouve sur un des cimetières de Novipazar et on n'a plus que très peu de chemin à faire pour arriver en biais à la Raschka qu'on passe à gué près d'une petite mosquée-1). ') A Novipazar nous trouvâmes notre logis déjà préparé, grâce à Mr. le Vice-Consul anglais, feu Vaseovitch, qui nous avait abrégé de trois jours notre quarantaine à Mitrovitza. Son exprès avait excité la rumeur parmi les autres personnes en quarantaine et des pèlerins musulmans de Sérajévo et de Travnik comptaient se plaindre au Visir de Bosnie de cette violation de ses ordres. Il est de fait que le Vice-Consul avait obtenu cette faveur par le crédit du Kadi, qui contrebalançait alors l'autorité du Pascha nouvellement arrivé. Nous nous empressâmes d'aller remercier ce dernier, mais il nous fit entendre clairement que nous aurions dû faire nos sept jours et qu'on lui avait forcé la main. II nous pria au moins de n'en rien dire à Travnik, car, ajouta-t-il. cet ordre a été donné au Visir Par le Divan de Constantinople. La position du Consul anglais était déjà si précaire à notre passage que son entourage ne nous dissimula point le déplaisir avec lequel on le voyait. Chacun se demandait ce qu'il voulait et ce que signifiait ce nouvel envoyé d'un pays si éloigné. D'ailleurs il ne paraissait pas bien avec le Pascba et il était sujet à passer pour un espion étranger à cause de ses recherches en géographie ainsi que sur la distribution et la généalogie des diverses tribus albanaises et monténégrines. C'était en effet singulier de voir un Consul levant des Plans à la boussole et. à la planchette sans l'autorisation du gouvernement auprès duquel il est accrédite'. S'il a été forcé de s'enfuir nuitamment de Novipazar pen- La route de No-vipazar à Siénitza (Treille ou bien Mésange) sort sur le côté N. O. de la ville au-dessus du château. On se tient sur la pente des hauteurs au N. de la vallée de la Raschka en vue de cette dernière. A 1 '/4 h. on laisse à gauche un village, on passe le Lèpénatz et on se porte à l'O., où ce dernier, venant du N. etN. O. ou du mont Branianska en Servie, reçoit la petite rivière du Lioutza-Rieka ou d'après feu Mr. Vasoevitch Lioud-ska-Rieka '). Ce torrent coule du N. E. au S. O. et sort d'une gorge bordée d'escarpemens calcaires. On remonte ce cours d'eau en marchant presque à l'O. ouO.N.O. On le passe deux fois pour couper un contour qu'il décrit au N.O. En deçà de ce lieu un petit ruisseau venant du N.N.O. se jette dans le torrent, qui coule de l'O. à l'E. Un nouveau contour an N.O. oblige de nouveau de guéer l'eau près d'un endroit, où débouche un ruisseau de l'O. Un petit pont en bois ramène le voyageur sur le bord septentrional. Un peu plus loin un autre ruisseau venant de l'O. se jette dans le torrent et on atteint à 3'/2 h. de Novipazar et à 1800 p. de h. abs. le Han isolé de Donie-Han (le Dornik-Han des cartes). Peu avant ce lieu un assez grand torrent, le Tergoviska-Rieka, venant de l'O. et du S.O., se réunit au Lioutzka-Rieka. En deçà du Han, situé dans un vallon champêtre et. assez étroit, on passe un ruisseau venant du N.E., puis on se porte à r/a h. du Plan près du confluent d'un ruisseau venant de l'O. et du S.O. sur la rive méridionale du Lioutzka-Rieka pour ne la plus quitter. Avant le village de Schénéva ou Schébina, situé à 5 1. de Novipazar sur le bord septentrional du torrent, il reçoit un cours dant l'hiver de 1838 à 1839, il aurait pu, mieux avisé, s'établir avec autant d'avantages à Travnik, Prizren ou Scoutari, mais il avait choisi Novipazar a cause de l'importance militaire et ethnographique de cet endroit. Les causes véritables de sa fuite et de sa démission sont une série d'intrigues étrangères, parce qu'on le connaissait comme un Antirus.sc et un véritable patriote slave. Les Anglais se sont laissés priver bénévolement d'un conseiller dévoué, utile et entendu. Ses ennemis ont enfin atteint leur but, en le faisant assassiner en 1846 en Bosnie dans une traversée de la Servie au Monténégro. Dans ce moment sa mort devient d'autant plus regrettable "a cause de ses connaissances positives sur l'ethnographie et la géographie de la Turquie d'Europe. ') Ce nom vient probablement du mot albanais Lioutze, boue. Il y a en Servie deux villages du nom de Lioutitzé dans les cercles d'Oujitzé et de Scha-batz. Si l'orthographe de Mr. Vasoevitch était la véritable, ce nom viendrait de Loud, fou. d'eau venant de l'E. et depuis Schénéva jusqu'au pied de la montée, qui conduit à Dougopolie, on observe encore trois autres petits af'fluens venant de l'E., tandis que le torrent va prendre sa source au N. O. dans le Kovatschka-Planina (mont du Maréchal ferrand), sur le revers septentrional duquel se trouve la source la, plus élevée ou orientale de la Morava serbe. Sur la rive opposée on ne passe qu'un ruisseau placé entre les deux, qui débouchent sur la rive orientale au-dessus de Sehébéna et un second au pied de la montagne. Toute cette vallée est décorée de prés et de petits bois de chênes et d'aulnes à la manière des jardins anglais. Dans sa partie supérieure vers les sources du grand torrent venant du S.O. et vers celles du Lioutska-Rieka au N.O. on observe des bois plus touffus. Ces montagnes aux sources du Lioutzka-Rieka devraient être le Tzarieiia-Planina de Bougarski au cas qu'il ait bien placé ce nom. En remontant ainsi le Lioutzka on n'apperçoit guère qu'à l'eau qu'on parcoure un plan incliné. A 6 h. de Novipazar commence seulement l'ascension, qui a lieu par trois tournans au milieu des bois et dure une petite demi-heure. Les cimes sont tout-à-fait dégarnies de bois et s'élèvent 6 à 700 pieds sur le Lioutzka-Rieka Le village albanais de Dougo-Polie ou Douga-Poliana est situé à 2500 p. de h. abs. presqu'au haut d'une de ces sommités. Il n'offre que peu de maisons en bois avec des toits en planches. Il y a une tour carrée à l'albanaise pour la garde. Une douzaine d'Ar-«aoutes armés se tenant devant l'auberge nous considérèrent d'un œil si peu bienveillant que nous continuâmes notre route, malgré l'approche de la nuit et les quatre lieues de distance de Sjénitza. En deçà de ce village est un plateau ondulé, gazonné et sans aucun arbrisseau. Il forme les pâturages de bergers albanais. De grandes perches sont plantées ça et là pour indiquer la route en hiver. Il n'est séparé du plateau plus petit de Glougovik que par la vallée de Sopotschani, où sont les sources du Raschka. A 1 1. de Dougo-Polie on a dénassé trois fortes ondulations de terrain et on atteint un vallon courant du N. E. à S. O., où il y a un petit ') Dans ces lieux nous rencontrâmes un pauvre Bosniaque à pied, qui retournait à Pricpolie, sa patrie, après 25 ans d'absence. Cet homme avait été à Constiintinople pour faire ses études, mais au lieu de cela il fut force d'entrer «tans le corps des canoniers, dont il venait de sortir plus pauvre que lorsqu'il Partit de chez lui. ruisseau, tandis que dans les précédentes cavités tort évasées il n'y a pas trace de cours d'eau. On ne fait que traverser le vallon pour franchir le bord d'une hauteur, qui sépare ce dernier d'avec son prolongement, qui va de l'E. à l'O. On repasse ce petit cours d'eau, qui plus loin coule au N.O. et forme les sources du Vappa. A 2 1. avant Sjénitza est le lieu appelé Préko-stavlia. De cette vallée, un peu marécageuse et très évasée, une pente insensible conduit au haut d'un petit plateau de près de 100 p. de h., qui sépare la plaine de Sjénitza de cette cavité. Enfin on a encore à traverser le bassin de Sjénitza et la Jabla-nitza avant d'atteindre ce village. Toute cette route a lieu au milieu d'un pays uniquement de pâturages et si déboisé que les broussailles y sont rares. Des cultures ne s'y remarquent qu'auprès de Sjénitza. Ce passage d'un pays accidenté de vallées et de montagnes à une contrée plate et déboisée quoique élevée, est encore une de ses singularités naturelles, qui étonneront les voyageurs sans leur permettre d'en entrevoir la cause véritable. Le Géologue au contraire trouve dans ces lieux des aggrégats trachy-tiques liés avec un terrain schisteux d'eau douce, ce qui lui démontre dans ces plate-formes l'ancienne existence de lacs, qui sont maintenant écoulés et dont le fond a produit ces prairies. Le terroir noir et marécageux des bassins de Prékostavlia et de Jablani tza démontrent même que le dessèchement des derniers marécages ne date pas de très loin. Depuis Sjénitza on peut gagner Fotscha par la route postale de Priépolie, Taschlitza et Tschainitza ou bien on peut se rendre à Bielopolie et gagner la vallée du Tara pour descendre ensuite jusqu'à Fotscha. (Voyez l'Itinéraire Nr. 21.) Depuis Tschainitza on monte obliquement sur la montagne duTzrni-Vrch (cime noire) à l'O. de cette ville en se dirigeant à l'O. 55° N. A environ 800 p. sur la vallée du Vrt on entre dans une forêt de sapins, qui couvre la montagne et n'est qu'un prolongement de celle entre Tschainitza et Minaret-Han. Des petits sentiers tournans conduisent le voyageur à l'O. jusqu'au sommet de la montagne, car l'état bourbeux de la route ça et là mal pavée, ne permet guère de s'y tenir. La montée dure plus d'une heure. A la cime on se trouve à 3470 p. dans une forêt touffue de superbes hêtres entremêlés de bouleaux. On voit au-dessous _1H9 de soi une grande vallée courant du N.E. au S.O., et en deçà est le sillon de la Drina ainsi que la haute chaîne, qui sépare la Bosnie de l'Herzégovine. On vo}"age ensuite au S.O. pour tourner autour du haut de la première vallée et gagner une crête, qui se détache de la montagne au N. O. Sous cet épais ombrage notre solitude fut un instant interrompue par des décharges de pistolets et les cris de six paysans bosniaques, armés en outre de fusils. Après avoir un peu descendu au N.O., on remonte à un second col, qui se trouve au milieu de bois de bouleaux et où il y a un Karaoul désert et en ruines. On est alors à 2% d'h. de Tschainitza et on n'a plus qu'à descendre jusqu'à Fotscha, qui est à %lj2 h. depuis là. On plonge à l'O. dans la partie supérieure de la vallée du Slatînska-Kieka (rivière d'or), dont les prairies, partout encadrées de bois, faisaient un effet très champêtre. Si on continue à descendre au N. O. dans les bois de bouleaux du contrefort susdit de la montagne, on se rend à Posa-révina, tandis que la route de Fotscha descend à l'O. N. O. dans la vallée du Slatinska-Bieka. Le hameau d'Ivtzar composé de maisons éparees , se trouve dans le haut de cette vallée, où on remarque quelques champs d'orge et de blé noir. Le Slatinska-Bieka est formé par la réunion de deux petits cours d'eau, venant l'un de l'O. et l'autre du S. O., les sources sont à 7 heures au S.E. de Fotscha. Pour atteindre ses bords il faut descendre par un chemin ou plutôt sentier, qui décrit plusieurs contours. Le long de l'eau il y a de jolies prairies, mais le torrent décrivant des ondulations nombreuses, la route se tient en général au-dessus de son bord septentrional et s'élève même assez haut à travers des bocages d'aunes et de saules. En descendant ainsi ce torrent, on atteint une petite mosquée isolée, d'où la route, la plus courte pour aller à Fotscha, quitte cette vallée et coupe directement les hauteurs entre ce point et la ville. Nous avions laissé en arrière le paysan voyageur, qui avait bien voulu nous guider, de manière que nous nous égarâmes et continuâmes à suivre la vallée romantique du Slatinska-Rieka jusqu'à son confluent dans la Tchiotina. Nous passâmes sur la rive méridionale du torrent et y remarquâmes des noyers. De grands escarpemens pittoresques de calcaire nous faisaient face à l'O. Nous revînmes ensuite sur le côté septentrional et laissâmes à droite à y2 1. de la mosquée une ferme, dont la maison du propriétaire avait la forme d'une tour carrée à deux étages. Nous traversâmes des vergers de pommiers et de poiriers et guéâme» deux ou trois fois le torrent avant son débouché dans la grande vallée de la Tchiotina que nous espérions vainement être la Drina. A 3 h. au S. de Fotscha cette rivière sort du pied du mont Ljoubitschnia d'un défilé pittoresque bordé de rochers calcaires. Ce dernier resta à notre gauche. La Tchiotina court, de l'O. à 1 E., puis du S. au N. et'ensuite de l'E. à l'O., tandis que son cours supérieur a lieu dans une vallée longitudinale courant du S. E. au N.O. à l'exception de la partie près de Taschlitza, qui est dirigée presque de l'E. à l'O. A 2 1. avant Fotscha elle reçoit un torrent venant de l'O. et à 1 1. plus loin un second. La vallée parcourue par la Tchiotina est assez large et offre ça et là des enclos de maïs au milieu de cette nature sauvage et ces bois continuels de chênes. A 1 1. de Fotscha on apperçoit au N. des habitations isolées sur la pente des montagnes et au S. quelques champs à 4 ou 500 p. sur la vallée. Comme c'était dimanche, la route était couverte de paysans, de fermiers et de petits Aghas bosniaques, qui tous nous regardaient avec curiosité ou même nous saluaient sans nous insulter le moins du monde. A l'approche de Fotscha les pentes des montagnes se couvrent de maisons entourées d'arbres et on apperçoit cette ville sur les deux bords de la Tchiotina à son débouché dans la Drina. Fotscha (Fotchia), à 550 ou 600 p. de h. abs.?, est une ville de. 10 à 12,000 âmes avec 12 mosquées à minarets et couvertes en plomb. Le Bazar et le Konak de l'Ayan, qui est un Pascha à une queue, se trouvent sur la rive orientale du Tchiotina sur lequel sont jetés deux ponts en bois. En deçà de la Drina il y a aussi des habitations, qui font partie de Fotscha, mais on ne peut s'y rendre qu'en bateau. La plus longue partie de Fotscha est entre la Drina et les hauteurs au S., c'est un quartier étroit. Dans tout le pourtour de la ville les maisons sont dans un enclos de pruniers comme en Servie et on remarque sur les hauteurs beaucoup d'habitations en forme de tours carrées. Cette ville offre un coup d'oeil pittoresque et est surtout célèbre par sa coutellerie. On y fait des couteaux et des lames de sabre d'aussi bonne qualité qu'à Constantinople. La Tchiotina, pouvant se guéer aisément par les eaux basses, nous nous épargnâmes la peine de passer par toute la ville et nous nous dirigeâmes tout droit à travers la rivière sur le quartier occidental , où. se trouve la poste tenue par une famille bosniaque très complaisante. Depuis Fotscha on peut se rendre à Mostar par deux routes, savoir par Oulok, Zagorie et Névésign, qui est la voie la plus courte, ou bien on peut gagner Gatzko par la Soutschésa et aller de là à Névésign et Mostar. Toutes les deux routes franehissent la haute chaîne boisée, qui sépare la Bosnie de l'Herzégovine, solitudes très favorables pour les brigands, aussi ces lieux sont-ils rénommés en ce genre. La route par Oulok remonte cette vallée et pour passer les montagnes de 3600 à 4000 p. on 8e sert à cet effet des gorges de deux torrens. Elle traverse ensuite un affluent de la Narenta et la plaine avant Névésign avec ses cours d'eau en grande partie à sec en été. Il y a plus de 12 h. jusqu'à ce dernier bourg. Des sentiers de montagnes conduisent aussi depuis Oulok dans les vallées de la Narenta et du Lèpénitza. La vallée longitudinale et sauvage de l'Oulok, descendant du N.O. au 8. E., est placée entre la chaîne du Rani t ch. au N. E. et l'Ivan-Planina au S, O. Elle est arrosée par un cours d'eau, qui m'a paru assez considérable au moins à son confluent dans la Drina à 1 1. à l'O. de Fotscha. Cette rivière a plusieurs sources-mères et des affluens. La route de Gatzko est établie en corniche sur le bord élevé des eaux bleues et claires de la Drina. Elle se dirige d'abord de Fotscha à l'O. et va gagner une petite plate-forme, où est à 3/4 d'h. de la ville le hameau zingare de Brot. Vis-à-vis au N. se voit l'entrée étroite de la vallée d'Oulok et la Drina, encaissée entre des murailles, décrit un contour en coulant plus haut du S. E. au N.O, au lieu que plus bas elle se dirige pendant longtemps dans le sens tout opposé du S. O. au N.E. Depuis ce lieu on jouit de tous côtés de vues vraiment suisses. Pour gagner sa rive orientale il y avait autrefois un pont en pierre d'une seule grande arche, mais il s'est écroulé et il n'en reste que les culées aux extrémités. Les bateliers du bac, qui a remplacé le pont, prétendaient que ce dernier ne s'était abîmé qu'il y a cent ans. Pour atteindre le bac, il faut descendre par un chemin oblique la muraille de poudingues d'alluvions, qui encaisse la Drina sur une hauteur de 50 p. Le bac y est assez bien bâti et peut tenir 7 à 8 chevaux à la fois. La route remonte la Drina au milieu de bois continuels de chênes. Elle coule entre des montagnes, qui ont 2500 p. à l'E. et 1000 à 2000 p. à l'O. et dont les pentes des premières présentent quelques prairies et même de petits champs avec quelques maisons isolées en bois. Après avoir passé plusieurs petits ruisseaux se rendant dans la Drina, nous atteignîmes à 2 h. du bac un près assez grand appelé Méschanska - Louka (Pré de Meschana) l), endroit choisi souvent pour faire une halte à cause d'une source et du voisinage de la grande montée, qui conduit à Schourava. Depuis ce point on voit déjà lc^ commencement de la Drina, qui se trouve à 4 h. de Fotscha et est formée par la réunion de la Tara, de la Piva et de la Soutschesa (Sentista des cartes). Cette dernière vallée descendant du N.O. et ne tournant à l'E. que vers son débouché ne s'apperçeit pas encore bien. Il faut pour cela s'élever dans la montagne au S. O., de manière que l'entrée des deux autres profondes vallées forme le fond d'un beau tableau animé seulement par le filet bleu et argenté de la Drina. D'après mes renseignemens, la Piva a sa source à 10 1. de Fotscha près du couvent du même nom sur le pied N. O. du Dormitor. Elle sort en torrent tout formé de la montagne dolo-mitique et se grossit promptement par d'autres ruisseaux , mais surtout par sa réunion avec le Touschoumlie et le Boukovitza, qui coulent dans le district de Drobniak , le premier depuis le pied du Dormitor du S, S. E. au N.N. O. et le second environ de l'O. à l'E. Si la carte du colonel Karaczay paraît avoir raison en plaçant le district de Drobniak entre le Dormitor à l'E. et au S. E., l'Oubli au S., le Loukavtzi au S.O. et le Voin à l'O., elle est évidemment fautive pour la potamographie. Mr. Kiepert figure un peu autrement les cours d'eau et a fait même confluer l'eau de Jézéro dans la Piva, mais son autorité nous paraît fort douteuse, car il appelle Drina, ce que les gens du pays nous ont tous donné comme la Piva. Tous les iSlaves sont aussi d'accord pour placer le couvenf de Piva au pied du Dormitor et non pas de l'Oubli, Evidemment Mr. Kiepert ne se rappelle pas l'habitude des Slaves, des Albanais et des Orientaux en général de donner divers noms à un cours d'eau, qui n'eupor-terait qu'un en Europe, ainsi par exemple les sources du Rhin ou du Rhône ne seraient point pour eux ni le Rhin, ni le Rhône, ') Jxmka signifie en slave un pré" situé le long d'un cours d'eau, de là le nom de Banjalouka, le pré du bain etc. mais bien des cours d'eau particuliers formés par certains torrens et ces fleuves ne commenceraient pour eux qu'à un certain point de leurs cours. Nous allons avoir un exemple parfait de ce genre dans les sources de la Tara. Le cours inférieur de la Piva est évidemment du S. E. au N. 0. dans une vallée longitudinale comme la Tara, mais son débouché n'est effectué que par une petite fente dirigée presque du S. au N., d'où résulte, surtout à environ 800 p. de h. abs. (?), le singulier voisinage du confluent des trois rivières de la Tara, de la Piva et de la Soutschésa (Soutschéva). Entre le district de Drobniak , la Tara et la Piva inférieure est la petite commune de Tzrkvitzé, qui n'est habitée que par des Slaves chrétiens, grecs ou mahométans. Si la Piva sort d'une vallée étroite bordée de montagnes blanchâtres de dolomie, la Tara plus à l'E. semble surgir d'un souterrain, tant est profond son lit et tant sont hautes les murailles alluviales, qui l'encaissent. Ce dernier* accident y indiquant un ancien lac, donne lieu à quelques cascades. La barrière du lac aurait été entre Fotscha et Goreschda ou même plus bas. La Tara coule entre le Lioubitschnia et un prolongement N. O. du Groubstitza, qui sépare le très petit bassin ou la plaine de Jézéro du canton de Drobniak. C'est une rivière plus considérable que la Piva , qui coule comme la Drina presque du S. E. au N. O. Son fond ne formant qu'une ligne droite, la vue peut y pénétrer fort loin, l'eau occupe toute cette crevasse, tandis que des deux côtés la pente de la montagne ne présente qu'un seul plan incliné jusqu'à la petite bordure alluviale de la rivière. Cette vallée est fort, sauvage et toute boisée en chênes dans le bas et en hêtres dans le haut des montagnes, vers ces sources sont des forêts de sapins. Ces montagnes ont sur le côté oriental environ 2600 à 3000 p. d'élévation sur la vallée et encore davantage sur le côté opposé, mais leur hauteur augmente assez rapidement du N. O. au S. E., du moins depuis Jézéro et les environs du district de Drobniak, de manière qu'elles atteignent enfin au-delà S à 6000 p. avant le Kom. D'une autre part le lit de la partie inférieure de bt Tara étant assez incliné, les montagnes ont l'air au contraire de diminuer en hauteur du N.O. au 8 E. La Tara est formée par la réunion des eaux de la Bélitza, de la Margaritza ou Margarita et du Psigna. Ce dernier torrent est produit par les eaux de l'Opasaonitza et du Verouscha, le premier torrent 13 coulant du S. O. au N.E. et le second presque du S. au N; Leurs sources sont sous la cime du Kom, savoir au N. O. pour le premier et au N. pour le second. La Margaritza, qui se jette daûè le Psigna, vient du S. E. et de l'E., coule à l'O., puis elle tourne du S. S. O. au N. N. O. Enfin la Bélitza vient du S. E. , prend son origine dans un petit lac alpin et se réunit à la Margaritza. Cette dernière ainsi que la Bélitza ont leurs sources dans les mon-taones, oui .•-'étendent du Kom à l'E, vers Brdarova sur le Lim et qui sont séparées du Visitor et du Vilénitza par la vallée du Bed-schitza, où demeurent surtout les Vasoévi chi soumis aux Turcs. Sur la Tara on ne trouve qu'un seul grand village, savoir la Palanke de Kolasehina ou Kolaschin, qui est située comme environ Jézéro dans une petite plaine arrosée par un petit affluent de la Tara, C'est le point le plusN. O., auquel on trouve des Albanais. Les habitans de ces lieux sont en guerre continuelle avec les Va-soévitchi libres, et le défilé de Scanka au confluent du Psigna et de la Margaritza avec la Bélitzfi est le lieu fréquent de ces rencontres. La route pour aller à Piva continue à longer la Drina jusqu'à la Soutschésa qu'on passe à gué pour entrer de là dans la vallée de Piva ou bien gagner celle de la Tara et Kolaschin. Quand on veut aller à Gatzko, il faut remonter la vallée de Soutschésa ; comme ce serait un détour de plus de 21., si on voulait entrer dans cette dernière par son embouchure, on traverse la montagne, qui la sépare de la Drina. Ce passage s'opère en montant en zigzag dans la direction du S. 0.5° S. A la moitié de cette ascension assez pénible de 2 h. au milieu des bois on commence à marcher directement au S.O, et on trouve le haut d'un torrent se jetant dans la Drina. Une source est placée à propos dans ces lieux et servait à désaltérer à notre passage deux dames turques voyageant à cheval avec trois hommes armés. Les chênes disparaissent à ce niveau pour être remplacés par les hêtres entremêlés de quelques poiriers sauvages. Lorsqu'on a achevé la montée à 3800 p. de h. abs., on ap-perçoit encore au-dessus de soi des cimes 4 à 500 p. plus élevées et aussi boisées. La vue au S. est sauvage, mais grandiose. On domine le confluent de la Tara, de la Piva et de la Soutschésa avec son coude inférieur O.-E.eton voit ces rivières encaissées entre des montagnes à escarpemen et sommets rabattus de plus de 4200 p. de h. abs. La sortie de la Tara comme celle de la Piva est surtout pittoresque en offrant sur une grande échelle ce que les gorges supérieures des Alpes présentent souvent en petit. La muraille de rochers courant presque E. et O. se prolonge depuis l'entrée de ces vallées jusques sur le côté méridional de celle de la Soutschésa. En avançant au N. O. et commençant à descendre dans cette dernière, on est bien aise de revoir des habitations. Le fond de cette vallée recèle même le village de Schourava entouré de prés et de petits champs. Cette descente d'une grande heure se fait assez insensiblement en parcourant obliquement les pentes gazon-nées ou boisées de la vallée de la Soutschésa, qui court dans cette partie du N. O. au S. E. Ce n'est que quand on a atteint quelques maisons isolées appartenant au village cité, qu'on gagne plus rapidement les bords de la Soutschésa. Les habitans de ces lieux paraissent avoir beaucoup de bétail et de moutons. En remontant la Soutschésa sur sa rive occidentale, on arrive à une petite heure de Schourava à un point, où elle reçoit un grand torrent provenant duN.E., tandis qu'elle décrit un coude et coule presque N.-S. C'est dans cette portion de la vallée qu'est situé au milieu d'une petite pelouse ie Han isolé de Soutschésa, tandis que le village chrétien du même nom est caché à 1/i h. de là dans une gorge boisée au N. O. La position de cette auberge à 73/4 d'h. de Fotscha est extrêmement sauvage, mais offre des points de vue digne du pinceau d'un grand maître. A considérer cette vallée, on dirait que ce n'est qu'un cul de sac, tant les montagnes semblent barrer le passage de tous les côtés, excepté de celui du N. E. Au N. s'élèvent au-dessus des contreforts boisés les sommités calcaires énormément bosselées ou crénelées et nues de la montagne de Preskavatz (au-delà de 0000 p.), tandis que sur son prolongement K.E.-S. O. se trouvent au S. la série de pics entremêlés de neige du Soutschmska-Planina, qui mériterait ajuste titre celui d'une Sierra ou Scie, ce que les Slaves rendent par le mot caractéristique de Kosa, chevelure. Ces dernières sommités, rappelant les formes pyramidales du I ïormitor et des dolomies du Tyrol, doivent avoir de 0 à 7000 p. ou s'élèvent à 5000 à 6000 p. sur la vallée, qui serait à un niveau peu supérieur à mille pieds (?). La Soutschésa reçoit un torrent descendant du milieu du Preskavatzka-Planina, qui a en petit la forme du Kom, c'est-à-dire qu'il est composé de deux sommets crénelés avec une échancrure assez étroite au milieu. Deux autres tor- 13 ** rens, l'un venant du N.O. et l'autre du S.O., viennent aussi grossir la Soutschésa. Le Soutsehinska-Han n'est qu'une petite écurie bâtie en pierres, au-dessus de laquelle il y a trois chambres, dont l'une sert à l'aubergiste et dans le corridor se trouve le seul foyer de la maison. A notre passage l'aubergiste, un bosniaque Chrétien, se faisait aider par un vieillard à barbe blanche, qui prétendait être centenaire. Il avait aussi un Albanais guégue armé d'un fusil et dans ses sales vêtemens de drap une fois blanchâtre. Il nous raconta qu'il était de Kolaschin et en tournée de brigandages contre les Monténégrins ; sans s'inquiéter de la nuit cet homme partit pour coucher à la belle étoile. L'aubergiste de son côté dut aller jusqu'au village pour chercher ce dont nous avions besoin pour nous et nos chevaux. Sans ce Han la route de Fotscha à Gatzko exigerait qu'on prit des provisions avec soi; car on ne trouve rien ailleurs. Après cette auberge on remonte la rivière au S. et on la passe à V2 h. de là, avant qu'elle dérive un coude à l'O. au milieu de murailles de rochers. On monte alors péniblement par des sentiers tournans au milieu d'une forêt de hêtres, qui indique déjà plus de 2000 p. de hauteur. Puis on franchit avec quelque difficulté un véritable petit mur de rochers calcaires. De tous côtés les pentes des montagnes ne présentent que des boÎB touffus, par-dessus lesquelles s'élèvent quelques pyramides de rochers nuds, gris ou blanchâtres de Dolomie. A s/4 d'h. du Han la Soutschésa reçoit un grand torrent, qui vient du S. O., et elle-même remonte au N. O. et plus haut du S. au N., en parcourant un canal très étroit et bordé de rochers. Pour se rendre dans ce dernier, on descend des hautes pentes, sur lesquelles on est parvenu au N.O. pendant \1/2 h. Puis les rochers obligent de passer trois fois la Soutschésa, qui n'y est plus qu'un torrent assez profond d'eau claire verdâtre. Cette partie de la vallée est bordée de pics dolomitiques blanchâtres, entre lesquels on apperçoit des sapins. On ne peut guère donner à ces cimes moins de 3 à 4000 p. d'élévation au-dessus de la Soutschésa. Ce canal rappelle certaines parties de la descente méridionale du Simplon par ses escarpemens pittoresques. Un des plus beaux peut avoir 7 à 800 p. de haut et se trouve dans l'endroit, ou le tor- rent reprend son cours du N. E. au S.O., pour revenir plus loin à celui du N. au S. On est alors arrivé au point, où le torrent franchit la chaîne calcaire par une fente transversale ayant une direction générale O.-E. avec des déviations au S. O. La route continue toujours au milieu d'une forêt touffue de hêtres. Nous étions occupés à prendre nos notes, quand le Tartare nous pria de cesser et d'accélérer notre marche, parce qu'il avait apperçu trois hommes. Nous passâmes bientôt à côté de ces personnages suspects, qui avaient l'air d'être des Kiradgis et se tenaient debout avec leurs armes à côté de leurs chevaux. Bientôt après nous atteignîmes un pont en bois jeté sur la Soutschésa, en deçà duquel est un Karaoul et le Tartare nous déclara que tout danger avait cessé. Il espérait que le poste pourrait nous donner un gendarme, pour nous escorter jusqu'à Gatzko, mais il n'y avait qu'un seul homme dans ce Karaoul, de manière qu'il fallut s'en passer et se contenter de la société d'un voyageur turc de Verba, qui se rendait tout seul chez lui, en ayant toutefois à opposer de bonnes armes aux brigands monténégrins. A l'O. du Karaoul, qui est à du Han de Soutschésa, se trouve à l/4 d'h. un défilé tout-à-fait particulier. La fente O.-E., qui a donné passage au torrent, n'est plus qu'une crevasse ayant une soixantaine de pieds de largeur et occupée entièrement parle cours d'eau, tandis que ses bords sont des murailles verticales de calcaire, qui ont de 800 à 1000 p. de hauteur. Sur le côté S. E. e3t la muraille la plus basse, une petite plate-forme la surmonte et supporte les ruines de l'ancien château serbe de Piritor ou Pir-litor. Des deux côtés une série de pyramides dolomitiques ferment hermétiquement le passage à une grande élévation. Il fallait donc se jeter dans le lit du torrent, pour sortir de cette gaîne ou creuser le roc à côté, c'est ce dernier parti qu'on a pris et cela fort anciennement, car ce travail d'une vingtaine de toises paraît avoir été fait avec la pique. La route juste assez large et assez haute pour un cheval, n'est qu'une excavation dans le rocher au N. du torrent et toute la muraille surplombe la tête des voyageurs. Au sortir du défilé on se trouve au pied occidental d'énormes escarpemens, tandis qu'à l'O. ne s'élèvent que des montagnes boisées à pentes plus douces, parce qu'elles sont schisteuses au lieu d'être calcaires. La Soutschésa coule encore de l'O. à l'E. et on s'éloigne de ses borda, pour gravir en zigzag une hauteur qu'on atteint au bout d'une petite demi-heure. Depuis là on va réjoindre les pentes bordant la Soutschésa au moyen d'une route rendue extrêmement boueuse par un sol argileux et l'épaisseur de la forêt. La Soutschésa décrit plus loin un grand coude et coule du S. et S. S. O. au N. et N. N. 0. On la traverse à gué et en la longeant on atteint un pré au confluent d'un petit torrent, qui vient du N. O. et paraît résulter de deux ruisseaux, l'un venant du N. O. et l'autre du N. E. Ce lieu nous parut favorable, pour laisser souffler nos bêtes et les faire paître pendant que nous faisions notre dîner champêtre au milieu de cette nature totalement agreste. La tête véritable de la Soutschésa est au S. S. O. et se traverse à quelque distance de ce lieu. On voit alors que cette rivière prend sa source encore assez loin au S. à 3 ou 4 1. du pré en question dans les cimes liant le mont Volojak avec le Voin et le Dormitor. En commençant à quitter la vallée de la Soutschésa, pour se porter au S. O., on observe qu'elle reçoit un assez grand torrent venant de l'O. et coulant O.-E. Puis on a une ascension en zigzag de 1 '/4 d'h. à travers des forêts de hêtres , pour atteindre la plate-forme de Tschemerno (amer). Ce nom, comme celui de Tschermernitza près de Grachovo, caractérise bien ce lieu des combats incessans entre les Monténégrins et les Turcs. Ce plateau ondulé est occupé par des prairies alpines avec des Gentianes etc., au milieu desquelles est un Karaoul. Il forme au S. un véritable triangle entre la crête très dentelée du Volojak à l'E. et la montagne du Léberschnik à l'O., car celle-ci court du N. O. au SE., tandis que le Volojak vadu N. E. au S.O. et n'est qu'une arête parallèle au Preskavatzka-Planina et au Soutschinska-Pla-nina. Depuis ces hauteurs l'échancrure du Pirlitor avec l'étroite fente au fond fait un effet tout particulier au milieu de cette rangée de pics. Au pied occidental du Volojak coule le torrent supérieur de la Soutschésa et on apperçoit aussi distinctement que, si sa source est au S. O. , celle de son premier grand affluent est au S. E. du Tschemerno-Karaoul dans un profond vallon , bifurqué dans le haut. Si le Volojak est escarpé et une série de pointes nues entremêlées de quelques sapins, le Léberschnik est déboisé, composé d'une multitude de couches minces et coupé à pic, en n'ayant qu'un sommet en dos d'âne. Entre les extrémités méridionales de ces deux arêtes se trouve une petite montagne à deux sommets composée des mêmes couches que le Lébersrhnik, et en avançant vers le col ent e le Volojak et le mont intermédiaire ou vers les sources de la Soutschesa on apperçoit déjà, à V2 h. au S, du Tschermerno-Karaoul, les cimes pyramidales du Dormitor, qui n'est qu'une continuation du Soutschinska-Planina, taudis que le Voin est celle du Volojak. Au N. duTschemerno-Karaoul il n'y a pas de si hautes montagnes, mais simplement une série de sommets boisés en hêtres. Elles forment en partie la suite du mont Léberschnik et en partie elles continuent à border la chaîne des cimes acérées ou des aiguilles dolomitiques , qui paraît se prolonger jusqu'au-delà de Koo-nitza, en s'abaissant toutefois considérablement surtout à l'E. de Tartarovitch, de Névésign et de Batievitchi. Le plateau de Tschemerno est une hauteur de 3800 à 4000 p. Le Léberschnik a 1000 p. au moins de plus et le Volojak même 1800 à 2000 p. plus ou au-delà de 6000 p. de h. abs. Pour gagner Verba , il faut franchir l'extrémité basse septentrionale du Léberschnik, ce qu'on fait en une demi-heure. Dès qu'on passe le col, on voit, au-dessous de soi au N.O. la vallée profonde et assez large de Verba (saule) avec le torrent et le village du même nom. Ce cours d'eau coule au S-O. Les montagnes élevées restent au N. O. et on n'observe à PO. de Verba d'assez grandes montagnes que précisément à l'occident dans la direction de Gloubigné et de Stolatz. Quoiqu'à contours assez doux la pointe la plus élevée de ces dernières peut bien avoir 1800 p. sur la plaine déjà haute de Gatzko. Au S. O. et à TO. N. O. au contraire l'horizon n'est borné que par de très basses cimes. Pour aller à Gatzko, on ne cesse de descendre depuis les hauteurs au-dessus de Verba. On parcourt d'abord pendant une heure une pente fort inclinée, en se dirigeant presqu'au S. ou S.Sà80O. On voyage ensuite sur un plateau bosselé totalement déboisé et tras versé sous forme de remparts par des rochers pro-éminens et rangés sur des lignes N.O.-S.E. Les couches argileuses ou les plus tendres se sont désaggrégées, les eaux pluviales ont enlevé ces parties terreuses et il n'est resté que les masses plus dures. Ce genre de décomposition paraît s'étendre depuis ce plateau dans le Monténégro et se revoit entre Gatzko et Nikschi- tebi, ainsi que dans la Nahie de Katoun dans le Monténégro. Il a donné lieu à de fausses indications de murs ruinés. A 1 1. du pied occidental du Léberschnik on traverse un petit cours d'eau se portant de l'E. à l'O. et on marche au S. 10 °0. toujours entre les mêmes remparts crénelés et élevés au-dessus du sol de 3 à 6 ou 8 p., de manière qu'on peut aisément s'y cacher et y attendre ses ennemis. Les paysans rencontrés en agissaient de même et ne nous laissaient voir que leur Fess. Plus loin on rencontre un second petit torrent, qui vient du S. E. et est formé par la réunion de deux ruisseaux qu'on traverse aussi. L'un coule de l'E. à l'O. et l'autre du S.E. auN.O. En montant après cela un peu, on se trouve déjà à Gatzko, quoiqu'à une petite heure de la résidence de l'Agha, car Gatzko ou Gatzka (t. Gatzika) n'est pas un bourg ni un village, mais le nom d'un petit district d'environ 2 1. de diamètre, dans lequel se trouve épars près d'un millier de maisons. Chaque famille s'efforce autant que possible de s'isoler et suivant le nombre de ses membres, elle occupe une, deux ou six maisons groupées ensemble. Cette manière de disposer ses habitations vient autant de la coutume cle la vengeance pour la moindre offense que du mélange des Chrétiens grecs et des Musulmans. Gatzko est en un mot ce que sont dans le Monténégro le plus grand nombre des villages et même Cetigné. Ainsi si dans ce dernier endroit le couvent de St.-Pierre, l'habitation de l'évêque, la maison du sénat monténégrin et l'auberge apparaissent isolés dans le fond verdoyant d'un bassin de montagnes, de même la tour d'Is-maël-Bég et 5 ou 6 maisons voisines occupent la place , où les cartes indiquent le bourg de Gatzko. Il en est de même pour la grande doline du Joupa- (JKyna) Gratschanitza ou de Nik-sçhitchi et pour celle de Grachovo (de Gracli, haricot) avec leurs palan que s. Après avoir passé un petit plateau et avoir laissé quelques maisons à gauche à distance, on se dirige au S. O. et on arrive enfin en vue de la tour du Bcg Ismaël, le chef de l'endroit. Elle est située au pied de la descente sur la rive méridionale du torrent du Mouschitza-Kieka, qui sort au N. O. en masse d'une fente dans les rochers et coule ensuite de l'E. à l'O. pour aller s'engouffrer en deçà de la plaine de Gatzko. Comme les 5 à 6 maisons vis-à-vis de la tour sur le bord nord du torrent n'offrent pas d'auberge, nous nous dirigeâmes sur l'habitation du Beg pour lui demander l'hospitalité. Nous le trouvâmes accroupi sur l'herbe et contemplant depuis la berge une digue, qu'il faisait construire pour un moulin. Le Tartare s'approcha de lui pour l'aviser de notre arrivée et nous sans nous arrêter, nous ffaenâines son logis. La tour (Koula) de ce Seigneur consistait en quelques bâ-timens dans un enclos de murs. La porte d'entrée ressemblait tout-à-fait à celle d'une métairie et se fermait comme ces dernières avec une traverse de bois. En entrant dans la cour, le bâtiment carré en pierres ou la tour du châtelain était à gauche et vis-à-vis étaient les écuries avec quelques pièces au premier. Un autre bâtiment était réservé au Harem du Beg. Enfin à côté des écuries était une petite boutique, où se vendait tout ce que les hommes et les femmes de ce pays peuvent désirer v). Gatzko n'offre comme Drobniak et d'autres villages monténégrins que de bonnes maisons toutes en pierre de taille sans poutres de bois dans les murailles comme en Turquie. Les toits des maisons sont couverts en dalles de pierre ou en planches. Un bon nombre sont à un étage et ont au rez-de-chaussée une entrée voûtée, mais en général il n'y a guère de fenêtres dans le bas et même celles de l'étage supérieur sont peu larges mais disposées symétriquement. Rarement il y a même des maisons de deux étages. L'éducation des bestiaux paraît être l'occupation principale des habitans de ce district, où il ne croît que peu d'orge et ') A peine arrivés dans la cour nous fûmes l'objet des remarques malignes, et même méchantes d'un tas de petits garçons en partie armés, habillés moitié à la bosniaque, moitié comme les Monténégrins. Il y en eut, qui criaient qu'il fallait nous fusiller tous. Nos chapeaux, qu'ils n'avaient jamais vus, les offusquaient singulièrement. Les gens du Beg ne firent que sourire à ce tapage et nous installèrent sur un bon tapis dans ie divan sur l'écurie. Les premiers employés du Beg vinrent nous rendre visite et nous apprirent que, si leur maître ne buvait pas du vin, il se faisait un plaisir d'en tenir pour les étrangers. Un déserteur slovaque au service du Beg vint ensuite nous ennuyer prétendant savoir l'allemand et être notre compatriote. Enfin la soirée se termina par un souper tel que nous n'en avions tâté depuis longtemps et fut assaisonné de raisins et de vin excellent de Mostar. L'étiquette ne nous permit que le lendemain d'aller remercier notre hôte, qui nous parut un Herzégovinien plein de vie et de gaieté. Il nous donna divers renscignemens et nous promit que son Tartare, partant pour la même destination, nous accompagnerait. Un pourboire aux domestiques et une poignée de tabac de Janina au Beg de la part de notre Courier, furent tout ce que nous coûta cette nuit excellente, quoique nous fussions six personne» et sept chevaux. de légumes. Les attelages dans ce pays semblent se faire pres-qu'uniquement avec des bœufs. Ainsi nous rencontrâmes un char-riot de fourrages attelés de dix bœufs. La plaine totalement déboisée de Gatzko a 11. de large de l'E. à l'O. et 2 à 3 1. de long du N. O. au S. E., elle se prolonge en cul de sac sans eau dans la direction de Drobniak, tandis que le Mouschitza-Rieka la traverse en biais de l'E.S.E. à l'O. N. O. et qu'un autre cours d'eau, appelé Raschlétitza, existe sur le côté occidental de la plaine. Nous ne sommes pas sûrs, si ces deux torrens se réunissent, mais cela est probable et le dernier s'engouffre au N. O. après avoir coulé pendant un certain espace entre des petits coteaux. D'après les gens du pays l'eau de Gatzko s'engouffre à 3 h: de la Tour du Beg, pour ne reparaître qu'à 5 ou 6 1. de là au N. E. de Tré-bigné. La plaine verdoyante de Gatzko est à une élévation d'environ 2500 à 2800 p. Pendant sept mois de l'année ce plateau présente de la neige, c'est-à-dire depuis le jour de St.-Démétrius, notre 7 novembre, jusques en juin. L'orge ne s'y coupe que vers le 10 au 15 septembre, et la température moyenne ne paraît être que 5°. Ce qui contribue encore à abaisser la température de cette plaine, c'est son voisinage de hautes chaînes et son encaissement, car à l'E. elle est dominée par un bas plateau et le haut Léberschnik ; à l'O. et au S.O. elle est séparée de celles de Korito et de Nikschitchi par -les petites hauteurs de 300 à 400 p., qui tout-à-fait au S. O. atteignent 800 p. dans le mont Sohisman et au N. O. il y a de plus grandes montagnes, de manière que l'influence du voisinage de la mer n'y est guère sensible. La crête occidentale de la plaine de Gatzko court du N. O. au S. E. parallèlement au prolongement du Léberschnik. La dénomination de Lioubomir, étant un nom slave, peut bien appartenir réellement à la sommité plus élevée au N. O., quoique nous ne puissions pas l'assurer. Sur le côté oriental de la plaine de Gatzko la pente du plateau supporte une bonne partie des habitations de ce district. Un village de Métochia de 30 à 40 maisons existe encore dans ce district. Entre la plaine de Gatzko et le Monténégro se trouve le canton de Drobniak (le Drobniasche des cartes), qui a appartenu quelquefois à ce dernier pays, mais il est rentré depuis quelques années sous l'autorité du Pascha d'Herzégovine, parce que la montagne dTvnitza ou le Rsatscha sépare Drobniak du canton monténégrin de la haute Moratscha et que sa défense en devient difficile surtout en hiver. Les habitans de Drobniak, continuant de reconnaître l'évoque du Monténégro pour leur chef spirituel, se sont soumis à la capitation sans pourtant permettre qu'aucun Turc ne réside parmi eux. Chaque année le Beg de Gatzko va ou envoyé recevoir le Haratsch, et un Knes du lieu régit du reste cette petite communauté florissante et ayant beaucoup de chevaux et de bétail Le canton ou cul de sac de Drobniak, entre les aiguilles do-lomitiques du Voin et du Dormitor, est à 12 h. de Gatzko en deçà d'un col entre le Voin et Loukavtzi , auquel conduit une assez large vallée, occupée uniquement comme le fond du bassin de Gatzko par une prairie. On y trouve le hameau de Bresna. Mr. Kiepert y figure, je ne sais sur quelle autorité, une portion de cours d'eau, qui s'engouffre. Il peut avoir raison. Le canton de Drobniak, arrosé par la Touschoumlia, la Boukovitza et la Piva, recèle quelques centaines de bonnes habitations en pierre, éparses ou réunies comme celles de Gatzko. Le noyer n'y croît pas à cause de la position rehaussée, qui doit être au moins égale à celle de Gatzko. On y élève assez de chevaux. Il communique avec la grande cavité de Nikschitchi ou du Zeta par un col entre le Loukavtzi, l'Oubli et la plate-forme de Joupa. La communication entre la plaine de Gatzko et celle de Nikschitchi a lieu par un col entre les petites cimes de montagnes du Schisman et du Sla-Gora d'après mes renseignemens. Mr. le Colonel Karaczay paraît avoir assez bien figuré cette do-line de forme triangulaire, au milieu de laquelle est placé sur une petite hauteur la palanque ou le petit fort de Nikschitchi, tandis qu'à son pied coule le Gratschanitza, qui vient de l'E. et du S. E. et afflue dans le Zeta. Ce dernier prend ses sources dans la partie septentrionale de la cavité au pied du mont Schisman et se réunit au Matitza formé par le cours d'eau de ce nom et le Mos-tanitza, qui tous deux s'écoulent dans l'étang de Kroupatz, situé à PO. de Nikschitchi au pied de Sla-Gora. Ce dernier est plus ou moins rempli suivant la saison, et est alimenté par des sources cachées. Le Zeta reçoit encore le Stoudenatz (froid) ainsi qu'un autre affluent, et va s'engouffrer à l'E. sous la montagne calcaire du Planinitza pour ne reparaître que dans le Monténégro au N.N.O. du couvent d'Ostmg. Cette quantité d'eau dans cette cavité pro- vient évidemment du voisinage des hautes chaînes calcaires et dolomitiques au N. E. Pour se rendre de Gatzko à Raguse, il faut franchir la crête, qui s'étend du mont Lioubomir à l'O. de Gatzko au Sla-Gora au S. de ce lieu, et on passe par un baa col dans la cavité sèche un peu plus élevée du Kreschna-Korita (bassin pierreux en forme d'auge), où se trouve le mont Kobila-Glava (tête de jument). Ine autre crête voisine est celle de Roudina, Sur toute cette route le pays est dénudé de bois, rocailleux dans les parties élevées et offrant des prairies dans les concavités. Le Bijéla-Gora est entre Grachovo, Krivotschie, Korjénik et Trébinié. Depuis là on ganne Klobouk et on descend dans la vallée du Trébinschtitza (t. Trébentdsché), qui parcourt en partie une longue vallée longitudinale courant surtout N.O.-S.E. Dans ce genre sont aussi celles de Gatzko, de Graovo, de Koinsko et du Boukostak près de Lioubinié, ainsi que les lacs de Scoutari et d'Ochrida, tandis que les cavités de Nikschitchi et de Zagaratsch dans le Monténégro, coupant la direction des chaînes à angle droit, ne sont vraiment que des entonnoirs d'écroulement sur une grande échelle, comme les baies de Cattaro ou le golfe de Volo. Au N. de Trébinié est le Gliva-Planina avec le mont Léoutar. Au S. du même bourg le Trébinschtitza forme suivant les saisons un lac ou marais plus ou moins grand, en même temps que son cours ultérieur dans le Popovopolié se termine par un second lac, dont les eaux ont un écoulement caché. Nous ignorons, si ce cours d'eau est continu, comme les cartes l'indiquent, ou interrompu ça et là, comme celui entre Gatzko et la véritable Narenta toujours pleine d'eau. Trébinié était une ville importante sous les premiers rois serbes. Bon nombre de ses habitans sont musulmans, mais à présent elle est bien plus petite que Mostar. Depuis là on n'a plus qu'une crête calcaire peu élevée à franchir pour descendre à Raguse, En prenant la route de Gatzko à Névésign, on marche du S. au N. dans la plaine au pied des hauteurs et des maisons de Gatzko. On y remarque d'abord une église grecque avec un cimetière, où il y a des tombes très anciennes sous la forme d'énormes plaques très épaisses et quelquefois ressemblant à des cercueils. A 1 1. de la tour dTsmaël il y a même un petit Tumulus, ce qui confirme que les Romains ont eu des habitations dans ces lieux, d'où une route se rendait à Risano par Nikschitchi. Plus loin on observe quelques maisons musulmanes avec une petite mosquée à minaret et ensuite on apperçoit encore ça et là des maisons isolées, en particulier à il. de la tour d'Ismaël sont une autre tour et deux églises grecques. On passe à 11/2 1, du Koula le premier torrent rencontré sur la plate-forme entre celui de Verba et Gatzko. Il traverse le petit plateau dans un lit assez tortueux et a l'air de couler au N. E., où il se perd, dit-on, en terre. À y2l.de là on franchit un second ruisseau coulant au N. et à 1/2 1. plus loin un troisième se dirigeant au N. E. Entre ces deux derniers cours d'eau quelques maisons éparses restent à gauche et font encore partie de Gatzko. On voyage alors entre de petites éminences calcaires, au N. 0. desquelles il y a un vallon, où on nous dit qu'une eau s'engouffrait et qu'elle venait de Gatzko. Nous n'étions qu'à environ un quart de lieue à l'E. de ce gouffre ou.Ponor des Slaves. Personne ne put rien nous dire sur le lac marqué sur les cartes et appelé, dit-on, Dobritza. (Voyez Voyage de Mr. Pou-queville. Vol. 3, pag. 178.) Il n'existe pas du tout et ne consiste en été que dans une très petite mare, dont nous parlerons plus tard. Enfin sans monter aucunement, nous entrâmes dans une petite gorge entourée de rochers calcaires et décrivant de petits contours. Aucun ruisseau ne s'y observe, quoiqu'on y voie les traces d'un petit torrent et qu'on ne fait que descendre insensiblement, en continuant de marcher dans ce singulier vallon. Plus on y avance, plus il devient évident qu'on se trouve dans l'ancien canal d'écoulement des eaux du lac, qui couvrait une fois toute la plaine de Gatzko. La chose est tellement claire que nos domestiques même commencèrent à jaser géologie et discutèrent, si cela avait eu lieu depuis ou avant le déluge. La plaine de Gatzko tout-à-fait plate, couverte de terre alluviale et entourée de terrasses ne peut avoir pris ses formes actuelles qu'en conséquence d'avoir été le fond d'une vaste nappe d'eau. Probablement plus tard cette dernière aura trouvé à s'écouler par des canaux souterrains à la suite de tremblemens de terre ou de la destruction des matières, qui obstruaient peut-être ces conduits. Dans le haut de ce vallon décrivant sans cesse des contours au N.O. et au N.E., on ne remarque pas de lit de torrent, mais l'eau, paraissant avoir occupé toute sa largeur, n'a laissé que des traces de sa hauteur sur les côtés et quelques blocs dans le fond. Plus loin il n'en est plus ainsi, car il y a un lit à sec bien visible, qui se prolonge jusqu'au-delà de Dobropolie, hameau composé de maisons éparses situées en partie sur les hauteurs à 3'/4 d'h. de la tour d'Ismaël. Alors on a déjà suivi le vallon pendant 3/4 d'h. A côté de son fond verdoyant de petits bocages couvrent ça et là les montagnes de 2 ou 300 p., qui le bordent. Il est possible que cette partie de la cavité offre de l'eau pendant l'hiver, car plus loin c'est le cas et on voit môme l'endroit, où. un petit torrent venant du N., quoiqu'à sec en été, s'engouffre en hiver sur le côté oriental au pied d'un rocher. A notre passage il n'y avait au-devant de cet entonnoir qu'une très petite mare avec quelques roseaux. En hiver ou au printemps cet étang est plus grand, sans pour cela se changer en lac à juger d'après la nature de ses alentours '). Cependant plus loin on observe une route ancienne tracée sur les rochers calcaires, ce qui indique qu'une fois l'eau était assez haute, pour nécessiter l'établissement de ce chemin sur cette petite corniche. Une fois qu'on a passé l'origine du cours d'eau ci-dessus mentionné, on arrive aux sources d'un autre, où nous trouvâmes de l'eau et que nous suivîmes pendant 1 */2 h. Ce torrent porte le nom de Voïnitza et montre par ses eaux assez courantes qu'on descend toujours sans s'en appercevoir. Il faut le franchir plusieurs fois avant d'atteindre l'endroit, où il s'engouffre et qui s'appelle Daloutska-Voda. L'eau se déversant en cascade dans le trou de3 rochers, on y a pu établir un moulin comme à Hella près de Janina. Lorsque l'eau est très abondante, le conduit souterrain ne peut la recevoir toute, et une partie est obligée de continuer à descendre la vallée et l'orme une véritable rivière. Mais en été on ne voit en deçà de ce gouffre situé sur le côté nord du vallon que le lit sec d'un torrent et ce n'est qu'à Kitina, à 1 1. àl'E. de Névésign, que ces eaux ressortent de terre et contribuent à former la Narenta avec deux autres cours d'eau du plateau à l'E. deNé-vésign. Tout le long du Voïnitza la vallée est bordée surtout de rochers calcaires en partie désaggrégés et blanchâtres ou décomposés en masses bizarres, mais en deçà du gouffre les pentes des montagnes sont plus boisées et la vallée décrit un grand con- •) Serait-ce là le lac de Dobritza, dont parle Mr. Pouqueville dans son voyage? tour au S. O., puis au N. E, et ensuite de nouveau au S., pour reprendre sa direction générale au N. O. sous la forme d'un long canal. Lorsqu'elle commence à décrire de nouveau des contours au N. E., on la quitte pour monter auN. O. sur la montagne, où se trouve Salem-Palanka. ') La montée d'une demi-heure de Salem-Palanka est une route pavée en partie en larges escaliers, ouvrage probablement ancien. Elle décrit un contour, en se dirigeant d'abord au N., puis au N. O. Salem-Palanka ou Tartarovitch a du être une fois un petit bourg, maintenant on n'y voit plus qu'une tour ou Koula pour un Karaoul, une petite mosquée avec un minaret sans toiture et deux boutiques, où on vend, comme chez le Beg de Gatzko, toutes sortes d'étoffes, de ceintures et d'objets pour les femmes et les chevaux. Les Kavas trouvaient plus amusant de se tenir dans ce Bazar de nouveau genre que dans leur tour isolée. Salem-Palanka est placé sur un col de 2400 p. de h. abs. entre des cimes nues de 2 à 300 p. d'élévation. B domine la plate-forme ou la plaine, qui forme au N. O. le fond de la large vallée entre le pied de la montagne et celles derrière Névésign. Le col est à 4 à 500 p. sur la vallée, qui elle-même est environ à 1800 à 2000 p. d'élévation ou 5 à 600 p. sous celle de Gatzko et 4 à 500 p. sous celle de Nikschitchi. Elle est traversée du S. S. O. au N.N. E. par le lit encaissé d'un grand torrent, qui à sec en été vient de Tzrnitza et coule dans la Narenta. En descendant de Salem-Palanka à la plaine, on remarque quelques cerisiers et des pruniers. La partie orientale de la vallée est très pierreuse et stérile, mais la portion opposée est couverte de prairies, en deçà desquels Névésign, situé au N. O., fait un fort joli effet. Derrière ce bourg est un grand rideau de petites montagnes boisées, qui court presque N.-S. Le Velesch forme à l'O. ') Dans ces lieux nous rencontrâmes un Tartare, clans lequel l'habillement tout noir nous fit reconnaître un courier de Méhemed-Ali, vice-roi d'Egypte. Il était de Crête et venait de Mostar, où il avait été remettre au Visir, d'après son dire, des munitions de guerre arrivées par mer à Scoutari. Nous vîmes aussi sur cette même route des Kiradgis, conduisant du vin de Mostar, et une douzaine de marchands de raisins, qui achetaient à bon compte ces fruits à Mostar pour aller les revendre à Gatzko, à Drobniak et dans les hauteurs de la Bosnie méridionale. Nous nous serions étonnés de la quantité de ces transports, si nous n'avions pas connu le goût des habitans de la Turquie pour toute espèce de fruits. N. O. de Névésign la plus haute sommité pointue et ce n'est qu'un grand contrefort occidental et plus bas, qui s'étend vers Blagai et Mostar. Le nom deBatkovitchi (Batievitza des cartes?) est celui d'un village à 1 1. au N. E. de Névésign. Au moins les noms de Batievitza et de Lipeta pour des montagnes le long de la N aren ta me sont restés inconnus. Au N. et N, O. les montagnes de Ko-gnitza (ITvan-Planina) avec leurs cimes déchiquetées donnaient lieu à de belles vues et laissaient appercevoir distinctement le haut de la profonde et étroite échancrure, dont le fond est occupé par la Narenta (s. Néretva). La plaine de Névésign a 21. de largeur sur 41. de longueur; une fois passé ses bords rocailleux, on voyage comme à Gatzko dans le fond uni d'un ancien lac, qui s'est écoulé par un défilé dans le lit actuel de la Narenta. Au milieu des prairies se trouve un petit cours d'eau, qui porte le nom de Névésign et se rend au N. PI comme les autres affluens de la Narenta. Entre ce lieu et Névésign il y a de très faibles ondulations de terrain, où on revoit enfin des noyers. Nous eûmes la preuve patente du petit nombre de sources en été dans ce pays en rencontrant une femme occupée à puiser de l'eau pluviale sur la route. Elle nous dit qu'il fallait bien se contenter d'une eau si sale, puisque la source était à 1 1. de là. Névésign est encore une de ces bourgades, qui ne sont que le reste de ce qu'elles furent jadis, car on y observe trois mosquées à minaret et une tour à horloge, quoiqu'il n'y ait guère que 800 à 1000 habitans. Les maisons y sont en pierres mélangées de bois. L'Ayan n'y occupe qu'une assez misérable habitation, les rues sont sales et il n'a point d'auberges. L'Ayan ayant déjà du monde, il fallut nous nicher à la lettre dans une fenière au-dessus d'un misérable café. Dans tous nos voyages nous n'avions pas logé dans un endroit si mal propre. Comme il n'y avait pas de Han, l'Ayan fut assez poli, pour nous envoyer un souper, mais cela n'eut lieu que vers les dix heures, après que ses femmes eurent achevé leur repas. Le maître de poste du lieu fut pour nous un agréable rencontre, parce qu'il était natif de Kaisarieh en Asie mineure. Il nous confirma la grande élévation de la montagne isolée d'Ergias ou de TArgeus près de cette ville. Il connaissait aussi les mines d'écume de mer d'Akschair et Alagni près de Koniéh. Névésigné (HeBeciubC) est placé à environ 1800 p. de h. abs* entre une petite ondulation du terrain et le pied d'une montagne dépendant du Vélesch et s'élevant à 3 à 400 p. sur ce bourg. Dès qu'on en est sorti, on commence à monter jusqu'à ce qu'on soit parvenu à cette élévation, d'où on voit une cime plus élevée au N. On descend ensuite dans des bois de chênes en marchant à l'O. et on remonte de ce fond sur les hauteurs pendant urte demi-heure. Cette partie de la route a lieu au milieu d'une forêt de hêtres, où on remarque ça et là des bouts de pavé. Dans cette partie de la montagne portant le nom de Trousina et haute d'environ 2500 à 2700 p. se rencontrent les routes conduisant de Névésigné à Mo-star et à Stolatz. Ce dernier bourg est sur la Brigava au-dessus de son confluent avec le Kroupa entre les montagnes du Doubrava-Planina au N. O. et du Vidouscha à l'E. A 3 h. de Névésigné on a une vallée à l'O. et on parcourt au N. O. des plate-formes inclinées, formant la pente occidentale du mont Vélesch, dont les sommités restent à l'E. et atteignent 3200 p. Le roc calcaire y est tellenîent à nud et si plein de rugosités ou de trous qu'il en résulte un chemin très pénible à parcourir même à pieds. Il faut aller au pas, si on ne veut pas risquer de culbuter avec son cheval. Nous y rencontrâmes encore des Kiradgis chassant devant eux des chevaux chargés de paniers de raisins et accompagnés de quelques femmes du pays portant de grosses ceintures en cuivre jaune. La descente sur la Bouna est fort insensible et a lieu en se dirigeant au S.O., puis à l'O. et ensuite au N.O., d'où on va gagner un vallon, qui débouche sous le château de Blagaj. Au-dessous de 2000 p. de h. abs. les chênes remplacent les hêtres des hauteurs et on continue à parcourir pendant une heure des sentiers rocailleux entre des bocages jusqu'au moment, où on observe le manoir ducal de Blagaj perché au N. O. sur un roc. (Voyez ma Turquie, Vol. 2, pag. 378.) Alors commence la véritable descente, qui conduit rapidement le voyageur au milieu de la végétation méditerranéenne des grenadiers et des vignobles. Cette descente de plus d'une heure décrit un grand circuit à l'O., puis au S. O. pour revenir à la direction N. O. de Mostar. Au haut de cette pente, à 7 ou 800 p. sur la Bouna, des hal-liers d'Epine - Porte - Chapeau (Paliurus) et de Cylisus Laburnum se mêlent déjà aux petits chênes. Le sol se couvre de plantes 14 odoriférantes. On y observe des frênes (Fraxinus Ornus) et bientôt on atteint des grenadiers dans le fond de cette gorge boisée. La gaine sauvage, par laquelle on se rend de là au village de Blagaj, est pleine de ce dernier arbrisseau portant des fruits. Le torrent, qui y coule, est à sec en été. Plus on descend, plus le château de Blagaj a l'air élevé, mais on ne saisit bien son isolement, à 700 p. de h. abs. sur l'extrémité d'une crête de rochers entassés, que lorsqu'on a atteint les premiers maisons du village de Blaga,) 1). Blagaj est placé entre la Bouna et le pied septentrional des rochers du château, cela paraît avoir été un bourg de quelque conséquence , lorsque ce manoir était la résidence des ducs (doufcat) d'Herzégovine. Maintenant il est réduit à une trentaine de maisons bâties en pierres, mais on a établi parcontre une foule d'habitations sur toute la pente occidentale de la montagne qui s'étend du village à Mostar. De cette manière on peut dire qu'il a encore de 150 à 200 maisons. Tout ce pied des hauteurs pelées et calcaires est couvert de beaux vignobles et Blagaj lui-même en est environné. La Bouna coule au-devant du village, en ayant ses sources au S. E. sur le côté occidental de la crête du manoir. Elle y occupe le fond d'une gorge bordée d'escarpemens calcaires , d'où, elle arrive dans la plaine de Blagaj et de Mostar, elle y coule au N. O., puis tourne au S. O. et sort de ce bassin par un défilé comme la Narenta. Elle atteint cette dernière, après avoir reçu plus bas du S.E. la Bounitza. La plaine entre Blagaj et Mostar a 2 1. de longueur sur une lieue de largeur, elle est inculte et couverte ça et là de halliers d'Epine-Porte-Chapeau sur la rive orientale de la Narenta, mais elle est cultivée ou couverte de prairies sur le bord oppcsé. La Narenta n'y reçoit que l'eau du petit torrent de Radobolje, qui vient du N. O. et y afflue à peu de distance sous Mostar. Elle s'en échappe près d'Odbina, à 2 1. au S.O. de Mostar, par une fente au milieu de ) On non,1) y avait annonce une auberge, mais nous n'y trouvâmes que delà mauvaise eau et descendîmes jusques près de la Bouna. Dans ce lieu un cafetier turc a établi une treille de branches d'arbres, mais après un trajet si pénible de 6 h. nous sentions avoir hesoin de quelque chose de plus solide que du café, et nous nous rendîmes chez l'Agha pour lui demander à déjeûner. Ce monsieur nous reçut fort bien, nous fit monter dans son espèce, de mansarde et nous fit servir du lait, du fromage blanc et des raisins. montagnes de 4 à 500 p. de h. Ces deux défilés de la Narenta et de la Bouna entre ces sommets rabattus font un effet singulier. En deçà de ces canaux d'écoulement la Narenta reçoit la Bouna et la Ja-sénitza. Cette dernière décharge les eaux duMostarsko-Blato (marais de Mostar), qui, situé au N. E, du mont ïrtla, est formé par les eaux réunies du Litschitza et du Tzrnatz de Douvno venant du mont Vranitch et de celles du Brousovatscha ou du lac de Serin, L'étendue de ces lacs varie beaucoup suivant, les saisons. La Narenta continue à couler dans une vallée resserrée par d'assez basses montagnes, mais plus bas elle parcourt une vaste plaine entre Poschitel et Gaba ou vers les confluens du Trébischat coulant clans un sillon longitudinal et de la Brigava deStolatz venant duN. E. et grossie des eaux du Tzrnaglav et du Kroupa. Ces dernières sont aussi dans des sillons longitudinaux. Enfin la Narenta débouche dans la mer par une large Delta. Le fond plat et le sol alluvial du bassin de Blagaj et de Mo-star, à moins de 300 p. de h. abs., indiquent, clairement qu'un lac a occupé une fois cette cavité, qui remontait le long du lit actuel de la Narenta jusqu'au-delà de 3 1. ou vers les auberges au pied de la montagne du Pori m.- Maintenant la rivière sortant de longs défilés au lieu de traverser un lac, s'est creusée et continue à se frayer un lit au milieu des cailloux et des sables, qu'elle y a contribué à accumuler. Plus bas le lac et les marais de Blato semblent indiquer un second lac et un troisième existait, probablement au confluent de la Briffava et de la Narenta, où sont les marais d'Oulovo et le cours inférieur du Trébischat, parce que la chaîne côtière (Pomoria-Planina) de la Dalmatic était fermée à l'O. de Gaba, Toutes les montagnes dans cette direction ne sont que de basses hauteurs à sommets rabattus et très rocailleuses. Mostar est situé au N. 10 °0. de Blagaj. On voit une partie de la ville depuis ce village et on ne croirait pas qu'elle est à 2 1. de distance. Au milieu de la plaine inculte on observe une citerne ressemblant de loin à un tombeau, parce qu'elle n'a qu'un très petit trou et est couverte d'un carré en pierre. Mostar est placé dans un défilé bordé de rochers escarpés à l'O., tandis qu'à l'E. la montagne forme une pente rapide. Cette ville ne doit son origine qu'au poste que les Romains y établirent, et on y voit encore un pont romain d'une arche avec une.grosse tour carrée à chaque extrémité. On le dit un ouvrage de l'empereur Antonio ; grâce 14 * * aux Turcs on n'y trouve plus d'inscriptions. De là vient aussi le nom de Mostar ou Most-Stari, pont ancien. Il paraît que Mostar ne devint une ville considérable que depuis que Blagaj cessa d'être la résidence des ducs d'Herzégovine. Cette ville d'environ 8000 à 9000 âmes est précédée d'un vaste cimetière, où on remarque des tombeaux plus soignés qu'à l'ordinaire. Les rues sont pavées et une des principales traverse la ville en se tenant assez près de la Narenta, Dans le milieu de la ville cette rue garnie de boutiques forme le Bazar avec celles, qui aboutissent au pont. Le Konak du Visir est situé sur le penchant de la montagne et est entouré d'habitations. Mostar compte plus d'habitans mahométans que de chrétiens, aussi y a-t-il une dixaine de mosquées à minarets pour une seule église grecque. Dans les villages des environs le rapport est tout le contraire. Les habitans de Mostar s'occupent de la fabrication de couvertures grossières, de couteaux et d'armes. On y élève aussi des vers à soie et on s'occupe beaucoup de vignobles, parce que Mostar fournit le vin à une bonne partie de la Bosnie. On ne boit guère dans ce pays que du vin d'Herzégovine, de Novipazar ou de l'Escla-vonie autrichienne. Le climat de Mostar est fort chaud en été et ressemble sous ce rapport à celui de Scout ari, car on y est aussi abrité du vent du N. et N. E., mais s'il y a assez de fiévreux, c'est, plutôt par l'intempérance des habitans relativement à la quantité de cucurbitacées mangées qu'à cause de la nature de son air ou de ses eaux. ') ') Comme nous avions envoyé notre Tartarc demander un logement au Visir, nous nous rendîmes au Ilan des Tartarcs , oïi on étendit dans la cour un petit tapis, afin que nous puissions nous asseoir et y prendre commodément le café. A côté de cette cour était un petit carré planté de tournesols d'une hauteur prodigieuse. La porte de la cour ayant été laissée ouverte, assez, de curieux vinrent pour nous considérer. Enfin notre Tartare revint et nous conduisit dans le haut de la ville au-dessus du Konak chez le Kodgibaschi ou chef de la communauté chrétienne, Mr. Péro Tochitch Béroschiné. Cet homme à son aise nous reçut fort poliment et nous passâmes chez lui deux jours pleins d'agrément, llerzégovinien dans rame, il en avait tout l'enjouement et l'apropos des reparties; le gou/.lé et les livres do chansons ne manquaient pas plus chez lui que les tableaux saints. Son habitation est située au haut d'une ruelle si montante qu'on ne peut guère la descendre U cheval, et sa maison est dans une arrière-cour entre cour et jardin. Elle a deux étages et est entourée d'une galerie, d'où on domine une bonne partie de Mostar et de ses environs. On distinguait en particulier le village de Jasénitza. qui est situé sur la hauteur à droite de la Néretva avant Odbina. Mostar est en communication continuelle non-seulement avec Sérajevo, mais aussi avec Raguse, Gaba ou Gabella et Livno (s. Lijevno). Néanmoins si des Kiradgis parcourent sans cessa ces routes, elles seraient encore bien plus animées, si la Dalmatie n'était pas autrichienne ou si cette province ne faisait qu'une avec la Bosnie. La route de Gaba longe le bord gauche de la Narenta et traverse la Bouna au village de ce nom. La route de Raguse ne passe que par des petites montagnes en général très peu boisées, comme le Doubrava-Planina entre la Bouna et Stolatz. On peut aussi se rendre, dit-on, à Stolatz en suivant la rive occidentale de la Narenta et passant cette rivière près du confluent de la Bouna sur un pont antique de 14 arches. Le château de ce gros bourg est sur un rocher sur le bord S. de la Brigava et a été assiégé inutilement par le capitaine Hussein en 1830, parce qu'Ali-Pascha ne voulait pas le reconnaître comme Visir de Bosnie. La Brigava arrose une belle plaine fertile ou gazonnéc et reçoit plus bas que Stolatz le Kroupa, qui vient de l'E. du Vi-douscha-Planina. D'autres hauteurs se trouvent entre Stolatz et Lioubinie, mais ce ne sont que des bas contreforts des arêtes du Vidouscha et du Lioubimir; qui lient surtout le mont Vélesch à la crête entre Gatzko, Klobouk et Nikschitchi. Lioubinie est située dans une petite plaine verdoyante formant le fond d'une cavité longitudinale entre des montagnes, où Lo gouverneur d'alors était Ad-Pascha, qui a péri en 1850 victime de son antipathie contre les Turcs. C'était un patriote herzégovinien a sa manière, il préférait la langue bosniaque au turc et était ennemi des réformes du Sultan. Musulman rigide et Satrape un peu dans le genre du fameux Ali-Pascha de Janina, il était haï des Chrétiens; malgré cela il passait comme lui pour un Jounak ou héros, parce qu'il était national. Ce n'était point une âme vulgaire et fanée comme celle de plusieurs Paschas turcs, car son pays lui doit l'établissement des rizières dans les marais de la Narenta inférieure comme près d'OraovIie non loin de Lioubousehka, Cette innovation datait en 1838 de 6 ans. Le génie créateur d'Ali-làiseba se montrait aussi dans son Konak, il avait fait détruire les murailles et les grosses tours rondes de l'ancien château, pour se bâtir au milieu d'un grand enclos, entouré d'un nouveau mur, une habitation commode; on pouvait y aborder aisément en voiture et elle ressemblait assez aux nôtres, étant bâtie entre une grande cour et un grand jardin. Son Konak avait un vaste vestibule propre et des chambres à vitres. Son carosse était une berline un peu antique, il est vrai, mais indiquant au moins qu'une personne roulait en voiture dans ce pays. A côté de ces goûts européens on voyait encore sur le reste de la dernière tour ruinée une collection de têtes des Monténégrins sur des pointes de fer. l'eau du Boukostak sourdant de ces dernières rentre à peu de distance dans leur intérieur au N. O. de ce bourg. Une plus longue étendue de montagnes, nommée Gradina, existe entre Lioubinie et Slano, mais ce ne sont encore que de petites hauteurs la plupart dénudées et rocailleuses et le fond de la vallée du Trébinschtitza, où est situé Slano, est dans le genre de celui deNévésigné, c'est-à-dire une plaine entre des bords rocailleux avec de vastes prairies ou pâturages dans son milieu et surtout dans la direction de Popovo, Après Slano on traverse le Trébinschtitza. La route depuis ce pont jusqu'au haut de la crête sur la frontière dalmate est très pierreuse. A Postragné avec Bargat ou Bargato on entre sur le territoire Ragusnin et on n'a plus qu'à descendre jusqu'à cette ville. La route de Mostar à Livno va passer, au S. O. de la première ville, les hauteurs, qui séparent le bassin de Mostar du fond marécageux de Blato (marais) ou de Douvno. On remonte le cours du Litschitza du S.E.-N. O. Une fois sorti de cette cavité entourée de hauteurs assez dénudées, on parcourt un pays très bosselé avec des dolincs, où il y a quelquefois des petits cours d'eau, qui sortent d'un côté pour s'engouffrer de l'autre, comme chez le cas entre Rakitno et Boukovitza, Depuis là on peut gagner Livno en longeant le fond des vallons, qui s'étendent parallèlement à la chaîne dalmate du Prolok ou bien on se dirige vers Schoupanjatz par la cavité arrosée surtout par le Miliatzka, qui s'engouffre à l'O. Avant d'atteindre les montagnes plus élevées on serendàl'O. à Livno. Cette dernière route est surtout celle d'hiver, quand les bas fonds de Bogodo sont marécageux. Livno est placé dans une plaine au milieu d'un amphithéâtre de montagnes, où les cimes nues et rocailleuses du Prolok contrastent avec les séries des autres grandes montagnes en partie boisées, qui semblent les gradins d'un grand cirque. Livno, entouré de vieilles murailles, compte, dit-on, 4000 habitans en partie catholiques romains. *) ) Voyez l'ouvrage de Pertauiei'i .,Voyages en Bosnie. XXIV. g 12 f: A11 i i g DE R A G USE a SERA JE VO (BOSNA-SERA J) par MO STAR. Pour atteindre Mostar, il faut franchir quatre crêtes de hauteurs, qui sont disposées de manière à enclore des bassins ou de petites plaines, formant les endroits principaux, où la culture des terres peut avoir lieu, vu que le roc nud y est couvert assez de terre végétale et même quelquefois d'alluvions arénacées considérables. (Voyez Itinéraire 23.) La sortie septentrionale de Mostar a lieu à côté d'un vaste cimetière bien tenu , dans lequel on remarque beaucoup de tombeaux à turbans de Janissaires ou de formes tombées en désuétude. La rive septentrionale de laNarenta paraît présenter quelques cultures en deçà du défilé où est placé Mostar, et les habitations de ce côté sont entourées agréablement de touffes d'arbres. Sur le bord opposé on remarque des champs de maïs et de Sorgho. A 1 1. de la ville la route qui allait au N.E., tourne à l'E. et parcourt une contrée sauvage offrant un sol de cailloutages, couvert ça et là de halliers, où le grenadier est remplacé petit à petit par l'Epine-Porte-Chapeau. La Narenta est encore encaissée entre des murs de poudingues d'alluvion et il y afflue à 2 l/2 h. de Mostar un petit torrent, qui vient du S. E. Le hameau de Soutina (Sulina des cartes) paraît rester caché à droite, car on ne passe pas de village jusqu'aux trois Plans au pied du mont Borim. Lorsqu'on franchit le petit affluent de laNarenta, on voit que cette rivière sort au N. d'une longue gaine courant N.N.O.-S.S.E. et décrit un coude considérable de l'E. à l'O, avant de prendre à Mostar sa direction au 8. O. L'énorme détour, que la Narenta fait au N., semble bien indiqué dans les cartes, mais non pas tout-à-fait son coude avant Mostar. Il paraîtrait bien que les plus hautes sommités à l'O. du défilé N.-S. prennent le nom de Plotscha, tandis que celles à l'E, font partie du Porim. L'existence de la cavité de Korita dans la carte de Vienne est aussi assez probable. Dans cette partie resserrée de son cours la Narenta reçoit plusieurs affluens, dont les plus grands sont celui qui à l'O. de la Narenta coule de l'O. à l'E. de Dretschnitza à Jablanitza, et surtout celui de la Rama, qui se dirige du N.O.-S.E. dans un sillon parallèle à celui, que parcourt la Narenta entre Konjitza et Sovitch. La vallée de la Rama au pied sud du Radouscha est intéressante en ce qu'elle fait communiquer Mostar au moyen du col du mont Balé avec la cavité élevée de Koupresch (Keupris), qui est arrosée par la Bistritza, autre torrent qui se termine dans un gouffre. D'une autre part on peut aussi se rendre de Mostar à Voïnitza ou à Krschevo en longeant la Narenta et remontant par Bouliva un de ses affluens du N. E., qui sépare le Radouseha-Planina à l'O. des contreforts du Bitovnia? à l'E. Un col assez élevé entre cette dernière crête et le Zetz conduit dans une vallée courant du 8.S.E. au N.N.O., et dont j'ai vu le débouché dans la vallée de Voïnitza non loin de la ville de ce nom. Les trois Hans au pied du mont Porim sont placés à 480 p. de h. abs. sur la pente peu sensible et sauvage, qui y conduit. Le premier porte le nom de Podborim, le second celui de Bélo-polie-lfan (auberge du champ blanc). Un petit quart heure sépare ces deux auberges, au-dessus desquelles est une troisième. Nous nous logeâmes dans le Han musulman de Bélopolio, qui n'est autre chose qu'une bonne écurie avec une cour et un local pour l'aubergiste et ses provisions. D'après des tombeaux anciens, situés près de là, Bélopolic a dû être une fois au moins un village. Les montagnes boisées du Porim se lient à celles moins hautes, qui s'étendent vers Mostar et forment ainsi un cul de sac, qui offre un aspect sauvage. Entre les grosses cimes rabattues du Porim et celles ondulées au S. de Bélopolie s'élèvent deux sommets pointus, d'où semble sortir le torrent qui coule dans la Narenta et dont nous avons parlé. En s élevant au dessus des auberges au pied du Porim, on traverse des bocages de chênes et de Cmphius Betulus avec des vignes sauvages. La véritable montée du Porim a lieu presqu'en droite ligne à l'E. par un sentier décrivant de nombreux zigzags et tracé au haut dans les débris accumulés par un petit cours d'eau, qui n'existe qu'à la fonte des neiges. À 7 ou 800 p. au-dessus des auberges on rencontre au milieu des arbres précédens quelques beaux Acer Neapolitanus et on atteint la région des hêtres (Fagus sylvaiica), où se trouvent des Acer Plat.anoides. On est alors monté déjà pendant une heure et on n'a plus qu'une demi-heure pour atteindre le haut de l'échancrure du Porim ou Borim, où les Pins (Pinus Brucia Tenore) se mêlent aux hêtres. Cette montagne prend son nom de ces conifères, carie pin s'appelle en slave Bor. Ce premier col bas du Porim s'élève à 2780 p. de h. abs. Si on était monté dans une direction E.-O. vers la hauteur, on dévie ensuite au N.E., on atteint en deçà du col trois fontaines et marchant à l'E.N. E. on parcourt pendant une heure un bassin élevé triangulaire et déboisé, dont le côté N. court duN. N. E, au S. S.O. et le côté E. du N. E. au S. 0. Ses bords sont très pierreux, mais son fond est couvert de gazon et vers son milieu sur le côté N. se trouve à 2660 p. de h. abs. le Plan isolé de Zemlic-IIan, qui est à 3 h. de Pîélopolie et doit être une utile station par les neiges en hiver. En deçà se trouve une source ressemblant à certaines fontaines antiques sous forme d'un petit mur avec deux bouches. On remonte le bassin à TE. 25 °N, et on se trouve au pied de petites hauteurs couvertes de bouquets de hêtres. Dans une demi-heure on s'est élevé environ de 400 p. et on parcourt un terrain très rocailleux et déboisé, au milieu duquel il y a de nombreuses do-lines ou cavités sèches plus ou moins on entonnoir. Au milieu de ce désert élevé, d'au-moins 3400 p., se trouve les restes de très anciens cimetières probablement romains. Après être un peu descendu et avoir rencontré quelques bocages, on atteint une tour ou Koida. A la fin d'une descente très fatigante par un pavé démantelé on arrive à un Karaoul, ou au Han de Koula, à l'E. duquel sont, quelques maisons dépendantes du hameau de Lipété, situé au milieu de bois et de prairies. On a traversé alors la crête du Porim, car ses cimes d'au-moins 3800 p. de h. avec des pins restent à gauche, tandis qu'à droite on plonge dans la profondeur de la vallée de laNarenta bordée de pyramides dolo-ttiitiques blanchâtres. Au N. s'élèvent aussi de hautes sommités semblables. En deçà de Koula-Han on a une descente de lL d'h. par un sentier tournant et justement assez large pour un cheval. Il est établi dans une petite gorge au dépens d'un calcaire très friable. Après cela on parcourt une belle forêt de hêtres avec XAcer obtusatus sur une pente couverte de débris des montagnes ; enfin une seconde descente d'une demi-heure et décrivant quatre tournâtes amène le voyageur dans la vallée sauvage au milieu des bois, où se trouve à environ 1800 ou 2000 p. de h. le petit lac bleuâtre de Jéséro (lac). On passe le torrent, qui s'en écoule au S.E. et qui se rend dans cette direction dans la Narenta et non pas à l'O., comme les cartes l'indiquent. Le lac s'étendant du N. O. au S.E. aurait une forme ovoidale irrégulière, si son extrémité septentrionale ne formait pas une ligne presqu'horizontale. Il paraîtrait que jadis ses eaux couvraient toute la grande prairie, qui est en deçà de ce côté. Maintenant il n'a plus que 3/i d'h. de tour et environ 10 minutes de largeur. La partie de cette vallée, qui se trouve au-dessous du lac, porte le nom de Via et celle au-dessus celui de Stranina. Cette dernière d'une demi-heure de longueur conduit à deux autres vallées, dont l'une s'étend au N. O. et l'autre remonte à l'E. N. E., puis au N. E., pour se diviser encore plus loin dans les montagnes en deux sillons, l'un venant du N. O. et l'autre du N.E. Ces profondes vallées sont entourées de hautes montagnes, qui s'élèvent à plus de 3000 p. sur le lac, La hauteur de celles immédiatement autour de ce dernier peut être évaluée de 2000 à 2500 p. En deçà du torrent, du lac on remonte tout de suite au N. E. et cette montée en zigzag dure une bonne heure. Elle a lieu au milieu d'un bois de hêtres et de bouleaux, auxquels succèdent des pins sur la plateforme du col. Avant d'y atteindre le Han isolé de Borché (pron. Borké), on longe un ravin profond et étroit, qui est coupé dans des roches blanchâtres de Dolomie et on débouche dans la vallée supérieure au lac. La gorge du Han Borché est à une hauteur de 3500 p. entre des cimes de 4000 p. Malgré l'absence de l'aubergiste, nous y fûmes aussi bien qu'on peut l'être dans une écurie à cette élévation. Le garçon de l'auberge était si enchanté d'avoir fait notre connaissance qu'il disait, s'il était le maître, il ne demanderait pas de payement pour ses fournitures. Nous lûmes surpris à peu de distance de là par un noyer, rareté à Cette élévation, et il y a même du maïs, Plus loin on traverse des bois de hêtres et de bouleaux, on gagne une gorge allant au N. E. et on monte jusqu'au Karaoul détruit de Vrabasch, Après ee lieu on descend pendant un bon quart d'heure par un sentier tournant et on atteint une plate-forme, où la route continue à se diriger au N, E. et où on entre vraiment dans la zone des noyers. La vallée de la Néretva courant entre des montagnes boisées du S.E. au N. O., se présente à l'E. et tourne avant Kognitza de L'E. à l'O. On gagne cette vallée par le vallon du Biéla-Rieka, où se trouve le hameau de Biéla et qui court du S. O. au N. E. Fuis on descend le long des bords de la Narcnta à Kop-nitza, Cette ville, à 12 h. de Mostar et ll'/2 h, de Sérajévo, est bâtie à 1000 p. d'élévation (?) sur les deux côtés de la rivière, qui sépare la Bosnie de l'Herzégovine, de manière que les deux quartiers ont chacun leur Musselim. La partie herzégovi-nienne porte proprement le nom de Ivognitza et est la plus considérable, ayant une centaine de maisons et trois mosquées à minarets. Le côté bosniaque est appelé Néretva et semblait avoir été le théâtre de quelque combat, car on y remarquait beaucoup de ruines et très peu déniaisons, quoiqu'il y eut aussi trois mosquées. Un pont en pierre de six arches est jeté au milieu de la ville sur la Narcnta, qui est assez large et profonde, mais surtout fort courante. Cette ville paraît avoir une population en bonne partie musulmane, mais les villages aux environs sont chrétiens. De beaux vignobles couvrent les pentes des montagnes, entre lesquelles la Narenta va se cacher à l'O. La position de cette ville a été déterminée autant par l'entrecroisscment de deux routes que par le fait que la Narenta y traverse une espèce de petit bassin étroit, où elle reçoit plusieurs torrens, tandis qu'au-dessus et au-dessous elle ne coule qu'au fond d'un sillon ou entre les bords escarpés de hautes montagnes. D'anciens brigandages exercés dans ces environs ont laissé une assez mauvaise réputation aux habitans de Ivognitza.l) Pour sortir des profondeurs, où gît Kognitza, il faut de nouveau franchir de hauts cols, qui appartiennent aux parties méri- ') Dane une visite au. Musselim bosniaque de cette ville, il nous présenta parmi ses gens un jeune homme du pays, qui montrait des dispositions pour l'architecture, témoin des modèles en carton de châteaux qu'il avait fabriques dans ses »nomens de loisir. dionales du Bitovnia-Planina et auxquels on parvient en remontant au "N.E. le vallon sauvage de Treschnitza (des cerisiers). Des montagnes de dolomie, à cimes rabattues ou pointues, avec des pins au N. bordent le torrent, dont les rives inférieures sont ornées de prairies. Au bout d'une demi-heure on marche au N. et le torrent reçoit un affluent venant de ce côté. A 1 y4 d'h. de Kognitza des tombeaux indiquent les lieux de quelques assassinats. La route tourne au N. E., tandis que le torrent coule de l'E. à l'O. et se grossit d'un cours d'eau provenant du N. E. Puis on reprend la direction du N. et on commence à monter fortement pendant 11/2 h. en se détournant plus haut au N. E. Dans cette ascension on parcourt de nouveau des bois de hêtres avec des Acer platanoitles et on retrouve les pins au col, dont la hauteur n'est pas au-dessous de 3000 p. Une belle vue de montagnes est le prix de cette fatigante promenade. Au N. s'élèvent des montagnes de 3 à 4000 p., parmi lesquelles se distingue surtout la grosse tête du Badouscha, qui doit dépasser les 4000 p. A l'O. et au S. O. il y a aussi une accumulation de sommets assez pointus, qui doivent avoir au moins 3500, 3800 et 4000 p. En deçà est le haut mont Vranatz (Vrabatz des cartes), qui présentait des neiges en septembre et a une élévation d'au moins 6000 p. La descente sur le côté N.E. conduit par une forêt de hêtres dans la vallée de Bradina courant du N. O. au S.E. et où il y a deux Hans isolés. Une haute montagne s'élève au N. de cette jolie cavité, occupée surtout par des prairies et à environ 1000 p. au-dessus de Kognitza. Une montée dans la direction au N. amène le voyageur sur une hauteur de 5 à 600 p., où il a l'occasion de revoir les sommets le plus élevés à l'O. et au N. O. de cette dernière ville. Sur ce col se trouve un Karaoul et un second existe à une demi-heure plus loin, mais la route entre ces deux postes est si abominable, qu'on perd beaucoup de temps pour la parcourir. Elle est tracée sur le sol argileux d'une forêt touffue de hêtres et a été une fois un chemin canellé en travers; à force d'y passer, il s'était changé non-seulement en bourbier, mais encore les sentiers frayés, pour éviter les plus mauvais endroits, étaient devenus difficiles à franchir. (Voyez ma Turquie. Vol. 3, pag. 54.) Une fois passé le second Karaoul, on n'a plus qu'une descente peu forte par des sentiers excavés au milieu de bocages de bou- Jeaux, pour atteindre la vallée verdoyante de Kaschéritza courant du N. O. au S. E., tandis qu'une autre prenant son nom deBou-kovich vient s'y réunir du S. E. On descend la première en longeant les bords du torrent à travers des prairies et des bocages d'aunes. La route se dirige à l'E. et le vallon s'élargit à mesure qu'on descend. Sur son côté septentrional se trouve le village de Tarschin, qui est caché par des bocages et sur son bord méridional à quelque distance est à 1860 p. de h. abs. le Han isolé de Tarschin. Nous y trouvâmes un chanteur mahométan, qui nous amusa jusques fort avant dans la nuit avec ses chansons de héros bosniaques, tandis qu'un de nos domestiques serbes le regala de son poëme sur Marko Ivralovitch. Cette auberge n'est séparée de la Lèpénitza que par une éminence insignifiante. Ce cours d'eau venant du S. E. y reçoit le Baschéritza et continue de couler au N. O. et N., pour se rendre avant Visoko dans la Bosna. Il ouvre ainsi une voie facile, pour arriver par une pente insensible dans le bassin de Sérajévo. Après avoir dépassé le Ilan isolé de Lèpénitza sur le bord oriental du torrent, on parcourt entre de petites collines en partie boisées une vallée champêtre et ça et là à étranglemens, A '/2 h. de Tarschin deux vallées courant de l'O. à l'E. viennent se réunir à celle de la Lèpénitza et à 11. il en est de môme d'un vallon, qui a une direction du S. O. au N.E. et renferme le hameau de Bé-ganovitsch. Le sol du fond de ces vallées est fort argileux et couvert de prairies entremêlées de quelques champs, A notre passage la pluie avait détrempé l'argile et il tombait un brouillard très fin, de manière que la route était extrêmement glissante ou bourbeuse. Au milieu de ce temps humide et froid , nous rencontrâmes un village entier d'IIerzégoviniens chrétiens, qui allaient, hommes, femmes et enfans, chercher une demeure plus agréable en Bosnie. Mal couverts et mouillés jusqu'aux os cette caravane offrait un triste spectacle. En deçà de Béganovitseh nous passâmes près d'un Ilan et du village ou bourg musulman de Pazari si complètement, détruit qu'il n'en reste qu'une mosquée en ruines. La Lèpénitza décrit un coude en se dirigeant du S. au N, et reprend ensuite une direction O.-E., pour dépasser un petit défilé calcaire qu'on franchit dans une dixaine de minutes. Plus loin elle reçoit les eaux d'un vallon venant du S. et se jette dans un défilé, où elle court de nouveau du S. au N. A "2 '/4 d'h. de Tarscbin on passe un Ka-raoul et on descend la vallée alors au N. E. et après une petite gorge bordée de rochers calcaires de formes bizarres on atteint le village de Rives t. Avant, cet endroit la route se change en uri pavé, au milieu duquel est un petit pont sur un ruisseau. Un peu plus loin à l'O. se trouve le village de Toupovtzi sur le petit cours d'eau du Toupovtza-Rieka. On a alors dépassé les montagnes et la vallée devient une plaine, dans laquelle la Lèpénitza coule au N. O. Plus loin est un petit torrent venant de l'O. et tournant au N. E. La route va à l'E. au pied de petits coteaux partiellement boisés, qui ont de 80 à 200 p. de h. et qui s'adossent à des montagnes. On laisse à droite à % de 1. de la route le village turc de Haidrisch et à gauche un autre endroit, dont on no sut pas nous dire le nom. A droite débouche un vallon, qui vient de l'E. et dont les eaux vont se rendre aussi dans la lîosna. Les bords fort, argileux de ce torrent appelé Miléschavé oblige de le guéer deux fois. Près de ces rives est le village du même nom. La vallée s'évase toujours plus et des champs de maïs s'y apperçoivent ça et là. On continue à longer l'eau dans la direction de l'E. et on entre petit à petit dans la grande plaine appelée Doljané, qui est à l'O. de Sérajévo. Le Miléschavé y coule au S. E. Pour y atteindre Uidga (Eau thermale) on passe à % 1. de ce lieu l'auberge et le village de Dragi, ainsi que la grande chaussée pavée et le pont en pierre sur la Bosna. On a à parcourir une route si boueuse par les temps humides qu'il y a de grandes flaques d'eau à traverser et qu'on fait des détours dans les prés pour éviter la route tracée. La plaine de Sérajévo est traversée par un grand nombre de cours d'eau et ne présente pas assez de pente pour leur écoulement rapide, de manière que ce n'est qu'au gros de l'été ou en hiver qu'il n'y a pas de fondrières. Quant à cet abus d'entrer dans les plus beaux prés, on ne comprendrait guère comment les propriétaires le permettent, si les autorités musulmanes ne s'en arrogeaient pas le droit et n'ouvraient ainsi la voie à d'autres sans s'embarrasser ni des haies ni des humbles remontrances. Le bassin de Sérajévo ou le Doljané {de dolina, vallée) est un dés plus beaux bassins île montagnes qu'on puisse voir et est environ à 1050 p. de h. abs. Décrivant un cercle irrégulier, il a 2 1. de largeur du N. au S. et 21/2 de longueur de l'O. à TE., mais il se prolonge en outre dans plusieurs sinuosités, qui y débouchent. Ses bords au S. O. et S. E. sont formés par de hautes montagnes calcaires, oit les escarpemens, les prés et les bois de sapins, de hêtres et de chênes sont entremêlés de la manière la plus gracieuse, tandis que leurs cimes obtuses ou rabattues atteignent une élévation de 2000 à 2800 p. sur la plaine. Les plus hautes sont celles au S. S. E. Au N. au contraire il n'y a pas de si hautes montagnes, des collines se perdent en talus insensibles dans les prairies et les champs de maïs ou do blé du bassin, et protègent en partie du moins ce fond contre l'influence funeste des vents du Nord. La fertilité y est entretenue par la Koschova, la Migliatza ou Migliaska - Ricka, la Jéleschnitza , la Roukavitza, la Bosna, la Miléschavé et l'Ivagosehtscha. Cette dernière et la Koschova descendent de l'E. à l'O. des montagnes du Romanja-Planina, mais si la Koschova vient joindre la Migliatza à Sérajévo, l'Ivangoschtscha plus considérable a une partie de ses sources vers Mokro, coule plus bas du N.E. au S. O. et va se jeter à l'O. dans la Bosna au-dessus de Ljoublja. La Migliaska-Rieka prend sa source dans les montagnes du Biélava- Planina près de Koléditsch au S. E. de Sérajévo et après avoir reçu divers torrens, elle coule presque de l'E. à l'O. au milieu de mon-taa;ues élevées denière cette ville et débouche dans le milieu de cette dernière par un défilé étroit S.-N. et S.O.-N.E. En deçà de Sérajévo elle reçoit encore le petit torrent de Koschova, qui reste au N. de la route montante de Sérajévo au col conduisant à Mokro. La Jéleschnitza et la Roukovitza ont leurs sources au S.S.E. dans les montagnes de Trébévitch, formant l'entourage méridional du bassin de Sérajévo. La première passe à Uidga, la seconde se trouve entre Uidga et Sérajévo. La Bosna sort en grand torrent du pied escarpé du Smolin, haute montagne à '/2 1. à l'O. d'ilidga ou à 2% h. de Sérajévo. Elle forme un torrent à eaux assez profondes et vertes bleuâtres, où on pêche beaucoup de petites truites de montagnes. Après avoir reçu les divers torrens mentionnés ci-dessus, la Bosna sort du bassin de Sérajévo par nne gorge dirigée du S. au N., où elle reçoit encore la Lèpénitza et le cours d'eau dont les sources sont au pied occidental du mont liomania 1). Enfin la Miléschavé et bien d'autres ruisseaux viennent augmenter le nombre des terres arrosées et propres à la culture. Un lieu si favorisé de la nature a dû etre habité fort anciennement, aussi ne doit-on pas être étonné d'y voir un si grand nombre d'habitations et de villages. Sérajévo (Bosna-Séraj) a l'air de se prolonger sur une grande partie du côté septentrional de la plaine, tant on y apperçoit de hameaux et de Tschiftliks avec les demeures blanches des Àghas. Dans la plaine il y a aussi beaucoup de fermes et Sérajévo couronne le tout en se présentant, vue du côté de PO., comme un énorme cirque de maisons et de mosquées, auquel il ne manque pour être complet que le remplissage du sillon de la Migliatzka. Les maisons do la plaine sont en planches ou solives de bois et blanchies extérieurement. Ilidga 2) esta 1'/2 h. ou l3/4 h. de Sérajévo et à 1752 p. de h. abs. Ce village consiste en quelques maisons éparses et une grande auberge, qui est destinée aux baigneurs. Ce Han offre au premier six à huit chambres propres avec des fourneaux en terre carrés dans le bas et en pain de sucre dans le haut avec des enfon-cemens ronds. Il y a de plus un vaste Tsehardah ou une galerie, qui sert de divan. Le bain d'eau thermale ne répond pas à un établissement si bien entendu, car l'un n'est qu'une cavité carrée à ciel ouvert dans un rocher calcaire sur le bord oriental de la Jélesch-nitza et l'autre à un quart d'heure au S. d'Ilidga sur la rive opposée n'est qu'un bain couvert avec des branches d'arbres. C'est dommage que cette eau sourde au milieu des alluvions de la Jé-leschnitza, car ce torrent charrie beaucoup de cailloux et est apte à changer de lit ou au moins à produire des inondations. Cette inconstance a seule empêché d'y construire un bain turc, mais on n'a pas réfléchi qu'on pourrait conduire cette eau à quelque distance par des conduits fermés et l'employer encore avec utilité. Pour se rendre d'Ilidga à Sérajévo, on passe la Jéleschnitza sur un pont en pierre et on parcourt une route de voiture jusqu'à Sérajévo. Il en est de même pour aller à Travnik. Il n'y a que deux ou trois endroits où le chemin soit difficile à passer pour des charrettes ou bien il y a un chemin particulier pour ces dernières, qui est alors un peu plus long que celui des cavaliers. ') Comparez les critiques ridicules d'un voyageur bavarois ne sachant pas le slave. (Ausland, 184 8, pag. 710.) -') C'est le nom générique turc pour toutes les eaux thermales. BOSNIE et CROATIE TURQUE. XXV. : ï : s Èu j. : 12 de S É E A J É V 0 À G R A D I S K A, par TRAVNIK et BANJALOUKA AVEC UNE EXCURSION A VOINITZA ET SKOPIA. La route de Sérajévo à Travnik a lieu dans le milieu de l'énorme dépression, qui caractérise le centre de la Bosnie et est due en partie au nombre de ses cours d'e dessous de Zvornik. Nous n'y avons pas rencontré Tabanitch sur un petit cours d'eau. A 3 1, de la ville les montagnes cessent des deux côtés de la rivière et il y a entr'elles et la plaine une basse corniche de collines que la route franchit à 4 1. de Zvornik, Ces hauteurs, en partie boisées en chênes et en partie couvertes de cultures et de villages, forment un joli pays. A gauche reste à distance sur la hauteur la ruine du château de Kostour sur le mont Kliéschévatz, au pied duquel est le village musulman et chrétien de Skotsehitch. En Servie on apperçoit les montagnes de Bobija distinguées en petite et grande, en deçà des quelles est le couvent de Tronoscha, tandis que plus au N.E. est le mont Ivérak àl'E. de Loznitza(de Loza, vigne). Non loin de la Drina est le village de Koviliatsché (33 m. et 610 h.). La partie de la plaine sous Loznitza s'appelle Titschar. Le petit torrent de Schtira traverse Loznitza. Le passage de la Drina près de Loznitza s'appelle Srmdan (puant), parce qu'il est à côté d un hameau de ce nom. Cette dénomination provient du marais voisin nommé Srmljiva-Bara, parce qu'il exhale de l'hydrogène sulfuré. Depuis les hauteurs citées à 616 p. de h. abs. on a une belle vue sur la plaine, les bords dela Save et les montagnes de la Syrmie. La plaine septentrionale de cette partie de la Bosnie s'appelle Sembé-rija, nom dérivé d'après Mr. Vouk Stephanovitch de Seber, ancien mot serbe signifiant paysan-laboureur. On distingue aussi en Servie les collines au S. de Schabatz, qui sont liées à celles de Loznitza par une série de basses crêtes formant le fond d'un vaste cul de sac ou d'une plaine , dans laquelle est située Leschnitza vis-à-vis de Janja. On y remarque à côté le mont pointu de Vidojévitza couronné d'une ruine et au-dessous celle du couvent d'Ivana. Derrière Leschnitza est la petite plaine du Jitschko-polie arrosée par le Jitscha (IKn'ja), qui prend ses sources dans les hauteurs du Gorni-Dobritch (64 m. et 383 h.); le village inférieur (I). dolni) compte 86 maisons et 554 habitans. Le Jitscha sépare les cercles de Podrina et de Schabatz. A 3 1. avant Janja (de Jan;, peuplier) on passe le joli village de Schépak sur un petit cours d'eau du même nom, qui vient du Doubrava-Planina, assez haute colline à l'O. et au N. de Mateschko-vatz. On traverse les bas coteaux du Trschnatscha-Gora (mont des cerises), qui sont assez nus. Vis-à-vis sur la rive serbe est le con- Huent du Jéravija (JKepanja) ou Jéravinia, vis-à-vis de l'île de Krivitcha-Ada au N. de Loznitza. Avant Jania on franchit le Sousnitza, qui vient du S.O. et descend à l'E. des crêtes, aux pentes occidentales desquelles coule le Liboschnitza. Jania est un gros village, qui a l'air tout-à-fait serbe; ses maisons étant isolées les unes des autres et entourées d'une cloison de branches d'arbres. Il y a une grande place ga-zonnée, mais les rues sont fort boueuses pendant l'humidité, parce que le sol est argileux. Nous y trouvâmes une auberge passable, où il y avait 2 ou 3 chambres au premier, mais la maison était assez délabrée et l'escalier de bois mauvais comme c'est souvent le cas en Turquie. A Janja, à 380 p. de h. abs., on voit encore de loin au S.O. les dernières collines de la Bosnie, sur lesquelles est le bourg de Bélina. Au N. de Janja on parcourt un pays en partie cultivé, où on passe non loin de plusieurs villages. On ne touche que celui de Médiatchi et celui de Balatoun à 1 1. du bac de Ratscha. Le bac était engravé sur un banc de sable, auquel on ne pouvait parvenir qu'en guéant un bras de la Drina. Il était sous la surveillance de deux individus, dont l'un était en même temps le chef de la douane. Il nous demanda, le passe-port et fit venir des gens pour l'aider à mettre à flot le bac. Une dixaine d'hommes arrivés enfin, ne le purent, et la nuit venant, nous résolûmes de passer la Drina dans un petit batelet, où ne pouvaient être que 3 ou 4 personnes. Les chevaux passèrent à la nage et manquèrent de renverser le batelet au milieu de la rivière. Après trois traversées nous étions avec nos effets sur le territoire serbe. Deux soldats de milice nous y reçurent et nous escortèrent à la quarantaine à près d'un quart de lieue de là. La plaine de Matschva entre la Save, la Drina et les montagnes du Tzer, est une des parties les plus fertiles de la Servie et couverte de beaux villages dans les endroits déboisés à l'exception du grand marais et de la forêt immense deKitog. Ces derniers sont placés vers son milieu entre Ouzvetchie (77 m. et 522 h.) à l'E. Glouschtzi (185 m. et 1228 h. avec une école) à l'O., Salatie-Notchaiskii (86 m. 536 h. et une école) et Bogatitch au S. lia forêt est remplie de cochons en même temps qu'elle offre des facilités pour repousser les agressions des Bosniaques, Comme il n'y a pas de ruisseaux dans cette plaine, on est obligé de s'y contenter d'eau de puits. Ce pays a dû être déjà très anciennement cultivé, car nous voyons que le héros Milosch-Obilitsch avait sa résidence sur le Tzer sous le Knes-Lazar '). Ce pays ravagé en 1804 fut le théâtre des exploits de Louko Lazarévitch et surtout de Stojan-Tschoupitsch, né à Notchai, qui y commandait. Milosch-Stoitschévitsch, autre guerrier de ce temps, est né dans le district voisin de Potzérie. Il fut repeuplé depuis par des émigrés bosniaques et bulgares, que le prince Jephrew Obrénovitch, alors commandant de la Nachie de Schabatz, a distribué dans un grand nombre de villages. Tous ces derniers ont de larges rues tirées au cordeau, en même temps que chaque maison a son enclos. Entre Ratscha et Schabatz, la distance de 7 h,, on passe à Tzrna-Bara (marécage noir) (198 m. et 1323 h.), où il y avait une redoute sous Tzerni-George et près de là à Doublie Milosch battit en 1815 Ali-Pascha de Nikschitch. On laisse au S. Tzrno-barskii-Snlasch, qui est le lieu, où les Serbes vainquirent les Bosniaques en 1806 et où se distingua Stojan-Tsehoupitoh. Les autres villages sur cette route sont d'abord Kletne (179 m. et 1314 h.). On traverse le Batar venant de la plaine de Batova. Au N. sont les têtes du petit cours d'eau du Zasavitza, qui coule dans la Save. Puis on rencontre Bogatiteh (271 m. et 2005 h.), Bélotitch (90 m. et 670 h.) et Schtitar (31 m. et 544 h.). Avant d'atteindre Schabatz on traverse le Kamitschak, qui descend du S.O. ou du Tzer et reçoit le Moutnik. Au haut de la vallée du Kamitschak est le couvent de Tschokéschina avec deux moines. Schabatz, dans une plaine, est une ville ouverte de 674 m. et 2936 h. serbes avec 270 m. ou 1350 h. turcs. Ces derniers demeurent en partie dans la ville et en partie dans le fort vers le Danube, où il y a garnison ottomane. (Voyez pour sa description, ma Turquie. Vol. 2, pag. 335.) Les rues sont larges et la principale assez longue avec quelques maisons en pierres d'un étage dans le genre hongrois. C'est aussi la résidence du commandant et du tribunal du cercle et il y a une expédition des lettres. Le ctn'cle de Schabatz contient 57 communes, 1 ville, 114 villages, 9021 maisons et 56,765 âmes. Il y a 23 écoles et un ') Milosch, ayant amené très peu de guerriers de ce district pour prendre part à la bataille do Kosovo, le roi, lui ayant demandé oii étaient ses Matsch-viens, reçut pour réponse qu'ils n'étaient pas venu a cause des travaux agricoles. Il s'écria alors en colère qu'ils labourent avec l'aide de Dieu jusqu'à ce qu'il ne leur t'egte que des épines et que ce qu'ils sèment soit récolté par les Turcs. gymnase ainsi uue trois douanes, savoir à Schabatz, Mitrovitza et Ratscha. Le cercle de Schabatz se divise en 3 districts, savoir celui des bords de la Save et du Tamnava, celui sous le mont Tzer (Podtzéra) et celui du Matschva. Le premier district comprend 54 villages, 2434 maisons et 17,806 âmes. La résidence du commandant est à Schabatz. Le second contient un bourcr, 22 villages, 1954 maisons et 11,913 âmes, Le commandant réside aussi à Schabatz. Enfin le troisième est composé de 38 villages, 4153 maisons et 27,046 âmes. Le commandant est à Bogatitch. Schabatz est le chef-lieu du diocèse, qui comprend les cercles eccelésiastiques de Schabatz (37 p., 14 égl.), de Valiévo et des bords de la Drina (Podrina) ou 139 paroisses, 68 églises et 5 couvents. Schabatz est la résidence d'un évoque, qui a sous lui 5 archiprêtres, 15 moines et 139 pretres séculiers. De Schabatz àPalége on voyage en plaine sans voir beaucoup la Save. Il y a peu de petits bois. On passe le Doumatscha, autre torrent du Tzer, dont la vallée supérieure recèle le couvent sans moines de Kadovaschnitza avec le village du même nom (25 m. et 142 h.). A plus d'une lieue de Schabatz se trouvent la plaine et le village de Mischar (le Mischan des cartes) (45 m. et 302 h.), près duquel Tzerni-George gagna en août 1806 une bataille contre les Bosniaques et les Turcs, malgré l'infériorité du nombre de ses troupes relativement à celles de l'ennemi. (Voyez la révolution serbe de Mr. Banke, 1820, p. 96.) On passe plus loin à Oroschatz (26 m. et 188 h.) sur le Doubrava, qui a ses sources-mères vers les ruines de Dvorischté (32 m. et 247 h.), l'une de celles-ci, venant de l'O., s'appelle Netschnja. Plus loin vient Trbouschatz (59 m. et 365 h.). On laisse vers la Save Dragoévatz (47 m. et 303 h.) et Provo (100 m. et 609 h.). On franchit sur un pont un petit cours d'eau, le Mali Dou-boko, qui joint à Debrtz (30 m. et 254 h.), la Save dans le point, où. elle décrit un grand contour et se rapproche de la route. Ce lieu est, comme on sait, célèbre dans l'histoire serbe et il y a eu là anciennement quelques fortifications. Avant Oumtché on franchit le Voukodraj (pron. Voukodrago), qui descend du Tzer presque do l'O. à l'E. et cache vers ses sources le petit couvent de Kaona. Entre Oumtché et Palége (Iïa,ieaî) on ne rencontre que les villages d'Oudovitza et de Ratari (26 m. et 160 h.). Pour les détails de la route de Palége à Belgrade, voyez l'Itinéraire suivant. SERVIE. XXXI. DE BELGRADE a SOKOL et ZVORNIK ou OUJITZÉ par KROUPAGNE. Ija route de Belgrade au débouché de la vallée de Topschi-déré descend dans la petite plaine marécageuse le long de la Save et se tient au pied des coteaux. On y rencontre à quelque distance du quartier de la Save de Belgrade quelques petites maisonnettes, qui jadis étaient plus nombreuses et formaient le Ziganska-Mala. Près de ces lieux était encore en 1838 lemagazin de sel du prince, tandis que vers les hauteurs on remarquait une maison de campagne avec quelques vignes du Dr. Konibert. La Save ayant inondé ses bords, nous ne pûmes pas aller directement depuis Topschidéré par la plaine deMakisch à Oumka (38 m. et 215 h.), mais il fallut se tenir sur la hauteur ou à mi-côté des collines. Ail. après la vallée de Topschidéré on passe au village de Knésivatz et à une demi-lieue plus loin on laisse à gauche sur la hauteur le hameau de Jarkovo (71 m. et 432 h.). Toutes ces éminences sont couvertes de pâturages secs. Un petit Han se trouve au pied des collines et près d'une source sortant d'un calcaire tertiaire horizontal. On traverse quelques petites collines, pour atteindre Jélesnik (89 m. et 543 h.), village à 3 1. de Belgrade dans un vallon débouchant dans la Save. Les maisons y sont couvertes en chaume 2(Ï5 et il y a une auberge. De petits bois précèdent et suivent cet endroit, on nous avertit qu'on y avait volé la nuit passée de l'argent à un homme endormi. A 1 1. de là est situé dans un joli vallon le grand village d'Oustrouschnitza (OcTpyatHiuia) (102 m. et 550 h.) avec une église et des plantations de pruniers. Nous y rentraînes sur la route directe et ordinaire de Belgrade à Palége (UajicaO le long de la Save. Une plaine cultivée nous conduisit au Han d'Oumka placé sur une berge élevée de la Save, Le village d'Oumka se trouve sur la hauteur à 2 1. d'Ostrouschnitza et entre ces deux villages à 11/2 !• uu dernier est Petchani (29 m. et 156 h.) dans une position analogue, ') On employé 20 minutes ou une petite demi-heure, pour atteindre depuis Oumka une grande échancrure dans les collines, qui barrent la route entre ce point et Palége et qui forment des coupures sur le bord de la Save. Cet enfoncement contient deux ravins profonds et boisés, qui se réunissent sur la route. Bs portent le nom de Veliki-Douboko par opposition au Mali-Douboko près de Débrtz à l'O. d'Oumtché. Les pentes de cette cavité sont fortes et lorsqu'on est remonté de ces ravins sur la hauteur, on peut etre à 300 p. au-dessus de ce fond. Ce passage offre donc une bonne position militaire, pour empêcher une armée de pénétrer de Schabatz à Belgrade. Des bois de chênes avec quelques tilleuls argentés couvrent ces hauteurs tertiaires, A Va 1. plus loin on traverse un second vallon moins profond et à l/i de 1. de là le hameau de Baretsch ouBaraievo (83 m. et 554 h.) est caché au S. dans les bois et se décèle par quelques clôtures. On se trouve dès lors déjà dans la plaine de la Kolou-bara, dans laquelle on est parvenu par une pente peu sensible. Le passage de cette rivière sinueuse a lieu à % 1. de Baretsch (Barich des cartes) sur un bac. Les bords sont composés d'alluvions anciennes argileuses. Un petit Han précède cette rivière et sert de refuge aux voyageurs, qui attendent le bac ; sur l'autre rive est un de ces longs et étroits magasins turcs pour le maïs. ') Le. Han d'Oumka est fort passable pour la Servie; dans une chambre, ayant des fenêtres vitrées, était un grand lit de camp avec des nattes. Dans le fond de la pièce était une cheminée turque de cafetier. Deux Tschardak au-dehors auraient été des lieux de repos agréables en été sans des essaims des moustiques Dans les temps de sécheresse la Koloubara n'a guère qu'un peu plus de la largeur du grand bac, mais en temps de pluie elle devient 4 à 6 fois plus large. En deçà se trouve à 2 1. d'Oumka sur un plan un peu plus élevé le petit bourg de Palége (en allemand Palesch) (114 m. et 400 h.). 11 consiste surtout en deux longues rues , l'une dans la direction de Schabatz, l'autre dans celle de Valiévo. On y remarque dans la première une nouvelle église avec un clocher en bois et une auberge. En 1806 Milosch battit près de là les Turcs, qui avaient élevé une rédoute sur la Koloubara, et il y employa des charrettes basses, pour pouvoir approcher impunément de l'ennemi. De Palége on se dirige sur Stoubliné (123 m. et 944 h.) et en laissant Zvetschka (72 ni. et 571 h.) à droite, on va à Gra-bovatz (103 m. et 768 h.) à travers la plaine formant la rive occidentale de la Koloubara, à l'E. de laquelle règne une série de hauteurs. Ces dernières vont se rattacher vers les sources du Touriia aux contreforts des monts Kosmaiet Kleschniévitza, en augmentant un peu en hauteur du N. au S. Des tentes de Zingares se trouvaient à l'entrée de l'énorme forêt de chênes , qui sépare Palége de Grabovatz (ou par abréviation Grabatz). Ce village de 103 m. et 768 h. est situé sur de petits coteaux tertiaires, où on remarque des vignobles. On rentre bientôt dans les bois de chênes, où on trouve à 1 1. plus loin le village de Dréni ouDrénak (61 m. et 475 h.) et à 2 1. celui de Voukischévitza (34 m. et 263 h.) et un peu plus loin celui de Bouiatschitch (23 m. et 121 h.), Ba-niani est encore à 1 1. plus loin et toute cette route a heu sur un très bas plateau tertiaire. Ce village de 59 m. et 504 h. est orné de grandes plantations de pruniers et l'auberge se trouve dans le petit vallon de Grmak sur la nouvelle route de Schabatz à Kra-goujevatz. C'est un chemin planté d'arbres, mais fort boueux, lorsqu'il pleut, parce que l'argile alluviale forme le sol superficiel d'une grande partie de la basse Servie En montant sur le petit plateau à l'O. de Baniani, on distingue au S. S. E. les dernières crêtes de la chaîne du milieu de la Servie. A % de 1. de Baniani est le village de Bouri et à l/2 1. celui de Kalénovatz ou Kalino- T) On peut aussi atteindre Baniani depuis Belgrade en se tenant sur les hauteurs à distance de la Save, savoir depuis Topsehidéré par Jélié/.nik (8!) m. et 543 h.), Vranitehi (124 m. et 701 h.), Konatitzc (60 m. et 444 h.), Prajévatz (55 m. et 382 h.), Stoublitza (24 m. et 328 h.), ou l'on passe la Koloubara. vatz (37 m. at. 285 h.) dans un petit fond garni de pruniers. A '4 ]. plus loin nous vîmes la Tamnava couler au S. et nous passâmes ce cours d'eau à un moulin et une seconde fois à V4 de L de là ou à ll/2l. de Baniani. Nous atteignîmes après cela Novatzi (le Novascky des cartes) (46 m. et 391 h.) et nous eûmes à monter sur un petit plateau tertiaire en partie boisé que forment les collines au S. de la Tamnava. A 1 1. de Novatzi nous remarquâmes des vignobles avec des pêchiers indiquant le voisinage d'un village, qui étant dans la vallée de la Tamnava nous restait caché. On y trouve en effet sur sa rive septentrionale le grand village de Svileouva (134 m. et 993 h.). N ous ne remarquâmes sur la hauteur que Zoukvé (23 m. et 170 h.) et à 1 1. avant Keschélévo (ou Kisélévo) le hameau de Podsélévatz. Pour atteindre Keschélévo, pron. aussi Kotziélévo (le Kusé-liévo des cartes) il faut redescendre dans la vallée de la Raschnitza, qui forme un affluent supérieur de la Tamnava et traverse comme elle de belles prairies. Elle coule du N. O. au S. E. et la Raschnitza de l'O. à l'E. Cette dernière est entourée de petites collines boisées de 200 p. et offre des vues fort champêtres. Le village de Kotziélévo comprend 71 habitations avec 500 âmes, dont une partie est placée dans une petite anse au S. et est composée de 17 maisons avec une habitation d'un étage appartenant au prince Mi-loseh et d'une apparence assez misérable. Dans l'enclos de cette dernière est un aubergiste ou plutôt un boulanger. Des Zingares paraissent former une partie des habitans de ce lieu, situé à 5 1. de Valiévo et 7 h. de Schabatz. Nous y remarquâmes des champs de pommes déterre, végétal rare en Turquie. (Voyez mon ouvrage. Vol. 3, pag. 34.) A l/9 1. est le village de Breznitza (19 m. et 167 h.), situé aussi dans la vallée de la Raschnitza et environné de vignobles sans échalats ou bâtons. A 3/4 de 1. de là est un cimetière isolé. En marchant sur la crête, qui sépare la Raschnitza de la Tamnava, on atteint Soubotitza (Soubotica des cartes), village de 43 m. et 346 h., près de ce dernier cours d'eau, qui prend sa source à l'O. dans le Vlasitch près de Tzrniliévo (81 m. et 638 h.) et reçoit de TE. les eaux du Militschinitza. Bientôt après on arrive au pied de la chaîne du Vlasitch, qui court du S. au N. ou du S. S. E. au N. N.O.. en s'élevant de 6 à 800 p. au-dessus de Kotziéliévo. Au S. se trouve sur l'Oub, affluent du Koloubara, au 8. de la Tamnava le hameau de Golaglava (tête nue) (le Gologlaba des cartes). On y monte par des bois de chênes mêlés supérieurement de quelques bouleaux. Au milieu de ces derniers se trouve au haut du plateau la rencontre des limites des trois Nachies (Tromédja) de Valiévo (195 villages et 63,439 h.), de Schabatz (114 villages et 75,745 h.) et de Losnitza ou de Podrinsko (89 vill. et 31,181 h.). Sorti de la forêt on a depuis des prairies une belle vue sur la chaîne, qui longe la Drina et dont l'extrémité septentrionale paraît depuis ce point formée par la sommité applatie du Tzer (Quercus Cerris). Aux sources-mères de la Tamnava près de Tzé-rovatz (39 m. et 232 h.) est le mont de Lédogouz, qui n'est qu'une portion du Tzer. Ce village forme une commune avec Ridjaké (26 m. et 172 h.) et Voutschévitza (7 m. et 49 h.), noms de villages qu'on ne trouve sur aucune carte. Le Tzer a l'air d'avoir 5 à 600 p. de plus que le mont Vlasitch et il ne se lie aux hautes crêtes du Medvédnik (chaîne des ours) (au S. O. de Valiévo) que par une série de plus basses cimes, qui comprennent les montagnes de Sokol et le mont de Rojania (Pomania) au N. de ces dernières, celles-ci ont près de 800 p. de plus que le Vlasitch. Les têtes allongées et rapplaties du Medvédnik se trouvent placées au S. de ce plateau du Vlasitch et paraissent 1000 p. plus élevées. Les montagnes de Vlasitch, allant se rattacher vers la source du Jadar à celles de Sokol, renferment au N. la profonde et étroite vallée de Militschinitza ou Militschénitza, en deçà de laquelle sont des têtes boisées en hêtres et bouleaux. Notre guide nous raconta qu'il y avait sur l'une de ces dernières une pierre avec une inscription. Nous avons déjà dit que les eaux de Militschinitza sont une des sources principales de la Tamnava. Comme leur lit décrit un grand contour au N. O., une crête sépare à l'O. le vallon de Milischinitza de celui de la Tamnava. Nous descendîmes par une pente assez rapide vers le village de Militschinitza ou Milischintzi, dont les 98 maisons avec 886 h. sont dispersées dans des plantations de pruniers, l) Depuis Mili- ') On nous avait dit qu'il y avait un Han , mais arrivé devant la maison, située dans une étroite gorge, la maîtresse nous apprit qu'on n'y tenait plus auberge et nous engagea à aller chercher un gîte chez des paysans à quelque distance de là. La famille, qui nous reçut, était composée de six frères, tous mariés, et de deux filles non-mariées. Les hommes étaient encore aux champs lors de notre arrivée: les femmes nous reçurent et aidées des filles, qui l'une tissait et l'autre tsehinitza, situé à 500 p. plus bas que la cime du Vlasitch, on monte sur deux petites crêtes courant de TE. à l'O. et renfermant un vallon, ensuite on fait l'ascension de la montagne boisée de Rratscbinatz, où se trouve de nouveau à 1200 p. de h. abs. ce qu'on appelle la frontière courbe (Kriva Granitza) ou la rencontre des trois Nachies de Valiévo, de Sehabatz et deLoznitza. Un petit monument y a été élevé à un soldat serbe mort, dit-on, à l'hôpital de Kragoujevatz. Il y a aussi au N. E. sous la montagne aux sources-mères de la Tamnava le village de Krivaia (70 m. et 537 h.). On peut gagner par là directement Loznitza. La descente passe à l/2 h. du village de Trougatz, qui est au S. et on peut aller depuis là à Bélotitch (57 m. et 407 h.), qui n'est qu'à 172 1. Au N. du pied de la montagne est le village d'Istova à près 2 1. de Milischintzi. Tout ce pays est déboisé et occupé en partie par des prairies. Avant d'atteindre la rivière du Jadar à3l/td'h. de Mili tschinitza, on observe sur le haut de la pente, qu'on descend, les restes d'une redoute de Tzerni-George. Aucune carte n'a représenté jusqu'ici les détails orographiques et topographiques du pays montueux, assez accidenté et habité au N. et N.E. du Medvédnik, il en est résulté d'autant plus aisément une confusion sur les sources du Jadar, que cette rivière ne prend ce nom qu'à environ 1 1. au-dessus de Tzrniliévo ou au-dessous de la réunion de ses sources-mères principales, savoir le Lopoten et le Petzka-Rieka. Ainsi Mr. Gavrilovitch faisant abstraction des noms particuliers de ces dernières, place la source de cette rivière dans la montagne de Débéli-Tzer (le gros chêne) entre les villages de Dragiiévitza et Vragotschanitza dans le district de Podgora du cercle de Valiévo. Il quitte ce dernier au village de Ploujatz (ILiyjKau;) (36 m. et 318 h.), pour entrer dans les districts de Radjévina et du Jadar (cercle de Podrina) et il atteint, la Drina à l'île de Ranitovatsch au-dessus de Lieschnitza. Tous ces lieux manquent sur nos cartes comme aussi les hameaux dévidait du fil, elles se mirent à l'ouvrage pour nous préparer a souper. Pendant ce temps nous choisîmes nos places pour la nuit, les uns sous des urines fruitiers, les autres sous un fiangard ou à la porte d'un four. Nos domestiques conduisirent les chevaux dans un pré voisin, où ils passèrent la nuit à la belle étoile et en revenant ils montèrent sur des cerisiers pour y cueillir sans façon des fruits pour eux et pour nous. de Vratatschitch, d^Osiéteehénitza (46 m. et 410 h.) et d'Ostrou-jan (OcTpyjKaH) (53 m. et 507 h.), qui forment une seule commune avec Ploujatz, Néanmoins comme Vragotschanitza est un hameau dépendant de la commune de Kaménitza, où nous avons passé, nous avons la certitude que cette prétendue source du Jadar est celle du Lopoten La vallée du Jadar est riante et remonte au S. vers Brou-sia et a peu de distance est à droite Ramnaja. Sur le côté occidental de la cavité, où coule cette rivière, est une éminence en deçà de laquelle est son affluent, la Béla-Trkva-Rieka, qui descend des montagnes dans les environs de Bélotitch. Au village de Béla-Trkva (église blanche) (40 m. et 376 h.), ce torrent reçoit les eaux du Tolischévatzka-Rieka, qui coule de l'O. à l'E. dans un vallon étroit, bordé ça et là de bois de chênes et offrant un cimetière à son entrée. Probablement il y a un hameau de ce nom dans la vallée, le Tolivasac des cartes. C'est par là qu'on va à Kroupanj (Kpynau») (pron. Kroupagne) par-dessus un plateau assez élevé de 816 p. de h. abs. A la descente de cette montagne on marche au S.S.O. et S.O., on passe près de Komi-ritch (91 m. et 827 h.) à 4 1. de Militschénitza et on débouche sur un vaste cul de sac, qui précède Kroupagne, C'est ce qu'on appelle le Kroupainsko-Polie ou la plaine de Kroupagne. Cet endroit est orné de belles cultures de maïs avec d'autres céréales et entouré d'assez hautes pentes couronnées de bois. Kroupagne, à 5 ou 6 1. de Milîtschnitzi, 3 1. de Zvornik et 24l/4 h. de Belgrade, est placé environ comme Novîpazar et Ou-jitzé, c'est-à-dire, dans un profond bassin, où viennent se réunir trois ou plutôt quatre torrents, savoir la Schaschavitza ou ïscha-schavitza venant du N.O., le Kerjévatzka (Kej!JKenaiiKa)-Rieka, venant du S.O. et le Bogoschtitza, venant du S.E. Ce dernier remonte ') En comparant les cartes de MM. Viquesnel et Bougarski, il se présente une différence notable, quoique tous les deux figurent le Lopoten et le Petzka-ltieka comme les sources-mères du Jadar. Le cours d'eau le plus oriental, savoir le Lopoten de Viquesnel, devient le Likodra de Bongarski, tandis que le premier n'est qu'une tête supérieure du Jadar. Bougarski appelle Béliuo un cours d'eau, dont la Petzka-Iiieka forme le haut et confond avec lui l'eau du Béla-Tzrkva-Rieka, dont Viquesnel a cru devoir faire un affluent du Likodra coulant au N.N.O. et non pas S.-N., tandis que nous n'y avions cru voir qu'un affluent de notre Jadar, et Mr. Kiepert en fait un affinent du Belino. Enfin Mr. Bougarski fait confluer son Bélino avec le Likodra, mais nous avons vu ce dernier à Kroupagne. dans les montagnes à l'E, de Sokol, la vallée du Kerjévatzka-ou Kerschévatzka-Rieka est la route de Lioubovich et le troisième torrent coule dans le sillon, par lequel on traverse les montagnes pour gagner Zvornik. Ce torrent reçoit non loin de Kroupagne celui de Bértitza, qui coule environ O.-E. Toutes ces eaux descendant de montagnes en grande partie boisées, se réunissent avant Kroupagne, prennent le nom de Likodra ') et se jettent dans le Jadar. D'après le croisement de toutes ces routes Kroupagne devient un point important surtout à cause du voisinage de Zvornik, la clef de la Bosnie de ce côté. Kroupanj (prononcez Kroupagne) est le siège d'un capitaine, mais malgré cela on n'y compte guère que 67 maisons avec 236 âmes. Une soixante de maisons sont alignées le long d'une seule rue sur la rive occidentale du torrent. En deçà du pont en bois il n'y a que quelques barraques de Zingares. Une ancienne mosquée s'y fait remarquer Nous désespérions déjà d'y trouver une auberge et avions arpenté deux fois ce village, quand un homme, assez bien vêtu et probablement riche pour le pays, vint nous conduire à une chambre destinée pour les voyageurs. C'était l'aubergiste lui-même, qui nous fournit de l'orge pour nos chevaux et ce que nous avions besoin. Dans le Jagodé-Planina (montagne des fraises) à 2 h. de Kroupagne sur la route de Lioubovia, existent des mines de galène, qui ne nous ont pas semblé bien riches, elles ont servi néanmoins à fournir du plomb pour des balles en temps de guerre. Les gens du pays ne s'occupent de ces recherches qu'en hiver. Pour atteindre les hauteurs du Jagodé-Planina, variant de 1817 à 2000 p., on remonte sur le côté occidental do la crête entre la Kerjévetzka-Rieka et la Bogoschtitza au milieu de petits bois de chênes. A une certaine hauteur la forêt devient plus épaisse et on passe dans le territoire, qui dépend du village de Drobniak, qui reste au N. Plus haut encore on arrive à une fontaine d'eau très froide, d'où la vue plonge sur la vallée de Kerjéva et où on distingue le village du même nom et prononcé aussi Kerschava. Dans ce lieu se montrent quelque fois des feux-follets. (Voyez ma Turquie. Vol. 2, p. 125.) A un quart d'heure de là on quitte les bois de chênes et d'hêtres pour entrer dans les prairies, qui forment ') Il y a un village de Likodra (50 m. et 4fi4 h.). les cimes applaties du Jagodé-Planina. A leur pied S. se trouve un petit cul de sac s'ouvrant à l'O. dans un vallon, c'est là que se trouve à environ 1000 p. sur Kroupagne une des exploitations et une autre est à '/2 h. plus loin vers le haut d'une cime ga-zonnée. Des sommets un peu plus élevés se trouvent en deçà de cette dernière et sont les derniers avant la descente à la Drina. La route de Kroupagne à Zvornik (3'/4h.) ne consiste qu'en une longue montée au mont Goutsehévo par la vallée de Scha-sehavitza et une descente encore plus forte. On y laisse sur le côté occidental de la montagne au N. le village de Borina ou Boronia (de Bor, pin) (64 m. et 457 h.) et on passe non loin du Drina-Bobova. Parmi les eaux que la Drina reçoit de la montagne de Goutsehévo, on remarque surtout le Liéschnitza, qui va joindre le Jadar avant son arrivée à la Drina au milieu de la forêt de Ranitovatscha au S. de Liéschnitza (91 m. et 531 h.) et le Jéraviia, qui prend sa source à FE, du mont Bobija près du couvent de Tronoscha dans la montagne du Trschitchka-Planina. Coulant presque du S. au N. ou N. O., elle passe à Trschitj (33 m. et 209 h.) sur le Bogaschévatz l), où elle forme la cascade de Boutschnitza. Plus bas elle coule entre Rounjan (83 m. et 482 h.) et Kloubatz ou Kloubtzi (38 m. et 256 h.) et débouche dans la Drina au N, de Loznitza (295 m. et 1203 h.) ou entre ce bourg et Lipnitza (de Lipa, tilleul) (42 m. et 298 h.) La route , qui va à Liouboviia, descend depuis le Jagodé-Planina jusques près des bords de la Drina, d'où on remonte cette rivière en passant fort au-dessous de Sokol. On évite ainsi une foule de gorges , qui allongeraient beaucoup le chemin. La route de Kroupagne à Sokol (vautour) monte très rapidement sur le côté méridional de la crête, qui sépare le Krou-painsko-Polie de la vallée du Bogotschitza (ou Bogoschtitza). Cette crête est plus ou moins mince, de manière à laisser apper-cevoir du haut quelquefois la plaine de Kroupagne. A Y2 heure de ce bourg est le village de Baniévatz (50 m. et 369 h.) placé des deux côtés du haut de cette arête. Quelques cerisiers se trouvent près des maisons. Depuis ce point on voit le prolongement méridional du Jagodé-Planina, qui forme au S. O. le mont Or- ') Dans la petite plaine de TW.hil.ch il y a la source de Boukovutz. 27;i lovo-Krilo. Des vignes se trouvent sur le pied de ces montagnes, où on distingue aussi le village de Bogotschitza, tandis que celui de Tomagne (ToMan.) est plus à I'O. et celui de Sredjitza avant la dernière descente du Jngodé-Planina. En avançant au S.E, la cime de l'arête s'élargit et on marche sur des plate-formes faiblement inclinées et boisées en beaux chênes. A il/2 1. de Kroupagne on est arrivé à l'extrémité de ces dernières et on débouche sur le haut de la vallée de Schlivova (des prunes) (34 m. et 257 h.), qui descend à l'E. et offre une vue champêtre au S. Les deux rochers calcaires pointus et gris au-dessus de Pétratz sont entourés de prairies, en même temps que des bois de bouleaux et de hêtres viennent ajouter à l'effet de ce joli tableau. Pour atteindre le pied occidental des buttes calcaires, on monte par un sentier escarpé à travers des pâturages et on entre dans les bois, d'où on a une vue très étendue sur la Servie septentrionale. La chaîne du Vlasitch est sous les pieds de l'observateur. Au N. se voit la chaîne du Tzer avec la montagne pointue du Vidoévitza près de Leschnitza. L'horizon est formé à l'E. par la petite pointe du mont Avala au S. de Belgrade, à l'E. 22° S. ressort le Kosmaï, au-delà duquel s'étendent les crêtes intermédiaires entre ce sommet, les monts de Roudnik et le Schtouratz. Depuis là commence la chaussée pavée et étroite, qui conduit à Sokol et qui est en grande partie dans le territoire de cette forteresse et cité turque. Ce n'est qu'avec peine qu'on atteint le faîte de la montagne de Gola par ce chemin tortueux et ça et là bourbeux. On y emploie plus d'une demi-heure et on trouve sur le haut de cette sommité applatie quatorze grandes cavités craté-riformes, dans quelques-unes desquelles il y a des enclos ronds, pour mettre du foin ou des bestiaux. Ce sont des dolines (Doliné) crétacées comme dans les montagnes bosniaques de Tisovatz et de Vitolia, ou sur le Karst en Carniole. Deux grandes redoutes carrées, construites du temps de Tzerni-George, dominent la descente sur Sokol à 3% d'h. de Kroupagne. Depuis ce point on apperçoit, outre cette citadelle, la Drina et une portion considérable des montagnes de la Bosnie dans la direction de Srébernitza, de Dschélébi-Bazar (Marché du Grand-Monsieur) d'Olouch etc. Cet alignement de nombreuses crêtes élevées, courant du N. O. au S.E., ne manquent pas de donner de nouveau une idée des difficultés à surmonter pour envahir la Bosnie depuis la Drina. 18 La descente sur Sokol est rendue difficile à cause du pavé, qui n'a que 4 p. de largeur et est incliné quelquefois de vingt degrés. La route fait un grand contour du N. au S., pour aller gagner la petite crête calcaire, à l'extrémité de laquelle un rocher supporte le fort de Sokol (faucon). Des deux côtés sont de profondes et étroites vallées sans culture et déboisées, en deçà s'élèvent des cscarpemens calcaires, d'où, on domine Sokol. Ce bourg compte environ 400 maisons, toutes turques, et quelques mosquées 1), il est bâti à 1380 p. de h. abs. sur le sol rocailleux et inégal de l'arête, de manière à ne donner lieu qu'à une seule rue, tandis que le reste des habitations est épars sur la pente méridionale. Ce n'est qu'en deçà du bourg que se trouve la citadelle l'Osat-Kalé des Turcs; dans le moyen-âge elle devait être très forte, puisque le roc forme de tous les côtés, excepté à l'E., d'effrayants précipices de plus de 200 p. de hauteur 2). Le chef-lieu du cercle le long de la Drina est Loznitza, où réside aussi le Protoprêtre, ayant sous lui 28 paroisses et 8 églises. Le cercle comprend les trois districts du Jadar, de Radjevina et d'Azboukovatz ou 31 communes, 2 bourgs, 87 villages, 5203 maisons et 36,835 âmes. Le commandant et le tribunal résident à Loznitza, bourg de 295 m. et 1203 h. Il y a 7 écoles dans ce cercle et 2 douanes à Liouboviia et Schepatschka-Àda. L'expédition des lettres est à Loznitza. L'archiprêtre de ce lieu a sous lui 28 paroisses et 8 églises. Le district de Jadar contient 1 bourg, 35 vil- J) Mr. Gavrilovitsch n'y mentionne en 184 6 que 2 mosquées et 270 familles turques. â) Ne trouvant pas d'auberge à Sokol, nous nous rendîmes chez le Vojvode turc, qui était un Albanais des environs de Delvino. Il était logé dans un misérable premier étage tout délabré, son antichambre était séparée du café de la ville par une cloison de bois, où il manquait plusieurs planches. Or, comme il avait désiré louer ce dernier trop chèrement, personne n'avait voulu devenir cafetier à ce prix et en conséquence le local étant vuide, il nous le céda. Le café consistait en une grande chambre carrée, où était la cheminée, une galerie ouverte bordait la rue, une écurie formait le rez-de-chaussée et un mauvais escalier, auquel il manquait des marches, conduisait au café. Nous eûmes bien de la peine a obtenir des oeufs pour notre souper, car le soleil était déjà couché et on ne put avoir ni poulets, ni viande. Le Vojvode eut la politesse d'y ajouter un plat de cerises. Les habitans de Sokol ayant tué un Grec et s'étant montrés peu disposés à accepter le chef, que leur avait donné le Visir de Belgrade, ce dernier lui avait envoyé 14 Albanais pour se faire respecter. lages, 2501 maisons et 15,521 âmes. Le commandant est à Loznitza. Le district de Iiadjévina compte 1 bourg, 34 villages, 1085 maisons et 12,706 habitans. Le chef-lieu est à Krou-pagne. Pmfin celui d'Azboukovatsch compte 18 villages, 1077 maisons et 8608 habitans. Le commandant est à Drliatscha (33 m. et 308 h.). Pour se rendre de Sokol à Zvornik en Bosnie, on descend la vallée de Gratschanitza, au haut de laquelle est situé le premier bourg et dans laquelle est un village de ce nom. On passe la Drina à Sikirtch-Skélé ou Liouboviia et depuis là on côtoyé la Drina parle même chemin, qui va de Sérajévo à Zvornik. C'est aussi à Liouboviia qu'on passe l'eau, pour aller à Srébernitza dans le district d'Osat. Une autre route est celle par la vallée du Kroupinska-Rieka au N. de celle de Gratschanitza. Mr. Bougarski donne le nom de Borania aux sommités au haut de cette anfractuosité. On côtoyé plus bas la rive de la Drina jusqu'au poste serbe de Tzrvena-Stiena, où. on entre sur le territoire bosniaque, parce que la petite lizière de la rive de la Drina vis-à-vis de Zvornik appartient encore au rayon de cette forteresse. Les deux rives de la Drina y sont garnies d'escarpemens calcaires, parce qu'elle coule presque du S. au N., tandis que les montagnes et leurs couches sont dirigées du S.E. au S.O. ou E.S.E.-O.N.O. On peut aussi se rendre de Sokol à Oujitzé en 16 à 18 h. par la vallée de la Drina. Il y a deux routes peu fréquentées. Un sentier de montagnes passe d'abord sous les sommités assez boisées du Medvédnik et du Javlanik, en coupant les nombreuses sources de quatre torrens principaux, affluons de la Drina. Le premier est celui de Lioubovija, qui a plusieurs sources-mères. Le Treschnievitza (eau des cerises) descend du milieu entre le Medvénik et le Javlanik. Puis passant dans le bassin du Pojega (llomera) bordé au N. E. par la montagne de Soétschia et à l'O. par le Stolovi, on longe une partie de ses sources près de Skakavtzi et on remonte vers Karagne à une certaine hauteur sur le côté occidental de cette vallée, d'où on débouche enfin sur Oujitzé. Dans la première partie de cette route on ne rencontre guère de villages, si ce n'est sur la pente du Medvédnik celui deVou-tschié avec 14 familles turques et une mosquée dans la vallée au 18** S. de celle de Gratschanitza, puis plus loin Tzarina (95 m. et 812 h.). On laisse à l'E. Gouniatzi (69 m. et 338 h.) et à l'O. Dragodo (33 m. et 345 h.). Sous le Javlanik ne se trouvent que le hameau d'Orschovitza et de Korano. D'une autre part il y a beaucoup de villages dans le bassin du Pojega, on touche entr'autres à Ka-ragne (51 m. et 368 h), Bélotitch, Kameschnitza (20 m. et 146 h.) et Palinatz. L'autre route descend de Sokol à Liouboviia («/ljy6oBnl)a) (101 m. et 790 h.) (le Lonia des cartes) par la vallée du Gratschanitza, d'où on longe la Drina jusqu'à Koziiak (63 m. et 357 h.) sur une espèce de corniche, qui est formée le long de la Drina par les derniers gradins des montagnes serbes. C'est un pays champêtre surtout de prés et de bocages, la pente des montagnes d'environ 2000 p. offre très peu de rochers à nud. Le long de la Drina il y a plusieurs villages tels que Sikiritch, Pakrikovo au débouché du Treschniavitza dans la Drina, et Boukovitza (70 m. et 492 h.) dans le premier vallon au N. de ce dernier torrent. Après Koziiak on passe le torrent, dont les sources sont à la triple rencontre du Javlanik, du Soétschia et du Tzrna-Gora et on s'éloigne toujours plus de la Drina, en s'élevant dans la montagne, qui fait partie du cercle d'Oujitzé (95 communes, 3 villes, 196 villages avec 8222 m. et 67,354 h.) Sur cette route on passe un torrent à Périe et on en atteint un encore plus considérable à Ma-kovischté. Ces eaux descendent du Schornik à l'O. d'Oujitzé et sont séparées par la montagne dTvitza du torrent de Mokra-Gora débouchant dans la Drina au N. de Vischégrad. On se tient sur le côté méridional de cette vallée et on remonte vers la source principale de ses eaux dans le Schornik, montagne, qui doit bien avoir près de 3000 p. et surplombe le bassin du Déschina ou de la rivière d'Oujitzé. Les autres affluens de cette dernière descendent au S.O. d'une cavité entre les montagnes d'Okrougla et d'O-groutschlitza. Oujitzé (ymniie) est situé dans le fond d'un entonnoir élevé et entouré de rochers noirs, de manière que les Turcs ont comparé toujours sa situation à celle de la Mecque. Son altitude absolue est assez grande et dépasse 1000 p., puisque la vigne n'y croît pas, tandis qu'on en voit encore sur la Morava. Sonrclimat est donc tout aussi bosniaque que la ville même, mais les eaux y sont par contre très bonnes. Au milieu de ce bassin carré s'élève un rocher, sur lequel est un château quadrangulaire avec ses tourelles. Au S. E. est un grand escarpement de rochers lié au roc du château par une basse crête, mais au N. les pentes des montagnes sont moins abruptes. La Déschina arrose ce bassin et en sort par un défilé de rochers. La ville, bâtie sur un sol fort inégal, comme tant de villes en Bosnie, est composée d'une longue rue à boutiques et d'un grand nombre de petites maisons blanches disséminées et entourées de palissades. On y compte 897 maisons ou 4402 âmes, parmi lesquelles 3095 sont des Slaves mahométans, qui y occupent 723 maisons. C'est la résidence du commandant et du tribunal du cercle d'Oujitzé, ainsi que d'un évêque. XXXII. '1 S - !£' 2 I i. - 1 2 DE SOKOL À KRAGOUJEVÀTZ par V A L I É V O. A près avoir monté la longue pente du mont Gola, au bas de laquelle est situé Sokol, on se trouve à 2260 p. de h. près des redoutes de Tzerni-George. Pour les atteindre, le plus court, chemin est de monter tout droit par des sentiers tournans, les charrettes ne peuvent passer que par la route pavée, qui reste à gauche ou au N,, ce qui allonge le chemin de plus du double. En une demi-heure on a gravi sur les hauteurs gazonnées et on quitte le bassin de la Drina, pour entrer véritablement en Servie, car la chaîne â l'E. de la Drina et du Vouvatz forme une limite naturelle entre la Servie et la Bosnie, tandis que les frontières actuelles de la Servie paraissent déjà des empiétemens sur le territoire bosniaque. La route de Valiévo est tracée sur le haut d'une longue crête boisée en chênes, autour de laquelle le torrent de Petzka-Rieka décrit un coude remarquable. Il descend du N.-O. au S. E. et tourne à iy2h. de Sokol au N. E. Dans le fond de cette vallée, à 611 p. de h. abs,, on atteint la grande route de Valiévo à Liouboviia, qui va passer à l'O. dans une échancrure bien visible des montagnes. Jusques là on ne faisait que suivre un sentier pour des piétons ou des cavaliers, mais ici commence une route de voiture. Notre guide nous ayant abandonné au haut de la descente, qui dure un bon quart d'heure, nous eûmes assez de peine à rester dans le bon sentier, tant il s'en présentait à nous d'également battus. La vallée renferme un hameau portant aussi le nom de Petzka et composé de maisons éparses. Il faut traverser une crête en partie boisée, pour passer clans la vallée duLopotska-Riekaou Lopoten à 699 p, de li. abs., torrent, qui, coulant N. 15° O., se réunit au Petzka-Rieka et va se rendre dans le Jadar. Dans ces environs est le village de Lopatal (85 m. et 663 h.). Ici la route se bifurque, une allant à Bélotitch et l'autre à Valiévo. Après être remonté sur des hauteurs moins élevées que les précédentes, les montagnes s'abais-sant toujours plus depuis Sokol à Valiévo, nous eûmes à parcourir jusques près de cette ville un pays calcaire difficile à décrire à cause de la quantité de petits vallons, de gorges et de trous cratériformes (dolines). Au commencement de cette route nous distinguions très bien la chaîne duMedvédnik, dont le pied des hauts sommets était près de nous à l'O. S.O. Cette chaîne massive et déboisée seulement vers les cimes court de l'E. S.E, à l'O. N.O. et s'élève à 2600 ou 2900 p. de h. abs. Nous laissâmes à gauche Dragovitza, puis à droite OIovo et passâmes près de Rogoschanitza à 2 '/2 1, avant Valiévo. C'est surtout là et vers Kaniénitza (pierreuse) que la surface du sol remplie d'entonnoirs rappelle la Carniole et rend difficile de tracer le cours des eaux, puisqu'elles y sont aussi sujettes à s'engouffrer ou à reparaître subitement. Dans ce cas se trouve pour nous l'Ob-nitza, torrent, qui se rend de l'O. à l'E. à la Koloubara au-dessus de Valiévo et qui était à notre droite. ') Le pays tantôt pierreux, tantôt couvert de prairies, offre ça et là de petits bocages, dans l'un desquels est le hameau de Kaménitza (58 m. et 581 h.). Il possède une église et une école et forme une commune avec les villages de Vragotschanitza (49 m. et 500 h.), de Mainovitch (23 m. et 207 h.) et de Stapar (14 m. et 125 h.). On nous avait annoncé un Han dans cet endroit, mais nous n'y pûmes avoir que de l'eau. Les femmes seules étaient à la maison, tous les hommes étant occupés aux travaux de la campagne. A 2 1. avant Valiévo nous retrouvâmes l'Obnitza et descendîmes quelque temps ce torrent, qui a l'air de passer par de bas défilés situés au S. Le hameau de Pritschévitza ou Pritschévitch (66 m. et 518 h.) et le Han isolé du même nom se trouvent sur l'Obnitza, dont les bords offrent quelques champs de maïs. Comme c'était dimanche, nous surprî- ') La carte île Bougarski ne satisfait point pour le pays entre Sokol . Valiévo et Kmgoujévatz. Ainsi par exemple le village de Stanina-Ilieka dans le district de Vodrinu (25 lu. et 28o h.) indique un cours d'eau cité nulle part. mes à l'auberge assez de joyeux paysans, qui y étaient venus boire du Raki et manger des cerises. L'Obnitza coule ici de l'O. à l'E. et tourne au N.E., mais la route de Valiévo quitte promptement ce cours d'eau, pour traverser de nouveau une grande éminence. A 1 1. avant cette ville est le village de Boukovitza, ainsi qu'un Han (B. Dolnia 50 m. et 471 h. et B. Gornia 114 m. et 992 h.). On a encore à passer un vallon occupé par des prairies et une colline, pour arriver à la descente douce de Jablanitza, d'où on découvre enfin Valiévo et ses vignobles. Le cours d'eau du Jablanitza (de Jablan, Popu-lus pyramidalis) va prendre sa source au S. entre les montagnes de Jablanik et du Tzrna-Gora. Valiévo, à 8 h. de Sokol et à un peu plus de 300 p. sur la mer, a environ 900 âmes avec 257 maisons. Cette ville est bien située, pour devenir un endroit de quelque importance, vu qu'elle est au miiieu d'une riche vallée et à l'embranchement de sept routes. La Koloubara la traverse et pourra être encaissée un jour dans un lit régulier. Ses inondations occasionelles ont pu être l'origine du nom de Valiévo (comme de ceux de Valéni en Valachie ?), car Valjè signifie en albanais vague ou rivière en grand mouvement. Or les Albanais ont occupé ce pays avant les Serbes. Comme confirmation de ce fait on pourrait ajouter les dénominations du mont Vlasitch, de Vlasnovatz, de Vlaktscha dans ce voisinage, celles de Vlasina en Haute Moesie, enfin celle de Stari-Vla, ancien pays des Valaques, pour les pays montagneux dans le S. O. de l'ancienne Servie autour de Siénitza, Novipazar etc. Le type originaire des Valaques paraît aussi albanais et ils ont été rornanisés. Probablement l'antipathie des Albanais et des Serbes date de l'expulsion des premiers du N. de la Turquie centrale et des bords du Danube. Jusqu'ici la plus grande partie de Valiévo est sur la rive occidentale de la Koloubara, Le centre est formé par une grande place carrée avec des maisons d'un étage et à boutiques , différentes rues assez bien alignées y viennent aboutir. La plupart des habitations ont des toits en planches et celles avec des tuiles indiquent les demeures des notables. Parmi ces dernières se distingue le joli Konak carré et blanc du colonel de ce district, alors Mr. Nénadovitsch. Ce vieillard, jadis archidiacre, a joué un rôle si important dans les guerres contre les Turcs qu'en 1839 sa voix avait encore beaucoup de poids dans les délibérations importantes de l'état. D'ailleurs la contrée qu'il commande, est réputée depuis longtemps, pour pouvoir mettre au moins dix mille hommes sous les armes et par sa position son accession aux révoltés a fait pencher la balance plus d'une fois en faveur des Serbes. Comme indication d'un commencement de civilisation à l'européenne on peut citer près de Valiévo deux moulins à l'allemande, l'un à quatre roues ou meules. Il appartenait à Mr. Theodorovîtch, qui réside ordinairement à Belgrade et qui était aussi alors du petit nombre des Serbes, possédant une voiture à deux chevaux. Nous trouvâmes sur la place de la ville une bonne chambre dans l'auberge, dont le rez-de-chaussée était occupé par l'écurie et une boutique serbe. Valiévo, à 18 h. de Belgrade et 173/4 d'h. de Kragoujevatz, est le chef-lieu d'un cercle comprenant les districts de la Tam-nava, des bords de la Save, de la Koloubara et du bas des montagnes ou Podgora. Il comprend 96 communes, 3 bourgs et 192 villages ou 8232 maisons avec 64,244 âmes. C'est donc une des portions les plus peuplées de la Servie. Il y a 20 écoles. Valiévo est la résidence clu commandant du cercle et d'un archiprêtre, qui a sous lui 26 paroisses et 27 églises. Le district de la Tamnava comprend 1 bourg, 39 villages, 2047 maisons et 16,319 âmes. Le chef-lieu est à Lokvitzi. Celui des bords de la Save contient 2 bourgs, 39 villages, 2215 maisons et 16,117 habitans. La résidence du commandant est au bourg d'Oub (108 m. et 354 h. avec une église et une école). Celui de la Koloubara est composé de 68 villages, 2170 maisons et 16,271 âmes. Le commandant est à Mio-nitza (45 m. et 330 h..). Enfin celui du Podgora compte 46 villages, 1800 maisons et 15,537 habitans. Le commandant réside à Valiévo. Les environs de Valiévo sont très riants, la vallée de la Koloubara, extrêmement bien cultivée, est encadrée dans des basses collines couvertes ça et là de bocages ou de vignobles, dans quelques-uns desquels on apperçoit de petits pavillons en forme de tours carrées. Ces derniers servent à des réunions comme à la garde lors de la vendange. Ce pays doit ces avantages naturels au nombre de ses torrens, qui y produisent presqu'une plaine. La Koloubara est formée à Valiévo par la réunion de l'Obnitza et du Jablanitza, provenant l'une de l'O. et l'autre du S. Au-dessous de cette dernière ses affluens sont sur son côté oriental le Gradatz à la sortie de Valiévo vers l'E., le Barda, le Lè-pénatz, le Ribnitza (de Riha, poisson), le Topli t za (de Toplo, chaud), le Ljig (JlatHr) et le Touriia. Sur la rive gauche de la Koloubara la plaine de Valiévo est séparée par les hauteurs du Slovatz d'avec la vallée de Rabatz (Ravatz de Mr. Kiepert), le Rabas de Mr. Stephanovitch, cet affluent de la Koloubara au S. de l'Oub coule aussi comme ce dernier de l'O. à l'E. A gauche de l'Oub la Koloubara reçoit les eaux du Joschévifza, qui vient de l'O. ou de Lipovitza au-dessus de Ljoubinitch (39 m, et 32? h.). Il y a aussi sur ce torrent un village de Joschéva (34 m, et 282 h.), qui est sur les cartes, tandis que le torrent n'y est pas. Depuis le côté S. du mont Slovatz le Trsténitza se rend aussi dans la Koloubara. Quant aux routes partant de Valiévo, une des principales est celle, qui va à Belgrade par le bourg d'Oub (108 m. et 354 h. avec une église et une école) et par Palége (Palesch), Elle suit surtout les bords de la Koloubara, excepté aux environs d'Oub. On employé 12 h., pour atteindre Palége. La route de Loznitza passe par Kaménitza et le mont Spla-vani, au-dessous duquel est le village d'Osiétschna (87 m. et 740 h. avec une église). Ensuite il faut franchir le Lopétén et descendre le Jadar jusqu'à Jarébitzé (110 m. et 694 h. avec une église et une école), pour gagner la route ordinaire de Belgrade à Loznitza, qui vient de Soubosélo et Badania-Gornia. On passe successivement le Ljeschnitza et le Jéravija. Sur cette dernière est dans une petite plaine le village de Trschitch (33 m. et 209 h.), dont la commune comprend deux hameaux, les Gritschari ou Grntschara-Dolni et Gorni sur le mont Goujila (39 m. et 273 h.) et celui de Nédélitza (ET. Gornia 36 m. et 375 h. et Dolnia 42 m. et 253 h.). Au S. O. de Gritschari sur la route de Nédélitza et du couvent de Tronoscha est le petit torrent de Korenita, qui afflue dans le Jérajiva et sur lequel sont des moulins et le grand village de Korenita (144 m, et 1027 h.). A l'exception du village de Trschitch tous ces détails ne se trouvent sur aucune carte. Les routes au S. de Valiévo sont les moins connues en géographie. Celle de cette ville à Oujitzé forme une distance de 12 h. et remonte la vallée de Gradatz vers Ravnié (23 m. et 188 h.), traverse l'extrémité du Tzrna-Gora et la partie supérieure de la vallée du Ribnitza à Batschévatz ou Batschévtzi (41 m. et 435 h.), fran- ehit à Boukov sur le Stoubitza-PIanina (crête Haut le Souvobor à l'E. avec le Soétschia, le Tzerna-Gora et le Jablanik à l'O.), le partage des eaux entre cette vallée et le Kaménitza et y passe à Tomstinopolié (18 m. et 121 h.) et Bogatitch. Depuis là on va par Descbkovtza dans la vallée du Pojéga àTscliestobroditza (37 m. et 236 h.); enfin on marche directement sur Oujitzé par Glou-matchi (81 m. et 518 h.). La route de Valiévo à Tschatschak est un peu plus longue et d'environ 14 h. On quitte la route d'Oujitzé à Kovatschitzé (15 m. et 125 h.) dans la vallée de Gradatz, on coupe aussi le Ribnitza à Laikovatz (33 m. et 272 h.), on traverse le mont Maliéno, pour déboucher sur les affluents septentrionaux du Kaménitza, d'où on se tient entre le Kaménitza et le Ditschina, en passant par Braniani, Moikovtzi, Privor et Mousitch. Ce sont surtout les montagnes du Stoubitza et du Souobor, qui mériteraient un relevé géographique plus exact. Pour aller de Valiévo à Toplitza (4V2h.), on traverse à gué IaKoloubara, qui en été est presqu'à sec et remplie de bancs de cailloux. A V4 d'h. de là on atteint le torrent de Gradatz (Gradac des cartes), qui vient du S. E. et se jette dans la Koloubara au-dessous de Valiévo. Il y a sur son bord droit la ruine d'un château (?) connu sous le nom de Branégovitchi. A ]/2h. de cette ville est la Bania, où s'embranche le chemin du monastère et du village de Petnitza (15 m. et 87 m.). Ces derniers sont à 21. de Valiévo vers la source de ce torrent, qui sort tout formé avec bruit et teint en rouge d'une caverne et fait aller un moulin à deux meules. De là vient aussi le nom du couvent, car le mot Petchina signifie caverne. On apperçoit le village de Popoutschké (98 m. et 755 h.) sur la rive opposée de IaKoloubara et à droite de la route celui de Schouschéoka (32 m.- et 218 h.). Cette plaine est certainement comparable aux plus belles parties cultivées de la grande Morava. Ail. de Valiévo on atteint le village et le Han de Bélo-schévatz (42 m. et 288 h.) au pied de collines boisées tertiaires il est. nommé ainsi à cause de la couleur blanche des marnes tertiaires. Une montée rapide de quelques minutes conduit le cavalier sur le sommet des hauteurs, la nouvelle route de voiture y décrit un assez long contour. Cette large chaussée est garnie d'ar- bres plantés même au milieu des bois, quelquefois non encore élagués. A 1 V2 h. de Valiévo on rencontre le village de Bélastena et un torrent, qui coule dans la Toplitza et de là dans la Kolou-bara. Une seconde montée sur des marnes calcaires ramène le voyageur sur les collines, qui séparent ce cours d'eau du Ribnitza à 1 1. plus loin. Le Ribnitza coule du S. S. E. au N. N. O. avec des déviations du S. E. au N. O. et est aussi un affluent de la Ko-loubara. A '/4 d'h. delà on laisse à gauche sur le plateau du Maliéno-Planina le hameau de Tabanovitch (35 m. et 244 h.). Cette plateforme s'étend à l'E. du Toplitza au N. et est séparée du mont Kleschnévitza par la vallée du Ljig, tandis que la Touriia arrose le pied N. E, de cette crête subordonnée et s'anastomosant avec l'arête centrale de la Schoumadia aux hauteurs de Eoukovik. On y a de nouveau la vue de la chaîne peu élevée et à cimes peu prononcées du Tzrna-Gora et du Tzrnaia-Planina, qui lie au S. et S. E. de Valiévo celle le long de la Drina avec les contreforts des monts Roudnik, savoir le Stoubitza-Planina, tandis que la crête du Soubor, d'environ 1900 p. de h., s'étend au mont Venschatz, en formant le partage des eaux des affmens du Ljig avec celles du J a-sénitza au N. E. et du Mavtscha, affluent de la Morava serbe au S. D'une autre part la liaison du mont Soubor avec le Tzrna-Gora sépare le bassin du Ribnitza de celui du Kamenitza entre le Soé-tschia et le Tzrnaia-Planina. Ce dernier débouche dans la Morava serbe au-dessus de Tschatschak, en étant séparé de la vallée du Mavtscha par celle duDitschina, qui descend du Tzrnaia-Planina. A 3 1. de Valiévo est au N. de la route le village de Vrt-glava (sommet de la tête), mais bientôt on descend de ces éminences dans la vallée du Toplitza également boisée en chênes et formée par la réunion de deux vallons. C'est en deçà du pont établi sur ce petit cours d'eau qu'est situé à 305 p. de h. abs. un Han isolé, qui dépend du village voisin de Toplitza I). ') Sur une boutique assez grande et garnie des objets les plus usités est un toit et une petite chambre, à laquelle on montait par un mauvais escalier, qui avait des trous au plancher et dont le mur était extérieurement blanchi et orné d'un liséret brun. Vis-à-vis de la boutique était une écurie avec un toit de chaume plein de grands trous, à droite un long magazin à maïs en elayonnage et établi sur six piliers au-dessus du sol et à gauche une maisonnette contenant un four et offrant Depuis Toplitza on peut gagner Belgrade en 15 % h. en coupant, les vallées du Ljig et du Touriia par Stepoïevatz (30 ni. et 541 h.), Batsehévatz (90 m. et 590 h.), Kremtschitza et Jéliéznik. Depuis Batsehévatz il y a une route qui croise celle décrite et aboutit à Schatornia ou Kragoujévatz. Elle remonte la vallée du Touriia par Bélino (40 m. et 280 h,), Sibnitza (86 m, et 559 h.), Doutschina et Rogatscha (59 m. et 463 h:). Puis franchissant l'extrémité orientale du Kleschniévitza, elle passe à Elovnik, Vouko-savtzi et Treschniévatz. Nous traversâmes après Toplitza une colline boisée et trouvâmes Berzilovatz (Barsilovich des cartes) ainsi que le hameau et le Han de Doudovitza (des mûres) à la rencontre de deux vallons, dont le plus grand est arrosé par le Ljig, eau venant du S. O., tandis que le plus petit venant du S. E. renferme le Lipla, qui est un affluent du Ljig. Les éminences environnantes nous parurent avoir 2 à 300 p. sur la vallée, mais au S. il y a des montagnes d'au moins 8 à 900 p. Marchant toujours de l'O. à l'E., nous longeâmes à 3% d'h. de Toplitza des collines boisées de 2 â 300 p. et atteignîmes enfin à '/2 h. de là à 380 p. de h. abs. Smerlikovatz (pron. aussi Schmerlikovatz) (78 m. et 494 h.) dans le vallon de l'Oniek ou l'Onitschii-Potok, autre affluent du Ljig coulant aussi du S. E. au N. O. au pied du Kleschniévitza. Un Han s'y rencontre. Nous montâmes ensuite sur une hauteur boisée en chênes, d'où nous eûmes une belle vue sur les montagnes de Schtouratz. un bout de galerie couverte ou Tschardak. C'est ce singulier établissement, qui nous servit do gîte; nous y étions venus pensant visiter une source thermale, induits en erreur par le nom de Toplitza (chaud). Nous n'eûmes rien d'autre chose a faire pour occuper notre temps que d'aller nous baigner près du petit moulin sur la Toplitza et d'examiner la boutique. Elle se fermait par deux contrevents, dont l'un 6e descendait en bas et l'autre se tirait en haut. Elle était divisée en compartimens à peu près comme les cages d'une ménagerie; dans l'un étaient des pots de terre, des cruches et de la verrerie, dans un autre des objets de sellerie, des ceintures de pistolets, dans un troisième des coffrets en bois fermant avec un cadenas et ornés de fleurs baroquement peintes, enfin un quatrième contenait des étoffes de mouchoirs et sur le devant de la boutique étaient diverses sortes de clous et des barres de fer. Notre souper consista en un mouton entier farci avec du riz poivré et rôti au feu; du vin rouge de Jagodin fut acheté k des voituriers, qui en conduisaient à Valiévo. Depuis ce point les montagnes de Roudnik ont l'air de se diriger del'E. àl'O., tandis qu'à l'E. celles, qui les lient au Kosniai, courent du S. S.E. au N. N. O. Au S. du mont Venschatz ces dernières s'abaissent de manière à ouvrir un passage d'autant plus facile du bassin de la Koloubara à celui de Kragoujévatz que les pentes sont très peu sensibles des deux côtés. Sur ces monts paraît avoir été situé, dit-on, un ancien bourg. A 1 y, b. de Schmerlikovatz est le village de Jivkovitzi (le Scbibkovitz des cartes) (71 m. et 451 h.) à 563 p. de h. abs., d'où on a encore 3 h. jusqu'à Treschniavitza (des cerises) et on rencontre le village de Jalovik (le Jalovnik des cartes). Cette route passe sur les dernières éminences, qui précèdent un petit col à 11. de Treschniavitza. C'est un pays de riants pâturages et de petits bois de bouleaux. Le col est dominé au N. par de petites cimes d'une centaine de pieds et a lui-même une élévation absolue de 073 p. Le village de Voukosavtzi (Voukassevatz des cartes) (56 m. et 377 h.) s'y trouve placé. On continue à voyager à l'E. ou S.E. sur le côté septentrional de la vaste échancrure entre les montagnes de Roudnik et celles de Venschatz; ce pays est occupé par des prairies émail-lées de fleurs odoriférantes et arrosé par deux ruisseaux, qui coulent de l'E. à l'O. On dirait un des coins de la terre, tel que le pays des idylles. Treschniavitza ou Treschnévitza (le Treschniavez des cartes) se divise en haut et bas (T. Gornia 79 m. et 577 h. et T. Dolnia25 m. et 179 h.) et est à 995 p. de h. abs.; 50 feux du bas village sont cachés dans un vallon dépendant du bassin du Jasénitza et à quelque distance au N. est un Han isolé, où nous passâmes la nuit. Une galerie couverte fort commode entourait la moitié de cette auberge et pouvait se fermer au moyen de grands contrevents de bois s'ouvrant de haut en bas. A côté de la maison était un petit jardin potager avec de la salade, des ognons, des haricots et des choux. Dans un bosquet voisin une troupe de Zin-zarcs nomades étaient établis autour d'un beau feu et se mirent à danser plus tard au son de chants semblables quelquefois à des hurlemens. Quoique fort près d'un village, nous ne vîmes aucune femme serbe, les hommes allaient eux-mêmes chercher les choses nécessaires et les apportaient. A 1% de I. au S. S. E. est le village de S chat orni a (OS m. et 462 h.), après cela vient Stragari (69 m. et 475 h.) et % h. plus loin Blasnovatz ou Blasnava (B. Gornia 49 m. et 353 h. et Dolnia 45 m. et 411 h,), tous les trois sont situés dans la partie supérieure de la vallée du Jasénitza, qui s'étend jusqu'au pied des monts Schtouratz courant de l'O, à l'E. Le Jasénitza prend sa source dans ces montagnes et va passer à Ja-bari après un cours en grande partie au N. E. Dans le coude qu'il décrit près des villages cités , il a l'air de couler au S. E., puis S. et après l'E. Il reçoit le Srbernitza (d'argent), qui vient de l'O. On passe à gué ce dernier torrent, sur un affluent duquel est situé au S. le couvent de Blagovjestie (de l'Annonciation). On entre dans un petit défilé boisé, qui monte au col de Klisoura (défilé) et qui contient un petit cours d'eau se rendant au N. O. dans le Srbernitza. Ce passage, garni ça et là de rochers, dure une petite demi-lieue et à son entrée est au S. le hameau de Kotraja (pron. Kotradja) (37 m. et 266 h.). Dans ces lieux la partie voisine de la chaîne des monts Roudnik a l'air de courir du S. S. E. au N. N. O. et présente une ou deux cimes pointues rocailleuses. Klisoura, à 1060 p. de h. abs., n'est qu'une misérable auberge avec quelques maisons éparses, un arbre près de la route nous parut l'endroit le plus favorable, pour y faire notre dîner. Depuis ce point de partage des eaux du Jasénitza et de celles de la vallée de Kragoujévatz nous eûmes à traverser plusieurs émi-nences boisées avant d'atteindre le petit torrent duLèpénitza. Le village de Koutlovo (le Kutiélava des cartes) (33 m. et 231 h.) paraît placé plus au S. O. sur ce dernier. En remontant de là sur les hauteurs, nous passâmes au-dessus du village de Schlivovatz (33 m. et 214 h.), qui est en effet entouré de beaucoup de pruniers, d'où lui vient son nom. Depuis là jusqu'à Divostin nous franchîmes encore deux petites hauteurs boisées en chênes. Divostin (17 m. et 124 h.), placé à ya h. au N. E. du très petit couvent de Dratscha et à 1 y2 1. de Kragoujévatz, n'offre sur la route qu'un Han, où on vend de l'eau de vie et du vin. A côté se trouvent quelques arbres et les murs d'une petite église, qui paraîtrait ancienne. Les environs occupent une espèce de plate-forme dominée à l'O. par de petits sommets boisés en chênes. Une vaste forêt de ces arbres sépare ces lieux de la campagne ouverte de Kragoujévatz et elle garnit une pente tout-à-fait insensible. Une espèce de bruyère sèche précède Kragoujévatz, dont le voisinage s'annonce par quelques plantations de pins à droite de la route. On débouche devant le Konak du prince par une rue large et longue, qui est boueuse par la pluie à cause du manque de pavé. Elle est garnie de petites maisons composées simplement d'un rez-de-chaussée et ayant un jardin sur le derrière et ce n'est que vers le Konak que commencent les habitations à un étage du Tscharkiou ou du quartier à boutiques. xxxm. iï s 111; $ 11,1 DEPUIS KRAGOUJÉVATZ A O U J IT Z É AVEC LA TRAVERSÉE DES MONTAGNES DE ROUDNIK. Nous fîmes en 1836 la course des montagnes de Roudnik avec Mr. Etienne Radischévitch, alors secrétaire du conseil du prince Milosch. Nous nous dirigeâmes de Kragoujévatz au N.O. par la plaine sur Divostin, lieu précédé d'un grand bois de chênes, qu'on met près d'une heure à traverser. Derrière Divostin s'élèvent des petites cimes calcaires, ayant de 50 à 60 p. de hauteur, au S. desquelles passe la route, tandis qu'au S. de cette dernière est plus bas le petit vallon du couvent de Dratscha (épine), où il n'y a qu'un moine. Le hameau voisin du moine nom contient 49 m. et 311 h. On peut aussi se rendre aux montagnes de Roudnik sans passer par Divostin en suivant la vallée du Jédralitza, qui reçoit l'eau du torrent de Dratscha. Cette route va rejoindre l'autre dans les bois de chênes à environ une petite heure de Divostin. En deçà de la petite hauteur de Divostin on voyage dans des bois de chênes et on laisse à droite la route de Valiévo pour gagner une crête à l'E. du village de Ragojévatz. Au N. N. E. on voit les montagnes d'Estévitza et on distingue depuis Baré (46 m. et 285 h.) au S. O. par-dessus d'autres montagnes des cimes appartenant aux monts Stolovi près de Karanovatz, On voyage pendant une heure sur des plate-formes inégales, stériles et non-boisées, qui forment le sommet des hauteurs entre le bassin du Grouja ou Grouscha au S. et du Jasénitza de Jabari au 19 N. Le paya devient enfin plus ouvert et on arrive dans le liant du large bassin du Grouja, où on voit de beaux pâturages et des villages. L'entrée des montagnes de Eoudnik est fermée par un petit défilé coupant le mont Vrbava et donnant issue aux eaux du Grouja. Sur le côté N. O. de cette véritable porte des montagnes se trouvent en-dehors les villages de Vrbava-Gornia (haut) (34 m. et 320 h.) et Dolnia (bas) (36 m. et 302 h.). Dans ces environs est aussi un lieu que Mr. Viquesnel nomme Krotschétz-nitza. Un vallon champêtre, occupé par des prairies, remonte à l'O. et est entouré de montagnes verdoyantes et en pentes douces. Nous passâmes près des villages de Lipovatz (38 m. et 222 h.) et de Tzernova, puis nous arrivâmes à y2l.de l'entrée des montagnes à une petite auberge isolée appartenant au couvent de Vratchévschnitza, à 4y4 h. de Kragoujévatz. Notre dînée y avait été préparé par ordre du prince, et des moines nous y attendaient. Nous nous accroupîmes autour d'une table basse à la turque, placée dans un verger sous un bel arbre. Le couvent mentionné contenant 5 moines, n'eBt qu'à '/2 h, de là dans un vallon étroit et boisé, qui court environ de l'O. à l'E. et remonte sur les flancs orientaux des montagnes de Schtouratz. Nous nous dirigeâmes au S. O. par un vallon, qui reçoit les eaux provenant des montagnes de Bélopolie, qui décrivent au S. à environ 1 1. de distance un arc de cercle de l'O. à l'E. Presque toutes leurs pentes sont déboisées et couvertes de prairies et il n'y a des bois que sur les cimes les plus élevées surtout au S. O. Leur hauteur peut varier de 1800 à 2500 p. Au N. du Han les montagnes sont plus basses et aussi déboisées et n'ont que 1000 à 2000 pieds. Nous quittâmes bientôt le vallon en question pour monter à l'O. par une belle forêt de hêtres au hameau de Tzernoutja ou Tzernoutscha, appelé supérieur ou gornia (19 m. et 195 h.) pour le distinguer de l'inférieur ou dolniia (29 m. et 230 h.). Le prince Milosch y a encore le petit domaine de ses pères. Il y a ajouté quelques nouvelles acquisitions et il fait entretenir leurs modestes habitations de paysans entourées de quelques prairies. C'est là où il passa les années malheureuses de 1812 à 1815. En deçà de ces maisons, en grande partie en bois et sur le bord d'un petit ruisseau, on monte à une pelouse située à. l'entrée d'une grande foret, qui s'étend jusqu'à Maidan. C'est le lieu où les Serbes, re* poussés par les Turcs arrivés à Roudnik, campèrent après la révolte de Milosch ; leurs femmes et leurs enfans étaient cachés dans la forêt et leur position paraissait désespérée , vu leur petit nombre, mais l'arrivée de quelques renforts mit enfin fin à cette pénible situation et les Serbes purent reprendre l'offensive. Nous continuâmes à monter par les bois entremêlés de petits pâturages jusqu'à un col situé au moins à 2600 p. de h. A peine ce passage franchi que nous descendîmes rapidement par des mauvais sentiers à travers une forêt touffue de hêtres, où le sol était humide et où il avait de petits ruisseaux coulant à l'O. Nous marchions au S. O. et débouchâmes enfin après 8/4 h. de descente sur le col bas du mont Prljiné, où des filons granitoïdes sortant en relief sur le schiste, produisent l'effet d'anciens tombeaux. Depuis ce point nous n'eûmes plus qu'une petite descente pour atteindre le torrent de Maidan ou du Despotovitza, qui coule presque N.-S. et afflue dans le Mavtscha à 2 1. au-dessous Brousnitza. On sonna la cloche de l'église à notre arrivée au village de Maidan (87 m. et 615 h.), à 8 h. de Kragoujévatz ; une trentaine de paysans nous y attendaient, le maire en tête. On nous y avait préparé trois cabanes pointues de feuillages et improvisé une table et des bancs pour notre repas. Le capitaine de Roudnik et du dL-tiict ainsi que le Kmet firent les honneurs. Malheureusement il plut toute la nuit, nous aurions bien voulu remettre notre excursion à la cime du Schtouratz pour un autre jour; mais il n'avait pas moyen, nos courses ayant été fixées d'avance par le prince et les paysans se trouvant déjà sur la montagne, occupés à rôtir le mouton et les poulets pour notre dînée. Nous montâmes donc aux anciennes mines de Maidan sur les pentes S. O. du Schtouratz, malgré un brouillard épais et remarquâmes dans le vallon du Despotovitza au-dessus du village des tas de scories provenant des usines érigées sous Tzerni-Gcorge. Après y avoir considéré les amas de rochers bizarrement découpés où sont situés les exploitations et après avoir descendu dans un trou formé par un écroulement, nous dînâmes sous un roc dans une petite caverne. Le brouillard s'étant dissipé, nous nous hâtâmes de gagner depuis là la double cime des Schtouratz. Nous passâmes devant 19** la bouche d'une ancienne galerie et tournâmes au pied N. (X de ces sommets autour d'un cul de sac en nous dirigeant à l'O. et N. E. Puis nous montâmes directement au S. sur le petit Schtouratz, qui est une crête courant de l'E. à O. et à demi boisé en hêtres. Nous eûmes de ce point, atteignant 3145 p,, une vue étendue à l'O. et au N. O., quoique quelques traînées de vapeurs blanches nous masquassent encore quelques vallons. Les montagnes paraissent coupées de ce côté par de profonds sillons courant du N. au S, Quand il fait clair, on voit la chaîne serbe le long de la Drina et même son extrémité septentrionale, le Tzer. Au petit Schtouratz nous nous séparâmes du capitaine de Roudnik en nous embrassant à la serbe, et nous passâmes sur la pente occidentale très élevée du grand Schtouratz, qui est au S, du petit et court du N. au S. Ce sommet allongé est boisé en hêtres et atteint environ 3245 p. Depuis là on peut gagner la vallée de Vratschévschnitza en traversant un large et bas col boisé en hêtres. Cette descente, d'environ à 2% h., a lieu continuellement dans des bois ou des pâturages 1). Si on va en charrette de Kragoujévatz à Oujîtzé, il faut se rendre par la vallée de Grouja à Tschatschak ou bien aller de Kragoujévatz à Schatornia et remonter le Jasénitza pour atteindre Roudnik presqu'au haut de la partie orientale de la vallée au N. du mont Schtouratz. Ce village a 50 maisons et 95 habitans ; non loin de là est perché sur la cime d'un mont la ruine de l'ancien château d'Ostrovitza. Les despotes Brankovitch y eurent une résidence. Roudnik figure au commencement de la révolte du prince Milosch, parce qu'un certain Musulman nommé Tokatlitsch y fut assiégé dans sa maison et tué par le Serbe Lomo, et plus tard les Turcs pénétrèrent de Belgrade à Roudnik. Dans les monts Roudnik est la source de Dizdarévitza (de Dizdar, portier). ') LTgoumcn du couvent de Vratchévschnitza nous reçut fort poliment. Cet ecclésiastique avait vu le monde, il avait été en Russie, en Italie, en Angleterre et même il avait touché à Marseille. Il nous logea dans un bâtiment particulier de deux étages, où il y avait outre de vastes galeries des chambres garnies assez élégamment a la turque de tapis et de divans. Il nous servit de plus dans la galerie du couvent un pompeux souper tout-a-fait à l'européenne avec tables, chaises, nappes, assiettes, verres et services en argent. Le prince Milosch a fait des donations assez considérables a ce monastère. Le cercle de Roudnik comprend les trois districts de la Morava, du Tzrnogora et du Katscher. On y compte 47 communes, 1 bourg, 113 villages, 5613 maisons et 36,687 habitans. Il y a trois écoles et la poste. La résidence du commandant et du tribunal sont à Brousnitza. Le district de la Morava comprend 1 bourg, 40 villages, 2564 maisons et 15,729 âmes. Le commandant réside à Brdjani. Celui de Tzrnogora ne compte que 38 villages avec 1667 maisons et 11,503 âmes. Le commandant est à Maidan. Enfin celui de Katscher contient 35 villages, 1382 maisons et 9452 âmes. Le commandant réside à Blasnava. Depuis Roudnik on descend à Maidan dans la vallée du Despotovitza, qui coule presque du N. au S. et se réunit à la Ditschina dans la plaine de Sokolitchi (32 m. et 159 h.) , tandis que la Ditschina descend du mont Soubor et des environs du village de Polom (26m. et 217 h.), et joint le Tschémcrnitza dans la plaine Priiélina (86 m. et 458 h.). On va depuis là gagner au S.80. par la crête à l'O. le bourg de Brousnitza avec 63 maisons et 205 habitans. C'était la résidence du prince Jean, frère du prince Milosch, et le lieu de naissance de la famille des Obréno-vitch. Le prince Milosch y avait aussi un Konak. Brousnitza est sur le côté oriental de la vallée du Despotovitza. Il est traversé par un petit affluent de ce dernier. Non loin de là est le mont Rouda-Glavitza (petite tête de mines). On descend la vallée du Mavtscha, dont les sources sont au N. N. O. dans le Souvobor- Planina, qui les sépare de celles du Ljig. On passe une colline pour atteindre ïakovo (49m. et 331 h.), où le prince Milosch posa les armes en 1813 et les reprit en 1815. On gagne ensuite le torrent du Ditschina, qu'on descend, et on se dirige sur Berschitchi (53 m. et 270 h.) à 3 1. de Brousnitza et S'/j 1. de Tschatschak. On traverse la petite crête du Kremen, puis le vallon boisé en chênes du Tschémernitza, qui, d'après Gavri-lovitch, prendrait sa source dans le petit Maliéna près du village de Koschoutitch et irait à travers le cercle de Roudnik joindre la Morava dans le Koniévintschko-Polie. En laissant à gauche Praniani (172 m. et 1102 h.), on débouche par le village de Drou-jétitchi (79 m. et 598 h.) sur le grand torrent de Kaménitza (pierreux). On fait ensuite le tour de la montagne de Gonia, qui est le prolongement septentrion; il du Kabl ar, on va gagner Otal (30 m. et 218 h.) dans la vallée fertile de Skrabesch, qui est un 21)4 sillon latéral de celui que parcourt le Kaménitza. On traverse par des bois de chênes la crête, qui sépare ce vallon de la vallée du Pojéga. Depuis ces hauteurs on apperçoit la belle vallée de Dobriniia avec les trois villages de ce nom avec l'épithète de Gorniia ou supérieur (62 m. et 402 h.), de Dolniia ou inférieur (43 m. et 299 h.) et de Sredna ou du milieu (48 m. et 401 h.). Cette localité est célèbre pour ses bonnes eaux. L'un de ces villages est le lieu de naissance du prince Milosch. Ce dernier y a bâti une église en l'honneur de son père. Au N. O. de Dobrinia est le mont Soubiel et au N. E. le Povlen. On passe à Dobrodol ou Dobrodo (bonne vallée) (27 m. et 173 h.), où les montagnes deviennent plus hautes. Puis en deçà du Pojéga on gagne à 1V2 1. de là Oujitzé en traversant à 1 1. avant cette ville à Ponikovitza (36 m. et 214 h.) la Louschnitza (Cendrillon), torrent, qui se réunit au Pojéga et va tomber avec ce dernier dans la Morava à quelque distance au-dessous de Pojéga J) La dernière partie de cet Itinéraire est extraite du voyage en Servie de Mr. Pîrch. XXXIV. de kragoujévatz à novtpazar en bosnie par KAKANOVATZ et STOUDENITZA. (Distance de 28 '/4 d'heures.) On sort de Kragoujévatz par la grande rue, qui part du Konak du prince et on se tient sur la pente orientale, qui borde la vallée riante du Lèpénitza. On se dirige à l'O. la 0 S. vers les sources de ce cours d'eau, pour passer à une basse partie les montagnes, qui séparent le bassin de Kragoujévatz des affiuens de la Morava supérieure ou des eaux du Grouja. Après '/2 h. on rencontre deux villages, à 1 li. celui de Koritchani (12 m. et Si h.) et plus loin vers la montagne celui de Dragobratjé ou Dragobratoha (43 m. et 237 h.). On monte par une forêt de chênes au col du mont Grasuitza, qui est près du village de même nom et situé à gauche de la route. On est alors à 1160 p. d'élévation et en descendant on distingue à l'O. une cime, qui est probablement le mont Kablar (le tonnelier) sur la Morava, tandis qu'un peu plus loin on voit au S. S. E. des montagnes élevées et à sommets un peu en pain de sucre, savoir les monts Stolovi (de Stol, chaise) au 8. de Karanovatz. La vallée champêtre de Lipnitza (Lippicza des cartes) à 3 1. de Kragoujévatz est au pied des montagnes et occupée surtout par des prairies. Cette eau coule d'abord du S. 0. au N. EM puis du N. O. au S. E., pour aller joindre le Grouja (rpyaia). Dans une partie très évasée de cette vallée est un lian isolé, le Mestin ou Schestin-Han, qui est à 544 p. sous le col du Grasnitza et est environ à moitié chemin entre Kragoujévatz et Karanovatz. Un potier en était l'aubergiste et n'avait guère à nous offrir que de l'eau de vie, mais nous avions apporté avec nous notre dîner. Au S. et à l'O. la vallée est bordée par la chaîne du Kotlénik, qui court du S. au N. avec une légère déviation à l'O, et dont les crêtes ont des contours fort doux. Ce sont des hauteurs de 4 à 500 p. sur la vallée, qui se lient aux monts de Roudnik et de Schtou-ratz par le Tzrnagora, mais à l'E. les montagnes de Gléditch ou du Gléditschka-Planina sont un peu plus élevées et boisées en chênes. Ces dernières séparent les sources du Lévatschka et du Ka-mcnska-Rieka d'avec le bassin du Grouja-Rieka (Kirucha des cartes), qui coule surtout du N. O. au S, E. et a ses sources au village de Vrbavé (V. Gomii 34 m. et 230 h. et Dolni 36 m. et 302 h.), tandis que les deux autres cours d'eau vont du S.O.-N.E., contraste, qui indique bien deux systèmes de montagnes. On passe le Grouja-Rieka sur un petit pont en bois et on traverse à 1 '/2 de Schestin-Han un ruisseau, qui vient du S. O. et va joindre le Potoschena- Voda, pour se rendre ensemble à l'E. dans le Grouja-Rieka. On voyage toujours dans une vallée enclavée à l'E. par des montiignes boisées de 8 à 900 p. et à l'O. par d'autres de 2 à 300 p. Quelques champs de maïs y indiquent le voisinage d'un villnge. Ainsi après avoir passé quelques éminences basses, on laisse à droite les villages de Vitkovatz (62 m. et 408 h.) et de Milakovatz (39 m. et 258 h.), dont le dernier est déjà à 2 1. de l'auberge de Schestin. Depuis ce point on apperçoit au S. plusieurs sommités élevées en deçà de la Morava ; on est alors à 31. de Karanovatz. A Vo h. plus loin on passe sur un pont un petit cours d'eau et on va gagner de là le vilhige de Vitanovatz (147 m. et 814 h.). Jusques là on n'était pas sorti du bassin du Lipnitza et du Grouja, dont les eaux réunies coulent au 8. E. dans la Morava, nous avions côtoyé leur côté occidental. Depuis ce pont nous montâmes à l'O. en deçà du village de Vitanovatz et prenant une direction S.O. nous franchîmes J'éminence couverte de bocages, qui sépare ce village de la vallée de la Morava. Nous nous tînmes dans le milieu des falaises, trni bordent cette rivière jusqu'à la descente sur Podvitanovatz (Vitanovatz inférieur), (le Schovaritza de Mr. Viqucsnel) à 1 1. de Karanovatz. 2!)7 La vallée de la Morava forme dans ces lieux un bassin d'une douzaine de lieues de longueur sur 1 ou 1 l/a 1. de largeur. Ka-ranovatz est au milieu. Cette plaine est traversée par l'Ibar, qui ne sort qu'à 1 I. au S, de cette ville des profonds défilés, dans lesquelles il se jette à Mitrovitza ou à l'extrémité septentrionale de la plaine de Kosovo. La vallée de la Morava avec ses belles prairies, ses cultures, ses villages et ses grandes rivières forme un coup d'oeil d'autant plus imposant que ce diamant de la couronne serbe est enchâssé dans un amphithéâtre magnifique de montagnes. Au S. s'élèvent un grand nombre de hautes sommités, parmi lesquelles les monts Stolovi sont les cimes élevées les plus proches. Elles ont plus de 3000 p. A l'O. de ce groupe on apperçoit les gras pâturages du Tschémére-Planina, où les marchands de bestiaux engraissent leurs animaux. Au loin à l'E. on entrevoit une extrémité du mont Jastrebatz (l'épervicr), à l'O. les monts Ov-tschar et Kablar bordent la Morava sous la forme de buttes arrondies et une lisière de plus basses hauteurs boisées règne le long de la rive septentrionale de la môme rivière. On comprend très bien que Karanovatz, placé au milieu de ce superbe cirque sur la berge élevée de l'Ibar, ait paru à quelques Serbes digne d'être le siège du gouvernement central, mais tant que la Servie n'aura pas dépassé ses limites actuelles. Kragoujévatz sera toujours préférable à cause de sa place au centre du pays, mais si les vedettes serbes reculent une fois jusques vers la Macédoine et l'Albanie, alors on pourra penser à porter le siège des affaires à Karanovatz ou à Kruuschevatz. Nous dépassâmes le confluent de l'Ibar dans la Morava, or comme il avait plu dans les montagnes à l'O., cette dernière roulait des eaux jaunâtres à côté des belles eaux claires de l'Ibar. Le bac, qui sert à passer la Morava, était en si mauvais état et. si plein d'eau que nous préférâmes passer la rivière à gué, ce qui n'est facile que par des temps de sécheresse. Ne connaissant pas le gué, nous priâmes les bateliers de nous guider, mais malgré nos offres d'argent ils le refusèrent, ayant déjà guéé l'eau inutilement pour nous. Nous fûmes étonnés de trouver en Servie un service de cette importance si mal fait, Karanovatz (du mot turc Kara, noir, et Novaiz, monnaie) est à 9 h. de Kragoujévatz. Le plan de ses rues paraît avoir été fait dans l'espoir d'y voir un jour une grande ville, trois ou quatre rues ridiculement larges pour un si petit endroit et de si basses maisons aboutissent à une grande place ronde, dont le milieu est un cirque gravelé. Une ou deux rues sont garnies de pavés trop bombés et bordées de profonds ruisseaux. Autour de la place et dans la rue, qui va à Kragoujévatz, sont surtout dispersées quelques habitations d'un étage. L'auberge avec une grande galerie ouverte au premier est aussi sur la place circulaire. Cette ville comptait en 1846 303 maisons avec 1125 habitons, dont 260 payaient en 1838 la Porêsa ou l'impôt. Il y a une église et une école. C'est la résidence d'un archiprêtre, qui a sous lui 5 églises et 10 paroisses. Le district de Karanovatz comprend 1 bourg, 18 villages et 20 hameaux ou 2742 maisons avec 14,122 âmes. Le commandant réside à Karanovatz. A une grande lieue au S. de Karanovatz près du village de Besbogo est l'ancien couvent de Jitscha (IKnia), où sept rois serbes ont été couronnés. Pour atteindre cette ruine située en deçà d'un torrent de ce nom, se rendant du S. E. dans l'Ibar, il faut passer cette dernière rivière à gué et traverser un grand nombre de champs de maïs et de prés, au milieu desquels on remarque aussi quelques marécages à eau vive et à sangsues. (Voyez la description de Jitscha dans ma Turquie. Vol. 2, pag. 381.) Depuis Karanovatz on prend une bonne idée des gros mamelons du mont Ovtschar (berger) au S. de la Morava et du mont Kablar (tonnelier) au N. de cette rivière et on voit aussi la longue crête de l'O-strovatska-Planina au N. de Tschatschak. A l/2 h. de Karanovatz on traverse le hameau de Tschibou-kovatz et à 1 h. Konarevo (ensemble 174 m. et 947 h.), dont le Han isolé (Konarevo-Han) ne se trouve qu'à */4 d'h. plus loin. On est alors tout-à-fait au pied des montagnes et on observe au bas des monts Stolovi un grand nombre de petites éminences bombées de serpentine. La vallée de l'Ibar parcourt encore ici un joli bassin orné de champs de maïs avec des vignobles sur ses bords. Cette rivière coulant dans la plaine de Karanovatz au N. E., a ici un cours S.-N., après avoir décrit à l'E. un coude très fort et bordé de précipices. Pour éviter ces derniers, il faut traverser cette espèce de promontoire à une assez grande hauteur, d'où on apper-çuit le village de Ribnitza (107 m. et 497 h.) dans les montagnes sur la rive orientale de l'Ibar. On comprend que ce point peut de- venir militairement de quelque importance au cas qu'un ennemi soit parvenu à pénétrer jusques là depuis la Bosnie. Le Lopatniska-Rieka arrose un vallon étroit, qui court du N. O. au S. E. et tombe dans l'Ibar. Sur ses bords est un petit mauvais Plan couvert en planches avec une petite écurie en osier, dont le toit laissait pénétrer la pluie. Il paraîtrait qu'il y a encore quelques maisons cachées dans les montagnes. Ce hameau de Lo-patnitza et celui de Maglitch (brouillard) font partie du village de Bogosavatz (144 m. et 909 h,), qui est sur la montagne auN.O. On remonte de là à une certaine hauteur dans les pentes boisées le long de l'Ibar, qui coule du S. 38 °0. aulS,.380E. Une descente assez rapide à l/2 1. du Han de Lopatnitza conduit à cette dernière et la route n'est plus qu'une étroite corniche au bord de l'eau. Un reste d'anciens murs épais y indique encore qu'un fort fermait une fois ce passage important, qui est suivi d'une grande montée d'une demi-heure de durée. Arrivé sur la hauteur, la route est encore dominée par des cimes boisées de 7 à 800 p. et ne se rapproche plus de longtemps de l'Ibar. A 3/4 d'h. de ce col on passe dans des prairies et quelques champs ainsi que près du petit hameau de Ivrschlisché, qui reste à droite sur la pente des montagnes et on observe sur une butte de la rive orientale de l'Ibar les belles ruines du château serbe de Maglitsch (de Magla, brouillard). On comprend qu'avec le mode de faire la guerre dans le moyen âge et avant la découverte des canons, on trouvait important d'isoler ainsi sur une espèce d'isthme un fort, d'où on pouvait aisément fermer le passage des défilés le long de l'Ibar; mais il est dominé de toutes parts. Après avoir ainsi voyagé une heure sur des pentes assez hautes et déboisées, on descend un peu, pour remonter de plus bel dans des montagnes plus élevées que celles qu'on a traversées et couvertes à leurs cimes par des pins. Ces hauteurs portent le nom de Déméronia. Vis-à-vis à l'E. se trouve au pied du Jélin (iKe.iHii) et du Plotsch le district et la vallée de Joschanitza avec son chef-lieu de Bania (49 m. et 444 h.), où il y a des eaux thermales. D'après Mr. Vouk Stephanovitch, qui a fait cette route, les contreforts de ces montagnes forment vers la partie inférieure de cette vallée le mont Jadovnik et le gros mont de Koukavitza (de Kouka, un crochet). Sur le côté méridional de cette vallée Mr. Bou- gorski place une montagne du nom de Stara-Planina (vieille montagne). Quoique la route avait été faite en 1835, elle était déjà mauvaise et les chevaux de bât avaient surtout de la peine à se tirer de la boue argileuse produite par la pluie. Nous rencontrâmes là des paysans avec des chevaux chargés de blocs de bois de pin, pour allumer le feu et en faire des flambeaux. En s'éloignant toujours plus de l'Ibar au S. O., on descend rapidement pendant une demi-heure depuis ces hauteurs dans la vallée profonde de Dou-bosehitza (profonde), qui court de l'O. 5 0 N. à l'E. 5 0 S. et débouche dans l'Ibar. Entre ce point et la vallée de Stoudénitza est le massif élevé du mont Djako va ou par abréviation Djako, appelé ainsi du nom d'un fameux brigand. On le franchit à 3477 p. de h. abs., après avoir dépassé plusieurs mamelons subordonnés. Malgré les descentes réitérées depuis Karanovatz nous nous étions élevés graduellement à un niveau bien supérieur à celui de la vallée de la Morava, de manière qu'en montant depuis Douboschitza, on atteint bientôt la limite inférieure de la région des pins à 1591 p. de h. On continue à monter encore un peu, pour descendre de là à Brzrrik (lieu de bouleau), hameau situé sur la pente des montagnes à 4 1. de Lopatnitza. Le Kmet du lieu fut requis par le capitaine, qui nous accompagnait de la part du prince Miloseh, de nous servir une collation composée de lait et de fromage blanc. En un instant nous étions servi et il reçut par contre de nous la Tschoutra ou gourde de bois contenant du Kaki ou de l'eau de vie. Après en avoir bu, il s'informa du prince et du colonel de Krousehevatz, sous les ordres duquel ce capitaine du Jélin se trouvait. Il chargea ce dernier, de faire bien ses complimens [Posdrav mlogo) au colonel, ce qui caractérise bien l'espèce de gouvernement patriarchal de la Servie, où le moindre homme n'a pas l'air de sentir la distance qu'il y a entre lui et les premiers dignitaires de l'état. On se dirige depuis là de nouveau au S. O. par-dessus deux montagnes toutes boisées en hêtres de haute taille et mêlés de peupliers. La montée surtout dans la dernière partie est très rapide, parce que souvent la route ne décrit pas de contours et s'élève tout droit. Il nous fallut 1'/a h., pour arriver enfin au col du mont Djako, qui est dominé par des cimes de 60 à 100)). plus hautes. De ce point on descend assez graduellement par des bois de pins clair- SOI semés et en faisant plusieurs contours on débouche enfin, après une bonne heure, dans la profonde vallée de Stoudénitza, où on revoit des cultures de maïs et des noyers. C'est dans cette descente qu'on commence à bien voir au S. S. E. les cimes allongées du mont Kopaonik, tandis que jusques là on n'a guère en vue à l'E, que les doubles sommités pointues du Jélin et d'autres montagnes coniques entre ce massif et celui des Stolovi. En général les montagnes sur cette partie de Plbar sont bien plus hautes sur le côté oriental que sur le bord opposé, de manière que ce n'est que depuis ces dernières qu'on peut appercevoir une partie des chaînes de la Bosnie méridionale. Nous avons déjà dit que depuis le Kopaonik on voyait môme par-dessus celles-ci le Dormitor l). Le vallon de l'a Stoudénitza (froide) court du N. 3ya0O. au S. 3Y2° E. et reçoit les eaux du Schivitza, petit ruisseau descendant à l'E. de la montagne de Djako. Les sources principales de la Stoudénitza sont à l'O. dans les montagnes de Brousnik et au S. dans les crêtes adjacentes du ïolitz et du Javor, qui séparent le bassin de Stoudénitza de trois affluents de la Morava serbe, savoir le torrent de Rogatseha (92 m. et 722 h.), prenant ses sources dans le Jélitza et débouchant dans la Morava près de Marko-vatz, le Gorouschitza et la Moravitza descendant du Javor et coulant au pied du Branianska-Planina. Cette dernière reçoit deux principaux affluons du N. E. ou du Tolitz, ils sont séparés par le mont Tschémerno (amer) et atteignent la Moravitza, l'un àRantza et l'autre à Bédina. On a encore un bon bout de chemin à faire sur la rive occidentale de la Stoudénitza, avant d'appercevoir la coupole de l'église et atteindre le couvent à 91/2 h. de Karanovatz. La nécessité de faire tourner la route autour de plusieurs proéminences l'allonge beaucoup. On rencontre le village de Djakovo au pied du mont Djako et plus loin celui de Brézova (de bouleau). Il compte 127 ') L'étymologie du mot de Dormitor ou Dourmitor pour une des crêtes les plus remarquables de la Turquie me paraît se trouver dans les deux mots albanais Doré ou Douré, la main, et Tourré, un amas de pierres. Eu effet on ne peut mieux caractériser la série de pics dolomitiqucs de ces montagnes. De même on, pourrait demander, si Pirlitor ne viendrait pas de Piroua, fourchette, et Tourré, amas de pierres, à cause de la forme du défilé, ou est ce château. Quant au nom des monts Visitor, il dériverait de Vijé, sillon, ou de Vis, sommet, et de Tourré à cause de leurs nombreuses cimes coniques. :u>2 maisons et 1003 habitans, parce que 10 hameaux en dépendent. En avant du couvent, des moines dirigeaient des travaux champêtres ou se promenaient. Une petite porte dans le mur d'enceinte ne put pas admettre les chevaux de bât , de manière que nous fîmes le tour du monastère, pour gagner l'entrée principale sur le côté méridional. Le couvent est près du cours d'un torrent sur le pied du Radotschélo. Comme ce couvent a servi plusieurs fois de poste militaire et a été pris neuf fois de force, les anciens édifices ont été détruits et brûlés, la belle église a même souffert considérablement des coups de fusils et de canons. Actuellement on trouve dans cette enceinte de murailles deux églises, une très petite et une grande, (voyez leur description dans ma Turquie. Vol. 3, pag. 465), plusieurs bâtirnens brûlés, dont il ne reste que les murs, deux petites dépendances et le couvent nouveau ou réparé. Ce dernier, adossé contre la muraille extérieure du côté du N., contient d'un côté les chambres de 6 à 7 moines et de l'autre des locaux pour les étrangers et les malades, car ce couvent est toujours en grande réputation à cause des guérisons, qui s'y sont opérées. Avant l'établissement des quarantaines serbes, les Chrétiens s'y rendaient par dévotion à certaines époques de l'année depuis la Haute Moesie, l'Albanie supérieure, la Bosnie et même depuis l'Herzégovine. D'autres y venaient, pour se faire guérir et même des Bosniaques musulmans ne dédaignaient pas d'y paraître pour le même motif, mais à présent ces voyages sont tellement entravés que les moines se plaignent de n'avoir plus cette source de bénéfices. Du reste la règle de ces moines n'est pas sévère, car nous fûmes fort surpris de voir à la brune des femmes se faufiler dans les cellules des bons pères, pour se confesser, tandis que deux d'entr'eux se conduisirent avec nos domestiques d'une manière tout-à-fait contre les règles de la morale. Malgré l'absence de Ylgou-men ou prieur, nous y fûmes fort bien traités et on nous donna même des provisions de vin et d'eau de vie pour notre route, sur laquelle nous allions en manquer. Les poissons de laStoudénitza surtout les truites, les perches et les brochets, ont de la réputation. Depuis Stoudénitza il y a deux routes, pour aller à Novi-pazar, celle des charrettes, la plus ordinaire, va gagner l'Ibar et remonte la Basehka, tandis que l'autre plus directe franchit la montagne entre le Javor (Acer platanoides) et le Tschémerno (amer) et descend sur Novipazar par le côté occidental de la vrillée de la aoa Déjéva (/I,eîKfcBai. Sur la montagne est le village de Sovik et beaucoup de hameaux existent dans la vallée de la Déjéva. Le seul village de Rilindo (vallée de la bouche) comprend les 15 hameaux suivans, savoir: Binitchi, Louka, Gradovik, Bjania (PjKauja) Jablanovitchi, Kotraja (KoTpaîK»), Maléschévo, Gradatz, Zarévo, Tschéschliari, Besvori, Sremtsehé, Portari, Krouschévitza et Pa-métina. Bs contiennent ensemble 80 maisons et 625 habitans ; l'église est à Rilindo. En descendant la vallée de la Stoudénitza, nous remarquâmes à gauche des carrières de marbre et bientôt nous traversâmes un bois de pins, dont la plupart des arbres étaient coupés et renversés, pour les brûler et en rassembler la poix. Nous arrivâmes à Bo-rovtzi à y2 h. du couvent, ensuite à Ousié ou Ouschié, village à 1f„ l.de l'Ibar et passant la Stoudénitza sur un pont nous allâmes remonter au S. un de ses affluons, le Radouscha-Voda, qui plus haut coule du S. O.-N. E. De nouveau depuis ces collines nous eûmes la vue des monts Jélin et Stolovi au N. E. ainsi que celle du Kopaonik au S. E., tandis qu'entre nous et ce dernier était le mont Stoudéna, Au pied occidental du Jélin se voyait la vallée du Joschanitza. En longeant la montagne, nous montâmes à un col boisé en chênes, d'où nous redescendîmes au S. par une pente assez longue et faiblement garnie d'arbres jusqu'à une jolie pelouse entremêlée de champs. C'est là que sont situées non loin de l'Ibar les maisons dispersées de Ba-liévatz (le Pélanevatz de la carte). Nous nous dirigeâmes vers la demeure d'un paysan-aubergiste, mais à peine y étions-nous arrivés que le capitaine du lieu et son secrétaire vinrent nous demander nos passeports. Notre guide, le capitaine du district de Jélin, nous avait abandonné, de manière que nous n'avions qu'un paysan, pour certifier que nous avions la permission du prince, de sortir de Servie par la frontière de Novipazar. Sans cela le capitaine nous aurait forcé de rétrograder, l'ordre précis et absurde était alors qu'on ne devait sortir que par les quatre lieux des lazarets ! Les hauteurs à quelque distance à l'O. de l'Ibar paraissent s'appeler Tsehémerno-Planina. A '/2 h. S. de Baliévatz nous arrivâmes sur l'Ibar au torrent et village de Brvéni ou Brvnitza. Ce hameau avec quatre autres fait partie du village de Biotzi, qui compte 79 maisons et 584 habitans. Au pied d'une butte derrière les maisons nous remarquâmes une église ruinée. A une demi-heure plus loin est une ruine semblable sur le bord opposé de l'Ibar et à i ôté une nou elle et belle église blanche avec un clocher à la hongroise. Elle fait partie du village de Pavlitza (17 m. et 72 h.). A '/2 *h- PlUS loin est Blasovo. Il est tout naturel que cette route le long de l'Ibar porte des traces de dévastations, puisqu'elle a été si souvent le théâtre d'invasions meurtrières. Après avoir traversé des pays si boisés, il est curieux de se trouver tout-à-coup dans une contrée dépourvue d'arbres ou simplement garnie de petits broussailles. C'est surtout le cas pour la rive orientale de l'Ibar, toutes les pentes des montagnes y sont pelées, sur le côté opposé on rencontre encore quelques restes de forêts de pins, mais plus loin la route est resserrée entre la rivière et des roehers escarpés noirâtres ou rougeâtres. C'est avant ce défilé que l'Ibar décrit un grand coude à l'E., pour reprendre ensuite sa direction du S. au N. On passe près du confluent de la Raschka et de l'Ibar et on remonte le long de la première rivière, qui forme ici la limite serbe et bosniaque. Tous ses bords étaient garnis soigneusement d'une haie artificielle, mais cela n'empêchait pas qu'on ne fraudât la quarantaine et que des Serbes ne continuassent leur trafic avec les Bosniaques. Une outre de poix restée sur la route et percée attestait au moins qu'un jour auparavant un Serbe avait été pris par le gendarme de ronde en flagrante contravention et s'était enfui de l'autre côté du ruisseau, pour éviter la punition et malgré une blessure de sabre. Son charriot avait été confisqué. Le long de la Kaschka se présente d'abord un pays dénudé de bocages et un sol pierreux, il est traversé par un petit cours d'eau venant du N.E„ recevant ses eaux du Tschémerno et se jetant dans la Raschka. Plus loin des champs de maïs et d'autres céréales, ainsi que des prés encadrent fort bien cette rivière et contrastent avec les hauteurs pelées des bords de la vallée. Nous couchâmes au Han isolé de Milatkdvitsch, dont le toit était plein de trous et où il n'y avait point d'écurie. Nous eûmes aussi bien de la peine à y trouver quelque aliment, il fallut envoyer à distance et encore n'apporta-t-on que du lait. En continuant à longer de loin la Raschka dans les hauteurs, nous arrivâmes à '/2 1. de là au poste de Raschka situé vis-à-vis du confluent du Doukimpotok (torrent venant du S. E.) avec l'Ibar. Nous étions sur la limite du Paschalik de Novipazar et trouvâmes dans une maisonnette de bois un Boloubaschi avec cinq hommes armés de pistolets et de carabines, qui étaient chargés de la garde de 2 1. de frontière. Ils nous avouèrent que leur service était difficile à bien faire et ils nous montrèrent les haies qu'on avait construites, môme à travers les montagnes sur la frontière. Cela rappelait en petit la grande muraille en Chine. Dans le commencement de l'établissement des quarantaines en Servie, ce poste avait aussi un lazaret, qui n'est plus aujourd'hui qu'un parloir ou Sastanak. On y voyait encore sept huttes, une cour et le parloir (parlato-riutn), le tout en osier ou branches d'arbres tressées, de manière qu'on ne comprenait pas, comment on pouvait empêcher les prisonniers de ne pas communiquer les uns avec les autres. Après avoir envoyé notre Tarfare chercher des chevaux de poste à Novipazar (à 9 h. de Stoudénitza), nous renvoyâmes notre postillon serbe et nous nous campâmes sous des pins en dehors de la porte d'osier du territoire serbe. Tout ce pays est sauvage et inculte comme une bonne partie des hauteurs à l'E. et au S. E. en deçà de la Kaschka, Le côté serbe est presque dans le même état de nature à l'exception des bords de la rivière. Le poste est isolé au milieu de bois de pins et il est à 2 1. de celui de Bélopolie (plaine blanche), qui est au N. O. La vallée de la Kaschka court avant le poste de l'0.5°N. à l'E. 5 0 S., mais en deçà sa direction est du S. 3° O. auN. 3°E. On la remonte jusqu'à Novipazar. (Voyez l'Itinéraire, N°. 12.) Notre Tartare nous avait déjà annoncé, de manière que nous trouvâmes notre logement tout prêt chez un notable chrétien et un pope était chargé de pourvoir à notre nourriture, c'est-à-dire d'aller commander notre dîner par forme de réquisition chez quelques-uns de ses paroissiens, afin qu'une seule famille n'eût pas cette corvée. Un nouveau Pascha, créature de Veghihi-Pascha, résidait depuis peu de temps à Novipazar. Il nous parut plus convenable que le défunt. XXXV. a % i i; i i: i a j,"g de P O J A ïï EVA T Z à O U j I T Z É PAR JAGODINA et KROUSCIIÉVATZ, U ne plaine, couverte de pâturages et de bestiaux, s'étend au S. de Pojarévatz. A 1 h, de ce bourg on laisse à droite de la route le village de Pragova, qui est sur la rive orientale d'un cours d'eau, qu'on côtoyé pendant quelques instances, et pour lequel on m'a donné le nom probablement fautif de Résava. Cette eau à deux affluents est indiquée aussi bien dans la carte de Vienne que dans celle de Bougarski et est bien différente de celle qui, ayant un plus long cours, coule plus au S. et porte le nom de Révatscbina dans les cartes. Cette dernière vient de Porodin et se dirigeant du S. E. au N. O., tombe dans la Morava au-dessus de Loutschitza (1G1 m. et 962 h.). On parcourt ensuite une foret de chênes, qui couvre le pied occidental de petites collines aussi boisées et s'élevant à 300 p. C'est dans cette forêt que se trouve le village de Mali-Popovatz, à V2 h plus loin est celui de Poliana (134 m. et 785 h.) et à 1 h. de là celui de Vlaschki-Dol (la vallée valaque) (153 m. et 828 h.). Dans ce lieu des prairies interrompent l'uniformité de la forêt et un cours d'eau , appartenant à la dite Resava ? coule à % h. à droite de la route. Le grand village de Provo (194 m. et 1132 h.), à 4 h. de Pojarévatz, est encore au milieu des chênes. A l^b. plus loin est le village semblable de Rakinatz (172 m. et 1060 h.) et peu après vient Oréovatz, et à 2% h. celui de Jabaré (96 m. et 595 h.) qui est entouré de pruniers et de prés, Livaditza (129 m et 773 h.) est située à 7 h. de Pojarévatz dans une autre oasis de verdure au milieu d'une forêt de chênes, et à ]/2 h. plus loin on remarque sur la colline à gauche le village de Porodin (275 m, et 1598 h.). A y2 h. de là le grand village de Koschouliévo est encore total-ment caché au milieu d'un bois de petits chênes. Le bourg Svi-lanitza est entouré de plantations de pruniers, les rues y sont tirées au cordeau et larges. On y compte plus de 479 maisons et 2593 h. Il y a une église et une auberge. Ce bourg devrait son nom à l'éducation des vers à soie, qui y a pu exister, car Svila signifie soie en slave. A peu de distance au S. de Svilanitza on passe la Ré-sava sur un petit pont et on s'approche des hauteurs, qui s'avancent dtms la vallée de la Morava et y forment un étranglement entre Glogovatz et Ribaré, A 2 1. de Svilanitza on atteint Glogovatz (90 m. et 550 h.) et on franchit de petites éminences, pour arriver aux villages de Medvedja (84 m. et 525 h.) et de Popovitch, situés le premier à 3 h. et le second à 4 h. de Svilanitza. On monte ensuite sur le mont Lipar, qui est une plateforme boisée en chênes, d'où on a une vue à l'E. sur les montagnes calcaires et escarpées de Gorniak. Le plateau est incliné faiblement du S. au N. et atteint 700 p. de h. abs. Depuis son extrémité méridionale on domine la plaine de Jagodin et de Tchoupria, La route descend en ligne directe sur ce bourg, tandis que celle de Jagodina va à droite au S. O. passer par Drajimirovatz (24 m. et 154 h.) à Glogovatz, où il y a un bac pour traverser la Morava. Sur la rive opposée est le village de Ribaré (145 m. et 882 h.), qui est entouré de pruniers comme les autres hameaux. On longe la Morava et va gagner la plaine verdoyante de Jagodina, en avant, de laquelle se remarque encore une petite mosquée. Depuis Jagodina on va gagner le pont de Tchoupria. (Voyez l'Itinéraire Nr. 2.) On continue à longer les montagnes du Gior et à J/4 h. du partage des routes allant à Tchoupria et à Jagodina, on passe au village de Majeur (93 m. et 497 h.), qui est suivi par celui d'Ostrikovatz (31 m. et 158 h.), et à Va h. plus loin par Gornia-ou Mali-Jovatz (Jévatz des cartes) (34 m. et 190 h.) fet Delni- ou Véliki-.iovatz (117 ni. et 594 h.). Ces deux villages sont séparés par le torrent du Vran jévatz, sur lequel il y a plus au S. un 20 ** :îoh village de ce nom. À '/ïï 1. du Dolni-Jovatz est le village de Dvoritza (de la cour) (24 m. et 1221).), à V2 1. plus au S. celui de Rasohévitza et à V4 h. de là celui de Potoschatz, tous trois situés au pied du mont Veterina. Près de Rasclicvitza la route passe très près de la Morava, qui coule de là au N. 0. vers Tchoupria. A Y4 h. de Potoschatz on passe le chemin, qui conduit au village de Svoïnovo à l/2 b. de la Morava, et continuant à longer dans des pâturages le bord escarpé de la Morava, on rencontre à % h. au S. E. du dernier village celui d'Obrej (Oopeat, pion. Obrége) à !/2 h. de la Morava, à */2 h. au S. O. celui «le Katoun et à l/2 b. plus loin au S. S.E. le grand village de Varvarin. La route passe à l/2 h. à l'O. d'Obrége et traverse directement la plaine de Varvarin. Celle-ci a 2 h. de largeur et est coupée par un vallon, qui dans le village a 80 à 100 p. de largeur et est bordé d'es-carpemens argileux de 30 p. d'élévation. C'est dans ces lieux que les Serbes sous Tzerni-George réunît à 3000 Russes sous le commandement du comte Ourourk, battirent les Turcs en 1810. Dix mille hommes en repoussèrent 30,000, qui avaient pénétré en Servie depuis Krouschévatz et avaient passé la Morava à Ja-sika. Ils étaient commandés par Churschid-Pascha. Depuis Varvarin à Jasika la route reste sur la rive gauche de la Morava. A '/2 h. S. de Varvarin on trouve le village de Maskaré (04 m. et 366 h.) et à 1 V2 h. celui de Boschnianc (101 m. et 571 h.) sur le ruisseau de même nom et à 1 h. plus loin le village de Schanatz (57 m. et 390 h.). De Jasika à Trsténik on laisse à 1 h. à droite le village de Kouklin (143 m. et 799 m.), qui a une demi-lieue de longueur et est placé au pied du mont Basar (?) sur le torrent du même nom. Puis viennent les villages de Bélavoda (eau blanche) (110 m et 652 h.) et de Koujousi (101 m. et 586 h.); le dernier est un peu à droite de la route, qui est carrossable. A 1V2 h. à l'O, de Drenova est le village de Tzrnisehava. Un peu plus à l'O. on traverse la Morava et on passe par Potschékovina (67 m.et 377 h.) et à Y2 h. est à gauche le bourg de Trsténik (188 m. et 889 h.). Pendant cette route on voit au S. le Jastrébatz et à Drénova, à 3 h. de Jasika, on distingue déjà la cime du Kopaonik, et on voyage sur les pentes des petites lufuteurs bordant la Morava. On peut aussi passer la Morava à Stalatch ou Jasika et se rendre à Krouschévatz, d'où on gagne par la plaine Ribnik, vil- mm lage apparttenànt au prince et entouré d'un demi-cercle de vignobles et avec une nouvelle église. La Morava s'y trouve dans un sillon assez étroit, mais à 1 '/2 h. Plus loin la vallée s'élargit de nouveau et a quelquefois 2 1. de large. Son fond est cultivé et les pentes des montagnes sont couvertes de vignobles. Trsténik est dans Une position fort champêtre. Au N. de ce bourg est situé en deçà de la Morava dans une gorge le vieux cloître deLjoubostin et à 3 h. au N. dans la vallée de Kamenska le beau monastère de Kalé-nitch avec un village de 30 maisons et 296 habitans. Entre Krou-schévatz et Karanovatz Mr. Vouk Stephanovitch cite la ruine de Jérénin-Cfrad sur la rive gauche de la Morava. Depuis là jusqu'au défilé entre le Kablar au N. et POvtschar au S., la vallée de la Morava est assez large et une des plus belles de la Servie, les teintes foncées des forêts, principalement de chênes, contrastent avec la fraîche verdure de ces fonds. Entre Trsténik et Karanovatz la vallée acquiert une largeur de 2 à 3 1. Les principaux villages sur cette route sont Novosélo, Glavnitzé (25 m. et 172 h.), Kourilovo (151m. et 790 h.) et Ratina (97 m. et 466 h.). On passe l'Ibar à gué, pour atteindre Karanovatz, qui est à y2 1. de la Morava et est placé sur les bords assez élevés de l'Ibar. En 1815 il fallut en chasser les Turcs, quoique tout le reste du pays fût délivré de ces derniers, ils purent gagner Novî-pazar. De Karanovatz à Tschatschak on n'a qu'une vaste plaine à traverser, où le chemin passe par une forêt de chênes, qui ne cesse qu'à 11/4 d'h. avant cette dernière ville, La vue des deux pyramides du Kablar et de l'Ovtschar est ce qui frappe le plus le voyageur, l'un a au moins 1900 p. et l'autre environ 1500p. de h. Sur leurs pieds sont des vignobles. Cette route de 6 h. touche les villages suivants, savoir: Makova-Rieka, Samaili (167m.et 1007 h.), Mrsehintzi avec le II an de Slatina à 3 h. de Karanovatz, Jéschévitza, Vilouscha et Drvari. Entre Markova-Rieka et Samaili le village d'Adrani (141 ta. et 751 h.) reste adroite de la route et vis-à-vis de Vilouscha sur la rive gauche est le hameau de Koniévitch. Avant Tschatschak on passe un torrent, qui descend du S. du mont Jé-litza. En deçà de la Morava règne une plaine cultivée produite probablement par les alluvions des trois grands cours d'eau du Mavtscha, 'lu Ditschina et du Kaménitza. Ce bourg, situé au pied méridional du mont Ljoubitza, contient 305 maisons et 948 habitans. C'est la résidence du commandant et du tribunal du cercle de môme nom. Il y a une église et une école de 2 classes. L'archi-prôtre de ce bourg a sous lui 13 paroisses et 6 églises. Le cercle deTschatschak comprend les 4 districts deDragatsché-vatz, de Stoudénitza, de Karanovatz et de Trnava (village de 95 m. et 677 h.) ou 58 communes, 2 bourgs, 56 villages, 174 hameaux, 7607 maisons et 40,073 habitans. Il y a 4 écoles. La poste est au chef-lieu, une quarantaine et un Sastanak sont à Ratsehka. Le district deDra-gatschévatz comprend 17 villages, 25 hameaux, 2287 maisons et 15,710 âmes. Le commandant réside à Virovo. Celui de Stoudénitza contient 10 villages, 114 hameaux, 936 maisons et 7597 âmes. Le commandant est à Klatnitzi et Stoudénitza. Celui de Karanovatz est composé d'un bourg, 18 villages, 20 hameaux, 2742 maisons et 14,122 âmes. Le commandant réside à Karanovatz. Celui de Trnava se compose d'un bourg, 11 villages, 15 hameaux, 1642 maisons et 8649 habitans. La résidence du commandant est à Tschatschak. En dehors de cette dernière ville était une église serbe ancienne, qui fut convertie en mosquée et redevint une église sous Tzerni-George, en 1813 c'était de nouveau une mosquée sous Mi-losch. C'est sur la pente méridionale du mont Ljoubîtza que se retrancha ce prince au commencement de la révolte en 1815 et d'où il parvint à mettre en déroute les Bosniaques descendus d'Oujitzé. De Tschatschak à Oujitzé la route de voiture gravit sur la pente du Jélitza en laissant la cime de l'Ovtschar de côté, parce que cette montagne forme de grands précipices sur la Morava. C'est dans ce lieu, près du monastère de Blagovjéschténije, qu'il y a au milieu de la rivière un rocher nommé Mosna-Stijéna, dont le nom de pierre du pont vient de ce qu'on l'a employé pour y placer un pont. On passe à Esdina et Doutschalovitza et on redescend sur la Morava qu'on atteint à Dougavtzi, ce qui fait une distance de 774 d'h. De cette rivière à Oujitzé il n'y a plus que 2;,/4 d'h. et on rencontre encore Priianovitchi (34 m. et 206 h.), Pojéga (28 m. et 90 h.) sur le torrent du Pojetscha -Rieka et Terditch. Il est évident que Mr. Pirch, en faisant cette route, a fait un détour au S., puisqu'il a passé à Rtari , qui n'est qu'un hameau dépendant de Doutschalovitza et à Virovo, qui avec 3 hameaux compte 163 maisons et 1111 habitans. Naturellement il a pu voir ainsi le confluent du Rsav avee la Morava et le couvent d'Arilie près de cette dernière rivière. Depuis là on gagne Oujitzé par la vallée de la Détschina. Le cercle d'Oujitzé comprend quatre districts, savoir ceux de Rouian, de Ratsclian, de la Morava et du Tzrnagora (mont noir). Il y a 95 communes, 3 villes, 193 villages avec 8322 maisons et 07,354 habitans. Il a 6 écoles et deux douanes à Mokra-Gora et Vasilina-Tsclicsma et une quarantaine au premier lieu, ainsi qu'un Sastanak ou parloir au second. La poste aux lettres est à Oujitzé. Le district de Rouian (de Mottj, Uhus cotiitus, L.) comprend 1 bourg, 02 villages, 3485 maisons et 25,150 habitans. Le commandant réside à Oujitzé. Le district de Rat s chan contient 31 villages, 1320 maisons et 10,450 âmes. Le chef-lieu est à Bôgat-sehitza. Le district de la Morava est composé d'un bourg, de 30 villages, 1758 maisons et 13,250 habitans. La résidence du commandant est à Ivani t za (122 m. et 501 h. avec une église et une école). Enfin le district du Tzrna-Gora contient 1 bourg, 64 villages. 1653 maisons et 18,494 âmes. Le commandant demeure au bourg de Pojéga. Le diocèse d'Oujitzé, comprenant les districts ecclésiastiques de Tschatsehak, d'Oujitzé et de Roudnik, consiste en 115 paroisses avec 58 églises, 11 couvents avec 44 moines et 119 prêtres séculiers. Oujitzé communique avec la Bosnie surtout par Vischégrad, Préboj, Radesch, NoviVarosch (nouvelle ville), Siénitza et Novi-pazar. La premieri; route de 10 h. passe sur le côté sud du Schornik, pour atteindre les eaux du Ratscha ou du village de Mokra-Gora (mont humide), vallée dont on suit le côté méridional jusqu'à Vischégrad. Avant d'atteindre la frontière bosniaque, il y a un rétrécissement de la vallée produite par une crête particulière courant du N. O. au S.E. et nommée par Kiepert Veliki-Stolatz ; l'autre portion de cette montagne serait en Bosnie en deçà de la Drina. Celle-ci occupe une fente entre ces deux parties de la montagne et décrit un contour1 remarquable, sa convexité étant tournée au N. O. A l'O. de Vischégrad avec son château fort est le Voutschia-Brdo, qui force la Drina à dévier de sa direction S. O.-N. E. pour prendre celle de l'O. à l'E. La seconde route un peu moins longue passe la montagne entre le Schornik et son prolongement au S. E., l'Okrougla. On y atteint Préboj. Pour aller à Novi-Varoscb, aussi une distance de 10 h., on se tient plus au S. O. et passe à l'E. des sommités, nommées Okroutschli-tza, sur le côté occidental de la vallée du Rsav, bordée au S. E. par l'arête du Moutschan. On débouche siuTIvantscha RiekaparResnitza ou Retschitza (28 m. et 203 h.) et on franchit un col entre l'Okrougla et le Slatibor, La quatrième route, une distance de 14 h., est celle d'Oujitzé à Siénitza en remontant la rive occidentale de la Morava. Peu après Ivanitza la route se partage, l'une va à Siénitza par les sources de la Morava et sort de Servie au poste de Vasilina-Tsehcsma entre le mont Slatibor et le Golja-Planina (monte chauve). L'autre traverse la Morava et longe la Moravitza, pour passer à Glédina un col au S. O. de la crête du Branianska-Planina. C'est le partage des eaux d'une de ses sources de la Moravitza et du Lè-pénatz. On longe ce dernier et on arrive en Bosnie par le poste d'Otiratchéschnitza. La Morava serbe a trois sources-mères dans la montagne de Golia et sur le revers de celles, d'où sourde la Lioutzka-Ricka; l'une commence au lieu dit Jankov-Kamen ou Roudo-Brdo, l'autre s'appelle d'Ertschéska - Rieka du village du nom d'Ertschége (Ep'iejK) (30 m. et 284 h.), et la troisième vient des environs de Skendervotzi (du mot turc Iskender, Alexandre?). Tel est le renseignement détaillé de Mr. Gavrilovitch, dont aucune carte ne rend compte. 11 ajoute même que le nom de Morava n'est donné à cette rivière que depuis le couvent d'Arilie et qu'au-dessus elle s'appelle Moravitza. Les affiuens principaux de la Morava serbe sont à l'O. le Lipovatscha et la Grabova, qui descendent du N. O. ou du Moutschan, et plus bas le Rsav et le Détschina. A l'E. on remarque surtout la Moravitza avec deux grands tor-rens tributaires ainsi que le Gorouschitza. XXXVL de pojarevatz à jagodina pau la VALLÉE de là MLAVA et GORNIAK «). O n longe la colline derrière Pojarévatz en passant à Orliévo (54 m. et 281 h.) et on la franchit vers Boliedroug, pour arriver dans la vallée de la Mlava. Sur sa rive occidentale on rencontre successivement les villages de Laolé-Véliko (15(5 m. et 999 h.) et Laolé-Malo (52 m. et 325 h.), de Dol et de Tschestobroditza ou Bosour près du confluent du Bosoura avec la Mlava 2), de Djosdin et de Schétonie (120 rn. et 721 h.) (le Poschelna de Mr. Bougarski ?). A ce dernier vient aboutir la route venant de Koutschaina ou du bassin moyen du Pek, en tournant au N.O. le haut Omolie , et depuis là on peut visiter le couvent de Gorniak à une dizaine d'heures de Pojarévatz. Ail. avant, ce monastère la Mlava coule pendant près d'une heure dans un défilé étroit et garni de rochers calcaires. On y remarque des cavernes et la ruine d'un château ancien. Au S. les hauteurs prennent le nom de Slataja, tandis que le nom général de Gorniak-Planina comprend les montagnes surtout calcaires et à escarpemens à l'entour du couvent, de Gorniak. Ce monastère ') Nous donnons encore cet Itinéraire, en partie d'après Mr. Pirch, malgré <|iie nous n'en ayons vu qu'une portion dans trois points, parce qu'il complette en quelque sorte notre description très détaillée de la Servie. *J Le Bosoura reçoit du N. O. les eaux du Trmscha-llieka, réunies a celles de l'Isvor. avec quatre moines est placé dans un très petit bassin, qui a l'air d'être fermé à cause du peu de largeur du défilé de la Mlava et il est entouré de rochers escarpés calcaires comme ceux du défilé. Si on remonte la Mlava, on passe par les villages de Kré-polin (129 m. et 847 h.), situé sur le Krépolinska-Rieka, et à Ri -baré (42 in. et 301 h.), ayant à droite le mont Soumoratz et à gauche le mont Vran. La Mlava reçoit du côté septentrional trois affluens, savoir le Kravaritza, puis le Bresnitza à '/2h. avant Kré-polin et plus haut le Somorovitza. Après Ribaré vient le village de Souvotlol, prononcé aussi Souodol (val sec) (92 m. et 073 h.), au N. duquel est l'ancien couvent de Terg, tandis qu'au S.E. est le village de Jagoubitza (pron. Djaboubitza) (116 m. et 1115 h.) sur les pentes des montagnes non loin des sources multiples du Mlava. Depuis là on peut se rendre dans la vallée supérieure du Pek en traversant la montagne d'Omolie et descendant, par la vallée du Todorovitza-Rieka. (Voyez Reise in Serbien par Pirch. 1830.) Lesnitza est au N. O. de Jagoubitza vis-à-vis du Sélena-Planina (mont vert) formant les basses pentes du mont Bélanitza. Depuis Gorniak un sentier franchit l'Am-Planina vers sa rencontre avec le Goloubinie, pour arriver dans le haut de la vallée de laResava, tandis qu'une route de voiture gagne Jagodina ou Tehoupria, en évitant au N. O. l'Am-Planina. On redescend à Schétonia et au moyen de la vallée du Bosoura et de celles de ses affluents, le Trmscha-Rieka et le Kaonitza, on franchit la crête de Glavtschina, partage des eaux de la Mlava et de laResava et on débouche à Slatovo (33 m. et 258 h.), où est la source du Kou-tinova coulant du N.E. au S.O. dans la Resava près de Sedlaré. On passe le Vrelo à Plajané (90 m. et G10 h.) et on remonte sur la rive droite de la Resava à Miliva (75 m. et 444 h.) sur le torrent du même nom. Près de ce village sont quelques ruines et en particulier Je château de Manasia, l'ancienne résidence du despote Etienne dans le 15ème siècle. Vis-à-vis s'élèvent sur le côté septentrional de la Resava les montagnes pelées de Malja et de Pastorak. Pour gagner depuis là la Morava par le plus court chemin il faut descendre la vallée à Svilanitza par Sedlaré (70 m. et 399 h.) ou bien en deçà d'un pont en bois sur la Resava il faut franchir une crête moins élevée que celle, qui enclave la partie supérieure de la vallée de la Mlava, mais elle est assez étendue pour qu'il faille environ 2 heures, pour parcourir sa pente douce vers la Morava. Si on veut gagner directement Tchoupria à environ 6 h. et non Jagodina par le bac de Glogovatz, on se dirige au S. de Miliva vers Bélaiké sur la Doubnitza, qui coule du S. au N. et reçoit le Voïnik avant de joindre la Resava. Au-dessus de Jéséro (35 m. et 259 h.) et des sources du Doubnitza on franchit la crête du Straschévitza, qui sépare la Resava du Ravanitza. A l'horizon au S. s'élève le massif Jastrebatz. Après avoir remonté leKovanitza et le Mirosava, affluons du torrent de Tchoupria, on arrive sur le Ravanitza. Dans cette vallée on passe près du couvent du même nom ou de Ravena, qui contient quatre moines, et on débouche enfin par une vallée plus ouverte sur Tchoupria. XXXVII. i v a v è a a s is i DE N I S G H À K R A G O U J É V A T Z par GOURGOUSOVATZ, BANJA et JAGODINA. J_ our gagner la frontière serbe à l'E. de Nisch, on traverse la Nisehava sur le pont, qui conduit à la citadelle et longeant le pied de cette dernière, on traverse en biais une belle plaine cultivée, en se dirigeant d'abord au 8., puis au S.E. et à l'E. A 23/4 d'il, de Nisch nous vîmes au S. E, le village de Posetsch et à l'E. S.E. celui d'Oraovitsch ; tous les deux sont situés sur la pente de petites montagnes calcaires et au pied d'escarpemens peu considérables. Si nous n'avions pas aperçu jusques là d'avoir monté, une première pente sensible précède Posetsch et elle est suivie d'une seconde, après laquelle nous vîmes que nous étions sur des collines tertiaires adossées aux crêtes calcaires. Après une petite descente, pour franchir la partie supérieure d'un vallon, on n'a plus qu'une très petite montée, pour atteindre le col bas et calcaire, où est situé le poste serbe de Groumada ou G ram ad a. Nous étions donc arrivés au partage des eaux par des pentes très peu considérables et fort douces. Ce col a tout au plus 5 à 000 p. sur la Nisehava à Nisch ou une hauteur absolue entre 900 à 1000 p. Les champs de maïs montent tout près de ce point sur son côté occidental, tandis que de l'autre il y a des petites bocages et à % d'h. sous ce col de formation secondaire il y a de nouveau des rochers tertiaires. Les hommes du poste ayant demandé notre passe-port, comme il était enfermé dans notre malle, notre domestique, un Serbe, les contenta bien vite, en leur apprenant les rapports que nous avion» eu avec le prince Milosch. D'ailleurs notre passe-port devait être visé à Gourgousovatz. En descendant du col à la vallée du petit Timok (Mali-Timok), on a une vue assez belle sur cette cavité, ornée de forêts et de cultures, mais sans habitations visibles. Les montagnes élevées sont des rochers calcaires, tandis que les collines sont des hauteurs de molasse. Dans le fond de la vallée, à x/2 h. du col, se trouve près d'un pont le Han isolé de Mali-Ti-mok-IIan *). Un village du nom de Posetscha se trouve cependant dans la vallée plus au N. La vallée du petit Timok court du S. au N. et surtout du S. E. au N. O. Elle a un petit quart d'heure de largeur et est environnée dans ce lieu de pentes pelées. Nous gravîmes sur celle à l'E. par une nouvelle route de voiture. Arrivés au haut, nous eûmes à parcourir pendant plusieurs heures des plate-formes calcaires, où il y avait ça et là des enfoncemens ou des gorges sans eau et qui nous rappelaient ces plateaux pelés fréquens en Lorraine et Bourgogne. Nous n'y aperçûmes qu'une seule habitation, quoiqu'il y eût bien ça et là quelques pâtres, mais les villages paraissaient pour le moment n'exister que dans les vallées des Timoks. A 2V2 ou 3 1. de l'auberge du petit Timok la route, allant de l'O. à l'E., tourne au N. et N. E. Dans ce lieu le plateau jus-ques-là déboisé, se couvre de petits chênes clair-semés et on approche du plus haut point de ces terrasses. Arrivés dans ce lieu de 1800 à 2100 p. d'élévation, nous y trouvâmes une caravane de charriots valaques chargés de cubes de sel de roche. Les charretiers avaient dételé leurs bœufs sur une petite pelouse et étaient *) Nous poussâmes nos chevaux dans la chambre commune de cette hôtellerie, pour les faire passer dans l'écurie, qui était derrière et nous y prîmes un petit régal composé d'oeufs sur le plat et d'un peu de jambon, que nous n'avions plus peur de montrer comme en Turquie. Il faut avoir voyagé dans ce dernier empire, pour comprendre, combien l'Européen se trouve déjà plus chez lui, une fois passé la frontière serbe. Une vieille moustache serbe étant venu s'établir devant le Han, pour se reposer un instant et s'abriter du soleil, nous lui offrîmes de prendre part à notre dîner, ce qui l'enchanta et l'amena à nous raconter les événemens, dont il avait été témoin et acteur sous Tzerni-George. occupés à faire du feu et préparer leur souper. De tous les habi-tans de la Turquie ce sont les Valaques, qui ont le plus singulier aspect à cause de leurs grands bonnets de peau de mouton noir ou blanc et à la Robinson-Crusoc. Depuis cetre sommité nous eûmes une vue très étendue au N., au S. et à l'E. Du premier côté on voit se succéder jusques vers les défilés du Danube des cimes rabattues toujours plus élevées; à l'E», en deçà des derniers contreforts des montagnes, la plaine valaque était étalée devant nous à perte de vue, tandis qu'au S. E. se montraient une accumulation considérable de montagnes, qui étaient celles entre l'Etropol-Balkan et Gorgousovatz. Dès lors nous ne cessâmes plus de descendre, pour atteindre la vallée du grand Timok et cette descente d'au moins 2 h. nous montrait, déjà, combien le bassin de Nisch et du petit Timok était plus élevé sur la mer que Gourgousovatz et Widdin. La gorge, qui conduit dans cette basse région, est fort pittoresque et assez large, car il y a de grands pâturages vers son milieu, des pâtres y faisaient entendre leurs fifres ou rassemblaient leurs troupeaux. A l'O. et l'E. des bois de chênes couvraient les pentes des montagnes. Le soleil commençait déjà à se coucher, quand nous parcourions encore ces bois et seul avec notre domestique, nous ne cessions de le presser, en criant Ilaidè, mais le pauvre garçon avait beaucoup à faire, pour chasser devant lui notre cheval de bât. et il perdait ainsi à tout instant son petit cheval. Il était presque nuit, quand nous atteignîmes le Timok coulant dans une vallée habitée et cultivée. Après l'avoir guéé, nous nous dirigeâmes à l'E., espérant d'arriver bientôt à Gourgousovatz qu'on nous avait dit n'être qu'à 9 h. de Nisch, tandis qu'il y a plus de 11 h. de route. Des feux allumés dans la campagne par des voyageurs nous paraissaient les lumières de ce bourg, mais vus à travers les vapeurs du soir, ces feux nous semblaient encore plus éloignés qu'ils n'étaient réellement. Nous passâmes à nuit close à côté de quelques-uns de ces bivouacs, où il fallait prendre garde aux chiens. On nous assura que nous étions sortis de la route de voiture. Ensuite remis dans le bon chemin, nous traversâmes un terrain marécageux, où il parut plus prudent de descendre de cheval. Enfin vers les onze heures nous étions, sans le savoir, à la petite descente, qui conduit à ( Jourgousovatz et qui surprit si subitement notre monture qu'elle trébucha et nous fit passer par-dessus la tete du pauvre animal harassé. L'aubergiste de Gourgousovatz allait fermer ses contrevents à notre arrivée. Une grande salle commune reçut dans le fond nos chevaux, tandis que nous nous couchâmes sur le comptoir de l'hôtellerie et notre George ronfla à mes côtés étendu à terre sur un tapis. Le lendemain nous fûmes éveillés par un bruit particulier, il faisait grand jour, l'aubergiste avait ouvert ses contrevents du comptoir et nous dormions à la vue des passans. Vis-à-vis de nous était une nouvelle maison couverte en tuiles, où se trouvait une école d'enseignement mutuel et à côté était aussi une nouvelle église bien proprement blanchie. Nous nous hâtâmes d'aller voir le maître de l'école, pour qui nous avions une commission, puis nous parcourûmes la très large rue garnie de boutiques, qui forme Gourgousovatz (pron. aussi Gourgouschovatz). C'était en 183G une bourgade toute nouvelle ; toutes les habitations n'y sont la plupart que des rez-de-chaussée à toits en tuile rouge et devant les boutiques il y a un passage couvert par la toiture. Une fontaine est l'ornement du Tschartscldou. A l'extrémité orientale du bourg est le Konah du capitaine du district, que nous trouvâmes en bel uniforme rouge à la turque et occupé à surveiller des bâtisses. Son secrétaire, un Hongrois slave, lut notre passe-port européen et le visa en ajoutant avec mépris qu'il n'avait rien à faire avec notre Teskéré turc. Gourgousovatz, comptant maintenant 321 maisons et 1484 âmes, est placé à environ 200 p. de h. abs. dans un petit fond de la large et assez fertile vallée du Timok, qui est bordée de montagnes à cimes rabattues. Au N., non loin de Gourgousovatz, le Mali-Timok se réunit au Véliki-Timok (grand Timok), qui prend sa source à 4 1. de cette ville en Bulgarie près du village de Bavna-Boutscha et entre en Servie à Korénatz entre les montagnes de Padina et Drnovrt. C'est sur le haut de cette rivière que les géographes placent Isnebol avec raison ou à tort, c'est ce que je ne saurais dire. Entre le grand Timok et un affluent du Timok, à environ 1 1. de Gourgousovatz, est situé le village de Zounitscha-Dolnia (33 m. et 228 h.), tandis qu'un autre, portant le nom de Zounitscha-Gornia (29 m. et 177 h), est placé plus à l'E. dans le haut de la seconde vallée. C'est dans cette direction que l'on va à Négotin et à Widdin, en longeant le Timok. Pour atteindre cette dernière ville, on abandonne la rivière au point, où on lapasse, pour aller au bourg de Zaitschar (422 m. et 2016 h.). Le mont allongé et tertiaire de Vratarnitza s'avance de l'E. vers ce point de la rivière et y produit l'espèce de petit défilé, qui a valu à ces hauteurs le nom de petite porte. Elles forment la frontière turco-serbe à l'È. ou au N. E. de Gourgou-sovatz et il faut traverser leur extrémité septentrionale, pour descendre sur Widdin. On sort de la Servie au poste serbe de Vrsch-katschouka. Le cercle de Gourgousovatz se ressent encore comme ceux d'Aleksinatz et de Podrina du voisinage de la Turquie. Propor-tionellement à l'étendue du terrain assez bien arrosé, on y trouve une population bien inférieure en nombre à celle des autres cercles de la Servie. Elle n'atteignait en 1846 que le chiffre de 31,001 âmes, distribuées en 60 communes, 1 bourg et 105 villages, comprenant 4306 maisons. Les cercles de Valiévo, de Kragoujévatz, de Schabatz et d'Oujitzé en ont plus du double et celui de Pojarévatz même trois fois autant. Tl est évident qu'on a détruit beaucoup de forêts dans le cercle de Gourgousovatz, ce qui a dénudé une partie des pentes de montagnes et les expose à perdre avec le temps leur terre végétale. Le cercle de Gourgousovatz ne se divise qu'en deux districts, savoir ceux de Svrlik et du Timok et de Zaglava. Le commandant et le tribunal résident à Gourgousovatz. Il y a 4 écoles et 2 douanes à la frontière, ainsi que deux Sastanak ou parloirs à Pandira et Gramada. La poste est au chef-lieu, où est aussi un archiprêtre dépendant du diocèse du Timok et ayant sous lui 29 paroisses et 10 églises. Le district de Svrlik prend ce nom d'un vieux château situé non loin de la rencontre du Mali-Timok avec son premier affluent. Il comprend 36 villages, 1144 maisons et 10,502 âmes. Le commandant est à Nischevtzi (50 m. et 500 h.). Le district du Timok et de Zaglava contient 1 bourg, 68 villages, 3162 maisons et 21,399 âmes. Le commandant est à Gourgousovatz. Nous nous dirigeâmes de Gourgousovatz à Banja, en montant au N. O. par une pente peu sensible et non boisée sur-une longue colline de molasse, formant le côté septentrional de la vallée du grand Timok. D'agréables vues de montngnes reposent l'œil surtout à l'E. et au S. A 2 1. de Gourgousovatz nous vîmes au N. E. de la route le village de Vina (43 m. et 328 h.) et à 3 h. nous atteignîmes le premier col, qui peut avoir une hauteur absolue de plus de 2000 p. A l'E. les montagnes boisées paraissaient s'élever à 500 p. au-dessus de nous et dans la vallée il y avait des éminences de 1000 à 2000 p. La plaine valaque terminait l'horizon de ce côté. Les vallées s'étendent de l'O. S. O. à l'E. N. E ou de l'O. à l'E. et les montagnes courent du N. au S. La route de Gourgousovatz à Banja est faisable avec des charrettes, car nous y rencontrâmes un convoi valaque amenant du sel de Slatina. Nous descendîmes du col dans un vallon assez profond, d'où nous remontâmes immédiatement à un autre col un peu moins élevé ou d'environ 1400 p. de h. abs. Nous fûmes frappés du terrain noir et argileux, qui couvre dans ces lieux les roches calcaires et y indique d'anciennes forets extirpées. Des pâturages et des plate-formes séparent le second col d'avec village de Schetlouk et n'offrent que quelques bergers. On les traverse de l'E. à l'O., en se tenant au S. des cimes calcaires, qui dépendent du Rtagne. En tournant un peu au N., on gagne le village de Schetlouk, qui est au S. du Rtagne, au N. de la montagne du Krestatatz-Planina et à l'E. de celle de Dévitza-Koulou. Le Rtagne ne paraît depuis ce point qu'une pyramide de rochers, tandis que le Dévitza-Koulou forme un sommet applati, allongé vers Bania et bordé de grands escarpemens calcaires assez pittoresques. Les bois de cette montagne contiennent, dit-on, assez de gibier. Depuis Schetlouk, village entouré d'une palissade en clayon-nage, il fallut descendre des pâturages, pour arriver au vallon, qui débouche à Banja. A % 1. avant Banja nous vîmes à gauche au pied des murailles calcaires de la montagne les faibles ruines d'un château du moyen âge. Banja, à 7 à 8 h. de Gourgousovatz, n'était en 1836 qu'un village de 132 maisons en partie en bois et la plupart alignées dans une seule rue. Aujourd'hui la population s'élève à 600 âmes. Son eau thermale érant excellente, ce lieu de bain mériterait qu'on le soignât. Si le pays est plat et déboisé à l'O. et au N. O. jusqu'à la crête à l'E. d'Aleksinatz et de Paratchin, au S. et à l'E. 21 ;î22 de Banja les montagnes offriraient des lieux convenables, pour établir des sentiers ombragés. La visite d'une petite source d'eau fraîche était en 1836 le seul but de promenade. Lors de notre passage ce petit endroit était rendu très vivant par la présence du prince Milosch et de ses employés supérieurs. Le prince nous invita à l'accompagner au sommet du Rtagne, ainsi qu'à un puits naturel, dont le fond est couvert de neige et de glace en été. (Voyez ma Turquie. Vol. 1, png. 132.) Le mont Rtagne surplombe à l'E. le village de Banja et n'en est séparé que par une longue pente gazonnée ou à bocages. Nous y montâmes, trompettes en tête, et fîmes un petit repas près du puits naturel, comme nous l'avons détaillé ailleurs. (Voyez ma Turquie. Vol. 3, pag. 285 à 288.) La pyramide du Rtagne fait l'effet de loin d'un petit cône volcanique, dont le cratère aurait deux échancrures. Ce n'est pourtant qu'une très petite sommité triangulaire calcaire, qui forme l'extrémité orientale d'une arôte fort mince. Pour atteindre cette dernière, on a une demi-heure de montée le long d'une pente rapide gazonnée, puis on escalade des rochers en gradins jusqu'à la cime. Une cinquantaine de personnes peuvent à peine trouver place sur cette petite plate-forme de 3600 à 3900 p. de h. abs. Des précipices s'y trouvent à l'E., au N. E. et au S. et résultent en partie de la verticalité des couches calcaires. La vue est magnifique et variée. Au N. s'échelonnait une suite de plate-formes calcaires très sauvages. Parmi ces sommets blanchâtres de 3000 à 3500 p. on distinguait surtout POmolie, tandis que la chaîne presque aussi élevée du Goloubinie et du Mosna-Planina (?) avec le Rtagne enclavaient à nos pieds, comme dans un cul de sac, le riant bassin du Tzerna - Rieka. De plus basses crêtes séparaient au S. le Rtagne des montagnes un peu plus élevées au S. E. de la plaine de Nisch, en même temps qu'à l'O. l'horizon était formé par le Jastrebatz. La Tzerna-Rieka afflue sous Zaitschar dans le Timok, commençant sous Gourgousovatz; elle reçoit plusieurs torrents, entr'autres le Krivivir et le Kresna, et porte, à tort ou avec raison, le nom de Timok dans quelques cartes. Bougarski l'appelle même Mali-Timok, ce qui est faux. Le cercle de Tzrna-Rieka (rivière noire) est composé des deux districts de Zaitschar et de Vragogrnatz ou de 30 communes, 1 bourg et 44 villages, 6183 maisons et 35,990 habitans. Le commandant et le tribunal résident à Zaitschar. Il y a 9 écoles. La douane et un Sastanak est à la frontière à Vrschka-Tschouka. La poste est à Zaitschar (422 m. et 2016 h.). Le district de ce dernier nom compte 23 villages et 2041 maisons ou 15,886 âmes et celui de Vragogrnatz a un bourg, 21 villages, 3542 maisons et 20,114 âmes. Les commandants résident à Zaitschar. De Banja nous nous dirigeâmes à Jagodina par la route la plus directe, car nous aurions pu gagner aussi la chaussée de Pa-ratchin, mais nous voulions voir les montagnes au N. Al 1. de Banja nous passâmes à Tergovischté, le long du chemin nous remarquâmes des éboulis dans le terrain argileux, qui forme le fond de la plaine de Banja. En remontant un vallon au N. E., on arrive par des champs et des vergers de pruniers à Vrmtza ou Vrm-scha (69 m. et 522 h.), hameau placé dans un cul de sac bordé de rochers calcaires bizarrement déchiquetés et troués. En deçà nous entrâmes immédiatement dans des bois de chênes et montâmes le long du Vréla-Rieka à un col occupé par des pâturages et quelques habitations. En deçà de ce col assez large de 1600 p. de h. abs. nous descendîmes pendant V2 h. par d'autres forêtsjus-qu'à y2 1. de Loukova. Ce village est situé à 4l/2 I. de Banja dans une jolie vallée, qui est la partie supérieure de celle du Louka-vitza, affluent du Tzernitza de Paratchin. Elle est au pied occidental d'une montagne calcaire escarpée se liant à la partie N. O. du Rtagne, mais moins haute que ce dernier '). Nous mîmes 2 h., pour atteindre le village de Krivi-Vr ou Krivivir à travers de basses collines arides ou ça et là couvertes de petits bois de chênes. Après cela nous entrâmes dans une belle ') 11 faisait nuit à notre arrivée, parce que nous étions partis trop tard rie Banja. Nous avions beau demander l'auberge, on nous disait toujours d'avancer et trompés ainsi nous allâmes donner du nez contre les feux des bivouacs de Zin-gares nomades. Revenus sur nos pas, nous trouvâmes enfin la maison de l'auberge, mais il n'y avait âme qui vive. Notre domestique alla alors chercher le Kmet ou maire, qui apprenant nos rapports avec le prince, nous reçut fort poliment chez lui et ne voulut pas absolument nous laisser reposer, avant que la soupe au poulet et au riz ne fut cuite. Un abri de feuillages secs devant sa maison nous servit de chambre à coucher, mais s'il avait plu, nous y aurions été peu commodément. Le lendemain à notre départ une jeune Zingarc. fort proprement habillée "a la bulgare et assez bien de figure, quoique basanée, vint nous présenter ses devoirs comme à un compatriote, prétendait-elle. Ces malheureuses sont, offertes ainsi par leurs parens aux étrangers et aux amateurs. forêt très touffue, de haute futaye et d'environ 1 1. de largeur, à sa sortie nous descendîmes de ce plateau à terroir rouge dans la vallée du Moutnisohka-Rieka. Le joli petit couvent de Svéta-Petka se trouvait à droite non loin du pied de la descente et un petit Han était tenu sur la route par les moines, dont l'un y était présent. Comme nous avions le malheur de voyager pendant un temps de grand carême, il n'y avait que des haricots blancs bouillis au sel. Ail. du monastère nous passâmes à gué le Moutnisehka-Rieka, qui arrose une vallée évasée et fertile et coule au N. O. Sur sa rive septentrionale étaient des vergers de pruniers et le village de Tzrnitza. Nous continuâmes à nous rapprocher de la vallée de la grande Morava par des plate-formes déboisées arides et incultes, qui formaient des talus inclinés à l'O. A 2 1. avant Tchoupria nous passâmes à Boschtané-Selo, où il-:f a des pâturages. A l'E. on distinguait encore le prolongement septentrional des montagnes calcaires à escarpemens, qui s'étendent de Loukova jusques à l'E. de Tzrnitza. A l'O. une vaste coupure dans les montagnes indiquait le passage de la Morava serbe à la grande Morava. Une pente insensible nous conduisit jusqu'à la plaine et nous fit arriver à Tchoupria à 1 1. du pied des collines. \) Le long pont en bois sur la Morava était dans un délabrement, qui menaçait ruine, non pas faute d'argent, mais à cause de la singulière excuse que celui, qui était chargé de le réparer, était occupé à d'autres travaux à l'autre extrémité de la Servie. Une inondation subite aurait rompu de toute nécessité les frêles soutiens de ce passage important. Pour la route de Tchoupria à Jagodina voyez l'Itinéraire N°. 2. En deçà de Jagodina on parcourt à l'O. une longue plateforme ou terrasse déboisée, très faiblement inclinée et en partie cultivée. Une paysanne portant des paniers de prunes jaunes, nous ayant rencontré, elle nous donna pour quelques sols presque la moitié de sa charge. Sur le pied de la montagne à iy2h. de Ja-godin nous vîmes un poteau avec une roue au haut, pour empaler les brigands après leur exécution. Nous entrâmes alors dans ') Arrivés au Sali-Iian à la turque près de la Morava, comme nous n'avions guère mangé depuis pius de 24 heures, nous nous ordonnâmes une soupe au riz et au canard, des haricots blancs et du lait aigre, mais notre domestique fit la remarque caractéristique que le canard serait probablement de trop. un petit vallon, où nous trouvâmes à L/2 I. le hameau de Stîplé entouré de basses montagnes et ayant un moulin mu par un filet d'eau. C'est à cet endroit que commence la montée, pour atteindre la cime des montagnes du Tzrni-Vr (cime noir), qui séparent la vallée de la Morava de celle du Lèpénitza ou de Kragoujévatz. Ces montagnes toutes couvertes de forets de chênes atteignent de 14 à 151)0 p. La première pente est assez forte, mais la seconde l'est moins, mais par contre plus longue ; entre les deux règne une espèce de terrasse. Nous mîmes une grande demi-heure, pour gravir ces hauteurs, où nous entrâmes dans les bois, pour y rester et tournoyer pendant 2 h. Dans les rares percées, qui s'offraient, nous n'apperçûmes de tous les côtés que des forêts et nous comprîmes alors la facilité, avec laquelle des brigands pouvaient faire disparaître des voyageurs dans ces lieux, de manière que la menace de la potence à leur entrée n'était pas jadis de trop. On voit évidemment qu'on a négligé d'élaguer les arbres comme moyen de défense pour rendre plus difficile l'entrée dans le bassin de Kragoujévatz. A 2]/2 de Stiplé nous rencontrâmes le premier être vivant et un petit llan au milieu des bois. Une femme et son fils y étaient occupés à dîner avec des haricots blancs, repas frugal que nous nous empressâmes de partager. Des pâtres erraient clans les environs avec quelques chèvres. C'étaient probablement d'eux ou de voyageurs que provenaient les restes de feux de bivouacs que nous avions aperçus dans l'épaisseur du bois. Depuis l'auberge de Drénak à Kragoujévatz on compte encore 2'/2 1. On descend presque toujours et d'abord par un prolongement de la foret. Après ls/4 d'h. on joint près d'une habitation isolée la grande route de Krouschévatz à Kragoujévatz. On voyage alors au milieu de prairies, de champs et de vergers de pruniers, où les gens de cette dernière ville viennent faire le dimanche des pieniques champêtres, H O M M E PROPOSITION d'un BIEN INTENTIONNÉ. Avant de clore qu'on me permette dans mon optimisme d'honnête homme de fermer l'oreille aux mauvaises augures sur la régénération possible de la Turquie et d'esquisser un plan administratif, qui ramènerait probablement cet empire à l'état de la civilisation exigé par l'Europe. Grâce à une sage politique des gouvernails, la tranquillité a régné jusqu'ici en Servie et en Bosnie, malgré la guerre dans la Turquie orientale, cela prouve la facilité qu'aurait eu depuis longtemps la Porte ottomanne d'attacher définitivement à son char les autres provinces de l'empire. Il ne s'agissait que de suivre une partie de nos conseils donnés en 1840 et de remplacer un bon nombre des Paschaliks prcsqu'entièremcnt chrétiens par des gou-vernemcns provinciaux, à la tête desquels on aurait placé pour un temps fixe ou viager des Chrétiens dévoués avec des privilèges plus ou moins étendus, comme en Servie ou en Valachie , mais avec des garnisons turques dans les forteresses. En particulier chaque province n'aurait eu que son clergé national et l'impôt n'aurait été reparti et perçu que par le Gospodar ou Prink, pour être remis en bloc au Sultan. Les gouverneurs auraient eu plusieurs droits d'un souverain, sans avoir celui de la paix et de la guerre. Le trésor ottoman s'en serait mieux trouvé, le pays serait couvert de bonnes voies de communication, ses richesses territoriales seraient mieux utilisées, la population serait plus considérable, les causes des plaintes des sujets chrétiens de la Porte auraient cessé et. ces peuples seraient déjà si heureux qu'ils formeraient même la plus grande sauvegarde contre l'ambition des ennemis des Turcs. Pour celui, qui connaît ce pays, il n'est pas douteux que même le Monténégro ne se lut alors subordonné de lui-même à un monarque si puissant et si bienveillant. La maladie politique de ce pays ne serait alors qu'un mul imaginaire, Si pareil changement d'administration devait être encore possible à présent ou plutôl si l'amitié témoignée à la porte était sans hypocrisie et arrières-pensées, on pourrait proposer de laisser la Thrace telle qu'elle, parce qu'elle contient le plus de Musulmans et que son voisinage du gouvernement central suffit, pour lui assurer plus qu'à toute autre partie de la Turquie un régime équitable. Un Pascha éclairé à la tête et l'exemple de l'état prospère des gouvernemens chrétiens voisins suffiraient, pour y établir un état administratif convenable, La Bulgarie pourrait être divisée en deux, savoir en une partie orientale éminemment musulmane et en une occidentale chrétienne grecque, ayant pour chef-lieux l'une Schoumla et l'autre Trnava ou Lovtseha. Les forteresses danubiennes resteraient turques et seraient sous des Paschas du Nizam. La Moesie supérieure aurait aussi un gouvernement chrétien grec avec siège à Leskovatz ou Pirot et il y aurait un plus petit Paschalik musulman entre ce dernier et la Servie. Novobrdo, Vranja, Nisch, Moustapha-Pascha-Palanka et Sophie y seraient les principales places fortes occupées par les troupes ottomanes. La Macédoine se diviserait en deux ou cinq gouvernemens chrétiens grecs avec les capitales de Kostendil, Séres, Salonique, Ou.skoub et Monastir. Il faudrait y distribuer des troupes ottomanes dans certains points stratégiques importans, tels que Séres, Salonique, Kastoria, Monastir etc. La Thessalie ne formerait qu'un gouvernement chrétien grec avec le chef-lieu de Larisse. L'armée turque aurait des garnisons à Larisse, Trikala, Pharsale et sur la frontière grecque. Dans cette province, comme dans le S. O. de la Macédoine, il serait peut-être possible de concentrer la presque totalité des Musulmans dans certains cantons, en Macédoine par exemple dans le Tscharschambé et en Thessalie à l'E. et au S. E. de Larisse. Ces districts auraient leurs petits Paschas turcs. L'Albanie pourrait donner lieu au moins à trois gouvernemens, savoir deux chrétiens et un musulman. Ce dernier aurait son chef-lieu à Elbassan dans la moyenne Albanie et comprendrait la partie méridionale de l'Albanie septentrionale et certaines parties de l'Epire. Ce dernier pays serait une province chrétienne grecque avec Janina pour capitale, mais il y aurait aussi garnison turque dans cette dernière ville, ainsi que dans différentes autres cités. Ces dernières, comme les ports de mer fréquentés, seraient sous les ordres de Paschas du Nizam, comme les forteresses danubiennes. Le Nord de l'Albanie serait une province chrétienne catholique avec Scoutari pour capitale et des garnisons turques dans les points importons ou les forteresses actuelles. Pour subordonner le Monténégro à la Porte, on l'aggrandirait, en y joignant des portions des montagnes à l'E. et au N. Les accidens orographiques et ethnographiques rendraient peut-être désirable que la Métochie et la plaine de Kosovo formassent ensemble un petit gouvernement chrétien à part avec des garnisons turques à Prizren, Ipek et Prischtina. Le chef-lieu serait dans la première ville. L'Herzégovine et la Croatie turque seraient deux autres provinces chrétiennes mixtes, ayant pour capitale la première Mo-star et la seconde Banja-Louka, tandis que les Musulmans seraient groupés surtout dans les places fortes de l'intérieur et en particulier sur la frontière. Dans ces forteresses gouverneraient des Paschas du Nizam soutenus d'une force armée suffisante. Enfin la Bosnie pourrait se diviser en deux ou trois gou-vernemens; celui du N. et du N. O. serait chrétien grec et aurait son chef-lieu à Maglaj. Le centre du pays resterait sous un Pascha du Nizam, comme composé de Chrétiens de deux confessions et de Musulmans. Il résiderait à Sérajevo ou Travnik. D'une autre part la partie méridionale serait un petit gouvernement chrétien grec avec une garnison turque à Novipazar. Les forteresses, surtout celles sur la frontière, seraient sous des Paschas particuliers du Nizam. Un des points capitaux pour la réussite de ce plan serait d'effectuer par tous les moyens possibles la concentration des Musulmans dans les Paschaliks mahoméfans ou au moins dans des cantons particuliers des gouvernemens chrétiens. Cette nécessité est facilitée en Turquie par le droit que ses habitans ont déjà de transporter à leur gré leur domicile d'un Paschalik à l'autre et ces déplacemens n'y sont pas soumis aux dépenses de ceux en Europe. La difficulté de trouver la place pour s'y nourrir, n'existe pas en Turquie, une si grande partie du sol n'étant pas encore défrichée ou n'appartenant mémo à personne, si ce n'est au Sultan ou au gouvernement. De plus les habitations sont la plupart presque sans valeur. Vu le mélange géographique des provinces chrétiennes et mahométanes, on pourrait môme comprendre que dans les premières leurs Spahis actuels aillent demeurer préf'érablement dans les dernières, sans perdre pour cela leurs revenus. D'ailleurs ces redevances seigneuriales pourraient ôtre déclarées rachétables pour une somme fixée équitablement comme en Europe. Il s'en suivrait bientôt que les Ottomans ou Mahométans seraient groupés ensemble dans des provinces ou dans les villes des Paschas du Nizam, tandis que les Chrétiens éviteraient ces deux lieux d'habitation et préféreraient les gouvernemens des leurs. Quant aux provinces à confessions chrétiennes mixtes, on pourrait choisir alternativement leurs chefs dans l'une ou l'autre religion ou si l'on adoptait leur nomination par le Divan du pays, comme en Vala-chie, le Hattischérif pourrait spécifier que ce choix aurait lieu de cette manière. D'après ce plan le Sultan aurait outre des Paschas un certain nombre de grands vassaux chrétiens, auxquels il aurait cédé une partie de son pouvoir avec ou sans appel à son trône. Néai. moins il resterait maître du pays par ses troupes, par l'absence de maisons princières héréditaires, par le nombre des gouverneurs, par le désarmement de ses sujets et surtout par l'affection de ses peuples. Un clergé grec et catholique romain national, choyé et bien d'accord avec le gouvernement central achèverait de rendre fort durable un tel ordre de choses. L'uniformité et la centralisation nécessaire dans un empire seraient entretenues par des lois organiques et des codes s'appliquant autant que possible à tous les gouverneurs. Le décret sur l'égalité des diverses races devant la loi devrait ôtre strictement exécuté, tout en ayant égard aux coutumes des peuples. Le rouage communal excellent en Turquie serait conservé et sa sphère serait étendue aux districts, en môme temps qu'une certaine hiérarchie pourrait exister entre les différons gouvernemens provinciaux. Veut-on réellement le bien de la Turquie, aucun sacrifice d'argent ne doit guère effrayer, parce que les ressources naturelles de cet empire sont immenses, elles ont été mal employées ou sont môme restées inconnues aux Ottomans. Comparés avec nos pays européens, la Turquie devrait donc jouir d'un très grand crédit, parce que chez nous où on est obéré, on a déjà essuyé presque tous les moyens de grossir le budget de l'état et de faire des emprunts, tandis qu'en Turquie , où ce n'est pas le cas, le prêteur à long terme y trouve des gages de grande valeur et est sûr d'être remboursé, si ce pays se réforme et se civilise véritablement. Mais diverses lois doivent être exigées, en particulier celles pour lever tous les obstacles à l'emploi lucratif du sol, comme à sa vente pour les étrangers. Quoiqu'il en soit, ceux qui seront chargés de réorganiser la Turquie, devront se tenir en outre en garde contre les trois idées suivantes, qui germent dans beaucoup de têtes non au fait du monde oriental. La première est celle d'espérer que l'église grecque se rattachera une fois à l'église romaine ou qu'au moins, grâce à quelques concessions, elle deviendra une église de Grecs-unis, comme celle d'une partie des Valaques et des Slaves de l'Autriche. Nous n'osons pas admettre cette possibilité pour plusieurs raisons trop longues à développer. Il faut prendre une fois pour tout son parti qu'il y a à Constantinople un pape tout aussi entier qu'à Rome. On ne produirait que du désordre avec les arrières-pensées et on pourrait s'en repentir amèrement un jour. La seconde erreur en Occident, c'est de croire à la conversion prochaine des Mahométans, tandis que leur horreur des images dans nos églises leur permettrait tout au plus de devenir protestants. Or ce genre de conversion ne serait même pas agréable à tout le monde. Il n'y a que les Albanais épirotes, chez qui les Grecs ou les Catholiques peuvent compter avec raison de faire de nombreux prosélytes. Il est aussi possible qu'au moins une partie des Guégues mahométans, ayant été catholiques il n'y a pas encore longtemps, le redeviennent aisément. Enfin on a parlé souvent en occident de transporter tous les Turcs, c'est-à-dire les Mahométans, en Asie, pour constituer la Turquie d'Europe en empire uniquement chrétien. Ce serait un décret aussi inhumain que l'expulsion des Juifs de l'Espagne ou des Protestans de la France, mais de plus il ne serait guère exécutable, parce que les Européens oublient toujours qu'en Turquie d'Europe les Musulmans ne sont presque que des Slaves ou des Albanais, qui appartiennent de toute ancienneté à ce sol tout aussi bien que leurs compatriotes, les Chrétiens. Les Turcs asiatiques ne forment qu'une petite fraction de ces trois et demi à quatre millions de Mahométans. Il en est de cela en grand comme :ï:ï2 d'une répartition plus convenable des Albanais en petit; en effet si on cherchait une fois à établir des gouvernemens plus compactes en Turquie, on pourrait désirer de grouper mieux ensemble les Albanais et d'y ramener les tribus éparses en haute Moësie et dans la Bosnie méridionale. Mais quand on recherche les causes de cette dissémination, on trouve que les Serbes n'ont qu'en partie raison de regarder les Albanais comme des intrus dans leur pays. Ces derniers ne sont que les restes des anciens Illy-riens, auxquels les Slaves ont pris tant de pays et qu'ils ont acculés ça et là dans les montagnes les plus élevées, La meilleure preuve de ce fait est fournie par les Albanais distribués à l'en-tour des sources du Lim, de l'ibar, du Vappa et du Raschka. S'ils dépendent en partie du Paschalik de Scoutari, en partie de ceux d'ipek et de Novipazar, malgré les chaînes, qui les en séparent, les Ottomans n'ont fait que suivre en ceci l'affiliation des tribus, parce que ces Albanais ne sont presqu'uniquement que des tribus guégues de l'Albanie septentrionale, tandis que le petit nombre des autres dans la partie méridionale du Paschalik de Novipazar font des portions des tribus arnaoutes de la Haute Moësie. Dans ce dernier pays et dans la Métochie les Albanais ont seuls occupé certains districts délaissés par les Serbes. TABLE ALPHABÉTIQUE DES LIEUX LES PLUS IMPORTANS, DES RIVIÈRES ET DES MONTAGNES. Aghindjilar I. 29. Agrapha II. 07. Aïdoa I. 12(5. Aimadschik T. 14(5. Akbounar II. 86. Akraba H. il. Akscbéhiesar II. 9. Alabourourj I. 159, 219. Alassona. II. 80. Allah-Kilissia I. 283. Alcksinatz I. 59. A Ivan dé ré I. 138. Anibélakia II. 74. Anasélitzn II. 80. Andrinople I. 40, 102. Anghista I. 151. An t i vari II. 17.i. Aonstos I. 282. Arbéria II. 30. Arda I. 41. 157. 101. Arilska-Kosa 1. 184. Arnautskoï I, 115. Arnaout-l'lanina 1. (Î0. Arta II. 51. Arzen 11. 14. Astopoto II. 67. Anione II. 30, Aiiret-IIissnr I. 214. Avala I. 5. 12. 164.11. 273. Avlikoï-Sou I. 67. Az-Boukovatz II. 274. Baba II. 63. 74. — (Kski) I. 43. Babakaï I. 17. Babin II. 256. — (Drog) I. 165. Baboscn l. 204. 347. Babscbiol T. 272. Babonna (mt.) I. 250. Baditsehka-Gora I. 79. Bftgoral.267.It.23.102. Bagniska II. 181. Bagoraditza II. 99. Bairdagh I. 140. Balle II. 2*0. Hulievat/.. II. 303. Balkan (Gabar on Graba) II. 15. 10. — (Haut) I. 29. 70. — (Islivné) I. 112. — (Sonioughou) I. 02. — (Tsehipka) I. 33. — (Tourian) I. 29. — (Vodéno) I. 1:11. Balkoratz 1. 174. Banial.6162.78. lb'8.213. 240. 279. 288. II. 282. 299. Banjalooka II. 238. Baniani II. 206. Banischko I. 159. Baré I- 17. II. 289. Barerscb 11. 265. Bnsehkoë I. 111. Basehtova I. 209. Bafsehkova I, 161. Batak t. 161. 163. Batanovtza (Batévntz) I, 232. 339 Batoschina T. 55. Batscbévatz II. 282. Bazaidschik (lladgi-Oglou) I. 136. Bébrovo I. 99. Béganovitsch II. 221. Bélanitza (mt.) II. 314. Bélastena IT. 284. Bélava 1. 83. Belgrade I. 5. 11. II. 264. Bcliak I, 253. Bélitjza I. 61. 221. II. 193. Bélogost II 2(5. Bétoschévatï II. 283. Bélotitch II. 270. 276. Bélosavtzi I. 167. Hélova I. 156. Béotschin I. 184. Bénir II. 26. Berbir II. 239. Bergasdéré I. 163. Berkovatz 1. 25 2(5. Bernitza II. 13!. Bertitza II. 271. Berzilovntz II. 285. Bésehik I. 216 Besch-'l'épé I. 136. Benjnk-Derbend I. 121. Beu'jnk-Déré I. 131 Bichor II. 123. 146. Biéla II. 250. Biélopolîe II. 123. Bihatech II. 243. Bilischta II. 93. 94. Binardagb I. 96. Bintseha (Morava) I. 342. Bistrinitza II. 153. Bistritza (Detsebanska) M. 116. — (Jenidgé) I. 282, — (Kostcndil) 300. — (Koupresçti) I'. 216. 250. — (Macédonien) I. 214. II. 85. — (Melnik) I. 219. 220. Bitoglia I. 257. 270. Blagaj II. 209. 250. Blanitza II. 250. Blatseh II. 9li. Boados I. 40. 144. Bobija II. 200. 272. Bobota I. 180. Bobousch L 277. Bodamatschui I. 150. Boga II. 101. Bogasi (mt.) I. 279. Bogaskoï II. 90. Bogbazdeïé I. 120. Bogirsebévitza (nit.) I. 198. Ilogoschtitza II. 270. Bojana II. 08. Bo'jour II. 141. Bo'kloudzé-Déré I. 142. Bolétin II. 180. Bor (mt.) II. 152. Borania II. 275. Borina II. 272. Borova I. 100. Bosna II. 223. Bosna-Séraj II. 137. Bosoura II. 313. Botounia I. 180. Boubousi II. 33. Bouchera II. 1. Boudscha II. 30. Boudimlie II. 123. Boukostag II. 214. Boukovik I. 107. 261. Boukovitza II. 203. 275. 280. Bouna II. 209. Bounar-Hissar I. 131. Bourgas I. 137. 142. Bouri II. 206. Bouschatz II. 1. Bousovatz II. 227. Branégovitehi II. 283. Braonista I. 243. Brari II. 6. Brata (mt.) II. 153. Bradina II. 220. Brdo (Bielo) II. 184. — (Voutschiak) II. 251. B.darova II. 123. Brdjan II 105. Bregalhjtža I. 247. B.esnik I. 88. 339. Brestovatz II. 246. Bre/.nitza II. 207. 314. Brigava H- 211. 213. Bmiatz I. 187. Brousnik (mt.) IT. 301. Bronanitza II- 393. Brouss I. 181. Brveni II. 303. Brza-Palanka I. 22. Brzctjé I. 182. Buratlaré I. 115. Busud (Bousoud) II. 249. 251. CfaaMde I. 152. 216. Chamidcs (Chamourie) II. 48. Constantinople I. 47. Couvents serbes I. 9. Couvent d'Arilié II. 311. Couvent de Bania 11.127. Couvent de Blagovjeschté-nije(Blagovje.stie)11.287. Couvent de Bogoroditza I. 276. Couvent de Diavat II. 99. Couvent de Diévitch II. 178. Couvent des Colonnes de St.-George I. 184. Couvent de Gorniak II. 313. Couvent de Kosovitza ou Voutza II. 56. Couvent de Ljoubostin II. 309. Couvent de Mavrovoun II. 42. Couvent de Miléscbcvo II. 127. Couvent de Météor TI. 64. Couvent de PctnitzaII.283. Couvent de Prizren I. 317 Couvent de lîavanitza II. 315. Couvent de Rilo I. 293. Couvent de St.-Etienne à Grasehan I. 203. Couvent de Sveti - Naoun II. 97. Couvent de Sveti-Otatz I. 245. Couvent de Sveta-Petka I. 243. II. 324. Couvent de Troï'tza II. 129. Couvent de Tronoseha II. 200. Couvent de Zitza II. 50. Dangli II. 37. Débrtz II. 263, Dèjéval. 184.11.184. 303. Déligrad I. 59. Delkoa I. 135. Dèménitza II. 66. Démcïonia II. 299. Demir-IIissar I. 100. 218. Demir-Kapl I. 214. Demir-Kapou 1. 23. 99. Derbcnd I. 150. II. 248. Derbend (Beujuk) I. 121. — (Kiar) II. 95. — (Kirli) I. 278. — (Kiz) (grand) 1.59. — — (petit) I. 280. — (V.iriscli) I. 253. Darde I. 268. Dagh (Bair) I. 140. — (Bos) I. 151. — (Dcspoto) I. 155. — (Egrison) I. 302. — (Eminé) I. 137. — (Grasehan) II. 176. — (Karaj I. 209. 281. 304. 311. II. 72. — (Karlouk) I. 150. — (Kesehisch) I. 47. — (Kourou) I. 95.144. — (l'erin) I. 219.224. — (Bilo) I. 156. 220. 291. — (Sehingel) I. 157- 217. — (Tsebengcl) I. 212 Déré (Ai) I. 129. — (Alvan) I. 138. — (Asehlar) I. 127. — (Bakloudseha)I. 127. — (Balakasli) I. 45. — (Bergâà) I. 103. — (Beujuk) I. 131. — (Bogh-az) I. 126. — (Bokloudzd) I. 142. 120- — (Boujouk) I. 95. — (Dégirmen) I. 161. (Derbend) I. 127. — (Dospada) I. 156. — (Eikhi) 1. 128. —- (Harman) I. 138. — (Jaous) I. 101. — (.Jurdimli) I. 150. — (Jarytsehtsehmé) I. 43. — (Jén) I. 129. — (ïMga) I. 150. — (I.-kender) I. 42. — (Iskipé) I. 129. — (Kabasalar) I. 127. — (Karagbatsch) I. 43. — (Karasou) I. 135. Déré (Karli) i. 1S6. 162. — (Kazak) I. 137. — (Kérémetechi) 1.120. — (Kitenli) 1 129. — (Koumsou) 1.28.138. (Kouslou) I. 134. — (Kritschma) I. 150. (Marouka) I. 136. — (Mourdarsar) i. 43. — (Nadir) I. 137. — (Nedeler) I. 43. — ( PérouscKtitza)I.i61. — (Perpérek) I. 1(52. — (Si rs a bat) I. 129. — (Sirischen) i. 118. — (Sulimcnler) I. 11)2, — (Taechi) 1. 157. — (Tflchaliga) I. 134. — ÇTéké) i. 128. — (Tolopaz) I, 134. — (Topschi) I. 8. II. 2(54. — (Tsehinarli) I. 221. — (Tschoda) i. 45. — (Velika) I. 129. Desni tza II. 34. Despoto-Dagh I. 155. Despotovi tza II. 291. Detschani I. 196. II. 11(5. Dcvetnk II. 255. Dévitza-Koulou IL 321. Duvna I. 96. Dêvol (défilé) I. 252. (riv.) 272. II. 23. Dilua I. 2(53. II. 107. 10!). Dibré I. 2(53. Dimotika I. 102. Dipotami II. 53. Diischina II. 284. 309. Divlja I. 234. Divostin II. 287. Djakova I. 194. II. 113. (mt.) II. 300. Djeriua I. 220. Djoumaa (Eski) I. 96.108. 122. — (Seres) I. 219. — (Rilo) I. 220. Doboï II. 251. Dobra I. 19. Dobra-Voda II. 49. Dobriniia II. 294. Dobritscha I. 257. Dobri tza II. 205. Dobrol I. 120. Dobronischta I. 159. 224. Dobropolie II. 20(5. 1 )obroulscha 1. 107. Docmcriek II. 83. Dobit z II. 230. Doljane II. 222. Domouzopolie I. 206. Dormi tor (Dourmitor) I. 183. II. 130. 192. 199, 301. Doapada-Déré I. 156. — Han I. 1(50. 162. — Jailasil.158.160. Doublian I. 79. Doubnitza I. 227. 29!. Douboko-Mali II. 263. — Véliki II. 265. Doubosehitza II. 300. Doubrava il. 2(53. Dougopolie II. 187. Doukadgin I. 194. Doukim-Potok 1. 184. Douk-Phetova I. 184. Doumatselia II. 263. Doupia II. 91. Douratzo I. 2(59. II. 16. Douvno II. 214. Dovanitza (mt.) I. 299. Dragévatz I. 59. Dragi II. 225. Dragi j éva tz II. 209. Dragor I. 261. Dragovitza II. 279. Drama I. 151, Dratsoha I. 174. ii. 287. Drenak II. 325. Drenovo I. 262. Dreska I. 305. II. 106. Urim I. 334. II. 2. 112. 117. Drim blanc I. 189. 320. 352. — noir I. 2(53. Drina II. 43. 191. Drinasi II. 1. Drnitza I. 199. 200. Drobniakll. 192. 203. 262. 271. Drsnik I. 198. Dschermen I. 227. Dschibra I. 25. Dschibra-Palanka i. 25. Dsehoura I. 2(58. Durbok I. 139. Dvorisebté II. 2(53. Egridt'ré I. 212. 242. 300. Egri-Palanka I. 242. 301. EJbassan I. 268. II. 19. Eminé-Dagh I. 137. Knos I. 100. Erekli I. 129. — (Eski) 1. 144. Erctscb II. 115. Ergent 11. 31. Ergenik II. 36. Erkéné I. 43. Eski-Baba I. 43. Eski-Djoumaal.96.108.122. Eski-Erekli I. 144. Estévitza II. 290. Etropol I. 91. Fakhi I. 228. Fered I. 105. 149. Filibé I. 71. Florina I. 271. Foudoukli I. 137. Eourka II. 39. Fotacha II. 189. Gabar (mt.) I. 2(59. IT. 15. Gabclla II. 213. Gabrova I. 32. 287. Galliko L 213. 217. Gallipoli 1. 147. Gandava I. 261. II. 98. Gatzko II. 199. 200. Gerlena 1. 247. Gcordscbe II. 92. Ghilan I. 340. Gbiotistendil I. 298. (iigiantzi I. 247. Gior (mt.) I. 57. Glamosch II. 233. Glasinatz II. 259. Glavtsčhma II. 314. Glieb (mt.) II. 117. Glogovatz II. 307. 315. Glogovik II. 108. Glougovik II. 143. Goermesi I. 30. Goeverdschinlik I. 150. Gola II. 273. 278. Golesch (mt.) I. 199. Goloubatz 1. 17. Gomoïnitza II. 240. Gora II. 05. — (Baditscbka) I. 79. — (Bijela) II. 204. — (Kraljeva) II. 257. (Mokra) I. 188. II. 143. 276. 311. — (Sla) II. 203. — (Soa) I. 254. (Soua) II. 95. — (Trsebnatseba)IT.26(). (Tzareva) II. 24(5. (Tzrna) II. 276. Ud Gora (Zvischda) II. 247. Gora & Mokra II. 99. Goran II. 24«. Gorcschda ti. 134. Gori tza II. 92. Gorniak II. 313. Gosiritschko II. 256. Gostivar II, 108. Gourasenda I. 321. Gourgousovatz II. 319. Goutschévo II. 272. Gouzinié II. 1.3. 154. Grabova I. 224. II. 312. Grabovatz II. 25«. 266, Grabové-Balkan II. 15. Gradatz II. 282. Gradina II. 214. Gradisehkié II. 250. Gradiska II. 104. Gramada II. 31«. 320. Grammista ii. 03. Grammos II. 91. Gramnavnitza ii. 228. Grasnitza II. 295. Gratschaniiza I. 203. 348. II. 253. 275. Grevenitiko II. 85. Grévéno II. 41. 59. 85-Grlo I. 88. 232. Grmetch II. 241. Groizka I. 12. 54. Groubschin I. 306. Groubstitza II. 193. Groudi II. 172. Grouja I. 175. II. Grouka II. 24. 35. 95. Groumada II. 31«. Grtsehar II. 153. Gumentsobé I. 21«. Hadldge" I. 141. Haila (nit.) ii. 1.47. 149. Hailasi I. 194. Ilan(Tîaldoun) II. 53. -(Banja) i. 343. — (Bélopolie) II. 210. — (Hinekta.schi)I.'>27.290. — (Borché) II. 218. — (Borovaglava) 11.249. — (Derbcnd) I. 261. — (Derbend-Karaoul) II. 233. — (Dospada) I. 160. 162. — (l)oukan) I. 331. 333. — (Géliski) I. 235. — (Ilitschmalc) II. 256. — (Jeni) I. 67. 89. 287. — (Kapétan) I. 212. lian (Kalbaki) II. 42. — (Konarévo) II. 298. — (Katschika) II. 52. — (Kcrvet) I, 331. — (Keuprisi) I. 322. — ( Koscharinsko) 1.220. —- (Koula) 11. 217. — (Kourvin) 1. 60. 77. — ( Kožnitza) I. 297. — (Krivilski) 1. 83. — (Kvra) 11. 53. — (Latin) i. 329. — (Lepénitza I. 92.) — (Lipovatzi) I. 79. — (Loue) II. 89. — (Mare'eostino) I. 220. — (Mavrilé) II. 251. — (Moula) IL 227. 231. —• (Moustapha - Pascha) II. 69. — (Noutza) II. 44. — (Novi) I. 204. — (Pctzanepta) I. 79, — (ITodseha) IL 220. — (Podalischta) IL 107. 265. — (Poueha) (Pouka) I. 331. — des cinq Puits (Pente Pigadi) IL 51. — (Rogosna) TI. 183. — (Snhli-Paseha) II. 42. — (Sémischtsolir) I. 74. — (Skeïa) I. 334. — (Sniljaga) IL 250. — (Soutinska) II. 196. — (Tascb) I. 302. — (Téman) IL 31. - (Touranik) II. 39. — (Turbfit) (i. 255. — (Tzernokliski) I. 237. — (Vêla) IL 42. — (Vlics) II. 13. — (Vinokasé) IL 34. — (Vouk) L 243. — Votoun II. 103. — (Voutounos) (Utscb) IL 55. — (Vratsché) II. 237. — (Zimlie) II. 217. Harman-Déré 1. 138. Harnmnli L 38. 75. Has ou Hassi i. 194. 318. II. 123. llassan-Pnscha-Palankn I. 54. Hass-Dérési L 42. Hasskoë i. 74. Havsa I. 42. Hebibsebe I. 39. 75. Hella IL 50. 53. Helsan IL 112. Hismo IL (i. Hissar (Aksché) IL 9. — (Auret) I. 214. — (Bounar) I. 131. — (Demir) I. 160. 218. — (Goel) IL 233. Hissardgi IL 126. Hotti IL 172. Ibalea (mt.) I. 266. 320. Ibar I. 184. 187. II. 297. 303. 309. 310. Iehtiman I. 67. 288. Ilidga I. 185. 11.222. 224. 225. — (Lia) i. 139. Ilidja Déré I. 150. Indsehé-Bair (mt.) I. 110. Indgé-Karasou II. 59. 84. Ipek I. 192. IL 116. Ipsala I. 106. 149. Iscbm IL 0. Tsebmi IL 8. 12. Isker (grand) I. «4. 87. 290. — (petit) i. 20. 91. Lskipé-Déré i. 129. Lskodmi I. 125. Islivné I. 99. Lstib I. 213. 248. Istok I. 192. Isladi I. 90. Isvorot I. 110. Lsvor I. 94. Ivaïnska II. 240. IL 312. Ivan i tza I. 100. Ivérak IL 200. Ivangosehtseba IL 223. Ivitza IL 276. Izbat I. 208. Izvor I. 214. Jabari I. 168. Jablani tza IL 122. 280. Jaboukovik I. 84. Jadar II. 209. — (Tzerni) H. 257. Jadovnik (mt.)II. 127.241. 299. Jagodina I. 55. IL 307.315. 324. Jagoubitza IL 314. Jaila (Kodja) I. 105. 158. —- (Kourou) I. 62. — (Moukaté) I. 105. Jaitza II 232. Jala II. 252. Jalesch (nit.) 1. 310. 320. Jalovik II. 286, Jainboli I. 101. 141. Janievo I. 348. Janiska II. 250. Janina II. 45. Janitza I. 213. 283. Janja II. 260. Jantra I. 28. 32. 98-Japarnitza I. 345. Japra II. 241. Jardimli-Déré I. 150. J aréni e II. 184. Jasénitza I. 54. 168. II. 255. 28«. Jasika T. 175. II. 308. Jastrebatz I 57. 60. 76, 78. 17«. II. 297 307. Javlanik II. 275. Javor on Javorie (mt.) II, 165. 301. 302. Jédekmalé I. 124. Jedno I. 220: Jédralitza I. 174. Jélesch II. 141. Jéleschnitza I. 342. II. 142 223 Jélesnik II. 264. Jélin (mt.) I. 179.180. II. 303. Jélitza (mt.) II. 310. Jéna I. 131. Jcnidgé I. 282. Jéuidgé-Vardar I. 283. Jénidseher II. 70. Jêni-Hau l. 67. 89. Jéni-Keui I. 283. Jéni-Koï I. 135. 149. 161. Jéni-Sagra I. 140. Jénouslou II. 86. Jéravija 1.261.282. Jérénin-Grad II. 309 Jéséro II. 72. 218. 250. Jézava I. 13. Jézéra n. 131. Jitscha II. 260. 298. Jivkovitzi IL 28ti. Jokourout I. 159- 289. Josehanitza II. 183. 299. Joschéva II. 282. Josehévitza II. 282. Jonpa - Gratsehanitza II 200. Jovatz II. 307. Jvijd 1. 16. Kablar (mt.) ii. 298. 309 Kachia II. 61. Kadi-Keui I. 203. Kaffadan I. 251. Kailari I. 278. Kajaîi-Ovatzi II. 87. Kakardista (mt.~) II. 56. Kalkandel I. 306. 11. 110. Kalifar i. 99. Kalnitza I. 93. Kalofer I. 139. Kaloudjéritza 1. 28. Kamengrad II. 243. Kaménitza II. 79. 309. Kumeschnitza II. 276. Kamitschak IL 262. Kampsa II. 9. Kamtsehik (grand ou Akali) I. 96. 119. 123. Kamtsehik (petit un Défi) I. 99 111. 119. 124. Kaonitza IL 3 i 4. Kapétan-Han L 212. Kapinova I. 95. Kara-Asmak I. 282. Kara-Bounarl. 30.127.140 Kara-Dagh I. 209. Kara-Déré IL 78. Karadjova I. 280. Karadscha-Ova I. 283. Karagne II. 275. Karakaja I. 280. Kara-Mourad II. 40. Karanovatz IL 297 Karascholi I. 109. Karasou-Bitoglia I. 214 IL 105. Karasou-Jénidgé I. 161. Karasou-Mesta 1.150. 156. Karasou-Strymon I. 156. 161. 217. Karatova I. 243. Karbintzc I. 248. Karinabad (Karuabat) I. 113. 119. 142. Karischtiran(Karesch-Der- vend) I. 43 Karlas IL 72 Ivarli-Déré 1. 156. 162. Kasaklcr II. 79. Kasan I. 110, Kastoria I. 273. II. 92. Kastraki IL 64. l Kastrati IL 172. Katérin IL 77. Katschanik L 204. 200. Katseher IL 293. i Kavadartzi 1. 261. « i Kavaja I. 269. Kavakli I. 241. Kavaksou I. 144. Kavala I. 149. 151. Kazakdéré L 137. Képinia I. 214. 283. Kerjéva II. 271. Kéroubi I. 1<)4. 331. Keschan I. 148. Keschélévo IL 267. Kesehova II. 223. 254. Keui (Derbend) I. 36. — (Jeni) I. 283. Keupri I. 122. Keupri (Moravu) I. ,r)6. II 315. — (Strymon) I. 2l8. Keupri-Keuï I. 122. Keuprili I. 212. Keuprisi (Seheitan) I. 205. — (Schivan) I. 320 — (ïerzi) 1. 321. Kézanlik I. 35. 139.143. ! Kirkgetsehi.Sou I. 109. i Kirkkilisé 1.121.129. 130. ! Kiri IL I. ; Kirli-Derbend L 278. ! Kisavo (mt.) IL 69. | Kiséliak IL 226. 227.253 Kitog II. 261. Kiz-Derbend (grand ) I. !59. — (petit) L'48(i. Kiz-Keui L 288. KizildéJi-Tsebai I. 103. Kizlar IL 257. Kjoukes I. 266. 268. Kladina II. 258. Kladovo I. 22. Klemen ti II. 155. Kleschniévitza II. 206. 285' Klieschévatz II. 260. Klinovo IL 62. KlisouraL 340.11.34.287. Klissali I. 152. Kljetzka IL 246. KIobouk II. 204. Kmernitza (mt.ï II. 23« Knesova II. 253. Kobilitza (mt.) 1. 313. Kodja-Jaila I. 105. 158. Kodja-Matler IL 87. Kodvitza IL 31. Koeselé I. 279. Koesten II. 66. Kognitza II. 219- Koï (Aniaout) 1. 115. - (Jeui) I. «8. 13». I49 m Koï (Papas) 1. 121. — (Rouz) I. 148. - (Salti) I. 103. Kojani IL 80. Kolaschin IL 194. Kolaschin (Stari)1.187.188. Kolasin (Kolaschin) I. 205. Kolibola I. 31. Kolini I. 324. Kolisehitz IL 130. Koloubara IL 205. Koinouldschina 1.150. 103. Komoran (nit.) I. 190. Kom (mt.)I1.130. 147.151 (Koutschi) IL 153. Komanovo I. 304. Komar IL 250. Komarova I. 120. Komartzi I. 90. Kométin II, 235. Komiratscha II, 256. Kondjoulitch I. 184. Koniavo (mt.) I. 230.297. Konitza IL 36.41. Konouie I. 279. Kontschioul I. 345. Kopaonik(mt.)I. 179. 182. IL 176. 182 301. Kopita IL 255. Koprina I. 257. Ko.ab (mt.) I. 311. 265. II, 104. 265. Ko rano IL 276. Koratschi IL 248. Koratschitza I. 100. Korenita IL 282. Korita IL 210. — (Kreschna) IL 204. Koronika IL III. Koronitza I. 190. Kosati tza IL 126. Koschoulicvo IL 307. Kosehoutitza IL 255 Koschova II. 223. 255. Kositza IL 227. Kosmai (mt.) I. 166. IL 26«. 273, Kosovo I. 200. Kostainitza [I, 240. Kostel I. 274. Kostcndil I. 298. Kostour II. 200. Kostovo IL 108, 112. Kotlénik IL 296. Kotor IL 238. Kotori I. 271. Kotorsko IL 251. Kotraja IL 287. Kotziélévo IL 207. Koukavitza IL 238. 241. 299. Kouklin IL 307. Koukousa I. 266. 268. Koumbourgas I. 4«. Koumsoudéré I. 28. 138. Koupresch II. 216. 250. Kourdélitza I. 343. Kourou-Dagh L 144. Kourou-Tschai I. 150. Kourou-Tschcschmé I. 74. Kouscblat IL 257. Kour8choumli I. 78. Koiirschoumlia 1. 78. 176. Kousko-Blato II. 250. Koiisbm-Déré I. 138-Koutlova IL 2(5. Koutlovo IL 287. Koutscha IL 18. Koutschaina I. 2. 11.314. Koutschéra I. 280. Kourvingrad I. 77. Kovanitza IL 315. Koviliatsché IL 260. Kozaratz II. 240. Koziak (mt.) I. 253. IL 276. Koznik I. 180. Kraba-Dotna IL 15. Kragoujévatz I. 169. IL 282'. 324. Kragouliévatscha IL 241. Kraina I. 24. Kraljania L 198. Kraïjévitch (Marko) L 255. Krasava (Krasouva) I. 232. Kratovo I. 78. 176. Kravaritza IL 314. Krépolin IL 314. Kreschna (mt. et lian) I, 223. 162. Kresna I. 22. IL 322. Krinina IL 246 Krio-Nero IL 49. Kritschmadéré I. 156. Kritchmaderessi I. 161. Kritsehovo (Krtsehava) IL 105. Kri vaj a IL 269. Krivivir IL 322. 323. Krivosia (mt.) I. 311. 312. IL 107. Krnio-Brdo IL 241. Kroja IL 7. 9. Kroupa IL 209. Kronpagne II. 270. Krouschévatz I. 175. Krouschévitza I. 20. Krousehtitza (mt.) IL 120. 147. Kroutsehévo IL 00. Krsehévo IL 216. Krschna-Glava IL 251. Krtsehava IL 105. Lab IL 176. Labjan I. 347. Labschistas IL 44. Lagoura (mt.) IL 65. Lahana I. 216. Langasa (Langatza) l. 152. 215. Langosa I. 215. Lapousélo I. 203. Lapouschnik I. 199. Lapsehista IL 89. Larissa IL 70. Laschva IL 228-233.250. Laeina I. 341. Laskovitza I. 119. Lcbcrschnik IL 198. Ledjcn L 305. Lemm IL 165-Léoutar (mt.) IL 204. Lèpen I. 92. Lèpénatz (Lepénitza) I. 204. 305. IL 282. Lepénitza (Serbe) I. 1«9. 174. IL 221. 22«. Leseb IL 3. Leschnia IL 246. Leschnika I. 2«9. Leschnitza II. 260. Leskovatz I. 80. Lesno (Lesnovo) I. 245. Léthail II. 112. Letzovik (Ljaskovik) IL 41. Lévatsehka-llieka 1. 175. Liapides IL 48. Liapourie IL 30. Libnitza I. 221. Liboscbnitza IL 261. Libanovo L 220. Lieskopolie IL 165. Liesehnitza 11.251.272.282. Likodra IL 271. Likovan I. 21«. Lim II. 123. 152. Linischta I. 3. Lioknitza IL 37. Lioubatz IL 246. 252. Lioubéten (mt.) 1.205. 311 343. IL 176. Lionbinie IL 213. Lioubitschnia (mt.) IL 132 j Lioubitza (mt.) II. 309. :îs<> Lioubomir(mt,)IÏ 204.213. Lionbôuscha I. 190. Liouboviia II. 272. Ljaïre IL IL Ljig II. 282. 284. 293. Lipar (mt.) II. 307. Lipéritza I. 78. Lipété II. 217. Lipla II. 285. Lipljan II. 78. Lipnitza II. 272. Lipovatscha IL 312. Lipovatz IL 238. Lipovitza II- 282. Lisina I. 183. Lissa I. 100. Litschitza IL 214. Livadia II. 105. Livaditza IL 307. Livno II. 214. Lom I. 113. Lom-Palanka I. 25. Lopata II. 241. Lopatal 11. 278. Lopoten II. 209. 278. Lopoutschka I. 124. Loulc-Bourgas I. 43. Loukavitza IL 322. 323. Loukavtzi II. 192. Loukova I. 63. 64. IL Loum (Berat) IL 27. Loum (Tiran) IL 13. Louma I. 320. Lonpina II. 251. Louschnitza II. 294. Loutschani I. 345. Lovatz (Lovdscha) I. 27. Loznitza IL 260. 269. 272. Madara I. 118. Maglaj IL 251. Maglitseh IL 299. Mahala (Mala) I. 271. Maidan IL 241. — (Brouzény)II.242 — (Novi) IL 242. — (Pek) I. 21. — (Stari) IL Majévitza IL 252-Makisch IL 264. Makva II. 118. 142. Mala (Kiapha) I. 327. Malakassi IL 61. Malgara I. 147. Malia (Nemerska) IL 37. Malieno (mt.) IL 283. Malik IL 04. 96. Malina I. 64. 89. Malisch (mt.) 1. 221. Malliesouri II. 160. 172. Malovan TI. 249. Mamoura IL 9. Manasia IL 314. Maratsch I. 314. Marécostino-Han I. 220. Matgaritza IL 193. Margarovo I. 261. Maritza I. 38. 43. 69.104 138. 149. 287. Maritza (Prizren) 1. 314. Martinitza (mt.) I. 301. Mati IL 6. Matjc'vatza IL 214. Matschin L 136. Matschva II. 161. Mavtseha IL 284. 309. Mavro-Vouno 11. 70. 72. Medvédniak (mt.) IL 252. Medvédnik (mt,) II. 268. 278 Melnik I. 157. 159. 219. Menikion(mt.)I. 152. 217. Méridge: I. 288.-Merrsehevski 11. 239. Métochiia I. 189. 318. II. 115. Metzovo IL 56. Migliatza II. 223. Miléschavé IL 222. 225. Miléschévo IL 124. Miléschevda-Voda IL 127. Milanovatz I. 22. Militschinitza IL 268. Miliva II. 314. Mirosava IL 315. Mirotsch I. 22. Mirouscha II. 115. Mischar IL 263. Mitschikeli (mt.) IL 44. 48. Mitrovitza II. 178. M lava I. 17. !79. 11.313. MIctjan L 190. 198. Modritsch (Modris) I. 267. Mogle'na I. 281. Mokra I. 367. IL 97. Mokrina II. 246. Mokro IL 254. Molécha 11. 94. Monastir I. 257- 270. Morava (bulgare) I. 77. — (serbe) I. 14. 175. 178. 312. Moratseha II. 165. Moravitza L 184. 344. 11. 301. 312. Mostar IL 211. 215. Motavitza IL 248. Moukaté-Jaila I. 105. Mousaché IL 17. Mousebila I. 256. Moustapha-Ovasi I. 212. Moustapha-Paseha 1.37. 63. Moutnik II. 162. Moutnitza I. 100. Moutschan (mt.) IL 312. Mrdaoui IL 16. Mrtav IL 3. Myrédital. 322.329. II. 11. Nadir-De'ré I. 137. Narenta IL 211.215. 219. Nasilitza II. 88. Natisehka-Rieka I. 79. Natschiak-Vreh IL 235. Neboititza I. 86. Nédélitza IL 282. Négotin I. 23. 250. Némertschika (mt.) 11.36. 39. Ne'rodimlia I. 204. Névésigne II. 208. Nevrckop l. 159. Niaghousta I. 282. Nieopoli I. 97. Nidgé (mt.) I. 279. Nikop I. 95-Nikschitchi IL 203. Niktschi II. 155. Nischa (Nisch) I. 60. 7« 241. IL Nischava I. 60. 63. Novi 11.241. Novibazar I. 185 Novi-IIan I. 204. Novipazar II. 141.184.305. Novo-Brdo I. 347. Novo-Séio I. 68. 192. 194. Obnitza IL 279. Obodnitza IL 253. Oboulagnitza I. 83. Obrége IL 308. Obreska IL 232. Ochri (Ochrida) I. 2l>2 IL 98. 100. Odi ami I. 89. Odolia IL 153. Okrina IL 246. 247. 252. Olischta I. 277. Olovo IL 279. Olympe I. 47. 284. 11.00. 81. Omatseha IL 238. Omolie 1.21.179. 11 313 322. Oniek II. 285. Opasaonitza II. 193. Opri na (mt.) I. 270. Oraskalé I. 305. Oréovatz II. 306. Oreovitsch II. 316. Oritsché I. 352. Oriaya II. 248. Orlievo II. 313. Orlovo-Krilo II. 273. Orosch II. 11. Orphani I. 152. Osât II. 275. Osat-Kalé II. 274. Osehrcnk II 252. Oskovo II. 252. Osma I. 27. Osman-Bazar I. 95. 108, 109. Osrnanli II. 74. Osren II. 251. Ossa (mt.) II. 69. Ostanitza II. 38. 40. Ostrova I. 26. Ostrovitza II. 202 Ostrovo I. 279. Otscha I. 310. Oub II. 207. Oubli (mt.) II, 192. Oudovitza II. 263. Ougra-Vélika II. 235. Ougiio II. 120. Oulok II. 191. Oulovo II. 211. Oumour-Faki I. 43. Oumka II. 204. Oumtohé II. 205. Oumi II. 241. Ouiit/.é II. 275. 282. Ourati I. 266. Ousélia I. 89. Ouskoub I. 208. 210. Ousoundscba 1. 75. 162. Oustrouga I. 263. II. 101. Oustrouschnitza II. 205. Ovtschar (mt.) II. 298. 309-310. Pajanka I. 54. — (Ak) I. 61. — (Brza) I 22. — (Egri)I. 242. 301. — (Hassan - Paseha) I. 54. — (Moustapha - Pa- scha) I. 238 Palaschkovtzi 11. 240-Pain «a I. 161. Palége II. 263. 26«. Panartschi I. 119. Papas-Koï I. 121. Papazli I. 73. Paratchin I. 57. Paratehina-Breg I. 170. Paravadi I. 9«. 1(8. 137. Partzéïista I. 276. Faschmakli I. 161. Pastrisch II. 112. Patrisévatz II. 240. Pavla 1. 139. Pavlitza II. 304. Pek I. 17. 19. 20. 11.313 — (Maidan) I. 21. Péklen (mt.) I. 190. 194 Pélion (mt.) II, 70. Pella I. 284. Péloumatz II. 16. Pé|>élischta I. 249. Péristéra (mt.) II, 56. Péristéria I. 150. Péristéri I. 254. Perlépé I. 25-k Permet (Prémiti) II. 36, Petnitza II. 283. Petreila II. 16. Petschani II. 98. Petscbim I. 269 Petschiomalé 1. 128. Pétratz II. 273. Phande' II. 10. Pharsale II. 69. 72, Philipovitza I. 87. Philippopolis I. 71 Phintsehova I. 265. Phliet (Vlet) I. 327. Phouseb-Ars I. 330. Phrouska-Gora I. 164. Pilavna I. 27 Pi)av-Tépé(mt,) 1.151,217. Pirlitor II. 197. 301. Pirnari ( mt.) I. 151. 217. Pirot I. 63. 235. Piva II. 191. Planina (Am) 1.179.11.314. — (Arnaout) I. 60. (Macédoine)! 219. — (Bel a va) I. 230. — (Bérémègina)lJ.24l, — (Bérémègnitza) II. 242. — (Hiclava) II. 137. (Bitovnia) II. 21«. 220. — (BormatsehHi 11.258 (Branianska ) I. 184. II. 301. 314. Planina (Oervenska) 1.30« -- (Dobrol)ouk)Il.159. — (Doubrava) II. 209. 213. 260 — (Gléditschka) II. 206. — (Gliva) II. 204. — (Glougovik) II. 183. — (Golia) II. 312. — (Goloubetza) I. 90. — (Goreschda) Iî. 183. — (Gorniak) Il 30?. 313. — (Ivan) II. 191. — (Jagodé) II. 271. — (Jankova) II. 119. — (Janjina) I. 348. - (Jarout) II. 145 — (Joschanitsehka) I. 179 — (Kljetzka) II. 236. 238. (Komtschi) I. 21 — (Koprilnitza)11.2;)0. •— (Koukavitza)Il,2'il. — (Kourbetska) I. 77. 302. 340. 341. — (Ko uril o) I. 189. — (Kovatsch) II. 132. — (Kovatschka)II. 183- — (Kragoulievatseba) II. 235. — (Krestatatz) II. — (Lëpénatz)1.79.178 — (Ljoubatscha)l 1.24«, (Lisina) II 257. (Maidanska)II. 241. Malieno) II. 284. (Matzoulie) II. 250. — (Mirotseb) I. 22. ~ (Mlad) T. 200. 304. 310. 344 — (Mokra) I. i88. I 150. —- (Mosna) I, 58. 179. 11.322. — (Néretsehka) 1.271, — (Omelijska)I. 21. II. 314. — (Oraovitza) II. 230. — (Osren) II. 251. (Ostrovatska) II. (Pekska) I. 22. — ( Plaschkavitza) I. 213. 247. (Pomoria) II. 211. — (Poretschka) 1, 21. — (Kadouscha)II. 216. Planina (Rapté) IL 250. (Raschka) IL 183. - (Rogosna) IL 182- - (Schara) I. 310. - (Sehirena) I. 82. - (Schiroka) I. 82. - (Seléna) IL 314. - (Smilie'vitza)II. 150. - (Soua) I. 189. - (Souva) I. 83. 236. IL 234. — (Soulfanitza) I. 218. — (Soutschinska) II. 199. — (Souvobor) IL 292. — (Stamilovitza)II.150, — (Stara) 1.60.78.238. (Stanischitza) 1.178 (Stoubitza) IL 283. — (Trschitschka) IL 270. — (Tschéméré)ÏI. 297. (Tschémerno 11.303. — (Tschernatrava)1.85. - ( Tourianska) 11.104. — (Tzarieia) IL 187. - (Tzrnaia) 11. 284. (Vrirta IL 23.) Platseh I. 278. Plava I. 194. IL 151. lTévat I. 253. Plevlié il. 128. 130. PJevna I. 27. Pliascha IL 94. Pbva IL 250. Plotsch (mt.) IL 299 Plotscha(mt.)I. 180. 11.255. Ploujatz. II. 209. Pobienik (mt.) IL 129. Pobovrtol I. 228. Podalischt L 205 Podgora IL 269 281, Podgoré IL 257-Poilrina II. 269. 274. Podromonium 11 255. Podrouje'vo 1. 78 Pojani II. 95. Pojarévatz 1. 14. Pojéga TI. 275. Pojetseha-Rieka 11. Poliana II. 07. Polička II. 232. Polog I. 300. IL 109. Poretsch 1. 19. Porini (mt.) II. 210. Porodin II. 307. Porte trajane 1. J8!i. Postenie I. 184. Potava I. 279. Potok (Doukim) I. 184. — (Onitsehii) IL 285. Potoschatz I. 57. IL 308. Potzerje II. 262. Poucha (mt.) I. 332. Poulati IL 160. Pragova IL 306. Pramovitza IL 89. Pratza (Pratseha) IL 135. Preboj IL 312. Prékoplie I. 78. Prékostavlia IL 188. Presa(Preschja) 11.8.14.15. Presba I. 201. Présoutza IL 259. Priedor IL 240. Priépolie IL 128. Prilip I. 255. Prischévitza IL 279. Prischtina I. 201. IL 174. Prisika II. 241. 244. Pri/ren L 315. IL 114. Prniavor H. 246. Prokle'tia(mt.) IL 153. 156. Prolok (mt.) II. 214. Prousatz IL 250. Prout I. 271. Psigna IL 193. Psin.ja I. 344. Rabatz IL 282. Rabotschevo I. 106. Rad je vina IL 274. Radomir I. 228. 338. Radotscbelo IL 302. Radouscha IL 217.232 250. Radovan IL 250. Raetz I. 253. ^ Ragosch 1. 250. Raj an T. 58. Rakévitza IL 255. Rakovitza I. 16!. II. 225. Rama 11. 217. Rankovtza I. 302. Raova 1. 26. Râpé 1.033. Raschéritza IL 221. Rasehévo II. 2.3fc. Raschka I. 21. 139. 184. IL 142. 300. Raschnit/.a IL 267 Rasina 1. 178. 181. Rata ri IL 203. Ratscha IL 161. 259 Ratz IL 91. Ravanitza L 56. II. 315 Raven IL 42. Ravka-Boghas I. 161. Ravna 1. 261. Razgrad L 108. 114. Razlog I. 159. 293. Redschitza IL 119. 123. Resava I. 57. IL 306. 314. Résavtsehina II. 314. Resna I. 201. Retsehitza IL 312. Rhodope (mt.) 1. 155. Ribare' (Ribari) IL 307. Ribnitza II. 282. 284. 298. Ribinitzé I. 345. Rieka (Banjska) IL 181. — (Béla) I. 120. — (Réla-Trkva)IL270. — (Brousinenska) 1.92. — (Brsanska) IL 105. — (Divljanska) I. 233. — (Ertscheska) IL 312. — (Gomela Velika) I, 213. 344. — (Gratschévatzka) 1. 182 — (Grslska) I. 232. — (Jambeska) I. 293. — (llidgaska) I. 185. — (Ramenska) 11.309. —• (Ivantscha) IL 312. — (Kerje'vatzka) 11.270. — (Klisourska) L 310. — (Koutinska)I.62.83' 241. — (Kre'polinska)IL314. — (Kriva) I. 212. 300. — (Krivaja) 11.251.256. (Kroupinska) IL 275 — (Levatschka) I. 175. — (Li.jéva) II. 123. — (Lioutzka ou Lioud- ska) IL 186.312. — (Lopatniska) IL — (Lcvpotska) n. 27j> — (Lopout,sehka)I.124. — (Lougovina) I. 56. — (Loukanisehta) T. 62, 234. (Malska) I. 271. — (Mi-liatzka) II. 137. — (Mouscbitza)Il. 200 — (Moutnitsehka) II. 324. — (Natischka) I. 79. — (Novoselska) 1. 233. (Oboratzka) IL 250. (Petzka)TL 209 278. — (PodalischtalII. 107. (Poretschka) I. 21. Rieka (Pousta) I. 78. (Bakovska) 1. 6. 85. 241. — (Rékovatzka) I. 175. — (Rilska) I. 292. (Sateska) Il 263.11. 101. 102. — (Satinska) II. 241. — (Schoupeliaka) T.58. — (Slatinska) II. 189. — (Slétovska) I. 247. ~ (Soua) I. 91. 350. — (T ergoviska) II. 180. — (Tolische'vatzka) II. 270. — (Topolnitza) I. 03. 239. — (Toupovtza) 11.222. — (Tscherna) II. 105. — (Tzerna)I.23.11.322. —■ (Tzernakliska) I. 237. — (Tzervéna) 1. 03. — (Tzernolieva) 1.349. — (Varoschka) I. 204. -- (Vélika) I. 212. — (Vlaka) I. 273. — (Vrela) II. 322. 323. — (Vriska) I. 341. Rietschka 1. 22. Rikavetz II. 153. Rilo I. 291. Rilo-Dagh I. 150. Rilindo II. Ripanj I. 165. Rjetanj II. 252. Rnava II. 183. 185. Rodosto I. 144. Rogoschanitza II. 279. Rojai II. 118. 148. Rojania II. 208. Rokovo II. 68. Romania II. 255. Ropotov I. 345. Roubscher 1. 29. Rouda-Glavitza II. 292 Roudina II. 204. Roudna-Glava I. 22. Roudnik (mt.) II. 286. 292. Roudnitza I. 183 Roagova I. 194. 322. Roukavitza II. 223. Rousita I. 28. 29. Rousoukastro I. 127. Routschouk I. 113. Rouzkoï 1. 148. Rtagn (Rtagnc) (ml.) 1.148. 175. 179. II. 322. Rtari II, 310. Ruzgiar 1. 148. Sabava I. 263. Sagra (Eski) 1.37.139.143. Sagra (Jeni) I. 140. Salambria II. 63. 06. 70. Salontque (Sotoinr) 1.153. 213. 215. Saitar I. 95. 99. Salti-Koï I. 103. Salem-Pascha II. 207 Samokov I. 289. Samothraee I. 149. Sanna II. 240. Saphouschare' I. 330. Sarantoporo II. 40. 82. Sarigoel I. 278. Sariléa I. 284. Saros I. 147. Sarougie II. 250. Sarpiaki I. 212. Sasli-De'ré 1. 138. Sataldscha II. 68. Sazlia I. 204. Sehabatz II. 263. Schale'-Schoss I. 319. Scbalia II. 159. Schabdsehilar I. 150. Sehaptzi I. 150. Sehar 1. 310. Schara I. 108. Scharkoé I. 63. 235. Schaschavitza II. 270. Schatista II. 88. Schatornia II. 285. 287. Schavtscha I. 218. Scbbetsche' II. 251. Rcheitan Déressi I. 102. Seheitan-Keuprisi I. 265. Scbénéva II. 186. Schetlouk II. 321. Schinavlia II. 6. 12. Schingel-Dagb I. 157. 217. Sehinie I. 303. Scbisman (m t.) II. 203. Sehistova (Sistov) 1. 97. Sehivan-Keuprisi I. 320. Schivitza II. 301. Sehkoumb I. 206. 268. II. 19. Schkrell II. 163. Sehlivova II. 273. Schlivovatz II. 287. Schjak II. 15. Sehmerlikovatz II. 285. Sehornik II 270. 311. Selioumadia 1.16.55.50.165. Sehoumla I. 96.116. 122 Seboupéliak I. 58. Schtédim (mt.) I. 194. Scbtira H. 268. Sehtona IL 245. Schtonratz (mt.)II.285 292. Schvitza IL 249. Scoutari 1. 335. II. 1.104. Sdreotza II. 91. 8élénigrad T. 85. 339. Sélo (Gomélo) 1, 227. — (Lapon) I. 203. — (Malo) I. 228. — (Novo) 1.68.192. 194. 249. IL 117. 239. vSelvi I. 29. Sembérija II. 260. Sémendria I. 13. Séotzi II. 155. Séran IL 40. Se'raj I. 134. Sérajévo IT. 137. 223. Hères I. 151. Sérinja IL 250. Sénsehin L 152. 21.5. Servia IL 83. , Servie I. 8. ii. 264. Sikernitza I. 87. Sjenitza IT. 121. 188. Silistrie I. 107. Silivri L 45. Sirbin I. 225. Sinitza I. 199. 200. Sitnitza I. 201. IL 175. Skabreseh IL 293. Skadar IL 167. Skakavtzi IL 275. Skala (Skele) 1. 218. Skeia-Mjed I. 218. Tl 2. Skodra IL 167. Skopia I. 210. II. 232. Skoplie I. 210. Skoulen I. 349. Skrapari II. 31. Skroska I. 266. Sladitza I. 68. 93. Slano IL 214. Slataja (mt.) IL 313. Slataritza i. 95. Slatibor (mt.) IL 312. Slatina L 27. 11.244.309. Slivno I. 99. Slivo IL 104. Slivova IL 104. Slovatz IT. 282. Smolika (mt$) 11. 40. Smolin II. 223. I Srmljiva-Bara II. 260. Snegpol T. 85. Soetschîa II. 275. 284. Sokol II. 272. Somorovitza II. 314. Sophie I. 63. Soponitza II. 135. Sopot I. 16. 94. 166. Sopotchani II. 143. 187. Son-Avlikoï I. 67. — (Beujuk-Déré) T. 99. — (Dokous-Déré) 1. 99. — ( Lgri-Déré) 1.212.242. 300. — (Erikli) I. 108. - (Kandri) 1. 254. —. (Karabounar) I. 104. — (Kara) I. 46. - (Katarso II. 85.) — (Kavak) I. 144. — (Kirkgetschi) I. 109. — (Koukourli) II. 8. — (Koum) I. 69. — (Koutschéléra) I. 129. - (Berna) I. 43. — (Soegndlu) I. 157. — (Toutli) I. 151. — (Tschoban) I. 108. — (Zia) II. 12. Soubotiza IT. 267. Soukat I. 325. Soukova I. 62. 233. 235 Souodol II. 145. 314. Soultan-Jéri I. 163. Sourdébitza I. 342. Souschitza 1. 225. Sousnitza II. 261. Soutina II. 214-Soutschésa II. 195. Soutinska II. 250. Souvobor (Soubor)ll. 283. 284. Souvogrlo I. 189. Spnss 1. 324. II. 110. Spatz (mt.) I. 77. 302. Spatovo I. 219. Splavani (mt.) IL 282. Spirnatza l. 269. Spretza II. 252. Srebrnik II. 253. Stbernitza IL 258. 275. 287. Srechna I. 17. Sred.jitza II. 273. Stagus-Kalabak IL 63. Stalateh I. 178 Stanimak I. 73. 156. Staréka L 99. Stari-Vla IL 127. Stavitza (mt.) I. 188. 190. IL 141. 145. Stélousia IL 7. Stiple II. 325. Stol (mt.) I. 22. Stolatz II. 209. 211. 257. Stolovi (mt.) IL 275. 295. 2 !8. Stoubitza (mt.) II. 283. Stoubliné IL 266. Stoudéna (mt.) IL 303. Stoudénatz II. 203. Stoudénitza II. 301. 302. Stragari II. 287. Stranina IL 218. Straschévitza IL 315. Strazin I. 243. Stratzin I. 303. Streta-Gora I. 194. Striatz I. 196. Strigl I. 90. Strouga I. 263. Stroumnitza I. 213. Strymon I. 156. 161. 217. 231. 298. 339. Svesda IL 96. Sveti-Grad I. 267. Svilanitzall. 307. 314. Svoinovo I. 57. IL 308. Svrlik IL 320. Takovo IL 293. Tamnava II. 267. Tara IL 193. Tarschin IL 221. Tartarovitch IL 207. Taschi-Déré I. 137. Taschlitza IL 130. Taslidgé IL 130. Tas tapé I. 129. Tatarbazardschik 1.69. 287. Tcbiotina IL 130. 188. Tehoupria I. 56. IL Téké I. 132. Téké-Déré I. 128. Tckés (mt.) I. 279. Te'kir-Dagh I. 146. Télés (mt.) L 265. Telka II. 90. Télovo I. 280. Tempe II. 73. Temschtitza I. «3. 236. Tépé (Bei) I. 134. (Bcseh) I. 13«. — (Binar) I. 9«. — (Goek) I. 129. — (Jel) I. 221. — (Kara) I. 134. Tépé (Kouseh) I. 135 — (Tschatal) L 106. Tépédélen IL 32. Terg IL 314. Tergjouse II. 12. Tergovischté L 2«. 11.323. Terzi-Keuprisi I. 321. Teschain II. 252. Tétovo I. 305. Thasos I. 150. Tikavesch I. 250. Tikéni I. 125. Timar IL 242. Timok I. 24. — (Mali) IL 315. — (Véliki) 11.317.318. Tirana II. 13. Tisovatz IL 236. Titschar II. 260. Toi ran I. 213. Todorovitza (riv.) IL 314. Tojari II. 32. Tôles (mt.) 1.311. II 104. Toliévatz I. 175. Toli-Monastir 1. 257. Tolitz (mt.) IL 301. Tomagne IL 273. Tomor (mt.) IL 8. 14. 25. 33. Tondja I. 99.101.139 142. Topsehi-Déré 1. 8. Toplitza I. 78. II. 282. Topola I. 167. Topolitza II. 41. Toskes(Toskaria) 11.48. Touman I. 20. Tourié IL 104. Tourna II. 282. Tourla (mt.) I. 279. Touschoumlia IL 203. Toutli-Sou I. 151. Touzla II. 153. Trapetza IL 99. Travnik II. 229. Trébévitch (mt.) II. 223. Trébinie IL 204. Trébinscbtitza 11.204.214. Trébischat IL 211. Trébouschin IL 32. Treschnievitza IL 275. 285. 286. Tresehnitza IL 220. Triaditza I. 65. Trikala IL 67, Trn I. 86. 339. Trnava (Tirnava) I. 95. 98. Troitza. IL 153. Trojak I. 253. Trousina II. 209. Troutscha T. 28. 69. 138. Trpschida II. 16. Trschitcfa II. 282. Trsténik II. 309. Trsténitza II. 282. Trstjanitza II. 250. Tachai (Bodama) I. 150. — (Boltschibouk) I. 102. — (Kizildeli) I. 103. — (Kouron) I 150. Tsehainitza II. 133. 188. Tschali-Kavak I. 120. Tschamp-Keui 1 105. Tscharkov II. 40, Tsoharschembé" II. 86. Techatak I. 109. Tschatal-Dagh I. 100. Tschataldscha I. 135. Tschekmedsché (Beujuk el Kutschuk) I. 4«. Tschengel-Dagh II 21.2. Tschépina 1. 156. Tscherkolcs I. 188. Tschermernitza II. 293. Tscbémerao - Planina II. 302. 303. Tschéridsehé II. 80. Tcherna i. 214. 252. Taches tobroditza II. 283. Tschctsebaii i. 188. Tschctschévo i. 188. 189. 271. Tschipka i. 31. Tschirmen i. 39. 42. Tsehigna I. 303. Tscholmetschi I. 104. Tschoukarelli (mt.) II. 55. Tschorlou I- 45. Tschoumerka (mt.) 11.62. Turbet ii. 250. Turkmenli 1. 144. Tzaranika 1.268. II. 15.19. Tzaribrod I. 63. 234. Tzarieiia II. 187. Tzarina I. 226. 291. II. 276. Tzer (mt.) II. 261. 263. 8I58. 273. — (Debeli) II. 209. Tzcrnitza II. 176. 322. Tzemoutja i. 20. II. 290. Tzervcno II. 87. Tzétina II. 250. Tzrkvina II 241. Tzikvitzé ii. 193. Tzigot II, 68. Tzitzer (mt.) II. 249. Tzjevuà II. 155. Tzrna-Bara II. 262. Tzrnilievo II. 267. Tzmitza II. 323. Tzrni-Vr I. 25. 62. Tzmova I. 10. Tzrvinova (Tschervinova) II. 108. 306. Vabro I. 281. Vakoup II. 232. — (Skcnder) II. 238. Valaques du l'inde II. 7)8. Valievo IL 280. Vappa II. 122. Vardar I. 208. 214. II. 77. Varna I. 9«. Varosch (Novi) II. 312. Varvarin I. 57. 11. Vasoévitchi II. 123. Vélesch (mt.) II. 209. Vélika II. 151. Vélilesch (mt.) 11 4. Vélitza I. 213 . 251. Vélovnik II. 259 Velvendos II. 85 Vénétiko II. 59. Vcnschatz (mt.) 1. 168- ÎI. 286. Ventrok I. 262. Verba II. 109. Vcrbania 236. 244. Verbas II. 232. 236. 244. Verbitza I. 180. Verbnitza I. 319. Vcrbovo I. 342. VeCrouseba II. 193. Veschal I. 313. Veterina II. 308. Vetsehéra I. 111. Vicbatschka II. 246. 252 Vid I. 6. 93. Vidoevitza II. 273. Vidouscha II. 209. Vidritse.h II. 255. Vikrar I. 92. Vilénitza II. 123. Vina II. 321. Visa 1. 43. 132. Visehegrad II. 258- 276. Vischentza I. 187. Visclmia II. 248. Vischnît.za I. 12. Visiror (mt.) II. 123 194. 301. Visoka I. 226. Visoki IL 227. Visoko II. 251. Vistritza IL 85. Vitanovatz II. Vitesch II. 227. 230. Vitolia II. 234. Vitorga II 249. Vitoseh (mt.) 1. 64. 66. 338. Vitzi (mt.) I. 272. Via IL 218. — (Stari) II. 280. Vladova I. 280. Vlainitza I. 305. Vlako I. 273. VlakoKlisoura I. 277. Vlaschitch 11. 234. Vlasiditza I. 82. Vlasina I. 82. Vlasitch (mt.) II. 268 Vlaski-Dol IL 306. Voda (Daloutska) II. 206. — Potoschéna IL 2911. — (Itadouscha) IL 303. Vodena I. 281. Voditza IL 249. Voïn (mt.) IL 192. Voïnitza L 206. 227. 231. Vojoutzâ IL 32 36. Volojak II. 198. Volo IL 72 Vopdsché I. 138. Voukosavtzi 11. 286. Voursehitza 11. S9. Vouschitrn II. 176, 177. Voutsehie IL 275. Vragolia ou Vragoulia L 199. 201. Vragotsehanuza II. 209. 279. Vran (mt.) II. 314. Vranatz IL 220. Vranjevatz IL 307. Vranitza IL 232, Vranja I. 344. II. 232 Vrandouk H. 250. Vratarnitza IL 320. Vratschevsehnitzn. IT. 290-Vratschar L 8. 104. Vratza I. 64. Vrba I. 229. 11. 199 Vrela 1. 192. Vrenie (mt.) I. 187. Vrouja IL 153. 156. Vr (Tzrni) L 25. 55. 62. 179. IL 325. Vidi (Tzrni) L «g, Vrmtza II 323. Vrt II. 133 Vrt-Glava II, 284. Widdin I. 24. Xéro Vouni II. 95. Zadrim II. 2. Zagorie II. 39. 42. Zaitschar II. 322. Zayas II. 106. Zazavitza II. 262. Zem II. 155. Zénitza II. 250. Zêta II. 203. Zetz (mt.) II. 231. 250. Zibritza I, 25 Zigos (mt.) II. 59. Zoukvé II. 297. Zvetschan II. 179. Zvetschka II. 200. Zvomik II. 259. 272. Note. L'orthographe des mots turcs s'éloigne quelquefois de celle adoptée par des gens connaissant bien le turc parlé à Constantinople, parce que je n'ai pu écrire les noms de lieux que comme j'ai cru les entendre prononcer par les habitans, or le parler provincial et surtout le turc des Slaves, des Albanais et des Grecs s'éloigne souvent beaucoup de celui des puristes de la capitale. Ces derniers écrivent par exemple mon han, auberge, qhan, mon akscham, le soir, agheham, mon baktsché, jardin, baght/'é, mon gôel, lac, guéul, mon tasch, pierre, tach. mon akali, raisonnable, akelle, mon ilidja, thérme, eled/a etc. Du reste il n'y u que l'écriture orientale, qui puisse donner une idée juste de la prononciation véritable des mots turcs, ce que je n'ai pas cru si nécessaire que pour le Slave. C'est plutôt un patois turc qu'un parler choisi qu'on a besoin, pour voyager agréablement dans l'intérieur de la Turquie. Si donc j'ai estropié le turc, je l'ai fait le voulant bien, mais je n'ai pas pensé pour cela à changer le mot aréba, voiture, en aroba. (V. 1, p. 44. ) FIN DE LA TABLE. errata. Au lieu de: Lisez: Page 12, ligne 2 Schénavlia Schinavlia „ 33, ,, 29 fractuoaité anfractuosité ii 35, ,, 7 pied pieds i» 38, „ 10 situé située tt 39, „ 26 files filets 41, i, 27 parai paraît H 71, ,i 33 Aroba Araba t, 95, ii U écroulé sous les s'écrouler sous le 1» 107, „ 38 meridinal méridional il 108, ,i 27 cham s champs ,1 112, ,, 22 pss pas . 11 126, 12 Tcheatina Tchiotina 5» 128, „ 25 qui coule et qui coule du N. au S. et 11 154, „ 15 concours concours de monde 156, ,, 27 le le „ 174, „ 25 maisonette maisonnette 11 192, ,, 6 près pré 194, „ 10 Vasoevicbi Vasoevitchi »I 196, „ 18 dérive décrive 1» 199, „ 33 tras versé traversé ,, 203, „ 34 pied de Sla pied du Sla Jl 206, m 16 pour nécessiter pour avoir nécessité »1 236, „ 36 parties partie 11 249, » 17 issus issues >» 250, „ 35 Sérinja Sérinja sur le Sabnja »■ 252, „ 24 Zaornik Zvornik II 287, » io puis S. et après l'E. puis au S, et après à l'E. 11 290, „ 15 dinée dîner 312, „ 19 d'Ertscheska l'Ertscheska „ 316, „ 12 Oraovitsch Oreovitsch. Il m'est venu des doutes, si le Schivan-Keuprisi s'appelle aussi Seheitan-Keuprisi. (Vol. 1, pag. 264, 265 et 320.) Au lieu de l'étymologie proposée pour la dénomination du mont Jalesch, il se pourrait que ce nom vint des mots albanais de Chalje, esquille ou écaille, ou plutôt de celui de Joli, pays fertile, à cause des beaux pâturages sur son sommet. (Vol. I, p. 310.)