L'IMPACT ANTHROPIQUE DANS LE VERCORS ČLOVEKOV VPLIV NA SEVERNEM VERCORSU (FRANCIJA) MICHEL CHARDON Izvleček UDK 504.05(44) Michel Chardon: Človekov vpliv na severnem Vercorsu (Francija) Vercors je kraško sredogorje v francoskih Severnih Alpah. Do zadnje vojne je bil človekov vpliv na naravno okolje omejen, kmetijsko-pašniška dejavnost pa je nazadovala. V zadnjih 50 letih pa turizem, še posebej v alpskih smučarskih središčih, spreminja pokrajino, gozdove, predvsem pa površinske in podzemeljske vodne tokove. Avtorjeva pozornost je usmerjena v največji meri na polje Correngon in porečje reke Bourne. Ključne besede: krasoslovje, človekov vpliv na kras, sredogorski kras, turizem, Francija, francoske Severne Alpe, Vercors Abstract UDK 504.05(44) Chardon Michel: Man's impact in the Northern Vercors (Alps, France) Vercors is a mid altitude karstic mountain in the French northern Alps. Till to the last war, the human impact on the natural environment was limited, while the agro-pastoral activities were declining. For 50 years, touristic management specially with alpine ski resorts is now tranforming the lansdscapes, the areas of forests and mainly the superficial and subterranean water flows. A special attention is paid to Correngon polje and Bourne water basin. Key words: karstology, man's impact on karst, middle mountainous karst, tourism, France, French Northern Alps, Vercors Address - Naslov Prof. M. Chardon Institut de Geographie Alpine Universite J. Fourier Laboratoire Associee de la Montagne Alpine URA 344 CNRS F - 38031 Grenoble Cedex France Dans les Alpes frangaises du Nord, le Vercors est un massif prealpin situe au sud de Grenoble. Les paysages de ce karst de moyenne montagne ont ete bouleverses par les transformations economiques et humaines depuis un siecle. I - DONNEES GENERALES SUR LE SYSTEME KARSTIQUE DU VERCORS SEPTENTRIONAL. Cest une region de moyenne montagne culminant ä la Grande Moucherolle (2285 m). Les aretes sommitales (1800 ä 2200 m) dominent une suite de bassins synclinaux dont I'altitude se place vers 1000 m: Lans, Villard-de-Lans, Correngon, Meaudre et Autrans. Le drainage superficiel des fonds synclinaux n'evacue qu'une partie des eaux. L'ecoulement souterrain se fait vers des emergences localisees dans les Gorges du Furon (Sassenage) et de la Bourne (Goule Blanche, Goule Noire...). La structure geologique explique cette dualite. L'ossature du massif est constituee par des calcaires massifs urgoniens, d'äge Cretace inferieur, plisses et fractures. Du fait de leur puissance et de leur continuite (3/400 m), ils permettent un long drainage souterrain vers les points bas des canyons karstiques. Les calcaires greseux et marneux du Cretace inferieur, les depots glaciaires et fluvioglaciaires du Quaternaire, la molasse sablo-conglomeratique miocene, alimentent des sources de faible debit localisees dans la partie centrale des synclinaux. Le climat est frais et humide. Les precipitations sont de l'ordre de 1200 ä 1500 mm par an, avec un enneigement de 3 mois vers 1000 m, 6 ä 7 mois Sur les cretes. A l'etat naturel, le massif parait avoir ete un karst presque entierement forestier. Aujourd'hui, l'etage collineen atteint 800 ä 1000 m tandis que le montagnard occupe la tranche altitudinale 800-1500 et le subalpin (principalement des epiceas) celle de 1500-1800 m. La limite superieure de la foret - d'origine anthropique -est floue entre 1800 et 2000 m. Le caractere forestier et humide explique l'importance de la denudation karstique evaluee entre 150 et 200 mm/1000 ans au niveau des emergences de Choranches (J. J. DELANNOY, 1981). Celle-ci se produit pour l'essentiel dans la partie superficielle au contact du sol et de la röche (MUXART T, 1977). La vegetation intervient egalement dans l'importance de la tranche d'eau ecoulee dans le karst (P') puisque c'est un des facteurs fondamentaux regulant l'evapotranspiration. D'apres P. ROUSSET (1983) le deficit d'ecoulement Bee dE I'Ori GRENOBLE Gorgss de la Bourne Foret dela - ^ Jp/ Correngonc Loubiere LEGENDE A Sommet ^ Crdte D Vine, village • d Source, etnergence Q^ GroTte, puit,aven W/'/Z'Tj Zone de ski alpin ä Villard-de-Lans (1030 m) serait de 42 % pour un total annuel des precipitations de 1260 mm. La corrosion karstique de subsurface, en domaine forestier, represente de 60 a 90 % de la corrosion mesuree aux emergences. Eile est plus faible sous les prairies d'altitude et dans les zones cultivees. D'apres T. MUXART (1977), sous hetraie-sapiniere, la quantite de carbonates dissous est de 90-100 mg/l, soit de 10 a 25 % superieure ä celle des prairies supraforestieres. Toute modification anthropique aura des consequences sur le fonctionnement du geosysteme. II - L'IMPACT ANTHROPIQUE DANS L'ECONOMIE ANCIENNE DU VERCORS. L'occupation humaine commence des la Paleolithique, bien qu'elle devienne importante seulement ä I'epoque moderne. Dans Fensemble du canton de Villard-de-Lans, elle n'a jamais ete forte. Au debut de ce siecle la densite de population etait de 18 habitants/km^, tres inferieure ä ce chiffre ä Corren^on (5 habAtm^). La civilisation agropastorale avait defriche les terres arables des fonds de vallees et des premiers versants, laissant boises les ubacs et les plateaux karstifies. Elle avait etendu les prairies d'altitude devenues alpages au detriment de la foret. Celle-ci etait utilisee pour le bois d'oeuvre, pour les scieries, les chantiers et la marine, pour la consommation locale de combustible et la fabrication de charbon de bois. Elle conserve au debut du siecle un place primordiale couvrant 62 % du territoire communal ä Correngon, 45 % ä Villard-de-Lans de Land, 79 % ä Meaudre. Compte tenu de I'existence des alpages, rochers, la surface en cultures etait faible: 20 a 25 % ä Villard, 7 % ä Correngon. Quel a ete I'impact de I'homme pendant cette longue periode ? - une deforestation limitee et une modification du convert vegetal au profit des feuillus, diminuant 1'erosion karstique. - I'utilisation naturelle des ressources en eau et notamment des sources jalonnant la bordure des fonds synclinaux, le long desquelles se fixaient fermes et hameaux (cartes anciennes). - une pollution des ecoulements par les hommes et les animaux. - une faible utilisation des rivieres et de leur force hydraulique (moulins, forges). - I'utilisation des cavites comme abri et reserve, voire refuge (glacieres...). Au total, I'impact anthropique est limite. L'hydrographie et I'ecoulement tant Souterrain que de surface, ne sont pas deranges. Jusqu'a une epoque recente, des etendues marecageuses, des tourbieres, des fonds de vallees hydromorphes se transformant en etangs ä certaines periodes, ont persiste ä Correngon, dans le val de Lans, pres de Meaudre et d'Autrans... Le fonctionnement du geosysteme ne parait pas avoir ete serieusement perturbe comme semble le prouver I'accumulation des concretions ä Choranches (tufs de Gournier, depots souterrains...). III - TRANSFORMATIONS ECONOMIQUES ET DEVELOPPEMENT TOURISTIQUE DANS LE VERCORS DEPUIS UN SIEGLE A la fin du XlXeme siecle, le Vercors est une montagne inegalement anthropisee oü I'mstallation humaine a compose un nouveau paysage. Avec le XXeme commence une revolution economique qui change les donnees du milieu. Quels en sont les elements? - La depopulation rurale commence vers 1850 et s'accentue de 1900 ä 1950, amenant une deprise rurale: reduction des terres labourees et des alpages, accroissement des surfaces en prairies et forets. Ce changement se fait progressivement. De 1900 ä 1990 la part de la foret est passee de 62 % ä 75 % de la surface communale ä Correngon, de 45 % ä 53,4 % ä Villard, - La construction d'une serie de prises d'eau, de derivations et d'usines hydroelectriques le long du cours de la Bourne a artificialise les debits et le regime du cette riviere. Celle-ci n'a plus qu'un ecoulement reduit, hormis pendant les fortes crues. Son role morphologique dans le creusement du canyon (transport, erosion...) est pratiquement nul en temps normal. Le "pavage" de blocs du lit torrentiel en est le signe apparent, manifestation de I'etat de biostasie du milieu amplifie par I'amenagement anthropique, - La revolution economique recente est celle du developpement touristique. Elle s'annonce entre 1920 et 1940 pour connaitre un essor prodigieux de 1960 ä 1985. Dans cette partie du Vercors eile repose sur plusieurs elements : un tourisme de villegiature principalement en ete, un tourisme climatique pour enfants, des residences secondaires de plus en plus nombreuses, et surtout une frequentation hivernale pour le ski alpin et nordique. En periode de "haute saison" hivernale (fevrier), la population presente sur le canton de Villard est estimee ä 40 000 personnes. Par rapport ä la population residente (6617 h.) eile est 6 ä 7 fois superieure. Le tourisme est devenu la premiere source de revenus. Un fort equipement en remontees mecaniques traduit cette evolution: celles-ci forment un reseau dense ä Villard et Correngon entre 1000 et 2000 m, secondaire ä Autrans, Meaudre ou Lans. Quelles sont les implications d'un tel bouleversement pour le milieu dej a anthropise du Vercors? - L'extension d'une urbanisation mal controlee autour et ä I'ecart des villages et hameaux: maisons individuelles, lotissements, immeubles... infrastructures routieres et autres. Cela se traduit par une artificialisation du milieu: emprise du bäti, impermeabilisation, creation d'ecoulements artificiels..., - Une acceleration de la deprise rurale: le nombre des agriculteurs se reduit, la surface cultivee en terres labourables decline, au profit des prairies. Correngon ne compte plus que 8 exploitations et 272 ha de surface agricole utile dont 71 en labours soit 26,1 %. Evolution identique pour I'ensemble du canton oü les terres cultivees representent 26,5 %, - Les exigences du ski alpin (altitude, enneigement pentes...) conduisent ä I'ouverture de pistes en milieu forestier et supraforestier oü I'arbre est elimine et le relief naturel modifie. Avec I'essor du tourisme de ski alpin, le phenomene s'est considerablement developpe, pistes nombreuses, plus hautes, pistes de liaisons... Les besoins en neige, c'est ä dire un enneigement süffisant et prolonge pour assurer la pratique du ski, ont conduit, depuis plus de 10 ans, ä I'installation d'un reseau de production de neige artificielle, dite neige de culture. D'oü des besoins considerables en eau sur les versants calcaires ou elle est rare, voire absente, - La frequentation - et la surfrequentation - touristique ont accru les besoins en eau de fagon drastique ä certaines periodes. Lorsque Villard-de-Lans compte seulement 15000 personnes, sur la base moderee de 300 litres/jour/ habitant, cela fait 4500 m' par jour soit un debit moyen et constant de 52 litres/seconde. En periode d'etiage hivernal ou estival, les ressources traditionnelles sont insuffisantes, - Les exigences de ces transformations economiques et sociales dans un milieu de moyenne montagne oü la plus grande partie de I'eau s'ecoule souterrainement, pose des problemes et entraine des perturbations dans le fonctionnement du geosysteme karstique. IV - TRANSFORMATIONS ET PERTURBATIONS DEPUIS UN SIECLE Ces mutations ont des consequences multiples sur les paysages karstiques, I'ecoulement des eaux, la qualite de celles-ci. 1) Transformations paysageres et leur impact, a) - Progression de la foret de coniferes Le declin de la population agricole et des activites agropastorales, se traduit par une extension de la foret soit sous forme d'une progression spontanee et lente soit par un reboisemejit organise et rapide. Dans les deux cas celle-ci profite aux coniferes: pins, epiceas, sapins et melezes. lis constituent des peuplements denses ä la peripherie de la zone cultivees, au detriment de la foret mixte feuillus - coniferes de I'etage montagnard. A la limite superieure de la foret, la progression naturelle de celle-ci se fait au profit des pins, tandis que dans la zone des etages montagnards et subalpins, les coniferes gagnent de la place naturellement et par reboisements (Villard). Cette evolution determinee par I'homme, va dans le meme sens: le karst forestier s'accroit aux depends du karst nu et sous prairie. Dans tous ces cas, le resultat est une acidification des sols, un accroissement de I'agressivite des eaux karstiques par apport de CO^ biologique, de la dissolution de subsurface et de profondeur. Faute de mesures anciennes, le phenomene ne peut etre. pour I'instant apprecie quantitativement. b) - Degradations superficielles liees aux equipements de sports d'hiver Depuis plus de 30 ans, les exigences du ski alpin et du tourisme ont bouleverse les paysages forestiers. Les deboisements divers (routes, pistes, constructions) deteriorent le paysage (saignees, clairieres...). Les arbres ont ete elimines, parfois desouches ä l'explosif. A Correngon et ä Villard-de-Lans (Cöte 2000) des couloirs de deboisement defigurent le paysage forestier de certains versants. Une planimetrie rapide a permis d'evaluer les superficies deboisees ä plus de 110 ha ä Villard, 90 ä Correngon, 45 ä Lans (stade de neige). Avec les communes d'Autrans, Meaudre... ce sont plus de 3 km^ qui ont disparu. Hormis le bouleversement paysager, les effets pour le karst ont ete: - la destruction de sols de type rendzines. Le re-engazonnement artificiel, en depit d'un concassage des materiaux, n'a donne que des resultats mediocres, hormis dans les zones basses. - les formes superficielles du karst ont ete arrasees et nivelees qu'il s'agisse des tables de lapiez ou des depressions comme les dolines et puits. Le resultat en est une suractivation de la dissolution superficielle sur du materiau nouveau et concasse, au detriment de celles de subsurface et de profondeur. Quant ce materiau est fin et compact, sur les fortes pentes il en resulte un ruissellement et des ravines. - la concentration de I'eau et son ecoulement ont pu etre modifies par I'arrasement du relief, le colmatage complet ou partiel des dolines (combe de rOurs, scialets du plateau de Charvet). - la destruction du convert vegetal et pedologique tend ä diminuer I'agressivite des eaux karstiques, au niveau local. c) - Un bilan general Malgre I'imprecision de certaines donnees statistiques concernant la foret (les surfaces boisees tiennent-elles veritablement compte des defrichements du domaine skiable?). L'avantage est au reboisement si on considere la duree du siede: la surface forestiere a progresse de 482 ha sur Villard-de-Lans, de 570 ä Correngon..., avec toutes les consequences enoncees precedemment. Sur la periode des trois dernieres decennies, cette evolution est contrariee, peut-etre annulee. Le paysage, le fonctionnement local du geosysteme karstique, les formes de surface sont perturbes par I'impact anthropique. 2) Consequences sur les ecoulements de surface des eaux Celles-ci sont multiples et leur impact difficile ä evaluer, le bassin de Correngon constituant un cas original. - La quantite d'eau ecoulee dans le karst est accrue de fagon sensible mais difficilement appreciable par I'enneigement artificiel (30 %?) mais cela ne concerne qu'un espace restreint et delimite. - Les captages d'eau effectuees ä partir des sources du karst d'altitude (Vallon de la Fauge) et des bas versants ont prive les ecoulements de surface d'une partie de leur alimentation naturelle. II en est resulte un abaissement du niveau de la nappe dans les fonds de vallee, ce qui a contribue, avec le drainage, ä faire disparaitre les zones basses marecageuses (Lans, Meaudre). - Le cas du bassin de Correngon est exemplaire. Le fond du synclinal est constitue de calcaires greseux (Aptien) de sables et gres glauconieux (Albien) reconverts en grande partie par des depots glaciaires et des colluvions. L'ensemble est ferme au nord par I'escarpement de ligne de faille de Combeauvieux. Ce bassin fonctionne comme un polje "imparfait". Si les eaux des plateaux de calcaires urgoniens sont evacuees souterrainement vers la Goule Blanche, en surface et en subsurface celles-ci convergent vers les zones basses des Mengots et des Martins, situees de part et d'autre du village et de I'ancien chateau. Avant le developpement touristique, la premiere etait occupee par un lac temporaire dont les eaux etaient evacuees de deux fagons. Au moment des hautes eaux, un emissaire franchissait temporairement le seuil pour s'ecouler vers le nord. Un ecoulement souterrain soit profond, soit de subsurface drainait le fond vers les sources du ruisseau de Correngon, situe plus au nord. Ce lac etait forme par les eaux pluviales des divers talwegs - dont le plus important etait celui du col de Liorin - mais surtout par I'affleurement de la nappe phreatique collectant les eaux des formations superficielles et des terrains du Cretace superieur. Cette nappe proche de la surface, donnait une ligne de sources aux Martins et toutes les fermes s'approvisionnaient en eau par des puits peu profonds. Meme lors d'etes sees, le village n'a pas manquee d'eau: le vallon des Martins est reste une zone humide. Avec I'essor du tourisme, Correngon compte aujourd'hui 264 habitants permanents, 105 residences principales et 782 secondaires sans mentionner les hebergements collectifs. La population presente peut atteindre 3000 personnes. Des reseaux d'adduction d'eau potable, d'evacuation des eaux usees et de collecte des eaux pluviales ont ete construits. Deux stations pour le pompage de I'eau ont ete edifices I'une au dessus des Martins et la seconde plus recente sur le seuil. En evacuant les apports d'eaux pluviales et en prelevant sur la nappe phreatique, le niveau de celle-ci s'est abaisse: nombre de puits et de sources ont tari, les fonds humides ont disparu. La construction de la route du Liorin barrait la depression des Mengots et accroissait son endoreisme. La realisation d'une conduite, le creusement du chenal assurent un meilleur drainage, d'autant que eaux usees et pluviales (pour une part) sont collectees. Au total, le talweg se creuse ä la sortie du bassin, les eaux etant mieux evacuees. Le lac temporaire ne se forme qu'exceptionnellement apres des pluies diluviennes ou ä la fonte des neiges. L'hydrographie comme Fhydrologie de cette depression sont devenues artificielles. a) - Insuffisance des approvisionnement en eau: pompage et recyclage de I'eau ä partir des emergences Si Correngon, Lans et Autrans disposent de ressources süffisantes et proches, il n'en est pas de meme pour Villard, St Nizier et Meaudre. Le probleme est resolu pour I'instant en captant I'eau des emergences du reseau profond. Saint-Nizier (1168 m) s'approvisionne aux sources des Arcelles (942 m) sur la commune voisine de Seyssinet. Les eaux sont remontees et stockees. Meaudre s'alimente dans le reseau souterrain du Trou qui souffle par pompage ä - 324 m (debit horaire maximum de 100 mVh). Villard-de-Lans est le cas le plus demonstratif. Toutes les ressources proches etant utilisees et les besoins restant enormes, une prise d'eau a ete installee ä I'emergence de la Goule Blanche (813 m) dans les gorges de la Bourne. L'eau est pompee (debit possible 74 1/s) pour etre stockee dans une suite de reservoirs jusqu'a une altitude de 1700 m. De cette fagon sont alimenties les canons ä neige de la Cote 2000, les complexes touristiques du balcon de Villard et des Glovettes, le centre ancien, les villages et hameaux qui gravitent autour de celui-ci. Quels sont les impacts d'un tel amenagement ? - La reduction et I'artificialisation des debits des cours d'eau issus des emergences captees, ce qui est le cas de la plupart d'entre elles. Actuellement une seule emergence reste ä I'etat "naturel", celle du Bruyant. A Goule Blanche (debit moyen annuel 2,5 mVsec, jusqu'a 20 mVsec en crue), il peut etre preleve jusqu'a 0,2 m^ pour Falimentation en eau et 3,5 mVsec pour la centrale hydroelectrique, ce qui constitue, de tres loin, I'essentiel de I'utilisation. - Une partie minime de l'eau ecoulee sur cette partie du plateau du Vercors est "recyclee" pour des besoins anthropiques divers: alimentation humaine, neige, agriculture... Elle doit etre traitee et surveillee: les pollutions sont frequentes, comme Font montre des analyses, en particulier au Trou qui souffle. Ces risques sont accrus lors des fortes averses quand l'eau s'engouffre dans le reseau souterrain. Celui-ci et ses emergences etant ä I'aval des zones polluantes, toutes les conditions de pollution bacteriologique sont reunies. b) - Les pollutions et leur traitement Dans I'economie ancienne, les pollutions etaient frequentes sur les reseaux karstiques du fait de I'absence de toute installation coherente et organisee d'evacuation des eaux usees des habitations, etables, bergeries. Le pastoralisme en altitude, le pacage libre des animaux sur les prairies et dans les forets des plateaux karstiques (avens, puits, glacieres,..), le rejet sans controle des eaux des habitations et des etables, favorisent les pollutions. Longtemps le village et les hameaux de Saint Nizier ont deverse leurs eaux vers le Pas du Cure dont le ruisseau avait ete transforme en egout, de meme que dolines, avens... ont ete le receptacle des detritus. Avec le developpement du tourisme, la multiplication des residences secondaires et principales (rurbanisation), les pressions des mouvements ecologiques, la quasi-totalite du canton traite les eaux usees. - Les exploitations agricoles sont equipes de bacs et cuves ä fumier. - Un reseau d'egouts collecte les eaux usees. Villard, Correngon et Lans ont construit la station d'epuration des Jarrands, Saint-Nizier evacue les siennes vers la vallee de I'lsere. Seules quelques localites et femes isolees ne sont pas encore reliees au reseau general et disposent de leurs propres installations (par ex. Les Nobles pres de Villard). Le plus souvent, la gestion de I'eau a ete confiee ä une entreprise privee specialisee. Cependant tout risque de pollution grave d'origine accidentelle, humaine ou technologique n'est pas ecarte du fait de I'importance de la frequentation et des installations touristiques, de la frequence des travaux de genie civil, du maintien d'une agriculture intensive sur un faible espace. Les analyses d'eau dans les reseaux souterrains de Goule Blanche et du Trou qui souffle prouvent une pollution bacteriologique et chimique (nitrates), importante apres de fortes precipitations les eaux sont traitees. A Autrans et Meaudre, elles sont utilisees comme appoint aux periodes de pointe, vu le coüt eleve de production. L'anthropisation des massifs et la construction de routes, chemins... en avaient fait un lieu de choix pour des parcours et des competitions destinees aux vehicules 4x4. Leur interdiction est une mesure de sauvegarde. CONCLUSION L'impact de I'homme est ancien. Cependant il a change de forme et prend une intensite jamais connue. La creation du Pare du Vercors avait pour but d'inventorier et de proteger cet espace naturel, ce qui est en cours. Milieu anthropise, ce karst de moyenne montagne reste vulnerable face aux entreprises touristiques. Celles-ci bouleversent paysages, equilibres du geosystemes, ecoulements. Milieu plus sensible que d'autres aux pollutions hydriques, plus fragile du fait d'une reconstitution plus lente de certains ecosystemes. Les amenagements futurs de ces communes devraient etre penses en tenant compte de ces donnees et de la limite d'utilisation des ressources en eau, dans la perspective d'un developpement plus equilibre et ä long terme. BIBLIOGRAPHIE Blache J., 1931: Les massifs de la Grande Chartreuse et du Vercors, Grenoble.These d'Etat.- Impression Allier, 2 volumes. Courrier du Pare Naturel du Vercors n°22: La prehistoire en Vercors, Lans- en-Vercors.- 1979 Ed P N. R. V, 51 p. Delannoy J. J., 1981: Le Vercors septentrionnal, le karst de surface et le karst Souterrain.- Grenoble, Institut de Geographie Alpine, these de 3® cycle, 517 p. Delannoy J.J., 1984: Le Vercors, un massif de moyenne montagne alpine.- Karstologia, n°3 p. 34-35. Mourral D., 1927: La foret du canton de Villard-de-Lans.- Revue de Geographie Alpine, T. XV, p. 133-143. Muxart T, 1977: Note sur I'agressivite potentielle des eaux de percolation des differents sols dans le Vercors.- Revue de Geographie Alpine, t. 65, p. 177-183. Rousset Ph., 1983: Carte hydrogeologique du massif du Vercors.- Grenoble, these Institut de Geologie Dolomieu, 72 p., 1 carte h. t. Roy L, 1986: Etudes prealables au schema directeur d'assainissement du Vercors.- Grenoble Institut de Geographie Alpine. Memoire M. S. T, 72 P- Sarrot Reynauld J., 1962: Hydrologie karstique du massif du Vercors.- Paris, Memoires Association Internationale des Hydrogeologues. Reunion d'Athenes. ČLOVEKOV VPLIV NA SEVERNEM VERCORSU (FRANCIJA) Povzetek Severni Vercors je kraško sredogorje v Zahodnih Alpah, med 800-2200 m n.m. Zanj so značilne kraške in kraško-ledeniške oblike ter predvsem podzemeljsko odtekanje voda. Do 1930 je bila človekova dejavnost skladna s kmečko naselitvijo: gozdarstvo, poljedelstvo in pašništvo. Kljub poljem, pašnikom in alpskim travnikom, kraški geosistem ni bil moten. Od 1930, še posebej pa v zadnjih štiridesetih letih, sta se ob upadanju kmetijske dejavnosti močno povečala zimski in letni turizem. Po 1950 so bile zgrajene številne velike žičnice, smučišča so se raztegnila do vrhov in orografskih razvodnic, postavljenih je bilo mnogo novih zgradb. Med zimskimi počitnicami se število prebivalcev povzpne na 40 000, medtem ko je stalnih prebivalcev le 5 000. Da bi zadovoljili potrebe turistov po smučiščih, prebivališčih in predsem po vodi, prihaja do motenj v kraškem geosistemu zaradi: - velikih posek na pobočjih za pripravo smučišč, - uničevanja površinskih kraških oblik in spreminjanja kraške visokogorske pokrajine, - vrtanja in črpanja vode iz globokega krasa in velikih izvirov v dolinah, da bi zadovoljili potrebe po vodi turističnih središč, - onesnaževanja vode in umetnega odvajanja odpadnih voda, kar je privedlo do vzpostavitve novega, umetnega hidrološkega sistema. Proti tem številnim spremembam v kraškem okolju se že 20 let borijo lokalne skupnosti in zveze: z ustanovitvijo "Regionalnega parka Vercors", z ustanavljanjem posebnih varovalnih območij, z omejevanjem nekaterih dejavnosti, kot so gradnje, lov, vožnje in tekmovanja s terenskimi vozili in kontrolo uporabe voda.