Z04S.1. £■ // ^- METHODE POUR ĆTUDIER LA GEOGRAPHIE. TOME I h ) METHODE POUR ETUDIER LA GEOGRAPHIEi Oa 1 on donne une Defcription exaćte de 1'Univers , formee fur les Obfervations de 1'Academie Royale des Sciences , dc fur les Auteurs originaux. A V E C Un Difcours preliminaire fur VEtude de cette Science s & un Catalogue des Cartcs Rela-tions _> Voyages & Defcriptions necejfaires pour la Geographie. Par M. l'Abbe Lenglet du Fresnoy, QUATRIEME EDITION , Revuc , corrigee & auomentee. TOME «r A P A R I Cliez N. M. T i l l i a r d , Libraire , Quai d« Auguftins , a Saint Bcnoit. M. D C C. L X V l I I. Ava Approbution & Privilege du Roi* T TABLE DES ARTICLES. NOTIONS PRELIMINAIRES, page i. Chapitre I. Syjlemes du Monde. 3. Art. I. Progres de la Science Aftronomi-quc. Ibid. Art. 11. Syfieme de Ptolemec, 6' de la plus grande partie de s Anciens. 6. Art. III. Svfteme de Philolaus & dcs Py-thagoriciens. 14. Art. I V. L'Aftrono-mie perfeciionee & rcćiifiee. x1. Art. V. Syfteme de Čope mi c. xi. Akt. VI. Syfleme de Ticho-Brahe. 18. Art. VII. Reponfes aux Objećiions contre le Syjieme de Copcrnic. X. III. De laGeo- ICLES. graphie en general. 117. Art. L Du nom & de la definition de la. Geographic. Ce qut c'eft que le Globe tcr-reftre. S a figure &ft grandeur. 117» Art. II. Explicatiom des termes particu-licrs d la Gćogra-phie. izi- Art. \\\.De la divifion de la Terre3& en quoi conjifie la dcfcription de fes parties. 13 o. DESCRIPTION DE L'EUROPE. 13 < Bornes. i 34- Chap. I. Les Ijles Bri- 'Situation. Etendue. tanniques. *47« 13;. Art. I. De la granat Divifion. 136. Bretagne. 148 Ijles. 137. I. L''Angleterre. 149 T?refqu Ijles. Ibid. Forces de l'Angleterre Caps. Ibi TIC L E S. 1* 387. I. Sjrathern. 388. II. z^Jr. Ibid. III. Menteith. 389. IV. Sterling. 390» V. Lothian. 391. Defcription d'Edim- bourg. Ibid. VI. Marche. 400. VII. Twedail. Ibid. VIII. Tivedail. 401. IX. Lidifdail. Ibid. X. Eshedail. 402. XI. Annandail. Ibid. XII. Nidisduil. Ibid. XIII. Galhwuy. Ibid. XIV. &m$. 403. XV. Jčyt'. Ibid. XVI. "Clydsdail, ou Cluidsdail. Ibid. XVII. Cuningham. 405. XVIII. ira/zo*. Ibid. XIX. Argyle. 406, XX. Lorne. 407. XXI. Prefqu'iJIe de Cantyr. Ibid, XXII. i/7e d'Arran. Ibid, §. III. Ijles Inck-Gall, Wcfternes, ou Hebri-des. Ibid. 7/7c^ Orcades ou d'Or-kncy. 4°9-Schetland. Ibid. Art. III. L'Irlunde. 4ir' Religion , Archeveques & Eveques. 413, Lang-ue 6' Gouvernc* t TA ment. 4X4« Divifion. 41 f. $. I. VUlfler, ou les Provinces du Nor d. 416. f. Dungal ou Tyrcon- nel. ' Ibid. II. Farmanagh ou Fer-mannath. 41?- III. Tyrone. Ibid* IV. Londondery. 418. V. Antrim. Ibid. VI. Downe. 4l9- VII. Armagh. Ibid. VIII. Louth. 419. IX. Monaghan. 410. X. Cdvan< Ibid. $. II. Le Leinfter ou les Provinces de 1'Efi. 421. I. Longford. Ibid. II. IVeft-Meath. 411. III. Efl-Meath. Ibid. IV. Z>«M«. 413. V. Wicklow. 4x4. VI. Kildare. Ibid. VII. Kings - County. 4ij. VIII. Queens-County. Ibid. IX. Kilkenny. Ibid. X. Carlow ou Catcr-lough. 416. XI. Wexford. Ibid. $. III. le Mounfier t ou les Provinces du Sud. 417. I. Watcrford. Ibid. II. Tipperary, 418, III. CVcL Ibici. IV. .KVr/j. 419. V. Limerick. Ibid. VI; CA/re ca Thomond. 430. §. IV. Xe Connaught > o« /m Provinces de 1'Ouefi. 431« I. Gallouay: 431« II. Rofcotnmon. 431. III. Afrfjo. Ibid. IV. S%>. Ibid. V. Le t rim. 433. Chai». 11, i* Danemarck. 434. Le Sundd 436. Gouvernement. 441« Comment le royaume de Danemarck eft deve* nu hereditaire & abfo-lu. 449' Revenus & forces du Roi de Danemarck. 461. Religion. 4^4-Ordres de Chevalerie. 468. Art. I. I.e Jutland. 469. J. I. Le Nord-Jutland. 470. I. Le Diocefe d Aal~ borg. Ibid. II. le D/oa/e Ordrcs de Chc- valerie. 516. Religion. 5x7« niverfites. $ 3 3 • §. L LaSueonie. 538. I. L'Uplande. Ibid, Stockholm. 53 9* II. JLđ Sudermanie. 545- III. Za Nericie. Ibid. IV. Za IVeftmanie ou Wefimanland. 54^. V. Zđ Dalecarlie. Ibid. §. II. Za Gothie ou le Gotkland. 547« Ze Wcfirogotkland. Ibid. I. Zđ IVeJlrogothie pro-pre. 548- II. Zđ ZW/e. 548. III. Ze Vermelandm Ibid. L'Oftrogotkland. 549; I. L'OJlrogothlandpro-pre. Ibid. II. Ze Smaland. 550.' §. 11 I. Ze Schonenm 551. I. LeBleking. Ibid. II. Ze Schonen ou Sca-niepropre. jjj. III. LeFLalland. 554. §. IV. Ze Gouvernement de Bahus, j jj. Kij T A • §. V. Les Nordclles , ou Provinces du Nord. Ibid. I. La Geftricie. Ibid. II. L 'Hcljingie ou Hei-Jingkland. 556. III. La Medelpadie. Ibid. IV. La Iemptic ou Icm-pterland. 557. V. L 'Hiricdalou Her-dal. Ibid. V I. L'Angermanie. SSh Fin de la Tab: BL!. VII. La Bothnie occi% dentale. Ibid. VIII. La Laponie Sue-doifc. ff9. §. VI. La Finlande. I. La Bothnie orienta-le. S6'4* II. La Cajanie. Ibid. III. La Finlande pro-prc. 56c. IV. LeNyland. $66. V. La Tavaftie. Ibid. VI. Le Savolax. Ibid* c des A^icJefc MlzTHODJSL ME T HO DE POUR ETUDIER LA GEOGRAPHIE. NOTIONS PRELIMINAIRE&. N appelle Cofmographie , ceft-a-dire Defcription du Monde 3 ime fcience qui enfeigne quelle eft la conftrućtion de 1'Univers en general, fa figure , la difpolition de routes fes parties, &z les rapports qu'elles onr entr'elles. Cette fcience fe partage naturellemenr en deux branches : VAJlro-nomie 6c la Geographie. La premiere s'ap-plique a confiderer les Aftres, repandus dans rimmenfe etendue des Cieux qui nous environne , 6c a rendre raifon de leurs mouvemens , de leurs fituarions, de leurs diftances , de leurs grandeurs , de leurs apparences j &c des caufes de ces apparences. La Geographle, moins ele-Tomc II. A 2 Methode vee, mais plus urile pour le commerce* de la vie, le renferme a donner la def-cription de la furface du Globe que nous habitons , i faire connoitre les bornes des Pays , la fituation des lieux , leurs diftan-ces, les Mers, les Fleuves, les Monra-gnes, &c. Cependant elle e(mprunte beaucoup de chofes de l\Altronomie j & ce qu'elle a de plus releve, elle le doit a cette fcience. Ces cercles, qui compofent la fphere, que les Aftronomes ont imagines comme cra-ces dans le Ciel , & qu'ils ont deftines a faire comprendre la difpofition apparente de fes parties, les Geographes en ont ap- {>lique 1'uiage au Globe de la Terre. Ils es ont traces fur les Globes 5c fur les Car-res, pour rendre fenfible la correfpon-dance des dirTerens Cantons de la Terre avec le Ciel, fuivant leurs afpeds reci-proques. On appelle Geographie Aflronomique 3 cette partie de la Geographie qui explique cette correfpondance , &c rend raifon de 1'ordre des faifons , des jours & des nuits, & autres phenomenes aufquels le com-mun du monde fait aflez peu dattention, parče quils font ordinaires. Comme le-tude en eft tres-fatisfaifante , & qu'elle n'a rien de bien difficile pour les per-fbnnes capables de reflexion , nous en donnerons , au commencemenc de cet de Geographie. 5 Ouvrage, un petit Traite, dans lequel on trouvera une explication fuffifamment ćtendue de la Sphere , avec 1'application qu'on en doit faire au Globe de la Terre. Pour rendre ce Traite plus complet, nous le ferons preceder d'une expofition des Syfiemes du Monde. Quoique fuccinćte , cette expoiition renfermera tout ce qu'il faut pour donner une idee exaćbe des differens Svftemes que les Philofophes ont fuccellivement imagines, pour rendre rai-fon de tout ce qui fe palle dans le CieL On peut la regarder comme un abrege de 1'Hiftoire de l'Aitronomie , 8c des progres que Tefprit humain a faits dans cette ičience fublime. CHAPITRE PREMIER, Syftcmes du Monde. A RT I C L E PREMIER. Progres de U Science AJlronomique. f 1 E Ciel efl: un fpe&acle commun a toutes les Nations de la Terre. Cependant il paroit qu'il n'y a eu que les Nations primiti ves & fedentaires qui fe foient ap- A ij 4 Methode de Geographie. pliquees a i etudier. Plulienrs Savans ont cru qu'Adam avoit rec:u de Dieu les pre-mieres notjons de 1'Aftronornie. On peut dire au moins que les premiers hommes v.ecurent allez long-temps pour s'aflurer de ces connoilTances par leurs obferva-tions. L'Hiftoire du Dćluge fait voir que des ces premiers temps , on comptoit les annćes a peu pres comme aujourd'hui , ii meme elles n'etoienr pas femblables ; ce quj prouve qu'on avoit dćja bien ob-ferve le cours regle du Spleil $c de la Lune. On fait que peu de temps apres le Dćluge , les Chaldeens &: les BabyIoniens s'appliquerent lerieufement a 1'Aftrono-mie , puifque Ton a trouve chez eux des Obfervations antćrieures de 1905 ans a l'Expćdition d'Alexandre en Alie , qui arriva 330 ans avant l'Ere Chrćtienne. Les Egvptiens , de leur cote , fur-rout les Pretres , failoient une profeflion pameti-liere de cette fcience. Les uns &c les au-rres habitoient de vaflres plaines , qui leur orrroient un Horifon libre & dćcouvert: le loi/ir dont ils jouifloient, la curioiite naturelle a 1'homme , le befoin de regler les travaux de 1'annee , tout les engageoit a cette etude. Ils y firent da.flez grands progres pour en tirer des avantages reels & lenfibles. Les Grecs s'y appliquerent dam la fuite , a leur exemple 6c par leurs Sjjlt-mes du Monde. 5 inftrucbions. Ceft pat les Ouvrages qui nous font reftes de ces derniers, que nous apprenons l'idee que les Anciens s'etoient formee de 1'arrangement des Corps ee-leftes , qui roulent fur nos tetes , dans un efpace.immenfe. On impofa des noms aux Aftres ; &: apies avoir confidere le temps qu ils en> ployoient a faire leurs Revolutions, on fe fit des regles pour prćdire furement leurs abfences & leurs retours , &c cette etude devint une Science. II etoit naturel que les changemens qui arrivent dans le Ciel, par rapport a la iltuation des Planetes 8c des Etoiles fixes, frapaifent les premiers hommes , & leur donnalTent quelque envie d'en connoitre 1'economie. Ils voyoient des Aftres qui gardoient toujours entr'eux la meme iitua-cion , Sc d autres qui en changeoient, par rapport a ceux aupres defquels on les avoit vus auparavant. On appella Etoiles fixes^ les Altrcs qui font toujours dans la meme place, les uns a 1 egard des autres , & Planetes ou Er-rantcs j car ces deux mots lignifient la mcmechofe , ceux qui ont un cours inde-pendant de celui des autres. On partagea les Etoiles fixes en difre-rens aifemblages, que Ton appella Con-Jlellmions j dont les principales, au nom-bre de douze, furent nommees les Signes A iij 6 Methode de Geographie. du Zodiacjue : ce font ceux qui indiquent les i z Mois , dans ce grand & large Cer-cle de la Sphere , cjui reprefente le cours annuel que paroit faire le Soleil. Ce grand Cercle fut nomrne Zodiacjue j qui en Grec iignifie Animaux, parce qn onze de ces Conflellations portent le nom de rens animaux, qui indiquoienc aux pre-miers hommes, prefque tous Pafteurs, ce qui fe padbit chaque mois iur la Terre ou dans le Ciel. Pour les autres Conflellations, ou aflemblages des Etoiles fixes , on en mit z i au nord du Zodiaque , & 15 au midi. Tel eft le Tableau general du Ciel. A R T I C L E II. Syjieme de Ptolemee > & de la plus grandt partie des Anciens. O N confidera les Etoiles fixes comme atcachees a un Ciel, dont le mouvement les entrainoit toutes. Mais comme cha-que Planete avoit un mouvement parci-culier , on donna a chacune un nouvean Ciel, auquel elte etoit attachee. Le mouvement circulaire parut le plus propre : atnii on imagina les Cieux comme autant de Cercles , aufquels la Terre renoit lien de centre. On balanca long-tems fur le rang que Syjicmes du Monde. j> Jon devoit leur donner. On placa enim les Planetes autour de la Terre, en autant de Cercles, felon cet ordre : la Terre > la Lune j Mercure^ Venus 3 le Soleil 3 Mars, Jupiter j Saturne & enrln le Ciel des Etoi* les fixes. Tel eft le Syftcme de Prolemee, fameux Aftronome, qui ayant ramafle tou-tes les Obfervations de fes Predecefleurs, y joignit les fiennes propres, &: compofa fur TAftronomie un grand Ouvrage , qui nous eft refte. 11 etoit de Pelufe en Egypte, mot grec , qui iignifie la mcme chofe. On ne convint pas aifćmenr du nom-bre des Cieux. On fe conrenta d'aborci d'en donner un a chaque Planete , ce qui fait le nombre de fept, <5e un huitieme qui emporte les Etoiles fixes. Mais com-me on remarqua que toute cette vafte etendue dont la Terre eft environnee , fait un tour en vingt-quatre heures d'Orienc en Occident, on rit un neuvieme Ciel r que 1'on fuppofa entrainer par un mouve-ment pareil toute la machine de TUni-vers. On lui fuppoia deux pivors imagi-naires , fur lefquels elle tourne chaque jour , comme une roue fur un eflieu. Ces pivots font ce qu'on appelle Po-les. du Monde. Ce qui donna lieu de-penfer ainfi, fut que Ton remarqua cer-taines Etoiles , qui ne decrivenr qu'un tres-petit Cercle, a proportion qu'elles s'ćloi--gnent de 1'un de ces points , de forte erue- A v. io Methode de Geographie. le plus grand eft a diftance egale de 1'un 6c de 1'aiure. Mais avec le temps on s'appercut que les Planetes ont un mouvement diftćrent, fur des lignes qui ne font point paralleles a celle de la Sphere des Etoiles fixes. Ceft 1'origine de l'Ecliptique , c'eft-a-dire , de cette ligne tracee au milieu du Zodiaque, & qui indique le lieu ou arrivent tou-jours les Eclipfes. On imagina done un fecond mouvement , & Pon fit un autre Ciel pour 1'imprimer aux Planetes. Ces deux Cieux fonr ce quon appelle le premier & le fecond criftallin ; car c/auroic ete une extreme imperfećfcion a un Ciel d'avoir deux mouvemens oppofes. Mais comme ces deux Cieux devoient avoir chacun un mouvement difFerent, dont 1'im entraine route la Machine d'Orient en Occidenr, & 1'autre reporte les Planetes & les Cometes d'Occident en Orient -y on s'avifa de mettre un neuvieme Ciel, qui par fon mouvement d'Orient en Occidenr fortiriat celui de 1'un des deux Criftallins. Enfin on en ajouta un dixieme , fur ce que 1'on remarqua un troilieme mouvement dans TUnivers; & ce dixieme Ciel fut appelle le premier Mobile. Mais il furvint de nouveaux embarras. On voulut examiner par les regles de la Trigonometrie les diftances des Planetes Syjlemes du Monde. 11 a la Terre; & a force de calcul, on rrou-va que le Ciel des Etoiles fixes , ou le Fir-mament, pouvoit avoir vingt-fept mille fix cent foixante fois deux cent millions de lieues ou a. peu prčs. Or en fuppofant c]ue le Ciel fait tous les jours ce tour-la en vingt-quatre heures , cela produit une ra-pidite , qui effrave 1'imagination , 8c qu'il eft comme impoflible de concevoir. De plus , tous ces mouvemens que Ton fuppofe partis des Cieux fuperieurs qui les imprimenr aux Cieux infćrieurs, ont des dirFerences, dont ce Svfteme ne peut rendre de bonnes raifons. Comment le remier Mobile fait-il en vingt-quatre eures tous ces efFroyables chemins dont nous venons de parler, & comment le Ciel de Satom* a-t-il befoin de vingt-neuf ans, cent quinze jours & trois heures pour faire le fien ? Pourquoi Jupiter met-il pre-cifement onze ans } trois cens treize jours & quatorze. heures, a achever fon tour ? Mars met au fien trois cens vingt-un jours & vingr-deux heures. Le Soleil felon ce meme Syfteme , y emploie un an entierj. Venus met au fien fept mois 5c demi, ou deux cens vingt - quatre jours ; & en fin Mercurequarre vingt-huit jours. Eft-ilbien conforme a la raifon que des mouvemens fi differens foient leftet d'un feul 5c uni-que premier Mobile j Sc que Mercure, par exemple, ait befoin de quatre-vingt- 11 Methode de Geographie. huit jours pour decrire un Cercle , qui e/r moins qu\in atome , en comparaifon du Cercle que dćcrit tous les jours le premier Mobile, qui pourtant le fait dans la qua-tre-vingt-huitieme partie du temps qu'il faut a Mercure , pour parcourir cette ef-pece d'atome. Ce neft pas tout: les Eclipfes ont fait connoitre que toutes les Planetes n'ont au-cune lumiere par elles-memes : elles n'en ont qu'autant qu'elles en recoivent du Soleil j & cette lumiere les abandonne , aufli-tot qu'elle eft interceptee par un corps opaque > tel qu'eft une autre Planece , qui le rencontre entr'elle &: le Soleil. Cela etant indubitable , & prouve par mille experiences reiterees , il s'enfuit que des fept Planetes du Svfteme de Ptolemee , il y en a fix qui n'ont aucune lumiere, que celle du Soleil qu'elles re^echuTent } &: que le Soleil que l'on y compte entre les Planetes , ne relfemble en rienaux (ix ati-tres y ii ee neft dans le chemin qu'on lui fait faire au-de(Tus de la Lune j de Mercure & de Venus j & au-deflous de Mars ^ de Jupiter & de Saturne. En echange , la Terre eft un corps opaque, qui n'a de lumiere que celle qu'elle recoit du Soleil, & a cet egard elle eft bien plus propre que cet Allre a etre une Planete , ou ce qui eft la meme chofe, un globe errant. Cette rotion de corps opaque attacbee aux fix Svficmts du Monde. »5 Planetes , tak aifez, fentir que le nom d'Etoiles, ni celui d'Aftres , ne leur con* vient pas. II y a plus encore. Mercure Se Pc/fUf font tres-mal places par rapport au Soleil. Dans le Syfteme de Ptolemee , Venus en eft plus proehe que Mercure , ce qui le trouve faux par l'experience. Car Mercure fe perd quelquefois dans Torbe du Soleil , & ne fort prefque point de fes rayons -y ce qu'on ne peut pas dire de Kenus. Si les Cieux de Mercure & de Venus font tels cme le Syfteme les prefente , entre ceux de la Lune & du Soleil, comment expfi-quer le phenomene de ces deux Planetes , qui paroiffent quelquefois au-delUis du Soleil, 3c quelquefois au-deflous ? Une Planete femble quelquefois fuivre 1'ordre des Signes du Zodiaque , d'Occr-denr en Orient, Sc alors on dit qu'elle eft Direčle. Quelquefois aufli elle paroit al-ler contre 1'ordre des fignes , d'Orient en Occident, & alors on dit qu'elfe eft l\e-trognide. Enfin il y a telle fituation ou 1'on diroit qu'elle ne change point de place , 8c qu'elle eft arretee au me me lieu du Zodiaque , & alors on dit qu'elle eft Sta-tionnairc. La nćceflite d'expliquer tout cela, a jette dms 1'ancienne Airronomie une multitude de Cercles , qui fe croifent les uns les autres , dont les uns font Concen-triaues 3 c'eft-a-dire , dun meme centre j, \ 14* Methode de Ge'ographie. les autres Excentriques , c'cft-a-dire , cTun centre particulier j & cela pour trouver un Apogee & un Perigee 3 ceft-a-dire, un point de circonfćrence du cercle , qui foit plus eloi^ne de la terre , & un autre point oppofe qui en foit plus proche. A R T I C L E III. Sjjieme de Philolaus & des Pythagoriciens* Uelques - uns des Anciens voyanr tout 1'Univers en mouvement , foupcon-nerent que la Terre pouvoir bien n'etre pas dans un repos abfolu. Philolaus (i) , Difciple de Pythagore , enfeignoit qu'elle fe meut veritablement. Ainfi 1'opinion du mouvement de la Terre neft pas nouvelle. Les uns , comme Nicetas , fe contentent de la faire tourner fur fon Axe. Ciceron , dit au quatrieme Livre de fes Queftions Academiques : « Nicetas de Syracufe , » au rapport de Theophrajle 3 croit que r> le Ciel, le Soleil, la Lune , les Etoiles, y> enfin tous les corps fuperieurs font fixes » & en repos , & qu'aucune partie d u (i) U etoit de Crotonc ca Italii } ii v'lVOK en\kcil 4co ans avant J. C. Syjlćmcs du Monde. i f » Monde n'eft en mouvement, hormis la » Terre , qui tourne fort vite autour de » fon Axe, & produic les racmes effets » que fi la Terre etant en repos , le Ciel » etoit en mouvement ». Peut-etre faur-il preter un peu au te-moignage de Theophrajle &c de Ciceron > cV que l'un ou Tantre n'a pas pris a la ri-gueur le vrai fens de Nicetas. II y a bien de Tapparence que Nicetas ne donnoit a la Terre que le Mouvement Diurne c'eft-a-dire, la revolurion qui peut fe faire en vingt - cmatre heures : qui par le tour qu'elle fait fur fon Axe produit le meme effet que fi les Cieux tournoient efFećHve-menr autour d'elle. Nicetas lailToit vrai-femblablement aux corps celeftes leur mouvement particulier. Ce meme Nicetas , que Diogene Laerce appelle Icetas, dit : «' II y en a qui croient quc Philolaus 33 eft le premier qui a dit, que la Terre » fe meut en ligne circulaire ; d'autres 3> afturent qu'Icetas de Syracufe eft TAu-« teur de ce fentiment >3. Voici ce que remarque Bernier, Abre-viateur de.Gaffendi : « Entre les Ai> 3> ciens, les uns vouloient que la Terre » placee dans le centre du Monde, tournat 33 autour de fon Axe , d'Occident en 33 Orient ; qu'elle fit un cercle entier en 33 vingt-quatre heures , & que le Soleil » & les autres Aftres fembloient a caufe t S Methode de Geograf Me. » de cela tcumer dans ce meme efpace yj detempsd'OrientenOccident. C'ćtoit-j) la, dit-il , le fentiment d'Ecphanrus , » Pvthagoricien, de Plaron dans fa jeu-» nefle, & de quelques autres, & ceft j> ainfi qu'tls s'exp!iquoieni. » Dautres, pourfuit Bernier, faifoient » principalement deux chofes immobiles* » Dun c6te la Sphere des Etoiles fixes , yy qu'ds confideroient comme les murail-js les du Monde j & de 1'autre , le Soleil » qu'ils mettoient dans le centre du Mon-» de , le nommant la garde de Jupiter ČC n le foyer ou le feu general de fUnivers* » lis faifoient mouvoir les Planetes dans » cet efpace , cjui eft entre les Etoiles fixes »> & le Soleil j & entre les Planetes ils j) placoient la Terre , a laquelle ils attri-» buoient non-feulement le mouvement » Diurne autour de fon propre eflieu , »> mais eneore le mouvement annuel au-» tour du Soleil. Ceft ainfi que ce Syfte-» me fe trouve explique par Philolaus y »> Ariji arque de Samos , Platon dans fa » vieillefte , Seleucus le Mathematicien , w 8c quelques autres ». . Ceft de Piutarque que Galfendi a tire une partie de ces details. Voic done ce qtie dit cet ancien Auteur, dans fon Trai-te des Opinions des anciens Philofophes : » Quelques-uns croient que la Terre eft * immobde. Le Pythagoricien Philolaus $yjlemes du Monde. 17 » croit qu'elle tourne en rond autour du a Soleil, par un cercle oblique , a la ma-» niere du Soleil Sc de la Lune. Heracli* » de de Pont & Ecphante le Pvthagori-» cien , attribuent le mouvement a la » Terre de forte qif elle ne bouge de fa » place j mais qu'elle tourne feulemenr » autour de fon centre , ou fur fon Axe , « d'Occident en Orient, comme fait une » roue 33. Ajoutons qu'Ari{tote rapporte que les Pythagoriciens mettoient le Soleil au centre du Monde , & la Terre entre les Etoiles j de forte que toumant autour de ce centre , elle regle non-feulement 1'annee j mais par fon mouvement elle partage en-core les jours ĆV: les nuits. Cette Aftronomie Py thagoricienne tom-ba avec la Ssćle de Pythagore , qui s'etei-gnit peu a peu. Marin le Tvrien travailla beaucoup fur cette matiere \ &c Ptolemee profitant des recherches de tous ceux qui avoient ecrit avant lui, alfembla le Syfte-me, qui s'eft long-temps conferve , S>C auquel on a donne fon no m. Ce qui favorifa ce Syfteme , fut 1'avan-tage qu'il avoit decre methodiquement traite dans un feul Livre : au lieu que. le Syfteme de Philolaus ne fe trouvoit deve-lope dans aucun Livre , qui en tiv.itat avec cetre abondance necelTaire pour eta-blir un fentiment extraordmaire. On n'en iS Methode de Geographie* trouvoit que quelqu.es mots difperfes &' rapportes negligemment. Ainli des quun homme vouloit s'appliquer a l'Altrono-mie, on le renvoyoit aux Ecrits de Pto-lemee , qui en a par le avec methode 'y 6c tous les nouveaux Aftronomes regar-dant cet Ancien comme leur Maitre , fe trouvoient intereflcs a 1'admirer & a le defendre. II n'eft done pas etonnant que fon Syfieme ait prevalu lur celui de Phi* lolaiis. Une chofe fit grand tort k 1'Aftrono-mie. Les Paiens avoientattribue aux Pla-netes & aux Etoilesune divinite} les noms meme des Planetes, fignirioient autantde Dieux on de Dceifes. Saturne . Jupiter j Mars _j Apollon ou le Soleil > Venus 8c Mercure., etoient l'objet d'un culte idola-tre. Les Chretiens , qui avoient ces noms en execration, a caufe du Paganifme , au-roient fait confeience de s'appliquer beau-coup a une erude , qui ne s'en fauroit paf-fer. Toute leur Aftronomie confiftoit a cal-culer chaque annee le temps Pafcal, & il n'en faut pas beaucoup favoir pour s'en rirer comme ils faifoient. Une autre chofe contribuoit eneore a leur faire regarder PAftronomie comme une fcience indigne de leur application. Les hommes font naturellement curieux de favoir ce qui leur doit arriver : 1'Aftro^ logie judiciaire j illufion dom les hom- Syjicmes du Monde. i£ mes ne font pas encore entierement gue-ris, fut regardee comme une fcience qui annonc^oit & dćvoiloitce que l'avenir ade plus obfcur. On fuppofoit dans les Aftres une influence direćte , non-feulement fur les opera-tions de la matiere , mais encore fur les aćtions morales , & fur les peniees les plus fecretes. On fe figuroit, meme encore au-jourd'hui quelques perfonnes s'imaginent, que des Savans, a force d'etudier ces in-fluences , pouvoient predire tout ce qui devoit atriver. LAftrologie judiciaire fe mela done de predire \ Šc entre fes pro-noftiques, il s'en rrouva de fi juftes, qu'elle fut accrćditee. Quelques Chrćriens ne pouvant croire que le hafardeut fi heureu-fement rencontre , jugerent que le Demon fuggćroit ces predi&ions, & regar-derent 1'Aftronomie comme un art magi-que , digne d'horreur. De - la toutes les cenfures des Peres, tous. les decrets des Conciles contre l'Aftrologie &c contre les Aftrologues. Dans le retabliflement des Lettres, i'Aftronomie fut cultivee. Cette fcience eft en effet trop belle &c trop urile pour etre abandonnee par les hommes La Geo-graphie ne fauroit s'en pafler, & elle eft efTenticllement neceflaire ala Navigation. La Chronologie, ou la Science des tempSj eft la lumiere de 1'Hiftoire j mais 1'Aftro- 16 Methode de Geographie* nomie eft la lumiere de la Chroncrlogie; Cependant, il etoit jufte de diicerner le bon ufage que Ion devoir faire de \'6~ tade des mouvemens des Corps celeftes , d'avec 1'abus qu'en faiioient les Aftrologues : on diftingua done ces deux noms LAfironomie &c & AJlrologie. On appelle Aftronomie , la fcience qui apourobjet le cours & les revolutions des Corps celeftes, leurs ćelipfes, leurs con-jon&ions, leurs oppolirions; en un mor, leurs phćnomenes , dont 1'ufage influe fur des fciences utiles &c honnetes. On quali-fia du nom LAftrologie j cer art faux & illufoire , qui fuppofe aux Aftres des in-fluences fantaftiques, & cherche dans de vaines combinaifons a connoitre les jours heureux ou malheureux , la deftinee des hommes, ou en fin le fucces de quelque entreprife. Aftronomc habile , eft un Mathema-ticien tres-eftimable j VAftrologue eft tou-jours un vilionnaire ou un impofteur, 8c que!quefois rous les deux enfemble. A mefure que lesGrecs chafTes de Conf-tantinople & refugies en Italie, y rapporte-renr le gout de la doćte ant.iquite , que les invalions des Barbares y avoient eteint; on reprit la lećhire des anciens _> & Ton chercha dans leurs Livres, que Ton trou-voit, les fciences qui avoient ćte nćgligćes chez les Latins. Ptolemee fut le flambeau Syfiemes du Monde. 11 de ccux qui s'appliquerent a 1'Aitronomie. Ils y trouvoient des princi pes ranges dans un ordre dogmatigue , & avec un air de demonftration. II mffifoit d'abord de bien etudiercet Auteur, pour etre reputegrand Aftronome. A R T I C L E IV. L.'Ajlronomleperfeclionne'e & reclifiee. Ma, s ce Syfteme, apres avoir fervi a rormer des Aftronomes , les jetra dans d etranges embarras. A force d'etudier le Ciel, ils trouverent des Phenomenes dont le Syfteme de Ptolcmee ne rendoit aucune raifon plaufible. Cette multitude de Cer-cies Concentriqucs, Excentriqucs, d'Epi-cicles, & d'autres reflources infuffifantes, jmaginees pour fauver un Syfteme qui s'ecrouloit \ tout cela, a force de fe mul-tiplier a Tinfini, trouva des gens qui sen dtgouterent. On fongea done a former un Syfteme plus fatisfaifant, plus uni , ou du moins plus vraifemblable , ik qui expli-<]uat les Phenomenes de la nature d'une maniere plus limple §c plus vraifembla" b.le. Vers le milieu du quinzieme Sićcle , le Cardinal Nicolas de Cufi aflaya de rendre je juouvement a la Terre ; mais dillrai.t; 11 Methode de Geographie. par d'autres etudes, il fe contenta de rlf-quer fon fentiment, qui ne fit alors aucune rortune. George de Purbach j ne aux con-fins de la Baviere & de PAutriche, contem-porain de Cufa, s'attacha de plus en plus a Ptolemee , qu'il tacha de perrećtionner. Son Difciple Jean Muller, plus connu fous le nom de Regiomontanus j parce qu'il *toit de Konigfberg, bourgade de Franco-nie , travailla dans le meme principe que Purbach , & fit un grand nombre d'Ob-fervations utiles, mais toujours felon 1'an-cien Syfteme. Enfin parut Copernk } qui en fit un nouveau, ou plutot renouvella celui de Philolaus en expliquant tous les Phenomenes de la maniere du monde la plus iimple. A R T I C L E V. Syjleme de Copernic. N I c o l a s Copernic , homme incom-parable , au jugement de Ticho - Brahe y Don Juge fur cette matiere , etoit ne a Thorn,dans la Prufle Polonoife, le 19 Fevrier 1473. il n'avoit que auatre ans lorfque Jean Muller mourut. II voyagea en Italie , &C augmenta fes connoiflances par le commerce qu'il eut avec les plus habiles Afkonomes de fon temps. II fit ■' Syjlcmes du Monde 1 $ me me a. Rome des lecons de Mathemati-ques, qui lui attirerent un grand concours d'auditeurs. De retour dans fa Patrie , il fut pourvii d'un Canonicat a Fauverberg, & pafla toute fa vie a. perfećtionner les idees qu'il avoit far les Revolutions ce-leftes. 11 vecut jufqii'a 1'age de 70 ans. Quelque foin que Purbach 6c Muller euflent pris d'attacher au Syfteme de Pto-lemee des correćtions, qui en reparoient les dćfauts lesiplus grolllers, Copcrnic n al-la pas bien loin fans s'appercevoir qu'un edifice aufll ruineux, Sc qu'il falloir etayer de tout cote 5 ne pouvoi.t etre 1'image fide-le d'un O u vrage aiiill parfait que eelvii de 1'Univers. Le Syfteme de Philolaiis le frapa \ 8C a fon exemple il placa au centre du Monde le Soleil, deftine a eclairer tout ce vafte Univers } Sc trouvant que les autres Pla-netes etoient des corps opacjues , aiifli-bien que la Terre, Sc ne laifloient pas de decrire de grands Cercles par leurs revolutions , il la rit tourner avec les Planetes, Mais il falloit bien des cliofes pour ren-dre ce Syftcme complet } il y travailla tpuce fa vie. Trente-fix ans ne furent pas trop , pour examiner ce nouvel arrange-ment des Corps celeftes, fur fes obferva-tions *, Sc ce qui devoit le flater beaucoup , eft qu'on les explique avec une grande fa-cilite, en fuppofant la juftefTe de 1'ordre 24 Methode de Ge'ographie. qu'il a etabli. Les chofes meme dont le Svfteme de Ptolemee ne peut rendre au-aine raiion vraifemblable , ne foiiffrent plus de difficulri dans celui de Copernic; Donnons-en des exemples. Dans 1'opinion commune, ditGanen-di, on ne fauroit rendre raifon pourquoi les Planeres font toujours rćtrogrades dans l'oppofition avec le Soleil, toujours direćtes en conjonćtion , jamais en d'au-tres lieux & jamais en d'autres temps. Dans I'hypothefe de Copernic il faut de toute neceflite que la chofe arrive ainfi. Dans 1'opinion commune , on ne fau-roit expliquer pourquoi Mars > Jupiter Sc Satu me lbnt plus grands dans 1'oppon-tion , que dans aucun autre temps. Dans l'hypothefe de Copernic on voit- claire-ment, que c'eft parce que la Terre palle alors tres-proche d'eux. Un Aftronome , Difciple de Ptolemee, aura peine a dire pourquoi le Soleil Sc la Lune neparoiflent jamais ni retrogrades, ni ftationnaires. Un Copernicien dira , fans etre embarraflc; c'eft parce que la Lune nous fuit par-tout , qu'eile tourne avec nous en quelque part que notre Globe foit porte , Sc que nous-memes tournant autour du Soleil, il faut abfolument qu'il paroifle avancer , felon la iuite des fignes. 11 en eft ainfi de quantite d'autres Pheno-menes , qui s'expliquent prefque d'eux- memes SjjiemćS du Monde. i J memcs a qui.conque fuit Thypothcfe de Copernic , Sc qui ibnt une fource d'obfcu-rites pour les Aftronomes qui fuivent le Syileme de Ptolemee. Selon Copernic le Soleil occupe le centre d u Monde. Autour de ce centre eft Torbi te de Mercure ou le Cercle que cette Planete decrit en trois mois. Apres ce Cercle eft celui de Venus ^ qu'elle decrit en fept mois & demi. Enfuite vient le Cercle de la Tcrre j qui le decrit en un an , d'Occident en Orienr. La Tcrre ne lailfe pas d'avoir encore un autre mouvement fur fon Axe, qui fe fait en vingc-quatxe heures, Sc ce mouvement fait le partage du jour Sc de la nuir. Le Globe de la Terre eft lui-meme le centre d'un autre Cercle beaucoup plus petit, que la Lune decrit en un mois Lu-naire. Le Cercle qui fuit celui de la Terre J eft celui de Mars i, qui le decrit en deux ans. Le Cercle de Jupiter yient enfuite , Sc cette Planete met douze ans a le decrire. Entin vicnt le Cercle de Saturne qui emploie trente ans a faire une de fes re-volutions. Tous ces Cercles font enfermes dans • une derniere Sphere , ou font les Etoiles iixes. Tome JI. B 15 Methodc dt GćographU. Cette Sphere eft immobilc > felon Copernic , done j'emprunte ici le calcul, pour le tiinps que chaque Planete met a par-courir la Sphere , a laquelle elle femble attachec. Ce calcul a ćtć enfuite reduit i. une plus grandc prčcifion, & corrigc A force dobllrvations. Copernic traita rAftronomle 3 felon fes fentimens Sc fes lumieres: il prćvit bien nćanmoins que l'ancien prćjuge empeche-roit la pluparr des hommes de s'y rendre , & cjueles Partifans de lAltronomic commune fe rćvolteroient contre une hypo-tht-fe qui rendoit inutiles tous ces Cercles confus & cnibarrallcs , qui leur avoient tant coute de pcine a apprendre; Sc qui malgre cela ne fufhfoienr pas eneore pour rendre raifon des Phćnoniencs. Cependant le Livrc etoit fait, Sc lAu-teurnoioit lepublier. Envain il fe vovoit alfure par Tidcman Gijius 3 Evcque de Cul m , Sc par Nicolas Schomberg j Cardinal de Capoue , qui 1'invitoient de publier fes recnerches j Sc prit cnfin fon par-ti; il fic imprimer fon Livre a Nurem-berg, lan 4$ • & le dedja au Pape Paul III. Copernic mourut la memeannee, avec la reputation d'un Ecclćfiaftique vertueux , & trcs-orthodoxe fur les matieres de la I Foi. Par malheur fon Livre parut dans un cemps, ou rout nouveau fentiment ćtoir Syjicmes du Monde* xj iufpećt. On ne parloir par-tout qne de reformation : fous pretexte de rcformer les mceurs du Clerge , 1'Allemagne etoit xemplie de gens epu attaquoient la Foi ca-xhohque \ čc ceux qui tenoient encore pour elle, ćcoient alarmes de toutes les ©pinions particulieres qu'on offroit a la place des Dogmes que Ton retranchoit. II neft pas furprenant que dans ccs cir-conftances on fit fcrupule d'admettre d'a-bord une hypothefe, ancienne a la veritć , mais oubliee depuis long-temps , & ca-chee dans fon origine par les Pythagori-ciens qui 1'avoient -imaginee. Des quon Pavoit montreeau pubhc, elle avoit ete negligee , pa>rce qu'elle etoit denuee des demonftrations qui lappuient. Les Theo-logiens augraenterent le fcrupule contre rOuvrage de -Copernic. lis apporterenc .des parfages de 1'Ecritureou les Ecri-vains Sacres s'expriment en des termes qui font contraires a riiypothefe du mouvement de la Terre. C'ell ce qui porta bien des gens a la rejetter, fans vouloir examiner fi elle etoit la plus conforme aujf Revolutions celeftes. Bij iS Mcthode dc Geogr\;phx. A R T I C l E VI. Syjlime de Ticho-Brahe. Alors Ticho-Brahć , favant Aftrono-me Danois , qui monrut en 1601 , char-me de la beaute & de la jufteffe de cetre hvpothefe, tacha de 1'adoucir en otant ce qui cfFarouchoit les Theologiens. 11 con-lerva le mouvement des Planetes autour du Soleil j qui eft au centre de leurs orbi-tes ; mais il retira le Soleil du centre du Monde , &c le lit tourner lui-mćme autour de la Terre qui occupe ce centre , dc maniere qu'il entraine avec lui, autour d'elle, tous les Cieux dont il eft lui-me-me environne j Sc la Lune, qui ne doit point quitter la Terre , a fon petit Cercle infcrit dans celui qui eft decrit par le Soleil. Mais, comme d it fpiritueilement M- de Fontenelle, ce Syfteme ne peut etre tout au plus propre qu'a fuutenir 1'immo-bilite de la Terre, quand on a bien en-vie de la foutenir, Sc nullement a la pec-fuader. Cependant les fervices eclatans que Ticho-Brahe avoit rendus a 1'Aftronomie, le grand nombre d'Eleves qu>il avoit for-mes , Sc 1'eftime publique que lui marque-rent les plua grands Princes de fon temps, SyjlcmcS du Monde.. tout celaconcouiut i mettre fon Svjlci Aa en vogue. Le Nord 1'adopta , &: il rir for-tune pendant quelque remps. A R T I C L E V I J. Re'ponfes aux objeclions contre le Syjlčm6 de Copernic. Il sen falloit bien neanmoins que le Syft cme de Copernic fut abandonne. Des Catholiques d'une orthodoxie irreprocha-ble l'examinerent; &: charmćs de fa fim-plicite merveilleufe , fe declarerent en fa faveur. Les objecTrions Aftronomiques par lefquelles on l'arraqua , furent fans force; il ne rutiplus queftion que de favoitf, (i j» Foi n'y couroit aucun rifque. On tcponuit aux pallages de l'Ecriture ; Sc l'on preten-dir que les Auteurs Šacres n'ayant parle des chofes qui one rapport a 1'Aftronomie, que par occafion Sc en paflant, navoienc precendu en parler que d'une maniere in-tclligible au peuple Sc a fa portee j qu'ils pretendoient former des Chretiens & non pas des Altronomes , Sc qu'ils s'etoient confcrmćs aux norions que 1'on avoit du cours des Planetes. En effer, fi le ftvle des Auteurs Sacres devoit etre pris a la lettre fur cette matie- B iij }0 Methode de Geooraphie. re , il en refulteroit une Aftronomie , qui ne conviendroit a aucnn Syftčme. Ce fonc des Antropologies, des faeons de parler acconrniodees a la portee des hommes de ce temps-la , & qui ne concluent autre chofe-iur ces matiercs que la bontć de Dieu, qui a bien voulu proportioner les termes a la foible intelligence des hommes. Les Ecrivains Sacres ecrivoient pour etre entendus, & ils ne Tauroient pas ete %'\\r> euffent parle dune maniere trop eloi-gnće des notions communes. Ces fcrupules fe fjnt G bien diflipćs , 1 ^prćfent parmi lesNations favantes de 1'Eu-rope , qu'on a vu des Mathematiciens dune orthodoxie generale ment reconnue , cV des Ecclefiaftiques itteproclubles dans leur Foi , auMi-bien que dans leur con-dnite , embrafler genćralemenr le Syfteme de Copernic; 8c hs Aflronomes les plus ce-lenres le prennent aujourd'hui pour la ba-fe de leur etude , &c le fuppofent dans tou-res leurs demonftrations. A R TI C L E VIII. Syjleme de Copernic perfeclionne. J^Efuis Copernic on a beaucoup per-fećtionne fon Syftemc , a quoi ont extre- $yjtemcs du Monde* fi mefncht conrribuć les Telefcopes ou Lu-riettes a longue vue , inventees vers le commencement d u Siecle pafle. Ce n'eft pas que Ton ne fe fervit depuis long-temps de Tubes ou tuyaux , afrn de voir plus ncttement les objets j Sc le Pere Mabil-lon, dans fon Voyage d'Jllemagnt, parle d'un Manufcrit plus ancien que le treizie-me Siecle , ou Pcolemee eft reprefentć avec un Tube de quatte pieces. Mais les Verres qu'on y a ajoutes , ont perfečtion-ne ces inftrumens , Sc orit aide a trouvcr des Etoiles & des Planeces que 1'on ne connoifloit pas auparavant. Galilee, Mathematiciefi du Gfand-Duc de Tofcane , a trouvć quč la Planete dc Jupiter eft accompagnee de quatre petites Planetes,qui tournenr autourdelie, cekine la Lune tourne autouf de la Terre. On ne peut exprimer l'exces de joie, qu'il reflentit de cette decouverte. II en lit hon-neur a fon Maitre le Grand-Duc de Tofcane , Sc les appella les JJlres de Medicis. Leur nom le plus ordinaire eft celui de Satellites de Jupiter 3 parce que ces quatre Lunes lui fdnt une garde , comme les Officiers qui environnent un Prince. Se-lon M. Cajfini 3 la Lune intćrieure fait fon tour en un jour dix-huit heures vingt-huit miniites ćV: trente-lix fecondes : la feconde en trois jours ereize heures, treize minu-tes, cinquante deux fecondes: la troifie* B iv 32 Methode de Geographk. me en fept jours trois heures cinquanre-rienf minutes auarante fecondes : & la derniere ou rexterieure en feize jctirs dix-huit heures cinq minutes & fix fecondes^ Ces Lunes de Jupiter, ou ces Satelli-tes , fcmbloient d'abord le firuit afTez inu-tile d'une oifive fpeculation. Mais le mc-me Dominique CaJJini en a rendu 1'ufz-ge tres-prćcieux a laGcographie j car leurs frequentes Eclipfes donnent lieu a d'ex-cellentes Obfervations, qui fixem lcsLon-gitudes. Saturne a aufli fes Satellites. On en connoit cinq , Sc peut-ctre en decouvrira-t-on davantage. Le favant Huvghens en decouvrit un , qui eft: le quatricme , en 16 5 5 , avec un Tćlefcope de douze pieds de long. Dominique Cajfini lui fit voir <:n \6-ji , le troifiemc cV: le cinquieme. Ceft de ces trois que Gaflendi parle , ouahd il dir que 1'interieur , c eft-a-dire , celui de M. Huyghens, fait le tour de Sa-turne en quatre jours Sc demi. Le fe-cond , c'eft-a-dire , le quatrieme de M. de CaJJini j en feize jours', & le troi/ieme , ou le cinquieme du meme Altronome , en quatre-vingt-dix jours. . Dix ou onze ans apres, le meme CafTi ni trouva le premier Sc le fecond. On foupconne qu'il pcut y en avoir davantage ; car on remarque entre les deux der-niers un plus grand efpace , que nc de- Syftcmes du Monde. 5 3 mande la proportion de la diftance des autres. Je ne dis rien de 1'Anneau de Satur-ne , qui eft diflerent felon les divers af-pećts. Je n'ai point eneore parle du triple mouvement de la Terre qui epargne a la Sphe-re du Monde ce premier Mobile de tous ces Cieux de Chftal, dont on 1'avoit en-velopee, &c dont le mouvement rapide re> voltoit 1'imagination. Sans entrer dans un detail fcrupuleux , qu'il faut voir dans les Livres memes des plus exeellens Aftrono-mes , je me contente de dire ici, que lun de ces mouvemens eft nomme Uiurne 6c confifte en ce que la Terre tourne fur elle-meme j ce qui fait la diftinćtion des jours & des nuits. Le fecond eft nomme Annueli & porte la Terre le long de fon Cercle \ ou elle avance autour du Soleil, de maniere qu'au bout d'ui* certain nom-bre de tours , elle fe trouve au meme point d ou elle etoit partie j & ce mouvement fait les annees. Le troifieme mouvement confifte en ce que TAxe de la Terre eft toujours tourne vers les memes Poles du Monde , c'eft pourquoi on le nomme mouvement de Parallelifme. Car l'Ecliptique, avec le Zodiaque , coupant obliquement lEquateur , ils s'enfuit que l'Axe de la Terre &c celui de l'Ecliprique ne fauroient avoir les memes Poles. Si la B v 54 Methode de Gćographie. Terre avoit fon Axe parallele a celui de TEcliptique , il y auroit un Equinoxe per-petuel, au lieu que fon Axe eft parallele a l'Axe du Monde , & diffćrent de celui de rEclipriquede 13 degres & demi. C'eft ce qui produir l'admirable viciflitude des faifons , qui fe fuccedent les nnes aux au-tres. Prolemee fuppofoit la Sphere des Etoi-les fixes comme une voure concave a la-quelle elles font attachees j & il lui don-noit un mouvement tres-violent. Copernic ne paroit pas avoir rien change a fa configuration , /inon qu'il la croit immo-bile» On a depuis obferve , qu'elle a un mouvement vers lOrient, mais tres-lenty car on tient que les Etoiles du Bćlier ne femblent prelentement s'etre retirćes de treme degres du Point Equinoxial, dans l'efpace de deux mille ans , que parce qu'elles onr effečtivement avance, felon la fuite des Signes. L'etude qu'on a faire des Etoiles fixes , a ete portee fort loin , fur-tout depuis qu'on a eu des inflrumens faits avec bien plus d'exaćcitude que cenx des Anciens. Les Telefcopes ont fait connoitre des Etoiles que les Anciens n ont pu voir , parce cjue leuis yeux n'avoient pas les memes fecours. On a vu paroitre des Eroiles a la portee de nos Telefcopes , & difparoi-•ire enfuite, pour reparojtre encore dans Syjlemes du Monde. 3 J d'autres temps. On a tache de raflembler alfez dobfervations la - deflus, pour pou-voir etablir des conjećtures plaufibles fur les Revolutions de ces Aftres. Mais en at-tendant qu'il y ait aflez d'Obfervations pour voir clair dans le chemin qu'elles decrivenr, on peut toujours conclure que les Etoiles fixes ne font pas toutes fur une meme ligne circulaire, comme on l'a cm aflez long-temps , mais qu'eiles occupenc un efpace immenfe que la Sagefle Divine a referve a des ufages qui nous font in-connus. A R T I C L E IX. Le grand Syjleme commencć par Defcartes* JL/Homme naturellement rempli de vani-te fe fait le centre de tout, & s'imagine que c'eft pour lui feul que Dieu a cree tout l'Univers , comme li Dieu j infiniment bon, infiniment fage, ne pouvoit pas avoir eu eneore d'autrc objet de toutes fes opć-rations, quc la fatisfaćfcion ou les befoins du genre humain. Mais cette multitude d'Aitres cV de Corps Celeftes, qui la plu-part fe derobent a notre vue , ont-ils ćte crees de Dieu fans etre deftinćs a des ufages cjue nous ne connoillbns point ? 3 G . Methodc dc Ceogfaphie. Ceft ce qui a donne lieu a des perfon-nes , d'ailleurs tres - favantes, de formeE une nouvelle hvpothefe, qui n'a ćte d'a-bord propofee que comme un jeu , čv qu'on a enfuite enfeignee ferieufement. Ceft ce qu'on appelle le grand Svfteme. Voici en quoi il confifte. Chaque Etoile fixe a autour d'elle un efpace dans lequel roule un nombre plus ou hioins grand de Planetes , a proportion de fon erendue'y Sznotre Soleilneftqu'une Etoile rixe , par rapport aux Planetes d'un autre Tourbillon. Chaque Etoile fixe aura done fon Tourbillon , au rnilieu dugnel elle eft placee, comme notre Soleil eft dans le centre de notre Tourbillon. On attribue a cette difpolition les difTerences que les Aftronomes metrenr entre les Etoiles pour la grandeur : car il eft naturel que celles qui font plus ćloignees paroiftent plus peti-tes, & qne celles qui font plus proehe de notre Tourbillon paroiftent plus grandes. II eft certain que ce Syfteme donne a 1'Univers un efpace tmmenfe , beaucoup plus vafte que ne lui en donne aucnn autre Syftcme. Ce monde , rel que Ptolemee , Copernic, & Ticho-BraheTont decrit, neft plus ici qu'une mediocre portion de 1'Uni-vers. Ceft un feul Tourbillon > qui feperd entre ouantitć d'autres. Ce Syfteme orfire i Kintelligence humainenn fpećtacle magni-nque, ou brille de toutes parts la profon- Sy(ičmes du Monde. t ff deur des ricnefles Sc de la fagefle de Dien. Tout y efl: noble, Sc digne d'une puilfance infinie. Si un feul monde annonce la gloire d'un etre intelligent, combien plus ne bril-lera-t-elle pas dans cette multitude innom-brable de mondes qui fe perdent dans 1'ef-pace immenfe de 1'Univers. Mais, dira-t-on, ces Planetes font-elles peuplees ? Quelles fortes d'Etres les habi-tent ? Queftions inutiles , Sc qui peuvent meme devenir dangereufes } en donnant occafion a des reponfes temeraires. Mais quei deflein Dieu avoit-il en les creant? Cuiio/ite mdiferete : eft-ce a ihomme d demander compte a Dieu des ouvrages qu'il lui plaic duproduire? On croit done cjue le grand S'yftćme n'a rien de dange-reux , pourvii qu'on fe renferme dans de juftes bornes , & qu'on ne s'en ferve que comme d'un motif pour augrnenter notre admiration pour la fagefle Sc la magnirr-cence du Createur, dont la puiflance a tire du neant toutes ces mcrveilles, Sc y entre-tient parfa Providence cet crdre admira-ble , qui en fairla principale beaute. Pour le Syfteme de Copernic , on peut S'en fervir, a l'exemp!ede quanticede per-fonnes fages Sc pieufes, qui 1'emploient comme Tnvpothefe la plus conforme aux rćvolutions celeftes. Ni Ptolemee ni Copernic n'ont jamais prćtendu que le Ciel (m precifement femblable a 1'idee qu'ils i£ Methodc de Geograpkie. en donnoient. Ils ont meme averti Pun $Č 1'autre, que ce feroit tine erreur de leur attribuer cette penfee. II n'eir queftion que de trouver une hvpothefe qui donne une folution fatisfaifante des Phenomenes qui arrivent dans le cours des Corps Celeftes. Ils ont efTave tous deux d'en donner une : celle de Ptolemee a long-remps triomphe, parce qu'on ne connoiiToit rien de meilleur. Copernic en a donne un autre , qui eniin a obtenu la preference par fa grande limpli-cite, S'il n'a pas l'honneur de 1'invention , il a le merite d'en avoir donne les preuves & les ufages. Defcartes y a ajoute les Tourbillons -y Galilee a fourni les Satellites de Jupiter j Mrs. Huyghe/*s & CaJJini j les Satellites de Saturne. Ceft ainfi que les fciences fe perfećtionnentpeu a peu. Comme l1 AJironomie ejl une Jcience qui demande une etude particuliere a laquelle peu de perfonnes font appellees j nous na-vons pas cm nous devoir etcndre davantage fur'ce qui la regarde ; mais ceux qui ont quelque gout pour cette fcience doivent etu-dier les Elemens d'Aftronomie de M. Caf-fini, in-40. Pariš, de Plmprimerie Rovale 1740 , 1 Volumes ; & 1'Aftronomie , par M. de la Lande , in-40. Pariš , 17 64, 1. vol. La Sphere. f& C H A P I T R E II. Defcription dc la Sphere. Application dc fes Cercles au Globe Terreflre. ARTICLE PREMIER. De la reprefentation du Globe Terrcftrc. m m e nous ne vovons que le dehof5 Sc non le dedans du Globe Tetrefire, il n'y a aufli que fa furface qu'on reprefente , & dont la Geographie enfeigne la defcription, Cette furface eft reprefentće de deux ma* nieres ,par les Globes artificiels ou Solides ronds, Sc par les Cartei ou Plans Geogra-phiques. Les Globes artificiels y que nous appellerons fimplement Globes dans lafui-te, reprefentent cette furface fuivant la fi-tuation que toutes fes parties ont les unes a 1 egard des autres , Sc par rapporr au Ciel. Pour faire comprendre ce rapport, on fait ufagedunemachine nommeeSphereA que les anciens Aftronomes ont inventee , §c la Geographie en tire plufieurs chofes# Mcthode de Geographie. Le Globe Terrejlre & la Sphere (de Pcolć-mee ) dont on doit fe fervir pour les ope-rations dont nous allons parler ,font l un de M. Guillaume Delisle , 1'autre du. fieur Bi on j fur-tout en grand, a caufe de leur exaclitude. Par rapport aux Mou-ve/nens Celejles 3 ilfaut voir la Sphere dreJfee^Hans le Svjleme de Copernic. La Sphere de Ptolemee eft nn infiniment rond čV mobile, compofc de divers Ccreles, que les Aftronomes ont inventes pour faire concevoir avec plus de facilite les mouvemens des Cieux, 8c pour donner trne parfaite connoiflance de la fituation de la Terre. La Sphere eft compofee de diverfes par-ties, telles que \Axe , les Points & les Cercles. UAxe eft une Ligne droite , qui tra-verfe diametralement le Globe , & qu'on peut aufli dennirjjsn Diametre fur leqnel la Sphere fe meut. Les Points principaux font divi fes en Cardinaux , en Col late raux & en Verti-eaiix. Le Septentrion, ou Pole Arć1ique, le Midi , ou Pole Antnrćtique, TOrienr 6c 1'Occident Equinoxiaux font les quatre Points Cardinaux. L'Orientd'ćte, TOrient d'hiver, TOccident d'ćte, 1'Occident d'hi-ver , ibnt nomm« Points Collateraux , La Sphere. 4* parce qu'ils font des deux cotes des pf-ece-dens. Le Zenirh Sc le Nadir font les Vtrti-caux , avec cette diffćrence que le Zćnith eft le point qui eft direćtement fur notre tete , Sc le Nadir celui qui lui eft diame-rralement oppofć. Outrc cela , ils ne font point lixes comme les aiftreš , mais ils changenr felon 1'Horifon de chaque lieu. Les Cerclcs font rEqitareur , le Zodia-que , le Mendien & 1'iforifon , avec qua-tre aurres petits Cercles j favoir , les Tro-picjues duCancer Sc du Capricorne, Sc les deux Cercles Polaires. 11 y en a encore deux autrcs dans la Sphere Celefte, Sc qui fervent de fupport j on les nomme les Co~ lures j mais ils ne font d'aucun ufage pour la Geographie. Ajoutons que tous ces Cercles fe divifent en $60 parties qu'on ap-pelle D igre s. Avant de les expliquer Sc d'en faire 1'ap-plication au Globe Terreftre, difons un mot des diffćrentes efpćces de Cartes qui fervent encore a reprćfenter la fiirface de ce Globe. EUes fe diftinguent en Mappe-mondes , en Cartes Ge'rurales Sc en Cartes Particulieres. Les Mappemondes , cju'on appelle au-lli Planifpheres 3 p?rce qu'elles font comme un Globe applati, reprćfentent la furface connue du Globe terreftre en deux Cercles ou moities , nommćcs Hemifpheres, coupćes par le premier Mčridien, Sc don; 42. Methode de Gćographie. iEquateiir fait 1c Eftamcafe. Ces Cartes ont cer avantage fur les Globes , quelles font plus commodes, & capables de plus de detaily mais les Globes reprefentent plus au narurel , demorirrent beaucoup mieux , & donnentplus de plaifir. 11 y a en un mot autant de dirference entre ces deux portraits de la furface du Globe ter-f'eftre , qu'il y en a entre une plate pein-ture & une figure en relief. Les Cartes generales font celles qui reprefentent une Region en racourci, c'eft-a-dire, avec ce qu elle a de plus conlidć-Jfable , comme la Car te de l'£urope, la Carte de la France. Les Cartes particulieres s#pre£critent un Pays , un Territoire, ou une Conrree j &c tircnt leur nom des parties qu'elles detail-lenf Ie plus , comme la Carte du Langue-doc & celle de l'Artois y. la Carte du Dio-cefe de Rouen j la Carte de la Prevote de Pariš, ou l'on voit ;ufqu,anx moindres Pa-roifies, & jufqu'aux plus petits Villages. Sur les Globes &c fur les Mappemon-des, la furface du Globe terreftre eft re-prefentee avec des Poles & des Cercles , qui correfpondent a ceux qu'on a imagines en la furface du Ciel, & qui fe voient dans la Sphere. La correfpondance de ces deux fortes de Poles & de Cercles n'eft pas difficile a concevoir -y fi on fuppofe, romane c'eft i opinion la plus re^ue, quc La SpJure. A$ le Globe Celefte & celui de Ia Terre ont nn meme centre , cju'on appelle ordinaire-ment le centre du nionde. £n effet,iide tousles pointsdcsCerclesdundecesdeux Globes , on tire des lignes droites fur Tantre , les extremites de ces lignes marquc-ront des Cereles placts prcportionelle-nient aux premiers. Les Poles & les Cercles da Globe Ter-reftre noas font connoitre les rapports que les parties de fa furface ont les unes a 1 e-garddes autres, par leur fituation refpec-tive. lis nous apprennent aufli quels font les Pays les phs chauds, les plustemperes & les plus froids; ceux qui ont les faifons de Tanncfe fembables on contraires; ceux q«n (Mit JMadi- en »i«!'.^ temps cu apresj ceux ou ie Soleil fe leve & fe couche plu-ror on plus tard j ceux qui ont les jonrs Sc les nuirs au-dclTus cu au-deifousde vingt-quatie heirres } ceux enfin qui ont la nuit qaand les autres ont le jour, ou le jour qaand les autres ont la nuit. A R T I C L E II. Dcs Poles. T , E s P o l e s font les deux exrrćmites de TAxe , ou ligne droite , qui pafle par le centre du monde. Le mot de Pole vient 44 Metkodt de Geographie. d'un mot Grec, qui veut dire tourncr, par-ce que le Ciel paroit'tourner aurour de ces deux Points. Le voifinage de la Conftellation appcllee la petite Ourfe , Arčlcs , en Grec , a faic no m mer hm de ces Poles j Arciiqu€ ; comme on appelle Antarciique čelni qui lui eft diametralement oppofć. Le premier de ces Poles eft: prefque reprćfentć dansle Ciel par PEtoile polaire , qui n'en eft ćloi-gnee q;ic d'environ deux degres & denii j enforte que quand on- la regarde , on peut dire qu'on eft tourne vers ce Pole & vcfs le Septentrion j on le Nord • dans le me me remps , on a le dos du cote du Midi, oti de 1'autre Pole. Cette Emile Polaire Arćli-que, eft a Perrremite de la qr«e;:e de h petite Ourfe , & fe peut aifement diftin-guer, parce qn'elle fait prefefue une ligne droite avec les detix dernieres des qua:fe *oues'de ce qu'on appelle le grand Chti-riot, ou' Chariot du Roi David , dans k Conftellation de la grande Ourfe. II v a aufti vers le Pole Antarčtique qua-rre Eroiles qui fervent a le difcerner par ceux qui vovagenc au-dela de l'Equateur. Les Nautonniers , qui les ont decouvertes depuis peu , les nomment la Croifade. Les deux Poles font reprefentes diftans Pun de 1'autre de cent quatre-vingr degres , dc font les feuls endr-oits du monde ou il n'y a point d'Equinoxe , mais feule- L\a Sphere. 4$ ment um continuation de jour & de nuk Pefpace de fix mois, C'eft ce qu'on n'aura pas de-petne a s'imaginer, fi onconhdere que durant tout ce temps - la le SoleiJ, par rapport a ces deux points, eft ou deftiis ou deftous Thorifon. Les Poles nous font conncitre que la figure du Ciel eft ronde, parce que les Etoi-les qui font les plus proches de ces Points, font.des Cercles plus petits que celles qui en -font plus eloignees j ce qui n'arriveroit pas , fi le Ciel avoit une autre figure. Ils nous maroiient aufti par leur elevation fur 4'Hof ifon d'une place , a quelle lati-tude ou diftance de l'Equateur cettc place eft fituće. A R T I C L E III. Des Cercles. J_j E s Cercles font reprefentes comme des anneaux , qui entourent la furfacc du Globe. On en compte ordinairement huit: quarre'grands j \Equateur,le Zodiaque, le Mćridkn 3 VHorlfon : & quatre petits , Je Tropique du Canzer , le Trcplque du Ca-prlcomc j le Cercle Polaire Arcilque , le Cercle Polaire Antarcllaue. Les grands Cercles s'entrecoupent, font un plus grand rour, &: divifent h Globe en dcux parcie$ 46 Mćthodt dc Geographie. ćgales. Les petits, qui n'ont pas mJrne centre que le Globe, le divifent en deux parties int'gales , Sc ne s'entrecoupent point. §. i. Dc l'Equatcur,. L'Equateur eft dans une egale diftance de l'un & de l'autre Pole. Les gens de Mer Je nomment ftmplement la Ligne , pa* preference a tous les autres Cercles j & plulieurs Tappellent Equinoxiale, parče -que c'eft fur cette Ligne qu'arrivent les kquinoxes , c'eft-a-dire , que les nuits Se les jours font ćgaux, lorfque le Soleil fem-ble la tracer. Ces Equinoxes font celui du Printemps Se celui de l'Automne. Le premier arrive environ le xo Mars , lorf-que le Soleil entre dans le figne du Bćlier; & le fecond environ le 11 Septembre, jtn deux pa-rties ćgales tous les Cercles -diurnes du Soleil. i °. LAEquateur divile le G lobe Tejrreftre en partie Septentrionale ou eft le Pole Arćbicuie • & en partie Metidionale, ou le Pole Antarćtique eft fitue. 2°. II eft le fiege des JDegres de longitudc, qui fe mar-quent & fe comptent d'OccidentenOrienc depuis le premier Meridien. Nous parle-rons dans la fuite de cesDegres. 50. II eft Je terme de la La*itude des lieux & des Pays , qui eft leu>r diftance de ce Cercle , en avan^ant vers 1'un on l'autre Pole. 40. II eft la mefure du temps , puifqu'il s en •ecoule plus ou moins , fejon qu'il pafle plus 011 moins de fes JDegres forfs le Meridien. Ainfi fa rćvolntion entiere fait les vingt-quatre heures du jour : quinze de fes jDćgrćs font .une heure j & quinze de fes. jninutes s une minute d'heure,. j §• H Du Zodiaqye. Le Zodlaaue eft ainfi appelle d*un mot ;Grec , qui veut dire des animaux, parce que la ,plupart des douze Conftellations, qui aucrefois repondoient exactement aiuc fignes dont ce Cercle eft compofe, avoienr, non pas la reftemblance de tels ou rels ani-*naux; mais qu'on a imagine dans la dik 4? Methodć Jfk Gco.graphic. politipn de'lours Etoiles ia figure -de ccux dont elles porcent le nom , relativemem i, ce qui lb paffe fucceilivoment fur la Ttrre & dans le Ciel. On peut voir fur cela le Tome IV. du Speclade de la Nature. Ce cercle eft place obliquement enrre les đeux Poles , 8c touche les Trop;qucs en deux points oppofes. Dans lesSphcies, il a de ia largeur pour terminer le cours des Planetes j mais fur les Globes & fur les Mappemondes , iJ eft reprefente par la ligne du milieu appellee Ec/ipricpue, a caufe que c'eft fur fa dirc&ion que fe font les Eclipfes du Soleil &c de la Lune. Le Soleil paroit faire fon tour fur cette ligne du rfulieu du Zodiaque , firs jamais s'en ecarter, 8c en parcourt tous les jours. environ un Dćgrćpar fon mouvementpro-pre d'Occident en Orient. Je dis environ un Degre , parče qne s'il en fai foit un en-rier par jour, il parcoureroit tour l'Eclipd-que en trois cens foixante jours, puiique ce Cercle, de mune que tour autre , eft .compofe de trois cens foixante Degres: au lieu qu'il ne la parcourt qu'en trois cens k>ixaiKe-cinq jours cinq heures 8c environ trois quarts. Le mouvement propre 8c an-nuel du Soleil rćtrograde contrele mouvement coinmun 8c journalier , que le premier Mobile fait faire chaque jour a cet Aftre d'Orient en Occident, felon leSvfte-me de Ptolemee, qu'on fuit dans le dif- La Sphere. 49 coiifs ordinaire , ou 1'on parle felon les apparences. On peut aifćment concevoir ces deux mouvemens par l'exemple d'un Limacon, qui faifant fur uneroue trois cens foixante-cinq reVolutions & un quart, ne laideroit pas , durant ce temps-la , d'avancer peu a peu contre ce premier mouvement jufqu'a ce qu'il eut fait le rour de fa roue. 11 n'eft. pas moins facile de reridre raifon des di-verfes apparences du Soleil, fi on fuppofe q«e cet Aftre emporte par le Premier Močile, decrit'chaque jourun Cercle paral-lele 1 rEquateur. Ce Cercle n'eft point parfait 2c veritable : le Soleil ne retoume pas au meme point oii il etoit vingt-quatre heures auparavant: aucontraire, il change tous les jours le lieu de fon lever dc de fon coucher dans 1'Horifon , de merne que celui de fon paffage dans le Mćridien. Ce changement neanmoins n'empeche pas qu'il n'ak dans ces deux Cercles des bornes , que la Providence ne Iui a jamais permis de pafler.j de forte que dans les revolutions qu'il fait tantor en-dec,a Sc tan-rot au-dela de l'Equatcur , fa plus grande declinaifon , c'eft-a-dire, fon plus grand ćloignement de ce Cercle , eft d'environ vingt-trois Degres &c demi. H faut meme y ajouter cette ciiconftance, qu'il change d'autant moins fa declinaifon , que celle qu'il a eft plus grande. En eflet, fi 1'on ob-Tome JI. C 5 d Methode de Geographie. ierve tous fes paftages dans le Meridien ou dans l'Horifon , on s'appercoit a peine qu'il change lorfqu'il touche les Tropiques, au lieu "qu'il change confiderablement lorf-qu'il eft pres de l'Equareur. On doit enfin remnrquer que le Soleil fait dans la parcie feptentrionale du Monde , fepr revolutions de plus que dans lapartie mćridionale; puifque dans celle-la , il en fait cent quatre-vingt-fix , & que dans celle-ci , il n'en fait cju'environ cene ibixante-dix-neuf.Cette difterence vient de Pexcencrique du Soleil, c'eft-a-dire, de ce que le Cercle que le Soleil decrit chaque jour fur le plan de l'Ecliptique a un autre centre que celui de la Terre. Le Zodiaque eft divife par l'Equateur en partie Septentrionale Sc en partie Mćri-dionale : l'une & l'autre ont chacune iix lignes, dont les rigures fe voyent fur l'Horifon des Globes , & qui font defignes fur les Mappemondes par des caraćleres par-riculiers. Les lignes Septentrionaux ou de la partie Septentrionale , font le Belier 3 le Taureau 3 les Gemeaux le Canccr ou \E-crevijfe 3 le Lion & la Vierge. Les Meri-dionaux ou ceux de la partie Meridionale, font \zBalance3 le Scorpion3 le Sagittaire3 le Capricorne. le Verfeau & les Poijjbns. Les Conftellations qui repondoient au-trefois a ces fignes, ne leur repondent plus aujourd'hui \ elles ont mrograde de plus La Sphere* 51 de vlngt - huit degres vers FOrient; de forte que la Conftellation du Belier, qui du temps des anciens Aftronomes repondoit a la premiere douzieme partie du Zodiaque, repond maintenant a la feconde , ou etoit autrefois la Conftellation du Taureau, qui eft a prefent dans la troifieme partie du Cercle. II en eft de meme des autres Con-ftellations. Ainfi quandon dit que le Soleil eft dans, ou pluto t fous & vis-a-vis un figne , cela ne fe doit pas entendre des /ignes du Firmament. Le Zodiaque du premier Mobile eft autrement appelle' Zo-diaque Rationel , pour le diftinguer du 2odiaque viftble , ou 1'on voit les douze lignes celeftes, dont il eft compofe. La partie Septentrionale du Zodiaque marque tous les longs jours de PHemi-fphere Septentrional que nous habitons, & les courts jours de PFIemifphere oppofe. La partie Meridionale marque les jours de moindre duree de notre Hemifphere, 8c les longs de FHemifphere Mćridional. Les fignes qui font dans l'une Sc dans l'autre partie , fervent aufti a marquer les quatre Saifons de 1'annee pour chaque Hemifphere. Le Septentrional a pour fonPrintems le Belier , le Taureau, les Gemeainc : pour fon Etć PEcrevifle , le Lion, Ia Vierge : pour fon Automne , la Balance, le Scor-pion , le Sagittaire: & pour fon Hy ver, le Capricorne, le Verfeau, les Poiflons. Tout ,52 ' Mtthodc dc Geographk. au contraire, ces trois derniers lignes font l'Etć de i Hemifphere Meridional'. la Ba-lance , le Sccrpion , le Sagittaire font fon Printems: 1'Ecrevifle, le L ion & la Vierge fqnt fon Hvver : & le Belier, le Taureau, les Gemeaux fon Automne. Ainfi lorfqu'il e(l le Printems d'un Hemifphere , c'eft l'Automne de l'Hemifphere oppofe ^ &£ lorlqu'il eft 1'Ete de lun , c'eft en meme temps l'Hvver de l'autre. Les douze lignes d u Zodiaque repon-dentde meme aux douze Mois de 1'annee, qui aftronomiquement & felon le nou-•veau ftyle, commence le 21 de Mars, lorfque le Soleil entredans le Belier. Leur ordre eft d'Occidenc en Orient, a com-mencer par ce meme ligne ou le Soleil pafte de la partie Meridionale du Monde dans la Septentrionale. Ondonnea chacun d'eux trente degres , pour faire une divi-lion commode du Zodiaque en trois cent foixante parties egales, quoique les Afte-rifmes, dont ces lignes portent le nom, foient ou plus courts ou plus longs les uns que les autres. §• HI. Du Mcridien. L e Mćridien de la Sphere eft un grand Cercle qui pafle par les Poles du Monde , &: qui eft mobile, a mefure qu'on change Ld Spherć. n delieu vers rOrient ou vers l'Occident. II eft compofc de deux lignes oppofees, que Ton nomme MćridUn, d'un rnot Latin qui lignirie Midi, parce qu'il eft Midi pour tous ceux qui font fous Tune de ces lignes, lorfque le Soleil vicnta v paller en allnnt d Orient en Occident par - delTus 1'Hori-fon, Se il eft minuit fur la ligne qui eft oppofee. Sur les Globes on reprćfente un premier Sc un grand Mćridien. L'un & l'autre ont cela de comniun, qu'ils marquent les Degres de Latitude ; mais le premier, qui n'eft qu'une ligne tracće fur le Globe , a cela de particulier , quil fert de commen-cement & de fin a la numeration des Degres de Longitude. Le grand Mćridien, qui eft un grand Cercle mobile lorfqu'on tire le Globe de fon fupport, ou 1'Horifon demeure attachć, a dans la circonference deux fortes de chirfres, dont celui que nous vovons a notre gauche, lorfque le Pole Arćtique eft en-huit , marque les Degres de Latitude , Sc celui qui eft a notre droite , lorfque le Globe* a la meme polirion , fait voir les Degres d'ćlevation ou de hauteur de Pole} qui font toujours egaui i ceux de la Latitude. Sur les Map-pemondes, le grand Mćridien fait la coupe de chaque Hćmifphere, Sc il eft rćpćtć Sc comme coupe en deux. On voit de cotć Sc d'autre trente-ux lignes ou demi Cercles C iij 54 Me'tkode de Geograpkle. de longimde. Ce font les vćritables Mcri- diens , comme fur les Globes. Le premier Mćridien eft: placć pour Por-dinaire en la partie la plus occidentale de norre Conrinenr; mais les Auteurs ne con-viennent pas ou on le doit mettre. Je ne rapporterai point leurs opinions \ elles ne font pas mieux fondćes les unes que les autres j 6c tant que nous ne connoitrons pas le veri table Oecident , il nous fera libre de faire pafTer le premier Mćridien ou. nous voudrons. Dans cette incertitude, on auroit, k mon avis, bien fltit de con-venir unanimemenr de le laifler aux Ifles Fortunćes , nommees aujourd hui Cana-ries-, ou les Anciens Pavoient place j mais parće que Ptolćmee s'eft trompć en mettant toutes ces Ifles fous la meme Longimde , j'ai eru devoir fuivre Popinion qui determine le premier Mćridien a, Fextre-mitć la plus occidentale dc Plfle de Fer , qui eft de toutes les Canaries la plus avan-cće vers POccident. Cette pofition du premier Mćridien a etć adoptće par les Fran-gois en confćquence d'une Ordonnance du Roi Louis XIII, rendue en 1634, fiir Pavis des plus fameux Mathćmaticiens de PEurope , que le Cardinal de Riche-lieu avoit fait aflembler a Pariš dans" la Salle de PArfenal, le 15 Avril de la meme annće. Les Hollandois ne seloignent pas beaucoup de cette pofition, puifquils La Sphcre. * J font palTer le premier Meridien par le Pic de Teyde, dans 1'lfle de Teneriffe , Tune des Ćanaries , lequel n'eft qu a deux degres de l'extrćmite occidentale de lllle «e Fer, en allant vers 1'Orient. i°. Le Meridien divife le Globe Ter-reftre en deux moities, 1'une Orientale , que nous vovons a notre droite dans les Mappemondes ordinaires (i) , & l'autre Occidentale , qui eft a notre gauche. 2°. 11 nous fait connoitre les lieux de la terre ou le Soleil fe leve plutot ou plus tard; puifqu'un lieu eft plus oriental qu'un autre , lorfqu'il eft plus eloigne de ce Ce» cle en avanc,ant jufqu'au cent quatre-ving-tieme Dćgre de longitude. }°. II nous montre de combien il eft plutot midi en un lieu qu'en un autre } puifque celui qui eft plus oriental 1'aura toujours plutot , a raifon d'une fieure pour quinze Degres. De ces deux derniers ufages du Meridien , il s'enfuit que de deux Vaifleaus qui prennent leur route, 1'un vers 1'Orient, 6c 1'autre vers 1'Occident, & qui viennent [1] M. Buache , pendrc & fucccffeur dc M. Guillau-tne Dclifle dans la placc dc premier Geographe du Roi & de l'Acadćmie des Sciences, a fait voir que pour les Map-pemondf* qui regardent J'Hiftoirc avant la Dćcouverre dc rAmeriqnc , il convenoit de mettre l'Hćmifphero Anckn i 1'Occidcnt, ff lc Noavtau .1 1'Ork-iu. Mcnudi 1'Acud, j75 J. C iv jt* Methodt dc Geographie. i fe rencontrer vers le cent quatr>ving-tieme degre de longitude , celui qui aura navigue vers 1'Onent comptera un jour plus epe ne fera l'autre. La raifon de cela eft que le premier va toujours vers le jour, & rencontre plutot le lever du Soleil, que ne fait le fecond. Au contraire celui qui va vers l'Occident, va toujours per-dant le jour j & plus il avance , plus tard le Soleil fe leve a fon egard ; parce qu'il change fes heures du midi fans sen appercevoir , dc qu'il compte toujours fe-lon qu'il a commence en partant. De cette maniere il eft clair qu'a cent quatre-vingt degres , celui qui va vers 1'Orient gagne douze heures d'avance, que celui qui va vers l'Occident en perd autant , & que tous deux en ce lieu-la trouvent en meme temps une dirTerence de vingt-quatre heures j ce qui fait un jour entier. §. V. Dc VHorifon. L'Horifon ou Borneur , felon l'etymo-logie du mot Grec, ainfi nomme , parce quil borne notre vue , eft le fupport des Globes artificiels; &c fa furface eft d'ordi-naire partagee en trois Cercles. Celui qui eft le plus en dedans reprćfente les figures des Signes du Zodiaque avec leurs noms ćv le chiffre de leurs Degres. Celui dn La Sphere. 57 tuilieu contienc les noms des Mois Sc les cliirfres des Jours de 1'Annee. Le troilie-nie , qui eft le plus en dehors, porte les difFerens noms des Quarticrs du Monde , ou Points Cardinaux, Sc des principai« Vents. Dans les Mappemondes , on ne voit point d'Horifon , parce qu'il n'eft pas d un grand ufage dans la Geographie na-turelle ou locale. Ce Cercle fepare la partie du Globe que 1'on voit d'avec celle que 1'on ne voit pa». On l'appelle Hori fon Rationnel ou mtelligible, pour le diftinguer de 1'Hoii-fon fenfible ou vifuel, qui botne ce que nous pouvons decouvrir fur mer ou dans une plaine , & qui n'eft propremcnt qu'un petit Cercle j puifque la terre que nous voyons eft bien moins grande que celle que nous ne voyons pas. Ce dernier eft muable , Sc change a mefure qu'on change de lieu. L'Horifon Rationnel par rapport a l'E-quateur , peut etre diftingue en droir, en obliqiie & en parallele. Le droit palfe par les Poles du monde, & a fon Zenith dans l'Eqiuteur , qu'il coupe a angles droits ou en parties ćgales. L'Oblique a fon Zenith entre 1'un cTes Poles , Sc l'Equateur qu'il coupe obliquement. Le Parallele a pour Zćnith 1'un des Poles du monde , Sc l'Equateur pour Cercle Horifontal. Ces ttois Horifons Rationnels repondent Sc C v 58 Methode de Geographie. donnent lieu a trois diverfes pofitions de la Sphere j la Droite , l'Oblique Sc la Parallele , cjui fervenr a expliquer les apparences du Soleil , de meme que le rap-port des parties de la Terre avec celles du Ciel. La Sphere droite a l'Horifon droir , parce que l'Equateur , les Tropiques Sc les Polaires paroiflent droit a l'Horifon. Cette pofition convient aux Peuples qui habitent fous l'Equateur. lis ont en tout remps les jours egaux aux nuits , Sc le Soleil deux fois 1'annee fur leur tete j fa-voir, au temps des Equinoxes, le 21 de Mars , Sc le 2 3 de Septembre. La Sphere Oblique a l'Horifon 8c tous les Cercles obliques. Elle convient aux Peuples qui font entre l'Equateur Sc les Poles. Ces Peuples nont les jours egaux aux nuirs qu'au temps des Equinoxes. Leurs jours en Ete font plus longs que les nuits -y 8e font d'autant plus grands , que le Pole eft plus eleve fur l'Horifon , puif-qu'au foixante-fixieme Dćgre Sc demi de Latitude ils commencent a etre de vingt-quatre heures, Sc qu'enfuite ils augmen-tent a proportion que cette Latitude eft plus grande. 11 en eft de meme de la temperature de Pair j plus on eft proche de l'Equateur , plus les chaleurs Lnt gran-des j Sc moindres en approchant des Poles. C'eft ainfi, par exemple, que les E£ La Sphere. , ' pagnols , qui ont moins d elevation de Pole que les Suedois , ont Pfite moins tempere Sc les jours plus coutts pendanc cette Saifon. La Sphere parallele, a l'Horifon parallele a l'Equateur , Sc tous les Cercles paralleles a l'Horifon. Cette pofition convient aux Peuples qui font ou qui peu-vent etre direćtement fous les Poles. Ces Peuples n ono en toute 1'annee qu'un jour * Sc qu'une nuit chacun de fix mois , parce que le Soleil ne fe leve a leur egard qu'a 1'un des Equinpxes, Sc ne fe couche qu a l'Equinoxe fuivant, de forte qu'il eft: fix mois fur leur Horifon , Sc fix mois au-deflous. i°. L'Horifon divife le Globe en deux Hćmifpheres, dont celui que nous vovons s'appelle fuperieur, Sc l'autre qui nous eft: cache fe nomme inferieur : ces mots de fuperieur Sc d'inferieur ne fignirient rien d'abfolu , puifque 1'Hemifphere que nous appollons fuperieur eft: on meme temps inferieur a nos Antipodes. z°. Il fert a nous faire connoitre 1'elevation du Pole Sc la diftance de TE^iiateur. 30. 11 deter-mine la fin du Crepufcule du matin , qui fe fait lorfque le Soleil fe leve : Sc le com-mencement du Crepufcule d u foir , qui arrive lorfque le Soleil fe couche, Sc rinit quand cet Aftre s'eft abaifte d'environ dix-huit degres au-deflous de l'Horifon. C vj 6o Methode de Geographie. 4°. II momre le Zenith & le Nadir, les deux points Vercicaux de chaque lieu. Le Zenith eft le point du Ciel fur notre tete. Le Nadir eft le point du Ciel, qui eft fur la tete de nos Antipodes. Lun Sc l'autre font egalement eloignćs de toutes les parties de l'Horifon. 50. Ce Cercle eft le liege des quatre Points Cardinaux. d u monde. Ces Points font le Septen-trion , le Midi, l'Orient ou le Levant , l'Occident ou le Couchant. Ils font^a" qua- • tre-vingt-dix degres les uns des autres „ Sc tiren't leurs noms des points imaginćs dans le Ciel, aufquels ils correfpondent. Celui du Septentrion vient des fept Etoiles de la petite Ourfe , appellees par les Latins Trioncs j 6V: par les Franc.ois le petit Chariot.. Nous donnons au fecpnd Point le nom de Midi, a caufe que nous avons cette heure quand le Soleil eft vers ce point. L'Orient ou le Levant, l'Occident ou le Couchant font ainfi appellćs , parce que le Soleil s'y leve & s'y couche au temps des Equinoxes. Le Septentrion eft le Point dominam des Geographes , Sc fe met pour cette raifon au haut des Car-tes. Le Midi fe met en bas : 1'Orient a droite -y Sc l'Occident a gatiche. Ces Points donnent aux quatre parties ou quartiers du Monde , les noms de Septentrionale, de Meridionale , d'Orientcle Sc d'Occi-dentale. Ils fervent aulli a determiner les La S p/t ere. Či quatre Vents Cardinaux ou principaux. Ces Vents font ceux du Nord, du Sud, de 1'Elt & de 1'Oueit. Ceft ainfi qu on les appelle fur l'Ocean ; mais fur la Mćditer-ranee on.les nomnie, comme fent les Ita-liens, Tramontana , Mezzodi ou Mezzo-Giorno, Levante , & Ponente. Entre les deux Points d'Orient & d'Occident, on en a fait quatre autres; 1'Orient & le Cou-chant d'Ete, 1'Orient & l'Occident d'Hi-yer. Ces Points , qui ne fe trouvent que uir quelques Mappeniondes , mais qui repondent aux Tropiques, font appelles Cu//ateraux parce qu'ils fe metcenr aux deux cotes de 1'Orient & de l'Occident Equinoxiaux : 1'Orient & l'Occident d'Ete aux deux bouts du Tropique du Cancer j 1'Orient &. l'Occident d'Hiver aux deux extremites du Tropique du Capricorne. L'ufage des deux premiers eft de marquer le iever eV le coucher du Soleil pour le plus long jour de 1'annee. Cclui des deux autres elt de montrer le kvcr & le cou-cher du meme Aitre pour le jour le plus courr. A ces quatre points rćpondent qua-tre Vents qu'on appelle aufli Coflateraux ou Vents feconds. Le Nord-Eft, le Sud-Eft,le Nord-Oueft & le Sml-Oueft. Je ne parle point des quarre autres Vents, qui fur la Mediterranee s'appellent Gre-co, Garbino , Mieftro , Sirocco , tk qu on voit fur 1'Horifon des Globes , parce 6% Mćthode de Geographie. qu'ils font de peu d'ufage dans la Geo- graphie. §. v. Des quatre petits Cerdes. Les quatre petits Cercles font les deirx Trop'umes & les deux Polaires. Les Tropiques font des Cercles paral-leles a rEquateur , dont ils font eloignes de vingt-trois Degres & demi. Us ont ete ainli appelles d'un motGrec , qui fignirie retour; parce que quand le Soleil y eft parvenu par fon mouvement propre an-nuel, il retourne enfuite vers l'Equateur. Le Tropique qui eft dans notre Hcmi-fphere, s'appelle Tropique du Cancer, oti de TEcreviHe, a caufe qu'il pafle par le premier point de ce Signe. Celui qui eft dans rHemifphereoppofe, fe nomme Tro-pique du Capricorne , parce qu'il touche ce figne en fon premier point. On peut remarquer ici la raifon qui a pu engager les premiers hommes a choifir ces Ani-maux pour marquer ces Points, qu'on ap-pelle ŠolJlitiaux. Ils voyoient le Soleil , apres etrcmontevers eux, aumoisde Juin, aller X reculons &c s'eloigner : l'Ecrevilfe leur paruttres-propre a dćfigner le Point du Ciel ou cela arrivoir. De meme , apres avoir vu le Soleil defcendre pendant flx mois 3 ils le voyoient commencer a remon-tcr en Decembre : ils ont dćfigne ce re- La Sphere. 6$ tour par IaChevre fini vage ou le Capricor-ne , qui va toujours grimpanr. i°. Les deux Tropique's ferventde bor-nes au mouvemenr annuel du Soleil, & ueterminent fa declinaifon de 1 Equateur vers lun ou 1'autre Pole. 2°. Ils mar-cjuent fur l'Ecliptique les Points ou fe font les Soljlices > ou ftations du Soleil , ^Ul nous donnent le plus long & le plus court jour de 1'annee. Le Tropique du Cancer no»s montre le Solftice d'Ete, 8c le jour le plus long : c'elt environ le 21 Juin. Celui duCapricorne nous marque le Soldice d'Hiver , & notre plus court jour; c'elt environ le 22 Decembre A 1'egard de nos Antipodes, ils ont ces Solfrices ik ces jours contraires aux notres. 3*. Les Tro-piques renferment la Zone Torride., & la feparent des Zones Temperees : ce que nous expliquerbns dans un moment. Les Cercles Polaires font deux petits Cercles formćs par le mouvement fup-pofć des Poles du Zodiaque ailtoui des Poles du Monde : ils font aufli paralleles a TEquateur , de meme qu'aux deux Tro-piques. lis s appellent, run Arcl:ique , & l'aurre Antarćtique , du nom des deux Poles, dont ils ne fonr ćloignćs que de 2 3 degrćs & demi. i°. Les Cercles Pokires nous montrent dans la Sphere , les deux Poles du Zodia-que, & en font connoitre le mouvemenc y ont trouve des habitans , & li la terre La Sphere. C<> leur produit fuffifamment de quoi vivre. Les deux Zones qui touchent la Zone Torride , ont le norn de Temperees j parce qu'elles ne font point ftijetes a des eha-' leurs exceflives, ni a des froids violens, principalement dans leur milieu , comme en France. De ces deux Zones , Time eft Septentrionale, entre le Tropiqne du Can-cer , & le Cercle Polaire Ardicfue j 6c 1'autre Meridionale , entre le Tropique du Capricorne Čc le Cercle Polaire An-tarćtiqUe. Les deux autres Zones font appellees Froidesj a caufe du froid extreme , que leloignernent du Soleil, '& les longues nuits d'un ou de plufieurs mois, J cau-fent pendant la plus erande partie de 1'an-n^e. La Zone froide Septentrionale eft entre le Pole & le Cercle Polaire Ardi-que ; la Meridionale eft renfermee entre .le Pole & le Cercle Polaire Antarčtique. Les Anciens les ont eru toutes deux inha-bitables : mais ceft eneore une de leurs erreurs \ car pour ce qui regarde la Zone Septentrionale , il n'y a aujourd'hui per-fonne qui ne foit perfuade qu'il y a des habitans , quoiquen gćnćral elle ne foit pas fi peuplee que la Zone Torride. A Fćgard de la Zone Meridionale , on nen peut rien dire , parce qu'on n'a pas eneore ćtć jufque-U. 66 Me t hode de Ge'ographie. LesPeuples qui demeurent precifement au milieu de la Zone Torride , c'eft-a-dire , fous l'Equateur, one un Equinoxe perpetuel.Le Soleil ne s'ćloigne jamais de leur Zenith que de vingt-trois degres 8c demi, & deux fois l'annee , il leur eft vertical, c'eft-a-dire , au-deflus de leur tete} favoir , au commencement de la Ba-lanee 8c du Belier, c'eft-a-dire , a la fin de Septembre & de Mars. Ils ne rclfen-tent pas neanmoins- ces jours-la des eha-leurs li vćhementes que font les Peuples qui font fous les Tropiques j parce que ceux-ci ont les nuits d'Ete plus courtes , 8c que le Soleil" demeure plus long-temps proehe des Solftices que de l'Equateur. Les Peuples qui font entre la Ligne Equi-noxiale 8c les Tropiques , font fujets aux memes influences , fur-tout quand ils en font proches y mais s'ils en font fort eloignes , ils en recoivent de difterentes, 8c de femblables a celles des Peuples qui demeurent fous les Tropiques. Ces der-niers n'ont le Soleil vertical qu'une fois l'annee , lorfqu'il touche le Tropique fous lequel ils font limes. Ils ont deux Solftices , Pun vertical , 8c Pautre eloigne de leur Zenith de quarante-fept degres. Leur plus grand jour eft de treize heures trente minutes, 8c leur plus court de dix heures 8c demie. La Sphere. 67 Les habitans des Zones Temperees n'ont jamais le Soleil vertical, 8c leurs jours y font tcujours moindres que de vingt-quatre heures. II y a pour eux deux Solftices 8c deux Equinoxes. Mais comrne ils ont le Pole roujours plus eleve que de vin^t - trois degres trente minutes , 8c nio.ns que de foixante-fix degres Sc de-mi \ cela rast que hors le temps des Equi-noxes, les jours font inegaux aux nuits, 8c d'autant plus, que le Pole eft plus eleve fur leur Hori fon. C'eft aufti la raifon pour-quoi en plufieurs endroits des Zones Temperees il y a des nuits qui ne font qu'un Crepufcule , comme il arrive a Pariš, huit jours devant 8c huit jours apres le Solftice d'Ete } pnree que le Soleil pen-dant tout ce temps-la ne defeend jamais dix-huit degrćs fous l'Horifon. Ceux qai habitent fous les Cercles Po-laires , dans les Zones Froides , ont leur plus long jour 8c leur plus longue nuit de vingt-quarre heures. Ils ont les Crćpufcu-les fort grands , parce que le Pole a leur egard eft elevć fur rHorifon de foixante-flX degres 8c demi j de forte que depuis le 5 Avril JLifqu'au 9 Septembre , il n'y a point de nuit clofe. Les autres influences leur font communes avec les Peuples des Zones Tempćrees. Si quclques hommes habitent I'extre- (j% Methode de Gćographie. mite des Zones Froicles , c'eft-a-dir'e , ibus les Poles, ils n'ont en toute l'Annee qu'un jour de fix mois 8c une nuit d'au-tant. Ils n'ont aufli aucun Orient, ni au-cun Occident, parče que le Soleil y fait toutes fes revolutions paralleles a l'Hori-fon. Enfin ceux qui habitent entre les Poles 8c les Cercles Polaires , ont leur plus long jour 8c leur plus longue nuit au-deftiis de vingt-quarre heures \ mais moindres que de lix mois. Ils ont aulli le Soleil trčs-eloigne de leur Zćnith & ne voient qu'un Solftice qui eft cekii d'Etć , parče que Ie Solftice d'Hiver eft toujours cachć iom leur Hori fon. Les ravons du Soleil leur font obliques, 8c les Crepufcules fort grands. ARTICLE V. Des Climats. C^Omme les Zones ne fuffifent pas pour dćterminer la difference de la longueur des jours y les anciens Geographes one invente les Climats , qui la determinent d'une maniere plus precife. Ces Climats font des efpaces de terres , a la fin def-quels le plus grand jour de l'Annće eft La Sphere. 69 plus long 011 d'une demi-heure , ou d'un mois que dans fon commencement. Cette diffćrente augmentation du jour , a fait dlltinguer les Climats en Climats d'heu-re , ou plutot de demi - heure , & en Climats de mois ou de jours continus. Les premiets font au nombre de vingt-quatre pour chaque Hemifphere } & ii les Anciens n'en ont pas admis un grand nombre , c'eft qu'ils negligeoicnt ceux qu'ils croyoient inhabitćs. Ces Climats fe comptent depuis l'Equateur , ou les jours font perpetuellement de douze heures , juičjua chaque Cercle Polaire, ou les jours font u ne fois plus longs. Les Climats de mois dans chaque Hemifphere font au nombre de fix ; & fe comptent depuis les Cercles Polaires juf-qu'aux Poles. Ils n'ont pas une egale La-titude. Vers les Poles ils font plus lar-ges jjjue vers les Cercles Polaires , parce qu'ils recoivent leur variation de la pro-greflion du Soleil fur l'Ecliptique j en forte que le Tropique eleve fur 1'Hori-fon , eft toujours la moitie du jour con-ttnuel , quelque long qu'il foit. Tout au conrraire , les Climats d'heure vont toujours en diminuanr depuis l'Equateur jufqu aux Cercles Polaires , parce qu'ils font dćrermines par les Tropiques , fiu-vant lobliquitć que ces Cercles ont fur 70 Mćthode dcGeograpklc. l'Horifon , laquelle eft d'autant plus granje , que le Pole eft plus eleve. On peut voir par la Table fuivance , qui eft fur les Globes , dans Briet, Varenius , &*. comment fe comptent les Climats; quels font leurs plus grands jours , leur lar-geur, leur commencement, leur milieu £c leur fin. Za Sphere. TABLE D E S CLIMATS D'HEURE. 7T Climat. Plus Graod Jo ur. Elćvation du Pole. H. M. D. M. i Comm. Milieu. Fin. 12 O 12 . 15 12 30 0 C 4 iS 8 34 i i 2 50 12 45 13 O 8 3, 12 43 1* 43 5 H 0 13 15 1; 30 k 43 20 33 24 1 j 4 13 30 14 15 14 0 24 u 27 3Ć 5° 47 30 47 H 45 |l 30 5 14 0 14 15 14 3° : Largeur des Climacs D. M. 34 28 3* 7* Mčthodt de. Gc.ogmphk. Climat. Plus Gr.uid Jour. Eleration du Pole. L;irgcur dos LUmau. H. M. D. M. D. M. i4 30 14 45 15 0 36 30 39 2 41 22 6 4 52 7 15 0 *5 J5 41 22 45 5* 3 5* 15 30 45 29 8 j 15 30 1 5 45: I <> 0; 45 *9 47 io 49 1 5 15 9 16 0 16 15 16 30 49 1 5° 33 51 58 1 57 IO i (j 30 16 45 17 0 51 58 5 5 17 54 19 2 31 11 17 © •7 15 17 30 54 *9 5 5 34 5^ 37 2 8 12 17 30 x7 45 18 p 5^ 37 57 34 58 z6 1 49 Climat. I a S p kere. 73 Climar. Plus Grand Jour. Elcvation du Pole. Larr. des Clim.us H. M. D. M. U 18 C 18 15 18 30 58 26 59 M 59 59 1 55 14 18 30 18 45 19 0 1 59 59 60 41 (Ti 18 1 9 15 19 0 19 15 19 50 61 iS £1 53 02 25 1 7 iG 19 50 *9 45 10 0 62 2 y £2 55 23 0 58 '7 zo 0 20 15 20 30 Ć5 23 65 50 64 16" 0 55 iS 20 30 20 45 21 ol< 64 16 ^4 37 '4 55 3 39 19 ; 11 0 < ti 15 < ii 30 <: >4 5 5 ?5 11 c '5 2 5 > 3c 7iww 11. D Mćthode de Ge'ographie. Climar. Plus Grand Jour. Elcvation du Pole Largeur dcsClmiacs. H. M. D. M. D. M. IO u 30 21 45 22 0 65 25 2c 66 24 66 18 0 8 *4 23 30 *3 45 24 0. 66 iS' 6 6 3© 66 3 1 0 3 La Spherc. 7 J! TABLE D E S CLIMATS DE MOIS. Climat. Moit. Hauteur du Pole. I I C-j D. 15. M. 2 Z 3 3 73 20 4 4 78 20 5 84 10 6 6 90 0 D V, 7(S Methode de Geographie. TABLE Plus particuliere de la Longucur des Jours & des Nuits, entre le Cercle Polaire Arcliaue & le Pole de mcme nom. Haitrcur du Jour conti- Nuit con: - Pole nud en nue It en H. Dcg. Min. J. Lee. H. J. M iver. *7 0 *3 1 i 22 1 «7 3° 33 17 51 1 3 68 0 4i 14 39 2 68 5° 48 6 45 8 69 0 54 3 5° 22 69 3° 59 iz 5* 0 70 0 64 11 60 16 70 5° 69 4 *5 2 71 0 73 13 69 6 71 3° 77 '7 73 5 0 81 *ij77 1 72 3° 8 5 1480 17 75 0 89 8 84 6 73 3° 92 22 87 18 10 96 91 2 74 99 21 94 9 75 0 103 5 97 14 75 3° 106 j 1 100 17 7^ 0 109 16" 105 l9 3° 1 1 2 10 10^ 20 77 0 ri5 t 1 Ji 2 2 109 20 77 110 2 2 112 * 7 La Sphcre. 77 K.uik-ui du Jour conti Nuit conti - Pole auel en nucllc ci\ Deg. Minut. Ete. Hivcr. 73 0 121 22 1X5 14 78 3° 124 1 118 11 79 0 9 121 7 79 30 150 17 124 2 80 0 M3 13 126 20 80 30 M*- 8 129 4 81 0 !39 3 132 7 81 3° 141 21 *35 0 82 0 144 *37 »7 82 3° *47 8 140 9 83 0 150 0 142 23 85 84 3° 152 16 r45 x3 0 M5 8 748 4 84 30 158 0 150 18 *5 0 160 15 "53 8 85 3° 163 5 *55 22 86 0 165 18 158 12 86 3° 168 9 161 2 87 0 170 *3 163 15 87 3° !73 *3 166 4 88 0 176 2 168 16 88 30 178 16 x7i 6 89 0 181 5 *73 89 3° 183 *9 176 9 90 0 186 17 178 22 D iij 78 Methode de Geographie. A R T I C L £ VI. Des De'gre's de Longitude & de Latitude. L E s Degres fonr les parties de Ia terre, a Ia fin defcjnelles on fait pafler les lignes des Mćridiens & celles des Paralleles. 11 y en a de deux fortes : les Degres de Longitude & ceux de Latitude\ On compte des uns 8c des autres 360 , que Ton mar-qne fut les Globes de 10 en 10. Les Degres de Longitude font voir de eonibien un pays eft eloignć* du premier Mćridien , f0 t de Longitiide, foir de Latitude, eft ordinairement divife en 60 rninutes, ou en des parties qui valent cha-c»ne ou cinq ou dix de ces minutes , done le chiffre doit.etre marque en plus petie caraćtere que celui des Dc-gres. Un lieu iitue fur le premier Mćridiert (O M. cPAnvlUe, dam fes nouvcllcs Can«s d'AmeVf- que, 4c dans fes H<-!ruifpheres publićs eu ij<>i , em,plqie les Dizv&t [de longitude 4 Acut rcpiifes, fijon, la me'-thode do Ailronomci, relarivemcnc au lieu de leurs Obfcivat'.ons ceicHcs : ain(i il compte 180 Oegre« de cr.aCondom. 43- 57. 5 5 16 Methode de Geographie. Conimbre. Conftantinople. Coppenhague. Corck. Cordouan ( Tour de ) Corvo, Ifle. Contances. Cracovie. Cufco, au Peroiu Daca, en Bengale. Da m as y en Syrie. Dammarrin , a la Colleg. Dantzick. Dax. Dieppe. Digne, en Dauphine*. Dijon. Dol, en Bretagne. Douai. Douvres. Dreux. Dublin. Dunkerque. Durazzo. Edimbourg^ Embden. Ernbrun. Erforc. Erzesorru D. M. S, 4o. 3°- 41. 55- 40. 45 51- 45- 45- 3 5- 40. 5- 49. 2. 5° 50. 10. 12. 25. 24. 34< 49* 3- 16 54- 22. 43- 42. i\ 49- 55- 17 44* 6. 47. 19. 22 4«.. 3 3- 9 50. 13- 20 51- 5- 58 44- 17 53- 1 2. S1' 2. 4 41. 58. 55- 58. 53- 5- 44. 40, 51. 6. 39- 56. 5* Lu Spherc. *7 D. M. S. Saint-Erprii^ncdeCuba. n*l 57- M Evreu*. 49- u 1+ Falaifc 4«- 5 5- 58 Ferrare. ^' ^' Fertć-Bernard. (la ) 4*>- Fleche(la) 47. 4»- 43- 4*- 3° Florunce. I-oiitainebleau. 4»- z4/ 3 Fort-Louis du Rhin. 48- 4»- Forc-LouisdeS.Doming. 18. 4° Francfprt. **J* Frafcari. 4" fi' , 1 43. 16. J. rrc-jas. ^' Gana. ,f 1 Gap. «+ [\- ? Gcneve. q 15. 31* (;o^c,PrčslcC.ip-Verd. M- >* £ Gtanville. 4»- J* 11 GralTe. »»' ** Gratz. ag ^0 C;reenwich. t- Grcnoble. £ GuadelouPC. Hambourg. 51* 4*« Hankeou. 30, 3 Havane. (Ia) *$• 5 O S S Methode de Gea Havre de Grace. Haye (la) Heidelberg. lene, en Turinge. Ingolftadt. Infpruck. Ifle Daupb. au Miciflipi. lile de Fer. Ifpahan. Jamai'que , Port. Jerufalem. Kiel. Kingkitao, en Coree. Konigiberg. Landau. Langres. Laon. LafTa. Latac. Laufane. Leićtoure. Leipfick. Leyde. Liege. * Lima, au Perou. Limoges. Lincoln, D. M. S. 49. 30. 52- 4- 10 49. 20. 54- 25. 48. 46. 47- 15* 25. 40. *7- 47- 5° 32. *5- 40. 31- 50. 54- *S* 3 7- *7- 54. 43- 49. 14. 40 47- 17 49. 33- 51 29. 6. 30. 45- 46. 3 1 * 5 43.. 56. 2 5 1. 19- «4 52- 10. .:;D' 50. S 6. 12. 1. 15 45- 49. 53 53* *5* La S Lintz, en Aiuriche. Lifbonne. Lifieux. Lille. Livcrpool. Livourne. Loangcheou. Londres. Louvain. Lucon. Lyon- Macao. Madrid. Madurrf. Mahon. (Port-) Maiorque. Malaca. Malrhe. Manchefter. Manille. Mans. (le) M.mcoue. Marli a la Tour. Marfeille. Martinique. Mafulipatan. Mayence. Meaux. Mende. Mcnin. tre. 89 D. M. S. 48. 16. 38. 42. 20 49. 11. 50. 38. 53- 22. 43- 33- 37- 59- S1- M- 50. 50. 46. 2-7- 14 45- 45- 5* 22. 12. 44 40. M- 10. 20. 39- 53. 45 35- 2. 12/ 35- 54- 16 55- *4- 14. 30. 47. 58. 45- 11. 48. 51- 54 43- 17« 45 14. 43- 9 16. 30. 49- 54- 48. 57- 37 44« 50. 47 5°- 47- 4° eft> Methode de MefTine. Mctz. Mexico. Milan. Modene. Monrargis. Monr-ČafTeL Monrdidief. Mond'heri. Montpellietf. Morragne. Moicow. Moulins. Munick. Miinfter, Nani-Cham. Nam-Kam. Namur. Nanci. Nangafachi. Nan^von?-. Nan-Hnim* Nan-Kan. Nankin. Nan-Ngan. Nantes. Naples. Narbonne. Narfmga. Nćgapatan. Ge'ogmpkie. D, M. S. 38. 21. 49. 7- 5 20; 45- M« 44- 34- 47- 59- 55 50. 47. 55 49. 35>- 48. 58. 43- 3*. 33 48. 3'- 17 5 5- 56. 10 46. 34. 4 48. 2. 28. 40. 28. 35- 50. 28. 48. 41. 28" 2-3- 43- *3? 17. 25- x5- 3 29. 30. 52. 7- 45 29. 14. 47- »7 40. 50. 45 43- 11. 18. La S p herc. 91 D. M. S, Neubourg , en Brifgaw. 48. 39. Nevers. 4.6. 59. 13 Newcaftel. 55. Niče , en Provence. 43. 41. 54 Nieuport. . 51. 7- 41 Ningpo, oir Liampo. 29. 58. Nipchou. 51. 45. Nifmes. 43. 50. 3 f Norwich. 52. 44. Nouvelie Orleans. 29- 57- 4J Noyon. 49. 34. 37 Nurembcrg. 49. 2t>. OrTenbourg. 4^ l8* * Olinde, au Brcni 8. 15. Orange. 44« 9* l7 Orienr, Pore. 47- 44« 5° Orleans. 47- 54- 4 Ormus. -17- 5°» Ofrendc. 51- 55 OxfQrd. 51- 45- Oza^a, au Japon. 55. jf PvJouc. 45- 11- 16 Paliacate. 13. 3 4« Pariš, a rObfcrvatoire. 48. 50. 10 Parme. 44- 44- 5° Pau. 45- J5- Pek in. 39' 54« Pćrigueux. 45. 1 r. 10 * Pernamboue ou Olinde. 8. 12, 91 Methode de G "Perpignan. S. Peterfbourg. Pic des Acores. Pic de Tenerife. Pife. Pithiviers. Poitiers. Pondicheri. Pontorfon. Port-Louis. Porto-Bello. Poutala. Prague. Puy. (le ) Qiianron, ou Canton. Quebec, ou Kebec. Quirnper. Quito. Ratiibonne. Regio. Reims. Rennes. Rhodes. Rhodez. Rochelle. ( la ) Rochefter. Rome. Roftock. RotterdaiB. D. M. S. 41. 41. 55 6o. 38. 35-' 28. 23. *7 43. 41. 48. 30. 5° 46. 35- 11. 53- 47 48. 35- 10 47- 42. 10 9- 33- 5 29. 6. 50. 4- 30 45- M- 2 *3- . 8. 46. 55- 47- 40 0. 13- *7 48. 59- 42. *5- 49. 14. 3* 48. , Sining, §i/rejron, 44. u> 21 *) 4 Mćl1wcU de G* Smvrne. Sretin. Scockolm. Straibourg. Su-cheu, pres Nankin. Surate. Syracufe. Tanger. Tanjaor. Tarbes. Thionville. Tiuiri. Tolede. Torneo, en Laponie. Toul. Toulon. Touloufe. Tour de Cordouan. Tours. Tranguebar. Trebizonde. Treguier. Tri po! i de Barbarie. Troyes en Champagne. Tubinse. - Tmrin. Tutucurin. D. M. S. 38. 28. 7 55- 3« 59- 20. 48. 34- 35 17- 45- 11. 10, 37- 4- 35- 55- 11. 27. 43- j 4. 2 49. 21. 40 49. 21. 20 39. 50. 50. 5° 48. 40.. *7 45- 76. 24 45- 37- 45- 35- 54 47. H- 44 11. 20. 41. 4- 48, 46. 45 3 2- 53- 40 48. 18. 2 48. 34- 44- 50. 8. 52. Valence, en Efpagne. * Valparaifb , au Chili. 39- 3°« 33- 1? La. Spherc M. 9S 'd. s, V annes. 47- 59. H Varfovie, 51- i4. Vence. 43- 43- i£ Venife. 45- 25. Veracmx. 19. 10. Verdun. 49. 9- 18 Verone, 45- 2<5. 2Ć Vcrfailles. 48. 48. l8 Vienne, en Autriche. 48, 12. 43 Vilm. 54- 30. Vire. 48. 50. Vifapcur. 17. 30. Viviers. 44. 28. 54 Upfal. 59- 54- Uranibourg. 55- 54- M Urbin. 43- 48. 50 Utrechr. 52- 5- Wittemberg, en Saxe. 51- 43- IG Wolrenburel. 52- Varmourh. 51. 55- * Ylo , au Perou. "7- S 6, Yorck. 54- Ypres. 50. 51- 10 Zeitz , en Mifnie. 51- 7- £urich. 47- 22. Methodc de Geographie. A R T I C L E VIII. Des Mefures. He Degrede Latitude fe divife en 60 minutes , & la minute en mille parties qu'on appelle Pas geomćtriques , parce qu'ils fervent a mefurer la Terre. Le Pas geometrique eft compofe de cinq pieds 3 le pied eft compofe de 1 2 pouces , le pouce de douze lignes , & la iigne de 1 z points continues en droiturelesuns contreles au-rces. Ce Pas eft la mefure la.plus certaine & la plus commode pour mefurer les diftan-ces \ puifque par fon moyen 1'on peut re-gler les lieues , les milles , Sc les autres mefures itineraires, tantdes anciensque des modernes. Le Stade des Grecs eft de 125 Pas geo-metriques :lei\////t'desRomainsde 1000, la Lieue des anciens Gaulois de 1 500 , 8c le Schcene des Egyptiens de 5000. En Al-lemagne , en Pologne , en Hongrie , en kalie, dans les Ifles Britanniques Sc en Hollande , on fe fertde milles. Celui d'Al-lemagne eft communement de 4000 Pas geometriques \ celui de Pologne de 3000 \ celui de Hongrie de 6000 ; celui d'Italie de 1000; celui d'Angleterre de 1250; celui d'Ecofle & d'Irlande de 1500 j celui de Hollande de 3 500 ou environ. En La Sphere. 97 En France > en Eipagne, en Suede, en D m_nmrek & en Sinile , on compte pic iieues. Celle de France vaut commune-ment 2400 Pas gćometriques j celle d'EC-pagne 3428 ; celles de Susde , de Dane-marek & de Suitfe.5000. En Rnllieon mefure par Werites-de 750 pas. En Perfe par Farfangues , qui en ont 3000. Dans rinde par Cofles de 2400 pas, ou par Gos de 4800. Dans la Chine on-compte par Pu de 2400 pas , ou par Ly qui n'en valent que 240. Dans le Japon on em-ploie une mefure dont 2000 repondent a 2000 Pas gćomerriques. Dans FArabie , dans la Tartarie, &dans une grande par-tie de l'Afrique , on compte par Stations de 20000 pas , & auiTi par Journees ou Dietes communes, qui en valent 30000. Dans l'Amerique Se en plufieurs endroics des autres parties du monde, on compte aufli par Journees dechemin, ou Dietes de 30000 pas 4 & par Heures de 3000. De cette maniere le Deere de Latitude 011 60000 Pas geomerriques conticnnent 48 S tad es des Grecs , 60000 milles des Romains , 40 Iieues des Gaulois, 12 Schenes des £gyptiens , 15 milles d'Al-lemagnc, 20 milles de Pologne , 10 milles de Hongrie , 60 milles d'Italie , 48 milles dAngleterre , 40 milles d'Ecolle &G d'Irlande , 19 milles de Hollande, 25 Iieues communes de France, 17 Iieues &c Tome II. E 98 Mćthodc dc Geogmph/e. dcmie d'Efpagne , 11 Iieues de Suede , •de Danemarek & de Siulle , 80 Werftcs de Luilie, 30 Fariangues de Perfe , 15 ■CoiTes & 1 2 Gos 5c demi des Indes, 2 5 Pu 8c 2 50 Ly de la Chine , 30000 milles du Japon , 3 Stacions, 2 Journees 011 dietes , 8c 20 heures de chemin. Pour mefurer fur le Globe la diftance d'un lieua un autre, il faut po fer les deux pointes d'un compas fur les places qu'on propofe j porter ce compas ainfi ouvert fur l'Equateur ou fur le premier Meridien, 5c reduire en Iieues ou en milles les Degrćs qui s'y trouveront compris. A l'egard des Mappemondes , il faut confiderer 11 les lieux qu on propofe diffcrent ou en Longi-tude , ou en Latitude j ou en Longitude 8c Latitude tout enfemble. En ce dernier cas il faut avoir recours au Globe. Si les li:ux difterent feulement en Latitude, il faut multiplier chaque Degre de lenr dif-ference par foixante mille Pas geometri^ cjues , 6c le produit fera voir la diftance. S'ils difterent feulement en Longitude , il faut avoir recours a la Table de diminu-. tion de fes Degres , ou ayant trouve en la premiere colonne les Degres de Latitude, on voit vis-a-vis en la feconde colonne la valeur de chaque Degrć reduit en minu-tes 8c en fecondes, a raifon de Longitude d'unc minute pour mille Pas geornetri-ques 3 8c de 60 fecondes oour une myuite, Za Spkcre, 9> TABLE Dc la dimmution des Degrh de Longitude. peg res de La-titude. Lieucs d'AlIe-ma^ne. Mi-nuccs. Degrć de La titude Lieuei d'Alle magni: Mi-liutcs. I 59 J5 14 *9 2 J4 59. 16 14 25 3 J4 58 *7 14 2 3 4 »4 5* 18 5 !4 5* 19 *4 11 6 14 55 20 14 «5 H 53' 11 x4 0 h' 51 2 2 13 54 9 '4 48 M 15 48 IO 14 46 24 •3 42 i i ^4 15 13 11 14 40 26 n 14 37 *7 13 2 2 14 33 28 13 F i; Dćgres de La-ticude. Lic-ues d'AUc-magne. Mi-nuces. Dćgres de La-ticude. Lieues d'Alle-magne. Mi-nutes. 29 I3 7 4^ IO 25' 30 I 2 59 47 IO 14 31 12 51 48 IO ■2 $i I 2 43 49 9 50 33 I 1 35 5o 9 3f 34 I 2 16 51 9 Uj 35 12 52 9 H 36 I 2 "■8 53" 9 2 i 37 I I 59 54 8 49 38 I I 49 55 -8 3f j 39 II 39 5* 8 2 3 40 I I h 57 8 10 4i n 19 -58 7' 57' 42 11 9 59 7 43 43 10 58 60 .u 7 30 44 10 .47 61 7 i«5 i 4-5 1 10 3^; /C 0 7 2 - Ld Sphcre. l&t- Dcgres dc La-. U tudc. Licucs d-Alle-magnc. Mi-DUCCS. Dćgrćs de La-titudc. Licucs d'AHe-magJic- Mi-nutes. 6-3 6 48 ■ 77 3 2 2 ; 64 6 34 78 3 • 7 6 10 79 1 51 66 6 6 80 2 3* M 5 81 2 2 1 «58 5 37 82 2 5 69 5 83 1 5° : 70 • 5 8 84 1 34 • 7i 4 53 85 1 8 • 7* 4 33 86 1 3 ' 73 4 *3 87 0 47 74 4 8 88 0 1 75 3 53 89 0 7* 3- 38 90 0 0 Sur les Cartes particulieres on prend tifement la diftance des lieux , par le moyen de l'eclielle &: du compas. Voici E iij j 02 Mćtkode de Glographie* dequelle maniere cela le fait. Si la diftance propofee y eft plus grande que 1'ćchelle, on ouvre le compas fuivant la grandeur de cette echelle , Šc retenant le nombre des milles ou des lieues qui s'y trouve, 1'on applique en ligne droite 1'ouverture du compas entre les deux lieux propofćs, aiv-tant deffois qu'il faut pour faire la diftance entiere. On compte cependant combien de fois on a fait cette application ; &: li a la fin il refte une diftance plus petite que celle de 1'ouverture du compas , alors il le faut retrecir fuivant'cette diftance, 1'ap-pliquer enfuite fur 1'cchelle , čk ajouter la valeur de cet efpace au nombre des autres milles ou lieues. Si 1'edoignement propofe n'eft pas Ci grand que Fecnelle des lieues, on le compalfe premierement j & apres avo;r appliqu<* 1'ouverture du compas fur 1'echelle , on y trouve le chifrire du nombre des milles ou lieues pour la diftance propofee. Lorfque 1'on fe fert du compas , il en faut meore les pointes fur le milieu de la marcpie aes Villes & non pas fur les noms. S'il n'y a point d'echelle dans la Carte , ona recours aux Degres de Lati-tude qui y font marques a droite & a gau-che. Le moyen de mefurer toutes ces dif-t^nces eft encore plus aife dans la pratique quc dans le difcours. La Šphere. io^ A RTI GLE IX. DE V U SAGE D U GLOBE. Probleme I. Trouver la Latitude & la Longitude d'un lieu propofe* J L faut tourner le Globe jnfqu a ce cjue le lieu propofe foit fous le grand Meri-dien ; puis pour laLatitude voir quel De-gre de ce Meridien eft perpendiculaire au meme lieu , &: pour la Longitude remar-querquel Degre de l'£quateur eft fous le Meridien. Problem* II. Trouver-fur le Globe un lieu dont la Longitude & la Latitude font connues. Sok pour exemple Pariš dont la Latitude eft communement de 48 Degres 51 minutes ( ou 50 minutes 10 fecondes) , & la Longitude de 20 Degres , felon Mef-fieurs de l'Academie Rovale des Sciences. Tournez le Globe jufqu a ce que la Longitude connue &: prcfuppofee de 20 Degres foit fous le Meridien. Puis comptez le Jong de ce Ccrcle 48 Dćgres 51 minutes de-puis rEquateur ;ufqu'aii Pole Arćtique j E iv 104 Methode de Geographie. parce que la Latitude de Pariš eft Septen-trionale, & vous aurez le vrai lieu de cette Ville. Problemi III. Trouver la dijlance de deux lieux de la Terre. Par exemple dAmfterdam tk de Coni-tantinople. Ouvrez votre coinpas & met-tez les deux points fur ces deux Villes. Appliquez enfuite 1 ouverture de cet inf-mi mene a l'Equateur, &c comptez les. Degres qu'elle contient y vous en trouvet rez ii. Au lieu du compas vous pouvez vous fervir du Cercle vertical , & voici coiiir men t. Mettez fous le Meridien 1'une des deux Villes propofees, comme Amfter-dam. Appliquez enfuite le Cercle verticaL fur ce lieu & le faites pafler par Conftan-tinople , vous trouverez pareillement z i Degres de diftance. Probleme IV. Monter le Globe hori^ontalement pour un lieu. Elevez fur 1'Horifon le Pole de 1'He-mifphere du lieu propofe A fuivant la Latitude de ce lieu , lequel enfuite vous met-trez fous le grand Meridien. la Sphere. 105 Probleme V. Mettre le Globe fuivant la fituation aitil doit avoir a. Ve gard du Ciel. Difpofez le Globe d'ime maniere que lesPolesrepondent precifement aux points du Septentrion Sc du Midi, que l'aiguille aimantće de la Boutfble auroit marques. Montez enfuite le Globe horizontalement pour le lieu de votre demeure , & mettez ce lieu ibus le grand Meridien. Par ce moyen vous verrez comment tous les au-rres lieux d'alenrour font fitues a legard de celui ou vous etes. Problemi VI. Trouver la Jituation dfun lieu d Vegard d'un autre fuivant V Angle de pofition. Sok par exemple, Alexandrie d'Egypte a 1egard d'Amlterdam. Moncez le Globe horizontalement pour cette derniere Vil-le , qui eft au 5 2 Degres 1 $ minutes (ou 22 minutes 45 fecondes) de Latitude Septentrionale j mettez-la enfuite fous le grand Meridien , tk apres avoir appliquc le Cercle vertical fur fon Zenith , faites palfer par Alexandrie. Cela etant fait, prenez garde en quel endroit le Cercle vertical touche 1'Horizon , & vous trou-verez 61 Degres en tirant du midi vers" R v- io 6 Methode de Ge'ographie. rOrient y c'eft-a-dire 3 dans une contree un peu plus orientale que n'eft le Sud-Eft » ou Alexandrie eft fituee a l'egard d'Amf-terdam. Pour la diftance qui eft encre ces deux Villes, vous la rrouverez facilement par le nombre des Dćgres du Cercle vertical , qui font entre Tune & l'autre. Si au lieu d'Alexandrie vous prenez une Ville qui foir au-deftbus de l'Horizon,. c'eft-a-dire , qui foit eloignee d'Amfter-dam de plus de 90 Degres, enforteque le Cercle vertical n'y piiilTe pas atteindre „ comme par exemple , Lima , capitale du Peron , voici coniment vous ferez. Mettez Amfterdam fous le grand Meridien > de la maniere que je l'ai dit ci-deiTus ; &C comme Lima eft plus oceidentale , tour-nez le Globevefsl'Orient jufqua ce qu'el-le foit a l'Horifon. Faites enfuite une mar-que au cote oppofite de ce Cercle , & re-mettez le Globe comme il etoit anpara-vant, embrre qu'Amfterdam foit de re-eheffousle Meridien, alors la marque que vous aurez faite fera antant elevee fur l'Horizon du cote oriental du Meridien y que Lima fera abaiitee au-deftbus du cote Occidental : cela fait, mettez le vertical fur cettc marque & regardez en quel en-droit il touche l'Horizon j vous trouverez que c eft au 8 Degre en tirant d'Orienc vets le Septentrion j ce qui vous fera con-noitre que Lima a l'egard cFAmfterdarri La Sphere. 107 eft fituee a autant de Degres k l'oppoiite -y c'eft-a-dire , d'Occident vers le Midi. Vous faurez aufli fort aifement la diftance qui eft entrc ces deux Villes, puifque Ci vous comprez les Degres du vertical de-puis l'Horizon jufqu a la marque , vous en trouverez environ 9 & deux rroineme , qui ajoutćs au 90 du vertical, vous donne-ront 99 Degres & deux troifieme pour 1» diftance que vous cherchez. Probleme VII. Trouver les Perieciens , les Anteciens & les Antipodes, Les Habitans de la Terre par rapporr a leur differente lituation , peuvent etre dif-tingues en Perieciens 3 en Anteciens 8>C en Antipodes. Les Perieciens, (oni ceux qui habitenc fous une meme Parallele , & fous des Meridiens diametralement oppo-fćs. Les Anteciens au contraire habitenr fous un meme Meridien 6c fous dirferen-tes Paralleles, qui font nćanmoins ćgale-ment eloignees de l'Ecjiiateur. Les Anripo-des enfin , ain/i appellćs parce qn'ils one leurs pieds contje les notres , font diametralement oppofćs tk en leurs Paralleles & en leurs Meridiens. Pour rronvei done ces rrois fortes dhabitans , il fauc mettre fous le Mcfridien le lieu de votre demeure , & tornpter fur ce Cercle depui* l'Eqtuteur i©8 Methode de Geographie. vers le Midi autant de Degres que celica eft eloigne de l'Equateur vers le Septen-trion, par ce moyen vous trouverez vos Anteciens. Tournez enfuite le Globe vers TOrient ou vers 1'Occident, jufqu ace que 280 degres de rEquateur ayenc palfe fous le Meridien , & vous aurez le lieu de vos Perieciens a 1'endroit du grand Meridien y ou auparavant etoit celui de votre demeu-re. Vous aurez enfin en tirant de l'Equateur vers le Midi 1'endroit de vos Antipodes, au lieu ou vous aviez trouve vos Anteciens. Les Antipodes feuls peuvent encore fe trouver1 de cette maniere. Tournez le Globe vers 1'Orient, ou vers 1'Occident, juf-cju'a ce que le lieu de votre demeure fok a l'Horizon: comptez enfuite le Degre qu'il touche. Si ce Degre eft en la partieSepten-trionale du cote Occidental du Meridien > comptez dans la partie meridionale autant de Degres depuis le Meridien vers 1'Orient , 6c la ou vous acheverez de compter x ce fera le lieu de vos Antipodes. Probleme VIII. Trouver le lieu du Soleil dans le Zodiaque en un jour donne. ■ Soit par exemple le 15 de Mai. Cher-chez ce quinzieme jour fur l'Horizon au Cercle des mois, & vous trouverez vis-a-vis dans le Cercle des ftgnes le vingt- La Sphere. io^. cinquieme Degrć du Taureau. Trouvez enfuite ce Dćgrć fur le Zodiaque du Globe, vous aurez le lieu du Soleil pour le 15 de Mai. Dans les annees BifTextiles apres le 28 Fevrieron prend le jour fuivant; celt-a-dire , qu'au lieu du 29 Fevrier qui n'eft point marque au Cercle des mois fur l'Horizon , on prend le premier de Mars& ainfi confecutivemenc. Si Ton veut en changeant le Probleme favoira quel jour. de 1'annee le Soleil fera en quelque point du Zodiaque , par exem-ple au 1 2 du Belier, il n'y a qu a chercher ce douzieme Degre au Cercle des mois fur l'Horizon , &. vis-a-vis on trouvera le premier Avril pour le jour propoff. Probleme IX. Connoitre en quel jour le Soleil pajje per-pendiculairement fur un licu propofe. Ce lieu doit etre nccclTairement dans la Zone Torride , parce que le Soleil ne pade jamais les Tropiques. Soit done pour exemple , Mindanao, Capitale de 1'Ifle de meme nom, 1'unedes Pnilippines , qui eft au feptieme Degre čc environ 5 minutes de Latitude Septentrionale. Apres avoir monte le Globe horizontalement pour cette Ville, faites-lui faire un tour, afin dobferver quels Degrcs de rEclyptique 11 o Methodc de Geographic, pafleront direćlement fous la Latitude de Mindanao fur le grand Meridien , tk vous remarquerez le dix-huicieme du Belier 3c le douzieme de la Vierge. Cherchez enfuite fur l'Horizon a quels jours ces deux points repondent, &: vous trouverez le 8 Avril pour le premier , & le 5 Septembre pour le fecond : ce qui vous fera connoitre que ces jours la le Soleil pafTe perpen« diculairement fur la Ville de Mindanacv Probleme X. Trouver la dedinaifon du Soleil. La declinaifon du Soleil ou fon eloi-gnementde l'Equateure{t de deux fortes , lune Septentrionale, 1'autre Meridionale. Un feul exemple fuffira pour faire trouver ces deux declinaifons. Soit done pour le so de Novembre. Cherchez premiere-ment par le huitieme Probleme le lieu du Soleil dans le Zodiaque pour ce jour-la , & mettez fous le grand Meridien le dix-huitieirie Degrć du Scorpion auquel' ce jour rćpond. Cela fait, comptez fur le meme Meridien la diftance qu'il y a en-rre ce dix-huitieme Degre & l'Equateur, & vous trouverez 17 Dcgrcs 15 minutes pour la declinaifon du Soleil au jour pro-£ofć. La Spherč. \i% Problemi XI. Trouvcr Vhcurt du lever & du coucher da Soleil > a l'egard de s lieux quifont ensrc l>Equateur & les Cerc/es Polaires. Soir par exemple, le 30 de Juillet a Pegard cTAmiterdam. Aprc-s avoir monte le Globe horizoncalemenr pour cene Vil-le, cherchez le lieti du Soleil, qui ce jour-11 elHe feptieme Dćgrć du Lion : mettez enfuire ce Degrc fousie grand Meridien, Se 1'aiguille du Cercle horaire fur les 12 heures d en bas j puis tournez le Globe vcrs rOrienc , jufqu a. ce quc le lieu du Soleil raze 1'Horizon , 8e vous verrez que 1'aiguille horaire que vous aurez pofee fur Midi marqucra 4 heures 17 minures du marin , qui eft 1'heure que le Soleil fe leve au jout propofe. Cela fair, retournea le Globe jufqu a ce que le lieu du Soleil touche 1'Horizon vers TOccidenr, Se vous verrez que 1'aiguille marquera 7 heures 43 minutes pour le coucher du Soleil. Par ce moyen vous pourrez atilTi con-noirre la longueur du jour propofS, pni£-que le Soleil emp!oye aurant d'heures de-puis fon lever jufqti a Midi , que depuis ^iidi jufqua fon coucher. I x i Methode de Geographic. Probleme XII. Trouver la longueur du plus grani jour d'un lieu j & par confeauent Jon Climat. Comme les lieirx qui font entre FE-quateur & les Cercles Polaires ont leur plus grand jour lorfque le Soleil rouche leur Tropique d'Ete , on trouvera ce plus long jour j par exemple pour Pariš , de la maniere qui fuir. Montez le Globle ho-rizontalement pour cette Ville , & mettez ious le Meridien le premier degre de l'E-crevifle ; enfuite faites comme dans le Probleme precedent, & vous verrez que 1'ai-guille horaire marquera quatre heures pour le lever du Soleil: ce qui vous fera connoitre que le plus long jour de Pariš eft de 16 heures , &c que par confequent cette Ville eft a la fin du huitieme Climat. Tout au contraire, fachant le Climat de Pariš , vous connoitrez la longueur du plus grand jour de cette Ville , fi vous prenez, la moitie du nombre des Climats de Pariš qui eft 4, & lajoutez aux iz heures du jour de l'Equateur. La Sphere. nj Probleme XIII. Tivuver les Climats de mois , ou le plut-long jour d'un licu Jitue entre les Ccrcks Polaires & les Poles. Si vous voulez , par exemple , favoirle Climat cTun lieu , qui eftau foixante-neu-vieme Dćgrć 50 minutesde Latitude Sep-tentrionale, il faut monter le Globe hori-zontalement pour ce lieu, & le tourner vers POrient, jufqu,a ce que l'Eclyptique vienne couper 1'Horizon juftement au point du Septentrion ,. parce que le lieu propofe eft dans rHcmifphere Septentrio-nal: remarquez enfuite le Degre de l'E-cliptique ou tombe la iećtion , 8c vous verrez que c'eft le premier des Gemeaux : cela fait , comptez les Dćgrćs qui fe trou-vent depuis le commenccmentde ceSigne jufqu'au Solftice leplusprochequieft celui d'Ete, & vous en trouverez 50; qui etanr doubles font 60 , c'eft-a-dire , 60 jours,. ou deux mois de jour continuel pour le lieu propofe : par. confequent ce lieu doit etre ficuc a la rin du deuxieme Climat de mois. 114 Methode dc Geographie. Probleme XIV. Trouver le commcncement & la fin des Crepufcules pour un lieu & un jour donnes. Le Crepiifcule eft une lumiere qui pa-1 .rok fur 1'Horizon, le marin avant que le Soleil fe leve, & le foir apres quil eft couche. Le Crepiifcule du marin s'appelle Aurore, ou Point du jour. II commence a" paroirre quand le Soleil eft a 18 Đegres pres de 1'Horizon , &: rinit quand cet Aftre fe leve. Le Crepiifcule du foir commence quand le Soleil fe couche , 5c fin it quand il eft abaifle de 18 £>egres au-deiTous de 1'Horizon. Les Crepufcules ne font pas d'une egale duree : les plus courtsfe font dans la Sphere droite • parce que le Soleil s'y couche perpendiculairement. Ceux qui fe font dans la Sphere o^que font d'une plus grande duree , tk d'aurant plus grande , que la Sphere eft plus oblique , de forte que les plus grands de tous fe fbnt dans la Sphere paral lele. Pour fivoir done quand ils commen-cent, &c quand ils finilient, par exemple a Amfterdam le 5 Oćfcobre.Montezpremie-rement le Globe fuivant la Latitude de cette Ville \ puis mettez fous le Meridien le lieu du Soleil, cnii ce jour-U eft au ta Sphere. tff douzieme Degre de la Bilance; Sc 1'aiguille horaire fur les u heures d'en bas. Tournez enfuire le Globe vers 1'Orient, ]ufqu'a ce que le douzieme Degre du Be-Her diamttralement oppofe au lieu du Soleil, foir vers l'Occident ćlevć fur 1'Horizon de 18 Degres au Cercle vertical. Cela fait, vous verrez : i. Que le lieu du Soleil fcra abaiflfe vers 1'Orienc dautant de Degres fous THorizon : z. Que 1'aiguille horaire marquera 4 heures 16 minutes apres minuit, pour le commencement du Crepiifcule du matin. Tournez en fin le €lobejufqua ce que le douzieme Degre du Belier vers FOrient foit aufli eleve fur 1'Horizon de j 8 Degres au Cercle vertical , Sc 1'aiguille vous montrera 7 heures 54 minutes apres midi, pour la fin du Crepiifcule du &ix. Problemi XV. Trouver les Pays qui nont poinc de nult clofe en un jour donne. Cherchez premicremenr par le dme-me Probleme la dtfclinaifon du Soleil.au jour propofe. Enfuite mettez le Globe fui-varit 1'Hemifphere ou le Soleil repond i ce jour-la , Sc lelevcz au-deftus de 1'Horizon , dautant de Degres , qu en a la dć-clinaifon trouvee. Cela fait, vous verrez que tous les Cerclesde Latitude, qui n'ai- i £ Methode de Geographie. riveront pas a- i 8 Degres au-deftbus de 1'Horizon , n'auront point de nuit clofe ce jour-la, mais un Crepufcule continueh Problem* XVI. Trouver quelle heure il eji en un lieu lorf quil ejl midi en un autre. Vous voulez favoir , par exemple, Cjuelle heure il eft a Conftantinople , lorf-cju'iI eft midi a Pariš; Mertez cecre der-niere Ville fous le grand Meridien -y Sc-1'aiguille horaire fur les i z heures d'en bas. Tournez enfuite le Globe jufqu'a ce. que Conftantinople foit fous le Meridien >. & vous verrez que 1'aiguille marquera deux heures apres midi pour cette Ville j parče qu'elle eft plus orientale de 3 o Degres que Pariš. Si aucontraire vous voulez favoir quel-le heure il eft a Pariš , lorfqu'il eft Midi a Conftantinople , faites pour cette der-niere Ville ce que vous avez fait pour la premiere; Sz vous vetrez que 1'aiguille marquera dix heures du matin pour Pariš; parce que cette Ville eft plus oecidentale de 30 Degres que Conftantinople. Ceux qui voudront entrer dans un plus* grand detail fur ces Problemes afironomi-ques , pourront confuker le troifieme Livre de 1'Ufage des Globes duSieur Bion yfur-tout des dernicres Editions, ou de 1728, ou ■ de plus nouvelles. JDefinitions. CHAPITRE Iti De la Geographie en general. <■ 'li « A RT I OLE PREMIER. Du nom & de la dćfinition de la Geographie. Ce que c'efi que le Globe Terreftre. Sa figure & fa grandeur. T , A Geographie eft une Science qui trai-re de la defeription de la Terre; c'eft ce cjne fignifie fon nom , qui eft tire duGrec comme ceux de la plupart des Sciences. Mais dans l'ul'age ordinaire , ce terme a une lignification plus ttendue 3 Sc Te prend pour la defeription de IaTcrraquee , c'eft-a-clire , du corps de la terre & de l'cau. Ce corps eft ce que nous appellons le Globe Terreftre j parče qu'il eft de figure ronde j de forrequ'on peut defmirla Geographie 3 une Science qui trake de la defeription du Globe Terreftre , compofs de la terre & de* l'cau. Ce Globe eft appelle Terreftre , a caufe de h Terre fa plus no-ble & laplus grandepartie; la plus noble, parče qu "clle eftia demeure de 1 hommej 11S Mitkoic de Geographie. la plus grande , patce que dans la folidite du meme Globe il y a beaucoup plus de terre que deau. La raifon eft qu'il n'y a point d'cau 9 qui n'ait de la terre pour lui iervir de foutien , & que fuivant le rap-port des plus fameux Pilotes , la Mer la plus profonde n'a qu'une lieue & demie , ou quatre mille cinq cens Pas geometri-ques de profondeur ; ce qui effc tres-peu de chofe en comparaifon du demi-dia-metre de la Terre , qui contient onze cens quarante-cinq grandes lieues , de trois mille Pas geometriques chacune. Pour ce qui eft de Tetendue de la furfa- empeche que ce ne foit une -i 2(j Methode dt'Gćopraphh. Ifle ; comme i'lfthme de Corinthe, qui joint la Morće i l'Achaye : tel eft aufli en Amerique , 1'Ifthme de Panama , en- rre le Golfe du Mexique tk la Mer du Sud. La Mer eft 1'eau qui environne le terce. Son nom lui eft demeure dans le Continent nouveau ; mais dans 1'ancien on 1'ap • pelle Ocean. L'Ocćan, par rapport aux quatre Points Cardinaux du monde , ie diftingue en Septencrional ou Glacial, en Oricntal oh Indien, en Occidental ou Atiantique a tk en Meridional ou Ethiopi-oue. L'Ocean Septentrional fe divile felon les Pays qu'il arrofe, & comprend ainii la Mer d'Allemagne ou du Nord, ti ne partie de celle d'Angleterre tk de ceile d'Ecofle, la Mer de Danemarck, la Mer Baltique , la Mer de Norvege & la Mer de Ruflie, qui fait partie de la Mer Gla-ciale. L'Ocean Oriental contient les Mers de 1'Arabie, des Indes, de la Chine , du Japon. Le Meridional, comprend les Mers de Zanguebar , des Cafres & de Congo. L Occidental comprend 1'Ocean Atlan-rique avec les Mers de Guinee , du Cap-Verd , des Canaries ; ;a Mer Mediterra-nće , les Mers d'Efpagne & de France, de meme que celles des Ifles Britanniques jDejinhions. * * 7 vers le Midi, 1'Occident & 1'Orient jiif-qu'au pas de Calais. La Mer du nouveau Conrinent fe divile en Mer du Nord Sc en Mer Pacinque 011 du Sud. La premiere comprend Ie| Mers de Canada , de Mexique, de Brefil, de Rio de laPlata , & de laMagellanique. La feconde a la Mer du Nouveau Mexi-cme ou de Californie, celic du Perou 5t du Chili. La plupart des Mers de lun & de Tantre Continsrit fe fubdivifent en d'autres, qui prennent le nom des Contrees parti-culieres, dofit> elles baignent les Cotes. Mais la divillon de la Mer Medicerranee merite fur-tout qu'on la remarque. Cette Mer fe divife en parcie Orientale , ou Mer de Levant, &c en partie Occidentale, ou Mer du Ponant. Cette derniere comprend la Mer d'Efpagne , le Golfe de Lion , ou Leon , les Mers de Genes j de Corfe , de Sardaigne , de Tofcane 8c de Sicile: le Golfe de Verdfe8c la Mer de Barbarie. La Mer de Levant contient la Mer Ioniennc ou de Greee ; la Mer de Candie , 1'Archipel , appellee aufll Mer Blanche , & anciennement Mer Egee la Mer de Marmara ou Marmora , autrefois Propontide; la Mer Noire , anciennement Pont-Euxin} la Mer de Zabache & d'Azof, autrefois Palus Meotide; les Mers de Satalie , de Sourie, d'Eg^te %c nS Methode de Geogrcphlc* de Lybie. Pour la Mer Cajpienne j de Sala , ou de Bachu \ c'eft un grand Lac , au milieu des terres d'Afie. No.us nen ferons pas, comme le P. Eriec, une par-tie de la Mer Mediterranee, puifque ces deux Mers nont, du moins extćrieure-ment, aucune communication Tune avec Tautre. Golje eft une grande partie d'eau, ou un grand bras de Mer,qui s'avance dans la terre, comme le Golfe de Vcnife \ le Golfe de Lepanre, le Golfe d'Engia , des deux .cotes de rifthme de Corinthe. Les Golfes d'une etendue confiderable prennent le nom de Mer, comme la M-.v Mediterranee , la MerRougeou le Goile Arabique , le Golfe d'Ormusou Perfioue, la Mer Batticjue , la Mer de Mexique •> dontles premieres font des Golfes de 1'0-cean , 6\: la qu?.criemc eft un Golfe de la grande Mer du Nord. On dit neanmoins aftez fouvent le Golfe Tde Mexique. Le Golfe eft plus grand que la Bave , la Baye plus grande que VAnfe , Sc l'Anfe plus grande que le Port. Detroitj Pas j ou Pharc eft une partie d'eau , ou un Canal en tre deux terres pen eloignees , par ou deux Mers fe commu-niquent, comme le Sond a. lentree de la Mer Baltique, le Detroit de Gibraltar , le Pasde Calais , le Phare de Mefline , le Dc'trcit de Gallipoli ou des Dardanelfes. Dejinitions. I i > Lac eft un grand amas deau environne de terre , & qui n'a aucune communica-tion avec la Mer , que par quelque Riviere on par des Canaux louterreins. Le Lac dirrere du Marais , en ce que celui-ci n'eft pas toujours plein d'eau, eV qu'il fe peut dellecher. Fleuve ou Riviere eft: une eau de fource, qui coule toujours. Le nom de Riviere fc donne indiffcreminent aux grandes & aux petites Rivieres y mais il n'y a que les erandes qui portent celui de Fleuve. Dans la Gćographie , la droite & lagauche des Rivieres font felon kur couranty mais le contraire s'obferve dans la Marine. A R T I C L E III. De la divijion de la Terre j & en quoi conjijle la Defcription de fes parties. C a r t e s. Pour Carte generale du Monde ^prene^ les deuxHemifphercsdcM.. Delisle, Orien-tal & Occidental j en deux jeuilles j ou ieux de M. d'Anville, qui font plus charges, Ccux dc MM. Sanson-Jail-lot, font beaux & detailles ; mais ilfaut les rapprocher des nouvelles Objerva-zions pour les Longitudcs- J\ Prendre la Terre dans fon principe, ia divifion peivt etre regardee comme ar-bitraire. Cependant les hommes fonteon-venus de la divifer j.pour la mieuz con-noirre : il paroit meme que la Providence nous a indique quelqu une de fes Divi-fions. Les Points Cardinaux en pourroient formerune partienliere \ aufli bienqne les Continens čc les Ifles. L'Hiftoire en pro-duiroit une antre , en prenant la Terre felon qu'elle s'eft infenfiblement peuplee. Le cours d u Soleil en donneroit peut-ctre une troifieme , en conliderant ce qui eft entre les deux Sotftices , & le diftin-guanr de ce qui eft en-deca ou au-dela. De'finitions. . ■131 Mais il fauc fuivre les routes communes. De grandes Prefqu'Ifles forment les parties de cette Divilion. Elle eft cn ufage ; & ce fera celle que nous adopterons , avec les aurres Geographes. La Terre fe divife done en quatre parties ; TAfie, rAfriquc , l'Europe & TA-merique. Les Terres Polaires Arćciques, & les Terres Polaires Antarćtiques font une efpece de dependance de. ces quatre premieres parties, d'autant plus qu'elles ne font pas connues. Ces quatre parties peuvent etre confidćrees , ou fuivantleur ćtat naturel, ou felon le rapport quelles ont avec l'Hiftoire. Suivant ces deux ćgards nous expliquerons , i. la firuation, les limites , la grandeur, laqualite, la di-vifion , les Provinces , les Villes, & les parties principales de Terre & d'Eau de chaque Region : i. les mceurs j le gouver-nement, la langue , la religion les forces ćv les richefles de chaque Peuple j de meme que les hommes illuftres , les batail-les Sc les evenemens les plus remarqua-bles. L'ordre naturel nous obligeroitde conv mencer par X Afie , parče queHe a ete la premiere habitee j mais comme l'Europe nous toiicbe davantaoe , nous avpns eru devoir la faire prćccder , & en donner I'explication avant celle des autres parties D ESC R1PTI0 N DE T L'EUROPE. C a r t e s. L'Europe ejl la partk du Monde fur far auch-e nous avons de rneilleures Cartc.%. Celle de M. šanson j en Jix ou en deux feuilles 3 qui fe trouve che% M. jaillot ' ou celle que MM. robert, fucccjjeurs des s a NS 0 s 5_, ont donnee dc-puisen fx feuilles ^peuventfujfire. Mais on ne dok point negliger la belk Carte d'europe en fix feuilles , donnee par M. d'Anville. Lorfquonveut feule-ment par un coup d'ceil general fe procu-rer une connoijjance dijiincle de. la pofi-eion rejpeclive des differens Etats , la Carte de Al. Delisle j en une feule feuille , efl tout ce quil faut pour rem-p lir ce: objet. L'Europe eft: la plus petite, mais la plus belle des quatre principales parties du V Europe. 135 Monde , qui nous font connucs. L'air en general y dl plus pur ; le terroir plus fer-tile Se micux cultivć j les Villes mieux baties, plus peuplees, & en plus grand nombre j les Habitans plus polis, plus vaillans 8c plus adroits. Elle feulea fourni plus de Heros & plus de Savans hommes que tout le refte de la Terre. Ceft elle qui nous a donne les Alexandres &: les Cćfars, &i qui a ete le Sićge de PEm-pire Romain , le plus illuftre tk le plus etenđu de cera dont on ait connoiflance. Aujotird'hui elle eft: le centre de la veri-table Religion , de meme que des Sciences , des Arts , de la Navigation cV du Commerce. Elle a meme cet avantage qu1elle polTede une grande partie de TA-merique , aulTi bien que plulieurs Places dans l'Afrique cv dans TAlie , ou elle de-bite fes denrćes , Sc en tire diverfes mar-chandifes precieufes , fans que ces trois grandes Regionš polledent ricnchez elle, on y envpiefit des Colonics , comme elle fait a lcur egard. Elle fur nommee Europe par les pre-micrs Navigateurs , qui appellerent da-bord ainfi une petite Province ou fut de-puis batie Conftantinople. On croitque ce nom vient dc la blanchcur du vifage de fes Habitans. 1 > 4 Mechode dz Gćegraphie* Bornes. Les bornes de l'Europe font, au Sep-tentrion, l'Ocćan Septentrional ou Gla-cial \ a 1'OccidenC le meme Ocean , & celui qu'on appelle Occidental 011 Atlan-rique , au-dela duquel eft rAmeriqne \ au Midi, le Detroitde Gibralrar & la Mer Mediterranee, qui fepare l'Europe de rAfrique y a 1'Orient , 1'Archipel ou Mer Blanche , le Dćtroit des Dardanel-les, la Mer de Mar mara j le Detroit de Conftantinople , la Mer Noire, &le fond de la Mer de Zabache ou d'Azof, ou Ton trouve le Don , autrefois Tandis > que les Anciens regardoient comme la borne de l'Europe & de 1'Afie. Depuis cet endroit, jufqu'aux parties feptentrionales de la Ruflie d'Europe , on varie fur fes bornes precifes avec 1'Alie , quoiqu'on convienne aujourd'lmi qua fektremite ce font les Monts Kamcnoi-Poyas, qui aboutiifent au Detroit de Vaigats , entre le Peczora & TObi. La difnculte eft done depuis l'embouchure du Don jufqu'a ces Monta-gnes. M. Buache 3 dans la nouvelle Edi-tion de l'Europe de M. De/ifle remonte le Don , jufqua la Medviedica , d'ou il gagne la Sura , en fuivant les bornes des Gouvemcmens de Voronez , d'Aftracan & de Cafan : il cotove enfuite la Vetluga jufqu'aux hauteurs qui feparent les Gour V Europe. 13c Vernemens d'Archangel &: de Cafan , & qui joignent a 1'Orient les Kamenoi'-Poyas. Celasaccorde avec l'Hiftoire aćhielle 8c ancienne de Ruflie, car les Rivieres que nous avons nommćes , la feparoient au-trefois des Tartares, & cette divifion ne derange rien aux bornes des Gouverne-raens de la Ruflie* Skuation. Etcndue. L'Europe eft Utuee entre le huirieme & le foixante-dix-feptieme Degrede Lon-gitude du cotć du Nord j mais elle ne va du cotć'du Midi, pour fa plusgrandepar-tie , que jufqu'au quarante-cinquieme en-' viron. Elle eft: entre le rrente-frxieme & le ibixante-trcizieme Degre de Latitude Sep-tentrionale, de forte qu'elle eft prefque toute dans la Zone Tcinperee de l'hćmif-pherc que nous habitons. Sa plus grande etendue eft depuis le Cap Saint-Vincenr en Portugal, jufqu'au Dćtroit de Vaigats, & contient environ 1300 lieues d'une heure de clitmin chacune , c'eft-a dire , de trois Milles comnmns d'Italie , ou de 3 000 Pas geonietriques , qui eft la me-fure dont nous nous fer viron s dans tout cet Oiivrage. Et fa largeur eft de 8 co lieues depuis le Cap Matapan au Midi de la Motee 8c delaTurquie , jufqu'au Nord-Cap , qui eft la partie la plus feptentrio-nale de la Norvvege. J $6 Methode de Geographie. Ce qrfe nous vcnons de dire de lafttua-tion de l'Europe , nous peut faire connoi-tre que cetre Partie du Monde eft tres-fer-tile: elle produic en effet couc ce qui eft neceftaire a la vie. Le bled , le vin, les fruits tk le beca.il y font en abondance , Sc d'un gout merveilleux. On y rrouve aufti de 1'ambre jaune fur les Cotes de Prufte , des mineš de tres-bel ćtain tk de plomb en Angleterre, de cuivre en Suede , de fer en plulieurs endroits, 8c meme d'or tk d'ar-genc en quelques autres. 11 eft vrai que ces dernieres n'y font pas fi communes , ni li abondantes qu'en Alie , en Afriquc & en Amerique ; mais le grand commerce que l'Europe fait au-dedans tk au-dehors , lui vaut beaucoup plus que ces Mineš etran-geres, 6c lui attire meme ime bonne partie de leur or tk de leur argent. Divijion. L'Europe contientdix-feptgrands Etats, Empires , Royaumes oa Republiques , dont fix fonr au Nord, fix vers le milieu, & cinq au Midi. Les iix grands Etats an Nord de l'Europe , font les Ifles Britanniques , qui comprennent les Rovaumes d'Angleterre, d'Ecofte tk d'Irlande; le Danemarck & la Norvege , dont depend llflande j la Suede r la Ruftie d'Europe , que Ton appellqit L'Europe. 137 Mofcovie j la Pologne & la PrufTe* Ccux de la partie du milieu, font la Hongrie , la Bohcme , l'Allemagne , la Siline, les Pays-Bas, & la France, fotis laquelle on comprend la Lorraine. Enfin les Etats fitues au Midi, font l'Efpagne; le Portugal; le Duche de Sa-voie , qui cd l'ancien ti tre du Roi de Sar-daigne ; l'Italie , qui contient plufieurs Rovaumes , Republiques cv autres Etats; enfin la Turquie en Europe. If.es. Les principalc-s Ifles de l'Europe , font dans FOcean , Vljlande j la Grande-Bre-tdgne , crni contient l'Angleterre & l'E-•cofle \ a i'Occident VIrLinde ; dans la Mer Baltique , Zeeland j Funen &c Gotland ; dans la Mediterranee \ la S kile, lafarddi* gne, & Candk. Prefqulfes. Parmi fes Prefqu'Ifles, on remarque celles de la Moree, autrefois le Pe'Iopome-fe j au Midi de la Turquie ; celle de Cri-mee , ou petite Tanane, anciennement Cherfoncfe Taurique ; & celle de Jutland autrVls Cherfonefe Cimbrique j en Da-nemarck. Caps. Les plus fameux Caps dc l'Europe , font 13 8 Methode de Geograpluc. Ceux de Nordkin tk de Nord-Cap en Norvege; de Scagcn en Danemarck , de Finijlerre en Efpagne, de &u/jf Vincem en Portugal, & de Matapan dans la Moree. Montagnes. Ses Montagnes les plus remarquables, font les Monts Pyrenees, qui feparent la France de l'Elpagnc ; les A/pes 3 entre la France , l'Allemagne & l'Italie -y le Monr Apennin3 qui traverfe l'Italie , d'Occidenc en Orienty le Morit Krapack 3 entre la Pologne tk la Hongrie ; les Fel/ices 3Do~ phrines ou Daarofield, eiltre la Suede tk la Norvege \ les Kamcnoi-Payas, nom qui lignifie ceinture de pierre entre la Rullie d'Europe tk la Sibćrie s partie feptentrio-nale de 1'Afie. Le Monc Heclat dans 1'If-lande y le Gibe/ ou VEtna 3 dans la Sicile, Se le CKVKđ ou Vefuve 3 dans le Royaume de Naples, font des Volcans ou Montagnes qui jettent du feu. IJlhmes. r Ses principamt Ifthmes font ceux de Co~ rinthe dans la Moree , de Jut/and en Danemarck , tk d'Or ou Pr^ecop dans^| Cri-mee. Vi/ks. Ses plus confidćrables Villes, font Lon- L* Europe* 135 dres , en Anglercrre, Edimbourg 3 en Ecolfe , & Dublin , en Irlande ; Copen-hague en Dane marck , Berehen en N01-vege; Stockholm Sc GottcmbaurgenSuede; Alofcow, Petersbourg 3 Archangcl 3 Novo-grod-Vciiki j <.fv Rigđ j en Ruiliej Craco-1 ic , Varfovie 3 Se Da/u^ick en Pologne j Konigsbcrg en PruflTe j iWe ćv Prcsbouig en Hongrie ; Praguc en Boheme & ifoy-Am> en SiJćTie j Vicnne > Drefdc 3 Berlin > Ha/nbourg j Cologne j Ausl-ourg jNu:\, -terg Se Francjort en Allcmagne; 2fa/Zf & Zurich en Suifle ; A/ lla\c , Amjierdam Se Roterdam dans les Pays BasProtcltans, eti Provinces-Unies ; Briucelles > Ga/idj Sc sJnvcrsdans les Pays Bas Catholiqucs j Pariš j Lyon j Rouen j Bourdeaux j Tbtf-j j Straslcurg 3 Orleans Si. Mar-ftilie j en I rance; Madrid j Tolede j Sara-goa , Seville j Barcelone Se Cadix en Ef-pagne ; Lisbonne en Portugal j RomcjNa-ples j Vciife j G ene s j Milan , Elorenct-en Italic , & MeJJine en Sicile; Conjlan-tinople Se Andrinople j dans la Turquie en Europe. Golfcs. Ses plus fameux Golfes , font ccux de J'cnife , de Lepante j dČAthenes ou d7V> &: de Salanifc , dans la Mer Mćdi-teiranće. 140 Methodc de Geographte. Riviere s. Entre fes Ri vic res ou Fleuves, on re-marque le Volga j ou Rha des Anciens y qui partage la Rufiie en deux parties pref-que ćgales 3 Sc qui va fe dccharger dans la Mer Cafpienne en Afie; le Danube 3 qui prend fa fource en Allemagne , Sc va tomber dans la Mer Noire : le Dnieper autrefois Borijlhenc 3 qui fe perd aufh dans cette Mer j vient de la Rufiie, de meme que le Don , appelle Tcnais par les Anciens, quife decharge dans le Limen ou la Mer de Zabache. Le Rhin a fes fources dans le Pays des Grifons en Suif-fe ; Sc apres avoir fait vers la fin de fon cours plufieurs branehes fous des noms diflerens, il fe perd dans les fables a Cat-wick-Op-Zee , Village de Hollande , fur la Mer du Nord ou d Allemagne , pres de Leide. Uhlbe coule depuis la Boheme propre )ufqu a 1'Ocean Septentrional; la Vijtuk depuis la Silefie jufqua la Mer Baltique, apres avoir traverfe la Pologne > Sc \z.Dwina> dans la Ruilie Septentrionale, jufqua cette partie de la Mer Glaciale qu'on appelle Mer Blanche. La Tarnife en Angleterre , fe decharge dans la Mer du Nord. La Loirc , la Seine j Sc la Garonne en France , tombent dans TOccan Occidental. Le Rhone , qui a fon plus grani U Europe. 141 cours dans ce meme Rovaume, a fa four-ce en SuiiTe , Se fon embouchure dans Ia Mer Mćditerranee. Le Poenltalie, fe perd dans le Golfe de Venife. Le J age Se le Douro coulenc de 1'Efpagne en l'Ocćan Occidental, traverfant le Portugal ; mais VEbre 3 aulli en Efpagne, va tombcr dans la Mer Mćditerranee. Lacs. Les principam Lacs de l'Europe , font ceux de Ladoga , Se & Onega dans la Rut-fie ou Mofcovie \ le Lac de Geneve entre la SuifTe & laSavoie; le Lac de Conjlan-ce en Allemagne \ le Lac de Ziirlch dans la SuiiTe ; le Lac Majeur Se celui de Co/rce en Italie, fans compter beaucoup d'autres cjLii font principalement en Suede. Detroits. Les plus fameux Dćtroits de l'Europe, font celui du Sund, entre le Danemarck & la Suede ; le P^j la pofTedenc encore aujonrd'hui. Scs bornes. Son ćtcndue. L'Angleterre a 1'EcoiTe au Septentrion , la Mer du Nord ou d'AIlemagne a. l'O-rient, la Manche ou la Mer Britannicuie au Midi, le Canal de Saint-Georges Sc la Mer d'Irlande aTOccident. Le Pas de Calais ou le Detroit de Douvres, comme fappcllent les Anglois , la fepare de la France a u Sud-Eft, fk a un peu plus de fept lieues de large. . L'Angleterre a environ 1 30 milles de longueur , depuis la Vilic de Berwickdans le Comte de Northumberland, a 1'Orienc de la fronticre d'Ecoffe , jufqu a 1'Ifle de Wight, au Midi de l'Angleterre. Sa plus grande. largeur eft de 280 milles depuis FlfleThanet, a 1'embouchure dela Ta-mife 6c vers 1'Orient, jufqu\m Cap de Comouaille , appellć Lariđš-End , a fOo cident. Mais dans les contrecs lepccnrrio- G iv 152. Metkode de Gćographie. nales , elle na pas plus defoixante milles de largeur. Sa aual'ue. L'air en general y eft afTez doux \ mais groftier , plus humide que troid. L'Hiver y eft fujet aux pluies &; aux brouillatds, & le temps y eft fort variable : cequi vient de la fituation de l'Angkterre, qui etanc environnee de la Mer de prefque tous les cotes , ne fauroit jouir d'un air aufll pur que les Conrinens. Cependant on ne laifte pas d'y vivre aufli long-temps qu'enaucun aurre endroit de l'Europe. A peine en ce Royaume palfe-t-on pour vieux a. l'age de fo.ixante-dix ans; 5c Ton trouve beaucoup de perfonnes qui vivent quatre-vingt-dix ans & meme plus. On precend que cette groftieretć de I air procure beaucoup davantages: le Pays y jouit d'une agrćable verdure ; les patura-ges y font meilleurs Sc en plusgrand nom-bre qu'autrepart; les ehaleurs de L'Ete y font moins ardentes, 5c le froidde THi-ver beaucoup moins rigoureux. II eft cependant vrai que les brouillards qut re-gnent en H iver , y font mal fains 5c tres-incommodes , parče quon y eft des mois entiers fans voir Ie Soleil. On rapporte , a ce lajet, cju'un AmbalTadeur d'Efpagne , n'ayant point vu le Soleil pendant un mois de rćlidence qu'il lic a la Cour d'Angle- VAngktcrre. 15 j terre, pria les Gentilshommes du Roi qui I 'accompagnoient a fon depart, de pre-fenter fes tres-humbles refpcćfcs a Sa Ma-' jefte, & au Soleil la premiere fois qu'ils auroient le bonheur de le voir. Le Terroir v eil abondanc engrains , en fruits , en gibier , en betail: la Mer & les Rivieres »lont trčs-poilTonneufes. II ne cron point de vin en Angleterre; mais en recompenfe on y fait de la biere 5c du cidre qui font tres-eltimćs. On peuc dire murne qu'on y bok de rrćs-bons vins, qui s'y tranfportent des Pays Etrangers; car II n'y a rien de cher pour la bouclie des Anglois. On n'y voic point de loups , de-puis la chalfe generale j qui les rit tem pćrir ; & depuis qu'on a mis des Gardes fur lesfrontieres d'EcoiTe, pour empeclier qu'il n'en viennede cetote-Li. L'Angleterre n'eft pas feulement fertile en la plupart des chofes neceiTaires a la vie 7 elle elt eneore fort riche par le grand Commerce , qu'elle fait de fesdenrees 6V de fes Manufactures. Les principales chofes qu'on en tire , font de Petam , du plomb , des cuirs, du charbjon de terre , du beurre 5 du fromage , des tafTetas , des bas d'ellames , & quantitć de tres-beaux draps, qifon envoye en Allemagne, en Pologne, en Rullie ,-enTurquie ; mais fur-tout enPerfe , ou il sen fait un trčs-granddebit.Les Anglois font lesplusrufifs G v 154 Methode de Geographle. 5c les plus habiles Commercans , qu'il y ait en Europe. Ils ont enleve aux Hollan-'rloisune grande partie dc leur.Commerce, par la precaution qu'ils ont eue de payer un gros interet de l'argent que Ton place fur leur Banque a l'Echiquier. Ce qui a engage tous les Chefs des Etats-Genćraux d'y en-voyer tous leurs fonds , qu'ilf ne peu-vent plus retirer aujourd'hui. Et c'elt me-me ce qui fait la bafe de F union de ces deux Etats , ou plutot, qui afTervit les Hollandois aux volontes de 1'Angleterre. Son Commerce de PAmente avec les In-des Occidentales dEfpagne , & celui de Portugal , font les plus utiles pour tout le Rovaume. Les VaiiTeaux Anglois vont meme jufque dans le Port & les Canaux d'Amlterdam , pour les freter & tranf-porter les marchandifes de Hollande dans les autres Etats. L'Angleterre ne manque pas de bois. II eft vrai que les Forets h'y fottt pas aulTi etendues qu'en France & qu'en Allemagne ; mais on a foindeles conferver ,pour diverfifier les points de vue , &; pour le plaifir de la elialtd. La Foret de la Provin-te de Hant prarut fi belle a Guillaurhe le Conqueranc , que pout Fagrandir, il fit demolir plulieurs Villes 8c Villages, avec 56 Egltfes Paroifliales. Mais la Divinite Ue lailTa pas ce facrilege impuni: car deux de fes fils \ favoir, Richard & Guillaume, V An gle tari. S<< Se Robert fon petit-fils, perdirent la vie d'une maniere ctranoe dans cette nićme Forct, qui n'a pas plus de 50 mil les de tour. Les Parcs y font remplis de daims , cv d'autres betes fauves , Se les Garennes abondent en lapins. La laine y eft ii belle Se fi fine , qu'on ne fauroit faire de beaux draps fans en meler du moinsun tiers , Se fbuvent on en fait des etoffes , qui appro-chent fcrtde la beaute de la foye. Outre toiis ces avantages, F Angleterre a eneore des bains Se des eaux minerales rres-faluraires. Les plus confidćrables font celles de Bath , dans le Comte de Som-merlet; de Barnet, dans le Comte dc Harford \ d'Epfom , dans le Comte dc Surrey ; Se de Tundbrige , dans le Comtć de Rent. Le chauffage fe fait en Angleter-re ipoins avec du bois, qu'avec du char-bon de terre, dont la chaleur efl: trčs-forte, Se dure tres-long-temps ; mais cependant on en eft trčs-incommode par les vapeurs Bhofres qu'il rćpand dans toute la Ville dc Londres Se dans la plupart des autres. L'Angleterre a des chevaux excellens, če meme trčs-fins , pour toute forte d'u-fage. i Ses Klvicres. ■ Les principales, font la Tamlfe ( ou Tkan u j , ) le Med\vay , la Savcmc , 156 ' Methode de Geographie. \Humber j avec la Trente & YYoure.- en-fin VOufe. La Tamife a fa fource fous le nom dTfe, dans la Province de Glocefter , a 1'Occi-dent de 1'Angleterre, & elle ne prend ce-lui de Tamife , qu'apres avoir recu le Tam a Dorcefter, un peu au-dellous d'Ox-ford , d'ou elle defcend a Londres , & va de-la fe decharger dans la Mer du Nord • ou d'Allemagne. Gette Riviere eft large & profonde ; la Maree y monte aiTezdou-cement jufques a Kingfton, vingt milles au-delTus de Londres : elle porte les grands Vaifteaux jufques a Londres. Com-me la Tamife facilite le Commerce ma-ritime de Londres , les Anglois ont raifon de dire que cette Riviere porte plus de ri-chelTes en 15 lieues, qu'elle a depuis fon embouchiire jufqu'au Pont de Londres, que les quatre ptus grands Heuves de fTu-rope dans toute leur etendue. Le Medway 3 autre Riviere de la Province de Kent, pade par Maidftone, Ro-c chefter & Chatham , & fe jette dans la Tamife, alTez pres de fon embouchure. Comme cette Riviere eft profonde , on s'en fert pour mettre en fiirete , pendant 1'Hiver, les grands vaifteaux de guerre, qai ont leur retraite a Chatham. La Saverne prend fa fource dans la Province de Montgomeri, pafte a Shro-wesbury } a Worcefter &: a Glocefter > L'Angleterrc. 157 d'ou elle fe rend dans le Canal de Saint-Georges , ou de Briftol. ISHumber eft moins> ime Riviere qu'un bras de la Mer d'Allemagne , dans lequel fe jettent plufieurs Rivieresj favoir , la Trente 3 le Derwent, \Are & IToure. Le fameux Pore de Huli elt a l'embouchure de l'Humber. La Trente. 3 qui a fa fource dans le Comte de Staffort, pres deNeu-caftle, divife l'Angleterre en partie Sep-tentrionale , tk en Meridionale. Ujtre ck VToure ont leurs fources dans le Nord de la Province dTorck, tk fe jettent auiii dans \Humber. UOufe, qui prend fa fource au-defTus de Buchingam , tombe dans le Golfe de Bofton , qui fait partie de la Mer d'Allemagne. Quelques autres Rivieres moins confiderables, facilitentle Commerce de ce Royaume. Mais pour l'utilite, rien n'efi: comparable a la Mer , qui environ-ne la Grande-Bretagne de toutes parts. Elle y forme des Golfes, qui portent l'a-vaneage de la Navigation tres-avant dans les terres. f Forces de l'Angleterre. En temps de paix, ce Royaume n'en-tretient pas plus de vingt-quatre mille hommes de troupes reglees ; il y a aulli une Milice divifće par Compagnies, qui 15 8 Methode de Geograpkie. eft repandue" dans les difterentes Provin-ces } mais en temps de guerre le Roi Sc le Parlement augtnentent les troupes felon le befoin. Si les forces de 1'Etat fur Terre font peu confiderables, celles de Mer le font beaucoup plus. II peut rriettre en mer une Flotte de deux cens Voiles, dans laquelle il entre fept Vai(Teaux du premier rang j treize du fecond j quarante Sc un du troi-fleme^ foixante-trois du quatrieme \ qua-rante-trois du cinquieme Sc trente-trois du fixieme.Mais que cenombre netonnepasj les VaifTeaux du cinquieme Sc fixieme rang ne font pas proprement des Vaif-feaux de Ligne. Ainli ces derniers fe peu-ventreduirea 124 Vailfeaux de guerre. Cette Flotte fe divife ordinairement en trois Efcadres; la premiere eft la rougej la feconde eft la blanche j Sc la troifieme la bleue. Chacune de ces Efcadres a fon Amiral, fon Vice-Amiral, fon Contre-Amiral, Sc les autres Officiers ncceiTai-res pour le commandemenc • mais il sen faut beaucoup que leurs Vaifteaira foient aufti garnis de Soldats que les VaifTeaux Francois. Les equipages font en metne temps Sc Matelots Sc Soldats. lis ont l'a-vantage d'etre bons canoniers, mais ils craignent terriblement Fabordage , dans lequel les Francois les furpalfent. U Anglettire. j 5 9 Son Gouverncment. Le Gouvernement d'Angleterre eft Xiixcc, c'eft-a-dire , Monarchicjuc & Arif to-Democratique tout enfe mble. Sa Mo-narchie paroic dans le Roi, qui eft Sou-verain , en ce qu'il a feul le pouvoir de faire la paix , ou la guerre , de conclure des Traitćs d'alliance , & de recevoir ou d'envoyer des Ambafladeurs. Quoique Tautoritć royale foit limiree , le Roi difpofe de rous les Gouvernemens generali & particuliers } il nomme tous les Ofhciers militaires, tant de terre que de mer , &: fuccede a ceux qui meurenr lans heritiers : feul il convoque , proroge & cafTe le Parlemenr : la Juftice s'exerce en fon nom ; feul il aceorde grace aux Cri-minels , confere toutes les grandes ehar-ges , 6V fair les Pairs du Parlemenr. Il eft le Chef de l'Egiife Anglicane j & en certe qualite , il nomme a rous les Ar-chevechćs & Evcchćs de fon Royaume. II confere aufli quelques aurres grands Bćne-fices. Mais dčs qu,il s'agir de faire de nouvelles Loix , ou d'impofer de nou-veaux Tributs, alors l'atitoritć d u Roi eft bornee ; il faut qu'il s'adrefte au Parlemenr , qui lui aceorde ou lui refufe fa de-mande , fuivanc les befoins ou la necenite. L'Arifto - Dćmocratic du Gouverne-' 1^6 Methode de Geographle. ment , confifte dans le Parlement du Royaume. Ce Parlement eft compofe de deux Chambres, dont la premiere s'ap-pelle la Ckambre-Haute > ou la Chambre des Pairs , ou des Seigneurs : elle eft au-jourd'hui compofee des Princes du Sang, des Archeveques , Eveques , 8c autres Pairs des Royaumes d'Angleterre & d'E-coffe, ce qui forme i S 6 Membres de cette Chambre j car PEcolTe n'a pius le titre particulier de Royaume , mais feulement de Province aftervie par 1'Angleterre en 1707. Sur quoi Ton verra apres 1'article de l'Ecofte, ce qui regarde l'Edit d'Union. La fecondeChambre duParlement fe nomme la Chambre-Bajje ou des Commu-nes , parce qu'elle reprefente le Peuple. Elle eft compofee des Deputes de chaque Comte ,"des Villes , Ports &c Bourgs qui ont droit d'y en envoyer; &c cette Chambre forme un corps de 558 perfonnes, qui fe reduifent ordinairement a quatre eens, a caufe des maladies dc des abfen-ces indifpenfables. Cette Chambre n'a paru diftinguee pour la premiere fois de la Chambre-Haute , que 1'an 1160. La Chambre-Haute eft le premier Tri-bunal de Juftice du Royaume, qui juge en dernier reftort des appellations de tous les autres Tnbunaux , metne, de la Chan- -cellerie. Ceft pourquoi le Chancelier L'Angletcrre. 161 prćTide a cette Chambre. Elle eft la Cour des Pairs j decide leurs dilfcrends 8c leurs proces j receut les aceufations que Ton forme contre eux , 8c rend les Jugemens derinitifs. La Chambre-Bajjc eft comme le Tribunal de rinquifition du Royaume. Elle examine la conduite des Particuliers, 8c meme des perfonnes publiques , fans egard, ni a leur nailfance , ni a leur dignite. Elle fait arreter ceux qui font pre-venus de crimes , quand ils ne font point Pairs du Royaume, c'eft-a-dire, Membres de la Chambre-Haute. Sa plus grande prerogative eft d'etre la maitrefte 8c la diftributrice des denicrs publics , 8c de pouvoir feule aceorder ou refufer au Roi les Siibfides qu 'il demande. Le Rovaume d'Angleterre eft herćdi-taire, 8c les filles y fuccedent au defaut des males; c'eft ce qui fait que la Cou-ronne a pafte en pluneurs Maifons etran-geres. Les fils ainćs des Rois font des leur naiflance Princes de Galles , Ducs de Cornouaille, 8c Comtes de Chefter. Ils Fortent la premiere de ces qualitćs depuis an 1183 , que le Roi Edouard la fit prendre a fon fils aine , qui lui fucceda au Royaume, fous lenom d'Edouard II. Les ritres de Duc de Cornouaille 8c de Com-te de Chefter, furent ajoutes ;i celui de Prince de Galles par Edouard III, en 1363. Le premier Roi d'Angleterre a-ete Eg- i6l Methode de Geogmrhk. bere, qui l'an 801 de Jefus-Chrift, entre-prit d'unir en une feule Monarchie les fept Rovanmes , que les Saxons y avoicnt etablis. Depuis Egbert jufqua Georges III, qui a commcnce a rćgner en 1760 , il y a eu 54 Rois. Du Commerce d'Ang/cterre, tant au-dedans quau dehors. Le Commerce d'AngJererre eft de deux fortes j Tun au-dedans de 1'Etat j & 1'autre avec VEtranger. Le premier fe fait par terre, il employć dans les ManufaćtL?res , a* la ville & a la campagne r Londres en four-mille , 8c il y a plulieurs autres Villes pleines de plulieurs forres de Fabriques. La diflerence qu'il y a entre le commerce du dedans, 8c celili du dehors, confiife en ce que le premier fait circuler l'argenp, au heu que le fecond fe fait 3 foit par echange , foit par 1'argfcnt que les Anglois tirent du Portugal, 8c de leur commerce dans les Indes Efpagnoles. Si le commerce domeftique eft li confi-dćrable, 8c d'un fi grand avantage au peu-ple , on doit juger que celui des Pays . etrangera ie furpaiTe de beaucoup. 1^4 Methode de Geographie. Ce n'cft pas que 1'Angleterre ne puifle abfolument fublifter fans cela. Car elle ne manque de rien , produifant abondam-ment toutes les chofes neceffaires a la vie, & elle pourroit fe paffer du fecours des Pavs etrangers. Ce qu'on ne peut pas dire de la Hollande , fa rivale dans le commerce. Mais comme le commerce etranger fert a emplover toutes fortes d'Ouvriers, pour donner du travail aux pauvres, &: pour augmenter des Fabri-ques utiles, aulli eft-ce un moyen tres-efHcace pour enrichir la Nation , fortifier FEtat , & le faire refpećfer des autres PuifTances. Ceft pourquoi 1'Angleterre trafique dans toutes les parties du monde ou il y a du commerce j & il n'y a point de Nation qui falTe une li grande confom-mation au-dehors de fes propres mar-chan' ifes. Ceft ce qui augmente le nombre de fes Navires ck de fes Matelots , en-richit le peuple, 8z lui procure tout ce que 1'Univers peut fournir pour fatisfaire 1'imagination , ou contenter Fappetit. En un mot, c'eft par le commerce etfanger , que 1'Angleterre eft devenue. le fupport de fes amis s & la terreur de fes enne-mis. Par la navigation , elle fait de POcean un pont de communication avec les par-ries du monde les plus eloignees y Sc au lieu que le commerce des Hollandois L 'Angle terre. 165 confifte principalement dans le tranfporc des marchandifes etrangeres d'un Pays a un autre , celui d'Angleterre n'eft oceupe qua tranfporter les Tiennes propres dans les quatre parties du Monde. Les principales marchandifes d'Angleterre , font la laine , dont il fe fait une cuantite prodigieufe de draps tk d'etof-fes , jufqu'a la fomme de deux millions fterlin par an. Son etain , plomb , cuivre, charbon de terre , canons, bonfbes , car-calfes, &c. pour un million. Outre cela, elle tranfporte quantite de ble, de harangs fores ., de fardines fumees , de faumon peche fur fes cotes , de cuir tk de faffran. Plulieurs de fes Manufaćtures font auili fort recherchees , particulierement fes fa-fins , damas , velours , plufieurs menus ouvrages , tk toutes fortes d'inftrumens de Mathćmatiques , dont on tranfporte une grande quantite dans les Pays ćtran-c^ers. Ontre la grande confommation que fait rAngleterre des productions des vaf-tes Pays , qu'elle poftede dans le Nouveau Monde , particulierement du fucre , de lindigo , du tabac , orc elle tire d'Efpa-gne pour plus de demi million fterlin d'autres marchandifes , qu'elle envoye dans les autres parties de l'Europe. Sa pcehe en Terre-Neuve, tk fon Commerce avec Tlrlande , lui font auili fort avauta- 166 Methode de Geographle. geux. Je dis avec PIrlande 5 en rranfpor-* rant la laine , le bceuf, les peaux , le.fuif, le beurue , & le poiiloii de ce Pays-la. Noiis avons cleja remarque qne la Hol-lande a de Pavantage fur 1'Angleterre , A legard du tranfport des marchandifes. Mais la Hollande n ctant qu'un Pavsplein d'eau , fes Marchands trouvent peu de terres a acheter , pour ailurer leur lortune, apres qu'ils fe font enrichis par le Commerce. Au lieu que 1'Angleterre etant un Pays fpacieux , beau , & fertile , fes Mar-charfds ont alfez d'occalions d'acheter des biens en fonds de terres , pour eux Sc leurs heritiers , dans lefquels ils fe retirent, pour y jouir des fruits de leur induftrie , quand ils ont quitte le negoce. Le Commerce de 1'Angleterre dans les Pays Etrangers, eft menage , principalement a Londres, par plufieurs Compagriies, ou focietes de Marchands , a qui PAuto-rite royale a donne pouvoir de faire de temps en temps les reglemens neceftaires, pour avancer leur trafic refpećtif. Ces Compagnies employent les pauvres , 8c font ufage d'une infinite de grands Na-vires, fabriques dans le Pays , & fontagir •če fub/ifter un tres-grand nombre de Matelots. II n'y a que le Commerce d'Amć-rique , qui fe fait fans Compagnie , hor-mis celui de la Baye de Hudfon qui en a une. L 'A ngle terre. 16y Les principales Compagnies font celles des Indes Orientales, 1 ancienne , & la nouvelle , qui ont ete unies enfemble , tk dont le capital eft d un million tk demi de livres fterlin. Leur Commerce setend depuis la Perfe jufqu'a. la Chine. Ils ont deux Comptoirs dans la Perfe , Pun a Ifpahan , tk Pautre a Gomrom ouBander-Abafti. Ils en ont plufieurs dans les Indes, particulierement au fort Saint-Georges, au Fort David , aux Forcs d'Yorck tk d'A-chem , dan« Flfle de Sumatra , a Calicut, Surate , tk Pettipolee, fur la cote de Co-romandel, a Rajama en Malabar, &c dans rifte de Bombay , tke. aufli-bien que dans la Chine , a Amoy , Canton , tk Tunquin. La Compagnie du Levant 3 ou de Tur-quie, fur etablie par la fameufe Reine Elifabeth , tk fes Privileges ont etc aug-mentes par fon fuccelTeur Jacque 1. La Compasnic des Marchands Avantu-riers eft la plus ancienne de toutes. Elle rut etablie premierement par Edouard I, il y a pres de quarre cens ans , pour tranfpor-ter la laine hors du Royaume. Mais elle tranfporte aujourd'hui les draps tout faits. La Compagnie de RuJJie * ou de Mof-covie, fut etablie fous le regne d'E-douard VI, a 1'occalion de la dćcouverte d'Arcangel, faite par les Anglois dans 1'Ocean Septentrional, que Ton croyoit autrefois impraticjuable: dćcouverte qui a 168 Methode de Geographie. fait beaucoup de tort a Narva fur la Mer Baltique, dont le Commerce a ete tranfporte a Arcangel, au grand avantage du Czar , tk de fes Etats. C'eft pourquoi Jean Bafilowitz , qui regnoit alors en Ruflie , accordade grands privileges a cette Com-pagnie , qui la rirent profperer en peu d'annees y mais le Czar Alexis Michaelo-witz , etant mecontent de la Compagnie, abolit fes privileges , tk mit les Anglois, quant aux droits d'entree tk de fortie , fur le meme pied que les autres Nations. La Compagnie , qu'on appelle Eafiland Company y fait fon Commerce fur la Mer Baltique en Danemarck , en Sućde tk en Pologne. La Compagnie rovale cXAfrique fut etablie par Charles II., qui lui donna plein pouvoir de trafiquer fur toute la C6te oc-cidentale d'Afrique, depuis Sale en Bar-harie , jufqu'au Cap de Bonne-Efperance , defendant a tous fes autres fujets de fe meler de ce Commerce. Cette Compagnie a bati, a. fes propres frais , plufieurs Forrs fur cette Cote, pour la fiirete de fon Commerce j favoir , le Forr de Saint-Jac-ques fur la riviere de Gair^bie , Sherbo-rough dans 1'lfle d'Yorck, Sierra-Leona dans Flfle de Bence , Fort-Royal , tke. II faut eneore faire mention de la Compagnie de Groenland , pour la peche de la Baleine; tk de la Compagnie pour la peche du L'Angleterre. 16} du Hareng , ćtablie depuis pen d annees. Pour montrer les avanrages que la Gran-de-Bretagne tire de fon Commerce, on compte, que ce qui eft apporte en An-gleterre, feuiementpar la Compagnie des Indes Orientales, comme poivre , falpc-tre, toiles de coton , drogues , diamaits , perles , cVc. aprčs en avoir pris ce qa'il faut pour l'ufage de la Nation, fe monte i cinq cens mille livres fterlin par an. Ec ce qui eft apporte des Colonies Angloife? d'Amerique, en fucre, indigo, tabac, noir decoco , &cc. outre le poillon , les mats, le caftor , &c. des parties feprentrionales de ce Continent, monte a quatre cens mille livres fterlin par an. Je ne parle point ici du Commerce de l'Aftiente , qui fut aceorde par le Traite d'Utrecht aux Anglois , pour tranfporter les Negres aux Indes Eipagnoles. Comme ce Commerce ćtoit peu avantageux dans fon principe, on confentit que les Anglois pourroient envoyer dans ces memes Indes un VaifTeau eharge des marchandifes d'Angleterre & d'Europe , pour les debiter; Sc il eft notoire, que de la ma-niere dont s*y prenoient les Anglois, ce feul VaifTeau leur rapportoit plus de vingt millions de livres de benefice, mais a for-ce d'argenr , ils ont eu l'adrelfe d'obtenir un fecond Vailfeau par le Traite de Se-ville; ce qui a perdu non-feu!ement le Tome IL li 170 Me tko de de Ge'ographie. Commerce des autres Nations dans TA-merique Efpagnole , mais encore celui de l'Efpagne mćme. On fera peut-etre etonnć d'apprendre qu'un feul VailTeau puilfe rap-porter un fi grand avantage j mais voki ce que faifoit le Capitaine de ce VaifTeau , pour tromper les Gardes-cotes Efpagnoles. Ce VaifTeau, qu'on appelloit Vaijj'cau de PermiJJion y reftoit toujours chaige a une aflez grande diftance du continenr, tk il faifoit tranfporter nuitamment & furtive-ment, fes marchandifes dans de petites barques. Le grand VailTeau abordoit tres-rarement ; mais fe remplilToit de marchandifes , que le Capitaine tiroit de la Jamaicpie , qui eft aux Anglois \ ainfi le magafin etoit a. la Jamai'que, tk le VailTeau de Permiftion etoit un magafin ambulant, qui fe remplilToit tk fe dechargeoit con-tinuellement. Le fecond VailTeau , qui leur avoit ćte aceorde faifoit de raerae. Mais la Couronne d'Efpagne s'applique X remedier aujourd'hui a cet abus. Monnoyes de la Grande-Brctagne. La Monnove de la Grande-Bretagne eft de deux fortes, l'une d'or , tk 1'autre d'ar-gent. La premiere confifte en Guinees , Se demi-Guinees. Les Guinees palTent pour vingt-un Chelins fix fols, tk les demi-Gui- L'Angletćrrc. 171 nees a proportion. On les appelle Glu-nees, d'un Pays de ce nom en Afrique , d'ou vint la plus grande partie de l'or , done fe rit d'abord cette Monnoye. Mais outre les Guinees, on trouve deux fortes d'efpece d'or ancien , dontl'uns'ap-pelle Broad-Piece y ou P lece large > 8c l'autre Jacobus. Le premier pafle pour vingt-trois Chelins fix fols, 8c l'autre pour deux Chelins de plus. L'un 8c l'autre font d'un trčs-bon or, fabrique fous le regne du Roi Jacques I. Mais c'eft de l'or mignon, que les curieux gardent foigneufement, 8c qui ne circule pas. II y a eneore d'autres efpeces d'or plus anciennes 8c plus recher-chees , qui circulent eneore moins dans le Commerce. Quelques curieux croient que ces anciennes pieces font d'un or philofo-phique , ou de Chymie. La Monnoye d argent, qui a cours a prefent dans la Grande-Bretagne, eft du meilleur argent, qu'on appelle fterlin. II y en a eu autrefois un plus grand nombre d'efpeces: ellcs font aujourd'hui rćdui-tes a quatre : favoir , l'ecu , le demi-ecu , le chelin , 8c le lix fols. L'ecu eft de foi-xante fols, le demi-ecu de trente , 8c le chelin de douze fols. Il eft vrai, qu'il y a quantitć de far-things, 8c de demi-fols de cuivre j mais on u'eft pas oblige de les prendre en payement. Ce que l'on appelle un Noble , eft fix U ij X 71 Methode de Geographic. Chelins huit fols j un Mark treize Chelins quatre fols -y un Angel dix Chelins j mais on en voit raremcnt en efpece. On compte en Angleterre fix millions fterlin en or monnove , & dix millions en argent, en tout feize miilions. Le premier eft a/Tez probable , fi 1'on confidere cette grande circulation de guinees, qui fe fit dans le temps que 1'on reformoit la monnove d'argent. Alors laGuinćepaftbitpour trente Chelins , dont la valeur reelle n'eft que de vingt. Ce qui fit un grand effet dans le Commerce , l'or fupplćant au dćfautde l'argent. Les Debiteurs qui avoient de 1'or, payoient avec plaifir, avant que les Guinees baiiTaftenr. Ils y rrouvoient un auffi grand avantage, que s'ils avoient compo-lć avec leurs Crćanciers. U eft urile de connoitre ce qui fait le fonds de 1'Angleterre. Un Auteur de la Nation , que je fuis en cette partie , mar« que done , qu'en 1707 1'Angleterre avoit feize millions de livres fterlin en efpeces d'or 6c d'argent, ce qui fait, de valeur erfećbive , tout au plus 100 millions. Je fuppofe que depuis la Paix d'Utrecht , le Commerce d'Angleterre, ćtant confidera-blement augmente , il y fera eneore entre 100 millions de meme valeur; ainfi le fonds rćel Sc erTećtif ne va point a plus de trois cens millions : ce qui ne fuirit pa? Dour foutenir un Commerce aufli ćtendu VAnolcurrc. i?J & auftt vif que celui de la Grande-Breta-gne. Mais on a fupplee a 1'efpece par Pa-vantage du credit de F Etar. Les perfonnes qui connoiflent le mieux ce Rovaume , alfurent, que les billecs de la Banque,& autres, qui fbrmentleCrćditde la Nation, niontent a vingt-deux fois plus qu'il n'y a d'efpece cffećhve ; ce qui, jointau fonds reel d'or & d'argent, fait un capical de fept milliards au moins , qui fontquatorze milliards fur le pied ou Pargent le trouve aujourd'hui en France. Un fonds aufli confiderable , tant reel qu'imaginaire , fe trouvantemployć dans le Commerce, foit par les Compagnies que 1'Etac autorife , foit par Finduftrie des particuliers , doir donner un produit immenfe. Mais un ar-rangement de cette nature ne peut fe faire que dans un Gouvernement tel que celui de 1'Angleterrc, &c de la HoMande. Le Bureau ou fe fabriquela monnoye, eft a la Tour de Londres. Mais lorfqu'a-pres la Paix de Rifwick , en 1697 , on la reforma , il fallut eriger cinq autres Bu-reaux en divcrs endroits de rAngleccrre. On les etablira Briftol, Chefter, Excefter, Norv/ich tk Yorck , tant pour expedier promptement la reforme , que pour la commoditedu Public tk du Peuple de la Campagne , qui n'avoit qu'a porter les vieilles efpeces au plus prochain Bnre.ut. Ce qui donnalieu a cette reforme gcno- 174 Mćthodc de Geographie. rale de la monnove d'argent, fut, qrrć quantite de gens fe meloient de la rogner , quoique ce foit im crime de leze-majefte , & que plulieurs de ces Rogneurs eulTent ete executes. D'ailleurs, le metier de Faux-Monnoyeur , quoique criminel tk dange-reux , etoit fi fort en vogue , que FAngle-terre fe trouva fort embarrailee dans le temps d'une guerre onereufe avec la France. Mais elle fe tira de ce mauvais pas, tk fut bientot pourvue de nouvelle monnoye, la plus belle qui foit en Europe. La pertc meme , qui fe fit alors , rut fupportće en-tieremenrpar le Gouvernement. Privileges de la Noblejje. Pour foutenir l'honneur des familles , le titre tk les biens en terres vont a Faine, tk les biens meubles aux cadets. On eleve communement ceux-ci a quelque profef-iion honnete , & on lailTe a leurs fceurs, s'il y en a qui ne foient pas mariees, de qnoi fe marier, fuivant leur qualite, &c les biens de la famille. Autrefois les Maifons des Nobles Anglois , ćtoient tout autant de Cours bien reglees; leurs Domcftiques etoient heu-reux , ayant affaire a des Seigneurs bien-faifans, genereux , tk magniiiques, qui vivoient avec eclat, tk avec honneur. Leurs manieres nobles leur atdroicnt le UAngktcrre, 17 f tefpećt de tout le monde. Il y en a pen au-jourd'hui, qui fuivent ces traces de leurs Ancetres } mais il feroit a fouhaiter que le nombre en fut plus grand. La gloire de la Nation y eft intćreilee. Entre les Privileges de la Grande-No-blefte, ceux-ci font les principaux. i°. Qu'onne fauroit arreter un Noble pour dettes , parce que les Loix de 1'Etat le confiderent comme Confeiller heredi-taire du Roi. Mais on peut fe faiiir de fes biens par la voie de la Juftice. 20. Qu'en fait de crime, un Noble ne peut etre juge que par fes Pairs, qui fonc les Pairs du Royaume. 30. Que pour mettre a couvert fhon-neur des Pairs, & des Grands Officiers de 1'Etat, & empecher qu'on ne terniiTe leur reputation par de faux rapports, il v a une Loi expreiTe en leur faveur , qui porte le titre de Scandalum Magnatum 3 par laquelle rout homme convaincu dans une Cour de Juftice , d'avoir blcfle 1'hon-neur &c la reputation d'un Noble , eft con-damne a une amende arbitraire , & a de-meurer en prifon jufqua ce qu'elle foit payee. . Comme les Laies font divifćs cn trois Ordres diffćrens en Anglererre ; favoir, la Grande-Noblefte , la Petite-Noblclfe , de le commun du peuple j il y a auili trois Ordres d'Eccleiiaftiques ; favoir , H iv Methode dt Geographie. les Evcques , ceux qui polTcdent d autreft dignitćs dans l'Eglife, &c le Clergc" infe-rieur. On compte en Angleterre, tk dans le Pays de Galles , vingt-fept Diocčfes, tk par confćquent un pareil nombre d'Eve- qui compo-foient les Royaumes d'Eftangles tk d'Ef-fex : 4. en Provinces du Sud, ou anciens Royaumes de Kent, de Su(Tex , de Weft> fex , tk 5. en Provinces de VOueft 3 ou Principaute de Galles. §. 11. Angleterre Septentrionale 3ou Provinces du Nor d. L'Angleterre Septentrionale comprend fix Comtes; favoir, 1. de Northumber-land , 2. de Cumberland , 3. de Weft> morland , 4. de Durham , 5. dTorck , 6. de Lancaftrc, aufquels on joint 1'Ifle de Man , qui eft a 1'Oueft, dans la Mer d'lrlande. I. Le Northumberland. Cette Province , qui fe trouve pres des frontieres de 1'EcofTe , eft la plus fepten-rrionale de l'Angleterre. Elle a en autre-fois le titre de Rovaume} tk c'eft aujour-d'hui un Ducbe , mais moins ćtendu. Elle eft peu f.rtile} mais tres-abondante en Charbon de terre, dont le produit Ten- L'Angleterre. 185: richit beaucoup. On y rrouve aufli du plomb. Le Northumberland envoie Kuk Dcputes au Parlemenr. Ses lieui princi-paux font, Newcajue> capitale , Berxick, Learmouth j VTcuer3 liotburi, Atnwick r Morpeth , Fimouth > Relief don Billin-ghanij Beit'mgha/n3 Hexham &£ Haltvjijle, avec les Ifles de Cocket, Farne &z IJoli. Nevtcafile fur la Tine, a feize Degres ou environ de longitude , & a cinquante-cinq de laritude , eft a fept milles de la Mer d'Allemagne. Elle eft riche , & la Ville la plus marchande du Royaume en Charbon de terre , que 1'on tranfporte a. Londres , & en pluheurs autres lieux. Elle eft batie a mi-cote , avec un quai fur la Riviere , pour la commodite des Vaif-feaux. Elle jouit de grands Privileges , qu'elle a recus de la Reine Elifabeth. On voit eneore , prćs de cette Ville , &z au-dela , les reftes du mur que l'Empereur Adrien fit barir , pour empecher les cour-fes des Pićtes ćk des EcofTois. Ce mur commen^oit a la Mer , pres de l'embou-clmre de la Tine , traverfoit le Nortlnim-berland de l'Eft a l'Oueft, & alloit fe terminer a la Mer d'Irlande , aiTez pres de Carlifle, dans le Cumberland. Ferwick j a 75 milles , ou zo lieues au Nord de Newcaftle, eft a l'embouchure de la T\vede en la Mer du Nord; elle ćtoir autrcfois de la Province de Marche en 184 Me t kode de Geographle. Ecoffe. Ceft une aftez bonne Ville, com-mercante , ck 1'une des^plus fortes places d'Angleterre , fituee fur une hauteur qui avance dans la mer, ćk arrofee au Midi par la Riviere. Elle a ete fujette a beaucoup de revolutions , ayant ćtć prife & repriie plufieurs fois dans les guerres d'Angleterre ćk d'Ecolfe \ mais le Roi Edouard IV l'ayant enlevee aux Ecolfois vers la fin du treizieme liecle , 1'unit au Royaume d'Angleterre , qui depuis ce temps-la en a toujours joui. Elle a donne titre de Duc a Jacques Fitz-James , fils naturel de Jacqiies II, Roi de la Grande-Bretagne. II fut Duc de, Benvick , Duc de IFitz-James, pres de Clermont en Beau-voifis , ćk Marechal de France , ćk a ćte tuć au fićge de Philifbourg en 1734. Morpeth , Bourg trcs-confidćr.ible , ou alTez bonne Ville , qui envoye , aufti-bien que Neucaftle ck Ber\vick , deux Dćputes au Parlement: c'eft apres Londres 1'en-droit d'Angleterre ou fe tient le meilleur Marche pour les beftiaux. Les autres endroits moins confidera-bles , font Hexham 3 autrefois Ville Epif-copale, au couchant de Neucaftle , auili bien que Beltingham 3 BiUingham 3 Hel-lefdon , Kottury jAlrmick, Weller, Lear-mouth y qui font au Nord. Sur les cotes de cette Province , on trouve trois liies j favoir, Eoly IJland> L3 Angleterre. 185 ou 1'Ifle des Saints ; Cocket tk Farne. Holy-Iiland fervoit autrefois de retraite a. de faints perfonnages , qui s'y retiroient par devotion. Elle devint fiege Epifcopal vers 1'an (j 3 5 j mais l'Eveche en a ete transfere aDurham environ 400 ans apres. D'ail-leurs l'air y eft mal iain , llfle aflez mal peuplce , le terroir peu fercile, & il n'y a cju'une Ville. II. Le Cumberland. Cette Province, a 1'Oueft du Northum-berland& egalement au Midi de lEcofte a 1'Occident, eft coupee par des mareca-ges tk des montagnes , 8c fe trouve bor-nee par la Mer d'Irlande. On y trouve des mineš de cuivre , de plomb tk de charbon de terre. Elle envoie fix Deputćs au Parlement. Ses principaux lieux , font Carlile 3 Capitale : Longtown , au-dela du mur d'Adriem, ck Drampton en-deca de ce mur. Boulnes eft fur le Golfe de Soul-way: JVigton un peu a 1'Oueft de Carlile \ Ho'm j Cockermouth j IVhitheaven, Egre-mont j llavcnglas j Kesivick, Pcnreth } tk Aljlon-Moor. Carlile , avec titre de Comte , fur la riviere d'Eden , a quelques lieues au Sud du mur d'Adrien, eft une afTez bonne. Ville, tk le Sieged'un Eveoue Suffraeani dTorck. 18£ Methode de Geograph.ie. Wh'itchavcn Bourg Sc Pore de mer, fait mi trafic conliderable de fel &c de charbon en EcolTe , en Irlande, a Chefter , a Briftol, Sc autres lieux de rOueft d'An-gleterre. Cockermouth , un pen \ l'Oueft 5 eft un Bourg aftez gros , qui envoie, aufti-bien que Carlile , deux Deputes au Parlement d'Angleterre. Penreth a beaucoup de Taneurs, Sc Kefivick beaucoup de plomb tres-eftime : tous deux font cjuatre ou cinq lieues au Sud de Carlile. III. Le Wejlmorland. Cette Province aflfez fterile , monta-gneufe Sc marćcageufe , eft au milieu des terres, Sc au Midi du Cumberland. On ny trouve de lieux remarquables que Kendal Sc App/ebj. Elle envoie quatre Deputes au Parlement. Appleby fur la riviere d'Edcn , quoi-que moins conliderable que Kendal, eft la Capitale de la Province , Sc la feule Ville qui envoie des Deputes au Patle-ment. Kendall, iituee fur le K.en , eft petite, mais riche Sc peuplee; elle fait un aifez bon commerce de draps , de fer-ges , de droguets, de bas d'eftame Sc de chapeaux. Lanfdale ou Kirkby-Lanfdcle y eft une Ville bien batie} fur la petite rU L3 Angleterrc. 1S7 viere de Lan , qui fair un bon commerce de draps. Amhlc-Sinde , Orton , Broug j Kirkby -Sceven j font des lieux moins con-fiderables. IV. Le Durham. Cette Province , bornee a 1'Orient par la Mer d'Allemagne , au Nord par le Northumberland , eft remplie de mineš de charbon , de fer Sc de plomb. Elle a vu naitre le venerable Bede , lan de Je-fus-Chrift 67$ , au Village de Iarrow , Dres la riviere de Tine & la Mer du Nord. Elle envoie quatre Deputes au Parlement. Ses principaux lieux font Durham j au milieii de ce Comte \ Sc au Nord Sunderland j Sc Lumley : a 1'Oueft Stan-hopc Sc Wolfingham ; Hardepool Sc Au-k/andj avec Stockton , Bernard-Cajlle Sc Darlinaton font au Sud , Gateshead au Nord. Durham fituee fur la Weere , a le plus riche Evechedu Rovaume aprcscelui d'E-Iy. Son Eveque qui eft furfragant d'Yorck, a le pas apres rEvcque de Londres , com^ me Comte Palatin. II jouiiroit autrefois des droits confiderables de Souverainete, qui ont ćtć rćunis a la Couronne. Pres de Durham fe donna en 1346 une fameufe bataille a ou larmee Ecoifoife fut prelepe 18 8 Methode de Ge'ographie. detruite , & le Roi David fait prilbnniefV Sunderland Ville & Port de mer , fait un grand debit de charbon de terre. Aukland a un beau Chateau , qui eft a l'Eveque de Durham. Gateshead fur la rive meridio-nale de la Tine, n'eft feparee de New-caftle que par une porte de fer placee fur le Pont qui fert de communication auac deux Villes. Gateshead eft la demeure de la plupart des Mineurs de charbon de terre. V. L'Yorck. Cene Province , baignee de la Mer a 1'Orient, eft la plus etendue de toute la Grande-Bretagne. Elle envoie trente Deputes au Parlement. Quoiqu,on y remar-q:ie quelques endroits alTez mauvais, elle ne laine pas d etre en general fertile en bleds \ & l'ony trouve aflez de betail, de gibier & de poiflbns ; ony eleve mems des chevaux hns. II y a de bons paturages, quelques bois & plulieurs montagnes, d'ou 1'on tire de la pierre a chaux , du jayec , de 1'alun , du fer aux cnvirons de SherKeld, qui eft au Sud de cette Province ; & 1'on tire d u plomb , du cuivre & du charbon de terre dans le Comte de Ri-chemont , au Nord. Ses principales Rivieres fontl'Humber , 1'Are , le Calder , le Dun , le Derwent, L'Angkterre. 189 !e Nyd, l'Oufe , le Swal, l'Youre, le Warf , & le Tees , qui fćpare cetce Province de Durham. D'abord la Province dTorck eut le titre de Comtć. Othon fils de Henri le Lion , Duc de Baviere &c de Saxe, en fut le premier decore. Elle fut enfuite erigee en Duche fous Richard II; & ce Duche n'a ete attribue qu a des Princes du Sang d'Angleterre ; &c meme depuis Henri VII, il a fervi d'apanage au fecond fils des Rois de laGrande-Bretagne.C etoit le titre que Jjortoit Jacques II, avant qu'il montat fur e Trone. On la divife en trois parties, la Sep-rentrionale , TOrientale &: l'Occidentale. Partk Septentrionale , ou Comtć dc Rkhmond. La Ville de Scarboroug & le Bourg de Rkhmond 3 en font les lieux les plus confi-dćrables. Scarboroug fur la Mer, a 11 lieucs au Nord-Eft dTorck, a un bon Havre , <\ć£enda par un Chateau ou l'on tient tou-jours garnifon. Cette Ville qui eft petite , eft bieu peuplće & inacceffible , parče qu'elle eft environnee de la mer Šc de rochers tres-difiiciles. Elle eft jolie & riche par le debit des harengs , qu'on y peche en quantite. II y a des eaux minerales fore renommees. Rkhmond, gros Bourg tjo Methode de Geographic. fer la Swale , au Nord-Oueft dTorck , a dans fon voifinage des mincs de ctiivre 8c de plomb. Elle eft la Gapitale du Rich-mont-Shire, Pays fterile & montagneux. Elle euc d'abord le ritre de Gonite ;• a prćfent elle a celui de Duche. Au fom-met de la Colline , 011 la Ville eft fituee, on trouve une plaine d'environ 60 arpens, avec une fource d'eau douce, qui fore d'un rocher : il y a aufli des eaux minera-les. Tarum y Gisboroug, Stokerley 3 aufti-bienque Malton 3 Nort-Allerton , Beda/, Hovrngham 8c quelques autres moins con-liderables , font dans le meme quartier. Rippon , Ville mediocre, fait un bon commerce de fes drapsj on y preparc aulTi de beau vernis. Partie Orlcntale 3 ou Eajl-Riding. On y trouve Huli a. lemboiichure de la petite Riviere de meme nom dans ITIum-ber, qui y fait un Port. Cette Ville fe nom me aufti Kingjlon : il ne faut pas la confondre avec d'autres de meme nom. Elle eft affez grande , forte , riche & bien batie ; trafique beaucoup avec la Hollan-de , a itn tres-bel Arfenal 8c fait d'excel-lente biere y elle a aufti de grands pri vil ć-ges j 8c s'applique fort a la peche fur les cotes d'Irlande. Beverley, a 5 ou 6 milles au Nord de Huli, fut la meme Riviere , UAngleterrc. 19* eft le lieu de la naiflance de Jean de Be-verley , Archeveque dTorck , qui mou-rut en odeur de faintete en 711. Kilham , Frodlingham , Hornfey , Heydon & Pa-■trington, font moins conftderables. Partie Occidentale 3 ou JTeJl-Ridlng. Torek, fur IToure qui la traverfe, efl la Capitale de la Province, qui porte fon nom. Elle efta 16 Degres 3 o minutes de Longitude, & a 54 Degrcs de Latitude. Ceft la feconde Ville du Royaume en grandeur & en beautć; mais elle n'eft pas peuplee a proportion de fon etendue. Sa Cathćdrale eft la plus vafte d'Angleterre , & elle a un Archeveque qui couronne la Reine , dont il eft aufli le Chapelain per-petuel. Il a difpute long-temps laPrimatie d'Angleterre avec l'Archeveque de Can-torberi; mais elle fut adjugec a ce der-nier , avec la qualite de Legat du faint Siege. Yorck jouit d'un privilćge qui lui eft particulier aufli bien qu'a la Ville de Londr.es : fon Maire a le titre de Lord ou Seigneur; ce font les feuls d'Angleterre qui jouiflent de cette prerogative. Cette Ville a donne le titre de Duc a pluli eurs Princes du Sang. Elle doit fa premiere grandeur aux Romains, qui la nomme-rent Eboracum 3 Sc la fortirlerent pour l'oppofer aux courfes des Pićles & des icfi Methode de Gč'ographie. Ecoflbis. Elle fervoit de refidence aui EmpereuTs lorfqu'ils etoient en Angle-terre ; 1'Empereur Severe, & Conftance pere du grand Conftanrin , y font mortš. Halifajc , dix lieues au Sud - Oueft dTorck, eft ime Ville alTez grande 8c afTez jolie , dont les maifons font baties depierre. Elle eft flruee fur le penehant d'une eolline dans un teiToir fterile j mais on y faic beaucoup de draps. Ceft le lieu de la naiflance du celćbre Jean de Sacro-Bofco, un des plus habiles Mathemati-ciens du treizieme flecle , qui monrut a Pariš en iz$6. Leed, fur TAre , aujour-d'bui 1'une des meilleures Villes de la Province, & ou il y a une grande Manu-faćture de draps. Les Bourgs de Shcrborn & de Shejjield, au Sud dTorck, fonr re-nommćs y le dernier pour fes couteaux, les meilleurs de toute 1'Angleterre j &c le premier pour fes epingles, les plus eftimees de 1'Europe. Dunkajler , Bourg coniidera-ble par fon anciennete, avoit autrefois un Chateau fur le Dun , doti cette Ville tire fon nom. On y fabrique beaucoup de bas Sc Ton y voit une tres-belle Eglife. Wake-field, Bourg renomme pour fes draps & pour la bataille , ou l'an 1460 , Richard , Duc dTorck, fucdefait. Pontcfraci, Ville paifablementgrande auSud dTorck, Sna-the , Thorn , Bradfort , Aberford , Wa-eerbv &c Riplcy , font bien moins confide-rables. VI. L 'A n gle terre. 593 V I. Lancajlre. Province marki me a 1'Occident, entre la Province dTorck & la Mer d'Irlande. L air y eft bon, mais fujetamc brouillards, ĆV les habitans y font robuftes & vigoureux. Dans les plaines il y croit beaucoup de froment Sc dorge.j mais le cote des mon-tagnes eft pierreux & fterile. Le Merfel , la Rlbble & le Lan,-en font les principales Rivieres , qui fe jettent dans laMerd'Ir-lande. Les marais y donnent de la tourbe pour le chaurTage, & metne on y trouve quelquefois des arbres entiers; & Ton prćtend qu'ils croiifent ainfi fous la terre, ce qui eft dirficile a croire. II y a auili du charbon de terre fort bon , &z des car-rieres de pieries a batir. On y ćleve des bceufs, qui viennent d'une grandeur pro-digieufe. Cette Province envoie quatorze Deputes au Parlement. Elle eft ime de cellesou il y a le plns deCatholiques : ceft auili le Pays d'Angleterre ou les femmes font les plus belles. Lancajlre Capitale, au Nord , fur le Lan ou Lon , qui fe decharge dans la Mer • d'Irlande , a un afTez beau Pont de pierres-; mais rien autre chofe de remarqna-ble , que d'avoir donne fon nom a 1'illuf-rre Maifon de Lancaftre, qui a fourni quatre Rois a 1'Angleterre. Ces Rois tous. Tome IL I 194 Methode de Geographie. nommes Henri, font Henri IV, Henri V, Henri VI 8c Henri VII. Le dernier eft fameux dans l'Hiftoire pour avoir par fon mariage avec Elizabeth fille d'Edouard IV, Roi d'Angleterre, reuni en 1485 , les deux Maifons de Lancaftre 8c dTorck, qui s etoient fait depuis li long-temps la guerre fous le nom de Rofe Rouge , qui etoit celle de Lancaftre , &c de Rofe Blan-che. Lancaftre cependant, quoique grand n eft pas fort peuple. L'Egliie en eft gram de 8c fpacieufe , 8c la Maifon de Ville en eft eftimee. Prejion fur la Ribble , eft ime jolie Ville , qui a la Chancellerie & la Cour de Juftice du Duche & Palatinat de Lancaftre. Levcrpool, Ville avec un Cha-teau & un Port de Mer aftez bon & affez marchand. Manchejler eft ime tres-bonne Ville, plus confiderable que Lancaftre , avec une beile Eglife Collegiale \ elle eft re-nommee pour fes Manufaćtures de draps, de coton , & de toiles. On peut remar-quer encore les Bourgs de Newton , de Wigan 8c de Clitheron. War'mgton, Ville palfablement grande , avec itre de Comte. . Vljle de Man. Cette Me, a diftance egale de l'Irlande 8c de TAngleterre, eft fituee dans la Mer clrhnde, a l'Oueft des Provinces de Gun> feesba & de Lancaftre \ elle a 30 milles V Anglcterre. 195 de long fur 9 de large. Elle rut gouvemee autrefois par des Rois particuliers \ mais aujourd'hui elle eft aux Comtes de Der-by , qui la poffedent en qualite de Sei« gneurs & comme Fief de 1'Angleterre , depuis la donation , que leur en flt le Roi Henri IV, vers le commencement du qua-torzieme fiecle , pen de teraps aprčs la conqućte que les Anglois en firent fur les EcolTois , qui la polledoient alors. Le ter-roir n'y eft pas fertile , &c les Habitans ont aifez de peine a vivre. La terre y eft froide , & ne produit eueres que de 1'a-voine \ mais le bćtail, le gibier & le poilTon y font en abondance. Cette Me ne laifTe pas de contenir cinq petites Vil-les , dix-fept Paroifles &c deux Chateaux. Les Villes iont Ramfcy , Laxi, Douglas > Rushin qui en eft la Capitale , & Pel ou Pyl. Rushin ou Cajlleton, Capitale de cette Me, eft la rćfidence de l'Eveque de Man , Suffragant dTorck j qui depuis quelques annees , eft a la nomination du Roi , ainft que tous les autres Eveques d'Angleterre. Precedemment TEveque de Man ćtoit nomme par le Comte de Der-by , Seigneur de 1'Ifle , &: le Roi ne fai-foitque 1'approuver ou confirmer. Ceft la raifon pour laquelle il nentroit point au Parlement d'Angleterre; & meme dans les Airemblees de la Province Ecclefiaftir que dTorck, il ne s,aifeyoit point avec 1'i ie>6 Methode de Geographie. les Preiats du premier Ordre , mais feu-lement a la tete de ceux du fecond. Dou-glas fur la Mer, avec un Port, eft le meilleur endroit & le lieu le plus frć-cpiente de 1'Ifle de Man; comme Peel a 1'Oueft , en eft le plus fore, a caufe de fon bon Chateau fur la Mer , aufli bien cjue Laxi oui eft a 1'Eft. Le Peuple de cette lile a fa langue , fes loix &z fes coutumes particulieres : on pretend meme qu'il a une monnoye qui lui eft propre. On eft oblige, pour le chauf-fage , d'y bruler des tourbes, parce que Je bpis y manque. §. 111. PROFINCES DU MILIEU. II y en a neuf a 1'Occident & neuf a. l'Orient. Les neuf Orientales font ,• j. Chefter , 2. Darby , 3. Staftbrd , 4. Wbrcefter , 5. Warwick , 6. Shrop , 7. Monmouth , 9. Glocefter. Les Orien-tales font, 10. Oxford, 11. Bucking-ham , 12. Bedford , 13. Huntington, 14. Northampton ,15. Rutland , 16. Lei-ipefter ,17. Nottingham ,18. Lincoln. I. Chefter. . Ceft une Province Maritime fur la &ler d'lrlande , pu Sud de celle de JLan- V Angliterrć. *9f čaftre. C'eft un PaysalTez plat U aflezuni, qui abonde plus en paturages qu'en bled. 11 y a neanmoins quelques montagn.es qui feparent ce Pays des Provinces de Stafford 8c de Darby. On y voit plufieurs forets y 8c une 11 grande abondance de parcs , qu'il y a peu de Gentilshommes qui n'en aient un. On y trouve aulli des plaines remplies de bruyeres, ou Ton eleve des ehevaux , 8c ou Ton fait paitre des brebis: d'autres terreins font couvercs de moufTe , on en tire des tourbes .i bruler. Les principales Rivieres qui arrofent cette Province font la Dće 3 au Sud-Oueft, le Wtvcr au milieu , 8c le Merfcy au Nord. C'eft par cette derniere que le Chefter eft fepare du Lancaftre. 11 s'y fait beaucoup de fromage 8c de fcl, l'un & l'autre tres-recherches en An-eleterre. Mais on ne doitpoint palfer fous filence le privilege du Chefter, qui eft une Province Palatine , dont les Comtes avoient autrefois un Ci grand pouvoir, quils vivoient plutot en Princes qu'enfu-jets. Le premier Comte fut un neveu de Guillaume le Conquerant j 8c le dernier fut Simon de Monlord, Comte de Lei-cefter , qui mourut au XIIC. iieele. Aprćs fa more, cette Province fut rćunie a la Couronne. Le Prince de Galles eft par droit de fii nailfance Comte de Chefter 8c Duc de Cornouaille. La Province ne 198 Mćthodt de Geographic, lailfe pas de jouir de fes anciens privile* ges , & Ton tient a Chefter, fa capitale , les Conrs Palatines , pour rendre juftice aux habitans de cette Province , qui ren-ferme beaucoup de NoblelTe. Elle n'en-voie que quatre Deputes au Parlement. II n'y a rien de remarquable que Chejler > Macklesfield3 & le Bourg de Nantwick. Chefter qui envoie deux Deputes au Parlement , eft une belle 6c bonne Ville , fur la Dee , a vingt-cinq milles de fon embou-churc dans la Mer dlrlande , avec un beau Pont de pierres. Comme c'eft 1'en-droit ou 1'on s'embarque ordinairement pour pafter en Irlande , il s'y trouve tou-jours beaucoup d'Etrangers. D'ailleurs cette Ville eft fort peuplee , &c a un grand commerce avec Tlrlande. Elle contient jufques a dix ParoilTes, & a un Siege Epifcopal furTragant d'Yorck , qui riit etabli par le Roi Henri VIII, apres qu'il eut fupprime tous les Couvens. L'Eglife Cathedrale qui eft lituee du cote du Nord, eft accompagnee du Palais de l'Eveque Sc des Maifons des Chanoines. Ce fut dans cette Ville qu'Edgar, l'undesRoisSaxons, fe lit mener dans un bateau depuis l'E-glife de Saint Jean jufcmes a fon Palais , par fept Rois Bretons &c EcolTbis fes Vaf-faux , qui ramoient , pendant que lui comme Souverain , tenoit le gouvernail. Macklesfield a 1'Orient , eft une alTez V Angletcrre. 150 bonne Ville. Nantv/ich fur le Wever, attffi bien que MiddUwick 80 Nordwick > ont des mineš de fel excellentes. Meols fur la Mer , Frodesham > Altrington 3 Knotf-ford j Sandback 3 Congkton 3 &C Malpall ou Malpas 3 font d autres endroits moins conliderables. II. Darby ou Derby. Au milieu des terres, au Sud de la Province d'Yorck , eft un Pays plein de paturages, fertile en bled &c en bois , iur-tout a FEft & au Sud. On y trouve aufli des carrieres de pierres de taille & de marbre ; quantite de pierres de molieres pour les moulins , de pierres a chaux , 8>C pluiieurs mineš de charbon & de fer. EUe eft renommee par fes mineš de plomb , le meilleur & le plus fin qu'il y ait au mon-de. On y trouve aulfi de Falbatre, & du criftal. La Riviere de Derwent traverfe la Province du Nord au Sud, &: fe jette dans la Trente. Les eaux minćrales de Buxton font d'une verni extraordihaire pour guerir pluiieurs maladies. Neuf four-ces fortent d'un rocher aftez pres Fune de 1 'autre; huit font chaudes , 8c la neuvieme eft exttememcnt froide. A cent pas de-la* on trouve une fource chaude , & une au-rre exttemement froide; Au voifinage de Wirkfworth dans la meme Province , il y I iv zco Mtthode de Gćographie. a deux (burces , lune chaude Sc 1'autre froide ; mais fi prcs 1'une de 1'aurre, qu'on peut mettre en meme temps une main dans la chaude Sc 1'autre dans la froide, Darby on Derby , au Sud de cette Province , eft une jolie Ville bien peupl en retabliflant fon fils Henri dans tous fes biens paternels, Sc le creant Comte de Sraffbrd. Ceft dans* cette Province', a 4 milles de ^olvcrheampton , queft le fameux chene , furnomme Koval , dans le creux duquel fe retira pendant plulieurs jours Iv ioi Mćthode de Gćographie. Charles II, apres fa defaite a Worcefter en 165 i ; Sc il futde-la conduit chez une bonne Dame , qui le fir pafTer en France. On a entoure ce chene d'une petite mu-raille. Lichfidd a un Eveque SurTragant de Cantorbery. Burton, fur la Trente , eft ceićbre par fa biere forte , qui s'envoie a Londres. Neucajlle Sc Tamwort, font de bons Bourgs. Betley , BromUy , Bugelev Sc Dudiey ne font que des efpeces de Villages : le dernier depute au Parlement. IV. Warwick. Certe Province , qui eft commeau centre de FAngleterre, jouit d'un tres - bon air , & le terroir y eft aflez fertile , fur-tout vers le Midi; mais au Nord il y a quelques bois. Elle envoie fix Deputes au Parlement. L'Avon eft fa principale Riviere , fur laquelle eft limće Warwick , Ville fort propre, Sc aflez bien batie. Co-\encry , Ville ancienne, plus grande & meilleure , ne fait qu'un Eveche avec Lichfidd, dans le Comte de Staffbrd. Ruebi > Stratford , Southam , Kynethon y Sc Coleshil , font moins conftderables. Prcs de Kyneton fe donna en 1642, la premiere bataille qiie Charles I. gagnafur fes Sujets rebelles , ce qui ne Pempccha point cTavoir enfuite la tete coupee. Bir- VAngleterre. 10% mingham fe diftingue par fes beaux oima-ges d'acier. V. Worujlcr. Pays a 1'Oueft de Wanvick , ou 1'on recruille beaucoup de bled \ il abonde aufll en paturages , & 1'on y trouve beau* coup de betail, de fruits & de poilTons. La vallee d'Evesham eft fur-iout remarqua-ble par fa fertilitć. Les principales Rivie-res font la Saverne, P Avon , le Sahvarpt, la Stoure & quelques aucres. Certe Province envoie neuf Dćputes au Parlemenr. Worceftcr fur la Saverne , eft ime grande Ville , bien peuplee, qui atin Eveque fuf-fragant de Cantorberi, lequcl fuc etabli Pah 679. Ellea un beau Pont de pierres, 8c une Tour qu'on dic batie par les Romains. Les Danois brulerent certe Ville 1'an 1041. Elle fnt expofee au meme malheur, mais par accident, fous le regne de Hen-ri II, & fur en 1651 temoin de la defaite de Charles II, Roi d'Angleterre , par ie fameux Olivier Cromwel, Chef de 1'ar-mee rebelle. Evesham fur 1'Avon , eft une Ville afTez marchande. Droitwich fur le Salwarnt, au Nord de Worcefter , eft remarquable par fes falines , Sč Kidder-minfter par fes etorfes de laine. Up ton , Beudley , Pershore , Sturbridge , Dudley % Tedburi 3c Bromfgrove , font moins 1:2-marqiubles. I vj -04 Mdhode de Geographie. VI. S krop. Cette Province eft a fOueft de Staf-ford j & confine au Pavs de Galles, avec Iequel elle a un grand commerce. Elle jouitd'un bon air 6cdune alfez.gran.de fer-tilite , cjuoiqu'il y ait des monragnes au Sud & a 1'Oueft. Outre le froment &C I'orge qu'on y rccueille , on y trouve en-core du bois , du fer & du charbon de terre. Elle envoie douze Dćputćs au Par-lement. Shrewsburi 3 capitale , eft unc belle &c bonne Ville ,. fur la Savcrne. C'etoir. au-trefois une place tres-importante , mais qui eft aujourd'hui deinantelće.. Son plus grand commerce de draps eft avec les Gallois , qui y portent leurs denrees. Ludlovj y qui eft au Sud de la Province , eft defendue par une aftez bonne muraille & par un Ghateau paftable. Bridgenortk a un beau Pont de Pierres fur la Saverne. Ellifmere _» Wel/ington j CUbury & Of-wejlry j font moins confidćrables , aufli-bien que Drayton , Wem.^ Newport &c Wcnlock. VII. Hereford. Province qui eft au Sud de Shrop, & qui confine aufii au Pays de Galles , dont autrefois elle faifoit partie. Elle produit VAngkterre* beaucoup de pommes , dont on fait le meilleur cidre du Royaume & il y a une carriere de trčs-beau marbre. On y rrouve toutes les chofes necelTai-res a la vie, principalemenr le bled , le bois, le faumon & la laine la plus efti-mee de 1'Angleterre. Ceft dans cecte Province qu'eft. la. fameufe montagne nom-mee Marjlei-Ril x qui par un tremble-ment de terre qui dura trois jours, chan-gea de place en 1575 , nouv.eau ftyle , ce qui la fit nommer la Colline ambulante. Cette Province envoie huit Deputes au Parlemcnt. Hereford , capitale fur la Wie , eft re^ nommee par fes bons gands , & a nn Eveque fuffragant de Cantorberi. Lemf-ter j gros Bourg fin la Lug, a la meilleure tk la plus fine laine du Royaume. We* bil j affez bon Bourg. K ing/Ion j Pembrid* ge j debeli, Lidburi > Bramlard & Pwjf j font moins confiderables. VIII. Monmouth. Cette Province ćtoit autu autrefois de la Principaute de Galles , avant que Henri VIII 1'en eut demembree , ^our 1'unir a rAngleterre. Elle eft en partie arrofee par. la'Saverne, qui fe jette dans la Mer cYh-iande au Canal Saint-Georgc. Quoiqii'on y trouvc beaucoup de bois 6c de menca- 10 £ Msthode de Geographie. gnes, elle ne latile pas d'etre ferale , 2 caufe des perires Rivicres dont elle eft arrofee , &: ou l'on peche beaucoup de fau-mons & de truires. Monmouth, fa capitale , qui lui a donnć fon nom , eft firuee au confluent du Monow 8c de la Wie. Elle a donne le titre de Duc a l'un des fils naturels du Roi Charles II , 8c qui trempa dans une confpirarion conrre Jac-ques II , qui lui fic perdre la tete fur un echaflaut en 1685. Abergavenni, petite Ville fur la riviere de Gavenni, a fon em-bouchure dans l'Uske , fair un bon debit de fes flanelles, 8c eft la premiere Baro-nie d'Angleterre. Caer-Leon > Ville an-cienne , ou les Romains tenoient la fecon-de Lćgion ; ce n'eft aujourd'hui qu'un pau-vre Bourg. Chepjlow 3 eft une aflez bon- -ne Ville; 8c Nefoport eft paflable. Cette Province n'envoie que trois Deputes au Parlemenr. IX. Gloccjler. Province belic , fertile 8c agreable , bordee a l'Eft de petites montagnes , ou paiffent des troupeaux de moutons , dont la laine eft fort eftimee. Elle eft traverfće f>ar la Saverne, qui contribue a. fa ferti-ite , 8c qui eft abondante en faumon. C'eft dans cette Province que l'on trouvc la fource de l'Ife , qui apres avoir rccu lc L' Angleterre. 207 Tame au-deftbus d'Oxford , forme la Ta-mife , qui fait la richelTe de la Ville de* Londres. II y avoit autrefois des vignes en Glocefter -y mais on les a arrachees pour y mettre des pomiers, donr on faic du cidre excellent. O utre les laines par lefquelles on foutienr les Manufaćtures de la Province , on y fait d'excellent fro-mage , qui fe debite a Londres , 8c ne le cede qu a celui de Chefter. La Province de Glocefter envoie huit Deputes au Par-lement. Glocefter, capitale , Ville ancienne , 8c iituee fur un bras de la Saverne, qui fait a l'oppofite l'Ifle d'Alnei , eft une Ville plus belle que grande. Elle a un Eveque fufFragant de Canrorberi, etabli par Hen-ri VIII. L'Eglife Cathedrale eft un beau batiment, ou repofent les corps de Guil-laume le Conquerant 8c du Roi Edouard II. Dans la Saverne , vis-a-vis de Glocefter, eft rifle d'Alnei, fameufe par le duel qui s'y fit en 1016 , pour la Couronne d'Angleterre , entre Edmond , furnomm^ Cote de fer , 8c Canut, Danois. Briftollj au Sud de cette Province, eft la troilieme Ville d'Angleterre , 8c la plus marchande du Royaume apres Londres. Ses rttes fonr fort ćtroires; mais d'ail-leurs elle eft belle, propre, bien batie , tres peuplee , 8c le Siege d'un Eveque fuffragant de Canrorberi, L'Avon , qiii 208 Methodc de Geographie. y recoit la Frome , fepare cecce Ville en » deux parties, dor.t la plus grande eft dans la Province de Glocefter, Sc Pautre dans celic de Sommerfet. Ceft pour cela qu'on la met ordinairemenr dans la premiere , & non dans la feconde, quoiqu elle ne depende ni de lune ni de 1'autre , puif-qu'elle eft abrdument gpuvernee par fes propres Magiftrats , fous 1 autorite du Roi Sc du Parlement. Cetce ViUe , qui neft qu'a"dix milles de fembouchure de FA-von dans la Saverne , a un tres - beau Pont de pierres bo rde de maifons des deux cotes , avec un Quai tres-commode , pour charger Sz decharger les VaifTeaux , qui vont aux Indes & en reviennent, aulli-bien que dans les Royavumes commercans de FEurope. 11 y avoit autrefois un Cha-teau , qui fervoit de defenfe a la Ville ; mais Olivier Cromwel le lit rafer , &c en fa place on a bati des maifons. Le beurre qu'on fait atix environs de Briftoll eft fort eftimć , Se Fon en porte beaucoup en France. Cirencejler fur ITfe , Ville autrefois iirM portante , mais qui eft pen de chofe au-jourd'hui Tevtksbari;>.au Nord , Sc fur la Saverne , eft renomme pour fa Manufac-ture de Draps : Stroud 3 bonne Ville , au Midi de Glocefter , fur une petite riviere de fon nom, dont Feau eft excellente pour teindre en ćcarlate. Berklei Sc Dujlei VAngkterre. afTez proehes Tune de 1'autre , & peu ćioignees de la Saverne. Colford > Wot~ ton Se Marshjield> autres lieux inoins dif-tingues. X. Oxford.- Province petite , mais belle Se fertile, ou Pon trouve des plaines qui ont de bons paturages arrofes de pluiieurs rivieres , fur-tout du Chenvel, de 1'lile Se de la Tame. Celi de la jonćtion de ces deux der-nieres , qui le fait dans le Sud de ce Comte , que fe forme la Tamife. Cette Province envoie neuf Deputcs au Parle-m en t. Oxford, qui en eft la capitale, eft au confluent de 1'lfe Se du Chenvel. Ceft une Ville plus agreable que gtande. II y a un Eveche fuffragant de Cantorberi , fonde par Henri VIII. Son Univerfite eft. non-feulement la plus conliderable du Rovaume : mais meme la feconde des quatre premieres de 1'Europe , que 1'on compte ainfi; Pariš, Oxford, Bologne Se Salamanque. La Ville eft gouvernee par un Maire Se des Echevins; mais foumis neanmoins aux ordres de 1'Univerfite , ou 1'on trouve dix-huit Colleges , qui ont de grands revenus, Se qui entretiennent un certain nombre d'aflocićs Se d'etudians. O utre ces Colleges fondćs te entretenus, on en trouve iept autres que 1'on nomrae 216 Methode de Geographle. Halls , ou les Peniionnaires payent leuf depenfe. Ceux qui portent cette Univer-fite a fon plus haut point , lui donnent feulement trois mille erudians, dont mille font entretenus aux depens des Colleges. On n'y trouve que leize ProfelTeurs , & un Orateur public. Entre fes belle,s & nombreufes Bibliotheque$ , la Bodleiane eft la plus confiderable ; & le Catalo^ue qui en a ete imprime , paroir confidera-blement augmente des Livres qu'on y a mis depuis. Son Muf&um Ashmoleanum tk fon Theatre de Scheldon, ou eft fon Imprimerie , font des batimens z voir. Son Jardin des Simples eft magnifique : 1'on affure qu'il contient 150 arpens. L'Univerfite a pour Chancelier un Sei-gneur du premier rang , & il a fous lui un Vice-Chancelier, qui remplit les fonc-tions de fa charge. L'Hiftoire de fon Univerlite , qui eft imprimee, fait con-noitre les Savans qui 1'ont illuftree. Bamburi au Nord, fur le Cherwel, eft une Ville agreable &c riche par fon com-merce de fromage. Elle a vu donncr plu-fieurs batailles , & a foutenu plulieurs iieges j fous le regne de 1'infortune Charles I. V^oodjhk j autrefois du Domaine du Roi , a ete aliene en faveur de Milord Duc de Marlborough, par Aćte du Parle-ment, pour reconnoitre les fervices im-portans , que ce General a rendus i la L'Angkterre. 211 Grande-Bretagne. On% voit dans le Pa-lais de Blenheimhoufe > la plus belle Bi-bliotheque qu'un particulier ait en Europe. Clipping-Norton , bonne Ville , au Nord-Oueft. Burfbrdt&VQu&, Ville an-cienne, ou il y a une Manufaćture de Selles a cheval; & VTitnei j ou Ton fabrique des couvertures de lir. Henlei j au Sud-Oueft, fait un bon commerce de grains germes pour la biere. Tame a une Ecole publi-que. XI. Buckingham. Petite Province a 1'Eft de celle d'Ox-ford , eft fertile en bled &c en paturages , particulierement la vallee d'Aiksburi , ou pailTent une infinite de brebis , dont la laine eft fort eftimee. Cette Province envoie quatorze Deputes au Parlemenr. Buckingham j petite Ville aflez belle fur 1'Oufe , en eft la Capitale. Eaton j au Sud , eft un Bourg fur la Tamife , diftin-gue par fon College tk fon Ecole fondee par Henri VI, ou 1'on entretient foixante-dix ecoliers , que 1'on envoie enfuire rem-plir les places vacantes de 1'Univeriite d'Oxford. Les autres lieux principaux font Ailesburi y Colaebrook Amersham Mar-Iow. XII. Bedford. Pays au NorA-eft de Buckingham , eft In Methode de Geographiei fertile en bled, <3fr a des paturages', ilrr-fcrat du cote du Nord. Bedjbrd, gros Bourg ou petite Ville fur la Riviere d'Oufe, eft le lieu principal de ce petit Comte , qui nenvoie que quatre Dćputes au Parlement. Dunjiable au Sud , n'eft quun Village avec unChateau. Wobourn a 1'Oueft , a .de la terre a foulon tres-eftimee. XIII. Huntington. Petit Pays autrefois rempli de bois, mais aujourd'hui fort dćcbitvert & diver-lifie par des marais , de tres-bons paturages , des montagnes tk des plaines ouTon recueille beaucoup de bled. II envoie qua-tre Deputćs'ati Parlement. Sa Capitale eft Huntington j Bourg ou petite Ville , iituee fur la Riviere d'Oufe, avec un Pont de pierres qui fert de commiinication avec Godmanchcfter j de 1'autre cote de la Riviere. Cettc Ville avoir autrefois quinze Parciftes , qui font aujourd'hui rćduites a CjUatre. Saint-Tves &C Saint-Noets 3 font en reputation pour leurs eaux mineralesi Rabifcy a eu autrefois une fameufe & ri-che Abbaye. a.. XIV. Northamptoru Entrc les Provinces d'Huntington, d'Ox-ford & de Leicefter , eft une des meilleu-res Provinces d'Anglcterre , exrremem.ent , L* Angleterrt. - 1 5 peuplee pour fon etendue, & rsmplie ae NoblelTe. Elle envoie neuf Deputis au Parlement. L'air y eft fain, le terroir fertile en bled , &č Ton y eleve beaucoup de bćtail. On y trouve du bois ma*s elle ne tarda gueres a fe rćtablir , ik. meme beaucoup plus belle qu'elle n'etoit au-paravant. Higham-ferrers & Brackley 3 ont des ecolespubliquestrcs-diftinguees. To\v-cefier a ete autrefois une place lorte. A quatre lieues de Peterborough eft le Cha-teau de Foteringhai 3 ou la Reine Elifa-beth rit couper la tete ,en 1587 , a Marie Stuart fa coufine font deux aiTez bons Bourg. Mansjield fait un grand commerce de gtains germes pour la biere. XVIII. Lincoln, Province maritime, bornee a 1'Eft par La Mer d'Allema^ne. Du cote du Nord Sc de 1'Oueft , c'eft un Pays fertile Sc agrćable; mais a. l'Eft Sc au Sud il eft marecagem:, parce que la Mer s'y intro-duit en pluiieurs endroits. Cela fait que cette parrie eft moins abondante en bled ; mais en rćcomoenfe, il y a une tres-grande abondance de poilTon Sc de gibier. On trouve dans cette^ Province, auili-bien que V Angleterre. 11 > que dans celle d'Yorck , un grand nom-bre de chevaux fins. La Province de Lincoln envoie douze Depures au Parlement. I^Humberki fepare de la Province d'Yorck, Sc la Trente en partie de celle de Nottingham : ce font fes principales Rivieres, auxquelles on peut joindre le Witham, le Nen , Sc le Weland. Cette Province , qui ne cede en gran-deur qu a celle d'Yorck , fe divife en trois parties qu'on appelle Lindfey au Nord , Kefieven a rOueft , Sc Holland ou Hoi* land, i 1'Eft. Le Lindfey. Ce quartier > le plus etendu de la Province , en oceupe tout le Nord. Lincoln capitale de toute la Province , fituee a mi-cote , fur le Witham, eft peu confidera-ble aujourdhui , en comparaifon de ce qu'elle etoit , lorfque les RoisdeMercie y fiifoient leur fejour. Son Eveque eft SufFragant de Cantorberi , Sc fa Cathe-drale une des plus belles Eglifes du Royau-me. Quoique cette Ville ait beaucoup foufferc par les guerres civiles, elle ne lailTe pas d etre dime alfez grande eten-due. Ganesborouoh fur la Trente , avec titre de Comte , eft une des principales Villes de la Province. Grlmsby Sc Kirton, fe diftinguent par la beaute de leurs Egli-fes. Briggs t Saltjleetj Touth j Rafen t]C Tome II. K zit Methode de Ge'ogntphie. Alford j font les autres endroits les plus connus de ce Canton. L'Iile cYAxholm, au Nord-Oueft , eft formee par plufieurs Rivieres, fivoir la Trente Sc le Dun. Elle eft remarquable par le bel albatre qu'on y trouve. Le Kejleven. Ce Canton eft au Sud-Oueft de la Province j &c a la Ville de Stamford 3 aifez bonne & tres-bien batie , avec pluiieurs Ponts fur la Riviere de Weland : quelques-uns mettent cette Ville dans le Rutland , dont elle eft voifine. Le Bourg de Grant-ham fur la Witham , eft alTez confidera-ble. Borne, Sleaford & polhingham le font moins. Le Holland j ou Hoiland. Ce quartier eft au Sud-Eft de la Province , & a Bojion , Ville ou Bourg bien peu-ple Sc aftez marchand , avec un petit Port; il eft fitue fur le Wrtham , ou GolfeMal-traith , nomme au.fll le Golfe de Bofton , autrement The - Wash. Dunington , &c JVainfleet, font moins remarquables. §. IV. PROTINCES DE VEST. Elles ftnt au nombre de lix, favoir : L' Anoliterrt. zxj i. Norfolck, z. Suitblck, $. Cambridge » 4. Harford , 5. Middlefex, 6. Ellex. - i I. Norfolck. Norfolck eft une Province marltime , bomee au Nord } tk en' partie a 1'Eft par la Mer d'Allemagne. Elle eft aflez grande, tk fon terroir eft fort diverlifie. En cer-rains endroits il eft gras , en d aucres fa-bloneux , en quelques-uns froid tk pefant; vers la Mer c'eft un Pays plat tk fertile en bled : ailleurs on y trouve des bois, oii 1'onnourrit du betailj en quelques au-? tres , ce font des campagnes de bruyeres , ou Ton trouve une inrinite de lapins, &C ou paiflent grand nombre de brebis. Les produćtions les plus eftimees font le bled , la laine, le miel tk le fafran , dont le nieilleur croit aupres de Walfingham. Elle eft riche par fes Manufaćtures d'etof ■ fes de laine , tk de bas d'eftame', tk Ton peche fur fes cotes beaucoup de harengs, Elle envoiedouze Deputes au Parlement. Ses principales liivieres font VOufc j le Wavcncy > \Yar tk le Thryn. Les Habitans de cette Province ont la rćputation d'aimer les proces : c'eft ce qui fait que plus de quinze cens Procurenrs y vivent a ieur aife, tk donnent r>lus dem-ploi aux Juges que trois autres bonnes Provinces. C'eft un fruit de la vie aifee 6c M no Methode de Geogfaphk. des richefles. Sa capitale eft Nonvich 3 fur l'Yar , la quatrieme Ville d'Angleterre en grandeur, en beautć , čk en richefles. Son principal trafic coniifte en ferges tres-eftU mees, en bas d'eftame, 6c en etoffes de laine. 11 y a un Eveque fuffragant de Can-torberi. Elle a ete fujette a bien des revo-lutions. Elle doit fon retabliflement i la Reine Elifabeth , qui la iit habiter par les Eiamans perfecutes pour la Religion Pre-tendue-Reformee : ils enrichirent certe Ville par leurs Manufaćtures , qui en font encore la richelfe. On y comptefept mille maifons &c plus de trente mille ames. Lyn-Regis, eft un Port de Mer au Nord-Oueft, & a 1'embouchure de 1'Oufe : la Ville eft riche , bien peuplee , & defendue par deux bons Chateaux. Thetfort 3 autrerois Ville Epifcopale fur la petite Oufe, au Sud de la Province : c'eft ou fe tiennent les Aflifes pendant le Careme. Cajlel-Rh-fing, au Nord fur le Golfe de Bofton , eft peu riche & peu commercante , faute d'un bon Havre. Mais Tarmouth avec titre de Comcć, a 1'embouchure de l'Yar dans la Mer d'Allemagne , a le meilleur Havre de la Province : il eft aflez frequehte. La Ville eft forte , bien batie & riche par la peche qu'elle fait du hareng , dont elle tient tous les ans une foire a la SaintMi-chel. On 1'appelle Grand-Yarmouth , pour le diftinguer du Pult qui eft dans 1'Ille de VAngktetrt. Hi Wight, au Midi de 1'Angleterre. Clay tk Cromer vers le Nord , font enfuite ce qu iT y ade plus diftingue avec HarUJlon qui eft au Midi. H. Suffokk. Province maritime auSudde celle de Norfolck. L'air y eft bon, hormis du cote de la Mer, Sc le terroir y eft alfsz varie ; a F Eft il eft fabloneux ou renipli de bruye-res. 11 ne lailfe pas d'y venir du feigle en abondance , aufli-bien que du chanvre, tk Ton y nourrit beaucoup de bćtail. Les meilleurs endroits de cette Province font au Nord-Oueft, vers Saint-Edmundsburi, ou le Pays eft agreable &c fertile en toutes fortes de grains. On y compre plus de quarante Parcs , ou Ton fait du beurre ex-cellent, & d'aflfez bon fromage, &c Ton y fabrique beaucoup d'etoftes & de toile. Cette Province envoie feize Dćputćs au Parlement. Ses principales rivkres font la Stourc , le Brcton j le Dcben &c la BU-the. Ipfwkh , eft une aftez bonne Ville , 8c la capitale. C'eft le lieu de la nailTance de Thomas \Volfey, qui d'une tres-obf-cure famille devint premier Miniftre d'Etat, Cardinal tk Cliancelier d'Angleterre , Legat du Saint Siege , afpirant a la Papaute, Favori d'Henri VIII, tk enfin difgracie tk mćprife comme le font tou- K iij 2 2 2 Methode de Geopraphie. jours dans leur difgrace les gens qui ont abufe de leur pouvoir. Cette Ville, qui eft a vingt milles de la Mer, a ćte phis ronfiderable qu'elle ne 1'eft aujourd'hui; on y compte encore cependant jufques a quatorze Paroiftes : fes habitans ont gran-de part A la peche de la Baleine. Saint-Edmundsburi 3 ou fimplement Buri , au Nord-Oueft, eft renommee pour fon bon air : elle a pris le nom de Saint Edmund, Martyr , Roi des Anglois Orientaux , on d'Eft-Angles , mis i mort en 870 , par Theiion , Roi des Danois , pour n'avoir pas voulu renoncer a la Religion Chre-tienne , čc qui eft enterre ici. On appelle cette Ville le Montpellier d'Angleterre , pour fi firuation agreable. Dunwich , place maritime , autrefois Epifcopale , a etć plus confiderable qn'elle n'eft aujourd'hui. Sudburi j fur la Stourc 3 eft bien peuplee , & riche par fa Manufaćture de Draps. Clarerjce.j en titre de Comte, eft fur la meme riviere , au Nord-Oueft. Brandon y Ixworth j Eye , Lefioffe, SouthwoIde , Sasmundham Aldborough ite Nejland 3 font les endroits les plus diftingućs de ce Comte , avec Nev/market que quelques-uns mertenc dans eelui de Cambridge 5 & qui eft cćlebre par les courfes de chevaux qu'on y fiit, vers la Saint Michel, dans une plaine auprčs de ce Bourg , qui eft en partie dans la Province de SufFolck, & en VAngletcrre. partie dans celle de Cambridge. Stow-markct j Ville riche par fes Manufaćhires d'etoffes de »laine. Orford 3 prcs de la mer , en tirre de Gonite. Sa Tour , aufli-bien q«e celle d'Alborough, fervent de re-connoilTance a ceux qui viennent de Hol-lande. III. Cambridge.^ o Cette Province , qui eft dans les terres, ik du Diocćfe d'Elv , a 1'Oueft des Com-tes de SurTolck St de Norfolck , eft du cotć du Sud alTez fer tile en bled , en fa-fran & en paturages , & l'on y nourrit beaucoup de volaille. Mais vers Je.Nord, ce qu'on appelle 1'Ifle d'Ely , eft mareca-geux & fujet au debordement de 1'Oufe , &c d'autres rivieres : ce qui rend cette par-tie mal-faine; mais elle eft abondante en betail , cn gibier &c en poiflon. Cette Province envoie fix Deputes auParlement. Ses Villes principales , font Cambridge fur le Cam , autrefois Colonie Romaine. Elle a une Univerfite , fort ancienne , qui fut fondee en 1280 , par le Roi Edouard I. I_a Ville n'eft ni des mieux lituees , ni des plus belles d'Angleterre \ elle ne lailTe pas d'avoir treizeouquatorzeParoifTes , &: le Gouvernement eft entre les mains du Maire 8c des Echevins \ mais qui font fu-jets aux ordres de 1'Univerfite , a. laquelle le Maire prete fermenten entrant en K iv i 24 Mcthode de Geographie. charge , de maintenir les Droits tk Privi-lćges de rUniverficć. On y trouve feize Colleges, dont quatre s appellent Halls j tk cfiacun d'eux entretienc un certam nom-bre de FeIiows ou Aggreges > avec des Etud.ans , qui vivent fuivant les Regles & Statuts des Fondateurs. Chaque Colle-ge a fa Chapelle & une Bibliotheque : ll eft gouverne par un Principal, qui poite le titre de Mairre, hormis celui du Col-lege du Roi, donr le bati men t eft iuper-be , qui s'appelle Prevotj tk celui du Col-lege de la Reine , Prćfident. II y a dix ProfelTeurs tk un Orateur public. Pour le gouvernement de cet illuftre Corps j il y a un Chancelier choifi tous les trois ans par PUniverlite* , entre les plus grands Seigneurs du Royaume. Mais toutes les fonćtions font faites par le Vice-Chancelier , qui s'ćlit tous les ans le 4 Novembre. L'Univerlitć de Cambridge paroit aujourdhui la plus brillante , parce cue le Roi Georges I, de la Maifon de Brunfwick-Hanqvre , la favorifoit parti-culierement, tk lui a fait prefent d'une riche Bibliotheque. Cette Univerlite fa-vorife les Wigs , ou Republicains , au lieu que celle d'Oxford a embralfe les in-terčts des Torris , ou Royaliftes , & a toujours ete dans une plus grande eftime t elle a meme dans le temps des troubles tenu le parti le plus raifonnable> en fou- VAngkterrc. 11$ renant les droits inviolables de la Royau-te en la perfonne de 1'inrortune Charles I: ce qui lui a fait beaucoup d'honneur , dc lui a caufe neanmoins beaucoup de tra-verfes. Ely eft la feconde Ville de cetre Province. C'eft un Siege Epifcopal, eri-ge en 1109 a la follicitation de Hen-ri 1. Son Eveque a eu les droits de Sou-verainete , qu'avoient anciennement les Comtes Palatins , jufqu'au regne de Hcn-ri VIII. Cependant fes revenus font 11 coniidćrables , qu'il palTe avec raifon pour le plus riche Prelat du Rovaume. La Ville eft fituee dans des Iftes & des Marais formes par les dcbordemens de la riviere d'Oufe : elle n'a de remarquable que fa Cathedrale , qui eft louvrage de plufieurs Eveques. Rojfton > eft une autre petite Ville de cette Province, quoique la plu-part des Cartes la mettent dans celle de Hartford , fur les frontieres de laquelle elle eft fituće. IV. Hartford. Petite Province , au Sud de Cambridge , eft du Diocčie de Londres &: de cehu de Lincoln. L'air y eft bon , 6c le terroir afiez fertile en bled , & Ton y trouve quelques bois & des paturages. Le fro-ment 3 lorge Sc les grains germes pour h K v 2 t S Met hode de Geographle. biere , font fon plus grand commerce\ Cette Province envoie lix Dćputes au Parlement.. Hartford , fur la Lea , en eft la capitale. C'eft une Ville ancienne , mais fort declme , depuis qu'on en a de-tournć le grand chemin a Ware. Saint-Albans j lur le Ver , s eft ćleve fur les ruines de Vernlamium 3 autrefois forte place , qui erdit de 1'autre cote du Ver. Le nom de Saint- Albans lui fur donne en memoire de ce Saint, qui le premier foufFrit le martyre dans la Grande-Bre-tagne , au troilieme" fiecle, fous Diocle-rien. On y fonda fur la fin du huitieme fiecle une Abbave , dont 1'Abbe precedoit fous les autres Abbes d'Angleterre. Ce fut prčs de ce Bourg que fut batrn & fais prifonnier le Roi Henri VI, 1'an 1455. Iian^ois Bacon , qui mourut en 1616 > avec la reputation d u plus favant bo m me de fon temps , fut cree par Jacques I, Vi-comre de Saint-Albans \ mais apres avoir ete Grand Chancelier d'An^leterre y il romba dans une fi extreme difgrace , qu'il fut prefque reduit a. la mendicite. Bamet fe diftingue par fes eaux minerales ; Hit-chirz a uire belle Ecole, & Ware fur la Lea a un Canal, que l'on y a pratique ck qui porte de 1'eau douce eicellente dans l'a plupart des maifons de Londres. Ce Canal eft horde par une rres-bellc avenue d'environ dix lieues de longueur. Ainfi VAnglettrre. 217 les bords de ce Canal font une promenade magnifique de Londres a Ware. On trouve encore dans le Hartford , Barkv/ai tk Buntingfort. V. Middlefe*. Cette Province , au Nord de la Tamife tk au Sud du Co.mtć d'Hartford , eft une des plus petites du Rovaume ; mais ce-pendant la plus confiderable , parce qu'el-le comprend la capitale de la Grande-Bretagne. Elle eft agrćable tk fertile , tk le fumier de Londres fait que tout y mu-rit plutot qu'en aucun autre endroit. Elle envoie huit Deputes au Parlement. La Tamife , qui 1'arrofe , la fepare de la Province de Surrei. Voici quelles font fes Villes principales. Londres fur la Tamife , qui y porte les plus grands vaifteauK , eft la capitale tk 1'abrege de toute PAngleterre. Nous al-lons en donner une defcription parricu-liere , tk alTez etendue pour fatislaire les •curieux. Sa grandeur, la multitude de fes habitans , fa richelfe , &c fon com-merce , la rčndent une des plus confidćra-bles Villes de 1'Univers. Les principales chofes quon y remarque , fonr , la Tour, ou Ton garde la Couronne , 6v les orne-, mcns qui fervent au Sacre des Rois, les Archives de 1'Etat, tk ou eft 1'Arfenal, K vj z i S" Methode de Gćographk. qui a des armes pour 60000 hommes | la Bourfe , Tune des plus belles qiul y ait cn Europe. Londres eft le Siege d'un Evć-que, fuifragant de Cantorberi ; la reli-dence ordinaire des Rois, & le lieu ou saflemble le Parlement duRovaume dans le Palais de Weftminfter , dont 1'Eglife conferve les Maufolćes des Rois & Rei-nes d'Angleterre. Southwarck ;,#auirefois de la Province de Surrei, fait de mcme que Wcfiminjlcr 3 une parrie de cette grande Ville , avec laquelle Southvvarck communique par un pont de pierres. Brent-ford, petite Ville fur la Tamife , & Sta-nes. On voit a Grtenvjich la Maifon ou font les Invalides de la Marine : elle fut batie par le Roi Guillaume III, dc par les bienfaits des Seigneurs Anglois. C'eft la maifon la plus belle , la plus propre , & la miemt fervie de 1'Angleterre. Elle eft fur la Tamife , qnatre milles au-delfous de Londres. Gfeenvfich eft un lieu fort agreable , ou le Roi a un Palais , & oii eft un Obfervatoire ioyaI. Hamptoncourt 3 eft un Bourg fur la Ta-# mife , iix lieues au-defliis de Londres , ou eft une Maifon royalc commencee d'a-bord par le Cardinal Av^olfei, qui fut long-temps Miniftre favori dii Roi Henri VIII. Kenjington 3 a une lieue au Nord de Londres , eft une ^utre Maifon roya-le que le Roi Guillaume III fit batir„ VAngletene. 119 Nous parlerons encore plus bas de ces deux Palais. Chelfei alfez pres de Londres , eft un endroit fort agreable , 011 le Roi Charles II fit commencer un Hopital pour les Soldats Invalides, ćk cuie le Roi Guillaume III h: achever. Dejcription particuliere de la Ville de Londres. Londres , capitale de la Grande-Breta-gne , ćk le liege de la Monarchie , eft in-conteftablement Tune des plus grandes ? des plus riches čk des plus ftoriftantes Villes de PEurope , tk meme de fUnivers.. Elle a tous les avantages qu'on peut fou-haiter pour en faire une Ville extreme-ment cornmcrcante ; čk comme elle eft le magahn de toutes les chofes neceflaires tk agreables a la vie , elle eft aufli le ren-dez-vous de tout ce qu'il y a de grand ćk dilluftre dans le Royaume. On ienr , en la voyant, qu'elle eft habitee par un peu-ple aife , tk qui aime la dćpenfe , ćk meme la profufion. Cette grande Ville eft a ci dćgres 31 minutes de latitude feptentrionale, ćk a 17 degres 34 minutes de longitude , felon MM. de 1'Academie des Sciences de Pariš. Elle eft fituee fur un tcrrein aflfez ele-ve au Nord de la Tamife, qui y forme line. efpece de croiftant. La marce monte IjO Methode de Geographie. meme vingt milles au-dellus de Londres; ainfi elle eft alfez force pour amener juf-cjues au Pont de cette grande Ville les plus forts vaiileaux marchands. Ordinat-rement il y en a une li grande quantite" , que de ce cotć , la Tamife relfemble moins a une riviere, qu a une forct; Sc c'eft a cette belle fituation que Londres eft redevable de toute fa grandeur. Com-me elle eft a 60 milles , ou 20 lieues de la mer , elle eft par confćquent a cou-vert de toute furprife des Flottes enne-mies. L'ćtendue de cette Ville d'Orient en Occident , eft d'environ luiit milles -y c'eft-a-dire trois bonnes lieues de France , en y comprenanr neanmoins Weft-minfter & fes dependances ; mais dans les endroits les plus larges , elle n'a pas plus de denx milles. On y compte 335 Paroilfes, dont cent une font a Fufage de FEglife Anglicane , qui eft FEpifcopa-le , fans y comprendre la Cathedrale de Saint Paul, & le College de Weftminfter y ourre un grand nombre d'Annexes & de Chapelles. Les Non-Conformiftes; c'eft-a-dire , ceux qui ne ibnt pas de la Com-munion Epifcopale , y ont au moins 80 lieux d'affemblee. On croitqu'il y a 5000 rues 3 cours & allees , qui communi-quent a cent vingt mille maifons, habi-tces par 960000 ames 3 en ne mettanr, VAngleurrc. *&t que huic perfonnes par chaque maifon. On pretend, qu'annce commune, il ne meurt pas moins de vingt-quatre mille perfonnes , fuivant les Regiftres de mor-talire , ce qui, multiplie par quarante , fait neuf cens foixante mille , parce epe chaque annee il ne meurt pas moins da quarantieme de la rotalite. La partie orientale de la Ville, precepe jufcpes au Pont, eft peuplee , pour la plupart , de gens de marine , ou par des commercans qui y ont rapport. La plus grande partie de la Cite eft habitee par les plus riches Nćgocians , &c par d'ha-biles Artifans. La Ville Sc les Fauxbourgs de Weftminfter , font occupees par la: grande Sc la petite Noble.fe , & par des Marchands qui vendent en derail. Les maifons font en £ćiićral de bri-que j hormis celles qui echaperent en 1666, i Pembrafement de Londres , qut ont ete baties depuis. Les Anglois fe font tellement perfećlionnćs dans Fart de ba-tir depuis 1'incendic , qu'il n'y a point de Nation qui approcbe de leur gentillefle en batimens. C'eft une chofe furprenante ,. de voir fur un petk fonds des maifons It jolies &z ii commodes , des efcaliers iT clairs , des plafonds li exhauifes , avec des cabinets dans la plupart des cham-bres, qui font bien boifćes s lambiiffees «Sc peintes. zri Methodc de Gćographie. La boiferie done on garnit les eham-br*s, eft tres-neceflaire pour un Pays aufti humide que 1'Anglecerre , pour empecher le mauvais effer des murailles, Sc les pla-fonds de plarre done on fe ferr, rendent, par leur blancheur , les ehambres plus claires , empechenr la poulliere > Sc dimi-nuenc le bruit ; Sc en Etć , i'air d'une chambre en eft plus frais. L'objećtion qu'on faie communement conere les maifons de Londres , eft que les murailles en fone foibles , n'ayanc d'or-dinaire qu'une brique Sc demie d'epaif-feur ; ce q,ui produic ces inconveniens. i°. Que dans la violence de la ehaleur en Ere , Sc du froid en Hiver , lorfque l'un ou l'autre fone de quelque duree, ce qui n arrive que raremene, la ehaleur ou le froid pćnetre au travers des murailles , Sc incommode excremement ceux qui y lo-gene. z°. Qu'en cas dincendie, les murailles eeant bientot echauffees , n'empe-chene pas le progres du feu. 50. Que les maifons endurent beaucoup moins a caufe de leur peu de foliditć : aulli la plus grande parrie de l'Ere eft employće a reparer les maiibns dans un Iieu, 6c a en abaerre d'aueres , pour les rebaeir. La raifon qui fair que les maiibns de Londres fone bacies fi legeremenc, eft que les Proprietaircs du fond ne palfent jamais de bail pour bativfur leur terrein , au-del» VJngletcrre. H 3 de quatre-vingt-dix-neuf ans ; plufieurs ne le font pas au-defuis de foixante , Sc quelques-uns moins. Ce terme expire, les .maifons leur reviennent, c'eft ce quiobli-ge les Entrepreneurs a les faire batir fui-vant le terme du Bail: de forte qu'une maifon eft fouvent prete a tomber , iinon devant, au moins bientot apres que le bail eft expire. Pour tirer rout 1'avantage polTible du fond de la maifon , les caves font commu-nćment baties fouslarue. Ceft une grande cemmodite pour les maifons, mais rien n'eft plus incommode a ceux qui marchent dans les rues pendant que 1'on batit. Les nouveaux batimens etant beaucoup plus beaux, plus uniformes & plus regu-liers qtie les vieux , ont caufe la ruine de pluileurs hotels , quon a demolis pour en faire des rues entieres: mais la Noblefte eft maintenant logće plus commodement dans les Places publiques , & en de belles rues, 011 elle refpire un bon air, &: ou les maifons font baties a la moderne. Places & Rues de Londres. Londres eft remarquable par le grand nombre de belles & grandes Places qui s'y trouvent j telles font celles de Lin-colns-Inn-Fields 3 de Serle j de Grays-Inn , Red-Lion Bloomsbury j Soho x Gol- 2 ?4 Methode de Geographie'. ding j Saint-James Lcicejler-Field 3 De-vonshire tke. qui font que 1'air en eft meilleur dans les rues voifmes. Entre ces Places , celle de Lincolns-Inn-Fields eil la plus fpacieufe , tk celle de Soho la plus belle , tk ornee d'un tres-beau jardin au milieu. Si la plupart des maifons publiques, comme les Eglifes , les Colleges 5 tk les hotels des Corps de inetiers, n'etoient pas fituees en des lieux 6caztes, peut-etre n'y auroit-il point de Ville dans l'Univers, qui fut comparable a Londres a cet egard. Cette Ville a auiTi un trćs-grand nom-bre de belles &c ipacieufes rues , particu-lierement Cornhiii, Cheapjlde jFleec/lreet, Great Hatton-StreetPall-Malt , tke. tk pour la longueur, Thames-Streetj le Strand, tk Holhounij dont laderniere aun mille de lommeur. Les rues nouvellement baties . font les plus propres pour ceux qui vont a pied, etant pavees desdeux cotes d'une lar-geur fuffifante, de grandes pierres de taille fort unies, &c garnies de poteaux a quelque diftance les uns des autres , pour empe-cher les charrettes tk carolles d'en ap-proeher. II faut remarquer d'ailleurs , que quel-ques-unes des parties de la Ville, prifes a part, feroient chacune une jolie Ville s particulierement Alhemarle - Buildings Soho j tk les fept rues qui en font proehe^ UAngUttrtt. 2 3 $ le Temple 3 Spittlc - Fields 3 Goodmans* Fidds j &c. On y trouve un ii grandnom-bre de Francois , qu'ils y furpaflenr celui des Anglois. Toures les maifons du Quar-tier , cjuon appelle les Sept Rues, oni ete baties fous le regne de Guillaume III, qui mouruten 1702 , Se elles font face k une pyramide de pierre dan s le centre , avec pluiieurs cadrans au fommet de la pyrami.de } c'eft un Carrefour fingulier „ qui conduit aux fept Rues. Eau douce de Londres. 11 n'y a point de lieu au monde , qui foit mieux fourni d'eau douce que Londres , par la Tamife , Se'par la nouvelle Riviere, fans parler de pluiieurs autres fources ck conduits d'eau, car 1'eau vient a ceitains temps fixes, tk a bon mar-che dans la plupart des maifons , par des ruyaux de plomb, ck queIquefois de bois, dans des citernes, ou autres grands vaif-feaux. Le petit Peuple a d'ordinaire de 1'eau de pompe dans les maifons , ou fort p res; Se les pompes en pluiieurs endroits, n'ont pas plus de fix pieds de profon-deur. On eft redevable de 1'eau de la nouvelle Riviere aux grands foins, a 1'habilete , Sc" a la grande depenfe du Chevalier Hugh-Middleton, digne perfonnage du Pays de ■ 1$6 Methode de Geogfaphie. Galles, qui a merite pour ce grand fervi-ce , quil a rendu a Londres, qu'on lui erigeat une ftatue de bfonze. II commenca cette Riviere cn 1608 , & la finit en cinq ans. Elle prend fa lburce en deux endroits, pres de Ware, dans la Province de Hartford , d ou en faifant plu-fieurs tours & detours , elle fe rend a Londres apres ioixante milles de cours : & il y a dans cet cfpace huit cens Ponts fur le canal, qui eft etroit, niais fortprofond en plufieurs endroits. En d'autres , il eft porte au-delTus de certaines vallees plus de vingt pieds au-delTus de la terre dans des auges routes ouvertes. 11 y avoit fix censhommes employes chaque jour pen-dant un long-temps a ce grand ouvrage., vraiment digne d 'un Prince. Befoins de la vie procures a Londres. Pour le chauffage , cette Ville eft abon-damment fournie par eau , de bois &c de charbon de terre. Le fecond lui vient de Nevvcaftel & Sunderland , & le bois lui eft apporte des Provinces voifines , d'ou l'on a la commoditć de le faire venir par eau. A 1'egard du charbon , on compte qu'il en entre dans la Tamife tous les ans ftx cens mille chaldrons , chaque chaldron contenant trente-fix boifteaux. Il vient par Mer de trois cens milles, quoiqu'on puc L1 AngUterre. *57 en avoir fuffilamment de quelque autre lieu , qui n eft qu a trois milles du Pont de Londres. Mais l'Etat ne jugea pas a. propos de faire ouvrir ces Mineš , a caufe du grand avantage que la Nation trouve a employer dans ce commerce de charbpn plufieurs centaines de* vaiffeaux, & des milliers de Matelots , qui font eftimes les meiileurs du Royaiime. Pour la viande de boucherie, il y a douze grands Marches , qui font pourvus de belle viande de toute efpece , outre quantite de Bouchers repandus de c6tć 8c d'aurre, pour la commodite des familles , qui font trop eloignees des Marches. On y trouve aufli toutes fortes de volaille 8c de gibierMans tous les temps de 1'annee. Le Marche de Leaden - Hali entre autres , eft li prodigieufement fourni de viande , que trois Marches femblables fe-roient capables de nourrir toute la Ville-de Londres. Pour le poilTon, il n'y a proprement qu'un Marche, qui eft a Bellingsgate , a 1'Eft du Pont de Londres , ou toutes les Poiflbnnieres de la Ville , dont le nombre eft eonliderable , 1'achetent en gros , & le revendent enfuite en detail , les unes dans les Marches, &c les autres de cote & d'au-tre de la Ville dans leurs Boutiques. Pour fe rafraichir & recre-cr , Londres eft rempli de maifons publiques, comme Mćchode de Geographie. font les Cabarets a biere & a vin , CarTcs tk Aubergcs, ou les Seigneurs ne font pas difficulte de fe rendre. On compte envi-ron deux cens grandes Tavernes, tk cinq mille CafFes. Il v a mčmedes brelans, des maifons de muiique , tk deux Comcdies, Tune en Drury-lam), tk Fautre batie de-puis peu en Hay~Markct. Les CafFes font en particulier tres-com-modes pour les entrevues &c les converfa-tions libres , tk pour lire commodćmenc žcabon marche toutesTortes de nouvel-les imprimees j les Deliberations du Parlement 3 lorfqu'il eft aflemble , tk tous les autres papiers , qui paroiftent certains jours de la femaine , ou loriquc Focca-/ion le demande. Lacoutumede faire des Societćs entre amis , pour fc divertir , ou parler d'afFai-res, fur-tout entre les Negocians, eft un moyen., qui enrretient une mutuelle cor-rcfpondance ou du moins pour pafter quel-ques heures agreablement enfemble. Londres eft un lieu, ou Fon peut vivre a beaucoup meilleur marche qu'en aucune grande Ville des autres Rovaumes. Ceux qui aiment la magnificeuce tk la-fuper-fluite y trouvent de quoi fatisfaire leur in-chnation. Tous les mćtiers s'y rrouvenr dans une aflez grande perfećtion , tk four-nifTent abondamment tout ce qu'on peut defurer. Si Fon airne une vie retiree, on. L'AngUurre, M* peut s'y livrer plus que par-tout ailleurs; comme ceux qui ne haiffent pas le bruit Sc le tumulte , ont de quoi fe contenter. H y a deux Foires annuelles , qui durent chacune quatorze jours , tant pour la re-creation du Peuple , que ponr la vente de toutes fortes de marchandifes. L'ime coni-mence le premier de Mai, tk s'appelle la Foire de Mai, qui fe rient pres de Uide Park. L'autre commence le jour de Saint Barrhelemij celle-ci fe tienten TVeJlfmkh-jield, d'ou enfuite elle eft tranfportce 1 Southwark j ouelle fe tient eneore quator-ze jours. On y vpUquantite de Spećtacles » des Farcesdes Comedies , tk pluiieurs animaux ćrrangcrs , qu'on v amene de di-vers endroits du monde. Pour aller par terre d'un licu a un au-tre avec diligence, il y a feptcens carof-fes de louage, tk vers la Cour quantitć de cliaifes. Pour aller par eau , la Riviere eft couvertetous les jours , exceptć leF)i-manehe , de bateaux legers, conduits par un ou deux Bateliers. Tous ces bateaux font d'une legerete extraordinaire j čv ce qu'on doit leur donner , auili-bien qu'aux carolTes de-louage, eftregle par les loix , que les Cochers n'ofent outrepafler. Pour ćelairer pendant la nuit, Londres eft remarquable par fes lanternes conve-xes , qui repandent une grande lumiere. Elles font tres-propres pour empecher les 14t& Methode de Geographie. meurtres , Sc les autres outrages, fi fn> quens dans les grandes Villes. Promenades de Londres. Comme Londres setend le Iong de la Riviere, a caufe des commoditćs de la vie y elle en tire encore cet avantage , qu'en EteTair y eft frais, & la Riviere tient lieu de compagnie par fa varie-te amufante. Ceiix qui aiment a prendre Fair , peu-vent fe fatisfaire, foit dans les Promenades de la Ville , comme les jardins des Socieres de Londres & celui de la Char-treufe , foit par les Promenades de la Campagne y Sc Ton peut aller a Chelfey , Kenlington, Scc. Sc antres lieux agrea-bles. Le quartier de la Cour a Pavantage d'a-voir deux Parcs, dont Pun s'appelle le Pare de Saint+James 3 Sc Tautre Hide-Parc. Dans le premier, on fe promene leulement a pied , & dans Pautre en ca* rofte Sc a cheval. Le Pare de Saint-James a environ trois milles de tour, 8c contient une grande variete de belles Sc fpacieu-fes allćes, a (Tez couvertes 8c bien fablees , avec un mail de mille pas de longueur , nn canal a pen pres de la meme etendue, dont Peau eft rafraichie Sc renouvellee d toutes les marees par des conduits fou- terreins, U Angleterrt. 241 terreins, qui communiquent avec la Ta-mife. On y voit quantite de dauns qui y paiilent 1'herbe. Mais le plus grand orne-ment de ce Pare, eft le Palais Royal de Saint-James , plus beau cependant par les dedans , que par la magnilicence 8c la regularite des dehors. Hide-Parck n en eft fepare quepar le grand chemin , mais il a l'avan.tage d'etre plus eleve , 8c d'etre beaucoup plus fpa-cieux. La Reine Anne qui mourut en 1714 , Ta fair environner de murailles. 11 y a un grand chemin fable pour les carof-fes 8c les chevaux, qui conduitjufqu'au Palais de Kenlington. II eft aUez ordi-naire d'y voir dans un beau jour d'Ete , vers le foir , deux a trois cens carofles, 8c meme quelquefois jufqu'a cinq ou fix cens , qui fe promenent en cerele ; ce qui donne lieu de relpirer fair purde ce Pare, que Ton eftime un des meilleurs, qu'U y ait en Anglererre. Le Peni-Pojl. 11 y a depuis long temps une commo-dite a Londres ( que Ton a nouvellement ćrablie a Pariš) pour fe communiquer par Letcres, a* peu de frais , en quelque partie que ce foit dc Londres 8c de Weftminftet, 8c meme a quelques milles hors de laVijU« ce qui fe foit par le Peni-Pojl ^ ou la Pof-Tome II. L 141 Methode de Geographic. te duri fol. Par cette commodite , onpeut envoyer, non-feulement des Lettres, mais de perirs paquets au deflbus du poids d'u-ne livre, & meme jufqua la valeurdedix fterlins en argent. On ne paye qu'un fol pour cela, & c'eft a celui qui envoie a le payer. Si un paquet venoir a fe perdre , c'eft au Bureau a en repondre, pourvuque les chofes foient bien fcellćes avec de la cire , & avec la vraie marque d'un cachet, Pour la regie de cette Pofte, il y a un Bureau general, qui eft a prefent en Bis-hopf-gate-Street, (ous la direćtion immć-diate d'un Controleur , dont le falaire eft ■de deux cens livres fterlin par an. De ce Bureau en dependent cinq autres , qui font en d'aurres quartiers , &c qu'on ap-pelle Sorting-houfes ; favoir , a Weftminf-ter , pres de Charing-CrolT, le Bureau du Temple , pres de Lincols-Inn • le Bureau de faint Paul, dans Pater Nofter-Row; un autre pres de Sainte Maric-Over dans Southwark ; & le cinquieme appelle le Bureau de Tower-Hill, ou de 1'Hermitage. 11 y a dans tous ces Bureaux environ cent perfbnnes qui en dependent, tant Melfagers, que ceux qui aftbrtiflent les Lettres & les paquets , & en tiennent des Regiftres. Les principaux Commis ont douze chelins par femaine, 6c ceux qui font fous eux en ont dix. Les Melfagers, ou Faćteurs pour la U Angleterrc. 243 Ville , qui ramaftent &: delivrent les Lettres , ont huit chelins chacun par femaine , &c ceux pour la Campagne , en ont depuis dix juičru a douze & quinze , felon Feloi-gnement des lieux, ou ils portent les Lettres. Pour recevoir les Lettres &z paquetsqui s'envoient, il v a pres de cinq cens Bouti-ques ou Caltes dans la Ville, & dans les Villages aux environs 3 ou les Melfagers les vont prendre , Sz les portent au Bureau dont ils dependent. Dans la plupart des lieux a Londres, & a Weltminfter, ils le font d'heure en heure, & dans les lieux les plus eloignes de deux en deux heures. Dans les Bourgs pres de Londres, deux fois par jour , Šc dans les lieux plus eloignes , feulement une fois. Par le bon marchć & par la diligence avec iaquelle les Lettres font rendues , la Ville tk le voifinage ont la commodite d'entretenir une grande correfpondance, qui eft Parne du Commerce, ce qu'ils na-voient pas auparavant. Guillaume Dockwra, Marchand, en forma le modele &c Petablilfement a fes propres frais Pan i6"8o. Mais lorfqu'il ef-peroit recueillir le fruit de fon induftrie , le Duc dTorck lui fit un Proces comme a un homme , qui ufurpoit fes droits j & on lui ota le demi-port3 de forte qu'a prćfent, c'eft un des revenus de la Couronne j & 244 Mćthodc de Geographie. il eft a remarquer , qu'ourre le revenu an-nuel de dix-huit cens livres fterlins , que produit ce petit Bureau, il a augmentć le revenu de la Pofte generale , juiqu a pres de quatre mille livres fterlins par an. II eft vrai, que le Roi Guillaume accorda a M. Dorckwra une penfion pendant quelques annees , pour 1 mdemniler. Mais elle etoit au-delTous de fes frais , fans parler de fa peine , Sc du prejudice que fes arTaires en obufFroient. Le Bureau des AJfurances. Un autre avantage parriculier a cette Ville, eft qu'on peut y faire afTurer beau-coup de chofes de'confequence , fujettes a. des accidens , ou a des hafards , Sc meme a bon marchć. Pour cet eftet, il y a plu-iieurs Aftureurs, gens de bonne reputa-tion , Sc qui ont d ti bien , lefquels cou-i'ent les rifques des evenemens moyennant une fomme modique , dont on convient. Dordinaire , c'eft deux guinees par an pour la valeur de cinquante , ćk: a propor-rion pour de plus grandes fommes. Mais pour rafTurance des maifons en cas de feu , il y a deux Compagnies, qui ont chacune leur Bureau relpečlif. Dans l'un de ces Bureaux , on donne iix chelins par an pour aflurer ioo livres fterlins fur ;une maifon debrique, douze chelins pour L'Arigkterfe. *45- & l'Eglife Collegiale de Weftminfter: cette derniere eft dediee a Saint Pierre. La premiere eft iituee fur le fond le plus eleve de la Cice de Londres , & celle-ci fur le fond le plus bas de Weftminfter. Celle de Saint Paul, batie en un lieu ou il j avoit au temps des Paiens , un Temple dedie a. Diane , tk celle de Saint Pierre , ou il y en avoit un autre dedie a Apollon. L'Eglife de Saint Paul, la Mere-Eglile du Diocefe de Londres , avant ete brulee par le trifte" embrafement de 1666 > oa UAngletcrre. , *JM prit foin , peu d'annees apres , de la reba-tir. Pour cet effet, on impofa la taxe de dix-huit fois fur chaque chaldron de char-bon , outre pluiieurs contributions volon-taires de trente mille livres fterlins, ao cordees depuis par Aćte du Parlemenr, pour finir prompcemenr Pouvrage. Le corps de cette grande tk magnilique Fa-btique, eft depuis long-temps dans fa, perfećcion. Des deux Ćlochers, 1'un eft out lui carillon de cloches , avec une orloge, & Fautre pour une fonnerie or-dinaire. A FOccident, il y a deux Cha-pelles ou Fon preche ; tk fur Pune de ces Chapelles , il doit y avoir une Bibliothe-que. Apres PEglife de Saint Pierre de Rome , il n'y en a point qui furpalfe Saint Paul de Londres, foit en fes dimenlions, foit en fa noble architećlure. Sa longneur de POrient a FOccident, en y compre-nant les marches , eft de cinq cens foi-xante-dix pieds, fa largeur du Septenirion au Midi, y comprenant les deux Porti-ques , eft de trois cens onze pieds : ce qui fait a peu pres la moitie de Pćrendue de Saint Pierre de Rome , que Fon a cherche a imiter dans ce fuperbe edifice. Le DćW me , a le prendre depuis fa furface au ni>-veau de la rue , eft de trois cens trenteT huit pieds de hauteur. Du fommet de ce D6nie j on decouvre avec plaifir la Ville L vj %jl Methode de Geographie. de Londres dans toute fon ćtendue , avec le cours de la Tamife \ mais pour jouir de certe vue , il fant etre fur le Dome de grand matin en Ete , parce que vers les neuf heures , la fumee du charbon de terre , venant a couvrir la Ville, empe-che qu'elle ne puilfe etre vue difnnćte-ment. C'eft ce que j'y ai obferve pkis d'une fois. Le beau tk magnifique Cboeur de cette Eglife , orne d'excellentes fculprures, eft tout pave de marbre ; tk toutes fes portes font de fer travaillć en cent figures diffe-rentes rres-agreables. Ce Chceur ayant ete fini du temps de la conclufion de la Paix de Rif\vick , fut ouvert pour y faire le Service Divin le jour de FaćTion de grace , le 16 de Novembre 1697. Tout Pouvrage eft de pierre de Port-land , qui eft prefque a-uffi dure que le marbre j tk il y a plufieurs morceaux cm-bellis dti plus fin marbre , tk d'ouvrages de fculpture. Le tout a ete dirige par un fameux Architećte , le Chevalier Chrifto-phe Wren. L'Eglife Collegiale de ^eftminfter croit anciennement une Abbaye j enfuite ce fut une Cathedrale j c'eft pourquoi Weftminfter a conferve le nom de Cite , quoiqiie la Reine Elifabeth eut converti cette Eglife Epifcopale en une Collegiale, dans laquelle elle čtabiit un Doyen & L'Jnghterre.- 25$ tlouze grands Chanoines, outre les petits-Chanoines Sc les Chanrres.- Certe Eglife eft dans un terrein bas,. comme toute la Cite de Weftminfter, Sc cependant elle fe voit de fort loin , a cau-ie de fa hauteur. Edouard le ConfelTeur en fut le Eondateur dans l'onzieme liecle,. Sc lui donna en meme tcmps de grands. revenus. Henri III la rebatir dans le trei-zieme liecle d'une Architećture hardie mais gothique. Henri VII y ajouta une Chapelle du cote de l'Orient, qui eft un cher d'ceuvre de l'art. C'eft dans cette Eglife , dćdiee a Saint Pierre , que s'eft, prefque toujours fait le Couronnemenc des Rois» , depuis la eonquete des Nor-inands. Dans cette folemnite , le Doyen. de Weftminfter, qui eft toujours Eveque de Rochefter, prend foin des Regalia y Sc sracquitre d une fonćtion fi honoiable. C'eft dans cette Eglife , qu'on voit aufti les Tombeaux magnifiques de la plupart des Rois &: Reines d'Angleterre , Sc meme de plufteurs autres grands Perfonna-ges. On remarque dans la Chapelle celui de Henri VII , qui eft d'airain maftif, tres-bien travaille. Le Cloitre renferme la belle Bibliotheque du Chevalier Cot-ton, qui eft ouverte le matin Sc le foir s dans le temps des feances des Cours dc Juftice. Elle a ete fort endommagee par un incendie airive en 1731. 2$4 Mćthode de Geogmphie. La Ville de Londres a auffi grand nombre de belles Eglifes Paroifliales y principalement celles qui onr ete rebatics depuis Tineendie , qui font generalement fort propres. Les principales , font celles de Saint Laurent, Saint Michel de Corn-hill, Bow-Church , Chrift-Church, Saint Bride tk Saint Dunftan dans la Cite 9 Saint Andre de Halhrouny tk dans leten-due de Weftminfter , Saint Clement , Saint Paul de Covent-Garden ; Sainte Anne , Saint James &c Saint Margaret. Entre ces Eglifes, Bow-Church , qui eft en Cheapfide , & Saint Bride, pres de Fleetftreet, fbnt particulierement remar-quables pour 1'elevation de leurs clochers y qui font d'une belle tk folide ftructure. Saint Paul de Coven-Garden eft aufli tres-remarquable par fon Portique , tk par fon toit plat , qui eft petit, tk foutenu. fans colonnes par un travail fingulier , qui vient vraifemblablement de la coupe des pierres. C'eft a. Saint Margaret , qu'e fe font d'ordinaire les Predications devant la Chambre des Communes dans les occa-fions folemnelles, pendant que les Sei-gneurs font leurs dćvotions dans l'Eglife Abbatiale , qui en eft proche. On fait remarquer comme une chofe digne d'attention , que les Clochers , qui font en tres-grand nombre dans la Ville de Londres , dirrerent tous dans leur L'Angleterre. 255 ftructure, & qu'il n'y en a pas deux qui fe relTemblent. Outre les Eglifes Paroiiiiales , tk les Annexes de l'Eglife Anglicane , les Non-conformiftes one pres de quatre-vingt lieux d'Alfemblee dans la Ville , ou aux environs, depuis l'Aćte de tolerance. II y a aufti pres de quarante AftembleeS de Proteftans etrangers , la plupart Fran-cois j dont les uns fe conforment a l'Eglife Anglicane , les autres fuivenc les ufa-ges de Geneve tk de Hollande, tke. Entre les premieres , l'Eglife Francoife de la Savoye eft la principale, tk entre les der-nieres , l'Eglife de la Cite, qui eft dans Threadneedleftreet 3 pres de laquelle les Hollandois ont une grande ČV: fpacieufe Eglife , femblable a une Cathedrale. Dans la Savoye , les Allemands ont deux Alfemblees , dont l'une s'appelle 1'Anemblee Prullienne , qui fuit la refor-mation de Calvin; 1'autre eft Lutherien-ne , dans le lieu ou les Catholiques Ro-mains avoient une Chapelle fous le Re-gne du feu Roi Jacques II. Les Danois ont deux Eglifes Lutheriennes , ime dans Tremty-Lane , čV i'autre i Wapping. Les Juifs ont auffi pres de Dukes-Place, dans la Cite de Londres > une belle Syna-» gogue. z5 6" Methode de Geogfaphic*- Maifons & Scacues Royales. De toutes les Maifons Rovales dans Tetendue de Londres & de Weftminf-ter , il n'en eft reftć que deux en leur en-tier j favoir , celle de Saint-James , 8c Somerfet. La premiere eft fituee pres du Pare de ce nom , ce qui la rend tres-agreable. Ce Palais , qui eft un alTemblage de di-vers barimens ajoutes en dirferens temps, eft tres-commode \ 8c a eneore ete aug-mentć 8c embelli par la Reine Anne , qui en faifoit le lieu de fa refidence ordi-naire lorfqu'elle etoit a Londres; 8c c'eft dans ce Palais qu'elle avoit pris nai£ Tance. Somerfet-Houfe , dans le Strand , eft ainfi appelie , du nom.de fon Fondateur , Edouard , Duc de Somerfetonele du Roi Edouard VI. C'etoir la refidence or-dinaire de Catherine , Reine douairiere , 8c veuve du dernier Roi Charles , avant qu'elle retournat en Pormgal, fon Pays natal, ou elle eft morte depuis. Pres de l'Abbaye de Weftminfter, il y a un autre Palais , dont une partie fut bruleeibus le Regne de Henri VIII. Cette partie , qui fut fauvee du feu , a fervi de-? puis pour les AlTemblees des Seigneurs 8c des Communes en Parlement 3 8c pour L 'Angltterre. i>t les principales Cours de Juftice. La gra^--de Salle , ou s'aftemblent ces Cours de Juftice , eft appellee Weftminfter-Hall.. Nous en parlerons dans un moment. WiuhdU avoit ete malheureufement brulee fous le regne de Guillaume III, le 4 Janvier 1694, tk a peine en etoit-il refte quelque partie , hormis le Banquet-ting-Houfe , batiment fuperbe, qu'on a converti depuis- en Chapelle. Ce Palais heureufement fitue , fait face d'un cote a la Tamife, tk de 1'autre au Pare Saint-James, & a toujours fervi de refidence aux Rois tk Reines d'Angleterre depuis Henri VIII, qui en prit poueflion apres la most du Cardinal Wolfey , a qui il appar-tenoit. Le Roi Georges I l'a rebati avec: magnificence. Dans le Strand , pres de Somerfet-Hou-fe j eftla Savoje j autrefois Palais, ainli appelle de Pierre , Comte de Savoye &de Richmond , onele d'Eleonore , femme de. Henri III, qui 1'acheta enfuife pour fon. fils Edmond , Duc de Lancaftre. Il eft fi forr tombe en decadence depuis un grand nombre d'annees, qua peine y refte-t-il une trace de Palais, unfc bonne partie ayant ćcć convertie en maifons a rente. Cependant fon ancienne Chapelle fubfifte eneore , &c fert d'Eglife a la Paroiffe de. Sainte Marie , appellee dela Savoye; Les Maifons Royales , qui font a lav 258 Methode dt Geographle'* Campagne, font entr autres, le Palais de* Kenfington , Hampton-Court, & le Cha-teau de Windfor. Celui de Kenfington eft une maifon tres-propre tk commode , au voiiinage de Weftminfter. II eft iituć dans Hide-Parc , tk on 1 'appelle le Palais de Keniington , du nom d u Bourg qui en eft pres. Le feu Roi Guillaume , qtu ne s'accommodoit pas de lair de Londres , acheta cette maifon du Comte de Nottingham , 1'augmenta tk l'embellit au point qu'on la voit a prefent, & en fic fa refidence ordinaire pour THi-ver. Mais pour entretenir commodemenr la communication entre Keniington Sc* Whitehall, avant que ce dernier rut bru-le, il rit drefter un beau chemin garni de fable pour les caroftes au travers de Hide-Parc tk de Saint-James-Parc , avec des lanternes attachecs a de grands p6teaux des deux cotes du chemin, pour eclai-rer dans la nuir. Ce fut dans le Palais de Keniington, que ce Prince deceda en 1702. Hampton - Court eft fur la Tamife , a onze milles au-deffus de Londres , dans la meme Province de Middlefex. Ce Palais fut bati par le Cardinal Wolfey, fous le regne de Henri VIII. Le feu Roi Guillaume fe plaifoit fi fort en ce lieu, qu'il fit de grandes depenfes pour fembellir. II y batit deux nouvelles faces, qui ( avec L'Angkterre. 159 leurs appartemens 8c leurs jardins) font magnifiques, & li jamais il eft amene a cette perfećcion, que demande l'unifor-mite , FAngleterre fe pourra vanter d'avoir un tres-beau Palais. L'avenue, qui y mene, eft magnifique, & il a l'avan-tage d'avoir deux Parcs. Le Chateau de Windfor eft aufti fur la Tamife, plus haut que Hampconcourt, mais dans la Province de Berk, a vingt milles de Londres , a l'Oueft en remon-tant la Tamife. II eft eleve fur un Coreau 8c jouit d'un air pur. II eft tout enfemble un Palais & une Forterelfe. Dans fon voi-linage ily a une Forcc, qui en depend, 8c denx Parcs , l'un grand & Faurre petit. Le dernier Roi Charles I'orna d'excellentes peinturcs 8c fculptures, ainli que d'une tres-belle 8c fpacieufe terrafl'e , d'ou l'on voit une grande ćtendue de Pays. Ce Chateau eft remarquable particulierement pour ctre le lieu d'alTemblće des Cheva-liers de FOrdre de la Jarretiere , qui font ici inftales dans une tres-magnifique Chapelle; 8c le feftin de leur inftallation fe fait dans une belle Salle, batie expres. C'cft ici que le dernier Roi Charles, & la Reine Anne tenoient leur Cour dans FEte. Henri VIII 8c Charles I, fontenter-rćs dans la Chapelle. A 1 egard des Statues y qui font dans la Ville de Londres, celle de Charles I, • i/>o Methode de Geogt'aphle. qui fe voit a CharingcrolT, eft la tifad eftimee. Celi une Statue de bronze a ehevil aifez belle, mais limple, elevee fur nn piedeftal de marbre, orne de tro-phees de guerre , & environne debarreamc de fer. Čette Statue faite par La &eur> excellent ouvrier , fut renverfee en i6"4? par les ennemis de Sa Majefte , qui avoient le defTus du temps de Cromwel, Sc vendue a la livre comme vieille fonte , a un Chaudronnier, qiti eut le courage de la conferver en fon entier en 1'enterrant, jufqu'au retabliifement de la farnille Roya-le , fons Charles II, en 1660. II y a deux Statues du Roi Charles II , outre celles qui font dans la Bourfe Roya-le \ favoir une a Srocks-Market , a uri bout de Lombard'ftreet, Sc i'autre dans la place de Soho. La premiere eft de marbre blanc y Sc reprefente le Roi a cheval, foulant amc pieds un ennemi. Elle eft pofee fur une belle fontaine de marbre , & a ete elevee aux depens du Chevalier Robert Viner , Echevin de Londres. L'autre , qui eft dans la place de Soho , eft fur un piedeftal au milieu d'une fontaine , ayant a fes pieds la reprefentation des quatre principales Rivieres d'Angle-terre ; favoir, la Tamife, la Saverne , la Trente Se 1'Humber , qui verfent leurs eaux dans la Citerne.- T? Anvleterre. 2.61 Parmi les mineš de Whitehall, on vonja Statue de bronze d'un Roi, qui fe hata trop dc regner pour fe perdre , difent Jes Auteurs Anglois ^ mais ils auroienc parle vrai, s'ils avoient dit que la Reli-gion a laquelle Jacques II hit toujours tres-attadhe des qu'il en connut la verite, anima les factieux , dont la Nation eft remplie, qui fe trouverent appuyćs par le -Prince d'Orange , lequel defiroit depuis long-temps de rćgner. La Statue eft dans la cour a main droite , fur un piedeftal .environne de barreaux de fer. Son habit eft pareil a celui du dernier Roi Charles , qui eft a laiBourfe , avec unxour.de lau-rier fur fa tete. Tour de Londres ; Mat/on de la Douanc ; Ponts. La Tour eft remarquable 1 plufieurs -ćgards. Ceft une Forterelfe, & un grand Arfenal d'Armes dc d'Artillerie. Ceft le lieu ou.fe fabrique laMonnoye au mou-linet, dc ou Fon garde les Joyaux de la •Couronne. Ceft le depot des Archives du Royaume, dc la prifon des pcrfonnes de qualite accufees de malverfations, ou de ,quelque autre erime capital. Cette ForterelTe , ap.pellee la Tour, a caufe de fa grande Tour blanche dc car-sree, qui eft au milieu, eft iituee pres de X qui font difperfes en des Paroif-fes de grande erendue, dont la milice , qui conlifte en deux Regimens d'infanterie , forme un corps denviron trois ou quatre mille hommes. Ce corps eft oblige au premier com-mandement du Connetable de la Tour, de venir renforcer la garnifon , en cas de neceflite. Les lieux qu'on appelle Artelle-rie-Ground & Little Minories 3 font aufli des dćpendances de la Tour, ou il y a des batteries placees avec du canon , &c des Canoniers pour les fervir. On tire ces canons tous les jours de rejouiflance publique. Tous les Navires qui paftent devant certe Forterefle la faluent de leur canon , ck pour trois coups la Tour en rcnd un. Quant au Bureau de la Monnoye a la Tour, il y a plufieurs Officiers, qui en dćpendent , done les falaires font tres-conlidćrables. Dans la Chambre des Joyaux , on voit L 'Angleurrc. 26" 3 les Regalia3 ceft-a-dire , les marques de Taiitoritc royale. Tels font 1. la Cou-ronne, avec laquelle tous les Rois d'An-gleterre ont ete couronnes depuis le temps d'Edouard le Confefleur en 1041. 2. Le Diademe de la Reine , que Sa Majeftc porta lorfqu'elle alloit en pompe au cou-ronnement. 3. Le Globe que Sa Majeftc tenoit en fa main gauche a fon couron-nement , au fommet duquel il y a un joyau, qui a pres d'un pouce & demi de hauteur. 4. Le Sceptre Royal , avec la Croix , qui a un autre joyau de grand prix au-delTous. 5. Le Sceptre avec la Colom-be , qui eft 1'embleme de la paix. 6. Le baton de Saint Edouard , qui eft tout d'or batru. 7. Curtana j ou TEpee de mifćri-corde , qui eft fans pointe, ĆV que 1'on porte entre les epees de la juftice , la fpi-rituelle &c la temporelle , au couronne-ment. 8. Les eperons dor. 9. L'ampoule , ou aiglc dor, qui contienr 1'huile confa-cree, avec laquelle les Rois &c les Reines font oints , 6c la cueillere d'or dans la-quelle l'Eveque verfe 1'huile. 10. La riche couronne de parade que Sa Majefte porte, lorfqu'elle eft au Parlement , ou il y a une grofte emeraude, qui a fept pouces de grofleur , une des plus belles perles qu'il y ait dans l'Univers, ČV un rubis de valeur ineftimable. 1 i.Un fceptre d'yvoi-re, avec une colombe, fait pour la fem- a.6"4 Methode de Geographie. •me du dernier Roi Jacques. ti, La -ronne , le globe & Je fceptre , qui fllrenJ faits pour la feue Reine Marie. On y voit d'ailleurs une faliere de parade , qui reprefente la Tour, dont on fe fert au feftin du couronnement: un cres-beau font de bapteme dargent, double-ment dorć , dans lequel on baptife la Fami lle royale, & une grande fontaine d'argent , qui fut prefentee au Roi Charles II par la Ville de Plimouth. Les Archives de la Tour iont des te-lnoignages perpetuels des droits de la Couronne , tk de ceux. des itijets d'Angle-terre. -Entr'autres chofes , on y trouve Torigine de toures les Loix qui y ont ere etablies tk enregillrees j tous les exploits de cette Nation en France , tk autres Pays j les Ligues tk les Traites avec les Princes etrangers •, FetablilFement des Loix qui regardent FIrlande j la domina-rion tk le pouvoir des Anglois fur les Mers , qu'ils appellent de la Grande-Bre-ragne \ le titre portant les prćtentions des Anglois au Royaume de France j la fon--dation des Abbayes , & autres Maifons Religieufes \ le droit de polTeflion a toutes les terres du Royaume ; Fetendue des terres & maifons feigneuriales,, .& cc qu'ils appellent Itupuijkio poji mor tem y qui font tres-neceffaires dans Texamen des ■ droits en .cas de /ucceilion. On y trouve les X * Angkurre. 2.6" 5 les donations de la pare de la Couronne aux fujets , tant au-dedans qu'au dehors du Royaume , les procedures & plai-doyers en Chancellerie, &: dans les Cours qui jugent fuivant le droit coutumier j les Aćtes ou Contrats pafTes a l'Echiquier de partie a partie j 1'etabliftement de tous les Officiers dans le Rcyaume ; les bornes de toutes les forets en Angleterre , avec plufieurs droits refpećtifs qu'ont les habi-rans aux Communes , comme on les appelle , &c aux paturages qui s'y trouvenr, &c. Les Regiftres font envoyes de temps en temps a la Tour , par un ordre emane pour cet effet, de la Chapelle des Roles , qui eft en Chancerylane, & du Bureau qu'on appelle Petty-Bag , a mefure que ceux-ci fe rempliltent des Regiftres qui viennent des autres Bureaux. On les croit plus -en furete a la Tour qu'ailleurs , 8c c'eft 1'mteret de tous ceux qui ont de grands biens , que les chofes foient ainfi. Quand M. Prinn fut fait Garde des Regiftres , il en trouva plufieurs de gran-de confequence 5 enfevelis fous la pouf-fiere , &c dans une tres-grande confufion. De tous ceux qu'il trouva dans un lieu qu'on appelle la Chapelle de JulesCćfar, il en ramaffa plufieurs tres-utiles au puhlic avec un travail infatigable 3 Sc les pu-blia en trois differens volumes. Tome II. M i66 Me'thode de Geographie. Exceptć les Dimanches, les jours de* Fetes , de jeune , crn d'aćtions de grace , le Bureau des Regiftres eft toujours ouvert j Sc il y a toujours quelqu'un pour recevoir ceux qui y ont aftaire , de-puis fept heures du matin jufqu'a onze , Sc depuis une jufqua cinq heures de Papres-midi. II n'y a que les mois de Decembre , Janvier Sc Fevrier , qu'il n'eft ouvert que depuis huit heures du matin juTqu a onze heures , Sc depuis une heure jufqu a quatre heures apres-midi. Pour les devotions publiques , il y a, a la Tour, une Eglife Paroilliale , appel-lee Ecclejia S. Petri ad Vincula > qui eft a la prćfentation du Roi, Sc exempte de la jurifdiction de FEvcque de Londres. Pour le gouvernement de cette impor-tante place , il y a un Connetable , Sc un Lieutenant, Sc fous euxun autre Officier, qu'on appelle Gentleman - Porter , ou Garde de la Porte. Les gages du Connetable font de mille livres fterlins par an , Sc ceux du Lieutenant de deux cens; celili - ci , a d'ailleurs des profits conii-derables de cenx qui font mis prifonniers a la Tour , Sc le privi lege de dilpofer des Officiers des gardes des prifonniers. Un Duc prifonnier a la Tour , paye deux cens livres fterlins a fon entrće : chaque Pair du Royaume au-deflbus d'un Duc , cent livres fterlins, Sc toutes autres per- L'Angleterre. 16"/ fonnes au-delTous des Pairs, pavent cin-quante livres fterlins. Le Connetable Sc le Lieutenant font en vertu de leur Office , Juges de Paix dans les Provinces de Middlefex , Surrey Sc Kent. L'Officier ou Garde de la Porte , a le foin des portes, dont il doit livrer les clefs tous les loirs au Connetable , Sc en fon abfence au Lieutenant, Sc les rece-voir de lui au matin. 11 commande les gardes des prifonniers lorfqu'ils font en faćtion , &: quand il entre un prifonnier a la Tour, il eft en droit de lui deman-der fon jufte-au-corps , ou rrente livres fterlins , li c'eft un Pair du Royaume , &: cinq livres d'un prifonnier qui n'eft pas Pair. Dans la Cour des Regiltres, qui &y tient tous les Lundis , poiur dettes , ou pour des fautes commifes , tke. il a le mcme pouvoir qu'un Slie.rifl Les gardes des prifonniers qui font au nombre de quarante , doivenr raire garde aux portes, & empecher qu'aucun ćtran-ger n'y entre avec l'ćpee au cote. Lorf-qifun prifonnier arrive a. la Tour, il eft mis dans une des maifons de ces gardes , Sc le garde doit veiller fur lui, Sc lui te-nir compagnie en tout temps. Ils font ve-tus comme les halebardiers de la garde, a la Cour , Sc confideres comme fervi-teurs du Roi, prčtant ferment devant le \G8 Methodč de Geographle. Grand-Chambellan, ou devant le Clerc du Cheque. Dans les Caufes Ecclefiaftiques , Sc dans les examens de Teftamens , la Tour Sc fes dependances ont une Jutifdiction i'oyale , d'ou il n'y a point d'appel, finon au Roi dans la Cour de Chancellerie. La Maifon de la Douane etant le lieu ou 1'on recoit les droits d'entree Sc de for-tie de toutes les marcbandifes , eft entre la Tour Sc le vieux Pont de Londres, Ceft un batiment magnifique , uniforme Sc commode , qiri couta au dernier Roi Charles , dix mille livres fterlins a batir , apres que 1'autre eut ete confume dans fincendie de Londres. II y a un nombre prodigieux d'Officiers. L'ancien Pont qui eft fur la Riviere , coniifte en d-ix-neuf arcades de pierre , a. vingt pieds lune de 1'autre. 11 a huit cens pieds de long , trente de large , Sc foi-xante de haut, avec un pont-levis prefque au milieu. De cliaqne cote on voit un rang de boutiques aflez bien garnies , Sc qui font negoce de plufieurs efpeces de marchandifes. Ceft une rue en tres-bel air , Sc qui a une belle vue j car d'un cote 1'on voit un nombre prodigieux de Navi-res a 1'Orient du Pont, Sc de 1'autre une fourmilliere de bateaux legers, pleins de monde, allant Sc venanr fans ceflTe , ou VAngUttrte. palTint dun cotćde la Riviere a 1'autre. Ce Pont etant fur une Riviere large Sć profonde , qui a un flux Sc reflux conti-nuel j il eft prefque inconeevable com-ment on a pu l'amener a fa perfection.-On doit croire que cela s'eft faic avec une grande depenfe y il en coute tnerbe beau-coup pour lentretenir. Ceft pourquoi il a lui grand revenu en terres Sc en maifons , & plufieurs Officiers j les princi-paux dcfquels font les deux Bridgcmajire, ou Maitres- de Pont. Pour parler nean-moins de ce Pont felort la verite , il n'a ni la largeur , ni la folidite convenable au Pont d'une aulli grande Ville. Depuis environ vingt ans on a fait conftruire pres de A^/eftminfter un nou-veau Pont fur la Tamife , qui pour la beautć Sc pour 1'elegance iurpalfe de beaucoup l'ancien Pont. Plufieurs Artiftes ou Entrepreneurs Anglois , font venus a Pariš en 1737 , pour recueillir les fenti-mens de nos plus habiles Architečbes fur la conftriuftion de ce Pont. Ils ont cher-che beaucoup y mais foit par economie y foit par jaloulie de metier , ils n'ont pas coniulte ce qu'il v avoit de plus confide-rable en ce genre d'Architećture. Ils ont pris quelques defleins, Sc fe font retires precipitamment , dans le temps qu'un Orficier des troupcs de Sa Majeftc avoit cnvie de lcur comniuniquer le dcflin M iij Ijo Methode de Geographie. d'un Pont d'une conftrućrion tres - finem-liere fur cette grande Riviere, tk qui fans etre fort exhaulTe auroit donne lieu aux VailTeaux d'y pafler avec leurs mats. Vincendie de Londres en 1666 & la Pjramide. Le Monument ou la Pyramide y ce che£ d'ceuvre en mariere de batiment, fut eri-ge en memoire de lmcendie de Londres, qui arriva en Ce trifte embrafe- ment commenca le deux de Septembre chez un Boulanger, pres du lieu ou eft erige le Monument j tk dura trois jours entiers. Pendant ce remps-la , il confuma trcize mille deux cens maifons j 1'ancien-ne Cathedrale de Saint Paul , quatre-vingt-fept Eglifes Paroiftiales , iix Cha-pelles, la Maifon de la Douane , la Bour-fe , la Maifon de Ville , & plufieurs autres bati mens magnifiques 5 comme font les Hotels des Corps des MetierS , les Colleges , Ecoles publiques , tk autres grands Edifices, tke. A Pegard des per-ionnes peries dans les flammes , le nombre n'en fur pas grand , s'il eft vrai qu'il n'y foit mort que huit perfonnes. On donne plufieurs raifons de cet hor-ribie incendie , tk de la grande defolation qu'il caufa , a quoi il fut prefque impolli-ble de remedier. 1. Le temps de la nuit UAnolettrre. *7* auquel il commenca j favoir , enfre une & deux heures du matin un Dimanche* i. II prit dans un lieu ou les maifons etoient fort ferrees, & conftruites la plupart de bois , defteche par la chaleur de 1'Ete qui avoit precede. 3. Le vent d'Eft qui fouf-floit, le plus fec de tous les vents, & qui etoit fort violent. 4. Fante d'eau pour eteindre le feu, la Tour de Feau de la Tamife , qui etoit proche de-la, ayant d'abord ete brulee , & la plupart des conduits d'eau mis a fec en peu d'heures. 5. Les Marchandifes combuftibles, comme font les huiles, la poix , le gaudron , la raihne , la cire , le fouffre , l'eau-de-vie , le fucre , chanvre, cordages, beur-re &c fromage , dont les plus grands ma-gafins etoient dans ces quartiers-la. 6. La confternation generale oii tout le monde tomba, des qu'on vit le feu fe repandre ii promptement } ce qui les porta plutot a fauver leurs effets que leurs maifons. 7. On ne penfa point a faire fauter les maifons avec de la poudre j moyen que Fon a troif-ve depuis etre le plus efficace pour arreter la fureur du feu. La perte que firent les Bourgeois de Londres par cet incendie , eft prefque in-croyable. Les plus moderes la font monter i neuf millions de livres fterlins, c'eft-a-dire , a cent millions de livres de valeur jeeile & effećtive. M iv 'Hjx Methode de Geographie. La Pvramide erigee en memoire eft pres du lieu fatal ou le.feu commenca, au Nord de l'ancien Ponr. Ceft une colonne ronde, qui eft peut-etre une picce d'Ar-chitećture des plus hardies qu'on ait ja-mais vues ,.toute batie de grolfe pierre de Porcland , ayant deux cens pieds de hau-teur , a la prendre depuis le pied , Sc quinze pieds de diametre. EUe eft fur UD piedeftal qui a quarante pieds de hauteur SC vinge-un en carre , done le front eft orne d'emblemes. Au dedans il y a un bel efealier a vis , avec des barreaux de fer jufqu'au fommet y Sc tout autour un rres-beau balcon de fer , d'ou 1'on a une vue admirable fur toute la Ville. Les cotćs du Nord Sc du Sud du piedeftal j ont chacun une Infcription latine , Tune reprefentant la defolation de la Ville reduite. en cendres, Sc 1'autre fon reta-bliiTement glorieux. Celle du Nord eft con^ue en ces termes. Anno Chrijii CIdIdCLXVI. Die IF. Nonas Septembris yhinc in Orientem j pe-dum CCII. intervallo ( qu& ejl hujus CC. Columna altitudo ) empit de medid nocle incendium quod vemo fpirante haujit etiam longinaua , & partes per omnespopulabun-dum ferebatur cum impetu & fragore inere-dibili j XXCIX. Templa , Portas, Prato" rium j AEdes publicas. j Ptochotrophia j VAngleterre. 27 5 Scholas, Bibliothecas, infularum magnum numerum 3 Domuum CChoMMMCC. Vicos CD. adfumpfit. De XX VL Regio-nibus XV. funditus delevit > alias VIIT. laceras & femiuflas reliquit. Urbis cadaver ad CDXXXVI. jugcra , hine ab Arce per Thamijis ripam ad Templariorum fanum 5 Mine ab Euro Aquilonari porta fecundum muros ad fojja FUtana Caput j perrexit > > adverfus opes Civium , & fortunas infef-tum y erga vitas innocuurn 3 ut per omnia referrct fupremam illam mundi exujlionem. Velox clades fuit exiguum tempus ean-dem vidit civitatem fiorentijfmiam, & nul-lam incendio. Tertio die , cum jam evicerat humana conjllia , & fubfidia omnia 3 cceli-tus j ut par ejl credere , jujjus Jletit fatalis ■ ignis , .& quaquaverfum elanguit. ■ e n F r a n c o i s. m L'an de grace mil fix c'enš fc^ante-» iix, le fecond jour de Septembre , a! j> l'Orient de ce lieu , a la diflance de j> deux cens pieds ( qui eft la haureur de y> cette colonne) il s'eleva un rerrible feu »j fur le rninuit :, lequel etant poulfe par j> un grand vent , non-feulement ruina » les parties voifines , mais au Ili les lieux » fort eloignes , avec un bruit & une fu-i> reur incroyable. II confuma quatre-» vingt-neuf Eglifes , les portes de la M-v 174 Mćthodc dc Geographic, »> Cite , la Maifon de Ville , plufieurs »> Ediiices publics ; comme H6pitaux, y> Colleges, Ecoles, Bibliotheques , & »> un tres-grand nombre de beaux Edifi-» ces y treize mille tk deux cens mai-» fons, dc quatre cens rues. Des vingc-» lix quartiers de la Ville , il en detruilit » entierement quinze, &c laifTa les huic » autres fort delabres &c demi - brules-» Les ruines de la Ville s'etendirent fur »» quatre cens trente-iix acres ou arpens , » depuis la Tour du cote de la riviere , * julqu a 1'EgIife du T-emple , tk depuis » la porte qui eft au Nord-Eft , tout le « long des mnrailles de la Ville , juf->» qu'au Pont de Holbourn. 11 n'a fait au-« cun quartier aux biens tk richelfes des » citoyens; mais il n'a point attaque leurs » vies, pour reflembler en toutes ehofes 3» a la derniere conflagration du monde* » La deftrucrion fut fubite j car dans u*n » petit efpace de temps , la meme Cite » rut vue floriftante tk reduite a rien. *> Trois jours apres, ce fen fatal , apres *> avoir triompne de tous les efforts tk 3> confeils humains , on le vir s'arreter " tout d'un coup , comme par ordre du 5» Ciel, tk s'eteindre de tous cotes ». Voici l'Infcription du cote du Sud. Carolus II, C. Mart. F. Mag. Brit. Franc, & Hib. Rex , Fid. D. Princeps ClementiJJi-mus j mifcratus luftuofam rcrum facicm ? Z'Anglcterre. ^75 plurima fumantibus jamturn ruinis 3 in foU-tium clv'mm & urbls fu& ornamentum pro-vidit; tributum remifit3 preccs ordinis & populi Londinenjis retulit ad Regni Sena-[um , qui continub decrevit utpublica opera pecunid publica 3 ex večligali Carbonis jof-Jilis orienda 3 in meliorem formam refitue-rentur; utique JEdes Sacre. & D. P auli Templum a fundamentis onmi magnificen-tid extruerentur ; pontes , porta 3 carceres novi fierent ; emundarentur alvei , vici ad regulam refponderent , divi complana-rcntur 3 aperirentur angiportus 3 fora & macella in arcas fepo/itas eliminarentur. Cenfuit etiam u ti fingula domus muris i rite gcrrimis coneluderentur 3 univerfe infron-tem pari altitudine confurgerent 3 omnefqm parictes faxo quadrato aut coclo lattrc foli-daraitur 3 utique nemini liceret uhra fep-tcnnium adifeando immorari. Ad h&c 3 lices de terminis orituras lege lata pr&fcidit , adjecit quoque fupplicationes annuas & ad uternam Pojlerorum memoriam H. C. P. C. Fejlinatur undique , refurgit Londinum 3 majori celeritate ac fplendore incertum 3 unum Triennium abfolvit quodfeculum opus credebatur. E N PRANCJOIS. » Charles II, fils de Charles le Mar-* tyt, Roi de la Grande Brctagne, Fran* M vj lj6 Methode de Giographiel 3> ce Sc Irlande , Dcfenleiiu de la EoJ.,' 3i Sc Prince tres-clement, ayant compaf-»> lion de letat deplorable de la Ville, j> dont les ruines fumoient encore , cher-» eha les moyens de confoler fes citoyens, » Sc de relever Sc orner la Ville, Sc la » rendre plus belle qu'elle n etoit aupa-» ravant, 11 leur rernit les taxes, Sc ren-» voya au Parlement. les Requct.es des » Magiftrats Sc des habitans. Le Parle-s> ment fur cela pada immediatement « un Aćte , que les Edifices publics fe-« roient rćtablis plus beaux qu'aupara-* vant, de 1'argent pubhc , qui fe leve-v roit par une impofition fur lecharbon 'f » que fes Eglifes Sc la Gathedrale de Saint j> Paul feroient rebaties des le fondement 3> en toute magnificence j que les pottes , y> ponts & prifons, feroient aufli relevees 'y ■>■> les egouts publics netoyes *, que les rues » feroient faites droites Sc regulieres; que » les elevations trop roides feroient ap-j> planies, les rues ćtroites rendues plus » larges*,.que les marches Sc boucheries » feroient places dans deslieux ecartes. 11 3» fut aufli ordonne que les maifons fe-33 roient baties avec des murailles entre » deux 5 que leur face feroit d'une meme n hauteur } que ces murailles, feroient 33 toutes ou de pierre carree ou de brique y y> Sc que perfonne ne differat au-dela de » fept ans. De plus, on fit une Loi de- V Angktcrrci t-77 >> fendant d lntenter proces fur les bornes « des maifons. On ordonna aufli qu'il fe » feroic des Prieres annuelles, tk que » pour perperuer a jamaisla memoire de » cet incendie , on erigeroit cette colon-» ne. Louvrage fut poufle avec grande » diligencej Londres seft releve d'une » inaniere furprenante;• & il eft mal aife* » de dire , lequel merite le plus d'admi-» ration, ou la.diligence des ouvriers, j» ou la beaute de louvrage. Dans trois » ans on vit ce travail fini, qu'on croyoit » etre l'affaire d'un fiecle ».. Le cote oriental du piedeftaL a auffi une Infcription , exprimant. les remps auxquels cette colonne a ete commencee , cantinuće tk amenee a perfećtion.La voici; Incepta Richardo Forde, Eq. Praetore Lond. A. D. MDCLXXL Perdućta altius , Geo. Waterman , Eq. Pra% Roberto Haufon, Eq. Prce. Gulielmo Hooker, Eq. Prae. Roberto Vinet, Eq. Pra\ Jofepbo Sbeldon , Eq. Pra:. perfećta Thoma Daviš, Eq. Prae. Urb. Anno Dom. M. d c l x x v 11. 278 Methodc dc Geographie. C'est-a-dire, Cette Colomne a ete commencee , te Chevalier Richard Forde etant Lord Mai-re de Londres j Can i6ji 3 continuee par les Maires fuivans : Le Chevalier Georgcs Waterman> Le Chevalier Robert Haufon. Le Chevalier Guillaume Hooher. Le Chevalier Robert Viner. Le Chevalier Jofeph Sheldon. Etfinie par le Chevalier Thomas Da-vis j Lord Maire 3 1'an ifijj: Il eft a remarquer qu'outre cet embra-femenr, FAngleterre rutaffligee en meme temps , de deux atirres grands fleaux j favoir , la pefte, qui fic un tavale incroya-ble, & une guern: onereufe. Mais tout cela n'empecha pas , que cette Vdle ne fut rebatie en peu dannees , plus bolle &c plus commode qu'auparavant. Et ce qui eft de plus etonnant \ c'eft qu'elle ne s'eft pas feulement relevee de fes cendres, comme un Phenix j mais qu d y a en depuis une Ci prodigieufe augmentation du nombre de fes maifons , principalemenc du cote oii eft la Cour, qu'on en compte pour le moins vingt mille plus qu'il n'y en avoit avant 1'incendie. Preuve incontefta-ble des grandes richelfes , & du grand Peuple qu'il y a dans cette Ville.. Lords Maires "deLon-kdres. VAngteterre. Bourfes, ou Changes* A quelque diftance de la Pvramide dont je viens de parler, on trouve la Bourfe royale dans Cornhill, le plus no-ble editice de cette efpece qui foit dans 1'Univers. EUe rut fondee par le Chevalier Thomas Gresham, riche Marchand > fous le regne de la Reine Elifabeth, 1'an 15(36, juitement cent ans avant qti'elle fut brulee. EUe eft a prefent beaucoup plus magnifique qu'elle ne 1'etoit avant 1'incendie , etant toute batie de pierte de Purtland , au-dedans Sc au-dehors, avec nne belle Architedure. Les Marchands s'y aflemblent tous les jours (excepte les Dimanches, les grandes Fetes Sc les jours de jeunes, ) depuis une heure apres midi jufqu'a deux. Cette Bourfe forme un carre long de deux cens trenre pieds de l'Orient a TOc-cident, Sc de cent foixante-onze pieds du Septentrion auMidi. La face en eft magni-fique , Sc elle a un beau Portique foutenu de grandes colomnes de pierres, &: au fommetil y a une haute Tour, avec un Horloge Sc un carillon de douze cloches. Au-dedans il y a une cour pavee, avec de belles galeries voutees tout autour , fou-tenues de colomnes de pierre de taille , Sc pavee de trčs-beUes pierres. IzSa Methode de Geographie. Dans la cour on voit en des nichcs alf *» deffous des pilliers , les ftatucs en marbre & en albatre des Rois &c des Reines, qui ont regne en Angleterre , depuis la con-quere des Normands. Et au milieu de la cour., il y a une ftatue particuliere du Roi Gharlcs II, parfaitement bien travaillee , par un fameux Sculpteur Anglois, nomme Grimly Gibbons. Elleeft fur un piedeftal d'environ fept.pieds de haut. Le Roi eft reprefente avec l'ancien habit des Empe-reurs Romains , un tour de laurier fur la tete. D'un cote du piedeftal les Armes d'Angleterre & de France y font ecarte* lees, d'un autre cote celles d'Ecofte, & d'un troiiieme cote celles d'Irlande j & elles font toutes foutenues par un amour* Le quatrieme cote eft charge de Finfcrip-tion fuivante , qui attribue de grandes chofes au Roi Charles. Carolo I JCafari Britannico , Patria Patri j Regum optitno Clementijjimo 3 Augujlif-Jimo j Generis humani Deliciis , Utriufque Fortuna Viciori . Pacis Europa Arbitro j Marium Domino ac Vindici j Societas Mercatorum Aventur AnglU Qu£per CCCCjam prope arnios Regiji benignitate floret y. l'Angltterre. * 8 i Fiaii intemtrau iS* Grathudinls &tern&. Hoc tefiimonium Vcncrahunda pofiut Anno faluii s humant M D CL XXX1V\ Au h.iuc il y a des Galerics, ou Fcri compte prčs de deux cens boutiques plei-nes de marchandifes , fur-tout pour l ornament des homuics ce des femmes. En bas il y a des boutiques le long du Porrique, &: de grands Celliers voutesfous tenc. Quoique tout ce Batiment noceupe pas un aere deterre, il a coutć plus de cinquante mille livres fterlins a batir, & il rend quatre inille livres fterlins de rente tous les ans. De forte que ceft peut-etre le plus riche morceau de terre qui foit en Angleterre , pour fon etendue. Le nouvcau Change dans le Strand , valoit bien autant aux Comtes de Salif-buri , lorlque fon nćpoce etoit plus florif-fant qu'il n eft a prefent. Robert Cecil , Comte de Saiilburi, & Grand-Treforier d'Angleterre fous le rćgne de Jacques I, en fut le Fondateur. 11 confifte en deux longues allccs au niveau de la rue, & en deux autres qui font en haut j pavees de pierres de taille , Sc avant deux rangs de houtiques, ou 1'on vend des marchandifes comme dans la Bourfe de Londres. Plu-* iieurs Marchands y ont gagne par leur (BĆgpce des biens confidcrables. - %%i Methode de Geographic. A quelque diftance de-la., dans Ia mcme -rue, eft le Change d'Exter > erige en ces derniers temps } mais qui ne promet pas beaucoup, ayant dans fon voifinage un ft puilTant rival, que celui dont je viens de parler. Des grandes Salles & des Hotels des Corps de Metiers. Comme il n'y a point de Villes dans les autres Pays qui fe puilTent vanter d'a-voir autant de Places publiqnes , on peut dire la meme chofe des grandes Salles. Celle de Weftminfter a fans doute la preć-minence , n ayan^ point fa pareille dans Ja Chretiente. Elle a denx cens foixante-dix pieds de long, quarante-fept de large , cC fa hauteur eft a proportion ; toute pa-vee de pierres de taille : & ce qui eft de plus mei veilleux , le toit eft fourenu fans aucune colonne. Cette Salle fert de palfa-ge pour aller au Parlement , lorfqu'il eft alfemble. Dans le temps des quatre fćan-ces des Cours de Juftice, la Cour de la Chancellerie , celles du Bane du Roi} &c des Plaidoyers communs s'y alTemblent. Ceft en cette Salle que fe fait le grand feftin du Couronnemenr , ou Ton erige une Cour expres , quand il s'agit de juger nn Pair accufe de quelque erime capital. On voit dans cette Salle un tres •- grand ♦ VJngleterre. nombre d'Etendards tk de Drapeaux de Parmee de Prance , pris a la journee de Blenheim ou d'Hochftet, prčs du Danu-be, en 1704. Pres de cene Salle eft la fameufe Biblio-theque erigee par le Chevalier Cotron , & compofee de plus de milie volumes ma-nufcrits, dont laplupart regardent Phiftoi-re d'Angleterre. Nous en avons deja parle ci-delUis. Guildhall y qui eft la Maifon de Ville , oules Cours des Magiftrats de la Cite fe tiennent, eft aufli une belle piece *, mais qui n'eft pas comparable a la precedeutc. Blachwel-Hall 3 le plus grand Magaftn de toutes forces de Draperies , qui font-la expofees en venre , toucne a la Maifon de Ville, 8c merite d etre viiite. Les Metiers de Londres ćtant divifes en foixante-deux Corps , chacun de ces Corps a un Hotel 3 ou une Maifon magni-fique , que les Anglois appellent aufli Hali, du nom de la plus grande Cham-bre , ou fe font les Reglemens pour le ne-goce de ce Corps. La plupart de ces Hotels reflemblent a autant de Palais, ayant de beaux frontifpices , des cours fpacieu-fes, des chambres bien lambriftees , quel-ques-unes de bois de cedre , ornees de fculptures en bois 011 en pierre , avec de belles peintures. Chaque Salle eft alTez fpacieafe pour y contenir plufieurs cen- Methode de Ge'ographie. taines de perfonnes , Sc alfez magnifiquo pour y recevoir une tete couronnee. Celic des Drapiers a entr'autres un beau jar-din , bien entretenu , & ouvert pour tou-tes les perfonnes de quelque diftinćtion. L'H6tel des Merciers eft orne d une belle Ghapelle j &c celui des Marchands Tail-lcurs eft rameux pour les repas qui s'y font tous les ans par de grandes focietes, par-ticulierement par celle de 1'Artillerie. A IHotel des Epiciers , qui eft dans le Poultry , on trouve la Banque d'Angle-terre , laquelle fut etablie fous le Roi Guillaume , pour fournir par pret d'ar-genc aux befoins de 1'Etat, en payant huit pour cent d'interet. Mais le principal ne devoit pas au commencement exceder douze cens mille livres fterlins , jufqu'i ce qiie lEtat voyant que le credit de la Banque diminuoit en 1696 , lorfau'il fut ordonne que toute la monnoye faite au marteau feroit apportee pour etre refor-mee y fon jugea a propos de retablir le credit de cette Banque , par faddition que 1'on rit de huit cens mille livres d fon premier capital j & le terme de la Banque fut en mcme temps prolonge par Aćte> du Parlement, jufqua 1'an 1710. Le capital ayant etć aulli augmente par de nou-velles foufcriptions, 6V: ces foufcriptions devant etre acquittees par des billets , ou par des tailiis de Banque} elle fe retablir, V Anghterre. z S f promptement. De iorte qu'en peu de temps les Billets de Banque qui ne por-toient point d'intćret, paflbient pour ar-gent comptant, Se ceux qui portoient in-teret etoient eftimćs plus que l'argcnr ; ce qui changea bien-tot la face des affai-ies. Car le crćdit fe retablitdabord , Se" largent circula a des conditions raifonna-bles. Cette Banque eft fous la direćrion d lin Gouverneur, d'un Sous-Gouverneur , & de vingt-quatre Direćteurs de la Com-pagnie, qui fonc tous enfemble une Com-niunaiue\ Des Colleges de JuJIice. II n'y a point de Ville au monde fi 5 gralTement, ferment les yeux pouf ne pas voir ce que font ces autres Praticiens. De* la vient que ce grand nombre d'Empvri* ques fe foutient & augmentc me me a Londres. Mais la methode fuivante , donr le College des Medecins fe fert depuis plus de foixante ans , contribuera probable-ment a diminuer le nombre de ces Eni-pyriqnes. En 1696, quarance-deux Me-decins du College s'engagerent a contri-buer eux-memes aux depenfes necelTaires pour foulaeer les pauvres malades , apres avoir rache plulieurs fois , mais en vain y d'obliger les Apothicaires de le faire; ils fournillenr des medecines a un prix mc-dique , quils marquent fur les billets. Dans cette vue le College a depuis ćta-bli, outre le Difpenfatoire qui eft au College , deux autres Difpenfatoires , 1'un dans Saint Poter's Alley in Cornhil, & 1'autre en Saint Martins-Lane , a Weft-min/ter ; ou les particuliers peuvent avoir de bons confeils fur leurs maladies tous les jours , excepte le Dimanche , & des medecines a* jufre prix, fuivant la valeur des drogues. De cette maniere la Ville , &c toute TAngleterre, font informees du prix le plus modique des plus utiles medecines , & favent ce qu'il en faut pren-dre dans toute maladie. Pour finir , ce College elt gouvenie N iij *94 Methode de Geographie. par un Prćfident, quatre Cenfeurs , & douze Elećteurs, qui tous font les prin-cipaux Membres de la Socićtć. Le Prefi-dent eft choili d'entr'eu* tous les ans, i la Saint Michel. Mais les Collćgues ho-noraires & les Licencies 5 nont point de part au Gouvernemenr , quoiqu*ils jouif-fent des privileges du College. Par une nouvelle Patente, que le dernier Roi Jac-ques aceorda a ce College , ceux qui ont pris leurs dćgrćs dans lesUniverfitćs etran-geres, font qualifićs pour devenir Fellovr ou Collegues. Le Collćge de Gresham , en Bishops-gate-ftreet, merite ici une place. 11 eft ainfi appelle de fon Fondateur le Cheva-lier Thomas Gresham , qui bdtit la Bour-fe Rovale , & engagea la moitić du reve-aiu qui en proviendroit aux Maires , a la Communaute de Londres , &c a leurs fuc-cefleurs a jamais , & l'autre moitić a la compagnie des Merciers. La premiere moitić pour trouver quatre perfonnes ca-pables denfeigner dans ce College la Thćologie , 1'Aftronoinie , la Mufique & la Geomćtrie j 8z l'aurre moitić pour N rrois autres perfonnes capables d'enfei-gner la Rhćtorique , le Droit civil, & la Mćdecine. Les gages de chaque Profef-ieur font de cinquante livres fterlins par an j avec un beau logement dans le Collćge. L'Jngleterrei Socićte Royak de Londres. Cc Collćge elt le iieud alfemblće de la Socićtć rotile j ćtablie par Charles II, au mois d'Avril 166), pour faire des progres 8c des dćcouvertes dans la connoif lance des chofes naturelles qu'on appelle communement en Anglois / he Heralds Office > qui eft dependant du gr and Marechal d'Angleterre. Les Herauts font ceux qui dćclarent la ou la guerre , qui font ttes verfes oatis les gćnealogics , fiiiations 8c arines des familles, 6c qui reglent les fonnalitćs des Couronnemens , des Mariages folem-nels, Baptcmes , Funćrailles , Entrevues, 8c Fcftins des Princes , Cavalcades, Sce. Ils font tous ferviteurs gages du Roi, 8c il v en a de trois ordres en Anoletjrre. N vj $oo Methodc de Ge'ographle. Les uns qu'on appelle Kings of Arms > lei autres Heraids & les derniers Pourfui- vants. II y atrois Kings^of Arms, le premier qui s'appelle Carter > le fecond C/aren-aeux j de le troi/ieme Norroy. Garter le principal de tous , fut infti-tue par Henri V, pour anifter aux folem-nites des Chevaliers de la Jarretiere ; pour avertir ceux qui font choifis de leur ćlećtion j pour les faire venir a Wmdfor , afin d'y etre inftalles, & pour placer leurs armes au-defTus de la place qu'ils oceupent dans la Chapelle. C'eft i lui aulli a. porter la Jarretiere aux Rois čk Princes etrangers , qui font choiiis pour etre de cet Ordre j etant jpint dans la commiffion avec quelque Pair du Royaume. Enfin c'eft lui qui regle les funeraillesfolemnel-les de la grande NoblelTe. Kings of Arms fignifie Roi d'armes, & fon inftallation eft une efpece de Couron-nement. On y fait venir premierement Une epee & un livre , fur lequel il prete ferment j enfuite une Couronne d'or , un collier d'Elfes, &c un coup de vin ; apres cela une cotte d'armes de velours riche-ment brodee , Sc un badge d'or ćmaille dans une ehaine d'or. Pendant qu'il eft a genoux devant le grand Marćchal , & qu'il met fa main fiir le livre & fur Tepce 3 un autre Roi d'armes lit la forme L'AngUurre. 301 du ferment \ lequel etant prete, on lit la patente de la charge j 8c pendant qu'on la lit, le grand Marechal verfe le vin fur fa tete , 8c lui donne le nom de Garter ou Jartiere ; niet fur lui la cotte d'armes 8c le collier d'Elfes, 8c la Couronne fur fa tete. II eft oblige par fon ferment d obćir au Souverainde l'illuftre Ordre de la Jarrev riere , 8c aux nobles Chevaliers de l'Or-dre , en tout ce qui depend de fonofrice j de s'informer de tous les exploits de cer Ordre , 8c de les certifier a celui qui en tient les regiftres , afin qu'il fe fouvienne de les enregiftrer. C'eft a lui eneore de faire favoir au Roi & aux Chevaliers de l'Ordre, la mort des Membres de cette Societe. 11 doit auftiavoir une connoilfance cxaćbe de toute la Noblelfe , pour inftruire les Herauts dans tous les points douteux qui regardent le blazonj 8c il doit etre toujours plutot pret aexcufer qua blamer aucun Noble , a moins qu'il ne foit oblige par juftice a depofer contre lui. Enfin il doit eviter tout commerce avec les per-fonnes de mauvaife renommee, Clarcncicux 8c Norroy 3 font les deux autres Rois d'armes , qui ont ehacun leur Jurifdidion j lun au Nord 8c l'autre au Midi de la Trente. Ils font tous deux crees a peu pres comme Garter , 8c leur emploi confiftc \ ordomier les funćrailles a 01 Methode de Giographic. de la peti te NoblelTe \ lavoir Baronets , Chevaliers , Ecuvers & Gentilshommes. Ils ont tous deux par Patentes le pou-voir de vifiter les familles des Nobles, de diftinguer leurs armes, &c. Ceux qu'on appelle Heralds font au nombre de fix, diftingues par les noms de Richemond j Lancaflre 3 Chefier, Wind-fr, Somerfet & Torek. Leur office eft d'aller a la Cour pour y recevoir fes or-dres j d aflifter aux folemnites publiques j de proclamer la paix & la guerre. Les Pourfuivans font quatre , qu'on appelle Blue-Mantle j ou Manteau bleu , Rouge Crojfj ou Croix rouge , Rouge JDragon > ou Dragon rouge , 8c Porfcul-lice, en Fran^ois Porte - Coulice : noms qu'ils tiroient probablement des marques de diftinetion que chacun d'eux portoit autrefois. Outre ceux-la , il y en a deux autr;s qu'on appelle Pourfuivans Extraor* dinaires. L'application & 1'erude de ce College , eft d'avoir foin de tout ce qui regarde les honneurs, etant confideres , tanauam fa-crorum cujiodes & Templi konoris dditui. Ils aftiftent le grand Marechal dans fa Cour de Chevalerie, qui fe tient dordi-naire dans la falle du College des Herauts, ou ils prennent place , vetus de leurs ri-ches cottes d'armes de Sa Majeftć. II faut quilsfoienttousGentilshommes L * Anghterrc. 303 de naiflance, & les fix Herauts font faits Ecuyers dans le temps de leur crćation. lis ont tous des gages j mais Garter l'emporte fur tous les autres , car il a dou-ble falaire , & certains droits a 1'inftalla-non des Chevaliers ; outre les gages an-nuels de chaque Chevalier de TOrdre. II re$oit aufli un prefent de chaque Chevalier le jour de fon inltallation. Ecoles. On voit a Londres plulieurs Ecoles pa-bliques tres-fameufes pour 1'education de la jeuneffe, fans parler d'un nombre infini d'Ecoles particulieres. J'appelle celles - la publiques , qui ontetefondees pour ledu-cation d'un certain nombre d ecoliers , que l'on y enfeigne gratis j ou a peu de frais. Tellesfont i°. 1'Ecole royale de Weft-minfter , fondee par la Reine Elifabeth , pour quarante ecoliers, enfeignes &c en-trctenus aux depens de 1'Ecole , &c qu'on y prepare pour 1'Univerfite. Remarquez qu'il y a deux Ecoles fem-blables a la campagne y favoir, celle dEa-ton dans la Province de Buckingham , vis-a-vis de Windfor; ou il y a un beau College & une fameufe Ecole pour les langues, avec une belle Chapelle j le 3 04 Mćthode de Ge'ographie. tout fonde avec de grands revenus par Ie Roi Henri VI: &c PEcole de Winchefter en ia Province de Southampton , fondee par Guillaume de Wickham , d'ou Ton envoie les ecoliers au nouveau Colićge d Oxfbrd. 2°. L'Ecole de S. Paul, qui eft un tres-beau batimenc, pres la Cathedrale. Cette Ecole fut fondee en 1512 , par le D. Col-let, Doyen de S. Paul, pour y enfeigner cent cinquante-trois enfans gracis. II y a etabli un Maitre s un fous-Maitre 6c un Chapelain , avec de gros gages a perpe-ruite. 3°. L'Ecole des Marchands Tailleurs pres de Cannon-Street, fondee par le Che-valier Thomas White, Echevin &; Mar-chand Tailleur de la Ville de Londres, qui efl auili le Fondateur du College de S. Jean a Oxford. Dans cette feule Ecole on enfeigne trois cens ecoliers *, favoir , cent gratis, cenr pour deux chelins fix fols par quartier chacun, & cent antres pour cinq chelins par quartier. 11 y a pour cet effer un Maitre d'Ecole , qui eft fort bien loge , & trois fous-Maitres , ayant chacun fon apnartementj 8c l'on y trouve une belle Bibliotheque. Les quarante-fix Fel-lovvships, ou places de Collegues dans le College de S. Jean d'Oxford , appartien-nent a cette Ecole j &c pour ces FehWsr L'Jngkterre. "*© J hips, on ćlit tous les ans autant d ecoliers de cette Ecole , qu'il y a de places vacan-tes dans le Colićge. 4°. Une autre tres - bonne Ecole a la Chapelle des Merciers en Cheapfide, fondće par la Compagnie des Merciers. Ajoutez a cela l'Ecole de l'Hopital de Chrilt, celle de la Chartreufe , dont je parlerai plus amplement ci-apres 5 une autre Ecole , avec un_> Bibliotheque , fondee par le D. Termifon, depuis Arche-veque de Cantorb^ri; 8c enlin celle de RatehrF , fondee par N.colas Gibfon, Epicier de Londrcs, qui y batit auui une maifon de Charitć pour quatorze pauvres perfonnes agees. Dans Londres, 8c aux environs a dix rnillei a la ronde , Ion ccmpre foixante-quatre Ecoles de charitć , ćtablies par des perfonneseharitable« depuis plufieurs an-nćes, pour l'education des pauvres. Lorf-qu'ils s'alfemblent pour entendre le fer-mon dans l'Eghfe du S. Sćpulcre j on compte ordinairement jufqu a cinq ou fix cens garcons, 8c neuf cens filles ; fans compter pres de fept cens garcons , 8c environ trois cens filles, qui font en ap-prentifiage. H6pitaux. Outre un tres-grand nombre de Mai-fons de Charitć , ou petits H6pitaux , fon- 30<> Methode de Gćographie. des par des parttculiers pour le foulage-ment des pauvres 7 il y a huit grands H6-pitaux, en comprenant ceux de Green-wlch & de ChelJ'ey, qui ne font pas loin de Londres. Je commence par V Hopital de Chrifl± pres de Newgate(treet, autrefois un Cou-venc, lequel ayant ete fupprime par Hen-ri VIII , fuc converti en Hopital 1'an 15 5 3 , par fon fils Edouard VI- Aurrerois il y avoit plus de mille garcons & lilles enrretenus &c ćleves dans cet Hopital. Chaque annee on tiroit de ee nombre jufqu'a fixou fept-vingt garcons pour les mettre en apprentilTage, & 1'autre appelle Tht - Lock en Sourwark. On compte que ces trois H6pitaux one eu foin tous les ans de trois cens malades pendant plufieurs annees, & ont fourni tout ce qui eft necelTaire au retabliftement des perfonnes infirmes ou eftropiees. Il y a pour le gouvernement de cet Hopital un Prćfident & un Treforier, & plufieurs Gouverneurs ;, dentre lefquels on choifit tous les ans un Comite pour regler les affairesde la maifon. Le Treforier 8c plufieurs Gouverneurs salfemblem deux "Tj ©8 Methćde de Ćeographle. fois la femaine a PHopital , 8c ordonnent a ceux qu'on appelle Aumoniers , d'ache-ter ce qui eft nćcelTaire pour les malades. Pour la guefiibn 8c Fentretiendes pau* vres lunatiqiies oa infenfćs , il y a dans Moor-Fields un magnifique Hopital, ap* pelle communćmenf Bedlam , pui n'a point fon pareil en Europe pouf la grai> deur, ni pour la beaute , 8c routes fortes de commoditćs. II fut bati environ dixans apres Pincendie de Londres. Sans compter le fonds, ce feul batiment a coutć dix-fept mille livres fterlins , a quoi plufieurs riches Bourgeois 8c autres bienfaiteurs ont contribuć j il eft fituć dans un bon air. Dans Pefpace d'un an on y a vu jufqu'a quarante , cinquante 6c foixante lunati-ques retablis dans leur bon fens. L'Hopital de S. Thomas a Soutwark, de l'autre cote de la Tamife , ćtoit au mi* lieu du XVIIC. fiecle un batiment fort grand 8c irrćgulier. Mais il a ćtć abattu 3 Šc rebati d'une maniere commode , uniforme 8c magniiique ; il merite d'etre vn par les Etrangers. Le Chevalier Jean Fleef, Iorfqu'il ćtoit Maire de Londres , en pofa la premiere pierre, 8c alargement contribuć a fon etabliftement. L'ufage de cet Hopital eft pour les malades, leseftropićs 6c les bleftes , comme celui de S. Bar-thćlemi. i Je palfe maintenant a un Hopital, fon- L 'Angkterrc. 309 d outre la prifon de Lud-gate j qui eft particulierement pour ceux qui font Boiu«|ois de Londres. II y a en-core la nouveTO prifon de Clarckenwel, Gatehoufe a Weftminfter, tk la Mare-chaufTee dans Southwark. II y a deux autres grandes prifons pour dettes, l'une a Southwark , qni s'appelle The-Queeri's-Bench > tk lautre The-Plees. TJ Anghtare. 315 Ces deux prifons etant les plus fpacieuies, tk les moins incommodcs , tout Prifonnier en Angleterre peut s'y faire tranfportcrpar un Brevet cVhuhebas- corpus. Pour prevenir le malheur d etre enferme dans une prifon , ou il ny a point de fubfiftance reglee, il y avoit autrefois des lieux pretendus privilegies contre les pri-fes de corps j particulierement la Savoye dans le Strand , White-friars , Ram-alley> Mitercour pres de Fleet-ftreet &c la Minta Southwark , ou les debiteurs etoient pro-teges par la force , contre les loix j mais ce defordre devint li infupportable que pour en arrctcr le con rs , il fut pafle un aćte du Parlement, fous le regne de Guillaume III, contre rous ces lieux la. II n'y a que la Mint qui s'eft foutenue jufqu'ici, ne fourfrant point eneore aujourd'hui qu'aucun Ofncier y vienne faire un arret. Cependant les Colleges tk les Hbpitaux qui ne font point compris dans cet aćce du Parlement, ne permettent pas facilement qu'on arrere perfonne dans leur enceinte. Dans la Jurifdićtion de la Cour de Sa Ma-jeft e, on n'arrete auili perfonne, fans per-miflion de la Cour du Tapis verd. La Maifon des Ađlfes , qu'on appelle SeJJlons-houfe , eft celleoul'on fait le proces aux criminels. Elle eft dans le Old-Baily j entre Ludgate & Newgate , d'ou Ton amene publiquement les prifomiiers O vj $14 Methoie de Geographie. enchames , pour etre juges en ce lieu. Le Lord-Maire y prend feance, comme etant •premier Magtftrat de la-Ville j Sc l'exa-men fe fait }>ar trois des douze Juges, qui y font a leur tour a chaque feance, & qui inftruifent les Jurćs en matiere de droit. Ceux-ci erui font proprement les Juges du fait, donnent leur fentiment felon les depofioions; &z fuivant leurs fen-timens le prifonnier eft abfous ou con-damne. Le proces etant fini , on prononce laSentence a. chaque prifonnier condamne jfelon les Loix. Ainfi les uns font condam-nes a la mort, d autres a etre marques d'un fer ehaud, quelques-uns a etre fouet-tes par la main du bourreau , ou bien a £tre mis au Pilori, ou tranfportes aux Co-lonies. Et le nombre en eft d'ordinaire fi grand , qu'eneoreque ces temps d'Aflifes viennenr huit fois par an, a peine s'en palfe-t-il aucun qu'il n'y ait trente ou qua-rante malfaiteurs qui y comparoiilent, Čc quelquefois le double,. £)u Gouvernement de Londres & de celui de Wefiminjier. II faut diftinguer ces deux Villes conti-gues , a caufe de leur Gouvernement qui eft diftinćt. Car le Lord Maire de Londres n'a rien a faire a Weftminfter , & le Hegh-ftevare de ^eftminfter ne fe mele point V Angktcrrc. yij de ce qui regarde Londres, excepte la me appellee Saint- Martin le Grand, qui eft fous la Jurifdičtion de Weftminfter. Je commence par le Gouvernement civil de Londres, dont le Lord-Maire eft le chef. Ceft un pmiTant Magiftrat, choifi tous les ans par les Citovens, le jour de la S. Michel, 19 de Septembre \ tk il entre dans l'exercice de fa charge en grande folemnite le 19 Oćtobre fuivanr. Le Gouvernement de certe vilie reflem-ble en toutes chofes a celui de la Nation 'y car comme le Pays eft gouverne par un Roi, par les Seigneurs tk les Ccmmunes, ainfi la Ville eft gouvernee par le Lord-Maire , par les Echevins &c le Confeil commun. La Magiftrature du Lord-Maire de Londres eft (i conftderable , que de tous les Maires d'Angleterre , il n'y a que lai & le Maire dTorck , qui portent le titre de Lord, ou Seigneur. Son autori te s'etend non-feulement fur la Cite , tk partie des Fauxbourgs , excep-te quelques lieux particuliers , mais aufti fur ia Tamife , jufqu a fon embouchure , tk du cote d'Occidenr jufqu'au Pont de Stanes. Il eft le premier Juge de Londres, £c a le pouvoir de citer tk demprifoner. II tient une efpece de Cour , & fa table eft ouverte a toutes les perfonnes de- qua-liti. II a fous lui de grands tk petita Offi-, Methodc de Geograpkie, ciers, tk entre les premiers un Porte-epee , qui a pour fa table mille livres fterlins par an. Pour fes plaiiirs , il a une meute de chiens entretenus , tk le privilege de chaf-fer par-tout dans les trois Provinces de Middlefex , Su(fex & Surrey. 11 prerend avoir droit derre le grand Echanfon le jour du Couronnement; tk c'eft une chofe fort remarquable, que lorfque Jacques I fut invite a venir prendre poiTeftion de la Couronne , le Lord-Maire ftgna le premier l'aćbe avant les Pairs du Rovaume. Quand il paroit en public a cheval, c'eft avec un riche harnois , & toujours en robe longue, quelquefois de pourpre , &c quelquefois d'ecarlate ; avec une srande chaine d'or, ornee d'un beau joyau , tk qui lui pend du col en bas. II eft aufti accom-pagnć de divers Officiers, dont les uns vont devant y les autres a. fes deux cotes. Mais la grandeur de ce Magiftrat ćclate fur-tout le jour de fon inftallation , tk fui> palfe infiniment tout ce qui fe voit ail-leurs erv pareille occalion. C'eft une chofe a voir pour les Etrangers , tk qui feroit fort admiree des Anglois meme , Ci elle n'arrivoit pas tous les ans. Avantque jen donne une idee , ilefta propos de parler de fon elećtion , qui fe fait a Guild'hall oula Maifon de Ville. Premierement, les Liverj - mer j qui font des Membres choifis de tous les L 'Angletcrrc. 327 Corps de metiers de la Ville , propolent dordinaire quatre des Echevins , &: de ces cjuatre ils en choififtent deux a la plural tte des voix y enfuite les Echevins cnoi-fiflenc qui bon leur femble de ces deux j quoiqu'ils foient libres en leur choix, dordinaire ils jetrenr les yeux fur le plus ancien Echevin, qui n'a pas encore ete Lord-Maire. L'elećbion etant rixće , le Lord-Maire elu & proclame , prete ferment de main-tenirles privileges delaCite. Le 29d'Oc-tobre fuivanr , qui eft le jour de fon in£-tallation , il entre en charge. II faut re-marquer que le Lord-Maire elu doit etre Membre d'un des douze grands Corps de metiers j tk s'il arrive qu'il foit choifi de quelqu'un des autres Corps , il palfe d'a-bord dans 1'un des premiers. Le jour qu'il entre en charge eft remar-quablepour fa folemnite. Premierement, il va par eau de Black-Friars a Weftmin£-ter dans un bateau de parade , accompa-gne des Echevins dans leurs habits de ce-remonies. Les Membres des douze prin-cipaux Corps de metiers, tk quelques autres le fuivent portant leurs robes fourees j chaque Corps dans fa barque ornee de fes armes , de drapeaux tk de banderolles de tous cbtćš. En allant, il eft falue tant du rivage que de la Riviere , de quantite de coups de canon y i ^eftminfter il 'j 18 Methode de Geographie. pied a terre ; apres quoi les Corps de metiers marchent en ordre a la grande falle. Oji porre devant lui la malTe Sc 1 epee , le Porte-epee ayant fon grand bonnet de parade fur la tete. En entrant dans la falle, une troupe de hautbois marchant en ordre , forment une agreable harmonie, 8c Jouent tout le long du chemin. La Procef-fion fe fait tout autour de Ja falle j le Maire & les Echevins rendant leurs ref-pećts par leur falutation aux Cours de Juflice, qui font alors affemblees. Apres cela ils vont a. la Cour de l'Echiquier , ou le Lord-Maire prete ferment de fidelite. De-li ils font eneore un tour de falle, pour invirer les Juges de chacune des Cours de Jurifdićtions, a diner a Guild'hall. Cela fait, toute la Proceffion retourne par eait comme elle eft venue. Les Membres des Corps de metiers ayant mis pied a terre , marchent les premiers a la Maifon de Ville , en bon ordre j fuivis des troupes , qu'on appelle de 1'artilkrie, avec leurs jufte-au-corps de buffle & descafquesd'ar-gent. Apres eux viennent le Lord-Maire &c les Echevins , tous montes fur des che-vaux fort bien pares de riches harnois. II y a aulli communement divers Pageants ou Chars de Triomphes mobi les j pour di-vertir les fpećtateurs, un defquels repre<-fente ordinairement le metier du Lord* iMaire. VAngletcrre. $19 La Proceffion &z la Cavalcade finilTent a la Maifon de Ville, ou nn diner magni-fique conclut la folemnitć , auquel, non-feulemcnt les Juges fort invites, mais aulfi plufieurs perfonnes de la premiere quali-te; les Membres du Confeil Prive, les Ambaffiideurs , & le Roi meme fort fou-vent. Telle eft la magnificence du Lord-Maire de Londres : tout Bourgeois &c Marchand, qu'il eft , il fait plutot Ta figure d'un Prince, que celle d'un Stijer. Cette grande Ville eft divifee en vingt-fix Quarriers, & il y a un Echevin affigne a chaque Quartier. Ces vingt-fix Echevins font apres le Lord-Maire , cemc qui ont le plus de.pouvoir , Sc chacun d'eux a fous lui un certain nombre de perfonnes du commun Confeil', dont 1'un eft fon Lieutenant, fans les Officiers fubalter-nes. Par les Patentes , qui contiennent le« privileges de Londres, les Echevins, qui ont ete Maires , &c les trois qui les fui-vent immediatemenr, font Juges a Paix de la Ville. Dćs quun Echevin eft mort, le Lord-Maire envoie fes ordres aux Bourgeois du Quartier , dont il ćtoit Echevin , de choifir deux hommes de poidsj&de faire favoir leurs noms a la Cour des Echevins. Cela fait, le Lord-Maire & la Cour des Echevins choifilfent celui des deux cju'ils jugent le plus propre pour remplir cepofte. ^ 3 o Metkode de Geogrnphie. II y a auili un Magiftrat , qu'on nomme Recorderqui eft comme dans les Pavs-Bas le Lonjeiilcr Penjionnaire 3 qui fert . de Confeil au Lord-Maire , pour 1 infor-mer des Loix & Coutumes de la Viile, dans lefquelles il doit etre bien verfć. II prend place dans le Confeil, &£ dans la Cour du Maire , devant tous les Echevins qui n'ont pas eneore ćte Maires. Ceft lui qui prononce les Scntences de la Cour. Les deux Sherifs de Londres 6c de Middlefex , fonr aulli des Magiftrats con-iidćrables , particulierement par le pou-voir qu'ils ont de choilir les Jiires pour les jugemens d'une Caufe. Us font elus tous les ans a la Maifon de Ville le jour de la S. Jean par les Membres des Corps des metiers j mais ils ne pretent ferment que la veille de la S. Michel, lorfqu'ils en-trent en charge^ & (i qtielqu'un d'eux , ayant ćtć choili , refufe la charge , il fmt qu'il paye. une amende de quatre cens vingt livres fterlins, a moins qu'il ne prete ferment, qu'il n'a pas dix mille livres fterlins vaillanr. Chaque Sherif a ibus lui un fous-Sherifs , fix Clercs, un certain nombre de Sergens , &z chaque Sergent un Yeoman, ou aide de Sergent. Enfin il y a unTreforier, qu'on appelle Chamberlain, qui eft un pofte d'importan-cej car il a le Trefor de la Ville entre fes mains, & la Caifle des Orphelins: c'eft TJ Angleterre. 551 pourquoi , quand il eft admis a. cette Charge , il eft oblige de dormer bonne 6c fuflilante caurion a la Cour des Echevins, & il doit rcndre compte aux Auditeurs etab'is pour examiner fes comptes. Une parrie des fonttions de fa charge regarde aulli les Apprentifs, furlefquels il a une grande autorite. Nul d'entr'eux ne peut s'en^afier aun Maitre lans avoir une licen-ce , ou permiflion de lui , 6c ne peut ou-vrir bourique , ou cxercer fon mćtier, fans avoir prete auparavant ferment de-vant lui. Si un Apprentif fe conduit m al, ou sil a commis quelque grande faute , le Trćforier , fur les plaintes qui lui en fonr faites , le fait ćtant prouve r peut l'envoyer a Bridev/ell, ou le punir d'une aurre maniere, fuivant le merite du fait j & fi un Maitre maltraite fon Apprentif , ilpeut rcndre juftice a celui-ci, ou luiper-nr.ttre de pourfuivre fon Maitre dans la Cour de Juftice du Lord-Maire. Il peut meme donner le droit de Bourgeoilie a un Apprentif, qui a bien fervi fon Maitre tout le temps* de fon engagement, quoique le Maitre ne v^uille pas y donner les mains \ &z fi un Maitre s'entend avec fon Apprenrif pour le declarcr libre, avant de 1'avoir fervi le terme enrier de fept annees , fur les preuves qu'on en a , le Recorder peut leseondamner tousdeux i telle amende que bon lui femble: & Methode de Geogfaphie. le Trćforier peut faire fermer la boutique du Maitre , pour remettre cet Apprentif a un autre Maitre de la meme profcflion. II fautpremierement s'adreiTer au Corps des metiers, dans lequel il ćtoit engagć, tk enfuite au Treforier , qui nnit 1'affaire. Ainli le premier Maitre eft dćchargć 5 tk le fecond soblige de garder fAnprentif, lequel, de fon cotć , eft oblige de le fer-vir jufqu a I'expiration de fon temps. Je pade fous (ilence pres de deiix cens OfEces, qui dependent du Lord-Maire tk des Echevins , qui font forr lucratifs. La Cite de Londres eft remarquable , d'ailleurs, par le privilćge qu'elle a de fe gouverner elle-meme , & de tenir des Cours de Juftice , dont la plupart s'alfem-blent a Guild'hall, qui eft la Maifon de Ville. La principale de ces Cours eft une ef-pece de Parlement, qui eft compofe de deux Ordres. Le Lord-Maire tk les Echevins , reprefentent la Chambre des Sei-gneurs ; tk le Confeil commun reprćfente celle des Communes. Ce Confeil eft compofe de deux cens trente-un Membres,choi-fis dans tous les Quartiers de la Ville j dont les uns montent a plus , tk les autres moins. Dans cette Cour le font les Loix Munici-pales , qui lient tous les Bourgeois, chacun y donnant fon confentement, ou par U Anglctcrrc. 3 y* !ui-meme , ou par celui qui le reprć"lente. Un Etranger peut etre fait Citoven de Londres par cette Cour, & non autrement. Pour l'expćdition des afiaires de la Ville , elle nomme des Comitćs. qui en font leur rapport, quand ils en font requis. Outre cette Cour, il y a celle du Lord-Maire , ou Fon juge les Caufes civiles a peu de frais j la Cour des Echevins, celle des Huftings , les Aflifes, la Cour des deux Sherifs , celle du Treforier , &cc. Pour le bien des Orphelins , il y a la Cour qu'on appelle Orphans - Cour , la-quelle fe rientdevant le Lord-Maire, &z les Echevins , qui font les Tuteurs des enfans mineurs de tous les Bourgeois de Londres apres la mort de leur pere. Cette Cour ne s'affemble qu'une fois l'an j mais elle prend grand foin des Orphelins. 11 eft vrai qu,elle n'a pu remćdicr a leur malheur fous le rćgne de Charles II : car .ce Prince ayant orferr un gros intćretpour l'argent qui lui feroit prete par les Socie-tes , ou par des particuliers , la Regence de Londres crut bien faire d'y placer l'argent des orphelins, qui montoit a une fomme prodigieufej mais elle fut perdue pour etix , le Roi n'en ayant payć ni linteret, ni le capital. Ainft les pauvres orphelins furent ruines ; au lieu qu'auparavant , lorfque l'argent ćtoit entre les mains du Treforier de la Ville , un orphelin venant 3 5 4 Mithode de Geographie. e age , ou a fe marier avec 1'approbatiori d !a Cour des Echevins, recevoir d'a-bord fon capical avec Tinteret , quand la fomme auroit ete de mille livres fterlins , .& davanrage. Enfin , il futfair un ade fous le rćgne de Guillaume , quietablit un fonds perpe-tuel , pour payer a ces orphelins , & autres Creanciers , 1'interet de quarre pour cent de leur principal. Chaque Echevin tient d'ailleurs une •Cour dans fon Quartier, appellee Ward-mote, pour les affaires qui 'regardent fon Quartier, particulierement pour l'elećtion des Membres du Confeil commun, & autres Oificiers ; Sc les Corps de metiers ont aulli leurs Cours , que Ton appelle Hall-Motes j ou ils s'alTemblent une fois le mois pour regler ce qui regarde leurs pro-feftions. Apres avoir parle du Gouvernement civil de Londres , je pafTe au miliraire.^ Dans les Provinces, il y a un Lieutenant de chaque Province, qui commande en chef les milices. La Ville de Londres a le (ineme privilege que ces Lieutenans, a ^egard de fes Milices. Le Lord-Maire, '& les Echevins , avec plulieurs aurres des principaux Citoyens, ont le meme pou-voir par commiflion du Roi. Les Milices de Londres font de fix Re-gimens d infanterie , faifant en tout neuf L *A nglcterre. 335 tnille hommes , fans compter deux Regi-mens des ParoiiTes , qui dependent de la Tour , tk le Regiment de Southwark-Mais en cas de neceflite , on leve les Milices , qui font fix autres Regimens ; cha-que Bourgeois , qui a deux Apprentifs , etant oblige d'en fournir un pour cet efTet. Pour fournir des Officiers a toutes ces Milices , il y a une Compagnie de lix cens hommes choifis, tk qui font com-mandes en chef par un OrEcier nomme par le Souverain. Ceft ce qu'on appelle la Compagnie de 1'Artillerie , qui fait tous les quinze jours l'exercice dans un lieu ferme de murailles , pres de Maor-fields. En matieres eccleliaftiques, cette Ville eft gouvernee en chef par fon Evcque, qui a le foin de tout le Clerge de Londres. Ce font , pour la plupart, des Theolc«? giens habiles tk diftingućs. De JVčpmnJler. Je pafTe m.aintenant au Gouvernement de \Veftminfter \ je veux dire la Cite tk fes Fauxbourgs ,ou dependances, qui s'e-tendent du cote de Londres , juqu a Teti.* ple-Bar. La Cite de Weftminfter n'a qu'une Pa-roifle , appellee de Saiure Marguerite, 4$<5' Mcthode de Geographle. .c|ui eft d'une grande etenclue y inais fes dependances confiftent en cinq Paroif-ies; favoi-r , S. Martin , S. Clement, Sainte Marie de la Savove, S. Paul de Couvent-Garden , S. Jacques & Sainre Anne. Pour la Paroifle de S. Gilles, elle neft, ni de Londres, ni de Weftminfter. J'ai deja remarque ailleurs , que les gros Marchands demeurent prefque tous dans Londres, vers la Bourfe. Le quar-tier des gens de Palais eft entre les deux cotes j Se cehu de la Noblelle vers la Cour , dans 1'etendue de Weftminfter. Cctte Cite n'a pour fon Gouvernement ■ni Maire , ni Ecnevins , ni Sherifs. Le Chapitre de Weftminfter eft revetu de toute la Jurifdićfcion civile &c ecclefiaftique depuis la reformation. II eft vrai que le Gouvernement civil a ćte mis entre les rnaihs des Laics, ciioifis pour cet effet, tk conftrmes par le Chapitre. Le Chef de tous les Magiftrats eft celili qu'on appelle Hegh-Steward, qui eft dordinaire un Noble du premier rang , choifi par le Chapitre , & qui a cet Office a. vie. Pour exercer les fonćbions de fa char-ge , il choilit un homme bien verfe dans les Loix , qui doit etre confirme par le Chapitre. Celui-ci , accompagne des au-tres Magiftrats, tient la Cour, qu'on appelle Leec. VAnaleterre. 337 Apres lili eft le Bailli , qui tient lieu de Sherif , car il fomme les Jures pour comparoitre. Tous les Scrgeus de \Y/eft-minfter fe foumettent a fes ordres , &c c'eft lui qui conduit 1'affaire pour 1'elec-tion des Membres du Parlement 3 pour la Cite de Weftminfter. Toutes les amendes tk confifcations lui appartiennent. II y a aulli un Grand Connetable , choifi par la Cour de Leet, qui a fous fon com-mandement tous les aurres Connetables : dordinaire il continue deux annees en cette charge. Enfin il y a quatorze des principaux Bourgeois , qu'on appelle BurgeJJes, dont fept font pour la Cite de Weftminfter, tk fept pour fes dependances. Leur Office a beaucoup de rapport a celui des Eche-vins de Londres , ayant chacun un Quar-tier particulier fous fa junfdićfion. De ces quatorze , il y en a deux qui font elus fous le nom de Chefs , dont 1'un eft pour la Cite, tk 1'autre pour fes dependances. VI. Mjfe*. Cette Province, dont la pirtie orienta-le eft fur la Mer , jouit d'un air tempere j mais cependant humide a 1 Eft tk au Sucl, a caufe de la Mer tk de la Tamife. Le ter-roir y produit du bled tk du farTr-n , tk me-me du bois y tk l'on y trouve du betail, du Tome II, p 3 3 & Mćthode de Gćogfaphie'. gioter tk du poiftbn en abondance. OutrČ Ja Tamife, qui la fepare de la Province de Kent , elle a cncore pour Rivieres rnoins coniiderables, la Stoure, la Čolne, le Chelmer, le Crouch & le Rading. Elle envoie huit Deputes au Parlement. Cokhejler 3 fa capitale , Ville ancienne fur la Čolne , a les meilleures huitres d'Angleterre. Tous les Hiftoriens Anglois alTurenc, que Plmperatrice Helene, mere du grand Conftantin , etoit nee dans cette Ville , tk mcme que ce Prince y avoit pris naiflance \ mais cela eft fort incertain. Cette Ville , qui fait aujourd'hui un alTez bon commerce de fes Manufaćtures de laine , fut extremement malrraitee dans la rebellion fous Charles I , dont elle foutenoit le parti. Chelmsford, au mi-lieu de la Province , eft une petite Ville. Harwich Bourg a 1'embouchure de la Stoure ou Stower , dans la Mer du Nord ; c'eft ou font les Pacquebots ou Barques de palTage d'Angleterre a Helvoet-Sluys , en Hollande. Maldon autrefois Colonie Romaine , appeljee Camalodunum , tk ou Fon trouve quelques Mćdailles. Witham tk Ingerflan, font deux bons Bourgs fur la route de Colchefter a Londres. Wralden , Dunmore > Cogshal, Haljied, Burnham , Rum fort tk Bark ing. Tilbury _> bon Fort fur la Tamife, fert a defendre Pentree de cette Riviere, 'V Angtetcrre; '35* §. V. PROFINCES DU SUD. Elles font au nombre de dix j favoir , i. Kent : 2. Su(Tex : 3. Surrey : 4. Hant on Southampton : 5. Barck : 6. Wilt : 7. Dorfet : 8. Sommerfet : 9. Devon : 1 o. Cormvall, 011 Cornouaille. I. Kent. Ou font les fameufes Dunes d'Angle-terre entre Douvres 6c Sandwicli, eft une Province maritime fur la Manche , ou le Pas de Calais, que les Anglois appellenc le Detroit de Douvres.. Par rapport a la difterence du terroir , on divife cette Province en trois portions } favoir, les Dunes j ou fon a fante fans richeiTes } les endroits marecageux 3 ou l'on a richeiTes , fans avoir de fante , & le dedans des ter-res, ou l'on a fante &c richeiTes. Une par-tie de cette Province eft couverte de bois , une autre eft fertile en bled , & ailleurs on y recueille d'excellentes cerifes & des pommes de reinettes. Outre la Tamife y qui la fepare de la Province d'ElTex , on y trouve encore le Mcdway &c la Stoure &c quelques autres petites rivieres. Le fau-mon du Medway eft excellent 5 Sc les truites de Fordwich, pres de Cantorberi, 24° Mithode de Geographie. font d'une grandeur exrraordinaire. Quand Guillaume le Conquerant foumit l'Angle-tcrre en 1066 , il confirma les anciens Privileges de cette Province j favoir , in. Qne les hoirs males partageroient egnlement les biens de terre : i°. Que tout nentier age de quinze ans peut vendre &C alienet Ion bien; 30. Que le fils herite des biens du pere, quelque crime capital qu'il ait comnns, 8c quelque peine qu'on lui en ait fait fouffrir. Cette Province envoie dix-huit Deputes au Parlemenr. Cantorberi fur fa Stoure , capitale , eft une Ville tres-ancienne *, mais qui a beau-coup dechu de la fplendeur ou elle etoit, Iorfque les Rois de Kent y faifoient leur fejour. Elle eft petite , 8c n'a de confide-rable que fon Eglife Metropolitaine 8c Primatiale de Chrift , autrefois dediee a S. Tliomas. Cette Eglife eft bien batie , 8c l'une des plus vaftes du Royaume , comme elle en etoit aufti la plus riche avant que Henri VIII en eut fait enlever tout l'or 8c tout l'argent qui y etoit. Huit Rois de Kent font inhumćs dans cette Eglife , 011 l'on voit aufti le tombeau de £. Thomas Beket, Archeveque de Cantorberi , canonife pour avoir defendu con-tre fon Prince les immunites particulieres 8c les droits de fon Eglife. L'Archevc-cjue, c|ui eft Primat, 8c premier Pair du. Rovaume . a droit de convoquer le Sy- U Angltterre. 54 s hode national, & de couronner le Roi, done il eft aulfi le Chapelain perpetuel. Avant le Schifme, il etoit eneore Legat-ne du Pape en Angleterre, precedoit les Ptinces du Sang , Šc avoit beaucoup pius de revenu cjuil n'en a aujourd'hui. L'Ar-cheveque fait rarement fa refidence i Cantorbcri , fon Palais netant point ha-bitable j mais a Lambeth - Houfe fur la rive meridionale de la Tamife , vis-a-vis de \Veftminfter. On compte a Cantorbcri jufques a qtiatorze Paroifles, &: Ton y fait quelques etoffes de laine. Rochejlcr 3 Ville ancienne fur le Med-way , a nn Eveque fuifraganc de Cantor-beri; mais dont le revenu eft fi modique, que pour l'aider a foucenir fa dignite } on joint toujours le Doyenne de Weftminf-ter a cet Eveche. 11 y a dans cette Ville un des plus beaux ponts d'Angleterre v bati fous le regne d'Henri IV , vers 1410. Chacam 3 Village pres de Rochefter , a de beaui magafins pour les Vaiffeaux du Roi , qui ont coutume de s'y retirer pendant 1'Hiver. En 'fgfif , les Hollan-dois, alors en guerre avec 1'Angleterre , y penetrerent, fous la conduite du fameux Amiral Ruvter , &c y brulerent un grand nombre de VaiiTeaux , & les Magafins. Douvres j avec un aflez bon Cluteau ; mais fon Port n'eft plus fi frequente qu'il P ijjj 54* Mechode de Geographle, ćtoit autrefois. II n'y a que des paquebors pctir pafTer d'Angleterre en France. Le trajet eft de fept lieues &c un quarr , a compter depuis certe Ville jufqua celle de Calais , qu'on voit de-la aiTez diftinc-tement quand le remps eft beau. Douvres eft un des cinq Ports , qui onr de grands privileges , & dont les Deputes au Parle-ment font appelles Barons des cinq Ports ; on y en joinr trois autres. Ces huit Ports font, Douvres, Sandvjich Rumney &č Hythe 3 tous quatre dans la Province de Kent j Eajlings , Winchelfca 3 Rye Sc Seafort. StindwichPun des cinq Ports, a ete bati des ruines de RhutupU Ville celebre du temps des Romains. Sandvvuk a ete fujet a plufieurs revolutions, meme a des incendies , Sc depuis le regne de Maric j c'eft-a-dire , depuis plus de 160 ans, fon Port etoit en rrčs-mauvais etat : mais on a travaillć depuis peu a le mertre en etat de recevoir les plus gros Vaiireaux. Bumney eft pareillement un des cinq Ports. Bromley , pres des fron-tieres de Surrey , a un rres-bel Hopital pour vingt veuves de Miniftres. Wool-wkh &c Depford, fur la Tamife, ont de bcaux Chantiers ou Pori batit des Vaif-feaux. Greenvv-ich j aufti fur la Tamife , trois milles au-defTous du Pont de Lon-dres. J'en ai parle dans la defcription de cette Capitale. VAngktcrre. m Gravefend j petite Ville aftez jolie , a" cpiinze milles au-deftbus de Londres, fut la Tamife , & vers fon embouchure , eft I'abord de ceux qui moment a Londres par cette Riviere , ou qui en defeendent pour sembarquer fur mer. Henri VIII la fit fortifier, pour alTurer Fentree de la Tamife. Tunbridgc petit Bourg , fur les frontieres de Sulfex, eft renomme pour fes eaux minerales , ou il va beauconp de monde a la fin de FEte. Feversham j Tlih > Medway 3 Milton, Cray , Scvcnokc Cnmbrock , Lid, Folkefton. La petite Ifte de Thanet , au Nord-Eft, a huit milles de longueur fur lix a fept de lar&eur, On y trouve Margatc , ou les Saxons rirent leur defeente, en 449 , lorfqu'ils vinrent pour la premiere fois en la Grande Bre-tagne au fecours du Roi \Vortigerne. Eilc *• eft fertile en bled , & affez peuplee. Shc-pey , autre lile plus a 1'Oueft , prefque de meme grandeur, a des paturages qui nourrilfent beauconp de brebis. Queaibo-roughj au couchant de cette lile , en eft la capitale j Sc S/ur/teJf, eft un Fort qui de-fend Fentree de la Tamife Sc duMedw"ay. II. Sujfex. Province maritime fur la Manche , au Sud-Eft de Kent. Scs Duncs fur la M:r font tres-belles , Sc fes vallees fertiles fur-tout en avoine. Les Forges Sc les Vet- P ;v 544 Methodc de Geographle. reries de cette Province en ont prefque confomme tous les bois. Elle envoie vingt Deputes au Parlement. ChkkeJIer j fa capitale , fur le Lavant, eft une Ville maritime aflez jolie , & le Siege d'un Eveque fuffragant de Cantorbcri. La Rye, a l'Eft , a un bon Port , d'ou l'on pafte ordinairement d'Angle-terre en Normandie. II eft, auJli- bien que W>nchclfea & Hajlings , qui n'en font pas eloignes , du nombre des tinq Ports ; mais Haftings eft plus renomme : a 1'egard de Winchelfea , il eft aujourd'hui en fort mauvais etat. Battd, a quelques milles de Winchelfea A a pris fon nom de la ba-taille qui sy donna entre Haraid oC Gffifc laume le Conqućrant , le 14 Oćtobre 1066 , ou le premier fut vaincu par Guil-laume , qui tefta polfeffeur du Tr6ne d'Angleterre. Pevenfty 3 a quinze milles a rOueft de Haftings, eft le Havre oii aborda Guillaume, Duc de Normandie , Iorfqu'il entreprit la conqucte de 1'Angle-terre. Lcwes, fur une eminence, ou fe tiennent fouvent les AlTifes. Arundcl, en titre de Comte attache au polTelTeiir de cette Terre , fans autre creation, ce qui eft unique en Angleterre. Terring > Bram-bcs, Steynlng3 Petworth , Horsham , Eafl-Grmflčad j Hailsham j font moins confi-dćrables. U Anohtcm.-o III. Surrey. Certe Province eft au Nord-Oueft de celle de SulTex , & au Sud de celle de Middelfex , par ou elle eft bornee par la Tamife. Elle eft aflez ferrile a fes extre-mices, & fterile au centre. Outre la Ta-rnife, elle a quelques autres petites Ri-vieres, qui fe dćchargent dans ce Fleuve.-Elle envoie quatorze Deputćs au Parle-inent. Gullford, fur le Wey , ve rs le Midi, eft le principal Bourg du Surrey : ceft une efpece de petite Viile alfez jolie , ou les: Rois de Suftex ou des Saxons meridio* paux faifoient autrefois leur demeure. Soutwark_y au Nord, vis-a-vis de Londres, fur la rive meridionale de la Tamife , eft legarde comme un Fauxbourg de la capi-tale du Royaume ; & il eft en partie fous le Gouvernement du Lord-Maire de Londres. L'endroit eft grand j mais il n'y a proprement qu'une rue qui foic digne de remarque. Ceft de ce flote* qu'eft FHopi-ral de S. Thomas, & deux des Prifons de Londres. Kingjro/i & Richemond, font deux tres-beaux Bourgs fur la Tamife. Le dernier a vu mourir Edouard III, cmi fit tant de mal a. la France; Henri Vil, & la Reine Elifaberh fa petite-fillc. Il y a a Riclieinond one Maifon royale, avec ura P v 546 Methode de Geographic. beau Pare. Duhvich &c Epfom font diftin-gućs par leurs eaux minerales. Croydon petite Ville , avec un beau Palais a TArche-veque de Canrorberi. Rigate & Darking. Nous avons dćja parle de Lambeth 3 ou fe fait le plus beau verre de l'Europe 3 &z qui eft de ce Comte. I V. Hant, ou Southampton. Province maritime fur la Manche , a POiieft de Surrev & de Sulfex, Pays agrea-ble 8c abondant, fertile en bled , avec de bons paturages , fournit de la iaine , da miel, du bois & du fer. Cette Province envoie vingt-fix Deputes au Parlement. Southampton j qui lui donne fon nom , eft peu de chofe aujourd'hui , en compa-raifon de ce qu'elle etoit autrefois, ion commerce etant fort diminue. Cette Ville eftiitueeau confluent du Teft & de 1'It-cliing, qui y forment enfemble le Hamp-ton, qui n'eft proprement qu>un bras de mer , a lentree duquel eft Calshot3 Cha-reau. TVineheJler fur 1'Itching , eft regar-dee comme la capitale de ce Comte. C'eft une alfez bonne Ville , la principale de la Province, 1'ancienne demcuredes Rois de WefTex , ou des Saxons Occidentaux , & le Sićge d'un Eveque fuffragant de Can-torberi. Cet Evcque, l'un des plus riches d'Angleterre , tient le cinquiemc rang L'Anghterre. 347 dans l'Eglife Anglicane , & eft, en qualite de Diocćfain de Windibr , Prelat de l'Or-dre des Chevaliers de la Jarreriere. Dans la fale des Aflifes , ou Sellions , fe voit la table ronde du fameux Roi Arthur , li ce-lebre dans les Romans de Chevalerie. Cee Ordre prćrendu de la Table ronde , a ćre renouvelle par le RoiGeorges II, fous le nom de Bath. 11 y a a Wmcheiter un beau Collćge , avec une Ecole publique , oii fon eutretient gratuitement foixante-di* Ecoliers. Rumfty 3 Stockbridge , An-douer 3 Vltt-Clmrch 3 Limington 3 Chrijl-Church j Alton j Far ham 3 Petersjicld, font d'autres lieux diftingućs , mais moins con lidera bles que les premiars. L'Iile de Portfey 9 qu'un pont joint au continent, eft dans un air mal fain , marJ> que d'eau doiice, &c n'a pas-tout a. fait cinq lieues de tour. On n'y trouve de confidć-rable , que Portsmouth 3 la plus forte place d'Angleterre , un des meilleurs Parts de l'Ocean , &c un des quatre Arfenauxdu Ro/aume. Proche de cette lile , vers l'Oc-cident , eft la fametife Rade de Splfhcad, ou fe rendent les VaitTeaux qui vont aux deux Indes , ou qui en reviennent. L'Iile de Wight n'eft feparee de la terre-ferme de Hant ou Southampton, que par le petit dćtroit , appelle Solivent. Elle a environ vingt lieues de tour, Se n'eft pas moins agrćvible qu'impct:ante. L'air y eft P vj $>4& Mćthode de Geograf hie. bon : il y croit d'alfez bon bled, tk l'on y trouve beaucoup de gibier , aufti-bien que du betail, done la lame eft tres-fine. Cette lile, dont prefque toutes les cotes fonc efcarpees, tk les habitans fort bons Piloti , eft divifće en Eft-Medine , Se en Weft-Medine. Ces deux parties contien-nent enfemble trente-iix ParoilTes tk trois Villes ou Bourgs > qui font Nevjport x Yarmouth , Ncwton tk Cowes. Newport > qui eft le principal, fait alfez de com-merce^ Tarmouth avec un bon Port, eft bien bati tk fortifie. Cowes a aufti un Port, qui fert fouvent de retraite aux VaiiTeaux. A un mille de Newport, eft la forterelte de Carelsbroock 3 ou les rebelles tinrent prifonnier le Roi Charles I, jufqu a ce qu'ils Pen tirerent, pourle faire mourira. "Londres. Parmi les Villases de cette lile o eft a. 1'Orient celui de Samte-Helene re-nomme par fa bonne Rade. Les Ifles de Jcrfev y Guernefey 3 tke. qui font pres des cotes de Normandie * depeffdent de la Province de Southampton ; & c eft ce qui refte aux Anglois du Duche de Normandie qu'ils pofledoient autrefois comme Fief de la France. L'Iile de Jerfey n'eft eloignee des cotes de Normandie , que d'environ cinq lieues tout au plus. Elle en a dix ou douze de tour j elle eft aflez fertile en L*Angletcrre. 549 grains &c en fmits, particulierement en potnmes , dont on fa.it du cidre , qui eft la boilfon des habitans. 11 y a aufti beau-coiip de brebis , dont la laine fert a faire les meilleurs & les plus beaux bas d'efta-me , qu'il y ait dans TEurope : le bois y eft rare , & Ton n'y brule que des joncs marins. Son principal Bourg eft Saint-Hilaire , nom de 1'illuftre Eveque de Poi-riers, que 1'Empereur Conftance relegua dans cette lile. Montorgueil eft un tres-beau Chateau, ou demeure le Gouverneur de rille avec fa garnifon. L'Ifle de Garnfey ou Guernefey j a ftx ou fept lieues de celle de Jerley vers le Nord-Oueft, n'eft pas fi grande, ni fi fer-rile que cette derniere y mais elle a de meilleurs Ports , qui la rendent plus marchande & plus riche. Ses cotes font prefque toutes efcarpees, comme celle s de Jerfey ; mais elle a čelade particulier que la tene ne porte , ni ne fouftfe au-tune bete venimeufe. On y fait aufti beau-coup de bons bas d'eftame , & l'on y trouve des pierres d'emeri, qui fervent a cour per le verre. Le Bourg de Saint-Picrrc a un bon Port, & eft le lieu principal de cette lile , dont le Gouverneur avec fa garnifon , demeure dans le fort Chateau du Comet y fitiie fur un rocher fepare du continent par un petit detroit, Aldernay ou Qrigny j & Sarck j autre- 3 5° Metk ode de Geographie. ment Cers font deux Iflcs peu habitees l & qui n'ont rien de remarquable. Elles furen t, de me me quc Jerfey &£ Guerne-fey , autrefois foumifes aux Ducs de Normandie, jufqu a l'an 1108 j que Henri I du nom , Roi d'Angleterre , les conquit avec toute cette Province, apres avoir de-fait fon frere Robert, qui les poftedoit comme Ducde Normandie. Sous leregne d'Edouard IV, Roi d'Angleterre, les Francois s'en rendirent maicres j mais ils en furent chaffes peu de temps apres par Robert Harlefton, un des Gencraux de ce Prince. La plupart des Habitans de ces Ifles , font originaires de Normandie; 8č quoique plufieurs familles Angloifes s'y foient etablies , on y parle communement Francois, mais un Francois fort corrom-pu. Avanr 1'herefie , ces IHesdependoient, pour le fpirituel, de FEveche de Coutan-ces en Normandie: aujourd'hui elles font de FEveche de ^inchefter, & pour le temporel, elles appartiennent a la Province de Hant, ou Southampton. V. Berck j ou Barck. Province mediterranee , au Nord de . Southampton. Le Pays-eft agieable , Pair v eft bon , le terroir fertile, & Fon en tire beaucoup de chenes. Cette Province envoie neuf Deputes auParlement. U Anglcurre. » 351 Rcdding ou Reading, Bourg lime au conrluent du Kennet & de la Ta mile , en eft le lieu principal: on y rravaille beau-coup cn ć toftes de laine. Windfor , Bourg fur une colline , au pied de laquelle coule la Tamife , n'eft confidćrable que par fon Chatčau , le plus grand tk le plus richement meuble qu'aient les Rois d'Angleterre. Ce Chateau qui eft dans le goiit gothique , a un tres-beau Pare \ mais d'ailleurs c'eft une malfe brute fans au-cune fymetrie exterieure, & meme fans jardin. Dans l'ahcienne Chapelle de cette Maifon royaIe , ou les Chevaliers de la Jarretiere font inftalles , tk oii ils s'aiTem-blent tous les ans le jour de S. Georges, on voit les tombeaux des Rois Henri VI, Edouard IV tk Henri VIII. On croit aulu* que le Roi Charles I y eft enterre. Ablng-ton, Ville agrćable fur la Tamife. Wal-iingford 3 Ville autrefois imporrante , n'a plus qu'une Paroifte , au lieu de douze qu'elle avoit anciennement. Hungaford, ou Ion pcehe des truites excellentes , tk quantirć d'ecreviifes. Faringdon fait un bon commercede fes draps. Longborn ou Liitnborn tk Newbury font moins conftde-lables. VI. unic. Province mediterranće a rOueft de Barck tk de Southampton, eft un Pavs z 5 2 Mćjfiode de Geographie. iain, agreable ec fertile , au moins vers le Midi; mais pour le Nord , il y a des bois cv des montagnes. Le Peuple y tra-vaille beaucoupen laine; & comme cette Province eft tres-peuplee , elle envoie tren-te-deux Deputćs au Parlement. Salisburi fur 1'Avon, la capitale, eft une Ville fort jo-lie tk tres-propre. Son Eglife Cathedrale y dont l"Eveque eft fuftragant de Cantor-beri, eft une des plus belles tk des plus achevees du Royaume : il y a autant de portes , que de mois dans lannee , autant de piliers que de femaines , tk autant de fenerres que de jours. Malmesburl, Svjln-dor j Bradford, tk le Bourg c\Ambresburi :■ Ckippenham , Caln Marlborough, ou mourut en 1728 le fameux Duc de Marl-boroug , Clarendon en titre de Comte , Devifes Tronbridg , VTejlburi 3 Lavln-gton tk Hindon. W"dton autrefois capitale de la Province , lui avoit donne fon 110111 j; mais c'eft aujourd'hui peu chofe. VII. Dorfec. Province maritime, lituee fur la Man-che , tk du Diocefe de Briftol en Glocef-ter j eft un Pays agreable, fertile en bled, tk en paturages. Outre le betail , le gi-bier tk le poilfon , il y croit du chan-vre tk l'on y trouve de belles carrieies de pierre tk de marbre. Elle envoie vingt Deputes au Parlement. U Anghterre. 555 Dorcejlerovi Dorchejler 3 fur la Frome , eft une Ville fort ancienne, qui fait un aflez bon commerce de ferges tres-fines , 8c dont la biere eft tres-eftimee. Wey-mouth 8c U^elcomb-Rcgis , au Sud de Dorcefter , font a l'oppolite Fun de l'autre aux deux cotes de l'einbouchure du Weg, & ne font aujourd'hui qu'un Bourg fous le nom de Weymouth; quoique Wel-comb-Regis foit le plus grand 8c le plus beau. Wreymouth a un bon Port , qui rend ce Bourg aftez marchand. Lyme i FOueft , fur une eminence 5 en a un aufll, mais moins commode & moins frequen-te. Bridport > ou Fon fait les meilleurs cordages pour les Vairfeaux, parče qne les terres voiftnes produifent du chanvre ex-cellent. Pool 3 autre Port, tres-bien bati & tres-riche. Shcrborn , au Nord-Oueft, eft renomme pour fes'etoftes de laine , Sc par la belle ftrućmre de fon Eglife. Shafts-bury j Cranborn , Frampton 3 Wartham 8c \Vinbom , font d u c6te de la mer. Port-land etoit autrefois une lile: aujourd'hui la Mer ne Fifole plus que dans les gran-des marees , 8c ainli on doit la regarder comme une Prefqu'l(le. Elle eft petite 8c peu fertile; mais elle ala meilleure pierre de taille d'Angleterre , 8c de belles car-rieres de marbre. La Rade de Portland eft exrrcmement dangereufe. A I'Eft de cette Prefqu'iile eft Flile de Purbcch 3 qui 3 54 Methode de Geographie. a dix milles de longueur , fur fix de lar-geur , ou 1'on trouve une forte de picrre cjui approche da marbre, & la meillcure terre a pipe du Rovaiime. VIII. Sommcrfct. Province maritime a 1'Occident de 1'AngIeterre ; qui eft baignee par le ca-nal de Saint-Georges , &c par 1'embou-chure de la Saverne. Elle eft du Dio-cefe de Bath. Le Pays eft fertile en bled Sc a des pacurages , ou 1'on nourric des bceufs dune grandeur extraordinaire. On y trouve du plomb, du cuivre , de la pierre calaminaire, du criftal de roche exrremement beau , &c de la guedde pour les Teinturicrs. Brifloll eft en partie de cette Province, & en partie de celle de Glocefter , ou nous en avons parle. Cette Province envoie dix-huit Depu-tes au Parlement. Bath 3 iiir 1'Avon , eft ainii nommć a caufe de fes bains chauds , qui font en grande reputation, principale-mentpour la paralyfie. La Ville eft petite , mais alTez agrćable, & le Siege d'un Evc-que fuffragant de Cantorberi. Elle s'agran-dit tous les jours. Wells petite Ville altez jolie , a beaucoup de fources d'eau vive, d'ou elle tire fon nom ; elle eft bien peuplee , Sc elle avoit autrefois un Sićge Epifcopal, qui a etć uni a celui de Bath: VAngleterre. $5* c'eft dans fon voifinage que font les mineš de plomb de la Province. Somerton > autre pecite Ville, au Sud de la precedente. Tavnton a fOccident, eft un gros Bourg , renomme par fa Manufaćture de draps 8c de ferges. Minchead au Nord-Oueft, a un bon Havre. Glaejlonburi, au milieu de la Province , a ete autrefois une celcbre Abbaye, dont les Moines fe vantoient d'avoir le corps de Jofeph d'Arimathie : mais celui du Roi Archur ou Arthus, fi celcbre dans les Romains , y rut enrerre. Bridgwater 3 ClaJlonbury 3 Bruton j II-cheftcr > font des lieux moins confidera-blcs, IX. Devon. Province maritime, a 1'Occident de Sonamerfet & de Dorfet, baignee au Nord par le canal Saint Georges , &c au Sud par la Manche. L'air y eft bon , &c le terroir alfez fertile enquelques endroits; on y trouve des mineš de plomb & de-tain.*Elie envoie vingt-fix Deputes au Parlemenr. Exeter fur l'Ex , dont elle a tire fon nom , eft une Ville d'une grandeur palfa-ble, ou 1'on compte jufqu aquinze Paroif-fes ; fort jolie , alfez marchande, & rc-nommee par fes belles Manufaćhires de ferges tres-fines, &c de draps les plus beaux de toute l'Angleterre. Son Eveque Methode de Ge'ographie. eft liirfraganc de Cantorberi. PLymouth aa Sud-Oueft, a PembouchureduPlim & d« Tamer, dans la Manche, eft un Bourg alfez fale; mais tres- renomme par fon Port, lun des plus frćquentćs qull y aif en Angleterre : il eft defendu par un tres-beau Chateau & une Citadelle. C'eft-la qu'etoit ne le fameux Franc,ois Drack , un des grands hommes de mer du XV1C fie-cle , & qui en partie en i 577 , pour faire le tour du monde. Dartmouth au Sud , a aufti un Port tres-commode Sc bien mar-chand, defendu par deux bons Chateaux -y il eft fitue entre la Pointe de Stert, &c la Baye qu'on appelle Torbay. Topsham eft le por: pcuf £xeter= Torringtcn au milieu j Se Bamjlable vers le Nord , Okehampton 3 Plympton , Totnejf 3 Arshburton font aulli des Bourgs alfez conliderables. Torr-bay eft une Rade ou les Vailfeaux font en furete. C'eft la que debarqua Guillaume III, Prince d'Orange , en 16~88 , lorfqu'i! entreprit de detroner fon beau-pere. Jac-ques II. Lundey eft une petite Me au Nord-eft , dans le Canal de Saint-Georges , eloi-gnee de la Province de Devon , d'envi-ron cinquante milles. Elle n'a que cinq milles de long , 8c deux de large; mais fi efcarpee , qu'on ne peut y entrer que par un defile, 011 a peine deux hommes mar-ehent de front: Se dans fa fituation y & V Angleterre. 357 fon peu d'etendue , elle a plufieuris four-ces deau douce. X. Cornivall, ou Cornouaille. Province maritime, Ia plus occidentale de PAngleterre, eft environnee de la Mer de tous cotes, eicepte a FEft, ou elle con-iine a la Province de Devon , done elle eft fćparee par le Tamer. Le Pays n'eft pas fercile , fi ce n'eft dans fes vallees y mais il eft renomme par fes riches mineš d'e-tain , le plus beau dc le meilleur qui foic au monde. 11 y a peu de Villes, mais feu-lement des Bourgs , dont le principal eft Lanjlon j ou Launcejlon 3 a 1'Eft , pres le Tamer. Cette Province envoie quarante-deux Deputes au Parlement. Au Sud du Port de Falmouth, eft la Polnte du Le\ard3 & plus a 1'Oueft on trouve The Lands-End ; c'eft-a-dire , la fin ou l'extremite de. PAngleterre. Enrre ces deux Pointes eft une Baye , nommće Mounts-Bay j ou Ton afture qu'il fe trouve un grand roeher foutenu par d'autres petits rochers , avec un contrepoids , de forte qu'on peut remuer le roeher, fans neanmoins qu'il foit pofliblc de le faire changer de place. Falmouth a P embouchure du Fale, eft un tres-beau Port, d'ou Fon dćpeche par mer uoe pofte pour FEfpagne & pour le jc8 Methode de Geographie: Portugal; cette pofte va debarquer dro it X Corogne en Galice , d'ou les Poftillons fe rendent, l'un a Madrid, Se l'autre a Lilbonne. Les autres lieux les plus conit-derables de cette Province font, Penfan-ce , Heljion 3 Penryn y Truro j Lefwithei 3 Saltash 3 Leskeard, Kellington 3 Camcl-ford j Newport. Tous ces Bourgs envoient chacun deux Deputes au Parlement d'An-gleterre. On fait fur les cotes de cette Province la peche des Sardines , entre Juillet &c Novembre 9 ce qui en occafion-ne lin grand debit en France, en Efpagne & en Italie. Les Ifles Sorlingu.es, ou de Silley 3 lbnt iitućes a FOueft , a. foixante milles de Cornouaille , dont elles dependent. On croit que ce font les CaiTiterides des An-ciens. Quelques-uns en font monter le nombre jufqu'a quarante ; mais toutes fort petites če peu confiderables. La principale eft Sainte-Marie, allez fertile en bled , en gibier , Se en mineš d'etain. On y trouve quelques Villages avec unBourg , qui a un Port Se un Chateau, ou il y a one petite garnifon. UAngktcrrc. 359 §. V L PRO FINCES DE L'OUEST, o u Principaute de Galles. Les Romains ayant fair Ia conquete de ce Pays, que Ton nommoit la Cambrie , Cambrla , lui donnerenr le nom de Bri-tannla fecunda. Ses Habitans tenterent plus d'une fois de fe foulfraire a la domi-nation romaine ; mais ils ne purent re-couvrer leur liberre que dans la chute de 1'Empire , lorfque les Nations du Nord s'emparerent de la Grande Bretagne. Les Bretons chailes de la plus grande parcie de leur Pays par les Anglo-Sa-xons , fe retirerenr dans la partie occi-dentale &£ monragneufe , qu'ils parrage-rent en Walles 8c enCormvales. Ils y for-merent une Principaute particuliere juf-ques a Leolin leur dernier Prince , qui re-fufa de faire homraage a Edouard I, Roi d'Angleterre. Leolin nit tue en 1283 dans la guerre , qu'il eut avec ce Roi, & fes Peuples furent foumis. Cependant le Roi d'Angleterre , quoique victorieux , ne put s'en faire reconnoitre pour Souve-rain, parče qu'il n etoit pas ne dans la, Province. Auili pour accourumer ce nou^ j6"o Methode de Geographle. veau Peuple a fa domination , il envoya la Reine fon ćpoufe , qui etoit enceinte , a Caernarvan , oii elle accoucha d'un fils , qui du lieu de fanaiifance, fut nomme de Cacrnarvan , ce qiu lit oublier aux Gallois riifurpacion de fon pere. Ceft done depuis ce temps-la., que les fils aines des Rois d'Angleterre por cent leritrede Princes de Galles, & c'eft eneore aujourd'hui leur plus bel apanage. Le Pays de Galles , quoique foumis aux Rois d'Angleterre , n'a pas lailTe de faire pendant long-temps une forte d'Etat fepare & particulier. Ce ne fut que fous Henri VIII, que cette grande Province fut ineorporće a la Couronne d'Angleterre & en a fuivi les loix. Cependant les Gallois font dirferens des Anglois, dont les langues meme ne fe relfemblent en aucune maniere : celle des Gallois eft 1'ancienne Bretonne , que plufieurs Sa-vans croient etre celle des anciens Gau-lois ; au moins y a-t-elle un grand rap- Si les montagnes etoient un ornemenr, le Pays de Galles auroit un grand avantage fur 1'Angleterre ; cependant cette Principaute n'eil pas un aiiHi mechant Pays qu'on I'a penfe , puifque le terroir y fournit a fes Habitans de quoi fubfifter mediocrement, & il eft meme alfez fertile en quelques en-droits. Mais cette Principaute eft aflez mal VAnghurrć. x6\ tnal peuplee ; fa richeife confifte en betail, principalement en brebis. Sa (lcnarion eft a l'Occident de lAngleterre fiuTa Mer d'Irlande. Son etendue contient environ Je cinquieme de l'Angleterre, & com-prend 751 ParoiiTes, 5 8 Bourgs , Sc plus de 300 mille ames , qui payenc pour la taxedes terres 43752 livres fterlins; c'eft-a-dire, la valeur de 11 mille marcs dar-genc en efpece\ ce qui egale prefque la moitie de toute rEcolfe. L'air y eft bon y les vivres a bon marche : Sc pour le ehauf-fage j on trouve du bois, du eharbon , Sc des Eourbes. Elle renfermoit autrefois 14 Comtes y Shires, ou Provinces} mais aujourd'hui elle n'en contienc que douze, dont ily en a lix vers le Septcntrion Sc autant vers le Midi : 'ce qui fait qu'on la divife en Sep-rentrionale Sc en Meridionale, autrement North-'VValles & South-Walles, que nous allons expliquer en commencant par la derniere. Provinces de South-JValles. Ces fix Provinces font: 1. P^mbrock: 2. Caermarthen : 5. Clamorgan : 4. Brek-nock : 5. Radnord ; 6. Cardigan. Tome II. Q f $ći Methode de Geographie. I. Pembrock. Cette Province eft du Diocefe de Saint - Davids , & prefque toute envi-ronnće de la Mer. Le Pays eft alTez fer-tile; mais la partie orientale eft la plus agreable. On y voit le Havre de Mil-J'on., ou MHjort-Haven Pun des plus beaux Porrs 6c des plus sms qu'il y ait au monde, 6c qui peut recevoir mille VaiiTeaux : mais il eft peu frequentć. On y trouve pour le chaurTage d u Cidm , qui eft une poufliere de charbon de mine , dont la proprićte eft parriculiere j en ce que , pour le faire bruler , il y faut meler un tiers de limon ou de boue vifqueufe. On les paitrit enfemble; alors il faitun feu excellent, agreable, 6c de duree , prefque fans fumee , quoi-qu'humide. C'eft le chaurTage ordinaire des Gentilshommes. Cette Province , qui n'envoie que trois Deputes au Parlement, a pour fa capita-leAvrc^rootj petite,Ville iicuee au fonddu Milford-Haven. C'eft dans le Chateau de cette Ville que naquit le Roi d'Angleterre Henri VIII. Salnt-Davids 3 autre petite Ville pres'de la Mer d'Irlande , avec un Eveche furTragant de Cantorberi. Son Eve-que a eu autrefois les droits de Metropo- U Anglcterrc. z6$ iitain pour les fept Evcques , qu'il y avok alors dans le Pays de Galles. Haverford-wejl 3 Bourg fort joli, Sc bien peuple. Cairkon Milford, Kilgarren j Fishgard, Narbart 3 Sc Tenby 3 font des lieux moins coniiderables. 11. Caermanhen ou Carmarden. Cette Province , qui eft aufti du Dioceie de Saint-Davids, eft une des plus fertiles du Pays de Galles. Elle envoie deux De-putes au Parlement. On y trouve beau-coup de bled Sc d'herbes , du betail, du faumon, du bois , du charbon de terre, & le meilleur plomb d'Angleterre. Caermanhen, Ville fur le Towy, agrea-blement fituee , Sc qui s'agrandit tous les« jours: on lappelle le Londres du Pays de Galles. A un mille de cette Vdle fe mon-tre la Grotte de Mer/in 3 que 1'on croitavoir vecu vers 1'an 480, & que le Peuple a fait pafter pour un grand enchanteur. Četo it fans doute un Mathematicien habile pour ion temps. Lanelly, Kidwclly , Langern , Sc Langadock en ibnt enfuite les lieux prin-cipaux. III. Glamorgan. Cette Province, qui eft du Diocefede LandafT, eft bornee au Sud par le Canal deSaint-Georges. Elle eft remplie dn mom Qij j.cT4 Methodc de Geographle. tagnes ver.s ie Nord : mais alTez fertile aH Midi, pour meriter le furnom de Paradis du Pays de Galles. Elle envoie deux D6-pures au Parlement. Cardiff, fur le TafF, en eft la capitale, fituee au Sud-Eft pres de la Mfil , qui y fait un Port, & rend cette Ville alfez marchande. LandaJfjtxh-peutQ Ville, un pcu au deftiis , eft fur la mane Riviere , &: a un Eveque , qui eft furfragant de Can-torberi ; mais il eft le plus pauvre de ceux d'Angleterre. Swanfey, Havre forr fre% quente. Pcnrife , Neath 3 Abtravon 3Brid* gene, Cowbridg8c Lantrijjent. On trouve a Ncwton une fontaine, qui baifle& diminue lorfque la Mer s'enfle, ou que la Maree morite ; &c qui au con-traire enfle & groflit lorfque la Mer eft bafle , ou que la Maree fe retire. IV. Brecknok. Cette Province eft dans les terresj au Nord de celle de Glamorgan ; elle envoie aufti deux Deputes au Parlement. Ses mon-ragnes font fteriles; mais les vallees en font fertiles en bled. On y trouve du be-tail , du poilTbn, quelques fourures de [putre , avec quelques paturages. Breck* hok j petite Ville fur PUsk , en eft la capitale; il s'y fait un alfez bon commerce de laine. Hay 3 le meilleur Bourg : Bailt •i: CrickhcAve!, L'' Anzhurrc. o V. Radnon Eft aufli dans les rerres , če c'eft le Can-ton le plus fterile du Pays de Galles. II en-voie deux Deputes au Parlemenc. Radnot, petite Ville fur le Somegil, en eft la capi-tale \ mais Prejlcyn , Bourg fur le Lttg , bien peuple , en eft le lieu le plus coniidć-rable : on peut remarquer encore Rkia* dergony če Knighcon* V I. Cardigan. Borne a 1'Oueft par la Mer d'IrlanJe, eft du Diocefe de Sainr-Davids 5 il v a peu de montagnes , če il eft aftez fer ti le en diverfes chofes. En 1690, on y decou-vrit une mine de plomb, aufli-bien qu'uns d argent & de cuivre. Cardigan fur le Tivy , če aflez pres de la Mer, en eft la feule Ville, qui eft afTcz bonne , če Abc-ryjlwitk le meilleur Bourg. Trcgc.ron če Lanbcder, font au Sud-Ell de cette Province , qui envoiedeux Dćputes auParle-ment. Provinces de 1\orth-Wralles. EUes fontaufli au nombre de C\x, fiivoir: 1. Monrgomery. : t. Merionetli: 3. Caer-narvan: 4. Denbigh : 5. Flint: 6. PIils d'Anglefey. $66 Mćthode de Geographie. I. Montgomery. Province mediterranee d u Diocčfe de Saint-Afaph , Pays fertile, quoique moiv ragneux. O utre des bleds cv d'autres grains , on en tire encore des chevatix fort eftimes. Elle envoie deux Dćputes au Parlement. Ses lieux principaiuc font, Montgomery , affez jolie petite Ville , dans une iituation agreable , avec le Bourg de Machynleth; Lan- TVilling, XVc/spo/e j Nevjtoun &ć Lanydles. C'eft dans cette Province qu'eifc la fource de la Sa-verne , ou Severn, qui engraiife les terres par ou elle palfe. II. Mcrioneth. Pays rempli de montagnes, ou. Ton fait paitre beaucoup de moutons. C'eft-la qu'eft Harlegh , Bourg , ou Ville fur la Mer d'lrlande, avec un afiez bon Chateau. Bala j auez jolie Ville : Dolgclle^ vers la Mer. Ce petit Comte, n'envoie cju'un Depute au Parlement. III. Caernarvanj ou Caernarvon. Au Nord de Merioneth , & pres de la Mer. L'air y eft tres-froid , fur-tout a cau-fe de fes montagnes , qui font huit ou dix mol s couverces de neige : cependant les L' Angleterre. zCj vallees y font affez rertiles. Cette Province , qui envoie deux Dćputćs au Parlement j tire fon nom de Caernarvan alfez jolie petite Ville ; c eft le lieu de la naif-fance d'Edouard II , premier Prince de Galles Anglois , 6V: depuis Roi d'Angle-. terre apres la mort d'Edouard fon pere. Bangor, autre petite Ville , a un Eveque fuftraganr de Cantorberi. Aberconway , eft un alfez bon Bourg. Newin, Pulhdy cc Krekyth , font enfuite les lieux les plus confiderables. VI. Dcnbigh. . A 1'Eft de Caernarvan , & au Nord de Merioneth , a Dcnbigh 3 petite Ville fur la Clyd , que fon croit d'un air mal-fain , parce que Ion y vit moins long-temps <]ue dans le relte de 1'Angleterre> Rhutin j Bourg plus eftime y Laurcft, Mcingleth j Uyrexham. On trouve pres de ces deux dcrnicrs des Mineš de plomb. La partie de cette Province arrofee par la Cluyd , eft la plus fertile : elle envoie deux Dćputćs au Parlement. V. F/int. Petite Province pleine de montagnes; mais dom les vallccs font tres - fertiles, & l'air fain. Elle envoie deux Dćputćs au Parlement. Saint-Afaph j dans uuc belle Q iv 2 68 Me t ho de de Geographie. vallće fur la Cluyd , en eft le lieu princi-pal: il a un Eveque furTrapnt de Cantorberi. F/int j qui a donne fon nom a la Province, n'eft qu'un mćchant Chatcau. VI. IJle & Comte d3Anglefey. Elle eft au Nord-Oueft de Caernarvan, auquel plufieurs la joignent: les Gallois la nommcnt Mon ou Tirmon j tk les Anglois Anglefey j depuis qu'ils en ont fait la con- ' qucre. Sa longueur eft d'environ 20 mil-Jes, tk fa largeur de 16. Elle eft alfez fer-/ tile en bleds , en paturages qui nonrnlfent beaucoup de bćtail, en gibier tk en poilfons. II y a 74 Paroilfes. Beaumarls , Ville dans un lieu marćcageux, fur le Dćtroit de Med-way , en eft le lieu principal. Newlorough ou Newlurg , eft un aftez bon Village ou une petite Ville , dont le Port eft prefoue bouche ; mais Aberjraw > autrefois fort confidćrable , n'eft plus qu'un mauvais Chatcau. Cette lile , qui a le titre de Comte , envoie deux Dćputćs au Parlement. La domination de F Angleterre a ete au-trefois plus etendue en Jburope ayant oc-cupe plufieurs Provinces de France. Elle pojjede , outre /'Ecofte & / lrlande dont nous allons parler y 1'Ifie Minorque dans la Mediterranee Gibraltar en hfpagne 3 plufieurs Fort s en Afie & en Afrlaue, & de VEcoJfe. 369 grands Pays en Amerique , dont nous par-lerons, en faifant la defcription de ces Par-ties du Monde. ARTICLE II. D E C O S S E. C a r t e s. Nlcolas šanson le fils a donnedeux fois 1'Ecojfe ; favoir3 une Ecoffh en general, d'une feuille, & 1'EcoJfc en deux parties3 ou deux feuilles ; contenant 1'Ecojfe au-deca , & VEcoJJe au-deld du Tay ; & les Ijles Orcades , en une feuille feparde. Ceux qui auroient befoin de dctail, pour-roient abfolument s'en fervir. Elles Je. vendent che-t M. Robert. Mais Ji on pouvoit avoir celle que le Duc d'Argylc a fait le ver nouvellement on auroit lieu de fe flatter de voir ce quily a de nreil-leur J ur VEcoffe. Dorret , Anglois , en a donne' une reduclion 3 que V on peuc fe procurerplus facilement che% M. Ju-lieu. Xj'Ecosse eft ainfi nomrnee des Scots ., Peuples venus d'Iilande , feler* les anš 13-0 arw avant Jefus-CliriJt, & felon d'au-tres feulemem depiiis envkon l'an 40a 37° Mćthodc de Ge'ograpkie. de l'Ere Chretienne. Anciennement elit; s'appelloit Caledorud tk Albanla. Elle eft entre les i o tk i G a 17 degres de longi-tude , & entre les 55 & 69 de latitudo feptentrionale. Son etendue du Sud au Nord , depuis le Mul ou Cap de Gallo-way , pres de l'Irlande , jufau a l'extrć-mite des Ifles Schetland y eft de 300 mil-les , faifant 100 lieues : tk de 120 milles , faifant 40 lieues de l'Occident a l'Oricnt, a compter depuis les Iftes de l'Oueft ou Hebrides , julcju a l'extrćmite de la Province de Buchan , dans la partie du Nord. Depuis l'union des deux Couronnes , on lappelle ordinairement Bretagne Septen-trionale. Ses bornes font au Nord tk a l'Orient, l'Ocean Septentrional \ au Midi „ l'Angleterre tk la Mer d'Irlande \ a l'Occi-dent, l'Ocean Occidental ou Atlantique. Quallte. L'air de rEcofte eft extremement froid, & fujet aux vents , cependant il eft allez pur , tk fon y vit long-temps. L'hiver y eft rude ., le printemps pluvieux , Pete tempere , tk Tautomne aftez variable. Le retroir n'y eft pas a beaucoup pres fi fertile qu'en Angleterre, fans doute parče qu'il y a beaucoup de montagnes , fur-tout vers le Nord , tk qu'il s'y trouve par-tout nom-bre de JLacs. I.'EcčJfe. 571 Le fromenr y eft rare, & il n'y vient que tres-peu de fruits: il y a aflez de be-tail, fur-tout des brebis , 6c Ton y trouve quantite de cerfs , de meme que des loups tres-furieux. La partie feptentrionale de 1'EcolTe eft la plus deferte \ l'orientale eft la plus peu-plee Sc la plus commercante j la meridio-nale la plus fertile ; 6c l'occidentale eft remplie de beaucoup de Lacs. Ce qu'on tranfporte de ce Royaume confifte en fer, en plomb , en poilfon fale 6c en laines. Il ne fauc pas croire cependant cjue 1'EcolTe foit remplie des horreurs de la nature , comme l'ont eru quelques perfonnes ; 6c qu'on y meure de faim & de foif. II eft vrai que ce Pays na pas rous les agremens de l'Angleterre , ni pour la beaute , ni pour la fertilite. Il eft certain qu'on y peut vivre , non pas auili voluptuenfement , mais aufli commodemen.t 6c a, meilleur marehe qu en Angleterre. II y a , comme en d'autres Pays, des endroits ingrats & fteriles , qui font rćcompenfes par d'autres , qui fourniftent tout ce qui eft necef-faire a la vie. Le malheur des EcofTois eft de ne s'etre pas adonnes au negoce , faute de fonds ou.d'induftrie : mais comme depuis l'union ils ont les memes pri-vileges que les Anglois, ils peuvent profiter de leur exemple, 6c tirer de la petne j qui eft admirable fur leurs cotes, les Q vj 57* Methodc de Gćographk. memes avantages qu'en tirenc les Anglois & les Hollandois. Rivieres. Les principales Rivieres de 1'Ecofle , en commencant par le Nord , font le Ntffi Lac tk Riviere , qui prend fa four-ce dans la parrie meridionale du Comte de Rolf; le Spev 3 qui fe decharge auil)-bien que le Neli dans le Golfe de Murrai 7 le Tuy j qui court de 1'Oneft a 1'Eft, apres avoir pris fa fource dans le Comte de Bra'id-Albain, tk qui fe decharge dans la Mer du Nord \ ou tombe aufli le Forthy qui fait un Golfe affez grand a fon em-bouchure. Le Clyd tk la Twcde, nailfent tous deux dans 1'EcolTe meridionale \ mais leur cours eft fort oppofe. Le Clyd , ce-lebre par la peche du faumon , coule vers le Nord , & tombe dans la Mer d'EcofTe, ou il fait un Golfe commode pour le commerce tk la navigation ; aa •lieu que la Twede va tomber dans la Mer Germanique , aupres de Barwick. Les autres Rivieres font moins confiderables. Zacs. II y a un afTez grand nombre de Lacs ; mais les plus renommes font ceux de Lomound tk de NeJJe. Celui de Lo- . r£coP v 373 Tnound , le principal de tous, a pres de fept lieues de long , & crois de large. On y remarque jufqu a trente Ifles , dont il y en a une flotante. Le Lac de Nefle tk la Riviere de ce nom , ont une eau qui ne gele jamais , non plus que le Lac de Tay tk celui d'Iern j quelque froid qu'il fafle ; ce qui donne lieu de croire qu'il y a lbus ces Lacs des feux fouterreins & des mi-neraux fulfureux. Le Lac Myrtoo , dans la Province de Gallo\vai, eft fingulier en ce qu'une partie de ce Lac gele en hiver , tk Paurre ne gele point. Celui de Strath-Errich ne gele jamais dans les plus rudes hivers avant le mois de Fevrier. Alors il gele en ime nuit \ Sc fi la gelee conrinue deux nuirs de fuite , la glace en devienc forc epaifTe. Le Lac de Gkncenich eft beaucoup plus parriculier , parce que le milieu de ce Lac eft roujours gele, meme dans les plus grandes chaleurs de 1 ece; tk les environs font toujours verds, comme en un printemps perpetuel , ce qui fait que le betail s'y engraifte en peu de temps. Gouverncment. Le premier Roi d'Ecofte , depuis que lesPićtes enrent ete exterminesou foumis par les Scots, fur Acha'ius. 11 regnoit vers lan 8oo de FEre Chretiene. Georges III, JP74 Methode de Geographle. aujourd'hui regnant en Angleterre , eft le ćjuarante-neuvieme Roi d'EcolTe. Depuis 1602 , c]ue Jacques VI, de la famille des Stuarts, devint Roi d'Angleterre , apres la mort de la Reine Elifabeth faparenre, juf-qu a 1'union en 1707, les deux Royaumes dAngleterre tk d'Ecoife etoient poffedes par le raeme Prince ; tk les Rois d'Angleterre envoyoient en Ecofle un grand Com-miffaire , qui y avoic la meme autorice qu'un Vice-Roi L'Ecofte ecoic un Ecat Monarchique tempere, comme celui d'Angletetre , par 1'Ariitocratie d'un Parlement; mais la Reine Anne l'a unie a l'Angleterre, de maniere que d'un Royaume qu'elle etoit avant cette union, elle eft devenue une Province : tk par-la toujours aftervie aux impofttions que l'Angleterre en voudra exiger. Cette union a fouftert de grandes dinScultes depuis 1'an 1701 j qu'elle fut projettee , jufques au 5 Avril 1707 , que le Parlement d'EcolTe fut entierement aboli, Sc par confćquent l'union avec l'Angleterre tout-a-fait confommee. Le traite d'union comprend vingt - cinq articles , dont les principauxfont : i°. Que l'Angleterre tk l'Ecofle ne formeroient plus deux Royaumes, mais un feul. 20. Que ces deux Etats n'auroient dore-navant qu'un feul tk meme Parlement, qui s'aiTembleroit a Londres, ou TEcofte auroit leize voix dans la Chambre-Haute, & quarante-cinq dans la Bane, ou Cham-bre des Comniunes. 3°. Que les Carholiques Romains , čc ceux qui feroient marićs a une femme Ca-tholique , ne pourroient heriter d'aucuns biens. . 4°. Que la monnoye, les mefures &c les poids , feroient les memes dans les deux Etats. 5°. Que les Habitans de 1'un ou de 1'au-rre Etat pourroient commercer ou bon leur fembleroit. 6°. Que dans les befoins de 1'Etat, l'Angleterre fourniroit vingt-fois plus que 1'EcolTe. 7°. Que les EcofTois n'entretiendroient que douze mille bommes de troupes re-glees. 8°. Que la Religion dominante feroit la Prefbytćrienne , ou Calvinifte , de ma-niere neanmoins que les Epifcopaux ou Angjicans y feroient tolćres. 9°. Que la Juftice pour reglcr les diffe-rends des particuliers feroir adminiftree par la Seflion ; ceft-a-dire , par un Con-feil compofe d'un Prefidenc 8c de qua-rorze Confeillers. Mczurs. Les EcoiTois font fpirituels3 aćtifs, 37^ Me tho de de Ceographie. braves, fideles , fobres, robuftes tk bie«-faits. lis font extremement arTablcs aux Etrangers, fur-tout aux Francois, avec cjin ils ont eu , dans prefque tous les temps, de grandes liaifons. Qitoique le Pays ne lok pas riche, les Habitans de la Cam-pagne meme ont foin de donner une bon-ne education a leurs enfans. Dans toutes les Villes , il y a des Ecoles publiques, dont les Maitres font gagespar 1'Etat. Les EcoflTois palTent pour fort religieux. On remarque qu'ils nont point 1'habitude eri-minelle de jurer. Religion. On croit que la Religion Chretienne fut prechee aux Ecolfois , des le 1IC liecle; qu elle y foufffit une eclipfe jufqu'au V* fiecle , que Palladius , Diacre de 1'Eglife Romaine, precha la Religion aux Mon-tagnards, tk que les Ecolfois Saxons ne furent convertis qu'au milieu du VIe liecle. La reformation de Calvin s'y inv-rroduiiit au XVIe. La Litur°ie Angli-cane tk l'Epifcopat y furent rec^us enfuite; mais avec beaucoup de difficulres. La Relieion dominante eft done aujourd'lmi la Calvinifte ou Preibytcrienne ; les Epif-copaux, depuis 1690, ont perdu toutes les Charges avec toutes les prerogatives qu'ils avoient dans le Gouvernement, Ils VE cofe. 377 y etoient neanmoins en afTez grand nom-bre, fous la conduite de deux Archeve-ques tk de douze Eveques fuffragans. Les deux Archeveques etoient ceux de S. Andre 8c de Glafcow. Le premier couronnoic les Rois tk prćcedoit tous les Officiers, de me me que tous les Seigneurs, qui n'etoient pas dufang royal, etoit Primat des Epifco-paux , tk avoit neuf Eveques fous fa Metro-ole. Ces Eveques etoient ceux d'Edim-ourg, d'Old-Aberdeen, de Dunkeld, de RolT, de Murray , de Brechin , de Dum-blain, de Caithnes , d'Orckney ou des Or-cades. Le fecond avoit pour fiiffragans les Eveques de Gal!o\vay , dArgyle tk de Colmkil. A 1'egard des autres Religions, il-s'en trouve prefqu'autant en Ecofle qu'en Angleterre. II n'y a aufli que la Catholi-que qui y foir interdite. Au lieu d Eveques , il y a aujourd'hui en EcoUe treize Synodes Provinciaux , & une Ailemblee generale ou prelide un Commiiraire de la part du Roi, 8c qui eft un Seigneur du Pays. Dtvijlon. L'EcofTe fe divife en Terreferme tk en Ifles. La Terre ferme fe fubdivife en Sep-rentrionale ou au-dela du Tay , tk en Me-ridionale ou au-deca du Tay. Ces deux parties contiennent enfemble trente-cinq petites Provinces, dont il y en a treize 378 Methode de Geographie. dans la premiere , & vingt-deux dans la ieconde. Quelques Auteurs en comptent quelquefois quinze dans la premiere, parce qu'Us divifent deux de fes Provin-. ces. Les Iiles fe diftinguent en rrois corps , les Inch Galles ou Hebrides, ou Wefter-nes; les Orcades, ou Orcknev \ &c les Schetland , ou Hitland. §• It PROVINCBS DU NORD j ou a u-d e l a du tay. Les treize ou quinze Provinces Septen-trionales de l'Ecofle font : i. Camne!!*: I. Strathnavern : 3. Southerland : 4. RofT: j. Invernelf, que plufieurs renferment dans la prćcćdente : 6, Murray : 7. Bade-noch, que Pon joint fouvent i Murray : 8. Lochabir: 9. Braid-Albain, 1 o. Athol II. Buchan : iz. Marr : 13. Mernis : 14. Angus : 15. Perth. I. Cathnejf. Cette Province , la plus Septentrionale de FEcofie , a plufieurs moncagnes. Elle ne laifle pas d'avoir du bled , des patura-ges 6c du betail; mais elle manque de bois. On y trouve a POrien , Weik, JBourg avec un Port fur la Mer du Nord, tres-bien litue pour le commerce ; Cack- VEcoJfe. ne(f dans fon voifinage. Thurs ou Thurfo , autrefois Siege de l'Eveque de CadinelT, eil au Nord vis-d-vis les Ifles Orcades. II y a un bon Port. Girnego , aflez beau Chateau fut la Mer du Nord , qui dans cet endroic abonde en poilfon , aufli-bien que les Rivieres. II. Strathnavcrn. A rOccidenr de la Province de Cath-nelT, dont eile elt feparee par une chaine de montagnes. Elle eft trcs-froidc , rem-plie de bois, de lacs Se de moncagnes, a peu de bled j mais beaucoup de chevaux, de brebis, de loups & de betes fauves. Cefr la plus froide de rotite TEcoife. Les Habirans en font forts & robuftes. Elle conticnc Tuns, Ville maritime , Inner-JNavern j Ville aflez peuplee , Strathy , Skerry j Herreford , KowilJirom 3 qui ne font que des Villages , prefque tous fur la Mer, ou 1'on peche beaucoup de faumohs. III. Southerland* Au Sud des dcux Provinces preceden-tes , Se bornće a TEH par la Merdu Norcb Elle a du bled , des paturages, du betail, du poiffon& du gibier. Le lac de Skyn , qui eft a 1'Occident, peut avoir quinze ou feize milles de longucur-du Couchant au 380 Methode de Geogrctphie. Levant. Dornock fa capi tale, autrefois 1'une des refidences de l'Eveque de Cath-nefT, a une belle Eglife , tk eft aifez mar-chande. Dunrobyn eft encore un des lieux principaux de cette Province. Hellndale > Browra , fur la Mer , Loth , Clyne , Profyn j Inner-Charton Inners-Hin, Larg & Felag j font moins confidćrables. IV. Roj. RolT, la plus grande Province de l'E-coffe Septentrionale etoit le titre du rils du Roi d'Ecofte: elle s'etend depuis la Mer d'Allemagne jufques a la Mer d'Ir-lande. Ceft un Pays montagneux , fterile tk plein de bois. II a des paturages, avec de gros betail tk des betes fauves. On y trouve beaucoup de Lacs , tk il fe fait fur fes cotes une peche confiderable de ha-rengs. Elle comprend aufti le Pays d'Af-fyn , autrefois de Southerland. Ses lieux principaux font Chanrie > a 1'Orient & pres de la Mer d'Allemagne , autrefois Siege de l'Eveque de RolT, 6c une alTez bonne Ville au bout du Golfe de Murray; Tay-ne au Nord de Chanrie, alTez bonne Ville; D'mg\val eft fur une autre Baje \ tk plus au Midi on trouve la Ville de Cromarty 3 avec un bon Port fur une Baye du me me nom , tk une belle Eglife Gathedrale'; Beaulieu, qui etoit autrefois une belle L'Ecoffe. $8r Ville avec une riche Abbave, fur la Riviere de Farlar , qui tombe dans cetce Bave ; AJJin ou Ajfynt , ou Skyr-AJfin, lieu principal de la petire contree , qui porte lbn nom , fur la Mer d'Irlande : on y trouve beaucoup de marbre. V. Invernejf. Petite Province d'Ecolfe inconnue a la plupart des Geographes ; mais que je place ici fur l'autorite de Xttat de l'Ecojj'e de M. Miege. Elle eft au Sud de Rolf, fur la Baye de Cromarti , le long du Lac de Nclf, qui a trente milles d'Angleterre , c'eft-a-dire , quinze lieues de France de longueur de l'Oueft a FEft , & dont on n'a pu encore fonder la profondeur. Sa capitale eft InvernejJ\ alTez forte place. A FOrient de cette Ville eft une niaiibn nommee Culloden, fameufe depuis 1745 , par la defaite des Ecoflois 8c du Prince Edouard , petit-fils du Roi Jacques II. On trouve dans la mcme Province le Ch£-teau Scuartj qui eft au Comte de Murrai. VI. Mu/rai, Grande Province maritime, entre le Spey 8c la Nairne : elle eft fertile en bled 8c autres chofes neceflaires a la vi,e, On y trouve du bćtail, des oifcau* 3Si Mćthodc dc Gćographie. fauvages & domeftiques , 8c beaucoup de poilfon. 11 y a quelques collines , qui ne fervent qu'a donner de l'agre-ment. Les Habicans font fi glorieux d'avoir un aufli bon Pays , qu'ils fe van-tent d'avoir quarante beaux jours de plus que leurs voilins. Le Spey qui l'arrofe eft tres-poilfoneux , principalemenc en fau-nions. Mais l'emboucluire de cette Rivie-4 re ne fournit point de Pore raifonnable. Ses lieux principaux font Elg'm autrefois Epifcopale; Nairne, autre Ville a l'em-bouchure d'une Riviere du rneme no m , avec un petit Port \ Forres, autre Ville , qui a ete alfez diftinguee. VIL Badcnoch. Petite Province au Sud-Oueft de Mur-rai, n'a de confiderable que Riven fur le Spey , qui en eft la capitale. Quelques Geo-graphes ne la feparent pas de la Province de Murrai. VIII. Lochabir ou Loquaber. A l'Oueft de PEcolTe Septentrionale, contient beaucoup de bois 6c de paturages , avec quelques mines de fer. Inner-lothy ou Innerlothe j en eft le principal endroit. Le Roi Guillaume III, l'a rele-vee des ruines ouelle ćtoit, 8c l'a fait for- L'EcoJJe. 5S5 tifier. Kilmaroy , petice Ville maritime; Mcgary, bon Port y Iltirrym > Chovjis tk Kit/nos. IX. Braid-Albain. Au Sud du Lochabir, eft le Pays des Hevglanders, reftes des anciens EcolTbis, cndroit inculte tk fauvage ; on y parie en-core 1'ancienne langue, tk les Habi-tans confervent l'habillement, les mceurs tk le caraćrere guerrier, des premiers Ecof-fois. Cette Province s'appelle autrement Albanie. Elle a donnc le titre de Duc cVAlbanie aux Princes de la Maifon Roya-le d'Ecotfe. On y trciive le Bourg de Kil-linen fur le Lac de Tay , tk Marullagan. X. Athol. Province mediterranee , iituee a 1'Eft de Braid-Albain, eft un Pays peu habite , rempli de bois tk de montagnes, ou eft Blair j capirale , fur le Garry ; tk Strath-Amund , fur le Tay. XI. Buchan. Cette Province qui s'etend depuis la Riviere de Spey jufqua la Mer d'Allemagne , comprend aulli le Pays ou Vicom-re de Banj , dont quelques-uns font une Province particuliere. Le terroir y eft fer-tile tk tres-pcuplć. Ses Villes principales 5?4 Me t hode de Geographle. fbnt Banf 3 d lembouchure de la Dower-ne dans la Mer du Nord : mais faute dim bon Pore, la Ville eft peu commer-c,ante. Cullcn 5 lieu principal d'un petit Territoire alTez fertile furla cote, nomme Boyne ; Strathavjin fur la Riviere d'Awin ; Strathbogv , ancienne Baronnie : Strathy-la3 petit Territoire aifez fertile en bled , tk ou Ton trouve des paturages. Ain^e, autre petit Pays fertile en bled , ou le Duc de Gourdon a une belle maifon nommee Boch-of-Gicht j fur le Spey. Ga-rioch , Pays bien peuple tk rempli de No-blelfe , dont les lieux principaux font Lef-ley qui a donne fon nom a une illuftre famille. Inverari 3 fameux par la vietoire qu'y remporta Robert Bruce , Roi d'E-colte, au commencement du XIVC fiecle, fur les Anglois. Balvany 3 autre petit Pays aflez fertile , quoique montagneux. Fraferburg j petite Ville avec un bon Port. Rattcrybridg s Peterhcad , ou Jacques Stuart III du nom debarqua en 1715 , tk Neubourg, font des endroits fur la Mer. XII. Marr. Province en partie maritime, nommee quelquefois le Comte d'Aberdeen du nom de fa capitale Aberdonne. Elle eft iituee entre le Don tk la Dće , Rivieres abondantes en faumons ccentruites exceb lentes. VEcoJfe. * S 5 lentes. Elle eft remplie de hautes monta-gnesa fon couchant, Mo* jutak > Ferdon tk Cowye, font les princi-paux Bourgs de cette petite Province. XIV. Angus. Province au Sud de Marr tk de Mer-nis, aufli fur la Mer d'Allemagne , & au Noid du Tay. Elle abonde en bled & a de bons paturages. Forjar eft fa capi-tale 'j cependant elle eft peu de chofe. Dur.dee a l'embouchure du Tay eft plus confiderable, par fa force tk par fon com-merce maritime. Montrojf, autre Portde Mer , quirecioit des Vailfeaux alfez gros , eft d.ftinguee par fon Commerce. Bre-chin j autrefois Ville Epifcopale , a quel-ques lieues de la Mer , fait un grand Commerce de iaumon. On trouve encore fur la Mer le Chateau de Red. Finnevin tk Arbrohath j font deux autres lieux alfea 6oniidćrables. XV. Penh. Cette Province fe peut divifer en deux parties , dont 1'une porte le no m de Penh. & 1'autre celui de Gowry. Toute la Province eft fertile en bled & a de bons paturages. Quoiqu'eIle ne foit point maritime, fa Ville capitale nommee Penh 3 ou Saint-Johnjlown fur le Tay, a plus de vingt L'E cofe/ 587 milles de fon embouchure , ne ki (Te pas de recevoir des Vai(Feaux que la Ma y amene. Dunkel fur le Tay j au-delfus de Perth , a ete autrefois une Ville Epifcopa« le \ elle elt environnee de bois, & Ton croit quelle etoit la capitale des anciens Caledoniens. Scoone , Ville & autrefois Abbaye , ou l'on couronnoit les Roisd'E-colfe fur un liege de marbre , que l'on a tranfporte a Weftminitei pres de Londres, pour ne pas laifler en Ecolfe des traces de la Royaute. Arroi fur le Tay, elt une mai-fon au Comte de ce nora. §• I L P RO VINCE S DU SUDt O U EN DE CA LE TAY. Ces Provinces, comme on Ta dit ci-devant, font au nombre de vingt-deux \ ćV ce font : 1. Strathern : 2. Fife: 3. Men-reith : 4. Sterling : 5. Lorhian : 6. Mar-che : 7. TVedail : 8. Tivedail: 9. Lidif-dail : 10. Eskedail : 11. Annendail: 12. Nidisdail\Tfail ngnifie vallee: 13. Gal-loway : 14. Carrik 115. Kyle : 1 G- Clyds-dail : 17. Guningham : 18. Lemox : 19. Argyle : 2.0. Lorne ; 21. Cantyr : ii. Arran, lile. Rij $88 Methodt dc Geographie: I. Strathern. Province mediterranće feparee d'Athol & du Gowry , qui font au Nord , Sc ura-verfee par la riviere Hern , qui fe jette dans ie Tay. Ceft un Pays rude, plein de montagnes Sc de bois , oii eft Aberne-thy fur ie Tay , qui n'eft prefque plus rien en comparaifon de ce qn'elle etoit autrefois , Iorfque les Rois des Pićtes y faifoient leur refidence. Les aurres lieux de cette Province ne font que des Cha-reaux ou des Viilages peu confiderables. Les plus diftingues font ceux de Tuliybar* din , de Drimmim Sc de Duplin. II. Fifc. L'une des meilleures Provinces de PE-coffe , fur la Mer d'Ailemagne , entre le Porth Sc le Tay , les deux principales Ri-vieres d'Ecofle. L'air y eft bon 5 mais le rerroir inegal 3 montagneux a POueft, uni Se fertile a FEft. Cette Province eft remplie d'une bonne Sc ancienne Noblelfe, Saint-Andre j capitale , a 1'embouchure de 1'Edin, dans la Mer du Nord , avoit jci-devant un Archeveche > auquel etoit jointe la Primatie du Clerge Epifcopal d'Ecolfe. L'Eglife Metropolitaine de Saint Andre a pafle pour la plus grande Eglife d?, la Chtetiente , ayant fept pieds en Ion- gueur, Sc deux en Jargeur de plus que 1 Eglife de S. Pierre de Rome. La hau-teur extraordinaire, la beaute de fes pil-liers & fa belle fvmćtrie, lui donnoient le premier rang entre les plus beaux edi-fices gothiques. Ce qui rend aujourdhui cette Vilic confiderable, eft fon Univer-fite, fondee en 1412 , illuftree par les grands hommes , qu'ellc a produits en tout genre de Litterature. II y a trois Col-leges , celui de S. Sauveur, un autre de S. Leonard, Sc le nouveau College , qui tous ont donne des hommes celebres. Deux Maifons royales diftinguent cette Province , l'une a Dumfermling , lieu de la nailTance de 1'infortune Charles I, Sc l'autre a Falkland, qui a un trcs-beau Pare. Leivin eft au milieu d'un Lac , a 1'Oueft de la Province : Cowpcr} au Nord-Oueft de Saint-Andre \ Kynros eft a* 1'Oueft de la Province \ Lucurs eft fur la Me* \ Inner-Kything a un Havre dans Ie Golfe d'Edimbourg: Burnc-ljland Sc Ely fervent de rerraite a beaucoup de Mari-niers. Les aurres endroits les plus remar-quables , font Cu/roJJ'j Kilrinny 3 Carell 011 Crad, Bacony Kynaby , Kirkaldy y Kingorn j Arvf - trutter Pitten - Wecm , Difart, Earlcs 3 Ferry , Queens-Ferry. III. Mcntchh. A POueft de la Province de Fife , tire R iij -390 Methode de Ge'egraphie. fon nom de la riviere de Teith. Dum* blain , qui eft a FEft, en eft la capitale , & a eu autrcfois un Eveche \ elle eft diftin-guće par fon Eglife, qui eft d'une ftrućture admirable. Pres de cette Ville , en 171 5, les Anglois detlrent entierement ceux des EcoTloiS qui avoient embrafle le parti de Jaccjues III. Duwn & Kjnkard'm font les principaux lieux de cette petite Province , qui eft alfez ferrile. On y trouve encore , felon quelques Ecrivains , Clack , Man na ti tk Kinroj/ , d u cote de la Province de Fife , quoique d'autres les mettent dans cette derniere Province, comme on 1'a vu ci-delTus. IV. Sterling. Sterling, au Midi de Menteith , tire fon nom de fa capitale , Sterling fur le Forili , vis-a vis de Dumblain. On pre-rend que cette Ville a vu frapper la premiere monnove Angloife , nommee la Livre fterling \ Torvod en eft aftez pres. La Province eft alfez fertile. La capitale a un Chateau rres-fort , 6c cette Province conferve quelques Antiquitćs romaines. Les autres Iieux font Car s 3 Falkirck Va-quhanan j fur le Lac Lomond , a l'Oueft de la Province. C'eft dans cette Province que fe trouve la plus grande partie du mur que FEmpereur Severe fit elever, L'EcoJfe. f J9i pour arreter les coiuTes des Caledoniens, peuple barbare de l'ancienne Ecofle. V. Lothian. C'eft la Province la plus belle & la plus fertile du Rovaume : elle produit toute forte de grains en abondance, & a toutes les commodites de la vie; elle contient beaucoup de NoblelTe. Sa iituation fur la Mer d'Allemagne, & fur le Golfe d;E-dimbourg , autrement le Golfe de Forth, lui donneroic un grand avantage pour le commerce , li elle n'ćcoit pas li voifine de l'Angleterre. Defcription d1 Edimbourg* Edimbourg, capitale de toute 1'EcofTe , eft une aftez grande & belle Ville. 11 y a une Univerfite alfez eelebre , & il y avoit ci-devant un Eveque qui precedoit tous les autres Eveques du Royaume. C'etoit le liege des Rois d'Ecolfe avant la mort d'Eliiabeth , Reine d'Angleterre , & celui de fes Parlcmens ćV: des Cours fupremes de Juftice. La lituation de cette Ville eft fort avantageufe , pour les commodites de la vie , dans un Pays fertile , &c abon-dant en toutes les chofes necelTaires. Mais elle eft mal fimee pour le commerce , netant qu'a quarante milles des frontie-res d'Angleterre. Elle a beaucoup fouf- R iv $ 9 i Mćthodc de Gc'ographic. fert dans les guerres entre 1'Angleterre & PEcolFe , fur-tour depuis Finvcntion des canons. Elle eft fur une hauteur , com-mandee par un Chateau extremement fort, Pun de ceux que les Anciens appel-lent Alata Caftra. On lui a donne depuis le nom de Maiden-Cafile } c'eft-a-dire , le Chateau des Vierges , parce que les Rois des Pićtes y gardoient leurs filles. Cette Ville eft a 14 dćgrćs , &c pres de 3 5 minutes de longitude , & prćs de 56 degres de laritude feptentrionale. Elle s'e-tend en longueur depuis le Chateau juf-qu'au Palais Royal , environ une demi-lieue , 8c en largeur un quart de lieue pour le moins. Dans fa longueur bn voit une des plus belles rues qu'il y ait en Europe \ la face des maifons , dont quel-ques-unes ont quatorze etages , etant ba-tie de pierre de taille, & les toits cou-verts d'ardoife. Cette rue 8c le Chateau ont une vue agreable fur les environs , particulierement du c6te de Leith , qui eft le Port d'Edimbourg ( car cette capitale eft a demi-lieue du Golfe ) & dans la Province voiline de 1'autre cbte du Forth, dont les cotes font pleines de Villes, &c de belles maifons de campagne. A droite & a. gauche de cette rue , qui a demi-lieue de long', il y a quantite de rues moins conliderables , qui la coupent, dc dont les maifons font auili baties 6V L'Fcofe. t 393 couvertes de mcme. On peut dire qu E-dimbourg , pour fon etendue , eft ime Ville aulli peuplee qu'il y en ait en Europe , les maifons y ćrant fore hautes, grandes Sc conrigaes, Sc meme trop fer-rees , excepte dans la grande rue. Le Chateau eft fitue au couchant de la Ville , fur un rocher inaceeflible , excep-te du eote de la Ville , 011 le rocher eft fort haut, Sc l'entree eftdćfendue par une batterie ronde , avec une forrification au pied de la batterie. II y a dans le Chateau un Palais , on ion gardoic les mar-ques de la Royaute, la Couronne , le Sceptre, &:c. avec les Archives d'Ecofle. 11 y a aulli une Chapelle „ pour l'ufage de la garnifon. Ce Chateau eft fourni d'eau par deux puits tailles dans le rocher , Sc a de tous cotes une vue agrćable. Le Palais des Rois , qui eft a l'Orient de la Ville , eft un fuperbe edirice , com-pofe de quatre Tours : celle de dehors eft: aulli grande que les trois autres. L'entrČe du Palais eft ornee de grands pilliers r avec un Dome en haut , qui eft en forme de couronne. La face du Palais a quatre hautes Tours. La Cour interieu-re eft magnifque. La grande galerie renferme les Portraits de tous les Rois d'Ecofle , en commen^ant par le pretenda Fergus, premier Roi de ce nom. Le Palais eft prefque environne de tres-beaux R v "394 Mithode de Geographie. jarciins. Au Midi eft le Pare Royal 5 rem> pli d'une iniinite de Simples. II y a une excellente fource , d'ou Ion fait venir 1'eau au Palais par des conduits. Le Duc d'Hamilton eft le Concierge hereditaire du Palais , qui a une Eglife , ou plnileurs Rois Sc Reines d'Ecolfe font enterres. Cette Eglife appartenoit autrefois aux Au-guftins , qui avoient ici une Abbaye fon-dee par le Roi David ; mais la maifon ayanr ete brulee, il n'en refte que 1'Eglife. Outre le Chaceau & le Palais Royal, ce quil y a de plus remarquable eft la Maifon du Parlement , qui a aulli fes beaures particulieres. D'abord on y rrou-ve une grande cour carree , au milieu de laquelle on voit la Sratue de Charles II. A fentree de la maifon font les Armes d'Ecolfe fculptćes , foutenues par les emblemes de la Mifericorde Se de la Ve-rite , avec cette infeription : Stant his fce-licla Regna. La Chambre oii s'alTembloit le Parlement, a un Trone eleve pour le Souverain , ou fbn grand Commiffaire , avec des banes de chaque cote pour la NobleiTe , Sc d'autres banes places forc commodement au milieu de la Chambre pour les Communes. D'un autre cote de cette Maifon eft la Chambre du Confeil de la Ville , Sc d'un autre cote la Maifon des SeJJlons , ou fe tiennent les Cours fupremes de Juftice. L'EcoJfe. 557.5 En haut font les appartemens des Sei-gneurs du Confeil prive , Sc de lEcni-cjuier ou de la Treforerie. Proche la Chambre du Confeil eft la Bourfe Rovale , ayant deux rangs de bou-tiques, Sc une autre beaucoup moins con-ilderable. L'Univerfite d'Edimbourg, eft du cote du Midi. C'eft un batiment Ipacielrx , fer me de hautes murailles , Sc divife en trois Cours , dont la plus haute egale les deux autres. Ces Cours fonr environnees de batimens fort propres , Sc fur la grau-de porte il y a une haute Tour, qui fait face a la Ville.' En un mot, les ProfefTeurs Sc les Etudians y font bien loges; Sc pour leur divertifTement, ils ont d'auez beamc jardins. II y a un Principal du Collćge, un Profefleur en Theologie , quatre en Philo-fophie, Sc un autre pour les Humanites; un Profeffeur en Hebreu , Sc un autre en Ma-thematiques, en touthuit Profeifeurs. Les Magtftrats Sc le Confeil de Ville , font la fonćfion de Chancelier Sc de Vice-Chan-celicr. L'Univerfite a une Bibliotheque , qui fut fondće par Clement Little , en 163 5 j mais elle a ete fort augmentee depuis, par la faveur de plulieurs perfonnes de qua-lite, Sc autres qui ont eu leur education dans cette Univeriite. Les Livres des bieiv faiteurs qui one enrichi cette Bibliothe- R vj $t)6 Mćthoic de Gćographlc. cuie , font diftingues des autres , ayanr leur place a part , Sc les noms des bien-fiiiteurs ecrits en lettres d'or au-dcifus. On y voit en haut les Portraits de plu-fieiars Princes, tk de la pluparr des Prć-tendus-Rćformateurs, avec le crane touc entier du fameux Buchanan , Ecolfois j ce crane eft ii mince qu'on voit le jouu X travers. On y trouve beaucoup de Manuf-crirs , entr'autres fOriginal de la Protefta-tion des Bohemiens contre le Concile de Conftance , ponr avoir brule Jean Hu(T Sc Jerome de Prague , le premier en 1415, Sc le fecond , en 1416. Cette Proteftation eft chargee de centcinq Sceaux de Princes Sc de Seigneurs de Bohcme, Moravie , Sc autres. Un Gentilhomme Ecolfois le prodira dans fes voyages , Sc il fut mis ici en depot. Sous la Bibliotheque eft 1'Imprimerie. Au bou t de la Bibliotheque on trouve un efcalier par ou on va a la Salle ou fe font les excrcices ypour prendre les degrćs, Sc pour les feftins de cette folemnite. La Salle eft garnie de plulieurs Globes, Cartes geograr phiques, Livres curieux, Sc aurres rareres. II y a une autre tres-belle Bibliothequs de Livres & de Manufcrits , qui appar-tiennent au College de Juftice , c'eft-a-dire, aux Jurifconfultes. Prcs'de la porte qu'on appelle Nether Eaw j eft la place ou fon fabrique la Mon- L'E cofe. 597 noye. C'eft une maifon fort commode pour les Monnoyeurs, tk qui a une granita cour. II y a dans cette Ville un College de Mćdecins, avec un trčs-beau Mujkum j qu'on appelle Muf par Edgar , Roi d'Ecolfe j Ajmouch , Ville autre fois fortihee , ou eft un netit Port \ Clodftream , qui avoit aufli une Abbaye; Lauder; Kalfo. Duns, defendue par un bon Chateau , pafle pour etre le lieu de la nailfance du fameux Scot, furnomme le Doćfeur Sub-ril, Religieux de 1'Ordre de S. Franc, oi«, Rof 5c Lamerton font fur la Mer , avec Urjildon. Barwick j etoit autrefois de cette Province; mais aujourd'hui il eft de FAn-gleterre. 'Vil. Twedail. Cette Province , a 1'Oueft de Marche , tire fon nom de la Vallće ou laT\vede la traverfe. L'air y eft ferain & tempere.; L'EcoJJe. 401 4*es montagnes nouriflent beaucoup de moutons , Sc fes vallees font fertiles en bleds, &: ont de bons paturages. Ses Lacs ćv fes Rivieres abondent en poiffons, fur-tout en faunion Sc en anguilles. Pceblis , fa capitale, a trois rues, trois Ponts, trois Eglifes & trois Portes. Le Comte de Selkirch , qui a une Ville d£*meme nom , eft plein de bois tk de montagnes , avec quelques parurages. VIII. Tivcdall. Cette Province fituee au Sud de TVe-dail j tire fon. nom de la Tive qui l'ar-rofe: elle eft environnće de montagnes , Sc a recu de rres-beaux privileges des Rois d'EcofTe*potir fa bravoure tk fa fidelitć. Jedburg en eft la Ville principale , qui feule depute au Parlement. 11 y a encore Rosburg j petite Ville qui avoit autrefois un Chateau, Capup Hakk tk Edgerton. Kelfo , Ville aifez marchande , Driburg tk MelroJpSj avoient chacune une Abbaye. IX. Lidlfdail C'eft un pays peu habite, fur les fron-tieres del'Ecolfc tk de l'Angleterre : mais rempli de paturages tk traverfe par le Lideh II n'y a ni Villes ni Bcurgs, mais feulement quelques Villages Sc Chateaux» 462 Mithode de Geographie'. On remarque celili de VHermitagc qui e3 demoli, avec Cajlleton Sc Kirfopfoot. X. Eskcdail. Petič canton , arrofe par 1'Eske , qite Ton joinr quelquefois au Lidifdail , Sc donr les Habitanssoccupent uniquemenr a nourrir des beftiaux. Mer/os 3 aucrefois Abbave \ Banklan Sc Reburne ou Ruburn. XI. Annandail. Cette Province a des bois agreables Sc des campagnes ferciles. Annan, a 1'embou-chure de la Riviere de mcme nom dans le Golfe de Solway, avec un Chateau j la Ville Sc le Chaceau de Loch-maben dans un Lac \ Moffac au Nor d , a des taux me-dicinales. Lohwood 3 Medelbj , Tordijf 9 Sc Rivell font d'autres endroits de cette Province. XII. Nidifdail S'etend du Nord au Sud iufcm'au Golfe de Solway. II nDunfreis> Ville fur le Nyd, avec les Bourgs de Sanghuar > Glencarne y Mortown j Remfeld 3 Ha/ywood Sc Drum-larcrig. XIII. Galloway. Province maritime , fur la Mer d'Ir-lande, eft alfez etendue , Sc a de tres-bonnes laines Sc des chevaux cres-eitimes: L'EcojJe. 40$ fcjuelques-uns ladivifent en haute &bafte. On y trouve Wkehown capitale de la Province , avec un aflez bon Port , 8c au-trefois le Siege de fEveque de Galloway. Withcrn eft aulli fur la Mer, ou elle a un Port. Kirkubrigh 3 aflez bonne Ville. Glenlus j, Kenmur j Glaick 8c Garlies* Ballingan , Orr 8c New-Abbcy. XIV. CarriL Province au Nord de Galloway, 8c bor-neea POueft par la M^r d'Irlande. Ellc eft fercile en bled & a de bons parurages. Bar-geny Bourg. Ballmoir 3 gros Village. Trillochem j ThomaJio\vn y Nevsarck 8c Ca'dcoun. XV. Kyle. Cette Province au Nord-Eft de Carrick, produit tout ce qui eft necelTaire a la vie. Eile a pour capitale Ayr avec un aflez bon Port, a l'embouchure d'une Riviere du m crne nom. Dundonil, Caprintoun y Lou-down j Lefao 8c Ncwmyll font enfuite les lieux les plus confidćrables. XVI. Clydfdail ou CluidfdaiL L'une des plus conilderables Provinces d'Ecofte , a l'Eft de Kyle, fe divife en deux parties , haute 8c bafle. La haute n'a de confidćrable que la Ville de Douglas ^©4 'Metkode de Giographie. qui eft afTez belle 5 avec un Chateau: c eft un Marquifat cjui a donne le nom a une des plus iiluftres Maifons d'Ecolfe. Boi-ghau Sc Bigar. Cravjfon, petite Ville en litre de Comte. La bafTe , beaucoup plus etendue s a GtafcovJ, qui palTe pour la capitale , Sceii la plus jolie Ville de toute 1'EcoOe. On y fab rique de belles toiles. Elle a^ eu un Archevcche , Sc a eneore une Univerfite celebre, qui ne confifte nean-moins qu'en un College , beau Sc bien bati , oii les Lettres fe cultivent aujour-d'hui avec fucces , Sc avec autant d'ardeur qu a Oxford Sc Cambridge. La grande Eglife qu'on appelle l'Eglife de S. Mungo , eft au haut de la Ville , d'une grandeur prodigieufe, Sc d'une ftrućmre admirable; Sc contient deux Eglifes 1'une fur 1'autre. Comme cette Ville eft fur la CIyd , les Vailfeaux marchands montent jufqu a la Tour; mais fon Port eft Newport-Glafcow a l'embouchure de la Riviere, qui recoit les plus grands VaifTeaux. La fitiiation avantageufe de la Ville de Glafcovj dans Un endroit agrćable , 1'a fait nom mer le Paradis de 1'Ecoffe. Elle eft au Midi dn mur de Severe. Hamilton , Duche y donne fon nom a 1'une des plus iiluftres Maifons de lEcofte. Lanark fur la Clyde , paffe felon quelques-uns pour la capitale de la Province. Cothelj eft fur la mepe Riviere. l'Ecojp. '405 XVII. Cuningham. Province riche & bien peuplee , qui fe divife en parrie feptentrionale , ou Baron« nie de Rcynfrow , qne quelques-uns met-tent mal dans la Province de Clydfdail; Sc cn parcie meridionale , on Bailliage de Cuningham. Dans la premiere eft Reynfrow j Baron» nie Sc capicale de ce canron : c etoit le Domaine des Sruarts avant qu'ils parvinf-fent a la Couronne ; aujourd'hui le Prince de Galles a le titre de Baron de Reyn* frow. Le Bourg de Pajley , qui eft plus grand que Reinfrov ; Ruglen, que ouelques-uns metrent dans le Clydfdail. Dans la feconde eft Invin, qui avoit autrefois un ailez bon Porr, aujourd'hui comblć par les fables. Largis, Androjjen. §c Eglington Chateau. XVIII. Lennox. Province qui a aujourd'hui titre de Du-che , Sc qu'on divife pareillement en deux parties, fćparees par le fameux Lac Lo-mound. La partie occidentale eft prefque deferre; mais celle qui eft vcrs l'Orient eft alfe-z fertile , Sc a Dumbarton ou Dum* briton pour capitale de la Province. Cette Ville qui eft alfez marchande , fe rrouve fur le Leven, prćs de fon embouchure 4°6' Methode de Ge'ographle* dans le Clyd , avec un tort Chateau, qui palTe pour une des plus fortes places du Royaume. Le Lac Lomound eft rempli de plu-fieurs Ifles qui compofenc entre elles une efpece de Republique ; ou les mcmes loix Sc lesmemes coutumes font gardees. Elles ©nt entre elles une fi grande liaifon , que quand quelqu'une manque de proviflons Sc de fecours, les autres lui fourniflent abondamment tous fes befoins. Les princi-palesde ces Ifles qui font au nombre de, trente , font : Inchmurln 3 Inchdavannan čc Rouglask. XIX. Argyle. Cette petite Province fltuee fur de* Golfcs ou Bayes, qui font a 1'Oueft de 1'Ecofle, a donne fon nom a une des plus illuftrcs Maifons de ce Royaume. Les gens du Pays appellent Lacs toutes ces Bayes. Les montagnes nourriflent du betail, qui en pen de temps y devicnt fau-vage. On divife cette Province en trois parties, favoir , l'Argyle propre , ou font Argylc j Ville mediocre , Sc le Bourg ATnnergra j fur le Golfe de Finn; le Pays de Covrel, ou font les Bourgs de Glack J\adayn 3 Duglin 3 Ymufe , Sc JDunvin ; enfin la contree de Knapdal , ou Kne-dail , qui a la petite Ville de Kilmore, aflez jolie, autrefois Eveche. UEcoJfe. XX. Lome. Petit Pays a l,extremite occidentale de 1'EcoiTe , & au Nord-Oueft d'Argyle , eft affez fertile \ mais le Peuple eft extreme-ment groftier. On y trouve Dunjiafag j Bourg ou Ville fur la Mer, avec un Port, &c les Villages d'Anagran Keflruc 8č EJUl. XXI. Prefquijle de Cantyr. Elle eft au Sud de la partie d'Argyle nom> mće Knedail : fon peuple s'occupe a faire paitre des troupeauxv. Dunaworty j Villa-ge & Chateau , avec Kilileran 6c Kllblain. XXII. IJled'Arran. Dont le terroir eft fec tk inculte , mais habite fur les cotes, ou font Arran, Village & Chateau , Ravenfey & Brodwik. Entre cette Ifle &c la Province dArgyIe, eft la petite Ifle de Boot ou Buthe } Butha en Latin , ou il y a un Village de mcrae nom , avec un Chateau appeile Rothefay. §• HI- IJIes Inch-Gallj Wcjlerncs , ou Hebrides. Ces Illes font fituees a 1'Oueft de la terre-ferme d'Ecofle. Quelques-uns en onfc %0* Methodć de GtO^raphk: fait monter le nombre juiqua 300 ; mais on nen comptc dordinaire que 44 , done meme il y en a peu qui foient confidera-bles. Les habitans de ces Ifles font pour la plupart originaires d'Irlande , tous fort pauvres & fort grofliers. Leur oceupation principale eft la chaffe & la peche , dont ds tirent leur fubfiftance. Les plus remarquables des Ifles Hebrides font j Ha.rmy-T-.ew i s , la plus grande de tou-tes , ainfi nommee de deux Prefqu'ifles qui la compofent. La premiere eft vers le Midi ; Še la feconde vers le Septen-trion : toutes deux pechent beaucoup de faumons & de harengs. ou Euft > au Midi de Harray-Lewis ; Skye } la feconde en grandeur , mais tres-renommee < pour la peche qui fe fait fur fes cotes; Mula , ou eft la petite Ville de Gkncan-nkj batie de pierre de taille , ce qui eft aflez rare en Ecbtfe : Tura ou Yura : Ha y ou il y a quelques mineš de plomb : Tur-rifj la plus fertile de toutes : Barra , ou Ton peche quantite de morue : Colmkill> pres dc au Midi de Mula , ou eft le Bourg de Sudorc , qui etoit la refidence de 1'Eve-o;ue de ces lfles, fuffragant de Glafcow : Tiirt j ou Saint-Quilda , autrement Saint-Kildas, fituee a dix-huit lieues de Harrav-Lewis , a l'Oueft , tk a foixante lieues du &ocher Rokaharraou Rokol, qu'elle re- garde VEcoJfe. 409 garde vers le couchanc : elle eft fort petke , & n'a rien de remarquable. T/les Orcades j ou d'Orkney. Ces Ifles font au Nord de 1'Eofle , dont elles fonc feparees par le dangereux Detrok de Pentland, large dhenviron deux lieHes & demie. L'air y eft extrememenr froid , & le terroir prefque fterile. Ou ny voit ni arbres , ni betes venimeufes. Les habirans , tout pauvres qu'ils fonc, paf-fent pour de grands buveurs 3 & font beaucoup d'excčs de vin , que les Hollan-dois leur portent , &c qu'ils echangent avec eux pour des harengs Sc des maque-reaux. Les IJlcs Orcadcs 3 dont le Comtc- da Morton eft Seigncur , font au nombre de vingt-huit, 8c fc divifent en feptentriona-les Sc en mćridionales. Les plus conlidera-bles des unes & des autres font: Mainland 3 qui abonde en gibier , ou eft la petite Ville de Kirckval3 autrefois la refidence de l'Eveque & du Gouver-neur des Orcades čz de Schctland • Sand; Loy ; Souna3 la plus petke de toutes, 8c la plus procbe de l'Ecolfe , a des carrieres de fort belle ardoife. Ifles de Schetland. Ces Ifles font au Septentrion, & a vingt Tome IL S 41 o Mćchodc dc G.eographie. lieues des Orcades. Les Norvegiens les one long-temps poffedees; mais enfin elles fonc retournees a 1'Ecolfe, qui en jouic eneore aujourd'hui, 'tk non pas la Nor-vege , comme quelqu.es Auceurs de ce temps fe font imaginć, L'air de ces llles eft extraordinairemenr froid, & le terroir eneore plus fterile que celui des Orcades. On pretend qu'efles ne font pas toutes habitees : il n'y vient point de bled , mais en recompenfe la Mer y eft pleine de ha-rengs, dont les Infulaires & les Hollan-dois font tous les ans une peche confide-rable : on y trouve aufli des morues & des baleines. Les IJles dc Schctland font en aflez grand noinbre \ &c plulieurs Auteurs en comptent jufqu a quarante-lix. Voici la principale. Mainland, furnommee lagrande, pour la diftinguer de Mainland des Orcades , qui eft plus petite. 11. y a deux petites Villes, Lerwickk Sc Scalloway. La premiere a rrois cens familles 3 qui s oecu-pent a la peche ; mais Scalloway eft la plus ancienne. Les Bourgs les plus confi-dii^bles £om Jdlo\x Z ml3tkUnJlo\x JVuJi. VIrlande. 411 A R T I C L E III. V I R L A N D E. C a r t e s. Ceux qui aurbnt befoin de Cartes particu-lieres d'Irlande 3 pourront s'en tenir aux trois Cartes d'Irlande de M. Šanson le fils ; favoir, Vlrlande en general, & VIrlande Septentrionale 3 avec la Meri-dionale _> chacune d'une feuille. On vient d'en donner une belle en une /euille en Anglois j par Je f f ris 3 i/jp : elle Je trouve cke% M. Julien, Nom .j Jltuation & etendue. L'Irlande fut autrefois appellee Hi-bernie , Scotie 3 petite Bretagne , 5c Bretagne occidentale , parce qu'elle eft a. 1'Occident de la grande. Sa fituation eft entre les 7 8c 12 degres de longitude , & en tre les 5 1 , & un peu plus de 5 6 de la-titude feptentrionale. Sa longueur du Sud au Nord eft de 92 lieues ; & fa largeur du Couchant au Levant ena 5 8 , a pren-dre de rextremite du Comte de Mayo jufqu a celle du Comte de Downe. Sij 4^2 Mhhode de Geographle. Ojualite. L'Irlande eft: un pays fort humidc \ mais tres-fertile , 8c oll Ton vit a fort bon marchć. II y a auffi quantitć dc patura-ges , cjui font d'une bonte inerveilleufe , & qtii nourriiTent beaucoup de betail; mais la viande n'y a pas autant de fuc quen France. Le gibier , les abeilles 8c le poilfon y font fort communs ; mais il n'y vient point^de vin. La terre n'y fourfre point de betes venimeufes. Le Commerce n'y eft pas fort confiderable j ce cru'on en rranfporte , confifte en cuir, en beurre , en fuif, en chair fumee , en poilfon fale 3 en frifes 6c autres ćtoffes de laine. ' Rivieres & Lacs. Les principales Rivieres font le Shan-non , le Brackwater , le Barrow 8c le Se* wer on la Shurre. Le Shannon, laplus confiderable de toutes , a fa fource dans les montagnes de Ternes, au Comte de Letrim , 8c forme quatre Lacs dans fon cours , de mcme qu'un grand Golfe a fon embouchure. Les autres plus fameux Lacs font ceux d'Erne, de Neaugh 8c de Foyle j tous vers le Nord. Mceurs. Les Itlandois ont les memes ejualitćs qu a Kilkennv. Cashel j a fous lui les Eveques de X/-merick , de Kilfenora 3 A'ArdJarc, de Cbrafc & de Wattr/ord. Les Eveques Suflragans de Gallouav , font ceux de K Mala ou K'dcomin 3 cVEl-fin 8c de Clonfert. Outre les Epifcopaux , il y a aufli des Preibvteriens ou Calvinif-tes purs. Mais il y a beaucoup plus de Catholiques que d'aucune autre Commu-nion , malgre tous les erTorts qu'ont fait les Proteftans pour l'abolir , jufques a per-fecuter ceux qui la fuivoient. Les cliofes ont meme ćte fi loin, que les Catholi-ques ont ete jufqua prendre les armes : ce qui eft defendu par la Religion meme, qui s'eft folidement etablie en fouffrant le3 perjTecutions , 8c nullement en prenant les armes pour la foutenir contre le legi-time Souverain. Les Catboliques y ont des Eveques avec des Pafteurs prefque tous Seculiers , parče qu'on en a ehalfe beaucoup de Reguliers. Langue & Gouvernement. ■ Les Irlandois ont une Langue partien- Ulrlande* 41 5 jiere; mais les perfonnes de qualite en-tendent & parlent afTez communement l'Anglois. Jamais ils n'ont etć foumis par les Romains, Se ils ont eu des Rois Se des Seigneurs particuliers jufqu'en 1172 , que Henri II 3 Roi d'Angleterre, les foumit a Ton obeiifance. Les Norvegiens Se les Danois y avoient fait bien des ravages de-puis 200 ans , 8e ils y pofledoient encore quelques Places. Les fucceifeurs de Henri II, Rois d'Angleterre-, prirent le titre de Seigneurs d'Irlande, que Henri VIII quit-ra pour prendre celui de Roi , comme plus majeftueux. Les Rois d'Angleterre envoyent en Irlande un Viceroi ou des Regens , qui ont beaucoup de pouvoir , Se qui la gouvernenr felon les Loix du Royaume , Se les Ordonnances du Par-lement d'Irlande , compofe, comme celui d'Angleterre , d'une Chambre des Pairs , Se d'une Chambre des Communes; cette derniere. eft formee par ij6 Deputes des Comtes Se Bourgs Royaux. Divifion. L'Irlande eft divifće en quatre parties , fuivant les quatre regions du monde ; ces quatre parties font \Ulficr, ou les Pro-vinces du Nord \ le Leinjier 3 ou les Pro-vinces de 1'Eft; le Mounfier > ou les Pro-vinces du Sud, Se le Connaught 3 011 les Provinces de 1'Oueft. 4.16 Mt'thode de Ge'ographU. Toutes ces Provinces coritiennenc en-femblc 32 Comtes, dont il y en a dix dans rUlfter oli l'Ulronie , on^e dans le Leinfter ou Lagenie ,fix dans le Mounfter ou Momonie', & cin^ dans le Connaught 011 Connacie. i T i j r f i?, : oc/ iE^s- ProvitfĆES ž>u Ngrđ. 1/Ulfter eft tin Pays entrecoupe de bois , de lacs & de montagnes. II y vient peu de bled ; mais fes paturages font ex-cellens, & nourrifTent beaucoup de betail. Ses Comtćs , font au nombre de dix , fa-voir, 1. Dunagal cuTyrconnel: 2. Farma-nagh : 3. Tyrone : 4. Londondery : 5. An-trim : 6. Do\vne : 7. Armagh : 8. Louth : Talloh , D on glas . Drumboe. IV. Londondery. Province lituee au Nord de ITrlande fur 1'Ocean , entre Dunghal & Antrim, le nommoit autrefois le Comte de Col-raine; mais il a change de nom , depuis que la Ville de Londres y eut envoye une Colonie. Londondery eft cette Colonie , fur la riviere de Foyle \ ceft une Ville Epifcopale, forte če celebre par la vigou-reufe reliftance qu'elle iit en 1689 contre le Roi Jacques II, fon legitime Souverain, qui fut oblige d'en lever le fiege. Colrai-ne petite Ville fur le Banne \ Limanady j Kilroug ou Kilrea 3 Baliaghy (k Cumber. V- Antrim. Province mariti me au Nord-Eft de TIr-lande , &c fur la Mer d'Ecolfe. Elle eft aflTez fertile , tk contient Carick-fergus ou Knock-fergus petite Ville avec un Port, qui etoit autrefois alTez frequente. Bel-fafi j petite Ville alTez commer^ante ; Connor, dont l'Eveche-a ete uni a Downe^ lisburn ; Antrim, qui eft peu de chofe j Ballimony & au Nord llfte de Rathlin ou Reghlins. LTrlandc. 419 V I. Dovjnc. Le long de la Mer d'Irlande , & tres-fertile. II tire fon nom de fa Ville princi-pale , qui eft Downe o!f Downe-Parrkk* Eveche j Dromore j autre Eveche j Ncwry, Bourg, au Sud-Oueft , dans une fituation tres-imporranre ; Bangor 3 avec un Port \ 2Vewtown , Kiliileagh ; Strangford ; Hilsborough , a 1'Occident j Dundrum & Ar glas fur la Mer. VII. Armagh. Pays aftez reflferre , mais le meilleur terroir de toute l'Irlande : on y trouve quelques montagnes , mais il y a de bons paturages , qui nourriftent beaucoup de beftiaux. Sa capitale eft.. Armagh j Arche-vcche &c Primatie , autrefois tres-confide-rable ; mais c'eft peu de chofe aujovrr-d'hui, a. caufe des incendies , qui 1'ont prefque ruinee. Elle a eu pour Archeve-que, au milieu du dernier fiecle, le fa-vant Jacques TJiferius , dont nous avons les Annales de l'ancienne Hiftoire Sacree 3 8c quelques autres Ouvrages. Charlemoum, ou eft une bonne ForterelTe, tk Lurgan , pres du Lac Neaugh. VIII. Louth. Petit Pays fort etroit & aftez fertile, fur S vj 4io Methode de Ge'ographie. Mer d'Irlande, & que la plupart des Car* res mettent dans le Leinfter y mais M. -Gibfon , ProfelFeur en Mathćmatiques i dans fon Cambden , retouche & imprime a L?ndres en 1695 , le met dans 1 Ulfter , comme M. R. Morden a fait dans fes Cartes de l'Irlande. On y trouve Louth , pres d'une petite riviere dtt meme nom; Drogheda au Midi, eft une petite Ville plus jolie , regardće aujour-d'hui comme la principale de ce Comte , ayant un excellcnt Port, a l'embouchure de laBoyne; Dundalk 3 Ville Epifcopale alfez grande , vers le Nord \ Carlingjord, avec un Port alfez bon > Atherdce čk Dun-Jeer. IX. Monagkan. Petit Pays au Couchant d'Armagh, plein de bois & de montagnes, n'a ajieMonaghan ou Monaghon, affez bon Bourg j Clovsnish ČC Clajlongh. X. Cavan. Tire fon nom du lieu principal, qui e/t Cavan Bourg avec un Chateau^ Kii-morei Bourg un peu meilleur , & Eveche' -y Betturbet, & Kildalon ou Killeshan. Cet-te Province eft au milieu des Terres , Čc tft pleine de bois. L'Irlande. 421 J. I I- LE L EIN S TER, OU LES PROVrNCES DE L'EST. Le Leinfter, a l'Orient de l'Irlande, eft le P.iys le plus agreable & le mieux peuple de ce Royaume. II eft aulli tres-fertile.en froment & autres grains, fur-tour dans les deux Comtes de Meath , qui palTent pour le grenier du Rovaume. Les Peuples du Leinfter fone prefque tons venus d'Angleterre, ce qui fait qu on y parle aufli cotnmunenient Anglois qu'Ir-Jandais. Les onze Comtes de cette partie de flrlande font: 1. Longford : 2. Weft-Meath : 3. Eft-Meath : 4. Dublin : 5. Wicklow : 6. Kildare : 7. Kings-County : 8. Queens-County : 9. Kilken-nv : 1 o. Carlow , ou Caterlough : 11. Wexford. I. Longford. Au centre de flrlande, vers les fron-tieres de-1'Ulfter , eft prelque tout envi-ronnć de Laćs. Šes principaux licux font, Longford j Bourg ; Ardagh 3 dont TEve-che a ere uni a celui de Kilmore \ Lancs-borough 3c Granard. 4H Metkode de Gećgraphie. II. Wejl-Meath. Le Comte de Meath a eu autrefois ti-tre de Rovaume \ on lui donna le nom de Meath , de fa iituation au milien de l'Irlande. La Rovaute y ayant ete eteinte, on en lit tine Province \ & conime elle pa-roilToit fort ćcendue, Henri VIII la divifa en deux, dont '1'une fut appellee Meath occidentale , on Jf^ejl-Meath ; &c 1'autre Meath orientale, ou EJl-Meath. L'un 8c fautre Comtć font au milieu des terres. Celui de Wejl-Mcath a beaucoup de paturages , de prairies & de Lacs tres-poiflbneux. Mullingar petite Ville affez bonne j Kilbeggan 3 Athlone , Bourgs ; Fower 3 Raconnel, K'dkenny & Ballimo-te j font enfuite ce enačil y a de meilleur., III. Eft-Mcath. Coupe en deux par la Boyne, a de gran-des & fertiles campagnes , 011 les Anglois fe font ćtablis. II touche a la Mer d'Ir-lande par fa partie orientale. Les endroits les plus diftingues , font Trim , capitale., fur la Boyne, qui fait alTez de commerce} Ardbracan , Siege de l'Eveque de Meath; Athboy , Duleek y Kels j Slaine 3 Navan & Ratoath. L Trlande. IV. Dublin. Ce Comte , qui eft aflez 'fertile en grains & en paturages , fe trouve le long de la Mer d lrlande. II prend fon nom de Dublin j capitale de cont le Rovaume , & la feconde Vil le des Etats du Roi de la Grande Breragne. Cetre Ville efl a 5 5 dćgrćs un quart de latitude fepcentrio-nale , & a 11 degrćs un tiers de la lon-girude occidentale de Londres. Le tonr de fes murailles ne contient pas beaucoup decendue : mais fes Fauxbourgs font fort ipacieu* fes Places tres-belles , & fes Maifons bien baties. La. Riviere de Lirfy, qui la traverfe , 8c fe perd un peu au-delTbns dans la Mer, conrribue a la ren-dre fort marchande , quoique fon Port ne rccoive que des barques , a caiife de la barre 011 bane de fable , qui elt devant Fembouchure de cerre Riviere , & qui empeche les grands Vai(Feaux d'y entrer. Ils font leur decharge a Ringfcnd, qui elt a trois milles de la Ville. Dublin eft le lieu ou s'alfemble le Parlemenc d'Ir-lande , le fejour du Viceroi, & le Siege d'un Archeveque, de mome que d'une ce-lebre Univerfite, fondee «11 1591 par la Reine Elifabeth ; c'eft la feule qu ll y ait dans tout le Royaume d'Irlande. La VilLe eft gouvernee par un Magiftrat qui a le 414 Mćthode dc Geographie. ture de Lord depuis 166$. Ne&caftU & S\vords > Comte, font deux bons Bourgs, 011 petites Villes. II faut remarquer ici que les Anglois ont depuis quelques an-nćes fait un Canal , qui joint le Lirfy d'un cote a la Boyne & au Barrow } & de l'autre au Shannon , prefcme vis-a-vis Clenfert: par ce moyen fe fait la commu-nication de la Ville de Dublin avec di-verfes parties de llrlande , & celle des deux Mers a travers le milieu du Royau-me , comme on le peut voir dans les nou-velles Cartes. V. TPicklovj. Ce Comte , demembrć de celui de Dublin , eft fterile , & plein de monta-gnes. On y trouve Wicklow, Bourg avec Chateau. BlcJJington 3 Rathdown > New-caftU, autre que celui de Dublin, Kil-poom & Arklow j font fur la Mer, aufli-bien que Wiklow. Carricsford ou Macred-din j ŠC Baltinglas. VI. Rildare. Province mediterranee afTez etendne , fertile & agreable. K Udare > petite Ville, Eveche će Comte appartenant aux Fitz-Geralds \ Naas ou Nash 3 Harrijlovvn y Athy j Bourgs. Vlrlande. 41% VII. Kings-County. C'eft-aVdire , Comte d ti Roi, nom que la Reine Marie , fille de Henri VIII, fit porter a cette Province , pour faire hon-neur a Philippe II, Roi d'Efpagne , qu'elle devoit epoufer , & qu'elle ćpoufa en eftet. Cette Province eft au milieu des terres j marecageufe , peu cultivee , 8c n'a de re-marquable que KingJlown ou PhilipJIowny petite Ville du nom de Philippe II, & la capitale. Balliboy 3 Banakerou Banagher^ Bourgs. VIII. Quecns-County. Ceft-a-dire , Comte de la Reine , nom que lui donna la me me Reine Marie, fans doute pour illuftrer fon Regne , eft au Stid-Eft de Kings-Countv. Ce Pays, qui'eft marecageu* tk plein de bois , ren-ferme QueenJlown ou Maryboroug j petite Ville du nom de la meme PrincefTe. Bal-linakitl 3 Dunamorc , BaUiadams , Port-arlington. IX. K'dkcnny. A u Sud du Comte precedent, eft un Pays abondant en paturages , fertile en bled , alfez agreablp & fort fain. Kilkcri-ny j fur la Nuer, qui en eft la capitale , ćtoit autrefois le Siege d'un Eveche , qui •416 Methode de Gćographic. a ere fupprime : cecte Ville eft riche 8č commercaiire. Thomajlov^n tienr le fe-cond rang. Gownin , Callcn, Knocktophcr 8c Ennislueage , forit des Bonrgs. X. Carlow y ou Catcrlough. Le Terroir de ce Conitć eft aftez fer-tile , quoiqu'il y ait bcaucoup de bois. On n'y rema'rque que deux Villes; favoir, Car/ow ou Caterlough capitale , 8c Lou-ghlin ou Lcighlin. 3 petite Ville. Saint-Mullin j Turrow j Ravilly , font des Bourgs. XI., \Texford. Province maritime fur la Mer d'Irlan-de } la Cote eft fort peuplee 5 8c aflez commercante , mais il s'y trouve des en-droits peu habites pour le mauvais air. Wrexford, petite Ville avec un bon Port, & un Chateau qui en defend l'entree j comme d'une Place importante : ce fut le premier Pays dont le Anglois s'empare-rent en 1169 , etant appelles par le Roi de Lagenie. Rojf, 8c Ferns j Eveche , au-tres petites Villes. Inishcourty 3 Fcathard j Cloghma'me3 Taghmon *Nevsbourough ou Gory. VIrlande* 4*7 §. III. LE MO UN S TER, ou les Provinces du Sud. Certe Partie , qui eft la plus meridio-nale de llrlande , eft bornće au Sud & a 1'Oueft par la Mer, &c au Nord-Oueft par le Fleuve Shannon. Le Mounfter eft le meilleur Pays, 8c celui qui a les plus beaux Ports duRovau-me. II renferme lix Comtes , qui font: i. Warerfbrd : i. Tipperary : 3. Corke : 4. Kerry : 5. Limerick : 6. Clare. I. Waterford. Ce Comtć eft fur la Mer d'Irlande , & il eft borne au Nord &c i 1'Eft par la Riviere de Shure. Wattrford, Ville Epif-copale, & alfez marchande, a caufe de fon Pore, un des meilleurs du Royaume : elle eft lituee fur la Shure , qui un peu au-delfous fe perd dans la Mer ou la Man-che d'Irlande. On y voit aborder des Vailfeaux de tous les endroits de TEuro-pe. L'air y eft mal-fiin , parce que fes rues font tres-ćtroites. La fidelite qu'elle a remoignee pour les Rois d'Angleterre , a ete recompenfće par de grands privile-ges. Dungarvan 3 avec un Chateau & une bonne Rade : Lifmorc y autrefois Eve- 418 Methode de Geographie. che , uni i Waterford : Tallagh tk Ard- more. II. Tipperary. Province mediterranee , au Nord de la precćdente y bornee au Nord-Oueft par le Shannon , & au Sud par la Shure ou Sui-re. La fterilite des parties du Nord la ren-dent peu habitee j mais ce qui eft au Midi eft affez peuple. On y trouve Cashely a deux milles de la Shure, Ville Archiepif-copale & rres-grande j mais tres-peu confi-derable aujourd'hui y quoiqu'elle aic ete autrefois la capitale du Mounfter ; Car-rick j perite Ville fur la mcme Riviere , tk C/o/imel, Fethard, Tipperary s Chateau prefque ruine j Thurles , Ilead, Balimo* gha , Ncttiigh ou Anagh , Burrafakane. III. CorcL Comte le plus grand tk. Ie plus meridio-nal de flrlande , fur la Mer, eft traver-fe par la riviere de More, ou Broodwa-ter, de l'Ou'eft a 1'Eir. C etoit autvefois lin Royaume. II renferme le Comte de Defmond, au Sud-Oueft. Corck , capitale , eft une Ville alfez forte & peuplee , avec un Eveche &c un Port qui pafle pour le plus commode de toute 1'Irlan-de , tk auquel il ne manque rien que d'etre plus .proche de la Mer. Les An-glois, de qui eile eft prefque toute habi- L'Irtanje. 429 tee aujourd'hui, l'ont rendue la plus mar-chande du Royaume apres Dublin. Kln-fah , autre petite Ville, & tres bon Port. You.gh.al ou Toughil, Bourg , & tres-bon Port de mer. Cloyne 3 Mallow , Donne-ralle , Charleville , Newmarket, Bandon , Clonekllty Rojf, Baltlmore 5c Bantry, alfez bons Bourgs. IV. Kerry. A 1'Oueft du Comte de Corck, eft borne par la Mer , qui fait dans ce Pavs plu-fieurs Golfes, oii il fe trouve des Ifles 8c des Prefqu'ifles : d'ailleurs, c'eft un Pays rude & plein de bois &c de montagnes. On v trouve Ardfart ou Ardfert, Bourg & Eveche fur la Mer \ Tralee ; Dingle 3 fur une Baye du me me nom} Cajllemain 9 autre petite Ville, qui donne fon nom a un Golfe j Kllmare ou Killowen. V- Limerlck. Ce Comte, qui eft fitiie fur leShannon, a eu autrefois titre de Royaume ; il eft fertile & bien peuple j mais il y a peu de bonnes Villes; on y trouve quelques montagnes a 1'Oueft, SaCapitale eft Limerlck fur le Shannon, Ville Epifcopale, medio-crement grande j mais belle, bien peuplee, tres-marchande, forte de fltuation, & de-fendue par un tres-bon Chateau. Eile eft Methode de Geographie. •encore remarquable par les deux fieges, qu'elle a foutenus avant que de fe rendre au Prince d'Orange Guillaume III , en 1690 & 1^91. Killmalock j au Sud-Eft de ce canton , eft une Ville nche &c aftez bien peuplće. Askeyton j a 1'Oueft , autre ville moins confiderable. New-CaJlktowih &: Lougkilj fon t des Bourgs. VI. Clare ou Thomond. Ce Comte eft borne a. 1'Oueft par la Mer, & au Sud par le'Shannon. Le Pays eft bon; mais peu cultive par la negligence des habitans, qui preferent la nourriture des beftiaux a la culture de la terre. Les Comtes de Clare ont fait remettre ce Comte1 dans le Mo.unfter, dont Henri Sid-ney, Viceroi d'Irlande, 1'avoit detache pour le joindre au Connaught. Ses princi-paux Jieux font Clare_, aujourdhui peu confiderable, avec un Chateau ruine j Kll-lalovj j ou Killaloe , Ville Epifcopale fur le Shannon, dans 1'endroit ou ce Fleuve le precipite d'un roeher avec beaucoup de bruit, 8c fait une chute, ou cataracte 5 Ennis j ou Eniflovsn 3 plus confiderable j Kilfenora _, Eveche j Glaniny 3 Beaghy ^ Lifcanor j Clonemore a K'dbally - Kain % Moyfartagh 8e Kirluh , font fur la Mer. Vlrlandc. 43* §• I Vi LE CON N AUGIIT , OU LES PROVINCES DE l'OUEST. Le Connaught, qui eft aftez confiderable, a eu autrefois des Rois particuliers, que les grands Monarques d'Irlande onteu beaucoup de peine a. foumettre. Le Shan-non le borne prefque tout a 1'Eft , 5c la Mer a F.Oueft. 11 y a des paturages, du bled , tk des Ports qui contribuent a la ri-chefTe de fes habitans. Ses Comtes , au nombre de cinq, font, 1. Gallouay : 1. Rofcommon : 3. Mayo : 4. Slego : 5. Le-trim. •I. Gallouay. Ce Comtć eft un des plus etendus tk des plus fertiles du Connaught. On y recueille du bled, tk Ton y trouve de bons paturages; la Mer le borne a 1'Oueft, tk il eft coupe par beaucoup de Lacs. Le Golfe de Galiouay pourroit contenir une grande ar-mee navale. Gallouay, petite Ville, pres d'un grand Golfe, auquefelle don.ne fon nom, eft bien peuplee , allez marchande , tk ornee d'un Archeveche , qui y fut transfere de Tuam en 1698. Tuam , ou Toam dans la Ba-ronie de -Dumvamore , n etoit plus qu'un 431 Methodc dc Geographlc. Village prefcjiie ruinć , avanc meme qii on en eut transfere le Siege Archićpifcopal. Kilmacough 3 ou Kdmacalo au Midi, eft un aflez bon Bourg ; il y a eu autrefois un Eveche, qui a ete uni a celui de Clon-ftrt en 1601. Athcnrey, Kikarton j Kel, Bunown tk Morish 3 font fur la Mer \ ck Clonfat j ou Clonefart, Eveche , fur le Shannon. II. Rofcommon. Ce Comte eft au Nord-Eft de celui de Gallouai. H eft dans les terres, 6c arrofe par le Shannon. On y remarque Rofcommon > Bourg , avec un Chateau \ Elphin , petite Ville tk Eveche, au Nord; Athlontj au Midi, petite Ville forte tk aftez bien ba-tie, avec un beau pont fur le Shannon j Tutsk j au milieu. k III. Mayo. Ce Comte eft borne par la Mer, au Nord & a. 1'Oueft. On y trouve Mayo 9 Bourg tk Chateau, a Fembouchure du May ou Moy j Killalia ou Kikomin j petite Ville tk Eveche, environ trois milles au Nord de Mayo j liilkn j Bokhmanna j tk Caflkbar. IV. Skgo. Au Nord-Eft de Mayo, tk fur la Mer , tire L'Irlande. 4*3 3 tire fon nom de Slego , Bourg čV aifez bon Pore, ou Ton eharge quantitć de laines. Carkagh j Corron 6c K Uglas j fur la Mer. Achonry 3 dans les terres, que plufieurs Geographes ont mal place dans le Comte de Letrim. V. Letrim. . Ce Comte a rres-peu d'etendue, 8c tou-che a la Mer par fon extremite feptentrio-nale. Letrim Bourg 6c Chateau -y Carrik 6c JameJlown^n font les lieux les plus con-fiderables. On y remarque eneore Carigalr len j Drumahare > Kćeti 6c Mohil, Tome II. T 454 Mkhode de Ge'ographk. CHAPITRE II LE DANEMAR C K. C a r t b s. La Carte du Royaume de Danemarck , dont on dok fe fervir , ejl cclk de M. De lis le : car dans fes Couron-nes du Norci, ou dans la Scandinavie de MM. Šanson ypubliee par M. Jail-lot , le Dancmarck nefi pas afje^ de-taille. T j E Danemarck eft firue entre les 2 5 St 31 degres de longitude , čv entre les 54 degre , 20 minutes, &: 5 7, 43 minutes de latitude feptentrionale. Ses bornes font , au Septentrion 8c au Couchant, 1'Ocean feptencrional j au Midi, TAlIemagne. La Mer Balticjue le borne aufli au Midi 8c i fOrient. Ce Pays j Ci refTerre, fut autrefois la de-meure des Cimbres & des Teutons, qiu penferent renverfer la Republique Romai-ne , environ 110 ans avant 1'Ere vulgaire. Gomme il avoit peine a nourrir la prodi-^ieufe quantite d nabitans qu il contenoit, plufieurs eflaims d'enrre eux furent obli- Le Danemarck. 435 ges d'aller chercher ailleurs une fubiiftan-cequ'ils ne trouvoient pas dans leur patrie. C'eft encore de-la que parrirent ceux qui fe jetterent fur laGrande-Bretagne au cin-quieme (iecle : c'eft enfin de-la que vinrent les Normands aux huitieme 8c neuvieme fiecles. On fait que ce Rovaume eft le plus an-cien des trois qui occnpent le Nord ; ce qui lui donne en bien des Cours la pref-feance fur celui de Suede. II n'eft pas moins Feuple que dans les anciens temps ; mais induftrie des Habirans fupplee a ce qut manquoic a. leurs ancetres. Ils fe fonu ad-donnes a la cul ture de la terre , a la nour-riture des beftiaux, aux manufaćtures 8c au commerce , qu'ils ont porte non-feule-ment dans les Terres Arćtiques , mais mčme dans l'Amćrique , l'Afrique 8c Qualhe. L'air en Danemarck eft froid , mais aflez fain. L'hyver 8clete font prefque les deux uniques faifons de ce Pays ; le prin-tems 8c l'automne, deux faifons Ci agrea-bies, ne s'y font pas ordinairement remar-quer j on paife tout-a-coup d'une cbaleur extreme a un froid rigoureux. Les trois mois d ete , Juin, Juillet 8c Aout, y font tres-incommodes. La terre y eft fertile en, T ij 436" Mcthode de Geographie. grains & a des paturages, qui nourriflene quantite de betail. On en tire un grand nombre de boeufs tk de chevaux , qu'on tranfporte en Allemagne tk en Hollande : il y a aufli beaucoup de cerfs tk de gibier. Cap s, Gol fes , JDetroits , Riviere s. Entre les Caps , on remarqtie celui de SkawouSkagen:entre les Gol fes, le Catte-gat ou Skager-Rack : entre les Detroits , FOre-Sund , appelle communement le Sund, le grand & le petit Belt. Pour des Rivieres, il n'y en a aucune qui foit con-fiderable ; mais on doit remarquer VEy-* dery qui fepare le Royaume de Danemarck du Duche de Holftein, lequel eft de l'Al-lemagne. Le Sund. Le Detroit, appelle Sund ou Ore-Sundj f\ fameux dans les Pays Septentrionaux , eft entre llfle de Zeeland , & la Terre-ferme de Schonen, qui fait maintenant partie du Royaume de Suede. Du cote du Danemarck, ou il eft plus ćtroit, font la Ville cVE/feneur ou Helfngor y tk la For-terefte de Cronenbourg 3 pres de laquelle il y a une alTez bonne rade. Du cote de la Suede eft la Ville de Kelfingbourg, avec un Chateau ruine, dont il ne refte qu'une Le Danemarck. "437 vieille Tour, ou il y a iix pieces de ca-non , qui fervent a rendre le falut aux Vaifleaux de Guerre. Ceft entre ces deux v Villes , que paflent tk repalfent tous les VaifTeaux qui negocient fur la Mer Balti-que, ou VOofl-Zće: de forte qu'on peut dire avec juftice , qu'apres le Detroit de Gibraltar, il eft le plus important tk le plus frequentć. Si la perte de la Province de Schonen , que fic, dans le iieclc der-nier , le Roi de Danemarck , fut confide-rable par rapport a fon etendue, & a fa fertilite; elle le fut bien davantage par rapport a ce fameux Detroit, dont les Da-nois etoient les feuls maitres. II eft vrai que par le Traite de Paix , ils fe font ex-prellemeht referve le droitqu'ils y avoient, tk fontpaver tous les Vaiifeaux qui paflent par-la , a la referve des Suedois tk des Rufliensj mais avectout cela, ils ne croyent pas que ce droit foit auili ferme ec aufli afTurc , que s'ils etoient les maitres des deux coces; car ils peuvent bien avoir le droit, tk n etre pas quelquefois aflez puif-fans pour le foutenir dans 1'occalion. Ce qu'on dit de plus raifonnable, fur ce Peage, eft qu'il fe percut d'abord volon-tairement du confentement des Nćgo-cians , qui voulurenr bien payer pour cha-que Vailfeau , une petite fomme qui de-voit etre employće a entretenir en certains T S) 4?8 Mćthode de Geogfaphic. lieux de laCote, des fanaux pour guider les VailTeaux dans les nuits obicures. Par ce Aioyen,le paifage d u Sund fut fort pratique, «Sc en peu de temps, celui du Grand Bdt3 qui eft de 1'autre cote de 1'Ifle de Zeeland,ne le fut plus \ foit a caufe de la commodite des fanaux du premier, qui guidoient les Vaif-feaux, qui entroient dans la Mer Baltique & qui enfortoient; foitparce qu'il avoit iiQ convenu qu'aucun Vailieau ne paflcroit de 1'autre core, afin que tout le monde payat fa part, n'etant pas raifonnable que les Vaifleaux qui palferoient de 1'autre cote, pour fe difpenfer de contribuer a 1'entretien de ces fanaux, proritafient de l'a-vantage de ces feux, dans les nuits fombres & crageufes de l'hiver. De plus, fi Ton avoit pu fe difpenfer ninli de contribuer , le revenu eut ćte reduit a fi peu de chofe, vii la modique fomme que chaque Navire s'etoit obligć de payer, qu'elle nauroit pas ete furfifante pour entretenir ces fanaux. LesDanois ne vouloientpas aufli fe char-ger fenls de cette depenle, en faveur de leurs Navires Marchands, parce qu'ils en avoient ii peu , que ce n'etoit pas la peine d'y fonger; les Marchands de Lubeclc tk de Dantziclc, tk des autres Villes Anfeati-ques , etant alors les maitres du Com-merce des Pays Septentrionaux. Mais comme il n'y avoit ni reglement, t e Dcirićmarck. 4 2 9 ni traite, quidćcidat fur la dirfćrente gran-deur des Vai(Feaux, appartenans a tant de Nations diftcrentes , les Danois commen-cerent, par fuccelKon de temps, a faire les maitres, & a exiger plus ou moins a pro-portion de la force , ou de la foiblelfe de ceux a qui ils avoient afFaire , ou a pro-portion qu'ils etoient mal ou bien avec les Princes & Etats, auxquels les Vai(leaux apparcenoienr. Celi pourquoi 1'Empereur Cnarles-Quint voulant fixer ce Pjćage , fit il y a plus de deux cens ans, avec le Roi de Danemarck, un Traite, qui fut fign<^ a Spire fur le Rhin , en faveur de fes Su-jers des dix-fepc Provinces du Pays-Bas, negocians fur la Mer Balrique. 11 fut con-venu que chaque Vailieau de deux cens tonneauv & au-delfous, payeroit au Sund9 par maniere de peage , deux Nobles , monnoye dor , valanr deux Ecus , foit en entrant dans la Mer Balrique , foit en forrant; 6c que les Vaifleaux qui feroient au-delfus de deux cens ronneaux , paye-roient trois Nobles. Ce Traite fut execute jufqu'au tenips que les Provinces - Unies fecouerent le joug des Efpagnols en 1579. Alors les Danois profitant de la conjonefure , por-terent leur Douane a un prix exce(lif. Les Hollandois s'y foumirent, nyant pas le loilir de fonger a redrefler un tel abus, T iv 44° Methode de Geogmphie, au milieu des guerres quils avoient avec FEipagne. Cependant ils fe joignirent en iGdo avec ceux de Lubeck, & s'oppoferent de concert aux pćages exhorbitans qu'on leur faifoit payer. Depuis ce temps les Hol-landois ont paye plus ou moins , felon leur bonne ou mauvaife fortune j mais en general , ils nont paye que peu de chofe. Le Danemarck & les Provinces-Unies, en qualite de Provinces Souveraines , firenr, en 1647, le premier Traite, au fujet de ce peage j &c cellesci furcnt obli-gees de payer une certaine fomme pour chaque Vailfeau. Ce Traite , qui 11'etoit que pour quarante ans , etant expire, & ne s'en faifant point d'autre , celui de Spire devoit fubfitfer. Les quarante ans du Traite de 1647 expirerent en 1687} 6c les Danofs con-vinrent qu'on en feroit un autre par pro-vilion , jufqu'a ce qu'on put convenir d'un Traite plus durable , & plus folemnel , pour remedier a plulieurs demeles furve-nus entre ces deux Puilfances. Ce Traite provilionnel, qui n'ćtoit que pour quatre ans j finit en 1691 \ & comme il n'en a point ete fait de nouveau , il eft certain qu'il n'y a que le premier Traite de Spire qui fubfifte. Le Danemarck. 441 Les Traites des Anglois avec le Danemarck , font fondes fur ceux que les Hol-landois ont fait avec cette Couronne \ Sc c'eft a. quoi il faut les rapporter , aufli-bien que la claufe qui porte , que les Anglois feroient traites , tanquam gens ami-cijjima. II faut toujours excepter du Pea-ge les Suedois & les Rulliens , dont les Vaifteaux ne pavent rien. II paroit par ce qu'on vient de dire , de 1'origine de cet Impot , que le Roi de Danemarck a converti en un Droit de juftice rigoureufe , ce qui netoit dabord qu'une legere contribution que les Marchands voulurent bien payer pour leur commodite, & pour etre employe utile-ment pour le bien commun. Mais le Roi de Danemarck n'eft redevable de 1'eta-blilfement de ce Droit, qu'aux extremi-tes ou fe trouverent les Hollandois du-rant les guerres qu'ils eurent avec les Ef-pagnols. Apres leur exemple & celui des Anglois , les Etats moins confiderables furent tous forces de fe foumettre. On ne peut pas comprendre comment le Roi de Danemarck auroit pu autrement en venir a bout, puifqu'on fait que le Sund n'elt pas le feul palfage par ou Ton puilfe entrer dans la Mer Baltique 'y mais qu'il y en a deux autres qu'on appelle le Urand Beit j & le pečic Bele. Le premier eft ii fpacieux & fi commode, que dorant les T v 44- Methode de Gcogtaphlc. grandes guerres , tous les Vaitfeatuc Hol-landois pallbient ce Detroit \ 8c les fbrces navales des Danois n'ont jamais paru aftez formidables , pour potivoir obliger les Anglois 8c les Hollandois a en pafter par ou ils vouloient. D'ailleurs , Fendroit le plus ferre de ce Detroit, a plus de deux lieues de largeur , 8c il eft par-tout d'une raifonnable profondeur • or it les Danois, avec leur Fort, ne pouvoient commander le Canal , lors meme qu'ils etoicnt les Maitres des deux Cotes de cette Mer , beaucoup moins le peuvent-ils aujour-d'hui, qu'ils n'en pofledent qu'une. 11 eft done evident que cette Souverainete eft un eftet de la faveur 8c de la condefeeu-dance des autres Nations. La Cour de Danemarck a done raifon de eraindre les jnoindres atteintes que Fon donneroit a la iupćriorite qu'elle s'eft attribuee fur ce Detroit, Gouvernement. Si Fon confidere 1 etendue des Etats du Roi de Danemarck, qui poftede eneore la Norwćge 8c l'Iflande , on peut le mettre avec juftice au rang des plus grands Princes de PEurope \ mais ft Fon a ćgard a la va-leur 8c a Fimportance de ces memes Etats , il n'eft point a comparer au Roi de Portugal. li prend la qualite de Roi de Dane- le Danemarck* 443 jmarck & de Norvvćge , des Goths tk des Vandales, Duc de Slefvvick, de Holftein, de Stormarie & de Dichmarfie; enfin de Comte d'OIdenbourg tk de Delmenhorft, depuis que Chriftiern I, qui poflecioit ces Comtes en Allemagne , fut ćlti Roi de Danemarck en 1457 , & fa famille eft c-ncore aujourd'hui fur leTrone. Elle pof-fede actuellement tous ces Pays , ou en rout, ou en partie; de forte que ces titres font rćels , (i on en excepte celui de Roi des Goths Sc des Vandales , que le Roi de Suede prend aufti, avec plus de raifon que le Roi de Danemarck, qui Ta rete-nu depuis la conqucte qu'il fit autrefois de la Suede > a peu pres de la mtme ma-niere que les Rois d'Angleterre retien-nent encore aujourd'hui le titre de Rois de France. Le Royaume de Danemarck eft fort ancien, tk compte, fans remonter dans les temps fabuleux, 45 Rois depuis Go-tric ouGodfrid, contemporain deCharle-magne, jufqu'a Chriftiern VII, aujourd'hui rćgnant. II avoit toujours ćte elećtif; mais il devint herediraire , tk purement mo-narchique en 1660 , fous Frederic III. Le revenu du Roi, eft au moins de huit mil-lions , mais de valeur rćelle tk eftećbive y le mare d'argent etant pris fur le pied de iS livres de France , ou de 22 florins T vj 444 Methode de Geographle. cTHollande j c'eft ce qui va etre expliquc" avec plus de detail. L'ancienne forme du Gouvetnement du Danemarck , ćtoit la meme que les Goths tk les Vandales etabhrent dans la plupart des lieux de TEurope , ou ils por-terent leurs conquetes, 6c qu'on renent encore auiourd hui en Angleterre en bien des chofes. II eft conftant qu'au commencement, ces Rois etoient comme des Chefs de Re-publique , &: non des Rois abfolus; mais depuis, un long ufage a fait que la plupart de ces Peuples fe font accoutumes a une entiere obeilTance. Avant lannee 1660 , le Danemarck &oit gouverne par un Roi, que tout le Peuple en general avoit droit d elire ; car les Pavfans meme y donnoient leurs voix , comme le reconnut le Roi Waldemar UI. Les Etats du Royaume etant done af> iembles , devoient choilir pour Souve-rain , celui qui leur paroiftoit bien-fait, vaillant , equitable , doux , affable , pro-rečteur des Loix , aime du Peuple , fage £c revetu des qualites qu'il faut pour gou-verner fagement, & pour remplir digne-inent le pofte fuprtme qui lui ćtoit confie. On ne lailToit pas nennmoins d'avofr egard aux defeendans des Rois precedens. S'il fe trouvoit quelque Prince dans la Le Danemarck. 44$ ligne rovale revetu des qualites requifcs, ou qui fur en reputation de 1 etre , 1'on fe crovoit oblige de le prćfćrer & de linital-ler dans cette haute dignite ; &c lorfqu'ils crovoient avoir raifon den ufer de cette maniere , ils choiiilfoient le Fils aine du Roi precedent , plutot quc fes eadets , foit qn'ils euflent egard a la priorite , tk i la nailfance, lorfque lesvertus requifes fe trouvoicntegales, foit qu'ils confidćraffent que lesgrands biensque 1'aine avoit herites de fon pere, pourroient le metrre au-delfus des tentations de 1'avarice , & en etat de pouvoir foutenir la dignite royale.. Mais apres ce choix, s'il fe trouvoit qu'ils fe fuf-fent trompćs , & qu'ils eulfenr elevć fur le Trone un eruel , un vicieux , un ryran, un avare; en un mot, un ennemi du bien public, ils en venoient a la depofition. Quelquefois ils le banniffoient; quelque-fois aulfi ils le faifoient mourir juridique-ment, tk lobligeoient de rendre compte de fa conduite devant ceux qui reprefen-toient le corps de la Nation -y ou s'il arri-voit que voulant fe maintenir par de mauvais moyens , en vue d'opprimer la liberte des petiples , tk qu'en faifant des partis , en levant des troupes, ou en faifant des alliances , il fut devenu trop fuilfant pour etre puni juridiquement , on s'en dćfaifoit le mieux qu'on pou-voit, tk Ion en choifilfoit incontinent un 44 propos jj. Cetre importante Revolution s'eft fait fentir d tous les Etats du Royaume y les taxes font frćquentes & arbitraires y les terres y valent beaucoup moins qu'elles ne valoient aurrefois. Les lieux qui font proche de la Vilic capitale , & fous les yeux du Gouvernement, pour ainli dire , font en plus mauvais ctat que les Provin-ces eloignees y les Gentdshommes y font pauvres , le Peuple n'y eft pas aife , la Juf-tice y eft moins bien adminiftree , fur-tout lorfque les favoris y ont interet. Mais comme il paroit furprenant qu'un Peuple libre 6c riche comme etoient au-trefois les Danois , ait pu fe depouiller entierement de fa liberte } il eft bon de faire voir comment &c par quels degret s'eft fair un li grand changement. Le Danemarck* 4*r9 Comment le Royaume de Danemarck ejl devenu hereditairc & abfolu. - Apres la paix conclue entre les deux Couronnes du Nord en 1660 , il fallut un temps conlidćrable pour reparer les dčfor-dres , qu'une terrible guerre avoit pro duits. Le Danemarck etoit trcs-violem-ment ebranle ; Sc quoique la fureur de l'orage fiit appaifće , 1'agitation qu'elle avoit caufće ne laiflbit pas de continuer. L'Atmće etoit toujours fur pied , & 1'on ne pouvoit la congedier*, parce qu'on manquoit d'argent pour payer les arre-rages qui lui etoicnt dus ainfi les Soldats failbient fouvent des infolences , 8z op-primoient les Bourgeois &: le plat-pays , ruine par les malheurs de la guerre. Quoi-que les Nobles fulTent les maitres , cela n'empechoit pas quils ne fufTent fort me-contens , & le Clerge n'etoit pas dans l'etat ou il auroit fouhaite d etre. Pour remedier a ces maux , & mettre quelque ordre aux afFaires , il falloit de 1'argent pour payer & pour congedier TArmee : c'efl: pourquoi le Roi jngea a propos d'alTembler a Copenhague les trois Etats du Rovaume ; ceft-a-dire , la No-blelTe , le Peuple Sc le Clerge ; ce qu'il fit au commencement du mois d'Oclobre. Aprcs une Sćance de peu de jours, pen- 4 5 o Methode de Ge'ogfaphie. dant laquelle la NoblelTe , a fon ordinal-re , dćlibćra fur les moyens les plus faci-les Sč les plus commode?, de lever les fommes neceiTaires fur les Peuples , ne voulant pas contribuer de fon cotć a pro-porcion de fes biens, il furvint phifieurs demeles. Les Nobles pretendoient main-tenir leurs anciens privileges , de ne rien payer par voie de taxe , mais feulement par contribution volontaire , quoiqu'ils fulTent en polfeilion de ce qu'il reftoit de richeflies dans le Rovaume. Il fembloit qu'ils avoient en vue de profiter de la con-jončture , non#feulement pour fe venger, mais meme pour etendre leurs privileges aux depens des deux autres Ordres, en leur impofant de pefans fardeaux , auf-quels ils ne vouloient pas feulement tou-cher, ou quautant qu'ils le jugeroient i propos. D'un autre cote, les Eccleiiafti-ques , qui avoient foutenu les intercts de la Patrie , & les Bourgeois, qui avoient vigoureufement defendu leur Ville , croyoient pouvoir pretendre avec juftice i\ un nouveau merite, & qu ils devoient au moins etre confideres comme de bons fujets dans un Etat qu'ils avoient vaillam-ment defendu. Ils reprefentoient les gran-des promelfes qu'on leur avoit faites , lorfqifil ćtoit .queftion d'entreprendre quelque chofe de perilleux , & avec com-bien de bonheur ils f avoient execute. Ils Le Danemarck. 45* execiation j mais 1'on prit toutes les mefures pour le lendemain. Le Clerge travailla le plus dans ce changemcnt du gouvernement; car ayant ete meprife par la NoblelTe, il ne vouloit avoir d'autre fupćrieur que le Roi, dont il s'engageoic de maintenir le pouvoir par celui qu'il avoit fur la confcience des peuples. Annibal Seefted etoit le premier Mi-niftre, & l'Eveque Swan , avec Nanfon Orateur des Communes , etoient fes crća-tures. Ils avoient autrefois forme en fe-cret le delTein qui etoit fur le point d e-clater, quoiqu'ils n'eulTent ofe le promet-tre un li grand fucccs. Toute la nuit fe palTa en brigues & en meflages. On devoit faire que la refolu-tion que 1'on avoit prife la nuit precedente ne fe ralentit point, & que 1'on continuat jufqu'au lendemain dans la meme rćfolu-tion. La Reine, qui etoit une PrincefTe d'un gtand courage , y travailla beaucoup de toute manicre. Le Roi n'y confentit que dirEcilement, foit par 1'incertitude de l'e-venernent, fcit par un fcntiment d'lion- 454 Mcthodc de Geosraphie. neur , qui Ini defendoit de pouiftiivre un pouvoir abfolli flir un Peuple libre. Et quand il declara qu'il confenciroit que la Souverainete futconfervee dans fa famille, il voulut que ce fut par un confenrement general \ mais il ne deliroit pas fe rendre abfolu, crovant que ce n'etoit pas le bien du Royaume. II alfiiroit au refte , qu'il ne feroic pas un mauvais ufage d'un pouvoir illimitć ; mais qu'il apprehendoit que fes fuceelfeurs n'euifent pas la meme equite. La Reine , qui etoit plus ambitieufe , fouhaitoit que le Roi demeurat en repos, & vouloit travailler pour lui fans s'arrcter a ces rćflexions, foit qu'elles fiilfent vraies ou apparentes , foit que la bonte du Roi les lui fit naitte. Enfin elle gagna tanc fur lui, qu'il parut confentir avec erainte a ce que 1'on deliroit le plus \ s etant neanmoins menage, par cette repugnance apparente , un moyende fe reconcilier avec le Peuple, en cas que 1'affaire ne reuflit pas. Cependant, les Nobles ne faifoient au-cun cas des menaces du Peuple \ ils s'ima-ginoient qu'il s'en repentiroit le lendemain , &c qu'il viendroit a un accomtno-dement ? en confentant a tout ce qu'on lui demanderoit. Le delfein etoit plus rćel qu'ils ne le croyoient; non-feulement le premier Miniftre , mais eneore quelques membres de la NoblelTe, qui avoient des emplois i la Cour, y ćtoient engagćs. Ex- Le Danemarck. 455 ccpte deux 011 trois, qui prirent plus de foupcon qu*a 1'ordinaire, Sc qui, la nuit meme fortirent de la Ville, tous les aurres furent fans aucune crainte de danger, ju£ qti'au moment qu'il n'y eut plus de remede. Schack , Gouverneur de la Ville , fut gagnć par la Cour , afin qu'il favorifat ce delfein; ce qu'il effećtua le lendemain ma-tin. Les Nobles s'afTemblerent dans la Chambre du Parlement, Sc les deux autres Corps dans la Salle des BrafTeurs. La re-lblurion des Communes ne put pas etre tenue ii fecrette , que les Nobles n'en euf-fent connoilTance ; mais a peine eurent-ils le loilir de conliderer ce que 1'on devoit faire dans cetce occafion , qu'on leur vinc direque les Communes venoient vers eux. Car l'Eveque & le Prelident prelTerent li vivement d'executer ce qui avoit ete refo-lu le jour precedent, qu'on jugea quon perdoit le temps qui n'etoic pas employe pour l'execution, & qu'on tomba daccord d'aller au Parlement Sc de communiquer aux Seigneurs le defiein projette, 8c de demander leur confentement pour une chofe li necelTaire au bien de 1'Etat Sc du Royaume. Ils marcherent deux a deux par les rues avec gravite Sc dans un grand li-lence , pendant c[ue le menu Peuple, par des eris redoubles applauaiflbit a. ce qu'ils alloient faire ; Sc dans cet ćtat ils arri-verent a la maifon ou etoit auemblve 1^ 45^ Me'thode de Gcographie. NobleiTe , qui euc a peinc le temps de let recevoir. Le Pretident Nanfon lit ime courte ha-rangue , marquant qu'ils avoient confi-derć 1 etat de la Nation, 8c qu ils avoient trouve que le feul remede aux maux qui 1'arTligeoient, etoit de rendue la Couronne hereditaire , 8c de donner au Roi plus de pouvoir qu'il n'en avoit en auparavant; quec'etoit la refolution que lesConimunes 6c le Clerge avoient prife; que s'ils y vou« loient donner leur confentement,ils etoient prets de les accompagner jufqu aupres du Roi, pour lui donner un pouvoir abfolu ; que s'ils ne vouloient pas y confentir, ils iroient feuls , & qu'on le feroit fans eux ; qu'il etoit neceflaire de leur donner fur cela une reponfe prompte , parče qu'ils avoient dćja fait avertir le Roi qu'ils y alloient, & que Sa Majefte les attendoit. Une ptopofition li imprevue & la ma-niere de la communiquer , furprit genera-lement les Seigneurs; 8c ceux qui peu de jours auparavant s'ćtoient montres Ci fiers , devinrent tout-a-coup complaifans , 8c de-couvrirent leurs craintes par leurs paroles 8c par leurs contenances. Ils ne virent le mal que lorfqu'il etoit inevitable; on ne leur donnoit pas le temps de confulter , & c'etoit une chofe dangereufe de refufer leur confentement ou de le dirTćrer. Ils voyoient d'ailleurs qu'ils ne feroient pas long-temps Le Dancmarck. 4 5 7 long-temps les maicres; car les Comrmincs etoient armees; les Troupes & le Clerge etoient contre eux , & ils le rrouvoient af-fembles dans une Ville fortifiee, & au pouvoir de ceux qui le vangeroient s'ils pa-roilToient dćfobeiflans. Le meilleur expe-dient, dans une affaire dont ils n'avoient pas ptevu les confequences , fut de con-fentir a ee qu'ils ne pouvoienc arrcter. Apres quelques reflexions, ils repondirent qu'ils approuvoient la propofition des Com-munes, & qu'ils afpiroienc auili a 1'hon-neur de donner au Roi & a fa pofterite im prefent ii imporcant. lis voulurent nean-moins confulter; mais le Prelident Nan-fon le refufa, &c repondit que c etoit des defaites pour gagner du temps \ que 1'ar-faire ćtant arretee & la refolution prife, ils n'ćtoient pas venus pour examiner, mais pour mettre a execution; qu'ils etoient prets, ii les Nobles vouloient fe joindre a eux; iinon qu'ils feroient ce que 1'on de-voit faire, & qu'ils ne doutoient pas que Sa Majefte n'en profitat. Pendant ces difputes, les Seigneurs de-puterent un de leur Corps en fecret pour infbrmer le Roi de ce qui fe pallbit. Le Prince repondit avec unegrandedouceur, comme fi cela ne le touchoit pas, qu'il leur etoit bien oblige pour leur deflTein en-vers lui & la famille royale qu'il efpe-xoit que ce qn'ils etoient fur le point de Tome U. V 45$ Mćthodc de Ge'ographic. faire, tendroit au bicn de la Nation; maiJ qu'il ne lui feroit pas tant agreable , s'il n'y avoit que les males qui hćritairent la Couronnc , que fi on la donnoit fans limi-tation ; qu'il n etoit pas nouveau que des femmes euffent pouverne en Danemarck, &c que leur gouvernement n'avoit pas ere malheureux dans les Royaunies voilins ; qu'ils devroient confiderer que puifque c'etoit un prefent qu'ils vouloient faire, il ne devoit pas le leur prefcrire , mais quil ne pouvoit pas 1 accepter a moins qu'il ne fut plus general. En meme temps les Communes devin-renr impatientes ; la reponfe qu on leur donna ne les fatisfaifoir point. C'eft pour-quoi le Cl erge 8c les Bourgeois , ayant a leur tete l'Eveque & le Prelident, allerent au Palais, Le premier Miniltre vint a leur rencontre, & les conduifit dans la Salle d'audience, ou peu de temps apres le Roi le rendit. L'Evčque lit un long difcours fur les louanges du Roi, 8c fur les raifons pour lefquelles ils etoient venus lui ren-dre leurs refpećts : il finit en lui offrant au nom des deux Corps qui etoient les plus puilfans 8c les plus nombreux, la Cou-ronne herćditaire dans fa maifon, 8c un pouvoir abfolu , avec leur bourfe , en cas que quelqu un vouliir arreter un defTein fi Jouable 8c Ci neceffaire pour le bien du Pays. Le Roi leur repondit en peu da. Le Danemarck. 459 rnots , qu*il les remercioir, & qu'en cas qu'un confentement general confirmat leur bonnc volonte, il accepceroit le prcTent qu'ils lui faifoient; mais que le confentement des Seigneurs etoit neceflaire, dont il s'aiuiroit, puifqu'ils avoient le temps de le lui orTrir avec les formalires nćcef-faires ; qu'il prometroit aux Communes fa protećtion rovale \ qu'il n'oublieroit pas leur arfećtion \ qu'il les delivreroit de leurs maux y qu'il avanceroit fes Sujets qui setoient^comportes fi vaillamment , 8c qui lui avoient rendu de fi bons ofEces. 11 finit par cet avis de continuer leur fef-fion jufcju a ce que les matieres euffent ćte mifes en leur perfećticn, Sc qu'il put re-cevoir leur prefent avec les folemnites convenables; apres quoi il les renvova. Pendant tout ce temps-la. les Seigneurs furent dans de grands troubles. Ils vovoient que les Communes etoient alle voir le Roi fans eux. Ceux de leur corps qu'ils avoient depeche au Roi , rapportoient que leiur propofition de rendre la Couronne here-ditaire pour les males, n'avoit pas ete bien regue,parce qu'il avoit en vue un plus grand avantage; qu'on ne regardoit leur ofFre que comme venant de perfonnes qui n'au-roient rien donne y s'ils 1'avoient pu faire. Dans cette irrefolution, les Seigneurs fe feparerent; mais ils fe ralTemblerent a mi- 4 avec une robe noire plif-fee , a manehes courtes , Sc une eraude fraife empefee autour d u col. lis pre-chent fouvent , obfervent les jours de jeune aulfi folemnellemcnt que les Di-manehes J Sc a Copenliague, comme en d'aiures endroits, on forme les porces de V vj 46"8 Methode de Geographlc. la Ville pendant le Sermon & POfrice Ec-cleiialtique. Les Eglifes y font proprement enuretenues , & plus dćcemment ornćes crue dans les autres Pays rćformćs. Les Juifs font toleres dans cette capi-tale , parče que les relations qu ils ont avec le refte de la Nation difperfee en divers Etats, leur donnent lieu d'augmen-ter le commerce de Copenhague. Il en eft de me me des Catholiques , qui y font leurs exercices en particulier. U y a une Univerjite dans cette Ville ; mais elle n'eft pas fort confiderable. On y voit peu d H6pitaux , quoiqu'il y ait beaucoup de pauvres, dont on ne prend prefque aucun foin. Ordres de Chevaleric. II y a en Danemarck trois Ordres de Chevalerie. Le premier & le plus ancien, dont les perfonnes de la plus haute qua-lite fonr decorees, efl celui de l'Elephant, qni a un ruban bleu. Cet Ordre , apres avoir ete long-temps neglige, fut remis dans tout fon eclat par Chriftiern V , fur ja fin du fiecle dcrnier. L'Ordre de Dan-nebrog a un ruban blanc avec des lilieres rouges , auque*fc ell fufpendu une petite croix emaillee d'argent; & fes Clievaliers portent de plus fur leur habit une ćtoite brodee, ayec cette devife : Piet.itc & juf- Le Danemarck. 469 titia. La Reine , aujourd'hui Douairiere , a etabli en 1732 1'Ordre appelle de la Fi-delite. Divijion du Danemarck. Le Danemarck fe divife en Terre-ferme a FOccident, & en Ifles a 1'Orient. La Terre-ferme confifte en la Prefqu'ifle de Jutland. Les Ifles font pour la pluparr a 1'entree de la Mer Baltique. A RT I C L E PREMIER. Z£ JUTLAND. T ,E Jutland , ou Pays des Jutes , fut au-trefois la demeure des Cimbres; ce qui lui ftt donner le nom de Cherfonefe Cimbri-que. La terre y eft fertile en grains, en legumes, & en paturages \ mais la plus grande richefle de ce Pays vient du be-tail, qu'on en tranfporte , principalement des bceufs & des chevaux qu'on eftime fort. Le Jutland s'etend beaucoup plus du Midi au Septentrion , que du Couchant au Levant. Sa longueur , depuis la cour-bure la plus mćridionale de la riviere Eyder julqu'au Cap de Skaw ou Skagen, eft de 64 lieues , & fa longueur n'en a tout au plus que 28 , a compter depuis rextremite du Diocefe de Rypen, jufqu'a 4?o Methode. de Geographrc. celle du Diocefe d\Arhiuen. La dtvilton erdinaire de cette Prefqu'ifte eft en Ncrct-Jutland j & en Sud-Jutland, ou Duche de Slefv/ick: le premier apparfieut au Roi de Danemarck, de toute antiquite en entier; mais il ne poflede le fecond que depuis 1720. Auparavant le Duche- de Slefwick ćtoit partage entre fa Majefte Danoife Se le Duc de Holltein-Gotcorp, qui en repar-tageoit quelque chofe avec les Ducs de Holftein-GlucKibourg , Holfteiii-Sunder-bourg, & Holftein-Nordbourg. §. i LE NORD-JUTLAND. II fe divife en quatre diocčfes, qui font ceux d'AaiDorgj ide Wikorgi d'Arhufen Se de R\pen. L Le Diocefe d'Aalborg. Ce Diocefe , qui eft le plus Septentrio-nal du Jutland, fe nommoit autrefois le Diocefe de Burglav. On avoir etabli, en 1065 , dans cette derniere Ville , unEve-che", qui fut transfere a Aalborg, en r< 40. H eomprend 1 $ Bailliages, 177 Paroifies Se 100 Chateaux. On le divife quelque-fois en neuf Territoires oir Herrites 3 que Ton peut voir fur la carre. Aalborg 011 Al-bourgj Capi tale, eft une petite-Ville lituee Le Danemarck. 471 pres de Tentree du Golfe de Lym ou du Lymfordy avec un Port tres-fur. On pič-tend qu'elle a tire fon nora, de la grande quantite d'anguilk-s qui fe prennent dans le Golfe fur lequel elle eft batie. On re-marque encore dans ce Diocefe Thyfdct ou Tyfladt j fur la partie occidentale du Lymford : Fenfuffel ou Venfyffel 3 Bourg fur la Ryaa , au Nord-Oueft d'Aalborg. C'eft 1'ancienne Ville de Burglavj. Skagen ou Skau j fur la pointe la plus feptentrio-nale du Jutland. Secby y un pcu plus au Šud, ćv fur la Mer, a 1'Orient. Hioring ou Hyering, a 1'Occident, & environ a demc Iieues de 1'Ocean. Jerjlcff, au centre du Diochk. Dans le Golfe*de Lym eft 1'Ifte de Mors. Ony remarqueNykoping3 Bourg fitue fur le Golfe meme, auifi bien que Lyndjloot> qui eft dans la partie meridio-nale de cette petite lile. 11. Le Diocefe de JTiborg. Ce Diocefe fe partage en fix Territoires ou Herrites, & eomprend 16 Bailliages , čc 218 Paroilfes. Wiborg 3 Evechć , Ca-pitale du Nord-Jutland , nommee autre-fois Cimberberg , eft le liege du Confeil iouverain de toute la Province. L'Eveclie de Wiborg fut etabli en mtme-temps qne eelui de Burglaw, 1'an 106" 5 , & il fubfifte roujours, atoli bien que fon Chapitre. Cette Mc'thode de Geographie. Ville eft fituee au milieu da Nord-Jutland, prčs fextrćmite la plus mćridionale du Golte de Lym. Nube ou Nybe 3 če Schevej font des Bourgs renommes pour leurs bons chevatuc. Le premier eft encore celebre pour la peche des Harengs. Sallmg Če 'Schijfus j fur le meme Golfe j font ali Nord-Oueft de Wiborg. III. Le Diocefe d' Arhufen. Ce Diocefe oceupe la partie orientale du Nord-Jutland, če fe partage en 15 Ter-ritoires 011 Herrites. II contient 3 1 Bail-liages Če 3 32 Paroilfes. On y trouve Arhufen j petite Ville, dont FEveche fut etabli en 1014. Les Suedois la prirent & lade-folerent en 1644. Rmders j Mariager če Hobro 3 pres de la Mer , če Grinaa ou Grinjladt, fur la Met meme, font au Nord d'Arhufen , aulfi bien anEbelto/i* Scan-derborgj bonne Fortereflfe, če Horfens 3 avec un Port, font d autres endroits remar-cjuables. IV. Le Diocefe de Rypen. II eft borne au Sud par le Duche de Slefwick , če oceupe la partie oeciden-tale če la meridionale du Nord-Jutland. On le partage en 13 Herrites ou Terntoi-res: il contient 3 o Bailliages, 7 Forteref-fes če 284 Paroilfes. Rypen3 Ev cehe, & Le Dan em a rek. 473 la plus ancienne Ville du Jutland, eft iituće au Midi, a une lieue de la Mer du Nord. Elle a un Pore, forme par |a petite Riviere de Nipfick. Elle a un aftez bon Chateau, qui ne Ta cependant pas empechće d etre prife par les Suedois, en 1645 : mais ils la rendirent la meme annee , par leTraite de Brunsbroo , ligne le 23 Aout. Son Eve-che , autrefois fufFragant de Lunden, fut fonde en 980. Touslesans, les Hollandois embarquent a Rypen quantite de bceufs , qu'ils tranfporrcntdans leur Pays. Colding y fur un Golfe de la Mer Baltique • pres dir petit Belt, ou Detroit de Middelfart. Cette Ville eft petite; mais jolie & aftez riche , parce qu'elle eft lentrepot du Jutland, des Ifles du Danemarck & de Copenhague. C'eft fur fon pont, appelle Drckerrit} que tous les chevaux tk les bceufs quon tranT porte de Danemarck en Allemagne,payent un droit, qui eft ordinairement dun ecu pour chacun de ces animaux. Colding eft defendu par le Chateau &Arnsbourg 3 bati par le Roi Chriftiern III, & dans lequel ce Prince mourut en 1559. Fredcrickf-ode ou Fredericia 3 ainii appellee du nom db Frederic IV, qui la fit batir , eft une petite Ville tres-forte tk tres-importante, a caufe de fa fituation fur le petit Belt. Fanoe , Ifle dans FOcćan , peu eloignće de Rypen. Les autres lieux les plus confiderables, font l.c/mvid-j au Nord de ce Diocefe, fur uu 474 Methode de GeographU. Lac , a i'Oueft du Golfe de Lym; Holjtc* bro j au Sud-Oueft de Lemwick; Kinklo-ping j fur 1'Ogean ; Wardc j a quelques lieues de la Mer, entre Rinkioping & Rypen; Wc'dley que quelques-uns met-tent dans le Diocefe d'Arhufen, fur im Golfe du Dćtroit de Middelfart. L'intć-rieur du Diocefe de Rypen ne prćfente rien de conftderable. $. I I. LE SUD JUTLAND* OU DUCHE DE SlESfTICK. Le Sud-Jutland, nomme auffi Duche de Slef\vick , eft en general un tres-bon Pays, & forc peuple. Salituarion entre denx Mers, l'Ocćan a f Oueft , & la Mer Ral-tique a TEft, lui donne de grands avanra-ges pour le commerce ; mais les facihtes du tranfport n'y font pas en grand nom-bre. II eft coupe par beaucoup de petites Rivieres , qui rendent le pays fecond 6c abondant en pacurages excellens. Aufli fburnit-il a fes voifins du bled , du berail 8c du bois a bruler. Anciennement ce Duche ćtoit partage entre le Roi de Dane-marck , 6c la Maifon de Holftein, branche de celle de Danemarck. Mais , par la paix du Nord en 1720, il a ete cede tout en-rier au Roi de Danemarck, tk la Maifon Le Danemarck. 475 de Holftein n'y a plus que des pretentions, Cependant nous croyons devoir donner la Defcription de ce Pays, en fuivant Fan-cienne divifion, parce que la connoifTance en eft utile pour 1'Hiftoire. Le Sud-Jutland ou Duche de SlefVick fe divife done en neuf Prefečtures ou Baiiliages. I. Haderjleben , au Danemarck. Ce Bailliage s'etend d'une Mer a Pau-tre, depuis le petit Belt. On y trouve Haderjleben j petite Ville , avec un Port alfez commode. C eft le lieu de la naiflance du Roi Frederic III. On la divife en vieille & nouvelle Ville. Les Ifles de Manoe & de Rom _, font toutes deux a FOtieft , dans FOcean. Tyjlerup j Gram 3 Froes j Kaf-lani 8c Norderranflrop font les principaux lieux d'autant de Territoires. Guidding Qc Wejlerbech , font au Sud de Rypen, De Fautre c6te, dans la Mer Baltique, on treuve Flfle d'Arroe3 qu'il ne faut pas con-fondre avec Flfte d'^rr3auMidide Fionie, dont nous parlerons dans la fuite. II. Appenrade a Holftein-Gottorp. Le Bailliage d'Appenrade eft petit, & ne renferme que deux Territoires; ceux de Rlcs & de Suderanjlorp. Sa Capitale eft fur un petit Golfe de la Mer Balti-que, avec un allez bon Pore. L'ifte de Bar- 4-7 6 Me t hode de Ge'ogrtphic. fie eft prefque a lentree du Golfe. Dit cote de 1'Occident eft le petit Territohe du Lohni-Glojier j autrcfois Abbaye , dont Jean, Duc de Holftein, s'cmpara cn 15 48, &c qu'il reunit a fon Domaine. III. Tounderny \ Holftein-Gottorp.' Ce Bailliage eft du c6te de 1'Ocean.Il coni-prend Toundern, petite Ville, a une boune lieue de la Mer. Auprčs eft le Bourg &Hoyerj qui fert de Port. L'ifte de Sylt3 qui appartenoit a Holftein-Gottorp. Celle de i ora ou Focr, dont la partie occiden-tale fe nomme W ejlerharde & contierit trois Villages \ & dont la partie orienta-le, nommee OJlerharde, ou il y a deux Villages , appartenoit au Duc de Holftein-Gottorp. L'ifte d'Amrom a toujours ap-partenu au Danemarck. IV. Flensbourg j au Danemarck. Le Bailliage de Flenfbourg, au centre du Pays , a pour Capitale Flensbourg petite Ville, avec un aflez bon port, fur un Golfe de la Mer Baltique. Cctte Ville eft couverte de hautes montagnes du cote du Nord. Elle a une Citadelle ou Chateau palfablement forrifie. On remarque en-core Breijledc 3 autre petite Ville fur l'O-ccan. Le Danemarck. 477 V. Sunderbourg au Danemarck. Le Bailliage de Sunderbourg eft fitue fur la Mer Balrique. Le Roi de Danemarck Chriftiern III, le donna, vers 1550 , i titre d'Apanage, & fous le titre de Dn-che , a Jean , fon fecond rils , de qui fonc forties onze branehes de Princes, qui pri-rent tous le nom de Ducs de Holftein , en y ajoutant, pour fe diftinguer, le nom de leur reiidence. Plulieurs de ces Branclies font ćteintes aujourd'hui. L'Ifle diAlfen, qui eft alfez confidćrable, fait partie du Bailliage de Sunderbourg. Elle depend , pour le fpirituel, de l'Eveche d'Odenfee, qui eft dans 1'Ifle de Fionie. On y trouve, au Midi, Sunderbourg, petite Ville avec un bon Chateau , ou le Roi Chriftiern II fut douze ans piifonnier; & au Nord, Nor-bourg j qui etoit la reiidence du Duc de ce nom , dont la Branche a fini en 1729. Luxbourg ou G/ucksbourg j reiidence du JPuc de ce nom, eft en Terre-ferme. VI. Hufum j a Holftein-Gottorp, Ce Bailliage , fituć fur l'Ocćan, eft peu confidćrable , & n'a de remarquable , que la petite Ville de meme nom, & celle do Schwab(lede j ou eft 1'ancien Chapitre de $lef\vick , compofe aujourd'hui de }Lu7 478 Met hode de Geographle. theriens. De ce Bailliage depend Plfle de Nordjlrand, i POueft cVHufum. Elle eft peii habitee , a. caufe des inondations aux-quelles elle eft expofee.Cette lile appartienc en propre au Roi de Danemarck y mais elle eft hypothćquee a des Hollandois. VII. Eyderfted_y a Holftein-Gottorp. Ce Bailliage eft aufli fur POcean. Sa Capirale j nommee Tonnlngcn 3 fituee fur l'Eyder , a quatre milles de l'Ocćan , eft -une petite Ville ou il Te fait un commerce alfez conliderable de bceufs. Son pore eft aflez frequente, fur-tout par les Hollandois. Cetre Ville fur prife en 1714 , par les RulTes &c les Danois. Dix mille Sue-dois , qui depuis quelques annees oecu-poient cette place, rurent faits prifonniers, & les fortirlcations furent detruites. Ffi-* derichjlat j furl'Evder, au-delTus de Ton-ningen , fut bati en 16 z 1 , par le Duc Fre-deric II. L'Ille d'Hey lige/and, dans l'Ocean j a dix lieues i 1'Oueft de Tonnin-gen, depend de ce Bailliage. VIII. Gottorp j a Holftein-Gottorp. C'eft un des plus grands Bailliages du Pays, en partie fur la Mer Baltique. Slefi wick , petite Ville & Capitale d u Duche de me me nom, ou du Jutland Meridio- Le Danemarck. 479 nal, appartienc au Roi de Danemarck, depuis 1715. Elle aete autrcfois fort con-fiderable; mais aujourd'hui ceft une Ville fort mediocre , fans murailles , & qui n'a de beau que fa fituation : elle eft a cinq milles de la Mer Baltique , fur la riviere de Slye. Son Evcche, fonde en 930, etoit foumis a PArcheveche de Breme , en Al-lemagne: mais en 1586", Frederic U, Roi de Danemarck, s'en rendit maitre & Fu-nit a fon Domaine, en le fecularifant. Gottorp, Chateau pres de Slefwick , fervoit de refidence aux Ducs de ce nom, qui forment la principale branche de la Maifon de Holltein. Ce Chateau, qui paffe pour le bijou du Jutland , eft fitue dans une lile , au milieu dun Lac forme par la riviere de Slye. Les jardins en font fpacieux , 8c faits avec beaucoup d'art 6c de depenfes, fur lapentedune montagne, qui eft de 1'autre c6te du Lac : a ce jardin ft bien orne, touche un grand Pare ou plu-tor une Fotet, remplie de daims , cje fan-gliers & d'autres betes fauves. On peut dire meme que pour la beaute des dehors, ce Chateau Femporte fur Frcderichbourg, Maifon royale du Roi de Danemarck , dans F lile de Zeeland , quoiqu'il lui cede pour la magniricence du batiment. Gottorp fut pris & pille en 1715 , par les Da-nois & les Ruftiens, qui fe partagerent. 4$o Me'thode de Geographie. entre eux ce qu lis y trouverent de prć- cieux. Eckrenford; Bourg, avec un affez bon Port. Gcltingen Sc Swans principaux Vil-lages de deux petits Pays , pres 1'embou-chure de laSlye,autrefois habites par les An-gles, peuple venu du Dache de Meckel-bourg , qui, avec d'autres Saxons , fubju-guerent, au cinquieme fiecle , la partie mćridionale de la Grande Bretagne, qu'on appella de leur nom Angleterre , comme qui diroit Terre des Angles ou Anglois. On peut encore remarquer Danewerck ou la Vallee des Danois j enrre Gotrorp oc la petite riviere de Trenn , qui rombe dans FEyder, pres de Friderichftad : c'eft un folfe ou une ligne que les Danois tire-rent en 808 , pour empecher PEmpereur Charlemagne de penetrer dans leur Pays, & 1'on en voit encore des veftiges. IX. Chrijlianprsijfj, ou le Danifch Wald3 au Danemarck & a Holftein-Gottorp. On y trouve Chrijlianpre/jT ou Fride-ricks-Ort, petite Ville avec un Chateau , aui commande le Golfe fur lequel il eft fitue, pres de la Mer Baltique \ Chrijlian-hagen , Tuttcndorp čc TVarneberg , Vik lages.' Mf ARTICIE Le Danemarck'. 4$ 1 A R T I C L E II. LES ISLES DU DANEMARCK. e s Iiles font en affez grand nombre: mais commc pluiieurs font pen confidera-bles, nous nous contenterons de marquer les principales , qui font Zeeland 3 Fionie. ou Fune/z> Langeland j La/and Faljler y Bornolm, tke. Zeeland. Le nom decettelile enAllemand figni-Jfie Pays Maririme: c'eft la plus ćtendue tk la plus conliderable des Illes de Danemarck. Elle a environ 60 lieues de tour, Sc eft bornee a 1'Eft par le Detroit du Sund, dont nous avons parle, tk a 1'Oueft par le grand Belt, qui la fepare de 1'Ifle Fionie. II y a quantite de lacs, de mcme que des bois, ou Ton trouve un grand nombre de cerfs &c de iangliers: le betail y elt aulfi fort comraun, On pretend que 1 air de cette lile n'eft pas fain , fur-touta Co-penhague &c aux environs; ce qui vient des lrequens brouillards tk de la fit rion balfe du tcrrein. Les betes fauves qui font dans les bois de cette lile , font d (lin'es airc plaifirs du Roi: elles y font en fi grand"' Tome JL ' X 482 Mćthoic de Geographie. abondance, qu'on les y rencontre par tron-pes \ mais perfonne n'ofe y toucher, quoi-que les Payfans cn fourTrent tous les ans des perres confidćrables. La terre eft fer-rile en feigle} 8c le Pays tres-peuple. On y compte 13 tant Villes que Bourgs, 6c" 347 Villages. Le Payfage de cette lile eft trčs-beau en plufieurs endroits, & la vue s'y pro-mene agreablement au travers d'une infi-nite de petites montagnes , de bois 8c de lacs , qui font une variete charmante. Copcnhague 3 Capitale de cette lile, de metne que de tout le Royaume de Dane-marck , eft a 55 degres, 40 minutes de Latitude feptencrionale , 6c environ a 30 degres de Longitude. Elle a eu divers noms j 8c celui qui lui refte fignifie U P on des Marchands. Elle eft fituee fur le Sund , vis-a-vis lTfle tVJmaghj dont elle n'eftfeparee que par un petit canal, qu'on pafte fur im pont4evis. Ge pont la joint avec Chrijlianhaven j qui en fait une bon-ne partie , 8c qui par fes forciflcations , la rend prefque imprenable d u cote de la Mer. Copenhague n'eft ni des plus gran-des, ni des plus anciennes; mais elle eft le lieu du Couronnement des Rois de Da-nemarck, 8c depuis long-temps leur refi-dence ordinaire. On y compte foixante mille habitans , fans y comprendre les foldats de la gatnifon, ni les matelocs, Z« Dantmarck. 4 S 3 fe]m peuvenc aller a vingc mille. S011 Pore eft un des meilleurs de PEurope, & le feul confiderable quil y ait dans cette lile : 1 entree, qui fe ferme toutes les nuirs, efr 11 ćtroite , qii^il ne fauroir y palTer qu'un feul Vaiueau a la fois y mais ce Havre en peut contenir 500, qui s'y rrouvent en furete. Son Arienal eft bien enrretenu. On y voit la Bibliodheque rloyale , qui eft coniiderable. L'Univerfice de Copenha-gue, fondee en 1479 > e& rcrc celćbre. Cetre Ville fuc afliegee par les Suedois en 1659; mais la valeur du Roi Fredcric III qui la defendoic, Čc la flotte que les Hol-landois envoyerent a ce Prince, leur en firent lever ie fiege; il fuc converci en blocus, qui finic en 1660 , par la mort de Charles Guftave, Roi de Sućde. Copenha-gue a eu le malheur , en 1718 , d'crre prefque encićremenc derruice par un in-cendie; mais Fatcention du Gouvernemenr a fait qu'elle eft renče de fes cendres, avec plus d eclat qu'elle n'en avoit auparavant. Le nouveau Palais royal, qui eft un des plus magnifiques, fut acheve en 1740. L Eveque de Copenhague , dunt la Jurif-dićcion fp.rttuelle s'etend fur roure Flfle , faic les fonćcions dArchevcque dans touc le Danemarek. Ros' Ud j a cinq lieues de Copenhague, du cote de lM3ueft , dans le fond de la Baye dlfore , noramee communćment Xij 484 Metko de de Ge'ographie. Ifenfiord ou Roskildjiord. Elle a ete autre-fois la plus grande & la plus confidćrable Ville de Zceland , aufli bien que le (lege d'un Eveque fuftragant de Lunden, qui y avoit ete etabli en 1202. Aujourd'hui Roskild fait une trifte figure, 6c n'a pas metne de murailles. Elle eft neanmoins le lieu ou les Rois„&: Reines de Danemarck font enterres, & celui ou en 1658, la Paix fut conclue entre cette Couronne Sc la Suede. Heljingor ou Elfeneur _, a 1'endroit le plus etroit du Sund , a un Port alfez fre-quente , Sc eft la meilleure Ville de Zee-land , apres Copenhague. Friderichsbourgy MaifonRovale, a lix lieues de Copenhague, vers le Nord, 6V a trois lieues d'Helfingor. Ce Chateau eft le mieux bati de tout le Danemarck. Friedenbourg 3 autre Maifon Rovale , ou la Cour relide pendant 1'Ete. Ctonenbourg 3 belle &: bonne Forterelfe , batie en 1577 , pour afturer le palfage du Sund. Cette place eft comme la Citadelle d'Helfingor & la clef du Detroit, lequel n'a en cet endroit qu'une petite lieue de largeur, & de profondeur confiderable , que du cote de Fllle de Zeeland \ de forte que les Vaiffeaux ne peuvent palfer hors de la portec du canon , čk font obliges d'y paver le peage Charles-Guftave , Roi de W^arinborg Sc P reji o j 1 TOrienr, Koge, fur la Mer Baltique , a mi Porr alfez frequente. L'Ille 011 la Flotte Da-noife peut etre en furete. Outre les Iftes dont nous venons ce parler , il y en a d'autres moins coniide-rables dans cette partie de la Mer qui eft avant le Sund ; favoir, SeJJbw ^ Anholt > Siimfoe j tke. Le Roi de Danemarck pojfede d'autres Etats en Europe 3 avec quelques Forterejjcs en Afrique , en AJic & en Ameriaue. En Europe il a la Norwege , avec les I/les d'Iilande & de Fero ou Farre , qui en de-pendent ; nous en allons parler. II ejl aujji pojjcjfeur des Comtes d'Oldenbourg ĆV de Delmenhorft, de meme que d'une parat du Duchć de Holftein : on cn trouvera Vex- X v 49 O Methode de Geographie. plication dans le Chapitre de TAllcmagne , qui eft au Volume fuivant, A lVgard des Pays & Forcs que ce Prince occupe en Ajrique j en AJle & en Amerique 3 pour le Commerce ils feront expliques aux Tomes VII & VIU j c3eft en Afrique Chriftianf-boiug .fur la Cote de Guinee : Tranquebar en AJie ,Jur la Cote de Coromandel; & les Iftes de Sainte-Croix & de Saint-Thomas ? dans l'Ameriaue Septentrionale. La Norvjćge. 491 A R T I C L E III. L A N O R IV & G E. C A R T E J. On peut fe fervir pour la Carte de ce Royaume, de s Couronncs du Nord de M. De lis le , en deux feuilles , oh la. Norwege ejl ajje^ detaillee ; & auji de la Scandinavie de M. Šanson qui fc trouve che^ M. JAlLLOT. Situation. Figure. Etendue. Bornes. La Nonvege, en y comprenant la Li-ponie Danoile , qui en dćpend , eft la plus feptentrionale de toutes les Regions de 1'Europe. Elle eft: llmee entre les 22 Sc jo dćgres de Longitude j & cntre les j 8 8c 71 degres 50 rnihiites de Laticudc fepten-trionale :ce qui s'etend jufqu'au Cap Nord; de forte qu'elle eft: nioins dans la Zone temperee , que dans la Zone froide de norre Henufphere. Le nom de Nordweg r /lgnifie en langage du pays , Chemin v^rs' le Nord , ce qui fait qu'on pourroit dSre ćgalement le Nord-wege & la Nordwege. Elle a prefque la rigure d'une c6re de ba- X vi 49 2. Mćthodc de Geogtaphic. lcine , placee fur l'Ocean le long de la Suede j 3c cette coce a pres de 400 lieuci de longtieur • mais dans fa largeur elle n'en a rout au plus que 75 , & en plu-fieurs endroits beaucoup moins. Les bor-nes de la Nonvćge font au Septentrion, au Couclianc 3c au Midi, l'Ocean Sep-tentrional ou Glacial , 3c a 1'Orient la Suede. Elle eft feparee de ce dernier Royaume , par une chaine de monragnes, qui vont du Sud au Nord , 3c que l'on nomine en general Dofferfield ou Daarc-Jield: c'eft ce que les Anciens appelloienc le Mont Sevo. Qualite, Le froid extreme qui regne dans la Nonvege , le grand nombre de nionta-gnes 3c de bois qu'on y trouve , la quan-titć de cailloux 3c de fable dont elle eft remplie , Ja rendent prefque fterile 3C fbrt pauvre. Ce qu'on en tranfporre con-fifte en mats de Vailfeaux, en poutres , en plancbes, en poix, en goudron , en fuif,en refine , en noiietres, en ftock-fifch , c'eft-a-dire , en poilfons deftcches , en fourures 3c en cuivre : il y a quelques mineš d argent. • Montagnes j Cap s & Riviere s. Entre les Montagnes de Nonvćge > on, La Norwege. 49 3 diftirigue celles qu'on appelle Dofrines , I)aarcjkld Fellkes , autrefois Sevo. En-tre fes Cap s, on remarque celin de Lin-defnes j au Midi , les Pointes de Stade au milieu, 6c au Nord le Nord-Cap Sc le Nord-Kyn. Quant a fes Rivkres, le Te-no vers le Septentrion , & le Glamer ou GluT?:me , vers le Midi , font les plus con-iiderablcs de toutes. Gouvernement. La Norwege eft un ancien Rovaume , qui a eu long-temps des Rois particulicrs : on pretend meme qu'elle ■ en avoit long-temps avant Jefus-Chrift. Plufieurs Au-teurs veulent que ce foit de ce Pays que font fortis les Normans , qui ont fait tant de ravages en France 6c ailleurs au IXe fie-cle. La Norwege fur unie au Danemarck en 13 8 7 , par convention entre Haquin 8c Marguerite , la Heroine du Nord : elle a pafte fouvent fous la dominarion des Rois de Danemarck , tantot par conquete , tantot par alliance; & ennn par elećtion en 1457 , fous le Roi Chriftiern I. Depuis ce temps-la ces deux Royaumes ont tou-jours ete unis. La Norvvcge etoit ci-de-vant gouvernee par un Viceroi, qui fai-foit fa refidence ordinaire a Chnftiania ou Obilo , capitale du Royaume. Mais depuis 1739, le Roi de Danemarck n'y 494 Methode de Geographie. a plus envove de Viceroi: li y a ćtabli quatre Tribunaux pour le Gouvernement du Royaume. Mceurs, Religion. Les Norwegiens font pour la plupart fort grofliers \ mais robultes tk vigou-reux , bons Matelots , & fort employćs par les Hollandois, qui les attirent chez eux. Ils fuivent, comme les Danois , la Communion Luthćrienne. Ils ont quatre 1 Surintendans ou Eveques \ favoir , ceux de Chriftiania , de Dronthem , de Ber-ghen & de Stavanger, qui comprennens $ z 9 Eglifes, deflervies par 148 Miniftres. 11 y a aufli deux Eveques dans liflande, qui depend de la Norwćge ; & ce font ceux de Skalholt & de Hola. A 1 cgard des Lapons, qui habitent la partie la plus feptentrionale de la Norwege , ils font prefque tous fauvages , idolatres , mal-faits , malins , trompeurs & fans aucune induftrie , que pour la chalTe , qui aveC la peche fait leur oceupation principale. Divijion. Le Royaume de Nonvege comprend la Norwege &r fes Dependances. La Norwe-ge etoit autrefois divifee en cinq Gouver-nemens j favoir , en ceux d'Aggerhus, de Berghen , de Dronthem , de Wardhus La Nonvegc. 495 & de Bahus , au Sud-Eft ; mais aujour-d'hui elle n'a que les quatre premiers , qui font du Sud au Nord : le cinquieme appartient a la Suede. Chaque Gouvernement general fe partage encore en plu-lleurs autres Gouvernemens particuliers j mais la plupart de peu d etendue & de trop peu de confequence pour entrer dans les divifions d'une Geographie generale. Les dependances de la Nonvege font , a rOueft , fine d'Iflande , & les Ifles Farre ou Fero, qui fe voient fur la Carte de FEurope. 1. Le Gouvernement d'Aggerhus. C'eft le plus fertile de la Nonvege, dont il comprend la partie meridionale-orientale. II tire fon nom du Chateau d'Aggerhus fitue dans le fond du Golfe j & vis-a-vis la Ville d'Obflo. Objlo ou Anjlo j nommee aujourd'hui Chriftiania du nom de Chriftiern IV , Roi de Danemarck , qui la fit rebatir en 1Ć14, en eft la capitale. Elle eft lituee fur un Golfe de meme nom : il y a un Confeil Souverain pour toute la Norvvćge. C'eft le Sićge d'un Eveque qui ćtoit autrefois fuffragant de PArcheveque de Dronthem. Friderikflat, petite Ville fur la riviere de Glamer ou Ghimma , qui y fait un Port, a pris fon nom du Roi Fre- 49 6 Me t h ode de Gcographie. dćric III, fon FondateUr. Scarpa, a Fem-boucluire de la metne riviere. Plus £ FOrient &c fur la frontiere de Suede 4 eft Friderkh-hall 3 devanc laquelle le Roi de Suede Charles XII, fut tue le 11 Decembre 171S. De Fautre cote du Golfe d'Anflo , font Salc^burg ou Salsbery , Skeen & Tonsberg y pres defquelles on a trouvć quelques mines d'argent : il y en a de cuivre & de fer. Au - delfus de ces Bourgs , vers le Nord, eft un petit Pays nomme Tillemarck 3 que pluiieurs Savans croient etre un refte de la Tyle ou Thuld des Anciens ; ce qui fe rapporte plus a ce qu'en a dit Procope , que FIflande au les liles Fero & Schetland. Au Nord-Eft, on rronve Berga fur le Glamer , Hammar & Lindhal 3 dans la Province nommee Op/and j ou eft aufll le Lac Mios 3 pres duquel vient le plus beau bled du Royau? me. 11. Le Gouvcrnement de Berghen. Ce Gouvernement oceupe la partie me« ridionale-oceidentale de la Norwćge , fur les bords de l'Ocean feptentrional. II eft. fubdivife en deux Gouvernemens particu-liers , de Berghen & de Stavanger : ce dernier fe nomme auili JVeJIerland, ou Pays de l'Oueft; c'eft le Canton le plus peuple de toute la Norwege. La Norwe'ge. 497 Berghen 3 a 60 degres 10 minutes de latitude feptentrionale , dans le fond du petit Golte de Jelta-Fiord. Elle eft alfez peuplće , Sc la plus grande Sc principale Ville de laNonvege. Ses maifons font mal-baties, & prefque toutes de bois j mais fon Port eft un des plus beaux , des meil-leurs Sc des plus frequentes qu'il y ait en Europe. Cette Ville eft le Siege d'un Eve-que, qui fous la ReligionCatholique etoit furfragant de Dronthem. Les privileges que les R*ois de Danemarck ont accordes a fes Habitans j y ont artire beaucoup de Negocians de differentes Nations Elle eft celebre par le Commerce des Hollandois tk des Villes Anfeatiques , dont elle etoit aurrefois 1'une des principales. Elle eft defendue par un bon Chateau, bati vers la partie occidentale du Port; c'eft-la ou le Gouverneur fait fa relidence. Cette Ville a ćte fujette a beaucoup de revolu-tions , Sc fur-tout a plufieurs incendies , principalement en 1474 , en. 158 2 Sc 1583. Les autres endroits les plus diftin-gues font Nord-Bygden Sc Sud-Bygden fur l'Ocean , pres des Pointes de Štadt j Waldros Sc EJterdal fur le Kyn-Sund. Stavanger j petite Ville , avec un alfez. bon Port Sc un Eveche. Le Fort de Docf-wick en eft peu eloigne, Sc fe trouve pa-reillemcnt fur laMer. On trouve encore pres de la Mer, dont la c6te eft remplie 49S Mc'thode de Geographie. a"une infinite d'Ifle , Telfo vers le j<> dćgre de latitude ; Boe > au Sud de Sca- vanger \ Eidcwand j Aas A pres du Cap Lmdefnes j Fleckeren , Ifle ou eft le meil- leur Pore du Rovaume j Norholm 6c Laudwick. III. Gouvernement de Dronthem. CeGotivernement a environ 130 lieues marines de longueur , du Sud au Nord ; mais il eft fore fterile , 6c mal peuple , fiir-tout vers le Cercle Polaire Arćtique. Le Roi de Suede fe lir ceder ce Gouver-nemenr par le Traite de Roskild en 1658} mais il fut rendu au Roi de Danemarck par le Traite de Copenhague en \GGo. Drunthcim ou Dronthem autrefois le fe-jour des anciens Rois de Nonvćge, en eft la feule Ville. Elle eft fort dćchue de la grandeur 6c de l'eclat qu'elle avoit alors. Će n'eftp!usaprefentqu une efpece degros Bourg ferme d'une fimple muraille; 6c fon Port, quoiqu alfez frćquente, ne peut recevoir que de petits Vai(feaux , a caufe des rochers qui font a 1'entree de la Barre. Dronthem etoit ci-devant leSiege d'un Ar-cheveque etabli par le Pape Eugene III. 11 n'y a aujourd'hui qu'nn Surveillant on Eveque Lutherien. Son Eghfe principale n'approche pas de la beaute 6c de la ma-gnificence de l'ancienne , qui etoit dćdiee. La Norwege. 499, a S. Olaiis, & qui avant qu'elle eiit ete ruinće par incendie en 1530, paflbit pour la plus fupcrbe Eglife de couc le Septen-trion. Cecre Ville ne laifle pas de faire un alTez grand commerce avec les Hol-Jandois, fur-tout en^cuivre , goudron & niars de Navires. Romfdal, Bourg afTez Jnarchand , au Sud de ce Gouvernement. Les autres lieux les plus diftingues, font Opdal j Opdalfcho\v , Stcngwkk , Orke-dal > Schorda/, Froijicn 3 Euryland j vers le Sud , & S aken vers le Nord. Lofoe-ren ou Lojfbut, Ifle ptčs de laquelle eft le fameux & redoucable Goufre de Mael-Jlroom j qu'on dit avoir 40000 mille pas de large, & fur lequel on raconre des cno-fes fort extraordinaires. Divers Auteurs avancent que ce Goufre , Cnu6 entre le 68 če 69 degres de latitude feptentrio-ftale , atrire dans le flux les Vaifleaux qui font a* fix lieues aux environs , avec nn bruit epouvantable , qu'il les engloutit 8c les renvoie fix heures apres par moreeaux & tout fracaflcs. D autres neanmoins prć-tendenr que ce n'eft qu'un Couranr aflez confiderable , fur lequel on' ne laifle pas de naviger dans le temps calme. Toutes les cotes de ce Gouvernement font reui-plies d'Ifles. 5 ©o Mćthodc dc Gćographie. IV. Le Gouvernement de Nordland, ou dc Wardhus. Ce Gouvernement savance jufqii'au Cap Nord, qui eft la partie la plus fep-tentrionale des Etats de Norvvćge j tk il contient le Finmareld*ou la Laponie Nor-\vćgienne. Il eft entierement fterile &peu habite , a caufe du froid extreme qu'il y fait: l'on y trouve quantite de pins & de fapins , de mcme cjue de rennes, animaux qui reftemblent tort aux cerfs, & dont les Lapons ti rent de grands fecours : ceft proprement leur betail, tk on sen fert potil tirei les traineaux. Il y a aufti des ours, des lievres blancs , des ecureuils tk. des renards noirs, dont les peaux font fort eftimees. Les Rivieres font fort poif-fonneufes, tk V on y trouve quantitc de caftors tk de loutres. On aftiire que les Lapons , qui habitent ce Gouvernement, font Idolatres, tk n'ont d aucre occupation que la chafte čV: la pcche. M^ardhus j lieu principal de ce Gouvernement , eft un Bourg fituć a fon ex-ttćmite orientale , dans une lile de mcme nom , qui a quatre lieues de tour. Ce Bourg n'eft ni fort grand, ni fort peuple, navant que trois ou quatre cens habitans. II a un Chateau en alfez mauvais ćtat, ou le Gouvernsur demeure avec fa garni-fon. LaNorwege. 50 r Les autres lieux de cc Gouvernemenc ne iont que des hameaux , 011 des habita-tions de Lapons. Les plus confiderables ibnt Waranger fur on Golfe ou Mer de meme nom , affez pres de Wardhus j les Lapons y viennent vendre des pelleteries : Porfangčij eft au Nord , vers le 44 degrć de longitude , & le 70 , 40 minutes de la-tirude feprentrionale : Trum/k Sc iMalan-ger j fur la cote occidentale ; £wenes j Tkiffiorden Sc Ser gen y au Sud de ce Gouvernemenc , Sc pres de celui de Dron-them. Toute la Cote eft remplie d'un nombre confidćrable d'lfles. Les plus diftinguees , du Sud auNord , font celles de Troenes y Wejlrol j Avenes y Andenes 9 Samien 011 Samcien y SalierOj Tromfond, Suroy y In-gen y Maggeroe y ou eft le Nord-Cap ; Sc plulieurs autres. Nord-Cap ou Cap du Nord, Sc Nord-Kyn, qui ne fonc pas eloignes 1'un de Tantre , font les deux Promoncoires de 1'Eu-rope, les plus avanećs vers le Septentrion; Sc pour mefurer la longueur de 1'Europe du Nord au Sud, il fufHr de rirer une li-gne de 1'un de ces Caps , jufqu'au Cap Matapan,a lextremite de laMoree,qui eft le Pays le plus merjdional de la Tur-quie d'Europe, ■501 Mćthodč de Geographlc: A R T IC L E IV. Dependances de la Norwege. §. I. • V I S L A N D E. C a r t e s. Si l*on ne peutpoint avoir la Caru de Vlf-lande que Pierre fanderaa a fait graver fur celle dc Blefkenius , on doit fe contenter de ce quon trouve dans les grandes Cartes de VEurope , telles que celle de M. d'Anville 3 ou Vlf lande efl fuffifamment decaillee. Situation. Etendue* L' Islande eft une des plus grandes Iflesdel'Ocean Septenrrional j 8c plu/ieurs la prennenr pour la Thyle ou Tluile des Anciens. Elle eft traverice par le premier Meridien de Vine de Fer, 8c fituee, feloti M. Delille , entre les 3 5 2 8c 5 degres de longicude, 8c entre le 6 j 8c le 68 de Ia-titude feptentrionale. Sa longueur, du Nord-Oueft au Sud-Eft, contient 136 lieues j fa largeur du Midi au Septentrion L'Ijlandc. 503 en «1 6j, Sc fon circuit 364. Elle eft a en-Viron 400 lieues de la Norvvege, dont elle depend, 8c vis-a-vis de laquelle elle eft a FOccident. Decouvene. Religion. L'Iilande fut reconnue en S 60 , par un Armateur Nonvegien , appelle Nadoc , qui y fut jette par une tempete, 8c lui donna le nom de Sneeland, a caufe de la quantitć de neige cju'il y appercut. Quel-ques annees apres, Flocco, autre Armateur Norvvegien, lui donna le nom d'Iflan-de, a caufe des glaces quil y trouva. En-fin , 1'an 8 74, elle fut habitee par des Nor-wegiens , qu'un Seigneur, nomme Incul-fe, y c^iduilit avec lui. Quelques Ecrivains reculentcette decouverte jufquen 890 Sc 89z. Ces Peuples furent gouvernes arif-tocratiquement jufqua 1annće 1161, que les Rois de Norvvege les foumirent a leur obćilfance. lis etoient reftes dans Pidola-trie iufquau commencement du XIe ile-cle , que le pieux Olaiis Tryggo > Roi de Norvvege, leur envoya des Predicateurs, qui les convertirent a la Foi de Jefus-Chrift. Ils eurent enfuite deux Eveques , Fun a Skalholc} 6c Fautre a Holafous lef-quels ils demeurerent dans la Relipion Catholique jufques vers le milicuduXVl° fićcle , quc Chriftiern III, Roi de Dane- 504 Met ho Je de Gcographic. marek & de Nonvege , leur lir embrafler le Luthćranilme. On prerend qu il y avoic 330 Maifons Religieufes, qiu furent tou-tes feeularifees, 6c converties la plupart en H6pitaux. Qual'ue. Mceurs des Ildbittins. L airde riflandecltextrcmementfroid, *3c la rcrre n'y porte poinr de bled , ni me me d'arbres , que des bouleaux & des genćvriersj de forre que les habirans font obliges de le chaufter avec du gazon pre-pare en maniere de rourbe. Dans la parrie mćridionale de cette lile , il y a de bons paturages qui nourrilTent des bceufs , des vachcs & des brebis; mais la chair de ces animaux n eft pas au gofir des I%ndois ; ils aimenr mieux celle desours , des loups & des renards, qu'ils prennent fur les gla-ces, que l'Ocćan Seprentrional porte con-tre les cotes de cette Ifle. Ces Peuples lonc fort robuftes > mais de petite taille , puif-que les plus grands d'entr'eux n'ont pas plus de cinq pieds de hauteur. Leur pnn-cipal rrafic confiftc en beurre, en fuif ,en foufre , en cuirs & en poiflbn lec, prin-cipalement en merlus , dont la Mer eft pleine aux environs de certe Ifle. lis y p£-chenc aufli quelques baleines ; mais elles ne font pas fi eftimees que celles des cotes du Groenland. II y a dans 1'Iflande bcau- coup Ulflandc. $0$ toup d'earnc chaudes j mais les habitans ne s'en fervent point, parce que le climat y eft fi fain , qu'on ignore prefque ce que c'eftque d etre malade. Les Iflandois nont ni champs ni jardins: ils one cependant du betail & de petits clievaux. Ils font line efpece de pain avec du poilfon defte-che : ils ne boivent ni vin ni bierre , mais de 1 hydromel. Faute de bois, ils font ieurs habitations fous la terre, & ils les couvrent de rofeaux & de jonc. II y a eu parmi eux divers Savans, qui ont conlerve les ancien-nes Poćnes du Nord & fon ancienne Lan-gue. m Montagncs. La plus haute montagne., & la plus re> marquable, eft celle qu'on nomme ordi-nairement le MontHecla. Elle eft toute cou-verte de neige , a quelques bouches pres, qui font fut fa cime , 6c qui jettent des flammes de fourre, des pierres 6c des tor-rens d'eau bouillantc j & quelquefois avec tant de violence , que Ion en relfent les funeftes effets dans le voifinage, ce qui oblige les habitans de fe retirer vers les cotes. Divijion. L'Iflande eft divifee en quarre Quar-tiets, qui prennent le nom des qua*re re-gions du monde , qu'ils reg,rdent. Les Tome IL Y $o font deux I}or:s allez commodes & aflez frć-quentćs. Befefted ou Kroningefgardfj eil une petite Forteretfe oii le Gouvenieirr gtnend de l'lfle fait fa rćhdencc ordi-naire. IV. Le Quarder de l'OueJl. II na de remarqua'ole que Gils3 petit Boun* , qui eft fur la mer , a i'Occident. On trouve fur les cotes de i'Iflande quel-ques petites Ifles de peu de confćqucnce. i ii. Les Isles de FERO ; ou FJRR. Ces Irtes, que quelques Auteurs pretendent avoir ctc anaenncmcnr de FEcofle . font fltućcs entre les 1 2 & 14 degrćs de longitudc , tk »nare les 6 \ tk 63 de lati-tude feptenrriorKile , nu fud-eft de 1 Illan-de , tk environ a moirić chertiin de N r-wćge. On cn compte otdinair m >nt dou-ze , d autros cn mettcnt vingt-qua:ro. Les principales font, S tromo 3 Suydro ou Sude roc , Ofro, čv'c. Les lfles de Feto n'ontpoint de Gouver- Y ij 5-0 8 Methodc de Geographie; Jieur particulier ; elle.i obeifFent au Gor* verneur general de Tlflande pour le Roi de Danemarck. II n'y a ni Villes ni Bourgs, mais feulement des Hameaux, avec quel-ques Villages , qui ne lbnt d'aucune con-fideration. La terre a quelques paturages pres, qui nourriflent du betail, & fur-toiit des brebis, ne produit a fes habitans que de 1'avoine & de lorge, donr ils font leur pain j &c plus ce pain eft vieux, plus il eft delicat & agreable. On le garde 3 o & 40 ans, & memedavantage. Mais la peche & leur poilfon fec, leur font d'un grand fe-eours, pour avoir d'autres commodites de la vie j que les Marchands Danois leur donnent en echange. Les habitans font fujets a une petite ve-role periodique, qui revient de vingt ans en vingt ans. Mais comme 1'air eft fort fain, on ne voit regner dans ces Ifles ni fievres, ni fcorbut, qui caufent de grandes mor* talirćs dans les autres pays du Nord. Je parle dans le VIIIe Volume du Groenland & du Spit^herg y qui font vers llflande & la Norwege , en traitant des Terres Arctiques. La Suede. joj CHAPITRE III L A SUEDE. C a k t e s. On peut fe fervir des Couronnes du Nord de M. del1sle 3 qui font en deux feu'dles , ou de la Scandinavie de M. Sjnson. Skuation. Etendue. Bornes. Ti A Suede , le plus grand des trois Rovaumes du Nord , eft iituee enrre les 29 & 49 degres de longitude , ceft-a-dire , de 1'Eft a 1'Oueft, Se enrre les 60 & 71 de latirude feptentrtonale j c'eft-a-dire, du Nord au Sud : de force qu'elle eft en partie dans la Zone froide , Se en parrie dans la Zone te m perce de notre Hemifphere. Sa longueur du Sud au Nord, a prendre depuis lextremite du Schonen , jufqu'aux montagnes de la Laponie-Nor-wćgienne , contient environ 3 40 lieues, Se fa largeur du Couchant au Levant pres de 200, a compter depuis l'extretTiite du Gouvernement de Bahus , jufqu a celle de la Finlande. Ses bornes font au Septen- 5 t o Mtthode de Geographie. trion , la Laponie Norv/ćgienne; a TO-rient, la Rullie ou Mofcovie : au Midi , la Mer Balticjue, qui la fepare de FAlle-magpe : a POccidenr , la Norvćge, avec le Dćtroit du Sund & le Golfe de Cattc-gat ou Schagcr-Račk , qui icparent ce Rovaume de celui de Dancm.mk. v Ainli, a prendre la Suede fuivant 1'eten-due que je lui donne ici, ce Rovaume de-vroit etre le double de la France 5 mais ft nous en otons les Mcrs eV plufieurs grands Lacs , dont quclques- uns ont quatre-vingt lieues de circuit, Ci nous en retranehons les rochers, les bois, les bruyeres ik les ma-rais , qui couvrent une tres-grar.de etendue de pays , ce qui refte d habirable eft peu coniidćrable en comparaifon de la grandeur que nous venons d'indiquer. 4 Qualite. Produčtions. L'air de Suede eft en rćneral tres-froid; il ny a ni Prinremps , ni Automne 5 ou du moins ils durent fort peu. L'FIiver y oceupe les trois cjuarts de Fannee , 6c Plite Fautre quart. Cette derniere faifon y eft prefque aufti incommode que Fautre , parce que les grandes chalcurs y viennent tout a coup , 8c immediate-ment apres le froid de 1'Hiver. Cesdeux exrremitćs de cbaleur & de Froid n'empe-chent pas neanmoins que Fair n'y foit en La Suede. 511 general aflez fain , principalement pour les gens du Pays, puifquils Ione commu« nement vigoureux & de longue vie. Le terroir qui fe peut cultiver eft d'un aflez bon rapport j mais il y a tant de bois , de bruyeres, de lacs , de marais 6c de mon-tagnes , qu'elles furpaflent de beaucoup 1'etendue des cerres cultivees : de forre cjue ce vafte pays n'eft ni fort fertile, ni fort peuple. Outre le betail qui eft aflez commun, mais tres-petit , il y a principalement dans les Provinces feptentriona-les, quantite d'ours ,de renards cv d'ćlans, dont les peaux font d'un alTcz bon revenu. Mais la plus grande richeile de la Suede coniifte dans fes mineš de cuivre, le plus beau & le meilleur qu'il y ait au BDOsdft On trouve aulli vers le Nord des aigljs, des faucons & dautres oifeaux de prove qu'ony va chercher de plufieurs enJroits de 1'Europe. Les piincipales denrees qu'on tranfporte de la Suede , font d u cuivre , du fer , de la poix, de la refine j des nuts de vaifleaux , des fapins & des fburur:s j en echange de quoi eile recoit des Pays Lrrangers du fel, du vin, de 1'eau-de-vie, d u mere , de 1 huile , du rabac , du pa-pier , des ćpiceries , de li toile , des tlraps, des ćtoftes de foye , 6c autres mar-chandifes. Le Terroir de la Savde qui peut fe cul- 511 Methode de Gećgraphie. tiver, eft aflez fertile ; mais il eft fare qu'il ait plus de demi-pied de proforr-deur , ce qui fait qu'il eft plus facile a la-bourer } de foite qu'il ne faut fouvent qu'une fervante & un bceuf pour remuer la terre. En general, moins le terroir eft profond, c'eft-a-dire, plus il eft proche du gravier, meiHear il eft. Les terres les moins ferciles, lorfqu'eUes font engraif-fees des cendres des arbres qui j croiitent, & qu'on y brule, produifenr fouvent une abondante recolte , fans qu'il foit necef-faire de les cultiver autrcment j il ne faut quy jerter la femence. Cette coutume eft i\ ancienne , que les Ecrivains de la Na-tion font venir le nom de Suede , d'un mot qui exprime cette operation dans le langage du pays. Mais comme on a trou-ve des inconveniens a ruiner les bois , on a fait des loix qui limitent cette cou-mme. Si les habitans avoient de 1'induftrie au-dela de ce que la nćceflite les force d en avoir , il leur feroit aifc de tirer de leur Pays tous les grains dont ils auroient befoin \ mais de la maniere qu'ils s'y pren-nenc , ils n'en ont pas aflez, & ne fau-roient fublifter fans ceux qu'ils font tranf-porter de la Livonie , & des, autres par-ties d'AIlemagne voiflnes de la Mer Bal-ticjue. Ce fecours nempcche pas que les La Suede. 51 3 pauvres , qui fonr eloignes des endroics du comrrlerce , ne lbienc contraints de faire moudre la graine de bouleau , dont ils font du pain, qu'ils nont pas toujours en abondance. Le Bćtail y eft en general petit, ainfi que dans les autres Pays du Nord j & quand on en feroit venir de plus gros des Pays Ecrangers, cela ne ferviroit de rien , puifqu'il degenere incontinent, parce que les herbes y font beaucoup moins nourrif-fantes en Ete, que ne font celles du Pays dont on les tireroit, 6c qu'il en meurc prefque la moitić durant 1'Hiver > faute de fourage , dont on manque fi fouvent, qu'on eft rbrce de decouvrir les chaumie-res pour fauver une partie du betail , par le inoyen de cette nourriture. La laine que donnent les brebis eft cxtrenienient grolfe , & ne peut fervir qu aux liabits de Payfans. Les chevaux y font petirs , & fur-tout dans le Duche de Finlande ; mais tout petits qu*ils font, ils ne laiftent pas d etre hardis, vigoureux Sc forts ; ils mar-chent ferme , bronchent rarement 5c troc-tent lćgerement. Cela eft avantageux aux habitans , a caufe de la longueur de 1'Hiver , parce qu'ils s'en fervent pour le trai-neau, qui eft alors leur unique voiture \ & les foldats pretendent que ces chevaux, n^n-feulement font capables de foutenir une attaque vigoureule , en temps de Y v 5 14 Methode de Geographie. guerre, mais qu'ils peuvent meme rom-pre un corps de la meilleure Cavalerie Allemande. 11 y a quantitć d'animaux en Suede : on y chafle & on y mange les ours , les ti ans , les betes fauves, ainfi que les lie-vres. On va aufli a la chafle des loups, des renards , des chats fauvages , tke. pour en avoir les peaux qui fervent a faire des fourures. La chafle s'y fait avec moins de cerćmonie qu'ailieurs, &: l'on y prend tons les avantages qu'on peut con-tre le gibier ; ce qu'on fait en general fort adrolcement. 11 y a tres-peu de pores; ils font meme aflez mal fournis , parce que la depenfe que l'on feroit a nourrir ces betes pendant 1'Hiver , feroit plus grande que le profit qu'on en tireroit. 11 n'y a de lapins que ceux qu'on y tranf-porte par cunofite , tk qu'on y apprivoife. Les renards tk les ecureuils changent en quelque maniere de couleur pendant 1'Hiver , tk deviennent grisatres ; mais les lićvres y deviennent blancs comme la neige. Les oifeaux fauvages tk domeftiques y font en grande quantitć , tk bons en leur efpece , excepte les oifeaux de mer qui fe nourriiTenr de poiflons , 6c qui en onr le gout. 11 y a quantitć d'aigles , de faucons & autres oifeaux de proye, dans les parties La Sučd?. 5 15 feprentrionales 6a defertes, ou il femble c]us la nature les appelie , comme on peut voir par un fait digne de foi, qu'on rap-porte au fujet d'un grand faucon, qui hit tue vers le milieu du XVIIC liecle dans le Nord de la Finlande. Ce faucon avoit a une jambe une petite piece d'or avec cet cerite au : Je Jkis a u Roi ; tk a Faurre jam bo une d'argent, ou fe lifoient ces mots : Le Duc de Chevreufe me garde. Lacs. Bois. Rivieres.. Ijles. Golfes. On trouve en Suede beaucoup de Lics; Celui de W tie de la Ville , comme la Mer fournic d'eau falee a 1'autre partie. Ces Lacs, 8>c une infinite d autres, font aufli tranquilles que s'ils n'etoient que de fitnples Etangs. On les appelle Jes Mers du dedans , & ils font aflez remplis de poiflons , comme de faumon , de brochets , de perches , de tanches , de truites , d anguilles , & de plufleurs autres eipeces qu on ne con-noic point ailleurs. Ces Lacs font d'un grand ufage pour la commodice des voi-tures , foit en bateau durant l'Etć, foit en traineau pendant 1'Hiver. Dans ces Lacs , & le long de routes les Coces de Suede , il y a un nombre prodi-gieux d'Ifles de dirferenre grandeur , que 1'on fait monter jufqu'a fix mille ; mais la plupart n'ont point d'habitans, ou ce ne ibnt que de fimples ecueiis. Les feules liles qui merirent.d etre remarcjuees dans la Mer Balrique, tk qui appartiehnent a la Suede , font Oland, Gotland tk Aland; nous en parlerons dans la fnire. Les Golfes les plus fameux Ibnt, celui de Bothnie, qui s'avance fort loin vers le Nord j tk celui de Finlande vers fOrient. Tout le contour de ce dernier appartenoit ci-devant a la Suede j mais la Ruflie lui en a enleve le fond 6c la partie meridio-nale , au commencement de ce fiecle. On peut obferver ici quc la Mer Baiti- La Suede. 517 ar des ćchelles , ou par des paniers dans e fond de la Mine , qui eft de plus de quarante brafles , tk c'eft-la qu'on travail-le depuis long-temps. Les Suedois n'onc rien de ii ancien que la premiere decou-verce de cette Mine , ou de celle de cuivre , ce qui doit etre 1'ouvrage de plu-fieurs iiecles. La Mine rend rarement au-dela de quarre pour cent , tk il ca coute beaucoup a la rafiner. 'On'eft obli-ge meme de faire continuellemenr la dć-penfe d'un Moulin pour deflccher 1'eau de la Mine , tk pour ponvoir profiter d'un autre Moulin qiri la tire. Eile pro-duit annuellement pour environ vkpt mille ćcus d'argent fin , dont le Roi a la preference, & qu'il achete un quart moins qu'il ne vaut. La Mine de cuivre a envi* iondix-hu:t brafles de profondeur. Elle La Suede.' 5 19 eft de grande ćtendue j mais fujette a etre endommagee par la voute qui tombe de temps en temps. Cependant on s'en de-dommage quelquefois par la quantite de Mine qu'on tire des colonnes ruinćes, quoique la perte foit d'ordinaire fort con-iiderable lorfque cela arrive. Le cnivre qu'on tire annuellement de cette Mine , revient a la valeur d'environ neuf cens mille ćcus, dont le Roi a le quart en efpece. 11 y a de plus un i m pot de vingt-cinq pour cent lorfqu'on le tranf-porte brut hors d u Royaume. Les Mineš de fer, & les Forges font en grand nombre , fur-tout dans les mon-tagnes , ou les eaux tombent commode-ment pour faire tourner les Moulins. Ou-tre le fer , qni fe confume dans le Pavs , il sen tranfporte tous les ans pour pies de treize cens mille ecus. Le nombre de ces Forges s'eft 11 fort augmente d.ins ces derniers temps, que chacun travaillant a Fenvi, pour donner a meilleur marelic qne les au:res , le fer eft beaucoup diminue de prix : tk depuis la dćfenfe des Manu-faćtures eirangeres, enechange defquelles il s'en tranfporcoit ime tres-grande quan-tite, il eft venu u un prix fi vil, qu'on a eru qu'il ćtoit nćceffaire de diminucr le nombre des Forges; rnais cet expe-dient n'a pas reufli comnie on fe Fetoit prornis. a. Guftave fon pere, qui introduilie le premier dans ce Rovaume les Comtes, & les Baronies. On fe contentoit, fuivant la coutume des Peuples Septentrionaux, de joindre le nom du pere i celui du fils: ainil Eric-fon i lignifioit le fils d'Eric. Les Ordres de Chevalerie de Suede font au nombre de trois \ favoir , celui des Se-raphins, Sc ceux de l'Epće & de TEtoile Polaire. En 13 34, le Roi Magnus IV inf-titua 1'Ordre des Cherubins, qui fut aboli avec la Communion Romaine :onya fub-ftituć depuis celui des Seraphins. Celui de 1'Etoile Polaire eft le plus nouveau j il n'a &e inftimć qu'en 1747. La Reine Chrif- La Suede. j 17 tine etablit en 1653, 1'Ordre de V Ama-ranthe j qui ne fublifte plus. Religion. Le Chriftianifme n'a ete recu en Suede que vers le commencemen: du 1XC fiecle, Šc il ne le fut que pres de trois cens ans apres dans le Duchć de Finlande. Si les Theologiens Anglois ne furent pas les pre-miers qui y prechereut la Religion Chre-tienne , on leur a du moins Fobligation de l'y avoir ćtablie le plus folidement. Le principal de ces Theologiens fut S. Sigfrid, qui, au rapport des Hiftoriens Suedois , quitta TArcheveche dTorckj pour etre rApotrewdes Goths, comme ils 1'appellenr. Trois de fes neveux, qu'il y mena, recu-rent, avec lui, la couronne du martyre. Les Suedois martyriferent aulIiS. Eskill, avec d'autres Anglois. Vers 1'an 115 o, S. Henri, Eveque Anglois, accompagna S. Eric, Roi de Suede , dans fon expedition de Finlande , que ce Prince conquit, 8c que PEvc-que amena a la connoilfance du Chriftianifme. Ce Prelat foufrrit aufti le martyre chez les Infideles, & fut enterrć a Abo s capitale du Pavs. Le Lutheranifme commenca en Suede 8 aufti-bien qu'en Danemarck & en Norwe-ge, immediatementapres que les Pays voi-fins de FAllemagne eurent embraUe les 5i$ Methode de Ceogfaphle. ientimens de Luther; & cette refornu-tion fut etablie en Suede l'an 15 zy. La tv-rannie du Roi Chriftierne II, qui pofle-doit alofs les trois Couronnes du Nord , 4onna occafion a Guftave I, qui a enleve la Suede aux Danois , de faire des change-tnens dans la Religion, en s'ćlevant a la dignite rovale. Le Lutheranifme fut un peu trouble en Suede, fous Jean III, 6c Sigifmond, qui etoit en meme temps Roi de Položne, & qu^ tacherent de retablir la Religion Catholique. Mais la Commu-nion Lutherienne y fut raffermie fous Charles IX, qui excita en 1604, les Etats de Suede a. priver de cette Couronne fon frere Sigifmond. Depuis ce temps 1'uni-formite du Lutheranifme n'y a.recu au-rune atteinte, tout le monde convenant de la maniere de fervir Dieu, & fur le zele que chacun doit avoir pour fa Religion , fans entrer dans aucune difpute fur les points controverfes, foit qu'il s'agifte des opinions Lucheriennes , ou qu'il foic q ueftion de celles des autres Communions; de forte que les Predicateurs fe propofent plutor de perfuader la pratique de la plete*, que de combattre les Dograes des autres, ou de defendre les leurs. L'Eglife de Suede eft gouvernee par un Archeveque & par fcpt Eveques, qui font toute leur etude du devoir de leurs char-ges > & qui ne font jamais appellćs au Confeil, La Suede. 519 Confeil , que lorfque les Etats s'aiTem-■blent. Leurs revenus font alfez modiques; rArcheveque d'Upfal, n'a que dix mille livres de rente par an , & les £veques i proportion. lis ont fous einc fept ou huic Surinrendans, qui tous ont lautorite d'E-veques , mais ils n'en ont pas le nom; & fur chaque dix Eglifes , il 7 a un Prevot ou Diacre de la Campagne. II a quelque autoritć fur les Eccleiiaftiques inferieurs , quon croit par le nombre des Eglifes , ne monter pas en Suede &c dans le Du-chć de Finlande , a deux mille. Les Ckape-lains 6v ies Cures groiluTent le corps des Eccleliaftiques de pres de quatre mille per-fonne&i Us font tous fils de Payfans ou de perits JBourgeois, & par confequcv.it, ils fe contentent d u petit revenu qiuls tirent de leurs emplois. Ces revenus, a peu de chofe pres, fe prennent furlesterres de 1'Eglife, 6c fur le tiers des dixmes : les autres deux tiers font annexes a ia Couronne , čk sera-ployent a des charir«s. Ncanmoins les Ec-clefiaftiques ont en general de quoi exer-cer 1'hofpitalite, & font des afiles alfurcs pour .les pauvres voyageurs , & fur-tout pour les Etrangers. L'Eveque etant mort, le Clerge de cha-que Diocefe propofe trois pecfonnes au Roi, qui choifit 1'un des trois, ou quelque autre pour remplir la Prelature vacante : la meme chofe fe fait lorfquil eft queftion Tome II. X .550 Methodc dc Gebgraphlc. ■d elire des Surintendans. Tous le« Chapi* tres du Royaume donnent leur voix lorf-cju'il eft queftion de faire choix d'im Ar-.cheveque.j mais la dćcilion en appartient entiere.ment au Roi. Le Prince a auili le Patronage de la plupart des Eglifes, a la reYerve.de quelques-unes feulement, dont la NoblefTe peut difpofer. Il y apluiier.is Eglifes enrichies de diverfes fculptures, peintures , dorures, Sce. Eiles font toures proprement dc nettement tenues } on a foin de les reparer 8c de les pourvoir a la campagne aulTi-bien qua la Ville de riches orne mens d'autels , de coupes 8c de vcte-mens. Pour gouverner l'Eglife avec plus dc regularne , on a trouve neceffaire d'ćtablir un Comite, qui fe rire des divers Corps des Etats , pour faire revoir les anciennes Loix eccleiiaftiques , 8c les Canons. Ce Comite a employe quelques annees a cette revi (ion; mais enlin il prefenta, vers 1680 , au Roi Charles XI , un nouveau fyftcme de Loix ecciefiaftiques : le Roi, apres y avoir fait faire les changemens qu,il jugea • neceflaires , les a depuis approuvees 8c pu-blićes. On parlera ici de quelques-unes de ces Loix . qui regardent la Religion en general. Ces nouveaux Canons de l'Eglife de Suede,ordonnent que, Si queiquun des fujets de Suedć changc La Suede. 531 de Religion il ftra hanni du Royaume & perdra tout droit d'heredite pour lui 6'pour fes defeendans. Si quelquun demeure excommunie au-dela d'un an , il fera prifonnierpendant un mois au pain & d. 1'eau j puis banni du Royaume. Si quelquun introduit dans le Royau-me j des gens qui enfeignent une autre Religion j il fera condamne a Vame/zde & banni. Les Mintflres Etrangers aurom le libre exercke dc leur Religion ^ pour ,cux & leur famillc fculement. Les Etrangers de differentes Religions naurontpoint d'-exercic:e public 3 & leurs en-fans feront baptifis par les Minijlres Lu-theriens & eleves dans la Religion Lutke-rienne $ fante de quoi ils ne jouiront pete des Privdeges des fjets Suedois. Comme ces Loix obligent cTailleiirs les Ecclć{iaftiques a prendre mieux garde a. tout ce qui eft de leur devojr, qu'ils ne ie faifoient autrefois , elles obligent auifi les Laics a frequenter l'Eglife en toutes oc-.caiions: & les Magiftrars Civils font .une exaćce recherche, fur-tout les jours de gran-de folemnite, & puniffent tous ceux qu'ils trouvent abfens de l'Eglife , par la prifon cv autres chatimens, a moins qu'ils n'al-leguent une bonne & jufte excufe dc leur abfence. Mais ce ne font pas les Eccle- Z ij 5 J1 Methodt de Geographie. fiaftigues feuls, a qai ion confie ladmi-iiiltration des Loix. lis nont pas non pkiS le pouvoir de dćcider des chofes impoc-tanres, fans ie concours de lautorite civile, car ourre qu'autrefois plufieurs cau-fcs qui etoient du relfort des Tribunau« ecclćiiiftiques , font a prefent renvoyces a.ux Magiftcats fćculiers , le Roi fe referve la connoiffance de diver-s cas de cette nature , & fur-tout lorfqu'il eft queftion d'ex-communication. Les Eccleiiaftiques ne la peuvent decerner contre perfcnne, qu'a-prčs que le Roi s'etant fait inftruire de la chofe , leut en donne la permiflion : pi-ć-caution d'autant plus jufte , que 1'afTaire eft de confequence, puifqu'il y va de la perte d'un fujet. On ttouve encore quelques Catholiques en Suede, de meme que quelques Calvi-niftes} mais ni les uns ni les autres , n'ont aucnn exercice public de leur Religion -y 6 meme les premiers qui font en tres-petit nombre , font obligćs de faire bapti-fer leurs enfans par les Miniftres Lutlie-riens. 11 y a aufli quelques Idolatres dans la Laponie , comme on Ta dit en parlant de celle qui appartient a la Norvvege. Clerge de Suede. La Communion Lutherienne dela Con-feflion d'Auglbourg eft la Religion de l'£- La Suede. tat, tk Ton n'en fourfre -point d'autre en Suede. Elle y a un Metropolitain , 8c fept Evcoues furTragans. Cet Archeveque eft celui d'UpJal j en Uplande , erabli Mćtro-policain par la Bulle d'AIex-andre 111, en ii6i. Les.Eveq.ues furTragans, font ccux* de Liridkoping j en Oftrogodiie \ de Lun-dcn j en Scanie , qui ecoit ci-devant Ar-ehe-veche fous le Danemarck \ de Skara j en Weftrogothie y de Strengnes y en Su-dermanie j de Tf^ejleras , en V^eftmanie j-dc Wexio j en Smalande , &: &Abo j en Einlande. 11 y avoit encore Wribourg en Carelie; mais cette Ville & la Province,' appartiennent maintenanta la Ruftie, ainlr que la Livonie ou etoit rArcheveche de Riga , avec quatre Suffragans, qui etoienć ci-devant de Suede.- Vniverfites.- Quoiqu'en difent les Ecrivains moder-nes, les fcienees ne peuvent fe vanter" d'une grande anticjuite dans la Suede : il n'y a pas plus de trois cens ans que 1'Uni^ vedite d'Up/al eft etablie, &c fon' y voit peu de monmnens plus anciens. 11 y a feu-lement des infcriptions funebres groiTiere-ment gravees fur des rochers & fur desi picrres brures, qui fe trouvent par tout j mais comme eiles font fans date , aulTi' n'expriment-elles raremcnr que les noms Mćdiode de Gćographic. des perfotfnes, donton n'a que ce feul mć-morial. Ce qu'elles ont de plus remarqua-ble j eft qu'elles font en vieux langage Go-chique, & en caraćteres Runiques. La piece la plus curieufe qn'aient les Suedois , eft une rraduction des-Evangiles en Langue Gothique, faite il y a environ treize cens ans par Ulphila, Eveque des Goths etablis pres du Danube. lis ont cette piece en manuferit, le feul qu'il y alt au monde de cette antiquite,au moins jfen fair-on pas d'autres. Depuis la refor-marion , Guftave Adolphe a c're le premier protećreur des Sciences dans fes Etats. Ce fut lui qui releva les Univerlites qui ćtoicnt forr dechues, j etabiit des Profef-ieurs en prefque rontes les Sciences, &c leur afligna des appointemens raifonna-bles. La Reine Chriftine, fa fille , alla un peu plus loin • tk tant par la rćputation de fon favoir, que par la favorable rćception qu'elle fit aux gens de lettres , elle attira; des Pays etrangers plufieurs perfonnes ha-biles, qui ont donnć des preuves de leur eapacite. Ils ont infpire de 1'emulation aux Naturels du pays, qui ne reufliflent jamais mieux que quand il s'agit de 1'Hiftoire, des Antiquites, & des anciennes Loix du Rovaume. L'Univerlite d'Upfal eft compofee d'un Chancelier, qui eft toujours grand Minif-tre d'Etat j d'un Vice - Chancelier 5 tou- - La Suede. 535 jours Archevccjue; d'un Rećteur, tire du corps des ProfelTLurs , qui font pres de vihgt, cc qui ont chacun lix cens ecus par an d'appointement. Ii y aordinairemeiu plus de iepr on Iuiit cens Etudians; le Roi en en-tretient cinquante , & des perfonnes de qualitć en entretenoienr aurrefois quel-qties-uns: les autres, qui ne per.vcnt pas fublifter par eux-memes , emploient les vacances a recueillir les charites de leurs Diocefes , qui fe donnent ordinairement en grain, en beurre, en poififon fec, on en viande , tke. ce qui les fait'fublifter a TU-niverfite le refte de 1'annee. Ilsnelosient point dans le College , mais dans des mal-fSbrJs particulieres. lis ne portent point de rbbes , tk n'obfcrvent de difeipline , que celle que la neceflite oii Pinclinacion leuV infpire. Une autre Univerfitć, eft celle &Abo y dans le Duche de Finlande : elle a les memes conftitutions; mais il y a moins de Pro%ifeurs čk bcaucoup moins d'Etu- dians.- Il y en a une troifiemea Lunden , dans' le Pays de Scanie ou Schonen \ mais comme elle a ete interrompue pendant les der-nieres guerres, 1'on croyoir qu'elle tombe-roit , parce quetant voiline du Dane-marek , elle infpiroit aux Erudians d<£ fatK-ccion pour cette Couronne , a la-quelle cette Province apparrencic aiure- Z iv 5 3 6 Me t hode de Geographie. Fois \ cependant cette Univerfite a ćtć re- sablie. II y a dans ehaque Diocefe une Eccle y pour faire etudier les enfans jufqu'a ce. qu'ils foient en etat d'aller a l'Univernte.. Aux autres Ecoles 1'on envoie les enfans. pour apprendre a lire, a ćcrire, Sc a chan-t-cr leurs prieres j coutume fi generale qu'il y en a peu a«fquels on ne donne teste forte d'education -y & qui plus eft y *eux meme qui ne font pas deftines aux ćtudes % ne s'en abfentent que fort rare-menr, & ne confument point leur temps a d'autres occupations inutiles. Les Maifons pabliques pour les Pau-vres font en ttes-petit nombre , car il ny a dans le Royaume qu'environ cinq ou fix H6pitaux j mais en chaque Paroilfe il y a une petite Maifon ou 1'on donne laumo-ne. Cette Maiibn ne fe foutient que par la charite des habitans , a laquelle ils ont. la plupart beauconp de penchant, autant. que les befoins de leurs familles le^euvent permettre. Mccursv Les Suedois font alTez bien faits, &: de belle taille, excepte les Lapons , qui n'onc d'ordinaire que quatre pieds & demi de ^aut. Leur climat fain , fec &č rude , fair qu'ils font robuftes , tk qu'ils fupportenr, autant qu'aucune autre Nation du monde, La Suede. 557 tbutes les incommodites de la vie , de »neme que les injures de l'air. Ils font aufli fort braves & guerriers , trcs-rideles. a leur Prince , fomptueuK dans leurs ha-bits & dans leurs maifons , quoique fbrt raenagers en ce qui regarde leur table. La Noblelfe y eft alfez ftere , & fe vante extraordinairement. Elle aime forta voya-ger , 6c a beaucoup d'inelination pour les Belles-Lettres , de meme que pour les exerci ces d u corps , ou elle reuflit alfez bien. Pour le Peuple , il a cela de coni-mun avec les Gentilshommes , qu'il eft' peu laborieux , a moins que la neceilite ne le prefle. La-condition des Payfans eft en Suede plus heurcuie & plus libre que par-tout ailleurs. Us fbrmcnt un Ortlre puilfant dans 1'Etatj ils ont le droit den-voyer leurs'Dćptftes artx Dietes6z Ton ne pent, fans leur confentement, prendre aiicune refblution importante fur les im.r pofitiorfs & les atitres points du Gouver-nement. Les femmes de lafcarnpagne tra-vaillent plus en Suede que dans aucun au-tte Pays '.-cllešlabourerit la terrfe ,-ira:renc le grain, rament fur mer: en un mot, elles fonr rotit ce qu'on fait faire ailleurs par des valets; Les Suedois's'appliquent depuis qnelques*annćec'ali negnee mariti--rae; 6c ils om- appris des'Onvriers ćrran-gers qn'ils ont artires- che2>j evraa avoir;' des-Manufaclures v. a fabriquer beau* Z v 5 5 8 Methode dc Gćographle. coup de chofes dont ils ćtoient obliges dc fe palTer , ou qu'ils achetoient des autres Nations. Dlvifion. La Suede eft divifee en fix grandcs par-ties , qui font la Sueonic ou Suede pro-pre , la Gothie ou le GothLmd 3 le Scho-nen ou. la Scanic _,. le Gouvernetnent de Bahus, le Nordland, ou les Provinces du. Nord , & la Finlandc. II y avoir autre-fois \Tngrie 8c la Livonie : mais ces deux dernieresainli qu'une grande partie de la Careiic y font aujourd'hui demembrees. de la Suede , tk appartiennent a laRuiIie»- i i. L A S U E ON I E. La Sueonie , ou Suede propre , fe di-vife en cinq Provinces. I. ISUplandc. Cette Province, quiefta 1'entreeduGoU fe de Botlinie, Sc fur la Mer Baltique, eft fertile en bled. On y trouve Stockholm y alfez grande &. belle Ville, ou les Rois de-Suede font leur refidence ordinaire. Elle eft batie fur piloris , & compofee de lix Ifles ou quartiers , avec deux grands Faubxourgs. Son Port, qui la rerid mar- La Suede. 539 tohande, eft fur Sc fpacieux. En 17 3 9 , on ecablit dans cette Ville une Academie des Sciences : il y a aufli une Academie de Peinrure Sc de Sculpture. Stockholm. La Ville de Stockholm eft a 59 dt'grćs 2-t> minuies de latitude feptentrionale , & a environ 36 degr^s de longitude. 11 y a 350 ans que ce n'etok qu'une fimple lile , ou il n'y avoit que deux ou trois.Ca-banes de Pecheurs \ mais un Chateau y ayant ete bati pour arrčtcr les courfes des • Rufliens, Sc la Cour s'y etant tranfportee, le lieu s'accrut peu a peu , Sc devint bien-tot une Ville plus confidćrable que les autres qui avoienr plu$ d'antiqitite. Elle eft aujourd'hui la Capkale du Royaume , Sc palfe pcur aulli peuplee qu'Orleans en • France , - Rotterdam en Hollande , Sc Briftol en Angleterre. • Son Chateau eft couvcrt de cuivre ; Sc quoiqu'il ne foit ni fort, ni beau , il ne laifte pas d etre d'un grand ufage.-Ceft un bariment fpacieux , ou non-feulement la Cour loge , mais ou s'allemblent aulu la plupart des Corps conhderables ,-com-me font la Cour de Juftice , les Colleges de la Guerre, la Cour de la Chancellerie. de la Treforerie , de la Rednćtion , de la Liquidarion du Commerce., de l'Execu-rion.. li y a-aufl^un Arienai , une C!u L. vi 54© Mtthodc de G-eographle. pclle , ime Bibliotheque & le depot de$ Archives, &c. 11 y loge pen d'Oiričiers inrerieurs , & des Domeftiques de k Cour; car on les met en quartier- avec les Gardes a pied chez les Bourgeois , qui font obliges de lfeur fournir le logement y. le fen & lachandelle. II y a a Stockholm. neuf grandes Eglifes baties. de briques Sc coiivcrres de cuivre; & de plus trois ou quatre Chapelles baties en bois- Le Palais de k NoblefTe , qui eft le lieu oiL-elle tient fes Seances ,.lorfque les Etatss font aflembles r &c ou font conferves les privileges, les titres 8c les autres Regif-tres qui intćreftent ee Corps ,,eft un batir mene fuperbe 5-, aulli-bien que la Ban-que, bane aux- depens- de la Ville. Ces Edtfices-, & d'autres Maifons magnifi-ques-, qui appartiennent a; des Gentils^-bomraesr, font couvertes de cuivre , Si font fort agreables a. la vue. La plupart des Maifons Bourgeoifes font baties de briques, a la referve de cellesdes Faux-bourgs, qui font faites de bois, & pas eonfequent expofees au feu , qui confume crdinairement tout ce qu'il rencontre v lorfqu'une fois. il eft bien allume. Pour reparec ce mal , fon envoie quelquefois en Einlande la mefure de la maifon qu'on veut faire batir : on y fait les cloifons & les dirfćrentes fepararions de pieces de bois mifes les une& fur les autres x & La Suede. j^r pfrrtes par lesbouts. On les marque en-fuite, & on icsenvoiepareau ^.Stockholm, eu elles font mifes-fttr pierf & achevees* Ces maifons durent au moins rrente ou quarante ans, lorfqu'elles font bien enrre-tenues, & font plus chaudes , plus nettes, Sc plus laines que celles qui font baties de bricjue ou de pierres* Pour prevenir Tem* braferncnt, l'on a divile la Ville en douj-ze quartiers ,. dans chacun defquels il y a un Capiraine 6c quatre afliftans : &? des qu'ils favent que le fon eft en quel-ques endroirsils font obliges d'y courir incontinent; les Portiers 6c les Artifans s'y rendent de meme 9 6c chacun doit fe ranger fou3 le Capitaine de fon quartier." 11 y a de plus pendant la nnir, une Pa-1 rroiiille qui ne marche que pour le feu-: 1-on entretient dans chaque clocher une fentinelle, qui fonne une cloche auiTi-tof qu'elle appercoit le feu y ce qui fe prari-que aufti en Hollande 6c dans les Pays-Bas. Malgre ces prćcautions , dans l'in-oendie de 1751 , il y eut 20oo-maifons confumees. Le gouvernement de la Ville eft entrer les mains du giand Stadt-ko/derqui eft aiifti Confeiller du Confeil Prive. II tienr fes feances a la Maifon de Ville une fois parfemaine, 6c il prćfide aufti dans le College de l'fisecution., aftifte d'un Lieu* tenant-Gouverneur, ou Sous-ftadt-holder 2J Mcthods dc Geographie. Se du Bailli du Chateau. Aprcs lui font les Bourguemeitres , 1'un pour la Juftice L'aurre pour le Commerce, le rroifieme pour la Police de la Vlile, čV le quatneme a infpection fur tous les batimens publics & particulicrs , Se juge de tous les deme-les qui furviennenr a ce fujet. Les Con-feillers de la Ville liegenr roujours avec eux , donnent leur voix : tout fe juge a la pluralite des furTrages. Le nornbre des Ju-ges n'eft pas rixe j mais ils font d'ordi-naire pres de vingt, la pluparc Marchands-en gros on en decail, ou gens qui ont fer-vi le Roi dans des emplois infeneurs. Ou-tre leurs appointemens , ils font exempts des tributs qui s'impofent fur les habi-rans pour maintenir le Gouvernement de la Ville , qui paye tous fes Ofiiciers Se ferviteurs , entretienr une Garde de crois cens hommes , Se fait la depenfe de tous les batimens publics , foit q:i'il s'a-gilfe d'en faire de neufs, ou de reparer ceux qui font deja fairs. Pour fournir a ces frais , outre un droit qui appanient a la Ville , Se qui fe leve fur les. denrees quon y fait entrerou fortir , ce qui rend environ quatre pour cent des Impbts qu'on paye au Roi, Se qui montent par an a pres de deux cens quarante mille Ecus; lesMa-giftrats impolent annuellement une taxe fur les Bourgeois ce qu'ilš fbnt avec le-Gonfeil des quarante=huit ,.qru ckoifit fes- La Sucde. 545: Membres, čv qui s aifemble chaque Prince m p s pour regler les pavemens de 1 an-nće fuivante. On impofe ordinairemenc fur les arrifansles plus accomrnodes, de-puis dcux cens jufcjues a deux cens qua-rante ecus en efpeces \ & fur les moin-dres , coinme Cordonniers , Tailleurs, dc anrres , vingt cinq ecus : il n'y a point de Ohef de famille tenant maifon , qui foit raxe a moins de trois ecus , outre le loge-ment des Gardes , des Orficiers infćrieurs & des Dome(tiques de la Cour , fans compter d'autres petites charges, qui join-tes enfemble feroient regardees comme un pefant fardeau , nicme dans les Pays plus opulens. Auifi eft-ce fur ce pied - la que les regardent les habitans de Stock-holm , qu'on peut a peine empecher de pcrdre courage par les privilćges qu'on leur accorde } foit pour les Douanes , foit pour le Commerce du licu, qui pafle ne-ceffiiremenr par leurs mains ; les Natu-rels des autres parries du Royaume , aulli-bien que les Etrangers , etant obliges de n'avoir afTiiire qu'aux Bourgeois. II n'y a que les Gentilshommes qui font faire du fer, qui aicnt le privilćge de le vendre anx Etrangers, des-qu'il eft fait. Cette Ville eft en quelqne maniere le lieu de la Suede ou s'achetent la plupart des denrćes qu'on tire de ce Rovaume, qui font le fer, le cuivre, le.fil.de fei, la. 544 Metko de d# Gćographle. poit, la rćilne , les mats, les fapins , cVrc» 8c d'ou on les tranfporte ailleurs. ta plu-part des Marchandifes qu'on recoir des-Pays Etrangers viennent dans fon Port ^ qui peureontenirplus de mille Vaiueamc.. 11 y a un Quai y qnb a pres d'une demie-lieue de long, ou les Vaitfeau* peuvenc aborder; .& ils font dans tout ce Port tran-^ quilles fans ancre. II y a neanmoins cette? incommodite , que le Port de Stockholmr eft a douze lieues de la Mer, 8c que le Lac Mader. qui le forme , ferpente; beau-eoup depuis cette Ville jufqua la Mer> Baltique. Ce Port & la Ville font defen-dus par une bonne Giradelle. A une petite demie-lieue de Stockholrr* eft la Maifon royale de Jacabdal^ la plus-belle de tonte la Suede , & ou les Rois vont ordinairement pafler l'Ste.- Upfal > la plus ancienne Ville des trois Royaumes du Nbrd , fttuee fur la Sala , environ 14 lieues au Nord de Scockholm ,.a ćte aa» trefois lacapirale de la Suede, 81 le fe-jour des Rois j mais aujourd'hui elle n'eftV remarquable que par fes bellcs Foires , par fon Univerlfitć forr cćlebre , fondee en J477 , 8C qne Charles IX oma de grands privileges en 1595 , 8c par fon Arcneve*-che*-, anquel eft artuchće la-Primatie du Royairme , de metne-que la prerogative de facrer' le Roi; Ceft dans cette Ville; que la Reine Chriftine fe. demit de la La Suede'.- j + e- Couronne en 1654. Enekoping, au Nord du Lac Mader. Sigtunaentre Srockhclm-&: Upfal, eft dans une petite Prefqu'ifle 3 au Ndrd du me me Lae , qui eft charge d lin grand nombre de petires Ifles. Orc-grutid&c OJi■Hammar„regardent le Gc4fe de Bothnie- 11. La Sudcrmarde. Au Midi de 1'Uplande & du Lac Maj-ler , eft abondanre en bleds , & en diver-fes mineš. On y voit Nikoping, Ville aflez marchande fur la Mer Baltique, avec 110 bon Port 6c un beau Cbateau, ou les an-ciens Ducs de Sndermanie faifoient leur relidence ordinaire: Strengnes, Ville Epif-ecpale, pres du Lac Ma:ler; Torfdia 3 entre les Lacs Moder tk Hielmer j Iuleta ait" Midi du Lac Hielmer; Troja j pres de la Mer Baltique ; Soder- Ta/ge > entre la* Mer Baltique & le Lac Mader. Cette Pro^ vince a aulli pluiieurs autres Lacs; mais beaucoup moins coniiderables que le Ma> ler. 111. La Nericie. Petit Pays alfez fertile , a 1'Oueft de la Sndermanie, a , dit on , des mineš d'ar-genr. EUe na de remarquable qi\Orebro petite Ville longue 8c etroire, fur le Lac Hielmer, a 1'embouchure d'une riviere de f 4 une Compagnie de Coirimerce pour les Indcs Orientales. Charles-Guftave , Roi de Suede , y mou-rut eri 1Č66. S cara j mćchant Bourg, avec un Evccnć, etoit autrefois une' Ville confidćrable, ou les anciens Rois de Gothie faifoient leur fejour. Lidkoping & fuariefrad, petites Viiles furle Lac Wxnct. IliOj fur le Lac Waeter. Faikoping Boraš čc Bogefund font vers le milien de la Province, Sc Wenerslorg, au Nord Oueft, fur le Lac Wa?ner 3 & pres de la Riviere de Gorhelba. II. La Dalie. Eft entre le Lac Waener & le Gouverne-merit de Bahus. Ses endroits principaux fortt Breten &c TrolhettaauMidi; Amol ^ au Nord ; Daleborg j au milieu , eft ruine ftlon M. Delifte. 11 L Le Vermeland. Pays fterile & peu habite, au Nord db La Suede. 54$ 3Lac Wa:ner, contient beaucoup de Lacs *k de Rivieres. On y trouve Philipftad\ -perice Ville lituee entre des.marais, qui fut demolie en 1700 , parce qii'il n'y avoic pas dhabirans. Carlftad Bourg ruine par les Danois en 1644 , porce le nom d u Roi Charles IX , fon fondateur , qui y mou-xut en 1611« (j a ćre la place capitale de la Province. U eft fur le Lac \Y/a:ner, aufti-jbien que Chr^Jiinchamn : H^ijnum $c Caris--kog j n'en font pas eloignes. Koln 3 eft a J'Oueft, vers les montagnes de Norvvege, avec Eda. Le Nord de cetre Province eft .oceupe par une grande foret, Sc au-dela on rrouve Eljfv.'cdal. On precend que dans ies anciens temps le Vermeland , avec la Dalie, faifoic un des cinq Rovaumes quji ilivifpient la Suede. • V O S T ROG O T H L A N D. L'Oftrogothland eft enrrc la Suderma-nie, qu'elle a au Nord , le Lac Wxter i 1'Oiieft , la Mer -Balrique a. 1'Eft , 8c le Schonen au Midi. Elle fe divife en deux Provinces favoir , 1'Oftrogorhland pro-pre, Sc le Smaland on Gorhie nićridiona,-•le , outre quelques Iftes qui en depen-denr. •I. L'OJlrogothiand propre. C'eft la partie la plus feprentrionale, on 1'pn trouve Norkoping Ville ijtuee 5 p Methode de Gc'ographle, -dans des marais , pres de ta Riviere Motala.: on y voit de bonnes Manufaćtures; Sudakoins , Ste?eborg , avec un ailcz bon Pore; Lindkoping j Eveche ; Wadfte-na j fur le Lac W3ete*j Skenninge a 1'Eft de \Y/adftena; Kialmo^m Ncrd-Oueft de la Province. IL Lc Smaland. Cette Province, qui eft afTez ćrendue , {q trouve entre la Mer Baltique, 1'Cftro-gothie , la Weftrogothie , & le Schonen. "Si principale Ville eft Calmar3 au Sud-Eft , avec une bonne Citadelle, & un Port fur le Detrcit appelle de fon nom Calmar-Sond. Ceftune des meilleures , des mieux fortifiees, & des plus importantes Villes .de toute la Suede; de meme que le lieu -oii s'embarquent toutes les Troupes Sc tous les Courriers de ce Royaurne , qui vont en Allemagne. Cette Ville eft d'ail-leurs celebre par la Conftitution que la Reine MaTguerice y fit lan 1397, nom-mee 1'Union de Calmar, par laquelle cette Princeffe unit les trois Royaumes du Nord {ous fa domination. Calmar fut prefejue juine par incendie lan 1647 ; mais on ne fut pas Iong-temps a le retablir. Torfas ^ au Midi, &c pen eloignć de la Mer. Ve-a'šo j, Eveche , fur un Lac , a l'Oueft : on a *f ćcouvert pres de cetre Ville en 17 5 8, une .mine do.r, la premiere qu'on ait ereuvee en La Suede. 551 'Suede. lonckoping3 petice Ville, au Midi da Lac Wxtet j WeJUn»ick, au Nord & fur Ja Mer Baltique ; U^immerbi, Mali Sc Eke-Jlo j dans 1 mterieur de la Province ; Sc Monfteras fur le Calmar-Sond. Cette Province a deux lfles dans fa de-pendance , fivoir, Tlfle d'Oland , la plus grande Sc la plus fertile de toute la Suede. Dans fa longueur elle forme le De-•troit nomme le Calmar-Sond. Elle a d'etendue quinze ou vingt lieues , du Nord au Sud , lur deux ou trois feu-lement de large. Elle elt fertile, Sc l'on y trouve beaucoup de betes fauves , ce qui la rend agreable pour la chafle. On y re-marque fur-tout les petites Villes de Bor-kolm capitale \ Sc Ottcnby 3 au Midi. H u U rcr/Iadj efl auili fur la Mer; Sc il y a beaucoup .de Chateaux Sc de ForterelTes fur les .cotes. L:autre Ifle eft Cotland, qui eft aufli fertile, mais un peu moins grande. On y ■rrouve la petite Ville de Wrisby ^ autrefois afTez confidćrable , Sc qui faifoit le plus grand commerce de la Mer Baltique j Of-tcrgardy Wejlergard Sc Honborg. Cette lfle a ete fujete a bien des revolutions : apres avoir ete fous la domination de la Suede, elle paifa aux Chevaliers de Pruffe, de qui lesRoisdeDanemarck 1'acheterent neuf mille ecus d'or Les Suedois l'acqui-rent cnfuite par le Traite de Bromfebroo, 5 -.5 t Methodc de Ge'ćgraphie. jen 16"45. Les JDanois s'en ecant empares fan 1677 , furent obliges de la-rendre par le Triitć de Fontainebleau en .1679. ?. §. im. ''.'"t I E S C H O N E N. Le Schonen, 011 l&Scanie, appellee par quelques-uns la Gothic Merjdionale j eft .čUvife en trois Provinces. I. Le Bleking.. Cette Province, qui eft la plus orien-tale, s'etend le long de la Mer Baltique» £lle a pour Ville principale Chrijlianopel} ainfi nominee de Chriftian ou Chriftiern IV , Roi de Danemarck, ,qui la iit batir. Elle eft ailez bien fortifiće, or a un bon Port fur la Mer Baltique, pres du Calmax> Sond. Bromfibroo 9 licu fameux par le Traite de 1645 s en eft peu-eloigne. Carlskamn 3 eft fur la Mer \ Runenby j dont le Port eft alTez bon; Carlfcroon ba-tie par Charles XI, Roi de Suede, dans une petite Ifte de meme norh , dont elle remplit preique tout le terrein. Ceft une niTez jolie &: affez bcnne Ville, qui rieft feparee du conrinent de fa Province que par nn petit Dćrroit qne Fon paffe fur un pont: c'eft dans fon Port que fe tiennent |es VahTeaiK de Guerre, čc ou font les Arfenaux La Suede. $ Arfenaux de la Marine de Sućde. Chrif-tianftad & Ahuys } a 1'Oueft , eroient ci-devant de cette Province; mais aujourd'hui ils fonr de la fu i van te. Hanoe j eft une Ide que M. Robbe , dans la quarrieme ćdition de fa Geogra-phie , confond avec celle dc Carelfcroon, quoiqu'elle en foit alfez eloignee j il n'y a C]ue quelques perits hameaux. 11. Le Schonen ou Scanie propre. Eft une Prefqu'ifle bornee a 1'Oueft par le Sund, au Midi & a 1'Eft par la Mer Bal-tique. C'eft un des plus beaux 8c des meil-leurs Pays de la Suede, quoiqu'il ait beau-coup fouftert dans les guerres entre certe Couronne & le Danemarck. On y trouve Lunden > Ville autrefois confiderable, mais aujourd'hui fort dechue, & fort reftem-blante a un Bourg. Son Eveche , fonde 1'an 1065 , fur etabli au commencenient du Xlle fiecle, en Archevčche , dont les Eve-ques de Danemarck dependoient: il faifoic un des principauxornemens de cetce Vdle. Mais depuis 16T5 S , que le Schonen a palfe a la Suede, il a ece reduit en Eveche; &: la feulechofe quirend Lunden remarqua-ble , eft fon Univerfite appellee Caroline, du nom de Charles XI, Roi de Sued 1, qui la fonda en 166S. Malniuyen ou Mal-moe'j fur le Sund, vis-a-vis de Copenha« Tome II. A a 554 Methodc de Geographie. gue, petite Ville, mais Fort peuplee, & aflfez marchande. Landskron , aufli fur le Sund , place forte avec un Port alfez bon 6c aflez rrecniente i le Roi de Danemarck la prit en 1676 \ mais il larendit en 1679, en execution du Traite de Fontainebleau. Heijingborg ou Elfimbourg 3 a Foppolite de ia Fortereffe Danoife de Cronenburg , a eu d'aflez bonnes fortifications, qui furent demolies en 1679. T (lede &e Trelleborg, autres petites Vilies, fur la Mer Baltique, aufli-bien cpčAhuys. Chrijiianjladt fut de-elare en 1719 , de la Province de Schonen; la Ville, qui eft belle 3 fut batie par Chrif-riern IV, Roi de Danemarck. La petite lile de Veen ou Huen 3 ou F il-luftre Ticho-Brahe a fait la plupart de fes belles Obfervations Mathematiques. On y voit encore les reftes du Chateau d'tT-ranibourg, que ce favant Aftronome iit ba-tir pour cet effet, fous le regne de Frćde-ric II, Roi de Danemarck, qui etoit alors maitre de cetre Ifle. III. Le Halland. Au Nord-Oueft du Schonen, & au Midi de laNVeftrogothie. On y trouve Halmjlad ou Helmjlad 3 capitale; Laholm , autrefois fortifiee j Warberg 3 avec un affez bon Chateau, qui defend Fentrće du Port. Fal-kemberg 6e Konsbacha, La Su'cđel ^5 5 -5 §• 1 v. Le Gouvernement de Bahus. II ćtoit autrefois de la Norwege; mais par le Traite de Roskild en 165 8 , il a ćte cede a la Suede. On le divife en deux par-: ties, qu'on appelleInland Sc Vyckjidcn. Dans la premiere eft Bahus, avec un bon Chateau bati en 1309 , ifole par la Riviere de Gothelba, Sc que les Danois afliegerent inutilement en 1678. On y trouve eneore Kongelavec un Port, Ou-dewalla Hali j Stromfiadt Sc Oltebord^ le long de la Mer. Dans la feconde partie efe Maelftrand Ville avec un tres-bon Chateau, fur un roc efearpe, Sc que la Mer environne pref que de tous c6tes. Le Roi de Danemarck la prit en 1678 ; mais il fut oblige de la rendre aux Suedois par le Traite fait a Fon-tainebleau Fannee iuivante, par Pentremi-fe de la France. §. v. Les Nordelles , o u Provinces du nord. Ces Provinces font au nombre de huit. I. La Gejlricie. Au Nord de la Suede propre, & fur le A a i j 55^ Methode de Geograpkic* Golfe de Bothnie, eft conliderable par fej mineš de cuivre tk de fer. On trouve Ge-J/e ou Gevalia VUle avec un Port alTez frequenre, a 1'embouehure de la Riviere Hafunda. Hamrung tk Borne font au Nord de Gevalia, comme Walbo tk Hafcn font au Sud. II. VBelJing* j ca Hetfinghland. Bornćc a 1'Oueft par le Golfe de Bothnie, eft un Pays plein de bois tk de montagnes; ou font Budwick/wa/dj Bourg aflezremar-cjuable, fur la Mer , aufli-bien que Sodcr-hamn ; JDilsbo fur un Lac de la Riviere d'Eckfunds; Heed, au Nord-Oueft de la Province. On y trouve encore Hcrmangcr* Notanger , Enanger, Korala 8c Alta. L'Hellingie etoit anciennementunRoyau-me, qui comprenpit une grande partie des Nordelles. III. La Mcdelpadie. Au Nord de l'Helfingie, s'etend de 1'Eft a 1'Oueft depuis le Golfe de Bothnie juf-qu'au Iemptland. Elle eft deferte tk inculte, pleine de montagnes Sz de forets. On y rrouve Sundsvvald, fur la Mer , aufli-bien cviiHafio ; Niurunda, a 1'embouchurede la Riviere de Niurund; Indal, village ^ Tuna^ rhateau, tk Trop, La Suede. SS7 I V. La Iemptic j ou Iempterland. Aurrefois de Nonvege , mais incorpo-ree a. la Suede par leTraite de Bronfebroo en 1645 , a Rejfundcj Village avec un Cha-teau , ck Klojjzo j au Midi; Like j Docve ou Doere j Underfuker 8c AU^en. V. VHeriedal > ou Herdal. Cette Province, qui fut demembree de la Nbrvvege Če cedee a la Suede en meme temps que l'Iemptie, eft placee forc di-verfement par les Geographes. Les uns la confondent avec VHamerdal j Canton fep-tentrional de 1'Imptie, & y mettent Un-derfaker & Alt^en : d'autres, fuivenr M. Delifle, qui n'en fait point mention dans la Carte des Couronnes du Nord; mais la marque dans fa Carte d'Europe au Nord-Eft de Dronthem , fans y defigner aucun lien: M. de la Martiniere la defigne au Sud-Eft de cette Ville, ou eft en erTet une Prefec-ture d'Herdal. Mais M. d'Anville, dans fa nouvelle Carte d'Europe en fix feuilles^ dreflee d'apres les Cartes Suedoifes qu'a commence a donner 1'Academie de Stoc-Jcholm , en fait une Province au Sud-Eft de l'Iemptie , ou il renferme Tannas ffede j Sweg, Elfros 3 &c. avec un lieu nomme Herdal. On peut conclure de-la cjue cette petite Province occupe aujour- A a iij 5 j 3 Methode de Geographie. d'hui une partie de ce qu'on donnoit ci-devant a la Dalecarlie 8c a 1'Heliingie, 8c Jon fait maintenant d'une maniere sure fa ftfuarion. VI. L'Angermanie. Bornee a l'Oueft par l'Iemptie , a. 1'Ell par le Golfe de Borhnie, & au Nord par la Bothnie & la Laponie ; tire fon no m de la Riviere d'Angerman, &: eft pleine de rochers 8c de montagnes. On y trouve Bernofand 3 petite Ville fur le bord de la Mer Baltique j Norim aling Bourg \ Grun-fund y Siala Nora , Natra > font fur la cote de la Mer, ou n'en font pas eloignes: on y voit encore Seenjioe 8c Soleč. VII. La Bothnie occidentale. Cette Province eft coupee par un tres-grand nombre de Rivieres, qui venant de Laponie, fe dč'chargent dans le Golfe de Bothnie, par lequel elle eft bornee a 1'Eft, 6 au Sud. Ceft un Pays extremement froid , mais qui ne laiffe pas d'etre alfez fertile. Elle a T orno on Tornea j la meil-leure Ville des Provinces du Nord, qui eft a 65 degres 50 minutes , 50 lecondes de Latirude feptentrionale, 8c au 41 ou 41 degre* de Longitude. Elle eft fituee a lemboucbure de la Riviere de meme nom dans le Golfe de Bothnie , &,a un Port La Suede. c < 9 afTez frequentć , qnoique , fante de pro-fondeur, il ne piiine recevoir que des bar-ques, ou autres petits Vailfeaux. Ceft-la que tous les Peuples d'alentour viennent apporter leurs pelleteries , qu'ils echan-gent avec les Marchands, pour les chofes nćcelTaires a la vie, & pour des annes dont ils fe fervent a la chalfe, qui fait leur prin-cipale oceupation. Ceft dans cette Ville que fe font- rendus en 17 3 6, par ordre du Roi de France Loms XV, quelques Mem-bres de FAcademie Rovale des Sciences de Pariš , auxquels s'efl: joint M. Celfius, ProfefTeur en Aftronomie a Upfal. Le rć-fultat de leurs Obfervations, a prouve que le Globe de la Terre efl un peu applati vers les Poles, &cc. fur quoi Fon peut voir Fou-vrage intitule : Figure de la Terre > &c. Pariš, 1738, /«-8°. Le Roi de Suede a fait eriger une Pvramide a Torno , pour conferver la tncmokede ces Obfervations Altronomiques. Kimi n'efl pas ćloigne de Torno : Ca-lix'j Luhleaj Pithea j Lofanger & Uhma j font d'autres endroits le long du meme Golfe; qui , fur les cotes tant orientales quoccidentales , elt rempli de beaucoup de petites Ifles. VIII. La Laponie Suedoife. Cette Laponie Suedoife j qai eft ait Kord du Golfe de Bothnie , eft beaucoup A a iv 5^0 Methode de Geographtc. plus ćrendue que la Norwegienne. Schef-fer dit qu'elle va jufqu a la Mer Glaciale,, ce qui n'eft pas , au moins aujourd'hui. Peut-ctre y alloit-elle avant qu'il j eut une Laponie Rullienne. Le Tcrroir & les Peu-ples font a peu pres femblables a ceux de la Laponie Norwegienne ou de "Wardhus, dont nous avons ci-devant parle : prefque tous font Idolacres , & beaucoup plus Sau-vages que ce qifon rapporte des Ameri-cains. Ce Pays eft exrremementfroid, Sc rempli de bois Sc de betes fauvcs. On pretend qu'il a eu des Rois particuliers, qui on t iti fubjugues par les Rois de Suede. La Laponie eft fi voiftne du Nord , que le Soleil ne s'y couche pas 1'Ete, & que 1'Hiver il ne paroit pas fur 1'Horizon ; on y a en Hiver trois mois de nuit, & autant de jour en Ete : le froid qu'on y fouffre dans cetre premiere faifon eft i! violent , que les feuls naturels du Pays le peuvent fupporter. La chaleur de 1'Ete n'y eft pas moins exceflive i car les Lapons, non plus que les autres Peuples du Nord, ne connoif-fent ni le Printemps ni 1'Auromne. Cette chaleur exrraordinaire n'y eft temperee que par les vapeurs de la Mer qui en eft proche , & par les neiees qui reftent con-tinuellement dans les lieux extremement bas, ou fur le fommet des montagnes. Le Ciel y eft ordinairement ferain > & 1'ai^ La Suede. $61 Fort fain, parce qu'il eft agite cV purifie par des vents violens & prefque conti-nuels. Le terrein eft difricile a cultiver en Laponie , foit a. caufe des roches, dont il eft plein , foit par 1'abondance des terres ma-recageufes; ce qui favorife la faineantife des Lapons, qui s'accoutument li bien a ne rien faire, que leur Pays refte en friche , faute de culture j a peine prennent-ils foin de leurs troupeaux. Ils ne travaillent pref-que jamais , que la nćceftite ne les y con-traigne : cette pareffe eft caufe qu,ils ne chalfent, ni ne pechent, que quand les vi-vres leur manquenr. D'ailleurs les Lapons font fort laids , courbes, & les plus petits hommes des Pavs feptentrionaux , n'ayant tout au plus quc trois coudees de haut : les Lapones font beaucoup moins laides. Ils font fuperfti-tieux, laches , craintifs, & prennent la fuite des qu ils appergoivent quelque ba-timent en Mer,oulatrace d'un pied etran-ger. lis joignent a ces defauts ceux d'etre coleres, brutaux, & de s'appaifer difficile-ment, quand une fois ils font de mauvaife humeur : ce vice s etend meme jufque fur les femmes. Mais il eft a remarquer que la Laponie qui eft a la Suede, a des mineš d'argent & de plomb dans la Lap-Mark de Pithca & dans celle de Luhka ; elles furenrde- Aa v $6i Methode de Geograph'ie. couvertes en 165 5 & en 1660. En 1'annee 16 5 4 & en 16 5 5, on trouva deux mineš de cuivre dans la Lap-Marck de Tornea^ ou il .y a auili des mines de fer, dont la veine eft excellente. La Laponie Suedoife fe divife en fix Marck.3 ou PrćTećhires , qui portent tou-tes le nom de quelque Riviere , qui y palfe. Elles ne confinent point au Golfe de Bothnie, mais font au-delfus de la Province de cenom. Ces iix Marcks font en allant du Sud au Nord: 1. Angermanland Lap-Marck, Laponie d'Angermanie, appellee auili Afek-Lap-Marck 011 fe trouve Aofala ou Afele. x. Uhma Lap-Marck , ou font les habi-tations de Lkkfala & de Loisby 3 a l'Eft de cette Province. 3. Pithea Lap-Marck, ou font Ariep/ogs ou Aricrnjuy 8c Graotrefck. Anvk^krfs y eft a l'Eft; & Narfa Floel3 ou en 1635 on cominenc,a a trouver quelques mines. 4. Luhka Lap-Marck , ou font Joch-niucha que Ion dit rtnnee ; & Torpen-haver3Village pres duquel en 1760 on trouva quelques mines d'argent. 5. Tornea Lap-Marck , qui eft la plus etendue des Laponies, a beaucoup de mines de cuivre SČ de fer : Tingavara , Tki-farej au Nord vers le Lac de Torno; Son-dewara & Kengisbrock.. Kimi Lap-Marck, ou eft Enare; i La Suede. 5 s i quelque diftance d'un grand Lac de meme nom, rempli d'Ifles ou. de Rochers inhabites. La partie meridionale de ce Canton de la Laponie , a ete nouvelle-ment unie a la Province voiline de Bothnie orientale , y compris le Bourg de Kimi , rirć de Fautre Bothnie. Ces Gouvernemens de la Laponie font encore divifes en plulieurs petirs canrom ; mais ces divilions n'interelfent point aftez pour les rapporter ici en detail. §. VI. L A F I N L A N Z> E. Le Duche de Finlande eft un grand Pays a 1'Orient, fur le Golfe de Bothnie, & Cm celui de Finlande. On y p^rle cbnomunt^ ment un langage particulier &c difterent de celui de Suede. Le teiroir y eft aflez fcr-r i le vers la Mer; mais la plupart des au-tres endroits font prefque deferts 8c fte-riles, a caufe des bois, des lacs & des ročners , dont ils font remplis. Ce Pays a eu long-temps des Rois particuliers : les Ruiliens s'cn ćtant empare, S. Eric, Roi de Suede, le leur enleva vers le milieu du X1IC iićcle,& il fut ćrigć en Duche. Au commencementdu hćcleou nous fommes„ le Czar Pierre en fit la conquete , & ne le rendit i la Suede «11711, par le Traite de Nvftat , qu en gordant une graride par-" 5 6"4 Methode de Geographle. tie de la Carelie , 1'une de fes Province* J qui fnt ainfi cćdee i laRuilie, avec FIngrie 6c la Livonie. La Finlande eft aujourcThui partagee en fix Provinces. Ce font la Bothnie orien-tale j la Cajanie qui en a ete nouvellement feparee , la Finlande propre, le Nyland ou la Nylande , la Tavaftie & le Savolax , auquel on a uni la petite partie de la Carelie qui eft reftee a la Suede depuis let Traite de 1743« Ainfi la Province de Carelie -Finoife n'exifte plus. I. La Bothnie oricntale. Eft fur le Golfe de Bothnie, &r fes bords font aflez peuples. Wafa > vers le Midi , en eft la capitale; on Fappelle aufli Mujla-farj qui eft fon ancien nom. Chrijlinejladc eft encore plus au Midi. Vers le Nord , on trouve Ny-Carleby j Jacohjladt Gam-la- (ou vieille ) Carlehy & Kajaloki. 0» a uni a cette Province le Bourg de Rimi ^ 6 la partie meridionale du Kimi-Lap-Marck. II. La Cajanie. A FOrient dans les terres : elle faifoit ci-devant partie de la Bothnie Orientale j mais comme c'eft une frontiere de la Ruf-iie, on a juge a propos d'en faire une Province particuliere, & d'y etablir un Gou-Terneur qui fut plus a portee de veiller a La. Suede. $6$ la furete de cette frontiere. On y trouve Cajaneborg avec un alFez bon Chateau , pres du Lac d'Ula. III. La Finlandepropre. Entre la Bothnie orientale 8c le Golfe de Finlande , eft alFez fertile en grains', 8c a quelques mines de cuivre & dc fer. On trouve dans la Finlande feptentrionale , Biomeborg 3 petite Ville a Femhouchure du Kume dans le Golfe de Bothnie ; Kume fur cette riviere; Rawmo 3 Nyork ou Ny-Jlad 8c Wirmo 3 fur Ie Golfe de Bothnie. Nyjlad eft fameux par le Traite de 1721, qui fit finir la grande guerre du Nord : les Suedois furent alors forces d'abandonner aux Ruiliens plnfieurs Provinces pour en conferver d'autres. La Finlande meridio-nale a pour capitale Abo 3 qui Feft aufli de tout le Duchć. Cette Ville eft fituće a l'embouchtire de f Aurajoki, dans le Golfe de Finlande , & a un aftez bon Port, un Siege d'Eveque , fuffiagant d'Upfal, & une Univerfite fondee en 1640 par la Rcine Chriftine , qui lui donna de grands privileges. Biorno eft fur le Golfe de Finlande , aufti bien que Hango j Portcelebre. Les Ifles Lacs Rivieres y &c. dont il eft fait mention dans ce Kolume. A, Albington , }fl. AAlbion , i j o. albORG, 470. Albourg , v. Aalborg. Aas, 498. Aldborough , 111. Aberavon, 364. Aldcrnajr, ijle, 34?. Aberconway, 367. Alford , z 18. Abcrdccn , v. Marr. Alfreton, roo. Abcrdonnc , v. Ncw- Alnvfick, 183.184. Aberdccn. Alfen, ijle, 477. Abcrford , 15*1. Alfton-Moor, i8f. Abcrfrav, }6S. Alta, Abcrgavenni, xorf. Alton, 347. Abcrnccv, j88. Altrington, J99. AbcryuVith, 365. Alczen, J57. Abo, 5)5-5 65* Amagh,//7/, 48 r. Achonrv, 433. Ambic-Sinde,! 187. Ag^crhus, 4S»f. Ambrcfburi , 3 ji. Aghcr , 418. Amersham, z 11. AJmvs, S5h 5S4- Amol, 5-48. Ailciburi, m. Amrom, ijle t 476. Ainze, 384. Amf-rruttcr, 389. Aland , i/les , $6], Anagh , v. Ncnagh. Albanic, v. Braid-Al- Anagran, 407. bain. Aadcnes, joi» $70 TABLE Andouct, 347. Arshburton, $$6t AndrofTen, 40;. Arundcl, 344. Angermanic, 55 8. Anvitzierfs, 561. Angcrmanland - Lap- Aiclc - Lap - Marck v. Marck , j6i. Angermanland-Lap- Anglcfey , ijle 3 368. Marck. Angktcrrc , 149. Afele, v. Aofala. Angus, 386. Afiibourn, ico. Anholr., 489. Afkeyton , 43°« Annan, 401. Afkclund, 54-6. Annandail , 401. AiTens , 486. Anflo , ou Obflo , v. Aflin, o«Aflynt, 380, Cluiftiania. 381.. Ancrim, 41«. Athboy , 411^ Aofala , J<5i. Athenrey, 431" Appcnrade, 47 f. Adierdee, 410* Appcbly , 186. Athlonc, 411.431* Arboga , 546. Adiol, 383. Arbrohath , 386. Athy, 414. AHagh, 411. Augher, v. Aghcr. Ardbracan, 411. Aukland, 187,188. Ardfart , ou Ardfert, Avcnes , 501. 419. Avon, riv. 101. Ardmore , 418. Axholm ., ijle j 118. Are, riv * 157. Aymouth , 400. Arglas, 419. Ayr, 403. Argyle, 406. % Arhufen, 471. b. Aricplogs , j6%. jy Ariernfuy , v. Arie- J3 acony , 389. plogs, Badenoch, 381. Arklow , 414, Bahus , Armagh , 419. Baik, 3Ć4. Arnfbourg, 473. Bakcv/el, 100. Arofen, 546. Bala, 366. Arr,i/?e, 487. Baliaghy, 418. Arran , ijle , 407. Balliadams, 415. Arroc,//?^^ 47j. Balliboy , 415, Arrol, 3 »7. Ballimony, 418. A L P HA B E TIQ UE. r'i Ballimorc, 411. Bele, grand & petit , Ballinagha, 418. 43 6. BallinakiJl , 415. Beltingliam, 183, 1 84. Ballingan , 403. •Belturbec, 410. Ballvsliannon, 417. Bcrck, 350. Ballmoir , 403. Bcrga, 4?6» Baltimore, 419. Berghcfi „ 49^. Balcinglas, 4x4. Bcrklei, 108. Balvanv , 384. Bcrly , 487« Bambury , 110. Bcrnard-Caulc , 187. Banagljcr, ou Banaker, Bervi, 385. 41 j. Bcrwick, 183. Bandon, 419. Befefted, 507. Banf, 383,384. Beclcy , 101. Bangor, 180,367. Beudlcy, xoj. Bangor, en Irlande, Bevcrky , 190. 419. Bigar, 404. Banklan, 401. Billingham, 183, 184. Bantry, 419. Biorneborg, 56;. Barck , v. Bcrck. Biorno , S6S- Bargeny, 403. Birmingham, xoz,zo3. Barking, 338. Blackwater , riv. 41 x- Barkv/ai , 117. Blair > 3 8 3 « Barr-et, I J*. Bleking, 551* •Barnct , xi6» Blenheimhoufe, xii. Barnftable, 356. Blcrtington, 4*4- Barra,//?e, 408. Bliihe, m/. xxi. Barrovf,r/v. 41 x. Boch-of-Gicht, 384. Borfoc,/^eJ47J,47tf- Boe, 45»8. Barwick, +oo. Bogefund, 548. Bas, ijle, 35>9- Boighau, 404. Bath, 155,180,354. Boithmanna, 431. BartcI, 344- Bootc, z/fc j 407. Beagliv, 43°- Boras, 548. Beaplieu, 380. Borgo, 566. Beaumaris > 368. Borkolm, 551. Bcdal, 190. Boni, nj. Bcdford, xix. Borne , 5 56. Belfaft, 418. Bornholm, ijle3 4S8. m TABLE BorroNvftovnciT, 399. Bruton , Bofton , ii8. Buchan, 383. BofVorcs, 11 j. Buckingham, m. Bothnie occidentale t Bugclcy, 101. j 58 , orientale > 564. Bunown, 431. Boulnes, 185. Buntingfort, 117. Bovcns, 486. Burford , xn. Boyne, aer-Leon , 10Ć; Grandc Brctagnc ,148. 363. Breten , 548. Caernarvan, )66, 367. Breton, r/V. zli. Cahcr, 399. Bridgenorth , Z04. Cailtoun ,° 403. Bridgcnr, 364. Cajancborg, $6$. Bridgvcatcr, 355. Cajanie, 564. Bridport, 353. Calix , ^9. Briggs, 117. Callcn, 416. Briftoll, 180,107, Calmar, j;o. 3 54. Calmar-Sond , 5 5 1. Brodnik, 407. Caln, 352.. Broherric , 473. CalHiot, 346. Bromlcy, 101. Camalodunum, 338. Bromley, 341. Cambridge, 1x3. Bromfebroo, 5jx. y Cambrie, 359. Bromfgrove, xo3- Camelford , 358. Broug , 187. Cantorberi, 179 ,180, Brovra, J 8 o. 34^« A L TKAB Cantvr, 4o7. Cap de Skav/ , ou Ska- gen, 43 (j. Caprintoun , 403. Captfp, 401. CardifF, 364. Cardigan , j'9-Chriftianaghen, 480. Chriftianhaven, 481. Chriitiania , 495-Cliriftianopcl, S S1-* Cbriftianprcilf, 480. Cliriltianitad , j 5 3 , 554. Chriftineham, 549. Chriftincftad, 564. Cimberberg , 471. Cirencefter, zo8. Clack, 390, Clare , 430. Clarence, zzi, Clarendon, 3J1. Claflongh , 4Z0. Claftor.buri t 3ff. Clay, *u. Ćleburv, 104. Ci'pping-Nortoii, 111. Clitheron , 194. Clođirream, 400. Cloghcr , 418. Cloghmainc, 416. Clouefart, v. Clonfcrt. Clonckilty , 419. Clonemore, 430. Clonfcrt, 431. Clonmcl, 413. Clovfnish , Cloyne , A19-Cluidfdail,v.Clydfdail. QyA,rhs 371- Clvdfdail , 4° 3 • Clyne, 3*°« Cockeny, 399. Cockermouth , 18 j , 186. Cocket , ijle t 183 , 185. Cogshal, 338. Colcheftcr, 338. Colding, 473. Coldingham, 400. Colcshil , 101. Colford, 109. Colmkill , ijle , 408. Colnebrook, ni. Colraine, 418. Congieton, 199. Connaught, 431. Connor, 418. Copenhaguc, 481. Copcrberg, v. Fahlun. Ćopio , 566. Corck , 4*8. Cornet, 34?. I E Cornouaillc, ou Coi'lt-* wal , 3 57. Corron, 433. Cothely , 404. Covcntry, 180 , zoi. Cowbidg , 364. Cov^el, 4°^« Cowes, 348. Cov/pcr, 389. Cowye , 386. Crail , v. Caicll. Cranborn, 353, Cranbrock , J43 • CraM/fort, 404. Cray, 343. Crickhowcl , 3 64. Cromarty , 380. Cromer, nr. Croneburg , v. Tavaf- tus. Croncnbourg, 484. Cullen , 384. Culloden, 381. ColrolT, 389. Cumber, 418. Cumbcrland, 185. Cuningham , 40;. D. D aarefield , tnott- tagn. v. Dofferrield. Dala, riv. 517. Daleborg, 548. Dalecarlic, 546. Dalic, 548. Dalketh , 399. Danemarck, 434« Dancvf erck, 480, ALP H A B E TIQ U E. J7* DanifchAVald , 480. Pauick , 419. Darbv, 199,100. Dravton, 104. Darking, 346. Dnburg , 401. Darlingcon, 187. Drimmim, 388. Dartmouth , 356. Drogheda, 420. Deben, rtv, zzi. Droitwich , 103. Dec , riv. Dromore , 419. Dcnbigh, 367. Dronrhem, 498. Depford , 341. Dronffield , 100. Derby, v. Darby Drum, 385. Dcrg,/dc, 417. Drumaharc, 433. Dcrv^cnt , riv. 157 , Driimboe, 418. 199. Drumlacrig, 401» Dcfmond , 418. Druntheim, v. Dron- Devifes , 352. them. Devon, 355. Dublin, 413. Dilfbo , s S6- Dudlev , 101,103, Dingle, 419- Duglin, 40«*. Ding\/al-». 380. Dnleek, 411. Difart, 389. DuKvich, 34*. Docrc, v. Doeve.) Dumbarton, 405. DoelVick, 497- Dumblain, 590. Docve , 557- Dumbriton , v. Dum- DofFcrfield, mont. 491. bartdn. Dolgclle, 166. Dumfermling, 389. Đoncgal, v. Dunagal. Dunagal , 41 Donglas, 418- Dunamore , 425. Donnerailc, 429- Duna\vorty ,. 407. Dorccicer, 3 5 3- Dunbar, 399, Dornock, 380. Dundalk , 420. Dorfet, 3 J1- Dundee, 386'. Douglas , dans Tile de Dundonil , 403. Man, 195,196. Dundrum, 419. Douglas , en Ecofle, Dunes d'Anglcterre , 403. . 339- Douvres, 341. Dunfreis, 402. Dove,m\ 101. Dungannon, 417, Dov/n, 390. Dungai van, 427. Dovne , ou Douvne- D-inglas, 399, H* TA Dunington , 218. Dunkafter, 151. Dunkel, 387. Dunleer, 420. Dunmore , 338. Dunotyr, 38;. Dunrobyn, 380. Duns, 400. Dunftablc, Dunftafag , 112. 407. Dunvin , 406. Dunvamore , 431- Dun\vich, 222. Duplin, 388. Durham , 180 , 181 , 187. Duflci, 208. Ev Earles, 389. Earn, lac , \, Erne. Eafte-Caftle , j 399. Eaft-Grinftead, 344. Eaft-Riding, 190. Eaton, ni. Ebelftot, 472. Eckrenford, 4S0. Econe, .369. Eda, 549- Edgerton, 401. Edimbourg, 391, 399. Eglington, 405. Egremont , 185. Eidevand, 498. Ekenes, 566. Ekefio, 55*m ElftVedal, /49- Elfros, i 57- B L E Elgin , 382." Ellifmerc , 204. Elpliin, 432. Elfcncur, v. Hclfingor. Ellimbonrg, v. Hclfin-gborg. Ely, 179, ll5> 3«9-Enanger, 556. Enare, 561. Enekoping, 545. Enifto\vn , v. Ennis Enishkilling, 417, Ennis, 450, Ennishteage, 426. Enthclrod 3 215,116. Epfom, 155,346. Ermelung, 488. Ern , lac 3 411» 417. Ertholm , ecueil, 489. Efill, 407. Efkedail, 402. EiTex, 3?7v Efterdal , 497. Eft-Mćath, 412. Europe, 131. Eurvland, 499. Euft , ijle, v. Viflrc. Evesham, 203. Ewcnes, 501. Excefter, 179 , 355. Eiderfted , 478. Eydcr, riv* 436. Eye, in. • t F, Fah lun , 547. Falkembcrg , 554. Falkirck, 390. Falkland , ALPHAB frilkland , 389. Falkoping, 548. Falmouth , 357. Falfter, ijle 3 488. Fanoe', ijle, 473. Farham, 347. Faringdon , 3 j 1. Fannanagh, 417. Farne, ijle > 183.18 j. Farr,v. Fcro, Faunefiord, 488. jFčathard, 416% Felag, 380. FeUices, montagnes 3 v. DofFerficld. Ferdori, ■ 386". Fermannath, v. Ferma- nagh. Fcrns, 4X^- Fero, (ijles dc ) 507. Fcrry , . 3 85. Fethard, 4-^- Fcvcrfham, 343* F.ifc, 388. Finlande, 5 63. Finnevin, 386. Fionić, ijle 3 48 Fishgard, 363^ fleckeren , ijle t 498. Flenfbourg, 476. Flint, 367- 3^8. Foburg, 486'. Foer, ijle , v. Fora. Folkcfton, 343. Folkingliam, z 18. Fora , i sle , 47 Ford\vich, 339. Forfar, 386. Forres, 381. Tome II. ETIQ UE. . j77 Forch,r/v. 371. Foteringhai, z 13. Fovccr, 421. Foylc,/144-Haufe, ^66. Haverfordovtcit, 363. Hay, 3 64. Hebridcs, v. Vcftcr-nes. H<£da, m^/zf. 50 j. Hede, 557. Hedemora, 547. Heed, $$6. Helindalc , 3 80. Hellefdon , 183 , 184. HclmftadjV. Halmftad. Helfingborg1, 554-Helfingfors, 566. Helfingland, ou Helfin-gie. 5S6' Helfmgor, 484. Hclfton, 358. Hemfcld, 402" Henlei, m. Herdal , ou Heriedal, 557- Hercfbrd, 180, 104, 105. Hermanger, 556. Hermitage, ( /') 402. Hern, riv. 388. Hernofand, 558, Herrcford, 379. Hexham , 183 , 184. Hevdon, 191. Hejdigeland, ijle, 478. E TIQUE. S19 Hiclmcrfbcrg, J46i Higham-Fcrrers, 113. HIB, 343. Hilfborough , 419» Hindon, 351. Hio, 548» Hioring, 47r« Hirte, i/le, 4° 8- Hitchin, 2.2.6. Hobro, 471. Hoiland, v. Holland. Hola, j o 6. Holbeck, 485. Holi, ijle, 183 , i8f. Holland, z 18. Holm, 185. Holftebro, 474. Honborg, ; j r. Horn, $06.. Hornfey, 191. Horfens, 471. Horsham, 344. Hovingham, 190. Hoyer, 47 Huen , ijle, v. Wcen. Huli , i'sfi 19°» Hulfter/tad, x jjr. Humber,r/v. 157. Hungerford , 351. Huntington, z 11. Hufum, 477. Hvd\v'ickfVald, 556. Hytlie, 341. Hyering, v. Hioriiig. I. J ARROVT, Idra, Bb i; 187; /47. rso TABLE Icdburg, 401. Ixworth, nxj Icniptcdand , ou Iemp- tic, JJ7- J- icrn,/jc, 373- T \h>ifle, 408. J acobhal; 544. Dchcftcr, 3 f 5. Jacobftadt, 564. IJcad, 418. Jameftovn, 433. Ilcs Britannicjucs , -7tlU 4*o» I4y. Jemflc , s 66. Ikirrvm, 385- Je*% > ^ * 348. Inchdavannan , 406. JcrflcfF, 471. Inch-Gall, v. Wcfter- Joclimucba, S6z. • ncs JohniWn, ' 417. Inch-Kieth, ' 399- Jrm? >'fc ', +°8- Inchmurin, 406. Jutland, (Zr ) 469. Indal, 55*. Ingcn, 501. K- Inncrgra , 4°6. ingcrfton , 3 3 8. -iv- lnishcourcy, 4x6. Iv aialoki, j-&4. Inland, SSS- Kallundborg, 48;. Jnncr-Charton, 380. Kalfo, 400. Inncrs-Hin, 380. Kafland , 475, Inncr-Kyting, 389. Kafrclholm, $66. inncr-Navcm, 379. W, 43 3- luncrlothe , cic Innerlo- Kcl, 431. thy, 381. Kcllington , 358, Inniskellcn, v. Inisli- Ivdlybegg, v. Kilbcg. killing.' Kcls , 42.2., lovcrndl , 381. Kdfo, 401. Livcrari, 384. Kcndal, nt, ionckoping, 551. Kengifbrock, 56z. IpfVich, in. Kenmur, 403. Iilaudc, 4x1. Kcnfington, . zx8. Invin, 4°5- ^ent- 3 39- Ife , riv. %$6. Kcrry , 415,» IicnfTord,' 48+- Kcfcvcnc, xi8. lAandc, ifle, 501. Kcftruc , 407. toJeta, 54J- Kef^ick, 185,18$, "Kcttorp , Kcxholm, Kialmo, Kiddcrr.iinllcr, Kidcs , Kidvellv , KicbJcvi/ik , Kilballi-Kain , Kilbcg , Kilbeggan , Kilblain , KilcarroJi , A L PHA BETIQ UE. 487. S67. 5jo. 103. 567. 363. 507. 430. 4'7-42,1. 407. 431. Kilcoinin , v. Kilhlia. KiMalon, 410. Kildare, 4=-4-Kildnimy, 3«5"- Kilfer.ora, 450-Kilgarrcn, 363. Kilglas, 431-Kiliiam, 191. Kilkcnny, 417, 4**-Killalia, 4r-Killalov/, 43°. Killcn, 431. Killcran, 4^7-Killcslian, v.'Kildalon. KiMiJcagh, 419. Killii.cn, J8j. KiIlWcn, v. Kibnarc, Kilmac.ilo, ou Kilnu-431. 4?o. 419. 383. 410. 383. 414. cough. Kilni.ilocli Kilmarc, KiImaroy , Kilmore , Kilmvs, Kilpoom, "Kilrca , v. Kilrotig. Jfjlria:))', 389 406 fU Kilroug, 418. Kimi, riv. ji-7-Kimi, JJ9-Kimi-Lap-Marck, j6i. Kincardin, 385. Kingorn, 389. Kingf-County, 415. Kinglton, lof, 34J. Kingflron ,v. Hull. Kingftovn, 4lS' KinroiT, 390. ICiniale, 419'" Kirkaldy, 389. Kirkby - Lanfdalc , v. Lanfdalc. Kirkby-Sccvcn , 187. Kirckval, 409. Kirkcbar, v. Kurbar. Kirkurigh, 4°?-Kirluh," 43°' Kiribpfoot, 401. Kirnri, 117. Kloffio, JJ7-Knapdal , 4°*-Kncdall, v. ICnapdail. 33' Lansdale, -186. Lanfton, 3 57- Lantrillcnc, 3 64- Lanydles, i 66. ! I I Laponic NorveVicne, joo, Suedoife. . 559- Lapwc/I, /ijc j 567. Larg, 380. Largis, 405. Lauder, 400. I.auderdail , 400. Launccfton, v. Lans- ton. Laurcft, 367. Lavington, Laxi, 19c , i 196. Learmouth, 183 , 184. Leed , Leicefter, 191. 21 j. Lcighlin, v. Loughlin. Le Lcinlter, 411. Leith, 399- Lemirer, 205. Lemwick , 473. Lcnnox, 405. Lcrvichlc, 410. Leskeard, 358. Lcflcy, 384. LeftofFe , 211. Lcfwitlicl , 358. Lctrim, 433- Leverpool, 194. Lewes , 344- Lewin, 389. Lcxa, J67. I.ichfield, 180 > 102. Lickfala, 5^2. Lid, 34J. Lidburi, 2.0J". Lidisdail, 40I. Lidkoping, 548. Liitbrd, 417. Like, 5J7« Lima, Limanadv, Limerick, Limington Lincoln ALPHAB ETIQ UE. 547. Lougborov 179 > Lindcfbcrg, Lindefncs, cap, Lindcfzas, Lindhal, Lindkoping, Lindfcy , Linlithgow , Lifburn, Lifcanor , Lifmorc , Loch-Maben, lochabir , Lofanger, LofFout, au Lofocrcn , IJU s Lohm-Cloftcr, Loh\vood, Loifbv, Lomound, lac , 418. 419. 347-116 , 546-. 493-J46. 496. SS°-zi7. 399-418. 430. 4l7« 401. 382. 559> 499-47Ć. 401. S6L 37x> 406. 418. 181 . Londondcry, Londrcs, 175» 119 — 337, Longborn, 351, Longfbrd, 411. Longtov/n , 1 8v. Locjuabcr, v. Lochabir. Lornc , Loth , Lorhian, Loudovn Loughil, Loughlin, 407. 380. 403. 430. 41c. 583 Il/i Loudi , 415?, 410. Loy, iJU, 405». Ludlov/, 104. Luhlća, S59-Luhlca - Lap - Marck , .;6-i. Lumfanam, Lumley , Lunden , 53 j Lundey, ijle , Lurgan , Lutrerv/ordi, Luxbourg , Lymc, Lyinford, Lyn-Rcgis Lyndiloot, 38y. 187. J53-356. 419. 115. 477- 3})> 471. 110. 471. M. M ACHYNLETHj 3 66. Mackleffield, 198. Macrcddin, v. Carics-ford. Mxler , lac > 515. Maclilrand, j/j. Maelftroom , goufre , 499- Maggeroe , joi. Mainlaiid, l'unedcs Or-cadcs ,409 ,-1 tiru des ijlis dc Sc\\ti-410. 501. 338. Sfh 419. land, Malangei, Maldon, Mali, Mallo*r, tU Malmciburi Malmoc , a a Malmu-ycn , 5 5 3- MalpalI, ou M.ilpas , 199. Malron, 190. Maftlng , 547. Man, ijk, 180,194. M.mchcftcr, 194. Manduharia, s6i'--Mannan , 3?°-Manoc, ijle , 47 J • Mansfiel<£ 116. Marčhc, 4°°-Margate, 343-Mari age r, 471. Maribo , ^87. KUncftad, f 4*- MarIboro:igh, 351. Marlov, ur. Marr, 384. fciarslifield, 109. Marile:-'lili, 105. Marulhga 1, 38?. Mflrvboroag, v. Quc;> flovn Mavo , Med " T A B L F. 551. Mcrfci *7 -McdclpadSc, Med v a/ , riy. Mo.lway , Mxgary , Mciroile-, Mchci, I [ : '.:eidi, Mcols , Mcrioneth, Mcrlos, Mernis, riv. 19 j MiddcJfart, Middlci« , Middlewick., Milford, Milford-Havcn, Milton, Mios, lac, Mfnchcad , Moffat, Mofutak , Mohil, Moipctcch , Mofi t97. 486. 117. 199. 363. 361. 34?-496. 3 Jf-4ci. 386. 43 3-367. 431. 401. lS6. 343. 3 8 3 . 401. ii 6. 389. i99. ,66. 401. 385. v. Anglcfcy. Mona, ijlc , v. Moon. Monagban, ou Mona-ghon, 41c. Monmourh., 105, ic6. Monfteras, 551. Montorgncil, 349► Montgomcrv , 366. Montroir, 3 %6. Monymusk , 38). Moon,i/k, 4S8. Morish, 431. Morpcdi, 1 83 , 1 84, Mors , iftt , 471. Mortovfn, 401^ Moualtcr, 417. Mountrorrcl, 116. Mo;uus-Bay , 357. Mo'yfar'agh, 430. Mula-,//?*, 408. Mullingar, 4itfc Murrai, 3 8x. Muflc , 487. MuiVelbourg, 399^ Muftafar , v. Wafa. Myitoo,/ 20;. Pcmbrock, 3*1. A L P HAB ETIQ UE. Penrcth , 185,186. Pytis-Lapwcfi, 3*4- 358. Q. 358. 103. 386. I80 , 113. 384. 347-344-344-J49- Pcnrifc, Penryn, Tenlance, Pershore , Pcrch, Peterborough 587 567. Kmg- 559-Marck , 561. , 389. 356. 356. Peterhcad, Pctersficld, Petvporth , Pevcnfcy, Philipftad , Philipitovrn, frovn. Pithca , Pithca Lap • Pitccn-Weem Plymouth, Plympton, Poince du Lezard ,357-x9i. 3 5 3-501. 415. 3J3-347-347-365. 485. 194. 399-380. 367. $66. Purgatoire de S. Patri-cc, 417. enborouch, 343- Quccns-Coimty, 42.5. Queens-Fcrry, 389. Queeniro\rn, 42/. R. Poiitefraćt, Pool , Porfangcr, Portarlington, Porrland , Porcfey, 0e , Portfmouth , Prefteyn , Prefto, Prefton, Trciton-Pans, Profyn , Pulliely, Pumala, Purbeck , ijle R aconnel , 411. Radnor, 565. Ramfey, i^f. Ramfcy, 212. Randcrs , 47 a'. Raphoć , 417» Rafcborg , $66. Rafcn , 217. Rathdovrn , 414. Rathlin , isle , 418. Ratoatb , 421. Rarrerybridg , 384. Ravenglas, 1S f. Raven fey , 407. Ravilly, 426. Rawmo, $6$. Rcading.v. Rcdding. Reburne, 402. Red \ 386. Rcdding, 351. Rcghlins, v. Rathlin. ReiTundt , Retfort, Rctglcs,, ijle-, Reynfrovv , •Bb vj SS7-116. 417. 405. $n. T A Khiadergonv , 3 r> j; Rhurin , %€% Rbueupue, 341. Rible , riv. 1 9 3. Richemond, 34/. Richinoni, i8>. Rics, 47 j. Rigate, 346. Riglcnd , 413. Ringftcd, 485-Rinkioping;* 474-Riplc/, Rippon, x?0-Rili, 487. R i veli, 4°l« Riven, 381. Rochefter, 179, 341. Rokabarr.i ou Rokol, rochtr, 408. Rokclax, 567. Rome, ijle, 475. Romsdal, 499. Rolburg, 401. Roicommon y 431. Rofkild, 483. Rofkildliord, 484. RofT, en Anglet. 105. Roff, .-rtEcoite, 380 , chns la Marchc , 400. RoiT, «ilrlandtt, 416, dans le C. de Corck , 419. Rotbr.ri, 183, 184. Rothefa/ , 407. Rottum, 489. Rouglask y 406. Rovlton, "J. Ruburn, v. Rcburncv B L F Ruebi , 10U' Ruglcn , 405, Rumforr, 338. Rumney , 341. Rumfey , 347. Rund, v. Rottum. Runcnbyr Rusbin , 19S' Rutland, 114. Ruthoping 487. Ryc, 341. Ryc,(/đ) 344. Rypcn, 471». S. Oaint-Albans , zr^T«. Saint-Andrć, 388-Saint-Aiaph, 180, 367.. Saint-David, 1 80, 362. Saint - Edmunfburi , z z z.. Saint-Hilaire , 349.. Saint - Johnitovcn , v- Pertli. Saint-MichcI , v. \Ta» fular. Saint-Mullin , 416» Saint-Noers, 212. Saint-Picrre , *4?» Saint-QuiIJa , ijle 3 v. Hirte. Saint-Yves , 11 Saintc-Helenc, 348.. Saintc-Marie, 358.. Sala, 546». Salbcrg , v. Sala; Salilburi, 17? , jjr* "A L P HA B \E TIQ UE. 5-8* Sallcro , 501. Sccby, 481- Salling , 471. Sccnfloc , jj8. SaluScrv, v. Saltzburg. Sclkirck,. 40 r. Salcasli, 3*8. Seminge,, $66.. Saltcn , 499- Scrgen, joi. Saltflcet, 117. Scrna , 547- Saltzburg, 49*- SeflW, isle 489- Salvarpt, riv. lOJ. Scvcnokc , 343- Samcicn , ou Samien , Sevo , mont. 49 »- 501. Scwer, riv. 411. Samfoe, ijle , 489- Shaftfbury , 3 5 3- Sand , ijle , 409- Shannon, riv. Shemeld, 412. Sandback , 199. 191. Sand\vich, en Angleter- Shepey , isle 343- rc , j 41. Shcrborn, 192. Sandvvich , en Dane- Sherbom, 3 5 3 - marck , 489. ShirncjT, 343- Sanghuar, 401. Shrc\viburi, 204- Sare k , is le t 349- S h rop, 204. Saveme, riv. l56. Shurre, riv. v. Scwcr. Savolax, $66. Š-iala, ;;8. 5axkopi»g, Saxmundnam, 487. Sigtuna, 211, Sillcy , v. Sorlir igues. Scalloway , 410. Sifme , Skagefiord, $66. ScandcFbors*, 471. $ 06. Scanic, v. Šchonen. Skagen , ou Skau , 471. Scara, 548. Skager-Rack , v. Cac- Scarboroug-, I89. regat. Scarpa, 49*. Skalholt, 506. Schctland, isles , 409. Skcen, 49*- Schcvc, . 472. Skenninge, j jo. Schiffus-, 471- Skcrry, 379- Schoncn , W»- Skreida, S06,- Schordal , 499- Skye , isle , 408- Schvabirede, 477« Skyr-Aflln, v. AtTin. Schwinborg, Schonne, ( le ) 486. Slagel , 48;. ffj. Slainc ,. 411. Scoone, Seaford,. 387. Sleaford, 11 8v H1- Slcgo, 4.31 y9o TABLI ŠlciVick; 478. Stokcrlcy,' tjra^ Slcswick , ( Duchede ) Stoure , riv. 111. v. Sud-Jutland. Sfowmarkct, 123. Smaland, yyo. Strabanc, 418. Snathe, 191. Strangford , 41?. Sodcrhamn , jj6. Stratford, 201. Soder-Talge, 545. Strath-Amund , 385. Solct, j58. Strath-Errich , lac , Solvcnt, detr. 347. 37 3- Somerton, 35-5. Strathawin , 384. oommerfct, 354. Strathbogy, 384. Sondcwara, S61-- Strat/idon, 38J. Sora, 48y. Stathcrn, 388. Sorlingues,//fc.r, 3*8. Strathnavern , 379. Souna , ifle, 409. Strathy, 375». Southam, 101. Strathyla, 384. Southampton, 346. Strengncs , 54/. Southerland, 37?. Strojno, islt/07." Soudicrland, v. AlTyn. Stromftadt, South-Wallcs, 361. Stroud, 208. Southwarck , 218. Stuart, 381. Southwarck, 345- Stubkoping, 488. 5outhwolde, lil. Sturbridge , 203. Sow, riv. 101. Sudburi > 112. 5pcy,m>. 372. Sud-Bygden , 497. Spithead, 347. Suddalc, 546. Stafford , 100, *oi. Suderanflorp, 47;. Stamford, zi8. Suderkoping, $$0. Stanes, 128. Sudermanie, 545. Stanhope , 187. Sudcroc, isle , v. Suy-Stavanger, 496,497» dro. Stege, 488. Sud-Jutland, 474, Stegeborg, 550. Sudore, 408. Siengwick, ty9. Suede , 509. Sterling, 390. Sueonic, 538. Stevning, 344- SufFolck, 221. Stockbridge, 347- Sund, (/*) 436 Stockholm,- 538. Sunderdourg , 477. Stockton, 187. Sunderland, 187,188, AL StondharniiK-r , Sundsvald, Surov, Surrcv, Suii"ex, Suvdro , isle , Svans, Sv/anfcy, Sveg, Swindor , Swords , Sylc, is le , T. J. aghmon, Talloh , Tallagh, Tam, riv. Tamc, Tamife , riv. Tamvort, Tandorp, Tannas, Taru m , Tarfing,//7e, Tavaftic, Tavaftus, Tavifalmi, Tavnton , Tay, riv. J71 Taync, f cdbury, Tecs , riv. Tclfo , Tenby, Tciio , riv. P1KAB ET1QUE. f,i 489. Tcrncs , mont. 411. S s 6. Tcrring, 344. Soi. Tcwk(buri, 208. j 4 j. Thanet, isle , 343. 343. Thcrfbrt, 210. 507. The-Washf 118. 480. Thomaitown , en Ecos-364. fe, 4°3-Ssj. Thomairown> Tulsk, Tuna , Tunbridge, Tundbrige, Tung, Turrif, i (le * Turrov/, Tuttendorp , T\vedail, T vede, riv. Tyrconncl, gal. Tyrone , Tysdet, ou v. TABLE S SO. Tyftcrup 390. It*: 47«. 117. 113» 419. 487. 3*5-554-IJ7-403. 4Zi. Soi. 548. 501. 3 5l-S S6" J4J* 501. 35-8. 431. 388. 4)i. S s6. 343-tff-179* 408. 41*. 480. 400. 371.. Duna- U. \J gkoniemi Uhma, Uhma - Lap - Ulftcr, Underfaker , Urrft, Uplande , Uppingham , Upfal, Upton , TJranibourg Urfildon , 47 jI , $6Š. 559-Marck > S^z. 416. 551-410. J-38-z 14» 544-Z03- 554-400.. 333 V aouhanan, 390^ VenfuiTel, ou Venlys- 4*7-Tyftadt, fel, Vermeland, Verulamium, Vyckfiden , adstena, Vccner, lac, Wcctcr , lac y Vainflcet, WaIbo, Valden, \f'aldros , 471* 548-ni). 555* 5i 5- 5l5-zi8. 5"5«» 338. 45>7> 351» IALPHABETIQ VE. f*j Vaiiingham , 219. \Teftmanic, ou Veft- Wakcfield, 191. manland, $46. Waranger, 501. Weft-Mćath , 422. ^anbcrg, yj4. \Teft-Minftcr, 228. Wardc, 474. MPeftmorland , 18«. Vardhus , joo. We(t-Riding, 19'- Ware , xi6. WeftroI, ;o». Wareham, 353. \Tcitrogothland, /47- Warinborg, 485. Wcvcr, riv. 197' Warington, 194. Wcxfbrd, 42.6. Wamcbcrg, 4»°* Wcxio , /jo. Warwick , 101. Weymouth, 3/3. Wafa, 5*4. Wbitheaven, i8VcIs, 180, 3 54. ^i, 34«' WeIfpolc , 3««- Vindfor, jji. f cm, 2.04. Winfter, 100. Vcncriborg, /48. Wirmo, j«j. Venlock, 104. VirktVonh, 199, ■^cftburi, 3 f*« Veftcras, v. Arofen. Winby , j j r. \fcfrerbcck, 47J. Wifhum, /49. ^'cfterdalc, J46. y/r"\&yifltt 408. Wcftergard , 5 51 • V'ir-Churcli, 347, Vcftcrhardc, 476. Vkeliovm, 403. Vcfrerland , 496. Vitliam , 338. Wcitcrncs , ifles , 407. Withcrn , 403. VP'oftcnrick, NTitnei* lll* S94 TABLE JLPHABETIQUE. \Tobourn, IIX. Wolfingham, 187. Woodftok, ti o. ■VToolvicli, 342. VTolverheampton, 201, Vorceftcr , 180, 203. ^orkfop, z 16. ^olton, 109. Wrexham, 367. ,fuit,v. Unft. Y. Yarmouth , dans Vislt đV^igln, 348. Ymufe, 406. Yorck, 179 , 180 , 188 , 191. YoughaI, ou Yougliil, 429. Youre , riv. 157. Yfrede , j /4. Yura, iste 3 v. Jura. Z. Yar,":V. 119. Zealv. Jclb. Yarmouch , grand & pe- Zćcland isle 3 481. tu Fin de ta Table Alphabitiaue. A PP ROBAT/ON. J'ai lu par 1'ordre de Monfeigneur le Vice-Chancelier, la nou/elle Edirion de la Mhhode de Geographie de feu 1'Ab-bć Lenglet du Frefnoy> avec 1'Abrege de ce meme Ouvrage , par demandes & par reponfes \ 5c il in'a paru qu'elle meritoit d cere re^ue eneore plusfavorablement du Public que touces les Editions precedences. A Pariš le onze Decembre mil fepc cent foixance-cinq. Philippe de Pretot. PRIVILEGE DU ROI. LO U IS , par la gracc de Dicu , Roi dc France &: dcNavarrc, anosames& fcaux Co;ifeil-lers , les Gens tenans nos Cours de Parlement, Maitrcs des Rcquetes ordi.iaires de norrc Hotel, Grand-Confcil, Prevot dc Pariš, Baillifs , Sene'-chaux , Jcurs I.ieutcnant Civils, & autres nos Jufticicrs , qu'il apparricndra: Salut. Notre 9tti6 le Sicm Tilliard , Librairc, Nous a fait cxpofcr qu,ildcfircroirfairc reimprimer, & don-ner au Public un Ouvrage^ qui a pour titre : Me-thode de Geographie de feu i Abhe Lenglet Dufrefnoy 3 avec 1'Abrege de ce mente Ouvrage t pur demandes 6*par reponfes, s'il Nous plaiioic lui accorder nos Lcttres de Privilc'ge pour ce ti(f-ccfTaircs. A cfs causes , voulant favorabicmcnt traircr l'Expofanc, Nous lui avons pcrmis & pcr-mettons par ces PreTentes, de fairc reimprimer ledit Ouvrage autant de fois quc bon lui femblc-ra , & de le vendre, fairc vendrc Sc dćbitcr par-tout notre Rovaumc pendant le temps dc dou^e annees conlecutives, acompterdu jour de la date des PreTentes. Faifons delFenles a tous Imprimeurs, Libraires, Sc autres peribnncs, dc quelque qua-lite& condition qu'elles foient, d'cn introduirc dereimpreffion errangere dans aucun Licu de notre obei/Tance 3 comrae aufll dc fairc rdimprimer , vendre , faire vendre T debiter, ni contrerairc ledit Ouvrage, ni d'en faire aucun Extrait, fous-quelque pretcxte quc ce puide etre , fans la per-mi(Iionexpreue&: par eerit dudit Expofant, ou de ceux qui auront droic dc lui, a peinc de confifca-tion des Excmplaircs contrefaits , dc trois mille livres d'amendc contre chacun des contrevenans , don t un ticrs a Nous , un tiers a 1'Hotci-Dicu dc Pariš , & 1'autre tiers audit Expofanc, ou a cclu,i qui aura droit dc lui, &: dc tous depens, dem-mages & interets. A la charge quc ces PreTentes feront cnrcgiftrćes tout au long (ur le Regiftre de la Communautč' des Imprimeurs &. Libraires de Pariš, dans trois mois de la date d'iccllcs; quc la reimprertion dudit Ouvrage fera faite dans notre Rovaumc, & non aillcurs , en bon papicr & bcaux caraclcrcs, conformement a la feuille imprimee, attachec pour modele fous k contre-fcel des Pre-fentes J quc Plmpecrant fc conformera en tout aux Reglcmens de la Librairie , & notamment a celui du ioAvril 171? ; qu*avant dc rexpoLcr en vente, l'Imprime qui aura fervi de copic a la-rćimpreflion dudit Ouvr.ige , fera remis dans le memc ćtat ou I'Approbation y aura ćte donnec , cs-mains dc notre tres-cber & feal Chevalier^ Chancelier de Jrance, le Sieur de Lamolgnon j iz qu*i! en fcra cnfuite remis deux Exemplaire* dans notre Bibliothequepublique , un dans cclle de notre Chateau du Louvrc, un dans ceJIe dudit Sicur dk Lamoigncn , &un dans celic de notre tres-chcr& feal Chevalier, Vicc-Chancclier Sc Garde des Sceaux de France, le Sieur de Mau-Teou j le tout a peine de nuJUte* des PreTentes : du contena defquelles yous mandons & enjoi-gnons de faire jouir ledit Expofant, & fes avans caufc , pleinement & paifiblement, fans fouffrir >qu'il leur foit faitaucun trouble ou empecbement. VoulonsqucIa copiedes PreTentes , qui feraim-primće tout au long au eoramencement ou a lafin dudit Ouvrage , foit tenue pour duemcnt /Igni* H6e , & qu'aux Copies collationnees par Fun dc nos ames & fčaui Confcillers & Secretaires , foi foit ajoutec comme a FOriginal. Commandons au premier notre Huiffier ou Sergent, fur ce re-quis, de faire , pour l'ezeaition d'icclles , tous acFes rcquis & neceiTaires, fans demander aatre permifTion, & nonobftant clameur dc Haro, Char-te Normande, & Lettres a ce contraires. Car tel eft: notre plaifir. Donne a Pariš , le vingt-ncuvie'-me jour du mois de Janvier , 1'an de grace mil fept cent foixante-fix , & de notre Regne le cia-o uante-unieme. Par le Roi en fon Confeil. LE BEGUE. Regijlrt fur le Regifire XVI. de la Chambrt Royale & Syndicale des Libraires & Imprimeurs de Pariš 3N°. 8 07. Fol. 426. conformement au. Reglemtnt de 17z 3. A Pariš ce 7 Fevrier 1766. LE BRETON, Syndi *