2 O Ji S. I- (fj./.J METHODE POUR £ T U D I E R LA GEOGR APHIE. TOME VIIL Ki .1.1/ i- i M E T H O D E POUR feTUDlER LA GEOGRAPHIE; Ou Ton donne une Defcription exačtc de ru nivers , formee fur les Obfervadons de l'Acadćmie Royale des Sciences , & fur les Auteurs originaux. A V E C Un Difcours preliminaire fur UEtu.de de cetce Science 3 & un Catatogue des Cartes j Rela-tions j Voyages & Dcfcriptions necejfaires pour la Geographie. Par M. rAbbć Lenglet du Frusnov. QUATRIEME b DITIO N , Revue } corrigee & augmcnfc TOME VIII. A PARI €hcxN.M. Tiuiard , Librai Auguftins , a Saint Iknoir M D C C. L X V I I I. Avec Afprobation Pr'tvdćgt du Roi. TABLE des articles. Mceurs. Rcligion. 4 Montagnes. Ibid. Cap s. 6 Golfes. Mer Rouge. 8 Riviercs. I t Divifion. 19 i'AfRKJI'E oriinta-LE. x i Chap. I. L'Egypte. Ibid. Art. I. Le Bakri, 3 1 I. Le Bahire. Ibid. IT. Le Garbie. 34 III. Le Sharkil. 5 5 Art.II. Le Voftani, 37 Art. III. Le Said. 47 Chap. II. LaNubie. 54 Chap. III. L'A'oifi-nie. 56 Rmt&5 ćy Lacs.' 6o I. i'frtr.r de 1'Empereur d' Abijfinie. i) II. Us Rov Province s dcs Gal-Ics. Ibid. I. Le R. de Loango. 13 9 II. Le Royaume de Ca. congo. 140 III. Le R. de Congo. Ibid. IV. Le R. de Dongo ou d Angola. 141 V. Le R. de Benguele. 143 Chap. II. LePays des Cafres. 14 f Art. I. Partie inte-rieure du Pays des Cafres. 146 Art. II. Cote oeciden-tale. 149 Art. II. Cote mćridio- DES nale. I* Art. IV. Cote orienta-U du Pnyi dts Ca- I. Le Manomotapa. lbid. II. La Cofe de Zangue-bar. Ui Le Zjnguebar mSridio-nalovUa Lote de Mo-rambique. 164 Lc Zangutbar fepten-trionat ou la Cote de Melinde. 1 6 f III. La Lote d'Ajan. 167 LiS islis de l'AJRI-qwe. 170 Akt. i. Les Iflts fi-tuies au nord - eji lbid. Art. II. Les Mlo fi-tuees dans la Mer des lndes , Jur la cote onentale d'Afnquc iji. I. Vlfle de Zocotora. lbid. II. Les Ifles de lAmi-ranic , des fept Frt-rts , & aut res. 173 III. Les ljltsde Como-tc. lbid. IV. Madagafcar. 174 V. Vlfle de Bourboa , ci-de\ant de Mafca-regne. 177 VI. L'l/le de France ou 1 Ijlt Mamut, 172 A RT I C LIS. 1 jo VII. l/les de Triftan da Cu.iha. 180 Art. III. Les Ifles jh-tuies dans l O dan Atla •uique vers la Cote ocei dentale d'A-frtque. lbid. I. Vlfle Sainte-Hele-Ibid. II. L I/le de lAfcen-fion. 181 III. L I/le de S. Ma-thieu. 181 IV. L'J/Je d'Annobon. Ib.d. V. Vlfle de S. Tho-mas. lbid. VI. Vlfle du Prince ; iM VII. Vlfle de Fcrn.ina-l\w. lbid. VIII. Vlfle des Bif-Jeaux. 184 IX. LTfleGoerie, lbid. X. Vlfle du Sćntgal ou de S. Louts 18 f XI. Les l/les du Cap Verd. ,8. Bomes. Sil Mtrs. i-aps. M'intagnes, Lacs. Rivieres Golfes. Iflhmes. troits. Divifion* D* 10 J 106 107 Di-ii4 viij T A B l'Ameriqitj-: septentrionale. Chap I. Le Mexique o u Nouvelle Efpa-gne. 116 Art. I. L Audience de Mexico. in I. La Province de Me-xique. Ibid. II. La Province de Me-ckoacan. nj III. La Province de Parnico ou de Guafieca, Ibid. IV. Le Nouveau Leon. 114 V. La P rov de Tla/ca-la. Ibid. VI. La Prov. de Gua-xaca. 115 VII. La Province de Tabafco. Ibid. VIII. La Province de Yucatan. 116 Art. II. L'Audience de Guadalajara. 117 I. La Province de Guadalajara. Ibid, II. La Province dt los Zacarecas. Ibid. III. LaProv. dcNuevd Bifiaia ou Nouvelle Bifcaye. 1 z 8 IV. La Prov. de Cina-loa ou la Nouvelle Navare. . Ibid. \. La Prov. de Culia-ean. Ibid, L E. VI. La Prov. de Ckia* metlan. i 19 VII. La Province de Kalifco j ou Nouvelle Golice. Ibid, VIII. La Californie, Ibid. Art. III. V Audience de Guatimala, 14 j I. La Prov. de IV. La .^l«, 3 Art; V. La Pe«/?/va- Rt' Vil, La Virginie. TICLES. ix Art. VIII. La Caro-line. Jl» Art. IX. La Georgie. Chap. V. La Floride ou Louijiane. j a 6 Decouvertes par le mi-di. 317 Decouvertes par le nord. V* Divijion, & etablijfe-mens des Europeens y 339 Chap. VI. Terres au nord-ouefl. 34 j J.'AM£RlqUE MFiRIDlON ale. J JO Divijion. 3JX Chap. I. La Terre-Fer-me ou Caftille d'Qr* 114 Art. I. L'Audience de Panama. 3^5 I. Prov. de Veraguas / Ibid, II. Prov. de Panama. it* III Prov. de Darien. Ibid. Art. II. L1 Audience de la nouvelle Grenadg ou de Santa-Fe.$ 5 9 I. Prov. de Carthagene. 3 60 II. Prov. de Sainte-Martke. 361 III- Prov. de Venezuela. 36Z IV. Prov. de Comana, x T A B ou Nouvelle Anda-loufie. 3 6 j V, Nouveau Royaume dc Grenade. 364 VI. Le Popayan. $6< Chap. II Le Pirou. 3 6y Art. I. LAudience de Quico. 374 I Prov. de Quito. 377 II. Prov. dAtacames. 380 Hit Province de Qui-xos 3 8 1 IV. Prov. de Jaen de Bracamoros. 381 Akt, II. LAudience de • Lima ou du Perou. }*) I. Diocefe de Lima. Ibid. II. Diocefe de Truxillo. III. Diocefe de Gua-manga, 3 9 r IV. Diocrfe de Cutco. V. Diocefe d'Ariguipa. 394 Art. III. L'Audience de los Charcas. 396 I. Gouverncment de los Charcas. 397 1. Diocefe de la Plata. Ibid. I. Diocefe de la Pa^ , )99 II. Gouverncment de Santa - Cru% de la Sietra. 401 L E III. Le Tucitman. 40 j Chap. III. Le Chili. 4 ođ I. Chili Ejpagnol. 407 Gouvernemens militai- res. 408 Corregimens de lAudience de Chili. 41 o II. Chili lndien. 414 Chap. IV. La Terre Magcllanique ou Partie merid. du Chili lndien. 41 6 Chap, V. Le Paragttai. I. Gouvernement de Pdraguai. 419 II. Gouvernement dc Buenos Aires. 41. z Chap. VI. Le Pays de la Riviere des Ama-rones. 411? Chap. VII. Le Brlfd. 431 I. Capitainerie de Para. 43Ć II. De Maragnan. 437 III. Dc Stara ou Stara. 43* IV. D c Rio-Grande o u de Potengi. 43$ V. De Para-lba. Ibid. VI. De Tamaraca. 440 ■ VII. De Pernambuco. Ibid. VITI. De Seregippe ou de Cirigi. 441 IX. De Baya de todos los fantos ou dc o. D E S A R T I C L E S. Salvador. Ibid. LIJle de Cuha *' Dos llkeos XII 'o. XIII. XIV. 44 i XI. Dt Puerto Seguro. Ibid. De Spiritu-San-444 De Rio-Janeiro. Ibid. Dt 5. Vincent. 447 XV. DclRey. 44« Chap. VIII. La Guia-. ne. 449 I. Guiane Efpagnole $ II. Guiane Hollanduife. III. Guiane Francoife. IV. Guiane Portugaife. 4j8 Les Isles db J.'AMERiquE, 4^1 Chap. 1. //Z« le Cap Bon au feptentrion j le Cap de Bonne- Efperancc , a u midi \ le Cap-vadj a l'occident} & le Cj^j de Guar-dajuy j a l'orienr. Ces deux derniers mar-quenr fa largeur , qui eft de plus de 1500 licues, de l'oueft a l'eft > & les deux pre-lniers fa longuenr , du nord au fud , qui eft d'environ 1 600. L'Afrique eft moins etendue que I'Afie, qti,elle a a l'orienr, beauconp plus grande que 1'Europe , qu'elle a au feprenrrion , & beauconp moins peuplee & moins tem-pćrće que l'une 6c l'aurre. Comme elie eft prefque toute dans la Zone rorride , les thaleurs y font exrrcmes. Le rerroir y eft fi fec > qu'on y manque d'eau en la p]u-part des endroits , jufque-la qu'on rera Sierra-Liona a Se le Pic de Teyde 3 dans 1'lfle de TenćnrTe. U Atlas j fi fameus dans 1'an-prtite } qUi a Cru qn'il bornoit le mon-^e veis le midi, porte le bom dun Roi ^c Mauriranie , que Perfće , a ce que dk 'j1 fable , convertit en monragne , en lui kufant voir la tete de Mednfe. Ce Prince s'etoit adonne a 1'Ailronomie \ &: comme *1 contemploit fouvent les aftres fur les montagnes de fon pays , qui font trčs-hautes 5 les Poetes feignirenr qu il foutc-noir les cieux fur fes epaules. Le Monr. Atlas s'etend depuis 1'Ocean oecidental, a qui il donne le nom d'Atlandque , jui-cju'a l'Egypre v fepare la Barbarie d'avec le Biledulgerid & le Pays des Dates, dc fait diverfes branehes, dont les plus con-nues font celles du grand & du petit Atlas. Les Montagnes dc la Lune ou de Beth j qui fe rrouvent dans l'Afrique me-ridionale , font eneore plus hautes qi:e celles d'Atlas, & font de meme diverfes branehes. Celle qui s'ćtend vers le Cap de Bonne-Efperance , eft nommće par les ^ortugais Picos-Fragofos : la branehe qui e^ a lorient du Royaume de Congo , ^Ionts-deCriJlal: autour des lacs de Zai-rce *c de Zaflarr , Montagnes d'Argent > du ''alpitre tk du Soleil. 11 nJy a que celles qui lonc entte 1'Abiflinie & le Manomotapa , A iij o Mćthode de Ge'ograpkie* epi reriennenr le nom de Montagnes ds la Lune. Celles de Sierra-Liuna , ou eft une des plus hautes montagnes de i'U-nivers \ mais il s'en faut bien c]u'elle ait quiivze Ueues de hauteur perpendiculaire , comme pkdicurs 1 cnr cm fur le rapport de quclques Pilotes : elle n en a tout au plus qu'une , 8c ainJG elle cft plus petite que les Ande s ou Corddlcnis de t'An.e-rique mc'rklionale , dont la hauteur eft d'une lieue 6v demie. Le Pic a (on fbm-rnet toufouts couvert de neige 3 &: fert de iignai aux Mariniers. Caps. Emre pluiieurs Caps qu1on trouve en Alrique , li n'y en a point de plus fameux que le Cap-Verd, & celui de Bonne-Ef~ pcrance ; on peutremarquer encore le Lap Loti j tk celin de Guardajuy* Le Cap'Ve>d qui eft a 1'occident , fe fair connoitte par deux petites Montagnes appellćes Mamnielles 3 en forme de pain de fuere , qui vonr en diminuant de hauteur jufqu'au Cap , lequel eft encore ailez ćlevć, II eft coupć en rond 6c toujouis VAfriaite. _ 7 VerJ , tant pat la quanrite darbres qui b couvrent, que par la peloufe , qui fatisfaic ex^L-mement la vue : celi pour cette r*U*an que les Ponugais , qui le decou-Vr»rent vers lan 1454» l»i donnerent le nom de Cap-Vcrd. Sa flcuation eft en tre »*« rivieres de Gambie & de S&iijte ou ^čntgal, qut fe dćehargent dans l'Ocćan °ccidcnral ou Adantique. De tous les Caps de k Tcrre-ferme du concinent an-Cl(-n , c'eft le plus avance vers loccidenc. 11 donne fon nom a un corps d'Iiles , qui lont vis-d-vis dans une diftance de no lieues, & qui furent decouvertes en l'annće 146*0. Le Cap de Bonnc- Efpcnince 3 aujour-Q liui fi celebre , le plus mćridional de notte concinent , eft (itue dans le pavs des ^uttentocs, fur 1'Oct-an Ethiopien, qui eft forr ™------- _____.„.]„.■_ o- 1 • c. d °rt orageux en cer endroit, & lui a fair onner pendant un cemps le nom de Cap Eourmcntcs, Barrhćlemi Diaz , Por-U'l'ais , le decdUvtk en 1 48^ , fans neaiv mb/«S ofer le doubler \ ce que nt Vaf-"o^Ćs de Gama , auili Portugais , en 1498 °u '499 j ©uvrant ainfi le chemin par Jner aux Indes orientales , ou il penetra Ju%i'au Calicur , dans le Malabar. Cap Bon eft au nord , cnviron au ^"Ueti de la Mer Mćditerranće , fur la £?te/le Barbane > dans le Royaume de 1 lUlis: il regarde la Sicile , dom il neft A iv § Methode de Ge'ographie, ć'oigne que d'etiviron vtngr-cinq lieues. Le Cap de Guardafuy 3 elHe pllis otietv tal de rAfrique 6c a lentree du Golfe d Arabic, II portoit autrefois Uli nom la-tjn , qui veut dire Cap des dmgucs & des ćpiceries ; parče qne les vaiu~eaux qui les apportoient des Indes , palToient autrefois devant ce Cap , pout defcendre dans l'E-gypre , don ces marchandifcs fe diftri-buoienc en Europe , par la Mer Mćdir lerranee. Golfes. Mer Rouge. Les principaux Golfes d'Afrlque font ceux eVArabie a l'orienc, de faint Lhomas a l'occident tk prcs de la Guinee 3 de la Sidre , au nord , pres du Royaume de Tripoli. Le Golfe cVArabie j qu'on appelle com>-munćment la Mer Rouge 3 fe dćtache de l'Ocean au dćtroit de Bab-el-Mandcb 3 Sc s'avance dans les tcrres, enrre la cote nord-efl d'Afrique 3c lArabie. Cette mer a plus de 400 lieues de long , depuis ce dćtroit jufquU Suez} mais elle n'en a qu'environ 80 de largeur. Qaelqu.es ttns difent que le nom de Mer Rouge lui a ere donne , parče c]ue fes eaux fontrouges en plufieurs endroits, ou a caufe du lable qui y eit rougeatre , ou a caufe du corail rouge , qu'on y peche , ou felon d'autres , a caufe d'une herbe rouge nommee Zupb. Les UAfriauc. O ■Aciens font deriver le nom de cetre mer ^'ur» Roi da pays , qui s'appelloit Erythree ?n grec 3 ceft-a-dirc Rouge j mais ils one *Sn«ce quel ^coit ee Roi. 11 f a neanmoins *Pparence que čitoh Edom on Efaii, fils Patriarche lfaac & frere de Jacob. j^orn t en effcc s (ignifie Rouge en hć-bre« i & qnelques Grecs ayanc traduit le m°t Edom par celui d'Erythree , qui figni-^e la mirne chofe en lenr langage , les Hiftorien« onr dic enfuire qu'il y avoit en en ce pays un Roi nom me Erythree. 11 tft certain. auflfi que Tldumee 3 qui a pri a fon nom d'Edom , setendoit jufqu'au bor d de cette mer : c'eu: pourquoi les Rabbins appellent la Mer Rouge la Mer (1 Edom , ou d'Idumće. Quclqujs voya-B&urs alfa rent que le long de la c6ee d Abex on trouve de cemps en tempi teau de la mer pleine de taches rouges , a eau-fe que le fond eft de cette coulenr *n Plufieu- endroits , ou la mer eft forr ^0l» Jnan de Caftro , Seigneur Por-fjJgais, r\n ^ue fon vai(feau s'v ćtant arrctć, 5 Pl"it de r cau dins un verre 5c la trouva ort claire , quoiqu elle parut rouge dans teirier ; & qu'ayaat fait plonger quclqu.es ^atelots , ils rirerent du fond une matie-re fouge comnie des branehes de corail, °***tcw d'une peau orangće. II ajoute 'l^ilbun ou Ion vovoit iur 1'cau de> A v lp Methode de Geographie. inarques venes, on tiroic une efpece de corail blanc couverc de quelque chofe de verd j & qu'ou la mcr ćroit blanche , on y trouvoit du fable blanc , l'eau reprefen-tant ainu la couleur du fond. II dit enfin que le quartier ou il y a plus de taches rouges > eft depuis Suacjucm ju£qu'au potr de Cojjir j ce qui contient un efpace de plus de 130 Jieues ; mais que depuis Tor jufqu'a Suez qui eft au fond de cene mer , ou ne voic plus de cestaches. Dans ce dernier efpace , l'eau qui eft reflcrree entre deux rochers , eft prefque toujours agiree y &c femble bouillir , parče que le vene du nord ćleve extrnordinairement fes flots -y ce qui joint a un rres.-grand nombre de rochers čk de bancs de fable , rend la navigatiou fur la Mer Rouge fort dangereufe. Cette Mer eft peti profonde , mais le f1ux & le reflux ne lailTent pas d'y etre fort grands y jufque la que quelques Au-teurs Pa'iens ont cerit, que les lfraelites la padi.rent a pied fec dans le temps de fon rcflux , & que les Egvptiens, faute d'avoir bien pris lc-ur temps, furent fub-merges par le retour de ta marće. Mais ce fentiment n'a rien de fo!ide y &' toutes les perfonnes raifonnables ne s'imagine-ront jarnais que les Egyptiens fi fages &c ii eclaućs ne fufTent pas , mieux meme oue les lfraelites 5 le temps du flux & re- Vj4frique. *r nnx d'une mer qui baigne la c6te de leur pays. 11 n'y a point lieu de dourcr , apres ce qu'en du l'Ecnture , que Dieu divifa miraculeufement cetre mer , pour en faci-«tet le palTage a fon peuple j & les Ara-°es montrent encore anjourd hui 1'endroir de cecte roure , entre A-(ma & le Tor. La Mer Rouge a des perles , quon pe-«te le long de la cote d\Abex , antoiir de * Me de Dalaca ; mats on porte leurs hui-une Ide voihne , o u etant expo-*ees au foleil, elles souvrent delles-m£i-mes- On pcche aufll des perles dans une ant*e l(le , fur la cote d'Arabie : enfin °n tronve dans cette Mer de tres-belles branches de corail, des Syrenes & quel-9jles poilTbns volans. Cette mer eft fčpa-rce de la Mćditerranee par Vlfthme de ^ue\ , largc de 30 ou 3 5 lieues, que Ton a plufieurs fois inutilement rente de cou-per , pour joindre ces deux Mers. Rivieres. Les plus confiderables Rivieres de l'A-frique font le Niger > le Senegal, le Nil> le Zaire , le Coan^a j le Zambefe ou Cua-ma » & le Saiiu-hfprit. Le Niger eft pett c°nnu , &c toutes les defcriptions qu'on donne font fort incertaines. MM. San-,°,n > & les Gćogvaphes qui les one prece-. Cs > placent la fource de ce fleuve , vers ie n«ilieu de l'Afrique , dans lc Royauni3 A vj 11 Methode de Geographie. de Gorliam , dans un marais ou lac fitue un pcu en deca. de l'Equateur , tk qui lui donne fon nom de Niger. Se Ion ce3 Geo-gtaphes , cette riviere roule d'abord fes eaux du midi au feptentrion } &: coule enfuire vers 1'occidenc , pour traverfer toute la Nigritie , Sc allct;tomber apres un cours de plus de 900 lieues dans ['O-ceanroccidental, par trois principales em-bouchures, aux environs du Cap-Verd. Ces embouchures ou branches font le S enega ou Senegal la plus feprentrionale \ liio-grandc la plus meridionale } 8c la riviere de Gambit j qui eft entre deux. Mais des Relations plus recentes, fui-vies par MM. Delifle & d'Anviile , aious ont appris que le Niger &c le Senegal font deux rivieres difFerentes ^ dont le cours eft oppofe, &c dont les fources font fćpa-rees par de hauces montagnes. Selon la Carte de M. d'Anviile, le Niger eft nom-me dans le pays Gum ou ha. II traverfe toijte la Nigritie doccidenr en orient. Sa fource eft dans le pays de Guinbala y a un marais que Ptolemće a connu fous le nora de Marais Ni griča 3 dtue au midi du Royaume de Tombut, & fćpare par une chaine de montagnes du Lac Alalcria j d'ou fort le Senegal. Le Niger coule d'a-bord vers le nord. Arrive pres de Tombut , il prend fon cours au nord eft , juf-qu'd un lieu nomme Salla 3 d'ou il com- VJfrhpe. ^ 11 mence a couler a l'onent, pafianr a To-«*r , Berijfa j G hana & Tirca. Au-def-•ousde Tuca , il fe fćpare en duux bran-cnes, cjui fotmcnc one grande Ifle. Ala-raJu j fur la brancbe gauche, 6c Ghanara3 >llle forte fur la brancbe droite , fon: dans ^es fituarions oppofees , a la plus grande j**geut de l'Ifle. Le Niger rćunit fes deux bfanches au-deflus de Seanara ; 6c au-*^bas de cette ville , il fe fćpare encore cn deiu branches , dont Tune fe perd c-ans un lac fur leqliel eft fitue Semegon-■» & l'autre va au lud fe pcrdre dans un autre lac , fur lequel eft BegheblL te Senegal, qui arrofe la partie fep-teiurionale de la Guinće , prend fa lource 8WIX environs d'un licu nomine Cajjaba y "tl,e au pied des montagnes que Ptole-*n.ec a connues fous lc no m de Capkas y * i l'orient du Lac Mabćria ; coule a l'occident, 6c va tomber dans l'Ocćan , nprčs un cours de plus de quatrc cens lieues. On ne connoit bien que la moitie de fon couts, en remonrant }ufqu'au ro-cher Felou 3 dans le Royaume de Galam. Les rechcrs 6c les cataraćtes, qui en in-terrompent la navigarion, n'ont pas per-uns de le remontec plus haut. . La riviere de Gamble fort du lac Sa-P'fj 6c fe jetre dans l'Ocean , apres avoir ^avcrfe une partie de la Guince , d'orient en occident. 14 M'ihode de Geographie. Le Nil arrofe toiue la partie du nord-eft de l'Afrique. Ses fotirces font en-core ignorees. On a eru , dans le demier lićcle , les avoir dćcouvertes dans cellcs d'un gros tfeuve , qui traverfe le Lac Dambea , en Abiflinie , ou on le nomme u4bawi j c'eft-a-dire , Pere des eaux. Mais , felon M. d'Anviile , ce fleuve ell dirfćrent du Nil, dont les Anciens ont re-culć les fources dans l'intćrieur des terres de l'Afrique , en le diftinguanc tres-bien de l'Abawi, qu'ils ont connu fous le nom &Aftapus. Ce ne font done point les fources du Nil , que le P. Pays , Jefuite , a dćcouvertes le 11 Avril 16" i 8 , & dont on a fait tant de bruit: ce font celles de l'A-bawi, qui apres etre foni de 1'Abiflinie , fe jette dans le Nil, au-dellous de Toutti. Le Nil eft dćja une riviere plus confidera-ble que l'Abawi. Prolćmće place les fources du Nil , cinq dćgrćs au-deli de lEquateur ; &£ quc!ques Modernes en ont pris l'idće de le faire fortir du Lac Zatre y d'ou ils faifoienr fortir le Zaire 8c le Zambezc , qui coulent au midi. Jufqu'a ce qu'on ait des connoiflances plus prćcifes , on peut s'en tenir au fentiment de M. d'Anviile , qui combinant les idćes des Anciens avec celles des Gćographes Arabes , El-Edrin" 8c Abulfeda , met les fources du Nil aux montagnes de la Lune , environ cinq de- VJfnque. TI £tcs en dec\ de L'Equa(ear. Etitre les Ptanches de ces montagnes font deux Lacs, de chacun defquels fort une riviere > & coutes deux coulant au nord , fe ren-dent dans le Lac Couir. De ce Lac fort la riviere cuie TEdnfi 6c Abulfeda nomment k Nil, Elle coule d'abord au nord , 6c re-$oit la Riviere bleue. Depuis cette jonc-tion jufqu'a Toutti, le Nil fe nomme Ki-viere blanehe. Au-delTous de Toutti , il *ec;oir l'Aba\vi, qui eft une riviere moins confiderable que lui. 11 coule au nordeft, depuis fa jonćlion avec la Riviere bleue , jufqu'a llac 3 ou il rec;oit le Tacale qui eft XAfiaboras des Anciens. Apres avoir fait un tres grand circuit en Nubie , ou fa navigation eft intetrompue par plufieurs cataraćtes , il entre dans 1'Egvpte , qu'il parcourt dans toute fa longueur , 1'arro fmt du fud au nord , & fe jette dans la Aler Mćditerranee , apres s'etre partagć au-delfoiis du Caire en plufieurs bran-ches , dont les deux ptincipales font celle qui fe dćeharge a Damiette , 6c celle qui fe rend a Rofette. Les autres rivieres dont nous avons pade4, n'ont rien de particulicr. On n'en connoit poinr les fources. Le Zaire 6c le Coan-^a arrofent, 1'un la partie feptentrio ^ale , 1'autre la partie meridionale du Congo , 6c fe jettent dans la mer i locci-dent. Le Maruša. 3 ou la Riviere du Saint- 16 MJthode de Ge'ographle. Efprif j & le Zambe^e ou Cuama j coif--lene a 1'orient, dans le Pays des CarVres, & fe /ertenr dans la mer vis a-vis liilo de Madagafcar. Anclens & nouveaux habitans de CAfrupue* Decouverte de fes eotes. L'Afrique fut premieremenc habitee par les enfans de Cham , duquel elle avoir ćte le parragc. Elle eut enfuite di-vers Princes, dont les Rois d'Egypce &C d kthiopie furenc les plus confiderables. La Rćpublique de Carthage , qui ćtoit dans le pays de Tunis , devinr aum- tres-puiflante , 3c fut la rivale de Rome , qui li prit enfin ćk la dćtruiCtt. Les Romains foumirent a leur obeillance l'Egypte , &c ce que nous appellons la Barbarie : il» en rurent les mairres jufque dans le Vc fiecle. GcnfcriCj Roi des Vandales , ap-pclle en Afrique par le Comte Boniface y pada d'Efpagne en 4x7 ou 418 5 fous 1 Empire de Valentinien III, tk y erablit le Royaume des Vandales. Ce Royaume fubfifta jufaues en 554. » qu'il nit de-Ifltit par Bci/fire & Giiimer 3 Gćntraux de 1'Empereur Juftinien , qui divifcrenc l'Afrique en fept Provinces. Les Sarafins & les Arabcs Maliomćrans , s'etablireno dans le V1IC iiccle en Egypte tk fur la cote de Barbarie , d'ou ils ont chaiTe les Romains j ils s'y foni maintenus pendant UAfrique. % i? plus de nenf ftecles. Les Turcs enfuite Y °nt conquis quelques Provinces , done Une pame lcur eft fujetce , tk 1'autre tri-nuraire. H y a dans le rede de l'Afrique , des Empereurs tk des Rois , dont les plus confidćiables font ceux de Maroc y de Ma~ nomotapa, d''AbiJJinie j de Tombut, de n'ln , de Monoemugi, d'Angola tk de Nu-On y trouve eneore des Republiques affez puiflames , comme Alger j /u/z/j 8c Tripoli j /i eonnues par leurs piraterieo. En fin il y a des Eipagnols , des Portu-gais j des Hollandois, des Anglois, des Francois tk des Danois, qui y tiennent des Ifles , des places tk des fortereftes. Le printipal commerce qu'ils y font y confifte en ivoire , en-poudre d'or , en fu-ete, en fel, en peaux de betes feroces', €n chevaux barbes , & en Nćgres , qu ils y aclietent pour les tranfporrer dans V Ar naeriqUe s Gu ils travaillenc au fucre tk au tabac. ( L'Afrique a ete peu connue des An-eier>s, & fa plus grande partie n'a ete de-couverte que depuis environ 300 ans. Comme elle eft principalement fitnee fous Zone torride , les Anciens s'imagi-noienc que tous les pays qui font fous cette Zone etoient inbabitables , a caufe de 1'ardeur exceflive du foleil. Ce preja- 18 Mćtkode de Gćograpkie. gć les a empcches de travailler a la dćcou-verte des pays eloignćs dc la Mcr Medi-terranće. 11 eft vrai que quelques Anaens ont eru que le dedans de l'Afrique ćroic habite ; mais ils ont peuple ce pays de na-tions fi fauvages, qu'on peut dive qu'ils n'cn ont parić que par conjećture , ou par oui-dire. Les Europćens en ont un peu plus de connoilTance. Pour ce qui eft des cotes , ce font les Portugais qni ont les premiers decouvert ce qui ćtok inconmi aux Anciens. Henri, Duc de Vifeo j le plus jeune des enfans de Jean I > Roi de Portugal , contribua d faire dćcouvrir l'an 141a l'Ifle de Madere j lan 1418, celle de Port-Saint; l'an 1440, les Ifles du Cap-Verd \ & l'an 1*450 , les cotes de la Giiinee. En 1484, Diego-cain j Portu-gais, dćcouvrir les Royaumes de Congo &c d'Angola. Barthćlemi de Diaz p alfa enfuite le Cap-Verd , prit terre i l'lfle du Prince 9 & avansa vers le midi jufqua la pointe de l'Afnque 4 qui fut depuis appul-lee le Cap de Bonne-hfperancc t par Vaf-qućs de Gama , lequel ayant palle ce Cap en 1498 , ev 1 a i (Te l'Afrique a la gauche , decouvrit les cotes de MctaMbiaue > de Quiloa de Monba^e & de Meimde. Les Hollandois , les Anglois tk les Francois firent auili depuis de nouvelles decouver-tes dans cette partie du Monde. UAfrique. t o 11 nons eft reftć des Mćmoires de tou-tes ces decouv rres , qui nous ont fait connoitre letendue de 1 Afrique , & ime Rfande parrie de ce qui la concerne ; mais 'I Jf a deux tairs anciens qui mćritent d'fctre ici rappellćs. i°. II paroit par He-rodote , que les Egvptiens, du tempi du Koi Nćcio , c'eft a dire , 6co ans avant 1 Ere chrctienne , Rtent le tour de 1'Afri-3pe , dans des vai(Teanx conduits par des Tjrticns. Quelques Anciens font encore menrion de quelque autre navigation ternblablej mais cela n'eut aucune fuite, & fut menic oublić. z°. On a des preu-ves que des Navigateurs de Normandie cu de Dienpe , faifoient commerce en Guine« v^rs i $60 } mais les guerres civi-les de France , cV: autres evenemens , avant interrompu ces navigarions , l'Atrique refta inconnue jufqu'a cdles des Portugais. Divifion. Comme la divifion des patties du mon-de , & mcme de leurs differens Etats, eft quelquefois arbitraire , elle eft toujours tecevable , des qu'elle eft mćthodique , &c qu'elle peur aider & fixer la memoire. Nous adopterons celle qu\i fnivie M. De-Inle dans les rrois Cartes particulieres <]u'il a donnćes fur l'Afnque. Ainfi nous Z o Mzthode de Gc'ographle. parragerons ce Conrinent cn frois grandes parties. \. Partie orientale , qui coni-prend , XEgypte } la Nubie &c l1AhiJJl-me : i. Parne feprenrrionale Sc occiden-tale, qui renferme la Barbarie 3 le S h etra ou Ueferc de Barbarie la Nigritk dc la Guinee : 3. Partie meridionale , qui comprend le Congo j le Pays des Caf-jres j 6i les cotes de Zanguebar & cVA-jan. VEgypte. L'AFRIQUE ORIENTALE. C a r t e s. $a a de M. Del is le ime Car te de cette partie qui comprend l'Egypte, la N&* bic & I''Abifjinie* CHAPITRE PREMIER. L9 E G Y P T E. G a r t e s. At d'A N V ILLE vient de donner , en i j 66 j deux excellcntcs Cartes fur VE' gypte , quon ne peut fe difpenfer de confulter } avec les f avans Memoires qui les accompagnent. I-jTgvtte , la feuleiegion de l'Afrique n , croit durant 40 jours, & dćcroic Pendant 40 aurres jours. Sa bonne erue ^ de vingt quatre pieds. Si elle eft moin-rte ou plus grande , il y a difette j &C 1 }Q Nil ne debotde point , il y a fa-3 parce que les pluies , qui font rares 24 Met hode de Gćographie. en Egypre , ne fuffifent pas pour en- graitTer les tcrres. A une detni-lieue du Nil, & a trois lieues du Caire vers loccident, on voit les fameufes Py.rarn.ides 3 qui ont aucre-fois palTe pour une des fept merveilles du monde. 11 y en a 17 \ tnais on n'en remarque ordinairement que trois, epi fur-paflent routes les autres. La premiere a 510 pieds de Kant j tk 6§z pieds de bafe quarrće : la leconde a un peu uioins de hauteur , & 6$ 1 pieds de bafe : la troi-fieme eft beaucoup moindre ; mais aufti elle eft mieux travaillee. A rrois lieues des Pyramides , eft le village de Sahara 3 p.res duquel font les puirs des Momies j defquelles on a tant parić , & que les Maures vendent aux voyageurs curieux, Ces Momies ne font aucre cbofe que des corps cmbaumes , qui fe confervent de-pnis deux ou trois milte ans dans les puits, ou les Egypticns avoient foin de les faire porter. lis pafToient pour cet eftet un lac , &c metroient dans la bouche de ces Momies une piece de monnoye pour payer le paftage de lcurs ombres , qui s'en alloient de ce monde en Tautre en palTant la barque a Caron , comme les Grecs le difenc dans leyrs fables. Religion ; divers Etats : Gouvernement. Les Egvpriens eroient autrefois Idola- tres j UF°ypte. M tr^ i aujourd'hui Us font prefque tous. ^ahorn^tans : U f a aufli des Chretiens & des Juifs. On ne s'amufe plus en Egy> §*e ^/airedes Momies. Les habicans fonc ^'rituejs , &Z on leur attribue 1'inven-tlori de l'Arithmetique , de la Geomeirie & de TAllronomie. lis shabillenr propre-njent , ont la taille mćdiocre , & le teint &W bafanć. lis font fobres , & palTent pour les meilleurs nageurs qu'il y nit au 'nonde \ mais on leur reproehe d'etre tort faineans , avares , larrons , fourbes & dillimules. Ils ont eu des Rois , dont rhiftoire effc celebre mais dont la fucceflion efi: fort obfcure , a caufe des fables que leurs fa-vans y ont melees. Les premiers furenc de la race des Pharaons , terme qui effc plutot un nom de dignite , qu'un no m propre. De la ils pallerent fucccilivemcnt fous la domination de Cambyfes , Roi de Perfe , & de fes fucceflcurs , d'Alexandte le Grand , des Ptolemć'es & des Romains , qui s'alTujćuirent l'Egypte apres la more de Clćopatre , & qui la garderent jufqui 1'an 640 de 1'Ere chretienne , qu'Omar , Jsčbnd Calife 011 fuccelTeur de Mahomet, eci en chaiTa par un de fes Genćraux nom-^e Amrou. Saladin y etablit, en 1164 , x|n Empire puilTant, auquel fucceda celui *iCs Mamlueks , qui dura jufqu'en 1 516. Ce fut cette ann(ie qUe Sćlim I ^ Empe- Tome V lil. B 16 Mćthode de Gcćgraphie. reur desi ures, tua le Soudan CampfofV *Ioinumbcy , qu'on avoit mis a fa place , ayanr eu la mune delhnee l'annee d'aprčs, fEgypte fut entićrement foumiie aux Or-tomans. Depuis ce temps-la elle a roujours ere fon s leur dominarion , & ils en onr fait un Beglerbeglic , qui comprend plu-fieurs CafTilirs <>u Gouvernemens pnrti-culiers \ 6c c'ell: de care Province que le Grand-Seigneur tire les plus grandes ri-cheires. Habitans, L,Egyptequi dansiou'. Icsrcmps a mćti-re I'atrention 6c la cnriofirć des Etrangers , elt habitće aujourd'hui i par des Coptes, 2 par des Maures } 3 par des Arabts 4 par des T ure s 3 5 par des Grccs , 6 par des Juifs j 6c j par des irancs , fans par-ler de quelques aurres Natipns etrange-res \ mais commc elles ione en forr petit nombre , cl les ne meritent pas qu'on en dife quelque ehofe. 1. Les Copts ou Coptcs j regardćs com-me les narurels &c originaires du Pays > foM , dit-on , ainli nomtnes de Copt , fils de Mifraim , 6c Roi d'une partie de l'Egvp-te apres fon pere ; mais il y a bicn plus d'apparence qu'ils tirent ee nom de celui d'Egypte ni cere. Ils font ehretiens; mais IhTerirjues Iiu'vchćens > &c fchifmatiques entee les Grecs. L'Egypt€. 17 2. Les Maurcs j qu'on appelle en ara-be Auladil Arah j on enfans des Arabes , tirent leur origine de la Barbarie , done la partie oecidentale fe nommoit autrefois Mauritanie. Ils fe font faits Maliometans, & peut-ctre y en a-t-il eneote qui fe font mcles avec les Arabes qui ont conqiiis 3. Les Arabes font des peuples fortis de 1'Arabie : ceux qui vivent maintenant en Egypte , n'ont aucune communication. avec les Maures qui s'y rrouvenr. Ils font de plufleurs difterentes lignees, gouver-nees par divers chefs. 4. Les Turcs font ceux qui s'y font eta-blis depnis que le Sultan Selim a conquis l'Egypce. lis gonvernent le pays, le de-fendent , &: oceupent toutes les charges de 1'Erac. 5. Les Grecs , qui y font aujourd'hui , & qui font profelfion de la Religion Gtec-oiie , y ont ćte attires par le graud com-meree , qui le fait en Egypte. Pour ce qui eit des anciehs Grecs , qui s'y etablirent depuis qu'Alex'andi-e le Grand eut con-quis i'Egypte , il n'y en a plus aujourd'hui -y ou ii Ton en trouve quelques-uns , ils ie font mćles avec les Coptes , &c ont perdu leur nom & leur origine. Parce cjue les Empereurs Grecs, qui fuivirentle Concilede Calcedoine , ćroienr bien-aifes de forcifter leur parti en Egypte , contre B .,• 2 8 Methode de Gc'ographic. les Coptes cnnemis mortets de ce Con-cile , & que les Grecs, qui ecoient venus de la Grece le fuivoient} les Empereurs de Conftantinople les protegerent, &c leur donnerent moyen de s'y etablir , & de foutenir en Egypre 1'ancienne croyance que Ton y profeiloit avant Eutvches & Diofcore. 6. On fait que l'Egypre a etć le berceau d u peuple Juij , & Us y font eneore aujourd'hui en grand nombre & en forc gr.md credit, particulierement au Caire, ik dans ies Villes maritimes ; mais hors de U il n'y en a point ; & fi le negoce les oblige quelquefois d'y demeurer , ils fe cachent Sc fe deguifent, par la eraintedes pavfans , qui les maltraitent d'une ćtran-ge man i ere. Le nombre des Coptes en Egvpte eft aujourd'hui tres-petit , en comparaifon de ce qu'il y en avoit autrefoisj car au licu que du temps <¥ Amrou-ben-al-Ajf 3 qui conquit ce Royaume fur les Grecs, il y en avoit fix cens mille qui lui payoienc tri-bur j a nrćienr , a peine en trouve-t-on quinze mille. Une des ćaufes de leur de-ftrućtion , a ćre leur fermetć dans la Rcli-gion Chrerienne du temps des Romains f>a'i'ens j qui en mnflacrerent des millions a a rois. i cmoin lenrs hiftoires, qui affu-rent oue le Prćfer de 1 Empereur Diocle-tien en fit mer d.?ns ime fenle nuit de VEgrptc. 19 Koči quatre-vingt m ti le , qui font enfe veliš fur la montagne d'Ackmim , dans la haute Egypte y Sc ime autre fois auprčs d'Ifne , on en (k matlacrer un nombre ii grand , qu on ne pouvoit les compcer , mais on trouva que quatre nddans , ou arpens de teire, eroient couvercs de corps de maftvrs. Une autre caufe de le ur de-ftrućtion du temps des Empereurs Chrč-tiens , a ćce leur obitination dans 1'crreut d Eutyches, embraHee par Diofcore, F eni de leurs Patriaches , couchant une fcule nature , qu'ils vouloient admetcre en Je-fus-Chrilt, au lieu que l'Eglife y a tou-jours reconnu deux natures en une fcule ćv unique pcrfonne. Leur oppofirion a la doćlrine orthodoxe , leur a caufe prefoue les mcmcs malheurs, qu'ils avoient eprou-ves aunaravans fous les Empereurs Paiens pour ioutenir la Religion chrerienne j mais avec moins de fruic. Les Empereurs Grecs les voulant con t ram dre a quitter 1'errcur de Diofcore , pour fuivre la croyance etablie dans le Concile de Cal-eedoine , & les voyant toujours durs &C mflexibles, ils tacherent de venir a bouc de leur defTein par le fer. Entr'autres 1 Empereur Juttinien fit pour ce feul fujet maiTacrer deux ccns mille Coptes a Ale-iandrie ; de forte que ceux qui furvi-Voient d de femblables calnmitćs, vovant -le rifcjue qiul y avoit de profefljer leur jo Methode de. Geographie. opinion , & de paroitre dans les villes, fe retirerent dans les deferts, ou fe jettereht par defefpoir dans des Monafteres, ou ils palferent le refte de leurs jours, fans fon-ger aii mariage. Apres cela les Princes Mahomerans , qui ont ćtć les mafcres de l'Egypre , de-pnis les Empereurs Chrctiens , voyaht qu'ils fe murinoient fouvenr contre leur Gouvernement, ne les ont pas ćpargnćs. Ils onr maflacrć les principaux , tk ven-du pour efelaves les femmes tk enf.tns des autres , Sr les plus foibles ont ćtć contraints de fe faire Mahomćtans j de forte que cette nation ayant fouffcrt tant de malheurs, il ne falit pas s'etonner fi elre e(t aujourd'hui rćduite a un (i petit nombre. 7. Les Francs font les Chrctiens d'oc-cident qui fe tranfportent ou s'habituent ert Egypte , pour 1'avantage de leur com-merce j mais cette claffe qui s'appuie toujours du crćdit des Confuls de chaque nation , ne fait pas proprement corps en E'.;vpte , parce qu'elle n'y demeure qu'au-tant que le demande fon commerce. Divtfion. Dans les anciens temps , l'Egypte fe partageoit en trois parties j la Bajje Egy-pte ou Delta ; la Movenne ou Vlleptano-Tiie j fk la Haute. Ellc fe divife eneore au- VEgypte. ' ' . ft jburd'hui en trois grandes parties, qui re-pondent exaćtement a 1'ancienne diviiion j mais aufquelles les Arabes ont donnć ded noms pris de leur langue : ce font le Bahri j le Vojlanl Se le Said. A R T I C L E PREMIER. LE B A H R L CZjEttf. Province , qui comprend tcure la bafTe Egvpre , fe pattage en trois ton trees principales , qui font, d'occideiu ca orient, le Bahirć 3 le CarbU & le Shah Kfd, I. Lt Bahlrt. Le Bahire s'etend depuis le fommet dii Delta , le long de la rive gauche du bras* qui deicend a Rafcid ou Rodeč. Ses vili it principales {oni:Akxandrie & Rafcid o\\ Jiojfet 3 fur Ia Mer \ Shabur tk Terand > fur la nve gaorHe du mane krasi AUxandrie ^ forme dans le Bahirc un dittričt parciculicT , qui a fous fa depen-dance pluficurs' cantons du Defcrc de Bar* ca , litue a fon oecident. Cecce vilic a etć autrefois la meilleure 6c qu'on appeile aufll le Me* nufić. 111. Lc.Sharkie. •nt- ,.i i , -jh . r . • > On donne en general le no m de Shar-kie j a toure la partie de l'Egypte qui sc-tend au levant du Nil, jufqu'aux front ic-res de 1'Arabie. Les villes principales qu'on y remarque , fant, fur la rive gau-che du bras oriental du Nil , en le remon-tant du nord au fud , Damiat} Man fora > JMik-Dcmj/s , Mik-Kam ar & Keliub. Plus a 1'orient, en defcendant du fud au nord , on trouve Belbeis 3 Bafla 3 & San > qui eft 1'ancicnne Tanis. Damiat ou Damktu 3 eft une ville re-lebre , batie en forme de demi-lune , fur le bord oriental du Nil, a cinq milles de fon embouehure. On apprend d'Abulfćda que cette ville fut forrifiće , fous le Cali-fat de Mutavakel , c'eft-a-dire vers le milieu d u IXe fiecle. Elle fur prife , au temps des croifadcs, par les Chreti:ihV. Le Roi S. Louis, faic prifonnier par les Sarafins , en 115 o , fut oblige de la rendre pour une partie de fa rancon. Deux ans apres les Infideles la raferent, pour qu'elle "crombat pas au: pouvoir des Chrericns. Us la rebatirent enfuire j mn.is a une plus grande diftancc de 1'embouehure dn fL-u-ve , qu'e!lc n'ćtpit aup.iravaht. Damictte eft apres le Caire, la plus grande ville , l a plus B vj $6 MćthočLe de GeograpJilel belle, la plus peuplee, Sc la plus marchande de PEgvpte. Son port lui donne une trčs-grande importance, & lui attire une foule de monde , de tous les Ecats de 1'Empire Ture. Le principal commerce qui s'y faic conlifte en lin , en ris , en carTe , en toiles cju'on y fabtique de toutes fac,ons Sc de toutes couleurs j mais fur-tout en cafTe , ejuon recueille dans le pays , Sc qui eft tres-eftimće. Le bois eft la denree fqu'on y apporre en plus grande quantite ; Sc qui y eft tres-neceftaire , l'Egypce nen pro-duifant prefque point. Manjom ou la Manfoure j douze lieues au fud-oueft de Damietce , Sc aufti fur le bord oriental du Nd, eft une grande & bel Je ville , qui a plufieurs belles Mof-cjuees , & qtu fair beaucoup de commerce. C eft aupres de Manfora que le Roi S. Louis fut, fait prifonnier par le Sultan Saleh , deicendant de Saladin. Le Lac de Mandale ou de Tennis 3 prčs Huquel eft la \dlle de San ou Zoan, a vingt-deux lieues de long fur huir dans fa plus grande largeur. Dans le remps de 1'inon-dation du Nil , il en fort trois bouches qui Le jetrene dans la mer , Sc qui font a. fec le refte de l'annće. La pcclie en eft trćs-abondante , aum eft-elle affermće un prix confiderable. On y prend beaucoup de dauphins. Ce Lac n'eft fepare de la mer , que par une plage fabloneufe de demi-lieue VEgyptc. i )7 de large , ou Ion fale le poiiTbn , Sc Ion fait de la Boutargue. IL eft rerapli d'une inrinice de petices Iiles. A R T I C L E II. LE VOŠTANI. L'Egyi»te du milieu , ou Vojla ni} coni- Iirend les deux bords du Nil, depuis les imites du BaMre, en remontant, jufqu'a une ligne tiree entre le diftrićt de Moin-flot Sc cclui de Siuc. Ainfi le Voftani re-pond precifemcnt a la partie de TEgvpte cjue les Anciens nommoient Heptanome a caufe des fept Gouvememens qu'elle fenfermoit. Les Turcs la divifent aujour-d'Uii en fix diftrićts , qui prennent le noin de leur principale ville. Ce fonc ceux de Gi^eh > fur le Nil, vis-a-vis du vieux Cai-re j de Eeium y au fud-eft \ de Behnefe fur le canal appelle Bar-Iufef j cx Ashmuncin ; de Momflot, Sc tiAtfieh. Ce dernier eft le feul fur la rive orientale du Nil, ou le terrein de l'Egvpte eft tres-refierre. Les autres font tous fitues a 1'occident de ce •flcuve. La capitale du Voftani Sc de toute l'Egvpte eft le Cairc fituć pres la rive droite du Nil, a 30 degres 1 minutesde latitude. 3 ck tint ce rang jufqu'a ce qu'Ahmed-ben-Toulon fit batir Cateya j pres du Foftat, Alors les Princes de fa lignee , qui furent fes fuccelfeurs , Fabandonnerent, ck etablirent leur fiege dans le Cateya, Cette lignde ayant dans la fuite ete eteinte , ck le nou-veau Caire ayant ete bati par Giauher, les Califes la choifirent pour leur refidence > L'Egyptc. 4i abanđonnerent le Gateya j & flrentbruler le Foftat, pour rendre le Caire plus fort & plus peuple. Cajfr I[J'cemma eftun chateau, ou bourg, ceinr de murailles, a up res du Foftat, qu'Ar-taxerxes, Roi de Perle 8c d'Egvpte , nt, dit-on j batir. Aujourd'hui il n'y a que des Chrćtiens qui t'habitent. Dans le Callr-Iircemma on trouve une Eglife nommee Maallaca 3 tres-ancienne, niignifique , tres-claire , Sc la plus belle que les Coptes aient dans roure l'Egypre. Elle eft patriarchale , Sc celle dans laquel-le leur Patriarche celebre fa MelTe pon-tificale. Les Coptes l'onc achetee d'Am-tou ben-al A (T, comme on le peut voir par le contrat ecrir fur les murailles de cette Eglife , de la main propre de ce Prince , uiaudillant rous les Mahomćtans qui la leur voudronr enlever. Dans le quartier du Patriarche , nom-rne en arabe Harct-il-Batrax 3 qui eft un bourg a part , Sc au-deca du Callr-Icem-ma , eft 1'Eglife de Marie-Moncure \ elle eft grande , elevee Sc batie de tres-fortes murailles. La Babylonc etoit plus avant vers le mi-di du vieux Caire. II ne refte plus aujourd'hui que de grandes montagnes de fes ruines , Sc trois Eglifes Coptes , dont l'une eft dediee a la iainte Vierge, 1'autre 41 Me t hode de Geographie* a S. Theodore , ck la troifieme & S. Jealt Aba Kir. La Caraffe eft un cimetiere des Maho-rnetans , forr renomme , a caufe de plu-lieurs parens de Mahomet, ck de leur:; Saints , qu'on y a enfevelis. 11 v avoit dans le temps que l'Egypte Horifloit $ plus de' $60 Tombeaux Sc Mofquees d'illuftres perfonnages Mahometans , toutes bien rentees pour nourir les pauvres , ćk les Pelerins de cette religion \ cjiii v venoient 7 de maniere qu'un Pelerin venant au Caire , pouvoit y fubfifter un an entier, fans depenfer un afpre , en vifteant feulement chaque jour une Mofquee ou Tombeau de ce cinietiere j mais dans la fuite les re--venus ayant manque par la tyrannie des Bachas , les Tombeaux Sc les Mofqućes font prefqne toutes tombees en ruine. Les fortificarions du Chateau du vieux Caire ne font ni Belles j ni en etat de re-fifter au canon. On les laiffe meme de-truire \ car les Ture s font forr nćgligens , Sc laiffenr tomber ces fortes d'ćdifices, manque de reparations. Le nouvcau Caire eft cloigne-du vieux d'environ trois quarts-de-lieue. Il eft fitue au pied du Chateau > dans une plaine de fable , ćk s'etend le long d'une grande montagne \ ainfi 1'ancienne firuation eroic infiniment plus belle Sc plus avanrageufe. Le voifinage du lleuve } la fraicheur de VEgvpte. f h 1 air j & la vue , ion t des agremens qu'on n'a plus au Caire , ik qui font nćanmoins nćcelTaires dans un pays ou le foleil eft tres-ardent , &c ou il ne pleut pre(que ja-mais. Certe ville fut batie vers 1'an de Notre Seigneur jctj , par les ordres du Calife Fatimite de Cairoan en Afrique, apres «que l'Egypre lui fut foumife, pour y erablir le fićge de fon Califat. La ville du Caire etoit autrefois le fe-jour des Soudans j ou Sultans d'Egypte , qui l'avoient extrcmement ornćc J ce qui 1'avoit rendue tres peuplće, outre le grand commerce qu'elle faifoit des ćpiceries > qu on tranfportoit des Indes dans la Mer ftouge, ik dela jufqu>au Caire. Mais a refent que ce commerce a celle , će que Europe tire fes epiceries des colonies, c]u'on a etablies dans les Indes Onentales 3 cette vilic a perdu beaucoup de fon an-cien luftre. Cependant comme e'le eft le fejour du Bacha , qui eft le plus impor-tant de tout 1'Empire Otcoman , elle ne laiffe pas d'etre eneore tres peunlće , dc d'un affez grand commerce. Cette ville n'eft environće qu1en partie de murailles j 1'enceinte que S.dadin avoit fait commencer , n'a point ete hnie , & la ville fe trouve ouverte en plufieurs endroits. Les maifons y font baffes &C mal-baties, les rues font etroites. On y compte un nombre infini de Moftuićes , 44 Mcthode de Gc'ographie. Sc quelques Eglifes de Chretiens Coptes 6c Grecs. 11 y a dans la ville plus de 300000 habitans , Maures , Coptes , Grecs ou Tur« , fans compter les Milices du Grand Seigneur. Le Caire , dans fa longucur, eft rraver-jfe par un canal artificiel , qu'on appelle lc Kališ. La ville eft divifće par connrees, qui ne contiennent cju'une ou- deux rues au plus , 6c qui font memo fouvent trćs-courres. II n'y a pas une de ces contrees , qui n'ait pour lc moins une Mofquće , Sc beaucoup en ont davantage , de forte que le nombre de ces Temples eft prefque in-croyable. II eft impoflible de les compter; mais Ton alfure qu'il n'y en a pas moins de vingt mille , 6c l'on en voit de toute forte d'architećhire , de quarrćs , d'ovales, de ronds, d'exagones 6c d'oćto-goncs. La plupartj a la vćrite ., font petits 6c communs ; mais il y en a un tres-grand nombre qui font fort conftdćrables, 6c qui paroiirent beaucoup , tant par leur ćlevation 6c leur blancheur , que par les petices tours quarrćes, qui s'elevent au-deiTus de leur couverture. Lc Chateau du Caire eft la demeure ordinaire du Bacha 6c des principaux Of-ficiers des troupes. C'eft proprement une citadelJe extremement vafte , qui a plus , d'utie demi lieue de tour. II y a dedans cjuatie Mofoućes a minarcts 3 cntre lef- L*Egypte. 45 Cjuelles il y en a une tre s belle & tres-ri-che , ou eft le rombeau cl*ltl% des compa-gnons de Mahomet: il eft couvert detof-fes precieufes, fur lefquelles eft un turban verd , Sc environe d'une baluftrade d'argent dorć 3 avec un grand nombre de chandeliers de meme metal, qui ont fteul ou dix pieds de h aute ur , Se plufieurs lampes d'or, qui l'ćclairent nuit Sc jour. Cette Mofquće eft batie d'un tres-beau marbre , pavee aufli de marbre blanc če noir par compartimens \ Se il y regne autottr une gallerie , foutenue par des co-lonnes de marbre. Le Chateau du Caire eft rempli de maifons , ou il n'habite que des Turcs ; Se tous ceux qui ont le privi-lege d'y demeurer , recoivent la paye du Grand Seigneur. II eft bati fur un roeher, cjui domine toute la ville > environe de murailles , flanquees de grofles tours , dans lefquelles il y a des appartemens commodes pour loger les Officiers. Stici , avec un port fur la Mer Rouge , eft fitue dans un endroit fi fablonetix , cjue les habitans font obliges de tiret toutes leurs provilions d'ailleuts , Sc meme on y apporte de 1'eau de prcs de deux lieues. La ville , qui donne fon nom a J'Ifthme , qui joint l'Afriquc avec 1'Aiie , eft fort petite , Se n'a que deux ou trois cens maifons, avec un ArLnal Sc un Cha-l'-au bati a l'antique. tile etoit autrcfois 4fj Mcthode de Geographie. 1'abord des marchandifes des Indes Orien-rales pour 1'Europe , & ces marchandifes etoient enfuite tranfportees au Caire 3 dou elles etoient envoyees a Alexandrie. Le pore de Sue% eft peu profond , & les Turcs n'y enrreriennent que deux galeres, & quelques vailfeaux. Gi\ek eft de l'autrc cotć du Caire , fur la rive oecidentale du Nil. A quelques milles de-la font les fameufes Pyramides d'Egypte , qui fubiiftent depuis enviroa quatre mille ans , & qui ont palTe pour une des fept merveilles du monde , moins par leur beautć , que par leur folidite. Fcium ou Fium donne fon nom a une Province particuliere , qui s'ćtend huit lieues a l'occident du Nd , & eft coupće pat un grand nombre de canaux arrificiels. Son terroir eft tresfertile & tres-agrea-ble : tout ce qui y croit a un meilleur gout que ce que prodnifenr les aucres Provin-ces. Ceft la feule contree de l'Egypre ou il y aic des vignobles , cV: cela dans Teten-due de fept villages feulement. Depuis que les Turcs font maitres de l'Egypte , leur religion , qui inrerdit 1'ufage du vin , a fait hegtiger la culture des vignes dans les autres endroks. La ville de Feium eft (kuće a dix-fept lieues du Caite vers le fud-oueft. Elle eft grande & fore peuplee. II y a de forr bel-les maifons dans les quartiers ou logent - VEgypu. ^ 47 les gcns de diftinćhon. Les Chretienš Coptes v font en grand nombre : prefque tous font ti (Teran s. Ils ont un Evcque a Feium \ rnais ils n'ont aucune EgHfe dans la ville : ils font les exercices de k ur reli-giou a DeJU j qui eft un village tout pro-che. Les Francifcains de la Terrc-Sainte ont a Feium un Hofpice , avec line Cha-pelle , qui fert de ParoilTe aux Latins , Sc qui eft deilervie par quatre Religieux. On voit dans cette ville beaucoup de ref-tes d'aiuicuiites} des chapireaux , des cot-nithes , des colonnes de granit brifees. II y a pen de maifons ou on ne trouve quelques debris. On fait qtfelle a ćte ba-tie des ruines cVArfinoe y qui n'en etoit pas eloignće du tocc de 1 occident, Sc qui elle-mcme etoit batie fut les ruines de 1'ancienne Crocodilopolis. A II T I C L E III. LE S A I D. Cette partie de l'Egvpte , qui repond i 1'aneienne Thćbaide , s'ćrend depuis le diftrićb de MomfldĆ, qui eft le dernier du Vodani, jufqua la grande cataiaćte , au-detfiis d'Alfuan ou Sućnć. Elle confine au niidi avec la Nubie ou le Royaume de 4S Mt'thodc dt Gcographtč. S'ennaar. Le Said n'eft pas a bcaucoup pres auffi culcive hi adfli peup'e que les deux aurres partics de l'Egypte. Le pavs cultive eft fori relferre par les denx chai-nes de montagnes qui regnent a la droite & a la gauche du Nil. Four le reite du pays, des deux cotes, rreft qu'un dćfcrc fibloneux Sc aride. Le principal commcr-ce du Said confifte en bleds > en ris , en lin Sc en cuirs. Les Turcs le divifent en trois depar-remens, qui font, ctmxd.'OfiotouSiout3 đAkmin Sc de Kous. Siout ou OJioc j capirale d'un diftrićT: de fon nom , eft un gros bourg , fitue au couthanr & a demi-lieue du Nil, baci fur les ruines de l'ancienne Lycopolis c'eft-a-dire , ville des loups. Les Copces y ont un Eveque , Sc aux environs plulieurs au-tres Lglifes Sc Monafteres. On travaille dans ce bourg les roiles les mieux raco« nees de 1 'Egvpce. Sur le haut de la mon-tagne qui eft aupres de Siouc , il y a une innnite de grotes , taillees dans le roc. Une entr'autres , qui eft tore vafte , eft habicće par une douzaine de familles Copces , qui y exercenc l'hofpitalite , Se qui oik une Eglife 3 aufli taillće dans le roc. Ekmim 3 aufli capitale d'un diftrićfc de fon nom , eft un grand village , ciu'on ren-conere fur la droice du Nil, en le remon- cant. L'Egypu* 49 tat, II eft bari fur les ruines de l'ancienne ville nommee Panopiis ou ChtmtniSt Ses rues font tirees au cordeau \ &c de-puis le Caire jufqu'aux cataraćtes , c'eft le feul endroit qui /oit bati de pierres , & avec quelque regularne. On y voit une infinite de dćbris d'anciens batimens, entr'autres de deux Temples , ou il y a beaucoup d'infcriptions en caraćteres hieroglyphiques. Les Francifcains de la Terre-Sainte y ont un Hofpice de fix a fept Religieux , avec une nnftion. A quel-ques lieues d'Ekmin , la plaine abourit a une gorge , dont les cotes font tres-efcar-pes au travets de la montagne. Cette montagne a don ne la fćpulture a un pro-digieux nombre de Martyrs 3 fous la per-fecution de Diocletien. Jonas , Eveque de Siout, qui en a ecrit la relation , don-r*e a cette montagne le nom &Agathon. ^aulLucas y a trouve des Solitaires Turcs. Gitge 3 aujourd'hui la principale ville de la haute Egypte , eft ficuee fur la gauche du Nil, a un tnille de ce fleuve. Se« lon Lćon d'Afrique , elle doit fon origine 4 un grand Monaftere dedie a S. George, 1«B fut envahi, il. y a environ trois cens aus, par un Seigneur de Menshie. Chez les Coptes , Gergis eft le nom qui re-pond a cehii de George. Elle fut dabord batie folidement en briques \ mais Me a beaucoup fonfllrt des inondations duNil, Tome V1IL C 5© Methode de Ge'ographie. qui 1'ont prefque detruite. Le principa! commerce de Girge eft en bled , en legu-mes, en toiles Sc en laines. On y recueille aufli du vin. Au fud-oueft de Girge, vers les moti-tagnes , eft Madfune 3 dont le nom figni-fie Ville enfevelie. Ceft 1'ancienne Aby-dus 3 la reftdence de Memnon , Sc qui fe-lon Strabon , n'avoic etć infćrieure qu'A Thebes. Elle etoit fort dechue ck peu ha-bitće de fon temps : cependant on y ad-miroit encore le Palais de Memnon > Sc un canal derive du Nil s'y. rendoir. En remontant le Nil, on rrouve Dcn-('.:ra 3 qne de grandes Sc magnifiques ruines temoignenc avoir erć une des plus confi-derables villes de la haute Egypce. Ceft 1'ancienne Tentyra ou Tentyris. Prefque vis-a-vis de Dendera a un quart de lieue du bord oriental du Nil, eft Kene, aujourd'hui le rendez-vous des Caravaues qui vonc au Cofcir j pore du Golfe Arabique, par une traite de quatre giandes joumćes ou fix petites. Du meme cotć du fleuve , Se plus au midi, on rencontre K eft j qui eft 1'an-cien Coptos j autrefois le principal enrre-pot des marchandifes qu'Alexandrie riroit de la haute Afie , par la Mer Rouge. Le canal qui joignoit certe ville au Nil, fub-iifte encore. Plus au midi, eft la ville de Kols. Ce qu'on y voit de veftiges dan- . ; LyEgypte. _ ft tiauitćs , a fait croire a Golius , que c e-toit la grande Diofpolis ovi Thebes de l'autiquitć. Au temps des Romains , elle n'avoit que le titre de Vicus. Mais dans des temps poftćrieurs , elle devin t la plus coniidćrable ville de l'Egypte fupćrieurc , ćk l'echelle du grand commetce qui Te rai-fott par le Golfe Arabique. Abulteda Št Leon d'Afrique en parlent ainfi. Environ fept lieues plus baut, on ren-contre deux villages qui portent Ic nom & Akforou Luxor. Ils font diftans l'un de l'autre d'une petite demi-lieue. En par-lant des deuxenfemble on les nomme les Akforcin. Ces villages mćritent bien qu'on en falfe mention , puifque c'eft-ld que fubfifte ce qu'il y a de plus coniidćrable dans les dćbris de l'ancienne Thebes. On en voit encore des refles dans un licu nomme Čamac 3 eloigne des Akforcin denviron une lieue vers le midi \ ainii que dans un autre lieu adjacent vers la montagne , & nomme Madamut. De l'au-tte cote du Nil, vis-a vis des Akforein , on trouve de grands veftiges d'anciens cdifices, dans les villages de Koma & de AIcdinet-Habu. Ce font encore des ruines de l'ancienne Thebes. Quoique l'empla-cement de Diofpolis magna foit prć ife-ttient fur la rive droite du Nil, on fait °,L1e Thebes avoit fur la rive oppofee un ^uartier coniidćrable , diftingue par le < i Mcthode dc Geographie. nom de Mcmnonium, Au-delFus de ce quartier , Sirabon dit cju'd y avoit envi-ion quaranrc tombeaux , creufćs avec beaucoup d'mduftrie dans le rocher , Sc pour la fćpulture des Rois, Ce lieu fe nomme aujourd'hui Biban-el - Moluk a Porte des Rois. C'eft une ouverture , en forme de rrouee , dans la montagne qui borne la vallće de ce cote-la , & qui eft, a droite Sc a gauche , perece de plufieurs grote s. Afna ou Efneh > fur la rive gauche du Nil , eft bati fur les ruines de fancicune Latopolis j qui tiroit ce nom d'un poirfon plus grand dans le Nil qu*ailleurs , Sc au-quel on rendoit les honneurs divins. Son nom moderne , qui veut dire la brillante f peuc fe rapporcer au grand nombre de Marty rs, done le fing hit repandu dans un ehamp voilin , (bus la perfeeution de Dio-cletien. Le Monaftere quon dic avoir ć-rć bati fur le lieu meme par Sainte Helene , en rhonneur de ces Matvrs > fubfifte en-. e. On le renconrre a une demi-lieue vers lo fad oueft d'Afna. Mais il eft aujourd'hui tres-pauvre , & cn fort mauvais ćrar. La ville la plus reculć« de I'Egvpte au midi > eft Ajfuan ou Souene : c'eft fan-cienne Sjene , ou Juvćnal fut exile pouf fes Satyres, Sc ou il mourut. Pres de cert? .'.;}lp ćtoient les catrieres de ce beaq mar* bre qtienous appellons Granit, Sz quc les anciens Egyptiens erhployoient pour leufs obćlifques , quoiqu'il foit extrememenc dur. La partie orientale du Saia , ehtre le Nil & la Mer Rouge, eft ce fameu\ de*-fert de la Thebaide , habite autrcfois par tant de faints Solitaires. Les Arabes font les maitres de ta plus grande partie de ce defert, Se y exercent, couime aillours , leurs brigandages. On v voic encore quei-cjues Monafteres rćpandus de cote Se d'au-tre. Les plus conddćrables fone , celui de S. Antohis litne au pied du Monc Col^im j ćxr liabitć par vingt-cinq Reli-gieux ; Sc celui de S a in t Paul, a huit beures de cheniin du prćcedent , fur le baut de la monragne. La grote ou S, Paul Hermite a vecu , fait partie de 1'Eglife de ce demier , qui n'eft qu a deux lieues & demie de la Mer Rouge. C iij 5 4 Methode de Ge'ographle* ■ll»»J»IW,1ll«>i)miliii»i omnuu.n.. in,..i...M,....||i. n ||JB C II A P I T R E II. l a n u b i e. L A Nubie efl: nn grano* pays peu con-iiu , qiu eft borne au feptemrion par l'E-gypte -y a l'occidcnt par la Sahra ; au m idi par rAbillinie , oC a I'orient par la cote d'AScx ou d'Abiflinie. L'air y eil fore cbnud , & le terroir li fec , qu'il ne pro-duit prefque rien , fi ce n'efl: aux cnvirons d u Ni! j de la Kube &c d u Tacale j les trois rivieres qui l'arrofenr. Les marehan-difes qu'on tranfporte de ce pays , font de la poudre d'or, du mufe , de 1 ivoire , du bois de fandal, du fucre , & une forte de poifon exrtcn'icmenc fubtil & fort cher. Lonce coute , a ce quon dir 5 cent du-cats; ćV ce poifon eft fi a&if, qu iin fcul grain fuffiroit pour faire mourir dix per-fonnes. Les habitans ne le vendent aux ćtrangers , qu'o condition & fous le fer-ment de n'en point faire ufage datis le pays. C'elc avec le Caire que les Nubiens font le plus grand commerce. La Nubie a eneore beaucoup de che-vaux & de betes fćroces. Pour ce qui re-garde la religion de fes peuples , c'eft un melange de Mahometifme & de Judaif- ta Nubiet $5 rne : it y avoit autrefois des Chretiens, comme on le voit par les ruines de plu-fieurs Eglifes ćk Monafteres. La partie feptentrionale de la Nubie , qui couche a l'Egypte , eft fous la domin a-tion du Grand Seigneur. Ibrim 3 fur le Nd , a dix-huit lieues au nord-eft de la grande cataraćte , en eft le chef-lieu. Le rede du pays eit partagć enrre plu-ficurs Royaumes particutiers. Le plus con-fiderable eft celui de Fungi , dont le Roi refide a Sannur* Cette ville , capitale du Royaume de Fungi 3 eft fituće au couchant de l'Abawi ou Nit d'Abiflinie , fur une hau-teur, dans un pays charmant. Dekin capitale d'un Royaume de meme nom , eft au nord - eft de Sennar , fur le Tacaze , qui quarante lieues plus loin , vers le nord , fe jette dans le Nil a Ialac. La Prefqu'ille que ces deux rivieres forment en cet endroit, eft ce que les Anciens ont connu fous le nom d'Iile Meroi. Au nord de Sennar \ fur la rive droite du Nil j on rencontre la ville de Dungala , capitale d'un Royaume de meme nom qui televe de celui de Fungi. Trente-ftx lieues au nord-oueft de cette derniere ville , ck pres de la Nubie turque , eft une gtofle bourgade nommee Mosho , lituee fur la rive droite du Nil, avec un pont, qui eft le feul qu'on ait bati fur ce fleuve. On y voit quelques reftes d'un amphi- C iv 5 6 MetKode de Geographle. rheatre ćk d'aurres inonumens du temps des Romains. Le Nil forme en cee en-droit deux grandes Ifles , remplies de pab miers , de ićnć ćk de coloquinte. CHAPITRE III. l'abissinie. C a 11 t e s. M. ludolf a faitune Carte d'Ethiopie , pour CHijloire laiine de ce pays qull a iompofee* On en a une blen me'dleure drejjee par M. d'Jnville , pour la Defcription de l'AbijJinie du P. Lobo y Jejuite Portugals. L'Abissinie , dontle Souverain s'appelle le grand Nćgus, on l'Empereut des Abif-fins , ćk non pas Pretre- Jean , comme pluiieurs fe font imagine , eft un grand pays , litiie entre la Nubie ćk la Cote d'A-bex au feptentrion \ la Mer Rouge ćk la Cote d'Ajan , a I'orient: le pays de Do-bas ćk le Royaume d'Alaba , au midi y le Royaume de Zendere , le pays de Nimea-maie , ćk le Royaume de Mujaco au couchant. Son etendue ctoit autrefois tres-confidćrable j mais aujourd hui elle eft L'MJTinie. 57 reiTerree cntre le 50 Sc le 60 degre de lon-gitude j & entre le 6 Sc le 17 de latitude fen -tenrrionale. L'Abiflinie aete rćduite a des bomes fi dirTerentes de celles qu'elle avoic aurrefois, par les irrupeions des Galles-Gallanes, 011 Giaques , penples barbares fortis des environs de la Guinće , qui depuis l'an 1537, ont conquis ime grands ecendue de pays fur les Abiflins j Sc ili les auroient meme entićrement fubjugues, fans leurs moniagnes inacccfiibles. Les lurcs leur one au/li enleve Arquico y le feul Pore qu'ils euifent 7 Sc depuis quel~ ques annees le Rovaume de Tigre , qiu faifoit parcie de celui du Grand Negu^; , a fecoue le joug de la domination de ce Prince, Sc s'eft erige en etat libre avec Une forme de gouvernemenc ariftocraci-cpie. L'Abiflmie a quanrire de montagues, o u Tair eft anfli tempere } qu'il eft cliaud dans les vallees. Le tcrroir aux environs des rivieres prod uit du millet, dn lm r du coton j du fucre , de la cire , Sc plu-ueurs fortes de fruits. On y trouve aulH ciuantice d'animau* domeftiques , feroces 6c fauvages y des mines d'or , d'argenc , de cuivre , de fer , de plomb , de'fel Sc de fouffre> C v 5 8 Mćthode de Geographk. Mceurs. Religion, Gouvcrnement. Les peuples j quoique bafanes, y font ahez bien faits, Sc nont pas la laideur des Negtes. Ils font aufli aiTez fpirituels , arfables Sc hofpiraliers j mais fort mal ptopres, faineans, Sc fe fouciant peu de l'avenir. lis font tres-fideles Sc fort afFec-tiones a leur Roi y refpectueux envers leurs Pretres Sc Religieux , jufqu'a la iuperftition. Ils fe vantent d'avoir ete inflruits dans la veritable religion par deux de leurs Reines , Macqueda Sz Can-dace. La premiere , qu'ils pretendent etre la Reine de Saba , leur apprit, difent ils , la loi Judai'que , dont elle avoit ete in-irruite par les foins de Salomon ; Sc la feconde leur enfeigna les myfteres de la foi chrćtienne. Quoi qu'il en foit a 1'egard de la loi Juda'ique , il efl; fort probable que rEunuque de la Reine Candace , bap-tifć par le Diacre Philippe , les convertit a la Religion chretienne , qu'ils ont tou-jours confervee ; mais ils fe font engagćs dans les erreurs d'Eutyches Sc de Diolcore. Ils ont un Metropolitain foumis au Pa-triarche des Goptes , qui rćfide ordinai-rement au Caire , 8c prend la qualite de Patriarche d'Alexandrie. Les Rois d'Abiffinie tiennent ordinai-rement leur Cour fous des tentes a la cam-pagnc j Sc en paix ou en guerre, leur VAbrJJlnle. 59 •camp eft comme la ville capitale da Royau-■ me : car il n'y a point de ville dans TA biftinie , ou ils raffent aujourd'hui leur fejour. Axum qui en etoit autrefois la plus confidćrablc , n'eft plus qu'iin village d'environ cent maifons \ mais parče que les Rois y tenoient anciennement leur cour , on les y a couronnes jufqu a ce quc 1c Royaume de Tigre , dans lequel cette ville eft iituee s s'eft erige en Republique. Les armćes que le Roi des Abiilins mec en campagne , font ordinairement detren-te-cinq mille hommes de pied , 6c cinq mille chevaux. Le terrein qu'occupe leur camp , eft d'une prodigieufe ćcendue \ car le nom-bre des vivandiers Sc autres gens qui fui-vent 1'armće , eft deux fois plus grand que celui des foldats. Le Roi Sc la Reine vont a la guerre avec leur maifon : tous les grands Seigneurs Sc roures les Damcs de la Cour les accompagnent, Sc enfni tout marcbe c'c porte les armes , a la rć-ferve des artiftns Sc des laboureurs, qui en font exempts. Les tentes du camp faru fangees avec tant d ordrc , qu'e!les for-mcnt de grandcs places Sc de bc-llcs rues. Les quatre ou cinq tentes de rEmpercm font dreftces au milic u du camp > avcebaroa , dans le Royaum- de Tigre, De la coulant vtrs le fud , elle to m bo d'un rother de trente coudees de haut> & fe cache fous terre j mais en creufanr quelques pieds , comme »Cent les Portugais quand ils faifoient la guerre en ce pays U , on rrouve de bonne eau & de bou poiflon. Un peu plus loin au fud le MV.reb repr.roit;& fe dćtournant au nord , il entre dans le Royaume de Otkinj ou partage en diffćrens canaux , pour fcrnlifer les urres , il fe perd en-tierement dans les fables. (yi Mćthode de Geographie, Le Haivash ou Aoaxe arrofe la partte mćridionalede 1'AbifTinie. II prend fa fource entre les Rovaumes ou Provinces de Choa au nord , Wed & Fategar , au fud« Prenant fon cours a Teli, il rec;oit plu-(leursgrofTes rivieres , entr'autres \q Mauni j cjtii fort du Lac de Zawaja 3 & entranc dans le Rovatime d'Adel, il palFe i Au-ca-gurel j puis epuife par les nombreufcs faignees qu'on lui fait pour arrofer les terres , il fe perd dans les fables. Le Lac le plus confiderable d'Abiftinie eft le Barh Dambea , ou Mer de Dambce, dans le Royaume ouT'rovince de metne nom. 11 a envirorr 90 lieues de cir-cuit. Ses eaux font douces ck claires. EUes nouriftent une grande variete de poiflons, 8c aufll des crocodiles & des hippopota-mes. Le pays des environs eft uni, fer-tile &c beau. II y a dans ce lac une mul-ritude d'Iftes. Les plus grandes 5 cuii produifenc les meilleures & les plus bel les oranges de tout l'Empire , font habitees par des Moines Abiftins. Une des Iftes de ce lac la moins cultivee , & que les ha-bitans nomment Dek 3 eft le lieu d'exil des perfonnes de diftinćtton. Selon le celebre Ludolf, 1'Abiflinie fe divife en crente Royaumes ou Provinces. Quelqucs-uns font entierement fous l'o-beilfance des Empereurs Abiilins J d'au-tres ne font que vaft'aux, &: pavent une VAbiflink. 63 efpece de tribiit en chevaux , en grains & autres chofes. Les Galles pofledem la partie mćridionale , dont ils fe font em-pare. Dancali a uh Roi particulier y Ttgre\ comme nous l'avons dćja dit , eft aujour-d'hui une efpćce de Rćp\iblique : enfin la cote d'Abex eft en partie poitedće par les Turcs. I. Etats de l'Smpereur &' A BI SS 1 N je. I. Le Royaume d'Amhara ■> qiu fe fub-divife en 36 contrees , dont les plus confi-dćrables villages font Amhara & Lalibela, Pres du Lac Haik j on voit deux monta-gnes fort hautes tk fort efcarpees , ou les lils du Roi font gardes jufqu'a la mort de leur jpere. II. Le Royaume de Bagemder 3 fort montagneux , contient 13 petites Provinces , dont les principaux villages font : Amba-Dorho , Deb-Marlam j Athana Na/as j Mauca 3 Alata , & Maka fur le Tacaze. III. Le Royaume de Dambea j ou eft le lac de incme noni , contient 15 Provinces , dont les plus confidćrables villages font Amba-Mariam ; qui pafte aujour-d'hui pour la ville capitale des Etats du Roi d'Abiflinie , parče que le camp de ce Prince eft fitue pres de cette place , depuis cju'il a quittć le voifinage de Dancasj &4 Methode de Geographle. autre village de ce Royaume. Dehfan j fur le Lac Dambea j En/ars 3 Arbatanea j Carnby 3 Ganeta- Jefus 3 Gorgora la nou-velle. Jtnda fur le Lac Dambea , etoit le principal etabliflement des Jefuites Por-tugais dans PAbidinie , avanc la derniere perfecution contre les Chretiens de ce Royaume. 1 V. Le Royaume de Choa ou Sowa 3 au midi , eft divife en haut & bas. II a les villages de Debra- Libanos 3 Wenthlt^ Jlme & Mengejia-Samalat. V. Le Royaume de Goyam s enviro-tli p^r l'Abawi , a les villages de Leda Ncgus 3 Debra-Selalo _> Debra-Semona 3 Enamera 3 Enebejje 3 A^a^o 3 Hadasba 3 Kollela , Serea 3 A bola 3 Nanina , Ala-goa & Tancoa. V I. Le Royaume de Bugna 3 a les villages d'tigala & AArguan. VII. Le Royaume de Gonga 3 eft un pays peu connu. VIII. Le Royaume de S amen 3 peu habite , a les villages de Wal-deba 3 &C de Eoraf. I X. Le Royaume de Walaka , fort moncagneux &c peu habite 3 n'a auciui viliage de reirurcuie V AhiJJinie. tj II. Les Royaumes ou Provinces des Giilles. Ces Provinces, dont les Galles fe font Cmpares , font Bivamo 5 Gafat 3 Damot3 Con t j S ha t s Pnaria 3 Zet 3 Guraghe 3 Cambate 3 Gombo 3 Gan%3 Wedo\\Ogge3 I'atcgare 3 Bali 3 la premiere conquete que les Galles firent dans 1'Abillinie', Ganhe 3 Dawaro 3 Ghedm , Ifat ik. Angot ou Hangor. Tous ces pays fonc vers la pattie meridionale de i'Abiflinie j mais ils font fi peu confidćrables , qu'ils ne m eri teti t pas qu'on s'y arrete davantage. III. Le Royaumc de Dancali. Ce Royaume , fitue fur la MerRouge, & a 1'orient de celui d'Angote , a des mineš de fel tres abondaiites , & un Roi, alJić de celui des Abiffins. 11 eft Maho-meran de religion. Baylur 3 ville & port de mer , eft la feule place confidćrable cju'on y trouve, IV. Le Royaume de Tigre. C'eft aujourd'hui une Rćpublique litre , avec la forme de gouvernement ariflocrarique. On y remarque les bourgs ou villages de Dobarowa 3 Hamaten, -Axum j autrefois capicale de TAbilTmic , & ou les Rois de cet Erat etoient cou- 66 Methode de Geographle* ronnes } Ambafanet t Ambafalam t Sel-hart, Taderery Senate & Erkiko ou Ar-eouaj port čk fortereiTe fur la Mer Rouge; cette derniere place qui rćpond a 1'an-cienne Adtdls t appartient aux Tu res , de nieme que la petice Me de Matzua. , qui en eft voifine. L'lile de Daklac ou Da-laca j a un Prince particulier , & des ha-brtans chretiens a la maniere des Abiffins \ mais qui fonc le metier de Cor-faires. V. La Cote d'Abex ou Habech. Cette Cote , qui faifoit autrefois partie de l'Empire d'Abidinie, s'etend depuis le 16 degre de latitude fepcentrionale , juf-qtl'au 3 3 : c'eft ce qui fait que pluiieurs Gćographes la renferment en grande partie dans la Nubie. Ses bornes font au fep-tentrion l'Egypte ; a 1'orient la Mer Rou-ge } au midi 1'Abiflinie j a 1'occident, la Nubie, & eneore rAbiflinie, felon pluiieurs Gćographes. L'air y eft chaud tc mal fain , le rerroir fabloneux &c ftćrile , cV les peuples a peu pres de memes mceurs que les Abiflins; mais ils fuivent la re-ligion de Mahomet, & font foumis aux Turcs. Quelques uns divifent ce pays en Cote propre d Habex vers le midi, &C en Cote de Baixa vers le feprentrion. On n'y trouve rien de remarquable que Suake/n j pla- L'Abiffmie. €j ce alTez forte , dans ime petite Ifle oii les Turcs riennenr unegarnifon de trois mille Janillaires, pour etre maitres de la Mer Houge , fur laquelle cette ville eft fituće , & c]ui y fait im porr. C'eft le grand paf-figeponr aller a Zidden , ouGiddah , port de la Mecque. On peche presde Stiakem quantitć de corail. Pluiietirs Gćographes metrenr encore dans la Cote d'Habech , Erkiko on Arcoua , Matzua & Dancali, dont notts avons parić fous Tigrć \ tk ils font en erTer fuc la cote d'Abiflinie ou d Habech. 68 Methode de Geographie. PA RT IE SEPTENTRIONALE t r OCCIDENTALE DE l'AfRIQUE« IjEs pays que nous renfermons dans cette parrie , font la Barbarie le Sahra ou Defert de Barbarie 3 la Nigritie &C la. Guinee. C a r t e s. JI faut prendre ici la Car te que M. De~ li sle a donnee de ces pay$ j & l'on poura confulter celle que M. d'An~ ville a publiee far VAfrique j & ou. il a joint quelques indicacions donnees par Les Anciens & par les Geographes Arabes. CHAPITRE PREMIER. la barbarie. Cette Region la plus feptentrionale de toute PAfrique , eft aum* la plus femle y [a plus tommercance , dc la mieux peu- La Barbarie. (j Us fuivent tous la Religion Mahometane j, niais ils fourTrent par mi eux un grand nom-bte de Juifs & quelques Chretiens , X caufe du coinmerce. Ces deruiers ont 7° Mahode de G lographie. leur Religion dominante dans quelques places qui appareiennent aux Etiropeens, ik done nous ferons mention. La Barbarie a ćte fucceflivement pofle-dee par les Carthaginois , les Romains , les Vandales , les Sarafins , les Arabes , les Maurcs , &c les Turcs. Ces demiers y pofledent le pays de Barca , & fonc pro-tećteurs des Royaumes de Tripoli , de Tunis tk d'Alger , qui leur payenc tribur. L'Empercur de Maroc y eft aufli fort puif-fant, & polfede tout lc pays qui eft entre le Rovaume d'Alger tk l'Ocćan Atlantique. Les peuples de Barbarie font des gens ramafles de diverfes nations, dont les principaux font les Maures 3 qu'on croit etre des reftes des premiers Sarafins ćta-blis en Afrique. Ce font ceux qui demeu-rent dans les villes. Les Arabes tienncnt la carnpagne , 8c vivent dans les monta-gnes , pour mieux voler les paftans. La Barbarie eft aujourdhui partagćc en cinq Etats fitues fur la cote , d'orient en oecident. Ce iont ceux de Dcrnc ou de Barca j de Tripoli j de Tunis > d'Alger , Cx de Maroc auquel eft uni celui de jRsr, Les quatre premiers etoienr autre-fois des Royaumes j & c'eft pour cela qu'on leur en donne communćment le nom , quoique ce foient aujourd'hui pro-premenjt des Rćpubliques. 11 y -faut joindre , avec M. d'Anville , I.a Barbarie. 71- cette grane!e Rćgion , fituće au midi des Etats de Tripoli y Tunis, Alger tk Maroc , cju'on appelle le Pays des Dates: les peuples qui l'habitent font founiis a celili de ces Etats dont ils font plus voifms. A R T I C L E L P ATS DE DERNE OU DE BARCA. C^E pays , qui eft la CyrenaYque des Anciens } appartient au T ure , & eft gou-verne par un Sangiac dependant du Bacha <]ui rćiide a Tripoli. II a la Mer Mćdi-terranee au nordi'Egypte a Torient; le Sahra a u midi &c le Rovaume de Tripoli a 1'occidenr. L'air y eft fort chaud s le pays peu rempli d'habitans , 5c le ter-roir prefque ftćrile , a caufe de fon fable $£ de fes roehers. Les habitans font laids, maigres , bruraux , tk fort pauvres , prin-cipalement les Arabes , qui ne vivent e.ommunement que de brigandage, Ceux °ilu habitent les cotes font un peu moins grofliers & moins dangereux. Le pays de Derne ou de Barca peut fe partager en trois parties *5 la Cote de Der-7lc j le Iong de la mer ; le Defert de Bar' Ca j dans les terres} tk le Defert d'Au~ gila ou cVOuguela M plus au midi. . t 72 Methodc de Geographie. La cote de Derne eft divifee en partie crientale Sc partie occidentale. La premiere dćpend du Beglierbei de l'Egvpte , &c n'a de remarquable qu'A l- Bareton 3 8c Salone/j lur la mer. La partie occidentale , gouvernee par un Sangiac , qui dćpend du Bacha de Tripoli, eft moins aride tk plus peuplće. On y remarque les villes de Derne 3 de Curen de lolometa , de Barca , de Melela tk de Zoara. Derne 3 cjui donne le nom a toute la cote , eft une ville fortifiće , a lorient du Cap Ba^at: le Sangiac y fait fa refidence. Curen ou Grene 3 a 1'occi-dent, eft 1'ancienne Cyrene , qui confer-ve encore les veftiges de fon ancienne fplendeur. Elle doit fon origine a une colonie grecque , qui y forma un Royau-ine , lequel fut enfuite uni X l'Egypre. Tolometa 3 autrefois Ptolcmais 3 & plus anciennemcnt Barce j eft a 1'occidenr de Curen j tk fur la mer. Un peu au midi de Tolometa eft un lieu nom me Barca. Plus au midi , fur le Golfe de Sidra , on trouve Bernic ou Benga^i 3 qui eft 1'ancienne Berencie , batie par les Rois d'E-gypte. [ L'intcrieur des terres au midi de la cote de Derne , eft ce qu'on appelle le Defert de Barca. II n'eft habitć que par des Arabes errans tk fort miferables. Plus au midi, ati-deli des Monrs Meiis > eft Le Royaume de Tri potr. 75 «ft le Defert d'Ouguela ou Augila fe-parć du Sahra par les Monts Sarvai. On y remarcjue deux villes , Augila ou Ouguć-h,, &: Siwah ou Siouah. La premiere , cjui donne fon nom au pays , a de 1'eau bc des palmiers. Siouah eft a 1'orient fur les frontieres d'Egypte. Elle fe gouverne en Rćpublique , fous une efpece de depen-dance de Tripoli. Entre ces deux villes , au midi , M. d'Anville marque un lieu nomme Sant-Rich j qui eft 1'ancien tem-ple de Jupiter Hammon. A R T I C L E II. LE ROYAUME DE TRIPOLI. C a r t e s. M. ŠANSON a donne une Carte des Royau-mes de Tunis & de Tripoli , pour la traduUion de Marmol , ainfi que ouel-aues autres done nous parlerons. I_jE Roynumc de Tripoli, fituć a Ioc-cident du Defert de Barca , n'eft guere plus grand , ni meilleur que ce pays. 11 y a neanmoins plus de dattes , ČV en quel-°i,Jes endroirs la tcrre y produit du bled, des citrons , des oranges , des figues , des olives & du fafran j qui paife pour le Tome VIII. D 74 Methode de Geographie. metlleuf da monde. Le De i, ou Chef de la ville de Tripoli, commande a touc ce Royaume ou Republique , ck les Turcs n'en font que les protedteurs; mais lis y ont plus d'autorite qu'a Tunis ck a A Iger. Ils font maitres du chateau de rifle de Gerhi , čk ils ont un Bacha a Tripoli, qui a foin de faire lever le tribut que cette Republique paye au Grand-Sei-gneur. L'Etat de Tripoli, qui ne fubfifte que pir les pirateries de fes habitans, eft divi-fe par la riviere de Salines 3 en partie orien-tale čk en partie occidentale. La premiere eft prefque deferte , excepte vers les cotes, ou il n'y a meme de remarquable que Colbene 3 Larcudia 3 Zedic Saliver 3 ck la petite Ifle de Sydra dans le golfe qui porte fon nom. La partie occidentale , plus fertile ck mieux peuplee 3 a au(Ti les meilleures villes. Les principales font : Me^rata 3 Lebida 3 Tripoli 3 ck Zoara. Tripoli 3 capirale , eftfituee fur la Mer Mediterranće , ou elle a un port affez commode ćk dćfendu par deux forts. Le tour de fes murailles n'eft pas grand; mais elle eft affez peuplee de Maures , de Turcs , de Juifs čk de Chrćtiens. Elle Fait quelque commerce des ćtorTes qu'elle fabrique ; mais fes principales richeftes viennent des pirateries de fes habirans. En i qui eft abandonne. Au nord de Zoara eft la petite Ifle de Gerbi ou Zerbe 3 fameufe par le combat naval qui s'y donna en 15 60 , entre les Efpagnols Sc les Turcs : ces derniers y tiennent une garnifon. Le Pays de F&tzan ou Fejfen j qui de-pend de 1'Etat de Tripoli , eil firue a fon m idi j & en eft fepare par le Mont Atlas. Mourzoukj que M. Delifle appelle Chate\ en eft la capitale. On compte dans ce pays plus de cent villages, & on y re-cueille beaucoup de datces Sc de fenć. M. d'Anville lui donne une grande ćtendue vers le m idi. A Torient du Fezzan , M. Debile place le Rajffem ou Pays petri/le } dont M. le Moine j ancien Conful de France a Tripoli , a donne une relation inferee dans le Mercure de Janvier 1729. Ce pays eft inhabite Sc inbabitable. Tout s'y petrifie, dit-on, meme les hommes 6c les animaux. D ij 7 Bijerte & Porta Farine. Mais cette divifion n'a plus lieu aujourd'hui. L'Etat de Tunis e(t partage en partie feptentrionale Sc partie meri'dionale ; la premiere appellće le Quar-ricrd'Ete'j parce que le Dei j accompa-gne d iin ca m p volant, la parcoure en ete pour lever le tri but; Sc Tantre le (Juartier d'Hiver j parce que c'eft l'hiver qu'il en fait la tournee pour le meme Tuje t; Ce qu'on appeile le Quartier d'Ete\ repond a f>eu pres a la Zeugkane des Anciens , Sc e Quart'wr d'Iiiver comprend ce qu'oO appelloit la Byr)acene propreroent dite. Partie ftptentrionale ou Quartier d'Ete. Ceft le Quartier le plus fertile Sc le plus cultive. Nous le diviferons en partie mar'iiime & partie intaicure. I. Entre les principales villes de la cofe , Tunis doit etre confideree la premiere, comme erant la cnpirnle du Rovaume , ou de la Republicjue. Elle eft ilttlee fur la pointe du Golfe de meme nom , a trois ou quatre lieues de 1'anciennc Carthage , flcs ruincs de laquelle elle s'eft acerue. Elle a plus d'une lieue de circuit, Sc fa D iij. 78 Methode de Geographle. figure eft un quarre long. On y cornpte 10000 familles , čk plus de 3000 bouri-ques de Marchands de toile čk de drap. Son principal commerce eft avec les Ve-rntiens & les Genois j mais fa plus gtande richefle roule fur les pirateries de fes ha-bitans. Les maifons de Tunis font baties de pierres čk de briques avec du plarre. La plupart n'ont qu\m etage , & les plan-chers font mac.onnćs de pierre , parce que le pays manque de bois. Les toits font faits en terraife , pour mtcux faire ćcouler 1'eau de la pluie dans les ci-tetnes de chaque maifon. La ville n'a ni fontaine, ni ruifTeaii. La fetile eau vive que Ton vend dans les tues fe tire d'un puits , qui eft aux environs , avec encore C]uelques autres \ mais qui font gatdćs pour 1'ufage d u Dei &c du Bacha. Tunis tire fon principal ornement d'une fuperbc Mofcjuee 5 qui a un minaret foft haut d'une belle architcćhire. Au milieu de la ville eft; une grande place , 011 Pon rrouve un trcs-grand nombre de Marchands , čk qui eft environee de boutiques. Les murs de Tunis ont quarante coudćes de hau-teur j & font flanques de plufieurs tofltš , avec une citadelle batie fur une ćminence d u cote de 1'occidcnt. Le Golfe fur le-quel cette ville eft fituee, a environ rrois licues de longueur fur dcux de large ; 6k joint a celui de la Gouktte par un petit Le Royaume de Tunis. 79 Canal Ci etroit , qu'une galere ne fauroit y pafler en ramant j c'eft ce qui rend le pore fort fur , oucre que le dćtroit eft dć-fendu par detix bons chateaux. Tunis fut pris en 1535 , par TEmpereur Charles-Quint, qui y retablit le Roi, qui en avoic ćtć dćpodedć ; Sc cette ville en garde en-core une tradirion fenfible, par la Place de Charles-Quinr, qui eft proehe du cha-teau. Les Turcs s'en rendirenr maitres en 1570 , 6V y ont ćtć abfolus jufqu'a ce que cette ville s'ćrigea en Rćpublique fous la proteetion de ces Infideles. En 1718, une efeadre de France s'approcha de Tunis pour la bombarder: elle Fauroit human-quablemcnt ćtć fans la parole quc donna la Republique de ne plus eroifer fur les cotes de France , Sc de n'attaquer aucun batiment francois. A trois lieues vers le nord-eft de Tunis , on voit les ruines de Cartbage. Il ne refte plus de certe cćlebrc rivale de Rome , que les anciennes clrernes j le licu appelle Merfa ou ćtoit le port \ Sc un aqueduc , dont les areades font fort hau-tes Sc qui fervoit a conduire dans la ville leseaux des monragnes voifines. Les envitons de Carthage produifent des fruits dćlicieux & fort gros, qu'on transporte o. Tunis. < En fuivant la eote , a lbccident de Tu-ms , on rematque Boos-hjtter 3 qui eft D iv JJo Mćthode de Gecgraphle. l'ancienne Ucique \ $c Porto Farma 3 au-rrefois vilic conlidćrable. II ne refte au-jourd'hui a certe derniere que fon post, forme par l'embouchure du Mejerda , ap-pellć autretois Bagrada : les Tunifiens y tiennenc leurs vai(Ieaux. Les environs font habites par <$es Berebetes , qui parlenr un arabe corrompu. Be.n^ert ou B/J'erte 3 dont le port, autrefois tres bon , ne petit rece-voir aujourd hui que de tres-petits vaif-feaux. Le Cap Serra 3 le plus feptentrio-nal de toute l'Afrique. Le Cap Njgrc ap-partienc a la Compagnie de France , qui v a un comptoir avte un fort ; & elle paye pour cela une fomme aux Tunifiens. h [ih de Tabarca 3 qui avec la riviere de Tujca j fepare la cote mar i ti me de Tunis de celle d'AIger , ett oceupee par les Ge-nois, cjni y ont une bonnc fortereile , mu-nie d'artillerie , & gardee par deux cens foldats. Ils y font quelque commerce y outre la peche du corail j mais pour n etre pas inquietćs, ils payent 4000 ecus au Bacha de Tunis} Si 1000 a cehu d'AIger. A l'orient ćk au fud de Tunis , on ren-eontre fur la c6te „ la Goidette 3 fortereile cćlebre , compofće de dcux Chateaux , dont lun fut bati par Charles Quint, &c l'autre par Achmet, Dei, a l'entree d'un canal qui conduit a la rade de Tunis. So~ lym 3 petice ville lituće fur la riviere de me- Le Royaume de Tunis* đit me nom , eft habitće par des rvlmres An-drdous , c'eft a dire , venus d'Efpagne ,.-cjui one conferve* la langue efpagnole , Sc čuti (ont fort fociables. Nabel} ville flori/fante par 1'induftrie de fes habitans, & par fes poteries de terre. IJamamet ou Mahomcta j fur un golfe auquel elle donne fon nom , a ere batie par les Rois de Tunis : cette ville eft petite \ mais opu-lenre. 11, Les lieux remarquables de la partie interieure du Quartier d'Ete , font Ve-g/4 ou Reja 3 a douze lieues au midi du Cap Negve. C'eft une ville batie fur le penebant d'une colline-, fermće de bon-nes murailles , Sc defendue par une cita-delle. Ses environs font exrremement fer-tiles en bled : elle en fournic Tunis Sc tout le voifinage. Tuburbo fur le Mejerda , petite ville habitće par des Maurcs Andalous. Keffj au fud-outft de Tunis, eft la troiiieme ville de 1'Etat pour les ri-chefles Sc pour la force. Zowan , petite ville , fameufe pour la teinture des bon-nets en ecarlate , Sc pour le blanchilfage des toiles. Partie mc'ridionale ou Quartier d'Hiver. Nous partageons egalement ce Quar-tier en partie maritime Sc partie interieure. I. Les lieux les -plus remarquables de la premiere > font du nord au fud ; Her- D T 8 2 M 'thodc de Geographte. k da j que Sluvr coir cchire etre 1'anciefi vtidrutntt m • Sufa 7 Tune des plus confi-der.ibles du Royanme , eV Ili rifidence d'iui Gonverneur. Elle a un bon port , 011 les Corfaires de Tunis font a 1'anchre. On y fait un grand commerce d'huile , de toiLs > de cir; & de eoton. Son ter-foir j trop leger potir porrcr du froment, donne de lbrge če des fruits : il eft abon-dant en paturages. Lempta j qui eft la Lepas parva des Anciens, a dans fes en-virons les ruines de plufieurs rillesj Mak-d/a on Ajrica , dettuite pour la derniere fois , par Doria , Amiral de TEmperair Charles-Qui nt. Sfakes 3 ville modeme, qui a pris fon norn de la quantite de con-combres qui croiftent dans fon voifinnge. Elle fait un alTez bon commerce en toiles &C en huiles. Cabts ou Gabbs , firuee fuf la rive feptentrionale de la riviere de mt-me nom , a fon embouchure dans le Gol-fe qu'on appelle auili Golje de Cahes. On trouve dans fes environs les ruines de i'ancienne Tacape 3 une des premieres r de Biledulgcrid ou Pays des Datcs j a cette grar.de etendue de pays , comprife entte la cote de Barbarie au nord , & le Satira au midi , dans route Petendue de l'Afrique, &pulsrEgyptejufqn*3 1'Ocean. Des relations plus exaćtes , fonc reiTerrcr le Biledulgcrid dans les bornes que nous iui affignons d'apićs les Cartes de Ivi M. Dehfle & d'Anvdle. Quanc au Pays des Dates j il n'a pasnon plus t etendue que ces Geographes donnent au Biledulgcrid. Nous en donnerons plus bas la defctiptiou, Tout le Biledulgcrid eft fabloneux 5 fec 6c montagneux. 11 ne prodiut guere que des dates , qui v font en tres-grande abondance , 1& moirie de la Province ćtant prefcjue couverte des arbresc]ui por-tent ce f rti it. Les habitans fonr un me-lange d'anciens Afncams &: d'Arabes fauvages. Les premiers vivent dans des efpeces de villages fofrrićs dt'uu cerrain nomhrc de petitcs eabanes. Les Arabes habitcnt ftiiis des rcnces , erranr de licu en lieu , pour chercher decmoi fub filter > 16 Mćthode de Geogfaphlt. & pillant quand ils peuvent ie faire itn- putiement. La partie fcptentrionale dii Biledulgcrid a quelques villes , dont les principnles font Cajsa &c To^er > dont nous venons de parler. La parrie meridionale eft inha-bitee , ou peu connue. A R T I C L E IV. LE ROJAUME D*ALGER. C A R. T E S. Ce Royaume & le Tegorarin ont e te do rineš en unefeullle par M. Šanson. \t E Rovaume d'Alger eft le plus grand des ftx oni compofent la Barbarie , &C porte au (li !e nom de fa capicaic. On liti donne communćment 250 lieues de lon-gueur de l eft a Potieft, ec 70 ou 80 au plus de largeur du nordf au fud. 11 y a beancoup de montagnes, & en quelques endroits on trouve des terres , que la fecberelTe rend ftćriles 7 mais en general le pays eft alfez fertile en bled , en fruits , en betail & en gibier. L'air y eft fi tempere , que la chaleur de Tete ne feche point les feuilles des arbres , &£ Mitiane 3 Conco 3 La-bt\ j Tcbejja , Human-Ear * Arefgol, 8 S Methode de Ceographie, Oran j Majlagari 3 Bone Sar gel > Gi-geri & Conjlantinc. Mais lorfcjue les Deis d'Alger fe furenc rendus independans de la Porte , ils diviferent leur Erat en trois Deliksou Gouvernemens : c'eft la diviiion qui labilne encore aujourd'hui , cv qut nous avons cru devoir adopter. Le Rovaume d'Alger eft done pattage en trois Gouvernemens \ celui du Levant 3 celui du Couchanc, & celui cla Midi. Clu-cune de ces Provinces eft gouvernee paf un Viceroi , que le Dei d'Alger place tk depofe a fa fantaifie. Ce Viceroi lui-meme eft fort defpotique , Sc ne marche jamais qu'accomp;igne d'un corps de rrou> pes , furtour loriqu'il va recueillir le rriba c des Arabec. La ville d'Alger , cnpirale de cct Etat Sc la rćhdence du D<-i , forme, avec fon territoire , une Province particuiiere qui ne dćpend d'aucun de ces trois Gouvernemens. Elle eft immćdiateinent gouvernee par le Dei tk fes Officiers. A'Iger. Cette ville, ficuće fur le bord de la mer , a pen pres au milieu de la cote d'Alger , eft 1'ancienne Icofiam, Les Ara-bes lui ont donne le nom dlAlje^eirah y c'eft-a-dire VIflt 3 d'ou nous avons faic celui d'Alger on Alge^ire3 , a caufe d'uno lile lituee devant la ville , qu'on y a jointe Le Royaume d'Alger. 89 depuis par un mole , qui rend le port plus fur & plus grand qu'il n'etoit auparavant. La ville eft grande , riche , belle & bien peuplee. Elle eft bacie en quarre fur la pente d'une monragne. Sesćdifices , pref-cjue tous batis en priaues , forment une efpeced'amphidieatre tort agrćable a voir. Chaque malion n'a qu'un ćtage \ mais elle a Ton corridor ou galerie avec une belle ten-aflTe. Le plus beau batimencd'Alger eft le Palais du Dei. 11 eft au milieu de la ville , entoure de deux belles gale-ries, foutenues pardeiu rangs de colonnes de marbre. Ceft dans 1'une des iales de ce palais que le Divan s'allemble quatre joLirs de la fcmaine \ le Samedi , le Di-manche , le Lundi Če le Mardi. Les mn-railles de la ville font bautes , foutenues de bons remparts , fortifies de plufieurs baftions , & environes d'un large fofTe. Louis XIV fit bombarder Alger en 168$ & 163 8 : les Algeriens furent obliges de venir lui faire excufe des infulces qu'ils avoient faites aux vaifTcaux frane^ois. II n'y avoit autrefois a Alger ni puits ni fontaines. On eto it oblige de fe con-tenrct de 1'eau de pluie qu'on rafTembloit dans les cirernes. Mais en 161 1 , un Maure , du nombre de ceux qui avoient ete chadcs d'Efpagne , trouva moyen de conduite de 1'eau dans la ville 3 en fai- 5o Me tho de de Giographk. fant un aqueduc. De forte qu'aujourd'fmi cette eau eft diftribuee , par des ruyaux, a plus de cent fontaines , qu'on a ccmftrui-tes a la ville ck a la campagne. Les environs d'Alger font tres-ferriles. Les collines čk les vallees font couvertes de maifons de plaifance, accompagnćes de beaux Jardins , ou les gens nebes vonc palfcr Tete. On en compte prčs de dix-huit mille. Ce font comme des efpeccs de fetmes ou de mćtairies , qubn fait cnlciver par des efelaves. On y recueille beaucoup de fruits j 6k il y a des vignes plantćes par les Maures de Grenade , qui rapportenr beaucoup. La plaine de Metttjah , Gmit au m idi d'Alger , eft fur-tout remarquable pat fa fertilite. Elle a neufa dix lieues de lon-gueur , fur quatre a cinq de largeur. Ce font d'anciennes tribus Arabes qui Thabi-tent. Une infinite de fources ck de ruif-feaux 1'arrofent, ck lui font ptoduire en abondance des racines 3 des herbages , des fruits , du ris ck toute forte de grains. On y fait deux , tk quelque fois trois recoltes dans une annec. II y a feulement f>res de la mer , quelques endroits fteri-es , ck des bois fort ćpais } infećtes de beaucoup d'animaux venimeux. Celi dans cette plaine que demeuroit le Prince Selim Eutemi, Roi d'Alger, qui fut decronć en Le Rovaume d'Alger. <■) i 1515 , & tuć par Aruch Barberoufle s Corfaire > qui ćtablic a Alger une milice Turcjue. I. Le Dćlik ou Gouvernement du Levant. Ce Gouvernement eft , a tous egards, le plus confiderable des trois , rane pour fa richefle , fes forces Sc fon ćcendue , que pour le nombre de fes villes. Les plus remarquables fur la cote , fonc d'oc-cident en orientj Tedlcs > a dix licucs au levant d'Alger j defendue par un eha-teau j Bugie , avec un alfe z bon port y aurrefois capitale d'un petit Royaume de Uieme nom , n'eft aujourd'hui remarqua-ble que par le tombeau de Seedi Bufgree , un des faints tucelaires de la ville \ Gigeri ou dijeli j aucrefois capicale d'une Province qui dćpendoic du Royaume de Bugic. Le cerritoire de Gigeri comprend le Mont Aurax 3 qui s'ecend vingt-cinq a rrente lieues du nord au midi , vers le Mont Atlas , dont il eft une branebe. 11 eft ha-bitee par une nation Arabenommće Cabey-le^en , here , jaloufe de fa liberte , Sc iftdomptable , a caufe.de quelques en-droits inaceeflibles de la montagne ou ces Arabcs fe retirent. Le Dey d'Alger n'en peut rien tirer que comme ami, Sc non comme fouverain. Les Franc,ois ont eu lon^-temps a Gigeri un ćtabliflement, ou les Arabes venoient leur vendre des 5> i Mćthode de Geographle. cuirs , Je la cire & des grains. Ils en furent chaftes en 1664, par ces nicmes Arabes , qui ruinerenr le tort qu'on avoit entrepris de conftruire pour les tenir en refpečt: 5c depnis ce temps rous les etran-gers , fans diftinčtion , qui fonr naufra-ge fur leurs cotes , font pilles , & faits efclaves. Les Mahometans font les feuls qubn renvoie avec quelques provifions. Plus a 1'orienc eft la ville de Bone y 1'an-cienne Hippone j dont le grand S. Au-guftin eroit Evccuie , ou du moins elle a ćte bacie de fes ruines. Douze lieues plns a 1'orient , eft le Bafiion de France 3 o ti les Francpis fe font ćtablis depuis 1633. lis y etoient aurrefois en plus grand nom-bre qu'anjoiird'hui : le mauvais air les a obligi'F de fe retirer a la Calle 3 netit port (itue fept milles plus baut , ou ils s'occupent a la peche du corail , en payant une redevance a la Rćpublique d'Alger, Dans Tinterienr des tcrres , on remar-que Conflantlne 3 entre Bone tk Bugie , ville bien fortifiee. On y voit quantite de beaux reftes d'anti "]uitćs , monuruens de fa fplendeur , loiTqu'ellc etoit la capitale de la Mauritanie Ceftrienne. Le Bey du Levant y fait fa rćiidence. 11 a une garde de trois cens Spahis on CavaliersTurcSj tk de quinze cens Maures entrercuis a fes depens, Conftantine a eu des Rois, depuis i'invaiion des Arabes en Afnque Le Roya ume d'Alger. 9 3 jufqu'en 142.0, que les Tunifiens s'en rendirent maitres. Mais en 1520 , Bar-berouiTe ayant conquis Alger , les habi-tans de Conftancine fe donnerent a lui, & depuis cette ville eft reftee fous la de-pendance d'Alger. Steffa j environ a vingt lieues de liu-gie , au tnidi , dans une plaine agreable ik tertile \ rIebejj\ au fud eft , fur les confins de Tunis. Zamora j a 1'orient, eft la ville la plus riche de toute la Barbarie en bleds tk, en troupeaux. On j tient, tous les Lundis , un marche ou les Arabes tk les Bćrćberes viennent vcndre leurs denrees. Bifcara, au niidi , eft la capitale d'une Province de me me no m , babitće par une tribu Arabe , la plus mi-ferable de celles qiu font repandues dans le Rovaume. II y a toujours a Alger un grand nombre de Bifcaras , qui s'y eni-ploient aux plus vils ouvrages, pour amafter quelqu'argent avec lequel ils reroument dans leur Province. Ce font eux qui ame-nent dans les potts des lions, des tigres, ck autres bćtes fćroces , qu'ils apprivoi-fent pour les vendre aux etrangers. Ne-bob? , a vingt lieues au midi de Steffa, eft une des plus jolies villes ■ de Barbarie. Son terroir rapporte beaucoup de froment ik d'autres chofes necelfaires a la vie. Les flgues qui y croilPent font les meilleures de toute l'Afrique j ćk il 94 Mćthodc de Gc'ographie. sen fait un grand debic. Les habitans fonccivils & fociables , leurs maifons fort propres &c les jardins produifent de ties-bons fruits. On remarque dans la ville une fuperbe Mofquee 3 aupres de laquelle eft un Cullćge bien rente pour 1 mnruction de la jeunefle. Le Delih ou Gouvcrncment du Ponent. Ce Gouvernement comprend les c6-tes, a l'occident d'Alger , & tout l'an-cien Royaume de Tlemfen ou Tremeccn. Ses villes les plus remarquables, font d'orienr en occident, Serfel y a hllit lieues a l'oueft d'Alger \ Tene% ou Tennis 3 au-trefois capitale d'un petit Royaume par-tieulier j Mojlagan ou Mujly-gannim , dćfendue par une citadelle j Oran 3 Tune des plus importantes villes de Barbarie , qui apparrient aux Efpagnols , ainfi que Marfalčuivtr* htuće au fond de fon port, le plus bcau , le plus far, & le plus grand de route l'Afrique. Ce fut en 1490 , que les Efpagnols , commandćs par le Cardinal Ximenćs , prirent Oran \ Se dćs-lors elle fut rnife fous le Diocefe de To-lede en Efpagne. Les Turcs raflićgerent inutilement en 1556. Les Algericns la prirent en 1708 \ mais les Efpagnols l'ont reprife en 1731 , aprćs une affez belle derenfe. Les Algeriens firent la meme Le Royaume a" Algcr. 95 annće une tentative pour la furprendre : ils furent entieremeut defaits , par le Marquis de Santa-Cruz de Marfenardo, qui en eroit Gouvemeur \ maisceSeigncur, digne des plus grands ćloges , peric dans le fein de ia vietoirc. Andaloufe 3 ville conftruite par les Maures chaftes d'Efpa-gne, eft huic ou dix lieues plus a 1'occi-dent. L'interieur des terres du Delik du Po-nenr n'a de confidćrable , que Tlemfcn & Ned-Rome. Tlcmfen 3 qu'on nomme par erreur Tremecen 011 Telemjin , aurrefois la capitale d'un Royaume aflez puilTant, & aujounfhui la refidence du Dei du Po-nent , eft ficuee fur une ćminence , a fepc lieues de la Mer Mćdicerranće. Cette ville eft ceinte de bonnes mutailles, & dćfendue par un beau chateau. On y voit un grand nombre de belles & richcs Mof-cjuees j cinq principaux Colleges , oii on encretient un certain nombre d'Ecoliers , filufieurs fontaines. Mais ce ne font que es reftes de Pancienne fplendeur de cetre ville , qui eft bien dćchue , depuis qu'elle eft foumife aux Algeriens , & fur-tout depuis 1670 , que pour quelques mouve-niens , elle fut prefqu entićrementdetrui-te. Les environs de la ville font fertiles & remplis de beaux jardins. Le Palais des anciens Rois, bati comme une forcerefle, *) en une jeuillc j par Nkolas S AN SOS. XjEs Etats de 1'Empeveuv de Maroc , qui eft aujourd'hui un des plus puiflans Princes d'Afrique , occupent la partie la plus occidentale de la Barbarie , tk renfer-rnent les Royaumes de Fez , de Maroc * de Sus tk de Tafilet , qui ont ćte reunis en une feule monarchie au XVllc lićcle. Us font fitućs entre le 28° dćgre 30 mi-nutes, tk le 42 de latirude feptentrionale, & ils s'ćtendent depuis le 7 ]ufqu,au 18 30 minutes de longirude : ce qui fait prćs de deux cens lieucs cominunes de France d'ćrendue du midi au nord , tk cnviron deux cens cinquante du i;ord-eft au fud-otieft. Le Souvetain de ces Etats fe cjualifie Ernpereur d'Afrique , Roi de Maroc , de Lez j de Sus, de Tafilet, Seigneur de Gago , de Dabra tk de Guine ; grand Chćrif de Mahomet, &c. Ce Prince eft defpo-Tome VIII, E c)3 Mćchode de Gć'ographie. tique , cV nc connoir dVurres loix due fa volonte i ctpendant il depend en quelque iorte du Mouhi, qui eft le chef de la re-1 igton mahometane , & de fes Oflhciers, qu'd a le droic d'ćtablir j mais quil ne peur depofledec de leurs cbarges* 11 na pas de domaines parriculiers. Ses revenus cormftent dans la dixme de tous les biens de fes fnjers \ dans la taxe annnelle de fix cen s par tete , que chaque Juif male au-delTus de quinze ans lui paye , &c dans pluiieurs impots qu'il met & qu'il ote , a fa volontć. 11 na ni cour , ni juftice , ni confeil , ni miniftre , & fait gouverner tous fes Etars par des Alcaides on Alfa-qtiis , a qui il abandonne les revenus de leurs gouvcrnemens , $C done il rire des fo m m:8 s c o n h d ć r a b l c s. Les Etars du Roi ou Empereur de Ma-roc , r< nl.rment , comme nous 1'avons dirles Royaumes de Fe% , de Maroc J dc Sus če de Tajila. Le Rovaume de Sus ril aujourd'hui renfermć dans celui de Maroc , dont il eft nne Province. Quanr au Royaume de Tafilet, nous en parle* ronfc .y cil decMvant le Pays des Datcs \ dans lequel il eft firue en entier. Ainti nous ne parterons ici que des Royaumes de Eq ft de Maroc. p.OYAUMK DE FeZ. Ce Rovaume, qui faifoit partie de cc Emplre de Maroc. Zaffarina Ecds Sc Alcudia. Melilla a un chaceau, avec un pore fur la Mćdicerranee , & ap- £ ii 10o Mtfthode de Ge'ographle, parrient aux Efpagnols depuis Tan. 1497» cju'ils sen rendirent les maitres. II. La Province de Chaus 3 la plus <*rande du Rovaume , a Te\\a 3 T.evrert j Dubdu j Garjis 3 Haddagia Se Sofroa. TttfiS, 3 capicale , eft aiTez grande , Sc i'une des plus confidćrablcs du Royaume de Fez. III. La Province cVEmf, a pour prin-cipales villes Gomera 3 capitale t Vele\3 jVlcfemma Sc Penon de Vele^ 3 forterelfes suix Efpagnols , le long des coces de la Mer Mediterranee. 1 V. La Province de Habat on Hasbat3 la plus feptentrionale Sc la plus impor-rance du Royaume de Fez , a caufe du voifinage de l'Efpagne , done cUc n'eft fe-paree que par le dćtroit de Gibraltar , a les villes oV Ar/lila fur l'Ocćan : de Te* man 3 de Centu Sc de Tanger > fur le Dćtroit de Gibraltar. Arfdia 3 petite, mais forte ville , avec un pore, a ćtć aurrefois aux Portugais, fur qui les Maures la re-prirene vers la rin du XVle fićele. Tetuan 3 a une lieue de la Mer Mćditerranec, eft aufli aflez forte , Sc fait un allez bon com-inerce , particulicrement avec les Hollan-dois , qui y ont un comptoir. Ceuta , ville , citadelle 6t pore fur la Mer Mććlirerranće > appartienr aux Efpa-ls depuis j 57S. Les Maures nont Empire dc Maroc. 101 v cefTe de i'inquieter depuis 1697 , jnfqu en ijic , qu'ils ont enrin renonce au deftem de la rcprendre. Tariger , dans une btua-tion rtčs-importante , Tur le Dćtroit de Gibraltar, etoit autrefois alfez confidera-ble , bicn fortifiee , Sc avoit une Univer-iitć , de mtme qu'une bonne citadelle , avec une rour forc hauce , qui fcrvoi: de befroi. Les Poreugais qui lavoiene prife en 1471 , la donnercnc en 166z , aChar-les 11 , Roi d'Angleterre , pour la dot de leur In fante fon Iipoufe j mais ce Prince s'ennuyant de la garder plus long-temps , la fit raftr dans les annees 1684 &z 5. V. La Province cVAfgar contient les villes de Larachc &Elgiumha 3 & de Cc-bir ou Cafar-Flcahir. Larachc _> capitale , eft une affez bonne &c alfez forte ville , avec un port fur 1'Ocean. Les Maures lenleverent en 1681 aux Efpagnols , qui 1 avoient prife fur eux en 1619. Ses babi-tans font aujourd'hui le metier de Cor-iai res. V I. La Piovincc de.f3 tire fon noni de fa capitale , qui 1'eft aulli de tout le Koyaume. Cctre ville alfez ćloignee de la mer , cV qu'on nomme Fei£ la vicillc, pour la diftinguer de la neuve qui eft au-delfus , & lui fert comme de citadelle , a fa licuarion fur la pente de deux. ^ontagnesfeparćes par tule riviere. EUc na loi Mćthcde dc Geographie. poinc de fauxbourgs , ćk fon circuit n'eft pns a beaucoup pres fi grand qu'on a con-tume de le faire : il ne laiifc pas nćan-moins d'ctre confidcrable , čk de contc-nir pres de quatrc lieucs } mais il y a quantite de jardins dans la ville. Les lues de Fez font fort ćttoites , ck ont des portes que Fon ferme la nuic pour empe-cher que Fon n'aille d'un quatrier a Tantre. Les maifons , au nombre de cenc mille , font couvertes en terrafte 5 tk quoiqu'el-Jes n'aient rien de beau a u debors , elles font neanmoins forr propres au dedans. Fez eft rorc marchande , tk fait prefque tout le negoce du pays. Ses fortilications font peu de chofe , ck meme les deux chateaux qui la defcndent , n'ont point d'artdlerie. La riviere qui defcend de la nouvelle Fez , palfe au milieu de la vieille ou elle fe divile en fix brancbes , qui four-nilfent de Teau dans toutes les maifons de la ville. Ces fix branches font toumer 3 66 nioulins , 6k donnent de Teau a au-tant d'ćtuves. II y a aufli 166 fours pour la commodite des Bourgeois ; ik comine ils cuifent leur pain tous les jours , ces fours font prefque toujours occupes juf-qu'a quatre heures aprćs midi. Prefque tous les Marchands ont leurs boutiques aux environs de la grande Mofquće mais ils demeurent ailleurs, comme a peu pres Empire de Afaroc. i o ; les Marchands du Palais a Pariš. Cetre grande Mofquee eft un beau bariment , aulli bien que le Collćge , que le fameu* Mouley Archy fic batir. La Nouvelle Fc:; , qui n'eft qu'a 1200 pas de la vieille, n'a tien de remarquable que fa grande Mof-cjuće , qni eft rres-belle. A douze lieues de-l.i , eft la ville de Miqucnc^ , ou les Empereurs fonc aujour-d'hui leur rćftdence ordinaire , parcc que l'air y eft plus tempere Sc beaucoup plus fain qu'a Fez ; mais on n'y compte , dit-on, que trois mille habitans. Les autres villes decette Province font Sale y aflez belle Sc alTez bonne ville , avec un port, pres de lembouchure du Burragrag dans 1'Ocean. Scs habitans s'adonnenc a la piracerie , «jui fair leur principal revenu. Ce font les plus fameux Corfaires qu'il y ait fur 1'Ocean j Sc comme le port de leut ville eft peu profond , ils fonc ordinairement leur recraice fur les cotes de la petite Ifle de Fedale } qui n'en eft pas fort eloignee. Mahmora ou Mahamore , petite ville avec un alfez bon port Se une forterelfe , fut teprife il y a quelques annees fur les Efpagnols , Sc c'eft aujourd'hui une recraice de Corfaires. V 11. La Province de Temefne 3 aflez fertile; mais pleine de lions , de lćo-pards Sc autres bctes feroces, a les vilic? E i? : 104- Metkode de Geograpkie. on boargs d'Anfd & Anafa fur l'Ocean } &Almanfora , a 1'cinbouchure du Guirus dans l'Ocean , 8c de Rabata. R0Y AU ME DE M ARO C. On y trouve quelques mineš d'or 3 d'ar-genc & de cuivre j mais Ton plus grand revenu confifte dans le debic qu'il faic de fes cuirs & de fes peaux j de mtme que de fa cire , de fon nuile 3 de fon fucre & de fon paftel. Sa longueur du fud-oueft au nord-eft, conrient pres de i oo lieues; tk fa iargeur , du nord-oueft au fud-eft, en a 58 ou 6.0. Le Royaume de M.iroc eft partage , comme celui de Fez , en fept Provinces : trois fur l'Ocean , du nora au fud : ce fom celles de Dukela j de Hea & de Sus ; quatre dans les terres , favoir : Hajcara j fedles f Maroc tk GuMlda. I. La Province de Dukela j la plus fep-tencrionale du Rovaume, & fort fertile en bled , a les villesd'^f/rf/fou Saffy > d'A/%a-mor 3 de Jkfaragan 8c cVEl-Mcdina. Les villes d'Afafi & de Ma\agan , fonr aftez fortes, &; ont chacune un port fur l'Ocean. Les Pomigais en etoienr autrefois les mai-tres, de metne que c\A\amor, fur 1'Om-mirabi j mais ils n'ont plus aujourd'hui que Mazagan* A\amor ell une aftez gran-de viile bien peuplee. II. La Province de llea s qui eft fort Empire de Maroc. t o 5 peuplee , a pour capitale Ttdneft 3 ou les Rois de Maroc ont un Palais. On y tuou« ve eneore Tecuieth j Amama Sc Tejethna. Cetre derniere vitle eft a 1'embouehure dune riviere de me me nom , qui fait un port pour les vaiireaux marchands. III. La Province de Sus > la plus mćridionale s Sc la plus conftderable du Rovaume , a eu autrefois fes Rois patti-culiers. Cetre Province eft fertile. On y remarejue Tarodant 011 Tarudant > capitale J 'Lejluth j Tagavofi, dans les terres , Sc Santa-Cruz ou Guanguejjem 3 port Sc fonerelfe , que le feu Empereut Mouley-Arclii a pris rut les Portugais. IV. La Province dTla/cata 3 ou font les villes ou bourgs cYEimadlne 3 T ago- dajl j SCC. V. Celle de Ttdk\ 3 la plus orientalc du Rovaume , n'a de remarquable, que Tćfza , aftez bonnc ville fur ia Derne. VI. La province de Maroc 3 bien peuplee , Sc abondante en bćtail T porte le no m de fa capitale , qui Teft aufli de tout le Royaume. Cette ville qui eft plus eloi-gnee de la mer que ne 1'eft Fez , ćtoir. autrefois le frege des anciens Cherifs dc ^ 'a Mauritanie Tingitane , ou des Royau-m.es de Fez Sc de Maroc. Elle eft fttuće dans une belle plaiue, a cinq ou f?x lieues du mont Atlas , grande , peuplee d'en-r, Viron 100000 habitans, Sc encoutje de E v io£ Metkode de Geographie. tres-bonnes murailles avec 14 portes. Ses Mofqućes , fes Colleges 6c iur-tout fes Aqueducs , au nombre de 400 , font ce cju'elle a de plus remarquable aujourd'hui, #c les reftes de fon ancienne fplendeur. Les autres vdles de cette Province font : Agmet j TeJraJIa , Tummella 6c Elgiumba. aflez forre. VII. La Province de Guzula j iituee au midi , 6c au-dela des montagnes qui rer-minent le Rovaume de Maroc , n'a que des bourgs , ou plucot des villages, qut ne font daucune confidćration. A R T I C L E VI. LE PATS DES DATES. X i E pays qui totiche immediatement au midi les etats de Maroc , d'Alger 6v de Tunis , fe nomme le Pays des Da te s , parce qu'il eft couvert en beaucoup d'en-droitsde forets de palmiers, dont le fruit eft la principale nouriture des habitans. L'air y eft extremement chaud , & le terroir ptefque fterile, a caufe de fa grande fecherefle. Les dates , les chameaux &c les autruches font toute la nchefle des b kbitan*, qui fontgrands voleurs. trairres, brucauH & cruels. Les Arabes , qui y Le Pays des JDatcs. i o7 ionr aufii puiflans que les naturels , ri-rent une bonne parne de leur fubfiftaiue de la chafTe des autrucbes. Ils en man-gent la chair , vendent la plume , Se en appretent la peau de facon qu'ils en pen-vent faire des efpeces de valifes bu ■ ils ferrenc leurs hardes. On dir de plus qu; le cccur leur fert pour leuis fortilćges , la graille pour leurs rcmedes , ČC la cot ne pour faire des pendans d'oreille. Le mont Atlas fćpare ce pays des ILz\t?< de Barbarie au nord. Au m idi il rouche le Sahra. On ne peut afligner fes borne s au levant & au coucbant. 11 eft parta-gć en plufieurs cancons , qui font, d'oc-cident en orient , le Darha , le Rovaume de Tafikt} \c SugulmeJJe j le i egorarm > le Zab tk le Te con. Le Danih , le Tafilct 6c le Sugulmcfje. font fous la do m inat ion de TEmpereur de Maroc. Le Tćgor ari n Sc le Zab de-pendent du Royaume d'Alger. Le Tecorc eft valTal de Tunis. Ainfi on peut divifcr le Pays des Datcs en trois parties. L Cancons qui dcpendent de FEmpereur de Maroc. 1. Le D ar ah , ficue alt fud eft: du Royaume de Maroc , a plufieurs villes confidetables s ftrućes lelong de la riviere de Darah , qui coule du nord au fud. Timeskk ; Qukeoa ; TintuHn , qui a plus £ vj \ 08 Methode de Ge'ographie. de fix milte habitansj Taragale y dćfen-dne par un chateau , qni a un Gouver-neur & ime bonne garnifon. Le Roi de Maroc a aufli des garnifons dans les au-tres villcs. 2. Le Royaume de Tafdet, qni prend fon nom de la riviere de mcme noni , laquelle coule du nord au fud , n'a rien de remarquable. 3. Sugu/meJJe ou Sisjilmcffa 3 a une capiralc de mćme nom , fituee fur le. Zq. 11. Cancons qui dcpendent du Royaume d'Alger. 1. Le Tegorarin eft le pays ou s'aftem-blenr les caravanes qui veulenc traverfcr le Sahra 3 pour aller faire le commerce en Nigritie. On y voic quelqnes cha-teaux , &i quelques villages aflez peuples. Mais le pays eft miferable. Les habirans ne vivent quc de daces, & de cbair &c de lait de chameau. 2. Le Zab eft rempli de fcorpions , & l'eau y eft rare. 3. Le Metkah eft une Province depen-dante du Zab. 11 eft fitue plus au midi. III. Cantons qui appartiennent au Royaume de Tunis. 1. Le Dćfert de Tecort ou Tocorte 3 qui formoit autrefois un Royaunie , a pour capitals une viile de mcme nom , fituee Le Pays des Dattes. 100 fur une monragne , au pied de laguelle coule une riviere. Elle eft fermee de bon-nes tnurailles , čx contienr environ deux mille cinq cens maifons, baties de pier-res de taiile & de briques. Les habitans, qu'on dit affables , font riches en dates ik en fruits, qu'ils echangent contre du bled , ou de 1'orge , dont ils ,manquent. Les Arabes qui errenc aux environs de cetre ville , peuvent metrre fur pied trois mille cbevaux bien equipes. i. Plus au midi eft le pays de Huer-guela ou Guargala 3 qni n'eft guere connu. j, Au fud-eft de Tocorte , on trouve 1« pays de Gudume. ou Ghedcmes qui a , diron , feize bourgs fermes , &: foixante villages. Les habitans de Gadume fa capitale, fonr riches , par le commerce cju'Us fonr avec les Negres. 11 o Metk ode de G eograp hit. CHAPITRE II. le s a hr a ou desert de Barbari e. J" ,Es Atabesont donnć le nom de Šahra, c'elba-dire Defert 3 d cette grande Rć> gion fituee cntre la Barbarie au fepten-trion ; la Nubie a 1'orienr j la Nigritie au midi , & la Mer Atlantique au couchant. Elle s'etend d orient en occident environ 800 lieues j mais-elle a beaucoup moins de largeur du fud au nord. Le pays eft pref-que inculte tk in ha bitć , a caufe des cha-leurs exceffives qu'il y fait. Lon n'y voit guere autre chofe que du fable 6V des icorpions : ceft pourquoi les habitans qui sy rrouvent en divers endroits , fe fer-vent de bottes pour fe garantir de la pi-quure de ces animaux. Les voyac;eurs avanc de s'engager dans le pays , fonr provifion de toutes les chofes neccflaircs a la vie ; les maifons & les pnits y font (i eloignćs les lin s des autres , que Ton fait fouvent des cenraines de lieues, fans troti* ver ni logement , ni eau. On dit qu'ur» Marchand Europćen s'y trouva prede tVune Le Sahni. 111 telle foif, qifil donna dix mille ducats pour une tane d'eau j encore ne lailfa-t il pas de inourir peu de temps apres aufii bien que celin qui la lni avoit vendue. Leurs combeaux Te voienr , dit on, encore aujourd'hui dans le deferc de Zan-baga , & fur le chemin de Darah a Tom-but dans la Nigritie , avec une infcription qui apprcnd cette hiftoire. II y a dans le Sahra quantitć de chameaux , de finges , de tigres , de lions , de leopards , & de pantheres. Les habitans du Sahra font pour la plu-part Pafteurs , & les meilleurs chalfeurs du monde ; mais larrons & miferables. Qnelques uns d'enrr'cux fuivent la reli-gion mahometane ; le plus grand nombre mene une vie libertine. Plufieurs petits fouverains, qu on nomme Cheques , vc~ c,oivent tribut des Caravannes qui paf-fent dans leurs terres. Leurs autres reve-nus confiftent en chameaux , & en peaux de betes fćroccs. Suivant MM. Delifle & d'Anville , le Shara eft pattagć en plufieurs grands de-fertSjdont les principaux font, dorienten occident: i. le Dćlert de Berdoa & de Levata ; il. celili de Len.ta ; J. celui de Terga ou des Touargues ; 4. le ZuetncigA ; & 5. le Zanhaga. Os dcferts prc-nnent ^nr nom de diverfes Tribus de Maures ■Mahometans qui les habitent. Celles de lil MJthodc dc Gćographle. Lemta tk de Zanhaga font les plus corifn derab'es. Au refte comme le pays eft pen connu des Eumpeens, on n'en peut par-ler que d ime maniere fort incertaine. I. Dcfert de Berdoa & de Levata* Ce Defcrr , qui toucbe a 1'Egvpte au levant , a environ deux cens lieues com-munes de France de Forient a Foccident, tk autant du midi au nord. C eft Fancien pays des Garamantes. Les Levdta ou Le-bates, peuples Arabes qui la plupart ha-bitent fous des tentes , occupent la partie ieptcntrionale ck Forientale de ce de-fert. La partie occidentale j occupee par les Berdoa eft extremement aride. Ou n'y remarque que Zala , qui eft comme une petite Ifte au milieu du dćfert, &c ou il y a des palmiers.. On dit qu'il s'y tient des foiresćk des marchćs. Une chaine de montagnes , nommee Tantaneh 3 tk que Pcolemee a marquee fous le nom de Girgiris > fćpare au midi, ces deferrs de celui de Bournou. Dans le milieu de ces montagnes eft le pays de Kawar, arrofć de que'lques rivieres , & afTez peuple li y a plufieurs villes. Ghcc ma , ancienne capitale des Garamantes , &c Tafaua 3 font aTorient, fur une petite riviere. On trouve a Foccident, du nord au fud , le long d'une autre riviere ? Le Sahra. i t $ L^er j Ancalas > 8c Medheram-I^a. Au nord de cerre derniere eft Zaw'da , qni depend du Fezzan. Balmala eft au fud d'lzer , afTez prćs du Mont Tantaneh. II. Defert de Lemta. II eft habite entr'autres par les LamptU" nes ou Lemta 3 peuples Arabes dou font fortis les Almoravides qui ont domine dans la Barbarie. Tihedou en eft la princi-pale ville. Elle eft (icuee pres d'un totrenc deflTeche , dans le bt duquel /a caravane de Tripoli , qui va tous les ans au pays des Negres , marche fept journees. Le defert de Lemta eft fepare de la Nigritie par le Mont Amedede , chaine de montagnes , qui court du nord-oueft au fud-eft. III. Defert de Ter ga. On y trouve en ttivers endroits des puits qui fourniftent de bonne eau. Les Terga ou Touargues qui occupenc la partie meridionale , habitent un pays dont l'air eft tempere , & qui produit de 1'her-be. Hair eft une contree moins aride cjue le refte du defert. 1 V. Le Zuen^jga. Ce Pays , tres-peu connu , eft habite par plufieurs tribus arabes , dont celle de Čerem eft une des plus confidćrables. El- occupent la partie feptentrionale. Lefi 114 Methode de GeOgraphie* fet, que 1 Edriii, Gćographe Arabe , ap-pc\\eŠ4%ek jc(lune villefermeedemurad-les de pieires , ou fEmpereur de Maroc rienr un Gouverneui* avec une garnifon. Son terroir a des palinicrs ck des oli-vrers : quelques rerres mcme rupportenc du miiler. Les parcies orientale Ck me-ridionale de ce defert , paroifient abfolu-Jnenc inhabitecs. On place cependanc dans cetce derniere une ville de Gog-den j qu'on dit capitale d'un Royaume , ou plutot d'une peuplade. V. Defert de Zanhaga. Ce Defert occupe la partie la plus oc-cidentale du Sahra j ćk c'en eft le canron le plus conliderable , le plus connu ck le flus habite. 11 occupe toute la Cote de . QcĆ.J.n , depuis le cap de Non )ufqu a 1'embouchure du Senegal, dans 1'efpace d environ trois cens ttente lieues. Sa partie feptentrionale eft habitee par les Lu-dayes , peuple tres-nombreux , qui, dit-on, peut mettre quatre-vingt mille hom-mes fur pied \ & par plufieurs tribus arabes , qu'on dit aufll trčs nombreufes. L'intćrieur du Pays , tres-peu connu , n'a de remarquable que Ttg&ta } oti 1'on trouve du fel de roche , que les Maures y vont prendre , pour le tranfporter en Nigritie. Sur la Cote de ce defert eft 1'Ifte fur la riviere de la Gazelle. III. Le Royaume de Bournou. Ce Royaume , que 1'on dit etre 1'un des plus confidćrables de la Nigritie , cfttraverfedu nord-oueft au fud-cft, par la riviere de la Gazelle , qui fort du Lac de Bournou. Mathan } ville fituee fur cctte riviere , en etoit autre fois lacapitale : c'eft aujourd hui K ar ne 3 qu'on trouve fur la mcme riviere en remontant. Au nord de Katne eft le defert de Bournou , qui eft fort etendu : on y remarque une ville de Taniatma. Au midi , eft celui de Zeth dont la principale ville eft Zaghara. Plus au midi font les villes de Secmara , fur le Niger \ de Stmegonda , fur le lac qui recoit la branche feptentrionale de ce lieuve ; ck. de Rcghebil } fur un autre lac, ou fe perd la branche meridionale du me me fleuve. Plus au midi , M. d'Anville nomme les pays de Bito , Tcmian 3 Dauma čk La Nigrltie. 11 9 Medera , pav s , d it-i l, que Lćon d'Afti-que , qni vivoit en 1500 j dćfigne com-me les plus reculćs vers le midi , tk cjui n'ont point d'autre pofition connue. 1 V. Royaume de Wangara. 11 s etend des deux cotes du Niger , šc comprend ime grande Ide formee par les deux divifions que ce fleuve forme au-def-fousde J/rea. Ghanara ville torte, eft fituee fur la branehe mćridionale , če Ma-rafa fur la branehe feptentrionale. Le paysde Wangara eft borne au midi & au couchanr par une chaine de montagnes , que 1'on dit riches en mineš d'or , du cotć du midi. V. Pays de Zeg^eg & de Cajjena. Us font au nord-ouefl du Wangara , le long du Niger , tk a fon midi. On dit le pays de Zeg^cg arrofć de plufieurs four-ces , ćv abondanc en grains. Tirca paroit me fa capitale. V I. Royaume de Ghana ou Cano. Ce Royaume , qui s'ćtend au nord d u Niget, a pour capitale une ville de mc-me nom , fituće fur le Niger , a 1'en-droit ou il recoit un lac , dont 1'embou-chure partage en deux la ville de Ghana. Cette ville ćtoit au X1IC fiecle la refi-dence d'un Prince Mahometan , le plus' lio Met bode de Geografi Že. puiffanc de U Nigritic. On la dit encove ibrt peuplće , ck la plus marchande de cellcs qui font fur le Niger. On ajouie que le Roi eft encore Mahomeran , ainit que fes fujets ; ck que fon palaisfituć fur le bord du Nil, eft bien fortifić. V 11. Rcyaume de Fararu Plus au nord , ćk ver s le mom Amć-dede , eft le Royaume de Faran , ati'oii dit abondant en paturagcs , ck riche en troupeaux. Les habitans font de belle taille ; mais ils font extrcmemenc noirs , ćk ont le vifage large 6k arrremc. Zanfara en eft la capitale. A gade s ou Andagoft , eft une aurre ville } a 75 lieues au nord-eft d'Angara. On la dit capitale d'un Royaume particulier , triburaire de celui de Tombuc \ ck qu>elle eft bien peuplće de marehands , d'etranger-s, d'amfans 6k des foldats du Roi. VIII. Royaume de Guber. Ce Pays s'ćcend des deux cotćs du Niger, a l'occident de celui de G hana. On n'en a que Bour-gou j GingirOj Cormachi, ckc. qu'il naf-figne a aucun pays particulier. XI.' Royaume de Gago. A lbrient du pays de Lalem eft I« Royaume de Gago , fepare de ceux de Tombut čk de Guber , qu'il a au uord, par un grand Defert fabloneux. Leon d'Afrique dit qu'il abonde en bled , en ris ek en troupeaux mais qu'on y recueil-le peu de fruits. II n'y a d'babitation confiderable , que Gago t qui donne le nom au Royaume. On pretend que le Roi du pays eft tributaire de l'Empcreur de Maroc j du moins il parofccertain que les Marocains viennent a Gago pour le commerce 5 ck qu ils en tirent de l'or ? dont il y a des mineš dans le pays. XII. Royaume de Tombut on Tombouciou, II eft iltue dans la partie occidentale de la Nigritie , des deux cotes du Niger. Le pays eft fertile , ck a des mineš d'oc. Le **Q| de Tombut eft un des plus pu (lani ^tinces de la Nigritie , tant par fes ri-cbefTes , que par Tetendne de fa 'omina-*ion • ayant pour tributaires plufu u rs Rois Tome V11L F li t Methode dc Geographie, rili pays. II a ordinairenient trois mille liommes de cavalerie , &z un grand corps d'infanterie a fa fuite. On dit que ce Prince eft de la race des anciens Rois de Maroc. II ne fourTre poinc de Juifs dans fes Ecats. La capirale de ce Royaume eft Tom" but ou Tomboučiou 3 fttuće fur une petite riviere qui n'eft pas ćloignće du Niger. Elle eft tres-commerctante. II y vient tous les ans des caravanes de Tripoli & des au-tres Ecats de Barbarie , qui apportent aux Nćgres des draps , des ferges , de la vcr-rorerie , du corail &c du papicr y &c qui recoivent en echange des dates , du fe-ne , des efclaves, de Tor, & des plumes d'autruche. A douze milles au fud-oueft de Tom-but , fur le Niger , fe rrouve Čabra, qui eft le port de četne ville. Tous les Noirs qui viennent a Tombut pour le commer-ce j y abordent dans des bateaux. Au nord-eft du Royaume de Tombut, des deux cotćs du Niger, eft le pays de Mec^ara , dont les villes remarquables , toutes lituees fur ce neuve , font, Sala ; Tocrur j qui , au XIIe fićcle , ćtoit la capitale d'un puilfant Royaume; Berlffa , cuii dćpendoit de Tocrur. Au midi eft le pays de Bambara j dont la capitale , fituee fur la gauche du Niger, fe no m me Timb'u La Guinee. 125' Plus au midi, eft le Guinbala > done le Roi s'appelle Tonca-Quata. C'eft dans ce pays que Te trouve le Marais Nigrite de Ptolemće , d'ou fbrt le Niger , qiii pendant une partie de fon cours, d'abord au nord , puis a l'orient, fe nomine Guln, 011 Ica. II eft fepare par une chaine de rnontagnes , du Lac Maberla d'oii fort le Senegal, qui coule a l'occident, &: que l'on confondoit ci-devant avec le Niger. u . ,— —1 - —-,. CHAPITRE IV. 1 LA GUIN&E. JLjA Guinee prife en general, en y com-prenanc le Congo , que les Porrugais qui l'ont decouvert nomment Bajj'e Guinee 3 oceupe une grande partie de l'Afri-que oceidentale \ mais on n'en connok guere que les cotes, qui s'etendent de-puis le 13 degre 30 minutes de latitude ^eridionale , jufqu'au 17. 20 minutes de latitude feptentrionale ,. 6c qui ainfi font coupees par l'Equateur. Mais nous ne parlons ici que de la Guinee propremenr. dite , bornće au nord par le Senegal qui la ^pare du Sahra j a l'occident Sc au midi p i) i i 4 Methode dc G covraplik. par la mer. On ne peut aftigner fes bornes du core de l'orienr. L'interieur du pays eft peli connu : mais la cote qui dabord du nord au midi , puis d'occident en orient, a plus de 900 lieues eft tres-peu-plee , & frćquentee par les Europeens qni y vqnt pour le commerce. Les Ne-gres qui habitent certe c6re fonr gouver-nć-, par un grand nombre de perirs Souve-jains j cjui fonr chacun independans dans leur canton, &c dom la dignite eft hereditai-re ; mais la plupart nienent une vie aflez jfiiferable. 11 y a aufti quelques peuples qui fe gouvernent en forme de Repu-blicnie. Le voifinage de la Ligne y rend 1'air fort chaud pendant 1'ete j dc les pluies frequentes le rendent trćs-mal fain , pour les Europeens furtout. Le terroir eft ar-rofe de plufieurs rivieres , qui le ferri-lifent } de fone qu'en quelques endroits on fait deux rćcoltes dans une annće , y ayant comme deux etes 5c deux hivers, Ces derniers ne fonr pas fort riides , puifqu'ils ne confiftent qu'en pluies pref-que continuelles , qui a la vćrite rendent 1'air mal-fain ■ mais qui engrailfent ex-treinementla terre dc lui fontporter quan-tite de ris, d'orge , de poivre , de fucre (k de miel. La Guinee a aufti du betail , des ele-phans , des leopards , des tigres, des La Guinee. 1i5 pa&nš, des perroquets cx des ftnges. Ces derniers anim.iux font de plufieurs for> tes ; ceux que Ton appelle Baris , pafFent pour les plus forrs Sc les plus fubtils. On dit qu ctant pris Sc drelles feunes , on s'en fert comme de valets : qifon kur euvoie cmerit de Teau a la riviere j qtf on lenr fait tourner la btoche 5 fervir a table, & donner a boire. Les principales chofes qubn rranfporte dc la Guinee , font de la poudre d'or , de Pambre gris , des cuirs , des efelaves, de la cire Sc de Pi-voire. C eft de la Guinee que la Reine Ehzabeth tira Por dont on a fait des monnoves , qui en ont rerenu en An-gtererre , le nom de Guinees. Les Hol-landois y font la plus grande partie du commerce , & y portent des draps , de la toile , des ar me s, des ouvrages de vcrre , Sc des clinquailleries. lis ont fur les cotes quelques habitations , avec de bons forrs , qui dependent de leur Compagnie des Indes Occi-dentales. Les Franc-ois , les Anglois S: les Danois y ont aulli quelques forts 7 mais pour les Portugais , les Hollandois les ont obliges de fe retirer dans les terres , ou ils ont fait alliance avec les naturels du Pays 3 dont ils font fort con-fideres. Les peuples de Guinee font afTez fpi-Fltuels, adroits Sc robuftcs , mais orgueil- F iij \l6 Mcthode de Geographle. leux } fourbes vindicatifs , laches , pa^ relleux ck grands larrons, lis font fort noirs , vont tout nuds, mangem la chair des animaux toute crue , & mtnu avec leurs entrailles. Les femmes font aufli fort fales , ck fort lafcivcs. Nous parrageons la Guinee, cnfuivant la cote du nord au niidi 3 puis tournant a 1'otient , en quatre parties j i, le Senegal i la cote de Malagucttc • j. la Guinee propre j qui comprend la tore des Dents ck la cote d'Or j 6k 4. le Royau-me de Benin. I. LE SENEGAL. C a r t e s. Nous avons fur cette cote deux bonnes Cartes a confulter : l'Afrique Francpife ou le Senegal , ouvrage pojlhume de Guillaume Delisle , [ou plutot de M. BuACHE fon gendrej) publiee en \ji6 en une jeuille j & les cotes occidentales d'Afrique , Carte de deux jeuilles t drejjee par d'Anville , en j 7 5 1 , pour la Compagnie des Indes. Cette Cote a pris fon nom de la riviere de Senegal, qui y a fon embouchure , Ck dont nous avons decric le cours , ci-de-vant, pag. 13. La Guinee* 117 On la nommcaufli \Afrique Francoifey parce que la France y a plufieurs etablifte-Jiicns , & que plufieurs cantons appartien-nent en propre au Roi , qui , en difte-rens temps, en a faic racquifition des Princes du pays. La cote de Senegal eft arrofće d'un grand nombre de rivieres. Elle eft bien peuplće vers lemidi j moins vers lenord , a caufe des frćquentes incurlions que les Maures y fonr pour enlever des Efclaves. Les Ne-gres qui 1'habitent parlent affez bien le porcugais &c le francois , a caufe du com-merce qu'ils ont avec ces nacions. lis fonr la plupart idolatres. Mais il y en a plufieurs de Mahomćrans. Ces Peuples me-nsnt une vie mifćrable. lis tachent de fe furprendre les uns les autres , pour fe .faire efclaves , &c fe vendre aux Eiaro-peens j pour de l'eau-de-vie ou autres niarchandifes. Les Europeens ont divers ćtabliftemens fur cette cote , 011 le principa! commerce eft celui des efclaves , & celui de Tor cjtti vient de l'intćrieur des terres. Les Francois avoient, avant la dernie-re guerre , qnatre forts & huit comptoits, tant fur la cote que dans l'intćrieur du pays. La paix conclue avec les Anglois en 176$ , n'a laifTe aux Francois que Flfle Gacree y 8c les comptoirs qui en dćpen-dent j depuis le Cap Verd , jufqua la F i v I 2 8 Methode de Geographic. riviere de Gambie } a quoi Ton peut joitt-dre 1'ancien droit de commercer jtifqu'au Cap de Serre-Lione , les peuples de četrte cote ayant de la predilection pour la nariou Fran^oife. Ce qui forme aćtuelle-nienc le dćpartement de Goeree , confifte dans le commerce eiclirfir dc fix Royau-mes , qui font ceux du Dame/, de Baol > de Sin , de Thin , de Salam & de Bar. La France y pofTede meme en propre la cote de ces fix Royaumes , qui Uit a ćte cedee en 1679,, Par ^es R°is : ce "j1* une etendue de cinquante lieues de lon-gueur , fur fix lieues de ptofondeur dans les terres. En dćcrivant ces Royaumes Sc ceux qui en font voifins , nous parlerons des comptoirs que notre Compagnie des Indes y polFede. * Les principaux ćtibliflemens des Por-tugais dans ces contrćes font Gachćo , iitue fur la riviere de Saint Domingue , d deux lieues de fon cmbouchure dans * Nous ferons ufage al comproir des Anglois fur cetre c6ce ćroit ci-devant a Jamcsjort ou Pore Jacqu:s , fmie dans une lile de Ia riviere de Gambie , un peu au-delfus de fon embjueh.ue. lis le p.>'Ie-dent eneore; mais Lur; p'us gramlsera-bliilcmensconhftent mainteiianc dans du Senegal ou de Saiit- Lota s Sc au res forrs Sc compcoirs de la riviera du S.'nć-gaL, qu lis ont enlcves aux Francois dans w ierniere guerre , Sc qui leur one ćtć cedćs par la paix de 1765. s j o Methode de Geographte. Le Senegal comprend plufieurs EtatS $ grands & petks, fimes fur la c6te , oii dans Pintćrieur du pays. Ceux qu'on rencontre fut la cote , du nord au fud , font: i. le Royaume de Ho-val j dont le Roi prend le titre de Brac , ainfi nommć par les Fran-cois , en memoire des navigations que les Dieppois faifoient au XIVC fićcle fur eette cote. La Malaguettepropre, que les Francois nomment la Cote des Greves , & les Flol-landois Greyn-Cujl y eft encore plus in-connue dans les rerres s &: na vers la mer cjue les ports deGrand-SeJlre ou Settera , 8c de Sejlre-crou , ou Petit Settera j fre-cjuente des Europeens. III, LA guinee propre, Cette partie fedivife , comme la precć-dente , en occidentale ck en orientale. La premiere eft ordinairement appellee Cote des dents , a caufe du grand commerce de dents d'ćlćpbans qui s'y fait, L'autre fe nom me Cote d'or > a caufe 5 ou de quel-que mine ou de la poudre d'or > qui fe trouve en ce cjuartier. La Cote des dents ou cVivoire j habitee par les Adaous , eftpartagće en Cote de bon-nes-gens y &c Cote de mal-gens. Ce pays> LaGumće* 13 f h'a de ville confiderable que Jamo, fur la riviere de Sućiro d'Acofta , qui fćpare cetre Cote d'avec celle de l'or. Sur la mer il y a les porcs de Tabou j de Berbi du Grand & du Petit Drouin , de Tao &C Cjuelques autre9. La Cote d'or, plus grande, plus riche Sc plus habitee que la prćcedente , a dans les terres Bogia , le grand Accara , re-iidence du Roi , de metne que Dauma. II y a aufli Xabanda j Caedres , Aauines 3 le grand & Aeanis 3 le grand Corijfcn 6c Fantin. Sur la mer , on trouve Saint-Georges de la Mine ; Axime , pres du Cap des trois poinres j Cormentin y le .Fort d'AmJlerdam } le jFbrf cT. Antoine ; Conradsbourg fort fur la montagne de S. Jacques my Friderichsbourg le Fort d'Oran-ge ; Moure ou le Najfau. Saint-George de ta Mine ou fimpte-ment la Af/Vzrt j la principale de toutes ces habitations , qui font aujourd'hui aux Hollandois, a une bonne forteretfe cV uu port aflez commode. Les Portugais s'y ctablirent en 1481, & Ini donnerent le nom de la Mine , a caufe des mines d'or cmi font en fon voiiinage. Le nom de S. George lui fut donne par Jean II > Roi de Portugal , a caufe de la dćvotion qu'd avoit a ce Saint. Les Hollandois mnt en poJTeflion de cette place dcpuis lan 1657, q,u'ils l'enleverent aux Por- t $6 Mtchođc de Geographie. tiigais. Pres de cetre ville etV ia forterefle de Cabo Corfo j aux Anglois qui polfe-dent encore fur cette cote le Fort dc Commanda ou Comani s peu diftant de Cabo Corfo : Eniachan 3 autre fore \ James ou Fort S. Jacques : Infuma j dont les Anglois s'emparerent en 16"o i. Suconde ou Zaconde eft un autre fort pres d'un boiirg de merile nom. Un peu plus loin , vers 1'orient , eft Chriflians- burg affez bonne fortereffe aux Danois. Outre ces hibications des Europeens, il y a aulli, fur les cotes, la ville de Eetu j reTidence d'un Roi, ou Ton fait un grand commerce d'efclaves. IV. Le Boyaume de Benin. Ce Royaume apparticnt a un Roi, qui eft le plus puiffant Prince de laGuinće, 6v qni a pour rnbutaires quelques Rois voi-fms. Les peuples iont mieux polices que les autrcs Negres. lis ne font, ni larrons, ni ivrognes , mais cependant fort lafcirs. Ils vont nuds depuis la ceinture jufqu'en-haut, & fans cheveux , jufqu'a ce que le Roi leur air permis de s habiller : alors ils les laiftent croi'tre. lis reconnoiHent un Dieu createur du ciel & de la terre, qui eft bon j c eft pourquoi ils ne lui ren-dent aucun culte , maisbien audiable , de epi ils peuvent recevoir de mauvais ofti-ces. Ils ont avec cela quelques idoies ck La Guine'e. i j/ rles'magtciens. Les principales villes de ce RoVaume font Benin &c Ouwere. Benin , capitale , eft fuuee fur une riviere de me« me nom , tk pade pour une des plus confi-derables villes de l Afrique ; elle eftgran-de , belle , &: d'un bon commerce , qtti confifte principalement en ivoire. Oinve-re a ete autretois une ville rovale , que les Rois de Benin fe font foumife. Outre ces villes, il y a encore dans )e Benin , pris en general , celles de Juda tk: fon fu/er. La ville d'.Ardra > firuće a dix lieues de la mer , eft a (Tez bonne , & fait un grand commerce de Negres , qui paf-fent pour les meilleurs de route la cote de Benin. De nouvelles relations nous apprennent que le Roi de Darome j qui eft dans les terres au nord , a fair depuis peu la conquete des Royaum.es de Juda tk eVArdra. 13 8 Methode de Geograpkki PARTIE MERIDIONALE D E L* A F R I Q U E. CjEtte Partie , decrite fur la troifieme feuille de la Carte d'Afrique de M. De-lisle j comprend a l'occident le Gongo y que les Portugais qui l'onr decouverc en 1484, one appelle bajfe Gu'inee j le Pays des Cafres 3 au midi j & le Monomotapa, le Monoćmugi j avec les cores de Zan* guebar & d'Ajan j a 1'orient. momi CHAPITRE PREMIER. le congo. Le Congo , borne au nord par la Gui-nće; au levant & au midi par le pays des Cafres, &c a l'occident par la mer, eft compris entre le 3 & le 13 degre de la-titude meridionale j £c entre le 30 &C le 38 degre 30 minutes de longitude. Ce pays renferme plufteurs Etars particuliers, ^urrefois tributaires du Royaume cte Le Congo. i j f Congo , qui eft encore aujourd'hui le plus confidćrable. L'air y eft extrc-memcnr chaud \ mais le terroir a(fez krčile. On y recueille du bled, du riz , du miel, du poivre long ćk des cannes de fucre. Le pays nourit les mćmcs animaux que la Guinee. Les peuples fontpateillement idolatres, a queU ques-uns pres , que les Porrugais , qui ont etabli beaucoup de colonics dans le pnys ,ont convertisa la'religion chretienne. Les principaux Etars renfermes dans le Congo font le Loango j le Cacongo, le Congo proprement dic, le Dongo ou An~ gola ck le Bznguelc. Grand nombre de rivieres arrofent ces Pays. Les principales ionr le Zaire \ le Coan^a j le Bengo ck le Lćlundc. I. Le Royaume de Loangč. Ce Royaume fournit des efclaves ck de Iivoire aux Portugais , qui fonc les mai-tres de la ville capitale. Sa divifion eft en quatre Province-s , qu'on nomme Louan-giri j Louango-longo , Cylongo ćk Piri. La premiere a pour capitale Louangiri fut 1'Ocean , ćk eft poftcdee par les Portugais. Loango s qui eft. la refidence du Roi , eft une grande ville dont les rues qui font larges, ont des allees de pal-miers : fa fituation eft a quelque diftance de la mer. Son chateau, bati a. 1'Euro- 14& Mćthode ae Giographle. pće;lne , eft extrcmement grand. Qntlld ćk Sellage , fonr (irtićes fur t'Ocćati, Le* autres Proviilces n'ont que des villages. II. Le Royaume de Cacongo. II eft au fud de Loango , petič ćk peu cultivć. II n'a que des villages , dont Bu-chamćda eft le principal. III. Le Royaume de Congo. Ce pays eft fertile } ćk Ton en tranfpor-te quantitć d'efclaves, d'ivoire , de cafle ćk de tamarin. Ses habitans paffent pour les plus noirs de tous les Negres, ćk il lfy a que les Mularres , ou Metis Portugais , qui foient feulement bazanćs. Son Roi ćroit auttefois alfez puilTant, ćk avoit pout ttibutaires les Rois d'Angola , de Loango , de Cacongo , de Biafar , de Medra , ćk quelques autres , qui a pre-fent ne relevent plus de lui de fone quc fon etat eft borne au Congo propre-ment dit, dont mcrac les Portugais oc-cupent que!ques places. Ce Royaume qui a environ 60 lieues d'ćtendue fur la cote, conticnt ftx Provinces , qu'on nomrne Longo j Bamba 3 Pemba Batta 3 Sundo ćk Pango j dont les deux premieres font fur la mer , ćk les autres dans les terres. 1. La Province de Longo 3 ou Ton trouve beaucoup de finges ćk de perro-quers, a Sonho 3 Paltnarinho 3 Bomtna Le Congo. ck Malcmba. Sonho , capitale , eft fituće fur le Zaire , qut un peu au-doifous fe perd dans 1'Ocean. Palmanuho a un port (ur la nieme mer. z. La Province de Bambo a un grand nombre d'ćlćphans , deccrfs, debuffles, de tigres , de civetres tk de perroqucrs. Ses villes font Bomba , capitale , a quel-cjue diftance de la mer \ Motolo & Mar-foula. 3. La Province de Pcmba eft trčs-fertile , ćk arrofce de plufieurs rivieres , dont celle de Lclunde tient le premier rang. Cette riviere eft fort poilToneufe , ck a le long de fon rivage quelques cć-dres , donr on fait des canots. Les prin-cipales villes de cette Province font Samt-Barija ou Saint-Salvador j Pcmba ck Bombi. Samt - Salvador , nommee aurrefois Congo j capitale du Royaume 6k la de-mcure du Roi , eft paftablemcnt grande , ćk fituće fur une eolline , pres la riviere de Lelunde. Les Portugais y ont un bu-reau , ćk y font prefq.ue tout le commerce : on y voit plufieurs ćglifes catholb-ques. La petite ville de Bombi eft aufti fous la domination des Portugais. 4. La Province de Bana j ou font Bana 3 capitale , a. fcftde Saint-Salvador j Cangon tk Agifymba. 5. La Province de Sundo , a Sundo t capitale , Becequa ćk Iri. 142- Methode dc Gcographie. 6. La Province de PctngO , ou fonf Tango tk Angote. Ces deux dernieres Provinces, a 1'eft de Saint-Salvador , font forr avant dans les terres \ ainfi trcs-peu connues. IV. Le Royaume de Dongo OU. d' A n g O L a. Ce Rovaume , ou Ton trouve le Lac Aquilanda , eft devenu fertile a force de culture. Les Portugais principalement, & les Hollandois* en tranfportent quan-tite de Nćgres , les plus robuftes qu'il y ait en Afrique , en echange defquels ils donnent des etoffes de laine & de foie, des toiles, des dentelles, du vin , de feau de-vie 3 de Phuile d'olive , des epi-ceries & des clinquailleries. Les Ango-lois ont pour armes Tare & les fleches avec une gazaye. Ils combattenta pied , tk le fervent depuis quelque temps du fabre ; mais ils ne font pas encore accoutumes au moufquet. Ils font tous idolatres , a quel-oues-uns pies , que les Portugais & les Hollandois ont convertis au chriftia-nifme. Le Rovaume d'Angola fe divife en Jix Provinces qu'on nomme Embacca, Enfa* ca, llamba 3 Libblo j Lumbo tk Quifama9 qui ne font point diftingućes dans les Car* tes. Les principales villes , qifon y trouve, font: Loanda-Saint-Paolo ou faint Paul, Le Congo. 14^ de Laonda > Enga^e ou Dongo 3 Cam-bambi y Majjagan t Moehima 3 Embaca & Mappongo. La ville de Loanda-fainc-Paolo eft fur le bord de la mer, qui y fait une Ifle fort raze , longue de fept lieues , large d'une lieue & demie. Elle a un bon port, qui eft defendu par un chateau , oii le Gouverneur , pour le Roi de Portugal j fait fa demeure. Cette ville a aufli un Eveche , & appartient aujour-d'hui aux Portugais , qui la reprirenr fur les Hollandois , quelques annees apres que ceux ci les en eurent chafTćs. Le rivage de Loanda eft plein de belles co-quilles , qui fervent de petite monnoye dans le royaume. Enga^e eft la meilleu-re place du Roi d'Angola , qui fait fa refidence ordinaire au bourg de Mappongo , /itue fur un rocher. Majjagan Sc Moehima font aux Portugais. V. Le Royaume de Benguele. Ce Royaume , que quelques Geograf phes comprennent dans celui d'Angola, eft fitue a fon midi. L'Ocean le borne au coucbant j & il confine au levant 6c au midi avec la Cafrerie. Un gros village nomme Benguele, fitue fur la cote , environ a quarante lieues au nord de 1'embouchure de la riviere de San-Franc ijeo } donne fon nom au pays. Les Portugais en font les maitres. lis 144 Me'chode dc Ge'ographie. one plufieurs ćtabliffemens lc long d£ la cote j enrr'aurres le Nouveau Bengućle , cju'on appelle aufti Saint Ph'dippe j du nom d'une forterefle qui le dćfend , & ou rćfide le Gotiverneur > avec une gar-nifon de deux cens Blaiics ou Portugais. Cette ville eft ficuće fut une grande baye appellće la Dayc des vaches , a caufe de la multitude de ces animaux cru'on trouve aux environs. La cote depuis le Benguele ju fqifau Cap Nćgre, eft peu frćquentće par les, Europćens, pour qui l'air en eft tres-mait-vais. Eile eft par cette raifon peu connue. L'intćrieur du pays , qui l'eft encore moins , eft arrofe de plufieurs rivieres. La principale , qui coule du nord-eft au fud-oueft , fe nomme Cunem'i , & fćpare ce pays de celui des Cafres. Les Nćgres qui riiabitent , font idolatres , fimples &C timides. Ils font pareages en diffćrentes tribus ; mais on n'a encore remarque parnu eux aucune forme de Gouverne-ment. CHAPITRE Le Pays des Cafres. 145 CHAPITRE II. le p ats des cafres. IjE nom de Cafres y qui vcut dive Infl-deles , eft un lobriquet que les Arabes Mahomćtans donnenc a tous les Afrieains en general , qui lont d'une aurre religiou que la leur ; ćk ds le donnent aux chre-tiens , comme aux idolatres. Ainfi il n'y a point de pavs qui s'appelle proprement Cafreric , ni de peuple parriculier qui ait le nom de Cafres. Les premiers Portugais , qui allerent faire commerce fur les cotes de Zanguebar , ont bik induits eti erreur en prenant pour un nom de peuple ou de pays, le mot Kafer , dont fe fer-voienr les Arabes Mahomćtans ćtablis fur ces cotes , pour de/igner les pcuples qui habitent rintćrieur des terres a loc-cident, ćk les cotes plus mćridionales. Cependant il eft pade en ufage , parmi nos Geographes , de dcugner par le notn de Cafrerie j une portion plus ou moins grande de 1 Afnque mcrtdionilc. MM. Sanfon la bornenta la co:e d.puis le Congo jufqu'au Cap de Bonne Efperance , en deicendant au nudi , puis en remontant Tome Vili. Q 146" Methode de Gdographle. iufdtia Pemboiichuie de la riviere de Zambefe. M, Debile y comprend encore rout rintćricur des terres , a 1'oricnr du, Congo , jufqu'a 1'Abiflinie tk i la Nigri-tie ; ćk il y joint les cotes de Zangucbar & d'Ajan. M. d'Anville ne donne le nom cle Cafrerie , qua cette partie de la cote orientaie d'Afnque , renfermće entre le Tropicjue du Capricorne Ck rEquatcur , & il ne marque aucun nom general pour tout le refte , jufqu'aux pays connus. Comme tout cela eft au fond aftez in-differentrelativement au peu de con-noiftance qu'on a de ces valtes tegions , nous fuivrons M. Delifte : ćk nous parta-gerons le pays dćiignć par le nom general de Cafreru 3 en Partie intćrieure , Cote occidentaie 3 Cote mćridionale , tk C6te orientaie. A R T I C L E P R p M 1 E R. PARTIE INTERIEURE DU P ATS DES C ji J'RES. CjEtte Partie eft habitee par divers peuples , dont les principaux ou les noins inconnus font les fuivans. 1. Les Arr^icois ou An^icains 3 dont le pays eft nomme Royaume ŠAnzifo 3 de- Le Pays des Cafres. /47 meurent i loricnt dc la Guinee & da Congo. La riviere dc Zaire rraverfe ce pays du levanc au couchant, tk facdice le commerce avec le Congo. Un des prm-cipaux Rois de ce pays eft le grand Ma-koko j qui rćfide a MonfoL 11 compte treize Rois par mi fes vatlaux \ entr'au-tres celui de Fungeno. Le principal commerce eft en efclaves de leur narion , 8>C en dents d'ćlćphans. Quoiqu'idolatres , ils ont 1'ufage de la circoncifion. On dit qu'ils ont de la droiture & de la bonne foi. Mais ils font d'une brutalitc & d'une barbarie ex?tcme. Non feulement ils man-gentlachair deleurs cnnemis pris en guer-re j ils fe mangent fouvent les uns les autres : on dic meme qu'ils expofent la chair humaine dans leurs boucheries , commc on expofe la chair de bccuf en Europe. 2. Les Jagas font repandus depuis les fcontieres dc l'Abiflinie tk le pays des Anzicois au nord } jufqu'au pays des Hot tentots au fud , tk au Congo a locci-dent. Ils font tout aufti barbares que les Anzicois. Entre les pays qu'ds occupent , on met le Royaume de Baka-Meala 3 cjui prend fon nom de fa capitale , fituće fur les confins du Royaume de Loango. 3. Gingiro eft un pays ou Rovaume d'une vafte etendue , a l'orient des Anzi- G i j J 4 8 Methode de Geographie. cois & des Jagas. Ceft peur-etre le mejne que Le Rovaume de Zendero y que M. d'Anville place au midi de 1'Abiflinie. 4. Ali midi de ce dernier Royaume , habitent les Galles 3 qifon appelle Meri-dionaux j parce que le pays qu,ils oecu* pene eft: au midi de l'Abiftinie. Ils font pnrtagćsen fix grandes rribus , tk habitent lous des rentes au levant de la riviere de Zambeze , qui traverfe le pays. Ces Galles one un Roi , qu'ils eliient tous les ans &c qu'ils appellent Lubo. Ils ne vivent que dc leurs troupeaust tk de brigandages. 5. Le Monoemugi 3 qifon appelle aufli Nimeamaye 3 eft un pays tres-etendu } dc qui comprend plufieurs Pays ou Royau-mes , done on fait a peine les noms. On prerend que le Monoemugi eft couvert de montagnes qui ont des mineš d'or 6c d'argent ; qu,cntre ces monragnes font celles que les Negres appellent Lupa ta ou VEpine du monde j a caufe de leur eleva-tion j tk qni forment une longue chaine du fud au nord ; que le Pays eft arrofe par diverfes rivieres , au moyen defquel-les les peuples vonc faire quelque commerce a Sofala j tk dans dan t res porrs de la cote orientaie. Les Maracatos , qui habiienc le nord-oueft , font Mahomćtans. Toutes les autres Narions font fauvages A cruelles &c la plupart antropo- Le Pays des Ca/res. i4.9 phages. On donne au Royaume des Bo-rores , une capitale nommee Mamvi > pres d'iin grand lac tort long , qui porte le me me no m. A R T I C L E II. COTE OCCIDENTALL\ (^Ette Core , qui eft trčs-peu connue, ainfi que Tinterieur du pays , s'ćtend de-puis le CapNegre, au \6C degrć$o minu-tes,jufqu,aii 25* dćgrć de lafitude meridio-nale. Les Europćens ne s'arrercnt guere fur cette core , parce qu'il n'y a aucun port remarquable , &c que d'ailleurs elle eft prefque deferte. La partie lepien-trionale eft occupec par-les peuples nom-mćs Cimbebas 3 gouvernes par un Roi qui fe qualifie Mataman 3 Sc qui eft quel-quefois en guerre avec le Roi d'Angola. On dit qu"on y trouve des mineš de crif-tal 8c de mćtaux. G iij s 50 Metko de de Geographie. A R T I C L E III. COTE MERIDIONALE. C a r t e s. P'ierre Vander-Aa y Libraire de Eey~ de j a donne une Ca rte de j e ivirons du Cap de Bonne I fperanee ; .na i s cel te tjui a cte dreJJ'ee par a/. t'Abbe de la Laille j & gravee par Dupin vaut beaucoup mieux. On en trouve une reduclion dans le Journal du voyage aH Cap : Pariš 3 Guillyn , 1763. in 12. (_>Ette C6re eommence a are mieux connue , depuis les frequens voyages que les Holtnndois ćcablis au Cap de Bonne Efperance font dans les tcrres- Les peu-plcs qui habirent jufqu'a plus de 50 beues aux environs de ce Cap , fe nommenc Honentots. lis font a (Tez doux , hofpita-liers čV de grande taille • mais fort ba-fanćs, les plus laids , & les plus falesde tous les homnies. On n*en a pas aflez dic dans routes les peintures qu on en a faires. La grailfe , dont ils frotent leurs che-veux , les entrailles des animaux , qu'ils mangent crues, les verminesdont ils Le pays des Ca/res* t$t font remplis, & qu'ils mangcnt mcme, les rendent exrremement puans. lis ont quantite de troupeaux de boenfs & de nioutons , qu ils ćcliangenc pour du ta* bac (k de leau-de-vie qui font leurs delices. Cependant ils font pauvres 5č miierables 5 patce que leur fouverain plaiiir eft de manger 3 de boire Sc de ne rien faire , meme de ne penfer a rien. Leut maniere de faire du feu eft fingu-liere : ils mettent un brin d'herbe fćche dans un rrou fait dans un morceau de bois , &' enfuite ils font tourner dans ce trou un aucre morceau de bois quils roulent entre leurs mains avec la plus grande vitelfe , jufqu'a ce que le feu prenne au brin dnerbe. Leur pays eft beau &c bon : le bled &c le vin blanc y viennent fort bien : le betail y eft commun. On y voit aufli des fangliers , des cerfs , des elans , des iinges , des autruches. Avant que le pays fut habite par les Hollandois , on y rrou-voit frequemment des leopards, des lions, des tigres , des anes fauvages & rayes, des chevaux fauvages qu'on n'a pu parve-nir a aprivoifer , & des cbiens aufli fauvages. Ce qu'il y a de remarquable fur cette core , eft le fort Sc 1'habitation des Hollandois au Cap de Bonne-Efperance. Ce Cap fut ainii appellć ga* les Portugais , G iv i <; i Mc'thodc de Geographic. parce qu'on efpcra , loi fqn*on l'cut de-couvert en , darriver bientot aux Ituks Oriefntates : ce qui arriva lorfqu'on l'tut doublć en i-i<;^- On 1 avoir appelle Ol D id le Cap des tcurmaucs , .i caufe des r nipetes qif Ion t frequcnres dans fes environs. Lc.s Holl.indois s'y ćtablirent en \C<< 1 , aptis .iviir achete d*un Chef de peiiple environ une licue de t'.irein , qu'i!s p.->ycr<.nr en oau dc-vie & en tabac. Us n y h.ir.nrt poui brs qu'un fort de bois ou ils m.rent une garnifon de cent hotnmes , avec 1 1 ou 1 5 pieces de ca-non j mais en 1 Cio ils conltriulirent une fortereile de picrres de tadlc a cinq bai-rions , & y ptacerenc plus de 60 pieces d'arnllerie. A une porrće de moufquet de ce fort eft une efpćce de ville d'en-viron deux ou trois cens niaifons fort propres , & bn'ies a la liollandoifc. On y rctnarque fur tout les beaux jardins du Gouvcrneur pour la Compagnie des Indes Orienrales , dans lefque!s on voit des compartimens ou ii y a en pendanr pluficurs annćes des aibres & des planres d'Europe , d'Afie } d'Afrique & d'Ame-rique. Mais aujourd'hui , felon 1'Abbe de laCaille , c'eft un alfezbeau porager , long de pres de 1000 pas & large de 160, partagć cn 44 qmrres, entourćs d'une haure čharmille de clicnes čk de lauricrs. De ces quarrćs , deui fervent de parterre *Le pays des Cafres. I <, $ Ili logement du Gouverneur : un aiitrc eft rempli par trois berceaux de chatii-gniers, & le refte contient des lćgumes &: aiTeu peu darbtes fruitiers. Le tort 6c Hiabitation du Cap fournit tous les aris des rafrajchizTemens a plus de 150 vaif-feaux qui y abordenr. La plupart de ces vaifleaux font Hollandois , &c comme ceux des autres Europćens , ils y prerinem de tres-bonne eau , des moutons , des volailles & du vin. La vćruable ta-titude d u Cap eft de 3 3 dćgres 55 minute.? j & fa longitude de 35. 1. felon les obfervations de 1'Abbe de la Caille. Environ dix lieues au dela du Cap , en tirant vers le midi 5 il j a une terre qui forme deux Caps, dont le premier eft appelle Cap Faux > Cabofalfo 3 parce qu'il eft pris fouvent par les Navigateurs pour le Cap de Bonne Efperance : 1'aUtre fe nomme le Cap des Aiguilles, a caufe du peu de variation que les aiguil-les aimanrćes ont a cette hauteur, L'hi-ver eft dans ce pays la belle faifon \ car outre qu'il n'y fait jamais froid a fe chauf-fer , on a fouvent 7 ou 8 beaux jours de fuite fans vents j au lieu qu'en ćce ils font ttes frequens &-tetribles , ou bien l'on eprouve des chaleurs co'ifiderables. L'etabliCement que les Hollandois ont forme au Cap fi foible dans f^s com-mencemens , eft aujourd'hui fort confidć- C v IJ4 Methode de Geographle. rable. Ils y ont ćtabli un Gouverneur dont Paucorites'ćcend fur plus de 30 lieues d'un beau Pays , rempli de villages j de fermes tk d'babitations j tk fi peuple , qu'on y peut Iever trois d quarre mille hommes capables de porter lesarmes. M. 1 Abbe delaCaille , quiademeurć au Cap depuis 1751, jufqu'en 1753, pour y mefurer un degre de la terre tk y de-crire l'Hćmifphere cćlefte mćridional » nous apprend que cette Colonie confifte prćfencement en trois Jurifdi&ions tk fix ParoiiTes. 1. La Junfdi&ion dela Vil te du Cap na. qu'une ParoilTe : le Confeil de Juftice y decide tk juge par appel des au-tres Jurifdićtions. 1. Celle de Stelkn-bojch Sc de Drakefleln j qui eft a 1'eft & au nord eft du Cap , a un Landroft 3 ou Lieutenant , tk des Confeillers, qui s'af-jfeniblent au vdlage de Srellenbofch. 11 j a quatre Paroilles dans fon reftort, celle de Stellenbofeh celle de Drakeftein } celle du Swarland j Se celle qui eft au-dela des montagnes du fable rou-ge. 3. La derniere Jurifdićtion s'ćtend fur tout le pays qui eft plus a 1'eft , au-dela de la grande chaine de montagnes qui va du fud au nord , depuis le tabo /alfo. Ce diftrićt s'appelle le Sclnvellen-dham j du nom de M. Schwellen Greber, pred celTeur de M. Tulbagh , Gouverneur aćtae.l\ tk it y a une ParoilTe &C Le Pays des Ca/res. 15 j un Confeil f compole oVaa Landroft 6c de pluneurs Cbrifeillers. Les environs de U ville du Cap {ont arrofes par quelques perites rivicres, dont Time trav.rfe le beau jardin de la Compagnie, On y voit pluneurs villages, & quantite de ferrnes , ainfi que dans les autres diitrićb. L'.at y eft fain & le ter-roir fertile. 11 eft vrai que la tetre ne pa-roit pas des meilleures ; mais elle eft neuve & engrailfee par les fumiers des beftiau* , qui y font en grand nombre. P.u* tout on voit de bcaux jardins , des paturageSj des vignes & plufieurs plan-tarions d'arbrcs , qu'on cultive avec ioin. Conflantia j qui eft au midi du Cap , pro-duit un vin tres-rcnommć en Europe : mais la grande quantite qu'on y en debi-te protive qu'il y eft bien falfifić. Car il n'en vient rcellement dans ce canfon que 110 lecres , annće commune } 6c la lt'cre eft d'environ 6"oo pintes de Pariš. Entre ce licu &c la ville du Cap , eft le Rond-Bojch 3 ou fe vok le grand jardin du Nieuland , d'ou Ton tirequanute de legumes pour le rafraichilTement des vaif-feaux de la Compagnie. M. Tulbagh y a fait batir en 1751 j une jolie maifon de plaifance. Stellenbofeh eft un village compole d'ime trenraine do maifons , 6c d'une Eghfe : il y a dcux rues principales , bor- G vj 15 Methode de ćre'ograpkle. aces de gros chenes , qui font un ombra-ge trćs-epais. Sa fituation eft: dans uri grand valion entoure de tres hautes montagnes , excepce d u cotć du fud-oueft , ou la vue s'ćtend vers la Falfe-Baye , qui eft tres-poilfoneufe. Drakejlein , ou l'on a commence uri etabliftemcnt en 1675 , eft dans une valiee fort ćtendue , qui eft bordee des dcux cotćs d'un grand nombre d'habirations ou 1'on cultive principalement des vignes. Elles font toutes arrofćes par des ruif-feaux qui defcendent des montagnes , & vont fe rendre a une riviere qui fuir la valiee , tk qui fe nomme Berg-rivler, ou la Riviere des montagnes. C'eft la plus confiderable du pays y quoiqu'eile n'ait qu'environ 40 lieues de cours , tk non 100 comme Fa dir Kolbes , fur les rela-tions duquel on ne peut compter. Au fud fud-eft , eft une petite valiee, ou fe font etablis des refugies Francois , retires de France pour la Religion depuis 1680 iufmfen 1690. Ceux qui reftent de leurs enfans parlent eneore le francois j mais les petits fils Fignorent , en forte qu'il y a apparence que dans 20 ans il n'y aura perfonne dans le Drakeftein qui facbe parler cette langue. Dans le nord de ce pays , eft un canton nomme le Wayeren , ou Fon a commence a faire des ćtablif-femens en 1701 , tk on les a continućs le Le Pays de Ca/res. 13 7 long de la riviere de Berg , fant que le terrein a paru bon. Ce qui approcbe de la mer n'eft que fable , depuis Fendroit ou la riviere qni coule du fud au nord , tourne a l'occident pour s'aller jetter dans la Baye de Sainte-Helene. La Compagnie Hollandoife a etabli pour le gouvernemenr de la Colonie du Cap , huirConfeils, dontleprincipal eft le Grand Confell qui eft compofć du Gouverneur &c des principaux de la Compagnie. II a 1'adminiftration des aftaires , avec le pouvoir legiflatif , tk celui de faire la guerre & la paix. La Compagnie entretient fix cens domeftiques tk autanr d'efclaves. Les appointemens des ofrieiers ĆV des domeftiqu.es montent a 400000 florins par an. Le dixićme qui fe leve fur toutes les produćtions d u pays , tk les renres foncieres , aufli bien que les droits qui fe percoivent fur le vin , 1'eau-de-vie , le rabac , čVc. font deftinćs a fatisfaire a ces depenfes. Les Hollandois vivent en bonne intel-ligence avec les Hottentots , depuis le traite d'alliance qu'ils ont fait avec eux en 1660. Le Gouverneur du Cap a me-me acquis rant d'autorite fur ces barba-res . qu'ils le prennentordinairement pour arbitre des difterends qu'ils ont entre eux. Quelques Auteurs difent que les Hol- 15 8 Mćthode de Ge'ograpkiel landois one eneore acqu;s les cores de la 7ene de Natal } ou ils ont aufli fornić plufieurs habitations j mais il y a appa-rence qne ce nouvel etablilTemcnt n'cft autre chofe que le Scksvcllcndham 3 done nous avons parić. LaTerre de Naral , qui a pris fon nom d'une riviere que les Por-tngais v decouvrirent le jour de Noel , s'etend le lon^ de la cote orientale depuis le iS dćgrć > jafqu'au 31 delatitude mć-ridionalc. Les Noirs qui l'habitent font moins grofliers que les Hottentots, & cultivent la terre. Us nonriflent aufli beaucoup de troupeaux. Les forces font remplies de betes feroces , & funout de rhinoceros. Au nord de la Terre de Natd , nufli le long de la corc , eft celle que les Por-rugais ont nommee de Los Fumos j & qui eft babitee par des peuples errans. Le Pays des Cafres. \$tj A R T I C L E IV. COTE ORIENTALE DU PAYS DES CAFRES. No u s renfermons dans cette c6re , qui s'etend depuis la riviere da Saint-Elprit , jufqu'au detroit de Bab-el-Man-deb , les Etars d u Manomotapa j tk les cotes de Zangucbar tk d'Ajan. I. Le Manomotapa. La portion de la cote orientale d'Afri-que que nous comprenons fous le nom de Manomotapa , a environ 200 licues du tnidi au nord , tk s'avance a plus de 150 dans les rerres , dorienten occidenr. Elle conrient plufieurs Royaumes qui pa-roifTent avoir anciennement fait partie d'un feub i ■ Le plus confiderable tk le plus eten-du eft cclui de Manomotapa proprement dit , qui conrient toute la partie fepten-trionale du pays , borne au nord & a 1'oueft par la riviere de Couama ou de £ambefe. On donne au Roi de ce pays le tirre d'Empereur, parce qu'il eit puif-&nt, fic que plufieurs Rois lui payent 16*o Mćthode de Geograptlie. rribur. On dit le pays riene en mineš d'of argenr. Les forets one beaucoup fl c-lephans. Les habitans font noirs ck de moyenne taille : la plupart s'occupent de 1'agriculrure , & du foin des troupeaux. La terre produit du ris, du bled d'lnde ćV des legumes. Quoique ces peuples n'aient point d'idoles tk qu'ils reconnoif fent un Etre fuprćme , leur religion eft forr grofliere. On dit qu'ils rendent un culte au diable } qu lis celebrent des fc-tes tous les mois j que la plus grande eft celle du premier jour de la lune de Mai, qui dure huit jours, tk que le huitićnie, 1'E mpereur ofFre des vićtimes humaines aux Muzimos qui font fes ancerres. On ajoute qu'ils mangent de la chair humai-ne , dont il y a meme une boucherie pu-blique. L'Emporeur de Manomotapa tient fa cour , qu on nomme Zimbaoć , a quelques lieues a la droite du fleuve Zambeze-Son palais eft extremement vafte , tk par-tage en trois principaux quartiers. Le premier eft pour le Prince j le fecond pour fes femmes , dont les neuf premie-res, honorees du titre de Reines , font fes fceurs ou fes plus proehes parenres \ le troifieme quartier eft pour les ofticiets ik les domeftiques. Les Portugais font les feuls Europćens qui faiTent quelque comnierce au Ma- Le Pays des Cafres. 7 61 nomotapa. Ils en tirent de Por & des dcnts cTelephans. Autrefois ils ćtoient rmicres de rotite la cote. Ačtuellement, ils n'ont plus que Sena j far le ZambeTć ou Cuama , a 35 lieues de fon cmbou-chure j le forc de IVIf/j a la droite de la meme riviere , a plus de 100 lieues de la mer \ le forr de Maffapa s 60 lieues au midi de Tete , dont le commandant eft nomme par le Gouverneur de Mozam« bique , vdle de la corc plus au nord , dont nous parlcrons dans la fuire. Les Dominicairis onr une maifoti a MalTapa , & dans deux ou trois autres endroits de ce pays. 1. Le Rovaume de Sofala y s'etend ftir la c6te au midi du precedent dans 1'efpace de 40 lieues. On lui donne plus de 100 lieues dans les terrcs , a 1'occi-dene. Le Roi de Sofala prend le titre de Quiteve'. On le dit Mahometan j 6c tri-butaire des Portugais. II rienr fa cour ou Zhnhaoe , fur la riviere de Sofala , envi-ron a 60 lieues de fon embouchure. La ville de Sofala 3 fituee dans une Ifte de la riviere de meme nom , a quel-que diftance de fon embouchure , eft la principale du pays. Des Portugais bati-rent pres de cette ville, en 1500 , une forterefte , qu'ils ont confervće depuis, &c qui eft rres-importanre pour leur com-metce. Lile depend du Gouvernement de ići M/t hode de GJographie* Mozambique. La ville eft fore cornmer* cante, &c peuplee d'Arabes Mahome-tan.s , qui y etcient ćtabiis avant l'arrivee des Portugais. Cinq ou fix heues au nord do Sofaia , ces derniers ont eneore fur ia cote le forr dTnhaqua. 3. Au midi du Royattme de Sofala eft celui de Sabia , qui eft traverfe du cou-ehant au levant par une riviere de meme nom. On voit fur la ćore , les Ifles de Bo-ciasj 6c le Cap Salnt-Sebajlien. Le Roi de Sabia prend le titre de Sedanda. 4. Le Rovaume dTnhambana s'etend le long de la cote , au midi de celui de Sabia , jufqu'a l'embouchure de la riviere de Manica ou du Saint-Efprit. j. A l'occident des Royaumes de Sofama & de Sabia eft celui de Manica y auquel on donne une capitale de meme nom. La riviere de Manica le parcoure du nord au midi. On appelle Chikanha j par un rirre de dignite , le Roi qui le gou-verne. 11 y a , dit-on, des mineš d or dans ce Royaume , qui eft peu connu. II. La Cote de Zanguebar. Le Z.mguebar eft une grande cote , qui s'etend fur l'Ocean , depuis le 1 8 de-gre de latitude mćridionale , jufqu'a l'E-quateur j mais qui dans fa largeur n'a que 100 ou 110 lieues. Ses bornes font au feptenirion, la cote d'Ajan ; a lorienc Le Pays des Cafres. 16$ f Odan orienral j au midi le Manomotapa j a 1'occident le Monoemugi. L'air y eft fort chaud , & en general tort mal-fkin , a caufe du gtand nombre de ma-rais. La terre , en quelques endroits , y produit du ris , du miel , des citrons, flt des oranges ; mais en beaucoup d'autrcs, elle eft peu fertile, tk ne rappone pas meme les chofes neceftaires a I a vie. Toute fa richefte en un mot , con(ifte en fon or 6c en fon ivoire , donr les peuples font un grand commerce avec les Europćens , prindpalement avec les Portugais, qui y ont plufieurs bonnes places. Les peuples y font noirs , mais plus traitables que ceux des nures parties de la Cafrerie. La plupart font , ou idotatres , ou mahom etans , tk Ton n'y voit qu'un petit nombre de Chrćtiens , dans les pays Sc places qui dćpendent des Portugais. Le Zanguebar fe divife en eridionai y ou Cote de Mo^amluq'ke j & en Septen-trional, ou Cote de Melinde. Ces deux parries contiennent plufteurs Royaumes, dont les principaux font ceux de Mongale, de Moyambique , de Quiloa 3 dans le Zanguebar mćridional \ de Monba\e j Melinde tk de Chilecie ou Cheliette j dans le Zanguebar feprentrional, ou Ton rrou-ve eneore les petits Royanmes de Lamon, de Pata j & de Slan j tributaires ou du moins fous la prote&ion des Portugais. I fort fterile tk mal-faine j mais bien peuplće , a caufe du commerce qu'y font les Portugais , aufquels elle appnrtient. Cette ville eft defendue par une bonne forteref-fe , čk a un port affez commode , ou les vaiiTeaux portugais , qui vont aux Indes Orientales , & qui en revienant, s'arre-tent pour prendre des rafraichiifemens. Les autres villes de ce Royaume , fonc Sćrincapa fur k mer , & Angoche. Quel-. Le Pav S des Cafres. i £5 cuies Geographes nearimoins font cVAn-goche ou Angoso un Royaume particu-lier , qui eft le long de la cote. III. Le Royaume de Quiloa j pays tres-ferrile j mais le plus mal-iain du Zanguebar , fait un bon commerce d'o? avec les Portugais , defquels le Roi de Quiloa eft tribucaire. Ce Roi & la plus grande partie de fes fiijezs font Mahometans. Les autres menent une vie , ou li-bertine, au fauvage. Le Royaume de Qul-loa a fa capitale de meme nom , avec un porttres -frćquente , Sc une fortereife dans une petite lile } dont elle n'eft feparee quc par un fort petit derroit. Les Portugais la prirent en 1505 j mais le mauvais air la leur fit rendre quelque tempsaptesau Roi du pays , a condition ncanmoins d'un tribut annuel de 1500 mares dor , qui fe paye eneore aujourd'hui. Le Zanguebar feptentrional ou la Cote de Melinde. I. Le Royaume de Monba^e eft alTez grand j tk arrofć de plufieurs rivieres, qui lui font produire quantite de ris , de mil , de grenades , d'oranges & de citrons. Ses Rois, autrefois paiens , em-brafterent le Chriftianifme en 15 1 o. Mais en 1631 , le Roi j qui etoit chrćtien , & avoit ćpoufć une chretie mo» prrr quereL-le avec le Gouverneur Portugais , em- s66 MJthodc de Geographte. porta d'allaut la citadelle de Monba\e , que les Portugais tenoient encore , m af-facra tous les Chrćtiens, 8c fe declara Mahometan , pour Otre protege pat les Turcs. Le Royaume de Monba^e tire fon nom de fa capitale , qui le donne nafti a une lile de quatre lieues detour, dans laquelle elle eft lituće. Cette ville eft alTez grande , bien batie , & a un port commode 8c fort frćquente. Fran-cois Almeida , Portugais , la faccagea , Se la brula prefque toute en 1505. On la rebatir enfuite ; & quelque temps aprćs Nugno d'Acugna la pil la , & s'en rendit maitre ; mais les Portugais con-lidćrant que cette place leur couteroit trop a garder , fe retrancherent dans la citadelle , d'ou le Roi du pays les chalfa j comme nous l'avons dit , en 163 1. II. Le Royaume de Melinde , coupe par FEquateur en deux pnrties , n'a pas beaucoup d'ćtendue j mais il ne laifle pas d'etre confidćrable par le commer-ce qu'il fait , &c la bonne intelligence qu'il entrerient avec les Portugais , depuis que Vafqućs de Gama y palfa en 1498. En effct il n'a ćtć , ni pilić , ni brule , comme les Etats circonvoifins ; au con-traire il s'eft conferve en fon entier , SC s'eft maintenu contre fes ennemis par le fecours 8c la protećtion des Portugais. Le Royaume de Melinde a fa capitale Le PaVS des Ca/res. j6'7 de meme nom , (i tuce fur la mer , qui y fait un bon port ; mais dont 1'entree eft difticile. Cette ville eft alfez grande, belle tk riche par fon commerce : les Portugais y ont fait batir une fotte citadelle , qui commande le port , tk ds y ont aujourd'hui 17 Eglifes j mais le Roi, qui demeure dans cette capitale , eft Mahometan , de meme que la plus gtande partie de fes fujets. III. Le Royaume de Chelicie 3 fort petit , & aux environs de l'£quateur , n'a de remarquable que Barraboa 3 ville afTez marchande , avec un bon port fur l'Ocćan oriental. Les villes de Lamon 3 de Pata tk de Stan > fur le bord de la mer , ont des Rois ou Princes Mahometans , qui font tributaires , & prcfque efclaves des Portugais. 111. La Cote d'Jjan, Cette C6te s'ćtend depuis l'Equateur qu'au i4degre de latitude feptentnonale j mais elle a peu de longitude , parciculie-tetnent vers le midi. Ses bornes font au feptentrion le Golfe d'Arabie : a 1'oricnt 1'Ocean oriental : au midi le Zanguebar , & au couchant 1'Abiilinie , &c. Le pays eft fertile & riche 3 par le commerce qu'on y fait d'or , de cire , d'ivoire , ^'ambre grisT& de bons chevaux. Les 168 Aićthode de Geographie. peuples y font rous mahomćtans , a quel-ques vagabonds prčs , cjui menent une vie libertine. La divilion de ce pays eft en trois parties on Etats 3 qu'on trouve ain-ii , en allant du fud au nord , la Repu-b.lique de Brava , tk les Royaumes de Alagadoxo & d1 A del. \. La Republique de Brava } la feule qui foit fur la c6te orientale d'Afrique j a tort pen d'ćtendue -y mais clle eft tres-fertile , tk. recueille beaucoup d'ambre gris fur fon rivage. On en fait un grand rrafic , de me me que d'or tk d'ecoffes de foye. Brava , fa ca pitale , efl une bon ne ville , peuplee de riches Marchands , tk dont le Gouvernement eft ari-ftocratique. Lile eft fituće far le Qiulmanci , tk lous la prote-dtion dcs Portugais , a qui elle paye un tribut annuel de 4 il en fut dćmcmbre au coinmencemenc du XVIe fiecle , par un Prince MahomĆ-tan. Ccs deux Etats fe font par cetre raifon une guerre prefque continuelle. Quoi-il cft arrofe d'un grand nombre de rivieres. On y recueille du froment, du millet & de Torge. Les troupeaux y font nombrcux. *Le Roi rćfide a Aucagurele , aujour-d'bui capitale de fes Etats j fituee fur une montagne au pied de laquelle il y a deux canaux dćrivćs de la riviere d'Ha-wash. Les autres villes remarquables > font: Z eda 3 Barbora &C Mctha 3 fiiućes fur la cote feptentrionale , vis-a vis l'Arabie. Oeft eneore fur cette toie qu cft le detroit de Bab-et-Mandeb par ou la Mer Rouge eft jointe a TOcean , & le Cap Guardajui le plus avancć de l'A-frique vers lorient. La cote orientale efl aride &: dćfcrte. Tome VILI. II Mćtkodc de Gt-ographie* LES ISLES DE L'AFRIQUE. L'Afrique n'a point d'Iiles confidćra-bles dans la Mer Mćdkerranee , excep-te ITfle de Malte , cju'il eft d iifagc de rnpporter a 1'Europe , 8c done nous avons parić a la fuke de 1'Italie. Nous ne parle-rons done ici que de celles qui font re-pandues fur fes cotes dans la Mer Rouge, & dans VOcćan } &£ nous les partagerons en rrois parties : celles qui font au nord-eft dans la Mer Rouge ; celles qui font a Torient , dans 1'Ocean orientat ou la Mer des Indes j & celles qui font a 1'oc-cident, dans 1'Ocean Atlamique. A R T I C L E I. Les IJlesJituees au nord-ejlde VAfriaue, C E s Ifles , au nombre de rrois , font: Bab-cl-Mandeb j Suachem y če Barbora : elles font peu confiderables. i. Bab-el-Manrdebj nommće ancienne-merit 1'lfle de Dlodore eft firuće a 1'en-trće de la Mer Rouge , au milic u du Les IJles de V Afriaue. 171 detroit auquel elle donne fon nom , i p .ni prčs a egale diftnnce des coces d'Abif-fmie če d'Arabie. Elle fćpare l'entrće de la Mer Rouge en deux canaux , qu'ei-le commande abfohiment; c'eft pour cet-te raifon que les anciens Rois d'Egvpte les dcTendaient, dit-on , par une chaine , qui de chaque cote s'etendoit de 1'Ifla jufqu'aux continens. L'lfle n'a guere que cinq milles de tour j elle ne produit ni grains ni Ićgumes , (k n'eft habitće que par de pauvres gens , qui y trouvent a peine dequoi fub filter : mais elle eft im-portante par fa fituarion. Les Abiflins & les Arabes de la cote d'Adel fe la font long-temps difputće , tk l'ont polfćdćc altetnativement, jufqua ce que les Por-tugais la prirent 5c en ruinerent les foc-imcations. Aujourd'bui elle appartient aux Ture s. 1. L'lfle de Suachem ou Suaquem eft environ au milieu de la Mer Rouge , fur la cote oecidentale : elle appartient aux Turcs , & nous en avons dćja parić. Vis-a-vis le Royaume d'Adel elt 1'lfle de Barbara , ainfi appellee d'une ville de ce nom fituće dans le continent voifin Elle eft habitee par des Noirs qui s'habillent a la mode d'Adel , tk qui ćle-vent beaucoup de bćtail, le terroir four* nilTant d'excellens paturages. H ij 171 Mt tliode de Geographiel A R T I C L E II. fes IJles fituees dans la Mer des Indes y fur la cote orientale d'Afrhpie. Il y en a un fort grand nombre. Nous ne parlerons que des principales. Ce font l'lfle de Zocotora ; celles de V A miran te ; celles de Comore ; Madagafcar; 1'lfle Bourhon 3 &c 1'Ille de France ou Maurice* I. l'Isle de Zocotora. Elle eft fur la cote d'Ajan , a 5 j lieues da Cap de Guardafui, iuuee vers le 11* degre de larltude fcptentrionale. Les An-ciens 1'ont connue fous le nom de Diofco-ride. Elle peuc avoir 50 lieues de tour. Le premier qni la decouvric dans les der-niers ftecles, fut Fernandez Pereira , Por-tugais ; il y refta 1'biver en 1505. Sa cote paroit de loin par la haureur de fes rochers, qui en rendent 1'approcbe trčs-dangereu-ie. Auili les vailfeaux etrangcrs ne fe ha-zardenc d'y alier mouiller , que fous la conduitc d'un pilote dupavs. l'air y eftex-^remement chaud j &cy feroit infuppor-table , fans les vents de mer , qni rem-pereht 'un peti hi cluleur du foleil. L* 'Les Ijles de VAfriquet i7 3 tefre y cft fore montucufe , fćche ćV fte-rile, a quelques vallons prčs , ou Ton trouve cles herbages qui fervent a nourir le berail. Les dates y vienncnt en abon-_ dance , de mcme que 1'encens , le farig-dragon , 1'aloes qui pnlTe pour le meil-leur du monde. Les habitans font origi-naires d'Arabie , mahometans de religion y & alTcz belliqueux ; mais diflimulćs, pcrfldes , Sc trompeurs a l'ćgard des Etcaneers. lis obaffent a un Prince ou Sclieik , qui eft tributaire du Senerif ou Emir de la Mecque , & qui fait la r e £ 1 -dence a Tarnam ou Tamuri j la feule vil-le deTlfle. 11. Les Ijles de l'Amirakte j des SBPT TRE RES & aut res. Ces Ifles qui font firućes entre la ligne Sc le 8C degre de latitude mćridionale , one iti dćcouvertes par les Portugais; mais elles n'onc rien de remarquable , a l'ex-ception de Pemba j Zan^ibar tk Monjla 3 qui font quelque nćgoce avec la ville de Mombafc. 11 L Les Ijles de Comore, Dans le canal de Mozambique , entre 1'lfle de Madagafcar tk la Cote de Zan-guebnr. Elles font au nombre de quatre ; favoir : Ariga^ija 3 Motale ou Mohilia +injoanć * tk Mayoto ou Salnt-Chrljlo- H iij 174 Methode de Geegraphie. phe. Elles font afTez fertiles tk habitees par des pcuples , parrie mahometans , parrie idolatres , tk qui ont de petits Princes tributaires des Portugais. IV. MADJGASCJR. C a k t e s. Nous avons deux Cartes affc^ bonnes de Mada gaj car 3 l'une dc N/colas San-son j 6'Cautrede Pierrc FAN der-Aa, L'ille deMadagafcar , que les Naturels nomment M a de cafc 3 eft l'nne des plus grandes Ifles du monde. Les Portugais la nommerent cn i 506 , SaintLaurcnt, parče cru'ils la decouvrtrent le jourde la fete de ce Saint; & les Pran^ois qui s'y crabli-rent 1'an 1665 , en quelques endroits de la partie mćridionale , 1'appellerent Ijle-Dauphine y en confidćrarion de Louis de France y Dauphin , aicul de Louis XV au-jourd hui rćgnant. Cette lile elt /ituće a cent lieues ou environ des cores du Zan-guebar , entre les 61 & ' 68 dćgrćs de longitude , tk entre les 12 &c 16 de lati-tude mćridionale. Sa pointe au fud s clar-cit vers le Cap de Bonne-Efpćrance 'y mais celle cjn'elle a au nord eft beaucoup plus ćtroite , & fe courbe vers la Mer des Indes ; de forre qu'elle peut avoirhuit cens licucs de tour fur 500 de longueur> Les Ijles de l*Afrhjue» 1.75 du ftid-oueftj au nord-eft & 120 d u couchant au levanc. Les Portugais , les Anglois , les Hol-landois &c les Francois y ont aucrefois defcendu , & y avoient fait quelques ćtabliffemcns; les Portugais a XAnce aux Gallions , vers le m idi de la cote orien-tale \ les Anglois a la Baye de S. Au-gujhn j fur la cote occidentale pres du tropique du Capricorne : les Hollandois en la Baye d'Antongil 3 vers le nord de Ja cote orientale ; & les Francois a une petite Ance proche de celle aux Gallions. Ceft au fond de cette Ance que ccs der-niers batirent le Fort-Dauphin > dont lagarnifon fut egorgee en 167$ , par les Infulaires , a un petit nombre pres qui furent ramenćs en France par un vailTeau qui eroit a la rade. L'air de Madagafcar eft alTez tempere, 6c le terroir fort fertile en ris , en fruits &z en paturages. 11 y a quanrite de bćtail , particulierement des bceufs & des vaches qui y font a tres-bon marchć. On dit qu'H y a des mineš d'or & d'aiures metaux ; mais quc les Infulaires les ont tenues li cachees , que les Europćcns n'ont pu les decouvrir. Cette Ifle neft guere connue cjue dans la parrie mćridionale 3 dont^n fait que les habitans font alTez fpirituefF, robu (les , difpos & courageux ; mais p, Ct fides, inconftans, vindicatifs, cruels & H iv ^176* . Methode de Ge'ographle, fuperftitieux : on prćtend qu'il y a atijonr-d'luii quinze cens mille ames. Leur Reli-gion el\ Ia paienne 3 melee d'un pcu de ju-dniime ĆV de mahometifme. I Is circonci-fent leurs enfans , & cette ceremonie enV la plus grande de leurs Fetes. Leur lan-gne approche fozt de Parabe. Cette Ifle eft divifee en plufieurs Pro-vinces, donr la plupartde celles qui font vers le notd , foi>t inconnues aux Euro-pecns. Les plus (rćquentees font les pays de Sant-Angelo , Arco 3 Port aux Prunes 3 Antavares 3 Matanancs 3 Vohiflbanh y Fangaterre 3 Galemboule ou Vallce d'Am-boule , AnoJJl ou Careanojji 3 les Ampa-tres j les Alachieores 3 An-Renavoule j Pays des Zaphcs 3 Coehaa , liejonti ou Lahejomi 3 autrement Pays de betail , terre de G uda 3 tcrre de Pracel y rcrre de Saint- Andre 3 & Anjlanach. Ces Provin-ces font gouvernćes par plufieurs Princes appelles Grands , & elles ont leurs bab itarions diftinguees en villes^ bourgs 6 villages. Les villages font ambularoi-res j felon les faifons quatre honnnes ćle-vent une Cafe fur leurs epaules feulement, &t la tranfportent ou bon leur femble. Les bourgs font ftables & entoures de pieux. Les villes , outre les pieux qut leur fervent de murailles , lont envi-ronees d'un folTć profoud du nom da Prince d'Orange , Maurice de Naflav/. On lui donne 50 lieues de circuit : le terroir eft fcrrile. D-3puis cn-virou 1'an 1712, , les Hollandois Tone abandonnee, 6t el!e appartientaujourd'Iiui a !a France. Cette lile , tres-florilFante du remps des Hollandois , ne Teft pas moins aujouruliui, & forme un de nos plus confiderables ćrabliiTemens du obte de FInde : il n'y a cependant eneore que la mxićme parrie de flfle .qui foir dehti-chec- On y trouve deux tres-beaux ports. Le uis petir eft nom mi Port-Louis j & c'eft le principal ćtablilFement , far la cbce occidentale. L'autre eft fur ForiencaUj & s'af Ho le P01 t-Bvu) bon. 11 y a de 18o Methode de Ge'ographiel grandes forets d'ebene, done le bois eft du plus beau noir. VII. iS LES VE TRISTAN DA CUNIlA, Ces Ifles, firućes a Joueft-fud-oueftdii Cap de Bonnc-Efperance , done elles font ćloiguees de plus de 300 lieues , ont etć reconnues par les Portugais, en 1506". II n'y en a que deux remarquables , 1'une & 1'autre fort petites & fans habitans. A R T I C L E III. Les Ijles Jituees dans r Ocean Atlantlque s yers la Cote oecidentale d'Afrique. I. l'Isle Sainte Helene. JlLLlf. eft: ainfi nommee , parce qu'elle fut decouverte le jour de la tete de Sainte Helene , par Jean de Nova Poreugais, on felon d'autres , Jean Pimeneel , aufti Portugais , qui y fue jette par la tempete en 15oz. Elle eft (ituee au 16 degre de latitude mćridionale , & a 5 20 lieues du Cap de Bonne-Efperance. Elle eft petite; mais fcrrile , & jouit d'un air trčs-fain , parce que les ardeurs du foleil fonr tetn-perees par les rofees & par les vents. Les portugais, qui n'avoient pas eu foin de fe iorui.:er dans cette lile , en ont ere Les TJles de PAfrique. i S r chafTes par les Hollandois. Les Anglois y ont enfuite fait un ctablitrenient folide , depuis 16^73 , quils s'en font emparćs. II y ont bati un bon fort, dans le feul endroit ou Ton peut aborder, parce que Jes cotes font toutes couvertes de bauts rochets. Les vaitfeainc de la Compagnie Angloife des Indes Orientales , a laquelle cette Ide appartient , y prennent des ra-fraichiOemens , &c fur tout de l'eau dou-ce , qni eft tres-bonne ; c'eft fans doute potir cetre raifon que cette Ifle s'appelle tHocellerie des Mariniers. On croit qu'el-le eft de toutes les I/les du monde , une des plus ćloignees de la terre ferme , puifque fa diftance de la cote oceidentale de TAfrique eft de plus de 4^0 lieues. A loccident , quelques Auteurs pretendent qu'il y a uneafttre Ifle plus petite 3 qu,ils? appellent la Nouvellc Ste. Helene , ćloi-gnće de la grande d'environ 160 lieues j mais ou ceux qui croient Pavoir decouverte fe font trompćs > ou cette Ifle a ćte fubmergee , puilaue les Vovagcurs les plus rćcens n'en ont pu avoir aucune nou-velle , quelques perquifltions qu'ils en aient faites. II. L'ISLE DE i'jscension. Elle fut decouverte par les Portugais le jour de cette fete. Cette Ifle eft petite , fteiile tk fans habitans. C'eft une relache 181 Methode de Geograpkle. ordinaire aux vailfeaux Irancois qui re* viennent de 1'Inde, & qui s'y founiiJlent de tortues de mer tres-grolles , que 1'on trou-ve en abondance fur fes bords. La vue de cette Ide prefente aux ieux un fpećta-cle afFreux cV capable d'infpirer de Fhor-reur , felon la remarque de FAbbe de la Caille , epi a obferve qu'elie avoit ćte formee par un volcan. I I I. VISLE de S. math1eu. Prćs de la ligne , a un petit lac deaii douce. Elle fut decouverte en 1526, par les Portugais, qui Pont depuis abandon-nee. IV. V Is le d'Annobon. Ainfi nommće par les Portugais, pnr-ce qu'ils la decouvrirent \i premier jour de Pan 1526, eft auffi fort petite & affez pres de la ligne \ mais elle eft peuplće de tjuelques Portugais, 6c affez fertile. V. VIsle de S. Thomas. Elle fur ainfi nommee par les Portu* gais , qui la decouvrirent le jour de la tete de ce Saint, Pan 140 5. Elle eft fituee immediatement fous PEquateur , a 45 lieues du Cap de Lopei( Gon^alve dans le Congo feptentriona). Elle eft prefque ronde , &" peut avoir 30 lieues de circuit. L'air y eft mal fain , &c le tetroir peu les IJles de PAfrique. l S 3 fertile. On y trouve quahtite de pour-ceaux &c de cannes de fucre, qui font ptefque toute fa richefTe. 11 y a la ville de S. Thomas j que quelques-uns appel-lent Pavoacan s qui contient fept ou luiit cens maifons, avec un Eveque fufTrngant de Lifbonne , &c fett de refnlence au Gouverneur pour le Roi de Portugal. Les Hollandois s'en rendirent les maitres en 1641 ; mais les Portugais la reprirent quelques annees nprčs , &z y ont fait batir une bonne citadelle , pour mieux s'aflu-rer de cette Ifle , qui leur fournit des ra-fraichiflemens dans leurs voyages des Irv-des Orientales. VI. L'Isle du Prince. Au nord-eft de celle de S. Thomas, cv au fecond degre de latitude fepten-trionale , fut ainfi nommće cn 1471 , par les Portugais , parce que le revenu en ćtoit defline pour le Prince de P0rtug.1I. Elle eft de meme rapport que celle de S. Thomas; mais fair y eft beaucoup plus jfain , & les Portugais qui la poflubnt, y vivenr plus long-temps. VII. L'Isle de Fernand-Pao. Ainfi appellće du nom d'un Capiraine Portugais , qui la decouvrit en 1471 } eft pres de celle du Prince ; mais un peuplus au nord. Elle a 16 lieues de tout; un i S 4 Methode de Geograpkle. chateau8ccjuelqncs bourgs. Lair, la qua-litć du terroir , ck le gouverncment y fonc les meme s qu'en l'Ifle precćdente. VILI. Uljle des Bisseaux. Cette Ifle eft fur la cote occidentale de Guinee , & vis-a-vis 1'embouchure de la riviere de Geves : elle a une aifez grande etendue , puifquon alfure qu'ellecontient 40 lieues de totir. On la divife en huit contrees , dont les Gouvernenrs portcnt la qualite de Rois j mais qui font foumis a un Roi principal , qu'on nomme le Roi des Biireaux. Ce Roi, quoique pai'en , eft forc ami des Portugais , 6c leur a permis de batir quelques villages dans fes Etats pour la commodite du commerce. Pres de l'Ifle des Bifleaux , il y a plufieurs au-tres Ifles plus petites, iltuees vers 1'em-boucliure de Rio-grande & de la riviere de cV. Domingo. On les appelle les Ifles des Bij a gos \ mais elles iiont rien de remarquable. IX. VJJle G o e r e e. Cette Ifle 3 pres du Cap Verd , n'eft qua une lieue de la Cote de Senegal. Elle fut nomme? Goerce par les Hollandois , a caufe q felle relfemble a une Ifle de Zelande appellće du meme nom. Elle eft fort petice , cn: le Gouvemeur pour la Compagnie Francoife des Indes , a la- Les Ifles de l3Afrique. 18'j quelle elle appartient , fait fouvent Ta demeure dans un village, qui eft dans ia terre ferme a une lieue dela. Les Portugais premierement l'ont polfedće , 3č enfuite les Hollandois , fur lefquels les Francois la prirenc en 1677. Les An-glois s'en etoient rendus maitres dans ia derniere guerre ; mais ils Pont ren-due en 1763. Nous avons parle ci-devant, page r z Sv de fes dependances en teire ferme. X. L'Isle du Senegal 3 ou de Saint-Louis. Elle eft fttuće au milieu de Ia riviere du Senegal a cinq lieues au-deflus de fon cmbouchure : elle a environ une lieue de tour. Les Anglois s'en font emp.ire dans la derniere guerre fur les Francois , ćv elle leur a etć abandonnće par la paijc de 1763. Les Negres de Vlile 8c des en-virons y trafiquent des cuirs , de Pivoire , des efclaves , de Pambre gris , Če les Maures y portent de Ia gomme. Les uns tk les autres recoivent en echange de Ia toile , du coton , du cuivre, de l'ćtain , du fer , de Peau-de-vie &c quelques pe-tits ouvrages de verre. Les efclaves font envovćs cn Amćrique , pour y travailler au fucre , &c autres plantations. i $6 Met kode de Geographie* XI. LES IS LES DU CAP-VERD. C a r t e s. La Carte des IJles du Cap-Verd a ete doti' neepar lejieur -Vander-Aa. Ces l/les , appellees Gorgades 3 par les anciens , font diftantes de 150 lieues du Cap-Verd , avcc lequel elles font paralle-les , & dont elles empruntent le nom. Elles font fituees entre les 3 54 tk 356 de-grćs de longitude , & entre les 14 tk 18 de laritude feptentrionalc. Bertius pre-rend qu'elles furent decouvertes en 1440 par un Genois nommć Louis Cadamufti. Daurres veulent que ce fut un Vćnitien cjui les reconnut en 1455. Mais la plus commune opinion eft qu'Anroinc Nole Genois , les dćcouvrit en 1460 , pour Al-phonfe V Roi de Portugal. L'air y eft chaud & mal-fain , le pavs afllz deftrr, & le terroir peu fcrtile. Les Portugais qui les pofledent , n'en tirent gućre au-tre c liofc que quantitć de fel, excellenc vin , quantitć de fucre Sc de petits oifeaux que Ion appeile fereins de Canarie. Ces liles font au nombre de dix ou douze; mais on n'en rcmarque que fept princi-pales } favoir , Canarie 3 qui a donne le nom a totues les autres \ Tenerijfe j For-ta*Ventura j Lancerote j Gomera j la Palma Sc [TJle de Fer. • . I. L'lfle Canarie , ou grande Canarie > qni a donne' fon nom a toutes les autres , eft fertile en fruits , en vins excellens , &z fur-tout en bled , qui s'y recueille deux fois 1'annee, en Fevrier Sc Mai j on y trouve aufti des beftiaux, du gibier Sc des volailles. Les Efpagnols pretendent qu'elle fut dćcouverre en 1485 , par Pierre de Vera Efpagnol. Son circuit eft de 40 lieues , Sc fa capitale s'appelle aufli Canarie j ou felon les Inluiaires, Ciudad de las Palmas. Cette j/ille eft aflez belle, ijjo Methode de Gtographie. a un bon pore , un chateau Sc un nege epifcopal ibus la Metropole de Seville. I L. L'lfle de Tenerijje j la plus grande & la plus ricbe de toutes les Canaries, a caufe de fa ferrilitć , fournit a ce que Fon dit plus de vingt-huit mille toneaux du plus excellent vin de toutes ces Ifles. On y trouve aufli une foret de lauriers , ou il y a quantite de fereins. Cette Ifle a pres de 60 lieues de tour , Sc l'on y voit la fameufe montagne du Pic de Teyde j l'une des plus hautes du monde, & qu'on peut apperccvoir de 40 lieues en mer. Cette montagne eft fort droite , 8c tou-jours couverte de neige , fur fon fommet, quoiqu'il n'en tombe point en bas , Sc qu'il n'y gele jamais. Elle jette quelque-fois des flammes par une ouverture , qui eft a fa cime. Cette montagne eft le lieu ou les Hollandois placent le premier Meridien. L'lfle de TćnćrirTe eft fort peuplee , d'excellent vin Sc beaucoup de fang-dragon. Les Ho ces de FAme-rique y vont dordinaire prendre la ban-teur Sc des rafraichiiTemens. V I. La Palma , abondante en fruits , en fucre Sc en excellent vin , fut conqui-fe en 149 3 ,par Alphonfe Fernand de Lugo. Sancla-Cru^ de Ia Palma 3 avec un pore commode & frequente,eneft la capitale,Sc uneaffez bonne ville. C >tte Ide a 16 lieues de tour, unvolcan6c plufieurs villages. \cf% Mctkode de Gdographie. VII. Vljle de Fer * la plus o cei de ritale de toutes les Canaries , eft ftćrile. Eb le a 11 lieues de cour > & fut dćcouverte par Ferdinand Peraza en 1445. Hkro * vil le d'une mediocre grandeur , en eft: la capitale. Ccft a la c6te oecidentalc de cetce Ifle, que les Franc,ois , en confćquen-ce de la declaration du Roi Louis XIII de 16$4 j font obligćs de compter le rREMiEP. Meridien. Les autres petites Ifles des Canaries font Gratiofa 3 la llocha , Saince-Claire j riile <&tj Loups j Alegranca 3 & les j Madere , qui contient en tout j 6 Parou-fes & (ix on fept mille feux. L'ifie de Toko-Santo > ilc.iće a rrois lieues au nord-elt de Madcrej n'a que huL lieues de circuit, & fut decouvecee Up an avanr la precedence , par Gonzalve-Zalco , niciens & les Carthaginois, qui ne navi-guount que le long des terres , \ la fa-vcur de Petoile du-nord , fans avoir au-cune connoitfance de la bouflole , qui fur feulement ir.v.nree en 1302 , par Jean Goya narir d Amalh* au Royaumc de Na-ples j comment y dis-je , ces pcuples a u-roienr-ils ofe cntreprendre de faire un (1 long rrajer, ik iur une mer a u Mi darige-jcufe que l'Oce'an Arlnntique. A 1'egard d? Mile Atlantide, qu'on pretend avoir ćrc fahmergće , on ne peut dire raifon-»ablernent qu\.-lle foic l'Amerique , puif-C]ue celle ci fiibilfle encore. TI efr done plus narurel de dire que VAnv'rique ne fut dćcouverte , au moins par la voie narurelle de la navigarion &c de fOcean Atlanrique ou Occidental , cpu'en 1492 , par Cliriftophe Colomb na-tifdo Coc^orero 3 petit bourg de 1'Etit de Genes. Ce fameux pilote ayant quitte lltalie, vint s'et.iblir dans Tlile de Ma-dere , ou il s'appliqua a faire des Cartes marineš, ponr les navigateurs qui alloient fur les coces d'Afriqne , fort peu connues en ce temps la. II obferva dans cette U Amir'ujuc. I9O lile , c]u'il y rćgnoit des vents d'ouelt tres frequens \ ce qui lui fu conjcćhiter qiuls venoient de quelques cerres occi-denr.des > encoreinconnues. Pendant qu il faifoir ces reflexions, un vaiiTeau bifcaien battu de la tempere , v lacha 3 dit-on , a Madćre , 8c Colomb ayant etć voir le Pilore , apprit de lui que fon batiment avoit ete porte par le gros temps fur des cćkes tres - eloignćes vcrs la route de loueft j 8c qu*ayant fait inutilement force de voiles pour y aborder , un vent de terre l'avoir obligć de prendre le lar-ge ; 8c qu'enfuite le manque de vivres , les maladies de l'ćquipage , 8c les coupi de vent Pavoient contraint de donner fond a Madere. Ces avis qui prćcćde-rent de peu la mort de ce Capitaine , 8c de trois ou quatre Mariniers qui s'e-toient fauvćs avec lui , confirmerent le* conjećtures de Colomb. 11 concut done le deflTein de cctte grande dćcouverte , 8c en ćetivit au Senat de Genes , lui propofinr de la faire fous fes ordres , 6c dem.anđant un fecoursde vaiffeaux pour mettre la Republique en pof-feftlon des nouvelles terres , 8c des trefors qu'on y dćcouvriroit. Sa propofition fut traitće de chimćrique , 8c rejettće. Com-me il vit le Roi de Portugal Alphonfe V , oceupe a la guerre d'Afrique , 8c i iv 200 Methode de Geographle. celui d'Efpagne a celle de Grenade , il envoya fon irere Barrhelcmi Colomb a Henri VII , Roi d'Angleterre , qui ne 1'ecouta point. Chriftophe Colomb ne fc rebuta pas. 11 fut lui-meme trouver Al-phonfe Roi de Porrugal , qui l'ayanr fait conferer avec deux Cofmographes , 1'un appelle Cardiglio Eveque de Vifeo , 8c Faurre nomme Roderic , le congedia fur le rapporc qu'ils lui fir.nc , que la pro-polition de Colomb etoit fans fonde-menr. Colomb vint enfuice en Efpagne , ou il fut d'abord favorablemenc ćcoutć par deux Geographes , 1'un appelle Alon-fe Pincon , & 1'autre Jean Peres , Reli-gieux de 1'Ordre de S. Francois. Ce dernier adrelTa Colomb a Henri Gufman Duc de Mćdina-Sidonia , & a Louis de Ccrda Duc de Medina-Celi , qui n'en firent aucun etat. II eut enfuite des ler-tres de recommandation du Reiigicux P« res , pour F1 rdinand Talavera > con-fefleur de la Reine Ifabelle , qui 1'an 1486 , pretenta Colomb au Roi Ferdinand fon ćpoux : mais les guerres de Grenade empecherent que Colomb ne fuc ćcoute favorablemenc. II fallur en-core qu'il attendit fix annees entieres » qu'elles fulfenc terminćes, Alors le Confeil du Roi refolut qu'on teuceroit tortune r &c on aceorda un vail- VJmericjuc* 10* feau & deux brigantins a CoTomb. On lui promil la dmenie parne du revenu cjuon nreroir. de ceite decotiverte , &c on lui avanca feize mille ducars , qu'il talluc emprunter d'un iecrćtaire du Rji d'Efpa-gne , pafce que les guerrcs avoient epui-fć les tinances de ce Prince. Colomb en equipa trois catavcllcs , cV ajant fak voile du pore de Palos en Andaloufie ou de celui de Cadix le 3 Aout 1492, 1! alla mouiller aux Canaries, d'oii il prit fa route vers loceident. Apres descalme-s de 1-ongue duree qui traverferent fa navi-gation , il patfa dans une mer couverte d'herbages qui erT"raya tous fes gens m9 S£ fepouvante palfa jufqu'au defefpoir , lorf-qu'apres une longuc traverfće , ils ne de-couvrirenc aucune terre. Ils f rent mems une confpiration contre fa vie \ mais fur quelque foupcon qu1il en cut, il les fit reve-nir par fes prieres &: par fes remontranees če apres les avoir ainli plufieurs fois encou rages,il continua fi route jufqu,a Ponziemđ jpur d'Oćtobre 1491 , qu'il vit terre. La gloire de 1'avoir vue le premier , fuc djfputee entre Colomb &i R odeti c de friana ; mais cela n'empecha pas que-Colomb neiit liionneur de la decouvei'-te. Les premieres terres qu'ils appereu-rent, futent celles de U c6re de Gnana-bani , qai eft une des Iiles Lucajej , v itm h 2.6 digre de latitude feptentrionale*. 14 iot Mithode de Geographie. y debarqua avec fes gens, y planta 1'etefl* dard royal, en prit poffeflion au nom Sc au profit du Roi d'Efpagne , & Iti donna le nom de San-Salvador 3 en ro connoiilance de ce que Dieu Favoit gc-» ranti de la confpiration , que fon ćqtu-page avoit formee contre lui. 11 fitenfu;-te la decouverte des Ifles Cuba & Bifpc* niola. ou S. Domingo 3 ou il laifla 38 perfonnes de fa fuite , dans un fort qu'il fit conftruire dans cette derniere Ifle , afin qu'ils pri^ent connoifiancedu pays. Aprćs avoir ainfi laiflTć fes ordres , il revint en Efpagne faire fon rapport au Roi Ferdinand , qui le recut fort bien , Sc le fit Grand d'Efpagne. 11 fut enfuite renvoye , en qualire d'Amiral, dans l'Amćrique, ou il fit la decouverte de Fllle de hjamaup e 3 qui fut caufe qu'au retour de ce voyage , ce Prince le fit Duc de la Veraguas , Duc de la Vega , dans Fllle Sainc Do-mingue Sc Marquis de la Jamaique. II lui donna meme cette lile en titre de Mar-quifar ; de forte qu'encore aujonrd'bui .Fa ine de la M a i fon de Colomb s'appelle Duc de la Veraguas , Duc de la Vega , Sc Marquis de la Jamai'que , quoique cette lile appartienne prćfentemcnr aux Anglois. Au troifićme Sc dernier voyage que Colomb entreprit , il partit d'Efpagne le 18 Mai 1498 , aborda aux Illes Caribes , Sc dćcouvrit enfin la Terre jer- VAmirlauc* 103-nti. Ceft ainfi que nous fommes redeva-bles a Chriftophe Colomb de la decouverte de l'Ainerique ; & fans lui nous ferions peut etre encore a favoir cjuil y eut un autre continent que le no;re. Cette premiere entrcprife en a occafioue beaucoup dautres , qui one fait decou-vrir peu i peu les diverfes parties de 15A menque. Les Efpagnols ayant pćnćtrć au fond du Golfe du Mexiquc , palferent 1'lf-thme de Panama , Sc ttouverent fur les bords de la Mer du Sud , des peuples po-licćs Sc deux Empires en regle , favoir , celui des Mexicains Sc celui des Incas du Perou. On ne trouve que des fauvages dans la partie de l'Amćrique qui eft de notre cotć. Ceft ce que quelques Au-teurs ont regarde comme une preuvc qu"elle avoit recu peu a peu fes habitans du cotć de 1'Afie Sc de la Mer du Sud. Bornes. Situation. Quatiti* Cette grande rćgion eit environće de Ii mer, meme vers le nord-oueft \ car le? dćcouvertes que lonafaites au levantde la Sibćrie , depuis le commencement du XVlIle fićele , montrent bien que 1'Ame-rique ne tient point a la Tartarie , comme on fe l'ćtoit imaginć. Le dćrroic Sc la bave de Hud fon la bornent au fepteu-trion > la Mer du Nor d a forienr; les Ter- I v; 10 4 Mcthode de Geogniphle. res Anrarčriques au midi , &c la Mer Jil Sud ou Pacibque , au couchanr. L'air de I*Amćricjue eit different , felon la divet-lite des pays j mais en general il eft aiTez tempere, La rerre y de aflez ferrile en quelques endroits, & fur-cour dans le Pćrou , ou 1'on dit qu'elle rend quelque-fois cent pour un. Mais ce qui fait la principale richeffe de ce conrinent , font les mineš dot & d'argent cju'on y a rrou-vćes. Il n'y a point de trefors pareils i ceux d'Atabalipa & de Guainacapa , an-ciens Rois du Pćrou. Ce n'ćtoit pas de leur temps une chofe ex.traordinaire de voir , en quelques villes de ce pays- la , des Temples revetus d'argent , čk des. maifons couvertes de grandes plaques d'or. Les Efpagnols aiTurent , qu'en 1618 , il fur verifie , que depuis la premiere decouverte de I'Amerique par Colomb , 1'on en avoit tire plus de 1536 millions d'or; & que Tan 1645 5 011 trouva que les. Rois d'Efpagne en avoient eu pour eux feuls 450 millions d'or , feulement en lingots d'or , & en barres d'argent, fans comprer leurs autres droits fur diverfes rnarchandifes , qu'on tranfporte de cette Rćgion , comme or , argent , perles pierreries , peaux , fucre , coehenille , indigo , cacao , fdfepareille gingem-bre , cc autres denrćes. II y a en Amćnque pluiieurs mineš d'or VAmirlatu: ' iof &: d'argent. La plus eoniiderable de ces dernieres eft celle de Potoji, dans le Pć-iou. Nous avons fur ces mineš un detait aftez curieux , dans le traite d'Alphonfe Barba , Cure de Potofi. Mers. L'Amerique eft baignee a 1'orient pat une tres-grande mer , qui la fepare de l'Europe &c de rAfrique j &: a 1'occidcnt par une autre mer encore plus ćtendue , qui la fepare de TAfie 6c des Terrcs Auf-rrales. Les premiers voyageurs Euro-peens ont nomme la premiere Mer du. Nord , & la feconde Mer du Sud y parce qu'ils n'onr reconnu cette derniere qn'a-pres avoir palic 1'Inhme de Panama. Ces noms leur font reftćs , quoiqu'on ait fu deptus que la difpofition entiere de ces deux mers auroir d u plmot les faire ap-peller occidentale & orientale , puifqu'eb les s'etendent Tune & l'autre du nord au lud , des deux cotćs de rAmerique. La Mer du Sud eft nommće Mer Paci* ftque entre les Tropiqucs , parce qu5elle. eft fujette a de grands calmes dans cette partie. Elle forme un grand Golfe , ćten-du en longueur , entre le Mexique &c la Californie : on 1'nppelle la Mtr Vert7ieille>. Ce Golfe a dans qnclques endroits foi-xantc , 3c dans dautres cjuarante lieues. de large.. 10 6 Me'thode de Geographie. La Mer 3 ou plutot le Golje du Mexh que 3 eft une partie de la Mer du Nord. La Mer de Hud fon 3 au nord , n'eft proprement qu*une grande Baye , qui porte le nom d'un Anglois , qui la dćcou-vrit en \ 6n. Caps. Montagnes. Votcans. L'Amerique a pluiieurs Caps , dont les plus remarquables fone le Cap Breton , au nori-eft , dans Tlfle de ce nom j a\ I'enrree du Golfe S. Laurent: le Cap de Floride , a l'entrće du canal de Bakama : le Cap de Catoche 3 dans la Province de Yucatan : le Cap S. An:onio a l'occident de l'lile de Cuba : le Cap de la Vela y dans la Caftille d'or : le Cap de Nordy dans la Canbane ; les Caps de S. Attguj-tin & de Frio , dans le Brelil : le Cap Saint Antoine dans la Magellanique Cap Sadite Helene dans la Province de Quito , au Pćrou j le Cap Blanco, dans la Province de Guatimala , au Mexique; le Cap de Corientcs y dans PAudience de Guadalajara , &: le Cap Blanc ou de S. Sćhajlien } au nord de la Californie. Les montagnes de cette vafte Region font en aftez gtand nombre , & fort hau-tes ; entr'autres cei les des Andes , ou Cor-dilleras 3 le long du Pćrou & du Chili j elles font prefque toujours couvertes de nei- VAmirtque. 107 ges j 8c pafTent en bauteur toutcs les autres montagnes du monde. Les Adonts Apalaches j ou Apaltai 3 au nord de l.i Lloride » font auui fort eleves. Pour ce qui eft des Volcans, il n'y en a poinr de plus remarquables que ceux de Popaca* tebeci & de Gu.atima.la 3 dans le Mex;que, on nouvelle Efpagne. II y en a a udi un grand nombre dans le Pćrou &c dans le Chili. Lacs. Rivieres. L'Amerique a dans fa partie fepten-ttionale un tres-grand nombre de lacs. Les plus confidćrables font le Lac Supe-rieuron de Traci 3 le Lac des Illinois > le Lac des Hurons tk le Lac de Frontenac dans le Canada. Dans la partie mćridio-nale , on trouve les Lacs de Cafippa dans la Guyane , de Titicaca dans le Pćrou > & celui de Gualachos 3 dans la Province de Rio de la Plata. Les rivieres les plus cćlćbres de 1'Ame-rique font celles de Maragnon 011 Riviere des Ama^ones de Saint-Laurent3 de la Pla-ta j de MiJJlJJlpi, deiVorr ou Rio-Bravo , de Paria o u Orcnoque. La riviere des Ama\ones 3 la plus grande qu'il y ait au monde 3 a fes deux four-ces dans des marais a huit lieucs de Qui-to , ville d u Pćrou , tk fon embouchure dans la Mer d u Nord , pres de la ligne equinoxiale , ou elle fepare la Guyane io8 Methode de Geographie. d'avec le Bredi. Sem cours contient i io-<», lieues j tk va d'o:cident en orient : fa profondeuc eft depnis huit j.ufqii\\ 40 braf-fes , &c fa largeur toujours prelepe de deux , rrois ou quarre lieues , jufqua fon embouchure , ou elle en a plus de 80 , a caufe du grand nombre d'liles qu'eUe y f a i c. Cetce riviere eft prelepe par tout affez navigable , tk le moutanc de la marce s'y fait {entir jufqu\i un dćrroit oit bofphore d'une demi - lieue de large >. cw'elle Forme , tk qui eft alTezloin de fon embouchure. La riviere de S. Laurent, la plus grande de PAmerique feptenrrionale , ne commence proprement que depuis le Lac de Fromenac. Eils prend fa fource au delfus du Lac Supćrieur. Son cours paffe 800 lieues; fa profondeur eft de vinge bralFes , cV fa largeur a fon embouchure dans la Mer du Nord , contienc 80 ou 90 mille pas geometriques. La riviere de la Pluta ou Riviere a" Ar-gent , melće avec le Paraguai tire fa principale fource de la Lagune de Los-Xaraics. Elle eft fort rapide \ mais peu profonde , quoiqu'a fon embouchure dans la mer du Brelil , elle ait bien 40 lieues de large. Elle recoir plufieurs rivieres donr une des principales eft celle de Parana. : fon couts eft de 500 lieues. Elle. fertilife comme le Nil 3 les campagnes. TJ Aminquc. 109 Voifines par le dćbordement de fes eaux, qui commence dordinaire au mois de Juin. La riviere de Mtjjijjipi. 3 decouverte en \ 6-ji , 1680 & 168} , paife pour la plus grande de l'Amerique Septentriona-le apres cel le de S. Lautent \ on n'a pu encore avoir connoiilance de fa fource. Elle a prefque par-rout une lieue de large , Sc deux en quclques endroits. Son cours eit eftime en avoir plus de 800. Pour ce qni regarde fon embouchure , elle fe fait dans le golfe du Mexique. Golfes. IJlhmes. Detrohs, Les Golfes les plus confiderables de rAmćrique font ceux du Mex/que , de S. Laurent , de Honduras 3 de Darun dans la Mer du Nord , Sc de Panama , dans celie duSud. Le premier , qui eft le plus grand de tons , recoit fouvent , a caufe de fa vafte ecenduc , le nom de Mer du Mexique. Uljlhme dt Panama ou de Darlen eft le feul qu'on remarque dans cette grande Region, 11 fepare l'Amćrique Septentrio-nale d'avec la Mćridionale , Sc n'a de Panama a Porto Bdio 3 que huit lieues de largeur , quoiqu'on en compte 18 de che-min , a caufe des de.tours. Lus Daroits de l'Amćrique fonr en aftlz grand nombre y inais on diftingue 21 c Methode de Geographie, princfpalemenr ceux de Magellan , de \t Maire , tk de Browers dans l'Amćrique Mćridionale \ ceux de Hudfon de Daviš , de Bahama tk. du Nord 3 dans la Septenrrionale. Le Dćtroit de Magellan porre le nom de Ferdinand Magellan , Portugais, qui le dćcouvrit Fan 1510, quoiqu'il Feut nom me Dćtroit dc la Vičlohe. 11 fepare FexrrćiTiice mćridionale de PAmćrique , d'avec lifle de Feu , tk fait la commu-nication de la Mer du Sud avec celle du Nord. Ce Dćrroir pafle pour fort dange-reux , & a plus de cent lieues de long doccident en orient , quoiqu'en quel-ques endroits de Forient, lln'ait que qua-rre lieues de large. Le Detroit de le Maire eft ainfi appelle du nom de Jacques le Maire d'Amfter-dam , qui le dćcouvrit , avec Guillaume Schouten de Horn , 1'an 1616, 11 eft fitue a 1'orient de 1'lfle ou Terre de Feu , tk pafTe pour moins dangereux que celui de Magellan. Sa longueur eft de 10 ou 1 2 lieues du fud au nord , tk fa largeur en a prefque autant d'orient en oecident. Le Detroit de Browers , a Forient de celui de le Maire , dont il n'eft fćparć que par Fllle des Etats , porte le nom d'un Hollnndois, qui le dćcouvrit Fan 1643 ; mais il eft peu frćquente. Le Detroit de Hudfon 3 entre 1'Ainći- I?A meritiue. 111 iique Septcntrionale , Sc les Terres Arc-tiques , fut decouvert en 1611 , par Henri Hudfon , Anglois. II eft alhsz large du fud au nord; mais il a eneore plus de longuenr dorient enoecident 3 Sc on la fait monter a i 50 lieues. Le Detroit de D avl s eft au nord-eft , dans les Terres Arc~tiques , le long du Groenland : il communique a la Bave de Baffin. Le Canal ou Detroit de Bahama eft k Fentree la plus feptentrionale du Golfe de Mexique , entre la pointe de Floride Sc les Ifles Lucayes : c'eft le paflage des Gallions qui tranfportenr en Efpagne les richefles du Mexique & du Peron. Le Detroit du nord> nouvellement decouvert , eft au nord-oneft de FAmerique Septentrionale > pres de FAfie , aux en-virons d ti Kamtfchatka ou de la Siberie Onentale. II forme un a/Tez large canal vers le midi 7 mais au nord l'on prćtend qu'il n'a qti'une demijournće de largeur, Sc que cette partie eft quelquefois prife de glaces Sc fait comme un pont natnrel , par ou paftent les hommes Sc les betes feroces. C eft , felon les apparences , cct ancien Detroit d*Anton y que Fon a rejet-tć pendant long-temps , parče qu'on n'cn retrouvoit pas les fondemens. On peut voir ce qui en eft dit dans les Con/tdera* 1 11 Methode de Ceographle. tions geographiques & phyfiqu.es de M. Buache. Habitans. Mceurs. Etac. Religion. Les habitans de l'Amćriqiie peuvent etre diftingues en Amertcains narurels; en Europeens 3 qui s'y font ćtablis ou s'y ctablilLenc journellement \ en Metis ou Criolles , qui font nes des Europeens tk des Amćricaines , ou des Americains tk des Europćennes; tk en Negres j que 1'on y tranfporeed'Afrique. Les Americains font en general laches Sc mechans s tk meme quelques-uns d'en-tr'cux font fauvage-s Sc antropophages. Ils font tous aflez robuftes, adroits a na-gcr , Sc fort agdes. Les Europeens y font en grand nom-bre , y ont des Colonies en plufieurs en-droits , Sc y potredent plufieurs terres. Les Efpagnols fur-tout en occupent les plus grandcs , les plus riches , les plus fer-tiles. Le Roi d'Efpagne pretend meme que toute l'Amćrique lui doit appartenir, en vertu de la donation du Pape Alexan-dre*VI , fan 149; \ mais les autres na-tions n'en demeurent pas d'accord , tk ne comptent pas fur la Bulle de ce Pape , quidonnoit ce qui n'ćtoit pas a lui. Les Portugais ont la longue cote du Krefti $c une partie des environs de la riviere UAmeriquČ. 113 des Atnazones. Les Francots pofTedent plufieurs Ifles dans le Golfe du Mexique, & une partie de la Guvane prčs de Cayen« ne. Les Anglois ont de beaux ćtablifle-mens dans rAmćrique Septentrionale } tk j font maitres de plufieurs Ifles. Les Hollandois one Surinam dans la Guyane , pays de l'Amerique mćridionale , 1'lfle de Curacao y tk quelques autres. Les Da-nois polfćdent la petite Ijle de S. Tho-mas j qui eft pres & a 1'orienc de celle de Porto-Rico , a l'entrće du Golfe de Mexique. L'Amćrique eft fituće entre les i$o & 345 dćgrćs de longitude , en y compre-nant la Callfornie \ mais fans y renfermer les Ifles Acores ou Terceres ; &c entre le 65 de latitude feptentrionale , tk le 56 de latitude mćridionale. On croir que les peuples qui l'habitent , font originai-resdel'Afie feptentrionale;qu'ils peuvent y avoir ete porećs par de longues pieces de giace, fur lefquellcs les peuples de ces quartiers vont chaffer ordinairement, tk que la mer aura pouflees vers le conti-nent, qui n'en eft pas fi ćloigne qu'on s'imagine. Cette opinion qui n'ćtoit d'a-bord que vraifemblable , a ete confirmće par les nouvelles dćcouvertes que les Ruf-fiens ont faites des terres de l'Amćrique voifines de la Sibćrie orientale , tk par les reflemblances cjue 1'on trouve entre les ai4 Methode de Geographie. peuples de ces partiesdes deux confmens-L'Amćrique n'eft point peuplće a pro-portion de 1'ancien continenc , peut-ctre a caufe des guerres continuelles que les Sauvages fe font les uns aux autres , ou peut etre pour les mauvais traitemens •des Efpagnols envers les Americains. Quelques Auteurs afliirent qu'ils y ont fait mourir plus de quinze millions de perfonnesen moins de 50 ans. Les Americains naturels dc indćpendans , fonttous idolatres; & ceux qui dćpendent des Europeens , font pour la plupart atfez mauvais chretiens. Dhvijicm. L'Amerique eft divifće naturellement en deux grandes parties ou Prefqu'ifles, qui font jointes par 1'Ifthme de Panama. Celle qui eft ve rs le nord fe nomme Ame-rique Septentrionale. Celle qui s'ćtend au midi sappelle ['Ameriaue Meridionale. Nous parlerons , dan sun arricle a part, des Ifles de ce continent, dont les plus conflderables apparcienneat a lAmiriqu£ Septentrionale. L* Amerique. b«fWMlllii i i iii ni i ni i ■ i iiiiimum—tTTTnrmmiliiiiB L' AMERIQUE Septentrionale. (jEtte Partie du nouveau continent fe partage en fix grandes Rćgions, qui fone, I. Le Mexique on nouvelle Efpagne* i. Le Nouveau Mexique. 3. Le Canada. 4. La Nouvelle Anglcterre. 5. La Floride ou Louifiane. 6. Des Terres p tu connues ■> au nord-oueft. Avant d'entrer dans la defeription de ces Pays , il eft: bon d'obferver , quc les Rois d'Efpagne ont partage tout ce qu'ils pofTedent dans les deux Amćriques , en trois Viceroyautes : celles du Mexique 3 de la Nouvelle Grenade , &: de Lima oti du Perou. La premiere , divifće en qua-tre Audiences , qui font celles de Mexi-que j de Guadalaxara 3 de Guatimala 6C de Sainr-Domingue , comprend tout ce qui leur eft: foumis dans rAmćrique Sep-tentrionale. Les deux autres , parragees aufll en plufieurs Audiences , renferment les pays qui leur appartiennent dans l'A-merique Meridionale , comme nous l'ob-ferverons en deerivant cette partie. 11 ć Methode de Geographie* CHAPITRE PREMIER. LE ME XI Q UE, ou Nouvelle Espagne. C A R T 2 S. Nkolcts Šanson & GuiUmmt Delisle ont donne ehacun en une jeuille le Me~ xique 3 la Floride 3 & ta Virginie ; mais celic de M. DELISLE eft la plus cxacle. CetteRćgion , la plus belle , & lune des plus fertiles de toute l'Amćrique , porte le nom de fa ville capitale , & a recu celui de nouvelle Ejpagne , depuis que les Efpagnols s'y fonc ćtablis. Elle eft fituće entre les 267 & 297 dćgres de longitude , 8c entre les 7 cV 30- dćgres de lati t ude feptentrionale. Sa plus grande ćtendue eft du nord oueft au fud-eft , &c contient plus de 600 lieues. Sa largeur , qui eft fort irrćguliere , nen a touo au plus que 250 dans fa plus grande ćtendue. Les bornes du Mexique font au fep-tentrion le nouveau Mexique , & la Louifiane 011 Floride } i l'orient le Golje ou la Le Mexique. 117 la MerdeMexique , & la Terre-Ferme ; au midi elle a Ja Mer du Sud , tk au couchant la Mer Vermeille. Avanc que cette grande Rćgion fuc oceupće par les Efpagnols , eni 511 , elle etoit gouvernee par un Roi puiflant, done l'Empirc s'etendoit plus de 500 lieues du nord au fud. Selon les Annales des Me-xicains , qui etoient en figures, cet Em-pire avoir ćtć formć environ 130 ans au-paravant, 3c leurs anccrres , nommćs Na-vattacas j ćtoienc ven us du nord , & fe-lon leurs traditions d'un aurre monde. Motezuma , cinquićtne Roi, gouvernoic avec beaucoup de fagefte \ & fa cour ćtoit magniiique. Les Hiftoricns Efpagnols vanrent la police de fon Em pire , iurtout le foin qu'on prenoir de Tćcluca-tion des enfans , pour lefqiiels il y avoit des ecoles publiques. On ne voit guere de la barbarie que dans les faerifices de vićcimes humaines, qu'ils offroient a leur* Dieux. Lair du Mexiqueeft tempere , & aflez fain , quoique le pays foit fous le Tro-pique du Cancer , & en grande parcie fous la Zone Torride. La rerr: y eft tres-fertile en mays, en excellens fruits , 8c en bcftiaux , principalement en brebis , qui portent deux fois 1'anne.e. On y trou-ve aufli quantitć de beaux chevaui,, dont la race eft venue d Efpagne. Enfin il y a Tome VUL K 11 8 Mćtkode dc Geographie. des mines d'argenr , qui a la veritć ne ione pas f\ abondantes que celles dn Perem -y maison les travaille plus aifćment, čV elles ne coucenr pas tane a entretenir, ainii le profit en eil ćgal. On dic auOi qu'il y a quelques mines d'or. On y re-cueille beaucoup d'indigo Sc de coche-inlle , qu'on traufpotte dans l'Europe , de nume que du baurne , du cacao , &c des cuirs fort eftimes. Les Efpagnols, conduits par Jean Gri-Jalva , firent les premicts la decouverte de cette Rćgion , en 1518. Apres que Fernand Cortez fe fue rendu malne en 1511 de la ville capitale nommee Me-xico , ils exercerent dans ce pays beaucoup de eruaures; &c Fon peue dire que leur policique y a f'aic pćrir un plus grand nombre d'ames , que les Mifiions n'en ont fauvćes. Cependant ils veillent foi-gneufement a la confervation du Mexi-que , ducjuel ils tirent tous les ans des fommes immenfes. L'entrće en eftdefen-due aux Etrangers fous de tres-grofles peines. II n'y avoic metne autrefois que les C a ili lian s qui eiuTent droit d'y de-meurer ; mais aujourd'hui tous les Efpagnols y entrent. Les Mexicains namrels font un peu bafanćs; mais d'ailleurs fort bien faits , adroits , ingćnieux , & reuflitfent fort bien dans les arts &c dans les manufae- Le Mexique. i r 9 tu res l que les Efpagnols ont introduir.es dans le piv s. Ces talens naturels Sc la fe rt ili te du terroir enrichifTent les peu-ples , Sc les mettent a leur aife. Lopu-lence s'ćtcnd parriculierement fur les vrais Efpagnols , & non fur les M 'tis ou Creo!-lcs ; car la poliricpie d'Efpagne eft d af-foiblir ces demi-compatrlotes , de peur d'une revolte Sc d'une revolution. C'eft pour cela que les Vicerois ne leur don-nent aucun emploi dans la guerre , dans la Jttftice , ni dans les finances ; de force qu'il ne leur refte d'autre refTource que le trafic , auquel ils s'apnliqucnt avec beau-coup, de fuccćs, non >bftafit les traverfes qu'on leur fufcite. Les anciens Mjxkains ont ćte autrefois les plus grands idolatres Sc les plus fuperftitieiu peuples de 1TJ-nivers. La plus rcmarquable de leurs ldoles etoit celle de Vitzih Putzli; mais aujourd'hui la Rebgion Catholique y eft ćtroitement obfervće , fous la direćt.on d'uu Archevcque , dont le fićge eft a Me-xico j & qui a pour fuffragans les Evcques de Guatimala 3 de Mechoacan 3 de Puebla de Los Angeles , de Tlafcala j de Merida, a"Y ucatan , de Guaxaca ou Antequera a de Nicaragua 3 de Guadalajara , de Chia-pa j de Durango, Sc de Sančia-Fe 3 capi-tale du nouveau Mexique. Ce pays a plufieurs nvieres; miis il n*y en a aucune de coniidćiable. K ij iio Metkode de Geographit. Entre fes V okani > on dittinguc cCUH de Guatimala & de Popacatebec , qut jettent des flammes prefque continuelles. Divijion. I-a divifion du M;xique effc en trois Audiences on Gouvernemens , que les Efpagnols appellent Governaeions. Leurs noms font: i. La Governacion du Mcxique. a. La Governacion de Guadalajara j ou eit renfermee la Californie. 3. La Governacion de Guatimala. Toutcs trois dćpendent, de mcmeque la Floride Efpagnole , de la Vice-Royau-tć du Mexique , & contienncnt enfem-ble 24 Provinces, dont il y en a huit dan$ 1'Audience de Mexico , huit dans celle de Guadalajara , 8c huit dans celle de Guatimala. L'Audience de Mexico eft entre les deux auttes \ celle de Guadalajara a fon couchanr d'etć , &c celle de Guatimala a fon orient d1 hi ver. te Mex\que* 121 ART1CLE PREMIER. JUDIENCE DE MEXICO. I. La Province de Mexique, Elle eft fort peuplće , rkh* (k mar-chande. Sa capirale eft Mcxico 3 qui Peli: auili de toute la nouvelle Kfpagne , de lneme que !a plus grando tk la plus belle ville de l'Ameriqu2 Ovttc ville eft fituee au milieu d'un lac de n i ie nom , qui a cinq lieuesde large , tk huitde longueur: ibn eau eft falee tk arnere , a caufe du fond , qui eft nitreux. Ce lac eft joint a un autrc prefqu'aufli grand , lequel cou-lanr dans !e premier, en modcre la falure par la doticeur de fes eaux. Ce lac s'eranc dćborde en i6"iy , ruina prefque route certe ville ; mais elle fut depuis rćparće. Elle eft grande , belle , bien peuplće , & riche par fon commerce. Le Viceroi du Mexique y fait fa reftdence , čk le Pape Paul III y a etabli un Archevechć cn 1547. II y a aufti une Univerlitć , 11112 InquiHrion , une Cour' Souveraine tk titiG Chambre des Monnoies. Ses maifons font baries de bois , tk prefque toutes d'une meme fvrnetrie. II y en a plulseuis z 2.1 Methods dc Gćographle. oui ont trois ćtages , ce qui eft fort rarc dans rAmerique. Les rues de Mexico ion t grandes , bclles tk fort nettes , par le moyen des canaux qui y conduifent les eaux du lac. Les Eglifes y font magnifi- ques. Acapuko pafTe pour une ville alTez confiderable , 'quoique Gemelli la ccm-pare a un village de pecheurs : c'eft le port de Mexico du cote de la Mer duSud , comme la Vera-Cru^ , ou mcme Saint~ Jean d'Ulloa 3 le fontdu cotć de la Mer du . Nord. Le port & Acapuko eft fort latge, rrćs-commode s bicn frćquentć , defendu f>ar un chateau. C'eft l'endroit ou fe font es dćbarquemens des vaiffeaux , qui re-viennent. des Indes ou des lfles Efpagno-les de 1'Aiie. Comme la ville d'Acapuko n'eft pas ancienne , elle eft batie avec gout : les rues en font larges & fort droi-tes. Prčs du fort de S. Jtan d'Ulloa eft la nouvelle Vera-Cru^ a fix lieues de 1'ancien-ne VeraCru^ : elle fer t aufli de retraite pour les marcbandifes & autres eftets qu'on doic envoyer en Europe. Les Anglois vou-lurent b!oquer le port de S. Jean d'Ulloa en 1728 ; mais les Efpagnols pri rent alors le pntri de faire leur retour en Europe par la Mer Pacifique , les Philippines , l'Afie tk l'Afrique. Chapuhebec 3 ville paftablemenr grande , ou Ton enrerroit les Rois du Mexique } tk ou Ton enterre Le Mex'tque. lij. aujourd'hui les Vicerois qui mewrent aux Indes. Zumpango eft renomme pour fon commerce de cocheniile , conime Jaf-cel 1'eft pour le commerce du coton." Les autre-s endroits diftingues font Puchca , Chucka , Cluilco 3 Guemabuca 3 Tafco, Chloutla tk Catalutla. II. La Province de Mechoacan* Cette Province , a 1'oueft de celle ele Mexique 3 fuc la Mer Pac\fique , rournil beaucoup de foie , de miel & de cire. Elle a pour capitale Alcchoacan 3 nommee aulli Valladolid3 qui eft: le fićge dun Evč-que fuffraganc de Mexico. Ses autres vil-les font S. Miguel ou <£. Michel, Sc S. Phihppe , deux nouvelles villes; Guaxa-nato Ck Villa de los Lagos dans les ter res : Sacatula 3 Colima , tk Acatlan fur la Mer d u Sud. S. Antoine & s. Jacques font deux porrs de la Mer Pacifique. III. La Province de Panuco 3 ou de Guajleca. Elle eft au nord de la Province de Me-xico. Panuco fa capitale , eft fituee fur une riviere de meme nom, qui va fe perdre dans le golfe de Mexique. S, Jago de Los-Vailes, Tampice3 Tameco 3 Tancuie3 & les autres villes de cette Province n'ont riende confidćrable. On y fait beaucoup de fel. K iv 2 z 4 Methode de G e o grap hie, IV. Le nouveau Leon. Cette Province, cjui eft au nord-oueft de la precedente, 6c au deli de la riviere de las Palmas, s'ecend dans la panie oe-cidentale de la Floride ou Louifiane : elle eft habkee par des Snuvages, & les Efpagnols y font en tres-petit-nombre : ils onr un fort, pres de la Baye de Saint Bernard. II y aapparence qu'on y joindra la partie contigue de la Louifiane que la France vienc de cćder a 1'Efpagne , au coucbant du Mifliftipi, & dont nous par-lero^s ci apres, en traitant de la Louifiane ou Floride. V. La Province de Tlafcala. Elle eft fituee a Feft du Mexique , 8c aTetend depuis la Mer du Nord jufqu'a celle du Sud. Elle a les villes de Puebla de Los-Jngeles capitale, batie en 1530, avec un Evechć fort riche ; de S. Pablo s fur la mer \ de Se gura de la Frontera j de Tepeaca ; de Tlafcala , Almeria ou Villa-rica • de Vera-Cru\ y fur le Golte du Me-xique , avec un port aflez grand , mais dangereux , o u abordoir autrefois la flote d'Efpagne pour le Mexique. Cette flote aborde aujourd'lini a S. Jcan d'Ulloa , qui en eft rout proehe , &c qu'on nom-me a prćfent Vera-Cru-^ la Nouvelle y • *V: Le Mexique, ny tlepuis que les Efpagnols one quitte ]'an-cienne Vera-Cru\ pour venir s'ćtablir dans Tantre j dont le port eft beaucoup plus fur. V I. La Province de Guaxaca, Au fud de Tlafcala , fournit beaucoup de cacao , d'indigo, de coehenille Čc de foye. Ses principales villes font Antc-tjuera oii Guaxaca j capitale , avec un Evechć , & une magnifique Eglife cathć-drale : S. J ago ; Aquatulco ou Gua-tulco y bon port fur la Mer du Sud , ot\ Ton traficjue beaucoup avec le Perou. 7«-cululaeft furla racme mer. Sant-Ildefonfa C< Špiritu-Sanco. Ceft auftl dans cetce Province que 1'on crouve le Volcart de Po-jpacatebec. VII. La Province de Tabafco. Ceft une cote , longue d'environ So lieues , fur le Golfe de Mexique. L'air y eft marćcageux &c mal-fain , & cependant tres-propre pour la nouriture des bef-tiaux.. Le terroir n'y produit guere que du mays, du cacao , &c quelques fruits. Sa capitale j la leule ville qu'on y trouve , eit Tabafco j que les Efpagnols nommenc Nojlra-Senora de la Fittoria } 1 caufe de la vićtoire que FernandCortez y rempotra en i j 18, fur Motezuma, Roi du Mexique. K v z z S Methode de Geographle* V lil. La Province de Tucatan. Ceft une Prefqu'ifTe entre les Golfes de Mexic]ue ek de Honduras. Ce pays eft fort fec , peu fertile , ck plein de bois : on y trouve quantitć de cerfs , de fangliers , čk d'autres betes fauvages. Ses villes fonc Mcrida 3 capitale ck Evechć , Nouvelle-Valladolid Campecke ou S\ Francifco de Campecke 3 dou vienr le bois qui portc fon nom , dont les leuilles ck le rruit font fort eftimćs. Satamanca eft une autre ville. Co^umel eft une ifle , a 1'eft du Yu-catan , ou Ton pretend que les Efpagnols trouverent3autemps de la dćcouverte., des, croix de bois ćk de pietres. Cet article , s'il ćtoit vtai, mćtiteroit quelque atten-tion. Les Indiens libtes pofledent la parne ojrieutale de cette Prefqu lile. Le Mex!qite. A R T 1 C L E II. JUDIENCE DE GUADALAJARA. I. La Province de Guadalajara, C^)'Est un pays fain , fertile, & oii Ton rrouve quelques mineš d'argent. 11 a pour capitale Guadalajara 3 batie en t y j i, aifez jolie ville , avec un Evčchć, etabli en 1570- Cette ville eft le nege de 1'Au-dience qui porte fon nom. EUe eft licuće ihr le Baron i a 3 qui, foixante lieues au~ dellous, fe perd dans la Mer du Sad. Za-poraco j Quaxacallan 6c Chutiquipaque r font vers la Mer du Sud. 11. La Province de Los-Zacatecas. Elle eft au nord de la Province de Guadalajara , 8C tire fon nom de cehu de' fes habitans. Le pays eft fort fec &c psu fertile ; mais Ton y rrouve beaucoup de mineš d'argent. Ses villes font San-Luis de Zacatecas 3 capitale y Durango 3 vili-forte , avec un Eveche , que quelques-uns font capitale dela nouvelle Bifcaye ; Xere^ de la Frontera ; Erena ou Ellerena j Noni-bre de Dios\. A vi no, ou font les mineš d'argent les plus riches , & S. Martin* K vj i 21 Methode de Ge'ograpklel III. La Province de Nueva Bifcdia j ou Nouvelle Bifcaye. Elle eft au nord de Zacatecas, & con-fine au nouveau Mexique. On rrouve de riches mineš d'argent a Sainte-Barbe j a Eudehe 8c a Sanc-Juan 3 les trois principamc bourgs de cetce Province, & l'on croit qu'il y ena encore beaucoup d'autres. I V. La Province de Cinaloa 3 ou la nouvelle Navarre. C'eft la plus feptentnonale de tout le !Mexique. Elle eft iltuee fur la Mer Ver-meille , &c contigue au nouveau Mexique. On la connoir peu pat les relations ; mais M. d'Anville y trouve un grand nombre de bourgs , & les pays de Pine-ria j Sonora 3 &c. Cinaloa en eft la capitale3 Saint-Phitippe j petice forterefTe. V. La Province de Culiacan. Elle touche aufli i la Mer Vermeille , & n'eft guere plus connue que le Cinaloa. On y trouve , dit-on , quelques mineš d'argent } H la ville de Culiacan 3 capitale , avec celic de S. Miguel ou S. Mtchcl. L'lfle Guayval eft une dependan-ce de cette Province. Le Mexlque, V L La Province de Chiametlan, Sur Ia Mer du Sud, eft aufli prcfque touce peuplee de Sauvages , qui cachenr , aurant qu'ils peuvent, leurs mineš d'ar-gent aux Efpagnols. La capitale eft Saint-Sebajllen, a quinze lieues de la Mer du Sud. Cette vitle fuc batie en 1554, par D.^Francois de Ybarra : de-la vient qu'on '*donne quelquefois a ce pays le nom d'Tbarra. VIL La Province de Xallfco ou Nouvelle Galice. Sur la Mer du Sud , abonde en betail. Scs principales villes font Xallfco > capitale de la Province ; la Purlficatlon & Compojlelia. Cette derniere fut batie en 15 31 , par Nugnez Guzman , Efpagnol qui dćcouvrit la Province. On y eta-blit d'abord un Eveche , qui s a caufe du mauvais air , fut enfuite transfere a Gua-dalaxara. Vili. La Californie. De FAudience de Guadalajara depend la Californie , grande prefqu'ifle , qui fe dćrache des cotes feptentrionales de l'A-mćrique , & s'avance vers le fud-eft, juf-qu'au-dela du Tropique du Cancer , ćtant baignee a 1'onent par la Mer Vermeille , i$o Methode de Geographie. & a 1'occidenr par la Mer du Sud. Sa pointe mćridionale eft dans la Zone tor-ridej & forme, au nc dćgrć 31 minu-tes de latirude feptenrrionale , le fameux Cap de eV. Lueas. La ćore occidenrale s'ć-rend vers le nord, le long de la Mer du Sud , jufqu'au 43° dćgre 30 minuces , 011 fe t roti ve le Cap Blanc o u de Saint-Se-baflien. La c6re orienrale 011 intćrieure % s'ćrend' le long de la Mer Vermeille , dans lefpace de dix dćgrćs , du fud au nord , depuis le Cap de la Porjla j ou de la Perfeverance j lequel , avec le Cap S. Lucas , forme la Bave de S. Barnabe y iufcjua l'embouchure du Rio Colorado 011 Riviere du Nord y laquelle fćpare la Cali-fornie du Mexique. Jean Blaeu, tk plufieurs aurres Gćo-graphes apres lui, comprennenc fous le nom de Californie , ces pays immenfes qui font a 1'occident de la Nouvelle Ef-pagne &c de la Nouvelle Galice , jufqu'au detroit d'Anian , entre rAmerique 5c 1'Afie. Mais la Californie doir etre refTer-ree dans les bornes que nous venons de lui afligner. On ne connoit que rres-peu la core atv-dela du Cap S. Sebaflien 3 Bc encore moins les pays qui font a 1'orient de cette cote. La Californie eft defiguće dans les Car-tes par rrois diftćrens noms , de Calijor-nie j de Nouvelle Albion ck dlljles Caro- La CalifornU, i$t Uncs, Le premier Fut donne dans les temps de fa dćcouverte , a une baye parričutiere oii aborda Cortez. It a eniuite ere ćrendu a tout le pays : c'efr celui qui a prevalu , 8c quon lui donne communement aujour-d'hui. QuelquesGeographes Anglois ['brit appelle Nouvcllt Aihion t en mćmoire du fameux Amiral Anglois Franeois Dra-ke, lequel aborda en ce pays, dans le fecond voyage qu'il fit autour du monde , en 1577. Le Roi d'Efpagne Charles II > ayant fait de grands preparatifs pour la conquete enciere de la Californie & des pays adjacens , on lui donna le nom d'If-les Cdrolincs : elle fe trouve ainfi deli-gnee dans un petit Atlas des Domaines d'Efpagne , que Defet prefenta a Philip-pe V , a fon avenement au ttone \ 6c dans T Atlas du P. Scherer , JeTuite allc-mand. Mais i'expedition ayant ecnoue , ce nom na point prevalu dans le Public. Au temps du Roi Charles II , on croyoit encore que la Californie etoic une Me. Ce n'eft que depuis que le P. Kino, Jefuite , a donne la Re latio n d u voyage cunt fit par rerre d u Mexique jufque. rort avmt dans cetre Peninfule , qu'on seli eonvaincu , que la Mer Vermeille cft un grand Golfe , St la Californie une vraie Prefčjuifle , telle que les premiers Hilloriens Efpagnols 1'avoient depeinte. 2. 3 2 Mćthode de Gebgraphie* La Cour d'Efpagne , apres un grane!' nombre de tentatives infructueufes , fembloit avoir renonce au projet de former des etabliflTemens folides en Californie. Mais le P. Eufcbe-Francois Kino , Jefuite , avant ece envoyć en qualite de Mdlionaire dans la Province de Sono-ra $ forma la refolution d'etablir des Mit-fions dans ce pays inconnu. Le premier Miflionaire qui s'y rranfporta , en 165)7 , fat le P. Salva-Tierra. Le P. Kino lc jfuivit peu d'annees apres 5 & fe rendic par terre dans la Californie , en traver-fant le Colorado. Depuis ce temps les Jelu ites ont eu feuls la direćtion des af-faires ranr civiles qu'ecclefiaftiques de la Californie. Us onr pouiTe leurs dćcouver-tes , converti les Indiens , formi des ćtablilfemens, & cultive le terrein des environs , au point d'y pouvoir plan te r des vignobles. Les principales Midions etablies dans la Californie 5 font au midi Samt Jofeph 4 pres le Cap S. Lncas; Sainte-Rofe , a u nord-eft j pres la Baye de Las Palmas ; Sant-Iago de Las Coras : puis le long de la Mer Vermeille , du fud au nord , Saint-Charles j Saint-Jean ; Notre- Dame de Lorette ; Sainte-Rofalie 3 tkc. Notre-Dame de Lorette 3 d'abord appellće Saint-Denys eft la plus ancienne Mif- de Saint-Jean , tk de I a Baye de .S** Michel de la Pcpena , eft le Cap de Saint' Gabricl de las Almijas, lequcl eft telle-ment redoute par les marins , qu'ils lui ont donne le fobriquet de Punta de fal Ji puedes 3 Sauve t-en Jitupeux. II y a au-delfus de ce Promcmtoire une inrinite d'liles , qui en rcndent la navigation tres-dangereufe. La grande Ifte de VAngp Gardien forme le canal des Baleints j ainfi appelle de la quanrite de baleines qui s'y rendent. La Mifiion la plus reeulće au nord , eft celle de Saint-Bonaventure. Plus haut eft une chaine de montagnes qu'on appelle les trois Rois j qui s'ćtend jufqu'a 1'embouchure du Colorado ou Riviere du Nord. Le Rio-Colorado coule direćtement du nord au fud , depuis le 34°. degre de latitude , 3c fe jette dans le Golfe de Californie ou Mer Vermeille , vers le 3ic. degre 30 minutes. Cette riviere forme la feparation du continent de la nouvelle Efpagne d'avec la Califomie ; & fon embouchure 3 qui a une lieue de largeur , forme rextrćmite de la Mer-Vermeille. II n'y a point d'aufli grande riviere dans toute 1'erendue de la Vice-rovaute du Mexique. Vers le 3 j6, degre de laritude > elle recoic la grande riviere de Gila , qui vient du pays des Etpaches, fituea 1'orient. Elle eftćloignec La Californie. 1* y cPenviron cent lieues des dernieres Mii-fions de Sonora & de Pimeria. Les ri. ves de ces deux rivieres , vers kur jondion , font habirecs par la nation des Alchedomas. Avant de fe joindue au Colorado , la Gila recoit a droite la riviere de X Afomption \ čk celle-ci eft for-mee par deux autres moins confidera-bles , qui font le Rio-Salado čk le Rio-Ferde. La longueur de la Californie , depnis le Cap S. Lucas , jufqu'aux Provinces qui la bornent au nord , etant de pres de trois cens lieues, il doir naturellement y avoir de la dirference dans la temperature de 1'air čk dans la qualite du fol. On peut dite en general que l'air y eft estrememenr chaud čk fec; čk le terrein flćrile , inegal, defert, entierement cou-vert de montagnes , de rochers čk de fables , čk dame deau. Cependant , on trouve vers les cores plufieurs cantons fufceptibles de culture } čk propres 1 produire. tout ce qui eft nćcetlairc a la vie. Les vapeurs qui s'ćlevent de la mer, tempcrent la chaleur de Tatmofpbere j les montagnes fourniflent quantitć de cott-rans d'eau , fans lcfquels les " rćcoltes manqueroient fouvenr , a, caufe que les pltiies y font rates čk fort incertaines. On trouve mcme dans 1'inrerieur des terres, des vallćes 6k des c6teaux, done le ter- i; G Methode de Geographie, rein eft paflablcment bon , &c fum*Cirr>-ment arrofć. Ceft dans ces cantons que les Califomiens ont leurs habitations £C quc font les miftions & les villages qui en dćpendent. La parne la plus lepten-trionale a 1'occident du Colorado , eft beaucoup moins fterile & ne relfemblc en rien aux autres cantons de la Californie. On y trouve des pl.iines cxtre-memcnt fertilcs , entreeoupćes de belleS forcts , quantitć d'eau & de paturages \ de forte qu'on peur y faire tels etablif-femens que Ton veut. On trouve aujourd'hui dans la Californie toutes les efpeces d'animaux do-meftiques que Ton connoit en Efpagne & dans le Mexique ; les Miflionaires y ayanr ttanfporre de la nouvelle Efpagne des chevaux 3 des mulets, des anes , des bceufs , des moutons , des pourceaux , des chevres, & meme des chiens & des chats , qui y ont tres-bien rćufli. Ehtre les animaux fauvages , il y en a deux qui paroiffent particulier a ce pays. Le premier , que les Californiens appellenc Taye , eft lin animal a peu pres de la grodeur d'un veau d'un an &c demi , ic a peu pres conformć de meme : mais fa tete eft comme celle du daim, &c fes cornes, qtii font fort grofi es , font contournćes comme celles du belier. Il a les fabots larges, ronds &c fendus comme La Califomie. 237 le hccuf j la pena rachetće comme le daim ; mais le poil plus fin &: la queue fort courte : fa chair eft forc bonne a manger : il y a des gens qui la trouvent exquife. L'autre animal, particulier a la Californie , ne differe du mouton , qu'en ce qu'il eft plus gros tk plus ramatfe. 11 y en a de blancs tk de noirs. La laine en eft fort belle , & la cbair fort fa-voureufe. Cet animal va par bandes dans les forćts tk les montagnes. Quoique la chaleur foit exceflive dans la Californie , on n'y trouve point, meme dans les endroirs les plus hujnides, ces fortes d'infećres malfaifans 3 tels que les mouftiques , les niguas tk quantite d'autres particuliers a l'Amćrique. Du refte.on y rencontre toutes les efpeces de reptiles tk d'infećles qui abondeno or-dinairement dans les pays chauds. II y dans la Californie une variete jnfinie d'oifeaux. Entre Jes plantes tk les arbriiTeaujc dontclle abonde , le pitahaya tient le premier rang. Ceft une efpece de hetre , dont le fruit fait la princi-pale nouriture des habitans. Ses bran-ches fonr canelćes , verticales , tk for-ment un trčs beau bouquet. EIles n'ont point de feuilles j tk le fruit nait des tiges. Ce fruit eft fait comme un ma-ron d'inde , tk arme de piquans \ mais fa cbair reflemble a celle de la figuc , 13 S Met hode de G eograph it. avec cette diffc'rence , qu'elle cfl pfus molle , plus fucculente , & d'un gout exquis. 11 y en a de blanc , de rouge ck de jaune. On trouve aulli dans la Californie quantite de junas rouges , qu'on appelle , dans la nouvelle Ffpagne , Junas-Japonas : c'eft une efpece parricu-liere de figue \ čk des pruniers dont les ftuits font excellens. Ces pruniers čk d'autres nrbres , donnent quantite d'en-cens tres-fin čk tres-odorirćrant. Les montagnes tk les forets produilent le mc~ca/t čk le maquei , dont les raeines cuites dans l'ea'u font la bafe du mexcall , efpece d'aliment dont les naturels font ufa-ge. On y trouve aulli des vignes fau-vages tk quantite d'herbes tk -de petires plantes , entr'autres la pita , dont les Indiens tirent du nI pour faire leurs fi-lets čk pour d'autres ufages. 11 y a dif-ferentes herbes , qu'ils emploient a faire des afliettes čk des baquets , en quoi ils reullilfent admirablement. Les babitans du Rio Colorado font avec les memes herbes des efpeces de petires manes ap-pellees Coritas, qui contienncnt enviion deux boiffeaux de mayz. lis s'en fervene Pour transporter leurs enets d'un rivage a 1'aurre. Lorfqu'ils palTent les rivicres , ils fe jertent a la nagej čk poulfent de-vant eux leurs manncquins , qui font faits avec tant d'indullrie que 1'eau ne La Californie. 15 y les endommage pas le moins du monde, • La pluparr des planres dont nous ve-nons de parlet , font particulieres a la Californie. Toutes ceiles que les Miflio-naires y ont apportees du continent yont tres-bien rćufli, fur toutdans les endroits ou il y a de 1'eau. De fotte que les bords des rivietes font entoures d'oli-viers, de figuiers , de vignes , tke. Les vignes ont li bien reulli en quelques endroits , qu'elles donnent un vin audi bon que le meilleur qu'on ait en Europe. Les Mers qui baignent la Californie font exttcmement poilloneufes. On trouve fur la cote du fud certains coquilla-ges, dont la beaute furpafle tout ce qu'on a jamais vu en ce genre. lis ont un eclac fuperieur a. celui de la plus belle nacre de perle ; tk vus a travers d'un vemis tranfparent , ils font d'un bleu audi vif que le lapis lassuli. lis font univalves , (k par confequenc diffćrens de ceux dans iefquels on trouve les perles, ces derniers etant bival ves comme nos huitres. On appelle madres perlas les coquiI-lages qui donnent les perles , tk on les trouve tout le long des cotes de Californie , furtout vers les Ules 3 oit ils for-ment un G. grand nombre de bancs , qu'on peut les compter par milliers Cette abondance de perles a rendu la Califor- i 4 « Metko de de Gecgrap k le. nie fi fameufe depuis deux fićcles , cjae quantite de perfonnes avides de ce trć-for j s'y font tranfportćes čk s'y rendenc tons les jours pour sennchir par ce trafic. La peche en eft aifee , les couches d'hui-tres , qu'on appelle communćment Hof-tias j n etaiu qu a trois ou quatre btaffes de profondeur, čk tres-aifćes a apperce-voir. Autrefois les Indiens jettoient les fmitres dans le feu , pour les ouvrir čk en manger la chair; mais ils ont change de conduite, depuis qu'ils fe font apper-c,us de remprelfement avec lequel les etrangers les recherchoient \ ils les ra-maffent čk: les confervent aujourdhui avec beaucoup de foim On a remarque que trois grandes na-tions, dirrcrcntes par le langage, lubi-toient la Californie , čk: la parrageoient en rrois portions prefqu'ćgales. La premiere de ces nations eft celle des Pe-ricues ou Edues , qui oceupe la partie meridionale, depuis le Cap Saint-Lucas jufqu'un peu au-defTus du Port de la Paz, La feconde , quon nomme les Monquis ou les Loretto y habite le pays depuis la Paz jufqu'au-dela de Lorete. La troi-fieme eft celle des Cochimies ou Lay-mones : elle oceupe toute la partie fep-tentrionale de la Californie. Mais ces nations font partagćes en pluficurs tri- La Californie* 141 bus , qui forment des narions particulie-res , done le langage n'eft pas tout-a-fait le meme. Les Californiens fone en general ro-buites j vigoureux Sc bien conftitues. Us relfemblent a toutes les nations baibares qu'on a decouvertes jufqu'ici dans 1'Ame-rique. On remarque fealemenr qu'ils ont le ceinc plus bafanć que les Indiens de la nouvelle Efpagne. Leur phifiono-mie eft a (Te z agreable ; mais ils fe defi-gurenr , en fe percaut les narines Sc les oreilles j Sc en fe barbouillant le vi-fage de differcntes couleurs. Les idćes que les plus inftruits den* tt'eux ont fur la divinice , fur la crea-tion , fur le bien Sc le mal , tk fur d'autres objets, donnent lieu de croire que leurs ancetres ont eu des notions de la religion chretienne. Mais ils ne connoif-fent rien de leur origine. Seulement une tradition afTez generale par mi eux , eft qu'ils babitoient anciennement plus au /lord ; qu'une querelle qui s eleva enrre dcux chefs, divifa la nation en deux fac-tions tk qu'apres une bataille fanglante l'armće vaincue fe retira au fud j obli-gee de cbercher fa furete dans les montagnes & dans les ifles. Nous n'entrerons point dans le detail des mceurs Sc des ufages de ces peu-ples. Le detail nous meneroit trop loin. Tome VIIL ' L 141 Methode de Geographie. On le trouvera dans ['Hijtoire naturdle & civile de la Califomie , traduite de Fan-glois Sc imprimee a Pariš en 1767, trois volumes in-n. On fait que c'e(t aux Jefuites qu'on doit Je peu de con-noiffances que nons avons de ce pays. Ils y avoient etabli un trcs-grand nom-bre de MiMions, & forme beaucoupd'ćta-blitfemens : mais ces Peres setant jufte-rnent attirć Findignation du Roi d'Ef-pagne , ils ont ete abfolument expulfćs de toiis les Etats de fa domination. D. Dominique Pignatelli , Marćchal des camps & armees de fa Majeftć Catho-lique j a ete charge de cbaffer les Jefuites de la Californie ; & il a execute fa commiffion , au mois de Seprembre 1766 , avec tant de promptitude 3 quen tres-peu de jours ils ont tous ete embar-qućs Acaxutla , 1'une Sc Le Mcxi.que* - * 245 1'autre avec un pore fur la Mer du Sud \ Xertt% V. La Province de Honduras ou Hibueras. Siruće fur le Golfe de meme no:n , dans la Mer de Mexique , -eft trćs fer-tile en maiz & en bćtail \ mais elle eft mal peuplee. Les Efpagnols y ont cxcr-ce aurrefois de grandes cruautes fur les Indiens du pays , qu'on pelit voir dćerites dans le livre qu*en a fait Dom Barthćlemi de Las-Cafas. On afTure qu'elle a beaucoup de mineš d'or &z d'argenr. Sa capitale eft Valladolid , done l'Evcqne fe nomme de Honduras. Les au-tres vil les font San-Lago de Olancho : Vitla de Naco : Gracias a Dios ; San-Pedro , San-Juan de Cavallos fk Tru-gillo ou Truxillo } avec un affez bon port fur le golfe de Honduras. II y a dans cette Province beaucoup de bois de tein-ture, Se les Anglois font confervćs dans la permiffion d'en venir couper , par le dernier Traite de 1763. VI. La Province de Nicaragua. Elle s'ćtend d'une mera Tantre, On y re-cueile du maiz , du coton &: du cacao. Sa capitale eft Leon ou Laguna de Leon fituee fur lc bord du Lac de Nicaragua 8c affez prčs d'un Volcan. Cette ville eft a douze L iij 2 4 6 MeViode de Geographie* licues de la Mer di\ Sud , & a un Eveche* dont i'Evcque s'appelle l'Eveque de Nica-ragua. Les aurres villes de cette Province font Granada ,bonne viile, 8c Jaen l'une a l'eft 8c Ta utre a loueft du Lac; Segovia-Nueva j & Realejo. VIL Za Province de Cojia-Ricca. Ainfi nommee a caufe de fes minesdor 8c d'argent, a beaucoup de cacao 5 8c tou-che aux Mcrs du Nord 8c du Sud : elle a beaucoup de bois propres pour les vaifleaux. Sos villes font Cartkagtne , capitale avec un Evethe , Aranjue^ Cajho d'Auftria 8c Nicoya * fur la Mer du Sud. Le nouveau Mexique. 247 C H A P I TRE II. LE NOUVEAU MEXIQVE, C a r t e s, Nicolas Šanson a donne une Carte du nouveau Mexique ; mais qui ejl molns boiine que celle du Jieur TlLLEMON 4 ou Du TRALAGE 3 gravee en une feuUle par le jieur NOLLIN. H v aut cependant eneore mleux conjulterfur cct-te partie la grande Carte d'Amerique de M. d'Anville. OjE pays, dont les bornes vers le fepten-trion foru eneore inconnues , a la Loiulia-ne ou Floride a Forienr \ le Mexique ou la Nouvelle Efpagne au midi, & la nou-velle Navarre au couchanc. On tient que Fan 1581 , il fuc decouvert par Auguftin Ruyz , Religieux de S. Francois , qui en parcourut les plus confiderables parties , & qu'Anroine d'Efpejo lui donna le nom de nouveau Mexique , en 1583. Dau-trcs cependanc fonc remoncer cetre decou-verte jufqu'en 1528. L'air y efl: extreme-nient froid & charge de bromllards, L iv 148 Metk ode de Geograpkie. c|Lii y regnent particulierement en Septembre Sc en Odobre. Le dedans dn pays eft pen connu &: apparemment pen fertile } puifqu>on n'y a decouvert que des landes , des montagnes & desterres pierreufes , a Pexception de quelques val-lons , qui font Je long des rivieres , & qui nouriflent quelque bćrail ; de fone. qu'on peut dire que ce pays eft un des inoins riches de i'Ameriqiie , bien loin d'avoir des mineš d'or 6c d'argent , com-me on fe 1 etoit imaginć , quand on le dćcoLivrit. Les peuples y fon t pour la plu-part idolarres, maigres, de taille mćdio-cre , & d'un teint plombe. Rivieres. Divifton. Les principales rivieres que l'on a de-couvertes dans cette Rcgion , font Rio Del-Norte ou Puo-Bravo qui y prend fa fource , Suni 3 ou eft Saint-Barthćlemi de Xongopani. 17. Moquy > ou fe trouve Saint-Ber-nardin de Aquaturi. 18. Cybola j ou eft la Purijicatien de dvico o u Agvko, 15 o Methode de Geographie. A ces 18 Provinces quelques~uns en ajoutent cin ] aurres \ favoir: 1. Celle deTuFNYAN, ou e&Sama-Fe dc Pelanojfa. a. Celle de CuanOou Cumana , pres du Lac d'Aro. 3. Celle de Campanaou Bona Guia , fur la Mer Vermeille , 011 eft la \ille ou le bourg de Nuejlra-Senora de Bona Guia3 flir une riviere de meme nom , qui porte auili celui d'Aguehi, 4. Celle de QuivmA , au nord de la Californie , entierement inconnue. 5. Celle de Teguaio , fttuee aufli vers le nord. II y a de plus divers Peuples , dont les noms ne font pas fort neceftaires , 8c qui fe trouvent marqućs dans la Carte du nouveau Mexique , que le Sieur No/in a donnee au Public, d'aprčs les Mćmoi-res qu'il avoit recus d'Efpagne. Villes principales. Les feules villes de certe Region qui merit nt d etre remarquees font Santa-Fe' de Granada j 8c Acoma ou S. EJlevan (S. Etienne) de Acoma. La premiere fituee a neuf lienes de la rive droite du fleuve Bravo ou Del-Norte , eft grande , aftez bien barie , la refidence du Gou-verneur General pour le Roi d'Efpa- Le nouveau Wexique>, 251 gne ; le nege cTun Evcque funragarit de l'Archeveque de Mexico , & la capicate du nouveau Mexique. Acoma ou Saint-Etiennede Acoma j eft affez grande & ba-tie fur un rocher fort hauc, ou Ion ne peut aller qu'en montant 50 dćgrćs raU-les dans le roc. Cene ville pa(Te pour la capitale de la Province qui porce ion Jiom. z 51 Methode dc Geographie. CHAPITRE II L c a nad a. C a 11 t e s. 2Vbw.y n'indiquons polnt icijjkf le Canada^ les Cartes de Nicolas Šanson 3 ni celles publiees parNoLLiN 3 parceque nous en avons de plus exactes & de plus detaillees : favoir celte que Guillaume Deliš le a donnee en une feuille 3 en 1703 ; celic puhlice par M. BELLIN y en deux jeuilles en 1745 j celle donnee par AL robert3 en 1755 3 qui con-tient auffi les Terres Angloifes 3 en une feuille. M. d'anville a publie auffi en i7 5 5 le Canada 3 la Loui-jiane 3 & les Terres Angloifes 3 en qua-tre feuilles. XjE Canada prls dans fa plnsgrande eten-due , a pour bornesla Baye de H ud fon ail feptentrion \ La Mer du Nord & la Nouvel-le Anglererre a 1'oricnt -y la Floride ou I.ouifane 3 au midi \ des pays inconnus , eouchant. Son etendue de 1'orient a. loccident, eft de huit a neuf cens lieues. Nom. Decouverte. • Le Canada, tire fon nom d'tui petit Le Canada. z 5 % pnys fTtue a 1'enrree de la riviere Saint-Laurenr. II far decouverr en 1504, par des pecheurs Bretons , qui y ftirent jettes par la tempcte. Le Capitaine Thomas Aubert , de Dieppe , le reconnut en 1508. Jean Verrazzan j Florenrin , qui par fante de vivres y aborda en 1515 , lui donna le nom de Nouvelle France j en confidćration du Roi Fran-cois I j qui Favoit envoye chercher par le nord , un paftage dans la Mer du Sud. Verrazzan ayant etć pris &c mangć par les Sauvages , les Francois y envoyerent Jacqnes Carder , natif de SaintMaio, qui y fir quelques etabliffemens en 1539. 11 s'en fic d'autres de cette meme nation en 1561; mais elte ne s'y etablit bien qu'en 1604 , que Fon commenca d'avan-cer vers la pande occidentale ČV: enfuite au midi dans la Floride 3 que les Francois nommerent Louifianc. Maisen 1763 , ils one cede le Canada aux Anglois , aufli bien que la parrie de la I.ouifiane enrre le Mdliuipi & les pofteflions Angloifes& depuis, ils ont cede Pautre partie de ia Louifiane aux Efpagnols. Qualite. Le Canada eft un pays fort entrecoupe de bois , de iacs & de rivieres, qui le rendent plus froid que le climat ne le de-vroic etre. Le terroir y eft aulli tres-pen i. 5 4 Methode de Ceo graphie. fertile. On n'y recueille que quelques me-nus grains , du lin , ek quclques Ićgumes, dans les endroits qui one ete defriches par les Francois Les forets y font pleines d'orignacs j ck dans les lacs on trou-ve quantite de caftors. L'orignac eft pref-qu'aufli grand quun mulet. Sa chair eft un tres-bon manger , 6k a le gout du cerf. Le male eft meilieur Tete , ČV la femelle Fhiver. La peau de cet animal bien pre-paree , eft preferable a celle des bufles {►our faire des juftes au-eorps , des cu-ottes _j des gands 6k des baudriers. Le caftor eft un animal amphibie , de la lon-gueur ck de la grofleur d'un mouton. Sa chair eft bonne a manger , principale-ment quand elle eft rorie. Sa peau eft d'ordinaire d'un brun tirant fur le noir *, mais il s'en trouve quelquefois de blan-ches , čk celles-ci font plus eftimćes pour faire des chapeaux de caftor gris. Cet animal pade en induftrie ćk en fmefle le finge; on dir aufli qu'il eft beau-coup plus difeiplinable. Les Francois era-blis en Canada , troquoient lcurs grains ck leurs filafles avec les Sauvages , done ils tiroient des peaux d'orignacs 6k de caf-tors, qu'ils trafiquoient avec les marchands d'Europe, a qui ilsdonnoient aufli des mo-rues 6k de Fhuile de baleine , pour des clincailleries, des eaux-de-vie , des vihri, des toiles, des draps, & des armes a fea. Le Canada. Mceurs. Religion. Les Sauvages du Canada font aflez bien faits, & feroient aflez blancs, s'ils ne fe frotoient point le vifage avec de l'huile, c]ui les rend fore bafanćs. Ils vont la tete nne, & laiflent crokre leuts cheveux, fans jamais les couper. Leuts veritables delices font la danfe , la bonne chere , le tabac en fumće , la chaffe & la pcehe. Ils s'habillent de diverfes peaux , comme d'orignacs ou elans , de caftors , de lou-tres tk d'ours \ ont de grands bas en hi-ver , tk fe peignenr le vifage de diverfes couleurs. Ils fonr prefque tous idolatres j a quelques unspres y que les Miflionaires ont convertis a la Religion. lis ćpoufent plufieurs femmes , qui font pour la plu-parr ftćriles , parce que leurs maris les abandonnant lorfqu'elles font enceintes y elles mangent d'une certaine racine qui tue leur fruit quand elles commencent a le devenir. Les filles font peu fages, & les femmes mariees ne le font ordinaire-ment que par force. Les Sauvages mar-quent au*vifage pour la premiere fois celles qui leur ont ete infideles \ coupent un morceau de chair fur le front a celles qui font retombees en faute , & font mourir fans remiflion celles qu'i1s fur-prennent une troiiieme fois. Les pcuples 2 5 * Metkode de Geographić* avec qui les Fran^ois negocioient, font oiitre ceux du Canada patriculier, les Hurons , les Algonquins , les Illinois &.' les Iroquois , depuis qu'ils avoienr ere re-duits a vivre en paix avec les Francois. Tous ces peuples font naturellemenc aifez belliqueux ck adroits , mais fort cruels , principalemenr les derniers. Les Creoles, c'eft-a-dire , ceux qui font nćs de peres ou de meres europeennes 6c fauvages , ont peu d'inclination a la guerre , &c la plupatt ne font foldats que quand 1'eau-de-vie leur a infpirć 1'humcur martiale , ou quand il s'agit de defendre rhabiration. Rivieres. Lacs. Les rivieres les plus fameufes du Canada font celles de Saint-Laurcnt y Ck de MijJiJJipi j qui en recoivent beaucoup d'autres. La premiere fut decouverte par Jacques Carrier cn i 555 j & la feconde par le Sieur Jolliet en 1673 , par le Sieur Dacan en 1680 , Ck. par le Sieur de la Salle en 168$. Le Canada a aufli plu-fieurs lacs , dont les principaux font ceux de Traci ou Lac Supericur , des Illinois y des Hurons , d'Urić j 6c d'Ontario ou de Frontenac. Le Lac Superieurz 600 lieues de tour , recoit dix rivieres navigables , contient diverfes lfles , fe dćcharge dans le Lac des Hurons , & eft peu navigab-le a caufe des eceuils ck de la rapidite de Le Canada. 157 fon eau. Le Lac des Illinois ou Lac Michigan , done le circuit eft de 500 lieues , fe decbarge aufli dans celui des Hurons , dont il n'eft eloigne que de 45 milles. Le Lac des Hurons 3 des Algon-guins &z d'Orleans3 tombe dans le Lac Erie, &c pa (Te pour avoir 300 lieues de circuit. Le Lac Lrie j de Contl Sc du Chat 3 peu large ; mais long de 140 lieues du fud-oueft aunord-eft , contientquantite de caftors , recoit quelques tivieres , &c fe perd dans le Lac Ontario. Ce dernier , auquel on a donnć aufli les noms de Frontenac 6c de S. Louis 3 a Solieues delongdorient en oecident, eft fore profond , &c peut potter les plus grands vaiiTeaux. Enrre ce Lac & celui d'Erie , on rrouve le fameux Satu de Niagara 3 haut de 100 toifes per-pendiculaires , pres &z a 1'orient duquel les Francois ont bati le Fort de Conti , pour tenir en bride les cinq nations Iro-quoifes , qui en font proehes. II y a aufli vers le nord nord-oueft le Lac des Na-douejfans , d-C celui de Btiade ou des If-fatis j qui fut dćcouvert par le Sieur du Lutli en 1680. Peuples du Canada. ■ Le Baron de la Hontan a donne dans fes F oyagcs dc f Amerhjue feptentrionale une table des Natiotis Savages d« Canada 3 qu'il eft bon de rapporter , pout 15 S Mćthode de Geographle. avoir ime idee moins confufe des dirfe-rentes Nations, qui habitent ce gtand pays. Dans VAcadie font: Les Abenakis. Les Micmac. Les Canibas. Les Mahingans. . Les Openangos. Les Soccokis. Les Erechemins. Les Souricois. Ces pcuplesfont bons guerriers, moins cruels que les lroquois , plus difpos , če leur langue dirrere peu de la langue Al-gonkine. Le long du Fleuve S. Laurent 3 depuis la mer jufju'a Mont-Real, font; Les Papinachois. Les Monragnois. Les Gafpefiens. Leur langue eft PAlgonkine. Les Hurons de Loreto. Leur langue eft riroquoife. Les Abenakis de Sillery. Les Algonkins. Leur langue eft PAlgonkine. Les Agniez du Saut S. Louis. Leur langue eft l'Iroquoife j ils font braves & bons guerriers. Le Canada. 159 Les Iroquois de la moncagne de Monc-Royal. Leur langue eft Iroquoife : ils font bons guerriers. Autour du Lac des Hurons font; Les Hurons. Leur langue eft l'Iroquoife. Les Ouraouas. Les Nockes. Les Miffifagues. Les Attikameck. Leur langue eft 1'Algonkine. Les Outihipoiies, appelles Sauteurs $c bons guerriers. Aux cnvlrons du Lac des Illinois & du Lac Superieur j font : Quelques Illinois a Chegakou. Les Oumamis , bons guerriers. LesM is kourens. Les K kapous , bons guerriers. Les Out.;ganiis , bons guerriers. Les Malomimis. Les Poureoutamis. Les Ojatinons, bons guerriers. Les Sakis. Ces Nations , dont la langue eft TAl-gonkine , font gens forr difpos. Aux environs du Lac de Frontenac > font; Les Ifononrouans. l6o Methode de Geographie* Les Govoguans. Les Onnotagues. Leur langue eft; difTćrente de 1'Afgon« kine. Les Oonovoutes & Agniez, un peu ćloi-gnes. Aux envlrons de la riviere des Oucaouans, font : Les Tabiribi. Les Monzoni. Les Machakandibi, Les Nopemen d'Achirini. Les Neplfirini. Les Te miška m in k. Leur langue eft 1'Algonkine , tk ils font tous poltrons. Au nord du Miffiffipi, & aux environs du Lac Supericur & de la Baye d''Hudfon j font. Les Afllnipoualacs 3 ou Afliniboils. Les Sonkaskirons. Les Ouadbatons. Les Acincons. Les Cliftinos , ou Chriftianaus, braves guerriers & alertes. Les Eskimaux. Leur langue eft 1'Algonkine. Tout le Canada tk les environs font eneore remplis dune infinite de petits Le Canada. %Si peuples, qui ne peuvent etre marques que fur la Carte , & qui ne font diftin-gues par aucun čara&ae parriculier. Ceux mline que je marque ici d'aprčs la Hon-tan , ne font pas tous exaćiement de-tailles dans les Catces generales. Hijloire Naturelle du Canada. Les pays meridionaux du Canada foup-niflfent des bceufs fauvages , de petits cerfs , des chevreuils de trois efpeces dif-fćrentes , des loups-cervicrs , des michi-bichi, efpece de tigre , mais plus petit & moins marqucte ; il s'enfuit des qu'il appercoit quelqu'un. 11 n'y a poinr d'ani-inal qu'il n'attaque , & dont il ne vienne facilement a bouc j &z ce qu'il a de fin-gulier au-defliis des autres animaux , eft qu il court au fecours des Sauvages lorf-qu'il les renconere a la pourfuite des brcufs fauvages. Alors il fenible qu'il ne eraigne perfonne & il s'elance avec fureur fur la bete quon pourfuit. On y rrouve auflides furets, des beleres comme en Europe , des ecureuils cendrćs , des lievres , des lapins & des taiftor.s , des caftors blancs fort eftimes pour leur ra-rerć , & il sen trouve audi peu de ceete efpece, que de parfaitemenc noirs j des ours rougeatres j ils font mechans , &c yienncnt hardiment attaquer les chaf- t di Mah ode de G do grap h ie. fcurs, au lieu que les noirs s'enfuyenc. des rats mufques , des renards rougea-rres comme en Europe , des crocomles au Miiliflipi j ces ammaux ne difterent en nen de ceux du Nd ou des autres endroics : des olla au Miluflipi; ce font de petites bctes femblables aux lievres, a la referve des oreilles & des pieds de derriere. Elles courent &c ne grim-pent point. Les femelles ont un fac fous le ventre , ou leurs petirs entrenc des qiuls fonc pourfuivis , afin de fe fauver avec leur mer, qui dabord ne manque pas de prendre la mite. Les pays fcptentrionaux produifent des orignacs ou elans , des canbous , des renards argentćs j ces derniers font fort rares , &c lorfqu'on en trouve quelques-uns , on eft fur de les vendre extreme-ment cher \ des efpeces de chats finiva-gesj appellćs Enfans du diable j des car-cajoux , despores epis, des martres, des fouines comme en Europe , des ours noirs j des ours blancs , qui font monftrueux , extraordinairement longs ; leur tece eft effroyable, & leur pod foit grand &C tres-fourni. lis font fi feroces , qu'ils vienncnt attaquer une chaloupe de fept ou buir hommes a la mer. Us nagent a ce qu'on pretend j cinq ou fix lieues fans fe lafter j ils vivent de poiifon Se de coquillages fur le bord de la mer , Le Canada. dou ils ne s'ecartent guere. II y a des ecureuils volans, qu'on appelle ainfi , parče qu'ils volent d'un arbre a 1'autre par le moyen d'une certaine peau , qui s'ctend en forme d'ailes , lorfqu'ils font ces pe-tits vols : ils font de la grofTeur d'un gros rar , & auffi endormis que ceux des aurres efpeces font eveillćs \ des lie-vres blancs , mais qui ne le font qu'en biver jI des le printemps ils commen-cent a devenir gris 3 6v confervent cette couleur jufqu'a la fin de 1'automne ; des caftors , des loiures j des rats mufques j des ecureuils fuilles , nommes aiuli, parče qu'ils ont fur le corps un pod ravć de noir tk de blanc , qui reflemble au pourpoint d'un Suilfe ; de grands cerfs, appeiles grands , parce qu'il y en a de deux autres efpeces diftćrentes vers le fud , qui font de moindre grandeur j des loups marins. Ils font gros comme des dogues , & fe tiennent prefque tou-jours dans l'eau , fans s'ćcarter du riva-ge de la Mer. Ces animaux rampent plus qu'ils ne marchent ^ etant hors de 1'eau ds ne font plus que glilTer fur le fable ou fur la vafe ; leur tete eft faite comme celle d'un loutre , tk leurs pieds fans jambe , comme la patre d'une oye. Oifeaux du Canada. Les pays meridionaux fourniflent des % G4 Methodc dc Geographie. vautours \ des huards, qui fonc des ol-feaux'de riviere , gros comme des oyes ck fort durs ^ des cignes , des oyes *ck des canards noirs , des plongeons , des poules d'eau , des coqs d'indes, des fai-fans , des perdrix rouffes, farouches, pe-tices ck tres-differentes de celles de 1'Eu-rope j aufli bien que les faifans , dont le plumage blanc mele de pecitcs tacbes noi-res , faic une bigarure fort curieufe j des aigles, mais les plus gros ne le font pas plus que des cignes ; ils ont la queue ck la tete blancbe , ck fe battent fou-vent contre des vautours dont ils font ordinairemenr vaincus ; des grues, des mcrles , des grives j des pigeons ramiers , plus gros que ceux d'Europe j mais ils ne valent rien a manger , hupes d'une tete touc-a-fait belle \ des perroquets tres-petits , qui refTemblent a ceux du Brćfil &c de Cavenne j des corbeaux, des hi-rondelles } des roflignols. Le rollignol de Canada eft plus petit que celui d'Europe j il eft bleuatre , ck fon chant eft plus diverline. Plufieurs oifeaux de prove inconnus en Europe ,, aufli-bien que d'au-tres perits oifeaux de difterentes couleurs, & entr'autres celui quon appelle bifeau mouche \ il eft gros comme le potice, 6k fon plumage eft de couleur fi changeante , qua peine fiuroit-on lui en fixer aucu-ne ; il parort rouge , dore , bleu čk verd; Le Canada. iGy \\ n'y a proprement la lueur du foleil cp.i'on ne voit pome changer Tor & le rougc dont il eft epuvert. Les pays feptentnonaux nounffent des outardes j des oyesblanches, des canards de dix ou douze efpeces difterent.es , des farcelles , des nurgots ou ma,uves , des grelans , des fterlets ; ces trois efpeces d'oifeaux volent inceiTiimment fur les niers , les lacs qui ne fonr point de mal \ des afpics dangereux lerf-cju'on fe baigne dans les eaux croupies, vers les pays meridionaux; des ferpens a fonettes \ nommes ainfi , parce qu'ils ont au bout de la queue une efpece d'ćcui , ou font enfermes de petits.os qui font un bruit qu'on entend de tren-te pas, lorftjue^ ces lnfečfces rampent : ils fuyent des qu'ils etitendent matcher j ils dorment pour 1'ordinaire au fbled dans les pres ou dans les bois clairs, & ils ne piquent que lorfqu'on met le pied Le Canada* 167 defliis; des grenouilles meuglantes , qui imiteut effectivement le meuglement d'un bceuf y elles font deux fois plus grofles que celles d'Europe \ des ma-ringouins ou coufins } des taons, eipece d'infeĆke qui a la figure d'une mouche ordmaire : mais une fois plus grofle quc les abeilles : ils ne piquent que depuis le midi jufqua trois heures , mais Ci violemment que le fang en coule : enfin des brulots ; ce font des efpeces de ci-rons qui s'atrachenc fi fort a la peau , qu'il iemble que leur piquure foit un charbon ou une ćtincelle de feu. Ces petits animaux font imperceptibks j mais ils fe multiplient beaucoup. Poijjons du Canada. Les poiflbns qui fe trouvent dans le fleuve Saint Laurent , depuis fon em-bouchure jufqu'aux lacs de Canada , font des balcnots, efpece de baleine , petite tk charnue, rendant moins d'huile a pro-portion que les baleines du nord. Ces poiflbns enrrenc dans le fleuve jufqua cinquante ou foixante lieues en avant. Des fouftletirs , poiflbns a peu prćs de la meme grofleur que les balenots; mais plus courrs & plus noirs : ils jettent leau, de meme que les baLines, p>r un tron qu'ils ont dernere la tete , loffqu'ils veu- M ij 2 61? Methodc dc Geographie. lene reprendre haleine apres avoir plon-gc. Ceux-ci fuivenr ordinairemenc les >vaiifeaux dans le fleuve Sainr-Laurenr. Des marfouins blancs gros comme des bcrnfs; ils fuivcnc roujours le cours de Teau; ils montenr avec la marce jufqu'a ce qu'ils trouvent 1'eau douce , apres cjuoi ils retournenc avec le reflux. Des faumons, des anguilles , des maqueraux , des haranga , des gafparots j ce fonr de petics poiflbns a peu pres de la figure d'un harang ; ils s'approchenc de la co» te pendanc 1'ere en fi grand nombre , que les pccheurs de morues en prennent autant qu'il leur en faut pour fervir d'ap-pat a leurs peches; des bars, desalofes, des morues , des plies , des eperlans , des turbots , des broehers , des poiflbns d o ris , forte de poiflbns forc eftimee. Ils one environ quinze pouces de longueur. Leur ecaille efl: jaune. Des rougets, des lamproyes , des merlans , des rayes , des congres , des vaches marines, efpece de marfouins , qni furpaflenc en grofleur les bceufs de Normandie , & qui ODt des pares feuillees comme celles des oyes , la tete comme un loutre , les dents de neuf pouces de longueur &4 de deux d'ć-paifleur : c'efi: 1'ivoire le plus eftime. Les coquillages reftemblenr aflez a ceux de Irance. II y a des homars , des ćereviflos, des petoucles čt des moules j Le Canadd. z6 qu'il eft impoftible qu'aucun autre poilfon puiflc l'enfoneer. Ses ennemis font les brochets; mais ii fait s'en dćrendre par le moyen de fon bec poiriru, qui a un pied de longueur , 8c qui eft aulii dur quc fa peau. Les poiftbns des lacs font meillcurs que ceux de la mer 8c des rivieres , fur-tout les poiftons blancs. Les Sauva^cs qui habitent fur lc bord de ces petites mers douces , prćferent le bouiilon de poilfon a celui de viande lorfcju'ils font ma-lades. Ils fe fondent fur l'expćrience. Les I rancois au contraire trouvent que le bouiilon de chevreuil ou de cerf a plus de fubftance 8c eft plus reftaurant. M iij %yo Mćthodc dc Geographie. Arbrts & Fruks du Canada. On voit dans le Canada des arbres & des fruits de difierenres efpeces. Les pays mćridionaux produifent des hctres, des chcnes roviges , des merifiers. II y cn a de gros comme des bariques , 6c de la haureur des chcnes les plus elevćs. Cer arbre eft droit : le bois en eft dur & blanchatre. Les erables n'onc aucun rapport avec ceux d'Europe. lis onr une leve admirablc , & telle qu'il n'y a point de limonade , ni d'eau de cerife qui air fi bon gouc , ni de bteuvage au monde qui foic plus falutaire. Pour en rirer la liqueur, on caille Tarbre deux pouces en avanc dans le bois : & cette caille qui a dix ou douze pouces de longeur j eft faite de biais j au bas de cette coupe on enchalle un couceau dans 1'atbre aufli de biais , tellement que leau coulant le Ione de cette taille comme dans une goutiere , & rencontrant le couteau qui la traverfe , elle coule le long de ce couteau , fous lequel on a foin de met-tre des vafes pour recevoir cette liqueur. Tel arbre en peut rendre cinq on fix boureiUes pir jour j & tel habitant du Canada en pouroit ramaftcr vingr bari-ques du matin au foir , s'il vouloit en-tailler cous les erables de fon habitation. Le Canada. 171 Cetce coupe ne porte aucun dommage a" Parbre. On fait de cette fčve du futre & du firop fi precieux, qu'on n'a ja-mais rrouve de remede plus propre , dir-on , pour fortifier la poitrine. Des fref-nes , des ormeaux> des tiltots, des novers de deux fortes dont les fruits ne valent rienj des chataigniers , des pommicrs , des poiricrs , des pruniers , des cerifiers dont le fruit eft de mauvais gout j il eft petit ck rouge au dernier point. Les chevreuils s'en accommodent pourtant , ck ils ne manquent guere de fe trou-ver toutes les nuits fous les cerifiers du-rant lete, čk fur tout lotfqu'il vente fort. Des noifetiers , des ceps de vigne qui embrafTenr les arbres }ufqu'au fommet, de maniere qu'il femble que ces vignes foient la veritable produčtion de ces arbres , tant les branebes en font coUvertes. On en a fait du vin > qui, apres avoir long-tenis cuvć , s'eft rrouve de la meme douceur que celui des Canaries , ćk noir comme de Pencre 3 des citrons, qui nont que la figure des notres. Ils nont quune peau aulieu decorce. Ils croiftenr d'une plante qui s'efeve jufqu a trois pieds de haut; ck tout ce qu elle produit fe peut reduire a trois ou quatre de cespretendus citrons. Ce fruit eft aufli falutaire que fa racine eft dangereufe j M iv a7i Mćthode de Ge'ooraphie. £c aoratit Fun effc fain , aurant Tantre eft •un mortel &: fubtil poifon , lorfqu'on en boirle fuc. 11 y a aufli des melons d'eau } des citrouilles douccs , des t^rofeilles fau-vages , des pignons de pin, & du tabac Les Pays ieptentrionaux prodni ient des chehes blancs 3c rouges , comme ceux d'Europe ; des bouleattx rres-diffćrens de ceux de France , tant en qualite qu'en jMofleur. Les Sauvages Fe fervent de leurs ćcorces pour faire des canors: il v cn a de blanehes & de rouges. On fait des jeunes bouleaux de petites corbeilles qui ion t alfez recherchćes. On en peut faire aufli des livres , dont les feuilles feront aufli fines quc celles du papier fin. Les ćpineres font des efpćces de pins done la feuille eft plus pointue & plus grofle ; on s'enferc pour la charp.nro. Lamatiere qui en decoule eft d'une odeur qni ogni; cclle de l'encens. II y a des fapins de trois for-tes. Le perufle eft im ai»bre qui feroit touc-a-taic propre a. ban r des vaifleaux, gft mt les pores trčs-condenies , &c s lmbi-bant moins que les autres bois verds , que Fon emploie a cet u fige. II y a des cedres blancs ck'des ronges; ces arbres fonr bas , rouftus , pleins de branehes , 3c ont de petites feuilles feinblables a des fets de lacet. On y trouve des trembles, £c des aulnes, Le bois blanc eft un arbre Le Canada. i / ? qui n'eft ni trop gros ni trop petit, Sć aiuTi lćger que le cedre j les habitans du Canada s'en fervent a faite des canots pour pecher Sc pour paflTer les rivieres. Le capillaire eft eftime meilleur que celui des autres pays , & il y eft: tres-commun. Les fraifes cv les framboifes font en gran-de abondance tk d'un fott bon gout. On y trouve aufli des grofeilles ; mais en . ne icrvent qu'a faire une efpt-ce de vinaigre, qui eft tres-fort. Les bluets Lonr de ccitains petits grains comnie de petites ceri fes , mais noirs tk tout-a-fait ronds $ la plante qui les produit eft de la grandeur des framboiftcrs. On s'en ft rc a plulieurs ufages , lorfqu'on les a fait fecher au foleil ou dans le four. On en fait des confitures j on en met dans les tourtes & dans 1'eau-de-vie. Les Sauvages du nord en font une moilfon durant Lćrć , qui leur eft d'un grand fecours, fur-tout lorfque la chafte leur manque. On voit par-la que 1'Hiftoire naturelle du Canada eft fort diftcrente de celle de 1'Europe , čk qu'elle peut donner de 1'oc-cupation &z de nouvelles lumieres aux na-turaliftes. Commerce. A legard du commerce du Canada , comme les Normands font les premiers qui 1'ont entrepris , les embarquemens ie M v ±74 Methode de Geographie. faifoient a u Havre-de Grace cm a Diep-pe j mais les Rochellois leur ont fuccćde, 6c dans les derniers temps les vai(Feaux de la Rochelle fournilfoient les marchan-difes neceflaires aux habitansde ce con-tinenr. 11 y en avoit cependant quelques-tms de Bourdeaux 3c de Bavonne , qui y portoienc des vins , des eaux-de-vie du tabac &c du fer. Les vaiiTeaux qui partoienr de France pour ce pays-la , ne payoienc aucun droit de forcie pour leur cargaifon , non plus cjue d'entree lorfqu'ils arrivoienc a Que-bec ; la plupart des vai(Teaux qui alloienc charges en Canada , s'en rerournoient a vuide d la Rochelle ou ailleurs. QueU ques-uns chargeoienr des pois , lorfqu'ils etoienr a bon marche dans la Colonie , d'autres prenoient des planches 6c des ma-driers. 11 y en avoir qui alloienc charger du eharbon de rerre a 1'Ifle du Cap Bre-ron , pour le porter enfuire aux Ifles de ta Martinique ou de Guadeloupe , ou ll s'en confomme beaucoup aux rafineiies de fucre. Mais ceux qui ecoient recom-mandes aux principaux Marchands dit pays, ou qui leur appartenoient , rrou-voienr un bon frer de pelleteries, fur quoi ils profitoient beaucoup. U y avoit des magafins a Quebec, d'ou les Marchands des aurres villes du Canada ti-roient les marchandifes qui leur conve- LtCanaddi 175 noienr. Mais il y avoit des Marchands alfez riches , qui equipoient pour leur compte des vaiueaux , qui alloient 8c venoienr de Canada en France. Ceux cl avoienr leurs correfpondans j la Rochelle, qui envoyoient & recevoient tous les ans les cargaifons de ces navires. Des que les vailfeaux de France ćtoient arrivćs a Quebec , les marchands decetre ville qui avoient leurs Commis dans les autres habitations , faifoient charger leurs barques de marchandifes pour les y por-ter. Ceux qui nćgocioient pour leur pro-pre compte aux Trois Rivieres ou a Mont-Real , defcendoient eux memes a Que-bec , pour y faire leurs empletes , enfui-te ils frettoient des barques pour y tranf-porter ces efFets chez eux. Sils faifoient Jes payemens en pelleteries , ils avoient meilleur marcbe de ce qu'ils achetoienr, que s'ils eulFenc pave en aigent ou en let-tres de change ; parce que le vendetir fai-foit un profit confidćrable fur les peaux £ fon re-tour en France. Or il faut remar-quer que toutes ces peaux leur venoient des Sauvages , fur lefquels ils gagnoienc con fidćrablement. Les marchandifes que Fon portoit le plus ordinairement en Canada , eroient des fiifils courts ck legcrs, de la pondre , des balles , & du menu plomb -y des ha-ches grandes & petites, des couteaux , M vj ijo Mćthode de Geographie. des lames d epees pour faire des dards ; des chaudieres de rcmres grandeurs, des aleines de ccrdonnier , des hamecons de rourcs grandeurs j des capots de ferge bleue , des chemifes de to-ile commune de Breragne , des bas d'eftame courts Sc gros , du Cabac de Brefil , du gros riV blane pour les filers , d u lil a coudre de di vcrfes couleurs , de la licelle ou hl a retz , du vermillon j des ai^udles gian-des & petites , quelqu.es fers de lleclies, du favon , quelqu.es fabrcs } mais 1'eau-de-vie fur-tout y eft de bonne venre. En eehange de ees marchandites , on tiroit des caftors en luver , appelles mol-eovie , des caftors gras , des caftors veu-les j c'eft-a-dire pris en autom ne , des caftors fecsouordinaires, des caftors d'ćtć, ceft-a-dire pris en ete , des caftors blancs : ceux ci n'ont poinr de prix non plus que les renards bien noirs ; des renards at-"entes , des renards ordinaires bien con-diriones , des peaux de marrres , de lou-rres , dours noirs , d elans fans etre paf-fees ; des peaux de cerfs , de peckans , de cliars fauvages , de loups marins, &c Habitans. Le Gouverneur general avoit Ia difpo-fitioh des emplois miliraires : il donnoit les compagnics, Us lieutenances, a qui Le Canada. 177 bon Iui fembloit, mais fous le bon plaihr de Sa Majefte \ cependant ll ne hu ćtoit pas permis de difpofer des gouvernemens parriculiers , des Heutenances de roi , ni des majonrćs des places. 11 avoit de me-me le potivoir daccorder aux noblescom-me aux habitans , des terres & des eta-blillemens dans toute l'ćtendue d 11 Canada y mais ccs conceflions Te faifoient con-jointement avec 1'Intendant. 11 pouvoit aulli donncr yingtcinq congćs ou per-miflions par an , a ceux qn'il jugeoit a propos pour aller en traite chez les na-tions fauvages du pays. 11 avoit le droit de hifpendre l'exćcution des fentences en-vers les criminels j & par ce retarde-ment il pouvoit ailemeut obtenir levil grace , s'il vouloit s'intćrefTer en faveur de ces malheureux j mais il ne pouvoit difpofer de 1'argenr du Roi , fans le con-fentement de 1'Intendanc , qui feul avoit le ponvoir de le faire fortir des cofhres du trćforier de la Marine. Les Confeillers qui compofoient le confeil fouverain du Canada , ne poti-voient vendre , donner ni lailfer leurs charges a leurs hentiers ou aurres fans le confentement du Roi , qu6ic|ifelies valludent moms qu'une fimple lieutenance d'Infancerie. Les troupes ttoient ordinairement en quamer chez les habitans des cotes on 17$ Methodede Geograpkie, feigneuries du Canada , depuis le tnoiS d'Oćtobre jufqu'a celui de Mai. L'ha-bitanc qui ne fourniifoit feulement que l'uftancile a fon foldat , lemployoit or-dinairement a couper du bois , a dera-ciner des fouches , a defricher des terres,. ou a batrre du bled dans les granges s durant tout ce tems la , moyennant dix fols par jour avec fa nouriture. Les Canadiens ou crćoles font bien faits, robuftes , grands , forts , vigou-reux , entreprenans , braves & infatigua-bles, lis font prefomptueux & remplis d'eux-memes , s'eftimant au-detlus de toutes les nations de la terre \ & on les accufe de ne pas avoir toute la venera-tion qu'ils doivent pour leurs parens. Le fang de Canada eft beau. Les femmes y font genćralernenr belles ; les brunes y font rar^s , les fages y font communes , les parelfeufes en alfez grand nombre. Elles aiment le luxe au demier point j & c'eft: a qui prendra le niieux fes me-fures pour fe munir de maris. La plupart des hiftoriens fe contredi-fent dans les rccits qu ils font des mccurs & des maniercs des Sauvages. Les uns les traitent de gens ftupides , grofllers, & ru(>iques , incapables de penfer & de reflćchir a quoi que ce foir. Les autres riennent un langage bien difFerent , & ibutiennenE qu,ils ont du bon fens > dc Le Canada. 17^ la mćmoire » de la vivacite d'efprit, me-lće d'nn bon jugement. Les premiers difent qu'il eft inurile de precher 1'Evan-gile a des gens moins eclaires que les animaux. Les feconds pretendent au con-traire , que ces Sauvages fe font un plai-fir d'ćcouter la parole de Dieu , & qu'ils entendent fecriture avec beaucoup de faci lite. Apparf?mment que des raifon dirTerentes font parler ainfi les uns 5c les autrcs. Ces Sauvages font genćrale-ment droirs , bien faits , de belle taille & bien proporrionćs : ils font tous fan-guins, & de couleur prefque olivatre , Sc leurs vifages font beaux en general aufli bien que leur taille. 11 eft rare d'y voir des boiteux , des borgnes , des boffus , des. aveugles , des muets , &c. lis on t les ieux gros & noirs j de meme que les cheveiu 'y les denrs blantbes comme l'i-voire ; & Pair qui fort de leur bouche eft aufli pur que celui qu>ils refpirent , quoiqu'ils ne mangent prefcjue jamais de pain. Ils ne fonr ni (i forrs ni fi vb-gouremc que la plnpart des Europeens en ee qui rcgirde la force du corps , pour porter de grolfes charges j mais en re-compenfe ils font infariguables , endnr-cis au mal , bravant le froid & le chaud fans en etre incommodes. Les femmes font de la taille qui pafle la mediocre ^ lSd Metko Je Je Ceogmphie. au/li bellcs qu'on fe peut imaginer ime beautć j mais malfaices , gralles 6t pe-fanres a l'exces, Elles ne coupent jamais leurs cheveux , les laillant croitre pen-1 dant toute leur vie fans y roueher , au lieu que les hommes les coupenc rous les mois. Les vieillards & les hommes maries one une piece d'ćtofTe qui leur couvre le derriere , 8c la moirić des cuilfes par devant , au lieu que les jeu-nes gens ione nuds comnie la main. Ils difent que la nudite ne choque la bien-feance , que par l'ufage tk par fidee que les Europeens ont attachće a cet etat. Ce-pendant les uns tk les aurres portent nć-gligemment une couverture de peau ou d'ecarlate fur leur dos lorfquils fortenr de leurs cabanes , pour fe promener dans le village , ou faire des vilites ; ils portent des capots felon la fiiifon , lorfqu'ils vont a la guerre ou a la chafle j" tant pour fe parer d u froid duranr 1'hiver , que des moucherons en ete. lis fe fer-vent alors de; ccrcains bonnets de la figure d'une forme de chapeau , &c des fouliers de pcaux d'ćlans o u de cerf qui leur monrent jufqu'a mi jambes. Leurs viflages font fortifićs de doubles palliflades d'un bois tres-dur , groflfes comme la cuilTe, des 15 pieds de haut. Leurs cabanes ont ordinairemenc 80 Le Canada* 1S1 pieds de long , 25 on 30 de large 8c 20 de haur. Elles font couvertes d ccor-ccs d'ormeaux ou de bois blanc. On voit deux eltrades , 1'une adroite , 1'autre a gauche , de neuf pieds de largeur & 3'un pied d'ćlćvation. Ils font leur feu entre ces deux eftrades , tk la fumće fore par des trous pratiqućs au fommet des cabanes. On voit de petits cabinets mćnages le lons de ces ertrades , dans lefquels les filles ou les gens maries ont coutume de coucbeu fut de petits lits elevćs d'un pied tout au plus. Au refte trois 011 quatre familles demeurent dans une mcme cabane. ■> Les Sauvages ne connoiffent point la propriete perionnelle , qui caufe tant de diffćrends par mi les autres hommes, 8c l'on peut dire qne ce qui ell a lun elt ar autte. Lorfqu iin Sauvage n'a pas rcufli a la cbalTe des caftors 3 fes confren s le fe-courent fans en trre pries. Si Ion fulil fe eru ve ou fe bane , chacun s'emprelfe a lui en offrir un aucre. Si fes enfans font pri s 011 tućs par les ennemis , on lui donne autant d'cfdaves qifil en a befoin pour le faire fubfitter. U n'y a que ccux qui lont chretiens Se ceux qui demeurent nux ports des villes , chez qui 1'argenr fo;t en ufager. Les autres ne veu-lent ni le manier^ ni mcme le voir. x 81 Methode de Geograf hk* lis difent quon fe tue, quon fe pille, qu'on fe diftame , qu'on fe vend ck qu on fe trahit parmi nous pour de fargent. lis trouvent etrange que les uns aient plus de bicn que les autres, ćk que ceux qui en one le plus foient eftimes davantage 5 que ceux qui en ont le moins. Enfin ils difent que le titre de Sauva-ges , dont nous les qualifions , nous con-viendroit mieux que cehu dhommes , ptiifqu'il n'y a rien moins que de 1'hom-me fage dans routes nos aćtions. Ils ne fe querellenr ni ne fe battent, ni ne fe volent , & ne mćdifent jamais les uns des autres. Les guerriers n'enrreprennent jamais rien fans la deliberation du Confeil jqui eft compofe de tous les anciens de la nation j c'eft a dire des vieillards au def-fus de foixanre ans. Avant que ce Confeil s'affemble , le crieur en avertit par les eris qu'il fait dans toutes les rues du village. Alors ces vieillards accourent a certaine cabane deftin^e pour cela , ou ils s'affeyent fur le derriere en forme de lozange , ck apres qu'on a dćlibćre fur ce quil eft a propos de faire pour le bien de la nation , l'Oratenr forc de la cabane , ck les jeunes le renferment au centre d'un cercle qu'ils compofent : en-fuite ils ćcoutent avec beaucoup d'acterv- Le Canada. it3 tion les deliberations des vieillards, en criant a la fin de toutes les penodes > voda 6k phifieiirs autres habitations. Q#đ£čc. Quebec ■> capitale de tout le Canada , eft ntuee far la rive feptentrionale de la riviere de S. Laurent , qui y porte les grands vai(Teaux. Cette Vdle fe divife en haure & bafte , done celle-ci eft comme le fauxbourg de 1'autre. Les maifons y font en petit nombre , &: ne font apref-cjue occupees que par des Charpentiers qui travaillent aux vai{Teaux , &c par des matelots qui vont a la peche des morues ck autres poidons. La haute ville , lituće fur une montagne , eft mćdiocremenc grande j ma-is fort peuplće , bien batie , §č dćfendue par une bonne ciradelle , ou le Gouvernenr de Canada fait fon fejour. Cette ville a trois belles rues avec des boutiques bien aftorries de marchandifes d'Europe , dont elle fait un bon nćgoce avec les Sauvages du piys , qui y vicn-nent troquer des peaux de caftors & d'ori-gnics. Quebec eft au 4.6 dćgrć 40 minutes de latitude. Ceft le iiege dun Eveqtie im-mediat d u Pape , le fejour du Gouvernenr general , la rćhdence de Plntendant, d'un Confeil fonverain , &c la rerraire de plufieurs Communautes religieufes. La bafte ville eft fur le bord du fieuve Saint- Le Canada. itij JLaurent , au pied d'une montagne au moins de quatre-vingt toiies de haut &C une falaife de vingt huit , nommee le faut du matelot 3 parce qu'il en tomba un du haut en bas. Les maifons y font de pierres de taille bien baties. Les Mar-chands y demeurent pour la facilitć du commerce. Lile eft fi bornće de ce cote-la , qu'elle ne peut s'agrandir. Elle eft; defendue par une plaie-forme dans le milieu qui bat a fleur d'eau 9 de fprte qu'il eft diflicile aux vaifteaux de pafter jfans etre mcommodćs. On y voit laChapelle de Notre-Dame des Vićtoircs , qui fuc batie en aćiion de graces de la levee du fiege des Anglois , en 1690.. Le General Phips y vint avec toutes les forces de la nouvelle Angleterre j mais le Comte de Frontenac , qui ecoit pour lors Gou-verneur General , detit fes troupes dans une defeente que firent les Anglois a Beauport , & lui fit lever le (lege de Que-bec , avec perte de plulieurs de fes vaif-fea.ux , 8c de plus de huit cens hommes dcquipage dans le flcuve. 11 y a un chemin de la bafte ville a. la haute , qui va infenfiblement en tournant, ou les charettes ck les carolTes neanmoins ont bien de la peine a monter. Le Palais epifcopal eft lur la c6te? C eft un grand batiment de pietres de taille, dont lepri ncipal corps de logis., avec z 8 S Methode de Ge'ographie. la Chapelle, qui doit faire le milieu , regarde le canal. 11 eft accompagne d'une aile de foixanre ćk douze pieds de lon-gueur, flanquće a fon extremire d'un pa-villon qui forme un avant-corps du cote de 1 eft. Et dans 1'angle que fait le corps de logis avec cette aile , eft un pavillon de la mcme hauteur , couvcrt en forme d'imperiale , dans lequel eft le grand ef-calier. Le rez de-chaiiftce de la princi-pale cour etant plus eleve que les autres cours ćk que le jardin , fait que dans cette aile le refećloire, les offices ćk les cuifines font en partie fous terre \ elles font toutes voutees de briques, ćk ne pren-nent du jour que du cote de 1'eft. La Chapelle eft de foixante pieds de lon-gueurj fon portail eft d'ordre compofire, batie d'une belle pierre de taille , qui eft une efpece de marbre brtu j fes dedans font magniriques fut-tout le rcrable d'au-tel , dont les ornemens font un racourci de celui du Val de-Grace. Peu d'Eveques en France auroient des Palais qui puftent 1 egaler en beaute , s'il etoat lini. Tous les cures de la campagne , qui onr des affaires particulieres a la ville 3 y trou« vent leur chambre , ćk mangent ordi-nairement avec l'Eveque j qui manque rarement au retećtoire. La Cathćdrale eft a la haute ville : celi un affez grand vailfeau. Le Chapi- Le Canada. 1&7 tre etoit compofć dans fon commence-raent de douze Chanoines & de quatre Chapelains. II eft reduit prćfentement \ neuf fans Chapelains , a caufe de fou modique revenu ; la rćunion d'une Ab-baye a ce Cbapitre n'ćtant pas encore bien reglee. II y a Doyen , Grand-Chan-tre j Theologal, Grand-Penitencier &C Grand-Archidiacre. Le Sćminaire en eft proche. M. de Laval , ancien Evcque de Quebec , en eft le fondateur. 11 eft fur la place-forme de la poince qui a don-nć le nom de Quebec. La face qui regarde le canal, accompagnee de deux pavillons , forme la plus belle vue de la ville. L'aile gauche ou eft renfermee la Chapelle, a a to pieds de long, 6e la lar* geur du batiment eft de trenre pieds en dehors. La Chapelle avec la Sacriftie a qu a ran te pieds de long. Le Chaceau eft fur le bord d'une gran-de cote , efcarpee de trenre toifes : il eft irregulier dans fa fortification , ayant deux baftions du cote de la ville fans au-cun fofte. La maifon du Gouverneur general eft de cent vingt pieds de long , au-deva nt de laquelle eft une terralfe de quatre-vingt pieds de long , qui a la vue fur la bafte ville &: fur le canal. Ce batiment eft fort agrćable , tant pour fes dedans , que pour fes dehors , a caufe des pavillons qui forment des avant-eorps iSS Metkcdt dc Geographič. čz des arrieres-corps j il eft a dewx etages. A quatre cens pas au-delliis , eft le Cap au Diamant, de qnarre vingt toifes de, hant j fur lcquel eft une redonte qui commande le fort, la haute ville &■ toute la campagne, Ce Cap eft rempli de diamans dans fes rochers. II y en a d\iftez beaux : & s'ils avoient la ferme-te du vrai diamant , on s'y tromperoic ailement. Au deftbus du Cap en tirant au nord oueft, a rexrrermt£ de la haute ville , eft un cavalier revccu de pieures, fur lequel on peuc mettre plufteurs pic-ces de canon , qui commande la cam-pagne , & dans le milieu duquel eft uu moulin. On a fait un nouveau baftion , qui met la ville a 1'abri de 1'infuhe des ennemis. Le Couvent des Recolets eft vis-a-vis le Chateau. Leur Kglile eft belle : elle eft entouree en deduns d'une boifure de noyer de huit a dix pieds de haut, Le ta*, blcau du maitre-autel eft un Chrift que Ton defcend de la croix, fait par le fa-meux frere Luc, qui y demeuroic pour lors. La maifon eft bien batie , le cloitre trcs-beau , tout vitrć , avec les armes de plufjeurs parriculicrs. Le Canada leur a obligation de fetablillemcnt de la Foi, . Louis XIV crea un Confeil fouverain a Quebec , en 166? , pour vuider les dirlerends des paniculiers , & prendre connoiftance Le Canada. 289 tonnoiflance des intćrets de la Colonie. Le Palais eft a la haute ville , dans un fond , au nord-oueft ; il confifte dans enviton quatrevingc toifes de barimcns qui femblent fotmer une petite Ville. J/Intendant y zvon fon appanement, &£ les magafins du Roi y etoient aufti. La Chambre d u Confeil etoit alTez grande. Le Confeil etoit compofe duGouverneur general j de FEvcque , de lintendanr, de fept Confeillers, d'iin Procureur-General, & d'un Grefficr en chef. Le Gouverneur general en etoit autrefois le chef , Sc fon autorite s'y trouvoit trop abfolue dans un pays, ou 1'on ne peut avoir des nou-velles de la Cour qu'au botit de dix rnois. Quand les Confeillers ne don-noient pas dans fon fens , ou qu'ils s'ć-loignoient de fon avis , il les changeoit ou les exiloit; mais la Cour avoit extre» mement borne fon pouvoir, Sc il n'ćtoit dans les demiers temps que Confciller bonoraire. II fe mettoit au haut d'une table ronde : l'Evequc ćtoit a fa droite , aufti comme Confeiller honoiaire, & l'Inrendant qui faifoit la fonćtion de Pre-(ident , quoiquil n'en eur pas le titre , etoit a la gauche du Gouverneur. La Ville manquc de deux chofes eften-tielles, qui font un quai Sc des fottifi-cations. 11 feroit facile d*y faire 1'un & 1 autre ; car les pierres fe trouvent fur Tome VUL N ic)0 Methode de Gćographie. le lieu mcme. Elle eft cnvironee de plu> fieurs fources d'eau vive , la meiileure du monde \ mais faute de quelque per-fonne qui entende allez rhydroftatique pour les conduire 1 quelque place, oii 1'on auroit pu elever des fontaines fim-ples ou jailliftantes , chacun eft oblige de boire 1'eau de puits. Quebec a ete prife par les Anglois en 1759. Tadouffac > fttue au-deffous de Que-bec , a 1'embouchure du Saguenai dans la riviere Saint Laurent, a paffć pour une Ville \ mais ce n'eft qu'un lieu ou il fe tenoit de temps en temps de gran-des foires : fon port eft bon. Sdlery eft un bourg , tk Trois-Rivieres , une petite viLe > l'un 8c 1'autre audeftuš de Que-bec fur la riviere de Saint-Latircnr. Les EJkimaux font pres de la Mer du Nord fk du Golfe de Saint-Laurent, On appelle le pays qu'ils habitent Tene de Labrador : ce nom qui ftgmfie une terre bonne a labourer , lui fut donne par des Efpagnols qui la dćcouvrirent en 1590, fous la conduite de Zćno , Ve-nitien. Les Francois l ont appellee EJlo-tllande. De tous les Sauvages , les Ef-Jcimaux paroiflent les plus batbares : ce font les feuls qui portent de la barbe, tk ils 1'ont fort longue. Les Attiquamech.es font voifins de Que-bec j les Algonquins font entre la rivie- Le Canada. Uji fe d'Outaouac & le lac Ontario ou de Erontenac, fur lequel eft un Fort que le Comte de Frontenac , Gouvcrneur du Canada , fit bacir en 1673 j & au-cuiel il donna fon nom. Sur le dćtroic qui eft entre le Lac des Hurons & le Lac Supćrieur j on trouve aufti un autre Fort , auquel les Francois, qui Font conftruit , one donne le nom de Saint-Louis. Les Hurons , nation autrefois confide-rable , habitent au fud oueft des Algon-quins , entre les Lacs des Hurons , d Erie & de Frontenac. Les Mejjifaghes , les Nipifjiniens & les Amicoues , font au couchanr des Algonquins , 6c a Fotient du Lac des Hurons. Les Crljlinaux font a Foccident du Lac Supćrieur ou de Traci. Tous ces peuples trafiquoient &: vi-voient en bonne intelligence avec les Francois , qui de ce c6te ont decouvert cn 1738 , dans les terres , une aurre fuite de Lacs , pres defqutls ils ont bati lix Forts. On a donne au principal le nom de Lac Bourbon : il en fort une riviere qui va fe jetter dans la Baye de Hud fon , aprčs un cours de 500 lieues. Les Nouvelles publiques nous ont appris que les Anglois , depuis h ceflion qui leur a ece faite du Canada en 1765 a tra- N ij 2 cj 2 Methode de Geographie, vaillenta continuer les decouvertes de cc c6ce , & a rechercher la grande Mer du Sud qui n'en dok pas etre eloignee. Les environs de la Baye &c du Detroit de Hudfon , qui forment la partie la plus feptentrionale du Canada , en avoient ete fepares a la paix d'Utrecht en 1713 , tk cćdćs aux Anglois. L'air y eftextreme-rnenc , froid & le terroir fi entrecoupe de bois , de rivieres & de montagnes , qu'il eft prefque ftćrile. Le dedans du pays eft peu connu , & fes habkans ne tkent leur fubfiftance que des peaux de caftors 8ć dorignacs qu'ils vendent aux Anglois. lis recoivent en cchange des armes j des mu-nitions , de gros draps, des chaudieres, de la clincaillerie & des liqueurs fortes. II faut que ce commerce lok bien avanca-geux , puifque les Anglois ik les Francois Le le font difpiućs long-temps, fans etre rebutes du froid exrrcme qu'il fait dans ce pays , ou la terre eft pendant fept a huit mois couverte de dix a douze pieds de neige , ćk Ja mer glacee. Les Anglois ont donnć a ce pays les nom s de New-North-Wales , de Nevj-Sud- Wales j de New-Saverne. lis y one, les Faćtoreries & Forts de Churchill ^ d'Torek , anpelle ci-devant Fort Bourhon , du temps des Francois \ de New~Saver-ne 3 & d'Albani. Le Canada. 11. Partle meridionale du Canada. Elle contient le Canada propre , VAca-die j les Etechemins , les Abenaauis 3 les Iroanois 3 les Illinois , & aurres Sauva-ges au midi des Lacs. Le Canada parricu-lier efl: un petič pays , qui n'a rien de confiderable que le Port Gafpe. VAcadle eft une Prefquifle de ioo lieues de long , qui feroit tres-fertile , fi elle ćtoit bien cidrivee. Pietre de Gua , Sieur de Mons , la decouvrit Sc en prit poflTeflion pour le Roi de France en 1604. Les Francois y one ćte maitres du Port-Royal 3 un des plus beaux Porcs de toute FAmerique , & de deux ou trois autres Colonies que Samuel Champlain y ćtablit en 1603. Quelques annees apres , les Anglois chafTerenc les Francois de ce pays , au quel ils donnerent le nom de Nou-velle Eeojfe : mais la paix de Breda , en 1667 > rćtablit les 'Francois dans leurs habitations. Cependant, par Fart. XII du Traite d'Utrecht, Sa Majeftć Tres-Chretienne a cede a PAngleterre toute FAcadie ou Nouvelle EcofTe, avec le Port-Ro)ale, auqnel les Anglois ont donnele nom d'Annapolls-Royal 3 a caufe de la Reine Anne. Le refte de FAcadie eft oceupć par des pcuples , qui fe nom-ment Sourieois. N iij i 94 Mćthode dc Gćographie. Les Etechemins font entre cette pref-qu'ifie 8c la riviere Saint-Laurenr, fur la-cjuelle les Francois avoient Fhabitation de Rkhelieu y & celle de Montreal j plus jolie j dans une lile de mcme nom. Ils avoient auili Fhabitation ou Fort de la Tour j a Fembouchure de la riviere Saint-Jean dans la Baye Francoife , Cjue les Anglois appellent la Baye de Fundi. Les Abenaquis demeurenc dans le voifinage : ils ont caufe beaucoup de maux aux Colonies Angloifes , par une fuite dc leur attachement a la France 8c de 1'amour de leur liberce. Les Iroquols j belliqueux , mais cruels jufqu\i fucer le fang de leurs ennemis , babirent vers les Lacs d'Erie 8c d'Onta-rio. Ils font divifćs en cinq Nations , dont la plus puiffante 8c la plus nombrcu-fe effc celle qu'on nom me Sonontouan , lituee entre les deux Lacs que nous ve-nons de marquer. Ces peuples excitc-s par les Anglois de la Nouvelle Angleter-rc , qn'ils onr au midi , 8c qui leur four-nifloient du plomb , de la poudre 8c des armes 1 feu , ont fait alFez de peine aux Canadiens j mais les Francois les avoient obligć a la fin de ie foumettre aux conditions qu'ils leur preferivirent. Depuis ce temps-Lij ils ont toujours veću en bonne intelligence avec les Francois , qui pour les tenir en bride avoient Le Canada. 29 J bati le Fort de Conti 3 a 1'onent du Saut de Niagara , entre les Lacs d'Ontario &£ d'Erić. 11 y a aniTi des Iroquois qui de-meurent le long du bord feptentrional du premier dc ces deux Lacs y 6c qui font prefque toujours en guerre , ou avec les Algonquins , ou avec les Hurons. Les Illinois font alTez doux , alertes & b ien fairs : ils habirent au fud-oueft du Lac Michigan , auquel on a doline* leur nom , parce qu'il conduit chez eux \ ils font d'ailleurs voifins du ileuve Mif-fifilpi , vers le 40 dćgre de latitude. £e peuple etoit la borne de la Louijiane , qui pendant un temps a fait un Gou-vernement fepare du Canada , & qui lui a ete a udi uni dans les premiers & dans les derniers temps. Nous en parlerons en traitant de la Floride* qui aćte fon premier nom , lequel vient de lui etre rendu. K i* %g$ Methode de Geographie. CHAPITRE IV. l a NO u f elle an G le te rre. C a k t e s. Herman Moll j & Jeffris 3 Geogra-phes Anglois „ one donne fur ces pays ■ des Cartcs fort curieufes o* tres-detail-lees. Mais elles font en anglois. A i nji it Jaut s'en tenir a la -Carte que M. n'Anville a donnec en 1755 3 en quatre Jeuilles . qui contient y avec It Canada & la Eotdjiane cc quon ap-pelle en general Nouvelle Angletcrre. C^>E pays eftunegrande c6reque le Canada borne au nord j la Floride ouLouifiane , au eouchant 3c au midi j &c la Mer du Nord a Forient. L'airy eft tempćrć &c le terroir ferrile , comme ou le verra par Fexplkation de fes parties , qui font du nord eft au fud-ouelt : 1. la Nouvelle Ecoffe ou VAcadie\ 1. la Nouvelle An-gleterrc provre ; 3. la Nouvelle Yorck j 4. la Nouvelle Jerfey ; 5. la Penfylvanie ; 6. le Marjland ; 7. la Virginie j La Nouvelle Angleterve. _ 197 Carottne\8c 9. l&Georgie. Ces Provinces font concigues les unes auxautres , &c pok fćdees pat les Anglois. Ce qui faic que nous les comprenons toutes fous le itom de Nouvelle Anglecerre. A R T i C L E I. LA NOUVELLE ECOSSE* (jEtte Province qui e(! la plus feptentrio-nale > fe termine au midi par la Piefqu'if-led'Acadie 3 5c s'ćtendj felon les Anglois, jufqu'au fleuve S. Laurent : nous en avons deja dit quelque chofe en parlant du Ca-nada , dont elle faifoit ci-devant partic. 11 n'y a point de pays en Amćrique qui aic ćte plus fujet £ difpure , tk qui ait pltis fouvent change de mattre , au moifts pour fa partie mćridionale. Les Anglois pretendent l'avoir dćcouverr les premicrs, fous la conduite de Cabor , en 1497-IIs ajoutent qu'ils e{fayerent dc sy eta-" blir en 1602, ce qui n'eftpas biencer-tain. Quoi qu'il en foit, ils n'y etoietu pas , lorfque les Francois y ćtant venu.'' en njoj tk 1604 , y firent divers erablif-femens , principalement a Port-Bcyal & a Pentagoet. Depuis ce timps tout ce N v z 9 S Methode de Geographie. p.iys fut renferme dans le Canada ou la Nouvelle France. Les Anglois en chafFerent les Francois en 1618 , ruinanc Port-Royal $C les au-tres etabliflemens meridionaux. En 1611 , le Roi Jacques I donna ce pays au Che-valier Alexandre , fous le nom de Nou-velle EcoJJe , qu'il etend ]ufqu,au fleuve Slint-Laurent,- Mais en 1623 , Charles I le rendit aux Francois , qui le perdirent enfuire. plufieurs fois, tk le recouvrerent par divers Traites , en i6$i* 1667, 1697. Enfin ils cederent en 1713 , aux Anglois , FAcadie tk mcme Port-Royal , par ou ils n'entendoicnt abandonner au pias que la Prefqu'ifle. Mais les Anglois ont prćtendu depuis, que le Pays au nord de la Baye Francoife ou de Fundi j juf-qu'au fleuve Saint-Laurent , devoit leur appartenir. Ce proces n'a etć termine que par la ceffion que la France leur a faite du Canada en 1763. La Nouvelle EcolTe forme aujourd'hui un Gouvernement, auquel le Roi d'An-gfeterre a joint les l/les voifines de Salnt-■ Jean tk du Cap-Breto/i (ou Bojale.) Le pays , quoique froid , eft alFez bon : il produit du bled , des fruirs , des lćgu-mes , du chanvre. II y a des mineš dc cuivre & de fer j mais ce qui lui eft: par-ticulier , c'cft que le bois propre pour la conftruci;ion dej vaifleaux , furpaiFe en L a Nouvelle Anglcccrre. 19 9 -bonre cehu que nous avons en Europe. Outre Porr-Royal , nom me aujourd'hui Annapolis-Royal y les Anglois one bari •au Aid de f Acadie , Halifax 3 ou refide le Gouverneur: ils y onr eneore la Heve y Milfort , & nombre d'habitations. La peche elt tres-bonne fur les cotes. On re-niarque a 1'orient de TAcadie le Cap Campjtaux j & a 1'occident le Cap da Sable. A R T I C L E II. LA NOUVELLE AN G LETERRE Propre. Il ne paroic rien de fatisfaifant fur fa decouverte ou fur fon commerce , jufqu'au voyage qu'y lil Barthelemi Gofnod , en 1601. Ayant fait avec les Indiens un tra-fic fort avantageux de retour en Angle-terre , il dir tatu de bien du pays tk de fes habitans , qu'il engagea differentes perfonnes a y former un etablilTement. La compagnie qui 1'entreprit 3 autorilce par une charte de Jacques I, en 1606 , fut appellće la Compagnie de Plimouch du nom de la ville de Plimouth , ou la plupart de fes ruembres faifoiertt leur de- N vj too Methode de Geographle, meure. Les guerres qu'jl fallut fotitenfr avec les Indiens , tk d'autres conrre-temps occafionerent la difFolurionde cette Compagnie. II s'en forma une autre. «iJn cercain nombre d'Indćpendans j conduirs par Robinfon leur miniftre , s*y tranP-porrcrent, & y batirent une ville , qu'ils appellerenc la Nouvelle Plimouth. Cec etablilfement encouragć & autorife par le Roi d'Angleterre , eut le plus grand fuc-ces. En moins de dix ans, il fe trouva dans la NoUvelle Angleterre plus de qua-tre mille Colons; tk ce nombre , en moins de cent ans,. s'y eft accru, dit-on > jufqu'a celui.de quatre cens mille &c au dela ; malgre les obftacles qu'on ren-contra & les guerres qu'on eut avec les Indiens. Ceux ci y font a prefent en fi petit nombre , qu'on les connon tous. Ils fon t a (Te z traitables , pourvu quon en ufe bien avec eux. La Nouvelle Angleterre eft aujourd'hui la plus puiflante Co-lonie de FAmćrique. Ses richelTes tk fa puilfance fonr portćes a un point, qui donne de la falbaae a FEtat dbnt elle tire fon ori gine. L'air y eft fort fain , & quoique Fe pays fbit au m i licu de la Zone Tempćrće , & qifil dut jouir de la me me temperature d'air , que le midi de la France , on y ćprouve un froid vif & conftant en hiver cV une chaleur exceftive en ctć. La Nou- ta Nouvelle Angteterrc. 301 velle Angleterre eft fenile en lin , en cbanvre j en Wed d'Inde , en grains , en legumes , en fruits. Le gibier abonde dans la campagne 5 tk le poiflon dans les rivieres 8c fur la cote. La peche de la morue tk de la baleine fe fait fur cette c6te , aulli bien que fur celle de Terre-Neuve. Les principales marchandifes qu*on tire du pavsfont des fourures, particuliere-ment de caftors & dorignacs j des mam-res 8c des bois propres aux conftrućtions de marine , rneilleurs que ceux de Nonvege j des farinss j des bifcuits, des legumes fecs , diverfes fortes de grains j du fel, des viandes falees, du poiflon , entr'aurres de la morue verte tk feche, &: du ma-cuiereau fale , du chanvre , du lin , de la poix j du goudron , &c. Tous les payc-mens fe font , dans cette Province tk dans les autrca Colonies Angloifes 3 en monnoie de papier , qu'on nomme Pro-vince-Bills ou Bills of'čredi t. Le Gouvernement de la Nouvelle Angleterre eft rćpublicain , quoique le Roi d'Angleterre y ait deux Gouverneurs. Tout le pouvoir eft dans l'aflemblće generale de la Province , compofee d'environ cent rsprefentans ou deputćs des vifles Ck des diftrićb. On ne foufFre dans ce pays * ni les 3 o i Methode dc Geographie. debauchćs, ni les vagabonds, ni lesmen-dians. Onyaun foin particulier de Tedu-cation des enfans. Chaque endroit ou il y a cinquante familles, eft oblige d'avoir une ecole , pour leur enfeignera lire, a ćcri-re , a chiffrer , tk la religion j tk dans eeux ou il y a cent familles > on enfei-gne la Grammaire , tke. de forte qu'il n'eft point d'enfant de neuf a dix ans , dans route la Province , qui ne fache lire tk eerire , tk qui nc foit inftruit des prin-cipaux points de la Religion. La Nouvelle Angleterre fe divife en quatre principales Colonies : ce font , du f ud au nord , Conneclicut; Y/Jle*de Uhode la ou Providence ; la Baye des Majja,-chufets j (k la Nouvelle Hampshire. I. Conneclicut. Cette Colonie recoic fon nom de la riviere de Conneclicut 3 qui la traverfe du nord au fud. Elle peut mettre trente indle hommes fous les armes. Ncvvha-ven en eft la principale ville. 11. LTjle de Rhode ou ta Providencc. VIJlc de Rhode 3 nommće aufli la Providencc , a environ quinze a ieize milles de long , fur quatre ou cinq de large. On l'appeile le Paradis dela Nouvelle Angleterre j a caufe de fa ferrilice , tk de la Nouvellc Angleterre. }oj la bonte de fon air. Elle fait un grami commerce aux lfles gue les Anglois pof-fedenr dans le Golfe du Mexique. La principa le ville efl Newporc 3 qui a um ton pore dćfendu par une forrereiTe , bordee de trente pieces de canon. III. Majfachufets-Bay. Cette Colonie comprend le Nouveau-Plimouth j la Province deMain , tk cette etendue de terre s appellće autrefois la Provirite du Roi ou du Duc nommee aujourd'hui Province de Sagadahook 3 qui s'ćtend a Porient jufqu'a la Riviere de Sainte-Croix. Maflachufets-Bay eft la plus puiflante ik la plus ancienne de toutes les Colonies Angloifes. Bojlon j la plus grande ville tk la plus commer-cante de ces Colonies , en eft la capi-tale. L'entree de fon port eft difficile tk defendue par deux batteries; mais ce port eft grand , tk capable de contenir tous les vaifleaux d'Angleterre. Bofton a environ trente mille habitans. Ses rues font larges tk bien pavćes ; fes maifons bien baties , les unes en briques tk les autres en bois. Le Gouverneur de la Province y fait fa rćlidence, Bnjlol 3 au fud , eft tres-confidćrable tk tres peuplćc. Apres Bofton , ceft la ville la plus com-niercame de route la Nouvelle Angleterre* Le Cap Cod eft au fud-eft. • 304 Methode de Ge'ographie. IV. Ncw-Hampshire, Cette colonie renferme le pays com-pris entre la riviere de Kennebec , a lorient, & la Nouvelle Yorck a l'oueit. Le Roi d'Angleterre en nomme le Gou-verneur , le Sous-Gouverneur & lesautres Offlcier5. Ponstnouth , en eft: la princi-pale ville. A R T I C L E III. LA NOUVELLE YORCK. Ette Province , fituec au fud de la Nouvelle Angleterre , comprend aujour-d'hui Long-Ijland Staten-ljlanđ > ( l1 J (le des Etats) dc les pays fitues a lorient de la riviere d'Hudfor) , jufqu'anx fror*-tieres de Connećticur. Henri Hudfon , decouvrit Long-Iftand , ta Nouvelle Yortk $c la riviere crui porte encorc fon nom. Les Hollandois pretendent cru'il avoit ćte envoye par leur Compagnie des lndes Orienrales } en 1^09 , pour chercher un patlage- a ra Chinepar le nord-oueft. Les Anglois drfent tu comraire eru li ctoit eharge , en 160.S , de faire des decouvirces patr La Nouvelk Angleterre. 305 le Roi d'Angleterre , & qu'il vendit aux Hollandois le pays dont il sagit , on plutot le d roi t qu'il y avoir. Qaoi qu'it en foit , les Hollandois y formerent les premiers etablifTemens , & les nom-nierent les Nouveaux Pays-Bas. Ils en jouirent jufqu'a la paix de Breda , en 166-/, qu'ils cćderenr ce pays aux Anglois. Ceux-ci lui donnerent le nom de Nouvelk - Torek , en 1'honneur du Duc d:'Yorck > frere du Roi Charles II, a qui ce Prince 1'avoit donne en 1664. L'air y eft fain tk tempere r le ter-roir fercile en froment. Les Indiens de ce Pays font, comme ceux de la Noli-velle Angleterre j fort bafanes , fauva-ges , idolarres, tk trafiquent avec les Anglois en peaux d'elans y d'ours , de loucres tk de caftors. Us aiment 1'cau-de-vie &c toutes les liqueurs fortes. La Nouvelle Yorck eft immćdiate-menr rćgie par un Gouverneur , qui tient fa commiifion du Roi d'Angleterre , fous le fceau de la Grande-Breragne ; tk par un Confcil tk une Aflemblee generale. Le Confeil, lorfqu'il eft complet, eft compofć de douze membres-, qui re^oi-vent leur commiflion du Roi. Ils jouif-fent du meme pouvoir legiftatif que les Pairs dans le Parlement , tk fe regar-dent comme reprefentant dans le pays les Seigneurs de k Chambre Haute. Ils 106 Methode de Geogmphie. (crvene de confeil au Gouverneur , qui eft: oblige de les con (hiter, 8c ne peut fceller aucun aćte faus leur confentement. C eft le Gouverneur qui les convoque , tk il aftifte totijours a leurs aflembleesj mais ils peuvent s'aftembler fans Ini. L'AflTemblee generale eft compoiće de vingt-fept reprefentans , que les habi-tans choifilfent en confcquence de la Let-tre circulaire que le Gouverneur leur envoie. Cene AtTemblee reprefente la Chambre des Communes , tk fe con-forine en tout a. fes ufages. Les principaux Sećtaires ćtablis dans la Nouvelle Yorck , font les Epifco-paux , les Prcfbvteriens Anglois , tk les Preibyteriens Hollandois. On donne quel-quefc;s aux Presbyteriens Anglois tk Hollandois , de me me qu'i tous les au-tres Proreftans de la Coldrtie j le nOrU general de Non tonformijies. La propor-rion des Epi.fcopaux aux Presbvtćriens eft a peine d'un fur quinze. Cependant ces derniers font fort }aloux des Epif-copaux , parce qu'ils eraignent que 1'An-gleterre ne les protege , tk que le deftr de dominer ne les porte a fubjuger , tot ou tard , leurs inferieurs. Les Epifcopaux font des Miftionaires dont la fociete d'Angleterre fe fert pour precher PEvangile , tk qui font ordon-nes par i'Eveque de Londres, lequel en- La Nouvelle Angleterre. 307 tretient ordinairement un CommilTaire dans cette Province. Ce font les Eglifes particulieres qui choifillent leurs Minif-tres , če ces Miniitres fubiiitent des contriburions volontaires des fidćles , & d'une penfion annuelle , que la Societe leur fait , n'y ayanc point de dime eta-blie" dans le pays. Les Prefbyteriens Anglois font en tres-grand nombre. Ceux de la Nouvelle Yorck , de la Nouvelle Jerfey , de la Penfylvanie 8c des rrois Comtes de De-laware , fe conforment en cout a PEglife d»EcolTe. lis ont des Confiftoires , des Prefbyteres, & des Synodes. Ce font eux qui ordonnent leurs confreres j & ils fonc entretenus par leurs Congregarions refpećlivcs. Mais les Miflionaires quon envoie chez les Indiens , fubfiftent des bienfaits de la Societe etablie en EcolTc po ur la propagation de la foi. Le Eglifes Hollandoifes de la Nouvelle Yorck fk de la Nouvelle Jerfey fuivent le Rit des Eglifes reformćes des Provinces-Unies. Elles font fubordonnćes a 1'Eglife d'Amlterdam , qui quelquefois leur per-mer , Sc quelquefois leur refufe le pou-voir d'ordonner des Miniitres : ce qui occafionne bien des debats. La Nouvelle Yorck fut divifee , en ^SM , par un Aćte de l'aiTemblce , en dix Comtes, Les voici , dans lordre '3 o S Methode de Geograpkie. qu ils riennent enrr'eux : Ville tk Comtc de Ne w- Yorck ; Wtft- Chejler ; D uteh ejfj Albante • U/Jler; Orange ; Richmond y King's County : Queens County j tk Suj-folck. L Ville & Comte' de New-Yorch Ce Comte renferme les Ifles de Man-hatcans j de Manning les Bam-IJlandsj & les Oyjler-Iflands. La capitale de toute la Province eft New-Yorck j iituće dans la petite lile de Manhattans. Les Hollandois 1'avoient nommee Nouvelle Amjler-dam. Cette ville eft la pltts agrćable de toute l'Amćrique Angloife. Les maifons y font batieva la bollandoife , de briques & de pierres , couvertes en tuiles. Les rues font tres-irregulieres \ mais fort pro-pres , etant pavćes de cailloux. Le Gon\ verneur de la Province y rćfide. La vili« eft divifće en fept quartiers s & gouver-nee par un Maire, un AlfefTeur , fept Eche-vins Se autant d'Aflfiftans on Confeillers. Ceft le Gouverneur qui tous les ans nom-me le Maire , le Sherif & le Coroner. L'Aftefteur eft libre de quitter lorfqu'U Ini plait. Les Echevins , les Confeillers, les Aftefteurs tk les Collećteurs font a la nomination des Bourgeois. Le Maire feul a droit de nommer un Deputć. Ceft lui, qui, avec les quatre Ecbevins, nom- La Nouvelle Angleterre. 509 me le Trćforier. Le Maire , quarre Eche-vins &c autant d'Alliftans , forment le Confeil ordinaire de U ville. Ce corps a le pouvoir de faire tels rćglemens qu'il vclu j mais ils nom force de loi que pour un an ; a moins qu'ils ne foienc confirmes par le Gouverneur & le Confeil de la Province. II y a toujours dans 1'Ifle de Manhattans deux mille trois cens hom-mes de rroupes reglees \ Sc la ville a toujours un millier de fufils de referve , pour armer les matelots & autres, en cas d'invafion. L'Hotel-de-Ville eft un grand bati-mcnt de briques a deux ćrages , qui a la figure d'un quarre oblong , a chaque coin duquel eft un pavillon. La Cham-bre du Confeil & la Bibliomćque , font dans 1'aile qui eft du core de 1'occident. Apres l'H6tel - de - Ville , on remarque la Maifon de correčbion , Sc la Bourfe : c'eft dans ce dernier batimenr, qu'eft la fale deftinee pour les concerts publics, les bals & les aftemblees. Les habitans de Ne\v-Yorclc compo-fent un peuple mćlange; mais la plu-part defcendent des premiers Colons Hollandois. Il y a encore deux Eglifes ou Ion fait lofEce divin en langue hol-landoife. Les aurres communions ont aufti leurs Eglifes particulieres. Les Epif-copaux en ont_ deux, ainfi que les Lu> $ i o Mćthode de Ge'ographie. theriens Allemans ; Jes Refugies Fran-^ois en ont unc: les Qualcers , les Mo-raves & les Anabaptiftes ont chacun un lieu dalfemblee. Le nombre des Juifs eft fort grand a. Ncw-Yorch. Leur Syna-gogue eft fort ftmple par dehors j mais trčs-propre en dedans. Le nord-eft de 1'Ifle de Manhattans eft habite par des ferruriers Hollandois qui y ont un petit village , appelle Har-hm, dont les environs font cresagrea-bles tk bien cultives. II. Comte de JTeJI-C/ieJler. Ce Comte eft forr grand , tk ren-ferme rout le pays qui eft au-dela de Flfle de Manhattans , le long du Sound» jufqu'a la frontiere de ConnećFicut, qui lui fert de bornes du cote de 1'orient. La riviere de Hudfon le termine a 1'oc-cident. Une grande partiede ce Comte eft comprife dans les Seigneuries de Phdips-bourg , Pelham , Fordham tk Courtland. Le terrein en general eft inćgal , mais fertile \ tk par cette raifon , les fermiers s'adonnent principalement a la nouriture des beftiaux. Les Villes principales font, Eafi-Chefler 3 Wefi-Chefter j qui eft gou-vernee par un Maire ; Nexv-RochelIe , Rye 3 Bedfort tk Nort-Cajlle. La Vilic de Weft - Chefter tk la Seigneurie de La Nouvelle Jngleterre. |t* Courtland envoient chacune un Deputs i Tairemblee generale. III. Comte de Dutchejf. La par.de mćridionale de ce Comte eft remplie de montagnes, ou Ton trouve quantite de mineš de fer; le refte du pav* eft fertile & bien arrofe. 1.1 n'y a que deux villages pen confidćrablesj Pbghkeep-Jing &c Flsh-Kill. Les Hollandois habitent les bords de la riviere d Hudtpn , qui borne le Comte a Poccident. Les Anglois fe font ćtablis plus a l'oricnt. La plupart y funt venus de Connećticuc &: de Long-Ifland. IV. Comte dyAlhanle. Le principal commerce de ce Comte confifte en froment , en pois & en plan-ches de pins. Sa ViUe capitale eft Alhanle , autrefois le Fort-Orange, fituee fur la rive oecidentale de la riviere d'Hud-fon. Les maifons font baties de briques dans le gout hollandois , &on en couipte environ 350. Ceft dans cette Ville que les Gouverneurs de New-Yorck ont cou-tume de fe rendre pour traiter avec les Indiens. Schencctadl , a i(J ou 18 milles au nord-oueft d'Albanie, fur le hord de la riviere Mohanks, laquelle fe jettedans celle d'Hudfon, eft un village fort re-gulier & tres-peuplć. Ses maifons font la plupart baties en briques. II y a une '311 Methode de GeographU. belle Eglife Hollandoife , avec un clo-cher & un horloge. Ceft a ce village que les marchands s'embarquent pour Ofwego, ou les Indiens fe rendenc dans le mois de Mai , apportant leurs pelle-teries. Le commerce dure jufqu'a la fin de Juillet. Ce Fort d'Ofvvego a ete bati vers 1745. * Chouegen , fur le bord du Lac Ontario , par les Anglois qui s'ćtoient avances dans le Canada , pour atrirer le commerce des Sauvages II y a dans le meme Comtć deux Sei-gnenries , Rensluervjick & Livingjion , qui ont le privilćge d'envoyer chacune un Dćpute a Paflemblee. V. Comte d'Ul/ler. Ce Comtć _j qui s'eft rendu cćlebre par fon froment , fon beurre &c fes clievaux , confine avec celui d'Albanie, a Foccident de la riviere d'Hudfon. II eft habite par des Hollandois , des Fran-cois refugies , des Anglois, des Ecoftbis & des lrlandois. Les premiers & les derniers y font en plus grand nombre. La Ville la plus confidćrable eft Kings-ton j fituee a deux milles de la riviere d'Hudfon. Elle contienr environ cent cinquante maifons > la plupart baties en pierres. Les principaux villages font en-fuite Marbletovjn j Hurley , Rochejler » NewPalt^ T.a Nouvelle Angletcrre. 315 New-Palti & Wail-Kill, tlom les en-virons fonc trčs beaux 8c trčs-fertiles. V I. Comtć d'O rang e. Une chaine de montagnes appellćes Highlands 3 laquelle commence X h riviere d'Hudfon & s'etend vers l'occident, divife ce Comtć en partie feptentrionale 6c partie mćridionale. La premiere eft habitee par des Anglois. On y faic le meilleur beurre cjni foit dans le pays. La feconde n'eft habitee que par des Hollandois. La Ville d'Orange, que les Indiens appellent Tappan , eft petke ; mais agrćablement fituee. 11 y a une Lglife , & un Palais ou Ion rend la juf-tice. Elle met environ quinze cens hom-mes de troupes far pied. VII. Comtć dc Richmond. Ce Comtć eft renfcrmć dans VlJIc des Etats 3 (Statent-IJland , ) laquelle eft fituće neuf milles au fud-oueft de la Ville de New-Yorck Elle a environ iS milles de long fur fix a fep't de large. Elle eft principalement habirće par des Francois rćfugićs 6c des Hollandois. Richmond eft le feul villaee qu il y ait dans Flfle. 0 1 7 Tome VUI. O ' i 4 Me'thode de Geographie. Long-TJland j renferme les Comtes de King*s-Countv 3 de Queen s-County & de Šujfotck, Long-TJland eft une grande Ifle au midi de la principale cote de Ne\v-Yorck & de Conne&icut. Les lndiens 1'appellent Matowacs. Elle porce le notn de Nafjdu dans un aćbe de laflcmblee palfe fous le regnc du Roi Guillaume. Elle a cene vingi milles de long, fur douze de lar-re. Les terres fitućes an nord tk au fud font tres-bonnes \ mais celles du milieu font fabloneufes &: ftćriles. 11 y avoit autrefois beaucoup" d'Indiens j mais leur nombre eft confiderablement diminuć. G*ttx qui y font reftćs fe mettent au fervice des Angtois en qualite de do-mcftiques. La peche des balcmes a ćtć fore avantageufe au midi de 1'Ifle j mais elles y font aujourd'hui tres rares. L'Ifle ne forme qu'une plaine continue , oit Teau eft affez rare. On la divile en trois Comtes. VIII. Comte' de King* s-County. Ce Comte oceupe la partie ferten-trionale de 1'Ille. 11 a peu d'etendue \ mais il eft trčs-peuple & contient plulieurs vil-lages , Buslnvick , Breueklai j Bcdjord , La NouvcUe Angleterre. $ i 5 Nevj-Utrecht, Gravefande , tke. Ce font des Hollandois qui 1'habitent tk la plu-patt font a leur aife , a caufe de la fertilitć du terrein tk de la ptoximitć des mar-chćs. IX. Comtl de Quc'en's-County\ Quoique plus ćtendu que le precćdent, ll eit egalemen: bien peuple. Ses principa* les villes font : Jamaiauc , Hempjledd x Eiushing > Newtown Sc OJlerbay. X. Comte de Sujfolck. Ce Comrć comprend toure la pnrtie oiientale de Long lfland, tk 1'lfle de Whit. Ses principales villes font: Huntington j Smitk-Town j Brookhaven Southamp-ton j Soutkold tk Eafthampton. Les Fer-miers ont pour la plupart beaucoup debe-tail. Comme ils font fort eloignćs de New-Yprck , ils font obligćs de vendre une bonne partie de leurs denrćes a Bofton tk a Flfle de Rhode. Les Ifles cVElifabeth , Nantuket s Mar* tlnVineyard tk Pemy-Quid, qui autre-fois compofoient les Comtćs du Duc tk de Cornwal j font aujourd'hui fous la ju-r.fdićtion de la ISaye de MaiFachufets. O ij $\6 Mcthode de Gćographic. A R T I C L E IV. LA NOUVELLE JERSEI. C^tte Province , au fud ouefc de la Nouvelle Yorck dont clle formoit au-trefois la partie meridionale , eft bornec au fud , par les embouchures des rivieres de Delawar tk d'Hudfon , tk par 1'Ocean. Les Sućdois qui la dćcouvrirent les premi e rs & s'y erablirent , la nommerenc la .Nouvelle Suede. Les Hollandois , a qui ce pays convenoir , a caufe d u voifinage de la Nouvelle Hollande , en delogerenr les Sućdois , tk le conferverent jufqu a ce que les Anglois s'en emparerenc a leur tour. Ces dcrniers le comprireht d'abord dans la Nouvelle Yorek : ils 1'en fepare-renr enfuite > tk lui donnerenc le nom de Nouvelle Jerfei. On divife ce pays en Jerfei Orienral tk" Jerfei Occidental } tous deux fitues avan-tageufement pour le commerce } mais le premier eft plus peuple & inieiiz babite que Tautre. On y trouve les villes d77/-fabeth-tovvn tk de Shrc\vsbury : tk plu • fieurs habitations. La Nouvelle Angleterre. 3 17 A R T I C L E V. LA P E N S IL F A NI E. C_jE Pays , fitue entre la Nouvelle Jerfei au nord-eft } tk le Maryland au fud , faifoit partie des nouveaux Pavs Bas, lorf-queles Hollandois ćtoient maitres decette eoce. II a recn le nom de Penfilvanie , de Guillaume Pen , Quaker Anglois , a qiU la propriece tk le gouvernement en furent donnes par le Roi Charles II , en 1 Hartford, Hcnric 3 James 3 New-kent j Laneaflre j Middlejtx Nanje-mund j Levver-Norjolek j Northampton s Rapahanock y Surrey 3 Warwiek , Wejb* morland j . au milieu de la ćore, qui en faic le parra-ge, Cbacune a fon Gouverneur , 6c eft fubdivifee en Comtćs , 6c en un cer-tain nombre de paroifles. Charles-Town , capitale de la Province , eft bacie a fix milles de la mer , a l'embouchure de la riviere de Coopcr. C'eft le feul pore libre qu'il y ait dans la Carolinc. On y porre touc le produie de la Province : c'eft le centre de tou-res les afFaires , 8c il s'y faic un commer-ce rres-confiderable. Le Gouverneur y rćfide \ 1'aiJemblće & les cours de jufti-ce y tiennenc leurs fćances. La ville n'a pas plus de fix a fept cens maifons : mais on y voic plufieurs edifices publics tres-hieti batis. La barre qui fe trouve devant Charles-Tov/n empcehe les vaifteaux au-delTus de zoo Coneaux d'y enerer. Cetre La Nouvclk Angkterre. 3 2 $ vilic a beaucoup fourfert de 1'ouragan , &£ de l'inondation qu'il y eut en 1752. A R T I C LE IX. LA GEORGIE. CjEtte Province enclavee dans la Ca-roline mćridionale , eft aujourd'hui com-prife entre la riviere de Savannah , au nord, & celle de Saintc-Marie, au mi-di. Ce n'eft qu'en 1732 , qu'on la de-tacha de la Caroline , ck qu cm emreprit d'y etablir une Colonie , a la'quelle on a donnć le nom de Gcorgie , en 1'hon-neur du Roi d'Angleterre George I L Le General Oglerhorpe y accompagna les premiers Colons. On publia en incme temps une belle defcription du pays : le Parlement accorda des fommes confide-rables , qui joinces aux dons de plufieurs parriculiers , fembloienr devoir afFerniir cet etabiilTement. Cependant , malgre les ćloges qu'on a faits de, ce pavs , & la gćnerofite dont on a ufe envcrs les Colons , la dćfenion a ćtć grande. 116 Methode dc Geographle. Les Anglols 3 depuls 1765, poffedent encore le Canarla , dont 'd a ete ci-devant auejlion j & la parile de la Floride , ou Louifiane , qui eft a Uorient du grand fleuve Mljfiffipl. C H A P I T R E V. LA FLORIDE O (J L 0 U I S I A N E. C a R. t e s. M. Deliš le a do/me une Carte de la Louifiane en 1718 , & MM. BELLlK & d'^ŠNVIZLE en ont puhlic depuls de nouvelles qul font plus detaillees* C_jE grand pays , qui apres avoir perdu Fon premier nom , vienr de le recouvrer , eft rraverfe d u nord au fud , par le fleuve Milfillipi. U eft borne a Forienc par les polFeftions Angloifes quefon a renfermees Fous le nom de Nouvelle Anglererre ; a l'occident par les deux Mexiques \ au nord, par le Canada \ &z au midi par la mer 011 la partie feprentrionale du Golfe de Me-xique. La Floride. $17 Pour avoir une idee nerte de fa dccou-verte čk des raifons qui Pont fait appeller diverfement 3 il faut obferver qu*il fut d'abord dćcouvert du c6tć du midi čk des cotes par les Efpagnols , qui le nom-mcrenc Floride j 6k enfuite du cote du nord čk par le cours du Miftiftipi , par les Francois , qui lui one donne le nom de Louifiane. Depuis 176^5 , que les uns ck les autres ont cede aux Anglois la partie dont ils etoient maitres a Pori en t du Miflillipi , ck que les Francois ont abandonne aux Efpagnols la partie oecidentale , il a repris fon premier nom de Floride. C'eft ce qui nous a engagć a n'en pas faire deux artides , comme les autres Geographes ont fait jnfquaprćfent. jyicouvertespar le midi. On pretend qu'en 1697 , Sćbafticn Cabot , que Henri VII, Roi d'Angle-terre , avoit envoyć chercher un paflage dans le Mer du Sud , vit les cotes de certe Terre , qu'il nomma Jacquax4 ; mais cela n'eut aucune fuite. Ce qui eft cerrain , c'eft que Jean Ponce de Leon , Efpagnol, y aborda en 1511, pour le Roi de Caftille , ćk y voulut ćtablir une Coloniemais il en fut empeche par les habitans qui Fobligerent de fe reti-rer. On pretend que ce fut lui qui Pap- j 18 Methode de Ge'ographie. pella Floride, foit parče qa'il la dc'coti-vric le jour de Paaues fleunes, foit parče qu'il en trouva la terre couverte de fleurs. En 15*0 & i$*4.> Luc Vafques d'Ayllon & d1 autres Efpagnols y allerent pour enlever des Sauvages &c les faire ttavailler aux mineš de rlfle Hispaniola ću de Sainr-Domingue. Pamphile de Narvaez craverfa le pays en 1528 , & Fernand Soto Fun des conquerans du Perou , y aborda en 1538» 6c lui don-na, felon quelques-uns j le nom de Floride. II n'y iit aucun ćtablilFement ; mais apres avoir rode long tems dans ce pays coni me on le peut voir par la Carte de M. Delifle , il y mourut de deplailir de n'y avoir pas trouve les mineš qu'il cherchoit. Ses gens enterrerent fon corps dans une riviere , de crainte qu'il ne fut trouve 6z traitć avec ignominie par les Sauvages , qui n'aimoient pas Soto, a caufe des cruautes qu'il avoit exercecs contre eux j & enfuitc ils s'en retour-nerentdans la Nouvelle Efpagneen 1543,, au nombre de 300 bommes & de 30 chevaux , qui etoient les reftes de 900 fanraffins & de 350 cavaliers qu'ils etoient quand ils defcendirent dans la Floride. En 1549 , FEmpereur Charles-Quint y envoya quelques Religieux de S. Benoit, pour adoucir Fhumeur farou-che des habicans } mais les Sauvages les La Floride. 329 ecorcherent rour vifs, 8c pendirent leurs peaux a la porte de leurs cabanes. La Floride fut aufli decouverte dans fa pattie orientale , par les Francois. En 15 (j i , fous le regne de Charles IX , Roi de France , un nomme Francois Ribaut fit alliance avec les Sauvages du canton , &z y batit le Fort de la Čarobne fur la Riviere du May , 011 a ćte depuis San-Matheo des Efpagnols , au-jourd'hui dans la Georgie, U s'en retour-na enfuite en France , d'ou tardanr trop i aller revoir fa nouvelle Colonie , ceux qu'il y avoit lailFćs fe revolterent , & batirent un navite , dans lequcl ils s'ex-poferent a la mer. Lenr navigation fut tres-facheufe \ ils fouffrirent une li cruelle famine , qu'ils furent obliges de tirer au fort pour favoir celui qui feroit mange des autres \ tk le fort tomba fur celui cjui avoit ćte le plus ardent i la revolte. En 1 5 £4, Renć Laudonnicre alla dans la Floride , & rćtablir le Fort de laCaroline; mais les Efpagnols jaloux de ce que les Francois s'ćrablilToient fi pro-che de la Nouvelle Efpagne , vinrent les furprendre tk les mirent en fuite. Lau-donniere eut peine a fe fauvcr : mais le pauvre Ribaut , qui ćtoit retourne dans la Floride , fur pris & ćcorche tour vif, tk tous leurs gens furent pendus. Domi-nique de Gourgues, du Mont de Marfan ■ 31 o Methode de Ge'ographle. en Gafcogne , ayant appris cette acVioft barbare , arma un vailfeau a fes dćpens , ČV palTa en 1567 dans la Floride , acGom-pagne de 250 foldats &c de 80 matelots. Lespeuples fe joignirent aufli-rot a lui , aiderent i rcprendre le Fort de laCaroline &: deux aurres foris conftruits par les Ef-pagnols , dont ceux qui y ćtoient en garni-fon Furent pendusaux memes arbres 011 les Francois avoient ete attacbćs. Cela fair , Gourguess'en reronrna en France en 1568, ou il eut bien de la peine a fe garantir de la juftice , ćtant pourfuivi par les E(-pagnols , avec qui la France etoit alors en paix. Cette Floride Francoife retom-ba enfuite entre les mains des Efpa-gnols 4 qui la garderent jufqu,en 166 J , qu lis en furent en partie cbalfes par les Anglois ; &c cent ans precifement aprćs ils leur ont encore cede ce qu'ils avoient con-ferye , comme on le verra dans la fuite. Decouvertes par le Nor d. En 167 3 , le fieur Jolliet, Francois duCanada y dćcouvrit le riviere de Mifli-{TipijOU il defeendir par celle des Ouifcon-fing , avec le Pere Marquettc , Jefuite ; mais comme il ne penetra pas plus avant que les Akanfas qui font vers le 3 3e de-gre , la decouverte de ce qu'on appella la Louifiane , a ete attribuće a M, Ro- ta Floride. 3 31 bert Cavalier de la Salle 3 natif de Rouen & Gouverneur da Fort de Frontenac , qui reconnut la plas grande partie de ce pays dans les annees 1679 , 1680, 1681, 1681 & 1683. II partit pour cet effet du portde Frontenac le 18 Novembre 1678 , dans un batiment de 40 tonneaux_, Sc arriva fix femaines aprćs a Nlagara 3 vil-lage des Iroquois fur le Lac Erie , ou il fic conftruire un Fort. Il y refta jufqu'au mois d'Aout de l'annće fuivante , qu'il continua fa route , entra dans le Lac des Hurons j Sc aborda a la Baye des PuanŠ le 8 OćFobre. 11 arriva enfuite a la ruvie-re des Miamis , le premier de Novembre , Sc y fit batir un Fort. Au mois de Decembre fui van t il alla par terre pour gagner le portage de la riviere des Illinois , ou il s'embarqua ; Sc de-la il pa (Ta dans le pays de ces peuples , ou il fit conftruire un troifićme forr , qu'il nomma de Creve-cceur j fitue environ a 400 lieues de celui de Frontenac. Apres que le Fort fut achevć , M. de la Salle partagea fa petite troupe de 30 bommes en deux , Sc donna la conduite de Fune a M. d'Acan , qui-accompagne du Pere Louis Hennepin Recollet, de ouacre Francois Sc de deux Sauvages , defeendit , le z8 Fevrier i6$o , dans la riviere des Illinois , Sc remonta le Mifli-flspi, Jufcp'a 4 5 o lieues vers le nord, dans i $ i Methode de Geographie. le pays des Klatiš. Ils fejournerent quel-que temps dans lepays, 011 ils firentgraver les armes de France fur un gros arbre , 6c enfuite pouflerent jufqu'au Lac des Aflini-bouels, 8c de-lachez les Chonfgas Kabes. Pendant que M. d'Acan decouvroit le nord du fleuve Miflillipi , M. de la Salle fit des etabliftemens cnez les Nations qui habitent vers ces grands lacs , qui fćpa-rent la partie occiderltale du Canada d'avcc la Louifiane , &c fit enfuite plu-fieurs voyages a Frontenac tk en quel-ques autres endroirs. Enfin il fe mit fur la riviere des Illinois le 2 4 de Janvier 1685, ck arriva dans celic de Miflifiipi , le z de Fevrier de la meme annće. En def-cendanr cette dernicre riviere , il remar-qua qu'elle avoit a fa gauche les rivieres d'Ouabache & d'Ohio. 11 vifita enfuite plufieurs Nations , & batit fur la gauche du Miflillipi un fort qu'il nomma Prud'-homme , du po m d'un de fes Avanturiers. De-la il defcendit chez lesTaenkas, avec qui il fit alliance. II en partit le 2.1 de Mars 168$ , palFa 1'embouchure de la riviere Sabloniere , &c arriva a celle du Mifl'flipi dans le Golfe du Mexique , le 7 Avril de la meme annće. II y fit chanter le Te Dcum , planter une croix , & graver les armes de France fur un gros arbre. Le 11 Avril fuivant, il s'embarqua La Floride. 5 5 3 dans un canot, Sc remonta cetre riviere , pour fe rendre a Quebec , pour in-former de fes nouveiles dćcouvertes le Comte de Frontenac, Gouverneur general de la Nouvelle France. II tomba ma-lade au Fort de Creve-cccur , & n'arriva a Quebec que vers la fin de 1683 * dou il parcit pour France , ou il fut tres-bien *e$u a la Cour , Sc le Roi meme lui donna pour s'en retourner quatre vaif-feaux bien eauipes. II s'embarqua eniuite a la Rocbelle, le 24 Juillet 1684, ac-compagne de plus de 200 hommes , tant foldats qu'artifans. Son Efcadre , fur la cote de S. Domingue , fut furprife d'une tempcte qui fit perdre un de fes Vai(Teaux , Sc les trois autres ayant man-Sue 1'emboucbure du Miflifiipi , il y en eut dcux qui ćchouerent ; mais on en fauva les hommes Sc la plus grande par-fie des ćquipages. M. de Beaujeu ra-niena en France le quatrieme vaifFeau , qui fut exempt du malheur arrivć aux trois autres. Le 18 de Fćvrier 16S5 , M. de la Salle , apres s'etrc un peu remis, Sc aprčs avoir vificć le pays , donna le nom de •S. Louis a cette fatale Baye , ou fes trois vaifleaux avoient peri, Sc celui des Vaches a une riviere qui s'y perd. 11 y fit enfuite batir un Fort, qui fut acheve en moins de deux mois j pendant lequei 3 j 4 Mtthodc de Geographie. temps il chercha 1'embouchure du Mifiif-fibi qu*il reconnut par les marques , qu'il y avoir lailfćes au premier vovage. 11 prit en fin la refolution de faire la de-couverce des nations , qui font entre ce fleuve Sc le Golfe du Mexique. 11 par-tit pour cer efier de la Baye de S. Louis le xo Avril 1685 , accompagnć feule-mcnt de 10 hommes, Sc rraverfa plu-lieurs rivieres Sc de tres-beaux pays, ha-birćs par des peuplcs qui avoient Fufa-ge des chapeaux Sc des chevaux. Au mois de Septembre fuivant, il re-tourna a la Baye de S. Louis , ou il arriva au commencement de Janvier 1686. U y fejourna rrois mois , apres lefquels il refolut de paflcr en France, pour avoir de nouveaux fecours. Pour cet eftet il partic fur la fin de Mars 1686, Sc prit fon chemin par la riviere des Illinois pour le Canada , accompagnć de 1 o Francois , du nombre defcjuels ćtoient les nommćs Lancelot Sc Dan , qui deux mois apres fe rćvolterent contre lui Sc le tuerent en 1607, de meme que fon neveu appellć Moranger : celui-ci d'un coup de hache , Sc M. de la Salle d'un cbvip cle fufil dans la tete. En 1698, M. d'lberville , Canadien & Capitaine de Vailfeau du Roi, con-nn par fes entreprifes Sc par les avan-tages qu'il a remportes fur les Anglois La Floride. 3 3 $ dtins la Raye de Hudfon Sc dans 1'Ame-ricjue Mćndionale , repric le delTein de M. de la Salle , Sc entreprit de decou-couvrir par mer 1'emboucbure du Miflillipi. U en vint a bour , apres beau-coup de peines Sc de fatigues. 11 remonta ce Fleuve jufqu'au pays des Natches, Sauvages qui habicent un forc beau pays *" 1 20 lieues de la mer. 11 retourna enfuite en France ; Sc comme le Roi lui donna le Gouvernement de la Louifia-Ds , il y fit plnlietirs etablifTemens. Ils furent peu confiderables jufques vers 1718 6c 1710. Alors la France parut voiiloir etablir dans la Louifiane une forte Colonie. On accorda des concef-fions a plufieurs particuliers , qui y en-voyerent alFez dliommes pour peupler ce grand pays j Sc Fon batit lur le bord du Minili ipi , a trente-trois lieues de fon eniboLichure , une ville que Ton nomma la Nouvelle Orleans. Mais au bout de cruelques annces le gout de la nation Francoife pour cette Colonie etant tom-be, les conceilions furent prefque redui-tes a rien. Les aurres ćtablilTcmens cjue 1 Etat avoit faits , fe foutinrent \ Sc Ion continua d'avoir plufieurs Forts chez diverfes Nations Sauvages pour les en-tretenir dans le refpećF Sc y faire com-merce. La compagnie des Indes , a qi i cette Colonie avoit ete donnee, la ren- g j 6 Methode de Ge'ographie* dit au Roi en 1731. Comme elle etoit plus a charga cju'utile a la France , de meme que le Canada , il n'eft pas ćton-nant qu'on les aic abandonne en 1763. Qualite du pays. liahltans naturels. La Floride ou Louifiane peut etre regardće comme un des meilleurs pavs de l'Amerique , quoiqu'on n'y aic pas trouve les richelTcs qui abondent dans plufieurs de fes autres parties , & en particuliei ces mineš d'argent dont on s'ćtoit flate. II paroit cepehdant qu'il y en a de cuivre , de plomb 3 de fer &c meme d'acier. Le climar eft tempere , les terres font bonnes , 6c les rivieres les engraifTent par leurs debordemens , furrout le Mif-fillipi. On y fait deux ou trois rćcoltes, ćk: les Iegumes y font d'une tres-bon-ne qualite. F.e coton y vient fans peine : rindigo y eft naturel , tk celui qu'on y a tranfplantć d'ailleurs , y a fort bien reufli , de meme que le cabac. Les oran-gers, les citroniers &z les grenadiers y font en plein fol. La rerre ne fe refufe a rien ; mais il faut des gens de bon-ne volontć pour la cultiver. De grandes forets couvrent prefque tout le pays, tk les bois en fonr excel-lcns pour la conflrućlion. Les animau* font La Floride. «37 font a peu pres les memes qu*en Ca-nada , fi ce ifeft qu'on J rrouve beau-coup de baeufs fauvages , dont les peaux forment une branche de commerce. II y a aufli quantite de gibier, & d excellens poilfons; de force que 1'on y tfouve ge-nćralement tout ce qui eft nćceftaire a la vie. Une des fingularites de ce pays , eft une efpece de gomme d*un parfum ex-quis. Les habitans naturels , ou les Sauva-ges , font en aftez grand nombre , di-vifes par nations plus cu moins puiflan-tes; ils paroiflent la plupartaifez doux, 8c font de belle taille. Leur teint paroit na» turellement blanc } mais ils font oliva-tres , parče qu ils fe frottent d'huiles de de jus d herbes. Le foleil eft leur prin-cipale divinite. Nous nous contenterons de nommer les principaux de ces peuples. Dans la partie la plus orientale , 6c au voifinage de la piefqu'Ifteou les Efpagnols s'etoient ćcablis , font les Apalaches done le pays eft , dit-on , partagć en fix pro* vinces , qui reconnoiftent un feul Soit-verain : il y en a beaucoup parmi eux qui ont embrafTe le Chriftianifme, Les Atibamous , autre nation cOnfiderable , 1 loueft & au nord des prćcćdens : les Pfancois y avoient le Fort Touloufe. La riviere qui traverfe leur pays fe dechar-Tomc VUL p 3 J 8 Me'chode de Geographie. ge dans la Mobile. Les Ya^ous & les Chatas font plus a ToiieM: , pres du Miflillipi. Plus au nord , & pres des mon-tagnes , demeurenr les Chicachas , nation confidćrable j avec qui les Francois one ere long remps en gucrre : ils ccoient en alliance avec les Anglois 4 qui faifoient commerce chez eux. En remontant le Miflillipi , tonjours a Forient , on trou-ve les Kaskakias &C les Tamaroas , au milieu defcjuels les Francois avoient quel-ques Forts. S A Foccident du Miflifiipi, ćcoient les Natchćs , qui ayant malfacrć par furprife des Francois qui etoient dans un Fort bati au milieu d'eux , ont ćte prefque extermines par reprefailles en 1730. Dans le voifinage , Font les Natchitochcs , ou il y avoit un Fort Francois. Plus au nord , font les Akanfas • les Ofages , nation confidćrable > les M/fjburis , qui habitent les bords d'uhe riviere de leur nom , laquelle eft prefque aufli forte que le Miflillipi & qui s'y dćeharge , vers le 3yc. degre de latitude : les Francois avoient un Fort chez ces peuples. Les Kan'fes , les Padoueas Sz les Panis 3 nations puiffantes j mais peu connues , de-meurent vers le h.iut du Miffouri, dont ori i il faut joindre cel le qu'a donnee , en 1 7 5 8 y TAcadcmie de Petersbourg : elle efl in-fol. & reprefente toutes les decou* vertes fattes par les Rufjes depuis trente ans. M. d'jŠNVILLE en a, donne un cxtra.it , dans fon grand Bemifphere oecidentale y en 1761. II peut tenir lieu de la Carte Ruffunne qui efl jointe d la traduelion jran-foife de la relation que M. Muller a Piv 544 Methode de Ge'ographie. donnee de ces decouvertes , 6' qu'd ejl difficile a"ayoir feparement. I_iEs decouvertes que les RuiTesonc faites depuis le commencement de ce fiecle , au nord-eft du Kamtchatka , ne laitfent plus lieu de douter que les ter-res du nord-oueft de rAmerique fepten-trionale ne s'avancent beaucoup vers l'A-/ie, & qu'elles n'en ibient tres-voifmes. Elles en font feulement feparees par un long detroit dont 1'entree du cote du nudi eft entre les 180 & 190 de longitude» & du cote du nord vers le 110. Ceft ce que les premiers Geographes modernes appelloient le detroit cVAnlan y dont on avoit perdu toute idće. Les Rufles ont euen 1718 , desindices des terres de l'Amerique , voifines de cel-les de 1'Afie. Ils ont decouvert en 17 3 o, une cote nord tk fud qui eft a une trentaine de lieues du nord-eft du Kamtchatka ou de laSiberie j tk en 1741 , ils reconnurenc plufieurs cotes tk Ifles , de l'eft a loueft, depuis le 51 jufcju'au 60 de latitude. Ils y ont trouvć des Sauvages aftez doux qui onr desbnteaux comme les Groenlandois, Se qui fe fervent du Calumet de paix comme ceux du Canada ce qui indique la liaifon de ces peuples entre eux. Les montagnes que les RulTes ont vues, Tene au nord-oueft. 345 Gnt ćre appellees Ie Mont Saint-Ehe j le Mont Saint-Dalmat 3 8c a l'occidenr le Mont SaintJean. A l'entrće du dćcroit font un grand nombre d'lfles , dont les Ruifes ont nomme les principales de Saint-Macaire j de Saint-Etienne , de Saint-Theodore y de Saint-Abraham. Au milieu du detroit eft celle ou echoua l'un des deux vaiđeaux rufliens, commande par le Capitaine Beering : on a donne fon nom a cette lile , qui eft a 56 de latitude, & a 185 de longitude. Les pointes de terres que le Capitaine Tchirikow a enco-re reconnues plus a i'eit, font au nord de la Californie , a environ 14 degres de diftance du Cap-Blanc. L'intetvalle entre ces Terres reconnues par les Rufles , 8c celles du Canada , de la Louifiane & du Nouveau Mexique , eft a decouvrir , & c'eft en attendant un vafte ehamp a conjećtures. M. Buache a taffemble rout ce qu'il a pu recueillir de relations a ce fujet , pour faire voir la liaiion ou la proximitć de l'Afie avec l'A-mericjue , & donner des indices de ce qui peut etre entre les parties connues. 11 croic quil y a une mer interieure au nord de la Californie 8c du Nouveau Mexiqne , appellće par Guillaume Debile la Mer de l'Oucjl • qlie cette mer commu-nique avec un grand lac nomme" Mi- $ 4 £ Mahode de Ge'ographie. chi'iipi 3 tk par la avec la Baye d'FJudfon : ce feroit le p .(Fage par lequel des Naviga-teurs pretendent avoir gagnć la Mer Sep-tentrionale. Les terres entre ce palTage & la Mer du Sud , font , felon M. Bua-che , le pays de Foufang j ou les Chinois alloient par mer au cinquićme fićcle , en fuivant les cores nouvellementdecouvertes par les RuiFes. II a tait voir que ces co-tes faifoient partie de la Prefqu'ifle du nord-oueft de l'Amćrique \ tk. lorfque les RulTes ont publić toutes leurs dćcouver-tes , la plus importante de fes conjećlu-res s'efl rrouvće confirmee. Plus au nord tk vers le nord-eft, ou les Bayes de Baffin tk d'Hudfon , il a place le detail d'une relation attribuee a un Amirat Efpagnol , nommć de Fonte, tk publiee en Angleterre des 1708. On n'en avoit encore fait aucun u fage , tk elle n'a ere attaquće que depuis environ quin-ze ans 11 efl: vrai qu'elle fourfre plu-fieurs diflicultes , tk que fon authenticite 11*6(1 pas encore prouvće. Mais le rapport /ingulier qui refulte de la combinaifon des pays qu'elle dćcrit avec les nouvelles decouvertes des Rufles, qu on ne peut rćvo-queren doute, aengage M.Delifle FA(tro-nome tk M. Buache a en faire ufage. Le rravail que celui-ci a entrepris enfui-te , devant VAcademie des Sciences, fur Terres aunord-ouejl. J 47 tontes les Terres a decouvrir au-dcla do ce cjuon connoit certainement , a porte l'Acadćmie a juger que les dćcouvcrtes indiquees par la Relarion de 1'Amiral de Fonte , meriroient d'ctre confervćes, & cru'il etoit utile d'en faire voir l'accord avec toutes les connoiflances & les indi-cations qu'on peut ralTembler d'ailleurs. Voici done , en peu de mocs , le dćtail de certe Relarion. Barthelemi de Fonte, chargeen ićT^o, par le Viceroi du Peron , de hire des de-couvertes au nord de la Mer du Sud , ayant pafle le Cap-Blanc , qui eft au nor i oueft de la Californie , rraverfa 1111 parage de 260 lieues, ou il trouva un grand nombre dlfles , qu'il appella VAr-chipel dc S a i/U-Lazare. Selon M- Buache, au d}€ degre de latitude , il enrra dans Une grande riviere , qu'il nomma Los Rcycs j 6c detacha le z z Juin , un de fes Capiraines , nomme Petro Bernarda , pour continuer les dćcouvertes dans les terres vers le nord. Pour lui, ayanr remonte la riviere de los Reyes 3 il arriva a une belle ville d'Amćricains , nom-mće Conojfet > fituće fur un lac , que 1'Amiral de Fonte nomma Lac Belle. Ayant traverfe ce lac , avec des chalou-pes , il arriva a une riviere , qu'il appella Parmtntier : c'ćtoit le nom d'uu Efpagnol, cjui avoit deja ere dans ce P V) 3 4 S Methode de Gcographie. pays , 6c qui lui fervoir d'Interprete pour parler aux Sauvages. Cette riviere le con-duifit a un autre Tac , que 1'Amiral appel-la lac de Fonte : il lui donne 160 lieues de long, & 60 de large. De ce lac, 1'Amiral entra dans un autre , anquel il donna le nom d'un de fes capitaines , &c l'appella Lac de Roncju'rflo. II arriva enfin d une habitation d'Americains , 011 on lui dit qu'il y avoit a peu de diftance un grand vailfeau. Les Efpagnols y allerent , & trouverent que c'etoirun vailfeau anglois venu de Bofton , fans doute par le detroit d'Hudfon, lis firent des prefens au capi-taine Anglois, &" tirerent de lui de belles Cartes &c fes Journaux : apres quoi ils revinrenta ConofTet , le 16 Aout 1640 > un mois apres en etre partis. S'y etant fournis de provifions , ils defcendirent la riviere de Los Reyes, &c retrouverent pres de fon embouchure le Capitaine Bernarda. Celui-ci s'etant avance un peu au-dela de la riviere de Los Reyes vers le nord , rencontra un village d'Americains nom-me MinhaJJet j pres l'embouchure d'une belle riviere qu'il nomma de Haro j Sc qu'il remonta. II entra ainfi dans un grand lac de 436 lieues de long , qu'il nomma de Falafco. Au milieu eft la Prefqu'Ifle de Conchajfet ou Conibaffet, qui eft tres-peuplee. Bernarda parcourutce lac, ave c Terres au nord-oueft. 549 rrois chaloupes americaines, &c trouva cpie fon extremite au nord eft s'etendoit jufqu'au 77c degre de latitude feptentrio-nale. II defcendit enfuite dans une grande riviere qui forc du lac Valafco au fud-oueft , & qui a trois fauts ou cataračtes pendant 80 lieues de cours. Par cette riviere , Bernarda fe rendit a la mer; 6c rournant au nord , il continua fa naviga-tion au nord-eft dans la Mer de Tartarie, jufqu'au 79e degre de latitude fepten-trionale , en fuivant toujours les cotes. 11 envoya dans les terres , avec des Sau-vages, un de fes matelots, qui lui rap-porta , qu'il avoit vu l'extremite du gol-fe du Detroit de Daviš ou de la Baye de Baffin • qu'il y avoit en cet endroit un grand lac d'cau douce , a 80 degrćs de latitude, & vers le nord-oueft , des mon-ragnes prodigieufes de glaces. Telles font les decouvertes de FAmiral de Fonte. Il en refulte que les terres de l'Atnerique s'avancent au nord-oueft , juf-qu'a cette c6te decouverte par les Rufles en 1730 , pres de la riviere que Bernarda defcendit , avant que d'aller au nord-eft dans la Mer de Tartarie. Les autres decouverres artribuees a FAmiral de Fonte s'accordent avec ce qu'on connoit d'ailleurs , & s'enchaflent avec les decouvertes des Rufles. 11 eft bien difficile de concevoir cufun impofteur tire de fon ima- $ 5° Methode de Geographle. gtnation des circonftances qui fe conci-bent (i bien avec des faits qui ne fe vćri-fient que dans la fuite. L' AMERIQUE C a r t e s. X<2 Carte generale de M. Deli s le ren-ferme les deux Ame'riques , cv il a don-ne le detail de la Meridionalc en deux feuilks. M. d'Akville l'a publie en trois Cartes ou ily a bien du nouveau. L'Amerique Mćridionale tient a la Sepcentrionale par Vljlhme de ranama y &e s'ćcend jufqu'au Detroit de Magellan , ćk a la Terre de Feu. EI!e a comrnence a etre dćcouverce par Criftophe Colonib , dans le rroiiieme voyage qu'il y lit d'Ef-pagne en 1497 , & par Piere Alanze qui y parcourut beaucoup de pays. Vincenc Pinfon alla enfuite jufqu'au (ud de la h-gne ćquinoćtiale 3 & enfin Americ Vef-puce y fit quatre voyages fous les ordres des Rois Ferdinand de Caftille , & d'Ein-jnanuel de Portugal. Ses Relations ayanr L'Ame'rhjuc mćridionatc* 5 j * cte publićes en Enrope , on doona ion nom a tout le coutinent de FAmć.rique. Les autres qui ont penetrć enfuite dans la partie mćridionale de cette region fi ri-che , fonc Francois Pizarre , qui fic la pnncipale dćcouverte du Perou , dć qui prit prifonnier le Roi Acabalipa : Gon-c,ales Pizarre , qui dćcouvritla riviere des Amazones , tk enfin Magellan tk le Mai-re qui firent le tour des cotes de cette grande Prefqu'Iile. Montagnes. Riviere s. Les plusconliderables Monragnesqu'on y ttouve , font. celles de Corditieras ; c'eft-a-dire , Suite ou chaine de monta-gnes. On les appelle auflii Andes ou Sier* ras Nevadas de Los Andes > parce quelles font toujours couvertes de neige. Elles font a peu dediftance des cotes de la Mer du Sud, tk vont d'un bout a Fautre de cette pattie de FAmćrique. Les principales rivieres font celles des Amazones j de la Placa ou du Paraguai j de Parana % de San-Francifeo , de Pa-ria ou d'Orenoque ; qui toutes y ont leurs fources tk fe perdent dans la Mer du Nord, dont cette Ptefqu'ifle eft entouree au feptentrion tk a Forienr. Au midi elle eft bornee par le fameux Detroit de Magellan • & au couchant elle a la Mer du Sud , appellee aufti Pacificuie. Mais ce $ 1 Methode de Ge'ographle. dernier nom ne lui convient que dans la parcie du milieu. Skuation, Etenduc. L,Amerique Meridionale s'ćtend depuis le 5 5 degre &c demi de latitude meridionale jufqu'au ii degre de latitude feptsntrionale , &c depuis le 196 jufqu'an 341 degre de longitude. Sa longueur fe prend du lud au nord depuis le Derroit de Magellan jufqu'au Cap de la Vela fur le golfe de Mexique , Sc coniient 1350 lieues. Sa largeur en a 1175 de Teli a 1'oueft , a compter depuis l'extrć-mite de 1'Audience de Quito dans le Pe-rou, jufqu'au Cap de Saint-Roch ou de Picquetinge tlans le Brefil. Divijlon, L'Amerique meridionale efl: partagćc tn huit grandes Regions, qui font , 1. La Terre-Ferme ou Cajlilk d*or. 1. Le Perou. 3. Le Chili. 4. La Terre-Magellanique. 5. Le Paraguai. 6. Le Pays de la Riviere de s Ama-irones. 7. Le Brifd. 8. L a Guyane. La Guyane , elt partagec cntre les VAmeriaue meridionale. 355 Efpagnols , les Hollandois , les Fran-C,ois &c les Portugais. ILe Brefd > joinc a la partie ba(Fe ou orientale du cours de FAmazone , apparrienr aux Portugais. Tous les autrcs pays font foumis au Roi d'Efpagne , & forment deux Viceroyautćs \ celle de la Nouvelle Gre-nade , & celle de Lima ou du Perou. La premiere efl: partagee en trois Au-diences , favoir , de Panama , de la Nouvelk Grenade & de Quko. Elle ren-ferme la Terre-Ferme t la partie feptentrio-nale du Perou j £c la partie haute du cours de FAmazone. La Feconde Vice-royaute , divifee aufli en trois Audiences, qui font, celles de Lima, de Los-Chat-cas & de Chili, comprend la partie meridionale du Perou , le Chili y la Terrc* Magellanique & le Paraguai. *f* ♦ *\* 3 5 4 Mechode dc Geographle. T—l■—ili m i i i i..........m i ni — CHAPITRE PREMIER. L A TERRE FER ME ou Castille d'Or. Christophe Colomb, apres avoir parcouru la Mer du Nord , dans fes deux prcmiers voyages &z dćcouverr plubeurs I des , aborda entin , a fon trc-ineme voya-ge , fur cette c6te de FAmerique , qu li appella Terre-Ferme y parce que ce fur la premiere parcie du conrinent qu'il dćcou-vrir. Les Efpagnols ćtendirent enfuire ce nom a toute la cote feptentrionale. Ils la nommerent aufli Cajlllle d'or, a caufe des mines d'or qu'ils y dćcouvrirenr. La Terre-Ferme comprend deut des Audiences qui compofenr la Vicerovautć de la Nouvelle Grenade. Ce fonr celles de Panama y &c de la Nouvelle Grenade. La Tene Terme. 55$ A R T I C L E I. VAUDIEkCE DE PANAMA. Elle renferme les trois Provinces de Feraguas , de Panama tk de Darien. I. Province de Feraguas. Cette Province , qui etoit ci-devant de 1'Audience de G ua ti mata tk de la Viceroyaute du Mexique , & que la plupart des Gćographes renfcrment dans PAmerique Septentrionale , s'ćtend le long de la Mer du Sud , qui la borne du fud-eft au nord-oueft, dans 1'efpace de quarante lieues. Elle eft bornće au levant, a peu pres dans la mirne direc-tion tk la mcme etendue j pnr la cote de la Mer du Nor d ou du Golte de Mexique. Sa plus grande largeur du midi au nord, entre les deux mers , eft de x $ lieues , & la moindre de 16. Le pays eft plein de montagnes tk de forets ; & 011 y trouve des mineš d'or. La rerre pioduit des legumes tk du mais j mais le froment ni Porge n'y peuvent reuflir: lespaturages v font aufti fort rares. Certe Province a pris fon nom d'une $ fur la Baye de Panama j & Porco-Belo , fur la Mer du Nord , a 1'oppoftte de Panama. Panama , capitale de la Province, Se" le fiege de 1'Audiencc royale, eft fituee fur la Mer du Sud , au fond d'une baye, a laquelle elle donne fon nom. Les Ef-pagnols la fonderent d'abord , en 1 518 , a une lieu & demie plus loin vers le La Terre-Ferme. 557 tou.ch.ant; &: elle devmt ii confiderable , qu'en 1670 , lorfque Morgan , Armateuc Anglois , s'en empara, & la ruina de fond en comble, elle contenoit fix a Jept mille maifons , &c plufieurs Egli-fes & Monafteres. Panama fuc rebatie au lieu ou elle eft aujourd'hui j mais un m.cendie la confuma entierement en 1737 & il fallut la rebatir de nouveau. Cette ville eft le centre de tout le commerce qui fe fait au Perou & au Chili. Son port ne peuc recevoir que de petics ba-timens j mais i deux lieues de-la eft celui de Perico , qui peut concenir les plus grands vaifteaux. Le ftege de 1'Au-dience etabli a Panama eft compofe d'un Prćftdenr, qui eft gouverneur de la ville & Capitaine general du Royaume de Terre-Ferme > & de dix aucres Officiers. L'Eveche de Sainte- Marie , erige en M 15 » fut transfere quatre ans apres a Panama. On peehe des perles , dans la Baye de Panama , aux environs de quel-ques Iiles , qu'on appelle , a caufe de cela j les Ijles des Perles. Pono-Bclo , la feconde ville de la Province , eft fituee fur la Mer du Nord , a dix huit lieues au nord de Panama , en fuivant la route qui n'eft pas droite a caufe des montagnes. Ces deux villes font dans une communication recipro-que, parce qu'on tranfporte par terre 3 j S Methode de Geographle. de Panama a Porto - Bćlo toutes les richeffes de l'Amćrique Efpagnole , qu'on envoie enfuite en Elpagne , par les galions j &c de Porro-Bćlo a Panama j les marchandifes d'Europe deftinees pour toute l'Amerique. La ville de Porto Belo s'eft acctue des ruines de celle de Nombre de Dios , fituce au levant, fur la mcme cote , qu'on abandonna en Elle s'etend en croilfant fur le pjnchant d'une montagne qui environne le pore , done la beautć lui a fliic don-ner le nom de Porto-Bćlo. L'affluence de monde eft tres grande en cette ville , durant la foire qui s'y tient tous les ans , a l'arrivće des galions. Cette foire dure quarante jours : elle eft la plus riche d u monde , par la quantite de lin-gots d'or Ette Audience comprend ce que les Efpagnols nommerent d'abord CajIUlc d'or. Elle eft fort ćtendue , & divifće en plufieurs Provinces , qui font celles de Carthaohie , de S aintc-Manhe , de Fene^uela & de Cuniana 3 lituees fur la Mer du Nord , le long du Golfe du Mexique , d occident en orient \ le now vcau Royaume de Grenade , au midi , & une partie du Popayan, a 1'occident 3 joz, plufieurs mineš d'or \ mais elles font aujourd:hui epuifees. Les prin-cipales villes qu'ils y ont fondćes , font, Carchagene y S. Sebajlien de Buena vij-ta j fur la cote, &c Santa-Crux de Mopox s fur la riviere de la Magdelene. Carthagene t capitale de la Province, eft une des plus riches & des plus im-portantes villes de l'Amerique. Son com-merce confifte principalement en perles & en ćmeraudes, & il y attire beau-coup detrangers. La ville eft defendue par plufieurs forts, done le plus confi- dćrable La Tcrre Ferme. derable fe notrime BocaChica : elle fut aflićgće inurilemenfpar les Anglois , en 1741. L'Evcchć de cette ville j erige en 1537 , eft fuffragant de SantaFe. Car-th agene a une des mcilleures & des plus ftires Bayes ou'on puifte trouver. C'eft li cjue s'aftemblent les galions d'Efpagne. Le terroir des environs eft toujours verd ck agreable. 11. Province de Saintc-Marthe. La Province de Sainte-Marthe , fituee a Porient de celle de Carthagene , dont elle eft fćparće par la riviere de la Mag-delene , eft paitagee en plufieurs diftrictst ou on trouve eneore un aflez grand nom-bre d'Indiens , que les Efpagnols n'ont pu foumettre. L'air eft extremement chaud fur la cote \ mais il eft rafraichi dans Finterieur du Pays , par les mon-tagiies couvertes de neiges qui loccu-pent , Sc dont celle de Sainte-Marrhe palTe pour une' des plus hauces du nionde. l^a ville de Saince-Marthe , fituee fur la Mer du Nord , ćtoit au-trefoiš fort commercante. Le Gouver-neur de la Province , & les autres Of-fieiers royaux y font leur refidence. 11 y a un Eveche , erige en 15 3 5 , & fuffragant de Santa-Fe. Rio de la Hacha. donne fon nom a un diftrićt, qui s'e-tend au nord-eft ; fon tetroir eft afle* Tome V111. Q $ 6 t. Methode de. Geographle* ferrile. On y trouve des mines d'or Sć de bonnes falines. Les Indiens qui ont quelques bourgades aux environs Se vers ja cote , s'emploient a la pćche des perles. III. Province de Venezuela. Une ehaine de montagnes la fepare de la precedente. Le rerroir y eft com-munemenc fertile en grains \ Se il y a de fort bons paturages j mais fa princi-pale richefte confifte dans l'excellent ca-cao qu'on y recueille. Lorfque les Efpagnols decouvrirent la cote de cette Province j a la fin du XVC fieele , ils y ren-contrerent un village d'Indiens s nomme Ćoro , qu'ils appellerent la petite Vtrti/e ou Venezuela , parče qu'il etoit bati fur pilotis y comme Venife , dans de petites lfies. Ils y etablirent une Ville , qui fut d'abord tres floriifanre , mais qui eft dćchue peti a peu, quoiqu'elle ait deuxports. Le Sićge epifeopal , quiy avoit ete ćtabli, en 1532., fous la Metropole de S. Domingue , a ete transfere a S. Jacque de Leon de Caracos. Mara-cayba eft aujourd'hui la capi tale de la Province de Venezuela , 8c c'eft une des plus riches Villes que les Efpagnols pof-fedent fur cette cote. Elle eft fituee fur le bord oceidental du Lac de meme nom , Se contient fept a huit mille ha-bkans , dont le principal commerce La Te rre-Fer/ne. 26*3 confifte en cuirs, en cacao Sz en tabac. A rextremitć meridionale du meme Lac eft le bourg de Gibraltar, ou on recueille le meilleur cacao de l,Amerique &c le rneillcut' tabac d'Efpagne. Le pays de Caracos ou des Caraques , eft compris dans la Province de Venezuela. 11 eft plein de montagnes & de val-lons , ou on recueille beaucoup de cacao. & Jacquesde Leon , nomme aufli Caracos , en eftlacapitale. L'Evechć de Venezuela y a etć transfere , & le Gouverneur de la Province y fait fouvcnt fa refidence. Verine eft une ville cćlebre par le bon tabac qui croir dans fes environs. 1 V. Province de Comana ou Nou-velle Jndaloufie. Les Efpagnols , qui s'y font ćtablis lan 1508 , y recueillent du tabac Sc y pechent des perles. Ils ne font propre-Uienr maitres que des cotes : Pintericur du pays eft habitć par les Indiens in-dependans. Comana , fituee fur la Mer du Nord , en eft la principale ville, &c capitale d'un diftrićt particulier. Pariay eft un autre diftrićt , qui oceupe la partie orientale de la Province 5 vers les em-bouchures de l'Orenoque , riviere qut fćpare la Terre-Ferme de la Guyane. II donne fon 'nom a un Golfe , a l'entrće duquel eft 1'Ifle de la Trinite. Q ij 364 Methode de Geographie. V. Nouveau Royaume de Grcnade. C'eft une trčs-grande Province , fituee au midi de celles de Saince-Marthe , de Venezuela ck de Comana. Sa partie orien-tale , qui confiftedans de grandes plaines fort vaftes , s'ćtend le long de l'Oreno-que , &: eft habitee par divers peuples lndiens , la plupart independans. Les Jćftrtes y avoient etabli quelques Mif-lions. Les Efpagnols n'habitent propre-ment que la partie occidentale , qui eft arrofće du midi au nord par la riviere de la Magde U ne. Cette partie eft entrecoupće de montagnes , ou on trou-ve des mines d'or , de cuivre s d'acier > tk furtout beaucoup de mines d'argent ck d'ćmeraudes. Les valiees abondent en paturages , ou on ćlćve beaucoup de che-vaiu tk de mulets. Santa-Fede Bogota , fituće fur la riviere de Bogota > en eft la capirale. C eft le fićge du Viccroi , tk de l'Audience royale , dont il eft Prefident. Le Pape Jule 111 y ćtablit , en 1554, un Evcche , que Pic V ćiigca en Archevechć dix ans apres. Les autres villes remarqnables font: la Fnnidad, fur la gauche de la riviere de la Magdelena j 'lunja y capirale d'un diftrićt ou on trouve beaucoup de veines d'or tk d'ćmeraudes; Merlda j Fampc* luna j V'ittoria de los Rcmcdios. ta Terre-Ferme. $65 V I. Le Popayan. Ce grand pays ficue a 1'occident da nott-Veau Royaunie de Grenade , fur conquis par les Efpagnols en 1536. 11 eft habitć par plufieurs nations d'lndiens fort cou-rageux que les Efpagnols n'ont encors pu foumettre entićrement. On y rrouve beaucoup de mines d'or ; & c'eft le pavs de rAmćrique Mćridionale ou les Efpagnols en exploitent un plus grand nora-bre. On y rrouve aufli des pierres prć-cieufes. Le Popayan eft parrage en trois Pro-vinces. Ce fon c le Choco, a 1'occident, la P rovince d' Antioquia 3 a 1'orient , CvT le Popayan pfoprement dir au midi. Les deux premieres dćpendenr de PAudiei s de la Nouvelle Grenade. La dernicre dćpend de celle de Quito. La Province de Choco forme , depuis i730 j un Gonvernement particulier. Elle eft principalement habitće par les lndiens ; les Efpagnols y ont cependant cjuelques petites villes. La riviere d''Atrato 1'arrofe du midi au nord , depuis (a fource jufqu'a fon embouchure dans le Golfe de Da nen. La Province cVAntioqula eft traverfee du midi au nord , par le Rio Cauca, 8č partagee en quatre Bailliaees, qui font $66 Metkode de Geographie. ceux de Santa-Fe-cCAntioquia y de Qua* tro-Ciuiddcs j de Timena Sč de San-St* bajlian de la P lata. Santa*Fe^d'Antioquia, fituee tout au nord' Tur le Rio Cauca , en eft la principale ville. Hubner la faic Ep'.f ropale \ mais il fc crompe. Le Popayan proprement d it , eft pat-tage en lepe Bailliages. Sa capitale eft la ville de Popayan > firuee fur le Rio del malino j qui la partage en deux parties , reunies par dcux ports. C'eft la plus con-fidćrable de tout le Popayan. Le Gou-verneur y fait fa refidence j &c il y a une Cbambre des Finances , & un Eveche , fonde en 1547. La cathćdrale eft la feule paroiftede la ville j mais il y a plufieurs mailbns relicrieufes. Les habitans de cet- o te ville, au nombre de vingt a vingt-cinq mille , font un mćlange de fang Efpa-gnol &z de fang Negre , parce que le nombre des Nćgres y excćde de beaucoup čelni des Efpagnols & des Indiens } mais il y a beaucoup de ces derniers dans les viliages des environs , ou font des mines d'or fort abondantes. Le commerce eft confiderablea Popayan. II y regne un prin-tems psrpćruel j mais le pays eft fujet anx ornges & aux tremblemens de terre. Le Perou. C H A P I T R E II. L £ P £ R O K C a xk t e s. Le P ero u & la Riviere de s Amazone s ont eti donnes en une feuille par M> ŠANSON. M. DELIŠ LE lesa donnes dans fa Carte de la Terre-Ferme. On a une Carte plus detaillee & plus nouvelle du Perou , puhlice par M. BUACHE en 173 9. 2 jcuilles in-4. Le Pćrou eft le plus riche pays de PUni-vers en mćraux , & la plus confidćrable rcgion de l'Amćrique Mćridionale , qui er* prend quelquefois le nom de Peruvia-ne. Sa ficuation , en y comprenant le Lucuman , eft entre les 293 & 317 dć-£tćs de longitude , &£ entre 1 cquateur & 15 dćgre de laricude mćridionale. Sa longueur eft ainfi du fud-eft au nordoueft, & conrient 600 lieues au lieu que fa plus grande largcur n'en a que 280 d'o-Uent en occidcnt. Ses borne, fonrau fep-tentrion la Terre Ferme ; a Forient le Pays des Amazones & le Paraguai: au q iv a 68 Methodc de Gcographie. fmdilaTerre Magellan,",« & 1= ChiK ■ & au couehant la Mer du Sud ou Paci-fique. L'air en general y eft chaud & mal-fain , excepce dans les montagncs , cm il eft exrremement troid , a caujfe des nei-ges , dont elles font toujcmrs couvertes , & oii il pleur fort fouvenr. Le rerroir y eft fort fec & fabloneuz dans les plaines; mais les vallćes font arrofees de plufieurs petites rivieres , qui les rendcnt alfez fer-tiles , principalement en fruits & en be-rail. Il y a auiC beaucoup de gibier čk de volatiles , de metne que des perroquets , £c quelques lion.s. Les brebis y font ex-tremement grandes , &c fervenc alTcz fouvent de betes de fomme. Leur chair eft fort dćlirate & leut laine tres-fine* Les vallćes produifent aufti afTez de fro-ment , tk quancite de mais, des canes de fucre , du coton , une plante appellee coca , dont la feuille mife dans la bouche nourit 3c garantit pour quelques momens de la foif& de la faim. On dit meme que la vigne y produit d'excellent raifin , quand elle eft plantće fur les coteaux des vallćes chaudes \ mais le climat n'y vaut rien pour les chevaux. Ceux qu'on y aniene d'Europe deperiftenr a vue d'ceil , & meme meurent au bout de deux ans , fans qifon en ait pu decouvrir la caufe. [ Le Perou eft fort fujec aux tremblemens LePerou. 560 de terre , qui y ont fait de tres-grands defordres. 11 n'eft pas peuplć a propor-tion de fon ćtendue ; mais il eft e-xtrč-mement tiche par fes mineš dbr tk d'ar-gent, qui y font en tres grand nombre & fort abondantes. On dit meme que Wfque Francois Pizarre , le conqućranc de ee pays , y arriva en 1515, les pots de cuifine etoient dbr, & les maiibns couvertes de ce metal. Enfin Ter & 1'ar-gent y ctoient fi communs du temps des Incas ou Rois dn Pćrou , qu\Atabalipa. ayant ćtć dćfait & pris par Pizarre a Ca-xamalca , offrit pour fa ran $011 autant dbr qu'il en pouvoit tenir dans une falle longue de 2 z pieds , large de 17 Se hau-te a proportion jufqua la moitie de fa bauteur : ce qui nćanmoins n'empecha pas que le eruel Pizarre ne le fit mou-tir , contre la parole qu'il lui avoit don-nee. Les Incas avoient aufti en or tous les animaux 8c toutes les plantes qu'on peut s'imaginer ; tk lorfqn'ils faifoienc čonftruire des temples , ils y mcttoient un tres grand nombre de ftatues d'or pur , avec une infinite de pierreries. Ces beaux cdifices furent pillćs & demolis par les Efpagnols, qui en retirerent des fommes immenfes. La mine de Potofi leur a arifli ptoduic des rrćfors incroyables, jufquc-Ia qu'on af-fcre cjue le Roi d'Efpagne en a rirć , en Q v j7a Mechode de Geographte, moins de cinquante ans , pour fa cin> quieme partie , plus de eent-onze mil-lions de pefans , de trelze reales tk un cjiiart le pefanr. La montagne _> ou fe trouve cette riche mine , eft fituee dans le milieu d une plaine , que quelques^ uns nomment Impćriale du nom que lbn donne quelquefois a la Ville de PotoJi> qui eft au pied de cetre hauteur. La figure de cette montažne reftemble a celle d'un pain de fucre \ fa hauteur eft d'un grand quart de lieue , &c fon tour d'une demie. Ceft dans cette montagne , qu'en 1545 , 1'Efpagnol VillaroueT , par le moyen d'un Indien nom me Gualpa , decouvrit plufieurs mineš d'argent, en-tre lefquelles il y en a eu quatre de fort confidćrables 5 une que l'on a nommee la Mine Riche j la Mine de Dicgo Cenre-no , la veine d'Etain & la veine Mediota qui font toutes du c6te de forient, Čc tendent du haut en bas. Le terroir des environs de la montagne ou font ces Mineš , eft fterile dans 1'etendue de trois ou quatre lieues , & il n'y vient qu'une efpece dherbe que les naturels nommenr kho } mais ony a bati des moulinsa venr, qui fervent a rafiner le metal de ces mineš , ou travaillent ordinairement 20000 Nćgres. La montagne de Potofi a ćtć li creufee , qu'elle eft prefqu'a jour de toutes parts, &c de rnoindre rapport quelle Le Pefoit. t $71 ft'etoit autrefois} puifque d'un qiiintal de t£tre ou pierre metallique , lequel pefe 1 600 onces d'Efpagne , on n'en tire prc-fentement qu'une once Sc demie d'argent Plu-, au lieu qu'autrefois on en tiroit plus d'une fois autant. Les habitans du Perou font d'une aflez Petite taille , principalement proche de la %ne j & ont le teint un peu bazane. lis paroiflent atfez fimples j mais ils ne man-quent pas d'efprit , Sc fnrtout les Mon-tagnards , qui font fort diffimulćs , trai-tres , inconftans Sc fort parelTeux. Les lemmes y font belles j un peu plus blan-ches de vifage que les hommes, les plus fidelles de toutes les Ameticaines, Sc fort laborieufes , meme dans les ouvrages les plus rudes. Les peuples de ce pays qui font fous la domination des Efpagnols , ptofelTent le Chriltianifme , a l'exemple de leurs maures j mais les autres font encore Idolatres. 11 n'y a aucune riviere confidćrable dans le Perou 3 mais on y trouve quan-tite de montagnes , dont les principales font celles des Andes , CordUleras on SUrras Nevadas, qui le traverfent tout entier Sc palTent pour les plus bautes de 1'Univers. Le Royaume du Pćrou ćtoit autrefoi* gouveme par des Rois appelles Incas , 5 7* Methode de Ge'ograpkie. cjui y regnerent lićrćditairement pTus de 300 ans avant la venue des Efpagnols > cV qui faifoient leur demeure a Cufeo. Le dernier de ces Incas fut Atabalipa 011 Atahualpa , qui fin perir fon frere aine Huafcar , dans le temps que les Efpagnols etoient dćja entres dans fon Royanme 6c prcts a fondre fur lui. Ce Prince inhumain fut bientot puni de cette cruautć par les Efpagnols , qui lui otcrent le fceptrc & la vie en 1533 , quoique , comme nous avons dir ci-deflus, il eut promis des fom-mes immenfes pour fa libertć. Sa rancort tarda un peu trop pour lui a venir ; car il fut exćcurć avant qtfelle fut arrivće.. Pizarre la partagea enfuite avec fes gens j 8c eut outre fa part la table dbr mafllf d'Atabalipa , efrimće 50000 ducats. Ce General Efpagnol , vrai monftrc de cruaute , de perfjdie & d'avarice , ne jouit pas long-temps de fon butin. II entta en guerre avec Diego Almagro , homme d'une nailfance aulli obfcure que lui; mais qui avoit beaucoup contribue a la conqucte du Pćrou. Ferdinand „ frere de Pizarre , tua Almagro , tk un iils d'Almagro rua quelque temps. aprćs Francois Pizarre dans la vitle de Lima. Ceft ainfi que mourur ce Conquerant d u Pćrou j qui dćcouvrit cette Province en 1515 , & dont il fe rendit entićrement Le Perou. 575' maure en 1551 , por la vićtoire quil gagna fur Atabalipa , qu'il fit prifon-nier en le tirant de force de fa liriere par fa longue chevelure. Aprćs la mort de Ftaneois Pizatre , Gonzalcs fon troifićme tere , qui avoit defait Blafco Nunes Vela , que le Roi d'Efpagne avoit en-voye dans le Pćrou , avec la qualitć de Vice-Roi , fut battu , & pris par Pćdro de la Gafca , qui avoit fuccćdć a Blafco Nunćs j on l'exćcuta comme un crimi-nel de leze-majefte. C'eft ainfi que les Pizarres perdirenr avec la vie le Gouver-nement de tous les pays qu'ils avoient acquis , ck enfuite ufurpćs au Roi d'Efpagne • ćk Pćdro de la Gafca y demeura Vice-Roi. Depuis ce temps les Efpagnols one ćte fculs paifibles poftelTeurs de ce riche pays , &c y ont un Vice-Roi , qui fait fa rćlidcnce a Lima ou Los Reyes , ^ui en eft la capi tale. lis y one aufti &abli deux Archevcchćs \ favoir ceux de Lima če de la Plara , qui ont chacun plufieurs Eveques fufTragans. Sous le premier font les Eveqt.es de Cufeo , de Quico j &Arequipa > de Truxitlo , de Cuamanga de Panama dans la Terre-ferme , de S. Iago če de la Conctption dans le Chili. Les fuftragans de 1'Arche-vcepe de la Plata font les Evćques de 3 74 Methode de Geographie. la Pa^ ou Chuquiaca 3 de S. Michel d'Ej* tero dans le Tucuman , de S. Crux de la Slerra la Nueva ou de Barranca j de la Trinkad de Budnos-Ayres j de l'Af* fomption de Paraguai. Divijlon, Le Pćrou , cei que nous venons de Ie dćcrire , renferme trois Audiences ou Gouvernemens parriculiers. Ce font cei-les de Quko , de Lima , &c de Los-Char-cas. La premiere eft de la Vice-Royau-te de la Nouvelle Grenade. Les deus aucres font de celle de Lima. A R T 1 C L E I. UAJJDIENCE DE QUITO. (jEtte Audience s'etend depuis le 4C degre de latitude feptentrionalc , juf-qu'au 6C de latitude mćridionale ; ce qui fait 150 lieues communes de France, Se depuis le 297 de longitude juf-ques vers le 309 , c'eft-a-dire 300 lieues. Mais de tout ce grand pays , la feule partie qn'on puiiTe dire bien peuplće , eft celle qui eft comprife entre les deus; LePerou. 379 cbaines dc la Cordillere, 8c qui n'a que quinze a vingc lieues d'etendue d'orienc cn occident. Tour le refte du pays neft compofć que de vaftes rćgions arrofćes P>u la riviere des Amazones, & babi-Wes par diverfes nations d'Indiens & de Sauvages alfez pen connues des Ef-pagnols eux-tnemes. On partage PAudience de Quito , pri-fe dans toute fon ćtendue , en fix Pro-Vinces. Ce fonr celles de Quito , de Po-payan , &Atacames , de Quixos , de Maynas Sc de Jaen de Bracamoros. Nous ne parlerons point ici du Popayan , que nous avons dćcrit dans l'Article II du Chapitre prćcćdent, ni de la Province de Maynas, qui fait partie du Pays de la riviere des Ama\ones , dont nous ferons le chapitre VI. ^ I. Province de Quito* Cetre Province , 6c quelques autrcs du voiiinage , formoient un Royaume Particulier , lorfque Tapac-Yapanqui , 01">zieme Inca du Pćrou , en fic la con-^Uete vers la fin du 1 je liecle , ou au J°rnmencemcnt du fuivant , & Punit a *ori domaine. Sćbaftien de Belalcazar ^ conquir en 1533,, pour le Roi d'Ef-Pagne, fur le douzieme Inca , iuccef-feur de Tapac. $7^ Methode de Giographle. Les deux chaines de la Cordillcre qui l'environnent , y rendent l'air plus ou moins froid , & le terroir plus ou moins ferrile , a proportion que les moii-tagnes font plus ou moins ćlevćes. 11 y en a quelques - unes ou le froid caufć par la neige continuelle qui les couvre, eft fi aigu , qu'elles font inhabitables , & qu'on n'y voit ni plantes ni animaux. 11 n'y a cependanc pas de Province dans rAmerique , plus ferrile que cel le de Quito. Ceft la plus abondante en trou-peaux , & en oifeaux de toute efpece. Ceft la mieux pourvue de fabriques j Sc i\ ce n'eft pas la plus riche du Peron en mineš d'or & d'argent , elle eft nćan-moins aulu avanragee qu*aucune autre fur cet article : mais ces mineš font nćgligćes , par la parefte des proprić-caires. Les Indiens qui l'habitent, font d une aflez belle taille , &z induftrieux. Ils vont les bras 5z les jambes nuds , cV lailfent croitre leurs chcveux 5 qu'ils nouent par trefTes. On parrage la Province en neuf Cor> regimens , ou petites Provinces particu-lieres, qui prennent le nom de leur principal lieu. Ce font , du notd au fud , ceux de Saint- Michel d'Iharra ; d'Ocabalo ; de Quito ; de Latacunga ; de Rio-Bamba ; de Chimbo ; de Cuya-qud ; de Cuenca ; & de Loja ou Lu:ea. Le Pirou. 377 La vlile de Quko ou Satne-Franculs de Quito j coni me 1'appellent les Ef-Pagnols , eft fituee a environ quarante heiies de la Mer du Sud , fur le pen-chant de la montažne de Pkhinca , dans Un terrein fec , fab!oneux , inegal cC plein de crevalfes : ce qui fait que les *ues font irregulieres. Les Efpagnols la fonderenr , ou , pour mieux dire , la tebatirent en 1554. Elle eft foit gran-de , riche y fore peuplće ik aftez com-mercante. La phipartdes Eglifes font tort belles. L'Evcche fr.it ćnge en 1545 , fous la Metropole de Lima , tk ion Diocefe comprend route 1'Audience de Quito , exceptć le Popavan. L'Evequfi a le privilege d'adminiftrer la Vice-royaute de Lima , lorfqu'ellc eft va-cante. Le Chapitre eft fort riche. 11 eft compofe de cinq dignites , de fix autres chanoines čk de cinq prbendes ou demi prćbendes. A vec la CatheMrale , il y a fept Paroifles a Quit6, & plufieuts maiforis re-ugieufes de Pun 3c de Tantre fexe riches, oien baries, & meme fort ornees. L'Au-dience Roy;:Ie de Quito fut erablie en Elle eft compofće d'un Prćfident, Gouverneur de la Province , de quatre Auditc-urs , d'un Fifcal tk autres Ofliciers. On peut appellei de fes jngemens au Confeii fupreme des Indes a Madrid. 3 7 S Methode de Geographie. L'Univerfitć fut fondee en 1586 , par Philippe 11. U y a a Quito trois Col-leges , un Seminaire &c un Hopital. C'eft a Quito & dans les environs que les Academiciens Francois envoyćs par la Cour de France, en 1753 , fi-renc ieurs općrations pour mefurer un degrć du mćridien auprćs de PEquateur. Ils ćroient accompagnćs de deux Ofti-eiers de marine Efpagnols , habiles ma-thćmaticiens , envoyćs par la Cour d'Ef-pagne. La Ville de Quiro a beaucoup fouiFerr en 1755 , d'un tremblemenr de terre. Rio-Bamba , capitale du Corrćgiment de fon nom , ćtoit une bourgade d'ln-diens , lorfque Sćbaftien de Belalcazar y entra en 1533. La ville fut fondće Farmee fuivante. Elle a dixdiuic a vingt mille habitans , deux paroilfes, &c cinq maifons religieufes. La Ville de Guyaqu'd, fituće fur une riviere de meme nom , a dix lieues de fon embouchure dans la Mer du Sud , fut fondee par les Efpagnols en 1533» Ses maifons font baties fur pilotis &C ćlevees au-de(Fus du rez-de-chatuTće , a caufe des inondations auxquelles elle eft tajite dans la faifon des pluies qui durent quatre mois. Elle eft grande , marchande & bien peuplće , dc dćfendue par trois forts. On y compte vingt mille habi- Le Perou. 379 tan-s. Us font bien faits , & d'iine phi-"Ofiomie agrćable. La ville eft partagee en vicille tk nouvelle ville. Cette der-niere , batie en 1693 > communique avec lautre par un pont de 300 toifes de jpng. Les environs de Guyaquil fonc fettiles en cacao , tk cette ville en four-Jut tout le pays , ce qui la rend fort Ppulente. Les Flibufticrs Frantjois de S. Pomingue la prirent tk la pillerent en 1 f>88 tk en 1709. Le Corrćgiment de Guyaquil a environ 75 lieues d'etendue du m idi au nord , & 55 du levant au couchant. Ce font des plaines qui font fubmergees pendant fhiver , comme les environs de la capitale. 11 eft par-tage en fept Lieutenances ou Bailliages-: Ce font, San-Gregorio de Pdno-Vejo ; Punta de Santa Elena, qui a un port Cu- on fait beaucoup de fel : on trouve ftn' fa cote beaucoup de ces infećtes qui ^tvent a teindre en pourpre \ La Puna \ ^aguache \ Babahoyo , ou on recueille beaucoup <{e cacao j Baba tk Daula. Cuenca , ville capitale du Corrćgiment ^e fon nom, au rad de celui de Rio-J?amba, fut fondće en 1558. Elle eft bttiće dans une grande plaine , fur la *jyiere de Matadero , tk au voifinage "e trois autres rivieres. On y compte Vtrigt-cinq a trenre mille habitans. Di-Verfes rigoles tirees des rivieres arrofenc 380 Methode de Geographie. les rues de la ville j tk ce feroit un lictf de dćlices par la douceur du climar tk la fertilite du terroir , fi la fainćantile tk 1'indolence des habitans ne rendoient ces avantages inutiles. Les femmes s'y occupent de quelques manufaćtures , tk y fonr le commerce , Faridis que les hommes vivenc dans l'oifivetć. 11 y a trois paroilTes a Cuenc^i , done la prin* cipde eft pour les Efpagnols tk les Metih , tk les deux autres pour les Indiens 'y un Collcge, lix maifons Reiigieufes, tki un Trefor ouChambredes Finances. Ou y volt des reftes d'un Palais tk d'une? forrerefte des Incas. Loja ou Loxa eft la capitale du neti-vićme Corrćgiment de la Province de Quito , qui eft le plus mćridional. Elle fut fondee en 15 46. C'eft dans fon territoire que croit le quinquina. On y recueille aufli de la coehenille j tk on y nourit beaucoup de bceufs tk de mules. Zaruma qui dćpendde ce Corrćgiment, eroit autrefois une ville confidćrable , a caufe des mineš d'or voifines , qui font aujourd'hui fortnegligćes. 11. Province d" Atacamcs. La Province cVAtacames , fituće A 1'oueft de la Cordillere , le long de la c6re du fud, s'etend depuis 1'lfte de Le Pćrou. 3 S 2 Tumaco , jufqu'a la Baye des Caraqu.es.. On n'a commence a defricher ce pays ^Ue depuis 1'annee 1621 } tk la com-lnunication en droiture par ce meme Pays , enrre Quito, la riviere des Eme-raudes tk la Terre-Ferme, n'a ete ou-yerte tk afturće que depuis 1'annee 1741. 5ix ans aprćs Acacames a ete enfin eri-ge en Gouvernement. Le pays eft fer-tAle pour les denrćes qui lui font pro-pres , entr'autres le cacao. On y a eta-bli vingt villages , qui compofent onze paroiftes. Cinq de ces villages , fitućs fur la cote , font occupes par des Efpagnols j des Metifs tk des Negres. Les autres , habites principalement par des Indiens , font dans 1'interieur des terres. III. Province de Quixos. Elle s'etend vers le cote oriental de k Cordillere. On la parrage en deinc ^ailHages : celui de Quixos au nord , & celui de Maca v, au midi. Le pays de Canelos eft entre deux. Le Bailliage de Quixos eft borne au nord par le Popayan , tk au levant par la riviere d'Aguarico. Le bourg de Bae-? &c forme la premiere Audience de 'a Viceroyaute de Lima ou du Pćrou. £lle eft parcagće en cinq Diocefes , qui *°tmenr|autant deProvinces , foudivifees ei1 un plus ou moins grand nombre de ^orregimens ou diftrićcs particuliers. Ces •^locefes font, Lima , Truxillo j Gua-m Cagnctc , P'Jeo 3 Guaraehiri j OjianuiO j Yauyos , Caxa-Tambo 3 Jaf' ma j Xauxa ou Jauxa j Conehueos > Guaylas 3 8c Guamalies. Lima 3 ville capitale de 1'Audience de fon nora , & la plus conliderable de rAmćriqu Sc Paurre de 50 hallebardiers a pied , tous Efpagnols. Le Viceroi n'eft que triennal j mais il peut etre continue plus long-temps. II eft ab-lolu dans toute forte d'aftaires , Sc dif-pofe de rout a fon grć. Il eft le chef de tous les rribunaux , Sc prelide en particu-*ie» a l'Audience Royale ou Parlement. L'Audience royale eft compofće de huit Auditeurs Sc d'un Fifcal civil. Il y a de plus une chambre pour le criminel , compofće de quatre Alcades Sc d'un Fif-cal criminel. 11 y a aulli un Fifcal pro-lecFeur des Indiens , Sc quelques autres °uiciers furnumćraires. La Chambre des-comptes eft compofće d'un Regent 011 ll'ćiident , de cinq Maitres des comptes ^ de quatte autres ofticiers. Lima a plu ■ !eurs autres tribunaux de juftice. Un des principaux eft tcelui de Flnquifition a Rij *88 Me'thode de Geographie. dont la jurifdićtion s'ecend dans rotite FAmerique meridionale efpagnole. Le corps de ville eft compofe de plufieurs Rć-gidors ou Echevins , de deux Alcades , Sc de quelques aurres OfHciers , tires de la principale noblefte de Lima. L'Evechede Lima, etabli en 1541 , fut erige en 15 47 , en Archevcchć. L'Arche-veque a trente mille ducate de revenu. Le Chapitre eft compofe de cinq dignitet, qui ont chacune fept mille piafttes de revenu j de neuf Chanoines , qui en ont chacun cinq mille ; de fix Prebendiers, qui en ont chacun trois mille ; de fix de-mi-Prebendiers Sc de trente Chapelains, qui en ont chacun fix cens , fans la mu-lique Se les enfans de chccur. Les vingt-quatre Bourfiers ou Collćgiaux du Colle-ge de S. Toribio , font obliges d'ailleurs de fervir dans cette Eglife, qui eft pa-roifliale ; Sc les facremens y fonr admi-niftres par quatre Cures & deux Vicaires. L'Univerfite doit fa fondation a PEm-pereur Charle-Quinr , qui l'ćtablit en 1545 , fous le ticre de S. Mare. Elle a fept Collćges dans fa dependance. On y compte 180 Đoćtcurs dans les quatre Fa' cultćs, fous Fautorite d'unRećteur, qu'on ćlit tous les ans, & environ deux milic ćcoliers. Mais on afliire , qu'exceptć les chicanes & les fubtilitis de la Dialecti- Le Perou. que , les fciences y font tres-peu culri-Vees. La vallće de Lima , cjui eft .interval-le entre cette ville Sc le Callao , eft rem-plie de fnailbns de campagne Sc de fort Oeaux jardins , 011 on recueille beaucoup de fruics. On voit dans Ć vallce les ruines d'une ancienne ville batie par les *ncas , Sc celles d'un de leurs palais. La plus belle promenade des environs , eft Almeda , compofće de cinq allćes d'oran-gers , longues de 200 toifes. Guanuco a 50 iieues au nordeft de Lima j eft la capitale d'un Corrćgiment de fon nom , dont le climat eft doux Sc tempćrć. Les campagnes y font ferriles en grains Sc cn fruits. Cette ville ćtoit trćs-confidćrable , du temps des Incas cjui y avoient un magnifique Palais. On V voyoit un temple du foleil , avec les Veltales. 11. Diocefe de Truxillo. Ce Diocefe oceupe la partie feptentrio-^ale de l'Audience de Lima , Sc com-ptend le gouvernement de Jaen de Bra-camoros , qui dćpend de l'Audience de Quito. II eft partagć en fept Corrćgi-n^ens. Ce font ceux de Truxiilo , Sagna^ Piura j Caxamarca , Chachapoyal, Llul- 6- ChUlaos j Sc Patas ou Caxamctr-filla. R lij 390 Mćthode de Geographie. Truxillo , capitale de fon Corregiment & de tout le Diocefe , eft fituće d demi-lieue de la cote , dans la vallće de Chimo, qui eft fort vafte s &: ou 1'ou voit les rui-nes de plufieurs palais des Incas. Une petke riviere qui y pafte , fe divife en plufieurs canaux pour arrofer les jardins des habitans. Cette ville eft grande , & une des plus confidćrables du Perou , riche , marchande , bien peuplee , en bon air , &c dans un tetroir fertile j mais les mai-fons y font baftes , a caufe des tremble-mens de terre frequens dans tout le Perou. Prancois Pizarre la fonda en 1535. On i'ćrigea en Eveche en 1611 , fous la metropole de Lima. Les Efpagnols ont aux environs plufieurs maifons de campagne , ou la vigne vient fort bien. On y recueille toute forte de fruirs : il v a furtout beaucoup de cannes de fucre. Guanchaco 3 a deux lieucs vers le nord , fur la cote , eft le port de Truxiilo. Le Corregiment de Piura eft fort eten-du , & comprend toute la partie fepten-trionale du Diocefe de Truxillo , le long de la Mer du Sud. Piura 3 qui lui donne fon nom , fut la premiere peuplade des Efpagnols au Perou. Pizarre , qui la fonda en 1531, lui donna d'abord le notn de S. Michel de Piura, Tumhe\ > bourg qui donne fon mom a une Lientenance de ce Corrćgiment ^ eft le premier lieu da Le Perou* %y\ Perou ou les Efpagnols aborderent en i$i(>. Pajta j autre ville maritime de ce Corregiment, a un bon port, ou de-barquent les Vicerois du Perou , Iorf-cpfils vont prendre pofteftion de leur vi-ceroyaiftć. Elle eft 1'entrepot entre 1'Ame-tique feptentrionale &: la mćridionale. L'Amiral Anfon la pilla čV la faccagea en 1741. III. Diocefe de Guamanga. II s'ćtend au fud-eft de celui de Lima. On y trouve beaucoup de mineš d'or , d'argent , de vif-argenr , de cuivre , de fer , de foufre Sc d'aimanr. On le parta-geen neufCorrćgitnensou Gouverncmens particuliers. Ce font ceux de Guamanga > GuantUj Vikaš-Guaman j Andaguaylar, Guanca-Bclica Angaraes > Ca/ho - Vir-t*yna , PariuaCocha Sc .Lucanas. Guamanga 9 la capitale , eft fituće dans les terres , envirou a 60 lieues au fud-eft de Cuzco , a 40 de la cote de la Mer du Sud , Sc a iS de la Cordillicre , au picd d'une baute montagne. Francois Pizarre la fonda en 1559, dans un licu ou il y avoit un village Indien de meme nom , pour faciliter le commerce entre Lima Sc Cuzco , Sc lui donna le nom de S. Jean de la vicloire. Les maifons y font batiss de pierres, Sc couvertes de tuiles. Lllcs font liautes Sc vaftes, accompagn^es dq R iv i 91 Mćthode de Oeographle. grands jardins , difficiles a enrretenir ,H d caufe de la difecte d'eaa. La ville eft en-vironnee de grands fauxbourgs , habites par des Indiens j ce qui lui donne beaucoup d'ćtendue. La principale Eglife , trigće en Evcchć en 16%I j eft bien or-nee. Son chapitre conilfte en qmtre Digni-tćs , deux Chanoines 6V deux Prebendćs. 11 y a a Guamanga une Univerfitć de fon-darion royale , avec des profeftcurs en thćologie , en droit & en philofophie. G uanca-Belica eft une petite ville de cent families } qui donne fon nom a un Corregiment ou on tronve des mineš abondantes de vif-argent. Ce font les feu-les qu'on emploie dans les mineš d'argent du Perou ; & les Rois d Efpagne fe les fonr appropriees. Le Corregiment de Caf.ro-Virreyna a plus de 30 lienes d erendue au couchant de Guamanga. Une partie de fon terroir eftfertile. L'aurre eft couvcrtede bruyeres ou Ton trouve ces mourons fanvages , que les Efpagnols appellent Vicugnas , & qui fburniftent la laine que nous appellons .Vigognc. I V. Diocefe de Cu^co. 11 eft borne au nord par celui de Lima, au couchant par celui de Guamanga , 8c au midi par celui d'Arequipa. On le par-tage en cjuatorze Corregimens ou Gou- Le Perou, J 9 J Vernemens particuliers j qui font ceux de Cu^co , Quifpkanchi 3 Avancai Pau-eartambo , Cakaylares , Chikjues & Maf-ques j Cotabamba Canches OU 7Vflfr{ , Aytnaraes > Chumbi- Vikaš j Lampa ^ Caravaya 3 Anfangaro & Ajdo j & lo-Bamba. Cuzco 3 capitale , eft la plut ancienne ville du Perou : elle a ete fondće par le premier des Incas , qui y etablit fa cour. Francois Pizarre entra dans cette ville au mois d'Oćlobre 1554, en prit pofteftiou au nom de PEmpereur Charle Quint, & en foutint le ftege contre flnca Manco. Du tempi des Incas, on y admiroic fa fomptuonte' de fon temple dćdie au fo-leil, le plus riche Sc le plus celćbre du Perou, Le Couvent des Dominicains eft Dati de fes ruines. On admiroit aufli a Cuzco la magnificence du palais impe-tial , Sc la forterefte que les Incas y avoient fait conftruire pour leur furetć. Cette forterefle , qui eft aujourd'hui rui-Uee , ćroit batic de pierres de taille d'une grandeur enorme , Sc d'une tres bonne maconnerie. 11 y a a Cuzco un Eveche , qui eft fous la Metropole de Lima,, Sc une Univerfite } qiii confifte en trois Col-leges. Un des trois eft deftine pour Pinf-trudion des fds de Caciques Sc de h noblefle Indfenne. Dans le terriroire de Quijpicanchi en R v 394 Methode de. Geograpkle. recueille beaucoup de coca, herbe tres-eftimće au Pćrou. Lampa eft la principale des Provin-ces comprifes fous le nom de Collao. Le climat eft froid. II y a de bonnes mineš d'argenc. V. Diocefe d" Arequipa. 11 eft borne au nord par les DIo-ccfcs de Guamangua &c de Cuzco \ an levanc &: au midi par celui de la Plata -y dc au couehant par la c6te de la Mer dri Sud. On le partage en nx Corrćgimens. Ce font ceux d'Arequlpa 3 de Camana , de Condefuyos-d"'Arequlpa , de Cayl!oma j de Moquega j &: d'^/ricđ. Arćquipa la eapirale , eft: fituće dans la vallće de Quilca , a vingt lieues de la cote , dans un tcrrein um \ mais au-pres d\m volcan , qui a excice pluiieurs fo is, entr'autres en 1725 , des tremble-mens de terre. Cette viile fut feparće en 1609 du Diocefe de Cuzco, 6c ćri-gće en Evechc. C'eft une des plus gran-des villes du Perou Elle eft fort peii« piće , Sc commercante , par le moven du port frere de Francois , en co m menca la conquete en 153S. 11 eft partage en deux Diocćfes , qui font ceux de la Plata tk de ta Pa%. 1. Diocefe'de la Plata. On le divife en quatorze Corrćgi-Jnens. Ce font ceux de la Plata , To-mina j Porco Tarija ou Chlcas Li-pes , Amparaes j Oruro nomme auffi San-Phillppe de Aujlria , Pllaya & Pafpaya j Cochabatnba j Chayantas, Parla 3 Caran-gas j Clcaclca & Atacama. La ville de la Plata doit £1 fonda-tion cV fon nom a Pizarre , qui etant venu au feeours de Gonzales fon frere , contre les Charcas, la fonda en 15 3 9 j dans un bourg qui ćtoit le chef-lieu de ces P-uples, ce qu'ils nommoient Chuquifaca. Les Efpagnols l'appellerent Cludad de la Plata , la Vdle d'argent, a caufe des fciincs d'argent qu'ils trouverent aux en- 3 9 3 Mćthode de Geographie. virons ; mais clle eft atijourd'hiii bcail* coup plus coniuie fous le nom de Cku* quif,ica 3 que fous celui de la Plata. Cette ville fut ćrigće en Eveche en 15 51 , Sc en Archeveche en 160S.11 y a une Uni-verfite , & deux Colieges , (ix maifons Religieufcs , Se un Hopital des Freres de la Charite , entrctenu par le Roi. L'Audience royale , ćtablie dans cette Ville en 1559, eft le premier tribunah Le Gouvemeur ou Canitaine general de la Province en eft Prčfident. EUe eft com-pofee de cinq Auditer.rs en charge , &t dziv.i furnumćraires , d'un Filcal oc d'un fecond Fifcal pour les Indiens. Le Corregiment de la Plata s'etend fort Ioin vers le coucbant, &c comprend la fameufe ville de Potofi j Gcuee au pied d'une monragne celebre par ies ri-ches mineš d'argent , decouvertes en 1545. Cette rhontagne a la figure d'un cone , 8c eft tres-efcarpće. Elle a un quart de lieue de hauteur*, 8c fa circon-fi'rence eft d'une lieue. II y a une moin-dre montagne au pied de la grande ; 8c c'eft au penchant de la premiere , vers le fud , que commence la ville de Potofi. Elle a deux lieues de circuit. On y compte dix mille Eipugnols qui y vivent dans le luxe , la moileife & l'o-pulence; čk un grand nombre d'Indiens čc d etrangcrs j que le travail des mineš Le Perou. 399 y attire. Les trefors des Eglifes 8c les fichelfes des particuliers en or & en ar-genterie , font immenfes. L'air du pays eft fioid tk fec , ćk le terrein de la montagne , de la vlile & des cnvirons, eft ćgalement fterile , a trois ou quatre Jieues a la ronde. 11 n'y croit ni grains , ni fruitjs, ni herbes, excepte une efpece de ione , que les habitans appelleut ichu j, en(oL-te que Pargenc eft Funique den-©ee du pays ; neanrnoins les vivres y abondent , parče qu'on s'emprefte a y en portcr de toutes les Provinccs j &c Po cofi eft la ville la plus commcrcante du Perou apres Lirna* Une multitude 4'ouvrters eft employee aux mineš , Sc le Roi d'Efpagne obiige les paroiiTes* citconvoifines d'envoyer tous les ans un certain nombre d'Indiens pour le travail. Mais les mineš ne font plus aiijourd'hui 6 abondantcs , qu'elles le furent d'abord. Dans le Corrćgimcnt de Cicaca on fecueille beaucoup de Pherbe nommće coca. Au levant de celui & A tacama t font les Chkas, Indiens fort doux , qui foimiilienr aux Efpagnols de rres-bons °u v rit rs pour les mineš de Potofi. 2. Dioccfe de la Pa%. Les Incas avoient fait la conauete dc ce pays , qui etoit connu fous le nom de Chuquiyapo ou Chuaulapo , lorfque 4©o Ma hode de Gčographie. Ls Efpagnols s'en rendirent maitres. il eft partage en fix Corrćgimens. Ce font ceux de la Pa% Omajuyos j Paeajes 3 Larlcaxas , Chiemito j & Paucar-Colta. La Pa-{ , capitale , eft une ville me-diocrement gtande , lituee entre la Plata ck Arequipa, a quatre-vingt-cinq lieues au nord oueft de la premiete , tk a au-tant au fud eft de la feconde. Elle fut diftraite en 1608 , du Diocefe de la Plata , & ćrigće en Evechć. La montagne &llliinam , a quatorze lieues au levanc de la Paz, renferme de riches mineš , qu on ne fauroit exploiter, a caufe de fa hauteur. Le Corrćgiment de Pacajes s'etend au fud-oueft de la Paz. II a beaucoup de mineš d'argent tk des mineš de tale blanc &r tranfparent , qu'on emploie aux fenettes des maifons tk des Eglifes aulieu de verte , a peti prćs, comme dans le Mexique on emploie la pietre de tecali. On y tr>uve aufti des carrieres de mar-bre de toutes les couleurs, tk une mine d'ćmetaudes. Celui de Laricaxas , fttue au nord de la Paz , abonde en mineš d'or excellenr. On y voic entr'autres la fameufe montagne de Sunculi , d'ou on a rire des richcftes i m men fes. Mais la mine eft au-jourd'bui remplie d'eau : on a tente inu-tilemenr de la faigner. Le Perou'. 401 Le Corrćgiment de Chiguito , dont les mines d'argent, autrefois fore abon-dantes , font aujourd'hui epuifees , fait partie des Provinces qu'on appelle de Collao. Au levanc il touche au fameux lac de Titi-caca ou de Chhpdto > qui a cent lieues de circuit , tk foixante-dix a cjuatte-vingtbraiTes deprofondenr. Grand nombre de rivieres, dont plufieurs font confidćrables, s'y dćehargent. L'eau de ce lac n'eftni falće ni amere \ rnais cres-ćpaif-fe čk fort degoutame. il renferme plufieurs 1 fleš j une entr'autres forrgriude, qui s'elevoit en forme de colline, ćk qu'un des Incas fit applanir 5 pour y batir un temple confacrć au foleil. Cette colline , cjui s'appelloit 'Titi-caca y c'eft-a-dire Montagnc de plomb 3 a donne fon nom au lac. Le temple ćtoit un des plus cćle-bres tk des plus magniliques du Pćrou j ck fes murailles ćtoient inerudees de la-mes d'or čk d'argent. On y confervoit d'ailleurs des richeffes immenfes, offer-tes par rous les peuples de l'Empire. On croit que les Indiens jetterenr'toutes ces richefles dans le lac , a l'approche des Efpagnols , comme ils firent a Cuzco , ou ils jettetent de grands trćfors dans un lac voifin de cette ville. Le lac de Titi-caca fe rćtrćcit vers le fud-elt. II en fort un canal nomme Defaguadero , qui j apres un cours de 60 lieues du nord-oueft au 401 Methode de Geographie. fud-eft, forme le lac de Paria , qtii fe perd , a ce qu on croit, dans les terres, par des conduits foucerreins. 11. Gouverncment de Santa-Cru^ de la Sierra. Les Efpagnols ont donnć a. ce Gouver-nement le nom de Sierra , qui , dans leur langue fignine montagnc j parče qu'd eft rempli de hautes monragnes. II eft d'une tres-vafte erendue ; mais on n'en connoit pas les limites prćcifes , furtont du c6re du nord. On falt feulemcnt en general, qu'il confine au Ievant , avec le Brefil , au midi avec le Paraguai , 32 au couchant avec les Dioccfes de la Plata tk dc la Paz. Parmi les diverfes rivieres qui arrofenc le pays , la principale , a la-quelle on donne divers noms dans la fuite de fon couts , fe jerte dans le fieuve des Amazones , fous le nom de Rio de Ma-dera , a la droite dc ce fleuve. On voir, dans la parrie orienrnle , le lac de los Xareyes , qui a 50 lieues du midi au nord , ck: quinze .1 feize du Ievant au couchant. Au milieu eft la gran-de lfte cVOrejones. Plufieurs rivieres fe jettent dans ce lac ; tk celle de Paraguai fort de fon extremite meridionale. Vers l'annće 1718 , on a decouvert dans fes environs , plufieurs mineš dbr , d ar- Le Perou. 40 y. gent 8c de diamans 3 que le IToi de Portugal s'eft approprićes, regardant le lac comme une dćpendance du Brefil \ mais par le partage de 1750, il eft du domaine d'Efpagne. La capirale de ce Pays eft Santa-Cru^ de la Sierra , furnommee la Nueva , pour h diftinguer de Sama-Cru\ de la Sierra , cpfon no m me la Vega 3 parce qu'elle fuc fond će d'abord en 1548 } tk abandonnće enfuite. La Nouvelle Santa-Cru^ eft a 7o lieues au nord de 1'ancicnne. Ceft line ville mćdiocremenc grande , m al batie , tk qui n'a rien qui la rende digne du litre de cite , dont elle eft dćcorće. H y a un Evcche ćrabli en 1605. L'Eve-S^e fait fa refidence a Mifaue-pocona j ville prcfque dćferte , fituće environ a So lieues au fud-oueft de Santa-Cruz. II v a peu d'Efpagnols dans le Gou-vernement de Santa-Cruz , tk la plupart des boorgs qu'©n y voit , font partie des ^iflions du Paraguai. Les principales de ces miftions font celles des Indiens Chi-ouitos, qui occupent la partie orientale. Les Cheriguans ou Cheriguanes } auttcs peuples Indiens , occupent la partie mć-ridionale. Ils font fouvent enguerre avec *?5 Chiquitos. III. Le Tucuman. Ceft une grande contrće , fituće au 404 MJtkodć dc Geographie. rtftidi da Diocćfe de hi Placa , bol au levant par le Paraguai , au midi Si au couchant par ce m crne pays , dans lequel plufieurs Gćographes Pont ren;- r-mtv Les psuples qui fhabitent, fe nom-ment fucma , d'ou on a faic le riorfl de Tucuman. Ils s'ćtoient foumis volontai-rement aux Tncas du Perou , lorfque les Efpagnols entrerenc dans le Pays čk y fonderent quelques villes. Ces villes font, Sant-Ligodđ EJleros fituće fur la riviere de ce nom, a prćs de deux cens lieues au midi de la Plata, San-Miguel j Nojlra-Sucnora de Talave-ra j Corioue de Tucuman j Eveche eri-gć en \^-ro\ Rio j a tk la Salta, C'elt-dans cette demiere ville , fituće a cin-quante lieues au nord de Sant Iago , que le Gouverneur de la Province fait fa rć-fidence. Sant-Iago ni San-Miguel n'ont jamais ćte ćrigćs en Evcches 5 comme ie dit PAbbe de Commanville , trompć par Baudrand. Une grande partie du Tucuman , fur-tout vers le midi , renferme des deferts inhabitablcs , a caufe des hautes monragnes qui l'occupent , čk du manque d'eau. Le terroir nćanmoins proiuit fuffifamment de grains tk de fruits pour la nouritnre des habicans , dans les en-droits ou on peut conduire l'eau des rivieres. Les principales fant , Rlo-Ecr- LtPerou. 405 mejo cu Rh grande, Rio-Salado 6c Rio-dolce ou del Ljhro , qni coulent du nord-oueft au fud-eft. Les deux premieres fe jettent dans le fleuve de Paraguai. Ric-dolce fe perd dans des laguncs : elle fer-tilife les pays au'elle arrole, par fes de-bordemens dans le tems des erues. On ne rrouve aucune mine d or $C d'argenc dans le Tucuman. Le principal commerce d u Pays confifle en mules , dont on noutrit nn grand nombre dans les vallćesj cj.ui ont des paturages excel-lens. Vers le levant 6c au micji de Cor-done habitent les Pampas , peuples In-diens. IIs oceupent de vaftes campagncs ou vallees , qu'on appelle Pampas de leur nom , 6c qui s'ćtendent jufqu'a;i Gouvernement de Buenos-Aires. 4o£ Methode de Gćographie. C H A P I T R E I I L LE C HIL I. XjEs Efpagttols donnent le nom de Chili a la parrie la plus mćridionale de PAmćrique , qui s'erend au couchant, le long de la Mer du Sud , depuis le 16 dćgrć 20 minures de latitude mćridionale , 3c le dćfert d'Atacames , qui la iepare du Perou , j,ufqu,au dćtroit de Magellan , vers le 54° degre de la me-me latitude j' & au levant depuis le Cap Saint-Antoine , iitue dans la Mer du Nord, vers le jcT degre 20 minutes de latitude 3 jufqu'au racme detroir. Les Ineas du Perou avoient foumis a !eur empire la parrie feptentrionale du Chili, lotfque les Efpagnols entreprirent d'en faire la conquete. Ils la commencercnt en 155^; mais Payant fufpendue , le Gćnćral Pedro de Valdivia la reprir en 1541 , par ordre de Francois Pizarre, & conquit entrautres la vallće de Chili, dont on a etendu le nom d. rout le refte du pays. Mais ayant rencontre des na-rions belliqueufes , qui lui rćfifterent avec force 3 il nen put foumettre a PEfpa- Le Chili. 407 gne qu*une parrie , tk c'eft ce qui com-pofe VAudience de Chili 3 Jaquelle eft la troilićme dans la Viceroyaute de Lima. Toute cette vafte contrće que les Ef-pagnols nommeut Chili, pcut fe parta-ger en trois parries j Chili Efpagnol 3 Chili Indien, &c Terre Magellaniaue. Noua parlerons dans le Chapitre fuivant, de la Terre Mngellanique , qui eft la partie mćridionale du Chili Indien. I. Chili Espagnol. Le Chili Efpagnol a plus de 400 lieues d'ćtendue du nord au midi, le lon^ de la Mer du Sud. 11 eft borne au levanr par les nionragnes de la Cordillere 011 les An-des , de force qu'il n'a que 30 lieues du couchant au levanr, exceptć du cote de Mendoza , oii il s'etend jufqu'aux fron ■ tieres du Gouvernement de Bućnos-Ai-*es , dans le Paraguai. Cc Payseft le meilleur de route PAmć-rique, 11 eft extremement ferrile tk abon-dant en grains s en vin , en fruits de touces les efpeces 5 en gibier , en bć-•4il tk en paturages. Les chevaux tk les mulers y onr fore niultiplie tk valent "aieu^ que ceux d'Efpagne, Les cores f^nt fore poiftbneufes. On y fabrique »eaucoup de cordages tk de cuirs, dont or* fait un commerce avantageux avec le 40 3 Mćthode de GJographie. Perou , ainfi qne des aucres denrćes. Il eft de plus abondant en mines de toute efpece , furtout en mines d'or Sc de cuivre. On y trouve des turquoifes &C autres pierres prćcieufes, & des carrie* res de marbre. Mais les Volcans , qui fe rencontrenc le long de la Cordillere , y caufent -de frequens ternblemens de terre. Celui que le Cbili eprouva a la fin de 1730 , fut un des plus terribles-II dura vingt-fept fours , 3c renverfa prefque toutes les villes , les bourgs 6c les villages du pays. Une grande inon-•dation qui fuivit t acheva de renverfer la ville de la Coneeption > dont les mu-railles &c quelques maifons avoient echa-pć aux fecoulfes du tremblement du terce. On compte que plus des trols quarts des habitans du pays perirent par ces deux evćnemens. Le partie du Chili qui appartient aux Efpagnols eft adminiftrće par un Gou-verneur ou Capitaine general , qui ne dćpend du Viceroi de Lima quen cer-tains cas ., comme ceux de Paraguai &C de Bućnos-Aircs. Elle eft divifee en Gou-vernemens militaires , &c en Corregi-mens. Gouvernemens militaires.. Les Gouvernemens militaires font atf nombre de quatre ; 1. celui de Macjlra di Lc Chili. 409 de Campo , qui comprend iix forts j conf-truits fur la riviere de Biobio 3 pour arre-ter les courfes des Indiens iibres qui ha-bitent a la gauche de cette riviere. Le Meftre-de camp j charge de veiiler a la garde de ces tores ck de les vifiter , eft nomme par le prćlident de 1'Audiencc de Sanr lago. II fait fa rćhdenco dans la vilic &Arauco y qtii prend Ion no m des Avaucos y Indiens qui habitenc aux envi-lons. 2. Valr-Parayfo 3 bourgade fttuee fur la Mer du Sud , eft le clief lieudu fecond (Souvernemenr. Eile eft aujourd luu con-fiderable. Son porr eft 1'ehttepot de tout le commeree qui fe fait entre le Perou 6c le Chili. Ccftče qui y arcire beaucoupde monde en ćtć. L'hiver la plupart des ha-oitans fe retirenc a Sanr lago. 3. Valdivia 3 aurre place mariti me , & capitale d\in Gouverncmenr , doit fa iondation fic fon nora a ce Capitaine EC-Pagnol qui rit la conquete du Chili. Le P"rt de cette ville eft lemeilleur & le plus m de la eote de la Mer du Sud. Ceft a Valdivia qa'on envoie les blancs du l^rou & du Chili , qui ont commis quel-iHe erime qui merite les galćres. 4- Lifle de Chiloc\ lituee fur la c6te , *ait un autre Gouverncmenr. Cette lile * environ 50 lieues tlu midi au nord , fept lieues, dans fa plus grande lar-Tomc VUL S 41 o Methode de Geographie. geur, du levant au couchanr. Vers fa par* tie feptentrionale , elle n'eft eloignće de la terre-ferme que par un rrajet de fept a huit lieues. Toutes les chofes nćceftaires a la vie , excepte le vin , y crohTent avec fucces. Quoique le climat foit aftez froid , les Indiens de 1'Ifle £c des environs font prefque tone nuds. Le Gouverneur fait fa rćfidence a Chacao j place forrifiee , fur la cote orientale vers le nord de 1'Ifle , dont elle eft le princi pal porr. Calbuco eft une autre vilic plus conlulerable , gouvemee par unCor-rćgidor a la noniination du Prefident du Chili. Corregimens de VAudience de Chili. On compte onze Corregimens dans 1'Audience de Chili. Ce font ceux de Sant-Iago j Rancagua , Colchagua , Chil' lan j Aconcagua > Melipitta t Quillota, Coquimho , Copiapo 3 Mendo\a tk la Con-eepcion. Tous prennent le nom de leur capitale. Le Corrćgiment de Sant-Iago ne s'etend pas au-dela du territoire de la ville 6c il eft rres-ferrile. Sant-Iago t capirale du Chili , eft une belle vili5 fttuee dans la vallee de Mapocha , aj* voiftnage de celle de Chili , qui a donn^ fon nom au pays. La riviere qui arrofe le cote feptentrional de fes murailles; Le Chili. 411 mi foiirnit, par des canaux , feau done elle a befoin pour netoyer les rues 3 tk arrofer les jardins joints a la plupart des faaifons. Le fauxbourg de Chimha eft de tantre cotć de la riviere. L'Evcche de Sant-Iago fut ćrigć en 15 ćT i , fous la metropole de Lima. 11 y a dansla ville trois paroilfes , en comptant la cathćdrale , plufieurs maifons religieufes , 3c deux Collegcs y mais point d'Univerfitć. L'Audience de Chili , etablie d'abord a la Conception > Se lixće aujourd'hui a. Sant - lago , eft compofee cPun Prefident , qui eft le Gouverneur Sc Capi-taine general de toute la Province j de ?[natre Audircurs d'un Fifcal, tk d'uu econd Fifcal pour les Indiens. On ne peut appeller de ce Tribuna! , qu'au fu-pteme Confeil des Indes ćtabli a Madrid. Le Prefident eft fept ans en charge , Sc doit partager fa rćfidence enrre les villes de la Conception Sc de Sant-Iago , dans chacune defquelles il demeure iix mois de l'annee. Il y a aufli a Sant-Iago un Tribunal des Finances du Roi, un Tribunal de la Croifide , tk un CommilTaire du S. Office , foumisa FInquifition de Lima. Le Cuyto ou Chiquito qui eft le Cor-r''giment de Mendo^a , eft une grandc Province qui confine au levant avec le Couvernement de Bućnos-Aires. Les Ef-Pagnols n'y one d ctabliiTemens que dans S ij 411 Mćthode de. Gćograplue. lapartie feprentrionale. La mćridionale eft incuhe 8c habitće par les Indiens indćpen dans. Ce que les Efpagnols poiTedent eft; parrageen trois Jurifdićtions, qui prennent Je nom de leurs capirales , les feules villes qu'on y ait fondćes. Ce font, Mcndo\a 3 San-Juan de la Frontera 3 8c Salnt-Louls de Lovola. La princi pale eft Me ndo^a. Le terrkoire de San Juan eft habite par plus devingt mille Indiens triburaires, qui font plus blancs que les autres Amćricains, 8c dont les femmes font fort belles. On y rrouve des mines d'or. Le Corrć'giment de la Conceptlon ren-ferme , avec la ville de ce nom , Angos ou Villa nova de los Infantes 3 fituće a quinze lieues aii fud-eft de la Concep-tion j Impaiale , a quatre lieues de la cote , fur la riviere de Cauten , qui a de riches mines d'or dans fon diftrićcj O/orno j fur le Rio-Bueno , ville allez confidćrable , a. caufe que le pays , qui eft d'ailleurs tres-fertile , abonde en mines d'or ; 8c Carclmapo 3 fituee vis-a-vis la pointe feptentrionale de l'lfle de Chi-loe : c'eft la ville la plus mćridionale de la cote Efpagnole 8c de l'Audience de Chili. La ville de la Conceptlon eft iftuće fur la Mer du Sud , au fond d'une Baye fort agreable , qui a trois lieues 8c demie de long, fur trois de large 3 dans un terrein Le Chili. 415 mćgal j fabloneux tk un peu ćlevć. Pier-re de Valdivia fonda cette ville en 1550, dans un lieu nomme Penco\ mais bien-tot apres les Indiens du voiiinage , qui s'etoient rćvoltćs , obligerent les Efpagnols a Pabandonner , tk a fe retircr a Sant- lago. Ces derniers la retablirent, &£ en furent chatfćs de nouveau par les Indiens. Les Efpagnols la rebatirent une troifieme fois , tk en furenr encore chaf-fes en \6o$ 3 par les Indiens, qui de-truifirent la ville , ainfi quc celles d'Im-pćriale , de Valdivia & plufieurs autres. En fin , ayant ere de nouveau retablie , elle eprouva en 1730 le tremblement de tc-rrc dont on a parić & qui la ren-Verfa. Elle a ecć rebatie , & les maifons teconftruices plus belles qu,elles n'ćtoient auparavant } mais a un feul ćtage. Une petire riviere qui ttaverfe la ville fe jette dans la Baye 3 ou il y a rrois ports °lui fournillent un bon mouillage aux vaifTeaux. Le commerce pouroit y etre confidćrable ; mais il ne confifte que dans les denrees du pays, L'Audience royale du Chili fut d'abord tablic a la Conception • elle a ćtć rranf-■ fćrće a Sanr lago j a caufe des frćquentes lncurfions des Indiens. L'Evechć , qui avoit d'abord ćtć ćta-bh a lmpćriale en 1564, fut transfćrć a. S iij 414 Methode de Ge'ographie. la Concepcion , lorfqu on la rćtabiit aprcs le defaftre de 160$. Le territoire de la Conception confifte en des plaines fort etendues. 11 y a peu de villages j mais beaucoup de mćtairies Sc de chaumieres , peu eloignćes les unes des autres , 011 demeurenc les gens de 1 /* 4a campagnc. Le terroir eft fertile , Sc a dexcellens paturages , oii on ćleve de tres-bons chevaux Sc de bonnes mules. On y recueille d'excellent vin j & on y trou- ve des (imples, de l'or , des mines de lapisdazuli, d'aimant Sc de cuivre j mais tous ces avantages deviennent inuriles , parče que le pays n'eft pas peuplć a pro- portion de fon ćtendue , Sc que les ha- bitans , naturellement pareffeux , fe con- tentent de tirer d'un pays ft fertile , ce qui eft neceftaire pour leur fubfiftance. II. Chili Indien* Les Gouvernemens de Tucuman Sc de Buenos-Aires bornent au nord cette partie du Chili , qui au levant s'etend jufqu'a la Mer du Nord , Sc au couchant eft fepare du Chili Efpagnol par la Cof dtllere. La Terre Magellanique la born^ au midi. La plupart des Nations Indiennes qul I'habitent , n'ont pu encore etre fub;^' gućes par les Efpagnols. EUes leur 0^ Le Chilu 415 faic une guerre prefque conrinnelle , Sc one pris ou derruit , en diverfes ocea-fions , la plupart des villes que ces der-niers avoient fondees. Cependanr quelques-unes de ces Na-tions vivent en paix avec les Efpagnols , & leur permetrent de venir chez eux faire quelque commerce. Les Efpagnols leur vendent des ouvrages de fer, de la clincaillcrie , Sc d'autres colifichets, avec du vin : ils rec,oivent en ćehange des beftiaux _, Sc de jeunes filles ou garcons indiens qu'on appelle Cholitos 3 Sc quc leurs peres rroquent pour ces bagatelles. Plulieurs de ces Indiens viennent chez les Efpagnols j Sc s'engagent a travailler pour eux pendant un an , plus ou moins, pour un certain prix j Sc Iorfqiie le terme eft expirć , ils s'en retournenr chez enx 3 aprćs avoir emplove leur falaire a 1'achat de quelques merceries. S iv 4* 6 Methode de Geographie* C H A P I T R E IV. LA TERRE MAGELLANIQUE o v P A RT IE ME Hl DIO NA LE D U CHILI INDIEN* X / A 7>/r entre la Mer du Nord eV celle du Sad , depuis le joje dćgrć de longitude jufqne vers le 325. Elle a p r i s fon nom de Ferdinand Magellan , Porrugais , Amiral d'Efpagne, qui en reconnut les cotes j & dćcouvrit en 15 20 le dćtroit connu lous le nom de Dćtroit de Magellan # dont on s'eft fervi pour palTcr de la Mer du Nord dans celle du Sud , jufqu'a ce qtie le Maire en troii-va , plusau midi j un autre qui eft moins difficile eV auquel on a donnć fon nom. Les Efpagnols, qui regardenr ce pays comme ime dćpendance du Chili , ont tentć d'y faire quclques etablilFemens J La Terre Magellanique. 417 ruais ils ont ete obligćs de les abandon-uer , a caufe du froid extreme , qui y regne fur tout dans les panies les plus aultrales. La cote orientale eft dćpourvue de grands arbres ; on n'y trouve que des broiuTailles , mcme en avan^anc dans les terres. On dit metne qu'elle paroit man-quer d'eau douce , Sc qu'on n'y a trouve jufqu'ici que des ruiffeaux Sc des mares, done Teau eft faumache. En revanehe le pays abonde en paturages , qui nourif-fent une quantke prodigieufe de bceufs » de vaches , de vigognes Sc de chevaux. Ces derniers ont extrćmement multiplić depuis que les Efpagnols en ont apporte en Amćrique , Sc les Indiens en ont II bien fenti l'utilite , qu'ils s'en fervent au-jourd'hui avec avantage. La cote oeciden-rale a beaucoup nioins d'etendue que To-dentale. Elle eft peu connue , Sc fore dangereufe , etant pleine de roehers. On V a decouvert, depuis quelques annees , entre le 46 Sc le 47 dćgre de latieude, Un amas d'Iftes fort etendu , qu'on ap-pelle XArchipel de los Chonos 3 fitue pres de la cote , au midi de llfte de Cbiloe. Diverfes Nacious , jufqu'ici peu con-**Ues , habitent la Terre Magellanique. Qn a deja parić des Pampas 3 qui oecu-Penc le nord , vers la riviere de la Plata. Les Paragons demeurent dans la parcie la 4 f 8 Me r h ode de Ge'ographle. plus mćridionale. On les dit d'une tailler gigantefque \ Sc les nouvelles publiques en ont fait mention , il n'y a pas encore long temps. Les Cejjares , Cefares ou Arguels habitent les montagnes de la Cordillere , vers la cote de la Mer du Sud. Ces peuples ont le reint blanc. On les croit defcendus des equipages de trots vaifleaux efpagnols qui echouerent fur ees cores en 1540. D'autres pretendent que ceft une Nation Indienne, avec la-quelle ptufieurs Efpagnols fortis du Chih en 1554 , fe font melćs. lis vivent en Republique , Sc pour fe conferver en li-bette j ils n'ont aucun commerce avec les Efpagnols. CHAPITRE V. LE P AR AGU AL O N donne le nom de Paraguai a cc gran d pays traverfć du nord au mi d i, par la riviere de Paraguai d'abord , & enfuite par celle de la Plata ,. jufqu'a fon embouchure dans la M r du Nord. 11 s'ćtend du couehant au levant , depuis la dr rte de ces deux Rivieres , f«F cjuau Btefil. Les Efpagnols iont parta" Le Paraguai. 419 £e en dcux Gouvernemens. Celui de Paraguai propremenc dit, Sc celui de ^ućnos-Aire s. GoUVERNEMENT DE PARAGUAI. La Riviere de Paraguai , 1'une des plus confiderables de rAmerique mćri-dionale , donne fon nom a ce Gouver-Hement. Elle le traverfe du nord au midi , depuis le 20 degre de latitude mćridionale , jufqu'a Ion embouchure dans le fleuve de Parana ou Rio de la Plata , vers le 2 8e. Les Efpagnols en fir^nt la conquete, en 1516, en y re-montant par l'embouchure du Rio de la Plata ; mais ils ne s'y etabiirent que dix ans apres. L'air du pays eft generalement tempere 6c humide. Le tcrroir le long des t'vieres eft ferrile Sc abondant en route forte de denrees. On y recueille furrouc beaucoup de coton, donr on fait un grand commerce , & dont les Indiens fabri-°,uent des toiles Sc autres etoffes qu'on tfanfporte hors du pays. On y plante beaucoup de tabac , & 011 y fait qu;d-QUC peu de fucre ; mais la principalo j^chefte du pays , conftfte dans une hcc-"e 1 qu'on appelle \lurke du Paraguai , fjm ne oroit que dans le pays , Sc done Jj fe fait un dobit prodigieux dans toute * Amćrique rpćridionale » ou on en fair S v j, 4 i o Methode de Geographie,-une boiffon , qu on appelle mate , o% qu'on dit falutaire pour plufieurs fortes de maux. Les Efpagnols n'ont dans tout ce pav* <]ue deux villes mediocres Sc quelques mechans villages. UAJjbmption 3 1'une de ces deux villes , eft fituee fur la rive orientale de la riviere de Paraguai. Elle fut erigee en Eveche , vers 1'an \6io3 fous la Metropole de la Plata. Le Gou-verneur de la Province y fait fa refiden-ee. L'autre ville 5 qui fe nomme Vdla-Ricca , eft fituee environ quarance lieues au nord-eft de PAlTomption , fur la rive gauche d'une riviere qui fe* jette dans celle de Paraguai. Le refte du Paraguai eft nabite pas diverfes nations , dont la plupait vivent dans 1 independance Sc dans Pidolatrie. 11 y a environ 150 ans que les Jefuites ćtablis dans ce pays , entreprirent de faire des miftions chez les Indiens Gua-ranies , qui habitent principalement depuis la droite du fleuve Parana au cou-chant )ufqu aux frontieres du Brefil, aU levanr , Sc ils rcuflirent a en convertir un grand nombre a u Chriftiamfme. Mais comme les Portugais , voifms de ces peuples , faifoient de frequentes incut'*-fions dans leur pays , pour le» emme-ner en efelavage Sc les faire fervir dans les plantations de leurs Colonies , l«s Le Paraguai. 421 MifTionaires les transfercrent le long de Ja Riviere de Paraguai, au nombre de douze mille , Sc les partagerent en differentes peuplades j ils en transfere-rent aufli le long de la meme riviere, 1)11 pareil nombre du Tape. Ces peuplades ont enfuite augmente peu a. peu , par le foin des Mifiionaires ; enforte 9-Uen 17 34 , on en comptoit trente-deux compofees de plus de trente mille fa-•'nilles Indiennes raffemblees de divers endroits, Sc qu'on fongeoit a en etablir ti'ois nouvelles dans le Gouvernement de Santa-Cruz de la Sierra. On ne com-ptenoit point dans ce nombre , les fept peuplades de la nation des Chiquitos 3 111 celles du Tucuman , routes compri-fes fous le nom general de Mijjions du Paraguai. On prćtcnd qu li s'agit au-J°urd'hui de pres de cent mille ames , ^ui compofent une eipece de Republike , fous le Gouvernement de leurs be-n{-Peres, comme ces Sauvages, qui n'ont r*en en propre , les appellent. Ils ont commence a prendre les armes en 1752, contre les Efpagnols Sc les Portugais, * Poccafion des nouvelles limites dont ies deux Rois font convenus, par rap-Port aux environs du Parana Sc de TU-raguai. Cette guerre continue eneore > ^ Ja ćtć une des caufes de la difgrace 4 i i Methode de Ge'ographie. que les Jefuites one eprouvee en Portu* gal & en Efpagne , dont ils one ete bannis. Les autres nations du Paraguai, qui n'onc poinc embralTe le Chriftianifme » menenc une vie erranee , & font peu connues. Celle des Guanos habite a cent lieues de rAlfomption. Les Cliaco oc-cupent a la droite de la riviere de Paraguai un grand pays arrofe par trois ou quarre rivieres aftez confiderables. Une autre nation forc nombreufe eft celle des Chirirguans , peuples fćroces, chez lefquels on n'a eneore pu parvenir a ctablir quime feule Miftion, Lorfque les Efpagnols conquirent le Perou , plu-fieurs nations vinrent fe joindre a celles du Paraguai; &c eneore aujourd'hui , les Efpagnols ou Metis qui font pourfuivis pour leurs eritnes , fe retirent parini eux. II. Gouvernement dr Bu e n o s - A 1 res* Ce Gouvernement renferme les payS arrofćs par la riviere de Parana , de* puis le x6 dćgre de lati rude mćridicv nale , jufquM fon emboucbure dans I* Mer du Nord. Le Pa rana coule danS cerce Province du nord-eft au fud-oueft * dans Pefpace de izo lieues coramune* Le Paraguai. 41$ de France , jufqu a Ftndroit ou il recoic fe riviere de Paraguai \ Sc apr£s cette jonćriou , il coule du nord au fud , dans Pefpace de pres de 100 lieues jut« ^u'a fon embouchure dans la mer , ou Ji a environ foixante-dix lieues de large Sc ou il forme plufieurs Ifles. 11 fut decouvert en 1 j 15 , par Jean Diass de Soliš , Cnpicaine Elpagnol qui lui donna fon nom. Ce Capitaine ayant ete Uie par les Indiens , les Efpagnols en-Vo)erenc, onze ans apres , Sebartien Ga-boto , qui entrant par Pembouchure du fleuve j le remonta jnfqu'a Fendroir ou il recoit la riviere de Paraguai , qu'il dćcouvrit. Gaboto ayanr re^u des Indiens du pays quelques bngots d'argenr qu'ils *voienc apporces du Perou , crut quils les avoient tirćs des environs du Parana £ ce qui Me qu'il lui donna le nom de Rio de (a Plata > ou Riviere d'argenr , &C ce nom s qui a prevalu fur celui de Soliš j> lui eft refte. Plufieurs autres rivieres arrofent le Gouvernement de Buenos-Aires. La prin-cnpale eft celle d'Uru^uai , qui prend fa f°urce pres du Brelii, vers le 16 de-gtć 40 minures de latirude meridionale j * fe joint au Rio de la Plata , vers le * i* degre 40 minutes. On Pappelle aufli •a Riviere des Mijjions , parce qu'il y a °eaucoup de bourgades deCbreciens ćta- '424 Methode de Geographiel blies Tur fes bords , depuis le 30 dćgte de lat i čude , en remontant vers fa four* ce. Ces MilTions , ainli que celles ćta-blies fur le Parana, fone partie de celles du Paraguai. Le Gouvernement &c le Diocčfe de Buenos-Aires ont la meme ecendue \ mais la partie orientale , ik la meridionale , a la droite de 1'Uruguai , le long de la mer, jufqu'a I'emboucliure du Rio de la Plata , apparticnnent aux Portugais, qui avoient meme ci-devant, plus a 1'oueft, ce qu'on appelloit la Colonie du S. Sa-crement \ mais ils l'ont cćdće en 1750, aux Efpagnols , pour d'aucres terres veri le nord eft du Paraguai. Les principales villes, que les Efpagnols one fondees , fonc , Corientes , ft-tuće au confluent du Paraguai avec le Parana j Santa-Fe , fur la rive oeciden-tale du Parana , a I'emboucliure du Sa-lado , dans un pays fercile , agreable &: bien peuple : c'eft 1'encrepoc pour le commerce de 1'Herbe du Paraguai j Buenos-Aires , fur la rive droite de I'emboucliure du Rio de la Plata *, &c Montc Video , batie depuis quelques annćes , fur la rive gauche du meme fleuve. Buenos-Aires , appellee aufti la Trint-dad de Buenos-Aires, capirale , eft ft> ruee dans une plaine un peu ćlevće , en* vironee de plufieurs aucres plauies Le Paraguai. 4if Vaftes, ou regne une verdure perpetuelle. D« Pedro de Mendoza en jerra les fon-demens en 15 3 j , & en fnt le premier Gouverneur. 11 lui donna le nom qu'elle porte , parče que l'air y eft meilleur cjne dans tontes les autres contrees de cetce partie de FAmerique. Etle rut ache-Vee de batir en 1541; niais les Efpa-guols abandonnerent bientot aprčs eette Colonie. lis la rerablirent en 1582, 8c «le a fubfiftć depuis comme elle eft au-jourd'hui. On y ćtablit un Evecbe en 1620. Cette vil le a un port j mais com-"ae le Rio de la Placa n'a pas alfez de fond pour que les grands vai(Teaux puif-fent y remonter , ils font obligćs de ^louiller dans deux bayes , qui font a la c6te du nord de l'embouchure du fleuve ; favoir i la Baye de Maldonado a celle de Monte-Video. Le port de •^uenos-Aires rend cette ville forc com-^ercanre On y fait enrr'aurres un grand coinmerce de negres , de fuifs , de cuirs, de beftiaux , & de 1'Herbe du Paraguai, & Ton y embarque Tor & l'argenr qu'on t;te des parties orientales du Pćrou & fa Chili, '4it> Methode de Geographle* C H A P I T R E VI. LE P ay S de la Riviere D E S AMAZONE S. (^>E grand Pays , qui eft traverfe pat la Riviere des Amazones, & arrofc p^r d'autres rivieres afTez confidćrables qui fe jettent dans la premiere , oceupe le mi-lieu de FAmerique Mćridionale, entre la Terre-Ferme > le Peron , le Paraguat & le Brelil. II eft habite par ime mul* titude de nations Sauvages prefque in' connues J car il n'y a que les bords de 1'Amazone , &: de quelques autres ri' vieres, que Pon connoiflfe. Sur la Car te de M. d'Anville , eft dćfignee une Hgne qui partage ce vafte pays entre les Por/ tugais & les Efpagnols , de iorte que les premiers paroilTent en avoir envirof* les deux tiers \ mais ce font plutot de$ prćrentions, qu'une verirable polfeflioU' 11 n'y a que les Efpagnols qui aient 3 Poccident une Province , nommee 1^ Gouvernement de Mavnas , qui dćpend Pays de laRiv.des Ama\ones. 417 de 1'Audience de QuitOj comme on Ta dit ci-devantpage 375. Les Portugais ont cjUelaues Forcs le long de la Riviere des Amazones \ tk Ieurs Miflionaires j Car-^es tk Religieux de la Merci, ont raf-femblć en plufieurs endroits des Sauva-&es pour les inftruire. La Riviere des Amazones , qui efl »a plus grande que Ton connoifFe , fut d'atord dćcoaverte par un Capitaine Efpa-gnol nc mme Maranhon ou Maragnon^ qui 'ui donna fon nom. Elle fut enfuite obfer-vće plus particulierement par un aurre Capitaine Efpagnol > nom me Francois Orellarta , dont elle prit aufli le nom. -Mais ce dernier ayant rencontre fur fes - bords quelques femmes armćes , 'appella la Riviere des Amazones : & ce dernier nom eft celui qui a prevalu , & qui s'eft ćtendu i tous les Pays qu'elle atrofe. Le Maragnon ou Riviere des A mahneš , prend fa fource dans un lac de 1'Audience de Lima , au Perou , vers le onzićme degre de latitude auftrale. t^epuis fa fource , il coule d u mi d i au nord , dans 1'efpace de fix dćgrćs , °u de cent cinquante lieues communes de France . ]iifqu'a Jaen de Bracamorcs , Petite ville du Pćrou 3 fituee fur les fron-lleres des Audiences de Quito tk de Li- '4 x S Methode de Gćographic. ma , ou il commcnce a etre navigabfč* De Jaen jufqu'a fon embouchure dans la Mer du Nord , il parcourt diverfes contrćes prefjjumconues a nos plus ha-biles Geograpnšs , dans l'efpace d'envi-ron tren te dćgrćs en longicude , c'eft a-dire 750 lieues communes de France, cju'on evalue a mille tk meme douze cens lieues , A caufe des detours. Du-corc d 11 nord če du midi, il rccoit un nombre prodigieux de rivieres, dont plufieurs one cinq ck fix cens lieues de cours , telles que la Madeira , qui a ete remontee par les Porrugais : elle fe jerte dans la Riviere des Amazones du cote du midi. Une autre , qui y vient du cote du nord , eft le Rio Ne gro , qui a fon embouchure dans le Mara-gnon , vers le 5c degre de latitude auf-trale , & le 317 de longitude. On pre-tend que cette riviere eft une branehe de l'Orenoque , avec laquelle le Mara-gnon , cominuniqueroit par confequenr , comme il eft marque dans les Cartes de MM. Delifle, Bellin tk Danville. Depuis Jaen le Maragnon ou FAmazone prend fon cours vers Feft , prefque pa-rallćlement a la ligne ecminoctiale, juf-qu'au Cap du nord , ou il enrre dans Pocćan fous Fequateur meme. 11 forme plufieurs liles a fon embouchure, qui a Pays de la Riv. des Amazones. 419 Puis de 70 lieues de largeur depuis le ^ap du nord , jufqu a celui de Para dans le Btefil. On trouve dans cette grande riviere des poilujns finguliers. II y a entr'autres rant de rortues , cju'elles feules & leurs *t«s pouroient fuffire a la nouriture des Peuples qui font fur fes bords. On y reiiconrre difFerentes efpeces d'animaux particuliers au pays ; furtout un grand notnbre de finges , parmi lefcjuels il y en a d'aufli grands qu'un Ićvrier, &C d'aufli petirs qu'un rar. L'intćrieur du pays des Amazones cd l1ne vade plainecouverte d herbes touf-*ues, de plantes & de broflailles j & ^n n'y trouve pas une feule pierrc, dans *efpace dequatre a cinq cens lieues, *epuis Borja j en defcendant le fleuve. " eft habitć par un grand nombre de ^cions Indicnnes , donr la plupart font :0rt peu connues. Elles demeuroient fur bords du fleuve , il y a un fićele j ***&is elles fe font retirecs dans 1'inte-tleur des terres , aufli-t6c qu'eUes ont Vl1 des Europćens j Sc on ne rencontre aujourd'hui fur ces bords , qu'un petit ^nibre de bourgades de naturels du pays n°uvellement tires de leurs bois , les Ln$ par les Miflionaires Efpagnols du "^ut du fleuve \ 6c les autres par les 4;o Me t ho de de Ge'ographie. Miflionaires Portngais erablis dans la par* tie inferieure. Cette demiere partie, qul comprend une portion de la Guiane me-ridionale , a ete entierement cedee au* Portugais , par le traitć d'Utrecht de 1713 \ & ils y ont etabli quelques Colonies, entr'autres Maeapa ou la V ra-Crus de Maeapa. En remontant le fleuve des Amazones , pres de 1'emboucluire duXingu, eft le Fort Paru, tk plus haut 3 mais fur la rive meridionalc , celui de Tapajos , prćs d'une riviere de meme nom. Ce dernier eft accompagne d'un village alTez conii-derable , nabite par les reftes de la vail-lante nation des Tupinambas , qui domi-noit il y a deux ftecles dans le Brćfil-On trouve aux environs plus aifćment Gu'ailleurs, les pierres vertes connues Ibus le nom de Pierres des Amazones , fort recberchees autrefois, pour les ver-tus qu'on leur attribuoit. Pauxis eft a* ime trentaine de lieues plus haut, fur la ,rive feptentrionale , ainft que le Fort de Rio Negro, qui eft au-dela de 1* Madeira , tk prćs de Fembouchure du JUo Negro. Des Miflionaires Portugais ont fait le long de cette riviere plufieurs ćtabliflemens, en reuniftant nom-bre de Sauvages. D'autres Miflionaires de la menic nation ont fait la menic Pays de la Rlv. des Amazones. 4 j t thofe fur les rives de 1'Amazone , juf-Cju'a la riviere dTahuari , qui s'y de-charge entre les 5 o & 5 5 de longitude. Les derniers etabliftemens Portugais fe "omrnent S. Pedro &c S. Pauto. Ceft pres deda que commencent ceux des Efpagnols , done la premiere Place s appelle S. Ignatio de Pevas. Elle de-pend du Gouvernement de Maynas. Sa eapitale eft Borja , ou S. Francifco de Borja > fur P Amazone , ou refide le Gouverneur. La Laguna ou S. Iago de Laguna , eft un peu dans les terres 3 en Un iieu fec &c eleve , pres de la riviere de Gallagua : ceft une aurre efpece de ville , qui a plus de mille habicans In-diens. Le refte de ce Gouvernement coniifte en nombre de villagcs compo-fćs d'Indiens raflemblćs de diverfes na-^ons , & convertis au Chriftianifme. 4 J i Mah ode de Geographic* CHAPITRE VIL LE BRČSIL, X i E Brefd, qui a rec,u fon nom d'un bois de teinture qu'il rournir abondam-ment ., fuc d'abord nom me la Province de Sainte Croix , du jour qu ll fut de-couvert'la premiere fois , en 15 o i , par Alvarez Cabral , qui en prit polTeilioii pour le Roi de Portugal fon maitre. Les Francois s'y ćrablirent , en 1584.» a lJaraiba j a. Bio-grande & a Canahw ta ;-mais lis en furent chafles par les Portugais, en 1601. Un nomme Ribaut f ćtabjit, en 1^4, une colonie de Francois , dans 1'lile de Maragnon ; Se un au-tre Francois , appelle la Ravardiere , f batit en 16 11 , un Fort, qu'il nomma de S. Louis. En 1^30, ia lan kJui , qu'ils traiterent avec les Portugais s qui pour les dedommager , ou plutot pour ne les avoir pas pour en-nemis dans le temps qu'ils avoient a le defendre contre les Efpagnols , s'oblig»» rent de leur donner tous les ans une cettaine quantite de fel , que les Hol-landois vont charger a Saint-Hubes ou Setuval j qui eft environ huit licues au fud de Lifbonne. Le Brćfd eft la plus orientale region de l'Amerique , puifqn ii s ccend depuis le j 1 j jufqu'au 345 dćgrć de longirude; *a lacitude eft comprife enire le 1 & le i\ degre de latitude mćiidional. Ses bomes font au feptentrion Sc a 1'orient la Mer du Nord ; au raidi la grande Province de Rio de la Plata ; a 1'occident cetre meme Province Sc celles des Amazones. Lair du Rtefil eft un peu chaud \ niais il eft aftez **in , Sc les peuplcs V vivent long-temps. Les caux font excellentes , Sc le tcrroir y pfoduit du tabac , du coton , du maiz, du millet, des citrons, des oranges Sc dautres fruits. Sa plus grande fertilitć Tome VUL T 454 Me t hode de Ge'ographle. confiiro en fucre , done les cannes y croiT-fent en plus grande abondance qu'en au-cun autre pays du monde , Sc auqucl les l'ortugais font cravailler un nombre pref-qu'innni de Negres , qifils y tranfportenC d'Afrioue. On y rrouve aufli quantite de bćtail j Sc des forets routes entieres du bois de Brehl (i eltime en Europe. Les principales rivieres qui arrofene ce pays , font la riviere des Tocantins^ hMearioii Alaragnan ; la riviere de Saint-Francois ou \ePdrap;:ingua \ le Para , & le Parana qui y prend fa fource ; mais qui a fon plus grand cours dans le Paraguai. De-puis le commencement de ce necle , les Portugais s'appliquent a recueillir de Por Sc des diamans , dont on trouve une grande quantite dans le lit des rivieres Sc des ravines fans creufer. Les Brafiliens ont le teint olivatre, la taille mediocre , les ćpaules larges , le nez gros Sc camus : i Is font violens , civuels Sc barbares , jufqu a manger la chair de leurs prifonniers ; mais ils s'ab* lHennent de celle des femmes. llsonr or-dinairement le corps rout nud , a queb ques-uns pres , qui fe couvrent de peauX de tigres , d'ours , ou de quelques autres betes farouelies. Ils ont Pinclination guer-riere , fe plaifent a la chalfe , Sc aiment fort la danfe de meme que les feftins. |ls vivem fans loix Sc fans police , Sc fon£ Le Brefd. 435 d\ine fi grande brutalitć , qu'il n'y a quc le melange des enfans avec le pere & la mere , qui ne foit pas en ufage parmi eux. Pour ćviter les ferpens 8c les autres bereš venimeufes s qui font en grand Uombre dans leurs pays , ils couchent dans des branks ou lics fufpendus en Pair čk attacbes a des branches ou troncons darbres. Diviflon. Les Portugais ne font proprement les maitres que des cotes du JBrćfil. Leur domaine dans les rerres eft plus ou moins ćtendu ; il ne va pas ordinairement au-dela de cent lieues. lis ont partage cette grande cote , en quinze Gouvernemens °u capitaineries , depuis la riviere des Amazones jufqu'a la Province de Rio de la Plata. Ce font celles de : 1. Para > 1. Alaragnan y Siara , Rio-grande , Para-Iba 3 Tamaraca, Pernambuco 3-4- 5-6. 7-8. Seregippe ou 9. D ah i a de todos los Santos 10. Los Ilheos j 1 1. Porto Seguro , 11. Špiritu Santo s 1 3. Rio Janeiro j 14. San-Vincente, 15. ElRey. 6~ 5 ' ... De ces quinze Capitaineries il v en a neuf qui appartiennent immćdiatement T ij 4 3 il y a une autre petite habitation no m m će G a racu. VII. Capitainerie de Pemarnbuco. C'eft une des meilleurcs Sc des plus confiderables de tout le Brefil. Elle pro* duit beaucoup de fucre. Les Albuquer-ques de Portugal, a qni elle appartient , y ont etabli jufqu'a rreize Colonies de Portugais , donr Olinde ou Olindede Pef' nambuco , eft la principale, Cette ville Le Brefd. 441 €ft fttuee Tur une hauteur , au pied de la-cjuelle paffe la petite riviere de Pernam-buco , qui fe perd a un quart de lieue au deflbus dans la Mer du Nord. Elle eft aflfez marelunde Sc peuplee de zooo fa-milles de Portugais 3 ians y comprendre les ecclefiaftiques , les religieux Sc les efelaves qui y font en aftez grand nombre. Olinde a un ftege ćpifcopalj dont FEvc-c]ue eft fuftragant de Saint-Salvador. Elle a aufti plufieurs maifons religieufes. Pres de cette ville eft le bourg de Reclj\ fon peuplć Sc forr marchand a caufe de fon port fur la mer. VIII. Capitainerie de Seregippe o u de Cirlgi. Elle eft ifolee par la riviere de San-Francifco , dont la branehe meridionale porte te nom de Rio-reat. La petite ville de Seregippe del Bel > en eft le principal lieu. On y remarque eneore ie Fort ou babitation de Sant-Antonio. IX. Capitainerie de Bahla de todos los Santas ou de San-Salvador. C'eft la mieux peuplee , la plus ticbe & la plus conlidcrabie de tout le Brefd. Elle tire fon nom de fa Baye , ou eft San-Salvador fa ville capitale. Cette Baye fur ainfi appellee par Manuel Pignerio Portugais , crni ćcant battu de la tempete , f 441 Mcthode de Geographie. vint heureufement ćcliouer le jour de lit Touflaints de Pannee 1500. Nem con-tent de cela , il voulut que la ville , cju'il batit fur cette Baye , rut nommće •San-Salvador ou Saint-Sauveur 3 en aC-* tion de graces de ce que Dieu 1'avoit fau-ve dun (1 grand pćril. Cette ville eft ntuće a environ 100 toifes de len port , fur le fommet d'une hauteur , tellement efear-pee du cofe de la mer , quelle en eft inac-ceffible ] de forre que pour y porter les marchandifes , on fe fert de grues čc au-tres machines , cu bien il faut raire le tour de cette hauteur. Les Eglifes J font belles , čc entr'autres la mćtropo* litaine , de meme que celle du Collćge. Les maifons y font de bois , excepte le Bureau de la Douanc qui eft bati de pierres. S. Salvador fut erige en Eveche en 1550 , & puis en Archeveche en 1676. Les Hollandois la prirent, la pille-renc , &c mirent le feu a fes magalins en 16-i 3. Le butin qiuls y firent fut li grand, qu'on alfure que chacun de leurs foldats eut pour fa part plus de 15 mille ecus j mais cette fortunc fut caufe que la plu-part deferterent , ĆV donna lieu aux Ef-pagnols de reprendre cette vlile environ un an apr£s. En eftet , le Roi d'Efpagne , pour lors Roi de Portugal , ayant ap' pris h prife de cette ville , y envova "7 joo honunes fous la conduite de Dom Le BrtfiL 44 3 frćdćric de Tolede , qui obligea les Hol-landois de la rendre par compofition. Les Portugais font dcpuis bien ioni fi će > de •nćme quc le chateau de Saint-Antoine 3 ou le Viceroi fait fa demeure , 8c 011 eft aufli PAudience royale , & le Con-feil fouverain de ce pays. Le port eft atifti dćfendu par quelques forts 8c ttes-frćquenrć , ce qui rend la ville riche 8c marehande. X. Capitainerie dos Ilhtos* Cette Capitainerie rire fon nom d'une de fes rivieres , 8c fournit beaucoup de fucre. Saint-George , lit u će prćs l'embou-ehure de cette riviere dans la mer , en eft la ville princi pale , 8c Santa-Cru^ ou Sanc-Antonio , la deuxićme babitation. X I. Capitainerie de Puerto Seguro* Cette Province, fertile en ris, un maiz , en fruits 8c en fucre , appartient aux Ducs d'Aveiro en Portugal. Ses ville.. font Porto Seguro j capit.de , ou Pierre Alvares Cabral dćbarqua dans le temps Su>il tit la dćcouverte de ce pays , 6c Sant-Amaro ou Amara. Quelques-uns y joignent Santa-Cru\ ou Sant-Antonio 3 nous avons mife dans la Capitainerie Ptćcćdeiite. T vj 144 Mechode de Geographk. XII. Cap kaincrk dc Špiritu Santa. Ceft une des plus ferriles du Brćfil, i cela pres qu'elle na pas beaucoup de fucre, Elle eft: arrofće des rivieres de Paraiba Sc de Špiritu Santo , qui ,*un peu apres leur jončcioa , font une Ulc , oii eft la petite ville du Sainc-Efprit j lituee a Fembouchure du Spiritu-Santo , ou la mer fait une Baye de me me nom. XIII. Capitainerie de Rco-Janeiro^ On recueille dans cette Province beau> coup de coton Sc de bois de brćfil ; mais peu ou poiut de fucre. Elle rire fon nom de fa principale riviere. Les Portugais »en rendirent les maitres en 15 jS , Sc y batirent la ville de Saini-Sebajlten 3 pres dc Pembouchure du Rio Janćiro dans U mer , qui y fair u:ie Baye. Cette ville qu'on nom me aufti Rio-Janeiro-, eft ariez marchande , Sc le fićge d'nn Eveque fu# fragant de San-Salvador. Les Francois la pillerent en 1712 Sc y nrent un gros bu-tin. Angra dos Reyet eft enfuite ta meil" letne habitariorr , que les Portugais aient dans ce pays. II y a aufli pres de la cote quelques Ifles , dans Fune deftiuelres les Francuis , fous la conduite de Villega-gnon y batirent en 15^5 , un. fort qu'il$ Le Bre'fiL 44 J nommerenr de Collgnl ; mais quiis ne garderenr pas long-reinps. Les Portugais permettent aux vaifteaux francois de re-lacher a i'I/le Grande ou de Saint-Gtorge. Rio-Janeiro , dit TAbbe de la Caille , dans le Journal de fon Voyage > fait au Cap de Bonne Efperance , eft une ville a prefent forr confiderable. Le nombte de fes babitans , y compris les Nćgres , eft d'environ cinquar.te mille. Les rues y fonr aftez beiles , prefque toutes tirćes au cordeau. La plupart des maifons , aftez bien baties , avec de la pierre de raille & de la brique , one communcment deux etages, plufieurs en ont trois : elles font toutes couvertes de tuiles. Les Egl i fes font la plupart obfcures, n'ćtant ćelairćcs c]ue par une large fenetre au-deflus de la porte. Prefque tout l'intćrieur en eft de fculptures de frifes doićes d'or moulu f mais ces frifes fonr fi multipliecs , qu'on tfy appercoir prefqn'aucnn deftein. La pl-uparr des carrefours fonr omćs dime niche, ou eft enfermee un« ftatue de la Sainte Vicrge , devant l.iquelle une lanterne eft allumee toute la nuir. Cette ni' che eft dorće , fermee de glaces, Se d*un beau rideau i le tout couvert pat un dais, & entoure de petits ex voto. C'cft-U que le peuple fe ralfemble tous les foirs pour chanter. le rolaire. 4 4 Mćthode de Gc'ognipkk. La ville eft ornec d'une fore belle place" en face d li pore, au milieu de lamielle on a conftrair depuis peu une belle fontaine, dont 1'eau eft fournie par un bel aquu-duc Le pore Sc la ville font dćfenkis par fept forts ; ceux de Sainte Croix Sc de S. Jean , a l'encree de la baye \ ceux de Villegagnon Sc de vS. Dominique , vers le milieu 'y celui de 1'Ifle aux Couleuvres, qui convre le milieu du port Sc de la ville ; enfin ceux des Benedićtins Sc de S. Jac-que , qui font a chaque extrćmire de la ville Sc du port. La baye eft d'une vafte ćeendue , Sc d'un fond excellent: elle eft toute entou-rće de tres-hautes montagnes couvertes de bois. On trouve un grand nombre d'habitarions tout autour de cette baye , aufti-bien que dans les vallćes des montagnes , Sc dans le grand nombre d'Ifles dont la baye eft remplie. Le terrein , quoique fabloneux, eft ex-tremement fertile, a caufe des pluies pref-que journalieres , & de la chaleur du cli-mat. Les orangers Sc les cirroniers f font fort communs, Sc leurs fruits s'y donnent prefque pour rien. 11 y a auffi beaucoup de bananiers , acajous , cocotiers, Scc. La nouriture de la plupatt des habitans eft le pa in de manioc Sc le poiflbn. Le commcrce eft 1'or Sc les pierreries. Le Brejih *47 X IV. Capitainerie de S. Vincent. Le pavs, arrofć par plufieurs rivieres , eft aftez Lertite , Tur rout en fruits \ ck on v rrouve des mineš d'argenr. Entre les Iflcs qui font fur ta cote , la principale eft celle dos Santos ou on voit la ville de San- Vlncente , & celle dos Santos. Cette derniete eft aujourd'hui la plus con-fiderable. San-Vincente , autrefois capi-tale , eft prefqu'abandonnee , paree que fon pore n'eft pas bon. Saint-Paul} ou San Paulo j ville fituee a vingt-cinq lieues au nord-oueft dos Santos, doit fon origi-ne a une troupe de fugitifs , Efpagnols, Portugais j Crćoles, Mćtifs, Mulatres , & aurres, qui pour fe fouftraire a la ty-rannie des Gouverneurs du Briiil, fe raf-femblerent en cet endroit, Sc s'y etabli-rent. Leur nombre s'y acerut tellement, que la ville contenoit quatre a cinq mille •uabitans au commencement de ce fiecle , fans compter les efelaves Sc les Indiens ejui s'eroient donnes a eux. Ils avoient ad-mis par mi eux des avanturiers de toutes les nations de TEnrope , Sc des Flibuftiers; mais ils ne fouftroienr pas dailleurs Fa-bord des etrangers cluz eux. Ils fe font long-temps gouvernćs en Rćpublique , fous la protećFion du Roi de Portugal , auquel ils payoient un tribut d'environ Soo mares d'argent, pour le quint du re- 44§ Methode de Geographic. venu de leur domaine , ou il y a des mineš dbr Sc d'argenr. Mais enfin le Roi de Portugal a foumis cette Republique a fon domaine immćdiat, dont elle depend au-jourd'hui. Le Pape Benoic XIV y a ćrigć un Evechć en 1745. XV, Capitainerie del Rey. C'eft la plus meridionale des Provinces du Brćfil. Elle eft a 1'orient du Paraguai, le long de la c6te de la Mer du Nord , qui la borne au levant 5 Sc elle s'ćtend pref-que jufqu'a la rive feptentrionale de Peni* bouchure du Rio de la Plata , dans Fef-pace denviron deux cens cinquante lieues communcs de France. Cerre Capirainerie a ete un fujer de difpute entre les Cours d'Efpagne Sc de Lifb-one , les Efpagnols pretendant qu'el-le faifoic parrie du Paraguai ; mais enfin le Roi d'Efpagne l'a cćdće a cehu de Portugal. Le pays eft rraverfć par quelqties rivieres, qui coulent du conchanr au levant > Sc par une chaine de montagnes qirt s'ćtend du nord-cft au fud-oueft , parallć-lement a la cote. La principale colonie que les Portugrds aient dans ce pays, eft fur la cote j San' Pe'dro j avec le fort de San-Miguel, qui eft ficuć fur le bord meridional du grand Zac de Mćrim. On voic quelques Ifles fur la cote. Le BtejiL 44*) Ptincipale eft celic de Sainte-Cathcrine 3 ^ui a neuf lieues de long fur deux de lar-ge. Elle eft tres-fertile j & on y irouve beaucoup d'arbres & d'arbuftes aromati-^ues j mais Pair n'y eft pas fain , a caufe de fon humidite j 8c on y eft tourmente par une prodigieufe quantite de moufti-°,Lies. Les Portugais y ont une colonie , avec un port dćfendu par plufieurs forts3 Un Gouverneur &c une garnifon. CHAPITRE VII L L A G U I AN E. C a r t e s. M. Bellin a donne une Defcription Geogtaphique de la Guiane 3 accompa-gnee d'un grand nombre de Cartes 3 qui en reprefentent toutes les partles dans le plus grand detail. IjA Guiane eft une vafte contrće de l'A-pvericjue mćridionale, bornće au nord par l"Orenoque j 1 Porient , par la Mer du Nord ; au midi, par la Riviere des Ama-*ones ; ik a Poccident, par le Rio Negro , belle riviere , qui foint la riviere des Ama-iones avec celic d'Orenoque. Confidćree 450 li fetkode de Geographie. comme renfermće dans ces bornes > \& Guiane ell une Ide , qui a m moins deux cens lieues da nord au fnd , & plus de trois cens de i'eft a l'oueft \ ayant pour froutieres le Brćfil, le Perou 8c le nou-veau Rovaume de Grenade. L'intćrieur du pays eft peu connu. On fait feulctncnt qu'il eft beau , fcttile , 8C peuplć de Nacions tres-nombreufes. Mais on en connoir a peine les noms , les Euro* pćens n'ayanr de commuiiication qu'avec celles qui font voifmes des cotes ou des grandes rivieres , par lefquelles on a pe-necre dans le pays. Relativement aux Nations Europeen-nes qui y ont forme des etabliffemens, la Guiane fe divife en quatre parties , Guiane Efpagnole 3 Guiane Hollandoife , Guiane Francoife & Guiane Portugaife. I. Guiane Efpagnole. On donne le nom de Guiane Efpagnole a cetre parrie de Ia Guiane ou les Efpa-gnols ont forme des erabliflemens , &c dans laquelle ils ont des Miflions , tant fur les bords de FOrenoque , que plus avant dans Fintćrieur du pays , jufqu'a cetce chalne de montagnes, qu'on trouve a environ quatre-vingt lieues au midi du meme fleuve. C'eft de cette chaine de montagnes que fort un grand nombre de rivieres 3 qui viennent s'y decharger > La Guiane. 45 l apres avoir trflverfe ces belles plaines &C ces vaftes forets qu'on trouve cntrelles &c le fleuve. Ces montagnes s'approchent en 9tUelques endroits aftez pres de 1'Oreno-*]ue j mais elles s'en ćcartent vers i'em-bouchure , en s'avancant jufqu'au hord de la mer , pres de la riviere de Poma-ron , de forre qu'elles femblent faites pour fćparcr la Guiane Efpagnole de la Guiane Hollandoife. Salnt-Thomas 3 fur 10renoque , eft le plus confidćrable ćta-bliffement que les Efpagnols aienc dans ces contrćes. 11. ' Guiane Hollandoife. La Guiane Hollandoife eft comprife entte les rivieres de Pomaron & de Ma-roni. On la no m me Cote de S urina m 3 d u principal ćtabhftement que les Hollandois y ont fur une riviere de meme nom. Cet-*e cote a appartenu aux Francois. Les An-glois & les Hollandois fe la fone long-temps difputće. Elle eft enftn reftće a ces derniers 3 par le Traitć de Breda en 1667, & par celui de 1674. Les Hollandois y cultivenr les cannes de fucre , le tabac tk le coton. Us y poftedent la petite ville de Surlnam 3 firuće fur la riviere de meme nom ; la nouvelle Mlddclbourg 3 fur la meme riviere \ le fort de Zelande , fur la cote , avec un bourg de 400 maifons. La colonie s'ćrend dans les terrcs treute lieues 4 5 i Methode de Gc'dgrnphie. au-de(Fus de l'embouchure de la rivieri? de Surinam. Elle elt parragee en huit dif-trićls. On y compte fept i huit cens fa-milles , outre les Indiens &c les Neg res, & il y a plus de auarre cens planrations ©u habitations fituees le lornj des rivieres. 111. Guiane Francoifc. Qnoiquon n'ait pas la date precife des premiers voyages des Francois a la Guiane , il elt conitant, par le tćmoignage de Laet & de Raleigb , qu'ils y ont ćtć des le temps que les Efpagnols en fircnt la premiere decouverte. En 1624, des Mar-chands de Rouen v envoyerenr une petite colonie compofee de vingt-fix hommes, cjui s'ćtablirenr fur les bords de la riviere de Sinaman. Une nouvelle colonie , plus confidćrable , vmt en 1616 , s'etablir fur la riviere de Cananama, a (ix lieues de Sinamiri. On y bacit un fort, ou 1'on mit lin Commandant, & 1'on y lailTa une bar-que bien armee , pour alTurer le commer-ce le long de la c6:e. Les Francois s'eta-blirent a Surinam , en 1640 j mais i I s abandonnerent bien tot cet endroit , bas & marćcageux , donr 1'air effc nial-fain. Les Anglois s'en emparerenr. Dans ce meme temps , p!ude 11 rs Mar-chands de dirTćrentes villes de Norman-die , formerenc une Compagnie 3 & ob* . La Guiane. 4 J 3 t'nrent du Roi Louis XIII des Lertres pa-tentes, par lefquelles cc Prince leur ac-eordoit ie prjvilege exclufif pour le com-nierce & Ja navigation de la Guiane. Les bernes marqućes a ce pays 3 dans ces Ler-tres , fonr la riviere des Amazones du CfW du Sud , & celle d'Orćnoque , du cote du nord j ce c|ui ne fonftrir aucune contradićtion. On donna a cetce compa-gnie le nom de Compagnie du Cap de Nord j a caufe d'un cap de ce nom , qui pointe la plus feptentrionale de Fem-boucbure de 1'Amazone. Dčs 1'ann.će 1^5 4, les Francois s'ćtoienr etablis dans l'Ifle de Caycnne } fur la cote de Remire , d'ou on avoir chaflTć les Ari-kare« , & quelques autres Nations In-diennes qui Fhabitoient. On avoit fait l'annće fuivantc un aurre etabhlFement trois lieues plus a Foueft „ fur une pointe de IT/le , ou l'embouchure de la riviere de Cayenne forme un port. On y avoit bari un forr, qu'on avou nom me le Lort-Louis , & tout auprčs un bourg ou ville , ^ni efl: devenu la capitale de la colonie. Les Hollandois , jaloux autant que les Anglois, du commerce des Francois dans H Guiane , envoyerent , au commence-Uient de 1676 , onze vai(feaux , pour s'emparcr de l'Ifle & ville de Cavenne. Avec de telles forces, ils en vinrenr faci-lenient a bout j & dans le delTein de con-- 4 ? 4 Methode de Gdographie* ferver leur concjucte , ils mirent le fort &£ la place en etat de dćfcnfe , 8c y lailferent une garnifon de quatre cens hommes de troupes rćglees. lis forrifierent auffi des ćtabliiTeniens qu'ils avoient faks, a 1 'infu des Francois, fur les rivieres d'Ovapoko 88 , & engagea les habitans de Ca" yenne a s'embarquer avec liti , leur pre* meceanc de livrer cette ricbe Colonie au pillage. Mais Fentreprife ne fur poinr heureufe. On comptoic furprendre leS Flollandois. lis etoient partout fur leurs La Gutane. 4 j 5 gardes. On fut repoulFe , de forte qu'a-pres avoir perdu bien du monde , on fut oblzge de fe rembarquer. Depuis ce tcmps Cayenne .1 eu beaucoup de peine a reparer la perte de fes habitans. La Guiane Francoife eft aujourd'bui bornee a 1'oueft par la riviere de Matom , qui la fćpare de la Guyane Hol-'andoifc , 6c du cotć de Feft , elle se* fend , fuivant le traite dTJtrecht juf-Cju'a la riviere d'Oyapoco , ou de Vincent Pincon , proche le Cap de Nord , que mal-a-propos on a voulu confondre avec la grande riviere d'Oyapoco, done le cours appartient a la France , & dans laquelle Vincent Pincon n'a jamais etć, fon embouchure etant ćloignće du Cap de Nord de plus de cinquante lieues. L'Ifle de Cayenne eft le centre de la Cuiane Francoife , & la ville qu'on y a barie , eft la capitale &c le chef-lieu de route la Colonie. Cette lile , a la-<]uelle on donne environ feize lieues de eircuit , eft haute du c6tc de la mer , ba(Fe dans fon milieu , & (i marceageu-fe en beaucoup d endroits 3 qu'on ne peut aller par terre d'un bout a Fautre j aiiili les habitarions qui font repandues le long des eotes j fe communiquent par eau. Ea terre de Flfle eft bonne. Ceft un fable, noir facile a labourer, qui a deux pieds profondeur , au-dellous defquels on 456 Methode de Geographle* trouvc une terre rouge propre a batir, a faire des briques & des tuiles , 6c racme de belles poteries. En quelques endroits il y a des minćraux , &c vrai-femblablement il y en a davantage en terre-ferme. Les cannes a fucre, le rou-cou , Findigo , le cacao , le cafć , le co-ton , le gros millet manioc 8c autres racines, y viennent tres-bien. Si Flfle ćtoit entićrcment defrichće, & fi Fon y faifoit des canaux pour lecoulement des eanx , elle feroit tres-faine, &c plus fertile qu'elle ne l'eft aćFuellement. L'air y ćtoic beaucoup moins fain , lorfqu'on a commence a s'y etablir j 6c les ha-bitans ćtoient fujets a des maladies tres-facheufes, La ville de Cayenne eft batie fur la pointe du nord-oueft de t'Ifle , ayant la mer au nord , & le Port a Poueft. Ceft une efpece d'exagone irrćgulier , entou* rć de murailles & de cinq baftions, avec quelques demi-lunes &c un folfć. DanS cette enceinte , il y a au bord de la mer > fur une hauteur, un fort nomme le Fort' Louls de Cayenne , qui comma-nde la ville & le port, dans lequel eft un ma-gafin a poudte & une citerne. On ne comp:e guere que deux cens maifons dans la ville, quelques-unes font a deu* ćtages. La maifon du Gouvetneur , l'E" glife du Sauveur, qui eft la paroilfe» La Guyanc. 457 & la maifon ci-devant occupee par les Jćfuices j font d'aflez beaux banmens pouc le pays. Ils font lirućs autour de la place d'armes. Les cazernes , le magazin du Roi, & i'hopital, font de 1'autre cote de la ville, vets la mer. 11 y a a Cayenne un Gouverneur, Se* un Etat-major. La garnifon eft aujour-d'hui compofće de trois cens bommes de troupes rćglćes , divifes en fix com-pagnies.*A la moindre alarme les ba-bicans , tant de la ville que de la campa-gne , font obliges de prendre les armes Se de fe rćunir. Un Confeil fouveraiu connoittde toutes les aftaires , & juge en dernier reflort. Cette Cour eft ordi-nairement prefidće par le CommilTaire otdonateur 3 en 1'abfence du Gouverneur. Les endroits remarquables , dans 1'Ifle de Cayennc y aprćs la capitale , font , les bourgs de Remirc , au fud eft \ de Mahuri, a 1'embouchute de l'Ouya, 8c de Matouri. Chacun de ces bourgs donne le nom a un quareier done il eft le chef-lieu. Les deux premiers font dans la pareie orientale de liile j le dernier eft dans la partie oecidencale, aux environs de la montagne de Matouri. L'lfte de Cayenne Sc fes envrons ne *"°nt pas les feuls cantons de la Guyane Tonit VIII. V 4 j 8 Methode de Geographle. ou les Prancois foient etablis, En allant vers 1'oueft , on trouve la riviere de Kourou , o u Ton a baci une EgUfe , Sc une bourgaJe , autour de laquelle on a ralTemblć plufieurs villages d'Indiens f dont la nlupart font inftruirs dans la reli-gion chfćkie*hne. Du coce du fud-oueft , on a bati en 1746 , un fott fur la riviere d'Ovapoko , ou Ton a mis un comman-danr & unc garnifon , dou les traireurs Eranems fe rćpandent dans rintćrieur d u pays > &: vont commercer avec des na« lions lndicnn.es, a (Te z eloignees. On avoit engage , des 1735 , plufieurs de ces na-tions rćpanducs le long de la riviere , a fe rćunir , 6c a formcr une peuplade j quon appelle la Miffion de S,. Paul, ćloignee de quelques lieues du forr d'Oya-poko. I V. La Guya;ie Pariugaije* Les Portugais ont etć trčs long-cemps fans fonger a former d'etabliftemens dans cette partie de la Guyane , qui eft au nord de la Riviete des Amazones , 5C renfermće entre le Cap de Nord & le Rio Negro. lis reconnoiftbient meme , a la fin du liecle dernier , & au coni-mencenient de celui-ci , qu'ils n'avoienc aucun droitfur ces vaftes pays , dont les 'trancois ćtoient en poffcftion depuis plus La Guyane. 459 de cent ans , comrae nons venons de Je dire. Mais ils leur ont ete cedes, par le ttaitč d'Utrecht. Les principaux etabliflemens qu'ils y ont formes, font, le Fort de Macapa, fur ^Amazone , a quarante lieues du Cap de Nord ; cehu de Paru , fur la rive fcptentrionale du mcme fleuve \ Curupa-tuba s fur la riviere de meme nom , a l'endroit ou elle fe fćpare en denx bras , poiir tomber dans PAmazone ; S. Fran-cois du Pre ; Surubin , fur le bord d'une riviere de mcme nom j le fort de Pau-xis, fur PAmazone , dans un lieu ou, le lit de ce fleuve retferre , &c debaraf-fć d'Ifles , forme un detroit de 905 toi-fes de large. Le flux & le reflux de la uier parvient jufqu'a ce detroit, du moins *d y eft fenfible par le gonflement des eaux du fleuve s qui s'y fait remarquer de douze en douze heures , &c qui re-tarde chaque jour , comme fur les cotes. *U) Ne gro , fitue a Fembouchure de la riviere de meme nom dans PAmazone , *ft Petabliflement le plus ćloignć que *es Portugais aient fur PAmazone. De-P^is long-temps ils y font un grand com-^erce defclaves. Un detachement de la pfrnifon du Para eft toujours campe fur es bords du Rio Nćgro, pour te dr eu ^fpećF les nations Indiennes qui les ha-lt«nt, 6c pour favorifer le comrnercG V ij 4.6*0 MSchodc dc Gcographte. des efclaves dans les limires prefcritei par les loix de Portugal \ 6V rous les ans ce camp volant s a crtu on donne le nom de croupe du rachat , penetre plus avanr dans les terres. Les Portugais ont remonte le Rio Negro plus de cent lieues au-delTus de fon embouchure, & jufqu'au-dela d'une cataraćte alTez confidćrable. Toute la par-tie connue de cette riviere , eft peuplee de MifliOriS portugaifes , a dix ou doaze lieues les unes des autres, oii Pon a raftemble le plus que Ton a pu d'Indiens. II en eft de meme des autres rivieres , qui ont leur embouchure dans PAma" zone, entre le Rio Nćgro &c la mer, LES ISLES de lyAMARIQ U E. Hlles font en trčs-grand nombre : niais les plus remarquables , Sc celles qui mćritent le plus de confidćration , a caufe d u commerce quon y fait , font dans I'Amerique Septentrionale. Celles de la Mćridionale nous arreteront moms que les premieres. »- ■ CHAPITRE PREMIER. ISLES DE VAM£RIQUE Septentrionale. CjEs Ifles j qui font fituees dans la Mer d u Nord , peuvenr etre diftinguees er> quatre corps ou alfemblages : ce fonc les Acores 011 Terceres , celles de J erre-Reuve j les Bermudes , 8c les An-tdles. Viij 4^2 Methodc de Geographie. A R T I C L E L LES AgORES on TERCERES. CjEs Ifles font lituees entre les 346 8c 354 dćgres de longirude , eV entre ies 57 & 41 de latitude feptentrionale. Quelqu.es Gćographes les rapportenc a lAfrique; & M. d'Anville les a mifes en fuppliment, dans fa Carte de cette partie du monde. Des Marchands Flamands de Bruges les deeouvrirent vers le commencement du X Vc fiecle , fans neanmoins y faire aucun etabliflement , 8c fe contenterent de leur donner le noni d'IJIes Flaman* des. Gonzalve Vellčs y aborda en 1449 > & en prit poCeffion pour ie Roi de Portugal, a qni elles appartiennent en-core aujourd'hui. Le grand nombrc d'Au-tours qu'il y trouva , leur fit donner le nom d'Acores j tk pour ce qui eft de eelui de Etrceres , il vient de la, prin-cipate de ces Ifles , qui font fituecs entre les deux continens, environ a ijO lieues du Portugal. Les Acores jomlFent d'un air fort fain ■ on a (Ture mćme que ccux qui vont de iancicn Continent dans le nouveau , ^e Les ifles Acores. 4 6 5 font pas plutot arrives dans ces Ifk-s , qu'ils cefTent d'etre incommodes de tou-tes les vermines qu'ils poutoient y ap-portet. Le terroir y eft fcit montagneux ; mais il ne lailfe pas de produire en quelques endroits alfez de bled j du vin , des fruits , 8c quantitć de padel. On y voit audi un gtand nombre de beftiaux , & furtout des boeufs , qu'on eftime fort en Europe. Les ldes Acores voient pader a leur midi les dotes du Mexique t* du Perou, qui vont en Ef-pagne. Autrefois on ne comptoit que fept Acores } mais aujourd'hui on tait etat de neuf principales, fans parler de quel-a,ues autres plus petites &c de nulle con-fidćration. Ces neufs ldes font la Ter-cerc ou 1'Ide de Jefus-Chrifl , la princi-pale detoutes; Sce. Maric ; S. Michel ; S. Gcorge ; Pico ; Fayal; Graciofa ; avec Flores j & Cuervo Ou Corvo, que les modernes ajoutent aux fept autres , dont elles font un peu ćloignćes vers Tocci-dent. Ste. Marie &z S. Michel font plus avancćes vers lcrient & vers le midi *, les autres cinq font entre ces quatre dernieres. La Tercere, la plus condderable de lntnes, eft ainli nommće , parce qu'el!e eft la troific:me de ces ldes, qu'on ren-contre en venant du Portugal. Angra en V iv 464 Methode de Ge'ggraphie. eft 1j capi tale* & ime a(Tez jolie ville', dćfendue par une bonne Forterefle, ou le Gotivemeur de toutes les Acores fait fa rćiuience ordinaire Alphonfe Hcnri, Rpi de Portugal, y fut renfermć en \6(m) , apres avoir ćfć juge incapa-ble de gouverner. Angra eft aufli le ilege d'un Bveque fuftraganr de Lisbonne , &C a un aflez bon Por- , pres duquel font deux montagnes , ou il y a roujours des fenrinelles , pour avertir le Gouverneur de la V i!le de ce quils voient en mer. Ste, Mane Sc S. Michel font deux Ifles oii quelqnes Gćographes ont place le premier Mćridien. L'Ifle de Sai/it-George fut ainfi nom-mee par les Portugais , a caufe qu,ils la dćcouvrirent le jour de la fcte de ce Saint. Pico porte le nom du Volcan qu'elle contient , mais toutes les matieres coni-buftibles en etant confumees des 1683 , il ne jette plus de flammes. Fayal &c Graciofa n'ont rien de remar-cruable. Corvo & Flores ont fervi a quelques Gćographes, pour faire pafler le premier Mćridien. Les If.esde Terre-Ncuve. 4^5 A R T I C L E II. LES ISLES DE TERRE-NEUFE. ILes principales de ces Ifbs font celles de Terre-Ncuve > d' Anticofi , d u Cap-Brtppn ou Royale, 6V celle de Saint Jean: toutes fitućes a l'orient du Canada 5 dans le Golfe de Saint Laurent. I. L'Ifle de Terre-Ncuve , qui d on ne ibn nom a tout le corps, eft (Ituće a len-tree du Golte de Saint Laurent \ entre les 321 6c 330 degres de longttude , &c entre les 46 & 5 5 degres de latitude fepr tentrionale. Sebaltien Cabot , Vćnitien , envoye par Henri VII, R01 d AngleterVe , la reconnut le z4 Juillet 14.97 j & lui don na le nom de Lerre de Buccalaos ou des Morues , a caufe de 1'abondance de ces poiflbns, que 1'on trmve pres de fes coces. L'an 1 50 > , G ffpard Cortereal la decouvrir plus pmiculićremenr , pour le Ro< de Portugal. Des pecheurs Normands & Bretons la re< on nu ten t en 1504. H mi-fred Giiberr , Anglois , en prit poft\fli >n pour la Reine Ebfabeth , en 1583 , Sc der-nrlit au< autres Nuions\d'v pechcr. Son deftein ćroir d'y ćtablir ur jColprilj Angloife j mais ayant fait nautrage a fori* 4^ Methode de Ge'ographle. retour , Pćtablilfement de la Colonie fut difcontinue jufqu'en 1608 , que Jeati Guy , marchand de Briftol , arriva a la Baye de la Conception fur la c6re orien-tale de certe lile , ou il fit quelques habitations. Depuis ce temps la les Fran-$ois s'y font etablis a la Baye de Plaifan-ce y i celle des Trepajfes &c a celle des J/les , fur la cote meridionale. Mais le Roiacćde, en 1713 , d FAngleterre ce qu'il y polfedoit, par leTraire d'Utrechr, fe refervant nćanmoins le droit de la peche des Morues. Terre-Neuve eft aufli frequentee par les Hollandois , a caufe de la peche des morues , qui fe fait le long de fes cotes, mais fut-tout au grand Bane, qui n'en eft eloigne vers le fud-eft que de 60 lieues. Ce fameux Bane n'eft pas un ćcueil , comme quelques-uns Fonr cru,j mais on Fappelle Bane a caufe du peu de profon-deur quil a par rapport aux autres en-droits de cette mer , qui eft exrremement profonde. II eft toujours couvert de vingt cinq brafles deau , de forte que les vaif-feaux y peuvent ftoter fans danger • ce qui le diftingue des autres Bancs. Sa Ion-cueur du midi au feprentrion palfe \6o lieues \ fa largeur eft depuis 10 jufqu'a 50 lieues dorient en oecident, tk fa cir* conference en a plus de 400. Cette gran-de ćtendue le diftingue d'un autre Bane, Les IJles de Terre-Neuve. 467 qu'on appclie petit liane ou Bane Jacquet > peu eloigne du premier , vers le fud-eit. Le grand Bane elr forr frequente s &z il fe palTe point d'aunee qu'on n'y voie 400 ou 500 vai(feaux de prefque routes les Nations de l'Europe 3 qui y vonc a la peche de la morre verte ou blanche j car pour la morue feche ou mtrluche, elle fe peche entre Flfle eYAnticojli > & Flfle Bercee. La peJie de la morue verte fe fait depuis le commencement d'Avtil jufqu'a la fin dVOćtobre. L'hiver ce poif-fon fe retire dans la mer. L'lfle de■ Terre Neuve a prčs de c6o lieues de tour j beaucoup de bois ck fa partie feptentrionale plus peuplee que hi meridionale. Ses habitans font, i ce qu'rtrt dit, aifez trairables , & tra(iquent Volon-tiers avec les Francois &: les Anglois t qui sy font etablis aux environs des bayes , que nous avons marqućes ci-def-fus. Ce trafic con/ifte en peaux de caftors eV d'orignacs , que les Sauvages troqucnt avec les Francois &c les Anglois pour les clincailleries qui leut font apportees de PEurope , Sc qu'ils echangent aufli contre des morues. Les principales Bayes de Terre-Ncuve font celles dont la principile ćtoir celle du Port auX Gurs , le meilleur port de Flfle , qui a aćtćcedee aux Anglois, en 1765. Ceft entre cette lile Sc celle qu'on noin-me Xifie platte ou Percee , que fe fait la pieche de la merluche ou morue feche. Les Francois ne peuvent Fy faire , qu a la Les IJles de Terre-Ncuve. 46*51 diftance de trois lieues des cotes , qui appartiennenc aujourd'hui a FAngleterre » depuis la ceflion qui lui a ćte faite du Ca-fiada & des Ifles dom nous parlons. IV. Vfjle percee eft fort pecite , & i1-tuće pres de la cote du pecit pays appelle Canada propre ou Gafpefie 3 au fud-oueft de celle d'Anticofti , & pres de celle de Ronaventure, V. Llfle du Cap Brcton ou RoyaIc, enrre celle d'Anticofti & FAcadie , eft au fud de la riviere de- S. Laurent , & a environ 80 lieues de rour. Elle eft pr^f-que coupee en deux parries par le Golfe de Labrabor , qui ne laiffe que 80 pas de terrein entre ces deux Prefqu'ifles. Les Francois y avoient quelques Colonies, dont la principale ćtoit Louisbourg. Au-tour des cotes de cette Ifle on peche de la merluche, L'lfle du Cap-Breton ou Rovale a ćtć cćdee aux Anglois en 176$. VI. Le Golfe de Labrador conrienr a fon entrće une perire Ifle qui fe nom me Sainte-Marie ; mais elle na ricn de con-liJerable. VIL L'lfle de Saint Jean , a Pocci-dent de celle du Cap Breton , & pres de FAcadie , n'eft proprement qu'une forerde fipms , & a fa c6re fort efcarpee. Elle a aufli ete cedće aux Anglois, 47° Mčthode de Giagraphitv A R T I C L E III. LES ISLES BERMUDES ou de Summer. 0*Es Ifles font eloignees de 1600 lieues d'Angleterre , de 1000 de Madere , de 4C0 de rifle Saint-Domingue , 5c den-viron 300 de la Caroiine % cjui en eft la tetrc la plus'proche. Jean Bermude , Ef-pagnol , en £t la premiere decouverte vers le commencement du XVle fiecle, & leur impofa fon nom. Le Roi d'Efpa-pagne avoit refolu dy envoyer une Co-lonie 1'an 1522 j mais ce deffein n'eut point de fuite. En 1593 , Barbotiere, Capitaine Francois , y ćchoua par Pim-prudence de fon Pilote , cV 16 hommes cchapes du naufrage , defcendirent a. terre. George Summer, Chevalier Anglois, y fut potre en i6oy , par la violence des venrs , čk cpielrjues uns de fes gens, re-tournćs en Angleterre , louerent fort les commoditćs de ces Ifles , qu'ils nom-mereat les IJles de Sunmer. Trois ans aprcs , c'efl>i-d:re Fan i6"i2 , une com-pagnie de Nobles 6c de Marcbands ob- Zes TJles Rermudes. 471 tint une permidion du Roi d'Angleterre, our y mener des habitans, dont le nom-re fuc prcmierement de tTofous le com-mandement deRichard Moore. CeCom-rnandant y bacit huit forrerelTes en di~ vers lieux } Sz eut pour fnccefTeur Da-ttiel Tuckcr , lequel etant arrive en ces ldes 1'an 1616 , y fit cultiver les tertes, &c fdanter quanritć d'arbrcs. 11 employa aufli es nouveaux habitans a faire venir 5z a prćparer le tabac. Bntler fucceda k Tuc-ker J'an 1619. II y mena plus de 500 perfonnes , 6c n'en trouva pas moins. Il divifa les ldes en certains departemens cjni furent bientot peuples, car on y vit 3ooo Anglois des 1'an 1613 : ce qui femblera etrange a ceux qui fauront que ces ldes ne font pas comparables a 1'Angleterre , ni pour la fertilite du terroir , *ii pour la bonte de l'air. II y croit nean-moins en quelques endroits a (Tez de bled 8c quantke de tabac. On y voit audi quanti-W de pourceaux dt des tortues , dont la chair pade pour etre fort dćlicate. Les ani-maux venimeux ne peuvent nairre , ni vivre dans ces ldes. Les araignćes n'y ont point de venin 7 elles font de diver-fescouleurs , 8c font leurs roiles d forres , que les petits oifeaux y font fouvent arretes & pris. Les ldes Bermudes font en alTez grand '-ombrej mais il n'y en a qu'une qui 471 Mćthode de Geograpkle. foic palfablemenr grande, Sc quatre otl cinq de mediocre grandeur. I&s autres ione fore petites Sc de nulle confidćra* tion. Ces lfles font environćes de ro-chers, ce qui en rend I'abord fort dan-gersux. Eiles font aulli fort expofees aux tonerres Sc aux tempetes; mais leur plus grande incommodite eft le manque d'eail dotiče : car on n'y rroitve ni ruiffeaux, ni fonraines. La plus grande de ces Ifles eft celle de Saint-George , qui a cinq ou fix lieues de longueur , Sc une dans fa plus grande l.ugeur , le refte erant fort ćtroir. Tout le corps de certe Ifle relfemble fore a un croillant, Sc renferme d'aflez bons ports , dont les principau'k font ceux du Grand Sound , Harringcon 3 ljlins^ y Soui' hampton Sc Lagecs 3 qui de me me quC les forrs de Douvres Sc de Warwick » portenc les noms de divers Gentilshonv mes Anglois. Cette Ifle conrient pres de 5000 habitans , qui ont creufć quelques puirs , pour y conftrvcr I'eau de la pluie j ou celle qu'on y apporre de la Caro-line. Les aut res Ifles de mćdiocre grandeur, font celles de Saint-David3 de Warwick > Sc de Sommerfet. Les I/les Antilles. tfc A RTICLE IV. LES ISLES ANTILLES. C a r t e S. Le fieur Tillemon jOuDu Tralage, a donne une C dne fous le tltre a"Ar-chipelague du Mextque , ou les JJles Francoljes 3 que le fieur Rtoljn fit pa-rottre en une feullle Van 1688. Mais celle que M. BuACHE a donnee en 3 740 , en une feuille & demie , ejl bien meilleure. C E s Ifles , qn'on appelloit autrcfois Canbes , du nom de leurs premiers ha-birans, font firuees entre la Floride , la Nouvelle Efpagne , & l'Amerique Meri-dionale. Elles font un Archipel tres-con-fidćrable 3 & forment entf elles un cer-cle au-devant du Golfe de Mexique , dou elles ont ete nommees Antilles , c'eft a-dire llles antćrieures. Cependant quelques Autenrs reflreignent ce nom aux Ifles de Barlovento > ou vraies Ca-ibres. Les Antilles font fort fertiles en la pluparc des commodites de la yie * 8c 474 Methode de Giographie. donnent quantite de tabac , aufli-biefl que du fucte, le meilleur qu'il y ait" an monde. Leur fimation fous la Zone Torride, čx pres du Tropique du Can-cer , fait que l'air y eft alfez chaud j mais il n'eft pas mal fain a ceux qui y fonc accoutumes, Sc de plus les cha-leurs y font tempćrees par les vents &C par de petites pluies. Ces Ifles fe divifent aujourd'hui en liles Lucaves, en grandes Se en petites Antilles. Ces dernieres font fubdiviftes en liles de Barlovento , ou delTus le ven t, Sc en Ifles de Sottovento } ou fous le vent. Les unes Sc les autres furent de-couvertes par Chriftophe Colomb en 1491 Sz 1493. Elles font peuplćes de fix nations difterentes , favoir , de Ca-ribes , qui font originaires du pays , SC qu'on appelle aufli Cannibales , z. aEfpa-gnols j 3. de Francois ; 4. d'Anglois ; 5. A Hollandois; 6. de Danois. Les Caribes y pofledoient feuls avant 1763 , les Ifles de la Dominique , de S. Vincent Sz de Beke ou Bekia, qui font partie de celles de Barlovento -y mais les deux premieres ont hi aecordees ain-Angtois par la France. Les Efpagnols font les maitres des Lucayes , de Cuba j de S. Domingue en partie , Sc de Porto-Rico dans les grandes Antilles j de la Trinite, de la Afaf Les JJles Antilles. 475 guerite , & de Cubagua ou IJle de s Perles j pres de U Terre-Ferme. Les Francois ont une partie de S. Do-tningue dans les grandes Antilles , avec les petites Ifles de la Tortue S>c d'A-Vache , qui font aux environs. Ils ont aufli dans les Ifles de Barlovento pattie de S. Martin , les Ifles S. Barthele-mi j la Guadeloupe , la Dejirade Maric-G alante > la Martiniaue j 8c Sainte-Lucie. Les Anglois occupent aćFuellement la Jamalaue, dans les gtandes Antilles \ la plus grande partie des Vierges , VAn-guille , la Barboude 3 S. Chrijlophe y Nic-Ves , Redonda , Monferrat, Antigoa 3 la L>ominique, la Barbadi 3 S. Vinunt^ Gre-nade & Tabago. Les Hollandois pofledent Bon-Aire a Curacao , ou ils font a prefenr un fort gtand commerce , & Oruba dans les Ifles de Sottovento , 3c celles de Saba & de ♦S'. Euflache , avec une partie de Saint-Martin , dans les Ifles de Barlovento. Les Danois ont parmi ces dernieres, les petites Ifles de Saint-Thomas, de Saint-Jean &c de Sainte-Croi.v, qui font fnuees a Feft de Porto Rico. 476 Methode de Geographte. I. LES 2SLES LUCJTES. Ces Ifl^s fonr /iruees ati fud-efl: de la Floride , dont elles font fćparćes par le Canal ou Detroit de Bahama. Elles font en alfez gtand nombre, SC tirent leur nom de Flfle Eucayoneque , la plus grande de toutes. L'air y efl plus tempere que dans les autres Antilles , Sc le terroir y efl: a(Fez fertile en mais. Les principales de ces liles font Lucayo-neque Ciguateo , Turna , Guanahanl > Guanlba } Šamana j Yumeta j Curateo y Bimini j Bahama , Sc la Provldenee. DeS Sauvages les habitent feuls , excepte la derniere. i. Llfle Lucayonequej la plus feptcn" trionale des Lucayes, porte un certain arbre appelle Jaruma , dont le fruit eit affez delicat , & dont les feuilles fon« tres propres a guerir les plaies. II y cro»t aufli d'aucres fruics Sc du mais. i. Ciguateo j ou Alahajhr, efb la plus grande des Lucayes apres Lucayoneque. L'Ifle de Turna ou Long IJland $ fut nommee Ifabelle par Chriftophe Co' lomb. 4, L'Ifle Guanahanl ou Catt-IJland » la premiere terre que ce fameux Piloti decouvrit dans FAmcricjue en 1491« *' Les JJles Antilles. ' 477 Salvador eft le nom qu'i 1 lui donna , en memoire de ce que Dieu 1'avoit garanti de la confpiration que fes gens avbient toimce contre fa vie. 5. Guanlba > fur nommee par Colomb Sainte-Marie de la Conceptlon. 6. Šamana ou S u mana , a u m idi de la prćcćdente , 8c fous le Tropique du Cane.ec> 7. Tumeta, la plus meridionale des Lucayes, fur aufli nommee IJabelle du nom de la Reine de Caftille , epoufe de Ferdinand le Catholique. 8. Curateo a de bon ne eau douce. 9. Blmlnl donne fon nom a de farnem bancs qu'elle a au fud , tk qui s'ćtendenr prefque jufqu'a Plfle de Cuba. La navigation y eft extremement dan-gereufe s fur-tour vers Fendroit qu'on nom me le P race L 10. L'Ifle Bahama fut dćcouverre par Jean Ponce de Lćon en 1512 , &c donne fon nom i un fameux detroit ou canal tres-dangereux , 6c ou patfent les flores efpagnoles de FAmerique pour s'en re-tourner en Efpagne. 11. L'Ifle de la Provldenee, ou Aha* eoa y qui a ćte aufli nommee Plfle de Salnte-Catherlne , eft a 1'occidentde celle de Ciguateo. Elle fu.t decouverje en 1667 » & a long-remps fervi de retraite a quel~ ^ues piraces. Les Anglois qui les ont 47s Me'thode de Geographie. chalfćs, s'y font etablis , &c y ont un Fort. I I. LES GRANDES ANTILLES. 1 Ces Ifles, les feules quAcofta nom-me Antilles, & que quelques-uns appel* Ient Ifles de Barlovento, ou deiliis le vent, parče qu'elles font a 1'oppofite de celles de Sottovento , font fituees au midi & au fud-eft des Lucayes. On n'en compte ordinairement que quatre, a fa-voir Cuba , la plus grande & la plus oecidentale , Saint- Domingue , Porto-Rico 3c la ]amdique. Mais il y en a plu-fieuts autres petites aux environs , qut font, comme les quatres premieres , fituees fous la Zone-Torride. V L S LE DE CUBA. C a k t e s. M. le Chevalier de B e a u r a i n efr a publie une bonne Carte. Cette Ifle , entre 20 & le 24 degre de latitude feptentrionale , eft fttuee a 1'entree du Golfe de Mexique. Elle a 230 lieues de long doceident en orient, & 30 a 50 de large du fud au nord. Chriftophe Colomb la dćcouvrit le 27 Les IJles Antilles. 479 Oćtobre 1494, & 1'appella Fernanduie, du nom du Roi d'Efpagne , qui rcgnoic "dors j mais elle a retenu le nom de Cuba, cjui eft celui que les Infulaires lui one foujours donne. Cette Ifle , que les Ef-Pagnols ne foumirent entierement qu'en 1510 j eft fertile , quoique montagneufe. y trouve beaucoup de perroquets , de perdrix , de tourcerelles , quelques mineš dot & d'argent &t plufieurs mineš de cuivre. Ses Caps principaux font ceux de S. Antoine , de Corientes , 3e de Santa" Cri/v fur la eoce mćridionale de cette lile, que la flotte d'Efpagne , qui va au *Mexique , a coutume de doubler. Ses principales Montagnes font celles que les Efpagnols appellent Pan de Mam taruas 6c Sierras de Cobre > pres de Ba-yame } autrement S. Salvador, 011 il y a des mineš de cuivre. U y a aulli une Rutre montagne dont jI fort quantitć de ^tu me. L'Ifle de Cuba efl divifće par les Ef-P'ignols en fept Provinces ou Contrees ^Uon nom me Bayame , Camagueya , ^eyba j Macamun > May%i Uhima &£ •Xagua. Ses principales villes font la Havana °u 67. Chrijlophe j Capi tale de to ure Ifle S. Jacqu.es j Bayame ou S. Sal-v<*dor j Baracoa \ port 8c ville du Prm- 4§o Methode de Geographie. ce ; ville & port o. Efprit j ville Sc port de la Vrinite , pore Xagua , Sainte-CroiX ou port de Matancas , port 6'. Julien. La Havana ou .S'. Chrijlophe de Havana , iituee au nord-oueft de cette Me, eft une des plus belles Sc des plus grandes villes de l'Amerique \ la reiidence d u Gouverneur de Plfle Sc 1'abord des flotes efpagnoles , qui s'en rerournent en conlidćration des LTpagnoIs , au fervice dsfquels il eroit. Cette ifle eft la plus grande des Anrilles aprc-s Cuba , ik. s'trend principalcment , comme celle-ci j dorient en occident. Sa longueur eft de 150 lieues : fa largeur en a pres de 70, ik ion circuit en contient plus de 300. L'air y eft aflez tempere , & le ter-roir fertiie cn mais, en fruits, en fu-cre &£ en tabac. II y vienr aufli en queb ques endroits de la cafte & de tres-boO gmgembre. Les favanes ou prairies y nou' riflent quantite de bćtail, done on tranf-porte les peaux en Efpagne. Les inonta-gnes y font en aflez grand nombre j quel* ques unes ont des mineš dor & d'argentj mais apparemment peu conftderables j puifque les Efpagnols n'y font point tra* vailler. On trouve aufli dans cette lftJ une forre d'infećte appelle Cucuyo d' Coucoujou , dont les ieux & les cotćs, * l'endroit oii les alles font attachees , je1' tent une lumiere qui ćelaire de nuit con1' me une chandelle , & fournit une daf" iurHfante pour lire & pour eerire. L°r^' que les Efpagnols decouvrirent cette Ifle> ils y trouverent un peuple feroce cn ap* parencej mais cependant doux , /imp*e» Les IJJes Antilles. 483 *fans ambition ČV fans avarice. On y fe--couroit les pauvres, & les ćcrangers etoient favorablemenr recus. L'Ifle de Saiik- Domingue fe divife en deux parries prefqu cgales : KOrientale & VOccidentale. La premiere 4 ou fonc les meillenres vil les , eft poflcdee par les Efpagnols. La deuxićme , eft prefque toure babirće par les Francois , qui s'y ctabli-rent vers le milieu du dernier tfiecle , 8c a qui elle fut cedće en 1697, par le Traitć de RifVick. Autrefois il y avoit beau-coup de Boucaniers ou Flibuftiers s qui ne reconnoifloient d'autre maicre que leur General. Partie Efpagnole. Les principales villes que Fon trouve dans la partie orienrale , ou Efpagnole , font Saint-Domingue j capitale 3 la Con-eeption de la Vega 3 Sant-Iago de los Ca-Valleros j & Sainte-lfiibclle. Saint-Domingue , ftttiće au fud 5 a Fem-bouchure de FOzama , avec un port, eft une ville mćdiocrement grande , que Bar-ihćlemi, frere du fameux Chriftophe Colomb j fit batir en 1493. Lile ćtoit autrefois aflez confidćrable ; mais aujourd'hui toure fa fplendeur confifte en fon Audien-ce royale , la plus ancienne de toute l'A-*ttćrique , ćrigće en 15 1 2 , cV en or> Ar-cheveihć , qui a pour furTr gans les Lve- 4S4 Mćthode de Geographie* cjiies de Sanr-lago de Cuba , de Saint Jeat* de Porto-Rico , de Coro ou Venezuela, «3c de Honduras : ces deux derniers font dans la Terre-Terme , dont une partie de-pend de FAudience de Saint Domingue , comme on Ta dit pag. 48 i. II y a aufli a Saint Domingue une Cour des Monnoies, un College, & un aflez bel Hopital. Saint-Domingue eft la rćfidence du Gouverneur de riftc. Cette ville a beaucoup fouffert en 1727, par un rremblement de terre-La Conception de la Vega a eu autre-fois un Eveche , qui depuis a ćre uni -* . PArcheveche de Saint Domingue. Salnte-Ifabclle , qui eft une aflez bon-ne ville , fe trouve fituee au nord de cette Ifle. Sant- laso de los Cavalleros eft fuf la riviere de Jahia, a peu de diftance de la prćcedente. Partie Francoife. La partie occidentale de 1'Ifte de Saint-Domingue , qui eft habitće par les Fran- Port-Maf' got j Mome Rouge &c Mome Diable. Ls Les I/les AntilUs,- -\%> Quartier du Sud , qui s'ćtend depuis le Cap Lobos jufqu a la Baye du Cul de-Tac, ^ui a environ cinquante lieues de large y & eft abriquće des vents par 1 lile dćferte de Guanabe , a le Petit Goave . relidence du Commandant Francois:, le Grund Goave , Le o gane 3 le Cap Tiburon , & le Pore de J<.icqueme/. II y a plufieurs petites Ifles aux envi-fons de Saint-Domingue , dont celles de la Tortue Sc d'Avache font aux Francois , & celles de Saona ou Savana &C de Mona appartiennenr aux Efpagnols. La Tortue eft au nord de la partie oeci-dentale , &c celle d'Avache , au midi de cette meme partie. La Saona eft prćs de la cote du midi de la pattie otientale. Mona j entre Saint-Domingue &: Porto-Rico j a de bonne eau douce , Se un Gouverneur Efpagnol, qui dćpend de celui de ^ainc-Domingue. L'ISLB DE P O RT O - R l C O. Cette Ifle eft a Porient de celle de Sairuf-Domingue, dont elle eft fćparee par un toćtroit large de vingt-fix Hcucs. Elle eft templie de hautcs montagnes & de colli-H$s. On y voit peu de plaines; mais i l y * des vallćes tres-fertiles & de belles ri-Vieres. On y fait beaucoup de fucre. Chrif--ophe Coiomb la dćcouvrit en 1493 ^ Se X iij 486* Methode de Ge'ograpkle. Ini donna le no m de S. Juan de Porto-Rl" co , au lieu de celui de Boriquen } qu'elle avoit auparavant. Les Efpagnols font les mafrres de cette lile. Sa longueur eft de 50 lieues de Feft a Poueft; fa largeur en a environ 30, & fon circuit en contient j 60. Ses villes font S. Juan de Porto-Ri' co j capitale , Guadianllla & S. Germain le Neuf. San - Juan de Porto - Rlco eft ainfi nem* me de la bonte de fon port, 011 les plus gtands vaifTeaux font en toute furetć. L'entrće de ce port eft dćfendue par deuX chateaux , qu'on y a batis depuis que les Hollandois prirent & pillerent cette ville en 1615. San Juan de Porto Rico eft la rćfidence du Gouverneur de P lile , Sc le fiege d'lin Evćque fuffragant de Saint Domingue. Guadianilla , qui doline fon nom a une petite Ifle voiline , eft fur la cote meridionale , & Saint Germain } fur celle qui eft a Forient. Outre ces villes , il f a les ports de Loquillo &c de \Aquada. Ce dernier a un ttes bon mouillage , ou les Gallions & la Flote efpagnole s'arrctent en venant d'Efpagne , pour y prendre de Feau douce & des rafraichiflemens. Au fud-eft de Porto Rico eft la petite Ifle de Boriquen 011 Bieque > qui appar-tient aufli aux Efpagnols. Les Anglois 1» nomment Crabs - ifle 3 a caufe qu'elle abonds en toutes fortes d'ecrevifles. Us y Les tjles Antilles. 4S7 avoient forme en 171S un etablilTement, au moyen duquel ils faifoient la contre-bande avec les habitans de Porto Rico 5 mais les Efpagnols les y furprirenr en 1710, &c les tranfporterent tous a Porto-Rico & a Saint Domingue. Cctte petite lile eft fertile en fucre , en cafle , en gingembre , en fruits excellens 6c en betail. L A J A M A 1 <2 U B. C a H T e S. M. BUACHE a donne une Carte de la Jamaique , in-40. BROJAN , Anglois , a puhlic fur une meme Carte , la Ja-mdique & les autres I/les qui appartien-nent aux Anglois. Cette lile , a vingt lieues au fud de celle de Guba , fut decouverte en 1493 , par Chridophe Colomb , qui la foumit a 1'Efpagne. 11 la nomma Sant-Iago ou Haint-Jacques \ mais ce nom n'a pu pre-valoir fur celui de Jamaica , que fes habitans lui donnoient, & qui Itn eli tefte. Les Efpagnols ne commencerent a la peupler quen 1509. 11 y firenr perir peu d pen les Infulaircs , ou les enle-Verenc pour leurs autres colontes, Du remps dOIivier Crormvel, en 1654, les Anglois chafTerent: les Efpagnols de X iv 48 S Methode de Geographie. cette lile j & ils s'y font fi bien etablis, qu'elle eft aujourd'hui une de leurs plus fortes Colonies en Amerique. La Jama'jque a cinquanre lieues de long , & vingt a vingt-cinq de large. L'air y eft aftez fain. Les vents de terre & de mer , les pluies & les rofees de la nuit , en temperent beaucoup la cha-leur. Dans les mois de Juillet , Aoiit tk Septembre , on y eprouve fouvent des oaragans. Les tremblemens de terre y font aiilii forc frequens. La partie de Tlfte qui eft cultivće y eft fertile , & la mer abonde en poiftbn. Les principales chofes qu'on en tire , font du fucre , le meil-leur des plantations Angloifes , & dont 1'Angleterte tire cent mille grolTes bar-riques par an j du tabac , du cacao , du coton tres-fin , & une fotte de poivre c]ui a le gout des autres epiceries , Si qu'on appelle, a caufe de cela, ali fpices, c'eft-a dire toutes epices. II y croit aufl« du cafte. On n'en tire plus d'indigo} & on atcribue cette perte aux gros dtoits que 1'Angleterre a mis fur cctte mar' chandife. On y trouve beaucoup de bccufs , de vaches , de chevaux , čk dti bois pour la teinture. On y trouve auw en abondance des drogues & des herbes medicinales. 11 y a quantke de tortues » dont l'ćcaille eft trčs belle. Les riviere* &. ks lacs nouriftent beaucoup de ig* ■ Les IJles Antilles. 4S? quins & de goulus , poilfons voraces &: aufli dangereux que les crocodiles. Les fats s'y font extrcmenient multiplićs , &e caufent beaucoup de dommage aupt cannes de fucre. On rćcompenfe les Ne-gresd'une bouteille de rum, pour chaque dnquanrainequilsenattrapenr. Lepays eft fort couvert de bois , & traverfe de 1'eft a foueft, par une longue chaine de mon-tagnes, La Jamai'que eft gouvernee a peu pr£s comme 1'Angleterre. II v a un Gouvec-ncur qui reprcfente le Roi, un Confeil (8c une Allv'nblće compofee des Deputes des diver; divtričts , qui reprćfentent les deux Cfiauibres du Parlement. On y tieot: toujours une bonne efcadre commandee par un Amiral. Les Anglois on t depuis peu partagć 1'Ifle en cinq Comtes, favoir, Middclfex , Sarrev 3. Cornouailles , Nonhumberland.\3 & Sommerfet. De fix ou fept villes que les Efpagnols y avoient fondćes, il nen Je i te plus que trois, a qui on puiffe don-ner ce nom, Port-Royal, Kingjfon &£ S/, t «. /z - town y toutes trois fituees aufud-eft de l'Ille : les autres ne font pius que des villages. Spanish - town 3 que les Efpagnols nom -mo-.ent Sant-Iago de la Vegua , fur la Cabro, eft la capitale-de Vitke* la :ei; • 49° Methode de Geographie* dence du Gouverneur, 8c le lieu.ou fe tiennent l'aflemblee & la grande Cout de Juftice. La ville eft bien batie , 8C tres peuplće. Elle a beaucoup foufTerc » en i ćTq i , d'un rremblement de terre > 8c en 1703 d'un incendie. Mais efte eft tres-bien rćtablie ; ćk fes habitans vi" vent dans une opulence egale a celle des plus grands Seigneurs d'Angleterre. Port-Royal , autrefois un des plus beaux ports de l'Amerique , riche & de grand commerce , eft peu confidćrable depuis qu'il fut dćrruit par le tremble-menr de terre de 1692. En 1702 , 1* ville fut confumee par le feu : en 172* elle fouflrit beaucoup d'un furieux oura' gan'j & en 1744 un autre y fir un don1' mage infini. Port Royal eft dćfendu par le Fort- Charles , un des meilleurs de l'Amerique , ou il y a cent pieces de canon Se une bonne garnifon. :! Kingjlon fut bati en 1692 , apres qtie le tremblement de terre eut dćtruit Port' Royal. La ville eft regulićrement batie» bien iituee , & devient tous les joii*5 plus confiderable. Les meilleurs maf' ehands de 1'lfle y font leur demeure. Les Juifs y onr deux Synagogues. Fort-PajJ'age eft entte Port Royal # Spanish-Town. On l'a ainli nomme , d"1 palfage de ceux qui vont de Pune ^e les T/les Jntltleš. 49 t ces deux villes a l'autre. II y a plns de deux cens maifons , qui la plupart font des eabarets Se des auberges. III. LES PETJTES JNTILLES. Elles font au fud-eft des grindes An-tilles. On les appelle nulll Caraibes ou Canniba/es t du nom des peuples fauva-* ges qui les poftedoienc autrefois. L'air y eft fort chaud & aflez fain. II n'y fa.it janiais froid , Se la glace n'y eft point connue. Les arbres y font toujours vetds. II n'y a que trois faifons, le printems , Tete Se l'automne > fi ce n'eftquon veuille appeller hiver la faifon des pluies. Elles produifent beaucoup de legumes j mais point de bled. Les frnits y abondent Sc font excellens. On y fait beaucoup de ta-bac Se de fucre. D ns qiielques-unes on trouve de lindigo, des fimples Se des bois pour la teinture. La plupart man-quent d'eau douce , & fonc fujetteslaux ouragans, qui y caufcnt fouvenc de ptan-des pettes. On les diftingue en Iftes de Barlo~ Vento ou /ur le vent, Se Iftes de Sotto-Vento ou fous le vent. Ces dernteres font fttuees pres la cote de la Terre -Fet me. X vj 491 Methode de Ge'ographie. J S LES de B ARLQ-Ve&TO. Ces Ifles forment une efpece de croii-ianc a Pentree du Golfe du Mexique cV par cerre raifon on de v rok leur don-ner exclufivement le nom d'Antilles > etant direćtement oppofees aux grandes Ifles qui fonc dans le Golfe. Elles peuvent etre diftingućes felon les diflrerentes Nations qui les pofFedent ; c'elt a-dire , en Francoifcs Angloifes } Hollandoifes 3 Efpagnoles & Danoijes* i Les Cardibes y qui font les habitans ori-ginaires j ne polTedent plus feuls , que la petite lile de Beke ou Becouia j pres Vlile Saint-Vincent. I. ISLES FRJNgOISES. C a r t i s. On a de Guillaume Deli s le ime Cartt des Antllles Francoifcs j au moins deS principales. Les Antilles Francoifcs , font , la-Martinique , la Guadeloupe , Sainte-Eu-cie ou Alaufic y les Saintes \ Marie-Galan-te j la Deflrade 3 S. Barthelemi &Z p^r' tie de Sdint-Martin.. La Martinique & .la Guadeloupe font les plus toniidćrables- Z cs IJles Antilles* 4 9 5' C a r t e s. Notis avons deux bonnes Cart.es de la Mar* tinique : Vune par AL BUACHE ? Vautrc par le Chcvalier de BeAURAJN. i , La Marrinique,Ia plusgrande desIfles de Barlo-Vemo , & la demeure du Gou« verneur general des Antilles Francoifes, s'appelloit antrefois Matanina. Elle eft iliuiee pves du i 5e degre cinq minute.s de latitude feptentrionale , & peur avcir 45 ou jo lieues de circnit. Les Fran-tfOis commencerenc a Fhabirer en 1635 , &c y font aujourdhui au nombre de plus de quinze mille y fans comprer les Ca-ribes & les Negres qu'ils font travaillex au tabac & au fucre. Cetre Ide eft en-trecoupee de montagnes & de roch-rs inaccedibles : mais il y a des coteaux.., des plaines & des vallonsfort agreables. Les montagnes font couvertes de forecs de gros arbres. Le terreln en eft bon-, mais difficile a cultiver. II produit du manioc , du tabac, du cafe , du fucre j de Findigo , du roucou , de la cafle , du fene , cVc. La vigne r. qu'on y a rranf-portee de France ck de Madere , n'y eft pas bien venue d'abcrd ^ mais les plants ayant vieilli ont fort bien radii.. Il en a ere de meme du bled. Cepen- 444 Mc'thođe de Geographie. dane on ne culcive gućre ni Fun ni Vali-rre : la plupart des habirans ne man-gent que de la calfave faite avec de la racine de manioc , &z ne boivent que de Fduycou ou du mabi , boiflbns fai-tes dans le pays. Le Fort Saitu-Pkrre , fitue fur la cote oecidentale de 1'llle, en eft le chef lieu« U eft aceompagne d'un bourg alTez con-Jidćrable , qu'on peuc regarder comtne une petite ville. Ce Bourg eft la rćfidence du Gouverneur general & de FIntendant des Ifles Francoifes du venr , & du Confeil fupericur , qui eft compofć du Gouverneur general, de FIntendant, du Gouverneur parriculier de Fllle , de douze Confeillers , pris dans FOrdre des Avo-cats du Parlement de Pariš , d'un Pro-"aireur general & d'un Licutenant de Roi. Ce Confeil s'affemble de deux mois en deux mois, & juge en dernier ref-fort les affaires qui y font pottees di-rečtement ou par appel des Juftices fu-balternes. Un furieux ouragan aceompagne d'un ■tremblement de rerre , arrive la nuit du 13 au 14 Aout 176^ , a caute les plrfs terribles ravages dans toute Fllle de la Marrinique. L'Europe en a ecć inftruire par les relations qti'on en a donrtee?« M iis la fagefle du gouvernement , ni-dće du courage &c de la conftance de Les IJles Antilles* 495 la nation s ne tardera pas a rćparer ces dommages. 2. Sainte-Luck 3 ou Sainte-A/ouiric , fiCLiee au midi de la Mminique , a prcs de vingr- cinq licues de circuit. Les Fran-cois de la Martiniqne ,1 qui s'y etoient ćtablis en 1640 , K qui Favoienc en-fuite abandonnće , Font repenplee depuis Fan 1700- Les Anglots en ont difpute long temps la pofFcftion a la France; mais ils la lui onr abandonnće abfolument par le dernier Traite de 1763. Cette lile eft arrofće de pluficurs rivicres, dont les eaux Font fort bonnes : elle eft du Gouvernement de la Martinique. C a r t e s, M. Le Rovge a donni en 1753 j une Carte de la Guadehupe, 3. La Guadeloupe , ainft nommec par les Efpagnots , a caufe que fes montagnes reflemblent a celles de Notre Dame de Guadeloupe en Efpagrie , s'appelloit autrefois Karukuera* Elle eft vers le i4e degre de latitude feptentrionale- L'air n'y eft pas fi chaud qu';i la Martin i que , & les eaux y font excellentes- Cette lile eft double Sz fe divife en Bafte terre vers le couchant, Sc en Cabelterre , ou Haute terre, versForient. L'une & l'autre 4$>6 Metkode -de Geographie. ione feparćes par un peric bras de met denviron uhe licue S. Vincent > la Grenade & Tabago. 1. Virgengorda ou Spanish-town.j eft la principale des petites Iftes a Feft de Por-torico , qu on appelle les Vierges. Elles font hautes , & il y a de fbrt bons mouil-lages \ mais le terrpir n'cn- eft pas des meilleurs. Virgengorda eft entourće d'au-tres Iftes tres-petices, ou les Anglois fe font aufti ćcablis. 2. VAnguille eft prefque ftćrile , & n'a que peu d'habitans, qu'on dit cere les hommes les plus parefteux de funivers. U y a un ćtang d'eau douce. 3. La Barboude rapporte du tabac , & abonde en becail, en gibier & en fruus. Les Caraibes Font fouvenc furprife & pil* 49 8 Methode de Geographlei lee ; mais leut nombre ayant diminuć, St celui des Anglois augmenrć , ces derniers en font depius long-temps tranquilles pof- fefTeurs. La famille de Codnngtpn en eft proprietaire* 4. Saint Chrijtophc j au fud-oueft de la Barboude , fur decouverte par Chriftophc Colomb , qui Iui donna le nom de Ibn patron. Les Anglois qui s'y etablirent en 161? , Tappellent Saint-Kics. Elle peut avoir vingt cinq lieues de circuir. Le mi-lieu de 1'Ifte eft fort montagneux. La ter-re y eft lćgere &c fabloneufe. L'air y eft chaud ; mais pur & fain , parce qu'il eft tempere par des vents rafraichiflans. Le terroir produit du fucre , du gingembre , du coton , & des fruits delicieux en abon-dance. Baffe-Terre eft la nrincioale habi-tanon de cette Ide. II y a une Maifon de Ville , un Hopiral & une Eglife. Les maifons font bien baties. Les riches pro-prićtaires des plantations y font leur de-meure , & y vivenr en grands feigneurs. 11 y a plulieurs forts pour la defenfe de 1'Ifte. 5. Nevis ou Nieves j au midi de la prćcedente , eft petite 3 mais fertile. Elle produit du fucre , comme les autres Ifles, avec Iequel , au lieu d'argent, on fe pro-cure par echange , tontes les chofes dont on a befoin. Un grand nombre de vaif' feaux y abordent, quoiqu'il n'y ait pas un Les IJtes Antillesi 49$) feul havre de bon. L'Ifle a un Gouver-neur , un Confeil Sc une AlTemblee, dont *es loix ne font en vigueur que pendanc Un an, a moins qu elles ne foient confir-rnees par le Confeil Prive du Roi. 6. Redonda 3 un peu plus au fud , n'a fien de remarquable. 7. Monfcrrat, encore plus au fud , eft peu conliderable. Son fucre eft moins ef-time que celui de la Jamaique & de la Barbade. Les Anglois s'y font etablis en 16,7. C a r t t s. On a de M. BuACHE une Carte de Vljle d'Antigou. U la publia en /741, in 40, 8. Antigoa j Antigue ou VAncienne 3 i l'eft des trois precedentes, a environ vingf lieues de circonference. Oeftde toiues les Iftes Caribes , celle qui a les meilleurs ports. L'acces en eft difficile , a caufe des ecueils qui lenvironnent. Le climat y eft fort chaud , & les ouragans rres-frequens, ainli qu'a Ncvis. Antigoa n'a ni rivieres , ni ruifleamt ; de forte qu'on n'y trouve d'autre eau que celle de quelques fources, & celle de pluie qu'on raflemble dans des citernes. Lorfque les fources font taries 6c les citernes epuifees, on va cher-cher de l'eau douce a Monferrat & a la Guadeloupe. Mais en temps de guerrc, 50© Methode de Geographie. les Anglois font reduits a celle de Mou-ferrat. Malgre cet inconvenient, la plan-tation eft riche. Le fucre , le tabac & le rum , en font les principaux objets de commerce. On y cultivoit ci-devant de 1'indigo & du gingembre j mais faute d'encouragement, on en a neglige la cul-ture. La venaifon le gibier & le betail y font fore communs. Antigue a un Gou-verneur. Elle fe divife en cinq Paroilfes. Samt-John 3 au nord-oueft, en eft 1'habi-tation ou ville principale : elle contient environ deux cens maifons , tres-bien ba-ties. <). La Domlnique 3 qui eft entre la Guadeloupe & la Martinie|ue , a un ter-roir fort montagneu*. Elle etoit ci-devant des Iftes neutres, abandonnees aux Čari-bes \ mais par le Traice de 1763 , elle a hxi cćdće aux Anglois. On y trouve des ferpens tres-longs & tres gros. Comme les Caribes , habicans naturels de ces Iftes , fe font retires en partie dans celle-Ia a mefure que les Europeens occupoient les autres j ils y font en alfez grand nombre. C'a k t h s. Le a , Geographe Anglois a donnd en anglois , une Carte de VIJLe Barbade. 10. La Barbade i fttuee fous le vy- Les IJles Antilles. cor degre de latimde feptentrionale , au fud-eft de la Marcinique & de Sainte-Lucie , effc, apres la Jamarque , la plus eonfidć-rable de toutes les llles que les Anglois pofledent en Amerique. lis ont commen-cć a s'y etablir en 1615. Cette lile a en-viron trente-cinq lieues de tout. L'air y eft fort chaud pendant huit mois de 1'an-nće y la clialeur y feroit meme infup-portable , fans de certains vents de mer , Jiommćs hrifes , qui fe levent avec le fo-leil, & fouftlent tant qu'il monte fur 1'ho-•rifon. A l'exception d'une riviere qu'on nomme Tuigh 3 dont 1'eau eft couverte d'une buile qu'on garde pour bruler dans les lampes , la Barbade n'a point d'eau courante j mais on trouve de bonnes fources prefque par-tout, & on a des citernes pour garder 1'eau de pline. On cultive dans cette Ifle le coton , le fucre , le gingembre, 1'indigo. 11 n'eft pas permis aux habitans de trafiquer avec d'autres Nations qu'avec les Anglois. L'Angleterre leur foumir toutes les cho-fes dont ils ont befoin. Elle y emploie tous les ans plus de trois cens vaifteaux de 150 tonneaux , & Ton y en a vu juf-qu'a quatre cens. Le commerce de cette lile procnre un avantage inrini a la Na-tion Angloife. En 1730 , on en rira 12765? barriques de fucre de 13 quintatix pefapt, furlequelil y eut 340391 livres fterling .5 o l Metkode de Gćographie. de profit clair. Les habirans y font de trois fortes y les Al aure s 3 Anglois, Ecoflois , lrlandois , Hollandois , Francois & Juifs J les DomeJliques blancs 8i les Negres. Les Domeftiques blancs font loues oil achetćs pour un certain temps. Les Nć* gres font efclaves toute le ur vie j on les emploie dans les champs, & aux ouvra* ges les plus rudes. On leur accorde plu' iteurs femmes , parce qu'eri multipliant, les mairres y trouvenc leur compte. Ces Negres fe vendent ttes-cher j & Ton efti-me plus ccux qui font nes a la Barbade que ceux de Guinee ou dailleurs. De 1'ecorce de citron , on fair dans cette Ifle une liqueur delicieufe , qu'on appelle Eau de Barbade. Les Anglois en tirent une grande quantite de citron * pour faire leur punch. On trouve a la Barbade toute forre de fruits , donr on fait des confitures excellentes • uiais il n'y croit ni bled ni vin. L'Ifle eft partagec en onze Paroilfes. Elle a un Gouvernement, um Confeil de dou-ze, 6c une Aftembleede vingt-deux me m-bres > que les Paroilfes choififlent tous les ans. Br'tdgejcown , au fud - oueft de 1'Ifle , fur la Baye de Carii/e en eft l qui y culci-vent au (Ti du tabac , eomirie les Francois cjui parragenc avec eux cetce lile. IV. IslesDanoises. Elles font au nombre de rrois. 1. Saint-Thamas , a Foricnc de Porto Rico, eft Fune des Ifles nommees les Vierges. Les Danois y ont une liabita-rion » & y font tfavailler au fucre 8c au tabac » en auoi con (i (le le principa! rap-port de cette lile. Ils vendent beaucoup de Negres aux Efpagnols. 1. Salnt-Jean , a pcu de di (lance de la precedente , eft auili une des Vierges: elle eft pcu confiderable. 3. Sainte- Croix , qui eft a dix lieues environ au midi , n'a qu'cnviron douze lieues de longueur & trois de largeur , dans Fendroic le plus ćtroir. L'eau douce y eft rare , mais le rerrein eićellent; & il y a de fort beaux arbrcs, Cette lile a trois Ports aflures. Les Francois s'y ćta-blirent en \6\o , & leur Colonie com-mencoit a y etre floriflante , lorfju'ds l'abandonnerent en 1 pour aur;men-ter celle de Sainc-Donungne. Us vendi-renc en 1733 le droit quds avo'ent fur Tome VIII. Y 5oc* Mhhode de Ce'ographic. certelflea la Compngnie de Dm-marck, qui en 1735 y a ei.ibli une Colonie avec lin Fort. iS LE S DE S OTT O V E NTO , 0 £ e V E N T. Ces Ifles qui fonr en plus petir nonv brej 6c moins coniidćrables , que celleS de Barlovento , fonr fituees pics de la cote de la Terre - Ferme , en 1 A meri-que Mćridionale , 8c s erendenr depuis le Golfe de Paria , jufqu a celui de Venezuela. L'air y ell plus chaud , &c ie terroir en general moins fertiie , que dans les llles de JBarlovento. Uavantage qu'elles ont, elt quon ptche quantite de perles le long de leurs cores. Ces Illes font pour la plu-part dćfertes : il n'y a dhabitees que cel-les de la Trinite , de la Marguerite & de Cubagua 011 de s Perles , qui (ont aux Ef-pagnols ; de Curacao y de Bon - Ayre & aOrubajCpdappaniennenraux Floilandois, I. iS LES E S P AON O LES. I. I a Trznite , ou la Trinidad j ell la plus orientale , tram lituee pres de Feiu-boiuhure de FOrcnoque. Les Efpagnols y ont une Colonie a la ville & pore de Saintjofeph , qui a affez de peine a fe defendrc contre les Sauvnges de Flflc. Les Ifles AniiUes. 507 t. La Margueriu rut decouverte par Chriftophe Colomb en 1493. H y a deux bons ports , Sc la Colonie Efpaguole y fait un grand debit de fel. La ptincipale pla ce fcnounne Macanao. 3. Cubagua 011 tfjle de s Perles j nom-rnće ainii, a caufe qn'on y en pcche beau-coup le long de fes cotes, eft fort petite , 8c htuee au fud-oueft de la Marguerite. II. iS LES Ho L L A N D O I S E S. t. L'Ille Cura ca o , la feule lile de con-fćquence , que les Hollandois aienr dans rAmćrique , na qu'environ cinq lieues de large , St netit ou dix de long. La tene y eft ferr nnie , nouric aftez de bctail , Šc a aujourd'ui beaucoup de plantations de fucre. II y a aulfi au fud une Ville qui octe le nom de rifle , 6V qui eft jolimenc atie , avec un bon Por t, ik uneforte Cita-delle. Ses Marchands font riches , & font tin grand trafic de Nćgres & de marthan-difes de Hollande , avec les Efpagnols de la Terre-Ferme , donr ils tirentdes perles, des pierreries, de findigo, du cacao , de la coehenille & du tabac. Certe Ville eft la tćfidence du Gouverneur de lTfle , duquel dćpendent les Conimandans de Bon Ayre & d'Oruba. Elle pafle aujourd'hui pour un des plus riches ćtabliifemens des Hollandois. 5 o S Metliode de Geographie. z. L'Ifle de Bon- Ay re cm Buen~Aye % qui eft moins grnnde que Curacao , en eft čloignee dc neuf ou dix heues vers Pelr. II y a bcaucoup de chevrcs> un bon marais falanc y une fontaine d'eau douce , cV un Port afTez grand ; mais done Fen* tree en; fort dirficile. On y trouve aufli UO village , ou demeure le Commandanc de l'Ifle avec fept ou huit foldats. 3. Oruba , ou Aruba , efl: eneore plus petice : elle eft a 1'oueft de Cutacao , done elle n'eft eloignee que de cinq ou lix Heues. Elle ne rappone pas un grand revenu aux Hollandois , qui n'en tirent que des cbevres , des brebis, & quelquQ peu de fucre. III. Autres I/les de Sottovento. Les Ifles dćferres font, la Blanca j la Tortuga ou Tortue 3 Orchilla & Sainte* Cathtrine , dan s le fond d u Golfe de Me-xique , prife fut les Efpagnols tk piliće en 1670 , par Morgan , Anglois s Capi-taine de Fhbuiliers j l'Ifle d'Aves, ou une Flocte de France echoua, en 1678, L'Ifle de la Tortue eft furnommee la 5'aU lee , pour la diftinguer des Tortue s fe-ches j pres de la Floride , & de la Tortue Fran^oife pres de Plfle de S, Do* mingue, Ifles de fAmernjue Mdridlonah. 509 CHAPITRE II. IS LES DE L A ME RILI U E Meridionale. C^Es Ifles font pen confidćrablcs , en comparaifon des precedentes. Elles fe rrou-Vent les unes dans la Mer du Nord , a Porient j les autres dans la Mer du Sud , a 1'occident. A R T I C L E I. ISLES DE LA MER D U Nord. 1. C/AlYENNE : on en a deja parić , en decrivant la Guiane , page 455. Ccft le principa 1 ćtablilfement des Francois dans ce Pays. C a r t e s. M. BUAC H E a donne en 1737 une Carte de l'Ifle de Fernand de Noronha % avec celle de la partie de 1'Ocean vcrs VEquateur j en tre les cotes d'Afriqus & d' Amerique. y iij 51 o Methode de Geographie. 2. Noronha , ou 1'Ifle de Fernand de Noronha , eft a 70 lieues de la core da Brefil. Les Francois en avoient pris pof-feflion en 1-754^ mais ils Font abandon-nte. Klic dćpcnd aujourd hui de la Capi-rainerie de Pernambouc au Brćfd , qui envoie des vivres a la petite Colonie Porrugaife que Ton y a tranfportće efl 2738. Car cette ille ne peut produi* re de quoi nonrir fuffifammenc, les habi-cans , fante d'eau. 11 arrive quclquefois qu1il n'y ton)be pas ime goute de pline , pendant rrois 011 quatre annecs de fuite. La Bourgade principale , o 11 rćfide le Gouverneur, eltdans les terres. Les Portugal on t une bonue garnifon dans cette Ifle &r j ont bati fept Forts. Elle a don-ne occafion a M. Buache de commen-ccr a faire connoitre fon fy(reme phy-fique de la Terre , confideree par les chajnes de montaenes, tk marines Sc tcrreftres , qu il a explique en entier dans les Memoires de V Academie des Sciences , annee 1752. On peut voir lur fa Carte de Noronha , la coupe du fond de la mer 3 entre FAmerique Se FAfri-que. 3. Vljle de 1'Afcenfon, Se les /fes de JAartin-Va\, qui fe rrouvenr a plus de 200 lieues de Špiritu Sanćto du Brć-Fil , fonc defertes. 4. U/JIe Sainte-Catherine , fur la cote IJles de VAmeriqut Meridionalc. \ i i de la Capitainene du BrelU , nommee tlel Rey , eft habiree par une Colonie Porcugaife : on en a parić ci-devaut , page 449. M. Bouver y reladia cn al-fant a la dćcouverre des Terres Antarc-tiques. 5. Les Sebaldes ou IJles de Wrert , font au midi , a quelque diftance du De-troit de Magellan. II y en a trois qui font peu conftdćrables. Elles tirent leut nom d'un Navig.iteur Hollandois qui commenca a les dćcouvtir en 1 590. Un canal de fept 011 huit lieues les iepare des fuivantes. • • C. Les IJles Maloulnes , ainfi nom-mćes parče qu'elles ont ćtć entićrement dćcouvertes en 1706 par des navigateurs de S. Malo. 11 y en a une qui eft tres-grande &c dont le terroir eft fertile. On vient d'y ćtablir une Colonie Fiancoife. 7. La Terre de Feu , qui eft prćcile-jnent au midi de la poinre de l'Amć-iique , n'en efi: fćpatće que par le De-troit de Magellan , decouverr en 1 } 10 , ćk qui a environ^ 100 lieues de iono, Cette Tene , qui eft un compofć de plufieurs llles aftez montagneufes , ćroit ei-devanc regardće comme le commen-cement d'un nouvcau Comlnent qu'on ap-pelloit Magellait'ujuc, ou Tcrres PoLiires Antnrcliques \ mais on a dćcouvett une gtande mer, & un paflage plus facile, 5 11 Mah ode de Geographie. au micli de cette Terre a laquelie Magellan donna le nom de Terre de Feu, parce qu'il y vit quelque Volcan , o« des feux allumćs par les Sauvages qui r/iabiterit. Ces Sauvages ont le teint blanc , Si font puilfans St de la talile des Euro-pćens. Ils fe peignent le corps de dif-ferenres couleurs , & vont rrads malgre le froid du climat. Ceux qui demcurcntau midi font plus humains que ceux du nord : ils ne vivent que de leur pecbe. Leurs canots faits d'ćcorce d'arbres, font fort (ingulierSj Sc coufus avec beaucoup d'art. La partie la plus mćridionale de la Terre de Feu fe ncmme le Cap de Horn. Au fud-oueft eft une Me que le Mai-re , Navigateur Hollandois, dćcouvrit cn i6\6 , Se qu'il appella V/Jle des Etats. II pada enrre cette Ifte & la Terre de Ecu , enfeignanr ainii a ćvinr les danr gers & la lorj uc ur du Detroit de Magellan. On appella done ce paflage le Detroit de le Maire. Enfuite un autre Hollandois, nom me Brower , en dćcouvrit un antre a 1'eft de Hlle des EtatS. On peut voir fur ces Ules, Se les fui-vanres , la premiere feuille de 1'Arneri-c]ue Mćridionale de M. d'Anville. IJles de l'Amerique Meridlonale. 5 I 3 A R T I C L E II. ISLES DE L A MER DU S V D, (jEtte vafte Mer quicouvre un tiers du Globe Terreftre, entre l'Amćrique , 1'Afte &c le Conttnenc Auftral , renfer-me une quanti.ce prodigieufe d'Iiles , qui font la plupart peu remarquables. En de-crivant le Concinenc Auftral , ou la Nou> velle Hollande , la Nouvelle Guinec , cVc. nous parlerons des liles plus con-fiderables qui n'en fonr pas fore ćloi-gnees , & nous nous bornerons ici a celles qui font vers les cotes de TAmc-rique Mćridionale. On y trouve du fud au nord : 1. Vljle de la Modre de D los y ou de la Mere de Dieu , ck celles de Sarmiento* Ces derniereš font peu conlidćrables \ mais la premiere eft tres-grandečk fe trouve vers le 5 ie dćgre de latirude mćridionale , pres la cote occidentale du Chi-li Indien ou Terre Magellanique. On la connoit peu. 1. LTJle de Chlloe , dont la capitale eft Chacao) nous en avons parle , page 409 , en dćciivant le Chili , dont el!e y v 5 14 Msthode de Geographle. forme un Gouvernement. Au midi de certe Ifle ] les Efpagnols en ont depuis peu dćcouvett un grartd nombre de petites j Sc ils ont donne a ce parage le nom d'' Archipelago de Ckonos, 3. Les Ijles de Jean Fernandc\ font au nombre de deux , a 150 lieues environ du Chili, Sc de la ville de Val-Parayfo, vers le 34* dćgre de latitude. La plus grande a quinze lieues de tour : l'air y eft fort fain , la terre fertile » & la pč-che tres-abondante fur fes cotes. On y trouve de bonne eau } des fruits de pal-iniers, & une grande quantite de boucs fauvages, qui ont fort multiplie , depuis que Fernandez y en laida, lorfqu'il de-couvrit cette lfte , au XV1C fićele. EUe eft dćferte , Sc les vaifleaux qui rraver-fent ces parages vont y prendre des ra-fraichiflemens. Les Efpagnols la regar-dent comme une dependance du Chili; mais ils n'y ont poinc fait d'ćtablilTe-mens : les Anglois Sc les Hollandois ont plufieurs fois penfć a y en faire , le cli-mat ćicant excellent. 4. Les lftes Galapagos ou Galapes , font fitućes fous la L,igne, Si des deux cotes , a plus de 150 lieues des cotes du Perou. Ces lftes font au nombre d'en-viron 50 ; mais peu conlidćrables SC inbabitćes. On y trouve beaucoup de fel , Sc une ll grande cjuantite de tortues, IJles de VAmenaue Mt'ndicnalc. 5 \ 5 Cjue Dampitr , Navjgateur celebre , dit qu'il ne croit pas qu i! y ait de pays au monde ou il y en ait tant. Elles font groifes & grafles , & aufti dćlicates que Ja viande de poulet : il y en a qui pe-fen t jufcuia deux cens liv res. V v) ££5 terres polaires E T ZZfJ TERRES AUSTRALES. JPour achever la defcription Ju Glo-he , il nous refte a parler de plufieurs Terres , qui ne fonc gueres connues que le long des cotes. On les divife en trois parries: Terres Polaires Arcliques : Terres Polaires Antarcliques j &C Concinent Auf-tral. CHAPITRE PREMIER. LES TERRESPOLAIRES Arctiques. C A r t e s. MeJJleurs Moulart-Sanson & De-lis le one donne ihacun une Carte de l'Hćmifphere Septentrional j vu par le point du nord, au moyen de laquelle on peut remarqucr ce que Von eonnoit des Terres Arcldjues j & prejuger ce ipd en ejl ineonnu. Les Terres Aretionesi 517 C^Es Terres , qui font vers le Pole fep-tenrtional , no m mć Arclique a caufe des Conlrellations des Ourfes , fe trouvenc au nord de PEurope & de TAmericpe. On en compte trois, favoir. I. Le Spit^berg. II. La Nouvellc Zemle. III. Le Groenland* Quelques Ecrivains modernes y ont ajouse une Grande Tare 3 au nord de la Siberie j mais les plus nouvelles Rela-lions de Rulne nous apprennent qu'on s'cffc trompe en prenant des amas de gla-ces pour une Terre. A R T I C L E L LE SPITZĐERG. On croit que ce Pays eft divife en deux Illes principales ; mais les bommes qu'on y a defcendus fur les cotes , ne font point revenus dire des nouvelles de ce cjiuls ont vu , parče que les uns ont ćtć devores par des ouis blancs , & les autres font morts de froid. Les Holfandois qui cn firent la premiere decouverte en 159^, I'appellerent Spicscberg j a caufe d u grand nombre de petites montagnes pointues , J i S Mćthode de Geographle* done le rivage eft environć. Scs coteS fonu fort dangereufes & les Hollandois, de meme que les Anglois, qui y vonc a la peche des baleines, fe donnenc bien de garde den approcher trop pres. L'air y eft extrcmement froid , les gla-ces prefque continuelles le long des cotes} tk lili vet plus rigoureux qu'en tout autre pays de notre Hemifphere. Le foleil y demeure pendant ce temps-la quatre mois enriers fous 1'horifon , deux mois devant le fblftice , tk deux mois apres. Le prin-tems tk l'automne y font ft inconmiodes par 1'epaiffeur des brouillards, qu'a peine y voit-on la lune , quand elle eft fur Yhcy rifon. Le foleil y luitquatre mois de Tete fans fe coucher j tk pendant ce temps-la , s'il patoit clair &: ćcincelanr , il prć-fage du froid , au dire des Matelots , principalement quand le vent eft nord ; au lieu qu'il marque de Torage , quand le vent eft fud. Dans cette faifon on y voic quantite doifeaux de mer , qui reftem-blent a des canards , & un grand nom-bre d'ours tk de renards , tirant tous fur le blanc , a quelques-uns pres qui font noirs, II v a auffi des rennes , qui vivent de moLilte , la feule chofe que la terre y produit j comme les ours blancs ne vivent que du poiftbn qu'ils prennent dans la mer le long des cotes tk des glaces. Les T ene s Arctiqu.es. 519 Le Spitzberg eft fituć au nord de la Norwege , enrre les 78 & 81 dćgrćs de la-titnde feptentrionale , pat rapport a ce qu'on en connoit. Les Anglois & les Hollandois y vont a la peche des baleines, qui y Ione ex:rememenr grandes , puif-C]ii'il y en a eu qui ćtoient longaes de 100 pieds 8c donr on a tire , a ce quJon dit , ;Lifqu",d 110 tonneaux d'huile. Les Hollandois s'arrcrent ordinairement a la Baye Mu urice , 011 ils tirent 1'huile des baleines qu'ils ont pcchees. Les autres Bayes du Spitzberg , font celles de Wibe ćv de Horn. Ce qu'il y a de remarquable totichant le Spitzberg , eft que les corps mor t s n'y font point iujets a la corrup-tion \ ce qu'on attnbue a la rigueur d u froid de ce climat. A R T I C L E II. LA NOUFELLE ZEMLE ET LES IHLES VOIS1NE&. XjA Nouvelle Zemle qui eft au fud-eft du Spitzberg , a ćtć pnfe par qtielques Gćographes ponr 1'Ifte Carambke des an-ciens. Elle eft fort proehe de notre conti-nenc 3 6c en partienher de la Ruflie , dou 510 Mhhode de Giographie. Fon y patTe que!quefois fut la glace. Le Dctrok de WTaig*ttt en fait la fćparacioil* Plulieurs Auteurs orit penfe qu*on peut ainfi continuer fa route de la Nouvelle Zemle jufqu'au Spitzberg , ik mcme plus loin y de forte que , felon eux , on peut dire que ce font la les endroits par oii les premiers habitans de l'Amerique y peuvenc avoir pafle de notre Contiuent: mais cela n'eft gućre croyable. Ce Pays a ete appellć Nouvelle Zemle, par les Ruffiens , dans la langue def-cjuels ce mot ngnihe Nouvelle Terre. Les Hollandois pretendent avoir ete les premiers de l'Europe qui font dćcouverte: ce qui arriva en l'annće 1594. lts cher-choient un palTage par FOcean feptentrio-nal , pour aller au Japon & a la Chine ; mais ils en mrene empeches par les gla-ces qui heurtoient tellement contre leurs vai(ieaux j que peu s'en fallut qu'ils n'en fuflent toLis brifes. Ce Pays eft une lile j & il ne paroit attache au continent que lorfque les glaces rcmplifTent le Dćtroit qui l'en fepare au midi. Les Hollandois qui aborderent en la parcie feptentrionale le 29 Aout 1596, nous ont appris que le quattier , ou ils furent obliges de demeurer tout un hi-ver , etoit entićrement dćfert , & cm'ils n'y trouverent que des ours 3 des loups &. des ren.ards , qui fe mangeoient les Les Terrer Arcliques. 521 tins les autres , & qai devorerent auili deux 011 rrois de leurs matelors. Leut re-l.irion ajoure qu'd n'y a poinc de jour en ce quartier depuis le 4 Novembre jufqu'au commencement de Fcvrier , & cuie le foled n'y paroit point fur 1 bori fon , de forte qu'il y a une nuit continuelie. Le froid y eft Fi grand , que les Hollandois., qui furenc obligćs de s'y arrerer , nous alfurent qne 1'haleine qu'ils pouflbier.r en reipirant contre les planches de la Cubane qu'i!s avoienc faite dudebris d 'un de leurs vaifleiux , y devenoit glacće de l'ćpaif-feur dnn pouče , quoiqu'ils y fiftent con-tinuellement du feu. lis ajoutenr que les vins qu'ds avoienr y perdirent leur force & que celui d'Efpagne mune y gela. Les lieux les plus confidćrables que les Hollandois connurent , font le Cap Ma urice } le Cap Septentrional, la Baye de Cout ou d"Or j la Baye de Sabue-An-ne j le Cap de Troojl , le Cap de Najjau.y la Baye de Bcerc 3 la Baye de Loms > le Cap des Etats j le Cap de Saint Laurent.^ le Cap des Moucherons & celui de Grawe. Comme Fon trouva quelques cabanes dans ce pays , on crur qu'il y avoic des habitans j mais on a fu depuis qu'il *n'y en a point; mais q.ue dans l'ćte , qui n'eft pas long dans ce pays , les Samoićdes 5c autres habitans de la RulTie y paflent pour y pecher 3 8c fe mettenc a Pabri 511 Methode de Geographle. dans ces cabanes lorfqinls font furprii par de mauvais temps. Les Hollandois en 1695 , apprirent de cjuelques-uns d'cux , que la terre de Wai-gats etoit une lile feparee de la Nouvelle Zemle , & qu'elle donnoit fon nom au derroit qui en eft proche. Ce famemc derroit que les Hollandois decouvrirenr, en 1595 j & qu'ils appellerent Straat-NaJJau j eft entre le Pays ou la terre de \Y/aigats , & cette partie de la terre fer-me de Ruftie que les Hollandois nomme-rent. Nouvelle Hollande : mais ces noms ne font plus en nfage depuis que les Hollandois one cede d aller dans ces pays. Le courant des cnmc y va d'occident en Orient , & ceft par-la que les Mers de Ruftie fe melenr enfemble. Les Hollandois n'avant pu fe faire un paftage par la Nouvelle Zemle } pour aller a la Cnine , tacherent de s'en faire un par ce derroit \ mais ce fut inutilement *, ils en furent cmpeches par les glaces: les Ruftiens 1'ont palic depuis. A l'orient du Detroit de Waigars 3c ptes de la c6te de Ruftie que les Hollandois avoient nomme Nouvelle Hollande , il y a une petice lile , qu'ils decouvrirent le 3 Aout 1594 , & qu?ils appellerent Staaten Eylahd, c'eft- a- dire CJjle des Eiats. Le 15 du meme mois ils en reebri-nurent une autre a 1'occident de ce detroit, Les Terre s Arčtiques* 52 J a Jaqnelle iis donnerent le nom de Maunu. La prerniere , c'eft-a-dite \'Jjle des Etats j n'a qv<'une lieue de long 3 & en-viron deux de rour. On y rrouve quel-qucs Porrs ou les vaiffeanx peuvenc etre a couvert des venrs) mais prelque tontes fes lotes font lieriiTees de rochers anraix, donr la couleur relTemble a celJe de la cendre. Le ded ms de fine ne vaut guere mieux , puifque la terre y eft fort meit-e de pierres Sc d'argile , ce qui fair qu'il y a peu de verdure. VJJIe Maurice a fa cote entourće de rochers de couleur de cendre tirant fur le blanc j 6c fa terre eft auffi fort argillcufe. On y trouve plu-fieurs lacs remplis de cignes , Sc de ca* nards fauvages j les faucons y font auffi tres-communs , ck en quelques endroits la terre y ponfle de 1'herbe. Cette Ifle femble etre fćparće en deux parties , qui ne font joiutes que par un Ifthme fort etroit , &c qui eft tout couvert de rochers. y 14 Meihodc de Ge'ograpkie. A R T I C L E III. LE GROENLAND. (jE Pavs a ete nomme Groenland, c*eft* a Hite. Terre-Verte , a caufe de la mouf-fe , qui eft le long de fon rivage. II eft firiie a Poucft de 1'lllande & au notd eft de l'Amerique , entre les 6o & 79 dć-gtćs de latitude feptentrionale. On ne fait point encore au vrai s'd eft une ifle , 011 s'il eft arrache a la terre ferme de I'Amerique du cote du nord. Les peuples de Norvvege trouvent dans leurs anciennes hiftoires , qu'ils ont au* trefois trafique en Groenland 1'efpace de plus de 500 ans , &c qu'ils y ont inc-me envoye des colonies. Mais Marguerite , Reine de Norv/ćge , ayant fait dcfenfe de trafiquer en Groenland fans fr permif-fion , cet ordre , tk le peu d'utilite du trafic qu'on faifoir dans ce pays-la , rebu-terent les marchands , tellement que perfonne n'y voulut plus aller \ ainfi pcu a peu on en a oublie la route , & on n'a fu rerrouver les habitarions des anciennes colonies. Le Groenland eft diftingue en OJler-burg ou parcie Orientale , & en WcjUr- Les Terres ArčTiques. ti J &/^ouP.iys Occidental. Les Pi 1 ore s on rde-pius donnca FOfterburg lenonide Vicux Orocn/and ; tk cette partie , qui eft la inoins ćloignće de PEurone , fe termine au Cap Farvvel. Les prineipaux endroits qu'on a decouverts fur la cote de Groen-land font Alunlcngfloerd 9 Dearefioerd t Schogcfioerd > Lormunjlocrd , Neydcn-jioerd , la Baye dc Bajjins 3 Sir Thomas Smiths Baye 3 1'Ijle Hachirs ou Hack-tuyts j M^alefound > Sir-Dudlei-Digs-Cap , Hope-fanderfon , Horne-found > Gii-bert-found j Cap Farvvel. Ces lieux fonc pour la plupart fur la cote meridionale de ce Pays , que les Pilotes Baffin , Forbif-her & Munels decouvrirent les premiers fur la fin du XVIC fiecle. D'aurres fe font avances depuis vers le nord , tk ont mouille a divets endroits, auxquels ils ont donne leur nom , com-me la terre de Ruis qui eft a la hauteur de 74 dćgres , la contrce de Bacs a 75 , le Pays d" L dam a 76 tk celui de Lambert a 78. II y en a meme qui difent , mais fans aucune preuve , que quelques vaif-feaux d'Amfterdam onr ete jufqu'au 79 dćgrć pour trouver un palfage par le nord dans les Indes Orientales. L'air du Groenland eft charge de brouil-lards , & agite de vents impćtueux \ l'exces du froid y tient la mer gelee de« annees entieres , tk aftez avant dans 5 i<5 Mithode de Ge'ographie. l'Ocean Septentrional , ou la Mer du Nord , ou Ion rrouve des glaces qui one plus de 40 lieues d'ćtendue. La terre y ell en que!ques endroits pleine de fa-bles & de pierres, & la fumee que les Pilores one vu s'y elever fair croire qu'il y a des mineš de foufre. Ce pays a beau-coup dours blancs , qui dirfcrenc des noirs , en ce que ces derniers ne quic-tenc point la eerre , tk qu'au contraire les blancs le meereenc fur des pieces de glaces, & vont fur la mer, 011 ils preiv nenc des poiuons} ils font au(li plns grands Sc plus dangcreux que les noirs. Les mers qui baignent les cotes du Groenland font reinplies de Baleines dont les Europeens , 6 fur-tout les Hollandois fonc tous les ans une peche rrčs -confidćrable. Les ter* res de ces cotes font blancbatres, &c n'ont aucun arbre. Vers 1720 les Danois ont fait im eta-blillement fur la cote oecidentale , anđela du Detroit de Daviš , tk ils y onC etabli une Million pour precher la reli-gion cbretienne aux Sauvages qui ha-birenc ce Pays. Mais ils ont 6x6 enfuite obliges de le quitter , 6c ils fe conten-tent d'y envoyer deux vaiireaux par an pour la pcehe. Les Groenlandois font de petite taille ic fort replets 'y leur vifage e(i dirforme, leur teinc bazane , leur nez plat tk puanr. Les Ter res Jrclujues. 517 Ceux qui furenc aurrefois amenćs en Nofwege avoient 1'efprit fi llupide , qu'ils ne puteni jamais apprencre la langue tlu Pays. lis etoient h.ibilles de peaux de chiens marins , aimoient extremement la clutfe , & n'avoient que cet exercice 8c celui de la peche. La ncheue des Groen-landois, felon le rapporc de ces derniers, confdte en arcs , en fleches, & au nom-bre des bateaux que cbacun poflede. Ils fe fervent aufli de frondes , de javelots, tk de flcches dont res poiiues font ar-mees d'un os de poilfon. Lareligion chre-tienne fut introduite dans le Gtoenland par Leife , Hls d'un certain Erric Gen-tilhomme de Nonvege , qui decouvrit le premier ce Pays \ 5c 1'hiftoire des Da-nois porte que 1'an 1389 , un Eveque de Groenland appellć Henri , aflifta aux Etats de Danemarck ; mais depuis que les glaces ont fait perdre la roure du Pays alors dćcouvert , il y a bien de Papparence que les peuples leront retour-nćs ž Pidolatrie & a Padoration du fo-leil, qui faifoit autrefois tout leur culte. Les Ifles les plus confidćrablcs qui font entre le Groenland & l'Amerique Sep-tentrionale , font celles de Cumberland Sc de James ou Jataues j decouvertes p.tr les Anglois vers le cpmrnencenient du XVllc fićcle. 5 i S Methode de Geographie* CHAP1TRE II. TERRES POLAIRES Antar ctiq ues. Cahte s. On peut volr ces Terres fur les Mappe* mondes & fur les nouveaux Hemifphcres de M. D ELI S LE , augtnences par M, BUACHE ; mais beaucoup mieux fur une Carte in-40. que ce dernier Gčo-graphe a pubhee de ces Terres Polai-rts , avec VExtrait du voyage M. de Lo^ier Bouvetj fait en 1738 čc 1739. On mettoit ci-devant enfemble les Terres qui font fous le Pole Anrarctique , & celles que Pori defigne aujourd'hui fous le nom de Contintnt AuJlral. Mais les principales parries de ces dernieres etanc fous la Zone Torride , au fud eft de PAfie , doivent etre diftingućes des autres qui font propremenr fous le Pole , & bien au-dela Tropique du Capricorne. CeS l.cs Terres Antarcl\ques. 519 Ces Terres Antarctiques doivent etre coniidćrabiemenr ćrendues, puifque, com-rne Pa fait voir M. Buache dans les Me-moires de FAcadćmie des Sciences de Pannee 1757 , les glaces enormes que plufieurs Navigateurs onr trouvees dans les Mers mćridionales, font conjećturer qu'au milieu de ces rerres , & prćcifć-nienc fous le Pole , eft une Mer Gla-ciale ou doivenc fe dćehargu' de grands fleuves, donr les eaux fe ehangent en glaces apres avoir parcouru de grands efpaces de rerres. Pour rendre cette con-jećture fenfible , il a compare ces rerres qui font a dćcouvrir , avec le B a ili 11 terreltre de la Mer Glaciale Arćtique que noiiS connoillons , & ou fone les grands rleuves de Siberie qui produifent les glaces que l'on rrouve dans le nord. On ne connoi'c du Continenc Antarc-tique que cinq ou u« cores , la pluparc dćcouvertes par hazard : quelques-unes meme font peti confidćrables. Voici leurs noms, & leurs rapports aux Mers con-nues. 1. La Nouvelle Zelande ■> 7 fur la Mer 1. Le Portde JDraek , C le jaune, & avoient les cheveux noirs , artachćs au fommet de la tere avec une plume longue tk epaifte , de la maniere dont les Japonois attachent les leurs der-riere la tete. Ils avoient le milieu du corps couvert, les uns de nattes , les autres de toile de cpton j mais le refte du corps etoit nud. I.a Nouvelle Zelande, parut a Tafman Les Terres Antarčliques. $31 fercile tk bien cultivee : le Pajrs eft dail-leurs eleve & montueux. M- Btuche conjećture en confequence , que c'eft la tete des montagnes qui bordent atl mi-di la Mer du Sud , comme les Cordib leres du Cbili tk du Peron le font a Porient } & que U doivenc erre les four-ces des grands fleuves qui fe jettent dans la Nouvelle Mer Glaciale conjećFurće. ART I C L E II. LE PORT DE DRACKj ĆV autres indices de Terres, O N place ce Port ver s le 301« de-gre de Iongitude , & a 59 de latitude meridionale , au fud - eft de la Terre de Feu , ou de la poinre de FAmeri-que. Francois Drack , Amiral Anglois > allant attaquer les etablilFemens des Ef-pagnols dans la Mer du Sud, fut pouf-fe pres de ce Porr, en 1578 , par une tempete , & il y vit des Sauvages tout nuds dans un canot. En 1687, les Ca-pitaines Daviš tk Scharp, autres Anglois , ayant pafte dans le meme para-ge j y trouverent des glaces; tk c'efl 5 51 Met hode de Ge'ographie. ce qui a fait conjeć-Furer a M. Bincbe j qu'au\r environs eft un dćbouquement da la Mer Glaciale foupconće. Depuis la Nouvelle Zelande }ufqu'a la Terre de Feu , les anciennes Car fes , faiucs apres les nouvelies dćcouvertes, marquoient une prodigieufe fuite d'llles , reconnues par Hernand Gallego , en al-lanc par le bas de la Mer du Sud a la Nouvelle Guinee , & les Efpagnols y dćlignoi^nt une longue Terre vue par Peko Saruneftro. II fe peut bien faire, ajoute M. BuacHe , que plufieurs glaces femb'ables a celles que Daviš & Scharp c:u irouvecs dans ces parages, auronr ćre prifes pour des lfles j mais aufti Fon peur ccmj'eaturef que cette extremitć de la Grande Mer a au midi , le long des T fređ AncarCbques qu'elle baigne j quan-tr / d illes , comme elle en a vers le nord. Les Terres Antarcliques. A R T I C L E III. L A TERRE DE FES PUCE. Meric Vefpuce, le menic qui s'ert: donnć tfionneur d'avoir dćiouveit lAmć-rique , naviguant pat la latitmle de ja ^ 600 lieues du Cap Sainr- Auguftin de Brćfil , fut ponllć , au mois d Aviil 1503, a la vue dime cote eftarpće. 11 la fuivit lefpace de vingt lieues cfpa-gnoles , dont dix-fepc & dcmie formenr lili degrć \ &: il ne put y aborder. Le froid etoit exceflif, & on n'y vit ni port ni habitans. Americ Vefpuce ne dit point avoir vu des glaces dans ces parages , oii M. Halley , fameux An-glois , en a vu en 1700 , aufli-bien qu'un vailTeau efpagnol en 1756". 534 Methode de GeographtC, A R T I C L E IV. z a Terre DE LA CLRCONCISLON. J^Lle eft elevće 8c prefque vis-a-vi/S le Cap de Bonne Efperance , a 28 de-gres & de m i de longitude , & a 54 de latitude mćridionale. Elle fut dćcouverte le 1 Janvier 1739, par M. de Lozier Bouvet. Cet OfKcier de la Compagnie des lndes de France , fortir du Port de FOrient en Breragne , Fan 1738 , pour decouvrir quelque Terre cjni put dif-penfer les Vaifleaux de la Compagnie de doubler le Cap de Bonne - Efperance , dont la ttaverfe eft tres dangereufe. II Fe rendit d'abord a Flfle de Sain-te-Catherine , fur les cotes du Brćfil, au 29 degrć de latitude mćridionale , d'ovi il partit pour chercher les Terres Auftrales, que Fon prćtend avoir ete dć-couvertes par le Capiraine Gonneville. M. Bouvet etant arrivć au 48 degrć 50 minutes de latitude meridionale, fur 7 dćgrćs de longitude , trouva une fuite de glaces qui s'ćtendoient a Feft, & qui navoient pas moins de 300 pieds de Les Terres Antarctlques. J ? ? fiittit. C'ćtoit le 15 Decembre 1758 : ce qui 5 par rapport a la chaleur quil devoit faire alors , revient ati 1 £ Juin de notre hemifphere. II cocova rputes ces glaces avec beaucoup de dangers , prefque toujours dans les brumes & dans les brouillards. Etant arrive au 54 degre de latitude fur le 18 degre de longitude, il trotiva une Terre fort haute , qu'il nonima le Cap dela Lueonufion , du jonr meme qu'il la dćcouvrir, c'eft-d dire , le 1 Janvier 1739. Quoiqu'a cette elćvaticn il dut faire alors aufli chaud qu'il fait a Dantzick le 1 Juillet, ce Cap etoit couverc de neiges & de frimats.M. Bouvet reftt peu dans ce parage , 8c contitua la route a Peft. 11 vint jufqu'au 5 5 degre de longitude j 6V a 51 degre 51 minutes de latitude , M. Bouvet renconrra les demieres glaces ; apres quoi cet orlicier penfa a. fon retour , Sc fe rendit au Cap de Bonnc-Efperance , d'ou il reprit la roiue de France. Tel eft a peu pres Fextrait quc Fon peut faire par rappprt a la GcOgraphie , de la Lettre que cet habile Ofticier a cerite d u Port de FOrient, a la Compagnie des Indes le 16 Juin 1739. M. Bua-che a donne l'Extrait de fon journal , fur la Car te qu'il a faire des Terres Anftrales; & il conjeeture que dans le voifinage du Cap de la Circoncifion , eft un des dćbou- Z iv 5 j 6 Methode de Geographie. quemens de la Mer Glaciale Antarcticme, iFoli fortent ces glaces enormes de 300 pieds d'ćlćvation, A R T I C L E V. LES TERRES DE G ON NE VILLE 3 DES PERROQ_UETS tk DE V L A M'M 1 N G. C Es Terres , reconnues en dffferens reuips , paroilFent etre la meme , ou la Tuite de la meme cote. On la croit vis-a vis Flfle de Madagafcar , au fud-efl: du Cap de Bonne Efperance. Lile fur d'abord dćcouverte en 1503 , par un Capitaine Francois , nomme Bimonc Paulmier de Gonneville , qui y fut jettć par la tempere , en allant aux hules Orientales. Ce Capitaine qui ćtoit de Flonfleur en Nor-mandie , aprćs avoir fćjourne pendant lix mois dans ces terres , tk avoir ob-Fervć la qualirć du rerrein & les inocurs des habirans , prit la rćiolution de s'en retourner en Normandie } tk pour mieux autoriferfa dćcouverte , il emmena avec mi un des fijs du petit Roi du pays ou il avoit mis pied a terre , promettant de le Les Terres Antarcliqu.es. £37 ramener dans 20 lunes au plus tard. Ce Roi s'appclloit Arofca , cv fon fils Ellomenc , a qui Paulmier de Gonneville iaiila fou bien , ne i'ayant pu remener dans fon pavs : fes defcendans iubfiftent encore auiourd'hui , & one toujours ete reconnus pour Gentilshommes. On unpnma a Paiis en 1 66 $ , une Re-lation de cerce Terre fur quelques Me> moir.-s de Gonneville , tk fur les con-noiflanees qui s'en ćtoienr confervćes dans la famille : ce rut un Abbe Paulmier, petit-fils d'Eftbmeric , qui la dreiTa. Cet-te Relation , entre plulieurs particulari-tćs , porre que ce Pays , qu'elle nomme Indes Meridionale s eftaflez fertile \ cjifil s'y trouve plulieurs racines inconnues en Europe, propres a faire de tres belles tein-tures j qu'il y a beaucoup de betes , d'oi~ feaux , de poilfons & d'autres cliofes iin-gulieres j que les rivieres font comine 1'Ome en Normandie 3 que le Pays eft mediocrement peuplć \ que les peuples y font departis par liabitations de 40 a 80 cabanes \ qu'ils font dociles , 6c de bon* ne complexion, aimant le repos & fort peu le travail. lis vonc a demi-nuds, principalemenc les jeunes gens, 8c portent des manteaux de plumages & de nattes fortfines. Quelques« uns les atrachent en maniere de tablier, ccintpar-delfus les hanehes : les liommes Z v < ?8 Met hode de Gc'ographie. les font defcendre jufqu'aux genoux, čC les femmes jufqu'au milieu des jambes. Leurs armes font Tare & les fleches j 6C pour ce qni eft du gouvernement, chaque Canton a fon Roi , auquel les peuples portent un grand refpetL D'anciennes Cartes publiees dans les Pays Bas , font mention au meme en-droit d'une Terre vue par quelques Na-vigateurs Portugal s , 6c appellee Terre des Perroquets, Ceft , dit-on , une cote de 200 milles , ou ils virent une grande quantite de ces oifeaux : preuve de la chaleur & de la bonne temperature de ce pays, puifque ces fortes d'oifeaux ne fe trouvent de notre cote en abondance que dans des pays cliauds j tels que les Indes. La Relation de Gonneville parle aufti beaucoup des plumafteries de diverfes couleurs , que Ton trouve dans la terre qu'il dćcouvrit. En 1697 le Capitaine Vlamming, Hollandois , fut envoye avec trois vaif-feaux au Meridien de Tllle Madagafcar, & par confequenr aux Terres don t nous venons de parlei". II y remarqua quelques havres affez bons , 8c des rivieres fort poiflonneufes. II y rrouva aufti fur unpieu de bois une plaque d'etain , avec une inf-eription , qui portoit qu'en 1628 , un Capitaine Hollandois y avoit ete jette par la tempčte. II y vit des habitans 3 Le Continent Auflrale. 559 qui avoientle teint bazane \ mais fi fauva-ges qujls s'enfuirent aufli-tbt qu'ils Fap-percurent , de forte qu'il n'en put rien apprendre. C H A PIT B E III. LE CONTINENT ACJSTRAL tenferme aujourd'hui (bus ce notu toutes les Terres peu connues, qui fonr principalemenc dans la Zone Torride , au fud-efl: de 1'Afie , par-dela les Ifles de la Sonde , les Moluques tk les Philip-pines , entre la Mer des Indes tk la Mer du Sud y ieparees par le paflfage decou-vert par Tafman entre la Nouvelle Zelande oclaTerre de Diemen meridionale. Plufieurs Auteurs onr cru que quelqne partiedc ce pays avoit ete connue autre-fois des Chinois , tk qu'il en efl; faic mention dans les Relations de Mirco Polo , fous le nom de Terre de Boeacli s ou Leach 3 abondante en or , en elepluns, en ours apprivoifes tk au(li grands que des lions \ dont les babitans, qui avoient un Roi abfolu, ecoienc cruels , ce qui faifoit que les Chinois y alloienr rarement. Quoi qu'il en foic , ce grand r>ays, qui. peut etre partagć en plulieurs lfl:s , e (t Z vj 5 4 o Methode de Gcographle. encore aujourd'Iiui fort peu connu \ &C les Ecrlvains Anglois principalement , femblent dire avec fondement, que les Hollandois qui en font fi voiflns par leurs crablilfemcns dans les Ifles Moluques, cachent les bonnes qualitćs de ce du Continent , & donnenc lieu de croite qu'il efl: aflez miferable , alin que les aiitres Nations ne foient pas tentees d'y faire quelque etabliflemenr. On peut voir fur cela V Hijloire Univerfelle d'une Societe de Gens de Lettres j Tom. XXII. Chap. 11 , ou fe trouve rHiftoire des Terres Auftrales & Anrarćtiques. Les Terres proprement dites Auftrales, comme on l'a explique , font au nombre de fix ou fept. 1. La Nouvelle Guinee ou les Terres des Papous. 2. La Nouvelle Bretagne. 3. La Carpentarle. 4. La Nouvelle Hollande. 5. La Terre de Diemen. 6. La Terre du S. Efprit. 7. On y peut ajouter les IJles de Salomon , qui font les plus remarquables de ceiles de la Mer du Sud , & qui , fclon d'habilesGeogruphes, ne font gućres eloi-gaćes de la Terre du S. Efprit. Le Continent Aujlral. 541 ARTICLE L LA NOUVELLE GUINEE o u les Terres des Papous. C^'Est In partie qui approche le plus de la ligne ćquinoćtiale , & des Ifles Molu-ques. Elle a plus de 600 lieues de long , & eft en forme de Prefcuuile , li ce n'eft pas une lile ou un compofć d'liles y comme pluiieurs le croient. Ce qu'il y a de certain , c'eft que depuis quelques an-nćes , on a decouvert que pres de l'Lqua-teur , c'eft un compofć de pluiieurs Ifles, habirćes comme le Continent voiiin , par uu peuple noir , qu'on appelle les Papous ou Papous. La premiere dćcouvcrte de ce pays fut faite en 1527, par Alvaro de Saave-dra , Efpagnol , qui lui donna le nom de Nouvelle Guinee , foit qu'il le criit prefque diamerralement oppofć a la Guinee d'Afrique , foit que {a couleur des habitans le dćterniinac a cette dćnomi-nation. Antoine Urdanecta le reconnut en 1528 j mais il n'y iit que palfcr. Les 541 Metkode de Geograph.lt. terres paroiflfent trčs-ferriles 3 &; des Na-vigateurs pretendent qu'on y doit trouver de riches productions , femblables a cel-les qu'on tire des Moluques donr la la-ticude n'eft pas differenre. Les Papouspaf-fent pour tres-vaillans & tres-fideles : auf-fi les petits Princes Indiens des Ifles voi-fines en prennent a leur folde. Les principales rivieres font celles des Viercres . de Saint- Paul 4 de Saint-Au-gujiin 3 comme les Europecns les ont nommćes. Ses havres , ports ou rades les plus connus , font Aouada j Saint-Jac-ques s Saint-Andre > Saint-Jerome j Saint-Nicolas , Sc la Nativite de Notrc-Dame* Les Ifles qui font I la pointe de la Nouvelle Guinee , 6c pres de l'Equateur, fe nomment Wraigeew , Gđmmen , Patenta & Sallavvatti. Dans ces Ifles , aufli-bicn que dans la Nouvelle Guinee , fe trouve 1'oifeau de Paradis dont les plumes font extremement belles. Le Continent Auftrat. 54? A R T I C L E II. LA NOUVELLE BRETAGNE. Cj'Est une lile a Tonem de la Nouvelle Guinee , qui a ete decouverte en 1700, par Guillaume Dampier , Anglois. Elle a environ 100 lieues de longueur , & autant de Iargeur. 11 y a de hautes montagnes j ik la terre paroit d'ailleurs fertile , pro-duifant des cocoriers , du gingembre Sč beaucoup de racines. Les habitans fonr d'un jaune fonce ou tirant fur le noir , aflez grands , vigoureux , adroits ; mais traitres tk aimant peu les etrangers. Les Anglois penfent depuis long-temps a former dans cetre Ide un etabliflTement » qui les mettroit a portće de faire comrnetr-ce non-feulemenc vers les Moluques; mais encore dans le Continent Aullral, dont ils ont une bonne idće , malgre" les relations peu avantageufes que les JHollandois en ont debitćes. 544 Methode de Geographle. A R T I C L E I I I. LA CARPENTARIE. (jE Pays dont on ne connoit que la co-te, fuc decouvert en i6\iS , par le General Carpencier , done il a tire fon nom. II eft au fud-eft de la Nouvelle Guinee , Sc au fond d'un grand Golfe , a 1'entree du-quel font les Ifles Mo'luques. On n'en rapporte rien de particulier : on igno-re m S me s'il tient a la Nouvelle Guinee & a la Nouvelle Hollande, enrre lefquel-les il cA fltue. On ne fait pas davantage quel efl fon eloignement de, la Terre du Saint Efprit , qui eft , comme la Car-pente-rie , entre les 10 & 20 degrćs d& latitude mćridionalc. A R T I C L E IV. L A NOUVELLE HOLLANDE. comnrend (bus ce nom , diverfes cotes ou Terres qui font au midi des Mo-luques & deriflejava , entre le 8 & le 34 degre de latitude. Les Hollandois mu les Le Continent AuJlraL 545 ont dćcouvertes depuis 1616 , leur ont donne le nom general de Nouvelle Hol" lande , en 1644. Ces Terres font celles dCArnhem Sc de Dieme n j de Wic $ de la Concorde ou d't'ndracht j d'Edels , de Leuvvin ou de la Lionne , & de Nuit%. II fant que tou-tes ces cotes aient ete pareourues 'en en-tier par les Hollandois , puifquils ont marquć un a (Tez grand nombce de gilTe-mens & de petites rivieres fur la Carte qu lis en ont drelfee } ik qu'ils ont fait reprefenter fur le pave de lHotel-de-Ville d'Amfterdam. Le terroir de ces cotes eft , dir-on , fec & fabloneux , & Ton n'y a point d'eau bonne a boire , a moins qu'on n'y fatTe des puits. On ajoute que le peu d'babitans qu'on y a remnrqućs , paroif-fent fort pauvres > 8>C i la figure hu-maine prčs , ne different point des be-tes. lis font grands, mais fort menus, &: ont la tete groffe , ie front rond Sc les fourcils fort ćpais. Leurs paupieres font toujours a demi fermees , de peur que les moucberons , qui y font fort incommodes , ne leur donnent dans les ieux. Leur nez & leurs levres font fort grolTis , leur vifage long , noir 3 Sc d'un afpcćt trcs-dt'figrćable. lis nont point d'habits ■ mais feulement un morceau decorce d'arbre attache au milieu du 54^ Mithode de Gcographle. corps. On prćtend cju'ils n'ont ni mai-fons ni cab.ines , qu 'i ls couchenr a 1'ait čk fur la terre , ians aucune couvercu-re j que le Pays ne produit rien qui puifTe ietvir a leur fubfiftance, &c qu'ils ne vivent que d'un petit poiflTon quils pren-nent en raifant des rcTervoirs de pier-res, au travers des petiis bras de mer. A R T I C L E V. LA TERRE DE DIE MEN. E Pays qui eft a I'extremite du Con-tinent Auftral , vers les Terres Antarc-tiques , ne doit pas etre confondu avec une terre de meme nom dont nous avons deja parle. On ne fait fi celic-ci tient a la Nouvelle Hollande , y ayant entre deux un alTez grand efpace incon-mi. Elle fut decouverte en 1641 par Abel Tafman , dont on a deja parle au fujet de la Nouvelle Zelande , quil vi t enfuke. 11 donna le nom de Dićmen a cette Terre , en Thonneur d'un General de la Compagnie, que plufieurs aurres Hol-landois ont illuftre de la meme manie-re. II s'arreta dans une Raye , a Iaquelte il donna le nom de Fredćric-Hcnri , Le Continent AuffraL 547 Prince d'Orange & Stathotider de Hollande. 11 ne vir per fon ne j mais il enten-dit comme le fon d'une trompetce. II remarqua deux arbres qui avoienr envi-ron deux brafles & demie d'epaifleur , & foixante-cinq pieds de haur nu-def-fous des brancbes : on avoit taiile dans l'ćcorce de ces arbres des degres pour pouvoir j monter & aller denicher des oifeaux. Ces degres ćtoient a cinq pieds de diftance les uns des aurres; de forre qu'il faut que les habitans de cette terre foienr d'une taiile exceflive , ou qu'ils fe fervent de ces degres d'une maniere inconnue. Tafman vit de la fumee en plulieurs endroirs , tk ne fit autre cho-fe que planter un poteau ou cbacun mit fon nom ou fa marque 3 & auquel on attacha un pavillon. A R T I C L E VI. L A TERRF DU SAINT- ESPRIT. E L l e eft a Forient fur la Mer du Sud, On ne fait fi elle eft liee aux terres pre-cedentes , ou fi elle en eft feparće. Pierre-Femandez de Quiros , Porcugais , qui la decouvrit pour les Efpagnols en 1606, & qui y fćjourna quelque temps, la re- 54$ Metkode de Giographie. gardoit cotnme fufanr partie d'un trcJ-grand Continent qai sćtendoit jufqu'a la Nouvelle Guinće ; & les rivieres confi-derables aux embouthures defquelles il s'arreta , prouverit que le pays eft cout autre que les cotes de la Nouvelle Hol-lande qui n'ont que de petites rivieres. II y a au fond d'une Bave un beail Pore, qui fur appelle Vera-Cmx , qui eft a 15 degres 40 mitiutes de iatirude. La Bave fut nommeede S. Jacques S. Phi~ Prpe , parce qu'on y enrra le jour qu'on celebroit la fere de ces Saints Aporres ; & on appella les deux rivieres qui s'y jetrent, S. Sauveur & le Jourdadi. Quiros dit dans fes Mćmoires , qfte les habirans font de diverfes couleurs , blancs , noirs, olivatres, quils fonr doux & traitables, induftrieux felon les con-noifTances qu'ils ont; que la terre eft peuplee & bien cultivee , fourniflant abondamment tout ce qui eft neceffaire a. la vie , de 1'or , de 1'argenr, des epi-ceries , des canes de fucre, 8c divers bons fruits , racines 8c legumes , qui viennent prefque fans culture. Les habirans vivent dans Letat de pure nature , & font fouvent divifćs entre cuk par de frćquentes querelles. Leurs armes font, l'arc , des flćcbes , des ba-tons, des lances, des zagayes de bois. Le Continent AuJIral. $ 49 Tis ne fe couvrent le corps que de-puis la ceinture , jufqu'au milieti des cuifles , ayant aflez" foin de fe tenir pro-pres. Leurs maifons font de bois , cou-vertes de fenilles de palmier. lis font des pots d'une terre qu'ils cuifent au foleil : ils fabnquent des couteaux, des fcies & cTautres uftenciles de naere ; on voit aufli chez eux des toiles & des cordes. Leurs barques font bien conftruites , pour aller a. la rame &c a la voile. lis ont beau-coup de vacbes, de chevres , de poules & de chapons , car ils ont 1'ufage de chatrer. La mer abonde en toutes forres de poiflbns, de forte que lequipage de Qui-ros en vćcut pendant le fc'jour qu'il lit dans ces parages. L'air y eft falubre & tempere , aufli les Elpagnols y jouirent d'une parfaite fante. Ce qu'il y a eneore de reinarquable , c'eft qu'il n'y a ni che-nilles , ni mofquites , ni ferpens , ni erocodiles -y & Quiros ne baiance pas a prćfćrer cette rerre a tout ee que les Efpagnols poftedent dans les deux ln-des. Kile n'a pas ete vifitće depuis'fa dćcouverte. Ce qui en fut reconnu, eft entre le 15 & le io dćgre de latitude mćridio-nale ; mais on varie beauconp fur fa longitude , & par confcquent fur la lar-geur du Continent Aulirai. M. Delifle 5 yo Mćthode de Geographie. place la Terre du S. Etprit au 1S0 de-gre de longicude \ M. Bellin , au 167 , ik. M. Pingre fair voir qu'elle doit al-ler jufqu'au 195 * en calculant la route de Quiros > 6c celles des autres Navi-gateurs qui fonc venus aux Ifles voifines. A R T 1 C L E VII. LES ISLES DE SALOMON & autres voifines de la Terre Auflrale. O N peut joindre a la Terre Auftrale du S. Efprit , un Archipel d'Iiles qui n'en eft pas eloigne , & done la reflem-blance pour les habitans & pour les pro-duccions j rend croyable ce que Quiro* a dir de cette Terre. Ceft le jugement qu'ont porte* d'habiles NavigareurSj qui onr reconnu plufieurs de ces liles. Elles font a 1'eft & au nord de la Terre du S. Efprit, felon M. Pingre , dont les recherebes & le travail a ce * Mćmoire ( au fujet du ) paflagc de Vcmis, & principalcment fur la pofition geographicjue des Ifles dc la Mer du Sud. Pariš , 1767 , in-' 40. Ouvragc tres-interejfant quivient de paroitre 3 & qui auroit merite place dans notre Catalvgue pjg 4*7- //les de Salomon , &q. CC r fujet, nous paroilfent prćferables a tout ce qui a paru jufqifa prćfent. Les plus confiderables font les IJks appellćes de Salomon , qui hirenr decouvertes en 1568 par Alvare de Mendagna, Efpagnol. EUes paroillent commenccr a onzc degres de la Terre du S, Efprit, ceft-a-dire a zo(j de longitude. L'lfte lfabelle eft la plus grande , ayant 95 lieues de long , fur 20 de large : elle eft au 8 ou 9 dćgrć de latitude me-ridionale. On y trouva un fort bon Port qu'on nomme/ii EJlella-% parce qu*il forme cinq enloncemens dans les terres qui reftemblent a une etoile. Les autres Jlles principales font Mglaua ou Ramos, Guadalcanar Se Saint-Chriftophe. On en compte en tout dix-huit. Elles font en-core aujourd'hui peu connues , parce qu'on n'y a pas ere depuis leur decouver-te, 8c meme il a ćtć un temps qu'on les a confondues avec les Marqulfes de Men-doce , qui font 50 degres plus a Peft. L'air y eft tempere , le terroir fertile., čc abondant en fruits , en ćpices 6c en betail. Comme on y trouve de Por, ainii que les vaifteaux de Salomon en rrouvoient a Ophir , on leur donna le nom dTJles de Salomon , 3c non pas , comme Pont ridiculement iinagine quel-gues Ecrivains, parce que les Efpagnols croyoient que les flottes du Roi Salomon 5 <,1 Methode de Ge'ographie. ven o i en t en cet endroir. Les babi ran S font de diverfes couleurs , Se les uns recurent bien les Efpagnols, les autres les accueillirent forr mal : ils one pour armes, des ares, des flćches Se des piques* On range communement parmi ces Ifles, celle de Sainte-Crolx , qui eft de meme temperature , Se pres de laquclle on dćcouvrit un Volcan , en 1595. Mais M. Pingre protive qu'elle n'ett pas du nombre des Ifles de Salomon , Se que fi lituation doir etre au nord de la Terre du S. Efpnt. LJne flotte efpagno-le y fćjourna pendant deux mois , ck Quiros y etoir. On avoir deflein d'y faire un etabliflement • mais la rćfiftance des habitans , Se les maladies qui furvinrent parmi les Efpagnols , forcerent ces der-niers a prendre le long de la Nouvelle Guinee , le chemin des Philipnines , dont cette Ifle eft ćloignće de 900 Iieues. Entre les Ifles de Salomon Se la Terre du S. Efprit , il y a nombre de petites Ifles. Taumaco eft une des principales : Quiros y aborda lors de fon voyage a la Terre du S. Efprit, en 1606: Le Roi , nommć Tamay , fit fournir des vivres a fon ćquipage. II y a eneore d'aurres Ifles connues dans ce meme parage. Nous ii-nirons par celles dont Jacques le Maire, babi le Navigateur Hollandois , a. faic mention. L'lfte Les Ijles de Salomon. f y $ L'Ille de //om a pmfienrs fources d'eau vive tres-bonne* bcnucoup darbr.s de cocos , avec quantitć de bćtail , prin-cipalement de poutceaux. Ses habitans fontgrands, robuftes , aflez adroits , bons nageurs, tk d'une couleur jaunatre. Leurs maifons reflemblent a des glacieres i elles one huit ou neuf pieds de hauteur fur dix ou douze de largeur , mais les potres font ii balfes, que pour v entrer. on eft obligć de fe bailfer, Leur plus commune nouriture eft du pore , des cocos & des racines d'acona , dont ils font leur pnncipale boiifon. Leurs converfa-tions font longues , leurs eerćmomes en-nuyeufes , če' leurs femmes aufli laides qu'impudiques. Ces peuples vivent en commun , tk. ont un Roi qu'ils nomment Merico , qui eft diftingue de fes Sujets par une coutonnc de plumes blanchcs, embellies par le bas de petites plumes rouges tk vertes , quils tirent de leurs pigeons tk de leurs pcrroquets. Ce Roi releve d'un autre que Ton nomme Oran* koli qui eft comme lEmpueur de plu-iieurs Ifles voilines , & qui fait fa reli-dence tantot dans lune tk tantot dans l autre, L'Ille des Cocos , ainfi nommee a cau-fede la quanrice de palmiers , ou d'ar-bres de Cocos y que les Hollandois y trouverent dans le tems de fa decouver-Tome VllL Aa j 54 Methode de Geographie. te , paroit de loin comme une monta-gne faite en pain de fucre. Ses habitans ion t robuftes , alfez bien faits , hardis & bons nageurs \ mais grands larrons 5c fore impudicjues. Ils vont nuds , a l'ex-ception de la ceinture , ik lcur Roi qu'ils appellent Lacou , n'efc pas plus couveit qu'eux , enforte qu'on ne le diftingue que par les bonneurs qu'ils lui rendent. L'Ille des Traures fur ainfi nommee par les Hollandois, a caufe qne fes habitans feignant de vouloir trafiquer avec eux , les avoient voulu furprendre dans leurs vaifleaux. Ils ćroient venus au nombre de mille pour les attaquer , mais Tarcillerie du vaifleau , 8č la bravoure des Hollandois obligerent les Infulaires a fe retirer au plurbt. Cette lile abonde en cocos & en racines, appellees Ubes. Les Peuples y font d peu pres fembla-bles a ceux des trois Illes precedentesj &c font pareillement gouvernes par un Roi. Tin du Tome VUL TABLE ALPHA BETIQUE Des Villes 3 Provinces, IJIes3 Lacs '* Riviere s 3 &c. do nt i i eji fah men-t ion dan s ce Vohune. Abacoa , I/le j 477 Abawi, riv. 14 , 60 Abcnaquis , 19 3 , 194 Abiflinic , $C> Abola 3 64 Aboufir , 2.1 Acadic , 2.9 3 Acanis , 13 f Acapulco, 211 Acatlau , 1:; Acaxutla, 144 Accara , 13 f Acoma, 149 Aconcagua , 410 A^ores , Ijles , 462, Adaous , 134 Addi , 11 y Adcl, ić8 Afric , v. Mahdia. Afriquc, i.Francoife, Agadcs, 110 Agtfvmba, 141 Agmct, 106 Aigucres, 24+ Akanfas, J 38 Akmin , v. T kmin. Akfor,/ci- AkforeiiiSj ? 1 Al-fiacrton , 71 Alabafter , i/le , v. Ci- guatco. Alagoa, 64 Alarbes> 11 f Alata , 63 Albani , 191 Albanie, 311 Albreda, 131 Alchcdomas a 13 j Alcudia, 99 Alcxandric , 31 & fuiv. Alger , 8 6 , 8 8 Algczirc, v. Alger. Alginquitis , 190 Alibamous , 3 37 Alicbandora, tif Allegranca, l/le, 191 Almanfora, 104 Almeda, 389 Almeria , 114 Alunlcngfioerd, jij A a i j } j* TABLE Alzamor;, 104 Arigra, 46*3 Amarna, roj Angrados Rcycs, 444 Ama.-oncs , pays de la L'Anguillc , I/le, 497 riviere des , 416 Las Animas , I/les, Amba-Dorlio ,6] 233 Amba-Mariailc, Anjoane , I/le ., 175 Ambafalam , 66 Annapolis Royal , v. Ambafancc, 66 Pore Roval. Amcdćdc , M. 113 Anne ArondcI, 310 Amerifjue , 196. —— Annobon , I/le , 182. feptentrionale j z 1 j Ano/fi , 176 - mćridionalc , Anfangaro, 393 3 yo Anfianach , 176 Ambara , 63 Antavaies , 176 Amicoues , JiTi Antequera , v. Guasfa- Amparacs , 397 ca, 225 Ampatres , 176 Anticofti, Ifle, 468 An-Rcnavoulc , 176 Antigoa , I/le 3 499 Anafa ou Anfa > 104 Antiochia , 36; Ancalas , 113 Antillcs , I/les, 473 TAnce aux Anglois , Antongil , 175 187-auxgalions, Anzicains , v. Anzi- 17 j cois. Andagoft , v. Agades. Anzico , 14«? Andaguaylar, 391 Anzicois, 146 Aiidaloufe, 9; Aoaxe , rtv. V. Ha- les Andes , M. 206 \vash. Angad3 87 Apalacbcs, M. 107 Angaraes, 391 Apalachcs , 337 Angazija , Ifle , 173 Apalrai., M. v. Apala- 1'Angc Gardicn, Ifle, chcs. % 3 4 Apolo-Bamba , 393 Angimi, 118 Apro\yack, riv. 4f4 Angoche, 168 AquadaJ 486 Angola, ir'4t A<]uatiilco, 215 Angos , 411 Aqnincs , 735 Angot j, 6y Aranjuez,, 246 Angotc j 142- Arama, 394 Angoxo , v. Angoche. Arauco , 40^ ALPHA3 E TIQ U F. 55T Arba:anea, 64 Avache , Ifc, 4S5 Archidona, 381 Avancai, 39j Arcoua , v. Erkiko. Avcs , Iflcs , fO$ Arecjuipa, 394 Avino , 12.7 Archipcl de los Cho- Aximc , 13? nos,4i7&n4-- A:aim , 59 > 6S Dc S. Lazar.;, 347 Aymaracs, 39$ Arco , tj6 Azazo , 64 Ardra , 127 Azek , 114 Arefgol , 87 Ar gnan , 64. B Argucls , v. Ccflaies. -r> Arguip, Ifle , 114,11 j JDAb - el - Mandeb , Aiica , 39 4, i9 $ ' Detroit, 169-If- Arivagua, M. 6i le, 170 Aro, luc, 250 Baba, 379- Arquico, 57 Babahoyo , 379 A ruba , v. Oruba. Babylone, 41 Arzilia, 100 Badibou, 131 Aiafuy , 104 Baga, 134 Afcciinon , Ifle, 181 Bagemdcr, 63 -po. Babama, Ifle. , 477 Afgar, ' 1 o 1 Bahia dc todos los lan- Asbmuncin > 37 ros, 441 Afilo , 393 Baliiie , 3r Afna , 52 Baiir-cl-Azrac > riv. Ailbmption , riv. 235 117 vilic,410—Ifle,46% Bahri , 31 AiTuan , 52 Baka-Mćala, 147 Acacama, 397 , 399 Bali , 6 f Atacamcs, 380 Balmala , 113 Atfich, 37 Bahimorc, 320 Athana, 63 Baraba, 140 Atlas , M. 5 Bambara , m Atrato , riv., 36? Bambo , Aticjuamcches, 290 Banc-Jacquec, 467 Aucagmelc, i69 Bandel-Vclhe, 168 Augila , v. bugUeta. Baol , 128,130 Aurax, M. yi Bar, n<* A a i i j "8 T a b Bar-Iufer, 37 Baracoa. 481 Barauca , v. los Man-fos. Barania , riv. 117 La Barbade, Ifle, 500 Barbarie , 62 Barbcfin , v. Sin. Barbora , 169-Ifle, 171 LaBarboudc, Ifle, 497 Barca , 71 Barlo-vento, Ifles ,491 Barn-Iflands , 508 Barra , 131 Barraboa, 167 Barrimding , i) i La Bafile , Ifle, 341 BauVTcrrc, 4>» Bafta, 3 S Baftion dc France , 91 Batra 3 140 , 141 Bayame , 48 ' Bayedcs A(Fi(7tns, 530 -de BafEns , 525 —•de Beere , 511 -Fraricoife , 294 —de Fre delic-Hcn-ri, ^46 — de Fundi3 194-de Goli t , 521 -de Horn , j 1 4 Canaries , Ifles , 188, Burmundc, 189 Aa iv jio t a b Canches t 393 Canćlos, 381 Cangon , 141 Cano, v. Ghana. Canta, 384 Cap dcs Aiguillcs , 1 j 3 --Elane , 206.- Bon , 7.-de Bon- ne-Efperance , 7 , 1 f 1 , 1 f4»-Brc- ton, iotf.--Camp- fcaux , 299. —* de Caroche , 106.- de la Circoncifion , _n>.-Code, 303. ■---de Corientcs , %o6.-dcs Etars , 521. - Farwcl , 525.-Faux, tjj. -Fćar, 324.- de Floride« 206. —— de'Frio, 206. —— de Grawe, 511.-de Horo, ji2.-Mau- rice , J2i. -dcs Mouchcrons , $n. ■—de NalTau ,521. -Negre , 80.- de Nord, 206 , 4f 3. -Razat, 71.- de Sable , 299.- S. Antoinc, 206.—— S. Augnftin , 106. -S^Bcrnard, 178. -dc S. Laurcnt, J2.1. - S. Sebaf- tien , 162 , 206. -Src. Helene, to6. —Septcntrional, L E -Scrra, 80.-At Trooft ,511.-de la Vela , 206. - Verd, 7.-de Verga , i j r. -— dcs Viergcs , 233 Cap-Brcton , Ijle3 298 Cap-Francpis t 484 Caracos, 363 Caraffc, 42 Carangas, 397 Caravaya, 393 Carcanoffi, v. Anofll, Carelmapo , 412 Carliie, 502 Carmel ., M. 233 Carnac , ft Caroline , 311.-- Francoifc, Ibid. Carotuck, 322 Carpencaric, 544 Carchagene, 246" Carthagene, 360 Cafar-Flcabir, v. Ce-bir. Cafippa , Lac t 207 Calkna , 119 CalTr-lfcemma, 40 Caftillc dOr , v. Ter- rc-Fcrmc. Caflro d'Auflrria , 246. *--Virrcyna, 391 , 392 Catalana , IJle , 233 Caralutla, 223 Catr-llland, v. Guana-hani. Cavennc , 453 , 4 t f , 43-6. ALPHJBETIQ UE. j/t Caylloma, 394 ĆBilaues-^ Jjj Caytć , 457 Chimba , 41/ Caxamarca , 389 Chimbo, 37«» Caxamarquilla, 389 Chimo , valtie , j'90 Caxa-Tambo , 384 Cbiout-Ia, 113 Cebir , 101 Cbiquito , 400 , 401 , Cccil , 310 41 1 Ccfarcs ou Cdlarcs , Chiguftos, 403, 411 418 Chirirguans , 412. Ceuta, 100 Choa , 64 Chacao , 409 Choco, 365 Cbacb*poyaI, 389 los Cbonos , ljles , Cliaco , 421 514 Clialco , 113 Choncgen , 311 Chancai , 384 Cluiftianlbourg , 156" Chapultcbec , 222 Chucica, 223 AuCbarcas , j 96 , 397. Cbumbi-Vilcas , 393 Charles, 310 , 311. Cbuquiapo , 399 < harles-Tovn , 314 Cbui|uifaca3 397 , 39S Chafafa 1 99 Churchill , 191 Cbatas, 338 Chutiquipaquc , 127 Chate , v. Mourzouk. Cicacica , 3 97 »3 99 Chaus, 100 Ciguateo, Ijle, 476 Chayantas, 397 Cimbcbas, 149 Cbclicic , 167 Cinaloa , 11$ Cbcrakćes , 314 Cirigi , v. Sćrćgippc. Cberiguancs ou Cbcri- Ciudad de las Palmas, guans , 403 189. - *ćal dc Chiametlan , 219 Cbiapa. 143 Chiapa , 243 Coanza, riv. 1 C Cnicachas , 3 ? s Cochaa , \-j6 Chicas , 399. •—1 v. Cochabamba , 397 Tariju. Cochimics, 240 Chikanha , 162 Colbene , 74 (bili, 406 Colchagua, 410 Chillan , 410 Colima , / 223 Chillaos, 389 Collao, 394, 401 Cbiloe , IJlt > 4~9 & Colonie du S. Sacrc- J 13 men;, 424 Aa V $št ta: Colorado , riv. 234 Colzim, M. 53 Comana, 363 CdmahJ ou Comman- da, 116 Compoftella , 119 la Concepcion 3 2 3 3 -dcQuerac, 249. --au Chili ,411. ——dela Vega,484. Bave , 467 Conchaflet, 348 Conchucos , 384 Conco , 87 Condefuyos d'Areoui- pa , 394 Congo, 138 , 140 Conliao , 439 Conibafict , v. Con- cbaflcr , Conncćticut , 302 Conoflct, 347 Conradfbourg , M; Conftantia, ifi CoiAianrine, 8 i , 91 Cont, <• s Contree dc Bacs , Copiapo , 410 Cocjuimbo , 410 Coral , riv. 248 Cordillcras , m. %o6 , 3 Ji > 371. Cordoue , 404 Corientes, 424 -Cap, 479 Coriifcn , i*J Corniachi, 121 Cormentin , *3 J Cornouaillcs, 489 l e Corn^al , JI f Coro, v. Venezuela. Corvo , IJle , 464 Cofeir , 50 Cofta-Rica, 246 Cotabamba, 393 Cotc d'Abcx , 6 6. —> d'Ajan , 167. —— dc Bai.va , 66.-do Bonucs gens , 134. —— de Mal gens , Ibid. — dcTDents, 134.— de Dcrne , 7x,-d'Or , IJ j. — d c Sur in ran , 451 Couir , Lac , 1 J Courtland , 310 CazumcJ , IJlc , Crabs-iflc , \t6 Creeks, 324 Creve-cocr.r, 3 3 ? Criflinaux , 29 i Cuama , riv. v. Zan beze. Cuano , 1 jo Cuba , Ijlc , 47 3 Cubagua 3 IJle , 507 Cuenca , 379 Cueyba , * 479 Culiacan, 1-8 Cuma , 438 Cumana , v. Cuano. Cnnemi , 144 Coracao , Ifle, 507 Curateo , IJle , 477 Curcn , 72-Curupa j 437 Curupatuba, ' 45<> Cufco ou Cuzco, 3 9 2 j ALPIIAB 101 Cuyto , v. Cliicuiito. Cybola , 149 Cylongo, 1J9 D, Dahlac , I/le , 66 Da k ar , 1 ;o Dalaca , I/le , v. Dah- lac. Dalcs-Gift, 311 Dambća , Lac , 61 —Royaume , 61 Dami J, 12S Danuatou Damicctc, ] j Damot, 6S Dan cal i , «1 Dan cas , 6) Darab , 107 Daricn , H« Darome, 157 Daula , 579 Dauma, 118 > 13 T Dawaro , M Dcb^Mariani , 61 Dcbaroa, v. Dobaio- wa. Dcbru -1 ibanos , 6 A- Sclalo, liti d.- Scmona Dcbfan , De k , I/le , Đekin, Dendera , Dornc , DeTaguad^ ro, riv. 401 la D eTčdda , v. Dčiira-dc. 64 6x 7t ETIQU£. ffo Dćferr de Barca , Deiie" , 47 /a De (i rade, //7f?, 49(1 Dćcroic d'Anian ou du Nord 344.— de Babama, 211.-1 de Brovcis , 110 & j 11.-de Daviš , xi 1.-de Hiidfon, z 10 , 191.-de le Mairc , 210 & 511. - de Magellan , Ibid. & 41 6 , & $ 11. - de la Vietoire , no. — de Waigats, 511 Dob a rov/a , l a Dominic]ue Dongo , 14j. - Angola. Dorchefter , Douvrcs , Drakcrtcin , 1) 4 Dioiiin , Dubdu , Dne , Comte du , Durcla , Dungala , Durango , D utehe iT", l/le , 500 — v. ; to 47* 1 5 \ IOO 3*T 104 IS 217 i- Ast-Chestf.r. , 310 Eaft-Hampton , 31 f Educs , z40 Egala, 64r £gypte , 2.1 A a v j '$€\ T A B Ekmin 48 El-Kas.itf. ii El-Mcdina , 104 Elgitimba , 106 Elgiumha, 101 Eliiabcth , I/le , 315-Elifabethtovn j 316. -311 Ellcrena, v. Ercna. Elloudeab , Lac , 84 s; F.lmadinc , IOJ Embacca , 141, 143 Enamcra a 64 Enaria , 6 5 EncbciTe, 64 Enfado , M. 133 Enfars , 64 EngazCj 143 Eniachan , 136 En faca, 141 Erena, 117 Erkiko , 66 Errif, 100 Eskimaus , 190 Efneh j v. Afna. ta Eftclla , jjri Eftotilande , 190 Ecccbcmins, 193 ,194 Etpachcs , 134. Eudch , ii 8. F. Fangaterrp. > j76 I^anrin, 13 5 Favan , 110 Farim , 119 Fategare, Funei, Gcrbi } Ijle , 7 y Gerid, v. Bilcdulgerid. ALP H A B ETIQ U E. dc la Tour , 294. Georgie, 19 r 191 40 34 131 346 135 Para- 158 194 147 G. .tAbes , Gabi , GadumCj Gafat , Gago , Galam , Cabčs. 1 z 1 109 13* Galapcs ou Galapogos, IJlcs , 514 Galcmbouk, 176 Galiftco, 149 Gallcs , 148 Gainbie , riv. 13 Gancta-Jcfus, 64 Ganbc, (>s Ganz , 65 Gaoga, v. Kaugba. Garacii , 440 Garbie , 34 Garct , 99 Garlis , 100 Gafpć , 193 Ceba , 119 G han a , Ghanara , Ghcdemes mc. Ghedm , Gherma , Gibralcar, Gicdm , Giggri, 8 Gila , riv. Gilberc-Sound, Giiigiro , 1 l 1 Gir , riv. Girge , Gizeh , Gloccfter, Petit Goavc , Goerće , Ijle 119 119 Gadu- 6> 112, 363 6 i 8, 91 134 147 117 49 37»4* 311 48 s "7 » 184 Gogdcn , 114 Golfc d'Arabic , 8.- dc Daricn , 109.- dc Honduras , 109, - dc Mexk]ue , Uid.-dc Panama, Ibid.-S. LaurciUj, Ibid.-dc S. Tbo- lelaSi-Ibid. mas , 8. - dre, Gombo , Gomera , Gonga , Gorgora , Gorbani, la Goulcttc , Goumel, 191 H J17 80 T A B L Ž i Goyam , 64 Guatulco , v. Aquatui- Gracias 1 Dios, 145 co. Graciofa, Ijle. 464 Guaxaca, ilji Granada , 146 Guaxanaco , 11 j Grand-Bajic j 466 GuayJas , 384 Grand-.Seftrc , 134 Guayval, Ijle , 11$ Grand-Sound , 471 Gubcr, 120 Gratiofa, Ijle. 1511 Gada; 176 Gravefande, 3 r t Los Giieres , 249 La Grenade , Ijle. jo 3 Guemabuca , 21J Greyn-Cuftt 134 Guevetlan, 243 Groenland , .524 Guianc , 449 Guadalajara , 127 Guin , v. Nigcr, Guadalcanar, jji Guinala, 131 Guadalupe, 133 Guinbala, 113 Guadcloapc , i/7« , 49 5 Gubice ,113.- Nou- Guadcn , 115 velle, 541 Guadianilla, 486" Guish , M. 61 Gualachos, Lac, 207 Guragbc , 6 $■ Gualata , 115 Guyaqnil, 378 Guamalies, 384 Guzula, 106 Guamangua, 391 Guanabe, Ijle, 48J H. Guauahatii , Ijle ,476 rj Guauca-Belica ., 391, 1 JAbat, jco 392 Hachirs , Ijle , 525 Guanchaco 390 Hadafba , 64 Guaniba Ijle, 477 Haddagia, 100 Gtianos , 422 Haden , v. Guaden. Guanta, 391 Haik , lac3 63 Guanuco , 384, 389 Hair, 113 Guarftchiri , 384 Halifax , 2 537 Inliambana rrfi Inhaciua, i6t Infuma 3 136 Iri , 141 Iiocjuois , t$3 , 294 Ifabellc, W<; JJi Iflc du Cap Brccon , 469 lik dcs Perles, v. Cu-bagua. —■ Pcrcćc , 469 Iflcs dc 1'Amirantc , 173. - du Cap vcrd , 186.-Ca- rolincs, 231.-dc Comore , 173.- dcs Cocos , 5 5 3. — Daupbinc, 341. Madagafcar, dc Fcr , 192. -Fcrnand Pao, 18?. - dc Fcu j 188. - Flamandes , v, Acorcs. — dc France , 179. — G£ao- :H 223 H 131 64 130 548 137 K. k .Airoan , ou Kair• wan, 81 Kališ , 44 Kanem , 118 Kan fes, 3 3» Karne , "* Karukuera, v. Guadc- loupe. Karvan , v. Kairwan, Kaskakiar., 3 38 Kaugha , «7 L E Kav ar , Kayor , KefT, Kcfr, Kcliub , Kene , Kennebcc , Kent , Kia\vcr, K ing's Countv , Kingiton , 312 Kolar , Kollela , Korna , Koukou , Kourou , riv. 111 I j* 8 i 50 35 SO 304 310 HI 314 490 MI H * 51 118 45S JL Abez , Labrador, Lac Belle , Bombon de Buade 87 290 347. — 291.—- ou dcs II- faris , 257.-Eiie, de Conti ou du Chat, 257. -de Fonte , 348, —- deFronte-nac , ou Ontario , 207 , 257. -des Hurons , ou d'Or-leans, 207 , 2 57.dcs Illinois ou Michigan, ibid,— des Nadoucf- fans , 257. - de Rouquillo , 348. — Supćiicur 3 207,. $6. -dcValafco, 348 i90 Lagcts, L aguna Lćon , la Laguna , Lahefonii, v Lalibela , Lamlem , Lamon , Lampa, Lamptuncs, Lancaflre , Lanccrotc , Landcmans , Larache, Larcudia, Laricaxas , Lacacunga , Laymones , Lebida , Lcda-Nćgus, Lcmpta j Lenua , ALP HABE TIQ UE. 472 Lormunfiocrd, Lćon , v Lćon. Le vata , Le\ver Norfokk LibbJo > Lima , Lipcs, Liviugfton Lulla , Loanda. v. Loanda. Loango , Loja , d« J4f 411 Hcfonti. 1 20 394 m 312 191 131 101 74 400 37^ 240 74 64 82 11J Los-Rcyes , v. Lima. Laguna dc 3S3 Louangiri Louango-longo , Louifbourg , Louifianc , 339 Floride. Loxa , v. Loja. Lucanas , Lucaycs , Ijles, Lucayoncciue , H? 469 » v. 391 47* Ijle , 476 Ludaycs , 114 Lumbo, 141 Lupa ta, M. 148 Luxor, j 1 M IVI Aberia Macamun , Ma^anas t Macapa, Macas, Lous-Jnand Longo, Lo(]uillo , Lorcrto , 378 , Lac, t2 479 5°7 430» 4j9. 382 111 Macbicotcs, 176 322 Madagafcar , Ijle , 174 142 Madamut, 51 384 MadecafTe , v. Mada-3 97 gafcar. 312 Madera, riv. 40 2 , 428 389 Maderc, Ijle, 191 Paul dc Madrune* , jo Madre de Dios , Ijle , 13 9 3 13 380 MaeftradcCampo, 409 314 Magadoxo, 168 140 la Magdelenc , riv. 1 64 486 Mahamore , v. Mah.- 140 mora. 57o 3" a Mabdia, 8 z Mah mora, 103 Mahometa, v. Hama-mer. Mahuri, 477 Mai ,//c , 188 Main, 303 Maket, 63 Malaguctte ,133,134 Malaita , Ijle , 551 Maldonado, 415 Malemba, 141 Malouines, IJles, 511 Mandingues , 133 Manbattans, Ijle, 308 Mani-inga , v. Mandingues. Manica, riv. 15,16 Manica , 161 Mamiing , Ijle, 30S Manomorapa, 159 Man fora , 3 6 los Manfos j 2.49 Manzale , Lac , 36 Mapocha, Vwllee ,410 Mappongo , 143 Maracatos, 148 Maracavbo , 3 6 z Maragnan , 437 Maragnon , riv. v. Riviere des Amazones. Marafa, 119 Mara v i , 149 Marblerovn , i iz Mareb , riv. i 1 la Margueritc,//?*, 5°7 Maric'', 510 Marie-Calancc , ( 496 i? Z £ Maroc , 97 , 104, to? Marquifes de Mcndocc, , _ f; 1 Marfahpiivir, 94 Marfoula , 141 Martin' Vincvard, J/te, 315. - Vaz, j 10 /a Martiniquc ., J/7c , 49 1 MaryJand j 319 Marža , 115 Mafcaregne , Ijle , v. Bombon. Mafques , 39 J Maflachufcts Bay ,303 MaiTagan, 143 Madapa, iti Maftagan, 8 8 Matanancs, 176 Matania , Ijle , v. ia Martinique. Mathan, 11s Matouri, 457 Marovvaces, v. Long- Ifland. Matsbi, riv. 61 Matzua , Ijle, . 66 Mauca, 63 Maurice Ijle , v. Ifle de France s 513 Mayoto , Ijle , iji Mayzi, 479 Mazagan, 104 Mechoacan, zz; Meczara y izz Medera , 119 Medheram-Iza , 113 Medinet-Habu , 5 I Meies , M. 71 ALPHABETIQUE, j7i Melcla , 71 Mclitla, 99 Mclindc, 16S , 166 Milipilla , 410 Mendoza, 410 > 411 , 412 Mcngeita-Semaiat, 64 Mcnuf, 34 Mcnufić , 3 5 dc la Mine. Minć , 61 Minhaffet , 348 Micjuclon , Ifle, 468 Miqucnez , ioj Mifias , 7 5 Mifquć-pocona, 403 Miflions du Paraguai, 411 Mer dc Hudfon , 206*. -M4frrfTipi, riv --'de Mcxic|uc,2o6. -du nord , 20 5 de 1'Oucfl:, 145 — Pacifkjuc , Rouge , Sud , 10 j meille , M^rida , Merida , Meroe , Ijle , Mcrfa , Mćfemma, Mcmfaghcs, M ceha , Mettijah 3 platne 3 Mexico , le Mcxiquc , M.:/raca, M ezzab , Michinipi, Lac , 345 , 34« Middclbourg , 451 Middletex , 312 - . 489 Miit-Dcmfis, 37.- K a m ar t Ibid. Milfbrt , 299 Milianc, 87 la Mine 3 v. S. Gcorgc 205.- I, - du -Vcr- 20J ^^6 364 55 79 IOO 291 I69 90 22 1 74 108 209 256 ??8 143 3 i ' Miffiflipi . Mirto ur i s, Mochima , Mobawks , Mobilia , ou Molale , Ijle , 173 Moinflot , 37 Mona , Ijle , 48 J Monba/.e , 16$ Moncbio ou Monciix. .194 Monfia , Ijle , 175 Mongale , 16 4 Monoćmugi , 148 Monauis , 240 Monlerrat , Ijle , 499 Monfol , 147 Montagncsd'argent, j. -dela lune ; Ibid. -du falperre, Ibid. -du foleil , Ibid. Montalvan , Ijle , ijj Montc-Chritlo , 484 Monte-Video , 424 , 425 Montreal , 294 Motm dc criftal, 5 Moqtu'-i;aJ 394 Moqui, 249 'J7i T A Mornc-Rouge , 484. -D table , ibid. Mosho j j 5 Moftagan, 5,4 Motolo j 141 Mourć 1 j y Mourzouk , 75- Mozambicjne , 164 -Mufrv-Gannin, v. Mof- tagan. N Nabu, 81 Nafas 3 63 Nanina, 64 Nanfcmmid j 311 Nantuket, Ijles , 31 j Nallau , v. Long-lf-land. Nacal-los-Rcycs, 439 Natchćs , 3 3 j , 338 Natchuoch.es, 338 Nccauz , 9 3 Ncd-Rome , 96 Ncftraoa, 34 Ncvis, Ijle , 498 NcMf-Hampshire, 304. —Kaven, 3oz.— Kent, 3 z z.-—-North- "V^alcs, z92.-Sud- Walea , Ibid. - Taltz, 313.-Torr, . 303. -Rocbcllc , 31 o,—Savcrnc, 229. — To\vn ,315-- Utrcch t 315. - Yorck , 308 Neydc!ifiocrd , ji J Nicaragua , 145 B L E. Nicoya , 146 Nicvcs, Ijle , v. Ncvis, Niger , riv. 11 Nigritie, 116 Nil , riv. 14. —*— des Ncgres, 117 Nimeamaye , 148 Nipilliniens , 191 Nombrcde Dios, zzy , j;8 Noronha , Ijle, 510 Novt-Caftlc , 310 Norc-hampron , 312 Northumbcrland, 489 Noftra Segnora dc Ta-lavcta, 404.— dc la Virtoria , 11 j Nocrc-Damc dcs Angcs, 249. — dc Bona Guia , 250. — de Lorettc , z 3 z.-du Sccours , z49 Nouvcau Lćon , 114 , 341. -Mexique , Z47. -Pays-Bas, v. Nouvelle Yorck. Nouvelle Albion ,231. —-Amftcrdam , v. New-Yorck.-An- daloufic, v. Comane. —Angleterrc, 296, 199. —<— Bifcaye , 228. - Bretagnc , 543. -—Ecoile, 293. ijkf' -Irance , v. Ca nad a.-Galice , v. Xalifco.-Gre- nade, 359 , 364.- Guiuće j J41, —» ALPHABETIQUE. Holiande , 5 44.- Ictfei ,316. ,— Na- varre , 118.-Or- Ićans ,335, 341.- Plimourh , 300,303. --« Sucde , v. Nouvelle Jerfei. —Val- Sff ladolid , izd. - Yorck , 304,-Zelande , J30. 1- Ženile , 519 Nubic, 54 Nuefha Segnora dc los Remedios de Pucblo novo , 3 j 6 O. 'Gge , v. Wcd. Olinde , Omafuyos , Oran , 8 8 Orange , Orebilla,, Ijle , Orejones, , Orcnoquc , riv. Oruba, Ijle , Oruro , Ofagcs , Ofiot',, Oforno, Ofterbay , Ofterburg, Ofv/ego , Ocabalo , Oufguila, Ouvcre , 440 400 . 94 313 508 401 3*1 508 397 338 48 411 3*5 J*4 37<; 73 *37 P. Pacajes j Padoucas , la Palma, Palmartnho, 140 las Palm as, Pampas , 396 , 405 417 Pampeluna, Pan-de-iVlatancas 400 33« 191 141 J) T 140 Panama, Pango, Panis, Parnico , Papels , P?ia j Para-lba Paraguai riv. Parana, riv. 108 41 8. Oyapo!co,r/v. 45-4,478 Gyftcr-Iflands 308 3*4 M. 479 ii* 141 338 n? 131 43* 439 'iti itn 4it Pana, 363 , 397- — Lac , 402. - riv. v. Orenoque. Parina-Cocba, 391 Parmcntier, riv. 347 Paru , 430, 4 j9 Pafpaya, 397 Pata, 167 Patagons , 417 Pacaš, 3 89 Paucar-Colla, 400.-■ Tambo , 3 o j Pauxis, 430,459 Pavoacan , Ijle , 18$ jUPaz,Baye, 135 574 T A /a Vaz, yJ9 , 400 Pays des Dates , 106. d'Edam , 515 — -de Lambert , ibid. - Petrine, v. Radcm. Payta , 19% los Tecos , 249 Pel ham , 310 Pemba , 140 , 14] Ijle, 173 Pemy-Quid, Ijle , Mi« Penco, Penon de Vclez, 413 100 Penfacola , 341 Pcnfilvanie , 317 Pentagoet , 197 Perico , 357 Pericues, 240 Pcrnambuco , 440 Perou , m Pcck-Dieppc , Pevas, 43»: 134 . 43* Philadelphic , 318 Philipfljourg t 310 Pic de Teyde , 5 190 Pichinca, M. 377 Pico ; Ijle, 4*4 Picos-Fragofos, 5 los Picuries, 248 Pilaya, 397 Pineria , 228 Pinos , Ifle* 48 1 Piri, i)9 los Piros, 249 Pifco , 384 Piura, 3S9 , 390 rlaifancc , 4^7 , 4^8 la Plata , riv. zo8 a b L e 35', 397> 4*3 Pogkcepfing, 311 Popacatcbeci, volcan, 207 Popayan , 36J, 3 66 Poico, 397 Port-Bombon , 179, -de Drack , f 31, -Louis, 179. Mar- gor , 484. -aux Outs, 468.-aux Primes , 276. —• Royal, 29 3 , 297, 299.-Royal, 490 Portandic, ur Porte dcs Rois , v. Bi- ban-cl-MoJuk. Porto-Bclo, 356, 357. -Farina, £0. —• Plate , 484. -— Santo , Ijle > 195. - Seguro, 443. —dos Tourcs , 439 Porto-Rico , iMc , 485 Portsmouth , 304 PoitudaJ , 130 Potcngi , v. Rio-gran- dc. Potofi t 370 , 398 Pracel, 176 le Pracel, 477 la Providencc , Ijle , 302 , -477 Pncbea, 223 Pucbla dc los Angelos, 214 le Punta , 379.-de Ste. Elena , Ibid. la Purificaiion , 229. ALPHABE TIQ U E. •-de Avico , 149 Rćniirc > Pyramidcs d Egypte , H i 46 57 f 4J7 31* 448 3 47 C^Uartguessem , v, Santa-Cruz. Quatro-Ciudades, ]66 Quaxacallan , 117 Qucbec , 284 Qućcn's County, 315 Quilca , vallee , 394 Quilimanc , v. Quil- loanc. Ouilla , Qtiilloa , Quilloane , Quillota , Qu i farna , Quifpicanchi , Quiccoa > Quito , Quivira , Quixos , 374 R. Rahata , Ramos , Ijle j laita. Rancagua, Rapahanock , Rafcid , RaiTcm , Rcalejo, Recif, Rcdonda , RcgliebiJ„ 140 1-6 J 164 410 141 393 107 377 2 fo 381 104 Ma- 419 322 j 33 75 146 441 49 9 118 Rcnslaerv/ick , H Rcy , los Rcyes , riv. Rbodc, Ijle, v. la Pro- vidcncc. Ribeira-grande , 187 Richclicu , 294 Richmond, 313 Rima , vallee , 385- Rio-Bamba , 378.- Bravo , 248. - Cauca-, 36 j.-Co- lorado v. Colorado. -— Doke , 405.- grandci 3 2.—gfande ou Pocengi 439.-■ delaHacha, 361.— Janćiro , 444 , 445, -delMolino, 36*, --Ncgro , 428. -del Nortc , 248. -Rćal ,441--- Sala do 235 , 405. m—Verde 135. — Vcrnjcjo , 404 , 407 Rio Ncgro, 459 Rioja, 4°4 Riviere des Amazoncs, J-07 , } J? , 4*7---- Blancbc , 15. —-Bleue , 1 r & 117. — des Miifions, 423.-Salec; 49*. -— des Vacbcs, 3 3 3 la Rocha , Ijle , 192 Rochefter , 312 Rond-Bofch , ijj Rofaire , Ijle, 23} t A B Roflct, v. Rafcid. RunTciuc, 130 Rye, j 10 s. Saba , Ijle , 504 Sabia, 161 Sacatula, "j Sarl*y , v. Afafy , 104 Sagadaook, 503. Sagna, 389 Sahare , 66 Sahra, 110 Said, 47 S. Abraham, 7/?^ , 345 S. Alphonfe , 149 S. A m ara, 443 S, Andre , 176 S. Angelo, 176 S. Antoine, 53 S. Antoine , 113 S. Antoine , 143 S. Antoine, 440 S-Antoine, 443 S. Antoine , Isle , 187 S. Antoine , Cap , 479 S. Antoine dc 1'Ifle , 2,4,2,-uc Senecie, 149 5. Antonio , 441 , 443 S. Auguftin , 340.- Baye, 175 S. Bair/a, 141 5. Barnabe , 13 3 S. Barthelcmi de Xon- gopani, 249-— lsle-> 496 5, Bernardin dc Acjua- I E turi, 149 S. Bonaventure, 134 S. Borondon , I/le , If'% S. Charles , 131,133 S. Cbriftophc , Ijle , v. . Mayoto. —49S.- v. la Havane.—; $■ 1 S. Dalmat, M. 345 S. David , I/le , 472 S. Dcnys , 232 S. Diego, 149.-Ijle, HI S. Dominico , 148 S. Domingue, riv. 131 S, Domingue , Ijle , 481 , 4S3 S. Elie , M. 34j S. Efprit, I/le ,133. - 480 —•— riv. v. Manica. S. Eticnne de Acoma, 249 , 150 , - Ijle , 34; S. Euflacbe , Ijle, 50+ S. francifeo, 143.—» dc Borja, v. Borja. • - de Campćcbe, •v. Campeehc. —■ de Sandia ,149. -—riv. J Ji S Francois du Pre, 459 S. Francois Xavier, 13 3 S. Gabi iel de las Abne-jas, 234 S. Gcrmain Ic ncuf^Stf S. Georgc, 443.-v. lile Grandc. - dc la Mine , 135.-— JJle , 464- -7* 471 S. Gregoire ALPHABETIQUE. 484.- 1J2.-404. mola S. Gregoirc de A bo , 2.49. de Porto-Vejo, 379 s. Iago , v. S. Jago. S. Igaatio de Pevas, v. Pcvas. S. Ildefonfo , 125* S. Jacques , 213. ——-de Leon ou de Cara-cos, 363 S. Jacques-S. Philippc , 548 S. Iago , Ijle, 187.-—• al Angel , 3 56. - de CbiH , 410.- de los Cavalleros , ■ de la Coras, -del Eftcro, - de Guati- 244. -de Guaxaca , 125.--. de Laguna, v. la Laguna. —- de Nata de p los Cavalleros} 356. — deOlancbo, 245. - de los Valles , 213.-480 Jean ,232. —-3 34. - d'Ulloa , 221. -—■ de la Victoirc, v. G u ama 11 ga. S. Jean , Ijle, 398.—— $o$*—46$ —M. 3 45 S. Jean-Baptiile , 233 S. Jeiomc , 249 S. John, 500 S. Jofeph , 131. - 231.--Ifit, 133. —— de Comondu , Tome VIiT 577 — 5°6 S. Juan , 218. — dc laFrontera, 412.—— de Cavallos , 245, -de Porto-Rico , 486 S. Kits , Ijle , 49S S, Laurent , 148, -«— v. Madagafcar. — riv. 208 , 1 ftf S. Louis > 291. —i— dc Gonzaguc t 23 3. —- Ijle j 1 2 9 j 130.- Ijle > 18;. - dc Loyola ,412.-dc Maragnan, 437, —-de Zacatecas, 227 S. Macaire , Ijle, 3 4y S. Marco, 141 S. Martin, 227, - Ifie , 497 , 5°5 S. Mitheo, 329 S. Macbicu , Ijle , 182. S. Micbel , 249. - dc Culiacan , 128. -d'Ibarra , 376. —delaPepena, 234. -de Piura , 3 90, -Ijle, 4*4 S. Migucl , 244 — 448.-dcMe„boa- can , 223.-deTu- cuman , S. Nicolas S. Pablo , S Paul , Loarda 404 Ijle, 187 224 5 3- — de 142. —— furl Amazone , 431, Bb y78 T A 43* , 447- - h bi Guiane, 458 S. Pedro, 43 r ,436,448 S. Philippe , zz8. —— 437,—- de Bcngud-le, 144 ^. Pierre la Martini- que , 494.-JJle , 468 S. Salvador, 144.-— 441 5, Salvador , v. S. Ban-za. — v. Bayame. — v. C?uanahani, S. Sauveur , riv. 548 S. SćbailiandelaPlata, 366 S. Sebafticn , z 19. —— -444.-de Buc- na-vifta , 3 60 S. Theodore , Ijle, 345 S. Thomas, 451 S. Thomas , Ijle , 18 z -505 S. Vincent, 447. - Ijle, ;oz S. Vincent, i/7ć , 1 87 Ste. Alouzie , v. Ste, Lucic. Ste. Anne , Ste. Barbe , Ste. Cabcrine , 440.—— 449 & 510.-IJlcy 508 Ste. Claire, Ijle , 19 z Ste. Croix, 190. —■ 194« —^ H9- — 480-Ijle , 5 i r Ste. Helene , Ijle , - Nouvelle , Ste. ifabelJc , Ste. Lucie , Ijle , Ste. Lucie , Isle , Ste. Marie , 3 zo 357 > 3 59-- Conception *3 3 zz8 r8č>; 181 484 187 49 T dc la , 440- 4*4- — 469 Ste. Martbc , 361 Ste. Rofalie , 231, Ste. Rofe , z 3 2 les Saintes , Ijles , 496 Sal ,IJle, 187 Sala, izz Salamanca, zz£ Sale, 103 las Sali nas , z 49 Saliver, 74 Salomon , Ijles , 5 jo Salonef, 71 la Salta, 4°4 Salum , 12-8,131 Samen, 64, San , 3 5 San-Pedro , 145 San-Philippe dc Aui'- tria, v. Oruro. Sangcdcgou , 131 Sant-Rich , 7 5 Santa, J 84 Sama-Cruz , 105.—> 44* Santa-Cruz , Isle . 13 3--Cap, 479 Santa Cruz dc Mopox , 360. — de la Palma, 191. —— dc la Sier- fa , 401 , 40 j Santa-Fc , 149 —1 d'An-cioquia, 366.——dc Bogota, 359, 3*4» —— dc Granada , 150. —- dc Para-guai , 414. — dc Pclanofla, 150 Santa Maiia dc las Ni- 440 447 48y 1 3 8 8 73 Senegal , Louis. ALPHABETIQIJE. ;7<> Scnnar, 5 5 Serea, 64 Sćrćgippc , 441 Serer^-s , 13® Scrincapa, 168 Serfcl , 94 Scftre-crou, 134 Settera , M 4 Scville de l'or , v Ma-cas. Sfa-kes, 81 Shabur, 31 Sharkie , 3 5 Shat, 65 Shrevfburi , 31 6 Sian , 167 S iara , 438 Sierra-Liona , j , 6 Sicrras Nevadas dc los Andcs , 3 j 1. — dc Ccbre, 47? Sicrrc-Lione, 1^4 las SietteGiu.dadeSj2.49 Sillery , 190 Sin , 118,150 Siouah j 7 3 Siout j v. CMior. Sir-Dudlet-Digs-Cap ., & Sir- Thomas - Smifhs-B»ye , jir Sifjiirnefla , v. Sugul- meiTc. Šivah, "v. Siouah. Smith-Town, 315 Soconulco j 2.43 Sofala t idi Sofioa , 100 Sommufct , 3 to, Bb ii ves , Saatos, Saona , Ijle , Sapef, Lac, Saiigel, Sarin i en to , Ijles , Sarvai , Al. Saut du Matdor, 18 j. — dcNiagara, 257 Sauvages , Ijles , 191 Schenećtadi, 311 Schogcfioerd, jij Schvcellcndham ,154, 158 Se ara , v. Si ara. Sebaldes , Ijles , y r 1 Secmara, 118 Scedi-Bufgn:c , 9 1 Segovia nueva, 146 Segura de la Fronre'ra , 114 Sellage , Semegonda, Scmennud, Sena. , Senate, Senegal, 116. 1JI* » 140 •118 34 161 66 — ri\>* s. J8© T A B 489--jjics t 471< Songo , ,j j Sonho, i4o, 14i Sonontouan , 294 Sonora , x t g Sottovcnto J/I«, jo6 Soacni*, v. Artuan. Souricois , 293 Soufos , j j j Souchampron, 315__ r. , 471 SouthoJd , 31 j Sova , v. Choa. Sjpanish-covn , 489 Špiritu Santo , 22; Spitzberg, jjy Statcn-Ifland , 313 Stefta , 9j Srcllenbofcli, 154, 15" y Straat-NafTau, 521 (Suakem, 66 Suaqucm, Ijie t J7I Sucbitcpcc , 143 Sucondc, 13^ Suez, 45 SufTblck , 31 j SugulmciTc , 108 Sumana , Ijle , 477 Summer , Isles , 470 Sunculi, Mt 400 Sundo, 140, 141 Suni , l4J> Surinam, 4yX Surrev , 312, 489 Surubin, 459 Sus, 10 j Sufa, 81 Swarland , 1^4 Sydra, Isle , 74 L E T. 1 Abago , Isle y 503 Tabarca, riv. 80 Tabafco, ijj Tabou , 1 jj Tacaze, r/v. 15 , 61 Tadercr, 6ff TadouiTac, 15,0 Tagavoft , yoJ Tagodaft, Iof Tapva, ll7 Talbot, jl0 Tamaraca , 440 Tamarin , z y j Tamaroas , ^ - g Tamatma , x; g Tambaaoura , f j j Tameco , 3 Tampice , 1.1 j Tamuri , v. Tamarin, Tancoa, ^ Tancuic, UJ Tangcr , IOI los Tanos , Tantaneh , M-Tao , los Taos , 24y 112 249 Tapajos, 43* Tappan , j 1 j Tapui-Tapera, 438 Tapuvas, 43«j Taragalc, 108 Tarija, }97 Tarma, ?s4 Tarodant , ou Taru- dant, 10; 111 ALPHJBETIQUE. $U -Je Feu, j m. — de GonncviUc , 53 6. — deGuda, 176.—■ -—de Leach , j 39. —- de Leuvcon, 545* -— de Lionne , Ibid. - Ma 465.-de Nuitr. , J4J-—— des Papour,, 541.-des Pcrro- quers, 538. - dc Pracel, 158. — dc Ruis , jij — du S. Efprir , 3-47. —dc Vcipuce , j j 3. — de Vlamming , 538. — dc Waigats, jzz.. -dc Wic, j4f Terres Auftrales , y 3 9 Terres Polaires , Jt€. -1 Arctiqu.es, Ibid. - Antarčtiqucs , jz8 Tafaua, Tafco , Taumaco, Isle t Taxique , Tebc/fo , Tecon , riv. Tecort, Teculeth , Tcdles, Tedlez, Tcdneft , Tcfethna , Tcfrafta, Tefza , Tegaza , Tegorarin , Teguaio , los Tcguas . Tejcutn , Tcmefnc , Tcmian, TencrirFc Tenncz ou Tcnnis , 87 » 94 Tcnnis , Lac, v. Man-7 al c. Tcpeaca, 114 Teranć, 3^34 Terceret, lslcs, 461,453 7 »ga j 11 j Tcric d'Arnhem , 545. -de Eoeaeli ,539. —'dc la Circonci-fion ,534. -— dc la Concorde, 54J.- deĐilmen i y + f.- 546.--d'Edels „ j4f.--4'Endrachc, lbid>—terme, 3/4, Ish "j H1 149 i 93 148 108 1 o j 91 10; 105 »oj 106 Iof 114 108 / jO 149 ioj 103 118 190 Te/Ter, Tetć , ■Tet uan , Tcvrcrc, Tczza , Thebcs , Thin , Tibcdou. , Tigre , Timbi , T imena, Timcskic Tinca, v. Tinzulin »U 118 Canchćs. 114 161 100 100 s 00 y 130 11 j 65 XXV $66 107 B b iij 107 /8i T A Tiica , 119 Tki-Caca, Lac, 107, 401 Tlafeala , 114 Tlemfcn , 87,95 Toboiarcs, 438 Tocortc , v. Tccorc. Tocrur , 111 Tolomcta, 71 Tomba , 134 Tomboućtou ou Tom but j 111,111 Tomina, 397 Toraf, 64 la Tortue , Isle , 485 -508 Tofcr , 84 , 86 Touargucs, 113 Toupinambas , 438 Tout des Arabcs , v. Aboufir. Toutti , 61 Traci, lac dc v. Lac Supćricur. Tremcccn , v. Tlemfcn. la Trinidad , 144.- 3*4.--Isle , jo6 la Trinite , 133. — 480.- Isle , jo6. --Baye , 4*7 Tripoli , 73 , 74 Triftan da Cunha , B L T Tuburbo , Tucma , Tuculula, Tucuman , Tufnvan, Tuign , riv. Tumaco , Isle Tumbcz , Turni , Tummclla , Tunis , Tunja , Tufca , riv. 74 U. XJlIlMA Ulftcr , «1 404 115 403 150 501 3 8 t. 39o I 17 106 > 77 364 80 479 311 131 409 409 Isle, Trois-Riviercs, les Trois-Rois Triuillo , 2-45 j 1 80 190 m. z i4 389 390 \^Agres , Valdivia , Valladolid , 145. v. Mechoacan. Vallćc d'Amboulc Galcmboule. Val-Parayfo, Vcgja, v. Bćja. Vclcz , Vćnćzuela , Vćra-Crux , Vćra-Cruz , in dcTlafcala, Vera Paz , Veraguas, Veri ne , /wYiergcs,2j/w,497 5°5 100 3 6t 548 1X4 144 3*3 ALPHABETIQUE. 583 Vi'cas-Guaman , 391 Xagua , 479 M!la-dc-los-Lagos, Xa!ifco , 11? 123. -dc Naco , Xarcycs , Lac , 402 245 -nova dc los Xauca , 184 Infanrcs , 412. —- Xcicz , 145. — dc la Rica , 410. -—Ri- Fiontcra, 117 ca, v. Almćria. dc los Santos , 3 56 Y. Vintain, 129 -cr Vhgengorda, Isle, 497 I Aguache, 1~"> Virginic, 321 Yaouri , lit Vittoria de los rcmc- Yauyos, 384 dios , 364 Yazous , 3 3 8 Vogiftbanh . 176 Ybarra , v. Chiamc- Vortani, 37 tlan. YoIofcs, v- Jalofcs. W. Yorck , 311 \%rf Yucatan , n<» >V AL-Dcba, 64 Yuma,Zf/f, 47* NValaka, 64 Yumeta, Zr/e, 477« \Y alefound , $%5 Vah-KUl, 313 Z. Vangara, 119 rj Ifarvick , 311. — /_jAb, 108 472. —Ijle, lbid. Zacatecas , 227 Wavercn , 156 Zacondc, v. Sucondc. Wcd, 65 Zaghara, 118 Wenthit , (.4 ZarTarina , 99 Vett, , 5 j 1 Zaire , riv. 1 T Veft-Chefter, 310.- Zala, m Morland , 322 Zambeze , riv. itf Vefterburg, 524 Zamota, 93 Whit, Isle, 315.—322 Zanfara, 110 Wicomcco, 322 Zanguebar, 162 Zanhaga , 114 X, Zanzibar , Isle , 173 XZaphcs , 176 Abanda , 135 Zaporaco, 227 Xacoha, 248 Zaruma , 380 j84 T A B L E. Zadaja, riv. 61 Zcu, 117 Zavila, iij Zimbaoe, ui Zedic , 74 Ziz, r/v. io8 Zegzeg, n9 Zoara, .71, 74 Zeila, 168, 169 Zocotora, Iste, 171 Zelande, 451 Zoqucn, 144 Zendero , 148 Zouran, 81 Zcrbc , Isle , v. Gcrbi. Zuenziga , 113 Zet, fj Zumpango , zij Zeth, 1x8 Fin de la Table du Tome VIII. Dc 1'Imprinicric dc la Veuve Simon, Impri-mcur dc la Reinc & dcl'Archevčche, Ruc des Mathurins, i767« E R R A T A. Page 55 , lig- ll. Sannur, lifez5f«nar. Page 96 > a la nn , ajoutcz : Le Dćlik ou Gouvernement du Midi. Cc Gouvernement, plas ćtcndrj qtie ks precć-dcns , n'eft babice que par des Arabes errans , <]ui font forr peu foumis. !l renferme les Pays dc Tegorarin, de Zab & de Me^ab , do:i: nous parlerons plus bas , en decrivant las Cantons du Pays des Daccs qui dćpendcnt du Ro/aume d'Algcr. Pagcs 110 & 111. Corrigcz, les Chifrcs Romal hs , cjui doivent ćere , IX. X. & XI. Pagc 187, lig. 4. San-Jacot lifez San-Jugo. Page 188 , lig. 15. XI. lifezXJI. Page z07 , lig. 13 , des Ama^ones de Saint* Laurent } metrez une virguleaprčs Amarones. Page j 13 , lig. 10. Statent-Island, lifcz Sta-ten-Island. Page 399 j l'g- z. Cicaca j lifez Cicacict* »