LI N G U I S T I С A UREJUJETA MILAN GROŠELJ IN STANKO SKERLJ LETO II 1 956 ŠT. 1—2 > л./ Anton Grad SUR L'ORIGINE DE LA FORMULE Ço poise moi EN ANCIEN FRANÇAIS On sait que l'ancien français faisait un emploi des verbes impersonnels bien plus fréquent que la langue modeme, montrant, sous cet égard aussi, un état de choses qui ne différait pas beaucoup de celui du latin. C'est ainsi que, pour la catégorie des verbes exprimami un mouvement do l'âme, la vieille langue disposait de toute une série de verbes impersonnels dont la plupart sont inconnus à l'usage moderne et dont voici quelques exemples: chaut: de ses ranposnes... ne me chaut, Yvaîn 630; Ne me cliaut mais des jornees conter, Amis et Amiles 2476, etc., etc.; ennuie: Sire, et pour Dieu ne vous ennuit De mon demour, Mir. N. D. I 330, 496; Por moi sejorner ne t'ennuit, Perceval 3227, etc.; grieve: Mais de lor signor moult lor grieve, Perceval 3798; Car mout m'est mal et mout me grieve Que..., Le Roman de Thèbes 4965, etc.; est bel : de vo venir m'est bel, Aiol 5841 ; bel m'est qu'or jo t'en voi souprise, Eneas, d'après Bartsch, Chrest. de l'anc. français0 133, 25, etc.; est noient (rien): ...de s'amor nïent te soit, Eneas, d'après Bartsch, о. с. 128, 35; ne m'en est rien, ib. 133, 31, etc.; (re)membre: Donc lor remembret des fiez et des honùrs, Roland 820; Lors li membre d'une amor, Motets Français des 12e et 13e siècles, p. p. G. Raynaud, I 70, etc.; souvient: Quer de la fame Ii souvint, Le Roman du Comte d'Anjou 5865; et si lor dites... qu'il lor soviegne de moi en lor proieres, La Quest e del saint Graal 154, 5, etc.; tarde: mout me tarde que je les voie, Erec 3258, etc.; tient: Il ne li tenoit d'envoisier Ne d'acoler, Le Roman de la Rose 332, etc. 1 Linguistica 1 La construction impersonnelle du verbe peser (=être désagréable, causer du chagrin, de la douleur) est aussi très fréquente dans les textes du moyen âge, comp.: de ma vilenie me poise, Erec 3631; Mais de Gavain plus Ii pesoit, Gerb, de Montr., Perceval 13018; Ha! Yvains, tant il me poise de vos, La Queste del saint Graal 153, 32; Pas ne m'en poise, ainz m'en es bel, Eneas 4956; mon pere est mort, dont il me poise (a. 1521, d'après Godefroy VI 124, etc. Les exemples avec l'adverbe mont introduisant la construction impersonnelle sont surtout très nombreux: molt me poise de ma pucele, Erec 196; ib. 2554; Molt me poise, quant je la voi aiornée si povrement, ib. 512; molt Ii poise qu'il la velt faire, Eneas 7833; Bien a passé an et demi Que ne le vit, molt l'en pesa, Gerb. Montr., Perceval 3871; ib. 77; mult U pesa de cel semblant, MEr, Lais I 789; mult li pesout del coste-ment, Wace, Brut, d'après Bartsch, o.e. 116, 27; moult me poise de ceste damoisiele que vous avés occhise, Merlin 11 90, etc., etc. Quant à la syntaxe des pronoms personnels régimes accompagnant le verbe impersonnel — problème quii, comme non« ne tarderons pas à le voir, est d'un intérêt spécial justement pour la formule Ço poise moi — tous les exemples cités ci-dessus, avec les pronoms personnels régimes précédant le verbe, ne font que suivre la règle générale qui, au moyen âge déjà, exige cet arrangement : dès qu'il y a, devan t le verbe, îrn membre do la même phrase, le pronom personnel régime, s'appuyant sur lui, doit en même temps précéder le verbe et ceci sous sa forme faible. Cette règle est — nous venons de le voir — strictement observée aussi dans l'emploi des pronoms personnels régimes précédant le verbe impersonnel. 11 va de soi que, dès qu'on veut accentuer le pronom personnel régime, il apparaît sous sa forme forte (diphtonguée) et, dans ce cas-là, sa place est plus mobile, il n'est plus lié au verbe dont il peut être séparé par d'autres membres de la phrase; il peut aussi commencer la phrase, сотр.: Moi ne chaut и nous aillons, Aue. Nie. 27, 12; Foie chaitive, toi que ehalt? Eneas 8348; Moi n'an covient il plus proiier, Yvain 3992; moi plot et a lui d'autre part, Erec 6231; Ge l'amasse se buen li fust, Moi fust molt bel se lui pliist; quant lui ne plest, gel me lairai, Eneas 9171—3; Par foi, moi sanle que dist voir Li preudom, Le Jeu de saint Nicolas 1309; pensez... que lui ne poist s'ele est destruite? Bér., Tristan 1116, etc. M. Foulet pense que les formes pleines (fortes) sont aussi employées quand elles suivent immédiatement une conjonction ou le relatif dont (ou cui) et que, eu même temps, le sujet du verbe impersonnel (il, ce) n'est pas exprimé; selon lui, «la conjonction fait l'effet de ne pas appartenir à la phrase et, dans ces conditions, on ne croit pas pouvoir laisser en tête une forme faible de pronom personnel».1 Ne voulant nullement contester l'affirmation du grand savant, nous croyons, toutefois, trouver parmi les exemples, cités par lui pour prouver cette hypothèse, des cas où l'on a affaire л des formes fortes probablement dues à l'accent;2 d'un autre côté, on peut citer des cas nombreux où la conjonction n'exerce pas cette influence, p. ex.: Quand me convint, dames, de vos loignier, Chanson du roi Thibaut IV de Navarre, d'après Bartsch, о. с. 27S, 30; quant me remembre del grant duel, Eneas 833; quant me plaiseit venir a vus, Bér., Tristan, d'après Bartsch 106, 9; E chascer en va, quant Ii plaist, Gui de Warewic 2885; n'i ad parole dunt te estuce curecher, QLR, d'après Bartsch 58, 34; jou ne dis que m'ait grevé, Chanson de Gaces Brûlez, d'après Bartsch 279, 37; or ai a pris dont me souvenra mais tous dis, Traduction de la Disciplina clerical!«, d'après Bartsch 273, 31; Quant m'en remembre, s'en sui toz esfraez, Folque de Candie 6955, etc.3 Parfois la forme pleine apparaît — les cas ne sont pas très nombreux — quand le verbe impersonnel n'est pas précédé de son sujet (il ou ce) ni d'un autre terme de proposition: le pronom personnel régime 1 L. Foulet, Petite syntaxe de l'ancien français3, § 176. - P. ex. dans: pensez ... que lui ne poist selle est destruite? BérOul, Tristan 1116. — Il se peut que dans la locution «si com moi semble», assez courante en ancien français (p. ex.: Seigneurs, dit il, si con moi semble, Perdude ai ma fille, Le Roman du Comte d'Anjou, 1552), le pronom personel régime moi ait été accentué aussi, comme le ferait supposer l'exemple suivant avec le verbe paroir, synonyme de sembler: parler püent ansanble andui (sc. Turnus et Lavine), S'amor li a puet c'estre ofert, Si com a moi tot an apert, Enéas 9004. Toutefois, on rencontre aussi la même locution avec la forme faible du pronom et 3e sujet du verbe exprimé (il), p. ex.: car de mort n'a il encore garde, si corn il me semble, La Queste del saint Graal 257, 10. — Sur «ce me semble■> v. ci-bas. Lerch, Historische französische Syntax, III, § 343, pense que, grâce aux exigences du rythme, les formes fortes des pronoms personnels régimes pouvaient être employées même si les pronoms n'étaient pas accentués. 3 Toutefois, après la conjonction se (si), les formes fortes semblent être de rigueur; voici quelques exemples qu'on peut ajouter à ceux donnés par Foulet, I.e., et Lerch, I.e.: se moi creez, vous serez coi, Gerb. Montr., Perceoal 1306; Si Il prie se lui plaist Por Dieu que cele chose laist, ib. 1679; Se lui meschet, Gui de Warewic 8266. — Mais Lerch, l. c„ a tort de généraliser ces cas avec les formes fortes des pronoms personnels régimes et même d'affirmer que les formes fortes étaient les seules possibles et qu'elles précédaient toujours le verbe impersonnel. i 3 retient sa place en tête de la phrase, mais pour raisons rythmiques — cotte place ayant un accent plus marquée — on le fait passer à la forme forte: Tei covenist helme e bronie a porter, Aliscans 411; par foi, quant je malades fui, Moi covint soffrir lor ennui, Bibble Guiot, d'après Bartsch 252, 32; Moi le covient des armes espargnier, Le Couronnement Louis 679; ib. 1365; Mei est ois que..., QLR 2, 18, 27; Moi est vis, par le Salveor, j'en seroie trop avilliez, Gerb. Montr., Perceval 4444; Gauvains respont: Moi poise molt, Erec 4157; ib. 4181; 4653; Moi poise de vostre fol sens, Amadas et Ydoine 6196.4 Mais, d'ordinaire, l'ancienne langue, dans ces cas-là, préférait transposer les pronoms personnels régimes après le verbe et cet arrangement était possible aussi bien dans les propositions affirmatives que les questions, сотр.: Dus, dist li cuens, Dens te guart d'encombrier! Covient me il de riens de vos guaitier, Le Couronnement Louis 2129; Membre vos, frere, quant je fui envoiée, Folque de Candie 229; Membre vos cle la geste fiere, Le Roman de Thèbes 1740; Isolt, membre vus de la lai...? Bér., Tristan, d'après Bartsch 106, 40; Voit les herbes et les flores, S'oit canter les oisellons, Menbre li de ses amors, Auc. Nie. 39, 7; Gel nel port ai mie oblier, Manbrera m'an tant com vivrai, Eneas 1783; remanbre li de la reine, Erec 913; Plaist vos oïr de sa très grant biauté? Hervis 893; Signor, plaist vos oïr... Mainet, Romania IV 322; 83; Plairoit vos oïr un son, Auc. Nie. 39, 16; Li dessevrer lor est maulz. Plaist lor a faire mainte chose Dont on les menace et chose, Piramus et Tisbé; tu vi au s anprendre trop fol plait, Qui combatre te vials о lui: Mescherra t'an, si com ge cui, Eneas 7804, etc. Cet arrangement était connu aussi dans l'emploi des verbes personnels qui, jusqu'au 13e siècle, étaient suivis des pronoms personnels régimes dès que ceux-ci, précédant le verbe, auraient dû commencer la phrase (affirmative ou interrogative); les pronoms post posés y apparaissent soit souis la forme forte (moi, toi, soi; un seul pronom) soit sous la foi'ine faible (m'en, ten, etc.; deux pronoms), comme c'est le cas aujourd'hui encore, après l'impératif affirmatif (Parle-moi! Parle-m'en! Fais-le, etc.). Сотр.: 1 Foulet, o.e. § 164, dit que, en dehors des cas des impersonnels, la construction est rare et il n'en donne qu'un seul exemple. Met-sei sur piez, Roland 2298; Mosterrai tei com il vendront, Eneas 2927; Por pense sei qu'ele li die, Piramus et Tisbé 361; Creras me tu? Jeu d'Adam 130; Queriez me vos donques? Y vain 6669; Cuides me tu esmaier? Le Couronnement Louis 2589, etc., etc.5 Cette même construction est fréquente aussi avec le verbe peser, employé impersonnellement; dans la plupart des cas on trouve, postposé au verbe, le pronom personnel régime de la première personne, ce qui n'étonne pais vu quo la locution, exprimant la douleur, le regret, c'est-à-dire un sentiment subjectif, s'employait surtout en discours direct: Enfant n'ourent; peiset lor en forment, Alexis 22; Peser a moi se je t'oci, Bér., Tristan 1599; Et poise moi de la roïne, qui je doins loge por cortine, ib. 2179;® Se vostre anemi defors truis, Pesera moi se plus i siet, Perceval 2077; Ja sui, fait il, un cliaitif, Peise mei certes que sui vif, Gui de Warewic 6282; Ore sui las e cliaitif, Peise mei certes que sui vif, ib. 9474, etc. Nous croyons que c'est justement à l'influence de cette construction impersonnelle du verbe peser, avec le pronom personnel régime postposé — sans doute beaucoup plus employée dans l'ancienne langue que ne le font voir les textes — qu'on doit l'origine de la formule figée «Ço poise moi», mentionnée par Foulet7 et Lereh;8 cette formule, constatée dès les premiers textes de l'ancien français (сотр.: Ço peiset mei que ma fins tant demoret, Alexis 92 e), était d'un emploi très fréquent dans la vieille langue jusqu'au XVIe siècle (сотр.: dont ce poise moy, a. 1466, cité par Godefroy Al 124). Qu'il suffise, pour démontrer cet emploi fréquent, d'ajouter quelques exemples à ceux déjà donnée par Foulet et Lereh: che poise moi, par Mahomet mon dé, Huon de Bordeaux, d'après Bartsch 208, 19; Car certes ce poise moi moût, La Queste del saint Graal 5 Sur ce problème v. Tobler, Vermischte Beiträge Y 400 ss, Lereh, о. c. §§ 324, 336 se, Fo'uilet, o.e. § 162; jusqu'au 13<= siècle, les formes faibles des pronoms personnels régimes ne pouvaient pas se trouver en tête de la phrase. 0 La eonjoction et peut précéder le verbe suivi du pronom personnel régime, v. Lereh, o.e. § 334, Note, et Foulet, o.e. § 166. 7 о. с. § 167: «Nous ne savons sous quelle influence, probablement analogique, s'est formée cette locution qui présente un arrangement inattendu.» 8 о. c. § 343, Note 2: «Alt- und mittelfranzösisch sagte man Ço peiset mei que... b'/.m. Ce poise moi... Diese Erscheinung ist auffällig.* Lereh pense qu'il s'agit là (comme dans les cas de l'impératif affirmatif) d'une enclise du pronom régime au verbe, remontant encore à l'époque latine. 74, 13; mesfait dos ai, sire, ce poise mi, Garin le Lolieraim, d'après Bartsch 66, 38; Quant nel troverent, ço pesa mei, Uncore en sui en mult grant esfrei, Gui de Warewic 9215; Foi que je cloi a suint Remi, Dist Percheoaus, ce poise mi, Gerb. Montr., Perceval 11382; blasmée an sui, ce poise moi, Et dient luit reison por coi, Erec 2557; Autre Dice iniques ne avoy, Trop est grant, ceo poise шоу, Un Art d'aimer anglo-normand, Romania LXXVII, 1956, p. 303; Sire, fait li visquens, ce poise moi qu'il i va, Auc. Nie. 4, 10, etc. Dans notre locution, le verbe impersonnel peser est, en même temps, employé comme un verbe personnel, avec le démonstratif neutre ce comme sujet grammatical.0 Mais quelle pourrait être l'origine de cette locution? Y a-t-oii simplement ajouté le démonstratif neutre ce — pour y jouer le rôle de sujet grammatical — devant la construction impersonnelle «.Poise moi (que...), mentionnée ci-dessus? Car on sait que, surtout dans la vieille langue, le démonstratif neutre ce faisait concurrence à il qui, peu à peu, a réussi à l'emporter sur ce dans cette fonction devant las verbes impersonnels.10 Ou bien — hypothèse plus probable — faut-il y voir le résultat du croisement des deux constructions suivantes: 1° De la construction «Poise moi (que..., se...), mentionnée ci-dessus, avec le pronom personnel régime pos'tposé, et 2° de la construction tout à fait normale du verbe impersonnel peser, dans laquelle, connue complément après la préposition de, apparaît le démonstratif ce et dont voici quelques exemples: De ce dos deoroit il peser, Erec 1763; Et de che li a molt pesé Que il a Doit hui tant joster, Perceval 3599; Et Boorz dist a Perceval qu'il li poise de ce qui n'a un brief о le cors, La Queste del saint Graal 242, 20; Si li poise plus de ce que..., ib. 111, 6: De ce qui le seit il me poise, Ix Roman du Comte d'Anjou 2571, etc.? Poise moi (que ...) De ço me poise (que...) Ço poise moi (que...) Dans cette nouvelle construction, le démonstratif ce peut rappeler (résumer) un. fait, exprimé précédemment et représentant le sujet réel du verbe impersonnel peser, comp.: Je l'ai rechut, ce poise mi, Perceval 12659; Du cop fu mors, ce poise mi, ib. 11047; Dist uns serjans: «Vous 9 v. Le roh, 1. с. 10 Comp. Sneyders de Vogel, Syntaxe historique du français, &§ 93 ss. arez poi A mengier, et vostre cheoaus. — Ce poise moi,y dist Perchevaus, ib. 8452; Li quons respunt: E jo l'otirei; Se lui mescliet, ço pesera mei, Gui de Warewie 8266, etc., ou bien il peut l'annoncer, сотр.: Ce poise moi se je l'ai mort, Perceval 11021 : Ce poise moi que irais estes, ib. 11645; Ce poise lui quant tant atent, ib. 12460; Fait l'emperere: Ço peise mei Que les esposailles aloigner dei, Gui de Warewic 4251, etc. On voit que le sujet réel est le plus souvent exprimé à l'aide d'une proposition sujet, introduite par les conjonctions que, se, quant. L'arrangement inattendu de notre locution serait donc dû à l'influence de la construction Poise moi (que...), car, sans cotte influence on s'attendrait, à juste titre, à voir le pronom personnel régime (moi) précéder le verbe et ceci sous sa forme faible: Ço me poise (que...), comme c'est toujours le cas avec d'autres verbes impersonnels qui, eux aussi, peuvent se construire de la même manière, c'est-à-dire avoir le démonstratif neutre ce comme leur sujet grammatical, сотр.: ne voille que ce m'aviegne Qe por ice mort dot ne criegne, Le Roman de Troie, d'après Bartsch 140, 18; ce m'est molt bel, se veus amer, Eneas, Bartsch 133, 19; Fille, tu aimes, ce m'est ois, ib. 8469; ce m'est avis j'ai le paiien tué, linon Bordeaux, Bartsch 202, 5; Certes, fet messires Gauoains, ce me plest moût, La Queste del saint Graail 4, 30; ce dos sanblast que fusù Febus, Eneas 1499; ce me semble, Le Yair Palefroi 1036 (tournure, employée comme incise, très fréquente en ancien français, à côté de: si сот moi semble, Cligès 3110; Le Vaiir Palefroi 976; Perceval 1119, etc. V. note 2); mes bien puis dire, ce me sanble, quant dui chevalier..., Le Chevalier au lion, Bartsch 169, 19; Biau sire, ce me semble que ce soit..., La Queste del saint Graal 83, 17; El dist Perchevaus: Ce me s amble Que mal m'avez covent tenu, Percevail 11946, etc. Mais, y a-t-i'l un autre facteur qui, à côté de l'analogie avec la construction Poise moi (que...), aurait pu, lui aussi, contribuer à l'arrangement inattendu de la locution Ço poise moi, en venant appuyer, renforcer l'influence exercée par la construction Poise moi (que...) et permettant ainsi à cet arrangement exceptionnel de se maintenir? Nous croyons le trouver dans la nature affective du verbe peser qui exprime un chagrin, un regret qu'il faut, d'ordinaire, communiquer le plus vite possible à l'interlocuteur — comme nous l'avons dit la formule s'employait surtout en discours direct; il n'y a donc rien d'étonnant à trouver en tête de cette communication l'essentiel de la formule, sa partie la plus impartante, c'est-à-dire le verbe qui, dans cette formule, repré- sente le «prédicat psychologique»;11 et on sait que, en emphase, celui-ci tend à occuper une place au début de l'énoncé.12 Lerch aussi est enclin à attribuer la cause de l'arrangement verbe — pronom personnel régime dains notre formule au caractère affectif de la tournure.13 L'encliise, au lieu de la proclise, du pronoun personnel régime au verbe dans notre locution serait donc, en grande partie, due aux mêmes raisons psychologiques que celle des constructions de l'impératif affir-iiiatif, suivi des pronoms personnels régimes (Dis-nioi! Va-t'en! Faites-le! etc.)14 qui, elles, se sont maintenues jusqu'à nos jours tandis que notre formule, supplantée par d'autres manières d'expression, a fini par disparaître. Povzetek O izvoru starofrancoskega izraza Ç о poise moi Izraz Ço poise moi, pogosto rabljen v starem francoskem jeziku (prim.: Dist uns ser j и л s: «Vous arez poi A mengier, et vostre cheoaus. — Ço poise moi,> dist Percheoaus, Perceval 8452; Ço peise mei Que les esposailles aloigner dei, Gui de Warewic 4251, etc., etc.) kaže glede na enklitično rabo objektnega osebnega zaimka (moi) izjemen besedni red. To dejstvo preseneča toliko bolj, ker imamo sicer v drugih konstrukcijah glagola peser ( = être désagréable, causer du chagrin, de la douleur) normalni besedni red, t. j. objektni zaimek stoji v proklizi h glagolu, in sicer v šibki obliki, prim.: de ma vilenie me poise, Erec 3631; moult me poise de ceste damoisiele que vous avés occhise, Merlin II 90, etc., etc. V teh zadnjih primerih je bila proklitična raba objektnega osebnega zaimka možna zato, ker je prod glagolom stal še kak stavčni člen, na katerega se je zaimek mogel nasloniti; podobno bi se bilo moralo zgoditi tudi v našem izrazu, kjer bi se zaimek bil lahko naslonil na kazalni zaimek ce (ki predstavlja gramatikalni subjekt v izrazu), kot to najdemo pri drugih slično rabljenih brezosebnih glagolih, prim.: Ce me samble Que mal m'avez covent tenu, Perceval 11946; Certes ... ce me plest mout, La Queste del saint Grual 4, 30, etc. 11 Comp. Hermann Paul, Prinzipien der Sprachgeschichte, p. 112; Charles ßally, Linguistique générale, p. 43; Séchehay, Essai sur la structure logique de la phrase, p. 31. 15 «emotionale Entladung», comp. Havers, Handbuch der erklärenden Syntax, pp. 156 ss. ls Lerch, о. c., § 343, note 2. Comp, aussi Yendryès, Le langage, p. 182: «... l'affectivité pénètre le langage grammatical, le dépouille et le désagrège. C'est par l'action de l'affectivité que s'explique en grande partie l'instabilité des grammaires.i 14 €impuhive Wortstellung», Lerch, o. c„ III § 330. Y. aussi Id., Typen der Wortstellung, Idealistische Neuphilologie, p. 94. Zato avtor domneva, da je treba iskati nastanek naše konstrukcije v rezultatu kontaminacije dveh brezosebnih konstrukcij glagola peser: 1. konstrukcije z enklitično rabo objektnega osebnega zaimka, ki je bila možna do 13. stoletja v primerih, ko pred glagolom ni bilo nobenega stavčnega člena, na katerega bi se bil zaimek mogel nasloniti, n. pr.: Peise mei certes que sui vif, Gui de Warewic 6282, etc., in 2. normalne konstrukcije (s prokllitično rabo objektnega osebnega zaimka), v kateri nastopa v funkciji dopolnila izza predloga de demonstrativni zaimek ce, prim.: De ce... il me poise, Le Roman du Comte d'Anjou 2371, etc. Torej: Poise moi (que..., se...) \ De ço me poise (que ...) ) Ço poise moi (que ...) Da pa se je nova konstrukcija s svojim izjemnim besednim redom mogla obdržati, je nedvomno pripomoglo dejstvo, da se je izraz rabil zlasti v afektu (večina primerov nastopa v direktnem govoru ter z zaimkom prve osebe!), v katerem je glagol, ki predstavlja »psihološki predikat«, t. j. najvažnejši de/1 celotne enunciaeije, bil pomaknjen čim bolj na začetek stavka, medtem ko je manj važni objektni osebni zaimek zavzel mesto za njim. Vsa konstrukcija torej spominja na podobni besedni red pri trdilnem velelniku (Dis-moi! Fais-le!), kjer se je'iz istih razlogov mogdl ohraniti prav do danes, medtem ko je naš izraz, ki ga je nadomestilo drugačno izražanje, prišel iz rabe. Podrobnosti ter navedbo strokovne literature glej v francoskem besedilu članka oziroma v opombah. Anton Grad REMARQUES SUR LA PLACE DES FORMES FAIBLES DES PRONOMS PERSONNELS REGIMES DANS LA PHRASE EN ANCIEN FRANÇAIS Dans le chapitre de la syntaxe historique de la langue française, traitant l'ordre des mots dans la phrase et son évolution au cours des premiers siècles de l'ancien français, le problème de la proclise ou bicm de l'enclise des formes faibles dos pronoms personnels régimes n'esi pas le moins intéressant. En latin, la place de ces pronoms était en général après le verbe (Videt me, Pater a mat me), c'est-à-dire que les pronoms se trouvaient en enclise au verbe, bien que des exemples où le pronom précède le verbe soient fréquents aussi, comp.: Et ne nos inducas in tentationem, sed libera nos a malo, Vulg., Math. 6, 13; Haec omnia tibi dabo, si cadens adoraveris me, ib. 4, 9, à côté de: Quaerite ergo primiwi regnum Dei..., ei haec omnia adicientur vobis, ib. 6, 33, etc. Toutefois, même pour les cas avec le pronom précédant le verbe, on ne peut pas parler de la pro-ctee au verbe, mais de l'emploi enclitique du pronom aa(x) nmi(s) précédant le verbe et porteur (s) d'un fort accent (la négation ne et haec omnia des exemples ci-dessus). Des exemples comme: ita mihi deos velim esse propitios, Cic., Ad hanc me fortunam frugalitas me a perduxit, Pétr., où le pronom régime est séparé du verbe par un autre mot, démontrent aussi clairement qu'on ne peut pas, pour le latin, parler d'une p roc lise au verbe.1 Si donc, on latin, les deux positions — devant et, plus fréquente, derrière le verbe — étaient possibles, en ancien français (et dans les autres langues romanes), au contraire, ou trouve ces pronoms (ainsi que les adverbes pronominaux en, y) dans la grande majorité des cas immédiatement devant le verbe (Li peres m'aimet, etc.) et la proclise au verbe est règle générale pour la langue moderne où le seul exemple de l'emploi enclitique est fourni par les constructions de l'impératif affirmai! f du type: Fais-le! Dis-nous! etc. Le changement de l'emploi enclitique prédominant en latin en emploi proclitique en français a intéressé déjà plusieurs romanistes2 qui ont essayé de donner une explication satisfaisante de la cause ainsi que de l'évolution de ce changement important, niais qui, surtout pour la vieille langue, diffèrent plus ou moins dans les conclusions tirées de leurs recherches. Meyer-Lübke suppose avant tout une phase intermédiaire: les pronoms régimes n'auraient pris leur place devant le verbe que dans les cas où ils avaient pu, d'abord, s'appuyer (donc eudlise encore) sur un mot précédant le verbe après quoi seulement ils seraient entrés en proclise complète au verbe: Paler amal-me — Paler-me a mat — Pater me-amat (Le père m'aime). Cet ordre des mots ayant été déjà possible en latin (v. les exemples ci-dessus), l'ancien français n'aurait créé, par conséquent, rien de tout à fait nouveau si ce n'est que la proclise des pronoms serait devenue, à quelques exceptions près, règle générale. 1 Comp. Lereh, Historische französische Syntax, III § 311; pour la Pere- grinatio comp. Roman Haida, Die Wortstellung in der Peregrinatio, thèse pour le doctorat, Bresslau 1928, p. 46 ss. ' Comp. Lereh, o. c., III § 509 ss; Meyer-Lübke, Roman. Grammatik, III S 715; Zur Stellung der tonlosen Objektspronomina. (Zeitschr. für roman. Phil., XXI, 1897, 313 ss); Melander, Étude sur l'ancienne abréviation des pronoms personnels régimes dans les langues romanes, Uppsala 1928. Doux phénomènes surtout parlent en faveur de cette hypothèse: Le fait d'abord que, même avec la forme affirmative de l'impératif, le pronom prend sa place devant le verbe en ancien français dès qu'il y a devant celui-ci un autre mot ou groupe de mots: Enfant nos done! Alexis 25; ... mais le rei me nouiez, Voy. de Charlemagne 59; Or m'escul-iez! Marie de France, Lais, Guigemer 823, etc." La négation ne, elle aussi, ayant été originairement accentuée, attire le pronom régime devant le verbe, construction qui s'est conservée jusqu'à l'époque modeme: Ne le fais pas! etc. Datns fous ces cas, le membre de la phrase, placé en évidence devant l'impératif aurai t attiré, (et mis devant le verbe) le pronom régime en lui faisant abaudonner sa place ordinaire après la forme imperative du verbe. Le fait aussi que, jusqu'au 13e siècle, la phrase française ne pouvait pais commencer par une forme faible des pronoms personnels régimes4 et que, dans ce cas, le p ran om est postposé au verbe qui se trouve à la tête de la phrase, ne peut qu'appuyer l'hypothèse de Meyer-Ltübke: comme il n'y aucun membre de phrase devant le verbe sur lequel le pronom pourrait s'appuyer, il doit prendre sa place après le verbe (donc pas de proclise, mais encliise), сотр.: Fait Ii euer, Roi. 2019, 2231; Ol le Guil-lelmes, Cour. Louis 1403; Trencherai vos la teste, Voyage de Charlemagne 25; Voit lo la mere, Foulque de Candie 458; dams les questions: ... faites le vos de drét? Roi. 2000; Cuides me tu esmaier? Cour. Louis 2589; Arriérai le je? Cliigés 493; Conois la tu? La Queste del Saint Graal 112, 17; dëust mei ele plus amer? Wace, Brut (d'après Bartsch, Chrest. cle l'ancien français6 119, 26, etc." Contrairement à cotte opinion qui, au fond, est aussi celle de Me-lander, Lerch, I.e., se refuse à accepter la phase intermédiaire, à savoir l'enclise des formes faibles des pronoms personnels régimes à un membre de phrase se trouvant devant le verbe et n'attribue notre phénomène qu'au changement du rythme qui aurait été descendant en latin (de là l'enclise des pronoms régimes), mais àscendsnt en ancien français (de là proclise dos pronoms!). Selon lui ce n'est que dans les cas du type: Fais-le! Dis-lui! etc. que le rythme descendant se serait conservé jusqu'à nos jours, parce que nous y avons affaire à l'ordre dos mots impulsif (affectif) qui met le mot le plus important de la phrase (le «prédicat psycho- 3 Pour d'autres exemples v. Lerch., о. е., III § 336. 4 V. Tobler, Verm. Beiträge, V 400 ss. 5 Pour d'autres exemples v. Lerch, о. е., III § 337. logique») au début de l'énoncé: l'emphase aurait retenu la forme iimpé-rative du verbe (= prédicat psychologique) au début de la phrase et le pronom lui est postposé. Quant aux exemples du type: Voit lo la mere, Trencherai vos la teste, Ameria le je? ... faites le vos cle grét, etc., la cause de la postposition dos pronoms régimes serait — selon Lereh — à attribuer à un fait semblable, à savoir au rythme de la phrase en ancien français qui la fait commencer par un mot fort, accentué; c'est pourquoi les pronoms régimes, dépourvus d'accent, ont leur place après le verbe.0 Il n'est pas dans notre intention d'analyser en détail ce problème compliqué, nous ne voudrions que donner quelques remarques concernant l'affirmation de Lereh que l'emploi proclitique des pronoms régimes est possible déjà avant le 13e siècle même dans les cas où il n'y a devant le verbe aucun mot sur lequel le pronom régime ait pu s'appuyer. Au § 319 de sa syntaxe historique (III), il dit textuellement: «War gar kein St tit z wort vorhanden, so konnte es auch ohne Stütz wort vorangestellt werden. Vgl. altfranzösische Sätze wie Karls-reise 68: En un lointain reaime, se Deu plaist, en irez; ib. 160: De vos saintes reliques, se vos plaist, me douez; ib. 216 (251): Vostre congié, bels sires, se vos plaist, me donez; ib. 490: Par Deu, ço dist l'escolte, vos recrerrez anceis;7 ib. 451: Charlemaignes, mis sire, l'oiist ore achatét. Es wäre unnatürlich, auch hier noch Enklise anzunehmen, also Enklise von en, me, vos oder gar des l' von oüst an das vorhergehende, durch eine Pause (ein Komma) abgetrennte se vos jilaist u. dgl.» Cette explication cle l'emploi proclitique absolu des pronoms régimes dans les exemples donnés par Lereh nous paraît contestable. 11 est vrai que les pronoms régimes n'y sont pas en enclise à l'incise, à la phrase intercalée (se Deu plaist, se vos plaist, mis sire dans les exemples de Lercli) ou, plus précisément, au dernier mot de cette phrase (comme le croit Melander, o.e., p. 113s) et Lereh a raison de refulser une telle explication, mais selon nous, la place des pronoms devant le verbe y est tout de même conditionnée par l'enclise (si l'on peut encore employer " V. Lereh, o. c., III § 327. Lereh, toutefois, semble oublier que l'ancienne phrase française pouvait très bien commencer p. ex. par une forme de l'article ou une préposition qui, elles aussi, étaient dépourvues d'accent. Comp.: Li quenz Rollanz unkes n'amat cuard, Roi. 6384; De ço cui calt? se fuiz s'en est Marsilies, ib. 6334, etc., etc. 7 Cet exemple n'est pus bien choisi: vos n'y représente pas la forme faible (cas régime), mais plutôt le cas sujet du pronom personnel de lia 2® pers. pl. ce ternie) aux éléments constitutifs de la phrase — dont les pronoms font partie aussi — qui se trouvent devant l'incise (sujet clans: Charle-maignes... l'oiist ore achatet; complément d'objet dans: Vostre congiét... me donez; complément circonstanciel dans: En un lointain reaime ... en irez, etc.), car la phrase intercalée n'interrompt pas le lien syntaxique, l'enchaînement logique (et rythmique) des termes de la phrase, coupée en deux parties par l'incise. Pour appuyer notre hypothèse, nous voulons mentionner, en même temps qu'un fait syntaxique que nous traiterons plus bas, aussi le fait que la cotnnexiié, la force cohésive des éléments constitutifs de la même phrase n'est pais non plus interrompue par la césure dans l'ancien vers français grâce à quoi il est possible que le pronom régime prenne sa place immédiatement après la césure: Tot dreit a Rome / les port et li orez, Alexis 195; Sour toz ses pers / l'amat li emperedre, ib. 18; Li reis Mar-silie / la tient, Roi. 7, etc. Dans de tels cas, les formes faibles des pronoms régimes s'appuient, malgré le repos de la césure, sur les termes de la même phrase précédant le verbe." 11 y a plus encore: cette connexité n'est pas non plus interrompue par la fin du vers, c'est pourquoi il est possible de trouver ces pronoms au début du vers (mais pas au début de la phrase!) même avant le 15° siècle, comme le font voir les exemples suivants: Nés li sire de cest chastel / L'eiist vestue bien et bel, Erec 522; D'amor, ki m'a loin a moi n'a sei ne me veut retenir, / Me plain ge..., Chrest., Chanson (d'après Bartsch, o.e., 157); en somet cele tor, sor cel piler de marbre, / Me col-chiez dous deniers..., Voy. de Charlemagne (d'après Bartsch, o.e., 50, 13); demain, quant jo l'aorai endosset e vestut, / Le me verrez escorre par force, ib. 48, 16 (le pronoms le me s'appuient ici sur demain, v. plus bas) ; «meillor, se le voliiez prandre, / Vos randra il, sel proverai», Chrest., Le Chevalier au lion (d'après Bartsch, o.e., 167, 17; ici le pronom régime vos s'appuie sur meillor, v. plus bas), etc.; on voit que, grâce à la force cohésive qui ne tient aucun compte du repos a la fin du vers, les termes de phrase se trouvant au premier vers et précédant le verbe (qui se trouve au vers suivant) exercent leur influence® en plaçant le pronom régime au début du vers, ce qui autrement est impossible. 8 Ici encore. Lereh, o.e., III § 319, n'admet pas l'enclise des pronoms régimes et les considère en proclise déjà absolue au verbe. 0 Dans l'exemple D'amor... Me plain ge, cette influence se montre aussi dans l'emploi de l'inversion du sujet (plain ge), amenée par le complément (D'amor) à la tête de la phrase, v. plus bas. Mai® pour prouver cette eoimexité dee membres de la même phrase, séparés par une incise quelconque (p. ex. une subordonnée), et pour prouver que les formes faibles des pronoms personnels régimes ne se trouvaient, jusqu'au 13e siècle, en proclise au verbe que s'il y avait un élément constitutif de la même phrase devant le verbe sur lequel elles pouvaient s'appuyer, nous avons à notre disposition encore un fait syntaxique qui nous paraît assez convaincant. Dans l'étude du problème de l'inversion du sujet dans la proposition principale précédée d'une subordonnée adverbiale, on constate, pour l'ancien français, les faits suivants:10 a) L'inversion n'a pas lieu après une subordonnée introduite par les conjonctions simples, (héritées du latin), connue p. ex. si, quand: Se de venir Arrabit ne demurent, Cil les ferrunt, Roi. 3082; se chou me veus otroier et greer, Je te donrai a rnengier a plenté, Huon de Bordeaux (d'après Bartsch, о. с. 207, 16); Se ça volt venir Eneas, Gel servirai en ma cité, Énéas 613; S'a vilonie ne li fust atorné, 11 se fust tost baptisies, Chanson d'Awp remont 5479; S'il ne vus volsist mult gran bien, Il ne volsist del vostre rien, M. de France, Lais, Eliduc 436, etc. — Quant en la chambre furent tut sol reniés, Danz Alexis la prist ad apeler, Alexis 67; Quant jo l'vus dis, cumpainz, vus ne V deignastes, Roi. 1716; Et quant il furent richement conraé, Li escuier vont les napes oster, Le Charroi de Nîmes 815; Quant vos, sire, le me rouvés, Je vos dirai comment je l'ai, Guill. d'Angleterre 2083; Quant li baron l'ont escouté, Chascuns a jecté jus s'espée, Gerb, de Montr., Perceval 1063, etc.11 b) l'inversion a lieu après les subordonnées commençant par les locutions conjonctives connue ainz que, puis que, pour ce que, sans ce que, etc., сотр.: Ançois qu'aies cest grant tertre puié, Ares vos molt vo ceval enpirié, Chanson d'Aspremont 2235; Ainz que nuls le sace ne l'oie, Avrunt il mull de lur pru fait, M. de France, Lais, Guigemar 524; Car puis que vos partistes de vostre mere..neustes vos talent de revenir ça, La Queste del Saint Graal 77, 4; Devant ce qu'ele ert rasahlee, Ne savra nus rien du Graal, Perceval 1286; en ce (— pendant) qu'il regarda la façon de la pucelle, fut il embrasez de son amour, Istor. de Troye V. Franzén, Étude sur la syntaxe des pronoms personnels sujets en ancien français, thèse pour le doctorat, Uppsala 1939, p. 147 ss, et Grad, L'inversion du sujet dans la proposition principale précédée d'une subordonnée en ancien français, dans Razprave SAZU, Classe II, Ljubljana 1956. 11 Pour d'autres exemples v. Grad, о. е., p. 73 ss. (d'après Godefroy); Et por che qu'il passa cel point Eu il jeclez de paradis, Gerb, de Montr., Perceval 8732; Car si tost comme dos message eurent fait convent a mi et a ma gent..., kemandai jou ..., Clari 12, 2; N'estoDoit mie demander Qui de la compaignie ert sire: Sans ce que nus d'aïs l'oist dire, Conoissoent trestuit lo roi, Eneas 715, etc. Dans tous ces exemples, l'inversion du suijet dans la principale est due au fait que, jusqu'au 14e siècle, les locutions conjonctives n'étaient pas senties comme des conjonctions:12 leur première partie composante (ainz, puis, por ce, sans ce, etc.) était encore sentie comme un adverbe (locution adverbiale) indépendant, séparé de la subordonnée (introduite par que) et faisant partie de la principale dams laquelle elle amenait, connue n'importe quel complément circonstanciel initial en général, l'inversion du sujet.13 La preuve en sont les cas nombreux où l'on trouve cette première partie de la locution conjonctive à la tête de la principale dans laquelle elle occasionne l'inversion du sujet (si calui-ei est exprimé) tandis que la subordonnée (introduite par que) ne fait que suivre la principale, сотр.: A inz fu morz Charles que il fust repairez, Cour. Louis 242; Ainchois averoit despendu Tot son trésor li rois Artus Qu'il eust par forche abatus Les escus et le chastel pris, Montr., Perceval 10636; Puis ne furent si oeil sans lerme Ne ses cuers liez que il le sot, Chrest., Lancelot 5454; pur ceo preng jeo cunseil de dus que la fiance a entre nus, M. de France, Lais, Eliduc 673; avant ne passera il mie Que il ne perde ainçois la Die, Eneas 6961; per cio laissed deus se neier Que de nos aiet pieted, La Passion du Christ 83, etc. De bonne heure déjà, la subordonnée peut être attachée directement à l'adverbe (locution adverbiale) ainz, puis, pour ce, etc., mais ce dernier continue à exercer son influence sur la construction de la principale dont il fait encore partie; par conséquent, la construction des exemples connue: A ins que fuissent mises les tables, Vit Perchevaus..., G. de Montr., PerceDal 531; E puis qu'il vint la sus, Fut il aquarius..., Cumpoz 1795; Car devant ce que cist fu fez Ne fist Deus chose si camuse, Mer. de Portlesguez 1279; Et por ce que nus n'en repere Ne puis je savoir ou il vont, ib. 2778, etc., correspond tout à fait à celle des cas où nous trouvons la subordonnée intercalée entre la locution adverbiale initiale (fai- 12 V. pour tpor ço» Ettmayer, Analytische Syntax der franz. Sprache I, p. 134. 13 Par conséquent, lia principale est une proposition introduite, c'est-a-dire ayant à sa tête un complément circonstanciel (ainz, puis, por ce, etc.). sant partie de la principale) et le reste de la principale où elle occasionne l'inversion du sujet, сотр.: Le jor que li concires fu Vint Gorvains Cadruz o granz genz, Mer. de Portlesguez 3997; A cel temps que Japhet vient en Europe a voit ilh ja IIe ans d'eaige, Chron. de j. d'Outremeuse 1, 73; En la semaine qued il s'en dut aler, Vint une voiz treis feiz en la citet, Alexis 61, 1; Très che jour que Kyrsaacs fu empereres, pourtraist on sur les portaus, Clari 23, 87, etc.14 Un fait, plein d'intérêt justement pour le problème qui nous occupe ici, c'est que dans ces principales introduites, avec la subordonnée intercalée, on trouve aussi les formes faibles des pronoms personnels régimes devant le verbe, position qu'elles peuvent occuper grâce au fait qu'il y a devant le verbe un élément constitutif de la principale sur lequel elles peuvent s'appuyer. Сотр.: des qu'il forfistrent an la terre, se comancierent il la guerre, Enéas 4221; Ains qu'il le puist a son ues desrainer, 1 morra tels que li fist comencier, Chans. d'Asp remont 4345; Por ce que de vos garde praigne, M'a a vos l'anperere mise, Gligés 3042; Et avant que je vous conte..., vous conterai-je ce..., Joinville 3, 12; Après ce que il fu croisiez, se croisierent Robers li cuens d'Artois, Au-phonse cuen de Poitiers..., Id., S.Louis (d'après Bartsch, o.e., 390); Depuis que vous m'escripsistes, me sont pluiseurs aventures avenues, Fraissart I, 242; Mais ains qu'il fust venu a la cité En fu il molt durement trestorné, Chans. d'Asp remont 10337; Ainz qu'il li eust tut mustré Ne cungié pris ne demandé Se pasma ele de dolor, M. de France, Lais, Eliduc; Pour ce que tu as t'.esperance mis en moy ..., te vien-je consola-cion faire, Miracle du roi Thierry (d'après Lereh, о. е., II 380), Anchois que je me muire chi, Li vaurai j ou crier merci, Courtois d'Arras 562; etc. Comme, dans la vieille langue, l'omission du sujet pronominal était possible, ce sont justement ccs formes faibles des pronoms régimes avec leur place devant le verbe qui prouvent qu'il s'agit d'une principale introduite, c'est-à-dire qu'il y a, devant la subordonnée intercalée, un terme de la proposition principale sur lequel elles peuvent s'appuyer. Сотр.: Ainz que fus nez, en fui mult anguissuse, Alexis 457; car ainz 14 Сотр., en anglais moderne, la même influence exercée par l'adverbe only, placé en évidence à la tête de la phrase et, bien que séparé du reste de la principale (dont id fait partie) par une subordonnée de temps, y occasionnant l'inversion du sujet: Only rohen her pupils quilted the establishment, or when they mere about to be married..., mas Miss Pinkerton knomn to mrite, Thack., Vanity Fair, ch. 1; Only rohen he reached the post office... did he feel better, Cronin, The Citadel I, 4, etc. que la bataille soit, Li voil primes faire savoir..., Eneas 8756; Mes ein-çois que dos i ailliez Vos pri que dos ne me failliez, Lancelot 4824; Tantost come Meraugis la Doit, La conut, Mer. de Portlesguez 4969; Et por ce qu'il crient son assaut, Li dist, Cligés 4131; Mais por che que assis le Doit, Se merveille que..., Gerb, de Montr., Perceval 1375; Por çou que jou l'osai veer Me bati si que ..., Guill. d'Angleterre 1722; Ainz que pas-sast quinze jorz toz entiers En assembla plus de trente milliers, Cour. Louis 1999; lues que (= dès que) la vi, li laissai en ostage mon euer, Chastelain de Coney (d'après Bartsch-Wiese 45 с, 30), etc. Car, dès qu'il ne s'agit plus d'une principale introduite, la subordonnée précédente (introduite par quand, si) n'exerce aucune influence sur la coetruction de la principale dont le sujet n'est pas inverti, et — ce qui nous intéressera particulièrement ici — dès que le sujet (pronominal) y est omis et que le verbe s'accompagne d'une forme faible des pronoms personnels régimes, celle-oi ne peut plais le précéder (il n'y а pas de terme de la même proposition devant le verbe sur lequel elle pourrait s'appuyer!), mais le suit:15 S'en rere-guarde troeve le cors Rol-lant, Cumbatrat sei a trestute sa gent, Roi. 614; Se l'pois truver a port ne a passage, Liverrai lui une mortel bataille, ib. 658; Se vos nel faites, dirai dos mon sanlant, Chans. d'Aspremont 5047; Se par vos puis m'enor aooir, Seroirai vos a mon pooir, Enéas 4171; se Eneas i est conquis Ou par mesavanture ocis, Ocirrai moi, ge n'en sai plus, ib. 8747; Quant Leir alques afebli, cume li hoem qui envielli, cumença sei a purpenser de ses treis filles marier, Wace, Brut I, 1715; Quant ele a Deii Percheoal, Ver-goigne soi, la color mue, Gerb, de Montr., Perceval 6378; Quant ele oi sa nolenté Mercie l'en, si li sot gré, M. de France, Lais, Milun 366; Quant tu alois a saint Pere au baron Chalanja toi François, Char, de Nîmes 204; Et cum il Vaut doit de ciel saoier, Rendel qui lui lo comandat, S. Leger (d'après Bartsch, o.e., 15, 11), Se lui et nos Dels retenir, Servirons toi a ton plaisir, Eneas 3222; Se a droit mes an puet Denir, Penera soi de lui ferir, ib. 3592; Se Dostre anemi defors truis, Peser a moi se plus i siet, Chrest., Perceval 2077; qant je regart ceste crouste, Merveille moi que nus en gouste, Courtois d'Arras 524; etc. Il va de soi que, dès que le sujet de la principale est exprimé (par un nom ou pronom), celui-ci précède le verbe et, dans ce cas-là, la forme faible du pronom régime, pouvant s'appuyer sur ce sujet, peut aussi 15 Souvent sous la forme forte; sur ce problème v. Lerch, o.e., III § 342 ss. 2 Linguistica 17 précéder le verbe, сотр.: Se chou me veus otroier et greer Je te clonrai a mengier a plenté, H non de Bordeaux (d'après Bartsch, o.e., 207, 16); Se par ça volt venir Eneas, Gel servirai en ma cité, Eneas 613; S'or me conoissent mi parent d'este terre, Il me prendront par pri о par podesté; Se jos en creit, il me trairont a perte, Alexis 203; Se il fust vif, jo l'ousse amenet, Roi. 691; S'a vilonie ne li fust atorné, Il se fust tost baptisiés et levé, Chains. d'Aspr. 5478, etc. A côté du sujet, d'autres termes de la principale peuvent, eux aussi, précéder le verbe et les pronoms régimes, s'appuyant sur ces -termes, sont de nouveau préposée au verbe: Quant sa raison li at tote mostrede, donc li comandet les renges de sa spede, Alexis 72; naturellement, ces termes de la principale, précédant le verbe, amènent, en même temps, l'inversion du sujet (s'il est exprimé): Quant la douce Vierge Marie Vit mort le irez dons fruit de oie, Lors se trait elle vers la crois, Passion 1857; Et quant il l'eut prise, si li don a on de l'avoir, Clari, La Conqueste de Constantinople IV (construction très fréquente!); Quant revenu sont, si se trait L'uns vers l'autre, Gerb, de Montr., Perceval 13732, etc. Les exemples que nous venons de donner ci-dessus ne parlent, eux aussi, qu'en faveur de l'hypothèse que la position des formes faibles des pronom personnels régimes devant le verbe dépendait, jusqu'au 13° siècle, de l'enolise à un élément constitutif de la même phrase qui se trouvait — même éloigné — devant le verbe; et les exemples, donnés par Lereh, I.e., comme preuves de l'emploi proclitique absolu des pronoms régimes, sont de la même nature, car on y trouve un terme de la phrase devant le verbe; c'est grâce à ce terme préposé — bien que séparé du reste de la phrase par une incise — que le pronom régime, s'appuyant sur lui, peut prendre sa place devant le verbe.16 Par conséquent, nous croyons que, pour les premiers siècles de l'ancien français, on ne peut pas encore parler d'une proclise absolue des pronoms régimes (comme le fait Lereh), mais tout au plus d'une proclise au verbe, conditionnée par l'encLise à un terme de phrase précédent. 10 Voici encore cpielques exemples semblables à ceux de Lereh: liui, se vus ]>laist. le me rendez, Wace, Rou 8046; tmeillor, se le ooliiez prendre, Vos randra il*, Chrest., Le Chevalier au lion (d'après Bartsch, o.e., 167, 17; demain, quant jo l'avrai endosset e vestut, Le me verrez escorre pur force, Voy. de CharUe-magne (d'après Bartsch, о. е., 48, 18), sire, pour cest enfant petit, Qe tu engendras de ta char, Te pri nel Hegnes a eschar Ce que je t'ai dit, Benoît, R. de Troies, d'après Bartsch 144, 7, etc. Povzetek O proklizi oziroma enklizi ne poudarjenih objektnih osebnih zaimkov v stari francoščini Avtor ugovarja trditvi E. Lercha (Historische französische Syntax, III § 319), da je stara francoščina že pred 13. stoletjem poznala absolutno pro-klitično rabo nepoudarjenih objektnih osebnih zaimkov; na podlagi primerov posebne vrste, namreč prislovnih za v is ni ko v, ki stoje pred glavnim stavkom ter vplivajo ali ne vplivajo na njegovo konstrukcijo (besedni red), skuša avtor dokazati, da je v prvi dobi starofrancoskega jezika raba teh zaimkov pred glagolom bila možna le v primeru, ako je pred glagolom stal še kak drug člen istega stavku, na katerega so se zaimki lahko naslonili. Avtorjevi primèri bi torej podkrepili teorijo Meyer-Liibkeja o prvotni enklitični rabi teh zaimkov, ki so šele v poznejšem razvoju prešli v popolno proklizo h glagolu. Podrobnosti ter navedbo strokovne literature glej v franepskem besedilu članka oziroma v opombah. Boja n Č o p NOTES D'E T Y M O L O G I E ET DE GRAMMAIRE HITTITES III (S u i t e) i 5° kappilahh- sigiiifie selon Friedrich, Jleth. Wb. 98 sq. «seinen Ärger austoben», son congénère карpiläi- «aufhetzen» et kappilazza- «zornig werden, aufbrausen». Bien que le sens reste un peu incertain, nous tentons une étymologie indo-européenne. Le verbe, kappilahh- et toutes les autres formes citées sont des dé-nominatifs dérivés d'un thème nominal *kapp-il, *kapp-el «colère, haine». On sait que le suffixe -il — -el sert à former des neutres des thèmes verbaux, p. ex. šuil, šuel, «corde, fil» repose sur un thème verbal *su-, conservé dans lat. suere «coudre», v. Friedrich, Jleth. Wb. 196; Kronasser, Vergl. Laut- und Formenlehre des lleth., p. 43; etc. De même façon, notre verbe repose, par l'intermédiaire du nom mentionné en -e/, sur un thème verbal indo-européen *quôp-, parenit du groupe bien connu que Pokorny, Idg. EW 596 cite sous *quëp-, etc. «wallen, rauchen, kochen; seelisch aufwallen, in Aufruhr sein». Le sens de «sirriter» reparaît dame skr. kûpyati «il l>ouge, il bouillonne; il s'irrite». La loi phonétique que nous tentons de démontrer dans cet article et dans l'article précédant, à savoir la chute de l'appendice labial de la latbio-vélaire indo-européenne on de -u- deuxième membre des groupes conso-nantiques devant un о un б indo-européen, nous permet d'écarter la seule difficulté que présente cette étymologie. Pour le développement de -б- indo-européen, cf. hilft. lâman «nom» en face de lat. пбтеп et Sturtevant-Hahn, Hitt. Gr.2, p. 32. 6° kariia- et 7° kurk- Le premier signifie selon Friedrich, Heth. Wb. 100 «zudeclken, verhüllen; verstecken»; and a kariia- «einhüllen, einwickeln», ser kariia-«öbeu zudecken»; le deuxième selon Sommer, Heth.-akkad. Bil. 101—102 «zurückbehalten (les pains), verwahren, in Obhut halten (la porte)»: le sens prim, serait selon Sommer «bededkein», cf. katta kurkzi «deckt zu».1 Le sens invite à l'identification des deux verbes; nous nous trouvons en présence d'une étymologie interne qui par elle-même postule la loi phonétique discutée. Car le seul moyen de s'expliquer les alternances vocaliques que présent en t les deux verbes en question est de poser pour le premier une forme prim. *kuor-iie/o- et pour le deuxième une forme indo-europ. *kur-q/gh- ou kur-qlgh-. Le deuxième verbe montre donc un thème réduit, pourvu d'un élargissement guttural; celui-ci peut être -q- ou -gh-indo-européen; au dernier cas, on comparera des thèmes verbaux gr. ofifj-x-o), оы-у-ы, etc.; pour l'élargissement -q-, on se rappellera *dhê-q-«poser» dans lat. feci gr. pliryg. äS-бах-ег en face de *dhë- simple. Enfin, le hittite lui-même présente deux autres cas analogues: a) En face de šartï «en liant», on trouve šar-k- «steigen, sich erhöben (?)» et šar-g-aniia- «sich erheben (?)», enfin šarku- «hervorragend, erhaben, mächtig»; b) A côté de Karra- «zerstossen, zerreiben, zermahlen», on a har-k-«zugrunde gehen», har-ni-k-zi «richtet zugrunde». Il va de soi que le -к- de ces deux verbes reste imprécis comme le -Ardu verbe kurk-, 1 Objet: les tables. Cf. aussi kureššar «Spiegel, Oberfläche (?)» (en parlant des fleuves) chez Sommer, Heth.-akkad. Bil. 102, note 1, et kurkuš dans le texte sous n° e. Le thème faible du verbe kurk- s'est répandu du pluriel au singulier au dépens du thème fort; mais on sait que c'est un procès fart naturel, car la langue hittite tend à éliminer les alternances vocaliques héritées de l'indo-européen commun de son système morphologique. Seules quelques verbes très usités semblent retenir l'apophonie ancienne, mais la complexité du système indo-européen est remplacée par la simple opposition du thème fort, p. ex. es- «esse», et- «edere», au thème faible, p. ex. as-, at-. Les autres langues indo-eur. fournissent des exemples d'une racine *k'uer- «couvrir», ainsi: a) v. norr. huarm-r «Augenlid», prim, «couvercle», cf. pour le sens lit. vôkas «couvercle» en face de v. si. vêko «Augenlid»; pour la parenté de gall. (?) parma «scutum» voir Zupi'tza, Germ. Gutt. 55; Walde-Hof-mann, LEW3 II 256. b) avest. surï «peau de l'homme», en tant que «ce qui couvre, couverture»; cf. pour le sens lait, cutis «peau» de *sqeu- «couvrir». Petersson, Heterokl. 185 et suivv* a déjà songé au rapprochement de huarmr et suri. c) v. pruss. sarmis «Waffen» et lit. sâroas «Harnisch, Wehr und Waffen, Hausgerät», sarvêlis «Aussteuer» ont été comparés par Bezzen-berger, BB 27, 169 et Trautmann, Altpreuss. Spr. 419 avec gr. xôqvç «Helrn», ce qui dit peu et ne tient pas compte du fait que le mot grec repose sur un thème désignant la «tête» (koqv-qti; etc.). Si bait. *šarvas a eu un sens prim, «couverture, garniture», on pourra le dériver de notre racine en supposant une dissimilation baltique dans la forme prim. *šoar-va-s, comparable au cas analogue de lit. sàpnas «somnus», de *svâpnas. d) Nous rapprochons des groupes pré-cités un autre mot baltique: v. pruss. sarkstes «Scheide des Schwertes»; pour le sens cf. lat. vagina en face de lit. où/, t i «decken» (chez Waide-Hof mann, LEW3 11 725); si le mot est réellement parent de notre groupe, il repose sur un élargissement guttural '"švarktg-, qui peut être rapproché du thème hittite kurk-; le -v- a pu disparaître avant le passage de -o- i.-eur. à -a- baltique, par une sorte d'absorption, de même que lit. sùkas «résine» repose sur *soäkas, à cause de let. sveki; mais des mots tels que lit. sesuô «sœur» montrent que tous ces exemples peuvent être expliqués au moyen d'une sorte de l'allégement du groupe de consonnes initial. En tout cas, rien ne s'oppose sérieusement à notre rapprochement. e) Enfin nous rapprochons le lit. ŠDarkas «Schlafrock», let. soürki «Männerrodk, das Kleid überhaupt; Frauenrock, Frauenkleid», lit. šarkas « Kleid ungsst üek, tuchener Überrock der Fischer», šarkai «Kleider»; v. sil. sračica, sraka, sraky «chemise», etc. Le groupe a été objet d'un grand nombre de discussions, voir Vasmer, Russ. EW 11 700. L'idée d'emprunt à lait. méd. sarica, sërica (Bûga, Fraenkel, 7F 52, 29S, etc.) se heurte contre le sens, voir le groupe rom. chez Meyer-Lübke, REIV, n° 7848. De même doit-on écarter l'idée de Loewenthal, WuS 11, 58 sqq. (parent do v. h. ail. hroch); une autre idée encore chez Petersson, Heterokl. 133 sq., qui compare slkr. érnkhalâ «Kette, Fessel». La résolution du problème de la parenté de ce groupe bal tique dépend de la question sur l'originalité de -v- bal tique; jusqu'ici on y a vu l'influence de l'acljectif lit. soarùs «propre, pur», voir la bibl. chez Vasmer, l. cit., et Fraenkel, 1F 52, 298. Mais il se peut que le -v- lit. et let te soit ancien et que le slave *sorkä et lit. šarkas aient perdu leur -v-de la même façon que les substantifs v. pruss. sarmis, sarxtes, lit. sâpnas, sesuô, etc. La coexistence de šarkas et švarkas dans la même langue n'a rien de surprenant: cf. let. sveki, svak as en face de sakas, etc. Si le -v-est réellement plus ancien que la forme šarka-, le mot reposera sur i.-eur. *k'uor-qo-, *k'uor-qû «couverture»; on se rappellera le substantif hitt. kurka-, attesté seulement à l'acc. du plur. kurkuš, que Sommer, IJelh.-akkad. Bil. 102, note 1, traduit par «Decken der Maulesel (?)». 11 est vrai que le -k- hittite est d'origine verbale (thème du verbe kurk-), mais rien ne nous interdit de poser un thème i.-eur. *kuer-q- qui aurait donné le verbe hittite kurk- et ses dérivés, le groupe balto-slave * šoarkas, *soarkä «chemise, manteau» et le mot v. pruss. sarxtes «vagina».2 Malgré les difficultés que présente la plupart des*groupes examinés, l'existence d'une racine i.-eur. *k'uer- «couvrir» ne nous semble pas douteuse. 8" kureššar «Kopftuch dor Frau» (Sommer-Ehelolf, Papanikri 35 et notes 1 et 2, Friedrich, Hetli. Wb. 117) serait dérivé de la racine kuer- «schneiden», selon Friedrich et d'autres. Mais il nous semble qu'on devra tenir compte du fait que le sens de ce mot exige plutôt un thème verbal au sens de «couvrir». Le mot rappelle alors le groupe de mots examinés dans l'article précédant, on d'autres termes, il repose sur un thème non élargi kur-, parent de kurk- et de kariia-; le fait que ce thème ne se trouve que dans 2 Cf. aussi Petersson, Heteroklita, p. 185—187. Ses analyses ultérieures nous semblent très risquées. une formation déverbale isolée ne peut surprendre; le verbe kuriia- a sans doute remplacé par son élargissement -iia- un thème plus ancien *кага- ou (athématique) *kar~; le verbe kurk- a de même supplanté un autre verbe athématique *kuer-: *kur-, à cause de la coïncidence du dernier avec le verbe kyer- «couper»; de cette façon, toute trace du thème verbal *kuer-, *kur-, *kuor- «couvrir» a été éliminée de bonne heure; seul le substantif kur-eššar a persisté, car le suffixe -eššar l'avait protégé en le détachant du système des formes verbales qui étaient en train de disparaître. 9° karš- « abschneiden; verstümmeln, kastrieren; absondern, trennen; usw.» chez Friedrich, Hetli. Wb. 102, montre une racine kar- élargie par -s-, que Pedersen, Hittitisch 96, retrouve dans pahh-š- «protéger» et en d'autres thèmes verbaux; v. aussi Kronasser, Vergl. Laut- und Formenlehre des Heth., p. 175. Le thème non élargi se retrouve dans le verbe karmalaššui-«steif bleiben, krüppelhaft bleiben» (Code §§ X, XI). Le thème de ce verbe montre une accumulation de suffixes égale à celle de hap-all-ašai-«(in bestimmter Art) schwer verletzen» (Code § IX). La base en est à coup sûr un sulbstan'tiif *kar-ma- «mutilation». Le verbe karš- lui-même a été rapproché de gr. keIqm et d'autres dérivés de la racine d.-eur. *(s)qer- «couper, trancher», v. Pedersen, Hittitisch 95 et Kronasser, /. cit. Mais ce qui soulève des soupçons c'est l'existence d'un verbe hittite кuer-, kur- «couper». Celui-ci a donné un certain nombre de dérivés qui montrent le même sens de «mutiler, mutilation» que nous venons de reconnaître dans karš- et karmalassâi-, à savoir kur-kur-ia- «verstümmeln (?)» avec kur-kur-ai- «Verstümmelung (?)», puis le substantif kurimma- «Krüppel (?)»,3 formé du thème réduit au moyen du suffixe -mma-, saus doute identique au suffixe i.-eur. du participe moyen -rnno-; on se souviendra que c'est déjà Pedersen, Hittitisch, p. 40, qui a reconnu un pareil cas dams hitt. kartimmiia- «être irrité», dénoniinatif reposant sur un participe *karti-mma- «irrité». Enfin on a du même thème verbal un élargissement en -š- à redoublement: kukkurš- et kukurš- «verstümmeln», part, kukuršant-, kugursant-, itératif kukkuršk-. Le dernier verbe, par son sens et par son élargissement -s-, impose impérieusement 3 Friedrich, Heth. Wb. 117, rapproche kurimpa- «Neige, Rest, Bodensatz (?)», ce qui est peu probable. le rapprochement de kar-š-. 11 est vrai qu'on l'a déjà supposé: Sturte-vaait, Hitt. Gr.1, § 114. Si ce rapprochement répond à un rapport historique réel, oui devra tirer le thème kar- de kar-š- et de kar-m-alaššai- d'un *kor- et celui-ci d'un *quor- indo-européen. Le rapport entre каг-š- de kukkurš- et kar-š-est par là le même que nous avons constaté dans les groupes 6—8: kur-k-en face de kar-iia-. On pourra corroborer cette hypothèse par le fait très connu que les innovations du vocabulaire de chaque langue tendent à éliminer les mots qu'elles ont supplantés; c'est ainsi que le verbe germanique geban «donner» a d'abord supplanté et enfin complètement éliminé toute trace du thème i.-eur. *dô-, De même, en hittite, on observe des exemples assez clairs de propagation de mots récents aux dépens de mots hérités de riindo-eurppéen commun: ainsi le mot peja-, päi- a pris la place de la racine i.-eur. *dô- «donner», da- «prendre» celle de *em-, *nem- i.-eur., huišuai- «vivre» celle de *g"ei-, au(š]- «voir» celle de *ueid-, šakk-«savoir» celle de *uoida i.-eur., etc. Jusqu'ici, on n'a pas pu trouver une seule trace de ces racines en hittite; l'élimination a été alors complète. Le thème simple *sqer-, *qer- «couper» a été de même supplanté par la racine peu claire kuer-; on s'attend alors à une propagation analogue aux dépens de *(s)qer-; on effet, on trouve des dérivés ku-kkur-s-, etc. Seule la forme kar- serait conservée, mais le -a- provenant de -o- i.-eur. et le fait que kar-š- et kar-ma- peuvent être expliqués par des moyens de formation purement hittites (voir plus haut) parlent en faveur de l'hypothèse que ces deux mots ont été formés' sur le système verbal vivant; en d'autres termes, ces deux formations dérivent du verbe qui à cette époque fournissait un système complet de formes et non pas d'un verbe qui était en train de disparaître ou bien qui ne laissait que des traces isolées. Un seul exemple sûr de la racine *(s)qer- se laisse assurer on hittite: c'est kartâi- «abschneiden, beseitigen, entfernen»; ce verbe repose sur la racine *(s)qert- «couper» (skr. kart-, etc.), voir Sommer chez Friedrich, Heth. Wb. 103. 11 a été protégé par le fait que sa forme comportait un élargissement (-I-) et que par là il était assez éloigné du système du verbe simple. Dans la forme karš-, nous avons supposé un -o- i.-eur.; de même Kronasser, /. cit.; un autre exemple de ce degré d'apophonie est présenté par le verbe tak-š- «componere» qui repose également sur une racine à vocalisme -e-, c.-à-d. sur l'i.-eur. *dek'-; détails à paraître ailleurs. 10° damet- « Üppigkeit (?)» (Güterbock chez Friedrich, Heth. Wb. 208), dam(m)eta ( = dämmetar) «Üppigkeit», dam(m)etaruant- «kraftstrotzend» est probablement à couper en thème clam- (damia- [?], -e- peut cacher un -ia-aincien) et le suffixe -at-, cf. Kronasser, Vergl. Laut- und Formenlehre des Heth., § 146, ou bien -aiar: dam- peut provenir d'un *tuö-m- et rejoint ainsi les dérivés si nombreux de la racine indo-européenne *tëu-«schwellen» chez Waide-P. I 706—713, p. ex. dans slkr. täu-ti «être fort», gr. raiiff = fiéyag, adog «sain et sauf». Cf. surtout gr. ош-fia «corps», en tant qu'issu de *tuö-mn «gonflement». 11° šalliš «grand», avec le verbe salles- «devenir grand; croître, devenir trop grand, trop difficile» et le causatif šallanu- «faire graind, élever» a donné un grand nombre de dérivés nominaux: šallatar ntr. «grandeur», šalla-kartahh- «fâcher»,4 LÜ antuua-salli-, nom de fonctionnaire, écrit parfais anht-GAL, etc. Le groupe a été comparé par Sturtevaint, Hitt. Gr., lere éd., p. 138 et suiv., au groupe indo-européen désignant la «totalité»: slkr. sàrvas, gr. 3Àoç «tout», etc.5 Mais le sens diffère remarquablement et Pedersen, Murs. Sprachlähmung 53, a eu raison d'exprimer ses doutes sur cette étymologie. Le sens «grand» provient ordinairement de celui de «croître, se gonfler», cf. lat. grandis, dérivé de la racine *g"rendh- «se gonfler» dans gr. fiçcv&vofiai, voir Walde-Hofmann, LEW8 I 617 sq. Comme lat. grandis signifie la «grandeur» au sens abstrait, il montre un parallélisme remarquable avec l'adjectif hittite: šalliš sert à exprimer surtout la qualité et s'oppose par là à mekkiš, voir Götze, Neue Bruchstücke 34. Ainsi šalli pir = «palais», šalli pedun = «le lieu respecté» — «trône»; šalli haššatar (2 BoTU 23 A II 31, 49) désigne la famille royale; etc. En s'appuyant sur l'histoire du mot latin et sur le parallélisme du sens, on devra chercher une racine i.-eur. au sens de «croître»; or une racine isolée au sens de «se gonfler» existe en germanique; c'est le verbe 4 Pour la lecture de salla-kartalih- au lieu de salla-litahh-, voir Laroche, RA 48, p. 47; on y trouvera une foule de formes congénères, dont le sens reste peu clair. 5 Etymologie souvent répétée, v. en dernier lieu Kronasser, Vergl. Laut- und Formenlehre des Hethitischen, p. 172. * smell an «se gonfler» dans v. h. all. smellan, etc., cf. le ca usât if * small jan «faire accroître» dans got. uf-sroalleins «gonflement (au sens métaph. =) présomption», v. h. ail. smellan; subst. dérivés *sulli- «enflure» dans v. norr. sullr m/sens, puis v. h. all. smilo, smil, all.mod. Schmiele «cal», v. anigl. stuel-ca «pustule», etc."1 7 Le mot hittite repose sur cette racine; il a désigné d'abord «celui qui est gonflé». Il a perdu le -u- de l'indo-européen, grâce à la règle discutée dans cet article. Mais cette étymologie enferme quelques problèmes de phonétique et de morphologie hittites: 1" La flexion de l'adjectif šalliš est clairement celle des thèmes ou -i-: mais il y a des exemples de passage à la flexion des thèmes en -a-: nom. sg. ša lias KU В VIM 16 + 24 III 8, 11; šalla-, premier membre du composé s all a-kart at ar, voir Laroche, RA 48, p. 47, qui suppose un sens «surprise, étonnemenit». Enfin, on a le verbe déjà mentionné salla-nu-, formé au moyen du suffixe dénomiinaltif-causatif, d'un thème šalla-; ce verbe peut d'ailleurs être formé secondairement sur le modèle des verbes cauisatif tels que parga-nu- «élever» de parku- «haut», parku-nu- «purifier» de parku-i-š «pur», etc., qui avaient l'aspect des formations parties de l'élément précédant la finale du thème de l'adjectif: ainsi on a pu former un šall-a-nu- (où le deuxième -a- peut être tout simplement une graphie auxiliaire pour noter le groupe -Un-) de la partie radicale de l'adjectif. Le thème šalla- dans les exemples autres que le verbe est au contraire une formation récente, issue des formes où le -i- final disparaît entre deux -a-, p. ex. gén. šallai-aš — šallaš, etc. Le même se laisse observer dans la flexion d'autres thèmes en -i-, p. ex. mïti- «rouge» : mita-. Le thème en -a- ne peut donc aucunement influencer notre restauration de son proto-type indo-européen. Celui-ci était *suol-i-s, thème en -i-, formé du degré -o- de la racine, tout comme hitt. nakk-i-s «lourd» d'un *nok'-i-ss ou palli-i-š «large» d'un *pol-H-i-s;9 en dehors du hitt., on trouve une formation analogue dans gr. Tç6 «séparer une partie de l'autre» > «(médio-passif) se déchirer, crever». Cf. lat. glübö «décortiquer»: v. h. ail. klioban «fendre», all. mod. Kluft, tolkli, klop. «douleur», etc., puis le verbe gr. o'/dÇro «ouvrir en coupant, p.ex. une veine», provenant de*skhëi- «inciser, couper», avec oyaôiuv «cellule» (en tant que prim, «incision = crevasse»). Pour la famille de oatçw, voir aussi Boisacq s. v. aciçâcûv et aaçiàviog. Il y a une seule difficulté: celle de o- en grec; mais 011 sait que *su-indo-euwpéen a passé parfois, on 11e sait pas pourquoi, à 0- initial en grec, p. ex. dans gr. aiyâoi «se taire» en face de all. schweigen, dans gr. ai/iôç «qui a le nez camus»: v. h. ail. swïnan «décroître, s'affaisser»; etc. Cf. Boisacq, DÉGr 863 et 866 et Schwvzer, Gr. Gr. I 308. Le o- grec ne peut alors surprendre. Les quatre groupes discutés remontent donc à une racine indo-européenne *si}er- «Couper, inciser» — «découper, retrancher, séparer en coupant». 14" (lala- et daliia- «laisser» est presque synonyme de tarna-; mais si nous observons l'usage de ces deux verbes de près, nous voyons que les deux verbes sont en effet des contrastes: tarna- signifie «causer qu'un objet change de place, que cet objet quitte sa place tandis.que le sujet reste à sa place, occupée auparavant». Au contraire, dala- et daliia- vaut «laisser l'objet sur la même place, tandis que le sujet du verbe change de place». Chez tarna-, c'est l'objet qui se met à se mouvoir, chez dala-, daliia-, c'est le sujet qui se meut. Cf. p. ex. Friedrich, Staatsverträge II 21 et note 2: arha daliia-«stehen oder liegen lassen, in Ruhe, unangetastet lassen; zurücklassen»; dala- «au Ort und Stelle belassen», Sommer, II ethnisches II, p.37, note 2; 011 comprend immédiatement le sens métaphorique «im Stiche lassen» (Friedrich, Staatsvertr. II 57), «übrig lassen, hinterlassen» (en parlant de la possession, Sommer, l.cit.), l'impératif dala, dîdi «lass sein! genug damit! Sehl use damit!» chez Sommer, Heth.-akkad. Bil. 41; etc. Le verbe est resté sans étymologie, car celle de Petersson, Arch. Or. 9, 210 (parent de *telâ- «soulever, tolérer», cf. arm. tholum «laisser») a été critiquée par Pedersen, Hittitisch 117 sq., à causé de la graphie constante de d- initial; bien que l'idée de Pedersen que la répartition de -d- et de -t- repose parfois sur une sorte de graphie historique ne soit pas encore tout à fait vérifiée, à cau.se du fait naturel que les scribes ne pouvait se tenir à des règles que dans le cas des mots les plus usités, p. ex. peda-, etc., il y a là une objection sérieuse; d'autre part, c'est le même fait de la graphie qui suggère l'étymologie que nous proposons: Si la consonne initiale était une sonore ou une sonore aspirée et si le -a- radical provient d'un -o- ou -б- indo-européen, on pourra ramener le thème dala- à un *dhuol- i.-eur. On comparera alors: t" arm. did «ripöso, quiete, lena posa, respiro, sollievo; permissione, licemza», dlam «cessare, darsi riposo, riposare»; 2" Lidén, Arm. St., p. 17—18, a rapproché le groupe arm. de irl. did, gén. dïda «respite», irl. mod. däil «delay, credit, trust», tous les deux reposant sur un *dhuöl-i- indo-européen; 3" Lidén a ajouté le groupe connu de v. norr. do al a, dool (fém.) «Verzögerung», v. sax. fardmelan «versäumen», v. h. ail. gitmelan «betäubt sein, säumen», causatif v. norr. doelja «aufhalten, verzögern», v. sax. bi-dmellian «aufhalten, hindern», v. h. all. tmallen, m. h. ail. tmellen «aufhalten, verzögern». Voir aussi Pokorny, Idg. EW 265. Les trois groupes sont dérivés ordinairement d'un thème i.-eur. *dhu-el- «aufwirbeln, trüben (den Verstand); trübe, dunkel, geistig schwach». 11 est vrai que le sens de «torpère, être troublé, être sans conscience» se trouve côte à côte auprès de «être lent, se reposer» dans les langues germaniques, p. ex. dans v. h. ail. gitrvelan; mais le sens de «se reposer, être fatigué, être lent, tarder» doit être d'origine indo-européenne, car il se retrouve dans les trois groupes cités: arménien, celtique et germanique. Il n'est alors point malaisé de déduire le sens hittite de cette notion de l'indo-européen commun: on partira du sens causatif «faire reposer, laisser inactif, immobile». Le sens hittite s'accorde très bien avec cette notion indo-européenne; au surplus, on trouve un sens pareil dans arm. d ni, qui signifie aussi «permission», v. plus haut. La seule difficulté qui reste à expliquer est celle de la flexion du verbe hittite: on y trouve côte à côte deux thèmes, data-, fléchi sur lo modèle de la conjugaison en -hi, p. ex. Ie du sing, dala-hhi, 2e dala-tti, etc., et daliia-, appartenant à la conjugaison en -mi, p. ex. Ie du sing. daliia-mi, etc. On ne peut nullement décider si la flexion de la deuxième conjugaison soit plus ancienne que celle du thème daliia-; on sait que le suffixe -iia- sert parfois de substitut pour une flexion plus compliquée, mais ici il a fournit un système complet de formes; si cette objection n'était pas décisive, on pourrait expliquer cette dualité de façon suivante: le thème daliia- serait secondaire,10 clala- serait le seul thème ' hérité de l'indo-européen; il remonterait à un thème causatif *dhuöle/o-, qui par sa flexion rappellerait le type causatif que fournit l'avestique: ici on trouve à côté de tap- «être cliaud> un présent causatif a-tâpa-itë «il réchauffe»;17 il diffère du présent thématique normal par l'allongement du vocalisme radical. 11 repose sans doute sur un type très ancien de causatifs indo-européens, sans doute antérieur au type connu en -eie-; il serait alors possible d'en rapprocher le verbe hittite; celui-ci serait un présent thématique à vocalisme radical altéré — degré -o- ou degré -5-aillongé — qui lui aurait donné le droit de fonctionner comme causatif: le degré -o- ou -o- est d'ailleurs normal dans les causatifs en -eie-, seule l'addition du suffixe -ie-, sans doute secondaire, bien que déjà indoeuropéenne, en a fait un type spécial; hittite dala- serait donc un reste de ce type archaïque des causatifs.18 15° Remarques sur la chute de -liha loi phonétique, formulée sous idiiliiš (Slavistična revija VIII, Linguistica, p. 64) nous a donné la possibilité de trouver des etymologies pour un grand nombre de mots hittites. Deux autres mots ont été expliqués au moyen de cette règle, dans un article antérieur, à savoir šakuniš «source» et karuššiia- «être ou rester tranquille»: voir Zbornik filozofske fakultete II, p. 395, 399; enfin on a déjà suggéré cà et là la chute de -u- 1(1 De même Kronasser, Vergl. Lautl., p. 197: daliia- avec -iia- des présents tels que lat. con-d-iö, liitt. šarriia-, etc. 17 Pour ce type, voir Bartholomae, AItiran. Wb., p. 632, et Brugmann, Grundriss II, 3, 1, p. 123; ils pensent que ce type repose sur une innovation, sous l'influence des causatif en -aya-, cf. tûpayeiti; mais un verbe tel que gr. адууш «aider», prim, «laisser prendre une direction droite» = causatif de oyiyoj, fait penser à un type de date indo-européenne. 18 Le -/- simple de data- s'oppose à -II- de malla- qui appartient au même type de flexion, v. plus haut. Il se peut que cette différence se ramène à une différence indo-européenne de vocalisme radical: dans dala-, on aurait une forme à -ô- i.-eur.; dans le type de malla-, le germanique impose un -o- bref. dans des groupes de consommes initiaux: on a été forcé à expliquer le d-inttial de dâ- «2» dans däiuga- «âgé de 2 ains», dan «deuxième» par une sorte de chute ou d'absorption de -u- par le -б- subséquent: ainsi Friedrich, Heth. JVb. 201, suppose une absorption régulière dans le nom du. *duô; de même Kromasser, Ver gl. Laut- und Formenlehre des Heth. 151; mais il nous semble que les exemples de notre règle nous donnent le droit de supposer la chute de -u- dans toutes les formes à -o- ou -o- indo-euro-péen; il n'y a pas lieu de restreindre ce phénomène à la position devant uin -o indo-européen. Nous pouvons ajouter encore un autre exemple de cette chute: c'est le mot hittite dandukiš «mortel»; nous avons rapproché ce mot de gr. -d-vtjTÖg, d-dvciTo; «mort», etc., voir Ziba Antika III, p. 178sq. Dans cet article, nous n'avons pas pensé à la chute de -u- en hittite; c'est pourquoi nous avons séparé les deux mots de skr. à-dhoanït «il s'éteignit» auquel oin a généralement comparé le mot grec; maintenant nous renonçons à la comparaison de dandukiš et 0vr;iôç avec la racine *dhen-«battre, tuer» et retournons à l'étymologie traditionnelle: le mot hittite, suivant notre explication morphologique, donnée dans l'article mentionné, est tiré d'un substantif *dandu- qui repose sur un substantif i.-eur. *dhuon-tu- ou *dhuona-tu- «mort»; pour le degré -o- dans les substantifs en -tu-, cf. got. dau-pu-s en face de diroan «mourir». On voit que cette explication est fort naturelle.19 Ce sont là des preuves positives; mais il y a une autre circonstance très significative: Dans tout le vocabulaire hittite, on ne peut trouver aucun exemple de groupe consonne + и qui remontât à un groupe indo-européen du type consonne + џ ou à une labiovélaire indo-européenne et qui précédât un a issu de о ou б indo-européen. Tous les mots qui comportent une suite de consonne + и -f- a permettent ou plutôt exigent une autre explication: On pourrait ajouter un autre exemplle, si l'interprétation de udati- que avog «lapis-lazuli», ce qui détruit toute possibilité d'un -o- i.-eur.; kuaškuaš-20 «zeirdrüoketn, zerquetschen, zerstosson» est parent de kuškuš- «zerstossen», p. ex. Kronasser, Vgl. Laut- und Formenlehre des Heth. 215, mais son étymologie n'est point connue, ce qui interdit de poser une forme indo-européenne précise; en tout cas, la dualité -uua-: -u- rappelle celle de antuuahhš- : antuhš-, miiahuuant- : mihunt- et d'autres, ce qui impose une explication phonétique au moyen d'une seule forme prim, indo-européenne, où une apophonie *kuos- : *kus-seraiit sans fond. kuašš- «baiser» est parent de l'ail, kiissen selon Benveniste, BS L 33, 139; on peut choisir une des possibilités phonétiques qu'on a déjà proposées: p. ex. * к ues- selon Petersson, Arch. Or. 9, 206; mais le mot appartient au vocabulaire vulgaire où des racines à voyelle -a- sont très fréquentes: or une racine de ce sens à vocalisme -a- se retrouve en latin: basium «baiser»; on a donc le droit de poser un *kuas- ou *guas- prim. šuuaia- «spähen, ausschauen» (Gütcrboek chez Friedrich, Heth. Wb. 200)21 est sans étymologie;22 une forme prim. *suuä- à ä indo-eur. est très probable; suuäi- «stossen, drängen, schieben» est parent de skr. suvati «er treibt an» et repose sur un verbe à thème en -П-; voir en dernier lieu Kronasser, op. cit., p. 183, note 26: i.-eur. *suua-ie-; Le même doit être supposé pour suuäi- «füllen»; voir Kronasser, l. cit. dasuualih- «aveugler», dašuuant- «aveugle» reposent selon notre opinion sur un adjectif *dasua-, c.-à-d. à suffixe -ua-, i.eur. *-ЦО-; le 20 Lecture très incertaine, voir Friedrich, Heth. Wb. 112. 21 Yoiir maintenant Gtiterbook — Ifamp, RUA, fasc. 58, p. 22 et suiv. 22 Celle que proposent Güterbook — Натр, l. cit., p. 24, nous semble risquée, à cause du fait que irl. ad-ciu et ses parents appartiennent pûutôt à la racine i.-eur. *q"ei-. groupe -su- serait donc exposé à l'influence de -o- subséquent; mais le mot, eu tant qu'adjectif, comportait des formes à -e- (thème du masc. et neutre, p. ex. au locatif en -ci) et à -a- dans la finale du thème, de même le verbe dasuuahh- remonte à' une forme à -aH- i.-eur.; on voit que la flexion offrait assez de support pour le -u- menacé. duuarnâi-, tuuarnîii- с rompre» repose sur un thème à suffixe nasal *dhuer-ne-, où le -e- devait passer à -a- devant le -r- tautosyllabique;23 ou bien un *dluir-ne- ou *dhuar-ne- serait à la base de la forme hittite, comme le suggère Sturtevant, Hitt. Gr.1, p. 128 sq. Un -o- i.-eur. serait à notre avis invraisemblable. diulduuarant- «gelähmt, steif» (Grobe chez Friedrich, Heth. JVb. 231) et dudduuareš- «gelähmt werden (?)» (chez Sommer, Heth.-akkad. Bil. 182, uote 2) appartient sans doute au même thème que le verbe précédant; son -ar- peut reposer sur une forme à voyelle réduite. Pour le -dd-rernontant à -dh- i.-eur., cf. la désinence de la 2e pers. du plur. médio-passif -dduma, -ddumat en hittite, -ddu\Lar en louvite24 (Otten, Zur gramm. und lexik. Best, des Luv. 48). tuna (adv.) «loin», tuuala- (adj.) «lointain» reposent sans doute sur une forme indo-européenne à voyelle entre le -d- initial et le -uo-, p. ex. *duuo-: cf. Pedersen, Muršilis Sprachl. 71. duuan... duuan «hierher — dorthin» est parent sans cloute de l'adj. prou, indo-européen *to~; il repose sur un adverbe *tu ou une forme très semblable — cf. v. si. tu, etc. «ici» — et comporte par là une voyelle ancienne entre le d- et le -uan. Détails à paraître ailleurs. ziladuua «dans l'avenir, pour l'avenir» à côté de ziladiia et du substantif très obscur zila- (voir Friedrich, Heth. JVb. 261) repose peut-être sur un ziladu-, tandis que ziladiia en serait une forme collatérale à suffixe différent (peut-être * ziladu-ia, cf. aššiia- «aimer» de *aššuia- selon Couvreur, R. Belge de Phil, et d'Hist. 17, 892).25 " Cf. p. ex. Kronasser, Vergl. Laut- und Formenlehre d. Ileth. 38. 21 Les sonores aspirées indo-européennes donnent en hittite une sorte spéciale d'occlusives qui sont marquées tantôt par une consonne double, tantôt par une consonne simple; cf. surtout hitt. šakkuriia- et šakuriia- «vaincre», issu de *sôghuri- = skr. sahuriš, Zbornik Fil. fak. II, p. 397 sq. On devra reviser les théories émises en matière du sort des occlusives sonores aspirées en hittite. 25 Une tentative chez Kronasser, op. cit., p. 42. V 35 De cette façon, nous pouvons écarter tous les mots qui pourraient s'opposer à notre règle.20-27 Il nous paraît désormais tout à fait sûr que le hittite laisse disparaître tout -u- qui se trouvait précédé d'une consonne et suivi d'un -a- provenu de -o- ou « indo-européen; le même sort a transformé toute labrovélaire eai vélaire simple, si elle précédait un о/б indo-européen; car il est très probable que les labiovélaires indoeuropéennes se sont transformées en une sorte de groupe de consonne du type к ou kk -f- u. 11 y a une seule exception: c'est le pronom indo-européen *q"o~: celui-ci montre un grand nombre de formes à voyelle finale -a- — -o- indo-européen, et pourtant le ku- provenu de la labiovélaire i.-eur. reste intact; p. ex. кипа-pi «où», kuua-t «pourquoi» = lat. quod, kuuatta et kuuattan «où», louv. kuuati(n) «comment», кии nia- «chaque» (?) et d'autres formes chez Friedrich, Heth. Wb. 122, hitt. hiérogl. ku a- (pron. relatif) et kyatun «où» (dans les deux derniers, le ku- n'est pas assuré!). Mais il n'y a rien de plus naturel qu'une restitution analogique de -u- dans la flexion de ce pronom qui avait une forme colatérale à -i- final, à savoir kuis, kuit, etc., où le -u- devait se maintenir; on sait d'ailleurs que le pronom latin quo- a restitué le -u- sous l'influence des formes telles que quis, quae, etc. Le и hittite en dehors des groupes consonant iques reste dans la plupart des exemples intact jusq'à l'époque historique; on pourra pourtant trouver des exemples de la chute de -ц- intervocalique; nous réservons ce problème à une discussions spéciale. Nous remarquons que le и initial ou intervocalique résiste avec une force plus remarquable que le -u- qui se trouve dans un groupe de consonnes; c'est ce que montre le latin: il a perdu le -Ц- dans *quolö = colo, *suovor = soror, etc., mais il l'a maintenu dans voveö, оосб, vöx; il est donc naturel que le hittite maintient le u- dans les mêmes conditions. Nous avons laissé hors d'examen les mots à groupe hu- ou -hu-; c'est um problème très délicat que nous réservons à un autre article. M La finale -dduma; etc. repose sur -dhue; son -a est secondaire et rien ne permet d'en faire une objection contre notre règle. Cf. Pedersen, Hittitisch 197. 27 Le fait que tout mot hittite à -ua- remonte à un mot à groupe i.-eur. -u- + -älä- peut être corroboré par un autre fait positif: il y a un nombre — fort restreint d'afflleurs — de mots hittites qui comportent une suite consonne + -JI- + -C-: p. ex. kuer-zi «il coupe», kuera- «champ», tuel «de toi», tuekka-«corps». Ceux-ci montrent que le -џ- devait résister dans les groupes oonsanan-tiques en question, s'il était suivi de -e- ou -e-. 16° Une correspondance hittito-grecque C'est M. Larocihe, dans RH A, fasc.57, 1955, p. 81 et suiv., qui a donné l'explication philologique du mot hittite išmeri- «bride»: il a corroboré les hypothèses de Brandenstein et de Güterbook par révocation du passage FHG 16 II 5, où le déterminatif KUŠ «cuir» du mot išmeri montre que ce mot désigne une partie de harnais. LÜ. MES išmeriiaš de KU В XXIII 11 II 35 ost alors une phrase à complément au génitif, répondant à franç. «cochers». Le mot išmeri a été tenu par M. Laroche pour un nom à suffixe -ri-, de même que etri «repas, nourriture» de et- «manger», eššari «statue» de ešša- «facere», etc. Mais cette analyse nous semble précaire: tous les substantifs en -ri- sont déduits des thèmes verbaux correspondante; seul, išmeri y ferait exception. Il est vrai que M. Laroche tente de trouver une base plus large pour son étymologie, à savoir dans le mot išmanalaJi-«écuyer» ou «palefrenier» de KU В IX 1 III 18;2S mais un élargissement en -i- du thème hétéroclitique iš-mer- nous semble peu probable, à plus forte raison encore si l'on envisage le fait que išmanala/i- peut reposer sur un thème désignant l'«étable», l'«écurie» si bien que la bride» ou «corde»; au surplus, il est tout à fait isolé et son sens doit rester douteux jusqu'au moment où les textes nous permettront de juger plus précisément. Nous séparons le mot išmeri «bride» de išmanala/i-; il n'est pas difficile de lui trouver une étymologie convaincante: en grec, il y a un groupe expressif de mots désignant la «corde», le «fil»: /léç^ig «fil» (Homère), pi^ivO-og «corde, ficelle, fil» (Homère, etc.); рцдйы «rouler, enrouler» et «tramer, ourdir» (Homère, Hésiode, etc.); le groupe et parent de v. suéd. mer pi, v. isl. merd «Fischreuse», v. Pokoril y, ldg.EW 733; Boisacq, p. 855; etc. Le groupe grec est ordinairement dépourvu de s- initial; mais chez Platon, Leges 644 e, on trouve a/ii^iv&og; Hésyche l'interprète par a/iaçia, oxoivta; on juge le s- inorganique, mais on devra tenir compte de opfiQiyg «poil dur et hérissé» (Lycophron, Poil.); Hésyche cite ce mot en lui prêtant un sens plus vaste: (juijçryyeç' яАехтai, aeipai, ßooiQvyot, xaï tùiv y.vvüv iv toîs ![o-/.o> itd. Preostane nekaj primerov, ki kažejo zaporedje konsonant + n + a; vsi se izkažejo kot primerki s prvotnim -a- ali -S- ali reducirandm vokalom, tako da zakon, postavljen v začetku, ne morejo omajati. 16. Hetit. išmeri- »vajeti« (Laroche, RH A 57, str. 81 sä.) spada kot »vrv, vez« k gr. (aj/iijçiin'i-og »nit, vrvica«, o/ujçiyyeç' яЛента/, aeiçai, kjer srečujemo pomen, ki precej spominja na hetit. Skupno grško-hetit. * smeri- »pletena vrv« gre verjetno na ievr. *(s)mer- »plesti« pri Pokornyju, Idg. EW 733. Predievr. izvor kljub gr. -ti&o- ni prav nič verjeten, tudi hetit. beseda nima nobene dokazne moči za to. Hetit. išm- je le pomožna pisava za začetno konsonantno skupino. Bojan Čop LUV1СA I 1° Louvite ulantiš Dans son compte-rendu de Otten, Z. gramm. und lex. Bestimmung des Lud., M. Laroche a éclairé d'une manière incontestable le sens de ce mot: BiOr. XI, 1954, p. 124, il montre que ulantiš sert d'opposé à hiiiduuališ de la ligne précédente; pour celui-ci, Otten, op. cit., p. 86, a démontré le sens de «vivant»; ulantiš signifie par là «mort». Le mot est, en tant que thème en -i-, membre d'une déclinaison louvite, qui a vastement dépassé les limites dessinées par l'indo-européen commun: le -i- sert d'élargissement pour toute sorte de thèmes consonan-tiques; ainsi apparant- «futur» devient en louvite apparanti-, tijamm-«terre» passe à tiiammi-, v. ci-dessous, etc.31 Notre mot sera donc élargi de *ulant-; et celui-ci a l'air d'un participe ou au moins d'un adjectif du 31 Pour cet élargissement, voir Otten, op. cit., p. 40, et auteur, Slavistična revija VIII, p. 63 de l'appendice Linguistica; pour apparanti-, voir Otten, p. 85, et Slav. revija, l. cit. Bojan Čop: Luv i с a 1 type connu du hittite: hitt. akkant- «mort», part, du présent de akk-« mourir» ; maklant- «maigre», adj. en -ant-, de même irmalant- «malade», etc. Si ulani- est participe,32 on le déduira de ul-, thème verbal au sens de «périr», «mourir», donc au sens in trans, comme hitt. akkant-, ou bien 011 y verra un participe en -ni- au sens passif, dont la base verbale sera transitive, au sens de «faire périr, anéantir, tuer»; or il existe une racine indo-européenne qui montre les deux sens, le transitif et Г intransitif, réunis dans le même système: c'est *uel-(a)- «tuer» et «périr», à savoir dans hittite цаПг- «frapper, tuer», v. pruss. ûlint «lutter», en face de lait. vallessit «perierit», v. norr. valr «les cadavres sur le champ de bataille», tolkli. A mal- «mourir», etc.;33 voir Pedersen, Tocharisch, p. 189. Louv. niant- peut être tout à fait identique à hitt. ualli-ant-: le manque de -h- en louvite ne peut aucunement surprendre, si l'on envisage le fait que les deux dialectes ont pu suivre des voies différentes dans l'évolution des thèmes verbaux du type nalh-, šanh- «chercher», etc.: dans la flexion de ces thèmes, il y avait un échange entre les formes à h consonne et celles à «7i» voyelle, c.-à-d. -a-: prés. sg. Ie *uéla-mi, *séna-mi, plur. 3e *uUi-6nti, *snh-6nti, participe *u\h-6nt-, *snh-ônt-; dans les deux dialectes, il y a eu un nivellement au sens différent, mais au même effet: dans chaque dialecte, une seule et unique forme du thème verbal a subsisté: en hittite celle à -h- consonne, en louvite celle à -Э-; il va de soi que cet -a- a dû tomber; de *uela-, on a donc fait *ual-. La même s implication du système verbal a été faite dans le paradigme du correspondant louvite du verbe šanh- «chercher»: car Laroche, BiOr. XI, p. 123b, a montré que le louvite répond au hittite šanha «cherche!» par zani. Le u- du louvite au lieu de ца- est bien clair: c'est de même façon que louv. ušša- « annus» répond au hittite nett-; de même, on a louvite ura- «grand» en face de i.-eur. *uar-u- «large» —skr. urû-, gr etiçôs, etc. И y a eu une sorte de contamination de deux articulations subséquentes en une seule. Le remplacement du mot indo-européen ''''mer- «mourir» par une autre racine ne peut en rien surprendre: le même fait s'est produit dans 32 Ces participes sont attestés pour le louvite, bien que le participe en -mma- est plus vivant, voir les exemples chez Otten, op. cit., p. 40: le sens en est passif tout comme en hittite. 33 Voir les exemples tokli. chez Schulze-Sieg-Siegling, Tocli.Gr., p. 371. — Walde-Hofmann, LEW3, II, p. 729, sont d'avis que le mot latin appartient plutôt à la racine synonyme *g"el-; on pourrait en douter, mais notre étymologie peut se passer de ce mot. les autres langues indo-européennes; ainsi gr. O-v^cr/.w, di^iog et tokli. srûk-, etc., niais surtout dans le tokh. A, où la même racine *uela- a pris la place de *mer-, v. ci-dessus.34 2° louv. tijammiš Dans le même compte-rendu, p. 124 a, M. Laroche a montré que le mot tiiammi- signifie «terre». Nous rapprochons ce mot de hiti. tëkan, gén. iaknâs même sens, qu'on a tiré de i.-eur. *dheg'hom- «ferre». Dans le mot hittite, le -m- final a passé à -n- et remplacé plus tard le -rn-initervocalique dans tout le paradigme. Le même fait se laisse observer dans le grec yßo>v, gén. y&ovôq, et dans l'irl. dû, gén. don. Le louvite et l'hiéroglyphique sont plus oomservaitifs: le dernier, selon Bessert, JfKF 1, p. 224, a abouti à takarn-. Le louvite a élargi le thème consonantique par un -i-, dont on a parlé plus haut. On ne peut nullement savoir, si la conservation de -m- en louvite est (lue à cet élargissement, c.-à-d. si cet -i- y a figuré avant le passage de -m final à -n; car le louvite, de même que le hittite et l'hiéroglyphique, ont tendu à éliminer les irrégularités des thèmes nominaux héritées de l'indo-euro-péen ou causées par l'évolution phonétique dos mots en question: dams le cas de proto-anatol. *degam-, les trois dialectes ont choisi des méthodes différentes. Bien que le louvite et l'hiéroglyphique s'accordent à ce point, il y a une différence très significative dans l'évolution phonétique des deux mots: l'hiéroglyphique y a conservé l'occlusive centrale -k-, tandis que dans le louvite, il semble qu'elle est tombée de bonne heure. Or, c'est toujours M. Laroche, dans le même compte-rendu, p. 123 sq., qui a montré que le louvite avait perdu l'occlusive gutturale indo-européenne dans deux cas certains: à hittite keššera- «main» il répond par iššari- et * 34 Dans le cas de la correspondance de louv. niant- «mort» : tokli. väl-« mourir», on constatera une isoglosse précieuse qui relie ces deux dialectes, eu laissant à part le hittite. Elle rejoint un petit nombre d'isoglosses louvito-tokha-riennes, qu'on a déjà constatées: ainsi louvite arrai- «long» : tokh. A aryu m/sens chez Kronasser, Vergl. Laut-; etc., p. 222; on ajoutera louv. ura- «grand» = tokh. orotse; etc. m/sens: il y a là un accord très significatif du sens, bien que ces correspondances ne puissent être décisives, car il y a des correspondances hittito-tokhariennes encore plus importantes, p. ex. eku- = yok- «boire», haš- «faire naître» = tokh. В äs- «hervorholen» et d'autres; mais on pourra en déduire des conclusions précieuses concernant tla situation géographique des dialectes en question dans la patrie de l'indo-européen commun. à hittite gimmara- «champ» il oppose immara-. Dans le premier, il s'agit *ye- > *je- : dans la cas de *dheg'liom- ou peut-être *dheg'liem-, on posera *dheghe/o- > *cleye/o- > *deje/o~: le j est toujours dû à l'influence de -e- qui le suit ou le précède (dans la forme de *dheg'hom-, si celle-ci avait um о dans la deuxième syllabe); or il nous semble tout à fait naturel de songer à la même simplification de mouvements articulatoires dans la production de la suite phonique *-ej- ou *-eje- et *je- que nous avons constatée dans le chapitre précédant: comme *ue/a- passe à u- en louvite (et en hiérogl. usa- «année», etc., voir en dernier lieu Kronasser, Gedenkschr. P. Kretsclimer I, p. 201), de même ej et je passent à i: un exemple de parallélisme très significatif! Dans le mot tiiamm-, cette évolution a pu toucher — si nous partons de *tejem- ou de * te juin--seulement la première dès deux voyelles, car la deuxième s'y opposait à cause d'une tendence dissimilatoire, parallèle à celle que nous connaissons du hittite: dans le dat. sg. des thèmes en -i-, on trouve -ija ou -ai (—*-aii), tous les deux étant des formes dissimulées d'un seul proto-type, à savoir p. 127 sqq., tandis que l'arménien et l'albanais ont laissé passer la palatalisation des mêmes consonnes au domaine grec, voir Bonfante, op. cit., p. 26 sq. Ce ne sont que lös labiovélaires qui troublent ainsi les rapports d'aillleurs tout à fait clairs des deux groupes dialectaux de l'indo-européen commun; les palatales restent toujours fidèles a la limite dessinée. Si l'on admettait que le groupe anatolien présente des traces de l'articulation palatale, on devrait supposer un mélange des dialectes kentum avec les dialectes satem, ce qui est possible, si l'on situe les dialectes de l'indo-européen commun qui se sont développés en hittite et ses parents tout auprès du domaine satem; mais ici on trouve le grec au sud, l'illyrien et le venète au centre et le germanique au nord de la zone limitrophe; d'ailleurs, le groupe anatolien est lié étroitement au groupe italique, celtique et au tokharien, par un nombre très grand de correspondances de vocabulaire et surtout par les désinences à -r- du médiopassif. Les expériences de la géographie linguistique parlent alors contre cette hypothèse. Nous avons d'ailleurs supposé que hitt. kuššan «salaire» = ail. Ileuer, angi. hire remonte à i.-eur. *k'uâs-, k'ûs- «gagner», voir Die Sprache III (à paraître). *-ei-ei; l'évolution normale à *-ejê > -ija fut contrariée dans le deuxième cas par l'introduction nouvelle de la finale -ë (de *-ei ou *-ai) du datif.30 3° On sait que parfois le -m- indo-européen passe à -u- louvite; le cas le plus connu est celui de la finale de la lèrc pers. du sing. du verbe : -mi est représenté en louv. par -ni. Or tijamm- montre un -mm- en position intervocalique qui seule pouvait emmener ce passage de -m- à -u-ou mieux de l'occlusive partielle à spirante complète. Cette différence doit être expliquée uniquement par les tendances générales dans l'évolution des occlusives indo-européenne dans le groupe anatol. et en particulier en louvite; nous ne mentionnons que le fait très intéressant que le groupe -st- passe à -ss- en louv. dans liašša- «os» en face de liitt. haštai, et que le groupe -rnp- semble passer à -mm- dans humma- en face de hitt. liuimpaSi ces exemples — de même que le passage de -m- à -u-et celui de -gh- к -y- (> -j-) dans tiiammi- semblent révéler une tendence très importante du consonant isme louvite de laisser passer les occlusives indo-européennes sonores à des spirantes, il convient de même de noter qu'une tendence contraire s'opposait à la destruction complète de l'occlusion en position intervocal ique: dans des conditions peu connues mais que nous pouvons déjà entre-voir, les occlusives .sonores indo-européennes semblent avoir passé à de fortes correspondantes ce qui les a emmenées à suivre l'évolution des tenues i.-eur.; -m- passe alors à mm: tiiamm-.™ Povzetek 1. Lu vi j »ki utlantiš »mrtev« spada k znanemu ievr. korenu *uel-(a)- »udariti, ubiti — poginiti, umreti«, brez dvoma kot ekvivalent hetit. pass. ptc. na -nt-ualh-ant- »udarjen, ubit« od ualh- »tolči«; pomanjkanje -h- v luv. je isto kot pri drugem /i-jevskem korenu zan- »iskati« nasproti hetit. šanh-; gre pa za 30 Nous pensons que le charactère palatal de gh- dans keššera- et dans tëkan n'a en rien contribué à la spirantisation de cette occlusive. Pour les autres cas de passage de к à h, dans mannahuuanna, ou de son amuissement, p. ex. dans zaruaniia, voir Laroche, BiOr. XI, p. 124 b. Ici, le к précède la semi-voyelle u, ce qui nous semble très important. 37 Voir Laroche, BiOr. XI, p. 123 b. 38 On pourra penser à un renforcement de l'articulation (de la tension des muscles au moment de la prononciation) des consonnes qui sont précédées d'une voyelle brève; de la fortis, on est arrivé à une espèce de consonnes géminées, partugées entre les deux syllabes entourantes. Voir notre article dans Die Sprache III. La position après une voyelle longue ou après un e, quelle que soit son origine, a emmené au contraire la spirantisation de la consonne; ainsi tëkan : tiiammi- trouvent la meilleur explication. morfološko, ne čisto fonetično odstranitev -h-: prvotna sprega *séna-mi, *uela-mi : *snh-ônti, *ulh-6nti se je izenačila v dveh različnih smereh: v hetit. se je posplošil sistem s -h-, v luvij. pa oblike z -a-, kjer je naravno izginil -a-brez sledu, u- nasproti hetit. na- kot v ušša- »leto« za hetit. uitt-. 2. Luvij. tiiammi- »zemlja« gre na ievr. *dheg'liom- = hetit. tëkan in kaže spirantizaeijo in navidezno izginotje intervokal, -g'h-; podobno je nakazal Laroche, BiOr. It, p. 123 sq. za *g'heser- »roka« = luvij. iššari- in immara- »polje« = hetit. gimmara-, kar gre po mojem na dišim. *glirem-(e)ro- : germ. *grun-pu-iz *ghrm-tu-; gl i se je v vseh treh besedah spirantiziral in palataliziral in dal s sosednjim -e- historični i. Bojan Čop UNE RACINE INDO-EUROPEENNE MECONNUE: *uen- «BRILLER» Le mot grec îjvoxp appartient au vocabulaire archaïque, conservé dans des formules constantes: ainsi dans II. 18, 349 et Od. 10, 360, ijvom уаЛ-лф désigne un vase, «lebes» selon Ebel ing, Lex. Нот. s.v.; d'autre part, la même formule a un sens different dans 11. 16, 408: «/lamus». Les interprètes anciens sont d'accord à y voir un synonyme de Яа/лпдбд «brillant»: ainsi Suid. et Etym. M. 432, 36; presque la même interprétation œt fournie par Hésyche: Лаџлроv, nàw lvr\yor, ôiaipavfi . . . Pour le sens ,,nàw ïvriyov", .on comparera les schol. BLV ad II. 16, 40S: Jprptûvv"; mais on peut se passer de cette explication. Las étymologistes modernes n'ont pas réussi à en trouver une étymologie convaincante; voir p. ex. Boisacq 326 avec bibl.; il va de soi que l'étymologie de Charpentier, K Z 40, 452, note 2, eelon laquelle le mot est dérivé de *äisno- «fait de l'airain» : lat. aes, doit être rejetée, car l'hiatus de 11. 18, 349 et de Od. 10, 360 démontre un digàmma initial; de même ка1 reste long dans 11. 16, 408; voir Chantraine, Grammaire Horner. I, 152. L'addition du mot i[viç, lui-même très obscur, par Strömberg, Gr. Wortstudien, p. 64, ne contribue nullement à l'explication étymologique de notre mot. On pourra d'autre 'part y ajouter la glose d'Hésyche eiVaç ' наЛЛпд, où la graphie el- sera le résultat de la confusion tardive de ?? et et dans la prononciation. Selon Palmer, Gr. of Post-Ptolem. Pap. I, 1, p. 89 (voir aussi Preisigke, s. v.), on peut en citer un dérivé tvdxiov «une partie de vêtement», trouvé dans Pap. Masp. 6 II 61, 96 (6e siècle). Pour le sens de «beauté», cf. si. 1еръ, de «clair». Si le sens de «brillant» est correct — on m'a pas la moindre cause de le soumettre aux doutes —, on pourra tirer notre moi d'un adjectif indo-européen *uëno- «brillant, clair»; pour la morphologie, cf. ul&-oip, tiré de la racine alê «brûler» ou mieux d'un adj. *al&o- «brûlant»; -on - est le suffixe bien connu au sens de «ayant l'air de...», v. Chantraine, La form, des noms en grec one., p. 258. Le mot est dérivé d'une racine verbale *uen- «briller» que nous trouvons dans: a) v. sax. roänam «brillant»; forme proto-germ. *mënuma- selon Fick-Falk-Torp, Iclg. JVb. III, 4. Aufl., p. 387, mais qui comparent à tort la racine *uen- «aimer, être joli. etc.». Holthausen, AUengl. EW., p. 383, y ajoute v. angl. manan-bëam «Spindelbaum», à cause de son bois jaune; enfin v. norr. Vanir «dieux». Le groupe atteste sans doute une racine germ. *roen- «être clair, brillant, de couleur claire»; le -ë- du v. sax. ost identique à -ë- du grec; il se peut que tous les deux dérivent d'un adj. i.-eur. commun. b) Nous ajoutons le verbe hitt. unurnäi- «orner, parer»; v. pour le sens Sommer-Ehelolf, Papanikri, p.74sq.; etc. — Pedersen, Murs. Sprach-lähmung, ]). 72, voudrait partir de *eu- «mettre (les souliers)»; sans aucun doute, le sens du mot hittite serait trop concret pour que cette origine soit vraisemblable; dans notre hypothèse, on partira d'un adjectif *unu-«beau» ou d'un substantif *unu- «beauté» ou «moyen pour rendre beau; ornement»; dans les deux cas, la morphologie ne fait pas de difficultés, cf. huisuâi- «vivre» de huešu- «vivant», etc. Pour le sens de «beau», cf. gr. Л'«I ci-dessus; enfin, voir surtout le mot gall, groymp «orné» ci-dessous. Le thème *unu- est sans doute provenu de i.-eur. *uanu-, où l'on doit supposer le passage connu de ma- à u- dans la syllabe inaccentuée, le -n- simple nous semble avoir supplanté un -un- qui est suggéré par la brièveté de la voyelle précédente; la cause de cette simplification est à chercher dans la circonstance que le -nn- était suivi de -u- consonantique; dans les groupes du type -pitlk- + -u- ou -s/hlmlnlllr- -u-, la première de ces deux consonnes reste ordinairement brève, c.-à-d. appartient à la même syllabe que le -u- qui suit immédiatement; c'est ainsi que le hittite ne comporte que -ku- intervocalique (šakua, šakueššar, eku-, šakuniš, etc.); il n'y a pas d'exemples sûrs de -kku- entre voyelles, sauf dans quelques cas d'emprunt ou de mots expressifs, p. ex. pakku-«fouler (?)», qui est expressif; pour les autres groupes, voir notre exposé préliminaire dans Slavistična Revija VIII, p. 65 de «Linguistica». La forme primitive du mot hittite en question devrait bien être par là "mannu-; or il y a un exemple de cette forme que nous réservons à une autre discussion. Enfin nous remarquons qu'il y a une forme dérivée de cette racine, à savoir *uen-q"-. C'est Lidén, dans Mélanges Pedersen (1937), p. 93, qui a comparé le mot gallique grvymp «paré, orné, beau», avec son congénère gaul. v im pi, au toikh. A ivamp- «orner, parer» (prés. méd. ivamtra; nom verbal roampe «Schmuck», voir Scliulze-Sieg-Siegling, Toch. Gramm., p. 3 et 467). Ce savant n'a pu décider si ces mots sont des parents réels ou si leur ressemblance repose sur une coïncidence fortuite; il est en effet très difficile d'éclairer le -p- des deux langues par le seul -p- indo-européen, car il nous semble que le groupe indo-européen -mp- passe en gall, au même résultat que le -m- i.-eur., voir Pedersen, Kelt. Gr. I, p. 94. La seule consonne qui pourrait donner le -p- du gall, et du gaul. est *qu i.-eur. Or le tokh. semble bien conserver la prononciation gutturale des labiovélaires indo-européennes; mais c'est déjà Pedersen, Tocliarisch, p. 235, qui a supposé, dans quelques cas contestables, le passage de *-q'J-i.-eur. à -p- tokh.; si cette hypothèse pouvait être confirmée, on pourrait déduire le groupe d'une forme commune à l'élargissement *-qii~; on pourra se rappeler, pour la structure de la racine, le mot lit. švankus «convenable» en face de gr. xi/ôj«orné» qui rem ont eut à *k'tienqn- synonyme. D'autre part, le tokh. pourrait bien y conserver un thème à déter-minatif -p- à valeur causale, comme dans krau-p- «ramasser», lau-p-«souiller», etc. En tout cas, le sens des deux mots ne s'oppose nullement à notre hypothèse; on partira de «brillant, splendide». Povzetek O neznanem ideor. korenu *uen - >blestetit Ievr. osnovo *uen- »blesteti« domnevam v gr. Fijvoip »blesteč«, stsaks. manam »isto« iz *uëno-, dalje v ags. roanan-bčam »trdoleska«, hetit. unumai-»ližpati« in končno v podaljšku s *-qu- v kimr. grvymp »okrašen«, tolmr. A mamp- »krasiti«, ki ju je sestavil Lidén, Mél. Pedersen, 93. Bojan Čop NOTES D' ETY M OLO GIE INDO-EUROPEENNE Slave * madeži Le mot est attesté dans russe madež «Leberflecken im Gesicht der Schwangeren», serbocr. mlklež «Muttermal» et slovcne madež «Fleck, Rostflecik; Mal, Muttermal». Le groupe est sans étymologie, voir Ber-neker, SI. EJV II, 2, et Vasmer, Kuss. EJV II, 86. Le germanique fournit un groupe presque synonyme, à savoir v. norr. mot «image, signe», boll, moet «trace, empreinte», fris. or. mot «tache»; de ce substantif, on a dérivé le verbe v. angl. met an «dessiner, peindre». Ce groupe est de même sans étymologie, car les rapprochements que donnent Fick-Falk-Torp III4, p. 322 et suiv. (v. norr. möt «Begegnung», etc.), et Holthausen, Altengl. EW 225 (v. angl. etc. mâël «signe, tache») sont peu probables. Il nous semble tout à fait sûr que les deux groupes dérivent de proto-types indo-européens communs: le germanique remonte a des formations nominales telles que *mädo-, *madä- ou *môdo-, *mödä- (le vocalisme reste imprécis); le slave est plus difficile; il est vrai qu'il comporte un suffixe bien connu, à savoir -eže-, qui peut fournir des dénominatifs, p. ex. dans serbe mladež «jeunes gens» de mlâd «jeune», ou bien des déverbatifs, p. ex. dans grabežb «pillage» (attesté dans v. si., russe, etc.), voir Vondrâk, SI. Gr. I, 628; mais madeži diffère de toutes ces formations en tant que son intonation est inattendue (voir Leskien, Gramm, d. serbo-kr. Spr. I, 179) et qu'il est isolé. U se peut que cette formation ail supplanté un substantif prim. *màdb ou *màda qui seraient identiques aux proto-types germaniques; l'accent du dérivé serait pris de son proto-type. Ou bien on partira d'un verbe inattesté *màditi «tacher, souiller» qui serait identique à v. angl. met an; le type *mâdeib : "màditi pourrait être plus ancien que le type accentué sur le suffixe, p. ex. grab'ôz, m'adéz, padéz du russe; le mot slovène madež se serait transformé sur le modèle du type ordinaire, p. ex. delež, grabež. Le groupe slavo-germanique n'est pas isolé: on peut y joindre un nom germanique d'une espèce d'érable au bois tacheté, à savoir all. mod. Maßholder: ce mot appartient au vocabulaire technique de date ancienne; en v. h. ail., on a mazzaltra, mazzoltra; ici, -tra est un suffixe connu d'ailleurs d'un autre nom d'arbre, à savoir v. h. ail. affoltra «pommier = v. angl. apulder, apuldor, apuldre m/sens; cf. aussi v. angl. ma pu] der — 4 Liuguistica 49 v. h. ali. mazzaUra; comme affohra dérive de apfol «pomme», on partira pour mazzaUra d'un proto-type germ. *mathi-; celui-ci a été rapproché par Kluge, Deutsch. EW11, p. 380, de v. sax. mat «Speise», en tant que Maßholder désignerait une espèce d'arbre dont le feuillage servirait, préparé d'une certaine manière, de nourriture. Mais c'est à coup sûr un fait tout à fait accessoire; et les langues congénères elles-mêmes confirment que le mot désigne en effet une sorte d'arbre au bois tacheté: c'est son synonyme v. norr. mosurr qui appartient au groupe désignant la «tache»; v. h. all. masar «Maser, knorriger Auswuchs», m. h. all. masel(e) «Bläß-chen, Ausschlag, Masern», m. b. all. maselter-böm = all. Maßholder, holl. mazelliout «Masserholz», etc.; un troisième nom de la même sorte d'arbre est attesté par v. norr. mopurr, v. angl. mapel-trêo, angl. maple — all. Maßholder; ces deux groupes sont présentés chez Fidk-Falk-Torp, p. 318, et Holthausen, Altengl. EW 215. On voit que la parenté de *matiu- et de *mä/öd- «tache» devient très vraisemblable. Le latin fournit un mot au sens de «tache», à savoir macula; celui-ci eist jusqu'ici sans étymologie, voir les références chez Walde-Hofmann, LEW3 U, p. 5 sq. Le sens invite au rapprochement de notre groupe; seule la phonétique semble s'opposer à cette étymologie; le -c- du latin est bien loin du -d- des autres mote. Mais on sait que dans une forme *maclâ on peut aisément tirer le -c- de -t- indo-européen. Celui-ci peut être un doublet de -d- indo-européen: on sait que les occlusives sourdes alternaient, dans l'indo-européen commun, avec les occlusives sonores, si elles se trouvaient à la fin de la racine; car c'était l'endroit le plus apte aux influences des suffixes; ainsi on a pac-iscor en face de pa-n-gö en latin, etc. Mais une autre explication bien plus organique s'impose: c'est de Saussure qui a jadis suggéré une simplification des groupes -tir- et -ttl-en -tr- et -tl-, p. ex. dans v. h. all. sedal «Sitz, Wohnung» de *sed- «être assis» et suffixe des noms de lieu -По-} Si nous choisissons la même ex- 1 Brugmann, Grdr.l 2, p. 635 sq., met en doute la théorie de F. de Saussure; à tort, nous semble-t-il: Le système phonétique de l'indo-européen commun n'admettait de géminées que dans les onomatopées, p. ex. dans *atta, *mamma; dans tous les mots normaux les géminées devaient se simplifier; l'un des cas plus sûrs, c'est la 2° p. du sing, du prés, du verbe «être»: au lieu de *és-si, le v. indien et le grec exigent *ési, voir p. ex. Brugmann, Grdr. I 2, p. 725 et 814: v. ind. âsi, avest. ahi, gr. el. Une influence de l'injonctif *es(sj nous semble peu probante. Si l'on n'a pas d'autres exemples sûrs de cette règle, c'est à cause du t'ait bien connu que l'indo-européen possédait une grammaire très claire qui permettait toujours une analyse facile des formations grammaticales: le datif du plur. des thèmes en -es-, à savoir -e(s)-su était lié aux autres formes du même thème de même qu'aux autres exemples de ce cas d'une manière si claire, plication pour éclairer le -i- (> c) du latin, nous pouvons poser une forme primitive *mâd-tla, où -tla est le suffixe bien connu servant entre autres à former des abstraits des thèmes verbaux: v. ind. hötru «Opfer-guß, Opferspende», našira «Verderben, Gefahr»; voir Brugmann, Grdr. II 1, p. 340 («vorzugsweise Abstrakta») et suivv.; Wackernagcl-Debrun-ner, Altincl. Gr. II 2, p. 706. Si le -cl- du mot latin peut être éclairé de cette manière, on doit poser une racine verbale *mad- «tache, tacher» comme la source tie tous les groupes. Cette racine sortirait de son isolation, si l'on suggérait ml rapport entre elle et le groupe bien connu que Pokorny, Idg. EW 694 et suiv., présente sous *mad- «naß, etc.» (lat. m ade б «être humide», etc.; voir aussi Waide-Hof mann, LEW3 II 6 sqq.). On sait que les endroits humides sont plus sombres que les parties entourantes; c'est ainsi que les notions «humidité» et «couleur sombre: tache, saleté» se correspondent presque toujours. Hittite pai-, peia- «donner» a été tenu jusqu'ici pour un composé: Petersen Language IX, p. 32, y a vu le verbe tokli. ai- (B ai-tsi «donner») précédé du préverbe bien connu hittite pe-r une pareille étymologie est bien possible, mais on que les sujets parlants devaient transformer la forme phonétique *-esu (à -s-simple) en -es-su; de même *esi était lié à d'autres formes du même thème et de la même personne d'une manière étroite, ce qui invitait à restituer le -s-s- de la forme prim.: le grec a en effet, dans une partie des dialectes, créé de nouveau la forme toni. Dans le cas des racines verbales terminées par une dentale, si elles ont été pourvues de suffixes commençant par un -t-, l'évolution phonétique devrait de même façon éliminer toute forme à géminée -tt- (de -d- ou -t-, fin de la racine, et -t-, initiale du suffixe): c'est ainsi qu'est née la forme *matlâ, au lieu de *mattlâ. Mais cette évolution normale n'était possible que dans le cas très rare où une formation nominale ou verbale était isolée, c.-à-d. sans autres formes du même système verbal ou nominal, au moment où notre règle phonétique commençait à agir. La plupart des mots conservait des rapports clairs avec des autres formations de la même racine, ce qui permettait toujours une analyse grammaticale de la forme en question: et sans doute pour tenir ces rapports clairs, on retenait ou bien restituait partout la dentale menacée; mais parce que un groupe -tt-, en d'autres ternies la géminée, ne se pliait pas aux exigences du système phonétique, on introduisait une sorte de -s- entre les deux dentales: *liid-to- = *uitto-, au lieu de devenir *uito-, se transforma en *џННо-. Le fait était purement phonétique: le premier des deux t, au lieu de se prononcer sans explosion (voir Grammont, Traité de Phonétique, p. 52), évolua celle-ci tout comme un -t- intervocalique, afin que la finale de la racine fût distinguée d'une manière claire du commencement du suffixe; de là, on est parvenu à une sorte d'affriquée avec l'évolution assez faible de la partie spirante. On voit que ce phénomène phonétique est devenu un symbole de la clarté grammaticale. 4* 51 ne voit pas quel était le sens de ce préverbe dans un verbe dont le thème lui-même possédait le sens cherché; d'autres part, il y a des difficultés phonétiques: iL serait malaisé de parvenir à la flexion historique aux alternances vocaliqucs, si elle était bâtie sur un composé. Le verbe nui-, neia- «conduire, tourner» suggère une autre explication: parce qu'il est venu du verbe i.-eur. *néi-eti (voir p. ex. Pakorny, Idg.EW, p. 760), il laisse supposer la même origine pour notre verbe. Dans quelques langues indo-européennes, on trouve une racine *pëi-au sens de «vendre»: c'est d'abord Lidén qui, dans Stud. z. toch. Spr., p. 20 sq., en a trouvé deux exemples: tokh. В pilo «Verkauf», très vraisemblablement un participe ancien en -to-/-tâ-, passé à la fonction du nom d'action, et germ, occid. fai-lia- «venalis, käuflich» dans v. h. ail. feili, bol 1. oeil, etc.; plus tard, c'est Petersson, dans Etymologische Mis-zellen, p. 5 sq., qui y a ajouté le verbe ossète or. fidin, occ. fed un «bezahlen», qui reposent sur un thème proto-irun. *pai-t-. Petersson suppose une base lourde *pëi- ou semblable: celle-ci concilierait toutes les formes, y compris le verbe hittite, qui peut bien remonter a un thème verbal *pëie/o- indo-européen: nous pensons que la classe des verbes dâi-«poser», etc. = 11, 2 b chez Friedrich, Element arbuch, p. 53 sq., repose uniquement sur des verbes thématiques indo-européens a la voyelle radicale -e- ou -ë-; dans dâi-, le thème a été pourvu du suffixe -ie-f-io-, donc i.-eur. *dhë-ie/o- — \. si. dèjo. Détails, surtout l'explication de l'évolution phonétique, à paraître ailleurs. Reste le sens. Les formes toikh.-germ.-ossètes remontent à un sens «vendre» et «payer»; le dernier est sans doute dérivé du premier, en tant que le verbe ossète peut reposer sur un dénominatif, parti d'un participe *pai-ta- «vendu» : «chose vendue, marchandise»; or on sait que le sens de «vendre» remonte très volontiers à la notion de «donner»: cf. slovène pro-dati, gr. dno-ii oficii, etc. A la rigueur, le sens du verbe ossète lui-même peut venir de «donner». Ainsi, ou peut aisément concilier le sens hittite avec les autres. La conservation de la fonction verbale de cette racine en hittite révèle un archaïsme dont on a une foule d'exemples, p. ex. dans hit t. up-zi «geht auf, von der Sonne» : prép. i.-eur. *upo; ou dans le verbe a-ari avec le participe a-ant- «être chaud», en face de *ai-dh- «brûler» des autres langues indo-européennes. 1 Cf. aussi Pedersen, Hittitisch, p. 115; Arch. Or. V, p. 183, note 1; Kronasser, Vergl. Laut- und Form., p. 197; pour les formes congénères, ibet., p. 155 sq. M il a n Grošelj: Sur quelques mots er é t о is Povzetek Slov. maeležb je soroden z germ. *möta-, mötö- »lisa, pega, sled« in dalje z germ, imenom za »maklen«: nem. Maßholder = stvn. mazzal-tra: koren *mad-»packa, pega«. Pristaviti je treba še lat. macula, ki bi šlo na *mai-la z varianto tld ali na *mad-tlâ s poenostavitvijo -tt- pred konsonantom. Hitt. päi-, peia- »dati« gre na ievr. koren *pêi-, ki je ohranjen v pomenu »prodati« v tohar. В pi-to »prodaja«, stvn. fei-li »venalis« in oset. fidin, fedun »plačati«. Milan Grošelj SUR QUELQUES MOTS CRETOIS P. Kretschmer, .Glotta 31 (1951), 1 se. a distingué cinq couches de langues et de dialectes grecs en Crète, entre autres le «cydonien», d'après l'Odyssée 19, 176. Le cydonien serait parent du phrygien, puisqu'il comporte le passage de la sonore aspirée à la sonore. On peut par conséquent attribuer à ladite langue aussi les mots suivants conservés comme crétois par Hésycliius (éd. Latte, Hauniae 1953): 1. äySvg ' äyyog Kçrjnxiv est proche du nom de la montagne phrygienne Agdos selon M. Budimir, Pelasto-shwica (livre 309 des Travaux de l'Académie Yougoslave de Zagreb), pag. 159, à condition que Agdos s'apparente à gr. öx&og, comme l'avait pensé Fick (voy. le doute de Kretschmer, Einleitung in die Gesch. d. gr. Spr. 194), et peut-être à avest. vayôana «tête» (voy. Živa antika 5, 1955, 229 s.). Si le rapprochement est juste, une nouvelle paire de noms communs à la Crète et au Nord—Ouest de l'Asie Mineure vient s'ajouter à celles relevées par Eick, Vorgr. ON 16ss. et par Kretschmer, I.e., pag. 6 s. 2. Le 110111 BçiTÔ/tapiiç ' iv К (II] z г; ■ђ "Aptepiç renferme flçirv'yAvxv. Kpijteg et — /taprig qui se rattache à lit. mart i «fiancée, vierge», voy. Frisk GEW 269. Or la notion de «doux» peut être ramenée à celle de «salé», cf. Waide-Hof mann LEW II 466 au sujet de v.-sl. sladzkv: «urspr. .gesalzen', daher .wohlschmeckend, würzig'». On ramènera donc [Jçt- ù i.-e. *bhri- et y verra la racine *bhrëi-, *bhrï- sur laquelle semblent reposer ni. angl. brine, angl. mod. brine «Salzwasser, Salzlake», etc. (Pokorny JEW 166). Le mot est par conséquent parent de v.-sl. bridb (Pokorny, ibid.). Il est caractérisé comme non-grec par le passage de la sonore aspirée à la sonore. 3. ôaftnôf ' тà nvQlecp&ov[Лй '.wveç]. Кргјтед est expliqué par le Dictionnaire grec-français de Bailly-Séchan-Chamiraiine s. v. nvçidrr] par «premier lait (lait de vache, de chèvre, etc.) coagulé par lente cuisson (sic!) pour servir de friandise». Les mots grecs nvçUy&ov et nvgiAit] renferment le mot nî>ç. Il est donc permis de voir en бп/ш-о- le pendant de gr. Où Ялы, Oâlnoç. etc. Pour le passage A > џ on se rappellera még. ivniieg de il.n- (Schwyzer I 2134), dor. tviiaç de ФЉ- (id. I 81J). La trace d'une prononciation vêlai re esteht, eine Parallele zu dem Mythus von der Entmannung des Kronos bzw. dos Uranos vorkommt. So finde ich in dem Kräuterbuch von Adamus Lonicerus,10 welches unter anderem viele aber- 1 A. Ileubeck, Mythologische Vorstellung des Alten Orients im archaischen Griechentum, Gymnasium, Zeitschrift für Kultur der Antike und humanistische Bildung, Bd. 62, Heft 6, 1955, S. 508—525, und S. 524, Anin.46. 3 Paulys Realencycl., 1. c., § 8. 4 Locwenthal, Seefahrerglaube, PBB 55 (1929), 502; Holthausen, Altenglisches etymologisches Wörterbuch, Heidelberg 1934 suh hran. 5 Die Literatur darüber: Prati, Vocabolario etimologico italiano, Torino 1951, sub baleno. 0 Paulys Realencycl., 1. c.„ § 21. 7 Beomulf 2805, 3136. 8 F. Kluge, Urgermanisch, Pauls Grundriß der germ. Philologie, Straßburg 1913, S. 128. 9 Paulys Realencycl., I.e., 21, 38. 10 Herrn Adami Loniceri vollständiges Kräuter-Buch, von Balthasar Ehrhart, Ulm 1770. gläubische Nachrichten von verschiedenen Tieren enthält, unter dem Titel Wall-Fisch, auch Folgendes: »Der Wall-Fisch, nachdem er drev Jahr alt wird, so leichet er mit den Balenen, und in der Lcichung wird ihm verschnitten, dass er fürt er nicht mehr leiehen kann, sondern geht in der Tieffe des Meeres, und wächsist so sehr, dass er mit Ikeinerley Kunst und List der Menschen mehr gefangen werden kann, muss derowegen, che er das dritte Jahr erreichet, also gefangen werden.« Wenn wir die Etymologie Kronos — ae. liran annehmen, so werden wir auch die Entmannung des Kronos durch seinen Sohn Zeus, bzw. die Entmannung des Uranos als parallel zu der »Entmannung« des Walfisches während des Geschlechtsaktes betrachten müssen. Beide gehören deswegen zu dein Umnythus, der daran von den Griechen in Verbindung mit Kronos und Uranos übernommen wurde. Nach der griechischen Überlieferung scheint die Entmannung des Uranos primär und die Entmannung des Kronos sekundär, eine Nachahmung der ersten zu sein. Auf Grund unserer Etymologie und Parallele könnte man vermuten, daß Krcnos und nicht Uranos im Urmythus entmannt wurde, und zwar während des Geschlechtsaktes; daß dann dieser Mythus auf Uranos übertragen wurde und daß man deswegen eine Entmannung des Kronos unter ein wenig anderen Umständen ersann. Wenn meine Vermutung richtig ist, so stellt der Walfisch den Kronos noch in theriomorpher Gestalt dar. Povzetek Kronos in kit Etimologija imena Kronos je nesiguma: zdi se, da besede iz grščine ni mogoče pojasniti. Kot možna paralela se navaja staroangleška beseda hran, ki pomeni kita. Pri tem se poudarja, da sta tako Kronos kot kit demona viharja. Interesantno je, da obstaja v zvezi s kiti praznoverje, da je kit pri spolnem občevanju skopljen. Y grški mitologiji Kronos skopi svojega očeta Urana med spolnim aktom. Tudi Zevs opije svojega očeta Krona, ga spečega vklene in skopi. Če sprejmemo etimologijo Kronos = stangl. hran, potem bi nam ta paralela pričaila, da spada povest o skopljenju božanstva, ki ga je Kronos prvotno predstavljal, v pramit, da je bila prvotna varianta prenesena s Krona na Urana, medtem ko se je kasneje razvila nova varianta v razmerju med Kronom in Zevsom. POROČILA — C O M P T E S -RENDUS Johannes Hubschmid, Schläuche und Fässer. Wort- und sachgeschichtliche Untersuchungen mit besonderer Berücksichtigung des romanischen Sprachgutes in und ausserhalb der Romania sowie der türkisch-europäischen und türkischkaukasisch-persischen Lehnbeziehungen. Romania Helvetica Vol. 54; A. Francke AG Verlag, Bern 1935. C'est dans le bref espace de sept ans que Hubschmid, par une série de monographies et d'essais, s'est rangé parmi les plus remarquables paléontologues de la linguistique romane. Il s'est voué aux recherches de la stratigraphie du vocabulaire roman: la nature de son travail exige, cependant, qu'il touche tout autour dans les domaines très lointains des autres langues. Ses premières études consacrées principalement au substrat de mots préromans lui ont souvent offert l'occasion d'attirer l'attention sur les reliquats préslaves en slovène et, dans une certaine mesure en serbo-croate. Actuellement il a également étendu sa sphère d'activité jusqu'aux emprunts de civilisation. Sa première étude de cette espèce fut Haustiernamen und Lockrufe dans Vox Rom. XIV, 184—203, où il a traité de plusieurs mots slaves des Balkans qui font partie de cette catégorie de mots. Ses matériaux pourraient être considérablement complétés. Outre le mot suisse lobe, lôbeli »appel aux vaches« et l'alb. lopë < *lâpa ou *lêpa, je vais citer aussi le slov. laba. »nom de vache« (Pleteršnik I, 494), serbocr. labo »nom de boeuf« (ARj V. 860) et le slov. kücek, спсек, kucln, kuček »chien«, etc. C'est aussi duns Schläuche und Fässer qu'il apporte quelques éléments complémentaires à cette catégorie. A cause du got. hakuls etc. (Berneker, SEW I, 593) et des vieux dérivés du type kozel »bouc«, v. norr. hôken »chevreau« il est impossible de dériver si. koza »chèvre« des mots ayant une forme semblable dans certaines langues orientales, p. ex. bachkir. käzä »chèvre«, comme le croyaient certains anciens chercheurs. Hubschmid, qui suit ces mots loin en Asie, juge, au contraire, que le point de départ commun germano-slave *kag'a est une vieille variante des appels de berger Ли type kač — kac dont s'est développé le mot pour la chèvre dans beaucoup de langues et qui sont d'usage aussi chez les Slaves, serbocr. kec, keca, bu'lg. kič-kič, kaču-kaču, kači-kači. Je serais d'avis que de toutes les opinions touchant l'étvmologie de ce mot slave difficile celle de Hubschmid est la plus acceptable. Il est intéressant que le vieux mot i.-e. oriental pour 'la chèvre *ag'i-, qui a été rencontré dans ce sens en indoiranien, en balto-slaye et en al-nanais (Porzig, Die Gliederung 181) v. si. (j)azno «peau, cuir» ne s'est conservé jusqu'à nos jours qu'en slov. ažeoina «déchets de tannage» (Pleteršnik I, 7). On pourrait bien affirmer que depuis la guerre il n'y a pas eu d'autre slavisant que le romaniste Hubschmid, qui ait publié des étymologies de mots slaves. Dans ce dernier livre je mentionnerais le serbocr. bbšča »lange, tablier«, bulg. boliča, russe burdjûk, le groupe serbocr. tulum «outre à vin», pol. ttumok, russe tulup, slave commun torba, slov. de Résixt kokoroš et quelques autres encore. Mais il n'est pas nécessaire de les citer tous. Même dans les cas où il est connu depuis longtemps que tel mot est emprunté, Hubschmid se servant de riches matériau* de comparaison a étudié la zone d'utilisation tout entière d'une famille de mots particulière de façon plus ample qu'aucun de ses prédécesseurs. Le domaine linguistique traité dans l'étude en question comprend presque toute l'Europe et une grande partie de l'Asie. Non seulement les slavisants mais aussi les germanistes et tous ceux qui s'occupent des études balkaniques, ougrofini-ennes, des langues turques ou celles du Caucase, v trouveront bien des choses utilisables dans leurs spécialités. Il est sans doute impossible qu'un slavisant de province cpii dispose des moyens limités qui sont insuffisants pour sa plus étroite spécialité décide de la justesse de ces larges comparaisons de mots phonétiquement et sémantiquement semblables dans les différents groupes linguistiques. Il n'est posible d'en parler que théoriquement. Certains critiques faisaient déjà aux premières études de Hubschmid le reproche de l'impossibilité qu'il y a à comparer des langues aussi éloignées que p. ex. le basque et le slovène. Ce n'étaient toutefois que des voix isolées. Dans le domaine où Hubschmid est le plus versé à savoir dans la linguistique romane, ses études ont été accueillies avec sympathie. Les romanistes attachent à leur vocabulaire beaucoup plus d'importance que p. ex. les slavi-sants ou même les germanistes. Leurs méthodes de travail sont perfectionées et stabilisées. 11 suffit de voir le Dictionnaire étymologique français de Wartburg pour se rendre compte du nombre des mots qu'il est possible de comparer entre eux malgré les différentes irrégularités phonétiques. Toutefois la sémantique et la ressemblance du son ne doivent pas constituer le seul critérium. Chaque mot doit d'abord être soumis à un examen aussi détaillé que possible du point de vue de la linguistique et de celui de l'histoire de la civilisation dans la langue à laquelle il appartient, et ensuite dans le groupe de langues plus étroit; ce n'est qu'ensuite que les comparaisons de plus large étendue deviennent possibles. Le gros du vocabulaire roman a été l'objet de recherches suffisamment solides quoique Hubschmid, dans ce domaine-ci, également ait surpassé beaucoup de ses prédécesseurs par la largeur de sa méthode et par son esprit systématique. C'est pourquoi le romaniste peut, avec beaucoup plus de sûreté, consacrer son activité à de telles comparaisons des emprunts de civilisation, tandis que, dans la linguistique slave, encore de nos jours, on se donne bien de la peine pour établir le vocabulaire fondamental. Dans l'introduction à son étude, Hubschmid fait remarquer que les recherches linguistiques faites par les romanistes du ]w>int de vue de la géographie et de l'histoire de la civilisation ont abouti à des résultats inaccessibles aux autres chercheurs. Même en parlant de W. Schup-pisser, qui, en 1953, dans sa thèse de lexicographie slave, a suivi 'le mot srajca (chemise), srakica jusqu'au mong. cliirghek »soie«, il dit qu'il n'y a réussi que parce qu'il était parti de la linguistique romane. Peut-être exagère-t-il un peu. J'étais encore étudiant que mon attention fut attirée par A. Conrady qui avait suivi i.-e. *medhu- jusqu'au mit chinois (SB Sachs. Akad., 1925, 111, 19 ss.). Un slavisant ferait observer modestement que c'est seulement en Europe occidentale qu'il y a des bibliothèques assez riches et des possibilités de travail permettant la réalisation des projets aussi vastes. Ce qui est sûr, c'est que, dans la linguistique slave, au moins pour le moment, chaque maître, loin de conseiller une pareille entreprise à son élève, l'en dissuaderait plutôt. Tant que le vocabulaire slave entier ne sera pas suffisamment examiné du point de vue de lu linguistique slave, des comparaisons aussi larges resteront risquées. Ainsi p. ex. Hubschmid (RIO VII, 1955, 110) a comparé la locution slovène péta kruha «morceau de pain» au serbocr. daim, pete < péta, vén., frioul. pète. Toutefois slov. péta avec l'ç ouvert démontre -Гancien accent final et, par conséquent, ne peut pas être un mot emprunté au roman, mais représente seulement une métaphore relative à péta < pçta »talon«. D'autres corrections de ce genre devront probablement être apportées à quelques comparaisons de Hubschmid touchant des langues différentes. Sans doute, cela ne diminue pas la valeur de sa méthode de travail et ne peut influencer essentiellement les résultats obtenus par lui. D'autant plus que, jusqu'à présent, dl s'est plusieurs fois montré prêt à modifier son opinion si Qes raisons en étaient assez convaincantes. C'est ainsi que dans les Essais de Philologie moderne, 1951, 194, il a fait dériver le mot tulz «carquois» du tul turc, mais actuellement (Scli. u. F. 114. op. 3) il reconnaît que dans un mot slave commun si ancien il n'est pas possible d'admettre que -u- < -u- ait été conservé et fait dériver le mot de i.-e. *teu-l-. Quant à la famille de mots considérable que Hubschmid fait dériver du bas latin buttis »tonneau«, je ferais observer que les mots slovènes bijč »tonneau« et biič, bač, boč, *bič ne paraissent pas s'être développés de la même origine. Le mot slov. dial, de Carso byc fait penser sans doute à une forme antériere *Ьисъ, qui doit être un mot postérieurement emprunté de buttis; le passage -u- > -liest postérieur et dialectal. Pour les autres mots ayant le sens de »puits de campagne à encadrement en 1k>îs, puits à seau« à coté de »tonneau«, une analyse du point de vue d'un slovënisant est difficile. En toponymie, sur le même territoire où Qe nom commun byc est attesté, il y a aussi des noms Bač (Carso, lstrie), ce qui sans doute fait supposer les formes antérieures *bač < *Ьъ&ъ- Cependant le nom de source en Carniole Blanche Bič (?-), iz Biča, v Biči près de Semič ne peut pas représenter seulement la forme antérieure *bičb ou *Ьусъ-La forme Biči se trouve aussi aux environs de Solkan, sur l'Isonzo. Mais tous les autres noms communs et les noms propres résistent à une reconstruction sûre. Les écritures beč, bič, boč, buč peuvent ne marquer que la semivoyeWe -a-à couleur dialectale, la déclinaison montre partout l'accent final, sauf en Carniole Blanche; z bača, d baèù, pr bači, à l'instr. outre pod bačom uussi pod ЬЪёат. Les diminutifs sont bačak, bacbc; iles noms de maison de Basse Carniole pr ВаскЪ, h Bački (Podgora). Le sens diffère selon les localités; à ce qui est cité prfr Pleteršnik il faut ajouter encore »source, locus flumiuis profundior, terrain bas où l'eau jaillit par temps pluvieux«. Dans la Haute Carniole où le type d'une prise d'eau clôturée est inconnu, Buč, Bùceoka (ce n'est que la place de l'accent quii est indiquée dans la note), Beček sont régulièrement des noms de ruisseau. Quant aux autres dérivés, je vais citer encore Bečilo, hvdronyme dans la région de Gorica (cf. Izvirala à coté de izvir ibid.). Pour les notes historiques au sujet des noms de lieu, voir Slavistična revija V—VII, 134. Je n'ose dire si dans tous les cas où il faut supposer les points de départ *Ьъсь, *byčb et *bučl (si dans les deux derniers cas l'accent n'est pas analogue) il s'agit d'un seul mot emprunté aux époques différentes ou bien de plusieurs mots différents qui se sont confondus au point de ne pouvoir plus être séparés. Mais il faut bien jeter un coup d'oeil aussi sur les mots k-p- initial. Pleteršnik cite peč, peča (lstrie) »puits« et en llésia poč, poč a »puits«. Comparez, en outre, le toponyme Poče, allem. Potz, frioul. Pozz, 1377 Poç (Kelemina, SR IV, 184). Cependant Pleteršnik ignore le nom commun pač »puits communal, en maçonnerie« (Repno près de Sežana), qui, dans les noms de cours d'eau et dans les lieux dits, n'est pas répandu seulement dans la région de Carso et dans la vallée d'Isonzo (Pač, и Pač, pri Paču, pod Pač, pod Pačan, Pačanska gora), mais on trouve la source de Paček aussi près de Moravče au nord-est de Ljubljana et la forêt Pačnik près de Krka. Ce nom commun peut, au moyen de son aire des noms propres, être reconstruit en ръсъ avec l'accent allongé (comme muh, tan < т-искъ, 1ьпъ). Cela doit être un très vieux mot emprunté où on ne peut pas, comme dans les mots peč, poč, partir des.formes romances postérieures (à comp, serbocr. puč, počuo), ou comme dans le styrien peč de l'aMem. Pfütze, mais d'une forme du latin vulgaire représentant puteus latin. Il est intéressant de constater que l'aire des noms de Pač correspond à celle des noms de Črtež »essart« lesquels sont les plus fréquents dans la vallée de l'Isonzo et disparaissent ensuite dans la direction de Moravče et de la Basse Carniole. On pourrait en conclure que les Slaves qui avaient apporté de leur patrie primitive les noms de Črtež n'ont que plus tard — après avoir reçu le radical pač des Romans — colonisé en partie le territoire mixte vers l'est. Ce n'est sans doute qu'une hypothèse pour laquelle il faudra rassembler plus de preuves encore. Une pareille aire appartient aussi uu nom commun kucelj »sommet latéral, saillie de montagne« qui en toponymie peut être suivi de l'Isonzo jusqu'à Zagorje sur Save. Slov. pučel »tonneau« dérive comme sorb, pičel, pičolka de l'ail. Pitschel, Peitschet, all. de'Carinthie butsche, bietsclie. ail. de Kočevje butscherle (Miklošič, EW 266) < lat. bucellus; slov. putrili < m. h. ail. buterich >outre« (Hubschmid, Sch. u. F. 58). Mais on trouve aussi des mots dialectaux dont l'origine n'est pas claire, p. ex. sur le Pohorje plaiôk «tonneau . Je suis d'accord avec Hubschmid que l'opinion de Perušek (JA XXXIV, 22) que buč, bac au sens de »puits«, opinion que j'ai à un certain moment partagée, est prématurée, mais il est sans doute possible de conclure à des croisements de mots dans les empruntés des racines buttis et puteus; le parallèle alb. buçile, buçine »piccolo stagno, acquitrino; dove beve il bestiame alla fontana«. Mais je ne puis m'expliquer les points de départ cités, relatifs à cette famille de mots slovène. Cherchant à embrasser l'aire totale de chaque racine qui l'intéressait, Hubschmid a rassemblé un matériel énorme. Parmi les expressions employées pour les récipients à eau (et à vin) et pour les outres il n'y en a que peu quii appartiennent à une seule langue. La plupart d'entre elles passaient de langue en langue, se répandant de l'est vers l'ouest et partiellement en sens opposé. Il est dommage que l'auteur se soit intéressé en premièr lieu aux mots qui paraissent dans les langues romanes. Il dit lui même qu'il lia publié qu'une partie des matériaux qu'il avait accumulés dans les années de recherches. Dans les langues slaves, il y a encore beaucoup de mots obscurs de cette espèce et qu'il vaudrait la peine de traiter pareillement. Chez les Slovènes, les outres de peau ne sont plus d'usage de nos jours. Mais j'en ai vu dans mon enfance, bien que, même alors, elles fussent rares. Dans le Pohorje, le synonyme iobolec est attesté pour le sens de »outre«; Pleteršnik ne cite que les significations »der Köcher des Mähers, sac, havresac«; serbocr. tobolac, tobolica, tobolka »erumena, saccus, pharetra« attesté pour la première fois en 1467 (Mažuranič, Prinosi 1455), tchèque tobola, tobolka, pol. tobola »bourse, porte-monnaie«, lit. lobelia, tapelis (Miklošič, EW 357) suite inconnue. Un autre mot obscur est le serbocr. tok »theca, capsa, corytus, pharetra«, slov. tok ou toka »étui, gaine, carquois«; Miklošič, EW 358, cite aussi le roum. lok. Ce sont des mots que les étymologistes évitent habituellement. Chez Hubschmid, on trouve bien des mots au son semblable, cependant il a évité avec soin les mots slaves en question. Il est compréhensible qu'il soit difficile de se décider pour un point de vue quelconque, p. ex. au sujet de slav. mošbiia »bourse, sac« que, d'ordinaire, on fait correspondre à lit. makšna, makštis »étui«, lett. maks et lit. makas, mèkeris »bourse« et puis à all. Magen v. h. all. mago (Kluge, DEW 369 < *mëkuo). Autrefois, Oštir (Etnolog III, 104) a mis en rapport slav. тоНьпа par le mot reconstruit *то(к)с1гьп- avec gr. péoxoç „хфбюр, бедра" supposant une racine paléo-européenne *mak(a)s- »cuir-bourse, sac«. Hubschmid lie d'ailleurs entre eux pers. mod. mašk, akkad. mašku. arabe mask, égvpt. msk (Sch. u. F. 138), mais il a évité les mots baltoslaves, bien que la correspondance avec all. Magen soit fort contestable. Autrefois, Lidén (KZ LXI 14) a signalé, au sujet de all. Darm, osset t'ank »intestin«, osset. orient, rûdtaji t'ank »gros intestin« (Miller-Freimann, Osset.-russ.-deutsch. Wb. 11, 1019). On fait habituellement dériver all. Darm < germ. *parma de i.-e. *tar-, cependant ce mot ossète rappelle, phonétiquement et sé- mantiquement, une famille assez vague de mots slavps, slov. dänka, denka »gros intestin, Großwurst«, bulg. dtfika »intestin, saucisse«, à côté de dtfiak, d^nésnik »caecum«. L'alb. dangë »ventre« doit également être placé ici. Ordinairement, on le met en rapport avec dna »uterus«, toutefois il v a un autre dna »arthrite«, v. si. dr.na, db'ia »une maladie«; Vasmer, REW 1. 354, appelle l'attention aussi sur v. si. russe d-0gna »blessure, cicatrice«. (L'origine de slov. dagati, zadagati »lancer, ébranler, se quereller, bavurdor« en regard de dégmati se »se quereller«, v. si. degba »querelle«, slov. aussi dèga imbécile« n'est pas claire non plus.) Malgré l'opinion habituelle (Strekelj, JA XXVUI, 482), qu'il faut faire dériver tout ceci de d-ьпо »fond«, i.-e. *dliub-no-, Vasmer (voir aussi RSl ÎV, 173) doute avec raison que tous ces mots soient de même origine, et il serait peut-être possible de continuer de suivre osset. t'ang. Dans sa monographie, Hubschmid démontre que dans la terminologie relative aux récipients primitifs des éléments fort divers, parmi lesquels il y en a de très anciens, s'entremêlent et, qu'avec un récipient, les mots qui le désignent se sont répandus déjà avant l'ère historique. Dans les langues slaves, il .y a encore beaucoup de mots qui font partie de cette catégorie. Quelques-uns d'entre eux se sont répandus dans plusieurs nations slaves, d'autres au contraire sont limités à un certain territoire dialectal. Slav, mérid. 1опъсь »pot« a été peut-être emprunté à une langue balkanique, lut. lanx et grec Aijvô; »cuve« sont voisins (Oštir, Razprave L 284 pense au paléo-européen *lôn-). Aussi lémpa »récipient de bois qu'on porte en l'endossant« est comparé par Strekelj, LMS 1896, 152, à alb. lemp-bi, cal. sic. yemp-bi »jatte«, sic. lemmu »gros vase en argile«, cal. limba »vase de cuisine- en argile«, grec mod. limbedda, à Malte lembi < arabe melemm; y sont identiques alb. l'imbë »cuvette« et geg. l'imë »assiette«. Sans parler des nombreux mots passés en slov. du roman et traités pur Hubschmid, c'est à dire ceux du type barigla. burica, sulj et d'autres déjà connus, comme p. ex. latvica, skodela, pinja. Outre les mots germaniques du type čapa, čerba, èerfa, pisker etc., il en reste en slovène un certain nombre qui sont absolument obscurs. Je vais citer p. ex. dukel (m.) ou duklo (11.) »vase à lait en argile noire«. Mais il est à regretter que,, chez nous, jusqu'ici personne ne se soit occupé de cette intéressante catégorie de mots, et nous sommes encore bien loin d'avoir rassemblé tous les mots populaires désignant les récipients de toutes les espèces. Rien que pour le sens »coffin« Pleteršnik connaît les mots oselnik. éapûn, čepon, čepun, šapurv ooder, vodir et il est sûr qu'en cherchant avec soin on pourrait trouver encore quelque chose. En tout cas, pour ce qui est de mots relatifs aux récipients, on aurait besoin, en linguistique slave, d'un ouvrage aussi solide et profond que celui que Hubschmid a fait pour le roman. Car il n'y a presque pas de catégorie de mots qui offre dans une mesure aussi large que les noms des récipients primitifs la possibilité de prendre connaissance des rapports très anciens entre les différentes nations et civilisations. Povzetek Hubschmidova nova knjiga Schläuche und Fässer prinaša mnogo zanimivega tudi za slavista in slovenista. Kulturne izraze za primitivne posode, ki se rabijo v današnjih ali starih indoevropskih jezikih, zasleduje daleč v Azijo in ugotuvlja. kako so se selili od naroda do naroda. Bogata sinonimika za pojme, ki označujejo primitivne posode, bi tudi v slavistiki zaslužila takšne pozornosti, kot jo je Hubschmid posvetil romanskim sinonimom. F. Bezla j Sprachgeschichte und Wortbedeutung. Festschrift Albert Debrunner. Gewidmet von Schülern, Freunden und Kollegen. Franke Verlag. Bern 1954. 8", 474 str. 60 švic. fr. A.Debrunnerju so za 70-letnico poklonili nekdanji učenci, prijatelji in kolegi zbornik, da mu dajo z njim prifcnanje kot odličnemu filologu in jezikoslovcu na področju klasičnih jezikov in sanskrita. Blizu 600 številk obsega njegova bibliografija, med njimi so dela kot II. del (sintaksa) grške slovnice, ki jo je dokončal po Sehwyzerju, in sanskritska slovnica, kjer si je delil delo s svojim švicarskim rojakom Waekernaglom in na kateri še sedaj dela. Prispevki so razporejeni v zborniku po alfabetičnem redu, med avtorji najdemo najbolj sloveča imena. E. Benveniste (Paris) je prispeval presenetljivo in prepričljivo razlago za gr. [(£w pomeni »pass the noon, culminate« (Liddell-Scott-Jones0), ne pa »dati k počitku«. F. Edgerton (Yale) je prispeval opombe k budističnemu sanskritu: budisti so prilagodili sanskritu srednje-lndijske besede po obliki in pomenu v raznih stopnjah. J.Friedrich (Berlin) obravnava pojav, ki nam je znan iz Homerja, pa tudi iz islandske in indijske poezije, da namreč pesniki pripisujejo neke besede jeziku bogov, ne pa ljudi. F. opozarja na podoben pojav v protohatski in hetitski verski literaturi in meni, da pri besedah iz jezika »bogov« ne gre za izraze iz tujih jezikov, kakor se je večkrat mislilo, ampak za starinske, pesniške besede. O. Funke (Bern) polemizira z ameriškim strukturalistom Ch. Friesom in tej struji zlasti očita, da ne upošteva psihološkega gledanja na jezik, ampak poudarja samo obliko ne glede na pomen. W. Havers (Dunaj), pisec znane knjige Neuere Literatur zum Sprachtabii (1946), obravnava pojave umetnega razločevanja med dies za pojem nebeška luč = Kristus« in dies sacculi za dan, t. j. čas 24 ur. Ali: v bizantinski literaturi se za boga vedno rabi oblika xvçwç, za človeka xvpig, xùp/ç, xvqoç i. p. Na Islandiji so dolgo strogo ločili med gud m. za krščanskega boga in god n. za poganskega. Lat. monitio se rabi pretežno za človeški opomin, monitus za božji. W. Uenzen (Bern) razpravlja o besedi in njenem pomenu, saj nekateri dvomijo, da beseda suma zase sploh obstaja, in trdijo, da je to samo iznajdba gramatikov (vsekakor že zelo stara, če mislimo na klinopisne »preparacije« za sumerščino!). Drug tak spor se vrti okoli vprašanja, kaj je prvotnejše: stavek ali beseda? (Kura ali jajce?: tako Uenzen, str. 181). Nikakor nimam namena, ta vprašanja bugatelizirati, toda iz strahotne kolobocije je jasno za sedaj samo to, da so vprašanja napačno zastavljena. Ali je nem. anerkennen ena beseda ali dve (ali tri)? To spominja na znani sofistični soriies: ali je eno žitno zrno že kup? Dve? Tri? Kaj pa: ich erkenne ...an? Ce sklopimo med seboj deset lokomotiv in jih pošljemo z ene postaje na drugo, ali je to vlak, če se vsaka pelje z lastno močjo? Jasno je, da gre tu za izigravanje izrazov, in zato vsak strukturalist začne graditi svojo lastno terminologijo v prepričanju, da beseda mora točno označevati stvar. Toda besede so etikete in zato so vsa prekrščevanja tako obupno brezplodna. O. Hiltbrunner (München) pokaže, kako se je rimski pojem vir gravis, gravitas držal do konca republike, potem pa dobil drug pomen in izginil s spremenjenimi političnimi razmerami: navaden zemljan, če je bil še tako dostojanstven, resen, pošten, na rimskem forumu, v skupščini ni nič več pomenil. U.M. Hoenigswald (Pennsylvania) razlaga nejasne izraze media (konzonanti b, d, g), medij (v nasprotju z aktivom in pusivom) in stari izraz za лерюлырегг], cirkum-fleks, namreč uioov, kot »indiferenten«: b ni niti p niti pli itd., medij ni niti aktiv niti pasiv, cirkumfleks ni niti akut niti gravis. Izraz bi bil torej rezultat neke miselne lenobe, ki se ni povzpela do pozitivne opredelitve. H. še pristavlja, da so izraz najbrže prenesli na gramatične pojave iz kakšnega filozofskega sistema, ki nam pa ni znan. Tako se je, kakor je znano, zgodilo n. pr. s »pozicijsko« dolžino; znana je tudi nekoliko vloga stoikov pri ustvarjanju grške in s tem evropske gramatične terminologije. Ti so najbrže tudi ustvarili oiôéicQov, neutrum, kar tudi H. pojmuje kot »indiferentno« (glede spolu). Romanist K. Juberg (Bern) načenja v članku o imenu prače vprašanje o ekspresivnem oblikovanju besed. Lat. funda je dal fr. fronde, itak fionda < flonda z ekspresivno epentezo glasov r, l. In ekpresiven je fr-, fl- v vrsti fr. besed in fr- v italijanskih. Ekspresivnost se pa more pokazati tudi v debclnem vokalu in končnem konzonantizmu, kjer se more -nd- nadomestiti: prim. ital. oblike s (s)fronz-, (s)franz-, fronga, fiomba, fromba. Zanimiva razprava prinaša v navidezni kaos onomatopejskih tvorb prve obrise nekih zakonitosti. Za moderne filologe je tu bogata in sočna paša! H. Kralle (Tübingen), ki je znan po svojem proučevanju rečnih imen, izvaja ime Odre in Edere iz *adu- (= avest. adu- »potok, voda«). F. B. J. Kuiper (Leiden) pokaže, da sta rigvedski besedi kaparda- »školjka cowrie, zvita kita las na glavi« in stha-пй- »štor, deblo, steber« izposojenki iz avstroazijskih jezikov. Gr. охапёдба torej ne more biti v zvezi s kaparda-, kakor je predlagal M. Budimir, Živa antika 1, 234. J.Kury-lowicz (Krakow) izvaja komparative germ, na -özan-, sla. na -6i (-čj), -čiši, -ije, skr. na -ïyas- in gr. na -(отерод iz adverbov. S strukturalističnega stališča razlaga potek takole (253): adjektivne končnice izražajo skladnost in semantično kohezijo med substantivom in adjektivom. Med glagolom (ali adjektivom) in adverbom pa obstaja samo semantična kohezija. Noben morfeni za adverb je ne izraža. V frazi fortiter agere tvori -ter adverb, ne izraža pa njegove podrejenosti glagolu. Adverb je torej adjektiv s konkordanoo nič. Zato je adverb, ki je izveden iz adjektiva, enak čistemu adjektivnemu deblu. In vsak morfem, ki služi za tvorbo adverba iz adjektiva, je morfem z vrednostjo nič. Germ, -ô-, sla. -é- itd. v adverbu izraža samo pomanjkanje morfema za skladnost, kakršna je običajna med substaiitivom in adjektivom. — Trudil sem se. da prevedeni kar najtočneje. jasno je zame, da je tu vrsta logičnih skokov. K. pravi, da lat. -ter ne izraža podrejenosti adverba glagolu. Točno! Toda tudi ievr. -os, -S, -от pri adjektiva je ni, kajti znano je, da je bila ievr. beseda avtonomna, kar je n. pr. Meillet večkrat naglasil, torej je težko tako star pojav, kakor je dolgi vokal v adverbu -Ö-, -č- itd., razlagati kot »morphème à valeur zéro«, čigar naloga nuj bi bila »noter le manque de tout morphème d'accord« (253). M. Lejeune (Paris) vidi v gr. distributivnem gen. in akuz., 11. pr. gen. v драхџцр tov /ir/vög rtjç //vùs poseben primer genetiva oziroma akuz. ozira. M. Leroy (Bruxelles) opozarja, da gr. glagoli Çfjv, Tcetvijv, ditfjijv, xpfjo&cu ne spadajo v isti koš, ker se pri zadnjih treh dobijo tudi oblike na dolgi -a. M. Iieumann (Zürich) domneva kot že nekateri pred njim za »kijevske liste« latinsko predlogo in v podporo tej tezi omenja našega G. Creniošnika, ki je ugotovil, da kažejo kratice za nomina sacra v teh listih na rimski missale 5. ali 6. stoletja. I.. razlaga inokost-0 v Klementovi maši Ic (3) (Pad) za lat, in peregrinatione comes, medtem ko tekst v kij. listih pomeni »in solitudine socius«, kot slab prevod lat. peregrinatio »Mönchs w a 11 -d e r u 11 g > Wander 111 ö 11 с h t u m« čez gr. povayyofiog »Mönchtum«, kar je izvedeno iz fiova%6s »einsam«. Tako je končno peregrinatio pomenilo »Einsamkeit«, ki je v inokosh. E. Lewy (Dublin), ki je v zadnji vojni na Irskem objavil znamenito delo o zgradbi ievr. jezikov, nedosegljivo tudi v vrsti kontinentalnih knjižnic, je objavil v Lesefrüchte razna tenkočutna jezikoslovna opažanja, ob katerih vzklikne: »Das Leben ist zu kurz für die Sprachwissenschaft!« Teološki termin лпшотбход obravnava W.Michaelis (Bern) in <5<5£a Chr. Mohrmann (Ni-mègue). V post umnem članku obravnava klasični filolog M. Niedermann (Neu-clmtel) -iims kot poznolatinski sufiks za deminutive, ki je postal produktiven v italijanščini in portugalščini. O izrazih za star in mlad, star in nov piše W. Porzig (Mainz), o korenu *dek- »sprejmem« G. Redard (Neuchâtel). Posebno zanimiv je članek C. Regameya o ergativni konstrukciji v moderni indoarijščini, to zlasti glede na kavkaške jezike in domnevni izvor ievr. glagola iz pasiva. E. Risch (Zürich) pride glede gr. maskulin na -та do zaključka, da jih je najbolje izvajati iz prvotnega vokativa in ne iz ievr. nom. 11а -э. Znameniti hom. ddofiai in &ttj, znana iz tragedije, pomeni po H. Seilerju (Hamburg) »storiti nekaj v zmoti«, pri čemer je motiv in moralna krivda postranskega pomena (4-15), nič tudi ne kaže na poseganje bogov v dejanje, to je šele sekundarno. Zanimiva je razlaga skr. sàktlii- »stegno« iz *skak-tlii- (to po asthi- »kost«), ki jo je prispeval F. Sommer (München): beseda je torej sorodna z nem. Schinken, Schenkel, gr. crxdÇeiv. Koren ni glagol, ampak staro ime za telesni del. Poučna je disimilacija med dvema k. A. Senn (Pennsylvania) opozarja, da imajo običaji in besede včasih samo starinski videz. Tako lit. blàké ne skriva v sebi starinskega e-jevskega debla (tako Specht), ampak je moderna obratna tvorba iz blàkuté »stenica«, ki je sestavljenka iz *blaka »bolha« (= rus. blocha) + utis »uš« s prehodom v drugo deblo. J. Whatmough (Harvard) govori o možnostih, ki jih nudi statistika jezikoslovju, ob delu G. Udny Yule, The Statistical Study of Literary Vocabulary (Cambridge Univ. Press 1944), toda statistika ne bi smela obstati samo pri opisu, ker bi bila nepraktična in nečitljiva. Ta dva nedostatka očita tudi delom strukturalistov. л . ц 64 REVUE DE SLAVISTIQUE Publiée pur la Société de Slavistique de Ljubljana l'Institut linguistique de l'Académie slovène l'Institut de littérature de l'Académie slovène Comité de rédaction: TINE LOGAR, RAJKO NAHTIGAL, ANTON OCVIRK, FRANCE TOMŠIČ, JOSIP VIDMAR Prière d'adresser les manuscrits à M. ANTON OCVIRK, rédacteur en chef, Murnikova 24, Ljubljana Abonnements et réclamations: Državna založba Slovenije Imprimé par la Triglavska tiskarna, Ljubljana . i: ^ " : . * : .: ■ ' t : ' ■ ■■ ' ' ■ i Ч • ■: ■ t ' Ук . - V. •• ' 1 ■ ' ' ' i ' x ■ vj- V v" ' - : ' v 1 . . , й ■■■■■• 1 я тш &} < \ V • i ,, - \ 1 • / ■Ji,!.:>/■ , .;..:. : :■■■:.. . : rï/ ■;':■■■• -r v"- ■ Ü/A," * ' * • , v' ■■■■ : ■ C ш i m^mm. ШШт1 kSwww « ,,î S"; f <• i Ш \ WJ^V 1 Mj r' ^'iïT, IS ïiïi ''"A? 5.; "fc-K'y <"'■ '«"? 'Ai1 - жтшт^шттт. ! SS »S В »да« • ь ад se Г- V : • Ш„|-«,.,'.л,«,« ,.«»льяйi-.iösraMsШм Д-. f , * IP il