L A CARINTHIE LIOUBLIANA 1919 t r > LA CARINTHIE F a . ..,,. . si 'V -: ' -- :. i / -V ■■ - A ' I VII. 1983 ' V t / ■ / i) (isiStoZj^o- L/WAsl Aper^u geographique 'ancienne province autrichienne de Carinthie mesure 10.328 kilo- metres carres dont 7.100 pour le territoire allemand et 3.200 pour le territoire slovene. Cette division du territoire est due en partie aux difierentes conditions orographiques et hydrographiques. Deux ehaines alpines bien differerites elles aussi sous le rapport geolo- gique traversent la Carinthie. Les hautes Tures (Tauern), appartenant au systeme des Alpes centrales, commencent au Mont Grossglockner (3.797 m), a la frontiere tyrolienne et limitent le pays du cote du Nord. Elles s'elevent a une hauteur de plus de 3.000 metres et, vers le Sud, elles descendent lentement et se perdent dans le groupe de Kreutzek et dans les collines appelees Nocks; vers T Est elles passent aux Alpes Noriques et a celles de Metnitztal (vallee de Metnitz). Ge systeme orographique est limite a T Est par la Saualpe et par la Koralpe dont la direction va du Nord au Sud. Le territoire des Tauern, de Sau et de Koralpe forme la Carinthie du nord et appartient aux Allemands. Au sud, des Dolpmites tyroliens se detachent deux ehaines de montagnes v au terrain calcaire. La premiere constitue les Alpes Carniques qui passent aux Caravanques et s'etendent jusqu'a la frontiere de Styrie. La deuxieme constitue les Alpes calcaires de la vallee de Žila (Gail) et se continue dans le Dobratch jusqu'a Beljak (Villach) et, a partir de la dans les Ossiacher Tauern se reunissant avec la Saualpe parmi le Magdalenenberg. Entre ces deitx ehaines est situee la vallee de Žila (Gail), qui, unie avec la vallee de la Drave, aux environs de Beljak (Villach), commence a S'elargir dans le bassin de Celovec (Klagenfurth), qui forme le glacis des Caravan- ques vers le nord. Cest la Carinthie du sud qui est habitee par 1es Slovenes de šmohor rmagor) jusqu'a la frontiere de Styrie. \— 4 — \ Cest enti e ces deux systemes bien diiferents au point de vue geologique que passe la Drave. Celle-ci en sortant du Tyrol, dirige ses eaux vers le sud- . est comme si elle voulait percer les Caravanques et se jeter dans FAdriatique, mais la Žila (Oail) a Beljak (Villach) la pousse vers Test et Foblige a entrer dans le bassin de Celovec J Klagenfurth) et a continuer sa Toute dans la meme direction qu,elle. Dans les temps prehistoriques. elle coulait directement vers i'est en traver- sant le bassin du lae de Celovec (Klagenfurth), et ce n'est que plus tard qu'elle s'ftst fraye un chemin au pied des Caravanques. Sur la formation du bassin de Celovec la Drave a eu une influence decisive, car a cette meme epoque, son glacier s'etait etendu sur tout le bassin et lui avait donne sa forme ondulee actueile. D^utres eaux de Cariiithie, fleuves et rivieres, qui, a rexception de la Fela, se jettent toutes dans la Drave, on t plus ou moins la direction de nord-sud ou de sud-nord et s'entaillent profondement dans les montagnes. Toutes ces circonstances geographiques ont eu une influence considerable sur le developpement de la situation ethnographique. Les deux aations ont fait leur entree en Carinthie par la vallee de la Drave, mais par des cotes opposes, les Slovenes par Test, les Allemands par Touest. Mais les Slovenes ont devance les /Mlemands de 300 ans (au VIe siecle), et en arrivant de la Styrie et de la Hongrie ils se sont trouves tout de suite dans Je bassin de Celovec (Klagenfurth). Apres avoir peuple tout le bassin ils commencerent a s^vancer dans les vallees de la Krka (Ourk), de la Glina (Glciti), de la Drave superieure, de la Lieser, de la Moell, de la Žila (Gail), vers le nord et Touest. Au 1X° siecle, les Allemands dans la direction contraire, c^st-a-dire du nord et de Touest, commenceretit a y penetrer en refoulant les Slovenes, disperses dans les vallees etroites, vers leur centre et leur base dans le bassin de Celovec (Kiagenfurih). Mais les poussees allemande^ dans ce bassin resterent sans effet parce qu,elles se heurtaient a la masse compacte des Slovenes, c'est ce que le geographe allemand Kiebs recormait aussi dans son livre : Die dsteneichischen Alpen: „ Les Allemands au Moyen-age n^nt reussi a germaniser que le territoire montagneux au nord et a 1'ouest. Mais les Slovenes ne se laisserent pas chasser de ce bassin qu'ils avajent rempli d'une population (res densP^ n en fut de meme pour la vallee de Žila (Gail), a Pouest de Beljak (Villach), celie-ci etant la continuation du bassin vers 1'ouest. Voici quelques chiffres qui nous prouvent bien que dans le bassin de Celovec la population etait beaucoup plus dense qu,ailleurs. Nombre (Thabilants par kilometre carre. Territoire Slovčne Ep 1860 En 1910 Territoire Allemand En 1860 En 1910 Dans le bassin de Celovec . . . 50 59 Dans la vallee de Dans le district de Lavant . . . . 44 45 Celovec . . . 77 116 Dans le district de Saint-Vid-Feldkirchen 36 36 Beljak . . . 51 94 Dans le district de Spital-Kotschach . 16 18 Podklošter . . • • 47 47 Jusqu'a nos jours les Slovenes ont garde ce bassin, car les ethnographes du XIXe siec;le considerent comme slovene, le territoire situe.au sud de la ligne Ossiacher Tauern, Ulrichsberg, Magdalenenberg (Urban Jarnik 1826, Petz 1844, Hain 1846, Froehlich 1849, Hermanitz 1850, Czoernig 1851 et 1857, Kozler 1864, Ficker 1869, Hauser 1893). Ce fait resulte non seule- ment de la densite de la population, mais aussi de la raison que ce bassin forme une unite geographique. Cest une plaine situee a 400 ou 500 inetres au-dessus du niveau de la mer, d'un regime pluvial de 900 a 1.000 milli- metres, nettement separee de la partie nord par des montagnes de plus de 1.000 metres de hauteur (Ossiacher Tauern 1.061, Taubenbiichel 1.069, Oallinbuchel 1.045, Ulrichsberg 1.018,. Magdalenenberg 1.056 metres. Ce bassin etant une unite geographique individuelle, les Slovenes Pont defendu depuis 1.300 ans a leur insu, ne voulant pas reculer de son bord septen- trional. Uancienne administration autrichienne a tenu compte de ces conditions geographiques et a separe la gestion judiciaire et administrative du bassin de Celovec de celles de Feldkirchen et de St. Veit qui se trouvent tout a fait en dehors. Aper^u historique La solidarite politique des Slovenes de Carinthie avec les autres Slovenes dans le passe. n preparant 1'avenir, il nous faut aussi tourner les regards vers le passe, car une formation nouvelle avant brise tous les iiens avec un passe millenaire, ne saurait promettre aucune stabilite. Uhistoire nous prouve que les Slovenes de Carinthie ont ete pendant des siecles etroitement lies avec le reste de la nation slovene et que pour 1'averiir on ne pourrait sans danger les separer des Yougoslaves. Les Slovene*s.venus a la fin du Vle siecle dans leur patrie actuelle y ont fonde leur principaute independante appelee Caranthanie embrassant toutes les regions slovenes, avec la Carinthie comme centre. Au milieu de la Carinthie, c'est-a-dire dans le bassin de Celovec, s'etait etablie la tribu appelee Hrvatska Zupanija (Pagus Cljrouati), qui firiit par acquerir la suprematie sur les autres tribus voisines. Le souvenir de ce jnom historique s^est conserve dans la denomination de trois villages en Carinthie, qui au- jourdJhui encore s^ppellent : Krabathen. La Županija slovene signifiait une unite administrative avec le Župan a sa tete. Ce nom demontre bien que la Carinthie etait habitee par des freres de sang slave qui au sud ont cree les Etats croate et serbe. A cette principaute appartenaient toutes les regions slovenes actuelles ; en outre, ses frontieres s'etendaient de „Topliško Polje" en Tyrol, jusqu,a la Pannonie et du Danube (a travers lequel on avait un lien direct avec les Tcheques), jusqu'a TEtat des Longobards dont ils etaient a peu pres separes par la frontiere austro-italienne actuelle. On a conserve les noms de plusieurs princes slovenes de cette principaute qui vecut de sa vie politique indepen- dante jusqu,en ; tels sont Borut, Hotimir, Oorazd, Inko, Pribislav, Semika, Stojmir, Edgar. En meme temps dans le sud slave, d'autres Etats slaves etaienf en train de se former. En Pannonie regnait le prince Pribina, et, apres lui, son fils Kocelj, qui eut son siege a Blatograd pres du lac Blatno. Sur la Save inferieure fut fondee, avec son siege a Sissek, la principaute sous les princes slaves dont les noms Vojnomir, Ljudevit Posavski et Bratislav sont bien connus. La solidarite yougoslave contre les Germains s'est deja montree dans ces temps recules. Quant a la Caranthanie, apres avoir ainsi que la Baviere subi en 789 Finfluence des Francs, elle avait esšaye de secouer le joug de la domination etrangere. Elle eut recours pour cela aux Vougoslaves qui habitaient la Slavonie d'aujourd'hui. Ainsi en 818, les Slovenes de Carinthie s^nirent avec Ljudevit Posavski, afin de mieux resister aux Francs. Pour la premiere fois, la solidarite yougoslave s'opposait a Finvasion allemande. Malheureusement, les Yougoslaves succomberent et les Carinthiens per- dirent leurs princes indigenes. Mais bien que les Carolingiens lui eussent impose des princes etrangers, la Carinthie ne cessa pas de rester encore une unite politique et le centre des pays slovenes. II est vrai que Charlemagne en 811 divisa rancienne Caranthanie en deux parties administrative^ avec la Drave comme frontiere, en creant entre le Danube et la Drave, la Marche orientale, et en assignant le territoire au sud de la Drave a la Marche de Frioul. C/est justement parce que la frontiere etait tout a' fait artificielle qu'elle n'a jamais pu avoir de valeur pratique, et que, par suite, les ducs de Caranthanie ont regne en effet sur la Caran- thanie entiere. Plus tard, la Drave ne servit jamais de frontiere politique. Apres la defaite des Magyars aux champs de Lech, en 955, Tempereur d^llemagne Othon Ier reunit la Marche orientale au sud du Danube et les comtes de Frioul et de Verone avec la Caranthanie qui, de ce fait, s'etendait du Danube aux plaines de Tltalie. Les parties extremes comme Verone, le Frioul et la Marche orientale ne tarderent pas a s'en detacher ; mais les pays slovenes resterent plus ou inoins reunis, bien que sur les frontieres de ran- cienne Caranthanie les comtes des ducs caranthaniens eussent commence a se developper. Les ducs issus des familles d'Epstein et de Sponheim qui, apres les Caro- lingiens ont regne sur le pays appele „ Duche de Carinthie", jusqu,ensl286, ces ducs avaient de grandes proprietes dans les autres regions slovenes et la souverainete sur les comtes etablis en Carniole et en Styrie. Leurs proches parents ont ete au pouvoir a Gorice et a Trieste ; de meme qu'ils ont souvent occupe le siege du Patriarcat d'Aquilee. Des 1235, le duc de Carinthie, a cause de ses grandes proprietes, a porte le titfe de „ Seigneur de Carniole et de la region slovene". Cest ainsi que les ducs de Carinthie avec leurs parents representaient Tunite des pays slovenes. Les comtes et les grandes proprietes entre lesquels 1'ancienne Caranthanie commengait a se partager aux IXe et Xe siecle, et d'ou peu a peu sont sorties les provinces autrichiennes de Carinthie, de Carniole, de Styrie et de Gorice, ne se sont done pas formes selon les frontieres naturelles, mais ils ont ete ( le resultat de la politique des empereurs allemands, des differents ducs et comtes, de leurs luttes mutuelles, des dons occasionnels et des contrats d1 achat. 11 est un fait tres caracteristique, c'est que le duche de Carinthie, a cette meme epoque, a ete considere comme le centre du territoire slovene et que les ducs de Carinthie, quoique issus de familles allemandes, ont ete regardes comme des ducs slovenes et la Carinthie comme pays slovene, ce que demon- trent les faits suivants : 1° Caranthanien et Slovene etaient des synonymes ayant absolument la meme valeur. Ainsi par exemple, dejk en 873 on mentionne les „ Sclavi qui • dicuntur Karantaniu, et les ecrivains posterieurs confondent souveat l'un avec 1'autre. 2° A la cour des ducs de Carinthie on se servait de la langue slovene comme langue officielle. Ainsi par exemple, en 1227, le duc Bernard comme representant de la Carinthie a salue a Vrata (Thoerl pres Tarvis), le che- valier et poete allemand Ulrich de Lkhtenstein, a son retour de la Venetie, en langue slovene : „Buge waz primi, gralva Venus" (Soyez la bienvenue,, reine Venus). 3° Le duc de Carinthie cite a la cour des empereurs, avait le droit de plaider sa cause en langue slovene devant 1'empereur. Uhistorien Unrest eerit vers Yan 1500 dans sa „Chronique carinthienne" : „ Depuis les temps „ anciens, tous les ducs de Carinthie avaient le droit de plaider leur cause „ en langue slovene, s'ils ont ete accuses devant 1'empereur ou le roi romain... „ car la Carinthie est un pays tout a fait slovene." 4° Les ducs de Carinthie devaient se soumettre a rintronisation par les paysans slovenes selon le rite ancien. Cette ceremonie solennelle, etant toujours Tancien droit „ Stara pravda " des Slovenes de la Carinthie, nous devons lui consacrer un chapitre special. L'intronisation des Ducs de Carinthie. La description exacte de cette ceremonie nous fut* donnee ;en 1286, par rhistorien Jean de Viktring. Lile comprenait deux parties : rinstallctfion sur la pierre ducale pres de Krnskigrad et 1'hommage devant le trone ducal dans la plaine de Oospafeveta. A cote de Krnskigrad, existait un franc-alleu possede par uhe iamille de paysans dont le chef avait le droit d'introniser le duc dans ses forictions souveraines. Cetait le Duc-paysan de vieille race slovene ; H representait la nation dans cette ceremonie officielle. Le jour de 1'intronisation, ce paysan libre se prelassait nonchalamment sur la pierre aupres du Krnskigrad, attendant le Duc et ion escorte. II portait un chapeau gris, de grossieres sandales, une grancle chemise serree par une ceinture rouge et une tunique grise comrne en portent les ppysans de la Carinthie. Une grande foule Pentourait. # Le cortege arrivait; pages et porte-cro,ix, eveque^ et pretres, liommes d'armes et gentilshommes, Au milieu de ce cortege magnifique, etait un homme vetu conime un paysan slovene : le Duc. II devait quitter sa pourpre et son hermine ducales pour apparaitre en simple paysan devant le trone ducal. Le paysan slovene est assis, jambes croisees, devisageant fierement le. prince qui conduit vers la pierre ou est assis le paysan, un cheval pom- mele, boiteux et aveugle, et un boeuf noir decharne. Le paysan demande au duc : „Qui est celui qui s^pproche ?u Le comte de Gorice de repondrelen langue slovene : „ C'est le maitre du pays. u Le payšan pose une nouvelle question : ^Est-ce un juge equitable ? A-t-il a coeur le bonheur du peuple ? Est-ce un homme libre ? Un protecteur de /a*foi ? Apres avoir re^u une reponse affirmative, le paysan demande eiicore : „Quel dedommagement recevrai-je pour quitter ce siege ? " Et le čomte de Gorice replique : „ La plače te sera payee soixante penezi (pieces d'argent), ces animaux seront a toi ; tu recevras le costume du prince et ta maison ne sera pas imposee." Alors le pavsan eflleurait de sa main le visage du Duc et se retirait de la pierre ducale en prenant le boeuf et la jument. A ce moment seulement le prince montait sur la pierre ducale; il etait encore revetu du costume dyun paysan quand le peuple Tacclamait. Hommes et femmes chantaient autour de lui de vieux chants slovenes, en remerciant Dieu de leur avoir envoye un seigneur selon leur desir et leur volonte. Puis, par trois fois, le Duc etait conduit autour de la pierre par le peuple lui-meme; ensuite, il brandissait — 10 — son epee nue au-dessus de la pierre, puis habille encore comme un paysan il buvait une gorgee tPeau claire dans le chapeau du paysan slovene. Pendant Pintronisation, plusieurs Gradniki fauchaient une prairie, d'au- tres agitaient des torches* d'autres encore sellaient et bridaient des chevaux. Apres Pintronisation, te Duc, au milieu du cortege, se rendait a la vieille eglise de Gospasveta sous la conduite du comte de Gorice, qui commandait douze porte-etendards representant les douze comtes des pays slovenes. La, il assistait a un service solennel. La seconde partie de la ceremonie etait Phommage rendu dans la plaine de Gospasveta devant le trone ducal. Alors, le Duc, assis sur son troney distribuait des fiefs et ses vassaux lui rendaient hommage. Voici quelques idees politiques symbolisees par cette emouvante ceremonie. 1) Le slovene est la langue de TEtat carinthien ; les questions posees par le paysan, les reponses du comte de Gorice et les chants du peuple, tout cela est fait en langue slovene. 2) Le peuple est souverain ; c'est le duc paysan, qui, au nom de son peuple, transmet le pouvoir au Duc qui est elu par le peuple. 3) Le Duc, s'approchant de la pierre dans le costume d?un paysan et amenant avec lui la jument et le boeuf, donne symboliquement a entendre qu,il sera un chef democratique et quJil protegera Tagriculture. 4) Le coup sur la joue du Duc et les actes des'Gradniki et autres paysans symbolisent le droit de revolte, si le souverain vient a violer ses obligations. Jean Bodin, qui a emis le premier 1'idee de la souverainete de PEtat moderne, declare que „ la ceremonie ducale de Carinthie n7a pas de rivale dans le monde." (Les livres de la Republique, liv. 1, ch.8). Aeneas Silvius, le futur Pape Pie II, dans son „ Asiae Europae elegantis- sima Descriptio ", decrit Pintronisation et il fait ressortir le fait qu'aucune autre nation ne possede un exemple analogue de symbolisme officiel. Uhistoire nous rappelle expressement les noms des ducs suivants, qui furent intronises par ce rite: Hermanu 1161, Bernhard 1202, Majnhard • de Gorice 1286. A partir de Pannee 1335 les ducs de Carinthie etaient de la famille de Habsburg. Les Habsbourgs, quoique membres d'une famille qui avait donne des empereurs a PEtat romain-allemand tout puissant, ne pouvaient se soustraire au procede historique de Pintronisation des ducs de Carinthie en langue slovene. Ainsi furent intronises comme ducs de Carinthie les membres suivants de la famille des Habsbourgs. Otto 1335, Rudolf IV 1360, Ernest Železni 1414. Quoique ce rite dans toute son etendue fut pratique pour la derniere fois en 1414, par 1'intronisation du duc Ernest, neanmoins il a conserve sa valeur virtuelle jusqu'a 1728. Cest ainsi qu'ont re^u rhommage des Etats provin- ciaux, en 1443, Tempereur Frederic ler a St. Veit, en 1597 Ferdinand II, et en 1651 Ferdinand III sur le siege ducal a Gospasveta, en 1660 Leopold, et en 1728 Charles VI a Klagenfurth ; tous ces hommages etaient des remi- niscences du role vieux-slovene de Tintronisation, car les empereurs remer- ciaient chaque fois les representants, de les avoir dispenses du rite ancien. i ... Au temps des Habsbourgs la solidarite des pays slovenes s'est montree sur- touta Voccasion des guerres conire les Turcs. Contre le peril ture les auto- rites de ces pays, dans leurs conferences periodiques communes se soirt occu- pees des mesures necessaires a la defense du pays et ont pris la decision de creer contre les Turcs la frontiere militaire, en 1582 doat les frais ont ete supportes par les trois pays slovenes : la Carinthie,. ia Styrie et la Carniole. II fallait par consequent creer des impots communs et une armee commune. Les chefs de la „frontiere militaire" etaient les nobles de ces pays, tels que: Lenkovič, Auersperg, Kacijanar (tous trois Carnioliens), Ungnad (Carin- thien), etc. Ce sont surtout les guerres contre les Turcs qui parmi les Yougoslaves ont .raffermi la conviction, que la solidarite pour eux est une necessite historique. A cette conviction les Croates ont donne une expression tres nette dans leur „Pragmatique Sanction", votee au parlement croate en 1712, ou il a ete dit : „Les Croates acceptent comme rois.ceux des Habsbourgs qui regneront en Autriche, en Styrie, en Carinthie et en Carniole." Dans les temps recents, la vieille Caranthanie fut ressuscitee pour ainsi dire dans une forme nouvelle, lorsque Napoleon, apres la defaite des Habs- bourgs en 1809 crea rillyrie, qui embrassait la Carniole, Tlstrie, des parties de la Dalmatie, de la Croatie, et une partie importante de la Carinthie. La frontiere passait des Caravanques a travers Bistrica v Rožu par Trg (Feld- kirchen) ; par consequent, les capitanats Šmohor (Hermagor)^ Beljak (Villach) et Spital appartenaient a Fll^rie. Le siege du gouvernement etait Lioubliana. L*Illyrie devait former la barriere contre l'expansion allemande vers le sud-est de PEurope. Apres la chute de Napoleon, les Habsbourgs ont conserve rillyrie, ef en 1825, ils ont subordonne le district politique de Celovec au gouvernement de 3* — 12 — Lioubliana. Ce n'est qu'en 1849 que la Carinthie est devenue de nouveau une province independante dans son etendue actuelle et c'est šurtout a partir de cette epoque que Pimperralisme Allemand s'est efforce de briser tout lien politique et intellectuel de la Carinthie avec les autrčs Yougoslaves, pour mieax reussir d la germaniser. La solidarite litteraire des Slovenes de Carinthie avec les autres Slovenes. Dans rhistoire de la litterature slovene, nous distinguons trois epoques de developpement : Tepoque de la Renaissance^l550—1600), l,epoque dite des Lumieres (1750—>1820), et celle du Romantisme (1830 jusqu'a nos jours). Dans ces trois epoques, la Carinthie a joue un role importent. A Pepoque de la Renaissance, la Reforme ayant trouve de fervents adherents parmi les Slovenes, a fait naitre un mouvement litteraire independant et different de Pallemand. La Carinthie slovene y prit part et y joua meme pendant quelque temps le role principal. Un noble, le baron Ungnad (1493—1564), de JaAntal, domicilie a Celovec, chef de la province de Carinthie, etait l-ame et 1'appui materiel de ce mouvement slovene, auquel il a consacre toutes ses forceš; a son oeuvre religieuse et litteraire il a donne le programme yoj4go- slave : „ reunir en une religion et en une langue tous les Yougoslaves de la „ Carinthie a Constantinople. u La Carinthie a pris part aussi au mouvement litteraire pendant VAnti- reforme. Le premier catechisme catholique slovene fut edite en 1574, en . Carinthie, par Leonard Paheneker, sous-prieur a Vetrinj pres Celovec. C^st a Celovec qu'a vecu Thistorien Hieronyme Megiser, qui en 1592 publia le Dictionarium quattuor liguarum videlicet germanicae, latinae, illyricae (quae valgo sclavonica vocatur) et italipae sive hetruscae, et en 1603, le T/icsaurus pol.yglotusf dans lequel une large part est consacree aux langues slaves. A Pepoque dite des Lumieres on a, en 1744, reedite le dictionnaire de Megiser. Parmi les litterateurs les plus importants de cette epoque, nous voyons Oswald Gutman (1724—1790), ne a Grabštajn en Carinthie, qui, a Celovec en 1777, a redige la grammaire slovene qui compte six editions, et, en 1789, un grand dictionnaire slovene-allemand. George Japelj, qui de 1802 a 1807 a vecu a Celovec, a publie la premiere traduction cathotique de la Bible en langue slovene. A Celovec ont vecu : Jacob Zupan (dei.785 a 1852), partisan convaincu de Tidee yougoslave, Matija Ahacelj, economiste et ethnographe, Urban Jarnik (1784—1844), historien. et ecrivain eminent, jouisscint d'une grande reputation dans le monde slave. Le meilleur insti- — 13 — tuteur slovene, Antoine Slomšek, a vecu en Carinthie (1824—1838), et a rasseiflble les jeunes ecrivains autour de lui dans la „ societe de lecture", a Celovec. A l'epoque du Romantisme, la Carinthie jusqu'a 1870 a joue le premier role dans la vie litteraire. En 1848, le grand organisateur politique et ecrivain Andre Einspieler (a Celovec de 1846—1887), a fonde „ Uassociation slo- vene" (Slovensko društvo), qui a cree le programme yougoslave et donne des tendances nouvelles a la Slovenie entiere. Matija Maiar etait celebre comme philologue slave, Antoine Janežič (1848—1869), le fondateur des belles-lettres slovenes, a publie la grammaire slovene et le dictionnaire sloveno-allemand. La premiere feuille litteraire Slovenska Bcela (1'Abeille slovene) commen^a a paraitre en 1851 a Celovec, et c'ešt la qu,en 1852 fut fondee la plus grande societe litteraire „ Mohorjeva družba" (La Societe de Saint-Hermagore), qui de nos jours encore y reside et distribue chaque annee 500.000 livres slovenes a ses membres qui sont au nombre de 90.000. Le premier journal pedagogique slovene Šolski prijatelj (L'ami des Ecoles, 1851), la premiere gazette homiletique Slovenski prijatelj (PAmi slovene, 1856), la revue litteraire Kres (le Feu, 1881), le premier journal politique Slovenec (le Slovene, 1865), ont commence a paraitre a Celovec. En un mot, toutes les idees ont eu leur berceau a Celovec, d'ou elles ont passe dans les autres pays slovenes. Tous ces faits ngus prouvent bien que la Carinthie a toujours vecu d'une vie intellectuelle en union avec les autres pays slovenes. La puissance de rideeyougoslave en Carinthie au cours de ces derniers temps. Le fait que la Carinthie slovene s 'est conservee jusqu'a nos jours, est par lui-meme une preuve irrefutable que ce pays, qui avait ete le berceau de la nation slovene, veut et doit rester uni a la Yougoslavie. Un sort funeste a jete le peuple slovene de la Carinthie sur la voie de la puissante nation allemande et dans cette lutte seculaire et inegale avec un pareil adversaire, ce peuple a prouve qu,il voulait rester slovene. Regardons d'un peu plus pres cette lutte. Cest apris 1870 que les Allemands avaient inaugure leur politique imperialiste vers la mer meridionale. Le petit roi prussien d^utrefois etait devenu Tempereur d'un puissant Etat peuple de 40 millions de sujets au centre de PEurope : c'est alors que les Allemands eurent Tidee de creer une grande Europe Centrale, ou, entoures de petits peuples-satellites, ils pour- raient sans danger jouer le role preponderant. — 14 — Lalhance de 1'Allemagne avec l'Autriche en 1879 ayant assure aux Alle- mands en Autriche l'hčgemonie sur les autres nations, c'est sur 1'ordre et sous la direction de ces derniers que 1'Autriche devint l'avant-garde du pan germanisme dans le sud. Mais, au colosse germain, qui voulait a pas de geant sapprocher de l'Adriatique et partant conquerir le monde le netit peuple slovene vint barrer la route et alors s'engagea une lutte terrible sur ■ toute a frontiere nationale de 300 kilometres entre Šmohor (Hermagore) et Radgona (Radkersburg). Cependant Cest en Carinthie, qui est le chemin le plus court (100 kil.), conduisant a la mer et ou la premiere ligne des Slovenes etait la moins profonde (10 a 30 kil. jusqu'aux montagnes des Karavankes) que l'assaut pangermaniste fut le plus tort, parce que con- centnque; de telle sorte que la (on nt/ne devint le front le plus expose de la ougoslavre, dans sa lutte contre le pdngertnamsme. La lutte fut naturellement inegale. D'un cote le puissant peuple allemand, out lmbu des idees imperialistes, auquel se joignit 1'Autriche, pourvue de tous les moyens legislatifs et administratifs dont dispose un etat moderne lautre cote le Petlt PeuPle slovene, ne comptant pas plus de 120 000 hommes et sans aucune ressource materielle pour se defendre. Le cours de la lutte. 1) La bureaucratie allemande envahit la Carinthie. Jusqu'en 1912 on v compfait environ o 000 fonctionnaires allemands attaches a 1'administration poliiique, aux tnbui^iux, aux bureaux des contributions, au chemin de fer merici i on al et a celui d'Etat. Professeurs, maitres des ecoles primaires et secoiidaues, meden,is, aotaires, avocats, en un mot'toutes les nuances de la bureaucratie comphquee autrichienne y etaient representees. Les Slovenes n y etaient que dans la proportion de un et demi pour cent; leurs hitelleduels turen. envoyes par F Autriche en Carniole, Dalmatie, ou de preference dans les pays allemands. A partir de 1903, il n'etait plus permis de plaider devant les tribunaux en Carinthie en langue slovene; de.rneme les proces-verbaux devaient etre dresses en allemand, bien que le parti slovene ne comprit pas cette langue Le but de ce svsteme est tres flair : ils voulaient a la fois priver les Slo- venes de leurs intellectuels et de leurs guides dans la lutte nationale. 2) La vie econow,que fut soumise a Videe pangermaniste. Le capital alle- mand devait absorher la nation slovene. — 15 — On fonda des soeietes de credit allemandes dans les pays slovenes, afin de drainer tout le capital de la population slovene et de le placeu dans les mains allemandes. En outre, en 1917, une banque allemande de province fut creee, pour arriver a ce que, sous la protection de Pautorite, les opera- tions de bourse ou d'entreprises industrielles devinssent un monopole alle- mand. Cinq ou sik grandes banques allemandes, fondees en Carinthie apres 1900, completent en quelque sorte ce trust du capital allemand. Pour aider le progres de Pagriculture, il fut cree en 1910, un conseil agricole de province, institution investie de ious les droits publics, jouissant d'un veritable monopole, reconnue par FEtat, commePunique representation competente pour les interšts economiques de la province. Le conseil agricole provincial cjisposant d'un budget annuel d'a peu pres un demi million de francs, fondait et soutenait les ecoles d'agriculture, envovait a travers le pavs des professeurs charges de faire les cours aux pavsans, distribuait des subventions pour Pachat des machines, du fumier artific 1, ete. Cependant les ecoles, les cours, les maitres etant allemands, les dem? des red ?ees en slovene ne furent pas accueillies par le conseil, les subv. r is iurent don- nees aux germanophiles, reconnus comme tels, tanclts que dans le comite du conseil, sur vingt-et-un mernbres dont il etait compose, il n'y avait qu,un seul Slovene. Cette politique injuste devait ebranler le soutien du peuple slovene: la classe agricole. 3) On octroya a la population slovene en Carinthie des ecoles allemandes, qui devaient transformer en pangermanisme 1'ideologie yougoslave. Ce dessein de Pinstruction« publique en Carinthie fut explique par le maitre Kanzian, le 22 juin 1918 dans le journal parigermaniste Freie Stimmen, de la fa?on suivante : „ le but de ces ecoles parmi les Slovenes c'est d'augmenter le nombre, non seulement de ceux qui parlent l'allemand, mais aussi le nombre de ceux qui agissent dans Pesprit aliemand, considerant les adver- saires des Allemands tomrne ses propres adversaires." Tandis qu'en 1860, il y avait en Carinthie 28 ecoles slovenes et 56 ecoles sloveno-allemandes il n'existe aujourd'hui pour 20.000 enfants slovenes que 2 ecoles slovenes, 84 appelees ecoles mixtes — appelees chez nous „ ecoles utraquistes" — et 30 ecoles allemandes. Ecole utraquiste est en Carinthie un pseudonyme d^cole allemande, car, en realite, Putraquisme ou Penseignement en deux langues consiste dans ce fait que les enfants sont Slovenes, tandis que Pinstituteur et toute Pinstruc- — 16 — ' \ / tion sont allemands. Le but principal de cette ecole, c'est d'empedier que les enfants iPapprennent a lire en slovene. Cest pourquoi on 117 enseigne pas Palphabet slovene ou latin, mais seulement Palphabet gothique, allemand. Parmi les 230 instituteurs de ces ecoles, il n'y en a qu'une vingtaine qui saclient lire et ecrire en slovene, et cela, parce qu'on plače les instituteurs slovenes dans les pays allemands. Les chansons slovenes'les plus innocentes sont exclues des ecoles ; par contre, les instituteurs enseignent aux enfants slovenes des hymnes nationaux allenjands, tels que : Salut a toi (empereur allemand) couronne par la victoire, et La garde du Rhin. Des enfants furent punis a plusieurs reprises pour avoir cause entre eux en slovene ou pour avoir salue leurs instituteurs dans cette langue, tandis que les instituteurs recevaient de fortes primes pour ce travail de propagande. La lutte des Slovenes pour leurs propres ecoles etait dont desesperee puisque Pecole etait en effet devenue un monopole de Pautorite provinciale. Lorsque les communes slovenes de Saint-Daniel, Strojna, Vogrce, Saint-Yanz eurent en 1908, 1910, 1912, apres de longues et nombreuses protestations, obtenu ea derniere instance en Autriche (devant le tribunal administratif et celui de PEtat); le droit d'avoir des ecoles slovenes, Pautorite provinciale fit greve et ne voulut plus admettre ces ecoles. Ce systeme scolaire devait forcement ravir aux Slovenes leurs enfants, en un mot, toute leur jeunesse. 4) La division du pays en districts electoraux ne tint compte en Carinthie ni de la situation geographique, ni des interets ^conomiques, mais seulement de ceux qui avaient des tendances (pangerma/iistes) allemandes. Les arron- dissements electoraux pour le parlement de Vienne, etaient etablis de maniere que les Slovenes fussent artificiellement divises en huit arrondissements, de sorte que les Allemands eurent partout la majorite. Ce iPest que dans un seul arrondissement que les Slovenes purent elire leur depute. Ainsi, pour 120.000 Slovenes, il n'y avait qu?un depute, alors que pour 27.000 Alle- mands il y en avait un egalement. Mais, comme les arrondissements electoraux pour le conseil provincial etaient beaucoup plus petits que ceux qui elisaient le parlament; de plus, comme la division des districts, meme la plus rusee, ne pouvait empecher quJun nombre assez serieux de districts ne revinssent aux Slovenes, les Allemands pour reussir malgre tout a subjuguer les Slo- venes, in ven teren t alors le systeme suivant: ils creerent des arrondissements ....... 17 plus grands avec une majorite allemande et une minorite slovene et ces arrondissements elisaient chacun deux deputes, ce qui eut pour effet d'as- surer, grace a la majorite allemande, Pelection de deux deputes allemands. 11 arriva ainsi que les Slovenes, parmi les 43 deputes du conseil provincial, n'en avaient que 2. Les grands proprietaires de Carinthie, au noinbre de 114, avaient droit a 10 deputes dans le conseil provincial, tandis que 120.000 Slovenes ne pouvaient en avoir que 2. Leur but etait tres clair : les Slovenes ne devaient pas avoir la parole a la tribune publique des representations parlementaires. 5) Le trafic, les entreprises et les etablissements publics, les chemins de fes avaient revetu un caractefe allemand. Toutes les lignes de chemin de fer sur le territoire slovene etaient administrees par des employes allemands. Ceux-ci s'attachaient a y remplacer ainsi que sur les routes et dans les bureaux, les inscriptions slovenes par des inscriptions allemandes. Plusieurs Slovenes furent arretes ; parmi eux, on cite un maire d'une grande commune slovene, arrete pour avoir demande au guichet de Celovec un billet en langue slovene. Par force, Petranger qui venait dans le pays devait avoir Pimpression dJetre dans un pays allemand. 6) Toute cette propagande pangermaniste etait faite par une serie de societes a tendances germanisantes. Karntner Bauernbund (Association des paysans carinthiens). Verein der Alldeutschen (Societe pangerrr\aniste). Deutscher Volksverein (Societe populaire allemande). Deutscher Volksrat (Conseil populaire allemand). Gustav-Adolf-Verein (Societe de Gustave-Adolphe). Sudmark (Marche meridiotfale; pour Pachat des terres slovenes). Deutscher Schulverein (Societe allemande pour la creation des ecoles). Ces societes disposaient de fonds importants provenant en partie de PAlle- magne : elles-memes Pont avoue. Par toutes ces intrigues, par cette politique si pleine de duplicite, on peut juger quelle importance prenait aux yeux des Allemands le front yougoslave en Carinthie. Le vrai caractere de toute cette lutte fut indique par le chef des Allemands en Carinthie, le docteur Arthur Lemisch, dans une assemblee tenue au mois de mai 1917 a Klagenfurth quand il clisait : „les Allemands „ de Carinthie continueront leur route clairement marquee, comme ils Pont „ fait jusqu'a present dans Pinteret du pangermanisme". — 18 — 7) II faut constater que 1'intention des Allemands de rompre le front yougoslave en Carinthie, n'a pas reussi. Leur assaut s'est brise coiitre une force et un courage qu'on ne s'attendait pas a trouver chez les Slovenes de v Carinthie. Ceux-ci ont rempli avec honneur la tache qui leur avait ete assignee, d'etre Tavant-garde de toute la Vougoslavie. Quoique peu nom- breux, ils se sont formes en une phalange serree, s'organisant d'une fa?on tout a fait remarquable. Pour reussir sur le terrain politique, ils se sont groupes en une societe aussi compacte que puissante. De meme, pour faire prosperer la culture intellectuelle yougoslave, on fonda 42 societes rfinstruction publique, 5 socie- tes de gymnastique, 4 syndicats d'ouvriers, plusieurs societes chorales, upe societe d^ssistance pour les etudiants de 1'Universite, un foyer d etudiants a Celovec pour les eleves des ecoles secondaires, une academie pour les theo- logiens slovenes. De plus, il y avait les succursales de la societe des Saints Cyrille et Methode qui se chargeaient de la fondation des ecoles slovenes. Aious ces etablissements il faut ajouter 30 congregations pour les jeunes filles et 2 ecoles de menage qui s^ccupaient, comme les precedentes, de Tedu- cation feminine. Mais c'est surtout la societe de Saint-Hermagore (Družba Svetega Mo- horja), a Celovec, qui etait le foyer de la culture intellectuelle pour toute la nation slovene. Elie avait sa propie imprimerie et comptait 90.000 membres auxquels elle distribuait chaque arinee un demi million de livres. Avant la guerre, on faisait aux populations de deux a trois cents con- ferences d?instruction par an et a Celovec paraissait regulierement la gazette des Slovenes de Carinthie, Mir (la Paix). Pour assurer leur independance economique, les Slovenes de Carinthie constituerent 40 societes de credit : leur association economique faisant partie de rUnion des associations a Lioubliana. En depit de toute la pression ajle- mande, ils elurent (1907 et 1911) leur propre depute pour le parlement a Vienne, M. Fran^ois Grafenauer. Dans 115 paroisses, le slovene etait la seule langue d^sage employee dans Teglise. Tout cela fut cree par leur propre initiative et par leurs propres forces. Ils eurent en ofitre assez de courage pour demasquer devant le monde le systeme du pangermanisme en Carinthie et en 1913, ils firent paraitre la brochure Du vilajet de Carinthie, ou par des accusations tres documentees, ils condamnaient toute la corruption en Carinthie. — 19 — Le depute Grafenauer demasqua au parlement a Vienne le pangermanisme en Carinthie par des preuves irrefutables. Tout ce que les Allemands ont gagne -par leurs manoeuvrks, c'est que quatre ou cinq villages ont ete germanises en partie, mais la grande masse de la population est restee slovene, et la frontiere ethnographique passe aujourd'hui en general la ou elle avait ete marquee avant la guerre franco- allemande de 1870, par 1'ethnographe allemand Ficker dans son ouvrage „Die Volkerstamme der Osterr.-ungar. Monarchie" 1869, page 69 (Les races de la monarchie austro-hongroise), a savoir la ligne : Techelsberg, Pirk, Saint-Thomas, Ottmanach, Brucki. De plus, le recensement autrichien qui n'avait reconnu comme Slovenes que ceux qui consciemment s'etaient declares comme tels, a compte en 1910, 82.212 Slovenes, preuve evidente de la force de resistance des Slovenes. II est done faux de pretendre qu'une grande partie soit germanisee. Non ! la population est ethnographiquement slovene ; ce n'est que politiquement qu'une partie s'est declaree pour le germanophilisme, tant qu,elle dependra aux points de vue economique, intellectuel, commercial et militaire, des Allemands, L^dee yougoslave en Carinthie pendant la guerre. Dans la guerre mondiale, la tactique de la lutte nationale en Carinthie a change. Les Allemands en effet ont considere et repete partout que cette guerre etait celle du pangermanisme contre le monde slave tout entiar. Ils ont done saisi cette occasion pour essayer d'obtenir en Carinthie, par la force brutale et en peu de temps, ce qui ne leur avait pas reussi pendant cin- quante ans. On commen^a done d'abord par de rudes persecutions. En Carinthie, il n'y eut pas,une organisation slovene, pas une institution, pas une personne respeetable qui ne fut atteinte par la persecution sous une forme ou sous une autre. Environ cinquante Slovenes distingues furent arretes et gardes en prison pendant des mois et meme des annees ; parmi eux, on compte seize pretres, Punique depute slovene Fran?ois Grafenauer, -qui avait etč con- damne a cinq ans de prison, le Dr Janko Brejc, le chef des Slovenes en Carinthie. Les denonciations, les perquisitions, les proces furent innom- brables dans toute la Carinthie slovene. II est un fait tres caracteristique, c'est que la base de toute persecution etait toujours la meme : le serbophilisme et le panslavisme. Les Slovenes — 20 — de Carinthie furent sbup?onnes d'envoyer de 1'argertt en Serbie, d'etre membres des societes serbes. On fit des perquisitions au domicile des cures sous pretexte qu'ils cachaient des bombes serbes, dans les eglises et les maisons des particuliers pour y rechercher des lettres ou des journaux serbes On accusait les Slovenes de communiquer par telegraphie sans fil avec la Serbie. On pretendait aussi que les membres de la societe de Saint-llermagore etaient en meme temps membres de la »Narodna Obrana" (defense natio- nale) a Belgrade, etc. Tout l'element allemand du pays etait hypnoiise par l'idee que la plus petite manifestation de la vie nationale, si innocente fut-elle, sous pretexte qu'elle etait serbophile, devait etre supprimee. Tous les fonctionnaires du gouvernement, depuis le president de la pro- vince jusqu'au dernier gendarme, tout le peuple allemand, meme la populace de la rue, etait imbue de cette meme idee. Cela prouve tres clairement qu'il existe en Carinthie un element yougo- slave, conscient de ses droits et de sa nationalite et que le pangermanisme sent d'mstinct les entraves que la Carinthie slovene veut mettre a ses visees ambitieuses vers le sud. Aussi bien, les Allemands ne purent cacher leur frayeur en 1918, lors- qu'on recueillit les signatures pour la declaration yougoslave par laquelle le club yougoslave avait de nouveau fixe dans le parlement autrichien (31 mai 1917)/le programme de 1'Union yougoslave. Les Allemands preparerent alors (de janvier eri juillet 1918), de grandes assemblees de protestation a Spital, Saint-Vid, Beljak, Wolfsberg, Celovec, excitant, sans choisir les moyens, la population a la resistance co^ntre 1'idee vougoslave. Le refrain de tous les discours, de toutes les decisions et de tous les journaux etait toujours le meme : „ La Yougoslavie serait le coup mortel „ porte aux aspirations allemandes vers rAdriatique et en Carinthie, qui est Ie P°nt P«1" lequel le pangermanisme peut atteindre cette mer, le mou- „ vement vougoslave doit done etre etouffe dans son germe." Pour empecher que les Slovenes puissent manifester leurs sentiments en faveur de cette declaration yougoslave, dans le mois de juillet 1918, leur chef en Carinthie, M. Fran<;ois Smodej fut destitue de ses fonetions'; les assemblčes des Slovenes furent rigoureusement defendues; les gendarmes firent des recherches chez les personnes qui recueillaient des signatures pour la Yougoslavie, les trainerent devant. les tribunaux, etc. Ceux qui avaient signe furent menaces d'une requisition de vivres ou d'etre envoyes au front — 21 — Les Allemands envoyerent toute une deputation a 1'empereur, et, le chef de province, M. Leopold de Aichelburg-Labia dit a cette occasion (23 mai 1918) a Tempereur Charles : „que les Slovenes en Carinthie ne devaient „pas obtenir le moindre droit a une existence nationale propre." Malgre tout, 19.000 signatures ppur la Yougoslavie furent recueillies dans 75 paroisses slovenes. De plus, 80 pretres et 9 conseils de commune signerent la declaration pour la Vougoslavie. Meme apres la guerre, il est penible de penser que les Slovenes n'ont pas fini de gravir leur calvaire. Une fois 1'Autriche ebranlee, la nation slovene, des le mois de novembre 1918, a constitue son propre gouvernement national pour tout le territoire slovene. Par consequence les troupes yougoslaves ont occupe la Carinthie jusqu'a la Drave. Mais les Allemands n'ont voulu recon- naitre au^un gouvernement yougoslave sur le territoire slovene de Carinthie et preparerent une attaque contre les Vougoslaves, qui durent reculer devant la superioritč numerique de leurs forces. Alors recommen^a d'une fagon plus brutale le systeme allemand de PAutriche ancienne sur le territoire qu'ils occupaient. Les Allemands ont interne et persecute tous les Slovenes de marque, qui ne pouvaient pas s'enfuir dans les pays yougoslaves. Plus de cent maires, maitres d'ecole, paysans influents, 45 pretres, se sont enfuis pour echapper aux persecutions des Allemands. Environ 10 pretres furent arretes, insultes ^rossierement, frappes a coups de crosse.de fusil-et couverts de crachats. Le but etait tres clair : terroriser Telement slovene jusqu'aux dernieres limites. La partie de la population slovene qui s^st affranchie du joug allemand s'est prononcee a Tunanimite pour la Yougoslavie. Dans le plebiscite qui eut lieu les 5 et 6 avril 1919, sur 40.000 habitants dans le district Velikovec,. 33.000 environ ont vote pour la Yougoslavie, tandis que 604 seulement se sont prononces pour TAutriche. La nation qui dans des circonstances pareilles resta fidele a Tidee yougo- slave merite d^tre delivree unp fois pour toutes du joug allemand. Aper^u statistique J^^Ma frontiere ethnographique actuelle entre les Allemands et les |1JP&| Slovenes est determinee par la ligne commen^ant a Test de iSiž^^i Pontafel et passant par la ligne : Moderndorf, Gradlitzen, Kovesnoek, Dobrateh, Gail, Ossiacher Tauern, Gallinbuchel, Tultschnig, Ottmanach, Magdalenenberg, Kleine Saualpe, Lavamund a la frontiere styrienne. Le chiffre des habitants de ce territoire avait ete etabli: I. D'apres la statistique autrichienne. de 1890 a 45.644 Allemands 100.331 Slovenes et de 1900 a 61.033 Allemands 89.992 Slovenes et de 1910 a 81.457 Allemands et 81.588 Slovenes. II. D'apres les annuaires de 1'eveche de Gurk. de 1880 a 25.653 Allemands, 119.440 Slovenes de 1910 a 40.000 Allemands, 123.000 Slovenes. III. D'apres les statistiques paroissiales de 191S a : Allemands: 38.000, Slovenes: 124.000. II faut constater avant tout, que les resultats du recensement officiel de TAutriche ne peuvent etre consideres comme rexpression exacte et jjiste des pr oportions nationales qui existent dans nos regions limitrophes de V Autriche allemande. 1° Le critenum fondamental deja, d,apres lequel la population autrichienne fut classee, quant a sa nationalite, aux recensements officiels, n'offre aucune garantie d^actitude, car ces recensements n'ont pas constate la nationalite des personnes recensees, mais simplement la langue, que la bureaucratie autrichienne appelait la „langue d'usage", —■ 23 — Cest-a-din; : C?ette bureaucratie etant toujours la base, le soutien du pan- germanisme et inondant le pays de centaines d'employes allemands, con- siderait souvent 1'allemand, langue que le peuple etait force de parler dans les bureaux avec les etrangers, comme „ langue d'usage" Pour ce meme motif, les chiffres du recensement officiel autrichien doivent donner une idee completement fausse des proportions exisiant reellement dans les contrees en question. Cela fut avoue par les ecrivains allemands eux-meines. \Vutte, qui fait autorite en Allemagne, declare1 „qu'il va sans dire que, par la langue d'usage, le partage de la population d'apres la nationalite ne peut pas etre effectue... et que des personnes qui, d'apres leur naissance ont la conscience d'etre Slovenes, se voient forcees de declarer la langue allemande comme leur langue d-usage !" 2° Mais la methode autrichienne de recensements officiels peche encore par ce defaut capital, qu'elle rend possibles les plus grands abus. Cest de cette maniere qu'il etait permis d^nscrire Tallemand comme langue d'usage pour toutes les personnes qui, de n'importe quelle fagon, dependaient des autorites se servant de Tallemand comme langue officielle, ou meme des patrons allemands. On usait largement de cet abus, ce qui se comprend pour un Etat, dont le principe supreme consistait a maintenir Thegemonie allemande. Pour faire connaitre les procedes allemands a Toccasion du recensement officiel de Tan 1910, il faut dire que le moniteur principal des Allemands * dans les Alpes, le „Grazer Tagblatt" enon^ait que le recensement officiel devait etre regarde comme un des moyens de la propagande nationale. Toutes les societes de propagande furent averties qu,elles devaient faire tout leur possible pour gagner les masses, afin que celles-ci declarassent Tallemand comme leur langue d'usage. Comme commissaires pour ces recensements, les partisans les plus fervehts du parti allemand national furent designes. On faisait croire au peuple quVi est honteux de reconnaitre )a langue slovene comme sa langue d'usage. Plus la pression pangermaniste, ayant sa source a Berlin, se faisait sentir en Autriche, plus on y procedait sans egards et avec partialite dans les recen- sements officiels. Cest de cette maniere aussi qu'il faut comprendre ce fait „que les resultats des recensements officiels des Tarmee 1870 marquent un recul tres considerable de Telement slovene, qui est tout a fait en dispro- 1 v. .Carlnthia", 1906, p. 167. i — 24 — i r ' / por ti on avec Paugmentation de Pelement allemand, disproportion qui semble sans cela inexplicable : D'apres le recensement autrichien il y avait dans la Carinthie entiere : En 1851......... 223.489 Allemands 96.735 Slovenes En 1880 . . ...... 241.785 ~ 102.252 - En 1910 ......... 304.2S7 - 82.212 — Alors, dans la periode de 1851 a 1880 une augmentation des AHemands pour 18.296 et des Slovenes pour 5.517 ; soit 8-19 % et 5-70% ; et dans celle de 1880 a 1910 une augmentation des Allemands pour 62.502 ( f 25-85%) et un recul des Slovenes pour 20.040 (— 19*59%). 3° Les nombreuses absurdites et inconsequences que renferment les recen- sements officiels concernant les proportions des nationalites, ainsi que les grandes et inexplicables variations que, pour un meme endroit, indique le pourcentage national dans lds periodes de recensement successives, tout cela nous prouve qu'il ne faut guere accorder de credit aux resultats des recen- sements officiels autrichiens. Voici quelques exemples frappants de la statistique en Carinthie : LIEUX I Trdnjaves | (Hortendorf) Glinje (Glainach) Žrelc (Ebental) Borovlje (Ferlach) Annčes Allemands Slovenes Allemands Slovenes Allemands Slovenes Allemands Slovenes Annčes; 1880 1890 1900 1910 607 73 302 449 682 98 465 251 4 288 741 | 365 l . 174 842 352 744 455 257 462 fop I 767 988 785 654 726 907 1.423 2.825 ! K 154 i 1.391 1 .096 322 1880 1890 1900 1910 IIFUX ^ Podklošter | (Arnoldstein) Vernberg Gorce (c. d. Važenberg) Agoriče (g. d. Podklošter) Annčes Allemands Slovenes Allemands Slovenes Allemands Slovenes Allemands Slovenes Annges 1880 1890 1900 1910 2.064 1.360 1.434 2.171 1.615 1.874 2.338 1.552 590 859 1 896 | 654 1.611 1 .483 1.351 1 .672 23 62 41 18 36 26 77 11 81 : 71 31 101 14 1880 1890 1900 1910 — 25 — LIEUX Bekštajn - (Finkenstein) Na Žili (Maria Gail) Bistrica v Rožu (Feistritz i. Ros.) Annčes Allemands Slovenes Allemands Slovenes Allemands Slovenes Annčes 1880 1890 1900 1910 131 217 295 1.700 3.364 3.410 3.370 2.100 54 59 140 904 1.259 1.316 1.346 690 36 61 162 715 1.528 1.628 1.573 893 1,880 1890 1900 1910 L1EUX < Lipa (Lind) Grabštajn (Grafenstein) Pokrče (Poggersdorf) Annees Allemands Slovenes Allemands Slovenes Allemands Slovenes Annčes 1880 1890 1900 1910 20 75 53 521 696 815 920 418 91 293 343 922 1.981 1 .848 1.660 918 84 134 193 600 1.504 1.406 1.289 859 1880 1890 1900 1910 Le gouvernement provincial a Klagenfurth a prouve lui-meme-que son recensement est un faux ethnographique. Cest que le Conseil d'instruction publique provincial a compose, le 18 decembre 1910, les tableaux de 30 paroisses slovenes, ou etait indique le nombre des enfants d'apres la natio- nalite. Parmi ces tableaux, on trouve aussi les suivants : Enfants Allemands Enfants Slovenes I^orovlje (Ferlach)......................31 % 69 % Orabštajn (Grafenstein) ..............10-6% . 89-4% Zrele (Ebental).................24-4% i 75-6% Pokrče (Poggersdorf)..................1*3% . 98-7% Bistrica (Feistritz)......................16-2 % 82-8 % Douze jours plus tard, le recensement officiel indique pour : Allemands Slovenes Borovi je........................90 % 10 % Orabštajn................................50-1% 49-9% Zrele ....................................49-2% 50-8% Pokrče....................................41-1% 58-9% Bistrica..........................44-4% 55-6% — 26 — Si Fecrivain allemand Wutte pretend qu'il faut chercher la raison de ces variations dans les changements des proportions des partis politiques il prouve par cela meme, que l'on ne peut attacher aucune importance a une telle statistique en tant qu'elle concerne les proportions nationales. Le Bureau statistique autrichien lui-meme s'est vu oblige de reconnaitre que la statistique officielle ne peut guere servir de base solide aux considera- tions concernant les vraies proportions des nationalites (Die Ergebnisse der Volkszahlung vom 31. XII. 1910. Bearbeitet vom Bureau der k. k. statistischen Zentralkommission, Wien 1912, p. 58). Bases ethnographiques dignes de foi. De ces faits decoule la conclusion qu'une statistique entachee de si graves defauts ne peut aucunement servir de base a une delimitation entre les ter- rito,res slovenes et allemands, et qu'il faut recourir a d'autres morcns pos- sedant de meilleures garanties par leur veracite intrinseque. Comme tels il nous faut considerer les recensements des periodes dans lesquelles la pression pangermaniste ne se faisait pas encore aussi fortement sentir que dans les derniers temps; et enfin, les descriptions des limites nationales derivant d auteurs dignes de foi. Les recensements officiels se rapprochant le plus de l'exacte verite sont les statistiques des annees 1846 et 1851 servant de base statištique aux ethnographes des derniers siecles. Comme auteurs qui ont decrit les limites nationales en partie sur la base desdits recensements et en partie d'apres les vovages et les enquetes faits sur les ueux memes, il nous faut citer les Allemands : Petz 1844 Hain 1846 Czoernig 1851, Hermanitz 1850. Ficker 1869, et le Slovene Kozler 1864.' D'apres leurs notes on voit qu'en Carinthie il y avait: A Allemands Slovenes Total IJff.............. 223033 95.544 318.577 1851.............. 223.489 96.735 320.224 186Q ............. 240.000 109.000 349.000 Sur les points principaux, tous ces ethnographes sont d'accord que la frontiere ethnographique est formee par la ligne : A 1'est de Pontafel-šmohor- Zilske Planine-Dobrač-Ossiacher Tauern-Ulrichsberg.Magdalenenberg-Sau- alpe- Lavamund et allant directement a la frontiere de la Styrie — 27 — Mais, comme une des bases les plus importantes pour la delimitation de notre territoire ethnographique, nous devons reconnaitre les annuaires eccle- siastiques. Ce sont des documents officiels, edites chaque annee par Pautorite ecclesiastique superieure, en Carinthie, et dans lesquels, pour chaque paroisse, nous trouvons les indications concernant les langues dans les- quelles s'effectuent les relations en tre le peuple et 1'Eglise. Cest que, a notre avis, la langue clans laquelle on annonce la parole de Dieu au peuple reuni dans Teglise, est une preuve irrefutable de la natio- nalite du peuple habitant cette paroisse. Done, si pour une paroisse, il est prouve authentiquement que la langue slovene est la langue d'usage dans son eglise paroissiale, nous croyons que, pour cette paroisse, la preuve in- contestable est faite que son territoire fait partie integrante de la terre slo- vene, quoi que puisse dire, pour la fameuse „ langue d'usage u, la statistique officielle, faite dans les circonstances que nous connaissons, Ces annuaires nous fournissent des preuves qui sont pour nous d^utant plus precieuses, qu'ils sont publies par des eveques allemands. Selon ces annuaires il y avait en 1910 40.000 Allemands et 123.000 Slovenes sur le territoire indique. Les deux cartes ci-jointes nous montrent la frontiere ethnographique dans la Carinthie en 1870 et en 1910 comme base du recensement autrichien mais corrigees par les annuaires ecclesiastiques de 1870 et 1910. Le fait que les resultats des ethnographes cites plus haut correspondent precisement aux annuaires ecclesiastiques, nous donne la preuve absolue, que cette frontiere eneore aujourd'hui forme la vraie frontiere ethnographique. / Apercu economique e tableau economique de cette partie de la Carinthie qui est revendiquee par 1'Etat des Serbes, Croates et Slovenes (ligne Pontafel-St. Hermagor-Ossiacher Tauern-Saualpe-Lavamund) est le suivant : Agriculture. D'apres la statistique faite par le Ministere d'agriculture autrichien, en 1913, la recolte du ble (froment, seigle, mais) s'est montee a 261.964 quin- taux. Si Ton deduit la quantite necessaire pour la semence et la nourriture des bestiaux, il reste pour la nourriture des hommes 156.700 quintaux de ble. Le territoire revendique consomme annuellement 426.000 quintaux de ble; il doit done en importer 270.000 et par consequent il ne saurait point en exporter ou en approvisionner la partie allemande de ce pays. D'un autre cote la Carinthie slovene ne peut non plus importer du ble ni de la Carinthie allemande ni de TAntriche allemande, ces dernieres etant encore plus de- pourvues qu,elle meme. II nJy a done ni importation ni exportatton entre eux. La Carinthie slovene a re<;u le ble de la Yougoslavie. Non seulement Celovec et Beljak ont consomme annuellement environ 70.000 quintaux de farine, mais aussi les parties de la Carinthie qui s^ccupent d^griculture ont importe le ble de la Yoiigoslavie. La statistique du trafic sur le Chemin de fer du Sud nous demontre que dans toutes les stations de son trajet depuis Dravograd (Unterdrauburg) jusqu,a Beljak de grandes quantites de ble ont ete dechargees. Surtout le distriet administratif de Beljak qui produit tres peu de ble, et dont la vie depend tout a fait de cette importation. (Voir ann.2 et 3.) — 29 — Elevage des bestiaux. Dans la partie revendiquee du pays, il y avait avant la guerre environ : 10.000 chevaux; 70.000 betes a cornes ; . 60.000 porcs ; 35.000 moutons; 9.000 chevres. Le pays a produit assez de nourriture pour ces animaux. La sitperficie des prairies est de 45.000 hectares environ, produisant an- nuellement 1,800.000 quintaux de foin ; les paturages et les pres alpestres font monter cette production a 2,200.000 quintaux environ. Les animaux de cette partie du pays consommenl 2,150.000 quintaux de foin par an, de fa^on qu'elle produit a peu pres juste. autant de foin qu'elle en consomme. La partie slovene du pays produit 122.025 quintaux d'avoine par an ; 17.432 quintaux sont employes pour la semence ; resterit done 104.593 quin- taux pour la nourriture des animaux. Comme on a besojn de 109.500 quin- taux d'avoiiie par an pour Televage des chevaux, on voit que la partie slovene de la Carinthie produit assez de nourriture pour ces animaux, mais n'en produit pas assez pour pouvoir Texporter. La partie allemande de la Carinthie se trouve dans la meme situation : elle a assez de nourriture pbur ses animaux et elle est done, a ce point de vue, completement independante de la Carinthie slovene. Aussi, en ce qui concerne les animaux, les deux parties sont independantes Tune de 1'autre. Les habitants de la partie nord du pays n'ont jamais achete leur betail dans les parties sud ni viceversa. Les distriets agricoles de toute la Carinthie ont au moins autant de bestiaux qu'ils en ont besoin. La Carinthie allemande a exporte de petites quantites de betail vers le nord, la partie slovene, par contre, en a fourni a Celovec et-Beljak (Villach) et en a exporte de petites quantites dans TAutriche allemande et dans d'autres pays. (Voir ann.2 et 3.) Industrie et commerce. 1° Industrie du bois : La superiicie des forets de la Carinthie slovene se inonte a 150.00^ hectares environ. Annuellenient, on abat 490.000 m* de bois. L,exportation se chiffrait par 130.000 nr par an, representant une valeur de 6,000.000 de franes! La Carinthie allemande possede plus de bois — 30 — v qu,elle 11'en a besoin. A cet egard, les deux parties du pays sont done aussi independantes l'une de 1'autre. L' Autriche allemande possede de meme, assez de bois. 2° En ce qui concerne Ms autres industries, dans la Carinthie revendiquee, les branehes suivantes sont surtout developpees : a) Industrie chimique; b) Industrie du cuir; c) Industrie de la biere; d) Industrie du fer; e) Industrie de la pate de bois; f) Industrie du plomb et du zine. Pour toutes ces industries, il faut observer comme regle qu'il n'existait pas de grandes entreprises produisant pour le marche mondial, mais de petites fabriques qui fournissaient juste ce dont les environs avaient besoin. Les entreprises carinthiennes ne pouvaient pas exporter leurs produits vers le nord dans les pays allemands, 1'industrie y etant, en ce qui concerne les branehes ci-dessus nommees, bien plus developpee quJen Carinthie. II est reconnu que, dans Fancienne Autriche, Findustrie a gravite avec ses pro- duits, du nord vers le sud et le sud-est, et non pas du sud vers le nord. La concurrence grandissait a mesure que Von avan?ait vers le nord de Tancienne Autriche. A cause de cela, Tindustrie carinthienne exportait ses produits vers le sud et le sud-est, c'est-a-dire dans les pays yougoslaves (Voir ann.2 et 3.) Aussi les matieres premieres de Tindustrie, dont la Carinthie a besoin, ne peuvent lui parvenir que du territoire yougoslave; ainsi par exemple la Carinthie devra se procurer sa houille a Trifail (Styrie inferieure) parce que 1'Autriche allemande ne produit que 2,700.000 tonneaux par an, tandis qu'elle en consomme 11 millions. Les annexes 2 et 3 nous montrent que la Carinthie slovene est attachee au point de vue economique au territoire yougoslave, car celui-ci 1'approvi- sionne d'un cote de vivres et de Tautre, il est le marche naturel de son industrie, a laquelle il fournit aussi les matieres premieres. — 31 — 1re AN NEXE Villages en Carinthie qiti ont perdu la majorite slovine d'apres le \ recenstment officiel de 1890. 20 villages. Pourcentage des Allemands en: VILLAGES COMMUNES 1890 1900 1910 1880 Velden Velden 26 97 99 99 Hojabitsch Moosburg 49 58 92 100 Rennweg Portschach am W5rthersee 21 81 98 82 Pčrtschach n 36 83 97 92 Lambichl Kottmansdorf 25 56 63 90 Hollenburg » 29 100 55 74 Unterferlach Unterferlach 1 58 92 56 Alpen Viktring 12 84 100 70 Seebach n 36 80 92 100 Stein n 31 70 99 89 Kreuth n 47 56 100 54 Harbach St. Peter bei Klagenfurt 47 97 100 89 St. Jakob n 30 84 100 75 Haidach n 13 83 100 92 Ebenthal Ebenthal 25 50 88 80 Gundersdorf St. Thomas 15 54 98 71 Portendorf v 40 80 81 100 Unt. Krahwald St. Johann am Briickl 48 74 100 100 Obertrixen Waisenberg 27 61 66 77 Lippitzbach Ruden 18 65 86 54 - 32 - Villages en Carinthie qui ont perda la majorite slovene d-apres le recensement ojficiel de 1000. 47 villages. VILLAGES COMMUNES Pourcentage des Allemands en: 1880 1890 1900 1910 Riegersdorf Arnoldstein 48 4 54 55 Kletschach Wernberg 35 5 ; 70 69 Kostenberg Kčstenberg 1 15 68 87 Unterwinklern Velden 3 6 77 .74 Grailitz St. Maria am Techelsberg 7 11 60 100 Saag n 32 33 97 100 Windischberg Portschach am Worth$rsee 2 32 98 81 Winklern » -8 28 •96 93 Goritschach Si 4 24 86 92 Sallach n — 1 67 76 Pritschitz • 10 24 78 100 Maria tyorth Maria W0rth 5 10 88 49 St. Anna w — — 71 84 Reifnitz n 1 4 80 71 Raunach n -t—. — <. 59 79 Wegscheide Kottmansdorf 27 ' —' 73 69 Unterschlossberg / 5 37 53 67 Gabi Ferlach \ 28 19 52 86 Dollich 3 32 81 d7 Gofitschitzen Viktring 13 100 81 Krotendorf „ 9 32 97 61 Weingarten 29 17 95 73 WintschacR n 14 44 97 86 Straschitz n 35 23 100 100 Neudorf » 20 — 92 100 • Bach 15 — 100 59 t Tschedram Maria Rain 3 8 90 78 Ehrensdorf >» 1 — 79 99 Untertollern n 2 — 87 100 Maria Rain i 2 6 ,96 96 Angersbichel »t 3 64 100 — 33 — Pourcentage des Allemands en: VILLAGES COMMUNES 1880 1890 1900 1910 Angern Maria Rain 67 77 Obertollern » — 6 50 100 Ladinach St. Peter bei Klagenfurt 36 48 100 90 Kreuzbichl St. Thomas 12 4 100 93 Zeiselberg n 37 11 88 86 Reigersdorf » 8 3 78 75 St. Thomas w 48 22 87 59 Matzendorf >» 34 22 80 98 St. Philippen St. Johann am Brucki 17 33 86 58 Michaelberg » 20 27 88 87 Wirtschach Poggersdorf 3 — 87 100 Rain n — — 67 78 Reisdorf Waisenberg — 35 100 88 Klein St.Veit » — 20 79 63 Gansdorf » — 14 69 56 Schlossberg Unterdrauburg — 15 65 52 Villages en Carinthie qui ont perdu la majorite slovene d'apres Je recensement ofjiciel de 1910. 76 villages. VILLAGES COMMUNES Pourcentage des Allemands en: 1880 1800 1900 1910 Semering Emmersdorf 19 52 Poglantschach n _ — 12 58 Saak n 2 5 35 65 Pockau/ Arnoldstein 21 20 37 63 Krainegg n 41 17 3 58 Ob.-Rain Finkenstein 2 22 19 71 * — 34 — VILLAGES Pourcentage des Allemands en: COMMUNES 1880 1890 1900 1910 St, Job Finkenstein 2 5 76 Unt.-Rain 17 29 26 85 Godersdorf » _ 2 2 63 Stobitzen n 3 28 10 80 Mullnern n 18 23 33 88 Mallestig n — 3 6 61 Tschinowitsch Maria Gail 20 15 16 87 Turdanitsch _ 7 15 78 Maria Gail ' » 15 8 25 60 Duel n ■ — — 8 56 Serai n 5 i— 8 100 Greuth _ _ 79 Droboilach n 1 1 3 68 Kratschach » 3 4 1 60 Gross-Sattel 12 " 12 53 Drau »» — 1 11 57 Duel Lind ob Velden 2 8 5 57 Bach _ 7 2 57 Lind » 11 13 18 51 Bergl w 2 24 _— 57 St. Lambrecht » 1 3 1 65 Emmersdorf » 1 10 14 67 Rosenbach St. Jakob im Rosentale 11 2 8 63 Roach Schiefling 16 11 — 78 Kari St. Martin Andorf am Techelsberg 23 3 39 53 » 8 10 2 66 St. Martin » 9 12 23 64 St. Bartolma n 10 12 7 ' 68 Tieblach 3 16 20 52 Sekul n 13 12 42 93 Tosch n 3 9 39 83 Tiebitsch n 7 8 27 70 Mostitz Kottmannsdorf — _ 14 90 Tschrestal n — — _ 67 St. Margarethen n — — — 62 Feistritz im Rosentale Feistritz im Rosentale 6 8 21 77 Kappel Weizelsdorf 2 4 4 61 * — 35 — VILLAGES COMMUNES • Pourcentage des Allemands en: . 1880 1890 1900 1910 Rabenberg Weizelsdorf ' -87 Dornach Unterioibl - — 4 59 Unterioibl D 7 12 40 53 Gortschach n — 7 27 76 Waidisch Ferlach 13 23 20 -— Pirk Krumpendorf 24 12 28 67 Leinsdort » 22 22 32 89 Haimach Maria Rain — • -— — 75 Madram M —' — 41 89 Gurnitz Ebenthal 41 9 13 64 Gradnitz » 1 30 34 61 Hollern St. Thomas 21 — 17 84 St. Lorenzen » — 21 29 93 Wutschein 13 . 40 — 95 Strantschitschach Radsberg — — 37 85 Saberda »» — — 24 51 Grafenstein Grafenstein 13 30 23 66 Zapfen rt 2 — — 61 St. Peter „ 5 1 36 70 Gumisch » 6 3 20 75 Thon* » — 34 10 57 Kleinvenedig M 46 33 68 Lind >1 — — 8 73 Poggersdorf Poggersdorf 2 4 12 54 Pubersdorf M — — 14 62 Kremschitz Waisenberg — — 18 59 Bergstein n 13 26 44 57 Rammersdorf w — "T 12 54 St. Margarethen M 5 1 38 55 Aich Humburg V - . — — 69 Kuhnsdorf Eberndorf 14 9 42 59 Eberndorf ■ 32 37 42 52 Sielach Sittersdorf 1 15 26 65 36 — 2me AN N EXE Importation et exportation annuelles du chemin de fer du S ud sur le territoire depuis Beljak jusqu'a Dravograd (Unter-Drauburg).] I. Betail Chevaux ..... Betes a cornes . . Porcs...... Menu betail . . . Total . . . Importation Exportation Solde d'importation Solde d'exportatioii T e t e s 612 1247 1218 1463 381 1196 2273 8785 ! ' 231 51 1055 7322 4540 1 §635 ~282 8377 II. Vivres ! Ble 2026 417 1609 1_ Farine, son .... 1482 413 1069 •_ Graisse, huile . . . 154 66 88 _ ! Vin....... 396 15 381 __■ Sucre ...... 111 — 111 __ Denrčes coloniales . 115 __ ; > 115 ___ Sel....... 63 — 63 - —. Total . . . 4347 911 S486 — III. Matieres premieres Charbon . . . 7171 3208 3963 _. $ Bois...... 1826 6973 — 5147 0) 1 Fer brut .... 860 860 _ CD Autres mitferais (plomb) 312 814 — 502 • O Petrole, Naphte . . 136 — 136 _ Tabac...... 142 — 142 — (/) Total . . " 10447 .r)101 r>049 IV. Produits industriels Tissus...... 54 32 22 Papier..... 67 — 67 _ Verre, porcelaine. . 69 — 69 _ Produits metalliques. 578 872 -—~ 294 Industrie du cuir . . 22 60 —. 38 Industrie chimique 287 351 — 64 Total . . . II-III-IV. Total . . 1077 1315 158 396 15871 | 13221 | 8695 6045 , 1 L'importation et !'exportation du chemin de fer de 1'F.tat ne sont pas connues, ce chemin de fer n'ayant pas publič de statistique. Le chemin de fer du Sud, de Beljak k Dravograd (U.-Drauburg-, etant 1'artere principale du trafic de la Carinthie slovčne et absorbant, a Beljak, une partie considdrable du trafic economiaue du territoire revendique, sttuč k 1'Ouest, les chiffres indiqučs donnent un tableau exact de la situation eco- nomique de tout le territoire revendique. — 37 a o. < SDUEJJ U9 9JJ3n§ B[ JUBAE jnajBA -jodxg uoijej -jodiuj o O o o o o o o o o o o o o o o II \, \ ©o I i o CD co 1 1 1 1 o 1 T* co co^ r* d d lil01 Ol III co ro — - 1 1 i 1 1 o o o O C o 1 1 00 o 1 i ,o C 1-5 C5 "CJ C cd E ju 13 O) a < SDUBJf U9 ajjanS B| ;UBAB uoijbj -jodx3 uoijbj -iOdiuj o o o o oo co - E- SDUBI} U3 9JJ3nS JUFAB U0IJB} -jodx3 uoim -joduij o o o o o o o t- O r-< o o o o o o o o o o o o o o d o o o o o O O co CO o o o o o o H «L) C o bjC I I co >o CM O Ci X -H o w 'JO 00 CD O co co co C •CJ ca o o X 3 »ca 5 co O ^ učna S 55 o ^ H > C 3 O -C co - aJ O co C co 'S 2 co C jO O u co »- £ o H 'li ^ C ^ 7! —• CQ U- O > co Q co 38 c/3 cd Ou £ Iti X Iti z z < <1> E 00 a E .2 Cf) o DO O E— SOUBJJ U3 ajjanS 61 JUBAB jnajBA uoijbj -Jodxg o o o o o o o o CTi o CM o o o o o o o O CM O t- ^ cm uo\m -jodiui SDUBJJ ua B| JUBAB jn9[BA uoijb; -Jodxg UOIjei -joduij SDUEJJ Ud 3JJ9tlS B[ JUBAB UOIJBJ -Jodx3 UOIJB) -jodiuj o o o (M CD o o o o o o >0 o o o co t— co o o. o o o o O O ' CO O Tfl I t- r-H t- r-i >0 00 OS CM co CO o co co I o i as I co o ! go cm 01 j co o o o o t- o o o o i £ S" I, I o o o o CM t- o o o o o o © o o o T* co 10 (M \o CM o co 00 o o o o o o o CO 00 O tr- f-H CO o o o OOO o 0000 OOO o o •! o 1 o co I o o cm -t< OOO O O t- O t- -H o o o o o o o cm cm I 1 ** o »o ; o — co co cm ■ co o o o aT GO Oi cm o o 0 1 o 00 00 o" 33 cd • C m co * C o -O 03 .52 ^ ' -c o 5 3 CJCQU.< JS) JU "Ej C/5 laine alliqu< cuir • S 3 T3 E • S a, . _ c »5 . • 54 5 Petro Taba< fl, 3 O) D ^ W "co >• 'S- fc X 3 3 HCU>CU = 3 j' ||| '