67 Mojca Schlamberger Brezar Faculté des lettres, Université de Ljubljana Slovénie mojca.brezar@ff.uni-lj.si PRODUCTIVITÉ DES PRÉFIXES ÉTRANGERS DANS LES COMPOSITIONS NOMINALES ET ADJECTIVALES EN SLOVÈNE 0 INTRODUCTION Dans cet article dont l’idée était venue de la part de mon cher collègue Gregor Perko – et que nous n’avons jamais pu écrire ensemble, ayant seulement rassemblé une partie du matériau linguistique à la base du corpus monolingue slovène FidaPlus – il était prévu de voir, par le biais de la méthodologie dans le cadre de la morphologie constructionnelle, si dans le cas des préfixes étrangers nominaux ou adjectivaux, dans la plupart gréco-la- tins, il s’agit vraiment de la composition (Toporišič 2000 : 194). Une étape dans cette recherche consistait d’en identifier, à travers une analyse du corpus slovène monolingue Gigafida2.0, la productivité. Nous mettons en question la liste des « morphèmes dérivationnels étrangers » décrite dans la Grammaire slovène (Toporišič 2000), en nous posant la question s’il s’agit vrai- ment des morphèmes dérivationnels étrangers ou simplement des emprunts du mot entier. La recherche est complétée par les exemples tirés du corpus slovène qui confirment ou infirment notre hypothèse 1 . 1 MORPHOLOGIE MORPHÉMATIQUE, MORPHOLOGIE CONSTRUCTIONNELLE, MORPHOLOGIE DÉRIVATIONNELLE Dans l’approche structuraliste, l’approche morphologique morphématique présuppose le découpage en morphèmes. La morphologie lexicale, qui traite traditionnellement de la forme et de la formation des mots en termes de dérivation et composition, suit deux perspectives complémentaires, synchronique et diachronique (Riegel et al. 1994 : 539). Les mots complexes sont constitués de deux ou plusieurs mots ou morphèmes. Dans les recherches linguistiques slovènes, l’approche que prend Toporišič est structurelle, il part 1 Cette recherche est menée dans le cadre du programme de recherche P6-0215 Slovenski jezik: bazične, aplikativ- ne in kontrastivne študije, financé par l'Agence nationale slovène de recherche ARRS. Mojca Schlamberger Brezar: PRODUCTIVITÉ DES PRÉFIXES ÉTRANGERS DANS LES COMPOSITIONS ... UDK 811.163.6'373.611 DOI: 10.4312/vestnik.13.67-90 68 VESTNIK ZA TUJE JEZIKE/JOURNAL FOR FOREIGN LANGUAGES des bases de la morphématique combinatoire, qui parfois ne peut pas entièrement rendre compte des problèmes de composition des mots. Le chapitre Besedotvorje, entièrement consacré au phénomène mentionné, comporte quelques problèmes méthodologiques concernant l’introduction des approches diachroniques et des analyses étymologiques dans une description purement synchronique (Toporišič 2000 : 194-85 ; Perko, Schlam- berger Brezar 2016). Dans l’optique de la morphologie constructionnelle, introduite dans la linguistique slovène par Gregor Perko (2011), c’est la morphologie qui rend compte aussi bien de la flexion que de la construction de mots nouveaux : il reste à distinguer la morphologie constructionnelle, qui rend compte de tous les procédés de la formation des mots, des procédés de dérivation comprenant la préfixation et la suffixation, de la morphologie flexionnelle, ensemble des relations que peuvent entretenir les différentes formes d’un même lexème - par exemple, selon les langues, le singulier et le pluriel d’un nom, le présent et le futur d’un verbe, le masculin et le féminin d’un adjectif (Creissels, 2015 : 7). La morphologie constructionnelle offre une nouvelle approche : selon Creissels (2015), on peut désigner du terme général de morphologie constructionnelle l’ensemble des re- lations que peuvent entretenir des lexèmes différents mais apparentés (appartenant selon la terminologie traditionnelle à la même ‘famille de mots’), un lexème construit étant un lexème dont la formation peut se décrire à partir d’un ou plusieurs autres lexèmes. Les grammaires traditionnelles, généralement structurelles, parlent de ‘formation des mots’, où ‘mot’ doit être compris au sens de ‘lexème’ (Creissels 2015 : 6). Le lexème, défini comme une unité lexicale abstraite des marques de flexion, est donc l’unité de base et de sortie (cf. notamment, Matthews 1974 ; Aronoff 1994 ; Fradin 2003). Il comprend les deux faces indissociables du signe, une face matérielle (phonique ou gestuelle) et une face abstraite qui enregistre des informations syntaxiques et séman- tiques nécessaires pour rendre compte de la combinaison des lexèmes entre eux, que ce soit en morphologie ou en syntaxe (Desmets, Villoing 2010). Les affixes sont, au sens général du terme, des morphèmes liés qui fonctionnent comme des constituants du mot. Ils sont nécessairement attachés à un radical ou à une base simple ou déjà pourvue d’un affixe ; celui-ci peut être flexionnel ou dérivationnel (Riegel et al. 1994 : 537). Le statut de l’affixe n’est pas toujours clair : ce qui présente, en synchronie, un radical, peut être considéré, en diachronie, comme un mot composé, for- mé de plusieurs morphèmes (affixes, préfixes, suffixes, qui ne le sont plus aujourd’hui) – et ce qui peut présenter, au sein d’une langue, un mot composé, peut être tenu dans une autre pour une base simple. Selon les travaux de D. Corbin (1987), seuls les mots composés ou dérivés sont d’authentiques mots construits dont la structure morphosémantique est analysable selon les règles propres à la composante lexicale de la langue. La description des procédés de formation des mots dans l’approche de la morpholo- gie constructionnelle a déjà été présentée sur le modèle des préverbes dans les emprunts 69 grecs ou latins commençant par a-, de-, dis-, eks-, in-/im-, inter-, re- dans Perko, Schlam- berger Brezar (2016). Nous avons voulu démontrer que les préfixes (ou préverbes) ne sont pas ou plus productifs dans les opérations de la formation des mots, pour ainsi dire ne sont plus « vivants », et que les mots qui comportent ces préfixes sont, dans la pers- pective synchronique, généralement à traiter comme les emprunts, venus en slovène par le biais de l’allemand, et non pas comme les mots composés, ce que nous avons démontré sur les exemples des verbes abdicirati (abdiquer), deformirati (déformer), demaskirati (démasquer), imobilizirati (immobiliser), interpretirati (interpréter), etc. (Perko, Schlam- berger Brezar 2016). 2 PHÉNOMÈNE DE PRODUCTIVITÉ  La productivité en linguistique est l’action d’un locuteur natif « de produire de nou- velles expressions nominales, adjectivales et autres, expressions qui ne se sont pas en- core rencontrées dans les phrases réalisées » (https://www.cnrtl.fr/definition/producti- vit%C3%A9) à l’aide des moyens linguistiques existants. Dans la morphologie constructionnelle, la notion de productivité (Perko, Schlam- berger Brezar 2016) est liée à des notions comme la disponibilité d’opérations construc- tionnelles d’affixation (pré- et suffixation), de prédictivité sémantique, phonologique, morphologique et syntaxique des mots composés et leur « régularité » par rapport au pro- totype. L’opération de la morphologie constructionnelle doit être sémantiquement, pho- nologiquement, morphologiquement et syntaxiquement transparente (voir aussi Perko, Schlamberger Brezar 2016). Notons aussi que, selon Matthews (1974 : 76), les lexèmes assurant la productivité peuvent être qualifiés d’établis ou potentiels, laissant place à la créativité des locuteurs. Quelques auteurs (Dressler 2000) mettent aussi en évidence le critère de non-in- tentionnalité, ce qui signifie que les locuteurs natifs sont capables de former des mots nouveaux – non lexicalisés, spontanément, sans l’aide des opérations métalinguistiques – et de les comprendre. C’est la productivité qualitative (Dal 2003) qui va, ces dernières années, de pair avec la productivité quantitative (p. ex. Baayen 1993), basée sur l’analyse des opérations constructionnelles dans les corpus par les formules statistiques. Cette approche ne sera pas utilisée dans la présente recherche. La définition du préfixe qu’on trouve dans le livre encyclopédique sur la langue slovène de Toporišič Enciklopedija slovenskega jezika (1992 : 208), illustre bien la na- ture morphématique de son approche à la formation des mots, basée sur la segmentation linéaire, où font défaut les critères de distinction entre les affixes et la racine et aussi les consignes indiquant comment les reconnaître à l’intérieur du mot. Les facteurs de la pro- ductivité ne sont non plus pris en compte. Mojca Schlamberger Brezar: PRODUCTIVITÉ DES PRÉFIXES ÉTRANGERS DANS LES COMPOSITIONS ... 70 VESTNIK ZA TUJE JEZIKE/JOURNAL FOR FOREIGN LANGUAGES 3 DESCRIPTION DES CORPUS UTILISÉS ET DE L’APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE Entre 2004 et 2006, la recherche était menée dans le corpus FidaPlus, auquel on a acti- vement contribué avec des textes entre 1996 et 2006, et qui était ensuite remplacé par les corpus Gigafida en 2012 et Gigafida 2.0 en 2019 (https://jezikovna-politika.si/opreml- jenost/jezikovni-opis/korpusi/), sur lesquels nous avons continué à mener notre ana- lyse. La différence entre les deux corpus est dans la taille et la normativité : si le corpus FidaPlus était composé des textes revus par les lecteurs-réviseurs 2 et comprenait au total 621 millions de mots (https://sl.wikipedia.org/wiki/FidaPLUS), le corpus Gigafida 2.0 en contient 1 134 693 933 dans 38 310 textes parus entre 1990 et 2018. Il se veut un corpus de slovène standard (https://www.cjvt.si/viri-in-orodja/besedilni-korpusi/), pourtant les textes, surtout ceux extraits de l’Internet, n’ont pas subi de révision linguistique. Ce fait peut influencer les résultats de l’analyse. Notre approche méthodologique consiste en l’analyse de la productivité des préfixes dits étrangers dans la grammaire de Toporišič. Dans l’article précédent (Perko, Schlam- berger Brezar 2016), l’analyse portait sur la productivité des préfixes verbaux. Dans cet article, nous allons mettre en valeur les préfixes étrangers d’origine gréco-latine, ajoutés aux noms et aux adjectifs dans le procédé de composition. Toporišič, dans le chapitre Composition des noms (Toporišič 2000 : 194-195), énu- mère les préfixes suivants : a, ante, anti, eks, hiper, hipo, infra, inter, intra, ko, kontra, meta, sin, sub, super, supra, trans, ultra. Les mêmes sont utilisés pour la composition des adjectifs (Toporišič 2000 : 200-201). Toporišič parle aussi du caractère motivé des mots composés, consistant en une base et un affixe (dans notre cas préfixe, mais parfois aussi suffixe) : la motivation, dans les exemples cités, est certaine pour un locuteur natif – sin-ko (petit fils), mater-in (de la mère), pre-mlad (trop jeune). Il parle aussi de la productivité de certaines parties du dis- cours et des moyens où il prend en compte des critères qualitatifs comme ceux présentés ci-dessus. Mais ces bases notionnelles ne sont pas prises en compte dans l’énumération des préfixes nominaux et adjectivaux que nous verrons dans l’analyse pratique présentée ci-dessous. Les critères auxquels doivent répondre ces préfixes pour obtenir le statut de lexème, selon les bases de la morphologie constructionnelle, sont leur productivité et leur capacité d’être employés avec les lexèmes, notamment noms et adjectifs, d’origine slovène. Notre but sera de les analyser dans une approche quantitative et qualitative aux données, dans le cadre du corpus Gigafida 2.0 (https://viri.cjvt.si/gigafida). 2 Le lecteur-réviseur (lektor en slovène), personne qualifiée pour la révision des textes et leur conformité à la norme, faisait régulièrement partie des maisons éditoriales il y a 10 ans. Aujourd'hui, seuls les articles qui voient le jour sous forme papier sont relus et normalisés. 71 4 ANALYSE DES PRÉFIXES DANS LE CORPUS Dans cette partie, nous essayerons d’analyser les préfixes cités ci-dessus dits étrangers et voir leur productivité dans le corpus Gigafida 2.0. La productivité sera démontrée dans les combinaisons avec les lexèmes d’origine slovène qui rendront compte de la créativité linguistique. Par la suite, chaque préfixe étranger en liaison avec les noms et les adjectifs sera analysé quantitativement et qualitativement et illustré par un tableau tiré du corpus. a-/ ab- On ne peut pas, à la base de l’analyse des corpus, voir la productivité de a- et son allo- morphe ab- comme préfixe. Notamment, les mots commençant par a en slovène sont gé- néralement des emprunts (sauf abc, abeceda, alphabet) et quelques onomatopées comme les interjections ah, aha, aj, aja, ajati, av, alors les deux exemples donnés par Toporišič, amorala et abiogeneza, sont de rares emprunts qui s’opposent à leurs contraires morala et biogeneza, auxquels on pourrait ajouter abuzus (contre usuzs). Il en va de même pour son allomorphe ab-normalen (qui s’oppose à normalen). Ce préfixe n’est pas productif. ante- Dans le corpus Gigafida2.0, ante a 125 occurrences. D’après l’analyse des exemples, ante n’apparaît pas comme préfixe mais en tant que préposition d’emprunt, surtout dans les ex- pressions toutes faites ou citations comme ante portas, ex-ante (voir la liste ci-dessous). Mojca Schlamberger Brezar: PRODUCTIVITÉ DES PRÉFIXES ÉTRANGERS DANS LES COMPOSITIONS ... 72 VESTNIK ZA TUJE JEZIKE/JOURNAL FOR FOREIGN LANGUAGES Tableau 1 - ante anti- Le préfixe anti a 3561 concordances dans le corpus sous les formes suivantes : 4812 occurrences anti, 1198 occurrences Anti (avec une majuscule), les autres occurrences sont distribuées entre anen, ant/Ant, anta/Anta 3 . Il était isolé comme seul productif dans le corpus FidaPlus entre 2006 et 2008 avec 56186 concordances pour la recherche anti*, parmi lesquelles Antič, antika, antičen, antikvariat, antilopa, Antigny, Antili, Antikor, Antibes, antimon, Antigona apparaissaient comme des mots non-construits. Anti est perçu comme préfixe par les locuteurs et les journalistes, ce qui exprime les formations discur- sives avec le nom propre dans le journal Mladina 4 comme anti-Mastnak ou anti-Janša 5 ; ces formations témoignent donc de sa productivité. La plus fréquente combinaison avec les noms propres est antijanša (écrit aussi anti Janša, antiJanša ou antijanša) qui trouve aussi son contraire dans projanša dans la citation : umetno vzdrževanje programa anti- janša – projanša (maintenance artificielle du programme projanša et antijanša). Ce pré- fixe apparaît aussi en combinaison avec les noms et les adjectifs communs : antijunak (antihéros), antiigra (antijeu), antiženski (antiféminin), anticerkveni (anti-clérical) etc., qui témoignent de sa productivité. L’orthographe dans le corpus est variable, nous pouvons retrouver les formes anti- ou anti comme visible dans le Tableau 2 ci-dessous. 3 Ici se pose la question des annotations du corpus Gigafida qui donnent des résultats qui ne sont parfois pas liés avec le mot ou la forme recherchée (à voir aussi avec les autres préfixes, notamment eks, ekso). 4 Magazine hebdomadaire à vocation économique, politique, sociale et culturelle. 5 Remarque culturelle : Mastnak est philosophe, Janša politicien. 73 Tableau 2- anti eks- Le préfixe eks a 695 occurrences où il figure dans la plupart des cas comme mot isolé avec un sens prépositionnel ou adverbial car polyphonique (eks minister (ex-ministre), seks na eks (sex rapide). Comme vrai préfixe, eks est orthographié avec le tiret comme eks- dans 129 cas et avec la majuscule dans 7 cas : eks-minister (l’ancien ministre), etc. Il est limité à des cas isolés nominaux ou adjectivaux signifiant « qui n’est plus en po- sition » : eks-policaj (ancien policier), eks-vojak (ancien soldat), eks-ljubimec (ancien amant), eks-varuh (ancien gardien), eks-komunistični /režim/ (l’ancien régime commu- niste), ce qui révèle sa productivité (voir le tableau 3 ci-dessous). Mojca Schlamberger Brezar: PRODUCTIVITÉ DES PRÉFIXES ÉTRANGERS DANS LES COMPOSITIONS ... 74 VESTNIK ZA TUJE JEZIKE/JOURNAL FOR FOREIGN LANGUAGES Tableau 3- eks ekso- Dans les exemples, eks se mélange avec ekso– qui est beaucoup plus rare avec ses 7 occurrences (voir le tableau 4), surtout en opposition (ekso- in endokrini, exo- et endo- crines). Ekso n’est pas productif. Tableau 4- ekso hiper- Le préfixe hiper apparaît dans 414 cas parmi lesquels il y a 127 occurrences comme hiper-, avec le tiret, dont 26 avec la majuscule et 6 avec les capitales (HIPER) (voir le tableau 5 ci-dessous). La préfixation s’exerce aussi bien avec les adjectifs qu’avec les noms : hiper- in supermarket (hyper- et supermarché), etno stil in hiper-dekorativnost (le style etno et hyper-décorativité), hiper-informacijska (hyperinformationnel), hiper-kine- tičen (hypercinétique). 75 Selon le sens des occurrences, nous pouvons voir qu’il y a quelques nouvelles for- mations (hiper-povezan (hyper-connecté), hiper-povezljivost (hyper-connectivité) dans le tableau 5 ci-dessous, donc la forme est peut-être en train de devenir productive avec les emprunts ou leur traduction vers le slovène. Tableau 5- hiper hipo- Du sens contraire de hiper, l’affixe hipo n’a que trois occurrences dans le corpus, dont deux noms : hipoksija (hypoxie), hipo- maxi- in podobnih veletrgovin (hypo-, maxi- et autres hypermarchés) et un adjectif hipo- in hiperbarična terapija (thérapie hypo- et hy- perbare) – voir aussi le tableau 6. Nous pouvons constater qu’il est considéré comme Mojca Schlamberger Brezar: PRODUCTIVITÉ DES PRÉFIXES ÉTRANGERS DANS LES COMPOSITIONS ... 76 VESTNIK ZA TUJE JEZIKE/JOURNAL FOR FOREIGN LANGUAGES préfixe dans l’univers notionnel des locuteurs, ce qui découle de son orthographe avec le tiret en opposition avec d’autres préfixes (voir l’exemple ci-dessus hipo- maxi- in podob- nih veletrgovin). Mais ce préfixe n’est pas productif en slovène. Tableau 6- hipo infra- Infra comporte 1004 concordances, dont 193 avec le tiret (57 comme infra- et 134 comme Infra). L’orthographe n’est pas stable : infra figure dans les mots avec ou sans espace (infra rdeč (infra rouge) avec 112 occurrences ou infrardeč (infrarouge) avec 4663 occurrences. Ce n’est pas un préfixe productif (pour plus de détails, voir le tableau 7 ci-dessous). 77 Tableau 7- infra inter- Plutôt représenté comme préposition latine (avec espace, voir le tableau 8 ci-dessous), inter n’est pas un préfixe productif. Les 618 occurrences comportent des citations en langues étrangères, inter-muscular, inter pares ; de plus, Inter avec une majuscule, pour désigner un club de foot, a 17082 occurrences mais dans ce cas il s’agit d’un nom et non d'un préfixe. Mojca Schlamberger Brezar: PRODUCTIVITÉ DES PRÉFIXES ÉTRANGERS DANS LES COMPOSITIONS ... 78 VESTNIK ZA TUJE JEZIKE/JOURNAL FOR FOREIGN LANGUAGES Tableau 8 - inter ko- Avec ce préfixe, l’analyse détaillée n’est pas possible ; le préfixe ko- est un homonyme de la conjonction ko (quand). Un parcours des exemples montre que ko- figure dans les emprunts mais n’est pas productif en slovène. Ko- en tant que préfixe apparaît dans les cas suivants : kobranding (cobranding), koprodukcija (coproduction) mais il n’y a pas de nouvelles formations en vue avec les mots d’origine slovène. kontra- Le préfixe kontra- (écrit avec le tiret) a 69 occurrences tandis que kontra en a 699. Le mot kontra, polysémique, est aussi utilisé en tant que nom, sa forme familière signifiant le contraire. Les occurrences avec le tiret représentent des noms et des adjectifs composés, leur productivité est démontrée par les exemples suivants, comprenant les noms et les adjectifs (les deux derniers) : kontra-blago (les marchandises de contrebande), kontra-ekvivalent (contre-équivalent), kontra-miting (contre-réunion), kontra-Jelinčič poslanec (le député contre Le Pen, pour une traduction trans-culturelle), kontra-špijonski (de contre-espion- nage). Pour plus d'exemples, voir le tableau 9 ci-dessous. Kontra en tant que préfixe est, vu sa combinaison avec les noms propres et les lexèmes slovènes, productif. 79 Tableau 9- kontra meta- Le mot meta sans tiret est polyphonique : il désigne une plante, la menthe, et l’affixe d’em- prunt, meta. L’orthographe avec le tiret met en évidence les possibles préfixes : il y en a 220, le préfixe est vaguement productif : meta-etika, meta-film, meta-jaz (méta-ego), meta-SP (méta-professionnel indépendant). Pour plus d’exemples, voir le tableau 10 ci-dessous. Mojca Schlamberger Brezar: PRODUCTIVITÉ DES PRÉFIXES ÉTRANGERS DANS LES COMPOSITIONS ... 80 VESTNIK ZA TUJE JEZIKE/JOURNAL FOR FOREIGN LANGUAGES Tableau 10- meta post- Le lexème post entre en jeu avec le post qui est, comme meta, polyphonique et, dans ce cas, vérifiable seulement avec le tiret (sans tiret, il signifie le jeûne). Post- apparaît surtout avec les adjectifs post-socialističen (postsocialiste), post-komunističen (postcom- muniste), post-travmatski (post-traumatique), plus rarement avec les noms (post-punk). Les exemples montrent qu’il est employé surtout dans les emprunts, mais peut être aussi productif (post-rokodelski, post-artisanal). Pour plus de cas, voir le tableau 11 ci-dessous. 81 Tableau 11- post pro- L’affixe pro avec ses 1559 occurrences ne donne pas beaucoup d’exemples qui démon- treraient sa productivité. Parmi les exemples figurent surtout des citations : pro vida (13 occurrences), pro rata (38), pro life (62), pro-choice (28) et pro-licenca (98), Pro TV (99 occurrences) où il est visible que pro signifie pour, mais aussi professionnel. Le premier sens est visible dans l’opposition pro- in kontra (pour et contre) avec 2 occurrences. re- L’affixe re est problématique – avec le tiret, on peut isoler quelques cas où il figure comme préfixe : re- in deteriorizacija, re-break. Dans la plupart des cas (cités aussi dans le tableau 12 ci-dessous), il ne s’agit pas du préfixe mais de l’emprunt du mot commen- çant par re (reaktiven (réactif), etc.) Mojca Schlamberger Brezar: PRODUCTIVITÉ DES PRÉFIXES ÉTRANGERS DANS LES COMPOSITIONS ... 82 VESTNIK ZA TUJE JEZIKE/JOURNAL FOR FOREIGN LANGUAGES Tableau 12- re sin- En tant que préfixe, il n’a pas d’occurrences dans le corpus (son homophone sin, le fils, prévaut dans le corpus). sub- Le préfixe sub- avec un tiret a 134 occurrences. Sub entre en opposition avec super : sub- in super (sub et super), sub-, retro- (voir le tableau 13 ci-dessous) mais concerne aussi et surtout les emprunts aux orthographes variables sub-woofer et subwoofer (le premier avec 3, le second avec 182 occurrences) ; subregija (138 occurrences), subkultura (2282 occurrences). Il n’est pas productif, il n’y a pas de nouvelles formations avec la base slovène. 83 Tableau 13- sub super- Le mot super est polysémique – il fonctionne comme adverbe et comme affixe. Dans le cadre de ses 363 640 concordances comme affixe, il est le plus vérifiable dans son rôle d’affixe avec un tiret super- : super-delegat (superdélégué), super-G, supernova et son synonyme super-velikanka, super divizija (superdivision) ; les syntagmes avec le plus grand nombre d’occurrences sont super Bowl (722), Supernova/supernova (2460), super-G (66). Quant à sa productivité, elle est démontrée dans les exemples adjectivaux super-mehek (supersoft), super-lahka (extra-light), ou nominaux super-hrana ou supe- rhrana (supernourriture ; 2 occurrences pour la première, 77 pour la deuxième). Mojca Schlamberger Brezar: PRODUCTIVITÉ DES PRÉFIXES ÉTRANGERS DANS LES COMPOSITIONS ... 84 VESTNIK ZA TUJE JEZIKE/JOURNAL FOR FOREIGN LANGUAGES Tableau 14- super supra- Supra n’apparaît que quatre fois dans le corpus avec le tiret. Sinon, ce mot a 127 occur- rences dont la plupart correspond à l’appellation super (pour le carburant), au génitif, dans le registre familier (super, supra). Il y a un nom propre, Supra-stan, avec 24 occur- rences. Ce préfixe n’est pas productif. Tableau 15- supra trans – Le lexème trans est polysémique, il signifie la transe et aussi l'affixe trans- (qui traverse) devenu très fréquent en slovène grâce à quelques syntagmes adjectivaux et nominaux : trans-maščobni ou transmaščobni (426 occurrences) et trans-maščoba (acides gras trans) 206 occurrences), transspolni (transsexuel, 371 occurrences), transsibirski (175 occurrences), tran- satlantski (773 occurrences). Trans avec le tiret présente 441 concordances, trans en totalité, tous usages confondus, en présente 3944. Ce préfixe est vaguement productif, lié à quelques collocations avec un grand nombre d'occurrences. Voir aussi le tableau 15 ci-dessous. 85 Tableau 16- trans ultra- Ultra aussi est polysémique et se présente comme adverbe ou comme préposition ou pré- fixe. Le préfixe ultra- est productif : avec le tiret, il est uni avec des lexèmes slovènes ad- jectivaux ultra-novi, ultra-nizek, ultra-ortodoksni, et nominaux ultra-tekači, ultra-kole- sarji. Ultra présente, dans les deux derniers exemples, l’ellipse pour ultramarathon. Il est aussi employé en opposition : ultra- in infraobmočje (la zone ultra- et infra). Mojca Schlamberger Brezar: PRODUCTIVITÉ DES PRÉFIXES ÉTRANGERS DANS LES COMPOSITIONS ... 86 VESTNIK ZA TUJE JEZIKE/JOURNAL FOR FOREIGN LANGUAGES Tableau 17- ultra 5 CONCLUSION Nous pouvons constater que notre hypothèse du départ concernant la (non)productivité des préfixes de composition étrangers dans les noms et adjectifs, ne peut pas être entière- ment confirmée. La productivité des préfixes étrangers dans la composition des noms et des adjectifs est plus grande que dans le cas des préverbes (Perko, Schlamberger Brezar 2016). En outre, la productivité est en hausse par rapport à notre recherche dans le cor- pus FidaPlus entre 2004 et 2006 où seul le préfixe anti- pouvait être considéré comme tel. Dans notre recherche, la productivité est attestée avec les préfixes eks, ekstra, hiper, kontra, meta et super. Dans la plupart des cas, ces préfixes étrangers sont employés dans des syntagmes particuliers dont le nombre dans le corpus est croissant. ll est possible que ces préfixes tendent vers la grammaticalisation (voir aussi Schlamberger Brezar 2011) : ils ne sont pas omniprésents mais limités à certaines occurrences qui deviennent très fréquentes (voir le cas de ekstralahek (extra-ou ultraléger), ekstradeviški (extravierge) en combinaison avec les produits alimentaires). Le statut du préfixe productif peut être démontré par la mise en opposition avec son préfixe contraire (et orthographié avec le tiret) hipo- in hiperinflacija (hypo- et 87 hyperinflation) ainsi qu’avec les combinaisons du préfixe étranger et de la racine slovène, nominale ou adjectivale : antilevičar (anti-gauchiste), kontrajelinčič (contre-jelinčič), ekstralahek (extra-léger), eks-policaj (ex-policier). Si nous comparons le comportement des préfixes étrangers de base comme a-, re- avec les préfixes productifs comme kontra, super, ekstra etc., nous pouvons constater que ces derniers gardent plus de sens : un grand nombre fonctionne aussi bien comme adverbe et comme affixe (super, ekstra, kontra). En tant que tels, dans l’acception des locuteurs, ces préfixes ont un sens et peuvent donner suite à la formation néologique. Finalement, le traitement des affixes dans la grammaire, avec l’accès à une analyse de corpus, peut enrichir les données existantes et éclaircir le fonctionnement des préfixes étrangers en langue slovène dans les courants de la mondialisation. BIBLIOGRAPHIE ANDERSON, Stephen R. (1992) A-Morphous Morphology. Cambridge : Cambridge University Press. ARONOFF, Mark (1994) Morphology by itself, stems and inflectional classes. (Linguis- tic Inquiry Monograph 22.) Cambridge, MA: MIT Press. BAA YEN, Harald (1993) On Frequency, Transparency and Productivity. 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Toporišič (2000: 194–195, 200–201) pri zlaganju samostalnikov in 89 pridevnikov obravnava naslednje predpone: a, ante, anti, eks, ekstra, hiper, hipo, infra, inter, intra, ko, kontra, meta, sin, sub, super, supra, trans, ultra. Pri leksematskem besedotvornem pristop pa je osnovna enota leksem. V članku tako obravnavi predpon posvetimo v okviru leksematskega be- sedotvornega pristopa in preučujemo njihovo tvornost na gradivu enojezičnega korpusa FidaPlus med leti 2004 in 2006 in na gradivu korpusa Gigafida2.0. Raziskava, ki je potekala med leti 2004 in 2006, med predponami odkrije le eno tvorno, anti, v zadnjem času pa se za tvorne predpone poleg anti izkažejo še kontra, eks, ekstra in super, ki se uporabljajo tako s tujimi podstavami kot tudi v obliki novotvorb z domačimi podstavami. Te domače podstave so lahko lastna imena (antijanša, kontrajelinčič) ali pa tvorjeni pridevniki in samostalniki z domačo podstavo (ekstralahek, ekspolicaj), tvornost predpon pa se vidi tudi pri izražanju opozicijah, na primer hipo- in hiperbarična terapija. Za vse druge predpone pa ugota- vljamo, da je tvorjenost v slovenščini bolj ali manj navidezna in da jih je treba v celoti obravnavati kot izposojenke. Vseeno se na osnovi dveh več kot deset let oddaljenih raziskav pokaže, da ob upošteva - nju podatkov iz korpusa lahko vidimo naraščanje tvornosti tujih predpon: če smo v prvotni raziskavi tvornost lahko potrdili le za anti, se je trenutno pokazalo, da so take, vsaj delno, tudi kontra, eks, ekstra, super. Besede, ki so se sprva pojavljale kot neologizmi, so zdaj pa vstopile v vsakdanjo rabo. Ključne besede: leksematski besedotvorni pristop, tuje predpone, samostalnik, pridevnik, tvornost ABSTRACT PRODUCTIVITY OF LOAN PREFIXES IN COMPOUND NOUNS AND ADJECTIVES IN SLOVENIAN The operations of word formation in traditional Slovenian grammar are analysed within the frame- work of morphematic word formation model. As part of the composition of nouns and adjectives, Toporišič (2000: 194-195, 200-201) lists the following loan prefixes: a, ante, anti, eks, ekstra, hiper, hipo, infra, inter, intra, ko, kontra, meta, sin, sub, super, supra, trans, ultra. Within the lexemic word formation, the unity is a lexeme. In the paper, the operations of word formation are analysed within the theory of lexemic word formation, particularly with regard to their productivity, based on the data of the monolingual corpus FidaPlus between 2004 and 2006 and Gigafida2.0. The research, carried out between 2004 and 2006 revealed only one productive prefix, anti, whereas recent research showed that in addition to anti, the prefixes kontra, eks, ekstra, and super can function as productive, used with both foreign lexemes and with authentic bases as neologisms. The domestic bases can be proper names (antijanša, kontrajelinčič) or composed ad- jectives and nouns with original Slovene base (ekstralahek, ekspolicaj), and the productivity of the prefixes can be seen also in oppositions like hipo- in hiperbarična terapija (hypo- and hyperbaric Mojca Schlamberger Brezar: PRODUCTIVITÉ DES PRÉFIXES ÉTRANGERS DANS LES COMPOSITIONS ... 90 VESTNIK ZA TUJE JEZIKE/JOURNAL FOR FOREIGN LANGUAGES therapy). For all other prefixes, the research points out that their composition in Slovene is more or less a matter of appearance and that they should be dealt as loan words. The two analyses, that have more than ten years between them, show that we can see the growing productivity of the prefixes. If in the first analysis only anti has shown productivity, the second analysis points out that kontra, eks, ekstra, super are also productive. The words that first appeared as neologisms are now a part of everyday language use. Keywords: theory of lexemic word formation, loan prefixes, noun, adjective, productivity RÉSUMÉ PRODUCTIVITÉ DES PRÉFIXES ÉTRANGERS DANS LES COMPOSITIONS NOMI- NALES ET ADJECTIV ALES EN SLOVÈNE Les opérations de la formation des mots dans la grammaire slovène traditionnelle sont analysées dans l’approche morphologique morphématique. Dans le cadre de la composition des noms et des adjectifs, Toporišič (2000 : 194-195, 200-201) énumère les préfixes suivants d’origine gréco-la- tine : a, ante, anti, eks, ekstra, hiper, hipo, infra, inter, intra, ko, kontra, meta, sin, sub, super, supra, trans, ultra. Dans le cadre de la morphologie contructionnelle, l’unité de base est le lexème. Dans cet article, l’analyse de leur fréquence en tant que mots d’emprunt et de leur productivité est faite dans le cadre de la morphologie constructionnelle au sein des données du corpus FidaPlus entre 2004 et 2006, ainsi que du corpus Gigafida2.0. La recherche, menée entre 2004 et 2006, a révélé un seul préfixe productif, anti, tandis que récemment, les préfixes, pouvant fonctionner comme productifs, sont kontra, eks, ekstra, et super, employés aussi bien avec les bases d’emprunt qu’avec les lexèmes slovènes sous forme de néologismes. Les bases slovènes sont soit les noms propres (antijanša, kontrajelinčič) ou les adjectifs et noms composés avec le lexème d'origine slovène (ekstralahek, ekspolicaj), la productivité est vi- sible aussi dans les oppositions des préfixes du type hipo- in hiperbarična terapija (thérapie hypo- et hyperbare). Pour les autres préfixes, on peut constater que leur composition en slovène n’est qu’apparente et que ces mots composés peuvent être qualifiés d’emprunts. Tout de même, à la base des deux analyses du corpus distantes de plus de dix ans, on constate la croissance de la productivité des préfixes. Si, dans la première analyse, la productivité n'était confirmée que pour anti, l'analyse contemporaine démontre la productivité, au moins partielle, des préfixes kontra, eks, ekstra, et super. Les mots qui apparaissaient comme néologismes font aujourd'hui partie du vocabulaire de tous les jours. Mots-clés : morphologie constructionnelle, préfixes d’origine gréco-latine, nom, adjectif, productivité