JEUDI io JUIN 1B13. Wn» telegraphe officiel. I N T ERI E U R. empire français. Paris , /e 29 Sa Majesté ITrapéraïrice-Reine et Régente a reçu les nouvelles suivantes sur les < vénemens , qui se sont passés à l'armée dans les journées des 19, 20, 21 et 32, et sur ia position de l'armée au 23. L'empereur Alexandre et le roi de Prusse attribuaient la perte de la bataille de Lutzen à des fautes que leurs généraux avaient commises dans la direction des forces combinées, et surtout aux difficultés attachées à un mouvement offensif de 150 à 180 mille hommes. Us r solurent de prendre la position de Bautzen et de Hochfcirch, déjà celebre dans l'histoire de la guerre de sept ans; d'y réunir tous les renforts qu'ils attendaient de la Vistule et d'autres points en arriéré; d'ajouter à cette position tout ce que l'art pourrait fournir de moyens, et là, de courir les chances d'une nouvelle bataille dont foutes les probabihte's leur paraissaient être en leur faveur. Le duc de Tarente , commandant le u.e corps, était parti de Bischofswerda , Je 15; et se trouvait le 15 au soir à une portée de canon de Bautzen , où il reconnut toute l'armée ennemie. U prit position. Dès ce moment, les corps de l'armée françoise furent dirigés sur le camp de Bautzen. L'Empereur partit de Dresde le iS: il coucha k Harta, et Je 19, il arriva, â dix heures du matin, devant Bautzen. U employa toute la journée à reconnaître les positions de l'ennemi. On apprit que les corps russes de Barcla/ de Tolly , de Langeron et de Sa ss, et le corps prussien de Kleist avaient rejomt l'armée combinée, et que sa force pouvait être évaluée de 150 à r6o,ooo hommes. Le 19 au soir, la position de l'ennemi était la suivante: sa gauche était appuyée à des montagnes couvertes de bois et perpendiculaires au cours de la Sprée à-peu près à une lieue de Bautzen. ' B,utzen soutenait son centre. Cette ville avait été crenelée retranchée et couverte par des redoutes. La droite de J ennemi s'appuyiit sur des mamelons for,1-fus qu, défendaient les débouchés de la Sorée, du còté du: village de Nimschutz: fout son front était couvert sur la Spree. Cette position tré,-forte n'éta.t qu'une premiere posino,!. ' 1 On appgrcevait distinctement, i 3ooo toises en arriéré, de la terre fraîchement remuée et des travaux qui marquaient leur seconde position. La gauche était encore appuyée aux mêmes montagnes, à 2000 toises en arriéré de celles de la premiere position, et fort en avant di: village de Hochkirch. Le centre était appuyé à trois villages retranchés, où l'on avait fait tant de travaux qu'on pouvait les considérer comme des places fortes. Un terrein marécageux et difficile couvrait les trois quarts du centre. Enfin leur droite s'appuyait en arriéré de Ja premiere position, à des villages et à des mamelons-également retranchés. Le front de l'armée ennemie, soit dans la premier re soit dans la seconde position , pouvait avoir une lieue et demie. D'après cette reconnoissance il était facile de concevoir comment, malgré une bataille perdue comme celle de Lutzen , et huit jours de retraite, l'ennemi pouvait encore avoir des espérances dans les chances de la fortune. Selon l'expression d'un officier russe à qui on demandait ce qu'ils voulaient faire: ,, Nous ne voulonsy disait-il , ni avancer y ni reculer. ,, Vous êtes maîtres du premier point , répondit un officier français ; dans peu de jours y l'événement prouvera si 'vous êtes maître de Vautre! Le qnartier-géncral des deux souverains était au village de Natchen.' » Au 19, la position de l'armée française était la suivante : Sur la droite était le duc de Reggio, s'appuyant aux montagnes sur la rive gauche de la Sprée , et séparé de la gauche de l'ennemi par cette vallée. Le duc de Tarente était devant Bautzen, à cheval sur la route de Dresde. Le duc de Raguse était sur la gauche de Bautzen, vis-à-vis le village de NiemenscbÙîz. Le general Bertrand était sur la gauche du duc de Raguse , appiJy,. à un moulin à vent et à un bois , faisant mine de déboucher de JaseJifz sur la droite de l'ennemi. • Le prince de Ja Mostowa , le ge'n rai Lauriston et le general Régnier étaient à Hoyerswerda, sur la route de Berlin, hors de ligne et en arriéré de notre gauche L ennemi, ayant appris qu'un corps consid rable arriva par Hoy.rswerdase douta qu, le, projets de I Empereur étaient de tourner I, position p,r la droite, de changer le champ de bataille , de faire tomber tous Jes re.ranchemens élovés avec tant de p^,ne ei • lob,et de tant d'espéiances. N'étant encore injruit que de 1 arrivée du généra J LaUmioo , u ne ^ Phs que cette colonne fût déplu, de\S a î9 I hommes. Il détacha donc contri, Jt x\ ? ^ tl6 heures du matin; le général York, avec 12 mille Prussiens, et le général Barclay de Tolly, avec 18 mille Eusses. Les Russes se placèrent au village de Klix et les Prussiens au village de Weissig. Cependant le comte Bertrand avait envoyé le général Pery , avec la division italienne, à Koenigswar-iha , pour maintenir notre communication avec les corps détachés. Arrivé à midi, le général Pery, fit de mauvaises dispositions ; il ne fit pas fouiller la forêt voisine. II plaça mal ses postes, et à quatre heu* res , il fut assailli par un hourra qui mit du désordre dans quelques bataillons. Il perdit 600 hommes, parmi lesquels se trouve 1e général de brigade italien Bala-thier, blessé ; 2 canons et 3 caissons; mais la division ayant pris les armes, s'appuya au bois, et fit face à l'ennemi. Le comte de Val m y étant arrivé avec de la cavalerie , se mit à la tète de la division italienne et reprit le village de Koenigswartha. Dans ce moment, le corps du comte Lauriston qui marchait en tête du prince de la Moskowa pour tourner la position de l'ennemi, parti de Hoyerswerda , arriva sur "Wiessig. Le combat s'engagea, et le corps d'York aurait été, écrasé, sans la circonstance d'un défilé à passer, qui fit que nos troupes ne purent arriver que successivement. Après trois heures de combat, le village de Weissig fut emporté, et le corps d'Yorck, culbuté, fut rejette de l'autre côté de Ja Sprée. Le combat de "Weissig serait seul un événement important. Un rapport détaillé en fera ;connaitre les circonstances. Le ig, le comte Lauriston coucha donc sur la po-. sition de "Weissig ; le prince de 1a Moskowa à Manker-sdoif, et le comte Regnier à une litue en arriéré. La droite de la position de l'ennemi se trouvait évidemment débordée. Le 20 à huit heures du matin, l'Empereur se porta sur la hauteur en arrière de Bautzen. Il donna ordre au duc de Reggio de passer la Sprée et d'attaquer les montagnes qui appuyaient la gauche de l'ennemi ; au duc rie Tarente de jeter un pont sur chevalets sulla Sprée , entre Bautzen et les montagnes ; au duc de Raguse de jeter un autre pont sur chevalets sur la Spree dans l'enfoncement que forme cette riviere sur la gauche, à une demi-lieue de Bautzen , au duc de Dalmatie , auquel S. M* avait donné Je commandement supérieur du centre, de passer Ja Sprée pour inquiéter la droite de l'ennemi ; enfin au prince de la Moskowa , sous les ordres duquel étaient le 3.e corps , le co'mte Lauriston et le général Regnier, de se rapprocher sur Klix , de passer 1a Sprée, de tourner la droite de l'ennemi , et de se porter sur son quartier-ganeral de Weis-ser-bcrg. A midi, la cannonade s'engagea. Le duc de Tarente n'eat pas besoin de jeter son pont sur chevalets : il trouva devant lui un pont de pierre , dont il força le passage. Le duc de Raguse jeta son pont ; tout son corps d'arœ.'e passa sur l'autre rive de la Sprée. Après six heures d'une vive canonnade et plusieurs charges que l'ennemi fit sans succès, le général Compans fit occuper Bautzen; le général Bonnet fit occuper le village de Nieilkayn , et enleva au pas de charge un plateau qui le rendit maître de tout le centre de la position de l'ennemi ; le duc de Reggio s'empara des haa-teurs , et à sept heures du soir, l'enaemi fnt rejeté sur sa seconde position. Le général Bertrand passa un des bras de la Sprée; mais l'ennemi conserva les hauteurs qui appuyaient sa droite et par ce moyen se maintint entre le corps da . prince de la Moskowa et notre armée. L'Empereur entra à huit heures du soir à Bautzen, et fut accueilli parles habitans et par les autorites avec les sentimens que devaient avoir des allies , heureux de se trouver délivrés des Stein , des Kotzbue et des cosaques. Cette journée, qu'on pourrait appeler, si elle était isolée, la bataille de Bautzen, n'était que le prelude de la bataille de Wurtchen. Cependant l'ennemi commençait à comprendre la possibilité d'être forcé dans sa position. Ses espérances n'étaient plus les mêmes, et il devait avoir dés ce moment le présage de sa défaite. Déjà toutes ses dispositions étaient changées. Le destin de la bataille ne devait plus se décider derriere ses retranche mens. Ses immenses travaux , et 300 redoutes devenaient inutiles, la droite de sa position qni était opposee au 4.e corpî, devenait son centre et il était obligé de jeter sa droite , qui formait une bonne partie de son armée , pour l'opposer au prince de la Moskowa, dans un lieu qu'il n'avoit pas étudié et qu'il croyait hors de sa position. Le 21 , à 5 heures du matin, l'Empereur se porta sur les hauteurs, à trois quarts de lieue en avant de Bautzen. Le duc de Reggio soutenait une vive fusillade sur les hauteurs que défendait la gauche de l'ennemi. Les russes qui sentaient l'importance de cette position, avaient placé là une forte partie d<; leur armoe , afin que leur gauche ne fût pas tourn e. L'Empereur ordonna aux ducs de Reggio et de Tarente d'entretenir ce combat , afin d'empêcher la gauche de l'ennemi de se dégarnir et de lui marquer la véritable attaque dont le résultat ne pouvait pas se faire sentir avant miJi ou une heure. A 11 heures, 1e duc de Raguse marcha à mille toises en avant de sa position , et eng,*g< a une épouvantable canonnade devant les redoutes et tous les re-tranchemens ennemis. La garde et ia réserve de l'armée, infanterie et cavalerie, masquées par un rideau, avaient des débouchés faciles pour se porter en avant p«.r la gauche ou par la droite , stjon les vicissitudes que présenterait la journée. L ennemi fut tenu ainsi incertain sur le véritable point d'attaque. Pendant ce temps, le prince de la Moskowa culbutait l'ennemi au village de K!»x , passait la Sprée , et isunait battant ce q 'il avait devant lui jusqu'au village de Preiiitz. A dix heures il enleva le village , mais les réserves de l'ennemi s'étant avancées pour couvrir le quartier-général , le prince de la Moskowa fut ramené et perdit le village de Preilitz. Le duc de Dalmatie commença à déboucher à une heure après-midi, L'ennemi , qui avait compris tout le danger dont il était menacé par la direction qu'avait prise la bataille, sentit que le seul moyen de soutenir avec avantage le comb t contre le prince de la Moskowa , était de nous empêcher de déboucher. Il voulut s'opposer à l'attaqse du duc de Dalmatie. Le moment de décider la bataille se trouvait dès-lors bien indique. L'Empereur, par un mouvement à gauche se porta , en 20 minutes , avec la garde, les quatre di visions du général Latour-Maubourg et une grande quantité d'artillerie, sur le flanc de la droite de la position de l'ennemi , qui était deveni* le centre de l'armée russe. La division Morand et la division Wurtemberge-oise enleverent le mamelon dont l'ennemi avait fait son point d'appui. Le général Devaux établit une batterie dont il dirigea le feu sur les masses qui voulaient rsprendrs la position. Les généraux Dulauloy et Drouot, avec soixante pieces de batteries de re'ser/e, se portèrent en avant. Enfin le duc-de Trevise, avec les divisions Dumoutier et Barrois de la jeune garde, se dirigea sur l'auberge de Klein Baschwitz coupant le chemin de "Wurtchsn à Bailzen. L'ennemi fut obligé de dégarnir sa droite pour parer à cette nouvelle attaque. Le p.ince de Ja Moslco-wa en profita et marcha en avant. Il prit le village de Preisig, et s'avança, ayant d borde l'armée ennemie , sur "Wurtchen. Il était trois heures après-midi, et lorsque l'armée était dans la plus grande incertitude du succès , et qu'un feu épouvantable, se faisait entendre sur «ne ligne de trois lieues, l'Empereur annonça que la bataille était gagnée. L'ennemi voyant sa droite tournée se mit en retraite , et bientôt sa retraite devint une fuite. A sept heures du soir, le prince de la Moscowa et le gene'ral Lauriston, arrivèrent à Wurtchen. Le duc de Raguse reçut alors l'ordre de faire un mouvement inverse de celui que venait de faire la garde, occupa tous les villages retranchés, et toutes les redoutes que l'ennemi était oblige d'évacuer, s'avança dans la direction ô'Hochlcirch et prit ainsi en flanc toute Ja gauche de l'ennemi qui se mit alors dans une épouvantable déroute. Le duc de Tarent«, de son côté, poussa vivement cette gauch. et lui fit b auto p de mal. L'Empereur coucha sur {a route au milieu de sa gatde, à 1 auberge de Kiein-Baschwi tz. Aipsi , J'enne-mi forcé dans toutes ses positions, laissa en notre pou. voir le champ de batailU couvert de ses moi (s et rie ses blessés , et plusieurs milliers de pi nonni, rs. Le 22 , à quatre heures du matin , l'armée française se mit en moi.*<.ment. L ccnsm avait fui toute la nuit par toi tes les . «On ne noua ses premiers postes qci'au-utU de Wt-ust-nbcig et il n'opposa de la résistance que sur les hauteurs en arrière de Rei-chenbach. L'ennemi n'avait pas encore vu notre cavalerie. Le général Lefcbvre Desnouettes, à la tête de ijoo^chevaux des Latì™n Pronai* et de lanciers rou-' ges de la garde, chargea, dans Ia PIait*e de Reichen-bach , la cavalerie ennemie et la culbuta. croyant qu'ils etoient seuls, fit avancer une division de cavalerie , et plusieurs divisions s'engagerent successivement. Le général Latour-Maubourg , avec ses 14,000 chevaux et les cuirassiers français et saxons , arriva à leur secours, et plusieurs charges de cavalerie eurent lieu. L'ennemi, tout surpris de trouver devant lui 15 à 16,000 hommes de cavalerie, quand il nous en croyait dépourvus , se retira en désordre. Les lanciers rouges de la garde se composent en grande partie des volontaires de Paris et des environs. Le général Leftbvre Desnouettes et Je général Colbert, leur colonel , en fûnt le plus grand éloge. Dans cette affaire de cavalerie, le général Bruyère, généra! de cavalerie légere de la plus haute distinction , a eu la jambe emportée par un boulet. Le général Regnier se'porta avec le corps saxon sur les hauteurs ai* delà de Reichsnbach , et poursuivit l'ennemi jusqu'au village de Halterndorf. La nuit nous prit à une lieue de Goerlitz. Quoique la journée eût été extrêmement longue , puisque nous nous trouvions à b'Mî lieues- du champ de bataille et que les troupes eussent éprouvé tant de fatigues , l'armée française aurait couche à Goerlitz y mais l'ennsmi avait placé un corps d'arriere-garde sur la hauteur en avant de cette ville, et il aurait f.illu une demi-heure de jour de plus pour la tourner par la gauche. L'Empereur ordonna donc qu'on piît position. Dans les batailles du 20 et du 21 , le général wur-tembergeois Franquemont et le général Lorencez ont été blessés. Notre perte dans ces journées peut s'évaluer à n ou 12, eoo hommes tués 01 blessés. Le soir 'de la journée du 22, à sept heures , le grand-maréchal duc de Fnoul, étant sur une petite éminence à causer avec le duc de Trévise et ie général Kirgtner , tous lés trois pied à terre et assez éloignes du feu , tin des derniers boulets de l'ennemi rasa de près le duc de Trevise, ouvrit le bas-ventre au grand-maréchal * et .jeta roide mort le .gênerai Kirgeiïer. Le duc de Friotil se sentit a ssitôt frappé à mort ; il expira douze heures aprèî. Dès que les postes furtnt placés et que l'armée eut pris ses bivouacs, l'Empereur alla voir le duc de Frioul. Il le trouva avec toute sa connaissance , et montrant ie plus grand sang-frotd. Le duc serra la main de l'Empereur, qu'il por»a sur ses lèvres. Toute ma vie, lui dit-il, a été consacrée à votre service, et je ne la regrette que par t'utilité dont elle pouvait vous être encore ! — Duroc , lui dit l'Empereur, il est une autre vie! C'est là que vous irez m'attendre, et que nous nous retrouverons tin jour! — Oui f Sire i mais ce sera dans 5o ans, quand vouz. aurez triomphé de vos ennemis et réalisé toutes les espérances de notre pairie......J'ai vécu en honnête homme ; je ne me reproche rien. Je laisse une fille, Jrotre Majesté lui servira de pere. L'Empereur serrant de la main droite le grand maréchal, resta un quart-d'heure la tête appuyée sur sa main gauche dans le plus profond silence : le grand-maréclial rompit le premier ce silence : Jh Sire ! allez-vous en! ce spectacle vous peine! L'Empereur, s'appuyant sur le duc de Dalmatie et sur le grand écuyer , quitta le duc de Frîoul sans pouvoir lui dire autre chose que ces mots, adieu donc , mon ami! Sa Majesté rentra dans sa tente /et ne reçut personne pendant toute la nuit. Le 23 k neuf heures du matin le général Régnier entra dans Goeriitz. Des ponts furent jetes sur la Nsis-se, et l'armée se porta au-delà de cette rivière. Au 13 au soir, le duc de Bellune était sur Bot-zenberg ; le comte Lauriston avait son quartier-général à Hochkirch , le comte Regnier en avant de Trotsken-dorf sur le chemin de Lauban , et le comte Bertrand en arriéré du même village, le duc de Tarente était sur Schoenberg, l'Empereur était à Goeriitz. Un parlementaire , envoyé par l'ennemi , portait plusieurs lettres, où l'on croit qu'il est question de négocier un armistice. L'armée ennemie s'est retirée, par Bauzlau et Lauban , en Siîéîie. Toute la Saxe est délivrée de ses ennemis, et dès demain 24, l'armée française sera en Silésie. L'ennemi a b-ûlé beaucoup de bagages , fait sauter beaucoup de parcs , disséminé dans les villages une grande quantité de blessés. Ceux qu'il a pu emmener sur des charrettes n'étaient pas pansés, les habitans en portent le nombre à plus de 18, 000. Il en est resté plus de ,0, 000 en notre pouvoir. La ville de Goeriitz, qui compte 8 à 10 mille habitans, a reçu les Français comme des libérateurs. La ville de Dresde et le ministère saxon ont mis ia plus grande activité à approvisionner l'armée, qui jamais n'a été dans une plus grands abondance. Quoiqu' une grande quantité de munitions ait été consommée, les ateliers de Torgau et de Dresde, et les convois qui arrivent, par les soins du général Sorbier, tiennent notre artillerie bien approvisionnée. On a des nouvelles de Glogau , Custrin et Stettin. Toutes ces places étaient dans un bon état. Ce récit de la bataille de Wurtchen ne peut être considéré que comme une esquisse. L'état-major-général recueillera les rapports qui feront connaître les officiers, coldats et les corps qui se «ont distingues- Dans le petit combat du 22 , à Reichenbach , nous avons acquis la certitude quç notre jeune cavalerie est, à nombre égal , supérieure à celle de l'ennemi. Nous n'avons pu 'prendre de drapeaux ; l'ennemi les retire toujours du champ de bataille. Nous n'avons pri» que »9 canons, l'ennemi ayant fait sauter ses parc et caissons. D'ailleurs l'Empereur tient sa cavalerie en réserve, et jusqu'à ce qu'elle soit assez nombreuse: i1 veut la ménager. Extrait de différens rapports du commissaire-général de la haute-police k Halberstadt. le 13 mai. Un certain major Orloff qui a séjourné avec 400 cosaques à Hcrbstadt , qui avait consommé tous les fourrages qui se trouvaient dans cette ville, demanda la veille de son départ 2000 bottes de paille , pour les faire transporter sur la rive droite de la Saale, où il a été bivouaquer avec son corps ; le maire était au lit , se trouvant attaqué d'une maladie, son fils aîné le sieur Richter, secrétaire de la mairie, le remplaçait; il répondit au major Orloff qu'il lui t tait impossible de fournir ces 2000 bottes de paille,attendu qu'il n'y en avait plus une seule dans toute la ville.. Orloff lui répliqua qu'il ne. disait pas la vérité. Le jeune Richter lui fit alors la proposition de l'accompagner dans tous les greniers et toutes 'es granges de la ville , afin de s'assurer de la vérité de son exposé; le major Orloff, offense de cette proposition, fi t arrêter le secrétaire Richter, fils du maire du canton, d'une famille très-respectable et fort estimée, et lui fit donner 25 coups de knout dont ce jeune homme mourut le 10 de ce mois. Je l'ai vu enterrer le 12 , à mon passage à Hcrbstadt. Ces détails sont authentiques. du 13 mai. Une circonstance arriva le même jour à Eiskben , qui d'abord avait donn0 quelque inquiétude aux habitant. Deux chevaux de cosaques avaient été voles dans la rue , le soir , au piquet. Un hibitant de Querfarth , à qui vraisemblablement des cosaques avaient volé deux chevaux la veille en partant de cette ville , était venu les reprendre à Eis-leben. Il fut arrêté en sortant, conduit chez le major Scharchiwsky , qui le fit attacher à une planche, et lui fit donner 50 coups de knout dont ce malheureux mourut quelques heures après. PROVINCES ILLYRIENNES. Laiiach, 9 juin. Dimanche , 6 juin , il a été chanté dans l'église cathédrale de-cette ville un Te Deum solennel en actions de grâces des victoires remportées par S. M. l'Empereur et Roi. Toutes les autorités civiles et militaires ont assisté à cette auguste cérémonie, qui avait attiré d'ailleurs un nombreux concours de spectateurs de toutes les classes. Le soir la ville a été illuminée. LAYBACH, D£ LlMPMMlWS DU GMVÏMWM««.