EMPIRE FRANÇAIS. 13- bulletin de la grande armée. Smolensk, le 21 août 1812. II paroît qu'au combat de Mohilow gagné par le prince d'EckmulI sur le prince Bagration le 23 juillet la perte de l'ennemi a été considérable. Le duc de Tarente a trouvé 20 pièces de canon à Du-nabourg aulieu de 8 qui avoient été annoncées; il a fait retirer de l'eau plusieurs bâtimens chargés de plus de 40,000 bombes et autres prejectiles; une immense quantité de munitions de g-uerre a été détruite par l'ennemi. L'ignorance des Russes en fait de fortification , se fait voir dans les ouvrages de Dunabourg et de Drissa. S. M. a donné le commandement de la droite au prince de Schwarzenberg en mettant sous ses ordres îe 7.e corps. Ce prince a marché contre le général Tormason , l'a rencontré le 12 et l'a battu. Il fait le plus grande éloge des troupes Autrichiennes et Saxonnes. Le prince Schwarzenberg a montré dans cette circonstance autant d'activité que de talent. L'Empereur a fait demander des avance-ncens et des récompenses pour les officiers de son corps c'armée qui se sont distingués. Le 8 , la grande armée étoit placé de la manière suivante : Le prince vice-roi étoit à Sonray avec la 4.e corps, occupant par des avanî-gardes, Veiy , Onswiath, lo-'rietcha. Le roi de Naples étoit à Nikoulino avec la cavalerie occupant Inkovo. Le maréchal duc d'Elchinre.: con:.c3adcr.t h >e corps étoit à Liozna. Le maréchal prince d'Eckmùll commandant le i.er corps koit h Doubrowna. Le 5.e corps commandé par le prinse Poniatowsky étoit à Mohilow. Le quartier général étoit à Witepsk. Le 2.e corps commandé par le marérgai duc de Reggio .ftoit sur la Drissa. Le io.e corps commandé par le duc de Tarente étoit iur Dunabourg et Riga. Le 8, iijono. hommes de cavalerie ennemie ss porté-lent sur Inicovo et attaquèrent la division du général ;omte Sebastiani qui fut obligé de battre en retraite l'es-uce d'une demi lieue, pendant toute la journée en éprouvant et faisant éprouver à l'ennemi des pertes à peuprés jgales. Une compagnie de Voltigeurs du 24.e régiment l'infanterie légère, faisant partie d'un Bataillon dece égiment qui avoit été confié à la cavalerie pour tenir losition dans le bois, a été prise. Nous avons eu 200 Sommes environ tués ou blessés, l'ennemi peut avoir ferdu le même nombre d'hommes. Le 12. l'armée ennemie partit de Smolensk et marcha par différentes directions avec autant de lenteur que d'hé-litation sur Porietche et Nadra. Le jo l'Empereur résolut de marcher h l'ennemi, et 'de s'emparer de Smolensk tn s'y portant par l'autre rive h Borysthène. Le roi de Naples et le maréchal duc ^'Ekhingen partirent de Liozna et se rendirent sur le Borysthène, près de l'embouchure de la Basnica viis-i-v?» Khomino où dans la nuit du 13 au 14 , ils jetterent deux ponts sur le Borysthène. Le vice - roi partit de Souray et se rer.dit par Jana-vitseky et Liouvavitchy â Razazna où il arriva le 14. Le prince d'Eekmùll réunit tout son corps à Doubrowna le 13. Le général comte Grouchy réunit le 2.e corps ds ca-valeri î à Barasna le 12. Le général comte E blé ût jelter trois ponts h zazna le 13' Le prince Poniatowsky partit de Mohilow, et arriva le 13 à Romanow. Le 14 à la pointe du jour le général Grouchy marcha sur Liadie , il en chassa 2 régiments de cosaques et s'y réunit avec le corps de cavalerie du général comte Nansouty. Le même jour îe Roi de Naples appuyé par le maréchal duc d'EIchingen arriva à Kravnoi, La 27.e division' ennemie forte de 5000 hommes d'infanterie et soutenue par 2,000 chevaux de 12 pièces de canon" étoit en position devant cette ville. Elie fut attaquée et dépostée en un moment par le maréchal duc d'EIchingen. Le 24.e régiment d'inf .iterie légère, attaqua la petite ville de Krasnoi à la b^yonette avec intrépidité. La cavalerie exécuta des charges admirables. Le général de brigade baron Bordesoult, et le 5.e régiment de chasseurs se distinguèrent. La prise de 8 "i •kes d'artillerie ^ nt 5 de 12 et 5 licorne* ; et de 14 caissons attelés, 1500 prisonniers, un champ de bataille jonché de plus de 1000 cadavres russes, tels furent les avantages du combat de Krasnoï où la division russe qui étoit de 5000 hommes perdit la moitié de son monde, S. M. avoit le 15 son quartier général à la porte de Ko-vonitsnia. Le 16 au matin les hauteurs de Smolensk furent couronnées. La ville présenta à nos yeux une enceinte de murailles de 4000 toises de tour, épaisses de 10 pieds et hautes de 25 entremêlées de tours dont plusieurs étoient armées de canons de gros calibre. Sur la droite du Borysthène, on appercevoit et l'on savoit que les corps ennemis tournés revenoient en grande hâte sur leurs pas pour défendre Smolensk. On savoit que ies généraux ennemis avoient des ordres réitérés de leur maître de livrer bataille et de sauver Smolensk. L'Empereur reconnut la ville et plaça son armée qui fut en position dans la journée du 16. Le maréchal duc d'EIchingen eut la gauche appuyant au Boristhêne, le maréchal prince d'Eckmulh le centre, le ptince Poniatowsky la droite, la garde fut mise en réserve au centre, le vice-Roi en réserve à la droite, et la cavalerie sous les ordres du Roi de Naples à l'extrême droite. Le duc d'Abrantès avec le 8.e corps s'étoit égaré et avoit fait un faux mouvement. Le 16 et pendant la moitié de la journée du 17, on resta en observation. La fusillade se soutint sur la ligne. L'ennemi occupoit Smolensk avec 30,000 hommes et le reste de son armée se fyrmoit sur les belles position; de la nv« droite du fleuve, vis-a-vis la ville communiquant par trois ponts. Smolensk est considéré par les Russes comme ville forte et comme le Boulevart de Moscow. Le 17 y k deux heures après midi, voyant que l'ennemi n'avoit- pas débouché , qu'il se fortifïoit dans Smole»sk et qu'il refusoit la bataille, que malgré les ordres qu'il avoit -et la belle position qu'il pouvoit prendre sa droite à Smolensk et la ganche au cours de Borysthène , le général ennemi manquoit de résolution, l'Empereur se porta sur la droite et ordonna au prince Poniatowsky de faire un changement de front la droite en avant, et de placer sa droite au Borysthène en occnpant un des fauxbourgs par des postes et des batteries pour détruire le pont et intercepter la communication de la ville avec la rive droite. Pendant ce tems le maréchal prince d'Eckmtilh eut ordre d'attaquer deux faubourgs que l'ennemi avoit retranchés, à 200 toises de la place, et qui étoient défendus chacun par 7 ou 8000 hommes d'infanterie et par de gros canons. Le général comte Friant eut ordre d'achever l'investissement en appuyant sa droite au corps du prince de Poniatowsky , et sa gauche à la droite de l'attaque que faisoit le prince d'Eckrruilh. A 2, heures après midi la division du comte Bruyères ayant chassé les Cosaques et la cavalerie ennemie occupa le plateau qui se rapprocha le plus du pont j une batterie de 60 pièces d'artillerie fut établie sur ce plateau et tira à mitraille sur la partie de l'armée ennemie restée sur la rive droite de la rivière j ce qui obligea bientôt les masses russes à évacuer cette position. L'ennemi plaça alors deux batteries de 20 pièces de canon à ua couvent pour inquiéter la batterie qui le fou-droyoit et celles qui tiroient sur le pont.'Le prince d'Eck-muih confia l'attaque du faubourg de droite au général comte Morand, et celle du fauxbourg de gauche au général comte Gudin ; à 3 heures la canonnade s'engagea, à 4 heures et demie commença une vive fusillade, et à 5 heures les diyisions Gudin et Morand enlevèrent les faubonrgs retranchés de l'ennemi avec une froide et rare intrépidité et le poursuivirent jusque sur le chemin couvert qui fut jonché de cadavres russes. Sur notre gauche le duc d'Elchingen attaqua la position que l'ennemi avoit hors de la ville, s'empara de la position et le poursuivit jusque sur le glacis. A 5 heures la communication de la ville avec la rive droite devint difficile, et ne se fit plus que par des hommes isolés. Trois batteries de pièces de 12 de brèche furent placées contre les murailles, à 6 heures du soir, l'une par la division Friant et les deux autres par lei divisions Morand et Gudin, on déposta l'ennemi'des tours qu'il occupoit par des cbus qui y mirent le feu. Le général d'artillerie comte Sorbier rendit impraticable à l'ennemi l'occupation de ses chemins couverts par des batteries d'enfilade. Cependant dès deux heures après midi le général ennfr mi aussitôt qu'il s'apperçut qu'on avoit des projets sériem sur la ville, fit passer deux divisions et deux régimenti d'infanterie de la garde pour renforcer les 4 divisions qni étoient dans la ville. Ces forces réunies composoient moitié de l'armée. ' Le combat continua la moitié de la nuit. Les trois batteries de brèche tirèrent avec la plus grande activité. Dem compagnies de mineurs furent attachées aux remparts. Cependant la ville étoit en feu. Au milieu d'une belli nuit d'août Smolensk offroit aux français le spectacle qu offre aux habitans de Naples l'éruption du Vésuve. A 1 heures après minuit l'ennemi abandonna la vil et repassa la rivière, à deux heures les premiers grenadier qui montèrent à l'assaut ne trouvèrent plus de résistance. L place étoit évacuée. Deux ceut pièces de canon et mortier de gros calibre, et une des plus belles villes de la Russi 'étoient en notre pouvoir, et cela à la vue de toute l'ai mée ennemie. Le combat de Smolensk , qu'on peut k juste titre a| peler bataille puisque 100,000 hommes ont été engagés d part et d'aatre, coûte aux russes la perte de 4700 hommi restés sur le champ de bataille, de 2000 prisonniers la pli part blessés, et de 7 à 8000 blessés. Le général de brigi de Grabowsky a été tué ; les généraux de brigade Grandea et Dalton ont été blessés. Toutes les troupes ent rivali! d'intrépidité. Le champ de bataille a offert aux yeux ^ 200,000 personnes qui peuvent l'attester, le spectacle d'à cadavre français sur 7 à 8 cadavres Russss. Cependant 1 russes ont été pendant une partie des journées du 16 et 17, retranchés et protégés par la fusillade de leurs créneau Le 18 , on a rétabli les ponts sur le Borysthène qn l'ennemi avoit brûlés,,ou n'est parvenu k maitriser le fi qui consumoit la ville que dans la journée du 18, 1 sapeurs français ayant travaillé avec activité. Les maison de la ville sont remplies de russes morts et mourants. Sur douze divisions qui composoient la grande arras russe', deux divisions ont été entamées et défaites a combat d.Ostrowno, cteux l'ont été au combat de Moh low , et six au combat de Smolensk : il n'y a que deti divisions de la Garde qui soient restées entières. Les traits de courage qui honorent l'armée, et <3 ont distingué tous de soldats au combat de Smolensk 5« ront l'objet d'un rapport particulièr. Jamais l'armée fr»1 çaise n'a montré plus d'intrépidité que dans cette pagne.