45Lea Cibrić: TRANSMISSION DE LA LANGUE SLOVÈNE DANS LA COMMUNAUTÉ SLOVÈNE À PARIS Lea Cibrić cibric.lea@gmail.com TRANSMISSION DE LA LANGUE SLOVÈNE DANS LA COMMUNAUTÉ SLOVÈNE À PARIS 1 INTRODUCTION La question des migrations, facteurs du développement humain, est d’actualité. De nombreux pays européens sont en effet devenus des terres d’accueil pour les migrants économiques, les réfugiés, etc. Aux nombreux défis posés par le phénomène migratoire s’ajoute, entre autres, la question de la langue, reflet d’une société. Aussi, notre contribu- tion portera-t-elle sur la préservation et la transmission de la langue slovène d’un point de vue sociolinguistique. Cette recherche se concentre sur la situation de la communauté slovène à Paris. Notre objectif est d’étudier le niveau du slovène des immigrés slovènes à Paris, et la pratique de transmission de leur langue maternelle aux prochaines généra- tions. Nous nous demanderons notamment si la troisième génération des immigrés s’est déjà suffisamment assimilée pour ne plus parler ou même ne plus comprendre le slovène. Qui les aide à motiver les jeunes générations à parler le slovène ? Avant d’aborder plus particulièrement les résultats de notre analyse des entretiens avec les Slovènes de trois générations à Paris, nous nous attarderons au préalable sur l’immigration des Slovènes en France et les tendances globales de la préservation et de la transmission de la langue des immigrés à l´étranger. Considérant la langue comme une entité dynamique en permanente évolution selon la communauté et son environnement et partant du lien essentiel entre les faits sociaux et les pratiques langagières, nous envisage- rons, dans une deuxième partie, de présenter plusieurs aspects qui nous paraissent impor- tants sur la transmission de la langue maternelle des émigrés aux prochaines générations, notamment comment cela se passe dans les couples mixtes ou si la langue du père ou de la mère est plus fréquemment transmise. En conclusion, nous présenterons les résultats obtenus et proposerons des pistes pour l´avenir. En raison de l’espace limité, nous nous concentrerons sur l’aspect de transmission dans la société, plus particulièrement au sein de la famille, c’est-à-dire que nous n’abor- derons pas les institutions qui aident à la préservation de la langue et de la culture slovène en France et qui jouent sans doute un rôle primordial – nous ne mentionnerons que les associations slovènes qui aident à réunir les activités des immigrés : le Gouvernement slovène qui octroie un soutien financier aux activités culturelles avec l’aide du ministère UDK 314.151.1(443.611=163.6):811.163.6 DOI: 10.4312/vestnik.9.45-58 46 VESTNIK ZA TUJE JEZIKE/JOURNAL FOR FOREIGN LANGUAGES de l´éducation de la République de Slovénie qui organise les cours de slovène pour en- fants et adultes, ainsi que le Bureau du Gouvernement de la République de Slovénie pour les Slovènes à l’étranger ; l´Ambassade de la Slovénie à Paris ; l’INALCO à Paris qui propose un enseignement de langue et littérature slovènes ; le Centre pour le slovène comme langue étrangère à l’Université de Ljubljana ; et d’autres établissements chargés de la promotion du slovène à l´étranger. 2 CADRE THÉORIQUE Durant la période des migrations européennes et globales aux 19e et 20e siècles, la pé- riode des bouleversements historiques, les Slovènes étaient également des émigrés. Ce phénomène s’est particulièrement accentué dans les décennies avant la Grande Guerre (migration aux États-Unis), pendant les deux guerres mondiales (migration en Amérique du Sud et en Europe) et aussi entre les années 1860 et 1870 (migration en Europe). Selon Milena Bevc de l’IER1 de la Faculté de l’Économie à Ljubljana, qui définit aussi le mot « émigrant », l’émigrant slovène est l’habitant de la Slovénie qui a changé sa résidence et qui a déménagé dans un autre lieu en Slovénie ou dans un autre pays. Quant à la migration dans les différents coins du monde, elle était présente avant les migrations modernes en masses et elle est encore actuelle aujourd’hui, par exemple pour les réfugiés ou la fuite des cerveaux (Drnovšek, 2016). La mobilité et les migrations en général représentent un phénomène multidimension- nel qui a un rôle important et complexe sur plusieurs niveaux. En outre, nous pourrions lier les migrations avec les frontières, identités, droits de l’homme, de même qu’avec les questions de la nation, de l’Etat et de la culture. Sans doute, il faudrait également noter que la migration n’est que la première phase du processus entier lorsqu’il s’agit de l’émi- gration, étant donné que cette phase est suivie par l’intégration au nouvel environnement puis par l’assimilation. Donc, si nous voulons comprendre les raisons, il faut prendre en considération ceux dans le lieu d’émigration et ceux dans le lieu d’immigration. 2.1 Les Slovènes en France Selon le texte de la Loi sur les relations de la République de Slovénie avec les Slovènes en dehors de ses frontières2, les émigrés slovènes étaient divisés en deux groupes : ceux qui travaillent et/ou résident dans les pays voisins et ceux qui habitent en dehors des zones définies comme des pays voisins et dans d’autres pays européens et non-européens. Les travailleurs migrants sont principalement installés dans les pays de l’UE (Allemagne, 1 Institute for Economic Research: http://www.ier.si/, consulté le 8 février 2016 2 https://www.uradni-list.si/1/content?id=73044, consulté le 14 mars 2016 47Lea Cibrić: TRANSMISSION DE LA LANGUE SLOVÈNE DANS LA COMMUNAUTÉ SLOVÈNE À PARIS Autriche, France, Suède, etc.) ainsi qu’en Suisse, et les raisons de leur départ sont prin- cipalement de nature économique. La plus grande partie de la diaspora slovène sur le continent européen est en Allemagne, en Suède et en Suisse. On retrouve, par ailleurs, des communautés slovènes aux États-Unis, au Canada, en Argentine, en Australie, dans les pays d’Asie, d’Afrique et d’Océanie. Une période riche en événements a débuté après 1991 (avec la désintégration de l’ex-Yougoslavie et l’indépendance de la Slovénie) quand les Slovènes ont également déménagé dans les autres républiques de l’ex-Yougoslavie, à savoir en Croatie, en Bosnie-Herzégovine, en Serbie, au Monténégro et en Macédoine3. Les Slovènes à l’étranger restent liés entre eux et avec leur pays d’origine. De ce fait, parmi environ 2,5 millions de Slovènes et les personnes ayant des racines slovènes, plus d’un quart habite en dehors des frontières de la République de Slovénie (Fridl, 2001) parmi lesquelles seulement 12% ont la nationalité slovène (Škrbiš, 2003). Les émigrés représentent ainsi plus d’un cinquième de la nation slovène. Actuellement, selon l’Ambassade de la République de Slovénie à Paris, environ 20.000 personnes d’origine slovène vivent en France4. Ce sont en majeure partie des immigrants économiques, venus entre les deux guerres, si bien que des communautés en Lorraine (Merlebach, Aumetz), et dans le Nord (Sallaumines), représentent la sixième génération des descendants des Slovènes. D’autres communautés vivent à Paris, à Nice et à Marseille. Ils sont donc dispersés dans le pays entier et même au sein des classes sociales ils ne représentent pas un groupe homogène. Les émigrés slovènes se sont donc inclus dans l’environnement français où ils se sont assimilés avec succès. Les plus grandes densités des Slovènes se situent dans certaines zones de l’immigration et dans les grandes villes, tandis que la deuxième et la troisième génération déménagent déjà dans la partie suburbaine et plus loin de ces régions, notam- ment hors de Paris. Dans l’espace urbain, les Slovènes sont assez dispersés et n’habitent pas dans les mêmes quartiers comme quelques autres émigrés (Švab, 2007). En outre, le profil des Slovènes en France a changé avec le temps notamment parce que les deuxièmes générations sont parvenues à monter dans l’échelle sociale – par exemple, leurs pères travaillaient dans les mines, mais eux-mêmes préféraient entreprendre des études et souhaitaient un travail moins physique ou plus respectueux. Ces derniers sont donc déjà très bien intégrés dans la société française et ne sont plus vus comme différents. En plus, les enfants des émigrés ont, dans la majorité des cas, un partenaire français, par conséquent ce sont des couples ou des familles mixtes. De ce fait, la communauté slovène est devenue plus dispersée et moins solide. Avec le temps, la culture, la langue et les liens commencent à changer ou diminuer. Pišlar Fernandez (2006) explique que, malgré tout, les deuxième et troisième générations des émigrés slovènes en France sont conscientes des sacrifices de leurs parents et de leurs efforts pour préserver la langue slovène et la 3 http://www.uszs.gov.si/si/delovna_podrocja/slovenci_po_svetu/, consulté le 29 février 2016 4 http://pariz.veleposlanistvo.si/index.php?id=2810, consulté le 29 février 2016 48 VESTNIK ZA TUJE JEZIKE/JOURNAL FOR FOREIGN LANGUAGES transmettre à leurs descendants, y compris les coutumes, les traditions et l’identité slo- vène. Même si la plupart des enfants de parents slovènes sont des « Français parfaits », ils contribuent énormément à l’échange entre les deux nations avec des projets communs, des événements culturels et musicaux, etc. En dépit du fait d’être Français, ils apportent leur contribution grâce à leur identité plurale et permettent ainsi à la France d’être plus ouverte vers l’Europe. Par conséquent, nous pouvons dire que les Slovènes en France exercent leurs acti- vités afin d’assimiler les deux cultures, c’est-à-dire que dans le processus d’assimilation, ils assument la culture de la majorité dominante, mais c’est ce degré qui détermine dans quelle mesure l’identité ethnique et la solidarité interne, à savoir dans la communauté slo- vène, vont être affaiblies. Ils ont sans doute construit une culture double ou même hybride comme ils sauvegardent certains éléments de leur culture d’origine et acceptent quelques éléments de leur culture dominante (Klinar, 1976). 2.2 Tendances globales de la langue des immigrés à l’étranger D’un point de vue anthropologique, certains éléments de la vie quotidienne jouent un rôle important en ce qui concerne la transmission de la langue étrangère dans un autre pays. Un élément primordial pour la préservation et la transmission de la langue à l’étranger est la situation familiale, à savoir, les parents, leurs langues maternelles et leur accord sur l’usage des langues à la maison. Il en est de même des questions de la mixité conjugale et linguistique, ainsi que du rôle du père et de la mère dans le processus de la transmission. Enfin, l’apprentissage du slovène se déroule parfois dans les familles mixtes franco-slo- vènes et ouvre de nouvelles perspectives. D´abord, la mixité linguistique est bien souvent associée à la mobilité et à la migra- tion dans la mesure où elles confrontent les membres d´une famille à de nouveaux lieux et à de nouvelles langues (Deprez 2014 : 8). À Paris, dans certaines communautés, le français, qui est une langue officielle et la langue de l’école, domine les échanges linguis- tiques. C’est le fait notamment que la scolarisation en France est obligatoire en français, ce qui s’ajoute à toute la socialisation de l’enfant qui se passe en français avec leurs ami(e)s, enseignants, etc. Comme l’ont souligné Deprez et Dreyfus, la transmission de la langue maternelle aux enfants en France dépend aussi du type de mixité linguistique : « (1) étrangers mariés avec un(e) Français(e) et parlant la langue du pays de résidence (par exemple, un Portugais marié avec une Française) ou (2) deux étrangers d’origine et de langues maternelles différentes, qui toutes deux sont différentes du français (par exemple un Espagnol marié à une arabophone) » (Deprez et Dreyfus 1998 : 207). Dans le premier cas, le français, la langue de l’environnement et celle d’un des conjoints, va dominer dans l’usage de l’enfant et il nous semble que l’autre langue pourrait être perdue si elle n’est pas pratiquée régulièrement. Le deuxième cas nous indique que les deux 49Lea Cibrić: TRANSMISSION DE LA LANGUE SLOVÈNE DANS LA COMMUNAUTÉ SLOVÈNE À PARIS langues du couple mixte ont la même possibilité d’être préservées si les deux parents parlent leurs langues maternelles avec leur enfant à la maison de manière plus aisée que leur français mal maîtrisé. Selon Haque (2010 : 31), « la politique linguistique familiale comprend les décisions prises par les parents : quelle(s) langue(s) sont à transmettre, quelle(s) langue(s) sont à employer à l‘intérieur du foyer. Elle fixe ainsi le rôle, la fonction et la place de chaque langue selon leur utilité ou leur valeur pour les membres de la famille ». De plus, si les grands-parents ne parlent pas la langue de l’environnement, l’enfant semble obligé de leur parler dans leur langue. Matthey et Fibbi (2010 : 62–63) constatent, pour leur part, que la transmission de la langue d’origine des migrants est favorisée par « une régularité des contacts entre trois générations » puisqu’il s’agit également d’un héritage symbo- lique de la part des jeunes. À propos de la transmission de la langue maternelle des immigrants aux enfants, il est aussi nécessaire de considérer la différence entre la langue du père et la langue de la mère. En effet, le rôle de la femme dans le changement linguistique est très important étant donné que la femme est souvent perçue soit comme la gardienne traditionnelle des langues domestiques, soit comme tournée vers la mobilité et la modernité que repré- sentent les parlers des grandes villes pour elle-même et pour ses enfants. Les résultats de l´enquête « Trajectoires et Origines » (Filhon et Varro, 1999) montrent qu’en France, chez les couples mixtes, la langue du migrant est généralement mieux transmise si la mère est le conjoint immigré que lorsque c´est le père. Lorsque le couple réside en France et que l´un des conjoints est Français sans ascendance migratoire, c´est la langue du mi- lieu – ici le français – qui domine nettement dans la communication (70%). En revanche, lorsque les deux parents sont immigrés venant de pays différents, ils ne sont plus que 50% à ne parler que le français à leurs enfants (Condon et Regnard, 2010). Il nous semble que la langue du père, isolée, a beaucoup de mal à se maintenir en famille et à se transmettre. Au contraire, la langue de la mère est mentionnée comme connue dans beaucoup plus de cas. Ici se confirme l’hypothèse d’une meilleure transmission de la langue d’origine de la mère, sous-tendue par l’idée que c’est la mère qui assure l’essentiel de l’apprentissage linguistique des jeunes enfants. (Deprez et Dreyfus 1998 : 215). Il semble ainsi que les efforts d´éducation, de négociation, d´apprentissage et autres processus liés à sa place traditionnelle au foyer soient plutôt endossés par la femme. Il faut également mentionner une recherche de 2010 sur l’apprentissage du langage dans les familles mixtes franco-slovènes en France et en Slovénie, faite par Petra Odar, linguiste et sociologue slovène. Il apparait clairement que les familles mixtes franco-slo- vènes se sont formées non seulement en France, mais aussi en Slovénie, et il s’agit des familles multiculturelles dans lesquelles les enfants sont élevés dans plusieurs langues, d’habitude en deux langues, à savoir le slovène et le français. D’abord, les familles mixtes utilisent les stratégies d’apprentissage différentes. Les enfants eux aussi répondent dans cette langue. De ce fait, les enfants ne mélangent pas les langues entre elles, mais ils 50 VESTNIK ZA TUJE JEZIKE/JOURNAL FOR FOREIGN LANGUAGES utilisent chacune d’elles dans des circonstances particulières. Une certaine langue peut être liée à une certaine personne, à une certaine situation ou à la limite temporelle, par exemple un jour une langue, l’autre jour l’autre langue (Odar 2010 : 99). Dans sa re- cherche, l’auteure a confirmé que l’enfant parle avec ses parents dans la langue qui est maternelle pour son locuteur, même lorsque les parents parlent l’anglais entre eux. Ce- pendant, selon cette recherche, trois paramètres influencent l’apprentissage de la langue. Ce sont la qualité de l’environnement familial, les facteurs socio-économiques et l’école maternelle avec les camarades de classe (Odar, 2010 : 100). 3. CADRE MÉTHODOLOGIQUE Après une observation détaillée de la communauté slovène de Paris, nous nous sommes intégrés à la vie culturelle des Slovènes en contactant les Slovènes issus de trois généra- tions d´immigrés, y compris les nouvelles vagues d´immigrés, pour passer des entretiens et pouvoir comparer la manière dont la langue slovène était transmise dans le passé et aujourd´hui. Les personnes interrogées ne représentent pas l’ensemble de la communauté slovène vivant en France notamment en Île-de-France. Nous avons interviewé dix-sept personnes ce qui représente un échantillon suffisamment important pour obtenir des ré- sultats valables. Nous tenons à préciser que nous n’avons choisi ni une tranche d’âge, ni un milieu social en particulier. Notre but était notamment de rassembler un groupe de Slovènes vivant à Paris et représentant la population slovène en général. Il s’agissait d’interviewer des personnes de tous les âges et de toutes les classes sociales. Notre ob- jectif était de déterminer un profil général et de mettre en évidence les phénomènes qui se produisent chez toutes les générations d’immigrés slovènes. 3.1 Corpus de recherche Tout d’abord, nous avons élaboré un questionnaire qui interroge les participants sur leurs racines slovènes ou leur arrivée en France, c’est-à-dire sur leur milieu social et leur situation familiale, leur âge, leurs liens familiaux, l´influence de leur conjoint (étranger ou Slovène), sur leur usage du slovène, ainsi que sur leur choix de l’emploi des langues et sur l’apprentissage et la transmission du slovène (pour ceux qui parlent slovène), afin de savoir de quelle manière ils ont transmis le slovène aux nouvelles générations à l´étranger. Pour effectuer nos entretiens, nous avons choisi un entretien semi-directif afin de guider nos enquêtes par des questions ouvertes. Les réponses nous servent à obtenir des réponses plus développées et à trouver des pistes de recherche auxquelles nous n’avions pas pensé auparavant. 51Lea Cibrić: TRANSMISSION DE LA LANGUE SLOVÈNE DANS LA COMMUNAUTÉ SLOVÈNE À PARIS Afin de décrire le groupe des personnes qui a été interviewé, il nous faut commencer par leur âge qui s’étire de 28 à 87 ans. Trois générations différentes d’émigrés slovènes à Paris ont été questionnées et, parmi elles, trois personnes appartiennent à la première génération des Slovènes venus en France après la Seconde Guerre mondiale dans les an- nées soixante ou soixante-dix ; sept personnes sont les enfants de cette génération, donc la deuxième génération des Slovènes qui sont nés en France ; seulement une personne est de la troisième génération de ces immigrés ; et enfin six personnes, dans cette recherche, représentent la nouvelle vague des émigrés slovènes en France venus sur une période qui s’étend au lendemain de l’indépendance de la Slovénie en 1991 jusqu’à tout dernière- ment, c’est-à-dire 2016, l’année même de cette interview. Il a été constaté que toutes ces personnes sont des Slovènes ou des descendant(e)s de Slovènes : huit possèdent la double nationalité, quatre n’ont que la nationalité fran- çaise et cinq n’ont que la nationalité slovène. En ce qui concerne leurs ancêtres, tous avaient au moins un parent slovène, seulement deux parmi eux avaient un père slovène et quatre d’entre eux n’avaient qu’une mère slovène. Les parents des onze autres inter- viewés étaient tous deux Slovènes. Enfin, il est intéressant de constater que presque tous les interviewés parlent le slo- vène, sauf une personne. Seize interviewés connaissent donc le slovène. Toutefois, nous avons remarqué que leurs niveaux varient ainsi que leur confiance à parler cette langue avec les autres Slovènes. 4 RÉSULTATS DE L’ANALYSE DES ENTRETIENS Nos propos dans cette analyse se centreront sur les aspects que nous pensons relatifs en ce qui concerne la transmission de la langue slovène dans la communauté des Slovènes à Pa- ris. À partir de la description de quelques cas, nous observerons comment les phénomènes de contact, de migration ainsi que la réaction parentale au mariage peuvent jouer un rôle dans les politiques linguistiques familiales. Nous avons fait le choix de traiter également la question de la transmission linguistique, c´est-à-dire des situations où les conjoints ont transmis à leurs enfants leur langue maternelle. Mais avant d´aborder cette question, un détour via les notions de famille, de langue maternelle et de tous les autres aspects concer- nant la vie dans une autre culture que la sienne des émigrés slovènes s´impose. Nous avons établi des catégories dépendant des questions de l’entretien ainsi que des réponses données par les interviewés. Sans doute, les questions ouvertes ont permis ou permettent aux personnes interrogées de poursuivre le cours de leurs idées, par consé- quent nous avons eu des réponses inattendues et intéressantes. Notre sujet de recherche principal est la transmission de la langue slovène parmi les générations des Slovènes à Paris, nous avons donc analysé les faits liés à la langue slovène (son usage et sa transmis- sion), la Slovénie, les membres de famille slovènes et les contacts avec le pays. 52 VESTNIK ZA TUJE JEZIKE/JOURNAL FOR FOREIGN LANGUAGES 4.1 Contact avec la Slovénie Toutes les personnes interviewées sont en contact avec la Slovénie. Ils y vont presque tous les ans, certains même plusieurs fois par an. Les uns ont encore de la famille en Slo- vénie, les autres des amis. Il existe donc toujours un lien personnel ou interactionnel. Ils restent en contact avec les amis et membres de la famille, ils créent de nouveaux contacts en allant en Slovénie et ils sont en contact par téléphone, mail ou Facebook. En plus, certains ont expliqué que leur lien avec la Slovénie est plus sentimental et pas seulement lié aux relations familiales, mais ils gardent aussi des souvenirs agréables, le plus souvent de leur enfance, c´est-à-dire des sensations qu´on porte en nous toute la vie et qu’on utilise comme référence. En raison de ces visions d´un environnement idéal, la Slovénie reste un lieu dans l’imaginaire et la majorité de nos interviewés parle de leur pays d´origine avec nostalgie. 4.2 Niveau du slovène et auto-évaluation Dans notre enquête, nous avons enregistré dix-sept personnes de trois générations diffé- rentes parmi lesquelles seulement une personne ne parle pas du tout de slovène, tandis que deux autres avaient une connaissance basique du slovène et quatorze parlent slovène couramment, même si parfois ils ne se sentent pas à l’aise parce qu’ils ne le parlent pas souvent ou ils cherchent des mots spécifiques en slovène. Il est également vrai que ceux qui parlent le slovène et le comprennent très bien se divisent en deux groupes. D’un côté, nous avons les personnes qui ne sont jamais allées à l’école slovène, donc elles sont nées et ont été éduquées en France et leur connaissance du slovène vient de leurs parents ou famille qui a émigré en France dans les années soixante – même s’ils parlent couramment, ils ont l’impression que leur niveau ne sera jamais comme celui des « vrais » Slovènes et que ce niveau risque de se détériorer avec le temps s’ils ne sont pas en contact régulier avec la langue. De l’autre côté, nous avons les émigrés qui ont fini leur éducation en slovène et sont venus en France récemment : leur slovène reste d’un bon niveau, mais ils remarquent quelques fautes et ont tendance à utiliser le dialecte ou la langue parlée plutôt que le slovène standard. 4.3 Usage du slovène Nous avons constaté que la plupart de nos interviewés utilisent le slovène pour communiquer avec les membres de leur famille qui sont Slovènes, la fréquence dépend donc de leurs rela- tions et de leur temps. Habituellement, ils s’écrivent des messages par mail ou ils s’appellent par téléphone aux jours importants, comme les anniversaires, le Nouvel An et Noël. Il est évident également que nos interviewés utilisent le slovène pendant leurs séjours en Slovénie. 53Lea Cibrić: TRANSMISSION DE LA LANGUE SLOVÈNE DANS LA COMMUNAUTÉ SLOVÈNE À PARIS 4.4 Contact avec la langue et la culture slovène à Paris Dans notre enquête, il s’agissait également de savoir si les Slovènes à Paris sont en contact avec la culture slovène, plus précisément, comment. Il est toujours intéressant de voir de quelles façons on peut pratiquer une langue étrangère dans un autre pays, comme il n’est pas évident de la parler si une autre langue domine dans la vie quotidienne. Nous souhaitions donc savoir si nos interviewés écoutent de la musique slovène, s’ils regardent des films slovènes ou lisent des livres slovènes ou en slovène. La majorité des personnes ont répondu qu’ils restaient en contact avec le slovène et la culture slovène en communiquant avec leurs amis et famille slovènes, à savoir onze sur dix-sept. Cela signifie qu’ils utilisent la langue le plus souvent avec les autres Slovènes à Paris ou par téléphone avec ceux en Slovénie, ou quand ils vont dans leur pays d’origine. En deuxième position se trouve la musique slovène qui aide les Slovènes à l’étranger à pratiquer leur savoir linguistique et en même temps à se souvenir de la Slovénie et des bons moments vécus là-bas. De plus, ils lisent des livres slovènes et regardent la télévi- sion par internet ou quand ils sont en Slovénie. Par ailleurs, nous avions interviewé quelques personnes qui ne sont pas en contact régulier avec la langue ou la culture slovène. Il s’agit de personnes qui n’ont plus de famille en Slovénie ou qui ne parlent pas avec des membres de la famille aussi réguliè- rement. En plus, ils ne maîtrisent pas le slovène autant qu’ils peuvent lire des livres en slovène ou écouter de la musique slovène parce que les paroles passent trop vite et la compréhension du texte est minimale. En conséquence, ils sont de moins en moins en contact avec leur pays d’origine, de plus la langue et les traditions slovènes se perdent. De ce fait, ils essayent de trouver les façons de sauvegarder leur héritage, du moins en eux-mêmes, et ainsi ils fréquentent le cours de slovène organisé par le ministère de l’édu- cation slovène. Ces cours donnent à tous ceux qui le veulent, une possibilité d’apprendre et améliorer leur connaissance du slovène, de l’entendre au moins et d’y retrouver les autres descendants de Slovènes qui rencontrent les mêmes difficultés5. 4.5 Influence de la scolarisation française sur l’usage du slovène à Paris Bien que la transmission se fasse et que l’enfant parle la langue de ses parents comme sa langue maternelle, l’environnement étranger joue un rôle primordial. Les enfants parlent une certaine langue à la maison et quand ils grandissent, ils vont à l’école où la langue de communication et d’enseignement est différente de celle parlée chez eux. Ainsi, comme ils passent de plus en plus de temps dans l’environnement scolaire et avec leurs amis, ils utilisent la langue de l’environnement la plupart du temps et ils obtiennent également un 5 Urad Vlade Republike Slovenije za Slovence v zamejstvu in po svetu:http://www.uszs.gov.si/, consulté le 22 février 2016 54 VESTNIK ZA TUJE JEZIKE/JOURNAL FOR FOREIGN LANGUAGES vocabulaire plus étendu dans cette langue grâce aux connaissances acquises à l’école. Petit à petit, leur langue maternelle n’est réservée que pour les occasions rares où ils sont obligés de parler en slovène avec ceux qui ne parlent ou ne comprennent pas le français. Leurs parents habitant également avec eux dans un environnement étranger ou français, ils maîtrisent donc le français aussi. Cette langue peut ainsi devenir leur langue de com- munication quotidienne si les parents ne persistent pas dans leur usage du slovène. Pour conclure, le slovène s’utilise seulement dans l’environnement slovène, en Slovénie et avec des amis slovènes, ainsi qu’à la maison si les parents exigent de le parler. 4.6 Transmission de la langue slovène D’abord, nous remarquons que, dans la plupart des cas, le slovène a été transmis à nos interviewés par leurs parents ou grands-parents, ce fut le cas pour douze d’entre eux. Seu- lement dix d’entre eux ont transmis le slovène à leurs enfants. Ces derniers expliquent à quelles difficultés ils se sont heurtés et comment ils ont quand même réussi à transmettre la langue. Les techniques les plus utilisées sont évidemment la communication avec les enfants ou dans la famille, les livres, les dessins animés, les visites de la Slovénie, y compris les séjours et vacances chez leur famille slovène, les colonies ou écoles d’été et les amitiés. D’un autre côté, sept personnes sur les dix-sept interviewées n’ont pas transmis le slovène à leurs enfants, même si la langue leur a été transmise par leurs parents ou grands-parents, et même s’ils ont appris et amélioré le slovène au niveau universitaire. Différentes raisons ont été données, parmi lesquelles la plus fréquente est leur conviction que le slovène n’est pas leur langue maternelle ou qu’elle ne vient pas de leur bouche naturellement. 4.7 Influence du conjoint non-slovène sur la transmission de la langue slovène Ce qui joue un rôle important dans la transmission de la langue slovène au sein des fa- milles à l’étranger, c’est également les conjoints des Slovènes. Par ailleurs, la préservation d’une langue étrangère et petite dans un autre pays peut se révéler difficile, en particulier en France où le français prédomine. Dans notre recherche, il est apparu que les Slovènes qui sont en couple avec un ou une Slovène, préservent la langue slovène à la maison parce qu´ils la parlent, c´est leur langue maternelle et cela leur vient naturellement. Or cela n´est vrai que dans quatre cas sur dix-sept de nos interviewés – ayant trans- mis le slovène à leurs enfants, ils préservent ainsi profondément la culture. Le même pourcentage de personnes n´avait pas de partenaire ou d´enfants, la langue n´a pas du tout 55Lea Cibrić: TRANSMISSION DE LA LANGUE SLOVÈNE DANS LA COMMUNAUTÉ SLOVÈNE À PARIS été transmise, mais ils ont exprimé le désir d´essayer de le faire à l´avenir s´ils avaient des descendants. La majorité des personnes interviewées avait un conjoint étranger, soit neuf sur dix-sept. Dans huit cas, les conjoints étaient de nationalité française et dans ces fa- milles-là, le français prédomine aussi, car c’est la langue officielle. Ce fait contribue énor- mément à la non-transmission du slovène à leurs enfants, ou au moins à une transmission moins persistante et profonde. En outre, les couples mixtes fonctionnent souvent dans une langue étrangère commune. D’habitude, c’est la langue de l’environnement qui est la plus parlée, ou l’anglais. Cependant, il est encourageant de remarquer que même dans ces couples mixtes, la langue slovène peut être préservée et transmise aux prochaines générations si la volonté de la personne slovène est assez forte. 4.8 Différences entre générations – transmission du slovène à Paris dans le passé et aujourd’hui Dans cette catégorie, il faut ajouter que les premiers immigrés slovènes en France avaient une expérience différente – il fallait s’intégrer à l’environnement et ne pas trop montrer qu´on était étranger, sauf dans le cadre non-officiel, c’est-à-dire dans les associations slovènes. En outre, pour la plupart, ils n’étaient pas trop éduqués, donc ils ne parlaient qu´un dialecte slovène. Sous l’effet de ces circonstances, ils n’ont pas transmis le slovène, préférant parfois même cacher le fait d’être Slovène ou Yougoslave. En plus, leur slovène devenait de moins en moins bon et n’était pas à jour. Ils parlaient une langue devenue au fur et à mesure archaïque sans ajout de termes nouveaux et de tendances linguistiques qui sont arrivées par la suite. Au contraire, les nouvelles générations parlent plusieurs langues dès l’école primaire et leur conception est différente aussi grâce à internet et la société globale dans laquelle ils grandissent et vivent. Tous ces facteurs pourraient aider à une transmission plus effi- cace du slovène aux descendants. 5 CONCLUSION Pour conclure, la transmission de la langue maternelle des émigrés dans un autre pays reste un sujet de recherches assez captivant puisque, d’un côté, il s’agit d’une question globale sur la préservation de leur identité et de leur culture étant donné qu’il est dans le fonctionnement de l’homme de vouloir rester en contact avec ses racines parce que c’est seulement ainsi qu’il est possible de se comprendre et former l’avenir. D’un autre côté, les solutions qui ressortent de ce type de recherche peuvent aider le pays à mieux com- prendre ces émigrés et à améliorer ses relations avec sa diaspora à l’étranger. Selon nous, l’analyse respective des réponses donne une réelle description de la situation actuelle de l’état de la culture slovène et de la transmission de la langue slovène 56 VESTNIK ZA TUJE JEZIKE/JOURNAL FOR FOREIGN LANGUAGES à Paris. En général, nous pouvons constater que la langue slovène fait partie de la com- munauté parisienne, non seulement parmi les immigrés, mais aussi dans le cadre institu- tionnel, ce qui signifie que sa place n’est pas du tout compromise. Comme l’a souligné un linguiste slovène très reconnu, Jože Toporišič, l’assimilation dans un environnement étranger ne veut pas dire la perte de l’identité nationale, mais les émigrés absorbent seulement les pouvoirs de cette nouvelle communauté en abandonnant la leur (Toporišič, 1991 : 58). Ainsi, selon l’auteur, il s’agit du fait qu’ils obtiennent une nouvelle identité, peut-être mixte, sinon adaptée. Ce phénomène est également vrai pour les Slovènes à Paris. En outre, la transmission des langues dépend de multiples facteurs parmi lesquels apparaissent notamment le rapport à la mobilité de ces familles, la motivation pour l’ap- prentissage, la persévérance des parents, les liens familiaux, ainsi que les changements sociétaux en cours à travers le monde. Pour finir, le fait de continuer à utiliser sa langue maternelle ou celle de ses grands-pa- rents dans un pays étranger est un fait intéressant parce que la langue de la famille re- présente une grande partie de l´identité personnelle et nous pensons que chacun pourrait s’identifier à ce thème. Un jour ou l’autre, nous serons tous immigrés – soit dans un autre pays, dans une autre ville ou seulement dans une autre famille. 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Družinske jezikovne politike ne-prenosa maternih jezikov se lahko pojavijo kot posledica mešanih zakonskih zvez – če starša ne govorita istega jezika, slovenščina izgubi bitko s francoščino, ki postane jezik komu- nikacije. Opazili smo, da ponekod ta res prevladuje, vendar so slovenski starši v Parizu izredno vztrajni in je slovenščina večinoma prenesena. Priznati pa je treba, da nivo slovenščine ni vedno najvišji, saj mlajše generacije niso v rednem stiku s Slovenijo. Vsekakor je spodbudna ugotovitev, da slovenščina ohranja pomembno vlogo v pariški skupnosti Slovencev in da se slovenska kultura prenaša na naslednje generacije. Ključne besede: Slovenci, Pariz, izseljenstvo, prenos slovenščine, sociolingvistika ABSTRACT Transmission of the Slovene language among Slovenes in Paris The purpose of this article is to present the results of the research on the transfer of Slovene among the Slovenes in Paris. First we discuss the Slovenian immigration, then we take into account vari- ous sociolinguistic issues, and the main part of the article is devoted to the analysis of interviews. One of the effects of immigration is the lack of opportunities for the use of Slovene. French, as the language of the environment, prevails in the working environment and also helps create social ties. Family language policies of non-transmission of mother tongues may arise as a result of mixed marriages – if parents do not speak the same language, the Slovene language loses the battle with French, which becomes the language of communication. We noticed that in some cases this prevails, but the Slovenian parents in Paris are extremely persistent and, in most cases, Slovene is transferred. However, it should be acknowledged that the level is not always the highest, since the younger generations are not in regular contact with Slovenia. All in all, it is certainly encouraging to know the important role of Slovene in the Parisian community of the Slovenes and that the Slo- venian culture is being transferred to next generations. Key words: Slovenes, Paris, emigration, transmission of Slovene, sociolinguistics