176607877565 ESSAI SUR L'HISTOIRE NATURELLE DE L' I S L E DE SAINT-DOMINGUE, A PARIS, Chez Gobreau, Libraire, Quai des Auguftins, à Saine Jean-Baptifte. M. DCC. LXXVI. Avec Approbation, & Privilège du Roi. A VE R TISSE M E NT. TE préfumerois trop de mes forces , Il J? j'entreprenois de traiter en grand THif-toire naturelle de Saint - Domingue. Un féjour de près de quatre ans dans cette ifle fortunée, m'a mis à portée de faire quelques obfervations détachées fuivant le hazard ou les circonftances. Je n'avois alors en vue que de fatisfaire mon goût, & de remplir des momens de loiiir que les devoirs de mon état me lailToient libres. Les perfonnes à qui je les ai communiqués depuis mon retour en France , m'ont confeillé de les foumettre au jugement du public, efpérant qu'elles pourraient être de quelque utilité pour la con-noiflance de l'hiftoire naturelle d'un pays fi fréquenté & fi peu connu. J'aurois pu rendre ce petit ouvrage plus confîdérable , en recourant aux auteurs imprimés , pour remplir les lacunes qui s'y trouvent; mais comme la plupart ne m'ont pas toujours paru véridiques dans le peu que j'ai obfervé, j'ai pu penfer qu'ils pouvoient s'être aufli trompé dans ce que je n'ai pas eu le loifir d'examiner. J'aime mieux laifler un vuide à remplir à A ij Iv AVERTISSEMENT. des mains plus habiles, que de parler au hazard, ôc de donner des doutes pour des certitudes. Si j'ai quelquefois fait ufage des obfervations rapportées dans le Journal de Saint-Domingue, ce n'eft qu'autant qu'elles m'ont paru conformes à ce que /obfervois moi-même. L'hiftoire naturelle feroit certainement mieux connue , Ci tous ceux qui en ont parlé , n'avoient cité que le grand livre de la nature : nous n'aurions pas vu pa-roître, à la vérité , ces ouvrages volumineux, décoré d'un titre faftueux, d'après lefquels il femble qu'il n'y ait plus rien à dire; mais qu'en feroit-il arrivé? Les erreurs des anciens euffent été moins honorées; nous ne les verrions pas rajeunir tous les jours, & réunir en corps d'ouvrage avec les véritables découvertes ; l'étude de la nature, qui devrait être à la portée de tout le monde, eut été plus facile, moins difpendieufe , & l'on marcheront avec alïurance dans le (entier de la vérité, ayant pour guides des obfer-vateurs & non des compilateurs. J'ai hazardé quelques idées fur la fitua-tion actuelle des habitans de Saint-Domingue; je les ai peint tels qu'ils font, ou du moins tels qu'ils m'ont paru. Ce n eft point ma faute, Ci mes portraits ne AVERTISSEMENT. v font pas flatteurs; s'ils font infidèles, tant pis pour les originaux ; ils ont dès lors un vice de plus , ï'hypocrifie : au refle , je parle en général, ce qui fuppofe nécef-ïàirement des exceptions. On ne trouvera dans ce petit ouvrage, ni pureté de langage , ni correction de ffyle ; des phrafes louches, mal digérées, rebuteront plus d'une fois le Lecteur, j'écris fans prétention ; je travaille pour m'inftruire. J'ai tâché de rendre mes descriptions exactes, je ne promets rien de plus. Explication des abréviations. JS^C.'JI. Acofta, Tra.6l.ulo de las Drogas Orientales. Bar. Pierre Barrere, EfJ'ui fur fhijloire naturelle de la. l'rance Equinoxiale. JSo.r/i. Boerhaave, Index Horti Lugd. Bat. Bout. Bontius, Hijl- na't. India: Orientalis. Breyn. Breynius ( Jacobus ) , Centuria, Prodromus. Brown. Brovru, The civil and. natural, hijlori of Jcl- maïca. Car. en langue Caraïbe. C. B. Cafpnr Bauhin, Pinax & Tkcatrwn Eotanicutn. Cœfalp. Cxfalpinus , de plantis. ClajJ'. Clalle dans laquelle la plante Te trouve placée, iuivant Toumefort ou Ljnrjacus. Clus. Clulius , Rariorum plantarutn Hijloria & exotico- rum libri decem. Vaiec. Dalcchamp , Hijloria geniralis Plantarum. Defp. Poupé des Portes , Traité des plantes ufudles de Saint-Domingue. Fam. Famille dans laquelle M. Adanfon place la plante. Ilerm. Hermann. Catalogus Horti Lugdun. Batav. Hcrn. Hernandez , Hijloria naturalis Mexicana. Hort. Mal. Hortus Malabaricus. Hou.fl. Houfton , Arova gênera. Jacq. Jacmiir: , Enutneratio Plantarum Amcricanarum. J. B. Jean Bauhin, Hijhria Plantarum univerfalis. Jonjl. Jonlton , Notifia regni vegetabilis: Lirai. Linnx'us, Syjlema naturce ,/pecies plantarum, &c. Lob. Lobelius , Hijloria jlirpium. Egc. Lieu où l'on trouve les plantes. Marcg. Marcgravius, Hijloria naturalis Brafitix. Me m. Acad. Mémoires de l'Académie des Sciences de Paris. Merlan. Mcriana , Planta. Surinamenfes. Obf. OM'crvations fur les plantes. Ord. Ordre, méthode pour claflcr les plantes. Ovied. Oviedo, Hijl. gen. Indiarurn. Park. Parkinfon , Theatrum Botanicum. Pif. Pi fon , Hijloria naturalis Brafilix. Pluk. Pluknctius, Phytogray/tia, Alma^ejlum, V1J PL P. Plumier, Minime, Description des plantes de .l'Amérique. Projp. Alp. Profpcr Alpinus , De Plantis JEgypti. Jlurnpk. Rumphius , Herbarium Amboinicum. Scalig. Scaliger, Hijloria Plantarum Thcophrajli. Secl. Section, divifion des plantes. Sloa. Sloanc , Voyage to Jamaïca. Tabern. Tabernamiontanus , Hijloria Plantarum. Tournef^ Tourneforr , Elémens de Botanique. Uf. Ufage qu'on fait des plantes. Virt. Vertus ou propriétés des plantes. A iy EXPLICATION De quelques expre/Jîons Tccniques ou en ufage dans les ljles. Aigrette , Pappus. Efpèce de couronne qui rellcmble à un pinceau compofé de plu-iieurs poils droits ou rameux. On la trouve fur les femences de plufieurs plantes, quand elles viennent à fe détacher par la maturité du placenta qui les porte. Le moindre vent fuffit pour les difperfer au loin. Aiguillon, Aculeus. Pointe fragile qui n'eu: pas le produit du corps ligneux, comme l'épine, mais de l'écorce feulement ; en forte qu'en enlevant cette partie, tous les aiguillons fe détachent avec elle; les piquans de la Ronce & du Rofier font de cette forte. Aile, Ala. C'elt un appendice membraneux très-fin qui borde les femences. II fert à leur faire pré/enter plus de furface à l'air qui les répand de tout côté dans leur maturité. On dit d'une femence qu'elle elt ailée» femen ala-tum, pïnnatum. Aisselle , Axillu. C'elt l'angle que forme la queue des feuilles avec la tige qui les porte. Alexitaib.es , Alexipharmaques. Ce font les remèdes, qui employés intérieurement relèvent tout-à-coup les forces abattues, raniment la circulation du fang, en réveillant l'action des foîides & atténuant les fluides. Les plantes qui ont ces vertus ont une odeur forte & pénétrante ; on les alTocie aux purgatives, & elles détruifent l'effet des morfures venimeufes des Expressions Tecniques. ix & des jpoifçns coagulans , par leur vertu in-cilive. anomales. On appelle ainfi les plantes dont les fleurs font irrégulières ; elles forment la troiiïème & la onzième clallé de Tourne-fort ; telles font la Balfamine, le Rejédu, la Capi ci ne. Anodins, remèdes propres à calmer & ap-paiier les douleurs. Antenne, Amenna. On donne ce nom à de petites cornes mobiles que plufieurs infeftes comme les Papillons portent fur la tête ; ils s'en fervent pour examiner ce qui les environne & empêcher qu'ils ne fe heurtent. AnthèpvE, Amheva. C'elt une petite mafTe g-obuleufe , ovoïde ou alongée, qui termine les étamines. Anti-épileptiques. On les emploie dans les maladies convulfives & épileptiques , qui viennent du mauvais état des fluides & des folides. Anti - scop^eutiques. Remèdes contre le feorbut. On fe propofe, en les adminiftrant, de corriger l'état des fluides , d'atténuer la partie groflière du fang, de lever les embarras qui le font: croupir , d'édulcorer 6c d'adoucir la lymphe acre 6c falfngineufe. Anti-vénériens. Remèdes employés contre cette maladie honteufe dont on r e rougit plus, qu'on nomme vénérienne & qui provient le plus fouvent d'un commerce impur. Les plantes anti-vénériennes font inefficaces lorfque le virus vérolique s'eft engagé dans la malle du fang, & que le mal elt invétéré ; il faut alors avoir recours au mercure. x Explication Anti-vekmineux ou vermifuges. Remèdes* qui chaflcnt les vers loge's ordinairement dans roefophage, l'eflomac & les inteftins. Arbre , Arbor. C'elt une plante Iigneufe qui n'a qu'un feul & principal tronc, divifé communément au fommet en plufieurs grof-fes branches; tels font le C/icue, le Noyer, &c Arbrisseau ou arbuffe, frutex , frutejcens. Ceft une plante Iigneufe qui produit de fa racine plusieurs tiges ; tel eft le Troène, &c. Article, Articulation, Nodus ,Articubis. Termes d'anatomie pour lignifier les parties d'une plante qui font eompofées de pièces jointes entre elles bout à bout. On dit du Jureau, par exemple, que fes tiges font arti-cule'es, genouillées, caulc nodofo, articulofo. Assoupissans. Remèdes qui provoquent le fommeil, calment les irritations , appaifent les douleurs. On les appelle aulfi narcotiques, anodins, jbmniféres. Astringens. Remèdes qu'on emploie pour arrêter les excrétions contre nature & excrétions naturelles augmentées, par exemple, les hémorrhagies, les règles immodérées, les dé-voyemens , les dyfentéries , les lueurs trop abondantes. Us donnent plus de relfort aux folides ou plus de confiftance aux fluides. Astroite. Production de polypes qui fe trouve dans la mer ; fa furface eft couverte de figures partie en creux , partie en relief qui femblent repréfenter des étoiles. On en trouve aurti de folliles. Baie, Bacca. Ceft un fruit qui contient plufieurs femences répandues dans la pulpe ; des Expressions Tecnï que s. xj quelquefois les Baies font ifolées , fouvent elles font ralïemblées par grappe. Base, Bafis. C'elt la naiffance des feuilles, des fleurs & des tiges La bafe d'une coquille, c'elt, dit M. d'Argenville, l'extrémité oppo-fée à fa partie la plus élevée, quand il n'y a point de queue ; quand il y en a une , c'elt la partie la plus large entre la clavicule & la queue. Béchique. Remède qui appaife la toux, & facilite la fécrétion de l'humeur qui fournit la matière des crachats. Bivalves , Bivalvia. On nomme ainfi les coquillages qui ont deux pièces ou écailles ; les Hollandois les appellent Doublettes. Boucaner fe dit proprement aux Ifles des viandes ou du poifion qu'on fait fécher à la fumée. 11 fe dit improprement de tout ce qu'on fait rôtir fur la braife. Buccin , Bucàntwz. C'efl un coquillage uni-valve, fait en forme de trompette , dont le ventre eft un peu gros , la bouche large , très-alongée & peu garnie de dents. Bulbe. V. Racine bulbeufe. Calice, Callx. Ceft l'enveloppe la plus extérieure de la fleur. Cames , Chamœ. Ce font des coquillages bivalves dont les deux coquilles font égale-.ment élevées, & la bouche ouverte & béante. Capsule , Capfula. Ceft un fruit fec qui n'eft compofé que d'une cavité, quelquefois d'une feule pièce, quelquefois de plufieurs. Carminatifs. Remèdes employés pour chaf-fer les vents contenus dans Peftomac & les inteftins ; ces vents prouvent que les digef-tions fe font mal. xïj Explication Cayeux, Soboles. On défigne par ce nom les petits Bulbes qui fortent des parties latérales du principal Bulbe , lorfqu'il a produit , fa tige & qu'il s'elt léché. Céladon. Ceft une couleur verte mêlée de blanc. Ce mot eft fynonyme avec verdâtre. Céphaliques. Remèdes contre les maladies de la tête : ils conviennent lorfqu'il eft nécef-faire de donner plus de mouvement aux foli-des 8c aux fluides ; les plantes céphaliques ont prefque toutes une odeur forte & aromatique ; elles abondent en parties fpiritueufes 8c volatiles : elles échauffent beaucoup. Chrysalide. On exprime par ce mot des chenilles enveloppées d'une membrane dure & épaifTe, qui attendent leur plus brillante & leur dernière métamorphofe : elles paffent de cet état de fommeil à celui de papillon. Clavicule. Ceft la partie pyramidale d'une coquille tournée en fpirale : on l'appelle fou-vent la tête d'une coquille. CoLÉopTâRE. Voyeç_ Scarabée. Columelle. Ceft le fut ou Taxe intérieur d'une coquille, depuis le haut jufqu'en bas. Ceft autour de ce fût que les fpirales font contournées ; il ne fe découvre que vers la bouche. Cœur j Concha cordis. Ceft une coquille bivalve , de forme ronde , élevée , fans oreille , qui repréfente la vraie forme d'un coeur. Conque anatifère , Concha anailfera. Ceft une coquille multivaîve, plate , triangulaire, compoiée de cinq pièces attachées à un pédicule. Son nom lignifie une coquille qui porte un canard, étymologie» fondée fur la Fable des Expressions Te c niques, xiij qui fait naître d'une Conque anatifère une efpèce d'oifeau marin nommé Bernache: Coquillage. On emploie ce mot, lorfqu on parle du poilTon conjointement avec fon écaille ; & cehii de Coquille , lorfqu'il ne s'agit que de l'écaillé. On appelle Coquillages vivaus, ceux qu'on trouve fur la furface de la terre dans leur état naturel ; & Coquillages morts, ceux qu'on trouve pétrifiés ; on les nomme auffi Fojjiles* Voyez ce mot. Cop.selet. C'eff cette partie de l'infecte qui fe trouve fur le dos, entre le cou & la nailTance des ailes, 8c qui forme comme une efpèce de cuiraiTe. Cordiaux , Cardiaca viedicamenta. Ce font les remèdes qui réveillent Pofcillation des folides, & qui raniment la circulation, en donnant de la fluidité au fang. Cornets , Volutœ. C'elt une coquille uni-valve , dont la bouche elt toujours alongée, le fommet élevé , fouvent applati, l'extrémité . d'en-bas pointue 8c de forme pyramidale. Corolle , Corolla. C'elt la partie la plus éclatante des fleurs, par les diverfes couleurs dont elle elt fouvent ornée. Cotylédons , Lobes. Us forment la principale partie de la femence. Il y a quelques plantes qui n'en ont qu'un ; la plupart en ont deux, qui s'appliquent l'un à l'autre par une furface plane : plufieurs en ont davantage. Couches corticales , Liber. Ceft la troifiè-me enveloppe de Técorce qui recouvre immédiatement le bois. Couronne , Corona. Elle couvre le fommet des femences ; elle n'eft formée le plus fou- xiv Explication vent que par des filets courbés. On appelle aufïi Couronne , une efpèce d'umbilic qui fe Trouve au fommet de certains fruits , comme dans la poire. Crustacées , Cruflacea animalia. On entend par ce mot des animaux couverts d'une croûte dure par elle-même , mais molle en comparaifon des écailles ou coquilles des tef-tacées. Les crabes, les écrévifes font du nombre des cruilacées. Diaphorétiques. Remèdes employés pour rétablir la tranfpiration infenfible. Diurétiques. Remèdes qui provoquent la fécrétion de l'urine. 11 y en a de deux fortes : les diurétiques chauds augmentent le mouvement des fluides & des folides ; les diurétiques froids en diminuent le mouvement. Drageons , Stolones. Ce font des rejettons enracinés qui naiffent des articulations qu'on trouve dans les racines de plufieurs plantes , comme le Frai fier, le Chiendent. On appelle les racines de ces plantes Jloloniferes. Duvet. V. Poils. Ecorce , Cortex. C'elt l'enveloppe extérieure des plantes. Elle eft compofée de trois parties, qui font : ¥ épidémie, Y enveloppe cellulaire , les couches corticales. Voyez ces mots. Ecorce moyenne. V. Enveloppe cellulaire. Ecusson , ScuteUum. Ceft cette pièce triangulaire qui fe trouve à l'extrémité du corce-let entre les élytres des infectes coléoptères. Élytres. Ce font les étuis écailleux qui renferment les aîles des infectes coléoptères. Embryon , Embryo. C'elt le rudiment du jeune fruit -, il fait la fonction de matrice, & des Expressions TecniquEs. xv contient les femences. Souvent un feul embryon eft lurrnonté de plufieurs ltils. Émétiques. Remèdes pour évacuer, principalement par en-haut, les matières contenues dans l'eftomac. On les appelle au Ai vomitifs. Emménagogues ou Hystériques. Remèdes pour provoquer les règles, en corrigeant la vilcolité ce 1 épailTilfement du fang , levant les obitructions 8c les embarras de la matrice , & réveillant les ofcillations des fibres. Ëmolliens. Remèdes qui , appliqués extérieurement , relâchent le tilTu fibreux des parties , 8c appailent la rarefeence des humeurs, eii fourniilant une humidité chargée d'un mucilage doux. Enveloppe cellulaire, Ecorce moyenne. C'elt la féconde partie de l'écorce. Épi , Spica. C'elt un amas de fleurs portées chacune fur un pédicule particulier, difpo-fées fur un axe commun , comme dans le froment. Épiderme. Ceft l'enveloppe la plus extérieure des plantes. Il elt facile à reconnoître, parce qu'il le détache facilement des branches vertes fous la forme d'une membrane fort mince ; il fe trouve fur toutes les parties des plantes, même fur les feuilles, les fleurs 8c les fruits. Épine , Spina. Ceft un petit corps aigu, piquant, qui fort immédiatement du centre de la tige, en perçant l'écorce qui lui forme comme une gaine. On en trouve fur VOranger, le Citronnier, 8cc. Ekrhtnes , ou Sternutatoires, ou Ptarmi-ques. Remèdes qui excitent une irritation vive xvj Explication1 fur la membrane pituitaire , provoquent l'c-ternument, & une fécrétion plus abondante de l'humeur qui lubrifie l'intérieur & les différentes cavités du nez. Étamines , Stamina. Ce font les organes-maies des rieurs ; quelquefois elles adlièrent au réceptacle ; fouvent elles font attachées à la corolle ; on en voit aufli qui font portées fur le calice , & même fur le pijlil. On difïin-gue dans les étamines le filament & Vantlière. Voyez ces mots. Étiolées ( plantes ). Ce font celles dont l'enveloppe cellulaire n'efl pas colorée ; ce qui provient de ce qu'elles croilfent à l'ombre dans les lieux humides. Fébrifuges. Remèdes contre la fièvre : ils réchauffent l'eflomac, réveillent l'appétit, 3c hâtent la circulation des liqueurs. On fait que la fièvre eft la fréquence du pouls , précédée ordinairement de friffons , accompagnée de chaleur, avec un dérangement fenfible des fonctions animales. Fétiches. Ce font des figures- de pierre ou de bois, groffierement fculptées, que Ton regarde comme les faillies Divinités des Indiens ; peut-être n'en faifoient-ils qu'un fujet d'amu-îement : peut-être prenons-nous pour des idoles ce qui n'étoit chez eux que des hyéro-glyphes. Feuilles alternes. Elles font placées tour-à-tour fur les deux côtés des branches ; de forte que celles d'un côté répondent au milieu de l'efpace que lailfent entre elles les feuilles du côté oppofé. Feuilles des Expressions Tecniques. xvij Feuilles caulinaires Ce font celles qui viennent immédiatement fur les tiges. Feuilles compojées. Elles font formées par plufieurs petites feuilles nommées Foltioles r rangées deux à deux ou tour-à-tour fur une côte. Feuilles conjuguées, emp années, oppofées. Ceft lorfqu'elles font difpofées vis-a-vis Tune de l'autre. On dit aufft qu'elles font alors rangées par paire ou deux à deux. Feuilles crénelées. Les dents de leur contour font peu profondes & très-ferrées. Feuilles dentelées Les dents font écartées & pointues comme les dents d'une fcie. Feuilles découpées ,écliancrées , lorfque les languettes font arrondies, Se allez diffames les unes des autres. Feuilles Jîorares. Elles accompagnent les fleurs. Feuilles laciniées.. C'elt lorfque les bords font taillés profondément, de lorte qu'elles paroifïent compofées de plufieurs lanières. Feuilles en main ouverte, en parajol, en éventail,palmées, Foliapal/nata. Ce font celles dont les follioles repréfentent une feuille ronde , profondément iaciniée ; toutes leurs queues couvergent vers l'extrémité de la côte qui leur fert d'attache. Feuilles ondées; lorfque les languettes forment des faillies fur le corps de la feuille. Feuillesperfolliées , Folia perforata. La tige les perce par le milieu. Feuilles radicales. El les naiffent immédiatement du col'et de la racine. Feuilles rameujes. Elles pouffent fur les branches. B xvnj Explication Feuilles /effiles, Folia JeffiUa. Elles font pofées immédiatement fur la tige ou fur les branches, fans l'intermède du pétiole. Feuilles funples\ elles ne l'ont que l'épa-nouiilément des vaiiTeaux qui les tiennent fixées à la tige ; elles nailfent toujours d'un bouton. Feuilles umbiliquées. C'elt lorfque le pétiole , qui les fou tient, paroît attaché vers le milieu de la feuille. Feuilles vaginées. Elles fourniffent une efpèce de gaine à la tige, comme dans les plantes bulbufes. Feuilles verùcillées , difpofées par étages tout autour des branches , qu'elles environnent en manière d'anneau. Filament , Filamentum. Petit corps cylindrique, grêle, plus ou moins long,, qui fait partie des étamines. Fleurs amentacées. V- Fleurs à chatons. FfcEURS anomales. V. Anomales, Fleurs apétales. V. Fleurs à étamines. Fleurs à chatons , Fleurs amentacées. Ce font celles qui font difpofées fur un axe, fem-blab'e en quelque manière à la queue d'un chat. Ces chatons font compofés de fleurs à étamines dans certains arbres, Se de fleurs à feuilles dans quelques autres. Les fleurs du Noyer, du Noifettier, du Charme font à chatons C'elt la 19e. clalfe de Tournefort. Fleurs en cloche, Flores campant formes. La corolle eft monopérale, le litnbe évalé en forme de cloche ; comme f Oreille-£ ours, la Bu-gloje, &c. Tournefort en fait la première clalfe. des Expressions Tec niques, xi* Fleurs comvlettes. Elles pofsèdent toutes les parties qu'on a coutume de reconnoître dans les fleurs. Fleurs compofées. Elles font réunies plufieurs enfemble fur un point d'appui, nommé réceptacle. Fleurs en corymbe. C'elt un amas de fleurs dont les pédicules ne partent pas du même centre , mais à diverfes hauteurs ; comme dans les R.ofiers , les Œillets. Fleurs en croix, Flores cruciformes. Elles font toutes compofées de quatre pétales dif-pofés le plus fouvent en croix. C'elt la cinquième claflé de Tournefort. Flf.urs à demi-fleurons , Flores fcmi-flofctt-lofi. Files font compofées de plufieurs autres petites fleurs qui font applaties en feuilleta l'exception du bas , qui elt fifluleux , & porté fur un embryon de graine : telles font la Lai' tue, la Chicorée. C'elt la treizième claflé de Tournefort. Fleurs en entonnoir , Flores infundibulifor-Vies. La corolle cil monopécale , & approche de la ligure d'un entonnoir; comme la Guimauve , le Melon. C'elt la féconde clalfe de Tournefort. Fleurs à étamines, apétales, Flores ape-tali feu Jlaminei. Ce font celles qui ne portent que des étamines fans pétales ; comme le Cabaret, VOJeille. C'elt la quinzième clalfe de Tournefort, quicomprend auffi la dix huitième. Fleurs femelles. Ce font celles qui portent des piflils fans étamines. Fleurs à fleurons, Flores flofculofi Elles font compofées de plufieurs petites fleurs faites en B ij *x Explication tuyau par en-bas i évafées & de'coupe'es ordinairement par en-haut , & portées fur un embryon de graine : tels font le Bleuet, le Chardon. C'etî la douzième clalfe de Tournefort. Fleurs en gueule, Flores labial L Ce font des petits tuyaux terminés en-devant par une efpèce de mafque, qui relfemble allez à la gueule des grotefques & des mpnltres que les Peintres & les Sculpteurs repréfentent dans leurs ornemens : telles font la Sauge , la Menthe, la Melijfe. C'elt la quatrième claffe de Tournefort. Fleurs hermaphrodites. Elles ont en même temps des étamines & des pijlils. Fleurs incomplet tes. Ce font celles qui manquent de quelques-unes des parties qu'on a coutume de reconnoître dans les fleurs. Fleurs légumineufcs, papilionacees, Flores papilionacei. Elles ont quelque reffembfance avec un papillon dont les aîles font étendues. Les pétales font au nombre de quatre ; le fu-périeur eft le plus ample : on l'appelle l'étendard , vexillum ; l'inférieur eft creux : on le nomme carêne, carina; ceux des côtés fe nomment les ailes, alœ. Le calice de ces fleurs eft un cornet, du fond duquel fort le pijlil enveloppé d'une gaîne frangée en étamines : ce piftil devient toujours une filique : tels font fes Pais , le Trèfle, &c. Ceft la dixième claffe de Tournefort, à laquelle on peut rapporter la vingt-deuxième. Fleurs liliacées , Flores liliacei. On nomme ainfi celles d'une feule feuille coupée en fix pièces, ou de trois feuilles, Se quelquefois de hx. Leur piftil ou leur caiiee forme un fruit des Expressions Tecniques. xx j qui eft toujours divifé en trois loges : telles font la Jacinthe , la Tulipe , ¥ Oignon. Ceft la neuvième claffe de Tournefort. Fleurs mdles. Ce font celles qui portent des étamines fans piftil. Fleurs en œillet , Flores caryophyllœi. Ce font celles dont les pétales font difpofés en rond, étroits dans leur nailfance, beaucoup plus larges par le haut. Tournefort les range dans la huitième clalfe. Fleurs en parafai, en tùnhelk , Flores uni* iellati. Leurs pédicules, d'inégale grandeur , partent d'un même centre, divergent inégalement, & forment en-deffus une efpèce de parafol : tels font le Perfil, la Ciguc , la Carotte , le Cerfeuil. Tournefort en fait la fep-tième clalfe. Fleurs radiées, Flores radiati. Ce font des bouquets compofés du difque, qui eft un amas de fleurons, & de la couronne, qui eft formée par plufieurs demi-fleurons difpolés autour du difque : tels font la Marguerite, la Couronne folâtre , le Soucis. Les fleurs radiées forment la quatorzième claffe de Tournefort. Fleurs en rofe , Flores . rofacei. Elles font compofées de plufieurs pétales difpofés en rond autour d'un centre commun , à peu près comme on le voit dans la Rofe. Le Pourpier, le Pavot, la Rue, la Renoncule font des fleurs en rofe. Tournefort en fait la fixième clalfe & la vingt-unième. Fleurs /effiles , Flores f files. Elles font immédiatement attachées aux plantes , fans aucun pédicule. Fleurs funples. Elles ne renferment que ce Biij Jrxij Explication qui eft néceiïaire à la production d'un feul fruit. Follioles , Follicules; ce font des petites feuilles pofées fur une côte commune , qui tombent en même temps qu'elle : cette côte naît toujours d'un bouton. Fossiles , FoJJllia. On donne particulièrement ce nom aux productions des règnes végétal & animal qu'on trouve dans les entrailles de la terre, tantôt dans leur état primitif, tantôt plus ou moins altérées , & même terrifiées , pétrifiées ou minéralifées. Genouillé. V. article. Gland de mer, Balanus. Ceft une coquille multivalve , de la forme d'un gland , compo-fée de douze lames, la bouche évafée , quelquefois rétrécie. Elle s'attache en forme de petit vafe fur les rochers, fur les coquillages, les plantes marines, &c. Gousse , Légumen Cefl un fruit fec, com-pofé de deux panneaux qui ne font pas fé-parés par une cloifon mitoyenne. Elle ne contient qu'une rangée de femences attachées par des filets courts. Grappe , Uva On donne ce nom aux fruits en épi, dont l'axe pend en bas , au lieu de s'élever verticalement ; tels font les fruits du Grofeilher. Gkiffes. Ce font de fimpîes filets droits Se courts, femblables à de petites racines chevelues, qui s'implantent dans tous les corps qu'ils rencontrent, & y attachent fortement les plantes dont ils font produits. Le Lierre en arbre elt fort chargé de griffes. Hépatiques & Spléniques. Bemedes pour des Expressions Tecniques. xxiij défobftruer le foie , la rate , oc rétablir la circulation. Histériques. V- Emménagogues. Lames , Lamina. C'elt la partie fupérieure des pétales dans une fleur polypétale. Lepas ou Patelle , Patelin. Ceft une coquille univalve , convexe , toujours attachée à quelque corps dur. Liber. V. Couches corticales. Limbe , Limbns. Ceft la partie fupérieure d'une corolle monopétaîe. Madrépore. Ceft le nom que l'on donne à des fubflances calcaires qu'on trouvé au fond de la mer, & qui font produites par la liqueur qui fort du corps des polypes. Les Madrépores font compofés de cavités fépa-rées par des cloifons qui forment communément des étoiles. Mamelon. Ceft une excrefcence qui fe trouve fur le corps des fruits ou des animaux. Manche de couteau, ou Solen. C'eff. une coquille bivalve, dont le corps eft long, ouvert par les deux extrémités , quelquefois droit, fouvent arqué. Marron. On défigne aux lues par ce nom les plantes fauvages, les animaux ou les ef-claves fugitifs. Masticatoires. Remèdes qui provoquent une fécrétion abondante de falive. On les nomme auiTi apopklegmatijans. Monopétale. On appelle ainfi les fleurs d'une feule pièce , comme le Melon. Morne. On donne ce nom à Saint-Domingue aux montagnes élevées , & on appelle Biv xxfV Explication Mornet celles qui ne le font guères ou qui l'occupent qu'un petit efpace. Multivalve. Ce font les coquilles compofées de plufîeurs pièces Nacrée fe dit d'une coquille dont le dedans elT argenté Se brillant comme la nacre. Narcotiques , remèdes employés pour procurer le fommeil. - Nautile , Nauulus. C'elt une coquille uni-valve, de forme ronde, imitant un vaiffeau. Nectaires , JVeclaria. Ce iont de petites parties qui fervent a contenir un fuc fucré nommé Neclar. Us font fous la forme de petites écailles adhérentes à la partie inférieure des pétales dans les renoncules', ils forment un cornet fort apparent dans les capucines', dans quelques fleurs ce font de (impies filions, dans d'autres des efpèces de poils. Leur forme varie dans les différentes fleurs ainfi que leur fitua-tion. Nervures. On donne ce nom aux côtes faillantes qui fe trouvent fur les feuilles des plantes; elles partent de la côte principale, Se vont aboutir aux bords de la feuille. Odontalgiques. Remèdes employés contre les maux de dents Onglet, Unguis. Ceft la partie inférieure des feuilles qui compofent une fleur poly-pétale. Opercule , couvercle dont le poiflbn fe fert pour défendre l'entrée de la bouche de fa coquille. Ophtalmiques. Remèdes employés dans les maladies des yeux. Oreille de mer. Coquille uni va !ve, pïate3 des Expressions TëcNiquEs. xxv reffcmblant à l'oreille de l'homme, dont fou-, verture eft des plus grandes. Oscabrion ou Cloporte. Coquille multivalve compofée de huit côtes féparées, qui s'attache aux rochers ainfi que les lepas. Othalgiques. Remèdes employés contre les maladies d'oreille. Oursin , Echinus. Coquille multivalve de forme ronde ou ovale , ou à pans irréguliers , quelquefois plate, armée de pointes. Pannicule. Ceft un amas de fleurs portées plufieurs enfemble fur un même pédun-cule qui s'attache fur un axe commun , lequel a une pofition verticale , comme dans le Lilas* Papiracée fe dit d'une coquille extrêmement mince. Parenchyme. Ceft la pulpe qui fe trouve dans les fruits à noyaux, qui font fucculens, comme la Pêche. Pédicule , Péduncule , Pedimculus. Ceft une petite queue fur laquelle les fleurs font portées. Peigne ou Pétoncle, Feclenaut Fecluncu-Ins. Ceft une coquille bivalve fermant exactement de tout côté , & rayée en forme de peigne. Elle eft ou fans oreilles, ou garnie de deux oreilles, & quelquefois d'une feule. Perianthe Pcrïanthium. Ceft une efpèce de calice qui fe trouve dans la plupart des plantes. Il eft quelquefois d'une feule pièce & fouvent découpé fur les bords, on le nomme Monophylle ; quelquefois aufli il eft com-pofé de plufieurs pièces 6c s'appelle Poli-jjhylle. Péricarpe , Pçriçarpium, Ceft le nom gé-. xxvj Explication nérique des fruits que produifent les plantes. Pétale , Petalum. On donne ce nom aux pièces ou feuillets qui compofent la corolle des fleurs. Pétiole ou queue s Petlclus. Ceft un corps grêle plus ou moins long qui foutient les feuilles. II eft ordinairement de même couleur que la feuille, quelquefois cependant de couleur différente , communément creufé en gouttière par deffus. Pistil, Pijlillum. Ceft l'organe féminin des fleurs. Il eft prefque toujours compofé de trois parties, qui font : V embryon 9 le Jlil, le Jlig-mate. Voye^ ces mots. Placenta. Ceft un corps fur lequel certaines femences font placées, & qui fert à préparer leur nourriture. Plantuxe ou Plumule. Ceft un petit filet qui tient d'une part à la radicule des femences , 3c va enfuite fe perdre dans les cotylédons. Poils ou duvet. Ce font de petits corps déliés plus courts que les aiguillons qui couvrent la plupart des tiges herbacées, & quantité de feuilles. Polypiers. Ce font des infectes architectes des coraux, des corallines, des madrépores, Sec. Il y eh a de mer Se d'eau-douce. Porcelaine ou Pucelage, Porcelana, feu Venerea. Coquille univalve luifante , ayant une bouche oblongue, garnie de dents. Pourpre , Purpura. Coquille univalve dont la bouche eft unie, prefque ronde, le corps chargé de feuilles découpées, quelquefois de pointes Se de tubercules. Poussière fécondante. Ceft ce qu'on trouve des Expressions Tecniques. xxvij fur les anthères des étamines, & qui eft regardé comme la matière propre à féconder les femences. Racines articulées, genouillées. Ce font celles qui font divifées par des noeuds ou des articles. Vbyét Article. Racines bulbeufes , Rulbofœ. Elles font connues fous le nom'vulgaire d'oignon : le bulbe eft compofé des tuniques de la tige qui fe trouvent plus renflées verdie bas, & portées fur un plateau, auquel font attachées les racines fibreufes. Racines chevelues, Capillares. Elles font très-fines & femblables à des cheveux. Elles ne diffèrent des racines jibreufes que par leur petiteffe. Racines fibreufes ou ligneufes ,fibrofœ. Elles font compofées de fibres placées prefqu'en ligne droite , & forment un véritable bois couvert de fon écorce. Elles ne diffèrent prefque en rien du tronc. Racines pivotantes., Elles percent le fol perpendiculairement. Racines ftolonifères. V. Drageons. Racines traçantes. On nomme ainfi celles qui s'étendent horizontalement. Racines tubéreufes, Tuberofœ. Elles font tendres, caftantes & ne paroiffent pas compofées de fibres auftï fenfib'es que les racines libreufes. Leur reffemblance avec la truffe leur a fait donner le nom qu'elles portent. Telles font les Pommes de terre , les Raves , la Rhubarbe, le Gingembre, &c. Radicule , RojlelLum. Ceft un petit point faillant plus ou moins alongé qui fe trouve xxvïii Explication «fans la femence , quelquefois au milieu, quelquefois à Tune de fes extrémités. Rapraichissans , Refngerantïa. Remèdes employés pour diminuer la chaleur du corps qui provient des ofcillations trop vives & trop fréquentes des folides. Ainfi toute fubflance qui relâche les folides Se diminue leur ton, eft rafraîchiffante. Ramille. Ceft la dernière divifion des branches où la «plupart des feuilles font attachées. Réceptacle. Ceft le point d'appui furie-quel les fleurs compofées font réunies plufieurs enfemble. Rocher, ou le Piffeur, Murex. Ceft une coquille univalve, garnie de pointes Se de tubercules , ayant une bouche dentelée Se oblongue. Rouleaux, ou olives,ou cylindres. Ce font des coquilles univalfes, dont la bouche eft toujours alongée, jamais pointue par en-bas comme le Corner. Sa vanne. Ceft un mot efpagnol fort ufité dans les Mes, par lequel on défigne les prairies Se les endroits incultes où paiffent les animaux. Scarabée ou Coléoptère , Scaraùeus. On comprend fous ce nom tous les infectes dont les aîles membraneufes font renfermées fous des étuis écailleux, folides; tel eft le Hanneton. Séve, lue. Ceft le fluide-aqueux qui remplit les vaiffeaux lymphatiques de tous les végétaux. Silique , Slliqua. Ceft un fruit fec compofé de deux panneaux féparés intérieurement par t>es Expressions Tecniques. xxîx une cloifon mitoyenne , des deux Côtés de laquelle font rangées les femences. Spirales , fpircs. Ce font les contours & les circonvolutions qui forment la volute des coquilles. Voye^_ ce mot. Stigmates , Stigmate. Ceft la partie qui termine le piftil Us font quelquefois arrondis, quelquefois alongés. On compare le ftigmate à la vulve. Stil , Stilus. Ceft un petit corps cylindrique ordinairement liftuleux qui fait partie du pijlil. U porte fur ¥ embryon avec lequel il communique, & il eft terminé par le ftigmate ; on le compare au vagin. Un même Jlil eft fouvent terminé par plufieurs Jiïgmates. Stipules , Stipula*. Ce font de petits appendices attachés fur le pétiole. Leur composition eft à peu près la même que celle du corps de la feuille. Stomachiques , Stomachica. Remèdes qui fortifient Peftomac , & qui favorifent la di-geftion, en réveillant l'ofcillation des folides. Stries. Ce font des rayures ou gravures en relief qui fe voient fur la robe d'une coquille; elles font différentes des cannelures qui font plus grandes «Se plus régulières. Sudorii'IQUEs , Sudorifica. Remèdes qui provoquent la fueur. Supports , Fulcra. Ce font les corps alongés & grêles, placés fur les tiges & fur les branches. Telles font les vrilles, les griffes, les épines, les aiguillons , les poils. Voye^ ces mots. Testacées, Teftacea. Ceft le nom générique qu'on donne aux animaux qui fe renfer- xxx Explication ment, & vivent dans des coquilles dures, dont ils font les architectes. Tige ou Tronc , Coulis, C'elt la partic moyenne des plantes. Elle naît des racines » & produit des branches en fe divifant. Tiges Muleufes. Elles font creufes. On les appelle auffi Chalumeaux. Tiges farmenteufes. Elles s'élèvent en fer-pentant. Thorax. C'elt la partie de l'infecte qui répond à la poitrine des animaux. Elle fépare le ventre d'avec le cou. Tonne Coucha glohofa. Ceft une coquille univalve , ronde, en forme de tonneau , renflée dans fon milieu , dont l'ouverture eft très-large. Tube, Tubits. Ceft la partie inférieure de la corolle monopétale qui eft ordinairement moins évafée Se logée dans le calice. Tubercules. Ce font des étamines régulières & rondes , plus grandes que les verrues, lefquelles fe diltinguent fur la robe de la coquille. umbilic, Umbilicus : Trou dans le milieu de la bafe d'une coquille à côté de la bouche ; c'en eft à peu près le centre. Univalves , Univalvia. Nom donné aux coquilles d'une feule pièce. Veines , Vente. Ce font de petits filets plus ou moins déliés, plus petits que les nervures, répandues en differens fens fur la fur-face des feuilles. Vis , Turbo, autStnunbus. Ceft une coquille univalve, toujours diminuant vers la bafe, Se des Expressions Tecniques. xxxj terminée en une longue pointe très-aiguë qui imite le foret ou l'alêne. Volute , à volvendo. C'elt le contour des fpirales autour de la columelle des coquilles, laquelle va en diminuant fe terminer à un point comme centre, appelle œil de la volute. Vomities. V. Émétiques. Vrilles ou Mains, Cirrhus. C'elt un corps délié, cylindrique , droit dans une partie de fon étendue roulée en tirebourre par fon extrémité flotante. Elles font tantôt fimples & formées d'un feul filet, tantôt compofées de deux & même de trois filets qui vont s'attacher à tous les corps qu'ils rencontrent. Vulnéraires , Vulneraria feu traumatica. Remèdes qui mènent à cicatrice une folution de continuité. Us font de plufieurs fortes. Les Vulnéraires maturatifs procurent une grande fuppuration. Les déterfifs-anodins calment les ofcillations trop vives des vaiffeaux , donnent plus de confiflance au pus & en corrigent l'âcreté. Les déterfifs réfolutifs réveillent les ofcillations des vaiifeaux, divifent 8c atténuent les humeurs ; les Vulnéraires incarnaiifs fa-vorifent la régénération des nouvelles chairs, facilitent le prolongement des vaiffeaux & font évacuer le pus. Zones ou Fafcies. Ce font des bandes ou cercles qu'on remarque fur la robe d'une coquille. Quelquefois elles font de niveau, d'autrefois faiilantes ou gravées en creux. ESSAI ESSAI » SUR L'HISTOIRE NATURELLE DE VIS L E DE SAINT-DOMINGUE. CHAPITRE PREMIER. Idée générale de Saint - DcmiugueJ Article premier. Situation de Saint-Domingue.' 'Ifle de Saint - Domingue , fuivant tous les Géographes, eft après Cuba, la plus valte des Mes Antilles de l'Amérique. Lorfque ChriflopheColomb , en 1492, en fit la- découverte , les habitans l'appelloicnt Ayti ou Haïti, c'cfr-à-dire, terre montagneufe : les Efpagnols s'en étant rendu maîtres la nommèrent liifpaniola; Rais le nom qu'on lui donne aujourd'hui a A 2 ^ Essai sur l'Histoire naturelle prévalu; c'eff. aufïï celui de la ville capitale pour la partie efpagnole. Cette ifle elt iituée dans la mer du Nord, à l'entrée du Golfe de Mexique; on lui donne environ 400 lieues de circuit, fans compter le contour des anfes qu'elle forme en une infinité d'endroits. Sa longueur EJl Se Ouejl eft d'environ 180 lieues; fa plus grande largeur Nord. Se Sudn'cll guères que de 60 lieues, Se la plus petite, qui fépare Jacmel de Leo-gaue, eft de 12 lieues. Elle s'étend depuis le 17\ degré de latitude feptentrionaîe jufqu'au 20*. Sa lonutude n'efl pas exactement déterminée. M. Pingré de l'Académie des Sciences de Paris, dans le voyage qu'il fit en 1769 eu Amérique, par ordre du Roi, place la latitude du Cap François a 19 degrés, 46 minutes, 40 fécondes, Se fa longitude par 74, degrés, 38 minutes, en comptant les longitudes à YOueJi du méridien de Paris. Article II. Productions de tljle de Saint-Domingue. Les François polfédent actuellement à peine un tiers de Pille ; ce qu'ils occupent s'étend depuis la rivière^ Majfa re, fituée au Nord, jufqu'à celle de Neybe, dans la partie du Sud. Les Efpagnols font reliés en polfeffion des deux autres tiers. Lorfqu'on elt placé fur cette Jifiere qui fépare les deux nations, Se qu'on regarde le Septentrion , l'on a à gauche la partie françoife, & la partie efpagnole à droite. Cette riche contrée elt plus à charge qu'a-» vautageufe aux Efpagnols. Le gouverneur, de Saint-Domingue. £ le Clergé, les troupes, coûtent annuellement à la nation douze à quinze cens mille livres, fans qu'elle en retire aucun fruit. L'induftrie des habitans fe borne à élever du bétail qu'ils: vendent aux François. Les végétaux du pays, qui viennent comme d'eux - mêmes & fans beaucoup de foins , leur fuffifent avec la chaf-fe pour entretenir une vie oifive & vagabonde. La partie françoife y elt bien cultivée : le fucre, l'indigo , le café, le coton, enrichif-fent tous les jours les cultivateurs ; le ter-rein , quoiqu'entrecoupé de montagnes très-élevccs, eft excellent; la vigne produit deux ou trois fois chaque année d'excellent railin mufeat t les choux, les pois , les fèves, les artichauts, les afperges, le maïs, le millet & quantité d'autres légumes , y viennent à merveille. Les fruits de France n'y réuftiftent pas ; mais on s'en dédommage par ceux du pays qu'on trouve par-tout, qui, quoique généralement parlant moins agréables, ont cependant leur mérite. Article III. Commerce des François à Saint-Dorningucl Les denrées que les François récoltent de leurs habitations, fourniflent chaque année la cargaifon de plus de 400 Navires marchands, partis des ports de France & qui y retournent chargés de richeffes immenfes. L'auteur de VHiJioire philojbphique & politique alfure « D'après des inftrucTions très - ridelles, que » dans l'année 1767 , il eft forti de la Co- 4 . E-isai sur l'Histoire naturelle « lonie 72,718,781 Jivres pefant de fucre » brut; ji,^62,013 livres de fucre blanc; « 1,769,^62 liv. d'indigo; 1 $"0,000 liv. de 3» cacao; 12,197,977 liv. de café; 2,oô'$;02o " livres de coton; 4,108 barriques de tallia, * 21,104 barriques de firop. " Telle eff, ajoute-t-il, la ma/iè des pro-3> duefions enregifJrées aux douanes de Sainr-« Domingue en 1767, & exportées fur 347 ai navires arrivés de France. Les chargemens => Faits fous voile, l'excédent des poids décla-a> rés , le paiement des Noirs introduits en a> fraude, ne peuvent pas avoir enlevé moins =» d'un quart des denrées de la Colonie, qu'il » faut ajouter à l'énumération connue des => richelfes». Il faut aufli y ajouter celles qui fe confomment dans le pays, & les fucres que bien des habitans vendent, argent comptant, aux barques Angloifes , en leur livrant les lirops de fucre brut qu'ils ont permiflion d'exporter. Depuis cette époque, toutes les cultures de la Colonie ont augmenté , & celle du café ell triplée. On peut donc ailurer que la niafTe actuelle des productions de la Colonie monte tous les ans à plus de 02,000,000 livres de fucre brut, 65",ooo,ooo liv. de fucre blanc, 2,000,000 livres d'indigo, 200,000 livres de cacao, 48,000,000 liv. de café, 4,000,000 liv. de coton , 18,000000 liv. de lirop qui s'emploie en nature ou en tafiia. Les navires que le commerce françois ex-pédie pour Saint-Domingue, font charges de vins, de farines, d'eau-de-vie, de tous les co-mcftibles qui peuvent être exportés; d'étoffes. e>e Saint-Domingue. $ de linge, de bijoux, & de toutes les matières de luxe dont la frivolité françoife ne fau-roit fe pafTer nulle part. L'abondance des marchandifes en fait quelquefois bailler le prix à Saint-Domingue , au-delTous de celui qu'elles ont coûté en France ; quelques Capitaines y en achètent môme : le Sauveur de Saint-Malo, en 1764, en a rapporté rco caillés de favon , achetées à plus bas prix à Saint-Domingue qu'on ne le vendoit alors à Marfeille; mais ces faits ne font pas ordinaires, &ne doivent leur exiltence qu'à des révolutions de peu de durée. Au retour de la paix , le commerce françoî's expédia pour Saint-Domingue une prodigieufe quantité de navires , qui y répandirent l'abondance , Se Eroduifirent pour les denrées de France un as prix, que la rivalité des Capitaines ne fit qu'augmenter ; communément elles fe vendent un tiers au delfus du prix qu'elles ont coûté , ou plutôt elles n'ont point de prix fixe ; il dépend de leur rareté ou de leur abondance, de leur bonne ou mauvaife qualité. Article IV. Gouvernement civil de la parue françoife. § i- Du Gouverneur. Le Gouverneur eft le chef de la Colonie, Se repréfente Sa Majefté très - Chrétienne. Sa commiffion elt pour trois ans; la Cour de Verfailles en prolonge ou en abrège la durée, fuivant que les fages principes du miniftère 6 ^ Essai sur l'Histoire naturelle l'exigent : il a le titre de Gouverneur général des i'(les francoij es de l'Amérique fous le vent. Il occupe la première place aux Confeils Supérieurs, lorfqu'il juge à propos d'affilier à leurs féances ; fon autorité s'étend fur les Gouverneurs particuliers, fur les Lieutenans de Roi, fur les Commandans de quartiers, & fur tous les Officiers militaires. Tous les habitans font obligés de fe conformer à ce qu'il leur prefcrit , concernant l'obéiffance & la fidélité qu'ils doivent au Monarque dont ils ont le bonheur d'être les fujets. Lijle chronologique des Gouverneurs. 3<5f 3. M. de Fontenay. ,1659. M. Deschamps. '166$. M. d'Ogeron. '1676'. M. de Pouancey. 1683. M- de CulTy. 1691. M. du Caffe. J703. M Auger. 1707. M. le Comte de Choifeul-Beaupré. 1714. M. le Comte de Blenac. J716. M. le Marquis de Chateau-Morand. '1719. M. le Marquis de Sorel. 1725. M. le Chevalier de Rochalard. 1730. M. le Marquis de Vienne. 1733. M. le Marquis de Fayet. -173 5". M. le Marquis de Larnage. 174.8. M. le Chevalier de Conflans. 17p. M. le Comte du Bois de la Mothe. 17$$. M. le Marquis de Vaudreuil. 1757. M. Bart. 1761. M. de Bory. M, le Vicomte de Belzunce* de Saint-Domingue. % ^764. M. le Comte d'Eftaing. 1766. M. le Prince de Rohan. 1770. M. le Comte de Nolivos. 1772. M. le Chevalier de Vallierei 1775. M« le Comte d'Ennery; Les premiers Gouverneurs ne Pétoient que de Pille de la. Tortue & de Saint - Domingue. M. le Comte de Blenac a été le premier Gouverneur général des ifles fous le vent de PAmérique : jufqu'en 1707, les Gouverneurs étoient en même temps Intendans; cependant dès 1704, M- Deflandes, Commilfaire-ordon-nateur, en a fait les fonctions. § 2. De l'Intendant. L'Intendant elt le Chef de la Juftice, le premier Prélldent des Confeils fupérieurs, le prépofé par la Cour de Verfailles pour la perception & l'adminiltration des deniers qui fe lèvent au nom du Roi. Les lieux où fe rend la Juftice, les Hôpitaux, les Eglifes, les Pres«-bytères, & les autres bâtimens dellinés au fer-vice public, ne peuvent être édifiés ni réparés que par fes ordres. Lijle chronologique des Intendans. 1707- M. Mithon., 1722. M. de Montholon/ 1730. M. Duclos. 1736. M. de la Chapelle. Aiv 8 Essai sur l'Histoire naturelle 1739- M. Maillait, 1752. M. de la Pbrte-Ja-Lanne. 1758. M. Lambert. 17C9. M. de Clugny. 1764. M. Magon. 176c! M. de Bongars. 1771. M. Vincent de Montarcher. 1774. M. de Vaivres. 5 3- ■ Des Sièges de Juflice. Il n'y a dans la Colonie françoife que deux degrés de Juridiction, qui font, les (iéges ordinaires avec les Amirautés, que les mêmes Officiers réuniffent en eux , & les Confeils fupérieurs où les appellations de ces Sièges font jugées en dernier reffort, tant pour le civil que pour le criminel. On compte neuf Jurifdictions ; favoir, trois dans la partie du Nord, quatre dans la partie dePOueff, Se deux dans la partie du Sud. Il y a deux Confeils fupérieurs , dont l'un réfide au Cap, & l'autre au Port - ait - Prince ; ils «îtoient autrefois compofés d'un certain nombre d'habitans aifés, éclairés Se intègres, qui venoient tous les mois rendre gratuitement la Juflice à leurs concitoyens. Sa Majefté accorde actuellement à chaque Confeiller titulaire 12000 livres de gages, argent des ifles, qui font 8000 livres Tournois. Le Confeil fupérieur du Cap tient fes audiences depuis le Mercredi d'une femaine juf-gu'au Mardi de la femaine fuivante ; il les mterrompt pendant huitaine, pour les rouvrir de Saint-D oming ue. 9 le Mercredi de la troifieme femaine, & continue ainfi jufqu'au temps des vacances, qui ne font que durant la quinzaine de Pâques, & depuis le 11 Juillet jufqu'au 22 Août inclu-fivement. Il y a chaque jour deux audiences, la première dure depuis huit heures du matin jufqu'à neuf heures , & la féconde depuis neuf heures 6c demie jufqu'à midi. On appelle à la première audience les affaires fommaires & de peu de conféquence ; les affaires criminelles, & celles qui font au rapport font dif-cutées durant la féconde. Le Confeil fupérieur du Port - au - Prince tient fes audiences trois jours de chaque femaine ; favoir, les Jeudi, Vendredi & Samedi , 6c les Lundi , Mardi & Mercredi de la femaine fuivante ; il les interrompt pendant huitaine , pour les reprendre le Jeudi de la troifieme femaine. Il y a chaque jour deux audiences: la première commence à huit heures du matin jufqu'à neuf heures 6c demie; on y plaide les caufes fommaires & qui demandent célérité : la féconde audience dure depuis dix heures jufqu'à onze heures 6c demie; on y juge les affaires criminelles & de rapport. Les Arrêts ne peuvent être rendus , tant en matière criminelle que civile, que quand il y a au moins fept Juges. Par Edit du mois de Mars 1766, Sa Majeité a attribué la no-blelfe au fécond degré à ceux qui auront exercé durant vingt ans les offices de Confeillers titulaires & de Procureurs généraux des Confeils ; on ne peut être pourvus de ces charges avant l'âge de vingt - fept ans ; il faut avoir été reçu Avocat ôc avoir fréquenté le lo Essai sur l'Histoire naturelle Barreau durant quatre ans, (bit au Parlement* de Paris, fbit dans les Sièges royaux qui en dépendent. Les Procureurs n'ont été établis dans la Colonie que le 14 Juillet 17S8, en vertu d'une Ordonnance du Roi adreflee aux Confeils & aux Jurifdictions. Avant cette époque, les Huilîiers faifofent tout. Les Confeils, les Avocats , Se les autres gens de juflice font exempts du fervice militaire ; ils entrent au Confeil en habit noir , fans robe de palais. §. 4. Des autres Officiers publics. On compte dans la partie françoife 14 places d'Etat-major, deux chambres d'Agriculture, créées par Arrêt du Confeil d'Etat du Roi, du 28 Mars 1763 , deux compagnies de Maréchauffée , établies le 20 Janvier 1733 , par MM. Fayet Se Duclos; plufieurs Commif-îaires ou Ecrivains de la Marine, des Tréfo-riers de la Marine, des Receveurs de droits municipaux, d'octroi, des fuppliciés, de ma-réchaulfée, des amendes Se épaves ; des Receveurs généraux Se particuliers de M. P mirai ; des Tréforiers généraux de la Colonie, des Tréforiers des Invalides, des gardes ma-gafins, des curateurs aux fuccefûons vacantes. § j- De la Milice. On fait que les fondemens de la Colonie fran* Çoife ont été jettes par une troupe d'aventurés, dont le rendez-vous principal étoit Pille de Saint-Domingue.^ ir de la Tortue, qui n'e it féparée de la côte fep-tentrionale de Saint-Domingue que par un bras de mer de deux lieues de large. Les uns armèrent en courfe & firent amener plus d'une fois le pavillon Efpagnol ; on les nomma Fi* libujlïers ; d'autres, connus fous le nom de Boucanniers, fe mirent à chaflèr les bêtes à cornes que les Efpagnols avoient tranfportées à Saint-Domingue, où elles s'étoient prodi-gieufement multipliées ; ils en vendoient les peaux aux Hollandois , qui leur fourniffoient en échange des eaux-de-vic, des armes, St tout ce qui leur étoit nécelfaire. Ils fe nour-riiToient de la chair des animaux qu'ils avoient tués, & ils l'enfumoient pour l'empêcher de fe corrompre. Un Gentilhomme d'Anjou, nommé Bertrand Dogeron, qui avoir gagné leur eftime & leur confiance par fes libéralités & fon intrépidité, entreprit de civilifer des ames féroces, qui vivoient dans la plus grande-indépendance » èc d'alïujettir au travail des brigands qui n'a -voient d'ardeur que pour le pillage : il y réut fit, & le nombre des cultivateurs s'eft m fer* fiblement accru. Ces conquérans & leurs premiers defeendans fe faifoient gloire de défendre eux-mêmes leurs poffefiions; ils étoient tous foldats , 8c voloient par-tout où la gloire 8c le danger les appelloient. Les fuccelfeurs de ces hommes intrépides, énervés par le luxe, qui détruit les conrti-tutions les plus robultes, n'ont plus apperçu dans les fondions militaires qu'une fervitude onéreufe ; ils s'en font déchargés pour de l'argent , les milices ont été fuppnmées & 12 Essai sur l'Histoire naturelle prefqu'auffi-tôt rétablies. Les taxes impofées fur les habitans continuent à fe percevoir , quoiqu'elles n'ayent eu d'abord pour objet que l'exemption du fer vice militaire. Les habitans ont vivement réclamé contre ces abus de l'autorité, il a fallu plier & reprendre le fervice ; mais c'elt avec une répugnance fouvent trop marquée , pour ne pas forcer les chefs à la réprimer. On devroit bien cependant fentir la néceflité des milices : que de maux leur iuppreffion n'occalïonneroit - elle pas ? comment arrêter la révolte des Nègres, l'attroupement des voleurs, fi l'une ou l'autre avoit lieu ? comment garantir les côtes d'une attaque imprévue? qu'oppofera-t-on au ma-ronage des Nègres, li les habitans n'ont ni chefs, ni drapeaux qui les raffemblent? qui les commandera ? qui marchera au fecours de fes voifins? Au relfe il ne faut pas s'imaginer que les milices des Colonies foient femblables à celles que nous avons ici fous les yeux ; tout le fervice confifte à fe préfenter quatre fois par an fous les armes, avec l'habit militaire, pour palier en revue dans l'endroit principal de chaque quartier, devant le Gouverneur ou les Officiers fubalternes : ces revues font des jours de réjouiffances, l'habitant y paroît avec éclat ; les uniformes font auiTi brillans que ceux de la Maifon du Roi. La milice eft com-pofée de cavalerie & d'infanterie , les Officiers jouiffent des exemptions de la noblelfe. II y a aufli des compagnies de Nègres & de mulâtres affranchis , qui font commandées par des blancs 5 on les emploie à la recher> de Sain t-D o m i n G u e. 15 che des déferteurs & des Nègres marons. Article V. Gouvernement eccléfiajli que de la partie françoije. Quarantc-fix Cures partagent, pour le fpi-lituel, tout le territoire de la partie françoife; 2.5 fqnt limées dans le reffort du Confeil fu-perieur du Port-au-Prince, & deffervies par les Religieux de l'Ordre de Saint Dominique, fous l'autorité d'un Préfet Apoftolique du même Ordre, & 21 dans le relfort du Confeil du Cap, dirigées par les RR. PP. Capucins, qui ont aufii leur Préfet Apoffolique. Le Chapitre des Religieux Dominicains de la province de Saint Louis élit tout les quatre ans un de fes membres, qui reçoit dès lors une autorité immédiate fur les biens & fur les perfonnes de cet Ordre qui exiftent dans la Colonie. Le Général de ces Religieux, qui fait fa réfidence à Rome, confirme l'éledion du Chapitre , & préfente au Pape le fujet élu. Sa Sainteté le nomme fon Grand - Vicaire aux ifles, & lui accorde, par un Bref, le droit de difpenfer des empêchemens dirimans du mariage, d'abfoudre des cas réfervés au Saint Siège, de faire les fondions curiales, de confacrer les calices, les autels, &c. ; le Préfet Apoftolique obtient de la Cour de Ver-failles des lettres d'attache pour l'exercice de ces pouvoirs : arrivé au lieu de fa dettination, il les fait homologuer, aux. Confeils fupérieurs 1 14 Essai sur l'Histoire naturelle & les communique aux Religieux de fon Ordre, ou aux externes qu'il choifit pour deflér-vir les cures de fa million. Ces Prêtres deffer-vans ne font pas titulaires, ils font tous amovibles & deffituables à la volonté du Préfet Apoftolique, fans qu'ilpuijfe lui être apporté aucun empêchement à cet égard, dit l'Ordonnance de Sa Majelfé, en date du 31 Juillet 1763; il en eft de même des Religieux Capucins qui delfervent les cures dans la dépendance du Cap François. Les Préfets Apoftoliques à Saint-Domingue tiennent donc leurs pouvoirs immédiatement du Saint Siège ; cette vérité eft connue de tout le monde , & on ne conçoit pas comment l'auteur du Géographe manuel a pu avancer & répéter dans chaque nouvelle édition, que les Dominicains de la partie françoife de Saint-Domingue prennent leurs pouvoirs ou de f Archevêque de Saint-Domingue, ou de l'Evêque de Cuba indifféremment ; ces prélats n'y exercent pas l'ombre de Jarifdtction, foit gracieufe, foit contentieufe. En parlant du Cap François, M. l'Abbé d'Expilly auroit bien dû citer les RR PP. Capucins au lieu des Jéfuites, pour la delferte des Paroilîes, puifqu'ifs les delfervent par ordre de Sa Majefté, depuis la destruction de la Société en France. Nous aurons encore occaHon de parler de cet ouvrage : notre intention n'eft point de le déprimer, nous en reconnoilfons le mérite ; mais nous favons ce que nous devons au public. Suivant les Ordonnance émanées du trône, c'elt aux habitans à pourvoir les Eglifes de toutes les chofes nécelfaires pour la célébra- de Saint-Domingue. 17 lion de l'Office divin, {a) Les cimetières doivent, être clos & fermés cependant la plupart des Sacriities manquent du nécelfaire, tant en linges qu'en livres & ornemens ; plufieurs Eglifes menacent ruine, faute de réparations, dont le retard fucceffif aggrave le danger , multiplie le dommage. 11 n'y en a point du tout à Aquin, au Petit - Goave , à Baynet, à VArcahaye; dans tous ces endroits l'Office divin fe fait fous -une galerie 6c dans un cabinet, où il n'eft pas poflfible d'obferver ni dignité, ni décence. Les Prêtres n'ont communément pour domiciles, que des demeures rendu s, par la négligence des habitans, mal faines 6c incommodes, ou prêtes à crouler. La plupart des cimetières ne font pas entourés, (a) a Les habitans defdirs quartiers feront tenus de 33 fournir auxdus Religieux qui y deiferviront les cures , »* une Eglifc dans chaque ParoiiTe , avec un logement s> commode &c C'i état d'y contenir au moins deux Reli-?j gieux & autant de domeftiques ; d'enrretenir ÔC de xé- parer les Eglifes Ôi. Presbytères , & fournir les orne->3 mens oc luminaires, &.c. « Lettres Patentes pour l'éta-blijjctncnt des FF. Prêcheurs à Saint-Domingue, du mois de Novembre 1713. (b) u Lefquels cimetières feront clos & fermas, de » manière que les animaux ne puifient point y entrer m. Ordonn. du Roi, zz Décembre 1735» art. 1. « Les habitans des ParoilVes feront tenus de faire faire 95 par corvées la clôture defdits cimetières , à peine de s> 60 livres d'amende, lbid. art. t. » Ordonnons en outre qu'à la diligence des Marguil-J3 liers, & aux frais des fabriques, il fera inceJÏammenc si travaillé à la clôture des cimetières, fi fait n'a été, ÔC 53 que les clôtures feront entretenues & réparées routes fois si que befoiu fera 33. Ordonnance du Roi, 14 Mars 17+** art. 18. i6 Essai sur l'Histoire naturelle & relient expofés aux incursions nocturnes des animaux voraces , qui entr'ouvrent les tombeaux; le foleil éclaire fouvent des horreurs qui font frémir l'humanité (a ). L'autorité des Préfets Apostoliques eft infuffifante pourrez primer ces défordres, ils ne jouiffent que d'une Jurifdiction gracieufe ; ils ont la voie^ de remontrance & d'exhortation , qui équivaut à rien dans les ifles. Les cures font trop étendues pour être bien deffervies , un feul Prêtre elt quelquefois pré-pofé pour delfervir un territoire de plus de vingt lieues de circonférence : il y a long temps qu'on projette d'établir de nouvelles Paroiffes ; mais ce projet, comme bien d'autres , eft jufqu'ici relié fans effet : les quartiers où elles feroient le plus nécelTaires font; les Grands-bois, dans la dépendance ducul-de-fac, les hauts de YArtiboniie , VA^ile , Vllet-à-Pierre-Jofeph, le Marche-à-terre, les Baradé-res, les Caimites, les montagnes au Sud du Petit-Goave, le Fond-de boudin de Léogane, &c. Mrs. d'Eftaing & Magon ont bien donné une Ordonnance, en date du 10 Janvier 1766, pour l'établiflement d'une nouvelle Paroilfe au quartier de VAzile, conformément cà la requête des habitans ; je ne fais ce qui a pu en empêcher jufqu'ici l'exécution. Les limites de chaque Paroilfe ne font pas affez déterminées; celles, par exemple, de (a.) l'auteur écrivoit cette hiftoire en 177? ■> peut-être a-t-on remédié depuis cette époque aux défordres donc " fe plaint. Tiburon . de Saint-Domingue. 17 Tiburon, des Cotteaux , de Jacmel, de Léogane, de Y Ance-à-Veaux, du Petit-trou, de Jérémie, font très-incertaines. 11 s'élève quelquefois à cette occafion des difficultés entre les Curés voifins, lorfqu'il s'agit d'enterre-mens, de baptêmes ou de mariages : on les lailferoit s'arranger entr'eux , fi l'état des citoyens n'y étoit pas intéreffé ; mais comme l'incertitude des limites de chaque ParoiiTe rend incertaine la validité du Sacrement de mariage, puifqu'il ne peut être célébré que par le propre Curé, on devroit bien s'appliquer à les fixer d'une manière certaine & invariable. Article VI. Population de la partie françoife. L'auteur de VHiJloire philofophique & politique obferve , « qu'à l'époque de 1764, Saint-*> Domingue avoit 8786 blancs, en état de » porter les armes; 4306" habitoient le Nord, y 3470 PQueft, & 1010 feulement le Sud; •> 4114 mulâtres ou Nègres libres, mais en-» régimentés, grofiiffoient ces forces. Le nom-» bre des efclaves de tout fexe & de tout âge » montoit à 206,000" : actuellement la population a tellement augmenté, qu'on compte dans les feules parties de YOueJl & du Sud, environ 11,730 libres, tant blancs que gens de couleur, & 101,000 efclaves : il eft à préfumer que dans la partie du Nord, le nombre des habitans s'elt également accru. Pour connoîrre la population annuelle des libres à Saint-Domingue, prenons une de fes Paroiiïes, par laquelle on jugera faci emenc i8 Essai sur l'Histoire naturelle des autres. Suivant les registres des baptêmes, enterremens Se mariages de la ParoiiTe du Cul* de-fac, depuis le pi emier Janvier ijfo, jusqu'au premier Janvier 1764, il y a eu pour les blancs 184. baptêmes, 235; enterremens, 48 mariages; pour les gens de couleur 221 baptêmes", 135 enterremens, 27 mariages, d'où il refaite qu'en 14 ans , les mortalités des blancs ont excédé les baptêmes de 5 5^ que les baptêmes des gens (le couleur excédent les mortalités de 86, qu'année commune il y a, à peu de choie près , 13 naiflances, 17 enterremens, trois ou quatre mariages parmi les blancs; i£ à 16 naiflances, 9 à 10 enterremens , deux mariages parmi les gens de couleur. Article VII. Obfervations fur le climat de Saint-Domingue. Le thermomètre de M. de Réaumur monte ordinairement au Cap à 6 heures du matin , de 22 à 23 degrés au delîus de la congélation ; à 10 heures Se demie, de 23 , 24 , 2s" Se 26 degrés; à 5 heures du foir, de 23 à 24 degrés; à 10 heures Se toute la nuit, de 22 à 23 degrés. M. Pingre, de l'Académie des Sciences de Paris, a oblervé, au commencement de Juin 1769, que le thermomètre de M. de Réaumur, expole à l'air libre, s'étoit ioutenu nuit Se jour entre 25 Se 26 degrés de dilatation, & que le mercure dans Je baromètre s'étoit toujours maintenu entre 28 pouces deux lignes Se demie, & 28 pouces trois lignes deux tiers. La température des autres quartiers eft de Saint-Domingue. 19 prefque la même que celle du Cap. Les divers afpects du foleil y produisent cependant quelques légères différences ; la chaleur eft plus fenfibîe dans les plaines, parce que les rayons de cet aftre y tombent perpendiculairement; les chaînes de montagnes en arrêtent l'activité, & confervent plus long-temps l'humidité de la terre. On n y éprouve jamais les rigueurs de l'hyver ; les fraîcheurs qu'on y reifent quelquefois le matin font allez fem-blables à celles du printemps d'Europe. Les vents qu'on appelle B ri/es, y font périodiques , & tempèrent la chaleur, qui fans eux feroit infupportable ; la brife cYEJl fouille toute la matinée ; elle vient de la tête de l'ifle , du côté de la Martinique, Se des autres ifles du vent, d'où cette brife part fans interruption. Ceft là l'origine du nom des Ifles fous le vent, donné à celles de Saint-Domingue, de la Jamaïque, de Cuba, & des autres, par oppofition à celles qu'on appelle Ifles du vent : cette brife eft fouvent fore violente , Se en même temps qu'elle purifie l'air, e^e deifeche les terres qui s'y trouvent trop expofées : vers le milieu ou jour, la brife d'Eft tombe, celle du large lui fuccède, elle s'affoiblit à mefure que le foleil baille, Se difeontinue ordinairement après fon coucher ; celle de terre lui fuccède 8c dure jufqu'au ira-tin, qui eft le temps où la brife d'EJl reprend. Les pluies tombent communément avec abondance au Cul-de fac, au Port-au-Prince, à Leogane, fur la côte de Nippes , de la grande Anfe, & dans quelqu'autre quartier, depuis le mois de Mai jufqu'au mois d'Août; Bij 20 Essai sur l'Histoire naturelle c'elt durant ce temps que les orages ont coutume de fe faire fentir;on y jouir cependant de quelques intervalles de beau temps; mais aux approches de Féquinoxe de Septembre , on y éprouve fouvent des ouragans furieux, qui caufent de grands ravages. On verra ci-après la defcription de celui du 4 Août 1772, qui défola la partie du Sud. Les tremblemens de terre y font auffi très-fréquens : en 17 ji , il y en eut un qui eau fa bien du dommage dans in partie de l'Ouejl; mais celui de 1770, dont on donnera uneefquiffe, fut encore plus funefle aux habitans de cette partie de la Colonie. Vers la fin de Septembre, le tonnere celle ordinairement de gronder, le ciel devient fe-rein jufqu'à la ToufTaint que les pluies recommencent; mais ce ne font plus ces déluges d'eau qui font déborder les rivières, inondent les campagnes fertiles, forment des torrens, entraînent tout ce qui s'oppofe à leur palfage ; ce font des pluies douces, fraîches, afTez femblables à celles qui tombent en Europe , ce qui les fait nommer par plufieurs, pluies de France. Ces pluies, fi falucaires à des pays brû!ans,ne favorifent que certains quartiers, ôc Iaiifent les autres dans une affreufe féchereffe. Ces mêmes quartiers, arrofés une année, ne le font pas toujours auffi abondamment la fui-vante. La rareté des pluies, dont on commence à fe plaindre, ne pourroit-elle pas venir des grands défrichemens que divers particuliers ont fait depuis quelques années dans les montagnes , pour y faire leurs plantations ? & femble qu'on auroit dû au moins ne pas dégarnir leurs fommets, qui fervent de point t> e Saint-Domingue*. 21 de réunion aux nuages, pour s'y former Se fe réfoudre en pluie comme on Pobferve tous les jours. « Dans la dépendance du Cap, dit M. Pou-* pce Defportes, les vents du Nord s'y font 51 ordinairement fentir au mois de Novembre K Se finilfent au mois d'Avril. Ces vents font » toujours accompagnés d'un temps nébuleux » & pluvieux; ils n'ont coutume de durer que » quatre ou cinq jours de fuite, Se ils inon-*» dent cette contrée deux ou trois fois le sj mois ". Article VIII. Manufactures établies dans la partie françoife. ^ La première culture que les habitans de Saint-Domingue entreprirent, Se qui prépara le fuccès des autres, fut celle du tabac. Dans l'origine de Pétabliifement de la Colonie, cette denrée étoit tellement en faveur , que la pro-pofition de cultiver d'autres productions ne fut que médiocrement g-oûtée ; mais, comme Poblèrve le P. Charlevoix, les Fermiers exercèrent un monopole fi révoltant, en contraignant les colons à le donner au prix médiocre qu'ils y avoient mis , qu'on abandonna cette culture il y a plus de cent ans, pour s'attacher à l'indigo.& au fucre; de forte qu'actuellement ce n'etr. que dans quelques petits terreins éloignés que des Mulâtres ou Nègres libres le cultivent en petite quantité: on ne doit donc plus ranger le tabac parmi les productions de la Colonie, comme l'a fait l'auteur du Géographe manuel II ajoute qu'on recueille auffi à Saint-Domingue, du fucre, du 2.2 Essai sur l'Histoire naturelle cacao, de l'indigo, du. mats & de bons fruits ; cette énumération a l'air bien antique. i°. La culture du cacao a été abandonnée il y a plus de 50 ans, l'ouragan de 1715" ayant fait périr Ja plupart des cacaotiers, on n'en cultive aujourd'hui quelques-uns que par curiofité; le quartier de Jérémie elt prefque le feul où l'on en voir encore quelques plantations. 2 . Le maïs n'elf pas plus en valeur dans cette Colonie, que le petit mil, les pois, les fèves; il n'elf point d'habitation, foit en plaine , foit en morne , où l'on ne féme annuellement ces graines, tant pour la nourriture des blancs & des efclaves, que pour celle des volailles. 30. Le café Se le coton fe cultivent avec fuc-cès depuis nombre d'années dans la Colonie; JVI. l'Abbé d'Expilly auroit bien dû en dire un mot. Le roucou, qui eft un des principaux revenus de Cayenne , ne s'y exploite point ; l'arbriffeau qui le produit eft cependant une plante indigène à Saint-Domingue : il n'y a clans la Colonie que quatre fortes de manufactures, qui ont pour objet le fucre, le café, l'indigo, le coton. Du fucre. Le fucre fait, depuis plufieurs années, une branche des plus conlidérables de commerce dans nos Colonies; c'eft le fuc exprimé d'une plante, connue fous le nom de canne d fucre, dont on verra la defeription au Chapitre cinquième de cet ouvrage. Voici un abrégé des de Saint-Domingue. 23 procédés qu'on emploie , tant pour la culture de cette plante , que pour en extraire & en préparer le fuc. On choilir pour planter les cannes une terre légère, gratté, humide, profonde & bien aérée; les terres maigres , nfées, qui n'ont pas de fond ne produifcnt que de petites cannes barbues, pleines de noeuds, dont on ne retire que peu de fucre, très-difficile à fabriquer. Lorfque la terre eft bien nettoyée, on la partage en plufieurs carreaux, de 100 pas quarrés chacun; le pas eft de trois pieds & demi; on laifle entre les carreaux un chemin qu'on appelle libère, large de 18 pieds, tant pour faciliter le paflage des cabrouets , que pour empêcher le feu qui prendroit, par malheur, dans un carreau, de fe communiquer aux autres. On ne laiffe point les Iizières en friche, on y plante des patates, des pois, & d'autres vivres qu'on récolte avant de couper les cannes. On aligne enfuite le terrein , & on y fait des trous de 1 ç à 20 pouces de longueur, de 4 à c, pouces de largeur, & de 7 à 8 pouces de profondeur. Ces trous font plus ou moins éloignés les uns des autres, depuis deux pieds jufqu'à trois pieds & demi , fuivant la qualité du terroir: on met dans chaque trou deux ou trois morceaux de canne, de 1 5 à 18 pouces de long, qu'on prend dans le haut de la canne, c'elt ce qu'on appelle du plant: on les couche au fond du trou horizontalement, & on les couvre de terre; lorfque le terrein eft marécageux & plein d'eau , on place le plan de façon que le bout d'en-haut foit hors de terre de 4 à 5 pouces, c'eft ce qu'on ap- Biv 24 Essai sur l'Histoire naturelle pelle planter en canon. Depuis quelques années on a introduit, dans la partie de l'Oueft, une nouvelle méthode de planter les cannes, qui épargnera bien des travaux, li elle réuffit : elle confilte à labourer la terre avec la charrue, & à placer le plant dans les filions, de façon que le commencement du fécond plant touche la fin du premier, & ainfi de fuite. On plante ordinairement les cannes dans le temps qu'on les récolte, afin de profiter du plant. On les arrofe par le moyen des rigoles qu'on a foin d'y pratiquer : fi le terrein n'eft pas arrofable , foit par fon inégalité , foit par le défaut d'eau, on elt obligé d'attendre la faifon des pluies pour planter. Lorfque le terrein elt propre aux cannes, une fois plantées, elles durent long temps; mais fi le terrein eft maigre, ufé, peu profond, il faut les arracher après la deuxième coupe, Se faire "une nouvelle plantation ; une troifieme coupe ne produirait que des rejettons grêles, pleins de nœuds, Se fans fuc. Quand le temps eft favorable , au bout de 7 à 8 jours que les cannes font en terre, on voit fortir de chaque œilleton, un bourgeon de la forme d'une petite afperge, qui quelques jours après fe divife en deux feuilles minces, longues, peu larges Se oppofées: la tige continue de s'élever en pointe, elle produit peu de temps après deux autres feuilles, & ainfi de fuite. Quand elle eft parvenue à la hauteur d'environ un pied, il fort de fa bafe d'autres bourgeons plus ou moins nombreux, fuivant la qualité de la terre; il faut alors avoir foin d'arracher les jeunes herbes de Saint-Domingue. 2$ qui ont poulfé avec le plant , afin que les cannes profitent de tout le fuc de la terre; il faut les farcler autant de fois qu'elles en ont befoin, jufqu'à ce qu'elles couvrent toute la furface du terrein, & qu'elles étouffent, par leur ombre, les herbes qui pourroient croître autour d'elles ; après quoi on n'y touche plus jufqu'à leur parfaite maturité. Les cannes font quelquefois mûres au bout de 12 mois qu'on les a plantées, quelquefois au bout de 15, d'autres le font à peine à 18 mois ; les rejettons ne font en état d'être coupés qu'à l'âge de 10, 12 ou 1 $• mois. Le temps de la coupe n'a point de règle fixe, il dépend de la qualité du terrein qu'occupent les cannes , & de la faifon dans laquelle elles ont été plantées. Lorfqu'on juge qu'elles font parfaitement mûres, ôc qu'on a pris la réfolution de les couper, on met l'attelier dans la pièce, les Nègres commencent par abattre, avec leur ferpe, la tête des tiges, à 3 ou 4 pouces de la nailfance des feuilles ; on les coupe enfuite au pied, le plus près de terre qu'il eft polTï-ble ; on les divife en deux ou trois parties, fui van t leur longueur, de manière que chaque tronçon ait environ trois pieds; d'autres Nègres les ramalfent, en font des paquets, qu'ils amarrent avec la tête des cannes, &c on les charge fur les cabrouets, qui les portent au moulin pour en exprimer le jus , le fuc, le vin ou le yé%pu\ tous ces termes font fy-nonimes. Ceft un mauvais ufage de laiifer entrer les cabrouets dans les pièces de canne, loriqu'oa 2.6 Essai sur l'Histoire naturelle veut conferver les Touches pour une nouvelle coupe : les roues en écrafent plufieurs & retardent la végétation ; leurs vefliges fe remarquent toujours , & l'on diflingue fans peine dans une pièce de rejettons, les routes que fe font frayé les cabrouets. Un habitant qui entend fes intérêts, fait porter les paquets de cannes au bord des lizieres ; cette opération ne retarde en rien l'exploitation , quand elfe elt exécutée avec intelligence. Le moulin prend le nom de la force qui le fait tourner, de-là trois efpeces de moulins en ufage aux ifles, qu'on appelle moulin à bêtes, moulin à eau, moulin à vent. Sans entrer ici dans le détail des différentes parties qui compofent un moulin, ni des différences qui fe trouvent entr'eux, il fuffira de dire que par le moyen de cette machine , l'on fait tourner fur leur pivot trois gros tambours de fer fondu, placés fur une même ligne, quelquefois horizontalement, mais communément verticalement. Ils ont environ un pouce & demi d'épailfeur, 18 à 20 pouces de hauteur, i<) à 18 pouces de diamètre en dedans}; le vuide eft rempli par un rouleau de bois dur, qu'on garnit de ferres ou de coins de fer d'efpace en efpace, enfortc que le tambour faffe corps avec le rouleau , & qu'ils tournent tous deux enfemble. Le tambour du milieu s'appelle Je grand rôle, & on donne le nom de petits rôles à ceux qui font à fes côtés; c'efl qu'autrefois le tambour du milieu furpaffoit les autres en grolfeur ; mais ils font aujourd'hui égaux. Les trois rouleaux font garnis par en-haut de Saint-Domingue. 27 de dents qui s'engrènent les unes dans les autres, de façon que le grand rôle ne peut tourner fur fon pivot fans faire tourner les deux autres qui l'accompagnent, mais dans un fens contraire; c'efr-à-dire, que fi le grand rôle tourne de gauche à droite , les deux petits rôles tourneront de droite à gauche. Une NégreiTe préfente les cannes entre le grand rôle Se un des deux petits rôles , ce qui s'appelle donner à manger au moulin ; & quoiqu ils foient fi peu éloignés l'un de l'autre , qu'un écu ne peut y paifer fans être ap-plati, dès qu'elles font au point de leur jonction , les rôles les attirent & les compriment de telle forte, qu'ils en expriment le jus qu'elles contenoient ; une autre Négrelfe les fait re-paifer de l'autre côté, entre le grand rôle Se le troifieme rôle, & elles achèvent de rendre le relte du fuc qu'elles pourraient encore avoir: les cannes ainfi preffees fe nomment bagaces, Se fervent à chauffer les chaudières où le fucre fe fabrique (*). Le vin de canne coule le long des tambours, Se va fe réunir dans une gouttière qui le porte à la Jhcrcrie; c'eft une grande falle voifine ou attenante au moulin, de différente grandeur: l'on y place d'un côté un réfervoir ( y M. Bomare die, qu'on broyé les cannes fous des rouleaux d'un bois tris-dur : l'expieflion n'clt rien moins quexa&e , on ne broyé pas Jcs cannes, on les comprime ; loin d être broyées en limant du moulin , elles font quelquefois encore dans toute leur longueur. On ne pailc point non plus les cannes fous des rouleaux pour en exprimer le jus j mais bien entre des rouleaux. 28 Essai sur l'Histoire naturelle pour recevoir le véfpu qui fort du moulin ; & les chaudières, au nombre de 4 ou 5" ; cela s appelle monter un équipage. Dans l'autre côté on établit deux canots de bois d'acajou, capables de contenir allez de fucre pour remplir chacun deux barriques. Le fourneau fe confirait immédiatement fous les chaudières ; autrefois chaque chaudière avoit fon fourneau particulier, ce qui multiplioit le travail & la dépenfe; aujourd'hui on a fimplifié les chofes , un fourneau fuffit; fon aire eft tellement conftruit, que la flamme palfe fuccellivement fous chaque chaudière, & les fait bouillir toutes à la fois à feu de réverbère. Communément les équipages font compofés de quatre chaudières : la première s'appelle la grande, c'eft en effet la plus grande de toutes; la féconde fe nomme le flambeau, parce que le vézou ayant été écume dans la grande, rend alors des bouillons clairs Ôc tranfparents; la troilîeme eft appellée le fircp, parce que le jus de canne commence en fortant Bu flambeau à prendre du corps & de la confiftance; la quatrième eft la batterie, parce qu'on eft obligé de le battre avec l'écumoire, & de l'élever en haut pour lui donner de l'air ôc l'empêcher de fortir de la chaudière. Lorfque le réfervoir eft plein de vézou ôc qu'on veut le fabriquer, on ouvre une bonde ou robinet, qui eft placé vers fa bafe, ôc on en remplit la grande : on y mêle une certaine quantité de chaux vive, ou de cendre qu'on appelle lefflve , pour purger la liqueur , ôc quand la fuperfîcie de la chaudière eft cou-Verte d'écume , on l'enlève fans troubler le de Saint-Domingue. 29 fond. Après que le vin de canne a bouilli dans la grande, & qu'il a été écume environ une heure, deux Nègres le verfent avec de grandes cuilliers dans le flambeau, & l'on remplit la grande avec le vézou du réfervoir, comme ci-devant; on le fait ainfi palier fuc-ceffivement de la grande dans le flambeau , du flambeau dans le firop, 6c du firop dans la batterie, où il reçoit la dernière cuilion. Quand on juge qu'il elt parvenu à fa per-fe&ion, on le verfe avec des cuilliers dans une grande chaudière pofée à plat à côté de la batterie; on la nomme le rafraîcMJJcir, d'où on le transporte dans les canots , Jorf-qu'on roule en brut ; mais quand on veut faire du fucre terré , Ôc qu'on roule en blanc, on porte le fucre du ralTaîchilfoir dans des va-fes de terre cuite, faits en cône, qu'on appelle fonties; au bout de 8 à 10 heures, Je fucre verfé dans les canots elf lu lfi fa minent refroidi & en état d'être enfonné; c'eft-à-dire, d'être porté dans des barriques qu'on a placé pour cet effet dans la purgerie: c'eft un bâtiment plus ou moins grand , où l'on a creufé un baffm bien cimenté & couvert de folives, qu'on appelle limandes; on y'pofe les barriques, îe fucre dont on les remplit s'y congèle , le firop s'en détache ôc tombe dans Je baffm. Quand les barriques font bien purgées, on y met des fonds ôc des cercles, ce qu'on appelle rabattre les Jacres, & on les envoie en France. Le fucre ainfi préparé fe nomme Jucre brut, il eft la bafe des autres efpeces de fucre. Lorfqu'une habitation eft bien réglée, que l'équipage eft bien monté, que les chaudières jjo Essai sur l'Histoire naturelle bouillent bien, que les cannes font coupées à propos, que Je vin de canne & le chauffage ne manquent point, il faut ordinairement lu heures ( * ) pour faire paifer le vézou du ré-fervoir dans le rafraîchiifoir, où il eft changé en fucre après avoir été cuit dans les quatre chaudières fucceffivement. On fabrique en 24 heures environ deux mille livres pefant de fucre tout purgé. Un quarreau de canne rend ordinairement fept à huit mille livres pefant net; c'eft-à-dire, la tare ôtée, qui eft de dix livres par quintal. Un habitant qui roule en brut co quarreaux de canne tous les ans, fait donc ordinairement 400,000 livres pefant de fucre ; & en fuppofant qu'il vende fes fiicres 16 liv., argent de France le quintal, fes revenus annuels monteront à 64,000 livres tournois. Quand on rouit en blanc, on verfe le fucre du rafraîchiifoir dans les formes , dont le trou d'en-bas eft bouché avec de la paille; on l'y lailfe environ 24 heures, jufqu'à ce qu'il foit bien congelé ; on débouche alors les formes , & on les tranfporte dans la purgerie 3 où on le laide repofer huit à dix jours, après lef-quels il doit être fuffifamment purgé : on couvre alors les formes d'un pouce environ d'une terre préparée & délayée comme du mortier, dans une quantité furfVfanted'eau; on en ajoute de nouvelle, mais beaucoup plus liquide, au (*) Je ne fats ce quia pu faire dire à M. Bomare, qu'on faifoit bouillir pendant un jour entier , en verfant de temps en temps de l'eau, la liqueur extraite des ro-Jeaux i cette opération ne dure tout au pluï que 6 heure*. de Saint-Domingue. 31 bout de 24 heures, ce qu'on réirere deux ou trois fois, jufqu'à ce que le fucre ait acquis la blancheur & la qualité qu'on defire; on le tranfporte en fuite dans Vétuve pour le faire fécher. Ceft une tour quarrée, remplie en dedans de plufieurs planchers étages, fur lef-quels on pofe les pains de fucre qu'on a tiré des formes : quand il eft bien purgé de fon humidité, on le pile Se on Je met dans des barriques, où on le fait entrer par force à coups de pilons : on nous l'envoie ainfi préparé ; c'eft ce qu'on appelle caffbnade. § 2. Du café. C'eft le fruit d'un arbre originaire d'Arabie Sed'Ethiopie, nommé Caféyet, clans nos ifles, où il s'eft prodigieufement multiplié ; on peut en voir la defeription au Chapitre V- de cette hiftoire; on en fait à Saint-Domingue deux récoltes par an, celle du mois de Septembre eft la plus abondante : voici en abrégé la manière de le cultiver Se de le préparer pour être envoyé en France. On choifît un terrein bien aéré, humide Se ayant au moins 4 à c pieds de bonne terre. Sans ces précautions les plantations ne durent guères ; on voit tous les jours les caféyers jaunir Se dépérir fans reffource, lorfqu'ils n'ont encore que fept à huit ans ; qu'on fonde le fol où ils font plantés, Se l'on verra que la terre n'eft pas profonde, & que la racine de cet arbre étant pivotante Se nullement traçante, touche le tuf, dont elle ne peut tirer 32 Essai sur l'Histoire naturelle aucune nourriture. Les montagnes étant plus fraîches, & confervant mieux l'humidité que les plaines, font les terreins qui conviennent le mieux pour y établir une caféyère ; on doit {)référer ceux qui font en pence , parce que 'eau qui féjourneroit au pied, de l'arbre le pourrirait : lorfque le terrein a été jugé convenable , on abat les arbres qui le couvrent, on les brûle, Se lorfque la place a été bien nettoyée , on y trace la nouvelle plantation. Il eft aifez difficile d'établir des règles pré-cifes fur la difiance qu'on doit mettre entre les plantes; elle doit varier fuivant la nature du fol ôc Texpofition du terrein. Communément les caféyers fe plantent en quinconce à 8 pieds les uns des autres ; les trous fe font au louchet ou à la houe, on jette dans chaque trou deux ou trois graines nouvellement cueillies, & environnées de leur pulpe , Se on les couvre de terre. Au bout de huit ou dix jours l'on voit fortir de terre une tige délicate, qui porte au fommet les deux lobes de la féve, Se qui fe divife peu de temps après en deux feuilles oppofées ; la tige pouffe de fon centre en grandiflant deux autres feuilles , Se ainfi de fuite ; on ne Iailfe qu'une tige dans chaque trou , on arrache les autres en fardant ; on a foin de ne laifler croître aucune herbe aux pieds des jeunes plantes : on peut planter dans l'intervalle qui les fépare du maïs, du petit mil ou des légumes ; le maïs convient mieux, parce qu'il s'élève prompte-ment, Se qu'il conferve l'humidité de la terre, fi néceffaire aux jeunes caféyers. Abandonné à lui - même cet arbre croît jufqu'à de. Saint-Domingue. 35 jufqu'à 20 pieds, il eft alors gros comme la jambe ; mais on ne lui permet pas de s'élever au-deffus de c à 6 pieds : lorfqu'il eft parvenu à cette hauteur on l'étête, ôc l'on coupe le fommet des branches qui tendent à s'élever plus haut ; on a foin auffi de retrancher toutes les branches gourmandes, ce font celles qui s'élèvent prefque perpendiculairement; elles font bien nourries, produifent de larges feuilles Ôc peu de fruit. Dès la féconde année le caféyer commence à rapporter, mais il n'elï dans fon parfait rapport que la quatrième ou cinquième année. Alors on le voit fe charger d'une multitude de fleurs , auxquelles fuccè-dent les fruits ; les branches qui font très-fouples en font fi chargées, qu'elles pendent jufqu'à terre : chaque arbre produit plus ou moins une livre de café tout préparé. Lorfque le fruit a acquis un rouge bien foncé, il eft temps d'en faire la récolte; c'eft ce qui s'appelle aux ifles ramajfer le café : on conduit pour cet effet fur la place l'attelier des Nègres, ils ont avec eux des panniers ; à mefure qu'ils les remplilfent de café , ils le portent au lieu deftiné pour être préparé. Là d'autres Nègres le font palfer entre deux râpes cylindriques , que l'on fait tourner dans un fens contraire : par cette opération , la cerife, c'eft-à-dire, la pulpe qui environne la graine, s'en fépare fans peine; on l'expofe enfuite au foleil fur un glacis, en prenant bien- garde que la pluie ou la rofée ne le mouille; lorfqu'il elf bien fec, on l'appelle café en parchemin, & on le porte au moulin pour brifer la coque 6c la féparer de la graine. 34 Essai sur l'Histoire naturelle Cette efpèce de moulin n'eft autre chofe qu'un arbre perpendiculairement place, que l'on fait tourner lur lui-même par le moyen de l'eau ou de quelqu'animal ; cet arbre fait tourner avec lui deux meules, pofées verticalement dans un orbite dont il occupe le centre : ces meules mifes en mouvement , décrivent la circonférence de cet orbite , qui eft une efpèce d'auge où l'on verie le café dépouillé de fa cerife par la première opération. Quand les coques font bien brifées, on les porte avec les graines au ventilateur, les enveloppes étant légères fuivent la direction de l'air agité par le ventilateur, & s'éloignent du point central de la chute. La graine naturellement plus pefante, ne change point fa direction par l'action du ventilateur, ôc tombe dans un réfervoir qu'on a placé deffous. Par cette opération la graine du café fe trouve féparée de fes dépouilles; on fait enfuite trier le café, c'eft-à-dire , qu'on fait féparer les graines que les meules ont brifées de celles qui font reftees entières; on les enfutaye fc-parément & on les fait palfer en France. Le café de triage , qui n'eft compofé que de graines brifées, fe vend trois ou quatre fols meilleur marché que le café trié ; le prix de celui ci varie fùîvànt le plus ou moins de débit qu'on en a. En 1771, il valoit à Saint-Domingue jufqu'à 1 à ce riche commerce. » 30. On pourroit auffi y cultiver des oliviers. « 11 eft étonnant , dit encore le P. Labat, » qu'on ait jufqu'ici négligé d'en planter clans « nos Colonies; il eft certain qu'ils y feraient « très-bien venus, & qu'ils feraient le fonds » d'un commerce d'autant plus confidérable n qu'il feroit plus affuré , puifque les arbres ne * feraient point expofés à être gelés, comme » il arrive affez fouvent en Europe, Se que 3> fe naturalifant au pays, ils pourraient imiter a» ceux qui y ont pris naiffance, Se porter du s» fruit deux fois par an comme eux. » 4°. « Pourquoi, ajoute le même Auteur, né-» gliger de recueillir chez nous , quand nous » le pouvons , une chofe que nous allons a> chercher avec beaucoup de rifques Se de a» dépenfes chez les étrangers ? . ... Je ne » crois pas qu'il fût impoffible de gagner » quelqu'un des gardiens des Ifies où le gj- * rafle , la mufeade Se la canelle naiffent , » pour en avoir quelques pieds Se les tranf- porter de Saint-Domingue. 4^> » porter dans nos Ifles où il feroit aifé de leur « trouver un terrein propre à fa culture... a» Pavois femé du poivre , dont quelques m grains avoient levé affcz bien ; les jets « avoient plus de quatre pouces de hauteur , •> quand je m'embarquai.... Je ne doute nul-t» lement que le fafran ne réufsît à merveille » aux Ifles ; la chaleur du climat, la bonté » du terrein , la facilité qu'il y a à cultiver » les plantes qui ont des oignons , me perfua-a> dent que ceux qui voudroient prendre ce » foin feroient des profits confidérables, parce « qu'ils pourraient faire deux récoltes par * an, au lieu qu'on eft heureux en Europe, s» lorfqu'on peut en faire une qui foit bonne =» Il ne s eft trouvé encore perfonne aux » Ifles, du moins jufqu'à mon départ, qui fe 3> fût avifé de faire tondre les moutons , & 3» de profiter de leur laine. On lailfoit ce foin 3» aux haîliers ôc aux épines, où ces animaux attachoient leurs toifons en paffant. Quoi-» que ces laines ne foient pas des laines d'Ef-3» pagne , elles ne laifferoient pas de valoir 3> quelque chofe, fi on fe donnoit la peine de 3> les amaffer. On en emploie qui ne valent pas 3» mieux. Mais fi l'on vouloit avoir des lai-3> nés excellentes, qui empêche de porter aux * Ifles des brebis de race efpagnole ? Nous 3> aurions avant dix ans tous nos troupeaux m compofés de moutons d'Efpagne, dont ks »» laines fines ôc douces fourniraient nos ma-2i nufaélures de France. Nos Vaiffeaux qui 33 trafiquent en Efpagne en apportent tous w Jes jours des moutons mâles ôc femelles ». Le P. Labat termine fes réflexions furks D $0 Essai sur l'Histoire naturelle nouvelles manufactures qu'on pourroit introduire dans nos Ides par cet avis judicieux. te Ceux qui voudront commencer les épreu-•» ves, doivent fe fouvenir que les commen-« cemens font toujours rudes & difficiles. Il 3> faux qu'ils s'attendent aux contre-temps que *> les premiers inventeurs éprouvent en toute s> choie. Mais ils doivent à leur exemple ne s» fe point rebuter, tenter différentes voies , » employer différens moyens, travailler fans » relâche & avec courage, jufqu'à ce qu'ils » foient parvenus au but qu'ils fe font n propofé Article X. Réflexions fur l'état préfent des habitans de Saint-Domingue, tant libres qu efclaves. De l'aveu même des Ecrivains Efpagnols, lorfque Chriftophe Colomb, avec une troupe d'aventuriers, aborda à Saint-Domingue , il trouva cette Ifle habitée par des hommes fimples , doux, humains, bienfaifans, quipaf-foient paifiblement leur vie dans une molle SX tranquille indolence. Les productions naturelles du pays, <5c le poiffon qu'ils prenoient à la pêche , fuffifoient pour fultenter une vie oifive 6c par conféquent frugale. Se parer des injures du temps & des horreurs de la faim , reproduire fon être ; tels étoient les feuls befoins qui les tiroient de l'inaction , parce qu'ils n'écoutoient que la voix de la nature. Ils ne cultivoiant point les Arts, ifs n'étoient point méchans , & des hommes de Saint-Domingue. $t policés ne leur avoient pas encore communiqué leurs vices. Ils n'avoient pour demeures que des cabanes faites à la hâte avec des rofeaux ou des branches d'arbres. La terre étoit couverte de forêts aulîi anciennes que le monde. Saint-Domingue en un mot fembloit fortir des mains de la nature ; l'éducation ne l'avoit pas encore abâtardi. Tout a changé de face depuis l'arrivée des Européens. D'épailiés forêts font devenues des champs fertiles ; les montagnes défertes & environnées de précipices font aujourd'hui des fonds inépuifables de richeffes ; des Villes jfloriffantes ont pris la place qu'occupoient autrefois quelques cabanes éparîes çà & là ; de riches plantations couvrent la furface des campagnes; la terre elf annuellement boule-verfée Se comme forcée de produire les tréfors qu'elle recèle dans fon fein. Le changement ne s'eff pas fait feulement fentir dans le physique, il s'eft étendu jufque dans l'ordre moral ; ou plutôt, le changement de moeurs a opéré cette révolution dans le phyfique. ■ L'Ifle Saint-Domingue fe trouve actuellement habitée par deux fortes d'hommes qui diffèrent encore plus par la condition que par la couleur. Les uns font libres, indépendans, Se abforbent toutes les productions d'une terre féconde qu'ils ne cultivent pas ; les autres s'épuifent pour enrichir les premiers. Ils fe-ment & ne récoltent pas; ils bâtilfent, & ils font fans logemens ; ils répandent l'abondance, Se ils meurent de faim; ils procurent ù ceux qui les emploient toutes les matières $2 Essai sur l'Histoire naturelle de luxe, & ils font fans vêtemens;ils font paner les autres d'un état vil & rampant, à celui d'une aifance honnête , & même de l'opulence, & ils languiifent eux-mêmes dans un affreux efclavage qui fait tous les jours frémir l'humanité : voilà leur récompenfe. Développons ces idées , humiliantes pour un peuple policé, mais trojp fenfibles pour être tues. Je ne parle que de fa partie françoife ; fes voilins indolens ne méritent aucune attention. Ceux qui jouiffent d'une liberté que la nature rend commune à tous les hommes , qui la raviflént fans remords à leurs femblables, & qui leur font fentir tous les jours , fans frémir, les peines attachées à cette privation ; en un mot, les Créoles fe rapprochent autant des anciens naturels par leurs vertus, qu'ils s'en éloignent par leurs vices. On voit en eux un alliage bizarre de bonnes & de mauvaifes qualités ; ils ont la plupart l'efprit jufîe , pénétrant, difpofé à acquérir les fcien-ces les plus abftraites, quand ils veulent s'y appliquer. Les jeunes Créoles, que les parens font éduquer en France, profitent au mieux des leçons qu'on leur donne; mais ils les oublient auffi vite qu'ils les ont apprifes; ils ne portent fouvent dans leur Patrie que celles du libertinage & de l'irréligion , qu'ils ont foin de communiquera ceux qui, moins fortunés, ne peuvent pas les aller puifer dans leurs fources. Ils font communément bienfaits , lefres, généreux, obligeans, braves, fiers, magnifiques : ils aiment la dépenfe , Pofrentation, le faite; ils n'épargnent rien pour fatisfaire leurs de Saint-Domingue. J3 fantaifies; leurs defirs s'irritent parles obfta-cles, l'impoiTibilité de les remplir les défefpe-rent. Ils font pafïïonnés à l'excès pour les femmes ; il les quittent avec indifférence ; l'inf-tinct fait tout, le fentiment n'y elt pour rien. L'oifiveté, l'indolence, la négligence de leurs propres intérêts les caractérisent en tout ; on ne fauroit s'y méprendre , ni les confondre avec l'induflrieux & actif Européen. .On les voit rarement fidèles dans leurs amours, à moins que le lien conjugal ne vienne fixer leur inconfiance; la jaloulie fuccède alors,à l'indifférence, elle les maitrife jufques dans les plus petits détails, & il en reluire bien des troubles domefliques, fur tout lorfqu'une femme, offenfée par des foupçons, fe livre à fon humeur acariâtre : on s'injurie, on boude > quelque jours, & puis on fe raccommode : ainfi va le monde. On peut dir-e à la louange du fexe, qu'il fait fe refpecter; que l'honneur, la décence, la fageffe, font des barrières qu'il n'a pas coutume de franchir, & qu'une femme déréglée , (je ne parle que des blanches, ) eft auffi rare que lés hommes libertins font communs ; c'eft dommage que ces vertus fe trouvent fouvent accompagnées d'un fond de vanité, d'un ton impérieux qui gâte tout. La plupart des femmes n'ont pas le talent de s'occuper, elles font paffionnées pour la danfe : lorfque cet amufement leur manque, que le jeu ou la compagnie ne viennent pas les diflraire , elles paffent leur temps à dormir ou à quereller leurs fervantes avec un dédain, une hauteur infupportable. D iij 54 Essai sur l'Histoire naturells Les hommes comme Jes femmes n'aiment? pas a voir fouffrir leurs animaux domeftiques; ils en prennent un foin tout particulier, & ils exercent fur leurs femblàbles des cruautés inouies fans s'émouvoir : un ordre barbare , donné dans un accès de fureur , pour punir une faute fouvent très-légère , elt un arrêt irrévocable qu'il faut exécuter fur le champ ; rien n'elf capable de les attendrir fur le fort de ces malheureux. A l'égard de cette portion de l'humanité, qui n'elf méprifabîe que parce qu'elle ell foi-ble, rien n'elf plus affreux que fa fituation. On voit la plupart des Nègres languir dans une extrême indigence. Ils n'ont pour demeures que des retraites incommodes & mallaines; quelques lambeaux de groffe toile fervent plutôt à les défigurer qu'à les couvrir; leurs ali-mens ne font pas dillingués de ceux qu'on donne aux animaux les plus immondes, encore n'en ont-ils prefque jamais fuivant leur appétit. Je n'exagère ici rien : je fais qu'il elt des maîtres qui prennent un peu plus de foin de leurs Nègres que de leur beftiaux; qui leur fourniffent du bifcuit, lorfque les vivres de terre manquent, & cinq ou fix aunes de toile travail les jours de Fêtes & dans les heures defiinées au repos. Voilà ce que font les meilleurs maîtres, encore le nombre en efl-il mal-heureufement très-petit; on les regarde dans la Colonie comme des infenfés , qui gâtent leurs efclaves par trop de bonté. La plupart des habitans, & fur-tout dans les petits quartiers , ne donnent à ces infortunés qu'un ter- ;'habiller; qui n'exigent aucun de Saint-Domingue. 55 rein inculte, pour y planter des vivres. Ils ne peuvent y travailler que les Dimanches & les jours de Fêtes, qui ne font pas employés au profit du maître, ou durant les deux heures de relâche qu'on leur accorde chaque jour : aufli cette grâce, qu'on leur fait tant valoir, leur elf-elle fouvent plus onéreufe qu'avan-tageufe. La lin du jour annonce aux bêtes de fom-me, le terme de leurs travaux journaliers; l'Africain, plus infortuné, elt averti feulement par là que les fiens vont changer d'objets , & qu'on va l'appliquer à des ouvrages minutieux qui vont lallèr fa patience, après que ceux du jour ont épuifé fes forces ; on prolonge quelquefois fies veilles jufqu'à dix heures du foir. Faut-il après cela s'étonner, fi ces malheureufes viètimes de la cupidité européenne fuccombent fous le double poids de l'indigence & de la fatigue? On voit des Négrelfes qui fe font avorter , pour que le maître barbare qu'elles fervent ne profite pas d'une poflérité , dont la condition ne peut être que malheureufe ; puif-qu'elle doit être femblable à la leur. Une efpèce de compafilon fe joint au plaifir de la vengeance , pour outrager ainfi la nature. Coeurs inhumains ! ce crime atroce retombe fur vous. Vous êtes plus barbares que ces mères homicides, fi vous m'entendez fans frémir d'horreur____ Un efclave, qui voit la main de fon bourreau levée fans ceffe fur lui, s'abandonne fouvent au défefpoir, & ne penfe plus qu'à terminer une vie languillante, dont il peut comp- Div 5 6 Essai sur l'Histoire naturelle ter les jours, par le nombre des fupplices qu'on ne fe laffe pas de lui faire fubir. Sa réfolution une fois prife elt bientôt exécutée ; il fait fes adieux à fa famille, fes amis le chargent de leurs commiffions, & il va fe pendre dans la perfuafîon où il eft de retourner, par fa mort, dans le pays d'où on l'a arraché. D'autres Nègres, poulies par le même défef-poir, ont recours au poifon, pour exercer fur leurs tyrans une vengeance plus réfléchie 6 plus éclatante. Le fuc malfaifant de certaines plantes ne leur eft que trop connu; ils s'en fervent pour humilier leurs oppreffeurs, qui fe voient bientôt ruinés par la perte de leurs beftiaux ôc des efclaves qui leur font plus nécelfaires. L'alfaffin , pour voiler fon crime, exerce fa fureur fur ce qu'il a de plus cher ; fa femme, fes enfans, les amis, font les premières victimes qu'il immole : les foup-çons tombent-ils fur lui, efl-il convaincu de fes forfaits & condamné à les expier? il ne fe déconcerte pas ; il jouit du plaifîr de s'être fatisfait; il s'elt affez vengé, il meurt content. L'appareil des tourmens qu'on lui prépare n'a rien qui l'épouvante , il voit tout avec une îtupide indifférence, avec une certaine fierté qui humilie le plus brave. On conduifoit un jour au fupplice un Nègre de Cavaillon, qui avoit affafliné fon maître ; il fe vit couper le poing & rouer vif fans répandre une larme, fans témoigner le moindre repentir. Il fe contenta de dire : Quan "moi tuyé maître moi, ça mauvai jou pou li ; ajlor moi aie mouri pou li, ça mauvai jou pou de Saint-Domingue. 57 Un autre qu'on alloit pendre au Port-au-Prince , je ne fais pour quel fujet, fit encore paraître plus d'intrépidité. A peine le bourreau, qui eft toujours un Nègre, l'eut-il jette en bas de l'échelle, que la corde calfa ; le patient fe releva,& dit tranquillement au bourreau : Toi voir, ?noi ben dire tantôt, corde la li pan bon ; toi dire, moi cannai, li bon. Comme celui-ci cherchoit à la renouer, le Nègre condamné ajouta : qui ça toi faire encore ? fi toi nouyer li, li cajjer encore ; ça mauvais befo-gne; tin, v'ià deux qualius, (c'eft 20 fols de France,) toi aller acheter un bon petit corde iune fois. Le bourreau fit ce que le Nègre lui avoit dit, & celui-ci fe laiffa pendre une féconde fois fans fe plaindre. C'eft un préjugé répandu dans les ifles, qu'on ne trouve point d'attachement, d'intelligence ni de fentimens dans les Nègres : cette prévention eft abfolument fauffe & démentie par l'expérience journalière. Ceux qui ont le bonheur d'être conduits par des maîtres & non par des bourreaux, leur donnent! tous les jours des preuves certaines de leur fidélité & de leur attachement. On en a vu braver une mort certaine, pour les arracher du danger auquel ils les voyoient expofés. On pourroit en citer mille exemples : combien de Nègres qui ont fauve la vie à leurs maîtres dans le paffage des rivières ? Cette Négrcffe du Port-au-Prince n'avoit-elle que de l'indifférence pour fes maîtres, lorfque le tremblement de terre de 1770 renverfa leur maifon l Elle s'y trouvoit feule avec leur enfant qu'elle allaitoit \ chacun avoit cherché fon falut dans 59 t Essai sur l'Histoire naturelle la fuite, elle ne pouvoit les imiter fans ex-pqfer les jours de fon nourriffon; elle aima mieux lui facrifier les liens , en faifant de fon corps une efpèce de voûte ; elle reçut fur elle, avec un courage inoui, les décombres de la maifon, l'enfant fut confervé; mais elle mourut quelques jours après, victime de fon cœur généreux. Moi-même j'en fais l'aveu, je dois la vie à un efclave, qui dans ce jour fatal, me fît fortir de la maifon où j'étois, un infiant avant fa chute ; il jouit maintenant de la liberté. Je la dois à d'autres Nègres, qui dans mes voyages , m'ont averti plufieurs fois des dangers que je courois fans m'en appercevoir. Ce jeune Nègre n'a voit-il aucun attachement pour fon maître , lorfque le voyant embarqué, par ordre du Gouverneur, avec défenfe aux domef-tiques de le fuivre, il fe fit coudre dans un matelas, pour tromper la vigilance des gardes ? Si les hommes n'oublioient pas fi vite les bienfaits, on feroit furpris de voir tant de courage, de grandeur d'ame, d'héroïfme dans des efclaves. Ils ne font pas non plus fi flupides qu'on fe l'imagine : ils apprennent facilement les métiers qu'on leur enfeigne. Us font de très-bons imitateurs, & s'il faut les guider en tout, s'ils n'imaginent prefque rien, c'eft que l'ef-clavage brife les relforts de l'ame ôc abâtardit tout. On remarque chez eux un fond d'amour-propre, qui les démafque en toutes cho-fes. Lorfque les blancs exécutent en leur présence quelqu'ouvrage qui leur paroît difficile, ils font comme ravis en extafe; mais ils ne de Saint-Domingue. %$ peuvent retenir leur joie, lorsqu'ils voient un blanc maladroit ou dans la misère : s'ils s'em-prelTent de le fecoufir, c'elt moins par humanité que par orientation. La profufion accompagne toujours leurs largefles, fur-tout quand elles ont pour objet les compagnons de leur miférabîe condition Un Nègre qui voyage, trouve par-tout des relfources ; il peut fe présenter hardiment dans toutes les cafés, on prévient même fes befoins ; mais il faut qu'il fatisfalfe à toutes les queftions de fes hôtes, qui ne manquent pas de l'interroger fur le nom & les qualités de fes maîtres, fur le fujet de fon voyage , &c. CHAPITRE SECOND. Defcription de la Colonie Françoife de Saint-Domingue. LA Colonie Françoife à Saint-Domingue eft divifée naturellement en trois parties, qui font celles du Nord , de rOuefl Ôc du Sud. 11 y a vingt-une Paroilfes dans la partie du Nord , quinze dans la partie de l'Ôueft, & dix dans Ja partie du Sud. Pour obferver quelque méthode dans l'idée fuccincte que nous allons donner des divers quartiers dont la Col onie Françoife eft compofée, nous parcourrons chaque Paroilfe en particulier. Ne connoifïant point par nous-mêmes celles qui font fituées dans la partie du Nord , nous avons pris pour guide le Journal de Saint-Domingue^ année ijCG: Çfc Essai sur l'Histoire naturelle Article premier. Defcription de la partie du Nord. Ouanaminthe. « Cette ParoiiTe eft fîtuée au Sud-eft de la »> Ville du Fort - Dauphin. Elle contient de » très-bonnes fucreries dans toute la partie *> qui avoifîne la rivière du Maffacre, entre w la petite Artibonite, le Canari, la Ravine-» de-fable, &c. Le terroir en eft gras ôc fé-•» cond. Celui au contraire qui confine aux » Savannes , & qui fe trouve fitué au-deffus, » en tirant vers la Mine , où l'on a établi » quelques fucreries au pied des montagnes, » paroît en général peu propre à cette cul-» ture , à l'exception de certaines portions »» de terre arrofées par la rivière de Jean-»' de-Nantes & autres petits ruiifeaux qui les m traverfent. Le refte , fur-tout au Brûlage, » eft fort aride, ôc ne peut guères être em-w ployé qu'à la culture du coton. Toute cette =» partie des montagnes de la Mine s'eft éta-» blie en café , où il croît fort bien. On » pourroit mettre de l'indigo dans les en-» droits frais, Ôc du coton ailleurs. 3» La partie du quartier de Maribaroux , » qui relève de celui iïOuanamuithe, a des m fucreries qui égalent les meilleures de J'Ifle, » fur-tout aux environs de la rivière du MaJ-» /acre. Celle fituée au Sud ôc à l'Oueft ne * paroît propre, par fa ifèrilité, qu'à la eu1- * ture du coton». (Journ. de Saint-Domingue) de Saint-Domingue. 6i Fort - Dauphin. La ville du Fort-Dauphin, où eft fitue'e l'Egli-fe paroilîiale , poffède une JurifdicLion qui fut créée au mois d'Août 1724 , & qui exifta d'abord au Trou, ôc fut enfuite transférée à Baya-ha, Ôc delà au Fort-Dauphin. Elle eft compofée d'un Juge Sénéchal ôc Lieutenant de l'Amirauté , d'un Lieutenant de la Jurifdiètion , d'un Procureur du Roi, de deux Subftituts, d'un Greffier , d'un Audiencier, de huit Procureurs Ôc de huit Notaires. 11 y a aufli dans cette Ville un Etat - Major , compofé d'un Lieutenant-de-Roi, d'un Major ôc d'un Aide-Major ; on y trouve encore un Ecrivain de la Marine Ôc des Gaffes, un Commis aux Clalfes, un Capitaine de Port, quatre Officiers comptables , deux Officiers de fanté, cinq Arpenteurs du Roi, un Bureau des pof-tes aux lettres, un Lieutenant Ôc un Exempt de Maréchauffée. On compte dans la Ville environ 70 mai-fons. Le voifinage des lagons en rend l'air mal-fain. ce On y a conftruit quelques fortifi-»> cations ; elles font fuffifantes pour arrêter » une efcadre deux ou trois jours , dit l'Au-■» teur de YHiJhire philojbphique & politique. ■ ce Son terroir eft mélangé de bon , de *> médiocre ôc de mauvais. On y trouve des » fucreries d'un grand rapport dans fa partie m arrofée par la rivière de Roches, le Ma-» nifétu , la Mairie, Ôc la rivière Mario n ( Journ. de Saint-Domingue. ) »» La partie du quartier de Maribaroux, 62 _ Essai sur l'Histoire naturelle » qui dépend du Fort-Dauphin , renferme » d'affez bonnes fucreries. Ses terreins bas, » autrefois arides , fe font améliorés, depuis »» qu'on les a arrofés par le moyen des fai-» gnées faites à la rivière du Maffacre ». {lbid.') Le quartier de la Grande-coline , au Sud-Oueft de la Ville , n'eft pas à beaucoup près fi fertile. Plus on approche de la chaîne de montagnes , plus le terroir fe montre ingrat. \]Acul-des-pins Se quelques petits quartiers-dans les montagnes font cultivés en café, qui réuflît affez bien. « Le quartier des Fonds-blancs eft fitué dans » une plaine contiguë à la route de la Ville » du Fort-Dauphin à celle du Cap La terre » n'eft qu'une efpèce de tuf blanchâtre, pref-a> que friable Se qui reffemble à de la chaux, w Ce qui doit faire préfumer qu'elle abonde » en fel, c'eft que pour peu qu'elle foit dé-» trempée par un grain de pluie , les pro-» grès de la végétation , qui font très-rapi-*> des, la font paroître d'une fécondité mer-aï veilleufe. On y recueille de très-bel indi-» go». (lbid.) Le Terrier -rouge. Cette Paroilfe eft compofée de différent quartiers qui en dépendent, Se dans lefquels on obferve une grande diverlité de terroirs. « Dans le Terrier - rouge proprement dit , » il n'y a que quatre à cinq fucreries allez » médiocres. La plus grande partie eft occu-a> pécparune vafte Se longue favanne natu-»> relie. Le quartier du Grand-baffin n'eft guè-» res meilleur : il eft arrofé par la rivière de Saint-Domingue. 6$ »» cle la Mairie , qui , confidérable à fa » fource , eft fouvent à fec dans toute té* » tendue de ce canton , parce que fes eaux » fe perdent dans les fables. Le quartier de » Jaque^y, voifin de la mer, eft remarqua-» ble par la fécondité de fon terroir & par a> le nombre de fucreries qu'on y ai pzrçpit ». ( Journ. de Saint-Domingue. ) Le Trou. Cette ParoiiTe, de la dépendance du Fort-Dauphin , eft fort confidérable. On a établi dans la plaine un grand nombre de fucreries & d'indigoteries ; les montagnes font cultivées en café. Elle eft arrofée par une rivière qui porte fon nom : elle s'étend depuis VA-cul-de-Samedi jufqu'aux Côtelettes , & fe di-vife en une infinité de petits quartiers qu'on pourroit améliorer à peu de frais. La Limonade. » C'eft un des plus riches ôc des plus fer-» tiles cantons de la dépendance du Cap : il » donne du fucre en abondance ; on y ré-« coite auffi de l'indigo & du café. La par-» tie de cette Paroilfe qui avoifine la mon-» tagne eft moins féconde. Le quartier de a» PLjlet-de-Limonade, borné à l'Eft par le Fq[fê9 » à l'Oueft par la Grande-rivière , ôc au Nord » par la mer , renferme fans contredit la » meilleure terre de la Colonie ; mais les dé-» bordemens y caufent quelquefois de fi grands a» ravages, qu'on appréhende toujours que •» ce riche canton ne foit fubmergé par la » jonction des eaux de la Grande - rivière & 64 Essai sur l'Histoire naturelle •» du Fojfé. Le refte du quartier eft bon, mais •> moins généralement queVl/let». (Journ. de Saint-Domingue. ) Le quartier Morin ou Saint-Louis. Cette Paroi/Te eft confidérable par la bonté de fon terroir ôc le grand nombre de fucreries qu'on y a établies. Elle eft féparée de celle de la Limonade par la Grande-rivière. La partie qui fe rapproche de la montagne, ôc qui porte le nom de Quartier-du-mor-ue-pele, eft d'une grande aridité, quoique certains endroits égalent les meilleurs terroirs, ainfi que la partie fituée le long de la rivière au voifinage de la mer Ôc du côté du Cap\ qui préfente un fol admirable, que les eaux de la Grande-rivière arrofent & fertilifent : mais cette rivière nuit aufti beaucoup , par fes débordemens fréquens, aux terres qu'elle parcourt. La Grande-rivière. Cette Paroilfe tire fon nom de la rivière qui tombe de la montagne avec autant de rapidité qu'un torrent. L'on y cultive du café, de l'indigo , ôc même du fucre. Le tabac qu'on y récolte eft renommé ; mais cette denrée n'occupe aujourd'hui que quelques Nègres affranchis. « Les débordemens y caufent tous » les ans les plus grands dommages : fon ter-9» roir eft gras ôc fécond , mais ruiné en di-» vers endroits, la terre franche ayant été » emportée par la violence des eaux : il n'eft *» plus à préfent qu'un fonds de roches Ôc de » fables». (Journ. de Saint-Domingue.) Lt de Saint-Domingue. Le Dondon. « Ce quartier eft entièrement enclavé dans s> les montagnes. Il a été d'abord cultivé en v indigo, & depuis en café. La terre y eft » bonne , fraîche , fertile. C'eft fans fonde-» ment qu'on a avancé qu'une grande par-3» tie de cette Paroilfe a beaucoup dégénéré s> de fa première fécondité. On y trouve des habitations où le café continue de rap-» porter en plus grande abondance qu'ail-» leurs. Le quartier du Joli trou en dépend, s» ainfi que celui de la Marmelade, qui elt, 3> depuis quelques années, défriché & cultivé » en café a>. ( Journ. de Saint-Domingue. ) La Petite-Anfe, « Cette Paroilfe , fituée dans la plaine, elt 3> remplie de bonnes fucreries ; elle eft très-3» bien cultivée. La plupart des habitations 3' font arrofées par des canaux qui, amenant » les eaux de la grande rivière, y font auftî 3> tourner quelques moulins. Le petit quar-3> tier du Bonnet-d-t'Evêque , qui dépend de 3' celui de la Petite-anjè, eft partie en plaise ne , partie en morne». (Journ. de Saint-Domingue. ) La terre elt par-tout d'une valeur médiocre-; les montagnes font cultivées en café : l'on trouve quelques fucreries établies dans la plaine. La Plaine - du - Nord. Elle eft féparée de la Petite-anfe par la rivière du Haut-du-Cap, qui vient fe perdre 66 Essai sur l'Histoire naturelle dans la baie du Cap. On trouve dans cette ParoiiTe plufieurs fucreries ; on cultive auffi l'indigo dans la plaine , & le café dans les mornes. Son terroir eft très-bon, mais li noyé en quelques endroits , que les cannes trop précoces ne parviennent jamais à une entière maturité ; on a cependant lieu d'en attendre la plus grande fécondité , lorfque la culture & le temps lui auront fait perdre cette ex-ceffive humidité. Le quartier du Morne-rouge, qui en dépend, à l'Oueft , & qui eft finie fur l'un des bords de la baie de YAcul, eft totalement différent ; fon fol eft fec , aride ; la terre fi compacte en beaucoup d'endroits, que l'eau ne la peut pénétrer. Le Cap-François. La Ville du Cap-François où eft fituce cette Paroilfe, étoit autrefois le Chef-lieu ôc la Capitale de Ja Colonie Françoife. C'eft là que les Gouverneurs & les Intendans faifoienc leur domicile , avant qu'ils aient établi leur réfidence à Léogane Ôc enfuite au Port-au-Prince. Il paroît que l'Auteur du Géographe manuel ignore ce changement, puifqu'il dit que le Cap eft la Capitale de la partie françoife. Cette Ville elt grande, bien peuplée, divifée en vingt-neuf rues tirées au cordeau , & pavées dans le milieu feulement. On y compte huit cens dix maifons. Elle eft fituée au bord d'une grande plaine longue de vingt lieues, large de quatre à huit lieues, divifée en plufieurs Paroiffes qui fe communiquent par plufieurs grandes routes de quarante pieqs de Saint-Domingue. 6-j de largeur, tirées au cordeau , & bordées de haies de citronniers ou de campêche. Un morne couvre la Ville du Cap du côté du Nord Ôc de L'OueJi ; elle regarde la mer à l'EJl\ elle eft bornée au Sud par des marais d'une demi-lieue de longueur, qui fe remplie fent dans le flux de la mer. « Durant le folf-t» tice d'été, dit M. Defportes, les marées ne » font pas lî hautes à Saint-Domingue que n durant celui d'hiver. L'eau n'étant pas u alors fi abondante ni par conféquent dans s> un fi grand mouvement doit s'y corrompre » plus facilement. S'il arrive que l'été foit » plus fec que de coutume, cette eau, l'égout » de la Ville ôc le tombeau des crabes, exhale » une plus grande quantité de corpufcuîes » infectés, capables d'engendrer la corruption »• où ils fe répandent. Si les pluies font abon-» dantes , les terres étant alors inondées , » les mauvais principes font comme noyés & » entraînés par le cours des eaux. Suivant '» ces remarques, il eft facile de comprendre » pourquoi la Ville du Cap doit être plus » mal-faine en été qu'en hiver , pourquoi » un été trop fec doit être d'un funefte au- *» gure pour les habitans ». Un Commandant en fécond pour toute la partie du Nord rélide dans cette Ville. On y voit auffi un Etat-Major , compofé d'un Lieutenant-de-Roi, d'un Major ôc d'un Aide-Major. Le Confeil Supérieur qui y a été établi au mois de Juin 1701 , eft compofé du Gouverneur-Général , de l'Intendant , du Commandant en fécond de la partie du Cap » du Lieutenant-de-Roi du Cap, de neuf Con- 68 Essai sur l'Histoire naturelle feilîers titulaires, de quatre Alfelfeurs, d'un Procureur-Général , de trois Subftituts, de quatre Greffiers, d'un Audiencier, & de huit Avocats. Dès- l'année i6S< , on y créa une Amirauté tScun Siège de Jurifdiclion, dont les places font occupées par les mêmes Juges ; on y compte un Sénéchal & Lieutenant de l'Amirauté, un Lieutenant de la Jurifdiclion , un Procureur du Roi, trois Subftituts, un Greffier en Chef, un Audiencier de la Jurifdiclion , un Audiencier de l'Amirauté , vingt-un Procureurs, & vingt-fept Notaires. On a commencé depuis bien des années une vafte Eglife de pierres de taille qu'on fait venir de France. 11 eft probable qu'elle ne fera pas fitôt terminée. Le manque de fonds fait qu'on n'y travaille que très-lentement. Le Préfet Apoftolique des RR. PP. Capucins réfide dans la Ville, ôc delfert en même temps la Paroilfe , affilié de trois Vicaires de fon Ordre Ôc de trois Eccléfiaftiques féculiers attachés au fer- ' vice de Y Eglife. Il y a auffi un Hôpital royal gouverné par les Frères de la Charité, une Communauté de Religieufes de Notre-Dame où l'on tient penfionnat, une Chambre d'A- # griculture, fix Officiers de Santé, fix Médecins , quatorze Chirurgiens , deux grands Voyers ôc Arpenteurs généraux, treize Arpenteurs du Roi, dix Officiers comptables, un Commiffaire faifant les fonctions d'Ordonnateur Ôc de Subdélégué de l'Intendant , deux fous-Commiffaires, un Chef du Bureau des Fonds, un Commis aux Gaffes, un Prévôt-Général de MaréchaUffée avec un Lieu- de Saint-Domingue. 6q tenant & un Exempt, un Capitaine de Port, un Bureau de polies aux lettres. « Le Port du Cap eft digne de recevoir les 31 riches productions des contrées voihnes. Il » elt admirablement placé pour les Vaiffeaux » qui arrivent d'Europe. L'air qu'on y rei-*> pire eft le meilleur de l'IHe ; il n'elf ouvert * qu'aux vents du Nord-eft, dont il ne peut y> même recevoir aucun dommage, fon entrée »» étant femée de refeifs, qui rompent Pim-« pétuofité des vagues. On en fort aifément, & le débouquement de ces mers fe fait en o> peu de temps ». Hijl. philoj'. &pol. tom. y. P. Charlevcix, tom. 4. « La plaine qui n'a vers le Nord d'autres » limites que la mer, eft couronnée au Sud 0» par une chaîne de montagnes, dont la pro-» fondeur varie depuis quatre jufqu'à huit » lieues. II y en a peu de fort élevées. Elles 33 n'ont rien qui repouffe les habitans. PIu-3> ficurs peuvent être cultivées jufqu'à leur 3>-fommet, Se toutes font coupées par des s» intervalles remplis de plantations de café 3» & de très-belles indigoteries ». lbid. Le quartier du haut du Cap qui relève de cette Paroilfe, ne pofsède qu'une fucrerie ; mais il renferme un grand nombre de petites places le long de la montagne, où l'on cultive des vivres du pays pour la confommation des efclaves. Ces jardins font d'un grand rapport^, Se l'on devroit s'attacher à multiplier ces etabliffemens. Il refte encore beaucoup de terreins en friche où le coton viendrait très-bien. Le café ne croît pas trop bien dans les mornes qui entourent la partie occidentale du 70 Essai sur l'Histoire naturelle Cap ; la forte brife qui foufHe du côté du Nord, defsèche & brûle le pied de ce végétal ; enforte qu'il jaunit en peu de temps, & périt à la fin. Le cacao n'y réuiïiroit pas mieux , il demande des terreins fitués dans des gorges où il n é-prouve ni trop de chaleur, ni trop d'ombrage. VAcul. Cette ParoiiTe renferme quelques bonnes fucreries Se quelques-unes de médiocres , le fol étant mélangé de bon Se de mauvais. Avec de Pinduftrie on augmenterait fa fertilité, & Ton ne doit point défefpérer d'y réunir. Une rivière alfez forte, nommée la rivière falée, traverfe ce quartier ; on pourroit , par le moyen de quelques faignées, fe fervir d'elle pour arrofer les terres. Les falines où l'on a planté des cannes font des terreins d'une fécondité furprenante ; ce qui prouve que les eaux de la rivière falL'e quoique mêlées avec celles de la mer, ne feraient point nuifibles aux productions. On cultive encore dans cette ParoiiTe quelque peu d'indigo, les montagnes produifent du café Se des vivres de toute efpèce. Le Limbe. Cette ParoiiTe elt divifée en deux quartiers principaux, qui font : le haut-Limbé', le bas' Limbe. Son terrein eft regardé comme l'un des meilleurs de Pille ; mais il elt fi abondamment arrofé par une grande rivière qui palfe au milieu Se par d'autres ravines confidéra-kles qui le traverfent en tout fens, que fon Jjerroir y devient trop numide. On y voit ce- de Saint-Domingue. 7 r pendant quelques bonnes fucreries; l'indigo y réuffit très-bien. Plaifance. « A quelque diftance du haut-Limbé, on » découvre le quartier de Plaifance. Quoi-» qu'il faille, pour s'y rendre, paffer par des » coupes de montagnes d'un accès difficile, » c'eft néanmoins un fort beau pays dont la » terre graffe & fraîche a la couleur d'un »» rouge vif. On y voit de grands plattons » bien cultivés en indigo & en café. La dé-» pendance du Cap eft terminée de ce côté-» là par un morne extrêmement élevé ».(Journ. de Saint- Domingue. ) Le Port-Margot. ** Près à\\ bas-Limbe, à quelque diffance de » la mer, on trouve le quartier du Port-•> Margot. Son fol tient un peu de la nature a> de celui du Limbe , c'eft-à-'dire , qu'il eft » d'une humidité exceffive qui convient mieux »» à l'indigo, au cacao qu'au fucre. 11 eft ar-=» rofé par une rivière rapide dans fon cours, » dont les débordemens font prefque jour-» naliers. Le quartier du Margot qui en dé- pend eft enclavé dans la chaîne des mon-» tagnes qui bordent le Port-Margot. Le » café paroît y réuftir ; mais l'abord de ce » petit quartier n'eft pas aifé. il eft terminé » par une rivière dangereufe, appellée la » rivière falée, différente de celle qui fépare » le quartier de YAcul de celui du Morue-rou-. * & ( Journ. de Saint-Domingue. ) E iv 72 Essai sur l'Histoire naturelle Le Borgne. Ce quartier eft fitue' dans un terroir montagneux qui JaiiTe entrevoir cependant quelques plattons d'une terre trop fraîche pour l'indigo ; ce qui a déterminé les habitans à s'attacher à la culture du café, & à renoncer à l'indigo qu'un excès d'humidité & de fraîcheur empêchoit d'acquérir affez de maturité pour Supporter aucune pourriture, fur-tout a la première coupe. A quelque diftance du Borgne on trouve le quartier de Sainte-Anne arrofé par une rivière qui porte fon nom, ôc fertile en indigo comme en café. Le Petit-Saint-Louis. Cette ParoiiTe fituée dans le voifinage de la mer eft contiguë au quartier de Sainte-Anne. Son terroir peu différent eft également propre à l'indigo & au café. Les Jéfuites y pof-fédoient autrefois uue habitation qui avoit au moins quatre cens quarreaux de terre. Le Port-de-Paix. Ce quartier doit fon établiffement au voifinage de la tortue, dont les habitans défrichèrent une grande partie pour y former leurs établilfemens, lorfqu'ils abandonnèrent le fol ingrat de cette petite Me. La difficulté qu'on trouve de tout côté pour y aborder l'a rendu comme ifolé &z fépare du refte de la Colonie. Il eft compofé de plufieurs petits cantons fitués dans les environs de la Ville, ôc cultivés en indigo; quelques endroits le font en de Saint-Domingue. 73 tafé & en vivres du pays ; on y cultive peu de coton. Le terroir eft généralement propre au fucre. £lulieurs habitations ont allez de plat pays pour planter des cannes, & moyennant quelques travaux, on fe procureroit la facilité des charrois ôc de l'exportation. La Ville n'eft pas bien confidérable. Il y a une Jurifdiclion établie en Août 1685, ôc qui eft compofée d'un Juge-Sénéchal, Lieutenant de l'Amirauté , d'un Lieutenant de la Jurifdiction , d'un Procureur du Roi, d'un Subftitut , d'un Greffier en Chef, d'un Greffier-Commis, d'un Audiencier, de fix Procureurs ôc de fix Notaires. Il y a aufii un Major de place , un Lieutenant & un Exempt de Maréchaulfée, un Commilfaire des Clallés de la Marine , un Capitaine de Port, fix Officiers comptables , un Officier de Santé, quatre Chirurgiens, fix Arpenteurs, un Bureau pour les poftes aux lettres. Jean-Rabel. On cultive dans cette Paroilfe du coton, de l'indigo, ôc quelque peu de café. Le tabac y vient bien ; mais la culture en eft entièrement abandonnée aux Nègres efclaves, Ôc ne fait plus un objet de commerce depuis près de trente ans. Elle eft féparée du Port-de-Paix par des lieux prefque déferts qui régnent le long des côtes de la mer. Tout ce qui fe trouve entre elle' & le Môle-Saint-Nicolas eft tout-à-fait inculte. Le Môle-Saint-Nicolas. Il y a dans cette Paroilfe une Ville nouvel 74 Essà* sur l'Histoire naturelle lement bâtie, qui porte fon nom relie eftfituée dans l'enfoncement d'une baie qui a 1450 toifes d'ouverture. La nature l'a* placée vis-à-vis la pointe de Mayfi de Tille de Cuba. Le Port que M. le Comte d'Ellaing y a fait conftruire en 1766 e11 défendu par de bonnes fortifications qui le mettent à l'abri de toute infulte. Les Anglois de la Jamaïque ôc de la nouvelle Angleterre le fréquentent beaucoup ; c'eft ce qui a donné envie au Miniftère de Verfailles de le fortifier, ôc d'y conftruire une Ville qu'on a peuplée d'Acadieus Ôc d'Allemands qui y font prefque tous péris de chagrin ôc de mifere. Il y a dans la Ville un Etat-Major, compofé d'un Lieutenant-de-Roi, d'un Major ôc d'un Aide-Major; trois Ingénieurs , un fous-Commilfaire de la Marine , un Capitaine de Port, cinq Officiers comptables , un Officier de Santé. On n'apperçoit autour de la Ville que des mornes pelées, des rochers applatis. Le terroir qui l'avoifine eft d'une telle aridité , qu'aucune culture n'a pu jufqu'ici y réuffir. On y cultive cependant un peu de coton. On prétend que la rivière qui fe jette dans la baie traverfe ce pays inculte, mais elle fe perd fous terre ; peut-être feroit il facile d'y remédier. Le Gros-Morne. Cette Paroilfe eft fituée entre le Port-de~ Paix ôc les Gonaïves. On y cultive du coton ôc de l'indigo. « Son territoire eft fort mon-to tagneux, mais bien arrofé. Les éminences 55 forment des colines à pente douce, très-bien de Saint-Domingue. 7£ *» cultivées & qui préfentent un point de » vue agréable. » Elle tire fon nom d'une montagne très- * élevée dont la bafe embraffe beaucoup de * terreins. Son fommet eft applani, on y 55 voit une efpèce d'érang formé par la nature, " & qui ne tarit jamais. L'efpace qui s'étend " depuis fa cime jufqu'à fa moitié, eft tota-35 lernent aride, ôc offre feulement, de diftance » en diftance, quelques petits arbuftes répan-« dus fur un fol rocheux , incapable de » produire autre chofe , tandis que fa bafe » abonde en terreins fertiles». (Journ. de Saint-Dom. ) On conjecture fans peine que l'ébou-lemcnt des terres caufé par les feux fouter-reins ôc par les grandes pluies a occafion-né cette diverfité fenfible. Telle eft la nature des différens terroirs qui compofent les vingt-une Paroiffes de la partie du Nord, & qui font toutes du relfort du Confeil Supérieur établi au Cap. Son étendue en longueur eft d'environ foixante lieues ; fa largeur eft peu confidérable en beaucoup d'endroits, ôc varie feion que la chaîne des montagnes s'éloigne ou fe rapproche de la mer. Article II. Defcription de la partie de /'Oueft. Les Gonaïves. Cette Paroilfe eft bornée vers le Nord par le Gros-morne, à l'EJl par Plaifance, au par Saint-Marc & la petite rivière , à t Oueft par la mer. On y compte deux fucreries 9 f& Essai sur l'Histoire naturelle trente cotonneries, dix caféteries, fix indî-goteries , environ cent libres ôc cinq mille efclaves. (*) Le Bourg eft compofé de l'E-glife paroiffiale, du prefbytère, ôc de quelques méchantes cafés. On y trouve un Bureau de portes aux lettres ôc un Exempt de Maréchauifée. Il eft fitué au bord de la mer dans un endroit très-mal-fain, où l'on ne trouve pas un pouce de bonne terre. On ne voit partout que du fable prefque toujours couvert d'une couche de fel blanc, qui repréfente allez bien les petites gelées qu'on éprouve en France aux approches de l'hiver. Aufîi n'y voit-on croître que des mangles Ôc des palétuviers. Les crabes y fourmillent, ôc l'on n'eft pas encore parvenu à les déloger ; les marin-gouins Ôc les mouftiques rendent ce féjour très-incommode. II y avoit autrefois de Peau douce qui y étoit conduite par un canal d'une bonne lieue de longueur ; un particulier l'a détourné pour arrofer fes cotons, & il s'eft maintenu dans fon ufurpation , malgré les réclamations des habitans du Bourg qui font obligés d'aller fe défaltérer ailleurs que chez eux. La baie eft grande , bien fituée, à l'abri des vents du Nord, ôc pourroit fervir de relâche à tous les navires dont la route fe dirige vers l'Oueft ôc le Sud. Son Port très-commode peut aifément être fortifié. « Le territoire des Gonaïves eft plat, affez (* ) Par les Libres on entend les Blancs , (bit Créoles t foit Européens, Se les Nègres ou fangs-mêlés afTranchis. ^ar les Efclaves on doit entendre les Nègres ou les gens ce coulçur, qui «ç jouilfcnc pas de leur liberté. de Saint-Domingue. 77 » uni; mais il manque fouvent de pluie. Son " premier abord ne prévient pas en la faveur; » les cardqffes, les raquettes , les torches ou *» cierges épineux dont les favannes font hérif-» fées, l'aridité que préfente vers le cou-» chant la chaîne des montagnes, tout con-» tribueà lui donner un air fauvage». (Journ. de Saint Do/n.) Cependant le colon intelligent peut s'y enrichir comme ailleurs. En certains endroits la terre efl propre à la culture du fucre, dans d'autres à celle de l'indigo Se du café ; la plus aride enfin pourroit produire abondamment du coton. Les plantations qui en ont été faites depuis neuf ou dix ans ont rendu au-delà des efpérances. Le quartier efl fourni en outre de bois très- , elfimé, Se propre à la menuiferie, au tour, à la marqueterie ; l'acajou fur-tout y eft très-beau. Saint-Marc. « La Ville fe préfente au fond d'une baie s» foraine, couronnée d'un croilfant de mornes, »» où l'on trouve des pierres-de-taille qui va-» lent bien celles d'Europe. Les Navires ne » mouillent dans fa baie qu'à une encablure » de terre par les 40 à 4J bralfes de pro-» fondeur». (Journ. de Saint-Doni.) Quand les vents font un peu forts, les Navires font expofés à dérader & à chalfer fur leurs ancres. La Ville eft fituée dans une pofition riante ; elle elt allez peuplée , Se très-commerçante; 15*4 maifons, la plupart en maçonnerie , l'embelli fient ; fes dehors font char-rnans , Pair qu'on y refpire eft fain. Deux j3 Essai sur l'Histoire naturelle ruiffeaux qui la traverfent ne contribuent pas Eeu à fa propreté. Elle eft la réfidence d'un ieutenant-de-Roi affilié d'un Aide-Major. Sa Jurifdiclion créée au mois d'Août 1724, & l'Amirauté jointes enfemble, font compofées d'un Sénéchal Ôc Lieutenant de l'Amirauté , d'un Procureur du Roi, de deux Subf-tituts, dont l'un réfide à Saint-Marc, l'autre aux Gonaïves, de deux Greffiers, d'un Audiencier, de fept Procureurs, de douze Notaires. Il y a aufti dix Huiftiers, fix Arpenteurs du Roi , trois Officiers comptables, deux Officiers de Santé, un fous-Commilfaire de la Marine, un Commis aux Gaffes, un Capitaine de Port, un Bureau de poftes aux lettres. La Paroilfe eft bornée, au Nord, par les Gonaïves, kl'EJl, par la petite rivière 6c les verettes; au Sud, par £Arcahaye ; à VOueJl, par la mer. On y compte 10 fucreries, 32 in-digoceries , 100 caféteries , 72 cotonneries environ 600 libres, & 12000 efclaves. Elle renferme les bas de VArtïbonite, fitués au bord de la mer jufqu'à la rivière de VE/ler. Ce terrein fe reifent du voifinage des Gonaïves , c'eft-à-dire , que le fol y eft fort aride & très - fec ; on y cultive cependant du coton , qui demande peu de pluie , ôc quelque peu d'indigo, qui vient à merveille quand il pleut ou qu'on peut arro-fer. Les montagnes de Saint-Marc font cultivées en café , ôc on en tire tous les ans une quantité prodigieufe. ce Jufqu'au Mont-» Rouis le terrein eft allez fertile Ôc bien j cultivé , mais au-delà il devient ingrat, Ôc de Saint-Domingue. 79" » il refte fans culture. La Soufrière, qui eft » un endroit écarté, compris entre la chaîne » des montagnes 6c le bord de la mer , eft »> le feuf endroit qu'on ait entrepris de dé- » fricher. Les montagnes fe rapprochent là a» tellement du rivage , qu'elles laiffent à » peine pour la communication un paifage , qui eft dominé par des hauteurs inacccfîi- »» bles de ce côté-là. On trouve dans l'inté- 3» rieur des montagnes de très-bonnes habi- » tations en café, ôc Je nombre s'en aceroît 3> tous les jours». (Journ. de Saint-Dom.) La petite rivière de l*Artibonitc. Cette Paroiffe tire fon nom d'un ruilfeau qui, après avoir arrofé quelques habitations, va fe jetter dans YArtibonite , à quelques pas du Bourg , qui n'eft compofé que du pref-bytère , d'une auberge & d'une douzaine de maifons, occupées la plupart par des gens de couleur. Elle eft bornée par fes Paroiifes des Gonaïves, de Saint-Marc, des Ver eues, ôc par les terres efpagnoles. Elle renferme 8 fucreries, 60 indigoteries, 70 caféteries, 60 cotonneries, environ 650 libres, ôc 10000 efclaves. La plaine de VArtibonite eft une des plus confidérables de la partie françoife. Elle a environ 15 lieues de longueur fur une largeur inégale de 4. à 9 lieues. Elle eft arro-fée par plufieurs rivières, comme celles des Lionnes , des Verettes , des Cakos, par la grande rivière, par la petite rivière, ôc par la grande rivière de YArtibonïte , d'où cette plaine tire fon nom , ôc qui la partage en 8o Essai sur l'Histoire naturelle deux. Les Cartes de Saint-Domingue placent la fource de l'Artibonite au milieu des Pof-fefiions Efpagnoles , près l'ancien Cibao des Indiens : elle pafïe enfuite au Mirbalais , d'où elle fe rend dans la plaine. Ses eaux trafics & huileufes répandent, comme celles u NIL , le germe de la fécondité fur les terres qu'elles arrofent ; fes débordemens annuels lailfent un limon qui les fertilife, mais ils y câtifent auffi quelquefois de grands dommages. Dans le temps des pluies , ce fleuve franchit fes écors , inonde les campagnes, coule avec la rapidité d'un torrent, & entraîne avec lui des arbres entiers , des mai-fons, des parties d'habitation, ôc généralement tout ce qui s'oppofe à fon paifage. La plaine de YArtibonite elt féparée de celle des Gonaïves par la rivière de YEJier, qui, quoique beaucoup plus petite que l'Artibonite , ne Iaiife pas que de caufer bien du dégât dans le temps des pluies. On y trouve des caymans d'une grandeur prodigieufe ; on en voit qui ont jufqu'à 20 pieds de longueur : la grandeur de la gueule fait communément la cinquième partie de celle du corps entier. C'en: un animal amphibie, ovipare, très-dangereux, & qui fe fait redouter de ceux qui vont fe baigner dans cette rivière. On dit qu'ils font plus friands de la chair des Nègres que de celle des Blancs. La femelle va pondre fes oeufs fur le rivage elle les couvre de fable , ôc abandonne à la chaleur du climat le foin de les faire éclore. Lorfqu'on eft pourfuivi par cet animal vo-*ace, il faut courir en zigzag pour éviter Ta dent t> e Saint-Domingue. B> dent meurtrière ; comme il elt fort long Ôc qu'il n'a pas l'épine du dos flexible , il perd du temps à fe tourner , ôc donne à celui qu'il pourfuit, le temps de s'échapper. On arrive du Cap dans la plaine de YAr-iibonae par deux routes différentes ; i°. en traverfant la coupe efpagnole par le Petit-fonds ôc la Coupe-à-t'Inde , montagnes très-efcarpées , mais où la nature a laifié un paf* fage ; 2°. par le Chemin neuf, fans quitter le pays françois. On cultive dans la plaine le fucre, l'indigo , le coton ; on y trouve aufli des hattes d'un revenu confidérable. Si le projet qu'on a formé d'arrofer cette valle plaine avec les eaux de Y Artibonite s'exécutoit, on verroit les revenus de ce quartier augmenter au moins d'un tiers. Des calculs géométriques en démontrent la poffibilité , mais l'exécution exige bien des précautions. Plufieurs quartiers dans les mornes font très-bien établis ; celui de Cabeuil, Il tué près de la Coupe-à-l' Inde & arrofé par une petite rivière qui porte fon nom , doit être fur-tout dif-tingué , ainfi que celui du Cahos , enclavé dans les montagnes, qui efl; en réputation pour le café. Notre-Dame-des-Verettcs. C'elt. une petite Paroilfe, bornée par celles de la petite rivière, de Mirbalais , de YAr-cahaye ôc de Saint-Marc. Elle eft fituée fur la rive gauche de l'Artibonite : fa longueur Ejl & Ouejl eft d'environ dix lieues ; fa largeur n'eft pas confidérable , étant relferrée d'un côté par le lit de l'Artibonite, de l'autre par 82 Essai sur l'Histoire naturelle les montagnes. Le terroir de la plaine eft excellent : le fucre & l'indigo y viennent à mer-Veille ; le pied des montagnes n'elf guères propre qu'à la culture du coton. On a établi fur les montagnes plufieurs caféteries, qui font d'un grand rapport. Le Bourg n'eft compofé que d'une douzaine de maifons, occupées la plupart par des gens de couleur. Le Commandant du quartier s'étoit approprié l'eau que la nature y faifoit couler, & il en a conftamment joui jufqu'à fa mort. Ses héritiers, plus équitables ou peut-être moins protégés, ne fe font pas maintenus dans cette ufurpation, & Je Bourg eft rentré depuis deux ans dans fes'droits. On trouve à cinq ou fix lieues du Bourg, vers YEJt, une Chapelle dédiée à S. Jean, où le Curé fe tranfporte quatre ou cinq fois par an, pour dire la Meffe ôc baptifer les en-^ fans de ceux qui habitent cette partie , Ôc qui ne peuvent que très-difficilement defeen-dre au Bourg, à caufe des mauvais chemins. On compte dans cette Paroilfe douze fucreries, dix indigoteries, feize caféteries, fix cotonneries, environ trois cents libres tk cinq mille efclaves. L'Arcahaye. Cette Paroilfe tire fon nom de plufieurs petits Mets, nommés les Arcaduis, qui font fitués dans le canal qui fépare l'Me de la Gonave de cette partie de la côte de Saint-. Domingue. Elle effc divifée en plufieurs quartiers , dont les principaux font ceux des Vafes, de VArcahaye & du BoucaJJin. Elle eft borné® de Saint-Domingue. 8$ d'un côté par la mer , 6c des autres côtés par les Paroiffes du Mirbalais , des Verettes , de Saint-Marc & du Cul-defic. On y compte quarante fucreries bien établies, cent cinquante caféteries, quelques indigoteries 6c coton-neries, environ quatre cents libres, & huit mille efclaves. Le Bourg eft compofé d'une trentaine de maifons, dont le plus grand nombre eft occupé par des gens de couleur. On y voit une très-belle Place d'armes , une Eglife en pierres de taille , mais hors de fervice, par la négligence des habitans. Il relève pour le civil de la Jurifdiclion du Port-au-Prince, dont il n'eft éloigné que d'onze à douze lieues. Il y a deux Officiers comptables, un Bureau des portes aux lettres, un Lieutenant 6cun Exempt de Maréchauffée. Le terroir en elt excellent. On voit dans la plaine de très-belles fucreries bien établies 6c très-bien cultivées. L'arrofage régulier commence dans le quartier des Vafes : il fut exécuté en 1742 , fous le gouvernement de MM. de Larnage & Maillard, dont la mémoire fera toujours précieufe à la Colonie. Les rivières qui y contribuent fe nomment les Bretelles, le Boucqfui 6c les Matheux. L'intérieur des montagnes eft cultivé en café ; le nombre des défrichemens s'augmente tous les jours. Le BoucaJJin eft fépare du Cul-de-fac par une colline dont la pente eft affez douce pour qu'on la traverfe en chaife. On paffe auprès des Sources puantes, qui exhalent une odeur àcs plus fétides : la couleur de l'eau reffem-. Fij £4 Essai sur l'Histoire naturelle ble à celle du verd-de-gris, & s'imprime en peu de temps fur les pierres, les métaux Se les bois qui y fejournent. Quelques-uns pen-fent que ces effets proviennent de ce que les eaux delà mer croupiffent dans ces endroits; cependant on ne remarque rien de femblabîe dans les autres quartiers où elles croupilfent également. Suivant l'opinion commune, la puanteur & la couleur de ces eaux font çau-fées par les parties cuivreufes Se fulfurcufes qui fe détachent des mines par où ces four-ces font filtrées, avant que de fe jetter dans la mer. Le Cul-de-fac. Cette ParoiiTe n'étoit autrefois qu'une annexe du Port-au-Prince, dont elle relève encore pour Je civil ; aujourd'hui c'eft une des plus confidérables de la Colonie, Elle eft bornée par les terres efpagnoîes Se par les Pa-roiffes des Cayes-Jacmel, du Port-au-Prince , de VÂrcakaye Se du Mirbalais. On y compte 70 fucreries, jo caféteries , 1 c; indigoteries, 12 cotonnerics, environ 700 libres, Se ipooo efclaves. Le Bourg qui fe nomme Croix-des-bouqucis, efl fitué à trois lieues du Port-au-Prince , dans un endroit de la plaine qui eft: traverfé par plufieurs canaux qui fervent à arrofer les habitations. Le tremblement de terre de 1770 Pa très-endommagé ; fes terribles fecouffes ont renverfé de fond en comble Ja belle Eghiè qu'on y avoit fait bâtir. Depuis ce temps-la , l'Office divin fe fait dans une méchante cafe fort malpropre , jufqu'à ce que les ha- de Saint-Domingue. 85 bîtans prennent le parti de conftruire un lieu plus décent. On compte dans le Bourg une centaine de maifons éparfes çà 6c là, & qui ne font habitées pour la plupart que par des gens de couleur. La plaine du Cul'de-faca environ huit lieues de longueur, 6c cinq à fix lieues dans fa plus grande largeur. Les Paroifles du Port au-P rince, de VArcahaye 6c du Cul-de fac la di-vifent entre elles. Elle elt arrofée par la grande rivière , la rivière blanche , qui plus bas fe nomme le Boucavibrou , la rivière des Orangers 6c la rivière creufe. Les trois premières dirigent leur cours vers la mer , où elles n'arrivent que dans le temps des groflés pluies, parce que leurs eaux font employées en arro-fage. La rivière creufe fe jette dans un lac qu'on trouve à l'EJl, à l'extrémité de la plaine. Il eft faumâtre, foit parce qu'il communique avec la mer, comme plufieurs le prétendent , foit parce qu'il s'y trouve quelques mines de fel. L'on voit auffi plus loin dans la partie efpagnole, un étang falé qui produit les mêmes poiftbns que ceux qui fe trouvent dans la mer. A peu de diftance de cet étang, l'on rencontre des rochers de fel que l'on met facilement en morceaux. « Le terrein du Cul-de-fac rr'eft pas égale-~ ment fertile. Sa fécondité y eft en raifon » de la quantité d'eau que les rivières four-» niffent : car les revenus de ce quartier dé-» pendent abfolument de l'arrofement. Les » habitations qui le compofent font immen-» fes. Il eft naturellement divifé en plufieurs F ii] 86* Essai sur l'Histoire naturelle" » lifières qui s'étendent de l'E/i à Wueft de- » puis le lac jufqu'à la mer. » La première qui comprend le penchant mé-» ridional des montagnes de Mirbalais eft au Nord : ce font des roches arides, où l'on ne 99 trouve que des pierres caIcaires,propres à bâ-9> tir, des bois de charpente , des palmiftesà vin oj en abondance, quantité de cabouille, efpèce o> d'aloës, dont on tire la pitte pour faire des w cordages. C'eft une branche de commerce » avec les quartiers voifins qui occupe bien m des Nègres & des Mulâtres libres. On trouve »» aufti de bonnes hattes dans ces montagnes, « & des habitations en café dans les vallons » voifins du lac. » La féconde lifière, au Sud de celle dont 01 nous venons de parler, n'eft qu'un marécage » inculte , laiffes de la mer dont on voit par-»> tout les traces. Le fel y blanchit la terre , =» quand le foleil la fèche après la pluie. Il » n'y croît que des înangles, de la cri//e-ma-s» rine, Se du kali. Les pâturages y font excel-» lens, Se les bêtes à cornes toujours grafiés. » Les hattes y font très - nombreufes , d'un s» revenu folide Se confidérable. La rivière s» blanche y ferpente , Se porte dans les fables » d'une grande faline voifine de la mer, les » é^outs de tous les marais qui abondent en » gibier marin. Elle change le couleur en s> palfant dans ce marécage, devient rouge, " Se fe nomme alors Boucambrau, comme on » l'a dit. M La troifieme lifière forme le refte de la to plaine qui eft très-bien cultivée. Quelques 3? habitant voifins du Boucambrou & des Var* de Saint-Domingv'1 87 s> reux font leur fucre un peu falé, quoique « forr beau, ce c;ui ne nuit pas à fon prix. v En gênerai les fucres bruts de la plaine font, 3» de toute beauté ; les cantons de belle vue y 3' des petits bols, de la grande plaine palfent" * pour les plus fertiles. Les arbres fruitiers 31 y font rares; les brifes impétueufes qui y 3» régnent les trois quarts de l'année les em-31 pochent de croître. Les moutons y font 3> extrêmement gras, & les brebis très-fécou-3' des. On y élève quantité de volailles. 3' La quatrième lifière eft formée par le 3> penchant feptentrional des montagnes qui 33 bordent la plaine au Sud. Celle de belle-» vue , qui eft entre la grande rivière Se la. 3> rivière blanche, eft un féjour délicieux ; tout 31 y croît à merveille Journal de Saint-Domingue. On affure même que le bled ôc l'orge y font des plantes vivaces. La montagne de la Charbonnière abonde en légumes & en plantes potagères de toute efpèce. Les artichauts y viennent , en peu de temps , plus gros qu'en France : on y voit aulîi quelques habitations en café qui réuffilfent très-bien. Le Mirbalais. Ce quartier eft comme fépare des autres» par des montagnes d'un difficile accès. Il efl borné par les terres efpagnoles Se par les Paroiffes du Cul-de-fac, de ïArcahaye Se des Vzrettes. 11 renferme à peu près 1000 libres ôc 10000 efclaves. L'on arrive au Mirbalais du côté du Cul-de-fac, par plufieurs chemins, qui font tous très-pénibles. Celui du Fond-au-diable eft le plus court -3 la Coupe de ta Gaf- 188 Essai sur l'Histoire naturelle cogne elt entrecoupée de montagnes très-efcar-' pées, & de profondes falaifes. La plaine des Sara^ins qu'on traverfe , rend cette route très-agréable jufqu'aux Grands-bois ; mais alors il faut s'armer de courage Se de patience, à la vue des précipices Se des mornes à pic qu'il faut efealader par des chemins étroits ôc fi fangeux , que les chevaux s'y enfoncent en touc temps jufqu'à mi-jambe. Il y a dans cette Paroilfe un Major de place, un Subftitut du Procureur du Roi , urois Notaires, quatre Huifliers, un Officier comptable , un Bureau des polies aux lettres, un Lieutenant & un Exempt de Maréchauffée. L'Artibonite palfe à côté du Bourg , qui eft favorablement placé fur un terrein élevé au centre du quartier & au confluent de ce fleuve, avec une petite rivière nommée la Tombe. On y voit une très-belle place d'armes, environnée d'une double rangée d'arbres. L'E-Iife fituée au milieu d'un des côtés de la lace, eft fort-belle ; quoique le tremblement de terre de 1770 ne l'ait que légèrement endommagée, le Curé & les habitans l'ont cependant abandonnée, par une timidité excef-îive Se fans aucune apparence de danger. L'Office fe fait depuis ce temps-là dans une petite cafe en bois, conllruite à la hâte. Le Mirbalais, quoiau'hérilTé de montagnes , comprend beaucoup d'habitations d'un revenu confidérable. L'indigo ell la denrée principale. La plaine des Sarrasins en produit de très-beau Se en grande quantité : c'eil la partie du quartier la plus agréable. Elle eft arrofée par la rivière dti Fer à cheval. Le Boucan-quarré de Saint-Domingue. 89 efl cultivé en café «Se en tabac ; ces denrées fe récoltent auffi dans les autres endroits de la Paroiffe, ainfi que le coton. On y compte 6oindigoteries, 40 caféteries, 20 cotonneries: on y voit encore des hattes affez conûdéra-bles. La nature du fol eff propre à tout : le fucre y réufliroit comme ailleurs; mais l'exportation y éprouveroit des difficultés infur-montables. 11 eft cependant certain qu'une bonne fucrerie trouverait dans le quartier même le débit de fes productions, foit en fucre , foit en firop, foit en tafia. Il y a quelques années qu'un habitant commença cet établilfement, il avoit déjà fait planter plu-heurs pièces de cannes qui réunirent très-bien ; je ne fais pourquoi fon entreprife ne fut pas luivie. Les principales rivières qui arrofent le Mirbalais font, VArtibonite, le Fer-à-cheval, la Câline, la Gajcogne, Jean le bas, la Tombe, le Canot, les Deux - crochues , la rivière des Orangers , le Boucan quatre, les Capucins. L'on trouve à trois lieues du Bourg un terrein falpétré, rempli de fels très-abondans ; lorfque les moutons y paffent , ils en lèchent la fuperficie, & l'on a peine à les en éloigner. Aux environs du Bourg, on rencontre des morceaux de mine de cuivre fur la furface de la terre. M. Pouppé des Portes a fait Panalyfe des eaux thermales qu'on trouve dans ce quar-r tier, au fond d'une ravine fituée proche VArtibonite : il en recommande Pufage dans toutes les affections des nerfs & dans les maladies cutanées, pourvu qu'il n'y ait point de caufe vérolique. On peut voir dans fon Traité des plantes ufuelles de Saint - Domingue, les c'o Essai sur l'Histoire naturelle procédés qu'il a fuivis pour en découvrir les propriétés. Le Port-au-Prince. La ville n'a été conflruite que vers l'année 175*0; elle eft placée au fond du grand Golfe occidental de l'ille, dans un angle droit, formé par la côte qui part de Léogang, & celle qui borne la plaine du Cul-de-fac. À l'Orient elle eft bornée par le Cul-de-Jàc, au Nord par le Mirbalais , au Nord-oueft par YArcahaye, au Couchant par Léogane , au Sud par les cayes de Jacmel. Elle feroit confidérable, fi l'enceinte qui en a été tracée étoit occupée : fa longueur du Nord au Sud eft de 125-0 toifes; fa largeur de Y Efl à V Oueft eft de 500 toifes. On y compte 5*58 maifons difperfées çà Selk. Le Gouvernement Se l'Intendance font dans une pofition agréable : on y voit quatre grandes places, 25? rues, dont la plupart ne fe correfpondent pas. La grande rue feule eft très-droite, Se a les 125*0 toifes de longueur. On en a tracé fix autres parallèles à celle-ci, Se travèrfées par 13 autres, qui partent de 1 Eft, &vont aboutir à la mer. Elles ont 60 à 70 pieds de largeur : en quelques endroits les deux côtés font garnis d'une rangée d'arbres; on vient auffi d'y conftruire des fontaines, que le défaut d'eau rendoit très-nécelfaires. L'air y eft brûlant, &palfe pour malfain,auffi y voit-on fouvent régner des épidémies qui enlèvent quantité d'habitans. Les brifes ne le comblent, en charriant des terres. 3> En dehors du port & à YOuejl du Fort, » on trouve une rade couverte vers le Sud 3> par Yllet à flaque-d'eaii , & vers le Nord 33 par une quantité d'ilets, qui vont joindre » la côte au Nord de la Pointe-à-Fortin. Cette 3» rade ell un quarré irrégulier, qui comprend *» un efpace d'environ 400 toifes en quarré: 3» les navires font dans ce port à l'abri de » la piquuredes vers, & mouillés fur un fond •» de vafe de bonne tenue, par les onze braffcs * de profondeur, en toute fureté contre la S ^er & les vents. de Saint-Domingue. 93 » Le grand port, defliné pour les vaiffeaux 3> de guerre, eft au midi de Yl/et à flaque-» d'eau. Il elt à peu près de la grandeur ôc « de la figure de la rade que nous venons de » décrire. Les vaiffeaux y font mouillés par » les 6 à 8 braffes de profondeur. Ce port elt » borné au Sud par plufieurs ilets, qui le fépa-31 rent d'un troifieme baffin, nommé le Porl-» (aie, long, profond ôc étroit, avec lequel » il communique par quelques paffes très*-9» refferrées. Outre le Fort de Filet, il y en a a» deux autres , l'un nommé Fort Saïnt-Jofeph , v à l'extrémité feptentrionaîe de la ville, fur s> la Foi me- à- Fortin, & l'autre nommé le 3> Fort Sainte-Claire , au Sud des magafins » du Roi, vis- à - vis le grand port ». Journal de Saint-Domingue. La Paroilfe du Port-au-Prince comprend, outre la ville ; i°. la partie de la plaine du Cul-de-Jac, qui elt fur la rive gauche de la grande rivière; 20. le Trou-Bordet, où il y avoic autrefois une Paroilfe , éteinte depuis la fondation du Port-au-Prince, dont le fol, quoique naturellement rocheux , elt excellent ; 3°. le Lamentin , où l'on trouve quelques terreins marécageux, couverts par les eaux de la mer, qui vont battre le pied des mornes ; 40. le Fond-Ferrier, qui elt litué derrière la première chaîne des montagnes. Ce quartier elt arrofé par la rivière froide & la grande rivière,de. Léogane. On y voit plufieurs plantations en café qui réuffiffent très-bien. On compte dans toute l'étendue de la Paroilfe du Port-au-Prince, 40 fucreries, 12 indigo-teries, ço caféteries, 15 cotonneries, environ 1400 libres Ôc 17000 efclaves. 94 Essai sur l'Histoire naturelle Léogane. La ville eft agréablement fituée fur un ter-rein uni, dans "une plaine fertile, bien cultivée , arrofée par plufieurs ruiffeaux. Elle fut long-temps le fiége du Gouvernement , de l'Intendance ôc du Confeil fupérieur, érigé au petit Goave : on y avoit auffi établi une Jurif-diction. Son commerce alors étoit confidérable , ôc l'on avoit projette d'ouvrir un canal de communication de la ville à la mer, pour faciliter l'importation ôc l'exportation des denrées ; ce qui étoit d'une exécution trè?-aifée & peu difpendieufe : mais l'établiffemenr du Port-au-Prince fit avorter ce delfein ôc éclipfa la gloire de Léogane : on la dépouilla de tout pour fonder la nouvelle ville. Les maifons y étoient fort jolies avant l'époque du tremblement de terre de 1770, 3ni en renverfa le plus grand nombre, ôc ert-ommagea grandement le relie. On en comp-toit alors 317 qui formoient un quarré long. La plupart ont été rebâties en bois, & d'une manière plus propre à réfifter aux fecouffes. Les rues, au nombre de quinze , font larges, bien dillribuées, ôc bordées d'arbres. La place d'armes , ornée de trois allées d'ormes de l'Amérique, a 100 pas quarrés : elle eft environnée de beaux magafins, que-les propriétaires louent fort cher aux Capitaines, pour y vendre les denrées qu'ils apporrent de France. Le marché fe tient tous les jours au milieu de la place : on y porte des vivres du pays, des fruits, des légumes de toute efpèce, du de- Saint-Domingue. o gibier, des volailles, des cochons, des moutons, &c. L'Eglife étoit, avant Tannée fâ-cheufe de 1770, une des plus grandes Ôc des plus belles de toute la Colonie : elle étoit conllruite fur un des deux côtés de la place ; fa charpente fur tout fe faifoit admirer. Les promenades y font charmantes , celle fur -tout de la Savanne du Gouvernement fait jouir en même temps du coup d'oeil agréable de la ville, de la plaine , de la mer ôc des mornes, à perte de vue. Diftante de la mer d'un quart de lieue, la ville de Léogane en ell féparée par des marécages qui doivent nuire à la falubrité de Tair. Une redoute protège la rade, qui quoique foraine, ell: cependant très-fûre ; mais les navires n'y font point à l'abri des vents cYOueJl ôc des coups de Nord, quelquefois très violents. La Paroilfe fe divife en plufieurs petits quartiers , tels que les Sources , la petite plaine , le grand Boucan, le petit Boucan , la grande ri' vière , la petite rivière , la Frelate , VAcul, YEJlère, les Cormiers , les Orangers, les Citronniers, le Fond-de-Boudin, &c. La plaine a environ 16 lieues quarrées ; elle efl arrofée par la grande rivière 6c la Rouillone. Etablie depuis long-temps , elle ne donne pas des récoltes auffi abondantes qu'autrefois. L'ab-fence des propriétaires caufe dans ce quartier , comme dans les autres , un dommage confidérable , qui retarde les progrès des manufactures. Les mornes qui environnent la i>laine font prefque abandonnés , parce que a plupart- dépendent des habitations de la plaine , dont on ne peut divifer les forces. 98 Essai sur l'Histoire naturelle tion des parties de YGueJi ôc du Sud libre & ailée. On travaille depuis quelques années à un nouveau chemin , par lequel on tourne le Tapiùn fans le monter Les mornes qui font derrière le Tapion , font beaucoup plus élevées ôc très-fertiles. 11 y a un chemin qui conduit du grand-Couve à Jaanel Se à Buy net. On trouve dans toute fon étendue de très-bonnes habitations en café ôc en coton. A trois lieues environ du gmud-Gouve , on rencontre un morne qui paroît avoir été autrefois habité par les anciens Naturels de Saint-Domingue. Tour peu qu'on en remue la terre , on y voit quantité de fragmens de poterie, grofîiérement figurés , relies des vafes antiques qui étoient à "leur ufage. Nous en parlerons au dernier Chapitre. Le petit-Goave. La Ville fe trouve à la defeente du Tapion. Elle étoit célèbre du temps des Fli-bu(tiers , qui trouvoient dans la rade un mouillage à l'abri de toutes fortes de vents. Elle n'offre aujourd'hui que des ruines pour velliges de fon ancien éclat : elle efl petite, environnée d'arbres qui fervent de promenade ; les eaux croupiffantes de la rivière Aba-ret, qui fe perd dans des marécages, la rendent mal-faine; l'air qu'on y refpire elt errais ôc manque de courant. Elle a été totalement renveriée par les fecouffes du tremblement de terre de 1770 , ôc l'on n'a travaillé depuis que très lentement à la réédifier. Elle eft bâtie fur la cote orientale de la Baie, qui de Saint-Domingue. 09 eft très-grande & une des plus commodes de PIfle : l'on y louvoie comme en pleine mer. Le bafïin de Y A cul-du-fort-royal, fitué fur la côte occidentale de la Baie , efl: excellent ; les Vaiffçaux y font en toute sûreté contre les vents. Ce fort a été bien maltraité par les fecouflés de 1770 : celui qui défendoit la rade , à la fortie de la Ville, a été totalement ruiné ; il ne refle plus que quelques pans de murailles tout léfardés. Nos Généraux Pont autrefois habitée. Elle a joui la première du Confeil Souverain, qui paffa de cette Ville à celle de Léogane , & qui, par une autre révolution, a été transféré enfuite au Port-au-Prince, Plus heureux que ceux de Léogane , les habitans du peùt-Goave ont confervé la Jurifdiclion créée en 168J, & l'Amirauté , qui font compofées d'un Sénéchal & Lieutenant d'Amirauté , d'un Procureur du Roi, de trois Subllituts, dont l'un réfide au peùt-Goave , Pautre à YAnfe-à veaux , & le troifieme à Yl/let à Pierre-Jo/èph ; d'un Greffier en chef, d'un Greffier commis, d'un Audiencier , de cinq Procureurs, de quatre Notaires , & de fept Huiiliers. L'Etat-Major confille dans un Major de Place Se un Aide-Major. On y compte quatre Arpenteurs du Roi , quatre Officiers comptables , deux Officiers de Santé , un Ecrivain de la Marine & des Gaffes, un Bureau des polies aux lettres, un Lieutenant de Ma réchauffée. La Paroiffe comprend , outre la Ville Se la plaine du petit-Goave, le vallon de YAcul, une partie de Miragoane jufqu'au pont , & Gij ioo Essai sur l'Histoire naturelle les mornes qui avoifment ces quartiers. Elle efl bornée par la mer & par les Paroiffes du grand-Goave , de Baynet, de Saint-Michel Se de Y'AnJè à-veaux. On y compte fucreries , 20 caféteries , une douzaine d'habitations en indigo Se- en coton, 600 libres, Sz 8000 efclaves. L'on voit auffi dans les mornes fitués au Sud de la plaine, plufieurs habitations en café qu'on a nouvellement établies, Se qui fe multiplient tous les jours. A deux lieues de la Ville, au quartier de Miragoane, il y a un étang d'eau douce fort poiiTonneux, qui peut avoir trois lieues de longueur EJt Se Ouejl, & une pcti;e lieue dans fa plus grande largeur. 11 ell fi tué dans le fond ou la vallée de YAcul : fon milieu ell fi étroit, que la partie orientale ne communique avec la partie occidentale que par un canal très-court & fort refferré. On y trouve des caymans monltrueux , quantité de tortues , des anguilles Se d'autres poifibns. 11 va fe rendre à la mer par un égout fous une montagne. Les perfonnes attaquées de maladies feorbutiques fe retirent dans les habitations voifines de cet étang; el'es fe nourriï-fent uniquement de tortues durant quelque temps , Se guériffent promptement, pourvu qu'elles obfervent exaclement le régime. Les vapeurs qui s'élèvent prefque continuellement de la furface de cet étang, & qui forment un brouillard très-épais, rendent l'air de ce quartier affez mal-fain ; elles étendent leurs malignes influences jufques fur les quartiers voifins, fur-tour, fur celui de Saint-Michel fitué fous le vent de Mlraqoane. de Saint-Domingue. ior Saint-Michel, Cette ParoiiTe comprend le Fond-des-Nè-grès 9 ]e Fond-des-Blancs, les Godets , une partie de VAfyle ôc du quartier de Miraçoane. On y compte 9 fucreries, 8 caféteries, 6 indigoteries, une cotonnerie, environ 200 libres , 6c 4000 efclaves. Elle ell bornée par la mer , le petit-Goave , Baynet Ôc Aqtùn. Le Bourg n'eft compofé que de quatre à cinq maûvaifes cafés : il y a un Bureau des polies aux lettres, un Exempt de Maréchauf-fée. L'Eglife 6c le Presbytère font allez bien conftruits, mais le tremblement de terre de 1770 les a fort maltraités. En 1773 , une forte fecoufté s'eft fait fentir dans le Bourg, au mois de Juin , & a caufé de nouveaux dommages. A un quart-de-lieue du Presbytère , l'on voit un terrein appartenant à la ParoiiTe, 6c dont le Curé a l'ufage , nommé le Bafjin-bleu. Il eft arrofé par une petite fource , 6c met le Curé à fon aife, lorfqu'il veut le mettre en culture : il peut à peu de frais y faire venir du coton, de la graine . d'indigo , 6c toutes fortes de légumes ; il feroit même très-propre à la culture du café. Les fièvres font fréquentes 6c meurtrières dans cette Paroilfe plus qu'ailleurs ; on en attribue la caufe aux brouillards Ôc aux eaux croiipiftantes de l'étang de Mirapcane, L'année 1772 a été bien funefte aux' Curés qu'on y a fucceffivement placés : en fix mois de temps, quatre y font morts après une maladie de huit à dix jours. G iij 102 Essai sur l'Histoire naturelle L'A nfc-à-Vcaux. Cette ParoiiTe renferme une grande partie du quartier de VAjyle, ôc de celui de Nippes qu'elle partage avec la Paroilfe du Petit-Trou. Elle eft bornée par la mer & par les Paroif-fes du petit-Goave, de Saint-Michel, d'Aqui/i ôc du Petit-Trou. On y compte 8 fucreries, 30 indigoteries, 20 caféteries, 20 cotonne-ries , environ 380 libres, & 7000 efclaves. Le Bourg ell lïtué avantageufement au bord de la mer , fur une plate-forme efcar-pée & rocheufe. Il y a une affez belle Place d'armes, un Bureau des polies aux lettres, un Lieutenant ôc un Exempt de Marcchauf-fée ; on y voit une belle Eglife en pierres de taille, extrêmement endommagée par le tremblement de terre de 1770 ; il en ell de même du Presbytère , qui efl tout léfardé. Mais il faut qu'on foit moins timide dans ce quartier que dans les autres : car le Curé , quoique octogénaire , n'a point quitté fa démeure, ni fon Eglife, où il continue toujours de faire l'Office. « Le port, qui fert d'embarcadaire, pour-» roit contenir de très-grands Vaiffeaux qu'on » amarreroit à quai ; mais Pentrée en eft im-» praticable, les barques ôc les chaloupes qui a» facilitent l'exportation , peuvent feulement •» y paifer. Quoique le terroir foit excellent, »> on y voit cependant peu de fucreries. De-*» puis Pembarcadaire de Miragoane jufqu'au »* Bourg de VAnfe-à-veaux, on ne trouve le 55 long de la mer qu'une fucrerie fur feize d k Saint-Domingue. 103 *• habitations cultivées en indigo , coton Ôc •» café. Au Sud-fud-ouejl de Y An]e-a-veaux *> eft Y Acul-des-Savanues , où l'on voit iix » belles habitations 6c plufieurs autres plus f* petites». (Journ. de Saint-Dom.) Le Petit-Trou. Le Bourg où efl fituce l'Eglife n'eft compofé que de quelques cafés éparfes ça 6c là. Il efl placé au bord de la mer, dans un endroit fort rocheux 6c aride. 11 efl défendu par une batterie circulaire de neuf pièces de canon Qu'on a conftruit fur un refeif. Son Port efl peu ue chofe, 6c bon feulement pour des bateaux. La Paroilfe efl bornée au Nord parla mer, & des autres côtés par YAnfe-a-Veati, Cavail-lon, Jêrémie. On y compte 4 fucreries, 12 indigoteries, 20 caféteries, S cotonneries , environ 290 libres ôc 4^00 efclaves. Le quartier des Baradères dépend du Petit-Trou. Sa baie ell fort belle. C'eft un pays très-montagneux, où l'on voit beaucoup d'habitations en café. Le bois de conflruction y elt fort beau, ôc s'y trouve en quantité; Y Acajou fur-tout y eft d'une beauté fupérieure. Le quartiers des Pins eft auffi bien cultivé. La plaine ell fort refferrée par la mer 6c par les mornes. L'on y trouve cependant' des fucreries 6c des indigoteries bien établies. A deux lieues du Bourg vers l'Efl, l'on trouve chez un habitant nommé Bégouin un petit golfe qu'on appelle le Trou-Forban. C'elt-là "que les Flibuliiers fe réfugioient lorsqu'ils étoient pourfuivis par les Efpagnols avec des forces G iv 104 ^ssat sur l'Histoire naturelle fuperieures. Ils y entroient fans peine avec leurs canots, ils les échouoient , gravilfoient les montagnes, & échappoient ainfi à une mort certaine. Car en temps de guerre, autant de Flibuftiers de pris, autant de pendus, auffi font-ils intrépides dans les combats. Ils ne tirent point au hazard, chacun vife fon homme; & comme ifs font fort adroits, rarement manquent-ils leur coup. Lorfque le combat traîne en longueur , ils vont à l'abordage , & ne font grâce â perfonne. Dès que rien ne leur réfilte, leur fureur s'appaife. Soit fierté, foit huma-. nité, ils lailfent la vie à quiconque eft hors d'état de la défendre. Ils vont vendre leur prife dans le Port le plus-voifin, Se ne pen-fent plus qu'à fe divertir , jufqu'à ce que la difette les force de fe mettre en courfe. Jirèmie ou la Grande-Anfe. Cette Paroilfe eft fort étendue, ayant plus de vingt lieues de longueur fur une largeur inégale de quatre à fix lieues. Elle eft très-montagneufe Se peu habitée, excepté fur les côtes. Elle efl bornée par la mer Se par les Paroilfes de Ttburon Se du Petit-Trou. On y compte 5" fucreries, 14 indigoteries, plus de 50 habitations en cacao Se en café, 30 co-tonneries, environ 400 libres Se 7000 efclaves. Elle renfeme plufieurs quartiers, comme le Cap Dame-Marie , les Abricots, YAnfe de la Seringue , Vljlet à Pierre-Jofeph, la grande Rivière, les'Rofeaux, Ja Voldrogue , les Caimites, Sec. Le Cap Dame-Marie efl un quartier nouvellement établi, Se où l'on cultive de l'indigo Se du café; il efl borné r> e Saint-Domingue. io? par celui des Irois, où fe termine la partie de Y Oueft. Les Abt 'icots font nouvellement défrichés; plufieurs petits habitans y ont fait des plantations en café. La grande Rivière efl: un quartier fertile, mais il n'elf pas peuplé fuf-nfamment; la terre paroît propre à toute forte de culture. 11 y a d'afléz bonnes habitations dans le quartier des Rojcaux qu'on pourroit méliorer avec des forces. Celui de la Vol-' drogue efi arrofé par la rivière de ce nom qui efl fort grande , & qui y caufe les plus grands dommages par fes débordemens. Les Ca/tnites forment une petite plaine à fix bonnes lieues du Bourg vers la partie de YF/t.Lc fol en efl excellent, mais trop humide : on y a établi une fu-crerie qui pourra devenir un jour confidérable. Depuis les Baradères jufqu'au Bourg de Jérémie, l'on compte environ vingt lieues ; les chemins font à peine frayés. On ne rencontre par-tout qu'une terre rocheufe , rouge & montagneufe. L'on palfe une efpèce de défe rt de dix lieues d'étendue, dont le fol efl: extrêmement aride, & qui n'eft arrofé par aucun ruifleau ; terra deferta, invia & inaquofa. On y trouve quantité d'abricotiers, & de très-beaux acajous. On rencontre allez fouvent fur la route des blancs charpentiers ôc do-leurs, qui n'ont pour tout vêtement qu'une fimple culotte de toile, tout couverts d'une pouflière rouge. On les prendroit pour des fauvages Caraïbes roucoués. Le Bourg eft ail èz confidérable. Il eft divifé en deux parties : l'une efl: compofée de plufieurs magafins établis à la lame ; l'autre efl bâ- ■io6 Essai sur l'Histoire naturelle tië fur une éminence qui avance en pointe dans la mei , 6c qui domine le Port. L'air y efl: très-fain. Lorfqu'on le regarde du côté de la mer , il paroît confiant en amphithéâtre. Il y a un Aide-Major de place 6c une Jurifdiclion dépendante pour F Amirauté de celle du Petit-Goave 6c qui efl compofée d'un Juge , d'un Procureur du Roi, d'un Subflitut, d'un Greffier en Chef, d'un Greffier- Commis , d'un Audiencier , de cinq Procureurs , de quatre Notaires 6c de fept Huifïîers On y compte auffi fix Arpenteurs du Roi , deux Officiers comptables, cinq Chirurgiens, un fous-Corn-miiTaire de la Marine , un Ecrivain de la Marine 6c des Gaffes, un Bureau des pofles aux lettres, un Lieutenant 6c un Exempt de Ma-réchauffée. Article III. Defcription de la partie du Sud. Tiburon. Cette Paroiffe efl fituée à l'extrémité de Fille fur la côte méridionale. Elle n'efl pas confidérable. Elle ell bornée par la mer 6c par les Paroilfes des Cotteaux 6c de la grande-Anje. On y compte 30 indigoteries, 37 caféteries, 4 fucreries, 4 cotonneries, environ 290 libres 6c 4000 efclaves. Le Bourg prend fon nom de celui d'un poiffon qui eft commun dans cette mer : c'efl une efpèce de requin nommé dans la Colonie Tiburon ou Tiberou. Il eft fi tué dans l'enfoncement d'une baie formée par la pointe des Irois & la côte de Tiburau. 11 y a un de Saint-Domingue. 107 Major de place, un Officier comptable, un Bureau des pofles aux lettres. L'Eglife eft nouvellement conftruite ainfi que le Prefbytère dans un lieu qui les met à l'abri du canon. La rade n'eft défendue que par un fortin où il y a une petite batterie. L'intérieur des terres eft très-montagneux ; on y trouve cependant quelques vallons dont le fol efl fertile, gras, humide, propre à la culture de l'indigo Ôc du café. La plaine efl fort refferrée ; on trouve , en fuivant Je bord de la mer, des gorges où le café, l'indigo ôc les cannes viennent très-bien. Le quartier des Irois qui dépend de cette Paroilfe efl rempli de petites habitations qui produifent du café ôc de l'indigo. Les Cotteaux. Cette Paroilfe, qu'on appelle auffi les Au/es, efl fituée fur la côte méridionale de rifle, dans une longueur de douze à quinze lieues. Elle n'a guères dans quelques endroits que trois à quatre lieues de profondeur. Elle eft bornée par la mer ôc par les Paroiffes de Ti-buron , de la grande- Anfe, ÔC de Tcrbek. Elle contient 66 indigoteries , 24 caféteries, 3 cotonneries, une fucrerie, environ 300 libres Ôc 6000 efclaves. Le Bourg eft affez peuplé. On y fait beaucoup d'affaires, fur-tout avec l'Etranger. La proximité de la Jamaïque facilite le commerce des Nègres avec les Anglois qui en fourniifent la plus grande partie , Se qui enlèvent pref-ue toutes les productions du quartier ôc celles u voifinage, deforte qu'il n'en pa.ffe guères ïo8 Essai sur l'Histoire naturelle en'France. Le mouillage eft très-fain, maïs il ne convient qu'aux petits Bâtimens. Il y a dans le Bourg un Bureau des poftes aux lettres, un Lieutenant & un Exempt de Ma-réchauffée. L'Eglife eft ficuée, ainfi que le Prefbytèrc, fur une éminence, à un quart de lieue de la côte ; elle eft trop petite pour le quartier, bien mal entretenue & dépourvue des chofes les plus nécefiaircs pour la célébration de l'Office divin. Ce quartier eft bien déchu de fon ancienne opulence. On y récoltoit autrefois de très-bel indigo Se en grande quantité; depuis que les pluies font devenues plus rares Se que la terre eft comme ufée , on en fait beaucoup moins & d'une qualité bien inférieure. Cependant les nouvelles plantations qui ont été faites en café depuis quelques années, pourront un jour contre-balancer la perte de l'indigo , & entretenir dans les habitans un même degré d'aifance. Le quartier des Anglais eft très-fertile. La fucrerie qu'on y a établie produit des cannes qui rendent fupérieure-ment. Celui des trois-Rivieres eft renommé pour l'indigo. La Rochë-â-Bàteàux fe cultive en indigo Se en café : fon fol eft dans quelques endroits trop aride, rempli de Radies-d-Ravei ; le coton y viendroit cependant bien , parce qu'il vient bien par-tout; mais c'eft une denrée aujourd'hui généralement négligée. Torbek. C'eft un Bourg fitué au bord de la mer à trois lieues de la Ville des Cayes. L'Eglife efl; une des plus belles de la Colonie, des plus de Saint -D o m i n g u e. iop propres & des mieux entretenues. La Paroilfe ell bornée par la mer & par les Paroifles des Cotteatix & des Cayes. Elle contient 30 fucreries , 20 indigoteries, 30 caféteries, environ 360 libres & 8000 efclaves. Elle ell compofée de la partie occidentale de la plaine du Fond de Pl/le-à-Vache , des mornes fi tués au Novd, du Marche-à-Terre, de YEtron-de-PorCjde YAbacou. La F/ai ne-du-Fond efl presque ronde ; fon diamètre efl d'environ cinq lieues. Son terroir eft excellent. On y voit de très-belles fucreries bien arrofées par la ravine-du-Sud-, fi les habitans pouvoient augmenter leurs forces, ils doubleraient leurs revenus. On y voit auffi quelques indigoteries & des plantations de café dans les mornes. Le Marche à-Terre efl rempli de quantité d'habitations en indigo & en café ; dans les terreins plus arides , & qui font entièrement abandonnés : on pourroit y planter des cotonniers. Il y a un chemin de communication entre la plaine du Fond ôc les Anfes qui traverfe le Marche-à-Terre : il efl plus long, mais moins pénible que celui qui coupe le morne de Chnjlophe-Ib. Les habitans de ce quartier ont delfein depuis long-temps d'ériger chez eux une Paroilfe, vu le grand éloignement où ils font de Torbek. Ceux de tEtron-de-Porcôc de la pointe de YA-bacou en ont encore plus befoin qu'eux. Mais Saint-Domingue efl un pays où l'on projette beaucoup, ôc où l'on n'exécute guères. L'on voit au Bourg de Torbeknnt fille âgée d'environ trente ans, qui, quoique née d'une mère Négreffe, Ôc d'un pere Nègre, fuivanc les apparences ôc le bruit public, a la peau î ro Essai sur l'Histoire naturelle auffi blanche qu'une Européenne. Ses cheveux font blancs, mais crépus comme ceux des Nègres ordinaires; fes yeux font rouges; fon nez écrafé ; fes lèvres groffes Cette fille a un frère qui demeure fur la Paroilie de Cavaillon , & qui représente le même phénomène. Cette fingularité a déterminé le Gouvernement à les affranchir tous deux de Pefckvage. Les Cayes. La Ville doit fa naiffance à des pêcheurs qui y conftruifirent d'abord quelques cabanes. Peu à peu le nombre s'en eft accru, c'eft aujour-d'hui une Ville qui ne le cède guères aux principales de la Colonie. Elle renferme deux cent quatre-vingts maifons bâties dans un terrein marécageux; celles de la Savanne dont le nombre ne fait qu'augmenter tous les jours, font prefque toutes environnées d'eaux crou-piifantes qui rendent l'air épais ôc mal-fain. Elle tire fon nom d'une chaîne de rochers qui couvrent le fonds de la mer au bord de laquelle elle elt conftruite. H y a trois palTes pour les Vaiffeaux , mais fort étroites ôc peu profondes. Le mouillage y elt fort dangereux ôc devient ordinairement funefte à ceux qui ont la témérité d'y relier dans l'équinoxe de Septembre. En 1772 tous les Bâ.timens qui y étoient en rade ont été brifés contre les refcifs. L'Auteur de VHijloire philofophique ùpolitique propofe un moyen pour falubrifier le féjour des Cayes ôc fortifier en même temps la Ville. de Saint-Domingue. ni « On feroit, dit-il, l'un & l'autre, en creu-« faut autour de la Ville un foiïé* dont les » débris ferviroient à combler les lagons in-» térieurs. Le loi exhauffé par ce travail fe * deilécheroit de lui-même. L'eau de la ri- 30 vière qu'on feroit couler par une pente na- 31 turelle dans ce folfé profond , mettroft •» la Ville avec le fecouis de quelques for-93 tificarions à l'abri des entreprifes des cor-» faires ». Ce projet paroit mériter les attentions du Miniltère; mais pour tirer de ion exécution les avantages qu'on en efpère, il faudrait empêcher que la mer ne poulie les lames jufque dans le folié , fans cela on le verroit bientôt comblé. On fait que les mers de la bande-du-Sud font fortement agitées, fur-tout dans le temps des équinoxes. On fait auffi que dans le temps des orages, les rivières groififfent prodigieufement, qu'eî'es deviennent des torrens qui entraînent tout ce qui s'oppofe à leur paifage. N'y auroit il pas à craindre en faifant entrer la rivière dans le folle, de le voir dégradé chaque année, ou que la Ville n'en reffiente quelque dommage ? Des obfervations faites avec foin fur les lieux appuyées de quelques expériences pourront feules lever ces difficultés. Il y a dans la Ville un Gouverneur particulier ou Commandant en fécond pour toute la partie du Sud, un Etat-Major, compofé d'un Major de place, & d'un Aide-Major, d'un Hôpital pour les foldats malades, trois Officiers de Santé, cinq Officiers comptables, un fous-Commiffaire de la Marine , un Ca* pitaine de Port , un Bureau des poires aux H2 Essai sur l'Histoire naturelle lettres, un Lieutenant ôc un Exempt de Ma-réchauffée. La ParoiiTe étend fa Jurifdiction fur la par-tic orientale de la Plaine du Fond ôc fur les mornes qui l'environnent. Elle ell bornée par la mer ôc par les Paroiffes de Torùek ôc de Cavaillon. Elle contient E Saint-Domingue. 119 fe défriche de plus en plus, & s'améliore de jour en jour. L'on voit dans cette ParoiiTe, au quartier des Gris-Gris, une habitation des plus fingu-lieres. Elle renferme une plaine d'environ mille pas quarrés, bornée au Sud par la mer, qui, dans cet endroit forme des falaifes très-efearpées qu'on nomme côtes de fer. Elle y efl toujours fort groffe, fur-tout quand la brife d'£/i donne. Son fonds efl tellement rocheux qu'aucune barque ni chaloupe ne peut dans aucun temps aborder fans fe brifer contre les refeifs. Des mornes inacceffïbles Ôc des rochers efearpés environnent cette habitation de tous les côtés oppofés à la mer. On ne peut y pénétrer que par une ouverture d'environ 4 pieds de largeur que la main des hommes fembîe avoir pratiqué dans le roc vif. L'on marche environ un quart-d'heure à travers les bois , & l'on arrive au pied d'un morne où efl fituée une grotte profonde. Son entrée efl large, fort baffe, Ôc forme une efpèce de voûte écrafée. L'on rencontre d'abord une galerie d'environ 3 pieds de largeur fur une longueur de 40 à $0 pieds ; fa hauteur efl inégale depuis 3 pieds jufqu'à 6 ou 7: aux deux extrémités l'on trouve deux enfoncemens prefque ronds, peu profonds ; vers le milieu de la galerie l'on apperçoit une ouverture fi peu élevée qu'on efl obligé de fe coucher fur le ventre pour y pénétrer. L'on defeend enfuite dans une efpèce de falle prefque ronde de 1 $ h 16 pieds de diamètre fur une hauteur inégale de 4 à 8 pieds. Le contour ell garnLde cinq petites niches de forme irrégulière. Hiv 120 Essai sur l'Histoire naturelle Dans l'enfoncement de la falle on trouve deux couloirs qui vont toujours en montant 6c en fe retréciflant. Le plus petit efl impénétrable à caufe de fon peu d'ouverture. Le plus grand ell d'un accès afTez facile jufqu'au milieu. Un ancien du pays nous a affuré qu'avant le tremblement de terre de 1770 , on y pénétroit facilement , & que c'étoit l'entrée d'un fouterrein immenfe. Mais il nous a paru que ce couloir étoit par le laps de temps plutôt dans le cas de s'accroître que de fe rétrécir. L'on trouve en effet à l'embouchure des deux couloirs 6c dans toute la caverne, des morceaux de bois, des coquilles terre lires naturelles, des graines qui fe rencontrent fur la furface de la terre. 11 paroît évident que ces corps étrangers à la caverne y ont cré charriés par les eaux des pluies qui fe font fait jour entre les rochers, 6c ont formé peu à peu ces deux couloirs, 6c peut-être même toute la caverne. Quoi qu'il en foit, cette excavation femble fort ancienne. On affure qu'elle fervoit autrefois aux naturels du pays pour y enterrer leurs morts. Suivant la tradition , cette habitation a fervi de retraite aux Indiens qui fuyoient le joug efpagnol. On trouve encore dans le fonds de la caverne quantité d'oflèmens dont la plupart tombent en pouffière dès qu'on y touche. Nous en avons cependant tiré une mâchoire inférieure très-bien confervée, dans Je voyage que nous y - avons fait au mois de Janvier 1773. On trouve dans une habitation , qui avoiline celle dont ont vient de parler, des Lêpas, foffiles, à plus de 200 pieds du niveau de Saint-Domingue. 121 la mer. Nous en parlerons au Chapitre VI. Jacmcl. Le Bourg eft iltué fur la côte méridionale de l'Iule dans un terrein rempli de monticules. Il contient une cinquantaine de maifons allez mal faites. Un Major pour le Roi y réfide. Il y a une Jurifdiétion établie en Novembre 1721. Elle eft compofée d'un Juge-Sénéchal & Lieutenant de l'Amirauté, d'un Lieutenant de Jurifdiclion, d'un Procureur du Roi, d'un Subftitut, d'un Grenier, d'un Audiencier, de cinq Procureurs, de quatre Notaires. On y compte auffi trois Arpenteurs du Roi, trois Officiers comptables, deux Officiers de Santé, un Ecrivain de la Marine ôc des Clalfes, un Capitaine de Port, un Bureau des polies aux lettres, un Lieutenant ôc un Exempt de Marée h au Ifée. Le terroir eft fort rocheux fur-tout dans les montagnes où. l'on voit cependant de belles habitations en café. La plaine eft fort refferrée par les mornes Elle eft cultivée en indigo ôc en coton, elle pourroit l'être également en fucre. On a établi depuis peu une fucrerie qui pourra devenir un jour confidérable ; les cannes y font de toute beauté. Un habitant du quartier , amateur d'hiftoire naturelle en conftruifant un four a chaux pour fon ufage, a rencontré parmi les roches plufieurs mines de plomb, de cuivre , d'or ôc d'argent dans des pierres calcaires. La Paroifie eft bornée à VJSJi par les Cayes de Jacmel, au Sud par la mer, à MOueJi par Baynet , au jYord par Léogane ôc le grand* 122 Essai sur l'Histo k Goave. On y compte • , 3? Co* tonneries, 100 cafétçi indigoteries j environ 35-0 libres, & ;' 00 efclaves. Les Cayes de JacmeL Ce qu'on nomme le Bourg n'eft qu'un af-femblage de fept à huit méchantes cafés , occupées par des gens de couleur. On découvre de cet endroit les Ifles Alta vella Se Bea-ta, ainfi que le Cap Mongon. La côte eft remplie de groiïes roches , auxquelles s'attachent quantité tfofcabrion, de belles nérites, ôc une efpèce de tonnes couvertes de tubercules, & remplies d'une liqueur claire comme de l'eau, qui teint en violet. La Paroilfe eft bornée à Y Efl par les terres efpagnoles, au Sud par la mer , à VOueJl par Jacmel, au Nord par le Port-au-Prince Se le Cul-de-fac. On y compte environ 10 cotonneries , 12 indigoteries, 20 caféteries y 260 libres, & 4000 efclaves. L'on peut aller de cette Paroilfe au Port-au-Prince en très-peu de temps, par un chemin de chaffeur , c'eft-à-dire très-rude , qui traverfe une des plus hautes montagnes de Saint-Domingue, nommée la Selle-a-cheval. Cette montagne n'elt habitée que par quelques Nègres ou Mulâtres libres , Se par des efclaves qui ont fecoué le joug de la fervitude, Se qu'on appelle Nègres-marrons. Le fol de ce quartier ell fort rocheux, allez femblable à celui de Jacmel. On y voit beaucoup de fang-j?iêlé, peu de bons habitans, Se quantité de petites habitations dont les propriétaires ne paroiffent pas bien fortunés. de Saint-Domingue. 123 Les parties de l'Oueft & du Sud de la Colonie Françoife de Saint-Domingue conte-noient donc, en 1773, 2S Paroiflcs fituées dans le relfort du Confeil Supérieur du Port-au-Prince. On y comptoit 388 fucreries , 1006 caféteries, £44 indigoteries, 400 co-tonneries, 50 cacaoteries , 11730 libres, tant Blancs que gens de couleur, en état de porter les armes, 6c 101000 efclaves, de tout âge 6c de tout fexe. On peut ranger en quatre claffes les Nègres ou gens de couleur qui fe trouvent à Saint-Domingue. La première Ôc la plus nom-breufe elt compofée des efclaves attachés à la culture 6c aux manufactures, qu'on appelle Nègres de jardins. La féconde renferme les efclaves ouvriers , qui aident la plupart des Blancs occupés à bâtir & à remplir les autres befoins urgens d'une peuplade d'hommes nés libres. La troifieme contient des affranchis , foit cultivateurs, foit ouvriers. La quatrième eft compofée des domejliques^Aowx. il ne feroit pas polTible de fe palfer dans un pays où le fervice des Blancs cffc abfolument impraticable. CHAPITRE TROISIEME. Defcription d'un tremblement déterre. LE 3 Juin 1770 , jour de la Pentecôte, fera long-temps gravé dans la mémoire des habitans de Saint-Domingue. On éprouva dans la matinée une chaleur étouffante , qui 124 Essai sur l'Histoire naturelle fuivie , dans quelques quartiers, dune grofTe pluie, après laquelle Ja chaleur devint auffi incommode que s'il n'avoit pas plu. Les brî-fes, toujours régulières, ne fe firent prefque point fentir durant la journée. A fept heures & un quart du foir , il regnoit par-tout le plus grand calme , qui n'étoit troublé par aucun fouille de vent , le ciel fans nuages, Pathmofphère chargée de vapeurs qui éclip-foient les étoiles, la lumière pâle de la Lune, tout ne refpiroit que le deuil. La terre alors commence à s'ébranler affez doucement, comme pour éprouver fes forces ; mais tout-à-coup elle fembie fortir de fon afîïette : des fecoulfes violentes, dirigées d'abord de l'Eft à l'Ouefl , & qui font en-fuite le tour du compas, fe fuccèdent avec rapidité ; toute la nature paroît proche de fa fin ; le fol eft comme flottant ; les rochers fe fendent, s'entr'ouvrent, ôc font rejaillir les eaux fouterreines, comprimées fous leurs voûtes affailfées ; des arbres monftrueux font détachés de leur bafe ; ceux que leurs racines étendues affermiiTent, font toucher leurs branches jufqu'à terre ; des parties de montagnes s'écroulent ; les eaux ftagnantes deviennent des mers agitées , ,qui franchiffent leurs écors , Se inondent les lieux qui les avoi-linent ; les édifices les plus fuperbes, Ôc qui paroilfoient les plus folides , s'ébranlent, perdent leur à-plomb , fe décompofent ôc s'écroulent avec un horrible fracas ; les cloches fonnent d'elles-mêmes, mais ne donnent que •des^ fons difeordans ; les animaux de toute efpèce ne fe reconnoiffent plus, ils courent de Saint-Domingue. i 2 j çà & là dans les Savannes, tombent lourdement , fe relèvent avec inquiétude , 6c fe tourmentent. Un repos de cinq à fix minutes fait efpé-rer que les feux fouterreins qui ont caufé ces défaftres , font éteints ; efpoir illufoire, les fecouffes recommencent avec autant de violence que les premières ; 6c ce qui les rend plus terribles , c'elt qu'elles font accompagnées de certains mouvemens intérieurs de la terre , qui femble repouffer en haut tout ce qui touche fa furface. A ce choc combiné , aucun ouvrage humain ne réfille que foiblement : ce qui n'avoit été qu'ébranlé par les premiers mouvemens convulfifs du globe, efl bouleverfé par ceux-ci. La chute de tant d'édifices répand dans l'air une poullière épailfe qui gêne la refpiration. Toute la nuit fe palfe dans une agitation continuelle ; des bruits fouterreins , qu'on appelle le gouffre , fe font entendre de temps en temps ; chacun efl dans l'incertitude du fort qui l'attend ; perfonne n'a jamais rien vu de femblable , 6c l'on appréhende que l'Ifie entière ne foie fubmergée. Le jour enfin paroît, 6c vient éclairer par gradation les défaflres de la nuit. Quel coup-d'oeil , grand Dieu, 6c fur-tout dans les Villes 1 Ce qu'on appelloit le Gouvernement, l'Intendance , l'Eglife , l'Hôpital , tout cela n elt plus qu'un amas confus de pierres, de bois, de meubles fracalfés ; chacun met la main à l'œuvre , ôc tâche de mettre à couvert les débris de fa fortune; le gouffre fe fait cependant toujours entendre , la terre eil de temps 12 6" Essai sur l'Histoire naturelle en temps agitée , & permet à peine aux mains laborieufes l'exercice de leur courage. Les Villes du Port-au-Prince , de Léogane, du peùt-Goave ont été renverfées de fond en comble ; des Bourgs affez confidérables ont été plus ou moins maltraités. On a vu pa-rottre des fources d'eau chaude dans plufieurs endroits des mornes, où il n'y avoit point eu d'eau auparavant : elles ont tari depuis. Les parties du Nord & du Sud ont reçu peu de dommages : les quartiers du Port-au-Prince , du Cul-de-fac, de Léogane , du petït-Goa-ve , de Nippes, & Aquin ont le plus fouffert ; la plaine du Culdefac fur-tout, que l'on croit voifine du foyer, étoit méconnoilfable le lendemain de cette affreufe nuit. La terre s'étoit entr'ouverte dans quelques habitations, & il fembloit que la charrue y avoit palfé. Des mornes tres-élevés, comme la Selle-à-Ckeval, ont été tellement agités qu'il n'y refloit plus que Je tuf, & que plufieurs chemins publics font devenus impraticables. Heureufement qu'alors la plupart des habitans étoient à fe promener fous leurs galeries, & qu'ils ont eu le temps de fe jetter au milieu des rues qui font très-larges. Si ce phénomène étoit arrivé plutôt, les Eglifes auroient fervi de tombeau à un grand nombre de citoyens que la folemnité du jour y avoit ralfemblés; quelques heures plus tard ils auroient prefque tous péris fous les décombres de leurs maifons. Malgré les circonftances heureufes du jour Se de l'heure qui les en tenoient éloignés, plufieurs ont cependant été les victimes de ce terrible fléau. Quoiqu'on n'en ait pas fu le nombre au jufle; de Saint-Domingue. 127 on peut affurer qu'il monte au moins à 40 perfonnes à Léogane, & à 200 au Port-au-Prince. Les jours qui fuivirent ce défailre ne fe paiTerent pas tranquillement. La terre fut durant le relie du mois plus ou moins agitée , le gouffre s'elt fait fouvent entendre. Durant le mois de Juillet il y eut une vingtaine de fecouffes ; on n'en compta que neuf durant tout le mois d'Août ; le nombre & la violence ont toujours été en décroiffant le relie de l'année. En 1771 la terre n'éprouva qu'une douzaine de fecouffes en différens temps, mais fans caufer dédommage, parce qu'elles furent moins violentes , 6c que les habitans avoient pris la précaution de ne bâtir qu'eu bois. L'année 1772 fut encore plus tranquille. On ne remarqua dans le quartier du Port-au-Prince que fept fecouffes, favoir, le 14 Février, le 28 Avril, le 12 Ôc le 27 Mai, le 13 , le 14 Ôc le 18 Juin. En 1773 , il n'y eut qu'un tremblement de terre de remarquable au commencement de Juin. Comme je fuis parti peu de temps après, je ne fais ce qui s'y efl: paffé depuis. Les exhalaifons qui fe font fait jour par les crevaffes qu'on trou-voit par-tout , ont corrompu la maflé de l'air , ôc ont caulé une épidémie qui s'ell étendue jufqu'au Cap. Elle a enlevé un grand nombre d'habitans , fur-tout au Port-au-Prince Ôc au Cul-de-fac, ceux qu'elle a épargné ne font pas devenus meilleurs. 128 Essai sur l'Histoire naturelle CHAPITRE QUATRIEME. ' Defcription de l'Ouragan de j772. CE fut au mois d'Août 1772 que ce terrible fléau répandit Pépouvante & la déflation dans la partie du Sud, ôc principalement dans les quartiers de Saint-Louis, de Cavaillon, des Cayes, de Torbek, de Tiburou. Il s'annonça, dès le 3, par un vent de Nord-très-violent, 6c un déluge d'eau épouvantable. La journée du 4 fut conflamment fi plu-vieufe , que les Nègres ne purent aller au jardin. Vers les neuf heures du foir le vent tourna au Nord-ejl. Ce fut alors que les fortes bourafques fe firent fentir ôc qu'on entendit de toute part un horrible lifrlement. La caze où je m'étois retiré avoit 60 pieds de longueur fur 24 de large; elle n'étoit couverte qu'en paille ; elle étoit foutenue fur de gros v poteaux de bois d'ortie qui entroient 5 ou 6* pieds en terre. A la première bourafque elle fut défaîtée ; la féconde emporta la moitié de la galerie limée à VEJl. Le vent n'étoit pas uniforme, il molliffoit de temps en temps , 6c au bout de quelques minutes il fe déchaînoic avec fureur , 6c rempliffoit l'air d'un bruit effroyable caufé par la chute des arbres trop foibles pour réfiller à fon impétuofité. Cha-/ que coup de vent ébranloit la cafe ôc la fai- Poit plier en tout fens. Comme elle étoit défaîtée , la pluie y tomboitrde*tout côté; le tonnerre grondoit fourdemeut , le bruit du vent de Saint-Domingue. i2o Vent Pemportoit ; les éclairs étoient terribles. Vers les deux heures du matin, le vent commença à mollir, les bourrafques devinrent moins fréquentes & moins violentes. Durant l'efpace de cinq heures que dura ce furieux ouragan, des arbres d'une groffeur énorme ont été déracinés, d'autres b ri fés, quelques-uns fendus dans toute leur longueur, les autres dépouillés de leurs branches & ne con-ferverent que le tronc. Tous les chemins furent bouchés ; on ne pouvoir pénétrer dans les bois que la hache à la main. Avant la nuit les forêts étoient ornées d'une agréable verdure , le lendemain elles repréfentoient les horreurs d'un hiver inconnu clans ces brûlans climats. Les bananiers furent tous brilés , uantité de caféyers arrachés ou fracaffés, es pièces de canne couchées à terre & déracinées, des jardins plantés en indigo culbutés 6c entraînés par les torrens. Aucune cafe , foit pour les Nègres, foit pour les Blancs , n'cfl reftée intaète; les unes ont été décomblées, d'autres renverfées, toutes endommagées ; ce qui a caufé de très-grandes pertes à plufieurs habitans, fur-tout à ceux dont les magafins étoient remplis. La plupart des Navires qui étoient en rade aux Caycs-dii-Fond, ainfi que les goélettes , chaloupes, canaux, &c. ont été brifes contre les refcifs ; la Côte étoit couverte de débris. La Ville des Cayes a été prefqu'inondée. Dans plufieurs maifons, fur-tout du côté de l'Hôpital, il y a eu jufqu'à 4 pieds d'eau. Les rivières gonflées par les torrens font forties de leurs lits, 6c ont charié durant plufieurs 1 130 Essaï sur l'Histoire naturelle jours des arbres entiers avec leurs branches & leurs racines, qui en entraînoient d'autres dans leur partage avec la terre qui les portoit. La journée du 5 fut allez femblable à celle du 3 ; le vent fouilla avec violence, la pluie fut continuelle. Les animaux domelliques dif-parurent durant ces trois jours. On trouva dans les bois 6c dans les Savannes plufieurs oifeaux tués ou noyés. Après, ces temps de calamité, îe foleil darda fes rayons, la nature fe ranima. Les troncs d'arbres qui avoient réfillé à la violence de la tempête commencèrent à bourgeonner, en traçant à nos yeux l'image du printemps qu'on éprouve en France, 6c furent quelques jours après couverts de verdure. CHAPITRE CINQUIEME. Règne végétal. "h yjAlgré les travaux confidérables du P, XVI Plumier, il nous reite encore bien des connoifiances à acquérir dans cette partie de l'hiftoire naturelle de Saint-Domingue. Nous n'avons que de foibles notions fur les guis, les tnoujfes , les agarics , les lichens, ôc les autres plantes parafites qui s'y trouvent en très-grand nombre , fur-tout dans les anciennes forêts ; les habitans ne favent pas même les noms de la plupart : les gramens ne fort nul] ement connus , quoique le nombre en foit grand ; le P. Plumier n'en a décrit qu'un fcul. Les différentes efpeces <$aloès auroient de Saint-Domingue, i 3 r befoin d'être défignées avec foin : les lianes, les Uferons, 6c tant d'autres plantes grimpantes ou rampantes , qui forment peut-être la clalfe la plus nombreufe des végétaux dans cette Ifle, ont échappé jufqu'ici aux obfer-vations fuivies de quelque bon Naturalise : les plantes aquatiques que produilent les étangs , les marais, les rivières , les bords de mer, font prefque totalement ignorées. De quelle utilité ne feroit donc pas un ouvrage qui répandroit une lumière fixe fur ces différens fujets du règne végétal ? Il faudrait commencer par établir une bonne nomenclature , 6c réunir fous une dénomination botanique tous les fynonymes françois , créoles ou caraïbes qui appartiennent à une même plante. On s'attacheroit principalement à décrire 6c à analyfer les végétaux que les Colons ont coutume de convertir en aliment ; on obferveroit avec le même foin ceux à qui l'on attribue des qualités nuifibles, ou qu'on regarde même comme des poifons dangereux ; on s'appliqueroit à en découvrir les propriétés , qui ne font pas alfez connues ; puifqu'il arrive tous les jours que des perfonnes attef-tent la malignité de certaines plantes , 6c que d'autres la nient. En attendant que quelque bienfaiteur de l'humanité entreprenne de réalifer ce projet, nous nous faifons un devoir de publier une lifte des plantes de cette riche contrée, qui font parvenues à notre connoilfance. Quelque médiocre qu'elle foit en elle-même, elle eft cependant plus confidérable que toutes celles qui ont paru jufqu'ici. Le Catalogue de 132 Essai sur l'Histoire naturelle M. Poupée Defportes , imprimé en 1770, qui eft un des plus récens & des plus étendus , renferme tout au plus 280 efpeces de plantes : le nôtre en contient un peu plus de 400 , fans compter les variétés qui fe trouvent dans quelques-unes. Chaque plante eft placée dans l'ordre alphabétique fuivant le nom vulgaire qu'on lui donne. On trouve enfuite les noms fynonymes oui lui conviennent; ils font oufrançois, ou créoles , ou caraïbes, ou botaniques : les noms français ou créoles font à la fuite du nom vulgaire; viennent enfuite les noms caraïbes, que nous avons tiré de M. Defportes ; ils font défîgnés par ces trois lettres Car. Enfin, Pon a ajouté quelques noms botaniques tirés des Auteurs les plus célèbres, & qu'on a eu foin de citer chaque fois. Lorfque nous avons découvert des caractères diftinclifs dans quelque plante , nous Pavons claffée fuivant les méthodes les plus fuivies. Les obfervations que nous avons faites fur une ou plufieurs de fes parties n'ont pas été oubliées : nous parlons enfuite du lieu où cette plante a coutume de croître, de l'ufage qu'on en fait aux Ifles, des vertus qu'on lui attribue. Enfin, toutes les plantes de ce Catalogue fe trouveront, fans peine avec le renvoi au nom vulgaire , en cherchant quelque nom que ce foit, caraïbe , créole , françois , ou botanique. A Ababaye. Voyei Papayer. de Saint-Domingue. 133 Ababouy. V. Prunier épineux. Abricotier. Syn. Malus perlîca , Sloa. Mam-mea, Brown. Mamei, Pl. Mamay, Datée, —« Ofd. claff. j.fe& 9. Tourne/. ~ ciaif. 13^0-lyaridria monogynia, Linn. — famil. C4. Les Cilles, Adanf. — 6>/;/.' Sa racine eft libreufe, partie pivotante , partie traçante , grifàtre, d'un goût aftringent ; fon tronc s'élève jufqu'à 60 pieds , & a quelque/ois 3 pieds de diamètre. Son écorce elt grife , écailleufe ; fon bois blanchâtre, gommeux , fendant. Ses branches croilîént au fommet, ôc forment une tête très-touffue : elles font garnies de feuilles ovales, oppofées , obtufes, épaifles, bien nourries, divilees par une côte faillante, à laquelle aboutilfent une infinité de nervures unies enfemble par plufieurs petits filets, qui forment une quantité de petits compartimens irréguliers. Elles font d'un verd-foncé en def-fus , clair en deffous , ôc paroilfent criblées d'une infinité de petits trous , en les regardant au foleil : leur plus grande largeur eft de 4 à J pouces ; leur longueur commune s'étend jufqu'à 8 à 9 pouces (*). Bomare allure, d'après le P. Labat, que l'es fleurs mâles de cet arbre, ôc fes fleurs femelles croiffent fur des individus dilférens. L'afiértion eft trop générale Cela arrive effectivement quelquefois ; mais il arrive auffi ou que le même individu porte à la fois des C* ) On an.rpit une idée peu jufte de ces feuilles, Ci on les croyoit d£è[ ftmblaHes à celles du laurier, comme le e Saint-Domingue. 137 fleur verdâtre ; fes fruits arrondis, de la grof-feur d'un œuf de poule, ligneux, remplis de graines plates, d'un brun foncé. L'écorce de l'arbre ell ronlfe, tirant fur le noir, crevaflée : quand on l'iucife, il en tranffude une gomme tranfparente , abondante, femblable à la gomme arabique. Son bois tendre, rougeâtre , fans aubier. Les vers ne l'attaquent jamais, il fubfïffe même long-temps dans l'eau fans fe pourrir. — Loc. On le trouve dans les mornes. 1— Vf. On s'en fert pour toutes fortes d'ouvrages de charpente Ôc de menuiferie : on en fait de beaux meubles, des lambris, des ef-fentes, des baignoires & des canots d'une feule pièce , qui ont quelquefois plus de quatre pieds de largeur ôc vingt pieds de longueur. 11 y a une autre efpèce d'Acajou-à-planches , qui fe nomme Acajou jnouchettê, ôc qui depuis quelques années cil devenu affez rare à Saint-Domingue. 11 s'élève moins haut que le précédent ; fes feuilles font plus petites, fes fruits moins gros, fon bois rougeâtre , parfemé de taches noires. — Loc. Il croît aufïï dans les mornes.— Vf. Il eft très - recherché pour faire des meubles. AcAJOU-à-Pommes. — Syn. Anacardium occidentale , Hcrm. Acajaiba , Marcg. Cajou, Pis. Cajum, Park. Pomifera feu prunifera indica, Ray. Caffuvium , Rkamph. Kapa-ma-va, Hort. Mal — Ord. claff. 21. fect. 7, 'Tour-nef. — clafl. 10. Decandria monogynia, LÀnn. fam.44. les Piffachiers fect. 2. Adam. - Obf La diyerfite* des fruits que produit cet arbre en fait distinguer quatre efpeces; favoir , à fruits rouges & mamclonés , à fruits rouges 138 Essai sur l'Histoire naturelle & un peu ronds , à fruits blancs & marne- lonés, à fruits blancs ôc un peu ronds. (*) L'Acajou à fruits rouges, foit ronds, foit mamelonés, elt un des meilleurs arbres fruitiers de l'Amérique, & des plus finguliers. Ses feuilles, dit le P. Labat, fes fleurs & fes fruits, tout efl extraordinaire. Sa racine efl pivotante ôc chevelue. La principale s'enfonce perpendiculairement fous terre comme une carotte : l'épiderme qui la couvre ell brune ; l'enveloppe cellulaire rougeâtre ; les couches corticales, qu'on nomme le Liber, blanchâtres; le bois tendre, blanc, rempli d'un fuc gommeux ôc fort acerbe. Le corps de Parbre ell quelquefois allez bien fait. On en voit à l'Artibonite ôc ailleurs qui s'élèvent jufqu'à 20 pieds, ôc qui ont 12 à 15" pouces de diamètre ; mais communément il n'a pas plus de 12 pieds de hauteur. Il eft tortueux, plein de noeuds , crevaffé, garni de branches tortues, noueufes, ôc placées fans ordre ; l'épiderme eft grife ; l'enveloppe cellulaire d'un verd clair ; le liber blanchâtre ; le bois blanc, léger, fendant, d'un goût acre ; la moële jaunâtre. Les feuilles croiifent par bouquets à l'extrémité des branches. Elles font fermes, bien (*) Si cette variété provient de la diverfiré du fol, oit de la différente expolition ,dcs arbres , comme le dit Jac-quin j pourquoi deux arbres plantés furie même terrein, ayant la même expolition , produifent - ils conftamment des fruits qui diffèrent par la couleur ou par la forme ? Pourquoi ne trouve-t on fur le même arbre qu'une feule efpèce de fruits 3 de Saint-Domingue. 139 nourries , divifées par une côte faillante en deiTous, à laquelle aboutiffent plufieurs nervures parallèles, obtufes au fommet, pointues vers la bafe, épaifes , de 4 à $• pouces de longueur, fur 3 à 4 de largeur, d'abord rou-geâtres , & paffant enfuite par différentes nuances, jufqu'au verd le plus foncé, quelquefois jaunâtres , fuivant leur expoiition, d'une faveur âpre. Du centre des bouquets s'élève une pan-nicule de 7 à 8 pouces de longueur, qui fe divife en plufieurs rameaux, aux extrémités defquels font attachées 10 ou 12 petites fleurs en parafol , difpofées par bouquets , portées fur un pédicule grêle, compofées de T pétales oblongs, blanchâtres, pointus, rabattus en dehors, parfemés de veines fangui-nes dans leur naiffance, de couleur de pourpre dans la fuite, renfermés dans un calice découpé jufqu'à la bafe en 5 parties égales. Ses fleurs font d'une odeur très-douce ; elles durent jufqu'à 8 jours fans fe flérrir (*). Il s'élève de leur centre plufieurs étamines très-déliées , terminées par des antères brunes. Le Ifyle eft plus long que les étamines, il porte un ftigmate brun, arrondi: de plus de 100 fleurs qu'il y a fur chaque pannicule , il n'y en a que 2 ou 3 qui fructifient. On voit à la chute de ces fleurs, que le piflil elt changé en un fruit oblong, de la forme d'une petite ( ) Le P- Labat fe trompe, quand il dit que les fleurs du pommier d'Acajou ne durent que quelques heures; i* nen a pas fùremcnt bien obfervé la durée. *4ô Essai sur l'Histoire naturelle poire, qui peu à peu groiïit & acquière 3 à 4 pouces de longueur, fur un diamètre de deux pouces. Ce fruit elt d'abord verd, en-fuite jaunâtre, & en partie d'une couleur de feu plus ou moins vive, fuivant fon expofi-tion. Sa fubflance intérieure eft fpongieufe, aqueufe, épaillé comme de la gelée, environnée de quantité de fibres longues, tendres, déliées, d'un goût vineux ôc un peu acre. Le noyau de ce fruit efl attaché en dehors, dans l'endroit où plufieurs fruits ont une efpèce de couronne. Il a la forme d'un rein & le nomme noix-d" Acajou. Il eft long d'environ un pouce; fon plus grand diamètre eft de 8 à 10 lignes. L'enveloppe de la noix elt. une écorce grife, épaiffe d'une ligne, dure, Iigneufe, coriace, compofée de deux lames, divifées en plufieurs cellules , qui renferment une huile très-eaullique, laquelle étant appliquée fur du linge, y imprime une tache de couleur de fer, qu'aucune lelîïve ne peut effacer. Cette noix renferme une amande de la même figure, couverte d'une pellicule brune. Sa fubflance efl blanche , divifée en deux lobes, d'un goût d'aveline : il tranffude quelquefois de cet arbre une gomme rouffeâtre, tranfparente, tenace, à peu près de même qualité que la gomme arabique. L'Acajou à fruits blancs , foit ronds , foit mamelonés , n'elt diftingué de celui-ci qu'en ce que fes feuilles font moins larges & plus longues ; fes fruits font plus arrondis ôc moins acerbes. Loc, On le trouve par-tout. — Vf Son bois de Saint-Domingue. i(t elt employé dans les ouvrages de menuiferie & de charpente ; on fait avec fes fruits d'excellentes compotes; le fuc qu'on en exprime, après avoir fermenté quelques jours, devient enivrant. La noix d'Acajou fe mange grillée ou en cerneau. Le P. Labat allure que celles qu'il a tranfportées en France, avoient encore, au bout de quinze ans, toute leur laveur 6c toute leur huile. Sa gomme elt employée aux mêmes ufages que la gomme arabique ; fondue dans l'eau claire 6c appliquée fur les meubles, elle leur donne un luftre qui flatte la vue; tout ce que l'on colle avec elle fe trouve préfervé de l'humidité 6c des infectes. ■— Vin. Ses fruits font aflringents, anti-dylTcn-tcriques, flomachiques. L'huile qu'on tire de la noix confume les verrues & les cors fans douleur 6c fans danger. Sa racine efl purgative. Acaju. Voyei Acajou-à-pomme. Achiotl. V' Roucon. Achourou. V. Bois d'inde. Achras. V Sapotiller. Achyoulou. V Cerifïer. Achyry. V Corde-à-violon. Acomas. — Syn. Spartium. — Ord. 22. Famil. les Bruyères , Adans. — Objcrv. C'eft un grand arbre de l'Amérique, dont la tige eft fort élevée, droite 6c peu branchue ; I'écorce cendrée, mince, un peu creva (fée , écailleufe quand l'arbre vieillit; le bois jaunâtre, compacte, dur, exempt des piquures d'infectes; fes feuilles liffes , étroites (*), longues, ob- (*) Bomare prérend que les feuilles de l'Acomas fonc lirges. On l'a luremenc trompé : j'en ai induré plu/ieurs, \\i Essai sur l'Histoire naturelle tufes, d'un verd clair, portées fur des queues dont la longueur fait ordinairement la cinquième partie de celle de la feuille ; fes fleurs font blanches, à cinq pétales, & produifent un petit fruit jaunâtre, gros comme une olive-, d'un goût amer, dans lequel on trouve un noyau brun, ligneux, dur, poli, dont l'amande elt aufîi amère. On diflingue deux fortes d'A-comas, le franc & le bâtard. — Loc. On les trouve tous deux dans les mornes. — Vf Leur bois eft employé dans les ouvrages de charpente. Acoulerou. Voye^ Liane à vers. Adiantum Americanum. V. Capillaire. Agnapé. V. Nénuphar. Agoualaly. V> Bois épineux jaune. Aguaraquya. V- Laman. Aguarima. V. Herbe-à-colet. Ahiphi. V. Bois immortel. Alacalyoua. V. Corolfolier. Alacoaly. V. Bois de chandelle Se pois doux. Alaternus frutefcens. V. Gras-de-galle à fleur blanche. Alepelecou. V. Bois de couille. Alkekenge. V. Herbe à cloques. Allouia. V. Pomme de terre. Aloes. — Syn. Sempervivum marïnum , Park. Caraguata, Pis. Marcg. Cadanacu ca-tevala , Hort. Mal. — Ord. claff. o fect. 2 gen, les plus larges ont un peu plus de deux pouces, & près de fix pouces de longueur. La dénomination de feuilles étroites leur convient" donc mieux que celles de feuilles larges. de Saint-Domingue. 145 7 Tourne/. — claff. 6 Hexandria monogynia, Linn. famil. 8. les Liliacées fect.. 6 Adans. — Obf On en dilfingue aux ifles plufieurs efpeces. Sa racine eft tubereufe; fes feuilles difpofées en rond, fort épaifes, charnues, longues d'environ un pied Ôc demi, fermes, dentelées, armées de piquants fur les bords, caffantes, fermes, convexes en dehors, concaves en dedans , arrondies vers la pointe, remplies d'une fubflance gluante, claire, ver-dâtre, qui devient violette en féchant, d'une odeur d'herbe , d'un goût amer. Du centre des feuilles s'élèvent une tige grofié comme le doigt, qui croît à la hauteur de deux ou trois pieds, & qui porte à fon fommet plufieurs fleurs monopétales, découpées en fix parties, difpofées en épi, auxquelles fuccè-dent des fruits oblongs, divifés dans toute leur longueur en trois capfules, remplies de femences plates. —Loc. Cette plante croît partout. — Vin. On emploie le fuc de fes feuilles comme un bon vulnéraire, fur-tout dans le panfement des chevaux. ALoÉs-pite. — Syn. Cabouille,pite. —Obf Ses feuilles ont 334 pouces de largeur , ôc 2 à 3 pieds de longueur. Elles font épaiffes, unies, pointues, dépourvues de piquans, d'un verd clair. — Loc. Cette plante ne fe trouve que dans les bois de certains quartiers , comme au Mirbalais , à YAnibonite, &c. Elle ne fe plaît point dans quelques autres <5ù l'on a elfayé inutilement delà tranfplanter. - Uf. Elle fup-plée au défaut du chanvre Ôc du lin ; on en fait des cordes, Ôc d'autres ouvrages. Aloés-karatas, — Syn. Bromelia , Jacq- 144 Essai sur l'Histoire naturelle Caraguata-acanga, Pis. Karatas. — Obf On en diftingue pluiieurs efpeces. Sa racine eft tubereufe; fes feuilles fortent immédiatement de terre fans tige. Elles font difpofées en rond, larges de 5 à 6 pouces , longues de 3 à 4 pieds, liffes, pliantes , terminée par une Î)ointe très-aiguë. Du centre des feuilles s'é-ève une tige de 17 à 20 pieds de hauteur, remplie d'une matière fpongieufe, & qui prend feu aulïi facilement que l'amadou. Le fommet de cette tige fe divife en plufieurs petits rameaux d'où fortent des fleurs monopetales en entonnoir, inodores , blanches , rangées par bouquets, divifées en trois quartiers, fou-tenues fur un calice verdâtre, oblong. Ce calice devient un fruit arrondi, charnu, oblong, divifé dans toute fa longueur en trois cap-iules remplies de petites graines plates, arrondies , rouflatres. — Loc. Cette plante fe trouve dans les endroits les plus arides, fouvent entre les rochers. — Uf La moelle de fa tige fert aux mêmes ufages que l'amadou. On fait bouillir fes feuilles quelques temps dans l'eau pour en tirer un fil très-fin qui fert aux mêmes ufages que l'aloës-pite. — Vin. On les emploie aulfi comme vulnéraires-réfolu-tives dans les maladies des chevaux. Alpina racemofa. V Balifier. Althjîla vulgaris. V. Guimauve. Amandier. — Obf Sa tige eft haute , droite, groffe, très-branchue ; l'épiderme brune j écailleufe; l'enveloppe cellulaire blanchâtre, d'un goût acre, ôc d'une odeur d'amande amè-re ; fon bois dur, léger, filandreux; fes feuilles terminées par une pointe ordinairement tronquée, de Sain t-D omingue. 14 c tronquée, allez femblables à celles du laurier ; fes fleurs perites , blanches, croiffant par bouquet le long des ramilles ; fon fruit de la forme verre, enfuite violette ôc enfin noirâtre. L'on diflingue aux Ifles deux efpeces d'amandiers, favoir; l'amandier à grandes feuilles, & l'amandier à petites feuilles. — Loc. On les trouve tous deux dans les mornes. — Vf On les emploie indifféremment dans les ouvrages de charronnage , fur-tout pour faire des roues ôc des brancards de voiture. Amakanthus. V. Epinards. Ambayba. V. Bois Trompette. Ambrette. — Syn. Graine de mufeh. — Obf. Cette plante fe trouve bien décrite par les Auteurs du Diclionn. de Mat. Médic. — Loc. Elle croît par-tout fans culture. — Vin. Ses graines fortifient la tête, l'eftomac, Je cerveau. Ambrosia. V Abfynthe. Amourette franche. — Syn. Tabac maron, Solanum non-aculeatum. — Obf Cette plante s'élève à la hauteur de 4 à y pieds. Sa racine efl: fibreufe, chevelue, blanchâtre d'abord , enfuite rouflèâtrc , d'une odeur forte, Se â\m goût amer. Sa tige ell affez groffe & remplie d'une moelle tendre, verdâtre, couverte de poils très-fins. Cette tige fedivife en plufieurs rameaux tortueux, couverts également de poils. Les feuilles font larges, pointues, di-vifées dans leur longueur par une côte fa il-lante en deffous, h. laquelle aboutiffent plufieurs nervures obliques, d'un verd pâle en écfHuSf blanchâtres en deifous, couvertes des couvert d'une pellicule d'abord 146" Essai sur l'Histoire naturelle deux côtés d'un duvet fin, épais, qui les rend douces au toucher comme du velour. Ces feuilles ont 7 à 8 pouces de longueur, & 4 à c, pouces de largeur. Elles font portées fur des queues longues, arrondies, veloutées comme les autres parties de la plante. Les fleurs croiffent par bouquet fur les rameaux vers la naiffance des feuilles; elles font en forme d'étoiles, compofées de cina pétales, quelquefois mais rarement de fix, d'un bleu £âle ôc pourpré, pointues, rabattues en dehors, e centre de la corolle ell occupé par cinq ou fix étamines droites, llriées, jaunes, arrangées autour du llyle qui s'élève du fond du calice où efl placé l'embryon qui efl le rudiment du jeune fruit. Le calice eft auffi compofé de cinq à fix feuilles pointues, d'un verd clair , canelées ôc veloutées. Les fruits que cette plante produit font parfaitement fphériques , d'environ 4 lignes de diamètre , lilfes, luifans, attachés fortement au calice de la fleur, d'abord verds , enfuite d'une couleur jaune & rougeâtre. Ils renferment une pulpe glaireufe , fucrée, qui environne des petites graines rondes, applaties. Loc. Elle croît dans les endroits incultes ôc arides. — Vin, On allure que fa racine, prife en décoclion, appaife l'ardeur de la fièvre, que mêlée avec la cardamome, elle, guérit les coliques venteufes, & que le fuc exprimé de fes feuilles ou de fa racine elt ftomachiqne. On fait auffi bouillir fes feuilles & fes fruits avec un peu de chaux ôc de fucre, 6c on en compofé un puiffant vulnéraire maturatif pour la guéri fon des plaies. d e Saint-Domingue1. 147 Amourette bâtarde. — Syn, Solarium acu-leatum. — Obf Ses feuilles font échancrées dans leur contour, terminées par fept pointes , divifées en deux parties égales par une groffe côte faillante, garnie d'épines jaunâtres. La tige & les branches en font aulli remplies. Dans tout le relie, cette plante ell femblable à la précédente. Amomum. V. Gingembre. Anacardium occidentale. V. Acajou-à-pommes. Ananas épineux. — Syn. Ananas aculeatus," PL Ananafa , Nana, Jayama, Finas , Bout. Bro-melia, Linn. Boniama , Car. Carduus Brafilia-nus, C.B.—Ord. claif. 6. Hexandria monogynia, Linn, — Famil. 0. Les gingembres. Adanf. — Obf Sa racine qui ell fibreufe, poulTe plufieurs feuilles difpofées en rond, fermes, rabattues en dehors, d'un verd gai, jaunâtre & pourpré , longues d'environ 3 pieds, larges de 2 à 3 pouces, creufées en gouttière ^ hérilTées fur les bords de petites pointes piquantes, terminées par une pointe très-aiguë. Du centre des feuilles s'élève une tige ronde de 12 à 15 lignes de diamètre, terminée par plulieurs petites feuilles difpofées en rofe, rouges comme du feu , ttès-aiguës : c'ell ce qu'on appelle la couronne. Lorfqu'on cueille ce fruit, on la met en terre, & elle produit une nouvelle plante. Le fruit ell immédiatement placé fous cette couronne. 11 ell oblong, affez femblable, pour la forme , à une pomme de pin ; fon ecorce efl compofée de plufieurs écailles triangulaires peu profondes. U fort de cha- 148 Essai sur l'Histoire naturelle que écaille une petite fleur bleuâtre, en entonnoir , découpée en trois parties , qui fe faune , & tombe à mefure que le fruit groflir. Cette fleur efl: fouvent ftérile Se ne grene point : quelquefois cependant elle produit une petite •femence rouffeâtre Se applatie. On diflingue plufieurs fortes d'Ananas qui peuvent fe rapporter aux trois efpeces fui-vantes , fa voir ; le gros Ananas blanc, Y Ananas pain de fucre, Y Ananas pomme de reinette. Le premier a quelquefois 8 ou 10 pouces de diamètre, Se 1 ç ou 16 pouces de hauteur. Sa chair eft blanche, flbreufe ; fon écorce, lorfqu'il eft mûr, devient jaune comme une orange. Il répand une odeur des plus fuaves. Il l'emporte fur les autres efpeces par fa groffeur Se fa beauté ; mais il leur elt bien inférieur pour le goût; il agace les dents Se fait faigner les gencives. L'Ananas pain de fucre tire fon nom de fa forme qui elt pyramidale ; fes feuilles font plus longues, fon écorce efl: verdâtre : quand il elt mûr , il elt plus favoureux que ¥ Ananas blanc, il agace cependant aufi les dents Se fait également fàigner les gencives. L'Ananas pomme de reinette efl: le plus petit Se le plus exquis de tous. On l'a ainfi nommé à caufe de l'analogie qu'on trouve entre ces deux fruits, tant pour l'odeur que pour le goût. Il n'agace prefque point les dents, Se ne fait point faigner les gencives, fi ce- n'elf quand on eu mange avec excès. Loc. Cette plante elt fort commune, elfe croît par-tout, mais principalement dans les mornes. — Uf On fert le fruit d'Ananas fuc de Saint-Domingue. 145) toutes les tables dont il fait l'ornement & les délices. Pour le dépouiller de cet acide corrofif dont il ell rempli, on le coupe par ruelle , après en avoir enlevé l'écorce, & on le met ïnfufer dans le vin avec du fucre ; alors on le mange avec plaifir, & fans craindre de s'agacer les dents ou de s'enflammer la bouche. On en tire auffi par expreffion une liqueur qui enivre, qu'on appelle vin d'Ananas* On fait encore avec ce fruit une limonade très-rafraîchilfante; mais il n'en faut pas faire beaucoup d'ufage, car elle refroidit Pellomac ôc trouble la digellion. — Vin. Le vin d'Ananas pris avec modération réjouit le cœur, réveille les efprits, arrête les naufées , excite les urines. Ananas fans épine. — Syn. Ananas non-aculeatus. PL Ananas à pite. Ananas maron. — Syn. Pingouin — Obf Ses feuilles font dentelées, creufées en gouttière , alfez femblables à celles de l'Ananas; épineux, mais plus longues ôc remplies de pointes très-piquantes. — Uf Cette plante eft employée à faire des entourages que les Nègres & les befliaux n'ofent jamais franchir. Ananas à pire. V. Ananas fans épine. Ananasa. V. Ananas épineux. Anchoas. V- Gingembre. Angolin. Anguria. V. Giromon. Anil. V- Indigo. Annaouaguyan. V Herbe-'à-Charpentier de la Martinique. Anona. V, Coroffolier. Aouaca. V- Avocatier. K»j 150 Essai sur l'Histoire naturelle Aparine vulgaris. V. Herbe-à-bouton.* Apiaba. V. Herbe quarrée. Apocvnum fcandens. V- Liane mangle, Arachidna. V. Piffache. Arapabaca. V- Brainvilliers. Akaouarou. V. Calebafîier rampant. Araouebara. V- Mal-nommée. Arbor balfamifera. V. Copali. Arbor cacavifera. V- Cacaotier. Arbor cucurbitifera. V. CalebalTier en arbre. Arbor finium regundorum. V. Roucou. Arbor laclefccns. V- Bois laiteux. Areor Mexicana coccifera. V- Roucou: Arbor faponaria. V. Bois favonette. Arbor tabaxifera. V- Bambou. Arbre de corail. V- Bois immortel. Areca. V. Palmilte. Arepeea. V- Liane purgative. Augemone Mexicana. V. Chardon béni. Aristoloche longue. — Syn. Ariltolochia ïonga, Ariltolochia caudata, Jucq. — Obf. Ses tiges font farmenteufes & grimpantes. Ses feuilles imitent la forme d'un fer à cheval. Son fruit fufpendu par de longs pédicules re-prcfente allez bien un encenfoir. — Loc. On trouve fréquemment cette plante dans les mornes. — Vin. On la fait entrer dans la compofition des tifannes apéritives. Aristoloche ronde. Syn. Ariltolochia ro-tunda, Liane à ferpent, Manarou, Car. — Obf. Sa racine elt épaiffe, & pouffe des tiges farmenteufes , foibles, pliantes ; fes feuilles oblongues, en forme de coeur, épailfes ; fes fleurs alongées en tuyau, de couleur jaune de Saint-Domingue. i ? i tirant fur le pourpre. — Loc. Elle croît dans les mornes & dans la plaine ; on la trouve fréquemment dans les Iialliers, le long des h nés & dans les terreins incultes. — Vit t. On attribue à cette plante une vertu apéri-tive; à la Martinique , on l'emploie contre la morfure des ferpens. ÀRistolochia caudata. Voye^. Ariftoloche longue. Artichaut de Jérufalem «— Syn. Topinambour , Corona folis minor. — Obf Cette plante eft une efpèce de topinambour affez fembla-b-c à ceux qu'on cultive dans les jardins en Europe. — Uf Les tubercules de fa racine fe mangent cuits à la fauife blanche ; ils font d'un très-bon goût, mais difficiles à digérer. Arum. V. Canne marone. Arum efculentum. V. Chou caraïbe. Arundo. V' Rofeau. Arundo mambu. V. Bambou. Arundo faccharina. V. Canne à fucre. Aryamucha. V. Piment. Ateteré. V» Eupatoire. Attyalu. V. Figuier maudit. Aty. V- Piment. Atyouaragle. V. Abfynthe. Aubergine. V. Brehéme. Aur"antium. V' Oranger. Avila. V. Liane à contre-poifon. Avocatier. Syn. Perfea , Clnf Aoîiaca , Czr.(*)~Ord. Claff. 2i.fea. 7. Tottmef^ (*) Je ne fais pourquoi Bomare appelle cet arbre, Bois d'anis dm François. Il ne paroît pas avoir mérité cetre dénomination j puifquc aucune de fes parties n'a jamais Kiv i ? 2 Essai sur l'Histoire naturelle GlaiT. 9. Enneandria monogynia, Linn. Fam. 53. Les pavots Adanf. — 6^/." C'elt un des plus beaux arbres fruitiers de Saint-Domingue. Il s'élève quelquefois jufqu'à E Saint-Domingue. ify les unes fur les autres, & inadhérentes. Lorsqu'elle commence à fortir de terre, elle a la figure conique ; elle produit enfuite deux feuilles roulées, qui peu à peu fe déploient, s'éloignent du centre pour faire place à deux autres qui en fortent de même ; à celles-ci fuccède une troifieme paire , & ainfi de fuite, jufqu'à ce que la plante foit parvenue à fa grandeur naturelle. Les feuilles , en y comprenant la queue qui les foutient, ont fix à fept pieds de hauteur , ôc deux pieds dans leur plus grande largeur : elles font d'un goût douçâtre & un peu aftringent , d'un verd-foncé en delfus, pâle en deffous , compofées d'une quantité de petites nervures tranfverfales, parallèles & ferrées étroitement les unes contre les autres ; quelques-unes d'entre elles font plus apparentes, ôc forment autant de bandelettes de huit à dix lignes de largeur : le moindre vent fuffit pour les divifer, mais le plus fort ne peut leur faire quitter la côte , qui elt le prolongement du pétiole auquel elles font attachées. Ces pétioles s'élèvent du centre de la tige en ligne droite, fe fuccèdent à mefure que la plante croît, ôc ne s'écartent que peu les uns des autres : ils font convexes en dehors, plats en dedans, verdâtres, d'un goût fade, compofés de filamens blancs ôc fermes , divines intérieurement par des cellules ôc des cloifons qui fe refferrent à mefure qu'elles approchent de l'extrémité de la feuille. Ils font nuds par la bafe , jufqu'à la hauteur d'environ deux pieds, où la feuille commence i ç8 ^ Essai sur l'Histoire naturelle a s'étendre à droite & à gauche également: Lorfque toutes les feuilles ont paru, il s élève de leur centre une grolTe tige Iigneufe, verte , divifée par noeuds, terminée par un bouton alongé , pointu , long d'un demi-pied. Il eft compofé de plufieurs feuilles oblon-gues , appliquées les unes fur les autres , verticillées , veinées , d'un rouge clair en dedans , rembruni en dehors, couvertes d'une rofée bleuâtre. Ces petites feuilles s'ouvrent les unes après les autres, tombent , ôc laif-fent à découvert les fleurs Ôc les embryons des fruits attachés quatre ou cinq enfemble fur le même péduncule. La corolle elt compofée de quatre pétales blancs , dont deux oblongs, droits , épais, veinés , creufés en cuilliers ; les deux autres font minces, terminés en pointe : le centre elt occupé par cinq étamines droites , blanches , qui environnent un piftil cylindrique , terminé par un ftigmate épais , arrondi, rouf-feâtre (*). Les rieurs qui fortent des ailTelles des dernières feuilles vers la pointe du bouton , font llériles ôc ne produifent point de fruits, fans doute parce que l'arbre a épuifé toute fa vertu prolifique , en fécondant les premières fleurs : celles-ci fe changent en un fruit oblong, arrondi, tantôt droit , tantôt arqué, recouvert d'une pellicule épaiffe, unie 3 (*) Je ne fais ce qui a pu faire dire à M. Bomare, que les fleurs du Bananier étoient rotigedtrcs : auroit-il Pns pour les fleurs les feuilles du bouton de l'ailfeilc def-quelles elles fortent > de Saint-Domingue. d'abord verre , enfuite jaune , compofée de filamens longitudinales. L'intérieur eft rempli par une fubflance jaunâtre , molle, onctueufe* d'un goût douçâtre , aigrelet, divifée par plufieurs filets longitudinales, parfemés de pecits points noirs , qui font les feules graines que cette plante produit : elles ne fructifient point. Ces fruits croiffent en grappe , Se forment neuf à dix étages autour de la tige Iigneufe : plus ces étages approchent de fon extrémité, plus l'intervalle qui les fépare elt grand. Ils font compofés de cinq, fix , fept, huit ou neuf individus, ferrés les uns contre les autres ; c'efl ce qu'on appelle aux Ifles,patte de Banane : l'enfemble des pattes fe nomme régime de Banane. Un cayeu de bananier, planté dans un terrein convenable à ce végétal, fleurie communément au bout de neuf à dix mois. Chaque tige produit un régime plus ou moins fort,& meurt pour faire place aux rejettons que fa racine produit. Les plus gros régimes font compofés de 80 à 00 individus (*). On diftingue plufieurs efpeces de Bananier. Le Bananier-cochon produit les plus gros fruits ; ils font arqués , Se ont quelquefois plus d'un pied de longueur fur deux à trois ( * ) Suivant M. Bomare ces fiuits croiflent au nombre de 200 & plus ; c'eft outrer les chofes déplus de moitié. Il ajoute que ces fruits font enfermés dans une gaine comme au palmier. Je n'ai point remarqué que la nature, dans la production de ce végétal, fe fervit de gaine ou de fourreau pour fe dérober" aux yeux de ceux qui f°b* fervent. 160 Essai sur l'Histoire naturelle pouces de diamètre. Les fruits du Bananier ntufâuéfottt de quatre à cinq pouces de longueur , un peu arqués , & d'un bon pouce de diamètre. Le Bananier commun produit des fruits qui tiennent le milieu entre ces deux efpeces. Le Figuier-bananier eit allez; femblable au Bananier ordinaire : il en diffère, i°. par la couleur de fa tige, qui ell parfemée de taches noires ; 23. par la forme & la qualité de fes fruits, qui font plus arrondis , plus courts, droits, plus fondans , moins pâteux , plus digellifs. Loc. Cette plante fe plaît dans les terreins humides. — Uf. Ses fruits, de quelque efpèce qu'ils foient, font très-agréables au goût, qui approche de celui d'une pomme de reinette cuite. On les mange cruds , bouillis avec la viande, ou boucanés : ils font très-nourrif-fans, mais difficiles à digérer, lorfqu'on n'y efl pas accoumé, & qu'on en mange beaucoup. Vin. Les Auteurs du Jardin Malabare a Minguet & quelques autres, attribuent bien des vertus au Bananier : à les entendre , il guérit la dyffenterie , déterge les ulcères , adoucit la toux & Pailhme; on l'emploie avec fuccès pour les inflammations des poumons & des reins; il excite puilfamment à l'amour; il eit bon pour abattre les vertiges ; il efl excellent pour appaifer les douleurs excitées par l'urine acre , & pour foulager ceux qui ont fait trop d'ufage du mercure ; c'efl un, fpécifique pour les affections des yeux. Nous laiffons aux Maîtres de l'Art à décider 11 ces vertus tant vantées lui conviennent effectif Vement. Nouq de Saint-Domingue. 16*1 Nous ne déciderons pas non plus fi le fruit • de cette plante efl: celui qu'apportèrent à Moïfe les exprès qu'il avoit envoyés à la découverte de la terre promife, & que deux hommes avoient peine à porter ; h c'eft le fruit défendu du Paradis terreltre, comme le penfent quelques Théologiens ; fi nos premiers parens fe fervircnt de fes feuilles pour couvrir leur nudité après qu'ils eurent péchés. La folution de ces queflions ne peut être appuyée que fur de fimples conjectures, ôc VHiC-toire Naturelle veut des faits palpables. Bakbe efpagnole. — Syn. Vifcum caryo-phylloïdes. Sloa. — Obf C'eft une efpèce de gui qui s'attache aux arbres, ôc forme de loi g> filamens enchâlfés les uns dans les autres, & flottant au gré des vents- Ils font couverts de petites écailles, Ôc renferment un petit filet noirâtre , élaftique, affez femblable au cr:n de cheval. Us font divifés par des noeuds placés à 2 ou 3 pouces les uns des autres. II fort de chaque nœud une petite fleur oblongue, jaunâtre, à trois pétales , environnée de 5, 6, 7 ou 8 filamens qui s'étendent de tout côté, Ôc fe divifent également en nœuds qui en produifent d'autres, ôc ainfi de fuite. Il fuccède aux fleurs une capfule oblongue, à trois côtes qui s'ouvre en trois parties par le fommet, & qui contient les femences. — Lcc. Cette plante fe trouve fur les arbres qui croiflent au bord de la mer, le long des rivières ôc des étangs. — Uf On peut s'en fe -vir au lieu de crin pour faire des fommiers, après l'avoir dépouillé de fon écorce. Basilic. — Syn. Ocymum, — Ord. clalT. 4. 162 Essai sur l'Histoire naturelle feèt. 3. gen. 19. Tourne/. — clafl". 14. Didy-namia gymnofpermia, Linn. — famil. 26. les labiées, fect. 1. Adanf. — Obf. Cette plante cil indigène à Saint-Domingue ; elle s'eft na-turalifée en Europe où elle eit allez commune. On en dillingue plnlieurs efpeces, favoir , le Hafilic grand , ou Franc-bafin , le Bafilic moyen & verd, le balilic moyen ôc violet , le Balilic petit & verd, fe Balilic petit & violet. — Loc. Elle croît dans les lieux fablon-neux & incultes. — Uf On l'emploie dans les cuifînes pour alfaifonner les ragoûts. — fHrt. On la regarde comme déterfive , apéritive , flomachique, céphalique, bécliique, ophtalmique, carminative, emménagogue. Batate. V. Patate. Batelé. V. Eupatoire. J3atta. V. Baquôte. Battata. V. Patate. Baya. V. CalebalTier en arbre. Baie-a-ondes. — Ord. claff. 22. fect. 3. Toumef. — Obf. C'efl un arbre de moyenne grandeur, dont la racine efl fîbreufe & traçante ; fon tronc noirâtre, droit, crevalfé. 11 fe divife en plufieurs branches, ôc celles-ci en ramilles fourchues, auxquelles les feuilles font attachées. Elles font oblongues de 4 à 5 lignes, larges d'une ou deux lignes, difpofées par paires jufqu'au nombre de vingt fur une même ramille, traverfées dans toute leur longueur par un petit filet, écartées durant le jour, repliées durant la nuit les unes fur les autres. Les fleurs font légumineufes, jaunâtres , inodores ; elles croiflent par bouquet aux extrémités des branches, 11 leur fuccède des de S A i n T - D 0 M i n g u Eï i fj 3 goufiés longues d'un demi-pied, arrondies Ôc qui renferment plufieurs petites graines plates , alongées, brunes, luifantes, groffes comme une lentille, environnées d'un pulpe blanchâtre , fans odeur ni faveur. — Loc. Cet arbre eft fort commun dans les Savannes; il fe plaît dans les endroits fablonneux. Bayroua. V. Pois doux. Belle-de-nuit. Syn. Solanum Mexicanum, Bergamotier. V. Citronnier. Beringéne. V. Brehéme. Beurreria. V. Bois cabrit bâtard. Bidens Americanum. V. Sariette ( petite ). Bigarade. V- Oranger fauvage. Bignonia. V. Bois de chêne, bois jaune, liane à griffe-de-chat. Bignonia pyri-facie. V. Poirier. Bignonia fcandens. V' Liane à corde, liane franche, liane rouge. Bihimitrou. V. Bois d'anifette, Bimaregaly. V. Eupatoire. Bipicaa. V. Pois d'Angole. Bixa. V. Roucou. Bled de Turquie. V. Maïs. > Bocconia frutefcens. V, Chelidoine. Bochtay. V. Eupatoire. Boémin. V. Piment. Bois d'agouty. — Syn. Bois lézard. — Uf. Il eft employé dans les ouvrages de charpente. Il tire fon nom de celui d'un'animal qui a coutume de fe loger dans fon tronc qui efl fouvent creux. Bois d'ainon. — Obf. C'eft un grand arbre dont la tige eft alfez élevée, un peu crochue, crevalfée, de couleur cendrée ; fon bois fen- L ij i &§ Essai sur l'Histoire naturelle dant, blanchâtre; fes feuilles ont 6 à 7 pouces de longueur fur trois de largeur. Elles croiifent à l'extrémité des branches, rangées par paire fur une côte qui efl: toujours terminée par une impaire. Elles font pointues > d'un verd-pâle en delfous , d'un verd-foncé & luifant en deffus. *- Loc. Il fe plaît dans les endroits marécageux. — Vf Son bois s'emploie dans les ouvrages de charronnage. Bois amer. V. Simarouba de Cayenne. Bois d'anifette. Syn. Saururus frutefcens, Pl. Jaborandi, Bihimitrou. Car. Bois arada. V- Tavernon. Bois bâcha. V- Bois à calçons. Bois benoît. On donne ce nom à un arbre grand & gros. Son bois eft jaunâtre , parfemé de veines rougeâtres. — Vf On en fait de fort beaux meubles. - Bois blanc. — Obf. Cet arbre s'élève fort haut. Son tronc eft droit, d'une moyenne groffeur , formant un fommet très-touffu ; fon écorce eit cendrée, blanchâtre, peu cre< vaffée , mince, d'un goût amer ; fon bois léger, blanc, flexible , poreux; fes feuilles épaiffes, ovales, d'un verd-clair en deflus, mat en def-fous, rangées par paire le long d'une côte, d'un goût un peu amer ,• fes fleurs font en entonnoir , blanches, & fe changent en une baie jaunâtre. — Vf Son bois fert à faire du merrain. Bois cabril bâtard. — Syn. Beurreria , Brown. Cordia , Linn. Jafminum , Sloa. Bois à calçons. — Syn. Bois bâcha. — Obf C'eft un arbrilTeau dont la racine eft fibreufe, peu profonde ; il s'en élève plufieurs tiges dk Saint-Domingue. 16$ yufqu'à dix ou douze pieds, d'un pouce environ de diamètre par le bas, qui fe divifent par le haut en plufieurs petites branches flexibles. Son ecorce elt grifâtre, lilfe ; fon bois mol, blanc, fendant ; fes feuilles minces , d'un verd-foncé, oblongues, alternes, de deux à trois pouces de longueur ôc de deux pouces de largeur , divifées vers le milieu en deux parties obtufes ; fes fleurs blanches , difpofées par bouquet, légumineufes, inodores : le centre elt occupé par plufieurs étamines longues , déliées, ôc par le piftil, dont le ftil eft terminé par un ftigmate brun, oblong. A ces fleurs fuccèdent des goufles de quatre à cinq pouces de longueur ôc d'un demi-pouce de largeur , brunes, très-minces, brillantes, qui renferment dix à douze petites graines applaties , grifâtres. — Loc. II croît dans les endroits montagneux ôc rocheux. Bois de campêche. — Syn, Bois de la Jamaïque , Campêche , Brefiliet, Lignum cam-pefcanum, Pfeudo-brafilium, Tfiam-pangam, Non. Mal. Cxfalpina, Linn. (*) - Obf. C'eft un très-grand arbre fort épineux : fon tronc s'élève perpendiculairement, répand de tout côté des rameaux ; il eft communément à côtes, fur-tout par le bas. Son écorce eft grifâtre , l'aubier jaunâtre, le coeur du bois rouge : fes feuilles font petites, prefque rondes , rangées deux à deux fur une côte : fa O Lcmeiy , & après lui Bomare, Se quelques autres l'ont confondu mal à-propos avec le bois d'Inde.. Ce font deux arbres tout différais. Leur port, leurs feuilles, leurs fleurs, leurs fruits ne fe leffemblcnt en rien. L iij î 66 Essai sur l'Histoire naturelle fleur efl blanche , petite , & fe change en une follicule membraneufe , mince, plate , qui renferme une petite graine applatie, par le moyen de laquelle l'arbre fe multiplie. — Loc Il croît également bien par-tout. — Uf Son bois teint en rouge : on en fait des haies vives , qui croilTent en peu de temps, & font Un plus bel effet que celles de citronnier , pourvu qu'on ait foin de les tailler cinq ou fix fois par an , ce qu'un habitant attentif rie néglige jamais de faire ; car lorfqu'on ceffe de couper les branches de cet arbre , elles s'élèvent en peu de temps à une hauteur confidérable , produifent quantité de graines qui donnent naiffance à une infinité de jeunes plantes couvertes d'épines, qu'on a bien de la peine à détruire. Bois de canelle. — Syn. Canellier , Cinna-momum Americanum, Canella peruana , C. B. Caflla cinnamomea , Pluk. — Ord. famil. 40. les garou , Adanf. — Obf: Cet arbre ne s'élève guères : fa tige elt droite, peu greffe. On y diftingue deux écorces : l'une externe , qui efl liflfe , grifâtre ; l'autre interne , mince, blanche, d'un goût aromatique & piquant (*). Son bois efl dur, pefant, quoique corruptible ; fes feuilles fermes, bien nourries, d'un verd-obfcur, attachées par un pédicule au fommet des tiges, difpofées par bouquet , garnies de trois côtes faillantes, d'une faveur (*) M. Bomare, d'après Lemcry, fe trompe encore, «niant! il adure que la canelle blanche eft la féconde ecorce du bois d'Inde : ces deux arbres font faciles à diflingner. de Saint-Domingue. 167 canelle ; fes fleurs à cinq pétales , de couleur de pourpre-violet. Il leur fuccède un petit fruit arrondi , très-aromatique. — Loc. Cet arbre fe trouve par-tout dans les mornes. — Uf. On fait avec fes fruits une liqueur itomachique très-agréable ; on fe fert auflî de fôn écorce pour affaifonner les alimens. — Vin. Son écorce eft flimulante, pénétrante, fondante , ftomachique , anti-fcorbutique. Bois capitaine. V. Cérifier capitaine. Bois caraïbe. —- Loc. On le trouve dans les mornes fur les coftières. — Uf. On l'emploie dans les ouvrages de charpente qui ne font pas expofés aux injures du temps. Bois caffave.— Syn. Bois doux. — Loc. On le trouve dans les mornes. — Uf Son bois eft employé en charpente. Bois de chambre. — Obf C'eft une plante annuelle qui s'élève à plus de fix pieds. Sa racine eft blanche, chevelue; fa tige cane-lée, grolfe comme le doigt , fpongieufe , rougeâtre ; fes rameaux oppofés en croix ; fes feuilles alongées, d un pouce & demi de longueur fur deux lignes de largeur, difpofées deux à deux jufqu'au nombre de 50 fur une côte, d'un verd-pâle , couvertes d'une pouftière fine. — Loc. Cette plante croît dans les endroits marécageux Ôc incultes. — Uf On fe fert aux Ifles de fa tige au lieu d'amadou. Bois de chandelle. — Syn. Taouia , Ala-coaly, Car. — Obf On en diftingue de deux fortes, le blanc, ôc le noir. Le premier eft un arbre de moyenne grandeur : fon tronc ne s'élève guères au-deifus de douze à quinze pieds; fon diamètre eft tout au plus de trois i68 Essai sur l'Histoire naturelle à quatre pouces : fon écorce efl d'un brun-cendré , lilTe ; fon bois jaunâtre , dur, odorant , réfineux , pefant ; fes branches tortues, pleines de nœuds, fans ordre ; fes feuilles pointues, en forme de iance , fermes, odorantes , fans dentelure , de deux pouces de longueur, larges d'un pouce , paroiifant per* cées , lorfqu'on les regarde au foleil, luifan-res, d'un verd-foncé en deifus, d'un verd-pâie en deffous, difpofées trois a trois à l'extrémité des branches, qui font toujours terminées par une feuille impair ; fes fleurs petites , blanches, auxquelles fuccèdent des petites baies noires , d'un goût aromatique & de très-bonne odeur.,— Loc. Cet arbre croit dans les bois qui font fitués au bord de la mer. — Uf. On en fait des flambeaux pour s'éclairer la nuit : c'eft delà que lui vient fou nom. — Vin. On dit que fa féconde écorce efl: ophtalmique. Le Bois de chandelle noir eft diftingue du précédent, i°. par fes feuilles, qui font plus longues & plus larges ; 2°. par fon écorce, qui ell noire; 30. par fon bois, qui efl plus réfineux, noirâtre, & plus pefant. Bois de chêne. — Syn. Chêne à fîlique , Bignonia , Pl. — Obf Cet arbre efl très-grand : fa tige efl haute , droite , très branchue au fommet; fon écorce d'un roux-cendré, toute crevaffée ; fon bois d'un blanc-pâle ; fes feuilles font ifolées, blanchâtres en deffous , d'un Verd-clair en deifus , alongées , pointues , fans dentelure, de cinq à fix pouces de longueur, larges de douze à quinze lignes. Sa fleur efl légumineufe, évafée par en fraut, de Saint-Domingue.' i6*o divifée en quatre parties inégales, dentelée fur les bords, blanchâtre , parlémée de filets rougeâtres, d'une odeur des plus fuaves : il lui fuccède une filique très-étroite, arrondie , ayant plus d'un pied de longueur , qui renferme plufieuis petites graines. Loc. Cet arbre croît dans les plaines. — Uf On l'emploie dans les ouvrages de charpente : il dure long-temps, pourvu qu'il foit à couvert ; mais expofé au foleil Se à la pluie, il tombe bientôt en pourriture. Bois de cheval. V. Bois major. Bois de Chypre. — Syn. Cordia , Geraf-canthus. Bois cochon. — Syn. Sucrier de montagne. — Ord. famil 44. les Piltachiers, Adanf. — Obf Cet arbre elt très-élevé; on en voit monter jufqu'à plus de foixante pieds : fon tronc alors a quatre à cinq pieds de circonférence. Sa première écorce'elt grifâtre , unie; l'enveloppe cellulaire verdâtre, gommeufe ; le liber rouge, épais, gommeux ; le bois folide , rougeâtre , fendant ; fes feuilles ovales, terminées au fommet par une pointe alongée, fans dentelure , minces , luifantes, ondées, d'un verd mêlé de jaune, larges de trois pouces, longues de cinq à fix pouces, rangées par paire fur une côte qui eft toujours terminée par une impaire. Ses fleurs naiifent par grappe aux extrémités des ramilles : elles font blanches , Se fe changent en un fruit auffi en grappe, gros comme une petite noix, divifé en deux ou trois parties, couvert d'une écorce verte1, coriace, qui renferme une pulpe blanche, charnue, fucrée, d'une odeur aromatique : î^o Essai sur l'Histoire naturelle chaque divifion contient un noyau applatî, ligneux, qui renferme une amande amère & onctueuie. — Loc. Cet arbre fe trouve fréquemment dans les mornes. — Uf. On fait avec fon bois du merrain & des elfentes. *~ Vin. On tire de fes amandes une huile fine, aromatique, qu'on eftime beaucoup pour les maladies de la poitrine. Quand on incife 1 e-corce de cet arbre , il en diffille un fuc gom-meux Se rougeâtre , d'une odeur forte Se aromatique : c'eft un puilfant vulnéraire qu'on emploie avec fucces pour la guérifon des plaies. On dit que la découverte en eft due aux cochons marrons, qui fe trouvant blef-fés par les chaffeurs, arrachent avec leurs défences l'écorce de cet arbre, pour en faire fortir le fuc gommeux , dont ils frottent leurs bleffures : c'eft delà que ces arbres tirent leur nom. Bois côtelette. — Syn. Citharexylum, /inn. — Obf. II a été ainfi nommé à caufe de fa tige, qui elt garnie de côtes faillantes. L'écorce efl d'un brun-cendré, unie, peu cre-vaffée ; fon bois blanc, tendre ; les feuilles oblongues, pointues, d'un verd ordinaire , lilfes deffus Se defibus , luifantes , fans den-relure , alternativement pofées , très-veinées ; fes fleurs petites, monopétales, blanchâtres : il leur fuccède un petit fruit à trois côtes, verd, enfuite noir. — Loc. On le trouve dans les endroits montagneux. — Uf On l'emploie dans la charpente , & il dure aifez long-temps, pourvu qu'il foit à l'abri du foleil & de la pluie. Bois de couille. — Syn. Pétard, Breynia, de Saint-Domingue. 171 Menekouy , Alepelecou, Car. — Obf C'elt un arbriffeau dont les tiges font grêles, minces, droites, & fe divifent en plufieurs rameaux qui s'élèvent perpendiculairement. Son écorce eft. grifâtre, unie ; fon bois blanc, fendant ; léger; les feuilles fermes, bien nourries, caf-fantes, d'un verd foncé , larges de deux à trois pouces, longues de quatre à cinq pouces, ovales , très-veinées , fans dentelure, divifées par une côte rougeâtre, portées fur un petit pédicule d'un rouge-brun. La fleur eft en rofe, compofée de cinq pétales blancs , arrondis , pointus, creufés en cuilliers, portée fur un calice monopétale , dentelé ; le centre eft occupé par plufieurs étamines minces , dont les anthères font fphétriqués : elles environnent le piftil , qui eft très-long , blanchâtre , arrondi , gonflé au fommet. Ce piftil devient une gouffe d'un demi-pied de long , bolfelée, arrondie, de cinq à fix lignes de diamètre , jaunâtre en dehors , rouge en dedans , Iigneufe , d'un goût un peu amer, divifée intérieurement en plufieurs loges. Les graines qui y font contenues ont environ deux lignes de diamètre & quatre lignes de longueur, d'un verd-fombre , couvertes d'une pellicule rougeâtre , d'un goût fort amer. Loc. Cet arbriffeau fe trouve fréquemment fur les bords de la mer. Vin. Sa racine eft employée en décoction dans les maladies vénériennes. Jacquin, au mot Marcgravia umbellata, donne la defcription d'une plante parafite, que les Martiniquais appellent Bois des couilles 1 1J2 Essai sur l'Histoire naturelle mais elle n'a aucune reflcmblance avec l'ar-brilTeau dont on vient de parler. Bois couleuvre. — Syn. Rhamnus arboreus3 Brown. > ■ Bois dentelle.—J>/2. Dentelle, Lagetto,JVba. — Ord. claiT. 6. Hexandria monogynia, Linn.— Famil. 39. les Periîcaires , AdanJ. — Obf. C'elt un arbrilleau dont la racine ell chevelue , pivotante ; les tiges qui s'en élèvent font allez droites , & fe divifent en plufieurs rameaux placés fans ordre. Les plus fortes ont à peine quinze pieds de hauteur ôc quatre pouces de diamètre ; peut-être que l'ufage qu'on en fait les empêche de venir plus grof-fes. L'épiderme qui les couvre efl blanchâtre, parfemé de taches grifes ; l'enveloppe cellulaire , verdâtre ; le liber blanc, fucré, épais de deux à trois lignes , filandreux , fépare du bois , divifible en plufieurs fuperficies faites en rézeau, qui imitent la dentelle, ou plutôt Planche ja gaze ffi^ t ^ ^Q-1S çrj compacte, jaunâtre , la moelle d'un brun-pâle : les feuilles {fie- 2* ) f°nc en f°rme de cœur, terminées en pointe, arrondies par la bafe, longues de cinq à fix pouces , larges d'environ quatre pouces , très-veinées, bien nourries , luifan-tes, d'un verd-foncé en deffus , pâle en deffous , couvertes d'un duvet fin ôc piquant, d'un goût acre , fans dentelure , difpofées alternativement le long des branches , portées fur un pédicule alîez court :'elles pouffent à l'extrémité des branches. Les fleurs fortent des aiflélles des feuilles. Le calice (fig. 3 ) efl un tube caduque, terminé par quatre pointes ; on y remarque fix Pl. z de Saint-Domingue. 173 étamines, Je piftïl elt conique, ôc devient une baie (fig. 4 ) fphérique , très-blanche, de 3 à 4 lignes de diamètre, en grappe, couverte d'nne pellicule très-fine , garnie d'un duvet fin ôc piquant, remplie d'une fubflance blanche , aqueufe , fondante, 'fucrée , au milieu de laquelle on trouve une petite graine (fig. £ ) grisâtre, ovoïde, terminée par deux petites pointes, d'un goût d'aveline, renfermée dans une capfule fragile. — Loc. Cet arbriiTeau ne croît que dans les mornes. — Uf On emploie quelquefois aux Ifles fon écorce par curiolité pour faire des cocardes, des manchettes, ôc même des garnitures de robe. Pour les blanchir , il fuffit de les agiter dans un bocal avec de Peau de favon. Les Nègres s'en fervent pour faire leurs nattes 5 on l'emploie auffi pour faire des licous dans les quartiers où il n'y a point de pitte. Bols doux. V. Bois caffave. Bois d'ébéne. V- Bois verd. Bois à enivrer les poiflbns. Bois épineux blanc. V> Cotonnier mapo.u. Bois épineux jaune. — Syn. Agoualaly , Car. — Obf. On en diftingue de deux fortes, le grand ôc le petit. Le premier s'élève Ôc devient gros comme le chêne. Son tronc efl droit , élevé , très-branchu , couvert d'épines fortes, peu nom-breufes ; l'écorce rude, légèrement crevaffée, roulfeâtre ; le bois jaune, dur , compacte ; les feuilles oblongues , pointues , un peu dentelées, rangées deux à deux fur une côte qui elt terminée par une impaire, d'un verd gai en deifus , pâle en deffous, armées de trois 174 ^ssaisur l'Histoire naturelle ou quatre petites épines. Les fleurs naiffent le long des ramilles : elfes font blanches & produiient une graine noirâtre, groffè comme un grain de millet. — Loc. On le trouve partout , fur-tout dans les mornes. — Uf 11 eft recherché pour les bâtimens. La féconde efpèce de bois épineux jaune elt plus petite que la première, elle s'élève à peine à 12 pieds; fon tronc n'a pas plus de y à 6 pouces de diamètre. L'écorce eft noirâtre en dehors , jaune en dedans , couverte de quantité d'épines plus petites Se plus aiguës que celles du précédent, d'un goût fort amer ; il lui reffemble dans tout le relie. —• Uf Son écorce teint en jaune. — Virt. On en fait auffi un vulnéraire déterfif qui paffé pour excellent : elle a encore la réputation d'être fébrifuge. Bois efpagnol. Bois de fer. — Syn. Ibera puterana, Side-roxylum Americanum, Pluk. Sideroxyloïdes , Ferreum, Jacq.— Obf On en diftingue deux efpeces, le blanc Se le rouge. Le bois de fer blanc eft un grand arbre dont la tige efl droite, haute, très-branchue, garnie de feuilles au fommet. L'écorce efl épaiffe, cendrée, brune en dedans, d'une faveur aflringente , profondément fillonée : fon bois amer, fort dur, jaunâtre; le centre elt de couleur de fer rouillé; fa dureté n'em." pêche pas les poux de bois Se d'autres infectes de le ronger ; fes feuilles font ovales , terminées par une pointe mouffe , larges d'environ un pouce, longues de deux pouces, peu veinées, difpofées tantôt alternativement, de Saint-Domingue. ij$ tantôt deux à deux fur les rameaux, d'un verd-foncé en deifus, un peu pâle en delfous, luifantes, fans dentelure. Ses fleurs croiflent par bouquet en entonnoir, d'une couleur violette 6c blanchâtre, aifez femblables à celles du lilac. Il leur fuccède une baie d'abord violette, enfuite noirâtre, qui renferme trois petites graines. — Loc. Cet arbre fe trouve dans les mornes. — Uf. Son bois elt employé dans les ouvrages de charpente & de menui-ferie. — Vin. Son écorce ell regardée comme anti-vénérienne & anti-fcorbutique. Le bois de fer rouge diffère du précédent, i°. par fes feuilles qui font longues de cinq à fix pouces, larges d'environ i pouces, divi-fées dans toute leur longueur par trois côtes faillantes, fans nervure apparente, ni dentelure, fermes, d'un verd-fombre; 2°. par l'é-corce qui efl rouge en dedans ; 30. par le bois qui efl rouge , pelant, plus dur que le blanc ; il prend un très beau poli. On l'emploie aux mêmes ufages que le précédent, & on lui attribue les mêmes vertus. Bois de férole. V. Bois marbré. Bois de fléaux. V» Cotonnier liflleux. Bois fourmi. — Obf. Ses feuilles font ovales, terminées par une pointe mouffe , attachées par un petit pédicule, difpofées alternativement fur une côte terminée par trois feuilles, dont deux oppofées, ôc la troifieme ifolée , d'un verd-gai, de trois à quatre pouces de longueur , ôc larges de deux pouces , fans dentelure , très - veinées , divifées par une cote &. des nervures faillantes en deffous. Ïj6 Essai sur l'Histoire naturelle Bois de frédoche. V. Bois d'ortie. Bois de frêne. — Syn. Frêne. — Ord. famiî. 44. les Piitachiers, Adanf—Obf C'eft un grand arbre dont la tige eft droite, très-élevée, d'une groifeur médiocre ; fon écorce grisâtre , crevaifée ; fon bois blanc, mol , fendant. Ses feuilles croiflent à l'extrémité des branches, ôc forment des ramilles fur lefquel-les elles font alternativement placées au nombre de huit ou neuf : elles font oblongues , larges de douze à quinze lignes, longues de trois à quatre pouces, lilfes, brillantes, d'un verd-gai en deifus, cotonneufes & d'un verd-pâle en deifous, fans dentelure , garnies de nervures prefque droites Ôc point faillantes. A l'extrémité des ramilles nailfent de longs pédicules branchus Se pendans, qui portent plufieurs petites fteurs, auxquelles fuccèdent des baies en grappe, oblongues, noirâtres, lilfes, remplies d'une fubftance purpurine un peu amère. On trouve au centre de ce fruit un gros noyau oblong, ligneux, brun , qui renferme une amande jaunâtre & d'une amertume infupportable. — Loc. On le trouve dans les mornes, 6c dans plufieurs endroits de la plaine où on l'a planté pour en faire des allées. Bois immortel. — Syn. Arbre de coraib, Corallodendron, Pl. Ahiphi, Car. — Ord. claff. 17. Diadelphia decandria, Linn. — Famil. 43. les légumineufes, fect. 4. Adanf. — Obf. Cet arbre croît promptement, ôc dure long-temps; il vient aifément de graine Ôc de bouture. Sa tige s'élève à douze ou quinze pieds, & fe divife en plufieurs branches qui forment une tète très-touffue. Ses feuilles font fans dentelure 3 de Saint-Domingue; 177 tejure , arrondies, terminées en pointes, lif-fes, minces, d'un verd jaunâtre & rougeâtre, portées fur de longues queues. Ses fleurs font d'un rouge très-vif, & naiflènt avant les feuilles. 11 leur fuccède des gouifes rondes, bof-felées, qui contiennent plufieurs graines en forme de fève , arrondies, couvertes d'une pellicule rouge-foncé ; elles renferment une fubllance blanchâtre, farineufe , un peu amè-re. — Loc. Il croît également par-tout. — Vf On s'en fert pour faire des entourages. —■ Vut. On attribue bien des vertus à cet arbre; on dit que fes fleurs font ftomachiques ; fes feuilles anti-vénériennes, allringentes ; Ôc que fon écorce broyée dans du vinaigre, ou limande de fon fruit avalée , appaife les douleurs de ventre des femmes. Bois d'Inde. — Syn. Laurier aromatique , Poivre de la Jamaïque , Lignum Indicum , Achourou, Car. Myrthus arbor. — Ord. famiî. 14. les Myrtes, Adanf. — Obf Son tronc s'élève très haut : il ell droit, branchu, d'une moyenne groifeur ; fon écorce jaunâtre , par-femée de taches noirâtres , unie , mince , d'une odeur forte, d'un goût allringent ; fon bois dur, compacte , pefant, incorruptible , l'aubier gris, le corps ligneux , violet , ÔC prend un très-beau poli ; fes feuilles epaiflés, fermes , divifées par une côte faillante en deflbus, garnies de petites nervures fans ordre , difpofées par bouquets , d un verd-noi-râtre en deifus, & brillantes, d'un verd-clair en deflous, fans dentelure , formant un ovale de cinq à fix pouces de longueur Ôc de deux pouces de largeur, d'une odeur, forte, d'un M 178 Essai sur l'Histoire naturelle goût piquant, aromatique , ôc approchant de celui du poivre ôc de la canelle. Ses fleurs font blanches ôc par bouquet. 11 leur fuccède des baies fphériques, noires en dehors, brunes en dedans, d'une odeur de drogue , d'un goût aromatique, dans lequel celui du poivre domine, d'environ trois lignes de diamètre. — Loc. Cet arbre ne fe trouve que dans les mornes. — Uf On fait avec fes graines une liqueur très-agréable , connue aux Ifles fous le nom de Bols d'Inde. Les habitans 6c les efclaves fe fervent des feuilles pour affaifonner leurs ragoûts. — Vin. Ses baies ôc fes feuilles font flomachiques, céphaliques , anti-putrides. Bois de la Jamaïque. V Bois de Campêche. Bois jaune, Bignonia. Bois laiteux franc. Syn. Bois laiteux fébrifuge , Ourouankle , Car. Rauvolfla la&efcens, Pl. — Obf. C'eft un arbriffeau qui produit de fa racine plufieurs tiges grêles, caffantes , hautes de cinq à fix pieds. Ses feuilles font oppofées, longues d'un demi-pied , larges d'un pouce & demi, ondées fur les bords, luifan-tes, pointues, divifées par une côte faillante en deffous, à laquelle aboutiffent des nervures droites, d'un verd foncé en deifus, pâle en deffous. Ses fleurs croiflent aux fommités des branches , elles font petites, blanches. — Vin. 11 fort de toutes les parties de cet arbriffeau, lorfqu'on les froiffe , un fuc laiteux , dont on fe fert comme vulnéraire 6c f-brifuge. Le P. Dutertre dit, qu'il croit aux Antiîles un arbre laiteux, gros comme la jambe, haut de Saint-Domingue. 179 de deux piques, dont les feuilles ont deux pieds de longueur. Cet arbre, dit M. Bomare, au mot arbre laiteux des Antilles, croît à la Louifîane ; c'ejl le même que le thé de Boer-havt% qu'on cultive à Londres. Je ne fais s'il fe trouve à Saint-Domingue, mais je n'en ai jamais entendu parler. Bois laiteux bâtard.—Syn. Arbor lactefcens, Tabernxmontana lactefcens, PL Titoulihué , Pinpinichi, Car. — Obf. C'eil un très - grand arbre; fon tronc s'élève très-haut, & fe partage en plufieurs grofles branches. Son écorce eft grifâtre, fon bois tendre, blanchâtre, caiTant net; fes feuilles oblongues, pointues, longues d'un demi-pied, larges de deux pouces, alternes, épaiifes, d'un verd foncé. Elles croiffent par bouquet à l'extrémité .des branches. Il pouffe au centre des bouquets une efpèce de petite corne ou d'ergot » de même fubftance que les pédicules qui font très-courts, gonflés parla bafe : fes fruits font fphériques, verds, molaffes, de la groffeur d'une cerife. Toutes les parties de cet arbre font remplies d'une féve abondante , très - acre , blanche comme du lait. — Loc. Il croît dans les endroits humides. — Virt. On emploie fa féve pour la guérifon des malingres. Bois de lance franc. — Syn, Cornus. — Obf C'eft un arbre d'une moyenne grandeur, qui croît dans des endroits pierreux. Sa tige eit droite, longue, peu grofle ; l'écorce d'un roux cendré , un peu. crevaifée ; fon bois blanc , flexible, coriace; fes feuilles fermes , unies, pointues, fans dentelure , alternes , portées fur un pédicule très-court, larges d'un pouce, i So Essai sur l'Histoire naturelle longues d'environ trois pouces , d'un verd noirâtre. Il porte une petite fleur blanche , qui devient un fruit triangulaire , arrondi, d'abord verd, enfuite violet, Ôc enfin noirâtre , divifé en trois capfuîcs, qui renferment chacune une petite graine grife , affez femblable aux grains de chenevis, tant pour la forme que pour le goût. — Loc. On le trouve dans les mornes. — Vf Il eft employé pour faire des chaifes, des échelles ôc d'autres fem-blables meubles. Bois de lance bâtard. — Syn. Cornus. >—. Obf II ne diffère du précédent qu'en ce que fes feuilles font une fois plus grandes & plus flexibies. Son bois, quoique moins ellimé que le précédent, eft cependant employé aux mêmes ufages. Bois latanier. — Obf II ne faut pas le confondre avec l'arbre nommé Latanier. Il eft d'une médiocre grandeur : fes feuilles font diftribuées deux à deux fur une côte ; elles font minces , d'un verd pâle , oblongues , pointues. Ses fleurs fe changent en un petit fruit rond, alongé, divifé en quatre capfules qui renferment autant de graines triangulaires , un peu oblongues, revêtues d'une pellicule lilfe, mince, jaunâtre «Se qui couvre une amande fort amère , jaunâtre , grolfe comme une petite féve. — Loc. On trouve communément cet arbre fur le bord des rivières. Bois lézard. V. Bois d'agouty. Bois de liège. V. Cotonnier fitHeux. Bois major. — Syn. Bois de cheval--Obf Sa racine ell mince, fibreufe, grifâtre. Il s'en élève plufieurs tiges articulées de trois à qua- de Saint-Domingue. 181 tre pouces de diamètre, droites, couvertes d'une écorce mince, liiïe, grifâtre dans les vieilles branches , verte dans les jeunes. Le bois eft léger, blanc, compacte, flexible, rempli d'une moelle blanche comme le fureau. Ses feuilles font alongées, pointues au fommet, rudes au toucher, fans dentelure, di-vifées par une côte qui fe foudivife en plufieurs nervures, qui font toutes dirigées vers le fommet, d'un verd pâle deifus ôc deffous, portées fur un pédicule très-court, d'un demi-pied de longueur, ôc de deux à trois pouces de largeur. Ses fleurs croiflent par bouquet au fommet des branches, il leur fuccède une petite graine jaunâtre, de forme ovale. — Loc. 11 croît dans tous les endroits humides. — Vin. On emploie fes feuilles en décoction pour pan-fer les plaies des chevaux. Bois mandron. — Obferv. C'eft un arbre dont les feuilles font de différente grandeur; les unes ne font que de trois pouces ôc demi, les autres ont jufqu'à neuf pouces de longueur, Ôc deux à trois pouces de largeur; elles font liifes, d'un verd foncé en deifus, pâle en deffous, pointues, fans dentelure, divifées par une grofle côte failîante, portées fur un pédicule recourbé du côté de la branche où il elt attaché. Bois marbré. — Syn. Bois de Fèrole. — Obji C'efl un arbrifeau dont les tiges ne s'élèvent guères. Elles font couvertes d'une écorce mince, membraneufe, blanchâtre; le bois eft dur, très-pefant, line, blanc, rempli de veines jaunâtres «Se brunes. Ses feuilles font oblongues , pointues par les deux bouts,. fans den- Miij 18 2 Essai sur l'Histoire naturelle te Jure, très-veinées, d'un verd foncé & luifane en deiïus, pâle en deffous, portées fur de petits pédicules. Cet arbriffeau, dit-on, a été trouvé pour la première fois, dans une habitation de M. de Féroles, Gouverneur de Cayenne ; c'elt d'où lui vient fon nom de bois de Férole. Uf On s'en fert aux ifles pour faire de très-beaux meubles. Bois Marie. — Syn, Calaba, PL Çalophyl-lum, Linn. — Ord. claff. 21. fect. 7. Tour-nef. — claff. 13. Polyandria monogynia , Linn. 1— Famil. f 4. les Cilles fect. 2. Adunf. — Obf Sa tige s'élève à 20 ou 30 pieds : elle eft droite, d'une moyenne groffeur ; fon écorce îïlTe, fpongieufe, brune ; l'enveloppe cellulaire verdâtre ; fon bois flexible, d'un verd jaune, il prend aifément de bouture; fes feuilles ovales, fans dentelures ni nervures apparentes, obtufes, de ij à 18 lignes de diamètre , longues de 2 à 3 pouces, lilfes, lui-fantes, douces au toucher, d'un verd gai en deifus, pâle en deffous, couvertes d'une infinité de petites fibres ferrées les unes contre les autres, oppofées deux à deux fur une ramifie , qui eft terminée par une paire de feuilles ; fa fleur petite , blanche, odorante , en rofe , compofée de 4 pétales arrondis, c.reufés en cuilliers, de plufieurs étamines , dont les antères font jaunes ôc d'un piftil arrondi , qui fe change en un petit fruit fphé-rique , charnu, gros comme une cerife, dans lequel eft renfermé un noyau ligneux, qui contient une amande. — Loc. On le trouve fur les bords de la mer. — Uf Cet arbre fert aux ifles pour faire des entourages. — Vin. On de Saint-Domingue. 183 en tire par incifîon, dit M.Pouppc des Portes, w Un fuc gommeux, verdâtre, qui s'épaillit * Se devient d'un verd très-foncé. Les Efpa-» gnols l'appellent Baljamwn del-maria, Se » le préfèrent au baume de Copaha ôc à celui " du Pérou». Bois de merde--Syn. Cavalam Non. Mal. Sterculia , Linn. — Ord. claff. 21. fed. 6. Tourne/. — claff. 21. Monoecia monadelphia , Linn. — famiî. 4 j. les Titymales fect. 2. Adanf. ■— Obf. C'eft: un grand arbre, dont la racine eft groffe , pivotante , fîbreufe, blanchâtre ôc un peu amère; fon tronc couvert d'une écorce épaiffe, d'un verd cendré en deifus, blanchâtre en deffous ; fon bois blanc, poreux, filandreux; fes feuilles oblongues, terminées par une pointe qui eft recourbée d'un côté, unies, d'un verd clair en deffus, obfcur en deffous, d'une odeur forte, portées fur des queues qui font gonflées vers la bafe; les fleurs petites, à cinq pétales étroits, formant une rofe de couleur rouffe en dehors > d'un verd jaunâtre en dedans & velouté. Ces fleurs font tantôt ifolées, tantôt portées deux à deux fur de longs pétioles. Elles ont une odeur femblable à celle des excremens humains. Les fruits qui leur fuccèdent croiflent à l'extrémité d'un pédicule commun. Ils font ferrés les uns contre les autres, oblongs, couverts d'une écorce épaiffe, dure, ôc renferment une pulpe blanchâtre , & 9 ou 10 graines attachées à un placenta. Ces graines font oblongues, noirâtres, remplies d'une fubflance blanche, fari-neufe. —Loc. 11 aime les endroits fablonneux Se incultes. Mhr 184 Essai sur l'Histoire naturelle Bois noir. — Obf. Ses feuilles croiflent op* pofées le long des ramilles. Elles font oblongues, pointues, de 4 à 5 pouces de longueur, & d'environ deux pouces de largeur, fans dentelure, portées fur de petites queues, d'un verd très-foncé en deifus, tirant fur le noir 6c luifantes, d'un verd fombre en deifous. Bois d'orme — Syn, Orme. — Obf. C'eft un arbre de moyenne grandeur ; il croit en peu cle temps, 6c forme un très-bel ombrage. Sa racine elt fîbreufe, traçante, noirâtre. Sa tige elt rameufe ; fon écorce griiâtre, cre-vaifée ; fon bois blanchâtre , fendant. On a coutume de l'étèter à 0 ou 10 pieds. 11 pouffe dès lors plufieurs groifes branches qui s'étendent prefqu'horizontalement, 6c forment une tête très-touffue. 11 elt fujet à être renverfé par Je vent, parce que fes racines ne font pas profondes ; ce qui oblige de l'étayer 6c de décharger fon fommet de toutes fes branches tous les cinq ou fix ans vers la faifon des pluies, 6c au bout d'un mois il elt couvert de feuillage & forme une boule qui a plus de fix pieds de diamètre. Dans cet état il ref-femble de loin aux orangers qu'on taille avec tant de foin en France. Ses feuilles font de différente grandeur 6c de forme irrégulière; les plus grandes ont 8 pouces de longueur & 4 pouces de largeur. Elles font pointues, dentelées, d'un verd gai en deifus, pâle en deifous, rudes au toucher, cotonneufes, divi-fees par une côte en deux parties inégales ; fleur? blanchâtres, par bouquet aux extrémités des branches, 6c deviennent un fruit fphérique, d'abord verd, enfuite noir , çn > d t. Saint-Domingue; iSf "grappe, ligneux, dur, profondément gercé, dont les chevaux font fort friands. — Loc. Il croît également bien par-tout. — Uf. On s'en fert communément pour former des allées. Bois d'ortie. — Syn. Bois de frédoche , Bois pelé. — Obf C'eft un arbre très-élevé : fon tronc eft droit, grand & gros; l'écorce unie , membraneufe, grifâtre ; le bois dur , compare , blanc ; fes feuilles en forme de lance, pointues au fommet, arrondi vers la bafe, fans dentelure , d'un verd foncé en def-fus , clair & luifant en deffous , de 8 à 9 pouces de longueur, & de 5 à 6 pouces de largeur, ifolées, les unes éloignées des autres. — Loc. On le trouve dans les endroits rocheux & arides. — Uf Son bois eit recherché parles Charpentiers , il dure long - temps , pourvu qu'on le mette à l'abri du foleil & de la pluie. Bois palmifte. — Obf Sa tige eft d'une hauteur médiocre , droite, branchue dans fon fommet Se très-garnie de feuilles ; fon écorce d'un noir cendré, liffe lorfque l'arbre eft jeune, crevalfée lorfqu'il vieillit ; le bois d'un blanc fale , pefant: fes feuilles alfez fembla-bles à celles du noyer, plus étroites cependant & conjuguées ; fes fleurs rameufes, d'un blanc pourpré. 11 leur fuccède un fruit femblable à celui de V Ilermodacie. Bois à petites feuilles. — Olf. C'eft un arbriffeau dont les racines font fibreufes; il en fort plufieurs tiges droites, qui fedivifent en plufieurs petites branches fermes, caftantes, comme celle du buis. L'écorce eft liffe, d'un jaune rouffeâtre ; le bois dur, compacte, rougeâtre s les fleurs naiflent des aiflèles des i$6 Essai sur l'Histoire naturelle feuilles, à 5 pétales, difpofées en rofe , blanches, inodores, qui fe changent en une baie blanche, enfuite violette «Se enfin noire; fes feuilles font ovales, difpofées deux à deux le long d'une ramille, qui efl terminée par une paire de feuilles, fans dentelure, d'un pouce de largeur & de 18 à 20 lignes de longueur, portées fur une queue fort courte, luifantes & d'un verd gai en deffus, pâle en deffous, comme percées à jour lorfqu'on les regarde au foleil. — Loc. On le trouve au bord de la mer. — Uf. Son bois efl fort recherché par les menuifiers. Bois à pians. — Obf C'efr un arbre très-branchu & qui s'élève beaucoup. Ses feuilles font oblongues, arrondies par la bafe, terminées au fommet par une pointe alongée «Se recourbée d'un côté, d'un verd très-foncé en deffus, un peu clair en deffous, Iifïès, opaques, fans dentelure, longues de 4à j pouces, larges de 12 à lignes, difpofées fur une côte tantôt par paire, tantôt alternativement ; chaque ramille efl terminée par une impaire ou par deux feuilles. A fes fleurs fuccède une gouffe plate, longue de 2 à 3 pouces, large de 18 à 20 lignes, qui renferme une ou deux graines ridées, cotonneufes, d'un verd pâle, très-veinées, plates, en forme de cœur, de 12 à lignes de diamètre, rouffeâ-tres, d'un goût défagréable. — Loc II croît dans les endroits humides. — Uf On emploie l'écorce de cet arbre pour teindre en jaune. ■— Vin. On prétend que fes feuilles appliquées en cataplafme fur les pians les guériffent radicalement. t>e Saint-Domingue. 187 Bois piquant. V. Tavernon. Bois ramier. V. Bois de foie. Bois ramon. — Obf Ceft un arbriffeau dont l'écorce eft amère ; les feuilles font épaiffes, rudes au toucher, d'un verd foncé, larges; fes fleurs croiflent par bouquet, d'un blanc jaunâtre & d'une odeur agréable , qui fe changent en un fruit alfez femblable à une amande. Bois de rivière. — Syn. Chymarrhis, Jacq. r-Loc. On le trouve par-tout, dans les endroits fecs & arides. — Vf Son bois eft employé en charpente. Bois de rofe. — Obf Ses feuilles fon oblongues, larges de 12 à ij lignes, longues de 2 à 3 pouces, terminées au fommet par une pointe moufle , recourbée d'un côté, d'un verd clair en deifous, plus foncé en deffus, très-veinées, fans dentelure. Bois rouge. — Obf. C'eft un grand arbre dont on diftingue plufieurs efpeces, qui diffèrent entr'eux, tantôt par les fleurs, tantôt par les feuilles. Dans le quartier de Léogane, au bord de Ja mer, il en croît une efpèce fort commune , qui s'élève environ à 20 pieds. Son bois eft lifte , grifâtre, dur, pefant, maf-fif. Ses feuilles ont 6 à 7 pouces de longueur, & environ deux pouces de largeur. Elles font oblongues, terminées par une pointe recourbée d'un côté, fans dentelure, d'un verd gai en deffus, clair en deffous, partagées par une côte & plufieurs nervures faillantes. Sa fleur devient une baie fphérique , de 4. lignes de diamètre, remplie d'une pulpe molle, mince, charnue , d'une odeur aromatique, d'un goût fade; l'écorce qui la couvre eft mince, g"- *'88 Essai sur l'Histoire naturelle fâtre, line en dedans. On trouve au centre" une graine prefque ronde, divifée en deux lobes, dure , noirâtre , farineufe, ayant le même goût & la même odeur que la pulpe. — Vf. Le bois de cet arbre eit employé dans les ouvrages de menuiferie. Bois de Saint-Jean. Bois fariné. Bois de Savanne. — Syn. Cornutia. — Obf On en diilingue deux efpeces, le franc ôc le bâtard. — Vf On s'en fert pour bâtir. Bois favonette.—Syn. Arbor faponaria.— Ord. claff. 21. fect. 7. Tournef. — claif. 10. Decandria digynia, Linn. — famil. 44. les Pif-tachiers, Aàanf. — Ord. Cet arbre eft d'une médiocre grandeur (*) : fon tronc fe divife ordinairement à 2 ou 3 pieds de terre en plufieurs branches groifes comme la cuiiTe. Son écorce eft grife , raboteufe ; le bois blanc , gommeux , dur ; fes feuilles de différente grandeur : les unes n'ont que 334 pouces de longueur, & 12 à 15 lignes de largeur; les autres portent 9 pouces de longueur, fur 2. à 3 pouces de largeur. Elles font d'un verd gai, luifantes en deffus, d'un verd pâle ôc veloutées en deifous, fans dentelure, terminées par une pointe qui eft mouffe, alongée & recourbée d'un côté , divifées par une côte en deux parties inégales (**). Ses fleurs font (*) C'eft à tort que Bomare le range dans la claffe de» arbrifleaux : il n'en a point du tout les caractères. (.** ) Les feuilles du bois favonette ne reffcmblent donc point à celles du frêne ou du cerifier, comme le dit Jtomare. de Saint-Domingue. iS plein de féve ; il efl alfez branchu, de belle « apparence , bien fourni de feuilles , qui ap-» prochent fort celles du charme : elles font » tendres, douces, fines, ôc couvertes d'un •» périt duvet doux «Se fin comme de la foie; » c'eft delà qu'il tire fon nom. Il n'elt bon (*) Et non pas au mois d'Oclobrc comme le dit fîomarc, ioo Essai sur l'Histoire naturelle » qu'à faire des douves pour les barriques ; » encore durent-elles peu ». — Uf Les Nègres s'en fervent à Saint-Domingue pour faire leurs nafles. Bois trompette. — Sy/i. Saururus major, Pl. Coulekin, Car. Ambaïba, Car.— Ord. clalf. 18. Tourne/. — Famil. 47. les Châtaigniers, Adanf. — Obf On en diftingue deux efpeces, le franc, & le bâtard. C'efl un arbre de moyenne grandeur : fon tronc eft creux, plein de nœuds , blanchâtre ; fes feuilles croiffent par bouquet à l'extrémité des branches ; elles font profondément laciniées ; chaque lanière eft arrondie par l'extrémité, verte en deffus , blanche en deffous. Chaque feuille a plus d'un pied de diamètre ; elle efl portée fur de longues queues verdâtres : fa fleur d'un verd-clair , apétale. Bois verd. — Syn. Bois d'ébéne. — Obf. «c Il croît , dit le P. du Tertre, pour l'ordi-a> naire en buiifon : il efl fort chargé de pe-3> tites feuilles vertes & lilfes , alfez fembla-33 bles à celles du buis, mais plus grandes ; » fon tronc n'elf guères plus gros que la a> cuiffe ; fon écorce efl épaiffe & polie ; fon » bois compofé d'un ou deux pouces d'au-9> bier blanc, & du cœur, qui ell d'un verd-» brun, noirâtre, mêlé de quelques veines » jaunes ». — Uf. Il fe polit, & devient noir comme l'ébéne. Les Teinturiers s'en fervent pour teindre en verd naiifant. Bois violet. — Syn. Lignum violaceum , Spartium arboreum , Bar. — Uf On l'emploie dans les ouvrages de menuiferie & de marqueterie. de Saint-Domingue. igi Bombax. V. Cotonnier mapou. BoNDA-garçon. V> Liane à bouton. Bonduc. V. Pois queniques. Boniama. V. Ananas épineux. Borbonia. V. Laurier. Brainvilliers. — Syn. Spigelia, Linn. Ara-pabaca, PL — Ord. claiT. 2. fect- 1. Tourne/. — claff. ç. Pentandria monogynia, Linn. — Famil. 2p. les Jafmins, fect 3. Adauf. — 6V;/.' C'eft une plante dont la tige eft fimple, fo-lide, cylindrique. Elle porte à fon fommet quatre feuilles en bouquet , pointues, ridées, veinées: fa fleur eft en entonnoir , violette, découpée en cinq parties terminées en pointe, ainfi que le calice qui la porte. On y remarque cinq étamines : le piftil s'élève du fond du calice, & devient un fruit à deux capfu-les en forme de tefticules, remplies de plusieurs graines très-fines. Vin. Browne vante cette plante comme fébrifuge ; plufieurs la croient malfaifante. Brehéme. — Syn. Melongène, Beringène Aubergine, Mayenne, Solanum pomiferum, C. B. Pyra infana , Cœfalp. — Ord. claff. 2. fect. 6. gen. 4. Tourne/. — Claif. 5. Pentandria monogynia, Linn. — Famil. 28. les Solanum, Adanj: — Loc. Cette plante croît par tout. — Uf. On la mange fur le gril avec du beurre, du poivre & du fel. Bkfsiliet. V. Bois de Campêche. Bkésiliet bâtard. — Syn. Spondias fpurïus. Loc. Cet arbre croît dans les mornes. — Vf Son bois donne une couleur plus brune que rouge. — Vin. Son écorce eft aftrin-gente. I5>2 Essai sur l'Histoire naturelle Breynia. V. Bois de couille., Biàignolier jaune. — Obf Ses feuilles font longues, terminées en pointe, allez épaiiies ôc bien nourries , verdâtres & luifantes en deifus, lanugineufes en deffous ; fes fleurs petites , blanches, épaiifes, ferrées par bouquet les unes contre les autres. Elles deviennent un fruit jaunâtre , oblong , de la forme d'une olive , mais plus petit , mol , charnu , un peu aigrelet. — Vf On en mange les fruits avec plaiiir. Bkignolier violet. — Obf II ne diffère du précédent que par la couleur de fes fruits, qui font d'un rouge violet. Brin d'amour. — Obf Sa tige n'a pas plus de deux pouces de diamètre, & ne s'élève guères au-deifus de fept à huit pieds. Elle eit verte, cylindrique, tendre , fpongieufe, couverte d'aiguillons très-fins & très-aigus. Ses branches font difpofées alternativement autour de la tige ; elles fe foudivifent en plufieurs petites branches, au bout defquelles font placées des feuilles tendres, luifantes, & d'un beau verd foncé en deifus,-mate en deifous, découpées largement fur les bords, longues de huit à neuf pouces , larges d'environ fix pouces, terminées en pointe, portées fur une groife queue de 15 à 18 lignes de longueur, couvertes d'un duvet fin & piquant, qui s'infirme dans la chair lorfqu'on y touche, ôc excite une démangeaifon très-cuifante , qui dure cinq à fix 'heures. Les nervures de ces feuilles, ainfi que la côte à laquelle elles aboutiifent, font garnies de petits aiguillons jaunâtres, très-piquants. Cett# ce Saint-Domingue. 103 Cette plante produit autour de fa tige 6c des principales branches des petites fleurs d'un rouge carmin , très-agréables à la vue, qui deviennent bientôt des petites baies fphériques, groifes comme un grain de grofeille , tranf-parentes , blanches, luifantes , attachées à un long pédicule : elles renferment deux ou trois petites graines oblongues , environnées d'une fubflance douce , agréable. — Loc. Cette plante croît dans les endroits fecs 6c rocheux. -— Vin. On dit que fes fruits excitent à l'amour. Kromelia. V. Aloës-karatas ; Ananas épineux. Bryonia. V Liane aux yeux. Burseria gummifera. V, Gommier. C Caapeea. V. Liane à coeur: Caatia. V. Mal-nommée. Cabouille. V. Aloës-pite. Cacao. V. Cacaotier. Cacaotier. — Syn. Theobroma , Linn» Arbor cacavifera, Plukn. Hem. Cacao , Ouf — Ord. claff. 21. fect. c. Tourne/, — Claif. 18. Polyandria pentandria , Linn. — Famil. 44. les Piftachiers, fect. 2. Adanf. V. le Die-tionn. de Mat, midic. Cacara pruritus. V. Poïs-à-gratter. Cachimentier. V. Coroifolier. Cacone. V. Liane à cacone. Cactus peruvianus feandens. V. Liane à yers. Çapanacu. V, Aloè's, N ip^ Essai sur l'Histoire naturelle Cvï'.salpina. V. Bois de campêche. CafÉYER*. — Syn. Jafminum arabicum , Jnf~ fiai. CofTea , Linn. — Ord. c!alf. 20. fect 2. Tournef— claff. 5. Pcntandria monogynia , Ljnn. — Famil. ic,. les Aparines , fect. j. Adanf. —- OlfOSa. racine elt pivotante , peu rlbreufe & rouifâtre. II fort de fon tronc des branches oppofees deux à deux, de manière qu'une paire croife l'autre : elles font fouples, cylindriques; l'épiderme blanchâtre , l'enveloppe cellulaire d'un verd gai un peu amer; Je bois fort tendre dans les jeunes branches, allez dur dans les anciennes; les feuilles d'un verd foncé Se luifant en deifus, un peu pâle en deflbus, fans dentelure , pointues aux deux extrémités , rabattues en dehors ,'de quatre à cinq pouces de longueur fur environ deux ponces de largeur , oppofees deux à deux comme les branches. Elles n'ont aucun goût particulier; elles font portées fur des pédicules allez courts qui font gonflés vers leur naiffanec : une côte faillante en deflbus les divifé en deux parties égales. Ses fleurs fortent des aiflèlles des feuilles au nombre de quatre ou cinq , foutenues chacune par un petit pédicule : elles font blanches,inodores, en entonnoir, partagées en cinq découpures, garnies de cinq étamines dont les filamens (*) Nous avons quelquefois fait ufige dans cette def-cription du mémoire de M. de Juflieu , imprimé dans ceux- de l'Académie, année 1713 ; Bomare , les auteurs du Diflionnaire de matière médicale , l'ont fervilenicnc copié, Se n'ont rien dit de neuf à ce fujet. de Saint-Domingue. > 19j font blancs, cylindriques ; les anthères jaunes. Le calice eft verdâtre, découpé en quatre parties inégales, du fond duquel s'élève un piftil verdâtre , fourchu , qui devient un fruit fphérique , d'abord verd, enfuite rouge, ;& enfin rouge-brun dans fa parfaite maturité, gros comme une cerife, ayant à fon fommet une efpèce d'ombilic. La chair de cette baie eft aqueufe , jaunâtre , un peu gommeufe y d'une odeur aromatique , d'un goût douçâtre & affez agréable (*) : elle fert d'enveloppe commune à deux coques minces, dures, ovales, étroitement unies, arrondies fur Je dos , ap-platies par l'endroit où elles fe joignent, de couleur d'un blanc-jaunâtre, 5c qui contiennent chacune une femence dure , d'un verd-pâle d'abord , jaunâtre en vieilliffant, ovale , voûtée en deffus , plate du côté oppofé, ayant dans toute fa longueur un fillon affez profond. Cette femence efl enveloppée d une pellicule blanchâtre très-fine. — Loc. Cet arbre eft originaire d'Arabie Se d'Ethiopie. Il a été tranfporté par les Hollandois de Moka à Batavia , de Batavia à Amfterdam, d'Amf-terdam au Jardin du Roi à Paris, 6c delà à la Martinique, par les foins de M. Declieux, qui jouit encore du plaiftr d'avoir enrichi la France d'une nouvelle branche de commerce ( ) m. de Juflicu dit que la chair de ce fruit efl: défa-gréable : cela peut être en France , où la nature eft forcée par Tact dans la production de ce végétal j mais il eft certain qu'à Saint-Domingue , les fruits du caféyer parvenus à leur maturité, font agréables au goût, Se que te Blancs & les Nègres les mangent avec plailir. ïo6* Essai sur l'Histoire naturelle qui eft devenue confidérable. La poftérité doit favoir que ce zélé Citoyen durant fon paifage, qui fut long & pénible , s'eft vu forcé de fe priver d'une partie de la portion d'eau qu'on lui donnoit pour fa boiiîon, afin de conferver le précieux dépôt dont il s'étoit chargé. Il s'eft prodigieufement multiplié à Saint-Domingue ; on le cultive dans les mornes. Voyez ce que nous avons dit au Chap. I, art. 8, des propriétés de la boilîbn qu'on prépare avec fes fruits. Caïmitiep. — Syn. Cainito , PL Chryfo-phyllum , Linn. — Ord. clalf. 20. fect. 1. Tourne/. — Claff. Pentandria monogynia , Linn. — Famil. 22. les Airelles , fect. 3. -Adanf — Obf On en diftingue trois efpeces, qui font le Caïmitier à fruits violets, le Caï-mitier à fruits verds, & le Caïmitier fauvage. Le Caïmitier à fruits violets eft un grand arbre fort branchu. Son écorce eft crevaffée, roufsâtre ; fon bois tendre , laiteux , blanc fendant, compacte ; fes feuilles font larges de trois à quatre pouces, longues de fept à huit pouces , ovales , tantôt terminées par une pointe mouffe, tantôt tout-à-fait obtu-fes, divifées en deux parties égales par une groife côte , d'où partent plufieurs nervures parallèles , un peu obliques, fans dentelure , luifantes, unies, & d'un verd foncé en deffus , couvertes en deflbus d'un duvet fin , foyeux, rougeâtre, portées fur des pétioles longs de huit à neuf lignes, difpofées alternativement fur une ramille. Ses fleurs font monopétales , en cloche, évafées par les bords découpées en cinq ou fix parties égales, por* de Saint-Domingue. 107 tees fur un calice également découpé & dont Jes extrémités font arrondies. Le centre des fleurs efl; occupé par un piftil dont l'embryon devient un fruit mol , charnu , violet, gros comme un œuf, couvert d'une pellicule liffe, épaiffe, ôc qui contient une pulpe mollaffe , laiteufe , gluante , d'un gout fade , d'une odeur purulente , ôc qui environne cinq ou fix amandes brunes en dehors , applaties , déchirées par un bord , dures, lilfes , blanches en dedans, d'un goût amer. — Loc. Cet arbre croît par-tout. — Uf On en mange les fruits : fon bois fert à bâtir, & il eft de bonne durée , lorfqu'on le met à l'abri du foleil Ôc de la pluie. — Vin. On aflure que fes feuilles appliquées fur une plaie du côté verd, divifent , atténuent les humeurs , ôc procurent une fuppuration abondante ; tandis qu'elles en arrêtent le flux immodéré , ôc qu'elles refferrent les fibres, fi on les applique du côté foyeux ôc rougeâtre. Caïmitier à fruits verds. — Obf. Il ne diffère du précédent que par fes fruits qui font verds Ôc qui contiennent des amandes olivâtres. Caïmitier maron. — Obf. Son tronc s'élève moins haut, ôc devient moins gros ; fes feuilles n'excèdent point trois à quatre pouces en longueur, ôc deux pouces en largeur ; la queue qui les porte eft longue de trois à quatre lignes. Ses fleurs font femblables à celles du Caïmitier franc, mais plus petites; fes fruits font de la groffeur & de la forme d'une olive, toujours verds ; la pulpe verdâtre, laiteufe & fade ; le noyau oblong, un peu échancré par un bout, liffe, veiné en-dehors, Niij ioS ÉssAI sur l'Histoire naturelle couvert en-dedans d'une pellicule argentée & brillante , très-dur, épais ; l'amande jaunâtre, amère, grofle comme un grain de bled. Caïpon. — Obf. C'eft un arbre très-élevé. Son tronc eft droit , grand & branchu au fommet ; l'écorce unie , épaiffe , d'un rouge cendré; fon bois folide, blanchâtre, pefant; fes feuilles oblongues, pointues , dentelées fur les bords, luifantes; fes fleurs blanchâtres ; il leur fuccède des fruits ovales , verdâtres , qui deviennent roufsâtres en féchant. — Vf. Son bois eft employé dans les ouvrages de charpente qui font à l'abri de la pluie ôc du foleil. Cajou, Cajnm. V. Acajou-à-pomme. Calaba. V. Bois-marie. Calamus faccharinus. V. Canne à fucre. Calappa. V. Cocotier. Calebassier en arbre. — Syn. Crefcentia, Brown. Arbor cucurbitifera , Sloa. Cuiete , PL Baya , Car. — Ord. claff. 20. fect. 1. Toumef.... claff. 14. Didynamia angiof- permia, Linn----famil. 27. les Perfonées. fect. 1. Adanf.— Obf C'eft un grand arbre qui croît de la groffeur d'un pommier. Son tronc eft tortueux ainfi que fes branches qui prennent prefque toujours une fituation horizontale; fon écorce grisâtre, raboteufe; fon bois blanc, coriace ; fes feuilles d'un verd Juifant , depuis trois jufqu'à fix pouces de longueur, ayant deux pouces dans leur p!us grande largeur, attachées fans pétiole immédiatement aux branches, arrondies au fommet qui eft terminé par une petite pointe, diminuant infenûblement de largeur jufqu'à dïï Saint-Domingue. 109 la bafe, fans dentelure, divifées dans toute leur longueur par une côte faillante à laquelle aboutiffent plufieurs petites nervures prefque droites. Lçs fleurs naiffent non-feulement fur toutes les branches, mais encore autour du tronc de l'arbre. Elles font monopetales, anomales, faites en cloches, découpées dans leur contour en plufieurs parties, blanchâtres, portées fur un calice fépare en deux fegmens verdâtres, oblongs creufés en cuilliers ; (e pi/fil s'élève du fond du calice environné de quatre étamines dont les anthères font fortes Se arquées. A ces fleurs fuccèdent des fruits plus ou moins gros fuivant l'efpcce depuis la groffeur d'un oeuf jufqu'cà celle d'une citrouille, tantôt oblongs , tantôt fphériques. L'écorce ell verte, unie, mince , Iigneufe , coriace; elle couvre une pulpe molalfe , blanche , d'un goût aigrelet , d'une odeur vineufe , remplie de quantité de petites graines plates, cordiformes , qui étant mifes en terre deviennent de nouveaux Calebafliers. Loc. Cet arbre croît indifféremment dans les mornes Se dans les plaines. — Uf 11 fournit aux Nègres de nos Ifles plufieurs uilcnci-les de ménage qu'ils appellent couls, Se qui leur tiennent lieu de fceaux, de bouteilles, d'aflîetes, de verres, de cuilliers, &c. Pour vuider ces calebaffes, il fuffit de les remplir d'eau bouillante, la pulpe alors s'amollit Se fe détache fans peine. II ne faut pas les cueillir avant leur maturité; on reconnoît qu'elles y font parvenues, quand la queue qui les attache à l'arbre fe flétrie. — Vin. Nos habitans Niv 200 Essai sur l'Histoire naturelle regardent la pulpe de ces fruits comme urî remède fouverain contre toutes fortes de maladies. Ils l'emploient contre l'hydropifie, la diarrhe'e, dans les chûtes, les contufions, les coups de foleil , les maux de tête, même pour guérir les brûlures. On en fait aufli un fyrop qu'on dit llomachique ; il ell renommé en France , Se connu fous le nom de fyrop de ca/ebaffe. < _ . Le P. Plumier diftingue cinq efpeces de Caîebafïiérs en arbre. Dans.la première, les feuilles font oblongues , étroites ; les fruits gros, ovales. Dans la féconde , les feuilles font larges, les fruits mois. Dans la troifieme , l'arbre efl petit, Se produit des fruits durs. Dans la quatrième, les feuilles font étroites, les fruits petits & fphériques. Dans la cinquième, les feuilles font étroites, les fruits petits Se ovales. Calebassier rampant. — Syn. Cucurbita, PL .Araouarou, Car. — Obf Cette plante ell femblable à la Courge qu'on voit en France. Calophyllum. V. Bois-marie. Calumet franc. —- Obf Sa racine elt fibreufe, Se porte plufieurs tuyaux gros comme une plume de poule, de dix à douze pieds de hauteur, garnis en dehors de noeuds de diftance en diftance. Ses tuyaux font creux Se renferment une matière fpongieufe , facile à détacher. Les fleurs croiflent le long des tiges, il leur fuccède des petites grainesalon-gées, bleuâtres, luifantes, enveloppées dans les écailles qui ont fervi de calice à la fleur. — Uf. On fe fert aux Ifles de ces tuyaux pour fumer, en les ajuftant après les avoir vuidé a une tête de pipe faite de terre féchée au de Saint-Domingue. 201 foleil, qu'on nomme cachimbo. — Loc. Cette plante croît dans les mornes. Calumet maron. — Obf. Il diffère du précédent , en ce que fes tuyaux font plus gros , plus remplis de noeuds, plus fragiles & plus minces. 11 n'eft d'aucun ufage. Camanioc. V. Manioc doux. Camara. V. Sauge de montagne. Camara fpinofa. V. Herhe à plomb. Campêche. V. Bois campêche. Candela Americana. V. Manglier rouge. Caneficier franc. — Syn. Cailler, Cailla purgatrix, J. B. Keleti, Car. Conna , Eort. Mal.— Ord. claff. 21. fect. 5. gen. 3. Tourne/... claff. 10. Decandria monogynia , Linn.. .. famil. 43. Les légumineufes, fect. 1. Adanf. -7- Obf. Cet arbre qui croît dans l'Inde , a, dit-on , été tranfplanté en Amérique où il s'eft naturalifé. Le P. Labat le croit cependant indigène aux Antilles. — Loc. Il vient dans les mornes & en plaine. — Uf Sa vertu purgative eft affez connue. Caneficier fauvage. — Syn. Caffia fyl-veftris, Caffia Americana, Defp. Payomariba, Car. Canellier. V. Bois de canelle. Canna mellœa. V. Canne à fucre. Canna indica. V. Balifîer. Canne à fucre. — Syn. Arundo facchari-fera, C. B. Sloa. Arundo faccharina, J. B; Calamus faccharinus, Tabern. Canna mellsea, Cœfalp. Viba , Tacomurée, Pif —• Ord. claff. 1 j. fect. 3. gen. 9. Tournef.... claff. 3. Trian- dria digynia, Linn----famil. 7. Les Gramens, fect. 3. Adanf _» Obf. Sa racine efl chevelue 9 "202 Essai sur l'Histoire naturelle genouillée, grisâtre, fucculente. Elle produit plufieurs tiges qui ont ordinairement huit ou dix pieds de hauteur, ôc un pouce &demi de diamètre; elle font lilfes, luifantes, jaunâtre, pefantes , caifantes , divifées par plufieurs noeuds qui font éloignés les uns des autres de deux à trois pouces. Elles renferment une fubftance fongueufe, blanchâtre , fucculente. Ces noeuds deviennent le principe des feuilles. On voit d'abord paraître un bouton alongé, d'un brun rougeâtre qui peu à peu fe dilate, verdit & devient une feuille longue de trois à quatre pieds , droite , pointue , étroite , d'un verd jaunâtre , cannelée dans fa longueur, alternativement pofée, embraf-fant la tige par fa bafe, armée fur les côtés de petites dents imperceptibles II arrive quelquefois (*) que les Cannes ayant atteint onze à douze mois, pouffent à leur fommet un jet de fept à huit pieds de hauteur, ôc de cinq à fix lignes de diamètre, liffe, fans noeuds, qu'on appelle jlèc/ze. Ce jet porte une pan-nicule longue d'environ deux pieds, divifée en plufieurs épis noueux, fragiles, compofés de plufieurs petites fleurs blanchâtres, apétales, dans lesquelles on dillingue trois étamines dont les anthères font un peu oblongues , l'embryon eft alongé & porte deux (*) L'Aureur de YHifloire naturelle du Cacao & du Su-crc , & le P. Labar, prérendent que coures les cannes âgées d'onze à douze mois ne manquent jamais de pouffer cette flèche. C'elt une erreur démontrée par l'expérience. Il n'eft pas rare devoir à Saint-Domingue des lia--bitacions entières où les canucs.n'ont jamais fléché. de Saint-Domingue. 203 fuis. Aces fleurs fuccèdent quelquefois, (car elles font fouvent ftériles, ) des femences oblongues, pointues. Une même tige ne fleurit & ne flèche jamais qu'une fois. - Loc Cette plante ne fe cultive qu'en plaine; les mornes en rendroient l'exportation trop pénible. —■ Vin. Perfonne n'ignore les ufages qu'on fait du fucre. Non-feulement il entre dans plufieurs de nos alimens, il eft encore employé en médecine comme" ophtalmique , errhine , anti-putride, déterfif, béchique. Canne marone. — Syn. Seguine, Arum. — Obf Il ne faut pas confondre cette plante avec la Canne d'inde, ni avec la Canne de rivière dont parle Jacquin au mot Jlpinia. Sa tige eft ronde, droite, articulée , divifée par des noeuds peu éloignés les uns des autres, d'un pouce de diamètre, haute de cinq à fix pieds , revêtue d'une pellicule verte , jaunâtre, mince, coriace, remplie d'une pulpe blanche , fpongieufe , fucculente , extrêmement mordicante, qui fait fur le linge & fur les étoffes une tache indélébile Ses feuilles font larges, très-pointues, longues, liffes , d'un verd foncé, affez femblables à celles d'un jeune Bananier ; les anciennes fe fanent, & tombent à mefure qu'il en pouffe d'autres. Il s'élève du centre de la tige un corps cylindrique, alongé, qui ell le fruit de cette plante. On n'y remarque ni corolle, ni filets, nî piftil, mais feulement des anthères 6c plulieurS nectaires difpofés autour du fruit. — Loc. Elle croît fur le bord des étangs, des rivières Se dans les endroits marécageux.— Vin. C'eft un poifon violent. — Uf Quelques habitant 204 Essai sur l'Histoire naturelle la fort entrer dans la composition d'une Ie£* five qui fert à purifier le fucre. Onne Congo, Canne d'inde. V. Balifîer. Capillaire. — Syn. Adiantum A mericanum. ■— Ord. clalf. 16. fect. i. gen. 7. Tourne/.. . . claff. 24. Cryptogamia filices, Linn.... famil. J. les Fougères, fect. 1. Adanf — Loc. Cette plante croît dans les mornes. — Vin. Elle efl pectorale , béchique , anti-aflhma-tique. Capparis arborefcens, aut Cynallophora. V. Pois mabouia. Capraria frutefcens. V. Thé. Câprier. — Syn. Capparis. — Ord. claff. 6. fect. 6. gen. 1. Tourne/.. . clalf. 13. Polyan-dria monogynia, Linn.... famil. les Câpriers , Adanf — Loc. Il croît dans les plaines Se dans les montagnes. — Vf On l'emploie dans les ragoûts. — Vin. Ses graines font diurétiques, emménagogues, anti-paralytiques , odontalgiques. Capsicum. V. Piment. Caraguata. V. Aloës. Carduus Brafilianus. V. Ananas épineux. Carica. V. Papaier. Cassia. V. Poincillade. Cassia feetida. V. Pois puant. Cassia purgatrix. V. Caneficier. Cassia fylveflris. V. Caneficier fauvage. Cassia paluftris. V. Herbe à dartres. Cassier. V- Caneficier. Cassuvium. V. Acajou à pomme. Castor. V. Liane à bouton. Catevala. V. Aloës. Catevalam.. V. Bois de merde. t>e Saint-Domingue. 20j Ceiba. V. Cotonnier mapou. Ceresé. V. Liane à griffe-de-chat. Cerisier. — Syn. Malpighia, Pl. Ibipitan-ga, Achyoulou, Car. •— Ord. claff. 21. fect. 7. gen. 4. Tourne/.... Claff. 10. Decandria trigynia , Linn... . Famil. 49. les Géranium , Adanf — Obf C'eft un arbriffeau qui ne s'é-lève guères au-deifus de douze à quinze pieds. Ses tiges font tortueufes ; l'écorce crevaifée » noirâtre ; le bois blanchâtre & léger. Ses feuilles portent environ un pouce & demi de longueur , ôc neuf à dix lignes dans leur plus grande largeur ; elles font oblongues , pointues par les deux bouts, minces, fans dentelure, luifantes, d'un verd clair en deifus, pâle en deflbus, attachées par paire le long des ramilles, foutenues par un petit pédicule , d'un goût amer. Cet arbriffeau fleurit deux fois par an ; fes fleurs nailfent par bouquet le long des ramilles, des ailfelles des feuilles : elles font en rofe, compofées de cinq pétales arrondis , blancs, de dix étamines très-fines, dont les anthères font jaunâtres. Le ftil du piftil elt terminé par trois ftigmates cylindriques, Ôc porté fur Povaire, qui devient une baie charnue , fphérique , rouge, d'un goût aigrelet, même dans fa parfaite maturité. Cette baie paroît à la vue tout-à-fait femblable à nos Cerifes de France : elle eft attachée à une petite queue , Ôc renferme trois noyaux ftriés, ailés , qui contiennent autant d'amandes petites, oblongues , amères. — Loc. Il croît indifféremment en plaine & dans les mornes. — Uf On fait avec fes fruits des compotes ra-•fraîchiflantes ôc affez délicates -3 on les mange zo6 Essai sur l'Histoire naturelle auffi cruels , après les avoir roulé quelque temps au foleil dans du fucre pilé. Cerisier capitaine. — Syn. Bois capitaine. —> Obf. C'eft un arbriffeau dont la racine eft traçante , fibreufe , & peu enfoncée dans la terre : il s'en élève plufieurs petites tiges qui fe di-vifent en divers rameaux. L'écorce eft cendrée , armée de pointes très-fines couchées à plat; le bois blanchâtre , léger, caffant ; la feuille alongce , ferme , arrondie par la bafe, pointue au fommet, longue d'environ quatre pouces , large d'un pouce & demi , conjuguée , liffe , luifante , d'un verd foncé en deffus , pâle en deifous, couverte de petits aiguillons jaunâtres qui font d'environ trois lignes , couchés à plat dans la longueur de la feuille, à laquelle ils adhèrent par le milieu; ils s'infinuent facilement dans la chair, de quelque façon qu'on les touche , Se y excitent une demangeaifon & une inflammation qui dure plufieurs heures : l'une Se l'autre fediflipent fur Je champ, lorfqu'on peut retirer l'aiguillon. Ses fleurs font fembîables à celles du précédent. Il leur fuccède une baie ronde, charnue , molle , d'un goût fade, d'un rouge-clair, portée fur un pédicule d'un pouce de long. La pulpe de ce fruit environne trois noyaux flriés, ailés, qui contiennent autant d'amandes oblongues, légèrement amères. — Loc. Cet arbriffeau fe plaît auffi-bien dans la plaine que dans les mornes. 11 n'eft d'aucun ufage ; la fadeur de fes fruits empêche de les rechercher. Chadec. V- Citronnier. Chardon béni. — Syn. Argemone Mexicana , Tounief. Papaver fpinofum , C. B.~~* de Saint-Domingue. 207 Ord. claff. 6. fect. 2. gen. 2. Tourne/... clalf. 13. Polyandria monogynia, Linn.... famil. 53. les Pavots, Adanf. —, Z.0r. Cette plante croît également par-tout. — Vin. Ses graines font purgatives. Chakdon étoile. — Syn. Eryngium, Pl. — Loc. On trouve ordinairement cette plante dans les Sàvannes. — Vin. Elle ell regardée comme fudoririque & fébrifuge. Châtaigne de mer. V. Liane à bœuf. Châtaignier. — Syn. Cupania, Pl. — Ord. clalf. 21. fect. to. Tourne].... clalf. 5. Pen- tandria monogynia , ____ famil. 4^. Ils Titymales, fect. 1. Adanf. — Obj. C'efl un arbre dont la tige ell droite, courte, grofle & très-branchue ; fon écorce efl unie , d'un verd-roulfeâtre ; fon bois flexibie , blanchâtre ôc poreux ; fa feuille alterne , grande , oblongue, inégalement découpée fur les bords, pointue vers la bafe , arrondie au fommet, de neuf à dix pouces de longueur, de quatre à cinq pouces de largeur, luttante , liffe, d'un verd-foncé en deffus , d'un verd-clair & veloutée en deflbus , divifée dans toute fa longueur par une côte faillante, qui n'efl que le prolongement du pétiole qui la foutient, traverfée par plufieurs nervures obliques qui aboutiffent aux grandes pointes que forment les découpures. Sa fleur ell en rofe , à cinq pétales arrondis & blanchâtres , garnie (le cinq étamines très-déliées, portée fur un calice divifé en trois petites feuilles minces, pointues. Le centre efl occupé par un piftil de ligure conique , auquel fuccède un fruit qui n'efl qu'une enveloppe fphérique 3 vélou* 2o8 Essai sur l'Histoire naturelle 1 tée, divifée intérieurement en trois ou quatre capfules, qui renferment autant de graines noires , luifantes, alongées , allez iem-blabl es aux larmes de Job, attachées par la bafe à une fubltance charnue, jaunâtre, dont elle fe détache facilement. Ces graines contiennent des amandes d'un goût fucré. —« Loc. Cet arbre croît dans les mornes ôc en plaine. — Uf Il eft employé dans les ouvrages de charpente : fon bois mis à couvert dure longtemps. Chélidoine. —Syn. Bocconia frutefcens, PL — Loc. Cette plante croît dans les Savan-nes. Uf On s'en fert pour teindre en jaune. Chêne à filique. V. Bois de chêne. Chiboué. V. Gommier. Chibouleme. V. Pourpier. Chiendent. — Syn. Gramen caninum. — Ord. clalf. 15". fect. 3. gen. 8. Tourne/---- clalf. 3. Tryandria digynia , Linn.... famil. 7. Jes Gramens, Adanf — Loc. Cette plante elt fort commune dans la plaine ; elle croît aulti dans les mornes. — Vin. Sa racine eft légèrement apéritive , diurétique ôc rafraîchiffante; la décoction de la plante elt un vulnéraire déterfif. Chiococca nocturna. V. Lilac de nuit. Chiques. — Syn. Herbe à chiques, Liane à chiques, Pittonia, PL Schaoualou , Car. —1 Obf L'on voit à Saint-Domingue deux plantes différentes qui portent le même nom. La première s'appelle Chique en fleur : c'elt une plante rampante dont la feuille a trois à quatre pouces de longueur, fur un pouce Ôc pemi de largeur j elle eft arrondie par en haut » \ de Saint-Domingue, aop baut, pointue par la bafe , fans dentelure , & produit des fleurs blanches, auxquelles fuc-cèdent de petites graines noirâtres. La féconde efpèce fe nomme Chique en fruit : c'eft une liane dont les tiges font minces , flexibles ; fa feuille eft ridée , pointue aux deux extrémités , longue d'environ quatre pouces, large de deux à trois pouces, fans dentelure , d'un verd foncé en deifus, mat en deflbus. Sa fleur fe change en un fruit gros comme un grain de raifin, qui renferme une gelée blanche , fucrée & d'un goûc agréable, au milieu de laquelle on trouve de petites graines noirâtres. — Loc. Ces plantes croilfent par-tout dans les endroits humides & incultes. — Vin. On prétend que lès feuilles appliquées en cataplafme font un remède efficace contre cette vermine fi connue aux Ifles fous le nom de chiques. Choux caraïbe. Syn. Arum efculentum , Pl. Arum minus efculentum, Sloa* — Ord. claff. 3. feèt. 1. gen. 1. Tournef... clalf. 20. Gy-nandria polyandria, Linn.... famil. 56. les Arum , Ceci. 2. Adanf. — Obf Sa racine eft femblable à une grofle rave : lorfqu'on la coupe tranfverfalement, il en découle un fuc laiteux. Ses feuilles font grandes, divifées en deux lanières par la bafe, pointues au fommet , portées fur de groflcs & longues queues. Le P. Plumier en diflingue trois efpeces, fa-voir, à feuilles grandes & violettes , à feuilles grandes & vertes , à feuilles petites & vertes. Loc. Cette plante aime les endroits humides ; elle vient également bien dans les mor^ O 210 Essai sur l'Histoire naturelle nés ôc dans la plaine. — Vf Ses feuilles fe mangent dans la loupe, comme celles du choux ordinaire ; fes racines fe mangent auffi, ôc rendent le potage épais. Chrysobalanus. y. Icacquier. Chrvsophyllum. V. Caïmitier. Chu-ise. V. Bambou. Chymarrhis V. Bois de rivière. Odromela. V. Citronnier. Cierge épineux. — Syn. Torches. — Loc. On le trouve dans les Savannes arides & incultes. Voyez Mêm\ Acad. 1716. Cinnaaiomum Americanum. V. Bois de Campêche. Cissaaipelos. V. Liane à coeur. Citharexylum. V. Bois côtelette. Citreuai. V. Citronnier. Citronnier. — Syn. Citreum , Bergamo-tier, Cidromela, Label Medica malus, C.B. •— Ord. claff. 21. fect. 6- gen. 2. Tourne/'. . . , clalf. j8. Bolyadelphia icofandria, Linn. . . . famil. 44 les Pilïachiers, fect. 2. Adanf Voy. le Dictionnaire de Matière Médicale. — Loc. Il croît également bien par-tout. — Vf On en fait des haies vives très-belles & très-folides. Les Négrelfes fe fervent des fruits pour laver le linge; on les confit, lorsqu'ils lont petits; on les emploie auffi dans les alimens. — Virt, Le fuc de fes fruits paffe pour alexipharma-que, anti-feorbutique, flomachique; l'écorce pour vermifuge, fébrifuge & cordiale ; fes graines pour ffomachiques , carminatives , incilives. On diftingue à Saint-Domingue quatre efpeces de Citronniers, favoir ; Citronnier de la Barbade, ou Chadec. de Saint-Domingue. 211 Citronnier de Portugal. Citronnier doux. Citronnier fauvage. Coccis. — Syn. Ruellia, Pl. Faux Ipeca-cuanha. — Ord. claff. 2. fect. 1. Tourne/.... clail. 14. Didynjyrya angiofpermia, Linn.... famil. 27. les Perfonées , fect. 3. Adanf. — Obf M Defportes en diftingue trois efpeces, le grand , le moyen , le petit. Le grand Coccis a fa racine blanche, bulbeufe, alfez femblable à celle de Yajpkodèle; fes fleurs font bleuâtres. Le Coccis moyen a le port de la mercuriale maie ; fa racine ell fibreufe ; fes fleurs violettes. Le petit Coccis a le port d'une plante nommée par les Botanilles Yoreille de jburis. Elle ell velue ; fa racine fibreufe ; fes fleurs petites , en épi, &. violettes. La fleur de ces trois efpeces de Coccis eft monopétaîe, en entonnoir , gonflée au milieu ; le limbe efl: évafé, découpé fur les bords , rabattu en dehors ; le périanthe monophylle découpé en cinq parties pointues , en forme de lanière. Du fond du calice s'élève un piflil oui devient un fruit oblong , pointu, couvert d une membrane qui s'ouvre par en-haut en cinq parties, rempli de petites .femences fphériques. — Loc. Cette plante fe trouve dans les iialliers. — Vin. On la regarde comm; purgative , & on lui attribue les vertus de Plpeca-cuanha. Coccoloba nivea. V. Raifinier de coudre. Coccoloba uvifera. V. Raifinier du bord de la mer. Cocos nucifer. V. Cocotier. Cocotier. — Syn, Cocos nucifer, Jacq. Pal- O ij 212 Essai sur l'Histoire naturelle ma indica coccifera, Pluk. Calappa , Rumph. Tenga, Hort. Mal. — Ord. famil. 6. les Palmieis. Adanf. Coety. V. Epinars épineux. Cœur de bœuf. V. Corolfolier. Cœur de S. Thomas. V. Liane à bœuf. Comaka. V. Cotonnier mapou. Concombre. — Syn. Cucumis. — Ord. claff. I. fect. 6. gen. Tour nef... . clalf. 21, Mo- noecia fyngenefia, Linn----famil. 18. les Brio- nes, Adanf — Obf On en diftingue aux Ifles trois efpeces. La première efl: le Concombre d'Europe , Cucumls Europeanus. Voyez fa description dans le Dicllonnalre de Matière médicale. La féconde efpèce fe nomme Concombre petit épineux, Cucumis frucluJpinofopar-vo : fes feuilles font plus petites & plus profondément découpées que celles de la première efpèce ;■ fes fruits font petits , oblongs , toujours verds , & couverts de poils qui ne piquent pas. Dans tout le refle, il efl femblable au précédent. La troifieme efpèce efl le Concombre petit & uni, Cucumis fruclu levi parvo : fes feuilles font très-petites & Ja-ciniées ; fes fruits jaunes, petits, unis. Dans tout le relie , cette efpèce reflémble à la première. — Loc. Ces plantes croiflent par-tout ; elles aiment les endroits humides. — Uf On les mange, comme en France, cuits ou confits dans le vinaigre. — Virt. On fait que la femence du Concombre eft une des quatre femences froides. On en prépare des émulfions. Conna. V. Caneficier. Conocarpus erecla. V. Manglier gris. CoNocARPUsprocumbens. V. Manglier blanc. de Saint-Domingue. 213 Convolvulus. V. Patate. Convolvulus Amerieauus. V. JSlap , Liane purgative. Convolvulus marinus catharticus. V. Liane purgative du bord de la mer. Convolvulus tinctorius V. Liferon. Conyza. V. Creiîbn de Savanne commun. Conyza major. V. Sauge ( grande ). Copau. — Syn. Copaïba, Marcg. Pif Arbor balfamifera Brafilienfis, Ray. V. le Dtàionn* de Afatlère médlc. Copei. V. Raifinier du bord de la mer. Coque-mollier. — Syn. Tu te-moques. — Obf. On en diftingue de deux fortes, le grand & le petit. Le grand Coque-mollier s'élève jufqu'à plus de vingt pieds. Son tronc eft droit, liffe, grifâtre, fans aucune branche. Il porte à fon fommet une touffe de feuilles longues de deux à trois pieds, larges d'environ trois pouces, luifantes & d'un verd foncé en deffus, pâle en deffous, fans aucune nervure apparente, arrondies par en-haut, pointues par la bafe, fermes, fans dentelure, caf-fantes , attachées par un pétiole épais, arrondi , dont le prolongement forme une côte faillante , qui divife la feuille en deux parties égales. Les fruits naiffent en grappe au haut de la tige , ils font pendans , portés fur un long pédicule, fphériques, rougeâtres, de près d'un pouce de diamètre , couverts d'une peau coriace, ridée en dehors, liife en dedans, où l'on trouve plufieurs graines dures , oblongues, environnées d'une pulpe jaunâtre, fucrée. Le Coque-mollier petit ou nain ne s'élève O iij 2i| Essat sur l'Histoire naturelle guères au ç^ilus de trois à quatre pieds. II ne produit aucune branche ; le fommet de fa tige eft garni d'une vingtaine de feuilles ëpailfes, bien nourries, finuées, caftantes, découpées, armées d'épines dans leur contour comme les feuilles de houx, d'un verd foncé , & luifantes en deifus, pâles en deffous, de deux pouces de largeur, d'environ un pied Se demi de longueur. Les fruits naiftént en grouppe au fommet de la tige , ils font fphériques, de quinze à dix-huit lignes de diamètre, jaunâtres, couverts d'une pellicule coriace, ridée en deffus, très-liffe en dedans, où l'on trouve plufieurs graines ferrées les unes contre les autres, anguleufes, allez femblables à des grains de maïs , environnées d'une pulpe fucrée. — Loc. On trouve ces deux plantes dans les mornes Se dans les Savannes incultes. — Vf. On mange la pulpe des fruits. Elle eft rafraîchilfante Se allez agréable. Les feuilles du grand Coque-mollier font employées pour panfer les chevaux. Coqueret. V- Herbe à cloques. Corail. — Obf. On donne ce nom aux Ifles, à un arbriffeau dont les tiges font droites, tendres, rameufes, élevées de cinq à fix pieds; fes feuilles font oblongues, pointues, oppofees deux à deux , d'un verd fombre, parfemées de veines fanguines ; fes fleurs croiflent par bouquet au fommet des branches ; elles font d'un beau rouge , fans odeur, ni faveur; il leur fuccède des baies molle*, fuccuîentes. — Loc. On le trouve dans les terreins rocheux Se incultes.— Vïrt. Ses feuilles font employées en tifanne dans la gonorrhée. Corallodendron. V. Bois immortel. de Saint-Domingue. 21 j Corde à violon. — Syn. Pcriploca , Pl. Synnate, Achyry, Car. — Obf. Sa racine eft traçante, chevelue , grifâtre ; il en fort plufieurs tiges cylindriques , fouples , longues , minces, rampantes & qui s'étendent de tout côté fur la furface de la terre ; fes feuilles étroites, pointues, tendres. — Loc. On trouve cette plante par-tout. Cordia. V. Bois de cabril bâtard, Bois de chypre.» Cornus. V* Bois de lance. Cornutia. V. Bois de Savanne. Coron a folis-minor. V. Artichaut de Jé-rufalem. Corossolier. — Syn. Anona, Sloa. Alaca-lyoua, Car. Guanabanus, Pl. — Ord. clafl. 2.1. fect. 6. Tourne/.... clalf. 13. JPoîyandria polyginia , Linn____famil. 46. les Anones , Adanf — Obf. Cet arbre tire fon nom d'une Ifle hollandoife nommée Curaço, d'où il a été porté dans nos Colonies (*). On en diftingue quatre efpeces : la première fe nomme Corojfolier épineux. C'eft un arbre de médiocre grandeur; fon écorce eft noirâtre, lifte; fon bois mol , blanchâtre ; fes feuilles font épaiffes , oblongues , larges de quinze à dix-huit lignes, longues de quatre à cinq pouces , obtufes au fommet qu'une petite pointe termine, d'un verd foncé en deflus, pâle en deffous, attachées par bouquet à un petit (*) Le terme de Coroffolier efl: donc le nom générique qui convient aux quatre efpeces. Le mot Cachimen-ticr défigne une efpèce de Corolîblicf, & n'eft point du tout le nom générique de cet arbre , comme le dit Bomare. Oiv ai6 Essai sur l'Histoire naturelle pétiole. Sa fleur efl en rofe , coinpofce de trois pétales blanchâtres, épais , creufés en cuillers obtus; le centre efl occupé par plu-fleurs étamines dont les anthères font jaunâtres. Cette fleur croît fur le tronc ôc fur les grolfes branches ; le calice qui la foutient efl: de trois feuilles arrondies , verdâtres, pointues. Du fonds du calice s'élèvent plulieurs piflils placés fur l'ovaire qui devient un fruit charnu, molalfe, prefque rond, de la forme d'un coeur , ayant la pointe recourbée , de cinq à fix pouces de diamètre, couvert d'une écorce verte ôc un peu jaunâtre, d'une demi-Jigne d'épaifleur, armée de pointes molaflès Ôc qui ne piquent point. Le milieu de ce fruit efl; une pulpe fibreufe, fucculente, blanche, d'un goût aigrelet ôc aromatique qui environne plulieurs petites graines plates, alongées, ridées, de couleur brune, très-dures. La féconde efpèce de Coroflblfer fe nomme exur-de-bœuf. Ses feuilles font longues de cinq à fix pouces, larges d'un pouce 5c demi, terminées par une pointe recourbée d'un côté, liife, d'un verd trille ; fon fruit verdâtre, parfemé de taches blanchâtres, liffe , brillant , de la forme d'un cceur, d'environ deux pouces de diamètre ; la pulpe qu'il renferme elt rougeâtre, ferme, d'une odeur forte, d'un goût fort acre. Dans tout le relie Il efl: femblable au précédent. La troifieme efpèce s'appelle Cachimentler ou Pommier de canelle. Sa feuille a quatre à cinq pouces de longueur , ÔC près de deux pouces de largeur; fa couleur ell d'un verd noirâtre en deifus, blanchâtre en deifous ; fon de Saint-Domingue. 217 fruit eit rond, un peu alongé au fommet ; fon écorce verdâtre d'abord, jaunâtre quand d elt mûr, couverte de petites gouttes de rofée , divifée en plufieurs petits comparti-mens écailleux & faillans; le dedans eft rempli d'une pulpe blanche, fibreufe, fondante, d'un goût aromatique & fucré. Il reflemble dans tout le reffe au Coroffolier épineux. Le Coroffolier viaron forme la quatrième efpèce. Sa feuille a cinq à (ix pouces de longueur , Se deux à trois pouces de largeur. Elle eft d'un verd fombre en deifus, fort pâle en deffous , ovale ; fon fruit elt liffe, d'un jaune rougeâtre , divifé Superficiellement en petites écailles, d'une odeur forte, d'un goût acre, de deux pouces de diamètre. En tout le refte il convient avec la première efpèce. Loc. Ces arbres fe trouvent par-tout, dans la plaine ou dans les mornes, dans les endroits fecs comme dans les lieux humides. — Uf. On en mange les fruits , lorfqu'ils font bien mûrs. Le Cachiment eft le meilleur de tous ; les Créoles en font fort friands , ainfi que du coroffolier épineux. On ne recherche guères les deux autres efpeces ; les Nègres mêmes ne s'en foucient pas, mais les cochons s'en régalent. — Vin. Les graines Se la pulpe font altringentes ; on emploie l'une Se l'autre avec fuccès dans les diarrhées violentes. Cotonnier. — Syn. Xylon. Ord. claff. 1. fect. fi gen. 6. Tournef. ... claff. 16. Mona- delphia polyandria , Linn____famil. 50. les Mauves, fect. 3. Adanf. — Obf On en diftingue plufieurs efpeces qu'on peut rapporter aux fuivantes* 2i8 Essai sur l'Histoire naturelle I6. Cotonnier commun, Xilon jilo a/ùo(*). On prétend que cet arbre eft indigène à Saint-Domingue. Sa racine eft fibreufe , grifâtre , Î>eu pivotante. Abandonné à lui-même , il s'é-ève à la hauteur de douze à quinze pieds : quand on le cultive, on a foin de l'arrêter à quatre ou cinq pieds (**).,Sa tige n'excède gucres la groffeur du bras ; fon écorce efl mince , grisâtre , unie ; fon bois tendre, blanc, léger ; fes feuilles alternes, liffes , d'un verd foncé en deffus, blanchâtres & garnies d'un duvet rude en deifous ; divifées en trois parties , quelquefois en quatre, & même en cinq. Chaque divifion ell terminée par une pointe , & traverfée par une côte faillante. Ces côtes fe réuniffent dans l'endroit où commence la queue : celle-ci a environ fix pouces de longueur ; le diamètre de la feuille ell de quatre à cinq pouces. Les fleurs naiffent fur les rameaux dans la partie oppofée aux feuilles ; elles font monopétales , en forme de cloche , divifées en cinq portions jufqu'à la bafe, portées fur un calice découpé auffi en cinq quartiers frangés & verdâtres. Ces fleurs font jaunâtres ; leur bafe efl marquée d'une tache rouge, qui peu à peu communique fa couleur à toute la corolle , (*) Rien n'eft: plus fuperficicl que cet article dans Bomare. On n'y voit aucun détail : Il faut être bien fub-til pour fe former , après l'avoir lu , une idée un peu jufte de cet intérclfant végétal. (**) Si l'on n'arretoit l'arbre que quand il eft parvenu ■ la hauteur de huit pieds., comme le dit M. Bomare il faudroit des échelles pour en recueillir les fruits. ' de Saint-Domingue. 210 de forte que le même arbre fleurilfant fuccef-fivement, paroît produire deux fortes de fleurs, dont les unes font rouges, les autres jaunâtres. Elles ne s'épanouifTent jamais parfaitement ; mais en fe fîétrilfant , elles fe relTerrent, & ne fe détachent du fond du calice que lorfqu'elles font entièrement fanées. Le centre de la fleur ell occupé par un petit corps pyramidal, environné d'étamines très-petites dont les fommets font jaunâtres. Le piftil placé au fond du calice Se fécondé par la pouf-fîère des étamines, devient un fruit gros comme une noix, divifé en plufieurs loges, qui font féparées par des cloifons , Se qui contiennent depuis cinq jufqu'à neuf graines oblongues , arrondies , oléagineufes , environnées d'un duvet en fioccons d'une grande blancheur. 2°. Cotonnier marron , Xyfo/z Jylvejlre. Cet arbre n'a jamais plus de huit à dix pieds de hauteur; fes feuilles font toujours fendues en trois; fes fleurs de couleur de citron pâle, petites ; fes fruits de la grolfeur d'une noifette ; le duvet très-court , rude au toucher ; la graine petite, très-adhérente. 30. Cotonnier de Siam franc, Xylon faùvum filo croceo. L'écorce de l'arbre ell de couleur violet-pourpre ; les branches collatérales font très-fragiles, pendantes jufqu'à terre ; fon duvet eft roux, foyeux, doux. 4°. Cotonnier de Siam bâtard, Xylon fipu-rlmn filo croceo. Il eft allez femblable à celui de la féconde efpèce, dont il diffère cependant : i°. par la couleur de fes fleurs qui font purpurines : 20. par fes fruits qui font plus 220 Essat sur l'Histoire naturelle gros & mieux nourris : 30. par la couleur de fou duvet qui elt roulleâtre. Cotonnier de Siam blanc, ou Cotonnier de foie , Xylon bombycum. Ses feuilles font petites, découpées en trois parties, rarement en quatre ou en cinq, d'un verd céladon , bordées d'un rouge brun, veloutées deifus ôc deffous, douces au toucher. Les fibres de fon duvet font longues, très-foyeufes, d'un blanc éclatant ; fa graine ell très-adhérente ôc difficile à détacher. 6°. Cotonnier de Gallipoly, Xilon filo afi pero. Il égale en grandeur Ôc en groffeur les efpeces ordinaires , mais fes fruits font une fois plus gros. Son duvet reffemble à de Ja laine par fon élallicité ; il ell d'un blanc-fale, rude au toucher, difficile à palfer au moulin. 70. Cotonnier Samblas. Il tire fon origine d'un lieu de la côte d'Efpagne fïtué près du golfe de Darlen, habité par les Indes-braves. Cet arbre a beaucoup d'analogie avec celui de la troifieme efpèce. Son bois ell fragile ; fon écorce d'un violet foncé ; fes feuilles ne font découpées qu'en trois parties, terminées en cœur, veloutées, d'un verd mêlé de blanc; fes fleurs bordées d'un rouge incarnat ; le duvet en ell doux comme de la foie, d'une grande blancheur, mais difficile à palier au moulin. 8°. Cotonnier de Cayenne. Il porte le nom de l'endroit d'où il a été tiré. II reflemble à celui de la première efpèce ; les fruits en font cependant plus gros , le duvet très-blanc , les fibres longues ôc fortes ; fes graines amoncelées ôc ferrées les unes contre les autres. de Saint-Domingue. 221 Loc. Le Cotonnier ne croît que dans les pays chauds, depuis le 30'. degré de latitude jufqu'à la ligne : les terres arides, fab'oni eu* fes, rocheuies lui conviennent ; il vient également en plaine & dans les mornes. Toutes les expolitions lui font favorables, excepté celle du vent du Nord, qui, pour peu qu'il foit violent, defsèche ôc brûle fes fleurs ÔC fes feuilles. Cotonnier nos, Cotonnier de fléau. Voy. Cotonnier fiffleux. Cotonnier blanc. — Syn. Cotonnier colo-rade , Cotonnier de mahot , Xylon album. Ord. claff. 20. Tourne/... clalf. 16*. Mona-delphia polyandria, Linn. .. famil. 50. les Mauves, fect. 2. Adanf. — Obf C'efl un arbre fort grand ôc fort gros; fon écorce elt grifâtre , épailfe d'un pouce , fort adhérente au bois, qui elt gris, fpongieux, tendre, léger, facile à travailler ; fa feuille eft ronde , dentelée, pointue , d'un verd oblcur ; fes fleurs jaunes , en cloche , découpées, Ôc alfez grandes. II leur fuccède des fruits longs de dix à douze pouces, de douze à quinze lignes de diamètre , cannelés , s'ouvrant d'eux-mêmes, Se lailfant échapper le coton qui recouvre le fruit en entier : c'eft un duvet fin, court, rouffeâtre , que le vent emporte çà & là , & qui n'eft employé à aucun ufage. —Loc. On trouve cet arbre dans les mornes. — Son tronc fert à faire des pirogues. Cotonnier mapou. — Syn. Fromager, Bois épineux blanc, Xylon filo brevi , Comaka, Ceiba, Pl. Bombax, Linn. Golfypium, Sloa, Eriophorus, Rumpfi Ponja, Hun. Mal. — Ord, 222 Essai sur l'Histoire naturelle comme le précédent. — Obf C'eft un des plus grands & des plus gros arbres qui fe voient aux Antilles : lès racines font grolîés, traçantes , s'élèvent hors de terre, & forment comme des appuis ou arcs-boutans autour de la tige ; fon tronc ell droit, gonflé dans le milieu ; fon écorce grife , armée de gros aiguillons qui font ligneux , droits, forts, faciles à détacher ; le bois blanc , tendre , pliant, poreux , fibreux ; fes branches s'étendent au loin , & forment un bel ombrage : elles font droites, oppofees les unes aux autres; fes feuilles découpées profondément en trois parties, tendres, minces, d'un verd clair, quand elles font jeunes ; fombre, lorfqu'elles vieil-liffent, portées fur de longues queues par bouquet, au nombre de cinq ou fix enfem-ble ; fes fleurs monopétales, divifées jufqu'à la bafe en cinq quartiers pointus, blancs , creufés en cuillers ; le périanthe monophylle, découpé en cinq parties ; le piftil, qui eft environné de plufieurs étamines, devient un fruit oblong pointu vers la bafe , plus gros & obtus au fommet (*), qui s'ouvre en cinq parties dans fa maturité. Il renferme plufieurs graines brunes, fphériques , un peu applaties, environnées d'un duvet de couleur de gris-de-perle , extrêmement fin 6c très-court. Cet arbre fe multiplie, ou de bouture, ou par le ( * ) M. Bomare dit que les fruits du Fromager font faits en tuyaux , larges de deux pouces , fur fix à fept de longueur. C'eft confondre cet arbre avec le Cotonnier firfleiu, dont nous parlerons bientôt. de Saint.-Domingue. 223 moyen de fes graines. — Loc. 11 vient très-bien par-tout ; on le trouve dans les plaines & dans les mornes. — Uf. Son tronc fert à faire des canots & des pirogues. — Virt. On fait prendre fon écorce en tifanne à ceux qui iont attaqués de la petite-vérole : fes racines infufées font regardées par M. Defportes comme apéritives ôc anti-hydropiques. Cotonnier firBeux. — Syn. Bois fiflieux, Bois de fléau , Cotonnier flos, Cotonnier de fléau , Cotonnier de mahot à grandes feuilles , Liège , Bois de liège , Xylon filiquâlon-ga. — Ord. comme le précédent. — Obf Sa tige efl droite , d'une grandeur médiocre ; fon écorce d'un gris rougeâtre, mince, peu adhérente ; fon bois blanc , léger , tendre , fendant; fes feuilles très-grandes , en forme de coeur, d'un beau verd en deffus , pâle en deffous , d'environ un pied de diamètre , coton-neufes, couvertes d'un duvet fin, rouffeâtre, accompagnées de nervures très-apparentes; fes fleurs grandes, monopétales, découpées jufqu'à la bafe en cinq quartiers, d'abord blanches , enfuite jaunes , rabattues en dehors ; elles font portées fur un calice membraneux, du fond duquel s'élève un piflil gros comme le doigt, qui devient un fruit cylindrique de huit à neuf pouces de longueur fur un pouce & demi de diamètre, partagé dans fa longueur par dix canelures. L'écorce de ce fruit efl d'abord verte Ôc cotonneufe, enfuite rouffe, & enfin jaune ; elle renferme plufieurs petites graines unies, liflcs, blanchâtres , environnées d'un duvet très-fin de couleur de gris-de-perle. — Loc, Cet arbre fe trouve au bord des 22 j. Essai sur l'Histoire naturelle rivières, dans les montagnes & dans les ter*.' reins frais. — Uf Son écorce fert à faire des cordes ; on emploie fon bois, au lieu de liège, pour foutenir fur l'eau les filets avec lefquels on pêche. Coulaboulê. V. Liane à perfil. Coulekin. V- Bois trompette. Courbakil. Syn. Hymenœa, Linn. Jetaiba, Pif ôc Marcg. — Ord. clafiT. 22. fect. 4. gen. 1. Tourne/... claff. 10. Decandria monogynia , Linn____famil. 43. les Légumineufes, fect. 1. Adanf. — Obf C'eft un très-grand arbre, dont le tronc eft droit, cylindrique, fans nœuds. Le P. Labat aifure en avoir vu qui avoient plus de trois pieds de diamètre, ôc quarante pieds de tige. Il produit au fommet plufieurs groffes branches, qui fe divifent eu d'autres branches, «Se qui forment une tête très-touffue. L'écorce eft grifâtre, un peu raboteufe , marquée de taches rouffeâtres , peu adhérente; fon bois eft dur, compacte, pefant, reçoit facilement le poli; l'aubier ne paroît point diftingue du cœur ; fes fibres font longues, fines, ferrées, entrelaffées les unes dans les autres; fa couleur eft d'un rouge obfcur. Il eft rempli d'une sève graffe, onctueufe, amère, qui fe fait jour à travers l'écorce, «5c devient une réfine claire , tranfparente, rougeâtre, dure: c'eft ce qu'on appelle amimê occidental^ elle ne fe diffout point dans l'eau, mais dans l'efprit-de-vin bien rectifié ; elle rend, lorfqu'on la brûle, une très-bonne odeur; fes feuilles font étroites, oblongues, de grandeur médiocre, fermes, calfantes, douces au toucher, verdâtres , partagées en deux par-tic de Saint-Domingue. 225 lies égales par une côte faillante d'où partent plufieurs nervures. Elles font attachées deux à deux fur un même pétiole, & paroiifent criblées de trous. Ses fleurs nailTent à l'extrémité des rameaux, Si forment une pannicule compofée de pluiieu rs « étages alternativement placés, qui fe fubdivi-fent auffi alternativement en plufieurs autres. Ces fleurs font légumineufes, fans odeur, portées fur un péduncule allez gros Se un peu arqué Le calice eft un tube découpé jufqu'à la bafe en quatre parties oblongues, creuféesen cuillers , de cinq à fix lignes de longueur. La corolle eft compofée de cinq pétales ovales , pref-qu'égaux, de quatre à cinq lignes de longueur, creufés en cuillers , d'un jaune pourpré. On trouve dans ces fleurs dix étamines attachées fur le réceptacle autour du piftil ; le filament; eft de cinq à fix lignes , l'anthère oblongue , de 2 à 3 lignes. Un piftil pourpré occupe le centre; le ftil cylindrique de fix à fept lignes de longueur , terminé par un ftigmate fphérique ; il porte fur un embryon applati qui a pour bafe le réceptacle. Celui-ci eft de figure conique, vélu en dehors. L'embryon en grouillant devient un légume ou une gouffe compofée de deux panneaux applatis, depuis quatre jufqu'à fept pouces de longueur, deux à trois pouces de largepr & deux lignes d'épaiiTeur , d'une fubflance Iigneufe , de couleur hépatique , rudes, Se comme chagrinés, pénétrés d'un fuc refineux. Cette gouffe renferme une pulpe farineufe, friable, d'une odeur 5c d'un goût aromatique, nourriilante Se bonne à manger, d'un p.26 Essai sur l'Histoire naturelle jaune rougeâtre. On trouve au milieu trois noyaux logés féparément, durs, noirs, appla-tis, ovales, d'un pouce de longueur, qui renferment une amande oblongue, blanche, un peu amcre , d'un goût d'aveline. — Loc. Cet arbre croit dans les mornes. — Uf On en fait des axes , des rouleaux, des tables de moulins, & de très-beaux meubles. — Vin. Ses fruits font altringens. Pifon affure que fon écorce eft carminative & purgative, que fa gomme eft excellente pour guérir les douleurs de nerfs, & que fes feuilles appliquées en cataplafmes font vermifuges. Couroualy. V Balifier. Cousin (grand). — Syn. Yttibouca, Yha-boura, Caraib. Triumfetta , Pl. — Ord. clalT. 6. Tourne/.... claff. ii. Dodecandria monogynia, Linn____famil. 48. les Tilleuls, fect. 1. Adanf. — Olferv. Cette plante a le port de la guimauve; fes feuilles forment une efpèce de pentagone de deux pouces 6c demi de diamètre. Elles font finement dentelées fur les bords , d'un verd fombre, cotonneufes 6c douces au toucher, portées fur un pétiole long d'un pouce. Ses fleurs font en rofe, compofées de cinq pétales oblongs, portées fur un calice divifé en cinq feuilles , d'où s'élève un pifffl environné de plufieurs étamines, qui devient un fruit capfulaire , à quatre loges, fphérique, dur, armé de petites pointes par le moyen defquelles il s'attache aux habits des paflans. On trouve dans chaque loge une petite graine ovoïde. — Loc. Cette plante fc trouve dans les endroits incultes. — Vin. Elle eft regardée comme aftringente. On emploie de Saint-Domingue. 227 fa racine dans les ulcères des inteftins ou des autres vifcères. Cousin (petit). — Obf Ses feuilles font plus petites que celles du précédent, faites en cœur, Ï>ortées fur un pétiole très-court. Dans tout e relie ces deux plantes conviennent.enfemble. Coyecoyety. V. Herbe à Charpentier de Saint-Domingue. Coyyrou. V. Liane aux yeux. Crescentia. V. Caîebaflier en arbre. Cresson de Savane commun. — Syn. Conyza. — Obf Cette plante reifemble, par fon port & par fes feuilles, à la Linaire 5 fes fleurs font jaunâtres. Cresson de Savane (petit ). — Syn. Thlafpi nalturtii fapore. Crista pavonis. V. Poincillade. CRoe-de-chien. — Syn. Liane à croc-de-chien. — Obf. C'eft une efpèce d'arbriffeau, qui produit de fa racine plufieurs tiges grimpantes, flexibles, brunes, d'un pouce & demi environ de diamètre , qui s'entrelacent les unes dans les autres & s'accrochent aux arbres voifins ; elles font armées de pointes très-longues ôc très-piquantes, & rendent les endroits où. elles fe trouvent tellement impraticables , qu'on ne fauroit y faire un pas que la ferpe à la main. Ses feuilles font unies, partagées en deux parties égales par une côte faillante, d'un verd trille, éloignées les unes des autres, en forme de cœur, de trois pouces de longueur fur deux de largeur; fes fleurs petites, blanches , auxquelles fuccèdent de petites baies jaunâtres. Il diftille de cet arbriffeau une gomme qui devient très-dure Ôc rou- 228 Essai sur l'Histoire naturelle geâtre. — hoc. On le trouve fréquemment dans les mornes & les terreins incultes. — Uf; On fend parle milieu fes tiges, & on en fait du feuillard pour lier les barriques. Ckoton. V. Médecinier. Cucumis. V. Concombre. Cucurbita. V. CalebalTier rampant. Cuh:te. V. Calebaffier en arbre. Cupania. V, Châtaignier. Cukuru fcandens. V. Liane à fcie. Cyroyer. —Syn. Vanrheedia. Pl. — Ord. clalf. 8. Tourne/... clalf. 13. Polyandria monogynia , Linn.., famill. 54. les Cilles, fecl. 1. Adanf — Olf. Cet arbre ell de la grolfeur ôc du port d'un pommier ordinaire. Ses fleurs ôc fes fruits précèdent l'apparition des feuilles. Sa tige ell crochue ; l'écorce grifâtre , cre-valfée ; fes branches placées fans ordre ; fes feuilles arrondies, d'un verd-gai, petites, tendres , attachées par paire le long d'une côte; fes fleurs naifiént attachées aux branches par un petit pétiole; elles font en rofe, compofées de quatre pétales arrondis , creufés en cuillers j plufieurs étamines environnent le piftil , qui eft fphérique : il lui fuccède une baie arrondie, ovale, de la figure d'une prune, couverte d'une pellicule très-fine, qui renferme une pulpe fucculente, d'une odeur de mufe, d'un goût aigrelet. On trouve au mi-lieu un noyau fort gros, très-dur, qui contient une petite amande fort amère. On diftihgue trois efpeces de Cyroyers; à fruits verds, à fruits jaunes, ôc à fruits violets. — foc. Cet arbre croîr par - tout. — Uf\ Ses fruits font aifez. lecherchcs. Ils font ra-," de Saint-Domingue. 220 iraichiffans, mais indigefles lorfqu'on en mange beaucoup. Cytise de l'Amérique. Cytisus frutefeens. V. Pois d'Angole. Gras-dc-galle. D Daburi. V. Roucou. Dattier. — Syn. Palma dactylifera. Dentelle. F". Bois dentelle. D erelside. V. Tamarin. Digitalis Africana. ^".Gigerï. Dolichos urens. V. Liane à cacone. Dolichos pruriens. V. Pois à gratter. E Ecrtnomelocactus. V. Têtes d'Anglois. Echites. V. Liane mangle. Emerus. V. Indigo. Epinards doux. — S$n. Lanmayan, CaratK Amaranthus altiffimus, Pl. — Loc. On trouve cette plante par-tout. — Uf Les Blancs ainlï que les Nègres en mangent les feuilles allai-fonnées comme celles des epinards de France, auxquels cette plante relfemble affez par fon port. On les fait entrer dans un ragoût créol, nommé calalou. — Vlrt, On les emploie au Ht dans les lavemens émolliens & dans les bouillons rafraîchiffans. Epinards grands. —Syn. Sacra maîon, Labat , Phytolacca Americana, Tournef. — Uf. Ses feuilles fe mangent dans le potage. Epinards épineux. —Syn. Cqiëty,: 'Çatam Amaranthus aculeatus, /'/. — Obf C'eft une P iij 230 Essai sur l'Histoire naturelle efpèce d'arbriiïeau couvert de petites épines flexibles & qui ne piquent point; fes feuilles font grandes, mais plus petites que celles du précèdent, terminées en pointe, d'un verd-obfcur. Sa fleur elt en rofe, compofée de cinq pétales obtus, creufés en cuillers, de plufieurs étamines & d'un piflil qui devient un fruit molaife, fucculent, applati, fphérique, rempli de petites graines rondes, difpofées en rayon. On le trouve par-tout , & on en fait le même ufage que le précédent- Epine blanche, — Obf. Cet arbriffeau croît en buiflbn, comme le Citronnier dont il a le port. Il porte quantité de petites fleurs blanches d'une odeur très - fuave. — Loc. On le trouve au bord de la mer. — Virt. 11 paffe pour peètoral. Equisetua:. V. Prêle. Eravray. V. Médecinier petit. Eriophorus. V. Cotonnier mapou. Eryngium. V. Chardon étoile. Eupatoire. — Syn. Langue de chat, Eupa-torium,Bochtay, Bimaregaly, Batelé, Ateteré, Caratb.-Ord. Chtt. 12. fect. 3. gen. 6. Tour-nef... clalf. 10. Syngenefia Polygamia cequa- Jis, Linn____Famil. 16. les Compofées, fect. 7. Adanf — Virt. Cette plante efl regardée comme apéritive, emménagogue, «Se comme un puiflant vulnéraire. Eupatoire à feuilles de Marjolaine. — Ord. comme la précédente. — Loc. Elle eft fort commune dans les lieux fablonneux. —Virt. On Ja met dans Ja clafle des plantes apéritives. Evonymus. V. Simarouba. de Saint-Domingue. 231 F Faba diaboli. V- Pois mabouia. Fevillea fcandens. V- Liane à contre-poi-fon. Ficus maxima. V. Figuier maudit. Figuier admirable. V. Figuier maudit. Figuier bananier. V. Bananier. Figuier maudit. — Syn. Figuier admirable, Ficus maxima. — Ord. Appendix, Tourne/.... claff. 23. Polygamia polyoecia, JJnn.... famil 47. les Châtaigniers fect. 3. Adanfi On en diftingue de deux fortes, le franc & le bâtard. Le Figuier maudit franc pourroit être défini : Ficus Americana maxima, folio oblongo , lanugino/o, frucluparvo ^/pherico , extàs viridi intàs rubeme. C'eft un des plus gros arbres de l'Amérique ; le P. Labat dit en avoir ,vu qui avoient plus de 20 pieds de circonférence. Sa racine eft grolfe, fibreufe, traçante, tellement faillante en dehors, que l'arbre paroît porté fur des arcs-boutans. Son tronc s'élève fort haut ; fon écorce eft épaiffe ? grifâtre , coriace , laiteufe, blanche lorfqu'on la coupe, rougilfant à Pair; fon bois mol. Ses branches font grolfes ; elles s'étendent fort au loin, fe divifent en une infinité de rameaux, & procurent un bel ombrage. 11 fort de fes rameaux des efpeces de baguettes plus ou moins grofiés, très-droites, inclinées vers la terre; lorfqu'elles y font parvenues, elles y prennent racine Se forment de nouveaux arbres, qui à leur tour en produisent d'autres. Les feuilles naiffent Piv 2; 2 Essai sur l'Histoire naturelle par bouquet à l'extrémité des rameaux. Elles font oblongues, d'un verd foncé en deifus, pale en dclTous , couvertes des deux côtés d un duvet fin qui les rend cotonneufes, fans dentelure, bien nourries, longues de io à 12 pouces, de 4. à < pouces dans leur plus grande largeur, d'une laveur aflringente, d'une odeur d'herbe . portées fur des pétioles courts, épais, qui s'étendent fur toute la longueur de la feuille , & forment une cote failtante en deffous , a laquelle aboutiifent plufieurs nervures obliques , alternativement placées. Les fruits croiflent le long des branches ôc des rameaux : ils font fphériques, de la groffeur d'une noix de gale , verds en dehors, de couleur de rofe en dedans, pleins d'un fuc laiteux, d'un goût fade. Ils renferment dans leur intérieur les fleurs qui le changent en une infinité de petites graines oblongues, ronlfcâtres. Cet arbre fe reproduit de trois façons: i°. par le moyen des baguettes dont on vient de parler; 20. par les petites graines, qui mifes en terre, deviennent fécondes; 30. par le moyen de fes branches qui prennent facilement racine , ôc produifent en peu d'années un grand arbre. — Loc. Cet arbre croît partout , dans les bois, dans les Savannes, au bord de la mer, dans les mornes. — Vf Son bois efl employé à faire des canots. Les Nègres en font aulfi des fébilles, des plats, des affïettes, & autres ulfencilcs de ménage. Le Figuier maudit maron peut fe définir : Pîc&s Atnericana maxima ,frfvejlris ,foliis craf-fis rigidis, in fummitate cïreinatis, in infima de Saint-Domingue. 235 parte acuminaùs, glabris ; fructu rotundo , co-ronato, glutïiiojb. Cet arbre croît prefque toujours aux dépens de fes voifins ; lorfqu'une de fes graines, qui font fort légères, tombe fur un autre arbre , & qu'elle peut s'y fixer, elle y germe bientôt, Se produit une plante dont les racines s'étendent fur l'écorce de l'arbre, s'y attachent par le moyen de fes grilles, en fucent la féve ; bientôt elles l'cmbraf-fent, quelque gros qu'il foit, «Se le font périr, en peu d'années. Les rameaux de- ce végétal arbriade font de deux fortes; les uns s'élèvent perpendiculairement ôc forment un fommet fort touffu, les autres fe dirigent vers la terre en forme de longues baguettes, très-droites , terminées par une tête molaffe ôc gluante. Lorfque ces baguettes font parvenues a la fuperficie de la terre, elles s'y enfoncent, y prennent racine «5c produifent d'autres rameaux, qui répètent les opérations des premiers rameaux, ôc ainfi à l'infini; de forte que fi on n'y mettoit obllacle, un feul de ces arbres couvrirait en peu de temps un valte pays, ôc détruirait les autres arbres. Toutes les parties qui compofent cette production parafite font remplies d un fuc laiteux, acre, qui rouffit à l'air. Le tronc Se les branches font de couleur cendrée; le bois blanc, filandreux, mol, Se rougit à l'air; fes feuilles ont une ligne d'épaiffeur , neuf pouces de longueur , quatre pouces dans leur plus grande largeur ; elles font parfaitement arrondies à leur fommet, pointues vers la bafe, pâles en deffous, unies, fans nervures apparentes, ni dentelures, attachées par bouquet au fommet 234 Essai sur l'Histoire naturelle des rameaux fur un pétiole très-gros, arrondi; qui le prolonge le long de la feuille, & forme une côte Taillante en deifous, par laquelle la feuille efl divifée en deux parties égales ; fes fruits croilfent au milieu des bouquets des feuilles ; ils font ronds, d'environ un pouce & demi de diamètre, d'abord verds, enfuite jaunâtres. Ils portent au fommet une couronne dentelée à peu près comme les nèfles , & renferment les fleurs comme le Figuier d'Europe. Ces fleurs deviennent autant de petites graines oblongues, environnées d'une fubflance vif-queufe & gluante. — Loc. On rencontre fouvent dans les mornes ces fortes de Figuiers. Ils font très-gros , très élevés ; le tronc qui a quelquefois quatre pieds de diamètre efl: ordinairement creux ou rempli du bois more de l'arbre qu'il a environné ôc fait périr. Filix. V- Fougère. Fleurs de la paflion. V. Granadille. Fleurs de Paradis, Flos pavonis. V.Poin-cillade. Fougère. — Syn. Filix. On peut voir dans les Ouvrages du P. Plumier ôc de Sloane les différentes fougères qui fe trouvent en Amérique. Franc-basin. V. Bafilic. Franchipanier. Syn. Plumeria, Linn. Ne-rium arboreum , Sloa. Jafminum Indicum, Merlan. — Ord. claff. 2. fect. Ç. Tournef... . clalf. 5*. Pentandria monogynia, Linn.... famiî. 23. les Apocins, feft. 3. Adanf. — Obf: Cet arbre s'élève jufqu'à douze ou quinze pieds ; il fe multiplie facilement de bouture. S'a racine efl grofle, partie rampante, partie pivotante ; de Saint-Domingue. 23? l'épidémie mince & grifâtre ; l'écorce moyenne ainfi que le liber blanchâtre, d'un goût amer; le bois dur, fendant , jaunâtre & amer. Son tronc n'excède guères fept à huit pouces de diamètre ; fes branches font longues , tortues, noueufes, oppofees, de deux à trois pouces de diamètre , fubdivifées à angle droit en deux rameaux par l'extrémité. L'épiderme eftgriie; l'enveloppe cellulaire d'un verd foncé, liffe, fortement attachée fur le liber, qui efl blanc, fpongieux , épais d'environ une ligne , d'un goût amer ; le bois blanchâtre , filandreux , amer ; Je centre eft rempli d'une moelle blanche , amère, de trois à quatre lignes de diamètre. Les feuilles ne pouffent qu'à I'extrê-mité des rameaux par bouquet ; elles font oblongues , larges de quatre pouces dans leur plus grande largeur, longues de neuf à dix pouces, d'un verd foncé en deifus, pâles de cotonneufes en deffous , très-veinées , fans dentelure, divifées en deux parties égales par une côte faillante , à laquelle aboutiflent une quarantaine de nervures un peu obliques, tantôt oppofees, tantôt alternativement placées , unies enfemble au fommet par un cordon qui parcourt tout le contour de la feuille. Elle ell: portée fur "un pétiole allez gros, d'un pouce & demi de longueur. L'extrémité des rameaux fe divife en cinq ou fix pédicules cle dix à douze pouces de longueur , crochus , articulés, au bout defquels'naît un bouquet compofé de neuf à dix fleurs. Elles font monopérales , en entonnoir, divifées jufqu'au commencement du tube en cinq parties oblongues, arrondies au fommet, 2 ?6 Essai sur l'Histoire naturelle rabattues en dehors, velues, portées fur un' petit calice dentelé qui eft monophylle. Le tube elt rond, un peu plus long que chaque divifion de la corolle, percé par l'extrémité qui le joint au calice. Le piflil elt verd , mince, attaché au calice, oblong, pointu , terminé par deux ftigmates cylindriques , environné de cinq étamines jaunâtres. La diverfité de la couleur qu'on trouve dans les rieurs, forme deux efpeces de Franchipanicr : les unes font blanches, & ont le centre jaune ; l'arbre qui les produit fe nomme Frauch/panler blanc. Les autres font d'un rouge de rofe en dedans, le dehors elt moitié blanc, moitié rouge, le centre jaune ; elles proviennent du Franchi-panier rouge. Toutes ces rieurs répandent une odeur des plus fuaves , Se font d'un goût acre Se pimenté. Au bout de cinq à fix jours que la fleur eft épanouie, elle tombe avec le tube ; l'ovaire , qui n'avoit que la huitième partie d'une ligne de diamètre Se une demi-ligne de longueur , fe dilate promptement ; les deux lobes s'écartent, Se forment une paire de cornes pointues, d'un pouce de diamètre dans leur plus grande groffeur. Elles font couvertes d'une épiderme mince, line, d'un verd noirâtre , marquée de taches grifes , fuivie d'une féconde écorce rougeâtre. La troifieme enveloppe eft fpongieufe, femblable au liber qu'on trouve dans les branches. On apperçoit enfuite une partie Iigneufe, mince, qui couvre une fubflance fpongieufe , au milieu de laquelle on remarque dix-huit à vingt petites graines plates, arrondies, ailées, divifées en de Saint-Domingue. 237 deux lobes. — Loc. Cet arbre croît par-tout, en plaine comme dans les mornes. — Virt. Le fuc laiteux que toutes fes parties renferment eft blanc , abondant, tache & brûle tout ce qu'il touche. On l'emploie pour la gué-rifon des verrues , des dartres, des malingres uîcére's, 6c même pour celle des pians. Sa racine prife en tifane paffe pour apéritive. Frêne. V. Bois de frêne. Fromager. V- Cotonnier mapou. Frutex pavonicus. V- Poincillade. G Gaillard franc. Syn. Gayac, Guaïacum, Pl. Malira , Caràib. — Obf. C'eft un grand arbre dont les feuilles font ovales , épailfes , d'un verd clair, longues de deux pouces, de près d'un pouce dans leur plus grande largeur , fans dentelure ni pétiole, attachées deux à deux fur une ramille qui eft toujours terminée par deux feuilles Les ramilles font difpofées par paire fur les branches; fon tronc un peu tortueux ; fon bois dur, pefant, gom-meux,— Vf On en fait de très-beaux meubles. Il diftille de fon tronc une gomme qui répand une odeur d'encens. — Virt. II eft fudorifi-que & purgatif. — Loc. Il croît dans les mornes. Gaillard bâtard. Syn. Gayac bâtard. — Obf. C'eft un grand arbre dont les feuilles font oblongues , fans dentelure ni pétiole, épailfes , longues de huit à neuf lignes, larges de trois à quatre lignes , d'un verd foncé, difpofées comme celles du Gaillard franc. — 238 Essai sur l'Histoire naturelle Loc. Il fe trouve auffi dans les' mornes. — Uf. On l'emploie aux mêmes ufages. Gayac. V. Gaillard. Genêt épineux. — Syn. Genilfa fpinofa , Parkinfonia. Genipayer. Syn. Genipa , Pl. Thevetia , Tour nef. Janipaba, Marcg. Xagua , Car. if) Ord. clalf. Pentandria monogynia, Linn---- Famil. T9. les Aparines, fect. 2. Adanf —Obf. C'eft un arbre d'une médiocre grandeur; fa tige eft droite ; fes branches fort longues, alternativement pofées ; fes feuilles longues de fept à huit pouces, d'environ deux pouces dans leur plus grande largeur, pointues par les deux extrémités, fans dentelure, placées par bouquet aux extrémités des branches , d'un verd pâle, portées fur un pétiole court, alfez gros, qui fe prolongeant forme une côte faillante en deffous, à laquelle aboutiffent une trentaine de nervures obliques. Ces feuilles tombent tous les ans, ôc non pas tous les mois, comme le dit Bomare. Cet arbre produit des fruits ovales, pointus par les deux extrémités, de quatre pouces de longueur fur environ deux pouces de diamètre, umbiliqués, couverts d'une peau verdâtre , cotonneufe, (*) Il ne faut pas confondre le Xagua avec l'extrémité de la côte de la branche du Paliniltc qui en enveloppe le tronc , que les Efpagnols , d'après les Indiens ont nommé T'agita , & que les François appellent Tache , donc on fe ferc pour couvrir les cafés. Un rapport de nom a fait tomber dans cette niéprife l'auteur d'une lettre inférée dans le Journal encyclopédique, du jj Oc"icbrc de Saint-Domingue. 239 qui renferme une pulpe aigrelette, blanchâtre, & qui teint tout ce qu'elle touche, d'une couleur noire qui s'efface d'elle-même au bout de quelques jours (*). — Loc. Cet arbre fe trouve dans les mornes. — Vf Son bois n'efl bon à être mis en œuvre que quand H eft vieux ; il eft alors recherche' pour faire des brancards. Genista fpinofa. V. Genêt épineux. GERARDiAhumilis. V. Herbe à Charpentier. Gekascanthus. V. Bois de Chypre. Gigeri. — Syn. Sazeli, Digitalis Africa-na, PL Gingembre. — Syn, Zingiber, Pif Anchoas, lîernand. Katou-inchi-kua, Hort. Mal. Amo-mum , Linn. V. le Diâionn. de Mat. médic. Gingembre bâtard. V. Balifier. Giromon. — Syn. Anguria , Pl. Jujuru , Babora , Cara'ib. — Obf On en diftingue trois efpeces ; favoir, verd, jaune & gros, jaune & petit. Golette-fou. V. Paleturier rouge. Gombo. V. Quingambo. Gommier. — Syn. Terebinthus, Pl. You-lonné, Chiboué , Cara'ib. Piflacia, Linn. Bur-feria gummifera, Jacq. — Ord. clalf. 18. fect. 3. gen. 1. Tournef... claff. 22. Dioecia pen- (*) Bomare dit que cette couleur f détruit d'elle-même vers le neuvième jour ; mais l'expe'riencc prouve qu'elle ne fublifte pas fi long-temps. Il ajoute qu'elle peut fervir d'encre pour écrire. Les compilateurs d'hiitoire naturelle devroient bien s'en fervir pour de'crire les plantes & les animaux de l'Amérique, qu'ils n'ont vus que par les yeux d'autrui. 240 _ Essai sur l'Histoire naturelle tandria, Linn---- famil. 44. les Piïtachicrs, feet. 1. Adanf — Obf. O a en diftingue de deux fortes, l'un rouge Si l'autre blanc. Le premier eit de moyenne grandeur ; fon tronc elt gros, un peu crochu , revêtu d'une écorce liife, rougeâtre ; fon bois poreux, pénétré d'un fuc gommeux. Cet arbre produit/ de petits fruits ovales ; fes feuilles font pointues au fommet, arrondies par la bafe , de trois à quatre pouces de longueur, d'environ deux pouces de largeur, fans dentelure, luifantes , d'un verd foncé en deffus, pâle en deifous, attachées deux à deux fur une côte par un pétiole tantôt long , tantôt très-court, divifées en deux parties égales par une côte faillante en deifous. Le Gommier blanc ne diffère du rouge que par la couleur de fon écorce qui ell: blanchâtre. Dans tout le refte, ils font tous les deux femblables. — Loc. Cet arbre fe trouve par-tout, dans les mornes ôc dans la plaine. — Uf On l'emploie pour faire des entourages ; fes branches prennent facilement racine, Ôc deviennent en peu de temps de grands arbres. Gossvpium. V. Cotonnier mapou. Goyavier. — Syn. Goïava, Cùif. Pfidium. Linn. —• Ord. claif. 12. Icofandria monogynia, Linn... famil. 14. les Myrtes, Adanf — Obf C;eft un arbre d'une grandeur médiocre; fon tronc efl un peu crochu , rougeâtre, fi liffe qu'il femble dépouillé de fon écorce ; le bois jaunâtre , dur ; fes feuilles ovales, de trois à quatre pouces de longueur, d'environ deux pouces dans leur plus grande largeur , fans dentelure 3 d'un verd clair en deffus, pâle de Saint-Domingue. 241 pâle en deffous,attachées deux à deux à l'extrémité des branches ; les fruits font gros comme un œuf, arrondis, jaunâtres en dehors, rouges en dedans, ou blancs, ou verdâtres ; ils portent au fommet une petite couronne dentelée; ils font remplis d'une pulpe fucculente, d'une odeur forte, d'un goût mufqué alfez agréable. Cette pulpe environne plufieurs femences petites, très-dures, blanchâtres. Elles ne fe digèrent point, les hommes & les animaux qui les mangent les rendent comme ils les ont prifes, & elles confervent toujours leur vertu végétative. On en dilfingue cinq efpeces , le blanc , le verd, le rouge , le fram-boifé, le bâtard. — Loc. Cet arbre croît partout. — Uf. Son bois ell: employé dans les ouvrages de charpente. Ses fruits fe mangent cruds ; on en fait aulfi des compotes très-agréables. — Vm. Ils font affringents ; fa racine elt employée dans les tifannes ailrin-gentes. Graine de mufe. V. Ambrette. Gramen avenaceum. V. Herbe à bled. Gramen caninum. V. Chiendent. Gramen fecale. V. Herbe à bled. Granadilla. V. Liane à calçons. Granadille. — Syn. Fleur de la Paillon , PalTiflora, Linn. Brown. Granata. V. Grenadier. Gras-de-galle, efpèce d'acacia. — Syn. Acacia arborefeens. — Olf. C'eft un arbriffeau très-épineux ; fes tiges font minces, & s'élèvent peu-, fon écorce eft cendrée , unie, mince ; fon bois très-dur, d'un rouge brun; fes feuilles finement dentelées; fes fleurs vio- Q 242 Essai sur l'Histoire naturelle Jettes ; il leur fuccède une filique applatie , remplie de petites graines. — Loc. 11 croît au bord de la mer, dans les Savannes & dans les endroits incultes. — Vf Son bois efl employé dans les ouvrages de menuiferie.— Fin. On prétend que fes feuilles bouillies dans l'eau Se appliquées en cataplafme guériflént les malingres Se les vieux ulcères. Gkas-de-galle à feuilles d'épine-vinette. — Syn. Spartium fpinofifïïmum. — Obf Son bois efl mêlé de verd , Se plus beau que le bois marbré ; fes fleurs jaunes; fon fruit eft une filique large, applatie, & très-courte. Dans le relie il eft femblable au précédent. Gras-de-galle à feuilles de petit houx. — Syn. Cytifus frutefeens. — Obf. Ses feuilles font luifantes , difpofées par paire ; fa fleur jaune, affez grande: dans le refte il reflemble au premier. Gkas-de-galle à fleurs blanches. — Syn, Alaternus frutefeens. — Obf Ses branches font en croix ; fon bois jaunâtre Se dur ; fes feuilles femblables à celles de l'épine-vinette ; fes fleurs blanches. Dans tout le refte il fe rapporte à celui de la première efpèce. Gratteron. V- Herbe-à-bouton. Grenadier. — Syn. Punica, Granata. Griffe-de-chat. V- Liane à griffe-de-chat. Gris-gris du bord de la mer. — Obf C'elt un grand arbre dont la tige eft crochue , remplie de noeuds, fort branchue ; l'écorce épaiffe , grifâtre, toute crevaffée ; le bois gris; fes feuilles d'un verd-foncé, fans dentelure , de deux à trois pouces de longueur, d'un pouce Se demi de largeur , pointues par la £>e Saint-Domingue. 545 bafe , arrondies au fommet , attachées par bouquet , au nombre de fept ou huit , à l'extrémité des ramilles, portées fur un pétiole très-court, divifées en deifous par une côte taillante ; fes fleurs petites, blanchâtres, en épis; elles produifenc des petites graines arrondies. — Loc. Cet arbre croît au bord de la mer dans les Savannes & les endroits marécageux. — Uf. Son bois eft recherché pour les ouvrages de charpente, & fur-tout pour faire des moyeux de roues. Gkis-gkis de montagne. — Obf Sa tige s'élève beaucoup ; l'écorce qui la couvre eft unie , d'un rouge cendré ; fon bois- très-dur, d'un gris-jaunâtre; fes feuilles luifantes, pointues, pofées féparément fur les branches ; fes fleurs blanchâtres. — Loc. On le trouve dans les mornes. — Uf. Il efl: employé aux mêmes ufages que le précédent. Guanabanus. V- CorofToIier. GuaÏacum. P". Gaillard. Guajeru. F". Icaquier. Gui d'Oranger. — Syn. Vifcum aphyllum. Guimauve ( grande ). — Syn. Althcca vul-.-garis. Guimauve ( petite ). — Syn, Althxa vul-, garis parvi-flora. Guimauve puante. — Syn. Abutilon foe-tîdum. Guyabara. V. Raifinier, II Hfliotropium. y. Verveine.' Herbe à balais. 244- ÊssAI sur l'Histoire naturelle Herbe à bled. — Syn. Gramen fecaJe ; Gramen avenaceum, Ayally , Caràib. — Loc. Elle croît par-tout. — Vu t. Cette plante ell apéritive. Herbe à bouton. — Syn. Gratteron, Aparine Vul garis. Herbe à caymam — Obf. C'elt une plante dont les tiges l'ont fouples , hautes de cinq à fix pieds, le long defquelles naiiïent des feuilles alongées comme des lanières , longues de treize à quatorze pouces, larges de dix-huit à vingt lignes, pointues au fommet, arrondies d'un côté par la bafe, & pointues de l'autre côté , d'un verd très-foncé , fans dentelure ni nervures apparentes, veinées, épailfes, flexibles, lilfes, attachées par un pétiole très-court qui elt le principe d'une côte raillante en deflbus , par laquelle la feuille efl: divifée en deux parties égales. — Loc. Ou trouve cette plante dans les lagons ôc fur le bord des rivières. — Uf On s'en fert pour couvrir les cafés. Comme elles font incom-buflibles, elles méritent d'être préférées aux têtes de cannes. Herbe à Charpentier de la Martinique. — Syn. Gerardia humilis, Juftitia pectoralis , Jacq. Annaouaguyan, Cara'ib. — Obf. C'eft une plante rampante; fes feuilles font fem-blables à celles du Gramen. — Loc. Elle croît aux bcrds des haies & dans les lieux incultes. — Vin. Elle eft vulnéraire, réfolutive. On en fait un firop pectoral connu fous le nom de frop de Charpentier. Herbe à Charpentier de Saint-Domingue. Tr Syn. Rivina minor, Pl. Juftitia pectoralis, de Saint-Domingue. 245 Jacq. Coyekoycty, Cara'ib. — Ord. claff. 4. Tetrandria monogynia, Linn.... famil. 3 y. les Mtum, Adanf. Elle ell femblable à la précédente , & on lui attribue les mêmes vertus. Herbe à chiques. V. Chiques. He rbe à cloques. — Syn. Alkekenge, PL Coqueret , Soufouroufourou, Cara'ib. Cette plante, dit M. Poupé Defportes, ne diffère du Coqueret de France que par la couleur jaune de fon fruit, & par fes follicules d'un verd-rouge. — Loc. On la trouve par-tout. — Vin. Elle ell apéritive. Herbe à colet. — Syn. Sanrurus, Pl. Agua-rima, Caraib. « Sa racine, dit M. Defportes, ell blanche , très-divifée ôc très-chevelue ; » fa tige ell noueufe , ôc de chaque nœud * partent une ou deux feuilles de la largeur * d'une main ouverte, ronde, foutenue par « un pétiole très-long , qui s'attache pref-« qu'au centre de la feuille ; ce qui lui donne => la figure d'un parafol. Elle ell pour l'or-»> dinaire haute de deux à trois pieds. Cette =>» plante croît le long des ruiffeaux. Elle efl » un des plus forts diurétiques de l'Amérique. » On fait infufer fa racine à froid, & on en » ufe pour boiffon ». Herbe à dartres. — Syn. Cafïïa paluflris, PL Mali Mali, Cara'ib. « Cette plante, dit »» M. Defportes, peut être mife au rang des 3> plus belles de l'Amérique ; elle croît fort « haut & paroît Iigneufe ; fes feuilles ref-39 femblent à celles du noyer Ôc font d'un s» verd-noir; le haut de fes tiges forme une » pyramide de fleurs jaunes, entaifées les » unes fur les autres, longues d'un demi-pied ; 246 Essai sur l'Histoire naturelle »> aux fleurs fuccèdent des gouflés longues » d'un doigt, ailées ou garnies aux quatre => coins d'ailerons qui repréfentent un mouli-» net. •» — Loc. On la trouve dans les endroits marécageux. .— Virt. On fait avec fes fleurs un onguent qu'on dit être merveilleux contre les dartres. Herbe au diable. — Syn. Plumbago. « Les »> feuilles de cette plante, dit encore M. „ Defportes, ont la ligure de celles du jaf-5» min arabique ; fes fleurs viennent en pyra-» mide au haut des branches ; elles font blan-=. ches & renfermées par leur bafe dans un ca-*> lice cylindrique, qui efl hériflé de quantité a» de petites pointes glutineufes. La fleur étant o> tombée , le piftil devient un fruit mol , m rempli de deux femences. — Loc. Elle efl: 3j fort commune dans les haies ; elle croît à » l'appui des citronniers ôc des orangers. — « Va-t. Sa vertu eit fi active qu'on ne lailfe » l'onguent dans lequel elle entre que deux ou trois heures fur la plaie. Ce temps fuffit v pour enlever & confirmer les chairs baveuse fes d'un ulcère. On lui aflocie ordinaire-t» ment VHerbe à bled ôc la Mal-notmnie ». Herbe de coffe. — Syn. Oryza Americana. *- Loc. Elle aime les endroits humides. — Uf Les chevaux en font fort friands; elle les en-graine Ôc les rafraîchit. Herbe aux flèches. — Syn. Touloula. Herbe de Guinée.— Obf C'eft une efpèce de Gramen qui ne fe cultive que depuis quelques années. Sa racine elt chevelue ; fes tiges longues , droites, fermes , articulées, creufes. Il fort de chaque noeud une paire de feuilles t> e Saint-Domingue. 247 alongées, pointues, rudes au toucher, d'un verd-clair , cannelées dans toute leur longueur. Le fommet des tiges poulie un jet fort élevé , qui fe termine par une grande pannicule rameufe, divifée en plufieurs épis chargés de petites fleurs à étamines , auxquelles fuccèdent des petites femences oblongues, grifâtres, qui fervent à multiplier l'ef-pèce ; on emploie encore pour cet effet les tiges qu'on plante comme les cannes, ou les oeilletons que l'on fépare delà fouche, & qui deviennent en peu de temps de groffes touffes. — Loc. Elle aime les endroits humides.— Uf On s'en fert pour nourrir les chevaux. Herbe à Minguet. — Syn. Herbe à ulcère de Minguet. — Obf Cette plante eft tout-à-fait différente du liferon connu fous le nom de Liane à Minguet. Ses feuilles font petites, ayant tout au plus un pouce de diamètre. Elles font d'un verd-fombre & ridées en deffus, cotonneufes ôc blanchâtres en deffous, profondément découpées. — Loc. On la trouve dans les mornes fur la Paroilfe des Cayes de. JacmeL — Virt. Ses feuilles entrent dans la compofition des onguents qu'on emploie pour guérir les malingres. Herbe à pians. Herbe à piques. , Herbe à plomb. — Lantana vel Camara* fpinofa, Pl. Herbe quarrée à fruit hérilfé. Herbe quarrée à feuilles de mélilfe. —1 Syn. Melifta quadrangularis, Apiaba , Litou-lou, Caràtb. Herbe à rafoir. Qiv 248 Essai sur l'Histoire naturelle Herbe à tayes. Herbe à ulcère de Minguet. V. Herbe à Minguet. Houx. Hvmen^ea. V Courbaril. EIvppomane. V. Mancenillier. Hyssope.— Syn. Mille-graine, Oldenlan-dia, Lyfimachia hyffopi folia. « Cette plante, •1 dit M. Defportes, imite parfaitement l'hyf-« fope. Sa fleur eft monopétale en forme 33 de rayon, dont le piftil devient un petit •■> fruit ou coque ronde, qui fe partage en *> deux capfules remplies de petites femences » très-iines. — Virt. Elle eft vermifuge ; on *> s'en fert aufli en qualité de réfolutif dans »» les cataplafmes. Les Efpagnols l'emploient » dans Pobftruètion de la rate ». Il ïbera puterana. V. Bois de fer. Ibipitanga. V. Cerilier. Icaquier. — Syn. Chryfobalanus , Linn. "Brown. Icaco, Pl. Guajeru \ Marcgr. Prunier ïcaque. — Ord. claff. 21. fect. 7. Tourne/. ... clalf. 12. Icofandria monogynia, Linn____ famil. 42. les Jujubiers, fect. 2. AdanJ.— OùJ. Ceft un arbriffeau que quelques Auteurs appellent Pommier ; LJomare , Prunier ; M. Defportes, Poirier : dans le vrai il n'eft pas plus l'un que l'autre. Ses tiges font crochues, difpofées fans ordre, peu groffes, fort bran-chues ; fon écorce grisâtre ., un peu raboteufe , inadhérente; le bois blanchâtre; fes feuilles ont environ trois pouces de longueur t leur plus grande largeur égale la moitié de de Saint-Domingue. 249 leur longueur; elles font alternes, oblongues, pointues aux deux extrémités, fans dentelure, d'un verd-fombre, fermes & calfantes, portées fur un petit pétiole ; fa fleur ne paroît d'abord que comme un petit bouton verd qui en s'épa-nouiflant lailfe appercevoir un calice mono phylle, divifé en cinq parties; la corolle eft compofée de cinq pétales blancs, minces, fans odeur, difpofés en rofe; le centre eft occupé par un gros piftil environné de plufieurs étamines, lequel devient une baie ovoïde femblable à une prune, tantôt violette , tantôt jaune, tantôt noire, d'un pouce & demi de longueur, de huit à dix lignes de diamètre. La chair de ce fruit eft fucculente , d'une faveur douce un peu aigrelette, quelquefois auftère. Elle couvre un gros noyau qui renferme une petite amande. — Loc. Cet arbriffeau fe trouve au bord de la mer & dans les endroits fablonneux. —UJ. On en mange les fruits. — Virt. Sa racine eft fort allrigente. Igname. — Syn. Polygonum feandens. On en diftingue trois efpeces ; la blanche , la violette , & celle de Cayenne. — UJ'. Les racines de cette plante fe mangent cuites. Ily. V. Bambou. Indigo. —Syn. Anil, Acojî. Emerus, PL >— Ord. claff. 22. fect. 3. gen. 3. Tourne/.... claff. 17. Diadelphia decandria , Linn. . . . famil. 43. les Légumineufes , fect. 4. Adanfi — Obf. On en diftingue trois efpeces ; le franc , le bâtard, & le fauvage dit de Guaùmala. « La racine de cette plante, dit M. Marchand, * (Mém. Acad. Paris, ann. 1718) eft dure, » coriace, ondoyante , garnie de plufieurs £ Essai sur l'Histoire naturelle * groffes fibres étendues çà ôc là, un peu che-» velue , couverte d'une écorce blanchâtre, » inadhérente. De cette racine s'élève une feu-? le tige droite, dure & prefque Iigneufe, cou-» verte d'une écorce légèrement gercée & « rayée de fibres, fans apparence de moelle » en dedans. Elle fe divife en plufieurs bran-» ches terminées par des ramilles ». Chaque ramille efl compofée de plufieurs feuilles rangées deux à deux fur une côte qui efl toujours terminée par une impaire. Les feuilles font ovales, filles, douces au toucher, petites, d'un verd-foncé en deffus , pâle en deffous, fans dentelure, attachées à un pétiole très-court. Les fleurs font en épi. Elles commencent à paroître fous la forme d'un petit bouton ovale & verdâtre qui en s'épanouiffant fait appercevoir un calice monophylle divifé en deux lèvres ôc cinq dents. La corolle efl à cinq pétales difpofées en rofe , d'un verd blanchâtre , parfemé de veines plus ou moins pourprées. L'étendard ell le plus grand de ces pétales , il ell creufe en cuiller ; les deux inférieurs qui forment la carène font de figure oblongue, échancrés, creufés en cuiller vers leur extrémité; les ailes font les pétales les plus étroits, les plus pointus ôc les plus colorés de tous. Le centre de la fleur ell occupé par un piflil verd, découpé à l'extrémité en huit ou dix lanières qui font les étamines dont les anthères font d'un verd-jaunâtre. Cette fleur efl portée fur un pédicule très-court. «« Lorfque les pétales font tombés , le piflil s'a-"i longe Se devient une filique longue de plus d'un pouce, groffe d'une ligne, courbée en de Saint-Domingue. 25"! *; faucille , liffe, luifante, terminée en pointe, « brune en dehors , blanchâtre en dedans, & » remplie de fept à huit graines qui font fépa-M rées par des cloifons. Chaque graine repré-31 fente un petit cylindre grisâtre, long d'une * ligne». — Uf Perfonne n'ignore que les fécules tirées des feuilles de cette plante font employées dans la teinture. Voyez ce que nous en avons dit ci-devant. — Vin. L'indigo elt employé comme réfolutif & fébrifuge. Inga. V Pois doux, Pois fucrin. Ipécacuanha de Cayenne. — Syn. Viola grandi-flora. Barer. Ipécacuanha de Saint-Domingue. — Syn. Viola parviflora. Ipécacuanha faux. V. Coccis. J Jaeorandi. V' Bois d'anifette. Jabotapita. Jacapé. V. Rofeau. Jalap. — Syn, Jalapa , Mirabilis, Convolvulus Americanus, Ray. Jasmin. Jasminum. V. Bois cabril bâtard. Jasminum Arabicum. V. Caféyer. Jasminum Indicum. V Franchipanier. Jatkopha. V. Manioc. Jaune d'oeuf. — Syn. Lucuma, Feuille, Leu-coma, Monard. — Ord. fam. 22 les Bruyères, fecf. 3. Adanf — Obf Sa feuille efl ovale, fans dentelure, épaiffe, lilfe, d'un verd-foncé, couverte de nervures ferrées les unes contre les autres & très-petites, luifantes en deffus, attachées par un petit pétiole qui en fe prolongeant devient une côte faillante en def- 2p Essai sur l'Histoire naturelle fous, arrondie, & partage Ja feuille en deux parties égales. Celles qui viennent ifolées le Jong des branches ont cinq à fix pouces de longueur, & prefque trois pouces dans leur plus grande largeur ; celles qui pouffent à l'extrémité des rameaux font une fois plus petites , & forment un bouquet d'une vingtaine de feuilles. L'écorce de l'arbre ell grisâtre, raboteufe ; le bois blanchâtre ; fes fleurs blanches ; il leur fuccède des baies de la groflcur & de la forme d'une prune blanche, qui renferment une pulpe fucculente & un noyau qui approche de la forme & de la couleur d'un jaune d'oeuf. — Loc. Cet arbre croît dans les mornes. — Vf On en mange les baies. Jayama. V. Ananas épineux. Jet fureau. — Syn. Saururus. — Loc. Cette plante croît à l'embouchure des rivières. — Vin. Elle efi: apéritive. Jetaiba. V. Courbaril. Jonc de mer. — Vin. On met cette plante au nombre des apéritives. Jujuru. V. Giromon. Juka , Juflievia, V. Manioc. Justitia pectoralis. V. Herbe à charpentier. Juta y. V. Tamarin. K Kaïa. — Syn. Mouzambai, Car. Sinapiflrum pentaphyllum, Pl. Kapa-mava. V. Acajou à pomme, Karatas. V. Aloës-karatas. Katou-inchi-kua. V. Gingembre. Kelety. V. Caneficier. Ketmia. V. Quingambo. Ketmia Africana. V. Ofeille de Guinée, de Saint-Domingue. 25*3 Kinkina. — Syn, Trachelium, Oulikaëra , Car. — Obf. On en diftingue trois efpeces, favoir, le Kinkina de rivière, le Kinkina de montagne , le Kinkina petit. — Virt. L'écorce de cet arbriffeau eft fébrifuge. Kinkina faux. — Syn. Pfeudo-Acacia, Oule-bouhou, Car. Kouyary. V. Méliffe puante. L Lagetto. V. Bois dentelle. Laman- — Syn. Morelle, Solanum , Pl. Ou-leoumelé, Aguaraquya, Car. Langue - de - bœuf. Syn. Lingua cervina , Pl. Oucyaoux, Marayé, Car. Langue-de-chat V. Eupatoire. Lantana. V. Sauge de montagne. Lantana fpinofa. V- Herbe à plomb. Lanmayan. V. Epinards doux. Larmes de Job. Latanier. Laurier. — Syn. Borbonia. — Obf. On en diftingue trois efpeces , favoir, i°. Laurier a feuilles longues & pointues. Elles ont quelquefois un pied de longueur & trois à quatre pouces dans leur plus grande largeur : elles font lilfes, fans dentelure , épailfes, terminées au fommet par une pointe repliée d'un côté , divifées en deux parties égales par une côte faillante en deffous, à laquelle abominent quelques nervures obliques, alfez grolfes, portées fur un petit pétiole : elles n'ont point d'odeur femblable à celle qu'exhale en France Je Laurier. Le bois eft poreux , blanchâtre ; fes fruits font petits, ovales. — Loc. Il croît an bord de la mer. — Vf Ses racines tei- s?4- Essai sur l'Histoire naturelle gnent en violet ; fon bois ne convient qu'à faire des planches. 2°. Laurier à feuilles courtes. Il y a dans les feuilles de cette efpèce une grande variété : les unes font arrondies au fommet, les autres pointues, d'un verd, tantôt foncé, tantôt clair; les jeunes font tendres & fort minces ; l'âge les rend épaiffes : les plus grandes n'excèdent pas (ix à fept pouces ; leur plus grande largeur elt de quatre pouces. Elles n'ont rien de commun pour l'odeur avec le Laurier d'Europe ; elles font toutes fans dentelure, rudes au toucher : les fruits de cet arbre font fphériques. — Loc. Il croît dans les mornes. — Uf. Son bois ell bon pour bâtir ; fes racines rendent auffi une couleur violette. 3°. Laurier à petites feuilles. Sa tige efl pe tite , peu grofle ; fes feuilles croiffent alternativement fur les rameaux : elles font ovales , pointues aux deux extrémités , très-veinées, fans dentelure, fermes, lilfes, luifantes , longues de trois à quatre pouces ; larges de douze à quinze lignes , d'un goût aromatique , d'une odeur alfez femblable à celle du Laurier de France. Ses fleurs répandent une bonne odeur ; il leur fuccède des baies ovales & noires. — Loc. Il fe trouve dans les mornes. — Uf. On s'en fert pour faire des entourages : quelques habitans des mornes af-faifonnent leurs ragoûts avec fes feuilles; fes racines rendent une couleur violette. Laurier aromatique. V- Bois d'Inde. Liamaheu. V- Palma Chrifli. Liane à barrique. — Syn. Riveria major fcandens, PI, «— Obf Ses feuilles font amples,, de Saint-Domingue. 2 j c aflez femblables à celles de la Morelîe ; les rieurs en grappe , & produifent des baies violettes. On s'en fert dans quelques quartiers pour lier les barriques. Liane à Bauduit. V. Liane purgative. Liane à boëte à favonette. V. Liane contrc-poifon. Liane à boeuf. — Syn. Coeur de S. Thomas, Châtaigne de mer. - Obj. Le bœuf en eit fort friand. Son fruit elt brun , en forme de cœur, applati. — Loc. Cette plante croît dans les mornes : fon fruit fe trouve fouvent au bord de la mer , où il elt porté par le débordement des rivières. Liane à bouton. — Syn. Caflor, Bonda garçon. — Obf. Elle produit un fruit noir, lu^-ïànt, affez femblable à un bouton d'habit. Liane brûlante. — Vin. Ses tiges font remplies d'un fuc cauftique, qui, éianr appliqué fur la peau , rompt les vaiffeaux lymphatiques, y caufe des efcarres. Liane à cabrit. —Syn. Taberncemontana, FI. — Ord.clalf. Pentandria monogynia, Linn.. famil. 23. les Apocins , fect. 2. Adanf— Obf Sa tige elt Iigneufe , grife , calfante ; fes feuilles arrondies, d'un verd-obfcur ; fes fleurs blanchâtres : il leur fuccède des fruits fouvent folitaires, quelquefois attachés deux à deux par la bafe, arrondis , gonflés au milieu , pointus au fommet, verdâtres, qui s'ouvrent dans toute leur longueur, ôc laiflént échapper de petites graines aigrettées & canelées. — Loc. Elle croît dans les bois Ôc les lieux incultes. Liane à cacone. Syn. Cacone, Yeux de bourique, Dolichos mens, Jacq. Zoophtal- 2 $6 Essai sur l'Histoire naturelle mum , Browri. Mucuna , Marcg. Phafeolus Brafilianus, Sloa. — Ord. claff. 17. Diadelphia decandrja, Linn.... famil, 43. les Légumineu-fes, fect. 4. Adanf. — l?//.' Ses tiges font fort longues & pendantes; fes feuilles porte'es trois à trois fur une même queue ; fes fleurs légu-mineufes, inodores , jaunâtres ; fes gouffes longues de fix à fept pouces, attachées plufieurs enfemble par paquets , noires, ridées couvertes de poils piquants. Elles contiennent trois ou quatre graines rondes , appla-ties, chagrinées, d'un rouge tanné, ayant fur les bords un cercle noir qui femble représenter l'oeil d'un âne. Le peuple crédule leur attribue plufieurs vertus qui font purement imaginaires ; ces graines font fort amères. TLiane à calçon. — Syn. Mercoya, Car. Paf-fiflora , Granadilla. — Obf Ses tiges font grêles ôc s'élèvent peu ; fes feuilles longues d'environ quatre pouces , de cinq à fix pouces dans leur plus grande largeur, fort minces, d'un verd-clair, divifées dans toute leur longueur par trois côtes qui fe réunifient au pédicule , Ôc auxquelles abominent quantité de petites nervures ; elles font fans dentelure ; leur fommet ell divifé en trois parties, dont les deux latérales font pointues, celle du milieu obtufe. — Virt. On regarde cette plante comme hyftérique. Liane à chiques. V. Chiques. Liane à cochon. — Obf Ses tiges font minces, nombreufes , tendres , d'un verd-clair : les cochons en font très-friands , ainfi que de fes feuilles , qui font arrondies par la bafe , pointues au fommet, fans dentelure, d'un verd-foncé; de Saint-Domingue. 257 verd'foncé ; leur plus grande largeur égale la moitié de leur longueur, qui eft de cinq à fix pouces, portées fur un pédicule de deux pouces de longueur. -- Loc. Cette plante croie dans les brouffailles le long des rivières. Liane à cœur. — Syn. Uffampelos, Caa-peba , pl. «Sa fleur, dit M. De/portes d'après » le P. Plumier, eft petite, verdârre, en rofe, » & répandue en quantité le long de la tige. » Des embryons qui naifiént dans d'autres » parties forment une baie molle , ronde, » qui contient une amande fort ridée ». —. Virt. Elle pallé pour un des plus grands vulnéraires de Saint-Domingue. Liane à concombre. Liane contre-poifon. — Syn. Liane à boîte à favonette , Nhandiroba , Pl. Car. Avila, Le* meri. — Ord. claff. 22. Dioecia pentandria , Linn____famil. 18. les Briones, Adanf. —■ Obf Ses tiges font flexibles, très-longues & pendantes; fes feuilles charnues, luifantes , d'un verd-obfcur, fans dentelure , de quatre à cinq pouces de longueur, de trois pouces Si demi dans leur plus grande largeur, garnies de cinq côtes faillantes qui fe réunifient par en-bas à un pétiole de douze à quinze lignes de longueur, & qui aboutiffent par en-haut aux cinq pointes qui terminent la feuille; la pointe du milieu eft plus longue ; chaque côte donne naiffance à plulieurs nervures obliques. Les fleurs font monopétales, repréfen-tant une roue découpée en plufieurs parties : les unes font ftériles & ne donnent aucun fruit ; les autres font portées fur un embryori qui devient un fruit fphérique de quatre à R Essai sur l'Histoire naturelle cinq pouces de diamètre, revêtu d'une écorce verte fort mince , qui recouvre une enveloppe Iigneufe, chagrinée, cailànte, de près d'une ligne d'épaiffeur. Ce fruit elt divifé vers le milieu de fa largeur par un petit bourlet, qui eft l'endroit où il s'ouvre dans fa maturité. 11 contient une douzaine de graines plates, rondes ,de douze à quinze lignes de diamètre, de forme irrégulière, lilfes, de couleur fauve, d'une faveur fort amère. — Loc. On trouve cette plante dans les bois, elle croît à l'appui des arbres fur lefquels elle grimpe. —. Virt. Ses graines palfent pour fébrifuges & alexitaircs. Liane à corde. — Syn. Liane jaune, Bigno-niafeandens, Viminea, Bar. Sa tige elt grisâtre ; fa fleur purpurine ; il lui fuccède une gouffe alfez longue en forme de glaive. Elle elt remplie d'une liqueur jaune, épaiffe, qui imprime fa couleur fur les toiles qu'on en imbibe , mais on n'a pu jufqu'ici la .fixer--- Vf. On s'en fert au heu de cordes. Liane à couleuvre. Liane à croc de chien. V. Croc de chien. Liane à eau. — Loc. On la trouve dans les bois. — Uf Elle eft remplie d'une eau très-limpide , dont fe fervent les chaffeurs pour fe défaltérer- Liane franche commune. — Syn. Bignonia feandens. — Obj'.Sa fleur efl blanche, & produit une filique en forme d'un petit glaive. Liane à griffe-de-chat. — Syn. Griffe-de-chat, Reremouly, Cerefé. Car. Bîgnqnia, Pl. — Obf. Elle efl: garnie de vrilles ou mains qui imitent les griffes-de-chat , par lefquel- de Saint-Domingue. les cette plante s'accroche aux arbres voifins & aux rochers. — Fin. On la regarde comme apéritive. Liane jaune. F. Liane à corde. Liane à jafmin. Liane laiteufe. — Fin. On l'emploie pour guérir les vieux ulcères. À la Martinique , elle efl renommée contre la morfure des ferpens. Liane à Ïambe. Liane mangle. — Syn. Apocynum fcandens, Pl. Echytes, Jacq. Liane à médecine. V. Liane purgative. Liane mibi , Liane mibipi. V. Liane à panier. Liane mince. — Syn. Rajania fcandens, "PL Liane à Minguet. — Obf. Elle tire fon nom d'un ancien habitant de Saint-Domingue, affez verfé dans la connoiffance des plantes du pays. 11 fut le premier qui employa celle-ci ; il en faifoit un vulnéraire univerfel. Elle conferve encore aujourd'hui le nom de fon Auteur, Se ne lailfe pas d'acre e (limée. « Cette plan-=> te, dit M. Defportes, imite parfaitement, » par fa grandeur ôc par fes feuilles, le fceau » de Notre-Dame ; fes feuilles & fes fruits la =» font ranger dans la clalfe des vignes : fon » fruit eft gros comme un pois , noir , un » peu acre ». — Loc. Elle croît fur les mornes dans les lieux humides. — Fin. Elle ell vulnéraire , déterfive. Liane à ouarit. — Obf Son fruit ell une filique qui renferme plufieurs graines rouges, oblongues, ayant fur un bord un demi-cercle noir, Rij 200 Essai sur l'Histoire naturelle Liane à panier. — Syn. Liane mibi, Liane rmbipi. — Uf. Cette plante fert à Jier quantité de chofes. On en fait auffi des paniers, comme fon nom le défigne, & d'autres fem-bîables ouvrages. Liane percée. — Off. Les feuilles de cette plante font percées de deux trous ovales dés deux côtés de la côte qui les divife en deux parties égales. Liane à perfil. -— Syn. Mammarou , Coula-boulé , Car. Serjania fcandens , PL — OùfSes tiges font ftriées ; fon écorce grife, mince , affez adhérente ; fon bois foupîe & liant ; fes feuilles attachées trois par trois au bout des ramilles, luifantes & d'un verd-foncé en deffus , pâle en deffous, longues d'environ un pouce , larges de fept à huit lignes, unies dans leur contour depuis la bafe jufqu'anx deux tiers , découpées dans le relie ; fes fleurs à quatre ou cinq pétales. Le piflil devient un Fruit qui renferme plufieurs petites graines rondes, de la groffeur dun pois. Lia ne à punaife. Liane purgative. — Syn. Liane à médecine, Liane à Bauduit, Arepeea , Car. Convolvulus Americanus. — Olf Ses tiges font grimpantes , cylindriques, fans vrilles ; elles s'entrelacent dans les branches des arbres voifmv, s'y accrochent, & fe replient enfuite vers la terre, y prennent racine, & forment de nouvelles plantes. On en tire un fuc réfineux qui fe coagule , & dont on fe fert pour purger. Un habitant du cul-de-fac nommé Bauduit. en fait un fyrop purgatif qui porte fon nom. Quoiqu'il foit fort en ufage parmi les habi. de Saint-Domingue. 2.61 tans du pays , il ne lailîé pas d'être dangereux , en ce qu'il occafionne quelquefois des fuperpurgations. Ses feuilles font taillées en coeur, un peu rudes, unies, fans dentelure. — Loc. Elle fe trouve fur les mornes dans les lieux humides. — Vin. Elle purge violemment. Liane purgative du bord de la mer. — Syn. Convolvulus marinus , Catharticus , Pl. Sol-danella, Marcg. — Obf. Sa. feuille eft arrondie , bien nourrie. — Loc. On ne la trouve que fur les côtes de la mer. — Vin. Elle elt purgative. Liane quarrée. — Syn. Liane fillonce, Ser-jania fcandens, Pl. Liane à raifin. — Obf Ses'feuilles font larges , prefque quarrées, d'environ fix pouces de diamètre , profondément découpées , fans dentelure , d'un verd-foncé, Iifiès en deifus, d'un verd-pcîle, rudes au toucher en deifous, portées fur un pédicule de quatre à cinq pouces de longueur. Ses fruits font allez fembla-bles aux grains de raifin. — Loc. Elle croît dans les mornes. — Vf Ses fruits font bons à manger. Liane à reglifte. —Syn. RegliiTe , Aona-rou , Car. Orobus fcandens, Pl. Abrus, Adanf Konni, Hon. Mal. — Ord. claff. 10. fect. 1. Tournef. .. . clalf. 17. Diadelphia decandria , Linn.... famil. 43. les Légumineufes, fect. 4. Adanf — Obf. Sa racine eft traçante , chevelue, fans aucune faveur; fes feuilles petites, arrondies , attachées par paire le long d'une côte , d'un verd-clair ; fes tiges farmenteufes ,. coriaces ; l'épiderme grife, mince; l'enveloppe Riîj 2.6z Essai sur l'Histotre naturelle cellulaire verte, remplie d'un fuc allez femblable à celui des racines de Reglilfe européenne ; fes rieurs petites, blanchâtres, légumineufes , en épi ; calice en tube prefque entier ; corolle étroite , courte ; dix étamines réunies : le piflil devient une gouffe longue de douze à quinze lignes, arrondie, grifâtre, compofée de deux lames membraneufes, remplie de petites graines fphériques , dures , unies, luifantes, d'un rouge fort vif', avec une petite tache noire. — Loc. On la trouve au bord de la mer & dans les mornes. — Fin. On emploie fes tiges aux mêmes ufages que les racines de la Reglifle de France. _ Liane rouge. — Syn. Zorin , Bignonia fcandens, Bar.'— Obf Ses feuilles font dentelées, oblongues, de deux à trois pouces de largeur, qui fait environ la moitié de la longueur , terminées au fommet par une pointe obtufe courbée d'un côté , divifées par une grofle côte , qui efl le prolongement d'un pétiole très-court. — Loc. Elle croît par-tout dans les endroits incultes. — Uf Elle rend une couleur rouge. Liane à fang. — Obf Elle efl remplie d'une liqueur épaiffe, rouge comme du fang de boeuf. —■ Loc. Elle croît dans fes mornes. Liane à favon. — Obf Ses tiges font revêtues d'une écorce grisâtre ; fon bois blanchâtre , fpongieux, d'une faveur amère. Elles s'élèvent affez haut par le moyen des arbres voifins auxquels elles s'attachent. Ses feuilles font dentelées, prefque rondes, échangées par la bafe en forme de coeur, pointues au fommet, d'un verd-foncé,veloutées, por- de Saint-Domingue. 263 técs fur un petit pétiole dont le prolongement forme une côte qui s'étend tout le long de la feuille Ôc qui la divife en deux parties égales. A cette côte aboutiffent des nervures très-obliques, dont l'intervalle ell rempli par plufieurs petites veines parallèles entre elles. — Loc. On la trouve clans les bois. — Virt. Ses tiges broyées dans l'eau la font écu-mer ; on en fait des curedents qu'on dit propres à affermir les gencives. On range cette plante dans la clalfe des apéritives. Liane, à feie. — Syn. Paullinia fcandens , Cururu fcandens, Pl. Liane à ferpent. V. Arilloloche ronde. Liane fillonée. V. Liane quarrée. Liane à tonelle. — Obf. Elle pouffe de tout côté plufieurs tiges dont les unes fe plient vers la terre & y prennent racine , les autres s'élèvent ôc s'attachent aux arbres voifins. Une feule de ces plantes s'étend quelquefois à plus d'un quart-de-lieue. — Loc. On la trouve dans les bois. — Uf On s'en fert pour couvrir les berceaux qu'on appelle tonelles. Liane à vers. — Syn. Acoulerou, Cara'ib. Cactus Peruvianus fcandens & repens, Pl. — Obf « Cette Liane, dit M..De/portes, grimpe »> le long des plus hauts arbres ; fes tiges 35 font flexibles, de la grofleur du doigt, de » couleur verte, revêtues de peu de feuilles « petites, charnues, delà longueur ôc de la M largeur d'un pouce ; fa fleur relfembîe à » celles de nos lys, ôc elle en a l'odeur; il leur fuccède des fruits rouges ». — Loc. On la trouve dans les bois, — Virt. On coupe fes tiges, il en diflille un fuc blanchâtre, un Riv fi,6"4 Essai sur l'Histoire naturelle peu acide qui eft un excellent vermifuge. Liane aux yeux. — Syn. Qucraïba, Coyy-rou, Cara'ib. Bryonia. Liège. V. Cotonnier fifHeux. Lignum Campefcanum. V- Bois de Campêche. Lignum ïndicum. V. Bois d'Inde. Lignum vioîaceum. V. Bois violet. Lilac. — Syn. Syringa. — Ord. clafT. 20. Tourne/. .. . claff. 2. Diaudria monogynia , Linn.... famil. 25). les Jafmins , fect 1, Adanf. — Obf C'eft un grand arbre qui croît en peu de temps. Son tronc eft droit, bran-chu; fon écorce grisâtre, crevaffée; fon bois tendre , blanc & poreux ; fes feuilles d'un verd-foncé en deffus, clair en deffous , alternes , aîîées , profondément découpées, affez fembfables à celles du perfil, d'une faveur amère ; fes fleurs raffemblées en pannicule terminale; le calice eft monophylle, terminé par cmaire dents ; la corolle forme un tuyau évafé, divifé en quatre parties, d'une odeur fuave , de couleur violet-pâle. A ces fleurs jfuccèdent des fruits ovales, de la grolfeur d'une cerife de bois , couverts d'une pulpe jaunâtre qui renferme un noyau ligneux, dur, garni de cmq à fix canelures divifées intérieurement en autant de loges féparées par des cloifons ; l'on trouve dans chaque loge une graine oblongue, de la grolfeur d'un grain de bled , couverte d'une pellicule brune, très-mince , liffe, qui contient une amande très-blanche, divifée en deux lobes , d'un goût amer & défagréable. — Loc. 11 croît par-tout, foie dans les mornes, foit en plaine. — Vin. On de Sain t-D o m i n g u e. 26c prétend que les fruits de cet arbre pris intérieurement font un poifon lent , employé quelquefois par les efclaves qui ont envie de fe défaire de leurs maîtres. Lilac de nuit. — Syn, Syringa nocfurna, Cliiococca nocturna. Jacq. -~ Obf C'eft un arbriffeau qui ne s'élève guères; fes feuilles font oblongues , pointues , luifantes , fans dentelure; fes fleurs monopétales, en tuyau évafé ; elle répandent durant la nuit une odeur très-fuave ; fes fruits font arrondis, à une feule loge qui renferme une petite graine ovale, — Loc. On trouve cette plante dans les bois. Lilio-Narcissus. V. Lis de l'Amérique. Limonier. — Syn. Limon, Limonia malus. Lingua cervina. V, Langue de boeuf. Liseron. — Syn. Convolvulus tinctorius, Bat, — Obf Cette plante rend une couleur rouge. Litoulou. V. Herbe quarrée. Lycopeksicon. V. Taumate. Lys de l'Amérique. — Syn. Lilio-Narciffus. Lysimachia hyffopi folia. V. Hylfope. M Mabillot. Maby. V. Patate. Mahot.^. Cotonnier blanc, Cotonnier fif-fleux, Mangle blanc. maderam-pulli. F. Tamarin. Maïs. — Syn. Bled de Turquie, Bled d'Ef-pagne , Triticum Indicum , J. B. — Ord. clalf. 15. feft. 5. gen. 4. Tour nef.... claff. 21* a66 Essai sur l'Histoire naturelle Monoecia triandria , Linn.....famil. 7. fe* Gramens, fect. 8. Adanf. Mali Mali. T. Herbe à dartres. Malira. V. Gayac. Mal-nommée. — Syn. Tithymaîus humî-fufus, Araouebara, Caatia, Car. —Obf. Ses tiges font velues , roullèâtres ; fes feuilles conjuguées , dentelées , alfez femblables à celles de la Nummulaire, d'un verd-rouffeâtre; fes fleurs blanches, ralfemblées en bouquet. <— Loc. Elle croît dans les Savannes fur le bord des chemins 6c dans les lieux incultes. »— Vin. Cette plante eft déterfive. Malpighia. V. Cerifier. Malpighia latifolia. V. Smiarouba faux. Malus perfica, Mamay, Mamei, Mammea. V. Abricotier. Mameu. V. Bambou. Mammarou. V. Liane à perfil. Manarou. V. Ariltoloche ronde. Mancenillier. — jytf.Hyppomane, Linn. Mançanilla , PL — Ord. clalf. 19. fect. 1. Tourne/.... clalf. 21. Monoecia monadelphia, Linn. .,. famil. 45". les Tithymales , fect. 1. Adanf. — Obf. C'eft un -arbre d'une moyenne grolfeur : fon écorce eft grifâtre, liffe , épaiffe, remplie d'une féve laiteufe très-cauftique. On dit que les Indiens s'en fervent pour empoi-fonner leurs flèches. Son bois eft dur , compact, parfemé de veines grisâtres & noirâtres ; fes feuilles font prefque rondes , d'environ deux pouces de diamètre, crénelées dans leur contour, arrondies par la bafe, pointues au fommet, épailfes, d'un verd-foncé, & luifantes en deffus, pâles en deffous, laiteufes,. de Saint-Domingue.^ 26*7 portées fur des pétioles de douze à quinze lignes de longueur, dont le prolongement forme une côte qui divifé la feuille en deux parties égales : des nervures prefque droites ôc parallèles entre elles aboutiffent à cette côte. Ses fleurs font des chatons qui croiflent le long d'une tige par bouquet : elles font fté-riies. Dans des endroits réparés des chatons naiffent des embryons qui deviennent un fruit fphérique, d'un verd jaunâtre & rougeâtre, d'une odeur fuave , de la grofléur d'une pomme d'Api, lilfes, fans couronne ou umbilic. La chair de ce fruit efl fpongieufe , molafle , d'un goût fade, très-eauflique Ôc brûlante : elle couvre un gros noyau offeux, dur, profondément filloné, dans lequel on trouve cinq petites amandes triangulaires, couvertes d'une pellicule argentée, d'un goût d'aveline, logées féparément dans autant de cellules qui font féparées par des cloifons. Le P. Plumier diflingue trois efpeces de Mancenillier f favoir. Mancenillier femblable aù poirier, Mançan'dlapyri facie ; Mancenillier à feuilles de houx , Mançanllla aqui-folii foliis ; Mancenillier à feuilles oblongues de laurier, Mançanilla lauri-foliis oblongis. La plupart des habitans diflinguent deux fortes de Mancenillier; celui de montagne, & celui du bord de la mer. Vf On fait avec fon bois de très-beaux meubles. La feule précaution qu'il y ait à prendre , Jorfqu'on le travaille verd, c'eft de fe mafquer le vifage , crainte que la féve ne rej ail liffe dans les yeux , & ne les endommage. — Virt. Le fuc du corps de cet arbre, celui de fes feuilles & de fes z68 Essai sur l'Histoire naturelle fruits , eft un poifon fort violent (*). Mangle bobo , Mangle fou. V. Manglier blanc. Mangle rouge. V. Raifinier du bord de la mer. Mangle blanc. — Syn. Mahot. — Loc. 11 (*) Bomare exagère les mauvaifes qualités de cet arbre , lorfqu'il die : que les yeux s'enflamment & qu'on devient enflé, lorfqu'on fe repoj'e à fon ombre ; que la rofée & la pluie qui tombent de deffus fes feuilles font naître des vefjies fur la peau comme les vejjicatoires ; que la feuille fait un ulcère à la peau à l'endroit où elle la. touche. Je me fuis plufieurs fois aflis fous cet arbre 5 j'ai reçu fur la chair nue les gouttes de rofée & celles de pluie qui en tomboient, & je n'ai jamais rien e'prouvé d'extraordinaire. Je me fuis* frotté les mains avec le fuc de fes feuilles Se de fes fruits, quelquefois même le vifa-gc , Se je n'ai jamais vu paroître la moindre empoule, pas la plus légère inflammation : comment après cela ajourer foi au P. Dutertre qui dit ; que la viande cuite au feu du bois de cet arbre, contracte je ne Jais quoi de malin , qui brûle la bouche & le gofier. Le fuc de cet arbre , celui de fes feuilles Se de Gis. fruits pris intérieurement, eft à la vérité malfaifant, comme celui de quantité d'autres plantes , Se pourroit caufer la mort, fi on n'avoit point recours aux remèdes : je fais par ma propre expérience, que (es fruits mâchés caufent dans la bouche une irritation & une chaleur allez violente > mais je fais aufli que ces accidens ne durent pas longtemps , qu'ils difparoiffent d'eux-mêmes , Se qu'ils n'ont jamais de mauvaifes fuites. On ne doit pas beaucoup appréhender que les nouveaux débarqués s'incommodent en mangeant des fruits de Mancenillier , ils ne flattent que la vue ; il y a peu de fubflance dans chaque fruit, on la détache qu'avec peine du noyau, elle eft d'abord d'une grande fadeur qui n'engage pas à redoubler •> l'irritation fubite qui affecte aufli-tôt la langue, les lèvres & ïe palais t en dégoûte pour toujours. de Saint-Domingue. 2 6*9 vient fur les bords des rivières — Vf Son écorce eft employée à faire des cordes. Manglier blanc. — Syn. Mangle bobo, Mangle fou, Conocarpus procumbcns, Linn. — Loc. On le trouve au bord de la mer. Manglier gris. — Syn. Conocarpus erecla. — Loc. Il croît au bord de la mer. Manglier noir, ou falé. — Loc. Il croît au bord de la mer. Manglier rouge. — Syn. Rhizophora , Linn. Candela Americana , Mangue guapa-raiba, Pif. Manglcs aquatica, Pl. — Loc. Cet arbre croît dans les endroits marécageux du bord de la mer. — Virt. Son écorce eft fébrifuge. Manille bâtarde. Manioc — Syn. Manioque,Manihot, Juka, Car. Jatropha, Linn. Juffievia, Houjl. — Ord. claff. 21. Monoecia monadelphia, Linn.... famil. 4.5. les Tithymales, fect. 2. Adanf T-Obf. On en diftingue plufieurs efpeces, qui fc rapportent à deux principales, qui font le blanc ôc le rouge. Le Manioc blanc eft une plante qui s'élève ordinairement à la hauteur de cinq à fix pieds ; fes racines font groffes comme le bras, charnues , terminées par quelques fibres chevelues ; fon écorce efl brune, peu adhérente ; l'intérieur tendre , blanc, rempli d'un fuc très-cauftique ; fa tige Iigneufe, remplie de noeuds, tendre , caffante, revêtue d'une écorce mince, liffe, verdâtre; fes feuilles croiffent par bouquet au fommet de Ja tige ôc des branches, elles font portées fur de longues queues ver-dâtres, digitées comme le chanvre en cinq , 270 Essai sur l'Histoire naturelle fept ou neuf parties ; chaque divifion efl oblongue, pointue au fommet & à la bafe, de quinze à dix-huit lignes dans fa plus grande largeur, de trois à quatre pouces de longueur , fans dentelure , d'un verd-clair en deffus , blanchâtres Se comme veloutées en deffous ; fes fleurs font blanchâtres. On en diftingue de deux fortes ; les unes mâles, elles font petites, fans corolle; le calice forme un tube évafé par le haut, découpé en cinq parties arrondies, garnies de dix étamines, fans piflil ; les autres font femelles, faites en rofe à cinq pétales, plus grandes que les mâles, fans étamines , garnies de plufieurs piilils pofés fur l'ovaire qui devient un fruit prefque rond, à trois côtes faillantes, compofé de trois cap-fules membraneufes, oblongues, qui renferment trois petites graines affez femblables à celles du Palmachrijti, mais plus petites. Cette plante fe multiplie de graine Se de bouture, — Loc. Elle vient fans peine dans toute forte de terreins. — Uf A quinze ou dix-huit mois cette plante a atteint fa parfaite maturité. Alors on l'arrache, on racle l'écorce avec un couteau , comme on ratiffe des navets ; on la rape enfuite , Se la rapure qu'on appelle farine de Manioc fe met dans des facs qu'on, porte à la preffe pour en exprimer le fuc ; après quoi on la paffe au travers d'un crible Se on la fait cuire fur une platine de fer, C'eft ce qu'on appelle Cajfave qui fert à nourrir plufieurs habitans Se les efclaves ; elle eft d'un goût fade, (*) de facile digeftion, Se ( * ) Il cil faux de dire, comme font avancé lu Au- de Saint-Domingue. 271 rie charge jamais l'eftomac. — Vin. Le lue de la racine elt un poifon mortel, très-violent. Sa rapure toute fraîche eft réfolutive 6c propre à guérir les ulcères. Le Manioc rouge produit des feuilles di-gitées en cinq parties , quelquefois en fix. Chaque divifion elt pointue au fommet , large de trois à quatre lignes , longue de trois à quatre pouces. Ces feuilles font portées fur des queues qui lont rougeâtres ainfi que les .tiges : dans tout le refte cette plante elt femblable à la précédente. Manioc bâtard. — Obf. C'eft une petite plante dont la racine ell fibreufe ; la tige mince, grisâtre ; elle ne s'élève guères au deffus d'un pied, 6c fe divife en plufieurs rameaux. Sa feuille efl découpée jufqu'à moitié en cinq ou fix parties d'environ fix lignes de largeur 6c autant de longueur, d'un verd-fombre , fans dentelure ; fes fleurs croiflent par bouquet au haut des branches ; elles font très-petites , pourprées fut les bords , jaunâtres au milieu; il leur fuccède des fruits à trois capfules aflez femblables à ceux du Manioc blanc. — Loc. Cette plante croît au bord de la mer dans le fable. — Fin. On teurs du Journal encyclopédique, année 176^ , Tome I. du mois de Janvier , page 141 , que la Caifavc foie d'une àpreté rrès-défagréable au palais 6c au goder, &C qu'elle retienne quelque chofe de la qualité originelle du Manioc ; loin de laiffer quelque âpreté dans la bouche, clic eft fi fade 5c iî infîpide , qu'on a d'abord bien de la peine à s'y accoutumer. 272 Essai sur l'Histoire naturelle dit que Tes feuilles pilées ôc appliquées furies vieux ulcères les détergent & les guériiîènt en peu de temps. Manioc doux. — Syn. Càmanioc. — Vf. On fait cuire fes racines fous la braife, ou on les fait bouillir dans Peau ; elles n'ont rien de venimeux, ôc on les mange comme des patates. Manitambou. V. Sapotiller. Manlira. V. Gayac. Mapou. V. Cotonnier mapou. Marayé. V. Langue de boeuf. Marigouia. — Syn. Paififlora, Pl. Muru-cuia, Mercoia, Car. Maronier. Matricaria. V. Abfynthe. Maurepasia. V. Acajou à planches. Mayenne. V. Brehême. Mechoacan. — Syn. Polygonum fcandens, Rhubarbe blanche. Médecinier ( grand ). —• Syn. Croton , Diojc. Ricinoïdes, Tournef. Munduiguacu , Marcg. Pif — Ord. clalf. i $ fect. J. gen. 6. Tournef... clalf. 21. Monoecia monadelphia, Linn.... famil. 4J. les Tithymales, fect. 2. Adanf — Obf. Ses tiges ne s'élèvent guères qu'à dix ou douze pieds : elles font couvertes d'une écorce grisâtre, liffe ; le bois eft léger, blanc , fpongieux ; les feuilles échan-crées par la bafe en forme de coeur, divifées en cinq parties, terminées chacune par une pointe , d\in verd-foncé, épailfes, fans dentelure , de quatre à cinq pouces de diamètre , portées fur un pétiole arrondi, long de de Saint-Domingue.' 273 .cinq à fix pouces : fes fruits font oblongs, prefque fphériques, d'abord verds , enfuite jaunes , par bouquet, attachés à un petit pé-duncule , divifés intérieurement en trois cap-fules où l'on trouve autant d'amandes oblon-ques , noirâtres en deifus, blanches en dedans , partagées en deux Jobes , d'un goût d'aveline. ■— Loc. Cet arbriffeau vient également bien par-tout ; il fe plaît dans les lieux humides. — Virt. Ses feuilles font purgatives ; fes graines font vomitives : prifes en certaine quantité , elles caufent une fuperpur-gation tres-dangereufe. Médecinier (petit). — Syn. Alédecinier bâtard , Pignon dinde, Eravvai, Car. ■—Obf. Ses feuilles font luifantes ; fes tiges beaucoup plus petites que celles du précédent. — Loc. Il croît également bien par-tout. — Fin. 11 purge doucement. Mfdica malus. F. Citronnier. Melia. F. Cyroyer. Melissa feetida. V. Méliffe puante. Melissa globularia. F. MéJifle à bouton; Melissa quadrangularis. F. Herbe quarrée. Mélisse à bouton. — Syn. Melilfa globularia , PL Soufouraytin , Car. — Loc. Cette plante croît dans les Savannes. — Vin. Elle eft pectorale. Mélisse puante. — Syn. Melilfa foetida , Véronique , Kouyary, Car. — Fin, Cette plante paffe pour hyîtérique. Melon d'eau. Melon d'Efpagne. Melon de France. Melonctene. F. Brehème. 274 Essai sur l'Histoire naturelle Menekouy. V. Bois de couille. Mercoya. V. Marigouya, Liane à calçons. MlCACOUlLLIER. Mil ( petit ) ordinaire. — Syn. Millium vul-gare. — Ord. claff. 15. fect. j. gen. 6. Tout-nef. . . . claff. 3. Triandria digynia, Linn..... famil. 7. les Gramens, Adanf. Mil ( petit ) d'Afrique. — Syn. Millium Africanum. Mil ( petit ) à chandelle. — Syn. Panicum Indicum. Mille graine, V. Hyflope. Mimosa. V. Senfitive épineufe. Mirabilis. V. Jalap. Mitella tinctoria. V. Roucou. Momordica. V. Pomme de merveille. Monbin franc. — Syn. Monbain , Mom-bin , Spondias, Linn. Acaïa , Pif. Nametara , Marcg. Prunus Brafilienfis , Ray. Myrobala-nus, Sloa.— Ord. clafl". 10. Decandria pen-tagynia, Linn.. . . famil. 44. les Piflachiers, fect. 1. Adanf. — Obf. C'elt un grand arbre allez femblable par fon port au Frêne d'Europe. Son tronc eft fort gros & très-élevé ; fon écorce raboteufe , grife en dehors, rouge en dedans, gommeufe, & de bonne odeur °y fon bois blanc, fort tendre ; fes feuilles conjuguées , difpofées deux a deux fur une côte au nombre d'onze ou treize , qu'une feule feuille termine , minces, d'un vera-gai, d'environ trois pouces de longueur , de deux pouces dans leur plus grande largeur , ovales, arrondies par fa baie, terminées au fommet ar une pointe moufle , fans dentelure ; fes eurs croiflent à l'extrémité des rameaux ; / de Saint-Domingue, zjf elles font en rofe, compofées de cinq pétales blancs , oblongs , pointus , d'une odeur douce. Le centre eft occupé par dix étamines , qui environnent plufieurs Itils pofés fur l'ovaire, lequel devient une baie ovoïde, jaune , d'environ un pouce & demi de longueur , d'un pouce de largeur , fucculente, d'une odeur forte, aromatique. L'on trouve au milieu un gros noyau, qui renferme quatre amandes féparées par des cloifons. — Loc. Cet arbre fe trouve par-tout, foit en plaine , foit dans les mornes. — Vf L'on fait avec la pulpe des fruits une marmelade fort agréable , qui a le goût de raifiné. — Virt. Toutes les parties de cet arbre font allringente5 ; fes bourgeons font regardés comme ophtalmiques ; fes fruits comme anti-dylfentériques : fes noyaux paifent pour vénéneux. Monrin bâtard , Monbin maron. — Obf Ses feuilles font difpofées deux à deux, comme dans le précédent, mais elles font plus étroites ; fes fruits rouffeâtres : dans tout le refte, il relfemble au précédent. Morelle. V. Laman. Morinda.' V. Roioc. Mouzambaï. V. Kaia. Mucuna. V. Liane à Cacone , Pois à gratter. Munduyguacu. V. Médecinier ( grand ). Mûrier. Murucuïa. V. Marigouia. Musa. V. Bananier. Myrtus arbor. V. Bois d'Inde. 276 Essai sur l'Histoire naturelle N Nai-coranà. V. Pois à gratter. Nametara. V. Monbin. Nana. V- Ananas épineux. Nénuphar. —■ Syn. Agnapé , Nymphéa Americana , PL Nerium arborenm. V. Franchipanier. Nexiquen. V. Pomme de merveille. Nhandikoba. V. Liane à contre-poifon. NicoTiane. — Syn. Nicotiana , Tourne f. Tabac, Youly , Car. Noisettier. — Obf. Je ne connoïs point d'Auteur qui %it donné la defcription de cet arbre ; je ne crois pas qu'on puiflè le rapporter à quelqu'une des plantes connues, ni fe difpenfer d'en faire un nouveau genre. Sa ra-Tlanche cme (./%• i.) eft fibreufe , pivotante 5 l'épider* me qui ja couvre , d'un brun-fombre ; l'enveloppe cellulaire rougeâtre ; le liber blanc ; Je bois filandreux , aqueux, blanc , fans odeur ni faveur. L'arbre s'élève jufqu'à 40 pieds & davantage ; fon tronc alors a quatre ou cinq pieds de circonférence ; il eft droit, couvert d'une épidémie mince, grisâtre, remplie de tubercules & de callofités : l'enveloppe cellulaire verte , caftante , aqueufe , gluante , d'une odeur un peu forte , d'un goût acre ; le liber jaunâtre, gluant, vifqueux , de même odeur & de même faveur que l'enveloppe cellulaire ; le bois tendre, fendant, vifqueux, blanc. Le centre des branches & du tronc eft occupé par une moelle tendre, gluante, blanche, qui rougit à l'air. Le corps de far- de Saint-Domingue. 277 bre poulie plufieurs branches à fon fommet» qui fe fubdivifent en plufieurs autres branches minces, tortueufes, cariantes. Les feuilles croulent par bouquet aux extrémités ; elles font faites en cœur {fig. 7. ), échancrées par la bafe , légèrement (muées dans leur contour , fans dentelure , arrondies au fommet ; les plus grandes ont neuf à dix pouces de longueur , & environ fept pouces dans leur plus grande largeur, d'un verd-pâle , veloutées, garnies en deffous d'une côte faillante, de grolfes nervures, & de fibres difpofées en rézeau , lilfes, d'un verd-foncé en deffus, épailfes, bien nourries, gluantes, d'un goût fade, portées fur un pétiole arrondi, plus ou moins long, à l'extrémité duquel on voit fur les côtés deux petites glandes hémifphéri-ques, luifantes : elles naiffent après les fleurs» lorfque les fruits commencent à fe former. Les fleurs font rangées le long d'une grappe ou pannicule qui a communément deux pieds de longueur {fig. 2.). Au commencement elle efl droite, peu à peu elle s'incline , & devient enfin pendante. Chaque grappe porte plus de 200 petits boutons, difpofés par bouquets étages. Les uns s'épanouilïent en fleurs, les autres font les embryons des fruits. Chaque bouquet croît des aillelles d'une follicule mince, alongée, t rave r fée dans fa longueur par un petit filet ; elle fe replie en plufieurs fens fur les bouquets s & femble deftinée à protéger les boutons qui les compofent ; ils ont befoin de l'être, car un rien les fait tomber (*) ; (*) Les rieurs rcpréfeniécs dans ia féconde figure font S iij 278 Essai sur l'Histoire naturelle les fleurs {fig. 2. * )font verdâtres,fans odeur, faus corolle ; le calice elt compofé de cinq feuilles donc deux font alongées, pointues & rabattues en dehors ; les trois autres font obtufes , creufées en cuiller ; le centre eft occupé par quatre étamines réunies par la bafe ; les anthères font triangulaires , d'un rouge-pâle appliquées les unes contre les autres, ôc forment un triangle. Toutes ces fleurs tombent après avoir rempli le vœu de la nature qui eft de féconder les jeunes fruits. Ceux-ci font oblongs & verd. On apper-çoit à leur fommet un petit trou par où s'in-finue fans doute la pouflière prolifique des étamines ; il fe ferme à mefure que le fruit groftit. Plufieurs avortent ôc tombent à terre; il en refte ordinairement cinq ou fix fur chaque grappe qui groftilfent en peu de temps. Quand ils font mûrs (fig. 3.), ils ont alfez la forme d'une noix de France revêtue de fon enveloppe ; ils ont alors environ un pouce 6c demi de diamètre. Le pédicule qui les porte eft crochu, long d'un pouce. Ces fruits font couverts d'une pellicule mince, verds, extérieurement tachetés de gris, d'une fubfi-tance verdâtre, molaffe, vifqueufe, acerbe, qui enveloppe une capfule Iigneufe , à trois loges qui s'ouvrent chacune (fig. 4. ) en deux valves, Ôc qui contiennent une noix fphérique médiocrement dure , dans laquelle eft renfermée une amande (fig. 5. ) pareillement forcées ; la figure ie * les repréfente dans leur grandeur naturelle. de Saint-Domingue. 270 fphérique, légèrement étranglée par un fillon circulaire, & lailfant appercevoir une petite cavité dans fon centre, {fig 6. ) Cette amande eft recouverte d'une pellicule extrêmement fine, argentine & comme foyeufe, & du goût de l'aveline. — Loc. Cet arbre n'elt pas commun; il croît dans les mornes Se en plaine. — Vf. On en mange les fruits qui font aufli bons étant frais que les meilleures avelines de France, mais ils ranciflent en vieillilfant. Noix de médecine. Noix de ferpent. Nopal. V. Raquette. Noyer. — Obf C'eft un grand arbre dont Je tronc eft cendré, gros Se alfez femblable au Noyer d'Europe. Ses feuilles reflemblent à celles du frêne ; fes fleurs blanchâtres & en épis ; fes fruits ridés, ligneux , arrondis , pointus au fommet, applatis à la bafe, chambrés en dedans, Se renferment une amande qui fuit les finuolltésde la coque qui eft très-épaif-fe , très-dure, Se qui ne fe divifé point en deux parties comme les noix de France, dont elles approchent par leur forme & leur goût. — t.oc. On trouve cet arbre dans les mornes, où il n'eft cependant pas commun. Nymphéa Americana. V. Nénuphar. O Ocymum. V. Bafilic. Ocymum maximum. V. Sariette ( grande). (Eil de chat. V. Pois queniques. (euillet-rose. Oldenlandia. V. Hyflope. 2$o Essai sur l'Histoire naturelle Olivier bâtard. — Obf. Ceft un arbre d'une médiocre grandeur ; ion écorce eft cendrée; fes feuilles oblongues, oppofees deux h deux fur les ramilles qui font toujours terminées par une paire de feuilles, d'un verd-foncé en deffus, blanchâtres, luifantes en deifous, fans dentelures ni nervures apparentes, épailfes, divifées en deux parties égales par une cote qui a pour bafe un petit pédicule, longues de 2 pouces Se demi, larges de quatre à cinq lignes. — Loc. Je n'en ai vu qu'un dans la plaine de Léogane fur l'habitation de M. Mithon ; on n'y avoit encore remarqué ni fleurs ni fruits ; il y en a probablement d'autres ailleurs. Opuntia. V. Raquette. Oranger doux. — Syn. Aurantium dulce. ~Ord. claff. 21. fecl. 6. gen. 1. Tournef.... claff. 18. Polyadelphia icofandria, Linn. . . . famil. 44. les* Piftachiers, fect. 2. Adanf. — L.oc. On le trouve par-tout , foit dans les mornes, foit en plaine. Oranger de la Chine. — Syn. Aurantium Chine nié dulcius. Olianger fauvage à fruits aigres. — Syn. Aurantium acri medullâ. Oranger, fauvage à fruits amers. — Syn. .Aurantium medullâ amarâ. OpIellana. V. Rouçou. Orme. V. Bois d'Orme. Orobus fcandens. V. Liane à regïifle. Ortie en arbriffeau. — Syn. Urtica frutefeens. Oryza. V. Riz. Oryza Americana. V. Herbe de cofle. Caille de Saint-Domingue. — Syn. Oyx$ ïutea. b e Saint-Domingue. 2$r Oseille de Guinée rouge. — Syn. Ketmia Africana rubra, Pl. — Ord. claff. i. fect. 5. gen. 5. Tourne/... claff. 16. Monadelphia polyandria, Linn____famil. 50. les Mauves, fect. 2. Adanf. Cette plante ainfi que Ja fui-vante appartient à la claffe des Malvacées. "7- Oif Elle eft annuelle & s'élève jufqu'à fix ou fept pieds ; fa racine efl chevelue, pivotante, coriailè, grisâtre en dehors, blanche en dedans , noirâtre au centre , fans odeur ni faveur; fa tige Iigneufe , tortueufe ,' rameufe ; l'épiderme rouge , raboteufe ; l'écorce moyenne, verdâtre ; le liber blanc; le bois blanc , fendant : l'on trouve au centre nue moelle verdâtre , remplie d'un fuc acide, fans odeur ; fes branches font longues, pliantes , Je long desquelles naiifes les feuilles : elles font digitées (fig. 2.) en trois parties Plahche oblongues, pointues , dentelées , d'un verd-gai, fans odeur, d'un goût acide, attachées à un pétiole auffi long que la feuille , qui efl d'environ quatre pouces ; chaque divifion a un pouce dans fa plus grande largeur. Avant leur développement (fig. 1. ), elles font pliées en dedans , droites fur leur pétiole , Se ne s'inclinent vers la terre que lorfqu'elles font parfaitement développées. Les fleurs (fig. 3.) nailfent des aiffelles des feuilles ; elles font nionopétales, en forme de cloche , fendues jufqu'à la bafe en cinq quartiers, d'un rouge-clair , arrondies au fommet , de quatorze à quinze lignes de longueur, enveloppées d'un calice découpé jufqu'à moitié en cinq parties pointues. Ce calice efl porté fur un fécond calice qui efl attaché à un petit pédi- 282 Essai sur l'Histoire naturelle cule, & découpé en treize ou quatorze parties rougeâtres , pointues. Le centre de la fleur, qui eft d'un rouge-vif, eft occupé par un piftil terminé par cinq ftigmates fphéri-Ques ; il eft environné de plufieurs étamines dont les anthères font jaunes. Quand la corolle eft flétrie, le calice intérieur (fig. 4. ) s'alonge , devient épais, d'un rouge-foncé, charnu , d'un goût acide , & acquiert en peu de temps jufqu'à un pouce de diamètre par la bafe, & un pouce & demi de hauteur. Le piftil fe change en un fruit fec, divifé en cinq loges, qui font compofées chacune de trois lames fort minces, oblongues , hériftecs en dehors de poils très-fins & piquants, liftes en dedans. Chaque fruit contient une trentaine de femences ( fig. ) grifes , grofles comme une graine de rave, en forme de petit rein. — Loc. Cette plante vient par-tout. — Uf. Le calice intérieur fe mange en confiture, & on l'emploie, ainfi que les feuilles , dans les cuifines à la place de l'ofeilîe oïdinaire. — Virt. On regarde cette plante comme émolliente, rafraî-chilfante. Oseille de Guinée blanche. — Syn. Ket-mia Africana candida, — Obf. Cette plante eft: diftinguée de la précédente par les caractères fuivans. i°. Sa racine eft blanche en dehors, grifâtre en dedans. 20. L'épiderme qui couvre la tige eft verd. 30. Les feuilles (fig. 6.} font divifées en cinq parties alongées, d'un verd-tendre, repréfentant une main ouverte. 4°- Les fleurs font d'un jaune clair, le centre d'un jaune foncé ; le calice intérieur verdà- de Saint-Domingue. 283' tre, moins acerbe que celui de l'Ofeille de Guinée rouge : le fécond calice elt découpé en plufieurs parties pointues, d'un verd foncé. 5°. Les graines renfermées dans le fruit font plus petites, & jufqu'au nombre de quarante. Dans tout le relie, cette plante elt femblable a la précédente. Ouallouhoumerou. V. Sauge puante. Ouandou. V. Pois d'Angole. Oucvaoux. V. Langue de bœuf. Oulebouhou. V. Kinkina faux. Ouleoumelé. V- Laman. Ouliera. V. Raifinier du bord de la mer, Ourouankle. V. Bois laiteux franc. Ouriagon. V. Piment. Ouyltaraoua. V. Senfitive épineufe. Oxys Jutea. V. Ofeille de Saint-Domingue^ P Pain d'épice. Palétuvier rouge. — Syn. Palétuvier violet, "Golette fou. — Obf C'elt un grand arbre, dont le tronc s'élève affez haut, & répand beaucoup de branches, dont quelques-unes fe replient vers la terre, y prennent racine, & produifent de nouveaux arbres ; fon écorce eft brune ; fes feuilles ovales, larges d'un pouce & demi, longues de trois à quatre pouces, luifantes, fans dentelure , marquées fur les bords de petits points noirs , Paillants tant en deifus qu'en deifous , divifées en deux parties égales par une côte rougeâtre, à la*, quelle aboutiffent des nervures très-minces^' d'un verd - fombre , portées fur un petiB pédicule rougeâtre. Ses fleurs font en grappe,1 g84 ^ssai sur l'Histoire naturelle blanchâtres; fes fruits larges, applatis, rougeâtres, dont les perroquets font fort avides. —-Loc. Cet arbre croît dans les lagons & à l'embouchure des rivières. — Uf Son écorce fert à tanner les cuirs, & donne une couleur violette. Palétuvier jaune. — Obf. Sa feuille eft pointue parles deux extrémités, fans dentelure, divifée par une côte jaunâtre, à laquelle aboutiifent des nervures très - apparentes. — Loc 11 croît au bord de la mer & dans les lagons. Palétuvier à feuilles épailfes. — Obf. Ses feuilles font oblongues, fermes, pointues par les deux extrémités, divifées par une côte Paillante , rougeâtres, auxquelles aboutiifent de petites nervures : dans tout le refte il convient avec le Palétuvier rouge. Palétuvier de montagne. — Obf Sa tige elt droite, revêtue d'une écorce brune, grife, peu crevalfée, très-épaiffe ; fon bois blanchâtre, folide ; fes feuilles ovales, d'un verd-fombre en deifus, blanchâtres en deffous; fes fleurs blanches; il leur fuccède des baies rondes, blanches, pointues, remplies de petites graines très-rouges. — Loc. On le trouve dans les mornes. — Uf Son bois ell employé pour faire des combles aux maifons. Palétuvier violet. V. Palétuvier rouge. Palma chrifti. — Syn. Pignon d'Inde, Ri-cînus frutefeens, Liamaheu, Caraib. — Loc. C'eft une plante annuelle qui croît par-tout. Palma dactylifera. V. Dattier. Palma humilis. V. Bananier. Paxma Indica coccifcra. V. Cocotier. de Saint-Domingue. 28f Palmiste. — Syn. Palma major , Areca , Jucq. — Obf. On en diftingue à Saint-Domingue cinq efpeces, qu'on appelle Palmijie franc, Palmijie à chapelets ou à crocro, Palmijie épineux , Palm fie à huile, Palmijie à vin. - Loc. Lefranc'£e trouve eu plaine, les autres ne croiflent que dans les mornes. — Uf Ses feuilles fervent à couvrir les cafés ; on en fait auffi des corbeilles, des nattes, des balais & quantité d'autres ouvrages. L'on mange le fommet de la tige qui fe nomme chouxpalmifte ; fon bois ell employé dans Jes bâtimens ; il dure long-temps, pourvu qu'il ait été coupé dans fa maturité , ôc qu'on le place à l'abri de la pluie. Panicum Indicum. V. Petit Mil à chandelle. Papayer. — Syn. Carica , Ababaye, Car. Papaya, Uort, Mal. — Ord. alafp. 11. Dioecia decandria, Linn.... famil. les Tithyma-Jes, fect. 2. Adanf. — Obf On en diftingue deux efpeces, le mâle ôc la femelle. Le Papayer mâle s'élève à la hauteur de quinze à vingt pieds. Sa racine eft pivotante, blanchâtre , aqueufe, d'une odeur & d'une faveur défagréable ; fa tige eft nue, d'environ un pied de diamètre , pleine & ioVide vers la bafe, creufe par en-haut , divifée intérieure-.ment par des cloifons charnues ôc blanchâtres; fon écorce moyenne eft épaiffe, verdâtre , revêtue d'une pellicule cendrée ; fes feuilles font partagées en cinq , fept ou neuf lanières qui font elles-mêmes profondément découpées , fans dentelure ; chaque' découpure eft terminée en pointe. Ces feuilles font d'un verd-foncé en deffus, pâles en deffous, 286* Essai sur l'Histoire naturelle tendres, lilfes, de dix-huit à vingt pouces de diamètre , portées fur des pétioles longs de deux à trois pieds, creux , verdâtres. Les rieurs font compofées d'un calice monophylle, divifé en cinq parties oblongues, d'une corolle inonopétale, divifée jufqu'à la bafe en fix feuilles blanchâtres,d'une odeur douce, attachées jufqu'au nombre de foixante fur un pédicule grêle, flexible, long de deux à trois pieds, portées fur un petit calice d'un verd-foncé. Le centre eft occupé par dix étamines dont les anthères font oblongs & jaunâtres ; ces fleurs n'ont pas de piflil ; lorsqu'elles ont répandu leur pouflière fécondante, elles tombent, Se ne lailfent après elles aucun fruit. Le Papayer femelle s'élève autant que le précédent, Se il lui eft tout-à-fait femblable par fa, racine, fon tronc Se fes feuilles. Ses fleurs croiflent immédiatement fur la tige , elles font à cinq pétales blancs, d'une odeur fuave, pointues, environnées d'un calice à cinq pointes qui eft porté fur un pédicule très-court. L'ovaire occupe le milieu de la corolle, il porte un ftil terminé par cinq ftigmates Se devient un fruit alfez femblable à un melon , couvert dans fa maturité d'une écorce jaunâtre , divifé en plufieurs côtes, jaune en dedans, rempli d'une pulpe fucculente , d'une faveur douce , d'une odeur aromatique. L'on trouve au milieu une grande cavité formant une efpèce de pentagone oblong , remplie d'une fubflance fongueufe & de cinq rangées de graines ovoïdes, rudes, noirâtres, canelées, enveloppées féparément de Saint-Domingue. 287 dans une membrane blanchâtre, tranfparente. — Loc. Cet arbre croît par-tout. — UJ'. Ses fruits fe mangent cruds comme les melons, ou confits. On en fait des envois en France. Parkinsonia. V. Genêt épineux. Passiflora. V. Granadille, Liane àcalçon, Marigouia. Patagon. — Syn. Valeriana humilis, PL Patate. — Syn. Batate, Battata, Maby, Car. Convolvulus. — Ord. clalf. 1. fect, 3. gen. 4. Tourne/... . claff. c. Pentandria monogynia , Linn____famil. 27. les Perfonées, fect. 4. Adanf. — Obf On en diftingue fix efpeces ; favoir , Patates blanches à greffes racines, dites à gros bois ; Patates blanches , moins greffes , dites Patates fui/; Patates violettes en dehors Se en dedans; Patates jaunes à feuilles luifantes ; Patates d'un jaune d'abricot, dites de Samana. — Uf Les tiges fc donnent aux chevaux , Se fe nomment bois patate ; elles leur tiennent lieu de fourrage ; les racines font la nourriture ordinaire des Nègres. Paullinia fcandens. V. Liane à feie. Payomariba. V. Caneficier fauvage. Pelé. V. Bois d'ortie. Periclimenum. V. Sanguine. Pf riploca. V. Corde à violon. Perroquet, efpèce de gui. Persea. V. Avocatier. Pétard. V. Bois de conille. Petiyeria foetida. V. Verveine puante. Phaseolus Brafilianus. V. Liane à cacone. Phaseolus hirfutus. V Pois à gratter. Phytolacca Americana. V. Epinards épineux. 288 Essai sur l'Histoire naturelle Pignon d'Inde. V. Palma chrifti. Pignon d'Inde à petites feuilles de châtaignier. Piment. — Syn. Poivre d'Inde, Capficum, Tourne/. Quyo, Ouryagon, Boëmin, Aty , Aryamucha, Car. — Ord. clalf. 2. fect. 6. gen. 5. Tournef.... clalf. 5. Pentandria monogynia, Linn. . . • famill. 2ï>. les Solanum. Adanf. — Obf. On en diftingue plufieurs efpeces, qui font : le gros Piment, dont le fruit eft alongé ; ]e Piment à chien, qui eft applati ; le Piment, cabrit ou Piment doux, en forme d'olive ; le petit Piment enragér, qui eft rouge & alongé ; le Piment à oifeau, dont la graine eft arrondie & petite. — Loc. On les trouve par-tout. — UJ'. On en affaifonne les ragoûts. Pin, Pinus. Pinas. V. Ananas épineux. Pingouin. V. Ananas maron. Pinpinichy. V. Bois laiteux bâtard. Pistache des Ifles. — Syn. Arachidna, 'pl. — Loc. Cette plante croît par-tout. _ UJ] On en mange les fruits grillés. Pistacia. V. Gommier. Pitte. V. Aloës pitte. Pittonia, V. Chiques. Plumbago. V. Herbe au diable. Plumeria. V. Franchipanier. Plutevoïdes. V. Balais doux. Poincillade. — Syn. Fleur de Paradis , Poinciana, Linn. Caftia, Tourne/ Senna fpu-ria, Sloa. Crifta pavonis, Breyn. Frutexpavo-nicus, Flos pavonis, Merlan. Tfietti-mandaru, km. Mal. — Ord: clalf. 21. fect. $. gen 2. Tourne/... cîaif, 10. Decandria monogynia, Lu in..., de Saint-Domingue. zSg Linn____famil, 43. les Légumineufcs, fecl. 1. Adanf. — Obf. C'efi: un arbriifeau épineux qui fut apporté de l'Ifle Saint - Martin à M de Poiucy, Gouverneur-Général des Ifles du vent , qui lui donna l'on nom ; il s'élève de dix à douze pieds; fes tiges font grêles , tendres, caftantes, crevaffées, d'un gris-cendré ainfi que les anciennes branches; mais-les jeunes font vertes, lifies, noueufes : de chaque noeud partent deux ramilles oppofees, fur lefquelles font placées les feuilles deux à deux, longues de quatre lignes, larges d'environ deux lignes, arrondies au fommet, un peu pointues parla bafe, traverfées dans leur longueur par un petit filet, tendres, fans dentelure , d'un verd-gai. Chaque ramille eft garnie d'une épine , & elle eft toujours terminée par une paire de petites côtes, fur lefquelles les feuilles font rangées; chaque petite côte eft aufli terminée par une paire de feuilles. Ses fleurs font en épi, à cinq pétales jaunes fur les bords, de couleur de feu au milieu, portées fur de .longs pédicules, foutenues par un calice découpé jufqu'à la bafe en £ parties. Le centre eft occupé par 10 étamines rouges, un peu arquées, plus grandes que la fleur, au milieu defquelles eft placé un piftil qui devient une gouife plate, brune en dehors blanchâtre en dedans , remplie de quelques femences larges, épailfes, de la forme d'une lentille. — Loc, Il croît également bien partout. - Vin. Ses fleurs prifes en infufion ont la réputation aux ifles d'être apéritives, be-chiques , fébrifuges, fudorifiqucs, vulnéraires. Poirier. — Syn. Bignonia pyri-facie. — Obf. T 290 Essai sur l'Histoire naturelle Ses feuilles font luifantes; fes fleurs deviennent des filiques. On en diftingue deux efpeces ; à grandes feuilles & à petites feuilles. —. Loc. 11 vient bien par-tout. — Uf On l'emploie dans les ouvrages de charpente, aucun infecte n'ofe en approcher. Pois d'Angole.—Syn. Pois de 7 ans, Pois de Congo, Cytifus frutefeens, Pl. Quingongi, Bipicaa ,Ouandou. Car.*—Ord. claff.22. Tourne/... claff. 17. Diadelphia decandria, Linn... famil. 43. les Le'gumineufes , fect. 2. Adanf — Obf C'eft un arbriffeau qui ne s élève guères qu'à 8 ou 10 pieds; fa tige eft droite, grifâtre ; elle poulie au fommet plufieurs rameaux grêles , verdâtres. Ses feuilles font alongées, étroites, minces, pointues, d'un verd-obfcur en deffus, blanchâtres en deffous; fes fleurs ïégumineufes, jaunes , en épi; le piftil devient une gouffe d'environ deux pouces de longueur, arrondie, pointue par les deux bouts, d'une couleur fauve , mince , remplie de plufieurs femences orbiculaires, umbiliquées, tan. tôt entièrement blanches, tantôt parfemées de taches noirâtres. — Loc. 11 croît par-tout. — Uf On en mange les femences, elles font d'une grande relfource aux habitans pour nourrir leurs efclaves. Pois blancs. V. Pois inconnus. Pois bourcouftbu. — Obf. Ses tiges font grimpantes ; fes fleurs petites , en grappes, blanches, & produifent une filique courte, mais gonflée ; elle contient 3 ou 4 graines allez greffes, ovales & dures. — Loc Cette plante croît par-tout. — Uf On en mange les fruits. de Saint-Domingue. api Pois caffe-canary. — Syn. Pois à pigeon. — Çèfi Ses tiges font droites ; les feuilles qui croilfent au bas de la tige font plus grandes que celles qui pouffent au fommet; fes fleurs jaunes, en grappe , & il leur fuccède une filique très-longue , grêle , de forme cylindrique , remplie de petites graines fphériques. Pois chicannes. — Obf Ses tiges font grimpantes, fes fleurs en grappe, petites, blanches; fes filiques courtes, un peu applaties; fes graines ovales, petites, blanches. — Uf On en mange les graines. Pois choucres. — Obf. Ses tiges font grêles, grimpantes; fes feuilles oblongues, difpofées trois par trois à l'extrémité des branches, divifées par une côte en deux parties inégales , fans dentelure, pointues au fommet, arrondies à la bafe, d'un verd-clair, lilfes; fes graines plates. — Loc. On les cultive dans les jardins. — Uf Ses graines font très-bonnes ôc fe mangent comme les haricots de France, auxquels elles reflémblent. Pois de Congo. V. Pois d'Angole. Pois dames. — Obf Ses tiges font grimpantes ; fes feuilles ridées, fes fleurs blanchâtres , & produifent une filique épaiffe, cylindrique, pendante, remplies de graines ovales, blanches, applaties. Pois doux. — Syn. Inga, PL Bayroua, Ala-fcoaly, Curàib. — ObJ. Sa fleur ell blanche, frangée ; fon fruit d'une faveur douce. 11 ne faut pas confondre cette plante avec le Pois fucrin dont nous parlerons bientôt, ni avec un arbre de la Martinique, nommé Pois doux ? dont Jacquin parle au mot Mimofa. 292 Essai sur l'Histoire naturelle Pois à gratter. — Syn. Pois pouilleux, Mu-cuna, Marcg. Dolichos pruriens, Jacq. Stizo-lobium , Bvown. Cacara pruritus, Kumph.Nai-.corana , Bon. Mal. Phafeolus hirfutus, Pl. Phafeolus utriufque Indise, Sloa. — Ord. claff. io. fect. 4. Tourne/... claff. 17. Diadelphia ciecandria , Linn... famil 43. les Légumineu-fes, fect. 4. Adanf. — Obf. C'eft une plante de l'Amérique , grimpante, qui s'accroche aux arbres voifms , & s'élève fort haut. Sa tige eft grofle, coriaffe , grife , pliante, couverte de poils très fins ; fes feuilles pointues, alongées, îanugineufes, portées trois à trois fur une même queue ; les fleurs croiflent à l'extrémité des branches, elles font légumineufes, d'un bleu tirant fur le violet ; il leur fuccède des goulfes de 5 à 6 pouces de longueur, ridées, couvertes d'un duvet très-lin , brun, court, épais, qui s'attache à la peau & y caufe des dëmangeaifons cuilàntes. Le dedans des goulfes eft liffe , luifant, argenté , rempli de 3 ou 4 graines rondes , applaties , brunes , luifantes, marquées de lignes noires. — Loc. Cette plante croît par-tout dans les lieux incultes. Pois de fraye. — Obf Ses tiges font grimpantes , fes fleurs petites , faites en cœur ; fes fleurs en grappe, petites, jaunes, Se produisent une petite filique. — Loc. Le nom de cette plante défigne l'endroit où elle croît. Pois inconnus. — Syn. Pois blancs. — Obf Ses fleurs font blanches Se produifent des graines oblongues , blanches. —- Loc. On cultive cette plante dans les jardins. — Uf On en mange les graines, comme celles des pois d?Eurqpe. de Saint-Domingue. 203 Pois jaunes. — Obf Cette plante produit des tiges dont les unes font grimpantes, & Jes autres droites; fes Heurs font en grappe, grandes , jaunes ; fes filiques longues , cylindriques, remplies de graines jaunes. Pois mabouia. —• Syn. Faba diaboli, Capparis cynallophora , Jaeq. Capparis arboref-cens, Pl. Pois à Nègres. V. Pois violets. Pois nuds. V. Pois queniques. Pois à Pigeon. V. Pois callé-canary. Pois pouilleux. V. Pois à gratter. Pois puant. — Syn. Caffia foetida. — Ord. clalf. 10. fect. 2. Tourne/.... clalf. 10. Decan- dria monogynia , Linn----famil. 4.3. les Légu- mineufes , fect. 1. Adanf — Obf C'eft une Plante de Saint-Domingue qui s'élève tout au plus à quatre pieds de terre ; fa racine eft traçante, amère ; fa tige grisâtre , ferme , Iigneufe , & produit plufieurs rameaux ; fes feuilles font conjuguées , oblongues, pointues, vertes en defius , blanchâtres en deifous, d'une odeur fétide; fes fleurs légumineufes, compofées de cinq pétales ; le piftil devient une filique longue de quatre à cinq pouces, droite , arrondie , grofle comme une plume d'oie , remplie de femences grisâtres, nombreufes , petites, ferrées les unes contre les autres. —. Loc. Elle croît communément dans les Savantes le long des haies. — Virt. On la regarde comme hyftérique , emménagogue , résolutive ; on la fait entrer dans les catapla fines. Pois puant à feuilles de féné. — Syn. Caffia foetida foliis fennae. — Obf. Ses feuilles font prefque rondes ; fes filiques pendantes , Se Tiij 294 ESSAIsur l'Histoire naturelle plus longues que celles de la précédente. Elfe lui rellemble dans tout le relie. Pois queniques. — Syn. Pois de terre , Pois nuds, (Eil-de-chat, Bonduc, Pl. — Ord. claff. 10. Decandria monogynia, Linn... famil.43. les Légumineufes , fect. 1. Adanf. — OlfLcs tiges de cette plante font verdâtres, cane-lées, armées de piquants, farmenteufes, caf-fantes , garnies de feuilles oblongues , fans dentelure, arrondies par la bafe , pointues au fommet, d'environ neuf lignes de largeur , d'un pouce & demi de longueur, attachées par un petit pédicule deux à deux fur une côte, qui elt terminée tantôt par une paire de feuilles, tantôt par une impaire , lilfes, luifantes, d'un verd-foncé en deffus, clair en deifous ; chaque paire de feuilles elt accompagné de deux petites épines placées fur la côte ; fa fleur eft jaune , inodore, garnie d'é-tamines très-déliées; le piftil devient une gouffe brune, applatie fur les bords, renflée au milieu , pointue aux deux extrémités , large de 15 à 18 lignes, longue de quatre à cinq pouces, couverte en dehors de piquants foi-bles ôc flexibles , liffe en dedans, compofée de deux lames membraneufes, contenant une, deux ou trois graines très-liffes, fphériques, d'un gris bleuâtre , très - dures , élaftiques , dans lefquelles on trouve une amande blanche , ridée , d'une odeur ôc d'un goût de pois verd , un peu amère. — Loc. Cette plante croît communément au bord de la mer. Pois rouges. — Obf. Ses tiges font droites ; fes feuilles d'un verd-gai ; les fleurs oblongues , rougeâtres : il leur fuccède une filique de Saint- Do m i n g u e. 2 9 £ epauTe j remplie de graines ovales & rougeâtres. Pois fabres. — Obf. C'eft une plante grimpante , qui produit une filique longue d'un pied, large d'un pouce , remplie de graines ovales d'un pouce de longueur, larges d'un demi-pouce. — Uf Ses graines font Donnes à manger , mais difficiles à digérer. Pois à fa von blanc. — Obf C'eft une plante grimpante , dont les fleurs font petites, d'un blanc verdâtre,. en grappe ; il leur fuccède une filique large & petite, remplie de graines blanches, applaties. Pois à favon marbré. — Obf. Elle ne diffère de la précédente que par fes graines, qui font bariolées. Pois à favon rouge. — Obf Ses filiques font moins larges ; fes graines petites ôc rouges. Pois de fept ans. V. Pois d'Angole. Pois forciers. — Obf Sa tige efl droite ; fes feuilles ridées, d'un verd-obfcur ; fes fleurs oblongues , violettes ; fes filiques cylindriques , un peu épailfes, pendantes , & remplies de graines noires, ou marquées de taches noires; Pois fucrin, — Syn. Sucrin, Inga , Pl. Mi-mofa , Linn. Arbor filiquofa Brafilienfis, Sloa. — Ord. claff. 20. fect.. J. Tourne/.... clalf. 23. Poîygamia monoecia, Linn.... famil. 43. les Légumineufes, fect. 1. Adanf — ObfOdl un grand arbre dont la racine efl: chevelue, fibreufe , grofle, traçante ; l'épiderme eft grisâtre ; l'écorce moyenne , rougeâtre, d'un goût fort acre ; le liber blanchâtre ; le bois blanc 3 dur, fans moële : fon tronc eft droit * Tiv soô" Essai sur l'Histoire naturelle br inehu au fommet ; l'épiderme grisâtre, fert-veloppe cellulaire verte & fort acerbe, le liber très blanc, le bois blanchâtre, d'un goût fade; ies branches longues, pliantes, qui fe Planche l°udivifent en plufieurs ramilles , à l'extrê-iv. mite dcfquelles naillent les feuilles (fig i.): elles font difpofées deux à deux fur une côte ailée, qu'une paire de feuilles termine, oblongues , arrondies à la bafe , pointues au fommet , fans dentelure , de quatre à cinq 'pouces de longueur, dont la moitié fait leur plus grande largeur, attachées â un très-petit pétiole, d'un goût acre, d'une odeur forte, d'un verd-foncé en deifus, clair en deffous : la fleur ( fig1. i. ) efl: en entonnoir, formant un tuyau évafé par en-haut, découpe en cinq parties égales, rabattues en dehors, Se pointues ; la corolle efl d'un verd-pâle , portée fur un calice d'un verd-fombre , également découpé ; le piflil mince , alongé , environné de 80 à 00 étamines, dont ies filets font blancs, cylindriques, de deux pouces de longueur ; les anthères fphériques , jaunâtres. Cette fleur croît à l'extrémité des rameaux, par bouquets, qui font compofés de fept à huit individus, attachés à un pétiole très-petit. Le piflil devient une gouflè (fig. 3.) un peu arquée , de la longueur de cinq à fix pouces , de huit à neuf lignes de diamètre, divifée extérieurement dans toute fa longueur en quatre parties , dont deux plus applaties Se compofées de filamens tranfverfales ; les deux autres plus relevées Se garnies de filamens longitudinales. Ce fruit dans fa maturité cil d'un verd-jaunâtre , renferme une matière Pl. 4. t> e Saint-Domingue.' 207 fpongieufe, très-blanche , fucrée, divifée en 14 ou 16 loges, qui renferment autant de graines (fig. 4.) prefque ovales, noires, divifées en deux lobes, d'un goût acre, revêtues d'une pellicule blanchâtre. — Loc. Cet arbre croît par-tout. — Uf. La pulpe de fes gouffes eft fucculente ; on Ja fuce avec pjaifir. fois de terre. V. Pois queniques. Pois violets. — Syn, Pois à Nègres. — Obf, Cette plante produit des rameaux, donc les uns font droits, les autres grimpans; fes fleurs font grandes, en grappe, violettes ; fes filiques longues , épailfes, cylindriques , remplies de graines violettes. Poivre d'Inde. V. Piment. Poivre de la Jamaïque. V. Bois d'Inde. Polipode , efpèce de Gui. Polygonum fcandens. V. Igname , Mé-choacan. Poma paradifi. V. Bananier. Pomieera Indica. V. Acajou à pomme. Pomme d'amour. Pomme de merveille. — Syn, Nexiquen, •Momordica. Pomme de terre. — Syn. Allouïa, Car. Pommier. Ponja. V. Cotonnier mapou. Pourpier. — Syn, Portulaca, Chiboulemé, Cara'ib. Prêle. — Syn. Queue de cheval , Equï-fetum. Prunier épineux. — Syn. Ximenia aculeataj PL Ababouy, Car. Prunier icaque. V. Icaquier. 2o8 Essai sur l'Histoire naturelle Prunifera Indica. V Acajou à pomme. Prunus Brafîlienfis. V. Monbin. Prunus maritima. V. Raifinier du bord de la mer. PsEUDO-Brafilium. V. Bois de Campêche. Psidium. V. Goyavier. Punica. V. Grenadier. Pyra infana. V- Brehême. Q Quedec. — Syn. Quibé, Lobelia Iongi-flora, Linn. Rapunculus aquaticus, Sloa. Valdia cardui-folia. — Virt. Cette plante ell: très-vénéneufe. Queniques. V. Pois quenîques. Queue de cheval. V. Prêle. Queraiba. V. Liane aux yeux. Quibé. V. Quedec. Quingambo. — Syn. Gumbo, Ketmia, PL — Virt. Cette plante efl: pectorale , & propre à rétablir les forces abattues. Quingongi. V. Pois d'Angola. Quyo. V. Piment. R Racuacanga. V. Balifier. Raisin ( petit ). Ses feuilles font ovales, «îpaifles, longues de deux à trois pouces, d'un pouce ôc demi dans leur plus grande largeur, Pans dentelure, divifées en deux parties égales par une côte faillante, dont la bafe forme un petit pétiole , garnies de nervures très-petites , d'un verd-foncé ; fes baies en grappe, ;groffes comme un grain de chênevi, d'abord de Saint-Domingue; ^ so entonnoir, petites, blanches. Il leur fuc-« cède des fruits ovales , pleins de fuc, qui » contiennent une femence oblongue. » — Virt. Elle palfe pour pectorale. Ronce de l'Amérique. Roseau. — Syn. Arundo, Jacapé, Cara'ib. Rosier de Jéricho. Rosier maron rouge. — Obf. Sa racine elt fibreufe , pivotante ; les tiges grêles, tendres, grisâtres , un peu crevaffées ; fes branches droites, alternes; fes feuilles alongées, d'un pouce & demi de longueur, de fept à huit lignes dans leur plus grande largeur, pointues , veloutées , finement dentelées , d'un verd fombre ; fes rieurs naiiïent des aiffelles des feuilles, elles font petites, de couleur de rofe, fans odeur, en grand nombre; il leur fuccède un fruit arrondi, oblong , velouté , d'un verd fombre, qui s'ouvre dans fa maturité en trois portions faites en cuillers , de couleur de feu en dedans. L'on voit au centre de petites graines grisâtres, couvertes d'une d e Saint-Domingue. 305 fubflance jaunâtre, d'une faveur douce, adhérentes à un corps de forme pyramidale. Cet arbriffeau efl: en même temps chargé de fleurs & de fruits, ce qui le rend très-agréable à Ja vue. — Loc. Il croît dans les mornes, on le trouve dans les lieux incultes & arides. Rosier maron jaune. — Obf Il ne diffère du précédent qu'en ce que fes fleurs font jaunâtres; fes fruits d'un jaune foncé en dedans, & beaucoup plus gros que dans le précédent. *- Loc. On Je trouve aufli dans les mornes. Roucou. — Syn. Orcllana, Herm. Urucu , Pif. Daburi, Cluf Achiotl, Hem. Arbor Mexicana coccifera, C B. Ray9Jonf. Rixa, Ovied. Mitella tincl.oria, Tourne f. Bocrh. Arbor finium regundorum, Scalig. Arnotto, Datée — Ord. clalf. 6. fed. 3. gen. 1. Tourne/. . clalf. 13. Polyandria monogynia , Linn. . . famil. 48. les Tilleuls, fect. r»Adanf. — Obf Sa tige ne s'élève qu'à douze ou quinze pieds ; fes feuilles font cordiformes, pointues au fommet, fans dentelure, minces , de quatre à cinq pouces .de longueur, d'environ trois pouces ôc demi dans leur plus grande largeur, portées fur de longs pétioles, difpofées alternativement fur les ramilles, d'un verd-clair, Jiflès, luifantes; les fleurs naiflént par bouquet au fommet des branches ; il leur fuccède des capfules arrondies, d'environ un pouce de diamètre , quelquefois pointues , brunes , cou-Vertes de petites épines qui ne piquent point, s'ouvrant en deux parties égales , ôc renfermant des petites graines ridées, de la grof-feur des graines de Coriandre , couvertes d'une pulpe rouge t attachées à un placenta 304 Essai sur l'Histoire naturelle oblong. — Loc. Cet arbre fe trouve par-tout. ■— Uf. On emploie dans les teintures la pulpe de lés graines. Les Nègres &c quelques habitans en mêlent la graine dans leurs ragoûts : les Caraïbes s'en barbouilloient le corps & en teignoient leurs hamacs. — Fin. On la regarde comme rafraichilfance , allringente, anti-dvfentérique. Ruellia. V. Coccis. S Sablier. Sacra malon. V. Epinards grands. Salse-pareille. —Syn. Smilax afïinïs Sal-faparillx, liai. Sanglan. Sanguine. —- Syn. Periclimenum. Sapotier. — Ord. clalT. 20. fect. 1. Tour' nef... clalf. 6. Hexandria monogynia , Linn... famil, 22. les Airelles, feét. 3. Adanf. — Obf C'elt un grand arbre , fort branchu ; fon écorce elt roufleâtre & laiteufe ; fes feuilles.oblongues ; fes fleurs monopétales , en tuyau découpé, affez femblables à celles du Sapo-tiller , ainfi que les fruits , qui font cependant beaucoup plus gros , 6c qui ne renferment affez communément qu'une amande grofle , alongée , brune , luifante, échancrée d;un côté, d'un odeur & d'un goût d'amande amère. — Loc. Je n'en ai vu que dans quelques habitations du Fond-des-Nègres. — Uf. On mange fes fruits. — Fin. Ses graines font aperirives. Sapotiller. — Syn. Achras, Linn. Sapota, il. de Saint-Domingue. 30c ■Pl. Manitambou , Car. — Ord. comme le Sa-potier. — Obf. C'eft un grand arbre qui s'élève jufquà 30 a 40 pieds ; la racine ell pivotante, chevelue; l'épiderme d'un brun-ioui* bre ; l'écorce moyenne rougeâtre ; le liber blanc, d'un goût acre, rempli d'un lue laiteux Ôc gluant; le bois blanc, filandreux; le corps de l'arbre droit, fort rameux, couvert d'une épiderme crevaffée , rude, noirâtre; l'enveloppe cellulaire verte ; le liber femblable à celui des racines ; le bois blanc, fendant. Les branches font tantôt alternes, tantôt oppofees, longues, pendantes, représentant par en-bas une efpèce de calote . du centre de laquelle s'élève un jet fort droit, affez élevé, dont le fommet forme un bouquet arrondi ; les feuilles naiiient aux extrémités des ramilles, elles font longues de trois à quatre pouces, larges de douze à quinze lignes , lilfes, luifantes , fans dentelure , d'un verd-foncé en deffus, pâle en deifous, très-Veinées , remplies d'un fuc laiteux , gluant Ôc acre , pointues aux deux extrémités, difpofées par bouquet, jufqu'au nombre de douze ou quinze, portées fur un pétiole long d'un demi-pouce, dont le prolongement forme une côte faillante qui divife la feuille en deux parties égales, & qui fert de bafe à plufieurs nervures fort déliées, prefque droites ôc parallèles. Les fleurs croiflent au centre des bouquets fur un pédicule de fix lignes de longueur, au nombre de cinq à fix enfemble ; la corolle eft monopétale , en tuyau découpé iufqu'au .milieu en douze parties égales, de ouatre à V 306 Essai sur l'Histoire naturelle cinq lignes de longueur fur prelqu'autant de largeur, garnie de fix étamines, dont les anthères font brunes , renfermées dans un calice compofé de fix feuilles alongées , convexes en deffus , concaves en dedans , d'un verd-teudre, légèrement couvertes d'un velouté brun. Le piflil ell placé au milieu des étamines, & devient une baie ovoïde ou fphérique , couverte d'une pellicule grife, rude, plus ou moins crevaffée. Quand elle n'efl pas mûre, fa chair efl verdâtre, d'un goût fort acre & dcfagrcable ; mais dans fa maturité, elle eft roupeâtre , délicieufe , rafraîchiffante , remplie d'une inimité de petites veines qui contiennent un fuc laiteux , doux & gluant. Le centre du irait eft occupé par plufieurs pépins oblongs, jufqu'au nombre de dix : ils font alongés, arrondis par un bout, où l'on apperçoit quelquefois une petite épine ; pointus par l'autre extrémité , échancrés fur le bord qui efl tourné vers le centre du fruit , applatis , revêtus d'une écorce Iigneufe, noire, dure , caffante ; elle renferme une amande fort amère , blanche, couverte d'une pellicule blanchâtre. On diftingue plufieurs efpeces de Sapotil-ler, qu'on peut réduire à quatre, favoir, à fruits oblongs ôc ovoïdes; à fruits oblongs & gonflés au fommet ; à fruits ronds, dont le fommet & la bafe font applatis; à fruits ronds, dont le fommet elt pointu, la baie applatie. — Loc. Cet arbre fe trouve par-tout. —- Vf. On en mange les fruits qui font préférables à tous les autres de l'Amérique. — Virt. Ses graines font très-apéritives ; on en fait des de Saint-Domingue. 307 unifions rafraîchiffances, en les mêlant avec quelques amandes douces d'Europe. Sapotiller maron. V Balatas. S ariette ( grande ). — Syn. Ocymum-maximum. . Sariette ( petite ). — Syn. Bidens Ame-ncanum. Sassafras. Sauge (grande). — Syn. Conyza major. — Loc. Elle croît dans les lieux marécageux. — Virt. On la regarde comme pectorale. Sauge grande & puante. — Syn. Solarium foetidum , Ouallouhoumerou, Lara/b. — Obp C'elt une efpèce d'arbriiîèau dont les faillies font plus larges que celles de la Sauge d'Europe. — Vin. Elle elt mife au nombre des plantes cordiales. Sauge du Port de paix. — Syn. Rfcffloïdes. cc Cette efpèce, dit M. Defportes, elt la plus-31 ettimée ; elle eft très-femblable a la Sauge, 33 elle en a l'extérieur, le goût, l'odeur; s> elle croît à la hauteur de deux ou trois s> pieds ; fes feuilles font longues de deux 3> travers de doigt, larges d'un demi pouce, 91 d'un verd-de-mer en deifus, argentées en 3> deflbus ; les fleurs naiffent en pyramide , 3J elles font purpurines, en rofe , compofées 33 de trois pétales. L'embryon naît dans des '» endroits féparés des fleurs , & devient un 31 fruit qui s'ouvre en trois capfules, qui ren-a> ferment une femence oblongue. Vrt. * On eftime particulièrement cette plante " pour rétablir les forces de l'eflomac : elîd a> âppaife le vom(dément, & par fa qualité * fudorinque 6c cordiale, elle ranime le mou- 3o8 Essai sur l'Histoire naturelle » vement du fang , & enlève les embarras qui pourroient s'y former ». Sauge de montagne. — Syn. Lantana, Camara. Saururus. V. Herbe à colet, Jet fureau. SaûruruS frutefeens. V. Bois d'anifette- Saururus major. V. Bois trompette. Savariaba. Sazeli. V> Gigeri. Scelïnante. Syn. Scirpus, Pl. Schaoualou. [A Chiques. Scolopendre. — Vin. Elle pafie pour apé-ritive, propre à défobftruer la rate. Scoparia. V. Balais doux. Scripe , efpèce de Jonc. Seguine. V. Canne marone. Semper-vivum marinum. V. Aloë's. Sené à grandes feuilles.— Syn. Serina Àle-xandrina, C. B. Sené à petites feuilles, — Syn. Senna liguf-tri-folio , Tourne f. Senna fpuria. V. Poincillade. Sensitive épineufe. — Syn. Mimofa, Ouyl-taraoua , Balanabone , Car. *— Loc. Elle croit par-tout dans les endroits fecs Se arides. — Vin. On regarde fa racine comme un excellent alexitaire. Serjanta fcandens. V. Liane à perfil, Liane quarrée. Sïderoxyloïdes ferreum. V. Bois de fer. Sideroxylum r' mericanum. V. Bois de fer. Simarouba de Cayenne. — Syn. Bois am^r3 Evonymus, Barer- Simarouba de Saint-Domingue. — Syn. Evonymus Àrmeniacic folio. de Saint-Domingue. 309 Simarouba faux. — Syn. Malpighia lati-folia. Sinapistrum pentaphyllum. V. Kaïa. Sinapou. Smilax afpera. V. Squine. Solanum. V. Laman. Solanum aculeacum. V. Amourette bâtarde. Sol\num non - aculeatum. V. Amourette franche. Solanum fcetidum. Tr. Sauge puante. Solanum Mexicanum. V. Belle de nuit. Solanum pomiferum. V. Brehême. Solda n ella. V. Liane purgative. Sorossi. Souzouraytin. V. Mélifle à bouton. Souzourouzourou. V. Herbe à cloques. Spartium. V- Acomas. Spartium arboreum. V". Bois violet. Spartium fpinofiffimum. V. Gras de galle. Spigelia. V. Brainvilliers. Spondias. V. Monbin. Spondias fpurius. V. Bréfiliet bâtard. Squine. — Syn. Smilax afpera, Pl. — Virt. On attribue à cette plante les vertus de la Squine ordinaire. Stizolobium. V- Pois à gratter. Sucrier de montagne- V. Bois cochon. Sucrin. V. Pois fucrin. Sirelle. Svnnate. jr4 Corde à violon. Syringa. V. Lifac. Syringa noclurna. V. Lilac de nuit. 3io Essai sur l'Histoire naturelle T Tabac. V. Nicotiane. Taeac maron. V. Amourette franche. Tabernjemontana lactefcens. V. Bois laiteux bâtard. Tacomurée. Tr. Canne à fucre. Tamarin. - Syn. Tamarindus, Sloa* Tamarinier, Derelfide , Prqfp. Alp. Jutav, Pif Balam pulli , Maderam pullî , Bon. Mal — Voyez TJiâ. Mat me'dic, T AMNUS, Taouia. V. Bois de chandelle. Taumatte. — ^«.Lycoperficon , Tourne/ «— Gif. On en diftingue deux variétés ; les unes font rouges, les autres jaunes. Tavernon. — Syn. Bois arada, Bois piquant. — Gif Son tronc eft fort élevé, droit, gros , très-branchu au fommet ; fon écorce ainfi que celle des anciennes branches , lîJIo— née, écailîeufe, rouffe, épaiffe, facile à fépa-rer du bois; celle des jeunes branches unie, en partie roufléâtre, en partie cendrée; fon bois compacte , jaunâtre ; fes feuilles luifantes , liffes , ovales, pointues au fommet & à la bafe, découpées largement dans la partie fupérieure , le relie étant fans découpure , d'un verd-gaj , de trois à quatre pouces de longueur, d'un pouce & demi dans leur plus grande largeur, portées fur un pédicule d'environ trois ligues de longueur, divifées en. deux parties égales par une côte faillantç en deffous , d'où partent quelques nervures obliques , alternes; ces feuilles croiflent par bou- de Saint-Domingue. 3 r t quet. Ses fleurs font blanches & répandues Je long des jeunes branches ; fon fruit efl: fait comme un citron. —Loc. Cet arbre croît dans les mornes. — Uf Son écorce pourroit être employée pour teindre en jaune; fon bois efl recherché dans les ouvrages de charpente , fur-tout pour les moulins ; il a fur le bois d'Acajou I'avanrage d'être moins pefant Se moins fujet à fe fendre , lorfqu'on Je met en oeuvre. Tendre à caillou franc. — Syn. Acacia-non-fpinofa. — Obf C'eil un arbre alfez élevé, 'mais peu gros ; fon écorce ell grife, crevaffée , l'aubier jaunâtre, le coeur dur, incorruptible , rougeâtre, lorfqu'il efl: fraîchement coupé; il devient gris en féchan.t; fes feuilles n'ont qu'une ligne & demie de longueur Se un tiers de ligne de largeur ; elles font luifantes Se d'un verd - foncé en deffus , pâles en deflbus, fans dentelure ni pétiole fenlibîe, attachées deux à deux fur une côte, ferrées les unes contre les autres ; les côtes font difpofées deux à deux fur une ramille ; les fleurs font blanches, en grappe; il leur fuccède plufieurs filiques oblongues, jaunâtres en dehors, rouges en dedans, remplies de plufieurs petites graines. — Loc. Cet arbre croît dans les endroits fablonneux Se arides. — Uf On l'emploie aux ouvrages de charpente; on s'en fert communément pour faire des poteaux qui foutiennent les édifices. Tendre à caillou bâtard. — Obf. II ne diffère du précédent que par fes feuilles qui font plus grandes; fes filiques font aufli plus longues. — Uf Son bois eft employé aux Viv 312 Essai sur l'Histoire naturelle mêmes ufages , mais il n'efl pas il eftimé. Fenga. V, Cocotier. TÉrèbinthus. V. Gommier. Tètes d'Anglois. — Syn. Echynomelo-cactus. Thé. — Syn. Capraria frutefeens. Tkeoeroma. '/. Cocotier. Thevetia. V. Genipayer. Thipe. Thlaspi naflurtii odore. V. Creffon (petit) de Savanne. Thym de Savanne. — Syn. Turnera mon. tana. — Loc. Cette plante croît dans les terres incultes & fablonneufes. — Vin. Elle eft apé-ritive & béchique. Tithymalus humi-fufus. V. Mal-nommée. Titoulikué. y. Bois laiteux bâtard. Tol , efpèce d'Aloës. Topinameour. V. Artichaut de Jérufalerm Torciïe. y. Cierge épineux. Touloula. V. Herhe aux flèches. Tuachelium. y. Kinkina. Trèfle. Triticum Indicum. y. Maïs. Triujyifetta. V. Coufin (grand). Truffe blanche. — Syn. Tubera candida, PI — Obf EUes font rondes , blanches, bof-fêlées, molaflés, pleines. —Loc. On ne les trouve que dans les terres où l'on cultive l'indigo. — Uf. On les mange dans les ragoûts, ou boucanées. Elles font très-recherchées. Tsiam-pangam. y. Bois de Campêche. Tsietti-mandaru. V. Poincillade. TueÉR.EUSE. Turnera montana. V, Thym de Savanne. de Saint-Domingue.1 313 Tu-te-moque. V. Coque-mollier. U Urtïca frutefeens. K Ortie en arbriffeau. Uaucu. V. Roucou. V Valdia cardui folia. V. Quedec. Val eriana humilis. V. Patagon. Vanille. Vanrhéedia. V. Cyroyer. Vekonica. V. Balais doux. Véronique. V. Méliffe puante. Verveine. — Syn. Pleliotropium. — Ord. cl'aff, 4. fect. 3. gen. 14. Tourne/.... claff. 2. ■f^iandria monogynia , Linn.. .. famil. 26- les Verveines , fect. 1. AdanJ. — Obfi On en diftingue trois efpeces : la bleue, la blanche , & la rouge. On a ainfi nommé ces plantes à Gaufe de la reffemblance qu'elles ont avec la Verveine d'Europe. — Loc. On les trouve partout.— Vin. On les emploie comme réfolu-tives. Verveine puante. — Syn. Petiveria foetida , Pi. Viba. V. Canne à fucre. Viminea. V. Liane à corde. Viscum Aphyllon. V. Gui d'oranger. Viscum Caryophylloïdes. V. ! :abe efpagnole, X Xagua, V. Genipayer. 314 Essai sur l'Histoire naturelle Xi menia aculeata. V. Prunier épineux» Xylon. V. Cotonnier. Y Yeux de bourïque. V. Liane à cacone. Yhaboura, yttibouca. V. Coufin (grand). Youlonnf. V. Gommier. Youxy. V> Nicotiane. Z Zanonia. Zingiber. V. Gingembre. Zoophtalmum. V. Liane à cacone. Zorin. V> Liane rouge. CHAPITRE SIXIEME. Règne animal. T^TOus bornerons les observations que nous XII avons faites dans cette partie d nifloire naturelle à celles qui ont pour objet les Coquilles, les Mouches luifantes, leDitique, ie Monoceros, la Mouche ichneumon , l'Anolis, Bernard-PHermite, le faux Bernard-FHermite, un Poiffon Monoceros, une efpèce de Calmar , un Pou de Sarde, le véritable Pinceau marin, une efpèce d'Epongé , une Aftroïte rameufe fur un Madrépore qui recouvre une éponge. La plupart de ces articles n'ont point encore été décrits : on les trouve au Cabinet d'hijloire naturelle des RR. PP. Dominicains de te rue Saint-Honoré, a Paris. 'de Saint-Domingue. 3 i £ Article premier. Coquillages de Saint - Domingue. Nous ne parlerons que de ceux que nous 'avons obfervés. Nous n'avons pas eu allez de îoifir pour faire une collection complette de tous ceux qu'on y trouve ; nous n'en avons fait graver qu'une très-petite partie, attendu que les autres, ou tout au moins leurs analogues , Je font dans Martin Lifter, Uijlor. •Conchyl ann. 1771 , ou dans la Conchyliologie .de M. d'Argenville , continuée par Mrs. de Favaune de Montcervelle, qui doit inceffam-ment paroître. Ainfi nous ne pouvons mieux faire que d'y renvoyer nos lecteurs, en indiquant les planches où l'on trouvera les figures des coquilles que nous n'avons pas fait graver. Les aftérifques marquent les lettres évuidées dont Mrs. de Favanne fe font fervis. § i- Coquillages de ?ner. PREMIERE CLASSE. Univalves. PREMIERE FAMILLE. Lepas ou Patelles. Le Parafol chinois. Ce Lepas eft encore très-rare ; nous J'avons trouvé à Léogane. 11 a deux pouces deux lignes de longueur, ôc vingt-une lignes de largeur : il y en a de beaucoup plus grands, D'Argenv. Flanche J1L H, %i6 Essai sur l'Histoire naturelle La Perdrix à trou. lbid. F * Lx Treillis. lbid. B. *. Lepas a rayons, lbid. A3.*. Le Tricoté a trou. lbid. E. *. La Grenade, lbid. E. Lepas ergoté. 11 efl peu commun ; nous l'avons trouvé folïïîe. Voye^ ci - après § 4- Les nouveaux éditeurs de M. d'Argen-ville l'ont repréfenté vivant. Planche 111. D. *. La Punaife. lbid. Planche I. B. 1. Le Cabochon feuilleté, lbid. Planche IV. F. 1. Lepas en forme d'étoile. Lift, Tab. 532. fig- Plmjche £3 Pufule. (fig. 1.) Elle a près de fept Y* lignes de longueur, & cinq lignes dans fa plus grande largeur. Elle efl couverte en deifus de Itries , rabotenfes jufques vers Je milieu de leur longueur, lillés enfuite Jufqu'au fommet, qui efl: percé d'un trou oblong; les contours font légèrement laciniés; elle eft de couleur de rofe en deifus, blanche en deflbus, fort liiTe; les environs de l'œil font d'un blanc plus foncé, fépare du refte de la coquille par un petit filet rouge. Ce Lepas n'eft pas commun. Le Lepas gaufré, (fig. 2.) Il eft alfez rare. Sa forme eft conique, plus élevée d'un côté ; il elt d'un blanc-fale, uni en dedans, le dehors eft fait en réfeau, garni de neuf côtes faillantes qui partent du fommet ; deux de ces côtes font doubles. Ce Lepas n'eft point percé ; fes contours font peu découpés. Le petit marbre blanc, {fig. 3.) Ce Lepas n'efl: guères connu, On l'a ainfi nommé à caufe Pl. s ■- ....... ==-= ' ' MtArf fafL Fàvcume FiLr Bel. / de Saint-Domingue. 317 de la refiemblance qu'il a avec la coquille qui porte ce nom. Sa forme efl conique ; fes rayons font inégaux Se tubercules ; les plus (aillants partent du fommet, qui efl: terminé par une pointe. 11 efl d'un blanc laiteux, nacré Se lilfe en dedans; fes contours font inégalement laciniés. II a été trouvé à Léogane, fur des roches qu'on avoit tirées du fond de la mer pour bâtir. J e Cloporte, (fig. 4.) II efl: oblong, applati; fes ffrles font peu profondes; le fommet terminé en pointe; le dehors d'un blanc fale, marqué de petits points noirâtres, quelquefois parfemé de petites bo(Tes ; le dedans efl line, nacré ; Je centre efl blanc, environné d'une tache roufleâtre, le relie efl; blanc; les contours font peu laciniés, Se terminés par un filet clair Se transparent. II. F A M I L L E. Oreille de Vénus fans trou, blanche Se fauve ; fes ffries font très-fines. D'Argenv. Planch. V, c. III. FAMILLE. Ver/nijTeaux*. Le Vilebrequin. C'elt un tuyau qu'on trouve dans une efpèce d'épongé- 11 efl irrégulièrement contourné ; fa couleur efl fauve , fa bouche ronde ; il va toujours en diminuant de grolfeur jufqu'à la bafe qui efl terminée par une vis tortillée. D'Argenv. Planch. Y. G. Vermiféaux nommés boyaux. Ils font adhérons aux nui très communes, & forment quelquefois une malfe affez grofle ; on les trouve 3 î 8 Essai sur l'Histoire naturelle auffi attachés aux madrépores , aux pierres & aux plantes marines, lbid,Planch.VhE. ï< Vcnniffe.au nommé tuyau trompette. On le trouve fouvent ifolé. 11 eft alfez gros, prefque droit & très-blanc, lbid. Planch. V. H. Venniffeaux de forme irrégulière, rouifeâ-tres, ramalfés plufieurs enfemble ; ils forment une maJlé applatie , qui a quelquefois plus d'un pied de diamètre & qui pefe plus de vingt livres, lbid. Planch. VI. F. i. IV. famille. Nautiles. Nautile papiracùe. On la trouve dans la partie du Nord vers le Port de Paix. D'Argenv. Planch. VII. A. 2. Le Cornet pojlillou blanc , contourné en fpirales évuidées, à cloifons luifantes, comme nacrées 9 avec un fiphon petit, cylindrique. Cette coquille eft très-fragile , & fe trouve communément à l'embouchure des rivières. lbid. E. V. famille. Limaçons à bouche ronde. La Raboteufe. D'Argenv. Planch. VIII. M. Le Grenat umbiliqué avec l'opercule, lbid. D. La Veuve avec l'opercule, lbid. Planch. IX. F. 2. Limaçons à grains de petite vérole avec l'opercule. On les trouve adhérens fur les rochers qui font hors de l'eau , & que la mer ne mouille que quand elle eft agitée. Ils vivenc long-temps hors de l'eau. Nous en avons» de Saint-Domingue. 31g confervé de vivans durant plus de trois femaines. On en voit de femblables fur les côtes de France, lbid. 1. Le Cordon rouge avec l'opcrcuîe. Il s'en trouve de plufieurs couleurs; les uns font rouges, les autres marbre's, bariolés de dive:-fes couleurs. On les trouve adhérents fur les rochers. Lijl. tab. 639. fig. 27. VI. FAMILLE. Limaçons à bouche demi-ronde. La Livrée avec l'opercule. D'Argenv. Planch. X. C. f. La Quenotte feignante avec l'opercule, lbid. L. 1. Mérite nommée le petit pois verd. lbid. & *. Perdrix avec l'opercule. Planch. XI. D. 4. Mamelon blanc umbiliqué. 7^. H- 2. Mamelon fauve umbiliqué , dit Teton de Vénus, lbid. H. 4. La peine Grive avec l'opercule, lbid. M. VIL FAMILLE. Limaçons à bouche, applatie. La Fripière. D'Argenv. Planch. XII. C. 1. Cette coquil'e fe trouve fouvent chargée, de cailloutages ou de débris de coquilles, ôc même d'entières Ôc de vivantes qui femblent faire corps avec elle. Nous en avons trouvé une a Léogane qui a environ deux pouces de diamètre. Elle eft de forme conique , rouffeâtre & blanchâtre, compofée de huit fpirales ra- 320 Essai sur l'Histoire naturelle boteufes, à pans irréguliers, couverte de plufieurs coquilles entières , ou mutilées, dont voici le détail. i°. Un fragment de Lambis verd-moulu. 2°. La bafe d'un rocher avec fa partie pyramidale très-bien confervée , elle eft compofée de huit fpirales étagées, garnies de pointes obtufes. 30. Un fragment de la tète d'un rocher aîlé', jaune ôc luifant en dedans. 40. Un Cœur de pigeon dont nous parlerons ci-après. 5"°. Une moitié de FauJJe arche de Noè blanche ôc convexe. ( Voye^ la famille des Cœurs ). 6\ La moitié d'un petit Peigne, à oreilles égales , bariolé en dehors de taches fauves, garni de ftries partant du fommet, dentelé dans les contours. 7J. Une autre moitié d'un Peigne encore plus petit, couvert de taches violettes , femblable dans le refte au précédent. 8°. Un fragment de petit Cœur à ftries partant du fommet. 90. La partie pyramidale d'une Vis nommée Chenille noire. ( Voy. la famille des Vis ). io\ Un fragment de Cordon rouge marbré. ( Voye^ la famille des Limaçons à bouche ronde )'. n°. Fragmens d'Univalves tout-à-fait défigurés. Ï2°. Une petite Arche de Noë ordinaire , placée fur le fommet de la Fripière adhérente par la par* tie oppofée à la carène. Le Cadran. lbid. K. VEperon. lbid. PL XIII. C. Limaçon %ébre avec l'opercule. Lift. tab. S83.j%. 38. VIII. de Saint-Domingue, ç2t VIII. FAMILLE. Cornets» Le faux papier marbré. D'Argenv. Pl. XVI. F. i. La fauffe Tulipe, lbid. Pl. XVIII. D. 2. IX. FAMILLE. Rouleaux ou Olives. La Morefqne ou la Né greffe. D'Argenv. PL XIX. F. Olive alongée, peu commune. lbid, A. X. FAMILLE. Rochers. Lambis. D'Argenv. PL XX. C. r. Rocher aîlé. lbid. PL XXI. A. 2. Rocher à oreille déchirée. lbid. B. 2. Rocher à clocher. lbid. PL XXII. C. i. Efpèce de Dent de chien. lbid. Pl. XXIV. Cafque lardé. lbid. E. 2. Cafque pavé. lbid. 1. Cafque triangulaire. lbid. XXV. B. 2- Cafque doux & poli. lbid. K. 2. Polonols. lbid. /Y. XXVI. D, 3. Cafque livrée. lbid. C. 1. Cafque neigeux. lbid. L. If Aigrette lbid. /V. LXX. O. *, XI. FAMILLE, Tonnes. La /fc/tfrâ. D'Argenv. PU XXVII- A. *. X 322 Essai sur l'Histotre naturelle La Tonne mure avec l'opercule. lbid. D. 4. La Gondole rayée, lbid. F. ï. Mufcade. lbid. F. 2. XII. famille. Porcelaines. La Colique. D'Argenv. PL XXIX. G. La Taupe fauve, lbid. C. 5". Taupe entièrement formée, lbid. C. 2. Taupe ou /W/w d'Hongrie du premier âge. D. 2. /. XXXIV. A. 3. Buccin tulipe avec l'opercule. lbid. L. Petit Buccin brunette. Lift. tab. 827. fig. 40. b. Petits Buccins avec leurs œufs. Cette production marine fe trouve fur des débris de coquilles, fur des madrépores , & fur d'autres corps étrangers, auxquels elle adhère for- de Saint-Domingue' 32$ tèment par le moyen d'un enduit qui couvre la furface qu'elle occupe. C'ell un aflémblage de plufieurs oeufs (fig. j.) grouppés enfemble, quelquefois jufqu'au nombre de trente , qui repréfenre alfez bien un bouquet d'Oreilles-d'ours. Chaque oeuf elt long d'un demi-pouce , pointu par la bafe , évafé au fommet qui ell terminé par une petite couronne finuée , alfez femblable au limbe des fleurs monopétales : ils font compofés d'une membrane tranfparente, molaffe , coriace comme du parchemin , remplie d'une liqueur épailfe, dans laquelle furnagent plufieurs petits coquillages1. II paroît que quand la liqueur eft confommée, ces petits coquillages ont acquis affez de force pour percer l'oeuf par le fommet, Se fe dif-perfer çà Se là ; car on trouve beaucoup de ces oeufs ainfi percés dans lefquels il n'y a plus rien. Parmi les coquilles que la lame jette fur le rivage , on n'en trouve aucune de bien grolfe qui foit femblable aux petits Buccins dont nous parlons. Les plus groifes que j'ai pu trouver ont trois lignes de longueur Ôc une ligne Se demie dans leur plus grande largeur. Il y a apparence qu'elles forment dans la Conchyliologie une efpèce des plus petites. En voici la defeription f fig. 6*. : leur queue eft arrondie, obtufe , liffe , d'une feule fpirale en forme de bouton ; le fécond corps de fpire eft renflé , couvert de ftries longitudinales ; la bouche oblongue, prolongée en bec recourbé en dehors , à l'extrémité duquel toutes les ftries viennent fe réunir; fa couleur efl d'un brun-fauve. Les oeufs où ces coquillages font renfermés, fe flétrir- X ij 3 24 Essai sur l'Histoire naturelle fent en léchant : lorfqu'on tire de l'eau cette production , avant que les petits Buccins foient Formés, la liqueur fe durcit , & prend une teinte jaunâtre ou rougeâtre. XIV. famille. Pourpres. Cheval de Frife. D'Argenv. Pl. XXXVI. F. La Grimace. lbid. Planch. XXXVII. B. 2, XV. famille. Fis. Chenille noire , petite variété. D'Argenv. Planch. XXXIX. C. 12. Le Poinçon peu commun, lbid. K. 1. Faujfe Scalata à cordon, lbid. M. 1. SECONDE CLASSE. Bivalves. premiere famille. Huîtres. Huîtres d'efpèce commune, plus ou moins feuilletées. On les trouve attachées fur les mangles. D'Argenv. Planch. XL1. C. 1. C. 5. Peine, Panade non-denticulée. lbid. E. 2. E. 3. Petite Pentade denticulée. lbid. Planch. XLII. B. 2. \ Le faux Gâteau feuilleté. lbid. Pl. XLIIÎ. A. 1. Petite variété ^Huître paté, peu commune. lbid. A. 2. »e Saint-Domingue. 32? Buttre épineuje. lbid. PL XLIV. B. Râteau-perdrix ; elle n'eft pas commune. Itid. PL XLV. I. IL FAMILLE. Cames. Came, faujfe Tricotée. D'Argenv. PL XLVI. B. 6. Came d réseau. lbid. PL XLVII. D. 1. Coucha veneris à pointes, lbid. E. 3. ûz/ft£, Lanterne du bal. lbid. E. 6". Cczwfi abricot, lbid. XLVIIL B. C2/// • . , , VI. v^ette production marine a cte trouvée à Léogane en 1772. Elle repréfente un group- pe très-beau : c'eft un aflémblage de plufieurs efpeces de polypes. La bafe ell une éponge de forme irrégulière ; elle a été recouverte 3c comme incruftée par un madrépore, fur le- 3 ? 6* Essai sur l'Histoire naturelle quel on apperçoit plufieurs cavités en forme de petites étoiles ; elles font féparées par des cloilons compofées de petits grains fphériques Se quartzeux. Ce joli madrépore efl: environné & comme lardé de plufieurs branches d'af-troïtes , qui le pénètrent intérieurement : elles font cylindriques , blanchâtres, divifées en plufieurs rameaux , couvertes en dehors de Ifries longitudinales, peu profondes, féparées par des côtes faillantes , qui forment en dedans autant de lames longitudinales, difpofées comme des rayons autour du centre de chaque branche- La figure féconde repréfente une branche d'aflroïte, vue à la loupe. Article III. Vrai Pinceau marin. C'ell: une production de polypiers, qui fe trouve fur les rochers, fur les coquilles, fur la terre glaife & fur d'autres corps durs, auxquels elle adhère par la bafe, qui efl environnée d'un duvet fin & foyeux. Il s'en élève une tige cylindrique, de trois à quatre pouces de longueur, dont le diamètre n'efl que d'une ou deux lignes. Elle ell compofée de filamens longitudinales, tranfparens , jaunâtres , qui fe divifent au fommet en une infinité de rameaux articulés, Se forment une houppe fphérique d'environ un pouce Se demi de diamètre. Toutes les parties de cette efpèce de polype font couvertes d'un enduit blanchâtre, dans lequel elles font comme in-cruflées. M. Davila en parle h l'article 149. des Polypiers ; il met celui-ci au nombre des Corallines j de Saint-Domingue. 337 Corallines ; la figure qu'il en donne eit très-bien faite. Cette efpèce de polype fe trouve quelque-fo is fur des coquilles , mais alors il ne forme pas de houppe; ce font fimplement desfijamens articules, épars çà & là, fans ordre ; ils ne font point portés fur une tige , mais ils adhèrent immédiatement au corps fur lequel ils fe font fixés. Article IV. ËJpèce d'épongé fingullère. C'eft une production poîypière , remplie d'anfractuofités profondes, criblée d'une infinité de petits trous, qui font féparés les uns des autres par des fibres rudes, ferrées j cylindriques , caifantes, luifantes, de couleur d'or. Ce corps marin fe trouve attaché par fa bafe fur les rochers; fa forme n'elt pas confiante. On y voit ordinairement deux grands trous de figure conique , pointus par Ja bafe, qui divergent par le fommet, Se s'élargilfent à mefure que cette production s'accroît. Nous en avons une , entre autres-, divifée en deux branches qui forment l'équerre. Chaque branche eft cylindrique , creufe &unie dans l'intérieur, remplie extérieurement de cavités (înueufes, irrégulières , plus ou moins profondes : la plus longue a près d'un p;ed de longueur Se trois pouces de diamètre. L'architecte de cet édifice elt un po'ype, divifé en une infinité de rameaux qui occupent tous les vuides qu'on y trouve : il ell noirâtre, mol, vifqueux, Se femble repréfenter à l'extérieur plufieurs fang-fues logées enfemble. y 338 Essai sur l'Histoire naturelle Article V. Faux Bernard-1Henni te. (fig. 3 & 4. ) Je ne connois aucun Auteur qui en ait jufqu'ici parlé. On peut le définir : Cancellus marinus in bivalviùus de gen s. C'ell un petit crabe arrondi , applati , portant communément un pouce de diamètre. Dans le vrai Bernard-L1 lier mite , la partie antérieure du corps, qui comprend la tête, le dos, l'eilo-mac, les pattes , elt entièrement crullacée, il n'y a que la partie poilérieure, c'ell-à-dire , le ventre & la queue, qui foit molaffe & mem-braneufe ; au lieu que dans le petit crabe que nous décrivons, le deifous du corps efl entièrement cruflacé, tandis que le deffus efl molaffe, membraneux. Ce petit animal n'in-diqueroit-il pas une nuance, un paifage de la nature des cruilacés aux poiffons mois? C'efl pour garantir les parties tendres de fon corps , qu'il fe met à couvert fous la moitié dune bivalve qu'il choifit au fond de la mer, & qu'il trouve proportionnée à fa taille. Communément ils s'attache aux cames & aux coeurs. Quelque part qu'il fe tranf-porte, il ne va jamais fans fon domicile qu'il porte fur fon dos, & qui fert à protéger les parties foibles de fon individu 11 ne vit pas long-temps hors de l'eau. Lorfque la mer efl agitée, qu'il devient le jouet des flots, Ôc que la lame le jette furie rivage, on l'y voit marcher quelque temps, ou plutôt l'on voit avancer lentement la coquille où il s'eft ïogé, car aucune partie de ion corps ne la de S a f n f - D o m I n g u e. 3 3 O dépaffè. Lorsqu'on la touche, il s'arrête, replie fes pattes, ne donne aucun ligne de vie, Se comme il elt fouvent couvert de fange , il fait illufion au point qu'on croit d'abord s'être trompé, & avoir pris pour un être vivant, une coquille mutilée , remplie de fable. Ce n'elf qu'après un fécond examen qu'on apper-Çoit un petit animal tellement adhérent à fou domicile qu'on a peine à l'en détacher fans le rompre. Voici la defcription d'un de ceux que nous polfédons. Sa tête, qui n'eft point féparée du corps, efl divifée par deffus en plulieurs comparu-* mens membraneux , tranfparens Se molaffes. Le front efl fait en demi-cercle dentelé fur les bords, Se couvert de poils en deifous. Sa bouche ell garnie d'offelets arrondis, qui font l'office de dents ou plutôt de meules pour broyer fa nourriture. Cette bouche efl environnée de plufieurs lèvres ; l'une fupérieure , coupée tranfverfalement en zigzag ; la lèvre inférieure efl divifée en deux parties triangulaires qui s'ouvrent en long. Ses yeux font alfez gros Se furmontés de deux antennes très-déliées. On diftingue dans ce demi-cruftacé cinq paires de pattes de formes différentes, couvertes de poils Se de tubercules. La première paire efl compofée de quatre articulations ; celle qui tient au corps eft mamelonnée, la fuivante eft lifte en deifus, tuberculée en deifous, ayant d'un côté une entaille longitudinale , dans laquelle une partie de la quatrième articulation s'emboîte. La troifieme eft fort courte , de forme irrégulière, & couverte de tubercules, ainfi que la quatrième qui eft terminée par 540 Essai sur l'Histoire naturelle une tenaille dentelée. Ces deux pattes fervent à l'animal pour failir fa proie & la por-, ter à fa bouche. La féconde & la troifieme paires de pattes font compofées de cinq articulations , dont la première, qui s'articule avec le corps, en: mamelonnée, les quatre autres font couvertes de poils «Se terminées par une petite griffe arquée. Ces quatre pattes lui fervent pour marcher. La quatrième & la cinquième paires font deflinées pour cramponner ce demi-cruflacé à la coquille qu'il s'eft appropriée. Elles font couchées à plat fur fon dos, hériffées de poils, compofées de trois articulations dont la dernière elt terminée par plufieurs mamelons <5c une griffe arquée. Sa queue eft velue, terminée en pointe, compofée de fix anneaux. Elle fe replie fous le ventre, comme dans les crabes, & lert pour mettre à couvert les œufs par le moyen def-quels il fe reproduit. ArticleVI. Vrai Bernard*? ffermite, (fig. i, ) Ce cruftacé, qu'on nomme au&Soldar, renferme deux variétés qu'il ne faut pas confondre: le Soldat de mer, Cancelhis màrihus\\t Soldat de terre , CâncellUs ièrrefiris. Planche Le premier ne fe trouve que dans la mer; V; les pêcheurs en prennent quelquefois dans leurs filets ; ils languiffent & meurent au bout de quelques heures, lorfqu'ils font privés de cet élément. On en voit quelquefois de mont- de Saint-Domingue. 34.1 trueux, qui font logés dans des lainbïs , dans des rochers ou dans d'autres greffes coquilles. La partie antérieure de fon corps eft cruftacée, couverte de quelques poils épars çà «5c j à ; elle eft environnée de cinq paires de patres violettes , velues, Se couvertes de tubercules tantôt applatis , tantôt pointus. La première paire eft compofée de cinq articulations cruf-tacées , dont la dernière eft terminée par une tenaille garnie de dents, lesquelles s'emboîtent les unes dans les autres, Se fervent à cet animal pour faiftr fa proie, Se l'empêcher de s'échapper; communément ces deux tenailles ne font pas plus grolfes l'une que l'autre ; elles fervent à fermer l'entrée de la coquille dans laquelle ce cruftacé a établi fon domicile. Deux autres paires de pattes placées à la fuite de la première paire , font aufïî cru/lacées & compofées de fix articulations, dont la dernière eft terminée par une griffe pointue Se arquée. Ces quatre pattes fervent au Soldat pour marcher. A celles-ci fuccède une quatrième paire de pattes, beaucoup plus minces & plus courtes : elles font compofées de cinq articulations, dont la dernière porte une petite tenaille arquée dans la partie fupérieure. Les deux dernières pattes font les plus petites : cinq articulations les compofent ; une tenaille dentelée les termine. Les yeux font placés à l'extrémité de la tête, au bout d'un petit tuyau mobile, fphérique Se cruftacé. Au deffous l'on apperçoit deux longues antennes très-déliées, compofées d'une multitude d'anneaux qui les rendent flexibles en tout fens. Sa bouche efl fendue Yiij 342 Essai sur l'Histoire naturelle en long, comme celle des écreviffes, garnie de dents ; deux petits bras articulés fervent à porter la nourriture à la bouche ; le dos eft divifé en quatre compartimens cruftacés, unis enfemble par une membrane. La partie poflérieure du corps eft charnue , molaffe , couverte d'une membrane unie , divifée en delTous par quatre anneaux terminés fur les bords des deux côtés par une efpèce d'aîleron mince, tranfparent & velu. La queue efl à la fuite des anneaux : plufieurs lames alfez milices & cruffacées la compofent ; l'a* nus eft placé un peu au-deffus des lames. C'eft pour mettre à couvert cette partie foible de fon corps, que ce cruftacé fe loge dans les coquilles mortes qu'il trouve à terre. II a foin de choifir une demeure dont la capacité répond à fa taille : îorfqu'en grandif-fant, ii le trouve trop à l'étroit, il cherche un autre logis qui le mette à fon aîfe , ôc abandonne pour toujours fon ancien domicile. U eft ovipare, ôc fe réproduit comme les écreviffes. Le Soldat de terre eft alfez femblable à celui de mer ; mais il eft communément plus petit : fa grolfeur efl proportionnée à fon âge. Les plus gros ont à peine quatre pouces de longueur. Il recherche les endroits fecs. On en trouve fréquemment au bord de la mer ôc dans les mornes. Ceux-ci font plus mal logés que les premiers , parce que les coquilles terreftres font moins communes que celles de la mer, que la lame jette furie rivage. Il évite les lieux fangeux , où l'on ne trouve que de petits crabes. II fe nourrit d'ex- t) e Saint-Domingue. 343 crémens , d'infectes, d'herbes, de feuillages, li n'eft nullement amphibie ; Iorfqu'on le met dans l'eau , foit de mer , foit de rivière , il fait tous fes efforts pour en fortir : trouve-t-il un obftacle invincible ? il y périt en peu de temps.' Article VII. Pou de Sarde, (fig. 2. ) C'eft le véritable Pou de mer, Ped/cu/us mannusy dont parlent Rondelet & Marcgrave. Nous l'avons trouvé à Léogane en 1773 dans les ouies d'un poilfon affez commun, qu'on appelle Sarde. Il a huit lignes de longueur Se quatre lignes dans fa plus grande largeur; il eft convexe fur le dos, qui n'eft autre chofe qu'une peau écailleufe, divifée en fept. lames, appliquées 'es unes fur les autres comme dans les cloportes. Chaque lame eft liife, comme vernie , blanchâtre , parfemée de petites nuances noirâtres, terminée fur les bords par une petite écaille oblongue, qui fe replie en deifous Se fert de bafe aux pattes. Sa tête eft menue, applatie, en forme de pentagone, terminée par une efpèce de mufeau obtus, un peu recourbé en deifous ; fes yeux noirs , alfez gros, placés fur les bords, de façon que Pinfë&ë voit également de tout côté ; au deifous du mufeau l'on apperçoit quatre antennes diaphanes, divifées par huit anneaux, terminées en pointe, placées deux à deux un peu au deifous des yeux ; la bouche eft fituée au milieu du mufeau un peu plus bas que les antennes; elle eft tranfver- |i| E^saï sur l'Histoire naturelle iale, allez grande, accompagnée de plufieurs appendices charnues. . Le ventre efl applati , recouvert d'une membrane tranfparente , divifée fuperficiel-lëment en quatre paities par trois lignes tranf-verfaîes. On compte deifous le ventre quatorze patres, fept de chaque côté; les plus petites font du côté de la tête ; plus elles s'en éloignent , plus elles font grandes. Chaque patte eft compofée de deux articulations. La première qui tient au corps eft plus groffe que la féconde : ceile-ci confifte en cinq anneaux arrondis ; elle eft terminée par une griffe allez longue, arquée, très-aiguë, dont l'extrémité elt noirâtre & tranfparente. La queue eft compofée de cinq lames détachées fur les côtés, adhérentes dans le milieu , au bout defquelles eft placée une membrane large , arrondie , convexe en deifus , accompagnée de deux nageoires ; chaque nageoire eft divifée en trois parties unies enfemble par une membra* e. Le deifous de la queue eft recouvert de plufieurs feuillets membraneux. La nature lui a fans doute donné un orifice pour vuider fes excrémens, & pour fe reproduire ; mais il faut qu'il foit bien petit : quoiqu'aidé dun alfez bon microfeope, * je n'ai jamais pu l'appercevoir. Article VIII. 'Defcriptlon d'une efpèce de Sèche ou Calmar. Les plus grandes que nous avons pû trou-Ver, n'avoient que cinq pouces de longueur depuis l'extrémité du ventre jufqu'à la naif- de Saint-Domingue. 34$' ïance des bras. La tête eft oblongue , arrondie, découpée par l'extrémité en huit lanières difpofées en rond : ce font comme autant de bras que Ja nature lui a donné pour butiner & porter les alimens à fa bouche. Ils fonr gros vers la bafe , diminuent de grolfeur jufqu'à l'extrémité qui eft terminée en pointe ; ils font joints enfemble, vers Ja bafe, par une membrane tranfparente. Leur grandeur efl inégale, de façon cependant que les deux bras cor-refpondans font à peu près égaux : les deux plus petits font au-delfous du front; ils portent un pouce & demi de longueur. Les deux qui les avoifinent ont deux pouces ; Jes deux fuivans , qui correfpondent directement aux yeux, ont deux pouces & demi ; les deux derniers font placés à l'extrémité du menton : ils font égaux au cinquième ôc au fixième bras. Entre la troifieme & quatrième paire de bras , l'on voit fortir de chaque côté deux efpeces de tendons cylindriques , également gros dans toute leur longueur qui s'étend jufqu'à fept pouces. Ils paroilïènt gonflés de diftance en diftance , comme une goulTe l'cft par les graines qu'elle renferme. L'on apper-Çoit à un pouce Ôc demi de leur extrémité, deux rangs de fuçoirs, affez près les uns des autres. Les quatre paires de bras en font auffi garnis fur le côté intérieur, depuis quatre ou cinq lignes de leur bafe jufqu'à l'extrémité. La bouche de ce poiffon eft fituée au centre des bras, qui l'environnent de tout côré; elle eft faite en bec de perroquet, comme dans les Sèches d'Europe. Ses yeux font lort 34<£ Essai sur l'Histoire naturelle gros ; fou corps arrondi, charnu , liife , maF* que de taches violettes , terminé en pointe obtufe , garni des deux côtés par deux membranes en forme d'ailerons, qui font l'office de nageoires. 11 n'a point, comme les Sèches d'Europe , au milieu du corps cette écaille fongueufe nommée os de Sèche ; mais on trouve à fa place une pellicule roulfeâtre, tranfparente , caffante , divifée en deux parties dans toute fa longueur par une côte arrondie, de même matière que la pellicule. La Sèche de Saint-Domingue eh1 munie, comme celle d'Europe , d'un réfervoir plein d'une liqueur noire, qu'elle laifle échapper, lorfqu'elle ell pourfuivie, ou lorfqu'elle pour-fuit elle-même fa proie. U y a encore à Saint-Domingue une autre efpèce de Sèche,bien différente de celle qu'on vient de décrire. Ses bras, au nombre de huit, font égaux , gonflés à leur naiflance , & vont toujours en diminuant jufqu'à l'extrémité, qui efl terminée en pointe ; ils font plats en deffous, & garnis de fuçoirs; le deffus efl liife, arrondi. Chaque bras a environ un pied de longueur : ils font joints enfemble vers la bafe par une membrane affez femblable à celle des pattes d'oye; ils fe réunifient comme dans un centre aux environs de la bouche de ce poiffon. Son corps forme une efpèce de bourfe oblongue , flafque, charnue, de trois à quatre pouces de longueur, fans aucune parrie folide. Il répand une odeur des plus fétides, même lorfqu'il efl vivant. de Saint-Domingue. 347 Article IX. Defcripùon d'un poijjbn monoceros. (Jig. 3. ) C'efl celui que les habitans du Bréfil nomment Guacucvla, fuivant Marcgrave. Cet Auteur l'appelle, comme nous, poilTon monoceros. 11 ajoute qu'on pourroit auiîi lui donner le nom de Chauve-fouris aquatique, Vef-pert'dio aquatica. Celui que nous avons trouvé à Léogane en 1773 , a trois pouces de longueur & un pouce 6c demi dans fa plus grande largeur. Sa tête n'efl point féparée du refle du corps : elle efl terminée par une .corne ofleufe , dure, de forme conique , longue de quatre à cinq lignes. Le deflbus de cette corne efl creufe en gouttière, Se renferme un mufcle tendineux, long de trois à quatre lignes, dont j'ignore l'ufage. La bouche efl fîtuée au deffous de ce mufcle ; elle efl ronde , affez grande, environnée d'un cartilage qui efl intérieurement garni d'une infinité de petites dents. Les yeux font placés vers la bafe de la petite corne ; ils font ronds, de près de deux lignes de diamètre. Entre les yeux & la bouche , l'on appetçoit deux petites ouvertures par où le poilfon refpire, & qui font probablement l'organe de 1 odorat. Le corps du poilfon s'applatit enfuite & forme cinq parties bien diflinguées , qui font : le dos qui efl: arrondi ; deux efpeces d'épaules folides & offeufes qui forment un demi-cercle , Se que l'animal peut étendre ou plier à fa volonté ; deux bras flexibles qui prennent naiffance plus bas que les épaules, & 548 Essai sur l'Histoire naturelle qui ne font compofés que d'une feule jointure terminée par une nageoire membraneufe, à fept côtes. Au deffous des bras, on obferve deux orifices allez grands, par où le poilfon rend l'eau qu'il a pris par la bouche. Il eft terminé par une queue arrondie, à l'extrémité de laquelle eft attachée une nageoire femblable aux précédentes ; outre celles-là , il en a encore quatre autres , favoir, une deifus le dos, veis l'endroit où il fe termine & où la queue commence ; une autre femblable au-deffous , vers le milieu de la queue ; ôc deux autres qui font comme les Î)ieds de l'animal : elles font fituées vis-à-vis 'une de l'autre , vers le milieu du ventre. Ce poilfon n'a point d'écaillés; il eft rempli par-deffus de tubercules qui paroilfent à la loupe comme autant de petites étoiles ; le deifous eft couvert d'une peau chagrinée , fufcepti-ble de dilatation , bariolée de taches grfes & noires, moins foncées en couleur que le deffus. Ce poilfon n'elt pas commun. Article X. . Hijhire naturelle de VAnolls. (fig. 1.) § 1. Ses différentes efpeces. 1E L'Ano^is eft une efpèce de lézard que Sloa-ne définit : Lacertus minor levls. 11 s'en trouve par-tout de nombreuses variétés : on en voit de verds , de gris, de noirs, de jaunes, de mouchetés ; les uns font bariolés de zones tranfverfales bleues, jaunes & rouges; d'autres font divifés par plufieurs bandelettes longitudinales de différentes couleurs. Les plus de Saint-Domingue. gros n'ont pas plus de fept à huit pouces de longueur & un demi-pouce de diamètre ; les plus petits n'ont pas moins d'un pouce de longueur & deux à trois lignes de diamètre ; leur conformation ell par-tout la même,mais les proportions de la queue avec le relie du corps varient. Dans le.< uns, la queue égale la longueur du corps ; dans les autres , elle efl plus courte; dans quelques-uns, elle efl une fois plus longue. Voici la defcription d'un de ces Anolis pris au hazard. § 2. Sa defcription. Sa tête efl alongée, triangulaire, applatie; fa gueule bien fendue, armée de deux offelets taillés en fcie , qui forment les mâchoires fupérieure ôc inférieure. Le centre ell occupé f>ar une petite langue charnue, arrondie par 'extrémité. Deux yeux noirs, vifs, garnis de paupières, font placés vers le milieu de la tête : vers la naiffance du cou, l'on voit deux oreilles alfez grandes. Sa peau ell couverte de petites écailles ovales, couchées les unes fur les autres; la partie de la gorge fe dilate extrêmement, Ôc tombe jufqu'à terre, par le moyen de l'air que ce reptile y introduit à fa volonté. Il efl porté fur quatre pattes : celles de devant font compofées de deux articulations, dont la dernière fe termine par une main garnie de cinq doigts, dont deux grands , deux moyens ôc un petit. Les pattes de derrière con-fiflent en trois articulations, terminées auffi par cinq doigts de différente grandeur ; ils 5 5*ô Essai sur l'Histoire naturelle font tous armés d'une griffe blanchâtre, pointue ôc crochue. L'anus eft le feul orifice que la nature lui ait donné, tant pour vuider fes excrémens que pour fe reproduire ; il eft fitué fous le ventre , un peu plus bas que les pattes de derrière , à la naiffance de la queue, qui eft vertébrée , fort déliée, terminée en pointe extrêmement fine. § 3. Son caractère, fes tnœurs^ fes combats. Ce reptile eft fort vif, très-lefte, fi familier , qu'il fe promène fouvent fur les tables 6 fur les perfonnes. Son port eft gracieux, fon regard fixe ; on diroit qu'il prête attention à ce qu'on dit en fa préfence ; il examine tout ce qu'on fait devant lui ; il ne fait jamais de mal. Il fe nourrit de mouches, d'araignées & d'autres infectes qu'il avale en entier. Il eft prefque toujours en guerre avec fes fembla-bles. Lorfqu'un Anolis en apperçoit un autre > il s'en approche leftement ; celui-ci l'attend en brave. Les deux champions préludent au combat par des menaces réciproques qu'ils fe font l'un à l'autre, en agitant la tête du haut en bas par des mouvemens rapides & convul-fifs ; leur gorge s'enfle prodigieufement, leurs yeux font étincellans ; ils s'attaquent enfuite avec fureur : chacun tâche de furprendre fon ennemi. S'ils font d'égale force, le combat n'eft pas fitôt terminé ; c'eft ordinairement fur les arbres qu'il fe livre : d'autres Anolis font fpectateurs oififs ; ils lailfent vuider la querelle , fans qu'aucun d'eux entreprenne jamais, de fépar^r les combattans , ils femblent au' de Saint-Domingue, contraire prendre plaifir à les voir aux prifes : peut-être que c'elt la jouiffance ou la réfif-tance de quelque femelle qui leur imprime cette fureur martiale. Comme ils cherchent à fe mordre, il arrive aifez fouvent que la gueulé de l'un s'entrelace dans celle de l'autre ; ils relient long-temps dans cette attitude, chacun tirant de fon côté. Leurs efforts font-ils inutiles, ils s'éloignent , la mâchoire enfan-glautée ; mais Un inifant après ils recommencent. Lorfque l'iin des deux guerriers fe trouve plus foible que l'autre, il prend leffement la fuite ; fon ehuemi le pourfuit vivement : s'il Je joint, c'en efl fait, le vaincu eft à l'inftant dévoré ; heureux s'il en eft quitte pour la perte de fa queue, qui fe rompt quelquefois dans la gueule du vainqueur; dans ce cas, il a le temps d'échapper ; car l'ennemi occupé à dévorer fa proie , ne s'acharne point à la pourfuite de celui qu'il vient de mutiler. L'Anolis peut vivre fans queue ; on en voie plufieurs qui en font privés. Elle ne repouffe pas, lorfqu'elle a été coupée , mais il fe forme a l'extrémité un calus. 11 femble que cet accident devroit le rendre plus propre au combat; mais il paroît au contraire qu'il énerve fon courage & peut-être fes forces. Un Anolis muti'é devient timide, foible, languiffant : comme il ne peut fe montrer fans manifefter fa honte & fa. défaite , il évite le grand jour, il mène une vie trille , obfcure , & fuit devant •Je plus petit qui ofe l'attaquer. 3 £2 Essai sur l'Histoire naturelle § 4.. Manière de fe reproduire. Ce reptile eft ovipare. Dans le temps de fes; amours, le mâle embralTe fa femelle, la tient ferrée , & refte long-temps accouplé avec elle ; cette jouilfance amoureufe ne les empêche pas de courir & de fauter enfemble de branche en branche. Lorfque la femelle fenc approcher le moment de fa ponte , elle fait avec fes pattes de devant, au pied d'un arbre ou d'une muraille, un trou en terre d'environ deux pouces de profondeur ; elle y dé-pofe un oeuf qu'elle recouvre de terre : la chaleur du climat le fait éclore. Cet oeuf (fig. 2. ) porte cinq lignes de longueur & trois lignes de largeur; il eft liffe, d'un blanc-fale, oblong , également arrondi par les deux extrémités. § s- Olfervations fur l'Anolis de M. Bomare. Suivant M. Bomare, l'Anolis court pendant le jour autour des cafés & dans les jardins pour chercher Ja nourriture ; la nuit il Je cache dans la terre, & il y fait un bruit plus aigu & plus incommode que celui des Cigales. i°. Les courjes de TAnolis font tout au plus des promenades qui n'embraffent pas beaucoup de terrein ; il ne s'éloigre guères du lieu qui l'a vu naître. a0. Il y a des araignées, des mouches, & d'autres infectes par-tout ; il n'a donc pas befoin .de courir bien loin pour trouver fa nourriture ; il l'attend en patience, & il trouve par-tout de quoi fatisfaire fon appétit. 30. Les cafés de Saint-Domingue. 3^3 cafés font pleines d'Anolis Ja nuit comme le jour, ils ne m'ont jamais incommodé par leur chant aigu; je crois qu'ils panent la nuit à dormir plutôt qu'à chanter. 40. Je ne Jes ai jamais vus le cacher dans Ja terre ; les uns fe perchent fur les arbres , d'autres fe logent dans les maifons ; il en ell qui vivent habituellement dans les champs. On en trouve dans les pièces de cannes, fur les cotonniers, dans les broulfailles , dans Jes bois, en un mot partout. Ifs paiiént la nuit où ils ont palfé le jour. M. Bomare ajoute que l'on mange ces lézards, & qu'on les trouvefort tendres & faciles à digérer. Je n'en ai jamais vu manger à perfonne, pas même aux Nègres ; il efl vrai que les chats s'en régalent allez fouvent, & je n'ai point remarqué que cette efpèce de viande leur fuc indigeile. Article XI. Mouches luifantes, nommées Mouches-à-feu. Ce font des infectes coléoptères fort communs à Saint-Domingue. Il y en a de deux efpeces. La première efl affez femblable, à quelques différences près, à celle qui efl décrite dans les Alémoires de l'Académie des Sciences de Paris, année 1766, & qu'on a trouvée à Paris, où il a paru qu'elle avoit été transportée dans l'état de chryfalide avec des bois arrivés depuis peu de Cayenne. Celle que nous avons rapportée de Saint Domingue (fig. 3. ) a un pouce 8c demi de longueur, & cinq lignes dans fa plus grande largeur. Sloane la définit: Scarabœus fufeus thorace angulofo lucem emh-lens; Barrere l'appelle, Scarabœus maximus , Z 5 J4 Essai sur l'Histoire naturelle elegantijjimus ,Jp!ende?is. On en voit plufieurs au Cabinet du Roi, désignées par le nom de Buprejie. Toutes les parties qui compofent cet infeéte paroiffent au microfcope revêtues d'un poil rude, roulfeâtre & court. Sa tête n'elt point dégagée du corcelet, comme dans la Mouche à feu de Cayenne ; mais elle y efl enfoncée durant la vie & après la mort de l'animal : elle ell garnie de deux gros yeux noirs, fort lilfes & faiilans. Sa bouche eit armée de deux petites pinces crochues, folides, très-aiguës : ce font les feules armes offen-fives dont la nature l'ait pourvue. M. Fonge* roux n'en fait point mention dans la description de la Mouche luiiante de Cayenne ( Mim. Acad. 1766.)- Sa tête eft terminée par deux antennes très-déliées , de quatre lignes de longueur, compofées d'onze anneaux unis enfemble & mobiles : le premier , qui s'articule avec la tête , eit une fois plus long que les autres. Le corcelet forme une efpèce de quarré : il eft d'un brun foncé , d'une confiflance dure, terminé par deux pointes aiguës, au-deffus defquelîes on apperçoit deux taches ovales, d'un blanc-fale, convexes, folides, tranfpa-rentes, quand l'infecte elt vivant. C'elt par-là qu'il répand au-dehors une matière phofpho-rique uniforme , fi lumineufe , qu'on peut s'en fervir dans un befoin pour lire ôc écrire dans les ténèbres. Son éclat s'affoiblit à mefure que les forces de l'animal l'abandonnent ; il s'é-çlipfe fans retour , lorfqu'il meurt. On remarque encore fur le milieu du corcelet, deux petits enfoncemens , comme dans celui de Çayeanek Le deflbus du corcelet porte, au de Saint-Domingue; . 35-^ m'iîeu du côté oppofé à la tête, une longue pointe , qui encre dans une cavité placée au milieu du thorax qui rend J'infecte élaftique, & le fair fauter en l'air, lorfqu'on le met fur le dos. On trouve un femblable méchanifme dans l'efpèce de fcarabée nommé Maréchal% que tout le monde connoît. Le dos de l'infecte eft molaffe, couvert de deux aîles membraneufes fort amples, renfermées dans des élytres écailleux, folides, opaques , d'un gris-cendré, Jiifes en quelques endroits, raboteux & comme chagrinés dans d'autres, couverts de plufieurs rangs de petits points. On n'a rien obfervé de femblable dans celui de Cayenne. Entre les élytres, vers leur origine, l'on apperçoit l'écuffon, qui eft de forme arrondie, de même couleur & de même matière que les élytres. 11 relie immobile, lorfque les élytres s'ouvrent, que Jes ailes fe déploient, & que l'infecte prend fon effor dans Jes airs. IJ efl conitruit de façon que Jes élytres ne peuvent pas forcer la charnière membraneufe qui Jes foutient, en s'ouvrant trop, ni laiffer de vui-de entre elles, en s'abaiffant. Ce phofphore animal eft porté fur fix pattes , dont deux font adhérentes au corcelet, 6c quatre au thorax. Chaque patte efl divifée en trois articulations; la dernière efl compofée de cinq anneaux enchâffés les uns au bouc des autres. Le dernier anneau efl terminé par deux petites griffes crochues 6c pointues. Son ventre confifle en cinq anneaux écailleux, chagrinés , d'un brun-noirâtre , oblongs , excepté le dernier, qui eft plus large 6c qui Zij 356 Essai sur l'Histoire naturelle tonne une efpèce de triangle. L'anus elt placé à l'extrémité de l'angle qui termine l'infecte. La féconde efpèce de Mouche Iurfante (fig. 4.) n'a guères que quatre lignes de longueur. Barrere l'appelle , Scaraùœus parvus jioctilucus , Jeu injhir ignis Jplendens. Nous ne l'avons pas allez obfervé pour en donner une defcription exacte ; nous avons feulement remarqué qu'elle répandoit, en volant, fa lumière par l'anus, non d'une manière uniforme & continue, comme celle de la Mouche à feu que nous venons de décrire ; mais par élancement, comme une étincelle qui paroît & difparoît fucceflivement. Les Mouches à feu ne paroiifent que la nuit, le jour elt deftiné au repos. Guidées par le flambeau qu'elles alimentent de leur pro» pre fubllance, elles s'élancent dans les airs, dès que les ténèbres commencent à paroitre ; leur vol ell fort rapide ; la fplendeur qui les environne attire autour d'elles quantité de couûns qu'on appelle Maringauins ôc de Mouches éphémères dont elles font fort avides. On fait que ces petits infectes recherchent la lumière, où ils vont fouvent abréger une carrière bornée par la nature à quelques heures de vie. M. Bomare fe trompe donc, lorfqu'il dit au mot Acudiiz, qu'on ignore fi c'eft de leurs yeux ou de quelqu autre partie de leur corps que vient cet éclat. 11 elt démontré que les Mouches à feu delà première efpèce répandent la lumière par deux endroits du corcelet qui font bien ailés à dillinguer, & que celles de la féconde efpèce la laiiiènt échapper pat vf. Saint-Domingue. 3 5*7 l'anus, il cil encore faux de dire que ces infectes ne paroijfent point lumineux de jour. Ceux- de la première efpèce fur-tout, le font en tout temps , il fuffit de les agiter, pour les voir briller , fur-tout lorfqu'on fe place dans un lieu obfcur. M. Bomare revient encore fur Jes Mouches à feu au mot, Mouches luifantes , & voici J'idée qu'il nous en donne : Ces Mouches, dit-il , font un peu plus grolfes que nos Mouches ordinaires, auxquelles elles rejjemblent a/Je^ ; jnais la partie pojlérleure de leur corps ejl d'un verd tranfparent, & con-ferve pendant la nuit la lumière qu'elle a reçu, le jour.... Le P. Labat dit qu'à la Guadeloupe il y a des Mouches à feu de la grojfeur d'un hanneton qui répandent tant par les yeux que par le corps une lumière vive & d'un beau verd. N'eft-on pas bien inftruit avec de pareilles deferiptions l On me demandera peut-être pourquoi je m'en prend à M. Bomare, puifqu'il n'a rien dit de lui-même, & qu'il n'a fait que copier mot pour mot le P. Labat ? Je réponds que l'un n'exeufe pas l'autre. Je fais mauvais gré au P. Labat de nous avoir donné de faunes notions fur un infecte qu'il n'avoit que légèrement examiné. Mais je ne faurois témoigner ma reconnoilfance envers M. Bomare, d'avoir eu la complaifance de tranferire des rêveries, Se de les réunir en corps d'ouvrage. 11 falloit parler avec connoiifance de caufe * ou fe taire. 3$8 Essai sur l'Histoire naturelle A r t i c l e XII. Scarabée-Tortue, ou Unique dcSaint-Dominguti Les Nègres appellent Tortue un infecte coléoptère qui n'elf pas commun dans l'ifle. Il y en a au Cabinet du Roi que l'on dit venir de Cayenne, & qu'on a nommé Dïtique. Celui que nous polfédons repréfente un ovale parfait ; il efl d'un noir-foncé & luifant en deffous , d'un verd-doré en deffus , imitant la gorge de pigeon. Sa longueur efl d'un pouce ôc demi; fa plus grande largeur efl d'onze à douze pouces. Sa tête ell applatie, peu diflinguée en apparence du corcelet, formant une efpèce de triangle dont les angles font tronqués ; les yeux noirs, fort gros, arrondis, plus faillans en deffous qu'en deifus. Deux antennes font placées immédiatement au deffus des yeux ; elles font compofées de plufieurs anneaux con-tigus , arrondis. La bouche efl environnée de quatre petits bras, compofés chacun de trois articles : ils fervent à l'infecte pour porter fa proie à la bouche, l'y alfujettir, 6c l'empêcher de s'échapper. Le corcelet elt oblong, terminé du côté de la tète par deux pointes qui aboutiifent auprès des yeux, ôc emboîtent la tête ; le deffus efl convexe, le deffous concave , relevé dans le milieu par une côte qui porte deux pattes. Cette cavité du corcelet iert à loger ces deux pattes, ainfi que les deux fuivantes qui font placées à l'extrémité d'en-haut du thorax. La troifieme paire de pattes efl fituée de Saint-Domingue. 35-9 à l'extrémité d'en-bas, vers l'origine du ventre : celles-ci font couchées à plat fur le thorax , qui a huit lignes de longueur, & qui eit divifé en quatre compartimens. L'infecte marche donc à l'aide de ilx pattes , dont deux petites adhérentes au corcelet , deux moyennes & deux grandes attachées aux deux extrémités du thorax. Chaque patte efl; compofée de trois articulations applaties : la première , adhérente au corps, eft iiife , plus large au fommet que vers la bafe ; la féconde eit garnie fur les bords de poils rudes, longs & rougeâtres, ôc au milieu, de pointes couchées les unes auprès des autres; deux pointes très-affilées ôc mobiles font placées à l'extrémité de cette articulation, qui eit terminée par une efpèce de frange que la loupe fait aifément appercevofr. La troifieme articulation eft garnie de poils, comme la féconde , ôc de plufieurs pointes unies enfemble, qui forment comme une frange : elle eft foudivifée en cinq petites articulations, dont la dernière eit terminée par deux griffes arquées. Le ventre efl compofé de fix anneaux, dont le dernier forme une efpèce de triangle : l'angle qui termine l'infecte eft obtus & émouf-fé ; c'elt dans cette partie qu'efl placé l'anus. Les élytres font lifles, luifantes, ôc paroilfent à la loupe marquées de petits points. On découvre vers leur origine l'écuifon, qui eft petit, triangulaire. Ziv 360 Essai sur l'Histoire naturelle Article XIII. Scarabée Monoceros. (fig. ) Le Chevalier Sloane parle d'un Monoceros qui paroît avoir beaucoup d'analogie avec celui-ci : il le définit : Scarabœus major, ni-ger, tricornis. La corne du milieu elt femblable à celle que porte celui de Saint-Domingue. Mais celui de Sloane a encore deux autres cornes terminées en pointe , & fituées aux deux côtés du corcelet : c'elt ce qu'on ne trouve point dans celui que nous allons décrire. On allure dans le pays qu'il elt la rnétamorphofe du ver Palmijie , dont les habitans fe régalent. C'eft un mets très-délicat* & recherché par ceux qui n'ont point de répugnance à manger des vers. On voit plufieurs de ces vers au Cabinet du Roi Cet infecte coléoptère eft tout noir : le deffus de fon corps eft liffe ; le deifous eft garni de poils roux. Sa longueur depuis l'extrémité du ventre jufqu'au bout de la corne , eft de vingt lignes , fa plus grande largeur eft de neuf lignes. Sa tête eft terminée quarrément. Sa bouche eft environnée de quatre petits bras, compofés de trois articles; ils lui fervent pour retenir fa proie, ôc la préfenter en tout fens à la bouche ; fes yeux font gros , jaunâtres , & faillans de tout côté. Deux antennes placées immédiatement au deffus des yeux, font compofées de fept anneaux terminés par trois feuillets d'égale grandeur , ovales, fort minces, tranfparens ; celui du milieu eft convexe des deux côtés ; les deux autres font con- de Saint-Domingue. 36*1 caves en dedans , convexes & velus en dehors ; de forre qu'étant appliqués les uns contre les autres, ces trois feuillets n'en repré-fentent qu'un feul. La paitie qui fert de bafe aux anneaux , & qui s'articule avec la tête, eft couverte de poils, oblongue, plus groffe vers l'extrémité qui la joint aux anneaux. Immédiatement au-deffus de Ja tête s'élève une petite corne liffe, recourbée en arrière, ftriée dans le milieu , tronquée dans l'extrémité , où l'on apperçoit une petite échancru-re ; elle ell adliérente au corcelet , & fem-ble en être le prolongement. La partie du corcelet qui fert de bafe à la corne, eft enfoncée juiques vers le milieu ; l'autre partie eft relevée , oblongue, convexe. Les élytres font lilfes, terminées dans leur contour par un rebord faillant, féparées par un éculfon triangulaire alfez grand. Le ventre eft compofé de fix anneaux ; l'extrémité eft arrondie, plus longue que les élytres, Ôc refte toujours à nud. Cet infecte a fix pattes : les deux premières , qui font les plus petites , font adhérentes au corcelet; les quatre autres fonc adhérentes au thorax. Chaque patte eft compofée de trois articles, dont le premier fert de bafe aux autres : il eft Jilfe, velu fur les bords ; Je fécond eft dentelé en dehors, velu, ôc terminé par quatre épines ; Je troifieme fe divife en cinq petits articles, qui font velus, épineux, terminés par deux griffes arquées * d'égale grandeur. 36*2 Essai sur l'Histoire naturelle Article XIV. Mouche Ichneumon. C'ef! peut-être celle que Sloane définît : Vejpa ichneumon major toia cœrulea Jplendens. I! s'en trouve de très-petites. Celle que nous poffédons a deux pouces de longueur : toutes les parties qui la compofent, excepté les aîles, font veloutées d'un bleu foncé changeant en violet. Sa tête elt oblongue, mobile, garnie fur les côtés de deux gros yeux ob-Jongs, verdâtres & faillans : trois petites taches rondes, difpofées en triangle , occupent le milieu du front ; elles font luifantes, immobiles , paroiffent de même matière que les yeux, ôc fervent peut - être à l'infecte pour appercevoir les objets qui fe préfentent en face. La bouche ell armée de deux fortes pinces , tranchantes, arquées, applaties, ôc qui fe croifent l'une deifus l'autre : quatre petits bras , compofés chacun de quatre articles, font placés aux quatre coins de la bouche ; deux antennes occupent le haut de la tête ; elles font longues d'un pouce, cerclées, toujours en mouvement, compofées d'onze anneaux. Le premier, qui s'articule avec la tête, ell plus gros que les autres à qui il fert de bafe , Ôc qui vont toujours en diminuant de grolfeur -, leur longeur efl à peu près égale. L'ichneumon eft porté fur fix pattes : la première paire prend naiflance au corcelet, elle a un pouce Ôc demi de longueur ; la féconde paire a deux pouces, le thorax lui fert de bafe ainfi qu'à la troifieme paire, qui ell de Saint-Domingue. 363 de deux pouces & demi. Chaque patte e/t compofée de trois articulations. La première eft courte, grofle, & s'articule avec le corps; La féconde eft plus longue & moins groffe; la troifieme, beaucoup plus longue que les autres, fe fubdivdfe en fix petits articles qui font dentelés fur les bords, Ôc armés chacun de deux épines ; chaque petit article diminue de grolfeur ôc de longueur, à mefure qu'il approche de l'extrémité de la patte , qui eft terminée par deux griffes arquées. Lè ventre elt fi dur qu'une épine de citronnier n'a jamais pu le percer lorfque l'infecte étoit vivant. Il elt attaché au corps par un filet imperceptible ; fa forme elt arrondie, oblongue, pointue : il elt compofé de fix anneaux écailleux très-mobiles, qui fe replient les uns fur les autres , comme on i'obferve dans les guêpes. Ils font terminés par un redoutable aiguillon, dont la piquure occafionne une fièvre ardente, accompagnée de maux de tète ôc de malaife qui durent plufieurs jours, au bout defquelles tous ces fymptomes dif-paroiifent d'eux-mêmes, fans le fecours d'aucun remède : on a cependant coutume de faite prendre au malade quelques dofes de thcriaque. Deux grandes ailes prennent nailfance au corcelet. Elles font membraneufes, tranfpa-rentes, divifées en compartimens par des nervures , d'un rouge vif, bleuâtres à l'extrémité, longues d'environ vingt lignes ; le corps fert de bafe à deux autres ailes femblables aux précédentes, fous lefquelles elles font cachées, lorfque l'infecte ne vole pas. 364 Essai sur l'Histoire naturelle L'on voie, par ce détail, que la Mouche ichneumon eft pourvue de toutes les armes offenfives & défenfives qui peuvent convenir aux infectes. Quatre grandes ailes lui font prendre un vol rapide, foit pour échapper aux pourfuites des oiieaux qui font fes fculs ennemis , foit pour atteindre fa proie ; fix pattes armées de douze griffes & de 72 épines, font plus que fuffifantes pour l'empêcher de s'échapper : les deux pinces lui portent le coup de la mort ; l'aiguillon n'eft employé que contre un ennemi qui ofe fe défendre. Cet infecte vorace mène une vie errante & folitaire. Il dépofe fes oeufs dans un trou alfez profond, qu'il creufe en terre. U ne vit que d'infectes & fur-tout d'araignées. 11 n'en elt aucune parmi elles capable de lui réfifter ; Varaignde crabe elle - même quelque monf-trueufe & vigoureufe qu'elle foit efl aufh-tôt vaincue qu'attaquée. En vain efpéreroit - elle trouver fon falut dans la fuite ; l'ichneumon la fuit à la pifte, fous les herbes ou les pierres , & la rejoint bientôt, malgré les détours qu'elle fait pour tromper la marche d'un ennemi fi terrible. Lorfque l'araignée fe voit atteinte , elle s'étend par terre , foit que la vue de l'ichneumon la faififfe de peur, foit qu'elle efpère par cette rufe lui échapper en contrefaifant la morte ; mais l'animal vorace ne fe laiffe pas facilement dupper, il faifit fa proie avec fes pinces & s'envole avec, ou il la fuce fur la place. de Saint-Domingue. 3^ CHAPITRE SEPTIEME. Monumens d'antiquités. LEs naturels de Saint-Domingue bornoient leur induftrie à fe conftruire des cafés, à faire des canots, des inff rumens de pêche, des hamacs & quelques vêtemens de coton ; ils avoient des vafes de bois ou d'argile pour leurs ufages journaliers. Tout a été anéanti avec eux ; leurs conquérans ne cherchoient que de Por, ils ne s'occupoient que des moyens de s'en procurer. Il faut maintenant ouvrir les entrailles de la terre pour y trouver quelques vefliges de J'induflrie de ce peuple infortuné. 11 feroit à fouhaiter que chacun mît au jour les découvertes qu'il auroit faites fur un fûjet li ténébreux : leur enfemble & leur comparaifon donneroient des lumières qui nous manquent. Les parties les plus foibles en elles-mêmes, «Se lorfqu'elles font ifolées, com-pofent par leur union un édifice folide & durable- Les antiquités que nous avons ramaf-fées durant notre féjour a Saint-Domingue ont pour objet des fétiches, des fragmens de poteries & des haches indiennes. Nous allons «n parler féparément. renient fcuîpté. Il a un demi-pied de Ion- $66 Essai sur l'Histoire naturelle gueur 6c trois pouces de largeur. La pierre fur laquelle il eit étendu , 6c dont il fait partie, ell pefante, dure, extérieurement noirâtre, raboteufe , verdâtre dans l'intérieur. On en tire des étincelles avec le briquet. J'ignore de quel quartier elle a été tirée. Planche La féconde (fig. i. ) eil compofée d'une IX# pierre quartzeufe. Elle a deux pouces 6c demi de longueur 6c un pouce de moins dans fa plus grande largeur. Elle efl repréfentée accroupie , ayant les mains fur les genoux. La tête efl fort groife,d'un pouce de longueur, les yeux enfoncés, le nez applati, la bouche extrêmement fendue. Le fommet de la tête efl percé par derrière de trois trous difpofés en triangle 6c qui communiquent enfemble. On voit fur chaque avant-bras une tête en relief. Cette fétiche a été trouvée dans la plaine du Cul-de-fac. La troifieme ( fig. i. ) efl compofée d'une pierre verdâtre. Elle femble mutilée , quoique fans fracture apparente. Elle efl une des plus grotefques. Sa tête paroît placée au milieu de la poitrine ; on apperçoit derrière la tête quatre efpeces de moignons couverts de ftries, difpofés en quarré. L'intervalle qui fépare les deux fupérieurs des deux inférieurs eil percé d'un bout à l'autre. Elle a été trouvée fur l'habitation des Religieux Dominicains à Léogane. La quatrième {fig. 3.) a un pouce de longueur. La tête feule eil plus longue que le refle du corps. On y apperçoit deux grandes oreilles groffiérement fculptées ainfi que le relie de la ligure, deux gros yeux, trois rangs de Saint-Domingue. 36*7 de dents; le derrière de la tête eft percé d'un bout à l'autre tranfverfalemcnt. Le corps eft applati. On y remarque deux efpeces d'épaules percées par en-bas , un nombril & deux moignons qui terminent la figure. La pierre dont elle eft compofée eft blanchâtre ôc ne fait point d'efîérvefcence avec Jes acides. § 2. Fragment de poterie. C%. 4.) Ils ont été trouvés en 1773 dans les mornes du grand Go ave fur l'habitation Auhèri fi tuée à la Raque-à-Cotard- à une demi-lieue du chemin qui conduit de Léogane à JacmeL Us font compofés d'une tête argilleufe ou ghii-feufe, dans laquelle on trouve des particules ferrugineufes attirables à l'aimant. Ces frag-mens font les débris des vaiès que les anciens naturels modeîoient pour leur ufage. Ils n'a-Voient pas l'art de les faire cuire au feu, ils fe contentoient de les faire fâcher au foleil. C'eft pour cela qu'ils font fi fragiles, Ôc qu'il eft rare d'en trouver d'entier; je n'en ai jamais vu de véritable. Dans Jes figures que nous avons fait exécuter, l'on voit plufieurs têtes Se d'autres deffeins grolfiérement travaillés. Il m'eft tombé entre les mains une efpèce de ta lté , qui paroît entière & feulement ébré-chée dans le contour de fa bouche; mais je ne la crois pas d'une antiquité fi reculée que les fragmens dont on vient de parler. Elle eft compofée d'une terre rougeâtre , qui paroit avoir été cuite au feu : elle renferme cepen- 3 6$ Essai sur l'Histoire naturelle dant auflï des particules ferrugineufes, atti-rables à l'aimant. § 3- Huches Indiennes. Elles font fort communes en Amérique. Le vulgaire les appelle Pierres de tonnere\ on les trouve par tout à Saint-Domingue fur la furface de la terre, ou à peu de profondeur. Elles font faites communément en coin. Avant l'arrivée des Européens, les Indiens s'en fer-voient pour faire leurs canots & d'autres fem-bîables ouvrages. El les leur tenoient lieu de tous les initrumens de charpente dont ils n'avoient aucune idée. On fait par tradition, que lorfqu'ils avoient un canot à faire , ils commençoient par abattre l'arbre qui leur con-venoic; pour cet effet, ils mettoienc le feu au pied ; des coups de haches redoublés animoient cet élément, qu'ils conduifoient par ce moyen où ils vouloient. Lorfque l'arbre étoit abattu, ils coupoient de la môme manière l'autre extrémité , fuivant la longueur qu'ils vouloient conferver; ils creufoient enfuite cette partie Ï>ar le moyen du feu & de leurs haches, & e canot fe trouvoit fait ; la patience & le courage leur faifoient exécuter ce qu'ils avoient une fois conçu. Ces haches font des pierres très - dures & communément très-liffes. Les fentimens font partagés fur leur origine. Les uns prétendent qu'elles viennent de la terre ferme, & que les peuples qui l'habitoient venoient les troquer avec ceux des ifles, qui leur donnoient en échange quelques denrées. D'autres croient qu'elles de Saint-Domingue. 36*0 qu'elles font originaires des lieux où on les trouve, & que les Indiens leur donnoient la forme que nous leur voyons, en les frottant contre d'autres pierres, ou en les raclant avec des débris de coquilles. Quelques-uns penfent qu'elles font faites avec une terre glaifeufe que les Indiens alloient chercher au fond de la mer, Ôc qui a la propriété de fe durcir à l'air. Quelque fentiment qu'on embraffe, on ne verra jamais ces inlfrumens fauvages, fans admirer combien l'homme, îaiifé à lui-même & fans fecours , devient induftrieux pour iub-venir à fes befoins. Parmi les haches Indiennes que nous pof- Planche fédons, on obferve quatre variétés principales, X" comme l'infpection des ligures le démontre. La première repréfenre en petit une pierre très-dure, bariolée de taches noirâtres & rouf-feâtres, remplie de particules ferrugineufes attirables à l'aimant, criblée de trous à l'extérieur, mais fufceptible de poli, faifant feu avec l'acier. Sa forme eft oblongue ; elle eft taillée en coin, amincie dans fon contour , terminée au fommet par un petit bourlet. Sa longueur eft d'un pied, fa largeur de cinq pouces Ôc demi ; fa plus grande épailfeur d'environ un pouce & demi. Elle péfe cinq livres, ôc reçoit facilement, comme la pierre de touche, la trace du métal qu'on y frotte; il en eft de même des efpeces fuivantes. La féconde figure repréfenre une hache de couleur noirâtre , très-dure, amincie dans fa bafe, terminée au fommet par trois pointes obtufes, ayant vers le milieu un étranglement j 370- Essai sur l'Histoire naturelle elle contient des particules ferrugineufes, attirantes à l'aimant, 6c que la loupe fait aifé-ment appercevoir dans fes fractures. Sa longueur eft de quatre pouces 6c demi, fa plus grande largeur de trois pouces huit lignes, fon épaifteur d'environ un pouce. Elle fait feu avec l'acier : fon poid eft prefque d'une livre. La troifieme figure repréfenre Tefpèce la plus commune. Elle eft oblongue, arrondie Se applatie vers la bafe , pointue au fommet, convexe des deux côtés, amincie dans fon contour, d'un grain fin, très-dure, d'un grand Eoli, comme ollaire, de couleur verdâtre, ariolée de taches noirâtres. Elle rend quelques étincelles lorfqu'on la frappe avec l'acier. Sa grandeur varie, La plus confidérable de celles que nous avons, porte dix pouces Se demi de longueur, quinze à feize lignes d'épaiffeur. Son poids eft d'environ deux livres fix onces. La quatrième figure repréfente l'efpèce la plus rare. Elle a la forme d'une hache Européenne : la partie tranchante eft de quatre pouces 6c demi , fa plus grande largeur de deux pouces quatre lignes; fon extrémité eft arrondie, taillée en coin ; le fommet eft terminé par une pointe qui ne fubfifte plus, Se dont il ne refte que la bafe. Elle eft portée fur un manche cylindrique, qui ne fait avec elle qu'une feule pièce, Se qui va toujours en diminuant de grolfeur jufqu'à l'extrémité qui eft obtufe. La longueur du manche eft d'environ' cinq pouces , fa plus grande largeur d'un pouce , fa plus petite de neuf DE S A T N T-D O M I NG UE. 37? lignes. La pierre qui a fervi à faire cette hache efl: noirâtre , comme vermoulue , verdâtre & d'un grain fin. Elle ne rend point d'étincelles lorsqu'on la frappe avec l'acier; fa nature paroît ollaire; elle péfe 14 onces. F I N. Aaij 372 ^|_Ll , J»IIWI 11 TABLE TABLE DES MATIÈRES. Avertissement, pag. \\\ Explication des abréviations , vj Explication de quelques exprejjlons tecniques oit en ufige dans les ljles. viij CHAPITRE l Idée générale de Saint-Domingue , i Art. 1 Situation de Saint-Domingue, lbid. Art. il Productions de Saint-Domingue, 2, Art. 111. Commerce des François à Saint-Domingue. 3 Art, iv. Gouvernement civil de Saint-Domingue , y § 1. Du Gouverneur, lbid. §' 2. De l'Intendant, y § 3. Des Sièges de Jujllce, 8 § 4. Des autres Officiers publics, 10 § De la Milice, lbid. Art. V. Gouvernement eccléfiajlique, 13 Art. vi. Population de la partie françoife, \y Art. vii Obfervatlons fur le climat de Saint-Domingue , 1S Art. viii. Manufactures établies à Saint-Domingue , 21 § 1. Du fucre, 2.2. § 2. Du café, 31-§ 3. l'indigo, 36 § 4. coton, 40 Art. ix, Manufactures qu'on pourroit introduire dans la partie françoife de Saint-Domingue > 45- DES MATIERES. 37* Art. X. Réflexions fur fêtai préfeut des habitans de Saint-Domingue, tant libres qu efclaves , pag. Art. XIV. Mouche Ichneumon , 362 CELA PITRE VIL Monumens d'antiquité, 3 rj ; § 1. fétiches, lbid. § 2. Fragmens de poterie , 367 § 3. Haches Indiennes, 368. APPROBATION. J'Ai lu, par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un manufcrit intitulé : EJfai fur l Hijl 0 ire naturelle de tljle de Saint-Domingue, par le P. Nicolfon. La vérité, la clarté, &la {implicite qui régnent dans cet ouvrage, l'ordre alphabétique fous lequel Pont rangés les objets d'hiltoire naturelle, Ôc les découvertes qui y font répandues, me font penfer qu'il peut fervir de modèle aux voyageurs, qui , fans être profonds dans les fciences naturelles, employeroient, à l'exemple du P. Nicolfon, leurs momens de délalfemens, à des recherches ôc à des obfervations dont la connoilfance devient précieufe aux Savans, en état de les apprécier ôc d'en faire l'application à l'utilité publique. Fait à Paris ce 10 Juin 1775. ADANSON, de f Académie Royale des Sciences , de la Société de Londres, & Cenfeur Royal. PRIVILEGE DU ROI. .INOUÏS, par la grace de DlEU , Roi de france de Navarre. A nos amés & féaux Confcillers, Jes Gens renans nos Cours de Parlement, Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Grand Confeil , Prévôt de Paris, Baillifs , Sénéchaux, leurs Licutcnans Civils , & autres , nos JulHciers qu'il appartiendra : Salut , notre amé le Pi Nicolson, Religieux Dominicain, nous a fait expofer qu'il delncroit faire imprimer Se donner au public un Êffhi fur fHijlôirc naturelle de Saint-Domingue , s'il nous piai-ioit lui accorder nos Lettres de Privilèges pour ce néec/faircs. A ces Causes, voulant favorablement traiter l'Expofant, Nous lui avons permis & permettons par ces Préfentes, de faire imprimer ledit Ouvrage autant de fois que bon lui femblera , & de le vendre , faire vendre & débiter par tout notre Royaume pendant le tems de fix années confécutives, à compter du jour de la date des Préfentes. Faisons défenfes à tous Imprimeurs , Libraires , & autres perfonnes , de quelque qualité & condition qu elles foienc, d'en introduire d'imprellion étrangère dans aucun lieu de notre obéiffance : comme auiîi d'imprimer , ou faire imprimer, vendre, faire vendre, débiter, ni contrefaire ledit Ouvrage , ni d'en faire aucun extrait fous quelque prétexte que ce puiiîe être, fans la pcrmillion expre/fe & par écrit dudit Expofant, ou de ceux qui auront droit de lui, à peine de confifeation des Exemplaires contrefaits , de trois mille livres d'amende contre chacun des contrevenans, dont un tiers à nous, un riersà l'Hôtel-Dieu de Paris, & Tautre tiers audit Expofant, ou à celui qui aura droit de lui, 5c de tous dépens, dommages Se intérêts : a la charge^uc ces Préfcntcs feront enregiftrées tout au long fur le Regiirre de la Communauté dcs^Imprimeurs & Libraires de Paris, dans trois mois de la date d'icelles ; que l'impreffion dudit Ouvrage fera faite dans notre Royaume , Se non ailleurs, en beau papier & beaux caractères, conformément aux Réglemens de la Librairie , & notamment à celui du 10 Avril 1715 , à peine de déchéance du préfent Privilège 5 qu'avant de l'expoier en vente, le Manuicnt qui aura férvi de copie à l'impreilion dudit Ouvrage , fera remis dans le même érat où l'Approbation y aura été donnée, ès mains de notre très-cher &. féal Chevalier, Garde des Sceaux de France , le ficur Htfi de Mirom enil j qu'il en fera enfuite remis deux Exemplaires dans notre Bibliothèque publique ; un dans celle de notre Ch.î eau du Louvre , Se un dans celle de notre très-cher ôv. fiai Chevalier, Chancelier, le heur de Mau-peou , & un dans celle dudit lieur Hue de Miromenil: le tout à peine de nullité des Préfentes ; du contenu def-qutlles vous mandons Se enjoignons de faire jouir ledit Expofant Se fes ayans caufes , pleinement Se paifiblemcnt, fans fourfrir qu'il leur foit tait aucun trouble ou empéche-jnenr. Voulons que la copie des Prélentcs , qui fera imprimée tout au long , au commencement ou à la fin dudit Ouvrage, foit tenue pour duemen: lignifiée, & qu'aux copies collationnées par l'un de nos amés Se féaux Confcillers Secrétaires , foit foit ajoutée comme à l'original. Commandons au premier notre Huiflici ou Sergent fur ce requis , de faire pour l'exécution d'icellcs , tous actes requis Se néccllaires, fans demander autre permiflion, Se nonobfhant clameur de Haro , Charte normande & Lettres à ce contraires ; Car tel eft notre plaifir. Donné à Paris le dix-feptiéme jour du mois d'Août, l'an de grace.mil fept cent foixamc-quinze , Se de notre Règne le deuxième. Par le Roi en son Conseil. Signé, LE BEGUE. Régiflré fur le Regijlrc XIX de la Chambre Royale & Syndicale des Libraires & Imprimeurs de Paris, n9. 300. fol. 476. conformément au Règlement de 1713 , qui fait dêfenfes, article IV', à toutes perfonnes de quelque qualité cv condition qu'elles foient, autres que les Libraires & Imprimeurs, de vendre , débiter , faire afficher aucuns livres , pour les vendre en leurs noms , foit qu'ils s'en dirent les auteurs, ou autrement, 6' à la charge de fournir à la fufdite Chambre huit exemplaires , preferits par l'article ioS du même Règlement. A Paris ce 19 Août ij-jj. Signé, HrjMiiLOT , Adjoint. De rimprimcric cTAntoink Boudet, Imprimeur du Roi.