UDK 23/28(4) La realite des bases chretiennes de l'Europe nouvelle VOJANRUS, SLOVŽNIE POVZETEK REALNOST KRŠČANSKIH TEMELJEV NOVE EVROPE Krščanski evangeliji radikalno odprejo najglobjo vrednostno revolucijo hijerar-hične razredne družbe. Pomen te revolucije za sodobno človeštvo in zlasti za vso Evropo (od Atlantika do Urala) pa še narašča. V krščanskih evangelijih so prisotne implicitne teze filozofske antropologije, etike in aksiologije, ki so vrh vse dosedanje človeške misli in duha in ki so bolj radikalne in bolj utemeljene v izjemno nasprotnem in nihajočem človeškem bistvu kot vsa najbolj slavna dosedanja filozofija (bolj kot antična grška ali novoveška ali sodobna filozofija). V razpravi so podani dokazi, da je v drugi polovici 20. stoletja Zahodna Evropa dosegla (v novih izvirnih sintezah) največji humani napredek v vsej svoji zgodovini in največje (vendar še nepopolno in nestabilno) uresničevanje resničnih krščanskih vrednot. Prav tako pa je v članku podrobno dokazano, da so ti realni revolucionarni elementi imeli duhovno pripravo v visokokvalitetnem kulturnem in družbenem delu največjih ustvarjalcev Vzhodne, Srednje, Jugovzhodne in Vzhodne Evrope, ki so dvesto let (implicitno ali eksplicitno) povezovali izvirne krščanske vrednote s sodobno evropsko socialno, nacionalno in mednacionalno problematiko: Tolstoj, Dostojevski, Masaryk, Goethe, Prešeren, Svetozar Mar-kovič, Tucovič, Strossmayer, Slomšek, Janez Evangelist Krek, Cankar, Krleža, Matoš, Gramsci, Cesarec, Tito, Kocbek, papež Janez XXIII, Janez Janžekovič, kardinal Koenig, Trstenjak, Finžgar, Grmič in mnogi drugi. V študiji je podrobneje dokazano, kako so ti veliki duhovi s svojo mislijo in delovanjem zarezali globoko razliko med humano graditvijo nacij in šovinističnim nacionalizmom in nerazdvojno povezali nacionalno in socialno problematiko. Normalizacija narodov in držav Vzhodne in Jugovzhodne Evrope bo zelo dolga in težka in bo najbolj racionalna, če bo upoštevala realne vrednote Zahodne Evrope v drugi polovici 20. stoletja, ki so tudi del uresničitev krščanstva: socialno tržno gospodarstvo, socialna država, mir in mednarodno sodelovanje. Brez teh vrednot se lahko v Vzhodni in Jugovzhodni Evropi pojavi uničujoči socialni razkroj, novi totalitarizmi, militarizmi in vojno uničevanje. To pa lahko retrogradno razkrajajoče vpliva na Zahodno Evropo pa je zato tudi v njenem interesu pan-evropsko uresničevanje naprednih vrednot, ki so moderna oblika krščanstva (so- cialna država, mir, vsebinska demokracija). Točnost analiz in predikacij socioloških, politoloških in ekonomskih metodologij, ki so utemeljene na dialektični filozofiji in ki so pravočasno točno analizirale in napovedale družbeni razvoj v Vzhodni in Jugovzhodni Evropi, je eklatanten dokaz njihove znanstvene prednosti pred metodologijami, ki se naslanjajo na katerikoli filozofski abstrak-cionizem. Les thdses suivantes, je les ai ddveloppdcs plus en ddtail dčjk dans les ddcennies prdcčdentes et surtout dans les livres suivants: "La continuation de notre chemin" (dcrit en 1981 et publid en 1983, Ljubljana, 301 pages), "Ethique et soeialisme" (Ljubljana, 1985, 757 pages), "Aux carrefours de la crise" (Ljubljana, 1987, 243 pages) et "Anthropologic philosophique" (Ljubljana, 1991, 388 pages). Ces livres et mes autres livres de philosophic et de sciences sociales sont l'explication philosophique et sociologique systdmatique des thdses fondamentales de ce rapport, notamment l'explication de la thdse de la signification philosophique extraordinaire du christianisme originel. Dans ces livres et dans mes autres livres, j'avais systdmatiquement ddveloppd les synthases philosophiques; & savoir la synthase de l'anthropologie et de 1'onthlogie-cosmologie; la synthase de l'idde et la mati dre (sous la direction de l'idde); la synthase de la forme et du contenu; la synthase du rationnel, de l'dmotionnel et l'empirique; la synthase de l'universel et du concret -individuel et des autres synthase - dont la prdsence est dgalement implicite dans la pensde chrdtienne originelle et qui sont la base philosophique la plus profonde de ces synthases socio-historiques d'une importance exceptionelle actuellement intides en Europe occidentale. 1. Les dvangiles Chretiens comme le sommet de la philosophic anthropologique, ethique et sociale d'alors; comme le critcre de valeur actuel du developpement social contemporain Come je l'ai notamment montrd dans mes livres intitules "Ethique et soeialisme" et "Anthropologic philosophique", les critdres de valeur les plus objectifs, les plus rdels et de plus longue durde sont les critdres de valeur du ddveloppement actuel (de 1 "Europe et de l'humanitd) qui sont imphcitement prdsents surtout dans l'anthropologie dialectique et dans l'ethique des dvangiles (et dgalement dans la philosophic grecque antique, notamment chez Aristotdle, Marx, Trstenjak, Masaryk et chez d'autres reprd-sentants de la dialectique anthropologique). La thdse, suivant laquelle les attitudes anthropologiques, dthiques et sociales implicitcs des dvangiles sont le sommet cxpressif de toute la pensde d'alors peut Stre prouvde de manidre strictcment scientifique: par comparaison avec la philosophic grecque antique la plus ddveloppde et avec la pensde des autres continents et de toutes les dpoques ultdrieures, et en plafant toutes ces conceptions dans leur contexte historique et social. Cette mdthode et ces rdsultats, je ne les prdsenterai ici que partiellement. La haute valeur de l'anthropologie, de l'humanisme et de l'dthiquc des dvangiles s'exprime tant dans la confrontation avec la philosophic antique grecque, que dans la confrontation avec les conceptions nouvelles du nouvel Sge. Ces nombreuses orientations philosophiques diverses du nouvel age ont un ddnominateur common car presque toutes, elles rdduisent l'essence de rhomme constitute de plusieurs couches, trds contradictoire en elle-meme et trds oscillante, le plus frdquemment & une seule couche qui est vue comme un cours historique strictement lindaire. Avec ce rdduc-tionnisme et cet abstractionnisme anthropologique extremement dtroit, les directions philosophiques du nouvel age sont essentiellcment plus (Strokes que la plupart des philosophies antiques grecques, et surtout plus que les dvangiles. Dans les attitudes et les images des čvangiles (les dernidres contenant des iddes anthropologiques tout k fait claires), il y a une pensde anthropologique et humaniste qui est, jusqu' k present, la plus radicale car jusqu' ici, elle pdndtre le plus profon-dement dans l'essence de l'etre humain et dans ce qui est bon en lui: tous les gens (meme les principaux reprdsentants du mouvement chrdtien originel) sont les čtres humains formds des plusieurs couches - de l'dsprit et du corps, de la pensde et de l'amour, de la personnalitd et de la socialitd (des intdrets, des besoins, des relations), qui, dans leur essence la plus profonde, oscillent entre leur contradictions intdrieures manifestes. C'est pourquoi dans les dvangiles, il n'y a aucune diffdrentiation rigide des groupes humains (de caractdre national, religieux, social ou philosophique) qui seraient les uns, absolument bons, ou les autres, absolument mauvais (k cause de leur appartenance k un certain groupe social). Toutefois, ce n'est que l'individu qui en sa conscience ddcide entre le bien et le mal, lorsqu'il est confrontd avec les situations concrdtes (personnelles et sociales) et qui ne peut rdaliser le bon humain que par ses actes responsables. Cette pensde des dvangiles est dgalement prdsente dans l'image du Samaritan qui rdvdle plus humain par ses actes que les deux Juifs de haut rang, ainsi que dans le personnage de Zachde, du centurion romain, de Nicoddme, de Marie-Madeleine et dans le personnage du jeune homme riche. Le radicalisme anthropologique des dvangiles est par excmple largement au-dessus d'Aristotdle qui, dans sa Ethnique de Nikomah, se rdvdle trds grand humaniste par sa constation (raremcnt citde), disant que l'esclave peut etre cgal sur le plan humain justement parce qu'il est capable de comprendre la justice, tout comme le matlre. Mais les dvangiles s'dldvent essentiellcment au-dessus d'Aristotdle par des thdses implicites, mais claires: que le bien le plus sublime peut frdquemment se manifester dans les personnes les plus humilides, crucifides et crachdes, dans les couches infd-rieures et dans les femmes d'une manidre plus marqude que dans les personnes les plus puissantes, les plus riches et les plus instruites; que les personnes des couches infd-rieures (les pecheurs, par exemple) peuvent etre des sujets et des crdateurs du bien humain et du bien divin, et ce aussi bien ou meme mieux que les personnes appartenant aux couches supdrieures; que les barbares peuvent aussi etre dthiquement dgaux aux chrdtiens et aux Juifs k cause de leur conscience et que les femmes (au tombcau de Jdsus) peuvent montrer plus de courage moral que les hommes dirigcants. La radicalitd et la supdrioritd de l'anthropologie et de 1'humanisme dvangdliste rdsident done dans le rejet formel (plus formel que dans tous autres textes connus) de tous les prdjugds de classe, de race, de nationalitd, de religion, de sexe, d'&ge et des prdjugds de gdndration, ainsi que dans la ddclaration qui place la source du bien humain exactement k l'endroit qui est rdellement ddcisif: dans chaque personnalitd humaine, dans sa conscience (qui contrairement au rationnalisme, rdunit la pensde et rdmotion-l'amour) et dans ses actes dans une situation humaine et sociale concrdte. Les critdres fondamentaux de la conscience ne sont que des valeurs humaines gdndrales, communes k tous les hommes et k leur sens d'dtemitd (que l'on peut appeler Dieu la nature). Evidemment. les critdres anthropologiques radicaux des dvangiles chrdtiens ne valent pas uniquement pour les personnes. mais aussi pour tous les groupes sociaux. et de ce fait (comme je montrerai ultdrieurement plus en ddtail) aussi pour tous les nations contemporaines et pour tous Ies relations nationales contemporaines en Europe et dans l'humanitd. La radicalitd et l'originalitd avec lesquelles les dvangiles surpassent toutes les conceptions sociales et dthiques prdcddentes et ultdrieures (le soeialisme ddmocratique du nouvel age leur rcssemblant le plus) rdsident dans la ddtermination catdgorique du champ principal de l'dthique sociale dans toutes les socidtds qui, depuis ddjk dix mille anndes, sont divisdes hidrarchiquement en couches supdrieures et infdrieures. Le champ le plus important de l'dthique sociale, selon ies dvangiles, e'est l'aide active -sans rdciprocitd - accordde k la multitude des "petits" qui sont pauvres, humilids, oppressdes et persdeutds. (Les pensde de Jdsus quand il parlait sur la montagne, ses pensdes de l'essence du Jugement dernier.) La radicalitd de l'dthique des dvangiles se refldte aussi dans la condamnation impitoyable du moralisme - (ni l'dthique prdeddente, ni l'dthique postdrieure n'a dtd capable d'une telle critique) dans la stricte differentiation entre la morale humaine en tant qu'acte et en tant que don sans la rdciprocitd et le moralisme en tant que grands mensonges organisds, manipulateurs de la socidtd. La radicahtd de l'anthropologie, de l'dthique et de l'axiologie des dvangiles rdside aussi dans la rdvolution des valeurs, dans la plus grande transformation des valeurs qui ddpasse de loin les conceptions de Nietzsche: le pouvoir et la richesse ne peuvent etre des valeurs absolues et les valeurs les plus dlevees, car la valeur anthropologique la plus haute est la plenitude de la personnalitd humaine au point de vue esprit et corps, k laquelle la richesse, le pouvoir, la science et la production matdrielle doivent etre strictement subordonnds et doivent etre des parties ou des moyens adaptes k elle. Toute alienation de ces parties (du pouvoir, de la richesse, de la science etc.) et leur transformation en absolu au-dessus de l'homme, selon les dvangiles ddforme violemment la personnalitd humaine et l'appauvrit (la parabole du jeune homme riche, le personnage d'Herode, les pharisiens, Saiil). Selon les dvangiles (Mar. 10, 42-45) aucun pouvoir chrdtien (ni de l'dtat, ni de l'dglise) ne peut etre aliene des pens, mais il doit etre un "service" responsable en vue de ddveloppement de tous les gens en tant que personnes. Cela s'applique dvidemment aussi aux relations internationales et aux relations entre les Etats. Les conceptions thdologiques des dvangiles sont parfaitement compldtdes par les conceptions anthropologiques et sociales mentionndes. C'est pourquoi tout humaniste europden radical, n'appartenant k aucune religion, peut en toute conviction aussi avoir une haute estime pour la conception dvangeliste de Dieu comme la partie permanente, significative et de long terme de la culture dthique et sociale de lTiurope nouvelle dans les millenaires k venir. La pleine compldmentaritd des conceptions thdologiques, anthropologiques et dthiques des dvangiles s'exprime aussi dans la phrase connue de l'dvangile selon Mathieu (22, 35-40): k savoir que le premier commandement d'un chrdtien, c'est l'amour de Dieu, mais - ce qui est trds important pour notre contexte - le second commandement est de la memc importance: il faut aimer son prochain comme soi-meme. Selon les dvangiles, l'amour vdritable envcrs Dieu se rdalise surtout par l'amour actif pour le prochain et surtout pour tout homme non privildgid. Ainsi, les valeurs thdologiques, anthropologiques et sociales des dvangiles sont directement hdes pour former un organisme uni et vivant. C'est poruquoi tout humaniste europden consequent (meme s'il est un sceptique ou agnostique partiel k l'dgard de la thdologie et de la cosmologie) est forcdment un filotheiste envers une religion comme celle qui est prdsente dans les dvangiles (et pas du tout athdiste ou l'antithdiste). C'est pourquoi tous les humani stes radicaux de toute 1 "Europe (de L'Oural k l'Atlantique, comme disait De Gaulle) peuvent, en toute sinceritd, accepter les dvangiles chrdtiens comme les bases communes de la socidtd et des valcurs de 1 "Europe et des relations intemationales en Europe et dans l'humanitd. Cette attitude n'est pas un changement brut qui serait causd par la chute du stalinisme et du breznjevisme en Europe de Test ou par la recherche nerveuse d'une fuite des vides des valeurs et des ddformations intervenues avant ou aprds cette chute. Lk, je ne me rapporte pas k mes attitudes et activitds (j'dtudie les questions des valeurs europdenes communes, y compris les dvangiles, sur le plan thdorique et pddagogique depuis des ddcennies), mais plutot k la convergence des iddes bien plus importante des sujets spirituels europdens trds differents et independants (et de la religion, de la philosophic, de la science, de l'art et de la politique), qui rdvdlent les valeurs permanentes et vivantes des dvangiles depuis ddjk deux cents ans (il en sera question plus en ddtail dans la suite). La ddcouverte, la revitalisation et le ddveloppment des valeurs des dvangiles en tant que bases de 1 "Europe nouvelle - ainsi que des relations entre Etats - est pour lEurope l'dconomie historique des valeurs humaines et non seulement une sortie de secours des probldmes de l"Europe de l'est, de sud-est et d'une partie de 1 Europe centrale. Et pour conclure ce paragraphe: ce qui vient d'etre dit ne permet pas de conclure que la forme chrdtienne de l'humanisme rdel devrait substituer, dans les autres parties du mode, les autres religions comme le bouddhisme, l'islam, l'hinduisme et autres, ni substituer le pluralisme des formes diffdrentes de l'humanisme dans l'dducation lai'que, la science, la philosophic et dans les partis politiques lai'ques de lEurope et des autres parties du monde. Le christianisme pur des dvangiles est l'dconomie humaine et la valeur la plus importante pour lEurope entidre et pour les deux Ameriques parce que de nombreuses valeurs chrdtiennes ont ddjk dtd mises en oeuvre en Europe pendant deux mille ans - et l'dconomie de l'humanisme rdside dgalement dans le fait de continuer de batir sur cette tradition positive - alors que dans certains autres continents et dans certaines de leurs parties, un role similairc a dtd joud par d'autres religions. C'est pourquoi les huma-nistes radicaux dans les outrcs continents accepteront et ddvelopperont leur tradition religieusc et culturelle comme une des composantes de leur humanisme pluraliste. Ce genre de processus ne sdparera pas les continents et les regions parce que k cause des terribles expdriences communes de l'humanitd au vingtidme sidcle (deux guerres mondiales, les totalitarismes mondiaux, la menace d'une troisidme guerre mondiale) la deuxidme partie du vingtidme sidcle a ddja vu se former contenu humaniste commun et conscient de toute l'humanitd qui est surtout defini dans la Ddcla-ration des droits de l'homme des Nations unies. Cette ddclaration rdunit tous les espa-ces culturels et tous les sujets de l'humanitd et elle synthdtise les valeurs anthropolo-giques et dthiques des religions acquises jusqu'ici. 2. Le sommet historique actuel de l'Europe occidentale et sa signification pour les autres parties de 1'Erope et pour l'humanite Quelques spectateurs ayant encore des vues perfectionnistes et illusionnistes (abstractionistes) sur l'homme et stir les nations, aurait peut-etre un sourire de sincdre compassion en m'entendant affirmer que c'est dans la seconde moitid du vingtidme sidcle que l'Europe a atteint son sommet historique, son point culminant. A l'encontre de ma thdse, chaque perfectionniste pourrait mentionner les phdnomdnes rdels de depression dconomique dans l'Europe occidentale, son chomage (relativement grand), les phdnomdnes de la decomposition morale des dlites dans certains pays europdens, les difficultds et la lenteur de l'intdgration europdene. Malgrd tout, ma position peut rester ferme pour ma thdse concemant le sommet actuel de 1'Erope occidentale si on tient compte du ddveloppement toujours contradictoire et oscillant, et toujours incom-plet de l'etre humain et de tous les groupes sociaux qui ne seront jamais parfaitement identiques et harmoniques, et si on positionne l'Europe occidentale actuelle stricte-ment scientifiquement (au point de vue anthropologique, sociologique, dthique) dans les derniers dix mille ans et dans l'humanitd concrdte de la deuxidme moitid du vingtidme sidcle. Quelqu'un autre pourrait dire: comment l'Europe peut-elle etre k son apogde historique justement dans la deuxidme partie du vingtidme sidcle, puisqu'elle a perdu le r61e politique dominant dans l'humanitd justement dans cette deuxidme partie? Ma rdponse volontairement quelque peu simplifide et paradoxale: l'Europe occidentale est maintenant k son apogde des valeurs et de l'histoire parce qu'elle a perdu sa predominance politique dans le monde. Au lieu de ses diffdrentes formes de trop grand pouvoir politique dans la premidre partie du vingtidme sidcle, l'Europe n'a atteint son sommet historique rdel que dans la deuxidme partie du vingtidme sidcle parce qu'aujourdhui, ses valeurs humaines rdeles surpassent fortement ses phdnomdnes et ses insuffisances inhumaines (ce que je ne nie pas). Aprds la deuxidme guerre mondiale, l'Europe a fait, aprds 1945, ces grands pas historiques vers le sommet: - Tous les pays europdens ont acceptd, de manidre permanente et sans iddes de revanche, les rdsultats de la victoire de la coalition antifasciste et l'organisation mondiale avec les Nations unies k la tete. - Les forces coloniales europdennes en partie ont paisiblement ddmontd leurs empires coloniaux, ce qui est arrivd la premidre fois dans l'histoire de l'humanitd de dix mille anndes. - La France et 1'Allemagne ont toutes deux reconnu de manidre claire et ferme que leurs pdnibles conflicts de la premidre et deuxidme guerre mondiale avaient des effets destructeurs pour toutes les deux et dgalement pour l'Europe occidentale; cette expdrience terrible a fait naitre leur volontd politique reciproque d'une collaboration qui a dtd k la base politique de l'intdgration multilatdrale de l'Europe occidentale. - L'intdgration de l'Europe occidentale se ddroulait de manidre ddmocratique, sans exercer de pression sur les nations plus petites et en assurant une certaine assistance aux pays moins ddveloppds de l'Europe occidentale. - Les pays de l'Europe occidentale reconnaissent les principes de l'dconomie de marche social, de Hi t at social, le compromis entre le travail et le capital (qui a amdliord le status des employds), la paix sociale et le pluralisme parlamentaire. - C'est pourquoi l'Europe occidentale, plus que les autres parties du monde, a vu la mise en oeuvre permanente des droits de l'homme qui dtaient ddfinis par l'Orga- nisation des Nations unies et qui sont beaueoup plus profonds que les droits humains, proclamds il y a deux cent ans. - Le succds du ddveloppment dconomique de presque tous lcs pays occidentaux aprds 1945 a aussi dtd la consequence des progrds politiques mentionnds, car c'est probablement la premidre fois que 1 "Europe occidentale, ces deux derniers milldnaires, a connu cinquante ans de paix non troublde, et une paix sociale prddominante qui servait aussi l'intdrdt des employds et qui assurait le succds du ddveloppement dconomique. Le progrds dconomique de lEurope occidentale a dtd la condition urgcnte de rdalisation d'un dtat social et pour la mise en oeuvre des droits de l'homme beaueoup plus complexes (que les droits classiques) et pour la paix sociale. Tous ces pas historiques dtroitement lids de lEurope occidentale, de chacune de ses nations et des relations entre ses peuples apportent aussi des dldments nouveaux du christianisme pratique k un niveau historique nouveau et plus dlevd; ils construisent une Europe essentiellcment plus humaine qu'auparavant. LEurope occidentale est ainsi devenue un pharc d'orientation pour les autres nations de lEurope et du monde. II faut dgalement souligner ce qui suit: ce n'est que si nous comprenons l'essence vdritable du christianisme des dvangiles (sans dgard aux formes institutionnelles et cdrdmoniales du christianisme postdrieur), que nous pouvons la trouver dans les formes expressdment nouvelles de l*Europe occidentale contemporaine. Avec ces estimations, les socialistes democratiques, nous ne renongons pas au chemin que nous avons parcouru jusqu'ici. II ne s'agit pas de prestige et ce ne sont pas des termes comme "socialisme", "capitahsme" et "solidaritd" qui sont de premidre importance, car nous voulons assurer une meilleure qualitd de la vie (une vie plus pleine) aux gens qui travaillent et k tous les gens. Ce n'est que si nous comprenons l'essence intdrieure des points de vues chrdtiens originels sur l'homme et sur la socidtd, que nous pouvons la voir dans les nouvelles formes curopdennes de la societd. 3. Le role de la culture chretienne dans la formation des relations entre les nations en Europe de 1'est, en Europe centrale et en Europe du sud - est Le but immddiat le plus important de tous les sujets sociaux (Etats, nations, religions, partis, science, dducation), dans les parties dEurope qui faisaient partie du bloc de l'est, sera le suivant: developper l'dconomie et les relations sociales k peu prds comme l'a fait lEurope occidentale dans la deuxidmc moitid du vingtidme sidcle. Ce but est "impdrativement" imposd par la rdgression dconomique actuelle et la situation dconomique minable de la grande majoritd de la population des pays de l'est (y compris des pays de l'ex Yougoslavie qui ne faisaient pas partie du bloc de l'est, mais dont la situation a empird k cause de la guerre actuelle entre ses peuples). Le ddplacement de lEurope de l'est et du sud-est au niveau de lEurope occidentale (ce qui exigera des efforts dnormes devant durer approximativement une centaine d'anndes) - ne sera rationnel et performant que s'il tiendra compte des expdriences actuelles positives de lEurope occidentale; ce serait cxtrdmement irrationnel, que lEurope de l'est rdpdte les erreurs de lEurope occidentale de la premidre partie du vingtidme sidcle. La future orientation positive des pays de lEurope de l'est, de sud-est et de lEurope centrale peut surtout promouvoir spirituellement la tradition chrdtienne commune de lEurope occidentale, de lEurope de l'est, de lEurope centrale et du sud-est. II est bien connu que chaque pays dEurope a des particularity expressives et qu'aucun pays de l'ex-bloc de l'est (sauf la Republique Tchdque) n'a atteint (avant le stalinisme) le niveau des pays occidentaux ddveloppds, et ce meme de loin. LEtat de droit et lEtat social, l'dconomie de marche social et les relations ddmocratiques entre les nations qui se rdalisent aujourd'hui en Europe occidentale sont trds proches des dvangiles chrdtiens - ceux-ci sont la partie commune la plus importante de la culture spirituelle de lEurope entidre et aussi de lEurope de l'est. L'esprit originel humain et social des dvangiles est done cette valeur spirituelle particuhdre la plus dlevde qui est capable d'ouvrir et d'indiquer k lEurope de l'est et du sud-est la voie vers un moddle similaire de ddveloppement social qui s'est ddjk avdrd etre le meilleur en Europe occidentale dans la seconde moitid du vingtidme sidcle. Sur la longue et pdnible route future d'une centaine d'anndes que lEurope de l'est et du sud-est aura k parcourir en direction de lEurope occidentale, tous les humanistes europdens contemporains pourront trouver des initiatives significatives dans l'dnorme travail spirituel et social de deux cent ans qui a dtd rdalisd en reUant le christianisme aux autres probldmes sociaux contemporains et aux probldmes nationaux, et ce par les plus grands esprits et les createurs de l'humanisme de l"Europe de l'est, de sud-est, de lEurope de sud et de lEurope moyenne: Tolstoi, Dostoievski, Masaryk, Goethe, Prešern, Svetozar Markovid, Tucovid, Strossmayer, Slomšek, Janez Evangehst Krek, Cankar, Krleža, Matoš, Gramsci, Cesarec, Tito, Kocbek, le pape Jean XXIII, Janez Janžekovid, le cardinal Koenig, Trstenjak, Finžgar, Grmič et bien d'autres. Cette partie de mon exposd, je la consacre surtout k ceux des dldments positifs de leur travail qui sont aujourdhui les plus actuels. (Je ne nie la possibihtd que cer-taines thdses de ces grands hommes soient diseutables et je n'essaie pas de les "diviniser", car ils n'ont fait qu'exprimer avec succds les grands cours urgents de 1'his-toire europdenne.) Jusqu'k prdsent, l'histoire n'a pas aperfu que presque tous ces intdgrateurs du christianisme et de la probldmatique contemporaine sociale et nationale proviennent de lEurope de l'est, de lEurope centrale, de lEurope du sud et du sud-est, c'est-k-dire des rdgions oil la base chrdtienne dtait jusqu'ici plus vivante que dans certains milieux urbains mondiaux (industriellement les plus ddveloppds) et oil les probldmes sociaux et nationaux dtaicnt les plus profonds. L'intdgration contemporaine du christianisme et des cours contemporains sociaux et entre nations dans lEurope occidentale fait done preuve d'une maturitd spirituelle anterieure importante, d'une continuitd et d'une tradition aussi dans les pays de lEurope du sud-est, de lEurope du sud et de lEurope centrale. A. La difference entre la construction humaine des nations et le nationalisme chauvi niste Ces deux sidcles derniers, de nombreux intellectuels progressistes europdens dans le domaine culturel et social, qui connaissaient les bases de l'dthique et de l'anthropologie des dvangiles, ont entrevu le profond prdcipice entre la construction humaine et persistente de la propre nation (de sa culture spirituelle, de l'economie, son systdme social, de l'dducation et de la libertd nationalle) et les nationalismes achamds et avides (qui se sont frdquemment moralement cachčs derridre un nom chretien). Dans toute l'antiquitd, dans tout le moyen age et dans ce nouveau sidcle, humanistes europdens du dix -neuvidme et du vingtidme sidcle n'ont pas dtd capables de trouver de concept humaniste aussi clair pour l'dgard des relations entre les groupes dthniques comme ils dtaient prdsentes dans les dvangiles (les nations contemporaines sont des groupes dthniques qui contiennent des lois et des probldmes trds similaires, mais diffdrentes comme les relations entre les Juifs, entre les Samaritains, les Ro-mains, les Grecs et les "barbares" qui sont reprdsentdes de manidre si plastique dans les dvangiles). L'attitude de Jdsus envers son propre groupe dthnique (les Juifs) et envers les autres groupes dthniques est d'une clartd iddale: Jdsus estime, prend en charge et ddveloppe la tradition dthique et humaine de son propre nation ("je suis venu accomplir la loi"), mais en mfime temps, il etait trds critique envers tout ce qui n'dtait pas humain dans son propre peuple, meme s'il se cachait derridre un nom juif et la gloire juive (les souverains juifs de l'dpoquc, les exploiteurs, les pharisiens, les phdnomdnes du formalisme et du moralisme parmi les Juifs). Jdsus a done le mSme critdre de valeur pour son propre groupe dthnique et pour tous les autres groupes dthniques, k savoir l'humanitd qui est en m&me temps aussi la rdalisation de ce qui est divin dans l'etre humain. II n'y a aucun doute pour Jdsus et pour Paul, que le bon et le mal peuvent se manifester dans tous les groupes dthniques (chez les Juifs, comme chez les Samaritains, les Romains ou les barbares). C'est aussi cette clartd limpide des points de vues dthniques sur les relations entre les nations qui dldve les dvangiles trds audessus de tous les points de vues de l'dpoque. L'humanisme en tant que critdre des relations entre les nations a une origine chrdtienne directe chez Prešeren et Masaryk. Prešeren l'a exprimd de la manidre la plus claire dans son dpopde "Le bapteme k Savica". Quand le hdros de cette dpopde, Črtomir, indignd, condamne la christia-nisation forcde des Slaves, le pretre chrdtein de Prešeren rdpond exactement: "que nous sommes les fils d'un pdre, tous les gens, des frdres, toutes les nations." et encore: "que le fils de Dieu est devenu homme, pour sauver les peuples et les rendre heureux." Dans son livre "Rdvolution mondiale", Masaryk aborde trds frdquemment le dilemme le plus important des deux mille ans de l'Europe et surtout du vingtidme sidcle: aut Cdsar aut Jdsus!! C'est le croisement le plus important tant pour les relations sociales que pour les relations entre les nations. Le pouvoir absolu alidnd (cdsarisme) est incompatible avec le christianisme originel, c'est son opposition dildmatique. Parce que selon Jesus, les souverains chrdtiens, les guides chrdtiens et les politiciens chrdtiens ne sont que ceux qui se consacrent strictement au service du progrds du peuple, tout pouvoir sur les peuples dtrangers est aussi extremement non chrdtien. Le mouvemcnt de liberation antifasciste, a aussi, k sa manidre spdeifique, contri-bud dans une assez grande mesure k mettre en oeuvre des relations humaines entre les peuples de l'ex-Yougoslavie. C'dtat un mouvement qui, pendant la deuxidme guerre mondiale, a trouvd la seule sortie des tueries fdroces entre les parties des peuples yougoslaves dans la valeur positive de "fraternitd" entre tous les peuples vivant dans l'espace de l'ex-Yougoslavie. C'dtait un mouvement qui a dgalement fortement rdussi k mettre en valeur les prineipes d'dgalitd, de collaboration et d'aide rdciproque chez ces peuples. Dans ce processus, les valeurs de toldrance dthnique, de coexistence dthnique, religieuse et culturelle ont persist d, ont convergd et se sont synthdtisdes. C'dtaient des valeurs qui dtaient cultivdes depuis longtemps ddjk, avant le mouvement antifasciste, par les reprdsentants progressistes de diffdrents groupes dthniques, de diffdrentes religions et de diffdrentes cultures dans l'espace de l'ex-Yougoslavie. Depuis le commencement, par exemple, l'islam en Bosnie dtait, dans le contexte social de l'dpoque, assez toldrant au point de vue religieu et culturel, car en Bosnie, depuis le seizidme sidcle, il y avait une toldrance rdelle, partielle, meme si non iddale, la coexistence et l'enrichissement rdciproque de la religion et de la culture juive, islamique, orthodoxe et catholique. La purification dthnique actuelle en Bosnie-Herzdgovine est done un dnorme pas historique trds loin arridre! Une grande contribution k la coexistence et k la collaboration fructuese des diffdrentes nations, religions et cultures dans 1'dspace de l'ex-Yougoslavie a dtd appor-tde par le protestant Trubar et l'dveque catholique Strossmayer. C'est pourquoi: la fra-temitd chez les catholiques, les orthodoxes et les musilmans, fratemitd basde sur des valeurs communes, n'est pas seulemcnt la ddcouverte du mouvement antifasciste en Yougoslavie, mais elle dtait ddjk si vivante au dix-neuvidmc sidcle qu'elle s'dtait transformde en sagesse populaire et en proverbe: "Est frdre aimd, quelle que soit sa religion." Parce que ces valeurs centenaircs ont dtd massacrdes par la guerre qui flambe actuellement entre les peuples de l'ex-Yougoslavie, il est dvidemment impossible que les gendrations actuelles et prochaines rdtablissent une deuxidme Yougoslavie ou construisent une troisidme Yougoslavie. Toutefois, les traditions positives vieilles de quatrc cent ans de coexistence religieuse, culturelle et dthnique - en commenfant par la Bosnie islamique! - reprdsentent une initiative prdcieuse visant l'orientation humaine vers une pdnible normalisation des Balkans dans les cent anndes k venir. Goethe a dgalement fortement contribud k l'dnonciation d'un critdre clair et fructueux pour la valorisation de toutes les nations et de toutes les relations entre les peuples en Europe centrale et en Europe du sud-est, en dvaluant positivement les podmes populaires serbes. Cette contribution de Goethe pourrait etre rdsumde comme le critdre principal de l'aptitude vitale et de la valeur de chaque peuple, c'est la crdativitd culturelle sous toutes ses formes. Et en interprdtant Goethe de cette manidre, mais, dsperons-le avec raison, on peut aussi tirer la consdquence suivante: chaque creativitd nationale est la preuve de la force vitale de la nation/peuple, chaque destruction des valeurs propres et des valeurs dtrangdres est un signe du nationalisme primitif. Par cela, on nie aussi les thdses errondes qui ne voyaient l'essence de la vitalitd et la valeur des nations que dans une seule composante, par exemple, seulement dans les caractdristiqucs biologiques-et-raciales ou seulcment dans l'aptitude k etre Etat ("les nations historiques") et qui ont des consdquences ndfastes bien connues notamment dans le vingtidme sidcle. La nette ddmarcation entre la construction humaine, pleine d'abndgation, des propres nations et les tendances nationalistes chauvinistes primitives a dtd la plus profonde (et s'est lidc k la valorisation chrdtienne originelle) justement chcz crdateurs culturels et sociaux de lEurope centrale, lEurope de l'est et du sud-est, comme Masaryk, Prešeren, Svetozar Markovid, Tucovid, Cankar, Krleža, Matoš, Kocbek, Stjepan Radič et autres. C'est justement dans le ddveloppement national de leur pays que ces grands crdateurs ont dtd les plus clairs, les plus vivants, les plus troublants, indiquant la voie k suivre entre l'dldvation eulturelle progressive de leur nation et les basses tendences nationalistes dans leur propre nation. Grace k leurs contributions les plus prdcieuses, tout les philosophes, sociologies et hommes de lettres mentionnds ont non seulement apportč une contribution individuelle maximale en matidre de formation eulturelle et humaine de leur peuple, mais, par leurs oeuvres, ils ont aussi tird une ligne nette et indubitable entre ce qui est humain et inhumain dans leur propre nation/peuple: d'une part, il y a du travail prdcieux philosophique, sociologique et politique de Masaryk, du travail sociologique, dconomique et publiciste original de Svetozar Markovid, de la plus haute qualitd artistique de Prešeren, Cankar, Kocbek, Krleža et Matoš et leur travail ddvoud au progrds national - et d'autre part, de la critique la plus sdvdre du faux slavisme et du faux romantisme par Masaryk ("Les manuscripts"); de la critique du nationalisme bonal et futile per Krleža, Matoš et Cankar; de la critique de la domesticitd autarcique provinciale par Prešeren et aussi de la critique la plus sdvdre des actions impdrialistes des classes dirigeantes de leur propre nation par Svetozar Markovid et Tucovid. B. La correlation indivisible de la problematique nationale et sociale La corrdlation la plus dtroite entre la probldmatique nationale et sociale chez les grands crdateurs culturels et sociaux de l'Europe centrale, du sud-est et de l'Europe de l'est est aussi une large contribution k la construction de l'Europe nouvelle et elle est fortement imprdgnde de la pensde chrdtienne: la rdelle fraternitd integrative des gens d'une meme nation a impdrativement besoin d'une fraternitd humaine compldmentaire entre les nations. La nation ne peut etre construite humainement que si le principe de la justice s'affirme k l'intdrieur de la nation et ce n'est qu'k ce moment-Ik que la nation est capable de vaincre ses tendances nationalistes latents et de construire des relations humaines entre les nations. Le grand mouvement rdnovateur de Jdsus n'dldve pas seulement les gens socialement inferieurs, mais de valeur dthique de sa propre nation -(les pecheurs, les charpentiers), mais le critdre de cette valeur dthique lui fait aussi dldver des autres groupes dthniques (les Samaritains, les barbares), qui sont en apparence "inferieurs" sur le plan dthnique et social. C'est pourquoi l'approche de Masaryk en matidre de relations sociales et nati-onales est la chrdtientd expressement moderne, le christianisme de la socidtd industri-elle et postindustrielle. Pour Masaryk, la vraie ddmocratie ne peut etre que la ddmo-cratie sociale, sa rdalisation consdquente dans les relations entre nations inclut aussi impdrativement l'autoddtermination et la libertd des petites nations oppressdes. L'esprit chrdtien renovd de Tolstoi a une influence vivace sur Stjepan Radid. L'esprit chrdtien pratique dans le mouvement politique de Radid intdgre la tendence vers l'intdgration des masses populaires rurales cultivdes dans le mouvement national par une amitid pacifique entretenue de manierd suivie entre les nations et surtout entre les Croates et les Serbes. Radid, trouve extrdmement honteuse toute thdse ddclarant: "nous nous battrons jusqu'k votre destruction ou jusqu'k la notre". Pour lui, c'est le pire des crimes. Svetozar Markovid est intdrieurement tout k fait cohdrent dans sa tendence k vouloir organiser socialement la nation serbe de fafon k ce qu'elle se libdre de sa propre bureaucratie, k vouloir empecher la brutalitd de cette meme bureaucratic envers les autres nations des Balkans. Chez l'dvdque Slomšek, l'dducation (l'instruction publique, l'association de Mohor) surtout des couches infdrieures majoritaires du peuple slovdne (qui vivait alors dans les villages et k la campagnc) est insdparablement lide k la ddfense de ce peuple contre le danger de denationalisation et 4 la construction de la conscience nationale et de la subjectivitd. Le pretre et le thdologue Janez Evangelist Krek fait un nouveau pas vers l'inddpendance de la nation Slovene k l'dpoque industrielle moderne en organisant les ouvriers et les paysans catholiques slovdnes et en les formant pour devenir des sujets inddpendants k l'dpoque turbulente du capitalisme. Malgrd l'aspect appa-remment profane de ce comportement, j'estime que Taction de Krek, dtait express-dment chrdtienne, car le mouvement de Jdsus est le premier dans l'histoire mondiale k cultiver systdmatiquement dgalement les gens des couches infdrieures pour qu'ils deviennent des sujets dthiques et sociaux inddpendants et cessent d'etre des objects. C'dtait une thdse bien fonded de Tolstoi, de Gramsci. La corrdlation indivisible de la culture, de l'dthique et de la politique est dvidente dans 1'activitd dans l'art et dans l'activitd sociale de Cankar et Krleža. Leur critique des relations sociales et des relations entre nations corrompues dans la socidtd hidrarchique de l'espace yougoslave est Ude k leur ddsir d'une amelioration fondamentale des relations sociales et des relations entre les nations. 4. La liaison de l'Europc occidentale, de l'Europc dc l'est, de l'Europe centrale et du sud-est sur de reellcs bases chrdticnnes Parler des rdelles bases chrdtiennes de l'Europe entidre (de l'Atlantiquc k l'Oural) ne semble irrdclle qu'aux penseurs d'identitd abstraite, par exemple au rationahsme philosophique ou k la partie dogmatique du marxisme (qui eux-memes n'ont pas des reprdsentations philosophiques et anthropologiques rdelles concemant l'essence de l'homme et la philosophic chrdtienne de l'homme). Tous les penseurs d'identitd abstraite trds diffdrente rdtrdcissent la rdalisation de l'ideal humain dans l'histoire empirique k l'illusion de la naissance de l'identitd absolue et de l'harmonie absolue dans l'humanitd empirique. Mais dans la pensde originelle des dvangiles, meme le mcilleur homme est un etre fait d'oppositions intdrieurs, un etre qui oscille entre ces oppositions et un etre en confrontation permanente, pour que ces oppositions finissent par se former en fragments de valeur grace k ces actes dpuisants. C'est pourquoi notre thdse de la rdalitd des fondaments chrdtiens de lEurope contemporaine et nouvelle n'attribue nullcment ni k lEurope contemporaine ni a lEurope future l'harmonie des valeurs parfaite, mais seulement cette dynamique possible d'oppositions sociales "dternelles", oil le bien l'emporte quelque peu sur le mal dans la lutte historique. Une analyse de l'histoire europdene strictement objective et scientifique ne peut non plus nier le tournant historique dvident: alors que dans la premidre partie du vingtidme sidcle en Europe, le mal gigantesque (deux tcrribles guerres mondiales, une grande crise dconomique, le fascisme, le stalinisme, l'impcrialisme) l'avait emportd sur le bien, par contre la deuxidme partie du vingtidme sidcle en Europe occidentale, voit le bien (la paix, la prospdritd dconomique, les droits de l'homme essez bien rdalisds, l'dtat social) l'emporter sur le mal. Tous les humanistes rdels (lai'ques ou religieux), nous pouvons apprdcier et aimer l'Europe contemporaine comme notre patrie commune ddjk, si k l'avenir le digne l'emportera encore sur l'indigne comme aujourd'hui. Nous, les humanistes rdalistes nous sommes conscients qu'cn Europe et dans l'humanitd, les contradictions sociales, les crises sociales, lcs stagnations et les alidna- tions sociales et autres phdnomdnes inhumains ne seront jamais compldtement dli-minds. C'est pourquoi notre grand but dans l'histoire empirique de l'humanitd peut ddjk etre la prddominance de la vie sur la mort, de la paix sur la guerre, de la vie normale fatigante sur la ddgradation. Notre image de la rdalitd des fondaments europdens chrdtiens n'est dvidemment pas vulgairement matdrialiste mais elle s'inspire d'Aristotdle et clle est origincllement chrdtienne. II s'agit de la rdalisation de l'universel dans l'individuel, de la rdalisations des valeurs gdndrales dans l'histoire concrdte: dans l'Europe contemporaine occidentale, on peut ddjk voir la rdalisation partielle et l'incarnation initiale de l'esprit chrdtien humain (qui ne sera jamais parfaite, mais qui est ddjk "tangible"). En Europe occidentale, cet esprit ne se rdalise pas seulement dans plusieurs microgroupes et perso-nalitds (comme dans l'histoire prdcddente), mais aussi partiellement au niveau de la politique de l'Etat et dans la formation humaine des nations d "Europe occidentale avec une dconomie de marchd sociale, avec l'Etat social et l'Etat de droit. Bien sflr, on doit consciencieusement prdciser l'ampleur rdelle actuelle de ce progrds humaniste de l'Europe occidentale. Sa rdalisation rdside surtout dans une plus grande justice sociale, dans la crdation des conditions socio-dconomiques, juridiques et dtatiques plus dgales pour tous les gens dEurope occidentale. Par contre, il n'a pas du tout progressd (il a meme frdquemment rdgressd) en matidre de la culture europdenne spirituelle et personclle. La spdcialisation trds dtroite du travail et le matdrialisme consommatcur unilatdral dtouffent meme le ddveloppement personnel et culturel intdgrateur. Comme le matdrialisme consommatcur n'est pas un systdme totalitaire, tous les sujets spirituels et culturels progressistes, dans les conditions dEtat europden juridique et social, ont toutes les possibilitds de remplacer de manidre ddmocratique le style de vie consommateur-et-alicne par le style culturel moderne. Le style de vie culturel moderne (et Jdsus est le premier dducateur culturel des masses connu dans l'histoire, il est le premier grand Rabi) a aussi une perspective bcaucoup plus rdelle que la consommation matdrialiste unilatdrale car la vie eulturelle intdgratrice (la culture spirituelle, la culture ddmocratique, la culture corporelle) accomplit la personnalitd individuclle de manidre beaucoup plus belle que la consommation matdrialiste, et ce aussi beaucoup plus dconomiquement que cette consommation (on pense frequemment justement l'inverse). Le style de vie culturel moderne serait ainsi la solution d'une dnigme europdenne et mondiale difficile: comment vivre plus pleinement, d'une manidre plus riche au sens humaniste et, en meme temps, plus dconomiquement. Cette formule (le style culturcl nouveau) est la seule solution surtout pour l'Europe, car au lieu de la terrible destruction consommatrice des forets, de l'air, de l'eau, du climat, de la terre et des matidres prcmidres dEurope, cette formule permet une vie essenticllement plus pleine et plus dconomique qui sera la seule capable de vaincre la catastrophe gigantesque de l'environment europden naturel et par lk, dgalement toutes les civilisations et les cultures europdenns (selon les estimations de nombreux experts dcologiques rdputds, l'Espagne, l'ltalie et les Balkans pourraient devenir des rdgions de steppe et de ddserts en moins de cent ans, ce qui aura aussi de fortes rdpercussions sur les autres parties de l'Europe). La realisation des valeurs chrdtiennes et socialistes dans l'Europe occidentale (et aussi des valeurs de la grande rdvolution Iran^aise: dgalitd, fraternitd, libertd), dans la deuxidme partie du vingtidme sidcle n'est pas l'invention fortuite des individus gdniaux, mais elle a des racines trds profondes et rdelles dans les terribles expdriences rdcentes de l'Europe meme. Les valeurs actuelles vivantes de l"Etat social et l'Etat de droit, de l'dconomie de marchd sociale et des droits de l'homme modemcs de l'Europe occidentale rdsultent aussi des experiences historiques pdnibles et rdelles. Meme les couches europdennes dirigeantes ont reconnu que leur profit dconomique et la position sociale sont plus stables en assurant un consensus social fondamental, un compromis historique entre le travail et le capital sous forme d Etat social et Etat de droit, de la paix sociale et de la collaboration internationale. Les couches dirigeantes de l'Europe occidentale ont reconnu que la lutte irrationelle pour le profit momentand maximal de l'individu ou de l"Etat et pour le pouvoir absolu d'une dlite peu nombreuse mdne vers des guerres mondiales destructrices et vers le totalitarisme (fascisme, stalinisme) qui ddtruisent au maximum toute la socidtd europdenne et en meme temps aussi, ses positions dans l'humanitd (c'dtait le rdsultat indubitable de la premidre et de la deuxidme guerre mondiale). L'dtat social, la paix sociale et la paix entre les nations sont en meme temps aussi dans l'intdret dvidcnt des couches infdrieures, & savoir de toute la socidtd europdenne. C'est pourquoi l'affirmation moderne des valeurs anthro-pologiques chrdtiennes et des valeurs socialistes modemes sous forme dEtat social est aussi le rdalisme formel de la deuxidme partie du vingtidme sidcle car c'est l'intdret humain rationnel et normal qui construit dans chaque nation et Etat une unitd saine et le dynamisme de la diversitd. Cette grandc dldvation historique de l'Europe occidentale n'a pas dtd initied seulement par les expdriences terribles de deux grandes guerres, mais aussi ces derniers deux cents ans, il y a dgalement eu une renaissance de l'esprit chrdtien qui s'est lide k la probldmatique sociale contemporaine la plus douloureuse. Deux cents anndes auparavant, une importante rdnovation spirituelle du christianisme europden dans l'art, la philosophic, la science, la politique et la religion a ftayd le chemin k la rdalisation progressive actuelle europdenne des valeurs chrdtiennes, k un niveau plus dlevd de la nation et de lEtat. Cette rdalisation, bien stir, est encore insuffisante (en ce qui concerne la culture), mais elle est rdelle (en matidre d'dconomie, de questions sociales, de l'ctat et du droit). C'est aussi cette rdnovation spirituelle profonde, k laquelle ont contribud l'Europe de l'est, du sud-est et du sud, qui a prdcddd la rdalisation sociale initiale actuelle des valeurs chrdtiennes et socialistes en Europe occidentale. A cette revitalisation de l'esprit humain et social des dvangiles, ont dgalement contribud, outre les milieux progressistes des religions institutionnalisdes (signification historique mondiale du deuxidme concile du Vatican et du pape Jean XXIII), l'art (Tolstoi, Dostoievsky Cankar, Krleža, Cesarec et les autres), la politique (de nombreux politiciens europdens socio-ddmocrates et ddmocrates-chrdtiens soulignent depuis un sidcle ddjk la connexion spirituelle de leurs mouvements avec le christianisme) et la philosophic (Masaryk, Gramsci, Maritan, Mounier). Ces faits historiques prouvent que l'esprit chrdtien en Europe est beaueoup plus que les cadres des institutions religieuses et que l'esprit chrdtien est profondement enracind et imprdgnd de toute l'histoire de l'Europe, qu'il convient k toutes les dimensions de la vie europdenne et qu'il participe k la crdation des qualitds les plus nobles dans l'art, la politique et la philosophic. *** La stabilisation et la normalisation des nations et des Etats dEurope de l'est, d'une partie de l'Europe centrale et de lEurope du sud-est seront un processus long et trds difficile. Ce processus sera rationnel et sans grandes ddviations s'il tiendra compte des valeurs reconnues par lEurope occidentale dans la deuxidme partie du vingtidme sidcle, k savoir l'dconomie de marchd sociale, lEtat social et lEtat de droit, le plura- lisme des partis politiques, le status privildgid des minoritds, la paix et la collaboration internationale. C'est la seule mani dre d'empecher tout totalitarisme, militarisme et conflits entre nations pouvant dgalement ddstabiliser l'Europe occidentale. C'est pourquoi il est dgalement dans l'intdret de lEurope occidentale de favoriser ce genre de ddvelop-pement en Europe de l'est, du sud-est et en Europe centrale. L'assistence pretde par l'Europe occidentale k ces parties dEurope est dgalement dans l'intdret de l'Europe occidentale. Le ddmantdlement possible k long terme de lEurope de l'est et du sud-est (et peut-etre meme de certaines parties dEurope centrale) pourrait engendrer des nationalismes, militarismes et totalitarismes effrdnds susceptibles d'dbranler dgalement la stabilitd des Etats dEurope occidentale et y stimuler des processus anarchiques et totalitaires. Ces processus pourraient ddtruire les valeurs de lEurope occidentale qui sont en train de voir le jour et qui sont d'une importance historique, et repousser ainsi toute lEurope au ddbut du vingtidme sidcle. La conclusion de cette dtudc sera apparemment pragmatique. Mais j'espdre que cette conclusion reste dans l'esprit consequent du rdalisme chrdtien et d'Arsitotdle: dans l'esprit d'incamation du gdndral dans le concret particulier et individuel. C'est pourquoi en conclusion, je cite quelques modes impdratifs actuels de la rdalisation des valeurs chrdtiennes gdndrales dans les conditions actuelles particulidres de lEurope du sud-est, de lEurope centrale de lEurope de l'est.: - la stride separation des intensives aspirations nationales humaines par les nationalismes deraisonnables en Europe de l'est et du sud-est, - l'induction de la morale dans la politique, ce qui est la transccndance principale de la faiblesse politique dans lEurope de l'est et dans l'Europe du sud-est, - la culture consdquente des valeurs communes aux partis chrdtiens, socialistes et autres, engagement de ces partis soit sous forme des coalitions, soit dans le role exclusif de 1'opposition constructive, et avec le but que les intdrrets du developpement dconomique et social de la socidtd entidre prddomincnt les dgoi'smes dtroits des "dlites" de toutes sortes, - le support de tous les humanistes europdens dans tous les groupes politiques crdatifs et moraux, sans dgard k leurs dtiquettcs politiques formelles et sans dgard k lcurs philosophies ddclardes, - les possibilitds privildgiees du ddveloppement ethnique des minoritds de toute lEurope, - la condamnation la plus sdvdrd de chaque "purification dthnique" et la haute estimation de la coexistence multiculturelle dans toute lEurope. 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