HACQUETIA 2/2 ' 2003, 11-23 SUR LES ORIGINES DE BALTHASAR HACQUET Janez ŠUMRADA* Izvleček Hacquet je svoje rojstvo in poreklo zavestno ovijal v kopreno skrivnostnosti. V avtobiografiji trdi, da bi naj bil nezakonski sin aristokratskega očeta, rojen 1739 ali 1740 v kraju Le Conquet (Finistère, Bretanja, Francija), za kar pa kljub dolgoletnim, obširnim raziskavam dr. Géralda Phillipsa ni nikakršnih dokazov, čeprav je to trditev sprejela za resnično velika večina biografskih tekstov o Hacquetu. Po drugi strani je Hacquet v času svojega bivanja v Ljubljani (1773-1787) povedal baronu Žigi Zoisu, daje nezakonski sin ruskega velikaša, za kar ni sicer v virih in mednarodni literaturi nikakršne opore. V znanem nemškem književnem leksikonu »Das gelelirte Teutsch-land« se leta 1821 pojavi trditev, daje bil po poklicu vojaški kirurg in rojen leta 1739 v lorenskem mestu Metz, kar je del kritične literature sprejel kot glavno ali alternativno možnost. Moje raziskave v Archives municipales v Metzu (Moselle, Francija) potrjujejo možnost, da bi Hacquet mogel biti rojen v tem mestu ali njegovi (bližnji in širši) okolici. Lorensko hipotezo bi bilo pa mogoče dokončno sprejeti ali ovreči le z nadaljnjimi raziskavami. Abstract Whenever Hacquet wrote about his origins and birth, he intentionally wrapped the issue into a mist of secrecy. In his autobiography, he claims he was born in 1739 or 1740 in Le Conquet (Finistère, Brittany, France) as illegitimate son of an aristocrat. However, there is no proof whatsoever for this, in spite of meticulously detailed research done by Dr. Gérald Phillips. This variant has nevertheless been adopted as the whole truth and nothing but the truth by a vast majority of biographical texts on Hacquet. On the other side, during his stay in Ljubljana/Laibach (1773-1787) Hacquet told the Baron Sigmund Zois that he was an illegitimate son of a Russian potentate, which cannot be proved by sources and is completely ignored by international literature. In 1821, a German literary dictionary entitled "Das gelehrte Teutschland" published another variant, i.e. that Hacquet was a military surgeon by profession and born in 1739 in the Lorraine city of Metz (Moselle, France). This possibility was partly taken into consideration by literature either as a main or alternative variant, and becomes perfectly plausible through my research at the Archives municipales in Metz. Final decision on the Lorraine hypothesis could be probably reached only by extensive long-term research. Ključne besede: Hacquet, bretonska, lorenska (in ruska) hipoteza o njegovem izvoru Keywords: Hacquet, hypotheses on his origins and birthregion: Brittany, Lorraine (or even Russia)? 1. INTRODUCTION: DÉFINITION DU PROBLÈME «On me dit, d'être né à Leconquet en Basse-Bretragne l'an 1740», c'est par cette phrase claire, apparemment peu problématique, que Hacquet commence son autobiographie en français intitulée Précis de la vie de Belsazar, vulgairement Baltasar, Hacquet, écrit par lui même (document autographe dans: Bayeris- che Staatsbibliothek München, Abteilung für Handschriften und seltene Drucke, Cgm 6153). Cette autobiographie en français accompagnée de sa traduction allemande a été publiée par Hartig (1908), et reprise par Jakob (1930: 223-236). La présente citation provient d'une photographie de l'original reproduite dans Rüber & Straßer (1989: 408). Il existe également des traductions en ukrainien (Valjo 1997: 77-92), en italien et en slovène * SI-1101 Ljubljana, Aškerčeva 15, mél: janez.sumrada@siol.net 11 Hacquetia 2/2 • 2003 (Pilleri & Music 1984: 23-33, 61-72). Il apparaît d'ores et déjà que Hacquet lui-même n'affirme pas être né à l'endroit et durant l'année indiqués, mais souligne que ces renseignements lui ont été fournis par un tiers. Or, il faudrait réellement négliger les écarts que comporte la suite du texte pour pouvoir se satisfaire de l'explication selon laquelle il s'agirait d'un détail stylistique sans importance. Ensuite, il est également intéressant de constater qu'à cet endroit la traduction allemande de l'autobiographie est inexacte (Hartig 1908: 71; Ruber & StraBer 1989: 409): «Ic.h lourde cingeblich [texte souligné par nous] im Jcihre 1740 zu Leconquet in der Basse-Bretagne geboren». Le traducteur Otto Hartig -mais aussi de nombreux autres auteurs ayant écrit sur Hacquet - ont sans doute été induits en erreur par la mention temporelle étrange et inscrite dans la marge par Hacquet «1740/39», qui se rapporte aussi bien à l'époque de sa naissance (ligne 1 de l'autobiographie) qu'à la suite du texte (lignes 2 à 6) où il est question des parents inconnus de Hacquet, en particulier de son père ainsi que, eo ipso, de ses origines mystérieuses: «Mes parens m'ont été inconnu, excepté qu 'on me dit que mon père étoit d'une famille aristocratique à seize-quartiers. Les armes qui se trouvent au bas de mon portrait qu'un ami a fait graver malgré moi en 1777 à Vienne par Kohi in-quarto doivent avoir du rapport avec ceux de mon père, excepté le flambeau de l'amour, qui fait voir que je fût fils naturel» (d'après la photographie de l'autographe dans Rù-ber & StraBer 1989: 408). Là encore, ce que Hacquet sait de son père lui a été rapporté par les autres, et dans sa propre autobiographie il ne fait que répéter ce que les autres lui ont appris. En mentionnant l'année «1740/39» et en affirmant, ailleurs dans l'autobiographie, avoir fêté ses soixante ans en 1799 («1799 étant parvenu à l'cige de 60 ans»... Hartig 1908: 32; Jakob 1930: 233; Rùber & StraBer 1989: 423), ce qui concorde avec l'affirmation se trouvant dans la lettre au baron von Moll (Vienne, 15.06.1812) où l'auteur affirme avoir 73 ans («habe ich in meinem 73Jahre ...» Hartig 1908: 119), Hacquet a jeté le trouble parmi les auteurs ayant écrit ou écrivant à son sujet. Presque tous - il sera question plus loin des exceptions qui nous intéressent le plus - écrivent qu'il est né à Le Conquet, en Bretagne, or certains ajoutent que son année de naissance est 1739 ou 1740 (ou encore 1739/40) (entre autres, Roger 1900; Pintar 1926; Pintar 1939: 19; Jakob 1930: 11; Wester 1954: 11; Wester & Orel 1958; Santifaller & Obermayer-Marnach 1959; Pet-kovsek 1960: 17; Maslankiewicz 1960-1961: 221; Novak 1974: 19; Brecelj 1979; Novak 1986: 64; Pra- protnik 1989: 85; Kornhauser & Wraber 1990; Bo-risov 1999: 455; Praprotnik 2001; Saur 2003; AEIOU 2003). Malgré cela, beaucoup ont «opté» pour l'année 1739 (par exemple: Wurzbach 1861; Hoefer 1871; Dechambre & Lereboullet 1886; Larousse s.d.; Hartig 1908: 19; Zupanic 1925; Ple-nicar 1986; Plenicar 1989; Valjo 1997: 5, 9; Dupont 1999; Valjo & Kril 2000: 5), tandis que d'autres pensent que c'est l'année 1740 qui doit être retenue (Michaud 1857; GE s.d.; Kerviler 1904; Blé-mont 1989; Dwyer 1993; WIEM 2003) ... Cet état de faits a laissé libre cours aux interprétations les plus diverses, comme celle de cet auteur qui en conclut un peu naïvement «que son année de naissance est 1739 ou 1740, peut-être même la nuit de la Saint Sylvestre» (Wester 1954: 57, note 8). Cette confusion est merveilleusement bien représentée par deux des trois plaques commémoratives à la mémoire de Hacquet découvertes en Slovénie. Sur la plaque apposée en août 1978 à Velo polje sous le mont Triglav, nous lisons les dates 1739-1815 (photographie dans: Praprotnik 1987-1988; Selan 1978); en revanche, sur la plaque réalisée par le sculpteur Bine Ambrozic, qui orne depuis octobre 1987 la maison où Hacquet a vécu (à Ljubljana/Laibach, au numéro 4 de la place Gorn-ji trg), nous trouvons les dates 1740-1816 [sic] (photographie dans Aljancic 1987-1988; Pogacnik 1987). En ironisant un peu, nous pourrions dire que ce dernier a réussi à rendre problématique même l'année de décès de Hacquet. Cependant, il ne fait aucun doute que Hacquet a bien rendu l'âme le 10 janvier 1815, ce que confirment tous les auteurs à l'unanimité. Les conjectures concernant le lieu et l'année de naissance de Hacquet sont donc d'ores et déjà entravées par des circonstances complexes. Sur le plan du contenu également, on trouve dans l'autobiographie de nombreuses incohérences et contradictions, analysées avec précision par Gau-chon (1999), qui éveillent des doutes sérieux concernant l'authenticité du récit de Hacquet. De ce point de vue, l'existence d'une tradition indépendante de l'autobiographie et même en contradiction avec elle est d'une importance capitale. Apparue quelques années seulement après la mort de Hacquet, cette tradition propose, sans égard pour les affirmations du grand homme, une autre explication concernant son lieu de naissance. Nous avons rencontré cette hypothèse tout d'abord dans l'étude de Hoelzl (1861) (voir: Sumrada 2000: 12), où ce naturaliste viennois écrit dans une note de bas de page que Hacquet était né en 1739 dans la 12 Janez Šumrada: Sur les origines de Balthasar Hacquet ville de Metz en Lorraine: «Balthasar Hacquet, Mag. der Philosophie und Dr. der Arzneigelehrsamkeit (geb. 1739zu Metz [texte souligné par nous], gest. den 10. Jän. 1815 zu Wien».) Intéressante est également la source à laquelle Hoelzl se réfère: «Man sehe: Das gelehrte Teutschland' etc. von G. Ch. Hamberger, fortgesetzt von J. G. Meusel. Bb. 3, 9, 11, 14 (2), 18 (6).» Dans ses propres recherches, Gauchon (1999: 55) est parvenu à la même source que nous, c'est-à-di-re au fameux dictionnaire bio-bibliographique allemand «Das gelehrte Teutschland, oder Lexikon der jetzt lebenden teutschen Schriftsteller» que le bibliothécaire, philologue et historien Georg Christoph Hamberger (1726-1773) a commencé à éditer, relayé ensuite par l'historien Johann Georg Meusel (1743-1820) et ses successeurs. Durant les années 1767-1834 se sont succédées cinq éditions de cet usuel, la dernière comportant 23 volumes préparés entre 1796 et 1834 (Raabe 1966). Il ressort des constatations de Gauchon et de nos propres vérifications que Hacquet est mentionné pour la première fois dans l'édition de 1783. Effectivement, nous trouvons dans la deuxième partie de la quatrième édition de «Das gelehrte Teutschland» une notice explicant que Hacquet est né en 1740 en Bretagne, mais l'espace réservé au nom exact du lieu de naissance est laissé vide: «geb. zu ... in Bretagne 1740» (Meusel 1783: 8). Dans les impressions de 1787, 1788, 1789, 1801 et 1805, Hacquet est, selon Christophe Gauchon, bien présenté avec ses œuvres, mais sans que son lieu de naissance soit explicité. Ensuite, dans le volume de 1821 - soit six ans après la mort de Hacquet et un an après la mort de Meusel, de sorte que c'est aux successeurs de Meusel, Johann Wilhelm Sigismund Lindner (1783-1831) et surtout Johann Samuel Ersch (1766-1828), directeur du volume concerné, qu'il convient vraisemblablement d'attribuer l'étonnante révélation concernant la naissance de Hacquet - de but en blanc nous pouvons lire que: «Hacquet Balthasar* [*Eigentlich Belzazar; was aber mit Balthasar einerley ist, note de bas de page, J. S.] starb zu Wien am lOten Januar 1815. War zu allererst Feldchirurg unter cien französischen Truppen, und keinesxuegs zu Le Conquet in Bretagne, sondern zu Metz, und nicht 1740, sondern 1739. geboren» [texte souligné par nous]. Pourquoi les rédacteurs de «Das gelehrte Teutschland» ont décidé, après la mort de Hacquet et de Meusel, de nier que Hacquet soit né en Bretagne et, par la même occasion, d'introduire dans un article bio-bi-bliographique l'indication selon laquelle il serait originaire de Lorraine, très exactement de Metz? Cette question est capitale pour quiconque cher- che à comprendre ce tournant radical. Heureusement, notre source en cite la référence-clé d'où elle puise ses affirmations surprenantes, à savoir: «Vergleichen Allgemeine Litteratur-Zeitung 1811. Ergàn-zungsblatt Nr. 9, S. 69 u. f.» La notice de 1821 a été reprise par Hoelzl, puis par Poggendorff (1863) et Gurlt 8c Hirsch (1886); ces deux derniers restent pourtant très prudents à ce sujet: «1740 zu Le Conquet in der Bretagne, nach anderen 1739 in Metz gebo-ren» [texte souligné par nous]. Le problème est formulé de manière similaire par Reichardt (1879: 300, »geboren 1739 zu Le Conquet in der Bretagne, nach anderen Ouellen zu Metz«, [texte souligné par nous]), ce que la nouvelle édition du dictionnaire biographique allemand (Dolezal 1966: 414) omet purement et simplement: «*1740 (oder 1739) Le Conquet (Bretagne)». 2. TROIS RÉPONSES POSSIBLES? Il existerait donc, semble-t-il, deux, voire trois hypothèses concernant la naissance de Hacquet! Nous appellerons la première l'hypothèse bretonne, hypothèse dominante considérée jusqu'à aujourd'hui comme la plus plausible. Elle s'appuie exclusivement sur l'autobiographie de Hacquet sans s'inquiéter outre mesure des affirmations contradictoires et incohérentes que l'on y rencontre fréquemment (voir quelques exemples de contre-arguments ci-dessous). Au premier abord, l'hypothèse lorraine semble représentée par peu d'unités bibliographiques qui, en outre, procèdent toutes de la même source. Cependant, cette possibilité est également confirmée par des recherches récentes aux archives dont il sera question plus loin. Au moins sur le plan formel, nous devons prendre également en considération l'hypothèse russe qui ressort des recherches du grand historien de la littérature slovène France Kidrič (1880-1950). En effet, Hacquet a envoyé au mécène du mouvement de renouveau national slovène le baron Žiga Zois (1747-1819), qui se trouvait à Ljubljana (ville que Hacquet avait quitté en été 1787 pour rejoindre son poste de professeur à l'Université de Lviv/Lemberg nouvellement créée, alors en Galicie autrichienne), pour lui expliquer que, à son nouveau poste, «il dispense ses cours en russe, plus exactement en ukrainien, langue que Joseph II a introduit en 1786 dans la nouvelle université, parallèlement aux deux autres langues» (ici Kidrič ne cite pas la lettre de Hacquet, mais se contente de la résumer en slovène). Zois lui a répondu en français le 13 Hacquetia 2/2 • 2003 16 novembre 1787 (nous ne connaissons aujourd'hui de cette lettre que la traduction de Kidrič): «Comme vous enseignez en russe, je suppose que vous avez ainsi souvent l'occasion de nouer des liens avec vos compatriotes.» Face à cette affirmation pour le moins choquante de Zois, Kidrič se demande: «Les Russes, compatriotes de H acquêt ? Hacquet a, semble-t-il, confié à Zois - plus qu 'à quiconque - des renseignements sur ses origines, plus exactement l'hypothèse selon laquelle son père serait un Russe influent. Cela pourrait exj)li-quer le fait étonnant que Hacquet ait pu dès le début 'enseigner en russe' à Lvov» (Kidrič 1938: 272, 274, 275; Sumrada 2000: 12-13). Zois n'a pu acquérir la conviction que Hacquet serait d'origine russe que de Hacquet lui-même, ce qui, étant donné le degré d'intimité de leur relation, n'a rien de surprenant. Hacquet avait acquis une bonne connaissance de la langue slovène (Bufon 1971: 82); en outre, les recherches ukrainiennes récentes confirment qu'«il parlait quelques langues slaves» («volodijuci kil'koma slov'jans'kimi movcimi») et que, à l'université de Lviv, il enseignait l'obstétrique et la chirurgie «dans un volapuk slave» ( «slov'jans'kim volapikom»), plus exactement dans un mélange de plusieurs langues slaves (Valjo 1997: 10), ce qui n'est pas étonnant vu qu'il connaissait très bien une assez grande partie du monde slave de son temps (Valjo & Kril 2000: 23-41). 3. L'HYPOTHÈSE BRETONNE Comme «on lui dit», Balthasar Hacquet serait donc né en «1740/39» à Le Conquet en Basse Bretagne. En breton, ce lieu, situé à l'une des extrémités ouest de la Bretagne, s'appelle Konk. Avant la Révolution, il appartenait à l'évêché de Léon, à la paroisse de Lochrist et à la trêve de Plougonvelin, mais ensuite il se retrouva dans le département du Finistère (arrondissement Brest, canton Saint-Renan). Le Conquet n'est devenu une paroisse indépendante qu'en 1857, mais il était dès 1790 le siège d'une commune (Tanguy 1990: 57). Les registres d'état civil de la commune, conservés à partir de 1793 (Charpy 1973: 118), ne nous sont d'aucune utilité puisque ce sont exclusivement leurs ancêtres d'avant la Révolution, les registres de baptême de la paroisse de Lochrist, qui suscitent notre intérêt. Ceux-ci sont partiellement conservés à partir de 1583, puis systématiquement à partir de 1691 (Charpy 1973: 126). Ils sont donc intégralement conservés pour toute la période précédant la Révolution française. Pourtant, en dépit de longues recherches minutieuses menées par Gérald Phillips de Brest, personne n'est jusqu'à ce jour parvenu à trouver, ni dans ces registres ni dans ceux des autres paroisses de Basse Bretagne, la trace de la naissance ou, plus exactement, du baptême de Balthasar Hacquet! La tâche a été en bien des points rendue difficile par Hacquet lui-même qui, comme il le raconte dans son autobiographie - apparaît, à certaines périodes de son existence, sous un autre nom de famille, passant ainsi incognito. Cependant, il ne dit pas explicitement que ce soit le cas pour l'époque de sa naissance. Il convient d'ajouter ici que, dans ce cas, il aurait dû sans doute apparaître sous un autre prénom. En effet, «Balthasar» était - et est toujours - un nom de baptême extrêmement rare qui aurait permis de l'identifier immédiatement. (Nous ignorons quand il a commencé à utiliser la forme «Belsazar» - de son côté, Wurzbach (1861: 163) mentionne même la forme «Belsazer» -, en revanche nous savons qu'il a ensuite utilisé les deux formes jusqu'à la fin de sa vie). Ainsi, dans son testament du 1er septembre 1814, il signe «Belsazar vulgo Hacquet [sic]», tandis que dans l'annexe au testament datée du 15 octobre de la même année, il signe «Balthasar Hacquet» (photographie de l'original allemand et copie: Rù-ber & StraBer 1989: 429-431). La Bretagne du XVIIIe siècle ne connaît pour ainsi dire pas de patronyme Hacquet. Même si Ker-viller (1904: 385) mentionne deux «Bretons» de ce nom (en dehors de notre Balthasar, il existe un officier émigré dont nous ne connaissons que le patronyme, Hacquet des Naudières), les dictionnaires des patronymes de Bretagne, composés en partie à partir de sources historiques, ignorent l'existence d'un quelconque patronyme Hacquet dans cette région historique française (Divanach 1975; Gwennole Le Menn 1993; Gourvil 1993; Des-hayes 1995). Par la graphie, mais pas par la prononciation et l'étymologie, c'est le patronyme breton aux multiples variantes Hangouet, Hingouet, Hengoat (hen, adj., «vieux» + coat, coet, subst., «forêt»), caractéristique de Brech (Morbihan) qui s'en rapprocherait le plus (Gourvil 1993: 91-92; Gwennole Le Menn 1993: 135). En ce qui concerne l'hypothèse bretonne, il faut bien reconnaître que, en dépit des nombreuses recherches (en particulier celles de Gérald Phillips), nous ne disposons jusqu'à présent d'aucune preuve tangible. Si nous nous en tenons à contradictio in adiecto, c'est-à-dire si nous supposons que les affirmations énoncées par Hacquet dans son autobiographie sont en elles-mêmes des preu- 14 Janez Šumrada: Sur les origines de Balthasar Hacquet ves suffisantes, tout semble clair; cependant ce point de vue n'a pas grand chose de scientifique. 4. L'HYPOTHÈSE LORRAINE Ailleurs, nous avons attiré l'attention sur l'imperfection du français de Hacquet tel que nous le connaissons à partir de sa correspondance avec le naturaliste Picot de La Peyrouse entre 1779 et 1780 (voir la publication de quatre lettres dans Sumrada 2000: 14-17). Certes, les deux lettres adressées au baron von Moll (envoyées de Lviv et de Vienne et datées respectivement du 1er octobre 1800 et du 14 avril 1813, Hartig 1908: 112-113, 122) ainsi que celles adressées à Ziga Zois en 1804 (Sumrada 2000: 12, note 28) témoignent de ce que, par la suite, il maîtrisait mieux cette langue, mais de longues années séparent ces lettres. Hacquet semble avoir entre-temps fait de grands efforts pour améliorer sa connaissance de la langue officielle du pays où il est né et qui était à cette époque le moyen de communication dominant des élites sociales et intellectuelles européennes. D'un autre côté, il a toujours écrit en allemand sans grandes difficultés. En outre, son français parlé n'était manifestement pas excellent, puisqu'un locuteur natif, le célèbre minéralogiste Déodat de Gratet de Dolomieu (1750-1801), qui le rencontra en 1784 à Ljubljana l'a même pris pour un Allemand (Sumrada 2001: 69 + note 26). Comment expliquer ce paradoxe chez un homme qui est censé être né en Bretagne - où, à l'heure où la Révolution éclate, seules les classes aisées de la population parlent français, dans les villes et le long de la côte, tandis que les autres couches de la population parlent exclusivement le breton, donc une langue celtique (Gazier 1880: 287; Walter 1989: 22) - et qui, selon ses dires, a par ailleurs poursuivi toutes ses études, y compris le doctorat, en France, très exactement dans un collège jésuite et à l'université de Pont-à-Mousson en Lorraine? Le «Breton» Hacquet aurait donc, durant ses études chez les Jésuites (où les cours étaient dispensés en latin), sur le territoire de la Lorraine francophone à laquelle appartenait Pont-à-Mousson, appris l'allemand d'une manière satisfaisante et le français imparfaitement? Pour ce qui est du territoire de la Lorraine, région alors divisée sur le plan linguistique, les constatations des correspondants de l'abbé Henri-Bap-tiste Grégoire (1750-1831), combattant pour la disparition des «patois» et pour l'expansion du français sur le territoire de la République française dans les années 1790 sont formelles: dans cette région, la plus grande partie de la population parlait le dialecte lorrain allemand et beaucoup moins le dialecte français; par contre, pratiquement tous comprenait le français. Les élites immigrées parlaient français, tandis que celles d'origine lorraine étaient bilingues (Lévy 1929; Gazier 1880: 232; Walter 1989: 19). En effet, la France se trouvait dans cette région depuis longtemps: elle a pénétré militairement en territoire allemand dès la moitié du XVIe siècle par l'occupation, en 1552, du territoire des trois évêchés de Metz, Toul et Verdun. Pour ce qui est du duché de Lorraine, devenue en 1532 formellement indépendante de l'Empire, les Français et les Allemands se querellaient encore à son sujet au XVIIe siècle et pendant la première moitié du XVIIIe siècle. En 1766, elle fut enfin rattachée à la France. Bien que son sort ait en réalité été décidé dès 1738, lorsque l'ancien roi de Pologne Stanislas Ier Leszczynski (1677-1766), le beau-père de Louis XV, est devenu duc de Lorraine et de Bar. Le dernier représentant de la lignée des ducs de Lorraine, François III (1708-1765), qui a épousé en 1736 l'héritière des Habsbourgs Marie Thérèse (d'où le nom de Habsbourgs-Lorraine que leurs descendants portent encore aujourd'hui) et est devenu en 1745 l'Empereur allemand connu sous le nom de François Ier, a dû renoncer à la Lorraine. En dédommagement, il s'est vu attribuer le grand duché de Toscane où la dynastie de Médicis venait juste de s'éteindre (Bour 1983; Le Moigne 1986; Davies 1997: 1281; Zedinger 2000; Krasovec 2000: 19, 37-39; Le Roy Ladurie 2001). Les origines du patronyme Hacquet (et de ses variantes Hocquet, Hecquet, Heke...) sont souvent associées à la vieille racine wallone Hack-, Hacc-, Hack-, Hacq-, hypocristique du prénom (Je)han, «Jean». Les prénoms de ce type et les patronymes qui en dérivent sont caractéristiques de tout le nord de la France et de la Belgique, ainsi que des régions environnantes de l'est de la France et du Luxembourg. La variante Ha(c)quet est attestée comme prénom depuis la fin du XIIe siècle sur le territoire des villes de Mons/Bergen, Bruges/ Brugge, Nivelles, Namur et Wavre de l'actuelle Belgique (Debrabandere 1993; Herbillon & Germain 1996). Ce nom de famille était vivant (au XVIIIe siècle comme aujourd'hui) à Metz et dans ses environs, ainsi qu'ailleurs en Lorraine (les graphies varient, des plus conformes à l'orthographe française aux plus phonétiques). Aux Archives municipales de Metz (AMM, voir: Colnat 1971; Roux 1994), nous avons consulté en juin 2000 les tables 15 Hacquetia 2/2 • 2003 décennales des naissances, mariages et décès des quinze paroisses municipales et des quatre hôpitaux pour une période allant de 1730 à 1750. Sur la base des renseignements ainsi obtenus, nous avons ensuite consulté les actes concernés dans les registres de baptême originaux. Sur le territoire de la ville de Metz, seules les personnes suivantes portant ce nom ont été baptisées ou ont décédé durant la période étudiée: 1. 1730, janvier 24: baptême de Jean Hocquet, fils de Nicolas Hocquet et de la minette Marguerite, parrain sergeant Jean Gusse ci-devant amant, marraine Françoise Gusse, tous deux de cette paroisse qui ont signé ... l'enfant cy-dessus est mort le lendemain, son corps inhumé dans le cemetiere de cette paroisse ... AMM, TDNM3 (Tables décennales des naissances et mariages 3, 1730-1739); GG143, BMD (Baptêmes, mariages, décès), Paroisse de St. Maximin 1730-1739. 2. 1730, mai 7: baptême d'Anne, né dhyer, parrain Adrien de Quique, marraine Anne Jacques, lesquels ont signé et marqués ... le pere de la ditte Anne est Nicolas Haquet et la mere Jeanne Robinet ... AMM, TDNM3; GG108, BMD, Paroisse de St. Marcel 1730-1749. 3. 1732, juin 6: baptême d'Anne Hoquet, décédée le 9 juin suivant, AMM, TDNM3; TDD (Tables décennales de décès) 4, Paroisse St. Maximin 1730-1739. 4. 1734, janvier 15: décès de Jacques Hauque, AMM, TDD4; GG88, Paroisse Ste. Livière 1730-1739. 5. 1736, août 11: L'an 1736 est né et a été baptisé [ajouté: l'onze aoust] Jean, fils de Marie Heke, lequel a eu pour parain Jean Forteul sergent au régiment de Navarre, compagnie de prevost, et pour maraine Barle Varlet de la paroisse St. Sim-plice, la quelle a déclaré ne sçavoir signer ... AMM, TDNM3; GG5 BMD, Paroisse de Ste. Croix 1730-1739. 6. 1747, janvier 16: baptême de Mathieu, né la veille, fils illégitime de Catherine Haquet du village de Catteneuve proche Catenom ... a eû pour parain Mathieu Bachat, garçon tisserant de cette paroisse, et pour maraine Marie Bachat sa soeur, aussi de cette paroisse ... AMM, TDNM5 1740-1749; GG158, BMD, Paroisse de Ste. Ségolène 1740-1749. 7. 1750, octobre 29: est né et a été baptisé le même jour François fils légitime de père Louis He-quet d'Abbeville de la paroisse Notre Dame d'Amiens, cavalier au régiment royal Pologne, compagnie de La Mothe, et d'Anne Lavale de la paroisse de Bonnay en Champagne, diocese de Toul, ses pere et mere ... parain Jacques François Hydrard dit Monplaisir, trompette dans le meme regiment, compagnie de Tous-tainte ... maraine Anne Bruant, jeune fille de Nicolas Bruant dit La Rose cavalier dans le meme regiment, compagnie de Martigny, qui ont signé et marqué ... AMM, TDN7 1750-1759; GG164, BMD, Paroisse de St. Simon 1740-1750. Les inscriptions dans la ville de Metz durant les deux décennies qui nous intéressent sont donc très peu nombreuses et ne prouvent rien en elles-mêmes. Notre Hacquet pourrait très bien être né dans les environs de Metz. A ce sujet, il convient de remarquer le baptême de 1747 (n° 6 de notre liste), où l'on apprend que la mère célibataire de l'enfant est originaire des environs de Cattenom (en dialecte allemand lorrain: Ketinoven, en allemand: Kattenhofen; Bouteiller 1874: XXXII, 46), situé près de Thionville, au nord de Metz (Moselle). Cependant, il existe un fait difficilement imputable au hasard qui soutient fortement l'affirmation de «Das gelehrte Teutschland» selon laquelle Hacquet serait né à Metz. En effet, dans ses recherches généalogiques des couches élevées de la société (noblesse, officiers militaires, porteurs de charges héréditaires et haute bourgeoisie) de Metz depuis la moitié du XVIe siècle jusqu'à la Révolution, l'abbé F.-J. Poirier a montré que, vers la moitié du XVIIIe siècle, vivaient dans cette ville des familles dont les patronymes étaient identiques au prénom ou au titre de noblesse de notre héros. Dans ce sens, la famille Balthasard - qui appartenait à la petite bourgeoisie et dont les représentants étaient propriétaires d'auberges et rôtisseries ou bien petits marchands et carrossiers (Poirier 1899: 405) - ne soit peut-être pas d'importance pour nous. Mais à Metz, à partir de la moitié du XVIIe siècle, apparaissent également les de Balthasar, famille noble de propriétaires terriens et d'officiers militaires. Deux générations avant notre Hacquet, on trouve le chevalier Jean-Armand de Balthasar, baron de Prangin et seigneur de Vezan-cy, commandant d'un bataillon suisse au service royal, puis, la génération suivante: le chevalier Armand-Louis, capitaine au régiment royal allemand de cavalerie; major au régiment suisse de Diesbach et seigneur de Vezancy du nom de baptême Marc-Louis-Isaac, et le chevalier Alexandre, commandant d'un bataillon du régiment de Bourguis. Ar-mand-Louis a épousé Anne-Louise Le Vayer à Metz 16 Janez Šumrada: Sur les origines de Balthasar Hacquet en 1733; de cette union sont nés au moins deux fils, de la même génération que notre Hacquet: Pierre-Eléonore-Louis-Armand (né en 1734) et Louis-Armand-Thérèse-Alexandre (né en 1736); le second sera également officier de carrière, lieutenant-colonel en 1781 (Poirier 1899: 33-34). À Metz vivaient deux familles nobles de La Motte. À l'époque où Hacquet est enfant, la première était représentée par le chevalier Louis de La Motte de Villers-Cassard, seigneur de Villers et lieutenant-colonel au régiment royal artillerie, décédé en 1751 à l'âge de 69 ans, et Pierre-François de La Motte, seigneur d'Altwiller, trésorier de France à Metz. Le membre le plus important de la seconde famille portant le patronyme de La Motte était à cette même époque le capitaine de cavalerie Barthélémy La Motte-Dorez, décédé en 1749 à l'âge de 65 ans (Poirier 1899: 365-366, 461-462). Il existe donc des signes directs et indirects confirmant la possibilité que Hacquet ait bien été un «Metzinger», un enfant de Metz, racine étymologique allemande du patronyme du co-fondateur de la peinture baroque en Carniole Valentin Metzinger (1699-1759), né à Saint-Avold, en Moselle (Cevc 2000: 16, Krasovec 2000: 20). Bien sûr, seule une étude plus longue et plus précise dépassant largement le cadre du présent article nous permettrait d'opter définitivement pour cette hypothèse. Cependant, quelque chose est d'ores et déjà clair: si l'enfant illégitime «Balthasar» Hacquet «de La Motte» est bien né dans la ville de Metz (et non dans les environs), il ne peut s'agir que d'un seul des nouveau-nés de notre liste: l'enfant illégitime baptisé Jean le 11 août 1736, fils de Marie Heke (n° 5). Le vicaire baptiseur de l'église paroissiale de la Sainte-Croix à Metz n'a pas inscrit le nom du père du nouveau-né dans le registre baptistaire, car la mère refusait de dire son nom et le parrain et la marraine eux-mêmes ne savaient peut-être pas de qui il s'agissait. Le fils illégitime baptisé Matthieu (n° 6), presque onze ans plus jeune, est né trop tard pour avoir pu devenir plus tard le célèbre savant d'Europe centrale et orientale. 5. CERTAINS RECOUPEMENTS DE L'HYPOTHÈSE LORRAINE La conclusion selon laquelle l'hypothèse lorraine serait tout à fait plausible concorde logiquement avec un passage de l'autobiographie où Hacquet mentionne le fait suivant: «Au bout d'un couple d'années, on me mit en pension à Pont-à-Mousson sous un autre nom, sous la direction du collège des jésuites comme étudiant externe; je fit mes humanités, et la soit dissant philosophie jésuite, dont j'en pris le grade comme docteur, sans jamais avoir fréquenté de leçon publique» (d'après la reproduction photographique de l'original publiée dans: Rùber & StraBer 1989: 408). En effet, la ville lorraine de Pont-à-Mousson (en Meurthe-et-Moselle; Lallemand 1994), située à plus de mille kilomètres de l'extrémité ouest de la côte bretonne, se trouve un peu au sud de Metz, environ à mi-chemin entre Metz et Nancy, ancienne capitale de la Lorraine. En 1572, à l'époque de la Contre-Réforme, le pape Grégoire XIII y a fondé, sur l'initiative des ducs de Lorraine, un collège jésuite et une université dotée de quatre facultés, bastion de la Contre-Réforme catholique sur le seuil de l'Allemagne protestante. Cette université a atteint son apogée à la fin du XVIe et dans le premier tiers du XVIIe siècle, mais ensuite la guerre de trente ans lui a porté un coup dont elle ne s'est jamais complètement remise, même si elle a continué d'exister jusqu'en 1768, date à laquelle elle a été, en même temps que le collège, supprimée et transférée à Nancy (Martin 1891; Université 1974). Parmi les personnalités célèbres y ayant étudié la théologie, nous trouvons Saint Pierre Fourier (1565-1640) et l'abbé Grégoire (Université 1974: 212-214, 264), mais les plus grands succès reviennent à la Faculté de médecine d'alors qui était complètement entre les mains de professeurs laïques (Grandjacquot 1932; Dubret 1937). Pour ce qui est de Hacquet et de ses éventuelles études à Pont-à-Mousson, nous devons malheureusement nous ranger à l'avis de Christophe Gauchon qui dit: «I never managecl to verify cmy circumstance of his youth, neither in Pont-à-Mousson nor during the xuar, nor for his studies of meclecine» (Gauchon 1999: 56). À ce sujet, en dehors de 1'«autre nom» de Hacquet et de son statut d'externe durant ses études, il convient de mentionner un autre élément important venant compliquer les recherches: le fait que les archives du collège jésuite et de l'université de Pont-à-Mousson (aujourd'hui à Nancy, aux ADMMN, Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, voir Collin 1984: 136-137; Lepage 1884: 114-115) ne soient que partiellement conservées. Il est un fait que, dans les documents conservés qui ont été en partie publiés (Gavet 1911) et que nous avons personnellement consultés en juillet 2000, nous ne trouvons pas la moindre indication concernant Balthasar Hacquet, même si nous trouvons deux inscrits portant ce nom de famille dans le catalogue des étudiants des an- 17 Hacquetia 2/2 • 2003 nées 1755-1768 (ADMMN, H.2139). Durant les années universitaires 1757/58-1759/60, nous connaissons l'existence d'un étudiant de philosophie (de rhétorique, logique et physique), «Marcus Antonius Hacquet [sive Hocquet, ajouté par nous], Nanceianus, convictor», originaire de Nancy et domicilié au pensionnat jésuite de Pont-à-Mousson durant le temps de ses études. Durant l'année universitaire 1759/60, un autre élève de cinquième années d'études humanistes, «Franciscus Carolus Hocquet», également originaire de Nancy et logé au pensionnat, s'est joint à lui. Par la suite, le second - mentionné pour la dernière fois en 1764/65, alors qu'il étudiait la logique - est inscrit dans le catalogue sous le nom de «Carolus Franciscus». 6. MOTIVATIONS ET PROCÉDÉS DE HACQUET Si l'hypothèse lorraine concernant la naissance de «Balthasar» Hacquet «de La Motte» s'avère être la voie permettant de résoudre l'énigme des origines de notre savant, nous devons nous demander pourquoi celui-ci a choisi d'entourer de mystère la question de sa naissance. Au sujet de cette question, il entretenait un rapport ambivalent: d'un côté, il l'a abordée dans des lettres adressées à des collègues scientifiques (lettre à von Moll envoyée de Vienne et datée du 30 novembre 1811: ...«vor 26 Jahr habe ich ein Preis ciusgesezt von 12 Louis d'or wer sagen kann luer ich bin, und bis die stunde hat sich Niemanden um den Preis gemeldet», Hartig 1908: 120; Jakob 1913: 2); de l'autre, il n'a pas même répondu à Johann Caspar Phillip Elwert (1760-1827) qui lui avait demandé dans une lettre du 22 novembre 1799 de lui envoyer des données biographiques destinées à son ouvrage «Nachrichten von dem Leben und den Schriften jetzt lebender teutscher Arzte, Wundärzte, Thierärzte, Apotheker und Naturforscher» (un seul volume est paru aux éditions Gerstenberg en 1799 à Hildesheim) (Jakob 1913: 1)! Même si dix ans auparavant il s'était plaint dans le quatrième tôme de son Oryctographia Camiolica d'une attaque personnelle grave qui lui a été faite dans un article critique. L'auteur visé, une connaissance de Hacquet, aurait «su sur mes origines aussi peu que n'importe qui d'autre ne me connaissant pas» («...die böse persönliche Behandlung, mit der man mir in einer periodischen kritischen Schrift mitgespielet hat; iuo doch der Verfasser davon mich höchstens nur der Person nach kannte, und von meiner Herkunft so wenig xoeiß als jeder andrer, der mich nicht kennt, ja ich gebe dem 12 Louis d'or, der mir beiueiset, wessen Geistes Kind ich bin»\ Hacquet 1789: X-XI). Remarque précieuse de Hacquet lui-même qui montre que les journaux ont, de son vivant, à deux reprises dévoilé une «vérité différente» concernant son histoire personnelle, la première fois vers 1789 et la seconde en 1811 (la notice de l'Allgemeine Litteratur-Zeitung). A-t-il réellement voulu dissimuler par son comportement insolite et incohérent qu'il était «prince morganatique», du moins «descendant illégitime d'un membre d'une très grande famille française», comme l'a écrit Pintar (1926: 284; 1939: 19) dans un excès d'enthousiasme, ou plutôt «d'origine noble inconnue» («unbekannter adeliger Herkunft»), comme le croient Santifaller & Obermayer-Marnach (1959: 132)? Christophe Gauchon se rapproche des conclusions de ce dernier lorsque, après avoir comparé avec l'armoriai du duché de Lorraine les éléments héraldiques situés sous le portrait de Hacquet de 1777, il montre - avec toute la prudence et la réserve nécessaires - que le père de Hacquet pouvait être originaire soit de la famille de Bourgongne, soit de la famille de Huyn. Au XVIIIe siècle, les représentants de cette dernière vivaient à la cour de Vienne et auraient pu venir en aide à Hacquet par leur influence et des moyens financiers mystérieux (Gauchon 1999: 57) tels que ceux mentionnés par Hacquet dans les lignes de son autobiographie consacrées à l'année 1761: «Je reçu de rechef des soutient par voie inconnu comme a l'ordinaire» (Hartig 1908: 23; Jakob 1930: 225). Qu'en était-il de la situation pécuniaire de Hacquet? Durant son séjour en Carniole (1766-1787), il n'avait incontestablement pas beaucoup d'argent à sa disposition et il serait absolument faux d'affirmer, à l'instar de Kidrič, que, «à chaque occasion, il comptait sur une aide venant d'une source inconnue, sans doute liée au mystère de ses parents» (Kidrič 1938: 271). Est-ce là encore l'un des nombreux éléments de la mystification effectuée par Hacquet lui-même dans son autobiographie? Pour ce qui est de cette mystification, rappelons en passant qu'il est prouvé que Hacquet se livrait à une certaine mystification même dans son œuvre: en effet, lorsque Franz Xaver Richter (1783-1856) a imprimé en 1821 dans «Illyrisches Blatt» les documents du legs Žiga Zois relatifs à l'alpinisme, sont apparus dans Oryctographia Camiolica certains «petits mensonges» ou «petites contre vérités» (expressions de Matjaž Deržaj) concernant l'ascension du mont Triglav par Hacquet (Deržaj 1980: 143-156). Mais revenons au sujet qui nous occupe ici! Le document intitulé «Gehorsamste pro Memoria» daté du 27 18 Janez Šumrada: Sur les origines de Balthasar Hacquet juin 1772 témoigne de ce que Hacquet a vécu en tant que chirurgien des mines d'Idrija dans des conditions modestes, parfois même à la limite de la misère. En effet, il était dépendant de la paye qui ne lui était pas versée régulièrement, par ailleurs l'administration de la mine a beaucoup tardé à lui rembourser les moyens investis dans l'achat des instruments et de l'équipement nécessaires. Ce document est la liste des créances pécuniaires que Hacquet a déposé auprès de l'Administration supérieure de la mine d'Idrija avec copie à la Chambre aulique des finances et des mines de Vienne qui la supervisait (document original acheté chez un bouquiniste à Ljubljana en avril 2000 par l'auteur du présent article). Les difficultés financières de Hacquet n'étaient pas inconnues de Ziga Zois, le plus riche homme d'affaires de Carniole, ami intime de Hacquet pendant son séjour dans la petite Ljubljana avant que les deux hommes se soient éloignés l'un de l'autre, comme en témoigne la lettre de Zois au naturaliste toulousain Picot de La Peyrouse, Ljubljana 3.6.1780 (Sumrada 2000: 20 n° 7) qui contredit les affirmations selon lesquelles Zois aurait été constamment pour Hacquet «peut-être le seul ami véritable de son existence» (Aljancic 1987-1988: 156). Nous apprenons ainsi que ces difficultés financières ne cessèrent pas avec la nomination de Hacquet au poste de professeur d'a-natomie, de chirurgie et d'obstétrique au lycée de Ljubljana en 1773. Dans la première lettre envoyée par Zois le 12 août 1779 depuis Bologne à l'adresse de Philippe-Isidore Picot de La Peyrouse (1744-1818) nous lisons, entre autres, les lignes suivantes: «Je me rappelle d'avoir lû, il y a quelque tems, une lettre très instructive sur le sujet des Pyrenées, que vous écrivîtes à M. le Proffesseur Haquet à Laibach: apparemment, le défaut de moyens pour l'exécution des envoys. qui gêne souvent la correspondeance des savants naturalistes, aura empeché mon ami Haquet de vous fournir lesfossils de la Ccirinthie, et de la Carniole« (texte souligné par nous; Sumrada 2000: 17 no 5). Quels points du témoignage de Hacquet concernant ses origines et sa vie avant son arrivée en Carniole pouvons-nous croire? Sans nul doute celui où il déclare être un enfant illégitime, puisque personne n'aurait mis en avant sans nécessité un fait aussi stigmatisant, même à une époque aussi «libertine» que la seconde moitié du XVIIIe siècle. Par ailleurs, tous les enfants illégitimes de son époque n'avaient pas été engendrés par les Commandeurs de l'Ordre de Malte issus de la noblesse - comme le père du collaborateur de Hacquet auprès de la Société agricole de Carniole à Ljubljana, le physiocrate Peter Pavel Glavar (1721-1784) - ou par des nobles squires de province semblables à ceux du roman de la même époque History of Tom Jones, a Foundling (1749) de l'écrivain anglais Henry Fielding (1707-1754). Ce n'est pas un hasard si nous citons ici comme référence littéraire ce roman brillant de la fin de la période picaresque européenne. En effet, Georg Jakob a en son temps vu un petit papier ajouté au manuscrit de l'autobiographie sur lequel une main inconnue - peut-être celle du baron Karl Ehrenbert von Moll (1760-1838; à son sujet lire: Fischer 1975), Muni-chois ami et compagnon de voyage de Hacquet, gardien de l'autobiographie et de quelques autres documents d'archives après la mort de leur propriétaire (Hartig 1908: 83-84; Rûber & StraBer 1989: 427-429) - a écrit que Hacquet commence l'histoire de sa propre vie par les même mots que «Les Avantures ou Mémoires de la vie de Henriette Sylvie de Molière» (Jakob 1913: 3). Ce qui est du reste vrai in spiritu, sed non in litteris: l'héroïne de ce roman d'aventure français ayant connu plusieurs réimpressions à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle est, elle aussi, un enfant illégitime qui commence son histoire ainsi: «Pour commencer:Je n'ay jamais bien sçeu qui j'estois; Je sçay seulement que je ne suis pas une personne qui ait de communes destinées; que ma naissance, mon éducation et mes mariages, ont esté l'effet d'autant d'avantures extraordinaires» (Molière 1718: 9). 7. CONCLUSION Si Hacquet est né dans la ville de Metz, l'histoire de sa venue au monde risque fort d'être d'une grande banalité: fils d'une mère célibataire d'origine modeste, Marie, et d'un père inconnu, filleul d'une amie de sa mère ne sachant ni lire ni écrire et d'un sous-officier militaire... Donc, une naissance à peine un peu au-dessus des bas-fonds de la société, dont s'accommodait peut-être mal Hacquet, personnalité à l'esprit incontestablement aventureux, aspirant aux succès scientifiques et à l'ascension sociale, le contemporain des célèbres aventuriers tels que Giuseppe Balsamo (1743-1795), qui se faisait passer pour le comte Alexandre de Ca-gliostro auprès de la haute société de la seconde moitié du XVIIIe siècle, ou bien Stjepan Zanovic (1751-1786), de quelques années son cadet, originaire de Budva, au sud de la côte adriatique, «successeur» et «héritier» imaginaire de Skenderbeg, ancien dirigeant albanais, ainsi que de la dynastie royale serbe du Moyen Age. Durant les années pré- 19 Hacquetia 2/2 • 2003 cédant la Révolution, les origines sociales marginales ont pu susciter chez Hacquet un complexe d'infériorité, et non un sentiment d'orgueil eu égard au chemin parcouru dans l'échelle sociale (ce type d'orgueil sera caractéristique des self-macle men des XIXe et XXe siècles, lorsque la société sera devenue plus mobile et les origines dans la haute société un moyen très auxiliaire de parvenir au succès). Cette explication «psychologique» reste, bien sûr, hypothétique. Peut-être serait-il possible de la replacer plus précisément dans la biographie de Hacquet si en poursuivant les recherches à partir d'autres sources que le manuscrit original de Hacquet conservé (en effet, il semble qu'un assez grand nombre de ses manuscrits et lettres soient disséminés un peu partout à travers l'Europe, par exemple, à la Bayerische Staatsbibliothek de Munich, à la Bibliothèque Centrale du Muséum National d'Histoire Naturelle et à la Bibliothèque de l'Académie Nationale de Médecine de Paris, à la Burgerbibliothek de Berne, à la Bibliothèque universitaire d'Uppsala, sans parler des bibliothèques et archives viennoises...), mais aussi les témoignages des contemporains s'étant intéressés à lui. Le présent article n'évoque pratiquement pas les travaux scientifiques de Hacquet. Et pourtant, celui-ci, par ses performances intellectuelles, s'est fait une place de toute première importance parmi les grands scientifiques et humanistes des dernières décennies du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle sur le territoire de l'Europe centrale et orientale. Les Slovènes peuvent lui être particulièrement reconnaissants d'avoir établi leur premier programme des Lumières dans l'introduction de son ouvrage Oryctographia Camiolica (Vodopivec 1984: 177— 178). En outre, par son action scientifique et sociale réalisée en Carniole durant deux décennies lui vaut d'être considéré comme l'un des principaux précurseurs du groupe de plus jeunes partisans du mouvement de renouveau national dont Žiga Zois, Anton Tomaž Linhart (1756-1795) et Valentin Vodnik (1758-1819) étaient les principaux représentants. C'est là que se sont développés les débuts du mouvement national slovène moderne. 8. POVZETEK K vprašanju izvora Balthasarja Hacqueta V slovenščini bo razprava objavljena v: Zgodovinski časopis/Historical Review (Ljubljana) (58) 2004. 9. BIBLIOGRAPHIE AEIOU (2003): Hacquet de la Motte, Belsazar. In: AEIOU. Österreich-Lexikon: www.aeiou.at Aljančič, M. (1987-1988): Spominska plošča Belsa-zarju Hacquetu. Proteus (Ljubljana) (50): 154-156. Blémont, H. (1989): Hacquet Balthasar. In: M. Prévost, Roman d'Amat, H. Tribout de Morembert eds., Dictionnaire de biographie française 17. Letouzey et Ané, Paris, p. 478. Borisov, P. (1999): O Hacquetovem značaju (zgo-dovinsko-psihološka študija). Zgodovinski časopis/Historical Review (Ljubljana) (53): 455-482. Bour, R. (1983): Histoire de Metz. Editions Serpe-noise, Metz. Bouteiller, M. de (1874): Dictionnaire topographique de l'ancien département de la Moselle. Paris. Brecelj, M. (1979): Hacquet Baltazar. In: Primorski slovenski biografski leksikon 6. snopič. Goriška Mohoijeva družba, Gorica, pp. 522-524. Bufon, Z. (1971): Naravoslovje v slovenskem narodnem prebujanju. In: Zbornik za zgodovino naravoslovja in tehnike. Slovenska matica, Ljubljana (1): 15-77. Cevc, A. (2000): Valentin Metzinger 1699-1759. Življenje in delo baročnega slikarja. Narodna galerija, Ljubljana. Charpy,J. (1973): Guide des archives du Finistère. Archives départementales du Finistère, Quim-per. Collin, H. (1984): Guide des archives de Meurthe-et-Moselle. Première partie. Séries anciennes: B à L (Archives des origines à l'an VIII). Séries modernes: M à Q. Nancy. Colnat,J. (1971): Guide des archives de la Moselle. Archives de la Moselle, Metz. Davies, N. (1997): Europe. A History. Pimlico, London, p. 1281. Debrabandere, F. (1993): Verklärend woorden-boek van de familienamen in Belgie en Noord-Frankrijk 1. Gemeentekrediet, Brüssel, p. 629. Dechambre, A., Lereboullet, L. (1886): Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales. Quatrième série F-K 12. G. Masson et Asselin et Houzeau, Paris, pp. 16-17. Deshayes, A. (1995): Dictionnaire des noms de famille bretons. Le Chasse-Marée/Armen, Douar-nenez. Deržaj, M. (1980): Zgodovina meritve višine Triglava. In: Strojin T. ed., Triglav, gora naših go- 20 Janez Šumrada: Sur les origines de Balthasar Hacquet ra. Zalozba Obzorja, Maribor, pp. 141-163 (Do-mace in tuje gore 19). Divanach, M. (1975): 5000 patronymes bretons francisés. Éditions du vieux meunier breton, Etables-sur-Mer. Dolezal, H. (1966): Hacquet Belsazar (Balthasar). In: Neue deutsche Biographie 7. Duncker & Humblot, Berlin, pp. 414-416. Dubret, L. C. E. (1937): Les Jadelot, professeurs aux Facultés de médecine de Pont-à-Mousson et de Nancy (1724-1793) (thèse). Thomas, Nancy. Dupont, M. (1999): Dictionnaire historique des médecins dans et hors de la médecine. Larousse, Paris. Dwyer, H. et B. eds. (1993): Hacquet Balthasar. In: Index biographique français 4. K. G. Saur, Lon-don-Melbourne-Munich-New Jersey, p. 1619. Ersch,J. S. Hrsg. (1821): Das gelehrte Teutschland oder Lexikon der jetzt lebenden teutschen Schriftsteller, angefangen von Georg Christoph Hamberger, fortgeführt von Johann Georg Meusel 18. Reprografischer Nachdruck der 5. Auflage (1796-1834). Georg Olms Verlagsbuchhandlung, Hildesheim 1965-1966, p. 10. Fischer, F. J. (1975): Moll Karl Ehrenbert Frh. von. In: Obermayer-Marnach E., Hrsg., Österreichisches biographisches Lexikon (1815-1950) 29. Verlag der Osterreichischen Akademie der Wissenschaften, Wien, pp. 353-354. Gavet, G. (1911): Diarium universitatis Mussiponta-nae (1572-1764). Berger-Levrault, Paris-Nancy. Gauchon, C. (1999): Investigations about Balthasar Hacquet. Slovensky kras/Acta carsologi-ca slovaca (Liptovsky Mikuläs) (37): 53-60. Gazier, A. (1880): Lettres à Grégoire sur les patois de France (1790-1794). Documents inédits sur la langue, les moeurs et l'état des esprits dans les diverses régions de la France. A. Durand et Pedone-Lauriel, Paris 1880 (reprint: Slatkine, Genève 1969). GE (s.d.): Hacquet (Balthasar). In: La Grande encyclopédie. Inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts 19. H. Lamirault et Cie éditeurs, Paris, p. 702. Gourvil, F. (1993): Noms de famille bretons d'origine toponymique. 2e édition revue et augmentée par Albert Deshayes. Société archéologique du Finistère, Quimper. Grandjacquot, R. (1932): La Faculté de médecine de Pont-à-Mousson, 1592-1769, et la médecine en Lorraine à cette époque (thèse). Poncelet, Nancy. Gurlt, E., Hirsch, A. (1886): Hacquet Belsazar (Balthasar). In: Biographisches Lexikon der hervorragenden Arzte aller Zeiten und Völker 3. Urban & Schwarzenberg, Wien-Leipzig, p. 6. Gwennole Le Menn (1993): Les noms de famille les plus portés en Bretagne (5000 noms étudiés). Coop Breizh Kerangwenn, Spezet. Hacquet, B. (1789): Oryctographia Carniolica, oder Physikalische Erdbeschreibung des Herzogthums Krain, Istrien und zum Theil der benachbarten Länder 4. Breitkopf, Leipzig. H. (artig O.) (1908): B. Hacquets Autobiographie. Originalbriefe B. Hacquet's an Freiherrn von Moll, Neumarkt/München. Die Wahrheit (München) (42) 1-4: 19-35, 71-85, 107-125. Herbillon, J., Germain, J. (1996): Dictionnaire des noms de famille en Belgique romane et dans les régions limitrophes (Flandre, France du Nord, Luxembourg) 1. Crédit Communal, Bruxelles, p. 385. Hoelzl, K. (1861): Botanische Beiträge aus Gali-zien. II. Uber die von B. Hacquet während seiner Karpatenreisen gemachten botanischen Beobachtungen. Verhandlungen der kaiserlich-königlichen zoologisch-botanischen Gesellschaft in Wien (11): 434. Jakob, G. (1913): Belsazar Hacquet und die Erforschung der Ostalpen und Karpaten. In: Günther S., Hrsg., Münchener geographische Studien (27): 1-128. Jakob, G. (1930): Belsazar Hacquet. Leben und Werke. Bergverlag Rudolf Rother, München (Große Bergsteiger). Kerviler, R. (1904): Répertoire général de bio-bibliographie bretonne 9. J. Plihon et L. Hom-may, Rennes, p. 385 (reprint: Joseph Floch, Mayenne 1984). Klemun, M. (1988): Balthasar Hacquet - Begründer einer vielfältigen Durchforschung des Ostalpenraumes, Carinthia (Klagenfurt) II (178) 98: 5-13. Kidrič, F. (1929-1938): Zgodovina slovenskega slovstva od začetkov do Zoisove smrti. Slovenska matica, Ljubljana, 724 + LXXVIII pp. Kidrič, F. (1938): Zois in Hacquet. Ljubljanski zvon (Ljubljana) (58): 271-275. Krašovec, D. (2000): Valentin Metzinger (1699-1759): Lorenec na Kranjskem. Un Lorrain à la lisière de l'Empire. Educy, Ljubljana. Kornhauser, A., Wraber, T. (1990): Hacquet, Baltazar. In: Enciklopedija Slovenije 4. Mladinska knjiga, Ljubljana, pp. 1-2. Lallemand, P. (1994): Pont-à-Mousson. Au coeur 21 Hacquetia 2/2 • 2003 des rues, la mémoire d'une ville. Éditions Pier-ron, Sarreguemines 1994. Larousse, P. (s.d.): Hacquet Balthasar. In: Pierre Larousse ed., Grand dictionnaire universel du XIXe siècle 9. Première partie H. Larousse, Paris, pp. 12-13 (reprint: Slatkine, Genève-Paris 1982). Le Moigne, F.-Y. éd. (1986): Histoire de Metz. Privat, Toulouse. Lepage, M. H. (1884): Inventaire sommaire des archives départementales antérieures à 1790, 6. Meurthe-et-Moselle. Table des matières. Imprimerie Lorraine, Nancy. Le Roy Ladurie, E. (2001): Histoire de France des régions. La périphérie française des origines à nos jours. Seuil, Paris. Lévy, P. (1929): Histoire linguistique d'Alsace et de Lorraine 1-2. Les Belles lettres, Paris (Publications de la Faculté des lettres de l'Université de Strasbourg 47-48). Martin, E. (1891): L'Université de Pont-à-Mousson (1572-1768). Berger-Levrault, Paris-Nancy. Maslankiewicz, K. (1960-1961): Hacquet Baltazar (Belsazar). In: Gross A., Horoch K. eds., Polski slownik biograficzny 9. Zaklad narodowy imie-nia Ossolinskich, Wydawnictwo Polskiej akade-mii nauk, Wroclaw-Warszawa-Kraköw, pp. 221-223. Meusel, J. G. (1783): Hacquet (Balthasar). In: J. G. Meusel, Das gelehrte Teutschland oder Lexikon der jetztlebenden teutschen Schriftsteller 2. Vierte durchaus vermehrte und verbesserte Auflage. Meyersche Buchhandlung, Lemgo, pp. 8-9. Molière, H. S. (1718): Les Avantures ou mémoires de la vie de Henriette Sylvie de Molière. Pierre Marteau, Cologne. Novak, V. (1974): Balthasar Hacquet in slovenska ljudska kultura, Traditiones (Ljubljana) (3): 17-68. Novak, V. (1986): Balthasar Hacquet in slovenska ljudska kultura. In: Novak V.: Raziskovalci slovenskega življenja. Cankarjeva založba, Ljubljana, pp. 60-123. Pavlovec, R. (1987-1988): Belsazar Hacquet kot začetnik regionalne geologije Vzhodnih Alp, Proteus (Ljubljana) (50): 364-365. Petkovšek, V. (1960): Začetki botanične vede pri Slovencih. In: Lazar J. ed., Ad annum horti bo-tanici Labacensis solemnem CL - Zbornik ob 150-letnici botaničnega vrta v Ljubljani. Univerza, Ljubljana, pp. 11-23. Pilleri G., Mušič D. (1984): La vita di Belsazar Hac- quet ed il suo viaggio a vela sulla Sava da Lu-biana a Semlin. Autobiografía di Joannes Antonius Scopoli. Verlag des Hirnanatomischen Institutes, Waldau-Bern. Pintar, I. (1926): Hacquet, Balthasar. In: Cankar I., Lukman Fr. Ks. eds., Slovenski biografski leksikon 1 (2). Zadružna gospodarska banka, Ljubljana, pp. 284-287. Pintar, I. (1939): Mediko-kirurški zavod v Ljubljani, njegov nastanek, razmah in konec. Habilitacijska disertacija, Ljubljana. Pleničar, M. (1986): Hacquet, Baltazar. In: Enciklopedija Jugoslavije 4. Jugoslavenski leksiko-grafski zavod »Miroslav Krleža«, Zagreb, pp. 651-652. Pleničar, M. (1989): Hacquet, Baltazar. In: Encklo-pedija Jugoslavije 4, édition slovène. Jugoslavenski leksikografski zavod »Miroslav Krleža«, Zagreb, p. 591. Pogačnik, B. (1987): Naš in njihov profesor Baltazar. Hacquetova spominska plošča v Ljubljani, Delo (Ljubljana), 3.10.1987. Poggendorff, J. C. (1863): Biographisch-literarisches Handwörterbuch zur Geschichte der exakten Wissenschaften 1. J. A. Barth, Leipzig, p. 986. Poirier F.J. (1899): Metz. Documents généalogiques. Armée, noblesse, magistrature, haute bourgeoisie, d'après les registres des paroisses 1561-1792. Lamulle & Poisson, Paris. Praprotnik, N. (1987-1988): Spominska plošča Baltazarju Hacquetu na Velem polju. Proteus (Ljubljana) (50): 229-230. Praprotnik, N. (1989): Botanična raziskovanja v drugi polovici 18. stoletja na Slovenskem. In: Horvat J. ur., Slovenci v letu 1789, Narodni muzej, Ljubljana, pp. 85-88. Praprotnik, N. (2001): Balthasar Hacquet in njegovo botanično delovanje na Kranjskem. Razprave 4. razreda SAZU (Ljubljana) (42) 2: 173-185. Raabe, P. (1966): Johann Georg Meusels Schriftstellerlexikon »Das gelehrte Teutschland«. Eine Einführung. Georg Olms Verlagsbuchhandlung, Hildesheim, 50 pp. Reichardt (1879): Hacquet Balthasar. In: Allgemeine deutsche Biographie 10. Duncker & Humblot, Leipzig, p. 300. Roger, J. (1900): Hacquet Balthazard [sie]. In: Les Médecins bretons du XVIe au XXe siècle. Biographie et bibliographie. Baillère, Paris, pp. 86-87 (réédition: Éditions de l'Ancre de la marine, Saint-Malo 1987). 22 Janez Šumrada: Sur les origines de Balthasar Hacquet Roux, L. éd. (1994): Catalogue des microfilms des registres paroissiaux et d'état civil de la Moselle. Microfilms des registres de baptêmes, mariages et sépultures antérieures à la création de l'état civil 1. Saint-Julien-lès-Metz. Rüber, H., Straßer, A. (1989): Belsazar Hacquet. Physikalisch-politische Reise aus den Dinarischen durch die Julischen, Carnischen, Rhäti-schen in die Norischen Alpen. Bruckmann, München (Alpine Klassiker 12). Santifaller L., Obermayer-Marnach E., Hrsg. (1959): Hacquet de La Motte Belsazar. In: Österreichisches biographisches Lexikon (1815-1950) 2. Verlag Hermann Böhlaus Nachf., Graz-Köln, pp. 132-133. Saur (2003): Hacquet de La Motte, Belsazar. In: K. G. Saur. World Biographical Index. Internet Edition: www.saur-wbi.de: et: K. G. Saur Verlag. Internationaler Biographischer Index 10: www.biblio.tu-bs.de/wbi Selan, M. (1978): Na Velem polju odkrili spomenik B. Hacquetu, Planinski vestnik (Ljubljana) (78): 712-714. Šumrada, J. (2000): Hacquet, Žiga Zois in francoski naravoslovec Picot de La Peyrouse. Scopolia (Ljubljana) (44): 1-34. Šumrada, J. (2001): Žiga Zois in Déodat de Dolo-mieu. Kronika (Ljubljana) (40): 65-72. Tanguy, B. (1990): Dictionnaire des noms de communes, trêves et paroisses du Finistère. Origine et signification. Armen-Le Chasse-Marée, Douarnenez. Université (1974): L'Université de Pont-à-Mousson et les problèmes de son temps. Actes du colloque. Nancy (Annales de l'Est 47). Valj o, M. (1997): Baltazar Gaket i Ukrajna. Statti i materiali. Nacionalna akademija nauk Ukrajni, Lvivska naukova biblioteka im. V. Stefanika, Lviv. Valjo, M., Kril, M. (2000): Baltazar Gaket doslidnik Pivdenno-Shidnoj i Centralnoj Evropi. Doslid-zennja i materiali. Nacionalna akademija nauk Ukrajni, Lvivska naukova biblioteka im. V. Stefanika, Lviv. Vodopivec, P. (1984): Quelques caractéristiques du mouvement des Lumières dans les régions slovènes. In: Les Lumières en Hongrie, en Europe centrale et en Europe orientale. Actes du cinquième colloque de Matrafured, 24-28 octobre 1981, Akademiai Kiado et C.N.R.S., Budapest-Paris, pp. 169-180. Walter, H. (1989): Des mots sans-culottes. Pour servir à l'intelligence des mots dont notre langue s'est enrichie lors de la Révolution, et à la nouvelle signification qu'ont reçue quelques anciens mots. Robert Laffont, Paris. Wester, J. (1954): Balthasar Hacquet, prvi raziskovalec naših Alp. Planinska zveza Slovenije, Ljubljana (Naši veliki planinci 2). Wester, J., Orel, B. (1958): Hacquet, Baltazar. In: Encklopedija Jugoslavije 3. Leksikografski zavod FNRJ, Zagreb 1958, pp. 645-646. WIEM (2003): Hacquet Baltazar. In: Wielka inter-netowa encyklopedia multimedialna. www. wiem.onet.pl Wraber, T. (1980-1981): Rastline in kamnine. Proteus (Ljubljana) (43): 11-14. Wraber, T. (1984-1985): Scabiosa trenta. Zgodba o trentarskem grintavcu. Proteus (Ljubljana) (47): 138-141. Wurzbach, C. (1861): Hacquet Balthasar. In: Biographisches Lexikon des Kaiserthums Oesterreich 7. K.k. Hof- und Staatsdruckerei, Wien, pp. 163-165. Zedinger, R., Hrsg. (2000): Lothringens Erbe. Franz Stephan von Lothringen (1708-1765) und sein Wirken in Wirtschaft, Wissenschaft und Kunst der Habsburgermonarchie. St. Pölten (Katalog des Niederösterreichischen Landesmuseums N.F. 429). Županič, N. (1925): Hacquet Baltazar. In: Stanoje-vič St. ed., Narodna enciklopedija srpsko-hrvat-sko-slovenačka 1. Bibliografski zavod, Zagreb, p. 807. 23