Trimestre I. PROVINCES 1LLÏRISNN ES. N. ai. télégraphe officiel. Laybachy mercredi 12 décembre 1810. ANGLETERRE. Londres, 20 Novembre. On a reçu- hiér des lettres des Xisbonne jusqu'au 10 du courant, et à cette époque, aucun changement important n'avoit eu- lieu dans les positions des deux armées . La plus grande calamité que nous éprouvions, est la nécessité de fournir des subsistances à l'immense population qui a quitté ses habitations pour venir se réfugier à Lisbonne et dans les environs. Il y a des milliers d'hommes qui sont barraqués , et on a donné l'ordre de retourner dans leurs habitations à toits ceux dont le pays n'est pas occupé par les Français . Jusqu'ici on n'a point encore éprouvé de manque de vivres à Lisbonne . On y est fort occupé du projet des Français de pénéfc;er dans l'Alentezo en traversant le Tage. Ce passage peut se faire de deux manières , soit en établissant un pont , soit en passant le gué près du village d'Agenburga mais il est également difficile de l'une et de l'autre manièro . — Nous apprenons , par une personne qui est arrivée hier à Londres de Gibraltar , que les Français sont par-avenus à élever une batterie formidabile à Matagorda, de laquelle ils ont tiré à boulets rouges sur les ouvrages avancés , ainsi que sur la flotte de Cadix , et on supposoit qu'ils avoient causé beaucoup de dommage, tant dans la ville que dans la rade. Nous avons la satisfaction d'apprendre, par la même voie, que le seul bâtiment affecté de la maladie dans la rade de Gibraltar, étoit un bâtiment de transport : il n'y avoifc pas la plus pétite apparence de lièvre jaune dans l'enceinte de la forteresse . Bulletin de la santé du roi du 19 novembre au soir. " La fièvre de S. M. a un peu augmenté aujourd'hui." le 2,0 novembre. u S. M. a dormi la nuit dernière,, et a un peu lùoins de fièvre ce matin . u du 20 novembre au soir . " La fièvre du roi n'a- pas augmenté aujourd'hui .S. M. a dormi un peu dans la soirée . if du 2.1 novembre. " S. M. est dans le même état qu'elle se trouvoit hier .(e le 22 novembre, à 8 heures du sóir Il 11e s'est opéré aucun changement dans l'état de S. M. depuis ce matin." le 28 novembre . " S. M. a eu une mauvaise nuit, et la fièvre a augmenté ce matin . ,, Dépêche de lord Wellington au lord Liverpool . Porto-Negro , le 3 novembre. Milord , je n'ai vuaucun changement dans les forces ou dans la position de l'ennemi depuis ma dernière dépêche a votre seigneurie . L' ennemi à un gros corps , sur-tout en cavalerie , entre Punhete et Santarem , 6ur les bords du Tage , et j'ai lieu de croire que la division de Loison n'a pas marché dans cette direction , comme je l'avois annoncé à V. S" L'ennemi a jeté quelques troupes de l'autre coté du Zczère , au dessus de Pùnhete , apparemment pour reconnoitre les routes sur- cette direction et le gué auprès d'Abrantès ; mais je suppose que les pluies tombées depuis quelques jours anront fait enfler cette rivière , et que ces troupes se seront retirées . On assure toujours que les Français préparent des matériaux pour un pont à Santarem et à Arguinha . J'ai détaché le général Fane avec de la cavalerie et de l'infanterie , sur la rive gauche du Tage , et j'espère savoir positivement par lui ce qui 6e passe de l'autre côté , et je ferai ensuite ce qui sera possible . Il est impossible d'évaluer les provisions que les Français ont trouvées dans les villages qu'ils occupent ; mais il est certain qu'ils ne peuvent en tirer du reste du pays . La garnison de Peniche et celle d'Ohidos , ainsi que la cavalerie anglaise , fout une petite guerre destructive sur les derrières de la droite de l'ennemi , tandis que la grande route de Coimbre par Leyria est occupée par le corps du colonel Wilson . Les dernieres lettres que j'ai reçues du général Silvierra, sont du 19 octobre. Il n'avoit encore rien appris de la marche de l'ennemi . Il occupe les routes d'Almeida à Framose , Celorico et Guarda . Il a appris que le général Bonnet a évacué les Asturies et s'est' retiré sur la Biscaye . Des lettres de l'Estramadure , du 2,7 octobre , m'annoncent que le corps de Mortier est toujours à Séville, avec un grand . nombre de malades (1). Wellington . CONFÉDÉRATION DU RIIIN. Francfort, 24 novembre . Les 20 et 23 de ce mois, la commission impériale siégeant ici, a fait brûler, en exécution du décret du 19 octobre dernier, une quantité de marchandises anglaises, dont la valeur a été évaluée à plus de 55o,ooo francs. Pareille opération avait déjà eu lieu le 17. ( Journ. de Paris. ) (1) Cette lettre peu signifiante contient cinq ou six assertions fausses. 1Que la division du général Loison est au camp devant lord Wellington, tandis qu'elle en est détachée à plus de 20 lieues. 2. Que les français ont repassé le Zezère, à cause des pluies , tandis qu'ils ont jeté un pont sur cette riviere. Lord Wellington ne pouvoit pas ignorer une nouvelle si importante ; il savoit que ce pont étoit' construit depuis dix jvurs. 3. Que les français ont peu de provisions, tandis qu'ils ont des approvisionnement de bled, de riz, de maïs, d'haricots blancs, pour quatre mois. Lord Wellington a bien dévasté le pays entre le Mondego et Almeida, mais comme il a été forcé d'abandonner les positions du Mondego où il espérait se maintenir, il a marché du Mondego aux hauteurs de Lisbonne avec tant de précipitation, qu'il a fait en cinq jours les cinquante lieues qui le sèparoient de Lisbonne, et n'a pu dévaster la belle vallée du Tage. Ainsi il a fait bien des malheureux, ruiné une grande partie du pays qu'il devait défendre, sans remplir son but, qui étoit d'ôter ses vivres à l'armée française. 4. Que le général portugais Silviera occupe Celorico et Guarda, qui se trouvaient au contraire occupés, au commencement de novembre, par la division Gardanne, formant l'arriére-garde de l'armée du. Portugal. Des le 10 novembre, le Portugal a été couvert par les troupes du gme. corps. 5. Que le général Bonnet a évacué les Asturies, et s'est retiré dans la Biscaye, ce qui est controuvé. 6. Que le corps du duc de Trévise étoit à Séville, ce qui est éga* lement faux. la Du 37 novembre . On a publié ici l'avis suivant : A dater du ier. janvier prochain , les cotons du Levant cesseront d'être admis par les bureaux de Cologne , Co» blentz et Mayence , désignés par le décret du 5 août dernier , et ne pourront plus entrer en France par terre que par le bureau de Strasbourg et par l'Illyrie et l'Italie. A compter du ier. mai prochain , les cotons du Levant ne seront plus reçus par la route de Strasbourg ; ils ne pourront entrer que par les bureaux des douanes de Ver-ceil, de Gasatisme et de Pietramala . A compter du ier. janvier prochain , les cotons du Levant qui auront transité par les Provinces-Illyriennes et par le royaume d'Italie , seront reçus dans les bureaux des douanes de Verceil , de Casatisme et de Pietramala . Les cotons du Levant passant en transit par les Provinces Illyriennes et par le royaume d'Italie , ne paieront qu'un simple droit de balance de commerce . A compter du ier. janvier prochain , les cotons du Levant transportés par mer, ne seront plus reçus en France que par les ports de Marseille , de Gênes et de Livourne. I Collège des Princes , 2,4 novembre . Pour remplir l'objet des ordonnances par lesquelles les princes de la Confédération du Rhin ont successivement donné force de loi au tarif du 5 du mois d'août et à son supplément du 12 septembre 1810 , les commissions qu'ils ont établies à cet effet se sont empressées de procéder à la vérification des déclarations des denrées et marchandises coloniales que les négocians , commissionnaires et Itous les habitans de ces divers Etats se sont trouvés avoir , soit en propriété,soit en consignation. Des commissaires,accompagnés des agens de la police et de la force armée, ont été chargés tous les magasins, boutiques et maisons particulières, pour confisquer tout ce qui avoit été soustrait à la vigilance des autorités locales-. Les marchandises reconnues par des experts assermentés , pour des productions des manufactures et fabriques anglaises , ont été confisquées et livrées aux flammes . La même exécution ayant lieu dans tous les Etats du continent , les débris du fameux convoi anglais de la Baltique réduits à regagner les côtes de l'Angleterre à la lueur de cette illumination continentale. ( Journ. de l'JEmp.) PRUSSE. Berlin, 14 novembre. On vient de publier ici deux édits, par l'un desquels S. M. annonce l'intention où elle est, i.° d'acquitter promptement toutes les contributions de guerre ; 2.® de payer les intérêts de toutes les dettes de l'état; 3.° de rembourser les capitaux dus aux créanciers de l'extérieur, et de consolider ceux des créanciers de l'intérieur. Pour atteindre ces différens buts, le roi avoue qu'il est contraint de mettre de nouveaux impôts, et d'organiser d'une autre manière ceux qui existent. Les impôts sur les métiers cesseront, et seront remplacés par un droit de patente. Les droits féodaux seront abolis et les usufruitiers des terres en deviendront les propriétaires. Le timbre sera augmenté, etc. Il y aura un emprunt, dont les domaines royaux et les biehs ecclésiastiques deviendront l'hypothèque et la garantie. Le deuxieme édit est relatif à la sécularisation de tous les biens ecclésiastiques. tels qu'abbayes, prébendes, commanderies, soit de religion protestante, soit de religion catholique. Les usufruitiers Ejront dédommagés. Les écoles et fondations pieuses ne sont point comprises dans ces dispositions. ( Journ. de Paris.) ALLEMAGNE. Hambourg ,21 novembre . Avis aux Négociants : On fait connoître au commerce , que par un décret de S. M. l'Empereur des Français , rendu à Fontainebleau le 7 novembre 1810 , le droit d'importation du Cacao est porté à 600 Francs le quintal décimal , à partir du jour de la publication dudit décret. — On a brûlé ici Je 16 pour 100,000 Marcs de marchandises Anglaises . ( Gaz. d'Hambourg . ) AUTRICHE. Vienne , 24 novembre . Le défaut de débouchés fait baisser de jour en jour le prix des denrées coloniales dans-les états Autrichiens . En revanche nous recevons de fortes demandes de cotons du Levant par Strasbourg , les négociants français voulant faire de grands approvisionnements de cette matière première avant que l'introduction par le Rhin en soi t défendue . ( Gaz. d'Hambourg . ) — Du 26. On parle ici du mariage d'une princesse Autrichienne avec un prince étranger . ( Gaz. de Munich ) EMPIRE FRANÇAIS. Paris, 1 decembre. Un Décret impérial du a5 novembre porte que le jour de l'installation de chaque Cour impériale sera fixé par le Décret même qui portera nomination des membres de la Cour. Le nouveau Code crirni- de faire les visites domiciliaires les plus rigoureuses dans^^ la loi du ao avril l8lCi et les dëcrets relatifs à la nouvelle organisation judiciaire, ne seront mis en activité, dans l'étendue du ressort de chaque Cour impériale, qu'au jour de l'installation de la Cour. (Gaz. de France J S. M. a nommé par différents décrets: Titillane de la Sénatorerie de Florence, Mr. le sénateur comté Ferino-; Directeur, sous les ordres du Ministre de l'intérieur, de la comptabilité des communes et des hôpitaux, Mr. le-baron Quinette , conseiller d'état ; Directeur principal des Douanes en Hollande , Mr. le baron Coque-bert-Montbret, maitre des requêtes; Résident et Consul général à Dantzick, Mr. Hue dé Grosbois, chargé des affaires de France à Naples. r Le Moniteur publie des notes sur ce qui sest passé en Po tugal depuis le i5 septembre. Le i5 septembre l'armée est partie d'Almeida pour envahir le Portugal . Après des marches fort savantes et avoir délogé l'enr.emi de plusieurs positions , les Français arrivèrent à la Sierra de Busaco • La Sierra de Busaco est une chaine de montagnes granitiques haute de cent à deux cents toises , hérissée de rochers très-escarpés, d'un abord extrêmement difficile. La crête étoit couverte de troupes . Il s'y trouvoit 26,000 Anglais et 3o,ooo Portugais . Une artillerie nombreuse étoit concentrée sur les débouchés de Sant Antonio de Cantaro et de Busaco . Les deux routes étoient coupées en plusieurs endroits et retranchées . La cavalerie étoit disposée en réserve à la naissanc cî du versant opposé à celui par lequel nous arrivions . L'élévation de la Sierra et les difficultés du terrain rendoient notre artillerie et notre cavalerie à-peu-prés inutiles pour l'attaque . N M. le maréchal prince d'Essling avoit apprécié la force de la position de Busaco . Il se résolut à la tourner . Il falloir six jours pour opérer ce mouvement de ffanc presque sous le canon de l'ennemi; les militaires jugeoient cette manœuvre impraticable , puisqu'on pouvoit être attaqué pendant la marche , ce qui aiiroit donné à l'ennemi d'immenses avantages, mais considérant que l'armée anglaise étoit extrêmement lourde et peu manœuvrière , le maréchal se décida pour ce mouvement si hasardeux : il fut ordonné cependant qu' une nuée de tirailleurs couvriroit le mouvement et nourriroit l'attaque pendant les deux premiers jours , ét que même une brigade du a.e corps feroit semblant d'attaquer la droite des Anglais ,• tandis qu'une brigade du 6.e corps feroit semblant de vouloir emporter la position de Busaco . Toutes ces manœuvres réussirent complettement ; cependant la brigade du a e corps , que ccmmandoit le général Gtaindorge , et celle du 6.e que commandoit le général Simon, emportées par cette impétuosité qui est si naturelle aux Français, poussèrent leurs fausses attaque trop loin ; elles culbutèrent tout devant elles ; mais comme l'armée étoit en marche et déjà loin , elles ne purent être soutenues . Le général Simon , frappé de deux balles , et une centaine de Fiançais furent faits prisonniers sur la montagne . L'ennemi , aussitôt qu'il eut dépassé les hauteurs , voulut descendre à la suite de nos troupes, mais toute l'artillerie légère de l'ai-rière-garde , restée en position , tira si près et si juste qu'elle éclaircit les rangs anglais . Le général de brigade Sainte-Croix , qui ouvroit la marche , rencontra sur le chemin de Coïmbre à Oporto , une division de l'armée alliée , lui tua plusieurs centaines d'hommes , lit 5oo prisonniers , et rejetta cette division au-delà du Douro . Lord Wellington fit sa retraite . Nous avons eu au combat de Busaco 2,00 hommes tués, et ia à i5oo blesés. La perte de l'ennemi doit avoir été au moins aussi considérable . Du 4 au 11 j l'armée a marché vers Lisbonne. Ou a eu six jours de fortes pluies . M. le prince d'Essling a fait ce qui dé. pendoit de lui pour engager les Anglais à lui disputer le terrain; mais l'ennemi ne veut pas combattre s'il n'est pas établi sur des rocs inaccessibles, ou caché derrière des retrancliemens couverts d'artiiierie et inexpugnables . Par un mal-entendu , et les faux îhouvemens d'un corps, d'observation , notre hôpital de Coïmbre , ou nous avions i5 à 1600 blessés ou malades , a été pris , quatre jours après notre départ , par un corps de misérables milices portugaises d'à-peu-près aooo hommes . Le ia , nous sommes arrivés aux environs d'Alenquer ; les Anglais avoient leur droite à Alhandra sur le Tage , leur gauche près de l'embouchure du Sisandro dans la mer. Ils occupoient ainsi une position de dix lieues d'étendue , sur une ligne de hauteurs retranchées . Le petit nombre de débouchés par lesquels on pouvoit arriver jusqu'à eux étoit hérissé d artillerie . Le maréchal prince d'Essling a placé son armée de manière à la réunir en quatre heures . Le 2,.e corps, formant la gauche, est à Yilla-Fr&near, ^ }e Tage ; le 8.e corps occupe le centre à bo-bral : le t>e corps est sur la droite , à Otta et Villa-Nova . Une division de dragons occupe Alventre pour couvrir le flanc droit contre les attaques d'une division de cavalerie anglaise stationnée sur le Sisandro . On occupe Thomar pour faire des vivres aux environs , pour être plus rapprochés des renforts , et pour protéger le pont sur le Zezère ; ce pont est de la plus graude importance . Santarem a été choisi pour la place dn dépôt de l'armée : on la fortifie en ce moment . Les Anglais régnent à Lisbonne par la terreur Ils traitent avec dureté et mépris la noblesse et le peuple ; ils forgent des conspirations ; ils emprisonnent ; ils déportent ; ils enlèvent les Portugais qui osent pleurer sur les ruines de leur patrie . Les vivres sont hors de prix i Lisbonne . Malgré les ressources que donne Ta possession de la mer , cette capitale est sur le point d'éprouver les horreurs de la famine . D'Ahneida à Alenquer , l'armée n'a pas rencontré aoco Portugais . Les villes et villages sont déserts . C'est l'effet,de la terreur qu'a organisée Ion! Wellington . Il a ordonné , sous peine capitale , aux habitans des lieux dont nos troup-s s'approchent, d'évacuer sur-le-champ , d'emporter avec eux ce qu'ils peuvent , de jéter à l'eau ou de brûler le reste. Nous avons trouvé les moulins détruits , le vin coulc dans les rues , les grains brûlés , même les meubles brisés. Nous n'avons pas apperçu un cheval, un mulet, un ane , une vjche , une chèvre . Les arriérés- gardes anglaises ont tout dévasté en se retirant, elles ont même incendié grand nombre de villages . Notre armée a vécu alors de biscuit et des nombreux troupeaux qn'elle avoit à sa suite ; le soldat y a ajouté comme supplément le maïs, les choux, les haricots et le raisin , dont le pays est couvert . On ne peut pas dire qu'elle ait souffert . Après le combat de Busaco , nos ressources se sont agrandies. Dans les environs de Coïmbre et sur-tout le pays fertile qui avoi-sine le Tage , l'armée n'étoit pas attendue . Les Anglais n'ont pas eu le temps de mettre à exécution leur système d'extermination, la vendange étoit faite et le pays est couvert de vignes . On a mis la main , à Villa-Franca, sur de grands magasins particuliers d'orge et de blés . Dans d'autres ports du Tage étoient des- dépôts de denrées coloniales, riz, sucre, café, rhum, morues, etc. Le riz, le maïs , les haricots , l'huile étant , avec le poisson , la base de la nourriture des Portugais , on en a trouvé à-peu-près partout . On a ramené des bestiaux de la plaine de Thomar et des îles du Tage. Il a-fallu dix ou douz,e jours pour raccommoder les moulins qui étoient brisés . Jusqu'à leur réparation , on a cherché à régulariser la maraude autant que possible . Vers le ao octobre , les moulins ont été distribués aux régimens et les soldats ont reçu leur ration journalière de pain . En même tems on formoit des magasins de grains et on confectionnoit du biscuit à Santarem . Cependant l'armée de Portugal n'a rien tiré de la rive gauche et n'a pas entamé les ressources de plusieurs vallons ; il n'y a donc rien- à craindre pour la subsistance de l'arrière-garde , ni pour celle des 9.e et 5.e corps. Tout cela pourra vivre, tenir la campagne et braver les fanfaromeades des Anglais , qui, depuis deux mois , ne cessent de repèter que l'armée va mourir de faim . M. le maréchal prince d'Essling apporte une grande activité à former de« approvisionnemens et à régulariser le service des vivres . Il sent mieux que personne que des vivres dépend la campagne du Portugal . L'armée n'a pas autant de malades qu'elle auroit pu en avoir, vu les longues et pénibles marches qu'elle a faites . Le nombre ne s'élève qu'à iaoo. Les hôpitaux sont à Santarem ; on travaille à les organiser . Quoiqu'on ait perdu quinze officiers de santé à Coïmbre, comme on n'a qu'un établissement de malades , il en reste assez pour le service actuel , et pour les pansemens qui peuvent survenir. L'artillerie a perdu quelques dkevaux dans la marche; ils- ont été remplacés par les chevaux qu'on a ôtés aux bagages inutiles des particuliers de l'armée . L'artillerie n'a pas souffert du feu de l'ennemi ; elle a du bois , du fer , du plomb, pour les réparations de son matériel . Les bras ne lui manquent pas . Le Port; gai offre rarement des terrains propres aux manœuvres de la cavalerie, il seroit dillicile de l'employer avec avantage pour baiayei les derrières de l'armée , car dans ce pays couvert, fourré et coupé , les paysans armés pourroient impunément lui faire du mal; les chevaux sont en ben elat. Le même journal a publié un rapport très - étendu sur les opérations et les progrès des armées en Espagne. En voici les principaux résultats : L'armé? du Midi poursuit avec activité le siège de Cadix. Le neuvième régiment d'infanterie légère a repoussé avec succès une attaque formée par les assiégés , dans la nuit, du a8 au a9 septembre , pour détruire les ouvrages avancés. Les immenses travaux de l'investissemont de la rade et de l'isle de Léon conti, nuent. Le génie et i' artillerie rivalisent d'«fifW ts. Plus de 3oo pièces de gros calibre sont en batterie. Des mortiers à piè^e et à semelle d'une nouvelle invention , lancent les bombes à plus de deux mille teises. Une flottille nombreuse a été créée malgré tous leg obstacles. On doit espérer incessamment les plus grands succès. En Andalousie, les insurgés ont été chassés de l'embouchure du j Rio - Tinto , où ils cherchaient à s'établir de nouveau' Un corP de iaoo hommes a e'té attaqué et culbuté dans les montagnes de Ronda. Il a essuyé une perte considérable. L'expédition anglaise contre Malaga a complettement échoué. Lord Blaney qui la commandait a été fait prisonnier avec plusieurs centaines de soldats , des colonels et des officiers d'état-major. Les rassemblemens de paysans formés , par Blacke , dans le royaume de Murcie ont été détruits ou dispersés. Grenade , Cor-doue , Jaen et toute l'Andalousie sont tranquilles. Nos troupes sont dans l'abondance. Depuis que les chaleurs ont cessé , il n'y a plus de malades. Au premier novembre , on comptait à peine un soldat entrant à l'hôpital contre dix qui en sortaient. Les bandes de brigands ont été détruites dans les provinces de la Manche et de Guadalaxara. En Catalogne , Tortose , dont le siège avait été retardé par la baisse des eaux de l'Ebre qui nuisait à l'arrivée de l'atillerie , est étroitement resserrée. Les vivres commencent à y manquer , taudis que les maladies augmentent. La tranchée a été onverte le quatre novembre. L'armée de Catalogne appuie les opérations du siège , conduites par le général Suchet, et fait passer â Barcelona des convois de vivres. La Navarre et la Biscaye sont entièrement tranquilles et purgées de brigands. Les expéditions anglaises dirigées dans les Asturies et la province de Saint Ander contre Gijon et Santona, n'ont pas été plus heureuses que celles de Malaga. Repoussêes sur tous les points où elles ont paru, elles ont encore été assaillies par la tempête. Une frégate espagnole , un brick anglais , quelques canonnières , beaucoup de transport ont péri : d'antres bâtimens sont entrés dans les ports que nous occupons et ont été pris avec leurs chargemens et leurs équipages. Les frégates anglaises seules se sont sauvées. Encore l'une d'elles, très-maltraitée par nos batteries, aura difficilement supporté le gros temps qui a duré plusieurs jours. Il est probable qu'elle se sera perdue : on n'en a aucune nouvelle. PROVINCES ILLYRIENNES. Karlstadt, 4 décembre, Le 20 de ce mois, en conformité des ordres de Mr. le général baron Delzoris, commandant de la Croatie militaire, il sera procédé au quartier du régiment conjinaire de Sluin, à Vadjudication en faveur du plus offrant et dernier enchérisseur, sauf l'approbation du Gouvernement, du droit exclusif de couper et brûler pendant trois années consécutives les branches des arbres qui seront désignés par les Agents forestiers, à l'effet d'en réduire les cendres en potasse. L'on peut prendre connaissance des charges de l'enchere dans les bureaux de la Direction centrale établie en cette ville. -Une semblable adjudication de bois, dont la coupe étoit précédemment affermée à la Dame de Wanschina aura également lieu le même jour. Laybach, 11 décembre. Les dispositions de Varrêté de Son Exc. le Gouverneur général du 3i octobre dernier, pris en conformité des décrets de S. M. prohibitifs du commerce anglais, reçoivent la plus stricte exécution dans toute l'étendue des provinces. Par-tout on fait d'exactes recherches , on transporte dans-les magasins des Douanes toutes les marchandises de fabrique anglaise qui sont saisies ou déclarées, et elles sont brûlées ou détruites sur la place publique en présence des autorités civiles et militaires. Nous avons déjà annoncé une premiere opération de ce genre faite à Trieste le 27 novembre dernier. Elle a eu lieu pour toutes les marchandises qui avoient été découvertes jusqu'alors dans cette ville. Une nouvelle saisie a été faite le 29, novembre toutes les marchandises qui en étoient l'objet, consistant en draps et étoffes de laine, cotons, ba-sins, piqués, mous solin e s, velours, nankins, ont été brûlées avec le même appareil sur la place de la Bourse 3 le i.er décembre courant. Le même jour, sur la place publique de Fiume, oh a livré aux flammes une quantité considérable de toiles de coton, perkales, nankins, pjiqués, basins, camelots etc., et l'on a brisé et détruit différentes pieces de fayence, le tout provenant des déclarations et saisies fuites dans cette ville et sur son territoire. Le a3 novembre, à Spalato, tous les camelots, basins? cotons filés} peaux, nankins eVc., saisis ou déclarésy ont été jettés et consumes dans un bûcher préparé à cet effet sur la place publique. Le Gouvernement attend très-incessamment le résultat des opérations semblables faites dans les différents ports de la Dalmatie. Un grand concours de peuple a assisté partout aux exécutions. — D'après une décision de Son Ex. le Gouverneur général du 8 de ce mois: i Les permis de port d'armes doivent à l'avenir être délivrés par le Commissaire de police de l'arrondissement où ceux qui les demandent ont lenr domicile habituel . 2. Ces permis , une fois obtenus, sont valables par-tout , pourvu qu'ils svoient visés par les autorités locales , hors da l'arrondissement où ils ont été donnés . 3. Le visa doit s'accorder gratis . Son Exc. le Grand Chancelier dela légion d'Honneur , Ministre d'Etat , d'après les ordres de S. M. a adressé à Mr. le Général de Division Baron Cara Saint Cyr , Commandant la iere Division des provinces Illyriennes, l'autorisation nécessaire pour accepter et porter la décoration de l'ordre de Saint Henry de Saxe . — Mr. le Baron Girocl de Vienney , Auditeur au Couseil d'Etat , Intendant de la Croatie civile, et Mr. le Baron de Breteuil, également Auditeur au Conseil et ancien Intendant du cercle de Neustadt , viennent d'être nommés par S. M. Préfets des Départements de l'Aveyron et de la Nievre. M. le général comte Lauriston , Aide-de-camp de S. M. a quitté hier Laybach . Il se rend par la Save à Sissek , afin d'entreprendre une tournée en Croatie - Le théâtre de cette-ville , été honoré hier de la préseneo de. S. E. le Gouverneur Général. On donnoit pour la i.ere fois l'opéra italien , l'Avis aux jaloux. Il est à regretter que les morceaux charmants qu'offre presqu'à chaque scene la musique de Pavesi , aient beaucoup souffert d'une exécution extrêmement foible. Cet opéra a commencé la réputation de Son auteur, et auroit pu seul l'établir sur une base solide. Pavesi, encore très-jeune , incertain du mérite de son ouvrage , alla le présenter au directeur fd'un des théâtres de Venise , Si mon opéra tombe, lui dit-il , je renonce à toute rétribution : S'il réussit vous fixerez vous même ce que vous me devrez, convention singulière dont la vie de quelques grands hommes avoit déjà offert des exemples presque semblables. Il put dire bientôt. Mes pareils à deux fois ne se font pas connaître. Heureux ceux qiiï, comme Pavesi, jouissent eux-mêmes du spectacle enivrant de leur succès, et voyent leuiv réputation applanir devant eux les routes de la fortune ! — Une lettre de Paris du a décembre , qui nous a été communiquée, annonce que S. M. l'Empereur et Roi a daigné conférer le titre de comte de l'Empire à Mr. Georgi de Ra-guse,et celui de baron de l'Empire à Mr. de Lichtenberg de Laybach, tous deux députés des Provinces Illyriennes . D'autres membres de la deputatimi ont reçu les décorations de la Couronne de Fer , et on cite M.rs de Gerlitzy, député de Karlstadt, de Codelli député de Gorice, Zanovich député de Cattalo , Pobeheim député de Villach , Androvich député de Raguse y de Vicrendeels député de Fiume.