IT. Semestre provinces illyriennes. N.° 59- TELEGRAPHE OFFICIEL. Laybach ? mercredi 22 juillet 1812. EXTERIEUR. AUTRICHE. vienne y 29 juin. Suivant des nouvelles particulières de la Gallici^ le corps d'armée de 30,000 hommes que l'Autriche doit, d'après le traité d'alliance du 14 mars, tenir à îa disposition de l'Empereur Napoléon , est déjà entré dans le duché de Varsovie. Il est composé de troupes d'élites» La première colonne a passé le 10 juin , les frontières de la Gallicie , est entrée dans les ci-devant cercles de Zamosc et s'est portée sur la ville de ce nom. On croît que tout Je corps d'armee sera mis en cantonnement dans les ci-devant cercles de Siedi ; le quartier général se rend à Stanislawow à 6 milles de Varsovie. Il doit se joindre au corps d'armée du roi de Vestphalie, qu'on at-tendoit égal ment k Stanislawnw. Ces troupes seront toujours tenues au complet par l'Autriche. Il est resté en Gallicie un nombre considérable de troupes qui forment tin corps d'observation. (Gaz. de France.) BAVIERE. Augsiourgy 6 juillet. On apprend k l'instant que S. M. l'Impéiatrice de France a quitté Prague. S. M. doit s'arrêter quelques jours aux eaux de Carlsbade. On mande de Vitine que les Russes réiablissent à la hâte les fortifications de Choczim , ville de la Moldavie sur le Niester et sur les frontières de Pologne, un très grand nombre d'ouvriers est occupé aux travaux de cette place. On y atten-doit le général Kutusovv qui étoit to jours en Valachie , on dit actuellement que le cummandement en chef de la Seconde armée de l'ouest est destiné à ce général. Le général Tschilchangow est à Bucharest. (Gaz. de France.) intérieur. EMPIRE FRANÇAIS. farit, 13 juin. Les intrigues du cabinet de S. James viennent d'être déjouées à Constantinople par un événement qui a produit dans cette capitale la plus vive sensation. S-H. a refusé de ratifier le traité de paix que les agens de l'Angleterre qui se trouvoient dans le divan Soient parvenus k négocier avec les ministres de S. M. l'Empereur Alexandre. La suite nécessaire de ce refus a été la déposition des ministres de S. H. qui s'étoient laissés gagner par l'or et les intrigues de la Russie et de l'Angleterre. Le grand Moufti qui s'étoit joint à ces conseillers perfides, a perdu sa place. On ajoute même qu'il y a plusieurs exécutions. Ainsi voilà le gouvernement ottoman revenu aux principes de la politique qui lui est commandée par sa position et par son intérêt réel. Ainsi se trouvent déçues les espérances de l'Angleterre qui toujours dominée par le besoin d'assujéttir tous les peuples à son monopole, ne cesse d'agiter le continent. M. Liston, qui se rendoit à Constantinople en qualité d'ambassadeur, y trouvera sans doute une réception à laquelle il étoit loin de s'attendre# (Jcur, de farts.) 4,e Bulletin dela Grande Armée "Wilna le 30 juin 1810. Le 27 l'Empereur arriva aux avant-postes à deux heures après midi , et mit en mouvement l'armee pour s'approcher de ^'îlna et attaquer le 28, à h pointe du jour, l'asmée russe, si elk* w*uloU défendre Wil sa Ou en retarder la prise pour sauver les immenses magasins qu'elle y avoit. Une division russe occupoit Troki , et une autre division dtoit sur les hauteurs de ^Waka. \ A la pointe du je . , le 2 8 , ~?e roi de Naples se m t ôn mouvement avec l'avànì-gaitie ef la cavalerie lègere du général comte Bruyères. Le maréchal prince d'Eckmiilh l'appuya avec son corps. Les Russes se reployèrent partout Après avoir échangé quelques coups de canon , ils repasse.ent en toute hâte la Vilna , brûlèrent le pont de bois de Wilna , et incendièrent d'immenses magasins évalués à plusieurs millions de roubles: plus de 150 mille quintaux de firme, un immense approvisionnement de fourrages et d'avoine, une masse considérable d'effets d'habillement furent brûlés. Une grande quantité d'armes, dont en général la Russie manqué, et de munitions de guerre, furent détruites et jetées dans la Vilia. A midi, l'Empereur entra dans Wilna. A trois heures, le pont sur la Vilia fot rétabli : tous les charpentiers de la ville s'y étoient portés avec empressement , et construi-soient un pont , en même tems que les pontonniers en construiroient un autre. La division Bruyères suivit l'ennemi sur la rive gauche. Dans une legère affaire d'arrière-garde, une cinquantaine de voitures furent enlevées aux Russes. Il eut quelques hommes tués ou blessés , parmi ces derniers est le capitaine de hussards Ségur. Les chevaux-légers polonais de 1a garde firent une charge sor la droite de la Vilia, mirent en déroute , poursuivirent et firent prisonniers bon nombre de cosaques. Le 25, le duc de Reggio avoit passé la Vilia sur un pont jeté près de Kowno. Le 26, il se dirigea surjavon, et le 27 sur Chartoui. Ce mouvement obligea le prince de Vittgenelein , commandant le 1 er corps de l'armée russe, à évacuer toute la Samogitie et le pays situé entre Kowno et la mer, et à se porter sur ^ilkomir en se faisant renforcer par deux régimens de la garde. Le 28, la rencontre eut lieu, le maréchal duc de Reggio trouva l'ennemi en bataille vis-à-vis Develtoro. La canonnade s'engagea ; l'ennemi fut chassé de position en position , et repassa avec tant de précipitation le pont, qu'il ne put pas le brûler. Il a perdu 300 prisonniers, parmi lesquels plusieurs officiers , et une centaine d'hommes tués ou blessés. Notre perte se monte à une cinquantaine d'hommes. Le duc de Reggio se loue de la brigade de cavalerie légère, que commande le général baron Cartex, et du i,.e régiment d'infanterie légère, composé en entier de français des départemens au-delà des Alpes. Les jeunes, conscrits rorcuins ont montré beaucoup d'intrépidité. Î34 " • ' * L'en >v. mi mit le feu à son grand magasin de "Wilkomir Au dernier* moment, les habitans avoient pillé quelques tonneaux de farine; on est parvenu à en recouvrer une partie. Le 29 . le duc d'EIchingen a jeté un pont vis-à-vis Sonderva pour passer la Vilia. Des colonnes ont été dirigées sur les chemins de Gradno et de la "Wolhynie , pour marcher à la rencontre de ditferens corps russes, coupés et éparpillées. ^ilna est une ville de 25 à 30 m ile ames , ayant un grand nombre de couvens, de beaux établissemens et des habitans pleins de patriotisme. Quatre ou cinq cent jeunes gens de l'université ayant plus de 18 ans et appartenant aux meilleures familles, ont demandé a former un régiment. L'ennemi se retire sur la Dwtna. Un grand nombre d'officiers d'état major et d'estafettes tombent à chaque instant dans nos mains. Nous acquérons la preuve de l'exa-gération de tout ce que la Russie a publié sur l'immensité de ses moyens. Deux bataillons seulement par régiment sont à l'armée; les troisièmes bataillons, dont beaucoup d'états de situation ont été interceptés dans la correspondance des officiers des dépôts avec les régi mens, ne se montent pour la plupart qu'à 120 ou 200 hommes, La cour est partie de "Wilna , vingt-quatre heures après avoir appris notre passage à Kowno. La Samagitie, la Lithuanie sont presq l'entièrement délivrées. La centralisation de Bagration vers le nord, a fort affaibli les troupes qui devoient défendre la "Walhynie. Le Roi de ^Westphalie, avec le corps du prince Pomi-towski , le 7.e et le 8.e corps , doit être entré le 29 à Grodno. Différentes colonnes sont parties pour tomber sur les flancs du corps.de Bagration , qui , le 20 a reçu l'ordre de se rendre à marche forcée de Proujanoni sur Wilna , et dont la tête étoit déjà arrivée à quatre, journées de marche de cette dernière ville , mais que les évènemens ont forcé de rétrograder, et que l'on poursuit. Jusqu'à cette heure, la campagne n'a pas été sanglante , il n'y a eu que des manoeuvres: nous avons fait en tout 1000 prisonniers. Mais 1 ennemi a déjà perdu la capitale et la plus grand partie des provinces polonaises, qui s'insurgent. Tous les magasins de première , de deuxième et de troisième lignes, résultat de deux années de soin , et évalués plus de 20 millions de roubles, sont consumés par les flammes ou tombés en notre pouvoir. Enfin, le quartier général de l'armée française est dans Je lieu oii étoit la tour depuis six semaines. Parmi Je grand nombre de lettres interceptées, on remarque les deux suivantes , l'une de l'intendant de l'armée russe, qui fait cnnnoitre que déjà la russe ayant perdu tous ces magasins de première , de deuxieme et de troisième lignes j est réduite à en former en toute hâte de nouveaux: l'autre du duc Alex, de Wurtemberg, faisaot voir qu'après peu de jours de campagne, les provinces du centre sont déjà déclarées en état de guerre. Dans la situation présente des choses, si l'armée russe croyoit avoir quelque chance de victoire, la défence de Wilna valoit une bataille , et dans tous les pays, mais sur-tout dans celui où nous nous trouvons, la conservation d'une triple ligne de magasins auroit dû décider un général à en risquer les chances. Des manoeuvres ont donc seules mis au pouvoir de l'aimée fraaçaise une bonne partie des pioyinces polo- naises , la capitale et trois lignes de magasins. Le feu % éié mis aux magasins de Wilna avec tant de précipitation, qn'on a pu sauver beaucoup de choses. Rapport de l'intendant général Laba au ministre de la guerre , a Wilna. J'ai eu l'honneur de recevoir à l'instant même la lettre de V. E. sous le N.° 279 , datée du 12 (24) de ce mois, par la quelle elle me fait connoitre la volonté de S, M. I. pour le prompt établissement de magasins à Vitepsk Ostrow , Weliki Louki et Pskoff J'ai déjà expédié pour Vilepok le courrier'Stephanoti'qui m'a apporté cel ordre, Je vais prendre, pour son entier exécution, toutes les mesures nécessaires, et j'aurais l'honneur de vous rendre compte de ce que j'auroi fait pour obéir à la volonté de S. M« L j relative à l'établissement de ces magasins. Signé l'Intendant général, Laba. N.° 727 Drissa, le 14 (26) juin 1812, à une heure après minuit. ' Raport du gouverneur militaire la Russie Blanche à S. M, lEmpereur , a W.Ina J'ai eu le bonheur de recevoir aujourd'hui l'ukase de V. M. I. daté d« 12 (24) dé ce mois, par lequel il lui plaît de déclarer en état de guerre les gouvernemens de Russie-Blanche, de Witepsfc et de MohilofF. Je me suis occupé de suite de l'exécution de cet ordre. Le Geuverneur de la Russie planche , Signé, le duc Alexandre Wurtemberg, N.® 2197 — Witepsk, le 15 (27) juin 1812. (Fin du \.e bulletin.) Suite des pièces Officielles. N.° II. — Copie d'une lettre adressée par le ministre des re* latiens extérieures à lord Castleremgh, secrétaire-d'état pour les affaires étrangères de S. M. Britannique. Paris, le 17 avril 1812. Monsieur, S. M. l'Empereur et Roi, toujours anVefid des mêmes sentimens de modération et de paix , a voulu faire de nouveau une démarche authentique et solennel!: pour mettre un terme aux malheurs de la guerre. La grafl' deur et la force des circonstances dans les quelles le Mond« se trouve aujourd'hui placé, déterminent S. M. El'! m'autorise, Monsieur , à vous entretenir de ses disposition! et de ses vues. Beaucoup de changemens ont eu lieu en Europe depsi' dix ans ; ils ont été la suite nécessaire de la guerre s'éfoit allumée entre J a France et l'Angleterre. Beaucot? de changemens arriveront encore, et ils résulteront de mense cause, Le caractère particulier que la guerre a peut ajouter à l'étendue et ,à la durée de ces résulta15, D-5 principes exclusifs et arbitraires ne peuvent se co®' battre que par une opposition sans mesure et sans terme, et le système de la préservation et de la résistance d«'1 avoir le même caraclère d'universalité, de persévérât»'» _et de vigueur, La paix d'Amiens, si elle avoit été maintenue, aiir°'! prévenu bien des booleversemens. Je renouvelle le vœu Çll! l'expérience du passé ne soit pas perdue pour l'avenir. S. M. s'est souvent arrêtée devant la perspective ^ triomphes les plus certains , et en a détourné ses reg3^1 pour invoquer la paix: En 1805, toute assurée qu étoit des avantages de sa position, et quelque confié' qu'elle dût à des présages que la Fortune «levoit sitôt i1-'3 îiser, elle fit au gouvernement de S. M. britannique des propositions qn furent éludées , sur Je motif que h Russie de voit être consultée. En 18 8, de nouvelles propositions furent faites de concert avec la Russie. L'Angleterre allégua la nécessité d'une intervention qui ne pouvoit être que le résultat de la négociation elle-même. En 1810, S. M. ne pouvant se dissimuler plus long-tems que les édits* du conseil britannique de 1807 rendoient la conduite de Ja guerre incompatible avec l'indépendance de la Hollande, autorisa des ouvertures indirectes qui tendoient également à la paix; elle n'eurent aucun effet, et de nouvelles provinces durent être léunies à l'Empire. Le moment présent rassemble à-la-fois toutes les circonstances des diverses époques où S. M. montra les sentirons pacifiques qu'elle m'ordonne de manifester encore a; j^urd'hui. Les calamités qui désolent la Péninsule et les vastes contrées de l'A mériquç-Lspagnole, doivent exciter l'intérêt de toutes les nations et les animer d'une égale sollicitude pour les voir cesser. Je m'exprim.rai, Monsieur, d'une manière que V. E. trouvera, conforme à la franchise de la démarche que je suis chargé de faire, et rien ne montrera mieux la grandeur et la loyauté, que les termes piécis du langage qu'il 1*' vt permis de tenir. Dans quelles vues et pour quels motifs m'en v eloppe rois-je de formes qui ne conviennent qa'a la fo blesse qui , seule, a intérêt de tromper? Les affaires de la Péninsule et des Deux-Siciles son t les différents qui paroisses* les plus difficiles à concilier. Je suis autorisé à vous proposer d'en établir l'arrangement sur les bases suivantes : - L'intégrité de l'Espagne seroit garantie, la France re-llonceroit à toute extension du coté des Pyrénées, la dynastie actuelle seroit déclarée indépendante et l'Espagne régie par une constitution nationale des Cortes. L'indépendance et l'intégrité-du Portugal seroient également garanties et la maison de Bragance régneroit; Le royaume de Naples resterei t au roi de Naples. Le rpyaume 'de Sicile seroit garanti à la maison actuelle de Sicile. Par suite de ces stipulations, l'Espagne, le Portugal et la Sicjle seroient évacués par les troupes françaises et anglaises de terre et de mer. Quant aux autres'ol-jets de discussion, ils peuvent être négociés sur cette base, que chaque puissance gardera ce que l'autre ne peut pas lui ûter par la guerre. Telles sont. Monsieur, les bases de conciliation et de rapprochement offertes à S. A. R. le prince-régent. < S- M' 1 Empereur et Roi ne calcule dans cette démarche, ni les avantages, ni les pertes que la guerre, si elle est plus long-tems prolbngée , peut présager à son Empire, Elle se détermine par la seule considération des intérêts de l'humanité et du repos des peuples ; et si cette quatrième tentative doit être sans succès, comme celles qui l'ont précédée, la France aura dumoms la consolation de penser q^e le sang qui pourroit couler encore, retombera tout ehtier sur 1 Angleterre. J'ai" l'honneur, etc. signé le duc de BassaNÔ. N*. III. — Copie d'une note du prince Kourakin au ministre des relations extérieures. Paris, le 18 (30) avril iS12. Monsieur le duc, depuis l'entretien que j'ai eu mardi j . dernier avec V. Exc., et dans lequel elle m'a fait espérer que les communications, que je lui ai faites verbalement d'après le contenu de mes dernieres instructions, seroient admises comme base de l'arrangement dent nous avons à nous occuper , je n'ai pu la trouver chez elle , et obtenir de sa part de nouvelles conférences pour la discussion de cet objet et la rédaction du projet de cette convention. Il m'est impossible, M. le duc, de différer davantage de rendre compte à l'Empereur, mon maitre, de l'exécution des ordres qu'il m'a donnés. Je m'en étôis acquit té verbalement envers S. M. l'Empereur et Roi, dans l'audience particulière que S. M. m'a accordée lundi. Je m'en suis acquitté aussi et de la même maniere envers V. Ex. , dans mes entretiens avec elle de vendredi , de lundi et de mardi. Je me fìat fois que l'envoi d'un projet de convention fondé sur les bases que j'ai eu ordre de proposer, et qui, à ce que j'espsrois , dévoient être agréables à S. M. I. etR., me mettroit à même de prouver immédiatement à S. M. l'Empereur, mon maître, que j'avois remplisses intentions, et avois en le bonheur- de le faire avec succès. Privé depuis deux jburs de la facilité de voir V. £xc. da poursuivre et de terminer avec elle Je travail si impor* tant et si pressant par les circonstances dont nous avons à nous occuper, pour lequel iJ n'y a pas un seul jour à perdre , et voyant s'évanouir Ja certitude dont je m'efois flatté, que cet ouvrage seroit achevé sans délai et pour-roit conduire au but qu'il devroit avoir, de prévenir encore les conséquences malheureuses de l'extrême rapprochement ou les armées de S. M. l'Empereur et Roi sont parvenues de celles de S. M. l'Empereur mon maître , il me reïte k pourvoir à ma. responsabilité envers ma cour, en m'acquittant officielle«,eot des communications que j'ai reçu ordre de faire à V. Exc. et qui, jusqu'à présent, ne lui ont été données de ma part que de vive-voix. II m'est ordonné de déclarer à V. Exc. que la conservation de la Prusse et de son indépendance de tout lien politique dirigé contre la Russie est indispensable aux in-" térêts de S. M.; pour arriver à un véritable état de paix avec la France, ,1 faut nécessairement qu'il y ait entré elle et la Russie un pays neutre qui ne soit occupé par les troupes d'aucune des deux puissances; que comme toute la politique de S. M. l'Empereur mon maître ne tend qu'à établir des rapports solides et stables avec la France, et que ceux-ci ne sauroient subsister tant que des armées étrangères çontinueroient à séjourner dans une telle proximité des frontières de la Russie, et la première basé de-toute négociation ne peut être que l'engagement formel de l'entière évacuation des Etats prussiens et de toutes les places fortes de Ja Prusse , quels qu'aient été l'époque et ,1e fondement de leur occupation par les troupes françaises ou alliées d'une diminution de la garnison de Dan.z.cle , de l'évacuation de la Poméranie suédoise, et d'un arrangement avec le roi de Suede , propre à satisfaire réciproquement les deux couronnes de France et de Suede. Je dois déclarer que quand les demandes ci dessus énoncées seront accordées de la part de la France comme base de l'arrangement à conclure , ij me sera permis de promettre que cet arrangement pourra contenir aussi de la part de S. M. l'Empereur men maître les «ngagemens suivans. Sans dévier aux principes adoptés par l'Empereur de toutes les Russie* pour le commerce de ses Etats et pour l'admission dfs neutres dans les ports de sa domination , principes auxquels S. M. ne saurait jamais renoncer j elle s'oblige , par un effet de son attachement pour l'alliance formée à Tllsitt , à n'adopter aucun changement aux mesures prohibitives établies en Russie, et sévèrement observées jusqu'à présent contre le commerce direct avec l'Angleterre -y S. M. est prèle, de plus > à convenir avec S. M. l'Empereur des Français et Roi d Italie , d'un système de licences à introduire en Russie, à l'exemple dela France: bien entendu qu'il ne pourra être admis qu'après qu'il aura été reconnu ne pouvoir augmenter par, ses effets le préjudice qu'éprouve déjà le commerce de la Russie. S. M. l'Empereur de toutes les Russies s'engagera aussi par cette convention à traiter, par un arrangement particulier, de certaines modifications que la France peut désirer pour l'avantege de son commerce dans le tarif des douanes de Russie de 1810. Enfia , S. M. consentira aussi à s'engager de conclure un traité d'échange du duché d'Oldenbourg contre un équivalent convenable, qui sera proposé par S. M. l'Empereur et Roi , et dans lequel S. M. I. déclarera retirer la protestation qu'elle £ été dans le cas de donner pour mettre tu réserve les droits de sa maison sur le duché d'Oldenbourg, Telles sont, M. le duc, les bases qu'il m'a ordonné de présenter ici , et dont l'admission dans ce qui regarde l'évacuation des Etats prussiens et de la Poméranie suédoise , la réduction de la garnison »le Dantzick sur le pied cù elle étoit avant le i.er janvier 1811, et la promesse d'une négociation avec la Suéde peut reule rendre possibile encore un arrangement entre nos deuv cours. C'est avec un vif regret q-ie , malgré l'intervalle qui s'est écoulé depuis que je les ai communiquées verbalement à V. Exc. je me vois encore dans une incertitude compiette sur les eff.ts qu'auront mes démarches, malgré ies augures favorables que je m étois plu à tirer de l'entretien que S. M. I. et R. a bien voulu m'aççoider lundi, et des assurances que V. Exc. y a ajoutées de son côté- Je ne puis ne pas renouveler a V. Exc. ce que j'ai déjà pris la lib rte de porter moi-même à la connoissaiice de S- M. l'Empereur, et ce que j'ai eu l'honneur de vous dire À vous-même. JVt. le duc, que si à mon gt»-id regret , la nouvelle me par-venoit que M. le comte de L»uriston eût quitté Péters-bourg , il seroit de mon devoir de demander sur-le-champ que mes passeports m« fussenl-déhvrés et de quitter aussi Paris. Que V. Exc. reçoive , etc. Signé le prince ALEXANDBE KOURAKIN. N.° IV". — Copie d'une note du prince Kowakin au Ministre des relations extérieures. Paris, le 25 avril (7 mai} 1812. Monsieur le duc, il t'est écoulé prés de quinze /ours depuis que je me suis acquitté des communications que mes dernieres instructions , apportées par le baron Ser io-bin , m'ont enjoint de filtre à V". Exc. , et que je me suis empressé de mettre sous ses yeux deux heures après leur réception. J'ai eu l'honneur de porter aussi moi-même à la connoissance de S. M. I. et R. , dans l'audience qu'elle m'a accordée lundi 27 du même mois , les propositions de S. M. l'Empereur mon auguste maître, qui en fusoient l'objet. L-s espérances q -e j'eus a fonder sur tout ce que S. M. voulut bien me dire, dans cette audience, de son désir extrême de prévenir, par les voies de la conciliation, la ruptnre qui menace l'Europe d'ime nouvelle guerre me firent concevoir l'attente flatteuse fie voir ma démarche réussir au gré de S. M. l'Empereur mon maître, dont les souhaits n'ont jamais été autres que ceux de la conservation de la paix et de son alliance avec la France .et de voir ìes propositions essentiellement équitables et modérées dont je venois d'être l'organe, devenir la base d'un arrangement amical. Je pouvois d'autant plus me livrer à cette espérance, que, vous-même, Monsieur le duc , n'avez cessé , dans les premiers entretiens qui suivirent mes communications , de l'encourager par la justice que vous avez rendue a leur esprit conciliant, pacifique, et principalement dirigé â satisfaire S• M. l'Empereur Napoléon sur toutes les demandes qu'il a formées jusqu'à présent auprès de la Russie. S. M. l'Empereur et Roi , darts l'audience du 27 avril, en m'engigeant à discuter immédiatement avec V. Exc. ces propositions dont j'étois chargé, m avoit autorisé a prévoir la possibilité de rendre compte à l'Empereur mon maître, dans un délai peu con-' sidérable, de I accueil fait à ses offres. Jamais circonstances plus urgentes n'ont autorisé plus justement un desiret des instances pour recevoir une prompte solution: cependant, Mtnsieur le duc, je suis encore toujours à l'attendre. Mes demandes pressantes et réitérées, mes démarches journalières auprès de V. E. , n'obtiennent d'autre résultat de sa part que Je refus de s'expliquer encore sur nos propositions, fondée sur le défaut d'ordres à cet eff.t de S. M. I. et R. Il est impossible, M. le duc, de se dissimuler les funestes tff ts que vont inévitablement entraîner ces délais. La proximité chaque jour plus grande des armées de S. M. I. et R. et de ses alliés des frontières de 1 Empire de Russie, peut amener d'un instant à l'autre des évènemens après lesquels to' t espoir de conserver la paix sera perdu, et qui pe.t être même en ce moment ont déjà détruit cette possibilité. Le seul moyen qui peut épargner à l'Europe les malheurs qui vont s'appesantir sur elle, étant dans l'acception des offres conciliantes que l'Empereur mon maître m a chargé de présenter. Noo-stulement nulle réponse de la part de V. E. ne m'a fait connohre qu'elles fussent acceptées , mais jusqu'à présent elle n'a cessé de se refuser aux explications que je lui ai demandées et lui demande encore, sur la maniere dont ces offres sont envisagées, et sur ce qui, dans 1 ensemble de nos propositions , a pu ne pas. convenir a l'iimpereur. Au milieu des circonstances critiques 011 se trouvent les deux Empires, la prolongation de semblables délais aux explications propres à pro luire un rapprochement, ne sau-roit être interprétée autrement que comme une détermination déjà prise de ne point entrer dans ces explications« et par conséquent, que, comme le choix de la guerre : line m'est point permis de dissimuler à V. E., que c'est ainsi que j'envisagerai les nouveaux retards qui seront mis à me j donner une réponse cathegorique sur les communications ; dont je me suis-acquitté par ordre de S. M. l'Empereur j mon maître. Je dois donc vous prévenir, M. le duc, que si dans la conférence quelle a fixée avec moi pour demain j'avois encore le regret de la trouver sans instructions de S. M. I. et R. pour me répondre sur mes propositions et pour m'annoncer qu'elles sont acceptées sans modification , car V. E. sait qu'il ne m'est permis d'en admettre aucune, je me verrai, par le départ de S. M. l'Empereur et Roi, annoncé pour après-demain , «t qui ne me permettroit plus d'espérer la réponse que je réclame, dans la nécessité d'envisager le manque de cette réponse comme le choix de la guerre , et de considérer alors ma présence à Paris comme tout-à-fait superflue, et q .'avec un profond regret de n'avoir pu contribuer au maintien de cette paix et de cette alliance, à l'établissement desquelles le plus grand bonheur de ma vie est d'avoir participé, il y a einq ans, je serai forcé de demander à V. E. mes passe-ports pour quitter la France. Je la prie d avance bien instamment d'obtenir Jes ordres de S. M. I. et R. pour pouvoir alors me les remettre sans délai. Recevez, M. le duc, la nouvelle assurance de ma haute considération. signé le prince Alexandre KouRAKIN.