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Singiilar'ui de la nature quon obferve dans un endroit des Ißcs Malouincs, E calme & le beau temps qu'on a eu affez conftamment des Ic lever du foleil aux liles Maloui-nes^ favoriferent rexeciuion da projet que M. de Bougainville avoit forme de lever des plans de la graiide baie f>u nous avions mouille, de les anfes, des environs; quand le plan fut leve ayec le graphometre j nous nous occu-pames ä examiner un boiileverfement produit, felon les apparences, par quel-Tome II, A 1 H i s T o i R e dv n v o y a G E que tremblcinent de terre. 11 prefentoit lin Ipe^hcle li horriblemeiu beau , ([ue j ai ete extreniemcnt mornfie cle navgir pas alTez de temps, m les inllruinents iieceilaires, pour ea clefFiner la repre-fenration en eiitier. Un Peintre y auroit tfoiive de quoi taire un fuperbc tableau de ruines. On en voit luie idee dans la PL Xl\l, fig, i. ainli que dune efpece d amphidieatre , qui fe trouve it cent pas Nous n'avons pas ete moins faifo d'c-tonnenienc ä la vfie de riiuiombrable quantite de pierres de toutes grandeurs, bouleverfceslesunes lurlesautres, & ce-pendantrangees , comme fi elles avoient ete amoncelees neglige m m ent pour rem-plir des ravins. On ne fe lafToit pas d'ad-mirer les effcrs prodigieux de la nature. J'eUayai en vain de graver \in nom fur nine de ces pierres, qui formoit une table d'un grand pied & demi d'epaiffeur fur dix pieds de longueur & lix de largeur ; eile etoit fi dure, que mon couteau ni on poin^on ne purent I'entamer. Jen ef-layai aiiifi plufieurs , & je trouvai^ par^ tout une cgale durete. En frappant fur un aüx Isles Malouines. angle avec nne antre pierre, fcn iisecla-ter un morceau; toutes Celles que je fts echter, me preferirerent une efpece de gres porphirüe. Ce gres y eil partout taille en tables de diveries grandeurs & epaifieurs j fes Urs font poles en tous fens, mais comme fi Tart y avoit ete employe. Ces ruines, ßg. I. {emblem prefenter en ditTerents endrüits des portes de ville dont il ne refte aucuii ceintre; mais feule-i^entdes mxirailles ä droite & ä gauche, elevees encore de vingt ou vingt-cinq pieds dans les angles paralleles qui for-ment Tentree. Ce font comme des murs de ville, dont les affiles des pierres auroient ete obfervecs pourle niveau & la pcrpendi-culaire, telles qu'onlesvoit dansnosmiirs de pierres de tail!e. On y voit meme des angles reiitrants& des laillants.desavant-, corps de plus de quinze pieds, & des failles ä droit fil, comme des corniches, ou cordonslaillans au moins d'un demi-pied, & qui regnent a la meme hauteur tout le long tant des parties enfoncees ou rctrai-tes, que des avant-corps. II n'y manque que des moulnres, Aij S.urtoutela route de I'endroitoixnons avions pris terre, on rencontre ä gauche la hauteur oil les pierres font rangees com-me les voütes d'un amphitheatre: j'en ai tlonne la figure. Au-de ä de ces ruineseft une valleeprofonde de plus de deux ccnts pieds, large d'enviroii un petit demiquart de lieue , don t le fond eft convert de pierres bouleverfees, & qui femble avoir lervi de lit ä une riviere, ou ä quel-cjue large torrent, qui auroit coule dans les fonds formes jar ces hauteurs, pour fe Dcrdre vraifemblablement dans la grande :iaie de TOueft. La hauteur A , qui eft au-delä de lavallee, paroit etrc couverte de ruines femblables i celles qui font fur ia hauteur anterieure. Avant que d'arriver ii celles-ci, on trouve une efplanade , ou terre - plein , large d'environ dix ou douzetoifes, & qui regnedepuis lebas de Tamphitheatre jufqu'au-dela de la premiere couverture de ces mines. Les de-combres de ces efpeces de murs enipe-chent la continuation de cette elplannde ou ion voit deux pieces deau , ou refer-voirs,l'unä peu-pres rond, I'aurreovale, k pcu de diftance I'un de I'autre ; le pre- Aux Isles Malouines. 5 mier d'environ vingt-cinq piecls cle dia-metre, I'autre de tiente. Une pente douce , d'une cinquantaine de piecls de large, mene de I'efplanade aux ruines. Depuis le bas de la colline, on trouve des efpecesde ravins abfolumern combles de ces pierres bouleverfees. Emre ces ravins font des terreins irreguliers de dou-2.e, quinze , vingt & vingt-cinq pieds de large , fur 20, 30, & jufqu'ä cinquante au moins de long, couverts d'herbes & de bruyere, fauves, pour ainfi dire bouleverfement. Les pierres jettees pele-meie les unes fur les autres, laiffent partout entre elles des vuides ou interftices, dont on ne pent conjefturer la profori-deur. Les moins groffes de ces pierres , dont il n'y en a pas une d angulairc, mais dont les carnes font arrondies, ont deux pieds de longueur fur un de largeur , oa environ , fans que leur forme cependant loit reguliere. Elles font auffi une efpece de gres tres-dur. Le chemin du lieu de notre debarquement aux decombres, ell d'uneheure demarche, toujours en piaine jufqii'au bas de la hauteur ou Ton trouve ces ruines. Aiij Oil aime mieux hiffer reflechir le lec-tenr lat cette ling'ilarite naturelle , que tVet;ih!ir peniblement un fyfteme qui ne meaeiok qu'ä de brillantes erreurs. iiA f kf^ ^fe CHAPITRE XIX. Hißoire Naturelle des Ißes Malouines. A nature de la rerre eft la premiere I chofe qui fiappe un voyageur phyli-cien quandil aborde aux Illes Malouines j il y a fur fes hauteurs des efpeces de mot-tes vertes , elevees quelqviefois de trois pieds & davantage au-deffus du fo!. J'o!> i^rvai atteiitivement une de ces mottes; & je reconnus quit en fuintoit une gom-iTie refineufe , blanche d'abord quand elle eft molle, de couleur d'ambre quand eile eftfeche. Pen amaffai quelques grains & je leur trouvai une odenr aufli aroma-tique & auffi forte au-inoins que celle de I'encens; mais fans pouvoir determiner dans le moment, le rapport pre eis que cette gomme a avec d'autres gom-incs ou refines connues. J'enapportai environ lapefanteurd'un demi-gros en lar-mes, les unes de la grofteur d'un pois rond , les autres grofles comma des fa-feoles. De retour k bord, jen expofai A iv ftir la pointe d'un coiiteau , k la flamme percus dans un trou, i fix pieds de pro-fbndeur ou environ, un lit de terrc, pofe obliquement, large de dix pouccs dans quelques endroits, de largeur inegale clans le refte, & qui s'enfon^oit dans la terre en fuivant la meme direöion. Ce lit etoit compofe de quartz couvcrt d'une terrerouillee,d'ochre jaune, d'ochre rouge , & d'une efpece de cailloux creuK, pleins les uns d'une efpece de bol ßn^cou- leur de chair ou de rofe dans Tun, couleur de laque fine dans I'autre ; & quelques-uns une terre tres-fine, prcfque lemb able ä du brun rouge d'Angleterre. Orduiairement Fenveloppe, ou croute pierreufe, qui couvre ces terres fines, eft de ia meme couleur que le contenu. J'en ai trouve de grifes tres-reffemblantes ä de la mine d'argent. Aufeu, leur couleur eft devenue un peu plusfoncee ce qui m'a fait jugerqu elles tiennent de I'ochre, & 5iue le fer y domine. De retour en France, j'ai montre quelques-unsde ces morceaux tie quartz ä des perlbnnes accoutumees ä faire des effais: its ont decide aufli que c'e-toit de la mine de fer. Soit que les Iflcs Malouines foient une ime terre trop iieuve , (bit quedefurieux tremblements de terre ayent aneanti des animaux faits lour les habiter, on n'y a rencontre ni bimane , ni quadrupede, ni reptile. Po\ir les oifeaux , on en a de temps en temps rencontre; nous avons tue des bec-figues & des oies iauvages ^ j'ai eu long-temps entre les mains le male dun de ces derniers oifeaux, iletoitd'une blancheur 14 Histoire d'un Voyage eblouiffante ; fon bee etoit court & noir commeceluidesoutardes:fespiedsetoient jaunes. La femelle a le bee & les piedsfem-blables a ceuxdu male ,inais foiiplumage eft gris fur le dos. Le bord des plumes blanches qui lui couvrent reitomac & le ventre , ell noir & y forme une tache qui fuit rarrondiflemem de la plume. Les ailes de I'un & I'autre reffembient ä Celles des outardes, & ont auffi un bou-ton dur com me de la corne , ä I'articula-tioti de Taileron. Apres avoir arrache les grandes plumes du corps de la femelle, on trouve un duvet gris , extremement fin & tres-ferre. Le duvet du male eft au-moins auffi beau que celui du cygne. L'un. & I'autre feroient de beaux manchons (a). Lescercellesfontici dunebeaute bien iuperieure ä celles d'Europe. Elles ont le bee & les pieds bleus, les ailes dun (/t) Leur beaute a engage plufieiirs de nos Ofnciers a faire ecorcher un grand nombre de ces oics & des outardes , pour en empörter les peaux en France ; mms n'cn ayant pas eii tout le foln qu'clles exigeoieiit, cllcs one ite prelque routes perdues. Les miennes I'ont etc aufli faute d'avoir eu affez d'efpace dans ma dunette , pour les loger. Aux Isles Malouines. ij verd dore, & le refle du corps bien plus brillani & plus beau que celui des Pouks pimadis. J'en ai ecorche une eit luiconlcrvaiu latcte & les pieds, & lui ai donne Ion aitirudenaturelie apres avoir renipli dc mouflc fine toute la robe. Jc I'ai donnee a un cuiieux de Sainr-Malo. J'ai iippoite aufli en France , & mis dans le Cabinet d'Hilloire Naturelle de I'Abbaye deSaint-Germaiii-des-Pres äPariSj la tete & les pieds d'un gros oifeau d'eau car-nacier, dent j'ai parle ions le nom de Mouton ou Q^uebrante-l/ejjos: la iingnia-nte de Ibn bee m'a determine ä en donner la figure PL VIII./^. 3. J'aurois defire avoir un fecret pour conferver les ycux de ces animaux dans leur etat naturel. Les diamants & les rubis n ont ricn qui egale le leu des yeux d'uiie efpece de poule d'eaa, on plon-geon, qui fe trouve aflez frequemment iur Ic bord de la mer. Ces yeux ont, autour de la prunelle, vm cercle du plus beau rouge de cinabre carmine. La tete eft noire mais depuis 1 osil jufqu'ä locciput, les plumes Ibnt dun blanc eclatant mele de quelques filets noirs. Oturouve aiiffi dansceslfles une quan-tite prodigieufed'une efpece de perits ai-g[es, ou faucons bruns, grands comme les iius gros coqs, mais doiit les ailes deve-oppees ont au moins trois pieds d'enver-gure ; les grandes plumes des ailes font d un fauve ciair mele de brun, par bandes tranfverfalcs. II y a auffi une autre efpece d'aigle de la grandeur & de la couleur des ponies d'lnde , blanches & roufles ^ ou fauvcs. Cette efpece d'aigle a autour de la racinedu becunepeau d'un tres-beau rouge , parfemee de polls noirs aflez longs. Lorfque cet oifeau eft mort, cette couleur rouge s'eteint , & la peau devient d\me couleur de rofe tres-pale ; fes pattes font ecaiUeufes 6: d'unblanc gris, ainfi que Celles de quelques-unes de la petite efpece dont i'ai parle : les autres ont les pattes jaunes. Les ferres de ces dernieres font aulTi fortes & auffi grandes que celles de la grande efpece. On y voit encore des epcrviers & des emouchets, dont le ventre &lccoufontblancs j d'autrespanaches de blanc, de gris & de roux. Le Aux Isles Maiouines. 17 Le piiiguin eft un animal ü fingulier, que Ton ne r^auroitclirc de quel genre ou de quelle efpece il eft. 11 a un bee com-me les oiieaux; il a aufli des plumes, mais ii fines & fi peu feniblables aux plumes ordinaires, qu'elles ont proprement I'ap-'jarence dcpoil, & d'un poil fin comma a Ibie ; on n'ca eit delabuie qu en I'arra-chant, alors on decouvre le tuyau de la plume & fes barbes. Au lieu d'ailes ce iont deux nageoires, ayant les memes articulations que les ailes des oifeaux, & tevetues de tres-petites plumes que Ton irendroit pour des ecailles. II paroit d^a-3ord depourvu de cuifles , & Tes pieds pattus comme ceux des oies, femblent for-tir immediatement du corps , aux deux cotes de fa queue, qui n'efl: qu'uiiprolon-gement des plumes a-peu-pres comme Celles des canards, mais beaucoup plus courtes. Le cou, le dos & les nageoires font d'un grisbleuatre, mele par-tout d'un gris perle; le ventre, depuis le cou , eft blanc. Les vieuxontautourdesyeux une bände blanche melee de jaune, quineref-femblepas mal ä des lunettes: cette bände s etend enfuite des deux cotes le long du Tome If. B cou , oü quelquefois eile eft double j & paffant aupres des nageoires, va aboutir aux pieds, qui font dun gris noirätre, &: dont les doigts font fort gros. Son cri eft celui d'un aneqiiibrait. Son maintien& fa denaarcbe n'imitetit pas ceux des oi-feaux: il marche debout, la tete &lecorps droits comme Thomrne. A ie regarder de cent pas, on le prendroit pour un enfant de cceur en camail. Le plus gros que nous ayons pris, pouvoit avoir environ deux pieds ix pouces de haut. lis fe logent dans les glayeux, comme les loups-raarins, & fe terrent dans des tannieres comme les renards. On les ap-Drochedefipr^sjfansqu'ilsfuient, qu'on fis tue ä coups de bätons. A mefure que vous en approchez ils vous regardent en penchant a tete fur la droite , puis fur la gauche , comme s'ils fe moquoient de vous, & difoientironiquement tout bas: le beau Monfieurquevoila. Quelquefois ils fuyent quand on en eft ä cinq ou fix pieds de diftance, & courent ä-peu-pres com-meuneoie. S'ils fontfurpris, & que vous les attaquiez , ils courent fur vous & tächent de fe defendre en vous donnant des coups de bec aux jambes, ils rufent m^me pour y reuffir; & feignant de fuir ä cote , ils le retournent preilement, & pincent fi ferre qu'ils emporrent la piece quand on a les jambes nues. On les voit ordinairement en troupes, quelquefois aU nombre de quarante, ranges en bataille, qui vous regardant paffer ä une vingtaine de pas. Leur chair eft noire , & a ungoöt tam foit peu mufque. Nous en avons mange plufieurs fois en civet on I'a trouvee auffi bonne que celle du lievre. Nous en avions ecorchebeaucoup pour conferver ^es peaux j mais on les a trouvees fl hm-leufes, qu on les a jettees k la mer: d'ail-leurs ik etoient en miie. J'en ai empaille une d'un jeune, qui s'eft tres-bien confer-vee; jeTaidepofee dans le cabinet de Cu-riofites naturelles de I'Abbaye S. Germain des-Prez. La figure fe voit dans la PLYlLßg. 3. Oes qu en fuyant k I'eau ,ils entrouvent affez pour couvrir feulement le col & les epaules, ils s'y enfoncent, & nagentavec tant de viteffe , qu'aucun poiflbn ne peut les fuivre ; s'ils rencontrent quelque obf-tacle , lis s'elancent quatre ou cinq pieds Bij hors de i'eau, & replongent enfuite pour continue!- leur route. Leur (icnte ne pre-ientc qu'unetcrre extremementfine, d'un rouge jaunatre , melee cle petits points briilans comme du mica; on la prendroit pour de 1 aveiiturine. Les oifeaux de teire des Ifles Maloui-nes Ibnt en aflez petit nombre. II y en a l^ar le rivage de gros comme de petites grivcs, cl'un gris brun, fi familiers, qu'ils venoient voler prelque fur le doigt; en inoins d une demi-heure j'en tuai dix avec iinepetitebaguette, & prefquelanschan-ger de place. lis grattent dans les goe-iiions c[ue la mer jette fur le rivage, & y mangent les vers & les petites erevettes, que I'on appelle puccs dc mer , parce qu'elles fautent fans cefle comme les puces. On y trovive aufll des merles, & une efpece de grive dont le ventre ciijauna-tre : ilsfenourriffent comme I'oifeau dont je viens de parier. Nous avons tue, dans les champs, une efpece de fanfonnet qui a le defllis du cou, le dos & les ailes marques & tachetes des memes couleurs cV peu-presque geuxde France, fonbecelt aux Isles Ma loutnes. ii nufli fait de meme; inais il a le deffons d a con Sc le ventre d'un tres-beau rouge , qui ticm cependant un peu de la couleur du feil; ce rouge eil parfemc de quelques taches noires : je ii'ai pu rimiter au vrai qu'en eroployant le minium clair , ou plomb brüle. Voyez-en la figure/*/. VIlC fig- 4- Des roitelets, femblablcs h ccux de France , y font en tres-grand nombre , ainfi que les becaflines, les courlieux 6c les alouettes de mer. On y voit aufli, inais raremcnt, un pcdt oifeaufemblable ä ceux qui hantent les tronpeaux de mou-tons : tous ces oifeaux font excellents i manger. II y a prefque toujours fur le rivage une efpecedccanard,qui va parpaircs, quel-quefois en troupe, dont les plumes des ailes font tres-courtes; aufil nes'enfert-il que po!- fe foutenir en courantfur Teati; & il ne vole pas: il a le plumage gris, ie bee & les picds jauncs. Si on ne le pas roide , il fuit k la ^urflce tant qu'il lui j-elte fo^^fii^ jg gi^ j^ui, leufe & feiit le marecage j les gens de nos equipages en mangeoient cependant Biij quand on ne leur donnoit pas des outar-des. Chacuii de ces canards pefe ordinal-rcment 19 ou 20 livres. On les appelloit oies grifes , ou oies du plein , pour les diftinguer des oies ä manchen , qui four-niflent un fi beau duvet. Elles ne font pas incilleures ä manget: que ces canards ; leur chair a aufll une gdeur defagreable, que leur peau huileufe conserve aßez long-tems, meme expolee ä I'air : cette raifon nous a degoutesd'en faire des amas. Ce pcurroit bien etre Celles que Ton nomme Cahuitahu du Para (a). Les canards fauvages, qui reffemblent ä ceux de France, y font tres-frequens, (^2) Elles ont les graiides plumes des ailes couleur de gris defer, les p elites verd dor6 changeant comnie celles des crsiiards fauvages, & Ic refte du corps blanc. L'articula-tion de l'üile eft armee d'un ergot dur comnie de la cor-ne, pen polntue, mals arrondi en cone long d'environ tin demi-pouce. Leur bee & leurs piedsfr«.- noirs. Les coups d'aües qu'elles donnent pour Te defciidre, font fi fermement appiiyes qu ils mcurtriffent la chair dans Fen^ ••droit ou Ic coup porte. Les outardes ibnt auffi armies d'un ergotpareiJ, Jen reqiisiin c"upfur l^i main, d'une qui etoit ccpendant mortelleinerit bleffie d'un coup de itifil; k doiiieur que j'en reflentis fnt tr^s-vive pendant wn bon quart-d'heure, & la marque deb contufion y y demeiira pHis de dciix jours. Aux Isles Malouines. 2j mais bien moins bons : ils ont , pour la plupart, un gout de moulesj mais les fer-celles y font excellentes , ainli que les plongeons. Oil trouve une quantite prodigieufe cl'une autre efpece de piongeons qui font affez bons, quoiqu'iis lentent un peul'hui-le. Nos Marins les nommerent d'abord Becfics, & dans la fuite Coyons & Nigauts$ parce qu ils fe laiffoient tuer ä coups de viertes, & qu'ils ne s'envoloientque quand a pierre les avoit atteints. lis fepofenten troupes, quelquefois de cent & davanta-ge , fur les rochers du bord de la mer. Lorfque nous alliens aterre dans le canot, il en paffoit des bandes de deux ou trois cents , k huit ou dix pieds feulement au-deffus de nos tetes. II y en a de trois fortes ; routes trois de meme groffeur , on peu s'en faut. Les uns font abfolument noirs; les autres ont le devant ducou & tout le ventre blanc ; ia troifieme forte a le ventre & la poitrine blancs, & tout le refte noir. Leur bee eft auffi long que leur tete , noir & pointu comme celui des oueauxquinevontpasaleau; leurspieds ionr d un gris noir & palmes; mais ils ne Biv font armes que de trois cloigts au lieu de de quatre , & ces doigts Ibnt faits difi^-remment de ceux desautresoifeaux aqua-tiques. Voyez-en la figure dans la WW.ßg. 1. NosMarins lespreferoientaux canards fauvagesjleur gout, en effer, etoit beaucoup moms repugnant. Lcs chevaliers , les pipeliennes & les pies de mer y font tres-bons; mais les outardes fur-tout y font exquifes , foit bouillies, foit roties, foit en ragouts : il eft prouve que , de compte fait, nous en avons mange quinze cents. Auffi eft-il ä. oeine contevable que cent cinquante lomrnes qui compolbient les equipages cle nos deux Fregates, ayenttrouve dans environ deux ou trois Heues de terrein , alTez de ces fortes d'oifeaux pour vivre pendant plus de deux mois que nous y avons fejourne, tous en bonne fante, Še de grand appetit. Voilä a-peu-pres toutes les fortes d'oifeaux que nous avons vus dans la partie de rifle OÜ nous etions campes; fi Ton ea excepte deux ou trois autres efpeces, dont les unesreiTemblent h des tdrins, d'autres a. des Unotes, & une efpece de berge- Aux Isles Malouines. Tonnetes , qui n'a pas la queue longue , ni les bandes noiratres de celles de France. On y voit encore une efpece de goe-lan blanc , & un oifeau carnader , de !a grofTeur d'une poul.e commune, & d'un plumage gris roußätre. Les gensdeaotre equipage les appelloient des Canards gns. lis approchoient de nous de tres-pres; & quand nous etions ä la chaffe its voloient ü pres de nos teres , qu ils ont enleve plus d'une fois les bonnets & les chapeaux de nos gens, lis ont un cri qui tient beaucoup de. celui du canard ; & quoiqu'ils volent ä I'eau, ils n ont pas les pieds palmes; mais ils faiHlTent leur proie avec avidite , au moyen des ferres tres-poimues dont leurs doigts font armes ; & lorfque leur proie n'ell pasaflez conli-derabie pour les fourenir fur la furface , ou qu eile eft trop pefante pour etre emportee, ils la depecentacoups de bee & de ferres, en battant tonjours des aites. lis fe pofent neanmonis fur I'eau , & y refient comme les canards ; mais je n'en vu aucun plonger. On ne s'amufoitpas ^ les tuer, c ans I'idee qu'ils feroient urj rort mauvais regal. Ony trouve aufliun petit heron ä aigrette i ion plumage eft d'un gris cendre bleuatre : I'aigrette eft compofee de trois plumes blanches longoes de trois pouces, ayant la forme de I'aigrette du paon. II a furleftomac , autour du cou, ibus les alles , au bas du dos & fous les deux cuil-fes , un duvet partie blanc & partie d'un jaunecitronne,longd'un pouceau moins, reffemblant parfaitement ä la bocrure de foie decruee la plus fine. Dans le fecond voyage on y a vu desperniches, & une efpecede Cygne ä bec rouge, ayant tont le cou du plus beau noir, & le reftc du plumage blanc. Quand le ciel ne nous fourniffoit pas affezdefingularites nous en alliens obier-ver lur les bords de la mer. J'ai fouvcnt trouve fur le rivage des limas affez petits, k bandes de differentes couleuts, que Ton peut nommer Limas mbannes: le fond du coquillage eft de la plus belle nacre. J'y ai vu aujii des burgos & des moules, tant magellanes que communes. Quelques-unes de cesdernieres ontentre cinq & ftx pouces de long, fur deux de large dans le plus grand diametre. . Les monies font encore tres-communes !elongdelac6te;onavoiteflayed'en manger plus d'une fois , mais on les trouvoit toujours remplies de perles: lorfque ces perles etoient dures elles expofoient au ril-que de fe caflerles dents; & quand elles s'e-crafoient, elles laiffoientuneefpecede fable fort defagreablc danslabouche. Dans I'idee que ces perles font TefFet d'une ma-ladie de ce coquillage , je penilii que la caufe de cette maladie pouvoit bien etre le defant d'eau, dont cet animal fouffroit pendant que la mer eft retiree. J'imaginai done qu'en pechant celles qui font abreu-vees fans celfe , elles pourroient n avoir pas de perles: je fus conflrme dans cette idee par des moules qvie je trouvai dans les racines de goemon. J'en ouvris quel-ques-unes; elles fetrouverentfans perles & excellentes, tant les communes que les magellanes, Jen portai deux ou trois dou-zaines au camp ; elles furent du gout de tous ceux qui aiment ce coquillage. Les coquillages font tres-brillans; mais ß on n'a pas foin de les prendre des que la mer qui les a portes Im le rivage s'eft retiree , Us nc peuvent plus etre confer- ves J le foleil les calcine mange leurs-plus bellescouleurs, & les rcdnit en chaux; tic maniere qu'ils deviennent fiiables fous les cloigts. Les lepas ou patelles des Ifles Maloui-nes, font dune beaute bien fuperieure ä tous ceux de France. Ceux-lä font ovales pour la plupart: lafurface intcrieure pre-fente la plus belle nacre, fouventle fond du creux ell: tapiffe d'un rouge brun d e-caille de tortue, qui paroit dore: la furface exterieiire ell ftrice & cannelee ^ les parties faillantes font couleur d'ecaille brune, & le fond varie de nacre &: d'ecaille do-lee. J'en ai vu de trois pouces & quelques ligncs dans leur plus grand diametre ; on en trouvc de cinq ou iix fortes , plus ou moins ovales, les unes confiderablement profondesj lesautres, quoique d'un diametre femblable, ont trois quarts de moins de profondeur. J'enaicui, fiirunpouce & deini de large dans leur petit diametre , n'ont pas trois lignes d'enfoncement; &d'aurresqui, fur unpoucede large, ont un pouce de creux : la furface interieure de ceux ci efl plus coramunement d'un Aux Isles Malouines. Ijeaa blanc de porcelaine, & le fond du creux dune ecaille doree. On en trouve de tres-grands & tres-beaux de Tefpece dont le point d'eleva-rion eft perce d'un trou ovale, blancs en dedans, colores de bandes pourprees & violettes, qui vont en s'elargiflant du centre a la circonfereuce. Laquatriemeefpece eftcelle quequel-C[ues-uns appellent Bonnet de Dragon ; le plus large d'oviverture que j'ai putrou-ver, n'a pas plus de neuf ä dix lignes de diametre, & iix ou iept de profondeur; fa furface extcrieure eit grile , pref-que unie , quelquefois ä Ijandcs un peu brunes; Tinterieure eil: ordinairement couleur de lie de vin rouge , un j^eu rem-brunie. Beaucoup de ces efpecesde lepasnW pas leur centre d elevation ou de con-vexite place au nnlieu, mais un j^eu avance vers un des bords du grand diametre : une, entreautres, I'a tout proche de Tune des extremites. Ce lepas efl tres-applati, Ton ccaille eft fi fine qu'il faut la inamer avec beaucoup cle delicatefle & d attention pour nepas la brifer 3 iias deux Turfaces font unies & argentees,quandrex° terieure eft depouillee de fon epiderme ou enveloppe couleur de feuille morte On y trouve aufli un lepas chambre, pe tit & blanc, tanten dedans qu en dehors jen'enai vuque fur le rivage, & toujours Tans ranimal. Enfin, on y trouve cette el pece que nosMarins appelloient Gondole cu Nacelle,qu'ilen alafigure quand il eft renverfe ; mais ä Texterieur il ref-femble ä la cuirafle d'un clos-porte: elie eft compofee de huit pieces qui rentrent i'une dans I'autre , de maniere que I'ani-malpeutfe replier fur lui-m6me, s'arron-dir comma une beule , & fe renfermer dans fon ecaille ; tout autour regne un bourelet de chair heriflee de poils longs de trois ou quatre Hgnes. L'ecaille eft variee d'un beau verd bleuätre, de blanc de lait & de brun noirätre, par bandes ou rayons- Quatre (ortes de moules font en abon-dance aux Ifles Malouines; les commu' nes, les magellanes, ou reines de moules, & deux autres efpeces, dont la forme eft: differente des communes Sc des magellanes. Parmi celles-ci j'en ai vu dont l'ecai Iis aux Isles Malouines. 31 a cinq k fix potices de long, fur trois pouces de large. Celles que Ton detache des rochers , qui reftent ä fee quand la mer ie retire , font communement remplies de perles , dont quelques-unes font alTez jolies. Celles que Ton trouve adherentes ä I'^caille , ou difperfees dans ie corps meme de la moule, ont une couleur d'un bleu violet tirant fur le noir, font fouvent inegales, & reffemblent beaucoup ä des ^raines de navet. Les perles des magel-anes de lagrandeefpece, font blanches, mais rarement d'une belle grandeur , & d'une couleur nette ; d'ailTeurs , on eft fujet h les brifer quand on les fepare de Tecaille : celles qui fe trouvent dans le corps , ne font proprement que des fe-mences. II eft tres-vraifemblable que ces perles font I'efFet d'une maladie de l'ani-mal, puifqu'il eft rare d'en trouver dans les moules qui font toujours baignees de I'eau de mer. Ce defaut d'eau, pendant que le foleil darde vivement fes rayons, leur caufe fans doute une alteration , & une langueur qui les altere &lesobftrue; obftruftion de laquelle refultent ces per- Des deux autres efpeces de moules 1 ecaille de Tune eft blanche, tranlparente, & fi legere, que le nioindre fouffle I'en-leve de defliis la main. L'autre , quoique plus grande, ell d\in rouge brun dore des plus edatans , fur-tout lorlqü'elle eft dans I'eau , & que ie foleil y porte fa lu-iTiiere. Vuide , elle n'eft gueres plus pe-faiite que la j^recedente, car le vent feul la fait rouler fur le rivage. Fiv. ^ de La PL IX. Les grandes & les petites moules ma-gellanes font dun blanc nacre , partage debandes purpurines, qui fuivent la forme iirrondie de I'ecaille. L'epiderme qui cou-vre la furface exterieure eft d\in brun fale j niais quand cetre robe eft enlevee elle decouvreun beau bleu celefte, veine tie bandes purpurines qui fuivent la forme desftries. Les canneluresfeperdentinfen-fiblement jufqu'au bout pointu , qui eft d'une belle nacre , &duquelellespartent comma de leur centre. Voyez les figures de ces moules. PL IX. fi^. i 3. Beaucoupd'autresdifferents coquillages fe prefentent aux curieux furla cote de ces Hies, Des bucciiis feuilletes, des buccins armes. 'i Aux Isles Malouines. 35' armes , des vis de differentes Ibites, des; pourpres, des limas rubannes, des limas chambrcs, des nerites, des cames unies, des cames ä llries, des ricardeaux ou co-. quilles de S. Jacques, des i>etoncles &' clesouriins ^ des etoiles de mer & des Joulettes Oll cöqs, que nos Marius appel-^ ent Gumk de Rayes. ( Ce dernier co-quillage netoirconnu que dans Je genre des coquillages foffiles, & Ton doutoit qu ilenexiftät-en nature). Dans les voyages fuivants faits aux-mnnes.ifles, on eii a amafle une fi grande quantire, que l'on ea a dillribue dans tous les Cabinets de Paris..... ^.L- ■ M : ^ L'Ichthiogie fut la parrie de THiftoire Naturelle cjui'm'occupa l'e plus aux liles' Malouines. Aucommeacementnousnous etions imä^nes que les anfes & la baye qui forment le port de l'habitation-n'e-toient pas poiffonneufes, & c^ue les loups marins , aufTi-bien que les oifeaux d'eau, qui y fönten grande quantite, detruifoicnt le poifTon pour s'ennouriir, ne lui don-noient pas le terns de devenir gros. M-de ia Gyraudais nousconvainquitdu contraire. Etant ä b chalTe , au fond d une Tome II, C anfe , ä une lietie on environ de notre Ccirnp J il fe trouvaä remboiichure d'una petite riviere lorfque la mer s'en reciroitj la ilpritä la main une douzaine de poif-fonsquis eroient laiffes echouer far le gravier , & qui faifoient tous leurs efforts pour regagner la mer : les pius petita avoient environ un pied de long.. On les niangea, & tout le monde les trouva ex* quia. Surcet indice j'arrangeaiun rets de trois braffes & demiieuleinent j & ;e me tranf« portal au lieu de la peche. En deux coupa defiletjepristrente pieces, dont la moin* dre pefoit pres d'une livre & demie. —Anime par ce üicch, je retoornai le le lendemain ä la peche. Mais comme la mer etoit retiree, je n'ervpris pas un feut» Je fis alors reflexion que ce. poiffon men» toit fans doute dans I'eau douce avec lamaree, & fe retiroit auffi avec eile. Com-me nousy enavions vu une aflez grande quamite s echapper a-travers les trous de notre mauvais fiiet, ou faurer par-deffus, on refolut d'y aller p^cher avec la feine, ä la grande maree de la nouvelle lune. Nous donnames un feul coup , & neu» Aux Isles Malouines. tetiruiBes pius de cinq cents gros poiflbns, & des milliers d'autres longs d'un demi-pied, dontnousjcttamesk la mer plus des trois quarts. Des petits nous ne gardameS qu'une efpece nommee Pa/Vj par les Ef-pagnols,& Gras-dos-par nps Marins, Ce poiffon eft prefque tranfparent, & d'une extreme delicateffe j il eil excellent en friture & ä lafauceaupauvre homme. La lotte ne lui eft pas preferable. Le filet etoit fi pleiii que, malgre les efforts de feize >erfonnes, nous eumes routes les peines du monde de le tirer fur le rivage; ilenfautoit beaucouppar-deffus ^ & une grändequantite s'echappaencore, tant par les bouts, qui ne pouvoient join-dre les herds , que par les trous qui le fi-rentdanslefilet J cependant on en chargea le canot, qui ne put arriver au camp que le lendemain. On en diftribua abondam-ment aux equipages des deux Fregares pendant trois jours, 011 on en mangea ä toutes les fauces; & pour nepasperdre le refte on en fala un plein tier^on. Ce poiflbn a la forme de celui que Ton nomme Meuilie en Saintonge , & a le gout du Surmulat, Dans le nombre il y Caj en avoit du poids de quatre livres & clcmie. Nos Officiers, qui etoient k bord des vaiffeaux, pechoient auffi quelquefois k hamecon, Šc ordinairement avec lucces: je reniarquai dans leur butin des poiffons de trois elpeces. L'une a la forme pref-que femblabieacelledu brochet, la chair commerranlparente, avecune raie bleue d'une lignc de large, qui regne depuis les ouies juiqu'äla queue , entre deux raies jaunes : ies Eipagnois du Chili le noni-nienc Rovalas. Lia feconde efpece peur errc mife.dans la claffe des Lottes^ que quelques-unsappellentZocAöJ.-celledont 11 ell ici quelHon a la tete plate & beau-coup plus large que les lottes de France. La troifieme eljsece eft aufii delicate V&: a autour des ouies des traits jaunes, com-me Ü on y avoit mis de'l'orpin ou dela gomme gutte avec le pinceau. Ces trois fortes de poiffons, les feuls que Ton a peche a bord, n'ontpasplusde neufa dix pouces de longueur, ordinairement de ii:*;aicpr; maisilsfont tons excel-lents, fur-tout celui qui a la tete, ^ä-peu-pres la forme du brocliet: ils mordent fi Aux Isles Malouines- 37 promptement ä Thamegon , qui! ne faut que le jetter pour en prendre. Ce poiffon fut notre refTource , iorfque le terns ne nous permit pas de chaffer. Les amphybies ies plus Jinguliers que j'aye appercus dans ces regions aulhales, font le Lionmann & le Loup de, mer; quel-ques-uns de nos Officiers donnolent aufll äce dernierlenomde Cochon^e mer, foit parce qu'il a entre cuir & chair un lard cle pkifieurspoucesd'epaiffeur, foit parce qu'il grogne comme les cochons, & qu'il fe vautre comme eux dans la fange. Les lions marins font d'une groffeur prodigieufe ; nos Officiers en combatti-rent deux tres-long-tems fans pouvoir en venir k bout. On tira trois ba ies dans la gorge de I'un des deux, dans le terns qu'il ouvroit la gueule pour fe defendre , & trois coups de fufil ä balle dans le corps. Le fang ruiffeloit des blefTures comme le vin d'untonneau perce : il fe traina nean-iiioins dans I'eau, & on le perdit de vue. Un matelot attaqua Taucre , & fe battit long-terns avec lui ä coups de baton, fans pouvoir le terrafier : ce matelot tomba meme aupres de Tanimal, mais il eut I'a- C iij dreffe de fe releveraumoment que le lioi^ alloit I'engueuler. Cetoit fait de Hiomnie s'll eii avoir ete laili, ranimall'auroitempörte k I'eau, & I'y auroit devore ; car c ell dans I'eau qu il empörte ordinaire-ment fa proie. Ceiui-ci, en fe faiivant ä la mer, faifit un pinguin dansfonchemin, & J'y devora prefque dun feul coup de dent. II y a plufieurs fortes de loups & delion§ marins j j'en ai vu de toutes ces efpeces. Les premiers, quand ils ont toute leur taille, ont depuis dix jufqu'ti vingt pieds de longueur & davantage; & en circon-ference, depuis huit jufqu a quinze. Leur peau ert revetued'unpoilde couleur tan-nee-claire ou fauve , comme celiii de la biche, & court comme celui des vaches; la tete prelenre la figure de celle d'un do-gue , dont les babines de la machoire fu-perieare feroient fen dues-fo us le nez , comme celle du lion de terrc , & ne fe-roient pas pendantes; & dont les oreillcs feroient coupeesrez la tete. J'en parlerai plus au long ci-apres. L'aiitreefpece, moinsgrande, prefente la meme figure, avec un mufeau un peu Aux Isles Malouines. 39 plus roncl & moins alonge. Au beu de patres de devant eile a deux nageoires Gompofeesd'articuLmons,couvertescom- med'ungand fans doigts, d'une peau on membrane fort dure de couleur gris noir^ A I'exterieur on ne diitingue pas ces articulations ;ilfdut diiTequerlanageoire pour les appercevoir. Lesdeuxpiedsdederrie-re fotn vifiblement arricules comme les doigts de la main, & d'inegalelongueur, au nombre de cinq : ces doigts font reunis par la membrane, depuis la premiere articulation jufqu-a la troifieme. La membrane alors fo fepare en decoupure pour fuivre le long de chaque doigt, comme celle des partes d'un plongeon ou d'une poule d'eau, & fe prolohge beaucoup au-delä de chaque doigt: ces pieds fortent prefqu'immediatement du bas du corp^; ils y iorment une efpece de queue decou-pee lorfqu'ils font couches, ou qu'üs ne marchent pas 1 chaque doigt eit arm^ d'un ongle qui n'eft pas tranchant, mais ünpeuMlant &noir, Vöyei La fig. i. de la PL VIIL Les uns & les autres ont deS b^rbes comme les tigreš,& dc grands pdilS droits au-deffas des yeuS pour former les Civ 40 Histoire d'un Voyage fourcils.Lafcraelleparoit avoir It; coupfo-portionnellcment plus long & plus degage .que Ic male , & a des mammeUes. Ces animaux font fi gras qu'ils ont plu-fieurs pouces d'epaiflcur d\me graifTe blanche & mollaflc enrre cuir & chair: ils abondent en fang & quand on les bleffe profondement, lefang ruIlTelle de la bleflbre comme du bras d'un homme gras que Ton vient de faigncr. Te Ic eft la forme & la figure des loops inarms que nous avons vus fur .quelques Hlotsde la bayeounousfommes moui [e..Ceuxdont I'Amiral Anfondonue la defcriptioii & la figure, font des loups marins de la grande efpece: illeur donne le nom de lions marins mal-ä-propos, Kojei la PL IX. . Tons ces animaux font ampliibies, & ptiffent affezordinairement la nuit & une partie du jour ä rerre. Lorfque Ton pene-tre dans les toufFes de glayeux , ou ils fe retirent, & oil ils fe pratiquent des efpe? ces de chambres , on les y trouve pre{^ que ton)ours endormis , couches fur des feuilles feches, de ces glayeux- Quand ils Ibiit ä la iner, ils fortent de terns en tems Aux Isles Malouines. 4T la teie & une pariie du cou, au-deffus de la furface de 1 eau , & reltent dans ceite attitude affezlongiems, comme pour voir ce qui s'y paffe. Leur cri tient beaucoup du rugiflement du lion ; les jeunes fern-blent iiflerfur un ton grave, quelquefois iis belent comme des agneaux , d'autre ibis comme des veaux. Lcs grands & les petits ont une demarche lourde , & pa-roiffent plutot fe trainer que marcher j rnais avec alTez de cderite , eu egard ä leur mafle : ils vivent d'herbes, de poif-fons & d'autres animaux, quand ils en trouvent ä leurportee. Dans riflotou nos Officiers en tuerent un fi grand nombre , une femelle faifit un pinguin au moment que cet oifeau-poiffon tombafous le coup do fufil; la louve marine remportaal'eau & le devoradans un din d'ceiL Ce Pinguin avoir au moins deux pieds & demi de hauteur. Je ne me figurois pas d'abord la grof-feur prodigieufe du loup marin , & je me determinai ä Taller obferver de pres. Arrive ä plus de cinq cents reifes de diftance de cet animal , ii me parut comme une netite monriculej je ne reconnus l'amphy-yle que quand je fus ä portee clelemelu-ter ; il avoit dix-neuf pieds & quelques pouces de long. Pourlagroffeur je ne pus en prendre la inefure alors, n'ayant pu le lever ni le tourner, pour paffer une corde autour de kii. ApresI'avoirbienexamine, M. de Saint-Simon me mena ä trence pas de lä , lebord d'line autreanreou it y avoit beftu-coup de glayeux j en y entrant il tira ufi loup marin , gros feiilement comme iiti veau tres-fort, & le tua. Nous entendi-mes auffi-tot , de tous c6tes dans ceS glayeux, grogner conime des cochons, mugircomme destaureaux,rug!r comma .des iions , & foiifller enfuite comme les plus gros tnyaux de bois d'un buffet d'Or-gues: nous ne laiflames pas que d'enetre un peu frappes; mais erantprevenusque ces cris differens etoient ceux de ces ani-maux, &: que i'on pent en approcher fans rifque , pourvH que Ton en reffe eloigne d'environ leur longueur , nous penetra-ines dans ces glayeux. M. de Saint-Simon tira fur le loup marin qui fe trouva le plus au x Isles Malouines. 43 h faportee ; le coup porta vin poace au-deffus de I'oeil, & I'animal tomba fovis le coup , & mourut un moment apres. II fortoit de la bleffure un jet de ian^ qui faiUoit au-moins d'un demi- pied: il en Ibrtit; plus de trente piiites en pres d'un demiquart d'heure. Une trentaine de cesgros loups-marins etoient couches deux , quelquefois trois dans le meme trou. M. de Saint-Simon choifit ceux qui äoient couches ä fee , afind'avoirplus de facilite h les en rerirer apres qvi'ils feroient morts , & moins de^ peine il les ecorcher, &äentirer lagraiffe on le lard pour en faire de I'huile. 11 en tua onze fucccflivement; deux feuleraent blefles', un pen plus gros que les autres , qiioiqu'ils euffent deja repandu au-moins vitigtpintes de fang, eurent encore affcz de force pour fortir de leurs creux & fe fauver ä la mer, oia nous les perdimes bientot de vue. Les autres qui n'etoient ias bleffes demeurerent tranquilles dans eurs trous, fans marquer ni crainte ni fii-: un de ceux qui avoient ete bleffcs mortellement fat le feul qui, en luttant contrelamort, sen prenoit aux mottes mais le tout bien conßd^r^ avec des lunettes de longue vue , on jugea que ce qui avoit paru desarbres n'eroit que quelques bruyeres & arbuftes, ou quelques touffes de buliarets. Pres de Me de rAffencaon , nous en decouvnmes une autre avec trois Iflots : e'eit probablement celle que quelques Navigateurs ont nomme I'lfle de la Tri-niie. Nous I'avons cötoyee, & n'y avons appcr^u que des rochers efcarpes , doßt plufieurs paroiiroient coupes k pic. U ne paroit pas qu'il y aitd'autreshabitansque des aifeaux de mer; ay ant cotoy e la tcrre de (i pres, nous aurions vu quelques lor-tues,s'ily en avoir eu daasceslfles. Qua-tre jours auparavant»un de ces animaux, d'un pied ou un peu moins de diameire dans fa longueur, paffa le long du bcnrd de notrefregate; maisnotreeloignement de ces terres nous fit prefumer qu elle n'en venoit pas. En approcUant des c6tes de France , nous eumes connoifiance d'un navire qui paroilToit faire meme route que nous. Alors nous cargukmes nos voiles, virämes pavilion ,& tirämes un coup de canon fous le vent J maisil ne nous fit point de reponfe. Dans Tidee qu'il n avoit pas entendu le premier coup, nous en tirämes un fecond nu vent; alors il aflura Ion pavilion blanc d'un coup de canon.Maiä voyant qu'il s'en tenoit lä,nous mimes pavilion en berne; le navire etranger s'en moqua Sctint tou-jours le vent ä-peu-presäla meme diftan-ce. Comme 11 marchoit au moins aufR-bien que nous, iUe fia fans doute fur fa mar- Fij L che. Nous primes le parti d'abandonner la chaire,parce quelle nous auroit eloignes de notre route. Ce Capitaine Francois ne pourroir doii-ner d'excuies legkimcs de n'avoi r pas obei auxordonnances du Roi pour la Marine, par lefquelles tout navire de la nation eli oblige d'amener , quand un navire du Hoi luifignifie de le tiüre par un coup de canon , & par la flamme de commande-ment viroe au mat ou eile doit etre, liii-vant le grade de cehii qui commande le vaifleau de Koi. Nous avions fair plus, puifque nous avions mis pavilion en berne, iignal convenu entre tonres les Nations policees. Rien ne pent done excufer fon audace & fon peu d'liumanite. La Marineroyale fut de tour temps rivale de la Marine Marchande. La premiere a des prejuges qui lelevent au-def-fus du metier des marins, & croit qu'ii n'efl pins befom de I'exercer pour I'ap-prendre, L autre s'endurcit aux travaiix wtiguansde la mer, & penieavecraifon que , pour exceller dans I'art nautique , i taut lecultiver tome fa vie. De la cet eipntde parti, dom I'Etat eft la premiere aux Isles Malouineis. viftime, puifque la liberte des Rouges ou Officiersde la Manned« Roi,fait lafer-vitude des Blens. Jettons les yeux fur THirtoire de la guerre dernicre , nous y verrons des Armateurs Fran9öis., dont Taiidace & la fermete fembloientexcitei' les vents ä combattre pour eux. Croiroit-on qu'mi Capiiaihe de vaifTeau.C M. de I-----) tranquilly fpetlatewr:cl'un combat entre un fenaut Fran9ois & un cčriaire Anglois, le contentoit d'applaudij a la manoeuvre du Francois , qid prefem ä tout, executoit de h tete & du bras, pour ^^viter un abordage! 11 le vit enfin demä-te, & force d'amener fans le fecourir d'un coup de canon. N'etoit-il 5as facile au Commandant d'un vnifTeau de ligne.bieu arme, defavivet le braveCapitaine marf chand , & de s eniparer du corfeire Anglois ? PoLirquoi ne Ta-t-il pas fait ? Ccit qu'il n eft pas du bon ton de prodigueiLfa poudre pour lebiend'uncitoyenquin'eft qu un commercant. Ce que Ton peut dire jDOur excufer la conduite ^du Capitaine Marchand Fran-^oisqui n'a pas amene lorsmemeque tious avions mis pavilion en berne.,, c'cil: quU F iij 85 HiSToiRE d'utJ Voyage n'^toitpeut-^tre pas plus foiiriii de vivrcs & cl'agres qu'il lie lui en falloit, & qu'il craignoit que , fi nous en rnanquions, nous n'en priflions deforce des liens, s'il refufoit d'endonner de bonne grace. Ufa-ge abufif & tro-pcoinmuTidans la Marine Toyaie, lequel a indifpofe la Marine mar-chandecontre elie.Celle-cife vcfyantm6 prifee & maltraitee parxelle-lä, eftcliar-tnee de trouver des occafions de s'en venger, & la laifleroit perir, je pourrois dire avec plaifir dans un fens, parce quelle efp^ieroit par U d'etre delivree de a ty-tannie que la Marine royale exerce fur elle. Tant que cette animolite durera en-tre ces deux Corps ^ entretenue par le meprisdela Marine royale envers la Marine marchande , & par Tabus qu'elle fait de la force qu'elle a en main, il n'eft pas pofTible que I'Etat n'en foufFre beaucoup de defaftre. Nousne voulons nousmodeler fur per-fonne , & peifonne ne veut le mocfeler fur nous. Efprit de ftneularite qui re^ne dans tout ce que nous raifons, & qui tend Toujo ur s ä n otre pert e i n ous imitons le sR o-mains, qui n employ oient que leurs affr an- aux isles maloxjines. 87 chisau metierde lamer,& quir^fervoient le fervice de tef re aux Patriciem. Les Ari-glois penfent mieux; fart du m ate lot eft eftime chez eux; c'eft le pius noble de tous les arts, puifqutl eft exerce par tous les plus nobles del'Ecat. LesFran^ois veu-^ent differer des Roti.ains , non pour ^e Tapprocher des Anglois, mats pour au gout d'unnombre de particwWrs ime, malheareufemeiit adopte , & qili mal-ä-propos -pour celui de h Na*-ti J^l^Foitiempr^fle .^'cj'i^tfniiv.^.npus, ppur dtlpu^:, pr)!?cpre? .toüs-, les "leGOurs quij i3iir ,toieinjt .^eeti;fon pqiiyoir ; Ce-qui fe.dpit /ans clifl:m6ti,03i J il«. Va Vl^ ^ - . - ' y >: C; o A T A ^ Ž . ^ i« OBSERVATIONS SUR LE DETROIT DE MAGELLAN, ET SUR LES PATACONS. I N T R 0 D U C T I 0 J^. ij? E Roi de Ftance ayant agree la j^fe de poffeflion cjvie neus avions faiie en fon iiom de toutes l^e« Ifles Malouities, le Miniitere donna des or-dres pour foutenir ce petit ^abliifement & pour laugmenter. La fregate TAigle tut armee de nouveau; & le fieiir Lucios Guyot, qui en avoit ete Capkaine en fecond, dans le premier voyage, en tut premier Capitaine dans le fecond, avec brevet de Lieutenant de Fregate, fous lesordres deM. de Bougainville, 92. Ohßn'ations [ Ce voyage & uii autre , faits Tannee fiiivante , de concert avec un autre navire Francois, font deveniis rres-intereflans 30Lir les Philofophes, parce <^u'ils decident le grand probleme de rexifteiice desPatagons; cependant nous ferons courts , parce que nous n'avons pas que nous nous contentons d'expofer ce que d'ciutres out vu. ] Mous ajouterons ä ces voyages celui de M. de la Giraudais, cui le confirme. Ce Comrnandant d'line flute de Rdi, fat charge de porter des vivres aux Ifles Malouines, & fe rendit enliiite de cette contree atiftfale' au detroit de Magellan, qu'il parcourut en marin lia.bile & en cu-rieux obfervateiu. Nous renvoyons a la' fuite da Journal de Dom Pernetty, Tex'-trait de ceux de Meflleiirs Dados & U Giraudais:, afin de ne point confondre ce qui eft d'un-3:utilite generale avec c'e qui n'elt utile qu'aux lN>vi,g$te,urs. ,ftr, v i -q-^ Sjä vo-'- ft^i inp 'f iv- i i. 1 lOi '.I til ti!.'-' ■ ■ ■ " " ' ^ 'li , ■ . : > ' i fur le Detroit de Magellan. 9 J CH APITRE PREMIER. Second Voyage de la Fregate I'Aigle. ELle partit deSatnt-Malo le Ohfervations J en conduisimes fix, qui iic parurent pas beaucoup ecönnes : nous les regaiä-ines. Ce font des hommes comme les Indiens de Moiite-video, n'ayant pour habillement que des peaux de loups-ma-rins, guanacos &: vigognes; paroiffant tres-pauvres, n'aimant point le vin, mais beaucoup la grailTc. Nous les habillämes en rouge , & leur donnämes beaucoup d'uftenliles propres an menage ; enfuite nous les reconduisimes ä terre , criant toujours Vive le Roi df-vFrance. : ce qu'iis repeterent tres-bien. Nous leur lairsames un pavilion deployc. II nous tcmoi^ne-rent beaucoup de bonne volome nous donnerent leurs arcs & fleches. Quand nous les vimes, ils etoient pcints en blanc & mavtachis ; niais aufiitör que nous leur etimes donne du vermilion , ils s'en pei-rnireiit. l!s paroiffent aimer ceite cou-eur. En nous en retournant, ils nous faluerent .de vive le Kqi en Francois; ils. Tirent auffi des oris k leur mode ä Ten-tour du pavilion. A mefure que nous nous eloignions , ils augmentoient leur feu & leurs oris. Voilä ,\-peu-pres toutes les obferva- tions fur k Detroit de Magellan. 97 tlons qu'on fit alors fur les Patagons. Us traverienc quelquefois le dctroit dans leurs bateaux d'ecorce. lis avoient des manieres de baches, quand on les vit la premiere fois; & ils eurent foin de leS cacher eiiiuite,, ainfi que leurs femmes & petits enfans. Enfin , le famedi i-j Mars, la fregate fortit du fameux detroit, tant redoute desNavipteurs, apresy avoir eprouye qu'il y Sifoit comme ailleurs , trcs-beau & tres-cliaud , & les trois quarts du temps calme. 11 n'y a point de bois h I'entree du detroit, ni d'uii cote 111 d'autre. Ce font des plaines immenfes- Ejiviron 24' licues en dedans , commence le bois , tant fur la terre des Paragons que fur celie de Feu. _Ilya peude gibier, peu depoiffonj-. & pointdutoutde ces beaux coquillages: fi vantes, du-moins dans les endroits' oü'. aborda la fregate* • t M. de Bougainville laifla 79 perfonnes aux lÜes Maloüines,&le 13 d'Aoütren-tra heureufement au port de Saint-Malo. Tome U, G CHAPITRE II. , J Inures fur ks Ißes Mdoiunes & fur Ics Patagons, DOMPernettyetoit tres-curieux d'a-voir des eclairciffemens fur le fort de ia Colonic qu'il avoir laiflee aux Ifles Malouines j M, de Bougainville-Nerville qui y commandoit, ecrivit ä ce judicieux voyageiir pour Ten informer: void fa lettre interelTante. ».....L'hiver que nous avons pafle » ici n'a point ete rigoureux ; jamais « de neige affez pour couvrir la boucle » du foulier; de glace pour foutenir une » pierre grofle comme le poing j & fi ce » n'eut ete la pluie , qui pafToit ä travers « nos couvertures, comme par un crible, » nous aurions fait tres-peu de feu. Vous » n'auriez point reconnu la Colonie, ü » vous etiez revenu avec M. de Bougain->» ville. Vous nous auriez premierement » trouvesgros & gras. L'air efl: excellent « ici. Tout le long de notre butijnent il fur le Detroit ie Magellan, 9 9 t> y a une belle promenade cl'un terreia M uni, & de io pieds & plus de large; » un nouveau magalin reconftiuit fur le >» bord de hl mer ; un fort entiercment repare, mis deniveau, avecdcsplatte-»» formes fous les canons , une poudrie-» re nouvelle , une boulangerie & une » forge. Par calcul fait, nous avons tue » plus de 1500 outardes dans la faifon; » car il en eft une pendant laquelle elles » difparoilTent du pays , & vont courir » ailleursj il faut en excepter quelques »»families egar^es , dont nous n'avons » iamais pu trouver les oeufs, nials feule-» meni les petits, toujoursau nombre de » fix,dont une couvee entre autres me fut »» apportee, & fut foignee par une de nos » poules, comme par leur mere. Je me >► flattoisdelesenvoyeren France j mais »' depuis 1 arrivee de mon coufin , elles » ont effuye tons les malheurs poffibles, ►» & ont routes peri, par 1 efpi^glerie des » Mouffes & Pilotins defcendus ä terre. » Ce fera pour une autre Ibifon. Nous >» avons fait la decouverte d'un aninnal » beaucouppKisbeauqueloutarde,d'une » efpece de cygne, aufli gros, aufllblanc, G i) t oo Obfervations » mais ayant le col noir comme jayet, & »> lebec rouge. H na pasete poflible d'en »> tuer : ces animaux font tres - fauva-» ges. » Pard'autresdecouvertes, que j'ai fait » faire dans rille ,ä plus de 20 lieuesdans .« i oueil, il paroit que la partie que nous » habitons ell: detachee d'autres Ifies ad-w jacentes , ou feulement jointe par des » Illhmes. Nous pourrions parvenir äcon-» noitre cela parfaitement avec une goe-» letre , quiva nous reiler. » La partie de l'Hiftoire naturelle, que » noüs n'avons pas negligee ^ nous a pro» cureplufieurs de ces coquillages, ap» pelles Pouieues ou Gueule Je Raje. On >j trouve peu de bien confervees de cel-» ies dont vous m'avez envoye la figure. >» Les Bä-iits (Pateies ) fontcommuns, » comme vous l^avez. » Notre agriculture nous donne toute » efperance. Toutes les graines potageres » cm reuffi. A i'egard du bled , il a pro» duit, dans le terrein brüle , de beaux » epis j mais quantäla forme feulement ', & point de grain. Nos terres , comme » vierges, demandent ä etre plus long«. fur le Detroit de Magellan, iOf » temps rravaillees, & m§me anieliorees ►t avec du bon furnier. Ce que nous avons » de belliaux ne fuffit que pour taire des K effais. Quarre de nos geniffes, & nos » trois chevaux font toujours en plein » champ : nous n'avons jamais pu reuffir » alesratrapper;mais leur humeurvaga-» bonde nousfaitconnoicre undesgrands->» avantages du pays ; c'eft que les bef-»tiauxy peuvent demeurer en toute fai-» fon, jour & nuit aux champs , & qu'ils « y trouvent pature & litiere. Nous les » rencomrons les uns & les autres fou-» vent, en alhnt ä la chaffe : ils font gras » a lard , & fe trouvent bien de leur li» berte. Je fais faire une cailTe de coquiU » lages , graines, & pierres du pays; ta>» chez devoustrouver k Tarrivee de inon coufin, qui vous lescommuniquera. On » dit que vous en avez mis une au cabi-» net de I'Abbaye Saint. Germain , & » quelle eft unique (a) dans.fon efpece. ^ f) CelSe dont parle id M. de Bougainville , eft la Pouktte, appellee autreraent le Co^ , Gumle ds. Avantcelle-clque j'ai apportčeen nanirel Ic premier cn t mope, on ng I'y connoUroit que foflile, ou pemfi^e ; Giij 102 Ohferv attorn » Si eile a ete trouvee ici, faites-moi ie « plaißr de me Imdiquer De Nerville, AuxIflesMaiouines, ce 15 Avril 176J. Dom Pernetty re^ut en m^me temps une lettre de M. de Bougainville, qui merite de trouver ici fa place. « Me voici enfin de retonr j men eher » compagnon de voyage. J apprends eii y anivant qne je ne f^aurois vous voir, » & j'en fuis defefp^re. Soyez bien con-» vaincu que porfonne n'eft plus fenfible » que moi a tout ce qui vous arrive ; & » que je donnerois tout au monde, pour w que vous euffiez fait le fecond voyage « avec moi. Nous avons fait alliance avec » CCS Patagonsfi decries, & que nous n'a-» vons trouves ni plus grands, ni meme » auffi medians que les autres hommes. » Je vous envoye unelettre de mon cou-» fin , qui s'eft conduit comme un Ange. &l'on doiitoitri elle exiftoit en nature. Je Tavols ramaf-fee aux Ifles Maloii'mes, ainfi que des pourpres fciiillc-t6s J & quelques autres coqiiillages incomius en France. fur le Ditroit de Magellan. 105 » Perfonne n'a eu meine la fievre : Flii->» ver n'a ete ni rude nilong, & I'etabliife-w ment prend tres-bien. Je leiir ai porte » cette annee , plein mon vailTeau , dvi » plus beau bois du monde , que j'ai priš » chez mes amis les Patagons. Je ne f^au-» rois encore dans ce moment entrer dans » de plus grands details; je n'ai pas unma^ » ment ä perdre. Je crois que je vais ^tfe » envoye en Efpagne , pour des arran-» gemens avec cette Couronne , relatife » au nouvel etabliffement. Donnez-moi, » je vous prie, de vos nouvelles. Je vous » embrafle, mon eher camarade, de tout mon coetir a. De Bougainville. A Paris, ce 16 Aoöt 176^. M. de Bougainville fut envoye en Efpagne , & confomma les arrangemens entre cette C our & celle de France, re-latifs k la ceffion que cette derniere afaite lautre des Mes Malouines j & M. de Bougainville partit de Nantes, en 1766, fur une fregate Fran^oife, Scfutä Buenos-Ayres prendre un Gouverneur Efpagnol, Giv 104 Ohfervatlons & des troupes de la meme nation, pour les mettre enpolTefliondesnouvellesilles. II me communiqua avant fon depart , les oblervations qui! avoit faites au detroit de Magellan , ainfi que la carte cor-rigee de ce detroit, que Ton trouve PL :X1V, & celledes cotesde Teil:, dunord ^ du fud des Illes Malouines , qu'il avoir parcourues en allant & en re-venant de ce detroit: on la voir PL XU-On ne peut juger, par cette carte , que de la largeur nord & fuddeslfles Ma^ louines, la partie de I'oueft n'ayant pas encore ere c ecouverte. Les Anglois, qui ie Ibnt etciblis au Port d'Egmont en 1765, litiie plus ä Touefl: que retablifiement Francois, pourront dans la fuite donner des cclairciflemens fur cette pariie, en^ core inconnue. fur k Detroit de Magellan. J C 5 CHAPITRE III. Nouveau Voyage du ßmr Duclos-Guyot au Detroit de Magellan. ILfut fait en 1766, de compagnie avec M. de la Giraudais; Fun commandoit la fregate I'Aigle , & lautre la flute du Hoi 1 Etoiie. Le fieurDuclos partit le 24 Avril, & des le 4 de Mai il appercut du feu fur la cote des Paragons, & des Sauvages tant a pied qua che val. Quandxl futä portee d'eux, il entendit leur voix, mais il ne put rieii connoitre ä leur langage ; alors les Francois repondirent par des cris, arbo-rerent leur pavilion. Cinq Patagonsfuivi-rent le vaifieau le long de la cote, environ cinq lieues , enfuite la nuit les fit perdre de vue : on obferva qu'ils men-toient des chevaux fort agiles, & qu'ils etoient fort bons cavaliers. Le 6 les Sauvages fe montrerent encore ; ils firent du feu fur le rivage , au ruiffetiu Baudran. Alors M- Puclos arho- 106 Obfervations ra fonpavilion, & M. de la Giraudais Ta flamme j enfuite lun & l'autre mirent ieur canot & leurchaloupe ä la mer, avec des gens armes de fufils & de fabres. II y avoit dans la chaloupe de M. de la Giraudais un Officier de troupes, avec des prefens pour les Sauvages. Dans le canot de M. Duclosetoientlept matelots, & troisOfficiers, fous le commandement de fon frere. A11 heures on les vit debar-quer, & deshommes a cheval qui les re-cevoient. II paroit, par le rapport du frere de M. Duclos , que ces Sauvages etoient difFe-rens de ceux qu'on avoit vus I'annee derniere dans la baie Famine, & par-loient une langne differente. lis etoient fix hommes & une femme , n'ayant que fix chevaux, gardes chacun par mi chien qui ne les quittoit pas. lis accueillirent ties-bien les Francois, ctantvenusau-devant d'eux pourleur en-feigner 0Ü il falloit aborder & defcendre. lis ne paroifToient point etonnes, & ne monrrerent pas lamoindre emotion. On mefura le plus pent, ou le moins haut, & Ü fe trouva de cinq pieds & fept pou- fur Ic Detroit de Magellan, 107 ces. Les autres etoient beaucoup plus hauts. lis etoient couverts de peaux de chevreuils, de guanacos, de loutres & d'autres animaux. Leurs armes etoientdfs pierres rondes, ayant deux poles alon-ges & pointus, la partie ronde enchaflee au bout dun cordon con^ofede plufieurs courroyes etroites, treflees, entrelacees en rend, comme un cordon de pendule, & compofant une efpece d'affommoir: ä lautre bout etoit une autre pierre , en forme de poire, de moitie plus petite que I'autre , & comme enveloppee dans une veflie. Us s'en fervent particulierement pour lacer les animaux, & y font tres-adroits , comme ils Tent prouve par Texperience faite devantles Francois. Ilsmanientbien leurs chevaux , furlefquels ils mettent une efpece de feile , approchant de celle de nos chevaux de charge, que nous appeltons un bat. Ces feiles font montees de deux morceaux de bois, garnis de cuir, & font fourrees de paille. Le mors de la bride eft un petit bäton , &Ies renes font treffeescomme les cordons de leurs affom-moirs. lis ont des efpeces de bottines , i oS Objervations ou guetres cle peau, ou eft encore le poll; & deux petits morceaux de bois ajultes aux deux cotes du talon, fe joignent ea pointe pour leur fervir d eperons, Leur culotes font des braguets tres-courts, ä-peu-pres comme ceux des Sauvages du Canada , & font tres • bien decoupes. II paroitqu'ils ont traite aveclesEfpagiiols; car ils ont une lame de couteau a deux tranchans, tres-mince , qu'ils placent en-tre leurs jambes. Leurs guetres font faites comme celles des Indiens du Ciiily. Iis prononcerent quelques mots Efpagnois, ou qui tiennent de cette langue. En mon-trant celui qui paroiffoit etre leur chef, ils le nommerent Capuan. Pourdemander du tabac ä fumer, ils ont dir: Chupan. Iis fument auffi la Chilyenne , ren-voyanc la fumee par les narines j & font tres - amateurs de pipes & de tabac. En fumant ils difoient buenos, & fe frap-poient la poitrine. On leur donnadupain frais, &du bif. Cuit de mer, ils le mangerent du meilleur appetit. Les prefens qu'on leur fit confif-toienten quelqueslivres pefant decerou-ge , qüe nous appelions vermilion, & fur le Detroit de Magellan. i ö^ desbonnets de laine rouges; mais aucun d'eux ne put y faire entrer la tete i ces bonnetsquoique fort grands pour des letes ordinaires j etoient trop petits pour les ieurs. On leur donna auffi quelques couverturesdelits, des haches, des dm-dieres & d'autres uftenfiles. Le frere de M. Duclos paflii fon mou-choir de poche autour du cou du Capi-tan ; celui-ci I'ayant: accepte , defit auffi-tot fa ceintu re, rairc de courroyes treflees comme une {angle de feile de cheval, ayant aux deux bouts uneboule de pierre enchäffee ä moitie dans du cuir ; nne troifieme pierre attachee aufli vers le milieudelaceinture, ainfi qu'unepierre ä aiguifer , & il prefenta le tout ä cet Officier. On fit entendre aux Sauvages qu'on alloit plus avant dans le däroit ■ & ilsfirent connoitrepar fignesqu'ils irpient fe couchcr auflit6t que le Soleil, faifant la demonftration de fe coucher, & de ronfler en dormant. Des que les bateaux Francois les eiirent quitte , ils monterent k cheval, & lesfui-virent quelque temps fur le rivage. lis paroiffent rufes, hardis, aimant ä 11 o Ohfervations lecevolr, & non i donner. lis s'envelop" pent dans leurs peaux d animaux, coufues enfemble , comme font les Efpagnols dansleursmanteaux. Les Francois tuerent quelques perdrix; virent desloups, des renards,& beaucoup de rats, mais rien de curieux. Le 30 M. Duclos apper9ut d'autres Sauvages fur I'lfle de Sable , qui forme I'entree du fud de la baie. 1! alia au-de-vant d eux & les reconnut pour les me-mes qu'il avoit appergus I'annee prece-dentej ils etoient 2 z homines fans fem-mes ni bateaux. Comme on n'avoit au-cun prefent äleur donner, ni moycnpour s'en faire entendre , le Capitaine fe rem» Jbarqua. Le lendemain les Sauvages firent des-fignaux; mais le mauvais temps empecha d aller ä eux. Deux d'entre eux allerent au chantier, & firent entendre qu'ils defi-reroient que Ton fut dans la riviere avec le can or. Le 2 de Juin deux Sauvages fe prefen-terent au fond de la baie. On envoya un Officier avec Je canot, leur deman-der s'ils vouloient venir ä bord. A I'arri- fur k Detroit de Magellan. 111 vee du canoi, Us prirent la fuite du cote de ia riviere , failant figne de les fuivre. L'OfHcier ne jugea pas qu'il fut prudent de le faire, & revint k bord. A onze heu-res on les vit fortir de la riviere dans fix pyrogues. Us traverferent la baie, paffe-rent ä une portee dc fufil du vaineau , Tans vouloir y venir, & allerem d^bar-fluer dans une petite anfe, fous la pointe ae Sainte Anne. Comme on avoit mis lis hommes en cet endroit, pour couper du boisäbrLiler,& que les Sauvagesčtoient en grand nombre, M, Duclos fit armer fur le champ & canot & chaloupe , & alia au fecours des fiens, A fon arrivee, les uns bätiflbient leurs cabanes ; les au-tres p^hoient des coquillages , fgavoir , des moules ,despateUes, ourfins ,crabes, buccins, & le tout fur les rochers feule-ment. Us avoient neanmoins des rets faits de boyaux. Apres avoir renouvelle avec eux I'al-liance quon avoit faite lannee prece-dente, on leur fit diftribuer quelques pre-lens, confiftant en quelques livres de ver-iTiilloii, des couvertures de laine, de pe-tits miroirs, de la craie, des couteaux. 11 i Ohfervattonš quelques capots, une liache,du pam, See* Iis ne voulurentpas goüter de vin. On ne leur propol a pas de l'eau-de-vie, par crain-te des confequences dangereufes. Leur familie parut coinpofee de 26 homines & de 40 femmes, parmilefquels il y avoit beaucoup de jeunes gens. Le chef d'emreeux fe nommzPacha-chui, 11 efl dilHngue des autres par un bonnet de peaux d'oileaux ayant leurs plumes. II le Hier fur la tete , quand il re^oit des vifi-tes, pour marque fans doute de fa dignite. Les feinmes parurent dune grande ma-dertie, mais forcee par la prefcnce des bommes, qui paroi/Toient jaloux ä l'ex-ces. M. Duclos interrogea le chef comme il put fur la religion. Ce Sauvage donna il entendre qu'il n'adoroit ni le foleil^niU Inne , ni les hommes, ni les animaux , inais feulementle ciel & l'univers entier, ce cju'il repeto plulieurs fois, en elevant toujours les mains jointes fur fa tete. Pendant ce temps-lä , ils jettoient au feu tont le bois que nos gens coupoient. M, Duclos, pour nepasie brouiller avec ces Sauvages, fit interrompre ce travail dans fur k Detroit de Magellan* 11J dans cet endroit, & envoyales fix hom-mes couper du bois loin d eux. ilstroquerentavec les Francois des arcs, des fleches peu dangereufes & des colliers de coquillages, en echange pour leurs hardes. Enluite on les qiiirta ^ en ies invitant de venir ä bord. Quatre ac-cepterent I'offre. On ies fit diner , & on les traita fort bien. lis preferoient le lard k tout. Leur deflertfut une chandelle pour cliacun ; ils les mangerent avec avidite. Le repas fini, on les fit habiller de pied en cap , & on leur donna des babioles, dont ils parurent tres-contens; enfiiite on les defcendit ä terre. M. Duclos retourna aux cabanes des Sauvages rapres-dine. Le Pacha-Choui vint au-devant de lui & lui fit prefent d'uneefpece de pierre ätirer du feu, fem-blable k celles du Canada, paroiflant une marcaffite de cuivre jaune. 11 diftribua enfuite les prefens de TOflicter Francois. Und' entreeux marmotoitcontinuelle-mem. On lui demanda pourquoi; il fit entendrequ'ilprioit,enmontrantle ciel, comme le Pacha-Choui avoir fait le matin : ce qui femble annoncer qu'ils adoTome //. H IM Ohfen'ations rent line Divinicei mais on ne peutcoin-prendre nice qu'elle eft , ni quel eftfon nom. Les hommes & les femmes n'ontpour habillement que des peaux , foit de loups marins, foit de vigognes, guanacos, lou-tres ou loups-cerviers, qu'ils jetrent fur leurs epaules. La plupart ont la t^te nue. Une peau d'oifeau emplumee couvre leur nudite. Les hommes fe nomment Pach-pacheve^Xts femmes Cap-cap. lis ontappris ces nonis en montrant leurs perfonnes , & enfuite leurs parties qui diftinguenr le fexe. lis font maigres les uns & les autres. Leurs canots font mal fairs en compa-raifon de ceux des Sauvages du Canada. Ce font les femmes qui rament & qui pe-chent.lls ont beaucoup de chiens,fembla-blesa des renards.Ils lesappellent ouchi^ & leurs canots Shorou. Le 4 lePacha-choui vint ä bord de la fregate,accompagne d'onze hommes.On le fit diner, & on donna aux autres du bifcuit& un morceau defuif: pour boiffon trois peintes d'huile de loup marin. Iis bwem tous & mangerent d'un grand ap. petit. On habilla enfuite le Paclia-choui; fur le Detroit de Magellan. 115 en donna quelques bacratelles aux autres, enfuite on les fit porter ä terre. ^ Le 6 tous les Sauvages, contens de la reception qu on avoit faite ä leurs cama-rades, vinrent dansquatre canots faire vi-fite aux Frangois, inais comme ilsavoient grand feu dans leurs canots, on ne Youlut pas les laifler aborder ; ce qui parut leur deplaire. On leur fit porter du biicuit & de I'huile j enfuite on les renvoyaapt^s leur dine, fans leur en dire la caufe. Le 8 les Sauvages commencerent ä importuneriesFran^ois. Iis volerent dans lattelier plufieurs baches , delaviande & des hardes. Comme ils paroiffoient enclins au vol & ä la furpnfe , on prit le parti de ne laifler coucher perfonne k terre, &. de faire empörter tous les foirs les uften-ciles & les outils. Le 9, les Sauvages noiis volerent encore des Harpens, des baches, des coins de ter & des niaffes. On en porta des pLiin-tos au Pacha-choui; mais les reprefenta- ' tions furent inutiles. Alors on leur fir entendre de ne pas recommencer s'ils ne vouloient pass'expofer ä etre maltraites Leur bateau , qui la veille avoit tra- Hij verfe la baie , leur apporta un homme mourant, denviron 40 ans. Ileioitd'une maigreur inconcevable. Le 12 on entenditdescfischezles Sauvages. Trois de leurs canots, charges de beaucoup de femmes & de quelques hommes, vinrent alors ä bord. On cur . fit donner quelques morceaux de pain & de rhuiledeloupsmarins, qu'elles mirent en partie dansuneefpece de boyau, ap-porte expres, & burent le refte. On ne voulut pas les laifler monter ž bord, vu qu'iis font de hardis voleurs, & qu'ils avoient grand feu dans leurs canots. Ce jour-lä , contre Tordinaire , le hommes n etoient pas peints: quelques-uns feule-ment I'etoient de noir, & paroiflbient efiroyables. Les femmes etoient toutes matackees de noir , avec le vifage & la ^orge enfanglantees , paroiflant s'etre egratignees avec des epities. Quelques jours apres M. Duclos alia vifiter les Sauvages , & n'ayant plus ap-^er^u le malade, il leur demanda ce qa il etoit devenu. On lui fit entendre qull etoit mort. Les cris qu'on avoit entendus le jeudi matin etoient apparemment le fur le Detroit de. Magellan. t if figne de leur deuil. lis paroillbient tous ires-affliges,& etoient touspeintsen noir, contre leur ordinaire, & les femmes egra-tignees, comme li on les eüt dechirees avec des epingles. On remarqua parmi eux un grand regret pour le mort. Qu'en avez - vous fait, leur dcmanda M. Du-clos par figne ? Point d'autre reponfe ^ C(ue d'elever leurs mains vers le del, & ilsrepeterentplurieurs fois le meme figne, |3eut-etre pour faire entendre que le de-runt y etoit: d'ou on peut conjeöurer qu'ils croyent une autre vie apres celle ci. lis ne voulurent jamais dire ce qu'ils avoient fait du cadavre. On croit qu'ils I'avoient tranfporte dans Tun des canots qui avoient double la pointe de Sainte Anne. Le 1 (>, on apper^ut deux canots de Sauvages venam k bord , & tous les au-tres fortant de la bate. M. Duclos fe mit datis le fien avec du pain & de Fhuile. En approchantd'euxil leur fit figne de le fui-vre k terre; ce qu'ils executerent tres-promptement. On leur donna du pain & de l'haile.lls avoientleveleur camp: ceux qui y etoient encore ramaffoient le refte. Hiij ■■ Ohfirvanons Iis firent entendre qu'ils alloient hablter ä une lieue de lä, dans une des petites baies qui font au nord de Sainte Anne, parce que les coquiltages devenoient rares dans l'endroit oü ils etoient. Le Pa-cha-chouietoit dans undes deux bateaux; il vint remercier les Francois, & lespre-venir de fon depart. On jfe hazarda alors ä lui demander il quelqnes-uns de (es jeunes gens vou-droient venir faire le voyage avec les Francois , en lui faifant entendre qu'on les rameneroit dans un an. Le Sauvage repondit par fignes qu'it y confentoit i & auflitöt il en prefenta un , qui parut tres-content de fon depart. On I'habilla , & on s'empreffa de le traiter avec toutes fortes d'egards. Lelendemain,i7 Sauvages venant par terre dune petitebaie, vinrent voirleur camarade. On fut au-devant d'eux , & on leur donna du pain & de Thuile pour leur dejeune. Sur le point de notre depart, un autre Sauvage demanda de venir ä bord , pour y refter avec fbn camarade , & M, Ducios y confentit. Vers les 6 heures du foir, on apper^ut fur k Detroit de Magelkn. 119 que les aeux Sauvages etoient triftes juf-qu'h pleurer, & regarcloient toujours h terre. On n'eut pas de peine ä deviner la caufedeleurchagrin.Malgrerenviequ'on avoir de les emmener , dans Tefperance de tirer d'eux quelque eclairciffement pour la fuite , on prit le parti deles renvoyer , & de leur rendre une liberte qu'ils pen-foient fans doute avoir perdue. On les fit embarquer dans le canot , & condiiire h terre. lis monrrerent beaucoup de joye en y defcendant, & fe häterent d'aller joindre leur famille. Le lendemain d-antres Sauvages vin-rent demander du pain 8c de I'huile. On leur en fit diftribuer, & ils aiderent ä charger la chaloupe. Sur les 4 heures apr^s-niidi ils quitterent les Francois, en leur faifant entendre qu'ils alloient dor-mir, parce que la lune paroifibit. lis pro-mirent de revenir, &deramenerlesdeux jeunes gens qui avoient ete ä bord. A peine M. Duclos etoit-il de retour qu'il cntendit deux coups de fufil; fignal dont les Francois etoient convenus pour demander du fecours , en cas que Ton fut attaquepar les Sauvages, On fe doutabien Hiv qu'ilsetoient alors aux prifesavec eux. On fit armer les bateaux , & on fe häta de defcendre : mais il etoit trop tard la ba-taille etoit gagnee, & les Sauvages en deroute. Void le fait. Vingt ou vingt-cinq Sauvages etoient de{^ cendus fecretementpar le bois, derriere I'artelier, & trois entrerent precipitam-jnent dans la cabane des Francois. Ceux-ci croyant appercevoir en eux quelque mauvais deffein, fe mirent ä la porte de la cabane, pour empecher les autres d'entrer. Alors les Sauvages voulurent forcer I'entree, & ne pouvant le faire , ils fti jetterent fur ceux qui les gardoientjles uns les ßiifirent aux jambes j pour les faire tomber , & probablement pour les lier , car ilsetoientmunis de grandes courroyes en forme de lacs, ayant au bout un dard dun OS endente, d'environ 6 pouces. Les autres s'efcrimoient avec de gros batons, tes Francois , quoique furpris d'une fi prompte declaration de guerre , neper-dirent point la tete, lis fe munirent de leurs fabres, firent main-balfe fur leurs ennemis, & renverferent tous ceux quife rencontrerent devant eux^ ce qui mit les fur le Ditroit de Magellan. i 21 Sauvages en deroute. LesEuropeens n'e-toient cependant que fept contre vingt-cinq : trois Sauvages refterent morts fur lechampdebataille, & il y cut plu(ieurs blefTes. Trois Francois le hirent auiTi. Le 20 on envoya la chaloupe pour en-terrer les trois Sauvages dans une meme foffe. On mit delTus leurs peauxou man-teaux avec leurs fouliers, apres y avoir eleve un tertre , afin que les autres Sauvages puffern reconnoitre le monument, & qu ils ne penfaffent pas qu'on les avoit manges. Le 22 M. Duclos termina fes obferva-tions, & quitta le detroit de Magellan, C H A P I T R E 1 V. Nouvelles dkouvenes de M. de la Giraudaisj fur les Patagons, IL feroit utile de comparer la relation qu'uti desOfficiers du vaiffeau du Ca-pitaiiie Byron a fait imprimer au fujetdes Patagons geans, avec ce qui en eft dit dans I'extrait qu'on va lire du Journal deM.de la Giraudais, qui a fait un plus long fejour avec ces Patagons, que n'om fait les An-glois.Cetrecomparaifonprouvera auxj>er-ionnes incredules, & ä ceux qui out trop d'amour propre, pour vouloir paroitre feu-lenient ignorerce qit'ils n'ont jamais ap-pris, ouqui, parceprincipe, fe font un devoir de nier tout ce qu its n ont pas vu^ qu'il exifte neanmoins une race d'hommes dont la grandeur & Tenormite du corps appren-nent k ces incredules vains & fuperbes, qu'ils fe trouvent reduits ä n'etre que les moins petits dans la clafle des nains. M. de la Giraudais partlt des llles Ma-louines fur la flute du Roi I'Emle, de com- fur Ic Detroit de Magellan, 12.3 laCTnie avec M.Dnclos, qui commandoit a fregate I'Aigle, Nous alloiis le faire parier, pour varier un peu le ilyle de cet Ouvrage. Oes le 4 de Mai, nous appergumes du feu fur ia cote Magellanique: aprcs nous en etre approches, nous avons apper^u des hommes au nombre de fept, & des chevaux avec eux. Nous n'avons pu diiHn-guer s'ils etoient nuds ou vetus. Quand ils ont vu que nous avions d6paffe I'endroit oil ils avoient fait leurs feux, ils nous ont fuivi le long de la cote, montes fur leurs chevaux, & ayant des chiens ä leur fuite. Voyant que nous pourfuivions notre route ,ilsont fait des oris, mais nous n'y avons pu rien comprendre. Le vent & la maree nous etant favorables, nous avons perdu de vüe les Patagons. Le ö, nos lunettes nous firent decouvrit d autres Sauvages alors nous mimes nos canots en mer & nous envoyames quinze hommes fur le rivage; lesPatagons etoient au nombre de fept. lis ont fait dans leur langage, un compliment ä nos gens. Les notres n'y ont rien compris ; mais ils ont cru appercevoir fur leurs vifages, & dans leurmaintien, une fatisfafliondelesvoiVi Apres les premiers complimens, ils ont mene nos gens ä leurs feux, Ay ant examine les Paragons h leur aife, ils les ont trouves de la plus haute taille : le moins grand avoir au-moins cinq pieds fept pouces de hauteur, & leur quarrure ä proportion etoit encore plus enorme, ce qui faifoit paroitre leur taille moins gi-gantefque. Ils ont les -membres gros & nerveux, la face Lirge , le teint extr^me-ment bazane, le front epais, le nez ecrafe & epatte, les joues larges, la boiiche grande, les dents tr^s-blanches, & bien fournies, les cheveux noirs; & font plus robuftes que nos Europeans de meme taille. Les mots qu'ils ont prononces font: Ec/iourfl, Chaoa, Didon^ahi ^ nhi, ohi^ Chovtn^ Quecalle^ Machaii^Nancon, P no. Ce font les feuls qu'on leur ait entendu dire, pendant que nos gens fe chauffoient avec eux. M. de Saint-Simon , Officier, embar-que avec nous aux Ifles Malouines, par ordre du Miniflre, pour leur faire des prefens, s'ell tres-bien acquitte de fa com- fur le Detroit de Magellan, 11J mifllon (a). II leur a donne des harpons, cafle-tetes, couvertures, bonnetsde laine, vermilion, & ce que Ton a cru qui pouvoit les flatter le plus. lispnt paru tres-fenfibles ä ces attentions. lis font vetus de peaux de guanacos, de vigognes, & autres coufues enfemble, en maniere de manteaux quarres, qui leur defcendent jufqu'au-deflbus du moUet pres la cheville du pied. Us ont auffi des efpeces de guetres ou bottines, des monies peaux, le poil ou la laine en dedans, ainft que leurs manteaux, qui font tres-bien coufus, en comparrimens fyninie-trifes,& peints fur le cote oppofeä la laine, en figures bleues & rouges, qui fembleut approcher des carafteres chinois, mais prefque tous femblables, & föpares par des lignes droites, qui forment des e^je-ces de quarres & de lozanges (I). lis ont des manieres de chapeaux ornes de plu-. (a) M. laRonde de Saint-Simon eft ne au Canada , <1 y a 6te ilevi , & a fervi avec les Sauvages, dont il connoit les moeurs & les ufages. II a pres de cinq pieds dlx pouces de haut, & une quarrure proponionnie. (i>) M. de U Giraudais re^ut en prtfent de ces Paragons , lorfqu'ilks vifita en retournajM aux Ifles Malouir 12.6 Ohf&rvanons mes, enfa^on cle nos pliimets. Quelques-uns de ces chapeaux reffemblent prelque ä des toques Elpagnoles. Plufieurs de nos gens ont ete ä la chaffe un peu au loiny ont tue quelques per-drix, & vu des carcafles de vigognes. Le pays qu'ils ont parcouru efl inculte , ftč-rile & aride. On n'y voit que des bruye-f es, & peu de foin. Les chevaux des Sauvages paroiflent tres-foibles: mais iis les manient avcc beaucoup d'adrefle. Les Paragons ont fait des prefens k nos gens qui revenoient de la chaffe. C etoient des iierres rondes, de la grofleur d'un bou-er de deux livres. Elles font ajufiees dans line bände de cuir attachee & coufue au bout d'un cordon de boyaux, trefl'e en facon d'un cordon de pendule. Celt un lac, ou efpece de fronde, dont ils fe fer- nes , plufieurs de ces manteaux, quelques-uns de leiirs aiTommoirs , quelques lacs aTinis de pierre, & des colliers de coquillages de leurs fenimes. II apporta ces prefens k Paris, je les y ai examines ä loifir j & quoique j'ale cinq piedsfept pouces & quelques lignes de haiueur, un dc ces manteaux mis fur mes epaules, conime ks Pata-gons les iiiettent.trainoit au-dela de mes talons au-moins d'un pied & dcmi. far le Detreu de Magellan. 117 vent tres-aclroitement pour tuer les ani-maux ä la chaffe. Au bout oppofe ä celui oil eft la pierre ronde, eft une autre pierre plus petite de moitie que Tautre, & cou-verte dune efpece de veflie, qui la joint bicn par-tout. lis tiennent cette petite pierre dans la main, apres avoir paffe la corde entre les doigts ; & ayant fait le niouvement du bras, comme pour la fron-cle, ils lachent le tout fur I'animal, qu'ils atteigiient & tueiit jufqu'ä quatre cents pas. Les femmes ont un teint beaucoup moins bazane. Elles font aflez blanches; d une taille cependant proportionnee ä Celle des hommes; habillees de meine d'un manteau, de brodequins, & d'une efpece de petit tablier, qui ne defcend que jufqu'ä la moitie de la cuifle. Elles s arrachent fans deute les fourcils; car elles n'en ont point. Leurs cheveux font arranges en face: elles n'ont point de chapeaux. Ces Paragons ne connoiffent pasla paC fion de la jaloufie, au-moins doit-on le prefumer de leur conduite ; puifqu'ils en-gageoient nos gens ä palper la gorge de leurs femmes & de leurs hlles, & les fai- foietit coucher pele-meleavec eux & avec elles. On leur a donne du pain, qu'ils ont mange, & du tabac ä mächer & ä fumer. A leur maniere d'en faire ufage, on s'ap-percevoit bien qu'ils n'yetoient pasneufs. lis n'ont pas voulu boire de vin. Au bout de cinq ä fix heures ecoulees avec eux , ils fe familiariferent davantage. lis efoient fort curieux, fouilloient dans les poches de nos gens j vouloient tout voir, & les toifoient de la tete aux pieds. On a monte leurs chevaux, qui ont bride J feile & etriers. Iis fe fervent de fouet & d eperons j & paroiflbient con-tens & fatisraits de voir monter nos gens fur leurs chevaux. Quand j'aifait tirer un coup de canon, pour rappeller nos gens, ils n'ont montre ni emotion, ni furprife. En les quittant, ils ont fait beaucoup d'inf-tances pour que Ton reftät avec eux; & donnoient ä entendre par leurs fignes , qu'ils donneroient ä manger, quoiqu'ils n'euffent rien-la; mais qu'ils avoient des leurs ä la chafle, qui ne tarderoientpas k revenir. On leur arepondu egalement par fignes, que Ton ne pouvoit pas refter: en effer fur le Detroit Jč Magellan. 119 efFet nous appareillames a rinllant; apres avoir fait quelques Heues nous renconträ-mcs iur la cote deux troupeaux de vigognes de trois ou quatre cens chacun , & n'en pumes tuer qu'une, d'un coup de fu-ä balle. Je tuai auffi une Bae puante, que je laiflai kcaufe de fa puanteur. Je tirai encore furunloup. Maistous ces animaux font tres-fauvages, & ne fe laiffent pas approcher. Le 3 o, les Sauvages firent des ctis pour nous appeller. Je fis mettre canots & cha-loupe ä la nier, avec des prefens & du inonde bien arme. Defcendu ä terre, jV trouvai environ trois cens Sauvages, tant hommesquefemmes & enfans. Ne comp-tant pas en rencontrer un fi grand nom-bre , il fallut retourner äbord, chercher d'autres prefens. Le lendemain le vent ay ant eloigne le ca-not du rivage, l'inquietude de le perdre prit nos gens. Les Sauvages s'en etant apper-cus,un d'entre eux, qui etoit ä cheval, pi-quadesdeux,entradanslamer,&ailalur fon cheval chercher ä la nage notre canot. II le ramena ä bord, & le prelenta ä nos gens. En aurions-novis fait autant pour To!?2e II. I eux, nous qui nous piquons de poIitefTe,' de civiiite, d'humanite & de bienfaiJan-ce , & qui traitons de Sauvages ces Pa-tagons ? A fept heures du matin, la chaloupe porta ä terre Je refte de nos prefens, ik. ramena ä bord treize de nos gens, qui etoient reftes, depuis le matin de la veil e, avec les Sauvages. Iis nous dirent que ces geans Paragons leur avoient fait toures lortes de politeffes ä leur fagon , & leur avoient donne toutes les demonrtrations de I'amitie la plus fincere ; jufqu'ä les en-Tager de coucher avec leurs femmes & eurs filles: Qu'ils leur avoient donne de la viande de guanacos, plufieurs de leurs manteaux, de leurs efpeces de frondes ou affommoirs, & des colliers de coquil-lages. lis m'ont aulli fait prefent de douze chevaux ou jumens, que je n'ai pu con-ferver , faute de fourrage. La politefTe qui a paru le plus ä charge ä nos gens, a ete ceile de coucher pele-mele avec ces Paragons, qui fouVenr fe mettoient trois ou quatre fur chacun des nötres, pour les garantir du froid ; en forte que leurs fufils leur devenoient inu- fur le Detroit de Magellan. i 3 1 tiles. lis n'auroient eu d'autre reffource que dans ieurs coiueaux; mais quelles armes pour fe defendre contre cinq ä fix cens, rant hommes que femraes ou enfan«, & tous proportioiinellement dune taille enorme, pour la hauteur & la grofleur ! Chaque homme ou femme, a un ou deux chiens, & autant de chevaux avec lui. lis ^aroiffent d'un caratl:ere fort doux, & tres-lumain. On pourroit aifement faire avec eux la traite de ces chevaux, qui revieti-droient k tres-bon compte; & celle des peaux de vigognes, dent la laine ell: ß efH-mee & fi chere en Europe. Celle des gua-nacos eft aufli excellente, quoique moins fine. Nous rentrames dans la baxe des Mes Malouines avec le meme bonheur que nous en etions fortis. ■'Is - iji-z tt? 'itr- ■ er-;,. - - rs^'.-^--:. f r! OT A > ■■ ~r j^? .i JOURNAL D U VOYAGE DE DOMPERNETTY, AUXISLES MALOUINES. E Journal eft ecrit en faveur ty^ST^^:^! quemoi. Les details oü je fuis entre ne feront pas agreables fans doute aux gens du monde; mais ils feront re^us avec tranfport par les hommes de mer, ä qui ils epargneront de fauffes routes, des allarmes, & peut-etre des naufrages. Le 8 de Septembre 17Ö3, le vent s'e-tant montre au Sud-Oueft, les ordres fu-reiu donnes pour defaffourclier, ce que nous fimes ä une heure apres minuit ; & lüj Ton appareiUa fur les 6 heures| du matin, ies vents continuant bon frais. Nous avons fait route le 9, & aprcs la pafTe du Decolle, le vent ay ant tourne au S. O. & de plus en plus k I'Oueit, h me-jfure que nous approchions du cap Frehel (a), nous avons mouilte fur le inidi. La corvette /e Sphinx a fait la meme manoeuvre que'nous, & a mouille ä N. N, E. environ deux Cahlures. Nos deux fregates fe trouverent alors dans le meine niouil* läge 0Ü fe placerent les Anglois dans I'af-faite dc Saint-Caftjou ils furenr ii maltrai-tes dansleur defcente. Ce mouillage n'ert point du tout affure, & beaucoup de na-vires y ont peri. Les vents d'O. S. O. & d'O. N. O. ont regne le i o & le J i avec beaucoup de violence : il a tombe de la pluie & de la ^rele ; ce qui nous a oblige d'amener nos aaffes vergues & nos mats de hune, & de fraichir de temps en temps nos amarres. ( Sur les deux heures, la corvette Ic Sphinx, qui etoit plus a I'Eft que nous, a reveille notre attention, en mettant pavilion blanc aumät de mifene, ce quietoit un fignal convenu de connoifTance de Terre. Nous avons repondu de m^me , & nous avons reconnu que c etoit I'lfle de Palme, la plus feptentrionale, & la plus occidentale des Hies Canaries. Elle nous leftoit ä I'Efl-Sud-Eft du compas, & nous paroiffoit, k environ 15 ou 18 lieues de diftance, telle qu'elle eft reprefentee dans Ja figure de la premiere Planche. JSous en decouvrions en meme-temps «ne autre plus au Sud-Oueft, prefentant ä-peu-pres la figure B. La connoiflaiice de ces terres a fervi i corriger les points pris & eftimes, & nous avons reconnu que nous etions ä environ 20 lieues plus OuelVque notre eftime. Le vent avoit regne ä I'Oueft jufqu'ä onze heures du loir, le vendredi 14, avec vin temps nebuleux, & un peu de pluie : il palTa enfuire au N. O. & au N. N. O. julqu'au N. N. E. bon petit frais; par fois quelques petits grains jufqu ä midi que la latitude du relevement etoit 28=36. Latitude eftimee 17=21. obfsrvee 17=20. Longitude du depart 21 =30, ou du point de relevement. Longitude eftlmee 22=1. Cliemin eftime 3 2 lieues Variation efti-mee N. O. 11 deg. Jufqu'au midi du 16, les vents ont tou-jours varie du N. E. au N. O. paflant par le N. mais petit frais. Latitude eftimee N. 26=0, oblervee 25=56. Longitude efti-mee 22=12. Chemin eftime 24 lieues la route a valu le S.^ S. O. 1 deg. S. variation eftimee 10=30. N.O, Au lieu de vents alizes, ils ont toujour^ varie du N. O. ä I'O. S. O. bon frais; par fois quelques grains, & de la brumaille, Sur les trois heures apres-midi, nous avons fait fignal ä la corvette leSphinx, que nous Kiij i^o Journal duV^oyage allions continuer notre route ä bonnes voiles ; ce que nous ii'avions pas encore fait depuis noii'e departafin tie ne pas nous feparerd'elle. Le Sphinx narchoit beau-coup moins bien que nous , & avoit retarde nocre route au - moins de cent lieues. Nous ii'avions pas voula nous en feparer plutot, pour nous preter un fc-coürs mutuel, en cas que nous euffions rencontre les Saletins. Aftuellement que nous fommes hors des parages oüils croi-fent J nous av.ons pris !e parti d'aller de-vant pour arriver plutot au rendez-vous " du lieu de relächej afin que tous les rafrai-chiffemens donr le Sphinx pourroit avoir befoin, fe trouvent prets ä ton arrivee, & que notre fejour n'y foit pas prolonge. Apres que le Sphinx a eu repondu ä notre figna , nous avons mis quelques voiles de^plus au vent, avec bon frais, & fur les fix heures du foir, il nous reftoit der-riere trois lieues au moins. Au coucher du fölei!, nous avons trouve 13 degres de variation. Le 1 7j nous perdimes de vue ie Sphinx, ^ fuivant I'eftime Ja latitude eroir N. 24 longitude 22.=! 4 , latitude obfer-. vee 14=18. Ciiemin eftime 3olieu€Sy:ia route le S. 5=30 E. ' -v Le 18, !e vent ayant change de TO. Ä O. au S. S. O. tres'petit/rais, avecim temps brumeiix & une mer houleufe^., le venant tres-gros du Nord, uivaiuj:^ Houl prefqu'aufii gros vetiant.de "löus avons ete toute la tie de lanult., l'amure äfmbord. tremoitie ä basbord; ce quj acominuejair qu'a midi, que l.a route a vakie.Si Ov.-rj .0. Latitude eftimee N. fervee 24= 16. longitude > Chemin elliime 7 lieues. „-z-hlulo 'aJ' Vers les cinq heures apres-midi dU.l noua avons vu quantite de poiflbns vor lans, & deux gros oi^eau^'^ Le venta regne du S. O. au S. S. E. paffant parieSu^ petit frais yavec beau temps, maisia mi>> toujours agitee' du gros houl, venant da Nord, cependant un peu moins fort qu'hier: ce qui nous a contraint de prendre notre route l'Oueft, für les quatre beures apres-midi^ i , Depuis !e matln du 19 lufquä midi, ia iTicr a continuß d'Cnre hauleiHe, & nous ayons fait m^'Uic toute,. avec ua vem fi Kiv "151 Journal du Voyage foible que, dans les 24 heures, nous n'a-vons fait que 16 lieues. Latitude eftimee N^ 24=6, obfervee 24=:! o. Longitude ^3=25. Route I'O. i S.O. Le 20, apres tous ces gros houls, le vent af regne de I'Oueft-Sud-Oueft au S. S. O. Ü petit frais J que le calme a fuccede, d^s le matin du Jeudi 20, avec un peu de pluie par orage. Sur les huit heures, le vent a pafle ä l'O. & O. N. O. jufqu'ä midi que la route S. S. E. 4 deg. S. Latitude ^ftiipeeN. 23=5 o^oblervee 23=5 2. Longitude 23=17. Chemin eflime 7 li- Ces calmes, & ces vents toujours variables & foibles, he nous promettoient pas une courte traverfee. Nous commen-cions' tous ä nous impatienter de ne pas . voir regner ces vents alizes, fi commodes & ß defires. M. de Bougainville fur-tout fe recrioit fur ce que las Navigateurs di-fent que ces vents ne manquent jamais dans ces parages. Puifque nous faifions i'experience du contraire, il feprometroit bien de donner, de retour h Paris, un Memoire ä 1'Academic des Sciences, pour prouver la non-exiftence de ces izes i du-moins le peu d'efperance vens a que IcsNavigateurs doivent avoir de leur exiftence habituelle. Sur le foir, le vent a change dii Nord-Oueft, ä I'Eft-Nord-Ell:, avec un del tres-ferein; mais le calme a continue, & la furface de la mer etoit comme celle d'unetang agite par le vent le plus leger; ce qui a perfevere jufqu'ä midi de ce jour. Le II, latitude eftimee 25=7, obfer-vee 13=7. longitude eftimee 23=28. Chemin en route S. 7 S. O, i deg. 30 m. O. 15 lieues J, Le foir, le vent a tourne au N. E. & enfuite ä I'E. N. avec un bou frais, & une mer fort belle. Le 22, latitude Nord eftimee 2i=:2i, obfervee 21=23. Longitude 23=57- Chemin cingle 36 lieues Route S. ^ S. O. 3tO. Au coucher du foleil la variation s'eft trouvee de 8 degres 30 min. Le 23, continuation de vent de I'E. N. E. au N. N. E. ce qui nous a fait faire bonne route au S. ^ O. i deg. O. Latitude eftimee 19=36, obfervee 19=34* Longitude 24=22. Chemin 36 lieues f. Variation obfervee occafe 9=3 o N. O. Le 14 , nous avons enfin trouve les 154 Journal du Voyage vents alizes, ils font compris fous les noms de tous ceux qui roufflent depuis le SudSud Eft jufqu'au Nord-Nord-Eft inclufi-vement, en paffant par I'Eft. Ce font les plus favorables pour la navigation des vaifTeaux qui partem d'Europe pour I'A-merique meridionale, les Ifles fur & fous leventj & Golfe du Mexique. Par ces vents nous avons fait route au S. S, O. & nous nous fbmmes trouves ä midi par latitude Nord eftimee 17=44, obfervee 17 =47. Longitudeeftimee 24=51- Chemin en route 38 lieues. Route S. ^^ S. O. 3 de-gres O. L'apres-midi, mcmes vents du N. N. E, ä I'E. N. E. bon frais, la mer belle, quoi-qu'un Dou houleufe, beau temps, toutes les voi es hautes, bonnetres haut & bas, jufqu'ä ce matin. Le 2.5 , fur les huit heures, nous avons eu connoiffance de terre ä ftribord. A nidi, on a juge que cette terre etoit I'Ifle de Bonne-Vifte, ouBonne-Vüe, nommee fur les Cartes Bonavifla, Tune des Ifles du Cap-Verd, fituee auNord Eft de celle de San-Jago ou Saints Jacques, la plus grande & la plus peuplee de toutes. L'Ifle de Aux Isles Malouines. Bonne -Vifte nous reftoit au N.O. ä net:f lieucs ou environ. Sa forme, dans noti e pofition ä Ton egard, nous a paru telle qu on la voir 1.7%. 9. Latit. N. elHmee 15^46, obfervee 15=43 .Long, ciiimee 25=22. Chemin eftime 41 lieues Route S. i S. O. 3 deg. O. II a paru alors que nous etions pres de 20 lieues plus Ell que leftime. Longitude du relevement 23=39. Variation N. O, 9 degres. Alors les vents ont regne du N. E. au N. N. E. bon frais, avec beau temps, ce qui nous a facilite la connoiffance d'une autre Ifle du Cap-Verd, fur les qaatre heu-res de I'apres inidi. Le z6, rifle de May, nommee dans les Cartes Iße de Mayo \, nous reftoir, la pointe la plus Sud au S. O. \ O. la pointe la plus NordO.-| S. O. du com-pas, & nousparoifloit comme la figure lo de la Planche L la prefente. On a gonverne alors au Sud - Sud-Oueft. Hiera midi, I'obfcrvation faite avec le quni t de nonante, a donne 15=4- > quelle rcpond tres-bien au relevement de i'lüe de ßonavifte : cc point nous met par la longitude de 23=30, ce qui fait une difference ä ro. deg. I =4 3. Latitude N. eili-mee 13=43 ,obfervee 13=42-Variations d.N.(3. Longitude 14=14. Cheminefti-me 4} lieucs. Route S.S. 0.3 deg. i S. Toute ia nuit du 27 ii a fait des eclairs, ce qui nous mena^oit d'orage pour !a inatinee i mais nous en avons ete quittes pour un temps fombre, une mer groffe', & uii grain ä dix heures & deinie. A peine ce grain a-t-il ete paffe, qu'il s'ed eleve un orage äl'E. S. E. dont !a menace nous a contraiut de ferrer nos bonnettes, d'amener, & de carguer nos hnniers Sc notre grande voile ; mais fa durce a ete tres-courte. A midi, on ne put prendre hauteur. Route S. 3=15 O. Latitude N, eftimee 11 = 17. Longitude eftimee 24 4. Chemiu 48 lieues|. Variation efti-mee 7. N. O. Vers les trois heures apres-midi, nous avons pris une Bonite^ qui pefoit qua-rante livres. Les vents ont regne de I'E N. E. au N. N. E. petit frais, le temps tou-jours fombre, avec un peu de pluie, la mer alTez belle, & nous avons tenu la route du S. | S. O. jufqua aujourd'hui Aux Isles Malouines. 157 raidi. Elle a valu le Sud 3 = 15 Oueft. Le 2.8, latitude N. eilimee 9=46, longitude 24=40. Chemin 30 1. f. Le temps Ibmbre & couvert qui avoit empeche de prendre hauteur, sell eclair-ci par un orage accompagne d'une pluie abondante, qui a dure depuis midi jufqu'^i deux heures & demie. 'Alors le vent a pafle au N. O. petit frais, enfuite au N. & N. p. fur les cinq heures & demie, que I'orage a recommerxe au S. E. Nous avons cargue & ferre le fond de nos huniers, & i}ous fommes reftes en cape fous le petit foe. 11 a vente grand frais, & il ell tombe force pluie, accompagnee de beaucoup d'eclairs, mais de peu de tonnerre. Le calme a fuccede fans ceffer de pleuvoir , jufqu'ä dix heures & demie du foir, qu'ij s'eft eleve un vent de N. O. il a paiTe par le N. au Nord-Eil:. Les eclairs out continue dans le Sud-Eft , touie la nuit. Toute la matinee du Samedi 29, a ete fombre , & k midi nous avons eiKme la J^utele S. 5 deg. O. Latitude N- 9=7> Longitude 24=44. Chemin 13 lieues. ^ Continuation d'orage & de pbie apres-iTiicli ,ce qui nousafait tcnir en cape, tou- Journal du Voyage tes les voiles carguees. Vers le foir, le cal-me a luccede , enfuite un tres-petit frais depuis le N. N. E. au N. O. qui a paffe a\i S. E. par le N- Nous n'avons cependant pas quitte la route du S.}S. O. & Ic temps a he fombre tome la nuit. Le Dimanche 30 au matin , le temps s'eft eclaird; lesventsont pafle, bonfrais, ä I'E. S. E. & pour en profiter nous avons mis les bontiettes haut & bas. Le temps devint beau fur les onzeheures, & äniidi la route corrig. S. ^ S. O. 2=15. S. Latitude N. eftimee 8=zi, obfervee 8=21. Difference N. 19. Longitude efiimee 25 =15, corrigee 25=^4. Cliemin 21 Ji, j. II y a eu quelques grains la nuit fui-vante, & nous avons continue notre route andre Guyot dans notre canot, pour donner avis de notre arrivee au Gouverneur de Montc-video, A une heure apr^s midi, il a fraichi de I'O. N. O. enliiite de i'O. Ces vents ontpafle en calnnoie toute I'apres-inidi , julques auN. E. paflant parle S. Nous avons leve notre ancre, appareille & fait route fur le mont. Etant pr^ts de mettre dans la baie fur les quatre heures & demie , le C'apitaine: d'lin navire Efpagnol , nomme /a Sainte-Ba'be , eft venu ä notre bord , de la part du Gouverneur,pour nous faire offrede fervice, & nous piloter. Sur les cinq heures, nous avons mouille dans larade, plus en dedans que !e navire Efpagnol, & ä trois braffes, fond de vafe ; apres quoi nous avons falue la citadelle de douze coups de canon,qui nousont ete rendus coup pour coup. Voici les marques du mouillage ; lä Nij mont ä Ouell j Nord-Oueft j deg. N. Le clocher de l'eglife la plus haute ä l'E. S, E. La pointe du moulin , aiitrement la poince du dehors, au S. E. ^ S. L'Ifle aux Francois, qui eft au fond de la haie , & fur laquelle il y a uiie maifon , au N. O. du compas. Le premier de Janvier 1764, nous vimes mouiller pres de nous la corvette leSphynx, dont nous etions feparesdepuis plus de deux mois: ce navire avoittouche fur un banc nomine les Abrolhos, dans le temps qu'il penfoit en etre encore eloi-gne de 30 lieues: heureufement la röche etoit de pierres pourries, & le Sphynx fe degagea. Quand nous nous fumes repofes aflez long-temps de nos fatigues ä Monte-video , nous en partimes. Le 1Ö de Janvier, ä trois heures du matin, le vent, qui pendant une dixaine de jours, avoir conitamment regne du Sud-Ed, a paffe au Nord, petit frais. Nous en avons profite pour deiaffourcher. On a mis h pic fur la feconde ancre, em-barque la chaloupe &: les canots , dont Aux Isles Malouines. 197 Tun avoit porte k terre le fieiir Sirandre , Lieutenant , charge d'une lettre de re-mercimens de la part de M. de Bougainville , pour le Gouverneur. A neuf heures nous avons mis ä la voile, ainfi que le Sphynx & la fregate Efpagnole la Sainte Barbe, que nous avons dcpafle en peude temps, quoiqu'elle eiitaumoins deux grandes lieues & demie d'avance. On "a gouverne au S. E. f S. une demi-lieue, environ autant au S. E. puis fait route au S. E. ~ E. pour doubler la pointe des Charrettes. Cell une chaine de rochers au S. O..de la fortereffe , qui s'e-tendent pres d'une lieue en avant dans la riviere. Lorlque nous avons mis ä la voile, le vent etoit au Nord-Oueft , aflez bon frais. II eft tonibe peu-iVpeu, & le cat-me a fuccede au point qu'ä trois heures & demie apres midi le navire ne gouvernant plus, on a mouille par les fix braife & demie d'eau, fond de vafe. Nous avions le Morne ou Mont de Monte^video al'O. N. O. & riüe de Flore au N. E. ^ E. du compas. Le Sphynx a mouille fur notre arriere k une bonne portee de fufil, ainfi Nii; 19^ Journal du Voyag e qne h Saiire Barbe. Pendant le calme , nousavons pris crois beaux papillons, fur-touc un, dont on voit la figure FL VII. » 4. (O- ■ Notre mouillage clans la rade de Monte-video n'efoitpasabfolument mauvais, mais je penfe qu'il eut ete meilleur plus en dedans de la baie. Pendant tout le temps que nous y avons refte , nous etions tou-j ours fur le cjui-vive^ tant ä caufe du Pamperos , qui prend prelque toujours fubi-tement, que du vent Suct-Ell: au Sad-Oueft, qui donne en plein dansl'entree , & qui flüt tellenienr enfler les vagnes qu'elles ne permettent de laiffer ni ca-not ni chaloupe le long du bord. Nous etions obliges tons les foirs de les mettre fous lespalans.Pouravoir oublieunefeule fois d'y mette le petit caiiot,d nousechap-pa , & nous manquames il le perdre , comme je Tai dit ci-devant. Etantplus en (<3) Je le nommsl k Pcrrotfiiet , pai'ce que les coii-leiirs varices de ics atles un^rt-nt parfaitement Celles tin plus bean perroquet cUi Srčfil; fon corps eft dii plus buau vcfd marque dc I'oiine, dedans cle la baie, on a meme eau ä-peu-pres , meme fond , & on y eft ä Tabri du Mont d'un cote , & de la ville de Taurre. Desle foir ,ilyaeu grandeapparence d'orage , par des eclairs ties-vifs dans le S. O. & nous avions lieu de craindre le fe-Cond tome de la tempere des Maldona-dcs, qui avoit commence de meme. Mais ä huit heures du foir , une brife du N. O. s'eft elevee & s'eft fortifiee de maniere qu elle a eloigne forage de nous. On a fait les lignaux au Sphinx, & Ton a mis foas voiles, gouvernant äl'E. ^N. E. Le 18 ä minuit, nous avions fait environ 4 lieues. Sur les deux heures, le vent a paffe au Sud, enfnite au S. S. E. ä trois heures contraint de mettre en cap fous la mi-fenc pendant environ demi-heurc. Sonde plufieurs fois &trouve neuf brafles, puis dix, toujours fond de vafe ; a quatre heures, le vent etoitun peu tombe, & le temps eft devenu brumeux. A cinq heures, I'ora-ge s'eft eleve avec de la pluie, des eclairs & du tonnerre , ce qui nous a oblige de carguer. A fix heures remis fous voiles; Niv äoo Journal du Voyage les montagnes les plus ä l'Ert des Maldonades nous reftoient au N.N. E. du coin-pas, diftantes de cinq ou fix lieues. Nous avons enfuire fait route äl'E. N. E. & puis ii l'E. enfin ä l'E. S. E. A deux lieures apres-midi la pluie a ceffe, ie temps s'eft eclair-ci, & les montagnes des JVlaldonades fe fbntmontreestres-diftinftementjleMorne le plus ä TEft au Nord ponr nous ; llfle Lobos au N. E.^N. & N. Nord-Eft du compas, äfix lieues ou environ de diftan-ce ; duquel point eft pris celui dudeparr. Latitude du depart 35=30. Longitude }o. Lesmareesontporte fur le N. 12 min. Le 19, h minuit le vent a regne de TO. N. O. au S. S. E. petit frais, beau temps, la mer belle, gouvcrnant de S. E.^ E. k l'E. N.E. 4 d. Nord, depuis le dernier releve-ment la route valant au Sud-Eft. Chemin 10 lieues j;. Vers les trois heures apres minuit le calme s'eft fait fentir, jufques fur les fix heures que le vent s'eft eleve äl'O. N. O. petit frais & beau temps. Route alors au S. E, ä petites voiles, pour ne pas nous aux Isles Malouines. 201 eloigner duSphyux, A huit heures, goii-verne au S. £. S. & ä midi la route avalu depuis le relevement ie S. E. ^^ S. 5 cleg. S. 22 lieues La hauteur prife amidiayantdonneune affez grande difference, occafionnee fans deute par les courans aflez ordinaires dans les embouchures des rivieres; il a fallu corriger I'air de vent & le chemin. Latitude obferveeSud 3 5=48. Longitude eftimee 5 6—3. Route corrigee le S. E. -^S. 5 d. Sud. Chemin corrige 3 3 heues. Variation obfervee 14=30 N. E, Par les obfervations reiterees, tantdans la rade des Maldonades, que le long de la cote , allant k Monte-video , I'lfle de Lobos pourroit bien n'etre qu'i 3 5 degres fix minutes , & la carte Fran^oife la met h 35=30 m. ce qui peut aufliavoir occa-fionnela difference trouveeä midi. Avant obferve ce jour la le coucher da foleil, on a tjouve quinze degres de de-clinaifon Nord-Elt, que la plupart des marins nomment variation. Depuis le 19 ä midi, on atenu la route du Sud-Eft-quart-Sud tant quit a ete :»oC' fible, le vent ayant regne de I'Oueft au Snd , bon frais, mais avec une mer hou-leufe. Le 20 ä midi, la route a valu par efti-me le S. E. Chemin efrime 29 lieues. On s'eft appercu que les courans portent ail S. S. O. ce qui confirme la remarque portee dans la relation du Voyage de I'A-miral Anfon. Latitude ertimee Š. 37=13. obrervee37=i 4. Longitudecorngee 54= 57. Chemin corrige 3 3 lieues. Jufqu'."! huit heures du loir, il a fait tin vent de Sud tres-foible , qui tenoit du calme. Alors il a pafle au N. N. E. en calmioie. Les ma-rees nous ont portes 30 minutes au Sud ; il ell: ä croire qu'elles portent au S. S. O. comme le giffement de la cote. Le 21 ä minuit, le vent a regne du N. N. O. bon frais, le ciel ferein , & la mer houleufe. Ona tenu la route du S. ~ S. O. jufqu'a fix heures, que Ton a ete contraint d amener les bonnettes & de faire des ris dans les huniers, pourattendre le Sphinx. Nous avons onfuite gouverne au S. S. O. jufqu'ä midi. La hauteiir prife nous a donne une difference de 11 lieues plus que notre eftime; ce qui vient des courans. Route S. O. S. aux Isles Malouines. 1c3 ■4 deg. O.Latitucle eiHmee S. 38=12. ob-fervee 38=51. Longitude corrigt'e 47. Chemin eftime 2 5 lieues, coiTige 3 6, Du Noid-Nord-Oiieft Ic vent a regne ä rO. N. O. bon frais, jufqu'ä quaere heu-res du foir, Le Dimanclie 22 an matin, le vent a caliTie avec beau temps & la nier belle. N011Ü avons vii quanrite de Dadins , ( oi-feaux dc merque Ton trouve prefque dans tous les parages). La brume s'eitelevee du N. O. & il A fait qiiantite d cclairs dans la partie du S. O. a quatrc heures du matin. Le vent ell venu depuis le S. ä I'E. k differentes reprifes, cn petit calme, & comnie des jmf'esieulement, jufqu'a fepc heures, qu'il afraichi de N. O. & N. N. O. bon petit frais, jui'qua midi, que la route ' u par elHme le S. E. ^ S, z deg. 30 a va E. Latitude eflimee S. 40r::23. obferv^e ... 3' 3V0I1S vu quantity de gros oifeaux que Toa nomme A^outons , ou Qin'h-ante-hueßhs , & beancoup de Dadms, ainfi que quelques Aldons, que nos Marins nomment aufli Puans. Ces clerniers, clit-on, ne fe montrent gueres qu'il n'y air le jour m§me, ou le lendemain, un gros temps, & fou-vent des tempetes. En effet, peu de temps apres, le vent du S. S. O. qui avoit regne, a fouffle avec violence; la mer eft deve-nue gro0e, le temps brumeux, & de temps ä autre un peu de pluie. Sur les neuf heu-res du foir, nous avons fait le fecond ris dans les hmiiers; a onze heures, le troi-fieme ris dans la grande voile fur laquelle on a mis le vent pendant la nuit, pour at-tendre le Sphynx. Le 23 ä huit heures du matin, nous avons ferre le petit hunter, & appareille de nouveau k dix heures. A midi la route a valu par eftime le S. E. La hautevir nous a donne 15 minutes plus S. que I'eftime, & fachant que les marees portent au Sud, il a faliu changer I'air de vent. On a fonde , & point de fond. Air de vent corrige le S. O. ^ S. Latitude ellimee 41=^1'y, obfervee 41=4(1. Longitude eft. 56=21. Chemineftime 21 lieues }. La mer a ete grolTe toute Tapres-n-iidi, le teinps fombre, par un vent de S. Aux Isles Malouines. loy S. O. ä rO. bon frais. II a paru quantite d'oifeaux, & des bandes tres-longues, larges & bien formees de frai rougeatre de poiffons, fur le foir. La pluparr s eten-doient en longueur ä perte de vüe, & quelques-unes avoient environ cent pieds de large. Le temps s'eft cpure (eclairci) & il aunpeucalme. On a Ibnde, & Ion n'a pas trouve fond ä cent brafles de ligne. Le 24, au lever du Soleil, la variation s'eil trouvee de 19degres. Sur les fix hcu-res, vente grand fraisavecun peude pluie. On a fait les ris dans les huniers^ le reinps s'ert engraiffe ( devenu nebuleux, & I'air brumeux ) jufqu'a midi. La route a valu par ellime le S. 0.10.4deg. O, La hauteur a donne 30 minutes plus au Sud que leflime ; c'eft poiirquoi I'air de vent n'a valu que le S. j S. E. Latitude eftimee S. 42=^39, obferv. 41=9. Longitude 57 — y.Chemineftime 19lieuesY,corr, i^y.Le meme temps a contniue grand frais, tous les ris dans leshuniers. Nousavonsvuhuit ou dix baleines ou baleineaux, beaucoup d'oifeaux, & de I'efpece de goemon que nos Marias nommoient Baudreu. Sur les liuit hcures, on a lerre le petit hunier j ä dix hcures on la remis dehors, & defait un ris de chacun. Le mercredi 2 5, ä quatre heures du matin , l. vent n y voit fouftle que par grains, avec un pcLi de pluie, & a regne de TOiieft au Sud julquä neuf heuresqu'ilaretourne i rOueil. A midi, route corrigeeS. S. O. 1=30 S. La haiiteur a donne dix-neuf minutes plus Sud que TeiHme^ la route auroit valu ä-peu-i res ie Sud. Latitude eftimee Sud 43—34, oblcrvee 45=53. Longitude 56 =47. Cheniin eltiine 13 lieues, corrig^ 26 y. Julqu a cinq heures du foir, le vent a regne au N. O. grand frais , ce qui a obhgc de f:iire rous les ris dans les huniers. Le roulis a etc Ii conilant & li fort, qu'il a fau mourir un bouc, deux moutons & trois vachcs. Plulieurs autres en font malades, ainli que les chevaux que nous avons embarques ä Monte video. Le temps eft devenu fombre & plu-vieux. Sur les fix heures, le vent eft un )cu ron.be, & a pafle ä TOuefl, enfuite ä 'O. S. O. jufqu'au Sud, petit frais. La mer s'efl: auffi dreflee peu-ä-peu. Le 26 4 trois heures du matin, on a Aux Isles Malouines. 207 largue un ris de chaque liunier. A huit heures, oi\ a fonde, fans fond, ä cent-vingt braffes. On gouvernoit alors ä I'E. S. E. on a vire de bord. A inidi, la^ route a valu par eftime le S. S. O. 2—30 Oueft. Mais par 1 obfervation eile a ^e reduite au S. O. Variation ortive N. E. 20 degres. Latitude eftimee Sud4y —8, oblervee 44 = eche ay ant fondc, on a troiive 4, 5, jraffcs & d.avantage, fond de vaie. Le iicLir Donat y a cne envoye auiTitot apres le mouillage,& aecedercrourfurlesdis heures du loir. II a rapporte que par-tout, y avoit au nioins huit ä dix bralTes, & fept ä iuiit al'Eil: des Hies , fi-ind de fable vafeux par-tout; ce qui nous allure une rcrraite, encas de mauvais temps du iarge^ qui eft dcpuis TE. N. E. ä I'E. S. E. Cctte baie , dent on voit le plan & la figure Pi VIH. peut contenir au-moins niille vaiffeaux. Le 7, le temps etant tres-beau , on a leve I'ancre fur le midi, pour enrrer plus avant dans la baie. Un quart d'heure apres, la petite brife du large a manque; ce qui nous a oblige de remouiller par oii^e braf-fes, fond de fab!e & coquillages pourris. La montagne de la Croix au Sud & S. | S. E. riflot de I'entree de la baie a FE. ^ N.E. & ä I'Eft; rifle longue ou Peninfuie du fond de la baie a. TO. fon milieu & le bout du Sud ä O. ^ S. O. le bout du Nord, O.-^ N. O. 3 dcg. Oueft ; & rille ronde h Oueft; le bout de TOueil: de labattare de pierre au N. O. 3 deg. O. Le jeudi 9, ä quatre heures du matin, le ventfoufflant de lapartie du Nord, nous avons appareillc pour nous enfonccr da-vantage dans la baie. Etant ä la voile, le vent a paile auNord-Oueft ce qui nous a contraint de faire plufieurs bords en fondant ; & nous avons toujours trouve de-puis douze jufqu'a quinze brafles,fond de fable vafeux. Sur les huit heures, voyant que le vent paffoit ä TO. grand frais, on a mouille par quinze brafles, fond de vafe verte coulantej& nous avons aniene-vQx^ gues & mats deliune. Le releveinent fair. aux Isles Malouines. m riilot du Sud, ä I'entree de la bale, nous Teftoit ä I'Efl: cinq degres Nord; la pointe du Nord ä I'entree de la baie, a I'E. N. E. ia pointe de I'lfle du fond de la baie !a plus au N. O. ä O. 5 deg. S. la pointe la plus ail S. O. au S. O.^ O. riHot rond ä O. la Montagne de la Croix au S. S. £. Le 14 au matin , le calme etant tres-grand , nous avons alonge environ trois cents braffes de rou^' avec notre ancre ä jet, pour nous /la/kr dans le fond de la baie. On a auffitot vire fur notre cable, & leve Hotre ancre; mais le vent s'etant eleve, & paffe au N. N. O. grand frais, on a ete contraint de mouiller dans I'endroit oil nous nous trouvions. La brume & en-fuite la pluie, avec un vent tres-violent , s'etant fait fentir, on a lailTe tomber une leconde ancre fous barbe. Sur les fept heu-res du foir il a calme. On a leve la fecon-de ancre. Toute la niiit du 15 a ete pluvleufe , accompagnee d'un oragetres-vif. Aonze heures & demie da foir, le tonnerre c(l tombe ä deux encahlures de nous, & aren-verfe le fieur Guyot notre fecond Capi- taine, qui commandoit le quart. II en a ete qukre pour ia peur. Le matin , notre chaloupe ayant ete porter des vivres ä ceiix qui lavoient le linge du na vire, eile na pu revenir äbord, ä caufe du vent contraiie, qui fouffloit avec violence du S. S O. Le i 6, vers les fix heures du matin, le vent ci'i tomU, & le temps ell de venu bru-meux. Quelques grains ont luccede, ac-compagncb de plule & de g-eie, Öc la chaloupe aufu-biea que le bateau font revenus. Le i8, nous trouvames un nouveaii mouillage dent void les marques. La pointe du Nord de TÜle brülee, qui nous cache I'entree de la baie, ä I'Eft-Nord-Eft 3 degres Nord. Le milieu de nfle ronde au N. E. 3 degr. Eft. La pointe de I'E. de I'lilot de notre travers^ N. N. E. 5 deg. E, Le morne ou montagne la plus Haute dans le fond de labaie, au Sud-O. 5 deg. Oueft. Le Sphynx eft mouille plus a I'entree que nous, environ dune encablure & de-mie. On a affourche S. S. E. & N. N, O, Aux Isles Malouines. 225 amene le mac cle hune & vergue de mi-fene. Le Jeucli ^ Avril, nous appareillames pour iiotre depart des liles Malouines. Le 8 , des le grand inatin , le vent erant a I'Ouefl:, boa frais, nous avons guinde nos mats de hune & nos vergues, enfuite leve nos deux ancres d'afFourche , & refle lur notre grande ancre , jufqu'a-prcs avoir tenu nos grayes vires fur eile ,, ^ iaquelle ilafalUi^ray^run francfiün j/our la lever. On a mouille notre ancre jet plus au vent, pris le grclin en croupiere, & appareille fur les quatre heures & de-mie apres-midi, le Fort nous ayant fa!ue de vingr coups de canon, M. Lhuiflier & quelques autres avoient ere depeches de bon matin ä rhabitation, tant pour faire nos adieux, que pour en rapporter deux cociions & deux douzaines de poulcs, 5our faire du bouillon ä ceux qui auroient e malhear de tomber malades. _ Par\'enus dans la grande haie, c'ell-ä-dire, apres avoir depaffe les Iflesjqui y font, nous avons mis en panne ^ pour attendre notre chaloupe, qui eft arrivee fur les fix tieures avec notre grande ancre. Apres les avoir mis a bord, ainfi que le canot, on a fait route lur les icpt h eures & demie. A neiif & demie, p.ous etioas Nord & Sud de rille de l'entree de ia baie. Depuis ce temps jüfqu'a minuit, on a fait route k I'Eftj route valant irois lieues deux tiers. A cinquante-un dcgres & demi de latitude , & ä foixante cTe longitude, meri-dien de Paris, je n'aurois pas cru trouver iin climat aufli tempere que ceUii des Hies Malouines, Nousavions cependant debar-que ä la pointe de I'Ell:, terrein vraifem-blablement le plus expoie de tous ceux de rifle, aux frimats, & aux incommodites que doit occafionner uiie prefqa'Ifle pref-cue toujours battue par les vents de Sud-Oueil:& d'Oueft. Nous avions eu lieu de le prefumer pendant deux mois de fejour que nous y avons fait dans la faifon d'au-tomne, ou le froid, dans cette latitude, au-i-oit du fe faire fentir de tres-bonne heure; & parl'herbe de tous les terreins que nous avons parcourus-, panchee au Nord-Eft & TEIL Cependant excepte tefoin,dont la plus grande partie avoit ete deflechee par les chaleuts de 1 ete, toutes les plaia- tcs tes etoient encore vertes quand nous partim es, LeLundi 9 Avril,les vents ont regne de I'O. S. O. au S. S, O. grand frais,beau terns & la mer groffe. Les diverfes routes que «OUS avoiis faites, ont valii a midi le N. E. ^ N. 2 dcg. Variation 23 deg. N. E. Latitude eltimee du point du depart 50=53. Longitude eftimee & corrigee fuivant no-trc atterilTage 60=40. Latitude ertimee -du point de midi, obfervee douteufe ;o ^43. Longitude eilimee meridien de Paris 59m4. Chemin depuis minuit 11 ii. ßu S. O. leventa regne au S. S.O.grand frais, le temps ä grains mele de greli 1; ■JTiais ayaut calme le matin du mardi 10, nous avons mis nos bonnettes & perro-quets, & ä midi la route a valu le N. N, E. 3 deg. E. Phifieurs baleines fe font mon-trees, ainfi que beaucoup d'oifeaux, entre lefquels quelques damiers, ainfi nommes de ce que leur plumage eil: marque de noir & de blanc par bandes. La tete & une ; Jartie du cou font noirs, le bout & le mi-ieu des ailes le font auCi; le refte du corps Ji'eft pas blanc; raais il paroit tel ä ia por-;ee du piftolet. Depres, on appercoitque Tome J/, ^ P l'extremue des plumes eft noire; elles pr^ fentent comme des ecaUles arrondies^bor-dees de noir. Cet oifeau eft de la groffeur d'un fort pigeon. Latitude eftiniee Sud 48=3 3, obfervee 48=3 2. Longitude efti-mee, meridien de Paris 57=44- Chemin eftiine 45 lieues. Continuation de grand frais & de beau temps, quoique par fois quelques petits grains, avec tant ioit peu de pluie comme dans Ics orages. Les vents ayant regne du S. O. auS. nous avons tou-jours faitbonnesvoiles; maisavec un rou-lis continuel & fi fort, que les plats ne pouvoient tehir fur la table , fans y etre afTujettis. Malgre toutes les precautions que Ton a pu prendre, il y a eu pendant le dinerune (oupiere, des affiettes& des gobelets de verre caffes. Pendant la nuit ce roulis a ete ft violent, que ceux qui ne couchoient pas dans un branle ou dans un cadre fufpendu, n'ont pu refter dans leurs lits. Meme temps toute la matinee du 11. A midi, la route a valu le N. E.^ N. i deg. Nord. Latitude eftimee Sud 46=3 2, oblervee 40=33. Longitude eftimee jj =50, Variation 21 N.E. Chemin 47 lieues ■5-. VÜ I'apres-midi plufieurs oifeaux &; ba- Aux Isles Maloütnes. 127 leiiies. Le vent a regne du S. S. O. au puis du S. au S, E. beau temps, jufqu au foir. Temps fombre pendant la nuk, avec des grains accompagnes de pluie, tou-jours grand frais & la mer tres-groffe. Nous avons continue äetre berces ätoute outrance par le roulis, de maniereäne pouvoir prefquefe tenir iiirle gaillard. II a paru une quantite d'oifeaux, & une tres-grande baleine qui s'eft promenee affez long-temps ä une petite portee de fufilda navire. Nous avons continue notre route cKi N. i N. E. & ä midi du i 2 la route a vala le N. E. ^ N. 1 deg. N. Latitude efti-nieeSud 44=21, obfervee 44=19.Longitude ^3=5Ö.Cheminellime 51 lieues.üu S. E. le vent a paffe ä l'O. par le S. bon frais, le temps un peu brumeux, & queU ques grains de pluie, la mer un peumoins groffe. Le 13, bonnettes haut & bas ce matin jufqu'ä midi, que la route a valu par efti-me le N. E. 3 deg. 15 min. N, Latitude eftimee Sud 42=59, obfervee 42=35< en corrigeant I'air de vent, il ne vaut que le N.E, 5 deg.N. Longitude corrigee 51 Pij =8. Chcmin corrige 40 lieues f. Variation i8=N.E. Sur le foir vu plufieurs oifeaux, mais aucun clainier. Vent du S. O. auS. S. O. bon frais jufqu a 7 heures du matin qii'U a fraichi grand frais du meine vent. Le 14, on a eie contraint de ferrer les bonnettes & le grand perroquet. Vu quan-tite de mouettes gnfes, & quelques mou-tonsblancsjouquebrante-ueffos. La route iuivant I'ertime a valu ie N. E. 4 deg.N. Latitude eftiinee Sud 40=30, obfervee 40=34. Longitude 49=5 Chemin 5 j lieues f. Variation i8=N. E, Le i 5 au matin, les vents ont regne du S. O. au S. E. grand frais, ki mer tou-jours grofle, le temps couvert. Route du N. N. E. continuee. A midi eile a valu le N. E. luie abon-dante. Le 14 au matin, vu plufieurs bonites, des thons & beaucoupde poifibnsvclans, dont plufieurs tombes dansle navire,nous ont procure un bon plat ä diner. Sombre vers le midi, de maniere k ne pouvoiC prendre hauteur. Route des 24 heures efti-mee a valu le N, 0. ^ N. 4 deg. Nord. Latitude eftimee Nord''5=:i3. Longitude Tornell, Q ±41 Journal duVoyags 19=:^ 6. Chemin 19 lieues. Variation efli-mee 6=30 N.O. VemaiiS.S. E. jufqu'^ 6 heures du foir, temps toujours Ibmbre, avec beaucoup de pluie, & quelqiiefois cle I'orage. Le IJ, au lever du foleil, le temps s'eft eclairci le vent eft devemi variable du N. E. au N.N.E. ä caufe des grains fre-quens j mais avec un petit frais. Sur les huit heures, la pluie eft tombee enabon-dance, & n'a pas ceffe julquä midi, que la route a valu le N. 0.1 N. 4. d eg. N. Latitude eftimee Nord 5=54. Longuude 30=21. Chemin 16 lieues j. Du N. E. le vent a paffe au N. N. E. bon frais, (k le temps toujours fombre jufqu'ä 6 heures du foir, qu'il s'eft un peu eclairci. Le 16, ie beau temps (^tant enfmvenu, nous avons couru ä bonnes voiles au plus pres du vent jufqu'aujourd'hui midi, que la route a valu le N. 0.~ N. i. dc^g. O. Latitude elHmee Nord 7=t7, oblervee 7=42. Longitude 5 1=44. Chemin efti-me ? 9 lieues Chemin corrige 43 lieues y. Variat. elHmee 6=30. La hauteur prife nous ayant donne iine diffcTence de 25 min. on a juge que les marees portent an Toujours beaucoup depoiffons volans, & le vent toujours du N. E. au N. N. E. bon frais, beau temps, mais la mer tres-houleiile jufqu a prefent. Le 17, la route a valu le N. O. i deg. O. Latitude ellimee N. 9=0 , obfervee 9=12. Long, corrigee 33=29. Chemin 43 Heues p Meme vent, temps un peu couvert, & line mergroffe, & toujours au phis pres jufqUa niidi du 18. La route des 24 heures a valu le N. O. S deg. N. Latitude eftimee Sud 10=37» obfervee 10=3 5. Lon^tude 3 4=42. Chemin 37 lieues f. Vent du N. E. j E. au N. E. i N. bon frais & temps fombre; ce-pendant toutes voiles hautes, excepte les perroquets. Lei9, par effime la route a valu k inidiieN.O.^N,4d. 30 min. O. Lat. ef-timee Nord. 11=5 3. Lone;itude 3 Variation eftimee 5=0 N.Ö. Chemin 34 lieues. Le vent a regne du N. E. ä l'E. N* E. bon frais J avec de la brume de temps a autre; bonnes voiles au plus pres du vent. La variation obfervee aujourd'hui au coucher du ibleil, quoique differeme de Qu 1 eftime , n'a pas determine ä corriger la rout-e, parce que Ton a penfe que dans ces parages, les marees portent dans le N. O. En eflet nous en avons remarque plufieurs lits trcs-fenribles, entre aiitres un du S. S. E, & N. N. O. La route des 24 heures adoncvaluleN. N. O. 3=30. Oueft. Latitude eflimee N. 1 3=134 , obfervee i} =^32. Longitude corrigee Varia- tion occalü, obfervee 3=10. Chemin cor-•rige 33 Heues Le 20 beau temps, vent de l'E. au N. E. & avec iner houieule, toutes voiles delicts , meme les perroquets. Le 21 ä midi, la route a valu le N. ~ N. O. 1=30. Oueft. Latitude eftimee Nord 14=58, obfervee 15=0. Nous avons pafle des lits de maree auffi fenfi-bles que dans un ras^ ce qui nous a oblige de redoubler d'attention^ de faire bon quart & bonne garde: ce font peut etre les vigies affez frequentes dans ces parages, qui occafionnent ces marees. Longitude elHmee 36=54. Chemin zglieues^. Vu encore des poifTons volans & quelques thons pendant ia foiree, & les vents ont regne de TE. i N, E. au N. E, petit frais & beau temps,latncrtoujours battued'uii houl du Nord. Le 22, fait route au plus pres, tont es wiles hautes jufqu ä midi, qu eile a valu le N.iN. 0.1=30 Ouelh Latitude efli-mee N. 16=30, oblervee 16—} 2. Longitude I Variation eftimeeN, 3=0. Chemin 30 lieuesf. Encore grand noni-tre de poiffons volans, quoique les boni-tes, ni les thons ne fe foient pas montres. Le 23 , vents de TE. N. E. k TE. ^ N. depuis hier midi , jufqu'aujourd'hui que la route a valu ie N- 4 deg. Oueft. Latitude eftimee Nord 18-7, obfervee 18=6, Longitude 3 7=: 14. Variation obfervee occafe 3=o.N. O. Chemin 3 2 lieues. Route au plus pres avec un vent du N. E. au N. & N. i N. O. beau temps, mer belle & routes voiles hautes. Le 24, la route avalua midile N.^N. O. Latitude eflimee Nord 11=-/. Longitude 35=45. Variation obfervee ortive 3 =30- Chemin 3 5 lieues La variation obfervee au coucher du foleil a ete de qu:\-tre deg. N. O. & aujourd'hui 25, ä foil lever, m^me variation. Le vent a regne duN.E.iN.auN.E.iE.petitfrais,beau Qiij temps, & un gros houl du N. N.O. Route toujours au plus pres. Elle a valu ä midi le N.^ N. O. 2 deg. N. Latitude effim^e Nord 2[=21. Longitude 38—2- Nous n'avons eu uiie latitude obfervee quetres-clouteufe, parce que le foleil etoit ä notre zenith. Pendant Ics vingt-quatre heures, le vent a regne de I'E. au N. E. tres-varia-ble, & neanmoins beau temps. Sur le mi-puit, il y a eu un petit grain avec un peu de plule, & un fecond vers les cinq heu-jres du matin ; ils ne nous ont pas emp^-che de continuer notre route, laquelle a valu le N. N. O. 2 deg. N. Latitude efti-mee Nord 22=30, obfervee 12= 38, Longitude 38=32. Variation obfervee occafe N, O. ^ = obfervee ortive N, Q, 5—0, Chemin 37lieues-j. Aujourd'hui depuis midi, jufqu la matinee du 27, vent de I'E. N. E. a I'E. avcc quelques grains, dont Fun nous a con-traints d'ameiier nos huniers. La mcr Dendant tout ce temps-la a ete tres-hou-r : eiife. A midi la routeavaluleN. jN. O. I^atitude ellimee Nord 24=8. Longitude 1, Chemin 30 lieues Encore du Aux Isles Malouines. 247 goemon ä grappes & du poifTon volant. Le 28, vents de FE a I E. N. E. bon frais & beau temps, mer houleufe du N. N. O. Toutes voiles hautes & route au plus pres. Elle a valu le N. 4 deg, Oueft. Vari;ition obfervee occafe N. O. 5=30, Latit.tllimeeN. 2 5=j6,obrervee uii pen clouteufe 26=9. Long. 39=2- Chemin 40 lieues. Continuation de Goemon ä gra :)pes & toujoiirs en quantite. Vent du N. E. äl'E. jufqu'ädeux heures& demie, Le 29, ie temps s'eft brouille; il eft furvenu des grains avec de la pUiie, juf-qu'ä 8 heures Le vent ert tombe & a paffe au S. S. E. de-lä au S. E. par petits grains, auxquels le calme a fuccede. Le matin, le vent a fouffle du N. E. & a pafle auN. E.^N.E. des les üx heures. A midila rovte a valu le N. i. N. O. 2 d. Oneft. Latitude eflimeeNord 27—7,obiervec un peudouteufe 27=11. Longitude ';9r=:r7. Chemin 19 lieuesVariation eilimee N. O. 6~o. Prefque calme avec un letit frais du N. E. variable h FE. S. E. Deau temps; mais la mer houleufe du N.N. O. Le ^ o , ä midi, la route a valu le N. 5 d eg. Oueli Latitude eilimee Nord 27= Qiv ^48 Journal'du Voyage 54 , obfei'vee 27=^2. Longitude 39^ li-Chernin i4lieues. Bon pent frais de TE. N. E. iufqu'au foir, avec beau temps & im houl Iburd du N. N. O. Le 31, jour de rAfcenfion, le calme eft furvenu la nuit; voyant qu'il continuoic le matin, fans apparence de vent, apres la Meße, on a profite de ce calme pour gratter & refiner le navire. A midi la route avaluleN. 2 d. E. Vu pluficurs paille-en-culs, & toujours du goemon. Variation obfervee ortive N. O. 6r=o. Latitude ellimee Nord 28—15. Longitude39 — 21. Chemin 7 lieues y. Toujours beau temps, la mer belie, mais tres-petit frais, & meme houl que ci-devant, mele d'un autre venant du Nord Eft, quoique les vents aient regne du Sud Sud Eft , au S. O. Sur les quatre heurcs apres-midi, vu un navire, qui paroiffoit faire la route du O. N. O. II etoit eloigne de nous de fix lieues ou environ. Nous l'avons perdu de vüe a la nuit. Nous gouvernions au N.E. j: N. toutes voiles hautes. Le 1 Juin, la route des 24 heures a valu le N. N. E. 4 d. Eft. Variation eft. N. O. 7c=o. Latit. eft. Sud. obferveo Aux Isles Malouines. 24^ 29=10. Longitude 38=49. Chemiiv 20 lieues . Vent variable du S. O. ä TO. petit frais, temps couvert, avec quelques grains & un peu de pluie. CelTe de voir du goemon ä grappes. Le 2 , il a fraichi le matln, & ä midi la route a valu le N. E, | N. 2 deg. Nord. Variation obfervee occafe N. O. 7=30. Latitude eftimee N. 30=17, obfervee 30 8. Longitude 3 8=1. Chemin 16 lieues. Jufqu'ä minuit, les vents ont varie du S. O. ^ rO. tres-petit frais. Le calme a fuccMe jufqu'a 4 heures, que le vent a pafle ä I'E. N. E. Temps inconflant tout e refte de la nuit, avec un peu de pluie. Le 3 , le goemon a reparu en quantite , & une baleine de moyenne grofleur a rode, pendant un quart-d'heure, autour clu navire , ä la diftance cl'une portee de fufil. A midi la route a valu le N. ~ N. E. Latitude eftimee Nord 30=3(3, obfervee Longitude 38=8. Chemin lieues. Prefque calme par un vent de I'E. N. E. ä I'E. avec un temps couvert, & un hoLil du Nord. Le 4, fait route au plus pres, toutes voiles hautes, & ä midi la route a valu le »jo Journal du Voyage N. ~ N. O. 15 deg. Nord. Latitude efti-mee Nord. 32 = 0, Longitude 38 = i©. Chemin 20 Heues Jufqu ä fix heures du Ibir, vent de VE. & E. S. E. puis calme plat avec un temps brumeux, & toujours ie houl du Nord. Vu un oiieau nomme Equiret par nos Marins. Le 5, tonte la nuit, calmiole de l'E. S. E. au S. E. a quatre heures du matin frai-chi du Sud , de fa^on ii faire pres d'une lieue ä l'heure. A midi la reute avalucor-rige le N. 3 deg. E. Latitude eftimee N. 31=26, obfervee 32—49. Longitude 38 =1. Variation eftimee N. O. 8=0. Chemin 36 lieues. Vent au S. O. petit frais. Temps fombre & brumeux. Le goemon ä grappesqui avoir paru & difparu quelques jours auparavant, s'ert remoiitre en quantite aujourd'hui. Le 6 ä midi, la reute a valu le N. E. ^ N. 3 deg. E. Latitude ei^imee N. 34=3 > obfervee 33—58. Longitude 3 6= 5 8. Chemin 30 lieuesf. Du S. O. le ventapaHeä rO. joli frais. Temps par fois un peu fbm-bre , avec un gros houl du N. O. . Le 7, depuis la nuit plus de goemon. Un oifeau nomme Couturier^ eil venu vol- aux Isles Malouines. lyi tiger autour du Navire. A midi la route a valu ie N. E. N. i i = 15. E. Variation ob-fervce ortive N. O. lo-o. Latitude effi-iTieeNord 3 5=23 ,oblervee 3 5=20. Longitude 3 5=45. Cheniin 3 5 lieues. Meme vent, meme temps, meme Iioul & meme route jufqu'au 8, que la route a valu , aprcs correftion, le Nord-Eft } Nord. i = I y E. Laritude eftimee Nord 36=47, obfervee 36=49. Longitude 34=28. Variation eft. N. O. 10=0. Chemin 3 5 j. f. Encore m^me temps8:c. jufqu'ä midi du 9,oü la route avaluIcN.EiN.3=30. Variation obfervee 10=1 J. Latitude eflimee Nord, 38=6, obfervee 38=7. Longitude 33=14, Chemin 32 lieues Le vent a palle au S. puis ä TO. S. O. bon frais avec lin temps afTez beau, & la mer agi-tee dun houl du N. O. Le lojourde laPentecoteämidi, la route a valu le N. E.^ E. Lat. efl. N. 3 9= 12, obferv. 3 9= 15. Longitude 31 — 12. Variation elljmee N. O. 11 = 15. Cliemin lieues. Vent du S. O. bon frais , juf-minuit qu'il a tombe beaucoup de pluie. Le 11J ä quatre heures, vent du N. K, lyi Journal du Voyage O. puis calme fur les cinq heures & demie; La pluie a ccffe vers les fix heures, & \q vent, apres etre retoume ä TO. a paffe au S. O. Hier au foir & ce matin, nous avons vu plufieurs lits de maree tres-fenfibles, allant du N. E. & S. O. 11 a paru auffi plu-lieurs equerets; & ä midi la route a valu le N. E. ^ E. 15 m. N. Latitude eftimee N. 40=19 , obf. 40—z6. Long. Variar. eft.N. O. 11=15. Chemin corr. 41 lieues j. Jufqu'ä minuii 1 event avarie de rO. S. O. auS. O. petit frais, palTe de-Ik au S. joli frais. A deux heures revenu au S. O. & de-Ui jufqu'ä midi k O. S. O. bon frais & beau temps. Le 12, la mer toujours fort houleufe du N, O. La route a valu le N. E. 5 deg. E. Variation obfervee N. 0.14= 30. Latitude eftimee Nord 41 = 23, obferveö 41 — 27. Longitude 27=51. Chemin 3 2 lieues. Memc vent de TO. S. O. au S. O. bon frais, temps unpeubrumeux, & toujours mžme houl, qui occafionnoit un tres-fort roulis. Gouverne ä I'E. N. E. toutes voiles hautes, bonnettes haut & bas. Le 13 ä midi, la route a valu le N. E. 2 deg. E. Latitude eftimee Nord 42=52, Aux Isles Malouines. ajj 'bLrervee43=3, Longitude 25 Variation eilimee 15—0. Chemin eftime47 lieues. V u des dadins fur le foir, & les vents ont vane du O. S. O. au S. le temps fom-bre avec une brume palTagere, & qui ne laiffoit pas que de mouiller. Le 14 la mer aiTez belle & le vem bon frais jufqu d midi que la route a valu TE. N. E. 5 deg. N. Latitude elHmee Nord 43—58. Longitude 2 2=51. Variation elHmee N. 0.15=3 0. Chemin 3 9 lieues j. La mer ayant paru tres-changee depuis plufieurs jours, on a Ibnde ä fix heures du i'oir fanstrouverfondä 1 Sobraflesdeligne de fonde filee. Le 15, par la latitude 44 deg. long. 2 r, nous eümes connoiffance d'un navire Francois qui n'a jamais voulu amener, lots meme que nous avons mis pavilion en berne, ce qui eft contre toutes lesinftitu-tions de la marine, & contre toutes les Joix de rhumanite. Ce jour-la a midi la route a valii I'E- 7 N.E.4 deg.Nord. Latitude eftimeeNord 44^1 sr. Longitude 21=25. Chemin 24 lieues f. Vents du S. S, E. ä l'E. S, E. jufqu a huit heures du foir, bon frais, avec un ciel n^Duleux, de la brume & m^me cle la pluie, b mer houleule. Apres un cal-nieaiFez court, le vent s'eft eleve, grand frais de FE. S. E- au S. S. E. oblige de faire un ris dans les hun:ers. A neuf heures & demie on les a ferres; la pluie eit furvenue & a dure toute la nuit. Le 16 , ä trois heures, le vent eft rombe,on a appareille les huniers, & ä 4 heures & demie on a mis les bon nettes d'en-bas avec le grand perroquet iur le tenon, le perroquet de fougue, la voile detaide hune, grand & petit foe, foe d'artimon & diablotin; de huit heures ä midi le vene a regne plus au Sud. Vu quelques dadiiis, plu&urs baleines & une efpece de raie, que nos Marins appellent Rouet. Air cle vent des vingt-quatre heures N. E. ^ Eft. Variation eftimee N, O. 15=30. Latit. eftimee Nord 45=10, obfervee 45 =44. Longitude 18= 51. Chemin 4z lieues y. Vents toujours variables du S. E. \ S. au S.S.O. grand frais, beau temps & lamer tres-houleufe. Nous avons continue comme hier ä avoir connoiffance du navire Francois dont j'ai parle ^ il faifoit tcujours meme Aux Isles Malouines. lyj toute de I'E.i N. E. il etoit ä environ trois lieues de nous, & nous avoir gagne environ d'autant de chemin. Le 17 au matin;, le navire nous reftoit danslameme polition parle boflbir de basbord, ä egale diftance. Amidiil nous teC-toit par le bolloir de tribord. La route des 2.4 heures a valu I'E. N. E y deg. E. Latitude eitunee Nord 46=43, obfervee 47 =0. Longitude 15=41. Variation efti-me N. O. J 7=0. Chemin 54 lieues Le vent a regne du S. E. au S. S. E. petit frais, temps brumeux, la mer aflez belle, & tou-tes voiles hautes.- Le 18, fur les cinq heures & demie da matin, on a appcrcu un navire venantde TElt. A fix heures on a mis ä courir fur le S. O. - S. pour lui couper le chemin. Car-gue enfuite les baffes voiles & mis en pan-^ ne. notre pavilion en poupe & la flamme avec les pavois d^ployes. II a arbore le fien. A huit heures & demie il nous a ranges, & nous lui avons parle, Ils'eft nomine le Saint-Paul, de Grandville, Capi-taine Defveau, allant au banc deTerre-neuve. Il etoit dehors depuis dix jours, & fe faifoit dans le O. ^ S. O- 3 degr^s Sud 45^ Journal du voyagfi d'Oueflant diftant de 105 lieues. Noui nous trouvions par-la plus Eil que notre point. Mais, commeilnous paroiffoit devoir etre plus avance dans fa route, & qu'U avoiteu,difoit-il, prefquetoiijourslevent contraire, nous avons penfe que cetteer-reur pouvoitvenirdefonpoint, &iion du notre, & on ne i'a pas corrige, d'autant plus que I'erreurpar rapport k nous n'etoit gueres que de cinq lieues. A midi, la route a valu le N. E, i deg. E. Variadon obferyce occafe N. O. zi=o. Latitude elHmeeNord 47—33,obfervee 47=43. Longitude eflimee 14= 12,. Longitude, fuivant le Saint-Paul, 14=48. Chemin eftime 25 lieues. Chemin corrige, 24. Le 19, ten^s couvert, gouverne au plu3 pres, tantot ftir unbord, tantot furl'autre. Vent S. S. E. ä I'E. N. E. Route S. E. 3 deg. E. Latitude eftimee Nord 47—4. Longitude 13—7. Chemin 19 lieues Variation eftimeeNord 11=0. Le 20, petit frais, louvoye ; vuunfla-vire, qui couroit fur leS. S. O. Route cor-rigee N. E. i N. i. d. £. Latit. eft. Nord. 47=2 2,obr,47—jö.Longimde 1 Variation obfervee occafe 23—0. Che-piin 11 lieues. Le Lezi , temps couvert, toutes voiles dehors; ail plus pres tribord amure. Koute N.iE. 5 degr. Nord. Latitude ertimeeN. 4^= 3 3, obiervee 48=3 4. Longitude i o =47* Variation obfervee occafe N. 0.20 =30. Chemin 3 r lieues, Le 22, beau temps, toutes voiles hau-tes an plus pres ttibotd amure. Vuplufieurs navires. Route corrigeeE.N.E. 2dcg.N. Latitude eftimee Nord 48=54, obfervee 49=2. Longitude 9=12. Variation obfervee occafe N. O. 10=30. Chemin 22 lieues -f. Le 23 , temps brumeux, petit frais en calme, fonde ä dix heures du matin; trou-ve fond 375 braffes,fable rouxfin. Route E. ^ N. E. 3 deg. N. Latitude eftimee N. 49= 12. Loneitude S= 12, Variation, i Jem. Chemin 14 lieues. Le Dimanche , 24 au foir, les vents etam petit frais du N. N. O. ä I'O. N. O. gouverne an S. E. E. pour prendre con-noilTance de terre , laquelle nous avons vu fix heures du foir. Alors gouverne k I'E- 7 S. E. k neuf lieures parle ä un p^-cheur, qui nous a dit etre N. N. E. & S. S.E, d'Oueffant 6 äj lieues. Tome IL R 258 Journal du voyagej&o Lundi matin, 15, connoiflhnce des clochers de Saint-Paul-de-Leon. A fept heiires, etant N. & S. de Tille de Bas, on a mis pavilion en berne& tire iin coup de canon, pour appeller uii bateau. II en eft auffitot venu un, qui a conduit MM. de Bougainville &Lhuillier delaSerre a Mor-laix. La fregate a continue fa route pour Saint-Malo. A onze heures du foir, on a mouille un ancre, le travers de la tour da cap Freliel; le feu nous reibit au N. O. O. environ une lieue. Le 16, appareille ä trois heures & de-mie du matin, & mouillž vers les fept heures en Solidor, oii Ton a defarme, M. ds Bougainville rendit compte auRoi de notre expedition, & Sa Majefte coniirma la prile de poffeffion des Ifles Malouines, Fin du JournaL E X T R A I T DU J- o U R N A L^ DE VOYAGE Du Sieur Di/clos GuYOT JurlaFrdgat0 /'Aigle J ail Dhron de. Magellan. JA Fregate partit le 24 Avril 1765, de la baie Accaron des Ifles Maloui-nes. Le 26, la plus au N. O. des Kes Sebaldes me reftoit au S. O. ^ S. diftance de 40 inilles. Le 28 au matin, vu beauconp de bä-leiaes & de pingouins par la latitude de 50=3, & de loiigitude 68=42. Variation de Faigmlle aimantee, 22 degres N. E. A micti Le cap las Barreras me reftoit k I'Oueit, diilance de neuf lieues.- A dix Iieures, le 29, M. de la Gyraudais a fonde , &: rrouve 60 braffes Table fin noir, & une pierre k fufil toute tailiee. _ Le 30, Uli peu avant minuit, calme tout plat. Sonde &trouve 6z braffes, fablö fort noir, & quelques petits cailloux jau, iiätres, gros comme des pois. A midi, latitude obfervee, douteufe 51=14- longi, tiide 70=30. N. E. A midi, le cap des Vierges me rertoit au Sud, 19 lieues de diftance, & la terre la plus proche environ ä deux lieues, fuivant mon point. I Mai, ä fept lieures & demie, gou-verne ä O. S- O. afin de prendre connoif-lance de la Terre des Patagons. A neuf heures, etant proche du banc qui eft ä Ten-tree du Detroit de Magellan, j ai vu la mer changee, & fon eau comme celle d'une riviere troiiblee par les pkües. A midi, fui-vant mon point, j'etois environ ä 13 lieues dans les terres du cap des Vierges. Latitude eftimee Sud 52=20. Longitude 71 =35. Variation oMervee occafe 23 N.E, A trois heures a 3res-midi, connoifTan-ce de la Terre de Feu; äcinq heures, re-leve le cap des Vierges au N. O. du com-pas; dift. de 4 ä 5 lieues. A lept lieures, vu une comete chevelue dans TE.N.E. pen-chante fur rhorifon. Au journous Tavons perdue devüe. A midi, relcve le cap des Vierges au Sud & Sud^ S. E. diftance de 7 ä S Heues j la terre la plus proche au S. S. O. 4 Heues. Suivant le relevement cle midi fur la carte Fran^oife, je ferois par 51—24. ce qui differe de mon obfervation de 8 minutes. L'annee derniere, j'avois obferve 13 minutes ; cequi provient, fans tloute, de la pofitiondu relevement avec la diftance. Suivant mon obfervation, le cap des Vierges ne feroit tout au plus que par les 5 2=14. La carte Fran^oife le place par les 51=3 3. & M. Anfon par les 5 2=20. La latitude obfervee 5 z=ö. Long.yi^) i. Variation obferveeortive 22=40. N.E. Samedi 3 Mai, äliuit heures, lecap des Vierges me reftoit au N. & N. ^ N. O. 5 lieues i ou 4 lieues. La Terre de Feu la plus a rO. au S. O. j S. le cap du Saint-Efprit, au S. S. E. celui de Pofle/lion ä I'O.-^S.O. Je comptequ'iln'y apasmoins tie 7 lieues d'uneterreälautre, al'entree du Detroit. En louvoyant cet apres midi, decou-■vert une pointe ras-reau,ärO. du cap du Saint-Efprit, qui court fur I'O. S. O. tres-loin; & aubout quelques roches fous I'eau, qui denotetit une baffe mer, & ne fe voient pas de loin. II ne peut y avoir que Rii^ fix lieues de paffage entre la baffe terre du cap desVierges, (qui eihine langue de terre, conram au S. E.) On ne la de-couvrc qu'etant plus a TO. que ledit cap. 11 m'a paru qu'il y a un mouilSage cn dedans, fürmant un grand enfoncement. Dimanchc 4, ä la pointe du jour, nous etions environ 4 lieues dans leS. E. du cap de Pofleflion. A midi, il nous reiloit au N. N. E. 2 lieues4. Ily a nne batture, & nubancaupresdu cap Orange. lU'ctend fort au large; c'eft pourquoi ilfaiit ranger la terre des Paragons. Nous y avons vu du feu lur le rivage, & en approchant nons y avons appergu des hommes a cbevalj, & beaucoup d'autres ä pied. Lorfque nous pvons ete vis-h-vis d'eux, ils nous ont hclU fans que nous ayons pu entendre leur lan-gage. Nous leur avons repondu par des cris, & arbore notre pavilion. Cinq den-tre euK nous ont iliivis le long de la cöte, environ deux lieues. La nuit nous les a fair >erdre de vüe. Iis paroilTent bons cava-iers, habiles au manege, & leurs chevaux pgiles. Nous n'avons prefque point eprovivcde fQurans dans le goulet j nous etions pref- que en calme. Ce goulet dans Icndroit le plus etroit , a uiW grandc lieue , & court N. N. O. & S. S. 0. du compas, y ay ant 23 deg. de variation N. O. je Tai obfcrvee il 4 hcures A cinq heures du foir, mouiile dans ia baie Boucaut par 9 braflesy, fond de coquillages pourris ; le cap Grcgoire ä O. S. O. la pointe de la Eafieterre dudit cap, cjui forme I'cntree dii fecond goulet, au S. O.;^ O. Le cap Entrana au N. E. ^ degres E. environ 2 lieuesj, Au jour, calnae tout plat. A 6 heures da matin, nous avons vu la comete dans TEir, 7 deg. iur rhorizon. Voici des remarques fur les n:iatees, Dans le voyage dernier, j'avois fait attention ,quand nous donnames dans Icpre-nüer gou et^ que la marce commengoit ä entrer, & je coirtptoisqu iletoit commencement de fiot. Cependant je ne m'apper-cevois pas au rivage, que la mcr marnut beaucoup ; ce c[ui me furprit d'autant plus, que tous les Navigateurs s'accor-ä dire le contraire; & le rivage n e-tf'it pas mouille, comme il TeJl: ordinaire-rneiit J quand la mer le quittc. En fortant Riv nous fumes deux heures^ faifant feptahutt noeuds fans gagner undemi-Iieue. Apres que le courant eut diminue , & que nous eumes gagne ie demi-canal, je m'a 5per-9US fur fes rives, que I'eau venoit de les quitter, au moins quatre brafles perpen-Jiculaires. Cette obfervation m'a fait nai-tre I'idee , que, quand il y a flux, la mer fort du cote du Nord, & au contraire , quand ü y a Eibe, eile entre & porte au Sud. Quand nous fumes le travers du cap d'Orange, nous appergumes une greve tres-grande, que nous avions prife pour la grande iner, en entrant, etant cou-verte, ainfi que toiues lesbattures, & banc du cap d'Orange, que nous n'avonspoint vues. Ce qui me confirme dans mon opinion , quoique contraire ä celle de tous ceux qui ont navigue dans ce Detroit, avant moi. Aujourd'hui la maree fortoit, & nous etoit contraire pendant quelque temps; & neanmoins la maree etoit toute haute, quand elle a commence de porter au Sud. Alors tous les bancs & battures etoient cou verts, ainfi que les gre ves & rives, que noiis avons vu mouillees en fortant. Jat obierve que la maree a porte dedans juf-qu'a neut heures. Pour lors, nous avions diminue de quatre pieds perpendiculaires, Enfuite J reffortant nous avons augmente de trois brafles; puis il s ell: ecoule un petitintervalle fans qu'il yait euaucuncours; cependant nous avons encore augmente d une bralTe : enfuite la mer a repris fon cours, fans que nous ayons ni augmente, ni diminue, faifant deux tiers de lieue ä I'heure. A diminue enfuite fans aucun cou-rant, ce qui m'afait penferque les courans ne font pas regies j & que dans les baies le gonflement ßit le reverfement des ma-rees. J attends une plus ample obfervatlon pour fixer mon opinion. Nous nous appercumes que la mer com-mencoitvers les trois heures apres-midi ä enrrer dans le goulet, ayant 16 jours de lune; ce qui donneroic le goulet Eil & Ouell pour fa fituation: qu'il yferoit haute maree 6 heures 11 minutes les jours de nouvelle & pleine lune. 1-e Jeudi vuderechefla comete ä 6 heures du matin. Elle a difparu avec le jour. A midi, mouille fous la baffe lerre da cap Gregoire, par 15 brafTes, fond de gros gravier, petitcs pierres, grolTes com-me des fevcs, & coauiilages pourns. Le bouc de la bafle terre du cap Gregoire qui forme Fentree du fecond goulet, au S. O. IS. 3 deg. S. ^ de Ueue • la terre la plus prochea O.i.Lapointcde llile Saint-George, qui forme Fentree du goulet basbord en entraiir, au S. S. O. quelques de-gres O. Le gros cap Gregoire ä O. i N. O. Apres-diner , mis nos canots ä la mer pour aller ä ia peche & äla chafTe. Iis font revenus le foir,rans avoir rien pris, ni tue, excepte M. de la Gyraudais, qui a tue line vigogne galeufe. II y a beaucoup de ^'igognes lur le terrein, qui forme un beau jays. On y a vu quantite de renards , de oups, & de rats point d'eau, quelques brouffailles de bois jaune. Vendredi 9 , appareiUe ä jour. A dix heures nous etionsdans le fecond gouler, & avons fait route, pour paffer entre Fifle Sainte-Elizaberh & celle'deSainf-Barthe-Icmi; mouille enfuite äonze heures dans la baie du Ca]>Noir; fa pointe au N- N. O. 5 deg.N. La pointe de l'E. de i'Iüe Sainte- Elizabeth au N. N. E. llfle aux Lions aii N. E. j E. 1'Iile Saint-Barthelenii au N. O. J N. lentree du goulet au N. E. 5 d. N. ia pointe du S. de la baie au S. la terre la plus proche ä de Heue. On commence ä voir du bois fur la poiiite du Cap-Noir. En viiitant les bois, nous n'y en avons ti'ouve que de tord, propre ä brüler, & du bois jaune,reiTemblantauFuftel. Leter-roir y paroit afTez bon, ain(i que la baie ; & Ton peut fe mectre beaucoup plus dedans , que nous ne fommcs, le fond y etant egal; huit & neuf braffes fable fin , & vafeux plus on s'approche de tcrre. On peut s'y mettre ä Tabri depuis le N. N. E. par rO. Nous n'avons pris ä la peche qu'un grand cornet & quelques graldos, avec un poil-fon dore, efpece de furmulet. Moins heu-rcuy ä la chafTe. Par [a grande quantite de fientcs d'outardes, femeesdans les bruye-res, nous avons jugc que cet oifeau y abonde dans la faifon. Point d'eau doucc. On trouve un lac a la diltance d'uninille flu fond de la baie. Le Samedi i o, ä quatre heiires du matin, la mer J portant a rEl>,s'eft retiree de neufpieds perpendiculaires: ce qui paroit contraire ä toutes mes obfervations, rap-portees d-devantj mais ce pourroit etre quelque maree reverfe. II parok que la mer ne marne pas trois brafTes; ce quidif-fere dejä de plus de moitie de Tentrec du premier goulet. Nous avons toujours range la cote des Paragons; & fondant prefque fans cefle, nous avons trouve 17 braffes, bon fond , en-dehorsde la baie. Le fond augmentoit jufqu'ä 3 ^ braffes, fable vafeux, ("i mefure que nous avancions vers le Sud. La core eft aufTibordee de bois plus beaux, & plus fournis en quantite. Ayant fait 7 lieues, nous nous fommes trouves ä, I'ouverture d'une petite baie, oil il y a une pointe ras-l'eau, qui met une t Depuiscette baie jufqu'au-delä du premier eoulet, la cote eit bafle & faiiie, du cote cfetribord en entrant. On trouve en-fuite la baie Boucaut, formee par le prer-mier goulet, & le Cap Gregoire qui eft aflez haut. A deux lieues dans les terre? eil: une montagne , qui va une terra fort haute, Srunie, quel'on voit longtemps avant que d'entrer dans Ip premier goulet. Apres avoir paffe le fecond goulet j on trouve la terre plus haute, & Ton voit plu-^leurs enfoncemensdepuis le fecond goulet jufqu'ä riÜe Sainte-Elifabeth; & de la k la grande terre qu'il faut ranger le plus qu'ü eft poffible, fur-tout quand il y a flot; c^r la niaree jette fur I'lfle Saint-Barthelerai com-meunjoudre. On pafleentre cesdeuxlfles, & Ion va au Cap-Noir, qui eft haut, & Ton trouve un tres-bel & bon moailla-ge, que M. de Gennes app.elle Frefchwor ier, mais qui ne left pas. On commence k y voir du bois. Frefchwater eft ä fix lieues de lä dans une anfe, dont la pointe de ftri-bord eft tres-baffe , & fans bois. ^'.ous S iij avons fonde fon travers avec ^obrafTes de ligne , n^ns trouver fond. Deux minutes aprb vu le fond, trouve ä 4 brafles, fond de fable gris & fin. Nous avons fuivi ce fond un quart de lieue, en prenant le large. Je neconieille pas de lapprocber plus pres de deux lieues. De-lä a ta baie Famine , les terres font hautes, & ainfi jufqu'a la baie du Cap-Kond. Voici d'autres obfervations fur la Terre de Feu , que j'ai faires en entrant dans le Detroit. ■ De puis le travers du cap des Vierges, )ufqu a deux lieues i en-dedans ^ la rerre eft haute & faine. On trouve lau nepoin-te tres-baffe, qui s'allonge une lieue en mer S. E. & N. O. 11 y a un haut fond N. & S. d'elle, ä unc lieue au large. Enfuite la cote forme un enfoncement, que Ton ne voit que dans te beau temps jufqu'au cap d'Orange , qui fair I'encree de basbord du premier goulet. Lä eft une battu-re, qui s'allonge N. E. & S. O. ä deux grandes lieues de ce Cap, qui couvre & decou vre tomes les marees. De-la jufqu au travers du fecond goulet, la terre fait encore un enfoncement, tk du fecond gou- let jufqu'au travers clu Cap-Rond, les ter-res font tres hautes, & forment comnie quarre Ifles hautes. 11 y a peut-ctre des baies entre elles ou des terres baflcs. M. de Geiines na pas marmie les deux qui font devant, & avantle Cap-Rond,anezpres de la cote des Patagons, d'une lieiie & ^ ^ deux lieues. Le 5,furlescinqhei]res4-, mouille dans la bale Boucaut, oü nous avons rcleve le cap Gregoire ä O. S. O. dill, de j lieues. Notre mouillage ä di\' brafles, fond de fable vafeux & quelques petits coquilla-ges, ä une grande Heue de terre. II iie faut pas mouiller par moins d'eau, parce que ia nuit la mer a marne de 3 ou 4 brafles. Les terres font bien jettees lur le plan de M. de Gennes. Du Lundi 5 au Mardi 6, la nuif vaune comete , qui avoit la queue au N. E. & io deg. fur Thorifon. Du 8 au 9 , A fix heurcs \ du matin , appareille avec une mer prefque calme, & le plusbeau ciel du monde. M. dcGen-nes marque le fecond goulet, Eft & Oiiell du Monde, dans fon plan, mais il y elt marquede deux quarts tropOueft. Je conS iv feille de luivre la core des Patagons juf-qua ce qu'on foitN. & S. de l'Ifle Sainte-Elifabeth, ä caufe descourans, qui portent fur lesIflesSaint-Barthelemi, & aux Lions, & fur des battures, fuuees ä I'Eft, & dans rOueft de la pointe de Flfle Saint-Barthe-Icmi. La route que nous avons faite ]uf-ques dans la baie du Cap-Noir, rangeant toujours rifle Sainte-Eii(abeth de fort pres. A midi novis y avons inouille par 8 braffes d'eau, fond de fable vafeux, & coquiila-ges pourris. Du Vendredi 9 au 10, toujours range la cote des Patagons ä une lieue Elle nous a paru couverce de brouffailles, & de quelques bouquets de bois. Le canot revenu nous a dit que le bois n'etoit pas beau; etant au-travers dune pointe baiTe, jious avons fonde; point de fond ä 5obraf-fcs. L'inftant apres, vu le fond fous nous; & nous raven s trouve ä quatre braffes, fond de fable fin: ce qui nous a oblige de prendre le large. Du I o au Ii, grand vent, & de la brume avec une mer tres-mäle. N etant qui cinq Heues de la baie Famine^ j'ai pris le partid'y aller mouilier j I'Aigle nous a fuivl, ^ nous avons bien fait. Un quart d'heure apres avoir inouille, Ton ne diftinguoit au-cun objet ä une demi-portee de canon; & il faifoit toujours un vent des plusviolens. Du Dimanche 11 au 12, continuation de brume & de pluie. Ajant fait le tour de la baie par terre, nous avons vu quelques beaux bois, & decouvert une riviere tres-rapide ä la pointe de bas-bord de Ten-tree. Ellerendlamerauffifale&aufli trouble qu'une riviere debordee par Tabon-dance des pluies. II y avoit fur le bord de I'eau fept ou huit cabanes de Sauvages, abandonnees depuis peu de j ours. Je fis tirer un coup de canon, & arborer le pavilion,pour eflayer d'attirer les Sauvages des environs. Du 13 au 14 , grand vent, fuivi d'une tempete tres-violente, qui s'eft terminee par une quantite prodigieufe de pluie, en-fuite de neige & de grele, jufqu'ä midi, que le calme ell venu. Du 16 au 17, trouve du tres-beau bois, envoye 30 hommes ä terre, avec un Officier, pour drelTer une tente, & pra-tiquer des chemins dans les bois. Depuis ce temps, toujours occupe k couper, & ä embarquerlebois, jufqu'au 1que nous avons defafFourclie, & aifle l'Aigle, pour ache ver iacargaifon, & nous porter la nötre aiix liles Malouines. Du 30 au 31 , la nuit nous ayant fur-pris, nous avons gagne le mouillage äla faveur de deux feux que lesSauvages nous avoient faits, l'un fur une montagne, Fau-tre Tur le rivage. Mouille par 19 brafles, fond de vafe noire, & quelques petitsco-tjnilla^es: ä fept heures & demie du foir, releve la pointe du cap Gregoire fous le-quel nous fomn;es au S. j S. O. 3 deg. O. vine lieue Du 4 au ^ , j'ai pris le point de mon depart du Detroit par la latitude de 5 2=45 , ik longitude meridionale de Paris 70=37. Latitude obfervee 51=5 3. Longitude elli-mee 69=1. Ce qui fait que je me trouve plus Sud, que mon obfervee; & ce qui eft conforme ä mon arrivee an Detroit. Du 7 au 8, grand vent, pluie, brume, & la mer affreufe, le vent toujours par grains. Latitude eftimee ^0=21, obfervee douteufe 50=7. Longitude 63=5. Variation N.E. 20=30. Du Dimanche 8 an 9, mer tres-fale , pluie, grele, neige & brume. Vu la terre a 9 heures, fans la connoitre: ä midi, re-connue pour les Ifles Sebaldes, qui nous relloient au S. E. dillance 1 o lieues. D'ou je prends mon point d'arrivee par la latitude de 50=15 , & longitude meridionale de Paris, 66. Je me trouve pIusEft que le navire de 35 lieueSj&conformeärobfervee. Ilfaut done que la Terre-Ferme foit marquee dans les Cartes, plus de 20 lieues trop ä I'Eft. Du 13 au 14, vu la terre ä 8 heures da matin, qui me reftoit depuis le S. O. juf-qu'ä I'Efti S. E. & je crois etre Nord & Sud de la Conchee, ou du Detroit. Du 14 au ] 5, nous avons mouiile dans la baie d'Acaron , au meme endroit d'oii nous etions partis. R E C E T T E DE QUELQUES REMEDES, Domes a Dom Pemeay par le G ar dien des Cordeliers de Mome-yideo. [ T'Ai long-temps hefite fi je laifferai J dans cet Ouvrage cc Recueil de re-medes, fouvent fufpefts, & qui doivent pour la plüpart leurs vertus ä ia force des prejuges populaires j cependaiit comme Dom Pernetty paroit perliaade qu'une experience heureufe eri a rendu quelques-uns celebres, je n'ai pas ofe fupprimer en qualite d'Editeur cet appendix, qu'en qua-iite d'Auteur j'aurois retranche j qu'on fe ibuvienne au-refte que ce n'efl: ni Galien ni Avicenne qui parlent ici, mais un Cordelier de Monte-video. ] Maux de dents. Tirez dela tete d'unchardon4Bonnetier , ou de Cardeur , un ver que Ton y trouve prefque toujours quaiid il eft mür. Roulez ce ver entre ie pouce & Hndex, en le ferrant tout doucement, jufquä ce qu'il foit mort de langueur. L'un ou Tau-tre de ces deux doigts appliques fur la dent auront au-moins pendant toute Van-nee la propriete de guerir la douieur. Farcin des chevaux, Raraaflez ä la fin de Tautomne ces tu-meurs barbues ou efpeces de chätaignes d eglantier : pilez le ver que vous y troa-yerez, & faites-le avaler au cheval dans un verre de vin, ou dans autre chofe j & ie couvrez bien. Cheval fourhu. Faites-lui avaler une ou deux cueille-rees de fei commun dans un demi-feptier deau, c'eft-ä-dire, dans une demi-livrc deau commune. Fievres malignes, ^ Appliquez fous chaque plante des pieds dumalade une tanche toute en vie, fans la fendre, ni lui faire aucun mal. Aflujet-tiffez-les avec des bandes de li^ge j otezr les au bout de douze heures, avec la precaution de ne pas refpirer, s'il eft pofll-ble , I'odeur qu elles exhalent; & les eii-terrez promptement, ou jettez-les dans des commodites : le malade fera bientot gueri. , , Efquinande, Prenez gros comme un oeufdeversde terre tous en vie ; mettez-Ies entre deux vieilles mouflelines, & appliquez-les autour de la gorge ü nud du malade. Renou-vellez le remede de trcis heures en trois heures pendant deux jours. Hcmorragie du ne^. Mettez dans les deux narrines, ou der-riere les deux oreilles du malade, une pin-ceedepoil des parries naturelles d'un fexe different du malade j le fang s'arretera prefqu'i I'inllant. Empldtre immanquable pour faire fordr la petite virale remree. Prenez de lafarine de fleurs defeigle; delayez-la avec de I'eau de pluie, du ver-; jus, un ceuf frais & une demi-once d'or-; pimentbien pulverife. Battez bien le tout enfemble: etendez-le lurdu papier brouil-lard. Saupoudrez de cloux de gerofle en 3oudre, & appliquez ce cataplafnie fous a plante des picds ; vous I'y laifferez vingt-quatre heures, & le jetterez enfui-tc promptement au feu. Fleurs blanches. Pilez les feuillesde lapilolelle ou oreille-de-fouris: expnmez-en e fuc ä la quantite de deux onces, que vous ferez avaler k la malade ä jeun, dans un verre de bouillon , ou de vin blanc, Vous reitererez cette potion quelques joursdcfuite, apres avoir commence par purger la malade , qui ne fe nourrira que de viandes de bon liic, & ne fera point d'exces. Ce remede, dit-on, a gueri des femmes attaquees de ce mal depuis huit k dix ans, & cela en cinq ou fix jours. Penes rouges des femmes. Faites griller fur une afllefte de terre neuve , ou fur la pele du feu bien net-toyec, une bonne pincee de poil des par^ ties naturelles d'un homme fain & de bon äge. Reduifez - la en poudre & la faites avaler ä jeun dans un verre de bon vin rouge. Pour les fupprelTions on le donna dans du vin blanc. On peut rätäer le re-mede une feconde fois. BcrouclUs & auires tumeurs fcrophuleufes. Appliquez-y une ou deux feuilles amorties de grand plantain. Renouvellez cette application, avec de nouveau plantain , deux fois le jour. Pendant ce temps-lä , faites prendre tous les matins ä jeun une infufion chaude de feuilles de noyer, en fa^on de the. Colique & Point-de-cotL Racine deTournefol mife fous laifTelle du cote de la douleur. Des quelle s'y eft echaufFee, la colique ceffe. Eprouve fur un point-de-c6te opiniatre, a reuffi. Exoßofe. Applatiflez une balle, qui a tue;un animal, & appliquez-la ä nud fur le mal. Paralyße, Paralyse. Faites bocillif des raiforts dans de Feau avec un peu de genievre, & faites-en voire boiflbii ordinaire. Onpeutmettre des raiforrs dans ia loupe au lieu d'herbes po-tageres. tliceres, Macliez des crotes de brebis feches, & appliquez-les en cataplafn:ie liir le mal. Renouvellez foir & matin. Cancer & Uleeres. Mettez dans un pot de terreneufun groscrapautvivant,&par-deiTus deux on-ces de foutre en canon reduit enpoudre. Lutez bien le pot, & calcinez-Ie tout aii feu de roue. Appliquez la cendre fur le cancer. Cors & Kermes. Apres les avoir egratignes, & enlev6 le durillon, frottez-les bien avec les champignons qui croiflent naturellement fur le furnier. Tranchies apres t accouchement. Faires cuire deux ceufs frais du jouf^ Toms //. T mettezdans chaciin groscomme uneave-line de fucre en poudre, melcz-le bieti avec le jaime, & faites-les avaler a lac-couchee, & par-deflus un verre de bon vin mele d'un peu d'eau. Faire fonir les vuiiangcs. Jettez dans deux verres d'eau bouil-lante deux dragmes de fleur de fovifre; laiflez bouillir quelques minutes : cou-lez ä travers un Huge; mettez-y un pen de fucre, & faites avaler la liqueur. Amulette contre le mal caduc. Mettez dans un creufet iine once de mercure d'Efpagne, ou revivifiez du cin-nabre ä un feu c oux. Lorfque le mercure fera un peu chaud, & qu'il commcncera ä fremir, jettez - y une dragme d'argeiit battuenf"euilles,& remuez bien avec une verge de fer un peu chaude. Tirez enquire promptementle creufet du feu, ainfi .que la matiere du creufet, & laiffez re-froidir. Renfermez cet amalgame dans un petit fachet de peau forte de gands, bien coufue. Sufpendez'Ie au cou avec uncor-^doii de maniere qu'il tombe fur le creux clercn;omach,S:rylai{reztoajours. Avant cjue de le fufpendre, il faut obierver de faire faigner le malade ä la veine cepha-licpc, lorique la lune eft nouvelle. On reitere enfiiite tafaigiiee les deux moisiui-vans, au renouvel ement de la iune. Goetre, Appliquez-y da Tel cömmün bien def-fechc & un pcu chaud. Lorfqu'il ferade-venu Iiumide , faites-le bien fecher & Je reappiiqiiez ; ce que vous reitererez jui-qu'a guerilbn. Tales des yeux. Sang de dragon en larmes, aloes fuC-' cotrin, myrrhe, autant de l'unque de lautre, le tour en poudre bien fine. Delayez-cn nne qiiantiie fuffifante dans un jaune d'oeuf frais, pour en former des empla-tres, que vous appliqiiez fur la tempe ä Cüte de l'ceil du malade. Quand il tombe-ra de lui-meme, vous yen fubiifterez un «lutre , jufqu a guerifon. Maux de dents, & moyen de les faire tomher Jans douleur. ^^cttez dans le creux de la dent trols Tij. gouues d'efprit de fei ammoniac, & un petit tampon de coton par-delTus. Cors aux pieds, Otez-en le durillon, fans faire faigner, & appliquez-y plufieurs fois le fedirnent rouge qui le trouve dans un pot de cham-bre, quand lurine y a lejourne. Mettez deffiis un petit inorceaude peaude gands, & cela jufqu'ä guerifon. Fluxion de poitrine. Faites bonillir une chopine de bon lait devache; quand ilbout, ecumez-le deux ou trcis fois ; jettez y cnfuite un grand verre de bon vin d'Efpagne, & apres deux bouillons, retirez-le du feu. Lorlqu'il fera tourne, paffez le petit lait ä travcrs un linge , & faites-en avaler uii gobelet ä liqueur, chaudement, de quart-d'heure en quart-d'heure. J^ai're fonir I'enfant mon du ventre de fx mere. Reduifez en poudre de la graine de grande bardanne, & faites-en avaler ur gros dans un verre de vin. Convulßons des enfans paußcspar la poujje des dents. Coupez en petits morceaux de la racine de valerienne fdiivage. Enfilez-Ies com-ine des grains de collier, & faites en un collierä['enfant. Vouslylaifferezjufqu'i ce que les dents aient perce la gencive. Vous pouvez le renouveller de quinze en quinze jours. Hydropiße. Faites nvnler au malade ä jeuii autant de poudre de giii d eglantier qu'il peut en tenir furun Hard, apresravoirfaitinfiirer toute la nuit dans un verre de vin blanc , que Ton avale auffi. Aux femmcs & aux enfans on ne donne que la moitie de la dofe. Ce remede m'a ete communique par un Lieutenant de notre fregate, nomme le Roy. Son pere, difoit-il, lavoit eprou-ve bien desfois, loujours avec fucccs. Vapeurs hyßeriques, Frottezbienepats daille dedans dune foucoupe acaffe. Appliquez-la enfuite du cote frotte d'ail fur le nombril. AfTujettif- Tiij fez I'y jufqu'a cc quelle sy attache, & ne I otez que loriqu'elle tombera d'ellc-ineme. Fißules de toutes fortes. Prenezune poigneedefeuillcsflc mille-pertuis, autant rle feuilles cle pcrite ab(ylithe, autant cle feuiües d'Ariftolochc ron-de, line onced'Aloesiliccotrin, iine once de myrrhe en poudre. Faites infufer le tout dans dciix pintes de bon vin blanc , dans un pot bien vernis & bien kite, fur des cendres chaudes, pendant troisquarts-d'heure : faites bouillir enfuite un quart-d'heure : coulez la liqueur qnand elle eft froide, & y melez une chopine de bon efprit-de-vin. Confervez le tout dans une bouteille bien bouchee. Onferingue cette liqueur dans la fiflule cinq ou fix fois par jour, & on applique deffus un plujnaueau ou coinpreffe imbi-bee de la meme liquevir. Ce reinede a cte eprouve avec fucces bien des fois, par Ic (ieur Duvernay, Chirurgien de Cham-tery. Pour Les maiix des yeux & la goiüte fcreine memc. Ophtalmique etonnant par fes effas. _ Prenez 31 ecrevifTes vivantes de riviere, prifes precifemenc pendant que la lune & le foleil font au figne du cancer& non en d aurres temps. Autant pefanr de <'helidoine , racines, tiges , feuilles & fleurs, & cueillies avant le Ibleil leve, que les ecrcviffes pefent. Lerout bieiipile ensemble dans un mortier de bois ou de piene, ajoutez-y une once de graine de fenouil, farine de feves de marais & cam-pHre , de chacun une denii-once : cloux de gerofle, aloes hepatique, tuthie pre-paree, le tout en Doudre, de chacun deux dragmes. Melez bien le tout dans le mortier, & le partagez, enfuite en trois parries. Pvlettez-en une dans luie cucurbite , & diftillez au bain-niarie jufqu ä ficdte. Otez le marc ; confervcz-le, & mettez dans la cucurbite la feconde partie de la compofitioii avec Teau fortie de la premiere diftillation. Dirtillez de nouveau j uf- qu'ii ficcite. Otez le marc, confervez-lc; fubftituez-lui la troifieme partie avec I'eait Tiv diftillec. Reitcrez la diftillation uno troH fiemefois. Calcinez eniuitelestroismarcs dans im vafe ferme. Extrayez. le fel, par diflblution, filtration & evaporation , fe. Ion 1 art. Ajoütez le fel qui en viendra, h leaudiiHilee, & apresavoirdigere le tout k un teu doux de cendres, gardez la liqueur dans une bouteille bien bouchee. Ufagc, _On purgera le malade aii moins deux fois, ä un jour d'intervalle, avec une me-decine douce & cephalique j & s'il y avoit pl^iitude de fang, on fäigneroit une fois au declin de lalune. Omnlinuera enfuite foir & matin deux ou trois gouttes du col-lyre dans Tcxil, avec une ptume noire de i'aile d'une poule, & I'on appliquera fur Toeit une comprefle legere imbibee de la liqueur. On aura rattcntion de fe tenir le ventre iibre, pendant I'ufage du remede, qui fera d'environ quarante jours, pour la goutte fereine. Acer effet^ on ufera, s'll eftne-eeflaire, de lavemens compoJesd'eau pure de riviere, firnpicment degourdie. On evi-terauufli routes trirteffes, occupations trop ferieules, epiceries, viandes falees, celery, liqueurs fortes, & tout exces tlatis le boire, le manger, les veilles, &c. Pour les aiitres maux des yeux, onuferadvire-mede jufqu'ä guerifon. Baume excellent ^prefqueuniverfel. Mettez dans une terrine verniflee qui aille au feu, & qui tienne environ cinq ou fix pintes, ou douze livres d'eau, trois livrcs d'huile fine d olive, une demi-livre de cire ja\ine neuve, en perits morceaux, demi-livre d'eau-iole, trois livres de bon vin rouge, & deux onces de fanral rouge enpoudre. Faitesbouillir le tout pendant une deini-heure, remuant toujours lama-ticre avec une fpatule de bois. Ce ternps expire, jettez-y une livre de rerebenthine fine de Venife, & non de la commune : ( la fine n'eft pas acre fiir la langue, & a line odeur qui n'elt pas defagreable; eile eft blanche & non jaune ; ) avec quatre onces de bon miel & deux gros de cam-phre en poudre. Incorporez bien le tout avec la fpatule pendant une ou deux minutes : retirez la terrine du feu; coulez le baume ä travers un linge, & confervez-Je dans des pots de fayance. Ufagi. Pour les bleffures, ulceres, gangrene, foulures, brulures, rhumatifmes & ciou-leurs, on lave ou etuve d'abord le mal avec iin peu de vinrouge chaud; oneiluie doucement. On oijit enftiite abondam-ment le mal avec le baum.e, & on y applique lin papier bfouillavcl imbibe da mi^me banme. On rcnoiivelle cette opc-lation mariii & ioir. Si la bleflure penetre dans les cavites dn corps, on y en ferin-gue, & on en fait avaler un gros & demi ou deux gros dans chacun des bouillons du malade, ou dansune tifanevulneraire. On en fait auHi prendre la meme quantite ^oiir la pleurefie,lacolique & autres dou-^ curs internes, ayantfoindefaireenmenie temps des ončtions chaudes fur la parrie doulouieufe. J'ai eprouve ce baume, tou-jours avec facces. Migraine invitirie^ cat/fee par des humeurs fliixionnaires, & contre Vhydrociphak, _ Pilcz dans un mortier de bois ou da pierre, dix ou douze fommites de vervci-ne, avec de la farine de feigle, & cinq i iix blaiics, ou clavantage,d'ceufs frais: oa peut fuppniner la verveine. Formez-en lin catapldfine, que vous appliqaerez fur la nuque & les epaviles, de maiiiere quil couvreprefque toute I'omoplate. Metcez lar-deHus une ferviete fine en quatre doubles, & laifJez-le fix ou hiiit lieuresjapres lelquelles fi lemaladen'cftpasgueri, vous' enappliquerez un lecond fcmblabie , qiie ■^ous y laifTerez aurant ou a-peu-pres. II ert extremement rare qu'il en faille un troifieme. On purge enknte la perfonnc. Ce remede ell auili bon pour les rhuma-tifmes. -^ßtime humide, rhitmes & maux depoitrine. Faires bouillir pendant une demi-heure dans une terrine, ou cafTerole bien nette, une livre de baiesde genievrebien mures & concaflees, a\'ec une livre de beurre frais fans fel, & quin'ait pas etc lave. Cou-lez enfuire le beurre avec une forte ex-preflion des baies de genievre. Ajoutez 'Mutant pefant d'excellent miel i la colatu- , faites cuire ä rres-doux feu jufqu'ä la condrtance de fyrop, que vous confer-^"crez dans des pots de fayance. Vous en prendrez le matin ä ]enn , gros comme une petite noix, on la valeur d'une cueil-leree, le laiffant fondre dans la bouche , comme une paftille. Vous en prendrez autarn le foir, avant que de vous coucher. Quand le mal prefle, on peut en prendre aiitant, trois ou quatre heures apres le diner. Powr les fimples maux de poitrine, on peut fupprimer le genlevre. FIN, djctionnaire des termes de marine £MPWr£s DJNS CET OUVKAGE. k. ^SRoliios ^ eciieil oil banc tie rochers qui le troLive pres des cütes, & lur-iout vers Celles duBrefihce dernier n'a pas lur les canes route l'etendiie qu'il aen eifet; erreur eil Jevenuc l'oiivent faraie aux Naviga-teurs. -^ffoUe, c'eft alnfi qii'on appelle iine aiguille de bouffble Iii a [jcrdu fav ertu diredive* -^ffourchir^ c'efl: jetter unefeconde ancre ä la litite de ia premiere, ce qui forme une e(-pece de foLirche ; on a recoiirs ä cetre manoeuvre pour rerenir ie vailFeau dans les temps de rourmeiite. •^s'"«'', c'eft equiper un vaiflTeau de fes manoeuvres, de fes voiles, de fes antennes, üic. & arranger les marchandifes. ■^gräs^ eqiiipement de vergues, voiles, cajoles, ancres , &c. -^irJi ygftc^ jgj trente-deux vents qui fou-flent de Thorilon, &L dont on le fert pour coiiduire le vaifleau. , cpithete qii'on donne auf vents regies qui regncnt clans certains parages j le vent _ AM. AR. cl'Eft , qui en Avnl & en Mai porte des Canaries en Amerique, eft un vent alize. ^marnr. Her fortement avec un cordage foit un vaiffeau , ibit une de fes parties : on appelle les cordages des amaires. Amc?icr, faire defcendre: on afium k pavilion par refpefl:, ou quand on ne peur plus fe de-fendre, Jurifdiöion quis'exerccfouslenonj & Tautorite de I'Air.iral. Amiinr, bander Ics cordages : on amure pour aller an plus pres dii vent, Amiirrts., trous pratiques dans le plat herd dit vaillcau, oi;i dans certains cas ton appro-che le plus prcs que I'on pent les coins des voiles pour mieux prendre le vent. Ancrc , inftrumunt de tera double crochet lie ä un cable, & qu'on jette aii fond de la mer, pour arreterun vaifleaii. Une ancrc defouk ell une petite an ere dont on fe fert dans une rade pour changer un vaif-feau de place. On met une ancre au boßoir, quand on la met ä fa place fur I'avant du navire. Appariilkr, difpofer tout dans un navire pour mettre ä la voile ; cette difpofition varie fui-vant le temps. Arriere, potsppe du vaiffeati; c'eft ä cette partie qu'on attache le gouvernail, Arrimagc, arrangemens de la cargaifon d'liti vaiffeau : il fe fait dans un fens horifontai^ afin de maintenir 1 equUibre. ^ AR. bar, 305 Arrlvtr, c'cfl: pouffer fous le vent la barre du gouvernail. Amnion, nom du fecond mat tlu navire: on appelle aufli de cette facon la voile de ce mat. Jitenir^ prendre terre en quelques lieiix, on iimplement voir une terre & la reconnoitre. B. B AÜfts, marques faites d'line perche, ou d'un tonneaii flottant, placeesfur un banc , & le long de qiielque chenal dangeieiix par des haiits fonds ou par des roches cachees, afin de fervir dc iignal bL de guide pour les faire eviter. ■ßanc, terre 011 rocher qui s'eleve vers la fur-face de I'eau, de maniere qii'uii vaifleau ne peut y manoeuvrer. ^l y a un banc de fable fur la cote dii Brefil qui n'eft pas marque dans les cartes. Le plus fameux banc qu'on connoifle eft ce-lui deTerre-neuve ; cependant il laifle aflez d'eau fur fa furface, pour qu'on piiiffc y faire la peche de la morue. On donne quelquefois le nom de banc i d'enor-mes gla^ons de fix ä fept cents pieds, flottent clans les mers du Nord. ^ande: mettre un vaiffeau k la i>afide, c'eft le mettre fur le cote: cette manoeuvre eft ne-ceffaire quand on veut etancher quelque vole d'eau, ou radouber le navire. Sarhe^ Sainte-Barbe, ehambrede canojiiers r 304 BAR. BÖR. ou rctranchemcnt pratiqu^ cn forYHe de chambre, fur I'arriere du vaiffeau, au-def-ious de la chambre du Capitaine. Le timoa ifaßotircher, lever I'ancre d'affourche & la rapporter a bord. Dißtrmerün navire , le degarnir de fes agrets, & licentier fon equipage. J^oukht, paffer d'un cote a I'autre. On double iin promontoire. ■£>uneite, le plus baut ctage de Tarriere d'liH vaifleau. Les Officiers fubalternes y logent ordinairement. On donne aufTi Ic nom de d'oiare, aux petites cbambrettes, tant du Capitaine que des autres Officiers. E. bafe, fe dit qiiand la mer s'efl retiree. ^au haute ^ quand la mer ell montee. /W, c'eft prendre fa provifion d'eau douce. Mais faire eau, fe dit d'un vaiffeau da'is lequel I'eau de la mer entre par qiiel-r qiie ouverture. Viij 3TO ECH. EST. Echoütr ^ clonner, on toucher dii fond dii na-vire le fond de la mer, Ibit banc, foit roches. Ecoutcs, cordages attaches an bas des volles. On les roidit plus oli rnoins , pour que les volles refoivent mieiix le vent. Ecoiitilk , oiivertiire quarree clans le tillac en forme dc trape, pour defcendre fous le pont. Ecrivain, Officler du vaifleau , cornmis pour ecrire les confommations qui s'y font, & tenir reglftre de tout ce qui y entre , & de tout ce qui en fort. ^cubkrs, ouvet'tures rondes pratlquees aux deux cotes de I'avant da vaifleau , dans lefquels on paffe le cable quand on vent mouiller. Encombnmint^ embarras caufe par les chofes qui compofent la charge du navire. temps engraifle, on chargc de va-peurs &i de nuages. Equateur, ou ligne ; cercle imagine dans le ciel, Sc egalement diflant des deux Poles. Equipage; ce terrae s'entend du corps des Offi-ciers nmnniers, des foldats, des niatelots , des mouses, qui font le fervice dans im vaif-feau. Efl, rOi ient. II fe deßgne par un E, feul. E. N. E. fignifie Elt-Nord-Eft. B. S. E. Eft-Sud Eft. i:. Eft quart Sud-Eft. EJHmi:^ prcfomption ou conjedure fur la qiianf EST. FLA. 3ir tite de chcmin que le vaifl'eau a fait^ & du parage oü il fe troiive. Eßlmcr, calciiler le Tillage dun navire , par le nioyen d'lin inlbument appellc loch , ou petit navire. ^titi, gros cordage deftifie ii tenir le mat dans fon affiette, & I'afFermir clii cote de I'avant; comme les hautbans i'aflujettiffent auxdeux cotes, & par I'arriere du vaifTeau. F. pAqom^ endroits dii vaiffeau ou 11 y a une diminution lenfible, tant ä I'avant qu 'ä I'arriere dii deffous. Fairc^ naviguer, cingler: on dit faire route; faire le Nord ^ c'eft diriger fa route auNord , faire voile, partir ; faire di t tau , faire fa provifion d'eaii. Faubir, forte de balai fait de vieiix cordages. Ferkr, ferrer, troufler, plier en fagot; on dit des voiles que Ton ne plie qu'en partie, car' gucr. Fil de carret, cordon de vieux cables coupes en morceaux. Filtr du cable ; lächer dii cable, & en donner ce qu'il faut pour la commodite du mouil-lage. ■fVrtme,longue banderolle, ordinairement d'e-tamine , qu'on arbore aux vergues & aux hunes, foit pour fervir de fignal, foit pour I'ornement. Les Capitaines de vaifleaux de guerre Francois, qui coromandent quelque y iv Sil FLO. GAI. vaifTeau feparc, cloivent porter au grand mfit line flame blanche , longue au-nioins de dix aunes pariilcnncs. fhi, fo dir de Teaii agitcc par le vent: on le dit aufTi du flux de la mer , & de la qiiantui;, ou profondeur d'eau qu il faut ii im naviro, pour flotter & iiaviguer, J(?«(/,l"upcrficie de la terre au-defl"oiis deseaiix. Un fond du. bonne unuc^ eft celui ou I'aiicre mord bien, 6; tient folidement. For.d di caU, partic du navire ibiis le premier pont:on appelle w^c, la par- tie antcrieurc la plus bafte j ou Ton met Ics tonneaux. Fougue; ce mot dgfigne i'^. le mat d'artimon j le perroquet de ce mat; 3°. une vergue fans voile. Fratchir ; le vent frulchii quand il aiigmente de force. Frigate, vaifleau de guerre de bas-bord, lege^ ä la voile, & qui n'a d'ordinaire que deux pontS: elle ne peut avoir plus de 60 pieces de canon. jpWi; louage cl'ttn bätiment, fomme promife pour ce loyer. G- G-^^Ur., matelot place fur la hune, pour fairc le guet 6c la dccouverte. Cafe , croc de fer attache ä un manche de bois. ^aillard d'avar.t, enhauflTement qui eft la GAU. HAN. 31J proiie des graiids vaiffeaux, Sc qui regne der puis Ic mät de mifenc jufqu'au bout de lepc-ron. Le gaiüard d arriere occupc depuis le gniiid ni;1t ju fqu'au gouvernail. Ceft unerage coupe Hu-defllis du pont. Parceiccs , pctitcs cordes de vleux cordages qu'on a d et rt lies. Oijjime/H^ fituation refpeftivcides cötes & des parages. Grain ^ image qui paffe en peu de temps, donne du vent cn lourbillons, ou de la pliiie, (quvent ies deux cnfcmble. Grapin, petite aiicre a cinq pattes, qui (ert tenlrune chaloiipe, ou un canot. Ondonnp auffi ce nom ^ un croc , que l'on jette avec la main iiir Ies vaiffeaiix eiineniis pour les acerocher, qiiand on veut aller i» Tabor-dage. G reve, plage unie & fabloneufe fur Ic botd d'un fleu ve, ou Tur le rivage de la mer. H. Hjiliacle, efpece d'armoire oii Ton enfer-me la bouffole, ou compas de route. Ell? eft placee devant le Timonnier. On y met ^uffi rhorloge de fable,la lumiere qui eclaire pour gotiverner. Hamac, !jt de teile de coton , fitipcndii par les Jes deux extremites avec des cordes: on ^ait beaiicoup d'ulage dans les vaifleaux. Hanßin, gros cordage qii'on jette aux chalou-pes qui yeulent venir ä bord d'lm vaiilti^u. 3I4 HAR. HU. Harpon^ gros javelot de fer, arme d'un manche de bois, auquel on attache ime corde. On s'en fert pour pecher les gros poif-fons. Haubans, gros cordagcs avec lefquels on fou-tient les mats des deux cotes, & par-der-riere du navire, pour les fixer, &C les em-pecher de vadller. Sam-fond^ endroit oil il y a peu d'eau. Hauteur, elevation du pole, du foleil ,des etoi-les. Elle fe mefure & fe determine par un arc de cercle , compris depuis rhorifonjut-qu'a I'aftre , dont on prend la hauteur. 'Hauuttr s'entend aiiffi de la latitude. Prendre hauteur^ c'efl melurer la hauteur du folcil ä midi. Hißer fe dlt pour hauiTer; hijferen douccur, c'eft elever leniement. Äör/o^e, poudrier, fable: on dit que leTinion-nier a mange du fable, quand il a tourne I'horloge de fable, avantla demi-heure paf-fee; temps que doit durer 1 ecoulement en-tier du fable de Thorbge. 'BouUs, lames ou vagues que la mer agitee pouffe les unes contre les autres; on dit la mer eft koulmß, quand eile eft couverte de vagues. Ifouiee, grain de vent. Hum, efpece de petite platte-forme de planches, foutenue par des barres de^ bois, & bordee de pilaftres. Elle regne en faillie , 8c en rond autour du mat, au-defius de la voile HU. JOU. . d'en-bas. Le Gabler fe polle ordlnairement fur la hune du grand hiinier. Humer ^ voile du mät de hune. Le grand hu-nier eft la voile qui eft portee par le mat de hune du grand mat. Le petit hunier, eft Celle de la mifene. J. L JArre, ou Gearre, grand vafe de terre vernif-fe que I'on emploie pour purifier, & con-ferver Teaii douce, liir la mer, apres qu'on I'a tiree des tonneaux. Interloppes, vaifieaux qui entrent en cachette dans un port, pour ne pas payer les droits , ou pour y faire la contrebande. Jour ; toutes les Nations de I'Europe, qui na-viguent, comniencent ä compter le jour ä minuit, Mais quand on fait fon point fur mer, ou que Ton ecritfon journal, on compte d'un midi i midi du jour fuivant; parce que c'efr ä midi que Ton obferve le foleil au merldien , pour connoJtre l'endroit oü Ton fe trouve alors. Journal; chacun eft maltre de faire fon journal fur un navire, & fuivant fes propres ob-fervations. Maiscommeonn'eftpastoujours en fentinelle, pour voir ce qui fe paffe, pour yfuppleer on a recours au journal coninuin, que Ton appelle k Cafermt. 0ans quelques valflTeaux le Pilote eft charge de faire ce journal ; dans d'autres c'eft I'Officier qui com-niande le quart. Le temps de fon quart ex- rs. LAR; jpire, il doit ecrire clans le cafernet tout ce qui s'eft paffe de remarquablc. Ce cafernet eft (livil'e par colonnes, & l'Üfficier y öcrit quel rnmb de vent le navire a couiu; quel changement efl arrive, quelle latitude on a obfervee, & celle qui eft don nee par rellime; la longitude eftiniative, la variauon, on de-clinaiion obfervee de raigviille aimantee, le chemin que Ton a eftiinc avoir fait; enfin ce qui eft arrive de remarquable, coninie la renconrre d'un valffeau, la vuc de quelque lerre , de quelque poifibn , ou de quelque oifeau , qui mtritent I'attention , parce qu'ils ne fe troiivent que dans certains parages ; les grains de vent, les tourmentes, les Ibndes, & autres choi'es de cette efpece. Ißesduvmt, ce font ies Antilles , parce'que les vents y regnentprefque toujours. L. LMourer, toucher le fond de la mer avec la quille du navire ; ce qui arrive lorfqii'il paffe dans tin endroit oil il n'y a pas aflez d'eau. On dit aufli Cancn labourt, quand il ne tient pas ferme dans le fond oii on I'a jettee. Lames, flots, vagues de la mer , qui fe fucce-dent les unes aus autres, quanc eile eft sgilee. La lame, prendpar It travcm , c'eft quand eile heui-te contre le cotc du navire. Oh djt Icimc tongue , lame courte. Large ; aller , courir au large. C'eft s'eloigner de la cote. Aii large, pUis avant en mer. L AR: LIG. 317 'Largue eft le mčme que large. Mais on dit vent largue pour exprimer tous les airs de vent compris entre le vent de bouline, & le demi-riimb, qui approche le plus du vent arriere, ou qui iouffle ä la poupe. Le vent largue eft le phis favorable, pour faire avancer le fil-läge du vaiffeau ; parce que le vent largue porte dans routes les voiles, &c quelorfqiie le vent fouffle ä la poupe, les voiles de I'ar-riere derobent le vent aux voiles de devant. Larguer^ laeher, donfier plus de jeu. Lat. ou lath, fignlfie latitude. i^it. eft. N. latitude eiHmee Nerd. Ltß, tout ce que Ton met dans le fond interieur dii navire, pour y former un contre-poids, qui puiiTe rempecher d'etre renverfe par la force du vent oli des vagues. Quand on dit fimplement kß, on entend feulement des callloux, du fable, ou quelque autre que ce foif. Lieue ; on fe fert de ce terme fur mer, pour me-iurer par effime. Les lieues different fuivant les Nations. La plus commune mefure ell d'une heure de chemln. Un degre du ciel re-pond ävingt lieues marines, 6l a vingt-cinq lieues communes de terre en France. ■^f fignifie lieue. zS L. ou Li. 25 lieues. Ligne equ'inoxialc. La Ligne, \'Equateur,to\\s ces termes fignifient la meoie chofe; c'eft-ä-dire le cercle imagine & concu , que lefoleil decrit dans fa coWe, ou eft cenfe decrire environ le zi Mars,& Ic u Septembre, 3i8 Lig. loc. dans une partie du del. Tons les points de la circonference de ce cercle Ibnt egalement eloignes des Poles. Cette ligne eft le terme d'ou Ton commence ä compter les degres de latitude , tantdans la partie meridionale que clans la feptentrionale. C'eft poiirc[uoi fous la ligne il n'y a aucune elevation de Pole. tignc d'eau , Tendroit du boi dage , ou exterieur du vaiffeau, otiTeaii de la mer vient fe terminer, quand le vaiffeau a toute fa char-p. La ligne eft auffi line groffe ficelle , au bout de laquelle la fonde eft attachee. Elle a environ trois quarts de pouce de circonference : fa longueur eft arbitraire ; mais il y a des marques h des diftances dcterminees , pour juger de fa longueur enfoncee dans la mer, quand on y a jette le plomb, ou fonde, qui y eft attache. Les plus longues lignes ne paffent guere deux cents braffes ou mille pieds ; parce qu'au-delä de deux cents braffes, il feroit trop difficile de fonder le fond. 'Lit, canal dans lequel coule une riviere. Lock, ou petit navire, Inftrument de quatre pieces de bois, affemblees en triangle, par e moyen de charnieres ä compas. Deux de ces pieces forment deux cotes d'lm triangle, prefque equilateral: les deux autres fe joi-gnent au milieu , par un de leurs bouts, & s'y affujettiflent avec une cheville amovi-ble. On tend nnetoile forte fur cecadre trian-gulaire; Sc Ton arme de pJomb les deux pieces qui forment la bafe, pour la faire enfon- LÖF. LOX. 519 ter dans I'eaii de la mer, & determiner la pointe ä refter en haut, aHn de donnner plus de prife A TeaLi. Ce cadre eft attache a une corde par fa pointe, & par le milieu de fa bafe a la cheville amovible i-qf, partie du vaifleaii qui ell comprife dcpuls le m;u jufqu'ä iin de fes bords, & qui fe trou-veau vent, C'eft encore le point d'une baffe voile qui eft fous le vent. _ longitude, diftance du premier mcridien ä čelni du lieu oil i'on eft. On la compte par les degres de I'Equateur de I'Oueft ä I'Eft. Louvoyer, conduire le vaifleau tantot d'lin cote , tantot de I'autre, changer louvent d'air de vent, pour faire fa route. Loxodromiquts; ( Tables.) ellcs font calculccs geometriquement, pour cftimer la coiu-fe oblique duvaiffeau. Par leur moyen on refont promptemcnt les problemesprincipaux de la navigation ; on fait une plus fure efti-me, & un pointage plus exaä, que celui des cartes marines: de forte qu'en donnant pour fondcment les rumbs de vent que ron a cou-rus, ceux de ia route, & Ic chemin que le vaifTeau a fait, on trouve le lieu oil il eit arrive. Quand la route que fait un vaiffeau , tn üiivant un des trente-deux vents marques fur la bouftole , ne fe fait pas en ligne tlroite, cette ligne parcourues'appeilc LoxUis petits que ceuK qu'on porte dai)S les .l^elies faifons. Pi^d-marin ; avoir lephd marin, c'eft I'avolr fi^t'rme, & ü accoutume aux inouvemens du vaifleau, que Ton puivTele tenir debout pendant le roulis, le tangage, X iij 3x6 PI. PO. Pilotage, art de prefcrire fur mer la route citf vaiffeaii, 6i de determiner le point du del fous lequel il fe trouvc, ce qui depend des cartes marines, de I'eftime du chemin, & (le I'oblervation des aftrcs. Pilou Cotier, celui qui connoit bien les cotes & I'entree des ports. Pincer le vent, aller au plus prcs du vent. Pirogue, bateau fait d'un feul tronc d'arbre, en^ ufage che?, les Saiivages de I'Amcriqiic meridionale. Plat bonl, extremitc du bordage, qui regne en haut fur la liffe, autour du pont Ö£ du tillac. Plain , s'cncend qnelquefols du rivage de la mer. Plomb, fc dit fouvent pour fignifier toutc la fonde. Le plomb de Ibnde eft iine niaffe de plomb en forme de cone tronque , dont la bale eft concave, & remplie d'un melange de fuif & de graiffe , pour fonder le fond de la mer, point, lieu marque fur la carte , pour indi-quer I'endroit de la mer ou Ton crolt etre, 6c de-lä dinger fa route. Pointe^ langue de terre qui avance dans la nier. iii poinu de tEß, c'efl-i-dire , ia partie d'une terre, qui avance le plus dans hi mer , & Te montre du cote de TOrient. PoiriurU carte, defigner fur la carte le lieu oij Ton prefumeqviele vailfeau eft, & trouver Tair de yent r;ue Ton doit coiirir, pour arrir POL. POM. 3^7 ver oil Ton vent aller. Cene defignatlon eft le refiiltai de I'obi'ervation faite tons 'es jours ä midi, quaad la ferenite du temps le perlet , pour connoitre ia hauteur dii Pole oi'i Ton eft, & le degre de longitude eflime lur le chemin qu'a fait !e vaiileau. On opere avec deiix compas ordinaires A deux poin-tes, dont on pof'e I'lin (ur les paralleles de latitude, I'autre {iir les degres de longitude, marques fur ia carte hydrographique. Le point OÜ les deux aiitres nolntes aboutiiTent, qiund on les mcnc ä la rencontre I'un de Tautre, eft I'endroit ou Ton ell. On appelle aiiffi cette operation , fain fon p par la grace de Dien, Rüi de Francc & de NaVafre. A- n03 amžs Sc. fiaux Conlciilers, Jcs Gens cenans nos Couri Pjrleiiient, jM.iiires des Rctjueies ordinair« de notre HöteJ , Grand Conleil, l're/öt de Paris, ISaiUis. Scsiechaux , Jprs 1-iemenans Civils , & auircs nos Juiliciers qn'il appaftien-dra, Salut. Nos amis Ifs (leurs Sajliant & NlfüN, Librai-lös a l'aris , Nous out fair cxpoil-i' iju'iis dellrcroifiit faire Jnipriiiier donner au Public uii Ouvrage qui a pour litre: y^yngc auxJßci M^loulna , paf Dom P IL&N £T TY ; i'WHoni p'a iiiit Iciir accordet nos I.cttics dcPrivilegi- poiir « nkeffaircs ; A ces Causes, Voulam tavotaliJeuienc traicer Jes Expofans , f^oin lenr jvnns peniüs &periiiectons par ces Prfftnces, de faire linpriiner leJic Ouvrage auiaiic de fois que bon icut ftinhlera > Js vendre, faire vendre &C dcbircr par couf norre Royaurne» pendant le tenis de ilx annc-es catilectttives, ä compcet du |our de Ja date des Prefentes. Faiibns dcfejifes ä rous Irnpfinieurs, I.i-bratres, S; autrcs perfonnes, de c|ticlc]tie ijualiti 5c condition qu'ciics i'oieni , d'en introduire d'impreffioti L-trargerc dans ati-cun licu de untre obt-ifTancc » conime aulTi d'imprinier j cu faire äinprimer, vendre , faire vendre, dchitet ni contrcftirc Icdii Ouvnijje , ni ci'en faire aiiciiw exttait, fotis qtielqu? pn-texte dtimnia- tnttr^s, A la charge que ces PrefenECs ieionc enresillrL« ^ut au long fur le Regillre de la Conimunatiiž de^ Itiiptimetit, & Libf.ires d4 Paris , dans rrois mnis de la date d'iceüe.: que ' iinpreiTtun dudit Ouvrape feri faite dans notre Rciyaumc,_ ^ aillBtirs. en beau p'.ipier & beatix «raderes, co .formc-luenc itix Rigid,ens dc la Librairie, & uotinur.eng i cclui du 'lo Avril 1715, ä peine de dcdiean« du prcfcnt Privilege; quV vant de Tesipofec en vcnte, !e nianufcrit qui iura fcrvj de copie i I'impteflion dudic Ouvrage , Tera rciiib dans ie incme etat oü l'Approbaiioii yautactc donnce , es mains de notre trčs-cher i; feal Clievaliet, ClunceJier Garde des Sceaux de France, Ie ficm de Maupeou ; qu'il en lera enluitc remis deux Exnn-plaires dans notre ]!ibliochecjue publique, mi 'l^i" fe'Je de noire Chateau du Louvre , ik un dans celle dudic fiour D g Maup£ou ; ie tout a peine de nuilite des l'rirentes. Du conccnu defquelles vous mandons & cnjoignons de faire jouit Iflfdits Expolans &: Jeurs ayans caufe , pleineiiieut & paiiibleonenc, fans fouff'rir qu*il leur foit fait aucun trouhle ou empeciienient. Voulons que Ja copie des Prcfentes, qui fera impriinte tour au Jong au commencement ou i Ja lin dudic Oüvtaj;e, foic tenus pour düement (ignifite. Sc qu'äux copies collationnces pat I'un de nos ames S; fjanx ConieilJersSectLtaifes, foi foit ajoutce com-Jiie a I'original. Comrnandons au premier notre Huillier ou Seriem Curcercquis, de faire, poui i'exccution d'iceiles, tous aftet iequis& neccll'aires, fans demander auire permillion , & nonobf-taiir fiaincLir de Haro, Charte Hotniande, S: Lettres a ce con-iraires; Car te! eil notte plailir. Doknä d Paris ie vingt-cin-quienie jour du niois d'Aviil j J'an de grace mil fept cent foi-xaitte-dix, & de notreRegne Je cinquante-cinquieme. Pat le Roi en fon Confcil. S^gn^ L E Ji E G U E. Repjiri fur U Regiflre XVllI. de laCkamhri Roy de & SynditaU des Liliraircs 6- Imprimcurs de Paris , iV', 1059./oi. läo , ftnformcmcni au Reglement de 1713, A Paris , cc i ivlat 1770 j Signi £ RIA t s O M , Syndic. De rimprimerie de Le Breton, premier Imprimeur ordinaire du ROI, 177^. _ TI:!. .ir-i M ■•.wJi ■ Ti ir-^ ri: JI -A. . 1 äk-f f- IL J ■t I 1 nr. -.r- --v r/'/.. A \\ \ >.. ' T vfr 'Ii '■Kt- ! li..'. !i - t' t- - : r -X . ■•t.'?^ . ".....^ . -- *<> ^ " 'l ' . ■ ■ 3 i L » v« ______j I .. . f. - •. . . - trjTtl j,'-.-- -■ : • " -'{U" - ■ ' ■ -; fT ..r^f ■ C , • • ■ v - -J • ir ■■ TIS« / - ■ -V .... ^ J - --■stac . r-' 1 ■ ■ ^ r' ■ t/ • r-l"" ■ I" .. i' ■ *■ . ■ V/' n ■ -. :■ •t .t ■ v■ 't-"/' '. ..sT' 'h.y ■ -ri. ••■J. - ^---------- r/. V. C^r/Zi.' Je JS /Jeue^- l/l- /fi /Vahz, /■••'r^ii ./.a/. ■A /ii,>//t'. /i ■ hi/-«' e/ ' ,t,fiyaAA'. ti. ^'itiic' /toi/' ■ J': ■ A',ti A-Ji>t /„ •ttn . ■f' • < i>YUl//tU/AJ • ^t'1/f WJ- . ) f f.orj^^i.^ ^luU O. ou .i'. /Jv ,'.///.»• /fuvt/,vi/1^' • /na/ivj' ofett/nn , r ^ I ■ v y i •.-J, .-.1 «li-.t- . ' • \ . v --f" • i • -v« J-' • • iv. ■ ■ v "'-1 r. »f -V- ..•fer_________ . t . i .-.-»» >- -K "A , - - /ti.. C;..'- . i * .-itv? v \ ! \ I A htf i/i' t^Ki'jtf.-r'iJfo ^wv.iv i/it /("■/ m ^ ciori^ Q ^'tS J-.' f 'Ai.^i- J-. Ms ^^j^miVTminm (A Zt.i^L^, a^^rf^rv . P. ^JW/ at i. /on fieloffiii'- ■ tr- dr/^u' Jtt ^tif'cL-. jr.-^Wv'^ de V^/e I. 'Itrn^r/.a i^e Li. ) ■ ■•-T' Vi. -'t: SL i V. • • * • ' • / • r v^r/ . \ Aiwi^ ; / ■ > .-i S" - "' t» li.' \ A v a' . T':. i i •.i • f •"K r i-..; / ^ I IV Vi.-, » ■ '• t ^- . J'/: VV/ . (e a M-fiua- le (t^ a O-^J^.O. .■^•rnÄSSK Ov ' 1 VVM- -.-t 'i? ■ «wc i-^e-^it»—*-1-. •• - . ... -y "(v... 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