TELEGRAPHE OFFICIEL. Laybach y dimanche 25 octobre 1812, EXTERIEUR. DANEMARCK. Copenhague, 29 septembre. Une nouvelle frégate nommée la venus a été lancée à l'eau ces jours-ri. On savoit depuis long-temps que les Russes trahisso-isnt la vérité sans aucune espèce de ménagement dans leurs relations officielles , mais jamais ils n'avoient porté l'impudeur et l'effronterie aussi loin qu'ils viennent de le faire dans la relation publiée par îa Gazette de Saint-Pétersbourg du 13 sept. , de la grande bataille de la Moskwa. Nous venons de recevoir cette pièce vraiment curieuse, et nous nous empressons de la mettre sous les yeux de nos lecteurs: ,, C'eit dans la position de Mojaïsk que l'armée russe a accepté la bataille qui lui a été offerte par l'Empereur Napoléon. „ Des combats continuels, que Ja nuit seule a interrompus, ont rempli les journées des 5, 6, et 7 septembre ( nouveau style. ) „ C'est sur l'aile gauche, commandée, en vertu d'un» nouvelle disposition, par Je prince Bragation , que les principaux efforts de l'ennemi se sont dirigés avec une persévérance et un acharnement extraordinaires ; mais les sages dispositions du prince Kutusow , qui y avoit posté, dans la journée du 7, «ne masse de troupes considérable en e A: bu se a de , a tourné et mis en déroute l'ennemi, au moment où il croyoit avoir tourné l'aile gauche de l'armée russe. » Ce «satin, lorsque S. M. 1 Empereur, à l'occasion de sa fête, alloit se rendre à l'église d'Alexandre Newski, il lui arriva, de la part du prince Kutusow, le plus beau bouquet , par .la nouvelle que la victoire étoit enfin restée à l'armée russe. „ Les détails ne sont pas connus jusqu'ici. I^'ennemi a dû céder le champ de bataille , et s est retiré de plusieurs werstes. II est ea pleine déroute, et «os troupes le poursuivent. A "u Un grand nombre de prisonniers et de canons^sont tombés au pouvoir du vainqueur. Le prince Bragation est blessé par une balle à la cuisse. „ Il a été chanté sur-le-champ un Te Deum solennel. Le prince Kutusov a été nommé maréchal de l'Empire, et a reçu une gratification de 100,000 roubles. S. M. a fait distribuer cinq, roubles à chacun de no* braves. On attend les détails de cette victoire mémorable. „ ( Jour, de l'Emp,.) intérieur, empire français. Paris, le 13 octobre. 22.e BULLETIN DE LA GRANDE ARMÉE. Moscou , le 27 septembref Le consul général Lesseps a été nommé intendant de la province de Moscou. Il a organisé une municipalité et plusieurs commissions toutes composées de gens du pays. Les incendies ont entièrement cessé. On découvre touB les jours des magasins de sucre? de pelleteries, de draps etc. L'armée ennemi paroit se retirer sur Kalouga et Toula. Toula renserme la plus grande fabrique d'armes qu'ait la Russie. Notre avant-garde est sur la Pakra. L'Empereur est logé au palais impérial du Kremlin. On a trouvé au Kremlin plusieurs orneraens servant au sacre des Empereurs , et tous les drapeaux pris aux Turcs depuis cent ans. Le tems est à peu-près comme à la fin d'octobre k Paris. II pleut un peu, et l'on à eu quelques gelées blanches- On assure que la Moskwa et les rivières du pays ne gèlent point avant la mi-novembre. La plus grande partie de l'armée est cantonnée k Moscou , où elle se remet de ses fatigues. ( Menit. ) — Les personnes qui s'imaginent connoître la Russie parce qu'elles ont lu les éioges intéressés que certains écrivains du dernier siècle ont prodigués aux institutions de Pier-re-îs-Grand et de Catherine II , ont pu être étonnées e» lisant les derniers Bulletins de la grande armée. Les récits de? voyageurs qui n'ont vu la Russie que dans Saint-Pétersbourg , ont aussi contribué à donner sur ce pays des notions peu conformes à la vérité. On croit assez commu-ntnwrt que dans l'espace d'un siècle il a fait des progrès vers la civilisation et s'est élevé au niveau des autres contrées de l'Europe . U entroit dans la politique des monarques russes de répandre cette idée afin de diminuer les alarmes que devoient naturellement exciter chez les autres nations le voisinage ou rapproche graduelle d'un peuple barbare. C'est par ce m®tif qu'ils avoient attiré dans leur nouvelle capitale une foule d'é trangers qui culti voient les arts, élevoient des monumens, soutenoient jusqu'à un certain point l'apparence d'une ville européenne. U est certain cependant qu'on peut comparer les progrés de cette civilisation à peine ébauchée à ces décorations de théâtre qui de loin nous représentent des édifices , de beaux monum ens • d'architecture, et qui, vues de près, n'offrent plus à nos regards que des traits informes et des esquisses grossières. Les lumières ne pouvoient pénétrer dans la masse d'une nation divisée en deux classes, dont la plus nombreuse et la plus utile appartient à l'autre de la même manière qu'un troupeau de bétail appartient parmi nous à celui qui vient de l'acheter. Aussi les russes sont-ils aujourd'hui tels qu'étoient leurs ancêtres il y a cent ans. En lisant les proclamations de leurs gouverneurs, les prières burlesques de la bouche d'or et les détails de toutes les cérémonies superstitieuses avec les quelles ils s'efforcent d'enflammer le fanatisme du peuple, on se rappelle qa'il^em-ployerent les mêmes moyens lorsque Charles XII , qui au* roit renversé le trône des czars, s'il eût mont»é autant de prévoyance et de sagesse que de bravoure, luttoit aveç une poignée d' européens contres les forces léunies de leur empire. La farce moderne de S. Serge et des opérateurs de miracles y peut êfre comparée à l'ancienne comédie de S. Nicolas. Voltaire nous a transmis les vœnx publics qu'ils adressèrent au patron de la Russie après la journée de Narva. „ O toi, qui es notre consolateur perpétuel dans toutes nos adversités, grand S. Nicolas, infiniment puissant , par quel péché t'avoas-nous offensé dans nos sacrifices, génuflexions, révérences et actions de grâces, pour que tu nous aies ainsi abandonnés? Nous avions imploré ton assistance contre ces terribles , insolens , enragés, épouvantables , indomptables destructeurs, lorsque comme des lions et des ours qui ont perdu leurs petits, ils nous ont attaqués, effrayés, blessés, tués par milliers, nous qui sommes ton peuple. Comme il est impossible que cela soit arrivé sans sortilège et enchantement , nous te supplions, ò grand S. Nicola , d'être notre champion et notre porte-étendard, de nous délivrer de cette foule de sorciers , et de les chasser bien loin de nos frontières avec k récompense qui leur est due, „ En comparant cette prière à la letrre que Iarchévê-que.de Moscou adressoit à l'empereur Alexandre, en lu envoyant l'image de S. Serge , on doit avouer q6e la raison a fait peu de progiès parmi les russes, et que ceux qui nous parlent de leur civilisation sont des observateurs bien superficiels ou d'une évidente mauvaise foi. Tout dans la nation russe porte encore l'empreinte de l'origine tartare de ses peuples. Les discours , les épîtres amicales, les proclamations des autorités civiles et militaires nous offrent cette exagération orientale qu'on remarque dans les productions des arabes et des turcs. 11 n'y a dant tout cela rien d'Européen, rien de cette décence et de cette noblesse qui sont le produit de la civilisation et do progrès des connaissances humaines. La Russie est de dix siècles en arière de l'Europe. S'il étoit besoin d en donner une nouvelle preuve , nous citerions l'horrible événement qui a détruit cette vaste capitale , que les russes nommoient la NouvelleJérusalem. Au lieu de la défendre ils l'ont incendiée; et Bastopchm , dont le nom sera désormais une injure , n'a pas craint de dévouer à la mort la pius cruelle trente mille de ses compatriotes bl essés au champ d honneur. II y a dans ce crime un caractère de férocité qui révolte l'imagination. Les sauvagis habitans des forêts américaines brûlent leurs ennemis; mais ils n'ont jamais livré aux flammes leurs propres guerriers, jl étoit réservé à un russe de donner au monde le premier exemple d'un tel forfait. Lorsqu'on pense que la Russie, appuyée d'un côté sur la mer Noire, de I autre sur la Baltique, et adossée aux bornes du momie, s'avance depuis un siècle sur l'Europe civilisée avec ses hordes innombrables de calmoufcs , de cosaques 1 de baschirs et autres tribus nomades de la Tartane, on épreuve un vif sentiment de reconnaissance et de vénération pour le génie prévoyant et tutéfaire qui les refoule «ans leurs déserts, et oppose au torrent de la barbarie une digue qu'elle ne pourra jamais franchir. L.s victoires de S. M. l'Empereur sont des victoires européennes; ce sont les succès du bon sur le mauvais génie. L'Arimam du Nord restera enchaîné sur ses montagnes de glace, tandis que les arts, consolateurs de la vie, couvriront i Europe d'un éclat immortel, que la marche de l'esprit humain deviendra plus sûre et plus rapide, et que des siècles de paix et de gloire effaceront jusqu'au souvenir des sacrifices devenus nécessaires pour arriver k ces grands résultats. ( Jour, de Paris. ) PROVINCES ILLYRÎENNES. Laybach, le 24 octobre. NapolŽ?n, Empereur des Français, roi d'Italie, eto. La Co m mission de Liquidation instituée par les Décrets impériaux du 15 avril i3ii , et du 16 février 1812. Vu les états extraits et rélévé s«r les régistres de la Chambre des comptes des jommes, arriérées restantes ^ctj sur les transports pendant l'année 1509 et anlérieam, S A V O I R : Somme avancée par la caisse des états de la Cam t oie pour le rembourseront des entrepreneurs et qui n'a pas encore étô repartie sur la province, montant à . » , . Le montant liquidé des comptes présentés par les entrepreneurs des cercles de L*ybach et Adelsberg pour l'exercice de 1$09 . . ................... Total à répartir . . Fr. 29, 13«. C. 01 65 > 357* «7 • 94 , 493- 68 43 ) 99 ) 94493 26 ) Compris dans les états Suivans; N." 4 Cercle ds Laybach . . 36 , 957. N.p 5 idem d'AdeJib-'.rg . . . 14,320. N.° 6 idem de Neusdt . . . 43 ,215. An total quatre vingt quatorze mille , quatre cent qua-trevingt treize francs soixante huit centimes. Vu les anciennes lois et réglemens existans sur la matière , et considérant que les frais de transport militaires ancien-nemânt exécutés par les communes avoient été mis en entreprises, que les fonds à payer aux entrepreneurs , étoient avancés par les états et recouvrés ensuite par voie de contributions sur les diverses Seigneuries qui en faisoient la répartition entre leurs vassaux. Considérant que les nouveaux afrondisserr.ens communaux comprenants plusieurs Seigneuries ou fractions «le Seigneuries, il seroit impossible d'en faire la répartition par arrondissement de perception, a Que d'ailleurs les lôles cadastraux d'après lesquels s'étabfissoient les répartitions sont encore entre les mains des Seigneurs et qu'ils leur sont indispensable« pour regkr et des ci-devanti Seigneurs seront admis à le jusïifi r par la représentation de leurs carnets, auquel cas le Seigneur sera lui même responsable. Chapitre VIII. Les ci-de.vants Seigneurs qui anroient déjà prélevés sur les habitans, le mentant de la contribution seront tenu? d'en faire la déclaration et de solder le montant des côtes, sous peine d'être, considérés comme retentionnaires des deniers publics et poursuivis suivant toutes les rigueurs des lois. Chapitre IX. Les rôles de répartition definitivement arrêtés par la commission seront rendus éxécutoues par le r^mte de l'Empire Intendant général, président de la commission. U en sera transmis aux directeurs des domaines, qui en feront opérer le recouvrement par les receveurs. Chapitre X. Les receveurs des domaines ouvriront dans leurs bordereaux un compte à part de ces produits, Le versement qu'ils en feront dans les caisses du receveur général en contiendra une imputation spéciale. Chapitre XI. La totalité du recouvrement devra être faite avant le i. Janvier 1813 les directeurs des domaines , rendront com ptes tous les mois à monsieur l'Intendant général de la marche du recouvrement. Chapitre XII. Les employés des domaines prendront contre les contribuables en retard, les mêmes formes et les mêmes mô des de poursuite que pour les contributions. Fait en commission de Liquidation le 12 Juillet 1812. Sig né le comte CHABROL. Le baron Garagnin. Le baron LICHTENBERG. AVIS. Le Directeur de l'enregistrement et des Domaines à Laybach x informe que S. lì. le ministre des. finances a rendu le 7 avril dernier une décision conçue en ces termes. Art. i.er Tout oeuvre non périodique de musique, qui ne contiendra pas plus de deux feuilles entières de papier d'une dimension au moins de vingt-trois décimètres quarrés, ne peut être gravé ou imprimé que sur du papier timbré, d'après la loi du 2 floréal an 6. sous les peines portées par les articles 60 et 6i de la loi du 9 vendemiaire de la même année. Art» 2. H est accordé aux graveurs et marchands de musique un délai d'un mois à compter du jour de l'avis qui leur sera donné directement , ou de son insertion dans le journal du département pour faire timbrer sans amende moyennant le payement des droits simples les oeuvres non périodiques de musique qui ne contiendroient pas plus de feuilles entières de papier de la dimension désignée, et passé ce délai , les contraventions qui ont été commises et non réparées, seront constatées par des procès verbaux* et les contrevenants pouisuivis pour être condamnés aux peines portées par la loi du 9 vendémiaire an 6. Art. 3. A compter du jour de la réception de la présente décision , les directeurs et préposés de l'administ ration des postes refuseront de recevoir les oeuvres non pe'riodi* ques de musique qui .ne seroient pas timbrés et qui seroient assujettis au timbre. D'après la dite décision le Directeur soussigné invite toutes les personnes qu'elle concerne de vouloir bien s'y conformer pour éviter les peines que leur contravention leur feroit encourir d'après les mesures prises pour les constater. Laybach y le i.er octobre 1812. Le Directeur de l'Enregistrement* et des Domaines. B E L L O C. AVIS. Le Directeur de l'Enregistrement et des Domaines de Laybach prévient que S. E. le ministre des finances a rendu le 25 août dernier la décision suivante. Art. j.er Les imprimeurs ne peuvent d'après la loi du 6 prairial an 7. et l'avis du conseil d'état do 28 messidor an 9. sons les peines portées par cette loi, imprimer q«2 sur du papier timbré des Catalogues de livres qu'elle qu'en soit l'étendue, et qu'il soient destinés à être placés sur des couvertures de livres ou Journaux, à y être joints de t'>ute autre manière ou à être livrés séparément. Art. 2. Les libraires ne peuvent sous les mêmes peines, vendre ou délivrer gratis des catalogues de livres s'ils ne sont pas timbrés. Art. 3. U est défendu de nouveau aux préposés des postes de faire partir des catalogues de livres qui ne seroient pas timbrés; et il leur est recommandé de prendre l'es mesures nécessaires pour s'assurer si les ouvrages ou journaux qui leur seront présentés , contiennent des Catalogues non timbrés. Art. 4. Enfin pendant le mois à dater de l'insertion de la présente décis'on dans le journal du département „ les imprimeurs et libraires pourront faire timbrer moyennant le payement des droits simples,, sans amende, les catalogues des livres qui aurorent été imprimés sur papier-non timbré; mais passé ce délai, les contraventions qui auront été commises et qui n'auront pas été réparées seront constatées p.vr des procès verbaux, et les contrevena nts; seront poursuivis pour être condamnés aux peines portées par la loi du 6 prairial an 7 ci-dessus citée. En conséquence, le Directeur susdit invile toutes les personnes désignées dans cette décision de vouloir bien s'y conformer pour éviter les piines que leur contravention leur ferait nécessairement encourir, d'après les mesures qu'il est chargé de prendre pour le faire constater. Laybach, le i.er octobre 1812. Le Directeur de l'Enregistrement x et des Domaines. B E L L O C. AVIS On a l'honneur de prévenir le public que le 3 novembre prochain, l'adjudication de la fourniture des vivres de la Marine, aura lieu au rabais, à Trieste. On pourra prendre connoissance du cahier des charges, au bureau de ia Marine. VARIETE. Coup-a œil sur la guerre de 3Jfssle. Ou a beaucoup vanté le mot de Trivulce à Louis XII: „ Pour faire la guerre avec succès, il faut 1.* de l'argent, ,, î'° de l'argent, 3.0 de l'argent. „ Combien me semble plus juste et plus noble la maxime que professoit Annibal, qu'adopta Frédéric ; et dont nous a fait voir tant de fois l'application éclatante le héros qui les surpassa l'un et l'autre: „ C'est à la guerii a nourrir la guerre. ,, Une nation doit-elle commencer par se fouler elle-même pour tirer vengeance de celle qui a délié ses armes ? et n'est-ce point sur ses adversaires que doit retomber tout le poids de la lutte où ils la forcent de s'engager? La première attention , le premier devoir du chef d'un grand peuple est donc de rendre inviolable et sacrée la terre qu'il habite. Depuis que nous avons vu réaliser parmi nous le vœu que formoit Alexandre en fermant les yeux, depuis que le sceptre et l'épée de la France ont été remis aux mains du plus digne, avons-nous craint pour la sûreté de nos frontières? La guerre, et tous les fléaux qu'elle traîne à sa suite , ont-ils pénétré sur le sol que protège son bras puissant? Il lui a sufi de se montrer pour les renvoyer sur le territoire de l'ennemi- présomptueux qui nous les ap-portoit. Vainement cet ennemi à mis son espoir dans l'immensité des distances. L'âge moderne étoit destiné à voir revivre les tems de Cyrus et d'Alexandre. Le héros des Français s'est ai mé: Le voyez-vous , ce conquérant? ,t Avec quelle rapidité il s'éleve de l'Occident comme par », bonds, et ne touche pas à terre. Il ne s'avance que par ,, yives et impétueuses saillies j il n'est arrêté ni par mon-„ tagnes, ni piécipices. A la vue de son ennemi il s'est „ animé j il l'abat, il le foule aux pieds: nul ne le peut t) défendre des coups qu'il lui porte \ ni lui arracher sa „ proie (1). „ Soixante-dix jours k peine se sont écoulés depuis que la première baïonnette française a brillé aux yeux des Rus- (1) Boss ue t , or a tion funebre du grand CcnAè» ses, déjà l'aigle de Napoléon plane au-dessus de l'antique* palais des czars. Pour la première fois les enfans de la Sei« ne, de la Loire et du Rhône, pénétrent dans des régionj à peine connues de leurs pères. Mais les fils des Gauloii qui mirent Rome en cendres, ne crient plus comme leurj ancêtres: Malheur aux vaincus! Jamais la civilisation ni remporta une plus belle victoire sur la barbarie. Ce son: les vainqueurs eux-mêmes qui sauvent les vaincus de leu propre fureur. Un sujet du maître des Russes ose vouloi que Moscou périsse, et l'armée du monarque français arra che cette superbe cité k la destruction! Cessons un reo ment de suivre son vol rapide: que nos yeux éblouis d tant de gloire, se détournent du camp de nos légions vi ctorieuses pour contempler avec plus de calme les disposi» tions savantes qui préparoient leur triomphe et qui leti 3 en assurent le prix. Voyons encore avec une admiratioi'1 nouvelle la guerre nounr ta guerre. C'est sur le théâtre mêfr me des exploits de nos armées, qu'il faut exposer aux ré gards jaloux de nos rivaux, les ressources immenses qui' nous odre le pays conquis, et toutes celles dont leur po' sition prive désormais l'ennemi qu'elles chassent devanr elles. <; Aussitôt que tout espoir de conserver la paix fut éva5 noui sans retour, les armées destinées à soutenir la causi de l'Europe contre les nouveaux alliés de l'Angleterre, fii" rent mises en mouvement. Campées dès le premier jour su ' le territoire de l'ennemi, elles formèrent une chaîne noi' interrompue depuis l'embouchure du Niemen jusqu'au:1 sources de Bug. C'est de cette base de cent cinquante lieue 1 d'étendue que se sont élevées toutes les lignes d'opératie: qui se réunissent aujourd'hui k Moscou , point central ver lequel les dirigeoit l'anse de ce grand mouvement. Toc les corps qui y ont pris part n'ont cessé de conserver en tr'eux la connexion la p lus intime. Ainsi, depuis les fron tières de l'Empire russe jusqu' à son antique capitale, 1« troupes rassemblées sous les aigles françaises ont déjà francfc un espace de plus de deux cents lieues, dont tous les point correspondent à-Ia-fois avec la base et avec le^ommet de lignes d'opérations. Mais quelque précieuse que soit pour le vainqueur cet!' vaste portion des domaines de son ennemi, quelque préju-diciable que la perte en soit pour ïe vaincu, ce n'est