LJLLYRIE ET LA DALMATIE. imprimerie de i.e sormant, rue de seine. > L'ILLYRIE ET LA DALMATIE, ou MŒUBS, USAGES ET COSTUMES DE Ï.Et'BS "A HIT ANS ET DE CEUX DES CONTRÉES VOISINES. tb é p 0it de l'allemand, DE M. Il !)()«.TI.l'H IIACQUET, PAR M. BRETON. A"Rnirnir d',,,, Mémoire sur h Croatie militaire; Ir...!.- deux planche», «lotit tlnpl i|ualr.-«I.ipns |,., ,;I.(V„1(.S »• 1 Iiil , il.iinsli.-s,< i - ■l.iiiv d'Etat. Six vol. in-iS, ornes de ki« |.l.im Ikv Les Mirai i des (Hhomam , H Alirr'ijé de Irur In.u.it, , par A. L. ('aslellan, av.-de* i-i luii niemeai par M. taulèt, de l'In.vlitui. Six vol , iu iîi, ornrs di'72 pl., Kr.ivi . . r„ parlic d'api «s 1rs dessins <>i i ;i '•■ui\ (.,iu |ur l«M l' voyage* de Kit IWter, (.lail.i-, (!«• m pl.uulie», d'apir* U» |T»- laquelle je me fais gloire d'avoir eu des collaborateurs tels que MM.Lan- vurcs de l'ouvrage anglais, et les dessins originaux de M. Sauerweid , peintre russe. VEgypte et la Syrie, par MM. Breton et Marcel. Six vol. ia-iS, ornes de 84 pl. , dont une partie d'après les dessins originaux inédits de MM. Marreletde llossel, et l'autre d'après l'ouvrage de L. Mayer. Z'J/riçue, par M. R. G. V. Quatre vol. , /'b-i8, orne's de 47 planches , gravées en partie d'après les dessins originaux de l'auteur, rpii a long-temps résidé au Sénégal avec M. le chevalier de Bou-flers VEspagne et le Portugal, d'après les ouvrages français et étrangers les plus r<;-cens, par M. Breton. Six vol. ia-id, ornés de ^4 planches représentant ta vues, et plus de 60 costumes difTérens. £ Illyric et la JJalmatie. Deux vol. in-18, ornés de 3a pl. Voyage pittoresque à la Mctthe, dans rinde et en Perse, traduits de l'anglais etdu persan , par M. Langlès. Cinq vol. in-iti, ornés de 20 gravures, dont 16 grandes. En tout 4t volumes et 444 planches. glès, Castcllan et Marcel, directeur de l'imprimerie royale , l'Editeur a ëté principalement déterminé par l'élégance et la singularité des costumes dont l'extrême exactitude lui a été confirmée par des témoins «lignes de foi. Les planches lirée* dé l'ouvrage original de M. Harquet ont été augmentées de plusieurs, d'après des dessins inédits.Cettcaddilion importante nous a été fournie par une personne *<]"» occupoit dernièrement une place distinguée dans l'administration des Provinces lllyriennes. Nous devons a l'obligeance de eetfe m^rne personne la rommuni-ration de mémoires sur la Croatie militaire, dont l'extrait ne sera pas le chapitre le moins précieux de cet ouvrage. En effet, on ne trouve rien de semblable , ni surtout d'aussi détaillé dans les relations qui ont paru jusqu'à ce jour. Nous ne dissimulerons pas les obligations que nous avons à l'ouvrage allemand du docteur Hacquet; mais nous nous sommes aflbrcéa d'accommoder au goût des lecteurs français un texte un peu aride, et qui pècbe par un plan méthodique à l'excès. Nous y avons ajouté diverses particularités curieuses, extraites de l'excellent ouvrage de M.Fortis, et du Voyage pittoresque de Cassas, où malheureusement un style emphatique gâte trop souvent d'excellentes observations, INTRODUCTION. Iilfl Wcndes, Vénctes ou Slave» qui se firent connoitre d'abord en Europe sur les frontières de l'Italie, du tôle du Tyrol et de la Carniole, se sont peu à peu étendus dans la 'il" tic, ou pays des Grisons, dans Snuahr, el peut-être jusqu'en •r.uuonie. Il occupe aujourd'hui tout l'espace compris entre les pays <]iie nous venons de nommer, el la rive «rienlalc de la mer Adriatique, vers l'Albanie d'un côté, et au nord jusqu'à la mer Glaciale. Ce sont 1ns descendans des anciens Slaves qui ont pénétré dans le Kamtschatka, peuplé les îles Aleutiennes, et abordé peut-être le continent de l'Amérique septentrionale. La population de la Russie, d'une partie de la Turquie et des domaines de la maison d'Autriche est presque entièrement composée de Slaves. L'empereur Charles IV, au commencement de son règne,fît dans la fameuse Huile d'Or, chapitre 23 , des dispositions expresses, pour que tous les électeurs fussent tenus d'apprendre la langue slavonnc, voulant apparemment la rendre universelle. L'immortel Joseph II crut devoir lui-même, en prenant le timon de l'Empire, adresser à son ministre la question de savoir lequel du slavon ou de l'allemand devoit être dans sou Empire l'idiome dominant. La préférence resta à la langue allemande. Le nom que le peuple moderne préfère est celui de Slavcnzi ou SUsvta , c'est à dire glorieux. Tous les historiens conviennent que les Slaves , Venc-tes ou Sarmatcs hahitoient dans l'origine les bords «lu Tanaïs, du Talus Méolides et du Bosphore Ciminéricn, contrées qui sont à l'est de llHyrie et de la Daliuatic. Leur genre de vie, leur habillement, et en général leurs coutume» ressemblent beaucoup à ceux des ïartares et des nations du Caucase. Le caractère des Slaves, en général, est une intrépidité singulière. Ceux du midi, les Dalmates,étoicnt autrefois signalés par leur cruauté; leurs descendais s'en ressentent encore, et Ton sait que la férocité se trouve communément beaucoup plus parmi les hommes du midi que parmi ceux du nord. Sobres et patiens, ils courberoient avec docilité sous le joug du plus affreux despotisme, faute de se faire idée d'un meilleur gouvernement; ils ont cependant plus de gaité que les Aile- mands. Il n'est point d'hommes qui chantent autant, ni d'aussi bon cœur que les Russes ; il n'est point de nation qui, sans culture , ait autant d'aptitude à la poésie que les Illy-riens. Le Slave est frugal, plein de générosité, et il exerce l'hospitalité avec un plaisir extrême. Il est, «oinmc la plupart des Asiatiques, d'une malpropreté excessive , quoiqu'il aime passionnément les bains. Ml cause de cette saleté vient de ce lue les Slaves habitent des maison» trop étroites. Souvent, plus d'une hmille couche dans la même hutte, °u dans la même chambre, et au milieu des ordures. Les outrages les plus violens n'excitent point ces hommes à la vengeance, du moins, s'ils ont le temps de la réflexion. Us sont d'une bonté flegmatique, comme tous les peuples du nord.La mort,elle-même,ne les effraie point; ils semblent mettre en pratique ce proverbe des Indoiis: Qu'il vaut mieuxêtreassisquedebout, dormir que veiller, et que la mort même est préférable à l'existence, attendu que rien n'en trouble la paix. Le vol estmalbeureusemcntconnu des Slaves, comme des autres nations; mais il leur est moins familier qu'a des peuplades plus rapprochées de l'état de nature. Ce délit s'exerce d'ailleurs presque toujours sur des objets d'une valeur médiocre, sur des fruits et sur dautres choses bonnes n manger. Les Slaves partagent avec bien d'autres nations cette passion pour les liqueurs s|iirituenses,dont ne sont Tas tout à-fait exceptés les peuples auxquels la religion en interdit l'usage. Les quai iluscorporcllesdccegrand peuple,qui étoit connu sous les noms de Slaves, Wendcs ou Véncfes, de (iètes, de Jaxyges, d'Anlcs et de Serlnens, différent beaucoup, selon le «limât qu'habitent ses diverses raniilii.itions. Les Husscs et les Tschequcs, ou Bohême*, sont petits et trapus, tandis que les Illy- é riens, les Croates et les Polaques sont d'une taille élancée, ou d'une stature bien proportionnée. Les qualités des eaux ont la plus grande influence sur la beauté et les formes des peuples; il en est de même du climat, des alimcns et des habitudes physiques ou morales. Les différentes races de Slavons se distinguent pardes caractères particuliers. On en jugera par les profils ci joints. ( Voyez le frontispice. ) Le Slavon est un Sauromate du nord des monts Krapacfcs. LeWende est un descendant des anciens Japides, L'IIlyrien est un habitant de la Croatie. LiLLYUIE ET LA DALMATIE. RELIGION r>f.s mviurNs kn général. Lis Slaves sont peu éclairés sur la "l'^ii'n, celle base de 1 édifice mi- <1;,1. lu liment 1rs lèies comme i<>us • peuples ijin m possèdent rien du |»ics(|m; i ieu , il ijui, asservis aux volontés d'un maître, ne travaillent point pour eux-mêmes. Pleins de respect pour les cérémonies de leur culte, ils les pratiquent le plus souvent sans y rien comprendre, et sans conviction. Chez eux , comme chez tous les peuples ignorans , les prêtres se font passer pour des prophètes. Leurs prédicateurs, au lieu d'exposer des maximes d'une saine morale, se bornent à des déclamations, à des menaces de l'Enfer, en un mot à des discours à la portée des gens du commun. Ils sont loin d'avoir pour Dieu lui-même le respect qu'ils ont pour les saints : cela est vrai, surtout, de ceux qui suivent le rite grec. Il en résulte des bénéfices considérables pour les prêtres. Les hommes ou les troupeaux sont- ET LA DALMATIE. 3 ils attaques de maladies graves, les autels se rouvrent aussitôt de riclies offrandes. Mais l'intérêt que trouvent les prêtres à accréditer de pareilles superstitions est fort préjudiciable à la santé des habitans. Les pauvres villageois, au lieu d'avoir recours à des remèdes salutaires, emploient des exorcismes et des cérémonies plutôt magiquei que rieuses, afin de détourner nue pernicieuse influence ou le sort que des méchant ont jeté, disent-ils, sur eux-iiiêiruvs ou sur leur bétail. Le « "Ile des 1111.1-.vs ( ( ai ils iw se bornent point à les honorer), est général parmi lei Ulyrieni ; ils font dm pélerinagei auprès de celles de paon. La cavalcade se rend ainsi chez la fiancée à laquelle l'époux présente quelques objets de parure. 11 faut que les gens de la noce adressent une Jiaranguc bizarre à la première personne qu'ils rencon'rent sur la porte; pour lés embarrasser, on leur envoie à dessein une vieille femme masquée ou la mariée elle même. Si le starashina commet quelque lourde méprise, c'est pour toute la compagnie un surcroît de réjouissance. Quelquefois le deveri, ou conducteur de l'épouse, qui s'est tenu exprès au fond de la maisonnette, met, en cérémonie à la mariée, ses bas et ses chaussures, la revêt d'une ET LA DALMATIE. 59 robe appelée yezherma, et place sur sa tête le petsha ou mouchoir blanc qui fait la coiffure ordinaire de presque toutes les femmes slaves. Il y ajoute une couronne de romarin ou d'autres plantes odorantes, entrelacées avec des fleurs et du papier. C'est dans cet accoutrement que l'on s'achemine vers l'église, pour obtenir du prêtre la bénédiction nuptiale. Autrefois , à l'instant où les paroles sacramentales de l'union étoient prononcées, la mariée et les femmes qui l'entouroient, se jetoient sur l'époux, le saisissoient par les cheveux, et l'entraînoient hors de l'église. Cette partie du cérémonial ne s'observe plus. Le repas qui suit la cérémonie de l'église , est dirigé par le starashina. On y sert en général de la viande de mouton, des volailles et une sorte de pâtisserie appelée kolaz. On n'y boit que du vin pur et à pleines rasades. Au commencement du repas on porte trois toasts. Après le dîner, les gens de la noce se mettent à genoux devant les pa-rens de la mariée (le père de l'époux n'est jamais présent), et reçoivent leur bénédiction ; les mêmes parens ajoutent, par manière de prophétie, que l'union sera certainement heureuse et féconde. On place sur les genoux de l'épouse un petit enfant, et cela est regardé comme un bon présage. Le lendemain, le starashina vient ET LA DALMATIE. fa ■visiter la jeune femme, et la met au courant de toutes ses occupations domestiques. On dîne avec la même solennité que la veille ; les gens se livrent à des danses folâtres, tandis que les vieillards se racontent mutuellement des histoires. Au mariage d'un homme veuf ou d'une veuve, on fait pendant toute la nuit, devant la maison des époux un charivari infernal ; il leur est à la vérité permis de racheter ce désagrément en distribuant du vin aux Personnes de la noce. Il règne dans ces cantons peu d'idées superstitieuses ; cependant °o y raconte des histoires de spectres et de vampires.; on porte aux églises, les jours de grandes fêtes, des offrandes de millet, afin d'ob- i 6 6a L'ILLYRIE tenir que la récolte donne dix pour un. Un des préjugés les plus funestes qui régnoit autrefois dans ces campagnes, consistoit en ce que les pauvres villageoises , dans les accouchemeus laborieux, et surtout lorsqu'elles n'étoienx point mariées, se servoient de quelques amulettes bénites par leurs prêtres, et dédaignoient tout autre secours. M. Harquet , dans une de ses excursions , vit une pauvre femme qui éto t en travail depuis huit jours, parce que son enfant éloil d'une grosseur démesurée. Il ne put s'empêcher de lui faire des reproches de ce qu'elle n'avoit appelé personne auprès délie IléLs ! Monsieur, répondit la malheureuse, quels secours humains pourraient lutter r ET LA DALMATIE. 63 contre la nature ? 11 alloit lui répliquer ; mais elle l'interrompit en disant : si vous êtes un likarr ( un médecin ), rendez-moi du moins le service de sauver mon enfant de la damnation éternelle ; voyez s'il ne sort pas quelque partie de son corps où vous puissiez le baptiser. M. H acquêt déféra à cette demande , mais la mère et l'enfant expirèrent. L'habillement des Istriens estloin d'être uniforme. Voici cependant son caractère le plus général. Les hommes portent un petit bonnet de feutre noir avec un rebord ai peu avancé, qu'il ne sauront défendre ni de la pluie ni du soleil. Us ont les cheveux coupés en rond ; ils sont vêtus d'une chemise 6. à collerette , par-dessus laquelle est le heîa, courte jaquette de laine blanche et grossière; les manches sont retroussées jusqu'à l'épaule. En hiver, ils mettent par-dessus ces vêteinens une redingote brune. Leur pantalon est noir ou bien rayé de blanc et de brun , et attaché au-dessous des genoux avec des cordons. La plupart ont à la ceinture une bourse où ils mettent toutes sortes de bagatelles. Leurs bas sont de fil ou de laine blanche; leurs chaussures qu'ils nomment opanke, sont de cuir non préparé. Les femmes , en hiver et en été, portent des robes de toile blanche, en y ajoutant dans la saison froide , qui est ici d'une très-courte durée, un surtout d'étoffe noire.Les cheveux ET LA DALMATIE. 65 sont relevés sur la tête et couverts «l'une sorte de turban de toile blanche, tellement roulé qu'une des extrémités du mouchoir tombe sur l'épaule gauche. Leur chemise monte jusqu'au haut du col où elle est fermée à l'aide d'un boulon , et forme plusieurs plis : par - dessus cette chemise est une robe de tpile large et sans manches. Les souliers ont une forme particulière; le quartier en est très-élevé et serré avec un cordon sur le coude-pied. La taille des Istriennes est serrée d'une ceinture où elles portent ordinairement un bouquet de fleurs. La même ceinture sert par derrière d'appui à une quenouille , meuble indispensable pour ces femmes, qui ne restent jamais un instant sans filer. ( Voyez 6.. \ 66 L'ILLYRIE la planche ) Colles qui habitent le5 côles de la mer ne manquent jamais de se rendre au marché sur leurs ânes, en chantant et en faisant tourner leur fuseau. C'est sans doute pour que le chanvre qui garnit la quenouille ne soit pas endommagé par quelque contact fortuit que la patrie supérieure est entourée d'un cercle. L'objet de cei ouvrage n'est point d'entrer dans des détails géographiques. Cependant il seroii ridicule de parler des Islriens sans dire quelques mots de leur principale ville maritime. « Triesle, dit l'auteur du Voyage de l'Istrie et de la Dalmalic, Triesle, située au fond du golfe qui porte son nom, ne fut long-temps qu'une simple rade. La cour de Vienne, ET LA DALMATIE. 67 au nombre des vœux que sa politique forma constamment , pour son agrandissement, plaça toujours celui d'être comptée pour quelque chose parmi les puissances maritimes, et de posséder en conséquence un port militaire. » L'impératrice Marie-Thérèse, embrassant avec plus de chaleur encore un projet dont ses prédécesseurs n'avoient fait, que pressenlirl'utilité, sans le mettre à exécution, résolut de tirer parti de la situation favorable de Trieste, et d'en faire une place importante, où les avantages du commerce se trouvassent réunis à ceux d'une marine mi'itaire et non pas impériale. Dès iy5o, les plans furent arrêtés et les travaux commencés : Ton choisit les emplace- mens convenables à la construction des vaisseaux, et Ton y établit des chantiers : on jeta les fondeniens des magasins nécessaires aux agrès, aux vivres et aux approvisionne-mens. Successivement une corderie, des forges, des fours, des hôpitaux furent construits. Enfin Marie-Thérèse ne négligea rien de tout ce Pag- 41- Voyez aussi nia Description ! ''Espagne et du Portugal. Sa L'IIXYRIE Toute misérable qu'est l'existence de ces hommes , ils parviennent pourtant à un âge avancé : preuve certaine que les excès de l'intempérance sont plus funestes qu'une indigence absolue. 11 estfortpeu d'hommes qui se contentent ou qui puissent jouir d'une honnête médiocrité , et de qui l'on doive dire : médium tenuere heati. On remarque parmi les Japide d'assez belles femmes. Elles sont Lien faites, et dans la première jeunesse la blancheur de leur Teint est relevée par un vif incarnat. L'habillement des femmes mariées et des filles esta peu près le même. ( Voyez la planche en regard. ) Celles-ci cependant ont la plupart la tête découverte, et les cheveux partagés en ET LA DALMAT1E. 83 plusieurs tresses ; tandis que les femmes relèvent leur chevelure, et la cachent sous un mouchoir roulé en turban. Elles ont le col nu , et y portent un collier de verroterie, imitant le corail. 84 I/ILLYRIE V\V%VVVVVVV%VVVW*VV\.VVVVVv%VVVVV\(V\\^\VVVVVV\^ LES DOLENZI. Cette peuplade qui habite et cultive un pays de vignobles offre des mœurs à peu près semblables à celles des habitans de la Carniole. Les noces se célèbrent cependant avec quelques cérémonies particulières. La plus remarquable est celle que Valvasor nomme la comédie du bœuf. Pendant le repas de noces, on voit entrer tout à coup dans la salle un ménétrier tout couvert de bail- ET LA DALMATIE. 85 Ions; il propose aux convives de lui acheter un bœuf, mais on le renvoie en lui donnant des coups , et en disant qu'il a volé cet animal. Cependant le vendeur insiste : les convives se cotisent pour lui faire un présent, et le régaler ainsi que ses compagnons. Après cette misérable farce arrive la cuisinière avec une cuiller attachée par un cordon à sa ceinture. Chacun s'empresse de mettre dans la cuiller quelque monnoie pour la payer de ses peines. Les danses sont très-différentes de celles de la haute Carniole. On forme des rondes , et l'on se livre à toutes les folies imaginables. La récolte du millet et celle du chanvre sont l'occasion de fêtes champêtre* i 8 86 I.'II.LYRIE où règne une vive allégresse. Les jeunes garçons du village tenant des cornets à bouquin de n-uf pieds de longueur font retentir l'air d'une bru van te mélodie. Us jouent deux à la fois et avec beaucoup d'ensemble. Les travailleurs et leurs compagnes chantent en chœur, jusqu'à ce que, leur tâche du jour étant finie, ils se mettent à danser. Us prennent ensuite quelque repos, et dorment pêle-mêle ; et dans ces occasions les mœurs ne sont pas toujours respectées. 11 n'est pas rare qu'une fille et un garçon vivent deux ou trois années ensemble dans la plus grande intimité avant de se marier. On a coutume, dans certains villages, de donner aux nouveau-nés plusieurs parrains et marraines1; de ET LA DALMATIK. 87 là résulte que presque tous les cnfans ont une longue liste de prénoms , et ne le cèdent guères, sous ce rapport, aux Espagnols. Les parens espèrent qu'à leur mort un de ces parrains pourra prendre l'enfant sous sa protection, et lui servir de père. Souvent l'église où l'on doit baptiser le nouveau-né est à plusieurs lieues de distance de l'endroit où il a été mis au monde. On le place dans un petit panier qui se met sur la tête , et de la même manière dont les femmes slaves portent communément leurs fardeaux. Les sages-femmes sont assez souvent portées à l'ivrognerie, et ne tirent de l'exercice de leur état d'autre récompense que quelques verres de vin. Les 8. 88 LÏLLYRIE pauvres enfans courent de grands dangers entre les mains de pareilles femmes. En hiver, s'il y a du verglas ou de la neige , elles tombent quelquefois avec le malheureux enfant, et il périt ainsi dès le premier jour où il devoit jouir de l'existence. On en a vu ne pouvoir retrouver au milieu de la neige la corbeille où le nouveau-né étoit déposé, ou bien relever le panier sans s'apercevoir qu'il étoit vide, et que l'infortuné demeuroit enseveli dans la neige ! Ce n'est pas assez que l'on fasse supporter à ces misérables enfans un trajet de cinq à six lieues par un froid pénétrant : arrivés à l'église, on verse sur leur tête encore tendre de l'eau mêlée de glaçons ; cette méthode pernicieuse occasionne une ET LA DALMATIE. 89 multitude de convulsions et d'épi— lepsies. Les cérémonies des funérailles n'ont rien de remarquable , si ce n'est qu'il faut donner un repas aux hommes qui doivent porter le cercueil. Ces porteurs exercent des fonctions fort pénibles dans des montagnes où il y a si peu de routes praticables, et où il faut parcourir plusieurs milles avant d'arriver à l'église et au cimetière. Comme on ne sauroit passer deux de front dans ces sentiers étroits et escarpés, les deux porteurs tiennent sur leurs épaules une longue perche à laquelle la bière est attachée au moyen d'une corde. Le huitième jour après les funérailles, les porteurs viennent prendre 8.. po LTLLYRÎE part à un nouveau repas criez quelqu'un des parens. Les Dolenzi ont les cheveux courts , un petit bonnet rond et noir sur la tête , et le col nu. Autrefois ils à voient la barbe longue et touffue , aujourd'hui ils ne conservent que des moustaches. Presque tous sont maigres, à cause de la diète sévère à laquelle la nécessité les assujetti. ET LA DÀLMÀTIE. gt u\\w\u\w,\«v«\w\vwuvmvvwmvw\v\mm\vw»vw« LES WIPACHES, ou vipauzes. Cette singulière peuplade qui habite un fertile pays de vignobles non loin du Frioul, a tiré son non» de la rivière Wipache ou rivière froide qui baigne cette vallée. Ce petit territoire est borné au sud par celui de Trieste et par l'Istrie, au nord et à Test par la haute Carniole, à l'ouest par l'ancienne terre ferme de Venise. Les hommes ont pour habillement une étoffe grossière et d'un brun foncé ; leur vêtement a la même forme que dans la haute Carniole, mais il est plus court. Les filles ont ordinairement la têle r.ue et les cheveux tressés : les femmes mariées se coiflent d'un petsha ou petit bonnet de toile blanche , plié carrément sur la tête , comme on en porte dans le Frioul et dans quelques cantons de l'Italie. ( Voyez la planche en regard. ) Un petit bouquet placé du côté gauche sert d'ornement à cette coiffure. Les Wipaches sont tellement sobres , qu'on n'en voit guère qui aient de l'embonpoint. S'ils jouissent de quelque force , ils la doivent à l'usage du vin. Cette liqueur est • *i> ? ■'■ ■■1(ê ET LA DALMATIE. g3 assez abondante parmi eux ; mais , par malheur, la qualité n'en est pas excellente : si le vin s'aigrit, il porte à la tête, et nuit considérablement à la santé. Ceux qui ont commis l'imprudence de boire de ce vin gâté que l'on nomme berfa, éprouvent une fièvre lente, qui dégénère en marasme , et en moins d'un mois les conduit au tombeau. Dans la première période de la maladie, il est possible d'y porter remède, au moyen de l'émétique , de l'antimoine et du soufre : mais bientôt les caractères en deviennent si alarmans , qu'il n'y a plus d'espoir de guérison. L'agriculture est peu florissante dans un canton dominé de tous côtés par de hautes montagnes presque 94 L'II.LYRIE éternellement couvertes de neige : cependant il y a de petits vallons où Ton recueille un peu de blé de Turquie. On voitdes années de sécheresse où l'eau est si rare que toutes les plantations sont brûlées par un soleil ardent. Dans ces temps de calamité on fait des neuvaines et des processions pour obtenir une pluie rafraîchissante et salutaire. Rien de plus étrange et en même temps de plus affligeant que l'aspect de ces processions. Les filles laissent flotter négligemment leurs cheveux, et portent par pénitence des couronnes d'épines. Elles parcourent un espace considérable, les pieds nus, sur un sol brûlant. Pour se faire une idée de la douleur qu'elles éprouvent, il faut savoir que dans le mois ET LA DALMATIE. 95 de juillet les voyageurs ressentent à travers les semelles épaisses de leurs bottes une chaleur si cuisante, qu'ils ne sauroient y résister. Aussi les prières et les cantiques sont-ils sans cesse interrompus par des cris de douleur. Cependant ces bonnes gens implorent avec ferveur la lin d'une sécheresse qui est pour ce pays un horrible fléau; et l'espérance les soulage déjà de lcurmisère. Peut-être ces paysans feroient-ils mieux de suivre cette maxime de La Fontaine : Aide-toi, les dieux l'aideront. En effet, il ne leur seroit guère plus pénible d'aller puiser de l'eau à quelquedistancc dans les cavités des rochers, et de s'en servir pour arroser leurs jardins , qui sont toujours d'une médiocre étendue ; telle est du moins l'opinion de M. Hacquet, qui a long-temps résidé sur les lieux, et à qui une telle entreprise nesemble point impraticable. La jalousie est plus commune et plus violente parmi cette peuplade que dans les cantons voisins ; c'est peut-être parce qu'elle est mêlée de sang italien , et qu'elle a adopté une grande partie desmœurs de l'Italie. Lorsqu'un garçon s'est marié avec une fille d'un autre village, il craint qu'elle n'ait déjà eu un amant avec qui elle conserve des relations, et i prend toutes les informations possibles pour s'en assurer. Malheur à l'adorateur secret de la jr^une paysanne si l'intrigue vient à être découverte ! L'époux, assisté de ses amis, ET LA DALMATIE. 97 fond sur sur son rival à l'improviste, l'assomme de coups, et lui ôte quelquefois la vie. Ce qui peut lui arriver de plus heureux , c'est d'en être quitte pour être jeté dans l'eau d'où il se tire comme il peut. Ce mode particulier de vengeance s'appelle dans le pays le second baptême. \vvv\\vvv\.v\\>vvvvvvvv-vv\vvvv'v\vvvv\vv\avvwv-vwi\w\v LES GOSTCHÉENS, ou h0tshévarien5. Cette peuplade passe pour descendre des Français, quoique Téty-mologie semble indiquer que les Goths furent ses ancêtres. On trouve dans leuT dialecte peu de mots qui semblent appartenir à la langue française, tandis qu'il y a un grand nombre de termes qui paraissent gothiques ou danois. De nos jours leur antique dialecte s'est presque perdu. Pour demander à un de leurs ET LA DALMATIE. 99 compatriotes s'il est allé dans les montagnes, ils disent : Usina hrihle geiveseftl ? Le premier et le dernier de ces mots sont de l'allemand tout pur : les mots «a, tu, et. hrihle, montagne (1) , sont slavons. Les Gotscliéens ont cependantcon-servé des mœurs indépendantes, et ne veulent se mêler avec aucune autre nation : ils ne souffrent pas même de juifs parmi eux. Lorsque l'empereur Joseph II, animé des principes d'une tolérance universelle, permit aux Israélites de s'établir dans les provinces intérieures de l'Autriche, les Ltats soutinrent avec (1) Ce terme a une analogie frappante avcc le mot arabe dglùel, qui a la uièine ••gnification. ino Ï/IIXYRIE énergie le droit qu'ils avoicnt anciennement acheté de ne point consentir que les juifs vinssent parmi eux ; et le réformateur fut obligé de céder. Ces paysans n'ont aucun goût pour la vie militaire ; ils se livrent entièrement au métier de porte-balles. Tandis qu'ils exercent loin de chez eux un petit commerce qui leur fournit peu de ressources, leur famille, encore plus misérable, se livre à la culture d'une chétive pièce de terre. Le sol est tellement ingrat, que souvent le malheureux cultivateur ne recueille que deux pour un. Toute leur industrie consiste à travailler le bois : ils fabriquent des cribles, des tamis, des lasses et d'autres instrumens de ménage qui s'exportent même par mer. ET LA DALMATIE. 101 Les porte-balles se rendent avec leur petit fond de commerce, jusque dans la Moldavie et la Vala-chie ; leurs marchandises, qu'ils portent à dos de cheval, sont ordinairement des fruits confits, des citrons, des oranges, des olives, des amandes, des dattes, de l'huile d'olive, des vins de liqueur en bouteilles, particulièrement du marasquin de Zara et du rosoglio de Trieste, enfui de la quincaillerie fabriquée dans la Carniole. Leur voyage dure souvent une année ; mais ils °nt si peu d'économie que presque toujours ils reviennent sans un sou auprès de leur famille. Cependant ils sont peu scrupuleux dans leurs marchés, demandent un prix exorbitaut des objets qu'ils offrent ,oa Liri.YRIE en vente, pour se rabattre ensuite à la moitié et même au quart de la somme, et s'arrangent presque toujours de manière à gagner cent pour cent. Les femmes elles-mêmes se livrent à celta profession ambulante. On les voit courir de pays en pays, un ballot sur le dos et un bâton à la main. ( Voyez la planche en regard.') Un autre objet de commerce dont j'allois oublier de faire mention, consisle dans des peaux de muscar-din ( rnyo.vus muscardinus ), petit animal qui approche beaucoup de l'écureuil. Ces quadrupèdes sont tellement répandus dans le pays, qu'on en prend tous les ans des milliers en automne. Les forêts, en effet, su ET LA DALMATIE. io3 composent presque entièrement de hêtres dont le muscardin aime beaucoup les semences connues sous le nom de faines. L'automne est l'é-« poque où les muscardins renouvellent leur poil; privés de leur agilité ordinaire, ils sont alors plus faciles à prendre. Il existe plusieurs manières de leur faire la chasse. La première consiste à introduire un long bâton dans le Ironc des arbres creux où ces petits quadrupèdes cherchent une retraite pendant le jour. Le muscardin effrayé, jette un cri plaintif qui trahit sa présence ; on agite le bâton avec plus de force , on l'oblige à sortir, et on le prend vivant. Il est fort dangereux de se servir pour cela de la main, attendu que la morsure que fait le io; LTLLYRIK muscardin est douloureuse et profonde. Ses dents, extrêmement acérées, peuvent percer les doigts d'un côté à l'autre. On fait aussi avec succès usage d'un arc formé d'une tige flexible de bouleau tendue avec une corde sur un bâton ; l'appât consiste en un fruit cru ou légèrement torréfié. Dès que l'animal commence à ronger l'appât, la corde se brise, Tare lui tombe sur le cou et le retient captif. Ou dresse ordinairement pendant la nuit une trentaine de ces pièges ; il faut veiller avec soin tout autour, car si l'on ne dégageoit pas l'animal, aussitôt qu'il est pris, il seroit bien vile dévoré par des fouines ou des hibous. Voici un troisième procédé qui ET LA DALMATIE. io5 est fort ingénieux, et que l'on peut adapter à d'autres chasses du même genre. Les muscardins se renferment dès l'automne dans des trous où ils passent l'hiver. Quand les paysans ont découvert une de ces retraites, ils creusent tout auprès un trou assez profond pour y adapter un piège, et recouvrent le tout de terre, en laissant seulement une ouverture de quatre pouces par laquelle l'animal puisse passer. Le piège est conique et garni de pointes aiguè's comme Une souricière. Le muscardin, une fois engagé , ne peut plus en sortir. Ces animaux, extrêmement timides, s'enfuient au moindrebruit. Les chouettes ont l'habitude d'aller "apper du bec contre les arbres, 106 L'ILLYRIE afin de leur donner l'éveil, et de pouvoir les atteindre dans leur fuite: c'est ce qui a donné lieu à une opinion populaire répandue depuis des siècles dans le pays , que les mus-cardins sont continuellement poursuivis par des lutins. Valvasor s'est conformé à cette opinion : afin de rendre la chose plus sensible , il représente un démon hideux, occupé à harceler un de ces pauvres animaux. Il ajoute que l'on trouve presque toujours une déchirure à l'oreille des vieux muscardins, taudis que les jeunes sont exempts do ces marques ineffaçables de leur combat avec le diable ! La capture de ces animaux est utile, soit à cause de leur poil qui donne une fourrure assez recherchée ET LA DALMATIE. toj des femmes pour les vêtemens d'hiver, soit à cause de leur chair. Il y a des habitans qui les prennent pendant l'hiver, afin de s'en nourrir. Les Gotschéens ont ceci de particulier dans leurs mariages. Le futur va chercher son épouse à la tète d'une nombreuse cavalcade ; celle-ci leur présente une cruche remplie de vin. Lorsque le vase est épuisé, on le brise, el immédiatement après on se met en marche, soit pour la maison de l'époux, soit pour 1 église. Les descendans des anciens Gotschéens sont aujourd'hui peu nombreux, et ne se trouvent plus que dans un seul comté. Maintenant je puis dire un mot des maladies auxquelles en général 108 L'ILLYRIE sont sujettes ces nations. Tout le peuple des Alpes Juliennes n'est pas d'un caractère fort enclin à la dissipation ; il en résulte qu'il ne con-noît guères d'autres maladies que celles qu'occasionnent les vicissitudes subites de la température au printemps et en automne, aux habitans qui n'ont pas soin de se munir de vêtemens chauds. Ce qui leur fait encore plus de mal, "c'est leur habitude de s'enfermer dans des maisons trop chaudes, et d'en sortir sans précaution : il en résulte pour eux des transpirations arrêtées, des catarrhes et des péripneu-monies. Souvent ces maladies deviennent endémiques, et causent beaucoup de ravages. Leur calendrier, qui se nomme ET LA DALMATIE. io9 prattka, est divisé en douze mois ; les paysans les appellent suivant leurs propriétés particulières. Ainsi leur premier mois, qui commence au 2i de notre mois de mars, à TéquinoV.e, s'appelle sushez, c'est-à-dire le mois de la sécheresse. Avril s'appelle mali-traven, c'est-à-dire la lune de la petite verdure. Mai se nomme veliki-traoen, ou la lune de la grande verdure. Ils nomment juin roshni-zçet, ou la fleur du blé ; Juillet, lune de la petite faucille, mall-serpan ; Août, la lune de la grande faucille, veliki-serpan ; Septembre, la lune boiteuse , kimouz, parce que les jours commencent à diminuer. * 10 Octobre, s'appelle la lune de l'accouplement des chèvres, kosa-persk ; Novembre, la lune de la chute des feuilles, listoognoï; Décembre, la lune dévorante , gruden ; Janvier, la lune du millet, pro-v senz ; Février, la lune de la lumière, svizham. Ces villageois, ne sachant pas écrire, font usage de hiéroglyphes, à peu près semblables à ceux qu'on voit figurés dans l'alraanach do Mathieu Laënsberg. Les jours du mois sont partagés, dans leur calendrier, en trois périodes de dix jours ou décades : chacun des jours ordinaires est re- ET LA DALMATIE. m présenté par une pyramide noire ; les fêtes sont marquées par une pyramide blanche ou coloriée ; les dimanches par une croix sur un demi-cercle ; au-dessus sont figurés les changemens de temps et les phases de la lune. On tient note aussi des saints les plus remarquables ; quelques-uns sont représentés avec une figure humaine ; d'autres sont désignés seulement par leurs attributs : ainsi Ton voit au lieu d'Erasme une broche à laquelle est attaché un morceau de chair humaine ; au lieu de saint Jean-Baptiste un agneau. La Pentecôte est exprimée par une colombe ; saint Urbain par une grappe de raisin ; saint Marc par un lion ; sainte Gertrude par deux lézards ; saint Nicolas par trois clefs ; 10. sainte Catherine paT une roue ; saint Gall par un chien à l'attache , etc. Quand il y a sous l'image d'un bienheureux la figure d'un chien ou bien celle du soleil ou de la lune, cela annonce soit la canicule, soit une éclipse. Le carnaval est désigné par un fou avec un bonnet garni de grelots. Le sablier indicjue la longueur des jours pendant chaque mois. Au-dessous de la marque particulière du jour, le quantième est écrit en chiffres arabes, et plus bas se trouvent.les signes du zodiaque. ET LA DALMATIE. n3 LMURNIENS ou JUBURNZf. Lf.S Libui ninis , ,t moitié llhiims, se i niifoiiilcni encore beaucoup avec les \N !• iules, el oui à [><-u [>i■.<> 11 autrefois île. braves marins el d'inlrépides gun ' ici s, il < 1111 i cndil aux Romain -^••Ml tlf sel vires, a piesmie disparu de 1 h i.ti m «■ moderne. Lej Libiiriiicus actueb habitent "lie lisièie de i|Ueb|ues milles de '"ligueur sur le bord de la merr toM > Leur territoire confine vers le couchant à la mer, vers le midi à lTs-trie , vers le nord à la Carniole méridionale , et vers l'orient à la Dalmalie et à la Croatie. La plus haute montagne de ce petit territoire est l'Utzka ou Monte-Major d'où sortent plusieurs sources limpides. Les forêts sont remplies de châtaigniers et de marronniers ; on cultive dans les jardins des citronniers , des grenadiers, des amandiers , des figuiers et autres arbres à fruit. Ces hommes sont d'une extrême frugalité ; le maïs leur tient souvent lieu de pain ; ils se passent presque entièrement de viande. Les fruits et le vin font la plus grande partie de leur nourriture. Ils distillent une ET LA D ATM ATI F. n5 lîqnW spirilueuse avec le fruit du genièvre d'Espagne. (Juniperus oxyledrus L. ) Les maisons des paysans sont petites, mais construites en pierres, et d'une extrême propreté. Ils n'ont point de poêles dans leurs maisons; les loits sont couverts avec des pierres plates fort minces. Leur principale occupation est la pêche ; ils cultivent dans leur île de la vigne et des oli ves, et exportent pour quatre milliers de «huais «lu superllu «le leur récolte. Leur pêche la plus abondante est celle du thon. Les poissons pèsent (]ui'li|iirfnis quatre <>u cinq quintaux , et l'on a peine à les conserver pendant les chaleurs. Ils observent dans leurs mariages une cérémonie particulière. Avant u6 LILLYRIE la fin du repas tous les convives se lèvent ; l'épouse en fait autant. Celle-ci doit jeter par-dessus le toit de la maison du marié, un gâteau appelé kolarh, qui est fait d'une pâte grossière. Plus elle le jette haut, plus on croit que l'union doit être heureuse Si par hasard le gâteau tombe de l'autre côté sans se briser, c'est une preuve que Ja mariée est réellement vierge, et qu elle sera une bonne ménagère. Quelle conclusion tirer d'une pareille épreuve dans un pays où les maisons sont si basses, et où ces espèces de gâteaux ont la dureté de la pierre ? Les deux garçons de la noce doivent donner à la mariée des bas 4 neufs et des souliers neufs ; mais ET LA DALMATIE. n7 elle ne les met qu'après la danse, et donne quelques mauvais mouchoirs en retour. Les personnes qui assistent aux fanerai! 1rs y pleurent beaucoup selon la coutume antique; mais, après l'iiilcn rnirnt, «'lies noyent leur douleur dans des Ilots de vin. Si le delurit laisse une veuve , les parens apportent tous les jours à celle-ci les alimens les plus recherchés, i oinine .s'ils < raignoienl qu'elle ne se laissai mourir de laim ; ils prenneiil aussi tous les soins iinagi-naldes pour l'entretenir eu belle humeur. <>n use de la même cour-inr.ir .1 l'égard d'un mari qui a sur-véru a sa (eiuiiie. Le K.slunie des Lihurnirns (f'oy, jitaiul.t) varie suivant les dis- u8 L'ILLYRIE tricts, mais diffère peu en général de celui des Français ou des Italiens des côtes de la Méditerranée. Les hommes adonnés pour la plupart à la vie de marins, ont une veste et un pantalon de couleur sombre, et un mouchoir roulé autour de la tête. Les femmes portent souvent sur leur tête une barcelonnette dans laquelle est leur enfant endormi. Ce berceau , posé à terre sur des supports arrondis, se balance mollement à la plus légère impulsion ( Voyez la planche, page 113. ) ET LA DALMAT1E. 119 MORLAQUES. v^ETTE peuplade illyrienne n'habite pas seulement un espace étroit sur l.i rive septentrionale du golfe Adriatique , elle se trouve encore dans toute la haute Dalmatie. Les Morlaques, en l'an 640 de 1ère chrétienne, sous le règne de l'empereur Héraclius, envoyèrent des ambassadeurs à ce monarque pour en obtenir la permission de faire partie de l'empire d'Orient. M. Cassas prétend que le* Mor- lao LTLLYRIE laques sont originaires de la Bulgarie : cette supposition est sans fondement. M. l'abbé de Fortis donne de ce peuple une très-bonne notice ; mais il n'est fait mention dans son ouvrage que des Morlaques dont le pays fait partie de l'ancienne Dalmatic vénitienne: il n'est nullement question de ceux qui appartiennent à la Croatie ; cependant, les mœurs , les usages et les babil— lemens prouvent que c'est la môme nation. Le nom morlaque vient des mots slavons mare ou mur, qui sîgnifie la mer, et vlach, qui signifie italien: c'est comme si l'on disoit les Italiens maritimes. M. Fortis dit que le mot olach ou ulah signifie, non pas un Italien , ET LA DALMATIE. 131 mais un homme puissant et considéré. Les Morlaque* , suivant lui, ne présentent aucune trace d'une oti gine latine ou italienne, quoiqu'il soit obligé de convenir qu'il existe dans leur langue beaucoup de mots qui semblent empruntes du latin (1). Les Morlaqucs sont forts, d'une liante stature , el ont une physio-iiouiie heureuse. (ira* ce à leur ma-niéie de vivre, ils ont le teint extrêmement brun : il en existe cependant, el surtout des femmes, qui ont les yeux bleus et les cheveux blonds, (1) Tels .«ont uill'un, sable, «le utbulum ; plavot jaune , Ae/fafus ;xtap , rasrade , de '■i/'uis ; vlno, vin, Je > muni ; lip, aveugle, de lippu s , de. i 1 I 122 L'ILLYRIE preuve certaine qu'ils tirent leur ori» gine du Nord. Leurs mœurs ressemblent fort à celles des autres nations civilisées, excepté, toutefois, parmi ceux qui habitent les montagnes. Ces derniers, vivant de brigandages, sont d'une excessive férocité. « Leurs pillages , dit M. Fortis, tombent à l'ordinaire sur les Turcs : en cas de besoin cependant, ils n'épargnent guère plus les chrétiens. Entre plusieurs traits subtils et hardis de friponnerie, qu'on m'a racontés d'un de ces montagnards, il y en a un qui me semble caractéristique. * Un pauvre homme, se trouvant à une foire dans une ville voisine, posa par terre un chaudron qu'il ET LA DALMATIE. ia3 vrnoit d'acheter, et en s'asscyanl à côté, s'engagea dans un entretien sérieux avec un particulier de sacon-noissance. Le fripon s'approcha et mil le chaudron sur sa tête , sans changer de situation. Le propriétaire ayant fini son entretien , et n'apercevant plus son chaudron , demanda à relui qui h» portoit sur sa téle, s'il n'avoit pas vu quelqu'un emporter cet ustensile. « Non, répondit le fripon , je n'y ai pas fait attention : mais si , comme moi , vous aviez mis votre chaudron sur volie tète , on n'auroit point pu vous le voler. » M. Fortis ajoute que, malgré ces friponneries et d'autres du même Renie , un étranger peut voyager dans ce pays en toute sûreté ; on oh- tient facilement une escorte , et l'on est reçu partout avec hospitalité. Le vol et le meurtre sont presque inconnus parmi ceux qui habitent les côtes. Les montagnes, comme on l'a dit plus haut, recèlent des hommes durs et féroces : c'est parmi eux que se trouvent les Haiducks, ces «brigands qui sont l'effroi des voyageurs. « Il ne faut cependant pas, dit M. Fortis, se trop épouvanter de ce danger. Pour voyager sûrement dans ces contrées désertes, le meilleur moyen est précisément de se faire accompagner par quelques-uns de ces honnêtes gens , incapables d'une trahison. >» Les Haiducks, continue le même voyageur, mènent une vie sem- ET LA DALMATIE. i3.r, hlahlc à celle îles loups : errant parmi «1rsprécipices inaccessibles;grimpant (le rocher en rocher, pour découvrir île loin leur proie; languis-sanl dans le ( rcux «les montagnes désertes el des cavernes les plus affreuses ; agiles par «les soupçons ' onlinuels ; exposés a loule l'intempérie «les saisons; privés souvent «le l'aliment nécessaire, ou obligés de i is<|iicr leur vie puni pouv oir la conserver, on ne devroil attendre . Les svati ( c'est le nom qu'on donne aux amis qui accompagnent l'époux ) , sont ordinairement à cheval et bien équipés ; une queue de paon forme sur leur bonnet un élégant panache. Ils sont armés jusqu'aux dents, et ont l'air de se tenir sur leurs gardes, moins par nécessité que pour se conformer à ET LA DALMATIE. i39 une ancienne coutume. Autrefois les mêmes débats qui, suivant la Fable , troublèrent les noces de Piritbous, par le combat des Centaures et des Lapithcs, n'étoient pas rares parmi ces peuples. S'il se trouvoit plusieurs prétendons à la main d'une fdle, ils se la disputoient en faisant assaut d'agilité, d'adresse ou de vivacité d'esprit, et souvent il en résultoit des scènes sanglantes. 11 existe à ce sujet un ancien poeme illyrien sur les noces du vaivode Janco de Sebigne. 11 avoit demandé en mariage Jagnu de Témeswar. Les frètes de son amante , après l'avoir enivré, lui proposèrent un jeu d'adresse , dont le résultat seroit la main de leur sœur s'il gagnoit, ou sa mort s'il perdoit. w En premier lieu, dit le poème, ils plantèrent en terre une lance, dont la pointe étoit surmontée d'une pomme , et lui dirent en souriant : Janco, cette pomme te servira de but ; si ta tlèche ne peut la percer, ta tête tombera pour prix de ta témérité. »» Janco réussit dans cette épreuve ; on lui en proposa deux autres. On lui ordonna de franchir d'un seul saut neuf chevaux placés devant lui. Enfin, il étoit obligé de reconnoître sa future entre neuf filles voilées. L'usage permettoit au futur de se faire remplacer par quiconque vou-droit courir les chances terribles du défaut de succès. Zéculo, son neveu, fit les épreuves à sa place. Il franchit, en effet, les neuf chevaux. La ET LA DALMATIE. 141 troisième épreuve étoit la plus difficile ; Zéculo s'en tira avec beaucoup d'habileté. Amené devant les neuf jeunes filles, il étendit par terre son manteau , y jeta une poignée d'anneaux d'or, et dit d'une voix terrible : « Approche et ramasse les bagues, ô toi vierge aimable qui est promise à Janco. Si une autre ose avancer la main , d'un seul coup de cimeterre je lui abattrai à la fois la tête et le bras. » Ce propos peu galant effraya huit des jeunes filles ; mais la prétendue de Janco n'hésita pas ; elle ramassa les anneaux , et Zéculo la découvrit par cet ingénieux artifice. On voit encore de grossiers bas-reliefs, qui représentent des usages de ce genre. On observe, après la bénédiction nuptiale, une cérémonie qui étoit en usage chez les Romains. On présente à l'épousée une corbeille ou un crible, remplis de noix ou d'amandes ; elle en distribue d'abord aux svati, puis jette le reste aux assistans, afin de témoigner que le superflu régnera dans sa maison. Le premier jour, la fiancée mange à une table particulière , avec les diveri et les slachês, qui sont les garçons qui la servent ; le marié mange avec les soatiet les starisoati, ses compagnons. Le repas est fin-verse de la marche suivie dans nos festins ; on commence par les fruits et le fromage, et on finit par la soupe. Les femmes sont rarement invitées ; si elles font cependant partie des convives, elles doivent manger à des tables à part. Parmi les viandes entassées avec-prodigalité, dit M. Fortis, se trouvent «les chevreaux, des agneaux, de la volaille , et quelquefois du gibier; mais on sert rarement du veau, et l'on n'en voitjamais chez les Mor-la^ues qui n'ont pas adopté de* mœurs étrangères. Cette aversion pour le veau vient des temps les plus reculés , et déjà Saint-Jérôme en fait mention : At In nostrà pro-vinriâ scelus putant viiulos dcoorare. Les noces durent plusieurs jours, on leur donne le nom de zdravizze , d'où est dérivé, selon M. Fortis, le mot italien stravizzo, qui signifie régal. Tous les matins on présente à i44 l'ILLYRIE chaque convive, pour se laver, une cuvette au fond de laquelle il doit laisser quelque monnoie. Cet argent est pour la mariée. Elle se fait encore une petite somme en s'emparant des bonnets, des couteaux des convives, ou d'autres objets qu'ils sont forcés de racheter. Chacun des gens de la noce lui fait aussi quelque don volontaire, et sa dot qui ne consiste d'ordinaire qu'en ses habits et une vache, reçoit ainsi une augmentation. Après le repas on danse, et l'on chante des chansons qui ont rapport à des divinités païennes dont le chri-tianisme nTa pu encore étouffer le souvenir. Le premier jour, lorsque l'heure de coucher l'épouse est arrivée, ET LA DALMATIE. 145 c'est le kuum qui se charge de ce soin. 11 la conduit dans l'étable qui sert ordinairement de chambre nuptiale, fait sortir le stachès, les deux diveri, et reste seul avec les nouveaux mariés. C'est en présence du kuum que la mariée détache sa ceinture, et doit se déshabiller jusqu'à la ( heuiise: ensuite, il la met au lit, et ditadieuauxépoux.Dansquelques cantons ilenlèveavecsonépée, avant de partir, la couronne virginale. Un des svati ou le kuum reste à la porte et lire quelque temps après «m coup de pistolet. Les autres svati y répomh ut par une décharge générale de leurs armes. Le kuum devient une espèce de parrain que la marit:e doit avoir par la suite en continuelle \eneratmri: 1 l3 x46 L'ILLYRIE il a droit, et est même tenu de l'embrasser partout où il la rencontre. Quoique le stacbès et les deux diveri n'aient pas pu faire autrement que de quitter la jeune mariée, cependant on feint de leur en faire un crime ; et pour les en punir, on les contraint à boire force rasades de raffia ou d'eau-de-vie. « Le jour suivant, dit M. Fortis, la jeune femme dépose le voile et le bonnet,et assiste, la tête découverte, aux repas des svati, où elle est obligée d'écouter les équivoques les plus grossières et les plus mauvaises plaisanteries que les convives enivrés, secouant dans cette occasion le joug de la décence, se croient permis de lui adresser, » ET LA DALMATIE. 147 Une coutume plus bizarre sans doute, est celle qui précède le départ de la mariée de la maison de ses père et mère. Ceux-ci, en remettant leur fdle à leur gendre, font une exagération grotesque de ses mauvaises qualités : « Tu as tort, lui disent-ils, de prendre ce mauvais sujet ; mais si tu veux absolument t'en charger, apprends qu'elle ne vaut rien , qu'elle est obstinée, capricieuse, etc. » Jusque là il n'y a pas de mal, puisque ces mauvais complimens sont de style ; mais la réponse du mari est peu édifiante, parce qu'on sait que MM. les Mor-laques ne sont pas hommes à manquera de tels engagcmens. « Hé bien, dit le marié à son épouse, si tel *st vdtre caractère, je saurai vous i4S LTLLYRIE mettre à la raison ; Pt je vais d'avance vous faire connoître la force de mon bras. » A ces mots il se met en devoir de la battre, et ne se borne pas toujours à des gestes menaçans. Ces manières brutales passent chez toutes les peuplades illyriennes , parmi les Russes eux-mêmes, pour une preuve d'amour ; leurs femmes aiment mieux être battues que négligées. « En général, dit M. Fortis, les femmes morlaques, comme les insulaires , excepté les femmes des villes, ne paroissent pas fâchées de recevoir des coups de bâton de leurs maris, et quelquefois même de leurs amans. » Dans les environs de Dernisa, la nouvelle épouse est obligée, durant ET LA DALMALIE. tjfjg la première année de son mariage, de recevoir les embrassemens de tous les hommes qui viennent voir son mari. Après celle année révolue, on les dispense de celle politesse t ou plutôt les hommes eux-mêmes sont fort aises de s'en dispenser; car «•Iles sont d'une saleté et d'une puanteur insupportables. Il n'y a là-dessus qu'une voix parmi les voyageurs. « Les femmes de tous ces pays , dit M. Cassas, sont extrêmement sales : abandonnées de leurs maris comme des bêtes de somme, elles doivent souffrir tous les malheurs , et faire lous les ouvragespossibles. » Après quelques années de mariage , un Morlaque du bon ton oc daigne plus admettre sa femme aux honneurs de sa couche. La pauvre t3„ j5o l'illyrie malheureuse est obligée de dormir sur le plancher, et ne sauroit partager la botte de paille où repose son tyran. Celui-ci rougit même d'avoir une telle compagne. « Quand les hommes, dit monsieur Fortis , nomment une personne du sexe devant des gens respectables , ils se servent toujours de la formule usitée aussi parmi nos paysans quand ils veulent parler de l'animal le plus vil, ou présenter quelque idée dégoûtante , Sauf respect. Ceux qui sont plus galans, disent en parlant de leur moitié : Qa prosiite , moya xena ; c'est ma femme , passez-moi le mot. » Quand ces femmes deviennent ET LA DALMATIE. i5x grosses , elles ne prennent aucun ménagement ni pour elles-mêmes , ni pour leur fruit ; et telle est cependant leur bonne constitution , que les fausses-couches sont fort rares. Arrivées au terme de la grossesse , elles se retirent dans quelque endroit écarté, par exemple, dans une étable , et sont trop heureuses si quelque voisine vient leur prêter son assistance. Souvent elles accouchent seules en plein champ : dans ce cas, elles se délivrent elles-mêmes, vont laver l'enfant au premier ruisseau , le portent chez elles , et reprennent le lendemain leurs occupations ordinaires, comme si rien ne , leur étoit arrivé. Cette coutume de. laver les jeunes Illyriens dans l'eau froide , étoit universelle parmi les anciens habitans de l'Italie. Témoins ces vers d'un poète célèbre : Durum a stirpe ginut, natos ad Jlumina primum , De/erimuJ, scevoque gefu duramus et undii. Ces petites créatures, à peine enveloppées de quelques haillons, se traînent à genoux au bout de trois ou quatre mois. Une éducation aussi rude ne contribue pas peu à les rendre robustes, et à les endurcir contre les plus grands froids. Les mères allaitent leurs enfans jusqu'à ce qu'une nouvelle grossesse les force d'interrompre, et si elles demeuroient quatre ou cinq ans sans devenir enceintes , elles ne pense-roient pas à sevrer leur nourrisson. « Cette coutume, dit encore M. Fortis, rend croyable ce qu'on ET LA DALMATIE. i53 dit de la longueur de leurs mamelles , longueur qui leur permet d'allaiter leurs enfans par-dessus l'épaule ou par-dessous le bras. » Les jeunes garçons restent jusqu'à l'âge de quatorze ou quinze ans, vêtus d'une simple chemise, même par les plus grands froids. Ils prennent très-tard des culottes. Les Bosniaques, leurs voisins, ont le même usage, mais ce n'est pas seulement par goût, c'est pour échapper le plus long-temps possible au karafz ou capitation que leur imposent les Turcs. Cette capitation ne se règle point par la date de la naissance, mais par l'époque où le jeune garçon prend des culottes; c'est alors seulement qu'il est censé en état de gagner sa vie. Le baptême se fait à peu près comme chez les autres Illyriens. A l'occasion d'un accouchement, et surtout de la naissance d'un premier enfant, tous les parens, tous les amis envoient au père et à la mère des comestibles dont se compose un grand régal appelé babiné. Il n'est permis à l'accouchée d'entrer dans l'église qu'après un intervalle de quarante jours, et lorsqu'elle a été purifiée par la bénédiction du prêtre. L'éducation que les Morlaqucs donnent à leurs enfans est très sévère. Ils les forment de bonne heure à faire de longues marches, à supporter les privations et les inclémences de l'air. A la guerre, les Morlaqucs sont d'excellentes vedettes. Ils restent embusqués dans la même position sans se trahir par le plus léger mouvement. Ceux de ces hommes qui vivenl de brigandages ont un moyen singulier de tromper les malheureux voyageurs. Ils arrangent dans un buisson leur loque rouge et l'espèce de schall rayé qui leur sert de manteau comme s'il yavoitun homme en embuscade dans cet endroit. A l'aspect du mannequin, le voyageur s'imagine voir un véritable Morlaque, prend pour l'éviter une direction opposée, et par ce soin même tombe au pouvoir de son ennemi, qui a calculé d'avance la route que lui feroit prendre la frayeur. fin du tome premier. WVVVW%^VVWVVWV\VWWW\'V\'Y'VV\\Y"\VV\\'VWVVV\V\V TABLE DES MATIÈRES CONTENUS s DANS IE TOME I«. Religion des Illyrîens en général, pag. i I labitans de Geillhal, ou Silauzi. 5 Habitant de la Carniole. '7 Istrien». 5a Japides. 7a Los Dolcnzi. 84 Les Wipaches, ou Vipames. 9* Les Gostcliéens, ou Hotzhévariens. 98 Liburnicni, ou Liburnzi. n3 Morlaqucs. "9 Ans au Relieur, pour le placement des gravures. TOME PHEMIER. Slavon , Wcndc , Illyrien. frontispice. Homme de Geilthal. pag. 5. Femme de Gcilthal. i3 Femme de Krainska, ou de la Carniole. 45 Femme d'Istrie* J>4 Femme J.ipidr. 8a Femme d'un Wipaiker. 89 Femme Gotschéennt. 10a Iàhurnienne- "3 Libiiiiiicn. 117 Morlaque. ï3G H TOME II. ' Femme Morlaque. Morlaque marié. frontispice. Femme Morlaque. pag. 14 Femme Croate. a5 Femme Uscoke. 3y TJscokc. 38 Autre femme Uscoke ( coiffée a"un chapeau). 48 Habitans de Juppa. 71 Likanien. 7a Likanienne. 84 Dalmate. 86 Femme Dalmate. 100 Habitans des Bouches du Cattaro. 104 Sabioncclline. Ii3 Recteur de la republique de Raguse. 12$ Monténc'grio. 127 Femme de Canali. I28 Slavonne. Clémentinîcn. i5r Clc'mentinienne. ,5^ Rascicnne.