ANNALES 10/-97 oeuvre scientifique originale UDC 325.2:75(497.4-15) 325.2:75(450.361) 75:325.2(497.4-15) EMIGRATION DES ARTISTES DE LA PRIMORSKA* tiene M!SLE j Ga'lerie Pilon, Sl-5270 AjrfovSClna, Prešernova cesta 3 ABRÉGÉ Cette étude présente quelques destins particuliers des artistes peintres émigrés de h Primorska au 20ènie siècle. Les artistes présentés, entre autres: Marussig, Cargo, Spazzapan, Pilon. Sirk, Bambic, iloCevar, Suléic, Crom, Rapotec, Muïic, Kjac.ic, Bucik, Perlut, ont été obligés de trouver leurs chemins vers l'étranger en raison de circonstances exceptionnelles. Us curent pour point commun les facteurs extérieures: la guerre, l'émigration, l'occupation militaire, l'annexion de la Primorska, les systèmes totalitaires et les intolérances idéologiques. Mots-clés: émigration, peintres, ia Primorska (région) Les études spécialisées qui évaluent l'extension du processus d'émigration et qui essayent en même temps de démontrer les causes de ce phénomène très complexe de l'histoire slovène, parlent d'habitude de chiffres élevés et de déplacements en masses. Quand ies chercheurs se limitent à l'émigration de la Primorska, ils relèvent ies particularités de cette région dues à son histoire e!. qui ont obligé des couches entières de la population à quitter leur pays natal. Au milieu de ces vagues d'émigration massive un destin individuel, une vie, se perd, bien qu'un phénomène aussi sérieux qu'est l'abandon d'un lieu natal mérite d'être également étudié dans cette micro sphère, ou mieux, au niveau humain L'axe de notre etude consiste en la présentation de quelques destins individuels qui ont en commun d'être ceux de créateurs dans le domaine des beaux-<:.rts d'artistes réfugiés ou émigrés, ils ont cherché d'autres horizons dans te y vie ou dans l'art, mais pas toujours de leur propre chef ou pour les raisons habituelles. Ceux qui voulaient se former dans le domaine des beaux arts étaient en fait obligés de poursuivre leurs études à l'étranger. En effet, les Slovènes n'ont obtenu une institution d'études supérieures dans ce domaine qu'après la deuxième guerre mondiale. Notre élude ne s'inté- ressera donc pas aux cas de ceux qui prenaient cette voie habituelle de formation. L'émigration a été sans arrêt présente au cours de notre siècle,, marqué non seulement par les deux guerres mondiales, mais aussi par les systèmes totalitaires tenaces et leurs conséquences universelles. A des raisons économiques évidentes, caractéristiques pour le 19ème siècle, s'ajoute la quête de liberté et de conditions permettant à l'homme de vivre et de créer. La Primorska occupe une place particulière dans l'histoire de l'émigration slovène du 20ème siècle. Cette région ne figure pas parmi celles où l'émigration était la plus massive; mais elle a donné lieu à des phénomènes très particuliers. D'abord, il faudrait mentionner les opérations militaires qui ont directement frappé la région de Gorica (Gorizia) e.l qui ont provoqué l'émigration ou bien le déplacement officiel de civiles hors de l'ample zone derrière le front, Le résultat de la guerre et la chute de l'Empire austro-hongrois, dont la conséquence était l'occupation du pays par l'Itafie, sont profondément et douloureusement intervenus dans le destin de ces lieux. Dès le moment confus où ies armes se sont tues, les vagues d'émigration commencent déjà à se déferler: enseignants et professeurs, administrateurs, La Primorska est la région de l'ouest de la Slovénie, ayant un climat méditéraneen. Elle s'étend de la côte slovène jusqu'au sources de la SoCa (Isorzo), tout au long de la frontière avec l'jtaiie. 237 ANNALES 10/'97 Iwne MISLEI: EMIGRATION' DES ARTISTES Oï LA PRIMORSKA, J.37-2S0 employés des chemins de fer, douaniers, etc. Après l'intronisation du totalitarisme fasciste, ¡'émigration forcée devient même un élément de politique gouvernementale.1 Le départ à l'étranger devient donc Se choix le plus fréquent de la jeunesse paysanne où bien des particuliers qui dans les conditions normales de vie rie se seraient jamais fait prendre dans le tourbillon des émigrations. La deuxième guerre mondiale a d'un côté donné la solution à la question nationale, pourtant, après la guerre, il y avait encore des gens qui devait partir à l'étranger: ils partaient en premier lieu pour les raisons idéologiques, puis à la recherche d'une meilleure vie. Un bref coup d'oeil sur les émigrations de la Primorska donne l'impression des départs multiples vers plusieurs directions: entre les deux guerres essentiellement vers la mère: patrie, i'Frat yougoslave, qui représentait pour les émigrés un garant de l'accomplissement de leurs aspirations nationales et la terre promise du bien-être. A cette époque, les gens partaient également vers les villes minières d'Europe et traversaient l'océan pour atteindre le continent sud-américain. A ces destinations s'ajoute aussi, après la deuxième guerre, ¡'Australie. Si l'on observe le processus d'émigration dans la Primorska du point de vue des destins particuliers - dans la présente étude il s'agit des artistes peintres • nous découvrons ce phénomène sous des aspects très différents: il y a autant de raisons à son origine que de personnages, d'orientations diverses, de nouveaux horizons inhabituels. Il faut tenir compte du fait que l'artiste est une âme sensible qui n'agit pas comme la plupart de ses compagnons d'infortune; il cherche avant tout à répondre à l'appel à la création qu'il porte en lui. Avant de présenter la palette des destins des artistes émigrés les plus importants de la Primorska, on devrait d'abord expliquer le problème même de l'émigration de manière plus approfondie. Au cours du siècle dernier, ta conscience nationale des Slovènes de leur propre culture s'est considérablement accrue, de sorte que la conscience individuelle de l'identité nationale est devenue plus nette parmi les personnes qui avant, pour différentes raisons (par exemple à cause de leurs réussites professionnelles), s'étaient déjà frayé une voie vers les milieux culturels étrangers - la conséquence presque inévitable en a été leur assimilation. A l'extrême frontière ouest du territoire ethnique slovène, l'identité Slovène se fortifie et se perd simultanément: alors que la conscience nationale progresse avec succès dans le système scolaire de la région autour de Gorica, elle faiblit par ailleurs avec l'ascension des certains groupes bourgeois. Dans les études d'histoire de l'art qui présentent l'histoire des arts plastiques de la première moitié du 19ème siècle, deux artistes de Gorica occupent une place importante: Franz Kavčič et jožef Tontine. Les deux étaient incontestablement de nationalité slovène, mais ils se sont formés et ont créé à l'étranger, dans les milieux culturels des voisins non-Slovènes. Le cas de Tominc sert aussi d'exemple du développement, ou bien de la montée sociale d'une famille, qui, à cette époque-là, a souvent entraîné l'aliénation des racines stovèiies. A sa vieillesse, après une excellente carrière, Tominc revint s'installer dans un village slovène. Deux de ses descendants sont devenus peintres: son fils Avgust (Martelli 1996, 247) et son petit fils Alfred (Ibid., 246} qui fréquentèrent, la haute société triestine où l'on sentait l'ambiance de la cour autrichienne. Pour les cas mentionnés ci-dessus, il est très difficile de parler de conscience nationale, mais il est tout à fait correcte de les traiter dans le contexte de notre histoire culturelle et artistique. Kavčič et Tominc sont aussi les exemples évidents du parcours artistique qui, pour sa réalisation, doit obligatoirement se diriger vers l'étranger pendant tes études et aussi pendant l'âge mûr de la créativité. Durant la deuxième moitié du 19ème siècle, période de constante affirmation de l'identité slovène à Trieste aussi, on rencontre l'artiste qui peut nous fournir une comparaison exemplaire avec les deux artistes déjà mentionnés: Peter Marussig (PSBL, 1984, 10, 373-374; Umetnost, 1937-38, 105, 133) (noté Marutschitz dans le registre des baptêmes, avec une correction officielle datant de 1893). Né dans une riche familie bourgeoise, il a pu obtenir une excellente formation artistique, enviable dans ce temps-là: il a pu se former à Vienne, Munich, Rome et surtout à Paris. En 1920, il quitta Trieste pour Milan, où if fonda avec d'autres artistes italiens (Carra, S iront, Tosi, Funij un groupe important nommé Novecento. Nous n'avons aucune preuve d'une éventuelle conscience des racines slovènes chez Ma-russig, fait cependant significatif: il épousa à Milan une Slovène de Trieste, sculpteur et peintre Katarina Dre-nik,2 qui après 1945 s'est installée à Ljubljana, où elle mourut en 1963, déjà très âgée. Dans ta revue Umetnost (L'Art), publiée avant la deuxième guerre mondiale par Miha Males, on trouve plusieurs informations concernant l'art de ces deux artistes. Marussig est un cas particulier parmi les artistes triestins, parce qu'il s'est directe-ment tié à l'ait contemporain parisien; it a développé un style post-Cézannien, contemporain et original, devenu ensuite le credo du nouveau groupe italien Novecento. Il est intéressant que Marussig soit devenu célèbre après son arrivé à Milan seulement; il faut dire que dans îe nouveau contexte italien, Trieste avait la re- î Milica Kacin Wohirct a publié quelques circulaires clandestines qui ordonnaient aux fonctionnaires fascistes de renforcer l'Émigration. Voir Raznarodovanje primorskih Slovencev - dejavnik za izseljevanje dans les annales Kulturno ustvarjanje Slovencev v Južni Ameriki Création culturelle des Slovènes en Amérique du Sud (19951, Ljubljana. Filozofska fakulteta, 23-31 2 Elle aussi a obtenu une excellente formation, ce qui était rare à cette époque pour une fille avec des ambitions artistiques 238 ANNALES 10/'97 Irene MIHE1. EMIGRATION DES ARTISTES DE LA PRIMORSKA, 211 M10 réputation d'un milieu conservateur, considéré comme un lieu propice à la nostalgie d'Autriche qui n'était pas seulement culturelle d'ailleurs. L'ambiance caractéristique de "terra redenta" est très bien décrite dans le livre de S. Sibilia, Pittori e scultori di Trieste, publié à Milan en 1922.3 Dans la préface de Silvio Benco, on peut lire quel est le but concret de cette anthologie: il s'agit cle prouver, avec des arguments très faibles cependant, que tous les artistes présentés sont "italianissimi". la simple liste des noms nous prouve qu'il s'agit d'une vaste gamme d'origines: autrichiennes, juives, dalmatiennes, slovènes. La moitié de ces portraits a été réalisée par un Slovène qui, à cause des conditions politiques de l'époque, se cacha sous un pseudonyme La génération suivante des artistes de la Primorska a pu éviter l'aliénation nationale - qui auparavant semblait à tout !e moins indispensable - sur le chemin de la gloire et de l'affirmation auprès des hauts cercles artistiques, et ce même si l'artiste était d'origine mixte, comme c'est le cas pour Pilon. Mais avec cette génération nous franchissons déjà le seuil du 20ème siècle et nous passons à l'axe de (a présente étude. La coexistence des différentes cultures (malgré l'inégalité de leurs statut officiel dans la société) est un terrain fertile pour la croissance des personnalités artistiques: Corica en est la preuve. Dans les années précédant la première guerre mondiale, la présence slovëne s'affirmait constamment dans cette ville, ses institutions culturelles et éducatives. Le fait que Franc Tratnik ait vécu pendant quelques années à la périphérie cle Corica, eut une importance décisive pour le développement de la vie artistique de cette ville, surtout clans le domaine des arts plastiques. Franc Stele écrit: i!le fait que Franc Tratnik se soit installé à Corica pendant ie.s années d'avant guerre, a considérablement contribué à élever la réputation de la peinture slovène dans cette ville de population mixte. Le nombre de peintres slovènes dans la région commença à augmenter presque spontanément. Pendant la décennie qui suivit la première guerre mondiale, le groupe de peintres slovènes de la Primorska était presque le plus fort, si l'on exclut celui de Ljubljana. Ce groupe était le plus actif et occupait les premiers rangs dans la lutte pour une expression artistique slovène (V. Pilon, A. Cernigoj, t. Cargo, L. Spazzapan). L'apogée du développement de ce groupe (dont la plupart des membres a choisi comme deuxième patrie l'ex-Yougoslavie) et la preuve de leur conscience nationale, fut l'exposition des peintres slovènes à Trieste en 1927. La critique italienne leur a donné une entière reconnaissance et il en fut toujours ainsi quand ils se présentaient ensemble avec leurs compatriotes de Ljubljana, originaires de la Primorska, Les peintres qui se sont le plus affirmés furent: A. Bucik, Veno Pilon, L. Spazzapan et A. Cemigoj." (Stele, 1960, 97-98) Tratnik, considéré comme le précurseur ou le premier véritable expressionniste en Slovénie, a gagné à juste titre la réputation de créateur culturel imponant, car il était, entre autre, le collaborateur de la revue viennoise Simplicissimus. La critique d'art italienne ie mentionne comme étant un facteur décisif dans la riche scène artistique de Gorica, Au cours de ces années mouvementées se formait à Gorica une génération d'artistes, qui devinrent plus tard les artistes sîovènes les plus représentatifs, qui furent obligés d'élire domicile ailleurs: Ivan Čargo, Lojze Spazzapan, Veno Pilon. Tous les trois appartiennent à la génération qui, à peine I« baccalauréat en poche, devait participer au premier conflit mondial avec toutes ses conséquences. A cause de la proximité du front de la Soča, ta famille de ¡van Cargo s'installa en 1915 à Novo mesto où Cargo poursuivit sa scolarisation au lycée; mais il fut bientôt appelé au service militaire. A la fin de la guerre, il s'intégra dans la vie artistique slovène et apporta à la peinture slovène ses premiers oeuvres expressionnistes F.n 1920, il fut déjà à Gorica, d'où il partir faire ses études à Rome et à Florence. Après quelques années de créativité intensive, il rentra en Yougoslavie, à cause de la pression politique. Ljubljana étant pour lui trop limitée et provinciale, il préféra la métropole et il décida d'aller trouver son bonheur à Belgrade. Qu'est-ce qui l'a mené à Belgrade? Il répondit à cette question à V. Bartol: "Eh bien, pour moi, la vie à Ljubljana est trop morre. Le dynamisme, l'acuité, le dynamisme, c'est la seule expression de notre remps. Les avions, les voitures, la technique, les mines de charbon, les millions de chômeurs, le gros capital, la mort de faim - capter tout ça dans une peinture, lui donner de l'expression, ça c'est le but de mon art. Celui qui a vu - comme moi, alors encore jeune novice - toutes les horreurs de la guerre, les cadavres déchirés, celui qui a vu crever ses camarades er entendu les cris des blessés, en est tellement imprégné qu'il ne peut pas l'oublier. "On trouve déjà au début de la carrière de Cargo une nature bohémienne, une continuelle recherche du renouveau, du différent, un esprit remuant. Il ne s'est point apaisé à son arrivée à Ljubljana, après la deuxième guerre mondiale, où il fut tout d'abord dans un camp d'internement, puis il rejoignit les partisans et il se battit à leurs côtés jusqu'à la libération. Cargo fut toujours le modèle des aspirations avant-gardistes, artiste extériorisé, exposé aux yeux d'un public souvent impitoyable vis-à-vis des révolutionnaires. (Catalogue Ivan Cargo, 1898-1958, 1981) Designer et illustrateur de livres, Lojze Spazzapan {Spazzapan, 1963; L'avventura fantasîica di Luigi Spazzapan, 1970; Luigi Spazzapan, slikar na meji ...,1984) 3 Réimprimé à Trieste en 1993. ANNALES 10/-97 Iran* MIÏLÈJ: EMIGRATION DES ARTISTES DÉ LA PRIMORSKA, 2J7-2S0 Viktor Suičtč: Cimetière, Lujân, Argentina (Photo: Oskar Molek). Viktor Suidč: Pokopališče, Lujân, Argentina (Foto: Oskar Molek). Ivan Cargo: La balade-, 1931 (collection privée). Ivan Cargo: Ljudje na sprehodu, 1931 (zasebna last). 240 ANNALES 10/'9 7 Ircra? MiSlfi EMIGRATION DES ARTISTES DE LA PRIMORSKA, 237 250 a développé une collaboration intensive avec les maisons d'éditions slovènes pendant les années où le fascisme envisageait une solution définitive à l'existence culturelle slovène dans fa Primorska. Pendant une période assez courte, il kit professeur au Lycée dldrija, où il influença considérablement les autres artistes slovènes, comme par exemple Milko BambiC. Souhaitant entièrement consacrer sa vie à la réalisation de sa vision des arts plastiques, il quitta le poste de professeur et il essaya de vivre de son art à Gorica, dans ces temps peu favorables. Les horizons de liberté devenaient de plus en plus étroits (pas seulement dans le sens national, mais aussi artistique, car le fascisme n'aimait pas l'art d'avant-garde) et Spazzapan décida de partir, sur l'invitation d'un ami architecte, à Turin, grande ville où il pouvait mieux travailler. En tant qu'antifasciste déclaré, il dut subir les contrariétés des autorités. On l'empêcha d'abord de réaliser une oeuvre promise, ensuite, on lui supprima le passeport quand il projeta un voyage à Paris. Pendant des années, il mena Line lutte silenc'reLise, rendue possible grâce à l'amitié d'Edoardo Fersico et d'un milieu artistique qui fut toujours nettement critique à l'encontre du système. Loin du milieu slovène, Spaz-zapan put concrétiser sa vocation artistique, mais ses racines en souffrirent. De la même manière que son ami Pilon l'a dit pour lui-même: "Vivre de sa terre natale! Tout le reste n'est que les crampes et les affectations -une tragédie!"4 Peu avant sa mort, Spazzapan trouva un chemin original de retour vers son identité slovène, par l'intermédiaire de sa fille, fruit des amours avec une jeune femme d'Idrija. Une amie de jeunesse du peintre écrivit quelques mots touchants dans un écrit qui n'a jamais été publié: "Per tanti anni egfi affogava ogni richiamo de! passato, tavorando senza sosta. Incollato nell'eterna miseria, creare et sempre creare; era la sua unica piattaforma dove difendere la sua primordiale personalità, mu ta ta in peggio soltanto esteriormente. La sua tenacia fu una disperata corsa libelle contre ogni adattamento conformistico; ii grido di un essere prigio-niero, un orgia psicopatica utile, una chiara guerra con-tro il propio destino di iuggrasco volontario, che volontario non fu. Ovviamente in veste di emigrante per molti anni, quelli delle mucche magre, dovette soffocare le Spazzapan isontino: obbligato ad altre abitudini e diversi modi de concezione humane, si sentiva una beîva catturata." tBranciforte) Malgré le fait que Turin élargit les horizons à Spazzapan, on aperçoit une nette fracture clans son oeuvre à cette période. Des peintures avant-gardistes audacieuses de fa période goricienne, il passe à l'étude de couleur et de composition à travers des motifs plus traditionnels dans le sens iconographique. Une voie similaire, celle de la retraite dans des eaux apparemment plus calmes, on la retrouve aussi chez August Cernigoj, dans sa période (destine. (Mislej, 1997,81-90) Durant la moitié d'une décennie à Ajdovscina, dans les années vingt, Veno Pilon a crée la série d'oeuvres la plus compacte de sa peinture, à mi-chemin entre l'expressivité et la réalité à nouveau conceptualisée, caractéristiques de l'art européen du premier tiers de notre siècle. Dans sa chaleureuse et leste biographie (Pilon, 1965), Pilon nous donne pas mal de raisons à son départ définitif: à côté de la situation familiale après la mort de son père, il y eut surtout le sentiment d'être limité, provoqué par le fascisme et son idéologie intolérante. "C'était la situation insupportable de la région près de la frontière qui m'a poussé à partir à l'étranger. Sans trop réfléchir, j'ai liquidé mon passé, ma jeunesse, j'ai détruit tous tes ponts derrière moi, j'ai dit adieu à ma mère, qui m'a lancé: "Tu t'en vas dans le monde, mon pauvre poussin!" l'ai ainsi quitté la maison, le coeur plein d'amertume. C'était en fait une fuite devant moi-même; mon dualisme me tourmentait sans arrêt, je tournais trop autour de mon axe. Tout se déchirait en moi quand je quittais la maison. Effrayé, je me demandais si je m'étais réellement épuisé aussi vite'' Les changements effervescents des coûtants et des styles de la peinture des dernières années rongeait la foi en mon travail et en la peinture en général. Un étrange pressentiment m'accompagnait: celui de l'arrivée d'une nouvelle ère, encore étrange à ma sensibilité et à l'éducation que je recevais jusqu'à cette époque." Pilon s'est considérablement dévoile dans sa biographie: c'est un cas extraordinaire de l'artiste qui avait le don d'exprimer son propre angoisse et l'angoisse commune par les mots, sous la forme d'une auto-analyse sans compromis. Lui aussi déclare que l'exaltation de la race latine et la dépréciation des peuples Slaves sont responsables de la détérioration des relations amicales, jusqu'alors étroites, entre les artistes de Gorica, ville muiticuitureile.- Evidemment, Paris, la capitale de la culture et de l'art l'attirait,, car elle représenta le plus haut degré de la liberté artistique. Mais Pilon connut bientôt la cruauté du destin de l'émigré: la pauvreté, la marginalité, l'isolation. Dans sa lutte pour la. survie, il reçut le coup le plus douloureux: if avait cessé de peindre. :'je me suis réfugié à Paris pour me perdre clans la foule et pour m'oublier. Dans cet océan de peintres (aucune statistique ni aucun pouvoir fiscal n'étaient capables de, contrôler cette énorme masse indisciplinée, qui dépas- 4 Cette déclaration est citée par Freinte Steie dans la conclusion de l'évaluation de la peinture de Pilon, dans son livre Umetnost, v Primorju (i960), Ljubljana. 5 De nombreuses sources témoignent de l'atmosphère créatrice à Gorica avant l'éclatement du fascisme. Voir l'étude de Bruna Passamani: Dall'aScova d'acciaio al Tank ai Macchi 202 dans ie catalogue Frontière d'avanguardia, Gli anni dei tuturismo ne lia Venezia G ¡«lia 0985), Gorizia. 241 ANNALES 10/'97 Irene MISLE): EMIGRATION DES ARTISTES DE LA PRIMORSKA, 237-250 Albert Sirk: Le matin, 1936, huile sur toile (Celje, collection privée). Albert Sirk: Jutro, 1936, olje/platno (Celje, zasebna last). Veno Pilon: Ajdovščina, 1925, liuile (Callerie Pilon, Ajdovščina). Veno Pilon: Ajdovščina, 1925, olje (Pilonova galerija, Ajdovščina). Lojze Spazzapan: Veno Pilon, 1925 (Gallerie Pilon, Ajdovščina). Lojze Spazzapan: Veno Pilon, 1925 (Pilonova galerija, Ajdovščina). 242 ANNALES 10/'97 Irene MISLE): EMIGRATION DES ARTISTES DE LA PRIMORSKA, 237-250 sait son cadre et se perdait dans la multitude des autres métiers) je n'osais pas - moi, tout frais moulu -m'imaginer pouvoir vivre de ma peinture. Je voulais donc assurer ma survie en faisant du commerce ou un autre travail." Malgré tout, Pilon ne s'est pas éloigné de son identité slovène; il se mit à s'occuper d'affaires qui étaient bien loin de son orientation initiale et il demeura vivant dans le sens national. La preuve, peut-être la plus évidente, de sa liaison intime avec les siens fut sa collaboration à la réalisation du premier long métrage slovène Na svoji zemlji (Sur sa propre terre). Finalement, il rentra et il mourut sur sa propre terre, à Ajdovščina, devenue ainsi sa dernière demeure. Toute une gamme d'artistes peintres de la région de Trieste - où les Slovènes ont été frappé les premiers par le fascisme militant (incendie volontaire de Narodni dom (Maison nationale) en 1920) - a été obligée de partir à la recherche d'une vie meilleure et de la liberté. Nous allons distinguer deux artistes importants. Albert Sirk (PSBL, 1988, 14, 368-369) partit en 1929, à la suite des multiples pressions exercées par les autorités fascistes. Comme tant d'autres émigrés de la Primorska, il choisit la Štajerska (Styrie slovène) pour nouveau domicile et l'enseignement pour gagne-pain quotidien. Anton Cvajc, professeur ayant travaillé à Gorica depuis 1985, était après la guerre déjà installé à Maribor, après s'être réfugié en Koroška (Carinthie) à cause du front de la Soča (Isonzo). Lui, comme Viktor Cotič (PSBL, 1976, 3, 202) (qui a fait ses études à l'Académie de Vienne et qui a été ensuite professeur à Zadar, d'où il est parti en 1919) était, comme peintre et scénographe, l'initiateur de la vie artistique dans la capitale de la Štajerska, après sa libération. De nombreux réfugiés et émigrés de la Primorska s'y sont installés et on peut parler d'un véritable cercle des gens de la Primorska, dont le tempérament a donné un charme tout à fait spécial à la Štajerska déjà bien animée.6 Les deux peintres-professeurs cités, Gvajc et Cotič, ont activement participé à l'organisation des expositions dans le cadre de l'Association Grohar. Il n'est donc pas étrange que d'autres créateurs en arts plastiques aient également choisi ce coin de la Slovénie pour domicile. Cvetko Ščuka (PSBL, 1989, 15, 522-523), par exemple, termina ses études à l'Académie des Beaux-Arts de Florence, puis donna des cours de dessin au lycée d'Idrija en 1922-23, d'où il partit pour Murska Sobota et puis pour Celje. Alenka Domjan, auteur d'une étude sur la création dans les arts plastiques à Celje clans les années 30, écrit: "L'arrivée de Cvetko Ščuka à Celje, fut d'une grande importance. Il participait à des activités non seulement artistiques, mais aussi pédagogiques, culturel- les et éducatives; il s'occupait de marionnettes et donnait des cours d'art au lycée. En tant qu'artiste et homme d'un caractère inébranlable, il demeura fidèle à l'interprétation vériste du motif jusqu'au bout de sa carrière." (Domjan, 1997, 57-58) Le cas d'Albert Sirk témoigne de l'importance du rôle des artistes de la Primorska clans le milieu des arts plastiques de la Štajerska. Il travailla comme professeur à St. Lenart et à Celje, où il devint un des piliers de la vie artistique. Selon Domjan, il était "le personnage le plus fort de la deuxième moitié de cette décennie, malgré la présence d'autres artistes plus jeunes.../ Virtuose du mouvement, marqué par la matière des couleurs qui le rendait effervescent, mais d'un autre côté aussi romantique, inspiré par l'impression de l'image, il créa toute une série des peintures de plein air, qui le classent parmi les paysagistes slovènes les plus importants. Sirk soulignait toujours: "Je peins ce que je vois." A côté de ses obligations d'enseignant, il partait régulièrement en Dalma-tie et exposait fréquemment ses oeuvres. On connaît surtout ses célèbres "ports". Expression de sa nostalgie ? En tout cas, ce sont la preuve de son amour pour sa mer, à lui, car il venait d'un beau village littoral, Križ près de Trieste, où il se réinstalla après la deuxième guerre. Le jeune Milko Bambič (Verani, Vuk, 1992) créa une oeuvre importante d'illustrateur, dans le sens traditionnel, pour les éditions slovènes de la Primorska (Spazzapan, son professeur au lycée, le traita comme un égal et l'encouragea à tout point de vue). Il a aussi très tôt et avec succès fait preuve de son appartenance à l'avant-garde constructiviste à la Černigoj. En 1927, il subit une perquisition et peu après les autorités italiennes refusèrent de lui prolonger son visa de séjour; il fut donc obligé de quitter Trieste et de s'installer en Slovénie. A Ljubljana, Bambič s'affirma comme un excellent caricaturiste clans le journal Jutro et dans le magazine satirique Skovir, dont il fut l'un des fondateurs. Il déménagea ensuite à Zagreb, où il créa toute une série des publicités qui en ont fait un des pioniers de la publicité moderne (Radenska trois coeurs!). En 1929, il commença à travailler dans l'industrie cinématographique à Belgrade. Ses nombreuses et très différentes créations reflètent son esprit d'initiative et son originalité dans la lutte pour la survie quotidienne. Hélas, elles ont un peu apaisé l'art véritable qui n'est pas - aussi, ou bien, surtout - utilitaire. Les contributions originales de Bambič à l'avant-garde ont été rassemblées à l'exposition au château de Kromberk, en 1992. Quelle en est la valeur? C'est une question, à laquelle devrait répondre une étude critique de l'avant-garde slovène dans sa totalité. Après la deuxième guerre, 6 Fran Šijanec clans son livre Les arts plastiques contemporains slovènes (1961), Maribor, analyse en particulier le développement des arts plastiques dans la Štajerska après la première guerre mondiale, avec un accent sur le rôle des artistes de la Primorska. Voir pages 117-122. 243 ANNALES 10/'9 7 liVtX-MIMll EMICIKAlií ); ! »1!, Akïl'.-V£S l,'£ LA PRIMORSKA. 1 ¡7-1*9 Bsmbie devint critique d'art ei publiait dans le journal Primorski dnevnik des écrits sur Spazzapan, Pilon, Čer-nigoi, Cargo etc. qui sont très précieux grâce aux évaluations lucides et aux détails inconnus de la vie et de Part de ces artistes. Jusqu'à sa vieillesse. Bambič n'était pas seulement actif, il se distinguait aussi par sa force créatrice et son originalité. Nous pouvons trouver deux cas de "véritables" artistes émigrés, parmi ceux qui ont choisi pour but le monde américain d'outre mer. Les Etats qui donnent sur l'Océan Atlantique, offraient toujours, à l'époque, des possibilités d'affirmation aux nouveaux immigrés, mais il ne s'agissait déjà plus du romantisme du temps des "pionniers". Ce fur l'Argentine qui devint la deuxième patrie des nombreux antifascistes, pas uniquement slovènes d'ailleurs. Le premier cas est un peu particulier, car il s'agit d'un enfant de mariage mixte, appartenant au milieu déjà assimilé à moitié, de la région triestine. Sergej Hočevar/ qui la plupart du temps créait sous le pseudonyme Sergio Sergi, avait Lin père rie Gradišča d'Isonzo; H était en quelque sorte le compatriote de Spazzapan et aussi son très bon ami. Sa mère était d'origine serbe, elle était peintre., élève du peintre trieslin Graziolini. Hočevar termina le lycée a Si Paul en Koroška, ensuite il partit pour Vienne, il s'inscrivit à l'Institut graphique où il termina, juste avant l'éclatement de la guerre, ses études d'estampe et de photographie. Dans les années piécédanl la premike guerre mondiale, Il connut la Sécession et, en même temps, aussi la recherche moderne dans ie design, li fut particulièrement attiré par loos et ses acquis d'architecture pure et par von L.arisch, maître de la typographie moderne. Ses oeuvres nous montrent qu'il puisait aussi dans les trésors des inscriptions caricaturales acerbes, typiques de la Vienne de cette époque, il développa un regard original et ironique sur ie monde, exprimé dans ses minutieuses gravures. Maître du dessin, il utilisa une ligne souple et expressive comme élément de base de ses représentations de type urbain, dont Je contenu est universel. Il fut pris dans le tourbillon de la première guerre mondiale comme soldai autrichien et connut à cette époque - comme il l'avoua beaucoup plus tard -toute la misère de l'homme. Son retour dans Sa Tvieste italienne ne fut pas facile: pour gagner sort pain quotidien il fit des portraits, mais en même temps il développa ses gravures, don! les meilleurs exemples sont: Je portrait de la grand-mère à !a pointe sèche et la gravure sur bois intitulée La Guerre, présentés a la biennale de Venise en 19.1!. Hocevar était tin cosmopolite ei un esprit orl 1 lire, qui ne supportait pas le rétrécissement continuel des horizons, ca isé par le fascisme, fi paiement, il prit la décision de partir en Argentine, où il vagabonda pendant plusieurs années. Quand il se stabilisa iinalemeni, il s'installa d'abord à 5anta Le, puis à Mendoza et il devint l'un des meilleurs professeurs d'art graphique et d'esthétique. Dans son pays natal il fut un bon ami à Venu Pilon et à Spazzapan ci s'est ui aussi, présenté à l'exposition de Gorica en ¡"24. Les ténioi s.s racontent que la mit suivant le vernissage, Spazzapan el lui se sont mutuellement portraiiés. Les fruits de ses jeux amicales d'artistes sont conserves dans la Galerie Spazzapan à C.radisca d'Isonzo.8 Le deuxième cas de chercheur d'outre nier, c'est l'architecte Viktor SukiC (PSBL 1989, 15. 481-463). qui avait participé à la guerre, comme tous les autres membres de sa génération. Il lit ses études en Italie (à Florence il habita pendant une année scolaire avec Pilon, qui tir deux portraits de lui). Après sa maîtrise, il partit chercher fortune à Zagreb (en tant que jeune architecte, :l dessina les pians de ia maison ei cie l'atelier de MeStroviO ei il se rendit ensuite en Argentine. Son histoire est presque fabuleuse: il avait remporté le premier prix d'un concours très important et fonda avec ses collaborateurs un bureau, qui eut beaucoup do succès 11 dépendait cependant complètement de cette collaboration, • ar ii ne pouvait pas faire valider son diplôme ii i ause cie la législation argentine. Une de ses créations devint ie synonyme ou l'icône de Buenos Aires: < 'est le grand marché Mercado de Abasto, dans l'avenue Cou ¡entes (appelée par les Argentins "la rue qui ne dort • tmais";. quartier < elèbre pour les rythmes du tango.'1 Un immense bStimeni, révolutionnairàe l'époque, nous dévoile les éléments artistiques s'inspirant du marché des poissons triestin. La seule différence, c'est que l'architecte pouvait, à la mode américaine, tendre les arches et Créer des voûtes a des endroits où à ïneste elles son; seulement indiquées. Sulcic s'engagea beaucoup da 'is la communauté slovène: il finança l'hebdomadaire Novi Hst, dont il était le collaborateur; il fut aussi mécène: il soutenait financièrement les compatriotes qui avait moins de chance que Ju<10 Dans une certaine mesure, il resta fidèle à son premier amour artistique: la 7 PSBl lv>> <;,., ca. jne monngMphi« tie y-i ;.,>•. Svrg 11«.»•.»-;- a eró Aibliée sw rteu* -ils . Mendoza. Lile coniient 97 giavures, 1." ébauc.hes, 2 dessins el piiotographios • I Los por!ra ts i._-i. :<.n 30¡ réali<¿s t:lnn< ia m»it suiv-iiit le vemissage. on» é«; exposés w "570 '/¿ni la litre lambiente artístico di Goilzia negli anni Vc-nt (croiswvaieur Osaie Dm*tag) daiw la Galeríe Spazzap.-nt -t l'oceasion de la granulo rétrospcctive de Spazz.ip.in • Sergi est l'autvui des 8 puiír.iiti. entre aut¡es ceux re P ion. Spazzapan »t Bolafíio 'i Sei.-lement q.!'.-:<|ues snétix • pk > (oin v ivaii C.'a¡ os Ca de', héios popuíai«.' , ¡g :; ■■> chaníeur e: g-iii >■ síe, muí a e.\| oifé e tan;:>> • I: i .s le nonde. 10 Keviw de l'oeuvre el \ i« do ">•; OiC <1 >¡w I- . alakjgLu: I. Mislej (19891, Ar. ni-.- '. iktoi S.ik i-. Trieste ?895 - Bi enos Ai es 1 >73, I í-j lija vi Aje 5ci ¡a. 244 ANNALES II)/'97 tew vUSi.it- EMIGRATION UES ASîblïS DF LA PRlMt MtSKA. J:-U'-Jx> sculpture. li dessinait des ébauches des statues, sans pouvoir, hélas, I' s concrétiser Ces ébauches reflètent son nette admiration pour Mestrovic. A partir de positions po itîques très claires, il s'engagea publique ment a résoudre le problème de la Primorska Après la deuxième guerre mondiale il visita son Kn2 natal et la Slovénie, où il i..t décrit comme un architecte moderne ii la Le Corbusier. Dans In correspondance de Pilon, conse vée dans a Galerie Pilon à AjdovsCina, on peut trouver quelques ettres d'un capitaine de navigation au long cours, Cesare Paoletti, am de jeunesse de Su de. Le capitaine ment onne sa visite che2 Hocevar a Mendoza: "Immagino rhe a vrai ricevuta una mia cartolina scrittati da Mendoza, dove m sono incontrato dop > i.m; lungbi anni con Sergio Sergi. che ho trovato bene n u.s déplace-ments. Le père du peintre rriestin Bogdan G >rn fut un employé rie banque, qui se retira, après l'occupation italienne, au sud de la Yougoslavie, où le jeune artiste alla au lycée. Plus tard, Grom fit ses études en Italie, mais i! quitta Trieste après la deuxième guerre mondiale et partit aux Etats-Unis (De Fazio et al.. 1996), où il développa son activité d'artiste et de designer. Il dut s'adapter aux exigences du marché américain: dans les oeuvres commandées, on peut remarquer certains éléments décoratifs, malgré une réalisation hautement professionnelle. Il s'exprima plus librement dans ses gravures - où il inventa une technique spéciale de "découpes* - et dans les grandes compositions sculpturales. Durant les premières années d'après guerre, il se consacra beaucoup à la peinture. Dans une monographie récente, G. Montenero souligne une des passions de Grom: expérimenter des techniques et trouver des solutions originales rendues possibles grâce à l'enrichissement mutuel des différents genres d'arts plastiques. Selon Montenero, les capacités de Grom sont dues à son caractère triestin: cette ville littorale fut un espace commun ¿i différentes langues, cultures, religions et convictions politiques. La diversité - c'est ¡a meilleure synthèse de l'art de Grom. Le père de Stanislav Rapotec fut employé des chemins de fer aussi Arrivée en Slovénie, la famille vécut pendant un certain temps dans un wagon à la gare de Strnisce. Après l'école primaire à Skotja Loka, Rapotec étudia les sciences économiques à Zagreb. Pendant la deuxième guerre mondiale, il fut, en tant qu'officier au service des renseignements, protagoniste des incroyables et dangereuses péripéties guerrières. A la fin de la deuxième guerre mondiale, il l'ut officier de l'armée anglaise, en poste en Palestine jusqu'en 1948. Puis, il décida de partir très loin, en Australie (Mislej, 19911, où il devint un des membres importants de ¡'avant-garde de l'expressionnisme abstrait de Sydney. Dans sa nouvelle patrie, on Se respecta comme soldat allié et excellent artiste à la fois. A partir des années 70, il se lia à la KoroSka grâce à l'amitié de Corse. Une petite rétrospective aura bientôt lieu à la Galerie Nationale N.S.W. à Sydney; ce sera l'occasion d'évaluer, d'une manière complexe, la contribution de Rapotec à l'histoire de l'art australien. Rapotec apparaît clans toutes les expositions et publications importantes ayant trait qux années 60- c'est une. décennie qui vit l'art australien consolider définitivement sa propre image. Rapotec est l'exemple d'un parcours triomphal d'un artiste à l'étranger, le cas représentatif d'un 'homme qui n'a trouvé une voie libre et un horizon suffisamment large l l lcine datant du •'■ j im 19S2. Valparaíso Chili. Paoletti a tait i.i connaissance de Pilon en ¡949 <-ü¡ lire io Morassi et Vittorio Suléié " 12 France Stele dans son livre Umetnost \ Primen i . il'art dans h Primorska! (Ijubljand, ' •)«!'; élargit un peu trop ce gtoupe d'artistes iiriginaires ■ !ikevm analizi po ovrednotenju posameznih avtorskih opusov. Umetnost je univerzalna vrednota, ki se je ne da omejiti na temelju nacionalno zaprtih kategorij. Zato je tudi povsem jalova debata o nacionalnem karakterju likovnega fenomena., vsaj v smislu izključujočega parametra. Ključne besede: izseljevanje, slikarji, Primorska BIBLIOGRAPHIE Bednartk, D. (1947): Razgovor z umetnikom. Razgledi, Trsi, 179-181. Cargo, 1.1898-1958/catalogue (1981). Goriški muzej. Čebokli Branciforte, A.: odlomki iz Spazzapanove biografije / texte dactylographié, qui fait part de l'hé ritage de docteur Danilo Lokar. Ljubljana, NUK, rokopisni oddelek. De Fazio, J. et al. (19%): Bogdan Grom. London Cromwell Editions, 1996. Domjan, A. 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