61119 Supplique. Les Russes des Karpathes delaisses, et dignes de protection. L'imprimerie S. Cyrillus, Marbourg. Preface, Les Russes des Karpathes, qui pcuplent le territoire de la Galicie, de la Bukovine et de la Hongrie Nord-Est, se sont de- clares, de tous les temps, de vrais nembres de la Grande, Na- tion russe. Comme les Puissanees centrales les ont opprimes et leur ont fait violence, ils entrevoient, par la complete victoire de L'Entente, la liberte et le bonheur de toutes les Nations. Cepen- dant, ils voient a regret, que leur jeunion avec le Grande Russie, leur patrie-mere, n'a pas encore ete realisee, malgre les grands sacrifices qu'ils ont faits, en combattant aux cotes de 1'Entente et de la Grande Russie, pour que leur ideal, la liberte nationale s'accompli. La destinee de toutes les nations va etre decidee sous peu, d'une mamiere favorable ; seule la nation des Russes des Kar- pathes, semble etre oubliee, car personne ne vout s'en occuper amicalement, Cependant, cette interessante nation, a combattu, comme alliče aux cotes de 1'Entente," tidelement, avec un zele et un courage admirable, pour la eivilisation et la liberte. II est vrai que les circonstances politiques actuelles de leur patrie-mere, la Grande-Russie, ne sont guere heureuses, mais il nous semble d'autant plus urgent et necessaire, que les Parties russes de Fancienne monarchie austro-hongroise: La Galicie, la Bukovine, at la Hongrie Nord-Est, soient limitčes, leurs frontičres fixees et leur territoire ensuite declare comme Etat independant sous le nom de „Russie des Karpathes", et que dans la suite, alors que la situation politique de la Grande-Russie sera reglee, les Russes des Karpathes puissent sldentifier et se joindre a leur Patrie-mere. Nous, Russes des Karpathes, nous sommes convaincus que TEntente, aux cotes de laquelle, nous avons combattu pendant la guerre mondiale et fait des sacrifices immenses, estimera, a sa juste valeur, notre conduite envers elle, et qu*elle nous protegera contre la domination tyrannique de nos voisins. Au moment du plus grand danger, nous faisons parvenir cc memoire, aux Nations protectrices de 1'Entente, a leurs Di- plomates, a leurs Politiques, a Monsieur le President Woodrow Wilson, a tous les Slovophiles sinceres, ainsi qu'a Vous, tres honore Monsieur, avec la priere instante, de vouloir mener a bien Fassainissement de notre etat national, en nous assurant aux Gonferences generales de Paix, notre liberte nationale et terri- toriale. Nous vous demandons, avec instance de vouloir faire, autant que possible, communication de notre memoire pendant les Conferences generales de paix, dans*la publicite par les jour- naux et par d'autres moyens usites a cet effet. Nous vous prions, egalement, d'appeler des Representants de notre nation, qui seuls possedent notre grande confiance, car ce sont aussi des Martyrs nationaux et nous vous citons leurs noms ci-joint: Dr. Theologie Bohaterytz Kassian, Czernowitz, Bukowina. Dr. Tscherlunczakiewicz, Pszemysl, Galizien, Dr. Drohomiretzki, Lemberg, Galizien, Hochwiirden Hrycyk, Pszemysl, Galizien, Dr. Kurelowicz, Lemberg, Galizien, Dr. Markow, Lemberg, Galizien, Notar Strocki, Ottynia, Galizien. Pour nous, Russes des Karpathes, il n'y a que ces Martyrs nationaux, qui nous seront eternellement sacres, on bien leurs remplacants, qui soient, seuls, capables de repre^enter nos inte- rets et de decider de la Russie des Karpathes, car eux seuls connaivssent, au juste, la detresse actuelle et les sentiments de leur peuple pour Tavenir. Il's jouissent de notre entiere confiance. Que Ton demande a ces martyrs sacres, ainsi qu'aux innom- brables compagnons d'infortune, et a toute la nation des Russes des Karpathes, pourquoi ils ont ete traites si cruellement par les Barbares et Ton entendra que la Nation des Russes des Karpathes fut la „Premierew, qui deja, tout au commencement dc la guerre, avait realise et mis en oeuvre le Droit d'Unite nationale. Cette nation a prouve au monde entier, clairement, courage- usement et avec dignite, qu'elle voulait faire. a jamais, partie de la Grande-Russie et qu'elle nourrissait les sentiments les plus reconnaissants et les plus chaleureux pour 1'Entente. La Voix du Peuple russe des Karpathes implorant la protection de F Entente. L^Tout-Puissant jugea, dans son infinic sagesse, que le noble but definitif de FEntente, qui est d'opporter la liberte a tous les peuples, etait grand et beau. II benit leurs armes, les rendit victorieux et decida ainsi que 1'horrible Pieuvre de 1'Europe centrale, qui mena cait d'englontir les nations civilisees et de leur sucer jusqu'a la derniere goutte de sang, fut aneantie et detruite a jamais. Nous aussi, Russes des Karpathes, nous fumes sauves par la superbe Victoire, de PEntente, quoiqu etant entierenment en- chaines dans les lanieres de cette Pieuvre devorante. Nous ne voulons pas entrer en detail sur la description de toutes les cicatrices et de toutes les blessures que nous a in- fligees cette Pieuvre gloutonne, car actuellement PEntente a des devoirs plus importants a remplir, pour que nous osions abuser de sa patience, sachant que ses propres peuples ont eu assez a souffrir de ces eruels ennemis. Cette Victoire actuelle, la plus glorieuse, de PEntente et de ses nobles Nations alliees n' a jamais et n'aura jamais sa pareille dans le passe ni dans le futur. Le but definitif de cette glorieuse Victoire de FEntente n'est pas 1'asservissement de Pennemi, mais bien čelni de poser les principes fondamentaux pour la liberte de toutes les nations, et de supprimer a jamais, le danger de la domination et de 1'oppression des Nations entre — elles. Comme toute les Nations si cruellement opprimees par cette Pieuvre, Nous, les Russes des Karpathes, nous nous adressons. aux nobles et loyaux. Chefs de 1'Entente, a tous les Slavophiles genereux, ainsi qu'aux Representants politiques qui assisteront ž la Conference de la Paix generale, pour implorer protection et soutien, et nous les prions de bien vouloir nous accorder la realisatione de nous voeux les plus chers, c'est a dire 1'integrite de notre Unite nationale et de notre domaine territorial, et en meme temps, de vouloir nous proteger contre les hostilites, de .aotre voisin. — 6 — A peine avons nous echappe, par la glorieuse Victoire de PEntente, au terrible danger d'etre aneantis par la Pieuvre glou- tonne, que nous nous voyons, a nouveau, entoures d'ennemis? envahisseurs, qui etendent leur convoitise d'annexions jusque sur notre domaine primitif. L'un de nos ennemis les-plus aeharnis est la „Nation Ukrainienne." La Pieuvre cruelle ne s' est pas eontentee de se rapaitre des faibles organismes subjugues, elle a etendu ses lamieres vers cette partie de la Russie meridionaie nommee quelquefois „Ukraina" elle pensa qu'il serait plus avantageux, pour elle, de donner une importance nationale a cette designation essentiel- lement territoriale tout en niant cette importance pour les peu- ples de la Galicie, da la Bukovine, et de la Hongrie Nord-Est qui se de' clarerent naturellement partisans de la Grande Na- tion russe. Elle a force ces derniers, par les moyens les plus affreaux d' adopter la conoiction et les sentiments ukrainiens De cette maniere, elle reussit, maigre la resistance et la repugnance des Russes des Karpathes, a fonder un empire ukrainien ertificiel, compose de la Galicie de la Bukovine et de la Hongrie Nord-Est. Elle attira la population de la Russie meridionaie en lui promettant le bien etre et Y aissance; mais elle terrorisa cette meme population par tout les moyens; elle essgya aussi de I' attirer en lui montrant la liberte et la bonheur de la popu- lation ukrainiene. Avec F aide d' eiements soudoyes, et par une propagande outree, elle alluma de grands troubles nationaux entre les Russes des Karpathes et ceux de la Russie, meridionaie, ce qui finit par la debacle complete du pouplo russe, qui perdit aiosi F amoux pour sa propre nation et pour sa terre riatale. , Lorsque la Pieuvre ent lance le flambeau de la guerre sur T univers entier, la nation ukrainienne, creation toute factice, perdit completement la presence d' esprit. Eblouxie ,par les riches ressouroes d' argent dont la Pieuvre la comblait, elle allememe jusqu'a commettre un fratricide. „Les Ukrainiens" formerent une compagnie de tireurs et augmenterent ainsi, les rangs des armees centrales. Leaucoup — 7 — d' entre eux, soudoyes par des agents ukrainiens, se rušrent sur les armees de 1' Entente, ei ne reculerent point devant T horrible action de verst r le sang de lelirs freres. Cest ainsi qu' ils decimerent aussi šensiblement les rangs des armees de P Entente. De cette maniere la Pieuvre out etenere sos lanieres jus- qu'a la Russie meridionale, ou elle promit au peuple la deli- vrance du joug du Czar, en meme temps que Jetir union avec !a nation ukrainienne de Y Autriche-Hongrie, ce qui pleugea les Russes des Karpathes dans le plus grand etonnement. Aussitor, ils s' opposerent violemment a cette „delivrance4t unisible, ee qui causa une profande deception chez les Barbares. Le peuple de la Russie meridionale, comprit fort bien la veritable intention de cette soi-disant „delivrance", et ce peuple, d' un naturel indolent et paisible, tacha de se soustraire a T oppression par la resistance. Las consequences de cette reaC- tion furent desastreuses. Les Barbares se mirent a massecrer, a. violer et a piller les habitants de la Russie meridionale; burs projectiles repandirent le sang des vieillards, des femmes et des enfants, tandis qu'on pendait les hommes virils ou qu'en les condamnait aux travaux forces, ou bien encore a T internement. Voila ce que les Barbares nomment le travail civilisateur pour la delivrance des nations. Ce que cette engeance ukrainienne n'a pas obtenn sur le champ de bataille, elle Ta acheve a 1' arriere, dans les etapes, derriere le front, par leurs representants laches et demoralises sons tout les rapports, qui ont traite leurs freres sans egards et sans le moindre menagement. Ils se mirent, d'accord avec les autorites politiques et mili- taires de la Pieuvre, a faire la chasse aux Russes des Karpathes restes fideles a leurs sentiments nationaux, et les firent perir avec tous les leurs de la maniere la plus atroce. lis furent, pour la plupart, les executeurs des mandats d' amener, les temoins les plus surs dans les accusations d' espionnage, de lese-majeste, de haute trahison, qu4ils impu- taient sans preuves aux malheureux Rusšes des .Karpathes, qui pourtant, ne cesserent jamais d'aimer profondement 1eur patrie. Cest I' autoritč ukrainienne qui s' appliquait aux fonctions de bourreau, qui s'occupait de la surveillanče des internes et 8 — qui participait pleinement a toutes les cruautes dont on abreu- vait ces martyres nationaux de la Russie des Karpathes. Meme aujourd'hui, les Ukrainienscontinuent de devaster et de detruire, non pour atteindre leur but ideal, mais pour prouver combien ils out herite de la brutalite et de la bestialite de leurs educa- teurs, les Barbares. II riy a pas un peuple dans tout 1'univers, qui ait attente si brutalement a la vie des ses propres frčres. Pour V instant, ils ne se rendent pas encore compte de leurs crimes et les temps sont encore bien eloignes, ou la honte et les remords les empoigneront, et les feront trembler d'epouvante devant leurs propres actions infames et cruelles. Pour le moment leur demence est encore sans bornes, et ils ecrasent sans pitie, tout se qui se trouve sur leur passage. Sans doute, ils ont ete atteints mortellement par V aneantissement complet de la Pieuvre qui les nourrisait de son rebut, et ils se voient, anjourd hui, prives de tout soutien, sans moyens de subsistance. Ils n'osent pas implorer le secours de T Entente, la seule et veritable Pro- tectrice des faibles et des opprimes. Aulieu done de rentrer dans la bonne voie, ils se eramponnent encore au cadavre de la Pieuvre et violentent la population epuisee et mourante de la Russie des Karpathes. II nous est impossible de nous soustraire a ce desastre par la fuite, car les moyens de communication sont deplorables, et la sante de la population trop affaiblie pour affronter les dangers d'un long voyage, ceux du froid et de la faim. On nous maltraite continu ellement, on nous interne, ou bien on nous force a combattre contre nos compatriotes. Tous ceux qui sont restes fideles a leur nation, on les a, sinon, prives de la vie, du moins de leur emploi, on de leur metier. Des bandes ukrainiennes pillent les maisons et de truisent les biens de la population russe des Karpathes. Ces bandes ne connaisent ni civilisation, ni culture et nient le droit de liberte pour toutes les autres nations. Les Ukrainiens qui n'ont rien fait pour la prosperite de 1'humanite, qui se sont allies aux Barbares pour detruire le travail de 20 siecles de civilisation et de culture des Pays de ETlntente, auront probablement Taudace d'implorer de d'Elle, aux Conferences de la Paix, aide et secours, et la possibilite de se developper. Nous, Russes des Karpathes, nous eussions pu aisement leur opposer une armee pournous defendre d'un voisin si des- obligeant. Pourtant nous avions prefere sacri*ier notre vie et attendre de la justice et de la generosite de 1'Entente, la plače qu'elle nous indiquerait, pour vivre au soleil de la liberte. Les Ukrainiens ne reconnaisent pas les sacrifices de 1'Entente et reffet bienfaisant de sa glorieuse Victoire. Etant donne le manque de temps et de plače pour am- plifier le resume present, nous, Russes des Karpathes, adressons les questions suivantes a toute 1'humanite civilises deTUnivers: 1: Une nation ukrainienne existe-t-elle en realite? 2: Est-elle digne de consideration aux Conferences de la Paix? 3: A-t-elle le droit, elle qui a outrage rhumanite civilisee, d'etre nourrie par notre mere a tous, la Terre? 4: Est-il juste que nous, Russes des Karpathes, qui avons combattu avec toutes les nations civilisees pour la liberte, nous soyons prives de notre force vitale par cette engeance ukrainienne? Nous repondons a ces questions par ceci: II n'y a pas de nation ukrainienne, mais bien un empire factice, cree par la Pieuvre. La population de la Russie meridionale, dont le territoire est aussi appele „Ukrainau avait fait entrer dans sa langue quelques mots insignifiants, dus au voisinage des Roumains, des Bulgares, des Polonais, des Allemands etc.; de sorte qu'il se forma un dialecte peu important, qui donna lieu aux Puissances centrales de creer, par ce dialecte, une nouvelle nation pour aliener les Russes de la Russie meridionale et pour affaiblir le pouvoir de la Grande-Russie, a 1'avantage des Puissances centrales. Ce dialecte ne peut pas meme etre compare a ceux de la Basse-Autriche et de la Styrie, qui, quoique sortis de Tallemand, different tellement, qu'un paysan allemand de la Basse-Autriehe ne comprendrait pas un paysan de la Styrie; pourtant, ces der- miers n'ont jamais, pense pour cela, ž forme deux nations. — 10 Si les representants de la nation ukrainienne pretendent prouver par des arguments fictifs, Texistence d'une nation ukrainienne, qu'ils aillent chercher leur felicite aupres de ceux avec lesquels ils ont combattu cbntre toute la civilisation, et quils partagent le chžtiment bien merite des Barbares. Ce qui ne manque pent-etre pas d'interetj c'est d'appren- dre la conduite sur notre territoire autochtone russe, de ces membres de la nation Polonaise, auxquels nous avons offert, antrfois une hospitalite toute bienveillante. Ce ne sont, pas seulement, les Polonais, disperses sur notre territoire, qui s'im- posant en maitres, mais surtent ceux qui avoisineni notre pays. Leur brutalite envers nous ne varie en rien de celle des Ukrai- niens; mais leur conduite nous a affliges plus sensiblement, car nous avions toujours considere la nation polonaise, comme faisant partie des Nations civilisees. On connait assez 1'ardent desir d'expansion des Polonais pour se figurer quels traitements ils firent subir aux peuples non polonais. ils pojoniserent ou detruisirent les elements etran- gers, dans leur nation, avec une rapidite et une audace dans pareille. Tous les fonctionnaires russes furent remplaces par des fonctionaires polonais. La langue polonaise cfecretee celle dela societe intellectuelle, et instituee dans tous les emplois. Le pay- san russe fut force de parler polonais, et onblia a peu pres sa langue maternelle. Les cglises catholiques et le clerge contri- buerent aussi, de leur mieux, a faire disparaitre le caractere russe de notre nation. On institua des ecoles superieures polonaises et chaque Russe fut foree de faire ses etudes en polonais, on bien il se vit oblige de quitter sa terre n^tale pour aller travailler en Russie. Tout le monde sait que les Russes iVavaient pas d'Uni- versite a Lemberg, sur leur propre territoire russe, et que, qui- conque eut ose la reclamer, aurait ete tue. Lassassinat du Gou- verneur dela Galicie, du comte Pototzki, iVetait-il pas une preuve* de la guerre d'extermination des Polonais contre les Russes? Estil possible d avoir la meme estime pour la nation polonaise que pour les autres nations civilisees ?Pourquoi ne cherche-t-elle pas ^ suffire a ses bessoins d"expansion du cote des Barbares? C čst qu'elle ne se sent pas assez lorte pour leur opposer re- sistance, le cas eclieant. Mais ils pensent, qu,il leur serafacile de - 11 subjuguer les Russe3 des Karpathes, dont la population est pres- qu'entierement epuisee, et d'assouvir-ainsi leur besoin-de d o mi« - nation. Les Russes des Karpathes, ne pouvant se defendre, im- plorent ardemment aide et secours de la juste et lovalč Entente. O^entreprendrait la nation polonaise si 1'Entente, a juste titre, lui faisait vider la coupe jusqu' a la Iie, et la forcait de partager la destruction complete de son alliee, la Pieuvre? La nation polonaise n'a cure de ces questions vilales et imporantes-. Elle ne considere 1'Entente que lorsqu'e!le a besoin da sa pro- tection, de son secours; sinon, elle gouverne a sa fantaisie et se delecte aux actions cruelles et injustes qu'elle fait subir a la nation des malheureux Russes des Karpathes. Les Polonais de- truisent tout ce qu ils ne peuvent emporter en vivres, et la po- pulation terrorisee, est forcee de supporter cette oppession sans bornes, ces cruautes insupportables, avec patience, sans oser faire mine de mecontentement. Elle ne se defend pas, les armes a la main, par consideration pour 1'Entente, et porce qu-elle espere que celle ci lui sero favorabla dans les Conferences de Paix. Elle anttend son saiut de 1'Entente, comme autrefois la la malheureuse race humaine, avait mis tout son espoir dans la Venue du Messie. Un sort plus heureux echut en partage aux Russes des Karpathes avoisinant ' la Roumanie, car Ieurs frontieres furent occupees par les troupes royales de la Roumanie, qui les pro- tegerent contre les tendances destructives des Polonais ukrai- niens et des Bolschevvikis. La souffrance de la faim et du froid va au-dela de toute expression; les Russes des Karpathes craignent aussi une occu- pation precipltee, et qu'il ne s'en suive une evacuation lente et compliquee. Les Russes des Karpathes savent que leur destinee est en- tre les mains loyales de Y Entente qui ne permettra pas aux Roumains, pour lesquels I' issue de la guerre a eu un resiiltat si favorable, d' opprimer les Russes, si dignes de consideration et de pitie. 11 est improssible de donner une description du poids du joug que les Hongrois ont fait subir aux Russes des Karpathes du Nord-Est de la Hongrie. Toute V humanite sait que les Hon- goris ne recullent devant aucum moyen, aussi vil qu'il soit, pour — 12 magyariaer les nations sous leur dependance; V indolence et le manque naturel de force resistance des Russes de la Hongrie, sont cause de leur decimation. La puissance des Magyars est completement ecrasee par la glorieuse Victoire de 1'Entente et les Russes des Karpathes espčrent, avec certitude, de la noble assemblee de TEntente, la reunion definitive des Russes de la Hongrie avec leurs freres, pour leur ouvrier et assurer un avenir de proges et de liberte L'envoi accelere d'une troupe, par 1'Entente, pour occuper et limiter les frontieres des Russes des Karpathes, serait le moyen le plus favorable et le plus efficace pour delivrer ce pauvre peuple des Vexations cruelles et sans nombre des bandes polonaises ukrainiennes; mais comme cette occupation militaire ne pourrait s'effectuer assez promptement, il serait urgent que la sage En- tente voulut bien faire connaitre, au moins par voie diplomatique, militaire on autoritaire, ou encore par voie de publicite dans les Journaux, a PEnsemble des Autorites, et aux Formations militaires, ainsi qu'aux populations non Russes des Karpathes, que tous les membres qui se declarent partisans des Russes des Karpathes, jouissent de la protection illimitee et absolue de 1'Entente, et qu'a 1'avenir, tous les mefaits commis contre les Russes des Karpathes, n'importe, d'ou ils proviennent, seront punis avec une severite exemplaire. Voila les mesures salutaires, que nous, Russes des Karpathes, nous souhaitons ardemment. Nous les attendons d'heure en heure et nous promettons les estimer a leurjusteet grande valeur. Pour que ces agitateurs effrontes, payes et nourris par les Puissances centrales, n'aient plus Toccassion de continuer leurs forfaits envers leurs freres, et la destruction des Russes des Karpathes, il serait opportun de les eloigner immediatement de tous les domaines russes, et de la Russie des Karpathes, de les citer, comme responsables de tous leurs mefaits, ainsi que de leur defendre de mettre a jamais, lespieds sur %notre territoire. La nation des Russes des Karpathes avait plus a souffrir que toute autre nation sons les evenements de la guerre. Ses biens et proprietes ent ete, en partie, pilles et detruits par les troupes de passage, et en partie par les troupes combattantes. Pour cette raison, la nation des Russes des Karpathes implore instamment 1' Entente de vouloir lui preter appui et secours en fait de vivres et de matieres premieres. Les Russes des Karpathes etaient toujours de libres et dignes allies de P Entente, et pour cette raison, ils ont eu a souffrir cruellement sous tous les rapports, mais nous ne dou- tons pas un instant de la loyaute et fidelite des Allies, de leur franchise et de leurs bons offices, car nous savons et nous es- perons que P Entente prendra en consideration notre fidele alli- ance en nous procurant, pendant les Conferences generales de Paix, son riche secours. L' execution du Droit d'unite nationale des peuples de la Oalice, de la Bukovina et des Russes du Nord-Est de la Hon- grie serait deja tout a fait superflue, par la raison que cette na- tion etait la premiere qui s'est declaree, plus distinctement qu'an- cune autre nation, faisant partie de la nation russe, et que son desir formel a ete d'estre reune a la Grande-Russie, non seu- lement par les voix les plus dislinctes, mais encore par les sa- crifices innombrables de liberte, de sante d'intellectualite et de vie. Ce qu'ilsont souffert si noblement et si volontiers, dans les contres d'internement, dans les prisons politiques, devant les tribunaux, a ete confirme et prouve. Nons desirons obtenir aux Conferences generales de la Paix, une frontiere de notre territoire propre, pour qu'a 1'avenir, aucuh sujet de notre nation ne soupire sons le joug de nos desagreables voisins. Nous desirons la complete liberte de nos compatriotes. Le territoire de la Russie des Karpathes de Pancienne mo- narchie de V Autriche-Hongrie dont la frontiere comprendrait les vllles et endroits suivants: En commengant avec la ville de Sereth, a la frontiere moyenne de la Bukovine et du royanme de Roumanie, la frontiere du territoire des Russes des Karpathes, parcourt les lieux suivants. La ville de Sereth, le fleuve, Sereth jusqu'a Storozynetz) Koszczuja, Straža, Putna, Suczavvitza, Kaczyka, Gurahomora, Kirlibaba, Stiolpass, audessus des Karpathes (ligne visee) sur le territoire hongrois Nord-Est justqu'a Marmarosz Sziget, Visk, Kolcse, Zapsony, Ungvar, Takcany, Papina, Kosarocz, Dobra, Sztrpko, BartfeldJ le haut sommez du Tatarass, Neumarkt, la ri- viere Dunajec, jusqu'a la ligne Tarnov, Rzeszovv, Grosisko, Kze- — 14 — sovska, Zvarzynec, Zamosz, Krasnik, Lublin, Orujevolinie, vers le Nord. La frontiere ci-indiquee est juste, et strictement limitee et protegera sinon entierement, au.moins dans la plus grande me- sure, nos compatriotes. Nous, Russes des Karpathes, nous prions tous les repre- sentants de TEntente, notre Alliee, de nous aider dans cette juste reclamation et de bien vouloir l'appuyer dans les Conferences de la Paix. Nous comptons aussi sur le secours de tous les Slavophiles. Nous avons ete bannis pendant de longues annees de notre patrie commune, la Grande-Russie, et ce que nous avons souf- fert, de corps et d'ame, est indescriptible. Toutes les infamies qu'on nous a fait subir, seront publiees un jour, afin que T hu- manite civilisee reconnaisse, combien le Createur a ete juste en donnant la victoire a 1'Entente genereuse et magnamine. et non pas aux Barbares inhumains et crnels. Nous ne voulons point d'expiation ni de vengeance pour les blessures que nous ont porte les Barbares, mais nous de- mandons des compensations pour tout ce qu'ils ont detruid, saccage et devaste. Nous, Russes des Karpathes, qui fumes ruines plus qu'au- cune autre nation, par la Pieuvre goulue, nons demandons a juste titre, les compensations suivantes: 1: Dedommagement pour destructions de meubles, d'immen- bles, de produits agricolis et industriels, d'argent ete. 2: Dedommagement pour les familles de ceux qui ont ete justifies, direetement on indireetement et leretablissement de leurs tombes souillees et violees. 3: Dedommagement pour toutes les souffrances physiques et morales de ceux quiont ete emprisonnes, confines ou internes. 4: Dedommagement pour les officiers, etudiants, et etudi- antes pour les fonetionnaires qui, pour raison politique,. ont ete releves de leur poste, pour les ouvriers, les agriculteurs, les commis marchands ete. Nous demandons eneore de poursuivre et de chatier ceux qui ont persecute les vietunes politiques, et qui leur ont rendu la vie insupportable. — 15 — Nos desirs et nos voeux, dont nous esperons la realisation de 1'Entente, sont modestes, et nullement en rapport avee tous les sacrifices que nous avons faits. Ayant toujours ete les fideles allies de 1'Entente, nous attendons aide et sontien de sa sagesse et de sa justice, car nous pouvons nous dire, en tout conscience, que nous avons toujours tache de meriter sa sympathie. Nous avons toujours ete persecutes pas les Barbares, ju- ■ stement a cause de nos relations cordiales avec 1'Entente, Dans les annees de paix, on nous deja opprimes et combien plus encore lors de la mobilisation et pendant la guerre. Nous, Russes des Karpathes, avons ete fideles a notre patrie, et nous n'avons pas voulu pactiser avec la Pieuvre, le plus grand ennemi de notre patrie et de PEntente, ainsi que l'ont fait nos voisins, les Polonais et les Ukrainiens. Nous, Russes des Karpathes, nous avons aide nos compatriotes au-dela de nos moyens, et nous avons toujours soutenu leurs interets dans leurs operations guerrieres. Notre fidelite vis-a-vis de 1'Entente a tou- jours ete profondement sincere et devonee, et nous nous sommes toujours sentis etroitement lies a sa destinee. Les autres allies de 1'Entente ont-ils ete remplis d'un meme sentiement de devoument? Ce furent les Russe des Karpathes qui accueillirent les ar- mees de leurs freres et de 1'Entente en Oalicie, en Bukovine, et dans la Hongrie Nord-Est en liberateurs, sans se soucier des represailes dont les menagaient les Barbares. Ils se placerent dans les rangs de 1'Entente et contribuerent aussi a la glorieuse Victoire. Beaucoup d'autres Russes des Karpathes ont refuse de pre- ter serment aux Barbares qui les ont tues, ou internes, ce qui a occasionne un affaiblissement considerable des armees centrales. Meme ceux qui avaient ete forces de servir dans les rangs enne- mis quitterent leur poste, sous peine de mort, et tacherent de se glisser secretement dans les rangs de 1'Entente, a laquelle ils apportaient des nouvelles importantes. Ces actions ne font-elles pas foi d'une fidelite a toute epreuve envers l'Ententett? La Nation des Russes des Karpathes n'a-t-elle pas prouve qu'elle etait digne d'aspirer a sa liberte nationale? Leurs officiers furent dagrades et employes aux travaux les plus 16 — vils. On a essaye de detruire les Russes des Karpathes, en les imternant par milliers, hommes, femmes, enfants et en les laisant mourir de faim et de froid. Le traitement des internes du centre dlnternement a Thaler- hof preslde Graz en Styrie temoigne pleinement de ce que nons avangons ici. Sur 30.000 internes, 10,000 sont morts dans les plus affreu- ses soufrances. Le noble depute tscheque. Mr. Scrybrny a eu le courage, de lancer ces accusations a la face des Barbares, dans le Parlement d'Autriche en 1917. II a parle en commemoratio de ces heros russes, qu'on a jetes en prison par milliers, et qui ne verorrt plus le jour de la liberte, car ils sont morts dans les ca- chots, maltraites et massacres, comme des betes malfaisantes. Maintenant, les pere et mere, les fils et les filles de ces victimes attendent la delivrance de leurs tortures. Quand nos enfants nous demandent: „Pourquoi notre pere a-t-il du mourir?" nous ne ponvons pas encore leur rependre: „Pour la delivrance du joug de la Pieuvre, enfin aneantie!u Voila la reponse qui guerirait toutes les blessures et qui guerirait toutes les blessures et qui compenserait tous les sacrifices. Nous renettons notre destinee entre les mains de 1'Entente qui, comme nous I" esperons, decidera loyalement et generou- sement de notre sort.