DICTIONNAIRE DU CITOYEN. o u ABRÉGÉ HISTORIQUE, THÉORIQUE ET PRATIQUE DU COMMERCE- CONTENANT fes principes ; le droit public de VEurope relativement au Négoce ; les productions, foit de la nature ,/bit de Vindufirie qui forment des branches de Commerce i la notice des Fabriques nouvellement établies iVexpli* cation des principaux termes qui ont rapport au trafic S» au change ? le nom des Villes,Provinces cr Royaumes Commerçai avec le détail de leur négoce , 6- la defcription de leurs Colonies ; lefCompagnies de Commerce Françoifes S» Etrangères qui méritent à.être connuesdes Banques, Cham~ bres d'AJfurances, Comptoirs G- autres êtabliffemens formés pour la fureté & la commodité du négoce ; les principales Foires de VEurope ; Vévaluation précife des efpéces d'or & d'argent ; la manière dont on tient les Ecritures dans les différentes places, leurs ufages pour le payement des Lettres de Change , diverfes obfervations au fujet poids , mefures , monnaie, change , 6-c j TOME SEGO Nnjfc' tjBIBLIOTHEKi Grange , Imp. Libraire, rue de la Parej^inerjfi: Chez < Cl. J. Baptiste Bauche , Libraire , à rimage Ste. Geneviève & à St. Jean dans le défert. A PARIS M. D C C. L XI. Avec Approbation S* Privilège du Roi. DICTIONNAIRE D U CITOYEN AGIAS. Toiles l'on appelle auffi la laine peintes qui nous furge ou en fuin, & au Le- viennent du Pe- vant la laine trefquille eft pré- gu , Royaume fi- férable à la iaine pelade que tué dans la pref- l'onfépare du corps de l'ani- qu'Ifle Orientale de l'Inde, mal par le moyen de la chaux. Ces toiles font agréables par II eft une troifieme forte de la vivacité de leurs couleurs laine que Ton appelle batar-- & par la variété de leurs def- de : elle tombe d'elle-même feins, qui font imprimés avec du vivant de l'animal. La pe- des planches de bois.» Iade fe diilingue aifément , LAINE. C'eft le nom parce qu'elle eft chargée de que l'on donne au poil des chaux. La bâtarde fe recon- agneaux , béliers > moutons , noît encore plus facilement , biebis , chevrons que l'on parce qu'elle eft groiîîere , appelle pour cette raifon. mal-propre , & de très-mau- bêtes à laine* vaife qualité. Lorfque cette laine a été L'on a déGgné les plus tondue & coupée fur le corps belles qualités des laines de l'animal , & qu'elle n'a tondues, par le nom de mere point été féparée ni triée fui- laine, de iaine fine ou de vant fes différentes qualités , haute laine : mais il eftmieu« elle conferve le nom de roi- de les diftinguer comme les fon. Portugais & les Efpagbols „ Cetre laine tondue que en kiue prime, laine jfecen. Tome IL , A de , laine tierce. On ajoute A L A LA qui n'a point ieçu fes ap- cette dénomination celle du prêts. lieu d'où la laine eft tirée ; Les Provinces de France , . . < ME «V >-_«-. La laine bafle , ou baffe elles font bien inférieures laine , qui provient du collet pour la fineflè à celles d'Ef-de l'anirnal que l'on a tondu, pagne, aulli fommes - nous eft la plus courte & la plus obligés de faire entrer ces fine laine qui foit dans la laiues dans la fabrique de toifon du mouton ou de la nos draps fins. Celles d'An-brebis. On lui donne quel- gleterre panent pour être quefois le nom de laine tra- plus feches en général que me , parce que cette forte celles de France ; mais cel-de laine étant filée, fert pour les-ci font moins longues , "l'ordinaire à faire la trame moins fortes, & comme le des tapiileries de haute & fol & la température de ce baife liife , des draps, ratines même Etat eft moins égal, il ' & de plufieurs autres fembla- fe trouve plus de difpropor-fcles étoffes fines. On em- tion dans les qualités. On ploie aulfi cette laine à dif- pourroit les rendre fupérieu-férens ouvrages de bonne- res ces qualités , en empê-terie deftinés à être dra- chant comme on l'a remarqué pés. qne les toutes ne foient pré-La laine cardée eft une lai- maturées. Par les anciennes ne qui , après avoir été dé- Ordonnances , elles étoient graifiée , lavée féchée , bat- fixées au 10 Juin, la laine tue fur la claie , épluchée & rendoît alors un quart de arrofée d'huile , a pafîée par plus en étoffe , & confervoit les mains des cardeurs qui a l'emploi ce foyeux , que l'ont difpofé à être filée,pour l'apprêt ne donne que très-qu'elle puiffe être employée imparfaitement. Un autre à la fabrique des, tapiiferies , avantage qui en réfulte , c'eft des étoffes , cette laine filée qu'une iaine parvenue à fa •'appelle ordinairement fil de maturité , répond mieux au fayette. foulage , à la teinture , & La laina crue eft une laine aux apprêts. ainfi pour exprimer les plus belles qualités de la laine de Ségovie , on dira -prime Sé-govie , féconde Ségovie , tierce Ségovie. & fpécialement le Languedoc , le Berry , la Normandie , la Bourgogne , la Picardie , la Champagne , four-niflènt beaucoup de laines : L A L'Angleterre qui a toujours regardé fes laines comme très-difficiles à être remplacées , en a défendu l'exportation fons les peines les plus rigoureufes.Si ces défen-fes étoient capables d'empêcher la fortie des laines An-gloifes ; fi l'Efpagne même vouloit interdire l'exportation des tiennes , ce feroit peut-être un bien pour la France , qui n'ayant rien à efpérer de la récolte de ces deux Etats, feroit de nouveaux efforts pour accroître & perfeûionner la fienne. On a vu la Suéde, malgré la rigueur de fon climat, parvenir nonfeulement à nourrir & à élever des brebis Angloifes & Efpagnoles , mais encore à perfectionner la race des brebis Suedoifes, par l'intro-du&ion des béliers étrange». Voye\ les Progrès du commerce. 1760. Indépendamment des laines qui nous viennent d'Ef-pagne , de Portugal, d'An- fleterre , d'Ecoffe , d'Irlan-e , de Hollande , &c. nous en tirons beaucoup du Levant par la voie de JVIarfeille. Smyrne & Conftantinople . fourniflent les meilleures , on les diltingue , comme il eft dit, en laine trefquille , Selade & bâtarde. La fecon-e diviiic.il de cette laine eft LA $ en blanche & noire ; celle-ci eft moins fine & moins chère que la première. La laine perd en magafin , elle diminue de poids , change de couleur , jaunit & devient huileufe , c'eft pourquoi la plus nouvelle eft la plus eftimée. On peut frauder la laine en mêlant la bâtarde avec les autres qualités. Les marchands les plus adroits ou les plus fripons , ont foin de farder leur fraude , en roulant la plus fine laine par-deffus , & en renfermant la plus mauvaife en dedans. Quand on embarque cette laine du Levant , il faut qu'elle foit extrêmement fe-che de peur que l'humidité ne l'échauffé , que le feu même ne s'y mettre. Laine de chevron. Voyez Chevron. Laine de Vigogne. Voye\ Vigogne. LAITON. Métal compofé de cuivre rouge & de calamine. La bonté de ce rrdxte métallique dépend beaucoup des qualités de la pierre calami-naire. V. Calamine. On fabrique avec ce cuivre préparé un fil qui eft d'un grand ufage djanjs les arts". Voyez fil de laiton. Le laiton s'emploie auili dans les fontes des pièces de canon , & dans la fabrique AU 4 LA de chaudrons & baflîns de différents poids. L'Allemagne & principalement les villes du Nuremberg, d'Aix-la-Chapelle & de Salz-bourg nous fourniflent de ce cuivre jaune en bandes , ou en feuilles minces, gratées d'un côté & noires de l'autre. Ces feuilles font pliées ou roulées. C'eft le laiton le moins épais qui eft roulé » on l'appelle pour cette rai-fon laiton en rouleau. Il fert à faire des boutons argentés fur bois & autres ouvrages. Le premier , ou le laiton plié s'emploie principalement dans la fabrique des boutons dorés: LAMPASSES.Toiles peintes qui fe fabriquent aux Indes : elles nous viennent particulièrement de la côte de Coromandel. LANDRINS. Sorte de taffetas des Indes, dont les def-feins font frappés avec des planches de bois. LANGUEDOC. Province maritime >de France , bornée au Nord par le Querci & le Rouergue au midi par la Méditerranée, au Levant par le Rhône , qui la fépare du Dauphiné & de la Provence , au Couchant parla Garonne, -qui la fépare de la Gafcogne. ' Le Languedoc eft très-fertile & très-abondant en beftiaux, LA grains , olives , fruits & en vins excellens. Voyez Vin. On trouve dans cette Province beaucoup de plantes curieufes & médécinales, &c entr'autres le falicot qui fert à faire du favon & du verre. Voyez Salkot. Le haut Languedoc a des carrières de marbre & d'alba-tre , des mines de fer , des turquoifes. Il croit dans les bruyères du bas Languedoc , & fur-tout vers les bois de Cramont, une forte de chêne fur lequel on recueille la graine appellée graine d'écar-late. Voye\ Ecarlate. Les manufactures de laine-ries de la Province font confi-dérables. La majeure quantité d'étoffes de laine qui en fortent font deftinées pour le commerce du Levant. Voye\ Vrap. Il s'eft depuis peu élevé Une Manufacture Royale d'étoffes de foie pour meubles , à Lavaur , dans Iè haut Languedoc. Ces étoffes confif-tent en damas, façon de Gènes , de largeur ordinaire » Impériales en trois couleurs » afriquaines, foie & fil , foie & fleuret, imitant bien l'Impériale ; brocatelles en largeur , imitant celles de Turin , mais fupérieures en qualités > fatinades, moires 9 L A ferges, &c. Le choir & la variéré des deffeïns, la bonne fabrication & le prix modéré de ces étoffes en aflurent les fuccès. Ces étoffes paffent ck circulent librement dans toutes les Villes & Provinces de France , avec exemption de tous droits de douane , ainfî qu'à la fortie du Royaume ; elles reviennent pour cette raifon à meilleur marché. Un avantage encore de cette manufacture , c'eft de faire exécuter les defleins qu'on lui demande. On peut faire venir ces étoffes par la voie de Lyon. Il y en a un magafin dans cette ville où elles fe vendent au même prix que dans la manufacture. Ce prix peut monter depuis trois livres l'aune jufqu'à feize livres , fuivant l'efpéce & la qualité de l'étoffé que l'on a choifie. Il fe fabrique beaucoup de chapeaux dans la Généralité de Montpellier , & des dentelles au Puyr capitale du Vé-lay. V. Dentelle. Il y a aufli dans le Languedoc des manufactures LAPfS. A\uli ou Laiuli. L A ïierre minérale , qui a reçu fon nom de fa couleur azurée ou de bleu célefte. Elle eft .parfemée de filets ou veines doiées j & quelquefois de couleur de pourpre. Le lapis le plus dur , le plus foncé en couleur eft aulii le plus efti-mé ; on l'appelle le mâle , & le moins bleu eft appelle femelle. On le trouve parmi les fables de la mer & dans les cavernes qu'elle a creufées , fous la formé de morceau quarrés ou ovales, qui ne paflent guère fix à fept pouces de grandeur. Cette matière eft très-chère & tiès-ra-re. Lorfqu'on en a des morceaux ailèz durs & afléz grands , on en fait des vafes pour l'ornement des autels & des filons. Le lapis s'emploie aufli par incruftation dans des ornemens de fculptnre. Les parcelles dont on ne peut faire ufage, fe calcinent & fervent à faire la belle couleur d'outre-mer , la plus durable de toutes celles dont fe fervent les peintres. Le lapis , fuivant l'auteur dir traité des pierres gravées , ne convient pas à la gravure , parce qu'il retient mal fes arrêtes , & qu'il feroit difficile de le traiter avec la délicatefié requife > nuis il peut figurer avantageufcment dans les ouvrages de mar- quetterîe & dans les mofaï-ques. Cette pierre nous vient de Bohême , d'Èfpagne, d'Egypte , de Chypre ,'de Pologne , de Prufle, d'Auvergne, des environs de Naples ôc de PouzoJ , &c. LAPONIE. ( la ) Grand pays au Nord de l'Europe ôc de la Scandinavie , entre la mer glaciale , la Norwege , la Suéde & la Ruffie. C'eft une contrée extrêmementfroi-de , qui cependant nourrit une quantité prodigieufe de bêtes fauvages , de poifibn & de gibier. La providence y a fait naître un animai affez femblable au cerf, quoique plus petit ; on le nomme -Renne. Il eft infatigable à la courfe , très-aifé à nourrir , & d'une docilité admirable. Les Lapons s'en fervent pour fe faire traîner fur la neige : ils en mangent la chair &c fe couvrent de fa peau. On ne connoît guère de lieux dans la Laponie , auxquels on puifie donner le nom de ville. Les Lapons changent fou vent de demeure , ce qui ne leur eft pas difficile , leurs maifons étant faites de bois & couvertes de peaux ; cependant le commerce commence à les fixer. Ce commerce fe fait en hy-ver avec les Suédois, & en A iv S LA Eté* avec les Norvégiens. Les marchands Suédois fe tranfportent dans les endroits où les Lapons fe raiîemblent, foit pour célébrer leur culte , foit pour tenir leurs tribunaux ou pour . payer leurs péages. Ils leur portent de la farine , du chanvre , du ta-b*ac , des draps , des uftenfî-Jes de cuifine , de fer & de enivre, des cuilliers d'argent, des braffelets , des ceinturons , des bagues , des vaif-feaux de verre, des haches, des couteaux , des peaux de bœufs , de. la poupre, des fufils, du plomb , des épingles , du foufre , de l'étain , du vin , de la bierre , des figues , des plumes. Les Lapons revendent une partie de ces marchandifes fur la frontière de Norwege. Les Suédois ont reçu en échange des peaux de rennes, des oifeaux, des poiffons , de la chair de rennes fechée à l'air, toutes fortes de Pelleteries , des fromages des rennes,du beurre , des paniers, des bottes , des fouliers , des gants , &c. Le commerce des Lapons en général n'eft pas aulîi avantageux pour eux l'Eté que l'hiver , parce que les peaux des animaux qu'ils ont tués , ne font pas au Ai bonnes dans les chaleurs que par un tems froid ; auffi vên- L a dent - ils en Norwege très-peu de viande & de peaux. Leur trafic eft alors réduit à des cordes d'écorce d'arbres, & à des fromages de rennes ; pour lefquels on leur donne du fel, du tabac , des eaux-de-vie , de la laine propre à faire des chapeaux , des vaches , des moutons & des peaux de mouton , dont les plus riches Lapons font doubler des draps bleus ou rouges qui leur fervent de ma-telats. Les Lapons ont très-Iong-tems commercé par échange de marchandifes ; mais la monnoie a aujourd'hui cours parmi eux. Les Suédois ne leur donnent cependant d'autres efpéces que celles de Danemarck & de Hollande , parce que les Lapons ne peuvent en débiter d'autres dans la Norwege. LAQUE.- Gomme ou cire rougeâtre, clair "ôVtranfpa-rente , qui vient du Malabar , de Bengale , du Pegu. Cette gomme bouillie dans l'eau avec les.accides , donne une couleur d'un très-beau rouge. Les Indiens s'en fervent dans la teinture de leurs toiles. Les Levantins pour teindre en rouge leurs maroquins. Les Anglois ôc les Hollandois en font une forte d'écariate s nous la faifons L A *n{E entrer dans les peintures , les vernis, & dans la composition de la cire d'Ef-pagne. On a dit que cette gomme étoit formée par -une multitude de moucherons & de i oui mies > qui laiffentune humidité gluante fur les branches de certains arbres : elle reçoit différens noms fuivant les différentes formes que les étrangers lui donnent. La laque en bâtons eft celle qui eft telle qu'elle vient det Indes. Lorfque la fubftance la plus précieufe en a été exprimée par le moyen de la prefle , on l'appelle laque en graine ; celle qu'on a tondue & applatie fur un marbre eft nommée laque plate. Le mot laque eft aufli un nom commun à plufieurs ef-péces de pâtes de différentes couleurs , en ufage dans la peinture. Il y en a de trois fortes , la laque fine de Venife , la laque colombine , & la laque liquide. La première , quoique fabriquée à Paris, a confervé fon nom de laque de Venife , parce que la Pjns belle , la plus fine & la fins haute en couleur nous venoit autrefois de cette ville. Le vernis de la Chine ou nu Japon , qui fe nomme la.- L A 9 que , eft formé d'une gomme précieufe que l'on obtint par le moyen de plufieurs incitions que l'on fait fur l'écorcede Varbre du vernis , arbre particulier à ces pays On ne recueille cette gomme , qui eft de couleur rouf-feâtre , que dans les grandes chaleurs & pendant la nuit ; elle s'écoule dans des petites coquilles que l'on a eu foin d'inférer dans chaque fente de l'écorce. On eft content de la récolte lorfque mille arbres donnent dans une nuit vingt livres de ce vernis. Les vapeurs de cette gomme ont tant de malignité , que ceux qui la recueillent ou qui la préparent font obligés de prendre des précautions pour s'en garantir. L'ufage a fait cette forre de laque du genre mafculin. Les beaux morceaux d'Ancien laque du Japon font préférables pour la qualité du vernis , à ceux que les Hol-landois nous apportent actuellement. V. Vernis. ■ LAZARET. C'eftleno* que l'on a donné en Italie a des lieux écartés d'une ville , & deftinés pour retentir pendant quarante jours les per-fonnes & les marchandifes qui arrivent des pays fufpecfs de contagion ,- c'eft ce qui s'appelle/ûire la quarantaine. to LE Marlêille, ville maritime <3e France fur la Méditerran-née a un lazaret. Ce mot a été formé du nom du Lazare, fameux malade de l'Evangile. LEGATINE. Sorte depa-peline , ou petite étoffe , qui eft fabriquée de poil , de fleuret, de fil , de laine ou de coton. Il y en a de différentes largeurs. LEIPSICK. Grande & riche ville d'Allemagne dans la Mifnie. Sa Situation avan-tageufe , au centre du vafte pays d'Allemagne , la rendue nne des plus floriifantes villes de commerce de l'Europe : elle dépend de l'Electeur de Saze ; mais elle fe gouverne par fes propres loix. Ses foires n'ont pas moins de réputation que celles de Francfort. On y trouve raflemblées les principales productions de l'Europe & des Indes. Il s'en tient trois par an : la première , appel-lée la foire du nouvelle an , commence le premier jointe l'année-; la féconde, le troisième dimanches après Pâques,appeilé jubilate, dont la foire prend le nom : elle s'ouvre à midi par le fon d'une cloche. La troilîéme foire appellée 5. Michel , commence le dimanche qui fuit, le 29 Septembre , jour L B de la fête de ce faint : ell« s'ouvre pareillement à midi. Ces deux dernières font les plus fréquentées : chacune dure deux femaines entières. La première femaine eft appellée femaine de la foire ; Pautre eft celle des paye-mens. Pendant les foires il y a franchife entière pour toutes les marchandifes du pays ; celles du dehors ne payent qu'un droit modique. Ces foires ont été confirmées par Maximilien premier. Le privilège Jus jlapulœ , dont jouit cette ville , eft un droit d'entrepôt & d'étape, en vertu du quel les marchandifes qui viennent de quinze lieues à la ronde , par les chemins royaux , doivent être offertes aux Négocians, pour qu'ils les achètent s'ils le jugent à propos. Il fe fait à Leipfick un grand commerce de change. Les différentes efpéces de monnoies dont l'Allemagne eft innondée, la plupart de très-mauvais aloi, rendent cette branche de commerce plus eonfidérable qu'on ne penfe. La Librairie fait encore un article imporrant du trafic de cette ville. Les Libraires de toutes les parties de l'Allemagne , & de tous les V'iys du Nord , fe pourvoyez dans les magafins de LE Leïpfick de tout ce qui manque à leur affortiment, & ce commerce fe fait, ou par échange , ou argent comptant ; mais principalement par échange. Comme Leip-fick eft l'entrepôt des marchandifes de France , d'Angleterre , de Hollande , dont le Nord a befoin i il fe trouve beaucoup de particuliers dans cette ville qui s'occupent uniquement-à faire la com-million , & qui y gagnent beaucoup de bien. Parmi les marchandifes du pays, on penfe bien que la porcelaine de Saxe tient le premier rang ; viennent enfuite les toiles de Luface , les bafins & les mouchoirs de Chem-niz, dont les Hollandois & les Anglois enlèvent une quantité confidérable pour les ■ Indes. On tire auffi de Leiplick beaucoup de toiles cirées, barbouillées de fleurs & de figures grolfieres. Elles fervent à faire des tapifleries. On en débite beaucoup dans le Nord , parce qu'elles font à bon marché. Les Ecritures fe tiennent à Leipfick en rixdales, bons-gros 6c penings. La rixdale qui eft vne monnoie imaginaire eft comptée pour 14 bons-gros, & le bon - gros F°ur ri penings. Le bon-jjros peut valoir trois fols LE n monnoie de France. Les lettres de change fur cette ville ne jouiflent d'aucun jour de faveur. Pour être en règle , il faut faire protef-ter le jour même de l'échéance. On ne peut exiger l'acceptation des lettres payables au-delà de l'ufance ,. que lorfqu'il n'y a que l'ufancë à courir. Cette ufance eft de quatorze jours de vue, qui ne fe comptent que du lendemain de l'acceptation ; ainfi une lettre acceptée le premier jour d'un mois doit être ac-quitée le 15. Si le jour de l'échéance eft un dimanche , cette lettre doit être payée le famedi. Les lettres payables en foire de nouvel an , doivent être acceptées pour le plu-tard le 7 Janvier. Si ce jour fe rencontre un dimanche , on accepte le 8. Les acceptations de celles payables en" foire de jubilate & de S. Michel , doivent être faites le vendredi de la première femaine à dix heures du matin. Les afilgnatïons par écrit * payables en foire,ne s'acceptent que verbalement pendant la féconde femaine de la foire. A l'égard du payement des lettres payables eq foire du nouvel an, il eft fixé *î LE au it d'à mois de Janvier. Si le i x fe rencontre un dimanche, on paye le 13. Le payement des lettres en foires de jnbiiate & de la S. Michel, fe fut le jeudi de la féconde femaine de la foire. Les aiïïgnations fe payent les deux }onrs après les paye-tnens. Fendant les premières fe-maïnes de chaque foire, on ne peut former aucune ac. rions contre les débiteurs. Il eft permis cependant de pomiuïvre celles intentées auparavant. Cent livres de Leipfick c'en font que 94 d'Amf-terdam & de Paris, & mirant l'Auteur du négoce cPAmfrerdam 95. L'aune de Leipfick a 24 pouces , où 1 pieds de Saxe. LEST. C'eft le nom que les Marins ont donné aux matières pefantes , comme fable , pierres, cailloux qu'ils mettent dans le fond de cale des navires , pour les faire entrer profondement dans re»B,ôc Feur donner un point d'appui. La quantité du Left fe régie fur la manière dont les vaiiTe^ux font conftruits. Lésons demandent la moitié dfeleur charge ; d'autres ne prennent que le tiers ; d'autres le quart. Les vaiffeaux de Venife, d'Arnfterdam, qui L E font d'une forme ronde , reçoivent très - peu de left & n'enfoncent pas beaucoup dans j'eau. Ils contiennent plus de marchandifes que les autres ; mais ils ont aufli l'inconvénient d'être moins en état de refifter à la tempête , d'être plus lents dan* leur courfe , & de ne pouvoir même naviger que quand ils ont le vent en poupe. Un navire au contraire qui eft bien lefté , qui entre profondement dans l'eau navige vers le même côté , à prefque tous les vents. LETTRE de Change. C'eft un mandement que donne un Banquier ou un Marchand , pour faire payer à celui qui en fera le porteur l'argent exprimé dans la lettre. On ne voit pas dans l'hif-toire du commerce , que les anciens aient connu l'ufage des lettres de change. Elles font, Suivant la plus commune opinion, de l'invention des Juifs. On fçait que fous Philippe - Augufte & fous Philippe le Long, les Juifs chaffés de France fe réfugièrent en Lombardîe , & que là ils donnèrent aux Négociais étrangers , & aux voyageurs des lettres fecret-tes fur ceux, à qui ils avoient confié leurs effets en France, L E 3uî furent acquitées. Voye\ uifs. Les lettres de change , ainfi que tous les papiers , qui repréfentent fargent^êc qui en facilitent le tranfport, font d'un grand ufage dans le commerce. V* Papiers de commerce, 11 y a trois conditions ef-fentielles qui caradiérifent les lettres de change, & qui les diftinguent des autres mandemens , promefiès & billets. Il faut premièrement ; que le change foit réel & effectif; ou que la lettre de change foit tirée d'une place pour être payée dans une autre ; ce qui s'appelle tirer de place enplace. Ainfi quand la lettre eft tirée d'une ville pour être payée dans la même ville , comme de Lyon à Lyon , ce n'eft point une lettre de change. Il faut de plus, que le tireur ait pareille femme , qu'il reçoit en change , ès mains de la perfonne fur laquelle il tire fa lettre, ou bien qu'il tire fur fon crédit , c'eft ce qui donne le nom ôc l'être à ces papiers de change : les fimples refcriptions, par exemple, ne peuvent pas être regardées comme des lettres de change. Enfin , il eft néceifaire qu'une lettre de change foit faite dans la L E rj forme prefcrite par l'ordonnance du mois de Mars it>7ï, qu'elle contienne le n«m de la ville d'où, elle eft tirée avec la date , la foin me pour laquelle la lettre eft faite i le tems auquel le pjyemenc du contenu en la lettre de change doit être acquitée île nom de celui qui la doit recevoir , & pareillement le nom de celui qui en a donné ou promis la valeur » en quoi cette valeur a été fournie , fi c'eft en argent comptant , marchandifes ou autre» eifets ; le nom de celui fur qui elle eft tirée pour la payer, fon adreife , la figna-ture du tireur, ou de celai qui fournit la lettre : d'on l'on peut conclure qu'en fait de lettres de change , il y a toujours trois ^3erfonnes qui agiflent, & quelquefois quatre , le tireur , l'accepteur , celui qui a fourni la valeur, & celui qui doit la recevoir. Comme ces mandemens ou lettres de change font faites à ordre i celui à qui elles doivent être payées,peut mettre au dos fon ordre en faveur d'une autre. & celui-ci à un autre , ce que l'on appelle tn-dojfer* Chaque endofleur doit exprimer de fa part en quoi il en a reçu la valeur ; & le dernier porteur d'ordre a pour garants folidaires tous les 14 LE endofTeurs, tireurs & accepteurs. Quand la lettre eft payable à celui qui en a payé ou promis la valeur, il n'y a pouf lors que trois perlbn-nes qui interviennent dans la lettre. Lorfque ceux à l'ordre de qui on tire , exigent une féconde, & même une troisième lettre de change , il eft d'ufage de les leur accorder, d'autant plus qu'elles n'engagent pas davantage que la première ; mais on ajoute dans la lettre après ces mots , il vous plaira payer , ceux-ci 3> par cette Seconde de chan-D ge , la première ne l'étant, & à la troiîiéme après le même mot payer ; a par cet-» te troilieme de change , la 3) première m'Ia féconde ne » l'étant. » On a introduit ces duplicata de lettres de chan-ge,parceque la première peut venir à fe perdre , & parce qu'ordinairement , lorfque ces lettres font payables à une ou deux ufances, on envoyé la première à l'acceptation , à un ami de la même ville fans l'endoSfer. Enfuite fur l'avis que l'on reçoit » qu'elle a été acceptée , on négocie la féconde que l'on endoSTe en faveur de la per-fonne à laquelle on la cédée. On obferve de mettre au bas L Jb de la lettre , U première eft à l'acceptation chez NN. Banquier. C'eft le porteur de la féconde ou de la troisième endotiée,qui retire cette lettre acceptée , & qui la remet lors du payement,avec celle qui eft endolfée au Banquier, ou au Négociant qui la doit acquitter.. Les Lettres de change fe payent, ou a tant de jours de vue , ou à jour nommé , ou à ufance , double ufance , ou à vue , c'eft-à-dire en préfen-tant la lettre , ou en foires , pour les lieux où il y a des foires établies, comme Lyon, Bordeaux, Francfort. Le Porteur d'une lettre de change à tant de jours de vue , à ufance , ou doubles ufances , doit la préfenter à celui fur qui elle eft tirée pour qu'il ait à l'accepter. En cas de refus , il doit la faire protefter faute d'acceptation. V- acceptation» Si elle eft acceptée, il doit après les jours de grâce, qui varient fuivant les différentes places, en demander le payement, ou faire- protefter la lettre de change, dont il eft porteur , faute de payement. II y a donc deux fortes de protêts, l'un faute d'acceptation , & l'autre faute de payement, Voyt\ Protêt. JL ci Lettre de Crédit. Lettre miilîve addreifée par un Négociant, ou par un Banquier à fon correfpondant , par laquelle il lui mande de fournir au tiers porteur de la lettre une fomme fixe , ou bien indéfiniment tout ce dont il aura befoin , & de le.palier en compte. Il eft toujours plus fage de limiter la lettre & une fomme fixe , & de désigner la perfonne qui doit recevoir l'argent, de façon que le correspondant ne puiife être iurprts en cas que la letrre foit volée. Ces lettres de crédit, quoique différentes des lettres de change, ont cependant les mêmes privilèges , pour contraindre aux payemens des fommes reçues. Les Banquiers correfpondans qui acquittent de femblables lettres , font dans l'ufage de fe faire donner des reçus doubles de ce qu'ils payent, d'en envoyer un à celui qui a donné la lettre pour fa iureté , ôc de fe rembourser1, alnli que de leur provilion , foit fur eux-mêmes , foit fur quel-qu'autre de leurs correfpondans. LEVANT, (le) Ce mot fignifie le côté où le foleil fe levé ; mais en fait de commerce ô{ de navigation, nous appelions le Levant toutes LÉ t$ les côtes d'Afrique , le long de la mer méditerrannée. & même de toute la Turquie Asiatique. Les autres contrées , comme la perfe , l'Inde , la Chine, le Japon , con-fervent le nom d'Orient. Les Echelles du Levant font les villes de commerce fituées fur les côtes , ou dans les Iiles de cette partie de la Méditerranée que l'on nomme la mer du Levant. Ce commerce ou cette navigation èft d'autant plus précieufe aux peuples de l'Europe qui l'entreprennent , qu'en échange des marchandifes de leurs fabriques , 6* dés denrées de l'Amérique , la plus forte partie des retours eft employée à fournir des matières premfe-res à leurs manufactures. D'ailleurs cette navigation n'eft ni longue ni dangeren-fe ; elle n'eft point expofée à être traverfée par la jalousie des nations du Levant chez qui l'on trafique , puit-qu'elles n'y participent ea rien. Les François, comme les plus anciens alliés de la Porte , ont joui pendant long-tems des plus grandes prérogatives, dans fes ports. Mais à mefure que cette Puif-fance connut mieux fes intérêts , & l'avantage pour fes 16 LE fujets de ne pas rendre une feule nation maîtiefle des ventes & des achats ; elle accorda fuccelfivement aux Vénitiens, aux Anglois, aux Hollandois & à tous les peuples qui purent établir un commerce réglé dans le Levant , les privilèges qui le favoxifoient. Les Anglois , fur-tout, & les Hollandois ne négligèrent rien pour mettre dans leurs mains un commerce fi utile. Us apportèrent au Levant des marchandifes à très bon compte, & une grande application à connoître le goût de la nation. Leurs draps prirent faveur au point qu'ils relièrent long-tems feuls en pofleflion du commerce du Levant. Les François étoient obligés de prendre de leur draperie , pour foutenir le peu de trafic qu'ils y faifoient. Us ne comprirent que bion tard , que le feul moyen de rentrer dans la pofleflion de ce commerce du Levant , ou du moins dê le partager avec leurs îivaux, étoit d'établir des manufadures de draps en imitation de ceux qu'y portoient les Anglois & les Hollandois. D'ailleurs ces draps étant fabriqués pour la plupart de laines d'Efpa-gne ; notre proximité de ce Royaume , ôc des pays de con- L E fommation , étoit une ration de plus de nous emparer de cette exportation. Nos premières tentatives ne furent point heureufes ; le débit de nos draps fut traverfé par les Anglois » mais notre induftrie & notre activité naturelle furmonterent bientôt les obftacles. Aujourd'hui notre draperie prend de plus en plus faveur en Turquie , & nous n'aurions plus de rivaux à craindre , fi la liberté , qui eft l'ame du commerce en général , étoit rendue à celui du Levant. Indépendamment de la draperie , qui eft la bafe du commerce dans les Echelles, nous y faifons pafler des camelots , des bonnets , façon de Tunis , dont il y a une fabrique à Marfeille, & une autre à Nay en Bearne qui a très - bien réufli beaucoup de quincaillerie , des glaces, quelques étoffes d'or d'argent , de foïe ; c'eft la ville de Lyon Spécialement, qui fournit ces étoiles. La concurrence la plus à craindre fur ce dernier article eft celle des fayes & des damaf-quetes de Venife. Il nous feroit peut-être pas difficile d'imiter ces fortes d'étoffes. L'on porte aufli au Levant beaucoup d'épices , que notre commerce aux grandes Indes LE ïndes nous fournît ; plufieurs denrées de l'Amérique , comme fucre , indigo , cafi'é. La bijouterie Françoife commence à prendre faveur chez les Turcs. Cet objet deviendra encore plus considérable à mefure que nos Négocians s'étudieront davantage à consulter le goût , ôc même le caprice du ferrait, le centre du luxe & du commerce du Levant. Les retours de nos marchandifes fe font en foies, coton , laines , poils de chèvre , bufles, maroquins, cire , huiles d'olives , & fels olkalis, la bafe de nos manufactures de favon* : encaffé de Moka , bled, tapis, quelques étoffes de foie , de coton. Nos Négocians tirent encore des Echelles , par la voie de Marfeille , des raifins fecs & des figues feches, des noix de galle blanches & noires , fie plufieurs autres drogues , telles que rhubarbe , tutie , maftic , therebentine , florax , fcamonée , gaîba-num, gomme adragan , gomme ammoniac , opium , &c. La balance de chaque Echelle en particulier, Ôc de toutes en général, fe folde en fevillanes ou en fequins de Venife. V. Conftantinople , les différentes Echelles du. Levant , telles que Smyrne , «Jep » le Caire , lu Canée , LI tf Tripoli de Syrie, Seiâ* LIBRAIRIE , ou commet ce de Livres. La Librairie doit être considérée comme une branche importante du trafic d'une nation. Indépendamment des Instructions que 1 nous tirons des bons livres* & de la gloire qui en réfulte pour l'Etat ; its contribuent à la confommation du papier , à. l'emploi des manufactures , à la eirculatiçn de l'argent. On a dit que les Anglois imprimoient plus en un mois que nous en une année. Si cette proposition eft un peu exagérée , il eft fur du moins qu'ils ont des preflës Françoïfes qui vont continuellement. La Hollande qui a très-peu de productions naturelles, trafique celles des autres Etats. Les foires de Leipfick & de Francfort font remplies de nos livres , que les Libraires Hollandois fçavent Si habilement copier. On peut encore remarquer que la France , qui fournilfoit autrefois des livres François à tout l'Europe , en reçoit aujourd'hui des pays étrangers. Eft-ce défaut d'activité dans nos Libraires ? Eft-ce gêne dans la Fabrique des Livres f Ce qu'il y a de certain , c'eft que la liberté , qui eft l'ame du commerce , favorife principale-, 2 i3 LI ment celui , & que plus une nation fera commerçante , plus cette branche utile d'exportation fera considérable. Or, on ne peut difconve-nir que les Hollandois & les Anglois ne îéuniflent ces deux avantages. Les frères Foulis , Imprimeurs à Glof-coff , envoyent chez l'étranger pour deux millions par an de leurs livres. Quel eft le Libraire en France qui fafle un pareil commerce ? Nos livres cependant font ceux dont la vente pourroit le plus s'étendre, puifque la langue Françoife eft répandue par tout. Les Hollandois le fçavent bien , & c'eft de leurs mains que toute l'Allemagne reçoit les livres François. Les Libraires & les Imprimeurs de Paris ne font qu'une feule & même Communauté, à laquelle font demeurés unis les Maîtres Fondeurs de caractères d'imprimerie. Comme la profeffion de Libraire exige dans celui qui l'exerce de l'intelligence & des connoiflances , on a cher-ché à la relever en lui accordant les droits , franchifes , immunités , prérogatives , & privilèges attribués aux Universités. Le Règlement de cette Communauté eft du *2 Fé- LI vrier 171}. Il a été rendu commun pour tout le Royaume , par Arrêt du 14 Mars 1744. Suivant ce qui eft porté par ce Règlement il n'eft pe.mis à aucun Auteur de vendre par lui-même fes ouvrages i il ne peut le faire que par le moyen des Libraires. Si cependant quelque chofe pouvoit relever une profeiïïon , qui n'eft plus ce qu'elle étoit du tems des Etiennes & des Manuces, ce feroit une difpofition contraire à celles que nous venons de rapporter. Des privilèges entre les mains de Libraires , qui ne font que marchands, nuifent fouvent aux progrès de la littérature. Les livres anciens fe réimpriment avec les mêmes incorrections , & les livres nouveaux fans que l'on con-fulte les gens de lettres qui les ont compofés. Voye\ imprimerie. LIEVRE. Cet animal nous rend les mêmes fervices que le lapin , & donne au commerce une fourrure très-chaude. On peut remarquer deux fortes de poils dans les peaux de lièvre. Les uns forment une efpéce de duvet , ils font les plus courts & font ordinairement d'une couleur cendrée. La plupart des poils les plus longs & les Lï plus fermes font fauves à l'extrémité. U nous vient des pays froids, & particulièrement de Mofcovie, des peaux de Hevre toutes blanches , qui font beaucoup plus reT cherchées que celles de France & des pays chauds » ordinairement marquées de différentes taches roufles ou gri-fes. Ces fourrures blanches font cependant moins belles, moins précieufes , & d'un blanc moins mat que celles de l'hermine. On fait ufage du poil de lièvre , ainfi que de celui de lapin , pour la chapellerie. Voye\ Chapeau. LILLE. Ville de France, capitale de la Flandre Fran-çoife. Cette ville eft très-riche par les productions de fon territoire, & plus encore par celles de fon induftrie. Ses manufactures confiftent en draps , en pinchinats , en" rattnes, en ferges , en camelots de toute efpéce , en bou-racans , & en plufieurs autres étoffes de laine , ou mêlées de foie & de fil. Ses autres manufactures produifent des toiles ouvrées & unies , des bafins, des tapifleriesdé haute & bafle lilfe , des panes , façon d'Utrecht, des tripes , des moquettes, des dentelles blanches & noires de fil & foie , toute forte de bonne» LI 19 terte à l'aiguille & au métier, des cuirs dorés , des favons fecs & liquides , du fil de lin à coudre & à dentelles, du fil de fayette , ckc. Ces manufactures font la bafe du grand commerce , que les Négocians de Lille entretiennent avec les Indes Efpagnoles par les navires de regiftres, avec les colognies Françoifes , avec les Echelles du Levant, avec l'Efpagne , le Portugal , l'Italie, la France , la mer Baltique , l'Allemagne , la Flandre fit le Brabant Autrichiens. Il s'en exporte très-peu en Angleterre & en Hollande , parce que ces Puiiiances jaloufes de leurs fabriques ont toujours les yeux ouverts,pour empêcher l'entrée de leurs Etats aux productions d'une induftrie rivale. La province de Lille efl réputée étrangère à l'égard de la France ; les marchandifes & denrées du dehors qui y font amenées payent les droits fuivant le tarif de \6-jj , à moins qu'elles n'y pafient en tranfit pour l'ancienne France , auquel cas on prend un acquit à caution pour payer les droits d'entrée au premier bureau , fur le pied du tarif de 1664. Il en eft à peu près de même des droits de fortie , & qui fe m so LI payent auflS fuivant «e dernier tarif. La chambre de commerce, qui eft à Lille , fut établie par Arrêt du Confeil du 13 Juillet ni4 : el'e eft com-pofée d'un Directeur & de quatre Syndics, d'un Député au Confeil Royal de commerce , & d'un Secrétaire. Son objet fpécial , ainfi que celui de toutes les Chambres de commerce , eft de faire des repréfentations au Confeil du Roi , fur tous les griefs que le commerce de la Province pourroit fouffrir des entreprises de l'étranger, & de ceux commis à la perception des droits d'entrée & de fortie , de demander en outre tout ce qui peut contribuer à la perfection & à l'ac-croiffement de ce même commerce. On tient les écritures h Lille de trois manières , en florins, en livres de gros Sz en livres de France. La livre de France , la livre de gros & le florin font des monnoies imaginaires. La livre de France fe divi-fe en 10 fols , & le fol en 1x deniers. La livre de gros fe divife pareillement en xo fols ou efcalins , l'efcalûven ix deniers. Le florin en io patars, & le patar en 1 x deniers. Le fol de gros ou l'«f- L I câlin vaux fîx patars , le denier de gros fix deniers de Patar , la livre de gros fix florins , le florin une livre cinq fols de France ; ainfi une livre de gros , qui eft comptée pour fix florins , vaut par conféquent 7 livres 10 fols de France. Le poids, le titre 8c le cours des monnoies réelles de la Flandre Françoife , font les mêmes que par tout le Royaume de France. Les anciennes efpéces du Royaume , Se les monnoies étrangères n'ont aucun cours dans cette partie de la Flandre ; & le commerce en eft abfolument défendu. L'Hôtel des Monnoies qui y fut établi à l'inftar de celui de Paris en 1685 , a feul le privilège d'échanger les vieilles efpéces, Si les matières d'or & d'argent, dont le pris eft fixé par le tarif. Les ufances pour les lettres , billets de change , Se pour les billets de commerce, fe comptent dans cette ville par les mois tels qu'ils fe rencontrent. On accorde fix jours de faveur aux lettres de change Se à tous les billets ; mais pour être en règle, il faut fTiire pro-tefter le fixieme jour. Les lettres de change à vue jouiflent des jours de faveur, à moins qu'il n'y foit fpécifié L I & vue prefîx, ou à vue > /in* jour de grâce. La livre de poids de Lille n'eft que de 14 onces , poids de marc ; on compte 100 liv. "e Lille pour 88 de Paris , ( Il n'en vient par le rapport que 87 & demi ) , & 100 de cette dernière ville pour ri4 de Lille. La majeure quantité des marchandifes fe vendent à la livre de 14 onces > & quelques unes , telles que la foie, la cochenille, cVc. au poids d'Anvers, dont 100 liv. ne font que 94 ôc 4 cinquièmes du poids de marc. L'aune de Lille fe divife *n i i ïï & f6elle a 26 pouces, ou 1 pieds 1 pouces. °n eftime que 100 aunes de Lille n'en font que 58^ de Paris , ôt roo de Paris 171 & |-de Lille. La mefure pour les grains, appellée raflere , fe divife en ternis , quarts & huitièmes. II y a deux rafieres , l'une pour le bled , l'autre pour les avoines & les fèves ; cette •dernière fe nomme rafieie de Mar«, à caufe qu'elle fert à mefurer les grains qui fe fe-ment en Mars. Cent ratières pour le bled ne font que 46 fetiers & ~ de Paris , & 100 Éctiers de bled de Paris x 1 $ L I ti & - de rafiere pour le bled à Lille. Les eaux-de-vie fe vendent dans cette même ville au lot ou au pot, qui pefe 4 livres de fille. Les vins , à la pièce telle qu'elle vient des lieux d'où, on les tire. La pièce de Bourgogne contient environ 110 lots i celle de Champagne environ 100. La barique de B ordeaux , dont les quatre font le tonneau , environ 105 lots. Les huiles d'Efpagne , de Provence , d'Italie , &c. ' s'y vendent à la pipe , comptée pour 106 lots. Les huiles d* col fat , navettes , camamil-les , olivettes & lins , qui font les -Drodudions du pays, s'y vendent à la tonne de 30 lots. LIIVIOS1N. Province de France , bornée au Nord par la Marche , au midi par le Querci , au Levant par l'Auvergne , au Couchant par le Perigord & l'Angoumois. Les Limofins font un très-grand commerce de beftiaux, principalement de bêtes à cornes. Il fe vend aufii dans les foires de Limoges beaucoup de chevaux qui font recherchés pour la felle» V. Cheval. Les terres du Limofïn font Biij couvertes, du moins en partie, de châtaigniers, dont les fruits fervent à la nourriture des habitant de la campagne. Cette province a quelques manufactures d'étoffes à fon iifage , des tanneries , des fabriques de gants , des moulins pour le papier, qui s'emploie prineipaplement à l'im-prellion des Jivres 6c des ef-tampes, parce qu'il n'eft pas aufli bien collé que celui d'Auvergne. Les mines du Limoufin donnent du plomb, du cuivre , de l'étain 6c du fer. On en fabrique des épingles , des fils de fer très-doux 6k très-maniables , ôc de la clouterie particulièrement pour la ferrure des chevaux. LIN. Plante qui s'élève en petites tiges rondes ; elle eft compofée de filets dont on fait du fil 6c de la toile après plufieurs préparations, qui approchent de celles en ufage pour le chanvre. II eft cependant quelques unes de ces préparations que les Hollandois , très-jaloux de leurs fecrets , ont foin de cacher , parce qu'ils croyent en être feuls pofleffeurs, & parce que le lin eft une branche confidérable de leur trafic. La Zélande, dont les terres font extrêmement grafles & affez humides, leur donne l 1 le plus beau lin du monde î ils le prêtèrent à tout autre pour leurs manufactures. La graine de lin qu'ils retirent de cette province fe vend aufli plus chère, & eft beaucoup plus eftimée que celle qu'on apporte de la mer Baltique. Les Hollandois tirent néanmoins beaucoup de lin de Riga de Conisberg pour leur commerce. L'Egypte en fournit aufli i celui de Flandres a de la réputation. Quelques provinces de France, 1^ Picardie principalement en fourniflent de très-bon 6c en affez grapde quantité i cependant cette récolte ne fuffit pas pour les manufactures du Royaume , & les François font obligés d'en tirer beaucoup des pays étrangers. Les lins s'achètent 6c le vendent, ou crus, ou en maf-fes, ou préparés ôc prêts à filer. Il eft une autre forte de lin peu connu en France , 6c que l'on appelle le lin perpétuel de Syberie* Cette efpéce ref-te 6c revient pendant plufieurs années fur la même racine , qui porte depuis vingt jufqu'à trente tiges. Les expériences faites fur ce lin prouvent qu'il eft aufli bon que notre lin ordinaire. On ne pourroit peut-être point en obtenir un fil aufli fin i L I Maïs a-t-on befoinpar tout de toile fine ? La moyenne , ou la groffe toile n'eft-elle pas dans bien des cas plus utiles ? On fçait d'ailleurs que le lin provenant d'un climat froid s améliore dans unclimat plus chaud. Quand même on ne pourrait efpérer cette amélioration , ce fera toujours un avantage confidérable de n'être point obligé de faire, des dépenfes annuelles pour la femence du lin , & d'en être quitte pour femer une feule fois une plante qui donne enfuite pendant plu-fîeurs années' de bonnes récoltes. LINGE. On a donné ce nom aux toiles deftinées pour le fervice de la table. Il y a du linge plein & du linge ouvré , du linge uni & du linge à grains d'orge , à œil «e perdrix , damaflé, & fur lequel on exécute les mêmes defleins que fur les étoffes de foie. Les plus ordinaires font des armoiries , des devifes , des fleurs , des bouquets , des chaffes, des payfages. Il fe fait aulfi des nappes de différentes grandeurs , avec des quadres ou bordures. Venife a fabriqué dans ce genre des ouvrages d'une très-grande beauté. Les manu factures de France , de Flandre r de Saxe donnent aulfi des linges L I *? ouvrés , qui joignent la fi-nefle , l'éclat du blanc , & la variété des deaeins à la foli-dité. V. Toile. LINON, Sorte de toile, ainfi appelle , parce qu'on la fabrique avec du lin. Elle eft blanche , claire, déliée ôc très fine. Plufieurs provinces de France , telles que le Hai-nault , le Cambreiis , l'Artois , la Picardie , manufacturent des linons. U y en a d'unis , de rayés , de mouchetés. LISBONINES. C'eft le nom qu'on a donné dans le commerce aux pièces d'or de Portugal. Voye\ Pièce d'or. Les Lisbonnes ont été fouvent un objet de commer-merce avantageux pour les étrangers , parce que l'or , relativement à l'argent , eft moins cher dans ce Royaume qu'ailleurs , & par la différence du poids d'une pièce à l'autre , ce qui faifoit fortir les plus pefames de Portugal. Voye^ matières d'or cr d'argent. LISBONNE. Ancienne ville d'Europe , capitale du Portugal : elle eft bâtie en amphithéâtre le long du ta-ge , qui a plus d'une lieue de largeur en cet endroit. Son port eft un des plus grands de l'Europe. Les plus B iv t *4 L I gros raifTeRux y abordent, Triais l'entrée en eft difficile à caufe des bancs de fable ôt «les rochers, ce port- eft d'ailleurs fujet aux ouragans i la ville même a éprouvé plufieurs rois les évenemens les plus cruels. Un tremblement de terre dans le quinzième fiécle ne rît qu'un tas de pierres des habitations des citoyens. Tout Je monde fe rappelle encore avec effroi eelui du premier Novembre 1755, qui a renverfé la plus frande partie de la ville, on commerce* Voye\ Portugal. On tient les écritures à Lisbonne en rés. Comme cette monnoie de compte eft la •pins pet'te qui ait été jufqu'î préfent imaginée , & qu'il en faut un très-grand nombre pour faire une "omme un peu confidérable > on les fépare dans les comptes ôc dans les factures par millons, parmiliers ôc par centaines. Un zéro barré fait cette fépa-ration. La croizade de change vaut 400 rés. Les nouvelles monnoies d'or de Portugal font la pièce de 11800 rés, celle de 6400 , celle de 5100 , une autre de io'oo , une dernière de 800 , ôc la croizade de 400. Les nouvelles monnoies d'argent font la croisade d'argent, neuve da 480 rés, une pièce de t^o% une de 110 , une de 60, une de 100, une de 50 , fie une de xo. V. Pièce d'or de Portugal , Cf croisade d'Argent de Portugal. Paris change fur Lisbonne ôc reçoit 460 à 480 rés pour un écu de 3 livres de France. Le pair eft 450 rés de Portugal pour ledit écu de change. Le Louis d'or France de J4 livres vaut 3600 rés , notre écu d'argent de 6 livres 976. Les ufances des lettres de change tirées de l'étranger fur Lisbonne y font comptées ; fçavoir , de la France de 60 jours de date , d'Amfterdam de deux mois courant de date de Londres de 30 jours de vue ; de l'Italie de 3 mois de date ; de l'Efpagne de 15 jour de vue. Les lettres acceptées jouif-fent de 6 jours de faveur;cel-les qui ne font pas acceptées, n'ont aucuns jours de grâce ; elle doivent être proteftées le jour même de l'échéance. On en accorde 15 aux lettre» tirées de Portugal fur Lisbonne. Il eft d'ufage de payer les lettres de change en efpéces d'or , on ne feroit cependant pas autorifé à refufer un payement offert en efpéC3« d'argent» LI Toutes les efpéces d'or du Portugal font au titre de n carats , & celles d'argent au titre de 11. deniers. La poudre d'or de Guinée ôc du Sénégal eft ordinairement au titre de 11 carats i, ôc même au-deflùs de 4 x * lorf-qn'elle eft pure ôc.fans mélange ; mais il n'arrive que trop fouvent que les IYIores d'Afrique , qui en font le commerce , la chargent de poudre de laiton ou de poudre d'emeril, dont la couleur approche de celle de l'or ; c'eft pourquoi elle ne doit être achetée que fur le pied de l'effai. Le poids de marc de Portugal eft plus foible de 6i_ pour -g que celui de France fur ce pied 100 marcs de Portugal ne font que 93 mars 7 onces 4 deniers 4 grains 8t * de France. Ce marc de Portugal fe divife en 8 onces, l'once en 8 octaves , l'oftave contient 4 grands grains I, & le marc par conféquent 188 grands grains. Ler quintal de Lisbonne eft compofé de 4 arobes , l'arobe de 31 livres , ainfi le quintal eft de 118 livres. 100 livres de Lisbonne n'en font que 89 & demi d'Amf-terdam ôç de Pari*. LI if La mefure d'étendue , ap-pellée Uarros eft moins longue que notre aune. Cent barros ne rendent que 9,5 aunes I à Paris , 6c 90" \ à Lyon. L'alquiere eft la mefure pour les grains , *o alqnie-res font égales à la quartiere de Londre » & 100 alquie-nes font 9 fetiers 1 de Paris. 'S La mefure pour les liquides eft l'almude , qui fait 4 gallons ôc demi de Londres. Le gallon revient à 4 pintes de Paris , l'almude fur ce pied reviendra à r8 pintes de la même ville. Les huiles d'olive s'y vendent à la pipe de 16 almudes , l'almude de ix canadors. L'almude pefe 40 liv. de Lif-bonne ; la pipe par conféquent 1040 livres , qui fur le pied de 100 livres de Lif-bonne pour 89 ôc demi de Paris, font revenir la pipe à 9x5 livres trois cinquièmes , Ôc l'almude à 35 liv. trois cinquième de Paris. L1VOURNE. Ville d'Italie dans l'a Tofcane. Livour-ne n'étoit autrefois qu'un village appartenant aux Génois ; c'eft aujourd'hui une ville riche , peuplée ôc la plus confîdérable des Etats du Grand Duc , ce qu'elle ÈÊ li éoèt entièrement h fôn négoce. On peut même la regarder comme un des princi-panxaziles du commerce par fat commodité de fon port , paar la modicité de fes droit «Feutrée & de fortie , par la Jfifcerté dont y jouiliènt les Klgjgaeiaiis de toutes les Nations dé quelque religion qualls fbient. On y voit non-fctilement des marchands François. , Efpagnols , Anglois „ Hollandois ; mais wtflàides Arméniens, des Juifs & des. Turc. Les Juifs & les Arméniens font les principaux Agens du commerce de I»£vourne , & les Commif-fioifinaires de toutes les Nations. Les étrangers tirent de cette ville de riches étoffes •Toiir, d'argent ôc de foie,com-m& fetroeaids , fatins , damas , veioenis i quelques - unes de fane laine comme ratines légères de toutes couleurs , Èi'ges. drapées noires , &c. tjpà fe fabriquent dans les joanufaclures de Florence , «le Fife , de Luques & dans ïes autres, villes de la Tof-came » mais le principal commerce qui s'y fait confifte en feies. de toutes fortes, en ' «KBE&res blancs, noirs Ôc rouges* en corail rouge , en fa-Tora , en vins de ÎFIorence , «abuiles„ en olives ôc autres LI d'enrées du cru du pays. Lî-vourne fournit aufli beaucoup de coton nié, ôc en lai-ne,du caffé qui lui vient d'Alexandrie i de l'alun de l'a-nis de Rome, de Ta laque fine. Les vaiflèaùx François lui portent des bleds , des vins , des eaux-de-vie , du tabac , des étoffes de Lyon , de fa quincaillerie, diverfes modes de France à l'ufage des Dames ; des câpres , du fa-von , du goudron, des chapeaux , &c. On tient les écritures à Livourne en piaftres de 8 réaux. Cette piaftre qui eft imaginaire fe divife en to fols , ôc le fol en n deniers de fon efpéce , elle vaut 5 livres 15 jols bonne monnoie ; cette livre eft aufli compofée de 10 fols, ôc le fol de n deniers. La même piaftre eft aulfi comptée pour 6 livres * monnoie longue , qui eft une autre monnoie imaginaire. La livre, monnoie longue, eft compofée de 10 fols , & le fol de 11 deniers comme la précédente. Ses monnoies d'or ôc d'argent font le rouponi , le francefeoni. Voye\ Rouponi d'or de Tofcane , francefeoni d'argent de Tofcane. Paris ôc Lyon changent fur Livourne , ôc donnent LI 90 à 95 fols pour une piaftre de 8 réaux de Livourne. Le pair pour cette piaftre » en argent de France, eft de 96 f. 10 d. trois quarts. Le Louis d'or de France vaut 4 piaftres 19 fols un denier de livres , & l'écu de 6 livres une piaftre 4 f. 7 den. Le montant des marchandifes , dont le prix eft en monnoie longue , fe réduit en piaftres de 8 réaux. On divife pour cela le total des livres, monnoie longue , par 6 y ce qui fait des piaftres de (i livres, pour chacune def-quelles on paye enfuite 5 liv. 15 fols bonne monnoie. "L'ufance des lettres de change tirées de Paris, Lyon, Marfeille fur Livourne eft de 30 jours de la date des lettres. Ces lettres. Ôc toutes celles qui font tirées des autres pays , fe payent ordinairement en fequius d'or de Florence i on les pefe en mafle , Ôc on fe bonifie réciproquement le plus ou le manque de poids. Ce fequin de jufte poids, c'eft.à-dire de 1 den. 13 grains , vaut 13. liv. 6 f. 8 deniers bonne monnoie , que l'on compte pour 1 piaftres 6 f. 4. den. Il n'y a point de jours de faveur pour le payement des lettres de change ; elles fe payent, fuivant l'ufage de là place, le lundi , le mecredi ôc le vendredi, ou celui de ces trois jours qui eft le plus près de leur échéance. S'il arrive qu'il foit fête le lundi, on accepte le famedi les lettres qui auroient dû être payées le lundi- On fe fert à Livourne , ainfi qu'à Venife , à Gennes & prefque dans toute l'Ita* lie de deux poids,l'un qui eft le gros poids, Ôc l'autre le poids léger, ou fottile, comme difent les Italiens ; le poids léger eft de 45 pour cent moins fort que le gros poids. Les mefures de longueur font la palme, la brafle ôc la canne. Cent cannes rendent 100 aunes à Paris , & 10a bralfes ço aunes. L'huile s'y vend à tant de livres monnoie longue , le baril de 85 livres poids de Romaine , dont les 100 liv, ne font que 17 liv: 3 huits de Paris ; ainfi le baril revient environ à 60 livres ÔC demie de Paris. Le bled s'achète au fac. Les 40 facs font le Iaft d'Amfterdam, qui revient à 19 fetiers de Paris. Suivant ce même rapport, 100 facs de Livourne font 47 fetiers I à Paris , ôc 100 * r 1 fetiers de Paris 110 lacs à à Livourne. *8 LI Le titre de l'or le plus fin s'exprime dans cette ville par 14 carats , & le titre de l'argent le plus lin par ix deniers, &c Le poids dont on fe fert pourpefer ces métaux précieux s'appelle livre. Il fe divffe en ix onces, l'once en *4 deniers , le denier en 14 grains. Par la comparaifon que l'on a faite du Poids de Livourne avec celui de France; on a trouvé que 100 livres de Livourne font 157 marcs nne once 1 deniers 7 grains , Ôrli7 de grains. LIVRE. Poids qui fert â mefurer la pefanteur des corps. Cette mefure eft différente fuivant les lieux ; quelquefois même fuivant les diverfes marchandifes que l'on pefe. On a eu foin de mettre à l'article de chaque place de commerce, le lappoit de la livre de Paris avec celle de ces différentes places. V. ces Articles' Cette livre de Paris eft de {êize onces. On la divife en deux demi livres ; la demi-livre en deux quarterons : le quarteron en deux demi-quarterons i le demi - quarteron en deux onces ; & l'once en deux demi - onces. Il y a une autre diviiîon delà livre de Paris , qui fe LI fait en deux marcs , qui coi> tiennent chacun huit onces , l'once huit gros ; le gros trois deniers; le denier vingt-quatre grains. Les poids de cette dernière divilion de la livre fervent principalement pour peler l'or, l'argent, les pierreries & les autres effets précieux. Voyez Marc. En matière de compte , livre eft une monnoie imaginaire , qui fe prend en France pour vingt-fols. Cette livre qui n'eft aujourd'hui que numéraire , étoit du tems de Charlemagne du poids de la livre romaine , & pefoit douze onces d'argent, qui équi-valoient à dix onces trois quarts de notre poids de marc. On fçait que ce fut cet Empereur, qui le premier ordonna qu'une livre pefant d'argent lëroit coupée & di-vifée en vingt pièces appelles fols, & chacun de ces fols en douze autres pièces appeliées deniers : ainfi la livre d'alors étoit , comme celle d'aujourd'ui 7 compofée de cent quarante deniers. La livre de Charlemagne a confèrvé fa valeur intrinfe-que jufqu'à la fin du règne de Louis VI ; mais depuis cette époque le poids de cette monnoie a été confiderable-ment diminuée. Sa dénomination néanmoins eft tou» L I jours reftée la même : mais elle n'eft plus qu'idéale & numéraire. Nous avons ajouté à la fin de ce volume une table des réductions que la monnoie de Charlemagne a fouftertes jufqu'à préient ; cette table eft néceflaire pour éclaircir l'hiftoire des matières qui concernent les Finances & le commerce. LIVRES de Marchand. Ce font les regiftres journaux ou mémoriaux , fur lef-quels les Marchands Négocians ou Banquiers écrivent les affaires relatives à leur commerce. Ces fortes de livres ou regiftres fe multiplient fuivant les affaires dont on eft chargé , ôc reçoivent différens noms relatifs à ces mêmes affaires. y a le mémorial, le journal , le grand livre ou le livre d'extrait 6c de raifon ; le livre de caiffe , des échéances , des numéros, des factures , des comptes courans , des commifiions , ordres ou avis, des acceptations ou des traites, des remifes , des dé-penfes, des copies de lettres, des ports de lettres , des raif-feaux , des ouvriers. La plupart de ces regiftres font appelles livres d'aides ou livres auxiliaires , parce qu'ils font d'un grand fecours pour ceux qui veulent tenir leurs livres L I »* en parties doubles. Ceux qui fe contentent de les tenir en parties fimples n'ont befoin que d'un journal ôc d'un grand livre ; l'un pour écrire les articles de fuite , Ôc à mefure qu'ils fe préfentent s ôc l'autre pour former les comptes à tous les débiteurs ôc créanciers du journal. Le livre journal eft le plus néceflaire pour ceux qui s'a-donuent au commerce. L ordonnance de 1673. enjoint même aux Marchands ôc Négocians , tant en gros qu'en détail , d'avoir un livre ou journal qui contienne toutes les affaires de leur, négoce» leurs lettres de change , ôcc. Pour que ce livre foit en règle , il faut que dans l'expo-fé de ce qui eft contenu la caufe y foit énoncée ; il eft néceflaire de plus, qu'il explique la qualité ôc la quantité des marchandifes que l'on a fournies , ôc enfnïte la fomme à laquelle le tout fe monte. Un journal ainfi tenu, ôc qui eft d'ailleurs bien fuivi ôc vraifemblablement conforme à la vérité , fait foi de Marchand à Marchand. L'utilité du commerce a fait regarder , avec raifon , ces journaux comme des livres publics , du moins entre per-fonnes aflbciées qui font trafic de mêmes marchandifes , ou de marchandifes ayant quelque rapport entr'eiles. A l'égard de celui qui a écrit le regiftre ou mémorial , il n'y a pas de doute que ce regiftre ne rafle preuve contre lui. Un Marchand en effet qui doit avoir la bonne foi pour règle , feroit-il rece-vable à dire que ce qui fe trouve porté dans fon livre n'eft pas conforme à la vérité. Ceci a même lieu , quoique le journal foit écrit de la main d'un autre ; pourvuque le Marchand ou Banquier re-connoiffe que ce regiftre eft celui dont il fe fert. Mais ces écritutes privées ne peuvent faire foi indiftincfement contre un tiers, qui n'eft point en relation d'affaires avec le Négociant. Celui qui acheté paye ordinairement fur le champ fans tirer quittance : ainfi la préfomption du payement eft en faveur de l'acheteur. N'eft-il pas libre au Marchand de vendre à crédit, ou de ne pas vendre ? Il doit donc s'imputer de n'a voir pas pris fes furetés quand il a vendu. L'acheteur qui ne veut point acquiefcer à ce qui eft porté fur le regiftre du Marchand eft néanmoins tenu d'affirmer qu'il ne doit rien. Nous avons mis à la fin des articles des différentes L 0 places de commerce , fe* monnoies en ufage dans ces places pour tenir les livres & écritures. Voye\ ces articles. LOMBARD. C'eft le nom que l'on donnoit autrefois en France aux Marchands Italiens qui venoient y commercer , foit qu'ils fuffent Vénitiens ou Génois, ou de quelqu'autre endroit de cette contrée d'Italie , qui a porté le nom de Lombardie. Nous avons encore à Paris une rue qui porte leur nom. Comme ces Marchands prétoient à ufure , on a donné le nom de Lombards aux ufuriers , & celui de prêt Lombard aux contrats ufuraires des Juifs & autres Ce prêt Lombard eft un prêt fur gages à tant par mois. LONDRES. L'une des plus riches & des plus commerçantes villes de l'Univers , capitale de la Grande-Bretagne , le fiége de la Monarchie, &r le centre du commerce des Ifles Britanniques. C'eft à Londres que s'envoie la majeure partie des manufactures. La vente s'en fait par les commiffionaires des fabriquans. De-là elles fe répandent dans toutes les parties du monde. Les denrées étrangères néceflaires aux fabriques , ou à la con- Ibmmatïon de la Grande-Bretagne , font pareillement amenées dans le port de Londres. Si ce dépôt n'eft pas trop conGdérable, s'il ne feroit pas plus avantageux pour la Nation qu'il fût partagé i On peut du moins le regarder comme la fource de cette opulence qui règne dans la capitale , & comme le fondement de ce riche commerce de change , qui fe fait entre Londres ôc les pays étrangers. La plupart des Négocians d'Angleterre, d'Ecofl'e ôc d'Irlande ayant leurs fonds a Londres, reçoivent ou font leur remife par le moyen des Banquiers de cette capitale. On tient les écritures à Londres en livres , fols ôc deniers fterlings. La livre fterling, qui eft imaginaire, eft comptée pour io fchelings , le fchelingou fol fterling pour 1x deniers fterlings , ainfi la livre fterling vaut 140 deniers fterlings. Les monnoies d'or Ôc d'argent font la guinée d'or de *i fols fterlings ; la demie Guinée de ro fols 6 deniers ; la double de 41 f. V. Guinée* Le crown ou écu d'argent de 5 fols fterlings i le demi de i fols 6 deniers ; le fche-Iing de 1 fol. Il y a aufli des tiers, des quarts, des iixiemes L T) ?» & des douzièmes de fchsiiag V- Crown. Les monnoies d'or de Portugal ont aufli cours eu Angleterre : celle de 6400 ri» vaut 3 6 fols fterlings , les autres à proportion. Paris ôc Lyon changent & droiture avec Londres, en» tems de paix , un écu de 3, liv. pour 19a 3 x den, Sec. lings. Le pair eft 3© desa. fterlings^pour ledit ecc «3e change. Le louis d'or de France de 14 liv. vaut 1 iww f 3 den. fterlings ~Q U&n d'argent de 6 liv. 4 tfabellinei 10 den. fterlings. Les lettres de change , tirées à vue fur Londres , dot-vent être payées à leïirprf-fentation , ou proréïhêes le même jour. Celles qui font à quelques jours de vue, à jour certain , à une ou plta-iîeurs ufances ont trois jours de faveur , qui commencent le lendemain de l'échéawce » le troifieme jour les lettres doivent être payées , ôt à défaut de payement protef-tées le même jour. Lorïque ce troifieme jour tombe ifac un dimanche , il faut faire protefter la veille. La banque, qui fut établie à Londres en 1694, a le privilège exclufif d'efcompter 18B billets ôc les lettres de 3* LO change qui ont tin terme moindre de fix mois à courir : elle fait aulfi le commerce des matières d'or & d'argent. V- Banque, Banque d'Angleterre. Le titre de l'or monnoyé de u carats fans remède. Le carat fe divife en 4 grains & le grain en 4 quartiers. Celui de l'argent monnoyé eft de 11 deniers * fans remède. Le denier fe divife en 14 grains, 6c le grain en 20 mites. On fe fert pour pefer ces métaux du poids de Troye. La livre de ce poids eft compofée de n onces , l'once de 20 deniers , le denier de 24 grains, ainfi la livre a 5760 grain? , ôc l'once 480. Le grain fe divife encore en 10 mites, la mite en 14 droits, le droit en 10 periots , ôc le periot en 14 blancs. Par la comparaifon que l'on a faite du poids de Troyes avec le marc de France , il a été trouvé que 100 onces , poids de Troyes ne rendent que 98 \ ou 3 den. de marc en France. Suivant ce rapport 100 livres , poids de Troye font 147 marcs 1 once 12 den. de France. Le poids de Troyes fert encore pour pefer les perles , les diamans & autres X o matières précieufes. Il eflf une autre forte de poids nommé le poids d'aver du. poids dont la livre fe divife en 16 onces, l'once en to deniers, & le denier en 14 grains ; ainfi la livre a 7008 grains, ôc l'once , comme celle de Troyes , 480 grains* Mais les 480 grains de l'once d'aver du poids n'en font que 438 de l'once de Troyes, ce qui fait une différence de 42 grains par once ; enforte que 100 livres du poids de Troyes ne rendent que 82 h 3 onces 1 den. 8 grains ôc 64 feptante - troîfiemes de celle d'aver du poids , Ôc 100 liv. d'aver du poids en font ni liv. 8onces de celle de Troyes. Il y a aufli un quintal de m liv. d'aver du poids, ôc un de 100 liv. Le poids des foies greges eft de 24 onces à la livre , qui font une livre ôe demie 5 mais le poids de toutes les autres foies , comme organcins , trames ,' rondelettes ou perlées , ôc des foies teintes eft; de 16 onces. La mefure de longueur, dont on fe fert pour mefurer les étoffes s'appelle verge , elle eft de fept neuvièmes d'aune de Paris : ainfi 9 verges d'Angleterre font 7 aunes de Paris 3 ou 7 aunes d* Paris fàris font 9 verges d'Angleterre. Les vins , les eaux de vie & les huiles d'olive s'y vendent au gallon , qui fait 4 pintes de Paris. La barique eft compofée de 93 gallons , Ôt le tonneau de 4 bariques } ainG la barique revient à 252 pintes, 6k le tonneau à 1000 de Paris. Suivant le dofteur Charles Arbuthuot, le gallon fe divife en 3 pintes Angloife , la pinte Angloife parconféquent eft égale à une chopine de taris. LO UI S d'or de France. Cette pièce eft fabriquée fuivant l'Edit du mois de Janvier 17x6", au titre de tt carats, au remède d'un quart de carat de la taille de 30 au marc ; elle pefe 15? grains 3. cinquième. Cette même pièce eft fixée par un autre Edit du mois de Mai 1716 à 141. faifant 710 livres le marc. 11 y a le demi-Louis ôc le double Louis. LOUIS IANE. Grande contrée de l'Amérique fep-tentrionale , traverfée du Nord au Sud par le Milfilfi-pi. En 1718 ôc 1720 les François travaillèrent à y former un grand établifîe-ment, ôc y bâtirent la Nouvelle-Orléans , fur la rive Tome IL i>6 ai Orientale du fleuve Sainte Louis, au fond d'une ancè" à trente lieues de fon embouchure. L'air du pays eft fain ôc les terres en font fertiles; Elles produifent toutes fortes de vivie en abondance t ôc donnent d'autres produoi tions d'un grand ufage dans le commerce t telles que lé riz , le coton , l'indigo , lé tabac , la cire végétale , ôcc-Les bœufs fauvages y vont par troupeaux , ainfi que les bêtes fauves , daims ôc chevreuils. Cependant malgré ces richefles, la colonie eft dans une efpéce de langueur * faute de bras qui la cultivent* On a fait autrefois plufieurs tentatives pour vivifier ôc animer cette colonie » mais ces tentatives n'ont fervi qu'à dégoûter la nation d'un éta-bliflement,qui par des efforts mieux concertés lui devien-droit peut-être plus précieux que le Mexique ôc le Pérou ne le font aux Efpagnols. Les peaux de chevreuil que l'on apporté en France , Ôc qui prennent à Niort , où pn les perfectionne , le nom dé peaux de daim , ôc celles des bœufs fauvages , font les feules marchandifes que la Louifiane nous donne. On les prend des Naturels en retour de fufils, poudre t 34 LO plomb à giboyer, eau-de-vie, linge , étoffes qu'on leur porte. Cependant on pour-rôit letirer de cette colonie, mieux cultivée , une récoke abondante de tabac , & s'exempter par ce moyen du tribut immenfe que l'on paye aux Anglois pour cette denrée. 11 conviendroit peut-être , afin d'animer cette culture , qu'une compagnie de Négocians lut chargée de la vente du tabac , & qu'elle s'engageât de fournir des ne-* grès aux habitans, pour n'en recevoir la valeur qu'en tabac à un prix fixe. La Virginie & le Mariland depuis long-tems , deux colonies Angloi-fes très-riches , ne fubfiftent dans un état fi floriffant, que parce que nous avons négligé cette branche utile de commerce. La France reçoit beaucoup de falpêtre de la Hollande ôc de l'Italie ; la Louisiane , où il abonde pour-toit lui en fournir également. On eftime que les laines de ce pays font plus belles que celles de France : l'indigo y vient très-bien. On pour-roit encore y recueillir , du coton , du lin , de la foie & du fafran , dont le débit feroit afluré & très-avantageux chez les Efpagnols du Mexique. La Louifiane LO eft aufli favorifée de nom-breufes & vaftes forêts qui fournilfent des bois très-propres à la conftrucfion des vaiffeaux. Il ne feroit pas plus difficile d'y trouver des mines de fer ; ainfi l'on pourroit fe procurera très bon compte les matériaÉx les plus né-ceffaires pour équiper toutes fortes de petits bâtiment. LOUP. Animal carnacier qui habite les bois ôc les fo-îêts. Ce qu'il donne au commerce après fa mort, ne com-penfe pas à beaucoup près les dommages qu'il occafion-ne à la fociété pendant fa vie. Aufîi les Anglois ont mis long-tems fa tête à prix, & ils font parvenus enfin-à chaffer cet ennemi de chez eux. La France ne' peut jouir du même avantage , parce que n'étant point féparée du continent,comme les Etats Britanniques , elle a toujours des entrées ouvertes pour ces animaux deftruc-teurs. La peau du loup préparée s'emploie à des houffes de chevaux de charroi. On en fait aulfi des manchons , ôc même des gants de chaflë , lorfque cette peau , dont on a fait tomber le poil par le moyen de la chaux , a été parlée en huile à la façon d»- LO chamois , ou en mégie. Les dents de cet anima! , qui font tort dures Ôc très-polies , fervent à diiférens ouvriers pour adoucir , ou pour polir leurs ouvrages. Les do leurs en font beaucoup d'u-fage i elles font du négoce -des Marchands Merciers-Quincailliers , qui les vendent attachées à des manches de bois. Le. loup cervier nous donne Une fourrure beaucoup plus précieufe que celle des loups ordinaires. Sa couleur varie fuivant les divers climats que ces animaux habitent. Dans nos lorêts, le poil de cette fourrure paroît de trois couleurs , la racine eft d'un gris brun , la partie du milieu tire fur le roux , Ôc l'extrémité eft blanche. Cette pelleterie eft très-belle , & mérite d'être préférée à d'autres qui font teintes ôc contrefaites , ôc que nous eftimons cependant beaucoup plus , parce qu'elles nous font apportées des pays étrangers. Parmi ces peaux , ■ celles qui ont le poil le plus long & le plus blanc font aulfi les plus eftimées. Il y en a de mouchetées de noir qui font recherchées. La Natolie nous fournit beaucoup de cette pelleterie par la voie de Marfeiiie i il LU 35 nous en vient aufli d'Efpagne: Ôc de Mofcovie. Ce font les Anglois , les Hollandois, les Hambourgeois qui vont les chercher dans les magalins d'Archangel, où elles font apportées de Sibérie. V* Sibérie. LOUTRE. Animal qui fré* quente les bords des lacs ôt des rivières , parcequ'il fait fa principale nourriture de poiifons. On trouve des loutres dans tous les climats tem* pérés , fur-tout dans les lieux où il y a beaucoup d'eau. Cet animal donne au commerce une très - bonne fourrure4 Quoique le poil de la loutre ne mue guère , fa peau d'hy-ver eft cependant plus brunei ôc fe vend plus cheie que fa peau d'Eté. 'Jette fourrure a deux fortes de poils , les uns plus long , les autres plus courts. Les premiers peuvent être regardé- comme une ef* péce de duvet foyeux de couleur grife , blanchâtre fur la plus grande partie de fa longueur, ôc brune à la pointe. Les plus belles fourrures de cette efpèce fe tirent du Canada , ôc des autres contrées feptentrionales de l'A* mérique. LUXE. Ce terme qui préfente à l'idée toute efpéce" de fuperfluités eft relatif aux tenu . aux mœurs, aux Pro* Cij 16 LU gré*, actuels des manufactures. Lorfque là foie étoitextiême-ment rare , on regardoit avec raifon les vêtemens qui en étoient fabriquéscomme l'objet de la plus grande opulence , & comme une décoration refervée à. la noblefi'e. Aujourd'hui qu'elle eft commune , les perfonnes d'une condition inférieure , peuvent porter des habits de foie fans être taxés de luxe i l'abondance « ainii que la di-fette , nous ramènent à peuples à la même égalité. 11 y a un luxe national & un luxe particulier. Le luxe national eft l'emploi qu'une nation fait de fes richeffes , pour fe procurer ce qu'une autre nation plus pauvre regarde comme peu nécefiaire. La France , eft un Etat du plus grand luxe , commparé à la Suilïe : elle ne le feroit pas compaiée à l'Angleterre. Le luxe particulier eft également l'ufage qu'un citoyen fait de fon bien , pour donner des amufemens , des plaifirs , & généralement tout ce qu'un homme de même rang , de même condition , & dans le même Gouvernement juge comme fu-perflù : ainfi l'on voit qu'il y a bien des rapports à examiner pour décider ce que LU Ton doit conïidéver comme lu\e. En général le Iu*c particulier eft pernicieux , non point comme luxe ; mais parce qu'il eft le ligne d'une grande difpropoitioii' entre les fortunes. Or cette grande inégalité de biens qui divife la nation comme en deux clafies, l'une qui abonde en fuperfluités, l'autre qui manque du néceflaire favorife le pouvoir arbitraire ,rend plus difficile la levée des fubfides, détourne de travaux utiles , une portion de citoyens qui ne s'occupent plus qu'à contenter les caprices du riche propriétaire. Les terres ref-tent incultes, parce que le millionnaire a befoin d'un grand nombre de domeftiques pour le fervir, & d'un plus grand nombre d'ouvriers pour tailler les arbres de fes jardins , pour fabler fes parcs , élever des terrafles , vernir fes appartemens, & faire mille collifichets qu'il dédaigne auffitôt qu'il les a vus. Vau-droit-il donc mieux que ces hommes opulents gardaflent leur argent en caille î .'Non fans doute , auffi avons-nous dit que le luxe particulier n'eft point pernicieux ,com-me luxe , mais comme le ligne certain d'un Etat mal conftitué. Lï L Y 37 On a appelle commerce de nent à ces mêmes defleins luxe , l'exportation qu'un leur plus grand prix , appar-peuple fait de fes productions tiennent entièrement aux naturelles , & des ouvrages Lyonnois. C'eft donc principe fes manufactures , parce paiement au génie induftrieux que ce commerce n'eft pas de fes fabriquans , ôc à comme celui d'œconomie l'habileté de fes dellinateurs , fondé fur la nécelfité. 1 e que la ville de Lyon doit principal objet de la nation cette réputation, qui l'élevé qui l'entreprend ; eft de fe en quelque forte au - deftiis procurer tout ce qui peut fa- des autres villes commer-tisfaire fon orgueil, les déli- gantes. Ses étoffes font ré-ces , fes fantaifies. Voy. Corn-' pandues dans toutes les cours merce , (économie ( commer* d'Europe & au Levant, ced' ) Les Piinces Allemands , fi LYON. Grande ville de magnifiques dans leurs vête-France , capitale du Lyon- mens , n'emploient d'au-nois. Ses manufactures > fit fa très étoffes que ceux de fituation au confluent du Lyon. L'Angleterre en tire rhône fie de la Saône , la ren- des taffetas iuftrés , la éludent l'une des plus commer- part noirs , des brocards d'bf çantes fit des plus florifiantes fie d'aigent , ôc différentes villes de l'Europe. Les étoffes de foie. L'Efpagne pays étrangers contribuent en reçoit des draperies des 1 l'entretien de fes fabriques, moindres qualités , des toi-L'Italie lui fournit fes foies les , des futaines , du fa-les plus précieufes , l'Ef fran, du papier , des étoffes pagne lui envoie aulfi des d'or. La plus grande partie foies, des drogues pour la de ces envoi:- fe fait par l'en-teinture , ôc des lingots d'or tiemife des Italiens , ôc fur-Ôt d'argent. Ces deux pays tout des Génois. Le commer-peuvent employer ces ma- ce de Lyon s'étend ainfi juf-tieres premières à aulfi bon qu'aux colonies de l'Amérique marché que la ville de Efpagnole Celui qu'elle en-Lyon. Mais cette main- d'œu- tretiem avec les Suiffes,fe fait vie qui aflure la bonté de principalement par la voie l'étoffe, cette élégance Ôc de Zurich > de Saint-Gall, cette variété dans le choix de Berne 6c.de Balle. Ces des defleins , ces nuances villes reçoivent des drape-fines ôc délicates, qui don- ries groifieres , des cira- 3S L i* peaux , du fafran , des vins , des huiles, du favon & de la mercerie- Ces marchandifes cependant ne payent pas à beaucoup près celles que l'on tire de Suilfe , ôc qui confif-tent principalement en foies & fleurettes fabriquées à Zurich , en toiles, en fromages & en chevaux. Le commerce de Lyon avec les Hollandois n'eft plus aufli considérable qu'il étoit autrefois. Il diminuera encore à mefure que ce peuple induftrieux perfectionnera fes manufactures de foie : mais il y aura toujours une forte correfpondance entre Lyon ôc les villes d'Amf-terdajrf ôc de Roterdam pour les femifes d'argent , ôc les négociations de lettres de change. Son commerce avec le Levant lui eft beaucoup plus avantageux i il fe fait par la voie de Marfeille ou de Gênes. Il y a q natre foires par année dans cette ville , que l'on nomme foires des Rois, de Pâques, d'Août ôc des Saints. Elles durent chacune quinze jours, non compris les fêtes Ôc les dimanches- La foire des Rois commence le lundi qui fuit les Rois ; la foire de Pâques le lundi d'après la Quafimodo ; la foire d'Août Je 4 Août , jour de S. Domir Hique f çnfln Ja foire des L Y Saints, la veille de S. Hubert, en Novembre. Le privilège de ces foires , la Situation m^me de la ville de Lyon , qui fe trouve au milieu de la France , ôc environnée de fleuves , qui facilitent le tranfport des marchandifes , ont rendu cette ville comme l'entrepôt public , ou le ma-gafin dediverfes provinces de France. Les foies tiennent parmi ces marchandifes le premier rang ôc le plus confi. dérable. Comme il y a quatre foires à Lyon , il y a aufli quatre payemens , qui portent les noms des foires qui les précèdent. L'ouverture de chaque payement doit fe faire fuivant l'article premier du Re-glement de la place du Change de la ville de Lyon du * Juin 1667 , le premier jour non férié des mois de Mars, Juin , Septembre Ôc Décembre. Far le même article , il eft dit que pendant les fix pre-. miers jours de chaque payement , l'on fera les acceptations des lettres qui y font payables ; cependant l'ufage eft d'accepter tout le mois, à caufe des lettres qui font tirées dans le courant du mois. Les acceptations des lettres en payement doivent être au nom du. Banquier , ou. I» Y Kegocïant domicilié à Lyon qui les préfente > & ne peuvent plus être censées > cet nfage s'eft introduit pour fçavoir les noms des perfon-nes auxquelles celui qui accepte doir payer , Ôc pour faciliter les rencontrés ou viremens de parties. Voye\ Bilan. Lorfque le fixieme des jours d'acceptations , accordés par le règlement , ci-devant énoncé eft paflé , les porteurs des lettres en payement , qui n'auront pas été acceptées , peuvent fuivant le même règlement les faire protefter faute d'acceptation pendant le" courant du mois , fit enfuite les renvoyer pour en tirer le rembourfement avec les frais de retour ; cependant il eft d'ufage de ne recevoir ce rembourfement qu après le protêt faute de payement, parce qu'il arrive fouvent que le tireur fait les fonds avant la fin du payement » mais il faut toujours notifier le protêt faute d'acceptation à fon cédant. Une lettre de change , non acceptée, peut être renvoyée après les deux protêts , l'un faute d'acceptation, & l'autre faute de payement j celui faute de payement ne peut fe faire que le dernier jour du mois. U eft néceflaire pour fe rem- LY 39 bourfer valablement ; un ôc même plufieurs protêis faute d'acceptation , ne fuffifent point. L'Article IX du même Règlement porte , que les lettres de change acceptées , payables en payement, qui n'auront pas été payées en tout , ou en partie paflé le dernier jour du mois , feront pioteftées dans les trois jours fuivant non fériés , fans préjudice de l'acceptation ; ôc lefditës lettres , enfemble les protêts envoyés dans untems fuffifant , pour pouvoir être figniriés à tous ceux ôc par qui il appartiendra ; fçavoir , pour toutes les lettres qui auront été tirées du dedans du Royaume dans deux mois ; pour celles qui auront été tirées d'Italie , Suide , Allemagne , Hollande , Flandres ôc Angleterre dans trois mois, ôc pour celles d'Ffpa-pagne , Portugal , Pologne , Suéde ôc Danemarck dans fix mois ,du jour de la date des protêts, le tout à peine d'en répondre par le porteur def-dites lettres. Quoiqu'il foit d'ufage que le particulier, porteur d'une lettre, qu'il fait protefter , prennefon rembourfement fur fon cédant , ôc ainfi de fuite d'endofieur en endofieur juf-qu'au tireur j cependant par Ao hY l'article V du tit. VI de l'Ordonnance pour le Commerce du mois de Mars 1673 ; il eft dit, que la lettre de change , même payable au por-^ teur pu à ordre , étant pro-teftée , le rechange ne fera dû par celui qui l'aura tirée , que pour le lieu où la remife aura été faite , & non pour les autres lieux où plie aura été négociée ; fauf à fe pourvoir par le porteur contre les endoifeurs , pour le payement du rechange des lieux , où elle aura été négociée par leurs ordres. A l'égard des lettres payables hors des payemens i elles doivent être acquittées le jour même de leur échéance ; ainfi. une lettre à quinze jours de vue, à laquelle le vu auroit été mis le premier jour d'un mois, devroît être payée le quinze au foir du »ême mois. Lorfque le jour de l'échéance fe rencontre un dimanche ou une fête , on doit payer la veille : cepenr dant il eft d'ufage de n'en faire le protêt que le jour ou< vrier qui fuit le dimanche ou la fête ; mais il faut que ce foit avant midi. Les lettres à vue doivent être payées à leur préfentation,ou du moins dans le jour , à défaut de çmoi le porteur eft en droit LY de faire protefter. S'il veut donner du tems à celui quï doit payer , il le peut > mais il eft bon qu'il faite conftater par un Notaire le jour que le protêt auroit dû être fait. On finira cet article par dire un mot fur les privilèges accordés par la ville de Lyon aux Négocians Suif. fes. Ceux de ces Négocians , dont les noms font inferits à l'Hôtel de ville de Lyon , jouiflent encore après chaque foire pendant quinze jours , les fêtes & les dimanches compris , de toutes les prérogatives des foires, dont les Négocians François Se Etrangers ne jouiifent plus alors. Les mêmes ;Négocians ; dont les noms font inferits à la douane de Lyon, peuvent y faire venir des toiles & des fromages de Suilfe ^ fans payer aucun droit d'entrée dans le Royaume, ni de douane de Lyon ; mais il faut que ces marchandifes entrent par le bureau de Co-longes , ou par celui de S. Jean de Lone, qu'elles foient accompagnées d'une attefta-tion , ou d'un certificat des Magiftrats des endroits de Suiite , d'où on les tire pour en conftater l'origine ; il faut de plus qu'elles appartiens L Y ttent au "Négociant Suïfle , jnfcrit à la douane , & qu'elles foient marquées de fa marque. Ces Négocians ont aufli le droit de faire fortir des efpéces du Royaume , provenantes de la vente de leurs marchandifes ; mais rarement font - ils ufage de ce droit , la voie des changes leur eft toujours plus favorable. Il y a deux poids à Lyon , Je poids de ville pour pefer toutes forces de marchandifes qui eft de quatorze onces , & le poids de foie non fabriquée , qui eft de quinze onces. On eft dans l'ufage de ne faire que 100 livres , poids de foie , pour io3 liv. poids de ville , parce qu'à chaque pefée on retranche une livre , & toutes les onces , s'il y en a , en faveur de l'acheteur. Cent livres , poids de vifle rendent 87 & demi à Paris. Cent livres , poids de foie 95 trois quarts.L'aune de LY 4*, Lyon eft de quelque choie? moins longue que celle de Paris. On a évalué ce moins a une aune fur cent. Ainfi ico aunes de la même ville en font 99 à Paris. La mefure pour les grains eft fanée. (Jette mefure eft compofée de (ix bichets, qut font un fetier & trois boif-feaux de Paris : ainfi quatre» anées de Lyon font cinq fe» tiers de Paris. Anée fe dit aufli dans le Lyonnois de la quantité de. ^ vin , qu'un âne peut porter. Les vins s'y vendent en gros à fanée, compofée de 88 pots. On eftime le pot de Lyon égal à la pinte de Paris. Les eaux-de-vie s'y vendent au quintal , net ou brut; lorfque c^eft au brut, on '.ait la tare de la futaille fur le pied de dix pour cent. Les huiles d'olive s'y vendent pareillement au quintal net on brut i la tpj-e pour le brut eft de dix à 16 pour cenc , félon qu'il en eft convenu. M MACASSAR. Royaume confidérable des Indes dans la grande Ifle de Ce-lebes. Les Portugais s'en étoient emparés lors de leur arrivée dans les Indes, Ils ont éié obligés depuis de le céder aux Hollandois , qui avoient envoyé contr'eux une flotte de trente-trois voiles. Cette guene ôc celle qu'il fallut en-fuite foutenir contre le Roi de Macaflar , coûtèrent des fommes immenfes a la Compagnie Hollandoifemiais cette conquête lui étoit devenue néceflaire, parce que les Ma-caflariens , très-voifins des Ifles où croiflent le girofle et la mufcade , en lirroient des quantités confidé; l'^es aux Anglois ôc kux Portugais , qui les donnant à meilleur marché que la Compagnie , faifoient tomber Ion commerce. Le négoce qui fe fait dans cette lileconfifte en ris ; c'eft l'article le plus important pour la Compagnie. Elle exporte c< e denrée dans les Iflés de Bandi & dans les Ittoluoce». Le.? Hollandois lisent au'fi de Macaflar des dents dEfephans , de l'or , des bois de fapan , du coton , des indiennes, du camphre, du gingembre ôc des perles que l'on pêche le long des côtes de l'Ifle de Cele-bes. Les principales marchandifes qu'on y porte, font de l'écarlate , des étoffes en or Ôc en argent, de la toile de Cambaye , du cuivre, de la laine , ôcc. La Compagnie eft fort ja-loufe de ce commerce , ôc depuis 1661 elle a toujours tenu les infulaîres dans la foumiflîon ; cependant elle n'a jamais pû empêcher entièrement le tiafic que les autres Nations Européennes font dans ce Royaume. Le Gouverneur fait fa réfidence dans le Château de Macaflar , où il y a toujours une bonne garni fon. MACHINE. Nom général de tout infiniment (impie ou compofé, par lequel on peut employer la force ôc le mouvement avec plus d'avantage , ou plus commodément. Lorfque nos defirs eurent multiplié nos befoins ôc le commerce , Je frabriguant in- MA ôuftrieux chercha à obtenir Une marchandife mieux travaillée & à moins de frais , pour avoir la préférence fur fes rivaux : origine des mar chines emploïées dans les manufactures. Un Etat que l'on pourrait fuppofer ifolé , & qui n'entretiendroit point de trafic avec l'étranger, auroit le plus grand intérêt de multiplier chez lui les genres d'occupation ,• & de défendre par conféquent toutes les machines, dont l'objet feroit d'abiéger le travail des hommes ; mais lî ce même Etat a un commerce ouvert , il fe trouve dans la lituation forcée d'admettre toutes les machines qui épargnent les frais de la main-d'œuvre , & perfectionnent les ouvrages des fabriques, afin de les donner à aulfi bon marché que' fes voifins. Un .autre avantage qui lui en reviendra , ce fera de pouvoir dif-pofer d'une plus grande quanr tité d'hommes pour d'autres travaux qui ne manquent jamais chez une Nation adonnée au commerce. . M A G I S. Ecorce intérieure , tendre , odorante & de couleur rougeâtre ou jaunâtre , dont la noix mufca-, de eft enveloppée dans fa maturité : elle fe fépare de h mufcade à mefure qu'elle MA 4J fe feche. Les Hollandois , maîtres de la récolte de la mufçade, font un grand commerce de macis. Cette écorce eft très-eftimée pour fon excellente odeur & fes qualités médecihales. On en tire une huile qui eft aufli fort utile. Voyei Mufcade. MADAGASCAR. Ifle très - grande fituée vis-à-vis de la côte Orientale d'Afrique. Elle a été appellée l'Ifle de Saint - Laurent par les Portugais , qui la découvrirent en 1506 le jour de la fête de ce martire au commencement du feizieme fié-cle. Les françois y firent quelques établiffemens en 1665 , & bâtirent le fort Dauphin à la pointe méridionale de rifle qu'ils avoient nommé \TJle Dauphine en l'honneur de l'ayeul du Roi Louis XV en 1673. Les in-fulaires égorgèrent la garni-fon , Ôc il ne fe fauva de ce carnage que ceux qui purent fe jetter dans un vaifTeau qui étoit à la voile. La barbarie des habitans n'eft pas Je feul obftacle qui ait empêché les Européens d'affermir leurs colonies dans cette ïfle ; l'intempérie du climat & du fol des lieux où ils abordèrent, leurs nouveaux établiffemens dans les Indes , qui demandoieut tous leurs 44 MA ioius , ont encore bien pu lesempêcher de lier un commerce réglé avec les Made-cafles ou les naturels de rifle. Madagafcar cependant par fa Situation avantageufe fat la route des Indes Orien-taJes, par l'abondance fit la variété de fes productions mériterait de nouveaux efforts de la part des Nations commerçantes , pour y former des établiffemens plus felides que ceux qu'on y a 1 vus jufqu'ici : mais il faut pour cela de la perfévérance & de la fermeté , fans quoi on ne peut efpérer de réulfir dans ces fortes d'entreprifes. Lille eft très- fertile en orange* , citrons , ananas , melons", légumes , ris, coton & poivre blanc. Ses forêts font remplies d'arbres rares , tels que l'ébene , le brefil , le fandal. On y trouve des palmiers de plufieurs fortes. Comme le territoire nourrit beaucoup de bœufs & de vaches, on en peut tirer une grande quantité de cuirs verds. Les autres marchau-difes de l'Ifle font Ja cire , le fucre , le tabac , le poivre, îe coton , l'ambre gris , l'encens , le benjoin , l'huile de ftthîM chrijii, le beaume verd pour les plaies , la civette , le falpêtre , le fouffre , le cryftal'de roche, plufieurs MA terres de couleur pour la peinturejdes pieries précieu-fes. Les infulairés font la majeure partie de leur commerce par échange , ôt reçoivent des Européens des toiles peintes, des menilles , beaucoup de menue mercerie, de la quincailleiie , de la verroterie , des eaux de- vie- Ils convertitTent les efpéces d'or ôt d'argent qu'où leur apporte en bijoux , ôc principalement en menilles. Ce font des anneaux en forme de carcans , qui leur fervent d'ornement pour les bras ôc jambes. MADERE. Ifle de l'Océan Atlantique > au Nord des Canaries. On lui donne trente-cinq lieues de circuit. Les Portugais y abordèrent pour la première fois en 1410. On peut même regarder cette Ifle comme la première de leurs découvertes. Son terroir eft fertile ; il produit toutes fortes d'ex-cellens fruits en abondance , & des vins fort eftimés qui peuvent fe garder long-tems. Ces vins font néanmoins inférieurs , pour la qualité , à ceux de Canarie , ôc ne font bons à boire qu'à la troifieme feuille. Le plan des vignes qui les produifent a été apporté de Candie, Si chaque grappe de raifin peut avoir MA âeux pieds de longueur. On a .évalue à 30000 pipes la récolte des vins de Madère ; cette récolte eft prefqu entièrement enlevée par les Anglois , pour l'approvisionnement de leurs colonies d'Amérique. Ils entretiennent des comptoirs dans cette Ifle Portugaife , ôc l'on peut en conclure qu'ils fe font également emparé du furplus de fon commerce , qui confifte principalement en fucre , miel , cire , oranges , citrons , limons, grenades , cuirs & en une grande quantité de fruits confits. Les Anglois donnent en retour des chapeaux, chemifes, bas, toute forte de grofles étoffes & de draps tins , fur-tout des draps noirs > des provifions de bouche, comme bœuf, harengs , fromage , beurre , fel, huile, Sec. Ils y portent aufli de la vaiflelie d'étain, des chaifes , des écritoires , du papier , des livres de compte & de la quincaillerie. MADRAS. Ville des Indes fur la côte de Coroman-del , avec un fort nommé le Fort S. George. Cette ville appartient aux Anglois , qui la regardent comme le chef lieu de leurs établiffemens dans les Indes. Madras jouit •ffectivement des avantages MA 4f que Ton délire dans ces fortes d'établiiïëmens. Elle a un territoire étendu , qui pro* duit des revenus folides , fie contient une grande quantité d'ouvriers, dont le travail fe trouve à l'abri des diflentions des petits Princes, qui ne déchirent que trop fouventi'in-térieur du puys ; d'ailleurs ce territoire peut fournir des fè-cours en hommes fie en vivres en cas d'attaque. Cet article eft d'autant plus intéreifant que les fecours d'Europe font toujours rares, fort coûteux ôc fujets aux rifquesd* la mer. V. Inde. MADRID. Grande villa d'Efpagne , Ôc là capitale èe ce Royaume. Le commerce de cette ville n'eft pas coaa-fidérable , ôc feroit lufcepô-ble d'accroiffemens • mais îa fituatïon au milieu des ter-tes , le petit nçmbre de fes manufactures, la cherté de fa main-d'œuvre » ôc plus que tout cela , la gravité oifîve de fes habitants, feront toujours des obitacles qui lui feront difficiles à furmonter. Les monnoies d'Efpagne font d'or , d'argent, ou de plate ôc de billon , ou de veillon fuivant les termes confacrés dans le commerce. Ses efpéces d'or font la piftole , les doublons, les quadruples ôc la demi-pif- 44 à 16 livres de France , pour une piftole de 31 réaux d'Efpagne. Le pair eft 1 5 livres 19 fols 10 deniers 6 dixièmes de France pour cette piftole. L'ufance des lettres tirées de Paris, de Londres & de Gènes fur Madrid y eft comptée de 60 jours de datte. Celles tirées d'Amfterdam de deux mois de datte , de Rome de trois mois aufli de datte. Ces lettres , excepté celles qui viennent de E.ome , & qui doivent être payées le jour m*rne , jouiifent de 14 jours de grâce , à commencer du lendemain de l'échéance ; à défaut de payement elles font proteftées le quatorzième jour. Celles qui ne font point acceptées ne jouiffent paides jours de grâce. Il faut pour mettre en règle les faire 4 i4 9$ protefter faute de payement, le jour même de l'échéance. Les lettres à vue doivent être payées à leur préfenta-tion. Le quintal de Madrid eft de 4 arobes. L'arobe eft de 15 livres , qui fur le pied de 100 livres de Madrid pour 87 liv. & demi de. Paris , font il livres 7 huitièmes ou 11 livres 14 onces de Paris. La varre Caftillane eft une mefure pour les étoffes , plus courte environ d'un, cinquième que l'aune de Paris- MAGASIN. Lieu vafte ôc commode ou l'on ferre des marchandifes. Un magafin d'entrepôt eft celui qui eft établi dans quelques bureaux des cinq greffes Fermes , ôc où l'on reçoit les marchandifes dèfli-nées pour les pays étrangers» V- Entre-pou Un Etat dépourvu de manufactures , ôc qui voudroît écarter de l'induftrie naif-lânte les obftacles qui l'environnent , ne pourroit peut-être rien faire de mieux que de fuivre l'exemple du Dan-nemark. Cette Puiffance éclairée fur fes véiitabies intérêts , ôc bien perfuadée que la rivalité ôc même la jaloufie des Nations commerçantes anéantiront tou- 4H M A jours par leur bon marché de nouvelles manufactures , qui veulent entrer avec elles en conçut rence de commerce , a établi au milieu des Danois une direction particulière fous le nom de di-rebTion du magafin géru.ul. Cet établiflèment a pour objet d'éclairer le fabriquant actif & laborieux , de lui procurer à bon marché les matières premières, & àc lui faciliter le débit de fes marchandifes. Tout le détail de cet éta-blifiement eft mtérelTant & mérite d'être connu , puisqu'il offre un tableau de l'in-duftrie nailTante,des difficultés qu'elle doit furmonter, des foins qu'exige ih culture. V- les progrès du commerce 1760 p. 113. MAIN-D'ŒUVRE. Dans les fabliques on entend par ce mot l'ouvrage que fait chaque fabriquant ; il défigne aufli le prix , le falaire que donne l'entrepreneur à l'ouvrier , qui fabrique ou qui façonne ies matières propres aux manufactures. Lorfque ce prix ou ce falaire eft bas, les productions des manufactures font à bon marché ; elles trouvent plus de débit au-dehors. La concurrence des ouvriers , l'abondance des denrées de première né- fa A cefiîté, toutes les machines ^ ou toutes les inventions qui abrègent le travail des hommes facilitent ce bon marché. Le bas prix de l'intérêt de l'argent y contribue également. Lorfqu'il y a moins de citoyens en état de vivre du loyer de leur argent, il eft de néceflité que les mains de commerce fe multiplient. De ce que la modicité du prix des denrées concoure au bon marché de la main-d'œuvre ; il s'enfuit que les manufactures, fur-tout celles qui ne font pas établies précifement pour le luxe font placées plus avantageufement dans les lieux diftans des grandes villes. Indépendamment de ce qu'elles accoutument les ouvriers à des fa-laires moins confidérables , que s'ils étoient dans les villes où les vivres font toujours chers, où l'on connoit mille chofes de fantaifie qui deviennent des befoins , elles fervent encore à la con-fommation des denrées de ces mêmes provinces , aù progrès par conféquent de l'agriculture. L'on a fouvent objecté contre l'ufage des machines qui abrègent le travail, épargnent de plus grands Irais pour la main - d'oeuvre, qu'elles étoient contraires à l'objet M À Tôbjet des manufactures, qui eft de faire vivre un plus grand nombre d'hommes ; mais cette objection doi#elle arrêter lès progrès de notre induftrie : V. Iniujirie , Concurrence. MAISON. On entend fou-vent dans le commerce par ce mot, un lieu de corref-pondance qu'un Négociant établit dans différentes villes commerçantes , pour la facilité & la fureté de fon négoce. Il y met un facteur & fou-vent un affocié pour accepter & payer les lettres de change qu'il tire fur eux , pour fe procurer le payement de celles qu'il leur envoie payables dans cette même ville , pour faire les ventes de fes marchandifes & les achats de celles dont il a befoim H eft contraire a l'intérêt du commerce en général,que cette faculté de former des établiffemens foit reftrainte , ou ce qui eft la même cho-fe , qu'un Négociant foit obligé d'adreffer fes com-miffions à un facteur , ou à un régiffeur de fa Nation. Lorfque des facteurs font affurés de la demande d'une marchandife , ils l'achètent dans la faifon la plus favorable. Si elle peut fe partager en plufieurs qualités différentes i ils ont foin de M À 4$ faire ce partage ou ce choix, & comme les commifliona doivent tomber néceflaire-ment fur les bafles qualités ou fur les hautes ; ils renche-riflent le prix des qualités demandées. A l'égard des autres qualités , elles leur reviennent à un prix fi modique qu'ils ne rifquent rien de les envoyer à l'étranger pour leur compte. Le commerce & le commerçant , par ce moyen , font à leur difcrétion. MALABAR. ( Cête ) C'eft le nom que l'on a donné à cette partie Occientale de la prefqu'ifle en deçà du Gange , qui s'étend depuis Vifa~ pour jnfqu'au Cap Comorin. Il n'y a point de pays aux Indes plus fertile. Le riz , une des branches les plus confî-dérables du commerce d'Inde en Inde, s'y recueille deux fois l'année. Les vaiffeaux y trouvent d'ailleurs d'excellents rafraichiffemens,c< peuvent y charger différentes? fortes d'épiceries , du Cardamome , du poivre , de la ca-nelle. Cette dernière épice n'eft pas aufli bonne ni auflî recherchée que celle qui ib recueille dans l'ifle de Ceilan* V. Ceilan. Le bétel, qui fait un autre article du commerce dë Malabar, eft une plante dont P MA les feuilles reflemblent à celles du lierre. Les Indiens les mâchent continuellement avec la noix d'Areca. Ils en expriment unfuc rouge qu'ils regardent comme très-bon pour fortifier le cœur & les dents,& rendre l'haleine douce & agréable : aulfi la con-fommation qui s'en fait en Orient eft très-confidérable. C'eft même un ufage parmi les orientaux de s'en offrir dans les vilites qu'ils fe rendent. Le commerce de cette plante eft d'autant plus facile à faire qu'elle a la propriété de feconferver long-tems fans fe gâter. Les toiles en blanc ou peintes font encore un objet important de la Traite de la Côte : mais elles ne fout ni aulfi fines, ni« aulfi bien peintes que celles de Coro-ruandel r de Bengale , de Surate. La place la plus commerçante du Malabar eft Cananor , ville maritime au Royaume du même nom , dont ellle eft la capitale. Les Hollandois qui prirent cette place fur les Portugais en 1664, font reftés les maîtres du commerce de cette partie du JMalabar. Il confifte fur-tout en fucre , poivre , gingem-ire , cardamome , calfe , .miel ; ambre gris , grenats , /aphirs, hyacinthes, rubis , MA topafes, & une pierre d'une-jfpéce particulière appellée pierre de Cananor , du nom de c&te ville : elle a quel-qu'uiage en médecine. Baliepataa eft une autre ville du Royaume de Cananor , ou les Anglois ont un comptoir important pour le commerce du poivre. A quatre lieues de cette dernière ville eft Tilcery habitation qui appartient aux François. Leurs vaiiléaux y vont prendre du poivre , du bois de Sandal & autres productions du pays. Tanor, ville capitale d'un très-petit Royaume du même nom , à un bafar occupé par des marchands Mahomé-tans. Cranganor, Cochin , Por-ca , Calicoulang, Coulang , autres capitales , d'autant de petits Royaumes de mêmes noms, font un commerce qui eft à peu près le même que celui du refte de la côte. Les Anglois & les Hollandois ont. des comptoirs répandus dans ces différentes villes, & dans les meilleures places des ces petits Royaumes. Calicut eft l'Etat le plus vafte de cette partie de l'Inde : fon R.oi qui prend le titre de Samorin eft très-puif-fant. Ce Royaume abonde en poivre , gingembre , aloés MA ôc rîz. La capitale porte le môme nom. Les Hfoliandois fe font formé des établiffemens dans ce Royaume , & y trafiquent depuis 1604. Voy. Callicut. MALACA. Ville confidé-rable des Indes, capitale d'un Royaume du même nom , fi-tuée dans la partie la plus méridionale de la grande pref-qu'iile des Indes au-delà du Gange. Les Hollandois prirent cette place importante fur les Portugais en 1641, après un liège de fix mois ; ils s'y font maintenus depuis. Le port de Malaca eft un des meilleurs des Indes, parce qu'on peut y entrer en tout tems. La compagnie des Indes Orientales des Provinces-Unies , y fait un trafic confi-dérable de toiles de Bengale, de Sarate , &c. qu'elle échange ordinairement contre de l'or & de l'étain i mais c'eft par fa fituation avantageufe que cette place eflr précieufe à la compagnie ; elle lui facilite le commerce de la Chine ôc du Japon , ôc la maintient dans la pofleflion du détroit qui fépare Malaca de fille de Sumatra. C'eft à Malaca que tous les vaifleaux de la compagnie qui reviennent du Japon font obligés ds fe rendre. On y MA $t fait la diftribution des marchandifes qu'ils apportent i une partie eft deftinée pour l'Europe , une autre partie pour les différens comptoirs de la compagnie dans les Indes. Les dépenfes de la compagnie à Malaca fe montoient en i<56j à 190000 florins. MALACHITE. Pierre précieufe ôc opaque , dont la couleur eft d'un verd fembia-ble à celui de la feuille de mauve que les grecs appellent maladie , d'où la pierre a pris fon nom- On y remarque des veines blanches , mêlées de taches noires , tirant fur le bleu lorsqu'elle n'eft pas dans fa perfection» Comme fa fubftance eft gi'af-fe , elle n'eft guère propre à la gravure , non plus que la turquoife. Les jouailllers la taillent de môme que cette dernière, ôf la montent en bague. MALDIVES. lues fituées dans la mer des Indes en deçà du Gange , fous la ligne : leur nombre eft confidérable. Les Portugais les découvrirent en 1057 : ils les ont divifés en treize provinces qu'ils nomment Attolons-Les Mes de chaque Atto-lon font féparées les unes des autres par un canal de mer plus ou moins étroit. S* MA Les Portugais plus occupés du Bréiil & de leurs poflef-(iotis en Afrique & dans i'In-doftan , ont négligé les éta-bliflemens qu'ils avoient l'orme aux maldives. Ils ont pu auili fe dégoûter de ces Mes à caufe qu'elles font de difficile accès. Les Hollandois , que rien ne rebute , ont mis dans leurs maius le peu de commerce qui s'y fait. Ils en tirent de petits coquillages blancs & d'un poli extraordinaire qu'on nomme coris. L'eftime que plufieurs Nations des Indes & des côtes d'Afrique font de ces coquilles , prouve la néceiîité du commerce des Hollandois aux maldives. Ils donnent aux infulaires en échange de leurs coquillages de grofles toiles de coton , du riz & quelques autres denrées qui ne croif-fent pas dans leurs Mes , quoique d'ailleurs aflez fertiles en fruits , en miel , en bananes, en cocos, &c. V- Coris. MALLEMOLLE. Mouf-feline , ou toile de coton blanche , claire & fine , qui nous vient des Indes Orientales , de Bengale principalement. Les tarnatanes, les hamedis , les doulebfais , les abrohanis, les mametiatis & quelques autres mouifelines , font fouvent comprifes fous IVI A le nom de maliemolles. Les pièces peuvent avoir fei/.e aunes, fur une largeur plus ou moins grande- Les directeurs de la compagnie Hol-landoife pour le commerce des Indes , diftinguent dans leurs ventes les maliemolles à rieurs, des maliemolles fines, & des maliemolles ordinaires. On a encore donné le nom de maliemolles à des pièces de mouchoirs, ou fichus de mouifelines des Indes. Plufieurs de ces mouchoirs font rayés d'or , de foie , & quelques autres Amplement bordés d'or. Il y a des pièces de cinq mouchoirs, d'autres de dix. Chaque mouchoir porte fept huitièmes en quatre. MALTE. Me de la mer Méditerrannée entre l'A trique & la Sicile. Cette Me eft moins connue par fon commerce que parce qu'elle eft devenue le fiége principal de l'Ordre Militaire de S. Jean de Jerufalem , qui en eft en pofleflion depuis l'année 1530 ; il s'y fait cependant un commerce aflez con-fidérable par l'abord de plufieurs vaiffeaux François, Anglois , Hollandois & Italiens qui portent toutes fortes de marchandifes ,.ou par ceux que les Maltois ont coutume de fréter pour aller M A charger des bleds ôc d'autres provifions dont ils ont be-foin dans différens ports d'Italie, fur-tout en Sicile. L'Ifle d'ailleurs produit quelques denrées , comme de la cire ôc du miel fort eftimé ; on en tire aufli des cotons filés & du cumin. On y tient les écritures en écus de 11 tarins, que l'on fubdivife par 16. Il faut environ 117 écus de Malte pour 100 de nos écus de change de 3 livres. Les 100 Rottoli ( poids en ufage dans l'Ifle ) rendent environ 160 livres ôc demi à Paris, & 100 liv. de Paris 61 ôc demi rottoli à Malte. \ MAMOTBANI. Moufle-lines , ou toiles blanches de coton , qui nous font apportées par les Compagnies des Indes. Ces mouifelines font rayées & d'une grande finef-fe. Les plus belles nous viennent de Bengale. Les pièces peuvent avoir huit aunes de long fur trois quarts à cinq fixicmes de large. MAMOUDIS. Ce font des toiles de coton que les Caravanucs de la Mecque apportent a Smirne ; elles font moins blanches ; mais plus fines que les Cambre-fines. On a aulfi donné ce nom MA 55 a des toiles peintes , fabriquées dans les Etats du Grand Mogol : on les tire de Surate. MANILLE. Ville des Indes , Capitale d'une Ifle du même nom. Cette Ifte eft du nombre des Philippines qui appartiennent aux Efpa-gnols. V. Philippines. Manille entretient un commerce avec !a Chine, & différentes régions de l'Inde ; elle en reçoit toutes fortes d'étoffes de foie , de toiles de coton peintes & imprimées , des épîces & autres productions qu'elle verfe annuellement dans Acapulco , port du Mexique. Voyez Acapulco. Les Efpagnols auroient un moyen facile d'augmenter leur marine Ôc de fe procurer les denrées, les matières premières Ôc les étoffes de l'Orient à aulfi bon marché que les Nations qui ont des comptoirs répandus fur tontes les côtes de ces contrées éloignées , en établif-fant une navigation direfte entre les Mes Manilles ôc les ports d'Efpagne. Ces Mes iituées à la tête de l'Aile, & adjacentes aux Empires de la Chine ôc du Japon , peuvent recueillir à très-peu de fraix les étoffes, les porcelaines ôc toutes les pro-D iij <4 MA du&ions de ces deux Empiles. Manille fe trouve également pouivne à tiès - bon compte de toutes les marchandifes des Indes , parce que les Nations Indiennes lui envoient leurs toiles ôc leurs autres richelfes pour en tirer les piafltes, que le vailfeau d'Acapulco lui porte tous les ans. Quoique les Hollandois pofledent la vente excluiive de la canelle , du girofle , de la mufcade i cependant on peut obtenir d'eux ces épices à meilleur marché en Orient qu'en Europe , ou du moins fe procurer le bénéfice du fret. L'Efpagne d'ailleurs par ce commerce direct affermiroit de plus en plus fon Empire fur ces Mes remplies dîê-trangers , ôc principalement de Chinois, qui n'attendent peut-être que la première oc-calicn pour exciter une révolution en leur faveur. MANNE. Suc ou efpéce de miel naturel qui s'emploie pour les purgations douces. C'eft une liqueur blanche qui diftille d'elle-même, ou quife tire parin-cilion des branches & des feuilles du frêne. On la recueille . principalement dans la Calabre & dans la Sicile. La première eft bonne , mais m peu grafie , la féconde eft M A ordinairement blanche ôc fe-che. On diftingue encore cette drogue par la forme qu'elle prend. Il y a la manne en grains ôc la manne en larmes. Celle-ci eft la plus eftimée, parce qu'elle eft or-dinairement plus blanche, plus agréable au goût , ôc moins remplie de matières étrangere5. Sa configuration lui vient de ce que les habi-tans du pays, qui font les incilîons aux frênes y mettent des chalumeaux de paille ou des biins de bois. La manne coule le long de ces points d'appui , & prend en fe condenfant la figure que l'on voit aux larmes. 11 faut préférer celle qui eft nouvelle , feche , légère, d'un blanc un peu roogeâtre , d'un goût agréable , ôc la plus pure qu'il eft poflible. On recon-noît que la manne eft nouvelle , Jorfqu'étant rompue on y apperçoit une forte de firop. Auifitôt qu'elle commence à vieillir , ce fitop fe defleche ôc laifle une conca. vite , dans laquelle il fe ren_ contre de petites aiguilles comme fi elle avoit été fu_ blimée. MANUFACTURE. Lieu où s'alfemblent plufieurs ouvriers ôc artifans , pour travailler à une même efpéce d'ouvrage , ou pour fabriquer M A de la marchandife d'une même forte. Après l'Agriculture & la Pêche , les Manufactures fo.i-ment la branche la plus considérable & la plus importante dù commerce d'une Nation. Elles augmentent la valeur de fes productions naturelles , & les plient aux divers .uiages dont la nature les rend fufceptibles ; ufirges auxquels elles ne convien-droient pas fans le fecours de l'art. Comme chaque fociété politique a aujourd'hui fes manufacturesc'eft à obtenir une Supériorité dans la confommation extérieure de leurs-productions, que doivent tendre tes efforts de celles qui connoillent le mieux leurs intérêts. On obtiendra cette Supériorité dans la consommation par, la plus grande variété pollible dans les ouvrages fabriqués , par la fidélité de leurs marques, qui afhirera le confommateur de la qualité ôc de l'efpéce de marchandife qu'il acheté, ôc encore mieux par le bonmar-ché de ces mêmes ouvrages. L'abondance des matières premières , la concurrence des ouvriers , le bas prix de la main-d'œuvre , la modicité des frais de tranfport contribuent également à ce bon «arche. M A çS Une marchandife doit être regardée comme étant à très-bon compte , iorfqu'elle fe vend au-delfous du prix d'une autre de même efpéce , de même qualité , de même perfection de travail. Les Anglois qui ont chez eux la main-d'œuvre très - chère , réulfiifent cependant à donner plufieurs ouvrages de leurs manufactures à très-bon marché , ôc à ruiner par la concurrunce les fabriques de plufieurs Etats où les vivres font à bas prix. Quel eft leur fecret ? Ils diftribuent les ouvrages de leurs manufactures parmi un grand nombre d'ouvriers de diffé-rens âges ôc de divers dé-grés de talens. La tâche que cnaque ouvrier doit fournir eft toujours la répétition de quelqu'opération. Cette pratique rend l'ouvrier plus parfait dans fa main d'oeuvré , lui évite l'embarras de changer d'outil Ôc accélère fon travail. 11 fe trouve aufli que par cette œconomie on peut employer pour les opérations les plus faciles les mains foibles des enfans, Ôc ménager le prix du falaire , en le mettant en proportion avec la force Ôc l'habileté de l'ouvrier. L*t plus grande variété , ou tous les affortimens pollibles D iv MA font demandés dans les ouvrages d'une manufacture , parce que les modes ôc les goûts varient dans chaque pays, & parce que le consommateur ne veut ou ne peut pas toujours payer le meilleur. Le plus grand nombre d'ailleurs préférera», par exemple , une étoffe légère , mince , qui aura de l'éclat, ôc fera à bon marché , à une étoffe mieux travaillée, plus durable , mais qui fera à un plus haut prix. Les foix donc qui obligeroient les manufacturiers à ne fabriquer que des draps forts ôc pleins, ou qui borneroient ces ouvriers à certaines qualités avanceroient peut-être la perfection des manufactures , mais ruineroieut les avantages que l'on doit en attendre , avantages qui confident indubitablement à s'attirer la préférence de toutes les claffes de confomma-teurs. » Si nous voulons, di-» foit M. Davenant, aux An-» glois , faire le commerce » du monde, il faut imiter » les Hollandois , qui dans » chaque genre font le meil-* leur ôc le pir. Par cette » conduite nous ferons en » état de fervir tous les pays, » chacun fuivant fon capital ce.» V.Matières-premières, concurrence , main-fcneuvrs* m a maquereau. Poiffon de mer fans écailles, ôc dont le corps rond , épais ôc charnu , peut avoir un pied de long. U a les yeux de couleur doré , Ôc paroît dans l'eau d'un jaune de fouffre. Lorfqu'il en eft dehors p fie qu'il eft mort, il a le ventre d'un blanc argenté , ôc le ref-te du corps parfemé de petites taches d'un bleu verdatre ôc foncé. Il fe fait une grande pêche de ce poiffon fur les côtes de France Ôc d'Angleterre. Les ports de France qui expédient le plus pour cette pèche, font ceux de Fecamp , de Dieppe , de S. Vallery en Caux , de Boulogne , de Calais. Dunkerque s'adonne principalement à la pêche du hareng. Le maquereau fe mange frais. Il s'apprête aufli ôc fe fale comme le hareng. Il fait même une partie du négoce de la faline. On l'apporte en vrac ou fans être paqué, lité ou arrangé , ôc on le livre à l'acheteur. Celui-ci le met en cuve -, fie après l'avoir lavé dans l'eau ôc l'avoir fait égouter , il l'arrange dans des barils ou des demi-baiils. Il a foin auparavant de femer légèrement du fei entre chaque lit de poiffon. On en fait entier m a trois cens pièces plus ou moins dans un baril, Ôc on y laifle une fauce, ou faumure , afin de mieux conferver le poiflon. MARBRE. Pierre fort dure qui reçoit un très-beau poli. Il y a des marbres d'une feule couleur , & des marbres veinés , ou marqués de différentes taches. Plus ces taches font vives 6k agréablement diversifiées , plus ces marbres font précieux ôc chers. Leur prix dépend encore de leur dureté Ôc de leur facilité à recevoir un beau poli. Le marbre blanc eft très-précieux , parce qu'on l'emploie pour les ouvrages de fculpture. Celui de rifle de Paros , dans l'archipel , étoit renommé chez les anciens par fa blancheur éclatante Ôc par fa dureté- Les plus belles ftatues de l'antiquité ont été faites de ce marbre , qui a quelque tranf-parence , ôc qui eft encore remarquable par fon odeur de fourre ôc par la finette de fon grain. Les anciens avoient aulfi de très - beaux marbres verds, des marbres bleus , ôc bien d'autres dont les carrières font épuifées aujourd'hui, ou inconnues. Parmi les marbres modernes on doit remarquer principalement ceux que l'Italie ma $7 nous fournit. Uy a dans le territoire de Grenues un marbre verd marqué de taches noires ôc blanches , ôc un marbre bleu turquin mêlé de blanc fale : mais les carrières les plus abondantes de cet état font celles de marbre blanc , dont on tire continuellement des blocs propres aux ouvrages de fculpture. On trouve à Florence un marbre figuré , ou il femble que l'on apper-çoive des châteaux , des tours , des arbres. Le marbre verd de Sicile eft marqué de taches noires ôc rondes. Le verd de Suze a des marques vertes Ôc noires qui te détachent fur un fond blanc. Le marbre brèche de Vérone eft un amas de cailloux , de- couleur rouge pâle , mêlé de jaune , de noir ôc de bleu-L'Allemagne , la Flandre fourniflent aufli de très-beaux marbres : au refte , il n'y a guerre de pays où on n'en trouve. Nous en avons plufieurs carrières en France.- Le S. Maximin en Provence eft un beau portor ( ainfi nommé parce qu'il femble porter de l'or ) dont le jaune ôc le noir font très-vifs. Le Narbonne a des taches jaunes fit blanches fur uù ç* ma fondviolet. Les carrières du bas Languedoc donnent auiii un marbre d'un rouge pâle , mêlé de blanc Le veid Cam pan tire fon nom d'un bourg de l'Evêché de Tarbes ; outre le verd, il offre du blanc, & différentes teintes rouges Led'Antin a le fond blanc , diftingué par. des veines Ôc plaques , couleur de rofe. II y a dans le Bourbonnois, proche moulins , une carrière de marbre rouge , jaune & bleu. Celui du village d'Echet, diocèfe de Com-minges , eft blanc Ôc noir. Celui de Eelvacahe , proche la même ville , eft verdâtre , ïcuge ôc blanc. On trouve dîu bleu Turquie à Cône en Languedoc ; de même que dm blanc mêlé d'incarnat , dont la carrière eft refervée pour le Roi. Il y a dans le même pays , du jaune ôc gris jafpé ; du Portor & du Cervelas , taché de rouge , de jaune Se de bleu. La Brèche deSauveterre a le fond noir, diftingué par des taches ou veines blanches ôc jaunes. Le Setacolin tire fon nom d'un village de même nom : îf prend fort bien le poli, ôc fa couleur eft ifabelie , rouge cV agathe. Le marbre de S. Berthevin , près de Laval, eft jafpé de rouge , de blanc & de gris , ou de noir ôc ma blanc , ou de blanc ôc bleu. A Argentre eft une carrière de marbre noir. Dans le Maine , pioche Sablé , il y a du maibre veiné en rouge Ôç blanc , fur un fond jaune ; ôç un autre qui eft rouge, blanc ôc noir. En Anjou , celui de S. ^erge eft noir , veiné de blanc : de même que celui de Chalonnes. Le marbre brun d'Ardin eft fufceptible du plus beau poli. La brocatelle eft un marbre nuancé , d'un grand nombre des plus belles couleurs , ce qui le fait reffembler à l'étoffe appelle brocard, d'où il a pris fon nom. L'Anda-loufie en fournit , que l'on tire d'une ancienne carrière près de Tortofe. Le marbre de laSainte-BeaumeauNord, de Toulon en Provence , approche de la brocatelle d'Efpagne , ôc offre d'agréables compartimens. II y a des pierres dures qui paflent quelque foispour des marbres , parce que ces pierres reçoivent • aflez bien le poli. L'Auvergne a des carrières d'où l'on tire une pierre très-recherchée, à cau-fe de la variété de fes couleurs , qui font la couleur de rofe , mêlé de verd , ôc le jaune mêlé de violet. On a appelle marbres fiers, ceux qui faut trop durs Si qui font MA fujets à sV-clater ; marbres filardeux ceux qui ont des efpéces de pailles peu propres à tenir leurs parties bien liées j terrajfeux eft le nom de ceux qui contiennent des veines ou de petites cavités remplies de tenaffes ,ou matières terreftres mal cimentées. Le marbre blanc réduit en poudre & mêlé avec de la chaux donne le ftuc , avec lequel on fait des ligures & des ornemens d'Architecture. On a réuiïï de nos jours à faire un marbre factice, d'autant plus agréable, que l'on peut y introduire telles couleurs que l'on veut. Cette compolition que les Allemands entendent fort bien, prend un beau poli lorfqu'elle eft fechée & durcie : elle fert à faire des tables, des confoles, des chambranles de ohéminée , Ôcc- M A R C. Poids en ufage en France , ôc dans plufieurs Etats de l'Europe pour pefer l'or, l'argent ôc les cho-fes les plus précieufes. On n'a commencé à fe fervir de ce poids en France , que fous le règne de Phillipe premier. Avant ce règne , on ne con-noiifoit que la livre de poids compofée de 11 onces : le poids de marc a varié depuis. Celui d'aujourd'hui eft MA ç> de 8 onces , qui ont pour fubdiviiions 64 gros ; le gros fe divife en 3 deniers i le denier en 14 grains , ce qui fait 4608 grains pour le marc. Le grain a aufli fes fubdivi-fions. On le partage en demis, en quarts, en huitièmes, ôcc. Le poids de marc original eft à Paris dans le cabinet de la Cour des Monnoies. 11 eft gardé fous trois clefs , dont l'une eft entre les mains dn premier Préfident de cette Cour ; l'autre entre celles du confeiller commis à l'inftroc-tion Ôc jugement des Monnoies , ôc la troifieme entre les mains du Greffier. Ce poids original a lervi pour étalonner en 1494. en con-féquence d'un Arrêt du Parlement du 6 Mai de la même année , celui qui eft au Châ-telet. C'eft fur ce dernier poids que les Balanciers, les Fondeurs, les Orfèvres , les Changeurs , les Gardes des Apoticaires Ôc Epiciers , & autres Marchands qui ont be-foin du poids de marc , font ■ étalonner celui dont ils fe fervent. Le poids de marc eft égal par toute la France ; ôc les étalons que les différentes Cours des Monnoies confer-vent dans leurs Grefs pour étalonner les poids de marc 6o MA de la province , ont été vérifiés far'celui rie la Cour des Monnoies de Paris. Nous avons indiqué aux articles des différentes places étrangères de'commerce , les divi lions de leurs poids de marc , & le rapport qu'ils ont avec celui de France. Voye?K les Articles de ces places de Commerce. ^MARCHAND. C'eft en général tonte perfonne qui acheté on qui vend des marchandées- On entend plus particulièrement par ce mot, celui qu? acheté , ou qui l'ait fabriquer des marchandifes , foit pour les vendre en boutique ouverte , ou en maga-fm. On peut admettre une différence entre Je Marchand & le Négociant. Celui - ci portes fes vues fur le commerce étranger, tranfpo'rte avi-dehors les productions de nos terres & de notre industrie , & contribue ainfi à augmenter nos ricneïfes numéraires. Le Marchand , àu^ contraire, borné à fa citcu-latîon intérieure , fe contente d'acheter de quoi fournir à cette circulation. Si fes occupations ne font point aulTi avantageuies pour la fociété que celles du Négociant , elles lont du moins très-utiles. II accrédite & fait connaître les nouvelles produc- M A tïons des manufactures mifes dans le commerce ; il en accélère la circulation par fon afiiduité ; il en augmente la eonfommation par le crédit qu'il fait fouvent aux parti-liers. ' Ou diftingue à Paris les Marchands qui font en ma-gafin, de ceux qui font en boutique. On appelle les premiers Marchands Grojjiers , & les autres Marchands Dé-tailleurs , parce que ceux-ci achètent en gros les denrées, ou les ouvrages fabriqués-, pour les revendre en détail , ou par petites portions aux autres citoyens. A Amfter-dam il n'y a aucune différence entie les uns & les autres. Il eft permis à chacun de faire tout enfemble le gros 6c le détail de fa marchandife. Ceux néanmoins qui font le trafic des vins & des eaux-de-vie étrangers , ne peuvent les détailler à moins qu'ils ne fé faifent recevoir Marchand de Vin. Lorsqu'un Marchand eu gros ou en détail fait pafler une partie de fes marchandifes chez l'étranger , on peut le confidérer alors com-. me Négociant ; c'eft le titre que nous accordons à celui qui exporte les productions de fon pays. V- Négociant Commerce M a Mais foit qu'an Marchand fe borne à la circulation intérieure , foit qu'il rafle le commerce étranger, fon gain ne doit jaunis être Séparé de celui de la Nation. V. Gain. Les Marchands de Paris font diftribués en fix Corps. Voye^ Corps. Leur Jurifdidf ion ordinaire eft celle des Jnges-Con-fuls. V' Confuls. Le Code Marchand eft un Edit de Louis XIV du mois de Mars 1673 , qui contient plufieurs difpofitions concernant le commerce. Voyez Code. Suivant cette ordonnance, perfonne ne peut être reçu Marchand qu'il n'ait vingt ans accomplis , & ne rapporte fon brevet & fes certificats d'apprentiflage & du Service fait depuis chez les Maîtres. Article 3. Les Marchands en gros & en détail font réputés majeurs pour le fait de leur commerce, & ne peuvent être reftitués fous prétexte de minorité. Article 6, M A RI L AN D. ( le ) cplonia Angloife de l'Ame*" riciue , eft fitué entre le tren-te-feptiéme degré cinquante minutes , & le quarantième de latitude feptentrionale. Il a pour borne à l'oneft de hautes montagnes, à l'eft la M, A 6t Baye de Chefeapeak & la met" du Nord ; au Nord la Baye de Delawie , & au fud la rivière de PoKomoacK. Cette province fe divife en onze Comtés. On lui a donné le nom de Marilund , c'eft-à-dire,, terre de Marie, en mémoire de Marie , épou-fe de Charles premier, Roi d'Angleterre. Le Mariiand faifoit partie de la Virginie ; il en fut détaché eu 1631 en faveur de George Calvert lord Baltimore. Charles premier lui en accorda la propriété , d'autant plus volontiers , que les Anglois n'7 avoient encore formé aucun établifli-'ment. Le nouveau propriétaire apporta tous fes foins pour rendre cette colonie floriflante. Lorfque le Chevalier Bernlei, Gouverneur de la Virginie. chafloit de fa province tous les non-conformiftes ; le Lord Baltimore qui connoiflbit mieux fes intérêts les recevoit dans les terres de fa concelïion. La propriété de cette colonie eft toujours demeurée dans la maifon de ce Seigneur ; mais c'eft la Cour qui nomme actuellement le Gouverneur & les membres du Confeil de la province ; ce Conlèil forme une efpé-ce de Chambre - Haute. La Chambre bafle eft compofée tfx MA des Députés de la Province , qui l'ont élus par les liabitans des différentes Comtés. Le pouvoir légiflatit appartient au GouveinctT , an Conflit & à l'Aflembiée Générale réunis. Le Gouverneur a la négative fur toutes les Loix que l'Aflembiée propo-fe , c'eft-à-dire qu'il peut les rejetter. Le Marilnnd n'eft point affujetti à faire confirmer en Angleterre les Réglerhens que fait fon Parlement- Ce privilège paroitra contraire aux intérêts de la Grande-Bretagne » fi l'on fait attention que les Gommiflaires pour le commerce & les plantations ne peuvent être inf-trnits que fort tard , de ce qui eft capable de préjudicier dans cette colonie au commerce de la Métropole. Le pays ne diffère point de ceiui de la Virginie , même climat, même fol, mêmes productions. Le tabac y fait pareillement la richefle des liabitans qui vivent comme les Virginiens difperfés dans la campagne au milieu de leurs plantations ; aufli dans ces deux provinces il y a très-peu d'habitansqui s'adonnent uniquement au commerce. On compte qu'il y a près de 40000 ames en Mariland fans les nègres. M A Cette colonie tire de» manufactures d'Adjfcïètétre tout ce qui eft néceflaire à l'ufage de fes liabitans ; elle donne en retour des peaux de daim , des fourrures , é< fon tabac qui eft pour les Marilandois un gnge d'échange général. Ils ne manquent pas cependant d'efpé-ces tant Angloifes qu'Efpa-gnoles, mais ils ne s'en fervent que pour les menues dé-penfes. MARINE. Mot formé du Latin mare , qui lignifie mer. On entend par marine tout ce qui regarde, foit l'ad-miniftration , foit le détail de la guerre , du commerce & de la navigation. On voit par cette définition que la marine a deux départemens , la guerre & le commerce. L'Angleterre féparée du continent par les mers , & ne pouvant avoir d'influence en Europe que par une marine pniflante , a tourné principalement fes vues vers ce grand objet. On peut même croire que ce font les Anglois , qui, dans leur enthou-fiafme , ont fait revivre cette maxime des Grecs & des Romains , » qui eft le maître » de la mer , doit le devenir » du continent. » Maxime qu'un de nos poètes a heu-teufement exprimé par ce m a •*prs : le trident de Neptune ejt le fceptre du monde. Il feroit facile de démontrer que 1 empire de la mer eft une chimère , parce que notre navigation , aulfi éteft-due que celles des anciens étoit bornée, exige des dé-Penfes infiniment plus con-fidérablès ; parce qu'un peuple, quelque riche & quelque puilfant qu'on le fup-pofe , ne peut fe procurer allez de vaifleaux & de matelots pour dominer fur toutes les mers , & à l'exemple de la Pvépublique Romaine, forcer tous les autres Etats à n'avoir qu'un petit nombre de navires. Si cependant la fupériorité des forces maritimes ne conduit pas directement une Nation à la Monarchie univerfelle ; cette fupériorité du moins la met dans la lituation de faire fon commerce avec avantage en tems de guerre & en tems de, paix. Elle lui procure néceflairement de grandes richeflés : le principal reffort de la puiflance. Les vaifi'eaux de guerres qui font des for-terelfes offenfives, en môme tems que défenfives, la rendent voifine de tous les Etats. Us lui donnent le pouvoir de fe faire craindre , aimer & vefpec"r.er à fon gré des peuples les plus éloigné*. ma 6* Le commerce & la pêche à leur tour ibutiennent ia flotte. Par tout où ces deux fources de travaux & de iî-chefiès languifiènt, il eft'itn-polfible d'avoir une marine redoutable. Ce n'eft qu'en fourniflant à un grand nom. bre de navires marchands ôt de vaifleaux pêcheurs , jfoc-calion d'être employés continuellement , qu'on vient à bout de former une pépinière de mariniers & d'ouvrier» en tout genre , pour le for-vice des vaifleaux du Km: mais ce font moins les voyages de long cours que le cabotage , le négoce maritime de côté en côté qui multiplie les hommes de mer. Les navigations dans les contrées éloignées dé-truifent les matelots , biea loin d'en engendrer ; le cabotage , au contraire, pré-fente un fervice beaucoup plus doux. Ceux qui n'ont point encore décidé Ha pro-felfion qu'ils doivent em-brafler , choifirent certainement par préférence lies occa-iions de travailler qu'ils ont devant les yeux qui ne îes éloignent pas trop flomg-tems de leur pays, <& où il y a moins de rifques à coa-rir. Plus ces occafions Tesien-dront lbuvent ■» pins eS3es engageront de jeunesgens à en ce cas , il eft d'usage ue le Sanfal rempliIfe foire en fa faveur, ôc qu'il palfe le (îen à celui à qui il remet la lettre ou le billet. Cent livres de Marfeille n'en font que 80 & 3 quart à Paris ; & ioo cannes de la même ville font 166 aunes i tiers à Paris. Les huiles s'y vendent à tant de livres la miilerole , qui fe divife en 1 x fcandals , ôc le fcandalen n livres ; ainfi la millerolle revient à 144 livres de Marfeille , qui en font environ 116 de Paris. MARSOUIN. Gros poiffon de mer appelle aulfi pourceau marin j parce qu'il gronde comme le pourceau de terre. L'ordonnance de la marine du mois d'Août I63i ne place point les marsouins au nombre des poif-fons. Royaux ; mais au rang des poiflons à lard. Lorsqu'ils échouent fur les gre. ves , ils font partagés comme épaves. S'ils font pris en pleine mer , ils appartien. «ent à ceux qui les ont pé- M a 7* ché. La chair du marfouïn eft: grade ôc noirâtre: elle peut fe manger. Il n'y a néanmoins que la graifiè ou l'huile de ce poifion dont on fftlié quelque commerce. On lui attribue la propriété de guérir les immeurs froides. Les Epiciers-drogniftes la vendent pure, ou mêlée de quelques aromates qui lui lont perdre Ion odeur forte ôc dé-fagréaile. MARTE ( la ) ne diffère de la fouine que par les couleurs des poiis. Elle habite principalement les pays froids. On en trouve quelquefois dans nos forêts ; mais en général , elles font aufiï rares en France que la roni-ne y eft commune. Les belles fourrures de mate fe tirent principalement du nord de l'Europe ôc de l'Afie , Ôc des terres feptentrionales de l'Amérique. La partie brune de cette pelleterie eft la plus eftimée i elle s'étend tout le long du dos de l'animal juf-qu'au bout de la queue. Il y a la marte zibeline qui donne une fourrure beaucoup plus précieufe. Celle - ci eft noire ; l'autre eft brune ôc fauve. Parmi les premières , on eflime principalement celles qui ne font faites que des pointes de la queue de E iv 3 •7» ma l'animal : elles font d'autant plus recherchées que le poil en eft doux , d'un beau noir luftré ôt fort long. Comme cette pelletterie s'achetetrès-chere ,* ceux qui en ront le commerce , Ôc m^me les Sibériens 6V les Kuiies ont cherché à l'imiter , du moins par la couleur. Us donnent une teinture à la marte îouf-fe , & la rendent aulTi noire que celle qui l'eft naturellement. On peut s'aifurer de cette faufie couleur , en fai-fant paffer deflus du jus de citroa. Cet acide détruira la teinture ôc mettra la fraude en évidence. Les martes Zibelines nous viennent pour la plupart de Mofcovie , par la voie d'Ar-çhangel ôc de Petersbourg, où il y en a des magafins. Les Anglois ôc les Hollandois en font le principal commerce. Veyez Sibérie. MARTINIQUE. Ifle de l'Amérique fepte'ntrionale , une des Antilles. C'eft la plus riche ôc la plus florif-fante colonie que les François aient dans les ifles. Us s'y établirent en 1635 ; on lui donne feize lieues de long , ôc environ quarante-cinq de tour. On a comparé la Martinique à caufe des inégalités de fon terrein , à une table qui feroit couverte MA de paîns de fucre. Cette déni rée fait aulfi le principal article du commerce de la colonie. Les habitans ont des rarineries chez eux , ôc gagnent par ce moyen le prix d'une main d'œuvre , qui de-vroit être entièrement re-fervé pour la Métropole. V. Rafinerie. Les autres marchandifes que la Martinique donne au commerce font du coton , du cacao, de la cafle ôc beaucoup de caffé. On retire aufli de cette ifle du carret, ou des écailles de tortue. Les principales places de cette Ifle font le Fort Royal ôc le Fort Saint-Pierre. C'eft à cette dernière place que fe rendent prefque tous les vaif-feaux qui partent de France pour les ifles du Vent. Le nombre de ces vaifleaux peut monter , année commune , en tems de paix à cent foi-xante,depuis cent jufqu'à fix cens tonneaux. Les charge-mens que leur donne la Martinique font d'autant plus confidérables que cette colonie , qui eft très-riche , entretient un commerce avec nos autres ifles du Vent. C'eft notre Compagnie des Indes qui fournit tes nègres , dont ces colonies ont befoin pour leurs plantations. Cts efclaves noirs fe MA vendent à la Martinique à tant; de milliers pefant de fucre, pièce d'Inde. Les vaif-feaux de Rouen lui portent tout ce. qui a rapport au vêtement ôc à l'entretien dès liabitans ; ceux de la Rochelle . de Bordeaux, de Nantes, de Saint-malo , les vins, les eaux-de-vie , les farines ôc autres denrées. Tout ce commerce fe fait principalement par échange i les bénéfices que l^Jp'rance en retire feroient pq^conlidérables , fi nous pouvions fournir aux habitans les fuifs Ôc les pro-vifiûns faîées qui leur font néceflaires, Ôc que nous fom-mes obligés de tirer d'Irlande. MASTIC. Mot tiré du grec;c'e(t le nom d'une gomme refîneufé que donne le lentifque, arbre qui croit aux Indes Orientales , eu Egypte ôc dans l'iile de Chio. Le ma flic eft de quelqu'u-fage en médecine. On s'en fert pour appaifer les maux de dents. Il entre aulfi dans la compofïtion des vernis, ôc eft utile aux orfèvres pour relever l'éclat de leurs diamans. Us le mêlent avec de ki terrebantine ôc du noir d'ivoire. Le meilleur, maftic , dit Cornet dans fon hiftoire générale des Drogues, eft en M A- 7j grofles larmes , & d'un blanc doré. Lorfqu'il eft mâché , il devient comme de la cire blanche. On préfère celui de l'iile de Chio à tout autre. U eft beaucoup plus gros , ôc d'un goût plus balfamiqne que celui qui nous vient dit Levant par la voie de Mar-feille. Les Levantins qui nous envoient ce dernier ont foin de mettre le plus commun au fond , celui d'après au milieu , ôc le beau au-deflùs. Us fie veulent jamais vendre l'un fans l'autre. Quand on acheté ce maftic du Levant, beaucoup plus répandu , il faut choifir celui qui n'a point été trié , qui eft en grofles larmes , de la couleur de celui de Chio , ôc le moins chargé d'ordures qu'il eft poflible. On a aufli donné le nom de maftic à différentes fortes de colles , ou de comportions , qui fervent à joindre un corps avec un autre. MASULIPATAN. Ville ôc port des Indes fur la côte de Coromandel , dans les Etats du Mogol, à l'embouchure,de la Grifna. On peut regarder cette ville comme un des premiers marchés de l'Inde , pour les mouifelines ôc les toiles peintes. U y en a de deux foites , les unes font peintes au pinceau , les 74 ma antres Amplement imprimés. Les premières font les plus eftimées ; mais les couleurs rie toutes les deux font également vives Ôc brillantes , ôc durent autant que la toile même. On trouve dans le Royaume de Golconde , dont Mafulipatan eft une ville maritime, une plante qui donne un tiè.s-beau rouge , ôc qui eft aufli eftimée dans les Indes que la cochenille l'eft en Europe. Voye\ indiennes > toiles peintes. Les nations qui entretiennent un commerce téglé dans ces contrées, ont des comptoirs ôc des magafïns à Mafulipatan. ,C'eft aufli l'endroit de la côte où l'on trouve à acheter le plus de riz. Cette denrée eft néceflaire pour le commerce qui fe fait d'Inde en Inde. MATASSE. C'eft le nom que les Négocians donnent aux foies greges , ou aux foies qui font par pelottes , & qui n'ont pas encore été filées. V. Soie. MATELOT. Nom commun de tous ceux qui fervent à la manœuvre néceflaire pour conduire un vaiffeau. Comme ce ' fervice exige dans celui qui en eft chargé de l'expérience Ôc de la fidélité ; on a cherché en France à s'aflùrer que les matelots MA ont ces qualités, en établif- fant des claffes où ils font enregiftrés dès leur première jeuneffe. On les infi. truit du pilotage ôc de tout ce qui concerne la marine. Chaque claffe doit fervir alternativement de trois ou quatre années , l'une fur les vaifleaux de Roi , fuivant la divifion qui en a été faite. Ceux de claffes qui ne font point dans leur^année de fervice , peuveflff s'engager avec les marchaneW ôc les navigateurs particuliers. Mais il eft défendu rflix maîtres de navires d'engager aucun matelot l'année de fon fervice , ni pour aucun voyage de longs cours qui puiilè empêcher leur retour pour ce tems. C'eft pourquoi le rôle de leur équipage , où l'année de la clatle de fervice de chaque matelot eft marquée , doit être vifé par le Commif-faire , ou Commis aux ciaf-fes établies en chaque département. Les matelots - pêcheurs font également aftraints au fervice lur les vaifleaux de Roi en tems de paix , comme en tems de guerre. Si cependant quelques matelots méritent des faveurs , ce font ceux-ci, par le plus grand profit qu'ils font à la nation parce que la plupart s'adon- ma nent à cultiver les terres entre les faifons des pèches > ce que ne peut faire un matelot caboteur ou de long cours. D'ailleurs en multipliant les matelos pêcheurs en tems de paix par des exemptions de fervice , on favorife la pêche, on fe procure en tems de guerre , où les pêches font interrompues , un plus grand nombre de matelots expérimentés , hardis & entreprenans comme font tous les matelots-pêcheurs. La différence que l'on remarque entre le foldat François ôt le foldat Anglois , fe retrouve entre le matelot Anglois & le matelot François s mais dans un fens op-pofé. II me femble que la mer foit l'élément du premier ; il eft plein de bravoure dans les dangers, de hardieiTe dans les entreprifes , de gaieté au milieu des plus grandes fatigues. Lorfque la guerre eft déclarée en Angleterre , les capitaines des vaifleaux de Roi ont le droit d'enlever fur Jes vaiffeaux marchands les matelots dont ils ont besoin , pour former ou recruter leur équipage ; c'eft ce q«i s'appelle forcer ; en An-R'ois to prejf ou to imprcj. On enlevé même les matelots des vaifleaux 'nur- m a 75 chands au milieu de leurs voyages. Plufieurs de ces vaifleaux n'ayant plus une chiourme fufrifante, oU le nombre de mains néceffaires pour la manœuvre , périlfent dans la traverfée. D'autres vaifleaux, par la même raifon , ne pouvant revenir , demeurent dans les ports des colonies. Il nait aufli de là , comme plufieurs Ecrivains Anglois l'ont remarqué, un abus qui fe commet fur les mers éloignées par les capitaines des vaifleaux de guerre. Us dégarniflent un vaiflèau marchand de fo» équipage, & vendent enfoite à d'autres capitaines les matelots qu'ils ont forcés. On a bien fenti en Angleterre les inconvéniens qui réful-tent de l'ufage d'enlever par force les matelots, qui fervent fur les vaifleaux marchands , pour les tranfporter fur les vaifleaux du Roi. Le Gouvernement a travaillé à les prévenir ces inconvéniens, en faifant trouver dans le fervice du Roï , fur mer , des avantages qui donnaffent de l'empreffement pour y entrer.'C'eft ce motif qui porta Guillaume III & fes Succeffeurs à fonder diffé-rens hôpitaux qui ferviffent d'azile aux mariniers invalides & aux veuves , ainfi ' 7& ma . qu'aax enfaus de ceux qui viendraient à périr par les armes ou dans les eaux , loifqueces mariniers fe feintent entôlés. de bonne volonté" pour Ja flotte Royale. • II tant croire que cet attrait n'a pas été aflez puiflant pour faire préférer au matelot Anglois [le fervice du Roi à celui du Négociant, on que ce fervice fur les flottes du Roi eft extrêmement dur en Angleterre ^ car lorfque les ordres vieurent pour faire les recrues t la, plupart des mariniers tachent de s'y fouitraire par la retraite. MATIERES d'or &> d'argent. On appelle ainfi l'or Ce l'argent qui font encore en barres & en lingots. Ce nom a été donné également aux efpéces d'or & d'argent , confédérées fans avoir égard à leur valeur numéraire- Ces deux métaux étant les plus parfaits ôc les plus précieux » font aufîi ceux que l'on a reconnu comme les plus propres à nous fervir de lignes mutuels de nos échanges. Ils en font aufli le gage , parce qu'ils peuvent s'employer à différens ufages de la vie civile II a été quef-rion de leurs qualités de Cgnes à l'article monnoie ; nous les çonfldererons ici MA comme marchandifes 5c comme gages ; car c'eft en leur qualité de marchandife qu'ils nous répondent de la valeur de celles que nous donnons en échange. L'or a toujours été plus cher que l'argent , non feulement à caufe de cette plus grande perfection , que l'on a reconnu dans ce premier métal ; mais parce que. les mines du fécond fe font toujours trouvées plus abondantes. Cette abondance néanmoins a varié dans tous les pays ôc dans tous les tems. L'or a été autrefois à l'argent comme un eft à dix. Avant la découverte du Nouveau Monde , il étoit comme un eft à douze , c'efl-à-dfre , que pour une once d'or , on ne trouvoit que douze onces d'argent. Les mines du Mexique ôc du Pérou ont rendu non-feulement ces métaux précieux plus abondans, mais même elles ont fait hauflër la valeur de l'or contre de l'argent, qui s'eft trouvé en plus grande quantité. Cette proportion a été portée dans tous les Etats de l'Europe d'un à quatorze ôc quinze , en France d'un à quatorze ôc demi. V. Louis d'or, or. Mais depuis que le Portugal continue de tirer du m a Bréfil des fommes immer.fes d'or , la proportion ou la valeur refpedtive de ces.deux Métaux , a commencé à baif-fer de nouveau ; iï ce n'eft pas dans les monnoies , du moins dans les prix du marché. Ce qui a encore du- renchérir les matières d'argent ; c'eft la grande quantité qu'on en a tait palier en Oient , où elles font à plus haut prix qu'en Europe- L'or ne vaut que douze fois fon poids dans les Etats du Mo-gol , dix fois-en Chine , huit fois au Japon. Au'ii rechange de l'argent contre de l'or a été pendant long-tems dans ces pays Orientaux une branche de commerce , pour nos Compagnies Européennes qui trafiquent aux Indes. Ce commerce n'eft plus aufli lucratif aujourd'hui , parce que le prix He l'or elt un peu augmenté parmi les Chinois. Pour fe former une idée plus fimple du traric des matières d'or 6k d'argent, on peut considérer l'argent comme la feule monnoie. L'or ne fera regardé pour lors qvle comme une matière qui doit haufïër de prix , ainfi que toutes les marchandifes , fuivant la plus grande on moindre quantité qui s'en trouve an marché. Dans les places de commerce, effectivement, ma 77 ce n'eft point le priz fixé par la loi , mais celui du marché qui détermine la valeur in-trinfeque de ce précieux métal. U eft donc de i'iméiêt des nations d'avoir égard a. ce dernier prix , pour établir une proportion convenable entre leurs elpéces d'or ôk d'argent. Si cette proportion n'eft pas bien écabiïe3 l'efpéce la moins prilë s'écoulera hors du P».oyaume , malgré tous les obftacles. Les Négocians de France , de Hollande , de Hambourg ■> qui ont des fonds à Lisbonne , les tirent en or par le pacquebot d'Angleterre, 6k d'Angleterre en argent,poqsr profiter des avantages que le défaut de proportion leur donne far ces Etats. Vays^. Monnoie» Dans l'achat des méramc communs, comme fer , cuivre , étain , on s'occupe peu de la quantité d'alliage que ces métaux retiennent, parce-que le prix de cet alliage ne diffère jamais beaucoup de celui du métal même. Il n'en eft pas ainfi de l'or 6k de l'argent ; "ils font d'une valeur fi fupérieùrè aux autres métaux , que les plus foibles alliages peuvent caufer des pertes confidérables à l'acheteur. Auffi ces matières fe vendent non- feulement au 7» m a poids, mais encore relativement à leur titre, ou à leur degré de pureté. C'eft par le "moyen de l'eflai, que l'on conuoît le titre de l'or ou celui de l'argent Voye\ Ef- . Nous avons dit aux articles de diftérentes places de commerce , la manière dont on y exprime le titre de l'or & de l'argent, les poids en ufage pour les peler , le prix de ces métaux lorsqu'il a été fixé par la loi , &c. Voye\ les articles de ces places» l MATIERES premières. Ce font les productions de la nature que l'induftrie a'a pas encore mis en œuvre , comme les chanvres , les lins , les laines , les foies crues , &c. On a toujours penfé, avec raifon , que la meilleure manière d'exporter fon fuperflu, c'eft de le mettre en œuvre auparavant. Mais lorfque l'étranger peut trouver ailleurs des matières premières à aufli bas prix , ôc de la même qualité que les nôtres ; c'eft encore une bonne méthode 'que de lui permettre l'extraction de ce fuperflu. Au trement on prive l'Etat du bénéfice des productions de fon fol , ôc on arrête l'ac-croiflement de ces mêmes productions , parce que le cultivateur, qui appréhende m.A que l'abondance de la den-rée ne l'aviliflé , n'en recueille que ce qu'il faut pour fon trafic. Que gagneioit un Etat, la Fiance , par exemple , qui a des manufactures de toiles, à refufer le fuperflu de fon chanvre aux fabriquans Anglois ? Elle les obligeroit d'en tirer du nord , ôc per-dioit au détriment de fon agriculture le-bénéfice qu'elle auroit pu faire fur cette denrée. Si les productions naturelles appartiennent à un fol exclufivement à tout autre telles que les épiceries des ifles Moluques, ou fi les ma. tieres premières ne fe trouvent pas dans la même bonté dans d'autres pays , comme les laines d'Efpagne , d'Angleterre , il n'y a point de doute que l'exportation en doit être prohibée abfolu. ment. C'eft fur ce principe que les Hollandois fe (ont refervé à eux feuls le commerce des épices pour gagner le bénéfice de la navigation, ôc que les Anglois ont défendu la fortie de leurs laines , afin de faire le profit de la main-d'œuvre. Voye^ Angleterre. A l'égard des productions qui fervent à l'aliment de hos manufactures, ôc qui fe trouvent également ailleurs, oa M B doit en permettre librement l'extraction fans nuire néanmoins aux fabriques nationales , qui doivent être toujours pourvues à meilleur marché que lès étrangères. Il y auroit une méthode bien fimple à fuivre pour faciliter ce bon marché des fabriques i ce feroit d'établir un prix courant dans les ports , au-delfus duquel on défen-droit rigoureufement la for-tie des matières premières. Le confommateur & le cultivateur feroient également favorifés par ce plan. Le dernier auroit toujours l'efpé-rance de vendre fa denrée, queiqu'abondance qu'il en eut. M A U R I C*E. ( L'Ifle ) ou Vlfle de France. Ifle d'Afrique qui a environ quinze lieues de circuit > on doit regarder cette petite ifle comme une véritable colonie Françoife. Son territoire eft fertile, & peut être propre à différentes productions très - utiles au commerce. Elle a un port fur & commode , les vaifleaux y trouvent des vivres & des rafrai-chiflemens. En général cette petite ifle eft regardée comme un excellent lieu de relâche. MEDAILLE. Pièce de Biétal qui reprefeate le por- M E 79 trait d'une perfonne illustre , ou quelqu'évenement extraordinaire avec une légende , ou une infcription qui y a rapport. Comme les médailles font d'un grand fe-cours pour la reconnoiflance de la chronologie , de l'hif-toire , des pompes & des cérémonies de l'antiquité, il s'eft toujours trouvé des fça-vans laborieux & des Princes amanteurs du vrai, qui fe font occupés à raffembler à grands frais des fuites méthodiques de médailles pour en former un médailler capable de prononcer fur leurs doutes-Dans 'les principales villes d'Allemagne , d'Italie & dans les Echelles du Levant, on rencontre des particuliers» qui , bien informés de l'eftit-me que les étrangers ont pour ces fortes de monu-mens, s'adonnent à en raffembler plufieurs pour les vendie avec profit. Mais ces marchands antiquaires ont introduit dans ce commerce une induftrie deftructive qu'il eft frien important de ÇOB-noître , lorfque l'on ne veut pas être la dupe de leur prétendue bonne foi. On fçait que ce n'eft ni le métail, ni le volume qui rendent une médaille précieufe , mais fon antiquité ,.la rareté , ou de la tête, ou du revers, to M E ou de la légende , la manic-'re donc elle eft confervée, la perfection de la gravure. Les médailles Grecques , indépendamment qu'elles font plus rayes , plus anciennes que les Romaines méiitent une jufte préférence pour la beauté de la fabrique ôc la correction du dellein , pour l'exactitude avec laquelle on y voit exprimés jufqu'aux mufcles & aux veines de leurs figures. Ces médailles font d'ailleurs foutenues par un très - grand relief. Les médailles de bronze augmentent encore de prix par la beauté du "ferais que leur ont fait prendre certaines terres , dans lesquelles on les a fouvent trouvé enveloppées- Cette efpece de vernis, que l'art jufqu'à prefent, n'a pu imiter qu'imparfaitement, donne à quelques médailles un beau vermillon , ou un bleu turquin , qui eft, corn-' parable à celui de la tur-quoifc. U répand fur d'autres une couleur brun^rès-tclatante, très-polie jBk fu-périeure à celle de nos figures bronzées. La couleur ordinaire eft un beau verd qui s'étend fur la gravure , fans en dérober les traits les plus délicats. Le bronze feul en eft fufceptible ; car pour l'argent , la rouille verte qui s'y 1YI E attache ne fert qu'à le rater. Les marchands antiquaires , que l'on peut appelle! à plus jufte titre brocanteurs^ empruntent de différens acides un vernis femblable pour cacher les délauts d'une médaille , ou les changemens qu'ils y ont fait dans 'es légendes , arin de la rendre plus précieufe. U y en a même qui ■ mettent les médailles en ter- ' re , afin de leur faire côtr-tracter une ceitaine rouille capable d'en impofer aux amateurs un peu novices. Mais l'expérience apprend à fe défendre de cette fuper-cherie ; ces médailles d'ailleurs ne retient jamais aflez long - tems en tene pour y prendre cette belle rouille , que l'on ellime plus que le métal le plus précieux. A l'égard du vernis que l'on obtient par le moyen des acides , il ne peut jamais avoir la couleur , l'éclat ôc lé poli du vernis que donnent naturellement les fels de la terre. Les médailles moulées ou les médailles antiques contrefaites par le moyen des moules de fable , font également faciles à reconnoî-tre. Les grains de fable qui s'impriment toujours fur le champ de la médaille , les bords më bords qui ne font pas aufli polis, aulfi arrondis q%e ceux des médailles frappées i les caractères , qui loin d'être francs , font pochés & épa-ïés i les traits qui ne font, ni aufli vifs , ni aufli tranchans » tout cela décelé ces médailles contrefaites. U eft vrai que ces pièces moulées font quelquefois réparées fi adroitement , qu'elles paroilfent frappées. D'ailleurs par un Vernis obfcur que l'on répand fur le métal, on parvient à couvrir les petits creux que les grains de fable y laiflent par leur inégalité. Mais ce Vernis toujours tendre fe laif-appercevoir. Le grand poli qu'il donne à la médaille , fert encore à la rendre fuf-pecte. L'expérience en effet apprend que le métal des médailles antiques prélente toujours une furface un peu rude. La marque du jet , qui ne peut être bien effacée que par la lime & les bords qu'il faut arrondir, laiflent appercevoir des coups de limé, qui prouvent encore la faufleté de la pièce. Il eft poflible néanmoins , qu'au lieu de fable , On fe ferve d'une autre com-pofition , qui prenne fi bien 1 empreinte des médailles & *fes rendent fi fidèlement , qu'il ne foit facile de les dif-tinguer des originales que par Tome IL ME &* le poids du métal. On fçait que le poids d'un métal moulé , & néçeifairement raréfié par la chaleur, eft toujours moins denfe , moins pefant par conféquent que le métal frappé. Il eft plus facile de diftîn-guer les médailles antique» qui ont été réparées , & dont on a fait revivre en quelque forte Jes figures auparavant éteintes. On n'a pu parvenir à relfufciter ainfi ces figures , qu'en attachant au métal une forte de maftic ou de ciment^ ôc en le travaillant enfuite proprement. Pour mafquer cette fupercherie , on étenct fur toute la médaille Un vernis , en forte que l'on ne peut s'en appercevoir , fi l'on ne fait promener le burin fur la médaille iùfpecte. Lorfque l'on voit qu'il mord plus dans un endroit que dans un autre, il ne faut pas d'autre preuve qu'il y a des morceaux ajoutés. Indépendamment de cet indice , on peut remarquer furies médailles répavées de certains coups de burin trop enfoncés , des bords trop élevés , des traits raboteux ôc mal polis. Les médailles fourrées étant très-difficiles à contrefaire , femblent mériter plus de confiance que les autres. D'aiUeurs un marchand m& F 8* ME daillifte ne trouvant pas grand profit à épargner le prix du métal, préférera fans doute de ne point fourrer les médailles , & de deux difficultés d'en fauver une. Mais comme il le trouve des brocanteurs très-attentifs à mettre à profit le goiit des amateurs pour les médailles rares ôc ifîngulieres , il eft néceflaire de leur indiquer le piège qu'on peut leur tendre. On jçait que ces fortes de médailles, que les médailliftes appellent fourées » font l'ouvrage des faux monnoyeurs anciens. Ils contrefaifoient les coins des monétaires , ôc prenant une légère feuille d'argent ou d'or , pour couvrir le cuivre qu'ils enchâf-foient ainfi dans leur médaille , il la frappoient avec beaucoup d'adrelfe. Ces médailles font ordinairement plus raies que celles qui font d'un bon aloî, parce qu'auflitot que la fraude a été reconnue les coins ont été caflés , ôc l'ef-péce décriée. Le fripon qui veut les contrefaire à peu de frais , perce des médailles moulées ou de coin moderne, ôc infère un fil de laiton dans le trou qui a été fait. Il paîTe enfuite la lime deflùs, enfor-te qu'il n'y a point d'autre moyen de découvrir la fraude que de fonder la,mé- M E daiile avec un poinçon , & d'en faire fortir le fil de cuivre. Les médailles battues fur l'antique ,ou dont l'emprein-ée a été répaiée par des coins modernes peuvent tromper un moment. Mais lorfqu'on y prête attention , on remarque que le relief de la médaille eft pour l'ordinaire , ou trop fort ou trop foible , que les bords font trop peu con-fervés à proportion du champ ôc des figures ; d'ailleurs les traits vifs ôc nets de la. gravure indiquent qu'on y a touché. Il eft peut-être plus fimpîe de faire des coins exprès fur les médailles antiques ôc rares , Ôc de les reftituer de nouveau. Cette fraude peut réuiTir d'autant mieux , qu'il eft vifible que ces médailles ne font ni moulées, ni retouchées. Les artifles antiquaires , qui fe font montrés les plus habiles dans ce genre d'induftrie, font le Padouan , le Parmefan ôc Carteron Hollandois. Les coins qu'ils ont gravés pour reftituer plufieurs médailles antiques, ont contribué d'autant plus à jetter le trouble , ôc la confufion dans le commerce des médailles , que leur genre de gravure a quelque chofe deféduifant. Les taédaîlle , qui font fortiet du coin de ces artiftes , font néanmoins trop bien confer-vées pour ne pas paroître , finon faunes, du moins très-fufpedtes. L'œil du métal , fon poids moindre que celui des anciennes médailles, 6c encore mieux le caractère différent de la gravure , bien inférieure à l'antique, dont le %le mâle & fier tient plus du grand , doivent aufli donner de juftes foupçons à l'amateur éclairé. Avouons néanmoins , à la gloire du Padouan Ôc du Par-mefan , qu'on ne peut approcher plus près de l'antique que ces deux ardues. Si on examine bien leurs genres de gravure , on pourra y trouver quelque différence. On re-connoîtra qae le Padouan a plus de feu , le Parmefanplus de douceur. Les coins du premier font pour la plus grande partie dans la bibliothèque de Sainte - Geneviève. MEGIE. C'eft l'art de paf-fer ou de préparer les cuirs en blanc pour le fervice de certaines manufactures , ôc principalement pour celui de la ganterie. Les peaux que le Megiflîer deftine au Bourrelier , font préparées avec du fon de froment, du fel marin Ôc de l'alun. Mais pour ME *j celles que le Gantier doit employer , le Megiflier fait d'abord ufage dn fon après les préparations ordinaires. 11 fe fert enfuite de la fine fleur de froment qu'il mec en œuvre avec le fel ôc l'alun , ôc des jaunes d'œufs délayés enfèmble à l'eau chaude. Il fait du tout une bouillie , dont les peaux font empâtées ôc nourries dans une huche, j C'eft du Megiflier que les Parcheminiers reçoivent les peaux dont ils ont befoinpouï faire leur parchemin Ôc leur? velin. V* Parcheminier. Les Megiifiers compofenC à Paris une Communauté d'Artifans , dont les anciens Statuts font de 1407. Ces Statuts ont été augmentés ÔC confirmés par François premier ôc Henri IV. Ils contiennent plufieurs articles concernant le négoce des lai* nés qui peut être fait par les Maîtres de cette Communauté. MELASSE. C'eft cette partie fluide , grafle , ôc en confidence de firop , que donne le fiacre après qu'il a été rafiné. Ce firop fert aux mêmes ufages que le fucre blanchi , ôc eft beaucoup moins chère, il sien con* fomme beaucoup par ces peuplades immenfes , mais 84 më pauvres , qui occupent le continent Anglois de l'Amérique Septentrionale, depuis le canal de Baham jufqu'à l'Acadie. On tire aufli de la melafle une liqueur que PAnglois , rival de notre commerce ôc qui voit toujours avec un œil jaloux nos avantages , a foin de fuftituer autant qu'il peut à nos eaux-de-vie , foit dans le Nord , foit fur les côtes de Guinée. Comme l'ufage de cette eau - de - vie eft défendu en France , nos rafineries de fu-cre envoient la majeure partie de leurs mélafies en Hollande , où elles fervent à la préparation des tabacs , & tiennent lieu de fucre rariné à ceux qui ne veulent point en faire la dépenfe. Voye^ Guildive , Eau-de-vie» MENUISERI E.C'eft l'art de travailler le bois avec le rabot , la varlope, les gouges , le cifeau. Cet mot paroît formé de menu , parce que les IMenuifiers travaillent en petit , du moins en comparaifon des Charpentiers. Il eft bien des efpéces de bois qui ne font d'aucun fervice pour la marine ôc les ouvrages de charpente ; mais que l'on recherche beaucoup pour l'ufage de la menuife- l\î E rie. Tels font les bois de ht?- • tre , d érable , de poirier Ôc pommier fauvages, de meri-fier, de cornouiller, de tremble , de peuplier, de tilleul s de lapin ôc autres. Les bois de chêne, que l'on ne peut exploiter en bois de marine ou de charpente, s'emploient très-bien en menuifeiïe. V» Merrein. Quand les bois , deftinés pour les différens ouvrages du Menuifier , font de grof-feur convenable , il peuvent être débités avec la fcie. En Hollande , en Allemagne , il y a des moulins qui façonnent promptement, à peu de frais, ôc en grand nombre toutes fortes de planches. On donne à ces planches la longueur que l'on veut , fuivant l'ufage marchand , qui eft depuis fix ôc neuf pieds juqu'à douze , quinze, ôc rarement dix - huit pieds , h moins que ce ne foient des fapins , dont on fait des planches qui ont jufqu'à trente pieds de longueur. A l'égard de la largeur, il y a toujours de l'avantage à fcier la planche , de manière à . lui conferver toute fa largeur polfible : pourvu que les côtés foient bien drelfés cela fuffit. On a aulfi calculé qu'on tiroit un plus grand parti des planches fciées, faiw que la ME Jûéce ait été équarrïe auparavant , il y a moins de copeaux ôc de déchet par conséquent. L« planche , il eft vrai , fe trouve quelquefois beaucoup plus large par un bout que par un autre ; mais cette plus grande largeur eft Souvent employée avec fuccès par le Menuilier. Tous les bois propres pour la menui-ferie peuvent fe flotter , à l'exception des bois blancs , comme le tremble, le peuplier ou le tilleul qui fe pour-rifl'ent dans l'eau. Le chêne, l'érable, le noyer , le poirier , le coudrier , gagnent au contraire à être flottés. L'eau en délaye la feve , les rend plus tendres aux outils des ouvriers , d'une plus belle couleur ôc moins fujets à fe déjetter quand ils font une fois bien fecs. Il en eft de même du fapin. Les Menuifiers d'ajfembla-ge , qui travaillent en grofle menuilërie , Ôc les Menuifiers de placage , ou les Ebe-niftes qui s'occupent d'ouvrages de marqueterie ôc de pièces de rapport , ne font à Paris qu'une feule ôc même Communauté. Ses premiers Statuts remontent à l'année i MERCERIE. Ce mot tiré du latin , Merx , Mercis, dé-tffiue toute marchandife, tou- ME 85 te chofe dont on peut faire commerce ou trafic. Le Corps de la Mercerie eft le troifieme des fix Corps des Marchands de Paris. Charles VI lui donna fes premiers Statuts en 1407 ôc 1711. Ils fuient confirmés ôc augmentés par les Rois Succeffeurs. Louis XiV les confirma au mois d'Août 164,. Ce Corps eft fi étendu ôc ii confidéivble qu'il eft divife comme en vingt claffes différentes. Il y a entr'au-tre les Marchands GroJJiers qui vendent en gros, en balle ôc fous corde tout ce que les autres Corps peuvent vendre en détail, à l'exception des draps de laine , dont le débit leur eft contefté. Les Marchands de draps en étoffes d'or , d'argent , de foie ; les Marchands de dorures, qui ne vendent que des galons, des bords , des dentelles ; les Quincailliers qui ne font négoce que de marchandifes de quincaillerie ; les Marchands de fer , les Marchands de foie en botte , ôcc. font de ce Corps. On peut voir dans fes Statuts du mois de Jan-vrier ifïi j , fort au long , ôc dans un grand détail toutes les marchandifes de m^erie qui peuvent faire ' *** commerce der Ces Statuts I P me Mercier;, GroJJiers , Jouaïl-liers. Le Corps de la Mercerie eft celui, qui, par l'étendue des objets qu'il embrafle , exige le plus d'intelligence & de connoiifance. C'eft encore celui qui contribue davantage à répandre au-dehors $es productions de nos fabriques 6c de notre induftrie. Il jnériteroit par cette raifon «d'être regardé comme le premier Corps de Marchands , 6c non parce qu'il ne manufacture aucune marchandife. Un Fabriquant actif ôc intelligent , fera toujours regardé comme plus précieux à l'Etat , comme plus difficile à remplacer que fon Commif-fîonnaire, ou que le Marchand auquel il a confié la vente des marchandifes qu'il a fabriquées. Voye\ Fabriquant. MERISIER. Arbre qui porte pour fruit une efpèce de petite cerife rouge , ou noire , qu'on nomme Merife. Le bois du merifier eft fort dur, 6c très-propre par l'éclat de fon poli pour les ouvrages de tour , de tabletterie ôc de marqueterie. Sa couleur eft d'un jaune un peu pâle. MERREIN. Bois refendu en petites planches plus longues que larges. Il fert i faire des tonneaux , des ÏVt e barriques ôc autres vaiffeau* Le merrein s'emploie encore dans la conftrudtion des batteaux. La confommation qui s'en fait pour cet ufage eft considérable. On choiu't pour cela le merrein le plus long ôc le plus large qu'il eft poilïble de façonner. Le merrein pour la menuiferie doit aufli avoir beaucoup de largeur. Son épaiifeur eft d'environ un pouce , ôc on lui donne de longueur depuis trois pieds jufqu'à quatre ôc demi. Lorfque ce bois de fente , qui eft un bois de chêne tendre ôc de droit fil, eft parfaitement fec , il fe dejette moins que le bois de fciage. Quand il fe trouve fans ancun nœud , on eu fait des ouvrages très-propres. Les Hollandois qui tirent cette marchandife du Nord par la mer Baltique, 6c de Hambourg par la voie de l'Elbe, le vendent fous le nom de bois de Hollande. Sa beauté confîfte à être bien veiné : il s'emploie communément à faire des panneaux dans la menuiferie. Lorfque l'on veut avoir un bois d'une belle couleur , ôc qu'il ne foit point fujet à la vermoulure , on le jette dans l'eau aufirtôt qu'il eft façonné : mais on* a foin que les eaux foient ME tîettes 6c courantes . lorfque l'on deftine ce merrein pour les futailles. Le goût d'une eau croupie pourroit fe communiquer au bois , ôc donner à la liqueur qu'il renferme-roit une pointe de faveur dé-fagréable. Ce n'eft pas la feule obfervation que Ton doit faire dans l'achat du merrein pour les barriques de liqueurs ; il faut encore remarquer l'efpéce de bois employé, ôc la manière dont il eft débité ou fendu. Le chêne , le châtaignier donnent un merrein très - bon pour les futailles. Les Languedociens fe fervent avec un pareil fuccès du faule ôc du mûrier blanc. Mais le fapin , le peuplier , Ôc tous les bois tendres ne font propres que pour les vaifleaux deftinés à ferrer des marchandifes feches. A l'égard de la manière dont le merrein eft débité , les meilleurs res douves ou planches pour les barriques de liqueur , font celles qui font fendues dans le fens des rayons qui traverfent tous les cercles de la feve du bois. Ceux qui connoiflènt la texture des arbres, fçavent qu'une planche fendue fuivant les lignes perpendiculaires à ces mêmes rayons, préfenteroit di-recftment à l'action des li- queurs un tiflu fpongteux , une efpéce de rezeau , formé par les fibres longitudinales qui conduifent la levé. Cette planche , ou le merrein ainli fendu , ièroit moins propre par confequent à contenir le vin , les eaux de-vie. Il pourroit être d'ailleurs plus mjet à fe gerfer. Cette oblerva-tion eft d'autant plus importante à faire , que bien des Marchands l'ignorent , ou vous la lailfent ignorer. Le plus petit merrein , lorfqu'il eft quairé ôc qu'il a au moins un pouce d'épaif-feur , fert aux Menuiliers à faire les panneaux des parquets. S'il eft. fort étroit, ôc qu'il ait quinze ou dix - huit pouces de longueur , on l'emploie à faire des barillets. La latte-feuille eft encore une efpéce de merrein très-mince , qui a fon utilité pour compofer les enduits de plâtre , ou de chaux , aux plat-fonds ôc auxcloiibns de bois. La latte la plus étroite eft employée par les couvreurs, fin général il a beaucoup d'avantage à faire du merrein , parce qu'il fert à bien des ufages , ôc parce qu il y a peu de longueurs en bois qui ne puiflent y être employées i il furBt que le bois foit fain ôc fe fende bien F iv tH ME droit. L'exportation de cette marchandife eft aufiï un des articles les plus confidéra-Ues du commerce des colonies Angloifes de l'Amérique Septentrionale. La Norvège & l'Allemagne en fourniflent beaucoup qui paf iênt par les mains des Hollandois. MESSINE. Ancienne ville de Sicile : elle eft fur Je Détroit qui porte fon nom, & auprès du quel eft un pha-Te, ou une tour , avec un fanal pour éclairer les vaifleaux pendant la nuit. Son port eft vafte , magnifique , <6c un des meilleurs de l'Italie. Son commerce principal eft en foie non travaillée , & en étoffes de foie. V. Sicile. On tient les écritures à ÎMefline , ôc dans tout le Royaume de Sicile, en onces, tarins & grains. L'once vaut 30 tarins, ôc le tarin 10 grains. Les monnoies étrangères ont cours à Meffine. Le Louis d'orvieux de France , du poids de la piftole d'Efpagne , y vaut 44 tarins. L'ufance des lettres tirées, des places étrangères fur Meffine eft comptée de »o jours de vue, le jour de l'acceptation compris ; ces lettres doivent être acquitées Jç vingt-unième jour j à dé- ME faut de payement proteftee*i L'ufance des lettres tirées de Parlerme fur Meffine , ôc de Melline fur Palerme n'eft que de quatre jours de vue , celui de l'acceptation compris : ces lettres doivent être payées le cinquième jour. On n'accorde aucun jour de faveur , ni à Palerme , ni à Melline aux lettres de change. Lorsqu'elles font à jour certain ; elles doivent être payées le jour de l'échéance. Si elles font à vue à leur préfentation. Le quintal ou cantaro de Sicile de 100 rottos, ou livres de 30 oncesSiciliennens, rendent 196 livres à Marfeil-le , ôc 158 cinq huitièmes à Paris. Cent livres de 11 onces de la même ville 63 trois huitièmes à Paris. La canne , qui eft la mefure pour les étoffes, eft de 8 pans, Ôc l'aune de Paris ne rend que 4 pans ôc demi à Meffine j ainfi 100 aunes de Paris feront 56 cannes un quart à Meffine , ôc 100 cannes de cette même ville 177 aunes trois quarts à Paris. La mefure pour les grains eft la falme. Il y en a deux , la falme générale ôc la falme grolfe ; la falme générale fert à mefurer le bled , ôc la falme grolfe les orges, les fèves , ôcc. Cent falmes groflëjs ME fendent *oo charges -a Mar-ièille , & 100 falmes générales 166 deux tiers , qui font 105 fetiers trois quarts à Fa-lis. Suivant ce dernier rapport 100 falmes générales doivent faire 176 fetiers un N quart à Paris. Les huiles fe vendent à Melline ôc aux environs, à *ant de tarins le caffis de x 5 livres de 11 onces , poids de Sicile , dont les 100 livres ne font que 6$ livres j huitièmes de Parisjainii le caffis revient à ij livres trois quarts de Paris. MESURE. On doit comprendre fous cette dénomination tout ce qui fert à con-noître & à déterminer la grandeur, l'étendue ou la quantité de quelque corps. Les mefures n'ont été ad-mifes dans la fociété qu'après que le commerce devenu plus étendu , a fait connoî-tre aux hommes une plus grande variété de productions. On reconnut qu'il y avoit des effets trop précieux pour déterminer au hafard la quantité qu'on de-Voit donner de ces marchandifes , en échage de moins rares. Les premiers effais de l'Architecture avoient produit différentes mefures li-n«ues,relatives pour la plupart à |a grandeur du corps ME »? humain, ou de quelques-unes de fes parties. On appliqua ces mefures à l'étendue des corps folides , ôc on fe procura la toife ôc l'aunage. La coudée des Egyptiens étoit une mefure prife depuis le coude jufqu'à l'extrémité dé la main. Du cube de cette mefure ils formèrent leurs mefures creufes, ôc de la pe-fanteur du cube d'eau de ces mêmes mefures , ils dérivèrent leurs différents poids. Chaque Etat, chaque Province même a aujourd'hui fes mefures ôc fes poids qui lui font particuliers. Le pied cube d'eau douce eft la règle de tous les poids ôc des mefures de continence du Dan-nemarck. Il feroit peut-être àfouhaiter, pour le bien & la facilité du commerce, que les autres Etats, ainfi que,le Dannemarck, priifent pour Etalon ce pied cube d'eau douce ; on détermineroit plus facilement le rapport de la capacité , ôc du poids des différentes mefures entr'elles. V' Copenhague* Mais ce qui empêchera toujours que le poids, ôc les mefures d'étendue ôc de continence, deviennent uniformes dans le commerce , c'eft que chaque Etat vou-droit que ce lût les fiennes qui ferviffeiit de mefures $ô ME communes. Ne pourrort-on pas du moins établir cette cniformité, on cette égalité entre les mefures des Provinces d'un même Royaume l Les tentatives que l'on a faites en France fous Phi-Bppes V, ôc long- tems après pendant le miniftere de M. Colbert pour accomplir ce projet , prouvent que s'il n'efl pas impollible, il feroit du moins très-difficile à exécuter. Nous avons mis aux articles des places de commerce, leurs différents poids Ôc mefures , 6c le rapport qu'ils ont avec ceux de Paris. V. ces articles. METAUX Corps pe-fans , brillans , opaques 6c malléables, ou qui s'étendent fous le marteau. Suivant cette définition , on ne doit compter que fix métaux, deux parfaits, ôc quatre imparfaits. Les métaux parfaits font l'or 6c l'argent ; les autres font le cuivre , l'étain , ïe plomb 6k le fer. Quelques Chtmiîles ont admis un fep-tieme métal qui eft le vif-argent ; mais comme il n'a pas "la malléabilité , il eft mieux de le regarder comme en. corps métallique d'une claffe différente. Le vif-argent a fon utilité particulière fizas le commerce , ainfi que ME tous les autres métaux dont nous venons de parler. J/~, Vif-argent, &> les articles de ces différens métaux. Indépendamment des fer-vices que l'or 6t l'argent rendent à la fociété comme métaux ; ils nous font encore très-précieux comme lignes 6c gages de nos échanges. V% Efpéces, Monnoie. Ces métaux précieux ont une valeur réelle 6c intrin-feque. Ils ont encore un prix relatif, qui eft déterminé par celui du marché. Une Nation qui connoît fes véritables intérêts , doit nécefiairement fuivre ce rapport. Sans cette attention , elle fe verroit bientôt dépouillée par les autres peuples du métal , dont elle ne feroit pas une eftime proportionnée à celle que ces mêmes peuples lui accordent. Voye\ Matières d'or (r d'argent. METROPOLE, Ce mot, ainfi que celui de colonie , eft emprunté des anciens. La métropole, dans leur langage eft l'Etat qui a fondé la colonie. V. Colonie. MEULE. 11 y a différens arts 6c métiers qui fe fervent de meules* Celles des Couteliers ôc des Taillandiers font de pierre de grais trèï-dure ôc d'un grain fort ferré. L'Angleterre en four- ÎVÎË nït qui font très-recherchées; celles qui viennent de Bourgogne peuvent valoir autant que celles d'Angleterre. Les Quincaillers ôc Marchands de fer en font à Paris le commerce. Les Miroitiers - Lunetiers tirent de Lorraine les meules fur lefquelles ils ar-tondiflent la circonférence des lunettes , ôc d'autres ouvrages d'optique. Les Lapidaires ont diverfes meules d'acier, d'étain ; «1 fe fait anfll des meules de bois pour adoucir les ouvrages de coutellerie. Les meules de moulins qui font des pierres dures, ra-boteufes, taillées en rond , d'un pied environ d'épaif-feur , ôc d'un diamettre plus ou moins grand , avec un trou au milieu que l'on appelle l'oeil, font un article aflez considérable de commerce. U y a en France bien des carrières d'où fe tire cette forte de pierre. Plufieurs meulières de Brie , de Bourgogne donnent des meules d'un excellent grain & de la meilleure qualité : elles ont la plupart un très-beau fon, ôc peuvent moudre toutes fortes de grains fans échauffer la farine. Il raut aufli pour que ces meules foient eftimées parfaites , que la farine forte moelleu- MÉ 9t fe, bien curée ôc fans aucua fable. MEXIQUE . ou la Nouvelle Efpagne. Cette vafte de riche contrée a environ 760 lieues de long » 140 dans fa plus grande largeur , Ôc n 50 lieues de côtes, dont la moitié s'étend fur la mer du Sud, ôc l'autre moitié fur la met du Nord. Jean de Grijalva la découvrit ; mais ce fut le brave Cortés qui en fit la conquête en içiS.LesEfpagnoJs auxquels ce pays appartient, lui ont donné le nom de Nouvelle Efpagne. Il a auflî retenu celui de Mexique, à caufede fa ville capitale ap-pellée Mexico- , Les principales denrées de la Nouvelle Efpagne font la laine , le coton , le fucre, le cacao qui fe cultivent avec fuccès dans la province de Guatimala , la foie , la cochenille, les plumes, le miel, le beaume , l'ambre, le fel , le fuif, les peaux, le tabac , le gingembre , & différentes drogues pour la médecine. On doit ajouter à toutes ces richeflès les pierres précieu-fes, ôc l'or ôc l'argent qui fe tirent , foit des mines , foit des fables des rivières. Quelques Géographes ont dit que Mexico étoit la ville du plus grand luxe , parce que fes habitans qui ont che;ç «z ME' 1 eux , l'or, l'argent , & les pierres précieufes en plus giande abondance que les autres , peuples, les emploient avec plus de profulion dans leurs parures. Cette capitale eft Tendioit du Mexique où fe fait le plus grand commerce. Son port , du côté de la mer du Nord,eft Vera-Crux ; ♦3c du coté de celle du Sud Acapulco. V. Acapulco. Les Efpagnols entretiennent leur commerce à la Nouvelle Efpagne , par des flottes qui s'expédient de Ca-♦dix pour la Vera- Crux. Leurs retours peuvent être moins riches que ceux des vaifleaux qui vont à Terre Ferme , à caufedes marchandifes de la Chine , que le vaifleau d'A-capulo verfe dans cette dernière pofleflion Efpagnole , & par rapport à la contrebande qui fe fait au Mexique par la mer du Nord. Les navires de regiftre qui s'expédient pour Campêche , Ta-bafco , Honduras, ôc autres endroits de la Nouvelle Efpagne , du côté du Nord , Souffrent encore beaucoup dans leur trafic par le commerce interlope des Anglois. V. Efpagne. Au Nord de la Nouvelle Efpagne , il y a le Nouveau Mexique qui appartient aufli aux Efpagnols. Ils y ont MI / trouvé, ainfi que dans pref-que toutes leurs poflèflione en Amérique , des mines d'or ôc d'argent, des turquoifes , des émeraudes , du criftal Ôc des perles. L'air de cette contrée , ainfi que celui de la Floride , dont ils font les maîtres en partie eft tempéré , ôc paflé pour être très-fain. C'eft une raifon de plus pour l'Efpagne ,'de tourner les foins vers ces colonies, Ôc d'accoutumer les fauvages qui les habitent à fuivre nos mœurs, nos ufages , afin de procurer à l'Europe une plus grande confommation de fes Fabriques. MIEL. Efpéce de firop , ou fuc liquide , fort doux a que les abeilles compofent de ce qu'elles recueillent fur les fleurs & les plantes. Le miel eft plus ou moins bon , fuivant la qualité des plantes ôc des fleurs qui naif-fent dans un pays. La Corbière , petit bourg à trots lieues de Narbonne , a dans fon territoire beaucoup de thim, de Romarin , & d'autres plantes aromatiques. Le miel que les abeilles lui donnent eft pour cette raifon très-recherché. II eft bien connu fous le nom de miel de Narbonne. Le meilleur eft celui qui eft épais, grenu, Ôc qui approche pour le coup IYI I d'oeil du fucre Royal. Son 1 goût eft agréable & picquant; fon odeur douce & un peu aromatique. Le miel des autres endroits du languedoc & de la Provence eft bien différent du premier ; il n'eft pas d'un auflï beau blanc , il . eft moins gracieux au goût & n'a pas cette odeur de romarin , à moins que ce ne foit Par artifice ; ce qui n'arrive que trop fouvent, ditPomet, dans fon Hiftoire générale des drogues : mais on re-connoit -. aifément la fuper-cherie par la quantité de fleurs de romarin qui fe trouvent dans le fonds desbarrils, on mélangées avec le miel. Le miel blanc de Narbonne , de Provence 6c celui des environs de Paris , appelle miel du pays , s'obtient fans le fecours du feu , & de la preffe : on le nomme pour-cette raifon miel vierge, il découle de lui-même desgâtaux nouvellement faits , 6c placés fur des nates d'ozier , que l'on pofe fur un vaifléau bien net. Le miel qui eft reçu dans ce vaiffeau eft d'un blanc clair ; il s'épaiflît en peu de tems, 6c devient dur ôc grenu. Lorfque les gâtaux font mis dans des facs de corde , ôc ferrés fortement -par le moyen de la preffe , il en fort un miel inférieur au pre- M I cimier ; il eft moins blanc 6c fon goût n'eft pas aufli agréable. Il y a une troifieme efpéce de miel que l'on obtient de tous les gâteaux, après qu'ils ont été expofés au feu dans des chaudières avec un peu d'eau, ôc mis fous la preffe. Ce miel eft jaune ôc plus ou moins bon, fuivant le degré de chaleur qu'il a reçu. S'il eft refté trop long-tems fur le fen, au lieu d'être d'un beau jaune doré , il devient d'un jaune brun , ôc d'un odeur défa-gréable. La Champagne , la Tou-raine , la Picardie , la Normandie nous fourniflent beau-, coup de miel jaune. Le plus recherché eft celai de Champagne. Il faut , dit Po-met , le choifir nouveau, d'une bonne confiftance,d*tm jaune doré . le plus grenu & le moins chargé de cire qu'il eft poflible. C'eft à la bonne qualité de ce miel que les Pains-d'Epiciers de Rheims doivent la réputation de leur pain - d'épice. Le miel de Normandie eft le moindre de tous. Il eft facile à reconnoî-tre par fon odeur forte, par fa couleur rougeatre, ôc parce qu'il vient dans des pots de grais appelles talevannes, ou pots à beurre. C'eft celui que les Apoticaires em- 9 le boif-feau quatre quarts, le quart quatre litrons. Les quarante-huit minots font le muid. Cette marchandife s'achète i mefure comble. 98 MI Le minot de charbon fait la moitié d'une mine qui contient feize boiflèaux : ain-ii ce minot de charbon eft de huit boiflèaux. Chaque boif-feau fe divife en demi & en quarts. Les quarante minots font vingt mines, qui com-pofent le muid. Les marchands de charbon ne font point obligés de donner leur marchandée comble ; mais ils doivent toujours laiflèr quelques charbons au-deflus du bord ; c'eft ce que l'on appelle mefurer ' le charbou fur bord. A l'égard du charbon de terre, il fe mefure comble , ôc l'on compte par demi-mi-nots. V. charbon* Le minot de fel diffère des autres. Il eft compofé de quatre boiflèaux. Les quatre minots font le fetier, & les douze fetiers le muid. Le muid de fel par conféquent eft pareillement compofé de quarante-huit minots. Cette denrée fe mefure rafe avec la trémie. MIROIR. On peut donner ce nom à toute fnperficie unie ôc capable de refléchir la lumière j car il y a des miroirs de cryftal, de verre , d'acier poli ; il y en a aufli qui proviennent du mélange de plufieurs métaux fondus ensemble. Ces derniers mi- MI roîrs font d'un grand ufàge dans la dioptrique ôc la ca-toptrique, où l'on a befoin d'une grande précilîon. C'eft ce que l'on ne peut obtenir des glaces enduites par derrière d'une amalgame d'étain Ôc de mercure. Ces miroirs donnent toujours deux images de l'objet, l'une par la furface antérieure , l'autre par le teint qui couvre la dernière , avec cette difféience cependant que celle-ci eft beaucoup plus forte. Les miroirs de ci y ftal , ou de glace néanmoins , étant plus légers , moins coûteux , d'un poli plus durable que le métal , Ôc réprefen-tant les objets d'une manière bien plus vive , font les feuls dont on'faflè ufage pour les toilettes ôc la décoration des appartemens. La forme de ces miroirs eft variée fuivant la fondf ion à laquelle on les deftine.L'Angleterre étoit autrefois feule en pofleflion de fabriquer des glaces courbées i mais depuis peu il s'eft établi à Paris , avec privilège du Roi , une manufacture de miroirs concaves. On y courbe des glaces de toutes grandeurs pour les pendules en cartel, ôc autres meubles qui ont befoin de verres concaves ou convexes/Cette manufacture prend de jour m o en jour plus de faveur, ôc les glaces qui en fortent font déjà plus recherchées que celles qu'on tire d'Angleterre. Les miroirs fphériques y reçoivent un teint particulier, ôc qui eft celui qui leur convient le mieux- Le grand miroir du cabinet du Roi, donc l'eifet furpaife celui des meilleures lentilles a été fabriqué dans cette manufacture. Les miroitiers forment à Paris une Communauté très-nombreufe , parce que l'on y a réuni celle des Blimbotiers avant le règne de Henri III , ôc celle des doreurs fur cuir Vers le milieu du règne de Louis XIV. MOIRE. Etoffe de fore qui a le grain fort ferré. Il fe manufacture aufli des moires dont la trame eft de laine , de poil ou de coton. On dif-tingue deux fortes de moi-res_ , l'une qui eft liiTe ou unie ôc fans ondes , l'autre qui eft tabifée ou ondée comme le gros taffetas nommé tabis. La différence de la moire lifle ôc de la moire ta* bifée , ne confifte qu'en ce que la première ne pafle pas fous la calendre , ôc qu'on y met h féconde. Celle-ci Pieflée fous la calendre par des méthodes éloignées de "ordinaire reçoit du cyliu- Itt O M dre , quoique parfaitement uni , une preflion inégale. Les poils de cette étoffe , plies en fens contraires , pré-fentent par conféquent une furface qui doit refléchir di-verfement la lumière , ôc for» mer les ondes qu'on apperçoit V. Tabis. Il fe fabrique à Paris ôc k Lyon de très-belles moires, Ôc qui ne le cèdent en rien à celles qu'on tiroit autrefois d'Angleterre. Les moires de la Chine font peu eftimées» MOLLETON. Etoffe de laine croifée Ôc très mollette, d'où lui eft venu le nom de molleton. Cette efpéce de petite ferge tirée à poil d'un côté , ôc quelquefois des deux , ne s'emploie que pour des doublures ou des véte-mens d'hyver , parce qu'elle eft très-chaude : on en fabrique dans plufieurs provinces de France. Ces molletons ont fait oublier ceux qu'on tiroit autrefois d'Angleterre. Us ont communément demi-aune demi-quart, ou deux tiers de large , fur vingt à vingt-trois aunes de long , mefurô de Paris. M O L U Q_U E S. ( Jes ) Ifles de la mer des Indes. On en compte cinq i Ternate , Tidor , Motir , Machian ôc Bachian. Toutes ces Ifles qui font fort petites font Gij fituées fous l'équateur. Elles étoient autrefois fous la puif-fance d'un Roi Indien , qui faifoit fa réfidence dans la première de ces Ifles. Les Portugais s'en rendirent maîtres peu de tems après leur arrivée dans les Indes i mais ils fuient obligés de les céder en 1605 a *a Compagnie des Indes Orientales de Hollande. Cette Compagnie s'eft aflurée depuis par plufieurs Traités faits avec le Souverain de Ternate du commerce exclufif des doux de girofle. Mais comme Am-boine & Eanda peuvent fournir aux Hollandois plus de doux , de noix & de fœlis qu'il ne leur en faut, ils ont obligé le Roi de Ternate , aufli bien que les autres Princes des Moluques d'arracher tous les arbres qui donnent la mufcade ôc le girofle:* enforte qu'actuellement on y trouve que quelques fauva-geons de l'efpéce. La Compagnie donne pour cela en tribut ou enpréfent au Roi de Ternate une fomme annuelle d'environ dix-huit mille rix-dales. On ne doit donc regarder les petites ifles Moluques que comme les boulevards de la Compagnie dans ces cantons. C'eft le plus grand avantage qu'elle en îire 9 «ar le profit qu'elle MO fait dans ces Ifles fur fe9 marchandifes fe réduit à peu de chofe , ôc ne peut balancer les fommes confidérables qu'elle eft obligée de fournir pour l'entretien de fes forte-tefles ôc de fon Gouvernement. On a aufli compris fous i0 nom général des ifles Moluques toutes les Ifles qu'on trouve au midi des Philippe nés. V. Amboine , MacaJJar t Timor ; Banda. MOMIE. Mot Perfan , qui s'écrit mumie dans cette langue , ôc qui lignifie cadavre feché. On a donné ce nom aux corps tirés des puits ou Catacombes peu éloignées du Caire , dans lefquelles les Egyptiens les enfermoient après qu'ils avoient été embaumés. 11 y a une autre efpéce de momies, ce font des cadavres deflèchés par l'ardeur du foleil. On en trouve fouvent au milieu des fables brûlans de la Libie* Cette dernière efpéce de momie n'eft d'aucun ufage en médecine. Elle ne fe montre dans les cabinets des Natura-liftes , que pour nous offrir une image plus fidèle de notre trifte condition. La médecine faifoit plus d'ufage autrefois qu'aujourd'hui des corps embaumés. On a reconnu que l'on étoit MO redevable de la principale vertu qui leur étoit attribuée aux aromates , dont ces cadavres font remplis. Ce qui n'a pas encore peu contribué à nous guérir de la prétention où .nous étions à cet égard ; c'ell l'empreflement qu'eurent les Juifs du Levant de mettre à contribution notre bonne toi. Ils faifoient fé-cher au four des cadavres qu'ils avoient auparavant préparés avec la pouîfiere de myrrhe i d'aloé's cabalin , de bitume de Judée , de poix noire ou d'antres drogues plus communes , & nous les vendaient comme vraies momies d'Egypte. Si quelqu'un ajoute encore foi aux vertus ntédécioales de cette momie Egyptienne , il doit préférer, dit Pomet, dans fon hinoire générale des drogues , celle qui eft belle , tuifante , bien noire , non remplie d'os ni de pouffiere, d'une bonne odeur & qui étant brûlée ne fent pas la poix. On a aufli donné le nom de momie à plufieurs bitumes naturels, & à différentes drogues compofées. • MONNOIE ( la ) eft la mefure , l'équivalent ou le £a&e » fi l'on veut , des choies qai entrent dans le commerce. Lorfque les échanges en M O ioi nature furent devenus em-barraffans par la multiplication des hommes & des be-foins , par la difficulté de conferver les chofes échangées , trop fujettes à fe corrompre ; on chercha une matière facile à tranfoorter , d'une garde ailée , & propre à différens triages de la vie , afin que le figue des denrées pût aufli en être le gage. Les métaux s'offrirent aux hommes ; on les choisit parce qu'ils font durables , parce qu'ils fe confirment peu par l'ufage , & que fans fe détruire ils font capables de beaucoup de divifions. On donna la préférence aux métaux précieux , comme l'or l'argent , pour la commodité du tranfpoft , & afin qu'ils remploient mieux leurs fonctions de gage. Voilà l'origine & l'efiènce de la monnoU. Mais ces métaux précieux ne fe trouvant point dans une égale abondance, & chacun -d'eux étant capable de recevoir une plus grande perfection , ou moins d'alliage dans fa composition ; il conve-noit que chaque portion de ces métaux , fût accompagnée d'un certificat authentique de fon poids & de fa finefle. Les hommes convinrent donc de termes pour exprimer les parties de la plus grande tôt m o nnefle , dont chacun de ces métaux eft fufceptible i à fi-neffe égale de donner un plus grand volume des moins rares en échange des plus rares. Le Législateur mit fon empreinte fur chaque portion de métal , afin de faire con-noître au vendeur qu'en recevant cette pièce de métal , il la recevoit d'un tel poids , & amenée par la fonte au titre ou au degré de finefle qu'on lui certifioit. On a appelle ces pièces de métal , ainfi marquées d'une empreinte, monnoie , moncta, mot qui dirive de monere, avertir. La dénomination de la monnoie fut d'abord prife de fon poids, c'eft-à-dire , que ce qui s'appelloit une livre , pefoit une livre. La mauvaise foi ôc la cupidité retranchèrent de ce poids en différens tems y la dénomination de la monnoie eft reliée : mais n'eft plus qu'idéale. Il faut par conféquent diftin-guer deux fortes de valeur dans la monnoie , l'une in-trinfeque ou réelle , qui con-fîfte dans le prix qui refaite de la matière , du poids & du titre de la monnoie ; l'autre extriufeque ou numéraire , qui n'eft autre chofe que cette eftimation que lui donne le coin du Prince.i fuivant la- mo quelle eftimation feulement il eft permis aux fujets de fti! puler. Ainfi l'image du R0i dans un Louis d'or marque chez toutes les Nations que cette portion d'or eft la trentième partie d'un marc , âc que fon titre eft à vingt-deux carats. Cette image marque de plus aux François , qUe cette efpéce a une valeur nu. méraire de vingt-quatre livres. Les Souverains qui ont feuls le droit de donner leur empreinte à la monnoie, peuvent aulli en augmenter la valeur numéraire ; mais quels que foient les changemens , qu'ils apportent aux efpéces, elles ne font reçues par l'Etranger que fur le pied de leur valeur intrinfeque. La monnoie venant du dehors n'eft pareillement reçue qu'au titre & au poids i & cela fe pratique pour donner l'avantage au coin du Prince , chez lequel l'argent fe tranf-porte. De ce que l'on ne confidere que le titre , & le poids des malles d'or & d'argent dans les monnoies , il s'enfuit que l'alliage où les parties hétérogènes qui compofent avec les parties de fin le poids d'une pièce de monnoie , ne font pas évaluées dans les ventes à l'Etranger. Mais ces parties d'alliage ayant une valeur intrin-» MO feque * la Nation qui donne le moins de dégrés de finefie à fes monnoies perd donc le plus dans fes échanges au-dehors. On doit aufli conclure de ce que les efpéces ne font reçues qu'au titre ÔC au poids , que les titres étant égaux c'eft la quantité qu'il faut donner du métal le moins rare , pour équivalent du métal le plus rare , qui forme la proportion en-tr'eux. S'il furvient des variations dans cette proportion , foit par la plus grande abondance des mines d'un de ces deux métaux,foit par une autre caufe ; il eft néceflaire pour lors d'augmenter ou de diminuer la valeur numéraire de l'or ou de l'argent, relativement au prix que les Nations commerçantes établif-fent entre ces deux métaux ; c eft la feule exception à la maxime qu'il ne faut pas toucher aux monnoies. Un Etat qui laifieroit à fes efpéces d'or ou d'argent une valeur numéraire plus forte que celle que fes voifins lui accordent , fe verroit bientôt dépouillé à fon grand détriment du métal qu'il eftimeroit le moins. V. matières à'or 6-d'argent, efpéces. Monnote. de compte ou de change. C'eft une monnoie idéale introduite dans le M 0 ïo j commerce pour la facilité des calculs : ainfi l'on peut distinguer deux fortes de monnoies , l'une réelle ôc l'autre imaginaire ou idéale. La plupart des Nations commerçantes ont de ces deux fortes de monnoies. Notre écu de fix francs, par exemple , eft une monnoie réelle ; ôc notre livre une monnoie idéale, parce qu'il n'y a point de pièce qui la repréfente. On a fouvent fait des tables de rapport du prix des monnoies étrangères en-tr'elles ; mais ces tables ne font ordinairement bonnes que pour la fpéculation. Dans l'ufage ordinaire du commerce , c'eft toujours le cours du change de nécefli-té , qui détermine le prix des monnoies. Ajoutez que les agioteurs , qui cohfùl-tent plus leurs intérêts que ces tables , ne manquent jamais de regarder les monnoies qu'ils reçoivent comme moins chères que ce lies qu'ils donnent. U eft néanmoins intéreflant pour le Commerçant de connoître , avec la aeniere précifion , le paii? des monnoies réelles des différens pays. C'eft pour donner cette connoiflànce que nous avons établi à l'article des efpéces étrangères le poids ôc le titre de ces *04 M O différentes efpéces, ôc le rapport des poids avec lefquels on pefe l'or ôc l'argent, t.'eft en effet de la connoiflance exacte de tous ces différens rapports, poids ôc titre , que dépend la jufteffe de la com-parailon. Voyez les articles particuliers des efpéces étrangères. MONOPOLE. Trafic qui fe fait par celui qui le rend feul le maitre d'une marchandife. '^e mot vient du Grec îAsvài, feule ; ôc IL»*** i vendre, ^n a donné le nom de monopoleurs à ceux qui font des amas exceffifs de marchandife , de quelque efpéce que ce foit , dans le def-fein de la rendre rare & d'être les feuls qui en ayent » pour la vendre à un prix exhorbitant. Les monopoleurs doivent être regardés comme des ennemis de la fociété, qui la privent autant qu'il eft en eux du bénéfice de la concurrence : aulfi tous les Etats ont fe-verement défendu les monopoles. La loi la plus ancienne , que l'on connoifle fur „cette matière , eft celle de l'Empereur Zenon. L'ordonnance du Roi Jean de 1î$5 > ôc celle de François premier de 1539 font conformes à cette loi. Suivant 1 «fprit de ces ordonnances , MO ck de différens arrêts du Far* lement, les perfonnes d'une même proieflion,qui font en. t'relles des conventions préjudiciables au public , fe rendent également coupables du crime de Monopole. Ondoie mettre pareillement au rang de ces ennemis de la fociété ceux qui abufant du ctédit qu'ils ont,obtiennent des pri-, viléges excJufifs pour jouir feuls d'un bénéfice qui ne leur eft pas dû. MONT de piété. Compagnie autorifée par lettre» patentes du Souverain , pour prêter de l'argent fur des gages Ôc des nantiffemens. Plufieurs villes d'Italie dévorées par l'ufure excitèrent la générofité de quelques citoyens à favorifer , félon, leur faculté , l'établiffement d'une caiffe, qui prêtât fang aucun intérêt de l'argent à ceux qui étoient dans le befoin : origine des monts de pieté. C'étoit en effet le zele pour le bien public qui les avoit formés. Le piêt n'eft pas abfolument gratuit dans ces. établiffemens, on exige un intérêt , de ceux principalement qui empruntent de fortes fommes ; mais cet intérêt ne doit être regardé que comme un dédommagement des frais que la banque eft obligée de faire pour fa MO ï.égie. Il s'eft trouvé cependant plufieurs Compagnies qui ont obtenu le privilège de pareilles banques pour y gagner. Des ufuriers ou des Juifs Lombards cherchèrent en Flandres , à l'ombre des plufieurs privilèges > les moyens d'exercer fur les perfon-nes qui étoient danr le befoin les mêmes cruautés qu'ils s'é-toient permiiès en Italie. On a appelle depuis Lombards , ou maifon des Lombards , une maifon où ceux qui font preflés d'argent trouvent à emprunter à un certain prix, au moyen des effets qu'ils laiffent pour gages. Bien des villes d'Italie ont des monts de piété. Lorfque le Concile de Latran, terminé en 1517 , eut approuvé Ôc confirmé ces fortes d'établif-femens, Paul III, par une bulle de l'an 155 j , en forma un dans R.ome , ôc ordonna qu'il auroit toujours un Cardinal pour protecteur. A Gennes il y a le mont de la confervation. V. G. (Etatde ) L'Angleterre voulut ériger de pareilles banques, fous le nom de charitable corporation , mais ces établiffemens furent Si mal concertés, qu'ils ne fublifterent que cinq °n Six ans. Leurs fonds en Efpagne font très-modiques, $ il n'y a pour cette raifon M O *o$ que le petit peuple qui puiffç en retirer quelqu'utilité. On a défilé en France qu'il y eût dans les villes le9 plus ponfïdérables de cet Etat des monts de piété, fur le modèle de celui de R.ome , où les petites fommes font prêtées gratuitement,^ les plus considérables le font à un intérêt léger , proportionné aux irais ôc aux charges de la maifon. Ce feroit le moyen le plus fur d'éteindre ces familles d'ufnn'ers , qui confirment les profits du pauvre , Ôc lui demandent davantage , à raifon de l'ignominie dont on couvre leur infâme métier. MONTASINS. Sorte de coton fî'é qui nous vient du Levant par la voie de Mat> feille. MONTICHICOURS. Etoffes des Indes fabriquées en foie ôc coton. U y a des pièces de cinq aunes fur deux tiers, ôc de huit aunes fur deux tiers trois quarts , ou cinq dixièmes de large. MONTPELLIER. Grande ôc belle ville de France i la plus confidérable du Languedoc après Touloufe , ôc la plus commerçante de la Province. Son trafic confifte fur tout en verd-de-gris , en huiles , en vins , en eaux-de-vie q-;i s'embarquent , foit pour la Hollande > foit pour to6 MO Hambourg, i Cette, port de mer à cinq lieues de Montpellier , & auquel cette ville communique par le canal de Grave. Cependant le feul commerce de banque qui s'y fait, confifte en lettres fur Paris ou fur Lyon ; les Négocians qui font les achats «es eaux-de-vie , de vins , &c. remettent leurs lettres fur la Hollande, fur Hambourg , ou fur l'Angleterre à leurs correfpondance de Paris ou de Lyon qui les négocient. On accorde dans cette ville dix jours de faveur aux lettres & billets de change ; mais pour être en règle , à défaut de payement , il faut faire protefter avant que le dixième jour foit expiré. Cent livres de Montpellier font évaluées à 3j livres un tiers de Paris. La canne , mefure longue, rend une aune & t tiers à Paris, ainfi j cannes rendront cinq aunes , 100 cannes 166 aunes 2 tiers. Trois fetiers de grains de Montpellier ne font qu'un fetieis de Paris. Les huiles s'y vendent à tant de livres la charge qui fè dh'ife en 4 barals, le baral en 2 émines , & l'émine en % quartals. Le quartal contient 3 pots, & pefe 2 1 livres MO de Montpellier.-ainfi la charge revient à 336 livres , qqj fur le pied de 100 livres de Montpellier, pour 83 un tiers de Paris, en font environ xq% de Paris. Le muid de vin de cette même ville , ainfi que celui de S. George , de Fronti-gnan , de Lunel, eft compofé de 18 fetiers, le fetier de 3 2 pots , ce qui fait revenir le muid à 576 pots ; on comte 100 verges pour un muid & chaque verge pour 5 pots trois quarts , ce qui fait pareillement 576 pots à un pot près. MORUE. Poiffon de mer bien connu en Europe par 1» grande confommation que fon en fait ; il eft d'une grof-feur moyenne. Sa peau paroît d'un brun grifatre par-deffus le dos, & un peu blanchâtre par-defibus Je ventre. Elle eft couverte de petites écailles minces & tranfparentas. Sa chair eft blanche, & paut-être trouvée délicate lorf-qu'elle eft fraîche. On prépare la morue de deux façons pour la rendre de garde. Suivant la première , on vuide à bord des vaifleaux le poiffon que l'on prend ; on le fale enfuite , & on le porte promptement dans les lieux de confommation. Cette morue y ainfi pré- MO parée, s'appelle dans le commerce morue verte. La féconde façon eft différente ; les pêcheurs apportent à terre dans des chaloupes le poiffon à mefure qu'ils le pèchent ; auffitôt le déco-leur prend la morue , lui coupe la tête&vuide le corps qui paffe enfuite à l'habilleur qui le tranche, & le met dans le fel oit il reile huit à dix jours ; on l'étend enfuite fur les grèves pour le faire fe-cher. L'expérience apprend à connoître au premier coup d'ceil., lorfque le poiffon eft fec & qu'il peut être embarqué. La morue préparée de cette façon , qui eft plus longue que l'autre, eft ce que l'on nomme de la morue feche ou de la merluche. Ce poiffon donne une huile qui s'emploie dans les ouvrages de tannerie , & qui eft bonne à brûler. On tire cette huile des foies de morue qu'on laiffe corrompre dans des cajots, efpéce de cuve ; à mefure que l'huile fort des foies, on l'entonne dans des barils. Morue. ( pêche de la ) La faifon pour cette pêche eft depuis le printems juf-qu'en Septembre. On la fait dans le golfe S Laurent, fur les côtes nu Cap Breton ou ^ filie Royale , aux en- M O 107 virons de Terre-Neuve,prin-cipalement fur un grandi blanc long de cent cinquante lieues, & large.de cinquante, qu'on appelle le Grand Banc9 Ôc fur d'autres bancs voifins moins confidérables.On peut diftinguer deux fortes de pêche , la fedentaire & l'errante. La fedentaire eft celle qui s'exerce pendant toute l'année par les hsbitans de Terre-Neuve , & ceux des colonies de l'Amérique Septentrionale. L'errante fe pratique par des vaiffeaux Européens, qui partent tous les printems pour cette partie de l'Amérique , & qui rap. portent en Europe vers l'Au-tomme le poiffon qu'ils ont pris. L'on a remarqué que la pêche fedentaire a beaucoup contribué à augmenter la population des colonies Àn-gloifes : elle donne de plus , la facilité aux Anglois de ruiner par le bon marché les Nations qui n'ont que des pêches errantes. Un habile pêcheur de morne en peut prendre trois cent cinquante à quatre cent par jour i mais c'eft le plus. Ceux qui apprêtent leur morue en vert attendent rarement qu'ils ayent fait une pêche com-plette , dans la crainte que les premiers lits de leur» ïo8 rvi o poifibns venant à fe corrompre , ne gâtent aùlli les couches iupc'rieures.- Les Anglois quittent le grand Banc fonvent avec les deux tiers, & quelquefois avec la moitié de leur chargement. Le commerce de la morue verte , 6c principalement celui de la morue feche , qui occupe pins de cinq cens navires Anglois , eft devenu pour la Grande - Bretagne , non - feulement une mine très-abondante de îicheflès i mais encore le principal fondement de fa puiffance maritime. Auffitous les papiers publics qui paroiiTent à Londres ne ceffent d'exciter le Gouvernement à faifir la première occasion de s'emparer entièrement de ce commerce. La poiTeffion de Terre-Neuve fsmble leur aflu-rer la liberté de cette péché , & le pouvoir de troubler celle de leurs rivaux , fans que fon pu ifle nuire à la leur. V. Terre-Neuve. Les François expédient pour cette pêche des vaif-feaux de bien des ports qui vont à la grande Baye , côte de Labrador, au Cap Breton, fur la côte du petit Nord, au grand Banc , &c. La principale confomma-tion de la morue verte qu'apportent ces vaiffeaux , fe fait MO en France ; mais il pafff beaucoup de leur ^morue fe_ che en Italie , en Efpagne. V. Pêche. MOSAÏQUE. Sorte de peinture compofée de plu. lieurs petites pierres de couleurs rapportées. Au défaut: de pierres naturelles pour ceitaines teintes ; on s'eft fervi quelquefois de pierres factices , ou de morceaux de verre colorés. L'opus mujj. vum des anciens étoit pareillement un ouvrage à com. partimens. Ce font même les anciens ouvrages à la mo-fiïqne, découverts dans le feizieme fiécle en plufieurs endroits d'Italie , qui donnèrent à nos artiftes l'idée de cette^ efpéce de peinture. Leurs premiers effais furent des chefs-d'eeuvres , ou du moins ils laifferent bien loin derrière eux leurs modèles. Qui pourroit en effet ne pas préférer aux plus beaux morceaux antiques ceux que Jo-feph Pin 5c le Cavalier Lan-franc ont exécuté dans l'E-glife de S. Pierre de B.ome î Lorfqu'on entreprend ces fortes de peintures, on a fous les yeux les cartons ou les deifeins de tout l'ouvrage , & un tableau , peint en petit ou en grand , qui vous guide dans l'ejnploi des pierres de couleur. Plus ces pierres fout M petites, plus l'ouvrage eft fini, délicat & capable de recevoir les différentes teintes qu'on veut lui donner. L'exécution en eft aufli pour cette raifon beaucoup pius longue. On a foin que ces pierres ne préfentent pas une fur-face trop polie ou trop lui-fante , les rayons de lumières qu'elles rerlechiroient trop vivement , empêcheroient que l'on ne dittinguât les couleurs de cette efpéce de tableau. La mofaïque diffère de la marqueterie , en ce que celle-ci s'exécute en écaille , en ivoire , en bois de différentes couleurs. La Mofa'i-que au contraire fait principalement ufage de divers morceaux de marbre colorés : elle emploie aufli des émaux de différentes couleurs, ôc des pierres precieu-fes, comme le lapis , l'agate, les cornalines, les émeraudes, les torquoifes, les rubis , Sic. c'eft pourquoi elle eft du ref-fort des Sculpteurs, des Marbriers , des Lapidaires ôc des Ernailleurs. Ces différens ouvrages demandent de l'intelligence , Se quelques connoiflances du deffein Ôc du coloris. Ce-Pendant on peut fuppofer dans ceux qui les exécutent beaucoup moins d'art que M O iojr de patience. MOS AMBIQUE • Ifle G-tuée fur la côte Orientale d'Afrique : elle fut découverte en 1598 par Vafco de Jama. Cette Ifle n'eft qu'à une demi-lieue de la côte de Mofambique , où les Portugais ont plufieurs forts ôc des magafins. La ville capitale de l'Ifle porte le même nom. Son port eft commode ôc bien fortifié ; c'eft un lieu de relâche ôc de rafraichiflemenC pour les vaifleaux qui vont dans l'inde. On peut même regarder cette Ifle auf-fi utile ôc aufli précieufe pour les Portugais que Sain-te-Helene , le Cap ôc les ifles de France Ôc de Bourbon le font pour les Anglois , le» Hollandois ôc les François. Les principales marchandifes que les portugais tirent de la côte de Mofambique , font de d'or , de l'ivoire , de l'ambre , de l'ébene ôc des enclaves. MOSCOUADE. C'eft le nom que l'on a donné au fu-cre brus, ou qui n'a point été rafiné. Cette mofeouade eft la bafe ôc la matière dont on fait les différentes forte* de fucre. On demande qu'elle foit d'un gris blanchâtre , fe-che, très-peu grafîe, ôc qu'elle fente le brûlé le moins qu'il eft poflible. Ou peut en faire no M O des firops , ou confitures rouges. MOSCOVIE. Vafte Empire qui s'étend en Europe & en Afie. Il eft aufiî connu fous le nom de Rulfie. Pour ce qui regarde le trafic de cet Etat. V- iiujjie. On ne parle ici que de fes différentes conventions avec les autres Puif-fance par rapport au commerce. Par le Traité de Pcters-bourg du s Décembie 1734, entre l'Angleterre ck la R.uf-fie , il eft dit que les fujets de la grande-Bretagne & de la Rulfie , commerceront librement dans tous les pays que ces puiffances pofiedent en Europe ; que les Anglois & les Rufles feront traités les uns chez les autres , comme les peuples les plus favo-rifés. Ces derniers pourront faire en Angleterre le commerce de toutes les marchandifes du produit, ou des manufactures d'Afie , pourvu qu'aucune loi , actuellement en vigueur dans la Grande-Bretagne , n'y mette obfla-cle , 7nême Traité , article 4. Il eft permis aux Anglois de bâtir , louer , acheter , échanger, & vendre des maifons à Petersbourg, à Moufcou , dans la Slabod Allemagne , à Aftracan & à Archangel. Ces maifons fe- m o ront exemptes des quartiers mais celles que les Anglois pourroient avoir dans les autres places de Mofcovie ne jouiront pas de ce privilège f Article 16. Les procès que les Marchands Anglois auront en Rulfie , ne feront jugés que par le Collège du Commerce. Les Ruifes qui trafiqueront en Angleterre , feront fous la proction des loix de ce Royaume , comme tous les autres Marchands étrangers. Ceux qui s'y transporteront pour s'inftruire des arts & du commerce , feront fpécialement favorifés. Les vaifleaux Mofcovites recevront toutes fortes de fe-cours de la part des Anglois dans les ports Ôc havres de la Grande-Bretagne & ailleurs, pourvu que dans la mer Britannique ils fe comportent félon la coutume , Article 19 c> 18. Les fujets de la Grande-Bretagne pourront porter toutes fortes de marchandifes en Perle par les Etats de Ruflie, & pour tout droit ne payeront que trois pour cent en rifchdalles» 11 en fera de même à l'égard de toutes les marchandifes qu'ils voudront tranfporter de Perfe Us feront leur déclaration dans la première place de M o îluflie , ôc les Douaniers ne leur feront aucune vexation. Si ceux - ci foupçonnoient cependant que la déclaration du Marchand Anglois ne fût pas jufte - ils feront les maîtres de prendre fes marchandifes pour leur compte , en payant le prix déclaré , & en 7 ajoutant vingt pour cent en fus. Les balots une fois vifités dans la première place de Ruflie , & plombés par les Douaniers , ne feront plus fujets a aucun droit , ni à aucune viSite , Art. 8. Les Commerçans quï auront fraudé les Douenas ne pourront être punis que par la confifcation de leurs marchandifes , Article 10. En cas de rupture entre les Puiflhnces contractantes , leurs Commerçans refpectifs auront au moins un an pour vendre leurs effets , ou pour les retirer ôc les tranfporter où bon leur femblera , Article ij. Par le Traite de Pleyjfe-mond du premier Juillet 1661 entre la Suéde & la Rulfie , Articles iof>u ôc par celui de Neujladt entre Jes mêmes, Article 17. Il eft porté que les fujets de la couronne de Suéde ôc de la Rulfie commenceront avec «berté les uns chez les au-tles a ôc qu'il leur fera per- m o ni mis d'avoir des magafins dans leurs domaines refpec-tifs , conformément à l'Article 14 du Traité d'Abo du 17 Août 1743 les Commerçans Suédois Ôc Ruffes doivent jouir relpectivemenc les uns chez les autres de tourtes les prérogatives accordées à la Nation la plus amie. A l'égard des conventions de commerce entre la Pologne ôc la Rulfie , il eft dit par le-Traité de Moufceu du »5 Avril 1680", article 18 a que ces deux Puilfances s'accordent réciproquement une entière liberté de commerce» MOUCHOIRS. Toiles ou ou étoffes de coton des Indes propres à faire de mouchoirs à tabac, d'où elles ont pris le nom de mouchoir.™ Il y a de ces toiles qui font de fil, de foie ôc de coton„ ôc dont les fils qui les coin-pofent ont été teints avant d'être mis en œuvre. Ma-fulipatan , paliacate , Pondi-cheri, Karical > villes de la côte de Coromandel, fourniflent à nos Compagnies des Indes beaucoup des pièces de mouchoirs , dont plufieurs ont de jolis defleins irhprjï mes des deux côtés avec defi planches de bois. Ces mou, choirs peuvent avoir les un, demi aune en quarté , le^. autres trois quarts de large; *tï M O Depuis qne le lin commence à fe cultiver avec fnccès en France , notre induftrie a élevé plusieurs fabriques de mouchoirs. L'avantage qu'à le lin de ne pas laifier comme le coton une forte de duvet toujours incommode, fait juéféier avec raifon les mouchoirs qui en font fabiiqués à ceux des Indes. Une plus grande concurrence en pourra faire bailler le prix , & en favorifer davantage la con-fommation. MOU L TANS. Toiles peintes quife fabriquent dans les Etats du' Grand Mogol. Les vailTeaux de nos Compagnies des Indes les vont prendre dans les magafins de Surate. MOURIS. Toiles de coton qui nous viennent des Indes. Les unes font blanches , les autres îcuges ; il y en a de plus ou moins fines ; & de largeurs différentes. Les pièces ont communément douze nanes de long. MOUSSELINE. Toile toute de fil de coton , très-claire , très-déliée . ôc ainfi appellée parce que fon tifîu , qui n'eft pas bien uni , pré-fente de petits bouillons aflez relTemblans à de la JrnomTé. 1 II y a bien de fortes de mouifelines qui nous vieu- M O nent des Indes par le refont* des vahTeaûx de la Compa. gnie , comme les beftil'.es les adatais, les maliemolles &c. La vente s'en fait en Bretagne au port de l'O-rietfti c'eft l'endroit où ia Compagnie tient fes magasins. 11 y a des moufielines unies & des mouifelines brodées. Lorfque la toille eft blanche, cette broderie s'é-xécute avec la pièce mais dans les toiles de couleur , le deifein de la broderie eft frappé avec des planches de bois. En Hollande , en SuilTe on brode beaucoup de mouf-felines qui fe vendent fouvent comme ouvrage des Indes ou de perfe. Le même principe qui a fait prononcer des dé feu fes contre l'introduction des toiles de coton étrangères, comme nuifibless aux manufaûu-res, en a dû faire prononcer de même contre les mouifelines : aufli elles ont été long-tems comprifes dans les défenfes générales faites en France, contre les étoffes des Indes & de la Chine, & contre les toiles peintes. Mais le goût du coufommattur pour les mcufïèlines , l'ufage auquel on les emploie ôc qu'il étoit difficile d'empêcher fans tomber dans une inquifition dangereufe , fa» ciliterent mo ciliterent l'irruption de ce nouveau genre de luxe ; il ne îeftoit donc d'autre parti à prendre que de taire par foi-même le bénéfice que fai-foient les éciangers. Sur la fin du règne de Louis XIV > il fut accordé à la Compagnie des Indes Orientales, d'en faire venir pour la consommation intérieure à la charge qu'elles feioient marquées dans les ports de leur arrivée. On ordonna enfuite une féconde marque , afin d'empêcher le déferlement des mouifelines étrangères dans le Royaume ; deverfement quMl.feroit plus facile aux contrebandiers d'entreprendre , s'ils n'avoient qu'une marque à contrefaire. Les Hollandois , les Suif-fes fpécia'ement, font parvenus à fabriquerplufieurs fortes de moufielines , dont quelques-unes ne font pas inférieures à celles qui viennent des Indes. C'eft un exemple qui auroit dû porter les François à entreprendre la même chofe chez eux. Les eflais qui ont été faits par feu M. Languet, curé de S. Sulpice ; par M. Jore à Rouen , Ôc en dernier lieu «■n Dauphiné ôc a Lyon , font des preuves encore plus convaincantes , qu'il nous fera facile quand nous le VOU-Temt IL MO iïj dronsbien, défiler du coton pieqn'aulli parraitemenC qu'aux aides. La cherté delà main-d'œuvre Ôc de la matière première > empêchera d'abord que l'on ne puL.e donner ces moiuldines à, auili bon marché que celles qui nous viennent des Indes. Mais après que l'on aura pris des mefuies pour étendre ôc pour encouiager la filature du coton , pour accroître la production de ce fil à la Louisiane ôc dans nos auties colonies , ne peut-on pas ef-pérer que les prix de la main-d'œuvre ôc de Ja matière première , baifleront aflez pour foutenir la concurrence des moufielines des Indes dans les marchés étrangers î Les Indiens ont les vivres à meilleur marché que nos ouvriers ; mais ceux-ci font plus d'ouvrage en moins de tems : d'ailleurs les frais de la traite ôc de la navigation , peuvent être regardés comme une valeur réelle ajoutée au prix des moufielines de l'Orient , ôc qui doit contribuer à faire perdre aux Indiens la fupériorité qu'îls ont fur nous , par le bon marché de leur main-d'œuvre. Les fabriques de mouflelî-nes qui fe font élevées aux environs de Rouen , font toutes les années de nouveaux H ri4 M o progrès ; il en fort des moufielines de toutes fortes de defleins ,à grandes & petites rayes , à carreaux , à rieurs , à jour : elles fe vendent depuis-quatre jufqu'à quinze & feize livres l'aune. MOUSSONS. Vents qui foufflent pendant trois ou lix mois de l'année du même côté , & pendant un pareil ef-pace de tems du côté oppofé. Ils font extrêmement communs dans la mer des Indes , & on a foin de les obferver quand on entrepiend cette navigation. Un ancien pilote nommé Moujjon ou Mojfon , & qui le premier a remarqué ces efpéces de vent périodiques leur a donné fon nom. On a aufli appelle ces vents réguliers vents alijes : mais on donne plus particulièrement cette dernière dénomination à ce vent continuel qui règne entre les deux tropiques , & qui foufBe tous les jours le long de la mer d'Orient en Occident. Voye\ alifé. MOUTON. Mâle de la brebis, qui prend ce nom lorfqu'il a été châtré. Il y a des moutons qui portent une laine plus fine , plus foyeufe & plus longue les uns que les autres , fuivant les climats & la nature des pâturages. Cette laine eft le principal M U aliment des manufactures. Ont peut même regarder la dépouille du mouton comme la toifon d'or , pour une nation qui veut mettre à profit toutes lesreffources qu'une main induftrieufe fçait tirer de la laine. Voye\ laine ^ brebis. On tue le mouton à un certain âge. Sa chair efl une des viandes qu'on fert le plus habituellement fur les tables. Sa graifle s'emploie à faire du fuif. On donne à fa peau différentes préparations qui la rendent un objet impor-tant de commerce : elle fe paflé en mégie , en chamois, en bafanne. On s'en fert principalement pour faire du parchemin. MUID. Ce mot eft emprunté du Latin. C'eft une mefure connue en France, ôfc qui fert à mefurer les vins , les liqueurs, les grains , le charbon. Le muid des chofes liquides , & celui des chofes feches, ont des divifions qui ne font pas les mêmes. Il y a de plus cette différence , que le muid des chofes feches n'eft pas un vaifleau réel, mais une eftimation de plufieurs autres mefures i le muid au contraire , pour les vins & autres liqueurs , eft encore un vaifleau qui fert à les contenir. Il fe divife sa MU "«mi muids ou feuillettes ; 611 quarts de muids , ôc en demi-quarts , ou huitièmes de muid. Il eft compofé par conféquent de deux demi-muids , ou de quatre quarts de muids , ou de huit demi-quarts de muids, II contient trente fix fetiers , chaque fetier eft de huit pintes mefure de Paris , ce qui fait en tout deux cens quatre-vingt huit pintes pour Je muid. Dans Ja vente qui fe fait à Paris des grains , des légumes , ôc autres marchandifes feches , le muid , qui eft une mefure idéale , eft compofé de douze fetiers , chaque fetier contient deux mines, Ja mine deux minots , le minot trois boiifeaux , le boilfeau quatre quarts ou feize litrons. MUSC.Parfum d'une odeur très-forte ôc très-pénétrante , Ôc qui n'eft Supportable que quand il eft tempéré par un mélange d'autres parfums plus doux.Le mufc paroît être une huile , dont la nature a pourvu une efpéce de biche aflez commune dans le Royaume de Bourtan ôc de Tunquin , peut-être pour en luftrerfon poil ôc le rendre impénétrable à l'eau. Cette biche, appellée auffi mufc , porte fon huile odorante , ainfi que ié caftor, la civette , le rat M U irç mufqué dans un petit fac placé fous I-j ventre , ôc près de» parties génitales. Le mufc nous vient des Indes , ôc fe vend chez nos Marchands Epiciers ôc Droguiftes de deux manières , ou en veffie ou fépare de fon enveloppe. Comme cette drogue eft Sujette à être falfifiéie par les Indiens , il faut apprendre à la connoître. Celle qui eft fans fon enveloppe doit être feche , d'une odeur forte Ôc infupportable , d'une couleur tannée, d'un goûc amer , très-peu chargée de grumeaux durs ôc noirs , Ôc que mtfe fur le feu elle le confirme entièrement. Cette dernière marque eft néanmoins équivoque pour le mufc mêlé de fang ; elle ne peut être bonne que pour celui qui eft rempli de terre. Lorfque l'on prend ce parfum en veffie ,il faut préférer celui qui eft fec , ôc dont l'enveloppe mince eft couverte d'un poil brun. Le poil blanc marqueroit que ce feroit dut mufc de Bengale , intérieur en qualité au premier qui eft de Tunquin. MUSCADE. Noix aromatique qui fe trouve dans quelques Ifles de fa mer des Indes , ôc principalement dans celles de Banda. Les Hollandois fe font rendu maîtres de H ij n6 M 15 ces Ifles , ôc par couféquent du commerce de cette épice. V. Banda. L'arbre qui produit la noix mufcade reflemble au pêcher i mais fes feuilles font un peu plus courtes ôc plus rondes. Cette noix eft d'abord couverte d'un furtout groffier , qui fe fend un peu de lui-même , ôc eufuite d'une efpéce d'enveloppe charnue quiem-braflé toute la noix. C'eft cette enveloppe qu'on nomme fielie ou macis : elle eft fort recherchée à caufe de fes bonnes qualités. Voye^ Macis. Les Hollandois qui fe font appropiié la récolte de la mufcade , à titre de conquête , ne la vendent point dans des enchères publiques comme le refte de leurs marchandifes ; mais les directeurs en règlent le prix fuivant qu'ils le jugent à propos. La bonne mufcade eft celle qui eft pelante , bien fleurie , d'un gris blanchâtre , marbrée par dehors ôc rougeâtre en dedans. On demande aufli qu'elle ait une certaine humeur graffe ôc ondtueufe , ôc qu'elle foit d'une odeur agréable ôc d'un goût chaud , piquant ôc aromatique. Il fe faifoit autrefois en Europe une plus grande con-fommation de cette épice M T dans le affaifonnemens ôc dan* les remèdes. Les noix mufcades, encore vertes , fe confifent ôc donnent une confiture > qui, a, caufe de fa chaleur bienfai-fante , eft amie de l'eftomach. Les peuples du Nord , les marins fur-tout , en ufent beaucoup. On obtient aufli de la mufcade par diftillation , ou par exprefiion , une huile à laquelle on attribue de très-bonnes qualités. Quand elle eft bien faite , elle eft de couleur d'or , d'une agréable odeur , ôc fort aromatique. MYRRHE. Gomme odoriférante qui diftille d'elle-même , ôc par incifion d'un arbre épineux de l'Arabie s dont les feuilles reflèmblent à celles de l'olivier : la médecine en fait divers ufages. On en compofé une huile excellente pour les plaies , ôc pour difliper les taches de la peau : c'eft aufli une des principales drogues dont l'on fe fert pour embaumer les corps morts. La myrrhe nous vient du Levant par la voie de Marfeille dans des balles de cuir de quatre à cinq cens livres. 11 arrive aflez fouvent que cette drogue, ôc d'autres qui nous viennent du même pays font falfifiées ou mêlées avec des corps étranger* ; t M Y c'eft à quoi il faut prendre garde , fur-tout quand ces drogues ont paflé par les mains des Juifs. Il faut préférer la myrrhe en petites maffes, ou groffé larmes rouges , claires , tranfparentes , & qui étant rompues préfentent une liqueur ondfueulé , ôc de petites marques blanches allez femblables à celles que l'on appercoit fur les ongles des mains. On a donné pour M Y 117 cette raifon à cette gomme le furnom de myrrhe onglée. Le ftac~té en larmes eft une myrrhe beaucoup plus précieufe , mais très-rare. Pomet dans fon hiftoire générale des drogues , demande qu'elle foit claire , tranfparente , friable , légère , d'un goût amer , d'une odeur forte Ôc affez défagréable , ôc d'un jaune doré. N NACRE de perles. Ce mot paroît emprunté des Ef-pagnols qui appellent nacar de perlas , la coquille de l'huitre perliere. Les nacres font ordinairement rouffeà-tres fit raboteufes en dehors , mais en dedans elles ont le poli ôc la blancheur des perles mêmes. On leur donne le même éclat en dehors , lorfque par le moyen de l'eau forte ou du Touret , on a enlevé les premières feuilles qui fervent d'enveloppe à ce précieux coquillage. On préfère le plus poli, ôc celui qui eft d'une couleur argentine ; les Bijoutiers ôc les Tablettiers en font différens ouvrages , comme étuis, tabatières , boctes à mouches. La nacre dd perle entre au'fi dans les pièces de marqueterie. NANCY. Ville de France, capitale de la Lorraine. Les écritures fe tiennent dans cette ville en livres » fols ôc deniers , que l'on fomme par vingt Ôc par douze. Les efpéces d'or ôc d'argent , fabriquées pendant le règne des deniers Souverains , commencent à ne plus circuler dans le commerce de la Province , les Juifs en ayant enlevé la plus grand» partie pour les refondre. 11 ne refte gueres des anciennes efpéces que quelque monnoie de billon. Les vieille» H iij n8 N A efpéces d'or & d'argent de France y font toujours reçues dans le commerce , mais leurs prix varient. Les nouvelles efpéces ont nn cours rixe. Le Louis d'or neuf de France eft compté pour 31 livres ; le demi-Louis pour 15. livres 10 fols ; l'écu neuf de 6 liv. pour 7 livres 15 fols ; le demi écu de 3 livres pour 3 livres 17 fols 6 deniers i la pièce de 14 fols pour une livre u fols. Ainfi 100 liv. de France en valent 119 liv. & l , ou 119 liv. 3 fols 4 deniers de Lorraine , & 100 livres de Lorraine ne font que 77 livres 8 fols 4 deniers & îj de France. Suivant ces rapports le change de Nancy fur la France , lorfqu'il eft au pair , eft à 129 livres l pour 100 livres de France. On donne moins de livres de Lorraine pour 100 livres de France, félon que les lettres font à une , deux ou trois ufances. Les ufances font comptées à Nancy de même qu'à Paris ,■ mais les lettres n'y jouiflënt d'aucun jour de faveur. Le poids de cette ville eft égal à celui de Paris. I es vins du pays s'y vendent à la mefure , qui pefe 8$ livres net poids de marc ; ceux de Bourgogne, &c. à la N A pièce , telle qu'elle vient du pays. Les eaux - de-vie du Languedoc à la mefure , qui pefe 85 livres net poids de marc. Les huiles d'olive au quintal brut ou net. L'aune de Lorraine eft plus longue de 18 lignes que la demi-aune de Paris, ainfi l'aune de Nancy revient à 180 lignes de France , & 100 aunes de Paris font 187 aunes -* de Lorraine. NAPLES. Grande & ancienne ville de l'Europe , capitale du Fvoyaume du même nom : elle eft fur la mer. Son port eft grand & fur , ô< fon commerce confidérable , fur-tout en favon fort eftimé, en huile , en vins , en draps , Sz en étoffes de foie de toutes fortes. Les écritures fe tiennent à Naples en ducats de 10 carlins & en grains. Chaque carlin eft compté pour 10 grains, le ducat vaut par conféqueht 100 grains i mais les négocians ne portent fur leurs livres que des ducats on y fpecifie les endoffemens 8c l'échéance , d'où , par qui ÔC en faveur de qui elle eft tirée. L'on fait enfuite fouferire ces polices par la Banque qui les doit payer, 8c les Banquiers les donnent aux porteurs des lettres de change , qui leur remettent en même tems ces lettres fans acquit ni Signature i au moyen de quoi les payemens font en règle. Lorfque la Banque fouf-crit les polices tirées fur elle, elle débite le particulier qui les fait fur la feuille appellée madre-fede i fi les polices font en faveur de celui qui les préfente , elle l'en crédite. Quand la madre-fede eft remplie , on emporte la folde fur une nouvelle , pour laquelle on paye feulement un grain ; mais les porteurs de police peuvent, s'ils le veulent, en recevoir le payement en efpéces. r Hiv La livre de n onces Napolitaines rend iô onces ôc demi poids de marc de France : fuivant ce même rappoit, la livre Napolitaine de 33 once un tieis , 'oit rendre en Fiance 19 onces \ poids de marc. Cent livres de Paris font par conséquent à Naples iji livre* J de 11 onces , ou 54 fvies | de 31 onces \. La canne de Naples eft compofe'e de 8 pans. Quatre pans ôt demi font faune de Paris i ainfi 100 aunes de la même ville rendront à Naples 56 cannes J. Le tomolo eft une mefure pour les grains. Cent tomo. li de Naples font 33 charges un tiers à JVfarfeille , ôc comme 100 charges de Marfeille rendent io< fetiers 3 quarts à Paris , il s'enfuit que 100 tomoli font 3 5 fetiers ôc un quart à Paris, & que 100 fetiers de Paris font 183 tomoli l à Naples. Les vins de Lacrima-Chrifti ôc autres s'y vendent au baril, qui rend à Genève enviion 40 quarterons, qui font 40 pots. Le pot de Genève eft eftiméégal à la pinte de Pv;s. A 'égard des huiles on les end à tant de ducats la falme , qui peut revenir à 51 ma livres 3 quarts de Paris. H faut enviion r falmes Ôc demi pour une milleiole, poids de Piovence , qui pefe environ 144 livres de Marfeille , dont les 100 ne font que 80 livres 3 quarts Paris. NAVIGATION. C'eft l'art de navigèr. Son objet , relativement au commerce , eft de tranfporter le fuperflu d'un peuple chez les autres , ôc de lui en rapoiter le» échanges néceflaires ôc les matières propres à fes manufactures. Un Etat dépourvu de vaifleaux fe verroit dans la dépendance de fes voifins pour l'exportation de fon fuperflu. Ses marchandifes n'auroient d'autre valeur au-dehors que celle que leur accorderoient les peuples navigateurs.qui vou-droient bien s'en charger.Ou doit donc regarder la navigation comme le foutien de l'Agriculture , de la pêche , des manufactures dont elle s'occupe à répandre le produit. Les denrées ôc les fabriques font à leur tour U bafe Ôc le motif de la navi. gation. Sans elle ces branches de commerce langui-roient, fans le produit de ces mêmes branches la navigation n'auroit pas lieu , à n a moins de fuppofer qu'une Nation s'adonne au commerce d'œconomie , ôc na-vige pour les autres peuples ; mais ce feroit une navigation précaire , & qui ne pourroit fubfifter que pendant l'inaction de ces mêmes peuples. Lorfque la navigation d'un Etat diminue , fans qu'il foit arrivé aucun changement dans fes différens objets d'exportation, on peut regarder cette diminution comme un ligne non équivoque du déclin de la con-fommation extérieure de fes productions. Il eft également difficile que les motifs de la navigation d'un Ecat augmentent , fans que cette navigation s'accroiffe , l'orf-que d'ailleurs aucun vice intérieur ne s'oppofe à fes progrès. Mais doit-on conclure abfolument de la plus grande étendue de cette navigation, que la balance du commerce ait donné plus d'argent ? C'eft le fentiment de Jof. Chili. Si le nombre des vaifleaux d'une Nation s'accroît , c'eft un figne certain , dit cet Auteur , que la balance du commerce lui devient plus favorable. Mais Pour tirer cette conféquen-ce » il faut fuppofer , comme nous avons fait, qu'il n'eft n a rtt arrivé aucun changement dans l'objet des exportations. La navigation en effet peut être augmentée , fans que la balance en argent le foit » cela dépend du volume plu* ou moins conlidérabie de3 marchandifes ôc de leur valeur intrinfeque. La navigation demandant beaucoup de mains pour fon exploitation , peut être considérée comme un art > qui fert à l'entretien d'une ciaf-fe d'hommes appelles gens de mer, ou matelots. On peut encore regarder la construction des bâtirf.ens , fur lef-quels ces matelots parcourent les mers comme un genre d'occupation , ou fi l'on veut comme une fabrique qui emploie bien des fortes d'artifans , comme Charpentiers , Caîrafeurs, Voiliers , Cordiers, Tiflèrans , Forgerons , &c. Le prix des matières qu'emploie la navigation , feit comme art , foit comme manufacture , ÔC les frais de la marchandife tranfport^e,dans lefquels entre auffi le loyer des hommes ôc de l'argent, font néceffai-rement payés par le confom-mateur étranger. D'où l'on peut conclure en confidé-rant la navigation fous ces différens points de vue,qu'el-le accroît les forces réelles tu N A & relati ves d'un Etat, ainfi que fes autres fabriques ; qu'une branche de navigation que l'on abandonne eft une planche de commerce que l'on rejette. La navigation marchande eft d'autant plus précieufe pour une Nation , qu'elle eft la fource de fes forces maritimes , ôc l'école de fes matelots, C'eft principalement fur ce principe qu'eft fondé l'acte dé navigation des Anglois. Cet acte que les intérêts de l'Angleterre avoient dicté à Olivier Cromwel , fut confirmé de nouveau par Charles II en 1660. Suivant une première difpofition de cet acte tous les vaifleaux ui portent pavillon Anglois oivent être de conftruction Angloife , ôc les trois quarts de l'équipage de la Nation. En tems de guerre néanmoins on déroge fouvent à cette clâufe i on permet de fe fervir des navires qui ont été pris en courfe , & vendus en Angleterre : & cela afin de donner de l'encouragement aux Armateurs. Par une féconde difpofition de cet acte , tous les navires étrangers font exclus de la navigation des colonies. Les vaifleaux Anglois auxquels feuls il eft permis d'y aller font tenus de rap- NA porter en Angleterre les car-guaifons qu'ils y ont chargées , ou du moins de mouiller dans quelque port de la Grande - Bretagne avant que de pouvoir les tranlporter ailleurs. On a depuis modifié cette claufe pour étendre la navigation, fie parce qu'on a reconnu que la néceflité d'aborder en Angletterre au-gmentoit trop le prix du fret de certaines marchandifes ; ce qui ne pouvoit manquer d'en rendre la vente infruc-tueufe, ou du moins de la retarder. En vertu du même Règlement , les vaifleaux Anglois doivent aller chercher les marchandifes étrangères d'Europe , dont ils ont befoin dans le lieu de leur crû , ou dans les ports où s'en fait le premier embarquement. Ces marchandifes peuvent à la vérité entrer dans ceux d'Angleterre fit de l'Irlande , fur des vaifleaux conftruits dans l'endroit même d'où elles proviennent ; mais on les charge pour lors de droits fi exceflifs qu'une prohibition abfolue ne leur donneroit pas une exclufion plus réelle. Les navires Hollandois, par ce moyen ,Jk les autres navires étrangers ne peuvent jamais entrer en concurrence avec les navires Anglois 2 N A pour le chargement des mar-chandifes,dont la destination eft pour l'Angleterre- Un avantage plus considérable qui réfulte de cette disposition , c'eft qu'aucun navire étranger ne peut l'aire Je cabotage en Angleterre , en Ecoflé ni en Iriande ; objet qui feul occupe plus de deux milles navires nationnaux. L'Angleterre avoit lieu d'appréhender que cet acte ne révoltât toutes les Nations Commerçantes , ou du moins que chaque Etat, en ufant du même droit, prononçât de pareilles dérenies ; mais un intérêt plus tort lui faifoit envifager,avec raifon , toutes ces confidérations fous un point de vue éloigné. La pofition de la Grande-Bretagne au milieu des mers, la grande étendue de fes côtes fujettes aux invafions , l'obligeoient d'avoir une marine affez puiflante pour fe faire reSpecter de fes voisins : c'eft à quoi le Législateur a pourvu par ce Règlement» Un Etat riche en productions naturelles 6c en manufactures ; mais qui ne fe trouveroit pas dans la Situation forcée de fe procurer une manne redoutable,pour-t'oit fouffrir dans fon commerce de l'adoption d'un pareil Règlement. Il fe prive- NA rt$ roït d'une plus grande concurrence en écartant de fes ports les Négocians étrangers adonnés au commerce d'œconomie- Pourroit - on d'aiJleurs efpérer que toutes les Pni!fances , qui ont aujourd'hui les yeux ouverts fur les intérêts de leur commerce, verroient cette interdiction fans ufer du même droit dans leurs Etats ? La. feule police qu'une Nation pourroit admettre aujourd'hui avec Succès , ce feroit d'interdire aux étrangers le commerce de fes colonies , & le cabotage fur fes propres côtes, leur ouvrant d'ailleurs tous fes ports, & d'établir la plus grande concurrence poffible dans fa navigation. EUe pourroit efpérer par ce moyen de fe fouftraire a la fupériorité des navigateurs étrangers. Le bas prix de l'intérêt de l'argent, la multiplicité des bons ports, la considération accordée au navigateur, la fupprelfion des droits en faveur de l'exportation faite par les vailfeaux nationnaux, les gratifications distribuées à la Sortie de certaines marchandifes , les gênes & les Servitudes mifes fur celles apportées par l'étranger , ont foutenu & favorifé cette concurrence Si déSirée, Les Vénitiens, ainfi qu'il eft ït4 NA . dit âaiisïes progrès du commerce 1760 , n'ont point interdit leurs ports aux vaifleaux étrangers , mais ils ont la politique , lorfqu'il fur-vient quelques conteftations entre un Citoyou ôc un Négociant étranger, ce qui n'arrive que trop fouvent , de ne rendre à cet étranger qu'une très-lente juftice , afin de le rebuter & le confumer en frais. Ces Italiens n'ont point révolté les Nations comme ont fait Jes Anglois par leur acte de navigation ; mais leur maxime , comme on le voit, les conduit au même but par un chemin différent. D'autres Italiens ôc quelques Allemands , ont fuivi cette politique en vendant au comptant, Ôc n'achetant des étrangers qu'à crédit ; les Siciliens en ne fouffrant point chez eux de Commif-Connaires étrangers ; les Danois par les droits du Détroit du Snnd , par leurs vaifleaux privilégiés , & en déclarant le bois de charpente de contrebande ; les habi-tans de Dantzick par leurs privilèges. Nous avons rapporté à l'article Traité de commerce , tout ce qui concerne le droit commun des Nations fur mer, ôc leurs conventions générales touchant la navigation ôc le NE commerce. V. Traité de Commerce. NEGOCE. Commerce ou trafic de denrées, d'ouvrages fabriqués , d'argent, Ôtc/J/. Commerce , Banque. Le négoce n'a pas été con-fidéré , honoré , protégé éga_ lement chez tous les peuples. On eftime une profef, lion à proportion du degré de capacité néceffaire pour la remplir, ôc des fecours que la patrie peut en recevoir. Or, le négoce a été long-tems borné dans différens Etats à une circulation intérieure. Les richeffes, ôc une marine puiflànte , n'étant pas encore devenues le foutien des Empires , le négoce qui les procure ne devoit point d'ailleurs paroître digne de la protection , que les Puif-fances s'empreffent aujourd'hui de lui accorder. Nous voyons dans l'Htftoire que les anciens Grecs mépri-foient un citoyen qui s'adon-noit au commerce,à l'agriculture ôc aux arts.Ils trouvoient une occupation plus honorable dans les exercices qui dé-pendoient de la Gymnaftique ôc dans ceux qui avoient du rapport à la guerre. La né-ceffité leur avoit fait une loi de ces exercices. La Grèce étoit une efpéce de république , compofée de dif> r N E feYens Etats, qui avoient des loix: , des mœurs Ôc des intérêts à part. La haine ôc la ja-loulie les animoient fouvent les uns contre les autres. 11 ialloit donc que ces Etats fufîent toujours prêts à relifter à la force. Auffi chaque peuple étoit une fociété d'athlètes ôc de combattans. Xercès en tournant fes armes contre les Grecs, leur apprit qu'ils dévoient regarder la mer qui les féparoit de l'Aiie , comme une barrière contre le Roi de ferfe . mais cette barrière leur de-venoit inutile s'ils ne la couvroient de vaiffeaux. A compter de cette époque , les Grecs commencèrent à confidérer le négoce ôc Ja navigation qui leur fournif- N E iîç néceSIité d'une profeffion qui procuroit à tout un peuple les aifances & les commodités de la vie.' L'éîoJgne-ment des provinces de la République que des mers fé-paroient , ôc d'où Rome tiroit la plus grande partie de fes provificns, la necef-Sité qu'il y avoit de fe défendre contre des corfaires, l'inquiétude de tout un peuple occasionnée par les retards des vaifleaux , qui appor-toient les denrées de l'Afrique, firent bientôt envifager le commerce ôc la marine comme .des objets qui méri-toient toutes fortes de conflagrations ôc d'encourage-mens. Le négoce qui n'étoit auparavant que la proieSlion de gens vils , fut celle de foient les hommes ôc l'ar-^itoyens distingués. On leur gentnéceffaires pour leur ma- accorda plusieurs privilèges, rine guerrière. Rome au milieu de nations jaloufes du fuccès de fes armes ; Rome occupée-des foins de fon aggrandiifement devoit également porter tous fes citoyens à embralfer la pro-ieîlkm des armes. AuSfi le commerce étoit - il regardé d'un «iil dédaigneux par les Romains; les commerçans ôc les ouvriers étoient mis dans fa même claSië. Lorfque le nombre des citoyens fut *ugmentc , on reconnut la on leur permit même de former des corps ôc des fociétés, pour équiper a frais comme muns des vaiffeaux qu'ils dévoient enfuite ramener char« gés de marchandifes étrangères. En parcourant l'Hiftoire des différens Etats de l'Europe , on voit pareillement le négoce ôc la navigation , attirer tous les foins du Gouvernement à mefure que les richeSfes qu'ils procurent ont commencé à avoir plus d'ia- n6 N E fluence dans les affaires politiques. La fituation de l'Angleterre au milieu des mers, étoit une raifon de plus pour cet Etat de regarder les vaiffeaux comme les forte-relfes, fes matelots comme fes foldats , & fa marine marchande comme le foutien de fa marine guerrière. La Hollande qui ne tient fa liberté que de Ion commerce Ôc de Ion industrie , honore ôc protège également le négociant & le Fabriquant ; on peut même dire que le négoce n'a nulle part de domicile plus honorable qu'à Londres ôc à Amflerdam. La noblefiè n'eft pas un motif pour un Anglois de rejetter une pro-feliion qui enrichit l'Etat, ôc contribue à fon maintien Ôc à fa converfation. Q On a travaillé depuis long-tems en France à concilier les nobles avec le négoce qu'ils femblent dédaigner. L'ordonnance de Louis XIII du mois de Janvier 1615 porte, que » les Mar-» chands Groffiers qui tien-» nent magafin fans vendre » en détail , ôc autres Mar-» chands qui auront été Eche-» vins , Confuls ôc Gardes-de » leurs Corps, pourront pren-» dre la qualité de nobles. » Les lettres - patentes du même Roi du mois de Mars N E 163B , en faveur du Confu-lat de Lyon, permettent „ au » prévôt des Marchands ôc » Echevins de ladite ville i » de l.iiie le négoce ôc tra-» lie , tant de l'argent par »> iorme de banque, que de » toutes marchandifes en » gros , fans que cela leur » loit imputé ; pour acte dé-» logeant aux privilèges de » nobleffe à eux accordés par » les lettres - patentes du » mois d'Août 1634, pourvu » qu'eux, leurs enfans ôc pof-» térité négocians en gros, » foient actuellement de-» meurant dans ladite ville » de Lyon. » Ces lettres - patentes ont encore été confirmées par d'autres du mois de Décembre 1643. L'Edit de Louis XIV du mois d'Août 1669 veut, que » tous Gentilshommes puif-» fent par eux ou par perfon-» nés interpofées , entrer en » fociété ôc piendre part dans » les vaiffeaux Marchands , » denrées ôc marchandifes » d'içeux, fans que pour rai-n fon de ce , ils foient cen-» fés ôc réputés déroger à no-» bleffe , pourvu toutefois » qu'ils ne vendent point eu » détail. » L'ordonnance de la Marine de 1681, ôc celle de 1684 pour la province de N E Bretagne portent, » que les » fujets de Sa Majefté, de » quelque qualité & condi-» tion qu'ils foient , pour-» ront taire conltruire & » acheter des navires, les » équiper pour eux, les pre-3> ter à d'autres , & faire le » commerce de la mer par » eux ou par perfonnes inter-» pofées , fans que pour rai-» fon de ce les Gentilshom-» mes foient réputés faire » acte de dérogeance à no-■» bleffe , pourvu toutefois » qu'ils ne vendent point en » détail- » Uu autre Edit du mois de Décembre 1701, permet » à » tous nobles 1 par extraction, » par charges on autrement, » excepté/ceux qui font ac-» tuellement revêtus de char-» ges de Magistrature , de » faire librement toutes for-» tes de commerce en gros, » tant au-dedans qu'au dehors » du Royaume , pour leur » compte ou par commillion, » fans déroger à nobleflè. » Le même Edit accorde la permiflion à tous ceux qui font le commerce en gros, de poffeder des charges de Confeillers , Secrétaires du Roi, Maifon Ôc Couronne de France , fans avoir pour cela befoin d'Arrêt ni de lettres de compatibilité. Ces Négocians en gros, ôc leurs enfans NE i*7 peuvent jouir des privilèges Ôc prérogatives attachées à ces charges en faifant inf-crire leurs noms dans les lieux indiqués pour cela paï redite Le 11 Novembre 170c», le Confeil rendit une déclaration en interprétation d'un Edit du mois de feptembre précédent , qui défendoit à tous Officiers revêtus de charges de Magistrature , même à ceux des Elections Ôc Greniers à Sel , de faire aucun commerce , foit en gros, foit en détail. La déclaration levé ces défenfes , ôc » per-» met à tous Marchands en » gros de pouvoir être reçus » auxdites charges dans les « Elections Ôc Greniers à «Sel n du Royaume, ôc faire en » même tems ledit commer-v ce par eux , ou par per-» fonnes interpofées , foit » pour leur compte particu-» lier, ou par commillion , » tant au-dedans qu'au dehors » du Royaume, par mer ou » par terre , le tout fans in-» compatibilité ôc fans pré-» judicier à leurs exemptions }) ôc à leurs privilèges, » Sa Majefté Louis XV , non moins occupée que les Rois fes Prédécelfeurs de ce qui peut faire fleurir le commerce dans les Etats , a accordé des privilèges , & Its i*3 N E plus belles prérogatives aux L'ntrepreneurs de manufactures Ôc aux Négocians de fon Koyaume qui fe font dif-tingués. Plufieurs mêmes ont été décorés du titre de no-bleue. Les Anglois & les Hollandois avoient depuis long-tems donné l'exemple de l'el-time ôc de la confédération que l'on doit avoir pour Je Négociant actif & intelligent. V. Négociant. NEGOCIANT. Ce mot eft lynonime à celui de Commerçant , mais dit plus que celui de Marchand. Ce dernier borné à un détail mercantile , n'étend gueres les vues au-delà , le Négociant au contraire a fans celle les yeux ouverts fur nos différentes brandies de commerce , ôc fur les moyens de les répandre chez l'étranger. Les maffes d'or ôc d'argent j ainfi 'que je l'ai fait voir dans mes progrès du commerce , font maintenant le principal mobile de la puifïànce des Monarchies. Or , une nation qui n'a point de mines de ces précieux métaux , ne peut les obtenir que par le moyen du commerce étranger. On doit donc confidérer aujourd'hui le Négociant comme l'homme de la Nation qui .contribue N E plu» à augmenter le» relTour- ces, de l'Etat, à le revêtir de toutes les forces qu'il eft capable de recevoir. Mous voyons même qu'avant que les îichefiès eulient fur les Empiies une influence aufli giande que celle qu'elles y ont actuellement , l'Egypte arrêta l'ardeur ôc l'impétuo-fiié des croilés par les for» ces que ces Commerçans lui avoient procuiées. Ce fut aux richeiies immenfes du Négociant Jacques Cœur que Charles VII dut la con-fervation d'un partie de fe» Etats. Cofme de Medicis devint le Libérateur de fa patrie qu'il avoit enrichi par fon commerce. On fçait que l'Empeieur v harles - Quint emprunta de forte fommes de la famille des Fuggers , Négocians d'Ausbourg , ôc de Jean Daens riche Commerçans d'Anveis. L'Empereur pour recompenfer ce citoyen fe prêta au defir qu'il témoignoit de lui donner à dîner. A la fin du repas le généreux Négociant jetta au feu un billet de deux millions qu'il avoit prêtés à ce Prince : je fuis , lui dit-il , trop payé par l'honneur que Votre Majejlé me fait. En 1710 les Négocians de Saint-Malo apportèrent au pied du tlnône trente-trois millions , & 8c avec ce fecours la France épuifée reprit de nouvelles forces qui rappellerent enfin la vidoire ôc la paix. Toutes les Nations , éclairées par ces exemples ôc par leur propre expérience , connoiflent aujourd'hui les grandes ref-fources que l'on peut trouver dans le négoce : elles s'empreflent également de faire pancher en leur faveur la balance du commerce , qui eft devenue celle du pouvoir. C'eft pour cette raifon que l'on peut regarder aujourd'hui la profefiion du Négocient , comme bien plus difficile à remplir qu'elle n'é-toit autrefois ; il faut qu'il ait des connoiffances ôc-un génie toujours actif , pour obtenir en faveur de fa Nation une préférence que des rivaux étrangers lui difpu-tent. Ce n'eft pas aflez qu'il médite , pefe , mefure , calcule fans ceffe, qu'il combine des idées , difcute les principes, développe les objets compliqués, prévoie les dangers de la mer , connoiffe la valeur des monnoies ref-pedf ives Ôc les variations du change ; il doit encore être inftruit des mœurs , des loix , des ufages, de la politique , des caractères , du goût, ôc même des caprices des différentes Nations, ôc Tome XI. NE U$ de toutes les productions des contrées où il donne des ordres. Il faut de plus qu'il inf-truife les Fabriquons de fon pays des variations arrivée» dans les modes , qu'il ]eUf fuggere de nouveaux moyens de provoquer le defir de l'étranger, qu'il prévoie l'abondance , la difette, la guerre ôc la paix, les caufes du crédit ôc du difcrédit public a pour diriger en conféquence fes opérations. Si donc l'efti-me , que nous accordons à une profefiion, eft fondée fut les talens que cette profeffion exige, quelle conlidération ne devons - nous p*as avoic pour un habile Négociant ï Si nous avons égard au genre de fervice que la fociété en retire , y en a-t-il un plus im-* portant que de donner des ordres dans toutes les parties du monde , pour rendre les Nations étrangères tributaires de la fienne ? Les AngloÏ9 en érigeant dans la bourfe de Londres des ftatues à leurs célèbres Négocians Greshamt Spencer , Craven ont donné aux Nations une belle leçon, fur la reconnoiflance que l'on doit avoir pour les citoyens qui ont enrichi le commerce de l'Etat. Guillaume Beuc~ hels mérita des Hollandois un femblable honneur. Di-fons-lc hautement, c'eft au I i}o N E génie de ces hommes élevés, nourris, confommés dans le commerce que ces deux Puii-fances doivent le haut dégié de gloire & de fplendeur où elles font parvenues leur re-connoiifance par conféquent ne pouvoit être trop publi-que.Quelles obligations l'Angleterre n'a-t- elle pas au célèbre JohnMethuen, pour le Traité qu'il a conclu avec le Portugal en 1073 ? Ce Trai-té-peut être regardé comme un des plus grands fervices / qu'aucun citoyen ait jamais rendu à fa patrie. V. Portugal > Négoce , Commerce , marchand , Traité. NEGRES. Mot tiré du Latin Niger, qui fignifieiVoir. On petit donc appeller Nègres toutes les créatures humaines qui ont la peau noire. Mais on donne particulièrement ce nom aux malheu-îeux habitans des côtes d'Afrique deftinés à cultiver fans efpérance de falaire, fans même avoir droit de fe plaindre , les colonies que les Européens poifedent dans le Nouveau Monde. Ces efcla-ves font principalement occupés à l'exploitation des mines, au défrichement des terres, à la fabrique du fucre ôc du tabac. Ils font par conféquent l'ame du plus riche commerce de l'Europe. N E La chaleur accablante du climat, dans les Ifles les plus fertiles de l'Amérique , ne permettoit pas aux Européens de foutenir les fatigues de la culture ; il a donc fallu chercher dans une autre partie du monde des bras propres à ce travail, ôc c'eft l'A-îiique qui nous les a fournis. Les Européens pour fe procurer ces fecours forcés, font obligés d'entretenir chez les Nègres des animofités , des guerres Ôc des furprifes mutuels. Il eft aflez ordinaire de voir ces perfides Africains amener à bord des vaiffeaux Européens,leurs pères, leurs enfans, ou plus fouvent leurs compatriotes , qu'ils ont fur-pris , liés & garottés , dans l'efpéranced'obtenir quelques bouteilles d'eau-de-vie pour prix de leur vente. Une pareille conduite ne peut être juftifi.ee que par celle des Européens qui retiennent en efclavage ces Afriquains, fur lefquels la nature ne donne certainement pas plus de droit à ceux qui les achètent qu'à ceux qui les vendent. V. Ef-claves. N e g r e s. ( Traité des ) Elle fe fait dans cette longue fuite de côtes d'Afrique , qui commencent au Cap Verd , & s'étendent jufqu'au Cap de Bcnne-Efpérauce , par NE les Nations Européennes qui °nt des établiffemens en Amérique , & particulièrement par les François, les Anglois, les. Holland ois , les Portugais , les >uedois ôc les Danois. Les Èfpagnols , maîtres des plus vaftes contrées de l'Amérique , ôc où les Nègres font abfolument neceffaires Pour la culture & l'exploitation des mines ont néanmoins prefque toujours reçu leur provisiond'efclaves noirs de la féconde main. Voy. Af-Jiento. Les meilleurs Nègres, ou du moins ceux qui font les , plus recherchés , fe tirent de la rivière de Gambie , & du Pvoyaume de Juda. Les côtes de Bénin , de Biafar, de Congo , d'Angola , en four-niffent auSîi une quantité considérable ; mais qui Sont ordinairement moins chers. On traite tous les ans pour plus de cinquante mille efclaves à la feule côte d'Angola , où toutes les Nations d'Europe ont la liberté du commerce. Les Portugais obligés de partager avec les autres Nations de l'Europe, les établiffemens qu'ils poSiédoient fur la côte Occidentale d'Afrique , ont néanmoins toujours confervé ceux qu'ils avoient à la côte d'Angola. Les efclaves y viennent de plus de ceut NE ïîï lieues dans l'intérieur des terres. Ils font ordinairement fort maigres & très-foibles à leur arrivée. L'ufage des Portugais eft de les bien traiter & de les refaire avant que de les embarquer. Ils prennent aulfi toutes les précautions néceffaiies pour les conferver fains à bord. Par ce moyen , ils n'en perdent prefque point dans la traversée. Mais les autres Nations qui font obligées » faute d'établiffemens à la côte, de les recevoir à bord, tels qu'ils arrivent de l'intérieur des terres , en voient périr quelquefois les trois quarts ou la moitié. Les Négocians ont fi. bien fenti les avantages des établiffemens Portugais ôc de leur méthode , qu'ils ont tenté de les imiter par des comptoirs flottans. Mais cet expédient n'a pas pu réuSfir , parce que la feule vue de la côte caufe un chagrin mortel à la plupart des efclaves-y. Angola. Les Africains reçoivent en échange de leurs compatriotes du fer en barre , des outils de même métal, des toiles , des indiennes , de la verroterie , du corail , de l'ambre jaune, de la quincai'* lerie , des couteaux , des Sabres , de, la poudre à canon, ï?i N E des piflolets , des épiceries, du lucre , du tabac, de l'eau-de-vie ôc autres liqueurs for-tes.Ces barbares fe vendoient autrefois les uns les autres à très-bon marché i n.ais les Euroréens par la gran de abondance de leurs marchandifes , par leur rivalité Ôc leur jaloune , ont fait beaucoup hauffer le pux de ces efclaves noirs. Voye\ A cara. Aullitôt que la traite eft finie on a foin de mettre à la voile ; l'expérience a fait connoître que fi on laifle pendant quelque tems aux Nègres la vue de leur patrie , le chag.in , ôc même le defelpoir s'emparent d'eux & leur caufent fouvent la mort. On n'a d'autre moyen pour prévenir ces accidens , que de les diftraire en jouant devant eux de différens inf-trumens. Dans la traite , ou le commerce des Nègres , on appelle Nègre pièce i'inde un homme ou une femme depuis quinze ans jufqu'à vingt-un, ou trente ans au plus, qui eft faine , robufte , bienfaite, & qui a toutes fes dents. Trois négrillons ou négrillonnes de dix ans font deux pièces d'inde , fit l'on compte deux enfans depuis cinq ans jufqu'à dix pour une pièce. Les vie U NI lards fit les malades fe réduî-fent aux trois quarts. Nous \endons un nègre bien iain ôc ^ans la première vigueur de l'âge, mille livres, pius ou moins. Les Anglois fit les Hollandois nous en in-troduifent dans nos colonies à meilleur compte , fit qui ne coûtent pas louv ent plus de fept cens livres : mais ils naviguent à meilleur marché que nous. L'Anglois d'ailleurs n'a pas de fcrupule de nous faire paffer le rebut de fes noirs, des nègres malingres ou viciés , foibles , débauchés. Il prend en retour de nos indigos, qu'il porte chez lui fous le nom d'indigo de les colonies , fit obtient encore par ce moyen du Gouvernement des gratifications qui lui forment un bénéfice confidérable. On a nommé vaiffeaux , ou bâtimens Négriers , ceux qui fervent à faire la traite des nègres. Il y a un Edit donné à Ver-failles au mois de Mars 1685., qui tient lieu de Règlement pour l'adminiftration de la juftice , police , difeipline ôc le commerce des efclaves nègres. Voye\ Codt noir. NITRE. Sel neutre compofé de l'acide nitreux, joint a unalkali fixe. Ce fel eft NI plus connu fous le nom de falpêtre. Il eft un objet important de commerce , parce qu'il eft le principal ingrédient de la poudre à canon. V. Salpêtre. NIVERNOIS. Province de France , bornée au nord par le pays de Puifa'ye , au midi par le Bourbonnois, au levant par la Bourgogne , 6k au couchant par le Berri. Si on en excepte le Mor-van , pays de montagne fort ftériles , cette province eft aifez fertile en vins, eu fruits ôc en grains. Elle a beaucoup de bois ôc de mines de fer qui font principalement dans la partie appellée vaux de Ne-vers. Les forges du Nivernois donnent un fer , qui en général paffe pour être doux. On l'emploie avec fuccès à forger des épées & des canons de moufquets. Les premières manufactures de fer blanc qu'on ait eues en France s'établirent en Franche-Comté & dans le Nivernois. Mais nous ne connoiflions pas encore affez tout le prix des Fabriquans qui mettoient en œuvre nos matières , ôc nous fournif-foient une marchandife que l'on étoit obligé de tirer de l'étranger ; ces ouvriers précieux furent négligés , ou peu favoriies, ôc ils fe rç- NO ïîî tirèrent. Depuis quelques années ils s'eft établi à une lieue de Nevers, capitale de la province , une nouvelle t manufacture de fer blanc , dont nous avons lieu d'efpé-rer les plus heureux fuccès. V. Fer-blanc. Le Nivernois a aufli des verreries, des manufactures pour la fayence. Ce fut un Italien , qui ayant reconnu aux environs de la capitale une terre propre à cette poterie en forma des vafes, ôc nous procura la première manufacture de fayence. Voye^ Fayence. Nevers, Château-Chinon ont quelques fabriques de draps, de ferges , de toiles. On prépare auffi des cuirs à Nevers, Ôc on y travaille fort bien en différens ouvrages de verre ôc d'émail. NOB LES S E. Rang ôc qualité que donne la naiffan-ce ou les lettres du Prince , Ôc qui élèvent ceux qui en font revêtus au-deffus des roturiers. Nous ne parlons ici de la nobleffe qu'à caufe de la queftion fi fouvent agitée , le commerce doit-il être permis aux nobles î Pour décider cette queftion , il eft néceffaire d'examiner les rapports que le commerce peut avoir avec les fiftêmes politiques des différens Gouver- ï?4 NO nemens. Ceci demande «n traité , & nous ne pouvons faire que quelques réflexions. Dans les iîtats Aristocratiques , il eft Sagement défendu aux nobles de commercer. Plufieurs d'entr'eux ac-queroient des richefles im-menSes , qui leur donneraient trop d'influence dans les affaires , qui pourroient même les pbrter à s'emparer du Gouvernement. Que ces Marchands d'ailleurs fi accrédités exercent toutes fortes de monopoles qui pourroit s'y oppofer ? La loi Claudia, au rapport de Titq-1 ive, dé-fendoit aux Sénateurs Romains d'avoir en mer aucun vaifleau qui tint plus de quarante muids. Les loix de Venife détendent pareillement aux Sénateurs de trafiquer. Le négoce eft la profeifion de gens égaux. En Hollande où tous les particuliers jouiflent d'une forte d'égalité , où les loix par conftquent font toujours Supérieures aux citoyens , on a pu permettre le négoce aux gens en place. On a même dû encourager une profeifion qui fait fublif-ter la Republique en Europe, & lui donne des Empires en Afie, Mais cette même République qui commande en Monarque dans les Indes , a compris qu'elle devoit s'y N O conduire par d'autres maximes qu'en Europe. Il elt défendu aux Gouverneurs de fes principales places, ôc aux premiers Officiers d'exercer aucune forte de trafic , di-rectement, ni indirectement. Le commerce pourroit - leur donner même innocemment des richefles exhorbitantes, C'eft parce que la noblefle Angloife a mis entre fes mains la plus grande partie du commerce des trois Royaumes , ôc de leurs richefles que la Grande-Bretagne fe maintient dans cette liberté, ôc dans ces belles prérogatives qui lui font fi précieufes. Le crédit & les richefles des nobles , font le contre- poids qui tient le pouvoir du Monarque Anglois dans un jufte équilibre , ôc l'empêche de pencher vers le defpotifme. Ce contre-poids eft d'autant plus néceflaire , que depuis l'abaiflement du Clergé Britannique , la noblelie eft la fehle puiffance intermédiaire entre Je Monarque & le peuple. Le befoin que Ja Grande-Bretagne , par fa Situation au milieu des mers Ôc par l'étendue de fes colonies , a d'une marine puif-fante eft encore une raifon bien décisive pour la noblef-fe de s'adonner au commerce & à la navigation. La pofw N O tïon de la France eft différente ; elle n'eft point Séparée du continent comme l'Angleterre : elle eft au contraire environnée de Nations rivales ôc jaloufes de fa gloire. C'eft donc principalement fur la valeur de fes troupes de terre , Ôc fur le courage de fa nobleffe que la France doit fe repofer. On a cherché néanmoins dans cet Etat à porter la nobleflé au commerce , comme nous l'avons Fait voir à l'article Négoce- Mats qui ne voit qu'on rnineroit fans aucun avantage pour le commerce , cet amour que la nobleffe Françoife a pour la gloire des armes ? Dans les Etats qui ne font que commerçans , la foif de l'or brûle jufqu'aux citoyens du premier ordre. On ne connoîtque les moyens d'amaffer de grandes richef-fes ôc promptement. De prétendus befoins ÔV des defirs plus infatiables encore nour-riffent dans le cœur du noble des craintes ôc des efpéran-ces qui le rendent indifférent à la gloire du Prince , au bien de la patrie , ôc ne lui laiffent que le fentiment de fes paf-fions. Ouvrir le commerce à la nobleffe , c'eft donc bannir l'efptit militaire , c'eft éteindre ce fentiment d'honneur , qui eft la paîlîou des N O ijç nobles , Ôc que l'on peut regarder en particulier comme le Palladium de la France. Auili Louis XIV qui connoif-foit bien ce que vaut une nobleffe guerrière ôc attachée à fon Souverain, avoit-il coutume de dire , que quand il fe trouveroit fans argent & fans alliés, il feroit toujours fur de vaincre fes ennemis en fe mettant à Ja tête de la nobleffe de fon Royaume. V. Marine, Négoce , Commerce. NORD. ( Commerce du ) C'eft celui qui fe fait par les Anglois, les Hollandois , les François ôc autres nationsdans la mer Baltique , Ôc dans les parties les plus feptentriona-les de la terre,commeJaNor-wege , Archangel, le Groenland , la Laponie , ôcc. Les principales marchandifes que l'on tire du Nord font du chanvre , des cendres pour nos blanchifferies , du bray , du goudron , des mats, des planches , des bois de conftruftion , des fourrures précieufes , du fer , du cuivre. La plupart de ces marchandifes étant d'un grand encombrement ôc de peu de valeur , le bénéfice que donne leur tranfport doit nécef-fairement appartenir , toutes chofes égales d'ailleurs , aux Nations' qui naviguent à «56* NO meilleur marché. Ce font aufli les Hollandois gui frètent leurs navires à fi bon compte, que l'on peut regarder comme les voiturters de ce commerce. S'il part tous les ans de Dunkerque trente vaifleaux pour le Nord on doit compter que les Hollandois en envoient huit cens, torfqu'îls fe trouvent dans quelques ports de la mer Baltique en concurrence avec d'autres Nations , ils fe privent volontiers du bénéfice du loyer de leurs vaiffeaux , afin de ruiner par leur bon marché ceux qui feroient tentés de faire les mêmes entreprifes qu'eux. On a impofé en France un droit fur l'entrée de leurs vaifleaux chargés de marchandifes , Ôc de denrées du Nord ôc de la mer Baltique ; mais ce droit peut-il balancer les grandes dépenfes de nos navigateurs ? L'impoli-tion par tonneau a même été pour les Hollandois , qui n'ont point de rivalité à craindre de nos armateurs , Un motif d'augmenter le prix des marchandifes chargées pour leur propre compte , ou de rejetter ce droit fur le prix du loyer de leurs navires , fî ces marchandifes ont été chargées à fret. Les Anglois ont mieux fait , ils ont » O coupé court à toutes les difficultés par leur fameux Acte de navigation de 16O0. Avec beaucoup moins de marchandifes que nous propres pour le Nord , ils ont des maga-fins , des comptoirs établis , une navigation réglée , des cargaifons d'envoie & de retour. Quand les François voudront, ils mettront dans leurs mains tout le profit de cette navigation. Ils ont la bafe du grand commerce qui fe fait au Nord , les vins , les eaux-de-vie , les fels, les fruits, les huiles ôc autres productions que le climat froid ôc humide des pays Septentrionaux refufe à leurs habitans. Nos draps font à. meilleur marché que ceux des Anglois. Nos colonies nous donnent lefucre , l'indigo , le coton , le caffé. La Louifiane mieux cultivée nous fournira le tabac néceflaire à, la confommation du Nord, Les ports que nous avons fur la méditerranée nous mettrons mifli à portée de faire pafîer dans ces pays Sep-> tentrionaux les drogues ôc-autres marchandifes que l'on tire du Levant. Pour le détail du commerce qui fe fait au Nord. Voye\ RuJJie , Sibérie , Suéde , Danne-, marck > IJlande , Laponie , Archange! , Copenhague ^ Stolcholm > Hambourg, Vant- NORMANDIE. Province de France, bornée au Nord par la Manche , au Midi par le Maine Si le Perche , au Levant par l'Ifle de France & la picardie , & an Couchant par l'Océan. La Normandie, par la ri-chefle de fes productions Si le grand nombre de fes fabriques , peut être regardée comme une des provinces de France qui fournit le plus au commerce. Le Normand naturellement actif, laborieux quand il s'agit de fon intéiêt, fait valoir avec profit toutes les reflburces du travail Si de l'œconomie. Il n'y a point de province où l'on tire plus de parti du chanvre, du lin & de la laine. Louviers , Elbeuf manufacturent des draps inférieurs pour la qualité à ceux d'Ab-beville & de Sedan , mais qui par leur bon marché fe répandent beaucoup plus. Des toiles de toutes fortes fe fabriquent dans la Généralité de Rouen , & fpécialement des toiles à careaux Se à raies de différentes couleurs. Ces toiles fe vendent à l'aune courante fous la halle aux toiles de Rouen , capitale de la province. Il fe fabrique aufli dans cette ville N O iJ7 d'autres toiles que l'on appelle Jîamoifes. Il y en a toutes de fil , d'autres dont la chaîne eft de fil, & la trame de iaine , de troifiemes qui ont le coton en chaîne Si le fil en trame. Les tanneries de Rouen & des environs font connues. On y prépare prefque tous les cuirs verds du pays, Si une grande partie de ceux qui viennent de l'étranger. Caudebec Si plufieurs autres villes de la Généralité iaifoient autrefois un envoi confiderable de leurs chapeaux au-dehor» du Royaume , mais la con-fommation en eft réduite aujourd'hui à l'intérieur de la province. Les fabriques pour le papier, les cartes à jouer les peignes de buts & de corne , & d'autres ouvrages de mercerie font encore bien diminuées , parce que l'étranger en a établi de Semblables chez lui. Mais l'induf-trie Normande a en quelque forte remplacé ces fabriques par d'antres qui pourront prendre faveur de plus en plus. Quelques particuliers ont commencé à s'appliquer à la filature du coton & à la fabnque des moufielines. On s'adonne aufli à Rouen à peindre des toiles, Se à remplacer par ce moyen ta moindre confommaiion des pe- xîS N O tites étoffes de laine de la Province. Alençon a toujours conservé fa réputations pour la fabrique des toiles ôc les ouvrages de point, On eft parvenu cependant à les imiter, & même à les furpaffer dans cfautres villes. V. Point. La Normandie n'a point l'olive & le railin ; mais féconde en pommes , elle re-ceuille beaucoup de cidre. Elle jouit d'ailleurs d'un grand nombre d'excellens pâturages i les beftiaux , les beurres ne font pas une des branches les moins importantes de fon commerce. Le pays de Caux lui fournit beaucoup de bled , ôc nourrit une grande quantité de volaille & de gibier, La province a auffi fes mines de fer , de cuivre , de charbon & un grand nombre de verreries. Mais ce qui contribuera toujours beaucoup à enrichir la Normandie, c'eft le nombre de bons ports tépandus fur les côtes de cette heureufe province. La Seine qui paffe par Rouen, Ôc fe jette dans Ja mer au Ha-vre-de-Grace, lui amené les vaiffeaux de ce port, ôc lui facilite le commerce des colonies. Cette ville peut être regardée comme le premier piagafin de l'Amérique Fran- N O çoife pour les toiles , les étoffes de laine , les chapeaux , ôc tout ce qui a rapport à l'habillement. Honffenr , Dieppe font encore d'excellens ports de mer , d'où fortent tous les ans un grand nombre de vaiffeaux qui vont à la pêche de la morue , du hareng , du maquereau. On doit rendre cette juftice aux Diep-pois , qu'ils ont beaucoup contribué aux progiès de notre navigation. L'avantage qu'Us eurent de découvrir les premiers les côtes d'Afrique , Ôc d'y entretenir un commerce confidérable de dents d'élephans avant que les Portugais euffent tenté de paffer le Cap de Bonne-Efpérance , les -portèrent de bonne heure à s'adonner aux ouvrages d'ivoire. Us ont toujours confervé leur réputation à cet égard. La ville de Dieppe s'enrichit aufli beaucoup par la grande quantité d'épiceries que les Hollandois lui apportent , Ôc qu'elle diftribue enfuite dans les provinces voifines, Il y a quelques manufactures dans cette ville. On y fabrique des dentelles au fufeau ôc fur l'oreiller qui font principalement re-commendables par la bonté Ôc la folidité du fil. N O •NO VI. Petite ville d'Italie dans TEtat de Gènes , elle eft très - connue par fes quatre foires , qui cependant fe tiennent préfente-ment à Sejiri ii Levante ou à Sainte Marguerite , ou à Rappallo -, petites villes de l'Etat de Gènes ; mais on ne met communément dans le cours des changes que Novi. Ces foires durent huit jours chacune. La première , qui eft celle de la purification, commence le premier du mois de Février ; la féconde , appeUée la foire de Pâques , s'ouvre le premier Mai. La foire d'Août, qui eft la troifieme , .s'ouvre le premier jour du mois qui lui donne fon nom ; &' la foire des Saints, qui eft la quatrième, commence le lendemain de cette fête. U V a toujours un grand concours de Négocians & de Banquiers dans ces foires Jl V viennent des différens" Etats d'Italie, de-France & Particulièrement de Lyon pour régler leurs affaires avec jeun correfpondans & faire fa foUle de leur compte , furent pour ce qui concerne la banque & le change. On tient les écritures à ^«y» Se aux endroit8 ou sV<_ «bhffent fes foires en écus tt°r de marc , qui l'on diviie N O 139 par vingt fols ôVn deniers. Les endoifemens des lettres de change font défendus par décret du Sénat ; en confé-quence , il n'eft pas permis de payer & de protefter les lettres de change , contenant diver< Endoffeurs. Un feul endodement .eft toiéré. NOVA LE. C'eft le nom que l'on a donné à une forte de toile à voile qui fe imbrique à, Noyai , ville de Bretagne , dont cette toile a pris fon nom. V. Bretagne- On demande pour que cette toile foit d'un bon fervice , qu'elle ait été fabriquée de til de cccur de chanvre , qu'elle foit bien égale , bien frappée fur le métier, & qu'elle ait du corps fans aucun apprêt. U eft fur-tout néceflaire que les lifieres foient fortes & ferrées, afin que ces toiles reliftent d'avantage aux efforts du vent, loi fqu'elles font coufues en-femble U y a des Noyales plus ou moins fortes. On les vend fur le pied <\e. l'aune courante du pays, plus longue d'un fîxieme que celle de Paris. NOYER. Grand arbre qui porte un fiuit bien connu. Ce fruit donne une huile par exprellion , qui eft d'un grand ufage dans les arts. Lorfque le bois de noyer eft »4o N U bien net, qu'il eft fans ger-fures ni roulures, les Tourneurs , les Ebeniftes, les Armuriers l'emploient avec fuccès pour leurs différens ouvrages. Les Ebeniftes préfèrent fur-tout le bas du tronc de l'arbre , fes loupes & fes plus grofles racines. Plus ces loupes & ces racines font de couleur brune & jaf-pée , plus elles font recherchées. Ce bois eft beaucoup plus liant que le bois de hêtre ; c'eft pourquoi oh le préfère à ce dernier , lorfque l'on veut faire des pelles creufes & qui aient des bords relevés. V. Hêtre. NUREMBERG. Ville libre & Impériale , l'une des plus grandes & des plus flo-ritfantes villes d'Allemagne. Il s'y fait un commerce considérable. Ses Fabriques con-fiitent principalement en ouvrages de quincaillerie & de mercerie. On obtient ces marchandifes à fi bon compte qu'on n'a point lieu d'être étonné du prodigieux débit qui s'en fait. Les Hollandois, les Marchands d'Amf-terdam principalement , qui entretiennent un grand commerce avec ceux de Nuremberg , en tranfportent beaucoup chez eux, & les répandent enfuite dans tontes les parties du monde. NU Les villes voifines de Nuremberg fabriquent quantité de bas de laine ; de bonnets de coton , de chapeaux , de gants de peau de chevreau , qui par leur blancheur font fort eftimés. On tient les écritures à Nuremberg en florins Ôç creutzers , le florin vaut 60 creutzers, ôc le creutzer 4 penings. L'argent courant ou de banque , avec lequel fe payent les lettres de change , confifte en pièces de 1 florins, d'un florin ôc de demi florin. Les pièces de i Ôc d'un florin appellées louis blancs, font des écus & des demi écus vieux de France , fabriqués fous les règnes de Louis XIII ôc de Louis XIV. Les Louis blancs ont un agio de 10 à n pour 100, contre la mauvaife monnoie , qui confifte en pièces de 3o, de 1 5 , de 11 , de 6, de 4 & de t creutzers. Le prix des Louis d'or vieux de France ôc des pif-toles d'Efpagne, varient de 7 florins 5 creutzers, à 7 florins 1 $ creutzers courants , fuivant que ces efpéces font plus ou moins recherchées. Ces deux efpéces gagnent comme l'argent blanc un agio de 10 à ii pour cent contre la monnoiej ainfi eu kppofant le Louis d'or vieux à 7 florins 10 creutzers , & l'agio à 11 pour cent, le même Louis d'or re-viendroit à 7 florins 58 creut-zeis | en monnoie. Les carolins d'or fixés à *o florins courans , n'ont qu'un agio de t à 3 pour cent contre la monnoie. La moneta. d'oro , ou les carolins fixés à 10 florins la pièce , perdent contre le Louis blanc où l'argent de banque 9 à 1 o pour cent plus ou moins. La moneta bianca , ou les pièces de 30 , de 15 , de ri , de 6 , de 4 & de * creutzers, perdent comme on l'a dit plus haut , 10 à n pour cent contre les Louis blancs, &c Tout ce qui fe traite en banque a Nuremberg y eft cenfé fe faire contre argent courant ou de banque ; fi l'acheteur n'en a point , il s'explique avec le courtier, alors il paye fuivant l'agio , foit en carolins, foit en monnoie. Il y a à Nuremberg une banque très-riche. On n'y reçoit que des efpéces du plus haut titre. Toutes les lettres de change doivent être payées dans cette banque. Les tranfports & les vire-*»ens de parties fc'y font à N U 141 peu près comme dans celle d'Amfterdam. L'ufance des lettres fur Nuremberg eft comptée de quatorze jours de vue , compris les fêtes Ôt les dimanches. On accorde à ces lettres fix jours de faveur , qui commencent le lendemain du quatorzième jour , à défaut de payement, il faut faire protefter le fixieme jour avant le foleil couché. Suivant l'article 15 de l'Ordonnance de la banque de Nuremberg , les dimanches nî les jours de fêtes ne font point compris dans les jours de faveur ; & par l'article 16 , il eft dit que fi les lettres de change fur Nuremberg échoient pendant que la banque eft fermée , les fix jours ne commenceront à courir que du jour de l'ouverture de la b'ànque ; & que fi la banque fe ferme le premier ou le fécond jour des fix de faveur , on continuera à compter les autres jours de l'ouverture de la banque. Les lettres à vue , & à r , x, 3 & 4 jours de vue, n'ont point de jours de faveur ; celles a vue doivent être payées à leur préfentation , & les autres à leur échéance. La livre de Paris eft environ de 4 pour cent plus foi- T4* N U ble que celle de Nuremberg ; enforte que 100 livres de Paris n'en font que 94 de Nuremberg , ôc 100 livres de Nuremberg en font 104 de Paris. A l'égard de l'aune , 100 aunes de Paris rendent environ 178 aunes à Nuremberg, & 100 aunes de la même ville s6 \ à Paris. La mefure pour les grains eft appellée limera , elle fe divife en 4 quarts , qui foac 16 mezens ; le limera pefe 450 livres de Nuremberg, ainfi le fimera revient à 468 livies de Paris, en calculant 100 livres de Nuremberg pour 104 de Paris. Le vin , les eaux-de vie, la bière & le vinaigre s'y vendent h l'eymer , chaque eymer contient 64 pots de Nuremberg. O OCHRE. Foffille ou terre douce tendre , friable & de couleur jaune : elle eft d'un grand ufage dans la peinture. On peut confidérer l'ochre comme une terre ferrugineufe , précipitée. On*en trouve dans les mines de cuivre, de plomb , ôcc. Le Berri nous en fournit qui eft préférable à celle qui vient d'Angleterre. CelJe-ci a une couleur plus foncée que la première ; mais elle eft grave-leufe & n'eft pas fi bonne pour la peinture à l'huile. Les ochres d'Italie font communément plus dorées que celles que vendent nos marchands de couleurs. Au refte , il y a des ochres de plufieurs fortes Ôc différentes éteintes. On donne à la jafune un rouge plus ou moins vif à l'aide du feu. Le rouge brun , ou rouge d'Angleterre , eft un compofé d'ochre & de terre colorée par le fer. L'ochre de Rhut eft d'une couleur plus foncée que la jaune: elle eft d'ailleurs beaucoup plus chargée de ter- * re. Si on la fait rougir au feu , elle vient d'un jaune rouge-brun. (ECONOMIE. ( Commerce d') C'eft le trafic que fait une Nation , qui ayant très-peu de productions chez elle , eft obligée pour pouvoir fubfifter de le rendre la commilHonnaire , ôc en O E quelque forte la pourveyeufe des peuples qui veulent bien faire ufage de fon fervice. Le commerce d'ceconomie confille donc à répandre dans chaque contrée le fuperflu des autres. Les Tyriens,les Vénitiens , les Hollandois obligés de fuir devant leurs vainqueurs , cherchèrent une retraite aflurée dans les marais , dans les ifles , les bas fonds de la.mer, au milieu même de fes écueils. U faî-loit fublifter , leur territoire ne fourniffoit rien , ils mirent l'Univers à contribution par leur activité ôc leur in-duftrie. CESYPE. Mot grec compofé, qui lignifie proprement pourriture de brebis. Les Médecins en ont fait le nom d'une graifle tirée de la laine crue ôc qui en a l'odeur. Us l'emploient pour la guérifon des-ulceres Ôc pour d'autres ufages. Le Eerrï, la Beauffe ôc la Normandie ; qui nourriflënt beaucoup de troupeaux , font aufli les Provinces qui nous envoient le plus de cette drogue , mais il s'en débite très - peu. Pomet confeille de choilir l'œfype pure , nouvelle , d'une confiftance moyenne , d'une couleur de g"s de fouris ôc d'une odeur Supportable. Lorfque cette O L MS drogue vieillit, elle devient dure comme du favon bien fec , ôc elle exhale une odeur très-forte.-Cependant le même auteur a expérimenté qu'après, un grand efpace de tems elle perd fii puanteur , ôc acquiert une odeur qui approche un peu de celle de l'ambre gris. OLIVE. Fruit de l'olivier , dont on tire une huile que l'on peut regarder Comme un des plus utiles pré-fent de la nature , ôc une des principales richefles de la France V. Huile, Olivier* Quand on veut obtenir de f olive l'huile qu'elle retient, on la brife fous une meule , qui en réduit la chair en une pâte qu'il faut arrofer d'eau. Cet arrofement détache l'huile , la fait furnager, ôc facilite le moyen de la receuillir. Cette huile peut fe conferver un an , après quoi elle s'atfoiblit ôc fe gâte. A l'égard des olives deftï-nées pour la table , on les fait pafler par une leflive de cendres ôc de chaud. On les met enfuite dans des .vaiffeaux de grais ou de bois 9 avec un peu d'eau, de fel , de coriandre, de girofle , de fenouil ôc autres aromates. Cet aflaifonnement éteint l'amertume de l'olive, lui donne ï44 O L un goût agréable & piquant & facilite les moyens de la conferver verte plus long-tetns. Les olives , qui ont le plus de débit dans le commerce , font celles de Vefonne, d'Efpagne Se de Provence. Les olives d'Efpagne font très-groffes , d'un verd pale , ôc d'un goût amer qui ne plait pas à tout le monde. Les olives de veronnes font plus recherchées. Il y en a du grand & du petit moule , Se d'autres qu'on appelle des fe-mences. Les olives de Provence font de différentes groffeurs i mais les plus petites appellées , pour cette raifon picholines , font préférées aux autres. Elles font d'un goût exquis & tin , qui eft dû en partie à l'affaifon-nement, que les Provençaux Içavent leur donner. En général il faut choifir les olives nouvelles , fermes Se bien trempées dans la faumnre. Auftîtôt que la fauffe ou la faumure leur manque , elles s'amolliffent Se deviennent noires. OLIVIER. Arbre de médiocre grandeur , dont les feuilles "longues & épaiffes , vertes par-defius & blanchâtres par-deffous , fe terminent en pointe. Cet arbre ïéufTit parfaitement fur les O P côtes méridionales de ta France. Il enrichit la Provence Se le Languedoc par une huile dont la douceur l'emporte fur tout ce que l'Italie & le Portugal ont de plus parfait. V. huile , olive. Le bois d'olivier eft maf-fif , veineux & reçoit très-bien le poli. On l'emploie à divers ouvrages de tour ôc de marqueterie. ONCE. Petit poids qui fait la feizieme partie de la livre commune , ou la huitième du marc. Cette once du poids de marc fe fubdi-vife en huit gros ou drag-mes, le gros en trois deniers ou fcrupules , Se le denier ou fcrupule en vingt-quatre grains. L'once par cenfé-quent eft compofée de 57S grains , dont chacun eft ef-timé pefer un grain de bled. OPALE- Pierre précieufe , qui eft rangée parmi les pierres demi-tranfparentes : elle eft la plus eftimée de cette claffe. Le blanc de lait eft fa couleur fondamentale , mais lorfqu'elle eft pénétrée de lumière , elle rend comme le prifme di-verfes couleurs. U y a bien des fortes d'opales. On en diftingue néanmoins que quatre. La première approche de l'iris. V. iris. La OP La féconde , un peu teintée de noir , envoie des jets d'un rouge vif comme le grenat , le rubis ou l'amethyfte. Dans la troifieme , on apper-çoit un mélange de plufieurs couleurs fur un fond jaune ; c'eft la moindre de toutes. La quatrième a un fond blanchâtre rehauffé de bleu , de jaune fit de verd. On a trouvé qu'elle reflembloit à un œil de poiffon , & que la lueur qu'elle renvoyoit imitoit celle des étoiles. Afin de donner plus de jeu aux opales, on ne les taille point à facettes , mais en cabauchon comme l'efcarboucle. V. Efcar-boucle. Lorfque cette pierre eft caffée, fes couleurs difparoif-fent ; ce qui prouve qu'elles Viennent des rayons de lumière , réfractés fur la furfa-ce de l'opale. On en trouve dans les Indes , en Chypre , en Egypte , en Barbarie , eii Arabie , en Bohême, en Hongrie , &c. Celles qui viennent de ces derniers pays font plus blanchâtres & plus laiteufes que les autres : elles ont auffi moins de jeu & de vivacité. OPIUM. Mot tiré du grec Ivrls , fuccus , fuc. L'opium cft le jus condenfé des têtes de pavots d'Inde. Quand ce lus ou ce fuc eft tiré du pavot Tome IL OP ï4$ par ïncifion , il conferve lé nom d'opium. II prend celui de meconium lorfqu'on l'obtient par exprefijon. Celui-ci eft beaucoup plus foible , fit inférieur à tous égards au premier. Aulfi les Levantins qui en font le commerce , ne nous envoient le plus fouvent que de ce dernier; Les Turcs gardent pour eux l'opium. Ils le croient propre à leur infpirer de la vigueur fit de la joie , en le prenant avec certaines préparations. Il faut choifir Je meconium , ou comme on l'appelle ici l'opium , qui nous vient par là voie de Marfeille, le plus fec, le plus uni, le plus noirâtrej 6c d'une odeur la plus fomni-fer qu'il eft poflîble. Po-met dans fon hiûoire générale des drogues, demande encore qu'il ne foit point grommeleux , adhérant , nî tout en une maffe. L'opiurri préparé , fuivant l'ufage de notre médecine » fe nomme laudanum* Il appaife les douleurs , provoque le fom-meil , arrête les vomiffe-mens. Mais il faut en ufer avec beaucoup de précaution. OPOPANAX. Mot grec compofé , qui fignifie fuc dé Panacée. On a donné ce nom à une gomme ou réfine , qui découle par incifion d'un ar° H t4<$ O P bre commun dans l'Achaïe 6e la Macédoine. Cette d;o-gue qui nous vient en l'tance par la voie de IVlarfeilie , eft en larmes ou en maiie. 11 y a aulfi l'opopanax contrerait onapplaii. L'opopanax en larmes eft très-eftimé. 11 faut le choifir en belles larmes blanches en dedans , ôc d'un blanc doré au-delius , d'une odeur forte , d'un goût amer ôc défagréable , le plus fec ôc le plus pur qu'il eft pof-fible. Le meilleur opopanax en mafle eft celui qui approche le plus du premier pour la couleur Ôc l'odeur. La troifieme efpéce d'opopanax doit être rejettée , parce que les Marchands qui le vendent ne fe font pas de {'crapule de le mélanger avec d'autres gommes de médiocre qualité. Pomet dans fon hiftoire générale des drogues, confeille aux Marchands Epiciers - Droguiftes , qui font venir des cailles de cette gomme , de ne les ouvrir qu'avec précaution , parce que fon odeur eft très-forte , très-pénétrante. Mais cette, odeur diminue à mefure que la drogue vieillit. Sa blancheur même s'altère ôc devient d'un rouge foncé. L'opopanax eft propre pour la guérifon des plaies. Il entre dans la compoiition de O R plufieurs emplâtres. Ç)R. Métal jaune , U premier Ôc le plus précieux dé tous les métaux , c'eft aufli le plus compacte , le plus pelant , le plus ductile ; celui qui s'épure le mieux , ôc qui par la" belle couleur brillante approche le plus de la vivacité du feu. Une autre qualité encore qui le fépare des autres métaux , c'eft de ne pouvoir être rongépar la rouille , Ôc de ne point diminuer de poids en parlant par le feu. Cette incorruptibilité de l'or , fa flexibilité , fon aptitude à toutes fortes d'ouvrages ont dû le faire regarder par tous les hommes , comme une matière propre à devenir entr'eux une marchandife moyenne , qui pût en toute rencontre être offerte en échange , ôc leur tenir lieu de gage. Voye\ Monnoie. L'orfe tire des mines ;mais on en trouve aulfi dans les fables de quelques fleuves ou torrens. Ce dernier s'appelle or en poudre , poudre d'or ou paillettes. Voye\ Guinée, Côte d'or. On trouve aufli au Chily de l'or dans des bancs de terre , fur la pente des montagnes. V. Chily. L'Europe fi riche en toutes fortes de productions » OR O R 147 a très-peu de mïnes d'or. France la proportion de l'or L'Efpagne étoit autrefois la à l'argent eft de 1 à 14 f ; partie de notre continent où pour parler avec plus de pré-on en trouvoit le plus. La cifion , de 1 à 14 f moins première fois que les Pheni- quelque chofe s car il y a une ciens abordèrent en Efpagne, petite différence. Quatorze-dit ariftote , ils y trouvèrent marcs & demi d'argent valent tant d'or & d'argent que "jn liv. 1 fols , & le marc leurs vaifleaux ne purent tout d'or ne vaut que 710 , ce qnt emporter. Les Efpagnols , fait un moins de t liv. 1 maîtres du Mexique & du fols. Voy. Matières d'or & Potofi, négligèrent bientôt d'argent* les mines des précieux mé- L'or eft parfaitement fin taux qu'ils avoient en Euro- quand il ne contient aucun pe , « qui fe trouvant au métal ; mais comme il eft fort milieu d'eux , auroient pu difficile , ou même impofli~ être regardées comme des fa- ble , que l'or parvienne à ce briques du pays , & contri- degré de finefle , on a cher-buer à retenir dans le fein de ché à faire connoître aux au-la Nation une plus grande très la quantité de métal quantité d'hommes ; au lieu étranger qu'il retient pour que les mines de l'Amérique cela on a divifé l'or par là n'ont fervi qu'à dépeupler penfée en vingt-quatre^ par-l'Efpagne. ties , & chaque partie en Depuis la découverte du quarts, en huitièmes , en fei-Bréfilparles Portugais, l'or ziemes , en trente-deuxie-que l'on tire annuellement de mes. Chaque vingt-quatrie-cette riche contrée a dû dimi- me partie d'une mafle d'or , nuer le prix de ce métal en de quelque poids qu'elle fût, Europe ; cependant il eft tou- a été nommée carat, & lorf-jours très-cher relativement que la mafle, après l'affinage à l'argent.- U l'eft beaucoup & l'eflai, n'a contenu qu'une moins en Orient. Aufli un vingt-quatrième partie d'aides plus grands bénéfices du liage, on a dit alors que cet commerce des Hollandoisdans or étoit au titre de vingt-ces contrées éloignées , eft trois carats, parce que de* d'échanger leur or contre de vingt-quatre parties de cette l'argent, qui reçoit un plus mafle , il n'y en avoit qu'une grand prix à mefure qu'on s'avance vers l'Occident. En Kîj i4« O R Le titre de nos pièces d'or eft de iz carats. V.Louis d'or de France. Or trait , c'eft un lingot d'argent couvert de plufieurs petites feuilles d'or que l'on a fait pafler par diverfes ouvertures fucceilivement plus petites» Le bout de ce lingot eft faifi avec de fortes tenailles attachées à un cable , que plufieurs hommes tirent par le fecours d'un moulinet , nommé l'argue. Le lingot eft ainfi amené à la gioiïeur d'une ficelle , à celle d'un gros fil, enfin à celle d'un cheveu. Or en lame. C'eft de l'or trait que l'on a fait pafler entre d'eux cilindres d'acier très-polis , & tiès-ferrés l'un contre l'autre. Cet or appla-ti acquiert deux furfaces également dorées, qui le mettent en état d'être filé fur la foie , ou d'être employé tout plat dans les riches étoffes , dans les broderies , dans les dentelles. On lui a aufli donné le nom d'or battu. Or filé. C'eft de l'or trait mis en lame , enfuite filé, ou roulé autour d'un fil de foie, par le moyen d'un rouet ; en-forte que la foie s'en trouve toute couverte. Les ouvriers de Milan ont l'habilité de ne dorer que le côte de la lame , qui doit paroître fur le fil de O R foie , & par ce moyen ils ménagent près de la moitié de la dépenfe de l'or. V. fil d'or. Comme l'or parmi fes qualités a celle de n'être point fujet à la rouille , on l'applique avec fuccès fur le cuir , lur le bois , fur la pierre ôc fur tous les métaux. Tout ce qu'il touche , il l'orne , il l'embellit ôc le défend des injures du tems. Voye\ dorure. ORANGE. Fruit de l'oranger , arbre commun dans les pays chauds. Les feuilles de cet arbre font larges , lif-fées, odorantes Ôc pointues par le bout. Elles approchent aflez de celles du laurier ; mais elles font plus épaiflesôcd'unverd plus clair. Quoique l'oranger demande un air tempéré, on"eft parvenu néanmoins à le conferver dans les climats froids , en le mettant l'hyver dans des ferres où il puifle avoir une chaleur modérée. Il fe fait un grand commerce d'oranges douces ôc aigres : ces dernières font appellées plus communément bigarrades. On eftime particulièrement les oranges de la Chine , de Malte , de Portugal , d'Italie. Il nous en vient aufii des Ifles de l'Amérique j mais la majeure OR partie des oranges qui fe con-fomme en France nous eft fournie par la Provence. Le commerce que l'on fait de ce fruit eft d'autant plus considérable que fon écorce eft très-bonne confite. La plus recherchée eft celle qui fe fait à Tours. Elle eft claire , tranfparante ôc haute en couleur. Les fleurs d'oranges nous donnent aufti une confiture feche ou liquide qui eft eftimée. On tire de ces fleurs, par le moyen de la diftilhition , une eau très - odorante que l'on appelle eau de Naphe, ou de fleurs d'orange. L'Italie ôc la Provence en fournif-fent beaucoup au commerce. Les Parfumeurs s'en fervent pour compofer leurs parfums. Lorfque cette eau eft nouvellement diftillée , elle eft amere au goût, d'une odeur fuave ôc très-agréable. On obtient aufli de ces fleurs une huile , claire ôc extrêmement odorante , à laquelle les parfumeurs ont donné le nom de Neroli. R.ome avoit autrefois la réputation de donner la meilleure ; mais il s'en diftille d'aufli bonne en Provence. Les Provence aux nous envoient aulfi une huile que l'on tire des fceftes & de la peau des oranges par la diftillation. Cette OR T49 huile a une odeur fort fuave. L'huile de petit grain ëft celle que donnent les oran-gelettes , ou les petites oranges diftillées dans un alambic avec une furfifante quantité d'eau. On a eu foin auparavant de faire tremper pendant cinq ou fix jcjurs les petites oranges dans cette même eau. L'huile qui en provient eft d'un jaune doré , d'une odeur forte ôc odorante. Pomet dans fon hiftoire générale des drogues , avertit que toutes ces huiles qui viennent de Provence , font pour la plupart falfifiées Ôc mêlées avec de l'huile de Een ou d'amande douce. C'eft pour cette raifon , continue cet Auteur , qu'on ne doit l'acheter que de gens connus , ôc ne pas s'attacher au bon marché , principalement quand c'eft pour guérir les vers dès petits enfans , à quoi cette huile eft très-propre. ORCANETTE. Plante dont les feuilles font vertes , rudes ôc femblables à la bu-glofe. Du milieu de ces feuilles s'élève une tige droite garnie de petites fleurs en forme d'étoiles. Leur couleur eft d'un bleu très-tendre. La racine de l'orcanette donne un rouge fort vif qui fert aux Teinturiers. Comme Kiij i$o OR la teinture de cette racine ne confine que dans le rouge , dont fa fuperficie eft couverte , Pomet dans fon hif-toire générale des drogues , confeille de préférer celle qui eft menue à une plus groffe. Le même Auteur demande qu'elle foit nouvelle, fouple ôc néanmoins un peu feche i qu'elle paroifle d'un rouge foncé en delfus ôc blanche en dedans , & qu'étant frottée fur la main , elle donne un beau vermeil. L'or-canette croit en Provence : on la tire de Marfeille ôc de Jïifmes. Il y a encore l'orcanette du Levant ou de Conftan-tinople. C'eft une racine très-forte ôc très-grofle, qui ne femble préfenter d'abord qu'un amas de feuilles , longues ôc larges , roulées en-femble comme celles du tabac. Cette racine eft remarquable par la diverfité de fes couleurs, dont les principales font un rouge fort obf-cur ôc un très-beau violet. Au haut de cette racine on trouve une efpéce de moifif-fure blanche ôc bleuâtre qui eft comme fa fleur. Nous nous fervons très-peu de cette racine pour la teinture , parce que nous avons la première qui eft aufli bonne. Elles font tou- ©R tes les deux de quelqu'ufage en médecine. ORFEVRERIE. C'eft l'art de fabriquer différens ouvrages d'or ôc d'argent» On a donné le nom d'orfèvre à celui qui les fabrique. Ce nom fignifie proprement ouvrier en or , par le changement de Faber en fevre. Le Corps des orfèvres eft à Paris le dernier des fix Corps des Marchands. Ses premiers fta-tuts font du mois d'Août 1345. Ils lui furent donnés par Philippe VI, dit de Valois. Ce même Prince honora le Corps de l'Orfèvrerie des armoiries qu'on lui voit encore aujourd'hui. Ce font une croix d'or dentelée en champ de gueule , accompagnée de deux couronnes , ôc de deux coupes d'or à la bannière de France en chef. Comme l'or eft moins néceflaire à l'homme que le fer , on peut croire que l'orfèvrerie a une date bien postérieure à la fonte des autres métaux. Cet art a d'abord pris naiflance en Orient. Il eft fait mention dans l'hif-toire des bracelets ôc des pendans d'oreiile , qu'Elie-zer , ferviteur d'Abraham , donna à Rebecca de la part de fon maître j ils étoient d'or , ôc pefoient douze fi-cles ou fix onces, Les Egyp- tiens , peuple très-faftueux •ôc très-riche , ont beaucoup contribué aux progrès de l'orfèvrerie. Les lfraelites en fortant de cette contrée où ils avoient été retenus prifonniers , en rapportèrent des bijoux d'or ôc d'argent , qui furent jettes en fonte pour former le veau d'or Ôc les vafes du tabernacle ; mais c'eft principalement dans l'Alie mineure où cet art a dù être porté à fa perfection. Ou voit toujours avec fur-prife dans l'Hiftoire, la quantité de trépieds, de vafes , de tables , de couronnes d'or Ôc d'argent, dont étoient enrichis les .Temples de cette heureufe contrée , Ôc principalement celui de Delphes. L'ofévrerie continua à être cultivée fous les Empereurs de Conftantinople : mais après que les Sarrafins fe furent répandus dans cet Empire , les beaux arts fuirent devant ces barbares , parcoururent la terre , & fe réfugièrent dans plufieurs contrées de l'Europe. .La découverte de l'Amérique , en nous procurant de nouvelles maifes d'or ôc d'argent, augmenta notre goût pour un a}'t , qui joint toujours l'utile a l'agréable. Mais c'eft principalement aux études de nos Delfiuatenrs 6c à la per- OR r fe&ion du delfein en général que nous devons les chefs-d'œuvres des Eallin.des Lau-nai, des Germain. La beauté ôc la perfection des ouvrages de ces artiftes François , ont fouvent fait fouhaiter qu'ils euffent employé des • matières moins riches, moins précieufes ; ce font ces ouvrages qui ont fait reconnoi-tre par les Etrangers notre fupériorité dans ce genre de travail , ainfi que dans tous ceux où il faut réunir la beauté des formes , le goût du deifeiu , ôc ia délicateiï'e de la main-d'œuvre. . Les Anglois qui connoif-ïênt apparemment mieux que nous ce que produifent l'cr ôc l'argent dans le commerce , en employent très-peu en vaille lie. Us en fabriquent néanmoins pour les Etrangers ; mais la concurrence que nous ayons le plus à craindre pour les ouvrages oriévris, eft celle des Alle-mans. Leurs ouvrages font moins parfaits, moins finis , ôc à un titre beaucoup plus bas que les nôtres : mais par cette raifon - là même pouvant les donner à un prix bien inférieur, ils obtiennent aifément la préférence par ceux qui ne demandent que le bon marché. Les Marchands Merciers de Kiv Ml OR Paris font en droit de vendre toute forte d'orfèvrerie d'Allemagne & des autres pays étrangers. V. Bijouterie. ORGANCIN. Soie filée , moulinée & prête à être mife en œuvre. L'organcin eft compofé de quatre brin de foie , qui ayant d'abord été filés féparément deux à deux fur les moulins , font tors enfemble aulfi au moulin i en forte que les quatre brins ne coinpofent plus qu'un fil. Les organcins empruntent ordinairement leur nom des pays & villes où on les apprête & d'où on les tire ; tels font les organcins de Milan , de Bologne , de Ber-game , de Reggio , de Piémont , de Breife. Ceux de Meifine , ville du Royaume de Sicile , fe nomment organcins de Sainte - Lucie. Ces organcins , ainfi que ceux de Bologne , font en grande réputation. Il y a une efpéce de foie que l'on appelle tors fans filer , qui approche beaucoup de l'organcin , & qu'il faut fçavoir diftinguer. Elle a pareillement quatre brins ; mais qui n'ont pas été filés deux à deux , & féparément fur un premier moulin avant que de l'être tous quatre ensemble.. OR Par l'art. 6 t. du Règlement de 1667 , pour les étoffes d'or , d'argent dt de foie de la ville de Lyon, il eft dérendu de vendre le tors fans filer pour organcin filé. On peut remarquer encore une troifieme forte d'or-gancin, qui eft ordinairement de foie fina , ( foie de Chine. ) Elle s'emploie dans la fabrique des gazes. Le clochepied , qui eft le nom que l'on donne à cette efpéce d'organcin , diffère du véritable en ce que celui-ci a quatre fils , & le clochepied feulement trois , deux tors & un non tors. ORIENT. On fçait que ce mot Orient eft un terme relatif qui lignifie le point de l'horifon où le foleil fe levé. H fe dit aufli de la partie du Monde qui eft oppo-fée à l'Occident. On a appelle commerce d'Orient, celui qui fe fait dans l'Afie orientale par l'Océan ; & commerce du Levant, celui qui fe fait dans l'Afie occidentale pat la Méditerranée. Voy. Levant. Avant que les Portugais eufleut , à l'aide de la bouf-fole , doublé le Cap de Bonne - Efpérance, toutes les marchandifes de l'Orient nous venoient par la voie d'Alexandrie. Les Génois s OR ; îes Vénitiens principalement , favorifés par leur fi-tuation , avoient mis ce riche commerce dans leurs mains. Aujourd'hui l'Afie orientale eft un pays ouvert à toutes les Nations. Les Portugais , qui les premiers y abordèrent en 1498 , formèrent des établiifemens fur les principales côtes pour aifurer leur commerce, pour forcer même les Naturels du pays à les refpecf er, ou pour les maintenir contre les entreprifes de leurs ennemis communs. Les autres Nations de l'Europe qui font venues enfuite commercer en Orient, ont été obligées de fuivre l'exemple que leur avoient donné les Portugais , afin de fe procurer les mêmes avantages. Tomme ces opérations exigeoient nécef-fairement des dépenfes con-fidérables, foit pour l'éta-bliflëment des forts , des comptoirs , des rnagafins , foit pour l'entretien des troupes néceffaires à la défenfe . des places ; la navigation de l'Orient , ne pouvoit être exercée qu'aux dépens de l'Etat, comme en Portugal , ce qui eût rendu le commerce libre , ou aux dépens d'une Compagnie » ce qui le rendoit néceffairement ex-clutif. Ce dernier fyftême eft OR 15* celui qui eft adopté par les Nations commerçantes de l'Europe. Il n'y a aucune de ces Puiflances , fi ce n'eft peut être le Dannemarck, & encore depuis fort peu de tems , qui permette aux interlopes d'y faire quelque trafic. On a quelque fois défiré que le commerce de l'Orient fût ouvert à tous les Négocians nationaux ; mais on n'a pas toujours fait attention fur les raifons qui ont déterminé les Anglois ôc les Hollandois , fi jaloux de toute forte de liberté, ôc particulièrement de celle du commerce, à inftituer des Compagnies pour faire ex-clufivement celui des Indes . Orientales. Ces peuples commerçans ont bien fenti que des Particuliers ne fe-roient point en état de procurer le nombre de mains néceffaires, Ôc de fournir les fonds fuffifans pour foutenir cette navigation. Si nous voulons une preuve de fait , comparons les fuccés des Compagnies privilégiées aux Indes , avec l'état de langueur du commerce des Por-tugais dans ces mêmes contrées. Tous les Négocians nationaux en Portugal ont la liberté de trafiquer en Orient. L'Etat entretient les **4 OR forts ô> les comptoirs néceffaires pour cette navigation 5 ôc les Portugais en ont de répandus fur prefque toutes Jes côtes. Cependant leur négoce fe trouve en quelque forte anéanti par la concurrence des Compagnies privilégiées des autres Nations. Afin d'être plus convaincu de la néceflité d'une aifocia-tiou riche Ôc puiffante pour une pareille entrcprife, il faut fçavoir que le commerce ne fe fait avec avantage en Orient, que quand on. a dans chaque comptoir des Facteurs intelîigens, ôc bien toltrtâts du trafic qui fe fait d'inde en Inde. La nécefiîté de préparer dans un comptoir principal la cargaifon des vaifleaux d'Europe , Ôc l'intérêt qu'il y a de profiter des occafions favorables pour ( raffembler à bon marché les marchandifes propres à cette cargaifon , exigent de plus qu'on cultive avec foin toutes les branches de ce commerce d'Inde en Inde. Il eft îndifpenfable , par confisquent , d'avoir un capital permanent divifé dans les dirférens comptoirs , ôc proportionné à l'étendue du négoce que l'on veut embraf-fer. Les Etats , qui ont le plus reconnu la nécefiîté des R O Compagnies privilégiées , ont néanmoins fait en forte de procurer à un grand nombre de citoyens les bénéfices de ce commerce en divifant les capitaux en plufieurs petites portions que l'on a appel-lé actions. Les actionnaires fe font plaint quelquefois , fur-tout en Angleterre , des fortunes rapides de ceux qui ont été placés à la tête de la Compagnie. Us ont regardé avec quelque fondement, ces fortunes comme faites â leurs dépens. Il eft du moins certain que c'eft en fe fervant du crédit de la Compagnie même , que les Directeurs 6c leurs principaux Commis établis à Madras ou autres comptoirs des Indes orientales", font avec tant de profit le trafic d'Inde en Inde réfervé à la Compagnie d'Angleterre. Quelques années fufllfent pour les enrichir. Cet abus règne dans plufieurs autres Compagnies privilégiées de divers États. I es Agens de la Compagnie de Hollande , qui n'ont jamais pu obtenir la liberté de commercer pour leur compte , trouvent néanmoins les moyens de s'enrichir en très - peu de tems. On ne peut dilfimuler ici que c'eft un vol fait aux actionnaires. II eft d'ailleurs plus inté- OR reffant pour l'Etat , comme nous l'avons fait voir dans nos progrès àu commerce , que les richefles foient partagées , que de les accumuler dans quelques mains. Or ces grands bénéfices que donne le commerce d'Inde en Inde , feroient certainement plus oivifés , s'ils étoient repartis parmi le grand nombre des actionnaires auxquels ils appartiennent naturellement. Toutes les Nations qui trafiquent en Orient ont des fores ôc des entrepôts de commerce fur la côte.de Malabar , de Coromandel, ôcc Les Empereurs de la Chine fie du Japon avoient permis autrefois aux Portugais de s'établir fur lenrs terres ; mais à préfent ils ne fouffrent aucun établiflement chez eux. Ces Puiffances font même fi jaloufes de leur Religion , de leurs loix , de leur police ôc de leur autorité , qu'elles ont mis la barrière la plus forte entre nous ôc la Nation qui fait l'objet de leurs foins. Voye\ Chine , Japon. La balance de ce grand commerce que l'Europe fait en Orient, fe folde pour la majeure partie en argent ; c'eft l'Amérique qui nous le fournit. On pourroit même OR tsç croire que c'eft pour l'Afie que ce nouveau Monde a été découvert. Nous commençons cependant à nous r>ro-curer bien des marchandifes de luxe , que nous étions obligés autrefois de tirer entièrement de l'Orient. Nos manufactures de porcelaines ôc de Mouifelines fe perfectionnent tous les jours, ôc nous peignons les toiles avec tant de fuccès que les Indiens. Mais le bon marché de leur main-doeuvre , ôc leurs épiceries que notre luxe nous a rendu fi pré-cïeufes , feront toujours un obftacle qui empêchera l'Europe de s'affranchir entièrement du tribut qu'elle paie à l'Afie. Les nations Européennes privées de manufactures , ont d'ailleurs intérêt de faire valoir celles des Orientaux , plutôt que de contribuer par leur confom-mation à l'aggrandiflement . de leurs raifins. ORLEANOIS. Province de France , bornée au Nord par la Beauce ; au Midi : par la Sologne ; au Levant , par le Gâtinois ; ôc au Couchant, par le Danois ôc le Vendô-mois. Les fruits, les bleds, le fiifra.a , les vins, les eaux-de-vie font les principales richefles de l'Orlé*mois.s Or- ïçt> O R léans , capitale de cette province , eft l'entrepôt de toutes ces denrées qui fe tranf-portent par la Loire , fur laquelle cette ville eft fituée. Cette fituation avantageuse d'Orléans , fa pcfstion au milieu des Provinces de France , peuvent encore la faire regarder en quelque forte comme un bureau de diftri-bution pour le commerce intérieur du Royaume. La Loire en defcendant lui apporte les marchandifes du Languedoc , de la Provence , du Lyonnois, du Bourbonnois, du "Nivernois, du Eerry , & celles qui entrent en France par la Méditerranée. La même rivière en remontant lui facilite le tranfport de celles de l'Océan & des provinces d'Anjou, de Poitou , de Tou-raine ôc de Bretagne. Cette dernière province 6c la Rochelle lui envoient beaucoup de lucre brut , qui fort des raffineries d'Orléans très-blanc, & d'un très-beau grain. Cette capitale a auffi plufieurs fabriques d'étoffes de laine , de chapeaux , de bas au tricot ôc au métier. Cette bonneterie eft fort répandue. On eftime fes teintures, ainfi que fes cuirs préparés. Un autre commerce de la province eft celui des arbres fruitiers ôc des confitures , O R principalement de celle qui fe fait avec des coings, ôc que l'on nomme Cotignac Ses arbres fruitiers fervent, non feulement à garnir les plants qui fe forment dans le Royaume , il s'en exporte aufli beaucoup dans les pays étrangers. Plusieurs autres villes de l'Orléanois ont des fabriques d'étoffes de' laine , ôc quelques autres, dont la con-lommation fc fait dans l'intérieur du R.oyaume. Mais ce qui aflurera toujours à cet. te province un fond inépui-fable de richefles , font fes vignobles. Les vins qu'ils donnent n'ont point la déli-cateflè ôc le parfum de ceux de Bourgogne ôc de Champagne i mais leur belle couleur de rubis , leur force, leur faveur les feront toujours rechercher pour la boiffon ordinaire. ORME. Arbre de haute futaie. Son bois eft jaunâtre , dur , compacte , Ôc difficile à fendre. Il eft , pour cette raifon , excellent pour tous les ouvrages de charronna-ge. Voy. Charronnage. ( bois de ) ^L'orme eft encore très-propre à faire des canaux , des pompes , des moulins, ôc les parties des vaifleaux qui font toujours dans l'eau. ORPIMENT ow Orpia. O R Minerai pefant, luifant, caf-lant , fulphureux & caufti-que , compofé d'arfenic & de fouffre. Ce minéral, qui fe trouve communément dans les mines de cuivre , eft de plufieurs fortes , que l'on diftingue par leurs couleurs. L'un eft d'un jaune doré tres-brillant , l'autre d'un jaune plus pâle ôc moins luifant ; le troifieme d'un jaune rougeâtre , le quatrième d'un jaune verdâtre. Cette grande variété que l'on rencontre dans l'orpiment, nous indique qu'il y a un choix à faire dans les différentes efpéces d'orpins que les Anglois ôc les Hollandois nous envoient. Le plus beau Ôc le plus recherché eft en gros morceaux , d'un jaune doré. H eft luifant , ôc fe divife facilement en petites écailles minces ôc brillantes comme l'or. Ce minéral donne à la peinture un jaune très-éclatant , mais qui altère ôc noircît les couleurs avec lefquel-les on le mêle , ôc celles qui font dans fon voifinage. L>'ailleurs, comme c'eft un poifon dangereux Ôc un cor-rofif violent , les Peintres font très-bien de lui fubfti-tuer d'autres jaunes. i L'orpin rouge eft un orpiment calciné naturellement dans les entrailles de O R iS7 la terre par des feux fouter-rains , ou devenu rouge par une calcination artificielle au feu ordinaire. Cet orpin rouge donne une couleur moins perfide que le jaune , Ôc qui fe foutient un peu mieux > mais il eft un poifon également dangereux , également violent. On ne peut donc trop recommander aux Marchands qui en font chargés , de ne vendre ce brûlant minéral qu'à gens connus Ôc avec précaution. ORSEILLE Nom d'une forte de petite moufle , qui croît fur les rochers Ôc les pierres des Montagnes. Les Teinturiers la préparent avec de l'urine Ôc de la chaux, ôc en obtiennent différentes teintes pour leur rouge- La véritable orfeille , ou du moins la plus eftimée , nous vient des Canaries. Elle donne une belle couleur, mais qui n'eft pas de durée. Aufli cette dogue n'eft per-mife qu'aux Teinturiers du petit teint. On doit la préférer en France au brélil, parce que ce bois propre pour la teinture nous vient de l'Etranger ; l'orfeille an contraire nous eft fournie par plufieurs de nos provinces. Les nuances d'ailleurs que donne le brefil, peuvent s'imiter avec la garance , ou la i6o O X O Y eftimé, parce que fa couleur n'approche pas tant du véritable outremer. Les Hollandois vendent beaucoup de leur outremer factice pour les manufactures de porcelaine. Les Chinois n'emploient même plus aujourd'hui que celui qui leur eft apporté par les Hollandois. OXYCEDRE. mot grec qui lignifie cèdre aigu. C'eft le nom d'une efpéce de cèdre , dont les feuilles font longues, piquantes, toujours vertes Ôc femblables à celles du genevre. On obtient de l'oxycedre, par incifion, une gomme claire ôc tranfpa-rente , que Pomet dans fon hiftoire générale des drogues , regarde comme le véritable fandaraque. Mais parce que cette gomme eft très-rare , on lui fubftitue celle du genevre. V. Sanda-raque. OYE. Oifeau bien connu. Il donne au commerce une petite plume fine ôc délicate, O Y qui fait un bon duvet. Elle fe tire du col, de deflus le ventre , & de defious les aîles de Poireau. On en fait deux , ôc quelquefois trois récoltes par an V. Duvet. Les plus fortes plumes de l'oye fervent à écrire. Il y a les grofles plumes ôc les bouts d'aîles. Ce font les merciers ôc les papetiers qui les vendent au millier , au cent, au quarteron. Us ont foin auparavant de les affermir en les paflant légèrement fous de la cendre chaude. Us les mettent enfuite en pacquets. Plufieurs provinces de France font un commerce de cuifles d'oye préparées ôc falées. Il en vient de Bayon-ne , d'Auch, qui font recherchées pour la bonté de leur affaifonnement. On obtient encore de l'oye une graifle en ufage en médecine. Elle eft réfolutive , émolliente ôc adouciflantei PACOTILLE PACOTILLE. Poids, PAGODE. On a donné ce * volume , ou quantité dé- nom à de petites figures grO-teiminée de marchandifes ténues faites en bronze du en Que Jes Officiers , les ÎVIate- porcelaine, qui nous font ap-lots ex tous les Particuliers portées de l'Orient. Les mar-d'un navire ont la permiflion mouzets font devenus fort d'embarquer pour leur propre à la mode pour orner des escompte , Ôc fans payer le prix binets. Us font mêmes très-du iret , foit pour l'aller , recherchés , ce qu'ils doivent foit pour le retour. Cette uniquement au goût capri-permilfion eft une faveur qui cieux de la Nation. Car on s'accoi de principalement aux eft obligé de convenir que ces gens de l'équipage par les petits magots font oïdinaire-propriétaires des vaiffeaux ment très-mal defiinés ôc fans qui vont trafiquer dans des action, fans caractère. Les pays éloignés. figures defemme fpécialement PADOU. Sorte de ruban font d'un froid à glacer. U n'y fabriqué avec la bourre de a que les Japonois qui ayent foie , qui eft l'enveloppe du mis quelquefois de la finelfe cocon.On l'appelle autrement dans les têtes de femme : mais ruban de filofelle. Il y en a il eft extrêmement rare d'en qui font de foie ôc de fleuret, trouver de cette forte. Ôc d'autres de fleuret ôc de fil. Les figures en porcelaine Les padous que l'on fabrique fe rencontrent fouvent fans dans les manufactures de avoir de "couverte. Elles ont Saint-Etienne en Foreft , par ce moyen un ton velouté ôt de Saint-Chaumont dans Ôc mat , qui peut faire plus le Lyonnois , font faits avec d'effet que le brillant de l'ef-de la foie ôc du fleuret. On pece de vernis qu'on appli-les appelle communément pa- que fur la porcelaine. Voye\ dons de Lyon , parce que Porcelaine. c eft de cette ville qu'on les Pagode eft aufli le nom tire. U y en a de toutes cou- d'une monnoie des Indes, leurs ôede différentes largeurs. Cette monnoie eft ainfi ap-TerncII. h ï6* P A pellée, parce qu'elle porte l'empreinte d'une pagode , nom général de toutes les faunes Divinités des Indiens ôc des Temples où ils les adorent. Ces efpéces varient, & pour le titre ôc pour le prix. PALERME. Grande ville de Sicile. Elle eft fur la côte feptentïionale de l'iile , au fond du golfe du même nom. Elle trafique beaucoup de foies ôc de foieries , de foutre ou de crème de tartre , d'épongés fines. On en tire aulli des grains, ainfi que des autres places de Sicile ; mais c'eft dans celle-ci que Marfeil-le ôc la plupart des villes d'Italie ont coutume de s'en fournir. Voy. Sicile. On y tient les lettres comme à Meffine. Voy. Meffine. Les huiles s'y vendent à tant de tarins le cantaro de no rotoli, dont les roo font 158 liv. | de Paris ; les no rotoli, par conféquent , reviennent à 174liv.de la même ville. PALIXANDRE. Sorte de bois violet, qui eft très-propre pour les ouvrages de tour Ôc la marqueterie. Le plus recherché eft celui qui, par le jeu de fes veines , préfente des defleins agréables 6c variés. Ce font les Hollandois qui fourniflent à nos P A Marchands cette efpéce de bois. PANNE. Mot tiré du latin» Vannus , qui lignifie drap étoffe. On en a fait le nom paiticulier d'une forte d'étoffe de foie, qui a le poil beaucoup plus long que le velours , 6c moins long que la, peluche. La panne, par conféquent , tient le milieu entre ces deux étoffes. Il fe fabrique aufli des pannes de toutes les couleurs en poil de chèvre , en coton, en laine. PAPELINE. Etoffe très-légère , dont la chaîne eft de foie , ôc la trame de fleuret ou de filofelle. On en fabrique de pleines, de figurées & de toutes couleurs. Les grifettes peuvent être regardées comme de véritables pa-pelines. Les Réglemens veulent que ces petites étoffes ayent d'un feul côté une li-fiere de différente couleur à la chaîne , afin qu'on puifle les difcerner des étoffes de fine Ôc pure foie. PAPIER. Feuille très-min- ' ce que l'on fabrique avec de vieux linge de chanvre ou de lin, appelle communément chifons, ôc que les Manufacturiers nomment drapeaux , peilles, chiffes, dri-les ou pâtes. Le plus beau papier le fait avec les chifon» les plus fins, & le plus commun avec les plus groffiers. On les pile Ôc on les réduit en bouillie , ou pâte très-fine , 6V après avoir étendu cette pâte par feuilles on la laiffe fecher. Lorfque ce papier doit fervir pour écrire , ou pour rimprefBon , ou le colle , c'eft-à-dire qu'on f imbibe d'une liqueur épaiffe ôc gluante , qui lui donne du corps Ôc du foutien. L'encre par ce moyen eft reçu fur le papier ôc ne s'y imbibe pas , mais fe feche fur la fuperfi-cie. On fait néanmoins du papier fans colle propre à certains ufages On l'appelle papier fluant ; tel eft le papier brouillard. Son emploie le plus utile eft de filtrer des drogues & différentes liqueurs. Plufieurs Provinces de Fran*. ce ont des moulins à papier ; mais les meilleures manufactures font en Auvergne. Voy. Auvergne. Le papier prend différens noms fuivant fa grandeur , fa finefle , fa bonté , fuivant les marques ou figures qu'il porte. Les Reglemens demandent que chaque main de papier foit de vingt-cinq feuil-^esi ôt chaque rame de vingt «nains ; la première ôc la der-*"ere main de chaque rame P A îffj doivent être de même pâte & de même compte que lé refte de la rame. Il eft aulS défendu au Fabriquant dé mélanger les rames dé diver-fes qualités , grandeur ou forme de papier, d'y fourrer des feuilles caifées ou défec-tueufes. La France fait paifer beaucoup de fon papier chez l'Etranger , au Levant principalement. L'Efpagne en con-fomme une grande quantité* Celui cependant qui fe débite le mieux chez les El-pagnols ôc en Amérique , eft le papier de Gênes. La manière dont ce papier eft préparé & collé, a beaucoup contribué à le répandre ; la préparation de cette colle empêche le ver de s'y mettre» Les papiers des autres pays font fujets à cet accident. Ce "papier de Gênes , qui eft d'une qualité affez commune , fert principalement dans les colonies Efpagno-les à faire des cornets , avec lefquels on fume après le repas. 11 eft une autre forte de papiers dont on fait une grande confommation dans les colonies , parce qu'ils font propres à envelopper le fu-cre ; ce font les papiers bleus ôc violets. L s'en fabrique à Orléans * mais les Hollau- 3*4 P A dois , qui ont le fecret de nous donner le leur à plus bas prix , en font palier une grande quantité dans le Royaume. On a fouvent déliré que l'on fabriquât dans les papeteries des papiers aflez grands pour les plans ôc les gravures , fans être obligé de multiplier les feuilles. On fçait que la plupart des papeteries, même celles de Hollande , n'ont porté leurs moules qu'à de certaines grandeurs , qui font infufflfantespour lesgran-des pièces gravées.C'eft pourquoi on eft obligé de tirer ces pièces par parties, qu'il eft toujours difficile de raf-fembler aflez exactement , pour que les tailles fe rencontrent juftes. La fabrique de Montargis a pourvu à cet inconvénient, ôc a mérité par ce moyen la faveur du Public, on trouve dans fes magafins des papiers aflez grands pour les plans ôc les gravures , fans multiplier les feuilles. Elle en fait fabriquer de très-beau ôc de très-fin fur les grandeurs de trois pied ôc plus. Ces feuilles bien apprêtées font propres au deiîein , an lavis. Papter , velouté , connu aufli fous le nom de papier foufflc. C'eft un papier fur lequel on a appliqué divers P A defleins de laine haché. Il y * déjà quelque tems que cette forte de fabrique exifte. On en a attribué l'invention aux Anglois, mais on connoifloit à llouen le fecret de cette nouvelle étoffe , avant qu'il tût queftion despapiers d'Angleterre. Il eft vrai que ce font les Anglois qui ont le plus contribué à répandre ces nouvelles tapilferies. Us ont cherché à les relever par un coup d'ceil avantageux. En effet, ces tapilferies peuvent plaire , parce qu'elles imitent aflez bien toutes fortes d'étoffes de laines. On leur fait aufli repréfenter des defleins de damas , des ramages, des fleurs des payfages. Pour tendre ces papiers , on eft obligé de les coller fur des toiles clouées fur des chaifis ; ce qui fait que ces fortes de tapilferies font plus chères qu'on ne croyoit d'abord. D'ailleurs, le papier n'étant au fond qu'une pâte féchée , peut-il recevoir un mordant aflez folide pour conferver la laine qu'on y applique ï N'eft-il-pas déplus fujet à fe décoller lorfqu'il fait humide , ou à fe bourfouffler lorfqu'il fait trop fec ? C'eft fans doute pour remédier à ces inconvéniens que plufieurs artiftes intelligens ont P A •herché à exécuter fur la toile ce que plufieurs n'ont fait jufqu'ici que fur le papier. V. Toiles vtloutéees. Papiers de commerce-On doit comprendre fous cette dénomination les lettres , billets de change , billets au porteur , reconnaiffances , mandats , & autres effets que les hommes font convenus d'introduire parmi eux, pour être les lignes certains du prix de l'argent , comme il eft lui - même le ligne des marchandifes. Voy. Lettres de change , Billets. Le commerce s'étant perfectionné , on a établi les métaux précieux pour être le gage ou le ligne des échanges. Mais bientôt la maife des métaux augmentée ôc le commerce plus étendu, la facilité du tranfport fit imaginer des lignes des fignes mêmes ; origine des papiers de commerce. L'or ôc l'argent , indépendamment de la fonction que nous leur avons donné d'être le gage de nos échanges , ont encore u"e valeur réelle comme marchandifes. Il n'en eft pas de même des papiers ; ils ^'obtiennent tout leur prix q»e de la confiance qu'inf-piie celui qui les donne. Or comme cette confiance a des pornes , les avantages que P A ic>5 produïfent les papiers de commerce dans la circulation, doivent par conféquent être limités. V. Crédit. L'Angleterre a beaucoup multiplié chez elle , ôc fous des dénominations bien différentes , les papiers de commerce. Cette Puiflance s'eft procurée par ce moyen la facilité d'employer au dehors fes matières d'or & d'argent pour étendre fon négoce , Ôc foutenir fes projets ambitieux. D'un autre côté aufli ces papiers en augmentant confidérablement les valeurs numéraires , ont contribué à faire renchérir dans ■ la Grande - Bretagne les denrées , le prix du falaire , les ouvrages fabriqués. PARAGUAY. Grand pays de l'Amérique méridionale , borné au Nord par la rivière des Amazones ; au Midi, par la terre Magella-nique j au Levant , par le Bréfil , ôc au Couchant, par le Pérou ôc le Chily. Les Efpagnols fe font af-fujetti la plus grande partie de cette vafte région. Tout fon commerce le fait par Buenos - Ayres , ville avec un bon port, fituée fur l'embouchure de la rivière de la Plata , ou rivière d'argent , parce que l'argent dn Potofi venoit autrefois par - là en L iij icTô* P A Europe. La ville a retenu le nom de Buenos - Ayres , à caufe du bon air qu'on y refpi-re.C'étoit d-ins cette ville que Jes Affientiues tranfporoient les Nègres qu'ils étoient obligés, fuivant leur traité , de fournir aux Efpagnols. Une partie de ces e ici ave s iieftoit dans le pays , l'autre étoit diftribuée dans le Çhy-ly , dans le Pérou , Ôc autres poffelfions Efpagnoles. Voy. AJJiento. Les principales marchandifes que donne le Paraguay , font des cuirs verds de taureaux fauvages , ou les cuirs de ces animaux en poil ôc fans être tannés, du tabac en feuilles , du fucre en pains ôc en caflbnnade, de la cire jaune , ôc une herbe bien connue fous le nom d'herbe du Paraguay. On en didingue de deux fortes , celle qui con ferve le nom de Paraguay, ôc celle qu'on app«!ie Camini. On en fait une boitfon , qui fe prépare comme le thé. Il s'en confomme beaucoup dans le pays même , dans Je Pérou Ôc le Chily. Les Indiens ôc les Nègres qui travaillent aux mines , ne peuvent s'en pafler. On charge aufli pour l'Europe dans ce port de Buenos-Ayres diverses fortes de denrées , qui y fçrit apportées du, Chily ôt P A du Pérou. Elles fervent % payer une partie de la cargai-îon des vaifleaux Efpagnols , qui confifte principalement en toiles , taffetas , flanelles , chapeaux , quincailleries „ ôcc. le furplus eft foldé en piaftres Péruviennes ou du Péiou , que les Marchands qui font te commerce de cette contrée Ôc du Chily , apportent à Buenos - Ayres, V. Efpagne. . PARCHEMIN. Peau de bélier , de brebis ou de chèvre , qu'on emploie principalement à recevoir l'écriture , ôc tous les actes que l'on veut fendre durables. Si c'eft une peau de veau de lait ou d'agneau très-jeune % on lui donne le nom de vélin. Cette dernière peau bien préparée fert furtout pour les defleins , ôc pour tout ce qui demande un champ liffe ôc beaucoup de propreté dans l'exécution. C'eft le Megiflier qui prépare d'abord les peaux deftU nées à faire du parchemin , ôc le Parcheminier qui les finit. Après que le premier a paflé les peaux en blanc , Ôc qu'il les. a bandées , ra-. clées , poudrées à diverfes fois de craie broyée , le Parcheminier les reprend pour les racler à fec ôc plus à; fond, tant du côté de la fleur P A que du côté du dos. Il pafîe enfuite la pierre ponce par défiais, ce qui s'appelle poncer le parchemin. On nomme la. Jleur du parchemin le côté de la peau où étoit la chair i celui où étoit la laine s'appelle le dos du parchemin. Après que ces deux côtés ont été bien liifés avec la pierre ponce , ils font à la fin balayés ou veloutés par le frottement d'une toifon d'agneau. Nous faifons paffer beaucoup de notre parchemin en Hollande , en Angleterre , en Portugal, en Efpagne. Il fe débite à Paris à la botte ou au cent en compte. La botte de parchemin non équarrié , ou dont les bords n'ont point été coupés fous là régie, eft compofée de trente-fix peaux. Cette botte de parchemin en cahiers contient dix-huit cahiers de quatre feuilles chacun ; ce qui fait en tout 71 feuilles ou 144 feuillets. Les demi-peaux ôc les quarrés pour les différentes expéditions des Chancelleries ôc des Greffes , fe vendent au cent en compte. Les Parcheminiers forment à Paris une Communauté. Ses premiers ftatuts font de 1 j 4 $. Ils ont depuis P A i57 été augmentés fous Louis XIV par Lettres patentes du mois de Décembre 1654. PARIS. Ville capitale du Royaume de France. Elle paffe pour la plus riche , la plus peuplée , la plus Ronflante Ôc la plus grande ville de l'Europe ; mais elle n'eft pas la plus commerçante. Située au milieu des terres , elle eft obligée de fe fervir des villes qui font fur la mer comme d'entrepôts,foit pour envoyer fes marchandifes à l'étranger , foit pour en recevoir celles dont fes Négocians ont befoin. ' Les écritures fe tiennent dans cette ville ôc dans les autres villes de France en livres , fols ôc deniers. Ses monnoies de change font l'écu de change , compté en tout tems pour trois livres. La livre pour vingt fols ôc le fol pour douze deniers. Les lettres de change fur cette place jouifient de dix jours de faveur après l'échéance ,'excepté celles payables à vue Ôc à jour prefix. V. Lettre de Change-Les billets ôc promeffes caufées pour valeur reçue en marchandifes ont un mois de grâce. V. Billet. Les ufances y font comptées de trente jours,noncom-L.iij 368 P A pris celui de la date. Voye\ Ufance. Les ieules efpéces d'or & d'argent qui ont cours dans cette capitale , & dans toute la Fiance, font pour les efpéces d'or le Louis de a4 livres , le double de 48 le demi de 1*. Pour les efpéces d'argent , l'écu de 0 livres ,1e demi de 3 livres, des pièces de 14 , de 11 & de 6 fols. V.Louis d'or de France, écu d'argent de France. Le poids en uiage pour pefer les métaux précieux s'appelle marc. V. Marc PaRISIS. Monnoie qui fe frapnoit autrefois à Paris : çlle valoit un quart en fus plus que celle frappée à Tours. Ule n'eft plus d'ufage. On n'en parle ici que pour avertir que ce terme emnloyé dans quelques Ordonnances fign lie le quart en fus. V. Tournois. PARME. Ancienne ville d'Italie, capitale du Duché du même nom. C'eft par Verife que fe fait la plus grande partie du négoce de cette ville. I e pays tft très-abondant en beftiaux , on y fait d'excellens fromages , qui avec les foies greges font fes principales marchandifes. Les écritures fe tiennent à Parme en livres, fols & deniers , que l'on divife par »o FA &par ix. Les étrangers qui tirent des marchandifes de cette ville les payent en efpéces d'or ou d'argent, qui y ont cours fuivant la taxé ; ou bien ils lui remettent des lettres de change fur les places voifines. PAIERIES, f Traité des) Convention ou Traité particulier Je commerce, quis'ob-ferve même en tems de guerre entre les habitans des frontières de France & d'Efpagne. Par ce Traité il eft permis, en tout tems aux frontaliers des deux Royaur mes de commercer enfemble par les portes ou pafiages des Pyrénées , qui font énoncés dans la convention. Ce TraU té eft d'une oiigine incertaine , mais ii paroît par l'hif-toite que les Rois de France, depuis Charles VU jufqu';\ préfent, ont confirmé aux habitans des frontières des deux Royaumes le droit de pafieriçs & la liberté de commercer. U feroït également à de* firer pour le bien de la fo?. ciété & du commerce en général , que deux Nations en guerre convinflènt refpecfi-vement d'une ou de plufieurs places de franchifesque leurs Négocians pourroient frér quenter avec liberté. Les, P A 'Nations belligérantes toujours affligées par les déiaf-tres qui luirent la guerre , le font encore plus par le défaut de circulation qui arrête chez eux le gain du fabriquant 6c le faiaiie de l'ouvrier. Ce défaut de circulation fe fait fentir chez tous les peuples qui ont un commerce ouvert avec l'étranger. Or comme il n'y a point d'Etat qui ne tLalique au-dehors, il t/ft démontré que toutes les Puiffances de l'Europe font également intéreflées à prêter les mains à ces Traités particuliers qui alfureroient la majeure partie de leur commerce. Une police exacte & fevere, qu'il feroit facile d'établir dans ces places de commerce que l'on auiott choilies, pourroit raflurer la politique la plus foupçon-neufe. P A S T E L ou Guede. Plante qui fe cultive en Languedoc 6c dans quelques autres Provinces de France pour fervir à la teinture en bleu. Le paftel eft proprement une pâte faite avec la poudre d'une plante femée dans des terres fortes ôc fous un climat chaud. Lorfque les feuilles de cette plante °nt été bien pilées , on les laifle croupir dans l'eau plusieurs mois de fuite ; mais P E i6"cj on a foin de les remuer de tems en tems. Elles donnent un fediment qui demeure au fond de l'eau , ôc dont on fait cette pâte que l'on envoie aux Teinturiers. P A T A G O N d'argent. Pièce de monnoie fixée à trois livres argent courant, faiiant dix florins fix fols monnoie fabriquée. Elle eft au titre de dix deniers , Ôc pefe 508 grains poids de Genève , égal au poids de marc de France. Le pata-gon vaut cinq livres un fol de notre monnoie. Voye\ Genève. PEAU. Dépouille ou cuir que nous donnent différens animaux, ôc qui félon la manière dont il eft préparé reçoit différens noms. Les ouvriers qui nous apprêtent cette dépouille font de deux fortes. Les uns nous procurent des vêtemens tr'.s-chauds, ôc même des orne-mens très-précieux avec des peaux délicates , en y Iaif-fant le poil qui en fait la principale richefle Ôc la première beauté. Voye\ Fourrures , Pelleterie. Les autres font fubir aux peaux les plus fortes , Ôc d'un fervice éprouvé différens apprêts qui les affermif-fent en les pénétrant , qui les adoucîflent , les rendent *1° FE ïnaccefîîbles à l'eau ôc d'une Utilité plus générale. Ces apprêts varient à l'infini. Nous rapporterons ici fim-p'ement ceux qui font le principal objet des différens Corps de métiers qui s'occupent du travail des peaux. La mégie paffe toute forte de cuir en blanc ôc emploie le fon ôc la farine. Le Megiflier travaille pour les Bourreliers ; Ôc principalement pour les Gantiers , les Peauiïiers Ôc les Parcheminiers. V. Megie- La Chamoiferie fait ufage de l'huile de morue. Ce n'eft pas feulement la peau de chamois, forte de chèvre fauvage que le Chamoifeur prépare. Il donne aufii les mêmes apprêts à d'autres peaux que l'on appelle pour cette raifon chamois. Voye% Chamois. Les Tanneurs fe fervent do tan ou de l'écorce des jeunes chênes. V. Tanneur- Les Hongrieurs emploient le fuif. V. Hongrie. ( cuirs de ) La maroquinerie fait ufage du fumâc. V. Maroquinerie. Il y a auffi une peau ou un cuir très-dur , très-ferré , qui approche du maroquin , mais qui fe prépare différemment. V. Chagrin. PE La France tire beaucoup de peaux iech.es, ou falées de Guinée , du Cap - Verd du Sénégal , de Barbarie de Faillie , de l'Amérique , d'E-coffe Ôc d'Irlande. La peaufferie ou la vente des peaux fait à Paris un article du négoce de la mercerie. Il y a même des Marchands de ce Corps qui n'entreprennent d'autre commerce que celui-là. Ce commerce fe fait auffi par la Communauté des Peauffiers. Teinturiers en cuirs , ôc Calcon-niers. Ces Artifans ont été érigés en Corps de Jurande vers le milieu du quatorzième fiécle. En 1664 Louis XIV autorifa leurs Statuts , ou plutôt leur en donna de nouveaux. Suivant ces Statuts ôc Reglemens , il n'eft permis qu'aux Maitres Peauffiers de mettre , ou faire mettre en teinture ôc couleur , foit fur fleur , foit fur chair , foit par teinture froide ôc chaude , ou par fim-ple broffure , toutes fortes de peaux , de quelque palfage qu'elles aient été apprêtées ôc pafïées. Ceci comprend les cuirs blancs pafiés en mégie , les cuirs tannés , ceux paffés de galle ou en huile , ôc toute autre forte de peaux , comme veaux , moutons, chamois , agneaux , P E chevreaux , peaux de cerfs, biches , faons, chevreuils , dains , porcs , peaux de chiens,ficc.à la referve néanmoins des gros cuirs & vache s tannes. PECHE. Après l'Agriculture la Pêche a dû être considérée comme une des principales richefles du commerce, fpécialement par les Nations qui font celui d'eeconomie. C'eft avec leur poiffon falé que les Hollandois payent la majeure partie des marchandifes , ôc des denrées qu'ils tirent du Nord fie de la mer Ba'tique. Indépendamment de ce que les productions des mers augmentent les richefles relatives d'un Etat, en y fai-fant circuler des malles d'or ÔC d'argent qui n'y étoient pas, elles accroiffent fes richefles réelles , pa'ce que ces productions fervent, ainfi que celles de la terre , à la nourriture d'un plus grand nombre de fujets» On a antlï con'.idéré, avec raifon , les pêcheries comme des mines toujours fubliftantes , qui donnent de l'occupation aux mains que les terres & les manufactures d'un Etat ne peuvent employer. Cette planche de l'occupation des hommes eft encore bien précieufe , puifqu'elle augmente P E 17* la valeur des fnlines & qu'elle eft le berceau 6c l'école la plus fùre des matelots. V' Matelot. Tous ces avantages que l'on retire de la pêche ont porté l'Angleterre, Ja Hollande & tous les Etats qui entendent le mieux leurs intérêts à s'en occuper continuellement. Ces Etats favo-riferont les pêches chez eux, en empêchant les abus qui peuvent détruire Je poiffon. Dans plufieurs endroits des côtes de Bretagne , comme l'a obfervé la Société d'agriculture, de commerce ôc des arts de cette province , on fait une amorce ou un appât pour Ja pêche de la fardine ôc du maquereau avec le menu fretin des foies, des merlans ôc toutes fortes d« poiffons, qui fouvent ne font pas plus gros qu'une lentille. Deux femmes en moins de deux heures prennent quelquefois jufqu'à no livres pefant de cette mine précieufe , qu'il feroit fi inté-reffant pour l'Etat de con-ferver. Rien ne leur échape , puifque c'eft de la toile qui leur fert de filet. Ces côtes , par ces abus deftructifs, fe trouvent dépeuplées de poiffons , ôc les pêcheries deviennent ftériles. Les Ordonnances prononcent fur 17* P E cet abus, mais elles ne font pas feverement exécutées. C'eft néanmoins de leur exécution que dépend l'abondance des pêches. Une politique fage Ôc éclairée ne contribuera pas moins aux progrès des pêcheries de la Nation , en profitant habilement des Traités de commerce pour les étendre s en empêchant la concurrence du poiffon venant de l'étranger i en accordant des gratifications lorfque les circonftances l'exigent i en baiffant le taux de l'argent ; car les cinq fixie-mes de la valeur de la pêche lervant à payer le loyer des hommes & de l'argent, il eft démontré que le haut prix de ce loyer doit renchérir la marchandife ôc empêcher les Négocians Na-tîonnaux de fontenir la concurrence de leurs voifins dans les marchers étrangers. La confommation intérieure contribuera également à rendre la navigation plus fio-riffante. Mais pour que cette confommation s'étende le plus qu'il eft poffible , il eft néceflaire que les droits que paye le peuple pour avoir le poiffon foient modiques. Si ces droits font trop forts du double en les réduifant à moitié, au tiers même on PE peut s'attendre que la confommation augmentera dans la même proportion , la recette des droits fera la même par conféquent, ôc le peuple le plus grand con-fommateur des denrées à bon marché fera mieux nourri , la navigation plus flofif-fante , à raifon du plus grand nombre de matelots occupés à la pêche. Pour les différentes pêches, Voyez Anchois , Sardine • Hareng > Baleine t Saumon, Morue. PELLETERIE. On comprend fous cette dénomination toutes fortes de peaux garnies de poil def-tinées à faire des fourrures. Les Pelleteries les plus belles ôc les plus précieufes , telles que la marte, le renard noir , l'hermine , le petit-gris , le caflor , ÔVc. nous viennent de Suéde , de Dan-nemarck , de Mofcovie , de la Laponie , de Sibérie , ôc des terres feptentrionales de l'Amérique. Voye\ Sibérie , &> les articles des différentes pelleteries. Les François maîtres du Canada , fitué au nord de l'Amérique , le font aulfi du commerce des pelleteries de l'Amérique feptentrionale » néanmoins , fuivant l'Hifto-rien du commerce des colo- P E nies Angloifes ; la Nouvelle Yorck, par fa fituation donne nu grand avantage aux Anglois de cette colonie fur les François du Canada, pour cette branche utile d'exportation. Cet Hiftorien, dont nous rapporterons ici le détail intéreifant qu'il nous a donné fur le commerce de pelleteries du nord de l'Amérique , nous t'ait remarier que le fort Albany , l'ontrepôt des Anglois pour ce commerce , eft très-voi-fin des cinq Nations Iro-quoifes , avec lefquelles fe tait la majeure partie des échanges. Les Alliez , une des cinq nations, n'en font qu'à une diftance de quarante milles. On peut même dire ( qu'ils demeurent dans Ja colonie ; car quelques Anglois ont formé des habitations plus avant qu'eux dans le pays. La contrée des Tfo-noutouans , les plus reculés des Iroquois , n'eft pas éloignée du fort de plus de deux cens quarante milles, 6c l'on peut faire par eau le trajet qui l'en fépare, à l'exception d_un portage de trois ou cinq milles dans les fai-fons les plus féches. D'un autre côté la rivière d'Hud-*°n , fur les bords de laquelle ce fort eft litué , facilite la communication avec le Ca- P E I7Î nada par la rivière Otter* qui fe décharge dans le fleuve Saint-Laurent i ôc entre la Guelle ôc la rivière d'Hud-fon , il n'y a qu'un portage d'environ feize milles.^ La facilité de la navigation de la Nouvelle - Yorck en Angleterre , ôc aux Antilles , favorite encore le commerce de pelleteries, que font les habitans de cette colonie par le bon marché , que le bas prix du fret les met à portée de faire aux fauvages. Les Marchandifes du plus grand débit parmi ceux-ci , font les Strouds , ôc autres fortes de Iaineries ôc le rum. Les vaiffeaux qui font employés au commerce de la Nouvelle-Yorck avec la Grande-Bretagne , font toujours deux voyages par an , ôc peuvent être de retour de chaque voyage en quatre mois , lorfqu'au lieu d'aller à Londres , ils mouillent à Briftol , comme c'eft l'ordinaire ; Briftol eft le port de l'Angleterre , où l'on embarque la plus grande partie des marchandifes deftinées pour l'Amérique. La tra-verfée a (i peu de danger, que la prime d'affnrance entre Londres Ôc la Nouvelle Yorck , ne paffe pas deux pour cent. A l'égard du rum, 174 P E les habitans de cette colon-nie ont toujcurs la facilité de s'en pourvoir aux Antilles , où ils envoient une grande quantité de provifions , oû ils ont d'ailleurs la commodité 'd'aller en tous tems. Ces denrées, arrivées à la Nouvelle-Yorck font de - là tranfportées , fans beaucoup de frais , à Albany par la rivière d'Hudfon. La navigation en eft allez sûre poui* que les vaiffeaux puiflent y voguer la nuit comme le jour. Ils peuvent d'ailleurs , tant en remontant que def-cendant fur cette rivière, profiter des marées qui refluent au-delà du fort. D'Al-bani , ceux qui trafiquent avec les fauvages , transportent communément leurs marchandifes l'efpace de feize milles par terre jufqu'à Cor-ïaer ou Scheneëiaày : là , ils les embarquent fur la rivière des Aniez ou Maquas. Ce tvanfport coûte neuf fche-lings , monnoie de la Nouvelle-Yorck , qui valent cinq fchellings fterlings, ou cinq livres quinze fois tournois pour chaque voiture. Depuis Corlaer ils remontent aflez huit dans leurs canots la rivière des Aniez. Ils font en-fuite un partage d'environ trois milles, pour trouver une rivière qui fe décharge dans P E le lac Oneïda. De ce lac 1j3 defcendent avec le courant dans le lac Ontario , près duquel pafient tous les fauvages qui viennent du lac Erie , du lac des Huions , du lac des Ilinois, & du lac fupé-rieur trafiquer dans le Canada. Les François de Québec n'ont aucune de ces facilités. L'embouchure du fleuve Saint-Laurent , & fur-tout la Baye à laquelle ce fleuve donne fon nom , font très-feptentionales , & par - là tellement fujettes aux mauvais tems & à des brouillards épais j que* la navigation en eft très-dangereufe. On n'ofe jamais la tenter que durant l'Eté. Cette Baye eft d'ailleurs parfemée de bancs de fable & de rochers à fleur d'eau. H y règne de courans trés-rapides , & l'ancrage y eft mauvais, Le canal du fleuve n'eft pas plus sûr. On y trouve les mêmes dangers» Quelque favorable que foit le vent, quelque beau que foit le tems , les Mariniers ne s'y hafardent jamais à faire voile pendant la nuit. Ces circonf-tances ne permettent pas aux François du Canada d'entreprendre plus d'un voyage par an , foit en Fiance , foit aux Antilles. De Québec à Montréal 9 P E qui eft l'entrepôt des François du Canada pour le commerce des pelleteries , comme Albany eft l'entrepôt des Anglois de la Nouvelle-Yorc, la navigation n'eft ni moins dangereufe , ni moins difficile. La marée s'élève à Québec jufqu'à la hauteur de dix-huit à vingt pieds : ce qui caufe un courant ii violent , qu'une chaloupe à lix rames ne peut aller contre le fil de l'eau. Dans plulieurs endroits , quoique le fleuve foit très-large , il n'eft navigable que dans une partie de fon lit, qui forme un canal trës-étroit & tortueux , où l'on rencontre des bas fonds & des écueils cachés fous l'eau. Les meilleurs pi-lottes s'y fout perdus. On eft donc obligé en allant à Montrai , de jetter l'ancre toutes les nuits tel tems qu'il fafle , comme dans la Baye de Saint-Laurent. De plus , le flux ne monte que jufqu'à moitié chemin de Montrai. 11 s'arrête à un endroit aPpellé les trois rivières- Depuis ce lieu il faut luter contre un courant très-fort, qu'on ne peut furmonter 9iu'à l'aide d'un vent favorable. On eft encore obligéde Jetter l'ancre toutes les nuits dans U navigation de cette partie du fleuve. Ce paiTige P E' 17$ occupe ordinairement trois ou quatre femaines , & quelquefois fix. Sans les difficultés qui l'accompagnent , ce feroit une route de cinq ou fix jours. De Montréal juf-qu'au lac Ontario le courant continue d'être également fort. Pour y avancer on eft obligé de pouffer les canots en piquant le fond avec des perches, ou de les tirer avec des cordes le long de la côte. Dans cinq ou fix endroits de cette route , la rivière forme des cataractes qui forcent les voyageurs de décharger leurs canots , & de les porter fur leurs épaules, ainfi que les marchandifes. On ne fait jamais le voyage de Montréal au lac Ontario en moins de vingt jours. Souvent même il faut y mettre le double de ce tems. Les peines que les François ont à tranfporter leurs marchandifes, ne font pas les feuls obftacles qui les gênent dans leur commerce de pelleteries. Les Jlrouds que les fauvages préfèrent à toute autre étoffe pour leur habillement , ne fe fabriquent qu'en Angleterre. Les duf-fels , les couvertures ôc les autres laineries, par lefquel-les on pourroit les remplacer , & dont en effet il fe débite parmi eux une aflez 17* P E grande quantité , Te vendent en Angleterre à beaucoup meilleur marché qu'en Fiance. De forte qu'avant le Gouvernement de Guillaume fur-net, qui limita le commerce entre la nouvelie-Yorck 6c le Canada , comme en le verra plus bas , les marchands du Canada tiroient d'Albany toutes les marchandifes de ce genre qu'iis vendoient aux fauvages. On a compté jufqu'à neuf cens pieds de ftrduds qui ont été envoyées de cette place à IYIontiéal dans une feule année , outre les autres fortes de lainerie. Au rum , dont les François du Canada manquent, parce qu'ils font très - peu d'envois pour les Antilles , Ôc parce que la difficulté de la navigation les empêche d'en aller chercher , ils fubf-tituent leur eau-de vie qui leur coûte plus cher , Ôc qu'ils font contraints de donner aux Sauvages à auffi bon marché que les Anglois leur vendent le rum. Maigié tous ces defavantages , les François ont pofiedé long-tems prefque feuls le commerce des pelleteries , ôc ils y ont encore la plus grande part. Guillaume Brunet , le même dont il a été parlé plus haut , fils du Docteur Bru-net , Evêque de Salisbury, P E ayant été nommé au Gouvernement de la Nouvelle-Yorck & de la Nouvelle-Jer-fey , le perjuada que il les Anglois étoient iupplantés par les François dans la traite des pelleteries , ils dévoient s'en prendre à leur peu d'activité. 11 conçut qu'en pienant de bonnes me-iuies , il ieroit poluble , avec le tems, que les habitans de la Nouvelle - Yorck - le rendaient maîtres de tout le négoce avec les Sauvages des pays iitués au Sud de S. Laurent i tandis que leurs compatriotes établis à la baye d'Huclfon , s'empareroient de leur côté du négoce avec les Sauvages qui habitent au Nord du même fleuve. Dans cette vue, il ciut qu'il n'y avoit rien de mieux à faire que d'arrêter le commerce que la Nouvelle-Yorck exer-çoit avec le Canada. L'af-femblée générale , à qui il propofa fes idées , en fentit d'abord la jufteiie , Ôc ne tarda pas à les mettre en exécution. Le 19 Novembre 1710, elle paffa un acte, par lequel elle défendit de vendre aux François aucune marchandife convenable aux Sauvages. Il eft intitulé : » Acte tendant à encourager » le commerce avec les Sau-» vages , ôc à le rendre plus profitable PE a profitable aux habitans de » la province : & portant dé-» fenfe de vendre aux Fran-» çois aucunes maichandiies » convenables pour ce com-» merce. Ce ftatut tut établi pour trois ans. A fon expiration , les Marchands de Londres qui faifoient quelque négoce avec la Nouvelle - Yorck , excités par les Marchands de cette colonie qui fourniffoient ceux de Montréal , préfenterent une requête au Confeil du Roi , pour demander que le ftatut ne tût pas continué. Le Confeil renvoya la connoiflance de cette affaire au Comité du commerce , qui communiqua an Gouverneur de la Nouvelle - Yorck les objections de ces Marchands , & demanda qu'il y répondit. M. Jurnet s'adreffa au Confeil "e la colonie , pour réfuter lès raifons que les Marchands de Londres al!é-3?uoient dans leur requête. Il "t enfuite paifer en Angle-^erre le rapport qu'il en reçut. ■D'après ce rapport , le Comité du commerce approu Vaf 'es mefures çui avoient étc prifes, l'acte frit continué. par une lettre écrite ^e la Nouvelle - Yorck en I74o , on vjit que cet ac-te_ a prodait de très-bons effets. M. Eurnet , qui en Tonu IL P E î7t avoit été le promoteur 8 avoit en même tems élevé à fes dépens , iur les bords du lac Ontario , un comptoir fortifié , que l'on appelle Of* neigo* La colonie y entretient une petite garnilon de vingt hommes , commandés par un Lieutenant. Une grande partie des Sauvages qui avoient coutume de le rendre autre-fois à Montréal , s'anêie à préfent à Ofneigo9 où on leur fournit les mêmes marchandifes à moitié moins qu'ils ne les achetoient à la première de ces deux places» La Nouvelle-Yorck a maintenant plus de cent coureurs de bois en marche tous les ans , & plus de trois cens familles vivent du commerce d'Ofneigo. Enfin , on eftime que le commerce de la Nou* velle-Yorck en pelleterie eft cinq fois plus confidérable actuellement, que lorfque M. Burnet fut nommé Gouverneur. Ces fuccès , comme l'obferve l'Hiftoiien.donnent lieu de craindre que les François ne ceflènt de dominer dans ce commerce , fi l'on ne prend pas des mefures pour écarter, ou du moins pour diminuer les obflacles qu'ils y ont eus à combattre ju£' qu'ici. Les fourrures que nous donnent les pays chaud s,font M 178 P E fort inférieures à celles des pays froids ; àufli appel le-t-on les premières pelleteries communes. La fauvagine eft une pelleterie crue Ôc non appâtée, qui provient de la dépouille de plufieurs animaux fauvages , comme loups, renards, lièvres , lapins, blaireaux , putois, fouines, belettes, Ôc autres que l'on trouve communément en France. Ce font les Mégiifiers qui nous piéparent les plus grof-fes pelleteries, qui leur donnent les apprêts les plus néceffaires pour les affouplir ôc les rendre plus douces , plus maniables. Les pelleteries fines paflent fous la main du Marchand pelletier. Il fçait donner au poil des peaux qu'il prépare,une teinture qui les rend plus pré-cieufes i c'eft ce qu'il appelle luftrer les peaux. .Dans les grandes villes néanmoins, les Pelletiers ne font point eux-mêmes ces préparation?. Ils fe repofent de ce travail fur des ouvriers particuliers. On eft aufli parvenu , au moyen de différentes drogues , à tigrer les peaux de chien , les lapins blancs, à donner à des lapins gris une façon de ge-nette , à imiter le panthère , enfin à moucheter toutes for- PE tes de peaux. Les Pelletiers forment a Paris un Corps , qui eft ]e quatrième des fix Corps des Marchands de Paris. Us étoient autrefois le premier ; mais c'eft aujourd'hui la draperie qui jouit de cette prérogative. V. Draperie. Les premiers ftatuts du Corps de la Pelleterie font de 15'd6 , Ôc les derniers de 1648. Les Pelletiers font appelles dans ces ftatuts Mar-âxanàs -Pelletier s-Haubanier s Fourreurs , Pelletiers , du commerce de peaux qui conf-titue leur état'; Haubaniers, d'un droit dit de Hauban , qu'ils payoient pour le lo-tiflage de leurs marchandifes dans les foires ôc marchés de Paris i ôc Fourreurs , des ouvrages de fourrerie. Les Officiers de ce Corps peuvent porter dans toutes les cérémonies où ils font appelles , la robe de drap à collet noir , à manches pendantes , bordée ôc pare-memée de velours ; ce qui eft proprement la robe con-fulaire. PELUCHE.EtofTedefoie, de laine ou de coton, que l'on peut regarder comme une étoffe veloutée s mais dont le poil eft beaucoup plus long que celui de la panne. Voy. Panne. F Ê PENSILVANIE. Colonie Angloife de l'Amérique fep-tentrionale » bornée à l'Eft par la baye de Delaware i au Nord , par laNouvelle-ïorck au Sud , par le Mariland ; à l'Oueft , par les nations Indiennes qui occupent l'intérieur des terres. On la divife en plusieurs Provinces ou Comtés. Elle eft très-peuplée. La Penû'vanie a pris fon nom de William Pen de la fecfe des Quakers , à qui Charles II R.oi d'Angleterre en accorda la propriété en 1681. Philadelphie eft la capitale de la colonie , c'eft line des plus belles villes du Nou veau-Monde.Sa fituatiou fur deux rivières navigables, la fmeté Ôc la commodité de fon port , la bonté de fes eaux ont beaucoup contribué a la peupler ôc à étendre ion commerce. L'air de la Penfilvanie eft tempéré ôc pur. On y trouve des arbres fruitiers de toute forte , du bled, des légumes, gibier. Le tabac y vient aflez bien, mais les Penlil-vains ont abondonné cet article aux habitans de la Virginie 8c du Maryland , dont ja récolte des feuilles de tabac eft (i abondante qu'elle peut fuffire à l'approvifion-dément du monde entier. Ils P E î?9 s'occupent plus utilement a la pêche Je la baleine , a é.e-ver du bétail , à femer des grains , à préparer des provi-110ns de bouche , à conftrui-res des bâtimens de mer. La culture du chanvre eit particulièrement encouragée dans cette colonie > on accorde une bounty , ou une giatirLadon à l'exportation de cette denrée , indépendamment de la prime payée en Angleterre % h J'impotration du chanvre du cru de l'Amérique Angloife. Les Penfilvains font leur principal commerce en Afrique , ôc aux illes de l'Amérique. Ce commerce cpniifte en denrées comeftibles , en favon , cuir tanné , cire , fuif , peaux , fourrures, caf-tor , quelque peu de tabac , Dois de chai pente, bardeaux; bouidiilons, mâtures , vergue*. , diogues médecinales i telles que le falfafras , le ca-lamns aromatique. Us envoient auili des bois , de1, fa-lines, des grains en Portugal/ en Elpagne, ôc daais plusieurs autres contrées de l'Euiope'. Le pioduit de ces différens commerces pafte a Londres pour les étorfes de laine v ÔC les autres marchandifes a l'ufage de la colonie. Ce produit que la Penfîlvanie remet annuellement daus la M ij i8o P E Grande-Bretagne peut monter à une fomme de 60 , 000 livres fterlings en efpéces , ( igfco , 000 livres Tournois. ) indépendamment de cette balance confidérable que la colonie paye en argent, elle envoie de fes productions naturelles , auxquelles elle joint du bois de campê-che , du fucre , du ris , de la poix , du goudron , de l'huile de poiflon, ôcc. Ce profit immenfe que l'Angleterre fait avec la Penfîlvanie , diminuera à mefure que Ton permettra aux Colons de fuppléer par leur înduftrie aux marchandifes d'Europe qui leur manquent. Us ont déjà des verreries, des forges, des tanneries , des moulins pour couper ôc préparer le tan, des fabriques d'étoffes de laines , groffieres à la vérité mais qui fervent à l'habillement du menu peuple. La boiifon ordinaire du pays eft le cidre , la bierre , l'aile qui eft une bierre fans oublon , ou dans laquelle on en fait entrer très-peu. La vigne réuiîit médiocrement dans la Penlilvanie , ainfi que dans les autres colonies Angloifes de l'Amérique. Les raifins qu'elle produit font remplis d'un jus aqueux , incapable de faire P E une liqueur de garde, ôk qui ait du corps. Lés habitans vont chercher des vins ôc des eaux de-vie aux Canaries , aux Madères Ôc aux Açores. Les billets de crédit ont la préférence dans cette colonie lur les efpéces monnoyées. On y compte de ces billets pour 80 , 000 livres fterlings ( 184 , 000 livres tournois. ) Le change fur la Grande-Bretagne étoit au mois de Février 1739 entre 70 ôc 75 pour cent. La propriété de Penfîlvanie eft reftée dans la famille de William Pen qui l'a fondée , ôc qui n'eut pas le bonheur de goûter les fruits de fon nouvel établiffement par l'infidélité de ceux à qui il donna fa confiance. La conftitution du Gouvernement de la province avoit été dreffée à fa recom-mendation par Sir William Jones très-bon Jurifconfulte Ôc patriote zélé. Les Colons apportèrent quelqueslégeresmodilications à divers articles de cette conftitution , ôc bientôt après ils s'en prévalurent pour établir une nouvelle forme de Gouvernement , en vertu de laquelle le pouvoir légiflatif ne doit refider que dans l'Af-femblée générale , le Gouverneur ou fon Député , fans P E l'intervention d'aucun confeil. Les loix que paffe cette Aflemblée font envoyées en Angleterre , au Confeil privé , dans l'efpace de cinq ans après qu'elles font promulguées i & fi le Roi ne les révoque pas fix mois après que Ja copie en a été fournie au Confeil, il n'eft plus au pouvoir de la couronne de les cafler. Voici deux R.églemens bien fages , St qui font honneur au fiftlme de Gouvernement qu'avoit établi le Chevalier Pen. Tout enfant an-defius de douze ans, fans exception , doit apprendre un métier ou Un commerce , afin qu'il n'y ait point d'oilifs parmi le Peuple ; mais que le pauvre trouvé moyen de fubfifter , & que le riche , fi fa fortune vîent à être détruite , ne pé-rifie pas d'indigence. Pour Prévenir les procès, les Cours de chaque Comté dévoient ^fire trois Officiers , nommés |.es faifcurs de paix , dont les tonifions étoient de concilier *es particuliers , entre lesquels il s'élevoit des différends. . PERIDOT. Pierre précieufe qUe pon peut regarder comme une émeraude imparfaite ou manquée. On la dif-tll3gue aifément par le me- P E iSr lange d'une teinte jaunâtre , fondue dans fa couleur verte. Elle fe taille plus aifément que l'émeraude i mais on ne fçauroit la polir qu'à l'aide de l'huile de foufre. Ceci ne doit cependant s'entendre que du Peridot Oriental, car le commun , qui fe trouve en différens pays le long des côtes de la mer , eft la plus tendre de toutes les pierres fines. PERLE. Petit globule d'une fubftance blanche claire & dure que donnent différens poiffons à coquilles. Les perles ne fe trouvent pas toujours d'une forme ronde. II y en a d'ovales, & d'autres qui font d'une figure irréguliere. On les appelle pour cette raifon perles baroques. Les perles parangon font celles dont la gro£ leur eft extraordinaire. Comme il y a un rapport parfait entre la couleur de la perle & celle de l'écaillé , on a été porté à croire que les perles recevoient toute leur confif-tance du fuc ou de 1 a colle qui fert aux huîtres , aux piunes-marines, & à d'autres poiffons teftacés à com-pofer leur enveloppe. Si l'on fuppofe que ce fuc , qui eft employé par les teftacés à former leur écaille s'extra» vafe quelquefois , qu'il s'a-Miij x8* PE maffe par goûtes & qu'il s'é-pailli, on aura de petits corps ronds, globuleux , ries pei les enfin qui le trouveront attachées à la nacre comme autant de verrue»' U le pêche des perles dans les mers des Indes Orientales, dans celles de l'Amérique , & en quelques endroits de l'Eu-' rope- Les perles de l'Orient, fur-tout celles qui fe trouvent tjaqs le golfe Perlique 6V fur les côtes de l'Arabie , font très-recherchées. Elles font Claires , tianlnarentes, d'un poli admirable , ôc ^'un blanc qui par Ion éclat approche de ce ni ^e j'ar ent. I es per« Jes de notre conrii ent lont d'un blanc beancoun plus inatte. Elles lont d'ailleurs plus fu jettes à noircir 6V à jaunir.La Bohême cependant fie les pays du Nord en tout-liilTent au comme;ce qui font auffi eftimtes que es -..Mentales. Mais il eft tare rf'^n trouver de pat faites, ex d'une certaine gro fleur. L eut couleur approche du gris de lidj les Otientales thent un peu fur l'incarnat ; celles de l'Amérique font ver^âti es.On en voit beaucoup préfentement è Panama , ville de l'Amérique Méridionale, Plufieurs Négocians de cette ville & des environs oat des ne- , PE grès bons nageurs qu'ils emploient à la pêche des perles. 11 en paife peu en Europe i la plus grande partie eft en-vov ée à Lima , où elles font foit recherchées , & de là elles fe îépandent dans tout le Pérou. La Californie, pays très-uérilé , pouiroit néanmoins être de quelqu'avanta-ge à une nation active & in-duftrieufe, qui mettroit à contribution les riches côtes de cette contrée, remplies d'huîtres perlieres , & de coquilles fupérieures à la pins belle nacre de perle. Voye% Californie. Les perles en Europe fe vendent au poids de cai at. \\ y a un tarif pour ces perles comme pour les diamans. Les petites perles que l'on nomme femences s'achètent à fonce. L'an eft parvenu à imiter les rerîes. \ es Lrr.ailleuts en fouh.ent , qu'ils ont enfuite pai et entie les mains de dif-féréntes ouviieres. Le travail de ce:les-ci conhfte à fouf-fler la couleur d'écaillé de poiffon dans la perle ,"à fafiér les perdes dans le carton, afin d'étendre la couleur au-dedans de la peiie , à remplir la perlé de cite, à y palier un petit papier roulé. La couleur & le poids font aifément diftinguer ces perles factices, PJE Les Jouailliers appellent louppes de perles des excref-fences ou des endroits élevés en demi- boffe dans l'intérieur des nacres. Us feient adroitement ces efpéces de demi-perles , ôc fçavent très-bien en tirer parti; Souvent même ils les joignent enfemble, ôc les emploie!:: au lieu de perles entières PEROU'. Vafte montrée de l'Amérique méridionale , bornée à l'Eft par le pays des' Amazones , à l'Oueft par la mer Pacifique, ôc au midi par le Chily. Avant que les Efpagnols, à qui ce pays appartient , eulTent pénétré dans le Pérou en 15*3 , fous la conduite de Piia.ro , il avoit été gouverné par des Rois nommés Incas , qui avoient regné plus de quatre cens ans. Leur Empire avoit une étendue encore plus grande que celle qu'on donne aujourd'hui au Pérou , qui peut avoir u'x cens lieues de longueur du NoW au Sud , ôc cinquante de largeur. Le terroir eft fec ôc aride ; i! n'y a que les vallées ôc les bords des rivières qui foient de quelque fertilité. On y recueille du froment, du mais, beaucoup de coton, du tabac, de la cochenille, des drogues médecinales. Les forêts font remplies de cotonniers, de PE / i%i dïverfes fortes de bois d'ébe-ne , de gayac , de cèdres de plulieurs efpéces , de différens bois précieux parleur aromate , leur couleur Ôc le poli parfait qu'ils peuvent recevoir. Tout le pays eft tia-vè'rfé par une chaîne de montagnes , nommée la Cordelière. Il y croit l'arbre du quinquina , dont fécorce eft fi fa-lutàire contre les fièvres. V. Quinquina. Ces montagnes font encore plus fameufes' par les abondantes mines d'or Ôc d'argent qu'on y a trouvées. La plus riche de ces dernières eft celle du Potofi, au Midi du Pérou. V. Argent. On reçoit auffi de cette contrée un baurrie très-précieux , bien connu fous le nom de baume dû Pérou. V. Baume. Les Efpagnols , déjà très-riches chez' eux en laines fines , ont. encore trouvé au Pérou des animaux de la grandeur d'une chèvre Ôc de la figure d'une brebis , qui donnent une toifon d'un bon fervice dans les manufactures, ôc fpécialement dans celles de chapeaux. Voye\ Vigogne. Lima eft la capitale de cette contrée de l'Amérique ôc le centre de fon commet-, ce. Cette ville eft fujette aux 404 P E tremblemens. On fe refTou- vient encore de celui de J746 , qui arenverfé la plus grande partie de fes maifons. Le Pérou, ainfi que toutes Jes colonies que les Européens pouedent en Amérique, n'eft ouvert qu'aux vaifleaux de la JWétropole. Cela n'empêche néanmoins pas qu'il ne s'in-troduife dans le Pérou beaucoup de marchandées pai les écrangeis. Voye\ Interlope. ( commerce ) Pendant les longues guerres que l'Efpagne & b Frau ce eurent h foutenîr contre les autres Pntffariçes de l'Europe , ''e^uis « 701 julqu'a. la paix d'TJtrecht , les Négociant de îaint-M&Jo T1' ointe-rent habite^ eut des • irconf-tances pour < eriei dans, cette contrée ^e PAmériqùe les maichandifes, propres à (a confommation. Les galions d'Efpagne,deitinés à ce commerce , avoient été brûlés par les ennemis dans le port de Vigo. Toute communication étoit interrompue par ce moyen entre l'Efpagne & les Indes ; f occafion ne pouvoit être plus favorable pour des Négocians actifs & entreprenais. Les Malouins fçurent aufli la mettre à profit , ÔC gagnèrent jufqu'à huit cent pour cent fur les marchandises qu'ils firent pafler à. Lima. PE Le bruit s'en répandit bientôt itous les Armateurs s'em-preflerent de partager cette bonne fortune. Les vaifleaux abordèrent de tous côtés dans les ports du Pérou , les marchandifes s'accumulèrent, ôc il arriva comme on !e penfe bien , que le prix en diminua contidéiablement. Il baifla nr'me au-defious de ce que les marchandifes coutoient dans la fabrique. Les marchands du pays qui s'étoient fournis à l'arrivée des premiers vaifleaux à des prix exhotbitans,petdant par cette diminution fhls des trois quarts à la vente, furent obligés de faire banqueroute. • eux qui avoient des fonds de ieite cefleren: -l'acheter , dans la crainte que les marchandifes ne vrnflènt encore à baifler ''"avantage. plu-fieuis Négocians François ne trouvant point à vendre par ce moyen , brûlèrent une paitie de leur cargaifon plutôt que d'être obligés de la rapporter en France,oùà leur arrivée ils firent aulfi banqueroute. Ces faits ôc ceux que nous avons rapportés à l'article Efpagne, ne doivent pas être ignorés des Négocians. Us leur apprennent du moins à être plus circonf-pects ôc plus refervés da.ns leurs entreprifes, fur - tous PE lorfqu'il eft à préfumer que d'autres Négocians ont pu former les mêmes fpécula-tions. Les vaiffeaux ou les galions que l'cfpagne envoie au Pérrou , fe chargent à Cadix. Us fe rendent à Porto-Belo , très-bon port fur le golfe du Mexique , vis.à-vis la ville de Panama , dans l'ifthme de Panama. Voyez. Terre ferme- Le commerce avec le Pérou ne fe faifoit autrefois que par terre avec Panama , oc de-là par mer avec Lima Aujourd'hui plufieurs vaiffeaux Efpagnols fuivent la roure que les Malouins avoient prife , & paflent le détroit de Magellan. La Cour d'Efpagne accorde volontiers des permilfions , pour cette navigation, aux navires de regiftre qui en demandent , afin qu'une plus grande concurrence diminue le bénéfice interlope des Anglois , des Hollandois 6V au-res Nations. Voy. Efpagne , valions. PERSES. Toiles peintes °«'i viennent de Perfe. Ce l°t les toiles les plus efti-Hïos de l'Orient ; c'eft pour raifon que l'on fait «^nt pafler de belles in-yienes pour des Perfes. On les irite en Hollande i on P E 185 pourroit également les imiter en France , ou même les furpafler par des batiftes que l'on peindroit. JLa fupério. rite de notre goût pour le detfein , la richeflé de l'invention de nos artiftes , fem-blent nous promettre un fuccès affuré , Ôc nous offrir une nouvelle branche de commerce chez l'Etranger. Voy. Indiennes , Toiles peintes- PETERSBOURG. ( St ) Grande ôc célèbre ville d'Europe dans l'fngrie , bâtie en 1703 par Pierre le Grand, Czar de Mofcovie. Sa fitua-tion au milieu de plufieurs ifles formées par le Ne'rwa , à un quart de lieue de fon embouchure , dans le golfe de Finlande, la rend très commerçante. Son commerce s'eft encore beaucoup augmenté par les privilèges Ôc la liberté de confeience accordée à tous les Etrangers , par la bonne intelligence que les Ruifiens ont entretenue avec les Chinois Ôc les Perfans ; parce que depuis Pierre le Grand les Empereurs y ont *fait leur" ré-fidence ordinaire. V. RuJJie. Les écritures fe tiennent à Pétersbourgen redoubles ôc en copecks. Le rouble vaut 100 copecks. Le copeck, ou fol 1 moskoeks. Pétersbourg change avec Hambourg , i.8ej P H . mais beaucoup .plus avec Amfterdam : il lui donne un rouble pour un nombre indéterminé de fols communs ou ftuyverscourans.C e change roule de 48 à 49. On tire à65 jours de date. Lorfque l'on a des fonds à faire à Pétersbourg , on peut lui remettre des lettres .fur Amfterdam. En fupofant le change de Pétersbourg pour Amfterdam à 49 fols communs cou-rans , l'agio a 5 pour cent , ôt le change d'Amfterdam pour Paris à 56 de gros banco pour un écu de change de 3 livres, le redouble revien-droit à Ç livres de France. Le poids de Pétersbourg fe nomme Puni , & fe divife en 40 livres Ruflïennes ; il faut enviion m * ou de ces livres pour 100 de Paris} ôc 81 ] de cette dernière ville pour ico de Pétersbourg. L'archine ' eft la mefure pour les étoffes ; les 164 f font 100 aunes de Paris: 'On appelle ancre la mefure pour les liquides. Elle contient environ quarante-quatre bouteilles Ang'oi-fes. PHILIPPINES. ( IJles ) Ces ifles de la mer des Indes , dont la principale eft Manille , font fituées entre PH les Moluques & la Chine. Elles furent appellées Philippines , du nom de Philippe II , Roi d'Efpagne , fous le règne duquel 'les Efpagnols s'y font établis en f5<5^. Elles avoient été découvertes en r5x0 par Magellan. Le terroir de ces ifles eftfertile ; on y recueille du poivre , du gingembre , de la canelle , du fucre , du vin excellent, du bled en abondance & toutes fortes de den. rées. II y a des mines d'or & d'argent ; on y pêche aufli des perles. On. peut regarder ces ifles comme l'entrepôt du commerce que les Efpa-, gnols du Mexique font à la Chine & aux Indes. Les deux vaiffeaux de permïflion qui partent d'Acapuîco pour les Philippines , font leurs retours en marchandifes du pays , en drogues méde-cinales , en porcelaine ô> en étoffes de la Chine. Mafia cargaifon de ces' vaiffcanc privilégiés fufflt - elle pou fournir à la nouvelle Efpr-gne cette grarv'e quamté d'étoffes Chinoifes qu'dle confomme? Les bornes émîtes ' dans lefquelles ci a renfermé cette naviga'on , ne font - elles pas ui moyen de plus qui fvorife le commerce interloe des Etrangers dans l'Amérique PI Efpagnole. Voye\ Manille , Acapulco. PIASTRE. Monnoie d'argent , d'abord fabriquée en Efpagne , enfuite dans plufieurs autres Etats de l'Euiope. Les piaftres d'Efpagne ont coins dans les quatre parties du Moirée. On les connoît plus particulièrement au Levant fous le nom de piaftres Scvillanes. Cette marchandife que l'Amérique fournit àl'Efoagnpl, qui la donne en échange des denrées dont il a befoin , eft la bafe du commerce de l'Europe avec PAiie. On diftingue les Sé-villannes en Mexiquaines & Colonnes. Elles font à peu-Çrès de même titre & de même poids, & ne différent que far la marque & par la forme. Les Mexiquaines , ainfi appellées, parce qu'elles font fabriquées au Mexique , ont Ja ligure d'un polygone ir-rçgulier. Les Colonnes fabriquées au Potofî, ont retenu le nom de Colonnes, à caufe qu'elles ont pour empreinte les colonnes d'Hercule , avec la devife , Nec plus ultrk. L3 piaftre colonie eft prefque coude. Elle a eu quelque tems la préférence fur la Mexiquaine ; aujourd'hui les Mexiquaines ♦Pflt plus recherchées, ex va- PI »87 lent ordinairement un demi pour cent, quelquefois un pour cent plus que les autres. Ces pièces font à onze deniers de fin. Mille doivent pefer 117 marcs z onces poids de Cadix i ainfi la piaftre revient à 15 dragmes & ît-, du marc poids de Cadix , le plus foible de 7 pour/ cent que celui de France. On les vend à tant le cent ; le prix en hauffe & baiffe, fuivant la demande On a appelle prime le profit que l'on fait fur la valeur intrinféque des piaftres, lorfqu'elles fout recherchées. Le Roi d'Efpagne en fait patfer pour des fortunes con-fidérables dans les principales places de l'Europe , où il a établi des Agens qui les reçoivent, en font la vente & les retours en lettres de change fur l'Efpagne. Ces Agens fourniflent totues les piaftres que les Compagnies de France** de Londres, de Suéde ont befoin pour les Indes Orientales. Gênes , Livourne , Alger s'en fourniflent auffi pour les Echelles dlr Levant. Celles qui viennent d'Alger dans ces Echelles, valent ordinairement un à un & demi pour cent de moins que les autres, parce que les Mores du pays^ 1*8 p i gens très-alertes 6c très-fripons, ne les laiflent pas aller qu'ils ne les ayent rognées. Les Turcs les achètent des Marchands Francs , & Jes eni'oyent en Egypte pour y faire leurs provilions de cafte , de riz , de fafran , de lin, de kina. Comme ils ne font point dans la pratique de l'af-furance , ils préfèrent l'Eté pour faire ces provisions. C'eft pourquoi cette faifon eft la plus favorable pour vendre les piaftres, & pour en tirer le plus de profit. Le convoi de Jedda , qui arrive dans la même faifon , on en chérit encore beaucoup la demande, parce que ceux qui foldent leurs achats de caffé en févillannes, ont cette denrée à trois ou quatre pour cent de moins que ceux qui la payent en fequins ou autre monnoie. On reçoit les févillannes à Aîexandrie,ainti que dans les autres Echelles du Levant, en pièces , en demi - pièces , en quarts & demi-quarts. Plus il y en a de menues ôc moins elles font eftimées. La piaftre d'argent d'Efpagne , fixée par un S&it du Roi de l'année ,'-717 à 10 réaux 10 quartos de p latte , pefe 540 grains poids de marc d'Efpagne , &c décident ordinairement, fans fe tromper , fur le fim-ple coup d'œil. Les pierres fauffes ou de composition les plus à la mode font les Stras, nom d'un Jouaillier de notre tems, P I ÏQ* qui le premier les mit en vogue , elles ne différent des fines que par la dureté & le poids. Les Lapidaires ont différentes méthodes pour tailler les diamans , les pierres précieufes tranfparentes , & celles qui ne font que demi-traniparentes. Voyez Lapidaire, PINCHINA. Etoffes de laine non croifee , qui a d'abord été fabriquée à Toulon , & que l'on a enfuite imitée dans d'autres villes de France. C'eft une efpéce de gros drap d'une aune de large , fur vingt-une à vingt-deux aunes de long » mefure de Paris. On a auffi donné le nom de pinchina à une forte détof-fe croifée toute de laine , qui fe fabrique dans le Rerri. Cette étoffe ne peut être regardée tout au plus que comme un corda ou greffe ferge drappée. Elle n'a de rapport avec les pinchinas de Toulon que par fa largeur. PINTE. Meiùie ou vaif-feau régulier , dont on fe fert pour mefurer les liquides , le vin principalement. La pinte de Paris contient deux chonines , qu'on a aufli appelle fetiers. Chaque cho-pine fe iubdivife en deux demi-fetiers-, & le demi- Ip* p ï fetier en deux poiffons. Cette dernière mefure , ou le poiffon , eft de fix pouces cubiques. La pinte d'eau commune pefe deux livres à Paris. Nous oblerveions ici que ce feroit une aflez bonne méthode pour bien faire con-noître les mefures de continence en ufage dans le commerce , que de lpécifier le poids du volume d'eau que chaque mefure contient. V. Mefure. La pinte de Saint Denis en Fiance eft le double ou peu s'en faut de celle de Paris. On lui a donné en plu-fleurs lieux le nom de pot. PIPE. Sorte de futaille ou vaifleau régulier , propre à mettre du vin 6k autres liqueurs. La pipe du vin en ufage principalement dans l'Anjou Ôc dans le Poitou, eft égale à la queue d'Orléans , de Blois. de Dijon , de Nuis, de Mâcon. Comme cette dernière mefure contient'un muid ôc demi de Paris , ôc que ce muid eft compofé de trente - fix fetiers à huit pintes ; il s'enfuit que la pipe eft de cinquante-quatre*^ fetiers , qui font 43t pintes de Paris. PISTACHE. Fruit qui approche pour la groffeur ôc la figu.e des avelines vertes, P I quand il eft revêtu de toutes les enveloppes ; mais fon amande eft plus petite. Elle eft d'un verd mêlé de rouge par defius & verte en dedans. Son goût eft doux Ôc fort gracieux. Les piftaches entrent dans plufieurs ragoûts. Les Confiléurs les couvrent de fucre , ôc en font ce qu'on appelle des piftaches en dragées. La Perfe produit beaucoup de piftachiers- C'eft principalement de cette contrée que les piftaches font apportées à Alep , d'où elles nous viennent par la voie de Marfeille. * Les piftaches en coques doivent être chofies nou* velles, pefantes Ôc bien pleines. A l'égard de piftaches cafiées les plus nouvelles, ôc celles dont le deflûs eft d'un beau verd mêlé de rouge , ôc le dedans d'un verd foncé, font aufli les meilleures. Il paroît qu'on eft aflez indifférent fur leur groffeur. Les Confifeurs néanmoins recherchent davantage les petites , parce qu'ils n'ont pas la peine de les couper avant de les couvrir de fucre. L'Amérique a des piftaches. mais qui ne reflèm-blent aux premières , que parce qu'elles échauffent beaucoup. PISVOLE p t PtSTOLE d'or de Genève t la ) eft fixée dans cet Etat à 5 livres argent courant , qui font 10 florins 6 fols monnoie. Cette efpéce eft fabriquée au titre de 10 deniers , fit pefe 508 grains poids de Genève , égal au poids de marc de France. Elle vaut 16 liv. 1<$ snb de den. de notre monnoie. PIST%LE d'or de Savoie ( la ) fixée à 14 livres , eft fabriquée fuivant l'Edit du Roi de Sardaigne du 15 Février 1755 , au titre de ir carats * , de la taille de 1 j 3 au marc. Elle pefe 180 grains poids de Turin,St 181 gr. poids de marc de France. Cette monnoie revient à 18 liv. 5 fols 7 den. de France. PISTOLE d'or d'Efpagne Oa ) fixée par un Edit du ïloi de l'année 1737 , à 40 ïéaux de plate , pefe 135 grains poids de marc d'Efpa-ne, 6x116 grains \ poids e marc de France. Elle eft au titre de 11 carats , & vaut a9 liv. iç) fols 10 den. de notre monnoie. PLACAGE. Sorte deme-*niiferie , qui confifte à plaquer par compartimens des feuilles ou bandes de différées bois précieux très-min-ces > fur des fonds bâtis d'autres bois communs 8c ordi-ïWe XL P L xoj-mires. On fe fert pour cela de colle d'Angleterre. L'art qui s'applique à repréfenter d'après nature , & avec les différentes teintes que donnent les bois , des fleurs , des oifeaux & autres chofes femblables , regarde principalement la marqueterie. Voy. Marqueterie» . On donne plus communément le nom de placage < aux ouvrages qui ne préien-tent que des affortimens, otl quelques compartimens de différens bois de couleur. Ces bois fe débitent avec la fcie à refendre , en feuillea d'environ une ligne d'épaiC-feur. Ces feuilles fe coupent en bandes , & fe contournent fuivant le deflein qu'on s'efl propofé. Les principaux bois pour le placage, nous viennent des Indes & d'autres pays étrangers ; ce qui ne peut manquer de faire fortïr du Royaume des fommes confidérables d'argent. En effet, il y a telles efpéces de bois qui , par leurs couleurs fingulieres & leur rareté , nous reviennent beaucoup plus chères que le fer, le cuivre & autres métaux que nous tirons de Suéde , de Mofcovie. L'argent que l'Etat dépenfe pour l'acquifi-tion de ces bois précieux,^ luî caufe une perte d'autant plus 104 P L grande, que les meubles fabriqués de ces fortes de bois, lorfqu'ils font une ibis ufés ou brifés, lors même que la mode en eft pafiee , ne font d'aucune valeur. Il n'en eft pas ainfi des métaux ; ils ont, comme tout le monde fçait, une valeur intrinféque , indépendante du prix des formes. Lorfqu'on détruit les va-les de cuivre ôc autres , on en eft quitte pour perdre le prix de la main d'œuvre , mais la matière refte toujours , ôc cette matière accroît le mobilier de l'Etat. Nous nous permettons ici cette réflexion , pour faire voir qu'un citoyen , qui par fes découvertes en chimie , Ôc par des expériences réitérées , parviendroit à donner à nos bois les couleurs, le poli & le luftre qu'ont les bois des Indes, & que nous recherchons avec tant d'em-préiïément , nous rendroit un plus grand fervice , toutes chofes égales d'ailleurs , que celui qui nous feroit trouver , dans notre propre pays, les métaux que nous fournilTent la Suéde Ôc les autres pays étrangers. Nos Ebeniftes noircifient différens bois , pour lui faire imiter l'ébene. Ils choifîifent pour cette fonéton le poirier , le gommier , le cor- V L nouiller , qui font des boïa durs & pleins, ôc dont les veines ne lont pas bien fen-fibles. On eft aulfi parvenu a. imiter toutes les couleurs des bois des Indes , mais en générai nos bois peints n'ont point ce luftre ôc ce coup d'ceil des bois étrangers. Souvent même les couleurs artificielles qu'on donne aux bois communs , les dég^tdent , au lieu de les rendre plus précieux. Seroit-il donc impof-fible d'imbiber nos bois communs de ces belles couleurs , que nos Teinturiers emplo-yent avec tant de fuccès ! II fhffiroit peut-être d'ajouter à la composition de leurs teintures , différentes gommes diifoutes dans l'efprit de vin, pour procurer aux bois teints ce vernis > ce poli, ce luftre enfin qui femble donner plus de vivacité aux couleurs , ôc qui plaît, qui féduit dans les différens bois des Indes. PLACE de Change. Endroit public d'une ville de commerce oùfe raffemblent les Négocians, Banquiers. , Agens de Change , Courtiers ôc autres perfonnes qui fe mêlent du commerce pour y parler, ôc traiter de la négociation des papiers commer-çables , ôc de tout ce qui a rapport au trafic ôe au change. PL Les places de Change ont ffeçu ries noms particuliers , fuivant les différentes villes, de commerce. V* Bourfe. Un Négociant ou Banquier , qui connoît fes véritables intérêts , s'abfente de la place le moins qu'il eft poifi-ble , parce qu'il fçait que l'opinion des hommes natui el-iement inquiète & fou^çon-neufe , ne peut être ménagée avec trop de précaution. Or l'abfence d'un Négociant , dont les juftes motifs feioient ignorés , pourroit altérer la confiance" que l'on a en lui, Si diminuer fon crédit par conféquent. PLACE de Commerce. On a donné ce nom auxvilles Si ports de mer , où il fe fait un grand trafic d'argent & de marchandifes où les Négocians des - différens états font leurs traites & remi-fes. On peut regarder ces places comme les marchés de l'Univers Si les étapes générales du commerce, i 'eft Pourquoi nous avons eu foin "e les faire connoître dans cet ouvrage. Nous avons indiqué la manière dont on y tient les écritures, leurs monnoies réelles Si de comte » leurs ufages pour le payement des lettres de changes , leurs différens poids Ôc P L *9$ mefures, Sic. V. leurs articles. PLANCHE. Pièce de bois de fciage , large ôt réduite à des épaiffeurs convenables. Les Hollandois tirent du Nord beaucoup de bois de chêne Si de fapin 'qu'ils débitent en planches , avec le fecours des moulins à fcier le bois qu'ils ont chez eux. Ces moulins que le vent lait aller fcient plufieurs planches à la fois. Les Hollandois par ce moyen épargnent le prix de la main-d'œuvre , Si peuvent vendre leurs planches à très-bon compte. Cet article eft aulfi une des branches les plus confîderables du commerce de cette Nation active & ceconome. V* Bois. Ces planches fe vendent au cent ; mais on ajoute prefque toujours à la centaine plus ou moins de planches fuivant la qualité du bois , fuivant l'endroit d'où il a été tiré. PLANTATIONS. Les Anglois ont ainfi appelle les colonies , fondées principalement pour la culture ; Si ils ont nommé Planteurs les Colons qui les cultivent. Voy. Planteurs , Colonies. Le Gouvernement de la Grande-Bretagne , dans U Nij H)6 PL vue de porter des établifle-mens (i utiles à leur plus grande perfection , a établi pour les régir, un Confeil appelle Confeil de commerce des plantations. Il eft formé de huit membres , qui décident fur tous les objets qui peuvent intérefîer ces colonies , ôc qui rédigent les Ré-glemens nécefiaires pour leur amélioration. Chaque colonie a fes Députés chargés de repréfenter à ce Confeil , ce qui peut intéreifer le bien de leurs colonies refpecfives. L'Etat floriffant où fe trouvent en Amérique les plantations des Anglois , annoncent allez les avantages d'une pareille commillion. PLANTEURS. C'eft le nom que les Anglois donnent aux habitans de leurs colonies qui établirent des plantations. Ces Planteurs ou ces colons, comme nous les appelions , font toujours diftin-gués dans les chartes Angloi-fes des avanturiers , ou de ceux qui prennent des actions dans les compagnies formées pour foutenir ces colonies. V. Avanturier. PLATE. Terme Efpagnol qui lignifie argent t comme celui de veillon lignifie cuivre. La monnoie de plate nouvelle paffe pour être moindre PL que l'ancienne de vingt-cinq pour cent. Il eft vrai que les anciennes efpéces font de meilleur titre que les nouvelles ; mais les anciennes efpéces font fi ufées & fi rognées qu'elles donnent à peu près la même tare que les nouvelles. Les Efpagnols fe fervent auffi de ces deux termes, plate ôc veillon dans leurs diilérentes manières de compter. La monnoie de plate eft principalement d'ufage pour les comptes en banque ôc pour tenir les livres dans le commerce ; la monnoie de veillon pour les comptes de finance. L'on dira dans cette dernière lignification, un ducat de plate ôc un ducat de veillon ; un réal de plate ôc un réal de veillon ; un maravedis de plate ôc un maravedis de veillon , ce qui augmente ou diminue les fom-mes de près de moitié. Voy. Veillon. PLATILLE. C'eft le nom que les Efpagnols ont donné à une forte de toile de lin très-blanche qui fe fabrique en Siléfie , principalement à Hirsberg. On en manufacture auffi à Landshut, en Bohême , fur les frontières de la Siléfie. Les Hambourgeois , qui les tirent prefque toutes , en font Htt grand commerce avec la France & avec l'Efpagne. Elles font diftinguées en fines & inférieures. Les premières fe confomment en Europe & en Amérique i les autres en Amérique & fur les côtes d'Afrique. Comme ces toiles entrent dans tous les aiTortifl'emens avec les pays chauds , on a cherché à les imiter en France. Mais c'eft principalement du zele pa trio tique qui anime la fociété d'agriculture , de commerce & des arts, établie par les Etats de Bretagne , que l'on doit attendre les fuccès d'une pareille entreprife. La Siléfie a réufii à contrefaire les toiles de Bretagne , la Bretagne pourra à plus forte raifon imiter celles de Siléfie. Mais , fuivant les obfer-vations de la fociété que nous rapporterons ici , on réuffîroit en vain dans l'imitation des platilles , fi l'on ne parvenoit pas à les établir à meilleur marché , ou du moins au même prix que l'étranger. Il eft d'autant plus naturel de s'en flater , que le ^nfport de Siléfie en France occalionne des frais qu'on ne peut évaluer à moins de quatre à cinq pour cent.Quel-ques encouragemens pour-roient exciter cette fabrique. Mais ce n'eft que des TiiTe- PL 197 rands répandus dans les campagnes , & fur-tout des Tif-ferands cultivateurs , qu'on doit attendre le bon marché de la main-d'œuvre. C'eft-là qu'on eft fur de trouver l'œ-conomie , compagne de la frugalité , ôc que de grands travaux fe contentent de petits falaires. D'ailleurs le prix ordinaire des toiles de Bretagne démontre la poifibilité de fabriquer des platilles à bon marché. Cette condition préliminaire étant remplie , il refteroit encore une difficulté à fur mon ter ; c'eft l'imitation parfaite du pliage des toiles. Des réflexions & des expériences nous conduiront à ce procédé. Les Etats de Bretagne pour donner plus d'activité à l'induftrie , ont promis une récompenfe de trois cens livres à celui qui donnera un moyen facile ôc prompt, de plier les toiles de la province comme celles de Siléfie. V. Pliage. PLIAGE. Manière de plier les toiles, les étoffes, les foies. Les étoffes de laine fe plient fur une efpéce de table ou métier que l'on appelle plioir. On affure ce pliage en mettant la pièce entre deux plateaux , que l'onfer-re par le moyen d'une preffe ou d'autres machines de cette efpéce. to8 P L ■ Le pliage d'une étoffe doit être t'ait de façon que l'étoffe ne paroifle point plus large qu'elle n'eft i autrement ce feroit un pliage frauduleux. Les Chinois ont beaucoup d'adreûe à plier leurs étoffes. Les toiles , dites platilles , & autres qui fe tranfportent chez l'étranger, ont des plis jlfujtipliés 8c ferrés. On a cherché a îeduire ces toiles au moindre .o urne polfible, poui œconomifer furie piix du fret» L ne autre - . n qui a dù porte'i ceux qui refont les platilles !e >ilé , à imiter aulfi leur pjiqgo ; c'ef que les rtég es auxqut '.s il eft plus difficile qu'on ne penfe de taire prendre le ch?n?e , diftinguent très-bien au volume feul de la platil-Je, fi elle eft véiitable ou contrefaite. PLOMB. Métal grofilsr pefant, mou 8c facile à fondre. Ce métal eft d'un grmd ufage « foit pour les tuyaux des fontaines , foit pour les fcaffins, cuvettes refervoirs d'eau.On l'emoioie auffi pour la confervation des terraffes, & principalement pour la couverture des grandes égli-fes , 8c des bâtimens d'importance. La France a quelques mi-»es de plomb -, mais qui ne PL fufHfent pas à fa confommation. Elle eft obligée de tirer* beaucoup de ce métal d'Allemagne , par la voie de Hambourg. Les Hollandois nous en apportent aufli de Pologne ; mais le meilleur 8c le plus eftimé eft celui d'Angleterre. La Principauté de Galles frécialement en a des mine- très-abondantes , & qui rendent 30 & même 70 onces d'argent o:,r tonne , auffi les Ang oh àpoelleftB-iis le PotrîfJ G : lois. Le plomb laminé eft un ", omb preùé entre deux > . l'n-^its , qui prend air. a > forme de l'ame , avec ,e épaiiieur uniforme q j le p'omb commun n'a >as. A a It que l'on eut fait ufage du Urninbir pour le plomb , on couloit ce méral fur une longue table couverte d'un fable liés fin. Mais il eft aifé de fe perfuader que l'on ne pouvoit obtenir par ce moyen une couverture de plomb qui eût une parfaite égalité d'épaiffeur. Il en ré-fultoit par cpnféquent que ce plomb en table n'avoijw point de folidité, parce qu™ le principe de la force d'un métal eft dans l'égalité des parties. Un autre avantage du laminoir eft d'épargner la matière > ce qui eft un profit PL confidérable pour la France , obligée d'acheter beaucoup de plomb de l'étranger. Le laminoir i end aulfi cette matière plus aifée à être mife en œuvre. Ajoutons encore en faveur du plomb laminé , que le plomb coulé fur fable, contracte par une fuite nécef-faire de fes inégalités une inflexibilité , & une certaine aigreur qui le rend moins propre à recevoir tontes fortes de formes ôc de contours. Comme ce plomb coulé à des longueurs & des largeurs bornées , on eft obligé de lui donner bien des fou-dures dans les ouvrages de grande fuperficie > ce qui eft encore un inconvénient. Une dernière imperfection du plomb coulé , c'eft que l'on ne peut régler fon prix. Le plomb laminé au contrai-re , par la parfaite égalité de fon épaifleur établit un poids certain , au pied quar-*é , toujours relatif à fon cpaifleur ; en forte que l'on Peut fe rendre compte de la dépenfe que l'on eft obligé de faire pour l'ouvrage que l'on fe propofe , fans craindre que l'exécution excède le devis. Les Entrepreneurs de la nianufacture du plomb lamine , dont le magafin général eft toujours à Paris , Ut par P L 199 reconnoïflance pour le public beaucoup diminué le prix de leur plomb. A compter du 10 Août 1758, il ne fe vend plus que fix fois fix deniers la livre de toutes les épaifiëurs ufitées dans les bâtimens, depuis cinq quarts de ligne ôc au-deflus, ôc celui d'une ligne fept fols trois deniers. Le vieux picmb , provenant des démolitions, non dégraiflé defes foudures, eft reçu par la manufacture en échange du plomb laminé poids pour poids ; fur lequel il eft déduit quatre pour cent pour le déchet ordinaire de la refonte , ôc il eft tenu compte de ce vieux plomb pris en échange du neuf, à raifon de cinq fols fix deniers la livre. Les retailles ou rognures de plomb laminé , provenant des tables livrées entières, y font reprifes à fix fols la livre fans déchet. Les tables laminées ont quatre pieds huit pouces ôc cinq pieds de large , ôc jufqu'à. trente pieds de long ôc au-cleflus. On trouve dans ce même magafin toutes fortes d'épaifleurs de plomb au-defious d'une ligne, propres aux ouvrages légers. Un plomb blanchi eft un plomb étamé, ou coloré avec de l'étain de même que le fer blanc. N iv ft* p L On a appelle chaux de plomb, ou blanc de plomb , la difi'olution de ce métal par les acides du vinaigre. Voyei Cêrufc PLUME. Cette dépouille que nous donnent certains oifeaux fert à des ufages différens. On emploie les plu-jnes d'autruche , celles du héron , des aigrettes ôc des queues de paon, & toutes fortes d'autres plumes fines & précieufes à la parure , & aux ornemens de plufieurs ameublemens. Ce font les plumaffiers qui les apprêtent & qui les vendent. L eurs lettres d'érection, Ôc leurs premiers ftatuts font du mois de Juillet 1679 , confirmés par Louis XIII en 161*, Ôc par Louis XIV en 1644. Ces anciens ftatuts ôc les nouveaux qui leur furent donnés en 1659 & 1691 les qualifient de Marchand - Maîtres Plumaffiers, Panachers , Bou-quetiers ôc Enjoliveurs. V-leurs Statuts &- Réglemens. Les plumes d'oye, de cygne , de corbeau ôc toutes celles qui fervent pour l'écriture ôc les deffeins fe vendent par les Marchands Merciers - Papetiers. Les meilleures plumes pour écrire fe tirent des aîles de l'oye. On en diftingue de deux fortes , îçs grofles plumes ôc les bouts PL d'aîles. Plufieurs provinces de France nous en fournif-fent, Celles qui nous viennent de Hollande font toujours très - recherchées. Il s'en trouve néanmoins d'aufli bonnes ici. Mais les Hollandois ont feu les premiers leur donner une préparation qui les ont rendu d'un meilleur fervice, ôc c'eft aflez pour leur faire avoir la préférence par ceux qui n'e Aiment que ce qui vient du dehors. V. Oje. Le duvet ou les plumes à lit fout du commerce de Marchands Merciers - Ferronniers , appelles plus communément Marchands de fer. Les Epiciers vendent aufli le duvet ducygne , du faucon , d'autruche , ôc ce duvet précieux appelle êdredon ; mais ce font les Marchands Fou-reurs qui préparent ôc vendent les peaux d'oifeaux garnies de leur duvet , ou de leurs plumes teintes. Ils en font des manchons, des palatines Ôc autres ajuftemens. Les petites plumes, ou le duvet d'autruche a reçu dans le commerce le nom de laine, de ploc ou de poil d'autruche. Il s'en confomme beaucoup par les Chapelliersôcies Fabriquans de draps. C'eft une des principales marchandifes qui nous vient du Le* PO vant. V. Autruche , Duvet, Levant. POIDS. Mefure ou matière ordinairement de métal , dont la pefanteur déterminée & fixée fert à mefurer celle de différentes marchandifes. Les poids font de cuivre , de plomb ou de fer. Il y a cependant quelques Nations Indiennes qui fe fervent de cailloux ou d'efpéces de petites fèves. Les poids ont été introduits dans le commerce,ainfi que les autres mefures pour faciliter les échanges, ôc éviter toute difcuifion entre le vendeur Se l'acheteur. Mais pour y parvenir , il a encore fallu que cet acheteur fût affu-*é , que le poids avec lequel on pefe fes marchandifes eft conforme au poids matrice 5c original : c'eft pour cet effet que les Souverains ont chargé des Officiers publics d'étalonner tous les poids en ufa-ge dans le commerce. En France le poids étalon eft gardé fous plufieurs clefs ■dans le cabinet de la Cour des Monnoies. En Angleterre il eft dépofé à l'échiquier. Il paroît que cet ufage d'avoir un poids original auquel on puiffe avoir recours eft fort ancien. Chez les Juifs Ie poids du fandfuaire étoit pareillement un poids, qui P O iox devoït fervir à régler tous ceux dont on faifoit ufage dans le commerce. Les poids ne font pas les mêmes par tout, ce qui ne peut manquer de jetter beaucoup d'embarras dans le commerce , à caufe des réductions d'un poids à un autre qu'on eft obligé de faire à tout moment. On peut croire que cet embarras fubfiftera toujours, parce qu'aucune Nation n'eft d'humeur d'abandonner fes mefures pour prendre celles de fes voiiins. V. Mefure. Nous avons mis à la fin des articles des différentes places de commerce , les ob-fervations que l'on doit faire fur leurs poids , & le rapport qu'ils ont avec ceux de France. Voye\ ces articles. POIL. Cette dépouille que nous donnent différens .animaux , comme le lièvre , le lapin , le caftor , le chameau , le bœuf, la chèvre eft un des principaux alimens de nos fabriques. Les hommes ont mis cette matière première en ufage avant le coton & la foie , & ont commencé d'abord à en faire une efpéce de feutre en la mêlant avec une humeur épaiflé Ôc tenace. L'induftrie parvint enfuite à la filer pour en fabriquer des vêteraens foupl« xoi PC* & commodes. Maïs tous les animaux ne donnent point r.n poil capable d'être filé. C'eft la chèvre qui nous fournit ce fil avec lequel nous fabriquons cette étoffe bien connue fous le nom de camelot- On peut donc diftinguer deux fortes de poids , les uns propres à être filés, le:; autres qui s'emploient tels qu'ils ont été enlevés de delfus le corps de l'animal. Le poil de caf-tor , non moins précieux que ceiui de la chèvre , entre tel qu'il eft dans la fabrique des chapeaux fins. Voye\ cajlor chèvre , & les articles des autres animaux. On appelle poil d'autruche une forte de duvet que don-Ke cet oifeau. V. Autruche. La toifon des moutons , des brebis effun poil plus connu fous le nom de laine. Voye\ Laine. On a autli appelle poil ce petit duvet qui couvre la chaîne ou la trame de certaines étoffes , lors même que ces étoffes étoient de foie. V. Velours. POINT. Terme de ma-rtufacf ure qui comprend tous îes ouvrages qui s'exécutent, foit au fufeau , foit à l'aiguille II défile plus particulièrement les dentelles & les jpafiémens faits à l'aiguille. Le point de Bruxelles eft PO ce qu'il y a de plus beau en ce genre, loit pour la îicheffe de l'invention , foit pOUr le goût & la perfection du travail. Il s'exécute avec la même diverfité d'ouvrieres,a"vec les mêmes qualités de fil , & exige les mêmes foins de la part du Fabriquant que la dentelle de Bruxelles. Ce point fe travaille à l'aiguille- Si' quelquefois , on exécute les fonds au fufeau , ce qui donne au point une qualité inférieure , les fleurs iont néanmoins toujours laites à l'aiguille, Ainfi il y a deux fortes de réfeaux dans cette dentelle de point, le réfeau à l'aiguille & le réfeau au fufeau. Ce dernier % quoique fait par les mêmes ouvrières , eft toujours d'un tiers plus cher que le réfeau des dentelles de Bruxelles, à caufe de la difficulté que les ouvrières ont dans la dentelle de point de faire , ce qu'en termes de l'art on nom. •mêles pajfées ; c'eft-à-dire , de joindre le réfeau aux fleurs ou au toile. Le réfeau à l'aiguille eft d'environ moitié plus cher que le réfeau au fufeau ; parce qu'il eft plus fort que ce dernier , moins fujet à fe dériver , & plus facile à racommoder. Sa force confifte en ce que chaque réfeau eft paffé quatre fois dans chaque trou , au lîeu que celui qui fe fabrique au fufeau ne l'eft point & fe travaille de fuite , ce qui fait qu'étant rompu , il fe défile plu* aifement, Ôc le racom-niodage en eft plus difficile ôc |?lu$ apparent» Le travail à l'aiguille donne au toile le même degré de fupériorité fui le toile fait au fufeau. Le point de Bruxelles eft la Premieie de toutes les den-telies 'S; ia plus chère , parce qu'elle exige un travail plus long, plus recherché, qui rend la main d'eeuvre extrê. rnement couteufe. Le point d'Alençon s'exécute à l'aiguille, également que celui de Bruxelles : mais il lui eft inférieur pour le goût Ôc h délicatelfe de l'exécution. Cette dentelle n'a pas d'ailleurs cette folidfté que l'on exige pour la perfection de l'ouvrage. Elle pèche fur tout par le cordon des fleurs qui eft fort gros , ôc qui-grolfit encore à l'eau Ôc emporte la dentelle. On eft de plus en droit de demander aux Fabriquans d'A-tençon plus de variété dans leurs fonds. Nous leur recommanderons aufli cet art , qui par pempioi heureux des différens fils ôc des différens réfeaux , fçait donner s la dentelle ces nuances , PO îoj cette efpéce de relief, & cet éclat qui plait, qui réjouit la vue du connoifleur. On envoie beaucoup de point d'Alençon à Bruxelles pour y fabriquer des fonds. Cette dentelle acquiert ainfî un luftre ôc une valeur qui lui eft en quelque forte étrangère , ôc la rapproche du point de Bruxelles. Lescon-noiflèurs fçavent néanmoins diftinguer l'un d'avec l'autre. Les Anglois font parvenus à imiter , quoique très-imparfaitement , la dentelle de Bruxelles. Ils l'ont ap-pellée point d'Angleterre. Il eft fabriqué au fufeau dans le goût de ia dentelle de Bruxelles pour le deffein ; mais le cordon ou la bordure des fleurs n'a point de folidité. Ces fleurs fe détachent très-promptement des fonds qui ne font pas plus folides. Les Fabriquans Anglois pour favorifer les premiers effais de leurs manufactures , achetèrent beaucoup de dentelles de Bruxelles , qu'ils vendoient à toute l'Europe fous le nom de point d'Angleterre. Combien de perfonnes encore aujourd'hui croyent porter du point de fabrique Angloife , qui cependant n'eft autre chofe qu'une dentelle de *o4 P O Bruxelles. Voyt\ Dentelle* POIRIER. Cet arbre bien connu donne au commerce un fruit, dont on diftingue une infinité d'efpeces. Son bois tire fur le rouge , ôc reçoit un fort beau poli. 'On l'emploie à différens ouvrages de menuiferie , de tabletterie & de tour. Il y eft d'autant plus propre qu'il prend un noir, dont le luftre imite affez bien le brillant de l'ébene. Les Marchands de bois le débitent pour l'or-, dinaire en planches, poteaux ôc membrures. POISSON. La vente du poifion a toujours été regardée comme une des branches les plus importantes ôc les plus lucratives du commerce d'une Nation. Il étoit en effet aifé de fe convaincre qu'un peuple qui vend au dehors le produit de fes pêches, fait un gain auffi clair que fi on lui achetoit les vins ôc les bleds du crû de fon pays..S'il y a quelque différence entre ces diverfes exportations, c'eft que , valeur pour vaîeur,Ia pêche aura fait vivre un plus grand nombre d'hommes. Voyez Pêche. Dans le commerce du poiffon en général , on a diftin-gné le poiffon de mer ôc le poiffon d'eau douce. Le com- P O merce de faline ou des poiffons (aies , confifte principalement dans la vente de la morue , du hareng, de la fardine , de l'anchois, du maquereau , du iaumon. V* leurs articles. On a appelle poiffon verd , celui qui vient d'être falé, ôc qui eft encore tout humide. V. Morue. Le poinon fec eft un poiffon falé ôc defiéché , foit par l'ardeur du foleil, foit par le moyen du feu. On fait fé-cher de la morue , que l'on nomme merluche. Le hareng for eft auffi un poiffon féché. V. Hareng. Il fe tait encore un bon commerce de poiffons mari-nés. Ce font des poiffons de mer frais que l'on a rôtis fur le gril, enfuite fris dans de l'huile d'olive. On les met dans des barils avec une fauf-fe ou faumure , compofée de nouvelle huile d'olive , d'un peu de vinaigre afiaifonné de fel, de poivre ôc de différens aromates. Le thon Ôc l'efturgeon font les meilleurs poiffons pour cette préparation. On a donné en France le nom de poiffons royaux à de certains poiffons , qui appartiennent au Roi, quand ils fe trouvent échoués fur les bords de la mer i tels font P o P o 105 les dauphins, les efturgeons, tageuie pour l'Etat, lorfque les truites , les faumons. ce poiffon provient des pê-Les .baleines , les thons, ches de la Nation. Ces pèles merfouins, Ôc autres poif- ches fourniflent d'ailleurs fons qui donnent de l'huile, aux Sujets du Prince une °nt été rangés parmi les poif- branche confîdérable de cornions à lard. C'eii de la ba- merce , ôc fervent d'école à Jaine dont on tire le plus fes matelots, Mais fi l'inter-d'huile. Elle fournit d'ail- diction des viandes & des leurs au commerce plufieurs nourritures ordinaires dans autres chofes. Voy. Balaine. de certains tems de l'année, Lorfque ces poiffons à lard facilite la confommation de échouent fur les grèves, ils la faline , il s'enfuit qu'un fe partagent comme épaves : peuple qui ne cultive point mais lorsqu'ils font pris en la pêche, augmente par fes Pleine mer , ils appartien- jours d'abftinence , le débit nent, ainfi que les poiffons du poiffon étranger. Il ac-royaux , à ceux qui les ont croît à fes dépens les richef-pêchés. fes numéraires des Nations On tire de différens poif- rivales. Qui doute que les fons une colle , qui eft d'un Anglois & les Hollandois ne grand ufage dans les arts, retirent des fommes immen- Le poiffon d'eau douce eft confomme en Portugal , en celui qui fe pêche dans les Efpagne pendant le carême «vieres, viviers, étangs, & & les autres jours maigres î canaux. Comme il eft diffi- POITOU. Province de cile de le tranfporter, on le France , bornée au Nord par confomme entièrement dans la Bretagne ôc l'Anjou ; au l'intérieur de l'Etat ; plus Midi, par l'Angoumois ôc la cette confommation fera Saintonge i au Levant , par grande , plus il reftera d'au- la Touraine , le Berri ôc la très d'enrées à exporter. La Marche ; au Couchant, par politique doit donc fe join- la mer de Gafcogne. la maifon de Brandebourg. Le commerce fera rétabli entre les Royaumes de Pologne & de Suéde , fur le mê. me pied qu'il fe faifoit par les deux Nations avant la guerre. Leurs fujets ôc les Curiandois trafiqueront librement fur la Duna & la Buldera. On ne pourra établir de nouveaux impôts, ni augmenter les anciens fur ces deux rivières, ni dans les ports ôc les douanes du Duché de Livo-nie. Les Commerçans de la Grande Pologne ne payeront • point a Stetin les nouveaux^ droits qu'on pourroit y lever. Dantzick ôc les autres villes de Prufïè conferveront dans le Royaume de Suéde ôc dans les provinces qui en dépendent , les mêmes privilèges dont elles ont joui avant la guerre. Tr.d'Oliva de 1660 art. 15. La Pologne ôc la Ruffie s'accordent réciproquement une entière liberté de commerce. Tr. de Mofcou du 15 Avril 16S6 , art. 18. POMMADE. Compofition de poulpe, ou de chair de pomme , de fain-doux , ôcc. Les Parfumeurs ajoutent à cette compofition différentes PO elfences pour la rendre pius agréable. L'Italie a toujours confervé fa réputation pour les pommades à l'ufage des toilettes. U y a des compofitions de même nature , où il n'entre point de pommes , ôc quj néanmoins ont retenu le nom de pommades. PONDICHERY. Ville fî. tuée fur la côte deCoroman-del, environ à douze dégrés de latitude feptentrionale. C'eft le principal entrepôt du commerce que la Compagnie Françoife fait aux Indes. Ses vaftes ôc nombreux magafins font toujours remplis de tout ce que l'Orient produit de rare , d'utile Ôc d'agréable. Ces marchandifes font defti-nées pour l'Europe ou pour le commerce , de la Perfe , de la mer rouge , Ôc celui que la Compagnie fait d'Inde en Inde. On fabrique à Pondi-chery ôc aux environs beaucoup de toiles de coton blanches , ôc une quantité prodi-gieufe de moufielines de différentes efpéces. La main-d'œuvre y eft à très-bon marché. V. Inde. PORCELAINE. Efpéce de poterie blanche ôc demï-tranfparente. Elle fe fait avec une pâte fine , ordinairement blanche , très-douce au toucher, Ôc compofée PO «e l'alliage de deux différentes matières , donc l'une eft vitritiable , Si l'autre peu ou point du tout vitriruble i c'eft ce qui rend cette pâte lorfqu'elle eft cuite , moins tranfparence que le verre , mais plus que la poterie. On peut donc regarder la porcelaine , comme tenant le milieu entre la terre cuite > ou nos poteries communes ôc le verre. On en compofé des figures , des vafes , des orne-mens que l'on appelle aufli porcelaine , mot qui vient du Portugais porccllana , qui lignifie taffe. Cependant les Portugais , les premiers Européens , qui nous aient apporté de l'Orient cette précieufe matière , lui ont donné un autre nom, ôc l'ont ap-peilée loca ; fon vrai nom Chinois eft Tfe-Ki. La grande manufacture de la porcelaine eft àKing-te-chingjbourgade de la «Lhine , où l'on compte plus d'un million d'habitaus. Chaque ouvrier Chinois a fon attelier chez lui , ôc travaille pour fon compte 11 fait entrer dans la compolîtion de fa porcelaine deux fortes de tedsea La première appellée *e - tan - ife eft une terre blanche tiès-fine ôc très-dou-au tact , l'autre nommée Ktolin eft parfemée de pe-■wti corpufcules brillants. P O *« Après les premières préparations qui font de laver ôc dé féparer Je fable , ou la terrô étrangère qui pourroit fe rencontrer dans 'ces diuérentes matières i on les broie jufqu'à ce qu'elles le trouvent réduites en une poudre impalpable. De cette poullierè fe forme une pâte que l'on bralfe, ôc que l'on pétrit à différentes reprifes. De tems en tems on l'arrofe avec une eau imprégnée de certains fels qui peuvent contribuer à donner du corps ôc de l'union aux différentes particules des deux terres mifes en œuvre. Quand cette pâte eft fuffi-famment pétrie on la tourne, ou bien on l'applique fur différens moules , félon les vafes que l'on veut former. Les porcelaines unies, comme les urnes, les taffes, les loucou-pes, le fabriquent à la roue» Mais on fe fert du moule pour les figures d'hommes , d'animaux ôc autres qui font en relief. Il y a des porcelaines pour lefquelies on emploie la roue ôc le moule j ce font celles, qui à la for-tie du tout, demandent des ornemens Tous ces ouvrages tournés ôc moulés, reçoivent encore une nouvelle perfection en parlant des mains du potier en celles du feulpteur. Ce dernier avec tu P O différens inftrumens creufe, polit , recherche plufieurs traits que ia roue ne peut donner & qui échapent au moule. Il}' a des vafes ou l'on appfique des reliefs tout préparés , comme les dragons, les fleurs, & autres ornemens qu'on voit lur quelques unes des théières qu'on apporte en Europe. 11 y en a d'autres qui ont des empreintes en creux. Ceux-ci fe gravent avec des efpéces de poinçons ou de cachets. Lorfque ces différens ouvrages ont pris leur forme , on les expofe au fo leil le matin & le foir , ou Lien on les met dans des étuves , mais on a foin de les retirer quand la chaleur eft trop forte , de peur que la matière ne fe tourmente en fe féchant brufquement. Les ouvriers appliquent la peinture quand ils jugent le fond capable de la recevoir. Mais comme ni lés couleurs , ni cette terre n'ont point affez d'éclat, il ont recours à une efpéce de cryftal pulvérifé, & réduit en bouillie très-fine, qu'ils étendent fur les pièces formées. C'eft ce qui doit leur donner ce luftre , ce brillant que l'on appelle le vernis ou la couverte de la porcelaine. La plupart de ces opérations ne fe font qu'à l'ai- P O de du feu. On a foin auparavant de mettre les pièces dans des cailles de terre ou gazettes pour les prélèn er du con--taft des charbons qui pourvoient en altérer la blancheur. Tout ceci, comme on le penfe bien , ne peut s'opérer fans de longues préparations , fans palier par les mains de quantité d'ouvriers. Si l'on fçait à préfent que chaque opéiation , chaque couleur que l'on applique fur la porcelaine demande un degré de feu qui lui foit convenable , que des bulles d'air, ou quelques matières étrangères renfermées dans l'intérieur de la pâte , occafion-nent fouvent des détectuo fîtes dans les pièces ; fi on calcule les accidens qui arrivent à une fournée , par le défaut des caiffes ou gazettes , par des coups de feu imprévus par la difficulté de régler l'activité d'un Agent toujours fournis aux variations de l'atmofphere ; fi on fuppute les gains de l'Ouvrier, ceux du Négociant, les frais du tranfport, on n'aura point lieu d'être étonné du prix de certaines pièces de porcelaines qui nous viennent de l'Orient. Les Japonois, pour exprimer la peine extrême que demandent ces fortes d'ouvrages, ont coutume de dire que les os humains entrent dans la compofition de la porcelaine. Les Chinois font de la porcelaine de toutes les couleurs. On en voit de jaune , de verte , de rouge , d'un bleu vif , d'un bleu éclatant. Mais ces couleurs font difficiles à étendre également. Auffi les pièces de porcelaine colorée font toujours très-cheres quand elles font parfaites. La porcelaine grife , qui approche du céladon , eft le plus fouvent hachée d'une infinité de petites lignes irré-gulieres qui fe croifent comme fi le vafe étoit télé dans toutes fes parties. Ou bien il s'y trouve de grandes raies , dont l'effet eft encore plus fenfible. On appelle communément cette porcelaine, porcelaine truitée ou craquelée , fuivant la grandeur ou la pe-titeflé de ces fortes de fêlures. La porcelaine noire eft fort peu connue en France ; elle ne peut plaire d'ailleurs que par fa rareté. Depuis quelques années les vaifleaux de notre Compagnie des Indes , nous en ont apporté une nouvelle forte , à laquelle on a donné le nom'de porcelaine émaillée. Les couleurs en font vives, mais il n'y a point d'accord entr'elles. La porcelaine de la Chine la plus PO *ij répandue eft à fond blanc, avec divers ornemens de fleurs , de payfages , d'animaux en couleur bleue. Il fe fabrique de la porcelaine en Perlé , mais que l'on ne recherche que par fingu-larité. Son fond blanc a Je ton jaunâtre ou roux , & les couleurs que l'on y applique font prefque toujours dures & crues. Les rivaux que les Chinois aient le plus à craindre dans ce genre de fabrique , font les Japonois On peut même dire que la porcelaine du Japon eft en général fupérieure à- celle de la Chine pour la fineffe du grain , pour la perfection de la main-d'œuvre , la fonte St l'accord des couleurs. Cette fupériorité fe remarque principalement dans les anciennes pièces de porcelaines des deux Nations : car on eft obligé de convenir que les manufactures modernes fe font rapprochées en quelque forte en fe familiarifant également avec le médiocre. On reconnoît néanmoins dans cette nouvelle porcelaine le génie & le goût des deux Nations ; mais on n'y trouve plus le même degré de bonté dans la pâte , la même attention dans l'exécution. Leurs couleurs font prefque. toujours mal appliquées , mal ii4 P O fondues , Ôc fi outrées le' plus fouvent que l'œil en eft fatigué. Nulle entente., nulle giadation dans les lointains, nulle correction dans les def-feins , fur-tout dans ceux des perlbnnages qui font ordinairement des magots aflez mal barbouillés. On ne remarque plus d'ailleurs dans Je blanc de la porcelaine moderne ce ton velouté, doux cV mat te , qui plait , qui fé-duii dans l'ancienne. Le non. veau bleu eft aulfi intéiieur à l'ancien , parce que les Orientaux ont fubftitué à l'azur minéral , un émail ou Un aBur factice en poudre fine que les Hollandois leur portent. C'eft le fort ordi naîre des manufactures qui ont une réputation acquife , ék qui n'ont plus de rivalité à craindre , de fonger moins à perfectionner leurs ouvra- §es qu'à lés multiplier , afin 'augmenter la fomme de leurs profits. Nous en avons un exemple en Europe dans la nouvelle manufacture de Drefde. On commence déjà & diftinguer l'ancienne porcelaine de Saxe d'avec la nouvelle. Il s'en faut de beaucoup cependant que cette porcelaine ait acquis la perfection que l'on defire. Une porcelaine parfaite feroit celle dans laquelle Ja PO bonté 6V la folidité fe trouve-roient réunies avec la plus grande beauté. Mais on peut avancer , que malgré les efforts qu'on a faits pour perfectionner cette matière , i] n'en exifte point encote de pareille. U iuflït , pour en être bien convaincu , de faire quelqu'attention aux ditféren. tes qualités qui doivent rendre , cV qui tendent en effet la porcelaine recommendable» On peut diftinguer en quelque forte deux elpéces de bfauté dans ce produit de l'ait. La première eft l'af. femblage des qualités qui frappent indiftinctementtout le monde , comme une blancheur éclatante & agréable, une couverte nette , uniforme & brillante , des couleurs vives, fraîches ôc bien fondues , dés peintures élégantes ôc correctes , des formes nobles , bien proportionnées ôc agréablement variées ; enfin de belles dorures, fculptures ôc gravures, ôc autres orne-mens de ce genre. La féconde efpéce de beauté dans la porcelaine, confif-te dans plufieurs qualités qui lui font plus intrinfeques , ôc dont la plupart tiennent à fa bonté Ôc à fa folidité.Cette forte de beauté n'eft bien fen-fible qu'à ceux qui fçavent plus particulièrement ce que , PO e eft" que la porcelaine : elle eft refervée pour les connoif-feurs. Il faut pour l'apperce-voir dépouiller, pour ainfi di-re> la porcelaine de fes orne-rnens extérieurs , la mettre a nud & l'examiner dans fes fragmens. La plus eftimée à cet égard , ôc avec jufte raifon eft celle dont la caifure préfente un grain très-fin , très-fefré , très-compact, qui s'éloigne autant du coup d'œil plâtreux & terreux , que de l'apparence d'un émail fondu. La plus belle qu'on connoiife dans ce genre eft celle qu'on nomme l'ancien Japon. La porcelaine de faxe, quoique très - eftimable par bien des qualités, pêche par le coup d'œil du grain de fa caifure. Cette porcelaine à proprement parler n'a point de grain , & ne paraît dans fou intérieur qu'une malfe d'émail lifie , vitrifiée Ôc parsemée de petites gerfures. Le degré de demi - tranfparence convenable, eft encore Ulie partie elfentielle de l'ef-péce de beauté dont il s'agit *J Préfent. La tranfparence de la belle porcelaine doit ^tre nette & blanche, fans être cependant trop claire. Il faut qu'elle s'éloigne totalement de l'apparence du verre ôc de U girofalle. Enfin la caifure delà poicelaine,décele PO *i$ encore aux connoiffeurs une partie du mérité de la couverte qui doit être un criftal pur , limpide , d'un blanc parfaitement tranfparent , fans mélange par conféquent d'aucune fubftançe matte ôc laiteufe , comme eft la couverte des fayences. Celle de la porcelaine , en un mot , femblable à un vernis très-mince , fans couleur, fans gerfures , ne doit laifier appercevoir que le blanc de la pâte mife en œuvre.', 3 U en eft de la bonté de la porcelaine comme de fa beauté i on peut la diftinguer en deux efpéces. Une porcelaine keft réputée bonne par le public , quand elle foutient fans fè carier ni fe fêler le dé-gré de la chaleur de l'eau bouillante, du caffé,du bouillon , du lait bouillant qu'on y verfe brufquement. Il eft néanmoins d'autres qualités qui tiennent eflentiellement à la bonté de cette matière , ôc qu'on ne peut reconnoître que par des épreuves particulières. La porcelaine parfaitement bonne , par exemple , rend quand on en frappe des pièces entières un fon net Ôc timbré , qui approche de celui du métal. Ses fragmens jettent fous les coupsde briquet des étincelles vives ôc nombreufes, comme le font %i6 PO les cailloux durs. Enfin elle foutient le plus grand degré de feu , celui d'un four de verrerie , par exemple , fans fe fondre , fans fe bourfou-fler fans y devenir feche & friable ; en un mot fans en altérée d'une manière fenfible- On peut dire en général qu'une porcelaine eft d'un fervice d'autant meilleur , qu'elle foutient mieux les épreuves dont nous venons de parler. Il eft encore des qualités recommendables pour la porcelaine qui intérëffent en même tems, & le manufacturier & le public;c'eft l'œconomie Si la facilité avec lefquelles elle peut fe travailler. II n'eft pas douteux qu'il n'y ait un avantage infini à avoir une pâte de porcelaine , dont la compofition foit fimple, dont les matières premières foient abondantes Si peu couteu-fes, dont l'ouvrier puiffe faire promptement & facilement des vafes de toutes figures Si de toutes grandeurs; une pate qui ne foit point fu-jette à fe fendre dans la déification , à fe tourmenter & à fe déformer lorfqu'on la fait cuire , qui ne demande point à être foutenue & étayée de tous les côtés , qui foit peu fufceptible de s'altérer par le contact des étuis ou ga- *0 zettes, dont on fafte en un mot des fournées d'une réuf-fîte foutenue & confiante. Il paroît qu'il a été jufqu'à prtfent impoffible de réunir tous ces avantages dans une même porcelaine ; ainfi ils fe trouvent partagés. On en fait aux Indes d'excellente , Se qui poflede toutes les bonnes qualités dont nous avons parlé , mais qui pour le préfent n'eft pas d'un très-grand blanc. En Europe an-contraire , où on ne donne que trop fouvent la préférence au brillant, & à l'éclatant fur le bon & le folide , on fait des porcelaines d'une beauté Si d'une blancheur admirable , mais qui n'ont pas les excellentes qualités de celles des Indes La porcelaine de France eft de l'aveu même des étrangers. fu_ périeure à tout ce que Ton peut voir de plus agréable , de plus parfait pour l'élégance des formes , la correction du deffein , la fonte des couleurs , le vif éclat du blanc , le brillant de la couverte • mais elle eft fi difpendieufe a fi fragile qu'elle ne peut fer-vir en quelque-forte qu'à orner des appartemens. Si on la tire de-là pour lui faire fupporter la moindre chaleur, elle eft rujette à fe fêler comme le verre , de la ria- PO ture duquel elle participe un peu trop ; c'eft ce qui la rend fufible , aigre , caftante & d'un très - mauvais fervice. Les porcelaines que l'on fabrique en Angleterre ne font Pareillement que des vitrifications imparfaites d'un mélange de plufieurs fubftan-ces , qui donneraient un verre effectif , fi elles étoient expofées à un degré de feu plus violent que celui qu'on leur fait éprouver. Nous dif-fimulons d'autant moins ces défauts de la porcelaine de France,que les travaux de nos plus habiles Chimiftes nous font efpérer une pâte qui aura les qualités que nous avons expofées plus haut. Les avantages que la France retirera d'une lemblable découverte font fenfibles ; nous ferons exemptés par ce moyen du tribut que nous payons aux Indiens, & même à nos voi-fins pour leurs porcelaines. Les Etats , ceux mêmes qui en ont des manufacfureschez eux , ne pourront s'empêcher de donner la préférence à notre porcelaine , déjà (i fu-Périeure aux étrangères par fes beautés extérieures. On procurera d'ailleurs à nos riches Citoyens une vaiifelie pluspropre,plus agréable que n'eft celle d'argent. 11 fe trouvera par çoruéquent une PO t*? plus grande abondance de ce métal dans le commerce. Les Anglois qui ont de très-mau-vaifes porcelaines , les fubf-tituent néanmoins le plus qu'ils peuvent à la vaiffelle d'argent. Ce font fans doute tous <-ces motifs qui ont déterminé Sa Majefté à prendre fous fa protection immédiate la manufacture de porcelaines établie à Sèves , proche Saint-Cloud. L'Arrêt du Confeil du 17 Février 1760, refilie le privilège ci-devant accordé, ôc porte qu'à commencer du premier Octobre 175 9 , cette manufacture & tout ce qui en dépend appartiendra à Sa Majefté. Suivant l'article 8 du même Arrêt, » cette manufac-» ture continuera d'être ex-» ploitée , fous Je titre de » Manufacture Royale de » porcelaines de France. Elle » jouira conformément aux » Arrêts des 14 Juillet 1745 >, & 19 Août 175$, du privi-» lege exclu fi f de faire ôc fa-» briquer toutes fortes d'ou-« vrages, ôc pièces de porce-» laines peintes ou non pein-» tes, dorées ou non dorées » » unies ou de relief, en feu!-. » pture , fleurs ou figures. » Fait de nouveau Sa Majefté » défenfesàtoutes perfonnes, » de quelque qualité Ôc con- *i 8 PO » ditîon qu'ellespuilTent être » de fabriquer & faire fabri-» quer, fculpter, peindre ou » dorer aucuns defdits ouvra-» £res,fous quelque forme que » ce puifle être,ôc de les ven-» dre ou débiter , à peine de „ confifcation , tant defdites v porcelaines, que des matie-yt res ôc uftenfiles fervant à yy leur fabrication, de la def-yi miction des fours, & de y> trois mille livres, d'amende » pour chaque contraven-j> tion,applicable un tiers au » Dénonciateur, un tiers à j> l'Hôpital général , ôc l'au-» tre tiers à ladite Manufac-» ture Royale. Sa Majefté » voulant néanmoins favori-» fer les prviléges particu-» liers qui auroient été ci de-» vant obtenus , ôc qui pour-» roient être dans la fuite re-» nouvelles, pour la fabrica-» tion de certaines porcelai-» nés communes, poteries à a» pâte blanche ou fayence ,• » permet aux Fabriquans def-3» dites porcelaines commu-» nés, d'en continuer la fa-y> brication en blanc, ôc de la » peindre en bleu , façon de » Chine feulement. Leur fait » Sa Majefté très - expreffes » inhibitions ôc défenfes,fous » les peines ci-delluSjd'y em-» ployer aucune autre cou-y> leur, ôc notamment l'or, Ôc j> de fabriquer ou faire fabri- PO » quèr aucunes figures, fleuri » de reliefs ou autres pièces » de fculpture,fi ce n'eft pour 3> garnir Ôc les coller aux dits » ouvrages de leur fabrica-» tion. A l'égard des Fabri-» quans de poteries à pâte » blanche , ou fayence , Sa « Majefté leur permet d'en n continuer l'exploitation » fans néanmoins qu'ils puif-» fent les peindre en fond de » couleur , en cartouches ou » autrement , ni employer » l'or,fous les mêmes peines » à l'effet de quoi Sa Majefté 3> à dérogé ôc déroge, en tant 3) que de befoin, ôc pour ce 3> regard aux dits privilèges, PORPHYRE. Pierre opaque, beaucoup plus dure qne le marbre ôc le jafpe. Le porphyre eft d'une couleur pourpre aflez vive , ôc^ qui imite celle des charbons allumés, d'où lui eft venu le nom de porphyre ou porte-feu. U eft ordinairement tacheté de petits points blancs. On trouve aufli une efpéce de porphyre , dont le fond eft violet ; un autre qui eft verdâtre,avec des taches jaunes , qui lui donnent quelque reflemblance avec la peau d'un ferpent ; ce qui l'a fait nommer ferpentine. 11 y a un maibre qui porte le même nom , mais qui eft différent du porphyre ferpen- P o tïn. Ce dernier, qui eft fort tare, ne s'emploie communément que par incruftation. On t'ait avec le porphyre Ordinaire des bulles , des ce lonnes, ^es tables, des vafes. Comme il eft extraordi-nairement dur , on s'en fert encore avec fuccès à faire des mortiers ôc des pierres à broyer. L'Egypte , l'Italie ont plufieurs canieresde porphyre. PORT de mer. Lieu commode , fitué fur quelque côte de mer, Ôc capable de contenir plufieurs vaiffeaux , à l'abri des vents ôc des entreprifes de l'ennemi. C'eft , dit L-p. G. qui le définit en Orateur , » une digue oppofée à »> la fureur des flots , un abri » pour les vaiffeaux battus » de la tempête, une efpéce » de domaine pris fur la mer, * c. a. d. , fur cet élément « indépendant Ôc indompta-î> ble qui , ouvert à tous les » peuples , fépare les riva » ges , réunit les hommes , » fert à toutes les Nations , « n'appartient à aucune. C'eft » un des termes d'où fe me-» fure la diftance des conti-» nens, celui d'où fe difper-» fent ôc où fe raflemblent » les tréfors des pays dirfé-« r^ns , l'entrepôt de cette » opulence que le commer-. * ce répand dans nos villes, P O 119 » un centre commun de cor-» refpondances ôc de focié-» tés où les fonds des Royau-» mes divers s'échangent, fe » communiquent , le multi-» plient , îbrtent de leurs » fources fous une forme, y » rentrent fous une autre, » rendent toutes les parties » de la terre tributaires , ôc n verfent dans un monde les » richefles de plufieurs. » La quantité ôc la fureté des ports ôc des havres qui fe rencontrent dans un Etat, l'exacte police que l'on y obferve , contribue efficacement à la fupériorité du commerce ôc de la navigation de la Nation ; parce que la facilité d'une entreprife la multiplie évidemment. Voy. pour la police des va.ijfea.ux marchands dans les ports de mer , les Ordonnances de la. marine de i68r , 1685 , 1689. Port franc. C'eft en général un port de mer où l'on a accordé des franchifes , comme d'y décharger les marchandifes ôc de les en retirer , fans payer aucun droit d'entrée ni de fortie. Le Gouvernement gratifie fouvent les Marchands étrangers de ces privilèges , pour favori-fer certaines branches de commerce, fpécialement celles qui procurent des matières premières aux manufac- >io p O «ares. Il accorde auffi quelquefois les mêmes privilèges pour les fabriques étrangères , dont l'ufage eft défendu dans l'intérieur de l'Etat ; mais qui donne un bénéfice à leur réexportation , afin de ne point fe priver de ce bénéfice. Des entrepôts dans tous les ports contri-bueroient également aux avantages que procurent les ports francs, & pourraient même être regardés d'une utilité pius affurée que ces franchifes particulières, qui donnent toujours lieu au dangereux monopole. Port d'un vaijfeau (le) eft la charge qu'il peut porter. Les anciens, qui trafiquoient beaucoup de grains , mefu-roient la capacité de leurs vaifleaux par muids de bled , nous l'évaluons par tonneaux ; le grand débit de nos liqueurs dans le Nord , nous a fait préférer cette mefure commune. Voy. Tonneau. PORTUGAL. Royaume d'Europe borné par l'Efpa-gne ôc l'Océan. Les Portugais font bien connus dans l'hiftcire du commerce moderne , par les grands établiffemens qu'ils Prit faits fur les côtes d'Afrique , Ôc par leurs conquêtes dans l'une & l'autre Inde : mais les révolutions P O qu'ils ont éprouvé ont beaucoup diminué leur trafic. Ils ont néanmoins toujours con. fervé parmi d'autres poft'ef-fions le brefil , qui eft pour eux ce que le Pérou fit le Mexique font pour l'Ef-pagne. C'eft du Bréfil que le Portugal tire ces rien elfes iinmenfe , avec lefquelles il acheté les marchandifes qui lui font néceffaires pour fa propre confommation Ôc celle de fes colonnies. Ces marchandifes confiftent dans prefque toutes les chofes néceffaires pour les befoins, la commodité , l'agrément ôc le luxe. Les exportations naturelles de Portugal fe font en vins, limons, oranges , figues féches, raifins ordinaires , amandes , fel , huile , liège , fumac , poiflon falé , ôc autres artic!es*de moindre importance. Autrefois on er» exportoit une quantité de laine confidérabîe ; mais actuellement il eft défendu d'en faire fortir , cependant il en pafle toujours en fraude, • Ces productions du Porr tugal , ainfi que celles que les Portugais tirent de leurs colonies , font vendues pour la majeure partie , aux commerçans étrangers établis à Lisbonne. Ceux-ci les prennent en retour des denrées P o qu'ils fourniflent , & les exportent dans les pays où ils trouvent à s'en défaire favorablement. Les marchandifes que les Portugais tirent de leurs domaines étrangers, font les diamans du Bréfil & de l'Inde » des fucres , du tabac , du bois de Bréfil , de plufieurs fortes , des noix de cacao , du cafté , du coton , du poivre , diverfes fortes de drogues , quelques efpéces communes d'épiceries , des baleines , des cuirs crus & tannés , des dents d'éléphans, de l'arrac , de Porfeille, des citrons, & par occafion de la porcelaine de la Chine , des foies des Indes , & des toiles de coton. Les François , les Hollandois , les Anglois ont des maifons & des Confiais établis à Lisbonne. Les Anglois ont encore un Conful a Porto , & des comptoirs à Viana , Figeira , Faro & dans rifle Madère. C'eft dans ces magalins que les Négocians Portugais vont le pourvoir des marchandi-les dont ils ont befoin pour leur commerce de l'Inde , de puînée, du Bréfil, & pour la confommation intérieure du Portugal. On peut donc regarder les Portugais com-aae les commiflionnaires de* P O Ht Etrangers établis chez eux. Ce font principalement les factories Angloifes qui, par l'induftrie deftructive qu'elles exercent dans le Portugal , contribuent le plus a ruiner ce Royaume. Elles ne s'occupent , à la faveur de leurs privilèges , qu'à en-tafler les tréfors de la Nation pour les envoyer en Angleterre. Les Anglois n'ont pas vu fans jaloufie en dernier lieu une Compagnie s'établir à Porto pour le commerce des vins. C'eft une injuftice , félon eux, que leur fait le Portugal, de ne pas leur abandonner tout le bénéfice de fes exportations. Il paroît néanmoins que cette Puiflànce plus éclairée fur fes véritables intérêts , eft maintenant dans la résolution de délivrer fon commerce de la gêne qui lui eft impofée par fes traités de commerce conclus avec les principaux Etats de l'Europe , & fpécialement avec l'Angleterre. Elle n'attaquera point directement ces traités , elle craindroit de révolter les Nations intéref-fées ; mais elle formera des établiffemens ; qui rendront inutiles les privilèges def-tructifs contenus dans ces mêmes traités. Les Portugais maîtres tu p o autrefois de toute la côte occidentale d'Afrique , n'ont pû empêcher que d'autres Nations n'y vinîiènt former des établiflèmens. Us en ont confervé néanmoins un grand nombre , qui leur facilitent la traite des Nègres , ôc leur donnent les moyens de faire fur ces côtes un commerce aufi riche que celui de toute autre Nation. A l'égard des côtes orientales de cette partie du Monde , les Portugais font les feuls Européens qui les fréquentent. Leurs différens établifiemens fur ces côtes , & l'iile de Mofambique dont ils font les maîtres , leur afiurent ce commerce , qui feroit très-avantageux s'il étoit mieux cultivé. Ils ont pareillement fur prefque tontes les côtes des Indes jufqu'à Canton , des établiffemens exclufifs , Ôt la même facilité que les Anglois , les Hollandois , les François de faire le commerce dans tous les endroits de cette partie du Monde, Cette Nation qui a très-peu de manufactures chez elle, Ôc qui a befoin de mouifelines , de toiles de coton en blanc , ôc de toiles peintes pour fon commerce d'œco-nomie à la côte d'Afrique ôc au Bréfil , eft plus intéreflée qu'une autre à faire valoir P O les fabriques des Indes. Cependant elle paroît médiocrement occupée de fes éta-blifiemens en Orient. Toute fon attention fe tourne vers le Eiéfil. Ce trafic des Indes ôc même celui d'Afrique , qui, chez les François , les Anglois , les Hollandois fg trouve entre les mains d'u. ne compagnie privilégiée eft en Portugal ouvert tous les Portugais. Les éta-blinemens ôc les dépenfes qu'exige cette navigation fi» faifant au nom du Pvoi, Sa Majefté tient par ce moyen tout ce grand commerce fous fa protection immédiate , Ôç le rend libre à fes fujets. Ceci eft encore peut-être une raifon pour que le commerce des Portugais aux In. des refte dans cet état de foibleflè ôc de médiocrité, auquel l'induftrie , la concurrence , ôc principalement les forces des Compagnies de France, de Hollande ôc d'Angletrere , femblent l'avoir condamné. Il n'y a , comm^fon fait, que la multiplicité des mains ôc des capitaux qui puilfe faire réuf-fir dans cette navigation. Or le Négociant particulier n'ayant que la perfpedtive d'un profit borné qu'il faut attendre long-tems, fera-t-ii en état de foutenir, avec de« Sa Majefté Portugaife accorde aux commerçans Ef- P O «2J que ce commerce exige ? V. pagnols, ôc Sa Majefté Ca-Orient. tholique à ceux de Portugal, Conventions de commerce, tous les avantages ôc tous les far le traité de Lisbonne privilèges qu'elles ont accor-conclu le ij Janvier 1608 dé jufqu'ici, ou qu'elles ac-entre l'Epagne ôc le Portu- corderont à l'avenir à la Na-gal, il eft dit, art. 3. & 4 : tion la plus favorifée. Ces Que le commerce fera réta- Puiflances fe refervent à el-bli entre les Couronnes d'Ef- les feules ôc pour leur fu-pagne ôc de Portugal ; fur le jets, le droit de commercer même pied qu'il étoit avant dans les terres de leurs do-la réunion ôc fous le règne mination refpective , foit aux du Roi Don Sébaftien. Les Indes , foit en Amérique. Portugais jouiront , fur les Art. 17. terres que Sa Majefté Ca- En cas de rupture entre tholique polfede en Europe, les deux Couronnes, leurs de tous les privilèges qui fujets refpedtifs auront le °nt été accordés aux Anglois terme de fix mois pour fe par le traité de Madrid du retirer avec leurs effets où; a 3 Mai 1667. Les Efpagnols bon leur femblera. Art. ti. ne feront pas traités moins A l'égard des conventions favorablement dans le royau- de commerce que le Portu-me du Portugal. gai a contracté avec les au-L'Efpagne cède à Sa Ma- très puiflances, Voy. Fran-jefté Portugaife la Colonie ce, Provinces-Unies ç> Breva-du Sacrement , fitué fur le gne (. Grande ). Nous ajoute-bord feptentrional de la Pla- rons fimplement ici les conta , à condition qu'elle n'en ditions du traité de commer-Permettra le commerce à ce conclu entre cette der-aucune Nation étrangère, niere Puiflance Ôc le Portu-Les Portugais ne pourront gai , à Lisbonne le 17 Décommercer en aucune façon cembre 1703. dans l'Amérique Efpagnole , Sa Majefté le Roi de Por-ni favorifer les Etrangers qui tugal , ( le prince Pierre , ) voudroient y verfer quelques promet, tant en fon nom , marchandifes. T. d'Utrecht que pour fes fuccefleurs, entre VEfpagne ç> le Portu- d'admettre pour toujours &l » art. 6. dans fon Royaume , les draps 224 P O de laine & les autres étoffes de laine de la Grande-Bretagne , fur le même pied qu'avant les interdictions ; ex ce aux conditions portées par l'article fuivant. Art. i. Sa Majefté la Reine ( Anne ) de la Grande-Bretagne , s'oblige pour elle & pour fes fuccelieurs d'admettre peur toujours les vins du cru du Portugal , & de façon que lefd. vins foit en tonneaux , foit en barriques , ne payent jamais d'autresdroits de douane , lii quelqu'autre impôt que ce foit, direct ou indirect , que ceux que l'on percevra iur la même quantité des vins de France , en diminuant un tiers en faveur de ceux de Portugal , foit que l'Angleterre ou la France fe trouvent en paix ou en guerre, Et ii en aucun feras on porte atteinte , de quelque manière que ce foit, à cette déduction ou remife ci-def-fus mentionnée , Sa Majeffé le Roi de Portugal fera en droit de prohiber de nouveau les draps & les autres étoffes de laine de la Grande-Bretagne. Art. i. Ce traité, qui eft l'ouvrage de John Methuen , membre du Parlement d'Angleterre , peut être regardé comme un chef-d'oeuvre en ce genre. Cet habile Négocia- P O teur eut l'art de cacher aci Miniilere Portugais l'intérêt que fa Nation avoit de donner la préférence aux vins de Portugal iur les vins de France beaucoup plus chers , 8ç qui procuroient aux François un avantage confidéra-ble fur les Anglois dans la balance du commerce. Me-tliuen fit même valoir à Ia Cour de Portugal ce traité , comme un moyen d'écarter la concurrence des vins de France , & de fe procurer le débouché de ceux du pays dont néanmoins les Anglois ne pouvoient fe pafler. Ii eft donc vrai de dire que les Anglois n'ont rien cédé pour une conceflîon qui leur a produit des richefles immenlès, & qui ne cefle d'appauvrir le Portugal. Ils ont, à la faveur de ce traité , tellement envahi le commerce des Portugais i que leurs propres ma* nuiactures n'ont pu foutenir chez eux la concurrence de celles de la Grande-Bretagne. U fe confomme en Portugal pour des fommes im-menfes de ces marchandifes Angloifes , qui ne font pas acquittées à beaucoup près par les vins & autres denrées du pays. On compte que les Fortugais font obligés de donner plus de trente millions en or du Bréfil , pour payer PO. payer l'excédent de cette confommation. Auffi les Anglois conviennent que c'eft aujourd'hui leur branche de commerce la plus riche* Comme cet or fe -répand fans fe confommer , il doit diminuer de prix, lorque les marchandes Angloifes haufleront , pourfe mettre en équilibre avec cette plus grande quantité d'or. Si l'on fçait à pré-fent ce que le Bréfil en fournit, fi l'on additionne les frais que cette exploitation occafionne , & qui doivent augmenter à mefure que les mines s'épuifent, il fera pof-fible de prédite le moment °n le Portugal fera dans l'impuiflance de payer aux Anglois fon néceflaire phy-fique. Les Portugais fem-blent même avoir hâté ce moment. Lorfqu'ils eurent fait la découverte du Bréfil, on prohiba en Portugal l'ufage de l'or ou de l'argent fur les habits & dans les ameublemens. Tous les galons , franges, brocards, rubans d'or ôc d'argent étoient confifqués à l'Alfandiga , ( douane oit fe payent les droits d'entrée ôc de fortie, ) comme marchandifes de contrebande. Les Efoagnols avoient porté la même dé-fenfe chez eux. Ces deux ftations ne fijerit point at-Tome Ut PO ixj tentïon fans doute qu'ayant dans leurs mains les riches mines du Pérou ôc du Bréfil , il étoit de leur intérêt que la matière qu'iJs en ti-roient fe diftribuât chez eux ôc fe répandît moins chez l'Etranger , afin qu'elle en fût d'autant plus précieufe. Voy. Bréfil. POTERIE. U fe frabriquè beaucoup de poterie en Normandie , en Champagne , ea Picardie , en Languedoc Ôc dans les Pays Bas. Comme dans ces fortes d'ouvrages c'eft le bon marché que l'on recherche principalement, il ne faut pas s'attendre à y trouver du léger ôc de l'élégant. Cependant il feroit poflible auXiXmvriers de ces fortes de manufactures dé donner plus de perfection h leurs ouvrages , en imitant les ouvriers en fayence, qui , dans un genre de fabrique î peu près femblable , donnent des formes plus agréables aux terres qu'ils emploieht; Ces formes feroient furtout à délirer dans les grands vafes à mettre des orangers , qui fortent des fabriques de poterie du Languedoc. Ces vafes font d'une grandeur furprenante ; on en a vû de quatre pieds de diamettre i fur près de trois pieds de profondeur , fans compter le ti6 PO piedeftal. On trouve encore dans ces fabriques des tuyaux de terre pour la conduite des eaux, des cruches à mettre de l'huile d'une très-belle terre , ôc de grands vaiès pour la leliive qui font bien faits , bien cuits , ôc même orne's de ligures ou de boflages, fuivant le goût du pays. U y a diverfes manufactures de terre à Paris, principalement au fauxbourg St. Antoine. On y conftruit des poêles de toutes grandeurs & fur différens deifeius. Les manufactures de fayence , de grais , de terre d'Angleterre , ôcc. font tr ze. article Jeparê. Toutes Jes Déclarations faites pendant la guerre , au préjudice de l'un des contractons n feront abrogées. En PR cas d'attaque, ou d'infulre d& la part de qui que ce foit, les vaifleaux Anglois Se Hollandois , à portée de s'aider , fe donneront mutuellement du fecours. Traité de Breda , premier article feparê , arti* de »8. De part ôc d'autre on ne permettra d'armer en guerre ou en courfe , qu'après qu'une caution fûre aura répondu des contraventions que l'Armateur pourroit raire aux articles convenus. Même Traité , article 33. Traité de Londres du 10 Décembre 1675 » article 10. _ . Si la guerre étoit déclarée entre les Contraftans , ieurs fujets auront fix mois p0ur retirer leurs effets. Les Provinces-Unies s'engagent à ne point nommer de Capitaine-Général , d'Amiral, deStaT thouder , ôcc. qui ne promette par ferment d'obferver ôc de faire obferver les conditions dont on eft convenu. Traité de Breda , art. 3x G- 36. Traité de la Haye du 6 Août 1661 y entre le Portugal &> les Provinces-Unies, article 3. Les fujets des Provinces-Unies jouiront dans toute l'étendue du Portugal des droits ôc privilèges qUj ont été accordés auxAngloîs^ ou qui le feront dans la fuite PR par quelque Traité , ou en vertu de quelque ufage que ce puifle être. Les Provinces-Unies feront libres de faire toute forte de commerce dans le Bréfil , à l'exception du bois qui en porte le nom. Même Traité , art. 3. Le Roi de Portugal con-fent que les Hollandois commercent dans toutes les places d'Afrique, où les Anglois ont étendu leur trafic. Il leur fera permis de s'y établir, d'y avoir des maifons & des magafins. Même Traité , article 4. Les Hollandois feront le commerce de toutes fortes de marchandifes dans le Royaume de Portugal ; ils feront traités comme les naturels du pays , & on ne pourra jamais exiger d'eux de plus forts droits d'entrée ou de fortie, que ceux qui étoient en ufage dans le mois de Mars 1653. Réciproquement les Portugais jouiront dans les domai. nés des Provinces-Unies, de tous les privilèges attribués aux fujets mêmes des Etats. Généraux. Même Traité, art. 7 G-ii. Ceux-ci ne feront point aubains fur les terres de Portugal , c'eft-à dire qu'en cas de mort leurs marchandifes , effets, ôcc. ne feront point PR *î$ laifîy par les juges des orphelins ôc des abfens. Même Traité , article 10. Ce Traité , comme l'on voit, accorde aux Hollandois la faculté de naviger dans toutes les poifellions Portugaifes en Europe , en Afrique ôc en Amérique > à la charge de payer les droits de Douane. Mais cette liberté, dit l'Hiftorien des Provinces Unies , n'eft qu'une faveur apparente , qui n'a de réalité que dans le Portugal même. Le commerce qu'il permet efiuie tant de formalités ôc de conteftations, que perfonne ne veut l'entreprendre. Voilà les moyens que cette Puilfan-ce a employés, pour empêcher l'exercice d'un droit que les circonftances l'ont forcé d'accorder , mais qui tendoit à ia dépouiller entièrement de fon commerce dans les Indes Occidentales ôc à la; côte d'Afrique. Cette exclu-fion néanmoins n'a lieu qu'à l'égard du Brefil. Toutes les Nations traitent avec les Portugais à la côte d'Afrique. Traité de Munfter du 30 Janvier 1648 entre l'Efpagne c> les Provinces Unies. Il eft: dit , par l'article 5 de ce traité , que les Efpagnols retiendront leur navigation en teile manière qu'ils la tien- ■Î4 *R , , rient pour lepréfent dans les Indes Orientales, fans fe pou-voir étendre plus avant ; de leur côté les Commerçans des Provinces - Unies s abf-tiendront de la fréquentation ^Jes places que les Caftillans ont dans les Indes Orienta-Jes- Cet article , comme l'on voit, met des bornes bien étroites à la navigation des Efpagnols en Orient , qui eft aujourd'hui fixée à celle qu'ils entretiennent entre Manille & Acapulco. Lors qu'en 1711 l'Empereur Charles VI voulut établir dans les Pays-Bas une Compagnie des Indes , les Pnilfances Maritimes , jaloufes d'un 'commerce qu'on vouloit partager avec elles, firent éclater contre l'Empereur des plaintes vives , ôc lui oppoferent cet article du Traité de Munfter, comme un titre inconteftable qu'il ne pouvoit violer. Il étoit en effet ftipulé dans les Traités d'Utrecht , & dans celui de la Barrière conclu à Anvers en 1715 , qu'il ne pofïederoit les Pays-Bas Efpagnols qu'avec les mêmes droits ôc les mêmes prérogatives que Charles II les avoit pofJèdés. Or ce Prince , fuivant ce même Traité de Munfter , ne pouvoit pas établir dans fes Domaines une PR Compagnie pour le commer-ce-des Indes. Article 6 du Traité. Les fujets des Etats - Généraux s'abftiendront de naviger Ôc de commercer dans les Domaines que la couronne d'Efpagne poffede hors de l'Europe , foit qu'il y ait des places fortifiées ou non. Tout commerce eft également interdit aux Efpagnols fur les côtes , dans les havres , ports, ôc places que. les Provinces-Unies occupent aux Indes Ôc en Amérique. Us confentent à ne plus trafiquer dans les places du Bréfil, dont les Portugais font actuellement en poffeffion ? tandis qu'ils en feront les maîtres. Les fujets du Roi d'Efpagne Ôc des Etats-Généraux ne payeront pas les uns chez les autres , de plus forts droits d'entrée ou de fortie que les Naturels mêmes du pays. Les impofitions établies par la Cour de Madrid pendant la Trêve de douze ans, conclue à Anvers le 9 Avril 1609 feront abolies. Même Traité t article B ; Traire d'Utrecht entre VEfpagne & les Provinces Unies , art. 14. Le 3 Juillet 1667 , les Commerçans des Provinces-Unies obtinrent le privilège de porter dans les Etats de la couronne d'Efpagne 3 toutes P R fortes de denrées & de marchandifes des Indes Orientâtes , en prouvant qu'elles font venues de leurs conquêtes , facfories ôc colonies. Traité conclu entre la France & les Provinces-Unies , 6* fignê à Verfailles le M Décembre 1739. II eft dit par l'article 4 , que les Hollandois ne payeront l'impofition des cinquante fols par tonneau, établie en France fur les navires ètangers , que dans le cas feul où ils chargeront des marchandifes d'un Port de France, pour les tranf-Porter dans un autre port de ce Royaume. A l'égard des François , ils ne payeront qu'une feule fois par an le droit de lafi ou tonnelage. Pour ce qui regarde le commerce du Levant en France , les Hollandois ne payeront le vingt pour cent que dans le cas où les François le Payent. Même Traité , article 5. Les Hollandois pourront faire entrer en France & y débiter du hareng falé , fans diftindion de fel , & fans être fujet au rembarquement. Même Traité art. 9. Les navires François pourront partir des ports de Hollande pour quelque pays que ce foit ôc dans tcus les tems , avec une égale liberté. Ils P R 135 ne leront point affujettis aux réglemens que les Etats-Généraux font pour les vaiffeaux de leurs fujets. Même traité , art. 18. Il ne fera jamais permis d'enlever des effets des navires François > à l'occafion des conteftations qui peuvent furvenir entre les Collèges des Amirautés des Etats-Généraux. Même traité ,art. 19. La Fiance ôc les Provinces-Unies étoient convenues par le trente quatrième art. de leur ancien traité conclu à Nimegue , d'établir l'une chez l'autre des Confuls -, elles y ont dérogé par les traités poftérieurs , Ôc notamment par ce traité de Ver-failles du 11 Décemb. 1739. Il eft dit dans celui-ci, qu'à l'avenir on n'admettra de part ni d'autre aucun Con-ful ; mais que fi l'on jugeoit à propos d'envoyer des Réfi-dens, des Agens ou des Com-miifaires , ils ne pourront établir leur demeure que dans les lieux de la refiden.ce de la Cour. Conventions de commerce des Provinces-Unies avec les autres Puiffances. Voye\ Suéde , mofcovie. ' - PRUSSE. Pays d'Europe , borné au Nord par la mer Baltique ; au midi, par la Pologne , au Levant, par *î6 P R Ja Samogitie ôc la Lithuanïe; au Couchant, par la Poméra-nie ôc le Brandebourg. On divife la Prufle en Pruile Roya-le ou Polognoife , ôc en Pruf-fe Ducale ou Royaume de Prufle. Ce Royaume eft pof-fédé par l'£lecteur de Brandebourg , qui en prend le titre de Roi de Piuflè , que toutes les Puiflances de l'Europe lui donnent depuis 1713, comme il rut convenu par le traité de paix ligné à Utrecht. La Prufle eft fertile en plufieurs endroits. On y recueille des grains, du chanvre ôc du lin. Une de fes productions les plus remarquables , eft l'ambre jaune qui fe pêche fur fes côtes. L'induftric fait continuellement de nouveaux progrès dans ce Royaume , ainfi que dans les autres Etats du Roi de Prufle, parce que ce Prince , ami des arts Ôc bien capable de les éclairer, fe fait encore un devoir d'accueillir l'ouvrier intelligent ôc le fabriquant laborieux. Les querelles de Religion de plufieurs Nations voifines , les privi'éges de leurs Communautés d'arts ôc métiers , n'ont point encoie peu contribué à enrichir la Prufle , ôc à lui procurer des hommes bien précieux fans doute , puifqu'ils étoient ani- P R mes du défir de travailler. Le Brandebourg 6e la Siléfie font 1 emplis de fabriques que l'Etranger y a portées, ôc qui fe perfectionnent de jour en jour. On croyoit , il n'y a pas long-tems, que l'on ne pouvoit fe procurer de la foie que dans les pays chauds , il s'en recueille beaucoup rians les Etats du Roi de Prufle, parce que ce Prince a pris foin d'y faire cultiver des mûriers. Sa Majefté , pour mieux favorifer fes manufactures , a rendu en 1749 une Ordonnance , par laquelle il eft enjoint à tous ceux qui élèvent des vers à foie, de porter ces foies crues aux fabriques du pays pour y être emploiées. Il eft en même tems défendu de les vendre à l'Etranger, ni d'en laiflèr fortir du Royaume , fous quelque prétexte que ce foit. Sa Majefté Prullienne a pareillement prohibé l'ufage des velours étrangers. Le Magiftrat a donné en conféquence une Déclaration , qui ordonne que tous les velours qui dans la fuite , auront été reconnus tels , feront déchirés ôc brûlés. On a même engagé les Tailleurs d'habits par ferment , à n'en faire aucun d'étoffe de velours venant de l'Etranger, PR Sa Majefté Pruflienne n'eft pas moins attentive à encourager les autres manufactures de fon Royaume. Elle fçait qu'un mot , qu'une légère attention de la part d'un Souverain , fait quelquefois fructifier les fabriques , Ôc répand des richefles parmi les fujets. C'eft fur ce Principe que l'on a vu ce Prince retuler audience à un homme vêtu d'un drap étranger. Berlin , capitale du Brandebourg , eft la ville la plus commerçante des Etats du Roi de Prufle Voy. Berlin. Dantzick eft la capitale de la Prufle Royale. 11 s'y fait un grand commerce de bled. Voy. Dantzick. Conventions de commerce entre la PruJJe &> la Suéde. Le commerce fera rétabli ôc favorifé entre les Etats de la Cquronne de Suéde Ôc ceux du Roi de Prufle. T r. de 'itockholm du premier Février 17x0. art. 1. On ne mettra aucun empêchement à la navigation ^u Pehne , ni des rivières qui s y déchargent. Le Roi de Prufle ne pourra y établir de nouveaux péages, ni augmenter les droits des anciens. Ses Sujets , ainfi que les autres Etrangers, con- lerveront pour leurs vaiffeaux le libre ufage du port de Grunfchwart, pour s'y retirer , ôc y relier fans oppo-fition. Us ne payeront dans ces ports aucun impôt ; ils jouiront de la même ffan-chife à Rugen , pourvu qu'ils payent à V/olgart les droits ufités avant la guerre. Les Suédois de la Poméranie Suédoife fe réfervent la même liberté ôc les mêmes prérogatives à l'égard de tous les ports, havres > côtes, rivières qui font cédés au Roi de Prufle. Art. 11. Bien loin d'empêcher , le Roi de Prufle favorifera le commerce de bois que les Suédois ont fait ci-devant dans la Poméranie ôc dans fes autres Etats. Us continueront à trafiquer fur l'Oder ôc le Warthe; on aura foin que la navigation de ces rivières foit libre. Enfin les Sujets des deux Contrac-tans auront les uns chez les autres, par rapport au commerce , tous les privilèges qui feront accordés à la Nation la plus amie. Art. 12. 6V 14- Pour ce qui regarde les conventions de commerce entre la Pologneôc la Maifon de Brandebourg , voyez Pologne. Q QTJARTAUT. Petitvaif- compofé de trente - fix fe_ fenu ou futaille propre tiers, ou de deux cens qUa-à mettre les liqueurs, le vin tre - vingt - huit pintes. Le principalement. Cette futail- quartaut contient par confé-Je, dont la grandeur n'éft quent neuf fetiers ou foi-pas la même par-tout, eft en xante-donze pintes , qui France un des vaifleaux ré- font le quart au total, guliers , marqués fur la jauge QUARTE. Mefure pour ou bâton qui ièrt à jauger les liquides , qui contient ou mefurer les divers ton- deux pintes de Paris ou en-ueaux à liqueur. On dïftfn- viion. gue dans le commerce de I! 7 a aufli une mefure vint le quartaut d'Orléans ôc pour les grains , à laquelle celui de Champagne. Le pre- on a donné le nom de quart -, mier , qui eft le quart d'une elle eft principalement en queue du pays , contient trei- ufage àBriare. Cette mefure ze fetiers & demi. Comme eft moindre que le boiffeau ce fetier rend huit pintes de de Paris. Paris , le quartaut d'Orléans, QUARTERON. Poids par conféquent , en contient qui fait le quart d'une livre, cent huit. Celui de Chàm- Le quarteron , par confé-pagne eft aulfi le quart d'une quent, contient quatre on-queue ou la moitié d'une de- ces. mi-queue de cette province. Quarteron eft aufli un il donne communément dou- compte , qui eft le quart d'un ze fetiers, ôc qui font qua- cent. Vingt-cinq unités font tre-vingt-feize pintes ou le donc un quarteron. On en tiers d'un muid de Paris. Ce donne quelquefois vingt-fix i vaifleau a fes fubdivifions i il parce qu'il y a bien des den-y a le demi-quartaut , qui rées ou marchandifes qui fe rend à proportion du quartaut. vendent fur le pied de cent Nous avons à Paris le quatre pour cent, quart du muid , que l'on a QUERCI. Province de auffi appelle quartaut. Com- France , bornée au Nord par me ce muid de Paris eft le Limoufin au Midi , par te haut Languedoc ; au Le-^"t, par le Rouergue ; & au Couchant, par l'Agenois & te périgord. Le Querci fe divtfe en haut Ôc bas. On recueille dans cette Province beaucoup de bled , *te fruits , ôc d'excellens vins gouges Ôc blancs. Il y en a "e liquoreux ôc de fecs. On Peut même avancer que les Propriétaires des vignes des environs de Montauban , qui connoitiènt alfez leur intérêts pour s'occuper principalement à rendre leurs vins Parfaits , en font dont les belles couleurs, le parfum , te faveur , la pureté ôc la force ne le cèdent point pour la boiflbn ordinaire à aucuns des autres vins de l'Europe, ïl s'en exporte beaucoup dans tes Colonies Françoifes des ifles méridionales de l'Amérique , dans le Canada ôt dans tes pays du Nord , où ils font fort recherchés. Le prix des vins des coteaux de Beaufo-1(tel, de Saint-Martial , Du-fau ôc autres, eft ordinairement à Montauban de 50 à 60 livres la pipe fur leurs Mes fans futailles ; celui des vins des autres vignobles, de 4° 1 50 livres. Cette pipe eft compofée de deux banques , la barique de j 1 vel-tes , ou de 148 pintes mefu-iure de Paris , pefant i liv. «hacuue. QU %i9 Le Querci a plufieurs manufactures d'étoffes. Cahors fabrique des cadis ôc des fer-ges. Montauban , ville fîtuée dans les bas Querci, eft le cher-lieu d'une infpecfioa des manufactures , qui s'étend dans tout le Querci ôc le Rouergue. On fabrique dans cette ville ôc aux environs des cordelats, des cadis Ôc de petites étoffes de foie de diverfes couleurs. Montauban a aufli des fabriques de chapeaux , de bas au métier , Ôcc. Plufieurs autres villes de la province s'adonnent également à la fabrique de différentes étoffes, comme ferges rafes, ferges drapées , ôcc. QUEUE. Vaifleau ou futaille mefurée , en ufage dans plufieurs provinces ôc villes de France. Les queues d'Orléans , de Elois , de Nuis, de Dijon , de Maçon font pareilles , ôc contiennent également , mefure de Paris, cinquante - quatre fetiers à huit pintes i ce qui revient à quatre cens trente-deux pintes , ou a un muid ôc demi de cette même ville. QUINCAILLERIE. Terme généi al de négoce , qui comprend une infinité d'efpeces différentes de marchandifes d'acier , de fer ôc de cuivre ouvré. La plupart *4o dû de ces ouvrages étant d'une néceffité indifpenfable & fréquente , on peut regarder les fabriques de quincaillerie comme très-avantageufes à l'Etat. La plus commune , ou la quincaillerie de balle , comme on l'appelle , occupe les ouvriers les moins industrieux , qui fans cette refiour-çe qui leur eft offerte , iraient porter ailleurs leurs travaux ôc le bénéfice que l'Etat fait fur leur confommation V. Grojferies. La quincaillerie Angloife, fur-tout celie qui fe fabrique à Birmingham , bourg d'Angleterre , dans la province de Warwick , eft , fans contre dit , la mieux travaillée , la plus finie , la plus parfaite enfin j elle eft aufli la plus chère. , Néanmoins les Anglois ont le fecret , par une certaine œconomie qu'ils apportent dans leurs manu-fadturesjde donner à bon marché des ouvrages très-bien travaillés. V- Manufacture. Vient enfuite la quincaillerie Frauçoife. Il s'eft établi à Châtillon - fur - Loire une manufacture , qui fe pro-pofe d'imiter les ouvrages des Anglois les mieux travaillés dans ce genre de fabrication. Si la Nation féconde les progrès de cette fabrique , nous pouvons ef- Q_rj pérer qu'un jour la Charité-fur-Loire fe montrera la rivale de Birmingham. Le quincailleiie Alleman. de eft la plus commune ôc la moins chère de toutes* C'eft aufli celle qui fe débite le plus. Il nous en vient beaucoup ce Liège , d'Aix-la-Chapelle , de Nuremberg % de Francfort. Les François, les Anglois, les Hollandois, ôc les Venu tiens fur-tout, portent beau* coup de leurs quincailleries à Smyrne ôc dans les autres Echelles du Levant. Comme la quincaillerie Angloife eft la plus parfaite , elle eft auffi la plus chère. Elle ne s'achète que par ceux/ qui veu* lent avoir le mieux , fans s'embarrafier du prix. On débite principalement dans ces Echelles des aiguilles , des épingles, des couteaux, des canifs, des rafoirs , du fil d'or pour la broderie , des perles faufles , des miroirs. Ce dernier article eft cûn-fiderable , parce que les Levantins emploient beaucoup de miroirs pour la décoration de leurs maifons ôc de leurs kiofques , ou belveders. On leur porte auffi une gran* de quantité de clinquant, pour les ornemens des places publiques, des maifons , des caffés , dans le tems des rcjouiiîances Wjouiflances & des fêtes de la nation. QUI NQUIN A.Ecor-ce très-précieufe d'un arbre qui croît au Pérou. Les Efpagnols ont donné à cet arbre te furnom de bois des fièvres, parce que fon écorce prife en Poudre ou diverfement préparée , eft un remède fpéci-£que pour la guérifon des fièvres. Le quinquina , félon l'Hif-toire générale des Drogues que nous fuivons ici, eft l'écorce. d'un arbre qui croît au Pérou , dans la province de Quitta , fur des montagnes , près de la ville de Lo-Xa. Cet arbre eft à peu près de la grandeur d'un cérifier » *I a les feuilles arrondies & pentelées. Sa fleur longue & rougeâtre donne une efpéce de goufle , dans laquelle fe trouve une graine faite comme une amande ; elle eft ap-Platie , blanche ôc revêtue d'une légère écorce.Le quinquina , qui vient au bas de ces montagnes , eft le plus fcpais , parce qu'il tire plus de nourriture de la terre. Son écorce liflée eft d'un jaune blanchâtre en dehors, & d'un tanné pâle en dedans. Celui qui vient fur le haut de la montagne a l'écorce beaucoup plus déliée. Cette écorne , qui eft raboteufé, eft Tome 2L Q.U *4t d'ailleurs plus brune à l'extè=-rieur , ôc plus haute en couleur dans l'intérieur. Le milieu de ces monta- §nes produit de ces efpéces 'arbres , dont l'écorce eft encore plus brune ôc plus découpée. Toutes ces écorces font ameres ; mais celles du bas des montagnes le font moins que les autres. On a conclu de ces différentes ob-lérvations, que le moindre quinquina eft celui qui croît dans les lienx bas , parce qu'il eft trop chargé de parties terreftres ôc aqueufes ; que celui d'enhaut vaut mieux , par la raifon contraire , ôc que le plus excellent de tous eft celui qui croît au milieu de la montagne. Il y a une autre efpéce dé quinquina, qui vient dans les montagnes de Potofî. II eft plus brun , plus aromatique , plus amer que les pré-cédens ôc plus rare. Il peut y avoir cent dix ans que cet excellent fébrifuge eft connu en France. Ce fut le Cardinal Lu go qui en apporta le premier en France en 1650;. Mais l'ufage ne s'en répandit que vers 1680 , par les foins du Gouvernement , qui acheta dù Chevalier Talboi , Anglois f la meilleure préparation de ,4i QU ce remède , que nos Médecins éclairés par l'expérience, ont depuis perfectionnée» Le quinquina fe vend chez les Marchands Epiciers 6c Droguiftes en écorce ou en poudre. Indépendamment des qualités que nous lui avons remarquées , on doit , quand on l'acheté an écorce , le choifir pefant, d'une fubftan-ce compacte , féche 6c ferrée. Il faut iurtout prendre garde que ces écorces n'ayent été mouillées, 6cqu'elles ne fe réduifent point trop facilement en pouffiere lorfqu'on les rompt. On doit donner la préférence aux petites écorces fines , noirâtres , chagri- nées i l'extérieur , ôc d'une couleur rougeâtre en dedans dont le gout eft amer Ôc un peu défagréable. U faut re-jetter absolument celles qui font filandieufes, ôc dont le de (fus eft d'une couleur touffe ou de canelle. QUINTAL. C'eft le nom que l'on a donné à un poids de cent livres ; mais qui varie néanmoins fuivant les lieux, parce que la livre y contient pins ou moins d'onces , ôc parce que les onces y font plus foi tes ou plus foibles. On connoîtra ces différences en confultant les articles des places de commerce. Voy. ces art. R RAFFINERIE. Lieu où l'on raffine le fucre.Piu-fieurs Nations commerçantes ont aulfi des raffineries pour le camphre , le vermillon , le foufre , l'azur , le fel, le borax , le brai , la réfine, ôcc. Ce fera une faute que nous aurons toujours à nous reprocher , d'avoir laiflé établir des raffineries de fucre dans les Colonies qui le pro-duifent. Ces établiffemens , toujours préjudiciables à ceux de la Métropole, nui- fent d'ailleurs à fon commerce par la grande quantité de firops que les Ratfineurs fe trouvent obligés de convertir en guildive. Or le débit de ce taffia empêche fin-gûlierement la confommation plus précieufe de nos eaux de-vie. La moindre exportation qui fe fait de fu-cres bruts en Fiance , rend auffi les chargemens des vaiffeaux plus difficiles, les retours moins prompts , moins fréquens i ôc la navigatioa de la Métropole fe trouve ïn-fenGblemeut rainée. RAISINS fecs. Il y en a de bien des fortes. Ceux qu'on appelle dans le commerce raifins aux jubis , font des raifins mûrs que l'on a trempés dans une lelfive chaude , tirée de la barille , efpéce de fou-de , ôc que l'on a fait fécher au foleil fur des claies. Ils nous viennent de Provence Ôc d'autres lieux en petites caifles de bois blanc. Ces caifletins peuvent pefer dix-fept à dix-huit livres. U y en a de grandes que l'on nomme quarts , Ôc dont le poids eft d'environ quarante livres. Ces raifins font clairs, lui-fans , ôc d'un goût fort doux , fort fucré. Les plus nouveaux Ôc les plus fecs font aulli les meilleurs. Les raifins -pîcaràans font d'une qualité inférieure à celle des jubis. Ils font d'ailleurs beaucoup plus petits, plus fecs, plus arides. Les raiiîns de Calabre font gras, ôc néanmoins d'un très-bon goût. 11 y a diverfes autres fortes de raifins fecs. Les mufcats qui nous viennent des environs de Frontignan font d'un goût mufqué ôc fort délicat. Les raifins d'Efpagne font plus gros ôc moins fecs que ceux de Corinthe. Ces derniers font de la groffeur , R A «4* de nos grofeilles ; il y en a de noirs , de rouges ôc de blancs. Pomet conleille de choifir ceux qui font nouveaux , petits , en groliès malles ou norv égiamçs. Il arrive quelquefois qu'ils lont frottés de miel, ou que l'on vous donne de petits raifins d'Efpagne à la place ; c'eft à quoi il faut prendre garde. Ces raifins peuvent le conferver deux ou trois ans , lorfqu'on ne leur a point fait prendre l'air. Ils fervent à l'alfaifonnement de plufieurs ragoûts. Les raifins de Damas, capitale de la Syrie, font fort en ufage pour faire des tifanes pectorales. On les emploie communément avec les jujubes , les fébeftes ôc les dattes. Il faut fçavoir les diftinguer des raifins de Calabre ôc aux jubis applatis , que l'on fait quelquefois pafier pour des raifins de Damas. Ceux-ci font très-gros , très-fermes-, ôc d'un goût fade ôc défa-gréable. RAS. On a donné ce nom à plufieurs fortes d'étoffes croifées de laine ou de foie , dont la chaîne ôc la trame font également lifles , également ferrées. Une ferge rafe eft une fer-ge fort unie , ôc dont le poil ne paroit point ou très-peu. *44 R A Les velours ras font des velours , dont les poils ne s'élancent point en dehors , parce que les fils de la chaîne n'ont point été coupés fur la petite régie , comme aux velours à poil. V. Velours. Le ras de Saint-Maur , ainfi appelle , parce que la première fabrique en a été établie à Saint-Maur , bourg de France , près Paris , eft une étoffe croifée en manière de ferge. On fabrique à Paris , à Lyon ôc à Tours des ras de Saint-Maur noirs très-eftimés. Les uns font entièrement de foie , les autres ont la chaîne de foie & la trame de fleuret ; de troifiemes ont une trame de laine très-torfe , ôc une chaîne de foie. Ces derniers ras de Sr. IVlaur s'employent principalement pour les deuils des veuves. Ces étoffes ont demi-aune de large. Le ras de Saint-Cyr fe fabrique comme le ras de Saint-Maur. Celui-ci eft toujours noir, le ras de Saint-Cyr eft de couleur , & fa trame eft de fleuret. Il s'en confomme beaucoup en doublures d'habit. RATINE. Etoffe de laine croifée. U y a des ratines qui font drapées ou apprêtées en drap , d'autres à poil non drapées, ôc de troifie- R E mes dont le poil eft frifé dti côté de l'endroit de l'étoffe. On les a appelle pour cette raifon ratines frifées. La Hollande nous en fournit qui font très. recherchées. Ces étoffes font d'une tiflure ôc d'une fabrique inférieure à nos draps fins. Poui quoi n'entreprendrions-nous pas de les imiter , ôc même de les fur-pafl'er î La manufacture d'Ab-beville depuis quelques années , a fait à ce fujet di-verfes tentatives qui ont réuf-fi. Elle fabrique aujourd'hui des ratines, qui ne le cèdent à celles de Hollande , ni pour la fine fie ôc le ferré du tiflu , ni pour la beauté du lainage. Ces ratines font mêmes à meilleur marché que celles de l'Etranger. RECHANGE. C'eft le prix d'un nouveau change dû après le protêt d'une lettre. Pour entendre ceci, fup-pofons que le porteur d'une lettre de change , après l'avoir fait protefter faute d'acceptation ou de payement, ait befoin de la fomme portée par la lettre ; il la prend d'un autre Banquier dans le lieu où le payement de la lettre proteftée a dû être fait. Il paye à ce Banquier le prix du change , ôc lui donne fon obligation ou une autre let- RE ïre fur une place de commerce. Ce fécond change ou ce rechange eft une nouvelle dé-penfe , dans laquelle on a conftitué le porteur , & qui doit être acquittée par le tireur de la lettie : mais il faut , fuivant l'Ordonnance du mois de Mars 167? , juf-tirier , par pièces valables , avoir pris de l'argent dans le lieu fur lequel la lettre a été tiiée. La fimple protef-tation que fait un porteur de lettre par l'acte du protêt , de prendie pareille fomme à rechange , faute de l'acceptation ou du payement de la lettre , ne feroit pas fuffi-fante pour le mettre en état de demander fon rembourfement. Conformément à l'Ordonnance que nous avons citée plus haut, la lettre de change , même payable au porteur , ou à ordre , étant pro-teftée , le rechange n'eft du , par celui qui l'a tirée , que pour le lieu où la remife a été faite , & non pour les autres lieux , où elle a été négociée ; fauf à fe pourvoir Par le porteur contre les en-, dofieius , pour le payement du rechange des lieux où elle a été négociée , fuivant leur ordre. Tit. VI. art. V. 11 eft dit par l'article VI. du même titre , que le re- R E Mî change fera dû par le tireur des lettres négociées , pour les lieux où le pouvoir de négocier eft donné par les lettres & pour tous les autres, fi le pouvoir de négocier eft indéfini & pour tous les lieux. L'article VU porte que l'intérêt du principal & du change fera exigible, à compter du jour du piotêt, encore qu'il n'ait été demandé en Juftice. Celui du rechange , des frais de protêt & de voyage , n'eft dû que du jour de la demande. Voyez l'Ordonnance de Commerce de 1673 , & le Traité du change & rechange , par Maréchal. RÉEXPORTATION. Mot compofé de la particule du-plicative re , & du fubftantif exportation. Un Etat qui ne néglige aucune branche de commerce, exporte les denrées & les ouvrages fabriqués d'une Nation, dont il a fouvent intérêt de profcrire la confommation chez lui ; mais c'eft afin de gagner fur leur réexportation ie bénéfice du fret & celui des reventes.La Hollande réexporte nos vins , nos eaux-de vie, nos fels & autre déniées dans le Nord. Nous réexportons chez nos voifins la majeure partie des *40 RE marchandifes que nous tirons des Indes. Pour faciliter cette branche utile du commerce ceçonomique , les Nations commerçantes ont chez elles des pérts francs ôc des en trepôts , où ces marchandifes étrangères font gardées jufqu'à leur fortie du Royaume Voy, Exportation , Port franc. REGISTRE. ( vaiffeau de) C'eft le nom qu'on a donné dans l'Amérique à tout vaiffeau qui a permitfion du Roi d'Efpagne ou du Confeil des Indes , de porter des marchandifes dans les ports de l'Amérique Efpagnole,ôc d'en rapporter de l'argent ôc de la cochenille en retour. Comme cette nermiftlon doit être en-regiftrée avant que les vaiffeaux mettent à la voile ; on les a appelle pour cette raifon vaiffeaux de regiftre. Il faut bien les diftinguer des avifos, ou vaiffeaux d'avis > ceux-ci ne peuvent charger ni étoffes , ni argent pour deux rations ; la première , afin de ne pas nuire au commerce des flottes 5 la féconde > pour ne pas expofer à trop de rifques une cargaifon précieufe. V. Efpagne. ■Les permiflions que l'on accorde pour les vaifleaux de regiftres , fpécifient la qualité 6k la quantité des mar- R E chandifes dont la cargaifon du vaifleau doit être compofée en partant d'Europe. II y a même des Officiers aux Indes prépofés pour faire cette vérification. Mais les précautions que l'on prend à cet égard , ne fervent le plus fouvent qu'à faire partager le bénéfice de la contrebande entre un plus grand nombre de perfonnes. Le vaifleau de regiftre qui fût accordé aux Allientiues Anglois , n'étoit qu'un moyen de plus pour eux d'inonder de leurs marchandifes les pofleflions d'Efpagne en Amérique , & de frûftrer S. M. C. des droits qui lui étoient dus. V. Af. Jiento. REGLISSE. Plante dont la racine , qui porte le même nom , eft d'un grand ufage en médecine , à caufe de fa vertu douce 6c rafraîchiflan-te. Cette plante , qui ne s'élève gueres plus de deux coudées , a fes feuilles vertes , épaiflès, luifantes, gommeu-fes ôc arrondies ; fa fleur eft rouge , il en fort des gonf-fes qui renferment la fe-mence. Sa racine croît entre deux terres. On en recueille dans plufieurs Provinces de France , mais on lui préfère celle d'Efpagne. La meilleure vient d'Aragon. On l'appelle réglifle RÊ wè Saragofie, capitale du Royaume. On en trouve aufli beaucoup en Allemagne , en Mofcovie & en Perfe, Celle-ci , pour fes qualités , fa bonté Se même fa beauté, eft préférée à toutes les autres. Cette racine qu'on nous apporte par balles, fe débite fraîche ou féche. Si on la Prend nouvelle , il faut , fuivant l'Auteur de l'Hiftoire générale des Drogues, donner la préférence à celle qui «ft unie , de la groffeur du doigt, rougeâtre en deifus, ôt d'un jaune doré en dedans, facile à couper , & d'un goût doux & agréable. La •régliife féche doit avoir les mêmes qualités ; il faut feulement prendre garde qu'elle ne vienne du rebut des balles , qui eft ordinairement noir , étouffé & de nulle valeur. On obtient de la réglifle , par le moyen de l'eau chaude , une teinture jaune , qui, après avoir été évaporée fur le feu , laide un fédiment noir, folide & luifant. C'eft ce qu'on appelle fuc ou jus de regliffe noir. Il nous vient d'Efpagne , de Hollande , de IVIarieille en pains de différentes groflèurs, mais communément de quatre onces ou d'une demi-livre. Lorfqu'il eft bien choifi, il eft RE m7 d un noir Iuftré en dedans ,■> facile à cafler , & d'un goût aflez agréable. Les défauts de cette drogue font d'être mol-lafîe , rougeâtre , de paraître graveleufe, lorfqu'on la cafîe, & d'avoir un goût de brûlé. Il fe confomme beaucoup de ce jus de réglifle , parce qu'il eft excellent pour le rhume. On fait des paftilles de poudre de réglifle avec du fucre , de l'amidon , de la gomme adragan , & différentes odeurs, qui ne fervent qu'à empêcher le bon effet de la réglife. REMEDE. Terme ufité dans les Hôtels des Monnoies ; c'eft la permiiîion que l'on accorde à ceux qui font travailler aux efpéces ,de les tenir un peu plus foibles de poids , ou de titre qu'il n'eft porté par les Ordonnances. Le premier fe nomme remède de loi, ou plutôt d'aîoi ; l'autre , remède de poids.Ces différens remèdes font une indulgence que l'on a eue pour les Maîtres des Monnoies , & qui eft d'autant plus jufte qu'il leur feroit bien diflîcJîe, ou même impollible , de parvenir aux dégrés précis de fi-nefle & de poids fixés par les Ordonnances, fans fup-porter bien des déchets. Le Maître de la Monnoie , par exemple , eft obligé de don-Qiv «43 R E ner les Louis d'or au titre de vingt-deux carats, & les écus d'argent au titre de onze deniers , les loix l'autorifent en même tems à ne fournir les «fpéces d'or qu'à vingt-un carats trois quarts , ôj celles d'argent à dix deniers vingt-deux grains , c'eft un quart de remède qui lui eft accordé fur le titre de l'or, & deux grain»? de remède fur celui de l'argent. Voilà pour ce qui regarde le remède d'aloi. Il en eft de même pour le remède de poids. Si ce maître des Monnoies rend pour un marc d'or , un marc moins quatorze grains, & pour un marc d'argent , un marc moins quarante-trois grains * jl eft réputé avoir fourni le poids, quoiqu'il y ait un déchet de quelques grains. V* Titre. On a appelle foiblage d'aloi , & foiblage de poids une diminution du titre ou du poids au-deflous du remède , ou de l'indulgence accordée par les Ordonnances. Voye\ Billon. REMISE. Ce mot a différentes lignifications dans le commerce. Lorfqu'il eft oppofé à traite , il défigne la lettre de change qu'un Négociant ou Banquier envoie à fon Correfpondant , pour au'il reçoive la fomme por? R E tée par la lettre. La traite au contraire eft un lettre de change que le Banquier fait tenir à fon Correfpondant pour qu'il ait à la folder. On peut donc confiderer la re-mife , comme un mandement de recevoir, & la traite comme un mandement de payer, V' Traite. Remife fe dit encore de l'argent que l'on fait pafler d'une place à un autre , foit en efpéces fonnantes, foit en papiers. Comme Londres, Amfterdam , Hambourg font des villes de très-grand commerce , il s'y fait des remifcs considérables, Remife fe prend aufli pour, le droit que l'on accorde au Banquier , ainfi que pour l'ef-compte d'un billet. Souvent; la remife d'un billet eft fti-pulée dans des actes en faveur du Débiteur , qui avance les termes de ce payement. Ce mot remife a plufieurs autres acceptions. Nous finirons cependant par celle-ci. On a dit d'un Banquier qui a reçu de gros fonds en argent de fon Correfpondant, qu'il avoit des rem'ifes confi-dérables. Il y a des Banquiers qu'on pourroit plutôt appel-ler Commiflionnaires, parce qu'ils n'acquittent les lettres de change que l'on tire fur. R e eux , qu'avec l'argent qu'on leur a fait remettre auparavant. RENARD. Animal qua-drupelle de la grandeur ordinaire d'un chien. Il eft dans notre climat de couleur rouf-fëatre , a les oreilles courtes, le mufeau allongé , la queue longue & chargée de poil. La Laponie , la Mofcovie , la Sibérie, la Suéde , le Dan-nemarck uourriflent des renards de toutes fortes de couleurs. La peau des noirs eft la plus eftimée. V. Pelleterie. On faifoit autrefois des manchons de queues de renards La mode femble en être palfée ; ainii que celle des manchons de renard avec la peau entière. On. lailfoit à cette peau la queue , le bout des pattes & des dents de l'animal. Il y avoit une ouverture au bas de la gueule, en tirant du côté du ventre, aflez grande pour pouvoir y pafler la main : un autre entre les Çuifles , fous la queue , de la même grandeur. Ces deux ouvertures s'appellent les entrées du manchon. REPIT. ( Lettres de ) Lettres de furféance accordées à un débiteur pour payer fes créanciers. Conformément au titre 9 de l'Ordonnance du Commerce, du mois de Mars îfi7jj » Aucun Négociant , » marchand ou Banquier ne » PÇut obtenir des défenfes » générales de Je contrain-» dre , ou lettres de 'répit , » qu'il n'ait mis au Greffe de » Ja Jurifdiétion , dans la-» quelle les défenfes ou l'en» » térinement des Jettres de-» vront être pourfuivis , de » la Jurifdidtion Confulaire, » s'il y en a , ou de l'Hôtel » commun de la Ville, un » Etat certifié de tous fes ef-» fets , tant meubles qu'im-» meubles, ôc de fes dettes; » qu'il n'ait préfenté à fes » créanciers, ou à ceux qui » feront par eux commis, s'ils » le requièrent, fes livres ôc » regiftres, dont il fera te-r p nu d'attacher le certificat » fous le contrefeel des let-)t très. » Ceux qui ont obtenu de telles ietties ne peuvent plus être Confuls , Adminiftra-teurs d'Hôpitaux, Echevins, ni parvenir à aucunes charges ou fonctions publiques, à moins qu'ils n'obtiennent des Jettres de réhabilitation , ôc ne prouvent qu'ils ont depuis entièrement payé leurs créanciers. Au refte , les lettres de répit font peu en ufage prefen-tement ; le. débiteur préfère ordinairement de faire un contrat d'atermoyement avec fes créanciers. *S° R H RHUBARBE. Plante inconnue aux anciens, & dont la racine porte le même nom: elle eft d'un grand ufage en médecine. C'eft un purgatif très - doux , très - falutaire. Cette racine nouvellement tirée de terre eft grofie , fi-breufe , noirâtre pardéfius , «5c d'un rouge marbré en dedans ; elle pouffe des feuilles larges & cotonnées , d'où naiffent de petites fleurs incarnates en forme d'étoiles, après lefqu'elles vient la fe-mence. La rhubarbe croît abondamment dans la Tarta-rie Orientale , d'où elle nous l'ient d'un côté par laperfe, ôc de l'autre par la Molcovie. On en tire aufli beaucoup du Levant. Pomet dans fon Hiftoire générale des drogues , con-feille de choifir la rhubarbe couvelle , dont le goût foit aftringent- ôc un peu amer , l'odeur agréable Ôc un peu aromatique , d'un jaune doré en dehors, ôc de couleur de noix mufcade en dedans. Elle donne à l?eau dans laquelle elle eft trempée une teinture approchante de celle du fa-fran. Quand elle eft cafîée fa couleur eft vive Ôc un peu vermeille , parce que cette racine change de couleur en fe féchant. Lorfque la rhubarbe eft R I vieille , on lui donne cette couleur dorée , qu'elle doit avoir en la frottant avec de la poudre jaune ; mais en la maniant, on s'apperçoit d'une certaine poufiieie qui s'attache aux doigts, ôc décelé la fupeicheric» RICH. Sorte de loup cer-vier, dont la fourrure eft très-fine ôc três-précienfe. Cet animal n'eft pas rare en Suéde, en Pologne ôc dans les pays du Nord ; il nous vient auffi de Perfe , fon poil d'un blanc argenté eft long , fin , fourni, ôc parfemé de mouchetures ou taches noires. Les fourrures de Suéde font rougeatres ; celles de Pologne Ôc de Lithuanie d'un beau gris de fer. On a donné le nom de richs à une efpéce de lapins qui ont le poil tirant fur le bleu ; fans doute parce que cette couleur approche du beau gris de 1er du vrai rich. RIGA. Ville très-peuplée de l'Empire de Ruliie , capitale de la Livonie. C'étoit une ville Anféatique. Sa fi-tuation lui affûte la plus grande partie du commerce de Ja mer Baltique. Elle eft bâtie fur la Duina , qui après avoir traverfé une partie de la Lithuanie vient fe jetter dans la mer Baltique , deux R I lieues au-deflbus de la ville. Les navires qui ne tirent que jufqu'à douze pieds d'eau peuvent monter jufqu'à Riga , ou la rivière a près de deux lieues de largeur ; les autres font obligés de s'alléguer. Les vaifleaux François , Anglois , Hollandois, qui fréquentent ce port dans la mer Baltique , font des retours considérables en pelleteries , en chanvre , en lin , en bois de conftruc-tion pour la marine , &c. Le prix du chanvre , du lin , des cables , des cuirs de Rulfie, de la cire , du fuif „ de la potaflè eft à tant de rixdales le feipont. Celui du Bourdillon , des planches de fapin & des autres bois à tant de florins le grand cent. Celui de la graine de lin , & du chanvre à tant de marcs le baril. Celui de la guedafle , qui eft une cendre gravélée comme la potafle , à taut de rixdales le laft de douze tonnes. Celui du fel à tant de rixdales le laft de dix - huit tonnes. Les mâts Te vendent à tant de rixdales la pièce , fuivant leur groffeur ôc leur longueur. Le peu de marchandifes que l'on charge pour Riga , confifte en vins du rhin 8c de France, en épiceries, en fu- R I t'y* cre , en tabac, en vinaigre , en papier, ôc en quelques marchandifes de mercerie. Les écritures fe tiennent dans cette ville en rixdales, ou écus efpéces, Ôc en gros, La rixdale fe divife en 90 gros ; le florin en 30 gros, ainfi 3 florins font comptés pour une rixdale. Le marck fe divife en 6 gros, parce que l'on compte 1 $ marcks pour une rixdale , par conféquent le florin vaut 5 marcks. Riga change avec Amfterdam ôc avec Hambourg i elle leur donne des rixdales pour recevoir des rixdales courantes , ôc tire ordinairement à 14 jours de vue. Le feipont, qui eft le poids de Riga , fe divife en 10 leif-ponds. Le feipont ne rend que 336 à 340 livres à Paris. En le comptant pour 338 , 100 livres de Riga n'en font que 84 i à Paris, ôc 100 de Paris 195 à Riga. A l'égard de l'aune , elle eft eftimée égale à celle de Dantzick. V. Danqick. Le laft pour les grains eft le même que celui d'Amf-terdam , ôc revient à 19 fetiers de Paris. Le .laft pour le fel eft compofé de 18 tonnes , celui pour la guedafle de rt. Le grand cent contient 48 fchoks, ôc le fchok 60 pièces içt RI ce qui faït revenir le grand cent à 1880 pièces. RIZ. Semence d'une plante fort connue, qui croit principalement dans les lieux humides & mare'cageux. On a regardé avec raifon le riz comme la manne des pauvres , furtout dans les vaftes contrées de l'Orient, ôc dans une partie dn Levant , où cette femence tient lieu de plufieurs fortes de denrées que nous recueillons ici. Le riz eft aufli une des branches les plus conlidérables du commerce qui fe fait dans les Indes orientales. Les Européens recueillent beaucoup de riz en Efpagne , en Italie & dans leurs colonies de l'Amérique. C'eft principalement dans la Caroline , colonie Angloife , que cette femence fe cultive avec fuccès. Les calculateurs les plus modérés , eftimoîent généralement en 1740 que le riz de la Caroline , qui fe débi-toit en Europe , faifoit entrer annuellement dans la Grande - Bretagne quatre-vingt mille livres fterlings , ou un million huit cens quarante mille livres tournois. Le prix du fret ôc les dioits de commiflîon , article d'un grand poids dans la balance du commerce d'Angietene étoient compris dans cette R I fomme, Ce calcul portoït fur la fuppofition , que quand l'année étoit bonne , on re-cueilloit jufqu'à quatre vingt mille bariques de riz dans cette province , chaque barique pefant quatre cens liv. ; Ôc qu'en prenant une mefure moyenne depuis fept ans, on pouvoit établir les récoites fur le pied de cinquante mille bariques. Le commerce de cette denrée a encore dû beaucoup augmenter , par les encouragemens que les An. glois ont donnés à leurs colonies. C'eft dans le Portugal, la Hollande, l'Allemagne & les pays du Nord que fe débite prefque tout ce riz. La majeure partie de celui qui fe confomme à Paris, nous vient du Piémont. H faut le choifir nouveau, blanc , bien nourri , bien mon^é , & qu'il ne fente ni la poudre , ni le rance. RIXDALE. d'argent d'Allemagne. Cette monnoie vaut à Hambourg j marcs Jubs de banque, ôc 3 marcs j lubs courants. Elle eft fabriquée de la taille de 8 au marc, poids de Cologne, ôc pefe 548 grains , poids de marc de Fiance. Son titre eft à ig deniers 14 grains. Elle vaut 5 livres 15 fols 3 den. tt de France. Voy. Hambourg. \ R 1 "RIXDALE. l'argent de Hollande, (la) y eft fixée par Edit a i florins 10 fols argent courant , ôc vaut envi-r°n » florins 7 fols | argent fe banque. Elle pefe 584 azens, poids de marc de Hol-}ande : 6c 5 16 grains , poids fe marc de France , au titre fe 10 deniers 10 grains. Cette monnoie revient à 5 liv-8 fols fi den, de France. Am^erdam. ROCOU ou Raucourt. drogue qui donne une teinte rouge. Les Sauvages de Amérique , ou cette drogue fe recueille , s'en peignent !e corps ; ils la dilfolvent auparavant dans de certaines «ailes qu'ils font exprès *vec différentes efpéces de graines. Cette teinture fe tire des pépins ou fruits , d'un arbre de même nom, qui croît de la hauteur d'un Petit oranger , & dont les feuilles approchent aflez de celles du filas. Les Teinturiers en font ufage ; cette couleur néanmoins eft plus chère , 8c moins aflurée que le rouge de bourre. On fe *ert encore de cette drogue P°ur colorer le chocolat , la c!re , ôc différentes compoli-tjons. Les habitans de l'ifle de Cayenne préparent très-oien leur rocou. Fomet , «ans fou Hiftoire générale RO *S5 des Drogues , corneille aulS de le préférer à celui des autres colonies. Il doit être fec , haut en couleur , doux au toucher , & avoir une odeur d'iris ou de violette. On peut s'appercevoir facilement fi cette drogue eft mélangée de terre rouge ou de brique pulverifée , en en faifant tremper une partie dans de l'eau. Si elle n'eft point dure , au lieu d'une dilfolution claire ôc nette , on apperçoit du gravier au fond du vafe. ROME. Ancienne ville d'Europe , capitale de l'Italie , dans la province appel-lée la Campagne de Rome* Elle fut fondée par Romu-lus , & donna le nom au célèbre Empire Romain. C'eft aujourd'hui le fiége du Souverain Pontife. Cette ville ne s'eft jamais beaucoup adonnée au commerce , & a toujours joui des richefless qu'il procnre par les tributs qu'elle a fçu imoofer aux Nations commerçantes. Les écritures fe tiennent dans cette ville en écus monnoie Ôc bajocs. L'écu monnoie vaut ïo jules ou pau-les, Ôc le jule ou paules 10 bajocs ; ainfi la monnoie vaut 100 bajocs. On ne porte fur les livres que des écus mon- i<6 RO dans cette ville beaucoup de cérufe ou de blanc de plomp , ôc elle envoie tous les ans un tiès-gfûnd nombie de bà-tirnens à la pêche de la baleine , des harengs ôc de la morue. On tient les écritures à Roterdam en florins, lois Ôc demi-fols cour ans. L'ufance des lettres fur cette ville eft de 30 jours, on compte 60 jours pour 1 ufances. Ces lettrres jouifient de 6 jours de faveur. Celles qui font à vue . doivent être payées à leur préfentation. Il y a une Banque à Roterdam , où les Négocians ont la liberté d'avoir deux comptes , l'un en argent de Banque , l'autre en argent courant ; en quoi elle diflére de celle d'Amfterdam , qui n'admet qu'un feul compte en Banque. Les lettres de change tirées de l'Etranger fur Roterdam , font payables, pour l'ordinaire, en argent de Banque ; cependant il arrive aflez fouvent que les porteurs en reçoivent le payement en argent courant , dans ce cas, on ajoute au courant l'agio ou la différence qu'il y a de l'argent courant à celui de Banque, différence qui varie 4 à 5 pour cent. V. Argent âe Banque. R O Il y a deux poids à Roterdam , le gros poids ôc le poids léger. Le gros poids eft égal à celui d'Amfterdam. Voy. Amjierdam. Le poids léger eft piUs foible que le gros poids de cinq pour cent ; on ne s'en fert que pour pefer les marchandifes qui le vendent eu détail. L'aune de Roterdam eft pareillement égale à celle d'Amfterdam. Son laft , mefure pour les grains , eft compofé de 19 facs , qui font un laft d'Amfterdam ôc 19 fetiers de Pa^ ris. Les eaujp.de-vie s'y vendent fur le pied de 30 verges ou veeitels. Les huiles d'olive, au tonneau de 340 ftoops , le ftoop pefe 5 livres poids léger, qui diffère de 5 pour cent du poids d'Amfterdam ; ainfi le ftoop réviens à 4 livres 3 quarts d'Amfterdam ôc de Paris, Ôc le tonneau à ^45 livres. ROTTE. Poids dont l'on fe fert au Levant. Ce poids varie fuivant les échelles y fuivant même les différentes marchandifes que l'on veut pefer. ROUPONI. d'or âe Tofcane. Cette monnoie eft fi-xée à Livourne à 40 livres bonne RU borme monnoie , faïfant 6* Piaftres 19 fols 1 den. de 8 réaux. Elle pefe* 13 grains Poids de Livourne , ôc 196 grains f poids de marc de France. Son titre eft à 13 carats \i. Le rouponi vaut Î3 livres 14 fols 1 den. de France. Voy. Livourne. ■ RUBAN. Tiffu mince ôc étroit, fabriqué d'or, d'argent , de foie , de fleuret, de ]aine , de fil, ôcc. Il y a des rubans plus ou moins étroits* il y en a d'unis, de façonnés, de gauffrés, de brochés , à raifeau, de Amples , de douces en lifle, ôc de toutes couleurs. Les rubans de foie ôc ceux qui font en or ou en argent, fervent principalement pour les parures des Dames ; il n'y en a point non plus qui foient plus fujets aux caprices de la mode. Le Fabriquant qui a le génie de fon art, fçait mettre à profit cette inconftance même du beau fexe , en lui préfen-tant toujours des defleins variés ôc d'un nouveau goût. M fe fabrique beaucoup de ces rubans à Paris > à Lyon P? à Tours. Les rubans de ^?lne nous viennent de Rouen , d'Amiens. Les ru-•ans appelles padous , fe fabriquent , pour la majeure partie, aux environs de Lyon. Ambert en Auvergne fait un Tome If. R 0 Mi bort commerce de rubans de fil. Parmi ces derniers il s'en trouve de fil ample , d'unis , de fergés , de retors , d'é-crus, de blanchis. La Hollande , Ja Flandre , l'Electo-rat de Cologne manufacturent beaucoup de ces rubans de fil. Les Rubanniers forment à Faris une Communauté, qui prend le titre de Tiflutiers^ Rubanniers de la ville ôc faux-bourgs de Paris. On les a aufli nommé Ouvriers de la petite navette , pour les diftinguer des Marchands-Maîtres ouvriers en draps d'or , d'argent, foie Ôc autres étoffes mélangées , appelles Ouvriers de la grande navette. Les premiers ftatuts de ces deux claffes d'artifans font de 1403. ils ne compo-foient autrefois qu'une feule 6V même Communauté ; à pré-fent ils en forment deux dif-tindtes ôc féparées, fuivant qu'il a été réglé par Arrêt du Confeil d'Etat du Roi du 8 Avril 1666. Les Maîtres de cette dernière Communauté , qui s'appliquent uniquement à fabriquer des franges ôc des mollets, font plus connus fous le nom de Frangiers. Voye\ Frange. RUBIS. Pierre précieufe du premier ordre ; elle eft R %cS RU rouge & tranfparente. Les rubis les plus recherches lont de couleur de feu ardent. Lorlque cette pierre eft un peu grbflè 6t partaite. elle eft plus chère & plus eftimée que le diamant. Il y a lieu de croire que c'eft à des rubis d'une grofleui extraor-dinahe , que les Anciens ont donné le nom d'efearboudes. Voy. Efcarboude. On trouve des rubis dans une rivière de fille de Cey-lan , fur la montagne de (a pelan aux Royaumes d'Ava & de Fégu, à Bifnagar ôc à Calicut. Les mines de Hongrie ôc de Bohême en fourniflent aufli quelques - uns. Les Jouailliers les diftin-guent en quatre efpéces ,• la première , eft le vrai rubis oriental, d'un rouge vif ôc ponceau : la féconde, le rubis fpinelle , qui eft de couleur de feu , tirant fur l'orangé : la troifieme , le ru bis balais , d'un rouge de rofe veimeille : la quatrième , eft connue fous le nom ftalmandine ; fa couleur approche de celle de grenat. Les trois dernières efpéces ne portent pas le nom de pierres orientales , quoiqu'il s en trouve dans les mines d[Orient ; parce qu'elles n'ont m la dureté , ni le poliment, ai le jeu du rubis parfait. Il R U eft bon de fçavoir en gêné* ral que cette épithete d'o-rientul donnée à une pierre ne déligne pas précifément qu'elle eft d'Orient , mais qu'elle eft parfaite , ôc capable , a caufe de fa dureté , de recevoir un beau poli 6c de faire un grand feu. Le Bréfil, fi riche en pierres précieufes , produit aufli des rubis i mais qui font peu eftimés, à caufe de leur pâleur Ôt de leur peu de dureté. Ils font d'un rouge clair , tirant fur la laque. La façon de tailler cette pierre la plus avautageufe ôc la plus ordinaire , lorfque la mode ne s'en mêle pas s eft de lui donner un tiers de deflus ôc deux tiers de def-fous. On contrefait le rubis de différentes manières. Le rubis balais factice eft le plus difficile à reconnoître. RUSSIE ou Mofcovie. Vafte Empire, partie en Afie, ôc partie en Europe , borné au Septentrion par la mer Glaciale i au Midi, par la grande Tartarie , la mer Cafpienne ôc la Perfe, à l'Orient , par la mer du Japon ï ôc à l'Occident, par la Pologne ôc la Suéde. Avant Pierre le Grand le commerce de la Ruflie étoit très-borné. Il n'y avoit pas RU même de Marchands étrangers établis dans cet Etat. Son peu trafic ne fe faifoit que dans des foires , où les Etrangers qui s'y rendoient échangeoient contre les marchandifes du pays celles qu'ils avoient apportées. De cette pratique fans doute eft venu l'ufage qui s'oblerve encore aujourd'hui dans les villes de cet Empire, de raffembler dans un même endroit tous les différens magafins , ce qui forme un marché continuel. 11 eft très-rare de voir un Marchand qui ait fa marchandife chez lui. Ceci peut nuire à la circulation intérieure. En effet, ceux qui font à une extrémité de la ville , étant trop éloignés dé ces magafins, aiment fouvent mieux fe pafler de ce qu'ils acheteroient s'ils l'avoient fous la main. Les Marchands de Saint-Péters-bourg commencent cependant à prendre des magafins au milieu de la ville. Le Czar Pierre ne fut pas plutôt monté fur le thrône , Qu'il envifagea le commerce comme un des objets qui mé-yitoient le plus fon attention; *1 s'aflbcia lui-même aux travaux des artifans pour s'inf-truire. Ce fut par fes foins j* {es inftruàtions que la Ruine commença à jouir d'u- RU ne marine puiflante. Les chemins de l'Empire , autrefois impraticables , deviennent fous fon règne plus fûrs & plus commodes. Des fabriques étrangères s'établiifent dans fes Etats. Pétersbourg , ville d'Ingrie , eft élevée par fes ordres à l'entrée du golfe de Finlande , pour être le fiége du commerce qu'il vient de créer.Une correfpondance s'établit entre l'Afie Se Mot cou : mais ce qui contribua encore plus que tous ces travaux à élever la Mofcovie an rang des Puiflances commerçantes , ce fut l'accueil que fit ce Prince aux arts Se àl'in-duftrie étrangère. Cet exemple eft fuivi par la Princefle qui eft maintenant fur le thrône. Il n'eft point d'elpece de marchandifes que l'on ne porte en Rulfie. Ce commerce s'étendra encore plus , à mefure que les Rulfiens fe rapprocheront de nos goûts & de nos modes. Parmi les marchandifes étrangères qui ont le plus de débit dans ce pays, on peut citer les draps, les vins, les eaux-de-vie , les drogues. Les marchandifes que les Rulfiens donnent en échange , ne font point en ft grand nombre ; mais la quantité dans chaque efpéce y fup-plée , & leur procure même Rij iCo R U Une balance en argent considérable. Ce font les Anglois ôc les Hollandois qui répandent le plus de cet argent. Les François pourraient taire avec les Ruifes un trafic plus étendu qu'ils ne font , puit qu'en général toutes les marchandifes font à meilleur marché chez eux ; mais l'activité de leurs rivaux , le plus grand éloignement des François de la Rulfie , ôc principalement leur manière de naviger , plus difpendieufe que celle des autres Nations , feront pour eux des obftacles difficiles à vaincre. Les principales marchandifes que l'on tire de la Ruf-fie, de Pétersbourg principa lement , font du fer , de la colle-forte , du kavear preffe, des cuirs, ôc particulièrement des cuirs de Rulfie , du fuif, de la cire , des pelleteries , toutes fortes de peaux , du chanvre , du lin, ôc de la foie qui y eft apportée de Perfe. La pratique des Etrangers qui tirent ces marchandées, eft de les acheter dans les magafins ou dans les boutiques , ou de les prendre par contrat. Celui qui fe procure les marchandifes dont il a befoin de cette dernière façon paye ordinairement la moitié d'avance au Mar« •hand Rufiien qui va fuc les R U lieux acheter la marchandife , l'apporte au tems marqué , Ôc reçoit alors le ref-tant de la fomme promife. Cette façon d'acheter n'eft peut-être pas fans rifque , mais c'eft du moins celle qui procure le meilleur marché. D'ailleurs, on eft plus à même par ce moyen d'avoir la qualité Ôc la quantité de marchandifes que l'on demande , ôc qui ne fe trouvent pas toujours dans les magafins. L'Etranger vend fes marchandifes argent comptant, ou par lettres de change , qui ont un an ôc un jour de terme j c'eft le plus ordinaire. Les droits de la douane au dedans du pays , peuvent monter à cinq pour cent. Lorf-qu'un Etranger établi en Rullîe fait venir des marchandifes , fuivant l'eftimation faite en monnoie de Rulfie , .on lui fait payer les droits fur le pied de deux rixdales pour un rouble i or ces deux rixdales valant près de neuf livres monnoie de France , lorfque le rouble n'en vaut que cinq , il fe trouve qu'il paye prefque douze pour cent. Aufli chaque Etranger cher-che-t-il à mettre fes effets fous le nom de quelque Ruf-fîen. On peut encore remarquer comme une chofe particulière à la Ruflie , que la R u maJeure partie de fon commerce eft entre les mains du Souverain. Lui feul, dans toute l'étendue de fes Etats, vend la bière , l'eau-de-vie , l'hidromel, & généralement toutes les boilfons , foit qu'il les donne à terme , foit qu'il les donne en régie. Il vend pareillement le fel , le goudron , l'huile de bouleau , la potaffe , la vidalfe , la colle de poiffon ôc le tabac en feuilles. C'eft encore pour fon compte que fe fait une partie du commerce de la Sibérie 6c celui de la Chine tout : RU *C>* entier, dont la rhubarbe effc le principal article. Voy. Pér tersbourg , AJtracan , Riga , Sibérie. Ponr ce qui regarde les traités de commerce. V. Mofcovie. RUYDER d'or de Hollande ( le ) eft fixé à 14 fl0-rins argent courant, 6c vaut environ 1$ florins 6 fols argent de banque. Cette monnoie , qui eft au titre de xz carats , pefe 106 azens poids de Hollande, ôc 185 grains poids de France. Elle revient a 19 livres 4 fols 9 deniers de France. V. Amfterdam* C AFRAN. Plante à oi-^ gnon qui ne donne fes fleurs qu'au bout de deux ans. Ces fleurs portent un piftile à trois branches qu'on appelle flèches. Ce piftile eft la feule partie de la plante dont on faffe ufage , ôc c'eft ce qu'on appelle proprement le fafran. ïl eft employé en médecine Ôc dans la teinture. On en recueille dans plufieurs provinces de France , ôc principalement dans lë Gatinois °ù on le cultive avec fuccés. Ce fafran du Gatinois eft très-recherché par les étrangers. Le fafran de Perfe eft aufli très eftimé , il Y croît prefque fans culture en plufieurs endroits. L'Angleterre, qui autrefois , étoit obligée d'acheter en France beaucoup de fafran , commence à s'en pafler depuis que par les foins du Gouvernement, la culture de cette plante a été cultivée dans ce Royaume , en Irlande principalement. Il y eut à ce fujet des prix propofés, comme on a fait dans la même ifle à l'égard du bled ôc lin. Les Anglois en faifant naître parmi leurs cultivateurs une pareille émulation Riij ItT* S A pour la culture du fafran , ont multiplié les faframeres dans le Royaume. A préfent ils confomment très-peu de fafran étranger. Il fe vend même a Amfterdam du falran du cru de la Grande-Bretagne. L'auteur de l'hiftoire générale des drogues exige du fafran, qu'il ait fes flèches ou attentes , belles , longues & larges , qu'il foit bien velouté ôc d'un beau rouge, d'une odeur agréable , très-peu chargé de filets jaunes, ôc le plus fec qu'il eft poffi-ble. On vend beaucoup de fafran en poudre. Gomme cette drogue eft chère , on eft fujet à la trouver mêlée avec des matières hétérogènes , qu'il eft aifé de diftinguer. Mais le plus fur pour n'être point trompé eft de s'adrefler à des gens connus. SAINT-DOMINGUE. Grande ifle de l'Amérique , la plus riche des antilles. Elle fut découverte en 1491 par Chriftophe Colomb , qui l'appella Hifpaniola , c'eft-à-dire la petite Efpagne. Cette colonie peut avoir no lieues de long , 45 de large ôc plus, ôc 300 lieues de côtes. Elle eft aujourd'hui partagée entre la couronne d'Efpagne ôc celle de France. La ville de Saint-Domingue, SA qui fût bâtie quelque tems-après que l'iile fut découverte , a donné fon nom à la colonie. Cette ville eft la capitale de la partie qui appartient aux Efpagnols, ôc qui s'étend depuis le Midi, en prenant par l'Eft , jufqu'au Nord-Nord-Oueft. Les François occupent le refte du continent , ou la partie Occidentale. Les limites des terres refpeclives font marquées, ou par des rivières , ou par des montagnes. Le terrein , dont la France eft en poflèf-fion , eft en général aflez uni , fpécialement celui qui s'étend vers la mer. Le fucre , le caffé , lHndigo , le coton , les principales richef-fes de l'Amérique y viennent très-bien. Le cacao , la vanille , le rocou , le gingembre peuvent encore être mis au nombre des principales productions de Saint - Domin-gue. Il ne manquerait plus aux François pour rendre cette colonie aufli floriflante qu'elle pourroit l'être, que d'y encourager d'avantage la culture du tabac. Il y avoit autrefois plus de mains adonnés à cette culture. Mais depuis que les Anglois nous ont accoutumés à leurs tabacs de la Virginie Ôc du Mariland ; depuis qu'ils font parvenus à nous donner à très - bon SA •ompte les fournitures de tabac néceffaires pour notre confommation , les plantations de cette denrée font bien diminuées à Saint-Domingue. Les marchandifes que l'on fait pafler pour cette colonie font les mêmes que pour la Martinique. Elle confomme cependant beaucoup moins de provitions falées. Les ventes & les retours fe font aufli moins promptement à Saint-Domingue , parce que Jes colons y font plus dif-perfés. Comme il relie encore beaucoup de terrein à défricher dans cette colonie, la plupart des habitans emploient leurs fonds en achat de Nègres : c'eft une raifon pour que les payemens s'y raflent difficilement. Depuis les nouveaux établiffemens , dont le Roi vient de gratifier cette colonie , par fon Arrêt du Confeil du i j Juillet 17 j 9, nous avons tout lieu d'efpérer de voir chez elle les riches productions de l'Amérique , s accroître ôc fe multiplier. Cet Arrêt établi à Saint-Domingue , deux Chambres mi-parties d'agriculture ôc de commerce , compofées chacune de quatie Habitans ôc de quatre Négocians ôc d'un Secrétaire , dont l'une au Port-au-Prince ôc l'aune au Cap. S A 20-J Pour rendre l'établiflement de ces chambres le plus avantageux qu'il eft polfi-ble aux Habitans ôc Négocians de ces Ifles, ôc leur donner un moyen certain d'expliquer les différens fujets de leurs délibérations ' Sa Majefté veut bien permettre à ces Chambres d'avoir un Député à la fuite de fon Confeil , à l'inftar des principales villes de fon Royaume. V. JJles du Vent. Quoique la partie de l'Ifle, occupée par les François, ne foit pas encore dans cet état floriflant où elle parviendra par la fuite ; cependant l'Ef-pagne plus occupée du Mexique ôc du Péiou , ne tire pas de cette colonie le même profit que la France. Les Efpagnols élèvent beaucoup de chevaux Ôc de bœufs qu'ils vendent à nos Habitans. La ville de Saint-Domingue fait en outre un commerce de fuif , de cuirs , de bois de gayac. Toutes les légumes de France viennent très- bien ôc en grande abondance dans cette Ifle ,• mais la vigne & le bled y réuffiflent mal. C'eft ce qui entretiendra toujours un commerce utile entre l'Europe ôc cette Colonie. Veillons néanmoins «à ce que les manufactures de la Riv ats, catTants , d'an rouge f°ncé 8c luifant. SANGUINE. Pierre fof-^le de couleur rouge , d'un grand ufage pour les defleins, Parce qu'elle fe taille facilement en crayons , qu'on fiomme crayons rouges. On demande qu'elle foit d'un rouge brun , pefante , compte , unie & douce au toucher. H faut rejetter celle I*" eft trop dure ou grave-leufe , parce qu'elle fe taille * marque difficilement. Cette pierre fert auffi aux Orfé-Vres pour brunir l'or. L'Angleterre a plufieurs mines de ce foffile. Il s'y trouve avec fes qualités qu'on lui demande. On conferve long-tems la fanguine fraîche & tendre dans des bo'dtes de p'omb. Lorfqu'elle eft un peu trop flure on l'amollit en la trempant dans un acide , dan»; l'eau rorte par exemple. Cet acide lui donne d'ailleurs une couleur beaucoup plus foncée , plus capable par conféquent ^e rendre différentes nuances. SAPHIR. Pierre précieu-\e » tranfparente & d'un bleu tort éclatant. Les plus beaux %>hirs font de couleur bleue célefte. Il s'en trouve quelque fois de blancs ou de violas ; les uns & les autres viennent de la montagne de sa i57 Capelan au Royaume de Pé-gu. On tire auffi des faphirs de Bohême , de Mifnie , de Siléfie , & du Puy en Velay, appelles faphirs d'eau , Se qui font aulfi tendres que le crif. tal , au lieu que les Orientaux font très-durs. Ceux du Puy tirent un peu fur le verd. Le fa^hir nerd fa couleur à la violence du feu, 8c prend celle du diamant qu'il imite affez bien. Le prix du faphir fuit les progrefiions de la racine quar-rée i ainfi le carat étant d'un écu, les deux font quatre , les trois, neuf, &c. Au refte , comme nous avons dit à l'article diamant, il ne faut pas toujours s'en rapporter à ces prétendus tatits. SAPIN. Arbre montagneux, fort droit 8c fon haut, dont le bois eft blanc , léger, 8c jette une excellente réfîne d'un grand ufage dans le commerce. II y a beaucoup de forêts en France qui donnent des fapins . mais les plus eftimés font ceux qui viennent du Nord. On peut même dire que ces arbres font une des principales richefles des pays Septentrionaux , parce qu'ils font très-propres à la charpente des maifons, à la menuiferie , à la mâture des vaiL t6o SA féaux ôc bâtimens de mer. Voyez Bois. SARDINE. Petit poiffon de mer qui eft affez délicat lorfqu'il eft frais. Il eft plus gros que l'anchois , mais plus petit que le harang , auquel il reffemble beaucoup. Il a la tête dorée, le ventre blanc, le dos verd & bleu. Il y a des faifons propres pour la pêche de la fardine , parce qu'elle eft un poillon de pafiâge , ainfi que l'anchois & le hareng. Les Bas-Bretons qui retirent beaucoup de profit de cette pêche, ont foin d'amorcer ces petits poiflons avec une compofition préparée en Norwege , qu'ils répandent fur la mer. Cette compofition eft faite des parties intérieures de tous les gros poiflons qui fe prennent dans les meis du Nord. L'Ordonnance de la Marine défigne l'appât dont on fe fert pour prendre cette efpéce de poiffon fous le nom de B-éfure- Il eft plus connu en Bretagne fous celui de rogue ou rave. La fociété d'agriculture., de commerce ôc des arts de cette même pro-\rince , obferve que quoiqu'il foit défendu , a peine de trois cens livres d'amende , d'employer de la rogue ou réfute , qui n'ait pas été vi-fitée ôc approuvée, on fait S A fouvent ufage. d'un appaC plus nuiuble que la rogue la plus aigrie. On le nomme gueldre, guildiUeto\i guildre. La gueldre fe fait avec des chevrettres , des cancres, Ôc ce qui eft plus pernicieux à tous égards , avec le menu fretin des foies , des merlans Ôc des autres poiflons de tau. te efpéce, dont on forme une pâte en les pilant. Cet appât, comme l'a encore obfervé cette même Société , corrompt la fardine en moins de trois heures'. Il caufe une fermentation fi vive que le poiffon s'entrouve par le ventre. Or» fe fert à Belle-Ifle d'une autre efpéce de gueldre qu'on nomme menue. Elle eft compofée de toutes fortes de poiflons auffi petits qu'une lentille. Cet appât n'eft pas moins pernicieux. Il corrompt la fardine ôc détruit les efpéces de poiffons, du frai defquels il eft compofé» On ne fçauroit donc veiller trop exactement à l'exécution des Réglemens qui proferi-vent ces abus. Au refte , cette pêche fe fait comme celle des anchois, ôc le poiffon s'apprête ôc fe fale de la même manière. La fardine eft beaucoup plus plate que l'anchois , ôc c'eft à quoi on la reconnoît d'abord. > S A IW que les fardines Soient de bonne qualité , il faut qu'elles foient bien pref-ffc'es, termes . blanches, clài-*es, point éventrées. Les far-uhres qui fe pèchent dans ,es mois de Juillet, Août, Septembre , font rarement bonnes pour être preffées, Parce que les grandes cha-}eurs rendant ce poiffon mol, 11 s'éventre facilement en le Preflant. Ces fardines preffées ou dépouillées de leurs Parties huileufes , & les farines confites au vinaigre, font très-recherchées dans tous les pays Maritimes. Les M-alouins en tranfportent beaucoup dans différens endroits du Levant.' Les fardines de Royan, petite ville de Xaintonge » ont patfé pour être les mieux apprêtées ; mais il en vient aujourd'hui de différentes villes de Bretagne , de Poitou , de Languedoc, qui font également bonnes. SARDOINE, Pierre précieufe demi-tranfparènte, qui a reçu fon nom de la ville °e Sardes dans l'Afie mineu-te où elle fut d'abord trouve. La Sardoine eft d'un blanc rougeatre & trèspro-Pre. > ainfi que la fardonix qui "mite un peu plus la couleur de l'ongle , à la gravure eu «achet, parce qu'elle ne s'at- , SA *cïo tache point a la cire. II y a des fardoines qui tirent fur le jaune. Les fardonix font fufceptibles de plus de variétés. On en voit de noires dans le bas avec des côtés verds , ou d'un blanc purpurin. Quelques unes offrent un mélange de blanc ou de noir, avec une zone blanche. Lorfqu'on les monte en bagues, un Graveur habile profite de ces différentes couleurs de la pierre , pour y former des efpéces de peintures en reliefs , bien connues fous le nom de camées. Ces pierres nous viennent des Indes, de l'Arabie. de l'Arménie, de l'Egypte. SALIN. Etoffe de foie, qui par la manière dont elle eft travaillée , femble ne pré-fenter qu'une chaîne fort fine, fort unie. Dans la fabrique des autres étoffes , des'taffetas, par exemple , la marche fait lever la moitié de la chaîne , & alternativement l'autre moitié pour faire le corps de l'étoffe. On ne levé au contraire que la huitième , ou la cinquième partie de la chaîne lorfque l'on fabrique le fatin. Par ce moyen la trame eft^ca-chée en dedans par la chaîne, qui préfentant une furface continue très-lifie, très-unie, *7° SA eit plus capable de réfléchir la lumière ; c'eft ce qui donne au laiin ce luftre & ce brillant qui en fait le prix Ôc la beauté ; c'eft ce qui le diltingue des autres étoffes. Les manufactures r!e loie, celles de Lyon, de Gênes, de Florence principalement, fabriquent des latins unis, des latins brochés , des latins rayés , des latins à fleurs d'or & d'argent , Ôc d'autres qui par la variété des defleins , l'éclat des couleurs & la perfection de la main-d'œuvre font bien capables d'irriter le goût du îiche confomma-teur. On a nommé fatine de Bruges un latin dont la chaîné eft de foie ôc la trame de fil. Bruges , ville de Flandre , a donné fon nom à ce latin , parce qu'il a d'abord été fabriqué dans cette ville. La fatinade eft un fatin de Bruges beaucoup plus foible. On l'emploie principalement à faire des tapilferies de cabinet. Les Compagnies des Indes nous apportent de petites étoffes bien connues fous le nom de latins des Indes , ou de fatins de la Chine. Il y en a de pleins, de damaffés , de rayés , de brochés , d'autres qui font à fleurs d'or ou de foie. Ils font bien ini'é- rieurs pour l'éclat ôc la per-feefion du travail à ceux du Levant. Le fécond la met fous l'ad-niiniftration ôc dépendance du Directeur général des nâtimens du Roi, d'un Conducteur particulier , ôc d'un Contrôleur i ces deux derniers font à la nomination du Dlrecteur général. Les autres articles parlent *es privilèges des Elèves , Tome H. „ SA t7J-comme de gagner la maîtrife de Tapiflier, ôc de ceux des Maîtres ôc Ouvriers de ladite Manufacture. Ceux-ci jouif-fent entr'autres chofes de l'exemption des gens de guerre , dans douze maifons marquées pour leur logement aux environs de la favonnerie ^ comme aulfi de tutelle , curatelle , guet, &c. ôc de toutes impofitions de taille. Le même Edit leur donne droit ✓ de committimus aux requêtes de l'Hôtel , comme Com-menfaux de la Maifon du Roi. S A Y E. Etoffe de laine croifée , ou forte de ferge ti ès-légere , que l'on emploie dans des doublures d'habits , de meubles , ôcc. Les Fla-mans en fabriquent de très-fines , ôc qui font entièrement: de laine de Ségovie ou d'Angleterre. Elles ont fept huitièmes de large , mefure de Paris. Celles d'Artois n'ont que trois quarts de large , auffi mefure de Paris , ôc font faites avec les laines du pays. On a auffi appelle fayes , des draps extrêmement forts, dont les Turcs fe fervent à faire des manteaux ôc de9 veftes d'hyver , qu'ils mettent par defîùs la péliffe. Ces draps leur font apportés par les Vénitiensll y en a de trois «74 sa fortes , de feptante , de foi-xante & de parangon i les foixanté ôc dix font les plus eftimt's. Les deux feules couleurs de ces fortes de draps , font le rouge écarlate 6c le rouge foncé. SAYETTE. Petite étoffe de laine, qui fe fabrique dons les manufactures d'Amiens. On peut regarder la layette comme une efpéce de petite faye , dont elle eft le diminutif. Voy. Saye. On a appelle// âe fayette une laine peignée ôc filée , qui entre dans la fabrique de ces diverfes étoffes. On s'en fert aufïi pour différens ouvrages de bonneterie , ôc pour faire des cordonnets , de boutonnières , des boutons. La manufacture de ces étoffes de laine , ôc d'autres mêlées avec de la foie ou du poil, eft connue à Amiens fous le nom de Sayeiterie. Ce nom lui a été donné , ou parce que ces étoffes fe fabriquent avec cette efpéce de fil qu'on appelle fil de fayette , ou parce que les premiers ouvrages qui en font fortis étoient des fayes ou fayettes. Lorfque M. Colbert porta fon attention fur les manufactures du Royaume , la fayet-terie d'Amiens attha fes premiers foins. S C SCAfvIMONÉE. Fhnter médecînaîe du Levant, dont les feuiiles vertes ôc triangulaires relTemblent aflez à celles du lierre. Sa fleur eft blanche ôc arrondie en forme de clochette. On obtient de fa racine un jus du même nom , qu'on fait lécher en confiftan-ce de colle , ôc qui eft comme le fondement de toutes fortes d'éledfuaires ôc de pillules purgatives. Cette plante croît en abondance en plufieurs endroits du Levant , mais principalement autour d'Alep Ôc de Saint-Jean d'Acre , d'où la meilleure feam-iriOnée nous eft apportée par la voie de Marfeille » enfermée dans des efpéces de bour-fcs. Pomet, dans fon Hiftoî-re générale des Drogues , demande qne cette drogue , eu que le fuc épaifli de la racine de feammonée , foit léger , gris, tendre , friable, réfi-neux ; Ôc qu'en l'écrafant, la poudre en foit grife , le gcût amer , l'odeur fade Ôc un peu défagréable. Le même Auteur confeille de rejetter celui qui eft pefant , dur Ôc noirâtre. SCHERBAFFI. (Soie) C'eft la plus belle foie qui nous vient du Levant ôc Ja plus recherchée. On la recueille dans la Province de Guiiaa eu Fetfe. Elle eft SB apportée à Smyrne par les caravanes. C'eft de cette Echelle d'où on la tire i elle fe trouve en ballots pefant on-2e à douze battmans , poids de Conftantinople. V. Conf-tantinople. La couleur de cette foie eft jaune , rarement blanche; fou brin eft délié , flexible , fit plus aifé à tireJL que celui des autres foies.™es mafles en font grofles, longues, les ligatures petites & d'une très-bonne foie ; ce que l'on ne trouve pas dans les ligatures des autres efpéces de foie du même pays : elles font fouvent de fi baife qualité, qu'elles ne oeuvent être employées. Voy. Soie. SEIDE. Ville maritime de la Phénicie , qui fait partie de la Syrie , appartenante aux Turcs. Seide étoit l'ancienne Sidon , fi renommée autrefois par fon grand commerce ôc par fa marine , qui fe faifoit refpedfer de toutes les Nations. Les Sidoniens modernes n'ont plus rien des anciens que leur inclination Pour le commerce. On peut cependant regarder Seide comme une des principales Echelles du Levant. Les François y portent annuellement deux cens trente à deux cens quarante ballots de îondrins féconds, & trente S E «79 ballots de londra* larges ; le furplus des envois coufifte en fucre, en indigo , en poivre, en papier, &c. Ils en rapportent des foies, beaucoup de coton en laine ou filé du féué , ôc quelques autres drogues. SEL. Subftance acide qui fe fond au feu ôc fe diflbut dans l'eau. Les fels en général par leur union à différentes matières, ôc par la di-verfe configuration de leurs molécules, varient beaucoup entr'eux , ôc nrodmfent des effets bien différens. La plupart des fels chymiques, fpé-cialement ceux qui font en ufage en médecine , fe vendent à Paris par les Marchands Epiciers - Droguiftes ôc par les Apoticaires. Nous ne parlerons ici que des fels naturels , dont le commerce eft d'un objet bien plus étendu. On peut mettre au rang de ces derniers le fel marin, le fel gemme ou le fel folïile, le fel de fontaine , le nitre , le borax , l'alun » l'acide vi-triolique. V. Nitre , Borax v Alun , Vitriol. Le fel de fontaine & des puits falans fe trouve dans des fources qui fortent de la terre , & où il eft diffous.dans l'eau ; quand il eft purifié ôt épaifli , il eft entièrement femblable an fel marin. Lu *7« S E Franche-Comté a beaucoup de fources d'eaux falées. Ces fources font fous plufieurs grandes voûtes , dans lef-quelles on n'arrive qu'après avoir defcendu environ quarante dégrés. Ces falines ont donné le nom à Salins , ville confidéftble de cette province. On voit dans cette ville une grande fauniere , qui eft un magnifique bâtiment def-tiné à renfermer les eaux falées , à tirer, façonner, con-ferver le fel, & à loger les Officiers qui y font employés. Il fe trouve aufli beaucoup de falines en Lorraine , les principales font Rofieres , Château - Salins , Dieuze , ÎYioyenvic. Le fel foffile eft répandu dans différentes parties du Monde i on le tire de mines qui font très-profoudes. Il y eft dans fon état de perfection ôc en grande quantité. La partie la plus pure de ce fel s'appelle fel gemme, à caufe d'une efpéce de tranfparence ôede lucidité qui l'approche des pierres précieufes nommées en latin gommœ. Les mines les plus confidéra-bles du fel foffile font à Wil-lifca , petite \rille de Pologne , à fix lieues de Craco-vie au Sud-Eft. Ces mines, qui forment un des plus grands revenus de la Cou- S E ronne , furent découvertes e* 1x51. On y defeend par quatre ouvertures, les deux principales font dans la ville. Efles fervent à tirer en haut les grands quartiers de fel 9 qu'on brife avec des mailloches en plufieurs morceaux. Le moulin les réduit enfuite en une efpéce de groffe farine propre à tous les ufages du fel mari0 Les deux autres defeentes fervent principalement pour porter les bois , les vivres ôc les autres chofes néceffaires aux travailleurs qui habitent ces carrières immenfes ôc profondes , que l'on peut regarder comme une efpecc de ville foûterraï-ne , qui a fes habitans , fes loix ôc fes voitures publiques. On y nourrit effectivement des chevaux pour traîner jufqu'à l'ouverture de la carrière les quartiers de fel, qui font enfuite enlevés en haut avec le fecours de différentes machines. L'air de ces foûter-rains eft fi rude ,que ces animaux y deviennent aveugles en peu de tems. Les travailleurs remontent de tems en tems pour jouir d'un air plus pur. Ce qu'il y a de plus remarquable dans ces carrières , c'eft qu'il s'y trouve nn ruifleau d'eau douce , qui ne tarit que dans les grandes fé-chereffes. SE le fel marin eft difperfé dans la mer. On le réduit en criftaux par la feule évapora-tion & purification. On a nommé marais fa-lans des terres bafles ôc marée ageufe s, que la Nature a rendu propres par leur fitua-tion à recevoir les eaux de la mer , lorfque la marée monte. La fuperficie de l'eau ex-Pofée aux rayons ardens du foleil d'Eté , s'épaifiit d'abord infenfiblement , & en-fuite fe couvre d'une légère croûte , qui fe durcit & fe criftalife. Les pays du Nord n'ont pas un foleil aflez ardent pour obtenir facilement du fel, ôc ceux fitués au-delà du quarante-deuzieme degré de latitude , comme eft l'Ef-pagne, ont un fel trop cor-Tofif, qui mange ôc détruit les chairs , au lieu de les nourrir ôc de les conferver. La France feule femble jouir d'un climat tempéré propre à faire le fel ; aufli le commerce du fel gris ôç blanc eft d'un profit immenfe pour la France ; mais plus encore pour l'Etat que pour les Particuliers qui le façonnent ôc •e débitent. On a fouvent e*galé le produit des gabelles ^ celui que les Indes rapportent au Roi d'Efpagne. Voy. Gabelle. SÉNÉ. Arbriffeau qui S Ë *77 croît en plufieurs endroits du Levant, ôc dont les feuilles font purgatives ôc d'un grand ufage dans la médecine. La tige du féné tfa pas plus d'une coudée de hauteur. Ses fleurs font jaunes avec de petits traits rouges • elles donnent des goufîesver-dâtres , applatîes , courtes , larges, taillées en croiflant „ ôc qui renferment des femen-ces de la figure d'un pépin de raifin. Ces goufles ou cof-fes membraneufes font appel-lées par les Médecins follicules de féné , ôc font fouvent préférées aux feuilles de cet arbrifléau. C'eft principalement dans le choix des différentes drogues que l'on doit prendre intérieurement, qu'il faut apporter le plus d'attention. Les follicules de féné doivent être choifies épaif-fes, grandes , d'une couleur verdâtre , ôc que la femence qui eft dedans foit grofle ôc bien nourrie. Il faut rejetter , comme mal-faifan-tes, celles qui font noiiâtres ôc déchirées , ôc dont les pépins font fecs, arides ôc moi-fis. Il croît du féné en Europe , mais dont la qualité eft bien inférieure au féné du Levant , à celui principalement qui fe recueille aux environs de Seide , ville de la Siij *-?8 S B Turquie Afiatique , fur la côte de la Méditerranée. SÉNÉGAL. Rivière d'Afrique , qui prend fa fource dans la Nigritie , coule vers le Couchant, & va fe rendre dans l'Occéan , après un cours de plus de 400 lieues. Le Sénégal forme à fon embouchure une ifle nommée Saint - Louis. C'eft un des principaux établiflemens que la Compagnie Françoife du Sénégal avoit autrefois iur la côte. Cette ( ompagnie unie à celle d'Occident en 1718, fait depuis l'année 1719 partie de notre Compagnie des Indes. V. Compagnie Françoife pour le commerce des Indes. Les François reçoivent du Sénégal des Efclaves , des plumes d'autruche , de l'ambre gris , de la poudre d'or , une grande quantité de cuirs, & de la gomme bien connue fous le nom de gomme du Sè nêgal. C'eft la même que la gomme Arabique. On tiroit autrefois cette efpéce de gomme de l'Arabie Ôc du Levant avant qu'on eût attiré une partie du commerce d'Afrique , fur les bords du Sénégal. La route du Levant n'ayant pu foutenir la concurrence de celle d'Arabie à la côte du Sénégal, la gomme d'Arabie a été apportée en SB moindre quantité ; mats on en a toujours tenu le prix très-haut , fur le prétexte qu'elle étoit d'une qualité fu-périeure à celle du Sénégal quoique celle-ci foit exactement la même. Les manufactures de laine & de foie en font une grande confommation , aufli cette drogue , qui fe vend à vil prix en Afrique , s'achète très-chere en Europe. Les principales marchandifes que l'on porte au Sénégal font des draps & des ferges de diverfes couleurs ; des toiles de coton , de lin & de chanvre ; de la verroterie.i de la quincaillerie i du papier toutes fortes d'inftru-mens de fer ; des miroirs ; du corail travaillé de différentes manières ; du fel ; des eaux-de-vie ; de la bière.Les coris ou les petites coquilles des ifles Maldives , font encore une des marchandifes ■ dont le débit eft confirléra-ble dans cette contrée. Voy. Coris. Les François, qui par leurs établiflemens fur la rivière du Sénégal , s'en font rendu en quelque forte les maîtres , pourront un jour étendre leur trafic jufqu'au Royaume de Tombut, dans fa Nigritie , d'où les Nègres de Ga-lam ôc de toute la côte des S E «nvïrons du Sénégal , tirant ia poudre d'or. On fcait qu'elfes font les marchandifes propres à ce Royaume , on connoît du moins celles que toi envoient les Mores de Tripoli en Barbarie , & des environs d'Arguin par leurs caravanes. Le Royaume de Bambuclc, frrnommé la terre ^0T » à caufe de la richeife de fes mines, préfente aux Européens qui ont des établiflemens déjà formés fur le Sénégal , fur la Gambra, & fur fes autres rivières qui s'y jetant , une conquête d'autant Plus précieufe , que ce pays eft ftérile , & payeroit très-cher les marchandifes qu'on lui apporteroit. Il fuffvt de grater la terre de ce Royaume pour obtenir l'or le plus pur. Les Nègres la creufent rarement. S'ils fuivent la mine au delà de la fuperfi-Çie du terrein , il ne vont jamais à plus de huit ou dix pieds de profondeur, parce qu'ils n'ont pas l'art de faire des échelles , ni l'induftrie de foutenir les terres. Gomme les habitans de cette contée , beaucoup plus abondante en or que le Nexique c< le Bréfil , ont autant de répugnance à fortir dé leur P^ys » qu'à y admettre des Etrangers , leur commerce S E a7<> eft entièrement entre les mains des Mandingues & d'autres Nègres leurs voi-fins. C'eft par la main de ces Mandingues que pafle cette prodigieufe quantité d'or , qui fe vend fur les bords du Sénégal & de la Gambra , depuis que les Européens ont formé des établiflemens. Ces Africains très-intéreffés ont i~o'm de faire attendre long-tems aux habitans de Bambuck les chofes dont ils peuvent avoir befoin pour les leur faire payer plus cher. On peut donc fe perfuader que des établiflemens formés parmi ces derniers ou plus proches d'eux , leur feroient ouvrir les yeux fur la tirannie de leurs voifins, une plus grande abondance des marchandifes d'Europe qu'on leur pro-cureroit , augmenteroit la confommation de nos fabriques , & les engageroit à tirer de leurs mines une majeure quantité de leur pié-cieux métal. Les Mandingues Ôz les Sarakoles, les habitans Naturels du Royaume de Galam , fe venoient par-là dépouillés du commerce de for du Royaume de Bambuck , & des autres pays à l'Eft. C'eft cette crainte qui les rend très attentifs à empêcher les Etrangers de S iv *8o SB s'y introduire, iurtout les François, dont ils redoutent l'activité & l'induftrie. Nous ne pourrons donc jamais parvenir à pénétrer dans le Royaume de Bambuck, qu'en conftruifant des forts iuccef-fivement de diftance en diftance fur la Gambra, & les autres rivières, pour nous emparer de cette navigation , & maîtrifer les Mandingues & les autres voifins redoutables de la Terre d'or. Un Fadeur de notre Compagnie des Indes nommé Compagnon , eft le feul Européen qui foit parvenu à s'introduire dans ce riche Royaume ; la relation qu'il en a donné a été imprimée dans l'Hiftoire des Voyages , avec la garantie de deux Directeurs de la Compagnie, chargés particulièrement des affaires du Sénégal. On trouve dans cette relation une def-criptiôn très - exacte ôc très-détail lée de ce Royaume , ainfi que de la quantité de lès mines d'or ôc de leur prodigieufe richefle. SEQU1N. Monnoie d'or, qui fe bat à Venife au titre de 13 carats l. Il s'en frappe aulîi dans les Etats du Grand Seigneur, que delà on appelle Scquins de Turquie. On nomme à Conftan-tinople fequins Hongres des SE ducats d'or, qui fe fabrïquenc en Allemagne à divers coins. La valeur de ces fequins n'eft pas la même. Les fequins de Venife font toujours à plus haut prix dans les Indes fit au Levant. Le poids de cent de ces fequins doit être de cent dix drachmes , fit chacun en particulier doit pefer une drachme fie fix grains. Les Vénitiens , les Livournois font la plus grande partie de leur commerce au Levant avec fes efpéces , les François y en portent auffi ; elles font reçues dans tout l'empire Ottoman , mais à des prix différens. A Conftantinople, Sa-lonique , Alep fit dans toute la Syrie, à Tunis , en Egypte fit en Candie , le fequin eft eftimé trois piaftres ôc trente-cinq parasjôc à Smyrne quatre piaftres. Cependant les Francs qui les reçoivent: en payement de leurs marchandifes , les prennent pour trois piaftres ôc trente - huit paras. On les évalue à la Mecque à cinq piaftres. Au refte, ces différentes évaluations,ces différens prix d'efpeces n'occafionnent ni bénéfice , ni perte à ceux qui les apportent,parce que toutes les autres monnoies qui ont cours dans le pays, y ont une valeur relative» S E' S e q u i n d'or de Gênes. Cette monnoie eft fixée par nn Edit du mois de Janvier 175S, à 13 liv. 10 fols hors banque. Elle pefe 76 grains poids de Gênes, & r5j grains * poids de marc de France. Elle eft au titre de xj carats ï 1 & vaut u liv. 4 fols 8 d. de France. SERGE. Etoffe légère en laine croifée. Il y a cette différence entre i'étamine ôc la ferge, que dans I'étamine la chaîne & la trame font également liftes, également ferrées , au lieu que dans la ferge la trame eft de laine cardée ôc filée lâche au grand rouet, pour faire draper l'étoffe. Il y a bien des fortes de ferges, parce que ces étoffes font fufceptibles de bien des combinaifons. On les diftingue par leurs différentes efpéces ôc qualités, ôc par les lieux où elles ont été fabriquées. On a nommé ferges rafes des ferges dont le poil n'eft point élancé en dehors , ou dont la chaîne ôc la trame font entièrement compofées d'une forte de fil de laine très-tors ôc très-fin , appelle fil d'étaim. Les ferges à un étaim ou fur étaim font celles dont il n'y a que la chaîne qui foit de fil d'étaim. Il y a des ferges de foie S E *8r qui portent ce nom, parce qu'elles font travaillées ôc croifées , comme la ferge de laine , tel eft le raz de Saint-IYlaur. Sergette , diminutif de ferge- C'eft le nom qu'on a donné à une petite ferge mince , légère Ôc fort étroite. Il fe fabrique beaucoup de ferges à Beauvais, vilie de Picardie. La Draperie & la Sergetterie , ou le Corps des Sergers ôc celui des Drapiers , faifoient autrefois deux Corps féparés dans cette ville ; mais ils furent réunis en 1661 par Arrêt du Parlement SETIER. Mefure de continence , qui diffère fuivant les lieux , ôc fuivant l'efpace des chofes mefurées. Dans la vente du vin en détail, le fetier eft la même chofe que la chopine ou la moitié d'une pinte. En matière de jauge , le fetier de Paris vant huit pintes. Comme le m nid de la même ville contient deux cens quatre vingt-huit pintes, il s'enfuit que ce muid eft compofé de trente-fix fetiers ; le demj-mutd ou la feuillette de dix-huit. Le fetier eft aulfi une mefure pour les grains. S I A M. Royaume d'Afie dans les Indes , borné au Nord par celui de Laos ; au i8* S I Midi, par le golfe de Sîam ; an Levant , par les Royaumes de Camboge ôc de Keo i Ôc au Couchant ; par la pref-qu'iile de Malaca. On lui donne %to lieues de longueur, ôc ioo dans fa plus grande largeur. Ce pays abonde en fruits , en coton , en riz , en mines d'étain , de plomb , d'argent, cVc. On y recueille anlli beaucoup d'areque ôc de bétel, dont il le fait une grande confommation parmi les Indiens. Cette contrée fournit encore au commerce des bois de conftrudfion , des peaux de cerfs, de bœufs , de buf. fies, de tigres , qui fe débitent très-bien au Japon. Parmi les arbres propres à la conftruction des maifons ôc à la fabrique des vaiffeaux , les Siamois en ont de fi hauts ôc de fi droit que leur tronc fuffit pour conftruire un balon , ( forte de petit brigantin , ) de feize à vingt toifes de longueur. Le bois auquel les Européens ont donné le nom de Bois marie , eft meilleur qu'aucun autre pour les courbes des navires. Les Sianoîs ont un bois rouge propre aux teintures. Si on le détrempe dans de l'eau , en y mêlant un peu de chaux , on en tire un très-beau violet. S I A l'égard des mines de métaux , c<_ font celles de plomb ôc d'étain , qui produifent le bénéfice le plus réel aux Siamois. L'étain de Siam eft ce métal mixte , participant du plomb ÔC du cuivre , auquel les Portugais ont donné le nom de câlin. Comme ce métal eft de fa nature fort mou ôc fort terne , on le blanchit, ôc on lui donne une forte de confiftance , en le mêlant avec de la calamine. Les Chinois Ôc les Japonois tirent beaucoup de cet étain de Siam , pour en compofer différens vafes. Voy. Câlin. La ville de Juthia eft la capitale du Royaume. Les Portugais lui ont donné le nom de Siam. Ils font les premiers Européens qui aient pénétré dans cette contrée. Us s'y réfugièrent vers l'an 1640 , lorfque les Hollandois les chafferent de Malaca , Etat limitrophe de Siam. Les François y avoient formé en 16&6 des établiffemens alfe7: confidérables , pour efpérer d'être un jour les feuls maîtres du commerce de cette partie de l'Inde. Un Grec nommé Conjlantin, plus connu ici fous le nom de Conf-tance , ôc qui étoit parvenu à être premier Miniftre du Roi de Siam , les avoit aidé fa faveur. Ce Miniftre de fon côté comptent bien trouver dans les François un appui pour fe foutenir contre la jaloufie des Grands du Royaume. Tout fembloit leur promettrre les plus heureux fuccès. Rien ne fe faifoit à la Cour que par le mi-niftere des François. On avoit mi* fous leur garde les deux principales places da Royaume. Il étoit libre à leurs Millionnaires de prêcher l'Evangile dans toutes les villes , & même de bâtir des Eglifes à Louvo & à Siam. Mais notre Nation trop prévenue de fa fupériorité, & toujours difpofée à s'en prévaloir, introduifit des innovations qui firent murmurer les Siamois , naturellement jaloux de leurs loix & de leurs ufages. Les Grands du Royaume qui fouffroient impatiemment le crédit de ces Etrangers , profitèrent habilement de cette difpofi-tion des efprits & de la maladie du Roi qui fur vint, pour exciter une révolution en leur faveur. Cet événement les rendit maîtres du thrône , & bientôt après les François furent obligés d'évacuer toutes les places qu'ils avoient dans cette contrée. Depuis cette époque le Gouvernement de Siam de- SI *3? venu inquiet & foupçon-neux , a relferré fon commerce dans les entraves les plus étroites. Le Roi qui s'eft emparé de' tout le trafic du dehors , & partagé avec fes fujets celui de l'intérieur du Royaume , impofe fouvent les loix les plus gênantes aux Négocians étrangers. Non content de fixer le prix de leurs marchandifes par des taxations arbitraires & fouvent injuftes, il les force encore de traiter uniquement avec les Facteurs royaux. Le peu de commerce que les Européens font aujourd'hui à Siam , eft principalement entre les mains des Anglois , des Portugais & des Hollandois. Ceux - ci par leur fouplelfe & leur patience à tout fournir, fe font en quelque forte concilié les bonnes grâces du Gouvernement. Leur Compagnie des Indes a établi fes comptoirs à Juthia. Les marchandifes que cette Compagnie tire de Siam , font des peaux de cerf qu'elle débite au Japon , du bois de fapan , du fucre , de la cire , du miel, de la laque , de la gomme gutte , du bétel , de l'aréque , du ris , du fel,de l'étain & du plomb. Les toiles de la côte de Co-romandel , de Surate , de Bengale font très - recher- *«4 SI chées à Siam. Mais les habitans de ces différentes contrées livrent leurs toiles aux Siamois à meilleur compte , que les Officiers de la Compa» gnie ne peuvent le faire. Cette Compagnie trouve un plus grand bénéfice dans la vente de fes épiceries , du poivre , du corail rouge , du vif-ar-ent , du bois de fantal & es draps. Les Siamois fe fervent de monnoies d'argent. Elles font de même forme , marquées au même coin , mais différentes pour le poids. On en fabrique quatre fortes de pièces, le tical qui peut valoir trente à quarante fols de notre monnoie , le mayon ou felunge qui vaut un quart de tical, lefouang qui vaut la moitié du mayon , ôk la fonrpaie qui eft un demi-fouang. La forme des pièces eft celle d'un petit cylindre rond d'un côté , ôk fe partageant de l'autre en deux petits globes féparés par une fente. Elles font frappées d'un double coin dans la partie du milieu , au deflus de la fente. L'un de ces coins repréfente un cœur ôk l'autre un cercle. L'or ôk le cuivre n'ont point cours chez les Siamois comme monnoie , mais comme marchandifes. Une once d'or eft eftimée à S I Siam à peu près douze onces d'argent. Dans quelques provinces éloignées, on fait ufage d'une monnoie d'étain ronde ôk plate , qui a quatre ponces de diamètre. Leur coin repréfente des oifeaux , des dragons ôk d'autres objets. Ces petits coquillages que les Européens appellent Coris, ôk les Siamois Ria , fervent de menue monnoie dans le commerce en détail. La valeur de ces coris eft (i bafie, qu'il en faut huit cens pour faire un fouang. On peut remarquer comme une chofe particulière dans ce Royaume , la bonne foi avec laquelle fe concluent les marchés. L'acheteur ne s'arrête gueres à compter la marchandife qu'on lui livre , ni le vendeur l'argent qu'il reçoit. Les Siamois fe for-maliferent de voir les François acheter les moindres chofes avec une précaution exceflive- Cette défiance leur parut offenfante. Quand ils veulent avoir des étoffes, ils les achètent ordinairement en pièces. Lorfqu'il s'agit de les détailler , ils n'ont d'autre mefure que le. bras , qui ne peut,donner que des à peu près. Les cocos fervent à mefurer les grains ôk les liqueurs. Comme leur grandeur eft fort inégale 3 si chaque particulier a le lien , dont il connoît l'étendue , & c'eft là-deffus qu'on fe règle dans les achats. Il 7 a néanmoins pour les grains une autre mefure appellée fat , faite en forme de boiffeau , Ôc pour les liqueurs une ef-pece depinte appellée canan. Mais comme il n'y a point de loi qui règle l'étendue de. ces mefures , la plupart des acheteurs aiment mieux recourir à leur cocos. Leur balances ne font pas plus fidèles. L'ufage ordinaire eft de n'employer d'autres poids que des pièces de monnoie qui font fouvent fauffes ou altérées. Ou ne peut cependant s'empêcher de recon-noître que cette incertitude ôc cette variation dans les poids ôc mefures ' n'annoncent pas une circulation bien active , bien étendue. • SIAMOISE. Etoffe mêlée de foie ôc de coton , imitée en France de celle que portoient les Ambaffadeurs de Siam , qui furent envoyés * Louis XIV. On a rangé ces étoffes parmi les moufielines; Elles en font une claf-fe à part. On donne aujourd'hui plus communément le nom de fiamoife à une toile defildeiin ôc'de coton. U s en fabrique beaucoup à grandes ôc à petites rayes de S I 185 diverfes couleurs. SIBERIE. Contrée qui comprend la partie la plus Septentrionale de TEmpire RuiHen ôc de l'Afie/ Les peK leteries font la principale rï-cheffe de cette région. On peut même regarder la Sibérie comme le premier magafin des belles fourrures ; mais nos Négocians n'y pénétrent point. C'eft à Archangel ôc à Pétersbourg qu'ils fe pourvoient de ces pelleteries. Elles confiftent principalement en peaux d'ours, de loups cerviers, de loutres, de petits gris » d'hermines, de renards ôc de martes zibelines d'un brun pâle ; il y en a aufli d'un noir parfait. Ces dernières fourrures, ainfi que celles des renards noirs , qui font très-rares ôc d'une beauté ineftimable font refer-vées pour Sa Majefté Cza-rienne. Il y a' long-tems que les Czars fe font attribué la pleine propriété de tout ce que la Sibérie produit de plus précieux en pelleteries. La fituation du pays facilite cet aflujettïffement. La Sibérie n'eft ouverte que du côté de la Tartarie, qui nourrit elle-même une grande quantité d'animaux , principalement de l'efpéce de ceux qui donnent des fourrures. Du côté du Nord ôc de l'Qc- *86 SI dent, elle eft inaceflible à caufe des glaces. La Sibérie ne peut donc avoir de débouché pour fes pelleteries qu'a-. vec la Ruflie , & de ce côté elle eft refferrée par une chaîne de montagnes, dont les gorges ôc les avenues font commandées par autant de forts 6c de barrières. On y fouille avec la dernière exactitude tous ceux qui en for-tent , parce qu'il eft déien-du aux habitans de faire aucun trafic de leurs peaux hors du pays. Les plus belles doivent être portées au Gouverneur de Sibérie, qui les paye nn peu au-defius du prix courant ôc les fait marquer d'un cachet. On les envoie en-fuite à. la Cour de Rufiie , d'où elles font diftribuées à IYIofcou > à Pétersbourg à Archangel ôc dans d'auties magafins du Czar. La plupart des criminels exilés en Sibérie font obligés d'y aller à la chafle. On les nourrit ; mais ce qu'ils prennent eft pour le profit de Sa Majefté Czarienne. Cette chafle, ainfi que celle qui eft pratiquée par les habitans du pays fe fait, ou avec des lacets , ou à coups de bâtons , ou à coups de flèches émouffées , qui tuent ouétourdilfent l'animal, fans endommager fa peau. SI SICILE. Iile de la Médî-terrannée , la plus conhdéra-ble de cette mer, entre l'Afrique ôc l'Italie. Elle eft dans la partie méridionale de l'Italie , ôc n'en eft lépatée que par le Phare de Melline. Ojuelques Seigneurs Normands s'étant emparé dans le onzième bécle de la plus grande partie du pays , quj occupe la partie méridionale de l'Italie , appelle le Royaume de Naples , y ajoutèrent l'iile de Sicile , q^} n'en eft fépaiée que par le Détroitjôc fondèrent en 1130 le Royaume , qu'on a nommé dans la fuite le Royaume des Deux Siciles. Cette Ifle de la Méditerranée a un terroir fi fertile en grains , qu'on l'appelle le gienier de l'Italie. On y recueille aulfi beaucoup de vin, d'huile , de fafran , de miel , de cire , de coton , de foie. Melline eft la ville la plus commerçante de la Sicile. La majeure partie de fon commerce confifte en foie. V. Soie , Mfjfine. Les étrangers envoient aux Siciliens beaucoup de leurs toiles ; c'eft aulfi la marchandife qui fe débite le mieux dans le pays. Ces toiles ôc autres marchandife» qu'on leur porte , fe vendent à terme de deux, de trois, s I de fix mois ôc quelquefois plus. Les Siciliens au contraire fe font toujours payer comptant. Pour donner encore plus d'avantage au commerce de la Nation , ils ne fouffrent point qu'il s'éta-blifle chez eux des Commif-fionnaires étrangers. Tout le bénéfice de la commillion par conféquent refte entre leurs mains. Traité de Commerce entre le Roi des deux Sicile s c> le Roi deî)annemarck. Ce traité qni fut figné h Madrid le 6 Avril 1748, porte en fubftance ce qui fuit. Les fujets du Roi de Dan-nemarcfc; pourront trafiquer librement, tant par mer que par terre dans les Royaumes de Naples ôc de Sicile , ainfi que dans l'Etat de Gli Vrefidii. Les Sujets de Sa Majefté Sicilienne auront réciproquement la même liberté dans les pays du Roi, à l'exception de l'Iilande , du Groenland , du Nordland , du Fin-marck, ôc des autres endroits °ù le commerce eft interdit aux Nations, môme les plus favorifées. ' H fera établi dans les principaux ports des deux Puiflances des Confnls ôc des vi-ces-Confuls , qui feront chargés de faire jouir les fujets s I «87 refpectifs de tous les avantages que le traité leur accorde. Le commerce direct entre les deux Nations fera affermi par tous les moyens pofli-bles. Afin de prévenir la contrebande , l'une ôc l'autre PuiC-fance confentent que ceux de leurs fujets qui feront fur-pris en contravention, foient punis dans chaque pays félon la rigueur des loix portées contre les fujets naturels. En général, on ne pourra à l'égard des marchandifes introduites dans les maifons en faire la vifite , fous prétexte que les droits n'ont pas été payés ; mais cependant on dérogera à cet article , fi l'on a de forts indices qu'il fe trouve quelque part des marchandifes prohibées. Lorfqu'un fujet de l'une des deux Puiflances mourra dans les Etats de l'autre, fes biens ôc fes effets pafleront de droit à fes héritiers , fans aucune procédure ou formalité judiciaire. Si l'une des deux Puiflances s'engage dans une guerre , les fujets de l'autre pourront continuer leur commerce avec les ennemis de la Belligérante , ôc leur porter toutes fortes de marchanda- *88 S1 fes, à l'exception de celles dont le tranlport eft détendu en pareille circonftance. Us feront tenus feulement de fe munir de lettres de m.er & de certificats qui indiquent la nature des marchandifes de leur cargaifon , les ports d'où ils feront partis , & ceux pour lefquels ils feront deftinés. Aucun maître de navire ne recevra fur fon bord aucun fujet fugitif, ôc s'il s'y en rencontre, on fera en droit de s'en faifir. En tems de guerre les Commandans des vaiffeaux de Roi ôc les Capitaines de Corfaires, qui commettront quelqu'adfe d'hoftilité contre les navires marchands de la Puiffauce amie , fans y être autorifés par un des cas énoncés-ci-deffus, feront condamnés à une amende de quatre mille florins, & à reparer le dommage qu'ils auront caufé. Lorfqu'un bâtiment é-chouera fur les côtes de la domination d'un des R.ois , le Conful ou le vice-Conful de la Nation , à laquelle le vaifleau appartiendra , pourra feul recueillir les marchandifes fauvées & les débris du navire. S'il n'y a point de Conful ni de vice - Conful dans SI l'endroit où le malheur lera arrivé, les Commandans ou les Magiflrats du lieu fourniront tous les fecours qui feront néceffaires. Les vaifleaux qui pafleront le long des côtes des Etats refpedtiis-, & qui feront contraints d'y jetter l'ancre , ou d'entrer dans quelque port, ne payeront aucun droit lorf-qu'ils ne débarqueront point de marchandifes. En cas qu'ils en débarquent, ils ne feront fournis qu'aux mêmes réglemens faits pour les habitans du pays. Us ne feront pas plus gênés que ces habitans dans leurs ventes, ni dans leurs contrats ,& s'ils font dans la néceflîté d'avoir recours à la juftice , ils l'obtiendront prompte & à peu de fraisi Les bâtimens ôc effets d'une des Puiflances contractantes ou de fes fujets, ni les Marchands , Capitaines , Maîtres de navires, Matelots ou autres ne pourront être enlevés ôc retenus par force dans les Etats de l'autre Puiflance pour le fervice des particuliets , ni même pour celui du public. En confé-quence , il ne fera point permis d'engager perfonne de l'équipage d'un vaifleau. Les domeftiques ôc les navires ne pourront pas même être con- nTqués pour quelque motif que ce foit, fans une fenten-ce de l'Amirauté , qui conf-tate quelque délit concernant la contrebande , ou en tems de guerre le tranfport des marchandifes illicites. Les fujets d'une Pufflance ne prendront d'aucun Prince °u Etat, ennemi de l'autre, des commilïïons pour faire la courfe. Si l'une des deux Puiflances eft en guerre , l'autre demeurant neutre fera libre de Recevoir ou non dans fes ports les prifes , & de juger de !eur validité ; mais elle ne fouffrira point que les navires & marchandifes des fujets de l'autre Puiflance foient pris fur fes côtes , ni dans les ports ôc rivières de fa domination. Pour ce qui concerne la religion , les fujets refpectifs feront traités comme les fujets des autres Puiflances d'une religion différente de la dominante, à condition qu'ils fe conduiront avec difcré-tion , ôc qu'ils n'exciteront aucun fcandale. Lorfqu'il y aura une quarantaine ordonnée f ils feront obliges réciproquement de s'y conformer. Refpecfivement leurs per-jonne-s 9 jeurs batimens & leurs effets ne pourront être Tome IL S m *bc> arrêtés pour dettes ou poui crimes, qui ne les regarderont point perfonnellement , ni pour les prétentions que Leurs Majeftés pourroient avoir l'une contre l'autie. Quand même il arriveroit quelque contravention art préfent Traité , la bonne in-i telfigence entre les deux Rois ne fera pas pour celai interrompue , Ôc fi contre toute attente ils viennent à fe déclarer la guerre , les fujets refpectifs établis dans les Etats de l'un de l'autre , auront deux ans pour fe retirer avec leurs effets. Ce Traité a été fîgné ari nom du Roi de Dannemarek par le Comte de Dehn , ÔV art nom du Roi des deux Siciles par le Prince Jacci. SMYRNE. Ancienne ville de la Turquie Afîatique dans la Nôtolie on peut la regarder comme une des plus riches ôc des plus floriifantes du Levant. Sa lituation , la fureté ôc fétendue de fa rade , les nombreufes caravanes qui y arrivent d'Alie , lui attirent un concours prodigieux de Marchands dé toutes les parties du monde. Cette ville eft fort fuietté aux tremblemens de terre ôc en a été fouvent endommagée. En 1688 elle en efluya un qui auroit été pernicieux *£B S M à fon commerce, fans la vigilance active de la Porte. Cette Puiflance ne négligea lien pour engager les Négocians de toutes les Nations établis à Smyrne, qui avoient échappé au tremblement de terre , à ne point abandonner cette Echelle. Le Gouvernement leur donna les prérogatives qu'il put leur accorder. En effet , il étoit à craindre que le commerce des foies de Perle , dont Smyrne doit être regardée comme l'entrepôt, ne paflât dans un des ports du fein Perfique. Les Arméniens & les Perfans pou-voient les y faire voiturer à moins de frais, & fans être expofés aux courfes des Arabes ; d'ailleurs les Européens qui commerçoient fréquemment dans ces mers , en doublant le Cap de Bonne-Efpé-rance , y feroient venu les acheter aufli volontiers qu'à Smyrne. II étoit aufli aifé de fe perfuader que lorfqu'une fois le commerce a pris un autre cours, il eft difficile de lui faire reprendre celui qu'il » quitté. Le commerce des François dans cette Echelle eft confi-dérable. Les draps font le tiers des marchandifes d'envoi », ôt les Londrins féconds les trois quarts de la partie 4ss draps. Avant l'année S fVI 1737 la confommation de cca draps montoit à cinq «nitle cinq cens ballots. Cette confommation eft bien diminuée depuis. Le furplus de nos envois à Smyrne coniifte en camelots , quincailleries dorures , étoffes , en indigo , en cafte, en fucre caf-fonnade , & fucre eu pain. Les retours font en foies , coton, laines , cire , huile , Se autres marchandifes que l'on tire du Levant. Les fonds néceflàires pour payer la balance de ces retours lont fournis en lettres fur Conf-tantinople. Les Hollandois ont dans cette Echelle plufieurs maifons qui font fort occupées. Il leur arrive tous les ans de Hollande dix à douze vaiffeaux , & environ cinq cens balles de draps , la balle eft eftimée douze cens piaftres» Ces draps approchent beaucoup de ceux de la manufac-rure d'Abbeville. Avant que l'on eût fixé en France le nombre ôr la qualité des draps pour les Echelles , la vente des draps Anglois à Smyrne montoit ordinairement à cinq cens balles ; mais elle eft augmentée depuis cette fixation. En 174-9 » ils ont fait un envoi de huit cens cinquante balles, non compris ce qui étoit adrefle s o aux Négocians Anglois ou Juifs , qui font le commerce d'Angleterre par Livourne. Venife envoie dans cette Echelle deux fortes de draps, des Londrins féconds imités des François, ôc des Sayes î la confommation de leurs Londrins féconds peut monter année commune à cent cinquante ballots. SOCIÉTÉ. Contrat, acte, traité ou convention, par laquelle plufieurs perfonnes fe rendent réciproquement participantes du gain ôc de la perte d'une entreprife de commerce , ou de finance. ^out eft égal dans une Société , foit pou/ le gain, foit pour la perte & les avances i à moins que l'acte n'exprime la portion que chacun des Afiociés doit avoir, ou les avances que chacun d'eux doit faire. On ne peut ftipuler que l'un des Afiociés prendra tout le profit, & que l'autre fouffrira toute la perte , ce feroit la Société du lion. Mais on peut faire toute autre claufe avantageufe pour recompenfer le crédit , le travail 0u l'induftrie d'un Alfocié fouvent plus profitable à la Société, que les fonds même des autres co- Afiociés. W?a deux fortes de So- SO *ç}£ ciétés entre Marchands, Né* gocians, ou Banquiers , la Société générale ôc la Société en commandite. La Société générale eft celle que contractent plu* fieurs perfonnes pour agir également, & faire le commerce fous leurs noms col* ledtifs. Dans la Société en commandite , l'un des Afiociés prête fon argent & l'autre fon induftrie. Voy. Commandite* ( Société en ) Il eft une autre efpéce de Société appellée Société ano-nime , où tous les Ailcciés travaillent chacun fous leur nom particulier , fans que le public foit informé de leur Société. Comme il en peut îéfulter des monopoles , ou d'autres abus pernicieux au commerce , elle eft profcrite par la loi. Le feul confentement des! parties , fuivant le droit Romain étab.it la Société ; il faut encore parmi nous qu'elle foit rédigée par écrit. L'Ordonnance du commerce exige de plus que l'extrait de la Société (bit regiftre au Greffe de la Jutifdiction Con-fulaire » ôc inféré dans un tableau expofé en lieu public. Cet extrait doit être figné de tous les Afiociés , Si contenir leurs noms , fur* iot SO noms , demeures, lés claufes extraordinaires , s'il s'en trouve pour la fignature des actes , le tems auquel la Société doit commencer ôc finir. La Société n'eft réputée continuée , s'il n'y en a un acte par écrit enregiftré & affiché. Les actes qui portent changement d'Aifociés, nouvelles ftipulatiohs ou clau-iès pour la fignature » doivent également être enregistrés Ôc publiés. Ces ftipu-lations ne peuvent avoir lieu que du jour de la publication. Tous les Afiociés font obligés folidairement aux dettes de la Société , quoiqu'il n'y en ait qu'un qui ait figné , pourvu qu'il ait ligné pour la compagnie ôc non autrement. Ceci n'a pas lieu pour les Afiociés en commandite ; ils ne font obligés que jufqu'à la concurrence de la fomme portée par le contrat. Dans la vue de favorifer le commerce & les Commerçans , la même Ordonnance veut qu'il foit inféré dans toutes les Sociétés une clau-fe , par laquelle les Afiociés fe foumettent à des arbitres pour déterminer leurs con-teftations. Si la claufe a été ebmife , l'un des Aifociés en S O peut nommer, ôc au refus des autres le Juge en nommera d'office. Société d'agriculture , de commerce & des arts , établie par les Etats de Bretagne. L'Etranger nous avoit depuis long-tems donné l'exemple d'une pareille allociation. L'Irlande , comptée autrefois parmi les contrées les plus ftériles , eft devenue très-floriflante , parce que des Particuliers animés d'un zèle patriotique, fe font réunis , pour aider de leurs biens l'induftrie naiifante , pour éclairer de leurs confeils l'ar-tifan laborieux , pour répandre parmi les cultivateurs les expériences du naturalifte , & l'émulation , ce puiffant mobile des grandes entre-prifes. Si les Bretons n'ont fait que fuivre la trace qui leur avoit été indiquée par les Irlandois , ils auront du moins la gloire d'avoir les premiers en France formé une allociation , dont nos rivaux retirent de fi grands avantages. Sa Majefté toujours attentive à ce qui peut contribuer au bien de fon Pvoyaume , a , par un brevet du to Mars 1757 , autorifé cette fociété comme un éta-bliffement,dont l'objet ne peut êtte que fort utile à la province ç> à l'Etat. Ce brevet s o «on firme le règlement qui a été drefie pour fétabliffement de la Société. Comme cet établiflement intérelle toute la France, nous apporterons ici les articles de fon règlement. Article I. Les afiociés de cha que Evêchés'alfembleront dans la ville épifcopale, pour convenir du lieu , des jours d'afl'emblée , Ôc de Ja diltri-bution du travail. Art. IL Us pourront choifir pour lieu d'aflemblée le bureau de la commillion intermédiaire , en faire leur dépôt , éc fe fervir des Commis , en obfervant de ne déranger en rien le travail de cette commillion , ou choifir tel autre lieu qui leur conviendra. Art. III. Les alfemblées du bureau de Rennes pourront fe faire dans une falle de l'appartement de M. de la handelle , qui a bien voulu l'offrir. ^rr. IV. Ce bureau s'af-Jëmblera une fois par femaine i les autres bureaux feront invités de s'alfembler au moins deux fois par mois ; l'abfence de quelqu'un des membres ne doit point» empêcher ceux qui font à portée du bureau de s'y rendre , pour y fuivre le travail commun, On efpere que les ab- S O S$| fens dédommageront la Société , par un redoublement de leur travail particulier. Art. V. La liberté étant i'ame d'une pareille afiocia-tion, le premier point de cette liberté eft que chaque afibcié travaille fur la partie qui lui plaira davantage. S'il s'en trouve d'affez zélés pour les embralfer toutes, on délire feulement qu'ils féparent les différens objets, pour la commodité du travail ôc de la rédaction. Art. VI. L'objet des premières opérations des afiociés doit être d'examiner l'état de l'agiiculture , du commerce ôc des arts, de chercher avec foin les caufes de leurs progrès ou de leur décadence , les obftacles qui peuveut les arrêter , ôc les moyens d'y remédier. Art. VII. Chaque membre fera obligé de remettre au bureau de fon diocèfe , avant la tenue prochaine , un mémoire détaillé fur quelque partie de l'agriculture , du commerce ou des arts. Art. VIII. Tous les citoyens feront invités de remettre à Meilleurs les Afiociés des mémoires fur ces objets, ils feront reçus avec recon-noiffance. On aura l'attention d'en remercier les auteurs , ôc de faire connoî- 404 S 0 «re l'obligation qu'on leur a. Art. IX. Les Aflbciés de chaque Evêché auront un regiftre pour chaque objet ; ces trois regiftres demeureront toujours dans le lieu de dépôt , pour fervir d'inftruc-tion-On y inférera par extrait Jes mémoires, dont les originaux cependant feront con-fetvés i on enverra au bureau de Rennes, trois mois avant les Etats , les articles qui pourront mériter l'attention générale , ôr les Affociés de Hennés en formeront un corps d'obfervations propre à être préfenté aux Etats. Art. X. Indépendamment de la correfpondance qu'on exhorte tous les Affociés à établir entr'eux ; il convient pour la facilité du fervice , que le bureau de Rennes foit le centre de la correfpondance générale , d'où les obfer-vations intéreffantes qui y auront été adreffées , feront répandues dans la province. Article XI. Le but qu'on fepropofe eft d'étendre les connoifîances utiles ; les Affociés auront une attention particulière à donner à ceux qui les confulteront, des ré-ponfes fatisfaifantes. Article XII. Qur>nd une pratique aura été reconnue bonne, chaque Commiflaire * O s'attachera à la répandre dan! fon canton", en l'éprouvant lui-même , en engageant fes amis à la fuivre , ôc fur-tout en démontrant aux Laboureurs ôc Artiftes les avantages qui en léfultent. Article XiII. La Commif-fion fera chargée généralement de tout ce qui concernera dans la province l'agriculture , les Arts ôc le Commerce. Article XIV. Meilleurs les Afiociés font priés exprefle-ment de communiquer aux Etats prochains , les moyens qui leur paroîtront les pius propres pour perfectionner le préfent Règlement. Cette Société, comme l'on voit , a trois objets de fes recherches , l'Agriculture , le Commerce ôc les Arts. Cette carrière eft vafte , ôc ce n'eft qu'avec le concours d'un grand nombre de perfonnes que l'on peut efpérer de la fournir dans toute fon étendue. Auffi les Affociés qui ont déjà donné en 1760 un Corps d'obfei vatiens , invitent dans un avertiffement qu'ils ont mis à la tête de cet ouvrage , ceux qui aiment le bien public , à faire part de leurs lumières à une Société qui ne défire d'en profiter que pour les répandre. Les Afiociés chargés d'ob- s o feryer ce qui peut contribuer au bien commun, ne fe regardent en quelque forte , que comme les dépofitaires des inftructions , que fourniflent des citoyens animés comme eux par des fenti-mens de bienfaifance. Us ne fe croient cependant point difp enfés de faire eux-mêmes des expériences ôc des recherches ; ils donnent avec em-preffement des éelaircifle-mens aux perfonnes qui les confultent ; mais ils fçavent que le rétabliffement de l'Agriculture ne peut être leur ouvrage. Un fi grand bien fera le fruit des obfervations qui leur feront adreilées des différens cantons de la province , ôc la recompenfe du travail de la multitude. Ce fera donc exactement l'ouvrage du public , reveillé Ôc encouragé par les Etats. A l'égard des membres de la Sociécé , leur devoir, comme ils s'en expliquent dans l'ouvrage qu'ils ont publié , eft de joindre leurs obfervations à celles qu'on leur envoie i de répeter les expériences qui leur laiiferont des doutes ; d'en former un Corps dont les parties foient liées ; d'alfigner les principes qui doivent porter à faire de certaines entreprifes ou ea éloigner i de rendre compte de S O *oç leur travail aux Etats , ana que la province puifle par des encouragemens faire profpé-rer ce dont l'utilité eft reconnue, ôc employer fon" crédit pour faire ceffer les obf-tacles qu'une adminiftration ceconomique ne pourroit fur-monter. L'Agriculture eft l'objet qui intéreflè le plus les Affociés. En effet , comme ils l'obfervent eux-mêmes,qu'on abandonne l'Agriculture, l'Etat fera fans revenus ôc les fujets fans fubfiftance. Le Clergé privé de fes dixmes, aura à regretter ôc* la perte de fon plus riche patrimoine, ôc la douceur de le partager avec les malheuieux qui ne peuvent fe fuffire à eux-mêmes., La nobleffe qui jouit, ôc de grandes dixmes Ôc de vaftes domaines, ne pourra plus fe foutenir avec la dignité qui lui convient. le tiers Etat n'aura que d'inutiles pof-feîfions. Enfin les rentiers mêmes, cette claffe qui ne ■■ fubfifte que par le travail ôc les fueurs d'autrui, ne tarderont pas à tomber dans l'indigence. Pour profiter des lumières de ceux qui ont pris la meilleure méthode pour la culture des terres , ôc y ramener ceux qui s'en font écartés - ou qui ne l'ont jamais T iv i.o il l'a fondée gé-néreufement de fes propres deniers. Sa Majefté veut, pour marquer combien elle eft fatisfaite des Services im-portans ôc continuels du fondateur , que fon effigie foit empreinte , à perpétuité, furies prix ou grandes médailles que la Société diftribuera annuellement , ôc fur les jet-tons qui feront délivrés aux préfens dans les aflemblées. La médaille d'or de 400 liv. deftinée à l'Auteur de l'ou-vrage,qui remplira le mieux , chaque année , le fujet indiqué par la Société , aura d'un côté l'effigie de ion fondateur , ôc au revers la devife de la Société , fçavoir , les trois Génies de l'Agriculture, de l'Architecture civile ôc militais, qui confèrent debout entr'éux , avec la légende, Utilitati publicœ. ^ > Cette Société Royale invite tous ceux qui ont fait , °u qui fe propofent de faire des recherches fur les objets de fes travaux , de les adref-feràlVietz à fon Secrétaire. Nous fouhaiterions que parmi les Sociétés qui s'adonnent à des objets cecono-roiques , il y en eût une qui s'occupât à raffembler, fous ton même point de vue , les idées neuves & intéreflantes répandues dans les bons écrits qui fe publient fur le commerce & les arts , tant en France que dans les pays étrangers. Il feroit également important d'avoir une analyfe ex-ut e Se fuivie de tous les mémoires manuf-crits Se imprimés, dont l'objet eft de perfectionner les manufactures ou d'étendre le négoce. Les nouvelles découvertes n» pourroient y être dér.ni!iées avec trop d'exactitude. Le Rédacteur aidé des lumières de fes Affociés, 1ndiqueroit, autant qu'il eft Poffible , le point d'où l'on eft parti , & le chemin qui refteà faire. Que de travaux futilement répétés ! Que de tems perdu pour l'avancement de nos connoiflances , parce que rarement les ar-tiftes ont rendu publics leurs SO *99 eflais,parce qu'ils n'ont point eu d'archives pour y conff-gner leurs tentatives toujours précieufes , peut - être aufli parce qu'ils ont manqué des fecours néceffaires pour rédiger leurs idées ; fecours que la Société leur offriroït , Se qu'elle ne manqueroit pas de regarder comme un des objets les plus eflentiels de fon travail / De femblables mémoires ne devroient - ils pas accélérer d'autant plus la marche du génie inventeur , Se les fuccès du Fabriquant laborieux , 'que connoiffant le terme d'où l'on doit partir , il gagnera le tems qv.e l'on perd toujours à parcourir les mêmes fentiers ? Cette Société pourroit même efpérer par la juftice qu'elle rendroit aux travaux des articles , par l'annonce favorable qu'elle feroit de leurs découvertes , de répandre parmi eux cette émulation fi néceflaire pour en obtenir de nouvelles. SOIE. Fil doux luftre, & extrêmement délié , qui eft l'ouvrage d'un vers ou d'une efpéce de chenille. Ce vers eft originaire de Perfe , ou du moins c'eft de cette riche contrée que nous font venus tous ceint que l'on a eus depuis en Europe ; mais ce n'eft que bien tard que l»s vers à foie ont été* connus en France , & que leur dépouille y a été filée pour êtie employée dans nos manufactures. On diftingue plufieurs efpéces ôc qualités de foies, relativement aux différens apprêts qu'elles peuvent recevoir. La foie grege eft la foie telle qu'elle eft tirée de def-fus les cocons , avant que d'avoir été filée , ou qu'elle ait fouffert aucun autre apprêt. On l'appelle aufli foie en mataffe. La majeure quantité de cette foie nous vient du Levant par pelottes ou en maffes. La foie crue eft une foie tirée de deflus les cocons, ôc que l'on dévide fans Ja faire bouillir. Les plus belles foies crues nous font apportées des pays étrangers , ce n'eft pas qu'on ne recueille de très-belles foies en France ; mais les plus beaux & les plus parfaits cocons font filés ôc dévidés à l'eau bouillante , Ôc c'eft des moindres ôc de ceux de rebut que l'on tire les foies cruées. Dans le Levant au contraire il ne s'y fait aucun filage ou dévidage au feu. Ces foies nous font envoyées enpelottes ou en maffes , telles qu'elles font tirées de deffus les cocons i on SO ne les diftingue que par leurs qualités, de fines, de médiocres ôc de grofles. Comme Ton a nommé foies crues les foies qui n'ont pas pafiées au feu, on a appelle foies cuites celles que l'on a fait bouillir, pour en faciliter le filage ôc le devi. dage. Ce font les plus fines de toutes les foies employées dans nos manufaclmes. On en fabrique ces beaux ouvrages de rubannerie , ôc ces riches étoffes , comme velours , fatins , damas , taffetas , qui foutiennent avec tant d'éclat, dans les marchés d'Europe, la concurrence de l'Etranger. ' Il y a une autre forte de foie cuite que l'on appelle auffi foie décreu/e fage des tabriques , que celle qui nous vient du Levant* Leurs foies ouvrées peuvent paroître uès belles à la vue ôc au toucher ; mais elles font pour l'ordinaire d'un fi mauvais devidage , ôc le déchet en eft fi confidérable t qu'on leur préférera toujours les organcins d'Italie ôc de Sicile. On fait cependant qu'el-qu'ufage en France des foies de Sina , qui font du nombre des foies de la Chine. Elles entrent Spécialement dans la fabrique des gazes. Depuis quelques années toutes les Nations de l'Europe travaillent à s'exempter de la dépendance , où elles font refpecvtivement pour la récolte de la foie plufieurs Etats de l'Empire , la Prufle, le Dannemarck ont des mûriers. Ceci détruit l'opinion de ceux qui penfoient que l'étabjiflement ^tabliflement des manufactures de foie, n'étoit praticable que dans les pays chauds. L'Efpagne a enfin ouvert les yeux fur la perte que lui c*ufoit la négligence de fes manufactures, & depuis vingt ans cette Puiflance a repris la foie en confédération. Les Anglois travaillent à s'en Procurer dans plufieurs de leurs colonies. U n'y a point aujourd'hui en France de province qui n'ait un nombre plus ou moins confidéra-We de mûriers. Plufieurs §rands chemins en font bores , ôc le Gouvernement a veillé à ce qu'il y eût des pépinières de mûriers toujours fubfiftantes , afin d'en délivrer gratuitement à ceux qui en veulent cultiver fur leurs "terres. Quoique cet établifle-ment ne fafle encore que de aaître , cependant plufieurs Kégocians habiles ont calculé que la fomme de nos récoltes en foies peut déjà égaler celle que nous achetons de l'étranger pour alimenter nos fabriques. Les Etats de la balance du commerce portent celle-ci à plus de dix mille quintaux , qui Bous coûtent près .de trente aillions ; ainfi voilà déjà une fomme prefqu'aufli confidé-rable que nos plantations hous valent. Que ne pou-Tome If. Vons-nous pas encore efpérer4 fi cette matière première t néceflaire à nos fabriques s ôc dont ia culture peut être d'un grand fecours pour les laboureurs , elt protégée de plus en plus par le Gouvernement ? Nous ferons mention ici avec plaifir de la manufacture de foie nouvellement établie dans la ville d'Auch. La foie doit y être apprêtée , depuis la naiflance du ver qui la produit, jufqu'à l'entière perfection des étoffes. Il y a très peu de tems que cette manufacture eft fur; pied , ôc déjà l'on voit dan» les grands bâtimens , qui lui font deftinés, plus de vingf métieis montés en grofles ÔC petites étoffes de foie. Feu M. de Réaumur avoie autrefois effayé de rendre les araignées utiles aux Fabriques , ôc de tirer de leurs toiles une efpéce de foie. Mais après quelques expériences on a reconnu que ces infectes font ennemis de toute Société. Les araignées que M. de Réaumur avoit raifemblées fortoient à chaque inftant de leurs cornets , pour aller attaquer leurs voi-fines ,■ ôc moins foigneufes de perfectionner leur befogne , qu'avides de s'entre dévorer „ elles forçoient cet habile Na-turalifte de veiller fans cefig V 5oG* S O fur elles , s'il ne vouloit tout perdre en un moment. Une expérience qui a mieux téuffi a appris aux Italiens à mettre en oeuvre le fil que donne une forte d'huître nommée matre - perla. Cette huitre qui a la figure d'une amande , ôc dont la longueur eft d'environ un pied , tient aux rochers par un cartilage , ôc par des fils qu'elle en détache quand elle veut changer de demeure. Ces fils font tout l'objet de la pêche , ôc deviennent une foie propre à diverfes Fabriques. Des milliers de buccins péchés dans la mer de Tyr donnoient à peine quelques onces de pourpre , teinture refervée autrefois pour les Souverains : il faut des millions d'huitres à foie pour fabriquer une paire de bas. Rien n'égale aufli la déli-catefle de ce fil unique en fon genre. Nous ajouterons , d'après un très-bon mémoire hiftorique fur la foie , que le fil de ce poiflbn teftacé eft fi fin , qu'on peut fans peine renfermer dans une tabatière d'un médiocre volume une paire de bas qui en fe-roient fabriqués. En 1754 on préfenta au Pape régnant de ces mêmes bas , qui malgré leur finefle extrême ga-rantiffoient la jambe du froid ST &du chaud. On pêche béas-coup de ces huitres à foie près de Tarente , ville de la Calabre ôc fur les côtes de Sicile. Palerme , ainfi que Tarente ont des Manufactures occupées à mettre en œuvre les fils de ces tefta-cées. SOUVERAIN d'or des Pays-Bas. ( le 1 Fabriqué eft fixé par un Edit de la Reine de Hongrie du 19 Septembre 1749 à 7 florins 13 fols de change , ôc à 8 florins 18 fols f courant, eft au titre de ix karats, ôc de la taille de 44 f*, au marc poids de Troye. Il pefe 116 as , ou 104 grains poids de France. Cette monnoie vaut 16 livres 8 fols neuf deniers de France. STOCHOLM. Ville marî-me, capitale du Royaume de Suéde dans l'Uplande. Son port eft vafte ôc fur ; mais incommode pour les vaiffeaux qui viennent du Nord, parce qu'ils font obligés avant que de pouvoir y entrer, de faire un trajet de plus de 10 lieues entre des rochers. C'eft dans cette ville que fe fait prefque tout le commerce de Suéde. Voy. Suéde. Les Négocians tiennent leurs livres à Stockholm en dalers 6k oers de cuivre. Le daîer de cuivre vaut 31 oers, ou 4 marcs. Le marc de cuivre 8 oers. Les Anglois & les Hollandois font ceux qui font le Plus de commerce en Suéde. Suivant le cours le plus ordinaire du change, Stockholm donne à Amfterdam 36 marcs de cuivre pour une rixdale courante , à 40 jours de date; à Londres 40 dalers de cuivre , pour une livre fterling , à 45 jours de date. Les lettres fur Stockholm font à jour certain , & ont fix Jours de faveur ; mais à défaut de payement , il faut faire protefter avant la fin du fîxieme jour. Il y a deux banques dans cette capitale. La première, eft appellée Banque de change : on lui porte toutes fortes d'efpéces courantes. Elle en donne la valeur en billets de banque qui font reçus, uon-feulement en payement des lettres de change , mais aufli en payement des marchandifes. L'autre Banque eft nommée Banque d'emprunt* Après les efpéces d'or , d'argent & de cuivre du pays, celles que l'on voit le plus circuler dans le commerce , iont les ducats, les écus ou *ixdales de Hollande , les al-berts ôc les roubles de Ruf-6e- Le prix de ces efpéees S T 3Qf étrangères eft réglé. Il y a deux poids à Stockholm , le poids des marchandifes & le poids des métaux ï le poids des marchandifes eft de i$ pour roo plus fort que celui des métaux. On eftime que 100 livres de Paris 8c d'Amfterdam en font environ x17 un quart de Stockholm, poids des marchandifes. Suivant ce rapport 100 livres de Stockholm , poids des métaux, ne doivent faire que 68 livres un quart ou environ de Paris ôr d'Amfterdam. A l'égard des mefures de longueur , 100 aunes de Paris en font 199 à Stockholm f & 100 de cette même ville 50 'g à Paris. Le laft , mefure pour les grains, eft de 13 tonnes , qui font 19 fetiers de Paris. STRASBOURG. Ville de France , capitale de l'Ai face. Elle eft fituée fur la rivière d'IIl, qui la traverfe près du Rhin- Il s'eft établi depuis quelque tems dans cette capitale une très-bonne Manufacture de fayence , ôz une autre d'acier de fonte , qui eft aufli eftimé que celui que l'on tire d'Allemagne ôc de Suéde. Pour le furplus de fon commerce. Voy*\ Al-face Les Négocians de cette Vij S T viile tiennent leurs écritures en livres, fols & deniers , qui fe fomment par io ôc par is. Les efpéces étrangères n'ont point de cours à Strasbourg , ainfi que ^ans tontes les autres villes de France. Les vieilles efpéces y font pareillement détendues , elles doivent être portées à la Monnoie conformément à l'Arrêt du Confeil du 15 Juin J7»cî. Depuis quelques années on a fixé dans cette ville l'ufance des lettres de change , tirées de l'Allemagne ôc de France; les premières ont 15 jours de vue , les autres 30 jours de date. Les lettres ne jouiiTent d'aucun jour de faveur , ou fi par condefcendance le porteur en accorde dix au payeur , il doit à défaut de payement faire protefter le dixième jour. La livre de poids de Straf-bourg , en ufage pour la vente des marchandifes en détail, eft compofée de 16 onces, qui n'en font que 15 \ du poids de marc , ainfi 100 de ces livres n'en font que 96 Ôc ^ de Paris , ôc 100 de Paris 103 ôc du petit poids de Strasbourg. Le gros poids on le quia- S U tal eft un poids de ro4 livres il revient à 100 livres 1 de Paris, ôc roo livres de*Pa-ris en font feulement 99 » ce même quintal à Straf-bourg. L'aune eft la même que celle de Paris, ainfi elle a j pieds 7 pouces 8 lignes. Les huiles fe vendent à Strasbourg au poids ou à. U mefure. La mefure pour le vin fe divife en 48 pintes , ou en 14 pots, appelles vieux pots, qui font au tour de 58 à 60 bouteilles ordinaires On ef-time que 5 mefures ôc 10 pots , qui font 140 pots , font égaux au muid de Paris, ou à 188 pintes de cette même ville. Le bled ôc les autres grains s'achètent au fac ; le fac contient 6 boiflèaux , ôc pefe 175 à 180 livres petit poids. SUCRE. Liqueur ou fuc extrêmement doux ôc agréable , exprimé de cette forte de cannes ou rofeaux que l'on appelle cannes à fucre. Cette liqueur épaiflie ôc blanchie par le feu, eft aflez fem-blable au fel congelé ôc durci. Le fucre eft fans contredit le meilleur préfent que l'Afie ôc l'Amérique falfent à l'Europe. 11 y a différentes fortes de fucres, parce qu'il su y a différentes manières de le préparer. Le fucre Royal eft le plus fin , le plus blanc & le plus cher. Douze cens livres de fucre raffiné ne doivent produire que fix cens livres du fucre Royal ; aulfi la plupart des Raffineurs 6k des Marchands font-ils pafler le plus beau fucre raffiné pour fucre Royal. Le fucre caflbnade eft une efpéce de fucre qui n'a pas eu fa dernière façon , 6k qui n'a point paflé par raffinage. Les Portugais du Bréfil font les premiers qui l'ont apporté en France. Comme ils le livroient dans des caifles qu'ils appelloient cafles, on lui a donné le nom de caf-fonade. On la vend en poudre 6k en morceaux. La p^us blanche, 6k celle dont les morceaux font les plus gros, eft la meilleure. La caflbnade fucre davantage que le fucre en pain , mais elle fait bien plus d'écume. On appelle fucre-candi du fucre que l'on a fondu 6k recuit a diverfes fois pour le rendre tranfpatent 6k plus dur. U y a du fucre-candi blanc, 6k du fucre candi rouge. Avant que l'on eut établi des raffineries aux Ifles , la plupart des fucres bruts qui S U 30e venoïent en France , fe raf-finoient à Rouen , à Dieppe , à Orléans, ôkc. Prélentement la majeure quantité de ces fucres arrivent tous raffinés. De ceux qui fe raffinent encore en France , les fucres des affinages'd'Orléans paf-fent pour les meilleurs. C'eftr peut-être une faute commune aux Anglois 6k aux François , d'avoir fouffert des raffineries de fucre dans les colonies qui le produifent. V* Colonies. II fe fait en Hollande un commerce très-confidérable de fucres de toutes fortes, fpécialement des Indes Orientales , du Bréfil , des Barbades , de Saint-Domingue , d'Antigoa, de la Martinique , de Surinam. Quoique le fucre du Bréfil ne foit pas aulfi blanc que celui de la Jamaïque , des Barbades , de Saint-Domingue : cependant il leur eft préféré par quelques-uns , paice qu'il eft plus gras, plus huileux. En général le meilleur lucre eft folide , léger , extiême-ment blanc 6k doux , fon-nant, brillant comme Ja neige , dur » non fpongieux , 6k il fe fond promptement dans de l'eau. Les Anglois on fait des profits immenfes fur cette denrée > mais leurs Colonies Viij JTO S U à fucre ayant naturellement un terrein peu profond, font actuellement ufées , ou du moins cette denrée y eft de moindre qualité , ôc ne leur rapporte plus tant, parce que nous avons mis nos Colonies en valeur. Ces Colonies , Spécialement celles de ]a Martinique ôc de la Guadeloupe , fourniflent prefque tout le fucre qui ie conlom-me dans les Echelles. 11 en yafle en caflbnade ôc en pain. Ce dernier fe débite avec avantage en perfe , quand le commerce de ce Royaume n'eft point troublé par les guerres. Le printems eft la faifon la plus favorable pour la vente de cette denrée>par-ce que c'eft alors que les Turcs font leurs conferves de rofe, de fleur d'orange, de mauve , de violette i la plupart de leurs confitures de limons , de feorfonaire, Le lucre qui vient d'Egypte par la voie du Caire, pourroit faire beaucoup de tort à celui de nos Colonies s'il avoit la m<"-me apparence , à caufe qu'il paffe pour être plus doux, plus agréable que celui de !' Amérique. La confommation fucre peut encore augmenter au Levant, & elle augmente effectivement dépuis que les gens du pays , qui avoient le plus de répugnance à mettre SU du fucre dans leur caffé, commencent à y prendre goût. Cette denrée eft du nombre de celles qui s'échangent au Levant. SUEDE. Royaume dans la partie Septentrionale de l'Europe , dont la capitale eft Stokholm. Y. Stokholm. Ce n'eft en quelque forte que denuis la mort de Charles Xll , que les Suédois ont commencé à avoir un commerce réglé. Ils feront convaincus , par leurpropie expérience , que les armer? fans le fecours du trafic n'eft plus un moyen de s'aggrandir. Leur Compagnie des Indes fait de jour en jour de nouveaux progrès i & le Gouvernement ne celle de prendre les mefures les plus favorables pour encourager l'agriculture , l'œconomie ruftique ôc les fabriques. Les brebis Suedoifes commencent à donner une toifon meilleure & plus fine ; ôc les Suédois tirent aujourd'hui moins de bleds de l'étranger qu'autrefois. Mais Je fel ôc le vin leur manquent Toujours i c'eft la fiance qui leur fournit ces denrée* , afefi que des eaux-de-vie , du vinaigre , des fruits de Provence , quelques merceries, des toiles, des fucres, du papier , des étoffes d'or t su ^'argent ôc de foie. Il n'y a eue la Cour qui faife ufage de ces étoiies. H fe fait eu Suéde une plus grande confommation de draperie. Les Anglois Ôc les Hollandois y en débitent beaucoup de leur Fabriques. Ces derniers leur donnent aulfi des épiceries. Les droits fur ces marchandifes étrangères qui entrent dans Stockholm font ex-cefijfs. La confommation , pour cette raifon, n'en eft pas aufli coniidérable qu'elle pourroit l'être. 11 >' a néanmoins à ce fujet un ufage aflez judicieux i c'eft que les droits ne fe payent qu'à mefure que les marchandifes fe vendent. Si on ne trouve pas à s'en défaire , on peut les remporter fans éVtjre tenu que d'acquitter un droit lort léger. Les principales marchandifes que l'on exporte de Suéde , confiftent principalement en cuivre , le meilleur de l'Univers , en fer , en plomb , en ma«S de vaiffeaux , en poix-réûne. Les Hollandois ont mis eu quelque iorte ce commerce dans leurs mains , par les grandes avances qu'ils ont fut aux Fermiers des mines de cui-Vre> ôc au:c Marchands de brai ôc de goudron. Ces mar-chiiadifes leur reviennent SU jn même à fi bon marché, qu'on en trouve dans les magafins d'Amfterdam à aulfi bas prix que les étrangers les achete-roient à Stockholm. Les Suédois avoient autrefois obtenu du Danemarck des privilèges pour le paiTa-ge du Sund i mais par Je traité qu'ils conclurent en 17:0 avec cette Puiflance, ils fe font fournis dans le paf-fage du Sund ôc du Belt aux mêmes contributions que les Anglois, les Hollandois, ou la Nation la plus favorilée. Par le Traité d'Elbing conclu entre la Suéde ôc les Provinces-Unies le 11 Septembre 16$6", il étoit convenu que les Hollandois ne payei oient pas des droits plus coniidérables dans les ports de Suéde que les naturels mêmes du pays. Cette ciaufe, fort fimple en ejle-même , fit naître des difficultés. Les parties s'aflembleient à Elfî-gneur pour pie venir une rupture , ôc il y fut convenu que les Commerçans des Provinces-Unies feroient traités comme les Suédois à raifon de leurs marchandifes , mais qu'ils payeroient un pour cent de plus à raifon de leurs vaifleaux. Cette fubtilité Satisfit les Suédois Ôc les Hollandois , qui avoient également intérêt de ne pas 10m-V iv 3*i SU pre. Ceux-ci convinrent encore qu'ils déclareroient le prix des marchandifes qu'ils porteroient en Suéde, ôc que le Roi les pourroit prendre pour fon compte , en ajoutant un cinquième en fus au prix déclaré. Traité de la Haye du 28 Juillet 1667. Les fujets de Suéde ôc des Provinces - unies commerceront librement/ôc jouiront les uns chez les autres des privilèges accordés aux Négocians des autres Fuif-fances. Art* 4. Convention de commerce de la Suéde avec les autres Puiffances. V. Grande-Bretagne , Pologne , Mofcovie. SUIF. Graillé fondue Ôc claiifiée que l'on obtient de différens animaux. Il y a bien des fortes de fuifs en ufage dans la médecine , Ôc dans les arts pour la compofition des favons , pour la préparation des cuirs. Mais ceux dont on fait le plus grand commerce, font les fuifs de mouton , de brebis , de bœuf Ôc de vache , parce qu'ils fervent à la fabrique de la chandelle. Les fuifs de brebis Ôc de mouton que vendent nos bouchers de Paris , font avec raifon préférés à ceux des différentes provinces du Royaume ôc des pays étrangers. Comme on les SU expofe dans une place otî marché defliné à ce négoce, on les a appelle fuifs de place. Ils fe débitent par pains , ou maffes rondes en forme de tymbales. On demande que ce fuif foit blanc , clair ôc ferme. Quand il eft mélangé avec celui de bœuf, il eft d'un blanc jaunâtre. Ce dernier doit être nouveau, blanc , quoiqu'un peu jaunâtre ôc fans mauvaife odeur. Les pays étrangers nous four-niffent de ces différens fuifs, qui font bien inférieurs pour la qualité à ceux de place, ôc à ceux de marque que l'on tire de Hollande. Ils viennent en futailles de différens poids. Les fuifs font une des principales exportations de l'Irlande. Il nous en vient aufîi de Pologne par la voie de Dantzick, ôc de Mofcovie par la voie de Hambourg ; mais ces derniers font peu eftimés, parce qu'ils ont pour Ja plupart une odeur trop forte. SUISSE. Pays d'Europe , borné au Nord par Ja Sunt-gaw , la Forêt Noire ôc la Suabe ? au Midi, par la Savoie ôc l'Italie ; au Levant t par le TiroUôc au Couchant , par la Franche-Comté. La République des Suiffes eft compofée de treize cantons ; ou plutôt ces treize cantons su font autant de Républiques , qui ont chacune leur Gouvernement particulier fie indépendant. Mais ces cantons par leur union ne forment qu'un Corps , que nous con-noiffons fous le nom de Suif-fe, ou Corps Helvétique. Ce pays eft fort montagneux , ôc peu fertille , excepté dans les vallées où il y a dexcellens pâturages qui nourriflent beaucoup de bef-tiaux , dont la Suifle fait un grand commerce. Indépendamment du bétail blanc , on tire de ce pays des chevaux qui font très-propres pour la cavalerie ôc le fervice de l'artillerie. Les autres marchandifes delà République, confident en laines , fromages , bois de charpente ôc de conftruôftton , petites étoffes de laine , toiles de coton que les Suiffes reçoivent en blanc de Hollande, ôc qu'ils impriment chez eux, à très-bon compte. Ce travail cecono-mique eft la principale ri-cheffe du pays. Les Suiffes n'entrent point en concurrence avec les Fabriquans des Nations voifines , pour la beauté du travail ôc la perfection de la main-d'œuvre ; mais ils s'appliquent à copier toutes les petites fabriques qui ont quelques fuccès. Ils parviennent à répan- su m dre ces fabriques par - tout, parce qu'ils les exécutent en moindre qualité , il eft vrai, mais à bien plus bas prix. Cette Nation pauvre , mais fage , & qui connoît tout le prix de la liberté ôc de la paix dont elle jouit, eft moins occupée a reculer fes limites, qu'à rendre fes citoyens heureux. On ne voit point les Suiffes s'endetter pour acquérir des poffelfions qui n'a-jouteroient rien à leur bonheur ; mais plus éclairés fur leurs véritables intérêts, ils s'appliquent principalement à donner au terrein qu'ils poffedent toute la fertilité poffible. Il vient de fe former dans la ville de Berne une Société , qui a pris pour objet de fes recherches ôc de fon zèle , tout ce qui a rapport à l'œconomie ruftique. Cette Société propofe tous les ans , pour fujet de deux prix , deux queftions relatives à la cultivation. Bafle , Saint-Gai font au nombre des principales villes de commerce delà Suiffe. Voy. Bajle , Gdl. {St.) • La ville de Lyon a accordé les plus beaux privilèges aux Négocians Suiffes. Voy. Lyon. Conventions de commerce. Les Suiffes font fenfés reg-nicoles en France » ils ne fe- ?i4 S U ront Sujets ni au droit d'aubaine , ni a celui de traite-foraine. Les François jouiront des mêmes privilèges dans les louables Cantons. Le commerce fera libre en-tr'eux. Les Négocians de partôtd'autre pourront tranf-porter l'or & l'argent mon-noyé qu'ils auront reçu pour Je prix de leurs marchandifes i pourvu néanmoins qu'ils faftèrit leurs déclarations , Ôc qu'ils prennent des pafi'e-ports , afin d'éviter les abus. C Traité de Soleure , du 9 Mai 1715 entre Louis XIV d'une parc ôc les Cantons Catholiques de la Suifle , ôc la République de Valais de l'autre , art. 14 , 15 ôc 16. ) Comme la défenfe de faire fôrtiries efpéces d'or ôc d'argent a été générale dans tous les £tats , il a fallu des traités de commerce pour permettre cette fortie. Nous avons expofé à l'article Ef-jrcceSyCC que Ton devoit pen-fer fur ce principe de l'ancien fyftême politique. Voy. Efpéces. SU M A CH. ArbriiTeau gommeux > dont la feuille eft longue , rougeâtre Ôc dentelée ; il produit une forte ce petits raifins rouges , d'une qualité aftringente. Ses feuilles fervent aux Tanneurs pour préparer leurs SU maroquins ôc quelques autres peaux. Voy. Maroquinerie. Les Teinturiers emploient aulfi les feuilles & les jeunes branches de cet arbrifl'eau pour teindre en verd. Le meilleur fumach , pour cette opération , eft celui qui eft verdâtre ôc nouveau. On en cultive dans plufieurs provinces de France ; mais celui qui eft le plus recherché , nous 1 [eut de Portugal. , SUMATRA. Ifle de la mer des Indes, féparée de celle de Java par le détroit de la Sonde. Elle eft partagée en plufieurs Royaumes i Achem eft le plus commerçant ôc le plus puiuant. Sumatra a de bons pâturages , des terres fertiles en grains , des mines d'or ôc d'argent. On y recueille aufli des épiceries , ôc furtout une grande quantité de poivre. La Compagnie des Indes orientales des Provinces - Unies qui a des comptoirs ôc différentes places fortes le long de cette ifle , s'eft toujours maintenue dans la poiTeflion de ce trafic ; elle s'eft même obligée de prendre tout le poivre de Sumatra à un certain prix. On eftime qu'elle en tranfporte tous les ans en Europe environ trois millions de livres ; les autres s u ■marchandifes qu'on tire de Sumatra , confident en or, en argent, cuivre , étain , eamplne , benjoin , cire, , pierres précieufes , c & les Fermiers généraux , à qui la vente ex-elulive du tabac eft accordée, en achètent pour des fomme s confidérablcs des Anglois. Les François feront peut-être tentés un jour de recueillir par eux-mêmes une denrée devenue fi néceflaire. La Louifiane , pays immen-fe ex très"-fertile , leur donne les plus belles efpérances pour la récolte de cette plante. Son tabac a été trouvé très-gras , très-ondueux i il a d'ailleurs une féve & un montant fort agréable : mais la Louifiane n'a point , ou très-peu de Nègres , & fans eux point de culture. Ce n'eft que depuis que l'on a favorifé le tranfport de ces Efclaves noires dans la Virginie & dans le Maryland , que l'Angleterre a commencé à jouir de cette branche utile de commerce qui s'étend de plus en plus. On a fupputé en 1750 que la Virginie & le Maryland pcu-voient envoyer en Europe jufqu'à cent mille boucauts de tabac par an ; l'Angleterre en retient la moitié pour fon ufage , l'autre moitié réexportée dans plufieurs contrées d'Allemagne , en Norvège , dans la Baltique, eu Hollande , & en France principalement , enrichit annuellement la Nation d'une fomme de quatre cens mille livres fterlings, ou de neuf millions deux cens mille livres tournois. On tire aulfi de l'Italie, de l'iile de Malte, du Levant, des côtes de Grèce ôc l'Archipel plufieurs fortes de tabac. Celui qui eft en corde doit avoir une coupe telle , luifante , une odeur agréable , ôt être de bonne garde. TABIS. Taffetas ondé , dont la chaîne & la trame font plus fortes que celles des taffetas ordinaires. Cette étoffe reçoit de la calande fes ondes ou les apprêts qui la dif-tinguent. Le cylindre en pref-fant diverfement Ôc en feus contraires les poils du tabis , leur donne une furface inégale ; ôt c'eft ce qui produit fur l'étoffe ces différentes réflexions de lumière, où ces divers Allons de luftre qui fem-blent fe fucceder comme des ondes. TAFFETAS. Etoffe de foie très-fine , très-Iégere , très-ferrée. Elle diffère du fatin, en ce que dans cette dernière étoffe la marche ou la partie inférieure du métier ne fait lever qu'une partie de la chaîne , au lieu que T A Ji7 dans le taffetas elle fait lever la moitié de la chaîne , Ôc alternativement l'autre moitié , pour faire également Je corps de l'étoffe. Voyez Satin. Il y a bien des fortes de taffetas, mais qui différent principalement par la com-binaifon des couleurs ôc la variété des defleins. On fabrique des taffetas pleins ou unis, des taffetas rayés d'autres qui font glacés chan-geans , à fleurs , à carreaux. II y a aufli des taffetas chinés qui font très - recherchés , quand ils réunifient l'agrément du deflein ôc la vivacité' des couleurs Voye\ Chinée» ( étoffe. ) Les plus beaux taffetas qui fe fabriquent en Europe fartent des manufactures de Lyon & de Tours. Ce font les Lyonnois qui les premiers , ont fçu donner aux taffetas ce luftre & cet apprêt qui en font la principale beauté. Il fe fabrique aux Indes bien des fortes de taffetas , mais nullement comparables aux taffetas de France pour la folidité de l'étoffe, & la perfection de la main-d'œuvre. Les Orientaux , les Chinois principalement font des efpéces de taffetas avec une foie qu'ils tireut de différen- gio TA coup de tamarins. Ils font des efpéces de pains avec ce fruit, après en avoir ôté le noyau Ôc les grappes , Ôc s'en fervent communément pour étancher la foif. Le Languedoc compte auffi Je tamarinier parmi fes autres aibriifeaux utiles en médecine. Le tamarin du Languedoc réunit à fa qualité aftringente, celle d'être un excellent fébrifuge. Les Hollandois qui lui ont reconnu ces propriétés , le fubfti-tuent à celui du Levant. Les fruits du tamarinier accommodés avec du fucre , donnent une confiture qui n'éft pas défagréable, ex dont l'on pourroit faire ufage dans bien des circonftances. TAMARIS. Arbre commun au Levant, ôc que Ton peut aufli regarder comme une production du Languedoc Le tamaris de cette province diffère néanmoins de l'étranger. 11 vient d'une moyenne hauteur ; il a les feuilles petites ôc étroite*. Ses fruits naiflent par grappes , ôc font d'une couleur noirâtre. On s'en fert en teinture , au lieu de noix de galle. L'écorce ôc le bois de cet arbre font de quelqu'ufage en médecine, parce qu'on les croit bons pour la guérifon des maux de rate. On doit TA choifir le bois de tamaris garni de fon écorce , fans odeur ôc d'un goût intipide. On fait avec ce bois de petits barils , des tafles , des gobelets , dans lefquels ceux qui font attaqués du mal de rate mettent le vin qui doit fervû à leur boiflbn. On obtient de ce bois, par le moyen de la diftillation, un fel qui fe montre fous la foi me de petits cryftaux blancs. Il fe nomme fel de tamaris. On lui attribue les mêmes vertus qu'au bois. H faut préférer celui qui eft fec Ôc le moins en poudre. Voy. iHiftoire générale des Drogues. TAN. C'eft le nom que l'on a donné à la poudre d'é-corce de chêne , qui fert à préparer les cuirs. Cette écorce eft réduite en grolfe poudre par le moyen des moulins à tan. V. Ecorce. Le tan, qui eft une marchandife fort commune en France , fe débite en écorce ou en poudre. On le vend à la botte , lorfqu'il eft en écorce ; ôc au muid, quand il eft en poudre. Plus il eft nouveau , plus il eft eftimé. Il retient pour lors tous fes fels, ôc il eft plus propre , par conféquent, à condenfer ou à refierrer les pores du cuir* Lorfqu'il eft ufé on en fait fait des mottes à brûler. TANNEUR. Artifan qui prépare les cuirs avec le tan ou ''écorce de jeunes chênes ftiife en poudre dans un moulin. On en pénètre les peaux plus ou moins, ôc on les dif-pofe par ce moyen à des fer-vices 6V à des utilités différentes ,dont la principale eft de demeurer impénétrables à l'eau. Les cuirs de bœuf, que l'on nomme communément cuirs forts ou gros cuirs, font ceux qui fe prêtent le plus à cette préparation. Les cuirs de vache , de veau , de cheval fe paflent en cou-drement ; c'eft-à-dire , qu'on les étend dans une cuve , où l'on a jette de l'eau chaude ôc du tan par deflus , pour les rougir ou coudrer , ôc pour leur donner le grain. Les Tanneurs ne donnent cet apprêt au cuir, qu'api ès l'avoir fait pafler par le plain,ou lorfque le poil ou la bourre en eft tombée par le moyen de ia chaux détrempée dans l'eau , 6k avant de le mettre dans la toflè au tan. Le Tanneur , dans la préparation de fes cuirs , au lieu du tan , fait quelquefois ufage du redon , qui eft une plante qu'on feme ea Gafco-gne , ôc qui eft très - commune dans la Ruflie Polo-noife. On s'en fert principa-Tome II. TA $** lement pour les bafanes , ou pour Jes peaux de béliers Se de moutons, que l'on veue préparer en manière de cuir tanné. Les gros cuirs , à la fortie des tanneries , font envoyés en croûte aux ouvriers qui emploient des cuirs durs g les autres font adoucis ôc aflbuplis par Jes mains du Corroyeur, qui-, après les avoir trempés,raclés, fouies, Jes imbibe d'huile de baleine. Cette huile par ion oncluo-fité eft piéférable à toute au* tre pour cet effet. Ces cuirs, ainfi préparés , font mis en œuvre par les Cordonniers ôc les Bourreliers. Ceux-ci en font les impériales , les côtés des carroifes , Jes harnois, Ôc toutes les pièces qui , en ré-fiftant à l'eau ôc à des efforts continuels, doivent cependant fe prêter , foit pour prendre une belle forme, foit pour faciliter le mouvement par leur obéiflànce. Les Tanneurs forment h Paris une Communauté, dont les premiers Statuts remontent à l'année 134$. Comme dans ces Statuts il y a plufieurs articles qui intéreflènt la police ôc le commerce , on les a rendu communs à toutes les Communautés de Tanneurs des autres villes du Royaume, *" Art TAPIS. Couvertures de foie ou de laine travaillées à l'aiguille ou fur Io métier. Les Babyloniens , fuivant l'Hiftoire ancienne , ont excellé dans ces fortes d'ouvrages , ôc on les a loué de l'art infini avec lequel ils y repré-fentoient des figures de di-verfes couleurs. Ces tapis fervoient principalementpour les pieds ; c'eft encore aujourd'hui la pratique des Orientaux Ôc des Peuples du Levant. Les tapis de Turquie & de Perfe ont long-tems eu la vogue ; mais aujourd'hui les manufactures de France nous offrent des ouvrages bien fupérieurs, pour l'élégance ôk la correction du def-fein , le choix & la variété des différentes fleurs qu'on y repréfente. Nous ferons ici fur-tout mention des beaux tapis veloutés de la manufacture Royale , très - connue fous le nom de la Savonnerie. Pierre Dupont ôc Simon Lourdet fon Elève , peuvent être regardés comme Jes créateurs de cette manufacture , qui a enrichi la France de tapis fupérieurs à tout ce que le Levant a produit de plus beau. "Voy. Savonnerie. La façon de travailler les capis de Turquie , de Perfe & de la Savonnerie eft dif- T A férerrte de celle qui eft e* ufage pour les tapifleries de haute ôt baffe liffe. L'ouvrier qui exécute un tapis, divife ordinairement le tableau ou caiton qu'il doit imiter en un nombre déterminé de petits quanés i il en trace un pareil nombre fur la chaîne. C'eft par le fecours de ces quarrés Ôt de ces points cor-refpondans qu'il fuit plus facilement les traits ôt les nuances du tableau qu'il a devant les yeux. Dans ces tapis on laiflè déborder tous les fils de la trame \ ces fils font enfuite tranchés de fort près, pour en égaler leshoupes. On obtient par ce moyen un velouté d'une très-riche couleur & de longue durée. Les tapis de la manufacture d'Aubuffon méritent de tenir le fécond rang. Viennent enfuite les tapis de Moquette ; ceux-ci , quoique bien inférieurs aux premiers, font cependant recherchés, à caufe de leur bon marché. La moquette eft une forte d'étoffe veloutée qui fe fabrique fur le métier, à peu près comme la peluche. V, Peluche. TAPISSENDIS. Toiles, de coton , qui nous viennent des Indes. Elles font peintes & imprimées avec des planches de bois. Leurs couleurs TA ont de l'éclat & de la vivacité Comme ces toiles^font ^primées des deux côtés, °n en peut faire des mouchoirs , des tapis , des cour-tepointes.Les tapiifendis s'achètent à Surate. TAPISSERIE. Ce mot eft dérivé de tdpis , & défi-gne les pièces d'étoffes defti-nées à couvrir ou à parer les murailles des appartenons. Les Peuples feptentrionaux font les premiers qui ayent fait ufage des tapis , pour revêtir l'intérieur de leur maifon. En effet , dam nos climats les murailles font trop fraîches pour les biffer ' nues. Les velours, les fatins , les brocatelles , les étoffes de foie , les cuirs dorés , nous fervent fouvent de tapilferies ; mais on donne plus particulièrement ce nom aux ouvrages de haute & baife liffe. La tapifferie de baife liffe eft celle dont la chaine eft étendue horifontalement fur un métier fort bas, tel eft celui du Tifferand , & dont les lif-fes montent fit defcendent. La tapifferie de haute-liffe au contraire fe fabrique fur tin métier, où la chaîne s'élève debout vers le plancher de l'ouvroir i les lifles ou cordons qui font croifer les fils de la chaîne tour à tour, font au-deflus de la main de l'ouvrier. Quand cette chaîne eft montée , le Deffina-teur y trace devant ôt derrière les principaux contours des figures du tableau qu'il faut imiter. Le haut-lillier fuit ces traits en travaillant à l'envers , comme . dans la baife liffe. îl a à fes côtés fon tableau qui lui indique les fils de couleurs qu'il doit employer , pour donner à l'efpece de peinture qu'il entreprend le coloris qu'elle demande. Il lui eft libre de regarder de tems en tems fon ouvrage du bon côté » & fi les points altèrent les traits en prenant trop de place , il les preffe ôc les met en ordre avec une aiguille de fer qui ne touche que l'endroit défectueux. Le Bafie.lilfier eft plus gêné dans fon travail, il lui eft moins facile de regarder fon ouvrage du bon côté, 6c fouvent il eft obligé de fuivre , fans crayon , les traits du tableau qu'il a fous les doigts. U y a une troifieme façon de travailler , qui eft principalement d'ufage pour les tapis de Perfe , de Turquie ôc de la Savonnerie. Voye\ Savonnerie» Il y a beaucoup de pays où l'on fabrique des tapilferies ; mais il n'y en a point qui ayent des manufactures 3*4 TA qui puiffènt entrer en parallèle avec celle ries Gobelins. Depuis que le deflein eft en-feigne aux moindres ouvriers de cette manufacture , les tapilferies qui en fortent peuvent être regardées comme des chefs-d'oeuvres pour la correction du deflein, ^ fonte des couleurs, & la perfection de la main-d'œuvre. Les grandes pièces de tapilferies, que l'on a exécuté d'après les tableaux de M. de Troy & de plufieurs Peintres de notre Académie , furpaffent tout ce que l'on avoit vu de plus beau en ce genre. Les demi - teintes y font obfer-rées comme dans fes tableaux mêmes , ôc font naître dans l'ame du fpectateur cette illufion qui plaît , qui enchante. Les plus magnifiques teintures qui décorent les maifons des Princes font forties de cette manufacture. V. Gobélins. ( Manufacture Royale des ) La Flandre s'eft acquife beaucoup de réputation par fes tapifleries. On en fabrique aufli à Beauvais Ôc à Amiens,qui font recherchées. On a depuis peu eflayé dans cette dernière ville de fabriquer des tapifleries qui ne fuflent point fujettes à être rongées des infectes. C'eft «ne propriété qui peut les T A faire préférer à des tentures plus précieufes, furtont pour les ameublemens de campagne qui, expofés au grand air , font plutôt dans le cas d'être détruits par les vers ôc par les teignes. Tapisserie detonture de laine. Sorte de tapilierie faite de laine hachée , ou qui fç tire de deflus les draps que l'on tond. On colle cette laine fur de la toile , du coutil ou du papier. Voy. Toile veloutée , papier velouté. L'illulion que produifent ces fortes de tapifleries feintes , peut plaire un inftant ; mais l'humidité à laquelle elles font fujettes, la facilité qu'elles ont de s'écailler ont pû dégoûter bien des perfonnes de s'en fervir. Nous publierons cependant avec plaifir qu'un Fabriquant de Rouen a remédié , autant qu'il eft en lui , à ces incon-véniens. Les peines qu'il s'eft donné pour perfectionner cette manufacture , mérite aufli des éloges. Il fait de ces tapifleries en fonds de mofaïque , en or ou en argent. Leurs ramages font en bleu , en rouge ou en telle autre couleur que l'on fou-haite. II a encore réufli à imiter toutes fortes de defleins Anglois , différentes tapifleries de payfage , d'hiftoire , TE & à copier différens tableaux, d'après les plus grands maîtres. Le mélange des laines y rend aflez bien celui des couleurs. TEINTURE. Cet art eft très-important pour les manufactures & pour le commerce. La teinture , il eft vrai, n'ajoute ordinairement rien à la bonté des étoffes , mais elle leur donne l'éclat fit la beauté ; elle mafque agréablement par la variété de fes couleurs, ce blanc monotone , que prefque toutes les matières premières ont reçu de la Nature. En un mot , c'eft la teinture qui aflonit les étoffes aux différens goût*;, ou aux différens befoins des confommateurs. On a vu quelquefois une couleur nouvelle , ou plus parfaite que les anciennes, faire la fortune d'une manufacture d'étoffes ; fouvent aufli il eft arrivé , que pour avoir négligé cet objet , des manufactures confidérables fe font décréditées , & ont perdu perfque tout leur débit. On en a un exemple dans la fabrique des fils de Bretagne, qui a été prefque anéantie par le défaut des teintures. ( Voyez les obfervations de la Société d'agriculture > de commerce ÔV des arts, établie «n Bretagne. ■Les principales qualités que l'on recherche dans toutes les couleurs de la teinture en général, font la vivacité , la pureté, la douceur & la folidité ; c'eft-à-dire qu'il faut que la nuance en foit éclatante & franche qu'elle foit faite avec des ingrédiens qui n'altèrent point la qualité de l'étoffe j qu'elle foit de nature à ré-fîfter long-tems aux impref-fîons de l'air , du foleil & de la pluie , enfin qu'elle ne foit point fufceptible d'être tâchée par l'eau , par le vinaigre , pai Ja boue , par le lue des fruits. Il eft peu de couleurs qui îénniflènt tous ces avantages , mais il feroit à fouhaiter qu'elles les euflènt toutes, 6V c'eft à quoi les Teinturiers doivent s'appliquer. Avant M. Colbert il s'é-toit introduit dans l'art de la teinture une liberté 6V une induftrie deftiucfive , également préjudiciables à Ja com-fommation intérieure ÔV au commerce du dehors. Ce Mi-niftre , auquel la France a de fi grandes obligations , entreprit de rétablir l'ordre où reguoit la licence. II partagea pour cet effet les. opérations de la teinture en différentes cJafles, 6V diftribua aux diverfes Communautés X iij *»5 T E de Teinturiers celles de ces opérations qui leur étoient propres. Non content d'a« voir prefcrlt à chacun ce qu'il devoir l'aire, il lui enfeigna encore la manière dont il fallait qu'il le fît» Les Reglemens qu'il a donné en 1069 fur les teintures, peuvent être regardes comme un des meilleurs corps d'inftruc-ttons que nous ayons fur cette partie intérefl'ante des arts. Chaque Teinturier peut *'y inftruire des drogues qui ne font que préparatoires, ôt de celles qui font réellement colorantes. 11 y apprendra a connoître les couleurs qui lui font nécefjiuies ou interdites , ôt celles qui font particulières à chaque cuve , ou feulement d'ufage dans tels Ôc tels afibrtimens. Il y verra aulli la manière d'employer le bleu de paftel, le rouge de garance , le jaune de gaude , de former enfin le pied ou la bafe des couleurs dont il a befoin. Après l'explication de ces couleurs mères , le Légifla-teur, aidé des lumières du Naturalifte Ôc du Chymifte , defcend au mélange des couleurs iimples dont font formées* les couleurs compofées , Ôc aux diverfes additions on fouftratf ions qui en farient les nuances. Mais t E comme parmi les plus feelîet telntures, il y en a qui font fujettes à s'altérer , à tromper, par conféquent , l'attente du confommatenr , qui compte jouir d'une couleur vive ôt permanente , les mêmes reglemens prefcrivent les divers moyens d'éprouver ces couleurs. Les plus généraux font les débouiilis. Us confident à faire bouillir du? rant un demi-quart d'heure l'étofiê , la foie ou la laine teinte , avec diverfes drogues qui mettent en évidence la bonté ou la faufieté des in-grédiens, par l'altération ou par Ja petitvérance de la couleur. Quoique ces reglemens ayent raflemblé les réfultats de bien des expériences , il nous en relie beaucoup à faire, pour porter les teintures à la petfeétion dont elles font fufceptibles. Nous allons rapporter ici celles de ces expériences que l'on ne peut ignorer , Ôc dont plufieurs ont été faites de nos jours. Teinture en laine* Cette matière eft de toutes les étoffes celle qui prend le plus facilement des nuances belles ôc folides. Rien n'eft plus éblouifl'ant , par exemple , que Vécarlate , ou couleur de feu fur laine. Cette belle TE teinture s'eft faite d'abord en Hollande , d'où elle pafla en France par les foins de IYÏ. Colbert , qui l'établit aux Gobelins. La recette en eft demeurée long-tems fecret-te , mais enfin elle a tranf-Piré , ôt nous avons aujourd'hui plufieurs manufactures où l'on eft en état de faire Une écailate aulfi belle & auffi parfaite que celle des Gobel tns. La bafe de cette Couleur eft la cochenille dont On avive la nuance , par une certaine quantité de rttflblu-tion d'étain faite dans l'eau réçale ; l'on obtient par la même méthode les nacavats ou cérifes fon és , les cérifes Ordinaires, les couleurs de rofe , ôc les incarnats ou couleurs de chair. Le cramoifi fe fait auffi avec la cochenille , mais fans diifolution d'étain- Le bleu n'a aucune difficulté fur la laine , ôt fe fait également beau dans toutes les manufactures , quand on 7 apporte les attentions convenables. Le principal point eft de bien préprrer l'indigo , qui fert à faite cette couleur ; Prefque toutes les manufactures ont leurs ufages particuliers pour cette préparation. Le jaune eft encore plus facile que le bleu ; il fe fait TE 3«7 ordinairement avec la gaude ou le bois jaune. Le verd n'eft que le mélange du jaune Ôc du bleu. On teint d'abord l'étoffe en jaune ; enfuite on la paffe dans la cuve d'indigo. On a par ce moyen des verds très-folides, mais qui n'approchent pas de la beauté de ceux connus fous le nom de verds de Saxe, ôc fort à la mode il y a quelques années. On eft parvenu en France à imiter les verds de Saxe ; on les a égalés pour la beauté, mais non pour la folidité» c'eft ce qui eft caufe fanf doute qu'on commence à y faite peu d'ufage de cette belle nuance. Le violet eft un compofé du rouge ôc du bleu. On teint d'abord l'étoffe en cramoifi , ôc on la pafle enfuite en indigo. Le noir fur la laine mérite beaucoup d'attention de la part des Fabriquans , à caufe du grand ufage qu'on fait des draps noirs , furtout à Paris. La vogue de la manufacture du fieur Pagnon eft diie, en grande partie, au beau noir velouté qu'ont les draps de cette fabrique. Quelques autres manufactures ont cherché à l'imiter , ôc y ont réufii. Les principaux ingrediens qui entrent dans Xiv 3»8 TE cette teinture font la noix de gale , le bois d'inde & la couperofe. Les bons Fabriquons font dans l'ufage de p» 1er leur étoffes en bleu av.int de esmettie eh noir, cette méthode lai.ie v'-u* de qualités à l'étoffe , o< donne au noir plus de beauté ôc de folidité. La teinture en laine fe divife en grand teint &* petit teint. On compiend ions le pom de grand teint toutes Jes couleurs folides qui ré-fïftent au débouilli ■> c'eft-à-dire , qui ne le déchargent point ôc ne s'altèrent pas , quoiqu'on faffe bouillir l'étoffe dans de l'eau chargée d'une certaine quantité de favon» L'écarlate , qui ne ré-lifte point du tout à ce débouilli , eft cependant com-prife dans le grand teint, à caufe de fa beauté , ôt parce que d'ailleurs elle ne manque pas de folidité. L'épreuve de l'écarlate eft le vinaigre. On donne le nom de petit teint à toutes les couleurs qui ne réfiftent point au débouilli du favon. Suivant les reglemens de la teinture , on ne doit appliquer ces couleurs que fur les ferges , les étamïnes , ôc autres petites étoffes, qui ne fervent ordinairement que pour les doublures. Il eft bon de remar- t E quer au refte , que ces couleurs de petit teint font la plupart auifi belles , ôc quelques-unes même plus belles que ceites de grand teint » c'eft lq folidité des nuances qui diftingue elfentiellement le grand teint avec le petit teint. Enfin il faut obferver aulii que cette diftincfion n'a lieu que pour les nuances décidées » car les gris, par exemple , dont les nuances varient à l'infini, font prefque tous de petit teint, ôt ne fe peuvent pas faire autrement. Teinture en foie, La foie eft beaucoup plus difficile à traiter en teinture que la laine i elle exige toujours plus de main-d'œuvre Ôc de dépenfe i ôc malgré cela , elle ne reçoit guerre de nuances aufC belles ôc aulfi folides que celles qu'on a fur la laine. On ne connoît point dans la teinture en foie la diftin-ftion de grand ôc petit teint, mais on la divife en couleurs fines ôc couleurs fauffes i ce qui revient à peu près au même. Le couleur de feu fin fur foie porte dans les manufactures & dans le commerce le nom de ponceau fin , ou ftmplement ponceau. La cochenille , qui donne cç«« TE nuance fur la laine , ne peut la donner fur la foie , ainfi on eft obligé d'avoir recours a dautres ingrérliens. On commence par teindie la foie de jaune , par le moyen du raucour > & enfuite on la Paa'e à plufieurs réprifes dans un bain de fifranum ou fafran bâtard avivé par du jus de citron. Les nacarats, les cérifes & les couleurs de rofe fe font de même , mais fans pied de jaune. Toutes ces nuances ne fe font gueres qu'à Lyon ôt à Tours , où il y a des manu factures conûdéra-bles d'étoffes de foie. Le ponceau faux fur foie porte dans le commerce le nom de ratine. On le fait en donnant à la foie un pied de raucour, fle la paffant enfuite dans un bain de bois de Fer-narnbouc ou bois de Bréfil, mats il n'égale jamais le ponceau fin , pour la beauté ni pour la folidité , il eft d'ailleurs très-aifé à diftinguer, par l'épreuve du vinaigre, qui lui enlevé tout fon rou-Re. Les cérifes ôc couleurs de rofe faux , fe font aufli avec le bois de Bréfil. Le cramoifi fin fur foie fe fait avec la cochenille , mais *1 faut plus du double de ce qui s'en emploie fur la laine pour avoir la même nuance. Le cramoifi faux s'exécute T E 3*9 avec le bois de Bréfil , Ôc fe diftingue aifément du fin par le vinaigre, qui le fait jaunir fur le champ. Le bleu fe fait fur la foie comme fur la laine ; mais il y eft plus tachant, ôc par con-féquent moins folide. Le jaune fe fait avec la gaude comme fur la laine > mais pour toutes les hautes nuances , on eft obligé de l'aider par du raucour , qui n'a pas la même folidité que la gaude. Le verd fur foie ne diffère point du verd fur laine , fi ce n'eft qu'il eft plus tachant. Ces trois dernières couleurs, le bleu , le jaune Ôc le verd ne fe font point en faux, parce qu'elles ne font point chères. Le violet fin fe fait comme fur ia laine. Le faux s'obtient avec l'orfeille ôc l'indigo. Il eft plus beau que le fin , mais infiniment moins folide ; le vinaigre le tache en rouge , ôc fert d'épreuve pour le diftinguer d'avec le fin. Les couleurs fauffes dont nous venons de parler, s'exécutent auffi fur la laine en petit teint, ôc avec les mêmes ingrédiens ; mais elles font moins ufitées, parce que les teintures fines fe font toujours à beaucoup moins 3jo t e de frais fur la laine que fur la foie." Le noir en foie eft difficile à faire beau ; on y fait entrer nne prodigieufe quantité d'ingrédiens , qui altèrent prefque toujours la qualité de l'étoffe. Chaque manufacture à fa recette pour cette teinture ; mais on peut dire qu'il n'y en a point encore de parfaite. Teinture fur fil &- fur coton. On joint ici ces deux matières , parce qu'elles ont beaucoup de rapport entre elles y pour la manière dont on les traite en teinture. Elles font toutes deux d'autant plus difficiles , qu'on y exigeordinairement des tein-' tures folides & à bon marché , parce que le fil & le coton font deftinés à l'aire des étoffes peu chères , & qui puifient aller au favon-nage. C'eft par cette raifon qu'il n'y a gueres que le rouge & le bleu qui foient ufités en teinture fur fil & fur coton. Le rouge fe fait avec la garance, qui leur donne une couleur folide , mais qui n'a point de beauté. Les Indiens lont les premiers qui ayetit fait for ces matières des rouges de garance , qui joignent la beauté à la folidité , les Turcs les ont imités enfui- te te , & c'eft depuis ce tems que ces couleurs font connues fous le nom de rouges d'Andrinople. On les fait depuis quelques années en France , dans la manufacture de Darnetal , piès Rouen j mais on n'y opère que fur les cotons. Le fieur Eymar Négociant à Nîmes , vient de découvrir un moyen de faire ces mêmes rouges fur les fils de lin & de chanvre. U a donné fa recette aux Etats de Languedoc , qui l'ont récompenfé. Le fecret , pour avoir les rouges d'Andrinople fur le coton , confifte dans la préparation qu'on donne à cette matière , en la faifant macérer , à plufieurs reprifes , dans de la fiente de brebis mêlée d'huile ; après quoi on lui donne une forte teinture de garance , qu'il faut éclaircir enfuite , en faifant bouillir le coton dans une eau de favon. Il y a lieu de penfer que cette méthode fait aufli tout le fonds du procédé du fieur Eymar , pour teindre les fils en beau rouge de garance. Le bleu fur fil Si coton fe fait avec l'indigo , qui a la propriété finguliere de prendre fur toutes fortes d'étoffes , & qui donne toujours une couleur belle fit TE folide , lorfqu'il eft bien préparé. Le noir commence aulu a *tre d'un aflez grand ufage fur le coton , depuis que plufieurs manufactures fe font mifes fur le pied de faire des velours avec cette matière. Quelques Teinturiers ont réufii à donner un beau noir à ces velours ; mais leurs procédés font fecrets. Il feroit à fouhaiter que les mômes artiftes s'appliquaffent à faire des noirs parfaits fur Je fil ; peut-être y auroient-ils le même fuccès que fur le coton. TERCERE. Ifle de la mer du Nord , la principale des Açores. On lui donne vingt-cinq à vingt-fix lieues de circonférence. Elle appartient aux Portugais. Cette Ifle eft par tout hériflée de rochers efcarpés, ôc de forts qui la rendent inac-ceflible. Le feul endroit où les vaifleaux peuvent trouver Un abri eft précifément vis-à-vis de la ville capitale , appellée Angria , où il y a On port que l'on appelle , a caufe de fa figure , la demi-lune d'Angria. Les deux pointes de cette demi-lune font formées par deux montagnes qui avancent dans la mer, fit que l'on prendroit de loin pour deux petites TE 3Ji Ifles. Le terrein y eft agréable ôc fertile , .& fournit de bons pâturages , les bœufs y font exceliens. On y trouve aufli beaucoup de bois de charpente > c'eft en quoi con-fifte le principal négoce de L'iile, qui d'ailleurs eft fort avantageux au commerce , parce qu'elle fert de relâche aux vaifleaux , ôc que l'on y trouve tous les rafraîchifle-mens néceffaires ôc à bon compte. Voye\ Açores. TEREBENTHINE. Réfine que l'on obtient par in-* cifion d'un arbre nommé té~ ribinthe. On a aufli qualifié de térébenthine d'autres gommes ou réfines, que donnent plufieurs arbres gras ôc réfineux, tels que les pins, les fapins, les mélefes. Il croît beaucoup de téré-binthes dans l'Ifle de Chio. La gomme qu'ils produifent eft très-précieufe. L'Auteur de l'hiftoire générale des drogues confeille de la choifir d'une confiftance folide , fans prefque aucun goût ni odeur , d'un blanc tirant fur le verd, ôc la moins adhérente aux dents ôc aux doigts qu'il eft poflibie. Cette drogue eft très-bonne pour être employée en médecine ; c'eft un excellent beaume naturel ôc un grand ftomachique ; mats comme elle eft fort ch«- 3Î* TE re , on lui a fubftitué d'autres gommes plus communes, que Ton a nommé également térébenthine. Parmi cestéiében-tines communes , on doit préférer les plus claires & les plus blanches. Elles font d'un grand ufage dans les arts. On en confomme fur-tout beaucoup pour les vernis. On tiré de ces gommes une huile abfolument néceflaire dans la peinture , ôc dans différentes comportions. La bonne huile de térébentine s'enflamme aifément ; elle eft claire , blanche comme de Peau , ôt d'une odeur forte 6c pénétrante. La majeure quantité qui s'en confomme à Paris nous vient des enviions de Marfeille & de Bordeaux. TERRE-NEUVE. Grande Ifle de l'Océan fur la côte Orientale de l'Amérique Septentrionale, entre les quarante- lixieme degré & demi &cinquante-unième degré & demi de latitude. On lui donne trois cens lieues de circuit. La pêche pour la morue féche fe fait à deux lieues des côtes. Celle pour la morue verte , fur le grand banc, qui eft prefque parallèle à l'Ifle de Terre-Neuve. L'Angleterre a qui cette Ifle appartient n'en eft éloignée que de fix cens lieues. T E Ce trajet peut être fait en vingt jours lorfque le vent eft favorable. On a même l'exemple d'une traverfée beaucoup plus courte. Les Anglois ôc les François ont ioimé des établiffemens dans cette Ifle long-tems après en avoir fait la découverte. Elle eft remplie de montagnes ôc de bois , où l'on tiouve une multitude confidérable de lièvres, de daims, de renards , d'écureuils , de loups , d'ours , de loutres , de caffors , &c. ce qui femble promettre un bon fol : cependant on le dit fté-riJe. Il doit l'être en effet î mais c'eft parce que les grands profits que la yêche de la morue offre aux habitans les détournent entièrement des travaux de l'agriculture, fans lefquels toute terre eft flérile. Cette dépendance où les habitans de Terre-Neuve fe font mis pour tous les be-foins de la vie , eft un moyen de plus qui aflure à l'Angleterre la poileffion de cette Ifle. Elle lut cédée à cette couionne par le Traité de paix conclu à TJtrecht en 171La France ne s'eft re-fervé que le droit pour fes pêcheurs , d'y avoir des écha-fauds & des cabanes dans le tems de la pêche , afin d'y préparer , faler ôc fecher leur TE poifion fur les grèves qui s'étendent le long des côtes , fituées depuis le Cap de Eo-ûavifta jufqu'à la Pointfe-Ri-che. Depuis ce Traité les Anglois fe font toujours montré extrêmement jaloux de la pêche de la morue. Le Gouvernement n'a ceifé de prendre les mefures les plus convenables pour en aflurer la poffeffion à l'Angleterre : pofleflion qui lui eft encore moins précieufe par les profits immenfes que lui rapporte le commerce de la morue , que parce que ce commerce eft devenu une école pour (es matelots , & le moyen le plus fur d'entretenir fa puiflance maritime. Voye\ Morue. TERRE-FERME. Contrée de l'Amérique fous la Zone-Ton ide, que l'on divife en Caftille d'or à l'Occident de Orenoque , Se en Guyane à l'Orient de ce fleuve. Chriftophe Colomb donna à ce pays le nom de Terre. Terme, par oppofitien aux Ifles qu'il découvrit d'abord. La Guyane n'eft pas fort peuplée par les Efpagnols, & n eft bien connue que le long des côtes. Elle comprend le Paria fie la Caribane , fur les cotes.de laquelle les François, Anglois J les Hollandois ont fait quelques établiflemens. L'Ifle de Cayenne , & la partie de la Caribane qui en eft proche , appartiennent aux François. Voyer Cayenne. La Caftille d'or , ou Ia Terre-Ferme proprement dite , eft entièrement fous la domination des Efpagnols. Elle eft très-riche en mines d'or , d'argent & autres métaux. On y recueille aulfi des émeraudes , des faphirs , du jafpe , &c. Ses principales denrées font , le fucre * l'indigo , la cochenille, le gingembre, le coton , un excellent tab»c , & différentes gommes & plantes médécina-Jes. Le commerce de cette riche contrée , ainfi que celui du Pérou , fe fait par les galions que l'on expédie de Cadix pour Porto - Eelo & Carthagene. Porto-Bello eft fitué fur le golfe du Mexique vis-à-vis ide Panama, capitale de i'Ift-me du même nom , & d'une des provinces de Terre-Ferme. Ce port appelle Porto-Bello par Chriftophe Colomb , à caufe de la beauté de fa fituation , eft une des plus importantes places que les Efpagnols poffedent en Amérique. On y tranfporte les matières d'or & d'argent > 33* T H Grec, qui lignifie bête ve-nimeufe. La chair de vipère , efpéce de ferpens , qui lance un poifon très - dangereux, mais dont Ja chair eft trés-faine , peut en effet être re-garde'e comme la bafe de cet opiat, appelle pour cette raifon thériaque. On a fait remonter fon origine jufqu'à Andromaque , premier Médecin de l'Empereur Néron. La thériaque de Venife a toujours confervé fa réputation. Ce n'eft pas que les Vénitiens ayent un fecret particulier pour la faire ; mais les Magiftrats ont foin d'alfifter à fa compofition , ce qui ne peut manquer de lui faire donner la prétéren-ce par l'Etranger. On fçait qu'il n'y a rien de fi aifé, ôc malheureufement de fi ordinaire que d'être trompé fur cette drogue. On ne peut donc donner un meilleur confeil à ceux qui veulent ufer de la thériaque , que de la tirer en droiture de ceux mêmes qui la compofent. Nous avons à Montpellier, à Paris , & dans d'autres villes de France d'habiles Apoti-caires , qui le font un devoir de n'employer dans la compofition de leur thériaque que les drogues les plus faines ôt les meilleures. Plufieurs mêmes pour exciter la T H confiance du Public, la font fous les yeux des lYlagiftrats , Ôc en préfence d'une nom-brçufe afiemblée. Mais on veut en tout le bon marché j ôc c'eft ce qui fait vivre ce grand nombre de colporteurs qui courent le pays, ôc rem-plifient de leurs mauvaifes drogues les foires de Beau-caire ôc de Guibrai. THON. Gros poiffon de mer couvert d'écaillés , dont la chair reflemble à celle du veau , ôc fe mange fraiche ou matinée. Le thon eft un poiffon de paffage Ôc de faifon , la pêche , pour cette raifon , s'en fait dans des tems fixes Ôc marqués : on la fait en Provence dans les mois de Semptembre ôc d'Octobre. C'eft le tems que cette efpéce de poiffon pafiè le détroit en grande troupe , Ôc qu'il entre dans la Méditerranée. On lui tend des filets fabriqués de joncs cordés » lorfqu'un premier thon a donné dans le filet ou la madrague , comme l'appellent les Provençaux , on peut compter fur une bonne pêche , parce que ces poiffons nageant à la file , ils fuivent toujours , jufqu'à ce que les madragues que l'on a eu foin de divifer en différentes cellules , foient remplies. Le thon meurt lorfqu'il eft hors de l'eau ; c'eft pourquoi les Pécheurs le vuident fans perdre de tems ; & après qu'il a été coupé par morceaux , °n le rôtit fur de grands grils de fer , & on le frit dans de l'huile. Cette première préparation faite , il eft aifaifon-né de fel , de poivre , de clous de girofle , de feuilles oe laurier. Ou le met enfuite en caque , ou dans de petits barils , avec de la nouvelle huile d'olive ôc du vinaigre. Le meilleur thon eft celui ci"i eft nouveau , & dont la chair eft ferme. On en prépare de deux façons , fans arêtes ou avec fes arêtes. La thonine defoflée nous eft envoyée ordinairement en petits barils de bois blanc , larges par le bas ôc étroits par le haut. Les barils de la thonine commune , ou qui n'eft pas defoffée, font ronds. TIGRE. Animal féroce , fort commun en Afrique & «n Afie. Il a la tête d'un chat & les pattes d'un lion. Il donne au commerce une fourrure très-précieufe par les différentes marques rouges , blanches, noires dont elle eft parfemée. A Paris cette fourrure fait partie du négoce des Marchands Merciers ôc Pelletiers, lis la tirent de Hollande , d'Angleterre ou du Levant par la Tome H. ti m voie de Marfeille. On l'emploie à faire des manchons , des houifes de chevaux , Ôt quelques autres rourrures. Les Polonois ôt les habitans des pays du Nord en fourrent leurs fimarres ôc leurs robes. Chez les Anciens la peau du tigre étoit une décoration réfervée aux gueniers. Ils s'en fervoient comme d'une efpéce de cotte d'armes. Dans des ficelés poftérieurs , ils eu parèrent leurs chevaux. Aujourd'hui la dépouille du tigre ne ièrt plus que pour des fourrures > les Indiens l'emploient encore cependant comme ornement , mais c'eft pour décorer leurs lits, leurs palanquins. TIMOR. Ifle de la mer des Indes , au Sud-Sud-Eft de l'ifle de Java. Les Hollandois y ont un fort. Avant que les Chinois euflènt ouvert leur commerce à ces Européens , cette place leur étoit peu avantageufe , Ôc le trafic d'Efclaves qu'ils fai-foient dans cette ifle , n'é-toit pas capable de les dédommager des frais de leur garnifon & de leur comptoir ; mais à préfent qu'ils ont un négoce ouvert avec la Chine, ils portent du bois blanc ôc jaune de fantal , fort recherché par les Chinois, Y 338 H\J & dont il y a des forets entières dans l'ifle de Timor. TIREUR. En matière de change, c'eft celui qui fottf-crit, Ôc donne une lettre de change à celui qui en a payé le contenu , pour la recevoir en un autre endroit. Le porteur de cette lettre de change peut fe pourvoir en garantie contre le tireur & les endofleurs, lorfqu'ede n'a pas été acceptée ou payée au tems de ion échéance par celui fur lequel elle a été tirée. Mais il faut, pour que cette garantie foit valable , que la lettre ait été proteftée dans le délai prefcrit. Voye\ "Protêt. ■ Suivant l'Ordonnance de 1673 , art. 16 y les tireurs ou endoiieurs des lettres font tenus de prouver , en cas de dénégation , que ceux fur qui elles étoient tirées leur étoient redevables , ou avoient provifion au tems qu'elles ont dû être proteftées ïinon ils font tenus de les garantir. Par Part. 17 , il eft dit que fi depuis le tems réglé pour le "protêt , les tireurs ou endof-feurs ont reçu la valeur en argent ou en marchandife , par compte , compeniation , ou autrement , i,s lont aufli tenus de la garantie. TIRETAINE. Etoffe fort ti commune , qui a ordinairement la trame de laine fur chaîne de chanvre. Il y a aufli une iorte de droguet de ce nom. TITRE. Dans le commerce de l'or ôc de l'argent , on appelle titre le degré de fi-netfe ôc de bonté de ces métaux. Le titre de l'or fe mefure ôc s'évalue par carats , le titre de l'argent par deniers; l'or le plus pur ou le plus haut titre de ce métal eft a vingt-quatre carats ; celui de l'argent à douze deniers, du moins en France ; car ces di-vifions ôt leurs dénominations varient fuivant les différentes places de commerce. V. les articles particuliers des places de commerce. C'eft aux Souverains qu'il appartient de fixer le titre des efpéces d'or ôc d'argent. Toute f Europe rend juftice à la loyauté de nos monnoies, tant pour le poids que pour le titre. V. Louis d'or , Ecu d'argent. Afin que les ouvriers en or ôc en argent ne fuffent point tentés d'employer les monnoies courantes à la fabrique des ouvrages de leur profefiion , ce qui ruineroit le commerce par la rareté des efpéces , les Ordonnances ont fagement enjoint aux Orfèvres , Tireurs Ôt Rat- TO tevtrs d'or de ne mettre en oeuvre que les matières d'or & d'aigent qui t'uflent à un tel titre. Or ce titre eft toujours plus haut que celui^ qui eft prefcrit pour les efpéces. V. Bijouterie. ■ Comment l'ouvrier ou le fondeur peut-il, fans perte de fa part , atteindre le titre prefcrit par la loi , il y a toujours quelque déchet dans les opérations, quelque perte de fm parmi la litharge , ou les fcories qui demeurent i C'eft aulfi à caufe de cette difficulté que le Legifiaieur a ufé d'indulgence. L'ouvrier a été cenfé avoir fufîiUniment fourni le titre & le poids de la matieie mile en œuvre , lorfqu'il approchoit de fort près de ce titre & de ce poids ; & afin qu'on fçut à quoi s'en tenir , les loix ont réglé jufqu'où cette tol-létance feroit portée. Voye\ R-emede. TOILE. Nom d'un tifiu fait de fils entrelaflés , dont les uns appelles fils de chaîne s'étendent en longueur , & les auties nommés fils de trame font placés en travers. Il y a bien de fortes de toiles que l'on diftingue par les noms des endroits où on les fabrique , par les différens ufages auxquels on les emploie , par les divers ap- T O t% prêts qu'elles ont reçues/ Les toiles écrues lont celles qui n'ont point été blanchies, & dont le fil , par con^ féquent , conferve encore fa couleur naturelle. Les toiles de lin écru font communément grisâtres , la couleur naturelle du lin ; les toiles de chanvre tirent plus fur le jaune. Les toiles blanches font donc des toiles auxquelles on a fait perdre par différentes leflives & d'autres apprêts , cette couleur jaune , fale ou grifè qu'elles ont au fortir des mains du Tifferand. Pour bien connoitre la qualité & la bonté d'une toile , il faut qu'elle n'ait reçu aucune prépaiation de gomme , d'amidon , de chaux & d'autres femblables drogues , qui ne fervent qu'à mafquer fes défauts & à en ôter la connoilfance. Lorsqu'elle n'a point reçu ces ap* prêts, il eftaifé de s'apper-cevoir fi elle eft bien tra* vaillée, & également frappée fur le métier ; fi le fil ou le lin que l'on y emploie n'eft point gâté ; s'il eft d'une égale filure. Les toiles peuvent être regardées comme une des branches les plus importantes du commerce d'une Nation , parcequ'elles employent un grand nom- 34o TO bre d'hommes, & parce qu'elles font valoir les productions de l'agi iculture. majeure quantité des toiles de Ifti & de chauvi e qui fe conlomment en France , foitent des fabriques du Royaume. Les belles toiles de Flandre, de Bretagne lont furtout fort eftimées par leur fïneffe , leur blancheur , la bonté & l'égalité de leur fil. Il s'exporte une grande partie de ces toiles & d'autres plus communes en Efpagne , dans l'Amérique Elpagnole fie aux Colonies Françoifes. Cette grande quantité de toiles qui fe fabiique en France , n'empêche cependant pas que l'on n'en tire de l'Etranger de différentes fortes. Le* Hollandois nous en fourniflent de très belles , bien connues fous le nom de toiles àe Hollande. Ces toiles, quoi-qu'extrêmement fines , font très-unies , très - ferrées & très-fermes. Les toiles de la province de Frife ont ia préférence fur toutes les au-tre«;. On les nomme toiles de Frife , ou Amplement Fri-fes. Il ne faut pas croire cependant que toutes ces belles toiles que les Hollandois nous envoient foient fabriquées chez eux. La plupart ont été manufacturées en Si- TO léfie, en Flandre : mais comme ces toiles paflent aux blanchifleries de Harlem , comme elles y reçoivent leur dernier luftre , les très actifs Hollandois profitent habilement de ces circonftances , pour les vendre comme venant de chez eux. Ils fe font ad refier par ce moyen toutes les d emandes de l'Étranger , & étendent leur commerce. Courtrai , dans la Flandre Autrichienne , eft une des villes qui fourniflent le plus au trafic des toiles dites roi-les de Hollande» Les habitans de cette ville cultivent beaucoup de lin , & réufiîf-fent très-bien dans les apprêts & dans la filature de cette plante. On doit leur rendre cette juftice , que les toiles qui fortent de leurs fabriques ont cette qualité que l'on recherche dans les plus belles toiles. Elles font bien frappées, & ont leurs chaînes & leurs trames également torfes , également fortes. On fçait qu'une trame inférieure à la chaîne détériore la qualité & la force de la toile. Il ne manquoit jufqu'ici aux Fabriquans de Courtrai , pour foutenir le paralle des toiles de Hollande , que de procurer aux leurs les mêmes blancs qui fe donnent dans les blaa- T O Wiiflenas de Harlem , le demi - blanc de ménage , le blanc d'eau (impie ôc le blanc de lait. Ces Fabriquans fe flattent d'avoir découvert, dans la mauvaife qualité des cendres , la feule caufe qui Pouvoit dégrader les blancs de leurs toiles. Ces cendres leur étoient fournies par les Hollandois , qui avoient foin, comme on le penfe bien , de ne pas les donner bien pures, Aujourd'hui les blan-chifleries de Courtrai ont trouvé le moyen de fe procurer les mêmes qualités de cendre qu'on emploie à Harlem, ôc de donner par ce moyen à leurs toiles un blanc aufli éclatant , aufli vit" que celui des toiles de Frife. Nous annonçons avec d'autant plus de plaifir ces nouveaux fuccès des fabriques de Courtrai, que nous regardons comme un de nos Premiers devoirs de faire jouir le Fabriquant actif & induftrieux des avantages & de la conlideration qu'il mérite , & de le dérober en quelque forte au joug d'une induftrie étrangère. Il fe fabrique encore de très-belles toiles en Allemagne , ôc à bon marché. Les Anglois en confommoient autrefois beaucoup : mais depuis quelques années la T O 34r. Grande-Bretagne , l'Irlande principalement a beaucoup perfectionné fon agriculture & fes manufactures de toiles. On prétend même que fon lin égale par fa finefle ôc par fa hauteur le lin nommé ramé, qu'on cultive en Flandre Ôc en France. Mais les toiles n'approchent pas pour l'éclat de celles de Hollande Ôc de Courtrai ; la tiflure d'ailleurs n'en eft pas ii folide. C'eft toujours beaucoup néanmoins pour la Grande - Bretagne , d'avoir perfectionné chez elle des fabriques ii utiles. Tous les autres Etats ont fuivi fon exemple. Cependant il eft encore beaucoup à faire , puifque l'Europe eft obligée de tirer de l'Orient , pour fon commerce dans les pays chauds, & pour fa propre confommation , des quantités considérables de toiles de coton. V. Indiennes , Perfes , Moujfeline, Toiles peintes. ^ Toilks peintes cr imprimées. On doit compiendre fous cette dénomination les Perfes , Jes indiennes ÔV toutes les toiles que Jes Fian-çois , Jes Hollandois, les Anglois , les Allemans , les Suifles ôc autres Nations fabriquent chez elles , à l'imitation des toiles de l'Orient. Voy. Indiennes. 34* T O Parmi ces toiles, les «nés font delfinées & peintes à la main , les autres lpnt imprimées avec des moules de bois. On peut encore diftinguer une troifieme forte de toiles peintes , qui font celles dont le trait feul eft jmnrimé , & dont tout l'intérieur des fleurs eft fait au pinceau , Les toiles qui nous viennent de Pondicheri , de IVlafulipatan , & de plufieurs autres endioits de la côte de Coromandel , font travaillées à la plume & au pinceau. On voit cependant des Perfes 6V des Indiennes qui font imprimées , mais celles-ci font plus rares. En Europe au contraire on fe fert principalement du moule. 11 eft facile de diftinguer ces toiles imprimées des autres , parce que le deflein fe répète à l'extrémité de chaque p'anche. On peut même appercevoir la jonction d'une planche à l'autre , quelqu'e-xadtitude qu'on ait apportée dans l'imprefiion. D'ailleurs toutes ces répétitions de planches fe reifemblent parfaitement. Lorfque le deftein au contraire a été tracé à la main , on y remarque toujours des différences fenfi-bles , quoique ce delfein foit réoété plusieurs fois dans le cours de la pièce. Quand les fleurs on antres ornemens qu'on veut imprimer fur la toile , doivent être d'une feule couleur , on n'emploie qu'une même planche , qui ne donne pas Amplement le trait , mais qui foi me la largeur des feuilles & des fleurs. On exécute de cette manière de jolis def-feins, qui imitent aflez bien la broderie des Indes. Ces toiles ne vont qu'une feule fois à l'irrpreflion, On les lave , enfuite on le apprête. A l'égard de celles dont les ornemens demandent plufieurs couleurs, on fait ufage de contre planches gravées fur les mêmes defleins que les planches ; mais de façon qu'elles ne portent le mordant ou la couleur que fur les endroits du deflein réfervés par les premières planches. On conçoit bien qu'il eft néceflaire que tous ces moules ayent des rapports exacts entr'eux , fans quoi la couleur ne fe trouve pas contenue dans le trait. Ce défaut fe laifle appercevoir dans les toiles communes , à caufe de la vît elfe avec laquelle on y travaille , St du peu de foin qu'on y apporte. U y a des toiles, fpécia-lement les plus belles , pour Içlquelles on emploie des réserves blanches. Ceci fe pratique par le moyen de la cire fondue , que l'on trace avec une plume de métal fur les endroits des fleurs ou fies feuilles qui doivent refter blancs. Comme la cire eft impénétrable aux mordans, elle rend leur effet nul,. & empêche que les endroits réfervés retiennent la couleur. On peint des toiles dont le fond eft fable. Cette pratique fe fait avec des planches , où le deflein eft gravé à l'ordinaire. Mais pour former le fable ou le pointillé du ï'on<^t on enfonce dans la planche autant de petites pointes de fil de fer qu'il doit y avoir de points. On a foin que ces pointes Coient unies & limées bien également , de peur que la toile ne foit percée ou é^ra-tignée. Le goût du Public pour ces toiles , la nécelfité dont elles font pour notre commerce avec les pays chauds , les nouvelles manufactures que nos voilins élèvent tous les ans chez eux , leur activité à inonder de leurs marchandifes les Etats, qui n'ont à leur oppofer que des prohibitions toujours difficiles dans l'exécution , ont porté la France à permettre chez elle ce nouveau genre d'in-duftrie. C'eft le plus fur TO M* moyen d'arrêter le commerce interlope des Etrangers." En-vain l'Efpagne veut-elle défendre à fes colonies de recevoir les marchandifes qui leur font apportées parles Anglois Si les Hollandois , elle ne détruira ce commerce ruineux pour elle, qu'en éta-bliflant des fabriques en concurrence de fes rivaux. L'inconvénient qu'il y auroit de priver les fujets les plus pauvres de la faculté de fe procurer leurs habillemens à meilleur marché , eft encore un nouveau motif, qui a porté le Gouvernement à donner l'Arrêt du 5 Septembre 175'^ , Si. \es Lettres patentes en conféqnence , \ pour la libre fabrication des toiles peintes. Un fécond Arrêt du Confeil du 18 Octobre , rendu en interprétation du premier , contient les difpofitions les plus fa-ges, Si les plus capables d'étendre & de perfectionner cette branche utile d'induf-trie. Nous allons les rapporter ici. An. L n a compter du » jour de la publication du » préfent Arrêt , les toiles n de coton blanches , en-» femble les toiles de coton , » de lin ou de chanvre pein-» tes ou imprimées venant » de l'Etranger , pourront Y iv » entrer librement dans le n Royaume » par mer , par » les ports de Bayonne, le. » Havre , Rouen , Nantes ôc » Bordeaux ; ôt par terre , j> par les bureaux de Valen-» ciennes , Saint-Dizier , s» Jougues , Pont-de-Beau-» voilin,Septêmes Ôc la bafle » ville de Dunkerque , en y> payant pour lefdites toiles » de coton blanches , quinze 5> pour cent de leur valeur ; n fit pour les toiles de coton, » de lin ou de chanvre, » peintes ou imprimées ve-3> nant de l'Etranger , vingt* » cinq pour cent de leur va-» leur. II. » Les toiles de coton s> blanches ôc mouchoirs de » toute efpéce , enfemble y» les moufielines ôc baûns de »> toute efpéce , provenant » du commerce de la Com-a> pagnie des Indes , con-3) tinueront d'entrer par le 3, Port-Louis Ôc. par l'O-yt rient , en payant par la » Compagnie des Indes , à s> PAjudicataire des fermes » unies, cinq pour cent de » la valeur des toiles de co-» ton Ôc mouchoirs de toute » efpéce , ôc deux ôc demi » pour cent des mouifelines » ôc bafîns de toute efpéce , » fur le pied de l'adjudica-» tion, ôc déduction faite des >> dix pour cent d'efcompte « accordés aux Adjudicatat-a res. III. » Les toiles peinte» » ou imprimées , provenant » du commerce de ladite » Compagnie , pourront en-» trer librement dans le » Royaume , par le bureau » du Port - Louis, en payant » à la fortie du magafin d'en-» trepôt, quinze pour cent » de la valeur defdites toi-» les ; ôc à l'égard defdites » toiles envoyées dire&e-» ment dudit magafin d'en-» trepôt - par le Port-Louis, n à l'Etranger , ou deftinées y, au commerce de Guinée , » elles demeureront franches „ ôc exemptes de tous droits, ,» ainfi qu'elles l'ont été ,» jufqu'à préfent. IV. » Permet Sa Majefté h tous Fabriquans de fa- » briquer des toiles de co-» ton ôc moufielines blan-» ches , à l'imitation de cel-« les des Indes, dans les » mêmes portées ôt dans les „ mêmes laifes : Veut Sa » Majefté que lefdites toiles y, ôc moufielines , ainfi que w toutes les autres toiles „ blanches de lin , de chan-» vre , ou de coton, ou » mêlées defdites matières, ôc » revêtues des marques de » fabrique ôc de vilite pref-» crites par les Reglemens , » ôc notamment par l'Arrêt T O s> du Confeil du to Août j) 1758, puiifent circuler li-» brement dans toutes les m villes ôc provinces du » Royaume , en exemption 3> de tous droits de foraine , 3> douane , & autres .droits j> de traites généralement 31 quelconques, que Sa IVla-j> jefté a fupprimé à cet » égard» V. » Permet Sa Majefté 3) de peindre & imprimer les 3> toiles de lin , de chanvre 3> 6c de coton , ou mêlées 3> defdites matières, foit na-» tionales, foit étrangères, 3> lefquelles toiles,ain(i pein-3) tes ou imprimées , paye-3> ront dans les bureaux des 3> différentes provinces du »i Royaume , où il eft dû des 3> droits , le double de ce 31 que^ payent actuellement 3> les (iamoifes teintes ou fa-3> connées de la fabrique de 3> Rouen ; Ôc jouiront , à la 3» fort te du Royaume , foit » pour l'Etranger ; foit pour » les Colonies ôc le com-31 merce de Guinée , de l'e-» xemption des diots accor-3> dés par les Arrêts du Con-3i feil des 1 j, 15 Octobre 19 3> Novembre 1745,ôc Lettres 3> patentes fur iceux , du u 3» Décembre de la même an-» née. Vf; „ Lors de l'introduc-M tion des toiles de coton T O 34c » blanches ou des -toiles de 3> lin , de chanvre Ôc de co-)> ton , peintes ou imprimées, » venant de l'Etranger, lefc » dites toiles feront plom-3> » bées par les commis Ôc » prépofés à la perception n'defdits droits , d'un plomb » dont l'empreinte portera n d'un côté le nom du bu-3> 1 eau d'entrées , ôc de i'au-» tre ces mots : Toiles de » coton blanches , ou toiles » peintes étrangères ; ôc lori-» qu'elles auront ainfi' ao » quitté les droits , ôc qn'eî-» les feront revêtues audit » plomb , elles pourront cir-» culer dans le Royaume , » Ôc pafler à l'Etianger en » exemption de tous droits ; » ce qui fera pareillement » obfervé, foit pour les toi-» les peintes provenant du » commerce de la Comna-» gnie des Indes, foit pour » les toiles peintes nationa-» les , Jorfqu'elles acquitte-» ront dans les bureaux ci-» defTus indiqués, les droits » auxquels elles feront irait pofées. VII. » Ordonne Sa Mail jefté que toutes lefdites » toiles , foit nationales , » foit étrangères qui ne fe-» ront pas revêtues des mar-31 ques Ôc plombs ci - deffus » ordonnés , feront faines ôc » confifquées, avec cinq cens 34 ront adreflées par mer, de » repréfenter une facture ou » déclaration certifiée véri-» table, diftinguée par bal-b les ou ballots , & par ef-s» pece & valeur des mar-» chandifes y contenues , & » feront les droits ci-delTus » impofés , acquittés fur le s> pied de ladite évaluation, » fi mieux n'aiment les fer-» miers on prépofés , en cas » de fauffe évaluation , re-3» tenir lefdites marchandi-3> fes , en payant aux pro-» priétaires le prix de l'eva-» luation portée dans les fac-j» tures ou déclarations , & » un fixieme en fus de ladite * eftimation. IX. n Les toiles blanches * on peintes , foit nationa-» les foit étrangères , ou » provenant du commerce » de ia Compagnie des In- T O r, des , qui feront expédiées » pour l'Etranger , leront » dépouillées de leur plomb » dans le bureau de leur ex-» pédition , & ne pourront » rentrer dans le Royaume » qu'en payant les droits ci-» deftus fixés pour les toiles » blanches ou peintes étran-» gères. X. » Fait Sa Majefté très-» expreffes inhibitions ôc » défenfes de falfifier , imï-» ter , contrefaire ou réap-» pofer les marques & » plombs ordonnés être ap-» pofés fur les marchandifes » que la Compagnie des In-» des a permilfion de vendre » & débiter dans le Royau-» me , comme aulfi les » plombs qui feront appofés « par le Fermier , en exé-» cution du préfent Arrêt , » & ce fous les peines por-« tées par TE dit du mois » d'Octobre 1716. XL » Ordonne Sa Ma-» jefté qu'en fus des droits » ci-deffus établis , il foit » perçu par le Fermier , les n quatre fols pour livre du » montant d'iceux. XII. » Ordonne en outre » Sa Majefté , pour donner n à la Compagnie des Indes » des marques de fa pro-» tedtion , & l'indemnifer de » la perte qu'elle pourroit » fourfrir de la concurrence po » des toiles de coton étran-» gères, dont l'entrée étoit » prohibée, que ladite Com-» pagine jouiife de la moi-I » tié du produit des droits >» impofés fur les toiles de » coton blanches , ôc fur les » toiles peintes étrangères , » par le nréfent Arrêt , qui » fera exécuté dans tout fon J> contenu ; dérogeant à cet » effet, en ce qui pourroit J> y être contraire feulement, » a tous Edits , Déclara-» tions , Lettres patentes , » Arrêts ôc Reglemens, lef-» quels fortiront au furplus » leur plein ôc entier effet ; » ôc feront fur le préfent » Arrêt toutes Lettres né-» ced'aires expédiées. Les Lettres patentes accordées en coniequence de cet Ari5t j ont été regiîbécs en Parlement le 4 Mars Nos fabriques de toiles de coton reçoivent de nos Colonies cettemuiere première. Le coton que nous «tons du Levant eft échange contre nos draps, nos fu-Cres, Se peut être regardé, etl quelque façon , comme Une production du P^'5* Ainli ce n'çft pas |a matière première qui QCms manque. La "lature 5c le tidage , le blanchâtre & |es apprêts font el«niésen France. Ils pour- T O 347 ront devenir à bon marché , G , comme les Indiens, nous avons foin- d'employer aux parties de l'ouvrage les plus aifées, la main des jeunes filles ôc des enfaus hors d'état de s'adonner à des travaux qui demandent de la force Ôc une certaine application , ôc dont le falaire , pour cette raifon , doit être à bas prix. Nos talens pour la gravure, l'élégance ôc la variété de nos defleins, notre goût dans l'aifortiment des couleurs , femblent déjà nous afiurer une fupéiiorité dans la concurrence. Ce font ces fruits précieux de notre induftrie, qui ont foruenu les manufactures de Lyon contre les manufactures rivales étrangères. Nos nouvelles fabriques de toiles peintes ont fait en très-peu de tems des progrès , qui peuvent être regardés comme un sûr garant de ceux qu'elles feront par la fuite. Elles font bien fu-périeures aux indiennes,pour Ja beauté ôc la correction des defieins. Plufieurs mêmes de ces fabriques font parvenues a la ténacité des couleurs de l'Orient. Nous n'aurons plus rien à défirer, fi nous pouvons nous procurer l'extrême* ûnei^e de ta filature Indienne , ôc l'art de fabriquer 348 T O les toiles de coton fuperfi-ties fur la furface rie l'eau , pour donner au fil de coton la force de foutenir les efforts de la navette. Un avantage de plus qne nous trou" vous dans nos manufactures nationales , dont plufieurs s'élèvent fous nos yeux dans la capitale , c'eft d'y faire exécuter les defleins qui nous plaifent, ôc dans les couleurs qui nous flattent le plus. Nous n'avons au contraire que la liberté d'un choix très-borné , en prenant des toiles étrangères. Devons-nous encore héfiter d'accorder la piéférence à nos fabriques fur celles des Indes, depuis que plufieurs de nos Fabriquans connoiflènt l'art de donner de la rondeur ôc du relief à leurs defleins , en noyant ou en adouciflant plus ou moins les ombres de leur efpéce de peinture ? On fçait qu'un grand défaut dans les pins belles toiles peintes qui viennent de lOrient, c'eft que les ombres ou les nuances de leurs couleurs tranchent défagréablement, parce qu'elles ne font point adoucies vers les parties claires ; aufli les fleurs ôc les perfon-rages de ces toiles reflem-blent à des découpures , que l'on auroit appliquées fur un fond d'une même couleur. T o r l e veloutée. Cette étoffe , à laquelle on a aufli donné le nom de toile fouf-fiêe , de velours de laine âa-majfé , eft une toile liflè , fur laquelle on a appliqué plufieurs defleins de laine haché , par le moyen d'un mordant. Ces tapifleries font moins fujettes à dépérir que les papiers d'Angleterre, qui doivent être collés fur toiles , ôc occafionnent encore des frais de chaiiis. Voy. Papier velouté. L'induftrie françoife eft parvenue à rendre fur ces toiles , non feulement toutes fortes de ramages , de verdures, de pnyfages , mais même de grands tableaux d'hiftoire ; le mélange des laines fupplée en quelque forte à celui des couleurs à l'huile. Si cette fabrique peut encore fe perfectionner , elle obtiendra aifément la préférence pour les ameu-blemens fur les étoffes de foie fujettes à fe grailler on à fe fanner promptement. On a déjà réuni à préferver ces nouvelles tapifleries de la piquûre des vers, par les préparations qu'elles reçoivent. Au refte , on ne doit jamais craindre que ces étoffes feintes putflent jamais faire négliger les belles tapifleries des Gobellins , de Flandre , d'Aubuflbn. TONNEAU. Mefure employée dans le commerce de mer , pour connoître la capacité d'un vaifleau. Le tonneau de mer eft eftimé contenir ; fuivant l'Ordonnance de 1681 , quarante - deux pieds cubes , & pefer deux mille livres poids de marc , °u vingt quintaux de cent livres chacun ; ainfi un vaif-feau du port de deux cens tonneau , eft un vaifleau qui peut porter deux cens t'ois la valeur de deux milliers pelant , ou quatre cens mille livres. Ce que l'on doit entendre à proportion de ceux de mille ôc de deux mille tonneaux. Nos boitfons portées du Midi au Nord , ont pu donner lieu à cette mefure. Les Anciens, qui faifoientdel'ap-provifionnement des grains le principal objet de leur trafic, mefuroient la capacité de leurs vaifleaux par muids de bled. En France on parle par tonneaux, pour exprimer le port des vaifleaux. En Hollande , en Allemagne , en Suéde , en Pologne, en Dan-nemarck, ôc dans tout le Nord par left. Le left eft de ^e«x tonneaux, Ôc pefe par conféquent quatre mille livrer T O 340 TOPASE. Pierre précieufe , tranfparente , ôt dont la couleur imite ôt furpaife même celle de l'or. La topafe orientale eft d'un jaune fatiné fort agréable , ôc un peu citron ; en quoi elle diffère de celle du Pérou , qui eft d'un jaune orangé. On trouve auffi des to-pafes en Siléfie , en Bohême , en Saxe. Ces dernières' font d'un jaune noirâtre , ôc leur poliment eft fort gras , à caufe de leur peu de dureté. Les topafes du Bréfil, fuivant les expériences des Chi-miftes, perdent au feu leur couleur jaune , Ôc deviennent d'un couleur de rofe , plus ou moins clair, qui les fait ref-fembler au rubis balais. Ce qui eft encore à remarquer , c'eft que plus la couleur de la topafe eft foncée , ôc fa-le , plus la pierre eft capable de prendre une couleur de rofe vif Ôc éclatant. On penfe bien que les premiers Jouailliers qui ont connu ces faits , ont dû être tentés plus d'une fois d'aider la Nature dans la formation des rubis balais. TORTUE. Animal amphibie, dont le corps eft couvert d'une grande écaille. Il y a quatre ou cinq fortes de tortues. Les plus «Aimées 3ço TO lont la tortue franche & le carret. La première n'a pas l'écaillé bien préciepfe , niais la chair & les œufs en l'ont excellens, & très-recherchés par les g^ns de mer. Une feule tortue franche peut fournir jufqu'à deux cens livres de chair fans Ja giniuc. Le carret , qui eft l'autre efpéce de tortue dont nous avons parle , eft beaucoup plus petite, fa chair eft moins délicate i mais elle donne une écaille d'un grand ufage dans les arts. Voye\ Carret , Ecaille. TOUR AINE. Province de France , bornée au Nord par une partie du Maine & par le Vendômois ; au Midi, par le Berri & Je Poitou i au Levant , par le Blaifois , & au CoucJiant, par l'Anjou. Le grand nombre de livie-res qui arrofent cette province , rendent fon terroir fertile en toutes fortes de fruits ; aufli la Touraine a été appellée le jardin de la France. Ses fruits à noyaux fpécialement font très - recherchés. Il fe confomme beaucoup à Paris , & même chez l'Etranger ,-de prunes féchées & cuites dans le Jour ou au foleil, qui viennent de Tours, de Saint-Maur , de Chinon ; on diftingue Jes gros & petits fainte Cathe- T O rine , les faint Julien , les petits pruneaux noirs de Damas. Cette Province fournit auffi d'autres fruits fecs, corn* me poires, pommes, de confits , foit liquides ou aunes, comme les gelées , les abricots , les piunes, les fleurs d'orange. La Touraine eft encoie très fertile en vins, qui s'envoient à Nantes , ou qui fe brûlent pour l'eau-de-vie. • Tours, la capitale de la province , eft fui tout recom-mandable par fes belles ma-nutadfuies de foie. Les pre-mieies fabriques de foieries que l'on ait vù en France furent établies dans cette ville , fous ia conduite de quelques ouvriers qu'on appella de Gênes ; de Venife & de Florence. On doit placer cette évoque fous le règne de Louis XI en l'année 1470. On a •aufli prétendu que c'eft à Tours que fut établie la piemiere calande qu'il y ait eu en Fiance, pour onder les mohes, les tabis & autres étoffes de loie. Quoi qu'il en foit , cette capitale a tou-jouts confervé fa réputation pour la fabrique des plus belles étoffes , comme velours , pannes, ferges de foie , brocards , fiuins , taffetas , gros de Tours. Le débit qui s'en fait actuellement au dehors T O a'eft pas aulfi confîderable qu'il étoit autrefois , parce que l'Etranger s'occupe à imiter ces étoffes , & à fe procurer par ce moyen le bénéfice d'une main - d'œuvre qu'il étoit obligé de nous payer. La province a aulfi des manufactures de laine , & quelques fabriques de chapeaux. TOURNOIS, petite monnoie bordée de fleurs-de lis , qui tiroit fon nom de la ville de Tours où elle étoit frappée. Aujourd'hui c'eft une limple monnoie de compte , qui eft oppofée à Parifis : on dit une livre tournois , un fol tournois , elle eft moindre que le parifis d'une cinquième . Cent livres tournois font cent francs en quelque monnoie qu'ils /oient comptés fans addition , ni diminution ; au lieu que cent livres parifis lignifient cent francs ,.avec l'augmentation du quart en fus, c. a. d. cent vingt-cinq liv. Cette différence vient originairement de celle qu'il y avoit autrefois entre les monnoies de Tours & de Paris. Voy. Parifis. TRAITE. Ce mot eft quelquefois fynonime à celui de trafic. 11 fe dit principalement d'un commerce ré- T R 351 glé entre des vaifleaux & les habitans de quelques pays-La Traite des Nègres eft le marché qui fe t'ait pour la vente des Nègres. Voy. Nègres. La traite foraine eft un droit qui le perçoit fur toutes les marchandifes qui entrent dans le Royaume. On a appelle traite domaniale , une augmentation d'impôt qui fe levé fur certaines fortes de marchandifes. Traite , parmi les Banquiers & Négocians, fe prend pour les lettres de change qu'ils tirent fur leurs corref-pondans. Il y a cette différence entre la traite & la remife , que la première eft en quelque forte un ordre pour payer, & la féconde un ordre pour recevoir. Voy. Remife. TRAITE de commerce. On peut le définir une convention entre deux Puiflances , par laquelle elles fuf-pendent le droit qu'elles ont de prohiber réciproquement les marchandifes l'une de l'autre , jufqu'à ce qu'A foit de leurs intérêts d'en agir autrement. Lorfqu'un Traité de Commerce n'a point été ftipulé dans la vue d'établir la paix entre les Nations, ou qu'il n'eft point une claufe efïèntielle d'un aime Traité, qui auroit réglé le droit rie ces Nations entr'elles , il peut être dit fous , parce que c'eft une chofe libre ex de faveur, Les Puiflances contractantes ne l'ont ligné que dans la vue de fe procurer des avantages réciproques. Si une de ces Puiflances y voit fa propre deftruction , elle reprend fes droits & l'autre en fait autant '; tout devient égal j & la juftice n'eft point violée. Pourroit-on blâmer , par exemple, le Portugal de rompre/es Traités de Commerce avec la Grande-Bretagne ; Traités qui ont mis le tiafic des Portugais entre les mains des Anglois , ôt font pafler à Londres tout l'or du Bréfil. Voyez Bretagne ( Grapàe ) Portugal. Quelles font les jégles qui nous indiquent , fi un Traité de Commerce eft avantageux ou non ? Nous répondons avec le Négociant Anglois , que ce font les mêmes règles qui nous aident à juger de la perte ou du profit d'un commerce. Si un Traité de Commerce peut augmenter le capital de ia Nation , le produit des terres , les moyens de fubfifter pour le peuple , il eft évidemment utile. T R Si au contraire ce Traité n'établit point l'égalité dan9 les droits d'entrée réciproques des deux pays i s'il diminue la mafle de notre or & de notre argent , s'il introduit les protections d'un autre pays en concurrence avec les nôtres . s'il diminue la demande de nos manufactures dans notre propre paysj s'il réduit nos ouvriers à la charge des paroifles Ôt des propriétaires des terres > il eft évidemment ruineux pour la Nation. Nous avons mis à la fin des articles des principaux Etats les Traités de Commerce particuliers qui les concernent. Nous ajouterons ici tout ce qui regarde le droit commun des Nations fur mer , & les conditions générales qui fervent de baie a tous les Traités de Navigation & de Commerce. Les navires marchands obligés par la tempête ou par quelqu'autre accident , de relâcher dans un port , ne payent les droits que pour les marchandifes qu'ils mettent à terre , & ils font libres de ne décharger que celles qu'ils jugent à propos. a l'égard des vaifleaux de guerre , il eft d'ufage de régler le nombre de ceux qui peuvent entrer dans un port, ôc \ Se ce nombre eft ordinairement de fix vaifleaux. Cependant fi une eleadre plus conûdérable eft obligée, pour quelque raifon importante , de chercher un azile , elle doit faire fçavoir au Gouverneur de la plaoe oit elle veut aborder , la caufe de fon arrivée , Ôc le tems qu'elle compte féjourner. On ne peut arrêter les marchands j les maîtres de navire , les pilotes , les matelots , ni faifir leurs vaiffeaux ôt leurs marchandifes , en veitu de quelque mandement général ou particulier , pour quelque caufe que ce foit , de guerre ou autrement , ni même fous prétexte de s'en fervir pour la défenfe du pays. On excepte cependant les faifies ôc arrêts de juftice faits par les voies ordinaires pour dettes, obligations Ôc contrats légitimes. En cas de guerre , il eft permis aux Nations neutres de commercer avec les Fuif-fances Belligérantes , pourvu qu'on ne leur porte point de marchandifes de contrebande i fous ce nom on comprend tout ce qui fert à l'ufage de la guerre , foit offenfive , foit défenfive , mais non pas les alimens néceffaires à la fubfiftance. Ea Tome IL T R ï$i général , tout commerce j quel qu'il puifle être , eft défendu avec une place qui eft alfiégée ou bloquée. Un vaifleau ne doit point fe mettre en mer , qu'il ne foit muni de lettres ôc de certificats , qui faflent connoître fon nom Ôc fon port , le nom du domicile de fon maître oU de fon capitaine , les efpéces de fa charge , le pays d'où il eft parti y Ôr celui pour lequel il eft dettiné , afin qu'on puif-fe juger s'il ne porte point des marchandifes confifcab.'esj ôc de prévenir les fraudes des prêtes-noms. On convient ordinairement de la forme dans laquelle ces lettres de mer doivent être faites, Ôc des perfonnes qui les délivreront. Dans le cas qu'uh vàifleari en veuille vifiter un autre ; il ne lui eft permis d'en approcher qu'à une certaine diftance , par exemple , à la portée du canbn i il envoie alors fa chaloupe pour faire la vifite. On ajoute foi aux lettres de mer préfentées par le maître du navire. Si l'ori trouve à bord des marchandifes de contrebande , ori les confifque fans toucher au refte de la charge, à moins que le capitaine dri vaifleau n'ait jette fes papiers à Ja mer, ou qu'il n'ait re- J$4 TR îufé d'amener fes voiles. Il eft défendu de fe faiûr des marchandifes de contre-bande chargées fur un navire avant que l'inventaire en zïtété fait par les juges de l'Amirauté , à moins que le patron ne confente à les livrer pour continuer fa route. Une Nation eft en droit de confifquer tous les effets d'une Puiflance neutre qui fe trouvent fur un navire ennemi , il le chargement n'a pas été fait avant la déclaration de guerre , ou dans de certains termes dont on eft convenu. Ces termes font de quatre femaines pour la mer Baltique ôc pour la mer du Nord, depuis Terre-Neuve en Norwege , jufqu'au bout de la manche ; de fix femaines , depuis la IYlanche jufqu'au Cap Saint-Vincent î de là dans la Méditerranée , fie jufqu'à la ligne , de dix femaines ; Se de huit mois, au-delà de la ligne. C'eft ainfi que contractent ordinairement la France , l'Angleterre , l'Efpagne, les Provinces - Unies Se les villes Anféatiques. Les Puiflances du Nord aflignent d'autres termes dans les Traités qu'elles font enfemble , 6V toute la différence confifte en huit, douze ou quinze jours de plus ou de moins , fuivant TR la dlftance des mers dont il s'agit. Cependant fi un chargement fait avant la déclaration de la guerre , ou clans les termes piefcrits, contient des marchandifes de contrebande il eft permis de s'en failir en payant leur jufte valeur , ou bien le maîtie du navire fe chargera d'apporter un certificat , pour prouver qu'il ne les aura pas débarquées dan* un pays ennemi. Les peuples qui font en-tr'eux des Traités de Commerce , s'accordent toujours la liberté de porter refpecti-vement les uns chez les autres toutes les marchandifes qui ne font pas prohibées par les loix de l'Etat , avec claufe de confifeation pour les autres. Les Commerçans font protégés , Se afin qu'on ne leur faffe aucune mau-vaife difficulté , on doit afficher dans les bureaux des douanes les tarifs pour tous les droits d'entrée Ôt de for-tie. On leur accorde la liberté de confeience ; ils font libres de fe fervir de tels Avocats , Procureurs , Notaires , Solliciteurs ôt Facteurs, que bon leur femble. Ils tiennent leurs livres de compte Se de commerce dans la langue qu'ils jugent i TR propos ; & s'il étoit néceflaire de les produire en juf-tice , pour décider de quelque procès , le juge ne peut prendre connoiflanee que des articles qui regardent l'affaire conteftée , ou de ceuic qui doivent établir la foi de ces livres. Un Prince s'engage toujours de défendre, fous les plus grieves peines , à tous fés fujets de prendre des com-miffions, ou des lettres de réprefailles , de quelque Eut ennemi de la Puiifance avec laquelle il traite. Il promet même de n'accorder des lettres de repréfailles qu'en cas de déni de juftice i Ôt ce déni ne fera point tenu pour conftaté , fi. la requête de celui qui demande les repréfailles , n'eft communiquée auIYIiniftre qui fe trouvera fur les lieux de la part du Prince , contre les fujets duquel elles doivent être accordées , afin qu'il puifle fe juftirier ou donner une jufte fatisfadf ion dans l'efpace de tel ou tel tems. Les injures & les dommages que quelques particuliers peuvent fe faire contre la teneur des Traités n'en diminuent point la iorce. On punira févere-ment l'infraèf eur, Ôt il fera obligé h réparer les torts qu'il aura caufés. TR Si un vaifleau échoue fut les côtes , tout ce qu'on en fauvera fera rendu aux pro-priétaiies , pourvu qu'ils payent les frais du fautivement, ôc que leur réclamation foit faite dans fan ôc un jour. On s'engage à ne recevoir dans fes ports aucun pirate* Enfin , il eft aflez ordinaire que Jes maîtres d'un navire a armé en guerre ôc en courfe , donnent avant leur départ une caution qui réponde des contraventions qu'ils pour-roieut faire aux Traités. En cas de rupture, on convient aulfi que les fujets des parties contractantes auront un certain tems fixe après la déclaration de guerre , c'eft ordinairement un terme de fix mois , pour vendre leurs marchandifes ôc les tranfpor-ter où bon leur femniera. Jufqu'à l'expiration du terme convenu , ils doivent jouir d'une liberté entière. Sans cette convention , qui n'eft pas ancienne , les Commer-çaus feroient continuellement inquiets ; au moindre mouvement qui fembleroie menacer d'une rupture , chacun fe Mteroit de retirer fes effets pour prévenir fa ruine} ôc il eft aifé de juger quel tort le commerce fouffnroic de ces interruptions. Voye\ le droit public de VBurQpt Zij 3?6 TR fondé furies Traités par M. l'Abbé deMably 174**' Suivant le droit commun , ainfi que nous l'avons énonce plus haut, il eft permis aux Nations neutres de commercer pendant la guerre comme pendant la paix avec les Etats Belligérants , pourvu qu'elles ne leur portent aucunes marchandifes comprifes fous le nom de contrebande de guerre. Ce droit de faihr les bâtimens neutres , chargés de ces marchandifes de contrebande , eft fondé fur les loix de la neutralité même. Ces loix défendent vifible-ment de favorifer une partie Belligérante plus qu'une autre, de lui donner les moyens de le défendre, ou d'attaquer avec plus d'avantage. Plufieurs Puiflances Maritimes ne fe font point borné à cette maxime du droit des Nations , elles ont encore voulu empêcher un peuple neutre de vifiter fur quelque prétexte que ce fût Jes ports de leurs ennemis. Lorfque les Provinces-Unies firent la guerre à l'Efpagne , pour en fecouer le joug , elles donneront un manifefte, par lequel elles déclaroient que tout vaifleau qui feroit pris , faifant voile pour quelque port du Royaume d'Efpagne , feroit de bonne pri- fe. En 1689 , cette République ôt l'Angletene lignèrent un Traité à YVittehal, par lequel elles convinrent de notifier à tous les Etats qui n'étoient pas en guerre avec la Fiance , qu'elles attaqueront & déclaient d'avance de bonne pûiè ,tout vaif-feau deftisié pour un des ports de ce Royaume , ou qui en fortira. Les Anglois dans la guerre préfente n'ont publié , il eft vrai , aucune ordonnance qui marquât l'empire qu'ils vouloient exercer fur mer , mais ils n'ont que trop fait voir leurs prétentions à cet égaid , par la conduite qu'ils ont tenue. Ils n'ont pas feulement refufé une navigation libre aux peuples neutres , quoique leurs bâtimens lu fient chargés de munitions de guerre tirées de leurs propre pays, & deftinées pour d'autres ports également neutres ; ils leur ont encore fouvent fai-fis & emmenés des vaifleaux qui portoient d'autres marchandifes , fur le feul prétexte que la cargaifon étoit pour le compte de l'ennemi. Pour fe convaincre que cette conduite , de la part des Anglois , donne atteinte aux droits & à la liberté des Nations Souveraines ; il fnffît de faire réflexion que la ^er étant un champ libre & ouvert à tous les Navigans , les Nations également Souveraines ne reconnoiflent aucune juiildiclion fur cet élément. Par conféquent une Puiflance Belligérante , fans jurifiiction , à l'égard des peuples neutres, ôt n'ayant reçu aucune oifenfe de leur Part , n'a aucun droit de plus en tems de guerre qu'en tems de paix , d'interrompre ou de gêner leur navigation f ôc d'enlever les maichandifes dont leurs bâtimens fe trouvent chargés. Les vaifleaux neutres ont écé*regardés, avec raifon , comme des lieux neutres. Ce font des maifons flottantes que l'on a rangées chez la plupart des Nations dans la claile des biens immeubles. Quand on prouve roit inconteltablement qu'ils font chargés pour le compte des ennemis, les Belligérans en feroient-ilsplus autorifésà s'emparer de leur cargaifon ? Non , fans doute , il ne doit pas être plus permis d'enlever des effets fur un vaifleau neutre que fur un territoire, qui jouiroit pareillement de la neutralité. Le Navigateur neutre , comme l'a obfervé l'Auteur d'une favante dif-fertation fur la faifie des bâtimens neutres , ne fait quelquefois qu'un commer- T R HT ce de fret ôc de commiflion, c'eft fa fortune , c'eft le patrimoine que la Providence lui a départi i c'eft l'unique objet de fon induftrie , dont il n'eft pas plus permis à une Nation en guerre de le priver , que d enlever au cultivateur fa récolte , fur le prétexte qu'il l'a vendue à l'ennemi. La Nation qui prétend mettre des entraves au commerce des peuples neutres , quand ce commerce n'a aucun rapport direct ôc immédiat à la guerre ôc à fes opérations , ufur-pe une autorité qui n'appartient à aucune Puiflance. Ces principes amodient les . plaintes que les Hollandois ont porté dans la guerre actuelle contre l'Angleterre , qui n'a celfé de troubler leur commerce de fret Ôc de commiflion , les branches les plus précieufes de leur induftrie. On pourroit reprocher aux Hollandois , qu'ils ont autrefois violé ces principes du dioit commun , qu'ils réclament aujourd'hui. On feroit même en droit de faire ce reproche à prefque toutes les Nations , parce qu'elles ne confultent le plus iouvent que leur force ôc leur intérêt , mais il fufHt pour nous d'avoir expofé Jes loix inva- fiables de l'équité & du droit desgens. Traité despajferies. C'eft le nom d'une elpéce de Traité ou de convention pour le Commerce qui s'obferve , même en tems de guerre , entre les habitans des rrontie-j-es de France & d'Efpagne. y. Pajferies. TRANSIT. ( Acquit à caution de ) C'eft le nom que l'on a donné à un acte que les Commis des Douanes délivrent aux Marchands , Voi-turiers , ou autres pour des marchandées privilégiées qui doivent pafler par Bu:eaux fans être vifitées , ou fans y payer- les droits. Cet acte a été appelle acquit à caution de tranfit , paite que les Propiie\aires ou les Voitu-riers de ces marchandifes doivent donner caution de rapporter dans un tems limité par l'acquit un certificat qui prouve que les marchandées tranfîtées n'ont point été altérées en route j qu'elles fe font trou* ées avec leur marque ôc ficelle, du même poids & des mêmes quantité & qualité désignées dans l'acquit. V. Acquit. Transit. ( Droit de ) Droit qui fe paye pour le paflàge d'une marchandife. Un Prince qui accorde aux Négocians étrangers la li- TR berté de faire paffer leurs marchandifes par les Etats , multiplie fes droits d'entrée ôc de iortie , ôc augmente par conféquent fes revenus. Mais il faut que les dioits detran-fît foient modiques ôc rela-ti ' Ma commodité , ou à la. lacune du tranfport qu'on procure à ces marchandifes étrangères. Si ces droits font trop forts, le commerce prend nue autre route, ôc le Prince fe prive gratuitement d'un bénéfice annuel. 11 y a] dont une différence à faire dans la perception dps droits, entre les marchandifes, ou les denrées qui entient pour la confommation intérieure , ôz celles qui ne font qu'emprun* ter Ofl pafîare. TRIiE de velours. Sorte d'étoffe veloutée , qui fert principalement à faire des ameublemens. Cette étoffé fe fabrique fur un métier comme le velours. Elle pré-fente d'un côté un endroit vélu Ôc couvert de laine ; la ti: me qui en forme le fond eft entièrement de fil de chanvre. Il y a de ces étoffes qui font pleines ou unies , d'aunes qui font rayées de différentes coulent s. Par le moyen de fers figurés & gravés en creux, on fait pavoî-tre fur ces étoffes des fleurons , ou compartimens en TR relief comme aux velours ci- fêlés. V. Gau rer. TRIPOLI. Ce Royaume, °w plutôt cette République de la côte de Barbarie , eft au nombie des Régences Bar-fcarefques , qui lont fous la protection du Grand - Seigneur. Ei:e eft bornée au Nord par la Méditerranée i à à l'Eit par Bara ; au Sud par Sara , ou le Grand Défert i à P )ueft , partie par Tunis, Ôt Partie par le Biklulgerid. Tripoli,capitale de tout le Royaume, fe divife en vieille fit en nouvelle ville. La première eft prefqu'entierement minée ; la féconde , qui en eft à quelque diftance , eft fort peuplée , quoique d'une grandeur médiocre. Cette capitale étoit autielois iic'ï-commerçante , à caufe de fon voiûnage avec la Nu nudie ; aujourd'hui , ce n'eft plus qu'un repaire de brigands , ainli que toutes les villes de la côte de Barbarie. Ou doit cependant rendre cette juftice à la Régence de Tripoli , qu'elle eft *rès-rigide obfervatrice des Traités : il eft vrai que dans l'Etat de foiblelfe où elle fe trouve , elle ne les violeroit pas impunément. Le peu de commerce qui lui refte con-fifte principalement en fafran , qui fe tire de la mon- , TU 3J* tagne de Garian , fituée au midi de la ville capitale-, ôc dans une grande quantité de cendres que les François ôc les autres Européens achètent des Arabes pour faire du verre ôc du favon. Les Vénitiens ôc les Génois lui fourniflent quelques étoffes de foie , d'or , d'argent. V, Barbarie. Tripoli de Syrie. Ancienne ville d'Afie avec un port fur la Méditerranée ; elle eft arrofée d'une rivière , ôc eft à 36 lieues de Damas. Cette lituation lui ouvre un commerce avantageux. On doit auffi la mettre au nombre des principales Echelles du Levant. On a porté le mentant de nos marchandifes d'envoie dans cette Echelle h cent vingt ou cent cinquante mille livres au plus, ôc celui des marchandifes de retour à treize ou quatorze cent mille livres , dont la foie fait le principal article. L'on doit compter dans les marchandifes d'envoie quelques ballots de Londrins féconds ôc de Londrins larges. TUILE. Pièce quarrée de terre cuite qui fert à couvrir des bâtimens. Cette couverture eft beaucoup moins chère que celle qui fe fait en ar-doifes. Cependant ia beauté de celles-ci , leur légere-Ziv 3<5b TU té, leur grande propreté les feront toujours préférer pour les édifices publics , & pour tous les bâtimens que l'on veut décorer. 11 fe fabrique des tuiles dans plufieurs Provinces de France. On peut remarquer à cette occafion , que ia perfection que nous recherchons dans les fabriques de luxe, nous la négligeons dans les manufactures qui travaillent pour nos besoins. 11 s'en faut de beaucoup , que les tuiles que l'on fabrique aujourd'hui foient d'une terre aulfi belle & aufli bonne que celles qu'on em-pioyoh autrefois. On trouve encore fur des Egiifes & des vieux bâtimens de ces anciennes tuiles, dont la matière n'eft point inférieure à celle dont on compofé aujourd'hui Ja poterie ou la fayence. Aufli nos tuiles de nouvelle fabrique , la plupart faites d'une argile trop graflè, font fujettes à fe déjetter , & fouvent éclatent k l'ardeur du foleil. La tuile qui fe fabrique en Bourgogne , & qui le débite à Paris , eft. d'une pâte aflez bonne. Mais on a pbfervé , avec raifon , que cette matière mêlée d'une efpéce de terre minérale , qui contient des parties de fer &i pe plomb , donnera toujours $es tuiles dé/e&ueufes. En t U effet, eette terre fe vitrifiant au feu , doit laiffer dans la tuile des parties foibles & fragiles. On diftingue la tutlle plate , de la tuile à crochet. La première eft ainfi appellée à caufe de fa figure : la féconde , parce qu'elle s'accroche. 11 eft une autre forme de tuile plus avantageufe pour l'écoulement des eaux , mais qu'il eft plus difficile de rendre folide dans fa place ; c'eft la tuile creufe ou à canal. Elle eft à peu près de la figure des faîtières, qui font de grandes tuiles faites en forme de gou? tieres , dont on couvre le faîte ou le fommet des toits. On a imaginé , il n'y a pas long-tems, des tuiles à double canal , qui au moyen de ce qu'elles font échancrées, peuvent aifément s'emboeter les unes dans les autres. Ces tuiles font fans contredit les plus parfaites. Mais comme les ouvriers , qui travaillent actuellement dans nos tuileries , ont leur routine , il fe paflèra encore bien du tems avant que l'ufage en foit répandu. TUNIS. Ce Royaume ou cette République, dont l'autorité eft entre les mains d'un Bey & de la Milice , fait partie de la côte de Barbarie. Elle eft comme les, TU autres Régences Barbaref-cjues fous la protedhon du Grand-Seigneur. La mer Méditerranée ôc le Royaume^ de Tripoli la bornent au Septentrion 6c à l'Orient ; plufieurs peuples Arabes au midi i le Royaume d'Alger à l'Occident. Tunis, qui en eft la capitale , eft lituée dans une belle plaine , à la pointe d'un golfe auquel elle donne fon nom. Cette ville contient dix mille familles , & plus de trois mille boutiques de draperie ou de lingerie. Chaque corps de métier a fon marché particulier. Tous leurs petits différens font décidés par des Gardes - M titres. Les Cordonniers compofent le principal corps , quoique celui des Bonnetiers emploie jufqu'à vingt mille ouvriers. La plus grande partie de cette Bonneterie paffe au Levant fur des vaiffeaux Anglois , François, Vénitiens, que ces différentes Nations frètent aux Turcs ôt aux Mores de Tunis. Le refte de la cargaifon fe fait en étoffes de laine , en plomb, en poudre d'or ; on reçoit en échaa-ge des étoffes de foie, des toiles de coton , du fer , de l'alun , du vermillon. L'E-£7P*e a auffi pour fa part des bonnets, de la poudre d'or, TU j5r de Vhuî]e ; du favon Se des piaftres de Seville. Comme la plus grande partie de cette huile eft deftinée pour les Mofquées de la Mecque & dj Medines les Arabes la traafportént toujours dans des jarres ôc jamais dans des tonneaux , de peur que ces derniers vafes n'aient été fouillés par le vin. L'Egypte donne en retour des toiles , du caffé , du riz , du chanvre & du coton. Les vaiffeaux , qui font ce commerce par caravanes, ne font tenus envers le Gouvernement qu'à la moitié des droits que payent les autres vaiffeaux. Cependant bien des capitaines aiment mieux faire au Levant des voyages féparés pour des marchands, en qualité de facteurs ou de fupercar-gos. Ils échangent leur cargaifon pour de l'orge Ôc du froment , qu'ils revendent avec beaucoup de profit en Efpagne , ou. au Midi de la Fiance. Ces caravanes font très - avantageufes à l'Etat par la taxe impofée fur les paffeports , Ôc par la multitude 'de fujets qu'elles attirent. Les paffeports des capitaines François fout limités à trois ans. Lorfque le terme eft expiré, ils ne doivent point les faire renou-veller, fans s'être préfentés 3<$t T tf auparavant devant quelque Cour d'Amirauté de France. Si le vaifleau vient à périr , ou s'ils en équipent un autre, ils font tenus de remettre leur premier pafleport au Conful de la Nation , ôc de s'en procurer un nouveau. Les paflè-ports des Anglois retient en force pour plus long-tems i on a remarqué que leurs vaiffeaux , qui fe trouvent parmi ces caravanes , ont befoin de moins de monde qu'aucun des autres Nations : avantage qu'ils doivent à la difpofition de leurs cordages V. Caravane. La poudre d'or que Tunis envoie au Levant , lui eft apportée par les caravanes de Salé & de Gademes. Celle de Salé , ville maritime du Roi de Maroc , arrive annuellement à Tunis trois femaines avant le Ramadan. On eftime qu'elle répand dans cette vilie pour plus de onze cens mule livres tournois de poudre d'or ou de fequins. La caravane de Gademes, qui y fait deux voyages tons Jes ans, tranfporte de plus beaucoup de nègres. Elle reçoit en échange des draps de France , du papier ,des glaces de Venife , du fil de 1er , & des bijoux de corail. Le peuple de Gademes eft au Midi de Tunis, ôc à un mois T U de marche de cette ville* Le commerce de Tunis en Europe fe fait principalement avec les Génois ôt les Vénitiens. Elle leur donne de l'huile , du bled , des fèves , des lentilles, de la cire , des laines , des cuirs Ôc du maroquin , pour des draps d'Efpagne , des étoffes de laine , de foie , d'or ôc d'argent. Les Juifs , par les mains defqv.els paflent ces différentes marchandifes , en fournirent la maifon du Bey. Elles leur font payées en papier fur la ferme des droits des cuits ôc de la cire. La France tire de Tunis les mêmes marchandifes que l'Italie i elle donne en échange des draps de Languedoc , des toiles de Bretagne , de Rouen , des moufielines pour faire des turbans , du vermillon , du fucre , du poivre , du girofle, du tabac , du vin , de l'eau-de-vie , du papier , de la quincaillerie , du fer , de l'acier, ôcc. Les François payent trois pour cent , tantpourles mr.vchandifesexportées , que pour les importées , ôc les Juifs dix pour cent pour celles qu'ils tirent d'Italie. Les Nations qui ne font pas aflez puiflàntes pour fe faire refpecf er des Tunifiens, font expofées à leurs brigar> T U dages. Ces Africains regardent même le métier de Pilote f comme plus noble que celui'de Commerçant. Peut-**re parce qu'il iitisfait davantage kur avidité or leur Pàrefle* Voy. Corfiire , Bar-t;irie. Les rades les plus fréquentées , dans les Etats de Tunis , font celles de la Gou-lette , de Biferte , de Porto-Farina,de Gallippe^de Suie, de Monefter ôc d'Esfaque. Celle-ci eft regardée comme ia meilleure , parce que la marée y monte. Tout bâtiment Européen, qui entre dans la rade de Tunis , arbore fon pavillon , ôt fa lue le château de la Goulette de trois coups de canon. Le capitaine va en-fuite faluer l'Aga de la forte-refle , ôt l'informer du lieu d'où il vient. Les vaiffeaux de guerre jettent l'ancre un peu plus loin que les navires marchands. Durant leur féjour dans la rade, le drapeau relie déployé fur la maifon du Conful , ôc tous les navires marchands de la même Nation tiennent leurs enfeignes déployées. Les bâtimens qui prennent , ou 1 aillent leur chargement dans le Royaume de Tunis , payent un droit d'ancrage qui haufle ou baiffe TU 3*s îelonles befoins du Gouvernement. Les droits du Con-fulat font ordinairement de deux pour cent. TURIN. Ancienne ville d'Italie, capitale du Piémont. Il fe fait un grand commerce de change entre Turin ôt les pays écrangers. Les écritures s'y tiennent en livres, fols & deniers ; la livre compofée de 10 fols , ôc le fol de 12 deniers. Les monnnoies nouvellement fabriquées, en confé-quence de l'Edit du Roi de Sardaigne du iç Février i~ISS i 10111 'a piftole d'or de *4 livres, la demie de i » livres , le quart de 6 livres ; l'écu d'argent de 6 livres, Je demi de j livres , le quart de i livre io {ois, Paris ôc Lyon changent avec Turin, ôc reçoivent joà 5$ fols de Savoie pour un écu de 3 livres , dont le pair eft ço fols 11 deniers. Le Louis d'or de France vaut 10 livres 7 fols 4 deniers de Savoie ; l'écu de 6 livres ç liv. 7 den. Les ufances des lettres de change,qui viennent de France à Turin, font d'un mois de date ; celles d'Angleterre de trois mois ; celles de Hollande de deux mois. Le ter-me,pour le payement des Jettres de change des autres Etats , commence le jour même qu'on Jes préfente pour l'acceptation. Ce terme doit expirer après un certain nombre de jours néceffaires pour avoir des réponfes par la pofte , ce qui fait que l'on a réglé les .ufances des lettres de chauge de Genève , de Milan , de Gènes à huit jours de vue, de Venife , de Florence , de Livourne , de Rome à dix jours de vue , d'Ausbourg,de Vienne, d'AN Jemagne à quinze jours de vue. Les lettres à vue , & celles à jour nommé , doivent être payées à leur préfenta-tion. Cent livres de Turin n'en font que 75 de Paris , & 100 de Paris en font 133 un tiers de Turin. Suivant ce rapport le rub , qui eft de îç livres de Turin, doit rendre 18 livres trois quarts à Paris. La mefure de longueur , en ufage à Turin , eft le ras. On compte ordinairement 100 ras de Turin pour 50 aunes de Paris, & 100 aunes de Paris pour xoo ras de Turin. L'on fe fert pour les gra»ns d'une mefure appellée émfne ; 100 émines font environ 158 fetiers & 6 fep-tiemes a Paris. La brinde eft la mefure pour les vins : elle contient T U 36 pintes , & pefe 6 rubs. Chaque rub étant de 25 liv. de Turin , la pinte revient à environ 4 livres x onces de Turin , la livre den onces. Les huiles s'y vendent a. raifon de tant de livres de Piémont, le rub de 25 liv. Le titre de l'or le plus fin s'exprime à Turin par 14 grains * celui de l'argent par n deniers. Le carat , ainfi que le denier fe divife en 14 grains. Le marc eft le poids dont l'on fe fert pour pefer ces métaux. Il contient 8 onces, l'once 14 deniers , le denier 24 grains , ôc le grain 24 granotins. Le marc de Turin eft plus fort que celui de France de 19 grains i ainfi 100 marcs de Turin doivent rendre 100 marcs 3 onces 7 deniers 4 grains en France. TURQUOISE. Pierre précieufe de couleur bleue , & ordinairement opaque. Elle vient de Perfe ôc de Turquie , d'où elle a pris fon nom qu'elle a même communiqué à la couleur bleue célefte, dont elle eft pénétrée , ôc que l'on appelle bleu, Turquin. ' Les turquoifes de Perfe font réputées, ou de la vieille ou de la nouvelle roche. Les premières font les plus recherchées , parce que leur, t U couleur eft uniforme & fans mélange. Les unes ôc les autres fe tailient en cabauchon & fe montent en bagues. Il eft rare que les turquoifes excédent la grofleur d'une noifet-te i cependant on eu a vu de plus groifes. L'on eft parvenu à imiter la Turquoife y en combinant des particules de cuivre avec des os & des dents d'animaux. Si le cuivre eft dif- T U jô-ç fout dans un aci le, on aura une turquoilë verte, fembla-ble à celles qui fe trouvent en Allemagne ôc ailleurs» ii au contraire la dhlblu-tion fe faic par un alxali , l'os deviendra une turquoife bleue à l'ordinaire. Ce qui femble indiquer que la turquoife, que donne la nature, n'eft point une pierre i mais une iubftance du règne ami-mal pétririée. V VAISSEAU ou Navire. Bâtiment de haut bord propre à aller fur mer. Avant que l'on eût découvert l'ufage de la bouflble , la navigation étoit très-bornée ; les navires par confé-quent ne pouvoient avoir acquis cette perfection que nous leur donnons aujourd'hui , Ôt qui les met en état de réfuter aux dangers d'un long voyage. Il y a des navires de guerre , de navires marchands, de troiliemes armés , moitié en guerre ôt moitié en marchandife , ôt qui tiennent par conféquent le milieu entre les deux premiers. Ou a loué les Hollandois fur la conftruction de leurs vaiffeaux marchands , qui font d'une fabrique ronde, ôc larges de fond. Ces fortes de vaiffeaux font eu effet très-favorables au commerce d'œ-conomie , parce qu'ils portent beaucoup , & n'ont pas befoin d'un grand équipage. Mais ces vaiffeaux vont plus lentement, parce que n'ayant pas de point d'appui comme un navire qui entre profondément dans l'eau , ils ne peuvent porter autant de voiles. Il eft d'ailleurs difficile de les gouverner; ce qui rend leur navigation dangereufe aux attérages. Les Hollandois ne l'ignorent pas ; mais la ûtuatiou de ia Hoilaude . 566 V A VA où tous les canaux ne font tre î 8c celle du fécond, compas également profonds , Ôt me quatre eft à deux. Suppo-le commerce d'ccconomie fons que la furface du grand qu'elle eft obligée de faire , foit , à la furface du petit , leur ont fait une loi de cette comme huit eft à lix i la fur-conftiu&ion. face de celui-ci fera , à Ion îsous oblerverons ici avec poids, comme fix eft à deux î l'Auteur de l'Efprit des Loix, tandis que lafuri'ace de ce-que plus un navire eft petit, lui-làne fera à fon poids plus il eft en danger dans les que comme huit eft à quatre' gros tems.Telle tempête fub- ôt les vents Ôc les Ilots n'agif-meige un navhe , qui ne fe- fant que fur la furface , le roit que le tourmenter s'il grand vaifleau rétifteu plus étoit plus grand. Plus un par fon poids h leur impétuo-corps en furpafie un autre en fité que le petit, grandeur , plus- fa furface eft Les naviies marchands en relativement petite ; d'où il France font tenus confor-fuit que dans un petit nawie mément aux Pvéglemens de il y a une moindre raifon } la Marine , de prendre des c'eft-à-dire , une plus grande congés de l'Amiral , ôt de les différence de la furface du faite enregifuer au Greffe navire au poids ou à la char- de l'Amirauté des lieux de ge qu'il peut porter, que dans leur départ , avant que de un grand. On içait que , par for tir des ports duP^oyaume une pratique à peu près gé- pour aller en mer. Les vaif-nérale ,on met dans un navi- féaux armés en guerre doi-re une charge d'un poids égal vent de plus obtenir une à celui de la moitié de l'eau commiffron pour aller en qu'il pourroit contenir. Sup- conrfe , fans quoi ils pour-pofons , continue le même roient être traités comme Auteur, qu'un navire tînt huit forbans, cens tonneaux d'eau, fa char- La capacité d'un navire fe ge feroit de quatre cens ton- mefure par tonneau. Voye^ neaux -, ôc celle d'un navire Tonneau» qui ne tiendroit que quatre On a appelle vaijfeau de cens tonneaux d'eau , feroit regijtre eh Efpagne Ôc dans de deux cens tonneaux : ainfi l'Amérique Efpagnole , un la grandeur du premier navi- vaifleau qui a obtenu une re feroit, au poids qu'il por- permiffion enregiftrée , pour teroit, comme huit eft à qua- porter des marchandifes dans VA les ports du Roi d'Efpagne en Amérique. Voy. Hegijtre. ( vj.iJJ'ej.u de ) VAN 11, LE. C'eft le nom que les Efpac;nols ont donné à la graine d'une plante d'Amérique ,ou plutôt à la gouf-fe qui la contient , & qui nous vient féche en paquets de cinquante , de cent Ôc de cent cinquante goutlès. Ce mot vanille eft emprunté de l'Efpagnol vanilla, petite gaine , ce qui exprime la forme des gouiles. La vanille eft le principal ingrédient dont on fe fert pour donner an chocolat du goût , de l'odeur 6c de la force. Cependant comme cette drogue eft fort chaude , plufieurs perfonnes la fuppri-ment, & font un chocolat fans vanille , qu'on appelle chozolatde famé. Voy. Chocolat. La plante qui produit la vanille eft foible , rampante, 6c a befoin d'être foutenue comme nos fèves , nos ari-cots. Elle s'élève ainli â dou-Se 6c quinze pieds de hauteur. Pomct , dans fon Hiftoire générale des Drogues , con-feille de choifir les gouifes de vanille bien nourries .greffes , longues, nouvelles, pelantes , grafles , fouples , «on ridées,d'une odeur agréable , Ôc que la graine du de- VE 367 dans , qui eft extrêmement petite , foit noire ôc Irritante. VEILLON. Terme Efpa-gnol , fynonyme à celui de Biilon. 11 fe dit particulièrement des efpéces de cuivre. On fe fert autli de ce terme peur diftinguer quelques monnoies de compte d'Eir>a-gne, en ufage principalement pour les comptes de iinance. Ainli on dit un ducat, nn réal, un maravedis de Veillon , par oppolition à ceux appelles de plate ou d'argent. La différence de la monnoie plate à celle de Veillon eft près de moitié, ic=o réaux, par exemple , de plate en font m £ de Veillon, Ôc 100 réaux de Veillon 51 réaux | de plate. V. Plate* VELOURS. Riche étoffe de foie , qui préfenre d'un côté un tiifu ferme Ôclèrré ; ôc de l'autre un poil épjis , court ôc très-doux. Si, à travers une chaîne de foie bien torfe , on en infère unefecon-de d'une foie plus lâche , Ôc que l'on coupe trauHerfale-ment par deffus l'étoffe les fils de. cette chaîne , oq aura une étoffe , qui offrira de ce côté un endroit velu ou couvert de poil, origine apparemment du mot velours. Les manufactures de France , d'Italie fabriquent des 368 VE velours pleins & unis ; des velours figurés , ou qui ont diverfes figures ou façons i mais dont la iuperficie , ainfi que le fond de l'étoffe , eft veloutée ; des velours à ramage , ou qui repréfentent de grands branchages ôt ornemens iur un fend fatiné , quelquefois de la même couleur , plus fouvent d'une couleur différente du velouté i des velours ras , ou dont les fils de ia chaîne n'ont point été coupés , des velours ra-yés, & enfin des velouis ci-felés, dont le fond eft une efpéce de gros de Tours. On diftingue aufh les velours à quatre , à tiois , à deux poils & à poil ôt demi. Les premiers lont les plus forts , les plus étoffés, les autres à proportion. Lyon, Gênes , Venife , Florence , Milan , Lucques ont de tiès-bel-les manuractmes de velours , ôc les étoffes qui en foitent font tiès-recherchées. Gênes fpécialement a eu long-tems la réputation de fabriquer les plus beaux velours. Les Génois effectivement fe font toujours montré extrêmement jaloux d'employer les plus belles foies torfes dans leuTS étoffes : ôc ont fait des recherches fur la meilleure manière de les fabriquer. Les Hollandois ont quelques ma- VE nufaflures de velours qu'ils débitent en Allemagne ôc dans le Nord ; ces étoffes fabriquées la plupart par les réfugiés François, lont moins pariaites que celles de Fran- ■ ce ôc d'Italie ; elles font aulQ à bien meilleur marché. On n'avoit employé juf-qu'ici que la foie pour faire des velours i depuis peu on fait ulage du coton. Le velouté qu'il préfente n'eft pas aulfr doux & auffi brillant que celui de la foie ; mais il eft d'un bon ufé- 11 y a une fabrique royale de ces velours de coton établie à Rouen. VENISE. Ville confidé-rable d'Italie , capitale de la République de Veniie , dans le Dogat. Cette ville eft toute bâtie fur pilotis au centre des Lagunes, fur le golfe de fon nom , où abontiflént plufieurs rivières.Cette fituation avantageule pour le commerce fait qu'il y a peu de villes où il s'en fallé un plus grand qu'à Venife. Voye\ Venife. ( Etat de ) La République fait tenir fes comptes en ducats , que l'on divife en *4 gros. La Banque appellée Banco del Gito, dans laquelle fe font feulement les viremens de parties ôc le payement des lettres payables en ducats banco, tient fes écritures en livres , «r mu livres, fols & deniers de gros banco. Cette livre eft compofée de «o fols, & le fol de ii deniers. On compte »o ducats pour une livre. Les Banquiers & les Négocians tiennent leurs écritures en ducats ôt gros. Les Marchands t en ducats cou-tans , qui font pareillement tone monnoie imaginaire , on les compte pour 6 liv. 4 fols chacun ; la livre de xo fols , le fol de 11 deniers courans. Le ducat banco ôt le ducat courant fe divifent en 1x4 rnarchetti. Depuis 1750 le ducat banco eft porté à 9 liv. ix fols courans fans agio fixe ; ainû pour 100 ducats banco , qui font 960 liv. on doit payer à la caille du comptant 154 ducats ôc 10 gros courans , qui fur le pied de 6 liv. 4. fols le ducat, font 659 liv. 19 fols 4 den. courans. Les monnoies réelles qui ont cours à Venife font les fequins d'or , ôt les ducats effectifs d'argent. Le fequin d'or a cours pour 11 liv. argent courant , ôc le ducat pour 8. Voy. Sequins. La piftole d'Efpagne ôc le louis d'or vieux de France y font reçus pour 59 liv. 10 f. lorsqu'ils font de jufte poids; «nais le louis d'or neuf & la lisbonnine y font réjmtés Tomt II. VE m marchandifes , ôc s'y vendent au poids. Il y a plufieurs autres monnoies étrangères dont le court eft fixé à Venife, comme le fequin de Florence pour xx liv. 10 fols, celui de Rome pour 11 liv. Ôcc. Suivant le cours ordinaire du change , Venife donne à Lyon 61 ducats banco , pour 100 écus de change en paye* mens. Par Décret du Sénat, il eft défendu de payer en ban* que , ni de protefter Jes lettres endoifées i ainfi le porteur d'une lettre fur Venife , doit envoyer cette lettre avec fa procuration à un de fes correfpondans , a l'effet d'en recevoir le payement pour lui ; ou bien il doit tirer la lettre en droiture en faveur de fon correfpondant de Venife. A lJrfgard des lettres de change payables en argent courant, elles peuvent être endoifées ôc proteftées comme dans les autres places. On y a fix jours de faveur^ après l'échéance des Jettres. Ces fix jours doivent être de banque ouverte ; ainfi on n*y comprend pas les jours de fêtes, ni le vendredi que la banque eft fermée pour faire les balances particulières. On diûincrue dans cette Ai ville deux fortes de poids , le poids fubtil Ôc le gros poids. Celui-ci n'eft d'ufage qu'à la douane. Cent livres du poids fubtil n'en font que 6\ \ de Paris ; & ioo livres du gros poids « oo liv. j de la même ville. La braffe pour les draps eft plus longue que celle pour les étoffes. Cent braflès de draps font 85 aunes à Paris , ôc 100 bralfes d'étoffes d'or ôc d'argent 51 Venise. ( République âe ) Cet Etat compiend quatorze provinces. Les Vénitiens ont été les premiers Européens voifins de la mer qui fe foient adonnés à la pêche, ôc qui ayent entrepris des voyages de long cours. Aufli ce Peuple ne doit pas moins à fon commerce qu'à la fagefl'e de fes loix, le haut degré de puiflance où il s'eft élevé. La ftérilité de fes lagunes lui avoit fait de bonheur une loi dn commerce. La fltua-tion de ces mêmes lagunes , au fond du golfe de Ja mer Adriatique, ôc à l'embouchure de plufieurs fleuves, pouvoit les faire regarder comme un entrepôt favorable pour les denrées des Peuples de la côte voifine. Mais il étoit plus avantageux, ôc en même tems plus sûr pour les V E Vénitiens, d'aller chercher ces denrées dans le lieu de leur cm , & de s'en rendre propriétaire?, pour les répandre enfuite avec profit chez leurs voifins , que de les attendre dans leurs ports. Les frais de chargement ôc de déchargement , de magalinage Ôc de commiflion euiient in-fenfiblement éloigné les Négocians étrangers, Ôc Venife ne tenoit plus rien. ^ Les Vénitiens firent long-tems feuls avec les Génois , le commerce de l'Europe du côté du Midi Ôc du Levant. Le trafic du Nord étoit entie les mains des villes Anféati-ques. Ces Italiens conferve-rent ce riche commerce , qui les rendoit les difpenfateurs de toutes les marchandifes de l'Orient , jufqu'au tems que les Portugais , à l'aide de la bouflole , fe frayèrent une nouvelle route aux Indes , en doublant le Cap de Bonne Efpérance- Cette heureu-fe expédition changea les intérêts de l'Europe , ôc ôta aux Vénitiens l'efpérance de devenir jamais une puiflance prépondérante en Europe.Ve-nife a néanmoins toujours confervé un grand commerce au Levant. L'Ambafladeur que la République entretient à Conftantinople fe nomme Baile, qui, en langage Lom- VË bard , fignifie Juge-Conful. ïl en t'ait auffi toutes les tondions, & peut être regardé comme le premier Conful des Vénitiens au Levant. Il a fous lui deux autres principaux Cnnfuls , qui rendent l'un à Alep , & l'autre a Alexandrie. Ce font des Nobles Vénitiens qui exercent ces Coniùlats. Comme il y a beaucoup de droits attachés à ces places , on les donne à ceux qui, par leurs travaux , ont bien mérité de la République. Dans les autres Echelles les Connais ne font que de (impies Citadins. Venife fait pafler au Levant des glaces de miroirs, des draperies , & beaucoup d'étoffes d'or , d'argent , de foie. Ses fequins font une des efpéces dont il fe débite le plus a Conftantinople & aux autres Echelles. Voye\ Se-quins. > Les principales marchandifes que cette République fournit à fes voifins , confif-tent en étoffes à fond d'or Ôt d'argent, en foies, en différentes drogues pour la médecine ôc pour la teinture. Nous lui achetions autrefois beaucoup de glaces pour la décoration des appartemens, des ouvrages de points, des verres ou autres vafes de cryftai i mais les progrès de VE î7î notre induftrie nous ont exempté de ce tribut. Les débouchés les plus confidéra» bles aujourd'hui pour les marchandifes de Venife , font l'Allemagne Ôc Conftantinople. C'eft afin de fe les con-ferver que la République^ a accordé de grands privilège^ aux Marchands Turcs ôc aux Marchands Allemands établi» dans la capitale. Cette République jouit depuis long-tems des avantages d'une Banque , qui a fer» vi de modèle à celles qu'on a formé dans d'autres Etats. Banque de Venife. Venife, capitale de la République , eft au rang dea principales places de commerce de l'Europe. Voye\ Venife, VENDRE. Comme il y a différentes manières d'acheter , il y a aufli différentes façons de vendre. On vend en gros, en détail , comptant , à crédit > on vend por.r fon compte ou par com-mifion. Voy. Crédit Commif-fion, Vente. VENTE. Tranfport de propriété , aliénation , ou abandon d'un meuble ou immeuble , fait par le propriétaire à un tiers , moyennant le prix convenu. Ce prix doit être certain , Ôc confifter en denier». Cependant ua A a ij 37* VE héritage qui feroit changé contre des. choies mobiiiai-res, telles que font le vin , les grains , le bois à biû'er & de charpente , le 1er , le plomb , l'or & l'argent en maflès , feroit valablement vendu , parce que ces eflèts peuvent être aifément efti-més. Le prix de la chofe vendue doit être déterminé j ainfi ce prix étant mis à la difpofition de l'acheteur , la vente eft nulle. II en eft de même fi le prix de la chofe vendue a été mife à la difpofition d'un tiers , qui n'a pu ou vculu en faire l'efti-mation. Mats fi ce tiers a fixé le prix , foit que ce prix foit jufte ou injufte , la vente eft valable. La vente conditionnelle n'eft parfaite que par l'événement de la condition. Une chofe vendue à condition qu'elle fera goûtée, peut être laifie'e par l'acquéreur qui ne la trouve pas à fon goût. A l'égard des autres marchandifes qui confiftent en poids , nombre ou mefure, l'acheteur ne peut pas refu-fer de les prendre au prix qu'il en a promis pour chaque poids, nombre ou mefure. La vente cependant n'eft point parfaite,qu'elles n'aient 4té mefurées ou peféec. VE Comme l'on peut vendre ou comptant , ou à crédit , il faut diftinguer la vente d'une chofe ians jour ôt fans terme t d'avec celle qui fe fait à crédit ôt à terme. La première n'étant faite par le propriétaire que dans la vue d'être payé du pùx inceffam-ment Ôt fans délai, cette vente lui conferve toujours la chofe par lui livrée. D'où il fuit que fi elle eft failie par. le créancier de l'acheteur , la difpofition de l'art. 178 de la Coutume de Paris , qui donne la préférence lur les meubles au premier failiflànt & exécutant, n'a point lieu à fon égard. Si l'acheteur s'en eft défaifi , le vendeur peut la pourfuivre comme fon bien propre , en quelque lieu ôt à quelque titre qu'elle fe trouve tranfpor-tée. A l'égard de la vente faite à crédit & à terme, le droit Romain ne donne aucun privilège au vendeur fur la chofe qu'il a ainfi vendue. Mais la Coutume de Paris a jugé qu'il étoit plus équitable de lui accorder une préférence fur la chofe vendue à terme pour le prix de la vente , afin que les créanciers ( de l'acheteur , ( ne profitent pas de fon bien à fon préjudice. U faut cependant obferver v e fu'îl n'a pas le droit de la revendication & de fuite , ainfi que celui qui a vendu au comptant, parce qu'il n'en eft plus le propriétaire s'é-tant fié à la foi de l'acheteur. VERDETou Verd-de-gris* Drogue propre à la teinture , qui n'eft autre chofe que la rouille du cuivre. On obtient cette rouille dans les manufactures de veid-degris , par le moyen des acides du marc de raifin. On étend ce marc fur des lames de cuivre très-minces , que l'on defcend à la cave dans des pots de terre. Après un certain tems on retire ces lames , 6c on y recueille le verd-de-gris ou la rouille verte ; qui couvre les plaques de cuivre. On n'a employé jufqu'ici dans la fabrication du verdet que du cuivre d'Hambourg. Celui de Suiffe 6c de Genève eft cependant moins cher ; mais comme il rend moins de verd-de gris , Hambourg a confervé la préférence pour l'approvifionnement de nos fabriques. Les mines de France pourroient néanmoins fournir du cuivre aulii bon que celui de Hambourg ; mais fon prix trop haut a été jufqu'ici un obftacle à fa confommation en verd-de-gris. Le Languedoc eft la ièule province dans le Royaume qui foit en poflèflïon de founir cette drogue , qui fe prépare à Montpellier , à Gignac & dans le* environs. Les pays étrangers en con-fommoient autrefois beaucoup ; mais les nouvelles fabriques qui viennent de s'élever en Allemagne 6c en Italie, ont beaucoup fait tort aux nôtres. Les Teinturiers du grand teint employent le verd-de-gris à faire de très- belles couleurs , comme verd céladon 6c couleur de foufre ; il eft d'ailleurs utile pour ia compolition du noir , en l'employant en petite quantité 6c a demi - chaud avec le bois d'inde ; c'eft pourquoi Jes Pelletiers 6c Jes Chapeliers , ainfi que les Peintres, en font un grand ufage. Le bon verd-de-gris doit être fec , d'un verd foncé , 6c peu rempli de tffches blanches. VERMEILLE ( Ja ) eft une efpéce de grenat d'un rouge cramoifi ou noirâtre , extrêmement chargé ; aulfi n'eft elle pas beaucoup recherchée. Cependant la grande vermeille fe vend che e , parce qu'elle eft rare. Pour lui donner plus d'éclat , on Ja creufe en deflous, ainfi que les grenars , d'une certaine gioifeur. On trouve des A a iij ï74 VE vermeilles en France ♦ en Italie , en Bohême. Pline a remarqué que le feu le plus violent ne peut ôter à cette pierre précieufe ni fa couleur , ni fon poli. VERMICEL. Pâte rie farine de froment ou de riz, dont on fait de petits filets en forme de vermiffeaux, appelles par les Italiens Ver-micelli. On donne cette configuration à la pâte , en la forçant avec un pifton de pafler par les petits trous d'un cylindre de fer-blanc ou de cuivre. A l'égard des macaroni, des kagni qui reçoivent des formes plus épaif-fes, on ies fait à la main. Les macaroni fe roulent en morceaux de la groffeur d'une plume. En général on peut donner à ces pâtes telle i'>-me & telle couleur que l'on veut. On y ajoute quelquefois des jaunes d'œufs , du fucre , du fromage pour les «endre d'un goût plus relevé. I»es Italiens font très-friands de ces fortes de mets ; mais 51s n'ont point encore pu nous y accoutumer , ôc le commerce qu'ils en font eft très-peu conlidérable. Il s'en confomme néanmoins beaucoup en Languedoc ôc en Provence. Le vermicel nouvellement fait eft le meilleur » il doit VE ?fre choifï bien fec & d'utt blanc de lait , lorfqu'on le demande blanc. Si on le veut jaune , il faut que fil couleur foit d'un jaune doré. VERNIS. Liqueur épaifle ôt luifante compofée de gommes , de réfines , ôc d'autres ingrédiens diffous dans de l'efprit de vin ou dans de l'huile , fuivant la nature de ces ingrédiens. On en couvre le bois , les tableaux , les cartons , les métaux mêmes , pour leur donner un luftre agréable. Nous avons eu à Paris des artiftes intelligens , qui par la compolition d'un nouveau verms , o:u fçudonner à des bijoux de carton une vogue chez l'Etianger ; mais nous n'avons encore pu trouver une liqueur compofée , qui approchât du vernis de l'Oiient. Ce beau vernis , qui fait le principal ornement des coffres , cabinets , plateaux , cabarets , ôc autres ouvrages de laque qui viennent de la Chine ôc du Japon, eft d'autant plus précieux pour ces Etats, qu'étant une production de la Nature, l'art ne pourra jamais parvenir à l'imiter parfaitement. Voye\ Laque. Ce vernis reçoit toutes les couleurs Ôc tous les defleins de fleurs , d'animaux , de perfonnages , que les Chinois ve Oit les Japonois veulent luî donner. Plufieurs de leurs ouvrages de laque font aulfi enrichis de fleurs d'or ôc d'argent. Ce vernis , indépendamment de la dureté, de l'é. clat, & du beau poli qu'on lui trouve , a encore la propriété de conferver le bois fur lequel on l'applique , d'empêcher les vers de s'/ mettre , ôc l'humidité d'y pénétrer. Il lui communique d'ailleurs une odeur douce ôc agréable. On a pu remarquer, en voyant les ouvrages de laque de la Chine & du Japon, que' les premiers font d'un vernis beaucoup plus tend e & qui s'écaille plus facilement. Cette différence peut venir de la main-d'œuvre , & de ce que les Chinois , plus commerçans que les Japonois , pins aflurés par conféquent du débit de leurs marchandifes , s'embarraiient moins de 1a qualité que du coup d'œil. Ils ont cherché à donner leurs ouvrages à un prix médiocre , afin d'en étendre la confommation D'un autre côté nos Négocians Européens ont refufé de mettre le prix à des morceaux achevés , 6c les Fabriquans Chinois & Japonois ont été obligés pour les contenter d'avoir des fabriques à meil- leur marché, moins parfaites par conféquent. N'eft-ce pa9 pour cette raifon que l'on ne trouve plus dans Jes porcelaines , Ôc dans Jes bijoux de Jaque qui nous viennent actuellement de ces deux Etats , cette perfection Se ce beau fini que l'on admire dans leurs anciens ouvrages ? VERRE. Cette matière artificielle , tranfparente ôc fufible , dont nous tirons des fervices fi variés , fe fait avec Jes lèls alcalis, que donnent Je bois , le varec, la fonde & toutes fortes de plantes réduites en cendre, ôt mêlées avec des fables mis en fufion fur un grand feu. Cet Acrent fi actif en (bulevant Se en agitant fortement ces différentes fubftances qu'on lui confie , Ôc qui font naturellement doies 6c inflexibles , les purifie ôt en déta- , che tout ce qui eft d'une autre nature. Lorfqu'il eft dif-fipé , toutes les parties homogènes de cette matière liquide fe rapprochent , ôc préfentent en fe condenfant des pores droits ôc ferrés, qui laiffent un libre partage à la lumière. Comme les fubftances qui s'emploient dans les verreries , h la fabrique du verre , fe trouvent par-tout en gran-Aa iv 37* de abondance, & que ces matières n'ont en elles-mêmes que très-peu de valeur ; on doit regarder les verreries comme très - avantageufes à l'Etat , puifqu'elles donnent à ces mêmes matières un prix réel , ôc procurent de l'occupation à beaucoup d'ouvriers. Aufli il n'y a point de pays commerçans où il n'y ait des lieux deftinés à la fabrique du verre. En France, la Normandie , la Lorraine , le Hai-riault, l'Anjou , le Maine , la Champagne, la Picardie , font les Provinces qui ont le plus de verreries. On a foin, »vec raifon, que ces fabriques qui confomment toujpurs beaucoup de bois foient éloignées des grandes viljes. C'eft dans ces manufactures que l'on fait les phioles , bocaux , retortes, tous les nftenfiles d'Apoticaires ôc de Chimiftes , les criftaux artificiels , les bouteilles de gros verre , de verre fin , les verres à boire , ôt le verre çn plat que l'on diftingue en verre commun ôt verre blanc. Le premier s'emploie principalement pour les vitres des bâtimens ordinaires. On referve le fécond pour couvrir les paftels , |es defleins, les eftampes , St pour le vitrage des appar-tçrrtsns décoras, Ces deux efpéjces de verre fe vendent à la fomme ou au panier; dans chaque panier il y a vingt-quatre plats. On fabrique aufli dans ces verreries beaucoup de menues marchandifes de verre , comme colliers, bracelets , pendants d'oreille, aigrettes f grains ôc olives de toutes couleurs , ôc de diverfes grof-feurs. Cette verroterie eft d'un grand débit dans le Sénégal , fur les côtes de Guinée ôc au Royaume de Congo , depuis le Cap Vert juf-qu'aU Cap de Bonne - Efpé-rance. VIENNE. Ancienne ville d'Allemagne , capitale de l'Autriche, Sa fituation eft agréable , elle eft dans l'endroit où la rivière de Vienne fe jette dans le Danube. Les étrangers tirent de Vienne du fafran , du chan* vie , du fer , de l'acier , du vin ôcune grande quantité de cuirs. Il vient de s'établir dans cette ville en 1759 un bureau pour la vente , ôc le débit des métaux ôc minéraux provenons des pays héréditaires de Sa Majefté Impériale , Royale , Apoftolique , fous le nom de direction Impériale ty Royale du débit de cuivre , & autres minéraux tels que vif-argent, plomb ? V i étain , laiton , antimoine , alun , vitriol, cadmie, verd de montagne , Sec. Tous les Négocians & autres perfonnes qui peuvent avoir befoin de ces métaux ou minéraux, ou qui veulent fe procurer des ouvrages de laiton a fi façon de Nuremberg, Se des aiguilles de la fabrique de Vienne , peuvent adreifer leurs commuions à la nouvelle direction , qui fe fait un devoir de les exécuter avec la plus grande ponctua lhé & à des prix raifonna-bles. Les écritures fe tiennent à Vienne en florins , creutzers & penings. Le florin eft compté pour 60 creutzers. Se le creutzer pour 4 penings. L'écu efpéce vaut 90 creutzers. En 17c3 eft paru une patène» de l'Empereur , qui a fpecifié toutes les efpéces étrangères qui ont cours dans ce pays, Se fur qpel pied elles doivent être échangées contre l'argent de Vienne : ainfi à prefent les lettres de change peuvent être payées avec ces efpéces. L'ufance des lettres fur cette place eft de 14 jours, à compter du jour de l'acceptation. Les lettres payables à demi - ufance , à ulance , à deux ufances, Se à quelques femaines de date ont 5 jours de faveur, qui commencent le lendemain de l'échéance. Celles payables à vue , on à peu de jour & à un jour prérix, ne jouiifent pas de ces trois jours de faveur. A l'égard de celles qui en jouik lent, elles doivent d'abotd après le refus d'acceptation , ou le défaut de payement à l'échémce , Se avant Je troifieme jour de faveur être pro-teftées , conformément an règlement Autrichien publié en 1717. Il y a une banque dans cette capitale , mais qui ne reffemble en rien aux banques de Londres , d'AnÏÏcr-dam , de Venife , dont l'ob-jet eft de favorifer le commerce 3c de Vétendre ; celle-ci eft établie uniquement pour la commodité du public , ou plutôt de quelques vof-feffeurs oiiifs qui y placent leurs fonds à de forts intérêts. Cent livres de Vienne en font nj Se demi de Paris, Se 100 aunes de la même ville environ 66 i de Paris. VIF-APvGfc'NT. Corps minéral & métallique, dans lequel on reconnoîc l'opseké , Je brillant , Se fur-tout la pélanteur métallique. Mais comme le vif - argent n'a, 578 vi point une autre propriété ef-fentielle aux métaux, c'eft-à-dire la malléabilité, puif-qu'il eft toujours en fulion , on l'a mis dans une clafle à part. V> Métaux. Le vif argent ou le mercure 5 nom que les Chi-iniftes ont donué à ce minéral , fe tire ou de fes propres mines , ou des mines des autres métaux avec lefquels il fe trouve mêlé. On a appelle mercure vierge celui que l'on obtient fans le fecours du feu. il fort naturellement du minéral , ou des pierres minérales qui parôiiTent au-dehors des ruines ; mais ordinairement la veine de ce métal eft une pierre rougeâtre,friable & de la pefanteur du plomb , qui eft encroûtée de particules de vif-argent. On le fépare de ces pierres en lui faifant éprouver différens dé-grés de chaleur , qui le vola-tilifent ôc le font monter dans différens vaifleaux dreflés exprès pour le recueillir. On fait un commerce con-iîdérable de ce minéral , parce qu'il eft d'un grand ufage en médecine ôc dans les arts. Les Efpagnols en confom-ment une quantité prodi-gieufe pour l'exploitation de leurs mines d'Amérique ; c'eft même une des meilleures marchandifes que les Nations VI Européennes , qui font un commerce interlope avec les Efpagnols du Mexique Ôc du Pérou puiflènt leur porter , principalement fi ce commerce fe fait dans des endroits voifins des mines. Les Etrangers nous envoient fouvent dans des bouteilles de verre du vif-argent , qui a déjà fervi à fé-parer l'argent de la mine. Il paroît ordinairement gras , d'une couleur plombée ôc biffe des traînées , ou il fe réduit en petites boules lorf-qu'on le fait couler i c'eft à quoi il faut prendre garde.Le vif-argent qui n'eft point mélangé de plomb , ôc d'aucun autre corps métallique , eft blanc , vif, coulant, ôc d'une belle eau i il ne s'attache point aux mains, ôc ne fait pas la queue , comme difent les Marchands. VIGOGNE. Animal fau-vage tr,ès-Iéger à la courfe , plus haut que la chèvre Ôc de la figure d'une brebis i il fe trouve dans les montagnes du Pérou. Cet animal donne au commerce une laine très- hne rie couleur brune ou cendrée , quelquefois marquée d'efpace en efpace de taches blanches. Les Efpagnols ont tenté plufieurs fois , mais fans fuc- ces, d'élever des vigognes en Europe. La laine de cette efpéce de brebis entre pria» cipalement dans la fabrique des chapeaux. On la mêle avec du Poil de lièvre ou de lapin. On diftingue la fine , la carmeline ou bâtarde ôc le pelotage. Cette dernière , ainfi appellée , parce qu'elle vient en pelotes, eft la moins eftimée. VIN. Liqueur que l'on tire du raifin par exprelfion. Les qualités du vin varient à l'infini & dépendent de celles du terroir. Le climat influe aufli beaucoup fur la vigne. Les raifins des pays froids atteignent rarement ce degré de maturité néceflaire pour obtenir un vin généreux. Les vignobles des pays trop chauds donnent au contraire des vins rudes, violents, fujets à s'aigrir. La France par fa pofition doit être par conféquent une des contrées de l'Europe les plus propres à la culture de la vigne. C'eft aulfi la France qui recueille les meilleurs vins ; ôc qui en fournit le plus au commerce. C'eft peut être à cette liqueur enchanterefle que le peuple François doit une partie de fa gayeté ; il eft fur du moins que c'eft à cette branche utile d'exportation qu'il eft redevable de la majeure quantitédes richef-fes que les étrangers lui apportent. Parmi les vins de France , ceux de Bourgogne Ôc de Champagne tiennent le premier rang. Selon un bon mémoire de la Société des fcien-ces ôc belles lettres d'Auxer-re que nous fuivons ici, on diftingue la Bourgogne en deux parties à l'égard des vins, la bafle ôc ia haute. La bafle Bourgogne eft un vignoble fort étendu , qui contient plufieurs cantons renommés par leurs vins rouges ôc blancs. Ils produi-fent, année commune , plus de cent mille muids de vin , mefure de Paris.Le muid contient 300 pintes, ôc eft divife en deux feuillettes , chacune de 150 pintes. Ces feuillettes font plus grofles que celles de la haute Bourgogne ôc de la Champagne , dont la feuillette eft le quart de la queue. Les principaux cantons de la bafle Bourgogne font Au-xerre , Coulange , Ireney , Tonnerre , Avalon , Joigny , Chablis. Ceux de la haute Bourgogne font Pomar , Chambertin , Beaune , le Clos - de - Vougeot, Voîle-nay, Montrachet , là Fvoma-née, Nuits , Chaflàgne Ôc Murfault. 38o VI Les vins de la baiTe Bourgogne font peu intérieurs à ceux de la haute ; ils les furpaffent même dans les années feche* : mais ceux de ja haute Bourgogne valent mieux dans les années humides. Or , comme de dix années , a peine s'en trouve-t-il une feche , il s'enfuit qu'ordinairement la haute Bourgogne a l'avantage fur la baife. Cependant il fe trouve chaque année dans celle-ci des vins d'élite qui peuvent être comparés à ceux de Beaune & de Nuits , & qui font achetés par les Marchands du Roi, les Normands Ôc les Flamands. Ces derniers les tranfvafent dans des demi queues de la haute Bourgogne , & les vendent comme s'ils en venoient. Les premières cuvées d'Au-xerre paffent pour les meilleurs vins de la bafle Bourgogne , ils ont beaucoup de couleur, de corps & de goût. Ireney en produit à peu près de même qualité. On compare ces climats à ceux de Nuits , parce que les vins qu'ils produifent fe reffem-blent à divers égards , ôc parce qu'ils fe gardent très-bien pendant quatre & cinq ans, lorfqu'ils font foignés ôc tirés en bouteilles à propos. Les vins rouges de Cou- V i langes 8c de Tonnerre foaf plus fins, plus légers ôt d'une feve plus délicate ; on le3 compare à ceux de Beaune , Vollenay , Pomar , ôcc. Ils peuvent être gardés trois à quatre ans. Avalon produit du vin rouge qui a du corps. Il eft vineux & foutient bien mieux le tranfport que les précédents , auxquels il eft néanmoins inférieur. Joigny a des vins rouges eftimés , mais qui ne font pas fi recherchés que les pré-cédens. Le vin de Chablis eft -un vin blanc , fin , léger ôc d'une feve très-délicate. On le compare au vin de Mnrfault. Plufieurs le préfèrent même aux vins de Champagne quand il eft bien choifi. Mais communément il leur eft inférieur. On recueille auffi à Au-xerre , & particulièrement à Tonnerre , de très-bons vins blancs, qui peuvent être comparés à ceux de chablis Une qualité efientielle, fur-tout aux vins d'Auxerre , Ireney , Coulanges , Chablis, c'eft d'êcre francs ; c'eft.a dire , fans aucun goût de terroir , qualité que n'ont pas toujours les vins les plus recherchés. Les prix des vins de la Bafle-Bcurgogne varient fuivant la quantité ôc la qualité. Les piemiers , tant rouges que blancs fe vendent depuis xoo jufqu'à joo livres. Après cette tête de vin , on en trouve , année commune » depuis 60 jufqu'à 100 livres le muid; Cet avantage manque à la Haute-Bourgogne , il n'y a pas de milieu entre les vins communs ôc ceux de la première qualité. Parmi ces derniers , le vin de Vollenay eft le plus délicat ôc le plus de primeur , ou celui qui eft le premier en boite , ôc ordi-rement le moins de garde. Le Pommard vient après, enfuite celui de Beaune , de Savigny , d'Aloxe , de Clraf-fagne , de Nuits , du Clos de-Vougeot ôc de Chambertin. Ces fept derniers crus ont ordinairement plus de corps Ôc de couleur que ie Vollenay ôc le Pommard , ôc ont la réputation de mieux fou-tenir la mer. Le Clos-de-Vougeot Ôc le Chambertin font des vins d'un gout diftingue ôc qui ont beaucoup de réputation. Ils fe vendent extrêmement chers ôc fouvent moitié plus que les autres. Au refte, on eft obligé de reconnortre , avec l'Auteur du Mémoire , que ces deux fortes de vins, v i ?8r quoique d'une qualité fupé-rieure, doivent en partie leur prix à la fantailîe du riche confommateur. Le montrachet ôc la Ro-manée font deux crûs extrêmement bornés. Ces deux fortes de vins font pour cette raifon les premiers ôc les plus recherchés de toute la Bourgogne. Ils font communément d'un tiers plu» chers que les vins du Clos-de-Vougeot ôc de Chambertin. Lorfque ceux-ci valent 800 livres , les autres fe vendent îzoo liv. On eft encore fouvent obligé, G on veut en avoir, de les retenir avant les veudanges. Les vins de Châlons & da Maconnois font d'une qualité fort inférieure aux autres vins de Ja haute Bourgogne. Il s'en fait peu d'envois à l'Etranger. Ceux de Beaune , de Nuits , de Chaifagne font dans les bonnes années Je9 plus propres pour l'Angleterre, Ja Hollande ôc Je Nord. On peut y joindre Je Vollenay ôc le Pommard. Ces derniers même , à caufe de leur délicateffe, fe vendent 10 ôt îo Jivres de plus que le commun des vins de Beaune s mais il faut qu'ils foient envoyés dans leur tems. Les vins de Vienne ôt de Languedoc, propres poux 384 vi xagne , qui font les plus recherchés , font ceux de Ver* zenny, Verzy , Thefy , Bou-fy , Mailly. Viennent après les vins de Rilly , Chigny , Ladu , Viller ,^Alierand JVIonbré, etc. Ces vins fe vendent fous-tirés, à ia différence des blancs qui s'achètent fur la lie. La jauge des vins rouges contient aulli plufieurs bouteilles de plus que celle où Ton met les vins blancs. Cette plus forte jauge, ou la grolfe jauge, qui eft celle de montagne , donne noà 115 bouteilles mefure de Paris ; ôt la petite , qui eft jauge de rivière , ioo« On diftingue quelquefois les vins par leur couleur- Il y â le vin ronge, le vin blanc, le gris , l'œil de perdrix, la pelure d'oignon , le paillet. Il s'eft introduit dans ce commerce, en général, une induftrie ennemie qui y jette le trouble &le défordre. Elle s'applique à faire revivre des vins.pafiés , ufés ou gâtés , à convertir des vins médiocres en vins des premiers crus & des premières qualités. Le plus fage pour éviter ces fupercheries , fouvent pernicieufes par les drogues qu'on emploie, eft de s'adref-fer aux propriétaires mêmes des vignes, toujours intéref- fés a conferver la réputation de leurs vins. On peut aufli avoir recours à ces Commerçans d'uue probité reconnue^ ôc qui ont dans chaque vignoble un Commiliionnaire qui les inftruit de la qualité ôc de la quantité des vins. Quelques autres provinces que la Champagne Ôc laBour-gogne fournillent d'excellens vins au commerce. Ceux des enviions de Montauban ôt de Cahors , dans le Querci , ont une force , une faveur , un parfum , qui doivent les faire rechercher avec autant d'emprelfement que les meilleurs vins de Bourgogne , par ceux qui confultent moins la réputation du vignoble que la qualité même du vin. Il arrive très-fouvent* comme l'expérience le fait connoître , que les coteaux les plus renommés ne répondent pas toujours également à l'attente du propriétaire $ c'eft encore une raifon de plus, quand on veut faire une provifion de vins, de s'en rappoiter à un Négociant fidèle , ôc bien inftruit des variations furvenues dans les qualités des différens vins. Les Etrangers nous enlèvent beaucoup de ces vin9 précieux, ôc d'autres de moindre valeur que donnent la Guienne a Vî Guienne, le Bordelois, l'Or-léanois , Ôcc. Ils les viennent ordinairement charger à Bordeaux , à la Rochelle, à Nantes ôc à Rouen. Les petits vins, ou ceux qui ne font pas marchands f fe converdfient en eaux-de-vie. La majeure partie des vins étrangers , dont les François font commerce , & qu'ils tirent en droiture des lieux où ils croiifent , mais qu'ils reçoivent le plus fouvent de la hîain des Anglois Ôt des Hollandois font des vins de liqueur. Il raut en excepter ceux du rhin . de la Mofelle , quelques crus d'Allemagne , de Hongrie ôc d'Italie qui font des vins fecs. w Le LacrimaChriJli eft un vin délicieux qui fe recueille au pied du Mont - Vefuve. Ce terrein eft léger , fablo-neux , ôc imprégné de particules hitreules qui s'exaltent par la chaleur fouter-raine du Volcan & donnent au vin fa qualité fupé-rieure. Les vins de liqueur les Phis contittl , font les vins Cap , des Canaries , de Madère , de Malvoilie , de Chypre , de Xeres.de Mala-Ba , de Pacaret,de Rota, d'Allante ôc autres vins d'Efpa-fnf; Celui de Tokay , dans la haute Hongrie , eft très-Tome IL précieux. Tous ces vins ornent très-bien les deflèrts s mais ils ne font pas à beaucoup près aulfi falubres que nos bons vins François. Le luxe feul met un prix aux premiers ; on peut même le* regarder comme autant d'ennemis domeftiques , qui portent bientôt par tout le trouble , Ôc l'incendie lorfqu'on en ufe trop familièrement avec eux. On a appelle vins muets ceux qui font faits avec du moût , dont on a empêché la fermentation. Pour obtenir ces vins , on a foin à mefure que le moût coule du pref-foir, den mettre une petite quantité dans des barriques où l'on fait brûler du foufreé En Guienne ôc dans quelques autres provinces , on y ajoute du fucre, ôc on braffe le tout à force de bras jufqu'à ce que la liqueur ne donne aucun figne de fer* mentation. On y revient plufieurs fois , & à chaque fois on diminue la dofe du fou-fre. Quand la liqueur eft bien repofée, on la foudre. Elle devient claire , limpide ôt brillante comme de l'eau-de-vie. Ce vin couferve toujours fa douceur. Il eft très-fain, fur tout pour les rhumes ôc les maux de pot* triue. Ou s'en fert quelque* Bb VI fois pour corriger l'acidité d'un vin trop verd. VIPERE. Efpéce de fer-pent dont la chair eft très-laine , quoique le poifon en foit fort dangereux. La vipère met bas fes petits vi-vans ; au lieu que les autres ferpens vuident leurs œufs. Son nom vient d'un mot latin qui exprime cette propriété. On fait mention ici de la vipère, parce qu'il s'en fait un commerce aflez con-fidérable par les Marchands Epiciers-Droguiftes. Sa chair eft le principal ingrédient qui entre dans la compolition de la thériaque. On s'en fert encore utilement dans plu-lieuis autres remèdes. Nos A-pothicaires font venir les vipères de plufieurs provinces du Royaume, du Poitou principalement. Elles font envoyées vivantes ou feches. Parmi les vivantes, celles qui font grolfes , bien vives & nouvellement prifes , doivent être préférées. Pomet dans fon hiftoire générale des drogues, confeille de ne les toucher qu'avec précaution , & même avec des pincettes , parce que leur morfure eft fort dangereufe. On a foin de les mettre dans des tonneaux où il y a de la moirife ou du fon , & de les pofer dans des lieux tempérés. Quoique ces VI animaux ne mangent plus s lorfqu'une lois ils font pris , on peut néanmoins les confer-ver vivans pendant cinq ou fix mois. Les vipères feches font envoyées par paquets, ordinairement d'une douzaine. On les renferme dans des vaiffeaux , qui contiennent du vif-argent ou de l'abfinthe , afin de les préferver des vers. Celles qui font pefantes , grofles , longues bien feches, nouvellement tuées , doivent être préférées. 11 faut aufli qu'elle foient garnies de leur cœur & de leur foie , ôt qu'elles n'aient point de taches de noirceur i ces taches indîqueroient qu'elles feroient mortes d'elles-mêmes. On fait encore un grand commerce de poudre de vipère , qui n'eft autre chofe que ces animaux féchés , garnis de leur cœur & de leur foie , réduits en poudre , ôt paflés par un tamis de foie Comme cette poudre eft facile à falfifier , il eft toujours plus fur de la. faire foi-même» Il y a plufieurs autre* préparations de vipère qui nous viennent de Montpellier , de Padoue , & auxquelles on a donné le nom de trochifques, ou de paftilles de vipères. VIREMENT. Terme de manque & de commerce. Le virement de parties eft une Manière de s'acquitter fans rien débourfer i ce qui fe tait parce que l'on a laiflé beaucoup d'autorité au Gouverneur : ce qui rend fon admi-niftration quelquefois arbitraire. La Virginie eft un pays très-fertile. Il y croit une multitude infinie de fruits ôt d'arbres de toute efpéce ; mais le tabac eft le principal article de fes productions. L'Angleterre a voulu plufieurs fois encourager les Colons k fabriquer des toiles , des étoffes de lainerie i mais la confommation du tabac , qui s'eft augmentée en Europe , les a déterminé avec plus d'avantage pour la métropole à fe borner à la culture de cette plante. Les Colons en ont porté la préparation , a une fi grande^perfec-tion , que le tabac qu'ils débitent eft très-recherché. Le V I meilleur tabac de la Virginie > celui que l'on appelle Svvet- Scentei- Tabaco , fe recueille fur une langue de terre qui s'avance entre la rivière d'Yorck ôt celle de James. Les Virginiens vendent aulfi des cuirs verdi, des pelleteries, des bois de charpente i ôt ils envoient quelques provisions à Barbade , ainfi qu'aux autres Antilles. Ils rapportent en échange , du rum , de la mélafle ôc du fucre. Williamsbourg eft la capitale de la province. On y a établi des tribunaux de juftice , ôc le Gouverneur y fait fa réfidence ; mats cette ville n'eft pas grande. Les Colons aiment mieux demeurer au milieu de leurs plantations , que de fe raf-fembler dans un même lieu. L'Angleterre a porté plufieurs loix pour empêcher les Virginiens de vivre ainfi dif-perlés. Ces loix n'ayant point eu d'effet , on projettade bâtir des forts dans toutes les rivières où les vaifleaux avoient coutume de commercer , ôc de les obliger à fe rendre fous le canon de ces forts, pour y débarquer ôt y faire leur chargement. L'ordre en fut donné • mais il demeura fans exécution faute V 1 de fonds. U y a lieu de croire que fi ce projet eût été fuivi, les habitans obligés de fe raffembler autour des forts, auroient enfin formé des villes. On voit peu de pays où il y ait de fi belles rivières & en auffi grande quantité que dans la Virginie. Les vaiffeaux qui viennent d'Angleterre peuvent les remonter jufqu'à plus de cent cinquante-milles ( cinquante lieues de France ( & vont en quelque forte à la porte des planteurs pour y prendre leurs charge-mens de tabac. L'Angleterre fait un profit immenfe fur cette denrée; elle en tire tous les ans une quantité prodigieufe qu'elle vend enfuite a l'étranger ; elle donne en retour aux Virginiens , des habits , des étoffes de laine & de fa quincaillerie. Voyez Tabac. Quoique la vie foit aifée dans cette province , elle n'eft pas cependant ii peuplée que les autres, parce qu'on s y lert de nègres pour cultiver le tabac. Le nombre des habitans , en y comprenant les Réfugiés François ot les Nègres, ne montent gueres qn'A1140010. Le commerce ordinaire de la Virginie fe fait P« échange. On y voit ce- VI 38$ pendant quelqu'argent mon-noyé ; on y en verroit davantage fi les habitans ne trou-voient du bénéfice à le faire paffer dans les autres colonies. Les principales pièces de monnoie qui y ont cours » font les fequins , les piaftres, & les efpéces frappées au coin d'Angleterre. VITRIOL. Sel foffile ou métallique, qui fe forme dans les entrailles de ia terre par quelque calcination du cuivre ou du fer , caufée par , l'efprit acide du foufre. Le vitriol du cuivre eft bleu , celui du fer eft verd. Ce fel participe des deux couleurs, s'il eft formé de la calcination des deux métaux. On eft parvenu à avoir un vitriol artificiel, en fuivant le procédé que la nature femble indiquer. On en fait auiQ avec les pierres fulrureufes , nommées pyrites. Le vitriol Romain s'obtient en expo-fant les pyrites ou marcailites à l'air , jufqu'à ce qu'ils fe calcinent flc fe convertiffent en chaux de couleur verdâ-tre. Dans cet état on les jette dans l'eau ; enfuite ,par le moyen du feu , on fait évaporer l'eau fur-abondante. Le fel métallique , contenu dans les pyrites , fe coagule pour lors en beaux civJaux , longs , traufpa.* B b iij -9° VO VU xens & d'un verd céladon- lés. Elle eft ordinairement de Les-vitriols de Pife , d'Al- clianvre écru. La Bretagne , îemagne , de Hongrie , de l'Anjou fabriquent beaucoup Chypre le font de même; de ces toiles. Il s'eft établi c'eft-à-dire , à peu près corn- depuis peu à Angers une me on prépaie l'alun en An- manufacture de ces toiles à gleterre Ôt le falpêtre en voiles , qui a obtenu le ti-France. tre de Manufacture Royale VOILE.Terme de marine, par Arrêt du LvOnleil du 17 C'eft un aflemblage de plu- Mai 1757. (leurs lés de toile coufus en- VOL'EDE. Plante fort femble, auxquels on donne commune en Normandie, qui line longueur réglée, & qu'on fert à la teinture en bleu, attache aux vergues pour Elle eft inférieure en qualité, prendre le vent qui doit pouf- Ôc a beaucoup moins de foi ce fer le vaifleau. Les voiles ont Ôc de fubftance que le paftel fuccédé aux r«mes. Ce n'eft du Languedoc. Le commer-pas cependinc que l'idée de ce de cette plante faifoit néan-faire fervir le vent à la navi- moins autrefois un article gation , n'ait pu venir aux très-confidérablepour la Nor-hommes de fort bonne heu- mandie. Mais la confomma-re ; mais la méthode de diri- tion en eft bien diminuée de-gerles voiles, de les ajnfter, puis que l'indigo nous a été & tout ce qui concerne la vot- apporté des Indes, lure femble être le fruit de Le vouede que l'on peut l'expérience ôt de la réfie- regarder comme une efpéce xion. C'eft principalement de paftel fe vend en bottes on depuis la découverte de la au poids, bouflble que l'on a commencé VU fur les lettres de chani £ rendre la manœuvre des ge. Ce vu n'eft pas obligatoi-vaifleaux plus aifée ; Ôc à dif- re , il ne fert que pour conf-pofer les voiles d'une manîete tater l'échéance, au cas que plus avantageufe. celui qui a mis le vu juge à Toile à voile. C'eft de la propos de payer la lettre de tpile propre à taire des voi- change. U USANCE. Ce mot qui paroît venir du vieux mot ust coutume, ufage, dé-figue en matière de change le tems que fon a coutume d'accorder pour le payement des lettres de change. Ce tems qui commence à courir, °u du jour de l'acceptation des lettres, ou du jour de leurs dates, eft plus ou moins long fuivant l'ufage de la place. Nous avons indiqué cette différence dans les articles des diverfes places de commerce, & les autres ob-fervations que l'on doit faire fur le payement des lettres de change. Voyez ces articles, USURE. C'eft un intérêt illicite , ou un prix non au-torifé par la loi, qu'exige un Particulier pour le loyer de fon argent. On a aufli appelle ufure le profit que l'on retire d'un argent avancé, ou prêté fans aliénation de fond. Mats loi feme ce profit eft modiques lorfqu'il eft autorifé par le confentement unanime de la Nation j lorfque le Créancier ne demande à fon Débiteur qu'un bénéfice déjà accordé à l'argent, qu'une compenfa- tïon de 1a perte qu'il /ôufire-par l'abfence de fes fonds , doit-on taxer le prêt qn'il fait comme ufuraire ï Voyez, intérêt , Efcompte. Ce qui caradférife principalement l'ufure , ce qui la diftingue de l'intérêt légitime j c'eft lorfque le débiteur fouffre quelque dommage du prêt qu'on Jui fait ; lorfqu'il eft obligé de prendre fur fon bien Je bénéfice qu'il cède à fon Créancier. Ce prêt eft condamné en France par les loix de l'Efrlife & par celles de VEtat, Se dans nos mœurs il eft devenu odieux. L'abus horrible que font les ufuriers du befoin de leurs concitoyens , n'eft-il pas un motif plus que filffiiant pour répandre à pleines mains Je mépris Sz la honte fur leur infâme métier ? Si on a regardé l'intérêt > même le plus bas , comme une charge impofée par le Citoyen oifif, furie Fabriquant adfif & laborieux i k plus forte raifon doit-on s'élever contre l'ufure qui ruine le Commerçant , arrête les entreprifes, Se jette le Bb kr 59* u s trouble cV le défordre parmi rott d'établir, comme on z ceux qui n'ont que leur in- fait en plufieurs endroits d'I-duftrie pour fulfifter. Les talie , des Banques , où le Florentins , les Génois , les particulier dans le befoin , Vénitiens , qui avant la dé- pût trouver la faculté d'em-couverte des Portugais , fai- prunter à un piix modique, foient feuls le commerce de Si,ces banques, prêtent fur POrient, ne trouvèrent point gages moyennant un léger de plus fur moyen pour s'af- bénéfice , les marchands, qui furer la poflefiion de ce riche ayant pour l'ordinaire prefque commerce , que de prêter à tout leur bien dans le corn-gros intéiêts aux peuples merce , n'ont aucune hypo-dont ils craignoient la con- theque à donner , pourront eurrence. G'etoit aulfi la po- néanmoins jouir du bénéfice litique des Juifs , les Corn- des emprunts. Ils donneront milfionnaires & les Facteurs aux prêteurs des effets qui du monde entier au commen- leur ferviront de nantifi'e-cement du feizieme fiécle. Ils ment. V. Mont de Piété. s'aidoient volontiers de leur Ufure maritime. C'eft cet-argent & de leur crédit en- le qui a lieu pour argent prê-tr'eux fans aucune forte d'in- té à la grolfe aventure. Voye\ térêt ; mais ils exerçoient l'u- Aventure. ' fure la plus forte envers les Les Romains permettoient-nations étrangères. Par ce aux particuliers de ftipuler moyen ils fe rendirent maîtres tels intérêts qu'ils vouloient, de l'induftrie des aimes peu- lorfqu'il s'agiifoit du comptes , & acquirent des richef- merce maritime. Ces inrérêts fes immenfes. parmi nous peuvent pareil- Les peines prononcées lement être auffi forts qu'il contre les ufuriers, n'ont fer- plait aux parties. » La grar-yi de tout tems qu'à faire pa- » deur de l'ufure maritime yer l'ufure plus chèrement. » eft fondée fur deux chofes, Quels font donc les moyens » le péril de la mer qui fait le plus fur s pour la profcrireï » qu'on ne s'expofe à prêter Les mêmes que pour faire » fon argent que pour en baiffer 'e prix de l'intérêt. » avoir beaucoup d'avantage, lfoyex Intérêt. » & la facilité que le côm- II y auroit encore un autre *> merçe donne à l'emprun-moyen d'écarter la troupe » teur , de faire prompte-^rriée des, ufuriers , çe fe^ p ment de grandes affaires, u s » 6V en grand nombre ; an » lieu que les ufares, de ter-» re n'étant fondées fur au-» cune de ces deux raifons , »» font ou profcrites par les U S .391 » légiflateurs, ou ce qui eft » plus fenlë , réduites à de » juftes bornes. Efprit des Loix. YORCK. ( La Nouvelle ) Colonie Angloife de l'Amérique , entre les 41e ôc 41e dégrés 50 minutes de latitude Septentrionale. Elle eft bornée à l'Oued Ôt au Sud par les deux Jerfeys , ôc à l'Eft par la Nouvelle-Angleterre. Ou lui donne 40 lieues de long fur fept de large. Les Suédois furent les premiers Européens qui s'y établirent vers l'an Us lui donnèrent le nom de Nouvelle Suéde. Peu adonnés au commerce ils négligèrent ce qui pouvoit l'étendre, & ne pouffèrent pas fort loin leurs plantattons.La provincepafla entre les mains des Hollandois qui en connurent mieux le Prix ; ils l'appellerent la Nouvelle Belgique. Lorfque les Anglois l'eurent conqui-fe fur ces nouveaux poilcf-feurs, elle changea encore de nom ôt prit celui de Nouvelle-Yorck , parce que Charles U avoit donné cette contrée Y au Duc d'Yorck fon frère depuis Jacques II. Cette colonie s'étendoit autrefois depuis la Nouvelle Angleterre à l'Eft , jufqu'au Maryland au Sud. Aujourd'hui elle eft ref-ferrée dans des bornes plus étroites. On l'a divifée en dis Comtés , qui contiennent plus de cinquante mille habitans.Lacapitale de cette pro0 vince fe nomme aufli Nou-velle-Yorck. On l'appelloit Nouvelle - Amjlerdam lorsqu'elle appartenoit aux Hollandois. Depuis que cette ville eft paflèe entre les mains des Angiois, elle eft devenue beaucoup plus floriifante. Elle 2 fix marchés confidér*» bles oh l'on trouve raîfem-blées des denrées & des marchandifes de toute efpéce. La colonie eft régie par fon Affemblée ôt par un Gouverneur , ôc un Confeil que le Roi nomme. L'abondance Ôc la variété des produit ions de la Nou- $94 Y O velle-Yorck , l'étendue de fon commerce , l'activité & l'induftne de fes habitans l'ont rendu une des plus flo-riiTante* colonies que l'An-gletene ait en Amérique. Il n'y a point de fortes de grains d'arbres , d'arbuOes , ôt de plantes dans la Gtande-Bretagne, qui ne viennent mieux encore & en plus grande abondance fur les côtes de cette province, 5c dans Long-Jjland , ou l'Ifle Longue, qui en fait partie. Elle nourrit auffi beaucoup de chevaux , de montons , de porcs, ôcc. Les habitans fçavent mettre à profit toutes ces différentes productions , pour étendre leur commerce dans toutes £s Ifles de l'Amérique ôc en Europe. Ils portent leurs grains en Efpagne, en Portugal, en Italie,concurremment avec l'Angleterre, ce que celle-ci ne voit que d'un oeil ja- Y O foux.Lçs habitans s'occupent plus utilement pour la métropole du commerce de pelleteries. Il part tons les ans des ports de la Nouvelle - Yorck pour la Grande-Bretagne des vaifleaux chargés de peaux d'élans , de daims , d'ours, de loutres , de caftors ôc de toutes fortes de fourrures de prix que les fauvages apportent , Ôc pour lefquelles on leur donne en échange des marchandifes d'Angleterre. Voy. Pelleteries. 11 y a beaucoup de monnoie de papier dans cette colonie. On y en compte pour foixante dix mille liv. fterlings , ou un milion fix cens dix mille liv. tournois.Le prix du change de cette province fur Londres,oufur quelqu'au-tre place de la Grande-Bretagne, étoit au mois de Février 1719 entre foixante-dix ôc foi, vante-quinze pour «eut, FIN, AVERTISSE M £ NT SUR LES. DEUX TABLES SUIVANTES. N O t r e livre de compte , qui n'c*ft aujourd'hui que numéraire , étoit du tems de < harlema-gne du poids de la livre Romaine , & pêfoit douze once-: d'argent ; mais qui ne repréfentoient que dix onces trois quarts de notre poids de marc. Cette livre de Charlemagne fe divifoit, comme aujourd'hui t en vingt parties égales appellées/o/j , ex le *ol en douze deniers ; ainiî le denier étoit alors comme à préfent la deux cent quarantième partie de la livre. Mais depuis la cupidité ou la politique , dans la vue de foulager le débiteur , a retranché de ce poids en différens tems , & a laiiTé àja monnoie la même dénomination , qui n'eft qu'idéale. En calculant d'après le prix a&uel de notre m arc d'argent de huit onces porté à 49 Rv. 10 fols, la livre de Charlemagne vaudrait aujourd'hui,poids Pour poids , titre pour titre , 66.liv. 8 fois. La première diminution de cette monnoie d'argent , a commencé à ia fin du règne de Louis VI. La Table qui fuit indiquera les variations & le décroît, fanent progreflïf que cette même monnoie d'ar-8ent a foufferts fous les autres règnes jufqu'à pre-,ent, & la valeur de notre livre aduelle dans les C390 différentes périodes qui y font rapportées. Ainiî on verra que notre livre d'aujourd'hui eft en rapport avec j deniers i du tems de Charlemagne , & qu'un million du tems de cet Empereur vaudroit foixante-fix millions deux cens mille livres de la monnoie actuelle. Il fera également facile de re-connoître la proportion de la valeur des monnoies des différées règnes les unes avec les autres. Il eft démontré , par exemple , que la livre fous François premier ne valoit que 7 fols 6 deniers du tems de Charles V ; & qu'au contraire la livre fous Charles V valoit 2 livres 13 fols 4 deniers de la monnoie du tems de François premier» L'autre Table qui fuit la première , nous prouvera que la livre actuelle d'Angleterre ou la livre fterling compofée de 20 fchellings , a fouffert beaucoup moins de réductions que la livre de France. Mais un autre avantage que nous trouverons dans ces deux tableaux que nous expofons ici , ce fera de pouvoir nous guider plus sûrement dans l'hiftoire des matières qui regardent les finances ou le commerce des deux Royaumes. Le prix des marchandifes évalué fur celui des monnoies , nous fera connoître plus fenfiblement ou leur rareté , ou leur abondance refpective dans les fiecles parlés. Mais en faifant ces évaluations , il faut toujours fê rappelier qu'après la découverte des riches mines du Mexique & du Potofi , l'Amérique fit coupler en Europe une li grande quantité d'argent, que C 397 ) ce métal baiiTa de valeur , ou que le prix des marchandifes tripla, pour fe mettre en équilibre avec celui de l'argent devenu beaucoup plus commun. C'eft cette affluence d'argent depuis le treizième fiecle qui , jointe à l'augmentation des monnoies t a produit réformante difparité que l'on remarque entre le prix actuel des denrées , & la valeur de ces mêmes denrées dans les fîecles pafles. TABLE des réductions que la monnoie ou la livte de Charlemagne a foi 1 2 37 9 Henri VII. 1 Henri VIII. 11 2 4S 34 Henri VIII. 10 48 3 6 Henri VIII. 6 48 37 Henri VIII. 4 48 1 Edouard VI. 4 48 3 Edouard VI. 6 72 6 Edouard VI. 11 1 60 2 Marie* 11 60 2 Eliiabeth. 11 2 6© 19 EîifabetJi. 11 2 60 43 Eiifabeth. 11 2 62 Ce dernier taux eft toujours refté le même. C 400 ) AVERTISSEMENT. T L eft néceflaire de fe rappeller ici ce que nous avons dit dans cet ouvrage , que le cours du change n'eft jamais le même. C'eft une efpéce de balance qui haulTe ou qui bailTe félon la multiplicité plus ou moins grande des dettes , & des créances réciproques d'un Etat. Mais pour calculer ces mouve-mens & les apprécier , il faut partir d'un point fixe i il faut connoître l'équilibre de la balance c'eft-à'-dire , la parité de la valeur intrinféque des monnoies ; c'eft l'objet des deux tableaux fuivans. En comparant le cours du change cctuel , ou le change de nécefîité avec le change de parité repréfente dans le premier tableau ; nous pourrons voir fi la balance du change nous eft favorable , fi les places étrangères de Commerce nous donnent plus qu'elles ne reçoivent, li la France eft créancière des autres Etats , ou fi ces Etats font créanciers de la France. Le Tableau fuivant contient une réduction en monnoie de France des monnoies de compte , des différentes places Commerçantes. Ce fécond Tableau peut être regardé comme la contre-épreuve du premier. Celui-ci fait voir le pair de notre monnoie de compte en monnoies étrangères ; l'autre Le calcul de ces deux Tableaux a été fait fur le prix de notre marc d'argent monnoyé qui eft dé 49 livres 16 fols, mais que Ton a porté à 50 Ai* Vres t pour éviter la multiplicité des ira^ions* Ta b LE au du pair de notre écu de compte de trois livres en monnaies étrangères. Notre écu de change de 60 fols vaut valeur intrinfeque à Amfterdam.. $4 deniers de gros. Anvers.. . . $1 deniers de gros lu Cologne. . .42 Albus 1 denier U. 78 albus fond la rixd. de Col. V albus eft de 12 d. Copenhague. 2 orts 2 fchellings. 4 orts font la rixd. de Cop. Vort de 18 fchel. Dantzick. . .48 gros \. Florence.. . 3 livres 4 fols 9 deniers. Francfort... 48 creutzers |« Gênes. . . .2 livres n fois 10 deniers. Hambourg, . 25 fols lubs 11 deniers n Leipfîk. . . 12 groches 11 deniers IJ. 24 groch. font la rixd. de Leip. la gr. eft de it d. Liège. ... 2 livres 3 fols 2 deniers. Lisbonne. . . 324 re's. Livourne... 3 livres 4 fols 9 deniers. Londres.. . 29 deniers fterlings A. Madrid. . . 160 maravedis ï'. Meffine. . . 4 carlins 8 grains Milan. .. «2 livres 1 o fols 9 deniers. Naples. . . 2 tarins 8 grains 1. Rome. ... 4 Jules 4 bajocs 1 qu. Stoklom.. . 12 marcs 24 marcs font la rixdale de cuivre de S toc. Turin. ... 2 livres 6* deniers. 3 1S fols font Vécu de 9 au marc. Venife. ...12 fols 11 deniers. C4°3 ) a b l e a u du pair des monnoies étrangères en monnoie de France. Efp. ètrang. Valeur en monnbïede France. liv. fols den. Amfterdam. Florin......2 4 $ Anvers. . . Florin......2 6 $ Cologne. . . Rixdale......S n 1 Copenhague. Rixdale......$ I.l 1 Dantzick.. . Rixdale......S 11 * Florence. . . Ecu.......6 18 9 Francfort... Rixdale......S 11 1 Gênes. . . . Piaftre......$ 11 * Hambourg. . Rixdale.....$ il 1 Leipfîck. . . Rixdale.....i 11 1 Liège. . . . Ecu......♦ S 11 1 Lisbonne. .. Cruzade.....3 *4 Livourne. .. Piaftre......S 11 1 Londres. .-, Livre fterling.. . 24 13 9 Madrid.. .. Piftole d'Efpag.. 20 7 14 Meffine. ..Ducat......s i* 1 Vliian. . ..Ducaton. . . . , 6 1$ 9 Vaples. . .. Ducat. . . . , . 6 9 Sortie. . .. Ecud'etempe.. .10 } 8 Stockholm. . Rixdale. .....$ 11 ï ^urin. . .. Ecu.......S 11 1 Venife. . .. Ducat courant. .4 12 7 APPROBATION. J' AI Jû par or<3re de Monfeigneur le Chancelier , un ma-oufcrit qui a pour titre : le Dictionnaire du Citoyen , ôc je n'y ai rien trouvé qui en doive empêcher l'impreffion. a Paris ce premier Février mil fept cens foixante-un. - ROUSSELET. PRIVILEGE DU ROY. LOUIS, par la grâce de Dieu , Roi de France & de Navarre : A nos âmes ôc fe'aux Confeillers les Gens te-rians nos Cours de Parlement, Maîtres des Requêtes Ordinaires de notre Hôtel, Grand-Confeil, Prévôt de Paris , Baillifs , Sénéchaux, leurs Lieutenans Civils ôc autres nos Jufticiers, qu'il appartiendra ; S a l v t. Notre amé le fieur * * * Nous a fait expofer qu'il defireroit faire imprimer ôc donner au Public un Ouvrage qui a pour titre : DittionnaU fe Portatif du Citoyen , ou Abrégé Hiflorique , Théorique Pratique du Commerce. S'il Nous plaifoit lui accorder nos Lettres de Privilège pour ce néceffaires. a ces Causes, voulant favorablement traiter l'Expofant , Nous lui avons permis & permettons par ces Préfentes , de faire imprimer ledit Ouvrage autant de fois que bon lui femblera., & de le faire vendre ôc débiter partout notre R.cyaume pendant le tems de fix années confécutives , à compter du jour de la date des Préfentes. Faifons défenfes à tous Imprimeurs , Libraires , ôt autres perfonnes, de quelque qualité ôc condition qu'elles foient, d'en introduire d'impreffion étrangère dans aucun lieu de notre obéiifance 5 comme aufli d'imprimer ou faire imprimer, vendre , faire vendre , débiter ni contrefaire ledit Ouvrage , ni d'en faire aucun Extrait fous quelque prétexte que ce puiffe être , fans la perT Sniflion expreffe ôc par écrit dudit Expofant, ou de ceux qui auront droit de lui, à peine de confifeation des Exemplaires contrefaits . de trois mille livres d'amende contre chacun des Contrevenans, dont un tiers à Nous, un tiers à l'Hôtel Dieu de Paris, «r l'autre tiers andie Expofant, ou k celui qui aura droit de lui, Ôc de tous dépens , dommages & intérêts. A la charge que ces Préfentes feront enregistrées tout au long fur le Regiftre de la Communauté des Imprimeurs & Libraires de Paris, dans trots mois de la date d'i-celles ; que l'impreffion dudit Ouvrage fera faite dans notre Royaume, ôc non ailleurs, en bon papier ôc beaux caractères , conformément à la feuille imprimée attachée pour modèle fous le contre-fcel des Préfentes ; que l'Impétrant fe conformera en tout aux Reglemens de la Librairie , ôc notamment à celui du 10 Avril 17x5 ; qu'avant de l'expoferen vente , le Manufcrit qui aura fervi de copie à Pimpreflion dudit Ouvrage, fera remis dans le même état où l'Approbation y aura été donnée ès mains de notre très-cher Ôc real Chevalier, Chancelier de France, le Sieur de Lamoignon, J qu'il en fera enfuite remis deux Exemplaires dans notre ■Bibliothèque publique , un dans celle de notre Château du Louvre , ôc. un dans celle de Lamoignon ; le tout à peine de nullité des Préfentes ; Du contenu defquelles vous mandons ôc enjoignons de faire jouir ledit Expofant ôc fes ayans cau-« Pleinement Ôc paifiblement, fans fouffrir qu'il leur foit fait aucun trouble ou empêchement, Voulons qu'à la copie des Préfentes, qui fera imprimée tout au long au commencement ou à la fin dudit Ouvrage foit tenue pour due-ment fignifiée , ôc qu'aux copies collationnées par 1 un de nos amés ôc féaux Confeillers, Secrétaires, foi foit ajoutée comme à l'Original : Commandons au premier notre H miter ou Sergent fur ce requis, de faire pour l'exécution ci 1-celles tous actes requis ôc néceffaires, fans demander autre permiffion , Ôc nonobftant clameur de Haro , charte Normande ôc lettres à ce contraire : Car tel eft notre pla.ur. Donné à Verfailles le dix huitième jour du mois de Mars an de grâce mil fept cent foixante un, Ôc de notre Règne Je quarante-iixieme. Parie Roi en fon Confeil. Signe , L* BEGTJE. Rtgifiri-le préfent privilège , enfemble la ceffionfurU Ri-&Jtre quinze de la Chambre Royale c> Syndicale des Librai-r« G- Imprimeurs de Paris, N°. io78>/. conformément au Règlement de 1713 , qui fait défenfe, article 41 » «.rPonn^t^tf auekuss qualités & conditions qu'elles toutes perfonnes ae j .^J^ îmvrimeUTS m ie Jeni i toutes f'' ™^ à foient , fl""« her aucUns Livres pour les vendre en leurl àeblltr , faire «jj ^ ^m [ts Auteurs ou autrement, g. noms , foient qu, ^ lfl fufdite Chambre neuf exemplair à la charge aej g du même Règlement. A Paris %ffîg%.L%*. G- saugrain , Syndic.