- - • v VOYAGEiS E T DECOUVERTE^ Faites paries Russe s le long des cöües de la Mct Glaciah & fur VOdan Oriental^ tant vers Xtja^on que vers VAmsrlque. On y a joint L'H I S T O I R E FLEUVE AMUR Et des pays adjacens, depiiis la con-quete des Ruffes; avec la N?uvelle Carte qui prefente ccs Decouvcrtes & le cours de I'A-Kur, dreilee fur des memairrs auihen[iques, publiee par 1'Academic des Scicnces dc St, Pccersbourgj & corrigec en dernier lieu. Ouvrages traduits da TAllemand de Mr G. P. MÜLLER^ Par C, G. F, Dumas. tome i. A AMSTERDAM, Chez MARC-MICHEL REY, M D c c Lxri, ' \ ^ I T u 7 3»: . I •i . u • O, 51 i 1' z \f. W K v;'a .... ■A jC - .rvza o M Vi MANES D E PIERRE LE GRAND, C'Eft a vous que je dedie ce li-vre. Sans vous il n'exifteroit pas. Les decouvertes dont il eft rempli font de ces fruits heureux des grandes vues qui occupoient fans ceffe votre ame. Bienfaiteur, Pere, Createur de votre immen-fe Empire, vos fujets vous furent redevables de leurs loix, de leur confcitution, de leur furete interne & externe, de leurs moeurs, de leurs connoiffances, enfin dc tout ce qui peut rendre un peuple heureux & refpedable. Ceft ä leur pofterite ä vous elever des ^ 2 monumens de marbre & de bronze : celui que ma foible main vous dreüe id, pour etre moins fomp-tueux, n'en eft pas moins une ex-prefiion vraie de la reconnoiflance que vous doivent les Icttres les arts. De tout tcms on a donne le furnom de Grand ä certains Princes. Mais qu'ont-ils fait pour s'at-tirer cette difdnclioii? Ilsont fait des conquetesj ils ont eleve des bätimens merveilleux: le fang & la fueur des peuples a coule pour leur ambition & pour leur luxe. Et par qui ont-ils ete decores de ce fuperbe titre ? Par leurs fu-jets,pardes Courtifans rampans. par des auteurs mercenaires, par des rimeurs pay es pour les louer, pour les encenfer, pour les met-tre au rang des demi-dieux. Voi-lä les gens, qui ä I'exemple de ieurs maitres, pretendoient doi> ner le ton au refte de Tunivers: mais Tunivers n'a fouscrit ni aux loix des uns, ni aux oracles des autres. Ce n'efc que par les e-crits empoules des orateurs & des poetes, & par les declamations des pedans & de leurs eco-Hers, qu'Alexandre n'eft pas fim-plement Alexandre. L'hvftoire, plus fage, fe contente de dire que Henri IV. etoit un Prince vail-lant bon; que Loui^ XIV. ne ^ 3 manquoit pas de goüt, qu'il ho-noroit, qu'il encourageoit les talens; que GuiUaume III. favoit tirer parti de fes revers micux que d'autres d« leurs vičtoires; que la lečlure de duinte-Curce gätaTefprit de Charles XII; & que ce n'eft pas le Ruffe , fortant ä peine de la barbaric, qui penfa le premier ä dire Pierre le Grand, mais bien TEurope en-tiere , etonnee de vous voir des-cendre du tröne, voyager com-me fimple particulier, inanier la hache & Tarbalete, apprendre les arts & les fciences pour les enfeigner ä vos peuples, recueil-lir, appeller chez vous les gens a vir talens, de quelque patrie, de quelque religion qu'ils fuflent, & faire fordr du cahos de Tignoran-ce Tempire le plus vafte, pour figurer fur le theatre du monde coTTime l'un des plus redoutables de la terre (*) Qa'il me foic permis de rapporter ici riüfcripcion fuivante,qui fe lic ä Spa au bas des armes de Sa Tvlaj. Czarienne. Eile n'a point fervi de texte h mon Epitrej celle-ci etoit ecrice lorfque j'eus connoifTaoce da monument; mais die quadre fi bien avec ce que je dis, que je nc crains point qu'nn la trouve deplacee. La voici. Petrus ])Timus, D. G. Rujforum Imperator, Pim Felix, Inviäus, apud juos militaris difcipli' ncE reßüutor, fcietitiarum omniutn artiumque frotofatör, validijfimd bellicaruinnavium proprio marte conjiüutä clajfe,auäis ultra ßnem exercitibus Jms ditionibus tarn avitis, quam hello partis inter ipfus Bsllonts flammas in tu- vm O P irre le Grand, qu'euf-fiez - vous ete fj vous aviez livre votre coeuraux caprices du fexe, & votre efprit aux direčtions du froc? Q.u'eufliez-vous etc fi vous aviez chaffe de vos Etats tous ceux de vos fujets qui n'alloicnt pas fe faire bätifer ou marier ä la grecque? Un fultan cffeinine, adore au milieu de fon ferrail par to poßtis, ad extsTQs fe C07ivertit, variartm-que per Europam gentium lufiratis moribus^ per GaUia?n ad Namurcum atque Leodium has ad fpadanas aquas tamquain ad Jalutis por-tum pervenit, ■Jahiberrimifque , prccferttn Gercnßsrici fontis, fdicüer potiSy priftina-robori, optatce-que incolumitati refiitutus fuit anno 1717 die 23 JuHi. Rsvifisqus dein Ea' tavis , avitumque ad ' Imperium re^erfus, sternum bocce gratituHnis fucs monumentum bie appüni prt{cription du Kmifchalka, re pour prendre langue chez les habi-tans du pays; mais ceux ci ne connolf-foient point de riviere dans cetce con-tree. Les rochers qui regnoieni: le long de la cote empechoient la peche; les provifions commencerent a manquer, & Staduchin fut oblige de retourner au Kolyma. Quant ä la pretendue lie de la Mcr Glaciak, il n'eft point dit ü ellc fut cherchee ou trouvee dans cette expedition. Tout le profit qu'on en tira , confifta en quelques dents de chevaus-marins, que Staduchin envoya ä kutzk, avec la propofition d'envoyer des gens expres pour la peche de cei animaus. On fut dans ce tems-la que le Pogit-Jcba etoit la meme riviere qu'on ap-pelloit auffi JnatJiv, & Ton ne cruc plus devoir chercher fon embouchure du cote oil Staduchin I'avolt cherchee. On apprit des idolätres d'alentour qu'il y avoit un chemin plus court par terre, & cela donna lieu k I'expedi-üon que nous allons rapporter, Ce fut proprement ä une courfe que firent le* Cofaques du Kolyma, en remontant la riviere d'jJnui en 1650, que Ton dut ]a deconverte fi intere/Tante d'un che-min par terre ä VAnadir. Ce qu'on en favoit auparavanc, n'etoic fonde que fur de's bruits vagues. Ici Ton fit des prifonniers fur la nation des Chodynzisy qui fervirent de guides. AulGtöt il fe forma une troupe de volontaires, tanc Cofaqnes que Promy Sehlems, qui prefenterent requete au Commandant Ae KoJymsM Oflrog, pour qu'il leur permit d'aller s'emparer de VJnadir, & d'y impofer un tribut. On ]e leur accorda. Smoen Motora, (c'6. toit le nom du chef de la troupe) fit prifonnier le 23 Mars un Chodynzi des principaus de la nation, & Temmena avec lui. Ce fut ce Motor a qui joignit Defchnev) {\iT VJnadir au mois d'Avril, comme nous I'avons remarque ci-deffus. II fut fuivi par MkhaUo Staduchin, qui fut 7 femaines en cfaemin. Arrive fur VJnadk il paffa la Shnmie de Defcbnm.^ & fit fes affaires ä part. Bientöc la ja-loufie s'en mela; il fut toujours en dif-puLe avec ce dernier. Defchnew &Mo-tora, pour ne pas le trouver en leur chemin, voulurenc aller a la riviere de Pen/chim; mais faute de guide ils furent obliges de rebroufTer. Staducbln ä fon tour alia au Pen/Mna, & depuis lors on n'entendic plus parier de lui. Defchncw & Motora avoient canflruit des bätimens fur VJnadir, pour s'en fervir en rrer ä la decouverte d'autres rivieres, lorfque la more prevint le dernier, qui fut tue fur la fin de Tan-nee 165 [ dans un combat contre !es Jnaiiks. L'ete de I'annee fuivante 1652 Dsfcbiiew employa ces bdiiraents ä dei-cendre jufques ä I'embouchure de VJ-mdii-^ 0Ü il reraarqua un Banc qui s'e-tendoic du coie feptentrional de cette ernbouchiire Jufque fort avant dans la mer. Ces fortes de Bancs font nommes Korgi en Sibirie. Celui dont nous par-Ions fervoit de render-vous ä un grand Dombre de chevaux-marins. Dejchnevi trouva moyen d'en avoir quelques dents, & fe crut fiinirainment dedom-mage par-la de fa peine. L'ann^e d'apres 1653 il fit abattre du bois pour bätir une Kotfche, fur la-qiieüe il fe propofoit d'envoyer par mer ä Jabitzk le tribiic qu'on avoit rejii jufqu'alors- Mais comme on n'avoit pas tout ce qii'il falolt pour cette con-flruflion, il fut oblige de renoncer ä cc delTein. D'ailleurs il fut averti que la mer autour du TJchukotzkoi ■ Nosz n'e-toit pas tous les ans d^gag^e de glaces. En it)f4 on fit un fecond voyage au Korga pour avoir des dents de che-vaux-marins. II s'y trouva un Cofaqut nduvellement arrive de Jahitsk nomme Jufchko SeHwcrßoi». II avoit accompa-gne Stadtichin dans fon expedition fur mer; celui-ci I'avoit depeche ä Jabitzk avec la propofition de faire chercher des dents de chevaux marins pour ie campte de I'Etatj&on I'avoit envoye en conßquence muni des pouvoirs necef-faires pour cela. Ses inflruftions por- 'toient qu'il impoferoi: le iribut aus peu-ples de V/Inadir, & du TJchcndon, autre riviere, qui touibe dans le golfe Fen-Jchinfki: car on ignoroit encore ä Ja-kutzk les etabllfiements de Defchneva, Cela occafionna des difputes. Seliwer-ßoiv vouUtt s'at.Crib'jer la deconvertedu Korga, comme fi c'etoit le lieu ou il etoit venu par msr en 1649 avee Sta' dtichm. Mais Dejchne-Ji lui prouva qii'ils n'avoient pas feulement etc juf-qu'au grand TfchukolzUUNofz^ciVLi ecoit enloure de roch^rs , & qui.] ne coii-noifToit que trop lui - meme , puifque c'etoit la que la Kotfche d'Jnkudinov} s'etoit brifce. „ II ajouta, que ce n'e-,, toit pas le premier cap autjuel on ,, avoit donne le nom de SuJietoi-Nofz. ,, Que marque propre öi diilinftive de „ celui-d , c'ttoient les deux lies vis,, 2-vis du Tfchukotskoi-Nofz , habitees par ces hommes dentus dont nous „ avons parle ci-deffus. (^aa Stadachin „ ni Sermevßoix) n'avoient point vu ces ), hommes; mais que lui les avoitvus; „ & que le Korga a I'embouchure de .. yjnadir en ßtoit bien eloignd encore. En parcourant la cote, Dejchne'U} trou-va des habitations de Kor^askes, & d:lns une de celles-ci une femme Jakute, qu'il reconnut pour avoir appartenu ä Fcdot Ankuilinm. II lui demanda oil etoit Ton maitre? Elle repondit:,, que Fedot & ,, Gerafm C-^nkudtnow) etoienc morts du „ fcorbut; que d'autres de la troupe „ avoient ete tu^s; qu'un petit nom-„ bre s'^Loitfauve dans descanots, fans „ qu'on ait fu ce qu'ils etoient deve-„ nus. " On trouva dans la fuite des traces de ces derniers au Kamtfchatka. Apparamment que fuivant les cotes, un rent favorable les a conduits jufque dans Tembouchure de la riviere de ce nom. En 1097, lort'que IVoIodimer ^tlajjovt entreprit la conquete du Kamtfchatka, les Ruffes etoient deja connus aux ha-bitans du pays. II y a une tradition chez les Kavitfchedaks, que long-terns ^v^nl Atlajjow, un certain Fedotovi { ap-paremment le fils de Fedot Jlexee'w) avoit jiToit demeure parmi eux avec quelques-uns de fes camarades, & qu'üs avoienc pris de leurs fiües pour femmes. On montre encore le lieu oü ces Rulles avoient leurs habitations, ä l'embou-chure de la petite riviere de ISlikul, qui fc decharge dans celle de Kamtfchatka, & qui pour cette raifon cfl appellee en langue rufTe Fcdotkha. JMais Jors de l'arriv^e d'^llajpm il n'exiflolt plus aucun de ces Ruffes au Kamtjchatka. Iis y etoient, dit-on, refpe6t^» & adores prefque comme des Dieux. Oa les croyoit invulndrables. Iis fe querel-krent, fe battirent entr'eux, & fe dif-perferenr. Quelques-uns pafTerent juf-qu'au golfe Penfchinski. Les Kamt/ehe-dales & les Korjcekes, temoins de leur defunioD, virent leur fang coulcr, ne ks crurent plus immortels, & les tue-rent. La riviere de Fedoticha entre dans Celle de Kamtfchatka du cöte du Sud , a 80 Werfles * au-deffous de Werchnei- * Mefure itineraire en Rufiie, de 500 Sajens eu braffes, chacune de 7 pieds melure d'Angleierre, Tom. L B Kamtfchatzkoi - Oßrog. Du terns" de la premiere expedition du Kamtfchatka on voyoit encore fur les bords de cette riviere de Fedotkha les refles de deux Simowies, que Ton pretend avoir dtti habitues par Fedotow & par ceux qui Taccompagncient: raais on ne favoic point dire par quel chemin ces premiers Ruffes etoient venus au Kanit-Jchatka, Cela n'a ece connu, comme nous I'avons remarque plus haut, qij'cn 1736 au moyen des archives de kutzk. Pour ce qui eft de h pretendue grm-Ae He dans la mer gladafe, dont nous avons die, ä I'occafion du voyage du Cofaque Michailo Stadiich'm, que ce qu on en avoit appris en 1645. n'avolt point confirm^, nous dbferverons d'a-bord, que de routes les relations des voyages par mer entrepris ci-devant entre le Lena & le Kolyma^ il n'y en a pas une feule qui dife un mot de cette grande He: & cependant plufieurs batiments avoienc ^te forces par ies vents ä prendre tellement le large, qu'il etoit comma impoflible qu'elle ne fe trouvat en leur chemin fi eile exiftoit. Ceci fe coafirme pardculierement par deux voyages, qui fe firenten partie de compagnie Tan 1Ö50, enforce que les relations font preuve Tune de I'au-tre. On y pent voir auffi comfaien cei voyages etoient penibles & peril-leux. Jndrei Gorelot, Cofaque, fat envoyc au mois de Juin de la dite annee, par mer de Jakutzk k la riviere d'hidigir-ka, pour rendre tributaires les peupl^ qui demeurent vers fa fource att-tour du Moma, autre riviere qui fe jette dans Vlndigirka. Le dernier d'AouIl il arriva vis-ä-vis de TemboucKure du Chroma. Jufque-lä fa navigation ayoit ete heureufe. Mais ici il fut pris par la glace, eloigne ä Ton compte de deux journees de marche ä pie de la terre ferine. Heureux s'il avoit pu la gagner alors. Mais le degel qui furvint Teii cmpecha, & un vent violent emporta B Z le bätiment toujours plus avant dans ]a mer. Cela dura lo jours. Apres quoi une feconde gelee I'arreca tout court. II prit le parti d'abandonner avec fon monde le bätiment, qui fut bientot en pieces; & emmenant avec eux fur des traineaux tout ce qu'ils pu-rent empörter, ils marcherent 15 jours fur la glace avant que d'arriver a terra. De la ^tant partis le 5 Oftobre fur des nartes, ils arriverent au bout de 4 jours a rembouchure de Tlndigirka, & le 12 de Novembre ä Üjandino-Si' mowie. lei Ja difette les attendoit, cau-lee par les frequens malheurs arrives cette annee fur merles vaiffeanx qui devoient leur amener des vivres etant ou peris, oa n'ayant pu venir. Le Pud * de farine y coutoit 8 Roubles. L'autre voyage qui doit nous fervir ici de preuve, eft celui du Cofaque Timofet BuMakow. II avoit et6 envoye I'an 1649 pour commander fur le Ko-lyfna j mais il avoit palTe I'hiver k Schi* Poids de 40 Jiyres pelanr. ganz fur le Lena. Le 2 Juillet 1650 U arriva ä Tembouchure de ce fleuve, pret ä mettre en mer, lorfqu'un vent de mer amenant force glajons lui bou-cha le pafTage, & I'arreta 4 femajne» au meme lieu. Enfin un vent plus favorable eloigna les glaces de la cote, & Buldakim fit voile fans amener jufqu'au golfe A'Omoloe-xa. La il retrouva les glajons., au milieu defquels il fut bar lotte pendant 8 jours, & fa Kotfche fort endomniagee. Pour gagt^pr une de ces lies que ferment les diverfes enibou-chures du Lena^ il fut oblige de rotn-pre la glace pendant 2 jours. Durant <5 autres jours le vent fut variable , tantot de terre & tantot de iner. En-fin la mer parut tout-ä-fait netoyee. Buldakow cingla pour la feconde fois vers le golfe d'Oinoloewa. II y retrouva les glagons, entre lefquels il flotta pendant 4 jours. Sans efpoir d'avan-cer, il ne chercha qu'a fe degager pour s'eil retourner au Lena; ce qui lui teuflSt enfin, apres avoir employe tout B 3 un jour ä rompre la glace. II trouva-S Kotfchcs ä l'ancre ä rembouchure du tena, remplies de Cofaques, de Mar-Chands, & de Promyfchlenis, & pre-tes ä mettre ä la voile. Bieniot apres iin vcnt de terre fe leva, qui chaffa la glace: & ayant tourne un peu plus ä FOieft, les 9 Kotfchss s'en fervirent & depafTerent enfemble le golfe d'Omo-fffraa; ce qu'ils ne firent pourtanc pas fans peine, ä caufe de la glace qui y flöttoit encofe. y\u de-Iä de ce golfe efi: une IIa, fort pres du continent, derriere laquelle on avoit coucume alors de pafTer. En entrant dans le canal qui fepare I'lie de la terre ferme, ils furent arretes par un fond de glace. Tous les equipages durent mettre la main ä I'oBuvre pour la rompre, & ti-rer les Kotfckes par ce paflage. lis y rencontrcrent quatre autres Kotfches qui venoient dn Kolyma & de Vlndigh-Apres 24 heures qu'avoit dure cette manoeuvre, un vent favorable qui fe Jeva les fit arriver au bout de 24 autres heures jufqu'ä Temboudm-re du Jana. Ici un vent de mer ramena une fi grande quantice de gla50ns, que les Kotfches en farent prefque ecra-fees. La pence douce des cotes de la Mer GlaciaJe les fauva, en empechant les gros glacons dapprocher. Iis fe degagerent heureufement ä tour de bras, & en rafant de pres la cote; & le 29 Aoäc ils d^paflcrent le cap, qui a toujours pafß pour le plus dange-reux endroit de toute cette plage, ä cau-fe de fa fituation vers le Nord, & qu'on a appelle pour cette raifon Swatoi-Nofz. Le lendemain BuUakow atteignic le got-fe de Chroinaia, qui rejoit fon nom de la riviere de Chroma qui s'y jetCe. Ici il falut encore lutcer contre les glajons & pour furcroit d'embarras une nou-velle glace fe formoic la nuit. Lorf-qu'ils furent ä la hauteur du Chroma, la mer gela encieremcnt pendant la nuit du 30 au 31 Acut. Buldakow, & qua-tre autres Kotfches, qui n'etoient qu'ä une petite diilance de tcrre, fe propo-B4 foient, lies que la glace feroic afTex forte, de s'y faiiver avec icurs efFets. Mais cut efpoir leur fut bientöt 6td. tin vent violent foufla de terre le i Septembre, crtva la glace, qui avoit deja *ne demi -aiine d'epaifTeur, & empor-ta Ics Kotjches pendant 5 Jours fans dif-continuer. Le vent s'etant calme, la mer regela dans une nuit, & le troi-fieme jour on pouvoit marcher fur fa glace- öa envoya des gens pour voir par quel cote Ton ^toit le plus pres de terre. lis rapporterent, c^u'Andyi Go-rehi, qui etoit de la compagnie, ctoit plus au Sud d'une journee que Buldnkow & les autret trois Kotfches, Sur ce rapport il fut räfülu de fe rendre avec les provillons & les agrks fur Ja Kotfche ds Gorehi, afin d'etre plus pres de terre au cas que la glace fe rompk encore. Mais lorfque tout fut pret pour fe mettre en chemin, Teau s'accrut fubi-tement fous la glace, qui avoit deja un demi Jrfchin (une deml-aune) d'e-paifleur, Ja fit fauter en pieces, &. les Kot' Kotfehes furent chaflees par le vent en pleine mer avec autant de rapidite, que fi elles avoient fait force de voiles. Cela dura 5 jours; apres quoi le vent ceffa, & les Kotfcbes demeurerent gelees pour la troifieme fois. L'equipage fut dans la dernierc confternation. La colere de Dieu, difoit-on,. ^oit ä fon comble: jamais navigation n'avoic et^ fi malheureufe. Cependant on repric courage, & pour fuir une mort: certai-ne, on chercha encore ä fe fauver ä cer-re par defTus la glace. Chacun chargea fur un petit traineau ce qu'il erat pou-voir tirer de provlfions in d'un bon commence) pourpouyoir etre conciUee avcc.- des relations pofterieures. Un tnar-chand, efl-il die, nomme Taras Staäu-cbin^ avoit racontč ä Malgin, qu il etoit parti du Kolyma avec 90 hommes, pour viüter la grande j)oi?irf des Tfchuktfchh: que n'ayant pu la doubler», ils Tavoient travsrße ape, & conflruit enfuite d*au-tres bätiments, qui les avoient portes jufqa'ä Tembouchure duFenfchina. Nous remarquerons id , que le peu de largeur de cette pointe des T/chuktßhis ä Ten-droit Oll on l'a pajjee, efl ce qu'il y a de plus remarquable dans toute la depofi-tion, ik que cela fe trouve conßrme par un autre exemple que nous rapporterons plus bas, Mals lors qu'on continue de nous dire, que vis-ä-vis de Tembouchure du Penfehina oa decouvre unei/e, & que cette lie, au rapport d'une femme qu'ils y avoient faic pti-fonniere, ätoit habitee par un peuple qui portoit de grandes harbes & de longues Tobesy & qui traitoit les RuJJes de fre-rej; c'ed, nous le repe cons, de ces cir-conflaaces que nous voudrions voir Ji 7 munies de plus amples eclaircifie-ments, D'abord il Te poiirfoit bien que !e nom de la riviere de Ptnfehina auroit 6te mis par megarde pour celui de la riviere de Kamtfckatka. Car d'un cote il efl peu probable, que Staduchm ait fait tout le tour du Kamtfchatka jufqu'ä la riviere de Penfehina dans im feu! voyage: & de Tautre il efl certain, que visa-vis du Fevfchina il n'y a point d'Ik. II eft vrai qu on n'ea voic pas non plus depuis Tembouchure du Kamtfchatka-^ mais les Kamtfchedales pcavent avoir eu connoifTance alors des Iks que nous connoilTons ä prefent dans ces plages. Quant aux grandes :harbes & aux hngttes robes, en quoi Ton pretend trouver quel-que reflemblance de ce peiiple avec les Riijfes f elies paroifTent empruntees de la nation da KiiriUes^ etablie dans les Iks qui font hwSm^ dü Kamtfckatka: & ef--fe£livement ceux'ci portent la harbe, & ont du poll par le corps, tandis que Toppofe a lieu chiz soutes les nations de la Sibirie & du Kamtjchatka. Mais d'oü prend - on» que ces gens traitent Ruffes de freier? Du terns de Taras Staduchin il n'ell: pas apparent que les Kurilles aient entendu parier feulement des Ruffes. Staduchin n'a peut etre fait qu'inferer une efpece de fraternitč ou de parent^ eatr'eux fur cecte reffera-blance exterieure; & Malgin s'y trom-pant, ou ne s'en reffouvenant pas bien, aura appliqu6 cela aux Kamtfchedales. En voilaafTez fur ce fujet; -pafibns aux autres pieces. Iman Scham<^v3 depofa, qu'en 1700 il avoic ete envoye au Kamtfchatka a-vec Timofei Kobcleuo Gouverneur de cet-te province; qu'ils s'etoienn fervis de rennes pour aller d'Jnadirsk ä la riviere de Psnfoblna, oü ils avoient conftruit des barques qui les avoient portes par mer jufqu'ä un lieu nomme Piißoi-Of-trog (apparemment fur la riviere de Pußaia)-, qač lä ils avoient repris des rennes, avec lefquelJes, apres avoir paffe les montagnes, ils etoient arrives a 40 DS'COÜVERTES PAlTES la riviere de Kamtfchatka: Qu'i} n'y 3' voit point d'Ile vis'ä-vis de Tembouchu-re du Penfehina i mals qu'ayant et6 en-voye un jour du Kamtjchatka vers la mer Penfihinskif il avoit remarqu^ ä I'oppofite de I'embouchure du Chariufo-mi une montagne dentiee d'arbres, fans pouvoir diflinguer fi elle ^toit en terre ferme ou dans une IJe, & fans que les Kamtjchedaks, qu'ii avoic queflionnes la-de/Tus, fuflent lui determiner la poficion de cette montagne: qu'a fon depart du Kamtfchatka ii avoit vu une He vis-i'Vis de Tembouciiure du Karaga i Je Cofaque Iiuan Golygin avoic ete dans cette lie avec deux autres hommes; qu'il leur avoit falu un jour pour s'y rendre de la terre ferme en ramant; qu'ils y avoient trouve des habitans; mais que ceux-ci ayant refufe de payer Je tribut, Ivian & fes deux Kompagnons n'avoient pas ofe avancer dans I'lle pour la vifiter exa£lemenc: Qu'il n avoit jamais eie fur la mer glaciale.; hommes. II fuc de retour ä Ufl-Janskos' Shnoviit le 3 Avril: & voici fon rapport. Pendant 7 jours il avoit tire droit • C'eft-ä-dire le Frinct Gagarin. C 3 au nord aufH vite que les chiens pou-voienc aller fans trouver aucune ile ou terre. Au bout de ce tems il avoit ^te arrete par les gtajons, qui for-moient comme une chaine de monta-gnes. 11 ttoil raonte Air le fommet des plus hauts; mais fes yeux n'avoienc vu aucune terre ä la ronde. Enfin ils n'avoient plus dequoi donner ä manger aiix chiens, done piufieiirs, mores en revenanc, avüient fervi de päture aux autres. Je ne trouve rien d'ecrit du voyage de Kufakovi; mais des gens de Jahitzk m'ont die, qu'il avoit fait fon voyage de I3 meme maniere , & avec aufii peu de fucces que Marko-v). On en refla la jufqu'en 1723 , qu'un Sin-bojarskoi ** de Jakutzl', nomme Fe-dot j^mojfow , relTufdta la \'ieille tradi- * On peut faire ainfi 80 ä 100 Werftes par jour, cnoyennanc bon chemin & bon venr. Ceft un titre qu'on donne enSibirie ä des gens de balTe extraflion, que !'on veut rappror cher des nobles ou gentilhommes. fion d'une iie dans li 7ner glac'mk , s'of-frant d'y aller & d'cn rendre tribucai-res les habicans. Selon lui ceLte ile s'etendoic depüis Tembouchure du Jana jufqu'ä Celle de VLnäigirka au moins. On l'envoya avec une troupe de Cofii-ques , & ii s'en fut au Kolyma, pour for-tir de la ä la decouverte de l'ile. Mais lorfquil vouUu mettre ä la voile le 13 Juillec 1724., il en fut empeche, ä ce -<]ii'il dit dans fon rapport, par la grande quantite de glace flottante qui bou-choic le paflage. En attendant, un Pro-myfchlenoi du lieu, nonime Iwan Willegin, confirma la tradition par le rede fuivant. All mois de Novembre de I'annc'e 1720 ce PVilkgin accompagne d'un autre Prorayrchlenoi nomme Grtgorei San-kill etant parti fur la glace de l'em-bouchure du TJcJmkotfcbia, riviere a rOuefl de Celle de Kolyma ^ avoit treu-ve (s'il fauc Ten croire) une terre. 11 ne pouvoit dire fi c'etoit une lie ou partie d'un continent, ni s'il y avoic-C 4 des hab'itansÄ des bois. Le vent qui foii-floit avec violence, & les farouillards done i'air etoit charg^, ne lui avoient pas permis de fe hazarder dans I'inte-rieur di) pays. Quelques cabanes rui-nees, & les places oil I'on voyoit encore qu'il en avoit exifte d'autres, voi-U tout: ce qu'il y avoit remarque j mais ii ignoroit quel peuple avoit habite la. On poüvüit voir cette terre d^Tembou-chure du TJchukotfchia lorfque le terns etoit clair. II y avoit 3 joars de mar-clie de cette riviere ä celle de Kolyma. Selon toute apparence cette terre s'e-tendoit tout le long de Tembouchure de VIndighka, & du Swicetoi- Nqff", jufqu'a ]a hauteur du Jana: & de I'autre cote, le long de I'enibouchure dü Kolyma ju-f-que-la environ oii demeurent les Scbe-lages, peuple originaire des Tfchukt/chis: c'eft ce qu'il avoit encendu dire ä un Schelage nomme Kopal, aux habitations duquel il avoit fait un voyage I'annee precedente 1723, pour y lever le tribut. I] ajouta qu'il ne faloit pas efpci- rer rex de pouvoir jamais aller par eau ä la-dite terre depuis 1'embouchure du. Ko' lyma , ni de Celles du Tjchukotfchia ou de Yindighka, ä caufe de la glace qui cou-vre la mer: Que la chofe n'etoic faifable qne-läoü foncles habitations des Sehe-bges, parce qu'il y avoit trouve peu de glace & un paflage libre pour y aller par mer. AmoJJo'S) fur ce rapport s'embarquai tirant ä TEft le Ions des cotes at-teignic les habitations du Kopat, Le paffage tant vante etoit aflez mauvais; A peine la quantity de glace flottaii-te permettoit- eile d'avancer' en rafant la cote, & le vent etoit prefque tou-jours contraire. II falut renoncer ä touE efpoir de decouverte, & regagner le Kolyma, Cet homrae, que j'ai connu k Jakutzk, m'a dit que la demeure du Köpai etoit eloignee d'environ 200 Wer» ftes ä I'Eft de i'embouchure du Kolyma,, II m'a parle aulVi d'une petite ile dans eette mer-la peu diftante du continenru All xefte pour voir de fes propres y^ixSr- C r ce qu'il en žtoit de I'ile prdtendue,. Jinqßow fit un voyage en narces au commencement de I'hiver fuivant, dont il envoy a le rapport fuivant ä la Chancel lerie ä JakutzL Le 3 Novembre i - 24 etant parti de I^iifchnoe-Kolymshe-Sinio-'wie^ il avoit trouve une terre dans la mer gJaciale, d'oii il etoic ,r,;venu au Kolyma ie 23 du meme mois. On n'y voyoit que quelques miftirables huttcs de terre qui tomboient en mine, fans qu'il parut quels hommes les avoient habitees, ni ce qu'iis etoient devenus. Le manque de vivres & de nourritures pour fes chiens I'avoit force ä revenir, fans avoir pu faire d'autres dčcoiiver-tes. Son voyage avoit ete fort penible, ä caufe de l'inegaiite de la glace & du fei marin qui la couvroit. A cela je joindrai des particularity ^n'Jmqffow m'a communiqu^es de boii-ciie. Le iieu de fon ddpart pour I'ile ^toit entre les rivieres de Tfchukctfchia ^ On pouvoit faire le tour de. cette. ile en un jour avec des chiens & il falloit ce tems aufli pour faire de la meme maniere le trajet dc la terre fer-me ä rile. On en pouvoit diftinguer du continent les montagnes & les rochers. Derriere celle- ci il y avoit encore deux autres iles, feparees Tune de I'autre par de petits detroits, & tout auffi montueufes que la premiere. Comme il n'y avoit point ete, il n'en favoit pas la grandeur. La premiere de ces lies etoit fans bois. H n'y avoit remarque d'animaux que des rennes, qui s'y nourriflbient de mouf-fe. Les vieiiles cabanes qu'il y a-voit vues, etoient de bois que la mer avoit jette fur le rivage , & couvertes par-delTus de terre. Si cela eü, il y a apparence que c'etoient des Jukagiris ou des Tfchiiktfchis ^ qui s'etant refugies dans cette ile du tems que les RulFes vinrent ks attaquer pour la premiere fois fur Xlndighka, fur Vjlhfca, & fur XtKoJyma, retournerent enfuite ä leurs anciens foyers, ~ Soij; que ce que nous venans de rap-C 6 (JO DE'COUVERTES FA'ITES porter aic para fufEfanc ou non pout etablir la realite de I'ile prdtendue dans ]a mer glaciale, on s'en eft tenu la, & on n'a plus fait de recherches de-puis ä ce fujet. Quant ä moi, j'avoii-e que le rapport meme d'AmoJJhw , tant ecrit que verbal, ne me fatisfait nulle-ment. Car ii y a lieu de douter, fi c'e-toit bien le defir feiil d'aller faire des decouvertes dans ces contrecs afFreit-les qui Fanimoit, & fi ce n'^toit pas plutot dans des vues intereflees, com-me par esemple d'obtenir un comman-dement, de profiter de bien des avan-tages qui font attaches ä de pareils pofles de faire un commerce avan-tageux, avec les idolätres du pays, qui I'avoient engage ä-offrir fes fervices pour ce voyage, & ä remettre fur'Ie tapis pour cet eiFet la vieilie opinion d'une He dans la mer gkciale. Si c'dtoit 3a le cas., on Juge bien qu'il lui conve-^it d'arranger fes rapports & fes rečic s de manietj: ä fe mcttre ä couvert ^ tous reprocfcss & objeaions. IL eil cbir, en partant toujours de la meme fuppofition, pourquoi dans la relation qu'il a envoy^e ä ^aktitzk , il n'y a pas donne une defcription exafte du chemin qu'il y avoit jufqu'a I'lie, de la grandeur & des autres particularites de Celle-ci: pourquoi il n'a pas des-lors fait mention des deux autres iles fituees derriere la premiere : & pourquoi il a juge ä propos de fortifier fon premier rapport du temoignage de Willegin, Ceux qui fnvent combien les r^cics de ces fortes de gens en Sibirie font fujets ä cauyon, n'ajouteront pas plus de foi aceluide WiUcgin, qu'a tout ce qu'on avoit debite anierieurement fur la pre-tendae grande lie de la mer glacuile-, comme on I'a vu plus haut. On pour-role demander auffi, comment cette ile, qu'AmoJJow place fi pres du Continent, n'a point ^te vue ni abordee lors des voyages prccedcns au Ao/j™«, dont j'ai trouv^ tant de relations, & fi bien circonllanciees, dans les archives de Jßkutzk. Et apres tout, le petit cirC 7 cuit i\\x'Amoffow dunnc ä fon iJe, ne con-jfirme nuiiement rancienne opinion d'un grand pays fittič depuis la laauteur du Lena ou du Jam jufque vis ä vis I'em-bouchure du Kolyma. Nous concluons de tout ceci, que Mrs Delifle & Buache font alles bien vt-te, lorfque dans les Cartes nouvelies qu ils ont publiees ä Paris des decou-vertes du Kamtfc-hatka, iis one place Line He vis-a-vis de remboeßakow-niemc ä ce qu'il avoit ou'i ra-conter ä d'aiitres. Ainfi je ne vois pas, en fuppofant meme l'esiftence du pays en queftion, pour quelle raifon fon au-torite ferriroit mieux que le vieus pr^ juge ä en determiner ia poficion. Et que dirons-nous de ce qu'on nous apprend encore, d'apres le P. ^vril, qui dqit I'avoir oui dire ä Smolensk ea 108(5, que ce pays eft meme habice & couvert de forets ? II me femble que cela tombe de foi- meme, pour peu que Ton veuiljle s'en rapporter aux autres decouverces dont nous avons rendu compte plus haut. On fait alTez que les cotes - inemes de ce cate-ci de la mer glaciak font depourvues de forets. Et cela ne fauroit etre autrement dans lan pays fi avance au Nord. Au ref-te la conjecture que le Pere Jvril attri-bue au Woewode de Smolemk, que k migration des peuples d'Aße en Jmeri-^ue, & par confequent la population de cette partie du monde pourroit bien s'ecre faite au moyen de cetce ile, cec-te con ječi Lire, dis-je, fait Eoujours hon-neur aux terns d'alors, quand meme Tile n'exifleroit pas. On peuc I'appliquer ä ces lies & ä ce coniinenc qui font vis. a-vis du Tfchukotskoi-Nojf*^ & d on t nous allons rapporter ce qu'on en fa-voic ci-devant independamment des decouvertes de Defchnew. Id la Carte de Scheßakow efl fort de-feaaeufe. Eile dit feulement: au Noff dmeurent ki Tfcbuktfchis reveches, qui jet-ten^ des pierrcs avec des frondes. II y a la eußi beaucoup de renards rouges. Vis-avis du cote oriental efl: marquee une ile; & voici comme eile efl decrite : He visa-vis d'Anadirskoi- Nojf, fort peupUe. On .y trowue toutes fortes d'anhnaux en quantity Ses habitans ne parent point tribut, fj" ne reconnoiffent point de fuperieur. Une * C'eft-ä-dirc du Cap oh Fraviontoire dtt autre carte qae j'ai rejue ä Jakutzk d'an D-^oraenin * du lieu nomme l-man iiooiy, qui I'a drefTee lui-meme, donne un peu plus de luraiere. II y repre-fetite un double Noj}" ( ou Cap). Celui qui ell le plus au Nord-Eß^ & qu'on appelle communemenc Tfchukotskot-A'e/T Jli nom du peuple Tfchuktfcki, eft apptille la Schslatzkoi du nom des Sehe-lages , qui font une race de Tjchuktfchis. L'autre NoJJ'^ au Sud du premier, eft appelle Jnadirskoi-Nojf, du nom da la riviere d'Aiadir, done 11 eft pourtant aflez eloigne encore. Scheßakov) a done commis une grande faute dans fa Carte, en donnant ce nom-ci au premier liojf^ & en oraettanc tout-a-fait l'autre. Le Tfchuhtskoi-Qw Schelatzkoi-NoJJ' n'efl pas limite dans l'autre Carce, parce que I'auteur ignoroit fon etendue. Dans le grand golfe qui eft entre les deux Nojfy eft une ile que Ton dit etre habitee par des Tfchiiktjcbis. Vis-a-vis č!Anadirskoi-ünjf on voit deux iles, I'une plus loin • C'eft-a-dire ^entilhommt. Tfchuktjcbis font en guerre avec eux s> depuis un terns immemorial, lis fe D 2 7, önt des rennes que des pietons, ii „ doit y en avoir deux mille au moins. „ Par contre les Infalairts doivent etre „ irois fois plus nombreus, au rapport ,, non feulement des prifonniers dont il „ a ete parle, mais auffi d'un Tfchukt-» fihi qui avoit ete plufieuri fois danä „ ce pays - lä. D'Jnadirskoi - Oflrog on ,, va au "Nojf avec des rennes charg^es, «& par confequent ä petites journees, ,> en lofemaiies. Encore faut-il que I» L'on ne foic point arrete en route par D 3 „ des tempetes fuiieufes accompagne'es ,, de tourbillons de neige.que le vent „ balaye & elev« en I'air. Le chemin. „ palTe au pie du rocher Markol, qui „ eft fitu^ au fond d'un grand golfe. A ce redt j-en joindrai un autre, tel q.u'il eft Torti de k bouche de quelques TJcMtJcbis du AV^, quivinrent eni/ig i ^mdirskoi-Oßrog pour fe foumettre äl'Empire RufTe. „ Quand Ics Tfciuktfcbis veulent s ■(>. „ bliger par ferment, ils donnent pour „ garant le foleil, ou ]euri pretres iy (^Scbamanei Iis occupent ie Nojp „ entre XAnaäir & le Kolyma. Lcur „ nombre pent aller a 3500 hommes (3c „ plus. Eux-meraes nele faventpas au jufte; & cela n'efl pas etonnant: car „ ä peine favent-ils ce que c'eft que de ,, compter. Comme ils vivent fans ma-„ giftrats & fans gouvernement quel-1, conque, chacun fait ce qui kii plait, j» Cependant ceux d'une meme race vi'» ^ßftt enfemble dans une efpece de >» fociete. Leurs troupeaux de reaneg. „ apprivoifeei font fort nombreux, & » c'eft principalement de ces animaux qu'ils vivent. D'ailleurs :1s prennent des rennes fauvages, des baleines, „ des chevaux-marins, des Belugues, & „ d'autres poiffons, qui leur fervent de „ nourriture. En fait d'autres animaux „ terrellres il n'y a au JVo^que des re-„ nards & des loups. On n'y trouve „ point de zibelines, parce qu'il n'y a ,, pas de bois. Le Noff" eft plein de „ raontagnes & de rochers ^ & les ter,, res bafies font de cetce terre dan t on „ tire les tourbes. Vis-a-vis du Nojf ,, on voit unc He de rtioyenne grandeur^ „ fansarbres, dont ies hdbitans reOetn^ „ blent exterieurement aux Tfchiikt-„ fchlsy quoique ce foic tout une autre „ nation, peu nombreufe ä la verite, „ mais parlant pourtant fa propre lan-„ gue. On va dans un demi-jour avec ,, des Baidan du NoJJ' i cette i!e. II n'y „ a, comme au Najf, point de zibeli-,) ncs, mais feulement des rennes, des « renards & des loups. Au-de-la elt D 4 Jo De'couvertes FAITES ,, UB grand continent: on ]e peu: aper-cevoir de . quoiqu'avec peine , 4 ,, feulement quand le cieJ eft ferein, J, Lorfque Je tems eft beau, on peut fai-„ re le trajet en ramant de I'tle a cecon-„ tinent en un jour. Ceux qui y de-meurenc font femblables aux Tjthuh. „ jchh, fi ce n'efV qu'ilis parlent une „ autre langue. II y a In de vaftes fo-„ r&ts de pins, fapins, melefes, & cg-3, dres. On y volt de grands fleuves „ qui traverfenc le pays & fe dechar-„ gent dans la mer. Les habitans ont „ leurs demeures fixes dans des lieux ,, fortifies de remparts de terre. lis fe „ nourrifTent de la chair de rennes fau-,, vages, depoifibns & aatres animaux aquatiques. Leurs vetemens font de ,, peaux de zibelines, de renards, & J, de rennes. Les zibelines & les re-„ nards y font en quantite, Le nom-„ bre des hommes dans ce pays-la peut „ aller au double ou au triple de celui >> des Tfchuktfchis. Cetix-ci font fou-n vent en guerre avec eux. Leurs armes rxn. LES RtrssES, 8'r „ mes font des arcs & des fleches". Jufquc-la ce recit paroit fort vraifem-blable: mais ce qui fuit eft fabuleux. „ 11 y a, dit-on, dans le meme pays „ des hommes qui ont des queues com-„ me les chiens, parlent une langue parcicaliere, fe font fouvent laguer-j, re entre eux, n'ont aucune religion, portent des habits corarae les pre-n miers, & fe nourriflent de rennes fau-„ vages & d'animaux aquatiques. D'au-,, tres de ces gens, continue-t-on, one „ des pi6s comme les corbeaux, & cou-„ verts d'une peau femblable i celle^ „ des corbeaux: ils ne portent ni ba«-„ ni fouliers, & ont auffi une langue" „ qui- leur eft particuliere Soyons-^quitables. Pardonnons aux barbares. Ifchuktfchh leurs fables , puisque des auteurs Europeens meme ont dobite fe.-rieufement de pareilles extravagances^ cn parlant de pays inconnus. Le refte du recit roule fur la diftance" ^u'il y a du Tfchukotskoi-Nqlf ä YJnadk. Pour la determiner, les TfcIntktfchiS'(ix>f D 5 ss De'^coüvertes paites rent, ,, qu'en allant avec Iqxhvs Baidars „ le long des cotes, ils employoient 3 V femaines, qiidquefois moirts , depuii „ rinterieur du golfe A'^nadir jufqu a „ j'extremite du Nolfqm eft vis-ä-vi* „ - de rile Ceci efl: fuivi d'une particularity que nous pafferlons fous fi-lence comme un hors d'ocuvre, s'ii nc s'agiffoit d'un ufage chez les Tfchukt-fchss fi fingulicr, & fi contraire ä ce qui fe pratique parmi les nations tant foit peu policees, que nonobflant la mention qui en ell: faite dans I'ouvrage alle-mand de Mr. le Refident IVtber^ intitule la RuJJie changie * , il trouveroit ä peine creance s'il n'dtoit confirm^ d'ail-leurs. Ce que M. Paul de Fcnife (Sc mtfen *** d'apres lui & d'apres I0 J^-fuite Trlgaut debltent de rhofpitaiitd des peuples du Camul ^ du Tibet, & ce que le dernier allegue auffi de ceux- t * Tom. I. pag. 406. L I. c.^6. & L. n. c.%7. ** Noord-cn Ooft-Taruryc cd. 2, p. « 33?. de Cachemir *, eft avere des TJchukt-fchis. Lorfqu'un etranger, de leur „ nation ou de quelqu'autre quelcon-,, que, vient chez eux, ils lui ofrent „ au premier abord Ižs faveurs de leurs „ fetnmes & de leurs Alles. S'il les „ trouve trop laides ou trop vieilles, ils ,, lui en amenenc d'autres du voifinage. „ 11 en doit choifir une; apres quoi ia „ dame lui prčfente ane talTe plain© de „ fon urine qu'elle vient d'y lächer en „ fa prefence , & il faut qu'il s'en rin-„ ce la bouche. S'il accepte la propo-„ fition, ils en inferent qu'il ell: venu „ dans rintention Tmcere de cultiver „ leuramiiie; raais s'll larefufe, iis le „ regardent comme ennemiCe faic n'efl: point douteus , car outre que lee Tfchuktfchis eux • meraes Tout raconte ä Jmdirskt & que ies papier s dont je rends compte en font foi, je Tai en-tendu confirmer frequemment ä Jakutzk par des gens qui avoient ete ^armi Le» TJchuktfchis^ • Pag. 341» D 6 44 DeVouvertes faites Nous ne nous arreterons pas ä comparer ces relations. Elles ne difFerent ]'une de I'autre que dans des chofes peu importantes. L'effentiel llir lequel el-Ics s'accordent, efl qu'il y a reellement une reparation encre VJße & VAmerU quel ^^ ^^^^ fepare ces deux parties de la terre n-efl pas ex-tremement large, & que dans ce di. troh il y a iine ou plufieiirs iks, qui fa, cilicent encore le trajet d'un continent aJ'autre, enforte que depuis un terns immemorial les habitans d« I'un one eu connoiflance de I'autre. il eft vr-ai que je ne puis pas prouver par des pieces auffi authentiques que celles qu'on vient de voir touces les chores que j'ai ä rapporter de ces contrees; mais elles ne me p'jroilTent pourtanc pas tout • ä- fait in-dignes pour cela d'attention: Et il faut qu'on m'en eroye fur ma parole, lorf-que j'affure de ks avoir ouies ä Ja-kutzk, de la-bouche de g.ens qui m'ont paru dignes de foi. Ce ^ue m.i^Affr MaJgin 3 rapporta plus haut de gcns barbus qui habitent fe» toQ lui dans une üe de la mer Pen/cbins* ki, &quej'ai applique aux Kuriles y le» habitans d'Jmdirskoi-üßrog le difenc auffi de ceux de la terre ferme fituee i l'op-pofice du pays des Tfcbukt/cbts. II y a, difenc-ils, quelque part dans cette terre un peuple qui a beaucoup de rappor.t avec les Ruffes, non feulement pour ce qui regarde la barbe & le vS" temenc, mais auffi ä I'egard des ouvrage« qu'ils fbnc. Les Tfchnktfchis refoivent d'eux des ecuelles & autres vafes de bais, qui reffemblent tellement i ceux des Ruffes, qu on a de la peine i les en diftinguer. Quelques - uns fuppofetit que ces gens font d'origine ruffe, & que leuis ancetres ayant ete jettes lä par quelque tempete, ils s'y font eu--blis. Environ l'an 1715 il y avoit, dio-on, au Kamtfchatka un homme d'une nation inconnue, qui voyant les pommes de cedre & les brouffailles du Kamtfchatka^ difoit: qu'il etoit d'un. D ? 16 De'coüvertes >aiteb- pays oii ü J avoit de fort grands ce^ dres, dont le fruit etoit plus gros que celui da Kamtfchatkai Que ce pays e-toit ä I'Eft du Kamtfchatka; qu'i] etoit arrofe par de grands fleuves, qui fe de-chargeoient ä I'Oueflr dans la mcr de Kamtfchatka-, que les habitans s'appel-loient TontoU ; que leur maniere de vi-vre reffembloit a celie des Kamifckeda-les-, qü'ils fe fervoient de bateaux de cuir fembJables aui Batdars du Kamt' ßhatka; qu'il avoit fait, ily avoic piu-fieurs annees, le trajet de chez lui k Zaragimkoi - Oßrow dans un de ces bateaux , avec d'autres de fes compatrio-tes, qui avdient dte tu^s par les gens du pays; & que lui feul s'etoit fauve au Kamtfchatka, Karaginskoi- Ößr£Vi * eft: une ile ainß iiommee de la riviere de Karaga, qui fe decharge dans la mer ä fon oppofice. Dans cette iJe, dit-on, les demeures fouterrames dan^ lefquelles les habitans paffLint rhiver, font foutenues par de * Oßrovi en ruße Ggniiie une Ut, grandes poutres de fapm & de pin:-Et fur ce qu'on leur avoit demande d'ou ils avoient ces poutres (cette forte de bois manquant au Kamtfchatka, & dans les iles voiünes), ils avoient repondu , qu'un vent d'Eft ks leur amenoic» Sc qu'ils avoient grand foin de les tirer ä lerre pour s'en fervir, leur ile ne pro-duifant point de bois. De tout tem s on a re marque au Kamt' Jcbatka, qu'en hiver un vent d'Efl afiez fort poufibit pendant 2 ou 3 jours de la glace vers les cotes; il y arrivoit de I'Eft certains oifeaux, qui apržs s'y etre arretes pendant quelques raois, s'en al-loient par le meme chemin. Ne doit-on pas conclurre de-la, que le meme comimm qui efl ä ro.ppofite du pays des Tfchüktfchis^ s'etend auffi au Sud jufqu'di la: hauteur du Kamtjchatkal Une autre preuve de cela, c'efl qu'on trouve des m&rtes dans ce continent-la, tandis qii'il ne s'en rencontre point dans les cöntFÄes les plus feptentrionales, & en g^at^ral'dans toute Sibhie, cxcept» SS; De'coüvertes faites dans le territoire de Catherinebourg (Sedans la province d'fßt. Peut-etre que dans les recits precedens touchant le continent voifin, i! f^ut entendre des marces, au lieu des zibelines qui y font nommees. Ce qu'il y a de certain, c'eft que les Tfchuktfchis re^oivent de-lä des peaux de martes. On en a meme ap-porie quelquefois A"Anadirskoi ■ Oßrog a yakutzk-, ce qui eil nocoire en ces quartiers lä. II eft probable que cette terre, voi. fine i I'Ea du pays des Tfcbtiktfchts Če du Kamtfcbatka , n'efl point quelque grande^/tf, mais V^imerique SeptentrionaU meme; tout ce qui en eft connu eng», ge ä le croire. Des voyageurs franjoi«. qui ont ec^ ä la Louißane, ont ecrit que pres de la fource du Mißhuri, qui torn-be dans le Mißtfipiy on trouve l'origine d'un autre grand fleuve qui coule vers la mer d'Oueft. 11 eft vrai qu'ils n'ont pas ^te eux-memes jiifqua ce fleuve: raais ils en ont eu connoiflance par les^ fiuvagea du pays j & cela fiiffic. Le Mijfouri fe joint au Mißfipi entre les 39 & 40 Degres de Latitude Septen-trionale. En remontant le M^euri on compte 400 lieues de France jufqa'ä la moiiiti de fon caurs, & de-la 6 jour-nees par terre jafqu'ä ce metne fleuvc , qui, au rapport des fauvages , fc jette dans la mer inconnue de FOueß. * H eft vrai que Mrs Deliße & Buache , darf» leurs nouvelles cartes, reprefentent cet-te mer comme un grand lac ou golfe qu'ils placent entre les 40 & 50 Degris: mais les raifons fur lesquelles ils fondent leur opinion , ne me paroiflent guere faffifantes. Le Geographe du Roi Guil-lauine Deliße fut le premier qui con^ut • Nous en rapporterons ici le temoignage le plus recent, tire du M^mire ßr la Lo»ifis»e par Mr. Le Sage äu-PUz , inßre dans le Jiurntd Oecono/nitjue 1751. Sepremb. p, 140. „ Oncroit „ que le MilTouri vient de I'Oueft. Selon le „ rapport des peuples du pays il a 800 iicues de „ cours,& ä fix journefs au Nord du milieu de ,, fon cours on trouve une autre riviere, qui J, couhnt du levant au couchant va fc jetter dai«-M lä iaconnue de {"Outfi, cette (ierniere pofition de la mer occulen-tale l'an iö97 , en confulcant des rela-lions de voyages, qui contenoienc ce que des ^mmcams avoient rapportd da cette roer & du fleuve qui s'y jette. II cpmpofa un ecrit a ce fujet en 1700, dans I'efperance d'engager le Miniftere franfois ä envoyer faire de nouvelifs decouvertes. Mais en confid^rant at-tenüvement ks temoignages all^guet elans cet ecric, on tfouvera qu'il n'efl: queftion dans la plupart ni de Lac, ni de Golfe, mais de VOchn meme; que-les autres font Equivoques; & qu'ili font tous de nature ä ne pouvoir aucu-uemeiii confirmer une opinion, contrc laquelle il y a de fortes raifons qui la decruifent. Prenons une Carte de rj. mirique Septentriomk. Le Mißhuri ea-tre dans le Mißfipi fous Ja latitude i'environ 40 degr^s. Suppofons qu'il vienne du Nord-Oucß^ ainfi que le di-fent les gens du pays. On compte 800 lieues de France de fon embouchure ä fa fource. Comment accorder celä avec la mer occidentak dans Topinion de Mrs^ Deliße & Buache'i Cai en ce cas cette mtr occidentak, ou ce Golfe felon euxr occuperoit pour la plus grande pariie la mem« place qui doit etre aflignee 9x1 cours du MiJJouri. Or il y a encore ^ journees de marclie du MiJJturi 11'autre fleuve qui fe jette dans la mer occidentals Ce dernier eft un grand fleuve, & par confequent il faut que fa fource foit af-fez eloignee de fon embouchure. Or MrsDjliße &Buacbele repr^fentent com-me fort petit & court; fans doute afin de garder affez de place pour leur tner d'Oueß. Iis ajoutent encore aux preu-ves alleguies par Mr. Deliße le pere,le voyage de Jean de Fuca fi fujet ä caution , comma nous l'avons remarque plus haut. Et quant aux temoignages de voyageurs plus recents & de ce fiecle-ci dont Mr. Buochs fait ufage , il eft aife de faire voir que loin de fortifier fon opinion ils l'^nervent toujours plus * Nouvclles Cartö des decouvc«« de rAtni-'»I de Fönte & autrci navigtcems Öec, tree le« fii D'ecouvertes FÄITES Ce n'efl pas tout: Les Amerkatnt nomment la mer £Oucfl une mer incom me^ c'efl-ädirc une mer^ dentils ne fa-vent ni ne peuvent /avoir les homes. Or s'il s'agiflbit d'un Uc, oa d'une Baye ou Go}fe environn^ partout ou ä - peu - pres de terre, Jes peuples d'alentour en par-kroient-iU d'une maniere fi vague? Mon opinion eft done, que ce fleuvt qui conk ä fOueß, fe jette dans YOcian visa-vis ou du Kamtfchatka, ou du pay$ des Tfchuktfchis. Cette opinion fe con-cilie tres-bien avec le rapport dei Tfchuktßbis: & il faudra s'en con« tenter jufqu'i ce que des decouvertes ulterieures nous en apprennent da-vantage. Nous paflerons k-pr^fent aux Iks qui font au Sud du Kamtfchatka ^ & done nous parlerons en fuivant i'ordre de enplicition ficc. par Mr. Belijh^ i Paris 1755 in. quarto. CoQfiderations geographiques & phyfiques fur Jes nouveiles decouverrcs &c. par Mr. Bjia;be^ » Fans 1751 i„ qy„to. leur decouverte pendant I'^poque dont nous avons ä rendre compte. Lc pays de Kamtfchatka ecoic deja connu ä Jakutzk eii 1690, mais de renommee feulement: & voilä pourquoi Ishrcmd Ides a pu en faire mention dans -fon voyage a h Chine & dans la Carte qu'il y a joince. La premiere e:ipedirioÄ s'y fit en 1Ö96 par une troupe de i<5 Cofaques de Jakutzk^ fous la conduite d'un nommč Lucas SemcBtiow fiti-MoroS' ko. Ceux-ci cependant ne pouflerent pas leur courfe jufqu'a la riviere memc de Kamtfchatka i ils fe contenterent de recevoir ie tribut d*un Oßrog de Kam<-fchedales, & de s'en retourner tout de fuite ä Anadhskoi-Ofirog ^ d'oii ils a-Toient dte depeches. Le PiaGtidefaet-nik ffolodimer AtlaJJom commandoit a-lors ä Jnadirskoi-Oßrog^ c'cfl ä lui qu'on attribue communement la d^couvefte du Kamtfchatka. II avoit envoy^ Afo-Tosko vers les Korjaques de la riviere 6'Opuka, pour les rendre tributairea, Morosko fit le rcfle de fon propre mau- 94 d'^couverte fa1te5 vement. Atlajjow nous apprend qu'il avoit ete jufqu'i quatre journdes en de» 5a de la riviere de Kamtfchatka; čc c'efl ce qui eft confirm^ par un rapport verbal, qui place le terme de fon -voyage i la riviere de Tigil. Mais d'un autre cote Momko lui-meme marque qu'il avoit ete jufqu'a une journ^e feu-lement de la riviere de Kamtfchatka. II trouva dans VOflrog Kamtfthedak quelques Manufcrits en langae inconnue qu'il emporta avec lui. Nous verrons bientöt qu'lls ^toient en langue du ^a-j)on: car I'annee d'apres Jtlaßt'os ä Ja »ete d'une plus grande troupe ayant füivi le chemin qui ]ui avoit 4te fray« par Moroskoy & pris pofleflion de la riviere de Kamtfchatka par Tereftion tfune eroix * ä^l'endroit oü eile re^oii: * Cecte croix exiftoit encore au Kamtßhatkd iu tems de k derniere esp^ition. On y Ij. fcit cette infcripcion Van 7205 (c, ä d. 1697) 1* JuiUst^ cette croix fiei /rig^e par Je TiatUe' fetnik Wolod;mer Atlajfoiss ^ fes nmpagmnSi homnet. la riviere de Kanutjch (en rufTe KreJ-to-uj^a), & ayant conftruit une Sfmow/f dans la contree oü Ton bätit dans la fuice ** Werchnei- Kamtfchatzkoi Oßrogz il trouva ä la riviere d'ltfcba un Jä--ponnois^ qui deux ans auparavant a. voit fait naufrage fur les cotes du Kamt-fchatka^ lä oü la riviere d'Opa/a tombe dans la mer, au Sud du Boljchaia Reka ***. La relation du voyage ^'Athjforo, que Strablenberg a ajoutee k la fin de fon ou-vrage, paroit certainement venir de lui, comme ce dernier I'afTare. C'eft proprement un recit par lequel il fetn-ble avoit repondu ä plufieurs queftions qu'on peut lui avoir faites, & qui felofi route apparence a et^ 6crlt i Mofcm. Ce n'eft pas une depofition juridique: car il ne s'accorde ni avec contenu d'une Requete d'^tlajjowy qui fut prefentde C'eft-i-dire, la fortercnfe fuperieure du Kamtfchatka. Werchnv en rufle fignifie baut. **' C'eft-a-dire la grande mKxt.B»tfikt en ruffe fignifie flus grami. pö De'couvirtes faites en 1700 lorfqu'M revint ä Jakut-zky nj avec Cf qu'il depofa en 1701 k Moßou ä la Prikafe de Sibirie. 11 paroic plutot que c'eft une perfonne curieufe qui )'a couche par ecric. Auffi cette piece eft. eile plus circonflanci^e que les autrej que nous venons de nommer. Et com-me il fe pevit qu'on ait demande ä At-Jaßv} plus qu'il ne favoit, & que de fon coli il ne voulut pas pafler pour €tre pcu au faic de ce qu'on lui deman» doit, c'eft peuC'ßtreä cela, ou, pour juger phis charitablement, ä un manqug de memoire qu'il faut attribuer quelques particularite's faufles du pays dont il rend compte. Mais il y en a d'autres auffi qu'on peut mettre hardimenc fur le compte de l'Ecrivain, peut-gtre auffi du tradu£leur, pour avoir ou ma] con-ou mal com^is les chofes. Dans le ttcit de Strahlenberg, au lieu du ^apoti' nois qa'JtlqffoiB avoit trouve au Kamt-fchatka, il eft dit que ce fut un Indien & dans une note en remarque que ce fut un ^aponmsy qui, dans la fuite, & lorf. lorfque les Suedois etoient en Sibirie, fut transf^re ä Mofcou. On a confon-du ici ce Japonmis avec un autre dont H fera fait mention plus bas. Athjjhv) meme , dans fa requete, appelle cet e* tranger un prifonnier de 1'empire d'0/a-ka. Or on fait quOfaka eft une grande ville commerjante du Japon, Athf-ßv) le prit avec lui en allant ä Jakutzk; mais il ne paroit pas qu'il y foit arriv^ Suivant le recit de Strahlenberg il refta k Jmdir ä caufe de fa mauvaife fante. Le meme redt fait auffi mention des {'es ati Sud du Kamtfchatka, Nous les appel-lons \cs Ves Kuriles, parce que plufieur« font habitues par la nation des Kuriles, Les gens du pays doivent avoir dit k JtlaJJow qu'il y avoit des villes murees dans ces iles, fans pouvoir dire xjuclles gens y demeuroient. "Strahlenberg observe i ce fujet, qu'il faut entendre par la les (les feptentrmaUs du ^apon. Et eti effet puifque les tki voiHnes du Kamt-ßbatka n'ont pas de tcllesvilles, il fem-ble que cfctte particularite nc peut venir Tem. I. E que du Japomois en queflion. II y eft parle aufli d'un commerce continuei en-tre ces i/fx Cdu Japon') & le Kamtfchat-ka; mais ce!a s'eft trouvö faux dans la fuice. Tout le commerce du Japon eft bornž vers le Nord ä un petit nombre d'iles voifines, ou a la terre nommee Jf/ff. C'eft-Ia ce que le ^apotinois du Kamtfchatka aura voulu dire. Les au-tres lies & 1« Kamtjcbatka meme itoient parfaicement inconnus aux .Japomoir lorfqu'its y ediouerent. Le venc & ies tempetes Ies y avoienc pontes malgr^ eux, & fans favoir oii; & Ton a eu ©ccafion de s'en convaincre dans la fai-te , par rexemple de quelques autres bä-timens japonnöis jettes.par les tempgtes fur les Cotes du Kamtfchatka. Mais voiči dem points eflentiels qu'on apprit de cejaponnois: le premier, que i'empire: d'Ofaka, comme Tappellc Jtlajfo^, ou Je ^apon, n'eft pas fort eioigne au Sud du Kamtfchatka: & I'autre, que-ia mer entre-deus efl: remplie de plufieurs lies lant grandes que petites, done les ha- bitans, les Kuriles, font appelles par les ^apomois Jtfo ou d'oü les Eu^ ropeens ont forme le nom du payr /o ou de JcJfo. JtlaJJoiu, apres avoir obtenu le grade de Colonel deCofaques en recompenfe de fes ferviccs, devoit faire en 170a un fecond voyage au Kanitfchatka: mats la mauvaife conduite qu'il tint en re-tournant ä Jakutzk, lui uttira des affaires ferieufes, qui I'empecherent juf^--qu'en 1706 de fe mettre en route. Ea attendant, d'autres Coramandans en-voyes fuccelTivement de Jakutzl aa ■Kamtfchatkay y avoient bati pendant l«fi annees 1701, 1702 & 1703, Ics trois Oftrogs de Pf^erchney, de Nifchnei & de Holfcheretzkoi. En 170Ö on av.oic auffi commence deja ä fe rendre maitre dc la partie la plus meridionale du Kamt*' fchatka: & les Rulfes s'etant avance® jufqu'alapointc la plus avancee du pay», avoient eu occafion de reconnoitre de U par leurs propres yeux U fituation 4cs ties Kurilcs le« plus voifines; mais E 2 chofe en refta-lä pour ce:te fois, & jlt ne qiiitterent point la terre ferme pour aller les vifiter, Une rdvolte des Kamt-fchedales, par laquelle on perdic en 1707 Bolfiheretzhoi Oßrog avec toute fa garnifon, fut caufe que Ton ne fit pas plus de d^couvertes alors. Mais une fedition des Cofaques möocntens de leurs Officiers, qui coflta la vie en 1711 ž Wolodimer AtlaJJhw & ä deux autres, produifit un effec tout contraire: car Ic-s coupables, pour expier icur crime & meriter grace, reduifirent les Kamtfche-^&jfculevcs, r^tablirent Bolfcheretzkoi-Ofirogy & y mirent garnifon; apres quoi ils prirent de fi bonnes mefures pour decouvrir & aflujetcir les Ves Ku-rilesj que bient6t les deux premieres de ces iles fe foumirent fans balancer ä I'empire rufle. L'ann^e d'aupara-Tant, favoiraumois d'Avril 1710, un autre bäciment du Japon čchoua fur les cötes de Kamtfehatka dans le golfe de Kaligir au Nord de ceiui d'Ädjatßha. liommes de TtSquipage fe fauverent i terre, oü ils furent attaques par les Kamtfcbedaks y qui en tuerenc quaere firent prifonniers les fix autres. Qua-tre de ceux-ci tomberent entre les mains des RulTes. Un d'eux nomme Saninm fut envoye en 1714 ä la Cour de I'Empereur ä Petersbourg. lis furenc bientot aflez de ruffe pour pouvoir re-pondre aux quellions qu'on avoit ä leur faire: & leurs rapports, joints aux Ui-niieres qu'on eut occafion d'ailleurs de tirer des Kurile s - memes^ repandirent beaucoup de jour fur ce qu'on defiroit favoir de la fituation & quallte des iles Kwilei. Mais avant que d'en rendre compte aux lečteurs, nous leur feroDs part premierementde cequelesCofaques ruffes apprirenc par eux-memes en 1711 dans les deux premieres iles fufdites. Danilo ^nzipborov} & lix/an KoßrcJiskoi ^ chefs des feditieux, ayant rebäti Bal-fcheretzkoi-Oßrog^ & fait rentrer dans le devoir les Kamtfchedalts d'alentour, fe mirenc en campagne le i Aout 1711 avec autant de monde qu'ils E 3 purent fans degarnir Bolfcberetzkai. A^ pres avoir traverfe dans de petits Bai-^ars le detroit qui f<^pare h premiere Ht de la terre ferme, ils trouverenc ä Tem-bouchure d'un ruKTeau nomme Kudutih gm una troupe de Kuriles qui les atta-querent. Ce n'ert; au refte qu'impropre-menc qu'on donne ce nom aux habi-tans de la premiere ile. Les Kuriles< proprement dits ne fe trouvent que dans la feconde ile & dans lea fui-vantes. Mais c'efl la coutume au ICamu fchatka de donner le nom de Kurilet aux habitans m^me de la terre ferme qui demeurent au Sud du Bolfchaia-reka. ik A'/kvatfcba, quoique la langue qu'ils parlent ne differe que quant au diaiefte de Celle des autres Kamtjchedales, Ainfi, le nom d'un Lac au milieu du pays eft * Kurihkoi'Ofiro, & celui d'un Oßrog de Kamtfchedales dans une ile de ce Lac, Kurihkoi'Oßng. Ce font ces Kamtjche. dales nomm^s improprementAVi/fx, qui, tous ouenpartie, fe fauverenc en 1700 * Q/rr# en ruffq eft.ua /« ou unc wff, de la terre ferme, & fe refugierent dans la premiere iJe. Apres tout je fais ici des relations fondees fur I'ufa-ge commun de ce nom. Pour en reve-nir au combat entre les infulaires & les Ruffes, il fe termina ä I'avantage de ceux-ci: car les premiers, aprcs avoir eu 10 des leurs de tues, & un plus grand nombre de blefles , mirent has les armes & fe foutnirent pour toujours ä Tcmpire ruffe, fans pourtant payer de tribut dans ces commencemens: car il n'y avoit ni zibelines ni renards dans Tile, & I'on n'y voyoit point de lou-tres dans ce tems-Ia. Ces infulaires vi-Toient de la peche de chiens • matins, dont les peaux, ainfi que celles des eignes , des oyes & des canards fauva-ges, leur fervoient auiTi de vetement* Les Cofaques vantent la bravoure de ce peuple, & aflurent que depuis ^nadirs-köi-Oßreg & par tout le Kamtfchatka, on n'en avoit point trouvö de fi courageux. Trois batimens Kuriles, dont les Ruffes s'etoienE faifis dans la premiere E 4. leur faciliterent le palTage ä la fecoir-de, qu'üi entrepr-irent fans pene de teras. Dans la fecondelJe demeuroient, au rapport des Cofaques, des gens nommös ^efmitenes. Ceux-ci s'aflemblerent pr^s d'un rujireaii nomme Jafft^mlka en grand nombre & bien arm(^s j ce qui fic que les Cofaques,. peu nombreux & manquant de poadre, n'oferent les attaquer. Iis prirent done le parti de leurpropofer de fe föumeccre ä l'amia-ble, & de payer un certain tribut. Les infulaires repondirent: „ jufqu'ici nous ,, n'avons tt^ fujets de perfonne, «Sc ,, nous n'avons jamais pay^ de tribut. ,, Ii n'y a ni zibelines ni renards chez j, nous. Mais en hiver nous prenons „ des loutres: & ceux-ci nous les a,, vons vendus ä des e'trangers, qui one ,, coutume de venir chez nous d'un pays voifin que vous voyez lä au Sud, & « qui nous donnent en.echange tomes » fortes d'outils de fer, des toiles de w coton, & d'autres marchandifes. „ AiüCi. Ainfi nous n'avons point de tnbut ä-„ prefent ä vous payer Iis ne s'ex-pliquerenc pas fur ce qu'ils feroient dans la fuite ; Sc les Cofaques trouverent bon, apres s'etre arret^s deux jours dans l'i-le, de reprendre le chcmin de • la terre ferme. Iis furent de retour fcheretzkoi le isJ Septembre. Le nom de J^eßviitetie vienc felon toute appa-rence de celui de Je/o, que les Japar^ nois donnent aux Kuriks: Et comme vraifemblablemenc lesCofaques Tont ap-pris des Japonnois echoues au Kamtr fchatka, on peuc conclurre de-Iä, que c'cft; avec ce nom & ä la feconde ile que commence la nation des Kuriks, com!-me nous l'avons remarque plus haut. Apres cette premiere tentative il fe fit dans les ann^es 1712 & 17:3 encorc deux ^püditions du Kamtjchaika aux iies Kuriks. L'une & I'autre furent en-treprifes fur un ordre expres venu de ^akutzky en confequence de I'lnlbuc-tion remife, comme on^ I'a dit en for» lieu, par le prince fVafiUi I-muomitfcfi^ E 5 roö De'cohvertes fait es Gagarin 2.U Woewode Trauernicht, dans laqiielle il cnjoinc ä celui ci entr'autres,. de faire vificer les lies voifines du Kamt-fchatka, & d'en procurer üne defcrip-tion exafte. Ces expeditions eurent toutes les deux ponr chef le Cofaijue Iivan Kofiremkoi, qui paroit auili avoir tu le plus k ccour de tirer toutes fortes de particularites des Japonnots dchoues. Koßremkoi fe fit Moine enfuite, l'an 1717, & s'appella depuis Ignatei Koß. rewskoi. En i;20 il vint i Jakutzk , & en 1730 k Mofcou, d'oii ron envoya ä Pitersbourg la relation de fes fervices, qui y fut infere'e dans la gazette le 26 Mars de la raeme annee Toute fa * Cotnrae cette relation a ete infereedansplu, Bcurs autres gazettes &feuiilesperiodiques araii-geres, on me faura gie peut-6ire de relever ici quelques erreurs que Ton y a commifes. Ji y eft dir, que Ke^/rjuj^i avoir fonde m Kernt [chat-. in un Couvent d'Hern.ites: comir.e fi c'etoic Wie efpece paniculiere de couvenci ce qui n'eft pas. Il y aura eu dans Toriginal ruffe le mot Pußina, qui ne fignifie autre chofe qu'un pftii »'«'re, Ceci eft done unc fame du traduäeur. vie n'a ete qu'un enchalnement de tra-cafferies, qui ne font rien ä nocre fU' jet, Ses relations, tant Celles qu'il a ainfi que ce]lequifuit,oürona misPefro-witfibzM lieu de PftTons-Sin, ou de fils de Pierre. Mais iorC-qu'il eft dit: que Pwrre & Ä^reiu;/t/,pere &: fils, avoient ece envoyes au Kamtjchatka en 1700, pour lendre tributaires les peuples du pays: qu'ils avoientconquis les pays ^AnadirskjA^Kw rnk (il faloit dire Koriak) & autres : qu'ils avoient pris pofte en 1702 pres de la riviere de Kamt-fchatka., & bati d'abord ^i^srchtiei^ & apres ce* la en 170^ NiJchnei'Ka>rJtßhatz.koi-Oßrog i ce font des fables qu'il faut mettre fur Ic coropre de la vaijice de Kopreiaski. Pierre Kofrrwski al' la en 170a au Kamt [chat ka cotnme finaple Co-fsque avec le premier Gouverneur de Kamtjchät-ka, Timofei Kobtlew. II eft inceriain fi lujan /f o-freivski fut dc ce voyage. Mais ni I'un ni I'au-tre ne fauroient s'attribuer cc qu'a execute c« gouverncur. Et quant au pays ^Anadirsk, dc-puis deja so ans il obciflbic conftamment aux Ruffes. Pierre Kofirevjski revint en 170^ avec Kohekvii Jakvtxk-^ & en 170+ il fut envoyc pour ia deuxieme fois au Kamtfchatka avec le Gouverneur Fr of o/wf£>iu,autreme nt nomme H'er-thoiurs-w. Celui-ci fortit au prinEems de i70j' de Tembouchure de la riviere d'Olutora, dans I'iniention d'aller au Kamtfchatka en rangeam lasE C xc8 De'couvertes faites lemifes entre les mains de ceuxqui con>. mandoient an Kamtfchatka, que celles qu'il a depofees enfuUe ä Jakutzk ä la cotes. En paffant ä la hauteur dc ij~riyicre de Turn/at, il apper^ut un Oftrog dc Koriaqufs danj une ile petite, plcine de rochcrs cfcarpcs, icfitLiee routprfiicielaterre ferine, nommceAV mnmi Oßraw. L'avidite du bucin lui en iu lia-zarder Tatt^que, done le fucccs fut li niallieu-kux que tous Ics R-ufTes furenc tues, ä ia refer-ve de 2 cu 1 qui eurent le bonheur d'echaper & de fe faLiver au Kamtfchatka. Iwa» n ctoic pas de la partic; mais bien ion pcrc, qui y per-dit la vie. Ainfi c'eft une faute ä corriger dans Jag.-izette, lorrqu'il y eft die, qu'il fuC tu6 en 3708-dans une tie voifine. Aprcs ccla, fivoir en 1711 & 1714., on pretend qu'Iiuaa Koß, n-wsioi reqat ordre de ^akuizk de s'inforitier eiaflement des frontieres du pays, & cn parii» culicr de la pointe du Nord-Eft appellee Kauu fihatzkoi -Noß'j des lies voifmes, de tous Ics peupies de ces conirces^. du prince a qui üs «bcifTojent &c. d'imporer le tribut ä ceux qui ne Jeconnoifloienc point de fuperieur; & furtout dc a'enquerir de I'enipire An Japan., comment on Puuvoits'y rcndre,,de qudles artBes fe fervoient kshabitans, de leur tnaniere de faire la guerre,-V1I3. voudroient bien vivre en amiiie & com-»«ce avcc les Rullescomme faifoient lea Chancellerie du Woewode, comme auffi Celles qu'il donna au Capitaine Beringe lorfque celui ci vitic a^a^feMlz^en 1726, toutes ces relations, dis-je, font rem- Chinois; & quelles marchandifes de Sibirie Eoutroicnt leur convenir. Tout ceci, s'il faut cn croire la relation, doic avoir et6 fidclement exccutc p::r Koßre-wsti rooyennant de frequen« voyages par terrc & par mer 6cc. Mais cec homme n'a jamais commande au K^mtjthatka; par coniequent il n'a pu recevoir direiüement des ordres. Les frotitieres du pays etoient routes connues: ainfi 11 n'ecoit pas befoin d'en faire le lour ni par terre ni par mer. Outre cela on a mis la poitice du Nard-Eß du Kamtfehat-it au licu de edle du Sud, nommec commu-neaient Lopatka, qu'il falloit mettrCj ce qui n'eftr poürtant pas la fau:e dsK'(f(irewskij mats celle de fon tradinfleur, Tous les voyages par mer de Keßre^ki fe bornent aux deux premieres lies Kufilet. II n'a pas ece plus bin. Ce qu'il a appris de plus, il le tenoir de la bouche d'au-trui. Ona encore traduic le nom de Bolftb^ia-rcka par le grand fltuise qui tombe dans Ii mer Venfth/mki: il faloit laifTer le nom meine tel qu'il eft. L'annee 1718 pour le teir^» QU Koßre-Mki s'eft fait meine, eft unc fa^tc d'imprcflioi]: il faut met tre 1717. E 7 110 De'couvertes FAITES'- plies de chofts remarquables. Elles rf. toient accompagnecs de quelques def-feins, pour donntr une idee plus nette de la terre ferme & des iles. Je vais. donner un excraic de tout cela. D'abord il fauc favoir, que de I'extr^ mite meridionaie du Kamtfchatka il s'd. tend une pointe de terre bafle ä 15 ou 20 werfles dans la mer, large d environ 400 bralTes. On I'appelle Lopata ha ^oa la pelk, par allufion a-fa figure. De-li on traverfe ä la rame en 3 ou 4 heures dans des Baidars un detroit pour arriver ä la premiere lie , Schwnt-Jchuy peuplde dc Kuriles. 11 y a une difference remarquable entre ces Kuri. les-ci & ceux qui demeurent dans les iles plus avancees au Sud; c'efl que ceux-ci portent de longs cheveux, & que les autres au contraire fe raftnt la tete jufqu'a.la nuque, & ploycnt le ge-nou tn faluant. Les Kmilss vienntnt quelquefois ici pour y esercer le coin-merce. ijs en emportent des loutres-niarins, des renards, & des plumes dVigles dont ils emplument leurs fie-ches. II en eft de-meme de !a deuxieme Ue Purumufchur, qui n'efttju'ä 3 ou 4 wer-ftes dü la premiere. Les habitans fa-briquent una toile d'ortie, dont il» s'habillent. Mais par le commerce avec les Kuriles plus eloign^s ils rejoivenC auffi des ^tofes de foie & de coton, & outre cela.des chaudrons, des fabres , & une force de vafes que Kofirewskoi nomme Lrjikafchenu pojjudu, * & qui felon route apparence font de porcelai-ne. II vante leur bravoure leur ha-bilete ä la guerre. Avec Tare & la flc-che ils fe fervent auffi de la pique & du fabre: & outre cela ils portent la cuirafle. Au-de-lä d'an detroit qu'on palTe en un demi-jour avec des Baidars lege-rement charges , & avec femmes & en- • Ces mots fignifient proprement un vafe ou pot fait de Leuiat, une forte dAlbatre. Mais id il s'aginbic probablement dc porcdiinc dc It Chine ou du Japon, na De'couvertes ?aitej fans dans un jour, on trouve la troißemt ile Mafchu, on Onikiitan. Celle-ci eft auffi habitee par des KuriUs, qui s'oc-cupL^nt ä fabriquer des toiles d'ortie^ & i prendre des loutres, des caftors de mer & des renards. II n'y a point de zibelirtes dans cette ile, non plus que dans les deux precedences. Les habi-tans vont ä la chafTe dans quelques ties ä cote de la leur: ils abordent auffi qudquefois au Kamtfchatka, oh iis achet-tent, des caftors , des renards & autres marchandifes, qii'ils portent dans les autres lies plus meridionales. Plufieurs d'entre eux entendent la I'angue des Kamtfcbedaks da la riviere de BoJfchaisi avec lefquels ils font commerce, dont ils prennent les fiiles, & auxquols ils doiinent les leurs en mariage., A Touefl; de ces trois ilesjil y en a trois inhabitees dans I'ordre fuivant. Ujacbkupa, i quelque diftance vis-a-Jis de Tile de Schumjchu. Dans cette ile eft une haute montagne, que I'cn peut voir, qu^nd il fait beau,, de I'embouchLire de h riviere de Bolfcbaia^ Les habitans de la premiere & de la fe-conde ile , ainfi que quelques • uns du Kamtfchatka , viennent de tems en tems ici pour chaffer. Sirinkiy une petite tie, vis-a-vis du detroit entre la feconde & la troifie-me tie, ä I'Oueft. Kiihimivaa, une autre petite ile au Sud-Oueft de la pr^c^dente. La chaf-fe attire dans I'une & dans I'autre les habitans des ties habitees fusdites. Nous contlnuons ä parcourir les lies dans Tordre qu'elles fe trouvent en al-lant au Sud. La quatrieme, appellee A' raumakutan, etl inhabitče. 11 y a un volcan. Les d^troits entre I'ile de Mufcbu & Celle done nous parlons, & entre cette derniere & celle de Sias^ kutan quifuit, font de la moitie moins larges que ceux qui feparent la feconde & la troifieme. Siaskutan, la cinquieme lie a peu d'habitans ; mais elle fere de rendez* Yous a ceux des autres iles-, tant de JJ4 De'couvertes KATT es Celles dont nous avons deja parl^, qug. de Celles dont nous avons encore i, rendre compte, pour y faire commer. ce enfemble. Ikanna, eft une petite lie deferte i. J'Oueft de. Siaskutaii. Mafchautfch, de meme, au Sud-Oueft d'Uarma. Igaitu y de meme, au Sud - Efl: de Siaskutan, Ces Erois iles n'entrent point en ligne de compce en fuivant Tordre de leur pofition vera le Sud. De Siaskutan il faut tout un jour pour alltr avec des Baidars pefamment charges jufqu'a rile de Schokoki qui eft comp. pour la ßxieme. La diftance de Celle-ci a la fuivante eft plus petite de la moitie. Motogo, Ja fcptieme. Scbafchovsa, la huhieme. Ußhißhir f la neiivieme,-Kitui^ la dixieme ile. ^ Toutes ces iles font petites-, & Tonnen dit lien, fi non que les decroits mifoat entre deux,.& entre Kiiui -1' 3 1-2(5 De'coüvertes FAITES fe rendirenc le lendemain ä la troißenie ik, il n'ell pas die en combien de tetns. Ce fut le 29 Juin, fece de Sc, Pierre ^ de St. Paul, qu'iis y mirent pie ä terre: & comme ils uureiit lieu de fe promet-tre de grands avantages de ia chafTe des zibelines & des renards qu'iis apperju-Tent dans l'tie, ils r^folurenc d'y paffer J'hiver fuivant. Iis trouveren: une fem-me ( apparemmenc Giliaque ) dont ig ]angue leur etoit inconnue. Apržs z-voir ete un mois avec eux eile fe per--ralSučdois, ci-devant charpeiitier de vaitTcaur, Mais Bufth a dcclare lui nifirae qu'agics. avoit F 5 encore a Jakutzk lorfque jV fus en 173Ö, & r^ondic ce qui fuit aux quef-tions qui lui furenc faites. Apres etre arrives ä Ochotzk les charpentiers con-flruifirent un bätiment dans le gout des Leddies rufles , avec Jefquelles on faifoit autrefois le voyage Archangel ä Mefe, ä Puflofero, & ä N(ma-Semlia. Ce travail confuma I'annee 1715. Le baci-ment etoii bien fait & folide. II avoit Si bralTes de long fur 3 de large, ^ prenoit 3 i pieds d'eau quand iJ avoit fa charge. Lorfqu'on eut pourvu ä tout ce qu'il falloit pour le voyage, 011 mit en mer au mois de Juin 17 lö, en rangeant la c6te vers le Nord-Eft jufqu'aux environs de la riviere d'O/a; & Ton auroit continue ce cour^, fans un vent contraire qui emporta nos voyageurs i travels la mcr & comme fervi pluüeurs annees & en divers cndroits comme Macelot, il s'etoit enfin engage comme Cavalier Chez les Suedois, & qu'en cefte qualite li avoic ČK fait prifonnier Tan 1706 prcs de ^iborg^ malgre eux au Kamtjchatka. La premiere terre qu'ils virent fut un cap, au Nord, comme ils I'appnrenc enfuite , de Tembouchiire du TigiL La cote parut efcarpee & bordee de rochers. Ainfi Ton ne voulut pas fe hazarder d'abor-der fans pilote qui la connöt. Mais en continuant de tenir la mer, le vent tour-na & repoufla le bätiment vers les cotes A'Ochotzk. Quand il fut redevenu favorable, nos voyageurs revirerent & revinrent mauiller pres du Tigil. Quelques ■ uns ayant mis pie ä terre pour chercher des hommes, ne trouverent que des cabanes deferces. Les Kamt' fchedaks avoient vu arriver le bätiment, & s'etoient fauves depeur dans les bois & fur les montagnes. Ainfi nos gens remirent ä la voile , pafferent le T/gi/, & fe trouverent au bout de deux jours pres du ruiffeau de Ckanufoinka , dans le voifinage duquel il y a tJ^eux petites lies. La pjcmiere & la plus gran'de eft ä 5 werftes de k terre. L'autre, qui Ji'eil qu'un locher, eft un peu plus loitt, 1- 6 Du Cbariufoisika iis vinrent k la riviere iihjcha apres avoir temi la mer toute la nuic, & s'etre rapproches de la terre Je lenderaain matin. La on mit encore du monde ä terre; mais il ne s'y trouva ni homtnes ni demeures. Oji continua done de fuivre la cote jufqu a la riviere de KiutogoroiKa. On y vou, lut enirer; mais on manqua Tembon-chure. II le trouva-une ance au Sud de la riviere,, commode pour s'y met-tre a I'ancre. En battanc le pays nos gens trouverent une fille Kamtfchedak^ qui cherchoit des racines bonnes a man., ger.. EJle leur indiqiia des habitations Kamtfchedalts ^ oii fe trouvoient jufle. ment. des Cofaques. du Kamtjchatka pour lever le tribut. On envoya. vers eux. IJ5 vinrent & fervirent de guides & d'interpretes. On fit entrer le batimeat dans la riviere de Kompahwa, & Ion lefolut d'y paffer Thiver- Dans ce cenis une baleine echoua. Eile avoic dans foQ corps un harpon fait, en Europe, paroJes. Jatines de/Tus. Si jTavois pu fuppofer au matelot, qui t raconte cela, la moindre connoiffance d'un cas femblable obferve Tan i<553 P^ des Hollandois echoues fur la cote de la Coree *, je l'aurois foupjonae d'avoir fabrique fon hifloire d'apres Celle - cL Mais un tel foupjon ne pouvoit avoir Heu ici. Cet homme etoic tout - ä-fait Ignorant; il ne favoic ni lire ni ecrire; ši peine favoit-il qu'il y eüt un pay« nomme la Coree au monde. 11 vaut done mieux dire qae la chore meme eft conr linnee par un fecond exemple. Durant I'hiver le Commandant Sokolom fit un voyage k Nifchnei Kamtfckatzkoi-Oßrog. Au printems il rejoignit fes gens, & Ton fe remit en mer au commencement de Mai 1717. Celle-ci etoit encore pleine dc glacei. Le quitriemc jour apres leur depart ils y reflerent imraor biles, de Schantar. Ge defiein ne plut pas 3 Philktev}, parce qii!il n^avoic pas ordre «i-'ailerfi loin: & iL fe fit met tre ä terra avec deux Cofaqucs i 1'enibciu.churfi du Tugur. Les aucres firerit le trajet ä Schantary oü ils paflerenc Thiver,. (Sc y firent une riche capture de zibelines. Mais Ja maniere imprudence dont iL« faifoient leurs feux , fuc caufe d'un in-cendie qui confuma toute la forec de l'iie, & qui en extermina toutes les zi-belines. L'etö d'apres i!s revinrent en terie ferme , dans l'iutention de pecher le long de Ja cöce entre Je Tugur & V Amur i mais ils furent prefque toos tues par les GtUcsques. Selon leur efti-me l'ile de Schantar efl; longue du Sud au Nord de 20 werftes, & large de 334. S'il efl; vrai, comme ils l'aflarent, qu'il n'y a point de montagnes, comment eft il poffible qii'on puifle voir ces iles depuis rembouchure de FC/o!? Car Fhilkeew alTure aufli qu'eiles font void-nes du Tugur, & qu'il faut S jours pour aller en'Loddies de I'L^au Tugur. Si Ton s'en rapporte aux cartes qui ont paru jufqu'ici, & felon lesquelles la cote d'Ocbotzk a VAmur va direftement du Nord au Sud, le fait n'en eft que. plus. douteux. Car combien de caps Ck (j^ langues de terre cntre-deiix, qui de-vroient necefliiremenc intercepcer Ij vue deces lies? Pour moi j'ai bien des Taifons pour croire que la c6ce d'Ochotzk ala riviere va Sud Oueft, & q^^ celle de VUd ä VAmiir fe replie vers le Sud-Eft. Si cela eft ( & je penfe qu'un jour on ]e trouvera ainfi) il fuffit que Jes iks Schantares foient difpofees en file d» Tugur au Nord. Peut-etre y en a til' plus qu'on ne penfe; car leur nombre n'eft point determine. En ce cas les plus voifines doivent cerrainement etre vifibles depuis la riviere d'Ud. Je pafle maintenant ä un voyage quj quelques - uns ont cru avoir eu pour but de decider fi I'ancien & le nouveau continent font contigus ou non, An commencement de I'annee 1^19 I'Em-pereur Pierre I. envoya au Kamtfchat-la deux Geodefiftes, ou, comme on les appelioi!; auiTi dans ce terns la, Na-''^igateurs, Iixan Jmeinmn & Fedor Lu-fchin, avec une Inftruftion ecricc ds fa propre main. Je n'ai point vu cette piece, ainfi je ne puis rendre compte de fon concenu. Mais voici celui d'un ordre adrefTe ä tons ceux qui comman-doient en Sibirie^ & figne de la main de' l'Erapereur: I!s devoient aller au Kamtfchatka, & plus loin encore: on devoit ieur procurer par-tout les fecours dent ils auroient befoin & qu'ils deman-deroient, &c. Ces deux perfonnages ar-riverent i jakntzk au mois de May 1720, furent tranfport^s au Kamtfchatka I'^te fuivant, & revinrent ä Jakutzk au moii fie Septembre de l annče 1721: mais iU garderent le fecret fur ce qu'ils a-voient fait; & Ton n'en faura rien de certain tant qu'on n'aura point connoif-fancede leiir. Infl:ru£lion. En attendant (i Ton peut juger de I'intention par ce qui s'en eft fuivi, elle fe bornoit aux ties Kurihs, & peut-etre ä Celle feulement oil (felon k* bruit qui couroit) les Japon-nois alloient chercher du metal, fienri Bufch, ce matelot Hollandois dontj'ai deja fait mention, kur fervit de guide. Le premier ete il les conduifit d'OcAofj;^ ä BoIJcheretzkoi-Oßrog-^ & J'an nee d'a-pres lis firent voile le Jong des ^/es AV n/es. Quand on fut arrive ä ia cwguie. me ^/5,(c'etoit peut-etre la fixiemej car Bufch peut s'etre trompš) les Geodefif, tes firent jetter I'ancre. Bufch le de. conreilloit parce que le fond ^toit de roche; tnais il falut obdr. En attendant ilsly perdirent qiiatre ancres,c'efl. ä-dire touces celies qu'ils avoient. Lej cables etoient coupes par les pointes des rochers. Par bonheur ih revinrent au Kamtfchatka fans autre difgrace, Li il s firent faire des an ere s debois, aus-qiielles on attacha de grandes pierres, inoyennant quoi ils revinrent encore cec ete ä Ochotzk. Je ciens cela de la bouche du matelot. Jevretnow laifTa foa compagnon Lufchln ^n Sibirts^ & alia fe rendre aupres de I'Empereur » muni dc la relation de fon voyage & d'une car^ te des Ves Kuriles qu'il avolt cötoyees, II le jüignic uu mois de Mai 1722 ä C«. /^«j. ou ce iMonarque fe preparole marcher contre la Perje. L'Empereur tcmoigna qu'i) etoit fort content du tra-viil de Jevreinow. On avoit fuivi fon Inftruftion: nouvelle preuve qu'on n'a-voit point envoye ces gens pour decider la queftion, ft FAfie ^ rAmeriqiit font contiguei ou non. Cependant cette queflion ne fut point oubliee. L'Empereur s'en fouvint par-faiteni'ent, puifqu'il dreffa de fa propre main une Inftruftion felon laquelle on devoit faire les recherches neceffaires ä ce fujet, & qu'i! charges !e GeneralAmirai Comte Fedor Matfeewtfch A-praxin d'en faire executer !e coniemi, que voici: 1. On devoit faire conflruire au Kamt-fchatka , ou i quelqii'autre lieu commode, une ou deux chaloupes couvertes, au moyen defquelles on devoit 2. Vifiter les cotes inconnues du Nord, pour decouvrir fi elles eioient coniigucs k YAmeiique. Apres quoi Ton devoit 3. Chercher s'il y avoit quelque port appartenart ä des Eiircpeens, ou fi I'on rencontreroit quelque vaißeau d'Europe. Que lil oü il feroic neceffaire on met-troic du monde ä terrc pour reconnoitre le pays, & pour s'informer du nom & de Ja fituation dei cotes que Ton au-roit decouvertes. Enfin qu'on tiendroit de tout cela un journal exafl, qui feroit apporte ä Petersbourg. La mort ay ant termine la glorieure carriere de ce grand Empereur, I'Au-gufle Imperatrke Catherine, qui s'eft tou. jours fait une loi d'entrer dans toutes Jes glorieufes vues de fon immortel Epoux, & de fuivre fcrupuleufement fes difpofitions, commenja pour ainfi dire fon regne par faire executer celle que nous venons de rapporter. Ceft. lä ce qu'on appelle la premiere Expedi~ tion du Kamtjcbatka. Nous allons en rendre compce brievement Vitus Bering , alors Capitaine de vaif- * On trouvc au(Ti une rekticn de ce voyage ^ans la dcfcripHgn de k Chine par Bu Haids Tom. IV. fcau, fut mis ä la tete de l'expedition. 11 eut fous lui deux Lieutenans, Martin Spangberg & Alexei Tfchirikov}. En-tre les autres mariniers qui eurent ordre de les fuivre, il y en eut auffi qui s'en-lendoient a la conflruftion des vaif-feaiix. Le 5 Fevrier 1725 ils partirent de Petersbourg. Iis arriverent le 16 Mars ä Tobolsk capitals de la Sibirie, oü jls s'arreterent jufqu'au 16 Mai , tant pour attendre que les rivieres fuflent naviga-bles, qu'afin de fe pourvoir d'ouvriers & de materiaux neceflaires ä ieur voyage. On pafla toat l'etö fur les rivieres d'Irtifch, d'Ob, de Ktt, de Jinifei, de Tungvfca, & d'Ilim. On entra en quartiers d'hiver ä Ilimsk: & pendant ce tems on fit amas de provifjons neceffaires pour continuer Ic voyage. Au printems de 1726 ils defcendi-rent le Lena jufqu'ä Jakutzk. Le Lieutenant Spangberg prit tout de fuite les devans par les rivieres d'JIdan , de Mata & de Judoma, avec une partie des Tivrcs & des materiaux Jes pins pefans. Le Capitaine Bering fuivi: biencöt par terre avec une partie dei vivre* porte$ par des chevaux, laiffant le Lieutenant Tfchlrikov: ä Jakutzk, avec ordre de faire tranfporrer de ia meme maniere le refle des vivrcs par terre. II fai^ fe partager ainQ ä caufe de rextreme difficulce des chemins de Jakutzk i Vchotzk, qui font impraticartilej en dte aus ctiariots, & en hiver aux traineaux., par la raifon que le terrain eft inegal ^ marecageux, & qua la referTe des environs de Jakutzk Je pays cfl inhabit^ & fans culture. Le voyage du Capitaine Btring fut heureux; mais il n'en fut pas de - meme de celui f^u Lieutenant Spangberg, y«, domskoi-Kreß etoit le terme de fa navigation ; mais il ne put I'atteindre. H fut pris par la glace dans la riviere de yutknta, ä Tembouchure du ruifleau de Gorbei, Le 4 de Novembre il fe mit ea chtmin ä pje pour aller avec les mace-riaui neceHajres aux vaifleaux ä Judoms, koi. hi-Kreß, & de-lä ä Ochotzk. Mais lui ÖL fes gens foutrirent une fi affreafe di-fctce en route, qa'ils mangerent jufqu'ä des poches de cuir, des courroies & des fouliers. Enfin il arriva pourtant k Ochotzk le i Janvier 1727. Au commencement de F6vrier il reiourna au Judoma pour y chercher le refte de fa Charge. Mais ce fecond voyage ne fuf-fit pas. II falut une troifieme troupe, detacliee d'Ochotzk avec des chevaux, pour raettre tout ä couyert. Le 30 Juil-lec arriva auffi de ^akutzk Je Lieutenant T/chirikoK avec le dernier convoi de vivres. En attendant on avoit conftruit ä Ochotzk un bänn:ient auquel on donnale nom de la Fortune^ & qui forth le 30 Juin fous le commandement de Spangberg, pour tranfporter les materiaux les plus n^ceffaires & les charpentiers ä Bolfcheretzkoi. Ii en revint accompagn^ du vieux bätiment qui fubfiiloit encore de l'an 171Ö, tems oü Ton comminja de naviguer entre Ochoizk & Kamtjchat-Tome L G ka. Apres cela, favoir la sr Aouc, le Capicaine Bering & le Lieutenant 7)i/>i'. rihw fe rairent auffi en mouvement. Le 2 Septembre iis entrerent dans I'embou-chure de la riviere de Bolßlmia; „ laquelle on ne connoilToit ni port ni ,, rade i foit faute de bois, dont on fa. „ voit que touce la coce de la vier gj^. dak etok entierement depourvue; foit enfin par les mains des fauvages Tfcbuktfchis, que Ton n'avoit pu en,, core reduire ä robeiflance Tout cela ^toit fenfe. II n'y avoit que la circonftance fur Jaquelle le Ca-pitaine fe fondoit qui etoit faufle. Car on appric dans la fulte, que ce fut le meme Cap que les habicans Anadir ioi-Oßrog appellent Serdze-Kamen, ä cau-fe d'un rocher en forme de c(Eur qui s'y fait diüinguer. Et quoiqu'il foit vrai que la cote derriere ce Cap tourne ä i'Oiieit il ne r^fulte pourtant de cette inclinaifon qu'un grand golfe, au fond duquel efl; le rocher Matkol^ comvas on a vu plus haut dans la relation du Co. faque Popow. i\pres cela la cote re-vient ä fa premiere direftion au Nord & au Nord-Efl, jufqu'au Tfihuktfcbu ^'^proprement dit, qui fe prefente, ä Ja hauteur de 70 degr^s de latitude & & plus, en forme d'une grande prefquik: & c'eft-lk feulement oil Ton eüt pu dire avec fondement, qu'il n'y a point de continuiE^ entre i'ancien & le nouveau continent. Mais qui pouvoit alors fa-voir cela fur le vaiiTeau ? Ce n'efl qu'aux recherches geographiques que j'ai faites ä Jakutzk en J736 & 1737 qu'on efl redevable d'une connoiflance plus pre-cife & plus vraie du pays des Tfchukt-fchis & du Cap qui porta leur nom. H fuliit qu'on ne fe foit pas trompe dans reffentiel, & que reellement YJfic foit feparee de VAmerique par un canal de communication entre la mer glaciale & Celle du Sud, r On s'en retourna done, &-il he'fe pafTa rien de remarquable, finon que le 20 Aoüt on vit venir ä la rencontre du vaifTeau 4.0 Tfchuktfchis dans 4 Bai-dars. lis apportoient un prefent de chair de rennes, de poiflbns, & de dents de chevaux - marins: on leur donna en revanche des eguilles, des fers k batcre du feu, du fer & autres chofes fembla-G4 bles. Le 2y on jetta I'ancre devant ia cote de Kamtfcbatka ä caufe d'une tem-pete & d'un brotriHard qui s'etoient le-ves-. Le lendcmain on perdic I'ancre ea Ja kvant. Je cable s'etant rompu. Le ao Septembre ils entrerent dans la riviere de Kamtfcbatka, la remonterent, & prirent pour la feconde fois leurj quar tiers d'h iver ä Wfcbnei-Kamtßhatz, km ■ Oßrog. Pendant ce loifir nos OflSciers s'en-tretiarent fouvent avec les habitans da Kamtfcbatka^ & lis Icur entendirent faire des recits & porter des jugenaens done rimportance meritoit touie leur attention: car 11 s'agiflbit d'une terrs qui devoit etre dans le voifinage ä FEH; & il etoit de leur devoir d'aller !a de-couvrir, & d'en fuivre les cotes. Eux-xnemes dans leur navigation avoient re-jnarque des vagues plus courtes & moins eleve'es qu'elles ne le font ordi-nairement en haute mer. Iis avoient flotter des pins, qui ne croiffent ^oint au Kamtfcbatka. lis entendirenf parier. parier de quelques autres de ces mar* quesd'une wrre peu eloignee, dont nous avons ddja fait mention plus haur^ Quelques uns meme -aflurerent d'avoir apperju de defTus les cötes elevees da Kamtfchatka cette terre voifine quand il faifoit beau tems. Le Capitaine, qui crut devoir fans perte de tenvs s'aflurer de la verite da falt par un fecond voyage, prit fes me-fures de maniere ä ne plus revenir au Kamtfchatka quand il s'en retourneroif > mais ä s'en retourner immediatement ä Ochotzk. II fortit done pour la deusie-me fois le 5 Juin 1729. Mais le vent d'Efl:-Nord-Eft, qui foufloit avec force, ne lui permit de s'eloigner de la cote qu'a 200 werfhes felon fon eflitne : & corarae il ne trouva point de terre juf-que-la, il changea de cours , doubla la füinte tnsridionak du Kamtfchatka- *, done il eut foin de daffiner la. figure & la po- * Quelques-uns rappcllent Cap O^ioi. Ife' n^ont pas (□ peut-Ctrc que le mot ruffe-figni- -^ m^Tifliongl^ G 5 fnion fur la carte, & vint ä lembou-chure du jSoZ/f^iflW, d'oü il arriva le 23 Juillet k Ochotzh De - la il alia ä cheval ä Judomskol. Krefl, 0Ü il trouva de petits bateaux. y conftruifit des radeanx avec lef-quels il defcendit les rivieres de Jude-•ma, de Mala & d'Man. A Belskoi-Fe-rewojfy oil l'on traverfe YJldan pres de Tembouchure du Bela, il prit des che-vaux des Jakules du voifinage, avec lef-quels il fe rendit le 29 Aoüt ä Jakutzh II en repartit le 10 Septembre pour re-monter encore le Lena aufli loin qu'U feroit poflible. A Peledidskaia -Sloboda les gaces que cette riviere charioit le forcerenc d'y faire halte le 10 Oflobre. Cela dura jufqu'au 2p du meme mois» qu'il continua Ton voyage en traineaux par Ilimsk, Jsnifehk^ Tomsk & Tara jiirqu'a Tobolsk. II s'arreta iä du 10 aii 25 Jan vier, & le 1 Mars 1730 il revint a Petersbmrg, ^ Peu de tems auparavant il s'etoit glif. K une erreur dans la Geographie aux pays etrangers, cornme fi le Kamtjchat' ka etoit la mžme chofe que la terre de Jefo, & s'etendoit par confequent au Sud jufque dans le voiQnage du Japon, Deux cartes gravees en Hollande * pen apres U more de Pierre le Grand avoient occäfionne cetce erreur. On les crut faites d'apres les decouvertes les plus nouvelles: & on trouva la chofe confirmee dans les remarques des Officiers Suedois ci-devanc priformiers en Sibirie furl'hiftoire des Tatares eCAbulgafi Ba-yadur Chan C'eft pourquoi ScieacA- zer ne balanja pas de I'adopter dans I'edition qu'il donna de rhiftoire du Japan *** par Kämpfer. Le temoigna- * Carte nouveUe de tout i'Empire Je la Gran-Je-Rußie , dans Pit at ou H s'eß trou-v^ a la mart de Piirre le Grand: & La HuJJte Afiatique tirü de la Carte donn^e par ordre du feu Czar. On 2 aulfi une Carte de Human gravee d'apri^s ccs deux-ci. Hißoire gen^alopque der Tatarei p Jo9- * • * Hißoire du fapoii par Mr. K^empfer Tome I. Difcours preliminaire p. 17. avec la Taille-douce qui y appartient. G C ge de Mr. de Strahknberg * fembla luj-donner iin nouveau poids. Mr. de la Martlnlere** I'approuva aprd;s lui; cotn-me auffi Mr. Belün cjui y ajouta cncore une nouvelle erreur, comme s'il y avoit une navigation etabüe de I'eni,. bouchure du Lena au Kamtfchaika, aii moyen de ]aque!le le commerce fe fai. foic avec ce pays. Difons pourtanc que cc n'eft pas. tant la faute de Mr. BelUn, que celle de I'auteur des remar-. gaesfur Mulgaß, qui a le premier dit cela Bering, qui avoit double la, Bointe mžridionaie du Kamtjcbatka au, 51® de Latitude, nous apprit mieui., Sa carte fuc envoyee ä Paris & incor-poree dans I'Atlas de Du Halde^ ou * Tartie ft-penir'male ^ Orientale de rEurop^ de l'Aße. Voycs rintrgdučtion p. 31. & ij Cane qui y eft jointe. ** Diähnaire Geo^a^hi^Mt Tome V. ä I'arti^ apres quoi il les quitta pen lant ia nuit, ^ fe cacha pres de lä pour voir ce qu'ils fcroient. Autant que les Japonnoh a-voient ete joyeus de voir arriver Schtin-«iko'w, autant ils furent affliges de fe voir abandonnes de lui. Iis fe mirent * ^'fcription di u Chine Tome IV. p.' 561, dans leur canoE, & raraerent le long de ]a c6ce pour chercher d'autres habitans. Alors Schdnniko'-iX} ordonna ä fes Kamt-fchedales de les fuivre dans un Baidar^ de tirer delTus, & de n'en epargner que deux : ce qui fut fait. Ily avoit i 7 Ja' pomiois en tout, dont deux feulcment reflrerent en vie , un vieillard & un gar-gon de 11 ans. Schtinniko'oi s'empara de touc ce qu'ils avoient, & fic mettre en pieces leur vaiiTeau pour faire fon profit du fer qui y 6toit, apres quoi il em-niena avec lui les deux Japonnoh com-me prifonniers de guerre & efclaves ä Werchnei KamtJchatzkoi-Oßrog. Une teile cruaate , exercee fur des etranger-s qui avoient fait naufrage, ne pouvoit refter impunie. Auffi Schtinnikow ^ at-teint & convaincu du crime, fut puni comme il le meritoit par la corde. Les deux Japonnois furent tranfportes en 1731 ä Jakutzk, de-Iä ä Tobolsk, & en-fin en 1732 a Petersbourg. Ici on leur enfeigna la langue rufTe, & les fondemens de la religion ehre- tienne. lis furent batifes, I'un fous Id' nom de Cofmas, I'autre fouj celui do Damian. Leurs anciens noms etoient Sofa & Gonfa. ^pres cela on les en-voya ä I'Academie des Sciences par or-dre du Senat-dirigeant. Us y firent des difciples qui parloient & ecrivoient deja pafTablement bien le Japomois, lorfque leurs precepteurs moururent fucceflive-menc en 1736 & 1739- fe font dits nacifs de Satzma. Kcempfer ecrit Satzu. ma. Sur les cartes il y a Saxuma, felon la prononciation des Portugais,. Ceil: une ville & province fur la cdte m^ridionale de I'ile de Ximo, appellee auffi Kiußii. So/a avoit ete Matchand, Le pere de Cmfa avoit fervi comme pi, lote fur la flotte da ^apon: & le fiij avoit embraflfö le merae genre de vie^ lis appeJloient leur bätiment Wakafcki, mar. 1] etoit charge pour Ofaka de taj, les de coton, d'etofes de foie, de ris, & de papier. Le Gouverneur de Satz^ wa c-nvoyoit les deux derniers articles, favoir ic.ris poui les habitans d'üfakai^ chez qui il n'encroit point, & lepapier pour fervir aux ecritures publiques tie la meme ville. lis n'y etoienc point aiv riTes. Une tempete les ayant faifis, les avoit ecartes da chemin. lis avoient erre ja & la pendant ö mois, jufqu'k ce qu'enfin ils avoient echoue fur les cotes de Kamtfchatka. lis ont dit que Kio etoiC la Capitale de leur empire, qu'elle etoit fituže fur la riviere de Jtdogavi, qui y. eft large d'une werfte,. & fe decharge dans ,1a mer i quelque diftance de-tills nommoient le Roi du Japon Ofaina. Je paffe fous filence nombre d'autres quellions qa'on leur fie, parce qu'elles m'eloigneroient trop de raon fujet. J'ai dit plus hau: * qu'un Colonel de Cofaques Jakutes, nomme JfanaJJei Scheßah':^ , avoit fait diverfes propoG-tions au Senat-lupreme pour rendre tri-butaires les Tßbukifchis iauvages. C'eft ici le lieu d'en rapporter les luites, d'au-. tant plus qu'elles ont auffi quelque in-t fluence dans rhidoire de la ruvigatioBv. * P- Scheßakow fe propofoit de reduire non feulement ks Tfchuktfchis, mais auffi les Korjaques, tant ceux de la cöce Sibiri-que du golfe Penfchinski, que ceux de l'une & i'auire cčte de la partie fepten. tridnale du Kamtfchatka , qui jufque-li, s'ecoient foiivent revokes. II voiiloic aller enriiite ä k decoüverce de la terre vis-ä vis le Tfchukotzkoi ■ KoJ, & en Tou-mettre les habitans ä l'empire ruffe. H vouloit aufli fäire une derniere tentative vers la. terre pretendue dans Ij mer glaciale. Efifin il fe promettoit de vifiter les iles Schantares & Kuriles. Cet homme avoit le don de la parole L'ufage qu'il en fut faire aupres des grands & des petits , & l'apparence de I'utilite qui pou^oit refulter de l'e, xecution de fes projecs, les fit ecoüter favorablement. II fut nomin^ pour i. tre'a lä tete d'uhe expedition qui de-voit s'etendre ä tous les articles que I'on Tient de voir. Le College de I'A-miraute ä Petersbourg lui fournit un pilote, ^a^ues Hem^ un fecond pilote, Jwan Fcdoro'Ji, un Geodefide, Michel G-viofdei^ , un expert en m^taux nomine Herdebol, & lo Matelots. A Catheri-nebourg il eut de petits canons, des morciers avec tout ce qui y appdrtient. A Tobolsk ün Capitaine du regiment Dragons de Sibirie, nomm^ Dmitri Pawlutzki, euc ordfe de ie joindre. Iis eurent Tun & l'autre 400 Cofaques fous leurs ordres, ik permilTion de difpofer de tous les autres Coraques en garni-fon dans les Ofirogs & Simowies du ter-ritoire de ^akutzk par oü ils paiTe-roient. Scheßakow , muni de ces ordres & de ces pöuvoirs, retourna de PitersbouTg en Sibirie au mois de Jiün 17^7. II s'ar-reta ä To/;o/si jufqu'au 28 Novembre, pafla l'hiver dans les environs du haue Lina, & vint a Jakutzk l'ete fuivant, 1728. Ici la difcorde fe mit entre Schefiakow & Pawhitzki. Eile fut cau-fe apparemment de leur reparation, quoique leurs indruftions femblanTent de nature ä les obliger de tendre de concert au meme but. Scheßakovj jg rendic en 1729 k'Ocbotzk, oü il s'ettr-para pour fon ufage des batimens fur lefquels Bering peu de tems auparavant ecoit revenu du Kanitfchatka, Le i Sep, tembreil en depecha un, favoir le Gc^ briel, fous le commandement de fon Goufin le Sin-Bojarskoi Iwan Scheßakm , avec ordre de faire voüe vers la rivie. re d'Ud, & de-lä au Kamtfchatka, & de vifiter & decrire teures les iles qu'Ü^ trouveroient fur leur reute. Pour ]ui il s'embarqua dans l'autre navire la Fortune pour Taviskoi • Oßrog ; mais il eut- le malheur de faire naufrage en chemin j & de voir perir Ja plupart de fon monde: ä peine fe fauva-t-ü Jui-merae avec quatre hommes dans un canot. Le 30 Septembre II envoya de Taviskoi - Ofirog un Cofaque , Ivjan Ofiafievjj avec quelques Senateurs Ko~ riitques, pour prendre les devans par la eöte Jufqu'ä la riviere de Per^chinai & tächer d'engager ä Tobeinance , pap bonnes paroles, Kori^i^ues rebels- les qui demeuroient le long de ce clie-min. Ji fuivit lui-meme au commencement de Decembre avec le refte de fes gcns, atteignk encore dans famarche, & arriva heiireufemenc juf-qu'a deux journees du Petifihina^ oü il rencontra nn effaioi innombrable de Tfchuktjchh, qui s'etoient mis en cara-pagne pour faire la guerre aux Korice-ques. Quelque petit que fut le nombre des Ruffes., des Tungus d'Ochotzk, des Lamut-es & des Koriaques qui accompa-gnoient Scbeßakow, puis qu'ils n'etoient en touc que 150 hommes, cela ne I'em-pecha pas d'all«r ä I'ennemi. Le combat fut malheureux. Scheßakovi tomba mort d'un coup de ßeche : & ce qui ne perit pas avec lui, fe difperfa. Ceci arjriva le 14 Mars 1730 pres du ruif-jfeau de JegatJcb , qui fe jette dans le goife Penfchinski en ere les rivieres de Paren & de Penfchitia. Trois jours avant ce malheureux ac-cidem Schi'ßak ia chancellerie de Jahitzk par le Sin-Bo-jarskoi Schefiakow, je trouve feulement quelques dates,, qpe void: J Le 30. Jiiin 1730. Depart de Bok fchaia-reka. 16. Juillet - Arrivee ä la riviere d'Cy. 19.---Arrivee a Udshi": Ofirog. 28.--Depart de-la. 13. AoiJt 1730. Arrivee ä Boh fchaia - reka. '20.--Depart de -11 5. Septembre. — Arrivee i Ochotzk. Dans le m^me tems que Scbeßakoto tevincä Ochotzk, le pilote Jäques Hens xejut un ordre du Capitaine Paiuhtzkl Cejui-ci etoit venu fur ces entrefaites par le grand-chemin de Jakutzk ä ]Vi. fchnei-Kolymskoe-ShKKaie ( ou Oßrog")^ L'ordre portoit: que quoiqu'il eüc refu avis par Madhskoi • Oßrog de la more du Colonel de Cofaques Scheßakow, cela n'empecheroit pas que l'exp^diiion n'cüc Heu: que Hens cfevoit prendre un des bätimens laifles p^r Beringi Ochotzk faire le tour du Kamtjchatka^ & fe ren-dre ä j^nadhsk, pour oü Pa-ailutzklxfiQ. me alloit inceflamment fe metcre eu march e, &c. En confequence de cet ordre Htns alia fur le Gabriel au Kamtßhatka. Le 20 JuiDet 1731 il etoit pret, ä I'em-bouchure de la riviere do ce nom, i continuer fon voyage pour etile d'^wa- dir fj/rjorfqu'on lui annonja, que le meme jour uns troupe de Kamtfchedales rebtl-les etoic venue ä M/chnei- KamtfcbcitZ-koi'Ojlrog, y avoit tue la plupart des Ruffes qui s'y trouvoienc, & mis le feu aux maifons. Ceux des Ruffes qui avoient echappe au maffacre fe refu-giercnc au navire. Hens envoya da monde pour reduire les rebeiles; ce qui lui reufiit: mais cela lui fit maa-quer le voyage ä 1'Anadir. En attendant le Capitaine PawlutzH etoit arrive a Jnaäirskoi-Oßrog le 3 Septembre 1730. L'Et6 fuivanc il fit la guerre aus Tfchuktfchis ennemis. J'ai recueilli concernanc cette campagne les relations ecrites & verbales de gens qui y avoient ete prefents. Elles font re-marquables par plufieurs endroits , & furtout parc^ qu'elles fervent ä repan-dre un grand jour fur la geographie de ces contrees-la. Le 12 Mars 1731 Faviktzki common-sa fa marche avec 215 RuJJes, 160 Kot-jicques, «Si Co Jukagiris, 11 traverla fur Tom. L H fa route les fources des rivieres d'Üboi, na, de Bela Sc de TJcbcrna, qui routes fe dčchargent dans celle d'Jnadir; j. pres quoi, laiffant la fource de VAmdir. meme ä fa gauche, il tourna droit au Nord vers la mer glac'mle. On ne fait rien des autres rivieres qu'il a paOces dans fa marche, parce qu'il n'y a eu perfonne qui ait pu les determiner ni ies indiquer par leurs noms. Au bout de deu3£ mois, apres avoir marche I'efpa-ce tout au plus de lo werftes par jour, & fait halte de tenis en tems, i'awlutz-hi fe trouva fur les bords de la wer gJa, ctale, pres de Tembmichure d'unerivie. re aflez confiderable dent on ignore jg nom. De-la il marcha pendant 15 jours ä I'Eft le long du rivage de Li nier la plupart du tems fur la glace, ^ fouvent fi loin de la terre , qu'on ne put reinarquer en paffant les embou. chures des rivieres. Enfin on decou* vritune grande Armde de Tfchuktfthh qui s'avanja, prete,ä ce qu'il parut, a en venir aux mains avec les nocres. Pflai. htzU les fit fommer par des interpre-tes de fe foumettre ä Tempire rufle. Sur leur refus il les attaqua avec tant de fucces, qu'ils furent forces de lui abandonner le champ de bataille, & de fe fauver dans une deroute entiere, Ceci arriva le 7 Juin. Apres avoir repofe 8 jours Pa'mhitzki continua fa marche, & fe trouva ä la fin de Juin pres de deux rivieres qui fe jettent dans i a mer glacials ä une jour-nee I'une de I'autre. Pres de la der-niere de ces rivieres il y eut un fecond combat le 30 Juin (jour de la fete de Sr. Pierre & de St. Paul , felon des relations verbales). Celui*ci fut aufli heureux que le premier. Apres 3 jours de halte Pawlutzki marcha droit au T/cbukoizkoi-NaJf, daas le deflein de le traverfer & de prendre le chemin de lamer d'Anadiry lorfqa'il fe prefenta pour la troifieme fois une grande armee de Tfchuktjchis qui s'e-toient raflemblšs des deux mers. Celili que fc donna le 1+ Juin la troifle-H a me bataüle, dans laquelle ies enneinis perdircnt plus que les RufTes n'y gagne-rent. Car, maigre leur triple defaitc, ]cs TJckuktfchis ne voulurent ni fe fou. meure ni payer tribur. Parmi le butin ie trouverenc des cliofes qui avoient appartenu au Colone! des CoHiques Scheßakovjy & qui avoient etc iaerdues dans le combat du ruifleau de Jegatfck. Ainfi celui-ci fut bien venge, & )es vainqueiirs ne perdirent dans les trois adions que 3 R^ijfes ■> i T^'^^gir, & ^ Korjaques. On alTure que purmi |es cnnemis etcndiis fur Je dernier champ de bataüle, il s'en trouva un dont la levre fupčrieure etoit percee de deux trous des deux cötes de la beuche de maniere ä pouvoir y inferer des dcnts taillees de dencs de chevaux-inarins. Rien ne s'oppofa plus a PawhttzU, quj traverfa triomphant je Tfchuhtzkoi- A"^ 11 euc d'alTez hautes montagnes ä pafTer, marcha 10 jours avant que d'arriver ä 1 autre rivage. Li il fit embarquer line parcie de fes gens fur des Baidars. Pour iui il continua fa marclie avec le gros de fa troupe ie long de la cöte, qui court la au Sud-Eft; & tous les foirs il avoit des nouvelles de fes Baidars. Le feptieme jour il arriva a une embouchure de riviere, & douze jours apres ä une autre, au-de-la de laquel-le, ä la diftance d'environ lo weriles, une pointe s'avance loin dans la mer ä I'Eft. Ce font d'abord des montagnes, qui diminuent peu-a-peu, & fe ter-itilnent enfin en plaine ä perte de vue. Selon touce apparence c'eft-la ce meme cap qui avoit engage le Capitaine Bering ä rebroufler chemin. Entre ces montagnes il y en a iine, qui, comnie nous I'avons deju remarque, eft appellee Serdze-Kamen par Ics habicans dV7«i3-dhskoi'üßrog. Paiulutzki quitta ici le rivage de la mer, traverfa le pays, & revintj par le meme chemin qu'il avoic pris en allant, le 21 Oilobre ä Wna-dirsk. Je paffe fous filence les autres faics H 3 de ce brave homme, qui devint dans la faite fucceffivement Major & Lieme-nanc - Colonel , & qui mourut enfiij Wo£wode a Jakutzk, parce qu'ils n'ont rien de commim avec nocre pre fent but: & je me hate de pafler ä ce qu'oi> appelle la deiaieme expUition du Kamt-fchatka, qtii furpalTe par Ton importaa-ce tout ce qui avoit ece fait auparavant. & qui, par la-meme , merite que nous entrions dans un plus grand detail fur ce qui la regarde. Ce fut le Capitaine Bering qui en fit lui-meme la propofition. Lui & deux Lieutenans, Spangberg & Tfchi. rikow , d^clarerent qu'ils feroient voion, tiers un fecond voyage au Kamtfchat-ia, pour y entreprendre les decouver-tes qu'il y avoit encore a faire dans ces mers-la. En confequence de ces ofFres on ^leva au commencement de 1732 le Capitaine au grade de Capi-taine-Commandeur, & les deux Lieu-tenans furent faits Capitaines. Le but du premier voyage n'entra point ici en ligne de compte , parce qu'on croyoic y etre parvenu. A fa place on ordonna des voyages par mer, tant i I'Efl vers le continent dcYJmeriquet 511'au Sud vers le Japon. On voulut en meme terns eflayer fi le fameus bajfage par le Nord , fi fouvent tentž en vain par les Anglois & par les HoU landois, etoit poflible fur la mer gh-dale, Le Senat fupreme, le College de l'ÄcniraLite & TAcad^mie des Sciences prirent en commun les mefures qu'ils crurenc les raeilleures pour le fucces de I'entreprife: & Mr. Kirilow, alors Secretaire en chef du Senat & enfuite Confeiller d'Etat, pouffa I'affaire avec tant devigueur, que bientöt eile par-vine ä fa conclufion. Le premier ordre imjperial eman6 du Cabinet fecret au Senat, fut du 17 A-vril 1732. Le Sänat demanda ä I'Aca-demie des Sciences un detail de ce que Ton favoit jufque-la du Kamtjckatkaf ainfi que des contrees & mcrs d'alen-tour. L'Academie chargea de ce dell 4 tail Air. Deliße, qui drefla lä - defTus «ne <;arce , fur laquelle etoieni; repre-rentes le Kamtfchalka, la terre de Jeß felon la defcripcion du vaifTeaii le CaJ. iricom, lik des Etats, h terre de la Com-fagnic. Je Japon, & la cöte vue par le Capitaine Kfpagnol Juan de Gama. ^ cette carte etoit joint «n Ecrit, dans lequel Mr. Deliße rendoit compte des decouvertes d-ja faites , & indiquoit divers moyens d'tn faire de noiivelles. Ainfi fa memoire ne l'a pas bien fervi, Jorfqu'apres fon retour en France i\ g die dans un memoire prefente l'an 1750 ä i'Acad^mie des Sciences de Paris, que cette Carte avoit d^ja ete dreffee par lui ■en 1731, & quelle avoit occafionne la muveHe expedition du Kamtfchatka. Cette Carte §1. l'Ecrit qui Taccompa. gnoit ayant ete delivris au Senat fu. preme par TAcademie des Sciences, cel-Je-ci rejut ordre de nommer un Profef-feur de fon Corps, qui accompagneroit le Capitaine-Commandeur Bering dans le voyage projette , d^termineroit par des des obfervations aftronomiques la vraie poficion des nouvelles terres qu'on alloic decouvrir» & enrichiroic Thiftoire naturelle de tout ce qui fc prefenteroit de re-marquable en fait d'animaux, de plantes & de mindraux. Par bonheur pour les Sciences il arriva que deux membres de I'Academie.favoir Mr. Jean George Gmi' I'm, ProfefTeur en Chimie & Hiftoire naturelle, & Mr. Louis Deliße de la CroyerCt fecond Profcfleur d'Aftronomie , s'ofFri-rent de leur propre mouvement ä faire le voyage, & furent nornm^s pour cela par le Se nat fupreme fur la propofi-tion qu'cn fit TAcademie. Enfuice, fa-voir au commencement de 1733, j'of-fris aufl! mes fervices, pour ecrire I'hif-toire civile de la Sibirie, les antiquites, les TOoeurs & les iifages des peuples, & I'hiftoire nieme du voyage qu'on al-loit entreprendre: ce qui fut agrtie par le Senat. On peut dire avec verice , que rarement on verra I'exemple d'un voyage fi penible & fi long, emrcpris par tous ceux qui en furent avec plus H 5 de courage & de fatisfaftion, que celui-ci le fuc. On s'encourageoic les uns fes autres: on ne n^gligeoit rien, on ^toit attentif ä tout ce qui paroifToit devoir tourner ie moins du monde ä l'avantage de ce dont on etoit charge. Comme on avoit refolu divers voy^. ges par mer en plufieurs endroits diff^. lens, le College de l'Amiraut^ nortitna encore les Officiers fuivans pour fervir fous les ordres du Capitaine ■ Co^nman. dem: favoir, les Lieutenans Pierre Laß. ßnius, fVilliam Walton, Dmitri Laptievj^ Jendaurovi, Dmitri Onozin, S «tudiant nomme Krafcheninikm y afia- d'y faire divers preparanfs pour nous en attendant notre arnvee: & il y a-^ voit tout a efperer de liii pour ce qu'il y avoit ä faire pour nous au Kamtfcbat-ka. Quelque terns apres, favoir en 1738, nous vimes arriver aupres de nous I'Ajoint George Guillaume Stellefr que I'Acadcmie des Sciences avoit en-voye au Tecours du Profeffeur Cm^lin. Celui-ci tdmoigna tant d'envie d'aller au Kamtfchatka, & d'etre de I'expddition qu'on y preparoit, que nous ne pumes^ nous difpenfer de lui en accorder la permiilion. Nous n'eumes pas lieu de nous en repentir; car par fa diligence^ & fon habilete il ne laifla rien ä defirer de ce qui pouvoit; intereffer les fcien-ces au Kamtjchatka. Pendant que le terns fe pafToic ainfi en pr^paratifs pour I'expedition princi-pale, il fe fit divers voyages par mer le long des cotes de la mer gJaciale , pour eOTayer fi Ton pourroic aller par la au Kamtjchatka. Le Lieutenant Miiraiisievj^ £ut commanJe pour tenter Ic paflage i8| De'coüvertes faites dV/rc/wn^f/jufqu'ä VOb. Celui-ci n'a-, vanfa le premier cte 1734 qtie jufqu'a la riviere de Petfchera, & p^iffa l'hiver a Pußoßrskof-Oßiog. Vite fuivant i] paf. fa le decroit de fFeygat, ayjint ä fa gauche rile de ce nom , & le continent a fa droite. Ce paHTage eil appelle gorskoi-SchaT^it les Proniyfchlenis ruffes, qui vonc ä No^a-Semlia ä la chalTe des chevaux marins, des chiens de mer, des renards de rocher (peßzi) & des ours blancs. II ne viflta pas lautre pairage entre I'iie de JVeygat & Noixa. Semlia. Apres avoir paffö le decroit Ü fe trouva dans une grande mer appel. lee Karskoi-rnnre, du nom de la riviere de Kara qui entre dans un golfe de cet-te mer. Jufque-Ia la navigation etoit connue "depüis le commencement du fiecle paf. ß. Lcs habitans Archangel, de Kol-mogeri^ de Mefe^ de Pitßoßrskoi, vont par Ja prefque toutes les annžes prendre ä No-jsa Semlia des chevaux-inarins , des chiens de mer, äi des ours blancs: & anciennement on prenolt le meine chemin pour aller par mer en Sibirie, j'en:ends au fleuve de VOb & ä Manga-fea. Voici comment. La Mutnam efl une riviere, qui fe jette avec celle de Kara dans le meme golfe. On remon-toit cette riviere pendant 8 jours juf-qu'a un lac d'oü eile prend Ton origine, Ce lac fe traverfoit dans un jour. Apres quoi Ton tralnoit les petits efquifs , ou Caics, dont on fe fervoJt pour ces voyages , par-defTus la terre I'efpace de 200 braffcs (d'autres relations difent de trois werftts) jufqu'a un autre lac, d'oii fort une riviere appellee i ou , felon I'Atlas RulTe, Tyhiuka, qui en tre dans le Golfe de Yüb. Pour pou-voir trainer ces bateaux, il falloit les decharger, & tranfporter les marchan-difes. Pour fe faciliter cec ouvrage, & furtout celui de drer les bateaux par-deflus la terre, il y en avoit toujours piufieurs qui ailoienc de compagnle & dont les equipages s'entr'aidoient mu-tuellemcnt. Apres ils defcendoient le Seknaia. Mais comme le lic de cette riviere n'a pas toujours affez de profon-deur, il failoir encore d^clurger ä di-verfes reprifes les bateaux qui pre, noient trop d'eau. & tranfporter le, marchandifes pour les recharger: ce qui prenoit ordinairement lo jours. Lorfqu enfin ils avoient atteint ie golfg de rOZ», quelques uns alloient tiObdors-hi-Gorodok, pour y trafiquer avec leg. Samojedes la contree. Mais le plus grand nombre entroit dans le golfe de la riviere de TaJjT, & alloient ainfi ä ville de Mangaßa, au tems que celle-ci exidoic. Iis s'en retournoient de Ja meme maniere. Car que ces gens ayent fait le tour par mer de la grande poin. te, qui s'^tend de la riviere de Kara jufqu'a 73" au Nord, & que les Sa-mojedes appellent Jalmal, c'efl: ce qui n'eft guere croyable, ta pour cet effet tout I'hiver ä ßoljche-retzkoi-Oßrog. A peine, apres avoir remis en merle 23 Mai 1742, euc-oa pafTe les premieres iles Kuriks que I'eau pen^tra encore dans le vaifTeau de plu. fieurs cotes, fans qu'on püt rempeclier; ni boucher toutes les voies. Malgretous ces contretems Spangberg fe faifoit pei» ne de revenir fans avoir fait aucune de-couverte. II envoya le maitre Scheltinc ga, pourvificer la mer jufqu'i I'embouchure de VAmur. Mais ceci meme ne reufHt pas, Bref tout ce fecond voyage du Capitaine Spangher g ne fat qu'u-ncfuite de contretems, & les trois bi- timens revinrenc, fans avoir rien fait, ä Ochotzk. On peut avec raifon attribuer le maU' vais fucces de ce voyage-ex ä Vn contrainte qui Tavoit fait encreprendre. Le premier etoic volontaire. Tout le monde fe falfoit un point d'honneur de le faire reuffir. Par la bien des obftacles fürenc furmontes, qui euflTent pu faire echouer I'entreprife fi on leur avoit op-pofö moins de courage. Mais ici les dißicukes fe firent fentir dans touts leur force; & le courage n'etant plus le meme , peut-etre qu'on manqua de cec-te aaivice fi neceflaire pour prevenir ou. lever les. obflacks, Qaoiqu'il en foic, ce futpar-lä que fe termina Tespedicion au ^apon. Peu-a-peu les preuves ea faveur de nos na-vigateurs fe multiplierent; & aujourd'hui Ton ne doute plus qu'ils n'ayent rencontre jufte des la premiere Fois, puif-que les plus celebres Geographes fran-Sois, tels que Mrs cl'Anvilk, Btioche & Rellin, adoptent dans leurs cartes an- tant & plus de difference en longitude entre le Kamtfcbatka & le Japon, que Spangberg & F/alton. L'expedicion de Spangberg au ^apon en 1738 avoic tellement öpuife Je ma-gafm gräeral ä Ochotzk, que deux an-Bees fe pafferent avant qu'on eüc pu lg remplir par de nouveaux convois. Dans cet Intervalle on conftruifit k Ochotzk deux nouveaux bätimens, favoir les Pa-quebots le St. Pierre & le St. Paul, def-tinds aux decouvertes que Ton fe pro-pofoit de faire fur les c6tes de rAmeri-que. Le Capitaine Commandeur avoit envoyd en autorane 1739 ]e pilote iTj^an Jelagin avec I'un des bätimens qui avoient fervi ä Spangberg ^ pour aller vifiter !e golfe d'Aisatfcba fur la cö-te Orientale de Kamtfcbatka, y choifir le lieu le plus avantageux pour en faire un pore, & y bätir des Magazins & des Cazernes, afin d'y pouvoir pafler l'hi-'^er. Au printems fuivant, 1740, le Pro-felTeur Deliße de la Croyere & l'Ajoint Steller fe rendirent ä Ochotzk, oü arri. verent en meme terns de Petersbourg le Lieutenant Iwan Tfchkhatfche'-öi, & le maitre Sophron Chitroix, qui fut bientot apres Lieutenant. On les avoit envoyes pour remplacer d'autres Officiers ou malades ou congedies. Tout etant pret, il fut refolu de faire encore cet etc le trajet au Kamtfchatka-Cependant le depart ne put avoir lieu que le 4 Septembre. Le Capitaine- Com-mandeur montoit le Paquebot Ic St. Pierre ^ & le Czp'mins 1 fcbhikof \e St. Paul. Deux autres vaifleaux portoient ks provifions. De la Croyere & Steiler avoienf un bätiment ä part pour eux & pour leurs provifions, dans lequel ils fuivU rent la flotille le 8 Septembre. Le 20 les Paquebots etant arrives ä I'embou-chure du Bolfchaia-reka, le Caphainc Commandeur fit enirer les vaifleaux ä provifions dans cette riviere. De la Croyere & Stelkr s'y arreterent auffi. parce qu'ils s'etoient propofes de faire diver-fes obfervations & recherches ä BoJfche' Tretzkoi-Oßrog, Le Capitaine-Comimndeur & Tfchinkotii trouverent trop peu de profondetir ä Tentree de la riviere pour leurs vaiflöaux; ainfi ils firent voile de-lä le lendemain, pour doubler la pointe-meridionale du Kamtfchatka, & fe rendre au port d'Avoatfcha. En pafTant le ditroit entre cette pointe & la premiere He Kurik, le Caphaine-Comman/kur vit au danger qu'il courut lui meme, combien avoit ete necefiai-re la precaution qu'il avoit prife de laif. fer ä Bolfchaia-relia les vaifleaux de charge. Au milieu du detroit, qu'on eftima large environ d'un mille & deml d'Alle. magna, & long d'un demi-mille, regne un dos de röche par-delTus leqilel les vagues roulent. On peut paffer des deux cotes j mais le paffage mendional eft preferable au feptentrional, parce qu'il eft le plus large. II foufloit un vent gaillard des plus favorables^ mais en meme tems le Capitaine-Commandeur rencontra une forte maree, qu'il n'a-voit pu prevoir faute de connoitre af-ces niers -la. Pendant une heura entiere on ne pouvoit voir ä la cote que le vaifleau euC avance le moins du motive. Les vagues, qui s'elevoient ä une grande hauteur, paflbient par-delTas I'arriere du vaifleau. Un canot attache ä un cable de 40 brafles donnoit avec fracas contre ]e navire , & peu s'en fa-lut qu'une fois il ne fiit jette dedans. On avoit 10 ä 12 brafles de fond; mais lorfque le vaifTeau s'enfonyoit avec les vagues, il reftoit ä peine 3 bralTes. Le vent foufloit avec tant de force, qua la referve de la grande voile, & de Celle de mizaine, on fuc oblige de ferrer touces les auttes. Tout ce qu'on put faire, ce fut de gouverner vent - arrje-re contre le coarant. Car pour peu qu'on eüt prete le ilanc aux vagues, on eüt etc en danger de perir: fans compter encore le voifinage du*rocher contre lequel on avoit i craindre que le vaiffeau n'allät fe brifor. Lorfque le fort du couranc fut paffe, le navire com-menja ä avancer peu - ä - peu. Ecfin Voii franchit -le detfoit, & I'on fe trouva au large. Ceci, au refle, n'ar-riva qu'au Capitaine - Commandeur: car Tfchirikow, qui ent" ^^ detroic une heiire & demic plus card, le pafTa fans difficulte. Ce paffage s'etoit fait le 26 Septembre. Le jour fuivant ils arriverent de> vant le Golfe d'Jmatfcha: mais un broiiil-lard epais leur en cachant I'en:ree, iij furenc obliges de reprendre le large. En attendant ils furent battus de tempetes, pendant Tune defquelles ils perdirtnt le cahot, d^ja trop endommage par les fecouffes qu'll avoic rejues dans le Demit en heurtant contre le vaifleau. Enfin les deux paquebots entrerent heureufement dans le golfe & port d'Avatfcha, oü ils pafferent I'hiver. Ce Golfe tire fon nom de la riviere iCAwatfcha, ou, comme X^s Kamtjcheda-Us I'appellent, Suaarfchu, qui coule du cote occidental dans ce golfe. Ctlui-ci eft ä peu-pres tout rend, d'environ 20 werftes de diamtrtre. Son entree eft large de tiois a quatre-cent brafles. Elle s'etend au Sud-Eft, & eft aflez profonde pour dqpner paflage aux plus gros vaifieaux. Le Golfe merae a beau-coup de profondeur auffi. La Nature y a fait trois ports dgalement bons , Mäkina, Rakowaia 3c Tareinaia-guba: ils ne different qu'en grandeur. Le pilote Jelaghi avoit choifi le premier, comme le moins fpacieux , pour les paqucbots, & pour les magafins, maifons & cafer-nes qu'il avoic eu ordre de conftruire-On y bätit encore, pendant que le Capitame'Commandeur hi verna la, une Eglife, qui fuc confacree aux Apotres St. Pierre & St- Paul. Pour cette rai-fon, & parce que ies paquebois por-toient les memes noms, celui-ci fuc appelle par le Capitaine le pn de St, Pierre (f de Sl Paul Un Otiicier qui fut de cette expedition , & qui pendant 40 ans avoit tra-verfe les mers des quatre pardes du tnonde,temoigne que ce port eft le mell-leur qu'il ait vu de fa vie. Vingt vaif-feaux peuvent y etre ä Taife, & ä I'a- bri de tous les vents. On y a 14 ä ig pies d'eau, fond m«iLi de fable; ainfi d« plus grands navires encore que des paquebocs pcuvent y etre en toute furete. On trouve tout pres de I'eau tres-bonne & tres-faine, fiirtoiit celle de la riviere d'Jwat/cha, que 1 on prtJ. fere ä I'eau des autres rivieres & ruif. feaux qui ont leurs fources dans les nurais du pays. Depuis TentreSe du goj-fe on gouverne Nord-Nord-Ouefl:, & Nord-Gueft-au-Nord, pour arriver i ce port. De cette maniere on a toiijours 8, 9, 10 & jufqu'a 11 brafTes d'eau, fond de fable, & par confequent une navigation Aire, fi ce n'efl qu a 3 werf-tes environ ä Toppofite du port il y a par le milieu du paffage au fond quelques grofles pierres ou morceaux de Toc, dont il faut fe garder, parce qu'il n'y a la que 9 pies d'eau. Selon les ob-fervations qu'on a faices fur les lieux, les plus hautes marees, en terns de nouvelle & de pleine-lune, font de 5 piös 8 pouces niefure d'Angkterre. Pen- Pendant qu'on fut en quartier d'hiver i Petropawlowska, le tranfport des vi-vres laifTes ž Boifchcretzkoi fe fit avec beaucoup de peine. La diftance entre ces deux Ueux efli de 212 Werltes. Fauce de chevaux, qui manquent au Kam' fchatka, 11 falut atteler des chiens; encore duc-on, pour en avoir affez, en aller chercher jufqu'ä 4 & 500 werftes de-lä. 11 faloit 8 ä 10 fois plus de chiens qu'on n'eüt eu befoin de chevaux. Car pour trainer 40 Puds, qui eft la charge qu'un cheval tire en Ruflie par des che-mins d'hiver, 11 ne fauc pas moins de 8 ä 10 chiens. Les Katntfcbedales ne s'accommodoient pas de telles corvees, & furcouE fi loin de leurs demeures. Heureufement on avoit prevu toutes ces difficukes, en faifant aclietter ž Anadirskoi-Oßrog vine aflez grande quan-tite de rennes, qui furent conduites ä Jwatfcha, ou on les chafTa dans de bons paturages, pour fervir de nourriture k nos gens pendant I'hiver. On eut auffi des Kamtjchsdaks du poiflon fee en T^om. I, L bondance. Avec ces fecours on epargna la mokič des portions ordinaires fur les provifions de mer. Mais au printems de l'annee fuivante, 174'. leCaphaine-Com. mandenT fit venir Tun des bätimens laif. fes h Bolfcheretzkei, avec les provifions qui y reiloient. Ce vaifTeau atrlva heu. reufement au porc de Petropaiuhwska.ik fa charge fut portee parcie ä bord des vaifTeaui precs ä pariir, parcie dans les magaziiis du lieu. A la fin de I'hiver le Profefleur de la Croyere & TAjoint Steiler fe rendi-rent auffi ä Petropawlowska, pour alüf. ter aux decouverces. qu'on alioit faire en Amerique. Le Capitaine-Commandeur pric le dernier fur fon bord : I'autre tint compagnie a Tfchirikoiu. II n'ecoit plus queflion que de conve-rir du cours qu'on tiendroic. Pour cet cffet le Capitaint-Commandeur affembla le 4 May un Confeil compofe de tous leg Ofliciers, auquel il invica auffi le Pro-feffeur De h Croyere. Chacun devoit dire fon fentiroent, afin qu'en compa« rant les opinions on fit en etat de prendre le parti qui parolcroit le meil-leur. Dans "ce terns la les indices d'un pays voifin ä I'Eft n'eioienl plus ignores de perfonne. Pendant tout I'hiver les Officiers avoient juge qu'il faloic courir ä TEft, en tlrant un peu vers le Nord. Mais ce feniimenc n'etoit pas d'accord avec cette carte de Mr. Deliße prefcncee, comme je I'aidlt, par I'A-caden:iie au Senat fuprSme. Le Senat i'avoit donnee au Captaine-Commandeur ponr lui fervir de guide. De la Croyere en avoit une copie, qu'il apporta aii Confeil. On ne voyoit pas I'ombre de terre ä TEA: fur cette carte. D'un autre cote die prefentoit au Sud-Efh A^A-'isatfcha^ fous les 4Ö & 47 Degres de latitude, une cote vue du Sud, & eten-due de 150 de I'Ouefl ä I'li^ft, avec ces mots: Terres vues par Dom Jean de Ga-ma. En confequence de cela le Confeil jugea, quen fuppofant Fexiflence reel-1« d'une terre telle qu'elle etoit marquee Cfuppofitiou que Ton fondoit fur li L a confiance, que I'auteur n'avoit rien avance ä la legere), cette terra pouvoit s'etendre alTez au Nord, pour etre fa-die k trouver. C'eft poarquoi il fut re-folu de porter d'abord le cap Sud-Efl-au-Sud vers cetce terre, & quand on I'auroit atteince , d'en rafer les cotes au Nord & ä I'Eft: njais qu'au cas qu'on ne la trouvat point jufqu a la hauteur de on vireroic le cap en eourancEfl & Ell-au Nord jufju'ä ce qu'on trouvat tcrre: qu'on cötoyeroic celle-ci entre le Nord & I'Eil:, ou en-tre ie Nord & I'Ouefl- j'ufqu'a 6$''. de latitude: enfin que Ton feroit enforte d'etre de retour ä Avjatfcha au mois de Septembre. Comme cette refolution diiconfeil fut, au dire de ceux qui furent de I'expedi-tion, la caufe de tous les malheurs qui leur arriverent, il eft ä propos que nous nous y arretions un peu. On ne fait ni qui fut ce Jean de Gama, ni dans quel terns ii a fait la decouverte -qui lui eft attribuee. Tout ce que 1 oq fait, c'eft qu'en 1Ö49 Texeira, Cofmo-graphe du Roi de Portugal, avoit public une carte, fur laquelle, ä lO ou 12 degres au Nord-Eft du ^apon, & ä 44. «Si 45 degres de latitude, il a repre-r;;nce un nombre d'iles, & une cöte courant ä I'Eft, avec ces paroles ä cote; Terre vue par Jean de Gama Indien en allant- de la Chine a la noiiveUe Efpagne *. II faut que cette decouverte aic ^te faite en metne tems que celle du vaif-feau Hollandois le Caßricom, ou meme auparavant; & la pofition de ia terre de Gama, telle que la reprefente la Carte de Texeira, paroic la meme que celle de la terre de la Compagnie vue du Caflrlcom. Nos gens fe plaignent d'a-voir ete engages fur la foi de la Carte de Mr. Deliße ä une courfe inutile, lis ont raifon eu egard au voyage d'Amhi-que, qui certainement a ete retarde par la. Mais la faute de Mr. Delisle ne con-fifte qu'en ce qu'il a placč la terre de • Confidirations giegrefhiques ^ fhyßquet Buache p. 128. L 3 €ama trop ä I'Efl & parmi les džcou-vertes Jmericaines^ tandis qu'it faloit la mettre entre celles du Japon, on de Ji, fo. S'il avoit fait cela, on auroit charge le de la chercher ainfi que les autres: & en ce cas la ie mal n'^oit pas grand, quand meme on ne I'eSc pas trouv^e, non plus que cel. les de ^efo, de h Compagnie, Sc 1% des Etats. La terre de Gama ne peuc-eile pas avoir effaye la meme revolution que celle de Jefo Au Turplus il efl bon de remarquer, que parmi l^s G^ographes modernes les uns negü-genc tout ä-fait cette ferrc de Gama, öc les autres la font fi petite, & fi voifi. ne de la tene äs la Cmpagnje, qu'ä peine reflie-t-il qiieique difference entre l'une & I'autre. J1 n'y a qu a jetter les yeui, pour fe convaincre du faic, fur les cartes les plus rccentes de Mrs UJnvilk, Bellin, Green ^ Euachs^ & de Mr. Dg/i/Js-meme, Tout etant pret, & les vaifleaus • Voycz d- defliis p. i2%. pourvus d'autant de vivres qu'ils en pouvoient contenir, les deux Capitaines inirent ä la voile le 4 ]uin 1741 , ayanc le Cap Sud-Eft-au-Sud, conime on en etoit convenu, jufqu'au 12 du meme mois que Ton fe trouva ä 40^ de latitude. II n'en falut pas davantage pour Sire convaineu qua Ton cherchoic en vain la terre de Gatna. On revira done de bord, & l'on courut au Nord juf-qu'ä 50^ de latitude. Alors on gouver-na ä l'Eft pour aller ä la decouverte du continent de VAinerique. Mais le 2ome, Tfchinkow fut fepare du CapUaine-Com-- mandeur par une violente tempete & par les brouillards. Ce fut-lä le premier defaftre arrive ä nos navigateurs. Par lä les vaifleaux fe trouTOient fruftres du fecours qu'ils -ufTent pu fe precer Tun a l'autre; ce ^ui avoit ete la raifon pour laquelle on en avoit equipe deiis, en leiir prefcri-vatt esprefTement de ne jamais fe fepa-rer. Le Capitains -Commandeur fit fon poffible pour retrouver Tfchirikow. W L.,4. croifa Tur lui pendant 3 jours entre lej 50 & 51 degres. II retourna en arriere vers le Sud-Efl jufqu'a 45°. Tout fut en vain. Tfchirikova, des les 4 8®, avoit pris fon cours ä mi: ce que le CapU taine-Commavdeur ne fit que le 25 Jui^ en parcauc dii 45°- -Ainfi ils ne fe re-trouverent plus: mais les decouvertes qu'ils firent, chacun de fon cote, n'ea iont pas moins parfaitement d'accord enfembie. II ne fe paffa rien d'extraordinaire jufqu'au 18 Juillet, 'que le CapHains-Conniiandeur, qui avoic en attendant fait gouverner toujours plus au Nord, ap^-perjut le continent de I'Amerique ä 58". 28'de latitude, & ä 50°. de longitude d'Jimfe/m, felon I'eftime. Trois jours plutot, favoir le 15 Juiliet, TJchirikov. avoit atteint la meme cote ä 56°. de la titude", felon fon eflime, ä 50" de longitude ä'Jwatfcha, Mais ils peuvert avoir eu Tun & I'autre quelque petite erreur dans la difference de longitude. Car ea comparant le cherain du rstoiir avec avec celui qu'ils avoient fait en allant, il paroit que le Capitaine-Commandeur ä apper9u la cöte cVJmerique fous le ßooii: Degre, & le Capitaine Tfchirikow fous le 65me Degre de longitude Čl'Avsatfcha. Or la longitude du port de Petropaia-lowska, dans le golfe d'Awatfcba, eft determinee, par des obfervations aftro-lioniiques, pour etre de 1760 12' 30",ä compter du premier meridien paflanc par I'lle de Ferro. Cela nous donne la longitude de ces cotes, pour le premier lieu de 236^, & pour le fecond de 241*'. Si Ton confere enfuite ces merries lieuxavec les excremites connues de la CaUfornie, on trouve entre le Cap-Blanc, qui efl le plus feptentrional de ]a Californie, & entre le lieu oil Tfchiri-koixi a ete, une difference en latitude de 13° feulement, & en longitude d'un peu plus de 5°. Diilance fi petite, qu'il eft ä regretter qu'on n'ait pas poufTe Ics recherches jurqiie-lä; furtout puifque c'efl: ici ia plage ou Ton place les de-couvertes douteufes de I'Amirul de^ L 5 Fontt. Mais nos voyageurs n'avoient pas connoifTance alors de cecl. La cote oii fe trouvoit Tfchirikow, c^-toic cfcarpee, pleine de rochers, & de-nuee d'Ües. C'efl poarquoi, n'ofanc trop s'approcher de la cerre, il jetta l'ancre ä une certaine diftance de-lä. Mais comme il s'agiiToit pourtanc de tirer quelques particnlarites da pays, Sc de fe pourvoir d'eau fraiche, dont on commenjoic ä manquer, il envoya ä terre fa grande chaloupe, fous les or-dres du pilote Mraham Dementiew, avec lo hommes d'elite. II leur donna des vivres pour plufieurs jours, de bonnes armes - blanches & äfcii, & meme un canon de bronze avec tout fon attlrail & les munitions qu'il faloit, & une ample inftruflion fur ce qu'ils avoient ä faire en cas d'accident, & far les fi. gnaux par lefquels ils devoient en^on-ner connoiflance au vaifTeau. On fuivit des yeux la chaloupe, on ^^ vit encrer dans un ance derriere un petit promoncoire: äi. aiix fignaux qui furent donnes on conclut qu'ils avoient heureufement aborde. Quelques jours fe paiTerent. La chaloupe ne revint point: mais les fignaux continuerent. On penfa que ]jt chaloupe pouvoit avoir ete endomraagee, & qu'elle avoit peut-etre befoin de reparation avant que de pouvoir rejoin dre le vaifleau. C'efl pourquoi il fut refolu d'y envoyer encore dans la petite chaloupe le BofTe-man Sidor Sawelew avec 3 hommes autre relation dit 6 hommes ) parmi lef-quels etoient des eharpentiers & un calfateur, bien armes & pourvus des materiaux neceffaires. Cela fut execute le 21 Juillet. SaiveJcjj avoit ordre, lorfr^u'il auroit fecouru la chaloupe, ds ret^enir fans perte de terns au vaifleau avec Dementiew, ou meme fans celui-ci. Mais ni I'un ni I'autre n'arriva. En attendant on vit une continuelle fumee fe lever fiir le rivage. Le jour fuivanc on vit venir de terre deux bateaux ä la rarae. On crut de loin que c'etoit ^menticu) & Saivehw qui revencient a^ L Ö vec les deux clialoupes. Dans cette' erreur Tfchirikovi fit monter tout foa monde i^r le tillac afin de preparer tout pour le depart. Mais c'etoient des Jmcricainsy qui, avant qu'on pü.c les diftinguer au vifage, voyant tam de monde fur !e vailTeau, ceflerent de ramer, fe redreflerent fur leurs jambes, crierent ä haute voix Jgai, Agai, & s'en retournerent ä terra ä force de ra-mes. S'il efl: vrai, comme on a eu lieu de le penfer, que les Americains ont ete epouvantes du nombre des Ruffes, tan-dis que croyanc qu'il n'y avoit plus, ou quetres-pea d'hommes fur le vaifleau, ils alloient peut-etre s'en apprpcher pour s'en emparer; ii eut mieux valu fans doute que Tfcbirikow eut cache fon monde. Les Americains feroient peut-etre montes dans le vaiffeau. On au-roit pu fe faifir d'eux & de leurs ba-timens, & les echanger contre les Ruffes qui etoient ä terre, & contre 1« deux chaloupes. Mais la joie du retour qu'on fuppofoit de Dsmmisw & de Sa^ melcvi etoit trop grande, pour que per-fonne s'avifat de pcnfer feulemenc a line telle precaution. Des - lors on perdit I'efperance de revoir ceux qui etoient ä terra. Oa n'avoit plus ni chaloupe ni canot, & les rochers de la cöce ne permettoienc pas d'en approcher avec le vaiffeau, Bien plus, un vent d'Ouefl qui cooi-menja ä foufler avec force, & le daa-ger OÜ fe trouvoit le vaiffeau en pleine mer d'etre jett^ contre la coce, force-rent le Capitaine Tfchirikow ä lever I'aa-cre, & ä gagner le large. II croira ce-pendant encore une couple de jours dans ces parages; & lorfque le terns fut radouci, il fe rapprocha du lieu oli fes gens avoient pris terre. 11 fauc dire a la louange, qu'ileut touces les peines du monde ä fe refoudre ä abandonner fes compatriotes fur cette cote inconnue & entre les mains d'un peu-ple fauvage. Mais comme on ne voyoit ni n'entendoit plus rien d'eux , ii tint confeil avec le refle des Officiers, qui L 7 conclurent unanimement que Ton re« prendroit le cheniin du Kaintfchatka; ce qui fut execute le 27 Juillet. Pendant que ceci arrivoit ä Tfchiri. kow, le Cotnmandeur Bering cherchoit de fon cötö ä prendre connoiflance de la cöte qu'il avoit appersiie, & ä y faire de I'eaa. Uafpeft du pays dtoit cfFrayant par fes hautes montagnes cou. vertes de neige. On chercha ä s'en ap-procher davantage, mais comme on n'a-voit que de petits vents variables, on ne I'atteignit que le ao Juiilet, & Ton mouilla pres d'line aflez grande ile, i pen de diflance du continent, far 22 brafles fond mou de terre-grafle. Unc pointe de terre qui avance la dans la mer, fut appellee le Cap Elie, parce que ce meme jour etoit confacre a la memoire de ce Saint. Un autre Cap, qui ftr fic voh:' enfuite vis -ä-vis du precedent d rOueft, rejut fon nom de St. Hermogenc. Entre-deux ^toit un golfe, oCi I'on fe promettoit de fe met-tre ea furete, au cas que Ion ffu for- ce par les circonftances ä chercher un pore. Pour cette fin le CApitaine-Cmmandeur envo^a le makre Chitrovj avec quelques hommes armes, pour viüter le golfe,, tandis qu'une autre chaloupe fut depe-ch^e pour chercher de I'eau. L'Ajoint Steiler s'embarqua aufli dans cette der-niere. Chitrow trouva dans le golfe» en ere des iles, un lieu commode pour s'y mettre ä I'ancre, & ä I'abri de tou«. les vents. Mais on ne fut p»s dans Ic Cds de devoir s'en fervir. 11 trouva: dans une ile quelques cabanes derertes;. d'ou Ton conjeftura que les habitans da continent venoient la quclquefois pour pecher. Ces cabanes etoient de bow revetu de planches bien unies, & rae-me echancrees en quelques endroits, d'oü 11 paroit que ces peuples-lk ne fonC pas aulTi fauvages, ni auffi peu civilifes que les autres peuples de TAmerique Septentrionale dont on a decrit les mceurs Si la maniere de vivre. II trouva "iaas les cabanes ua cofret de bois de peuplier, une boule de terre creufe, dans laquelle Tonnoic un petit caillou, comme pour fervir de jouec aux enfans, &unepierre iaiguifer, fur laquelle fe voyoient encore les marques de couteaux de cuivre qu'on y avoic aiguifes. C'eft ainfi que le befoin apprend ä faire fervir un metal pour I'autre. En Sibirie-meme, vers la fource du J enifei, on a trouve, dans les anciens tombeaux des idolätres, toutes fortes d'outils trauChans de cuivre, & pas un de fer. Preuve que I'ufage du cuivre a precede dans cette contree - la, comme dans la notre, celui du fer. Pour ce qui efl: des obfervations de Stelkr, je n'en rapporterai que les prin-cipales. II trouva una cave, dans laquelle il y avoit provifion de faumon fame, & une herbe douce * preparee pour ctre mangee de la meme maniere qu'on les prepare au Kamtfchatka. II y avoit auffi des cordes, & toutes fortes de * Sphondilium foliolis pinnatifidis. Linn. Horr, SJifF. iQj. meubles & d'ufLenfiles. II vie un autre endroit oli les Americams venoient de diner; mais ä fa vue ils s'etoient faaves-II y trouva une fleche, & un outil ä faire du feu, fait precifement comme ceux dont on fe fert pour la mžme fin au Kamt/chatka que les Amerkains avoient laifle la en fuyant. AfTez loia de-la etoit une colline couverte de bois» fur laqüelle on voyoit du feu: ce qui fit conjefturer que ces gens s'etoient retires la. Stdkr n'ofa fe hazarder juf-que-U: & d'ailleurs un rocher efcarpe rendoit le lieu inacceffible. II fe con-tenta done de cueillir des herbes, «Sc il en apporta une fi grande quantite au vaiiTeau, qu'il lui fallut beaucoup de terns pour les decrire I'ane apres I'au-tre. Gmelln s'efl fervi dans la fuite dc ** C'eft une planche ä plufieurs trous, avec un baton, que I'on fair entrer par un bout dans un de ces trous, nandis qu'cn fait tourner & rerourner I'autre bout entre les mains, jufqu'a ce que par la rapidite du tnouvemenc le feu prennc au trou. On regoit alors les etincelles fur quel-^ue matierc facile ä en flammer. fes defcriptions dans fa Flora SibHca. Stelkr n'a pas eu de plus grand regret, que de n'avoir ps eu plus de terns a vifiter ces cßces d'Amdrique. Car tou: ]e fejour qu'il J fit rie fut que de 6 heu-res. Des que Taiguadc fut faite, ü falut fe refoudre ä revenir ä bord. Les matelois qui avoient ete ä Taigaade, raconcerenc encore qu'ils avoient paffe devant deux endroits oü peu au-paravant on avoit fait du feu ; qu'ils avoient remarque du bois coupe , ^ des traces- d'horames fur l'herbe. Hg avoient vu 5 renards rouges , qui ne paroilToient point du tout fauvages, ^c qui ne s'efFaroucherent point ä leur ren« contre. Iis apporterent au Vaifleau des poiffons fumes femblables aux car-pes, & d'un tres bon gout. Us avoient trouve un.e hucte de terre , la meme peut-etre que Steiler appelle cave. Je compare & concilie ces .diverfes rela-lions du mieux que je puis. Mais il n'eftpasfurprenant qu'on y rencontre de terns en teras quelque petite difference. Au rede, pour faire voir aux Ameri' caim qu'ils n'avoient rien ä crainire des etrangers qui venoient d'aborder chez eux, on envoya quelques prefens pour euK ä terre: favoir , une piece de tolle luftree perte, deux chaudieres de fer, deux couceaux, 20 groiTes perle* de verre, & une livre de tabac de Tfcherkaffie ea feuilles. C'etoit la les chofes qu'on crut etre le plus du goüt de ce peuple: & on les fit porter dani la cabane fusdite. Le jour d'apres, favoir le 21 Juillef, il fut refolu de remettre ä la voile, & felon qu'on en itoit convenu a Awat* fcha, de courir au Nord le long de la cone jufqu'a 65® de latitude, fi fa di-reftion le permettoit. Mais la chofe fut trouvee impoffible. Non feuleraent on ne put pas avancer davantage vers le Nord, mais il falut meme virer le cap toujours plus au Sud, parceque la direftion de la cote etoit Sud-Ouefl. Outre cela on fe trouva continuellement ®ßipeche par les iles qui environnoient prefque de tous cotes le continent. Dans des terns oü Ton croyoit naviger avec le plus de furete, on voyoit terra ä I'avant & des deux bords. Ce qui fut caufe qu'a plufieurs reprifes on fut oblige de retourner en arriere pour eher-Cher un paOage libre. Quelquefois il leur arrivoit pendant la nuit, le vent & le terns continuant d'etre les memes, de voguer tantot dans une mer agitee, tantot dans une eau calme; & iorfque ce calme avoit dure quelques heures, ils fe retrouvoient fubitement dans une mer fi impe'tueufe, que le pilote avoit peine ä refler maitre du vaifleau. Que penrer d'un tel phenomene? fi ce n'eft, que pendant ces calraes on fe trouvoit dans des paflTages converts par desiles, que Ion n'avoit point apperjues dans I'obfcurite. Quelques jours setant pafles fans qu'on eüt vu terre, on fe trouva le 27 Juillet vers minuit fur 20 bralles. On ne favoit dans I'obfcurite fi c'etoit un banc de fable, ou fi I'ondcvoit fegar. der du continent, ou de quelque ile. On gouverna tantöt d'un cote, & tan-töt d'un autre. Par-tout on trouva que l'eau alloit en diminuant. On n'ofa jetter l'ancre: le vent etoit trop fort, & les vagues trop grofles. D'ailleurs il etoit egalement ä craindre qu'on ne filt ou trop loin, ou trop pres de terre. Enfin on prit k tout hazard la refolution de porterau Sud: ce qui reuflit fi bien, qu'au bout de quelques heures on fe re-trouva dans une raer fure. Le 30 Juillet, par un terns couvert de brouillards, on apperjut une ile, qui fut appellee Tu7namoi - Oßrow, c'eft-i-dire, file tiebulcufi. lis s'en approche-rcnt, jufqu'a ce qu'ils ne trouverent que 738 braffes de fond: alors ils fe häterent de laifTer tomber I'ancre. Mais lorfque le brouillard fuc difiipe, ils fe virent encore eloignes de I'lle de plus d'une werfle. Tout le mois d'Aout fe pafTa en femblables avantures, L'e-quipage commen9a ä fentir de fortes ac-^^quesde fcorbut; & le Capitaine-Comi vmnileur meme s'en trouva le plus incommode. L'eau fratche commengant ä dimi-nutr, on porta le 29 /\oQt au Nord, & I'on lie tarda pas de revoir le continent. La cote eO fort efcarpfe la, & bordee d'une multitude d'iles , entre lefquelles on jetta I'ancre, ä 55'' 25'- Ön don. na ä ces iles le nom de Schumagin, noni de celui de tout t'eqiiipage qui mourut le premier pendant ce voyage , & qui fut enterre ü. Le pHote Andri Hgßil. berg fut envoye le 30 Aoflt ä Tune des plus grandes de ces lies pour y eher-eher de l'eau fratche. 11 ne tarda pai d'en apporcer deux efTais, qui ne fu-rent pas trouves fort bons, parce que l'eau etoit faiimache. Mais il n'y avoit pas de tems ä perdre. On crut qu'il valoit encore mieux prendre de cette eau , que d'en manquer tout-a-fait, qu'on pourroit du moins s'en fer-Vir ä cuire, & menager ainfi celle qui Jeftoit encore, pour avoir dequoi boire jufqu'a ce qu'on fut arrive a bon port. En confequence od en remplit tous les tonneaux vuides. Ce fiit dans un lac qu'on U puifa, contre l'avis de Steiler, qui foupjonna que la maree monioit rd-gulierement jiifqu'ä ces lacs. Mais en ceci il pourroit bien s'etre trompe. Car fi cela etoit, l'eau auroit da etre beau' coup plus falee par fon frequent melange avec Celle de la mer. Quoi-qu'il en foit, Stel/er atiribua aTufage de cette eau les attaquts redoubldes de fcorbuc, qui devinrenc enfin mor-telles ä une bonne parcie de I'^qui-page. Le vaiffeau n'etoit pas trop en fure-te. Expofe ä toute rimpeiuofite dei vents du.^ud, 11 n'avoit devanc lui au Nord que des brifaos & des rochers. C'eft pourquoi Ton ne crut pas devoir refter longtems ä I'ancre en ce lieu. Oa ('y arreta cepcndant plus longtenas qu'on ne fe Petoic propofe, par la rai-fon qu'on va voir. On avoit vu du feu la nuit d'auparavanc dans une petite tie au Nord-Nord-EH. Sur quoi le maltrc 3) Cbimw, qui etoit alors I'Officier de garde , avoit reprefente: „ que tandis „ que la grande chaloupe feroit oc-„ ciipee a charger de I'eau, on pour-roit envoyer le canot pour favoir qui etoient les gens qui avoient fait ce feu". Dans ce terns le Caphaine-Commandeur ne quittoit deja plus fa chambre, & le Lieutenant PFaxel com-mandoit le vaiffeau. Celui-ci ne von-lut point prendre fur foi, vu le lieu peu für oil Ton ^toit ä I'ancre, de per-mettre que le canot s'eloignat du vaiffeau. Son fentiment etoit ,, que fi le ,, vent augmentoit, on feroit force de „ prendre le large, & qu'en ce cas il „ dtoit douteux fi Ton pourroit aller au J, fecours des abfens, fuppofe qu'un „ vent contraire ou trop imp^cueux les ,, empechät de regagner le vaifleau Mais Chitrow infiftant, & voulant que fon' avis füt couche fur le Journal, IVaxel rend it com p te de la chofe au Capitaine-Commandeur, qui decida „ que 1, fi Chitrow avoit envie d'aller ä, la de. o ecu. ,, coaverte, on pouvoit le laiffer faire, „ & lui permettre en merae terns le ,, choix de ccux qui devroient Taccom-„ pagner". ChhroiXj qui dtoit homme de grand courage , fut charme de la permiffion qu'on venoit de lui accorder. II prit 5 hommes avec lai , entre lesquels il y avoit un interprete Tfchuktfche, Tous čcoient bien armčs. On les munit de quelques bagatelles, pour les diftribuer aux gens qu'ils troiiveroient. lis abor-derent Ic 30 Aoüc vers midi i Tile, e-loisnee, felonleur calcul, de trois millej l Allemagne da vailTeau. II y trouva les relies des feux qu'on y avolt fairs, 6 qui n'etoient pas encore eteints: mais point d'hommes. D'aiileurs il ne vit rien de reraarquable dans I'ile. A-pres-midi ChitrovD voulut reprendre ie chemin du vaifTeau. Mais un vent contraire & fort impeiueux le forga de fe fefugier vers une autre tie ä cote de cel-IS'Ci, au grand danger de fa vie. Car les vagues rnenajoient ä tous momens ^"n. L M d'engloutir le canot, ou d'eniporter le, hommeB qui etoient dedans. Et cela feroit arrive, fans une voile que Oi. troiu hifTa au fort du danger, & avec laquelle il courut droit dans les vagues. Par un grand bonheur il arriva, dan* le terns qu'une grande vague remplit la chaloupe d'eaa, qu'une autre vague I'emporta ä terre avec ceux qui etoient dedans. Des que Chitrim fe trouva fur Je fee, il fit allumer un grand feu, tan t pour fe chaufer & fecher , que pour faire connoitre oii il 6toit ä ceux du vaif. feau, afin qu'on vint ä fon fecours. Mais dans ce meme terns le vent fe renforja tellenient, qu'il falut avant tout penfer ä la furete du vaifTeau. Pour cet effct on leva I'aucre , & Ton alia fe mettre ä I'abri derriere une autre lie. En attendant, la nuit vint; & Ch'iirm , qui avoit vu parcir le vailTeau , fans' favoir ou il alloit ni quelle refolution on avoit prife ä bord, fut avec fes coinpa-gnons dan« une grande perpleiite. Ceci dura jufqu'au 2 Septembre, que la tempere fe rallenm enfin. Comme on ne vit point revenir Chitrow^ on envoys le iendemain la chaloupe, avec ordre, fi le canot etoit endommagš , de I'abandonner, & de revenir tous i bord dans la chaloupe. En effet li petite chaloupe avoit ete trop maltrai-tee lorfque lesvagues I'avoient jetteefur le rivage, pour pouvoir tenir la mer. On la lailTa done dans I'ile, & Chitrom s'en revint avec la grande chaloupe. On leva tout de fuite I'ancre, & Ton appareilla. Mais le vent contraire ne permit pas d'avancer beaocoup. II fa-lut vers le foir fe retirer encore entre les lies. La meme chofe leur arriva le 4 Septembre, lis inirent bien ä la voile ; raais le vent contraire , qui conti-nuoit toujouTs, les forja da retourner ä I'ancrage de la veille : & pendant tonte la nuit il y eut une violente tem-p£te. Le Iendemain ils entendirent des cris d'hommes dans Tune de ces iles , & ils M 2 y virent du feu. Bientdt apres, deux AmsTkains , chacun dans fon canot, fajj. ä la fa$on de ceux du GroenJand & du Detroit de Davis, s'approcherenr du vaif-feaujufqu'a une certaine diftance, oü ils s'arreterent. On fait ce que c'efl que le Calumet y que les Amencains Septencrionaux prefentent en figne de pais. Ceux-ci en tenoienc de pareils en main. C'etoient des batons avec des dies de faucm attachees au bout. Ces gens parurent, par Icurs paroles & par leurs gelles, inviter les nocres i terre:& ceux-ci k leur tour cherchoient par fignes, & par des prefens qu'ils leur jetterent, ä les andrer aupres d'eux dans ie vaifTeau. Mais les Amencains ne fe laiflerent point perfuader, & s'en retourneren: ä I'lle. On refolut de leur aller faire une vi-fite. Pour cet effet on mit en mer la grande chaloupe: & Ie Lieutenant ^a-^el, accotnpagne de Steiler & de 9 Pommes bien armes, fe rendit ä Tiie. Iis trouverent de grandes pierres trän- chantes difpofžes le long du rivage: ce qui fie qu'ils n'oferenc, par le gros terns qu'il faifoit, s'en approcher qu'a 3 braf-fes de diftance. On commen^a par in-viter les ^«ericamj, qui fe tenoient au nombre de 9 fur le rivage, de venir ä la chaloupe, Mais comme ils ne fe lailTerent tenter ni par les civilites qu'on leur fit, ni par les prefens qu'on leur of-frit, & qu'ils perfiltoient ä faire figne aux notres de defcendre , fi^axel fit met-tre ä terra 3 hommes, entre lefquels etoit un interprete Tfchuktfche ou Kor-jaeque, & leur ordonna d'amarrer la chaloupe a I'une des pierrcs. On a toujours remarqu^ que les inter-pretes Tfchuktfches & Korjaeques n'en-tendoienc rien ä la langue de ces peu-ples. Mais ils furenc pourtant d'un grand fervice , parce qu'ils etoient har-dis, & que les Americatns les regardoienc comrae leurs feroblables. Ainfi il falut continuer de s'entretenir par fignes, qui de part & d'autre temoignoient tou-te fürte de bonne volonte. Les Atniri-M 3 Cains voulurent regaler les RufTes en ieur prefentant de la chair de baleine, cotn-me la feule provifion qu'ils avoient avec eux. II parolt qu'ils n'etoient venus la que pour la p^che des baleines: car on voyoit fur le rivage aucant de canots que d'hommes, mais point de cabanes, & pas une ferame. On conclut de - lä qu'ils avoient leurs demeures conftan-t€S au continent. Leurs canots ^toient comme cem qu'on avoit vus la veille, couverts de tous c6c^s dc peaux de chiens-marins, & prdcifement de la grandeur pour qu'un homme feul puilTe s'y aflcoir. Au milieu il y a une ouverture ronde bor-dee de la raeme peau , que V/Jnimcain, apres s etre aflis, lie bien ferree autour de fon corps , enforte qu'il n'y peuc pas pafler une goutte d'eau. L'Ame-ricain, qui eft dedans, conduit fon canoe avec une raine feulement taÜlee en forme de pelle par les deux bouts. Avec cela ils vont d'une ile ä I'autre, a la diftance fouvent de 4 ä 5 milica d'Allemagne : quelquefois meme ils fe hazardenc en pleine mer, fans crain-dre de tourner fens-deflUs defTous; car ils fe remettenc d'abord. On ne pent qu'admirer Tadreffe avec laquelle ces gens favent garder I'equilibre dans de« canots fi Stroits & fi longs. A les voir on jureroit que rien n'eft plus facile» & qu'ils ne fe doanent pas la moin-dre peine. On ne voyoit ä ces Jmericains ni arcs ni fleches, ni d'autres armes qui euflent pu donner de Tombrage aux Ruffes. Auffi ces derniers s'arreterent-ils aflez long-tems dans Hie, allant ja-&-lk avec les Americains , fans pour-tant perdre de vue la chaloupe, com-me on le leur avoir recommande. En attendant, un des Americains eut Je courage d'aller aupres de Waxel dani la chaloupe. 11 paroiffoit etre le plus ancien & le principal de la troupe. JVaxtl lui prčfenta une ta£fe d'eau-de-vie. Mais cette boiffon lui parut aufli d^fagreable qu'etrange. 11 cracha ce M 4 qu'il en avoic dans la bouche, & fe mic k crier, comme pour fe plaindre aux llens qu'on en agiflbic mal avec lui. II n'y eut pas moyen de l'appaifer. Os luioffric des eguilles, des verres ä collier, un chaudron de fer, des pipes; il refufa tout. II lui tardoic de retour-ner dans l'üe, & l'on ne jugea paj a propoi de le retenir plus longcems. IVaxel de fon cot^ fit aufli crier a fes de reven ir. Ceia ne pluc pas aux Amirkams. Hs firent mine de les retenir tons ttois. Enfin i!s laifTerent aller les deux Ruffes, & garderent l'interprete. Quel-ques - uns vinrent prendre le cable par lequel la chaloupe etoit amarree, & h tirerent de toute leur force, lis vou-loienc apparemment la tirer ä terre, la croyant auffi facile ä manier que leurs petits canots; ou bien ils efperoient qu'elle fe briferoit contre les pierres qui bordoient le rivage. Pour prevenir cela, IVaxel fit couper le cable. L'inter-Prete crioit pour qu'on ne I'abandoQ. nät nät pas. On eat beau faire fignc aux Americains de le lächer: i!s n'en vou-lurenc rien faire. Enfin Waxel, pour les effrayer feulemenc, tira deux coups de mousqueton, & le fucces repon-dit ä fon attente. Le fracas du coup, redouble par une montagne vojfine, fic tomber les Jineticains par terre comme hors d'eux-memes, & l'interprete s'e-chapa de leurs mains. Bientöc pour-tant Iis revinrent de leur etourdifle-inent, temoignerent par leurs geftes & par leurs cris qu'ils fe trouvoient fort offenfes, & firent figne que perfonne ne devoit venir vers eux ä terre. JVaxtl meme ne jugea pas devoir s'amufer plus longtems avec ces gens. La nuk tom-boit, la mer groffifFoit toujours, & le vaiflTeau ecoit ä deux werftes de-la. Quoique j'aye dit qu'on avoit trouve les Americains fans arcs & fans fleches» cela ne prouve pas qu'ils ne fe fervent point de ces armes; ccla confirme feu-lement la conjeflure » qu'ils n'etoient fortis cette fois-la de chez eux que pour. M 5 ia p6che des baleines, oü ces armes ne leur font d'aucun ufage. Un feul hom-me avoit un couteau pendu i fa ceintu-re , qui parut fort finguiier a nos gens par fa figure. II ^toit long de 8 pou-ces , & fort epais & large ä I'endroit oLi devoit etre la pointe. On ne put favoir quel ecoic I'ufage de cet outil. Leur habillcmsnt: et6it de boyaux de baleines pour le haut du corps, & de peaux de chiens-marins pour le bas. Leurs bonnets ^toient faics de peaux de lions • tnarins (appelles Smut/ch» iin Kamtfchaika ) & ornes d« toutes fortes de plumes, fur-tout deplumes de fau-con. lis fe bouchoient le nez avec de Fherbe , qu'ils ötoient de teras en tems j & alors il leur fortoit beaucoup d'humi-dice, qu'ils avoient grand foin de le'-cher. Leurs vifages etoient peints en Touge. Quelques-uns les avoient bigar. res } & pour le refte leurs phifionomies etoient varices comme celles des Eu-'opeens. Quelques-uns avoient le nes plat comme les Calniucs. Tous e- toient aflez hauts de taille. II e£l probable qu'ils fe nourriffent principale-ment des animaux marins qui fe trou-vent dans ces mers-la,te!s que les ba-leines, les vaches-tnarines CMamti)y les lions marins (iSmutfcha'), ies ouis de mer QKoti"), les caftors, ou plutoC loutres de mer Lutra marina), & les chiens de mer. On leur vit aufli cher-cher des racines , & les manger tout de fuite, apres en avoir fecoue feule-ment la terre. C'efl- la tout ce qu'on a remarque de ces gens; du moins le« relations ecrites ne contiennent riea de plus. Ce qui pourroit encore meriter place ici, s'il etoit vrai, c'eft que quelqu'uo fe vantede s'etre enquelquemaniere fait entendre ä ce peuple, par les mots que La Horitan a recueillis dans fa defcripdoii de I'Ameriqae Septentrionale, pulfqu'en pronon^anc, conformement au recueil, les noms de Teau, ou du bois , ces gens lui avoient monti^ du doigt ou y en avoit. Mais cela peut s'atre fait M 6 par hazard; peut etre aufli que les gef-tes qui accompagnoient les mots, ont contribue ä rendre ceux-ci intelligibles. La Hontan n'a nullement Ja reputation d'un voyageur digne de foi. Et quand il le feroic» l'eloignenient des contrees cft trop grand pour qu'on y parle la meme langue. Sans compter qu'un Europden » & furtout un Frangois, con-cevra & ecrira difficileraent les mots d'une teile langue, de maniere qu un autre peupie, qui ne parle qu'ä peu pržs la meme langüe , les recornioilTc d'abord. JVaxel, le lendemain de fon retour auvaiffeau, etoic occup6 ä appareiller, lorrque fept Ainericains^ de ceux de la veilie, vinrenc en autant de canots fe mettre tout pres du vaifleau. Deux d'entr'eux fe leverent, & fe tenant ä i'echelle, tendirent en prefent aux nd-tres deux de leurs bonnets, & une fi^ gure huraaine d'os taillee au couteau, que Ton prit pour une idole. A cetce occaüon ils prčfenterent encore Je caJtt^ met en figne de paii. C'ecoic un baton long de 5 pieds, au petit bout quel etoient li^es fans ordre des plu^ mes de faucon. D'oü il paroic que la reflemblance avec le Caducie n'efl: pas Ü efientielle au calumet qu'on le pretendOn leur donna auffi des prdfens; & ill feroient furement montes dans le vaif-feau, fi le venc, qui s'ecoic renforce, ne les avoit obliges a, retourner au plus vice ä terre. Apres y etre arrives its fe mirenc cous enfemble ä poufler de» cris , qui durerenc pres d'ua quart d'heu-re. ßientöt apres, les nötres paflant ä pleines voiles devant l'ile, les A;niri-cains recommencerent ä crier de plus belle. On ne fait fi c'etoit pour fouhait-ter un bon voyage ä nos voyageurs, oü s'ils vouloient c^moigner par la leur joie de fe voir debarraffes d'eux. On gouverna Sud pour fe degager de la cote : & il n'y avoit meme point d'autre cours ä tenir, parce que le vent etuic Oueft, & Oueft-Sud-Oueft. De.-Puis ce cems jufque fort avaac diS-M 7 l'auiromne, qai mit fin au voyage, Je rent ne varia gaeres qu'encre Ouefl-Sad-Oueft, & Oueft- Nord - Oiieft. Ce qui fait croire que dans cette faifon le vent d'Otxefl regne conftamment fur ces con-trdes. S'il fe levoit quelquefois un vent d'Eft, il ne duroit qua quelques heu-tes, au bout defquelles ü redevenoit Oueft. Cetoit un grand obftacle au promt retour de nos navigateurs. Outre cela fe terns etoic prefque toujours con. vert de brouiliards, enCorte qu'on etoit quelquefois 2 ou 3 femaines fans voir ni foleil ni ecoiles, & par confequent fans poiivoir prendre hauteur poor cor-riger Teftime. II efl: aif^ de concevoir quelle inquietude cela doit avoir caufe parmi nos gens, qui erroient ainfi en taconnant par une mer inconnue. Un officier, qui avoit ete du voyage, s'ex-prime ainfi !a - deffas dans fa relation : Je ne fal ill y a une ßtuation plus difgra-cieufc au monde, que celle de naviger far «ne ffier inconnue. Jc parle d'expsrience ; pttis dire avee v^ritg, que pendant la einq mois qu'a dure ce tjoyagf, eu pett d'heures d'unfommeil tranquille: fans cejje en danger B* en fouciy dans des contrits ignorier jxfqu« - la. On lutta contre ks vents contrairei & les tempetes jafqu'au 24 Septembre,, que Ton revit terre. Elle eft remarqua-ble par de hautes montagnes, & P» un grand norabre d'tles qui la price* dent dans un affez grand äloignement. Iis Teflimerent ä ji''. 27' de latituder & ä 21® de longitude d'Jwatfcha. Com-me c'etoit le jour de St. Jean Batiße on donna le nom de ce Saint ä Tunc des plus hautes montagnes de la c6te. Dans la fuite on a cru determiner mieux la pofiticn de cette cote, en la mettant ä 52°. 30 de latitude: ce qui ne s'ac-corde pourtant pas avec la relation da Capitaine TJchirikom^ qui a vu aulTi cette cote , & qui ne I'a mife qu'a 51®'. 12 de latitude, comme on le verra en fon lieu. IlnefepafTa nen de plus ici, parce ^u'un vent fort du Sud rendo-ic le voi^^ nage de k cote dangereux. Ainfi ]'on prit le parti de tenir an vent, qui, tour-nant bientoc i TOueft, fe changea en une tempžte violence, & rechufla le vaifTeau fort loin au Sud-Eft. La tempe-te dura 17 jours fans difcontinuer: cho-fe donton trouvcra peu d'exemples. D« moins le pilote JnJnf HeJJelberg, dont j'ai deja fait mention, avoua, que pendant 50 ans qu'il avoit fervi fur mer dans difF^rentes parties du monde, il n'avoit jamais vu une pareille tempe-te. On ferra tan: qubn put de voiles, afin de n'ßtre pas empörtes trop loin. Malgre cela on perdit beaucoup de che-min , puifque le 12 Očlobre, lorfque la tempete s'appaifa, on fe trouva ä 18' de latitude: ce qui cependant ne doit ^tre entendu que de Teftime; car il n'y eut pas moyen de prendre hauteur, ä caufe que Je terns etoit toujours couvert. Les maladies, qui regnoient deja parmi Tequipage, ne firent qu'augmenter, & le fcorbuc ks defok de plus en plus. II ne fe pafla prefque plus de jour fans que quelqu'un en mourut, & i peine refta t-il affez d'homcnes en fante pour la mancEuvre du vaiiTeau. Dans ces circonftances on ne favoit fi Ton devoit tacher de retourner an Kamtfchatka, ou fi Ton chercheroit queU que port fur la cote d'Amerique, pour y hiverner. Le beroin cummun , 1» faifon avancee, le manque d'eau frat-che, & I'eloignement ou Ton etoit encore du port de Petropa'wlowska, paroif-fuient rendre indifpenfable le dernier parti. Cependant le premier fuc r^folu dans un confeil tenu ä hord. Des que le vent fut favorable on remit le cap au Nord» & apres le 15 Oclobre on le porta ä rOueft. Oa pafTa devant une ile, qu'on eüt di voir deja en allant, ä Juger du cours du vaifleau, tel qu'il eft marque fur !a carte. Steiler^ dans une relation, pretend meme qu'on vie terre dans ces environs-la en allant. Mais le$ journaux des pilotes fe taifent la-def-füs. Et au fond il n'eü pas vraifem- blablff qu'on eut cherche terre plug loin, fi I'on en avoit trouvd plus pris. II efl: plus apparent qu'il s'etoit glifTi une faute dans le pointage de la carte j ce qui n'eft point du tout furprenant dans une mer inconnue. II fe pem auffi que les brouillards ayent derobe rile aux yeux de nos gens lorfque ceux-ci I'ont d^paflee. Elle rejut le nom de Macaire J comme les autres qui fui-vent ä I'Ouefl; furent appellees de ceu* de St. Etienne, de Thiodere, & de St, Abrabatn. Deux autres lies, qu'on apperjut fuc-ceflivement le 29 & le 30 Oftobrevref-terent fans nom, parce qu'a leur fitua. lion, grandeur & figure, on les prit pour les deux premieres des iks Kuriles, Cela fit qu'on porta le cap au Nord, En continuant encore une couple de jours feuleraent de courir Oueft, on fe-roit arrive au port d'Awatfcha. J'appelle i caufede cela ces ties les ilesds fiduSlion. Cette erreur eut les fuites les plus funefles. On eut beau reprendre le cours ä rOueft» point de c6te du Kamt-fchatka\ & par confequenc nulle efpd-lance d'atteindre un port dans une fai-fon deja fi avanc^e. L'equipage attenuÄf miferable & malade, devoit travailler fans reläche dans le froid & dans l'eau. Cela alia fi loin, que le matelotdont on a-voit befoin aupres du gouvernail, de-voic y etre mene fous les bras par deuX autres malades, ä qui il reftoit encore aflez de forccs pour fe foutenir fur leui* jambes. Lorfque celui-cl ne pouvoit plus ni Te tenir affis, ni gouvemer, ott le remplajcit par un autre, qui n'etoit gueres plus en 6cat de faire fa fonftion. que le premier. On n^D^öit faire force de voiles, parce qu'en cas de befoin on n'avoit perfonne pour araener celles qui feroient de trop. Ces voiles-mžmes toient d^ja fi uföes, que le premier vent un peu fort les auroit mi fes en pieces: & Ton n'etoit pas aflei; de monde pour pouvoir leur fubftituer celles qu'oa avolt de rechange. Alapluie continuelle qu'il avoit fait 28+ Dt'cotjvertes faites jufque-lä, fuccederenc ]a grele & neige. Les nuits devenoient toujours plus longues & plus obfcures, par la-meme, le danger plus eminent, par-ce qu'a tous momens on avoic le nau-frage ä craindre. En meme tems I'eau douce alloit manquer tout-ä-fait. Le travail exceflif devint infupportable au peu d'hommes qui reftoient encore fur pie. lis crioient ä i'impoffible lorf-qu'on les fommoit de faire teur devoir. La mort, qui kur paroiflbit inevitable, tardoit trop ä Icur gre de venir les delivrer de leur mifere. Pendant quelques jours le vaifleau demeura fur I'eau fans gouvernement, & comme immobile; ou s"il avoit quelque mouvement, il ne le recevoit que des vents & des flots, dont il etoit le joaet, Envain eüt-on employ^ la ri-gueur avec un equipage reduic au de-fefpoir. Dans cette extremice Waxel prit un parti plus fage, en parlantavec bontö ä ces gens, & en les exhortanc ,> ä ne pas defefpdrer tout-ä-fait dti fecours de Dieu, & ä faire piatot „ un dernier effort pour aller au-devant „ de leur delivrance commune, qui j, peuc-etre ecoic plus prochaine qu'ils „ ne s'y attendoient". Par lä il en perfuada quelques-uns ä fe tenir fur le pent, pour y faire la manoeuvre auffi iong-tems encore qu'il leur feroit poffible. Tel etoic I'ecat des cliofes fur le vaif-feau, lorTque le 4 Novembre au matin on y rejommenfa ä faire voile äl'Oueft, fans favoir ä quelle latitude on etoit, ni ä quelle diftance du Kamtfchatka. Et comment auroit - on pu le favoir , dans une circonftance oü depuis long-teras on n'avoit pu prendre hauteur, & oil par confequent I'eftime, reftee fans correftion, devenoic de jour en jour plus fautive & plus incertaine? En attendant , ce cours ä TOuefl: etoit le feul par lequel on pouvoit encore efperer de parvenir enfin au Kamtfchatka. Quelle fut la joie de nos gens, lorfque bientot apres, favoir ä Ii heures du matin, ils virent lerre. On tächa de s'en approcher: mais el. le etoit cncore faien eloignee; car on n'avoit apperju d'abord que les fom-mets de moiiLignes couvertes de neige; & lorfqu'on en fut pres, la nuit tomba, pendant laquelle il etoit de la prudence dc tenir la mer, afin de ne pas expofer le vaiffeau. Pour cet ef. fet on manceuvra du mieux qu'on put pendant la nuit. Mais le lendemain on trouva que la plupart des cordages du Cöte droit du vaifleau etoient rompus. Ü n'en falut pas davantage pour ren-dre rinforcune complette: car le mal ^toit fans remede, tout le monde ^tant malade. WaxeU fur le rapport qu'il fit de ce deraflre au Capitaine - Commandeur ^ re-5ut ordre d'aflembler tous les hauts & bas Officiers, & de confulter avec eux fur ce qu'il y avoit ä faire. En confe-quence on tint confeil. On y confidera le danger oü ils fe trouvoient tous, dam «n vaifleau desagre^ , & hors d'etat par confequent de naviger. On favo^ que les cordages qui reftoient entiers n'etoient paa moins ufes que ceux qui avoient fame, puifqu'a tous momens, ineme pendant qu'on confultoic, on ipprenoic qu'il s'en caflbit. L'eau di-minuoic toujours, & les maladies aug-mentoieiit: & fi Ton avoit et6 incommode auparavantde I'humidite, onTe-toit bien plus a-prefent du froid, qui, loin de fe rallentir, devenoic infuppor-table a mefure que la faifon avangoit. Tout cela ne fe trouvant que trop vrai, on prit la reTolution d'aborder a later-re qu'on avoit vue; qu'on y auroit du moins la vie fauve; peut-etre auffi y auroit • il moyen d'y mettre le vaifTeau en furete; finon, qu'on s'abandonneroit ä la providence fur ce qu'on devien-droit dans la fuite. Auflitot on porta le cap fur la terre, mais ä peiites voiles feulement, ä cau-fe de la foiblefTe de la mature. Le vent ^toitNord, & ils gouvernoient Oueft-Sud-Oueft, & Sud-Oueft. La fonde iudiqua 37 brafles, & fond de fable. Deux heures apres, favoir ä 5 heurei du foir, on irouva 12 brafles, & tou-jours meme fond. Alors on jetta unc ancre, & Ton fila les trois quarts du cable. A 6 heures le cable fe rompic. Lesvagues, qui etoient monftrueufes, pouflerent le vaifleau fur un rocher, oüil heurta deui fois, quoiqu'en fondant on trouvät encore 5 brafles de profondeur. En meme tems les vagues donnoient avec tant de furie fur le vaifleau, qu'elles le firent trembler juf. qu'ä la quille. On jetta une feconde ancre, dont le cable fe rompic avanc meme qu'il parüt que l'ancre avoic morda. Par bonheur il n'y en avoit point d'autre de prete. Dans Textreme danger oü ils fe trouvoient, ils au-roient jette & par conftquent perdu lä teures leurs ancres. Une grande vague jetta le vaifleau p3r dtfl*us le rocher, dans le tems meme qu'on etoit oc-cupe ä mettre une troifierae ancre fur , les bofloirs pour la jecter. Tout-ä-coup on fe trouvadans une eau eau calme, & Ton mouitJa fur 4§ braf-fes fond de fable, ä environ 300 brat fes de terre. Le lendemain ils virent quel fejour leur 6toit tombe en partage. La divine providence les avoit conduits comme par miracle ä un endroit, qui, tout perilleux qu'il paroilToit, ^oic ce-pendant Je feul ou ils pouvoient trou-ver leur faUu. C'ecoit le feul 011 il etoit encore poffible d'aborder. Partout ail-leurs le rivage etoit inaccefllble par dc grands rochers, qui s'etendoient fort a-vanc dans U mer. 11 paroic que les bri-fans par-delTus lefquels ie vaifleau a-voic ete jette, avoienc fait partie autrefois du rivage, dont ils ont peut-eire ete fepares par un tremblement de terra. I!s s'etendoient le long de ce rivage: & par-defliis il y avoit un paflTa-ge etroit pour aller ä terre, le merae precifement que nos gens avoient rencontre fi heureuferaent. Environ 20 braffes plus au Nord ou plus au Sud, le vaiJieau etoit en pieces, nation Britannique^ & prejudiciabJe ä fon n commerce, fi, apres avoir poufle fes decou-5> veites jufqu'au point oii dies font aujow^: ques perfonnes qui reprocherent ä ] au-teur de la lettre, de I'avoir ecrite avec üne amertume qui devroit etre bannie de tonte refutation d'hüi, eile voyoir un jour des etrangers jouVr du fruit de fes peincs, & trouver, avec le fe-„ cours des iumieres que nous leur aurions don-3, nees, ceite nouvelle route ä la mir du Sud dz » aux Indes orientates y pcndinc que, fi eile J, exifte en eff^r, iJ eft dans notre pouvoir non „ fculeinent de la trojver, mais rri^me de nous „ en rendre le« maltres. -- Nous avons 3, d'aütant plus ä craindre d'etre prevcniis, que „ nous vofons r(;gncr dans ce fiecle un cfprit „ univerfel de decouverte, feit pour irouver „ des pays inconnus, foit pour etendre le com-„ merce, & ceia dans tanc de differentes parties „ du monde, 6; rr.iime dans des pays cü il n'y „ a pas fi longtems qu'on n'avoit jamais penle „ ä pareilles chofo. Nous favons avec com3, bien de vigueur les Rulles pouÖent Icurs en-„ treprifes pour trouver cie leur pays un paHägc j, ä rAmerique ; & feroit-ii pardonnable ä ,, nous de negliger uixe chofc de cecie meme 13 nature, 6c done nousfomtnes fi bien ks mal-„ tres? * Cenfiderations de Mr. Buache, p. " Unc M bonne critique doit etre inftrudUve & fans V Jferfon^lites. On trouve la premiere qualite C'efl-la precifement une des raifons pour lefquelles je fais mention de cette lettre. Car je crois que fon auteur merite d'etre juflifie de ce qu'on lul impute. Soa intention n'a point ece de violer les loix de la bienfeance. II n'en vouluit point ä Mr. DeViße. Mais I'a-mour de la verice le furja ä dire precifement le contraire de ce que Mr. Dt-kße avoit avancdi. Et pourquoi ne I'au-roit-i! point fait? 11 me femble qu'cn pareil cas celui-la feul a tort qui s'ex-pofe ä recevoir un dementi. D'accord, dira-t-on; mais on doit etre plus mefure dans fes ejcpreffions: ce n'elt que la-defius qu'on fe recrie. Je reponds ä cela qu'on ne pefe fes paroles au trebuchet que lorfqu'on croit avoir de fortes raifons Sudans la lettre dorn il eft queftion; & j'aurois „ defire d'y voir egalement la feconde. " Memoire! dt Trevoux ^ 1754 3 p. edit, de Hoilande. ,, Mr- Buachc condacnne af-„ fez clairemenc, quoiqu'en tertncs indireits, j, la Partie de cet ecrit qui efl: trop concentieu-» fe, qui l'cft mcme au point de pouvoir pader ■b pour une fatyre, " pour devoir le faire. C'etoit une lettre que I'aiiceur ecrivüic. Ne Aiic-oii pas que dans une lettre on s'exprime avec bien moins de r^ferve que dans un ecrit qui doit ecre public? Celui-ci I'a etc ä i'infu de I'auteur. II eft fache de cc qu'ori n'en a pas retranche quelques palTages, nocamnaent ceux qui couchent un hointne qui a cefle de vivre, & qui pur conftquent ne fauroic fe defendre: & cela eft raifonnable. Void Line autre raifon qui m'a engage ä parier de cette lettre. Elle contient la premiere relation, publice direčle-ment de Ruflie, de» decouvertes faicei au de-]a de la mer de Kamtfchatka. Elle eft ecrite ä la häte, & n'entre pas dans un alTez grand detail. De-la bien des petites differences qu'on remarque-ra, entre cette lettre & les relations que nous donnons id, en les comparant enfemble. Sans cela on auroit raifon de dire, qu'un homme qui s'annonce comme temoin oculaire de ce qu'il rapporte, merite bien plus de creance qu'un (ju'un autre qui n'a fait que recueilllr les relations des autres. Ici c'efl tout le contraire. L'auteur de la lettre re-connoit qu'il s'eft trompe quelquefois,. & il declare qu'il ne s'infcrira jamais en faux contra les relations rapportees ici. Enfin j'ai une troifieme raifon de m'ecendre fur cette lettre: c'efl; quit s'y trouve diverfes remarques qui ont trait aux evenemens dont i! eft qaef-tion dans cs livre, & qui font encore fufceptibles de quelques additions que voici. Page 6}{ de la nouvelle BibUotheque ger-manique, on avertit de ne plus donner notT.1 de mer pacifique a I'ocean oriental, du moins ä la pariie que Bering & Tfchirikous ont navigee. Ce nom avoit ete ufurpe par les arpenteurs envoy^s au Kamtjchatka pour dreiTer la carte du pays, & de-la I'erreur s'etoit gliiTee dans le mmel Adas Ruße public par i'A-cademie. Ainfi I'avis etoit neceflaire; quoiqu'il ne foit pas a craindre que P 5 d'habiles Geographes, qui favent k quelle parde de I'occan convient le nom de flier pacifique, s'y irompent & perpe-tuenc Terreur. Page 75. On conjeflure que jadis VJmh-iquc & la concree des Tfchuktfchh furent contigaes, & qu'elles ont ete fepar^es ou par iin tremblemenc de terse, ou par inondaiion; & t'on en con-clut que c'eft par ce c6te-iä que XAme-riqiie a ete peuplce. Ce qu'il y a de für, que la rcflemblance eft frappante entre les nations de I'Am^rique Sepcentrionale & celles de Sibirie. Meine genre de vie, meme nourriture, in§me vfecement, a peu pres raemes mceurs & meme religion. Ce qui fiip-pofe qu'il y avoic eii ancieniiemenc ime communication entre ces peuples^ qu'il eft difficile de concevoir, ä moins d'ad-mettre un terns ou les deux continen& ayent ete contigus. Page 79. On r^voqueen doure la fiddite de la relation du voyage pre-^tiiiJu de I'Amiral ds Funte. Mu^Jiihur Dohbs a oppofe quelques remarques ä ce doute. Refte ä favoir fi la veracit^ de cette relation en eft mieux conftatže pour cela, Mr. Dobbs kii-meme a fes doutesi^du moins I'extrait public de ce voyage'de De Ponte lui eft fufpefl; il conclut de-lä qu'on ne faiiroit fe fcr-vir de cetce piece: & ceia fuffit. D'au-tres Geograplies fameux, tels que Mrs D'Jnviile, Bellin, Green «See. paroiflent etre du meme fentiment, pulfque dans leurs cartes les decouvertes de l'Amiral efpagnol n'entrenc point en ligne de compte. Page 84.. On propofe, au fujet de la-panic de XAmerique Septentrionale decou-verce par les Rulles, de fuivrt; l'exem-ple des autres nations en rappell.'n,C Rujfie. A cette occafion je ne fauroi« rae djfpeaicr de remarquer, que Mr. Buache * impute avec bien peu de raifon ä l'auieur de la lettre, dt; ne re-■v'oquer en douce les decouvertes de i'Aaiiral/)£■ iwff, que pour inisui-etaj- • Co?ifiiierift4ejif p.55- E 6 Wir la Prätention des Ruffes furla.nou-velle terre oü ils ont abordd. Quelles font done les vues de Mrs d'Jnvilk & BelUn, qui doutent aufll ? Page 8Ö. On fe r^crie fur I'injuftico qii'il y a de donncr la prdfdrence aux decouverces du vaiiTeau le Caßikoin par rapport ä la ttrre de Jefo, fur Celles du Capitaine Spangberg. II effc vrai que Mr. Buache * a declare ä cet ^gard, que loin de decider en faveur de l'une de ces decouvcrtes au defavantage de l'au-tre,. il vouloit au contraire les concilier, Mais quelle conciliation que la fienne? 11 veut bien que Spangberg ait accufe julle le nombre des iles jufqua etile nommee Nadefcbda. Mais il precend que les iles de Tn-Seßri, de Zhi onnoiy de Selemt & de Kiinafchir, ne foni que des parties de la terre de Jefo. Spang" herg^ Telon lui, s'cfl: lailTtž tromper par des bras de ^mer enfonces dans les ter-res, & par des rochers avances en mer, de maniere ä metamorphofcr un coxitis • Conßd&Mtions pag. 54 & fuivi nent en une fuite dlles. Mais que les Hollandois de leur coEe aient pu pren* dre une fuite d'iles volfines l'une de l'autre pour un continent, * c'eft ce que Mr. Buache ne fauroit fe reprefen-ter. Je voudrois bien favoir pourquoi. La relation du Caflrlcom efl; - eile affez bien circonftanciee pour obvier ä tous les doutes? Eft-il plus aife , plus ordinaire de prendre des terres contigues pour des ties, que de prendre une fuite d iles volQnes pour un feul & meme eontinent? Oii eil ici cette imparciali-te dont le conciliateur a voulu fe pjrer? pour etre plus equitable, j'ai fuppofe plus haut * * quelque changement arrive ä cette terre de Jefo. Si cette idee n'ell pas goutee, j'ai d'autres preuves de U certitude des decouvertes de Spangberg, Sc de Tinfuffifance de Celles du Caßricom, qne j'indiquerai-plui bas. Enfin il me reite ä parier de la carte des nouvelles decouvertes faites au-de- • Couftd^atioHS p. 123. •• Pag. III. la du Kamtfchatka ^ publice depuis peu par I'Acaddmie des Sciences * Elle a ete dreHee fous mes yeux. Ainfi je dois rendre raifon de la maniere dont j'y ai leprefenti certaines contr^es. En voi-ci rinfcription: Nouvelk Cartejks decoa-vertes faiiss par des milfeaux ruffes aux cotes inconnues de lAiniirique Septentriomk ^ avec les pays adjacent s, drejjee fur les mi' moires authentiques de ceux qui out ajjiß6 ä ces dkouvertes, ^ fur d'autres connoiffan-CCS dont on rend raifon dans un memoire fi' pare. Petersbourg f ä i'Acadiimie Imperiale des Sciences ^ 1751}. Quel(jues-unes des premieres ^preuves portent I'annee 1754: & en efFet la carte avoic etc dreflcc & gravee cetcc aiiaec la. Maij j.e Tai revue c-itteatinee a, je Tai corr rigee par ci par-Ji, ($£ j'y ai cliangö la dace: & c'elt a ^uoi [I'on pQurra diilin-guer |es deniiereu cpveu\\es d^s premieres. Le memoire vionc il cil parle daiiS' riufcripiiofl', n'tfl: auti'^ ..chjfo que ce que Ton vavoir. je conim:ncc par le co ti occidental. * Celt cellc que Pen piibüc nvec cet ouvr.ipiR. La partie de la Sibirie qui a pu avoir place dans cetce carte, eft copice d'a-pres une nouvelie carte de Sibirie, que j'ai fait drefler d'apres les obfervations & defcriptions que j'ai faites moi-merae dans le pays, mais qui n'eft; pas encore gravee. On la trouvera bien difference des cartes de la Sibirie qui font dans YAlas RuJJe. Mais que cela ne fade de la peine ä perfonne. Ce n'efl: que pour rendre cet /hlas Rujfe plus parfaic, que je me fuis chargi de ce^ travail. Les cotes de la mer glaciale font re-pj-efcncees d'apres les relations rappor-tees ci-defTus.* Mais comrae on n'a pu iuferer ici les cotes depais ArchangeVya^-qu'a roZ», qui ont re^u audi une figure toute nouvelie: je me propofe de les donner dans pea ä une autre occafion. Quant aux ties pretendues de la mer glacials , I'incertitude de leur exigence, dont j'ai traicti fort au long plus haUL *%. * Page 187. & fui/. * * ya^c aö, ÖC Div. m'a fait prendre le parti de les omettre tout ä-faic. Car ä quo! bon avancer ce qui eft Tujec i tant de contradičtions ? S'il eft raifonnable de ne pas exigerquc tout foic prouve & demontr^ a la ri-gueur dans la geographic i il ne I'eftpas moins, d'un autre cote, de ne rien ad-mettre dans une carte qui n'ait pour foi iin degrž fuffifant de vraifemblance. Cette He & cette grande terre que Mrs TieUßc & Buache one pris fous leur pro. tcčlion , fe rčduit ä la petite He du Kopat tout pres du continent, telle que je Tai reprefent^e i fa place. J'ai omis aufli la pkbe de baleines dont on voic la reprd-fentationf ur la carte generale dans V/itlai Rujff. Ce n'eft qu'iine idee da graveur, deftinee a remplir un vuide, mais qui a fait croire ä bien des gens, qu'on envoie effeftivement dans cej contrees des vaifleaux ä la peche de la baleine J'ai donnc une nouvelle figure an Tfcbukotskoi-NoJJ] Oa en verra la raifon • M. Buache Ctnßd^rat . p, 4. Note b. en lifaat attentivement ce que j'en ai die plus haut La carte de Strahlenberg a d6jä quelque chofe qui en appro-che. Mais elle donne trop peu de lar-geur au Af^. C'efl fur ce JV^que de-meure le gros de la nation. C'eft-la le fejour des Tfchuktfchis proprement dies; ce n'efl que par occafion qu'ils s'6-cartent de ii au Sud & ä I'Oueft. 11 y a un Ifthme affez etroit, que Ton a traverfe plus d'une fois ä pie en allanc de la mcr de Kolyma ä celle d'Jnadir. Ainfi le NoJJ' doit s'etendre encore biea loin au-de la de cet ifthme. Je crains que tel qu'il eft reprefentö, il ne foic -encore trop petit. C'eft- pourquoi j'en ai marque le contour avec des points feulement , pour en indiquer ['incertitude. J'aurois pu mettre des iles autour du TJckukotskouNoJf, fi les relations qu'on en a**etoient afifez d'accord entre elles pour ne laiffer aucune crainte de les • Pag. 66. 7t, 72, 7^. i7i- ** Voytz ei-delTus page 67. Sf fuiv. placer mal. Pour ce qui efl de l'tlc de Puchotskoi, que Ton trouve fur les cartel publiees en Hollande apres la mort de Pierre k Gratid, & fur cel le de Strahlen' berg, on fait deja qu'elle ne fauroit avoir lieu. Auffi ce nom efl-il incon-nu en Sibirie. On a peut-§tre mal lu ou mal entendu celui de Tfchukotskoi. Jnadirskoi-Oßrog & le cours de VJua-dir font places beaucoup plus au Nord fur ma carte que fur celles qui font an-terieures. En voici la raifon : c'efl: que I'devation du pole , obfervee par les arpenteurs ä Anadirskoi - Oßrog^ a ^te trouvee de 660 9'. Ceci determine aulTi la pofition du Golfe Penfcbinski, Car la diflance entre Anadirskoi-Ofirog & I'embouchure du Penfclma a ece trouvee par ces memes arpenteurs un peu plus feulement de 200 werlles. D'ailleurs il faloit neceflairement ^tendre plus au Nord le golfe Penfchinski, ä caufe du grand nombre de rivieres confiderables qui s'y dechargent,-& encore n'en peut-onindiquer fur ia carte que les princi- pales. A cela pres, ces cotes n'ont jamais ete bien exaclement decrites & Ton feroit ten^e de fe plaindre, de ce que dans les deux expeditions du Kamtfchatka on sell tellement occupe du principal, qu'on a entierement neglige TaccelToire. En determinant la pofition 6i*0chotzky il s'efl; commis une faute fur ma carte ' que je dois indiquer ici, afin qu'on ne s'y trompe point. Lorfqu'apres mon retour de Sibirie je fis dreffer la nouvel-ie carte dont j'ai deja faic mention, oa n'avoit point encore reju d'obferva-tions aftronomiques d'Ochotzh Pour raoi il me femblwt, en jettant les year fur ia mefure, faite au corapas, de la route de Jakutzk ä Ochotzk^ que ladillatv-ce entre ces deux lieux etoit trop grande de deux degres en longitude dans VAdas RuJJe. Je fis done reculer OclMzk de deux degres ä rOueft, en attendant d'en recevoir la confirmation, comme je lefperois. Les obfervations n'arri->erent qu'apres coup. Elles furent comparees, caiculees, ÄinftSrees dans le troifieme tome des nouveaux commtn-inmaires de Petersbourg. Mais ma con-je£lure ne fut trouvee qu'ä moititJ vraie. La vraie longitude d'Ochotzk doit ecre de 160". 59' 15", fa latitude de 59° 20 . Ce qui y manque fur ma carte, vient de ce qu'on s'eft; conforme trop fcrupuleu-fement a ma premiere carte , & qu'on a oublie de faire ufage de Ja determination inferee dans les commcntaires **. Quant ä la cöce entre Ochotzk & le fleuve Jmur, j'ai deja dit * que fa di-reftion ne doit pas žtre Sud, comme Je marquenc les cartes ant^rieures, mais Sud-Oueft depuis Ochotzk jufqu'a I'Ud, & Sud-Lfl: de \Vd i YJntur: & c'eft ainfi que cette cote eft reprefentee fur ma carte. On a fait des obfervacions ä Udskoi Oßrog fur T^Ievation du Pole, qu'on a trouvee une fois de 55® 10', & une autre fois de 55" 27'- qui donne une hauteur moyenne de 55° • Page in- 138. * • On a rcdrclle ccla dan« la Carte que I'on , on n'y defcendit point. Cette terre, „ felon le journal du vailFeau le Bre!-„ kcs, eft fituee 120 plus ä TEfl: que „ la pointe orientate du Japon, qui eft >1 ä 38® 4. Difference en latitude, 9" 3S . Direaion, Nord-Eft-Quart-d'Eft, (St Sud Oueft-quarc-d'Oueft." Q 3 >j Ii fuit de - que la pofition de k pretendue terre de Jefo eft la meme que celle des lies reprefentees fur notre carte: ainfi, de quelque iraniere que I'on-congoive la chofe , Celles-ci peuvent fort bien fe mettre ä la place de J'aiitre. Car on peut aufli pen prouver par la relation du Breskes , que par celle du Caßricom , que tout le pays que les. deux vaifTeaux ont decouvert, foit con-tin u. Mrs Deliße & Buacbe prennent Matsmai pour une ile ä part, quoique diverfes relations,particulierement celle du miffionnaire du Japon , & celle-me-me da vaifTeau le Caßricom , foient plu-t6t contre que pour cette opinion. iVIais quand meme on leur accorderoit ce point, on pourroit toujours leur deman-der pourquoi ils ne veulent pas recon-nottre la merac chofe des lies de Ktma-fchir^ d'ÜTUpy de FigurnoU de Zitronoi ^ &c. On ne leur conteftera pas non plus la realice de Tile de Nadefcbh *: mais fi Ton veut que les relations du • Ci-dcffaspage 348. Caßrkom & du Breskev confervent leur credit, Sc que tout le pays qu'ils ont vu ait ete concinu, il fauc faire main-baüe fur celle-ci aufTi. On voit done que ces deux relations prouvent trop , &. par confequent rien, pour Mrs Hße & Buache. Ce n'eft pas non plus une bonne preuve pour eux, que les Europeens ayent entendu parier au Japan de la terre de JeJo comme d'un pays coniinu. Qu'on fe refTouvienne de la relation rapporcee ci-deffus ou il eft dit que les habitans de toutes ces Ües font appends par les Japonnois du nom coi-nmun de Jefo. Voila ce qui peut avoir donnž lieu ä I'erreur. Les vaif-feaux k Caßrkom & le Breskes partirent avec ce prejuge pour leur expedition. II n'eft pas ötonnant, apres cela , qu'ils aienc cru que toutes les terres qu'ils virenc fucceflivement etoient contigues & ne faifoient qu'une feule & meme ile. Cell auffi ce qui peut les avoir detour-iies de vifiter exadlement les detroits * Page 99. 116. 118. qu*il y a entrc ces lies, qui leur ont paru des bales, ou des embouchures, oil des bras de mer enfonces dans les terres. Ainfi ii n'efl: pas meme n^cefTai-re , pour rendre raifon de I'ecac prefenc de ces contrees, de recourir, comme on I'a faic cI-defTus, * ä la fuppoficion qu'elles pourrolenc avoir efTuye depuis ce tems quelque changemeni violent. On comprend affez fanscela, comment une erreur de ce genre a pu etre con-jue & propagee. Qu'il me foic per-mis de citer un pafldge du ßourguemai-tre fVitfen en ma faveur. Le voici ** ; Fan Keulett, dit-il, ftippofe dans fa cart3 la terre de Jefo comme tenant ä la Tata: mais jufqu'ici un nen Jaiiroit rien dire a-vec certitude ; qmiqiien mon particuliir fays * Page 121. * * Noorti en Ooß-Tartarye Ed. 2. p, S66. Vart Kcukn fteld in xyne Kaarc neder, dat Jeffo aen Tartaryen vaft is, vvacr van roc noch toe met voile gtwisheic niet kan worden gefprooken ,hoe wel ik genoegfaam verfeken ben Jcflb in Eilanden ce zyn vcrdeelt, j'aye tout lieu de me perfuader que Jefo efi dhiße en ties. De pareils remoigna-ges fervent du moins ä garantir une opinion du reproche d'etre trop bardie. Au refte on a conferve dans la carts le meme ordre & les memts noms aiix Jles, telles qu'elles fe trouvenc, d'aprea la navigation de Spangberg , dans YJtlas Riijfe, fans faire ufage des relations verbales rapportees ci - defliis *. Pour comparer Celles ci avec celle-la , il con-vient d'aitendre qu'on ait vifite pliit exaftemenc ces parages iä. On ne maii-quera pent-etre pas de faire faire cette • vifne; du moins eile eft ä fouhaiter : par-la tous les doutes par rapport k la terra de ^efo feroient leves entieremeni. Pour le J'apon on a fuivi Mrs d'/InvH-k Belim II efl; vrai que le P. Charlevoix **** pretend que cet em* * Page no. & fufv.. ** Carre d'Afie. *** Hißoire generale dts- voyaget Tome JG t ** ** ]ßtßme flff Jaion Toms i. fi. 4,. 0.5 pire, conformemenc ä une carte noii-velle corrigtie d'apres les obfervations aftronomiques des Jefuites ä la Chine , eft fitue entre les 157 & 175° de longitude. Mais c'efl: une erreur vifible , d'oLi fuivroit, contre l'expcrience, que pour aller du Kamtfchatka au Japon i! n'y auroit qu'ä cingler droit au Sud. Quaiic aux correčlions que j'ai faices au Kamtfchatka, on les pent voir, comme tou-tes les precedences, en comparunt les cartes anterieiires. En general le Kamtfchatka fe prefente ä prelent bien plus Jong qu'auparavant, parce que ie golfe Fevjchinski s'eteiid plus au Nord. La riviere de Tevfchina^ felon la carte de Mr. Kinlovj, fc jettoit dans le golfe du c6te occidental, & felon la carte qui eft dans VJslas Ruffe elle y entroit du cöce oriental. Ici elle a fon embouchure dans Tangle leplus recule au Nord de ce i^olfe. Prefque toutes les rivieres ont une autre poficion maintcnant, & les noms de plufieurs, mal ecrits aupa-jtavant, foat cgrriges. Les fautes ks. plus confiderables s'etoient commifes ä regard des rivieres i^'Olutora & de Ti-gil ou KigU-,\-a. premiere etant placeetrop au Sud de deux degres , & la feconde d'autant trop au Nord. Entre leurs embouchures il ne refloit pas feulement la diftance d'un degre en latitude, can-dis que la difference devoit etre de 5 degres. II ne fauroit y avoir d'incer-timde »i de doute ici: car ces rivieres font des plus confiderables du pays ; alles font fort frequentees des deux Oftrogs Ruffes fitues fur la riviere de Kamtfcbatka; le chemin depuis la riviere de Penfchina jufqu'au TigUy & de - la aux rivieres de Kamtfchatka , de BqI-fchaia-reka &c. a ete raefure par des ar-penteurs j enfin on faic esaftement au, Kamtfchatka i quelles des rivieres, qut tombent des deux cöt6s dans la nier, font ä Toppofite I'une de I'autre. Era allant A'Jnad'nskoi-Oßrog 3. la riviere de Kamtfchatka^ on paffe cells A'Olutora i inoitie chemin» Celle-ci doit done fe irouver par ks de latitude. Car Q<5 I'embouchiire de la riviere dzKamtfchat^ ka efl ä la hauteur tl'un pen plus de JÖ9. Pour ce qui efl du Tigil, on fdit pour für que fori embouchure eft ä la meme latitude que celle du Kamtfchatka. Selon les obfervations aflronomiquca faites i Bolfcheretzkoi ■ Oflrog & au port de Petropaivhtzka , ßülfcheretzkoi-Of-trog 6^352" 54S'deLac. 174" 7°' de Long Le port de Petropawlotzka 353» It', de Lat. 176® 12' de Long. Void encore d'autres hauteurs qu'on a prifes, favoir ä I'embouchure du Bolfebaia-reka 52° 54 . A {■3. pointe meridionak de Kamt-Jchatha 51® 3 . En voilaaffez pour le pra-fent fur ce qui regarde le Kavnjchatka. II me refle ä parier de cette partie de h carte qui reprefente les decouvertes A-viir'icaines. Je ferai fort court la-def-fus: car je n'ai pas befoin de comparer la carte avec les relations rapportees ci-delTus, puifqu'elle n'a pas eie faite d'a-pses celles-cx, mais d'apres dts cartes drefTees fur les deux vailTsaux, & que .fua a.cojiciJiees du inie.ux qu'on a pu. Amfi je ne dols pas etre refponfable des difFerences qui ^ remarqueront en quelques endroics encre la defcription & la carte. Tout ce que j'y ai mis dü mien, c'eft qu'en confultant la vraifem-blance j'ai lie par des points les cötes appergues en difFerens lieux. C'efl; ce qu'avoic deja confeille I'auteur de la lettre dont j'ai parle plus haut. Mr cbe avoic d'abord pris pour une ile on terre ä pare la cote vue encrc 51 de longitude d^Jixfatfcha (Mr. Deüße die par erreur 12' ) ; mais dans fes plus nouvelles cartes il a fLiivi le mžme confeil; & en gž^ -neral il y a aflez bien reuffi , encore qu'il n'ait pas ca connoifiTance de diver-fes cotes qui appartiennent ä cette liai-fon. Mais comme le menie cas qui nous a tant occupcs en parlant de la terre dejefo^ peut avoir lieu ici, je veui dire que Ton poiuroit bien avair pris des ilcs pour une terre feme, il eil: de la pruHence de ne p iS trop bätir fur des conječtares; il vaut mieux atteadre. iue. 374 De'couvertes faites (les recherches Lilterieures les conftr- ment, i^, J'ai cni devoir aufTijä I'exemple de Mrs Dcltße & Biiache, lier Ics decou-vertes des RulTes avec tes contrees A-mericaines deja connues. Pour cet effet il žcoit neceOaire de me regier fur une Carte d'/Hmerique dont I'exaflitude fuE inconteftable. Je me fuis fervi de Celle de Mr. Green ^ parce que je l'avois ä la main durant mon travail. Cell done de celle-ci qu'on a tranfporte les contrees 6'AinMaue connues. Si Ton avoit fait des obfervations Aftronomi-ques fur nos vaifleaui, conime c'etoit k deflein, nous aurions pu determiner avec plus de certitude la diftance entre les contrees nouvellement d^couvertes, & Celles qui dcoient dej.a connues. Fau-te de pareiües obfervations, je me fonde uniquement fur l'eftime des pilotes: pržt ä corrigej ma determination , ß quelque navigateur a venir la trouvoic fautive. Oa fera egalemeat bien de renvo-yer jur^ua-la la decifiori da doute de Mr. Dobbs. II ne veut recevoir pour terre ferme rien de ce que nos gens ont vu , jufqu'a ce que la chofe fe trouve confirmee par de nouvelles decouvertes. En attendant, le tout, felon lui ne peut etre confidere que comme une grande lie.«. C'eft qi-ie , par notre hypothe-fe , le paiTage tan: defire du Nord-Oueft par la Bass de Hudfon ä }a mer du Sud devient plus difficile, & perd prefque loiue fa vraifemblance. Mais j'ai in-dique les raifons ** qui portent: ä croi-re , que le continent cVJinerique s'^cend jufque dans le voifmage du pays des Tfchuktjchis. Je fouhaice au furpliis que Mr. Dobbs gagne la caufe. La Ruflie n'y perdroit rien. Ses poITeflions futures de ce cote-la n'en feroient que moins fujettcs i contradiftlon, puif-qu'aucune nation europeenne ne pour- * It can 11 ce font fes propres piroks, -jj'nh-eut a furtl^r difcoverj be conßdered oiherwifiz. the» as an Ißaad of a confiderable extcni. .*» Voyez. d-deflui page 62.& iuivu. rok fe vanter d'avoir jamais eu connoif-,fance de cette grande ile. D'iin autre cote fi cela etoic, on n'en feroit que plus ä porcee d'aider les Anglois dans la recherche d'lin pafTage au Nord-Ouefl» (ju'il feroit ä foühaiter qu'on srouväc, pour plus d'une raifon. Mais jufqu'ici Topinion contraire ä ce paC-fage me parok la plus probable. Apres ce qxji a tied dit ci-deHus il feroit fiiperflu de rep^ter pourquoi i'oa ne voit point ici la mer d'Ouefl de Mr. GuiUaume Deiyie, ni les pretendues de-couvertes de I'Amiral De Fonte. II vaut niieux , felon moi, lailTcr im vuide pour ies decouvertes ä venir^ que de ie lemplir de pareilles incertitudes. C'eft encore ici le cas d'aueiidre qu'un nour-veau voyage nous iniUuift mieux. Enfin fi quelqu'un de mes Leflieurs ctoit furpris de ce que je n'ai faic au-cun ufjge, ni dans la carte, ni dans cette dLfcription, des relations chinoi-fes recueillies pjr Mr Dq Quignes ^ či • Page 89, & fiji«;. prefentees en 1752 ä TAcademie des Belles-Lettres, ni d'un morceau fur le meme fujet qu'il a fait inferer dans le Journal des Sanans au mois de Decembre dela meme annee ; j'en appellerois au jQgement d'un grand connoiffeur de la langue & de I'hiftoire chinoife i du c6-lebre P. Gaubil ä Fikin. On ne fauroic doucer de I'habilete ni de la probite de cet homme. II a donne des preuves de I'une & de I'autre dans un grand nom-bre d'ecrits, qui lui font honneur, ainfi qu'a fa patrie, ä fon Ordre, & ä notr& Academic dont il eft membre. J'oppo-fe, comme on voir, ä Mr. De Guignss un de fes compatriotes, nn homme dont les travaux meritenc ies plus grands e-loges. Le jugemenn qu'il porte doit etre fonde fur une parfaite conviftion. Or tant s'en faut que ce jugemenc foit favorable aux relations de Mr. De Gui' gncs ^ qu'au contraire il leur fait lent proces comme ä de pures fables. L'a-mour de la verite & ma juflificatioa m'obligent. de rapporter ici les propres paroles du P. Gaubll Void commenc il s'exprime dans une lettre ä I'iiluftre PreOdenc de notre Academie, datee du 23 Novembre 1755- , dit-il, !es Cartes de- Mis. Deliße Bu-ache fur les decouvertes des Rußens en Amsrique. ün Frangois^ nommi M. De Guignes, qui kuäe le Chlnols ä Paris, er Ott avoir dicouvert dans les Vtvres Chi. nois un voyage des Chinois de la Chine jiif-qu'ä la Californie en Jmirique l'an de J. C. 458. II a fait graver me Carte de ce voyage, ^ a lu la- deffus divers mhnoires ä TAcaUmie des Infcriptions ^ Belles-Lcttrcs. Jb crois que ce Voyage eß ms fahle, ^faiccrit a Mr. De Guignes mes raifons, en repondant ä me de fcs let-tres eu U mc dctaiüoit fa dkouverte. Ceft ä-prefent ä Mr. De Gidgnes ä faire part au public des raifons du V. Gatibil. Qli'ü me foit permis de finir par une remarque generale. On voit que tout revienc ä ceci, favoir qu'il y a beau-coup de fait, mais qu'il refte pour-unt encore quelque chofe k faire. 11 fant efpärer qu'un ouvrage ds cette importance arrivera ä Ta perfeftion. L'ef-prit de Pierre le grand regne encore dans fes augalles defcendans fur le trdne. de Ruffie. Iis trouvenc leur plus grande gloire dans ravancement: dej fciences. Non feiilement ils s'effor-cent de les repandre toujours plus parmi les fajets, & de les ieur rendre tou|oiirs plus agreables; ils font part encore aux autres nations de ce qui a etd faic par leur ordre & ä leurs fraix. Voila de la gloire folide. Celt ainff que de grands Monarques s'erigent des iTioniimens ä I'epreuve du tems. Pierre k grand en a un dans la premiere expedition du Kamtfchatka dont il eft I'au-teur. La feconde expedition de ce nom immortalife la memoire des tems heu-reux de I'augufte Iraperatrice Elifa-heth: c'efh fous fon regne qu'elle a ete finie, & c'eft par fon ordre que Toti communique au monde ce qu'elle a pro-duit. Heureux les Monarques qui one occafion de fe motitrer dans un fi beau jour! Notre grande Imperatrice peut fi2 promettre encore plus de ces decoii-vertes. Elles font commencees; mais eiles ne font pas encore porcees ä leur perfe£lioii. EUe peut y metcre la der-niere main, donner une nouvelle face ä toute une partie du globe terreftre, & lever ce refte de voile qui a couvert jufqu'ici I'une des fciences les plus utiles & les plus incereffantes. Deformais la navigation dans les mers du Kamtfcbatka & de Yamerique n'aura plus rien de difficile ni d'efFrayant. Le che-inin ell fraye. L'experience en a ap-pris & les inconveniens, & les moyens d'y remedier. II ne s'agit plus que de prendre des mefures conformes ä la nature des lieux, & I'efFec ne fera pas dou-teux. Sans doute que tous ceux qui ont a cceur I'avancement & laperfeftion des fciences, formeront avec moi des vccux pour que cela s'eiFeftue bientöt. G. F. Mülkr. Jddi- ADDITION DU TRADUCTEUR. L'Imprimeur tenoit les derniers feuil-lets de ce volume , lorfque'la Gazette hiftorique deDelft, du a Mars de cetce annee 17)55, Numero 27, pubUa la Nouvelle fuivante de Petersbourg en date du 2 Fevrier. „ II y a environ 10 mois que des ,, gens envoyes par nos deux compa-y, gnies commerjantes etablies au/iamr-„ fchatka & ä I'embouchure de la riviere de Ko-wma ont fait quelques J, nouvelles decouverces. Ceux du Kor „ w»Hi7,ayant fait voile de cetteriviere, „ ont eu le bonheur de doubler le TJchu-5, kotzkoi-Nqß par les 74° de latitude „ feptencrionale, & courant Sud par « le detrolt qui fepare la Sibirie d'avec „ l'Amerique, Iis ont aborde par les * Seroit-ce la riviere que Mr. Muller appcl-le Kolyma} Je le penfei P^® te ici pour la confulter. Elle elt cntre les maim d'un gravcur eloigne de moi. Daus XAtia$ ^ßi on ecrit auffi Kowima. isa addition. ,, 64.^ de latitude ä quelques iles reiri-,, plies d'habitans, avec qui ils ont e-tabli un commerce de pelleteries. „ Entre amres ils en ont tire quelques „ peaux de renards noirs des plus bel-„ les qui fe foient jamais vues, & ils ,, les one fait prefenter ä fa Maj. I'lm-peratrice. Ils one donn^ le nom 3» d'Alcyut ä toutes ces lies & terres, „ dont quelques - unes, k ce qu'ils „ croyent, font partie du continent de ,, I'Amerique. „ Pendant que ceux-ci alloient du „ Nord au Sud, ceux du Kamtfchatka „ venoient du Sud au Nord, & le vent „ les favorifant, ils ont eu la fatisfac-3, tion de trouver ceux du Komma pres j, des iles fusdites. Apres s'etre con-j, fukes fur les inoyens les plus propres yt ä tirer parti des decouvertes qu'ils j, venoient de faire, ik ont juge d-pfo-j, pos de faire un etabliffement dans „ l'ile de Bering, qui Tervira a Vavenir ,, d'entrepot pour le trafic que Ton con-„ tinuera de faire de-Ja avcc les ha- addition. 3s3 „ bitans de ces iles & terres. L'lm-5, peratrice, de fon cote, refolue de poufler ces decouvertes, a nomme le Colonel Bkumer, avec quelques „ habiles geographes , pour fe rendre „ de la riviere Anadir i ces lies & au-„ de la. „ Ii ell- vrai que, vu Tenorme diflan-5, ce qu'il y a encre le Kamtfckatka & „ cetce refidence, il n'y a pas apparen-5, ce que notre commerce retire de J, grands avancages de tout cela 5 mais J, en revanche les lumieres que Ton ra .5, acquerir de ce cöte lä, repandront un „ grand Jour fur la geographie, & ne „ contribueront pas peu ä fa perfec-5, tion : car fuppofe que parmi ces iles „ on retrouve celle qui fut decouverte 5, par nos gens en 1731 * (& il eft J, tres probable qu'on la trouvera") on „ fera cn etat de determiner enfin la * J'ignore de quelle tie on veut parier icL Seroit-ce de la terre dont il eft parle ä la page 166 de ce tome, decouverte en 1750par Goum-äev), ä la hauteur de 65 & de 66 degres ? 3S4 A D D I T I o N. „ largeur de ce d^croit qui föpare I'Afie ,, de I'AmerIque, & dont la dcJcouver-„ te int^reflbit tant de gens, " Qu'il me foit permis d'ajoöter quelques reflexions ä ce qu'on vient de lire. On a raifon de dire que la perfeftion feule de la Geographie merite que Ton ne s'arrete pas en fi beau chemin. Le plus difficile eft fait. Nous fomroes i la veiile de connoitre tout le contour öes terres arSliques: & peut etre fe trou-vera t on avec fe terns agr^ablement trompd fur le peu d'apparence que Ton croit voir prefentement aux avantages que le commerce pourra retirer de ces decouvertes. La Gazette hiflorique de Delft , * m'apprend une autre nou-velle arrivee a Londres par una lettre de Quebec en date dti 19 Decembre de i'annee paflee 1764. „ Notre Gendral „ Murray (y dit-on entr*autres) a re-„ folu d'equiper plufieurs petit! bäti-„ mens, & de les envoyer des les pre. „ miers • Du^ ßciÖ Avril 17^53 Numero42 & 4.(1, „ miers jours du prmtetns prochain au „ Lac fiiperieur, avec ordre d'y croifer ,, & de le bien vifiter, fur - tout du c6-„ te de rOueft, pour voir fi Ton trou-„ vera la nne communication entre ce „ lac, & la mer, qui parott n'en etre „ pas bien eloignee, vu lagrandequaiT-ti tite de morues qu'on trouve dans c3 „ lac, jointe aux rapports des fauvages ,, qiji demeurent fur fes bords , & qui „ djfent qu'i fon Oueft on y trouve un „ fleuve auffi large, pour le moins, que ,, !e Mißßpi, & long de quelques ceii-,, taines de lieues. Le MiniflreZii to^jA J, le Jefuite Rabo aflifleront ä cette ex-„ pedition ä la requifition du General, y, tant pour faire des obfer\'ations exac-j, les fur la longueur & largeur du lac, „ que pour annoncer I'evangileauxpeu-„ pies de ces contrdes-iä. " On voit que les Anglois n'ont nulle-jnent renonc6 ä la decouverte du pafTa-ge tan: defire du Nord-Oueft; & quoi qu'on en dife pour les en decouragcr, lis auroienc tort d'y renoncer. Qui- fait Tome. /. R s'ils ne rencontreront pas ä la fin lei Rulles , & f: les marchandifes de la Chine & du Japon ne pafleront pas iin jour en Europe, d'un cöt6 par le Canada, conime de I'autre par laSibirie? La mer glaciale n'efl pas impraticable partout,ni ä toutes fortes de biumens. LaSibirie afesrennei, le Canada fes por. tages. Le commerce, qui a fait fortir Am-fterdam de fes marais, Venife de fes lagu-nes , peut operer les memes prodigesen Afie & en Amerique,Cleverune nouvelle Tyr auKamcfchatka, unc autre Carthage fur des bords que nous ne connoifTons pas encore, polir les Samojedes, les fauvages Tfchuktfchis & les Ameri-cains feptentrionaux: car pour leurs freres les meridionaux, j'en defefpere j rinquifition y mettra toujours bon ordre; & ceux-ci ont autant de raifon de maudire I'epoque qui les a decouverts & aiTervis ä ce barbare tribunal, que ceux-la en auront de beair un jour le fiecle qui a vu naitre un Bering, un TJcbirikov), un Ellis, un Murray, & les fages Souverains qui les ont envoyes. La fourmi glorifie la main qui I'a fai-te, mais cc n'efl: point par des Auto dafe, ce n'efl: point en chantant des hymnes qu'elle n'entend pas: c'eft en fe bätif-fant des demeures, en rerapliflant fes magazins de recoltes ramalTees de toU' tes parts avec un travail infatigable, en procreant d'autres fourmis , qui vont i leur tour fonder de nouvelles colonies. Ohomme, qui que tu fois, ta patrie eft ta fourmilliere; imites y la fourmi. Si tu y es de trop, va chercher un autre terrain oü il y ait de la place pour toi & pour les tiens. Si tu y rencontres de tes femblables ,ne les mafTacre pas, ne les brüle pas, ne les fais point fer-vir k ta molleffc, ä ton avidite, a ton ambition, mais fois leur Triptoleme, & ne leur amene pas des moines. J'efpere qu'on me pardonnera ccs reflexions. PuifTent-elles faire quelque im-preffion fur ceux qui ont I'avantage d'etre appelles a former, ou ä favorifer des en-treprifes veritablement utiles & glorieu- fes , comme Celles dont on a rendu compce dans cec ouvrage! On fe bat pour des terres occupies, tandis qu'il refte encore une grande parcie des terres arftiques &toutei les terres auflrales adecouvrir, & peut-etre ä peupler. Fin du Tünte premier. AVIS Au RELIEUR. La Carte doit 6tre placee ä la fin da Tome II.