«d< rt Semestre provinces illyriennes. n.° 76. TELEGRAPHE OFFICIEL. Laybach , samedi exterieur. ANGLETERRE. Londres , 27 ^e/Jr. ( The Staterman. ) Suivant une lettre de Malte du 10 juillet; la frégate npêrieuse a été prise par un vaisseau français de 74 et . e frégate, dans leurs traversée de Toulon à Gênes, et e a été conduite dans ce dernier port. ( Monit. Univers, ) Du 30 Nous avions déjà annoncé que le gouvernement aéricain ne manqueroit pas de profiter de l'état actuc.1 s choses en négociant avec les établissemens espagnols, in de s'assurer de leur amitié avant que nous puissions parvenir. En effet , immédiatement après le tremble-ent de terre qui a fait tant de ravages à Caracas, le uvoir exécutif américain y avoit envoyé M. Scoot avec es vivres et autres secours évalués à 50,000 liv. steri. , avec la promesse de nouveaux secours tant en armes n'en provisions. Il a fait de même dans les autres établis-mens espagnols , et il est aisé de s'imaginer quelle im-■ession a dû y faire celte conduite généreuse des Etats - ( Jour, de l'Empire* ) Il paroit, par une lettre de Gibraltar, en date du 6 lût, que les français se sont retirés de devant cette for-, ci que ce mouvement est concerté avec l'armée ançaise en Estramadure. Les Espagnols qui avoient débar-ué à Tarifa, se sont rembarqués pour aller , dit-on, ren-)jorcer le général Hill. A cette époque, on n'avoit point a e nouvelles de l'expédition , et de sa tentative contre la 3 Catalogne. ( Monit. Univers. Des lettres de l'Ile de Norfolk du i.er de ce mois, t nnonçent que la guerre dans la Floride orientale a été renouvelée avec plus de vigueur. On croit que le gouvernement américain a déterminé depuis la rupture avec l'Angleterre, de prendre possession de cette colonie, sans iine déclaration préalable contre l'Espagne , Les forces des Américains, et des insurgés devant Sainte Augustine, sous J;s ordres du colonel Smith, ont été augmentées par des étachemens des îles de Géorgia et d'Améiia, et l'on a ommé de nouveau le gouverneur de se rendre, ce à quoi il s'est refusé, il a reçu dernièrement de la havanne un secours de 600 hommes, et des munitions. ( Monit. Univers. ) INTÉRIEUR. EMPIRE FRANÇAIS. Paris, 10 septembre. i5-e BULLETIN DE LA GRANDE-ARMEE. Slawlcovo, 27 août 1812. Le général de division Zayoncheich , commandant une division polonaise au combat de Smolensk , a été blessé. La conduite du corps Polonais h Smolensk , a étonné les 19 septembre 1812. Russes, accoutumés à les me'priser ; ils ont été frappés de leur constance et de la supériorité qu'ils ont déployée sur eux dans cette circonstance. Au combat de Smolensk , et à celui de Valontina, l'ennemi a perdu 20 généraux tués, blessés ou prisonniers, et une très-grande quantité d'officiers. Le nombre des hommes tués, pris ou blessés dans ces différentes affaires; peut se monter à if ou 30,000 hommes. Le lendemain du combat de Valontina, S. M. a distribué aux it e et 21.e régimens d'infanterie de ligne et 7.e régiment d'infanterie légère , un certain nombre de déco-ratiors de la Légion-d Honneur pour des capitaines, pour des lieutenans et sous-iieutenans , et pour des sous-officiers et soldats. Les choix ont été faits sur le champ, au cercle devant l'Empereur, et confirmés avec acclamation par les troupes. Voici les noms de ceux qui ont obtenu cette honorable distinction. 12.e Régiment de Ligne. MM. Bretz, capitaine de grenadiers ; Dehir , capitaine; Petiijean, capitaine; Michelet, capitaine j Lecu , capitaine; Rumigni , capitaine; Beaulieu Pierre , capitaine; Humbert, capitaine; Etienne, lieutenant; Rota, lieutenant ; Ledere, lieutenant ; Villemain , lieutenant; Rouby , lieutenant; Boyer , ' et.tenant ; Berlau , lieutenant ; Barrun, lieutenant; Vingard , tambour-major; Vacheron , sergent; Gilbert, soldat ; Frédéric , soldat ; Ganavial, soldat; Marchudic % soldat; George (Louis) soldat; Gaudier, soldat; Becker, soldat; Varenne, soldat ; Hugot , soldat; Pitois, soldat; Lefevre , grenadier; Troulier, canonnier. 21.e Régiment de ligne. MM. Rossi, capitaine; Le baron Victor, capitaine' Laudron , capitaine; Caillebot , capitaine; Leroux, capitaine; Cocriamont, capitaine; Deloeux , lieutenant; Our-blain , lieutenant ; Arnaud, lieutenant; Boisson, lieutenant: Fumé, lieutenant; Varquet , lieutenant; Viard, lieutenant ; Lachenal , lieutenant ; Caudron , sergent ; Blanc» sergent; Carré, sergent; Roman, sergent; Chabuissat, sergent ; Milard , serg nt; Rfjsset, adjudant ; Ragot , adjudant ; Pierron , sergent; Paccaué, sergent; Lugurande, sergent. 7.e Regirr.ent d'infanterie légère. MM. Roman, capitaine; Seguinot, capitaine; Cossot > capitaine; Marchand, capitaine; Montecq, capitaine; Bu-lard, adjudant-major; Tournier , lieutenant; DeJplace, lieutenant ; Guiabert , lieutenant ; Chasse , lieutenant ; Masson , lieutenant; Broiste, lieutenant,- Cosset, lieutenant ; Deligno%v , lieutenant ; Babi , lieutenant ; Dusour, lieutenant; Painbot, lieutenant; Baryzout , lieutenant j Salmeton , sapeur ; Guérin , sergenî-nvijor ; Redarez , adjudant sous-officier ; Dandal , sergent; Soustel , sergent; Ledran , sergent ; Saunier, sergent; Picard, sergent; Bataille, trompette,- Didier, soldat ; Cal vel, soldat * Prevot', soldat: Brillant , soldat; Vaines, soldat; Komore des décorations accordées. -Au 12.e régiment....... . 30 Au 21 régiment . ...... Au 7.e léger . . r ..... 3z Total. . 87 décorations. L'armée ennemie, en s'en allant, brille les ponts, dévaste les routes, pour retarder autant qu'elle peut 1a marche de l'armée française. Le 21 , elle avoit repassé le Borysthène à SlobPniwa, toujours suivie vivement par notre avani-garde. Les établissemens de commerce de Smolensk étoient tout ent.ers sur le Borysthène dans un beau faubourg, les Russes ont nus le feu à ce fauxbourg , pour obtenir le Simple résultat de retarder notre marche d'une heuie. On n'a jamais fait la gierre avec tant tl inhumanité. Les Russes traitent leur pays comme ils traitèroient un pays ennemi. Le p.jrs est b.*u et abondamment fourni de tout. Les routes sont superbes. Le maréchal duc de T^rente continue à détruire la place de Dunabourg; des bois dé construction, des palissades, des débris de Blockauss, qui étoient immenses, ont servi k faire des feux de joie en l'honneur du 15 août. Le prince Schwartzenberg mande d'Ossati te 17, que son avant-garde a poursuivi l'ennemi sur la route de Divin, qu'il lut a fait quelques centaines de prisonniers et l'a obligé à brûler ses bagages. Cependant le général Bianchi, commandant l'avant-garde > est parvenu à saisir 800 ehariots de bagages que l'ennemi n'a pu n.i emmener,, ni brûler. L'armée russe de Tormasow a perdu presque tous ses bagag.es. L'équipage de siège de Riga a commencé son mouvement de Tilsitt pour se porter sur la Dwina. Le g.énéral Saint-Cyr a pris position sur la Drissa.. La déroute de l'ennemi a été compiette au combat de Polotsk du 18. Le brave général bavarois Deroy a été blessé, sur le champ d'honneur, âgé de 72 ans, et ayant près de 60 ans de service ; S. M. l'a nommé comte de l'Empire, avec une dotation de jo«,ooo fr. de revenu. Le corps bavaio;s s'étant comporté avec beacoup de bravoure S. M., a accordé des récompenses- et des décorations à ce corps d'armée. L'ennemi disoit vouloir tenir à Doroghobouj. II avoit k son ordinaire remué de la terre et construit des batteries ; l'armée s'etant montrée en bataille, l'Empereur s'y est porté; mais, le général ennemi, s'est ravisé, a battu en retraite et a abandonné la ville de Doroghobovj,, forte de ro,ooo ames-; il y a 8- clochers.. Le quartier - général étoit le 26 dans cette ville. Le 27, il étoit à Slawkow.o. L'avant-garde- est sur V'iasraa. Le vice-roi manœuvre sur la gauche, à deux lieues de la grande-route; le prince d'Eckmiihl sur la grande-route; le prince Poniat'owski sur la rive gauche de l'Osma., La prise de Smoiensk. paroit avoir fait, un fâcheux effet sur l'esprit des Russes. C'est Smolensk-le-Saint ; Smo-lensk-la-forte la clef de Moskou , et mille autres dictions populaires.- qjui a Smoiensk.,. a Moskou, disent les pay~ îas*.. La chaleur, est excessive : il n'a pas p!û. depuis un. »ois.. Le duc de Bellunne avec le 9, e corps fort de jp,a.oo àorames, est parti, de Tilsiit r.our "Wiina ,, devant former róscr.va». all- uri Suite des rapports sur les opérations de la Grande-Armée, Rapport du prince de Schwarzenberg an prince major général. A Kobryn , le 14 août 18x2. Monseigneur, Je prie Vot re Altesse Serénissime de porter k la con noissance de S. M. l'Emperenr que l'armée de Tormazow, qui avoit pris une position derrière Horodetzka et Po dubne, fut attaquée le 12 par celle que j'ai l'honneur d commander, battue et poursuivie le lendemain 13 jusqu delà de Kobryn. L'ennemi essuya une perte de 3.000 hommes à peu prés, tant tués que blessés. On lui a fait plus de 500 pri-sonniers. U a retiré k la faveur de la nuit du 12 au 13 toute son artillerie au-delà du Muchawetz, et on n'a pi lui enlever que quelques caissons. Nous arrivâmes le 13 vers une heure après midi, avec les têtes des colonnes Kobryn ; les troupes ennemies couronnoient les haute sur la rive gauche. A l'arrivée de 1 infanterie, je fis re'ta blir le pont et occuper la partie de l'endroit situé au-delà mais l'ennemi montrant beaucoup d'infanterie, et mei troupes étant bien fatiguées, je n'ai pu pousser qu'à lieue et demie sur la route de Kobryn à Divin, que l'en nemi a pùse avec toute son armée. J'ai envoyé aujourd'hui le général Bianchi avec deux brigades, deux batteries et 1200 chevaux sur la route d; Divin. Des partis s'avancent sur Antopol , et j'ai invili le général Reynier à pousser de forts détachemens ve« Brzesc. Ces détachemens sont partis hier, et j'atten^ leur rapport. L'ennemi a une artillerie très nombreuse, et qui été assez bien servie. J'ai su à Kobryn que le général Gaplitz^, avec un corp de 7000 hommes, auquel j'ai eu à faire à Seniewiteze n'est arrivé avec vingt-quatre pièces de canon que le soir après la b-ataille ; ce qui a été d'autant plus avantagea pour moi, que la cavalerie ennemie qui fait partie l'armée de Tormazow est d'ailleurs plus nombreuse q celle que j'ai à lui opposer- Les pins grands éloges sont dus au généra! comte Re? nier et aux troupes Saxonnes, qui ont combattu sous s ordres. C'est à ce général que je dois attribuer principi ment la gloire de la journée du 12, La tâche de tourne la gauche de l'ennemi lui étant tombée en partage , i! su se procurer avec la plus grande activité toutes les 1"1 tions. sur les moyens propres à. atteindre ce but , et il 1 exécuté l'attaque même avec le calme et la vigueur I3' l'on doit at endre. d'un chef d'armée aussi distingué. Les trupes autrichiennes qui ont" pris part au eoro^ ont montré la plus grande ardeur et se sont battues avec ufll persévérance et une bravoure admirables. Le brave reg' ment Jérôme Coiiorcdo, quoique foudroyé par la miti"31'1 d'une batterie e'tab'ie sur la hauteur, et malgré la perte ^ 18 officiera et de 300 hommes> a passé de front un ffl^1 qu'on croyoii impraticable, pour charger le flanc de Ie" meni, qui, par des attaques redoublées, avoit forcé la brigA" saxoire du général Saar à se replier momentanément. ^ régiment eofança à la baïonnette ce qui se présenta vis" vis de lut, et dégagea ainsi le flme gauche de cette brig3'" qui en profita pour, rétablir sa ligne. L'ennemi ayant poussé un détachement d'è looo hom^ de Soc chevaux et e^udqties canons- p;ar Lohïezm sur r zewiczy, sur la Czara, pour inquiéter les communications îCr Slomin, j'ai chargé le général Mohr de marcher pour atteindre ce détachement et lui faire tout le mal possible» IJe joins ici, Monseignenr, la continuation du journal et ]a copie d'un ordre de bataile trouvés au logement du ge-I iiéral Tormazow . à Kobrin, Agréez, Monseigneur, etc. Signé ScHWARzENBERG. Rapport au major - général, Monseigneur, Je pense que M. le duc de Reggio aura rendu compte à V. A. de la journée du 17 , du moins jusqu'au moment où sa blessure 1 a forcé de quitter le champ de bataille ; le reste de la journée, les troupes ont continué leurs succès, et à neuf heures du soir , les Russes étoient repoussés, sur tous les points, après avoir éprouvé les pertes les pl us considérables, ayant tenté, dans le cours de la journée , six ou sept attaques qui ont été repoussées avec une bravoure supérieure à l'acharnement qu'ils y ont mis. Cette affaire fait le plus grand honneur à la division Legrand , qui étoir placée à l'embranchement des routes de Sebej et de Nevel, et au corps bavarois placé sur la rive gauche de la Polota , en arrière du village de Spas, sur lequel l'ennemi s'est acharné pour le reprendre , malgré qu'il en ait été chassé cinq à six fois , et où la 20.e division et le général de Wrede qni la commande, se sont couverts de gloire. Le général bavarois Vincenti, qui mérite des éloges pour la manière dont il s'est conduit, y a I été blessé. Dans la soirée de cette journée , je sentis la nécessité 1 d'attaquer l'ennemi. Je fis mes dispositions pour attaquer le 18 h quatre heures après-midi. J'ai fait l'impossible pour tromper l'ennemi sur mon dessein; vers les une heure, je fis filer les équipages de l'armée, qui étoient derrière Polotsk sur la rive gauche de ta Dwina et sur la route d'Oula ; j'eus l'air de faire couvrir et protéger ce mouvement par les troupes que M. le duc de Reggio avoit fait repasser sur la rive gaucher dans la nuit du 16 et au 17, elles se réunirent derrière Polotsk , à la queue des équipages ; la division de cuirassier* y arriva de Semenets , la brigade de cavalerie Iegére du général Castex, de Eondina. A trois heures après midi, la colonne d'équipages avait filé en vue de l'ennemi; et les troup-.s ci dessus désignées repassèrent la Dwina avec Ja plus grande partie de l'artillerie française , et rentrèrent a Polotsk. Vers Its cinq heures environ, toutes les troupes et t'artiilerie étoient en position pour déboucher sur l'ennemi , sans qu'il etti rien aperçu de nos préparant*. A cinq-heures précises, toute 1' artillerie a commencé son feu, et nos colonnes d'infanterie ont débouché sous sa protection, pour at taquer la gauche et le centre de l'ennemi. La division de Wreden débouché à droite du village de Spas ,. et a attaqué avec beaucoup de bravoure et d'intelligence la gauche de l'ennemi: la division d-u général Deroy a débouché parle village même de .Spas; la division Legrand à-gauche de ce village , étant liée elle même par sa gauche a la division Verdier, dont une brigade observoit la droite de l'ennemi , qui eto'it placée sur la route de Gfchnzeleva. La division Merle couvroit le front de la ville de Polotsic ! • t une partie du revers»- L'ennemi, q;uoi^ue entièrement surpris,, ayunt toute j confiance dans ses forces et son immense artillerie, composée de 108 pièces , a reçu d'abord nos attaques avec in-' finimentsde calme et de sang-froid; mais enfin, avant la nuit , sa gauche étoit entièrement forcée , et son centre dans une déroute complete, après avoir défendu leur position avec beaucoup de bravoure et un grand acharnement. Nous aurions pu faire un très grand nombre de prisonniers , si les bois n'eussent pas été aussi voisins de leur position. L'ennemi nous a abandonné- le champ de bataille couvert d'une immense quantité de ses morts, une vingtaine de pièces de canon et un millier de prisonniers. De notre côté , nous avons eu de« tuée et des blessés : au nombre de ces derniers se trouvent le général de division* Deroy, le général Reclovitsch , le colonel Culonge , commandant l'artillerie bavaroise. Je ne puis trop faire l'éloge à V. A. des généraux Legrand et de "Wrede , Deroy,. Raclovitsch , et du général d'artillerie Aubry , qui a dirigé l'artillerie du 2.e corps avec une grande distinction. Le général Merle a repoussé avec beaucoup d'i n telli=* gençe , et avec une partie de sa division , une attaque que l'ennemi avoit faite sur r/btre gauche pour protéger sa retraite au bois. Les Croates se sont distingués dans cette charge, soutenue d'une partie de la cavalerie du général Castex. En général, je réclame la bienveillance de S. M. : les troupes ont mérité des enco-uragemens et des récompenses. S. M. me feroit grand plaisir, si elle lais-soit tomber une de ses g,races sur M» de Mailli , mon aide de-camp, porteur de cette lettre, du zèle duquel j'ai beaucoup à me louer. Je n'ai aussi que des éloges à donw ner aux chefs d'état-major de 2.e et 6.e corps. J'ai l'honneur d'être avec un profond respect",. De Votre Altesse , Le très humble et- très obéissant serviteur^ Signé comte Gouvion-Sauvt-CïR. Extrait d'une lettre particulière de Smplensk, du 22 août,- Je vous écris sur du mauvais papier, on n'en trouve pas ici de plus élégant, et je me sers de la première feuilhe qui me tombe sous la mam. Depuis huit jours je ne suis1 presque pas descendu de cheval, mais quand les affaires vont bien', on ne sent pas la fatigue. Nous voilà enfin dans le coeur de Ja Russie. C'est' un beau pays que celui dans leq.uel nous venons d'entrer; les récoltes sont abondantes,-Je climat est agréable; c'est, k coup sûr, le pays le plus peuplé de ce vaste Empire. Vous concevrez-sans peine que tout ce qui environne l'ancienne capitale ofire de grandes ressources : c'est là que la noblesse russe a ses plus belles propriétés, et il n'y a, sous ce rapport, aucune comparaison à' établir avec les environs de Pétersbourg qui sont mal sains et coupés de lacs et de marais. 1 < m Jamais le spectacle qu'oflroit l'intérieur de SmolensÊ" , à notre entrée dans cette ville, ne sortira de ma mémoire. Figurewous toutes les rues, toutes les places encombrées-de Russes morts ou expirans, et les flammes éclairant de-toute part cet affreux tableat. C'est là-que j-'ai pu juger de la générosité dis Français. Rien n'étoit plus touchant que de les voir se précipiter au milieu de l'incendie , et passer à arrêter les progrès du fou ,. le temps pendant lequel ils-aaroient pu prendre un peu de repos. Malheureusement il a, été impossible de sauver lès quartiers bitis en boti. J4er ma trouve logé dans la maison d'un conseiller russe, ai remplacé uo colonel ennemi qui £*as eu le- tfc&gfs ^l'emporter ses effets. J'ai encore trouvé sur sa table un ordre du jour, où on promet à l'armée russe que les murs de Smolensk seront témoins de la destruction des Français. A chaque instant je vois passer des colonnes de prisonniers. J'ai remarqué parmi eux beaucoup d'officiers supérieurs, et entr'autres un général et un colonel russes. Le premier «tt le général Tutschuw , frère dn commandant en chef de l'un des corps de Bardai de Tolly, et l'autre, le baron d'Armfeld , neveu du général de ce nom, qui a changé si souvent de patrie. Ils ont été pris dans la brillante affaire où le brave général Gudin a été blessé. Hier, nous avons eu la douleur de le perdre. Toute l'armée le pleure. On lui avoit amputé Ja cuisse au-dessus du genou; mais il a été impossible de le sauver. A toutes les heures du jour, un grand nombre d'officiers se présentoit devant son logement pour savoir de ses nouvelles. J appas hier au soir qu'il venoit de succomber, et je me suis retiré chez moi bien affligé de cette perte cruelle. Depuis quinze ans, je l'avois vu constamment au poste de l'honneur et du danger; il étoit aussi brave qu'habile. C'ètoit un lion au combat ; et dans le monde, il étoit impossible d'avoir plus de douceur et d'aménité. Au reste , sa mort a été bien vengée. Nous avons fait un carnage affi eux au combat de Vulontina' Les généraux russes Mamenski et Escalon sont restés morts sur le champ de bataille; mais une perte bien plus sensible pour l'armée russe, c'est celle du général de cavalerie Korfï qui a, dit-on s été blessé à mort. Depuis ce moment, on les poursuit sans pouvoir les atteindre. Us se sauvent en toute hâte; on diroit qu'ils craignent de ne pas arriver à temps à Moscou , pour assister au Te Deum qu'on y chantera sans doute, car cet hymne d'actions de grâces est devenu pour les Russes le chant de la mort , et a pris la place du De Profundis. Mais ce mauvais charlatanisme n'en impose ni aux soldats, ni aux habitans. Les déserteurs et les prisonniers qu'on fait en grand nombre, parlent tous des divisons et du découragement qui régnent dans l'armée ennemie. On est géné alement indigné de voir tant de pays perdu sans avoir soutenu le choc d'une seule grande bataille rangée. J'aurois encore beaucoup de choses à vous dire, mais mon service m'appelle, et d'ailleurs vous devez penser qu'ici on n'a pas le temps d'écrire longuement. La santé de l'armée est excellente; le pain et la viande ne nous manquent pas; quant au vin, vous devinez bien qu'il n'est pas aussi commun qu'en Bourgogne ; ftiais nous ne pouvons pas nous plaindre, quoique deux ou trois cent milles convives qui arrivent sans être attendus embarrassent un peu ceux qui les reçoivent. Malgré toutes les ressources qu'on trouve à Paris, une pareille visite ne la isserò! t pas que de vous gêner un peu. Ah! que nous sommes loin du temps où on pouvoit Ja craindre. Cela me fait penser qu'au moment où je suis entré au service, on avoit peur de voir les Russes prénétre en Franche-Comté , et que me voilà presqo'aux portes de Moscou. Fxtrait d'une autre lettre de Smolensk , du 23. Les Russes ont été tellement fidèles à leur système de retraite, qu'ils se retirent jusqu'à Moscou , et que delà probablement ils tiont prendre position sur le Volga , et peut être plus loin. Tandis que nous les rejetterons dans leurs déserts, nous occuperons leurs meilleures provinces , nous en exploiterons tranquillement toutes les ressources. Nous avons encore deux grands mois devant nous. Tous les habitans du pays nous disent que le mois de septembre est magnifique dans ce pays, et ue le mauvais temps ne commence qu'à la fin d'octobre. D'après les rapports que nous recevons de Mqscow , il y règne la plus grande terreur. Quoique les voyageurs s'accordent tous à vanter 1 hospitalité des sei-gneurs de cette ville, ceux-ci se hâtent de faire leurs pa-quets. On emballe les archives, les galeries de tableaux, Nous nous en soucions fort peu, pourvu qu'ils nous laissent leurs caves et leurs cuisiniers. On n'a pas de peine à conce-voir la confusion qui remplit cette ville immense ; figurez-vous la situation de Paris si les Russes étoient à Châlons. Les femmes de Smolensk .sont assez jolies; mais presque toutes se sont enfuies a Moscow , d'où elle s'enfuiront de nouveau à Pétersbourg, où l'on n'est guère plus tranquille, On a trouvé sur un officier russe tué une lettre datée de cette capitale, et ilan laquelle on annonce que les premières familles embarquent leurs etfets les pius précieux sur les vaisseaux anglais. Quand vous recevrez ma lettre , vous connoîtrez déjà les détails de l'affairé de Smolensk. Notre regiment s'y est couvert de gloire. Le champ de bataille autour de la ville et sur la route de Moscow fai* horreur à voir. Le beau régiment d'élite des grenadiers du corps de la i.re division russe a été presque entièrement détruit. Je suis encore à comprendre comment il se fait qu'il y ait tant de Russes tués et si peu de Fiança s. On remarque surtout que l'ennemi a perdo un grand nombre d'officiers. 11 paroît qu'à notre droite et à notre gauche les Russes n'ont pas été plus heureux. U prince Schwartzenberg a culbuté Tormazow et lui a fait éprouver une perte considérable. Le général russe Knoring a eu les deux jambes emportées. L'Empereur Alexandre avoit, dit-on, ordonné de défendre Smolensk jusqu'à la dernière extrémité ; par malheur il n'éîoit point là pour faire exécuter ses ordres. U est ali« d'abord à Pétersbourg , et de Pétersbourg à Moscow. On dit qu'il doit en être parti le 19 pour revenir à son armée. Certainement il n'aura pas eu beaucoup de chemin à fai« pour la rejoindre. N***, qui est parti de Paris trois ou quatre mois avant la guerre, et que nous avons si souvent rencontré dans 1° monde, a été fait prisonnier à Smolensk. Je l'ai vu hier et je vous assure qu ii avoit un peu moins de jactance q"s quand il est parti, if attribue les derniers échecs des Russes au peu d'habileté de leur général, et franchement je crois qu'il n'a pas tort ; car, qu'a-t-il fait depuis l'ouverture di-la campagne? Il a établi des magasins pour y mettre le fe« il a élevé des fortifications immenses pour les abandonné il nous a livré la Pologne; il s'est enfui en toute hâte ^ Witepsk, en jurant de défendre Smolensk, et quand nous a vus devant cette ville, il nous l'a laissé enlever vive force, et a teint les murailles du sang de ses meill-^ soldats. Le voilà maintenant qui se retire sur Moscow c'est là un plan arrangé d'avance, il faut convenir que généraux russes ont de singulières combinaisons. Les sont un peu différentes': nous gagnons du terrain, occupons de belles provinces, et nous menaçons l'anci^ capitale de notre ennemi, li me semble que ce plan-là vaut bien un autre. J'ai vu hier votre frère; il se porte toujours b> etc. etc.