nr à ; * >u- -it-'S lì. Sémestre PROVINCES ILLYRIENNES. N.® 71 TELEGRAPHE OFFICIEL. Laybach , mercedi 2 septembre 1812. EXTERIEUR. lithuanie. Witepsk , le 9 août ( Extrait d'une lettre particulière. ) L'Empereur est toujours ici. S. M. se porte à merveille; les fatigues de la guerre et les travaux du cabinet semblent fortifier sa sante'. La saison est superbe, mais ^les chaleurs sont excessives; le thermomètre est à 29 de- / grés. Chaque jour les convois arrivent et les vivres de- es viennent plus abondans. Nos petits équipages, que la ra- pidité de nos marches nous avoit forcés de laisser en arde ., rieri, nous ont repints ; ils ont été pour nous d'une 'grande ressource. Les chefs des corps font des inspections ■:et des revues sévères. Le matériel et le personnel son tonr-à-tour l'objet de leur surveillance. Jamais armée ne "fut plus nombreuse, plus aguerrie, plus impatiente de vaincre. - ; S. M. travaille nuit et jour? elle voit tout par elle I t A m«me et descend aux moindres détails avec une sollicitude vraiment paternelle. Les hôpitaux sont surtout l'ob-rs. jet de son attention ; leur organisation ne laisse rien à désirer, les bles.és y reçoivent tous les soins imaginables. s Vitep^k est une ville considérable , mais elle n'est pa^' -très peuplée. La plus grande partie des habitans se composé d'Allemands et de Juifs. On y a trouvé cependant d?s magasins qui ont été très utiles k l'armée. L'EmPEREUR esr' 3 tort bien logé; il habite le palais du prince de Vurtem-: berg , gouverneur de la Russie-Blanche; c'est le même qui j faisoit , en dernier lieu , de si belles proclamations, et qui déménageoit en toute hâte pendant qu'il faisoit chanter lt .ire Deum dans la cathédrale. Il paroît du reste, que les Eusses sont fort prodigues de discours , d'adresses, de manifestes , on diroit qu'ils ont avec eux un bataillon d'écri->vains. L'Empereur Alexandre et le génréai Barclay de Tolly ne passent presque pas tin jour sans faire paroître une noi:-* velie invocation au Dieu des armées. A mesure qu'ils battent en retraite, ils jurent de marcher en avant , et c'est au moment même où ils nous abandonnent leurs provinces les plus fertiles , qu'ils s'engagent à défendre jusqu'à la mort l'intégrité de leur territoire. On assure que l'Empereur Alexandre est allé à Moscou pour organiser et pour prêché* ses levées. Il fait bien de se hâter; car nous sommes arrivés à "WiKpsk en même temps que les ulcases qui ordon-noient au peuple de se lever en m isse pour nous anéantir> Tous les matins, à sept heures , il y a grande parade devant le palais. Hier, le général Priant a été reçu comme colonel des grenadiers de la garde impériale , en remplacement du général Dorsenne. Tout le monde a vu avec plaisir que cette récompense fut accordée à un général qui, depuis quinze ans, s'est toujours trouvé au poste du péril et de la gloire , et qui, en Egypte, en Italie, en Alle-msgne et en Pologne , a constamment pris une part a toutes les fatigues et à tous les succès des armées françaises. ( Jour, de ÌEmpire. ) lettres interceptées. Au ministre de la police Bal^schof. Pétersbourg, le 24 (9 juillet 1812.) ....... La proclamation insérée dans les Gazettes a répandu une grande terreur, et paroit n'avoir pas été bien accueillie à Moscou. On n'approuve pas qu'on y ait dit que l'ennemi venoit avec la résolution d'anéantir U Russie. On dit que les églises sont continuellement remplies; qu'on fait des prières de tous côtés, et que le chemin qui conduit au monastère de la Trinité est couvert d'équipages de toute espèce. Rostopchmn (1) ne se laisse pas engager dans la conversation; il évite tant qu'il peut de causer. La récolte de cette année sera abondante comme on ne se souvient pas de l'avoir jamais vue. Extrait d'une autre lettre adressée au même. Pétersbourg, le 24 juin (6 juillet.) peut-être à l'heure qu'il est, mon cher Alexandre ; s'est-il déjà passé de grandi événemens dans la rencontre avec notre ennemi. En attendant, le manifeste a beaucoup effrayé. Le public avoit la confiance que nos armées étoient si nombreuses et tellement agiles, qu'elles pouvoient être partout , et ne pas laisser échapper un oiseau ; et voilà que tout d'un coup nous recevoas la nouvelle que 'ennemi a déjà passé nos frontières, et vient menacer »anéantir la Russie. S'il a pensé par ce moyen exciter un plus grand enthousiasme, il ne s'est pas trompé: il sait .pparëmment que nos Russes savent mieux agir que faire de la politique. On répand le bruit que 8000 confédérés iu Rhin et 200 officiers prussiens se sont rangés de notre .ôté: Dieu veuille que-cela soit vrai! toutefois voilà les nouvelles qu'il faut répandre , et qui sont propres à tranquilliser l'esprit public. proclamation. Du camp près Polloszk , le 6 (18) juillet 1812. Alexandre I.er, etc. etc. etc. L'ennemi, après avoir violé notre territoire, poursuit sa marche, et porte ses armes jusque dans le sein de la Russie , espérant qu'il parviendra à troubler la tranquillité de ce grand Empire. U a résolu de détruire sa gloire et son bonheur. C'est avec la perfidie dans le coeur et la flatterie sur les lèvres qu'il lui apporte des chapes. Appelant à notre secours l'appui du Tout - Puissant, nous opposons à cet ennemi des armées qui brûlent du désir de le terrasser et de le chasser de l'Empire. C'est avec raison que nous nous reposons sur la force et la valeur de nos braves troupes; mais nous ne pouvons et ne devons pas cacher à nos fidèles sujets que les armées réunies de différentes puissances sont nombreuses et déploient de grandes forces, et que, dans ces circonstances impér rieuses, >1 faut des efforts extraordinaires et du grand courage pour les arrêter. Ainsi, indépendamment de notre grande armée, il est nécessaire de réunir dans l'intérieur de l'Empire de nouvelles forces qui , portant l'épouvante lit >■ ; et la terrèur parmi nos ennemis, formeront une seconde barrière pour renforcer la première, et veilleront à la défense des propriétés, des femmes et des enfans de tous. Nous avons déjà fait cet appel à notre antique capitale de Moscon ; aujourd'hui, c'est à tous nos sujets de tous les états; c'est aux ecclésiastiques comme aux séculiers que nous demandons de nous assister contre les entreprises de l'ennemi. Qu'à chaque pas il rencontre de bons Russes qui le repoussent de toutes leurs forces et de tous leurs moyens , en méprisant ses menées à la fois perfides et "flatteuses: que dans chaque noble il trouve un Pojarsk i dans chaque ecclésiastique un Palitsire, dans chaque citoyen un Minine. Noblesse russe, c'est toi qui, dans tous les temps, sauva la patrie! Très saint synode et clergé , vos ferventes prières ont toujours attiré la bénédiction divine sur la Russie. Et toi , peuple russe , illustre postérité des vaillans Slaves, tu as souvent fait trembler les tigres et les loups prêts à se précipiter sur toi! Aujourd'hui que tous se réunissent, et la croix dans le cœur et le glaive à la main , aucune force humaine ne sera capable de vous résister. Je laisse à la disposition des chefs de la noblesse dans chaque gouvernement la levée et la léunion de toutes ces nouvelles forces. Eux-mêmes désigneront ceux d'<.ntr'eux qui devront les guider dans les combats. On en fera con-noître le nombre à Moscou, où l'on choisira le commandant en chef. Donné a notre camp près Pollotzk , le 6. 18 juillet 1812. signé Alexandre. Scellé du sceati du Sénat à Pétersbourg, le 10-22 juillet 1812. Repport du prince vice-roi, sur les combats des 25 , 26 et 27 jnillet. SIRE, J'ai l'honneur d'adresser à V. M. les rapports des combats qui ont eu lieu le 24, 26, 27, juillet, et aux-quels le 4.e corps, que je commande, a pris part. V. M. donna l'ordre au roi de Naples, commandant la de cavalerie de l'armée, de partir de Bechen-KoviscJci, et de se diriger sur la route de vitepsk. Je reçus celui de mettre à sa disposition le 8.e régiment d'infanterie légère. Le roi de Naples rencontra l'ennemi en avant d'Os-trovno, et engagea différentes charges de cavalerie, qui obtinrent de beaux résultats. Environ 600 prisonniers et 8 pièces de canons furent l'es trophées de cette journée. Le général de division Delzons m? rend compte que', le 8.e eut plasieurs engagemens qu'il soutint avec valeur. Le 26 , le roi de Naples reçut l'ordre de continuer son mouvement sur witepsk , et moi de marcher avec une division pour soutenir le mouvement de cavalerie. Je me , rendis avant le jour chez le roi de Naples, et nous convinmes ensemble de V heure à laquelle le mouvement commenceroit. Je donnai l'ordre à la 13.e division de suivre la cavalerie, à la 14.e et à la garde de marcher à la suite de la 13.e division, mais par échelon, et à une heure de distance. La route traversoit un pays boisé, et le 8.e fut . bientôt engagé pour ouvrir le chemin, que l'ennemi dis-4>utoit avec de l'Infanterie. Vers dix heures du matin , le • • .. _ m- 8.e régiment, après avoir chassé du bojs tous les tirailleurs de l'ennemi, le rencontra formé, et tenant une position avantageuse sur un plateau d* une assez belle élévation , protégé par une artillerie nombreuse , ayant de-vart lui un ravin profond , et sa gauche appuyée à uue forêt tellement épaisse, qu'il étoit impossible à des masses, sans se rompre, de la pénétrer. C'étoit le corps du général Ostermann , fort de deux divisions d'infanterie , qui occupoit cette position. Alors, j'ordonnai au général Delzons, comman iant la 15.6 division, de se former pour l'attaque, le régiment croate et le 84.6 sur la gauche de la route, le premier déployé, le second en colonne , par division. Un bataillon de voltigeurs et le 92.e régiment furent placés sur la droite en échelon, par bituillon. l'attaque commença; elle fut vive, et l'ennemi fut abordé avec intrépidité. Les croates et ie 84.e firpnt plier les bataillons qui leur étoient opposés. Le général Huard , qui commandoit cette attaque, y déploya autant de valeur que de capacité* Sur la droite, les voltigeurs et le 92.e éprouvèrent une plus grande résistance; ils avoient à pénétrer la forêt, à déboucher, et à se former sous le feu de l'enuemi , qui avoit placé à sa gauche ses principales forces. Ce ne fut pas sans des efforts multipliés que le général Roussel put parvenir à prendre position au débouché du bois et à en chasser l'ennemi. Il falloit la valeur des troupes et l'opiniâtreté du général qui commandoit , pour réussir dans une attaque aussi difficile. Cependant le centre et la gauche , qui ne pouvoient voir la lenteur des progrès de la droite disputés dans la fotêt, poursuivirent leurs succès. L'ennemi, qui voyoit sa gauche se maintenir , fit porter sa réserve sur sa droite, où il se sentoit plus vivement pressé. Les Croates et la 84.e furent à leur tour poussés et débordés. Le roi de Naples, avec sa valeur brillante et la promptitude de l'éclair , détermina une charge de cavalerie vigoureuse, qui arrêta l'ennemi. Le chef de bataillon Ricard , avec une compagnie de carabiniers du 8.e, se précipita à la tête des pièces; le chef de bataillon Dumay et le capitaine Bonardelle , avec une intrépidité rare, mantiennent le plus grand ordre dans la colonne d'artillerie; pendant ce temps, le général Eoussel débouche de la forêt , charge l'ennemi avec le 92.e en colonne , et se rend maître de la position. Les Croates et le 84-e, soutenus de deux bataillons du 106.e régiment, tenus en réserve jusqu'à ce moment, reprennent leurs pre» miers avantages. C'est alors que tout fut rétabli , et que nous restâmes maîtres du terrain que l'ennemi avoit fortement disputé. Après quelques momens de repos , pour rallier les troupes et reformer les colonnes, l'ennemi fut de nouveau poursuivi et fo-cé promptement dans toutes les positions qu'il chercha encore à défendre. Il fut ainsi ramené jusqu'à deux lieues de "Witepsk , où la 13.e division prit position vers neuf heures du soir. La i4.e se plaça sur la route, en seconde ligne , avec ordre d'éclairer par des postes les bords de la Dwina. La garde se plaça également en arrière, à droite de la i3.e division. Le 27, V. M. ordonna à la cavalerie et au 4.e corps de continuer le, mouvement sur witepsk. Ce jour-là , la i4.e division prit la tête. Le général de brigade Bertrand de Sevray fut détaché avec le i8.e régiment d'infanterie légère et trois compagnies de voltigeurs. Il s'empara d'un village occupé par l'ennemi, sur la droite, et suivit la crgte des hauteurs dont il se rendit maître. Le reste de la division marcha en avant, se forma sur la gauche de la route en présence de l'ennemi, établit son artillerie, fit taire celle qui lui étoit opposée , et força les Russes à reculer leur ligne des bords du ravin qu'ils occupoient derrière un pont biûlé. Le général Broussier, profitant de ce mouvement rétrograde de l'ennemi, passa la rivière avec sa division, forma en avant ses régimens en carré double, par échelon, sous la protection d'un feu très-vif de son artillerie. Le carré du 53.e se trouvoit le plus rapproché. La cava-Jerie ennemie essaya piusieurs fois de charger les carrés; mais le feu et la contenance de ce régiment lui en imposèrent toujours. Les deux premières compagnies de voltigeurs du 9.e de ligne , qui avoient passé en tête sur le pont, sous le feu de l'ennemi, furent dirigées avec intelligence et bravoure par les capitaines Guyard et Savary, sur le flanc droit de l'annemi , et lui firent éprouver de grandes pertes. Le général Broussier cite avec éloge tous les régimens de sa division. Il distingue particulièrement le chef de bataillon Villemain, du 53.; le capitaine Guyard, du 9.e de ligne ; et le lieutenant d'artillerie légère Laguerinais , qui a reçu trois coups de lance en defendant 1« pièces qu'il commandoit. Le général Delzons cite, comme s'étant particulièrement distingués , le colonel Serent , du 8.e léger, blessé: le chef de bataillon d'artillerie Demay ; le chef de bataillon Ricard, du 8.e léger; le chef de bataillon Poudret de Sevrés , du 106.e ; le le chef de bataillon Liwingston , du 92.e; le chef de bataillon Chotard , du 84.e; le capitaine Desjardins, du 8.e léger; le capitaine d'artillerie Bon-nardelle. Je présente à V. M. l'état des pertes que les 13.8 et i4 nano, et qui est arrivé un des premiers sur les pieces. Ses officiers supérieurs en font 1: plus grand cas. Je suis de Votre Majesté, Sire , Le très affectionné frère. Signé Joachim-Napoleon. PROVINCES ILLYRIENNES. Nous nous empressons de faire connoître une pièce de vers composée par M. de Santo Domingo,, sous-intendant à Spalato, dont la lecture iuspirera un grand intérêt par la nature du sujet sublime qu'elle traite, ses allusions aux circonstances actuelles, et fera distinguer son auteur par son amour pour l'Empereur et sa verve poétique. EPITRE A L'EMPEREUR. Héritier des Césars, dont les faits glorieux Confondent la pensée, et surprennent les dieux, Et qui seul; exhaussant ta grandeur colossale, De la terre et du ciel as comblé l'intervalle , Grand Roi, si des beaux vers l'auteur harmonieux, Si Boileau m'eut légué ses poétiques feux Quel bonheur d'exhaler dans une hymne éclatante Cette admiration qui pour toi me tourmente ! D'un sujet si brillant mes yeux sont éblouis: Mais que dis-je? Boileau ne chanta que Louis, Et quoique les neuf sœurs allaitant son génie , Eussent conduit ses pas au sommet d'Aonie, U eut craint que ton nom n'accablât tous ses vers, Il faut être un Atlas pour porter l'univers. Louis, à plus d'un titre , il faut que je l'avoue, Devant la raison même , est digne qu'on le loue : Mais que tu fais pâlir la gloire de ce roi ! Par son siècle il fut grand , ton siècle est grand par toi. Trop souvent les partis que la discorde entraine, Eépandirent le trouble en son ame hautaine ; Ton génie, en planant bien au dessus du sien, Etonne l'univers , sans s'étonner de rien. Que du Rhin, ce Monarque ait tenté le passage, Un grand poète a pu rehausser son courage j Mais que l'Ister, jaloux de sauver ses états, Grossissant son courroux , du courroux des frimats , Oppose à nos guérriers l'océan de sa rage ; Que tout à coup, joignant l'un et l'autre rivage, Un pont majesteux snspendu dans les airs, A l'orgueil de ses flots ait imposé des fers ; Est-il du ce prodige aux accords des ophées? Eh! qui put ériger tous ces nombreux trophées Dont les nobles moissons, bravant la faux du temps, Du Danube soumis couvrent au loin les champs? Combien le char brillant que conduisent les heures, Pour mûrir ce grand oeuvre a-t-il vu de demeures? Que dis-je? tout s'achève en un moment précis; Le Jupiter français a froncé les sourds. La poésie alors est forcée au silence, De sa richesse alors connoissant l'indigence, Elle demande envain pour soutenir sa voix , Un langage nouveau, pour de nouveaux exploits . Sa soeur, la fiction brillante souveraine, D'un prisme mensonger enchantant son domaine, Superbe, dédaigna long-temps Ja vérité: Quand tout empreint du sceau de l'immortalité, Napoleon parut : tout prit une autre face: Le reine de la fable au vrai ceda la place , Et devant tant d'éclat sentant son front pâlir, Ne brigua d'autre honneur que celui d'obéir. Maintenant, ô grand roiî que ta surprise cesse, Si, leur force toujours trahissant leur ivresse, Les poètes ont vu leur vers humiliés, Loin d'atteindre ton front, ne ramper qu'à tes pieds. Et tel que dominant sur les ondes amères , Ce pic altier transforme en des rides légères To us ces liquides fronts dont le dieu du tridént Hérisse en sa fureur son empire grondant j Telle, toute hauteur k ton aspect s'incline Et l'orgueilleux parnasse est une humble colline . Il faut donc réprimer ce besoin de mon coeur, Il faut donc étouffer cette inquiette ardeur, Qui vers mon Souverain, entraînoit tout mon être: Delille t'eut chanté, si tu pouvais bien l'être: Du trône d'Aj>pollon , quoiqu'il soit le soutien , Son laurier se flétrit en approchant du tien. Eh ! quand pour t'admirer le temps est trop rapide ; Comment oser chanter ta valeur intrépide, Ta vaste politique, et ces ressorts secrets Par qui tes grands desseins s'élancent au succès? Tu parais; des héros s'anéantit la gloire, La fortune a donné sort aile à la victoire, Et pour guide aujourd'hui, délaissant le hazard , Elle attache sa roue à l'éssieu de ten char. Ta Providence auguste en tout lieu l'accompagne. Ce Sceptre redouté que porta Charlemagne , Ce Sceptre , si long temps séché dans sa splendeur , Dans tes royales mains reprenant sa verdeur , Et ses robustes noeuds, et sa séve puissante, Courbe des nations la tête menaçante , Et joint , pour leur, donner une double leçon, Le glaive de César , au Code de Solon. Le grand corps politique affermi sur ses bases, Des royaumes divers change à son gré les phases , Tel , le front de Diane est sombre , ou lumineux , Selon que Phébus darde ou retire ses feux. Si les Rois empressés à mendier des chaînes , Jadis briguoient le nom de Citoyens d'Athènes, Aujourd'hui nous voyons les peuples satisfaits S'honorant de porter le titre de Français, Dans l'Europe jouir de la supiématie : Je t'en prends à témoin, guérrière Dalmatie Tes généreux enfants dont les vaillantes mains Bornèrent dans leur vol les aigles des Romains , Ont, sans cesse amoureux de périls et d'allarmes, Des Armes, pour hochets , pour parure, des Armes. Chacun d'eux fait au Ciel des voeux , pour que le Grand , (i) Francise son pays, l'adopte pour enfant: Tel, d'un luxe inutile étalant la couronne, L'arbre sauvage encor demande que Pomone D'une sève étrangère animant ses canaux, De fruits civilisés couvre enfin ses rameaux. Mais où sùis-je entraîné par l'ardeur de mon zèle? Ma muse sans mon ordre en déployant son aile S'élance vers son Roi ; tel l'aigle audacieux Pour fixçr le Soleil ,-s'élève vers les cieux : C'est en vain qu'il voudroit rapprocher la distance; Entre l'astre et son vol, l'intervalle est immense. Grand Roi, dans cet instant, je foule une cité , Qai donna plus d'un maître à l'univers dompté; Des romaines grandeurs le néant m'environne : Assis sur les débiis de l'antique Salonne, Je t'adresse ces Vers que ma plume a tracés, Sur des arcs trimophaux par le temps terrassés: Tandis que., de ses flots tourmentant son arène, Agité de terreur, le fougueux Boristhene Brise son urne ; et croit déjà voir nos drapeaux Réfléchir leu rs couleurs au cristal de ses eaux. (0 On sait que les italiens appellent Napoléon , il Grande>