TELEGRAPHE OFFICIEL; Laybach , dimanche 27 Décembre 1812. EXTERIEUR. ANGLETERRE. Londres , 3 décembre. Le gouvernement est instruit des pertes nombreuses que jous faisons en Espagne, il craint que le public les confisse et prend tous les moyens imaginab'es de les dissimuler i mais la vérité perce toujours, et on ne peut lui dérober les mesures auxquelles on a recours pour réparer nos désastres. Plusieurs détachemens viennent d'être embarqués sur des vaisseaux de S. M. pour se rendre, malgré les vents contraires, dans la Péninsule. On craint bien que ! tous ces secours n'arrivent trop tard. L'armée de "Wellington est entamée, elle a perdu une partie de ses bagages, un de ses meilleurs généraux , sir Edouard Paget est fait prisonnier ; les Espagnols et les Portugais sont fatigués de la guerre ; la retraite ne peut se faire que très-lentement; nous payons bien cher un léger succès qui nous a enflés au point de compromettre le salut de l'armée. La fin de cette campagne est désolante. Le Morning-Chronicle dit aussi que le gouvernement vient de fréter 60 bàtimens de transport, non doublés en cuivre , à raison de vingt schellings par tonneaux, et pour l'espace de trois mois. (Gaz. de France.) INTÉRIEUR. EMPIRE FRANÇAIS. Hambourg , ï decembre. Nous nous trouvons à portée de satisfaire l'impatience relative aux grands événemens qui signalent et vont marquer la fin de la campagne de 1812. Les détails suivans ne sont point officiels; mais la source d'où nous les tirons mérite beaucoup de confiance: „ Un mouvement général s'opère sur les bords de la Duna et sur ceux du Dnieper. Une volonté unique fait mouvoir les masses françaises et confédérées ; tandis que les démarches des Busses sont subordonnées à la divergence des vues , des talens et des intentions d'autant de chefs qu'il y a de corps séparés et agissant isolément. On sent tout ce que cette différence doit avoir d'influence sur l'exécution. „ S. M. l'Empereur s'est décidé à quitter Smoiensk le 14 au soir, et à se porter par Orza, au-devant des i.e et 9.e corps, attirés dans cette direction, vraisemblablement dans la vue de faciliter au comte de Wittgenstein le plan qu'il paroissoit avoir de se mettre en communication avec l'amiral Tschtschakoff. ,, L'amiral, de son côté, s'avançoit dans les mêmes vues, et on le savoit à Slomm. „ Ces deux généraux devoient ignorer ce qui se pas-soit sur la route de Moscou ; on ne peut expliquer autre-*ni l'imprudence de leur résolusion. „ Quoi qu'il en soit, voici ce que nous savons jusqu'à ce jour des résultats respectifs du mouvement des deux par- tis * ' Le prince vice-roi, détaché avec l'armée d'Italie par Witepsk, va se trouver naturellement sur les derrières du corps de Wittgenstein, lequel aura en face et sur ses flancs les ».e et 9.e corps et les forces que S. M* conduit avec elle. On peut calculer l'embarras et*er deux ponts sur la rivière. Le due de Reggio passa, statua l'ennemi et Je mena bai fant deux heures; romeni se «uirasurJa lète du .pont de ZWjsow. Le général Legrand, officier du premier mérita , f.i blessé grièvemeti:, mais non da fige 1 e use meni. Toute la journée des 26 et 2;, l'armée passa. Le Duc de B Hune, commandant le 9.6 corps, avoit reçu ordre de suivre le mouvement du Duc de Reggio, de faire l'arriere-garde et de contenir l'armée russe de Dwina qui le sui voit. La di vir,ion Partounaux faisoit i 'ar* rière-garde de ce corps. Le 27 à midi , Le duc de Bellun( arriva avec deux divisions au pont de Studzianca. La division Partounaux partit à la nuit de Borisow, Une brigade de cette division qui formoit l'arrière-gardi et q ii étoit chargée de brûler les ponts, partit à 7 heure; du soir; elles arriva entre 10 et n heures; elle cherchi sa première brigade et son général de division qui étoient partis deux heures avant et qu'elle n'avoit pas rencontré en route. Ses recherches firent vaines, on conçut alors dei inquiétudes. Tout ce qu'on a pu connoitre depuis , cesi qne cette première brigade, partie à 5 heures, s'est égarée à 6 , a pris à droite, au heu de prendre à gauche, ci a fait deux ou trois lieues dans cette direction; que dani la nuit, et transi de froid, elle s est ral îée aux feux île l'ennemi , qu'elle a pris pour ceux de l'armée française; entourée ainsi, elle aura été enlevée. Cette cruelle méprise doit nous avoir fait perdre 2000 hommes d'Infanterie, 500 chevaux, et 3 pièces d'artillerie. Des bruits couroient que le général de division r é toi t pas avec sa colonne et avoit marché isolement. Toute l'armée ayant passé le 28 au matin , le Duc de Bellune gardoit la tête de pont sur la rive gauche; le Duc de Reggio, et derrière lui , toute l'armée étoient sur la rive droite. Borisow ayant été évacué, les armées de la Dwi-na et de Volhynie concertèrent une attaque. Le 2?, a la pointe du jour , le Duc de Reggio fit prévenir l'Empereur qu'il étoit attaqué ; une demi-heure a-près le Duc de Bellune le fut sur la rive gauche ; l'armée prit les armes. Le Duc d'EIchingen se porta à h suite du Duc de Reggio , et le Duc de Trévise derrière le Duc d'EIchingen. Le combat devint vif; l'ennemi voulut déborder notre droite; le général Doumere , commandant la 5.e division de cuirassiers et qui faisoit partie du 2-e corps resté sur la Dwina, ordonna une charge de cavalerie aux 4 e et 5.e régiment de cuirassiers, au moment où la Légion de la Vistule s'engageoit dans des bois pour percer le centre de l'ennemi qui fut culbuté et mis en déroute. Ces braves cuirassiers enfoncèrent successivement six carrés d'infanterie et mirent en déroute la cavalerie ennemie qui venoit au secours de son Infanterie; 6 mille prisonniers, deux drapeaux et 6 pièces de canon tombèrent en notre pouvoir. De son coté le duc de B.llune fit charger vigoureusement l'ennemi, Je battìi , lui fit 5 à 6000 prisonnieis et le tint par la portée du canon , loin du pont. Le général Fournier fit une belle charge de cavalerie. Dans le combat de la Beresina, l'armée de Volhynie a beaucoup souffert. Le duc de Reggio a été blessé; s* blessure n'est pas dangereuse ; c'est une balle qu'il a reçue dans le côté. Le lendemain 29 nous restâmes sur le champ de Bataille , «©us avions à choisir entre deux routes; celle de Minsi et celle de Vilna. La route de Minsk .passe au milieu d'une forêt et de marais incuftes, et il ciit été impossible à l'armée de s'y nourrir. La route de Vilna , au contraire, passe dans de très bons pays. L'armée sans cavalerie, foible en munitions, horriblement fatiguée de 50 jonrs de marche, traînant à sa suite ses malades et les blessés de tant de combats, avoit besoin d'arriver à ses magasins. Le 30, le quartier-général fut à Plochnitsi; Je i.er décembre ?. Slalct , et le 3 à Molodestschno , où l'armée a .reçu les premiers convois de Vilna. Tous les officiers et soldats blessés, et tout ce qui est embarras, bagages, etc. ont été dirigés sur Vilna. Dire que l'armée a besoin de rétablir sa discipline , de se refaire, de remonter sa cavalerie, son artillerie, son matériel, c'est le résultat de l'exposé qui vient d'être fait. Le repos est son premier besoin. Le Matériel et les chevaux arrivent. Le général Bourcier â déjà plus de mille chevaux de remonte dans différens dépôts. L'artillerie a déjà réparé ses pertes. Les généraux, les officiers et les soldats ont beaucoup soutf;rt de la fatigue et de la disette. Beaucoup ont perdu leur bigsge par suite de la perte de leurs chevaux; quelques uus par le fait des am-iiuscades des Cosaques. Les Cosaques ont pris nombre i%hommes isolés, d' Ingénieurs géographes qui levoient Jes positions, et d'officiers blessés qui maichoieut sans précaution , préférant courir des risques plutôt que de marcher posément et avcc des convois. Les rapports des officiers généraux commandant les corps, Lront connoître les «čffiders et soldats qui se sont le plus distingués, et les détails de tous les mémorables événements. Dans tpus ces mouvemens, l'Empereur a toujours marché au milieu de sa garde, 1a cavalerie commandée par je maréchal duc d'Istrie, et l'Infanterie commandée parle duc de Diniziclc. S. M. a été satisfaite du bon esprit que sa garde a montré, elle a toujours été prête à se porter partout où les circonstances l'auroient éxigé; mais les circonstances ont toujours été telles que sa simple présence a SLffi, et qu'elle n'a pas été dans le cas de donner. Le prince deNeuchâtel, le grand mare'chal , le grand £cuyer et toutes les aides-de-camp et les officiers militaires Je fa maison de l'Empereur, ont toujours accompagné S. M-Notre cavalerie étoit tellement démontée , que l'on n'a pu réunir que les officiers auxquels il restoit des chevaux; pour former quatre compagnies de 150 hommes chacune. Les généraux / fesoient les fonctions de capitaine, et les colonels, celle de sous-officiers. Cet escadron sacré, coman-ié par le général Grouchy , et sous les ordres du roi de Naples , ne perdoit pas de vue l'Empereur dans tous les mou vemens. La santé de S. M. n'a jamais été meilleure. (Mon. MINISTERE DE LA GUERRE. Armée d'Espagne. Extrait d'une lettre écrite à S. Exc. le ministre de la guerre , par le général Rey. Burgos le 2 décembre j£jz. Monseigneur, Je reçois un billet de M. le général comte d'Erlon , sn.mandant en chef J'armée de Portugal , ita té dn .17 , q:, m'annonce qOe près de 3000 prisonniers anglais, portugais et espagnols sont partis de Valladolid le 29 pour se rentre à Burgos, escortés par une briglie d'infan terie et une brigade de cavalerie légère. Parmi les prisonniers se trouvent quelques officiers anglais, et le lieutenant-g<énéral Paget; ils seront à Bu-rgos aujourd'hui ou demain. Le général gouverneur du 5.e gouvernement Signé Rey. Copie d'une lettre écrite à S. Exc. le ministre de la guerre , par M. le général Jourdan , chef de l'état-major général de S. M. C. Salamanque , le 21 novembre 1812. Monsieur le duc , J'ai l'honneur d'adresser à V. Exc. l'état des prisonniers de guerre et déserteurs qui sont entrés à Salamanque depuis le 16 jusqu'à ce soir. J ignore si M. le duc de Daim itie, dont le quartier-géa-éral doit être à Saivatierra , enaenco-uî près de lui. Lorsque j'en serai instruit, j'aurai l'hoaneur d'en rendre comte à V. Exc. Etats des prisonniers de guerre et déserteurs , eMrés a S/rU-manque , depuis le 16 novembfiç jusqu'à ce jour , 2.1 an meme mois. Anglais . . Portugais . Espagnols . Déserteurs. 7 offic. 9 idem 9 idem „ idem 25 1414 sous offic. et sold. 904 idem 849 idi-m 3,o idem . • . 3497 sous-offic. et sold. Parmi Jes officiers, se trouve le lieutenant-général P "Č3 « Napolit. 1 x 3 Cf 0 H - Leur destination Nature des chargemens Trabacoli, 1 1 Tripoli Pieleghi . 7 3 10 Venise CA 41 M Brazzere . 16 16 Chiozza -a c Bragozzi . 1 2 3 Rovigno J3 0 Batteaux . 13 5 18 Pirano Capo d'Istrie ri e ut Im 3 U Ut 3 K 37 10 1 48 Annonce ie livres, Récue-il de Lois, Décrets et Règlements à l'usage des Provinces Illyriennes , en français, avec la version italienne 14 volumes in 2.° , prix broché . . 60 francs. Le même ouvrage en français avec la version allemand 15 volumes in 8.°, prix broché . . 60 francs. Ces deux ouvrages, imprimés à l'Imprimerie Impéria. le à Paris, se trouvent k Laybach chez Licht , libraire, grande rue. II manquoit aux autorités et aux fonctionnaires des ordres administratifs, Judiciaires, Réligieux , Militaires et Financiers, employés dans les Provinces Illyriennes, m ouvrage dans lequel ils puissent trouver réunis les lois,et règlements, dont la connoissance leur est indispensable dans l'exercice de leurs fonctions. Le gouvernement a eu l'intention de leur procurer lesi avantages qu'un semblable ouvrage peut offrir, en ordonnant l'impression d'un récueil qui renferme tout ce quii constitue le système de l'administration française, dégagé des dispositions que le tems ou des nouvelles circonstances ont nécessité d'abroger. Le classement par ordre de matières que l'on a suivi dans ce recueil , offrira une plus grande facilité dans les récherches des lois et règlements. AVIS * MM. les souscripteurs, dont l'abonnement finit au décembre, sont invités i.° à le renouveller pour le premif sémestee de 1813 à la direction du Télégraphe ou aux bureau: des postes de leur récidence, 2.0 à y ajouter ce qu'il peuven redevoir sur cette année, la directiojf* ayant du considérer comme abonnés ceux auxquels elle a fait parvenir les journaux sans aveir reçu d'avis contraire. Il est nécessaire qu'ils fassent connoitre de suite leur i" tention à cause de la réimpression des adresses et l'expédition des journaux au commencement de l'année prochaine. MM. les maires dont le budjet de leur commune compri l'abonnement au Télégraphe, sont instamment priés de dèli vrerau profit du directeur, des mandats des sommes y désigné« sur les Receveurs municipaux, cette rentrée étant très nécessai'1 pour convrir les avances faites de puis la i.er janvier po" cet objet... Le Te'légraphe paroitra exactement les dimanche et de chaque semaine dans les deux langues française et allemand AVIS. Il paroit pour l'année 1813 un almanach français0 l'on trouve l'indication de l'arrivée et du départ des r°stcl dans les Provinces Illyriennes. On peut se le procurer h Laybach au bureau du legraphe officiel, chez-Kom-Itahrs , et les libraires de bach j à Villach chez Charles loseph Surst ; à Caris*2 chez loseph Dnriguzzi j à Gorice chez Mer^yiz, et à TrlS ste chea Cnesda, pour le prix de 10 centimes.