TELEGRAPHE OFFICIEL. Laybach , jeudi 22 octobre 1812. EXTERIEUR. A N G L E T E E R E. Lisbonne, 7 septembre. ' Les lettres les plus récentes de Sévilîe, annoncent que .Luit se dirigeoit sur Grenade par Baza , dans le royaume » Jaën. Ses forces doivent être considérables. Son armée j st bien équipée s les principaux chefs qui servent sous 's ordres sont les généraux Villate, Conroux, Laval, Hy, Dronot , Lallemant, Meunier , Mocqueri. La réunion • ce corps avec l'armée de Valence ne paroit plus souffrir ^'obstacles. ( Jour. de l'Empire. ) Carthagène, le 15 août. En apprenant la bataille de Mojaïsk , quel sentiment prouveront les habitans de Moscou, en voyant Napoléon s'approcher de leur ville, après les grandes victoires prétendues remportées sur ses armées? Quelle confiance un leople , que l'on trompe ainsi, peut-il avoir en son gouvernement? Et quel gouvfernerrent que celui qui peut avoir recours , h des expédiens aussi insensés que les rapports mensongers contamment démentis par l'événement? Lord Wellington a requis, dans Ja partie de l'Espagne occupée par le gros de ses troupes, une contribution extraordinaire de deux millions, sous ie titre d'emprunt. (The Stat esman) Londres , octobre. Des bruits vagues se répandent en Angleterre qu'un combat a eu lieu entre la fregate anglaise la Belvidera et la fameuse frégate américaine le Président, commandée par le Commodore Rodgers : on dit que le combat a été très-sangla/it. Du 2 octobre. Quel tableau nous offrent les détails que nous recevons de l'armée russe? Ils ne parlent que du feu et des flammes dont leurs cités sont consummées. Jamais les Scythes, leurs ancêtres barbares, qui se débordement comme une nuée de sauterelles, ne ravagèrent aussi cruellement les villes qui leur appartenoient. Le pas que les Russes ont fait vers la civilisation semble contribuer encore à exciter leur férocité naturelle. C'est en vain qu'on veut nous ùire accroire qu'ils brûlent leurs villes et leurs villages pour embarasser l'ennemi qui les poursuit. Cette mesure est naturellement plus funeste pour eux que pour l'ennemi victorieux, qui a des ressources derrière lui. Les Busses se baitent et son défaits i ils se retirent et ils brûlent; on ne peut voir la que la rage impuissante d'une armée de b irbares ; il est impossible d'y reconnaître un plan de défense , Ln système , une combmation militaire. — 450 malades ou blessés venant de l'armée d'Espagne , ont été débarqués à Plymouth. 1400 hommes sont p'cs à s'embarquer pour Lnbonne. ( Mon, Univers. ) EMPIRE D'AUTRICHE. Vienne, 26 septembre. La conscription de Vienne et de ses faubourgs s'effé-ctuera le 28, et les opérations dureront trois jours. On croit que le nombre des conscrits sera bien «e douze cents. Moniteur Univ. BAVIERE. Munich, 23 septembre. Le 25, on a célébré solennelemcnt, dans la paroisse de notre-Dame, un service funèbre pour fame du général d'infanterie comte d'Empire de Deroi, mort à Polotsk à la suite de ses blessures. Toutes les autorités civiles et militaires , le corps des officiers de la garde nationale, et un grand nombre de personnes y ont assisté. ( Monit. Univers, ) GRAND-DUCHÉ DE DARMSTADT. Darmstadt, le i.er octobre. D'après un ordre de S. A. R., il sera chanté, dimanche 4 octobre, dans toutes les églises du grand-duché, un Te Deum solennel pour célébrer toutes les batailles gagnées par l'arcée française et alliées sous la conduite du puissant protecte r de la Confédération du Rhin, et principalement pour la victoire signalée remportée, le 7 de es mois, sur l'armée russe , et l'entrée des troupes françaises à Moscou. . \ ( Monit. Univers. ) CONFEDERATION DU RHIN. Francfort, le 2 Octobre. M. le général Rapp est du nombre des généraux blessés à la bataille du 7. U étoit de service auprès de I'Em-Pjireur lorsque Compans étant blessé, S. M-. le chargea de prendre le commandement de sa division. Mais bientôt il fut atteint de deux coups de pistolet, l'un au bras, l'autre à la cuisse , qui fut en outre froissée par un boulet de canon ; malgré cela ce général n'a • point abandonné son4 poste, et a continué, pendant trois heures, de commander la division avec sa bravoure accoutumée; alors un bis* cayen le frappa à la hanche gauche, le renversa de cheval, et l'obligea de quitter le champ de bataille. Par un bonheur rare, il n'a ri^n eu de fracturé, et l'on espère que dans un mois il sera en-état de reprendre son service. ( Joum. de l'Empire ) P R U S S E. Berlin, 27 septembre. La glorieuse et mémorable victoire rempertèe le 7 de ce mois par les armées françaises et alliées, commandées par S. M. Empereur , ainsi que son entrée triomphante à Moscou, ont été célébrées aujourd'hui à Berlin, où se trouve le quartier-général du u.e corps, avec toute la joie et l'enthousiasme dignes d'un aussi grand événement. ( Mcn% Unvers. ) SAXE. Leipsick, 22 septembre. Pour «élébrer les glorieux succès des armées françaises et alliées , et principalement la victoire décisive remportée *e 7 de ce mois sur l'armée russe, on a chanté hier matin un Te Deum dans notre principale église. Le soir, toute la ville et les faubourgs ont été illuminés.1} ( Moniteur Un iver. ) R U S S I E. Pétersbourg , 14 août. On a chanté un Te Deum dans le palais de la Tauri-de , à l'occasion des victoires remportées par nos troupes sur les armées françaises. L'Empereur, les impératrices et les grands-ducs y ont assisté. L'Empereur a nommé le fcomte de Witgenstein chevalier de l'ordre de Saint-George de la deuxième classe; il a accordé à son épouse une pension de douze mille roubles. Le 9 août, on a chanté un nouveau Te Deum à i'occasion de la victoire remportée par le général Tormasow ; il a été fait chevalier de l'ordre de Saint-George de la deuxième classe. S. M. lui a fait en outre présent de cinquante mille roubles. Le général Kutusow a été nommé prince avec le titre d'altesse. ( Jour. de l'Empire ) INTÉRIEUR. EMPIRE FRANÇAIS. Mont d e-Marsan, 3 octobre. Des lettres de Valence annoncent que tous les corps de l'armée d'Andalousie, commandés par S. Exc. le maréchal duc de Dalmatie , ont opéré leur jonction avec l'armée sous les ordres de S. M. catholique, et l'armée de S. Exc. le duc d'Albulera. ( Journ. de l'Empire. ) Paris, le 7 octobre. Des lettres de la grande armée, en date du 20 septembre, annoncent que nos troupes se remettent de leurs fatigues, et qu'on a trouvé plus de ressources qu'on n'osoit l'espérer dans la ville de Moscou. Les débris de l'armée russe se retirent vers le Wolga ; et les cosaques qui ne vont à la guerre que dans l'espoir du pillage, voyant leurs ^espérances trompées, se débandent et se retirent en grand nombre. La situation de l'armée russe est déplorable ; découragée par ses revers, privée de ses magasins, elle ne sait oîi chercher des ressources. La prise de Moscou a produit une vive sensation parmi les polonais qui dans chaque perte de la Russie voient une nouvelle garantie'de leur indépendance. Quel effet un tel événement ne doit-il pas produire à Constantinople et à Téhéran, où réside la cour de Perse ! On assure que le grand-visir a été déposé, et que des tartares ont été envoyés dans tous les gouvernemens de l'empire ottcman pour annoncer cette nouvelle. L'expérience aérostatique annoncé par Ivi. Zambeccari a eu lieu le 21 septembre à Bologne; mais elle a coûté Ja vie à l'infortuné voyageur et mis en péril celte de son compagnon de voyage. Le baJJon s'élant accroché à un arbre et 6'étant enflammé, les deux aéronautes ont été précipités d'assez haut. Des secours l«ur ont été prodigués aussitôt, mais n'ont pû sauver M. Zambeccari. M. Bonaga est grii. rement blessé. (Journ. de Paris.) MINISTERE DE LA GUERRE ARMÉE DE PORTUGAL. Deux mille Espagnols, de ceux qui précédent l'armée anglaise, ayant attaqué, le 20 septembre dernier, les postes de la brigade du général Gauthier près Prodanos , c; général réunit une partie de sa brigade , et se porta sur l'ennemi; il a attaqué à son tour, et a enlevé au pas de charge plusieurs fortes positions sur lesquelles l'ennemi s'étoit établi. Les soldats des 118.e et no.e régimens ont fra nchi tous les obstacles du terrain, et sont parvenus à| déloger l'ennemi et à le forcer k se retirer sur Villafran-ca. On a fait 150 prisoniers. Le général Gauthier se loue de la conduite des troupes, du capitaine de la i.re compagnie de voltigeurs du n8.e, de l'adjudantj^najor M. Massard, du'eapitaine Man-thon, officier distingué; il fait aussi l'éloge de la conduit! des aides-de«camp Bourgouin et Chrevel qui ont constamment conduit les tirailleurs, délivré des prisonniers français, et fait des prisonniers espagnols. Le général Maucu-ne, sous les ordres duquel se trouve le général Gauthier, a saisi cette occasion pour rendre justice à la bravoure et à l'intelligence de ce général. ( Jour, de l'Empire. ) L'arrivée d'une armée française victorieuse dans l'ancienne capitale des czars , dans la grande ville centrale dt la Russie, est un des éve'nemens les plus étonnans de l'histoire moderne. Quoiqu'on soit accoutumé à voir l'Empereut des Français concevoir et éxecuter les plans de campagn» les plus vastes et les plus surprenans , la présence de ce monarque à Moscou a quelque chose de plus extraordinaire qu« tout ce que son histoire offre de plus prodigieux. La distance de Paris à Moscou , à peu près égale à celle qui séparoit la capitale d'Alexandre-le-Grand de celle de l'Empire persanj la nature des lieux et des climats qui passoient presque pour inaccessibles aux armées de l'Europe, le souvenir d'un grand guerrier dont l'audace échoua dans un projet sem-blable-, le voisinage des nations asiatiques qui déjà voient arriver chez elles les fuyards de la bat taille delaMoskwa> tout concourt à donner aux progrès de la Grande-Armée un air de prodige qui rappelle les expéditions les plus admiré de l'antiquité. Cependant, on voit des hom mes superficie!5 qui n'apprécient que foiblement les immenses pertes de I3 Russie et la position presque désespérée de cet Empire. C«s observateurs frivoles ne s'attachent qu'à mesurer de 1'®" sur une carte l'étendue géographique du territoire russe-frappés de l'immense longueur de ce territoire, ils s'imaginent que le gouvernement russe , en se retirant à Casan , et del^ peut-être à TobolsJc , pourra gagner du temps, rasse mblerie nouvelles forces, et réparer ses défaites. Cela seroit vrai si la Russie étoit, comme la France, un pays à peu P'eS également fertile et également peuplé dans toute son cten due. Mais l'extrême disproportion qui existe à cet egar entre les diverses provinces de Ja Russie, fait naître énorme différence entre la valeur politique et militaire ces provinces , considérées comme conquêtes dans la t®31 du vainqueur , ou comme asiles ouverts au vaincu. Pour faire sentir cette importante vérité, nous ^ produirons ici des calculs qui ont été faits avant 1 J u Finlande , la Giorgie et le district de Bialystock !r,nt incorporés à la Russie. Quatorze gouvernerons, formant la Russie centrale, oient, sur une surface de 34, ooo lieues, une population, i I2,360,000 habitans; ce qui donne 358 habitans par lieue rrée. Ces gouvernemens étoient ceux de Moscou , de Wahu-Cair, d'Iaroslaw, de Kostroins, de Nisch-Novogorod, de cioesan , de Timanow,de Voroueje , de Kursk, d'Orel, de La', de Kaluga , de Smolensk et de Twer. Cette partie strale est ila seule qui soit habitée exclusivement par des Russes. Dix autres gouvernemens situés principalement sur le gorysthène, dans la Pologne et dans l'Ukraine , offroient , sur une étendue de 22,700 lieues carrées, une population lie 7, 200,000 habitans. La proportion générale étoit de 5I7 habitans par lieue carrée. Ces gouvernemens sont Gro d-;0, Minsk, Mohilow , "Wolhynie , Braslau , Podoue, iCieW, Novogorod, Severski , Tchernigow , Charkow. pans cette seconde division de l'Empire, la population est mêlée de Polonais, de Cosaques et de Russes. Hors ces deux portions de l'Empire russe , véritable centre de ses forces , on ne rencontre généralement qu'une population disséminée , une fertilité médiocre; et en se portant vers les limites de l'Empire, les déserts présentent partout leur stérile immensité. Les neufs gouvernemens situés sur les bords de la Baltique ou sur les rivières qui s'écoulent dans cette mer (savoir: Vibourg , Pétersbourg , Novogorod, Tleskow, Keval, Riga, Witepsk , Courlande et Vilna ) se rapprochent cependant en valeur politiques de ceux du centre. Ils ont 4,320,000 habitans, sur une surface de 24,000 lieues carrées, ce qui fait par lieue carrée 180 individus. La majeure partie des habitans est d'une origine différente de celle des Russes; ce sont des Polonais, des Lithuaniens, des Livoniens, etc. Mais si nous portons nos regards aux extrémités septentrionales et méridionales de l'Empire, ce sont partout de tristes solitudes qui n'offrent aucune ressource. Les trois gouvernemens d'Arckhangel , d'Olonetz et de Vologda , qui appartiennent en général au bassin de la mer Blanche, comptent 960,000 habitans, sur 66,000 lieues carrées, ou 16 habitans par lieue carrée. Un quart de cette foible population se compose de sauvages errans dans les deserts. Le trois gouvernemens de Tauride , d'Ekaternoslaw et de Nikolaeiw, sur les bords de la mer Noire et de la mer d'Azof, sous la latitude de la Bourgogne, ne renferment que 1,000,000 d'habitans sur 11,000 lieues carrées, ou environ 90 par lieue carrée. Les Tartares, vexés par l'administration russe , émigrent tous les jours. Plus loin , sur les bords du Don et vers la mer Caspienne, le pays est encore plus oésert. Les contrées des Cosaques de la mer Noire , les gouvernemens d'Astrakan et de Saratow ne comptent, sur 41,000 lieues carrées , que 1,270,000 habitans, ou 30 par lieue carrée. Dans ce petit nombre d'habitans , on trouve une horde de Kali-nouks dont la majeure partie émigra en Chine, il y a quarante ans. Les deux gouvernemens d'Orenbourg ( ou d'Ufa ) et de Perm n'offrent guere un résultat plus brillant : peuplés d'un million 155,000 habitans, et ayant une étendue de 32,000 lieues carrées, ils ne comptent que trente-six indi- vidus par lieue carrée. Ici, la population est en grande partie composée de Baschkirs et d'autres nomades. En remontant vers l'intérieur, les quatre gouvernemens de Casan , de Witetska , de Pensa et de Simoirsk, nous présentent un aspect un peu moins affreux; ils comprennent 15000 lieues carrées avec 2,950,000 habitans, ou 190 par lieue carrée. La véritable Sibérie , ou les trois gouvernemens de Tobolsk , de Tomsk et d'Irkutsk, ne merite pas même d'être prise en considération. Son étendue est de 700,000 lieues carrées , mais sa population n'est que d'un million et demi, dont presque la moitié se compose de tribus sauvages.et errantes. Un pays où il n'y a que deux habitans par lieue, ne satiroit compter pour rien dans les calculs militaires et politiques. Cet exposé de faits, nécessairement arides, mais positifs et authentiques , met dans le plus grand jour 1a force et la foiblesse réelle de la Russie. Attaquez cet Empire sur sa circonférence ; enlevez lui ses provinces frontières , vos conquêtes pourront embrasser une étendue immense sans vous offrir ni des avantages bien réels sur l'ennemi , ni des moyens assurés de subsistance pour vous-mêmes ; v®us ne ferez au colosse du Nord qu'une blessure qui l'irritera sans le terrasser : portez-lui au contraire le coup décisif dans le centre même de son territoire habité, dans la seule position fertile et peuplée; emparez-vous du foyer de ses armées, du siège de son commerce et de sa culture; rendez vous maîtres de Smolensk, de Moscou, de Kalouga , de Toula , d'Oref et de Koursk , vous serez véritablement maîtres de tout ce qui constitue l'empire russe ; vous empêcherez l'ennemi de lever des recrues dans les provinces non seulement les mieux peuplées, mais encore les plus fidèles, les plus attachées au maintien de l'Empire; vous consommerez les blés , les grains, les fruits, les eaux-de vie, les viandes qui, de cette partie centrale, s'exportoient vers les provinces extérieures; vous bloquerez réellement Pétersbourg, Casan et Astrakan. Ou l'ennemi rassemblera-t-il de nouvelles forces ? Comment les reunira-t-il? Le circuit, qu'elles devront faire, depuis Pètetsbourg jusqu'au midi de Ja Russie , est à la distance qui sépare Moscou de Paris. L'armée française à Moscou communique plus rapidement, plus facilement et plus sûrement avec les pays sur la Vistule oit elle a ses dépôts, ses magasins, et la nation polonaise entière pour réserve , que le corps russe sur la Duna ne comuni-que avec le corps russe dans l'Ukraine. Les subsistances sont assurées à une armée qui est maîtresse de la Pologne et de la Russie centrale; car il ne faut pas croire que le paysan russe aime à abandonner ses foyers pour s'enrôler dans une levée en masse; le peuple russe est très peu-portée pour la guerre; le serf qui a ramassé quelques centaines de roubles ne manque jamais d'acheter un remplaçant: le seigneur qui veut épouvanter ses esclaves les menace d'être faits soldats. Ainsi, on peut être sûr que la masse des cultivateurs restera tranquille , et continuera à se livrer à ses travaux accoutumés. La Russie centrale ressemble b-'aucoup à l'Allemagne; elle peut commodément nourrir, du superflu de ses denrées^ ce demi-million de guerrier qui viennent temporairement l'habiter. Comment, au contraire, les armées russes,dispersées dans des pays incultes, se procureront-elles des subsistance; ? Elles ont pris, dit-on, la route de Casatt ' c'est le chemin des exilés qui vont en Siberie; est ce-que les généraux et les grands de la Russie ont envie d'aller faire une partie de chasse aux ours et aux rennes ? de boire du lait de jument avec les Tartares, ou de manger du chien rôti avec les Kamtchadales ? A ces considérations, fondées sur des faits positifs , il faut joindre les incalculables résultats de l'impression morale que la prise et la destruction de Moscou ont dû faire Sur les nations vassales de la Russie, ainsi que sur ses voisins , du côté de l'est et du midi. Les Tartares de Casan ne se rappelleront-ils pas qu'ils étoient indépendans des Moscovites, il y a deux siècles? Les Cosaques du Don ne se souviendront ils pas d'avoir été dépouillés de leurs privilèges. On ne sauroit guère compter surla fidélité de tant de hordes, diflérentes de Jangage , d'intérêt, de religion. Que diront les Circassiens , les Géorgiens, et tous les autres peuples du Caucase,quand ils apprendront que le czar des cx,ars a vu , en fuyant vers le Wolga , sa capitale en flammes? Ces peuples pourroient bien retourner sous la protection du schah de la Perse, dont l'armée, dans ce moment encore, attaque, sous la conduite des officiers anglais, les lignes russes du Caucase. Enfin Constantinople, qui a toujours vu Moscou avec l'oeil de la rivalité la plus haineuse, regrettera peut-être jusqu'aux foibles cessions que le dernier traité de paix a procurées à la Russie. Ainsi l'empire des czars, envahi dans son centre par une grande armée ennemie, court encore risque de voir de toutes parts ses anciens ennemis, ou même ses nouveaux amis , s'appercevoir du secret de sa foiblésse , révélé par l'immortelle expédition des Français à Moscou. ( Jour, de l' mpirt ) Fin de /'article sur le Cosaques. La propreté est une des qualités^ dominantes des Cosaques : elle brille et dans l'interieur de leur maisons et sur leurs personnes. L'habitation d'un Cosaque , sa batterie de cuisine , tous ses meubles n'ont pas moins d'éclat que ceux d'un Flollandais, et il n'entretient pas son costume avec moins de soin qu'un Anglais. Rien n'est aussi élégant que l'habillement des Cosaques, ni plus propre à faire valoir et à relever la bonne mine d'un homme. Ils portent de très larges pantalons qui descendent fort bas et montent jusqu'au mamelon. Leur gilet, qui est presque toujours de soiej est assi jeti par une large ceinture qui couvre et embrasse les reins; enfin, ils ont une petite veste de drap semblable à celui du pantalon, et ordinairement bleue ou rouge. Leur coiffure est un bonnet noir , au fond duquel tient une espèce de petit sac d'etoffe rouge. Ils ne portent jamais pour chaussure que des bottes. Ce costume est le même en paix comme en guerre, et celui de tous les habitans, parceque tout Cosaque est soldat. Seulement chez eux ils ne portent point de sabre , et le remplacent par une baguette ornée d'une pomme en ivoire. Ils ont une arme qui leur est propre, c'es,t une lance fort longue, et dont ils savent se servir avec adresse. Les femmes cosaques sont généralement grandes et belles. Leur costume, q;i ne manque pas de grâce, est composé d'une tunique en soie, d'un large pantalon semblable à celui des hom nés, d'une ceinture souvent brochée d'argent , et de bottines jaunes. Leur sein est couvert d'un mouchoir, et les jeunes filles Jaisent tombe: leurs cheveux u en plusieurs tresses sur leurs épaules, ce qui les distringue des femmes, qui les portent relevés sous un riche bonnet. La langue des Cosaques a beaucoup d'analogie avec le polonais, dont elle sembleroit être un dialecte: on y remarque un grand nombre de diminutifs et de façons de parler agréables. Leur religion est la grecque; mais ils ont quelques coutumes parliculières dans la pratique. Le respect qu'ils portent aux images n'est pas moins grand que celui des Russes. Au reste, quoiqu'ils aient beaucoup de superstitions, ils en ont un peu moins que ces derniers. Comme les Cosaques font la guerre en brigands, et qu'on ne les connoit en Europe que comme soldats, on s'est formé sur eux des idées erronées , et i'on s'est imaginé que c'etoit un peuple barbare , à qui la civilisation étoit aussi étrangère chez lui que le droit des gens l'est dans les camps à ses soldats. Mais ceux qui ont pénétré dans l'intérieur du pays en ont une opinion toute différente; en effet, le coup d'oeil que présente Tcherchaskoy , annonce us peuple industrieux à qui les arts ne sont point absolument inconnus. Cette ville s'élève au milieu du Don sur plusieurs îles marécageuses, bâtie sur pilotis , comme Vsnissj son aspect, quoique moitié magnifique, rappelle assez celui de cette cité des mers. Les rues y sont formées par îles canaux, et les piétons ne peuvent les parcourir qu'eu suivant une petite galerie très étroite qui règne le long des maisons. Sept églises embellissent Tcherchaskoy : quatre seulement sont en pierres; le reste «st en bois, aussi bien que les autres edifices publics, parmi lesquels on remarque la Chancellerie, le Palais de Justice , les prisons, la Maison-de-Ville et l'Académie , où l'on instruit la jeunesse. Les nombreuses boutiques répandues dans Tcherchaskoy contribuent beaucoup à vivifier cette ville. Comme les Cosaques aiment le mouvement et l'activité , ils se trouvent génés dans une ville où l'on peut peine te promener: ponr remédier à cet inconvénient, ils ont presque tous des maisons de campagne aux environs de la ville. On est étonné du goût et de l'intelligence avec la quelle les vergers, les bosquets et les jardins sont distribués , et on n'est pas moins surpris quand on parcourt l'intérieur des maisons, soit de ville, soit de campagne) de trouver de petites bibliothèques et des .meubles liés è^' gans , quelquefois en acajou. Sans être lettrés ni érudits, les Cosaques ne manquent pas tout-à-fait d'éducation. Comme ils sont tous soldats,: ils voyagent , et l'expérience supplée souvent chez eux avec | avantage aux connoissances qui leur manquent. Le lecteur devine que l'on parle ici, non pas du peuple cosaque» mais des chefs et de ce qui compose chez eux la bonnï j société. ( Jour, de l'Emp. ) PROVINCES ILLYRIENNES. Laybach , le iZ octobre. > Toutes les autorités civiles et militaires ont " dans l'église cathédrale de cette viile, à un Te DtU**^ chanté en actions de grâce des mémorables victoires re® portées par les armées Françaises tt principalement P° i'ennée de S. M- l'FMPEREUB a Moscou. . ^ Le canon a annoncé ce chant d'allegrtsse. Les mêmes autorités ont été réunies à un banquet chez M» l' tendant général. Le soir il y a eu illumination. ^ On a chanté au