Momčilo Savic CDU 805.90 : 800.86 : 316 Beograd UNE DIFFERENCE FONDAMENTALE DANS LA LANGUE BIBLIQUE ENTRE LE ROUMAIN ET L'AROUMAIN Sans nous ingerer au probleme si l'aroumain presente un dialecte historique de la langue roumaine ou s'il s'agit ici d' une langue a part1, nous voulons maintenant mettre en evidence une difference entre les deux idiomes a la base de l'expression que les deux: langues ou dialectes appliquent aujourd'hlii dans le style biblique. II est vrai que la linguistique traditionnelle regarde les parlers roumains balkaniques,,c'est-a-dire l'aroumain, le megleno-roumain et l'istro-roumain comme des dialectes historiques du roumain, qui representerait a son tour, un dialecte historique, c'est-a-dire le daco-roumain, devenu langue officielle et nationale de la Roumanie qui dispose d'une litterature populaire et artistique pluriseculaire.2 Les autres dialectes n'avaient pas de conditions historiques indispensables pour se lever au niveau du roumain, a savoir pour devenir langues litteraires et nationales .parce que la plupart des sujets parlant ces dialectes etaient bilingues et sans creation litteraire excepte la creation populaire. Naturellement, il est impossible de parler de la conscience nationale des personnes parlant ces dialectes en famille. Tandis que l'istro-roumain et le megleno-roumain sont reduits aujourd'hui a un nombre insignifiant des sujets parlant (le nombre des istro-roumains ne depasse pas mille personnes et celui des megleno-roumains cinq mille et demi),3 le nombre des personnes parlant Cfr. M.D. Savič, L'aroumain entre dialecte et langue (en Linguistica XXVII, Ljubljana 1987, pp. 63-72). II s'agit d'une conference tenue le 6 mai 1987 il l'Universite de Freiburg. Les idees que nous avons exposees en cette occasion sont en partie originales et en partie liees aux theories dont les auteurs sont des linguistes roumains. Cfr. George Ivlinescu, /storia limbii romane, lasi 1980, pp. 30-82, passim, il savoir les chapitres III et IV, dont les titres sont Dialectele limbii rom{Jne in epoca modema et Teritoriul de fomiafie a limbii rom{Jne si a poporului roman. Le livre de G. Ivii'nescu a eu notre presentation tres favorable, surtout dans les pages concernant l'epoque ancienne de la langue roumaine (voir Balcanica XII, Beograd 1981, pp. 182-185). Une contribution il cet egard a ete offerte aussi pour le linguiste yougoslave Radu Flora, Rumunsld banatski govori u svetlosti lingvističkegeografije, Beograd 1969, passim. Cfr. Tratat de dialectologie rom{Jneasdi, Craiova 1984, coordonne de Valeriu Rusu: aroumain, pp. 423-475 (Nicolae Saramandu), megleno-roumain, pp. 476-549 (Petar Atanasov), istro-roumain, pp. 550-590 (August Kovačec). l'aroumain s'eleve a un million et deux cent mille selon les donnees statistiques offertes par les organisations culturelles des Aroumains vivant en Europe (en premier lieu en Allemagne eten France) et aux Etats-Unis d' Amerique). 4 Avant de passer au probleme qui nous interesse ici, nous avons la tache d'expliquer mieux qui sont les Aroumains ( connus dans les Balkans sous le nom de "Tsintsar", peut-etre grace au phoneme ts, qui est tres frequent dans leur idiome). II est bien connu aussi qu'ils ont donne leur grande contribution a la formation de tous les peuples balkaniques, ce qui a fait apparaitre la sentence: Si les peuples balkaniques peuvent etre presentes comme des pains, en ce cas le$ Aroumains presentent le levain qui a rendu possible la cuisson de ces pains. Sans negliger la premiere mention d'un idiome neolatin balkanique "torna, torna frate" de l'an 587, registree chez un auteur byzantin et liee aujourd'hui a l'aroumain par les linguistes modernes5 , nous pouvons constater la premiere mention de la population parlant cet idiome au Xe siecle sur un territoire faisant partie de Byzance pour continuer sa vie de masse compacte, apres la chute de Byzance, sur le meme territoire sous la domination ottomane. II s'agit de la Valaquie (en Grece d'aujourd'hui), citee ainsi dans les documents historiques. Mais les evenements historiques n' etaient jamais favorables aux Aroumains, ce qui se voitspecialement dans notre siecle. Si le xxe siecle a rendu possible la renaissance des etats nationauxeuropeens et surtout de ceux dans les Balkans, il n'a rien offert a ce petit peuple dont !'idiome nous interesse. La retraite de l'Empire Ottoman qui fut contraint a ceder toute la region peuplee par les Aroumains aux etats balkaniques etait tres defavorable ala vie et au developpement ulterieur de ce petit groupe linguistique et ethnique. Repartis en quatre etats, apres les guerres balkaniques (Grece; Albanie, Yougoslavie, Bulgarie) et, apres la premiere guerre mondiale, transferes aussi en Roumanie, les Aroumains ne sont plus compacts comme ils l' etaient au temps de l'Empire Ottoman ou ils avaient eu des privileges concernant le commerce et la vie culturelle et ethnique. Mais s'ils avaient ete en possibilite de preserver leur langue, leurs coutumes et leur substance ethnique, ils avaient ete soumis a !'influence roumaine grace au privilege qu'avait obtenu la Roumanie dans la deuxieme moitie du siecle passe de realiser l'instruction scolaire en langue roumaine dans les regions de l'Empii:e Ottoman ou vivaient les Aroumains. Autrement dit, il s'agissait d'une autonomie culturelle et linguistique Ces donnC::es statistiques ont i:tC:: rC::pC::tC::es plusieurs {ois aussi pendant les deux congres intemationaux des Aroumains qui ont eu Jieu en 1985 il Mannheim et en 1988 il Freiburg. Cfr. Valeriu Rusu, "Toma, torna fratre" dans la perspective de /'ethnographie balkanique (en Mtlanges de linguistique dedies a la mtmoire de Petar Skok, Zagreb 1985, pp. 437-439). qui etait tres utile a cette population; mais d'autre c6te, les ecoles fonctionnaient en . . . 6 langue roumame et non pas en aroumam. Cet idiome ( dont nous avons le premier document ecrit au XVIIe siecle) avait deja, a la difference de l' istro-roumain et du megleno-roumain, une tradition culturelle qui etait mise en premier lieu a Moscopoie (cm Voscopoie), une ville aroumaine, qui se trouvait en Albanie du Sud et qui avait plus de 50.000 habitants en disposant aussi des imprimeries · qui publiaient les livres en aroumain. Cependant, cette ville avait ete detruite par Ali-pacha de Janina et ses habitants avaient ete cohtraints de quitter leur foyer. Si l'on peut parler d'une conscience nationale ou au moins linguistique des Aroumains, on doit constater qu'elle est due aux Aroumains qui avaient vecu a Vienne et en Autriche dans la premiere moitie du siecle passe en faisant conn.aissance ainsi que les autres peuples vivant en Autriche et dans les Balkans, des idees proclamees par la Revolution frarn;aise et par le romantisme. Mais les idees nouvelles penetraient a pas lent dans les Balkans, en particulier dans le Midi.7 II nous semble que les privileges que les Aroumains pouvaient profiter des ecoles en langue roumaine avaient ete tres inconvenables en ce qui concerne l'autonomie et la specialite de ce groupe ethnique et linguistique. Il faut souligner que cette population, soit-elle originaire du territoire ou elle se trouve aujourd'hui pour des siecles sans arret ou soit arrivee ici de la Mesie Superieure selon l'avis de quelques historiens et linguistes8 (nous refusons toute idee representant les 6 Cfr. Max Demeter Peyfuss, Die Arumunische Frage, ihre Entwicklung von den Urspriingen bis zum Frieden von Bucarest und die Haltung Osierreich-Ungams, Wien 1974, passim. Nous renvoyons anotre presentation favorable de ce livre (en Zbornik za istoriju Matice srpske 14, Novi Sad 1976, pp. 219-222). 7 lbidem. 8 D'apr~ une thforie, la population aroumaine descendue du Nord des Balkans, etait d'origine illyrienne ou thrace ou de toutes les dem:. Une autre theorie la considere comme heritiere des anciennes populations balkaniques preromanes (aussi bien des tribus illyriennes et thraces qui vivaient au Nord de la Grece), qui y sont autoctones. II est impossible d' accepter l'affirmation offerte dans le livre d'Achille Lazarou L'aroumain et ses rapports avec le grec, Thessaloniki 1986, qui considere que les Aroumains sont des Grecs romanises et qui insiste ala grecite primordiale de cette population. En terminant son expose, l'auteur ecrit litteralement: "Ce vocabulaire riche et varie (it s'agit du lexique d'origine grecque en aroumain) qui recouvre toutes les situations de la vie quotidienne montre clairement que les Aroumains sont des Grecs qui malgre le fait que l'aroumain leur filt impose comme seconde langue, preservent une partie du tresor inestimable de la premiere langue:" (p. 259) Mais, anotre avis, ce n'est pas prouve. Ajoutons que toutes affirmations purement linguistiques de cet auteur (qui est d'origine aroumaine) sont acceptables, mais ses affirmations restent peu croyables ou discutables quand on passe am: problemes historiques. Cfr. notre critique de ce livre (Linguistica XXVII, Ljubljana 1987, pp.189-191). Aroumains comme heritiers des anciens Macedoniens d'Alexandre le Grand, idee qui fut mise en relief plusieurs fois au Congres des Aroumains et dans leur presse comme sans fondement\ differe beaucoup de celle de langue roumaine qui se trouve a gauche du Danube parce que les deux populations avaient ete separees l'une de l'autre pendant a peu pres mille ans si nous tenons compte des grandes invasions des peuples a partir du premier millenaire de natre ere, en particulier de l'arrivee des Slaves meridionaux et, plus tard, des Hongrois qui ont coupe toutes les relations entre le monde roman du Nord du Danube et celui du Sud. 10 En abandonnant la prehistoire se referant au probleme de l'origine de la petite ethnie dont nous parlons, il faut dire que les deux congres des Aroumains tenus jusqu'aujourd'hui (un a eu lieu a Mannheim en 1985 et l'autre a Fribourg en 1988) se sont occupes des questions actuelles concernant l'intention de faire continuer a vivre le groupe aroumain en preservant ses specialites ethniques, folkloriques et linguistiques sans s'ingerer au probleme politique. Au cours des travaux des dits congres, les representants des Aroumain.s a l'aide des autres participants, parmi lesquels etaient aussi des linguistes, ont reussi a fixer leur alphabet qui differe sensiblement de l'alphabet roumain declarant en meme temps que l'aroumain represente une langue a part. II s'agissait soit du probleme de l'alphabet soit de celui concernant la langue. Quant a l'alphabet, il faut souligner que le moment decisif qui a rendu possible sa realisation actuelle, c'etait la presence des Aroumains vivant en Angleterre ou aux Etats-Unis d'Amerique dont la langue officielle est l'anglais qui possede l'alphabet sans signes diacritiques. Les Aroumains anglo-americains quoiqu' ils n'aient pas ete en majorite aux deux congres ont reussi a imposer leur proposition, c'est-a-dire l'acceptation du systeme alphabetique existant en anglais. Cette decision a ete adoptee sans doute grace aux motifs techniques, car les machines a ecrire et les imprimeries ne disposent pas toujours de signes diacritiques, ce qui complique la communication ecrite en aroumain. En adoptant le nouvel alphabet, les roumains, ala difference de ces signes qui sont indispensables en roumain (par ex. ~ et ()11 , les ont elimines n'en preservant qu' ii, ce qui -a natre avis -ne suffit pas, parce que le dernier signe ne marque pas la difference entre les voyelles ii et f existant ainsi en roumain qu'en aroumain. Naturellemerit, la reforme de l'alphabet exige une periode plus longue pour pouvoir e~re realisee definitivement, ce que montreront aussi les textes que nous-allons citer tout de 9 II s'agit -anotre avis -d'une disposition romantique qui presente un phenomene normal et present dans tous les groupes ethniques sans tradition ecrite insistant adecouvrir leur origine. 10 Cfr. M. D. Savi<:, La conjugaison aroumaine en relation aux conjugaisons des autres /angues balkaniques (en Balcanica XX, 1989, pp. 341-346). II s'agit de la communication presentee au deuxieme Congres international des Aroumains tenu en 1988 a Freiburg. Nous y avons souligne en premier lieu les divergences existant en tre le roumain et l' aroumain. 11 Les deux graphemes set t sont remplaces par les graphemessh et ts en aroumain. suite. Le nouvel alphabet est applique aujourd'hui dans toutes les publications aroumaines qui apparaissent en Europe et en Amerique, par ex., "Zborlu a nostru" (Notre parole), une revue publiee aFreiburg (Allemagne). Sans doute, il jouait un r6le preponderant a la systematisation de l'alphabet aroumain l'oeuvre de Mihail Boiagi, la premiere grammaire de langue aroumaine, publiee en 1813 a Vienne appliquant pour la premiere fois les caracteres latins dans un idiome balkanique (ce qui a ete fait plus tard par les Roumains dans la deuxieme moitie du siecle dernier, par les Albanais en 1908 et les Turcs en 1927). Soulignons aussi que la dite grammaire exposee en meme temps en grec et en allemand, et destinee en premier lieu aux Aroumains vivant en Autriche et en Turquie a ete denoncee et proscrite de la part du Patriarchat orthodoxe de Constantinople dont la langue officielle etait le grec. En meme temps, il faut rappeler que l'oeuvre de Boiagi presente la premiere grammaire d'une langue balkanique.12 Quant a la langue, nous ne mentionnons que le lexique qui differe beaucoup entre le roumain et l'aroumain, ayant en vue que le premier connait surtout !'influence slave, tandis que le deuxieme, etant limitrophe avec le grec, en a subi une grande influence.13 Ajoutons encore que la communication linguistique entre les Roumains et les Aroumains n'est pas facile aujourd'hui se rectuisant approximativement ll la communication pareille a celle qui existe entre le russe et le serbocroate. Les congres ont mis en evidence qu'il y a des ecrivains qui publient en aroumain, specialement des poetes. *** En retournant au probleme qui se trouve au centre de notre interet, c'est-a-dire a la difference entre les moyens qui servent a exprimer le temps passe dans la Iangue biblique, il faut dire que nous avons effectue les recherches des textes. Notre intention de nous occuper du texte biblique en aroumain d'il y a quelques annees, lorsque nous avons attire l'attention a cette question en ecrivant du meme probleme 12 L'oeuvre de Boiagi a vu encore trois reeditions, la premiere en 1857 et la deuxieme en 1915 (toutes les deux A Bucarest). La derniere edition, publiee A Freiburg A l'occasion des 175 ans de l'apparition de cette oeuvre est due au professeur universitaire de Freiburg, Vasile Barba, dont l'intention etait de renouveler ce livre qui n'a pas perdu son actualite malgre le temps passe. 13 A Lazarou, op. cit, passim, surtout les pages concernant le lexique. dans les lanfues balkaniques14 et aussi dans un certain nombre de langues parlees en Europe1 , n'a pas donne fruit parce que les personnages parlant l'aroumain et n'etant pas sans erudition linguistique nous ont propose de ne pas profiter de la traduction aroumaine existante, car elle presente une roumainisation de l'aroumain. Ils nous ont annonce en meme temps l'apparition d'une nouvelle Bible qui serait conforme a toutes les particularites d'un aroumain traditionnel comprehensible et intime atous les sujets parlant cet idiome. Bien que nous ayons profite jusqu'aujourd'hui de nos recherches realisees a base de l'Evangile selon saint Matthieu, nous avons a present a notre disposition l'Evangile selon saint Marc car les autres parties du Nouveau et de l'Ancien Testament n'ont pas encore connu une traduction correcte (au sens d'une expression purement aroumaine). 16 En nous arretant au deuxieme chapitre de l'Evangile mentionne, nous pouvons constater des le premier coup d'oeil une grande difference entre les textes roumains et aroumains concemant surtout le vocabulaire, les autres particularites n'etant pas moins evidentes surtout lorsqu'il s'agit des moyens morpho-syntaxiques a savoir aussi du probleme qui nous interesse. N'en donnant qu'un exemple, disons que le chapitre roumain en parole porte le sous-titre "Vindecarea slabanogului" tandis que le sous-titre du te:xte aroumain est "Vindicarea a paraliticlui" ce qui nous montre !'influence de la langue grecque sur le texte aroumain. 17 (Le sous-titre du meme texte en traduction fran<;aise est "Jesus.guerit un paralytique" ce qui se rapproche de la traduction en aroumain et non de celle en roumain ce que nous allons voir mieux en continuant/8 II est vrai que cette difference est evidente dans beaucoup d' articles de ce chapitre ainsi que dans l'Evangile entier selon Marc que nous avons eu dans nos mains. En quittant le probleme du lexique qui sort du cadre de notre interet actuel, passons aux paradigmes verbaux qui servent a exprimer le passe dans le deuxieme 14 Cfr. M. D. Savic, Quelques interrelations des langues des Pays du sudest europ~en concernant le systeme verbal (en Zeitschrift fUr Balkanologie, Band XVI, Westberlin 1980, pp. 139-147), oil Je point de depart se reduit aux moyens syntMtiques ou analytiques seivant :l exprimer Je temps passe dans les textes bibliques. II s'agit de la communication presentee au IV" congr~ de balkanologie qui a eu Jieu :l Ankara en 1979. 15 Voir M. D. Savic, Stil i jezik Vukovog prevoda "Novog zavjeta" iz današnje perspektive (u okviru evropskih jezika) (en Sastanakslavista u Vukove dane 8, Beograd 1978, t. l., pp. 141-145). 16 Nous avons depouille l'edition aroumaine suivante: S'inta Evanghelie di la Marku, Editura Avdella (traduction de Apostol Caciuperi). 17 Pour Je roumain nous nous sommes seivis de: Biblia sau Sfinta scriptura a Vechiului ~i Noului testament, sine anno. Mais l'editeur souligne qu'il s'agit d'une traduction nouvelle. 18 Nous offrons le texte fran~is sur la base du Nouveau Testament illustre en fran~is courant (traduit d' apr~ Je texte grec), Paris 1973, Alliance biblique universelle. chapitre des deux traductions analysees: tandis que la traduction roumaine montre 48 passes composes et 20 imparfaits sans aucun passe simple, la traduction aroumaine nous offre 33 passes simples, 18 imparfaits et seulement 5 passes composes, ce qui veut dire -si nous negligeons pour le moment l'imparfait reduit a peu pres au m~me nombre dans les deux traductions -que la narration en roumain est effectuee par la forme composee du passe et que l'aroumain n'y connait que la forme simple. Quant a la forme composee de l'aroumain, elle est reservee exclusivement au dialogue. Illustrons notre affirmation par un exemple textuel ou se trouvent toutes les trois formes verbales exprimant le temps passe tant en roumain qu'en aroumain! Nous donnons d'abord le texte roumain: l. Dupa citeva zile, Isus S'a intors in capernaum. S'a auzit ca este in casa, 2. ~i s-au adunat indata a~a de mul'i ca nu putea s~-i mai incapa locul dinaintea u~ii. El le vestea Cuvintul. 3. Au venit la el ni~te oameni, cari 1-au adus un slaba.nog, purtat de patru insi. 4. Fiindca nu putea sa ajunga pina la El, din pricina norodului, au desfacut acoperi~ul casei unde era Isus, ~i, dupa ce 1-au spart, au pogorit pe acolo patul, in care zacea slabanogul. 5. Cind le-a vazut Isus credin,a, a zis siabanogului: "Fiule, pacatele iti sint iertate!" 6. Unii de carturari, cari erau de fata, se gindeau in inimile lor: 7. "Cum vorbe~te omul acesta astfel? Huleste? Cine poate sa ierte pacatele decit numai Dumnezeu?" 8. Indata, Isus a cunoscut, prin duhul Sau, ca ei gindeau astfel in ei, si le-a zis: "Pentru ce ave\i astfel de ginduri in inimile voastre? 9. Ce este mai lesne: a zice slabanogului: "Pacatele iti sint iertate", ori a zice: "Scoala-te, ridica-ti patul, ~i umbla?" 10. Dar, ca sa stiti ca Fiul omului are putere pe pamint sa'. ierte pa'.catele, 11. "Tie iti poruncesc", a zis El slab3'nogului -"scoala-te, ridica-V patul, ~i du-te acasa." 12. Si indata, slaba'.nogul s'a sculat, ~i a ridicat patul, ~i a iesit afara in fata tuturor; a~a ca toti au ramas uimiti, si slaveau pe Dumnezeu, si ziceau: "Niciodata n'am vazut a~a ceva!" Nous repetons maintenant la traduction aroumaine:19 19 II faut remarquer que l'auteur applique l'alphabet roumain et non pas l'alphabet aroumain, vu que ce demier est entre en vigueur plus tard. 1 Iara dupa virna ndoua dzile, iara intra Isus tu Capernaum, 2 S-cindu si-avdzi ca easte tu casa, si-adunara multi, ca nu ma ncapea nili pri ningra u~e; s-elu la predica a loru zborlu. 3 Alumtea vinira la nisu (niste oamini), aducindului unu paraliticu, pri cari 1-purtau patru insi. 4 Ma niputindalui eJi s-hi aspuna alu lsus di itia a multimilei, dizvalira citia ditu partea iu era, s-facindalui una discJid~tura, dipusira patlu tu cari dzatea paraliticu. 5 Iara Isus, vidzindalui pistea a loru, dzise a paraliticlui: "HiJiu, ta si fiarta amartiile". 6 ~i ~ideau aclo uniJi di carturari, minduindalui tu iniiiile a loru: 7 "Tra te zbura~te a~i? Aestu blastima, cari poate s-liarta amartiile nafoara di unu dumnidzau?" 8 S-trioara cunuscindului Isus cu duhlu a lui ca a~i minduiau tu ni~i, la dzise a loru: "Tra le minduit aeste tu inifiile a voastre? 9 Te easte ma li~oru tra dzica a paraliticlui: Ta ~i \iarta amartiile; sau s-dzi\i: scoala-ti, Jia-t patlu ~-imna? 10 Ma tra si ~ti\ ca hi\ilu a omului are puteare tra s-Jiarta amartiile pr locu, (dzise a paraliticlui): 11 Ta dzicu: scoala-ti, Jia-t patlu s-nerdzi la casa a ta". 12 ~-trioara si scula, s-muntinda-~i patlu, s-duse di fata cu tut, ca s-ciudiseau tut s-mareau pri dumnidzau, dzicindului: "Virna oara nu ma avemu vidzuta a~i tiva". Avant de commencer a discuter sur la situation constatee dans les deux traductions, nous croyons utile de mettre ala disposition du lecteur une traduction fran~ise moderne du meme texte en lui offrant en meme temps la possibilite de suivre les deux textes, surtout de celui qui ne connait pas assez les deux langues traitees. Voici le texte fran~is: 2 Quelques jours plus tard, Jesus revint aCapernatim, et l'on apprit qu'il etait a la maison. Unesi grande foule s'assembla qu'il ne restait plus de place, pas meme dehors devant la porte. Jesus leur donnait ses enseignements. Quelques hommes arriverent alors, lui amenant un paralytique porte par quatre d'entre eux. Mais ils ne pouvaient pas le presenter a Jesus, a cause de la foule. lls ouvrirent alors le toit au-dessus de l'endroit ou etait Jesus; par le trou qu'ils avaient fait, ils descendirent le paralytique etendu sur sa natte. Quand Jesus vit la foi de ces hommes, il dit au paralytique: "Mon fils, tes peches sont pardonnes." Quelques maitres , qui etaient assis la, pensaient en eux-memes: "Comment cet homme ose-t-il parler contre Dieu? Qui peut pardonner les peches? Dieu seul le peut!" Jesus sut aussit6t ce qu'ils pensaient et leur dit: "Pourquoi avez-vous de telles pensees? Est-il plus facile de dire au paralytique: 'Tes peches sont pardonnes', ou de dire: 'Uve-toi, prends ta natte et marche?' Mais je veux que vous sachiez que le Fils de l'homme a le pouvoir SUr la terre de pardonnef les peches. II Il adressa alors ces mots au paralytique: "Je te le dis, leve-toi, prends ta natte, et rentre chez toi!" Aussitl')t, tandis que tout le monde le regardait, l'homme se leva, prit sa natte et partit. Hs furent tous frappes d'etonnement; ils louaient Dieu et disaient: "Nous n'avons jamais rien vu de pareil!" En comparant les trois textes cites, nous pouvons constater -comme nous l'avons deja mentionne -que le texte aroumain correspond au texte fran~is en ce qui concerne le probleme dont nous discutons, tandis que le texte roumain nous fait voir ses propres particularites, a savoir la generalisation du passe compose qui assume a son tour outre le role du passe compose fran~is ou aroumain, aussi celui du passe simple fran~is ou aroumain. (Du point de vue purement stylistique qui depasse le cadre d~ notre inter~t d'aujourd' hui, voire les formes du verbe servant a exprimer le temps passe, les textes roumain et aroumain sont plus conformes que ne le soit le texte fran~is.) Il est bien connu que la concurrence qui existe entre les formes simples et les formes composees se developpe au detriment des premieres; un proces oppose n'a pas ete constate jusqu'aujourd'hui.20 11 est normal que ce proces a embrasse un vaste territoire europeen ne pas reussissant a atteindre la peripherie ce qui est rendu evident si nous examinons les moyens servant aexprimer le temps passe en portugais, en espagnol, en albanais eten grec moderne. 21 11 s'agit des proces qui se sont accomplis dans un grand nombre de langues romanes et germaniques ce qui n'est pas toujours visible dans l'expression ecrite ou litteraire qui a inconsciemment recours aux moyens archaisants et depasses.22 11 faut ajouter encore que les 20 Au sens de notre interl!t, il faut mentionner une contribution importante offerte par Emilio Alarcos Llorach, Perfecto simple y perfecto compuesto (pp. 13-49), dans son livre Estudios de gramatica funcional del espanol, Madrid 1970 qui, s'occupant de ce probleme en espagnol, le suit de siecle ~ sieclejusqu'~ nos jours en appliquant les termes "presen te gramatical" et "presente ampliado" quand il s'agit des deux fonctions difffrentes du passe compose. 21 Nous renvoyons aux donnees statistiques· exposees dans notre contribution mentionnee Stil i jezik Vukovogprevoda ''Novoga zavjeta"... 22 Cfr. Antoine Meillet, Sur la disparition des formes simples du pret&it (en Linguistique historique et linguistique generale l, Paris 1926) qui decrit en forme succinte le probleme en question dans le domaine indo-europeen ouvrant les investigations et presentant en ml!me temps la situation dans les langages de diverses langues. linguistes europeens, en premier lieu les romanistes et les germanistes qui se sont occupes de ce probleme, aient oublie le monde slave et leurs langues tres importantes quand on insiste de resoudre le probleme en question, puisque les langues slaves orientales et occidentales (excepte le sorabe qui continue a imiter la syntaxe allemande) ainsi que le slovene parmi les langues slaves meridionales, ont perdu les formes simples du passe.23 La disparition des dites formes est evidente recemment aussi en serbocroate, oii les deux dialectes occidentaux ne connaissent pas ces formes depuis le commencement du siecle passe tandis que le dialecte oriental presente -au sujet de ce probleme -une phase de transition: nous n'y trouvons -en parlant d'une langue purement litteraire moderne -que le passe simple des verbes perfectifs sans aucun imparfait (le siecle passe nous offre aussi des passes simples des verbes imperfectifs). Le bulgare et le macedonien ont preserve a leur tour les formes simples du passe (c'est-a-dire !'aoriste et l'imparfait) conformement a un systeme syntaxique ip.fluence par la langue turque qui prend en consideration qu'il s'agit d'une action passee dant le persannage qui parle est un temain aculaire ou s'il s'agit d'une action que ce persannage transfere d'apres le recit d'un autre personnage. Quant aux parlers albanais urbains, ils ne sont pas exemptes de cette influence turque bien que la langue albanaise en principe ait recours a la forme simple ainsi que le grec soit dans sa phase ancienne sait dans sa phase moderne. Avant de conclure natre expose, naus pouvans sauligner que la difference entre le roumain et l'aroumain dans le damaine que naus avons examine est due en premier lieu a la pasitian geographique de chacune des deux langues au dialectes dont la premiere, se trouvant tres proche du centre de l'irradiation de l'innavation linguistique ne pauvait eviter le phenamene qui est evident dans toutes les langues de l'Europe Centrale-Orientale et Occidentale, tandis que l'autre, se trouvant a la peripherie europeenne, n'a ete que partiellement saumise a cette innavatian. L'aroumain a ete sans doute en ce qui concerne natre probleme principalement sous !'influence de la langue grecque en preservant tautefois une phase linguistique archaisante qui n'a pas change dans le macedanien et le bulgare ce qui est evident dans plusieurs traductions de la Bible en serbacroate.24 D'autre c6te, le roumain, bien qu'il fasse partie des langues balkaniques, se canforme ici aux langues slaves orientales et accidentales qui ont depuis longtemps perdu les formes simples pour 23 En essayant de resoudre les problemes des langues romanes et germaniques, les linguistes occidentaux oublient de recourir aux Iangues slaves qui pourraient etre tres utiles. Au sujet de notre probleme, citons une exception qui se refere au passe compose en portugais: Horst G. Klein,Algumas observafl>es sobre a ·categorizafiio do sistema verbal portugues (en Boletim de filologia, torno XXII, Lisboa 1973, pp. 295-301). 24 Voir :les tableaux synoptiques concemant ce probleme en Stil i jezik Vukovog prevoda "Novog zavjeta"... exprimer le temps passe.25 Soulignons seulement que le passe simple n'est pas une forme vivante en Moldavie deja a partir du siecle passe. 26 Il n'est pas necessaire de souligner que le texte biblique exige un style particulier qui doit etre en meme temps litteraire et comprehensible a un large pubHc. Autrement dit, un texte pareil doit refleter la dignite religieuse non celle privee de sacralite et de misticisme. Naturellement, il fallait tout d'abord transferer litteralement tous les dogmes dont nous offre un bon temoignage la traduction en vieux slave effectuee d'apres !'original grec et ou l'on voit que le traducteur respecte beaucoup de fois precisement les moyens grammaticaux de la langue grecque insistant arepeter la pensee par la meme forme verbale quoiqu'elle ne s'insere pas dans le systeme slave. Mentionnons encore le lexique qui doit etre au niveau du probleme religieux qu'on expose en prenant en consideration les doctrines chretiennes fondamentales. N'oublions pas que l'eglise orthodoxe serbe n'a pas ' encore reconnu la traduction de l'Evangile de Vuk Stefanovic-K.aradžic d'il y a plus d'un. siecle, parce qu'il avait employe quelques mots qui sortent du cadre de bon usage et quoique la traduction de Vuk ne s'eloigne pas beaucoup de celles faites apres lui! La qualite essentielle de chaque traduction est reduite a sa clarte. Enfin, nous ne devons pas oublier que les peuples europeens n'aient re~u la Bible en leurs langues que tres tard. Si la clarte et la comprehension presentent l'exigence essentielle de chaque texte, il est normal que les deux traductions, roumaine et aroumaine dont nous avons discute, s' accomodent bien a leurs Mneficiaires aussi du point de vue du probleme que nous avons expose en essayant d'expliquer la difference existante. 25 Les anciennes traductions de la Bible en roumain appliquent aussi le passe simple. Voir, par ex., les exemples que nous offre Virgil C§ndea, Ratiunea dominanta, Cluj-Napoca 1979 quand il parle des traductions effectuees au xvn• siecle. Cfr. en particulier pp. 141-143. N'oublions pas que la langue officielle d~administration et de l'Eglise orthodoxe roumaine etait pour des siecles le slavon ( c'est-ll-dire une rt'!daction du vieux slave, naturellement, en caractere cyrilliques qui mettait en relief de nombreux traits balkaniques). 26 Cfr. Alexandru Georgescu, Perfectul simplu fn dialectul daco-romiln (en Studii de gramatica, vol. II, Bucarest, pp. 29-52). -II faut souligner en meme temps que ce qui est valable pour la Moldavie est valable aussi pour la Moldavie Sovietique (ancienne Bessarabie) oil !'on parle aujourd'hui la langue moldave qui n'est pas reconnue par les romanistes occidentaux ayant en vue que la seule difference entre les deux langues soit l'alphabet. Tandis que le roumain a adopte l'alphabet latin dans la deuxieme moitie du siecle passe, le moldave a eu recours ll l'alphabet cyrillique apres la deuxieme guerre mondiale, ll savoir apres l'annexion de ce territoire ll !'Union Sovietique ayant adopte en meme temps quelques graphemes speciaux sous !'influence de l'alphabet russe. Nous y avons pourtant limite nos recherches a un style bien determine, ce qui veut dire ~u'en passant a d'autres styles, la situation peut etre changee ou au moins modifiee.2 II serait aussi interessant de dire quelques mots sur la disparition des formes simples du preterit et sur leur remplacement par les formes composees. Nous retournons a une theorie selon laquelle, il y a le mundo narrado et le mundo comentado, dont le premier exige le passe simple (et l' imparfait) et l'autre a recours au passe compose (et au present).28 L'auteur de la dite theorie, acceptable en partie, suit ce proces a partir du latin classique en passant apres aux langues romanes et germaniques. Il met en relief la difference entre le mundo narrado et le mundo comentado qui reste visible grace aux adverbes et aux locutions adverbiales aussi bien quand la forme simple du preterit disparait. Mais nous savons aussi qu'une categorie linguistique peut perdre sa nuance primordiale si elle n'est pas appuyee par la forme verbale bien determinee, c'est-a-dire en restant dans l'absence psychologique de l'interlocuteur. N'oublions non plus que le meme auteur affirme que les formes composees sont imposees d'au-dessus et non d'au-dessous (ayant en vue surtout les innovations proclamees par la Revolution fran~ise qui ouvre la porte aux formes composees), tandis que le peuple continuait a utiliser le passe simple.29 Les langues peripheriques de l'Europe et celles des Balkans donnent une confirmation serieuse a ce point de vue. N'est-il pas possible d'envisager ce probleme en integrite sans tenir compte des proces accomplis dans les langues slaves?! 27 Au lieu de citer un grand nombre d'articles traitant le probleme en question auquel nous avons dedie beaucoup de temps, nous ne mentionnons que notre livre Functiile de bazlJ ale aoristului strbocroat fi aleperfectului simplu romanesc In lumina limbilor romanice si balcanice, Pančevo 1972. 28 Nous avons eu dans nos main la traduction espagnole du livre de Harald Weinrich dont le titre original est Tempus. Besprochene und erziihlte Welt, Stuttgart 1971. La traduction espagnole porte le titre Estructura y jimcibn de los tiempos en el lengu,aje, Madrid 1974. En appliquant sa terminologie, l'auteur a modifie un peu la terminologie qu'offrent les autres linguistes comme "l'enonciation historique" et "l'enonciation du discours" ou "le recit historique" et "le rapport". 29 Le livre de Weinrich donne des exemples de diverses langues romanes et germaniques en les discutant d'une fa1;on minutieuse et subtile soit du point de vue synchronique ou diachronique. D'autre part, les pages consacrees ~ l'aspect verbal ne nous offrent rien de nouveau, ce qui est comprehensible parce que l'auteur s'occupe du temps et non pas de l'aspect verbal. Nous y renvoyons en premier Iieu aux pages traitant les problemes des temps en fran1;ais puisque ce sont les pages les plus convaincantes. Rezime JEDNA SUŠTINSKA RAZLIKA U JEZIKU BIBLDE IZMEBU RUMUNSKOG 1 ARUMUNSKOG U prvom (kračem) delu svog izlaganja autor ukratko ukazuje na istoriju Arumuna (Cincara) navodeei da se pominju tek od X. veka, dok se prvi zapis na njihovom jeziku javlja tek u XVII veku. Ističuci da je reč o romanizovanim starosedeocima Balkana, on navodi da je reč o stanovništvu podeljenom danas izmedju Grčke, Albanije, Jugoslavije i Bugarske, a dobrim delom po završetku prvog svetskog rata preseljenom u Rumuniju. Ističuci da su Arumeni dali značajan prilog formiranju i kulturi svih balkanskih naroda, autor pominje njihove zahteve, ispoljene naročito poslednjih decenija, da svoj jezik i svoju kulturu odvoje od rumunskog jezika i rumunske kulture, što su posebno naglasili odvajaj uči svoj alfabet od rumunskog, tj. unoseci posebne foneme uz pozivanje na Gramatiku arumunskogjezika koju je još 1813. godine objavio u Beču M. Bojadži, sastavljenu latiničnim pismom, pri čemu su objašnjenja data na grčkom i nemačkom jeziku. Ovo delo, koje je doživelo još tri izdanja, 1857. i 1915 godine u Bukureštu i 1988. godine u Frajburgu, predstavlja u isti mahi prvu grama tiku jednog balkanskog jezika. Ako je do danas arumunski predstavljao jedan od istorijskih dijalekata rumunskog jezika (pored dako-rumunskog, megleno-rumunskog i istro-rumunskog; ovde ne ubrajamo tzv. moldavski, priznat u SSSR-u, ali ne i van njega), Arumuni smatrajo da danas imaju prava na svoj jezik, koji je več više od hiljadu godina potpuno odeljen od (dako)-rumunskog, što se odražava, pored narodnog blaga, i u nizu novih časopisa posvečenih umetničkom i književnom stvaralaštvu, naročilo u poeziji. U drugom (dasta širem) delu autor se zaustavlja na načinu iskazivanja prošlosti u jeziku Biblije na rumunskom i arumunskom. Prateci proces zamenjivanja sintetičnih oblika analitičnim u oblasti konjugacije na širokim evropskim prostorima, prvenstveno romanskim, ali i germanskim i slovenskim, pa i nekim drugim, autor tvrdi da je do inovacije došlo u Zapadnoj, Srednjoj i Istočnoj Evropi, dok procesi koji su otuda zračili nisu još uvek stigli da zahvate i evropsku periferiju. To je i razlog što se u biblijskom stilu današnjeg rumunskog jezika prošlost iskazuje (ako izuzmemo imperfekt) isključivo složenim perfektom, dok je arumunskom, pored imperfekta, u istom stilu redovan oblik jedino aorist (kakav se upotrebljavao nekada i u rumunskom biblijskom stilu), a složeni oblik je rezervisan isključivo za dijalog.