Ji. Semestre provinces illyriennes, n.° 6 ta TELEGRAPHE OFFICIEL. sss ss Laybach , mercredi 29 juillet 1812. EXTERIEUR. ANGLETERRE. Londres, 6 juillet. Il existe en Angleterre plusieurs causes de trouble. Nous ne parlerons pas ici de ia pesànteur des taxes, de la détresse d'un grand nombre de manufactures* de la rareté des grains, du haut prix des denrées; nous ne nous occuperons pas davantage de l'irritation d'une importante partie du Royaume-Uni , blessée par le refus si longtemps prolongé de l'émancipation des catholiques , de l'arti-mosité des partis, des principes exagérés des amis de M. Cottst, des foreurs calculées des 1 uddistes ; tous ces germes de dissensions civiles ont attiré l'attention de tous ceux qui s'occupent de politique. Il en est un autre qui doit produire des fruits plus amers qu'on semble avoir à peine remarqué ; nous entendons parler de la secte des méthodistes et de ses effrayans progrès. On peut se convaincre du nombre de ces sectaires en songeant à celui de leurs journaux. Il est incontestable que les Magasins évangèltques et les Magasins méthodistes qui sont à eux et paroissent chaque mois , se tirent au nombre de plus de vingt mille exemplaires. Et comment ne concevroit-on pas les plus vives alarmes de la doctrine dts méthodistes? Un de leurs premier? articles de foi est de croire que la Providence intervient miraculeusement dans les moindres actions de la vie. Or, si Dieu récompense et punit à chaque instant d'une manière visble; il est impossible de ne pas chercher k découvrir la volonté du ciel dans les phénomènes accidentels de la nature. Cette doctrine tend en outre a mettre dans la main du clergé une puissance énorme; et l'on a remarqué que partout où elle s'est établie, les croyans, sans cesse agités par la crainte et l'espérance, se trouvent dans la dépendance absolue de leurs ministres. Un second article de foi des méthodistes non moins dangereux, est celui des impulsions et des émotions intérieures et surnaturelles. Où doit s'arrêter l'homme à qui l'on persuade que les sentimens qu'il éprouve sont des inspirations de Dieu , et qu'il doit prendre de tels avertisse-niens pour régler sa conduite? Les méthodistes haïssent les amusemens, ceux même regardés comme les plus innocens : la souffrance , les gémis-' semens, voilà les offrandes qu'ils croient devoir k la Divinité; et l'on se rappelle combien cette doctrine, professée autrefois par nos puritains, les rendit farouches, et quelle influence elle eut sur la révolution. On reproche encore aux méthodistes de tenir bien plus de compte de la foi que des oeuvres; aussi, dans leurs sermons , insistent-ils très-peu sur la pratique des vertus. Ils aspirent enfin à rendre l'homme plus réligieux que ne comporte sa nature. On les voit mêler ensemble les idées les plus sublimes et les idées les plus vulgaires. Leur piété dégénéré souvent en folie j aussi trouve-t-on dans les hospices nombre de méthodistes qui se disent des agens des apôtres. Ce que nouS venons de rapporter des méthodistes prou Ve que celte secte est très propre à séduire les pauvres et leS lgnorans. Les talenš de quëiques-unS de ses membres , lèuf- caractère qui semble irréprochable, contribuent encore beaucoup à accroître cette espèce de fanatisme. Déjà il est b en certaih que le iftéthodisme a fait dans l'église établie une invasion redoutable; il se répand en ce moment dans la flotte et à l'armée; la principauté de Galles est jmbue de ses superstitions ; toutes les mines, tout le souterrain du Cornwail sont à lili : il pénètre dans les basses étales , let s'empare ainsi des enfans du peuple; il se glisse dans les hôpitaux; et,- par des soins, de S pratiques de dévotion , s'empare de 1 esprit des pères#; il obtient en beaucoup de lieux , mais Surtout au nord de l'Angleterre , dès ffiinistrès en activité j la concession de toutes les petites cures; enfin, on peut s'attendre que la m'oyerthé et basse classés du peuple déserteront les églises desservies par le clergé orthodoxe pour se rendre au tabernacle. Če seroi t une étrange méprise que de rie froir dans le triomphe du méthodisme que la proscription de là réfigidn établie et la dégradation de la raison. Nul doute que le parti religieux des métfiodi.tes ne deviendroit bientôt un parti politique : c'est ainsi qu'en Angleterre les puritains donnèrent une ši grande force au parti des têies-rondes; et à quels excès ne devroit pas se livrer Une svete qhi joint au fanatisme des puritains une confiance aveugle dans ses ministres? On peut dire que quelques prêtres égarés ou hypocrites déculeroient du sort de la Grande Bretagne. (Journ. de l'Empire.) P O L O G N E. Varsovie 30 juin • Une nouvelle et mémorable époque commence pour la Pologne. Elle recouvre son ancien éclat et sa grandeur. La diete actuelle sera a jamais remarquable dans ses annales. En voici les détails : Le 26 de ce mois, s'ouvrit cette diète extraordinaire, avec la plus grande solennité, et la nomination du feid-maréchal-général, prince Adam Czartoiyski , comme maréchal de la diete , tut publiée. Ensuite une pétition fut présentée de la part des habitans et des plus riches propriétaires de la Pologne Russe, par laquelle ils demandent à être affranchis du joug de la Russie. Dans la séance d'hier si remarquable, le royaume de Pologne, y compris les provinces polonaises possédées palla Russie, a été proclamé ainsi', le duché de Varsovie .... n'est plus. A la publication de ce grand événement toute la salle de la diète a retenti des acclamations de joie répétées de vive Kapolèon-le-Grand ! Sur-ls-champ , les dames et tous les assistans ont arboré la cocarde nationale , bleu et rouge. Le canon de la place du palais du Gouvernement s'est fait entendre , et un enthousiasme inexprimable sest emparé des hobitans de la ville. Celte joie ressem-bloit au délire. On revoit dans notre enceinte les anciennes bannières de la Pologne , représentant l Aigle-Blanc avec les armes de Lithuanie, nn Chevalier dans son armure, monté sur son coursier. Un acte de eonfédération avoit été signé par les Etats , et il a paru une déclaration qui rappelle les Polonais encore au service de la Russie , en les affranchissant de leur serment. Toute la ville étoit hier magnifiquement illurhinéee. Des milliers de lampes éclairoient tout le jardin du gouvernement, et formoient lts plus beaux points de vue. A l'arc «te triomphe, étoit un transparent représentant les armes de Lithuanie avec les deux vers} Za spravto Bcba-tyra , dzielem xvsptlney brenii powaca Orzel bialy i bramia fo&oni. (Par la puissance du héros et des armes unies, re-paroiSient l'Aigle Bianc et son compagnon le Chevalier «ie Lithuanie.) , Les noms d'Eylan, Friedland, Pultusk et Austerlitz se voyo;ent aussi presque partout en transparent. On re-marquoit a beaucoup de maisons le portrait illuminé de S. M. l'Empereur Napoléon. Les Russes étant en retraite, on s'attend tous les jours à une bataille prés de "Wilna , à moins qu'ils ne continuent de s'éloigner. Les Polonais et l'armée combinée passeront le Niémen le 27 , près de Crodno. Le corps autrichien, fort de 35,000 hommes, sous le commandement de prince Schwarzenbeig, s'avance par Zamosk , LLblin , Siedice, vers Bzecs, sur le B ig. S. M. a daigné «onfe'rer à LL. EE. le comte Ordinat Zamoyski, sénateur woiwode, et au ministre du trésor, JVIalusxewicz, l'ordre de l'Aigle Blanc, et l'ordre de Saint Stanislas. » (Gaz. de Fran.) Fin de la délibération relative à C acte de Confédération de la Pologne. En conséquence, il est décrété ce qui suit : Art. i.er La diète se constitue en Confédération générale de la Pologne. 2. La Confédération générale de Pologne , exerçant dans toute leur plénitude les pouvoirs qui appartiennent à l'association générale de la nation, déclare que le royaume de Pologne et le corps de la nation polonaise sont rétabhs. 3. Toutes les diétines du Duché seront convoquées, et adhéreront àia Confédération; elles en adresseront les actes au conseil général de la Confédération. 4. Tous les polonais sont invités et autorisés à se con-fédérer , soit collectivement , soit individuellement, et à faire parvenir, dans le plus bref délai, ieur adhésion au conseil général. 5. Toutes les parties du territoire polonais sont appelées à se confédérer â mesure que l'éloignement de l'ennemi leur en fournira le moyen. Elles sont invitées à se forrn.r aussitôt en diétines qui enverront des députés porter leur adhésions au conseil général. Ces députés deviendront membres de la diète qui s'est fotmée en Confédération générale. 6. Tous lés officiers, soldats, employés civils er militaires, nés polonais, et habitant sur le territoire de la Pologne, injustement détenus par les Russes, sontsommés d'abandonner le service de cette puissance. 7. To-;s les militaires seront replacés sous les drapeaux de la Pologne, et les employés pourront etre replacés chacun dans une partie Correspondante de l'administration polonaise. 8. Toutes les autorités ecclésiafiques , civiles et militaires, feront, chacune en ce qui les concerne, connoître el'xistenee, i'csprit, le but de la Confédération- A cet effet, les évèques publieront des mandemens; les préfets, sous-préfets et maires adresseront à leurs administrés tous 'es actes relatifs à cette Confédération, et propres à é claU rer comme à soutenir l'esprit des contrées confiées à leurs soins. 7'ous les commandans et chefs de corps d'armée feront de même à l'égard de leurs subordonnés. 9. Tous les membres de la diète confédérée, qii ne fant pas partie du conseil-géiéral ci-dessois désigné, sont autorisés à se retirer dans letirs foyers, jisqu'à ce qu'ils soient de nouveau appelés; et la Confédération attend du zèle et du patriotisme dont ils viennent de donner des preti- * ves, qu'il emploiront cet intervalle à étendre chîcun dans leur partie, les dispositions patriotiques de leurs concitoyens, 10. La Confédération, pendant son interstice, a déléguée * tous les pouvoirs dont elle «it investie au conseil-général choisi dans son sein, résidant à Varsovie, et compasé des membres ci-dessous déssignés : MM. Stanislas, comte Zamoyski , sénateur palatin» Jean GOLASZENfSKI , é èque de Wtgry. Alexandre LiNO^vSKi, conseiller d'Etat. Martin BadeNI , conseiller d'Etat. Antoine OSTROWiKI , nonce du district de Brzezinf» Frédéric, comte SKOhZE^f SKI, nonce du district de Bronb^rg. Joachim OmhdzKI nonce du district de Lublin. François "WezYK, nonce tu district de Biala. François, comte LubieKski, député des districts de Szkalmiers et de HcbdoW. Charles Skorkowski, député de la ville de Cra-covie. Cajetan KozMIAN , secrétaire de la Confédération générale, maître des requêtes au conseil d'Etat. Art. 11. Le nombre requis pour former une délibération sera de cinq membres. 12. Le secrétaire-général a voix délibérative. 13. Toutes les autorités administratives , jndiciaireî et militaires, continueront l'exercice de leuis fonctions. 14. Une députation sera envoyée à S. M. le roi de Saxe, duc de Varsovie , pour lui demander d'acceder à la Confédération générale de la Pologne. 15. Une députation sera aussi envoyée à S. M. l'Empereur Napoléon, roi d'Italie, pour lui présenter les actes de la confédération, et lui demander de couvrir de sa puU" sante protection ie berceau de la Pologne renaissante. 16. La Confédération prend, à la f ce du ciel et de U terre, au nom de tous les Polonais , l'engagement solennel de poursuivre, jusqu'à la fin-, ft par tous les moyens dont elle pourra disposer, l'accomplissemenr du grand ouvrage qu'elle commence aujourd'hui, 17. La Confédération déclare que , dans une circonstancî où tous ses travaux , tous ses voeux , ne tendent qu'au ré-tablissement de la patrie , à la réuuion de toutes ses par" ties, elle ne pourra considérer comme un véritable Po 1°" nais, comme un bon citoyen, quiconque oseroit recherché dans le passé, des motifs de division, d'accusation, enuo mot , quiconque se permettroit aucune démarche propre & semer des germes de discorde au sein d'une famille <ïuf tout doit porter à restet unie. iS>. Les ministres sont chargés de faire connoître , ch»" cun en ce qui les concerne, soit par la voie des journaux soit autrement, tous les actes émanés de la Confédération ou qui lui seront désormais adressés. INTÉRIEUR. EMPIRE FRANÇAIS. Paris y i6 juillet. On a des nouvelles de S* M. » à la date du 5 juillet. L'Empereur continuoit de jouir d'une très-bonne santé. PROVINCES ILLYR1ENNES. Monfalcon, le 21 juillet. Au moment oii la saison des Bains attire k Monfalcon un grand concours d'étrangers et d'habitans des provinces voisines , on nous saura gré de publier la notice suivante qui renferme à-peu-près tout ce que l'on connoit de ces Bains jadis si célébrés. Notice sur les Bains fo Monfalcon. La terre de Monfalcon, une des plus fertiles des Pro* vinces Ill/riennes , et séparée du Royaume d'Italie par l'Isonze, étoit renommée dans l'antiquité pour la beauté de son site et la salubrité de ses eaux, où accouroient en foule des étrangers de toutes les Nations. On croit généralement que c'est à l'usage de ces Bains que César Auguste dût la guérison de cette maladie qui fit trembler pour ses jours et allarma tout l'Empire Son médecin , Antonius Musa , qui en avait conseillé l'usage, devint l'objet de l'entousiasme général, et l'on sait que le sénat permit à la reconnaissance publique de lui élever une statue à côté de celle d'Esculape. Selon l'opinion la plus commune ces Bains furent entièrement détruits à l'époque de l'invasion des barbares. Ceux d'eau froide, qui étoient les plus renommés, n'ont jamais été rétablis. En 1787, on en découvrit quelques vestiges dans une vigne près de Monfalcon , an pied de la montagne sur la quelle on voit encor U Rocca, ancien foit, construit au commencement du VI. siècle par ordre de Théodoric , Roi des Goths qui voulut en faire un des boulevards de l'Italie. Ce Bain étoit composé de deux grands bassins de sept pieds et demi de profondeur : l'épaisseur des murailles qui l'entouraient , le grand nombre d'inscriptions que l'on y trouva , la beaulé du marbre des Bassins dont les diverses parties étaient si bien liées qu' elles semblaient n'en former qu'une seule, et surtout la richesse du pavé entièrement en mosaïque, tout annonçiot un édifice qui avait dîl être des pins magnifiques et dont les débris exciloient à chaque pas l'étonnement et l'admiration. Il y avait d'autres bains d'eau froide à quelques milles de Monfalcon près du village de San Canciano qui étoit autrefois ce fameux port d'Aqwilée, défendu par quatre Châteaux, continuellement gardés par une nombreuse flotte et l'un des plus commerçants de l'Europe, Hnri Palladio parle d'rin beau marbre que l'on a découvert clans l'endroit où étoient autrefois ces Bains et sur lequel étoient gravés ces vers , dont nous hasarderons la traduction. Hujus ììymphn loci, sacri custodia font is , Dtrmio dum Wanda sentio mumur aqu& , Parce meum , quitquit tangis sacra marmor a , sommum tumpete : sive bnte de Lautiston, ambassadeur de S. M> J. et R. a Saint-Petersbou-g. Dresde , le 2,0 mai 1812. M. le comte , j'ai l'honneur de vous envoyer les copies de deux notes du prince Kourakin , en date des 30 avril et 7 mai ; D'une noie que j'ai adressée à cet ambassadeur le 9 du même mois, et de la réponse qu'il m'a faite le même jour; Et enfin d'une note du n mai, qui m'est parvenue hier, et par la quelle le prince Kourakin renouvelle sa demande la plus pressante pour obtenir ses passeports. S. M. ne peut pas croire , M. le comte , que cet ambassadeur n'ait pas pris beaucoup sur lui. Elle j ge convi-n*ble que vous demandiez, par une note adressée a M. le,, comte Soltik^ff, des passeports pour vous rendre aupt'es de M. le comte de Romanzotf à \/ilna ou dans tout autre lieu de rendez-vous qui vous seroit assigné. Vous annoncerez à M. le comte Soltykoff que les communications dont vous êtes chargé , et que vous ne pouvez faire qu'au chancelier ou à l'Empereur lui-même , sont aussi importantes que pressantes. Vous montrerez à M. le comte de Ramanzoff toutes les pièces que j? vous envoie. Vous txprimere2 l'étonne-ment que S. M. a dû éprouver lorsque je lui ai rendu Compte des démarches si inatten iues et si contraires aux dispositions que l'Empereur Alexandre vous avoit mani festées à vous-même; lorsqu'elle a vu que dans les notes de l'ambassadeur de Russie, on piésentoit l'évacuation de la Prusse comme une condition sur laquelle la France n'avoit pas même à délibérer; condition telle que S. M. n'en avoit jamais proposé de semblable , après les plus grandes victoires ; lorsqu'enfîn , en réclamant l'indépendance de la * Prusse, on viole son indépendance, puisqu'on exige la destruction des^ engagemens politiques qu'elle a contractés, en usant du droit qui appartient à tous les souverains. Vous ferez sentir, M. le comt", comb n les not^s du rince Kourakin sont opposées, par leur forme et par pleur contenu , aux dispositions pacifiques dont cet ambas sadeur donnoit l'assurance ; par quel esprit de conciliation S. M. est portée à p nser qu'en les présentant et qu'en y joignant la demande réitérée de ses passeports, il est allé au-delà de ce qui lui étoit prescrit , et avec quel regret, si elles étoient véritablement l'expression des intentions, et le résultat des ordres de la cour dé Pétersbourg, S. M. verroit s'évanouir tout espoir de parvenir, par une négociation qu'elle a constamment provoquée, depuis près de deux ans , à arranger enfin les différents qui divisent les deux pays. Vous insisterez, M- le comte , pour obtenir des expli-' cations qui puissent laisser encore la voie ouverte a un3 accommodement. J'ai l'honneur , etc. Signé: Le DUC DE BaSSANÒ. N.° XI. -•- Copie d'une lettre de M. le tomxe de Remanzo) a M. le comte de Lauriston. ^ilna , 27 mai au soir 1812 (8 juin.) M. l'Ambassadeur, S. M. I. vient d'être infirmée par le comte de Solty koff que V. Ë. avoit demandé k po voir se rendre prÉS d'elle , afin de pouvoir s'acquitter en personne des ordres qu'elle venoit de recevoir ne 1a part de l'Empereur son maître. Quoiqu'au milieu de ses troupes , S. M. eût trouvé plaisir à se détacher un moment de ses occupations présentés pour recevoir près d'elle l'ambassadeur d' n souverain sort aillé, mais une circonstance tout à-f»it étrangère à toutes les pensée* de S. M. l'en empêchent. Elle vient d'apprendre ce matin que le cours des postes aux lettres entre son Empire et les pays étrangers a été suspendu à Mamel , et , à ce qu'il paroît , toute commu nication avec son Empire est interdite. Depuis , elle a été avertie qu'un de ses courriers , se rendant de l'une de ses missions près d'é'le , n'a pas t fa-tenu la permission «le passer la front ère pour se rendrep en ses Etats . et qu'il a été nécessité de rebroussdp chemin. Des faits aussi extraordinaires ont besoin d'être éclaira* 5. M. n'étant pas prévenue non plus de la nature desi3 communications dont V. E. est chargée, fidèle â sona propre système , qui est de suivre le cours des choses or* dinairts 1 votre choix , et, afin de vous en procurer le moy.eh , & M. m'a prescrit de m 11 re a cet t. fife t a Votre dispositif le sieur de Baerens , officier dans le corps les Felde-Jagtrs>I qui aura l'honneur de vous remettre cette lettre. Je prie V. E., etc. Signé le comte DE ROMANZOV« AVIS. On avertit îe public, que le 30 juillet courrant on Pr . . t Les bontés que j'ai, éprouvées de la part de S. M. Empereur Alexandre , les marques de confiance dont elle voit daigné m'bqflo.râr , m'avoit empêche de prévoir aucun obstacle au voyagé que je devois faire à W'ilna. Je m'y lois donc disposé, malgré - des douleurs rhumatismales rês-violentes que jéprouve depuis plusieurs jours, sentant oute l'importance des communications que j!étois chargé '•ite faire à S. M.-ou à V. Exé. dans des circonstances ou je moindre retard est nuisible. Quel a été mon étonnèrent en recevant la lettre de V. E. J ai vu mon espoir (léçu ; j'ai vu que je* m'étois abdsé sur J'espece de constance que je supposois 'que 5. M. vouloit bien m'accorder, puisqu'elle me refuse toute communication directe, soit avec elle, soit avec V. E. dans un moment où cette confiance , que je' croyois avoir méritée par ma conduite, par mon zèle constant pour le maintien de l'alliance , pouvait et re, je n'hésite pas à le dire, de la plus gran ie utilité pour les deux Empires. Les raisons même que V. E. met en avant pour arrêter mon départ, me semble-roient au contraire devoir le rendre plus nécessaire. D<*ns des circonstances aussi pressantes , M. le comte , que peuvent produire des communications par écrit, auxquelles huit jours suffisent à peine pour avoir une réponse, et qui par leur nature même , n'offrent aucun moyen de relever assez à tems , pour en éviter les f nestes conséquences, toutes les erreurs, tous les raésent-.ndtis qu'on peut commettre de part et d'autre , et qui même sont presque inévitables. Le but principal, le maintien de la paix, ne seroit jamais atteint. C'est par ce que l'Empereur, mon m«ître, avoit senti combien les lenteurs sont piéjudiciablcs dans des momens aussi critiques, qu'il m'avoit ordonné de me rendre auprès de l'Lmpereur Alexandre et dt V. Exc. afin d'éclaircir tous les doutes, de lever toutes les difficultés sur des points importans au sujet desquels on ne peut s'expliquer que par cette voie, si l'on veut conserver l'espoir d'un arrang ment qui est constamment l'objet de ses voe: x. Dans la position nouvelle ou me place la lettre de V. Exc., il ne me reste plus qu'à prendre les ordres de ma cour sur ma conduite ultérieure. J'expedie un courrier pour les solliciter. Quant à moi en particulier , M. le comte , je ne puis cacher à V. Exc. q ie je suis profondément affecté d'un refus que je puis regarder comme m'étant tout-à-fait personnel , puisque tout autre que moi, envoyé directement par mon m.ître, soit général, soit aide-de-camp, tilt sans doute obtenu une faveur qui m'est refusée. N'ayant aucune nouvelle directe au sujet des communications que V. Exc. m'assure être suspendues entre la Russie et les pays étrangers, je ne puis répondre à cet article de sa lettre. J'ai l'honneur, etc. signé le comte d£ Lauriston. N.° XIII. — Coiie d une lettre du ministre des relations ex- térieures a M. le comte de Lauriston . Thorn , le 12 juin 1812. M. le comte , vous avez vu par la Ietti e que j'ai eu l'honne r de vous écrire le 20 du mois dernier, que la déclaration faite par le prince Kourakin, le 30 avril, et la demande réitérée de ses passeports, avoient paru k S. M. des démarches tellement fortes, tellement décisives dans la circonstance, telKmtnt opposées au langage que cet ambassadeur avoit tenu j squ'ajors, qu'elle avoit de la peine a croire qu'il n'eût pas pris beaucoup sur lui. Nous avons appris depuis que le gouvernement russe avoit fait coniv i re aux divers cabinets la condition imposée à S. M. de l'évacuation du territoire prussien comme un pre'alable indispensable de.toute négociation. La lettre que vo is m'avtz fait l'honneur de m'éenre 1e 22 mai , m annonce que cette déclaration est connue à Saint-Péter>bouig , et je la trouve en même tems indiquée dans les papiers anglais , comme vous pouvez vous en assurer en lisant la f.uille ci-jeinte. On ne peut donc plus douter, M. le comte, que le prince Kourakin n'ait parfaitement compris ses instructions, et ne s y soit conformé dans sa déclaration du 30 avril , et lorsq : il a fd t et renoi v lé la demande de ses passeports. Les démarch s du prince Koirakin avoient déterminé S. M. à pu tir de Paris. La publicité qui leur a été donnée lui a f; it sentir la nécessité de quitter Dresde, et de se r.,pproeh~r de son aimée. Elle avoit espéré que, jusqu'au dernier moment, des pourparlers pourroient encore avoir lieu; mais cet espoir ces»e d'exister, lorsqu'elle voit que les propositions qu'on anroit réellement a tu) faire sont incompatibles avec son honneur. A Austerlitz , lorsque l'armée russe avoit éié détruite, lorsque l'empereur Alexandre voyoït la sûreté même de sa personne exposée; a Tilsitt , lorsqu'il ne lui restoit plus aucun moyen de soutenir la lutte dans laquelle toutes les forces de son Emnire avoient succombé, 5. IVT. ne lui a proposé aucune condition dont son honneur pût s'offenser. Il est aujourd'hui trop certain, M. le comte, que le gouvernement est résolu â la guerre, pour qu'il convienne que vous restiez plus long-tems a Pe'tersbourg. S. M. vous ordonne de demander vos passeports, et de repasser la frontière. Vous en ferez la demande en adressant à M. le comte Soltyfcoff la note dont la minute est ci-jointe. J'ai l'honneur, etc. Signé, le duc de Bassano. N.° XIV. *— Copie d'une note de M. le comte de Lauriston à M. le comte Soltyk.Jf. Le prince Kourakin , après avoir fait les communications qui lui ont été apportées par le dernier courrier qu'il a reçu de Russie, ayant demandé ses passeports, et ayant reitéré trois fois sa demande , S. M. Ks lui a fait remettre. Elle m'ordonne de demander les miens , ma mission se trouvant finie, puisque Ja demande que le prince Kourakin a faite de ses passeports a décidé la rupture, et que S. M. l'Empereur et Roi se considère, dès cette époque , comme en état de guerre avec la Russie. XV. Copie tïune lettre du ministre dei relations extérieures, h M. le prince Kourakin. Thorn , le 12 juin 1S12. Monsieur l'ambassadeur , Par votre note du 30 avril, vous avez déclaré qu'un arrangement entre nos deu:: cours étoit impossible , si S. M-TEmPEREUR et Roi n'adhéroit pas préalablement à la demande péremptoire de l'entière évacuation des Etats prussiens. Lorsque V. E. m'annonça verbalement cette démarche, je ne lui en dissimulai pas toutes les conséquences. Après la bataille d'Austerlitz où l'armés russe étoit c-emée . apiès la bataille de Friedland , cù elle avoit été défaite, S. M montra son estime pour la valeur de cette armée, pour la grandeur dé la nation russe, et pour le caractère de JEm pereur Alexandre, en n'exigeant rien de contraire à l'honneur. U n'étoit pas possible de penser que dans les circonstances actuelles de l'Europe, votre souverain qui ne méconnoît sans doute ni le caractère de I'EmPEREUR , ni celui de la nation française si fidèle à l'honneur, voûlut déshonorer la France. S- M. I'EmPEEUR ET Roi nrpouvoit donc voir dans la condition de l'évacuation dela Prusse , comme préalable de toute négociation, qu'un refus positif de négocier. Vous avez confirmé cette opinion, M. l'ambassadeur par la demande 'que vousrav*z faite dé vos passeports le 7 mai, et que vous avez réitérée le 11 et le 24. y'ai cependant différé de répondre à V. Exc., parce que S. M. aimoit à se persuader encore que vous étiez allé audelà de vos instructions, en donnant une note , en établissant comme une condition formelle ce qui peurroit être le résultat de la négociation , et en coupant cours à toute discussion par la demande de vos passeports. Mais lorsque les dépêches de M. le comte Lauri stoti, les rapports qui parviennent des diverses cours, les publi« cations mêmes des papiers anglais nous ont appris que votre gouvernement a informé sa capitale et toute l'Europe de la résolutiou qu'il a prise de n'entrer dans aucun* négociation avant que les troupes françaises aient rétrogradé jusqu'à l'Elbe, j'ai reconnu, monsieur l'ambassa-;eur , que je m'étois trompé , et j ai du rendre justice J votre expérience et à vos lumières qui vous eussent empêché de vous porter à une démarche aussi extrême, si votre Gouvernement ne vous en avoit pas fait un devoir absolu. S. M. ne devant plus douter des intentions de votrel cour, m'a ordonné de vous envoyer vos passeports ; dont elle considère la demande réiterée comme une déclaratioa de guerre. J'ai l'honneur», etc. . À Signé le duc DB Bassa^o.