E. MEIGNEN Huit Jours en Bosnie Dessins de G. Scott et de A. BtoCH BEROIR-LEVRAULt & EDITEURS 1* A II IS .">, rue des Beaux-Arls, 5 NANCY 18, rue des Glacis, 18 Huit Jours en Bosn te DU MÊME AUTEUR VALLÉE DE CHEVREUSE Dessins île Scoti E. MEIGNEN Huit Jours en Bosnie Dessins de G; Scott et de A. Bloch BERGER-LE VRAULT & O, ÉDITEURS P a il 1 s rue des Hmutx-Arls, ,'i n a n c y 18, rue des Glacis, 18 1897 14322^! 6//, 2 A M. B. DE KÂLLAY Témoignage d'admiration pour tu grande œuvre qu'il a accomplie. INTRODUCTION La «Suisse musulmane ». — Une appréciai ion d'autrefois. — La transformation. — Plans de voyage. — La Pouszta. « Le calme, la paix, la sécurité sont inconnus dans les montagnes de la Bosnie. Les maisons ressemblent à de petites citadelles sombres et menaçantes; des postes d'observation sont, établis quelquefois dans les arbres , le long des chemins. Quiconque ose s'aventurer parmi ces populations, sans cesse armées pour attaquer ou se défendre, court à chaque instant le risque de payer cher sa témérité. » Voilà ce que disait, il n'y a pas un demi-siècle, M. Hippolyte Desprez dans son Etude sur les peuples de l'Autriche et de lu Turquie. Le pays s'est transformé depuis le jour où ces BOSNIE, I phrases ont été écrites. Avec le concours actif de M. Henri Moser, M. de Kâllay, ministre des provinces occupées par l'Autriche, a ouvert la « Suisse musulmane » aux excursionnistes d<" toutes les parties du monde. Le défilé de la Narenta, Mostar et les sources de la Bouna, les lacs de la Pliva, Jajce et sa magnifique cascade, Travnik, ancienne résidence des pachas turcs, Sarajevo, capitale moderne, deviennent aussi célèbres que les gorges de Pfeffers, le glacier du Bhône, les lacs de Brienz et de Thoune, Schaffhouse et la chute du Rhin, Lucerne et Genève. Dans les vallées de la Bosnie, encadrées de forêts vierges et dominées par les Balkans couverts de neige, les turbans, les minarets et les chants des muezzins remplacent avec avantage les chapeaux à voile vert, les enseignes monstrueuses et les cors des Alpes; on se croirait loin d'Europe, tout au moins dans cette jolie campagne de Brousse que domine le mont. ( Mvnqie. Si vous arrivez par l'Adriatique, vous revoyez Venise et Triesfe, vous visitez Spalato, construit dans le majestueux palais de Dioctétien, Zara avec sa belle muraille vénitienne, Pola , moderne vu situ important [tort de guerre, ancien en ses monuments romains, enfin, les îles de l'ïstrie e( de la Dalmatie. Si vous préférez passer par Vienne* voir Budapest, où de larges boulevards, des enseignes chaudement coloriées et une langue inconnue rappellent Varsovie, Moscou, Saint-Pétersbourg, vous traversez la Pouszta, plaine interminable aux mares couvertes de palmipèdes, aux villages pressés autour de jolies églises; sa monotonie semble une habileté de la nature, qui, à l'instar des peintres, a voulu jeter des touches sombres pour faire ressortir plus vivement les valeurs du sujet principal. CHAPITRE Ier Lf Danube et ta Save. — Un train à la nage. —Les Bosniens. — Les musulmans et les ratas. Deux formidables barrières séparent, le monde chrétien du monde musulman : le Danube et la Save. Le Danube a plus d'un kilomètre de lar-geur. Quel pont à construire ! Les ingénieurs, d'ordinaire impassibles, ont reculé devant la tache à entreprendre : ils ont jeté les yeux sur les ferries américains, et, le progrès n'étant parfois qu'un retour en arrière, ils oui accommodé le bac de nos ancêtres à la mode de nos jours. Après un long arrêt à la station d<- Gombôs Bogojeva, le train descend vers le fleuve ; il plonge et se place doucement sur un ponton gui, nui par sa machine à vapeur, file contre la chaîne lemlue d'une rive à l'autre. OH La Save, aussi large que le Danube, est le fossé de la forteresse musulmane démantelée : elle sépare les deux villages de Brod, jalons de mondes différents, et forme la limite entre les produits de la Belle Jardinière et ceux des bazars de Constantinople. Désormais, plus de souliers noirs, mais des babouches, des opankés, des bottes jaunes ou la piaule des pieds ; aux chaussettes vont se substituer des lanières étroitement serrées, ou les seules végétations de la nature ; les jaquettes et les vestons seront remplacés par des gilets brodés et des ceintures larges comme des corsets ; les turbans et les fez couvriront des figures brunies où la moustache broussailleuse semblera taillée dans la peau ridée. IVilis par le soleil et la pluie, tachés et déchirés dans les multiples occupations de la sic, les costumes orientaux ont l'intérêt des choses d'un autre temps. Ils font regretter parfois de ne pouvoir épier sur les lèvres ou dans les yeux d'une femme l'imperceptible trace du sourire, mais la vision qui passe enveloppée de féridjis épais, ou les moucharabys qui ferment les appartements réservés ont au moins le mérite de laisser le cœur calme en donnant libre cours à l'imagination. A Constantinople, un coup de vent habilement cherché , une agrafe adroitement brisée laissent apercevoir un visage fardé ou une robe apportée de Paris à grands frais ; il n'en est pas de même en Bosnie: seules, les jeunes filles ont un faible appareil de défense, un voile léger rejeté sur l'épaule. « Si tu veux voir ta fiancée, dit un vieux proverbe turc, va en Bosnie. » Les Bosniens ont l'allure martiale, et leur type n'est jamais insignifiant ni banal. Ce sont bien les descendants de ces hordes barbares appelées par Héraclius pour résister aux invasions des Boses et des Avares. Les uns, catholiques romains ou orthodoxes, sont restés attachés à la religion chrétienne, professée par saint Jérôme, > saint Cyrille, saint Méthode et saint Hy Vit ; les autres ont embrassé la religion musulmane, pour plaire aux conquérants venus de l'Orient. Autrefois , les mahométans étaient seuls propriétaires du sol ; flagellant les chrétiens du nom haineusement sonore de « ratas », ils les avaient, dépouillés et asservis. Pour se soustraire aux rapines et aux vexations, les raïas avaient dû se réfugier dans les montagnes, loin des routes ; ils vivaient comme des bêtes, cachés au fond de misérables cabanes où les fentes du toit faisaient l'office de cheminées. Us ne pouvaient ni porter le lurban, ni laisser croître la barbe. Leurs chapelles, desservies par des franeis- eains que les papes avaient envoyés pour résister aux schismes des Bogomîles et des ( irecs, ne possédaient pas de cloches, leur son pouvant troubler les prières des muezzins. Les raïas devaient gîte et nourriture à leurs frères renégats, et, le témoignage de cent d'entre eux ne pouvait prévaloir contre l'affirmation d'un musulman. Des supplices spéciaux leur étaient réservés : l'hiver, on les exposait à la fumée du bois vert ou on les inondait d'eau froide ; l'été, on les dépouillait de leurs vêtements, on enduisait leurs corps de miel, et on les abandonnait, liés à des arbres, aux piqûres et. aux chatouillements des insectes. Les premiers bandits furent des chrétiens qui avaient voulu, par la fuite, échapper à des supplices immérités. Leurs successeurs s'assurèrent la faveur et la protection des raïas en se présentant comme des justiciers, lorsqu'ils tuaient et détroussaient les riches musulmans qui parcouraient, la contrée. Le sort, des chrétiens a beaucoup changé : paysans, ils arrondissent leurs terres, ache- tant toujours, ne vendant jamais, car la privation de la propriété pendant des siècles leur a inspiré pour elle un véritable culte ; citadins, ils s'emparent des commerces productifs, à l'exemple de ces juifs d'Espagne qui, prétendant descendre de la tribu de Juda, couvrent de mépris leurs coreligionnaires allemands et russes venus en Bosnie à la suite de l'armée autrichienne. CHAPITRE II Premières impressions. — Défilé de (u Bosna. — En pleine campagne. — Cigariètes. — Les pruneaux cl lu Slivovit'sa. —■ Le « pat/s des codions », Les premiers rayons du soleil éclairent un torrent impétueux, de profondes forêts, de hautes montagnes sur le flanc desquelles le train serpente, passant avec lenteur de la vallée de la Save dans celle de la Bosna. Lorsqu'on a vu la Turquie, l'Asie mineure, l'Egypte, la Tunisie, l'Algérie, le Maroc, on associe le costume oriental à une nature ingrate et brûlée; ici, dans une campagne pleine de fertilité et de fraîcheur, il donne l'impression d'un travestissement. < lependant, nous sommes bien au milieu des musulmans : leurs maisons noires, abritées sous des plaques décorée dressées en arête aiguë, se serrent autour du vieux château de Doboj, ancienne résidence des rois de Bosnie, ou sur le rocher de Wanduk qui, percé par la roule, étrangle le torrent en précipitant son cours. Les Autrichiens, arrêtés à toul instant par des retranchements et des embuscades, mirent dix-huit jours à franchir ce défilé, qui pouvait devenir absolument inexpugnable. Les musulmans fuyaient devant eux et se reformaient plus loin, combattant en guérilleros ou en francs-tireurs. Les forêts couvrent la moitié de la province. Autrefois, les incendies tenaient lieu de coupes; leurs lâches lépreuses ont dis- [tara : une sage et habile exploitation conserve au pays sa beauté. Un tabac fin et parfumé, ressource des jolies Hongroises pendant les longues soirées officielles, remplace les genêts, les bruyères et les ajoncs ; des cigarières, favorites des « don Josés » de l'armée autrichienne, emplissent les manufactures de Mostar et de Sarajevo. De leurs produits desséchés, les innombrables pruniers de la Bosnie approvisionnent le marché européen. Mais, avant de laisser partir sa récolte, le paysan prélève la provi- sion nécessaire pour assurer sa fabrication de slivovitza, de cette eau-de-vie brûlante qu'il a trop d'occasions déboire, pendant l'année, à la santé de ses amis et à l'abondance de la récolte suivante. Au milieu des champs, parmi les meules montées sur des échasses, apparaissent des porcheries roulantes, piquées de groins; les musulmans, à qui le porc est défendu, appelaient la Bosnie le « pays des cochons ». On pouvait, aussi l'appeler le pays de l'or, de l'argent, du mercure, du cuivre, du sel, du 1er ou du charbon de terre. Il suffisait de travailler et de réunir des capitaux pour mettre en valeur les richesses dédaignées; c'est ce que font les Autrichiens, et chaque jour voit s'ouvrir des exploitations nouvelles. CHAPITRE III Sarajevo, la ville aux cent mosquées. —Hadji-Loja. — L'école des soj'tas. — Vieilles maisons turques. — Un cimetière juif . — Guerre aux tombes! — Le chant du muezzin. Au pied du sombre Trébéviç, de cette montagne aux murailles abruptes et au diadème de neige que les Autrichiens durent enlever à la baïonnette, s'étend Sarajevo, la Bosna-Séraj des Turcs, la ville porc-épic dont toutes les pointes sont des minarets. Là se trouvait jadis le camp retranché de la Bosnie. La vieille forteresse qui domine le cours de la Miljatchka rappelle la domination des souverains slaves et, dans ses épaisses murailles, le vizir turc, relégué à Travnik, ne pouvait séjourner que quarante-huit heures chaque année. Lu 1878, les Autrichiens y rencontrèrent le meneur fanatique Hadji-Loja, qui, par ses prédications enflammées, provoqua le massacre et l'incendie; devenu ermite, il égrène aujourd'hui son chapelet sur le tombeau du prophète, en priant pour l'indépendance de ta Bosnie. Le vieux Sarajevo, la ville de bois des Turcs, disparaîtra un jour. Des incendies formidables ont réduit en cendres bien des maisons pittoresques; plusieurs palais, de somptueuses églises, un musée qui montre la variété des costumes de la Bosnie et réunit les richesses des nécropoles néolithiques et des colonies romaines, ont effacé la trace de repaires où les farouches musulmans croyaient arrêter à tout jamais la civilisation européenne. L'Autriche a voulu donner un témoignage éclatant de son respect pour le passé : elle a construit, sur les modèles les plus purs de l'architecture orientale, un immense édifice où les soft is se livrent à l'étude du Coran et du droit musulman. Certains quartiers de Sarajevo ont conservé leur aspect d'autrefois. Suivez les borda de la Miljatchka, ou montez vers la citadelle, vous trouverez de vieux ponts, des maisons suspendues, des cafés où les ► tziganes jouent des airs épi-leptiques pendant que la bière, seule pas interdite parce que, quoique prophète, il ne l'avait pas * prévue, coule à Ilots aussi pressés que dans les brasseries de la Friedrichsstrasse. Par un chemin pierreux gui domine la rivière, on arrive au cimetière juif, chaos de rochers couverts de caractères hébraïques. Le cimetière musulman est à l'autre extrémité de la ville, au-dessus dos gorges de la Miljatchka, dans un endroit où les maisons à toits de bois, cachées dans la verdure et les Heurs, ont la poésie de pagodes japonaises. Si les femmes, qui n'ont pas accès dans les mosquées, oui place dans les cimetières, c'est à la condition (pie leurs cippes, privés de l'ornement du turban, porteront le stigmate de leur infériorité. Et pendant bien des siècles un esclave favori — honni soit qui mal y pense ! — occupa aux cotés de son maître la place de l'épouse légitime. Dans les villages, 1rs cimetières entourent les mosquées. Il en était de même dans la capitale, mais les Autrichiens ont apporté dans leurs bagages les théories hygiéniques du xix* siècle. Une (pave question se posa, dès les premiers temps de l'occupation : comment faire disparaître les anciens tombeaux, gui envahissaient la moitié de la ville, l'espace occupé par les morts s'étant étendu chaque jour aux dépens des vivants? On ne pouvait violer les prescriptions du Prophète sans s'aliéner à jamais les populations du pays. Mais le Coran défend «le toucher aux tombeaux, et ses interprètes insouciants, fatalistes et économes, se sont facilement persuadé qu'ils commettraient un sacrilège, même en cherchant à les réparer. 11 suffisait alors d'aider la nature à accomplir la tâche qu'on ne pouvait entreprendre. Une épaisse verdure est chargée d'effacer, sans récriminations ni révoltes, la trace des monuments; les arbustes d'un jardin public, habilement dirigés, enlacent les derniers stèles, et leurs rameaux meurtriers les ensevelissent sous les fleurs. Un jour prochain, le terrain à bâtir aura conquis la place où se livre la lutte entre la vie végétative et. le souvenir des morts. Cent minarets d'une blancheur d'albâtre se détachent de la verdure au milieu des toits noirs. Quelle légion d'imans, de cheiks, de muftis, de kialifs, de muezzins, de lecteurs et de chanteurs représentent ces mosquées «le Sarajevo ! Ou voit bien que la religion musulmane, réserve des chefs, privilège des propriétaires du sol, a toujours été richement dotée. Cinq fois en un jour, de tous les minarets de la Bosnie et de l'Herzégovine, tombent les plaintives modulations gui appellent les fidèles à la prière. Le muezzin, debout sur la galerie, les mains appuvées à la balustrade et les veux au ciel, s'arrête aux quatre points de l'horizon cri se tournant d'abord du coté' de la Mecque, et chante la grandeur d'Allah. La plus importante des mosquées de Sarajevo porte le nom du pacha victorieux l srev, (pii la lit construire au xvi* siècle ; on L'appelle vulgairement la mosquée du beg, la djauùa begova. Dans la cour ombragée, les fidèles font leurs ablutions ;'i la fontaine sacrée; quelques-uns saluent en passant le turbé du fondateur, assisté jusque dans la mort par un de ses esclaves les plus chers. \n portique à cinq baies, couronné de calottes noires et blanches, donne accès dans le temple où, sur les tapis Hait Joues en Bosnie. a i et les nulles, des musulmans sont accroupis en lace du nu lirai) qui signale la direction de la Mecque. Aux murs blancs s'enlacent des versets du Coran, formés de cette gracieuse écriture serpentine que les Orientaux tracent avec une lenteur d'artistes, penchant la tête à chaque mot pour juger de l'effet produit. CHAPITRE IV Le bazar. — Commerçants bosniens. — Trop defêlesl Les tapis et le damasquimvje. — Nocturne. La ville de Sarajevo jouit de l'autonomie communale : à la tête de sa municipalité se trouvent le beg capitano vich, musulman, et un adjoint, orthodoxe. Le palais municipal domine le quartier commerçant, la Çarsia, dont la fontaine grillagée est jonchée de petits marchands et de misérables en quête de corvées. Le bazar est la grande attraction des villes orientales: c'est là que se concentre leur animation. A Sarajevo, les rues qui le composent présentent une suite ininterrompue d'échoppes sans portes ni fenêtres, séparées par des planches et fermées, le soir, par des auvents de 77 45 bois. Les toits se touchent presque, répandant une obscurité favorable au far niente. Au cré- puscule, les marchands regagnent leurs harems, laissant à la grâce d'Allah les cahutes de bois où la moindre étincelle causerait, des désastres. Ils ont encore présent à la mémoire Huit Jours ru Bosnie. 2 5 le terrible incendie de 1879, qui réduisit en cendres plus de trois mil lions de marchandises dans le souterrain du bezestan. ■ïambes croisées, les uns frappent le métal à petits coups pressés, les autres contemplent la fumée de leurs narqhilehs ou de leurs cigarettes en attendant la clientèle. Chaque commerce occupe une rue, étroite et sans mystère, où l'égalité devant le client est la règle, car la concurrence Ferait naître des haines farouches et engendrerait de furieux pugilats. Pour montrer une étoffe de luxe, des armes d«; prix, des bijoux précieux, le marchand doit ouvrir des tiroirs multiples, déplacer des objets encombrants, trouver la clef d'armoires hermétiquement fermées. Aussi ne « magasine »-t-on pas à Sarajevo comme dans les riches magasins de Broadway ou de la cinquième Avenue ! La différence des religions favoris*1 l'apathie cl la paresse. Musulmans, juifs espagnols, chrétiens s'embrouillent à plaisir dans leurs fêtes respectives, et chôment volontiers les vendredis, samedis et dimanches de chaque semaine. Rares sont les journées qui ne sont coupées que par la sieste de midi ! Ce n'est pas au bazar qu'on rencontre les ouvriers appelés à relever le commerce national. Des écoles professionnelles ont été créées. Le gouvernement autrichien, développant chez les jeunes fdles des dispositions séculaires pour la confection des tapis, a obtenu, en quelques années, des artistes d'une habileté remarquable : elles donnent aux pièces qui leur sont conliées une véritable originalité. Les garçons sont réunis à l'école d'art industriel OÙ, sur les modèles du musée, ils 242522 retrouvent les procédés d'incrustation et de damasquinage perdus par la nonchalance des uns et par la mort des autres, qui avaient fait donner à la ville de Bosna-Séraj le surnom de « Damas de l'Occidenl ». Rien n'est poétique comme une nuit d'été à Sarajevo ! On se croirait en Grèce ou en Egypte : le ciel, sablé d'étoiles, couvre les maisons d'un dôme argenté. Quittez alors la soirée officielle où se coudoient les habits noirs, les uniformes autrichiens et les costumes musulmans; abandonnez le fumoir où le métropolite et le grand rabbin voisinent avec les Autrichiennes et les Hongroises, et gagnez la citadelle d'où la ville, dominée par les montagnes, apparaît comme un nid dans l'angle de la plaine immense. Au retour l'éclat des lumières vous montrera vos habits blanchis, couverts d'une poudre impalpable, mais vous aurez entendu les mélopées du soir ou les psalmodies des muezzins; la lumière du gaz vous aura montré des joueurs accroupis sur des bancs, dégustant lentement, le clû-bouk aux lèvres, les lasses minuscules de ce café maure qui laisse à la bouche un rjoùt fade ; enfin vous aurez surpris, dans la pénombre de la rue, bien des scènes pittoresques qui vous auront semblé jouées par des masques à la sortie d'un bal costumé. CHAPITRE V La « saison » de Sarajevo. — Les courses. — Les chevaux fourrés. — Sur la route d'/lidce. — Chrétiens, musulmans, spagnioles et tziganes. — Moines cavaliers. Sarajevo a sa saison, comme Dieppe ou Trouville. Au mois ri.r Fuurnier, décerné par la Société de géographie de Paru à l'œuvre géographique la plus considérable de l'année. VOYAGE EN FRANCE par Ardouin-Dumazet VOLUMES PARUS /re série : Le Morvan, le Val de Loire et le Perche. 2e série ; Des Alpes mancelles à la Loire maritime. S" série : Les Iles de l'Atlantique : I. D'Arcachon à Belle-Isle. — Avec 19 cartes. série : Les Iles de l'Atlantique : II. D'Hoëdic àOuassant. — Avec 25 cartes. 5e série : Les Iles françaises de la Manche et Bretagne péninsulaire. — Avec 26 cartes. 6"c série : Cotentin, Basse-Normandie, Pays d'Auge, Haute-Normandie, Pays de Caux. — Awe, 2'.) nu-tcs nu croquis. 7e' série : La Région lyonnaise : Lyon, Monts du Lyonnais et du Forez. — Avec L9 cartes ou croquis. 8e série : Le Rhône du Léman à la mer : Dombes, Valro-mey, Bugey, Bas-Dauphiné, Savoie rhodanienne, La Camargue ■ Avec 22 Cartes mi croquis. 9V série : Bas-Dauphiné : Viennois, G-raisivaudan, Oisans, Diois et Valentinois. — Avec 23 cartes ou croquis. 10° sera' : Les Alpes du Léman à la Durance. Nos Chasseurs alpins. Avec 25 cartes. 11* série : Forez, Vivarais, Tricastin et Comtat-Venaissin. — Avec 25 cartes. I"2- série : Alpes de Provence et Alpes maritimes. Chaque volume iK-ia, d'euviroh 35o pages, avkc. cartes, broché : il lli. .»« c, Le prospectus détaillé de la collection est enraye sur demande. 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