MEMOIRE Présente à la Conference Je la Paix, à Paris, concernant les Reventlications clu Royaume des iSerLes, Croates et iSlovènes. MEMOIRE Présente à la Conference Je la Paix, à Paris, concernant les RevenJications du Royaiinie des 5erLes, Croates et Slovònes. Les délégués du Roj'aume des Serbes, Croates et Slovènes ont l'lionneur d'exposer d.ins le présent acte les revendications de leur peuple et de faire ressortir la concor-dance de ces revendications avec Ics prlncipes proclamés au cours de la guerre mondiale, ainsi quo leur accord avec les seules condillons qui puissent servir de base à l'établis-sement d'une paix juste et durable. Les circonstances aurvenues au cours de cette longue guerre avaient amené un écliange de vues entre le gouvernement serbe et ses alliés, concernant ses revendications nationales et les ollres faites à la Serbie de la part des alliés. Toutefois, nos revendications n'ont jamais lait l'objet d'un exposé d'ensemble, cet exposé intégral ayant été laissé pour l'heurci où l'organisation de la future paix mondiale vien-drait à l'ordre du jour. Cette terrible guerre n'est point un phénomène fortuit et imprévu. Tout au contraire, elle n'a été que hi suite logique de la poKtique de l'Empire Allemand et du principe de la primauté de la force sur le droit. Au cours de quarantc-trois années, l'Allemagne, toujours conséquente avec elle-méme, s'est préparée en silence à la guerre. Elle n'attendait que le moment propice pour surprendre un jour le monde entier par ses rapides succès de guerre qui devaient la mettre à mc'me d'asseoir solidement sa suprématie sur le monde entier, occupé à cetlc epoque par des idées de pacilìsme, par la liinilalion des arniemcnts et la conclusion de Conventions internationales d'arbi trage. Après l'airaiblissement de la Russie en Extrc'ine-Orient, où elle a étc poussée par l'astucieuse politique allemande, l'anncxion de la Bosnie-Herzégovine est surve-nue, simultanement et de concert avec la proclamation d'indépendance de la Bulgarie, ce qui a failli provoquer la gueri'e européenne. Knsuite Agadir est survenu, puis l'insurrection albanaise, lomentée par l'Autriche, enfm la proposition autrichienne à la Turquie visant à la création d'une Albanie de quatre " vilayets ", proposition emise dans le but d'assurer la suprématie allemande dans les Balkans et de faire échouer les aspirations des peuples balkaniques. Cettc demarclie de l'Autrichc-Hongrie a eu pour conséquence la formation du bloc balkanique qui, de son coté, invita la Turquie à exécuter les réformes prevues par le Traité de Berlin, ce qui amena la guerre des Etats balkaniques contre la Turquie (1912). Dès le commencement de la guex-re balkanique, l'Autriche-Hongrie s'est "réservé" certains droits particu-liers dans les Balkans, tout en évitant d'abord d'intervenir dans la guerre. Plus tard, elle a tenté de provoquer un conllit sur des questions qui ne l'auraient mise directement en face que de la seule Serbie ; telles furent, l'airaire Prohaska, la demande faite à la Serbie de retirer ses troupes d'Albanie, ensuite l'ultimatum à la Serbie exigeant son retrait de Scutari. Plus tard, elle a encouragc la Bulgarie, à propos de la délimitation des territoires conquis pendant la guerre balkano-turque, à entrer en guerre contre ses alliés d'alors, quoique la Bulgarie fùt obligée, de par le traité d'alliance, d'accepter l'arbitrage de l'Empereur de Russie. Tous ces procédés jigressifs de l'Autriche-Hongrie contre la Serbie ont pris naissance à partir de l'epoque où la Serbie a repoussé l'ofìre austro-hongroise d'entrer avec elle dans une union douanière perpétuelle, en échange de quoi l'appui austro-hongrois dans la solution des questions balkaniques lui aurait été assuré. Nos alliés de 1'Entente connaissent les ellbrts tentés par l'Autriclie-Hongrie auprès de l'Italie et de la Roumanie pour décider ces deux puissances à garder la neutralità dans un conilit arme contre l'Autriche-Hongrie et la Serbie. Ces propositions n'ayant pas reü guerre contre les Turcs. Dans celle dernlère guerre, l'Aulrlche a voulu écraser la Serbie et alleindre Salonique. Mais c'est elle-mème qui fui écrasée, larnlis que la Serbie, aidée de ses grands alliés, en est sortie viclorieuse et s'esl organisée en un Ktiit unitaire avec les territoires 3'ougo-slaves de l'ancienne Autriche. 11 est de l'inlerèt absolu de la paix iulure que des conditìons normales d'existence soient enlìn assurées dans cette parlie importante de l'Europe ; elles ne peuvx'nt Tètre que par la création d'un Etat unitaire, fonde sur le principe des nalionalltés. L'inlerèt general exige qu'à cet Etat soient assurées toutes les possibililés d'une existence reguliere ; ce n'est que de cette fagon qu'il pourrii se consolider et consacrer toutes ses énergies à son développement économique et intellectuel. Et ceci ne se pourra que si notre peuple, qui a conquis son independance, résout compiè tement le probleme de ses Irontières d'Etat, de Ielle faq;on qu'elles englobent lous ceux qui apparliennenl à la race des Serbes, Croates et Slovènes. Le principe des nationalilés impose cette solution comme condition formelle du nouvel etat de choses qui doit étre créé à la Conference de la Paix. Notre Etat a une base nationale, c'est pourquoi notre peuple reclame ce qui lui appartieni. Le principe des nationalilés et le droit des peuples de disposer d'eux-mèmes conslituent la base de notre Etat. En conséc]uence, nous demandons que soit reconnue l'union à notre Etat de lous les paj'-s qui, en accord avec le principe des nationalilés, doivent lui appartenir. Nos revendicalions soni donc jusles, morales et libé-rales; elles soni également inspirées des principes solen-nellement proclamés par les Etats alliés et associés comme étant ceux qui doivent constituer la base du nouvel ordre en Europe. Aucun peuple d'Europe n'a salué avec plus de joie les principes au nom desquels nos alliés et les Elals-Unis de l'Amérlque du Nord ont conduit cette guerre mondiale, que le notre, qui, pendant des siècles, n'a cessé de combaltre pour la garantle de scs llbertés nationales et de son existence. G race à la vaillance et à l'esprit d'abnégation de nos puissants alllés et des Etats-Unis de l'Amérique du Nord, après des pcrtes et des dévastations atroces, la victoire est restée aux mains de ceux qui se sont levés pour la defense de la justice et de la civilisation humaine. Les représentants du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes, prient la Conference de la Paix d'examincr équitablement leurs revendications et de les adopter.