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COLLECTION
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(E U V R E S
D E
- Jo ROUSSEAU
avec Figures en taille-douce.
NOUVELLE EDITION;
Soigneufement revue & corrige'e.
Tome onzieme.
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cjeat,
BmmrmEM
A NEUCHATF.L,
De rimprimerie de Samuel Fauchbi
Libraire du Roi.
M. DCC. L X X V,
TJt pfallendi materiem difcerent. Martian. Cap.
TOME SECOND.
* DICTIOMNAIRE
D E
M U S 1 Q U E.
-A- •$* -it- v •$* 4* *$• •$* v' *$• 'V' 4* 4 - •¥• *$* v* v’
N.
Aturel , adj. Ce mot en Mufique a plu-
fieurs fens. T. Mufique Naturelle eft celle que
forme la voix humaine par oppofition a la Mu¬
fique artificielle qui s’execute avec des Inftru-
mens. 2°. On dit qu’un Chant eft Naturel , quand
il eft aife , doux, gracieux . facile : qu’une Har-
monie eft naturelle, quand elle a peu de ren-
verfemens, de Diflonnances ; qu’elle eft pro-
duite par les Cordes eflentielles & Naturelles
du Mode. 3°. Naturel fe dit encore de tout Chant
qui n’eft ni force ni baroque, qui ne va ni trop
haut nitrop bas, ni trop vite ni trop ientement.
4“. Enfin la bonification la plus commune de
ce mot, & la feule dont l’Abbe Brolfard n’a
point parle, s’applique aux Tons ou Modes dont
les Sons fe tirent de la Gamine ordinaire fans
aucune alteration : de forte qu’un Mode Naturel
eft celui ou Ton n’emploie ni Diefe ni BemoL
Dans le fens exact il n’y auroit qu’un feut Ton
Naturel , qui feroit celui d’ut ou de C Tierce
majeure; mais on etend le nom de Naturels a
tous les Tons dont les Cordes eflentielles ne
Tome XI. A
2
N E T.
portant ni Diefes ni Bemols, permettent qiron
n’arme la Clef de Fun ni de l’autre : tels font les
Modes majeurs de G & de F, les Modes mineurs
d 'A & de D,&c. ( Voyez Clefs transpose'es,
Modes, Transpositions.)
Les Italiens notent toujours leur Recitatif au
Naturel, les changemens de Tons y etant fi fre-
quens & les Modulations fi ferrees que , de quel-
que maniere qu’on armat la Clef pour un Mode,
on n’epargneroit ni Diefes ni Bemols pour les
autres, & l’on fe jetteroit, pour la fuite de la
Modulation , dans des confufions de fignes tres-
embarraifantes, lorfque les Notes alterees a la
Clef par un ligne fe trouveroient alterees par ie
ligne contraire accidentellement. (Voyez Re'ci-
TATIF. )
Solfier au Naturel , c’eft folfier par les noras
mturels des Sons de la Gamme ordinaire , fans
egard au Ton ou I’on eft. (Voyez Soleier.)
Nete , f f C’etoit dans la Mufique Grecque
la quatrieme Corde ou la plus a igue de chacun
des trois Tetracordes quifuivoient les deux pre¬
miers du grave a l’aigu.
Quand le troifieme Tetracorde etoit conjoint
avec le fecond , c’etoit le Tetracorde Synneme-
non , & fa Nete s’appelloit Nete Synnemetton.
Ce troifieme Tetracorde portoit le nom de
Diezeugmenon quand il etoit disjoint ou fepare
du fecond par Flntervalle d’un Ton , & fa Nets
s’app elicit Nits-Difaeugrntnon,
NEU.
3
Enfin le quatriem^ Tetracorde portant tou-.’
jours le noni d’Hyperboleon , fa Nete s’appelloifc
aulfi toujours Nete-Hyperboleon.
A l’egard des deux premiers Tetracordes J
comrae ils etoient toujours conjoints , ils n’a-'
voient point de Nete ni l’un ni l’autre : la qua-j
trieme Corde du premier etant toujours la pre-1
miere du fecond, s’appelloit Hypate-Mefon , Sc
la quatrieme Corde du fecond formant le milieu
du fyfteme, s’appelloit Mefe.
Nete , ditBoece, quafi mate, id eft , inferiori
car \es Anciens dans leurs Diagrammes mettoienc
en haut les Sons graves, & enbas les Sons aigus^
Nh'towe. Sons aigus. (Voyez Lepsis. )
Neume ,f. f. Terme de Plain-Chant. La NeuJ
vie eft une efpece de courte recapitulation du
Chant d’un Mode, laquelle fe fait a la fin d’une
Antienne par une fimple variete de Sons & fans
y joindre aucunes paroles. Les Catholiques au-
torifent ce fwgulier ufage fur un paffage deSainC
Augullin, qui dit, que ne pouvant trouver des
paroles dignes de plaire a Dieu , l’on fait bien
de lui adrelfer des Chants confus de jubilation*
„ Car a qui convient une telle jubilation fans
„ paroles , fi ce n’eft a l’Etre ineffable ? &
„ comment celebrer cet Etre inelfible , lorfqu’ou
„ ne peutnife taire , ni rien trouver dans fes
„ tranfports qui les exprime, II ce n’eft des
* Sons inarticules ? ”
A 3
4
N E U.
Neuvieme,/ f O&ave de !a Seconde. Cet
In ter valle porte le nom de Neuvieme , parce qu’il
faut former neuf Sons confecutifs pour arriver
Diatoniquement d’un de fes deux termes a l’au-
tre. La Neuvieme eft majeure ou mineure , com-
me la Seconde dont elle eft la Replique. (Voyez
Seconde. )
II ya un Accord par fuppofition qui s’appelle
Accord de Neuvieme , pour le diftinguerlde l’Ac-
cord de Seconde, qui fe prepare, s’accompagne
& fe f .uve differemment. L’Accord de Neuvieme
eft forme par un Son mis a la Balfe, une
Tierce au-delfous de l’Accord de feptieme; ce
qui fait que la feptieme elle-meme fait Neuvieme
lur ce nouveau Son. La Neuvieme s’accompa-
gne, par confequent, de Tierce., de Quinte, &
quelquefois de feptieme. La quatrieme Note du
Ton eft getieralement celle fur laquelle cet Ac¬
cord convient le mieux, mais on la pent placer
par-tout dans des entrelaceraens Harmoniques.
La Balfe doit toujours arriver en montant a la.
Note qui porte Neuvieme la Partie qui fait la
jV uvierne doit fyncoper , & fauve cette Neuvieme
comrne une feptieme en defcend'ant Diatoni¬
quement d’un Degre fur FOcftave, fi la Bade
refte en place, ou fur la Tierce, fi la Balfe
defcend de Tierce. ( Voyez Accord , Supposi¬
tion, Syncope. )
En Mode mineur PAccord fenfible fur la Me-
diante perd le nom d’Accord de Neuvieme &
NOE,
>
prend celuide Quinte fuperflue. ( Voyez Quin-
te Superflue.
Niglariln, adj. Nom d’un Nome ou Chant
d’une Melodie etrcminee & molle , com me Arif-
tophane le reproche- a Philoxene foil Auteur.
Noels. Sortes d’Airs deftines a certains Can-
tiques que le peuple chante aux Fetes de Noel.
Les Airs des Noels doivent avoir un cara&ere
champetre & paftoral convenable a la Gmplicite
des paroles, & a celle des Bergers qu’on fuppofe
les avoir chantes en allant rendre homnrage
a l’Enfant Jefus dans la Creche.
Noeuds. On appelle Nuuds les points fixes
dans lefquels une Corde Sono re mife en vi¬
bration fe divife en aliquotes vibrantes , qui
rendent un autre Son que celui de la Corde en-
tiere. Par exemple, fl de deux cordes dont l’une
fera triple de l’autre, on fait fonner la plus
petite, la grande repondra, non par le Son
qu’elle a cornme Corde entiere , mais par Punif-
foil de la plus petite j parce qu’alors cette gran¬
de Corde, au lieu de vibrer dans fa totalite, fe
divife, & lie vibre que par chacun de fes tiers.
Les points immobiles qui font les divifions &qui
tiennent en quelque forte lieu de Chevalets font
cequeM. Sauveur a nommcles Noeuds , & il a
nomine Ventres les points milieux de chaque
aliquote oiila vibration eft la plus grande & ou la
Corde s’ecarte le plus de la ligne de repos.
Si, au lieu de faire fonner une autre Corde
A 3
6
N O L
plus petite, on divife la grande au point d’une
de fes aiiquotes par un obftacle leger qui la gene
Jans l’aflujettir, le merae cas arrivera encore en
faifant fonner une des deux parties ; car alors
ies deux refonneront a l’uniflbn de la petite, &
Ton verra les niemes Hands & les mernes Ven¬
ires que ci-devant.
Si la petite partie n’eft pas aliquote immediate
de la grande , mais qu’elles aient feulement une
aliquote commune ; alors elles fe diviferont tou-
tes deux felon cette aliquote commune , & Ton
verra des Hands & des Ventres, meme dans la
petite partie.
Si les deux parties font incommenCurables,
e’eft-a-dire, qu’elles n’aient aucune aliquote com¬
mune; alors il n’y aura aucune refonnance, ou
11 n’y aura que celle de la petite partie , a moins
qu’on ne frappe affez fort pour forcer l’oblfacle ,
& faire refonner la Corde entiere.
M. Sauveur trouva le moyen de montter ces
Ventres & ces Hands a l’Academie , d’une maniere
tres-fenfible , en mettant fur la Corde des pa-
piers de deux couleurs , Pune aux divifions des
Hands , & I’autre au milieu des Ventres; car alors
au Son de i’aliquote on voyoit toujours tomber
les papiers des Ventres & ceux des Hands relter
en place. ( Voyez PL M. Fig. 6. )
Noire , f. f. Note de Mufique qui fe fait ainfi
± =
~ ou ainfi £, & qui vaut deux croches, ou la
n o m:
7
riioitie d’une Blanche. Dans nos anciennes Mu-
fiques on fe fervoit de plufieurs fortes de Noi-
res} Noire a queue , Noire quarree , Noire en
lozange. Ces deux dernieres efpeces font demeu-
rees dans le Plain-Chant j mais dans la Mufique
on ne fe fert plus que de la Noire a queue.
( Voyez Valeur des Notes. )
Nome , f. m. Tout chant determine par des
regies qu’il n’etoit pas permis d’enfreindue, por-
toit chez les Grecs le nom de Nome.
Les Nomes empruntoient leur denomination :
l”. ou de certains peuples Nome Eolien , Nome
Lydien : 2°. ou de la nature du Rhy thme •, Nome
Orthien, Nome Daclylique , Nome Trochaique :
3°. ou de ieurs inventeurs > Nome Hieracien,
Nome Polymneflan : 4 0 . ou de Ieurs fujets ; Nome
Pythien, Nome Comique : 5 0 . ou enfin de leur
Mode ; Nome Hypato'ide ou grave, Nome Ne s
toide ou aigu , &c.
II y avoit des Nomes Bipartites qui fe chan-
toient fur deux Modes ; il y avoit merne un No¬
me appelle Tripartite , duquel Sacadas ou Clo-
nas fut l’inventeur & qui fe chantoit fur trois
Modes , favoir , le Dorien , le Phrygien & le Ly¬
dien. ( Voyez Chanson , Mode.)
Nomion. Sorte de Ghanfon d’amour chez les
Grecs. ( Voyez Chanson. )
Nomique , adj. Le Mode Nomique ou le gen¬
re de ftyle Mufical qui portoit ce nom , etoit
eonfacre, chez les Grecs, a Apollon Dieu des
A 4
N O T.
8
Vers & des Chanfons , & 1’on tachoit d’en ren-
dre !es Chants brillans & dignes du Dieuauquel
its etoient confacres. (Voyez Mode, Me'lo-
pe'e , Style. )
Noms des Notes. ( Voyez Soifier. )
Notes,//. Signes ou caraderes dont on fe
fert pour noter, c’eft-a-dire, pour ecrire la
Mufique.
Les Grecs fe fervoient des lettres de leurs Al¬
phabet pour noter leur Mufique. Or comme ils
avoient vingt-quatre lettres , & que leur plus
grand fyfteme , qui dans un merne Mode n’etoit
que de deux Octaves , n’excedoit pas le norabre
de feize Sons, il s’embieroit que VAlphabet de-
voit etre plus que fuffifant pour les exprimer ;
puifque leur Mufique n’etant autre chofe que
leur Poefie notee, le Rhvthme etoit fuffifam-
roent determine par le metre , fans qu’il fut be-
foin pour cela de valeurs ahfolues & de fignes
propres a la Mufique : car, bien que par fura-
bondance ils euifent auifi des caraderes pour
marquer les divers pieds , il eft certain que la
Mufique vocale n’en avoit aucun befoin, & la
Mufique inftrumentale n’etant qu’une Mufique
vocale jouee par des Inftrumens , n’en avoit pas
befoin non plus, lorfque les paroles etoient ecri-
tes, ou que le Symphonifte les favoit par
coeur.
Mais il fout remarquer , en premier lieu , que
les deux memes Sons etant tantot a l’extremite
n o t;
& tanot au milieu du troifieme Tetracorde fe¬
lon le lieu ou fe faifoit la disjondion , ( voyez
ce mot) on donnoit a chacun de ces Sons des
noms & des fignes qui marquoient ces diverfes
iituations; fecondement, que ces feize Sons
n’etoient pas tons les memes dans les trois Gen¬
res , qu’il y en avoit de communs aux trois &
de propres a chacun, St qu’il falloit, par confe-
quent, des Notes pour exprimer ces differences ,
troifiemement, que la Mufique fe notoit pour
les Inftrumens autrement que pour les Voix ,
comme nous avons encore aujoutd'hm pour cer¬
tains Inftrumens a Cordes une Tablatute qui ne
reffemble en rien a celle de la Mufique ordinai¬
re ; enfin que les Anciens ayant jufqu’a quin20
Modes differens felon le denombrement d’Aly-
pius, (Voyez Mode ) il fallut approprier des ca-
raderes a chaque Mode, comme on le voit dans
les Tables du meme Auteur. Toutes ces Modi¬
fications exi geoient des multitudes de fignes
auxq nets les vingt-quatre lettres etoient bien
eloignees de fuffire. De - la la neeeiiite d’em¬
ployer les memes lettres pour plufieurs fortes ds
Notes ,• ce qui les obligea de donner a ces let¬
tres differenfces Iituations , de les accoupler, de
les mutiler, de les allongcr en divers fens. Par
exemple, la lettre Pi ecrite de toutes ces ma-
nieres , H, II, C ,P, T, exprimoit cinq dif-
ferentes Notes. En combinant toutes les modifi¬
cations qu’exigeoient ces diverfes circonftances ,
A ^
1©
NOT.
on trouve jufqu’a J620 differentes Notes: nom-
bre prodigieux , qui devoit rendre l’etude de la
Mufique de la plus grande difficulte. Auffi l’e-
toit-elle felon Platon , qui veut que les jeunes
gens fe contentent de donner deux ou trois ans
a la Mufique , feulement pour en apprendre les
rudimens. Cependant les Grecs n’avoient pas un
fi grand nombre de caradleres, mais la meme
Note avoit quelquefois differentes fignifications
felon les oceafions: ainfi le meme caradlere qui
marque la Proslambanomene du Mode Lydien ,
marque la Parhypate - Mefon du Mode Hypo-
Iaftien , l’Hypate-Mefon de l’Hypo-Phrygien , le
Lychanos-Hypaton de l’Hypo-Lydien , la Parhy¬
pate- Hypaton de l’laftien , & l’Hypate-Hypaton
du Phrvgien. Quelquefois auffi la Note change,
quoique le Son refte le meme; corame, par
exemple, la Proslambanomene de l’Hypo-Phry-
gien , laquelle a un meme figne dans les Modes
Hyper-Phrygien , Hyper-Dorian, Pbrygien, Do-
rien, Hypo-Phrygien, & Hypo Dorien , & un
autre rnsme figne dans les Modes Lydien &
Hypo Lydien.
On trouvera ( PL LI. Fig. I. ) la Table des
Notes du Genre Diatonique dans le Mode Ly¬
dien, qui etoit le plus ufite > ces Notes ayant
ete preferees a ceiles des autres Modes par Bac-
chius , fuffifent pour entendre tous les exemples
qu’il donne dans fon ouvrage ; & la Mufique des
Grecs n’etant plus en ufage, cette Table fuffit
N O T.
tr
suffi pour defabufer le Public, qui croit leur ma»
niere de noter tellemcnt perdue que cette Mu-
fique nous feroit maintenant impoffible a dechif-
frer. Nous la pourrions dechiffrer tout auffi exac-
tement que les Grecs memes auroient pu faire :
mais la phrafer, l’aecentuer, l’entendre, la ju-
ger; voila ce qui n’eft plus poffible a perfonne
& qui ne le deviendra jamais. En toute Mufique ,
ainfi qu’en toute Langue, dechiffrer & lire font
deux choies tres-ditferentes.
Les Latins, qui, a l’imitation des Grecs , no-
terent auffi la Miffique avec les lettres de leur
Alphabet, retrancherentbeaucoup de cette quan-
tire de Notes, le Genre En harmonique ayant
tout-a-fait ceffe d’etre pratique , & plufieurs Mo¬
des n’etant plus en ufage. II paroit que Boece
ecabiit l’ufage de quinze lettres feulement, &
Gregoire Eveque de Rome , confqjerant que les
rapports des Sons font les memes dans chaque
Odave , redui/It encore ces quinze Notes aux
fept premieres lettres de l’Alphabet, que Ton
repe'toit en diverfes formes d’une Odave a l’au-
tre.
Enfin dans Ponzieme liecle un Benedidin
d’Arezzo nomme Gui, fubftitua a ces lettres des
points pofes fur differentes lignes paralleles , a
chacune defquelles une lettre fervoit de Clef.
Dans la fuite on groffit ces points, on s’avifa
d’en pofer auffi dans les efpaces compris entre
ces lignes, & Ton multiplia, felon le befoin s
N O T.
if
ceslignes & ces efpaces. (Voyez Porte'e. ) A
l’egard des 110ms donnes aux Notes , voyez Sol-
f;er.
Les Notes n’eurent, durant un certain terns ,
d’autre ufage que de marquer les Degres & les
differences de l’lntonation. Elies etoient toutes,
quant a la duree, d’egale valeur, & ne rece-
voient a cet egard d’autres differences que cedes
des fyllabes longues & breves fur lefquelles on
leschantoit : c’eft a-peu-pres dans cet etat qu’eft
demeure le Plain-Chant des Catholiques jufqu’a
cejour; & la Mufique des Pfeaumes, chezles
Proteftans , elb plus imparfaite encore; puifqu’on
n’y diftingue pas rneme dans i’ufage, les Lon¬
gues des Breves ou les Rondes des Blanches.
quoiqu’on y ait conferve ces deux figures.
Cette indiftindtion de figures dura, felon Po-
pinion commune, jufqu’en 1330, que Jean de
Muris, Docleur & Chanoine de Paris , donna ,
a ce qu’on pretend, differentes figures aux dSTo-
tes , pour marquer les rapports de duree qu’elles
devoient avoir entr’elles : il inventa aufli cer¬
tains fignes de Mefure appelles Modes ou Pro-
lations, pour determiner, dans le cours d’un
Chant, fi le rapport des ■ Longues aux Breves
feroit double ou triple , &c. Plufieurs de ces fi¬
gures ne fubilftent plus; on leur en a fubftitue
d’autres en difierens terns. (Voyez Mesure ,
Tems , Valeur des Notes.) Voyez aulli au
mot Mufique , ce que j’ai dit de cette opinion.
NOT.
73
Pour lire la Mufique ecrite par nos Notes, &
la rendre exadement, il y a huit chofes a con-
fiderer : (avoir; I. La Clef & fa pofition. 2 .
Les Diefes ou Bemols qui peuvent l’accompa-
gner. 3 . Le lieu ou la pofition de chaque Note.
4 . Son Intervalle, c’eft-a-dire, fon rapport a
cell? qui precede, ou a la Tonique, ou a quel-
que Note fixe dont on ait le Ton. Sa figure ,
qui determine fa valeur. 6. Le Terns ou elle
fe trouve & la place qu’elle y occupe. 7 . Le
Diefe , Bemol ou Bequarre accidentel qui peut la
preceder'. B L’efpece de la Mefure & le carac-
tere du Mouvement. Et tout cela, fans comp¬
ter ni la parole ou la fyilabe a 1 aquelle appar-
tient chaque Note, ni 1’Accent ou 1’expreflion
eonvenable au fentiment ou a la penfee. Une
feule de ces huit obfervations omife peut fairs
detonner ou chanter hors de Mefure.
La Mufique a eu le fort des Arts qui ne fe
perfe&ionnent que lentement. Les inventeurs
des Notes n’ont fonge qu’a l’etat ou elle fe trou-
voit de leur terns , fans fonger a celui oil elle
pouvoit parvenir, & dans la fuite leurs fignes fe
font trouves d’autant plus defedueux que l’Art
s’eft plus perfedionne. A mefure qu’on avan-
qoit, on etabliifoit de nouvelles regies pour re-
medier aux inconveniens prefens; en multipliant
les fignes, on a multiplie les difficulces , & a
force d’additions & de chevilles , on a tire d’un
14 NOT.
prin ripe aflez ftmple un fyfteme fort embrouiile
& fort mal afford.
On peut en reduire les defauts a trois princi-
cipaux. Le premier eft dans la multitude des fi-
gnes & de leurs combinaifons , qui furchargent
tellement l’efprit & la memoire des commenqans,
que 1’oreille eft formee, & les organes out ac¬
quis 1’habitude & la facilite neceffaires, long-
terns avant qu’on foit en etat de chanter a Livre
ouvert; d’oii il fuit que la difficulte eft toute
dans l’attention aux regies & nullement dans
1’execution du Chant. Le fecond eft le peu d’e-
vidence dans l’efpece des Intervalles , majeurs,
mineurs , diminues, fuperflus, tons indiftincte-
ment confondus dans les memes pofttions : de-
faut d’une telle influence, que non - feulement
il eft la principale caufe de la lenteur du pro-
gres des Ecoliers; mais encore qu il n’eft aucurt
Muficien forme, qui n’en foit incommode dans
1’execution. Le troifieme eft 1’extreme diffufton
des caracteres & le trop grand volume qu’ils oc-
cupent; ce qui, joint a ces Lignes, a ces Por-
tees ft incommodes a tracer, devient une fource
d’embarras de plus d’une efpece. Si le pre¬
mier avantage des fignes d’inftitution eft d’etre
clairs, le fecond eft d’etre concis, quel juge-
ment doit-on porter d’un ordre de ftgnes a qui
1’un & i’autre manquent '{
Les Muficiens, il eft vrai, ne voient point
N O T.
tout cela. L’ufage habitue a tout. La Mufique
pour eux n’eft pas la fcience des Sons; c’eft celle
des Noires, des Blanches, des Croches , See.
Des que ces figures cefferoient defrapner leurs
yeux , ils ne croiroient plus voir de la Mufique,
D’ailleurs, ee qu’ils ont appris difficilement,
pourquoi le rendroient-ils facile aux autres ? Ce
n’eft done pas le Muficien qu’il faut confuker
ici; mais l’homme qui fait la mufique & qui a
reflichi fur cet Art. *
II n’y a pas deux avis dans cette derniere
Gaffe fur les defauts de notre Note ; mais ces
defauts font plus aifes a connoitre qu’a corriger.
PluGeurs am tente jufqu’A prefent cette correc¬
tion fans fucces. Le Public, fans difenter beau-
coup 1 ’avantage des fignes qu’on lui propofe ,
s’en tient a ceux qu’il trouve etablis & prefere-
ra toujours une mauvaife maniere de favoir a
une meilleure d’apprendre.
Ainfi de ce qu’un nouveau iyfteme eft febu-
te, cela neprouve autre chofe , finon que 1 ’Au-
teur eft venu trop tard, & l’on peut toujours
difeuter & comparer les deux fyftemes, fans
egard en ce point au jugement du Public.
Toutes les manieres de Noter qui n’ont pas
eu pour premiere loi l’evidence des Intervalles,
ne me paroiflent pas valoir la peine d’etre rele¬
vees. Je ne m’arreterai done poiht a celle de
M. Sauveur qu’on peut voir dans les Afe moires
de l’Academie des Sciences, annee 1721, ni a
IS
NOT.
celle de M. Demaux donnee quelques annees
apres. Dans ces deux fyftemes, les Intervalles
etant exprimes par des fignes tout-a-fait arbitrai-
res, & fans aucun vrai rappport a la chofe re-
prefecitee, echappent aux yeux les plus attentifs
& ne peuvent fe placer que dans la memoire ;
car que font des tetes differemment figurees , &
des queues differemment dirigees aux Intervalles
qu’elles doivent exprimer ? De tels fignes
n’ont rien en ei#: qui doive les faire preferer a
d’autres ; la nettete de la figure &le peu de pla¬
ce qu’elle occupe font des avantages qu’on pent
trouver dans un fyfteme tout different; Ie hafard
a pu dormer les premiers lignes , inais il faut un
choix plus propre a la chofe dans ceux qu’on
leur veut fubftituer. Ceux qu’on a propofes en
1743 dans un petit ouvrage intitule , Differta-
tion fur la Mufique moderne , ayant cet avantage ,
leur fimplicite m’invite a en expofer le fyfteme
abrege dans cet article.
Les cara&eres de la Mufique out un double
objet; favoir, de reprefenter les Sons, i°. Se-
lon leurs divers Intervalles du grave a 1 ’aigu ; ce
qui conftitue le Chant & 1 ’Harmonie. 2*. Et fe¬
lon leurs durees relatives du vite au lent; ce
qui determine le Terns & la Mefure.
Pour le premier point, de quelque maniere
que Ton retourne & combine la Mufique ecrite
& reguliere , on n’y trouvera jamais que des com-
binaifons des fept Noies de la Gamme portees a
diverfes
N O T.
17
diverfes Octaves ou tranfpofees fur difFerens De-
gres felon le Ton & le Mode qu’on aura choiU.
L’Auteur exprime ces fept Sons par les fepc pre¬
miers chiffres ; de forte que le chiffre r forme
la Note ut, le 2 la Note re , le 3 la Note mi , &c.
& il les traverfe d’une ligne horifontale comme
on voit dans la Planche F. Fig. 1.
11 ecrit au-delfus de la Ligne les Notes qui ,
continuant de monter , fe trouveroient dans
FOctave fuperieure : ain.fi. 1 'ut qui fuivroit im-
mediatement le fi en montant d’un femi-Ton
dolt etre au - deffu-s de la Ligne de cette ma-
niere ~j —; & de meme , les Notes qui appar-
tiennent a FOctave aigue done cet ut ell le com¬
mencement, doivenc t outes etre au-delfus de la
meme Ligne. Si foil entroit dans une troifieme
Odtave a l’aigu , il ne faudroit qu’en traverfer
les Notes par une feconde ligne accidentelle au-
delfus de la premiere. Voulez - vous, au con.
traire, defeendre dans les Octaves inferieures
a celle de la ligne principale ? Ecrivez imme-
diatement au - delfous de cette ligne les Notes
de l’Odave qui la fuit en defeendant: li vous
defeendez encore d’une Odtave, 3joutez une
igne amdelfous , comme vous en avez mis une
au-delfus pour monter , &c. Au moyen de trois
lignes feulement vous pouvez parcourir l’eten-
due de cinq Odaves: ce qu’on ne fauroit faire
dans la Mufique ordinaire a moins de 18 lignes.
Tome XL B
N O T.
IS
On peut meme fe palfer de tirer aucune li-
gne. On place toutes les Notes horifontalement
fur le meme rang. Si Ton trouve une Note qui
paife, en montant , le fi de l’Odave ou l’on
eft, c’eft-a-dire qui entre dans l’Odave fupe-
rieure , on met un point fur cette Note. Ce
Q point fuffit pour toutes les Notes fuivantes qui
demeurent fans interruption dans l’Odave oil
Foil eft entre. Que fi Fon redefcend d’une Oc¬
tave a l’autra; c’eft Faffaire d’un autre point fous
la Note par laquelle on y rentre, &c. On voifc
dans l’exemple fuivant le progres de deux Oc¬
taves tant en montant qu’en defcendant, notees
de cette maniere.
1234*671234^717^43217^4321.
La premiere maniere de Noter avec des lignes
convient pour les Mufiques fort travaillees &
fort difticiles, pour les grandes Partitions , &c.
La feeonde avec des points eft propre aux Mui
fiques plus limples & aux petits Airs: mais rien
n’empeche qu’on ne puifle a fa volonte l’employer
a la place de l’autre , & FAuteur s’en eft fervi
pour tranferire la fameufe Ariette VObjet qui
regne dam mon ame , qu’on trouve Notee en
Partition par les Chilfres de cet Auteur a la fin
de fon ouvrage.
Par cette methode tous les Intervalles de-
vienneiit d’une evidence dont rien n’approche $
NOT.
19
le3 Odaves portent toujours le meme chiffre,
Jes Intervalles fimples fe reconnoilfent toujours
dans leurs doubles ou compofes : on reconnoic
?
d’abord dans la dixieme + ou 13 que c’eft l’Oc-
tave de la Tierce majeure: les Intervalles ma-
jeurs ne peuvent jamais fe confondre avec les
mineurs ; 24 fera eternellement une Tierce mi-
neure , 4 6 eternellement une Tierce majeure;
la pofition ne fait rien a cela.
Apres avoir ainfi reduit toute l’etendue du
Clavier fous un beaucoup moindre volume avec
des fignes beaucoup plus clairs , on paffe aux
tranfpoljtions.
II n’y a que deux Modes dans notre Mufique.
Qii’eft-ce que chanter ou jouer en re majeur?
C’eft tranfporter l’Echelle ou la Gamme d’ut un
Ton plus haut, & la placer fur re comme To-
nique ou Fondamentale. Tous les rapports qui
appartenoient a 1 hit palfent au re par cette tranf-
pofition. C’eftpour exprimer ce fyfteme de rap¬
ports hauife ou bailie , qu’il a tant fallu d’altera-
tions de Diefes ou de Bemols a la Clef. L’Au-
teiir du nouveau fyftemefupprime tout d’un coup
tous ces embarras ; le feul mot re mis en tete
& a la marge , avertit que la piece elf en re
majeur , & comme alors le re prend tous les
rapports qu’avoit Yut, il en prend auffi le figne
& le nom ; il fe marque avec le chiffre 1 , &
toutefon Odave fuit par les chiffres ,2, 3 ,4, &c.
B %
20
N O T.
comme ci-devant. Le re de la marge lui fert cfe
Clef ; c’eft la touche re ou D du Clavier na¬
ture! : mais ce meme re devenu Tonique fous
le nom d 'ut devient aufli la Fondamentale du
Mode.
Mais cette Fondamentale , qui eft Tonique
dans les Tons majeurs, n’dft que Mediante dans
le s Tons mineurs; la Tonique, qui prend le
nom de la , fe trouvant alors une Tierce mineure
au-deifous de cette Fondamentale. Cette diC-
tindion fe fait par une petite ligne horifontale
qu’on tire fous la Clef. Re fans cette ligne de-
figne le Mode majeur de re •, mais Re foulign©
defigne le Mode mineur de fi dont ce Re efl
Mediante. Au refte, cette diftindlion , qui ne
fert qu’a determiner nettement le Ton par la
Clef, n’eft pas plus neceffaire dans le nouveau
fylteme que dans la Note ordinaire ou elle n’a
pas lieu. Ainfi quand on n’y auroit aucun egard,
on n’en folfieroit pas moins exadlement.
Au lieu des noms memes des Notes on pour-
roit fe fervir pour Clefs des lettres de la Gam-
me qui leur repondent; C pour ut , D pour
re &c. ( Toyez Gamme. )
Les Muficiens affedent beaucoup de mepris
pour la methode des Tranfpofitions , fans dou-
te, parce qu’elle rend l’Art trop facile. L’Au-
teur fait voir que ce mepris eft mal fonde que
N O T.
21
deft leur methode qu’il faut meprifer, puifqu’el-
le eft penibie en pure perte ; & que les Tranf-
pofttions, dont il montre les avantages, font,
meme fans qu’ils y fongent, la veritable regie
que fuivent tous les grands Mullciens & les bons
Compofiteurs. (Voyez Transposition.)
Le Ton, le Mode & tous leurs rapports bien
determines, il ne fuffit pas de faire connoitre
toutes les Notes de chaque Odave , ni le pafta-
ge d’une Odave a l’autre par des fignes precis &
daks ; il faut encore indiquet le lieu du Clavier
qu’occupent ces Odaves. Si j’ai d’abord un fol
a entonner, il faut favoir lequel j car il y en a
cinq dans le Clavier, les uns hauts , les autres
moyens, les autres has , felon les differentet
Odaves. Ces Odaves ont chacune leur lettre,
& l’une de ces lettres mife fur la ligne qui fert
de Portee marque a quelle Odave appartient cette
ligne, & co-nfequemment les Odaves qui font
au-deflus & au-delfous. Il faut voir la figure qui
eft a la fin du Livre & l’explication qu’en don-
ne PAuteur, pour fe rnettre en cette partie au
fait de fon fyfteme, qui eft des plus fimples.
Il refte, pour l’expreftion de tous les Sons
poffibles dans notre fyfteme muflcal, a rendre
les alterations accidentelles amenees par la Mo¬
dulation ; ce qui fe fait bien aifement. Le Diefe
fe forme en traverfant la' Noie d’un trait mon-
tant de gauche a droite de cette maniere ; fa
B 3
N O T.
22
Diefe #: ut Dicfe *. On marque le Bemol par
un femblabie trait defcendant ; ft Bemol , * y : mi
Bemol,, *3. A l’egard du Bequarre , l’Auteur le
fupprime , comme un figne inutile dans fon
fyftetne.
Cette partie ainfi remplie , il faut venir au
Terns ou a la Mefure. D’aburd i’Auteur fait
main-balfe fur eetre foule de diiferentes Mefures
dont on a ft mal-a-propos charge laMufique. II
11’en connoit que deux, comme les Anciens; fa-
voir , Mefure a deux Terns , & Mefure a trois
Terns. Les Terns de chacune de ces Mefures
peuvent, a leur tour, etre divifes en deux par¬
ties cgales ou en trois. De ces deux regies com-
binees il tire des expreffions exades pour tous
les Mouvemens poffibles.
On rapporte dans la Mufique ordinaire les
diveries valeurs des Notes a celle d’une Note
particuliere qui ell la Ronde; ce qui fait que
la valeur de cette Ronde variant continuelle-
ment, les Notes qu’on lui compare , n’ont point
de valeur fixe. L’Auteur s’y prend autrement:
il ne determine les valeurs des Notes que fur la
forte de Mefure dans laquelleelles font employees
& fur le Terns qu’elles y occupent; ce qui
le difpenfe d’avoir , pour ces valeurs , aucun
* Ces deux chiffres 7 & 3 doivent etre croifes en fens
eontraire; c’eft-a-dire que la ligne qui les croife doit,
du haut a gauche , paffer a la droite en defcendant. II
faudroit deux poinqons expres pour cela.
N O T.
23
figne particulier autre que la place qu’elles tien-
nent. Une Note feule entre deux barres remplit
toute une Mefure. Dans la Mefure a deux
Terns, deux Notes rempliffant la Mefure, fer¬
ment chacune un Terns. Trois Notes font la
meme chofe dans la Mefure a trois Terns. S’il
yaquatre Notes dans une Mefure a deux Terns,
ou fix dans une Mefure a trois , e’eft que cha-
que Terns eft divife en deux parties egales> on
paffe done deux Notes pour un Terns ; on en
paffe trois quand il y a fix Notes dans l’une &
neuf dans l’autre. En un mot , quand ft n’y a
nul figne d’inegalite, \es Notes font egales, leur
nombre fe diftribue dans une Mefure felon le
nombre des Terns & 1’efpece de la Mefure, pour
rendre cette diftribution plus aifee , on fepare
II Ton veut les Terns par des virgules ; de forte
qu’en lifant la Mufique , on voit clairement la
valeur des Notes , fans qu’il faille pour cela
leur donner aucune figure particuliere. (Voyez
FI. F. Fig. z. )
Les divifions inegales fe marquent avec la
meme facilite. Ces inegalites ne font jamais que
des fubdivifions qu’on ramene a l’egalite par un
trait dont on couvre deux ou plufieurs Notes.
Par exemple , fi un Terns contient une Croche
& deux doubles. Croches , un trait en ligne droi-
te an - deifus ou au - deffous des deux doubles-
Croches montrera qu’elles ne font enfemble qu’u-
tie quautite egale a la precedente, & par con-
B' 4
N 0 T.
24
feguent qu’une Croche. Ainfi le Terns entier fe
retrouve divife en deux parties egales ; favoir,
h Note feule & le trait qui en Comprend deux.
I! y a encore des fubdivifions d’itiegalite qui peu-
vent exiger deux traits ; comme , fi une Croche
pointee etoit fuivie de deux triples - Croches,
alors il faudroit premierement un trait fur les
deux Notes qui reprefentent les triples - Croches ,
ce qrii les rendroit enfemble egales au Point;
puis un fecond trait qui, couvrant le trait pre¬
cedent & le Point , rendroit tout ce qu’il couvre
egal a la Croche. Mais quelque viteffe que puif-
fent avoir les Notes, ces traits ne 1 'ont jamais
mcelfaires que quand les va>eurs font inegales ,
& quelque inegalite qu’i! pui.de y avoir, on n’au¬
ra jamais befoin de plus de deux traits , fur-tout
en feparant les Terns par des virgules , comme
on verra dans l’exemple ci - apres.
L’Auteur du nouveau fyfteme emploie auffi
le Point, mais autrenient que dans la Mufique
ordinaire ; dans eelle ci, le Point vaut la moi-
t ie de la Note qui le precede; dans la fienne,
le Point , qui marque auffi le prolongement de
la Note precedents, n’a point d’autre vateur que
eelle de la place qu’i! occupe: fi le Point rem-
plit un Terns, il vaut un Terns; s’il remplit
line Mefure , il vaut uneMefure; s’i! eft dans
un Terns avee une autre Note , il vaut la moitie
de cs Terns. E11 un mot, le Point fe cornpte
pour line Note , fe mefure comme les Notes, &
N O T.
ST
pour marquer des Tenues ou des Syncopes on
peut employer pluGeurs Points de fuite de va-
leurs egales ou inegales, felon celles des Terns
ou des Mefures que ces Points ont a remplir.
Tous les filences n’ont befoin que d’un feul
caradere; c’eft le Zero. Le Zero s’emploie com-
rae les Notes, & corarae le Point ; le Point fe
marque apres un Zero pour prolonger un filen-
ce, comme apres une Note pour prolonger un
Son. Voyez un exemple de tout cela, ( Pi. F»
Fig. 3-)
Tel eft le precis de ce nouveau fyfteme-
Nous ne fuivrons point l’Auteur dans le detail
de fes regies ni dans la comparaifon qu’il fait
des caraderes en ufage avec les Hens ; on s’at-
tend bien qu’il met tout I’avantage de fan cote >
mais ce prejuge ne detonrnera point tout Ledeur
impartial d’examiner les raifons de cet Auteur
dans fon livre mfeme: comme cet Auteur eft ce-
lui de ce Didionnaire, ii n’en peut dire davan-
tage dans cet article fans s’ecarter de la fonc-
tion qu’il doit faire ici. Voyez ( Planche F. Fig.
4. ) un Air note par ces nouveaux caraderes:
mais il fera difficile de tout dechiffrer bien exac-
tement fans recourirau livre meme, parce qu’un
article de ce Didionnaire ne doit pas etre un li¬
vre , & que dans Pexplication des caraderes
d’un Art auffi complique , il eft impoffible de
tout dire en peu de mots.
B 5
N O T.
25
Note sensible, eft celle quieft une Tierce
majeure au-deifus de la Dominante , ou un fe-
mi-Ton ao-deflous de la Tonique. Le fi eftNo-
te fenfible dans le Ton d hit , le fol Diefe dans le
Ton de la.
On l’appelle Note fenfible , parce qu’elle fait
fentir le Ton & la Tonique, fur laquelle, apres
1’Accord dominant , la Note fenfible prenant le
chemin le plus court , eft obligee de monter :
ce qui fait que quelques - uns traitent eette Note
fenfible de Diffonnanee majeure , faute de voir
que la Diffonnanee , etant un rapport, ne peut
£tre conftituee que par deux Notes.
Je ne dis pas que la Note fenfible eft la fep-
tieme Note du Ton; parce qu’en Mode mineur
cette Septieme Note n’eft Note fenfible qu’en
montatit; car en defeendant elle eft a un Ton
de la Tonique & a une Tierce mineure de la
Dominante. (Voyez Mode , Tonique , Do-
I'lINANTE .)
Notes de Gout. II y en a de deux efpe-
ces; les unes qui appartiennent a la Melodie,
raais non pas a l’Harmonie; en forte que , quoi-
qu’elles entrent dans la Mefure, elles n’entrent
pas dans I’Accord : celles - la fe notent en plein.
Les autres Notes de goht , n’entrant ni dans
1’Harmonie ni dans la Melodie , fe marquent feu-
lement avec de petites Notes qui ne fe comptent
pas dans la Mefure , & dont la duree tres-rapide
fe prend fur la Note qui precede ou fur celle qui
N U N. 27
fait. Voyez dans la PL F. Fig. f. un exemple
ales Notes de gout des deux efpeces.
Noter , v. a. C’eft ecrire de la Mufique avec
les caraderes deftines a cet ufage , & appelles
Notes. ( Voyez Notes. )
II y a dans la maniere de Noter la Mufique
une elegance de copie , qui confide moins dans
la beaute de la Note , que dans une certaine
exadititude a placer convenablement tous les
fignes , & qui rend la Mufique ainfi notee bien
plus facile a executer c’eft ce qui a ete expli-
que au mot Copiste.
Nourrir les Sons, c’eft non - feulement leur
donne r du tymbre fur 1’Inftrument, mais aufli
les fouteni r exadement durant touteleur valeur,
au lieu de les laifler eteindre avant que cette
valeur foit ecoulee , comme on fait fouvent. IL
y a des Mufiques qui veulent des Sons Nour-
ris, d’autres les veulent detaches, & marques
feulement du bout de l’Archet.
Nvnnie , f. f C’etoit chez les Grecs la
Chanfon particuliere aux Nourrices. (Voyez
Chanson.)
2 $
O B L.
gsfe -^- == =.=--■■■■;.
o.
Cette lettre capitale formee en cercle ou
double CD ell, dans nos Mufiques anciennes,
le %ne de ce qu’on appelloit Terns parfait;
c’eft. a-dire de la Mefure triple ou a trois Terns ,
a la difference du Terns imparfait ou de la Me-
Ture double, qu’on marquoit par un C limple,
ou un O tronque a droite ou a gauche , C
ou 0.
Le Terns parfait fe marquoit quelquefois par
un O fimple, quelquefois par un O pointe en
"dedans de cette maniere 0, ou par un O barre ,
ainfi
mais celui qui eft charge
d’une Purtie Obligee ne peut la quitter un mo¬
ment fans faire manquer 1’execution.
Broffard dit qu’ Oblige fe prend aufti pour
contraint ou affujetti. Je ne fache pas que ce
OCX.
2S>
mot ait aujourd’hui un pareil fens un Mufique.
(Voyez Contraint. )
Octacorde , f. m. Inftrument ou fyfteme de
Mufique compofe de huit Sons ou de fept De-
gres. L 'Oiiacorde ou la Lyre de Pythagore com-
prenoit les huit Sons exprimes par ces lettres B.
F. G.a.'c\c. d.e.: c’eft-a-dire, deux Tetracor-
des disjoints.
Octave , f.f. La premiere des Confonnances
dans l’ordre de leur generation. VO&avc eft la
plus parfaite des Confonnances •, elle eft , apres
l’Uniffon , celui de tous les Accords dont le rap¬
port eftle plus Ample: l’Uniffon eft en raifon
d’egalite •, c’eft-a-dire comme x eft a r : VO&ave
eft enrai/on double, c’aft-a-dire comme 1 eft a
2 ; les Harmoniques des deux Sons dans Pun &
dans l’autre s’accordent tous fans exception , ce
qui n’a lieu dans aucun autre Intervalle. Enfin
ces deux Accords ont tant de conformite qu’ils
fe confondent fouvent dans la Melodic, & que
dans l’Harmonie meme on les prend prefque in-
difteremment l’un pour l’autre.
Cet Intervalle s’appelle OSiave , parce que
pour marcher diatoniquement d’un de ces termes
a l’autre, il faut paffer par fept Degres, & fair*
entendre huit Sons differens.
Void les proprietes qui diftinguent fi fingu-
Herement 1 ’O&ave de tous les autres Inter¬
val! es.
I, jl ’JQSfavc renferme entre fes boraes tous
30
OCT.
les Sons primitifs & originaux ; ainli apres avoir
etabli un fyfleme ou une fuite de Sons dans l’e-
tendue d’une OBave , fi Ton veut prolonger cet-
te fuite, il faut necelfairement reprendre le me¬
me ordre dans une feconde O&ave par une ferie
femblable , & de meme pour une troifieme &
pour une quatrieme OBave, oul’onne trouve-
ra jamais aucun Son qui ne foit la Replique de
quelqu’un des premiers. Une telle ferie eft ap¬
pellee Echelle de Mulique dans fa premiere Oc¬
tave , & Replique dans toutes les autres. (Voyez
Echklle, Replique.) C’eft en vertu de cette
propriete del 'OBave qu’elle a ete appellee Dia-
pafon par les Grecs. (Voyez Diapason. )
II. VOBave embraife encore toutes les Con-
fonnances & toutes leurs differences, c’eft-a-dire
tous les Intervalles fimples tant Confonnans que
Diffonnans , & par confequent toute l’Harmo-
nie. Etabliffons toutes les Confonnances fur uti
meme Son fundamental; nous aurons la Table
fuivante ,
120 ioo 96 90 80 75 72 6©
120 120 120 120 120 120 120 120
Qui revient a celle - ci :
if 4 3 2 5 3 1
6?43Bf 3
OCT.
31
O11 Ton trouve toutes les Conformances dans
cet ordre : la Tierce mineure, la Tierce rnajeu-
re, la Quarte, la Quinte, la Sixte mineure , la
Sixte majeure, & enfin Y O&ave. Par cette Ta¬
ble on voit que les Confonnances fimples font
toutes contenues entre YO&ave & l’Uniffon.
Elies peuvent meme etre entendues toutes a la
fois dans l’etendue d’une O&ave fans melange de
Dilfonnances. Frappez a la fois ces quatre Sons
ut mi fol ut , en montant du premier ut a foa
O&ave j ils formeront entr’eux toutes les Con¬
formances , excepte la Sixte majeure , qui eft
compofee; &ne formeront nul autre Intervalle.
Prenez deux de ces memes Sons conime il vous
plaira, ITntervalle en fera toujou rs conformant,
C’eft de cette union de toutes les Confonnances
que 1 ’Accord qui les produit s’appelle Accord
forfait.
U O&ave donnant toutes les Confonnances
donne par confequent a vfli toutes leurs differen¬
ces , & par elles tous les Intervalles fimples de
notre lyfteme mufical , lefquels ne font que ces
differences memes. La difference de la Tierce
majeure a la Tierce mineure donne le femi-Ton
mineur; la difference de la Tierce majeure a la
Quarte donne le femi-Ton majeur; la difference
de la Quarte a la Quinte donne le Ton raa-
jeur; & la difference de la Quinte a la Sixte
majeure donne le Ton mineur. Or le femi-Ton
mineur, le femi-Ton majeur , le Ton mineur ?
33
O C T.
& ]e Ton majeur font les feuls elcmens de tou#
les Intervalles de notre Mufique.
III. Tout Son confonnant avec un des ter-
mes de YOBave confonne auffi avec l’autre ; par
coniequent tout Son qui dilfonne avec fun dif-
fonne avec l’autre.
IV. Enfin YoBave a encore cette propriete,
la plus iinguliere de toutes, de pouvoir etre
ajoutee a elle-meme, triplee & multipliee a vo¬
lume , fans changer de nature , & fans que le
produit cede d’etre une Confonnance.
Cette multiplication de YOBave , de meme
que fa divilion, eit cependant bornee a notre
egard par la capacite de 1’organe auditifj & un
Intervalle de huit Ottav.es excede deja cette ca¬
pacite. ( Voyez Etendue. ) Les Octaves raemes
perdent quelque chofe de leur Harmonie en fe
multipliant> St, paffe une certaine mefure, tous
les Intervalles deviennent pour l’oreille moins
faciles a faillr : une double OBave commence
deja d’etre moins agreabie qu’une OBave lint pie;
une triple qu’une double ; enfin a la cinquieme
OBave 1 ’extreme diftance des Sons ote prefque
a la Confonnance tout fon agrement.
C’eft de 1 ’ OBave qu’on tire la generation or-
donnee de tous les Intervalles par des divifions
& fubdivifions Harmoniques. Divifez harmoni-
quement 1 ’ OBave 3. 6 . par le nombre 4,, vous
aurez d’un cote la Quarte 3. 4., & de l’autrg
la Quinte 4. 6 .
Divi.
OCT.
'33
Divifez de rneme la Quinte 10. if. harmo-
niquement par le nombre 12. > vous aurez la
Tierce mineure 10, 12. & la Tierce majeure 12.
If. Enfin divifez la Tierce majeure 72, $0. en¬
core harmoniquement par le nombre 8-0. , vous
aurez lc ton mineur 72. 80. ou 9. 10. & le ton
majeur 8©- 90. ou 8. 9. &c.
II faut remarquer que ces divifions harmoni-
ques donnent toujours deux Intervalles inegaux
dont le moindre eft au grave & le grand a l’ai-
gu. Que fi Von les fait memes divifions lelonla
proportion Atithmetique , on aura le moindre
Intervalle k 1 ’aigu & le plus grand au grave.
Ainfi VO&ave 2. 4. partagee arithmetiquement
donnera d’abord la Quinte 2. 3. au grave , puis
la Quarte 3. 4. a Paigu. La Quinte 4. 6 . dorine-
ra premierement la Tierce majeure 4. f. puis la
Tierce mineure f. 6 . & ainfi des autres. On au-
roit les memes rapports en fens contraires , fi,
au lieu de les prendre conlme je fais ici par les
vibrations, on les prenoit par les longueurs des
Cordes. Ces connoiifances, au refte , font peu
utiles en elles - memes , mais elles font necef-
faires pour entendre les vieux Auteurs.
Le fyfteme complet & rigoureux de VO&ave
eft compofe de trois Tons majeurs, deux Tons
mineurs, & deux femi- Tons majeurs. Le fyfteme
tempere eft de cinq Ton$ egaux & deux lemi-
Tons formant entr’eux autant de Degres Diato-
niques fur les fept Sons de la Gamme jufqu’i
Tome XI f C
r OCT.
34
1 ’Octave du premier. Mais comme chaque Ton
peut fe partager en deux femi-Tons, la raeme
Ociave fe divife auffi chromatiquement en douze
Intervalles d’un ferni- Ton chacun, dont les fept
precedens gardent leurnom, & les cinq autres
prennent chacun le nom du Son Diatonique le
plus voifin, au- delTous par Diefe & au - delfus
par Bemol. ( Voyez Echelle. )
Je lie parle point ici des O&aves diminuees
ou fuperflues , parce que' cet Intervalle ne s’al-
tere guere dans la Melodie , & jamais dans
PHarmonie.
II eft defendu , en compofition, de faire deux
O&aves do fuits , entre differentes Parties , fur-
tout par Mouvement femblable : mais cela eft
permis , & meme elegant, fait a deffeiii & a
propos dans toute la fuite d’un Air ou d’une
Periode: c’eft ainfi oue dans plufieurs Concerto
toutes les Parties reprennent par Intervalles le
Ripieno a VO&ave ou a l’Uniflon.
Sur la Regie de VO&ave , voyez Regle.
Octavi er , v. n. Quand on force le vent dans
un Inftrument a vent, le Son monte aufli-tota
l’Oclave ; c’eft ce qu’on appelie O&avicr. En
renforqant ainfi l’infpiration , Fair renferme dans
le tuyau & con :aint par Fair exterieur , eft obli¬
ge pour ceder la vitelfe des ofcillations , de
fe partager en deux colonnes egales , ayant cha-
cune la moitie de la longueur du tuyau ; & c’eft
ainfi que chacune de ces nioities fonne l’Qtftave
O E U.
P
ce qui produifit la necelfite de chanter toujours,
pour paroitre toujours parler ; neceffite qui croit
en raifon de ce qu’une langue eft peu nmficale i
car nioins la langue a de douceur & d’accent,
plus le paflage alternatif de la parole au Chant
Sc du Chant a la parole, y devient dur & eho-
quant pour l’oreille. De - la le befoin de fubfti-
tuer au difcours en recit un difcours en Chant *
qui put Piniiter de fi pres qu’il n'y eut que la
jufteile des Accords qui le diftinguat de la pa-,
pole. ( Voyez Re'citatif. )
Cette maniere d’unir au Theatre la Mufique
aiaPoefie, qui, chez les Grecs , fuffifoit pour
Pinteret & l’illufion, parce qu’elle etoit naturelle,
par la raifon contraire , ne pouvoit fuffire chez
nous pour la merne fin. En ecoutant un lan-
gage hypothetique & contraint , npus avons
peine a concevoir ce qu’on veut nous dire ; avee
beaucoup de bruip on nous donne peu d’emo^
O P E-
4 <
iion : de-la nalt la neceffite d’amener le plaific
phyfique au fecours du moral, & de fuppleer
par l’attrait de l’Harmonie a l’energie de l’ex-
preilion. Ainfi moins on fair toueher le coeur ,
plus il faut favoir flatter l’oreille , & nous fom-
mes forces de chercher dans la fenfation le plai-
fir que le fentiment nous refufe. Voila I’origine
des Airs , des Chceurs , de la Symphonic, &
de cette Melodie enchanterefle dont la Mufique
moderne s’embellit fouvent aux depens de la
Poefie, mais que l’homme de gout rebute au
Theatre, quan.1 on le flatte fans l’emouvoir.
A la nailTance de P Optra, fes inventeurs vou-
lant eluderce qu’avoit de peu naturel 1’union
de la Mufique au difcours dans 1’imitation de la
vie humaine, s’ayiferent de tranfporter la Scene
aux Cieux & dans les Enfers , & faute de favoir
faire parler les hommes , ils aimerent rnieux
faire chanter les Dieux & les Diables , que les
Heros & les Bergers. Bientot la magie & le
mervei lleux devinrent les fondemens du Thea¬
tre lyrique, & content de s’enrichir d’un nou¬
veau genre on ne fongea pas meme a rechercher
fi c’etoit bien celui - la qu’on avoit du choifir.
Pour foutenir une fi forte illufion , il fallut
epuifer tout ce que 1’Art humain. pouvoit imagi-
jier de plus feduifant chezun Peuple ou le gout
du plaifir & celui des beaux Arts regnoient a
Venvi. Cette Nation celebre a laquelle il ne refte
dc fon ancienne grandeur que celle des idees
C l
O P E.
4a
dans les beaux Arts, prodigua foil gout, fes lu-
mieres pour donner a ce nouveau Spectacle tout
j’eclat dont il avoit befoin. On vit s’elever par
toute l’ltalie des Theatres egaux en etendue aux
Palais des Rois, & en elegance aux monumens
de FAntiquite dont elle etoit remplie. On in-
venta pour les orner, l’Art de la Perfpedtive &
de la Decoration. Les Artiftes dans chaque genre
y firent a l’envi briber leurs talens. Les ma¬
chines les plus ingenieufes , les vols les plus
hardis, les tempetes , la foudre , l’eclair , &
tous les preftigesde la baguette furent employes
a fafciner les yeux , tandis que des multitudes
d’Inftrumens & de voix etonnoient les oreilles.
Avec tout cela l’adion reltoit toujours froide
& toutes les lituations manquoient d’interet.
Comme il n’y avoit point d’intrigue qu’on ne
denouat facilement a l’aide de quelque Dieu , le
Spedtateur, qui connoiffoit tout le pouvoir du
Poete , fe repofoit tranquillement fur lui du foin
de tirer fes Heros des plus grands dangers. Ainfl
l’appareil etoit immenfe & produifoit peu d’ef-
fet, parce que l’imitation etoit toujours impar-
faite & grofliere , que l’adtion prife hors de la
Nature etoit fans interet pour nous, & que les
fens fe pretent mal a l’illufion quand le cceur
ne s’en mele pas ; de forte qu’a tout compter il
eut ete difficile d’ennuyer une affemblee a plus
grands frais.
Ce Spectacle , tout imparfait qu’il etoit, fit
O P E. 43
long-tems l’adnliration des contemporains, qui
n’en connoiffoient point de meilleur. Ils fe fe-
iicitoient meme de la decouverte d’un fi beau
genre : voila , difoient - ils, un nouveau principe
joint a ceux d’Ariftote ; voila 1’admiration ajou-
tee a la terreur & a la pitie. Ils ne voyoient pas
que eette richeffe apparente n’etoit au fond
qu’un figne de fterilite , cotnme les fleurs qui
couvrent les champs avant la moiffon. C’etoit
faute de favour toucher qu’ils vouloient furpren-
dre , & cette admiration pretendue n’etoit en
effet qu’un etonnement puerile dont ilsauroient
du rougir. Un faux air de magnificence , de fee-
rie & d’enehantement, leu r en impolbit au point
qu’ils ne parloient qu’avec enthouiiafme & ref-
ped d’un Theatre qui ne meritoit que des huees j
ils avoient de la meilleure foi du monde autant
de veneration pour la Scene meme que pour les
chimeriques objets qu’on tachoit d’y reprefenter :
comme s’ily avoit plus de merite a faire parler
placement le Roi des Dieux que le dernier des
inortels , & que les Valets de Moliere ne fulfent
pas preferables aux Heros de Pradon.
Quoique les Auteurs de ees premiers Opera
n’eulfent guere d’autre but que d’eblouir les
yeux & d’etourdir les oreilles, il etoit difficile
que le Mufiden ne fut jamais tente de chercher
a tirer de fon Art Pexpreffion des fentimens re-
pandus dansde Poetne. Les Chanfons des Nym-
phes, les Hymnes des Pretres, les cris des
OPE.
U
Guerriers, les hurlemens infernaux ne remplif-
foient pas t'ellement ees Drames groffiers qu’il
ne s’y trouvat quelqu’un de ces inftans d’interet
& de fituation oil le Spedateur ne demande qu’a
s’attendrir. Bientot on commenca de fentir qu'in-
dependamment de la declamation muficale , que
fouvent la langue comportoit mal, le choix du
Mouvement , de l’Harmonie & des Chants n’e-
toit pas indifferent aux chofes qu’on avoit a di¬
re , & que, par confequent , l’effet de la feule
Mufique borne jufqu’alors au fens , pouvoit al-
ler jufqu’au cceur. La Melodie , qui ne s’etoit
d’abord feparee de la Poefie que par neceffite,
tira parti de cette independance pour fe donner
des beautes abfolues & purement muficales :
i’Harmonie decouverte ou perfedionnee lui ou-
vrit de nouvelles routes pour plaire & pour
emouvoir ; & la Mefure , affranchie de la gene
du Rhythme poetique, acquit auffi. une forte de
cadence a part, qu’elle ne tenoit que d’elle feule.
La Mufique, etant ainfi devenuc un tro ifieme
Art d’imitation , eut bientot fon iangage , fon
expreffion, fes tableaux , tout-a-fait independans
de la Poefie. La Symphonie rnerne apprit a par-
ler fans le fecours des paroles, & fouvent il ne
fortoit pas des fentimens moins vifs de l’Or-
eheftre que de la bouche des Adeurs. C’eft
alors que, commencant a fe degouter de tout le
clinquant de la feerie , du puerile fracas des
machines, & de la fantafque image des chofqs
0 P E.
qu’on n’a jamais vues , on chercha dans Fimi-
tation de la Nature des tableaux plus interelTans
& plus vrais. Jufques - la Y Opera avoit ete confti-
tue comme il pouvoit l’etre ; car quel meilleur
ufage pouvoit - on faire au Theatre d’une Mu-
lique qui ne favoit rien peindre , que de l’em-
ployer a la reprefentation des chofes qui ne pou-
voient exifter, & fur lefquelles perfonne n’etoic
en etat de comparer l’image a l’objet ? II eft
impoffible de favoir ft l’on eft affecte par la
peinture du merveilleux comme on le feroit par
fa prefence ■, au lieu que tout homme peut juger
par luimeme ft l’Artifte a bien fu faire parler
aux pafllon§ leu r langage, & ft les objets de la
Nature font bien imites. Aufti des que la Mu-
ftque eut apprfs a peindre & a parler , les char-
mes du fentiment firent-ils bientbt negliger ceux
de la baguette , le Theatre fut purge du jargon
de la Mythologie , l’interet fut fubftitue au mer¬
veilleux , les machines des Poetes & des Char-
pentiers furent detruites , & le Drarne lyrique
prit une forme plus noble & moins gigantefque.
Tout ce qui pouvoit emouvoir le coeur y fut em¬
ploye avec fucces , on n’eut plus befoin d’en
impofer par des etres de raifon , ou plutot de
folie, & les Dieux furent chafles de la Scene
quand on y fut reprefenter des hommes. Cette
forme plus fage & plus reguliere fe trouva en¬
core la plus propre a l’illufion 5 l’on fentit que le
shef-d’ceuvre de la Mufique etoit de fe faire ou-
O P E.
46
blier elle-meme , qu’en jettant le defordre & It
trouble dans Fame du Spe&ateur elle l’empe-
choit de diftinguer les Chants tendr^s & pathe-
tiques d’une Heroine gemiflante , ties vrais ac-
cens de la douleur & qu’Achille en ttmeur pou-
voit nous glacer d’effroi avec le meme langage
qui nous eut choques dans fa bouche en tout
autre terns.
Ces obfervations donnerent lieu a une fe-
conde reforme non moins importante quc la pre¬
miere. On fentit qu’il ne falloit a 1 ’Opera rien
de froid & de raifonne , rien que le Spe&ateur
put ecouter affez tranquillement pour reflechir
fur fabfurdite de ce qu’il entendoit & c’eft en
cela, fur-tout, que confifte la difference elfen-
tielle du Drame lyrique a la fimple Tragedie.
Toutes les deliberations politiques , tous les pro¬
jets de confpiration , les expofitions, les recks ,
les maximes fentencieufes j en un mot, tout ce
qui ne par le qu’a la raifon fut banni du langage
du eoeur, avec les jeux d’elprit, les Madrigaux
& tout ce qui n’eft que des penfees. Le ton
meme de la fimple galanterie , qui quadre mal
avec les grandes paffions , fut a peine admis
dans le rempliflage des fituations tragiques , dont
il gate prefque toujours FefFet : car jamais on ne
fent mieux que FA&eur chante , que lorfqu’il
dit une Chanfon.
L’energie de tous les fentimens , la violence
de toutes les paffions font done l’objet principal
o p e;
47
6a Drame lyrique ; & l’illufion qui en fait le
charme , eft toujours detruite auffi-tot que l’Au-
teur & FAdteur lailfent un moment le Spe&ateur
a lui-meme. Tels font les principes fur lefquels
VOpera moderne eft etabli. Apoftolo - Zeno , le
Corneille de l’ltalie ; fon tendre eleve qui en
eft le Racine, ont ouvert & perfedionne cette
nouvelle carriere. Ils ont ofe mettre les Heros
de l’Hiftoire fur un Theatre qui fembloit ne
convenir qu’aux phantomes de la Fable. Cyrus,
Cefar , Caton meme, ont paru fur la Scene avec
fucces, & les Spedateurs les plus revoltes d’en-
tendre chanter de tels hommes, ont bient6t ou-
blie qu’ils chantoient, fubjugues & ravis par 1’e-
clat d’une Mufique auffi pleine de nobleife & de
dignite que d’enthoufiafme & de feu. L’on fup-
pofe aifement que des fentimens fi differens des
ndtres doivent s’exprimer aufli fur un autre ton.
Ces nouveaux Poemes que le genie avoit
crees , & que lui feul poavoit foutenk, eearte-
rent fans eifort les mauvais Muficiens qui n’a-
voient que la mechanique de leur Art, &, prives
du feu de l’invention & du don de l’imitation,
faifoient des Opera comme ils auroient fait des
fabots. A peine les cris des Bacchantes , les con¬
jurations des Sorciers & tous les Chants qui n’e-
toient qu’un vain bruit, furent-ils bannis da
Theatre ; a peine eut-on tente de fubftituer a ce
barbare fracas les accens de la colere , de la
douleur , des menaces , de la tendrelfe , des
o P e:
48
pleurs des gcmiflemens , & tous les mduve-
mens d’uneame agitee , que, forces de donneS
des fentimens aux Heros & un langage au coeur
humain , les Vinci , les Leo, les Pergolefe , de-
daignant la fervile imitation de leurs predecef-
feurs, & s’ouvrant uae nouvelle carriere , la
franchirent fur l’aile du Genie , & fe trouverent
au but prefque des les premiers pas. Mais on ne
peut marcher long - terns dans la route du bon
gout fans monter ou defeendre , & la perfection
eft un point ou il eft difficile de fe maintenir.
Apres avoir effaye & fenti fes forces , la Mufi-
que en etat de marcher feule, commence a de-
daigner la Poefie qu’elle doit accompagner, &
croit en valoir mieux en tirant d’elle - raeme les
beautes qu’elle partageoit avec fa compagne.
Elle fe propofe encore, il eft vrai, de rendre
les idees & les fentimens du Poete ; mais elle
prend, en quelque forte,un autre langage, &,
quoique 3’objet foit le meme , le Poete & le
Muficien , trop fepares dans leur travail, en of-
frent a la fois deux images relfemblantes, mais
diftinctes, qui fe nuifent mutuellement. L’efprit
force defe partager, choifit & fe fixe a une image
plutot qu’a l’autre. Alorsle Muficien , s’il a plus
d’art que le Poete, 1’effaee & le fait oublier :
l’Acteur voyant que le SpeCtateur facrifie les
paroles a la Mufique, facrifie a fon tour legefte
& I’aCtion theatrale au Chant & au brillant de
la voix i ce qui fait tout-a-fait oublier la Piece,
&
o p e:
49
Sc change le Spe&acle en un veritable Concert,
Que fi l’avantage, au contraire, fe trouve c!u
cote da Poete , la Mufique , a fon tour , devien-
dra prefque indifferente , & le Spedtateur , trom-
pe par le bruit, pourra prendre le change au
point d’attribuer a un mauvais Muficien le me-
rite d’uti excellent Poete , & de croire admirer
des chefs-d’oeuvres d’Harmonie, en admirant des
Poemes bien compotes.
Tels font les defauts que la perfection abfolue
de la Mufique & fon defaut duplication a la
Langue peuvent introduire dans les Opera a pro¬
portion du contours de ces deux caufes. Sue
quo! Ton doit remarquer que lex Langues les
plus propres a flechir fous les !oix de la Mefure
& de la Melodic font celles oil la duplicite done
je viens de purler eft le moins apparente, par-
ce que la Mufique fe pretant, feulement aux idees
de la Poefie, celle - ci fe prete a fon tour aux
inflexions de la Melodie > & que , quand la Mu¬
fique cede d’obferver le Rhythme, faccent &
1’Harmonie du vers, le vers fe plie & s’alfervit
a la cadence de la Mefure & a faccent mufical.
Mais lorfque la Langue n’a ni douceur ni flexi¬
bility , l’aprete de la Poefie fempeche de s’af-
fervir au Chant, la douceur meme de la Melo¬
die l’empeche de fe prefer a la bonne recitation
des vers, & fon fent dans f union forcee de ces
deux Arts une contrainte perpetuelle qui cho-
que l’oreille & detruit a la fois fattrait de la
Toms XL D
OPE.
fo
Melodie & i’effet de la Declamation. Ce defats
eft fans remede , & vouloir a toute force appli-
quer la Mufique a une Langue qui n’eft pas mu-
iicale, c’ett lui donner plus de rudefle qu’elle
n’en auroit fans cela.
Par ce que j’ai dit jufqu’ici, l’on a pu voir
qu’il y a plus de rapport entre l’appareil des
yeux ou la decoration , & la Mufique ou l’appa-
reil des oreilles , qu’il n’en paroit entre deux
fens qui femblent n’avoir rien de commun ; &
qu’a certains egards YOpera , conftitue corame
il eft , n’effc pas un tout auffi monftrueux qu’il
paroit l’etre. Nous avons vu que , voulant olfrir
aux regards i’interet & les mouvemens qui man-
quoient a la Mufique, on avoir imagine les groC-
fiers preftiges des machines & des vols , & que
jufqu’a ce qu’on fut nous emouvoir , on s’etoit
contente de nous furprendre. II eft done tres-
naturel que la Mufique , devenue paflionnee &
pathetique , ait renvoye fur les Theatres des
Foires ces mauvais fupplemens dont die n’avoit
plus befoin fur le fieri. Alors YOp:ra , purge de
tout ce merveilleux qui l’aviliifoit, devint un
Spedacle egalenient touchant & majeftueux , di-
gne de plaire aux gens de gout & d’intereffer les
coeurs fenfibles.
II eft certain qu’on auroit pu retrancher de
la pompe du Spectacle autant qu’on ajoutoit a
1’interet de l’adtion ; car plus on s’occupe des
perfonnages , moins on eft occupe des objets qui
ope:
f i
les entonrent: mais il faut, cependant, que le
Jieu de la Scene foit convenable aux Adeurs
qu’on y fait parler; & rimitation de la Nature ,
fouvent plus difficile & toujours plus agreable
que celle des etres imaginaires , n’en devient que
plus interelfante en devenant plus vraifembla-
ble. Un beau Palais , des Jardins delicieux , da
favantes ruines plaifent encore plus a l’oeil que
la fantafque image du Tartare, de 1’Olympe , dm
Char du Soleil; image d’autant plus inferieura
a celle que chacun fe trace en lui ■ meme , quo
dans les objets chimeriques il n’en coute rien a
l’efprit d’aller au-dela du poffible , & de fe fairs
des m odeles a u-deflus de toute imitation. De-la
vient que le merveilleux , quoique deplace dans
la Tragedie , ne l’eft pas dans le Poeme epique
ou 1’imagination toujours induftrieufe & depen-,
here fe charge de l’execution , & en tire un tout;
autre parti que ne peut faire fur nos Theatres
le talent du meilleur Machinifte & la magnifi-»
cence du plus pui/lant Roi.
Quoique la Mufique prife pourun Art d’imi-'
tation ait encore plus de rapport a la Poefie qu’a
la Peinture ; celle-ci, de la maniere qu’on Pern-,
ploie au Theatre, n’eft pas auffi fujette que la
Poefie a faire avec la Mufique une double re-
prefentation du meme objet; parce que l’une
rend les fentimens des hommes , & l’autre feule-
ment l’image du lieu ou ils fe trouvent, image
qui renforce l’illufion 8c tranfporte le Spectateus
D a
OPE.
52
par-tout ou 1’Acteur eft fuppofe etre. Mais c c
tran/port d’un lieu a un autre doit avoir des re¬
gies & des bornes : il n’eft permis de fe preva-
loir a cet egard de l’agilite de 1’imagination qu’en
confultant la loi de la vraifemblace, &, quoi-
que le Speclateur ne cherche qu’a fe preter a des
fi&ions dont il tire tout fon plaifir, il ne faut pas
abufer de fa credulite au point de lui en faire
hoote. Eli un mot, on doit fonger qu’on parlea
des coeurs fenfibles , fans oublier qu’on parle a
des gens raifonnables. Ce n’eft pas que je vou-
luife tranfporter a 1’ Opera cette rigoureufe unite
de lieu qu’on exige dans la Tragedie, & a la-
quelle on ne pent guere s’a/fervir qu’aux depens
de l’aciion, de forte qu’on n’eft exaift a quelque
egard que pour etre abfurde a mille autres. Ce
feroit d’ailleurs s’oter l’avantage des changemens
de Scenes, lefquelles fe font valoir mutuelle-
ment : ce feroit s’expofer par une vicieufe uni-
formite a des oppoGtioiis mal conques entre la
Scene qui refte toujours & les foliations qui
changent; ce feroit gater l’un par l’autre l’effec
de la Mulique & celui de la decoration , comme
de faire entendre des Symphonies voluptueufes
parmi des rochers , ou des airs gais dans les Pa¬
lais des Rois.
C’eft done avec raifon qu’on a lailfe fubfifter
d’Acfte en Acfte les changemens de Scene , &
pour qu’ils foient reguliers & admiffibles , il fuf-
fit qu’on aitpu naturellement fe rendre du lieu
d’ou Toil fort all lieu ou J’on pafie , dans Pin-
tervalle de terns qui s’ecoule ou que l’adion fup-
pofe entre les deux Ades : de forte que , com-
me Punite de terns doit fe renferraer a-peu-pres
dans la duree de vingt-quatre heures , Punite de
lieu doit fe renfermer a-peu-pres dans Pefpace
d’une journee de chemin. A l’egard des chan-
gemens de Scene pratiques quelquefois dans un
meme Ade, ils me paroiifent egalement con-
traires a Pilluiion & a la raifon , & devoir etre
abfolument profcrits du Theatre.
Voila comment le concours de l’Acouftique
& de la Perfpedive peut perfedionner Pillu-
Jlon , flatter les fens par des impreffions diver¬
ges, mais analogues, & porter a Pame un meme
Interet avec un double plailir. Ainfi ce feroit
une grande erreur de penfer que Pordonnance
du Theatre n’a rien de commun avec celle de
la Mufique, ft ce n’eft la convenance generale
qu’elles tirent du Poeme. C’eft a Pimagination
des deux Artiftes a determiner entr’eux ce que
celle du Poete a lailfe a leur difpofition, & a
s’accorder ft bien en cela que le Spedateur fen-
te toujours Paccord parfait dece qu’il voit & de
ce qu’il entend. iVIais il faut avouer que la ta~
che du Muficien eft la plus grande. Limitation
de la peinture eft toujours froide, parce qu’elle
manque de cette fucceflion d’idees & d’impref-'
Cons qui echauffe Pame pardegres, & que tout
eft dit au premier eoup-d’ceil. La puilfanee imi-
D
OPE.
U
tativedecet Art, avec beaucoup d’objets appa-
xens, fe borne en effet a que tous les objets quifuf-
pendent ou partagent l’attention font autant de
contre-charmes qui detruifent celui de l’interet;
qu’en coupant le Spectacle par d’autres Specta¬
cles qui lui font etrangers , on divife le fujet
principal en parties independantes qui n’ont rien
de common entr’elles que le rapport general de
la matiere qui les eompofe; & qu’enfin plus les
Spedacles inferes feroient agreables, plus la
mucilat on du tout feroit difforme.. De forte
qu’en fuppofant un Opera coupe parquelques Di-
vertilfemens qu’on put imaginer, s’ils laiifoient
oublier le fujet principal, le Spedtajeur, a la
fin de chaque Fete, fe trouveroit aufli peu emu
qu’au commencement de la Piece; & pour l’e-
mouvoir de nouveau & ranimer l’interet, ce fe-
roi-t toujours a recommencer. Voila pourquoi
les Italiens ont enfin banni des Entr’a&es de
leurs Opera ces Intermedes comiques qu’ils y
avoient inferes; genre de Spectacle agreable, pi¬
quant & bien pris dans la nature, mais fi de¬
place dans le milieu d’une adtion tragique, que
les deux Pieces fe nuifoient mutuellement, &
que Pune des deux ne pouvoit jamais interefler
qu’aux depens de Pautre.
Refte done a voir fi, la Danfe ne pouvant
entrer dans la compofition du genre lyrique
comme ornement etranger, on ne I’y pourroit
p as faire entrer comme partie conftitutive, &
faire concourir a I’a&ion un Art qui ne doit pas
la fufpendre. Mais comment admettre a la fois
deux langages qui s’excluent mutuellement, &
joindre PArt Pantomime a la parole qui le rend
fuperflu ? Le langagedu gefte ecant la relfource
des wuetsou des gens qui ne peuvent s’en.en-
dre, devient ridicule entre ceux qui parlent.
On ne repond point a des mots par des gamba¬
des, ni au gefte par des difeours ; autrement je
ne vois point pourquoi celui qui entend le lan-
gage de l’autre ne lui repond pas fur le rneme
ton. Supprimez done la parole fi vous voulez
employer la Danfe : fi-tot que vous introduifez
la Pantomime dans VOptra-, vous en devez ban-
nir la Poefie j parce que de toutes les unites la
D 5
O P E.
58
plus neceflaire eft celle du langage, & qu’il eft;
abfurde & ridicule de dire a la fois la meme
chofe a la meme perfonne, & de bouche &
par ecrit.
Les deux raifons que je viens d’alleguer fe
reuniflent dans toute leur force pour bannir du
Drame lyrique les Fetes & les divertilfemens qui
non-feulement en fufpendent Faction , mais , ou
ne difent rien, ou fubftituent brufquement au
langage adopte un autre langage oppofe, dont
le contrafte detruitAa vraifemblance, affoiblit
I’interet , & foit dans la merae action poufui-
vie , foit dans un epifode infere, blefle egale-
ment la raifon. Ce feroit bien pis, ft ces Fetes
n’offroient au Spedateur que des lauts fansliai-
fbn , & des Danfes fans objet, tiftTu gothique
& barbare dans un genre d’ouvrage ou tout doit
etre peinture & imitation.
II faut avouer, cependant, que la Danfe eft
ft avantageufement placee au Theatre , que ce
feroit le priver d’un de fes plus grands agremens
que de Fen retrancher tout-a-faifc. Aulfi, quoi-
qu’on ne doive point avilir uneadion tragique
par des fauts & des entrechats, c’eft terminer
tres-agreablement le Spedacle, que de donner
un Ballet apres F Opera , comme une petite Pie¬
ce apres la Tragedie. Dans ce nouveau Speda¬
cle, qui ne tient point au precedent, on pent
auffi faire choix d’une autre Langue; c’eft une
autre Nation qui paroit fur la Scene. L’Art Pan-
fominie ou la Danfe devenant alors la Langue
de convention, la parole en doit etre bannie a
fontour, & la Mufique, reftant le moyen de
liaifon, s’applique a la Danfe dans la petite Pie¬
ce , comme elle s’appliquoit dans la grande a la
Poefie. Mais avant d’employer cette Langue
nouvelle, il faut la creer. Commencer par don-
ner des Ballets en adtion , fans avoir prealable-
ment etabli la convention des geftes, c’eft par-
ler une Langue a gens qui n’eti ont pas le Die-'
tionnaire, & qui, par eonfequent, ne l’enten-
dront point.
Opera , f. m. Eft aufli un mot confacre pour
diltinguer les d/iferens ouvrages d’un merae Au¬
teur, felon 1’ordre dans lequel ils ont ete impri-
mes ou graves, & qu’i! marque ordinairement
lui-meme fur les titrespar des chiffres. (Voyez
Oeuvre. ) Ces deux mots font principalement
en ufage pour les compofitions de (ymphonie.
Oratoire. De lltalien Oratorio. Elpece de
Drarne en Latin ou en Langue vulgaire , divife
par Scenes, a 1’imitation des Pieces de Thea¬
tre ; mais qui roule toujours fur des fujets facres
& qu’on met en Mufique pour etre execute dans
quelque Eglife durant le Careme ou en d’autres
terns. Cet ufage, alfez commun en Italie, n’eft
point admis en France. La Mufique Franqoife
eft fi peu propre au genre Dramatique, que c’eft
bien alfez qu’elle y mentre fon infuffifance au
Theatre, fans l’y montrer encore a l’Eglife.
60
o r c;
Orchestre , f. m. On prononce Orquejlrei
C’etoit, chez les Grecs, la partie inferieure du
Theatre ; elle etoit faite en demi-cercle & gar-
nie de lieges tout autour. On l’appelloit Or-
chejire, parce que c’etoit - la que s’executoient
les Danfes.
Ghez eux 1 ’Orchefire faifoit une partie du
Theatre •; a Rome il en etoit fepare & rempli de
lieges deftines pour les Senateurs , les AfagiR
trats, les Veftales, & les autres perfonnes de
diftin&ion. A Paris V Orchefire des Comedies
Francoifc & Italienne , & ce qu’on appelle ail-
leurs le Parquet, eft deftine en partie a un ufa-
ge femblable.
Aujourd’hui ce mot s’appiique plus 'particu-
lierement a la Mufique, & s’entend , tantot du
lieu oil fe tiennent ceux qui jouent des Inftru-
mens, comme P Orchefire de l’Opera, tantot du
lieu oil fe tiennent tous les Muficiens en gene¬
ral, comme VOrchefire du Concert Spirituel au
Chateau des Tuileries , & tantot de la col ledion
de tous les Symphoniftes : c’eft dans ce dernier
fens 4 que l’on dit de Pexecution de Mulique, que
YOrcheJlre etoit bon ou mauvais , pour dire que
les Inftrumens etoient bien ou maljoues.
Dans les Mufiques nombreufes en Sympho¬
niftes , telles que celle d’un Opera, c’eft uu
foin qui n’eft pas a negliger que la bonne diftri-
bution de P Orchefire. On doit en grande partie
a ce foin Pcffet etonnant de la Symphonie dans-
ies Opera d’ltalie. On porte la premiere atten¬
tion fur la fabrique meme de YOrchefire, c’eft-
a-dire, de Penceinte qni le contient. On lui don-
ne les proportions convenables pour que les
Symphoniftes y foient le plus raflembles & le
inieux diftribues qu’il eft poflible. On a foin
d’en faire la caiife d’un bois leger & refonnant
comme le fapin , de l’etablir fur un vuide avec
des arcs-boutan$,, d’en ecarter les Spedlateurs
par un rateau place dans le parterre a un pied
ou deux de diftance. De forte que le corps meme
de YOrchefire portant , pour ainfi dire, en
Fair , & ne touchant prefque a rien, vibre &
refonne fans obftacle, & forme comme un grand
Inftrument qui repond a tous les autres & en
augmente PeiFet.
A l’egard de la diftribution interieure, on a
foin : i°. que le nombre de chaque efpeced’Inf-
trument fe proportionne a l’effet cju’ils doivent
produire tous enfemble; que, par exemple,les
Bafles n’etouffent pas les Delfus & n’en foient
pas etouffees ; que les Hauts-bois ne dominant
pas fur les Violons , ni les feconds fur les pre¬
miers : 2". que les lnftrumens de chaque efpe-
ce, excepte les Bafles, foient raflembles en-
tr’eux, pour qu’ils s’accordent mieux & mar-
chent enfemble avec plus d’exactitude : 3° que
les Bafles , foient difperfees autour des deux Cla-
veffins & par tout YOrchefire , parce que c’eft la
lafle qui doit regler & foutenir toutes le au-
o r a
€2
tres Parties & que tous les Muficiens doivent
Pentendre egalement: 4 0 . que tous les Sympho¬
nies aient l’oeil fur le maitre a Ton Ciaveilin , &
le maitre fur chacun d’eux ; que de meme cha-
que Violon foit vu de fon premier & le voie :
c’eft pourquoi cet Inftrument etant & devant
etrc le plus nombreux doit etre diftribue fur
deux lignes qui fe regardent; favoir, les pre¬
miers affis eu face du Theatre le dos tourne vers
les Spe&ateurs, & les feconds vis-a-vis d’eux
le dos tourne vers le Theatre , &c.
Le premier Orchejire de l’Europe pour le
nombre & l’intelligence des Symphoniftes eft ce-
Jui de Naples.: mais celui qui eft le mieux dif¬
tribue & forme 1’enfemble le plus parfait eft
YOrcheftre de l'Opera du Roi de Pologne k
Drefde , dirige par l’illuftre Halfe. ( Cecci Yecri-
Doit en 1754. ) (Voyez Tl. G. Fig. r. ) La repre-
fentation de cet Orchefire , oil, fans s’attacher
aux mefures, qu’on n’apas prifes fur les lieux,
on pourra mieux juger a Pceil de la diftribudon
totale qu’on ne pourroit faire fur une longue
defcription.
On a remarque que de tous les Orchejlres de
1 ’Europe , celui de l’Opera de Paris, quoiqu’un
des plus nombreux , etoit celui qui faifoit le
moins d’effet. Les raifons en font faciles a com-
prendre. Premierement lamauvaife conftrudion
de YOrchefire, enfonce dans la terre, & clos
d’une enceinte de bois lourd, maffif 3 & charge
de fer, etouffe toute refonnance : 2 * le man.
vais choix des Symphoniftes , dont le plus grand
nombrerecu par faveur fait a peine la Mufique,
& n’a nulle intelligence de l’enfemble : 3 0 . leur
affommante habitude de racier, s’accorder ,
preluder continuellement a grand bruit, fans ja-
mais pouvoir etre d’aecord : 4 0 . le Genie Fran-
qois, qui eft en general de negliger & dedaigner
toutce qui devient devoir journalier : 5 0 . les
mauvais Inftruraens des Syraphoniftes , lefquels
reftant fur le lieu font toujours des Inftrumens
de rebut, deftines a mugir durant les reprefen-
tations, &a pourrir dans les Intervalles: 6°. le
mauvais emplacement du maitre qui, fur le de-
vant du Theatre & tout occupe des Adeurs ,
ne peut veiller fuffilamment fur fon Orchejtre &
fa derriere lui , au lieu de l’avoir fous fes yeux :
7 P . le bruit infupportable de fon baton qui cou-
vre & amortit tout 1 ’effet de la Symphonie : 8?.
la mauvaife Harmonie de leurs compofitions »
qui, n’erant jamais pure & choifie , ne fait en¬
tendre , au lieu de chofes d’elfet, qu’un rem-
plilfage fourd & confus : 9 0 . pas afl'ez de Con-
tre-baifes & trop de Violoncelies , dont les Sons ,
traxnes a leur maniere, etouffent la Melodic &
affornment le Spedateur : io°. enfin le defaufc
de Mefure , & le caradere indetermine de la
Mufique Fraticoife , ou c’eft toujours 1 ’Adeur
qui regie F Orchejtre , au H u que YOrckejire
doit regler l’Adeur , & ou les Deftus tnenent
64 O R G.
la Balfe , au lieu que la Balfe doit mener les
Delius.
Oreille,//. Ce mot s’emploie figurement
en terme de Mufique. Avoir de 1 'Oreille , c’eft
avoir 1’oule fenfible, fine & jufte; en forte que,
foit pour l’intonation , foit pour la Mefure, on
foit cheque du moindre defaut, & qu’aulii foil
foit frappe des beau'es de l’Art, quand on les
entend. On a VOreille faulfe l’orfqu’on chante
conftamment faux , l’orfqu’on ne diltingue point
les Intonations fauifes des Intonations juilcs,
ou l’orfqu’on n’eft point fenfible a la precifion
de la Mefurc , qu’on la bat inegale ou a contrc-
tems. Ainfi le mot Oreille fe prend toujours
pour la finelfe de la fenfation ou pour le juge-
ment du fens. Dans cette acception le mot
Oreille ne fe prend jamais qu’au fingulier & avec
Particle partitif. Avoir de f Oreille ,• il a pen
d' Oreille.
Organique , adj. pris fubfl. aufimin. C’etoit
chez les Grecs cette par tie de la Mufique qui
s’execmoit fur les Inltrumens , & cett epartie
avoit fes caracteres , fes Notes particulieres ,
conune on le voit dans les Tables de Racchius
& d’Alypius. ( Toyez Musiq.ue , Notes. )
Organiser le Chant,?', a. C’etoit, dans le
commencement de l’invention du Contrepoint,
inferer quelques Tierces dans une fuite de Plain-
Chant al’Unilfon : de forte, par exemple, qu’u-
lie partie du Choeur chantaut ces quatre Notes ,
ut
O U V.
litrefiut , l’autre partie chantoit en merae terns
ces quatre ci i ut re re ut. II paroic par les exem-
ples cites par l’Abbe le Beuf & par d’autres,
que 1 ’Organisation ne fe pratiquoit guere que
fur la Note fenfible a 1’approche de la finale i
d’ou il fuit qu’on n ’orgamfoit prefque jamais que
par une Tierce mineure. Pour uti Accord fi faci¬
le & fi peu varie, les Chantres qui organifoient
ne laitfoient pas d’etre payes plus cher que les
autres.
A l’egard de 1’ Organum triplum •, ou quadru-
flum , qui s’appelloit aufii Tnflum ou Quadru-
plum tout limplement, ce n’etoit autre cltofe
que le meme chant des Parties organifantes en-
tonne par des Hautes - Coutres » POctave des
Baifes , par des Delius a 1’Odave des Tallies.
. Orthien , adj. Le Nome Orthien dans la Mu-
fique Grecque etoit un Nome Dadylique, in-
vente , felon les uns, par l’ancien Olympus le
Phrygien, & felon d’autres par le Myden. C’eft
fur. ce Nome Orthien , dilent Herodote & Au-
lugelle, que chantoit Arion quand it fe precipita
dans la rner.
Ouverture , /./. Piece de Symphonie qu’on
s’eiforce de rendre eclatante, impofante , har-
monieufe, & qui fcrt de debut aux Opera &
autres Drames lyriques d’une certaine etendue.
Les Ouvertures des Opera Francois font pref¬
que toutes calquees fur celles de Lully. Elies
font compofees d’un morceau trainant appelle
Tome XI. E
66
o u v;
grave qu’on joue ordinairement deux fois, &
d’une Reprife fautillante appellee gaie, laquelle
eft communemenc fuguee : plufieurs de ces Re-
prifes rentrent encore dans le grave en finiflant.
II a etc un terns oil lcs Ouvertures Franqoifes
fervoient de modele dans toute l’Europe. II n’y
a pas foixante ans qu’on faifoit venir en Italie
des Ouvertures de France pour mettre a la tete
des Opera. J’ai vu raeme plufieurs anciens Ope¬
ra Italiens notes avec une Ouverture de Lulli k
le tete. C’eft de quoi les Italiens ne convien-
nent pas aujourd’hui que tout a fi fort change ;
mais le fait ne laifle pas d’etre tres - certain.
La Mufique inftrumentale ayant fait un pro-
gres etonnant depuis une quarantaine d’annees,
ies vieilles ouvertures faites pour des Sympho-
niftes qui favoient peu tirer parti de leurs Int
trumens, ont bient6t ete laiffees aux Franqois ,
& l’on s’eft d’abord contente d’en garder a-peu-
pres la di/pofition. Les Italiens n’ont pas meme
tarde de s’affranchir de cette gene ,& ils diftri-
buent aujourd’hui leurs Ouvertures d’une autre
maniere. Us debutent parun morceau faillant &
vif , a deux ou a quatre Terns; puis ils donnent
un Andante a demi-jeu , dans lequel ils tachent
de deployer toutes les graces du beau Chant,
& ils finiflent par un brillant Allegro, ordinai¬
rement a trois Terns.
La raifon qu’ils donnent de cefte diftributiofi
eft , que dans un Spedacle nombreux ou les
O U V.
67
Spedateurs font beaucoup de bruit, il faut d’a-
bord les porter au filence & fixer leur attention
par un debut eclatant qui les frappe. Ils difent
que le grave de nos Otivertures n’eft entendu
ni ecoute de perfonne, & que n-otre premier
coup d’archet, que nous vantons avec tant d’em-
pbafe, moins bruyant que PAecord des Inftru-
rnens qui le precede, & avec lequel il fe con-
fond , eft plus propre a preparer 1’Auditeur a
1’ennui qu’a l’attention. Ils ajoutent qu’apres
avoir rendu le Speftateur attentif, il convient
de l’intereffer avec moins de bruit par un Chant
agreable & flatteur qui le difpofe'a lattendriffe-
ment cju’on tachera bientot de luiinlpirer; &
de determiner enfin VOuverture par un nxorceau
d’un autre caradere , qui, tranchant avec le
commencement du Drame , marque, en finilfant
avec bruit, le filence que 1’Adeur arrive fur la
Scene exige du Spedateur.
Notre vieille routine d’ Ouvertures a fait nal-
tre en France utie plaifante idee. Plufieurs fe
font imagines qu’il y avoit une tede convenance
entre la forme des Olivertw es de Lulli & un
Opera quelconque , qu’on ne fauroit la changer
fans rompre l’Accord du tout : de forte que,
d’un debut de Symphonic qui feroit dans un au¬
tre gout, tel, par exemple, qu’une Ouverture
Italienne, ils diront avec mepris, que c’eftune
Senate, & non pas une Ouverture ,• eomme fi
to ate Ouverture n’etoit pas une Sonate.
E *
OX 1.
Je fais bien qu’il feroit a defirer qu’il y eut im
rapport propre & fenfible entre le caradere d’unc
Ouverture & celui de l’ouvrage qu’elle annonce ;
mais au lieu de dire que toutes les Ouverturet
doivent etre jettees au raeme moule, cela die
precifementlecontraire. D’ailleurs , fi nos Mufi-
ciens manquent fi fouvent de faifir le vrai rapport
de la Mufique aux paroles dans chaque morceau ,
comment faifiront - ils les rapports plus eloignes
& plus fins entre l’ordonnance d’une Ouverture,
& celle du corps entier del’ouvrage? Qiielques
Muficiens fe font imagines bien faifir ces rapports
en raifemblant d’avance dans VOuverture tous les
caraderes exprimes dans la Piece , comme s’ils
vouloient exprimer deux fois la meme adion , &
que ce qui eft a venir fut deja pafle. Ce n’eft pas
cela. VOuverture la mieux entendue eft celle qui
difpofe tellementles coeurs des Spedateurs, qu’ils
s’ouvrent fans effort a l’interet qu’on veut leur
Conner des le commencement de la Piece. Voila
le veritable eftet que doit produire une bonne
Ouverture: voila le plan fur lequel il la faut trader.
Ouverture du Livre , a l’Ouverture du
Livre. ( Voyez Livre.)
Oxipycni , adj. flur. C’eft le nom que don-
noient les Anciens dans le Genre epais au troi-
fieme Son en montant de chaque Tetracorde.
Ainfi les Sons Oxipycni etoient cinq en nombre.
( Voyez Apycni , Epais , Systeme 3 Te'tra-
COKDE. )
PAP.
P.
Par abreviation , fignifie Piano , c’eft-a-
dire , Doux. (Voyez Doux.) Le double PP.
fignifie, PianiJJimo, c’eft-a-dire, tres-Doux.
Pantomime , /./. Air fur lequel deux ou plu-
fieurs Danfeurs executent en Danfe une A&ibn
qui porte auffi. le nom de Pantomime. Les Airs
des Pantomimes ont pour l’ordinaire un couplet
principal qui revient fouvent dans le cours de la
Piece, & qui doit etre fimple, par la raifon dite
au mot Gontre - Danfe: niais ce couplet eft en-
tremele d’autres plus faillans , qui parlent, pour
ainfi dire, & font image , dans les fituations
ou le Danfeur doit mettre une expreffion de-
terminee.
Papier re'gle'. On appelle ainli le papier
prepare avec les Portees toutes t racees , pour y
noter la Mufique. (Voyez Pqrte'e. )
II y a du Papier regie de deux efpeces, fa-
voir celui dont le format eft plus long que large,
tel qu’on l’emploie communement en France,
&. celui dont le format eft plus large que
long; ce dernier eft le feul dont on fe ferve
en Italie. Cependant, par une bizarrerie dont
j’ignore la caufe, les Papetiers de Paris appel-
lent Papitr regie a la Francoife , celui dont oa
E 3
7o
PAR.
fe fert en Italic , & Papier regie a F Italmme ,
celui qu’on prefere en France.
Le format plus large que long paroit plus
commode, foitparce qu’un livrede cette forme
fe tient mieuxouvert fur un pupitre , foit parce
que les Portees etantplus longues on en change
jnoins frequement: or , c’eft dans ces change-
mens que les Muficiens font fujets a prendre
une Portee pour l’autre , fur - tout dans les Par¬
titions. (Voyez Partition. )
Le Papier regie en ufage en Italie eft tou¬
jours de dix Portees , ni plus ni moms ; & cela
fait jufte deux Lignes on Accolades dans les
Partitions ordinaires , ou l’on a toujours cinq
Parties; favoir , deux Deifus de Violons , la
Viola, la Partie chantante , & la Balfe. Cette
divifion etant toujours la tneme, & chacun trou-
vant dans toutes les Partitions fa Partie fem-
blablement placee, paffe toujours d’une Accolade
a 1’autre fans embarras & fans rifque de fe me-
prendre. Mais dans les Partitions f'ranqoifes ou
le nombre des Portees n’eft fixe & determine ,
ni dans les Pages ni dans les Accolades , il faut
toujours hefiter a la fin de chaque Portee pour
trouver , dans 1’Accolade qui fuit , la Portee
correfpondante a celle oil l’on eft ; ce qui rend
le Muficien moins fur, & l’execution plus fu-
jette a manquer.
Pauadiazeuxis , ou Disjonction prochai-
ne , f. f. C’etoit, dans la Mufique Grecque,
PAR.
7i
au rapport da vieux Bacchius, l’lntervalle d’un
Ton feulement entre les Cordes de deux Tetracor-
des, & telle eft l’efpece de disjunction qui re-
gne entre le Tetracorde Synnemenon , & le Te-
traeorde Diezeugmenon. ( Voyez ces mots. )
Paramese, f . f . C’etoit, dans la Mufique
Grecque, le nom de la premiere Corde du Te¬
tracorde Diezeugmenon. II faut fe fouvenir que
le troilieme Tetracorde pouvoit etre conjoint
avec le fecond ; alors fa premiere Corde etoit
la Mefe ou la quatrieme Corde du fecond ; c’eft-
a- dire, que cette Mefe etoit commune aux deux.
Mais quand ce troilieme Tetracorde etoit
disjoint, il commenqoit par la Corde appellee
Faramefe , iaquelle , au lieu de fe confondre
avec la Mefe, fe trouvoit alors un Ton plus
haut, & ce Ton faifoit la disjondtion ou diftaK-
ee entre la quatrieme Corde ou la plus aigue du
Tetracorde Mefon , & la premiere ou la plus
grave du Tetracorde Diezeugmenon. ( Voyez
Systeme, Te'tracorde. )
Faramefe fignifie proche de la Mefe ; parce
qu’en effet la Faramefe n’en etoit qu’a un Ton
de diftance, quoiqu’il y eut quelquefois une-
Corde entre deux. (Voyez Trite.)
Paranete , J'. f. C’eft dans la Mufique an-
cienne, le nom donne par plufieurs Auteurs a
la troifieme Corde de chacun des trois Tetra-
cordes Synnemenon , Diezeugmenon , & Hvper-
E 4
72
PAR.
boleon j Corde que quelques-uns ne diftinguoierrt
que par le nom du Genre ou ces Tetracordes
etoienc employes. Ainfi la troifieme Corde du
Tetracorde Hyperboleon , laquelle eft appellee
Hyperboleon - Diatonos par Arifloxene & Aly-
pius , eft appellee Paranete - Hyperboleon par
Euclide, &c.
Paraphonie , f.f. Celt , dans la Mufique
ancienne , cette efpece de Confonnance qui ne
refulte pas des memes Sons , comme l’Uniflon
qu’on appelle Homophonie ; ni de la Replique
des memes Sons , comme l’O&ave qu’on appelle
Antiphonie ,• mais des Sons reellement differens,
comme la Quinte & la Quarte , feules Parapho-
nies admifes dans cette Mufique : car pour la
Sixte & la Tierce , les Grecs ne les mettoient
pas au rang des Paraphonies, ne les admettant
pas meme pour Confonnances.
Parfait, adj. Ce Mot, dans la Mufique, a
plufieurs fens. Joint au mot Accord, il lignifte
1111 Accord qui comprend tautes les Confonnan¬
ces fans aucune Diflonnance; joint au mot Ca¬
dence , il exprime celle qui porte la Note fenli-
ble & de la Dominante tombe fur la Finale ;
joint au mot Confonnance , il exprime un Inter¬
vals jufte & determine , qui ne peut etre ni
majeur ni mineur : ainfi l’Odave, la Quinte
& la Quarte font des Confonnances parfaites,
& ce font les feules> joint au mot Mode , il
P A R.
73
s’applique a la Mefure par une acception qui
n’eft plus connue & qu’il faut expliquer pour
rintelligence des anciens Auteurs.
Ils divifoient le Terns ou le Mode, par rap¬
port a la Mefure, en Parfait ou Imparfait , &
pretendant que le nombre t etna ire etoit plus
parFait que le binaire, ce qu’ils prouvoient par
la Trinite , ils appelloient Terns ou Mode Par¬
fait , celui dont la Mefure etoit a trois Terns,
& ils le marquoient par un O ou cercle, quel-
quefois feul, & queiquefois barre <}>. Le Terns
ou Mode Imparfait formoit une Mefure a deux
Terns, & fe marquoit par uu O tronque ou un
C, tantot feul & tantot barre (j\ (VoyezME-
sure, Mode, Prolation, Tems.)
Parhypate , f. f Nom de la Corde qui fuit
immediatement l’Hypate du grave a l’aigu. II y
avoir deux Parhypates dans le Diagtamme des
Grecs •, favoir , la Parhypate - Hypaton , & la
Parhypate - Mefott. Ce mot Parhypate lignifie
Sous - principals ou proche la principals. ( Voyez
Hypate. )
Parodie , f f. Air de Symphonie dont on
fait un Air chantant en y ajuftant des paroles.
Dans une Mufique bien faite le Chant eft fait
fur les paroles , & dans la Parodie les paroles
font faites fur le Chant: tous les couplets d’une
Chanfon , excepte le premier , font des efpe-
ces de Parodie ; & c’eft , pour l’ordinaire,
E f
74
PAR.
ce que 1’on ne Pent que trop a la maniere dont
la Profodie y eft eftropiee. (Voyez Chanson.)
Paroles , f. f.plur. C’eft le nom qu’on don-
neau Poeme que le Compofiteur met en Mufi-
que; foie que ce Poeme foit petit ou grand ,
foit que ce foit un Drame ou une Chanfon. La
mode eft de dire d’un nouvel Opera quelaMu-
llque en eft paffable ou bonne , mais que les
Paroles en font deteftables : on pourroit dire
le contraire des vieux Opera de Lulli.
Partie, f.f. C’eft le nom de chaque Voix
®u Melodie feparee , dont la reunion forme le
Concert. Pour conftituer un Accord, il faut que
deux Sons au moins fe fa/fent entendre a la fois j
ce qu’une feule Voixne fauroit faire. Pour for¬
mer , en chantant, une Harmonie ou une fuite
d’Accords , il faut done plufieurs Voix : le Chant
qui appartient. a chacune de ees Voix s’appelle
Partie, & la coliedion de toutes les Parties d’un
memeouvrage, ecrites Pune au-delfous de l’autre,
s’appelle Partition. (Voyez Partition. )
Comme un Accord complet eft compofe de
quatreSons , il y a aulli, dans la Mufiqu'e , qua-
tre Parties principales dont la plus aigue s’ap¬
pelle DeJJlis, & fe chantepar des Voix de fem¬
mes , d’enfans ou de Miifici : les trois autres
font, la Haute-Contre , la Taill'e Sc la Baje , qui
toutes appartiennent a des Voix d’hommes. Ort
peut voir , ( PL F. Fig. 6. ) l’etendue de Voix
de chacune de ces Parties , & la Clef qui lui
PAR.
7 <
appartient. Les Notes blanches montrent les Sons
pleins ouchaque Partie peut arriver tant en haut
qu’en bas , & les Croches qui fuivent montrent
les Sons oil la Voix commenceroit a fe forcer s
& qu’elle ne doit former qu’en paifant. Les
Voix Italiennes excedent prefque toujours cette
etendue dans le haut, fur - tout les Deffus; mais
la Voix devient alors une efpece de Faucet, &
avec quelqu’art que ce defaut fe deguife, e’en
eft certainement un.
Quelqu’une ou chacune de ces Parties fe fub-
divife quand on. eompofe a plus de quatre Par¬
ties. (Voyez Dessus, Tailee, Basse.)
Dans la premiere invention du Contrepoint,
il n’eut d’abord que deux Parties , dont l’une
s’appelioit Tenor, & 1’autre Difcant. Enfuite on
en ajouta une troilieme qui prit le nom de Tri-
plum i & enfin une quatrieme , qu’on appella
quelquefois Quadruplum, & plus communement
Mottetus. Ces Parties fe confondoient & enjarn-
boient tres-fre'quemment les unes fur les autres :
ce n’eft que peu-a-peu qu’en attendant a l’aigu
& au grave, elles ont pris, avec des Diapafons
plus fepares & plus fixes , les noms qu’elles
ont aujourd’hui.
II y a auffi des Parties inftrumentales. Ilya
meme des Inftrumens comme l’Orgue, le Cla-
veffin , la Viole, qui peuvent faire plufieurs
Parties a la fois. On divife auffi la Mufique Inf-
trumeutale en quatre Parties , qui repondent a
F A R.
76
celles de la Mufique Vocale, & qui s^ppellent
Dejfiis , Qiiinte , Taille , & Bajje ; mais ordi-
nairement le Deflus fe fepare en deux , & la
Quinte s’unit avec la Taille, fous le nom com-
luun de Viole. On treuvera aufli (PL F. Fig. 7-)
les Clefs & l’etendue des quatre Parties Inftrumen-
tales: mais il faut remarquer que la plupart des
Inftrumens n’ont pas dans le haut des bornes
precifes, & qu’on les peut faire demancher au-
tant qu’on veut aux depens des oreilles des Au-
diteurs ; au lieu que dans le bas ils ont un terme
fixe qu’ils ne fauroient paffer •• ee terme eft a
la Note que j’ai marquee, mais je n’ai marque
dans le haut que celle oil Ton peut atteindre
fans demancher.
II y a des Parties qui ne doivent etre chan-
tees que par une feule Voix, oujouees que par
un feul Inftrument, & celles-la s’appellent Par¬
ties recitantes. D’autres Parties s’executent par
plufieurs perfonnes chantant ou jouanta I’Unif-
fon , & on les appelle Parties concertantes ou
Parties de Cbteur.
On appelle encore Partie, le papier de Mufi-
que fur lequel eft ecrite la Partie feparee de
chaque Muficieifj quelquefois plufieurs chan tent
ou jouent fur le mhae papier : mais quand ils
ont chacun le leur , comme cela fe pratique or-
dinairement dans les grandes Mufiques, alors 3
quoiqu’en ce fens chaque Concertant ait fa Par-
tie , ce n’eft pas a dire dans 1 ’autre fens qu’il y
P A R.
77
ait autant de Parties de Concertans, atteadu que
la rneme Par tie eft fouvent doublee, triplee &
multipliee a proportion du nombre total des
executans.
Partition , f. f . Colle&ion de toutes les Par¬
ties d’une Piece de Mufique , ou Ton voit , par
la reunion des Portees correfpondantes, l’Har-
monie qu’elles forment entr’elles. On ecrit pour
cela toutes les Parties Portee a Portee , l’une
au-deffous de 1’autre avec la Clef qui convient a
ehacune, commenqant par les plus aigues, &
plaqant la Baffe au-deffous du tout •, on les ar¬
range, comme j’ai dit au mot Copiste , dema-
niere que chaque Mefure d’une Portee foit pla-
cee perpendiculairemcnt au-delTus ou au-deflous
de la Mefure correlpondante des autres Parties,
& enfermee dans les memes Barres prolongees
de Pune a l’autre , afin que Ponpuiffe voird’un
coup d’oeil tout ce qui doit s’entendre a la fois.
Comme dans cette difpodtion une feule ligne
de Mufique eomprend autant de Portees qu’il y
a de Parties, on embraffe toutes ces Portees par
un trait de plume qu’on appelle Accolade ., &
qui fe tire a la marge au commencement de cette
ligne ainfi compofee ; puis on recommence,
pour une nouvelle Ligne, a tracer une nouvelle
Accolade qu’on remplit de la fuite des memes
Portees ecrites dans le memeordre.
Ainfi , quand on veut fuivre une Partie, apres
ivoir parcouru la Portee jufqu’au bout, on ne
P A R.
78
palfe pas i celle qui eft immediatement au - def-
fous, mais on regarde quel rang la Portee que
foil quitte occupe dans fon Accolade , on va
chercher dans l’Accolade qui fuit la Portee cor-
refpondante , & l’on y trouve la fuite de la
meme Partie.
L’ufage des Partitions eft indifpenfable pour
compofer. II faut auffi que celui qui conduit un
Concert ait la Partition fous les yeux pour voir
ii chacun fait fa Partie , & remettre ceux qui
peuvent manquer: elle eft meme utile a l’Ac-
compagnateur pour bien fuivre 1’Harmonie •, mais
quant aux autres Muficiens , on donne ordinai-
rement a chacun la Partie feparee, etant inutile
pour lui de voir celle qu’il n’execute pas.
II y a pourtant quelques cas ou l’on joint
dans une Partie feparee d’autres Parties en Par¬
tition partielle , pour la commodite des execu-
tans. 1 Dans les Parties vocales , on note or-
dinairement la Bade - oonthme en Partition avec
chaque Partie recitante , foit pour eviter au
Chanteur la peine de compter fes Paufes en fui-
vant la Bafle, foit pour qu’il fe puiife accom-
pagner lui - meme en repetant ou recitant fa Par-
tie. 2°. Les deux Parties d’un Duo chantant fe
notent en Partition dans chaque Partie feparee,
afin que chaque Chanteur , ayant fous les yeux
tout le Dialogue , en faififfe mieux l’efprit, &
s’accorde plus aifement avec fa contre - Partie.
q°. Dans les Parties Inftrumqjatales on a foin ,
PAR.
79
pour les Recitatifs obliges, de noter toujours
la Partie chantante en 'Partition avec celle de
FInftrument, afin que dans ces alternatives de
Chant non tnefure & de Symphonie mefuree ,
le Symphonifte prenne jufte le terns des Ritour-
nelles fans enjamber & fans retarder.
Partition , eft encore, chez les Facteurs
d’Orgue & de Claveflin, une regie pour accor-
der l’lnftrument, en commenqant par une Cor-
de ou un Tuyau de chaque Touche dans l’eten-
due d’une Oftave ou un peu plus , prife vers le
milieu du Clavier; 5c fur cette Octave ou Par¬
tition Ton accorde, apres, tout le refte. Void
comment on s’y prend pour former la Partition.
Su r un Son donne parun Inftrument dont je
parlerai au mot Ton, l’on accorde a fUnilTon ou
a I’O&ave 1c C fol nt qui appartient a la Clef
de ce nom , & qui fe trouve au milieu du Cla¬
vier ou a-peu-pres. On accorde enfuite le fol ,
Quinte aigue de cet ut; puis le re , Quinte ai¬
gue de ce fol; apres quoi Ton redefcend a l’Oc-
tave de ce re , a c6te du premier ut. On remon¬
te a la Quinte la , puis encore a la Quinte mi.
On redefcend a l’Odave de ce mi, & Ton con¬
tinue de meme , montant de Quinte en Quinte ,
& redefcendant a l’Odave lorfqu’on avance trop
a l’aigu. Quand on eft parvenu au fol Diife,
on s’arrete.
Alors on reprend le premier ut, & Ton ac¬
corde Ion Q&ave aigue; puis la Quinte grave
So
PAS.
de cette Ocftave fa j I’O&ave aigue de c e fa j
enfuite left Bemol, Quinte de cette Odave ;
enfin le mi Bemol , Quinte grave de ce fi Be¬
mol : l’Odave aigue duquel mi Bemol doit laire
Quinte jufte ou a-peu-pres avec le la Bemol ou
fol Diefe precedemment accorde. Quand cela
arrive, la Partition ell jufte ; autrement elle
eft faufle , & cela vient de n’avoir pas bien fuivi
les regies expliquees au mot Temperament. Voy ez
( P/. F. Fig. 8-) la fucceflion d’Accords qui
forme la Partition.
La Partition bien faite, l’accord du refte eft
tres-facile , puifqu’il n’eft plus queftion que
d’Uniflons & d’Odaves pour achever d’accor-
der tout le Clavier.
Passacaille , f. f. Elpece de Chaconne dont
le Chant eft plus tendre & le mouvement plus
lent que dans les Chaconnes ordinaires. (Voyez
Chaconne. ) Les Pajfacailles d’Armide & d’lfle
font celebres dans 1-Opera Francois.
Passage, f. m. Ornement dont on charge
Un trait de Chant, pour l’ordinaire aflez court ;
lequel eft compofe de plufieurs Notes ou Dimi¬
nutions qui fe chantent ou fe jouent tres - lege-
rement. C’eft ce que les Italiens appellent auffi
Pajfo. Mais tout Chanteur en Italie eft oblige
de favoir compofer des Pajfi , au lieu que la
plupart des Chanteurs Franqois ne s’ecartent ja¬
mais de la Note & ne font de Puff ages que ceux
qui font ecrits.
Passe-
P A Si
X 1
Passe-pied , f. ni. Air d’une Danfe de meme
nom , fort commune, dont la mefure eft triple,
fe marque \ , & fe bat a un Terns. Le mouve-
nient en eft plus vif que celui du Meriuet, le
caradere de 1’Air a - peu-pres femblable ; excepte
que le PaJ]e-pied admet la fyncope , & que le
Menuet ne l’admet pas Les Mefures de chaque
Reprife y doivent entrer de meme en nombre
pairement pair. Mais l’Air du Pajfe-pied au lieu
de commencer fur le Frapp t de la Mefure , doit
dans chaque Reprife commencer fur la croche
qui le precede.
Pastorale , /. /. Opera champetre dont les
Perfonnages font des Bergers, & dont la Mu-
ilque doit etre aiTortie a la fimplicite de gofit &
de mceurs qu’on Jeur fuppofe.
Une Pafiorale eft auffi uue Piece de Mufique
fake fur des paroles relatives a Petal Fuji oral ,
ou un Chant qui imite celui des Bergers , qui
en a la douceur, la tendrelfe & le nature! ; J’Air
d’une Danfe compofee dans le meme caradere
sappelle auffi Pali or ale.
Pastorelle , f. f. Air Italien dans le genre
paftoral. Les Airs Francois appelles Paftorales ,
font ordinairement a deux Terns , & dans le
caradere de Mufette. Les Pajlorelles Italiennes
out plus d’aceent, plus de grace, aufant de dou¬
ceur & rnoins de fadeur. Leur Mefure eft tou-
jours le fix - huit.
Tome XI,
F
P A T.
„g*
Patke^ique j adj. Genre de Mufique drama-
tique & theatral , qui tend a peindre & a emou-
voir les grandes paflions, & plus particuliere-
ment la douleur & la trifteife. Toute 1’expreC-
lion de la Mufique Franqoife , dans le genre
Pathetique , confide dans les Sons traines, ren-
forces j glapiifans , & dans une telle lenteur de
mouvement, que tout fentiment de la Mefurey
foit efface. De - la vient qne les Franqois croient
que tout ce qui eft lent eft Pathetique , & que
tout ce qui eft P athetiqne doit etre lent. 11s ont
naeme des Airs qui deviennent gais & badins >
ou tendres & Pathetiqu.es , felon qu’on les chante
yite ou lentement. Tel eft un Air li connu dans
tout Paris, auquel on donne le premier carac-
tere fur ces paroles : Ily a trente ans que mon-
cotillon traine , &c. & le fecond fur cellcs-ci ;
j Qitoi ! vous partez fans que rien vous avrete , &c.
C’eft l’avantage de la Melodie franqoife ; elle
fert a tout ce qu’on veut. Fiet avis, & , cum
volet , arbor.
Mais la Mufique Italienne n’a pas le memo
avantage : chaque Chant, chaque Melodie a
fon caradere tellement propre, qu’il eft impof-
iible de fen depouiller. Son Pathetiqne d’Accent
& de Melodie fe fait fentir en toute forte de
Mefure, & meme dans les Mouvemens les plus
vifs. Les Airs Franqois changent de caradere
felon qu’on prelfe ou qu’on ralentit le mouve.
P A V,.
S3
Kent: chaque Air Italien a foil Mouvement tel-
lement determine , qu’on ne peut l’alterer fans
aneantir la Melodie. L’Air ainfi defigure ne
change pas fon caradtere, il le perd ; ce n’elt
plus du Chant, ce n’eft rien.
Si le caradtere du Pathetique n’eft pas dans le
mouvement, on ne peut pas dire non plus qu’il
foit dans le Genre , ni dans le Mode, ni dans
fHarmonie ; puifqu’il y a des morceaux egale-
inent Pathetiques dans les trois Genres , dans les
deux Modes , & dans toutes les Harmonies ima-
ginables. Le vrai Pathetique eft dans l’Accent
paffionne , qui ne fe determine point par les re¬
gies , rnais que le genie trouve & que le coeur
fent, fans que l’Artpuilfe, en aucune maniere*
en donnerla loi.
Patte a Re'gler , f.f. On appelle ainfi uft
petit inftrument de cuivre , compofe de cinq
petites rainures egalement efpacees , attachees a
un manche coramun , par lefquelles on trace a
la fois fur le papier , & le long d’une regie,
cinq lignes paralleles. qui forment une Portee.
( Voyez Porte'e. )
Pavane, f.f. Air d’une Danfe ancienne du
meme 110m , laquelle depuis long-terns n’eft plus
en ufage. Ce nom de Pavanc lui fut donne pare®
que les figurans faifoient, en fe regardant, une
efpece de roue a la maniere des Paons. L’Hom-
me fe fervoit, pour cette roue, de fa cape &
de fon epee , qu’il gardoit dans cette Danfe ,
F %
P A U.
84
& c’eft par allufion a la vanite de cette attitude
qu’on a fait le verbe reciproque fe pavaner .
Pause , / /. Intervalle de terns qui , dans
Pexecution , doit fe paifer en faience par la Par-
tie oil la Paufe eft marquee* ( Voyez Tacet ,
Silence. )
Le 110m de Paufe peut s^appHquer a des Si¬
lences de differentes durees 5 mais commune-
ment il s’entend d’une Mefurs pieine. Cetts
Paufe fe marque par un demi-Baton qui , partant
d’une des ligiies interieures de la Portee , def-
Gend jufqu’a la moitie de l’efpace compris entre
cette ligne & la ligne qui eft immediatement au-
deifous. Quand on a plufieurs Paufes a marquer»
alors on doit fe fervir des ftgures dont j’ai parle
au mot Baton, & qu’on trouve marquees PL
D. Pig. 9.
A 1 ’egard de la denii - Paufe , qui vaut une
Blanche , ou la moitie d’une Mefure a quatre
Terns , die le marque comme la Paufe entiere»
avec cette difference que la Paufe tient a une
ligne par le haut, & que la demi- Paufe y tient '
par le bas. Voyez , dans la meme Figure 9 , la
diftin&ion de l’une & de l’autre.
II faut remarquer que la Paufe vaut toujours
une Mefure jufte , dans quelque efpece de Me¬
fure qu’on foit; au lieu que la demi - Paufe a une
valeur fixe & invariable : de forte que , dans
t •ute Mefure , qui vaut plus ou moins d’une
Blonde ou de deux Blanches, on ne doit point
P E R.
tf
% fervir de la demi-Paufe pour marquer une de-
mi-Mefure, mais des autres filences qui en e*-
priment la jufte valeur.
Quant a cette autre efpece de Paufe connue
dans nos anciennes Mufiques fous le nom de
Paufes initiales , parce qu’elles fe plaqoient apres
la Clef, & qui fervoient, non a exprimer des
Silences , mais a determiner le Mode > ce nom
de Paufes ne leur fut donne qu’abufivement :
c’eft pourquoi je renvoie fur cet article aux
mots B titon & Mode.
I 1 A. user , v. n. Appuyer fur une fyllabe en
chantant. On ne doit Paufer que fur les fyllabes
longues , & Ton ne Paufe jamais fur les e muets.
Pe'an , f. m. Chant de vi&oire parmi les
Grecs , en l’honneur des Dieux , & fur - tout
d’Apollon.
Penxacorde , f. m. C’etoit §hez les Grecs
tantot un Inftrument a cinq cordes , & tantot
un ordre ou fyfteme forme de cinq Sons : c’eft
en ce dernier fens que la Quinte ou Diapente
s’appelloit quelquefois Pentacorde.
Pentatonon , f in. C’etoit dans la Mufique
ancienne le nom d’un Intervalle que nous appel-
lons aujourd’hui Sixte-fuperflue.. (Voyez Sixth.)
II eft compofe de quatre Tons, d’un femi-Ton
majeur & d’un femi - Ton mineur, d’ou lui vienfc
le nom de Pentatonon , qui lignifie cinq tons.
Perfidie, ff. Terme emprunte de la Mu¬
fique Italienne , & qui iignifie une certaine af-
F 3
fedation de fake toujours la raerae chofe, de
peurfuivre toujours le raeme deffein , de con-
ferver le merne Mouvement , le meme caradere-
de Chant, les memes Paifages , les memes fi¬
gures de Notes. ( Voyez Dessein , Chant »
Mouvement. ) Telles font les Bafles-contrain-
tes; comme celles desanciennes Chaconnes, &
une infinite de manieres d’Accompagnemenfc
contraint ou Peyfidie, Perjidiato , qui dependent
du caprice des Compofiteurs.
Ce terme n’eft point ufite en France , & je
ne fais s’il a jamais ete ecrit en ce fens ailleurs
que dans le Didionnaire de Broflard.
Pe'eae'e-Ese , f. f Terme de Plain - Chant,
Celt Pinterpofition d’une ou plufieurs Notes
dans j’intonation de certaines pieces de Chant»
pour en aifurer la Finale, & avertir le Choeut
que c’eft a luj de reprendre & pourfuivre ce
qui fuit.
La Perielefe s’appelle autrement Cadence ou
petite Neume, & fe frit de trois manieres , fa-
voir ; T. Par Qrconvolution. 2°. Far Interci -
lence ou Diaptefe, 3 0 . Ou par fimple Dnplica-
t.on. ' oyez ces mots,
Pkbiphere's , f. f. Terme de la Mufique
Crecque, qui fignifie une fuite de Notes tant
afcendantes que defcendantes , & qui revien-
sient, pour ainfi dire, fur elles-memes. La Fe-%
riphtres etoit formee de PAmcamptos & de VEu~
t\m.
? HO.
87
Petteia, f. f. Mot Grec qui n’a point de
sorrefpondant dans notre langue, & qui eft le
itom de la derniere des trois parties dans lef-
quelles on fubdivife la Melopee. ( Voyez Me'-
hopk'e. )
La Petteia eft , felon Ariftide Quintilien ,
Part de difcerner les Sons dont on doit faire ou
ne pas faire ufage, ceux qui doivent etre plus
ou moins frequens , ceux par ou Ton doit com-
mencer & ceux par ou l’on doit finir.
C’eft la Petteia qui conftitue les Modes de
la Mufique elle determine le Compofiteur dans
le choix du genre de Melodie relatif au niouve-
snent qu’il veut peindre ou exciter dans Fame,
felon les perfonnes & felon les oceafions. En
an mot la Petteia, partie de FHerniofmenon qui
regarde la Melodie, eft a cet egard ce que les
Mceurs font en Poefie.
On ne voit pas ce qui a porte les anciens a
lui donuer ce noni , a moins qu’ils ne Faient
pris de 'zrerleict le ur jeu d’Echecs ; la Petteia
dans la Mufique etant une regie pour combiner
& arranger les Sons , coramc le jeu d’Echecs
en eft une autre pour arranger les Pieces ap¬
pellees 'ststIsi , Calculi.
Phile'lie , f. f. C’etoit chez les Grecs une
forte d’Hymneou de Chanfon en l’honneur d’A-
pollon. ( Voyez Chanson. )
Phonique, f.f. Art de traiter & combiner
les Sons fur les principes de l’Acouftique. (Voyez
Acqtjstique, ) F 4
88
P H R.
Phrase , f f Suite de Chant ou d’Harmonie
qi.i forme fans interruption un fens plus ou
nrpins acheve, & qui i'e termine fur un repos
par une Cadence plus ou raoins parfaite.
II y a deux efpeces de Phrafes muficales,
En Melodic la Phrafe ell conftituee par le Chant >
c’eft - a - dire , par une fuite de Sous tellement
difpofes , foit par rapport au Ton, foit par rap¬
port au Mouvement, qu’ils faifent un tout bien
lie, lequel aille fe refoudre fur une Corde eC,
fpntielle du Mode ou I’on eft,
Dans THarmonie , la Phrafe eft une fuite re-
guliere d’Accords tous lies cntr’eux par des
Diifonnances exprimees ou fous- entenduesj la-
quelle fe refout fur une Cadence abfolue , &
felon 1’efpece de cette Cadence : felon que le fens
en eft plus ou moins acheve, le repos eft aufi?
plus ou moins parfait.
C’eft dans l'inyention des Phrafes muficales ,
dans leurs proportions , dans leur entrelace-
ment, que confident Jes veritables beautes de
la Mufique. Un Compofiteur qui pondlue &
phrafe bien, eft un homme d’efprit : un Chan-
teyr qui fent , marque bien fes Phrafes & leur
accent, eft un homme de gout: mais celui qui
ne fait voir & rgndre que les Notes, les Tons,
les Terns , les Intervalles, fans entrer dans le
fens des phrafes , quelque fur , quelque exadl
d’aitleurs qu’ii puilfe etre, n’cft qu’un Croque-
fob \
P I E.
85 '
Phrygien , adj. Le Mode Phrygien eft un
des quatre prineipaux & plus anciens Modes de
la Mufique des Grecs. Le caractere en etoit ar¬
dent , fier , impetueux , vehement , terrible,
Audi etoit ee , felon Athenee , fur le Ton ou
Mode Phrygien que 1’on fonnoit les Trompettes
& autres Inftrumens militaires.
Ce Mode invente, dit-on , par Marfyas Phry¬
gien , occupe le milieu entre le Lydien & le
Dorien j & fa Finale eft a un Ton de diftance
de cedes de l’un & de l’autre.
Piece , f. f. Ouvrage de Mufique d’une cer-
taine etendue , quelquefois d’un feul morceau
& quelquefois de plulieurs, formant un enfem-
ble & un tout fait pour etre execute de fuite.
Ainfi une Ouverture eft une Piece , quoique
compofee de trois morceaux, & un Opera me-
rae eft une Piece , quoique divife par adies.
Mais outre eette aeception generique , le mot
Piece en a une plus particuliere dans la Mufi¬
que Inftrumenta/e, & feulement pour certains
Inftrumens , tels que la Viole & le C ! aveftin.
Par exemple, on ne dit point une Piece de Vio¬
let! ; Ton dit une Senate : & l’on ne dit guere
yne Sonate de C iveftiu l’on dit me P ece.
Pied, f.m. Mifure de Tens ou dequantite,
diftribuee en deux ou pluieu'-s valeurs egales
ou inegales. Ii y avoir dins I’ancienne Mufique
tette difference des Terns aux P sd , que les
Jems etoient comms les Points ou elemens in-
F 1
So
TIN.
divifibles » & les Pieds les premiers compefes
de ces Siemens. Les Pieds , a leur tour , etoient
les elemens du Metre ou du Rhythme.
II y avoit des Pieds fimples , qui pouvoient
feulement fe divifer en Terns , & de compofes >
qui pouvoient fe divifer en d’autres Pieds , com-
me le Choriambe , qui pouvoit fe refoudre en un
Trochee & un Iambe : l’lonique en un Pyrrique
& un Spondee , &c.
II y avoit des Pieds Rhythmiqires , dont les
quantites relatives & determinees etoient pro-
pres a etablir des rapports agreables , comrae
egales , doubles , fefquialteres , fefquitierees ,
&c. & de non Rhythmiques , entre lefquels les
rapports etoient vagues , iucertains, peu fenfi-
feles; tels , par exemple, qu’on en pourroit for¬
mer de mots Franqois, qui, pour quelquesfyl-
labes breves ou longues , en ont une infinite
d’autres fans valeur determinee , ou qui , bre¬
ves ou longues feulement dans les regies des
Grammairiens , ne font fendes comme telles ,
ni par l’oreille des Poetes, ni dans la pratique
du Peuple.
i Pince' , f. m. Sorte d’agrement propre a cer¬
tains Inftrumens , & fur-tout au Claveffin : il fe
fait, en battant alternativement le Son de la
Note ecrite avec le Son de la Note inferieure ,
& obfervant de commencer & finir par la Note
qui porte le Pinci. II y a cette difference du
lines au Tremblement ou Trille., que celui-cife
P I Q; §r
feat avec ia Note fuperieure , & le Find avec
la Note inferieure. Ainfi le Trille fur ut fe bat
fur Xut & fur le re , & le Find fur le meme ut ,
fe bat fur Xut & fur le ft. Le Find eft marque *
dans les Pieces de Couperin , avec une petite
croix fort femblable a celle avec laquelle on
marque le Trille dans la Mufique ordinaire*
Voyez les lignes de i’un & de l’autre a latete des
Pieces de cet Auteur.
Pincer. v. a. C’eft employer les doigts au
lieu de VArchet pour faire fonner les Cordes
d’un Inftrument. 11 y a des Inftruniens a Cordes
qui n’ont point d’Archet, & dont on ne joue
qu’en les pinpoint ,• tels font le Siftre, le Luth,
la Guitarre j mais on pince aulli quelquefois
ceux ou 1’on fe fert ordinairement de 1’Archet a
comme le Violon & le Violoncelle ; & cette
maniere de jouer , prefque inconnue dans la
Mufique Francoife» fe marque dans ITtalienne
par le mot Pizzicato,
Pique', adj. pris adverbialemsnt. Maniere de
joue^ en pointant les Notes & marquant forte-
ment le Tointe,
Notes piquees font des fuites de Notes mon-
tatit ou defcendant diatoniquement, ou rebat¬
tues fur le meme Degre , fur chacune defquelles
on met un Point , quelquefois un peu allonge
pour indiquer qu’elles doivent 6tre marquees
egales par des coups de langue ou d’Archet fees
% detaches, fans retirer ou repoulfer 1’Archet»
$2
P L A.
mais en le faifant paffer en frappant & fautanfc
fur la Corde autant de fois qu’il y a de Notes ,
dans le merae fens qu’on a commence.
Pizzicato. Ce mot ecrit dans les Mufiques
Italiennes avertit qu’il faut Pincer. (Voyez Pin-
CtR. )
PlaGAL , adj. Ton ou Mode Plagal. Quand
FOdavefe trouve divifee arithmetiquement, fui-
vant le langage ordinaire; c’eft-a-dire, quand
la Quarte ett au grave & la Quinte a l’aigu , on
dit que le Ton eft Plagal , pour le diftinguer de
l’authentique ou la Quinte eft au grave & la
Quarte a l’aigu.
Suppofons l’Odave A a divifee en deux par¬
ties par la Dominante E. Si vous modulez en-
tre'les deux la , dans Pefpace d’une Odave, &
que vous faffiez votre Finale fur Pun de ces la,
votre Mode eft Authentique. Mais ft , modulant
de meme entre ces deux la , vous faites votre
Finale fur la Dominante mi , qui eft interme¬
diate , ou que , modulant de la Dominante a
fon Odave , vous faffiez la Finale fur la Toni-
que intermediate, dans ces deux cas le Mode
eft Plagal.
Voila toute la difference , par laquelle on
voit que tous les Tons font reellement Authen-
tiques, & que la diftindion n’eft que dans le
Diapafon du Chant & dans le choix de la Note
fur laquelle on s’arrete , qui eft toujours la To-
aique dans l’Authentique, & le plus fouvent 1»
Dominaate dans le Plagm 4
£ L Ai
9Jt
L’etendue des Voix , & la divifioa des Par¬
ties a fait difparoitre ces diftindtions dans la
Mufique , & on ne les connoit plus que dans le
Plain-Chant. On y compte quatre Tons Plagaux
ou Collateraux ; favoir , le fecond , le quatrieme,
le fixieme & le huitierne ; tous ceux dont le
nombre eft pair. ( Voyez Tons l>e l’Eglise. )
Plain-Chant ,f. tn. C’eft le nora qu’on donne
dans l’Eglife Romaine au Chant Ecclefiaftique.
Ce Chant, tel qu’il fubfifte encore aujourd’hui,
eft un refte bien defigure , mais bien preeieux,
de l’ancienne Mufique Grecque , laquelle apres
avoir pafle par les mains des barbares , n’a pu
perdre enccore routes fes premieres beautes.
11 lui en refte alfez pour etre de beaucoup pre¬
ferable, meme dans l’etat oii il eft actuellement
& pour l’ufage auquel il eft deftine, a ces Mu-
fiques effeminees & theatrales , ou mauflades
& plates qu’on y fubftitue en quelques Eglifes,
fans gravite, fans gout, fans convemnce , &
fans relpedt pour le lieu quon ofe ainli profaner.
Le tents ou les Chretiens commencerent d’a-
voir des Eglifes & d’y chanter des Pfeaumes &
d’autres Hymnes , fut celui ou la Mufique avoit
deja perdu prefque toute fan ancienne energie
dans un progres dont j’ai expofe ailleurs les cau-
fes. Les Chretiens s’etant faifis de la Mufique
dans l’etat ou ils latrouverent , lui oterent en¬
core la plus grande force qui lui etoit reftee 3
p l a:
94
favoir, celle du Rythme & du Metre s IorL
que, des vers auxquels elle avoit toujours ete
appliquee, ils la tranfporterent a la profe des
Livres Sacres , ou a je ne fais quelle barbare
Poelie, pire pour la Mufique que la profe me.
me. Alors l’une des deux parties conftitutives
s’evanouit , & le Chant fe trainant, uniforms-
ment & fans aucune efpece de Mefure , de No¬
tes en Notes prefque egales, perditavec fa mar-
che rhytbmique & cadencee toute l’energie qu’il
en recevoit. II n’y eut plus que quelques Hym-
nes dans lefquelles , avec la Profodie & la quan-
tite des Pieds conferves, on fentit encore un
peu la cadence du vers j nrais ce ne fut plus-la
le caradlere general du Plain - Chant, degenere
le plus fouvent en une Pfalmodie toujours mo¬
notone & quelquefois ridicule, fur une Langue
telle que la Latine, beaucoup moins harmonieufe
& accentuee que la Langue Grecque.
Malgre ces pertes fi grandes , II elTentielles,
le Plain - Chant conferve d’ailleurs par Jcs Pre-
tres dans foil caradlere primitif, ain/i que tout
ce qui eft exterienr & ceremonie dans leur Eglife,
offre encore aux connoiffeurs des precieux frag-
mens de I’ancienne Melodie & de fes divers
Modes, autant qu’elle peut fe faire fentir fans
Mefure & fans Rhythme, & dans le feul Genre
Diatonique qu’on peut dire n’etre , dans fa pu-
rete, que le Plain- Chant. Les divers Modes y
confervent leurs deux diftindtions principales S
P L A, if
Vane par la difference des Fondamen tales ou
Toniques , & l’autre par la differente pofition
des deux femi-Tons , felon le Degre du Syftetne
Diatonique naturel ou fe trouve la Fondamen-
tale, & felon que le Mode Authentique oil Pla-
gal reprefente les deux Tetracordes conjoints
ou disjoints. ( Voyez Systemes , Te^'RACOR-
bes , Tons de l’Eglise. )
Ces Modes, tels qu’ils nous ont ete tranfmis
dans les anciens Chants Ecclefiaftiques, y con-
fervent une beaute de cara&ere & une variete
d’affections bien fenfibles aux connoilfeurs non
prevenus , & qui ont conferve quelque jugement
d’oreille pour les fyftemes melodieux etablis fur
des principes differens des notres : mais on peut
dire qu’il n’y a rien de plus ridicule & de plus
plat que ces Vlains-Chants accommodes a la mo-
derne , pretintailles des ornemens de notre Mu-
fique , & modules fur las Cordes de nos Modes :
comrne ft l’on p ouvoit jamais marier notre fyf-
teme harmonique avec celui des Modes anciens,
qui eft etabli fur des principes tout differens.
On doit favoir gre aux Eveques , Prev6ts &
Chantres qui s’oppofent a ce barbare melange ,
& defirer, pour le’progres & la perfection d’un
Art , qui n’eft pas, a beaucoup pres, au point
oil l’on croit 1’avoir mis , que ces precieux ref-
tes de l’antiquite foient fidellement tranfmis a
oeux qui auront affez de talent & d’au'torite
pour en enrichir le fyfteme moderiie. Loin
P l A:
96
qu’on doive porter notre Mufique clans Je P'aiiu
Chant , je fuis perfuade qu’oft gagneroit a tranf-
porter le Plain-Chant dans notre Mufique ; mais
jl faudroit avoir pour cela beaucoup de gout,
encore plus de favoir, & fur-tout etre exempt
de prejuges.
Le Plain-Chant ne fe Note que fur quafre li-
gnes, & l’on n’y emploie que deux Clefs , fa¬
voir la Clef d'nt & la Clef de fa j qu’une feule
Tranfpofition, favoir un Bemol j & que deux
figures de Notes, favoir la Longue ou Quarree,
a iaquelle on ajoute quelquefois une queue , &
la Breve qui eft en lofange.
Ambroife, Archeveque de Milan, fut, a ce
qu’on pretend, 1 ’inventeur du Plain-Chant c’eft
a-dire qu’il donna le premier une forme & des
regies au Chant ecclefiaftique pour l’approprier
mieux a fon objet , & le garantir de la barbarie
& du deperiflement ou tomboit de fon terns la
Mufique. Gregoire , Pape, le perfectionna & ltd
donna la forme qu’il confe rve encore aujour-
d’hui k Rome & dans les autres Eglifes oii fe
pratique le Chant Romain. L’Eglife Gallicane
n’admit qu’en partie avec beaucoup de peine &
prefque par force le Chant Gregorien. L’extrait
fuivant d’un Ouvrage du terns tneme , imprime
a Francfort en 1594, coiitient le detail d’une
ancienne querelle lur le Plain-Chant , qui s’eft
renouvellee de nos jours lur la Mufique, mais
qui n’a pas eu la merne iffue. Dieu falie paix au
grand Charlemagne. „ lc
P L * 4 .
97
„ Le tres-pieux Roi Charles etant mourns
M celebrer la Paque a Rome avec le Seigneur
„ Apollolique, ils’emnt, durant les fetes, une
„ querelle entre les Chantres Roraains & les
„ Chantres Franqois. Les Francois pretendoient
„ chanter mieux & plus agreablement que les
„ Romains. Les Romains , fe difant les plus fa*
„ vans dans le Chant eeclefiattique , qu’ils
„ avoient appris du Pape Saint Gregoire, accu»
„ foient les Francois de eorrompre , ecorcher
& dehgurer le yrai Chant. La difpute ayant
„ ete portee devant le Seigneur Roi, les Fran-
3, cois qui fe tenoient fort de fon appui, in-
3, fultoient aux Chantres Romains. Les Ro-
„ mains, fiers de leur grand lavoir, & compa-
„ rant la Dodlrine de Saint Gregoire a la rufti-
3, cite des autres, les traitoient d’ignorans , d®
„ ruftres,de fots , & de groffes betes. Comrae
j, cette altercation ne finilfoit point, le tres-
„ pieux Roi Charles difc a fes Chantres : dec!a-
„ rez-nous quelle eft Peau la plus pure & la
„ meilleure , celle qu’on prend & la fource vivo
„ d’une fontaine, ou celle des rigoles qui n’cti
„ decoulent que de bien loin ? Ils dirent ton's
„ que Peau de la fource etoit la plus pure &
,, celle des rigoles d’autant plus alteree & fale
„ qu’elle venoit de plus loin. Remontez done,
„ reprit le Seigneur Roi Charles, a la fontaine:
„ de Saint Gregoire dont vous avez evidemmenC
„ corrompu le Chant. Enfuite le Seigneur Roi
Tome XL Q
98
p l a:
„ demanda au Pape Adrien des Chantres pour
„ corriger le Chant Franqois, & le Pape lui
„ donna Theodore & Benoit , deux Chantres
„ tres-favans & inflruits par Saint Gregoire me-
„ me : il lui donna aufli des Antiphoniers de
„ Saint Gregoire qu’il avoir notes lui-meme en
„ Note Rotnaine. De ces deux Chantres , le
„ Seigneur Roi Charles , de retour en France,
„ en envoya un a Metz & l’autre a Soiiions,
„ ordonnant a tous les Maitres de Chant des
„ Villes de France de leur donner a corriger
„ les Antiphoniers , & d’apprendte d’eux a
„ Chanter. Ainii furent qorriges les Antipho-
„ niers Franqois que chacun avoit alteres par
„ des additions & retrancheraens a fa mode,
,3 & tous les Chantres de France apprirent le
„ Chant Romain , qu’ils appellent maintenant
33 Chant Francois; mais quant aux Sons trem-
3, blans , flattee, battus, coupes dans le Chant,
„ les Franqois ne purent jamais bien les rendre,
33 faifant plutot des chevrotteniens que des rou-
,3 lemens, a caufe de la rudefle naturelJe & bar-
,3 bare de leur golier. Du refte, la principale
,3 ecole de Chant demeura toujours a Metz , &
,3 autant le Chant Romain furpaffe celui de
0 , Metz , autant le Chant de Metz furpaffe celui
„ des autres ecoles Franqoifes. Les Chantres
„ Romains apprirent de raerae aux Chantres
„ Franqois a s’accoropagner des Inftrumens; &
,3 le Seigneur Roi Charles, ayant derechef arae»
p l a:
99
n tie avec foi en France des Maitres de Gram-
„ maire & de calcul , ordonna qu’ou etablit
„ par-tout Petude des Lettres; car avant ledic
„ Seigneur Roi l’on n’avoit en France aucuna
„ connoilfance des Arts liberaux. ”
Ce paffage eft fi curieux que les Ledleurs me
fauront gre, fans doute , d’en tranfcrire ici Po-
riginal.
It r ever [us eft Rex piiffmus Carolus, (ft csle-
bravit Roni.e Pafcha_ cum Dotnno Apoftolico. Ecce
orta eft contentio per dies feftos Fafchse inter Cau~
tores Romanorum 'oft, Gallorum. Dicebant fe Gcdli
melius cantare ft pulchrius quiim Romani. Dice¬
bant fe Romani doBiffims cantilenas ecclefiafticas
proferre , ficut doBi fuerant a SanBo Gregorio
Papa, Gallos corrupte cantare , ft cantilenam fit*
nam deftruendo dilacerare. Qua contentio ante
Domnum Regem Carolum pervenit. Galli verb prop¬
ter fecuritatem Domni Regis Caroli valde expro-
brabant Carftoribus Romanis, Romani vero propter
auBoritatem magna doBrinn eos ftultos , rufticos
ft indoBos velut bruta animalist affirmabant , ft
doBrinam San&i Gregorii praferebant rufticitati
eorum : 'oft cum altercatio de neutrd parte finiret „
ait Domnus piiffhnus Rex Carolus ad fuos Cantores :
Dicite palam quis purior eft, et quis melwr, au&
fons vivus , ant rividi ejus longe decurrentes ?
Refponderunt omnes unk voce , fontem, velut ca¬
put ft originem , puriorem ejfe ,• rivulos auteitt
quanto longius d fonte nceferint , tanto tur~
G a
I 00
P L A.
bulentos &[ordibus ac immunditiis corruptos ;
ait Domnus Rex Carolus : Revertimini vos adfon-
iem Sancti Gregorii quia manifefte corrupifiis
cantdenam ecdefiaaicam. Mox petiit Domnus ReoC
Carolus ah Adriano Papa Cantores qui Francium
corrigermt de Cantu. At ille dedit ei Theodorum
£5? Benediclum do&ijjhnos Cantores qui a Sanclo
Gregorio eruditi fuerant , tribv.itque Antighonarios
San&i Gregorii, quos ipfe notaverat notii Rorua~
mi : Domnus verb Rex Carolus revertens in Fran-
dam mijit unum Cautorem in Meti: Civitate , al~
terum in Sueffonis Civitate , prscipiens de omni¬
bus Civitatibus Francis. Magijiros fchola Antipho¬
narios eis ad corrigendum tradere £5? ab eis dif-
cere cantare. Corre&i fimt ergo Antiphonarn Fran-
Corum , quos ltnufqvifque pro fuo arbitrio vitiave-
rat, addens vel minuens; & omnes Francis Can¬
tores didifeerunt notam Romanam quam nunc va¬
cant notam Framifcam : excepto quod tremulas vel
vinnulas, five collifibil, s vel fecabitk voces in
Cantu non pater ant perfe&e exprsmere Franci , na-
turali voce barbaric! frangentes in gutture voces,
quam potik: exprimentes. Majus autem Magijle-
rium Cantandi hi Metis remanfit ,• quantkmque
Magijlerium Romanum fuperat Metenfe in arte
Cantandi , tani'o fpe- at Metenfis Cantilena catenas
fcholas Gal'orUm. Similiter erudierunt Romani
Cantor's fupradi&O' C mtore. Francorum in arte or _
ganandi ; iy Domnus Rex Caro'us iterant i Romani
mis grammatics & computatoris Magjiros fg .
P L I.
lot
cim alduxit in Francium , & ubiqueJhtAium lit -
terarum expandere jujjit. Ante ipfum enirn Dom-
num I{';gem Carolum in Gallia nullum jtudium
fuerat liberalium Artium. Vide Annal. & Hift.
Francor. ab. aa. 708. ad an. 990. Scriptores cose-
taneos. impr. Francofurti 1594. fub vita Caroli
magni.
Plainte ,f.f ( Voyez Accent )
Plein-Chant. ( Voyez Plain Chant. )
Plein jeu, fe dit du Jeu de POrgue, lorf-
qu’on a mis tous les regiltres , & aufli lorfqu’on
remplit toute l’Hatmonie-, il fe dit encore des
Inftrumeris d’archet, lorfqu’on en tire tout le
Son qu'ils peuvent donner.
Plique , f. f. P,/ca, forte de Ligature dans
nos anciennes Muiiques. La Plique etoit un fi-
gne de retardement on de lenteur (fignum moro -
Jitatis , dit Muris. ) EUe fe faifoit en paflant d’un
Son a un autre, depuis le femi-Ton jufqu’a
la Quinte, foit en montant , foit en defcendant;
& il y en avoit de quatre fortes. 1. La Plique
longue afcendante eft une figure quadrangulairo
avee un feul trait afcendant a droite, ou avec
deux traits dont celui de la droite eft le plus
grand 2. La Plique longue defcendante a deux
traits defcendans dont celui de la droite eft le plus
grand Pj. 3. La P ique breve afcendante a le trait
montant de la gauche plus long que celui de la
droite ^. 4. Et la defcendante a le trait def-
G 3
i&z P O I.
cendant de la gauche plus grand que celui dd
la droite .
Poinct ou Point , f. m. Ce mot en Mufique
iignifie plufieurs chofes differentes.
II y a dans nos vieilles Mufiques fix fortes de
Prints-, favoir , Point de perfection, Paint d’im-
yerfeCtion, Point d’accroiffement , Point de di-
vifion, Point de translation, & Point d’alteration.
I. Le Point de perfection appartient a la di¬
vifion ternaire. It rend parfaite toute Note fui-
vie d’une autre Note moindre de la mottle par
la figure : alors , ! par la force du Point interme¬
diate, la Note precedente vautle triple au lieu
du double de cede qui fuit.
II, Le Point d’imperfedion place a 3a gau¬
che de la Longue, diminue fa valeur , quelque-
fois d’une Ronde ou femi-Breve , queiquefois de
deux. Dans le premier cas, on met un Ronde
entre Ja Longue & le Point-, dans le fecond ,
on met deux Rondes a la droite de la Longue.
III. Le Point d’accroi/Tement appartient a la
divifion binaire, & entre deux Notes cgales ,
11 fait valoir celle qui precede le double de celle
qui fiiit.
IV. Le Point de divifion fe met avant une
femi-Breve fuivie d’une Breve dans le Terns par-
fait. H ote un Terns a cette Breve, & fait
qu’elle ne vaut plus que deux Rondes au lieu
de trois.
P O IT.
103
V. Si une Ronde entre deux Points fe trouve
fuivie de deux ou plufieurs Breves en Terns
imparfait, le fecond point transfere fa fignifica-
tion a la derniere de ces Breves , la rend par-
faite & la fait valoir trois Terns. C’eft le Point
de translation.
VI. Un Point entre deux Rondes , placees
elles-memes entre deux Breves ou Quarrees dans
le Terns parfait, ote un Terns a chacune de ces
deux Breves; de forte que chaque Breve ne
vaut plus que deux Rondes , au lieu de trois.
C’eft le Point d’alteration.
Ce meme Point devant une Ronde fuivie de
deux autres Rondes entre deux Breves ou Quar¬
rees double la valeur de la derniere de ces Ron¬
des.
Corame ces anciennes divifions du Terns en
parfait & imparfait ne font plus d’ufage dans la
Mufique , toutes ces fignifications du Point, qui,
a dire vrai, font fore embrouillees , fe font abo-
lies depot's long-terns.
Aujourd’hui le Point, pris corame valeur de
Note, vaut toujours la moitie de celle qui le
precede. Ainfi apres la Roude le Point vaut une
Blanche, apres la Blanche une Noire, apres la
Noire une Croche, &c. Mais cette maniere de
fixer la valeur du Point n’eft furement pas la
meilleure qu’on eut pu imaginer, & caufe fou-
Vent bien des embarras inutiles.
G 4
p o i.
104
Point-d'Orcjue ou Point-de-Refos l eft
une autre efpece de Point dont j’ai parle au mot
Couronne. C’eft relativement a cette efpece de
Point qu’on appelle generalement Points tPOrgus
ces fortes de Chants , mefures ou non mefures,
ecrits ou non ecrits, & toutes ces fuccellions
harmoniques qu’on faitrpalTer fur une feule Note
de Balfe toujours prolongee. ( Voyez Cadenza.)
Quand ce raeme Point furmonte d’une Cou¬
ronne s’ecrit fur la derniere Note d’un Air ou
d’un morceau de Mulique , il s’appelle alors
Point final.
Enfin il y a encore une autre efpece de Points
appelles Points detaches , lefquels fe placent im-
mediatement au-deflus ou au-defTous de ia tefe
des Notes ; on en met prefque toujours plufieurs
de fuite , & cela avertit que les Notes ainli ponc-
tuees doivent etre marquees par des coups de lan-
gue ou d’archet egaux , fees & detaches.
Pointer , v. a. C’eft, au moycn du Point,
rendre alternativement longues & breves des fui-
tes de Notes natureilement egales, telJes, par
exemple , qu’une fuite de Croches. Pour ies
Pointer fur la Note, on ajoute un Point apres
la premiere, une double-Crocbe fur la feconde,
un Point apres la troifieme, puis une double-
Croche , & ainil de fuite. De cette maniere
dies gardent de deux en deux la merae valeur
qu’ellss avoiant auparavantj mais cette valeur
ie diftribue inegalement entre Ies deux Croches}
de forte que la premiere ou Longue en a les
trois quarts , & la feconde ou Breve l’autre quart.
Pour les Pointer dans l’execution , on les pafle
inegales felon ces memes proportions, quand
merne elles feroient notees egales.
Dans la Mufique Italietine toutes les Croches
font toujours egales, a moins qu’elles ne foient
marquees Pointees. Mais dans la Mufique Fran-
coife on ne fait les Croches cxaclement egales
que dans la Mefute a quatre Tems > dans toutes
les autves, on les pointe toujours un peu , a
moins qu’il ne foit ecrit Croches egales.
Polycephale , adj. Sorte de Nome pour les
£utes en l’honneur d’Apollon. Le Nome Poly¬
cephale fut invente, felon les uns, par le fecoad
Olympe Phrygien , defcendant du fils de Mar¬
iyas , & felon d’autres , par Crates difciple de
ce meme Olympe.
PoLYMUASTIE , OU PoiYMNASTIQUE , adj.
Nome pour les Flutes , invente, felon les uns ,
par une femme nominee Polymnelle , & felon
d’autres , par Polymneftus , fils de Meles Colo-
phonien.
Ponctuer, v. a. C’eft, en terme de Compo-
iltion , marquer les repos plus ou moins par-
faits, & divifer tellement ies Phrafes qu’on fen-
te par la Modulation & par ies Cadences leurs
commencemens , leurs chutes , & leurs liaifons
plus ou moins grandes , comme on fent tout
G i
p o r;
SCS
cela dans Is difcours a l’aide de la poruftuation.'
PorT'DE-Voix ,f. m. Agrenientdu Chant, le-
quel fe marque par une petite Note appellee en
Italien Appoggiatura , & fe pratique , en mon-
tant diatoniqiiement d’une Note a celle qui la
fuit, par un coup de gofier dont l’effet eft mar¬
que dans la P.'ai/che B. Fig. 13.
Port-be-Voix Jette', fe fait, lorfque , raon-
tant diatoniquement d’une Note a fa Tierce, on
appuie la troifieme Note fur le fon de la fecon-
de, pour faire fentir feulement cette troifieme
Note par un coup de gofier redouble , tel qu’il
eft marque PL B. Fig. 13.
Porte'e ,f.f La Portee ou Ligne de Mufique
eft compofee de cinq lignes paralleles, fur lei-
quelles ou entre lefquelles Ies diverfes Pofitions
des Notes en marquent les Intervalles ou De-
gres. La Portee du Plain Chant n’a que quatre
Lignes; elle en avoit d’abord huit, felon Kir-
cher, marquees chacune d’une lettre de la Gam¬
ine, de forte qu’il ny avoit qu’un Deg re con¬
joint d’une Ligne a l’autre. Lorfqu’on doubJa
les Degrcs en placant aufli des Notes dans les
Intervalles, la Portee de huit Lignes , reduite a
quatre, fe trouva de la meme etendue qu’aupa-
ravant.
A ce liombre de cinq Lignes dans la Mufique,
& de quatre dans le Plain-Chant, on en ajoute
de poftiches ou accidentelles quand cela eft ne-
ceflaire & que les Notes palfent en haut ou en
P OS.
i7
has 1’etcndue tie la Portee. Cette etendue , dans
vne Portae de Mufique, eft en tout d’onze No¬
tes formant dix Degres diatoniques; & dans le
Plain-Chant , de neuf Notes formant huit De¬
gres. (Voyez Clef, Notes, Ligxes. )
Position,//. Lieu de la Portee ou eft pla-
cee une Note pour fixer le Degre d’elevation du
Son qu’elle reprefente.
Les Notes n’ont , par rapport aux Lignes ,
que deux differentes Pofitions; favoir, fur une
Ligne ou dans un efpace, & ces P fitions font
toujours alternatives lotfqu’on marche diatoni-
quement. C’eft enfuite le lieu qu’occupe la Li-
gne meme ou Pe/pace dans la Portee & par rap¬
port a la Clef qui determine la veritable Pa fit ion
de la Note dans le Clavier general.
On appelle auffi Pojition dans la Mefure le
Terns qui fe marque en frappant, enbaiffant ou
pofant la main , & qu’on nomine plus commu-
nement le Frappc. ( Voyez Thesis. ,)
Enfin Ion appelle Pofition dans le jeu des
Inftrumens a manehe , le lieu ou la main fe pofe
fur le manehe , felon le Ton dans lequel on
veut jouer. Quand on a la main tout au haut du
manehe contre le fillet, en forte que l’index pofe
a un Ton de la Corde-a-jour, c’eft la Pofition na-
turelle. Quand on demanche on compte les Po¬
rtions par les Degres diatoniques dont la main
s’eloigne du fillet*
p r e;
«og
Prelude, f. m. Morceau de Symphonie qut
fert d’introdu&ion tSc de preparation a une Piece
de Mufique. Ainfi les ouvertures d’Opera font
des Preludes; comme aufli les Ritournelles qni
font alfez fouvent au commencement des Scenes
& Monologues.
Prelude eft encore un trait de Chant qui paffe
par les principales Cordes du Ton , pour l’an-
noncer, pour verifier ii l’inftrument eft d’ac-
cord , &c. Voyez f Article fuivant.
Pre'luder , v. n. C’eft en general chanter ou
jouer quelque trait de fantaifie irregulier & af-
fez court, mais palfant par les Cordes eifentiel-
les du Ton, foit pour 1’etablir, foit pour dif-
pofer fa Voix ou bien pofer fa main fur un Inf.
trume'nt, avant de commencer une Piece de Mu-
iique.
Mais fur l’Orgue & fur le Claveflrn PArt de
Preluder eft plus confiderable. C’eft compofer
& jouer impromptu des Pieces chargees de tout
ce que la Compofttion a de plus Itivant en Def-
fein, en Fugue , en Imitation, en Modulation
& en Harmonie. C’eft fur-tout en preludant que
les grands Muficiens, exempts de cet extreme
alfervilfcment aux regies que l’oeil des critiques
leur impofe fur le papier, font briller ces Tran-
fitions favantes qui ravilfent les Auditeurs. C’eft-
la qu’il ne fuffit pas d’etre bon Compoiiteur , ni
de bien poffeder fon Clavier , ni d'avoir la main
P R E.
"1G§
lonne & bien exercee, mais qu’il faut encore
abonder de ce feu de genie & de cet efprit in-
ventif qui font trouvec & traiter fur le champ
les fujets les plus favorables a l’Harmonie & les
plus flatteurs a l’oreille. C’eft par ce grand Art
de Preluder que brillent en France les excellens
Organises, tels que font maintenant les Sieurs
Calviere & Daquin, furpalfts toutefois l’un &
1’autre par M. le Prince d’Ardore, Ambaffadeur
de Naples , lequel , pour la vivacite de l’inven-
tion la force de 1’execution, efface les plus
illuftres Artiftes , & fait a Paris, l’admiration des
connoiifeurs.
Preparation,/ f Ade de preparer la Dif.
fonnance. (Voyez Preparer.)
Pre'parer, v. a . Preparer la Dilfonnance ,
c’eft la traiter dans l’Harmonie de maniere qu’a
la faveur de ce qui precede , elle foit moins du¬
re a l’oreille qu’elle ne feroit fans cette precau¬
tion : felon cette definition toute Dilfonnance
■veut etre preparee. Mais lorfque pour Preparer
une Diifonnanee, on exige que le Son qui la
forme ait fait confonnance auparavant, alors il
n’y a fondamentalement qu’une feule Dilfonnan-
ce qui fe Prepare, favoir la Septieme ; encore
cette Preparation n’eft elle point necelfiire dans
PAccord fenfible, parce qu’alors la Diffon nance
etant caracleriftique, & dans 1’Accord & dans le
Mode , eft fuffifamment annoncee ; que l’oreille
s’y attend, lareconnoit, & nefe trompe ni fur
JIO
PRE.
YAccord ni fur Ton progres nature!. Mais lorfL
que 1 a Septieme fe fait exrtendre fur un Son fun¬
damental qui n’-eft pas_ effentiel au Mode , on
doit la Prepater pour prevenir toute equivoque,
pour empecher que Poreille de l’ecoutant ne s’e-
gare ; & comrae cet Accord de Septieme fe ren-
verfe & fe combine de plufieurs manieres , de-
la nailfent auffi diverfes manieres apparentes de
Preparer , qui, dans le fond, reviennent pour-
tant toujours a la merae.
II faut confiderer trois chofes dans la prati¬
que des Diffonnances ; favoir, 1’ Accord qui pre¬
cede la Diifonnance , celui ou elle fe trouve , &
celui qui la fuit. La Preparation ne regarde que
les deux premiers ; pour le troificme, voyez
. Sauver.
Quand on veut Preparer regulierement une
Diifonnance , il faut choifir, pour arriver a fon
Accord , une telle marche de Baffe - fondamen-
tale, que le Son qui forme la Diifonnance , foit
un prolongement dans Is Terns fort d’une Con-
fonnance frappee fur le Terns foible dans I’Ac¬
cord precedent j c’cft ce qu’on appelle Syncopes'.
(Voyez Syncope. )
De cette preparation refultent deux avanta-
ges; favoir, i. Qifil y a neceffairement liaifon
harmonique entre les deux Accords, puifque la
Diifonnance elle-meme forme cette liaifon ; &
2 . Que cette Diifonnance, n’etant que le pro¬
longement d’un Son confonnant, devient beau-
PRE.
nr
coup moins dure a l’oreille, qu’elle lie le feroit
fur un Son nouvellement frappe. Or c’eft-la tout
ce qu’on cherche dans la Preparation. ( Voyez
Cadence, Dissonnance, IIarmonie. )
On voit par ce que je viens de dire, qu’il
n’y a aucune Partie deftinee fpecialement a Pre¬
parer la DiiTonnance, que celle meme qui la fait
entendre : de forte que fi le Delfus fonne la
DiiTonnance, c’eft a lui de fyncoper; mais fi la
DiiTonnance eft a la Bade , il Taut que la Bade
fyncope. Quoiqu’il n’y ait rien la que de tres-
fimple, les Maitres de Compofition out furieu-
fement embrouille tout cela.
II y a des DilTonnauces qui ne fe preparent
jamais ; telle eft la Sixte-ajoutee : d’autres qui
fe preparent fort rarement; telle eft la Scptiemc-
diminuee.
Presto , adv. Ce mot, ecrit a la tete d’un
morceau de Mufique , indique le plus prompt &
le plus anime des cinq principauxMouvemens
etablis dans la Mufique Italienne. Prejio fignifie
Vite. Qiielquefois on marque un Mouvement
encore plus prede par le fuperlatif P-eJiiJimo.
Prima Intenzione. Mot technique Italien
qui n’a point de correfpondant en Francois , &
qui n’en a pas befoin , puifque l’idee que ce mot
exprime n’eft pas connue dans la Mufique Fran-
coife. Un Air, un morceau di Prima intenzione ,
eft celui qui s’eft forme tout d’un coup tout en-
tier St avec toutes fes Parties dans Tefprit du.
122 P R I.
Compofiteur, comme Pallas fortit toute armee
du cerveau de Jupiter. Les morceaux di prima
intenzione font de ces rare? coups de genie,
dont toutes les idees font li etroitement Plies
qu’elles n’en font, pour ainfi dire , qu’une feu-
le , & n’ont pu fe prefenter a fefprit l’une fans
l’autre. Ils font femblables a ces periodes de
Ciceron longues , mais eloquentes , dont le fens,
fufpendu pendant toute leur duree , n’eft deter¬
mine qu’au dernier mot, & qui, par confequent,
n’ont forme qu’une feule penfee dans l’efprit de
1’Auteur. II y a dans les Arts des inventions pro-
duites par de pareils efforts de genie, & dont
tous les raifonnemens , intimement unis fun a
1’autre, n’ont pu fe faire fuccellivement, mais
fe font neceifairement offerts a l’efprit tout a la
fois , puifque le premier fans le dernier n’auroit
eu aucun fens. Telle eft, par exemple, I’inven-
tion de cette prodigieufe machine du Metier a
has, qu’on peut regarder, dit le Philofophe qui
l’a deerite dans VEncydopedie, comme un feul
& unique raifonnement dont la fabrication de
l’ouvrage eft la conclufion. Ces fortes d’opera-
tions de l’entendement, qu’on explique a peine ,
meme par fanalyfe, font des prodiges pour la
raifon, & ne fe concoivent que par les genies
capables de les produire : l’effet en eft toujours
proportionne a 1’effort de tete qu’ils ont coute,
& dans la Alufique les morceaux di Prima intea -
s>ms font les foils qui puiffent caufer ces exta-
fes,
PUL
ir^
fe, ces raviflerriens , ces elans de fame qui
tranfportent les auditeurs hors d’eux-memes. On
lcs fent, on les devine a I’inftrant, les cotinoif-
feurs ne s’y trompent jamais. Alafuited’un de
ces morceaux fublimes , faites paffer un de ces
Airs decoufus, dont toutes les Phrafes ont ete
compofees Pnne apres Pautre, ou ne font qu’une
meme phrafe promenee en diiferens Tons , &
dont l’Accompagnement n’eft qu’un RemplilTage
fait apres coup 5 avec quelque gout que ce der¬
nier morceau foit compote , ii le fouvenir de
l’autre vous lalffe quelque attention a lui don-
ner, ce ne fera que pour en etre glaces, tranfis t
impatientes. Apres un Air di Prima intenzwne,
toute autre Mufique eft fans eifet.
Pkjse, Lepfis. Une des parties de I’ancienite
Melopee. (Toyez Me'lqpe'e. )
Progression ,f. f. Proportion continue, pro-
longee au-dela de trois termes. (Voyez Propor¬
tion.) Les fuites dlntervalles egaux font tou¬
tes en 1‘rogrefftons, & c’ell en identifiant les
termes voifins de diiferentes ProgrejJions , qu’on
parvient a completer l’Echelle Diatonique &
Chromatique s au moyen du Temperament.
( Voyez Tempe'rament. )
Prolation , ftf C’eft dans rios ancidnnes
Mufiques une maniere de determiner la valeur
des Notes femi-Breves fur eelle de la Breve *
ou des Minimes fur celle de la femi-Breve. Cet¬
te Prolation fe marquoit apres la Clef, & queL
Tome XL H
PRO.
*'4
quefois apres le figne du Mode , par un cerde
ou un demi - cercle , pon&ue ou non pondue ,
felon les regies fuivantes.
Confiderant toujours la divifion fous - triple
comme la plus excellente , ils divifoient la Pro -
lation en parfaite & imparfaite , & l’une & l’au-
tre en majeure & mineure , de meme que pour
le Mode.
La Frolation parfaite etoit pour la Mefur®
ternaire , & fe marquoit par un Point dans Is
cerde quand elle etoit majeure; c’eft-a-dire ,
quand elle indiquoit le rapport de la Breve a la
femi - Breve : ou par un Point dans un demi-cer¬
cle quand elle etoit mineure; c’eft-a dire , quand
elle indiquoit le rapport de la femi- Breve a la
Minime. (Voyez Pi. B. Fig. 9. & 11.)
La Frolation imparfaite etoit pour la Mefure
binaire , & fe marquoit comme le Terns par un
fimple cercle quand elle etoit majeure ; ou par
un demi-cercle quand elle etoit mineure ; ( memt
Pi. Fig. XO & 12 .)
Depuis on ajouta quelques autres (ignes a la
Frolation parfaite : outre le cercle & le demi-
cercle on fe fervit du Chiffre j pour exprimer
la valeur de trois Rondes ou femi-Breves, pour
celle de la Breve ou Quarree ; & du Chiffre |
pour exprimer la valeur de trois Minimes ou
Blanches, pour la Ronde ou femi-Breve.
Aujourd’hui toutes les Frolatiom font abolies ;
la divifion fous - double l’a emporte fur la fous-
PRO.
US
lernaire ; & il faut avoir recours a des excep¬
tions & a des fignes partiouliers , pour exprimer
le partage d’une Note quelconque en trois au-
tres Notes egales. (Voyez Valeur des Notes.)
On lit dans le Didionnaire de l’Academie
que Prolation lignifie Roulement. Je n’ai point
lu ailleurs ni oui dire que ce mot ait jamais eu
ce fens - la.
Prologue ,f. rn. Sorte de petit Opera qui pre-:
cede le grand, l’annonce & lui fert d’introduc-
tion. Comme le fujet des Prologues eft ordinal*
rement eleve, merveilleux , ampoule, magni-
fique & plein de louanges , la Mufique en doit
etre brillante , harmonieufe , & plus impofants
que tendre & pathetique. On lie doit point epui-
fer fur le Prologue les grands mouvemens qu’on
veut exciter dans !a Piece , & il faut que le Mu-
ficien , fans etre mauflade & plat dansle debut,,
fache pourtant s’y menager de maniere a fe
montrer encore intereifant & neuf dans le corps
de l’ouvrage. Cette gradation n’eft ni fentie, ni
rendue par la plupart des Compofiteurs ; niais
elle eft pourtant neceflaire , quoique difficile.
Le mieux feroit de n’en avoir pas befoin, & de
i'upprimer tout-a-fait les Prologues qui rj, font
guere qu’ennuyer &impatienter les Spedateurs,
ou nuire a l’interet de la Piece: en uiant ad¬
vance les moyens de plaire & d’intereffer. Aufti
les Opera Franqois font-ils les feuls ou Ton ait-
confer ve des Prologues i encore ne les y fouffre-
H 3
PRO,
n6
t-on que parce qu’on n’ofe murmurer centre les
fadeurs dont ils font pleins.
Proportion, f.f Egalite entre deux rap¬
ports. II y a quatre fortes de Proportions ; favoir
la Proportion Arithmetique, la Geometrique ,
PHarmonique, & la Contre-Harmonique. II faut
avoir 1 ’idee de ces diverfes Proportions , pour
entendre les calculs dont les Auteurs ont charge
la theorie de la MuGque.
Soient quatre termes ou quantites abed $ ft
la difference du premier terme a au fecond b eft
egale a la difference du troifieme c au quatrie-
me d, ces quatre termes font en Proportion Arith¬
metique. Tels font , par exemple, les nom-
bres fuivans , 2, 4 : 8 , 10.
Que ft , au lieu d’avoir egard a la difference v
on compare ces termes par la maniere de con-
tenir ou d’etre contenus; fi, par exemple, ie
premier a eft au fecond b comme le troifieme c
eft au quatrierne d, la Proportion eft Geometti-
que. Telle eft celle que formeut ces quatre nom-
bres 2 , 4 :: 8 s 1 6.
Dans le premier exemple , l’exces dont le
premier terme 2 eft furpaffe par le fecond 4 eft
2 ; & l’exces dont le troifieme 8 eft furpaffe par
le quatrierne 10 eft auffi 2. Ces quatre termes
font done en Proportion Arithmetique.
Daps le fecond exemple , le premier terme
2 eft la moitie du fecond 4; & le troifieme ter¬
me 8 eft auffi la moitie du quatrierne J 6 . Ces
PRO. IT7
fuatre termes font done en Proportion Geome-
trique.
Une Proportion , foit Arithmetique , foit Geo-
metrique , eft dite inverfe ou reciproque, lorfi.
qu’apres avoir compare le premier terme au fe-
cond l’on compare non le troifieme au quatrie-
me, comme dans la Proportion direcfte, mats
a rebours le quatrieme au troifieme, & que les
rapports ainfi pris fe trouvent egaux. Ces quatre
s ombres 2 , 4 *. 8, 6 , font en Proportion Arith¬
metique reciproque •, & ces quatre 2 , 4 :: 6 ,
3 , font en Proportion Geometriqtte reciproque.
Lorfque, dans une Proportion directs , le fe-
eond terme ou le confequent du premier rapport
eft egal au premier terme ou a l’antecedent du
fecond rapport; ces deux termes etant egaux,
font pris pour le raeme , & ne s’ecrivent qu’une
foisaulieude deux. Ainfi dans cette Proportion
Arithmethique 2 , 4 : 4 , 6 ; au lieu d’ecrire
deux fois le nornbre 4 ; on ne l’ecrit qu’une
fois j & la Proportion fe p-ofe ainfi 2,4,6'.
Dememe, dans cette Proportion Geometrique
2, 4 :: 4 , 8 , au lieu d’ecrire 4 deux fois , on
ne l’ecrit qu’une , de cette maniere -H- 2,4,8.
Lorfque le confequent du premier rapport fert
ainfi d’antecedent au fecond rapport, & que la
Proportion fe pofe avec trois termes cette Pro¬
portion s’appelle continue, parce qu’il n’y a plus,
entre les deux rapports qui la forment, 1’iuter-
H 3
US PRO-
rupdon qui s’y trouve quand on la pofe en qua*
tre termes.
Ces trois termes 2, 4, 6 , font done en
Proportion Arithmetique continue, & ces trois-
ci, “2,4, 8 j font en Proportion Geome-
trique continue.
Lorfqu’une Proportion continue fe prolongs ;
e’eft-a-dire , lorfqu’elle a plus de trois termes,
ou de deux rapports egaux , elle s’appelle Pro-
grejjion.
Ainfi ces quatre termes 2 , 4,6,8, for-
ment une Progreffion Arithmetique , qu’on peut
prolonger autant qu’on veut en ajoutant la diffe¬
rence au dernier terme.
Et ces quatre termes, 2,4, 8? 16, fer¬
ment une Progreffion Geometrique , qu’on peut
de rneme prolonger autant qu’on veut en dou-
biant le dernier terme, ou en general , en le
multi pliant par le quotient du fecond terme di-
vife par le premier , lequel quotient s’appelle
VExpofant du rapport, ou de la Progreffion.
Lorfque trois termes font tels que le premier
eft au troifieme comme la difference du premier
au fecond eft a la difference du fecond au troi-
fieme , ces trois termes forment une forte de
Proportion appellee Harmonique. Tels font, par
exemple , ces trois nombres 3 , 4, 6 : car com-
me le premier 3 eft la moitie du troifieme 6 ,
de meme l’exces 1 du fecond fur le premier, eft
la mcitie de l’exces 2 du troifieme fur le fecond.
? R 0.
119
Enfin , lorfque trois termes font tels que la
difference da premier au fecond eft a la differen¬
ce du fecond au troifieme, non comme le pre¬
mier eft au troifieme, ainfi que dans la Propor¬
tion Harmonique ; mais au contraire comme le
troifieme eft au premier , alors ces trois termes
forment entr’eux une forte de Proportion appel¬
lee Proportion Contre - Harmonique. Ainfi ces trois
nombres 3 , 5 , 6 , font en Proportion Contre-
Harmonique.
L’experience a fait connoitre que les rapports
de trois Cordes formant enfemble 1’Accord par-
fait Tierce majeure, formoient entr’elles la forte
de Proportion qn’a caufe de cela on a nomme
Harmonique : mais c’eft - la une pure propriete,
de nombre qui n’a nulle affinite avec les Sons:,
ini avec leur effet fur l’organe auditif 5 ainfi la
Proportion Harmonique & la Proportion Contre-
Harmonique n’appartiennent pas plus a l’Art que
la Proportion Arithmetique & la Proportion Geo-
metrique, qui meme y font beaucoup plus uti¬
les. II faut toujours penfer que les proprietes
des quantites abftraites ne font point des pro¬
prietes des Sons, & nepas chercher, a Pexem-
ple des Pythagoriciens , je ne fais quelles chi-
meriques analogies entre chofes de differente
nature , qui n’ont entr’elles que des rapports
de convention.
Prqprement , adv. Chanter ou jouer Propre-
ment, c’eft executer la Melodie Franqoife avec
H 4
120
PRO.
les ornemens qui lui conviennent. Cette Mela-
die n’etant rien par la feule force des Sons , &
n’ayant par elle- meme aucun caradtere , n’en
prend un , que par les tournures affedtees qu’on
lui donne en P executant. Ces tournures, enfei-
gnees par les Maitres de Goitt du Chant , font
ee qu’on appelle les agremens du Chant Fran¬
cois. (Voyez Agre'ment. )
Profrexe' , /. /. Execution du Chant Fran¬
cois avec les ornemens qui lui font propres, &
qu’on appelle agremens du Chant. (Voyez Agre'-
l^ENT. )
Proseambanomenos. C’etoit, dans la Mufi-
que ancienne, le .Son le plus grave de tout le
Sy fteme, ini Ton au - delPous de PHypate - Hy-
paton.
Son nom fignifie Snrnumeraire , Acquife , ou
Ajoutee , parce .que la Corde qui rend ce Son-la,
fat ajoutee au-deflous de tous les Tetracordes
pour achever le Diapafon ou POdtave avec la
Mefe i ■& le Diapafon ou la double Octave avec la
. Nete - hyperboleon , qui etoit la corde la plus ai-
gue de tout le Syfteme. (Voyez Systems. )
Prosodiaque , adj. Le Nome Frofodiaque fe
ehantoit en l’honneur de Mars , & fut, dit-on ,
invente par Olympus,
PR.tasftDiE, f.f. Sorte de Nome pour les Flu¬
tes & propre aux Cantiques que Pon ehantoit
chez les Grecs, a Pentree des facrifices. Plu-
tatque atuibue l’invention des Profodies a Qo-
P Y T.
121
nas, de Tegee felon les Arcadiens, & de The-
Jbes felon les Beotiens.
Protesis, f.f. Paufe d’un Tems long dans
la Mulique ancienne , a la difference du Lemme,
qui etoit la Paufe d’un Tems bref.
Psalmodier , v. n. C’eft chez les Catholiques
Chanter ou reciter les Pleaumes & l’Office d’une
'maniere particuliere, qui tient le milieu entre
le Chant & la parole : c’eft du Chant , parce
que la voix eft foutenue ; c’eft de la parole ,
parce qu’on garde prefque toujours le meme
Ton.
Pycni , Pycnoi , (Voyez Epais. )
Fyihagoriciens , jub. maf.pluriel. Norn d’u-
ne des deux Sedes dans lefquelles fe divifoient
les Theoriciens dans la Mufique Grecque j elle
portoit le nora de Pythagore, fon chef, comme
l’autre Se&e portoit le 110m d’Ariftoxene. (Voyez
AfUSTOXE'fHENS.)
Les Pythagoriciens Bxoicnt tous les Interval-
les taut Confo nnans que Dilfonnans par le Cal-
cul des rapports. Les Ariftoxeniens , au con-
traire, difoient s’en tenir au jugement de l’o-
reille. Alais au fond , leur difpute n’etoit qu’une
difpute de mots ; & fous des denominations
plus fimples, les moities ou les quarts - de - Ton
des Ariftoxeniens , ou ne fignifioient rien, ou
tv’exigeoient pas des calculs moins compofes que
ceux des Limma , des Comma , des Apotomes
fixes par les Pythagoriciens. En propofant, par
H f
m Q. U A.
exemple, de prendre la moitie d’un Ton, qiie
propofoit un Ariftoxenien ? Rien fur quoi l’o-
reille put porter un jugement fixe ; ou il ne fa-
voit ce qu’il vouloit dire, ou il propofoit de
trouver une moyenne proportionnelle entre 8
& o. Or cette moyenne proportionnelle eft ra¬
tine quarree de 72, & cette ratine quarree
eft un nombre irrationel: il n’y avoit aucun au¬
tre moyen poflible d’affigner cette moitie-de Ton
que par la Geometrie , & cette methode Geo-
metrique n’etoit pas plus fimple que les rapports
de nombre a nombre calcules par les Pythago-
riciens. La fimplicite des Ariftoxeniens n’etoit
done qu’apparente ; e’etoit une fimplicite fem-
blable- a celle du Syfteme de M. de Boifgelou ,
dont ilfera parle ci-apres. (Voyez Intervalle ,
Systeme. )
Q,
C^Uadruple-Croche,/ f. Note de Mufique
valant le quart d’une Croche , ou la moitie d’une
double-Croche. Il faut foixante-quatre. Quadru¬
ples - Croches pour une Mefure a quatre Terns;
mais on remplit rarement une Mefure , & meme
un Terns , de cette efpece de Notes. ( Voyez
Valeur Dts Notes.)
La Quidruple-Croche eft prefque toujours lie*
axec d’autres Notes de pareille ou de differente
Q_U A. 123
Valeur, & fe figure ainfi ou ■U-JhC'
EUe tire fon 110111 des quatre traits ou Crochets
qu’elle porte.
Quantite'. Ce mot , eii Mufique de meme
qu’en Profodie , ne fignifie pas le nombre des
Notes ou des Syllabes , mais la duree relative
qu’elles doivent avoir. La Quantite produit le
Rhythme, comme l’Accent produit l’lntonation.
Du Rhythme & de Flntonation refulte la Me-
lodie. (Voyez Mf/lodie. )
Quarre' , adj. On appelloit autrefois B Qiiar-
reouBDur, le figne qu’on appelle aujourd’hui
Eequarre. ( Voyez B .)
Quarre'e ou Breve , adj. pris fubjlantiv. Sor-
te de Note ( faite comme on peut voir a la Pi.
D. Fig. 8. lig. 3. ) , & qui tire foil nom de fa
figure. Dans nos anciennes Mufiques, elle valoit
tantot trois Rondes ou femi-Breves , & tantot
deux , felon que la Prolation etoit parfaite ou
imparfaite. ( Voyez Prolation. )
Maintenant la Quarree vaut toujours deux
Rondes, mais on l’emploie aflez rarement.
Quart-oe-Soupir , f. m. Valeur de filence
qui marque, comme le porte fon nom , la qua-
trieme partie d’un foupir; c’eft-a-dire , l’equiva-
lent d’une double-croche. On peut voir ( Pi. D.
Fig. 9. ) les deux differentes manieres de l’ecrire
des Francois & des Italiens. (Voyez SoUPiR ,
Valeur des Notes. )
124 Q_ U A.
Quart-de-Ton , f. m. Intervalle introclliifc
dans le Genre Enharmonique par Ariftoxene , &
duquel la raifon eft fourde. (Voyez Echelle,
Enharmonique , Intervalle, Pythagori-
ciens. )
Nous n’avons, ni dans l’oreille , ni dans les
calculs Harmoniques , aucun principe qui nou*
puifle fournir I’Intervalle exadl d’un Quart-de-
Ton j & quand on confidere quelles operations
geometriques font necelfaires pour le determiner
fur le Monocorde, on eft bien tente de foup-
qonner qu’on n’a peut-etre jamais entonne 9 t
qu’on n’entonnera peut-etre jamais de Quart-de-
Ton jufte , ni par la Voix, ni fur aucun Inf-
trument.
Les Muficiens appellent auffi Quart-de-Ton
PIntervalle qui, de deux Notes a un Ton l’une
del’autre, fe trouve entrele Bemol de la fupe-
rieure & le Diefe de l’inferieure ; Intervalle que
le Temperament fait evanouir , mais que le cal-
eul peut determiner.
Ce Quart-de-Ton eft de deux efpeces ; {avoir,
l’Enharmonique majeur, dans le rapport de<>76
a 62 <) , qui eft le complement de deux femi-
Tons mineurs au Ton majeur; & l’Enharmoni¬
que mineur, dans laraifonde I 2 f a 128 , qui
eft le complement des deux meraes femi - Tons
mineurs au Ton mineur.
Quarte , f.f La troifieme des Confonnan-
ces dans l’ordre de leur generation. La Quarte
Q_U A.’ 125
eft urie Confortnance parfaite ; fon rapport eft
de 3 a 4 ; elle eft compofee de trois Degres dia-
toniques formes par quatre Sons ; d’ou lui vient
Is nom de Quarte. Son lntervalle eft de deux
Tons & demi; favoir, un Ton majeur, un Ton
xnineur, & un femi - Ton majeur.
La Quarte peut s’alterer de deux manieres ;
favoir , en diminuant fon lntervalle d’un femi-
Ton, & alors elle s’appelle Quarte diminuee ou
fauJfe-Qiiarte ; ou en augmentant d’un femi-Ton
ce meme lntervalle , & alors elle s’appelle Quar¬
ts fuperflue ou Triton , parce que Vintervalle en
eft de trois Tons pleins : il n’eft.que de deux
Tons, c’eft-a-dire , d’un Ton, Si deux femi-Tons
dans la Quarte diminuee ,• mais ce dernier Inter-
Valle eft banni de 1 ’Harmonie, & pratique feu-
lement dans le Chant.
II y a un Accord qui porte le nom de Quarte ,
ou Quarte & Quinte. Quelques-uns Pappellent
Accord de Onzieme : c’eft celui ou foils un Ac¬
cord de Septieme on fuppofe a la Balfe un cin-
quieme Son , une Quinte au-delfous du Fonda-
mental : car alors ce Fondamental fait Quinte,
& fa Septieme fait Onzieme avec le Son fup¬
pofe. ( Voyez Supposition. )
Un autre Accord s’appelle Quarte fuperflue ou
Triton. C’eft un Accord fenfible dont la dilfon-
nance eft portee a la Balfe : car alors la Note fen¬
fible fait Triton fur cette diifonnance. (Voyez
Accord.
12 6
Q_U E.
Deux Quartes juftes de fuite font permifes ert
compofition , meme par Mouvement femblabie ,
pourvu qu’on y ajoute la Sixte : mais ce font des
paflages dont on ne doit pas abufer , & que la
BalTefondamentale ri’autorife pas extremement.
Quarter , v. n. C’etoit, chez nos anciens
Muficiens une maniere de proceder dans le De¬
chant ou Contrepoint plutotpar Quartes que par
Quintes : e’etoit ce qu’ils appelloient auifi par
un mot Latin plus barbare encore que le Fran¬
cois , Diatejferonare.
Quatorzieme , f.f. Replique ou Octave de
la Septieme. Get Intervalle s’appelle Quatorzie¬
me, parce qu’il faut former quatorze Sons pour
palfer diatoniquement d’un de fes termes a l’autre.
Quatuor, f.m. C’eft le nora qu’on donne
aux morceaux de Mufique vocale ou inftrumen-
tale qui font a quatre Parties recitantes. (Voyez
Parties ) II n’y a point de vrais Quatuor , ou
iis ne valent rien. II faut que dans un bon Qua¬
tuor les Parties foient prefque toujours alternati¬
ves , parce que dans tout Accord il n’y a que
deux Parties tout au plus qui falfent Chant & que
l’oreille puilfe diftinguer a la fois ; les deux au-
tres ne font qu’un pur reniplilfage, & l’on lie
doit point mettre de rempliflage dans un Quatuor .
Queue, f.f. On diftingue dans les Notesla
tete & la Queue. La tete eft le corps meme de
la Note ; la Queue eft ce trait perpendicnlaire
qui tient a la tete & qui monte ou defcend in-
o_ u i. 127
diiFeremment a travers la Portee. Dans Je Plain-
Chant la plupart des Notes n’ontpasde Queue}
mais dans la Mufique il n’y a que la Ronde qui
n’en ait point. Autrefois la Breve ou Quarree
n’en avoit pas non plus ; mais les differentes po-
fitions de la Queue fervoient a diftinguer les va-
leurs des autres Notes , & fur-tout de la Plique.
( Voyez Plique. )
Aujourd’hui la Queue ajontee aux Notes du
Plain-Chant prolonge leur duree ; ellel’abrege,
au contraire, dans la Mufique , puifqu’une Blan¬
che ne vaut que la moitie d’une Ronde.
QuiivQiiE , /. m. Nom qu’on donne aux mor-
eeaux de Mufique vocale ou inftrumentale qui
font a cinq Parties recitantes. Puifqu’il n’y a pas
de vrai Qiiatuor , a plus forte raifon n’y a - t - il
pas de veritable Quinque. L’un & l’autre de ces
mots, quoique paffes de la Langue Latine dans
la Francoife , fe prononcent comme en Latin.
Quisle , f.f La feconde des Confon nances
dans l’ordre de leur generation. La Qumte eft
une Confonnance parfaite. (Voyez Conson-
Nance.) Son rapport eft de 2 a 3. Elle eft com-
pofee de quatre Degres diatoniques , arrivant au
einquieme Son, d’ou lui vient le nom de Quin -
te. Son Intervalle eft de trois Tons &demi; fa-
voir , deux Tons majeurs un Ton mineur, &
un femi-Ton majeur.
La Quinte peut s’alterer de deux manieres j
favoir , en diminuant fon Intervalle d’un femi-
148 Q UL
Ton, & alors elle s’appelle Faujfe-Quinte , & el a*
vroit s’appeller Quinte-dimmuie ■, ou en augmen-
tant d’un femi-Ton le meme Intervalle, & alors
elle s’appelle Quinte -fuperfiut. De forte que la
Quints -fuper flue a quatre Tons , & la Faujfe-
Quinte trois feuledlent, comme le Triton * dont
elle ne differe dans nos lyftemes que par le nom-
bredes Degres. ( Voyez Fausse-Quinte. )
II y a deux Accords qui portent le nom de
Quinte ; favoir, l’Aecord de Quinte Sixte f
qu’on appelle aufti grande-Sixte ou Sixte - ajoutee ,
& I’Accord de Qiiinte - fuperjlue.
Le premier de ees deux Accords fe confidere
en deux manieres ; favoir , comme un Renver-
fement de l’Accord de Septieme, la Tierce du
Soil Fundamental etant portee au grave ; c’eft
l’Accord de grande - Sixte ; (Voyez Sixth. ) oil
bien comme un Accord dire d’ou vicntque ceux
qui verfifioient appelloient cela chanter. Cet
ufage , pafle ridiculement dans les autres Lau-
gues, fait dire encore aux Poetes , je chante ,
X 3
lorfqu’ils ne font aucune forte d-e Chant. Les
Grecs. pouvoient chanter eu parlant mais chez
nous il faut parlor ou chanter ; on ne fauroie
faire a la fois l’un & Tautre. C’eft cette di'Unc¬
tion meme qui nous a rendu le Reeitatif necef.
faire. La Mufique dornine trop dans nos Airs,
la Poefie y eft prefque oubliee. Nos Drames
lyriques font trop chantes pour pouvoir l’etre
toujours. Un Opera qui ne feroit qu’une fuite
d’Air ennuieroit prefque autant qu’un feul Air
de la meme etendue. II faut couper & feparer
les Chants par de la parole 5 mais il faut que
cette parole foit m.odifiee par la Mufique. Les
idees doivent changer , mais la Langue doit ref.
ter la meme. Cette Langue une fois donnee, en
changer.dans le -copfs d’une Piece, feroit vou-.
loir parler moitie Franqois , rnoitie AUemand. Le
paifage du difcours au Chant , & reciproque-
ment , eft trop difparat; il choque a la fois l’o-
reille & la .vraiie/nblance.: deux interlospteurs
doivent parler ou chanter ; iIs ne iauroient faire
ahernativement Ptln & l’autre. Or le Reeitatif
eft le moyen d’union du Chant & de la parole;
c’eft lui qnifepare & diftingue les Airs; qui re-
pofe l’oreille etonnee de celui qui precede & la
difpofe a gouter celui qui fuit: enfin c’eft a l’aide
du Reeitatif que ce qui n’eft que dialogue, re-
cit, narration dans le Drame , peut fe rendre
fans fortir de la Langue donnee , & fans depla¬
cer Feloquence des Airs,
r e a
I3f
On ne mefurc point le Recitatif en chantant.
Cette Mefure , qui cara&erife les Airs, gateroit
Ja declamation recitative. C’eft 1’Accent , foit
Grammatical, foit Oratoire , qui doit feul diriger
la lenteur ou la rapidite des Sons, de raeme que
leur elevation ou leur abailfement. Le Compo-
fiteur , en notant le Bgcitatif , fur quelque Me¬
fure determinee , n’a en vue que de fixer la cor-
refpondance de la Baffe-continue & du Chant,
& d’indiquer , a - peu - pres , comment on doit
marquer la quantite des fyllabes, cadencer Sc
fcander les vers. Les Italians ne fe fervent ja¬
mais pour leur RJcitatif que de la Mefure a
quatre Terns ; mais les Francois entremelent le
leur de toutes fortes de Mefures.
Ces derniers arment auffi la Clef de toutes
fortes de Tranfpofitions, tant pour le Recitatif
que pour les Airs , ce que ne font pas les Ita-
■liens ; mais ils notent toujours le Recitatif au
naturel*. la quantite de Modulations dont ils le
chargent , & la promptitude des Tranfitions »
fai/ant que la Tranfpofition convenable a un Ton
ne l’eft plus a ceux dans lefquels on paffe , mul-
tiplieroit trop les Accidens fur les memes Notes ,
& rendroit le Rkitatif prefque impollible a fui-
vre , & tres - difficile a noter.
En elfet , c’eft dans le Recitatif qu’on doit
faire ufage des Tranfitions harmoniques les plus
recherchees, & des plus favantes Modulations.
Les Airs n’offrant qu’un ientiment, qu’une irna-
I 4
REG.
136
ge; renferntes ennn dans quelque unite d’expref-
fion> ne permettent guere au Compofiteur de s’e-
loigner duTon principal; & s'il vouloit moduler
beaucoup dans un ii court efpace, il n’offriroit que
des l J h rales etranglees, entaflees , & qui n’au-
roient ni liailon , ni gout , ni Chant. Defaut tres-
crdmaire dans la Mulique Franqoife , & meme
dans l’rillemande,
Mais dans le Recitatif, ou les expreflions s
lss fentimens ,les idces varient a chaque inftant,
on doit employer des Modulations egalement va-
riees qui puiifent reprefenter , par leurs contex¬
tures , les fucceffions exprimees par le difcours
du Recitant, Les inflexions de la Voix parlante
ne font pas bornees aux Intervalles muficaux;
dies font infinies, & impoilibles a determiner.
Ne pouvant done les fixer aveepne certaine pre-
cifion , le Muficien , pour fume la parole , doit
au rnoins les imiter le plus qu’il eft poflible, &
afin de porter dans Pefprit des Auditeurs l’idee
des Intervalles & des Accens , qu’il ne peut ex¬
primer en Notes, il a recours a des Tranfitions
qui les fuppofent; fi 3 par excmple , l’lntervalle
$u £emi-Ton majeur au mineur lui eft neceffaire ,
jl ne le notera pas , il ne fauroit ; mais il vous
en donnera l’idee a Paide d’un paiFage Enhar-
monique. Une marche de bafle fuffit fouvent
pour changer toutes les idees & dormer au Re-
citatif l’accent & l’inflexion que 1’Acleur ne
petit execute?:*
R E C.
137
Au refte, comme il importe que PAuditeur
foie attentif au Recitatif, & non pas a la BalJ’e ,
qui doit faire Ton eftet fans etre ecoutee ; il fuit
de-la que la BalTe doit refter fur la meme Note
autant qu’il eft poffible ; car e’eft au moment
qu’elle change de Note &frappe une autre Corde*
qu’elle fe fait ecouter. Ces momens etant rares
& bien choifis, n’ufent point les grands effetsj
iis diftraifent moins frequemment le Spedateur
& le la'ilfent plus aifement dans la perfuafton
qu’il n’entend que parler, quoique l’Harmonie
agiffe contmuellement fur Ton oreille. Rien ne
marque un plus miuvais Recitatif que ces Bafles
perpetuellement fautillantes, qui eourent de Cro-
che en Croche apres la fucceillon Harmonique,
&font, fous la Melodie de la Voix,une autre
maniere de Melodie fort plate & fort ennuyeufe.
Le Compofiteur doit favoir prolonger & varier
fes Accords fur la meme Note de BalTe, & n’en
changer qu’au moment ou [’inflexion du Reci¬
tatif devenant plus vive reqoit plus d’effet par
ce ehangement de- Baffe, & empeche PAuditeur
de le remarquer.
Le Recitatif ne doit fervir qu’a lier la contex¬
ture du Drame , a -feparer & faire valoir les
Airs, a prevenir l’etoiijrdiflenient que donneroit
la continui e du grand bruit ; mais quelqu’elo-
queut que f>it le Dialogue , quelqu’energique &
favant que puilfe etre le Recitatif , il ne doit
ihqeE qu’autant qu’il eft neeelfaire a fon objet j
J 1
n 8
r e c:
parce que ce n’eft point dans le Recitatif qu’aglt
le charme de la Mulique, & que ce n’eft cepen-
dant que pour deployer ce charme qu’eft inftitue
fOpera. Or, c’eft en ceci qu’eft le tort des Ita-
liens , qui , par l’extreme longueur de leurs
fcenes, abufent du Recitatif Quelque beau qu’il
foit en lui-meme, il ennuie, parce qu’il dure
trop , & que ce n’eft pas pour entendre du Re-
citatif que Ton va a l’Opera. Demofthene par-
lant tout le jour ennuieroit a la fin ; rnais il ne
s’en fuivroit pas de - la que Demofthene fut un,
Orateur ennuyeux. Ceux qui difent que les Ita-
liens eux-memes trouvent leur Recitatif mauvais,
le difent bien gratuitement; puifqu’au contraire
il n’y a point de partie dans la Mufique dont
les Connoiifeurs faffent tant de cas & fur laquelle
ils foient aufli difficiles. Il fuffit meme d’excel-
ler dans cette feule partie , fut - on mediocre
dans toutes les autres , pour s’elever chez eux
au rang des plus illuftres Artiftes , & le celebre
Corpora ne s’eft immortaJife que par - la.
J’ajoute que , quoiqu’on ne cherthe pas com-
munement dans le Ricitatif la meme energie
d’expreffion que dans les Airs, elle s’y trouvs
pourtant quelquefois ; & quand elle s’y trouve
elle y fait plus d’effet que dans les Airs memes.
Il y a peu de bons Ope?a, ou quelque grand
morceau de Recitatif n’excite l’admiration des
Connoifleurs, & l’interet dans tout le Specta¬
cle 5 l’efiet de ces morceaux montre aflez que Is
R E C.
139
idetaufc qu’on impute au genre n’eft que dans
la maniere de le traiter.
M. Tardni rapporte avoir entendu en 17*4,
a VOpera d’Ancone , un morceau de Recitatif
d’une feule ligne , & fans autre Accompagne-
jnent que la Bade, faire un diet prodigieux non-
feulement fur les Profelfeurs de l’Art, mais fur
tous les Spedateurs. „ C’etoit, dit il, au com-
M mencement du troifieme Ade. A chaque re-
3, prefentation un filence profond dans tout le
„ Spedacle annonqoit les approches de ce ter-
„ rible morceau. On voyoit les vifages palir ; .
„ on fe fentoit friffonner , & l’on fe regardoit
3 , fun 1 ’autre avec une forte d’effroi: car ce n’e-
„ toit ni des pleurs, ni des plaintes ; c’etoit
3, un certain fentiment de rigueur apre & de-
3, daigneufe qui troubloit fame , ferroit le coeur
& glaqoit le fang. ” II faut tranfcrire le palfage
original > ces effets font fi peu connus fur nos
Theatres, que notre Langue eft peu exercee a
les exprimer.
Idanno quatordecimo delfecofo prefente nel Dram-
met che fi raprefentava, in Ancona , v'era [idl prin-
cipio del'd Atto terzo una riga di Recitative non
accompagmto da altri jlromenti che dal Bajfo. ,• per
eui , .tanto in noi profejfori quanto negli afcoltanti »
Ji deftavci una tal e tanta fommozions di animo ’
che tutti ji guardavano in faccia dun daltro per
h evid.nte mutazione di colore che fi faceva, in
(iafcheduno di noi . Idejfetto non era di pianto (mi
REC.
140
ricordo beniffinto che le parole erano di fidegno )
in a di tin certo rigore e freddo ml fatigue , che di
fatto turbava Panimo. Tredeci volte fi recito il
Dramma , e fempre fegui Pejfetto fiejfo univerfal-
mente ; di che era fegno palpabilt il fommo previo
Jtlenzio , con cut P Uditorio tutto fi apparecchiava
a goderne Pejfetto.
if: Re'citatif Accompagne', eft celui auqtiel,
outre la Baffe-continue, on ajoute un Accom-
pagnement de Violons. Cet Accompagnement,
qui ne peut guere etre fyllabique , vu la rapidite
du debit, eft ordinairement forme de longues
Notes foutenues fur des Mefures entieres, &
l’on ecrit pour cela fur toutes les Parties de
Symphonie le mot Sofienuto, principalement ala
Baife, qui, fans cela, ne frapperoit que des
coups fees & detaches a chaque ehangement de
Note, comme dans le Recitatif ordinaire ; au
lieu qu’il faut alors filer & foutenir ies Sons fe¬
lon toute la valeur des Notes. Quand 1’Accom¬
pagnement eft mefure , cela force de mefurer
aufli le Recitatif, lequel alors fuit & accompagne
en quelque forte l’accompagnement.
Re'citatif Mesure'. Ces deux mots font con-
tradidfoires. Tout Recitatif ou"Ton fent quel-
qu’autre Mefure que celle des vers n’eft plus du
Recitatif. Mais fouvent un Recitatif ordinaire
fe change tout-d’un - coup en Chant , & prend de
la Mefure & de la Melodie ; ce qui fe marque
en etrivant fur les Parties d Tempo ou d Battuta
Ce contrafte, cs changement bien menage pro-
riuit des effets furprenans. Dans le cours d’ufi
Ricitatif debite , une reflexion tendre & plain¬
tive prend I’Accent mufical & fe developpe k
Pinftant paries plus douces inflexions du Chant,
puis , coupee de la menie maniere par quelqu’au-
tre reflexion vive & impetueufe , elle s’inter-
rompt brufquement pour reprendre a Pinftant
tout le debit de la parole. Ces morceaux court3
Sc mefures , accompagnes, pour Pordinaire , de
Flutes & de Cors de Chafle , ne font pas rare3
dans les grands Rccitatifs Italiens.
On mefure encore le Recitatif, lorfque PAc-
compagnement dont oil le charge etant chantant
& mefure lui-meme , oblige le Recitant d’y con-
former foil debit. C’eft moins alors un Recitatif
mefure que, comme je Pai dit plus haut, un
Recitatif accompagnant l’Accompagnement.
Re'citatie Oblige'. C’eft celui qui , entre-
mele de Ritournelles & de traits de Sywpho nie,
oblige pour ain/7 dire le Recitant & POrcheftre
l’un envers Pautre , en forte qu’ils doivent etre
attentifs & s’attendre mutuellement. Ces paffa-
ges alternatifs de Recitatif & de Melodie revetue
de tout l’eclat de POrcheftre , font ce qu’il y a
de plus touchant, de plus raviflant , de plus
energique dans toute la Mufique moderne. L’Ac-
teur agite, tranfporte d’une paffion qui ne lui
permet pas de tout dire , s’interrompt, s’arrete ,
feit des reticences , durant lefquelles POrcheftre
RED.
142
parle pour lui ; & ces filences, ainfi remplisi
aifedeht infiniment plus l’Auditeur que fi l’Ac-
tcur difoit lui-meme tout ce que la Mufique fait
entendre. Jufqu’ici la Mufique Franqoife n’a fu
faire aucun ufage du RJcitatif oblige. L’on a
tache d’en donner quelque idee dans une fcene
du Devin du Village , & il paroit que le Public
a trouve qu’une fituation vive , ainfi traitee,
en devenoit plus intereflante. Que lie feroit point
le Recitatif oblige dans des fcenes grandes &
pathetiques, fi Von en peut tirer ce parti dans
un genre ruftique & badin?
Re'citer , v. a. & n. C’eft chanter ou jouer
feul dans une Mufique, c’eft executer un Recit.
( Voyez Re'cit. )
Re'clame, /. /. C’eft dans le Plain-Chant la
partie du Repons que l’on reprend apres le ver-
fet. ( Voyez Re'pons. )
Redouble 7 , adj. On appelle Intervalle redou¬
ble tout Intervalle Dimple porte a Ton Odave.
Ainfi la Treizieme, compofee d’une Sixte & de
l’Odave , eft une Sixte redoublee, 8c la Quin-
zieme qui eft une Odave ajoutee a l’Odave
eft une Odave redoublee. Quand , au lieu d’une
Odave, on en ajoute deux, l’Intervalle eft tri¬
ple ; quadruple , quand on ajoute trois Odaves.
Tout Intervalle dont le nom pafle fept en
nombre , eft tout au moins redouble. Pour trou_
ver le fimple d’un Intervalle redouble quelconque,
xejettez fept autant de fois que vous le pourrez
REG.
HI
3 tu nom de cct Intervalle , & le refte fera le
nom de PIntervalle fimple : de treize rejettez
fept, il en refte fix j ainfi la Treizieme eft une
Sixte redouble. De quinze 6tez deux fois fept
ou quatorze, il refte un : ainfi la Quinzieme eft
tin Uniffon triple , ou une Octave rednublee.
Reciproquement pour redoubler un Intervalle
fimple quelconque, ajoutez-y fept, & vous au-
rez le nom du merae Inrervalle redouble. Pour
tripler un Intervalle fimple , ajoutez - y qua¬
torze, &c. ( Voyez Intervalle. )
Reduction , /. /. Suite de Notes defcendant
diatoniquement. Ce terme , non plus que fon
oppofe , Deduction, n’eft guere en ufage que
dans le Plain-Chant.
Refrain. Terminaifon de tous les Couplets
d’une Chanfon par les memes paroles & par le
merae Chant , qui fe dit ordinairement deux
fois.
Regle be l’Octave. Formule liarmonique
publiee Ja premiere fois par le fieur Delaire en
1700, Jaquelle determine, fur la march e diato-
nique de la Balfe, l’Accord convenable a chaque
degre du Ton , tant en Mode majeur qu’en
Mode mineur , & tant en montant qu’en deft
Cendant.
On trouve, PL L. Fig. 6 , cette formule
chiffree fur l’Odtave du Mode majeur, & Fig .
7 » fur l’O&ave du Mode mineur.
r e a:
144
I Pourvu gue le Ton foit bien determine, dft
ne fe trompera pas en accompagnant fur cette
Regie , tant que l’Auteur fera refte dans l’Har-
monie firnple & naturelle que eomporte le Mode*
S’il fort de cette fimplicite par des Accords par
fuppofition ou d’autres licences, c’eft a lui d’en
avertir par des Chiffres convenables ; ee qu’il
doit faire auffi a chaque changement de Ton:
mais tout ce qui n’eft point chiffre doit s’ac-
compagner felon la Regie de POSiave , & cetts
Regie doit s’etudier fur la Baffe-fondamentale pour
en bien comprendre le fens.
II eft cependant facheux qu’une formule def-
tinee a la pratique des Regies elementaires de
l’Harmonie, contienne une faute centre ces me-
mes Regies ,• c’eft apprendre de bonne heure aux
commenqans a tranfgrelfer les loix qu’on leut
donne. Cette faute eft dans l’Accompagnemenfe
de la lixieme Note dont l’Accord chiffre d’urt 6 ,
peche centre les Regies ; car il ne s’y trouve au-
cune liaiion, & Ja Balfe-fondumentale defeend
diatoniquement d’un Accord parfait fur un autre
Accord parfait ; licence trop grande pour pou-
Voir faire Regie.
On pourfoit faire qu’il y eut liaifon , en ajou-
tant une Septieme a l’Accord parfait de la Do-
minante ; mais alors cette Septieme, devenue
Odave fur la Note fuivante , ne feroit point
fauvee , & la Bafle - fondamentale , descendant
dia-
REG.
14?
diatoiiiquement fur un Accord parfait, apres un
Accord de Septieme, feroit nne marche entiere-
ment intolerable.
On pourroit aufli donner a cette GxiemeNote
1’Accord de petite Sixte , dont la Quarte feroit
liaifon ; rnais ce feroit fondamentalement un Ac¬
cord de Septieme avec Tierce mineure, ou la
Diffonnance ne feroit pas preparee ; ce qui eft
encore contre les Regies. (V oyez Pre'parer. )
On pourroit chiffrer Sixte - Quarte fur cette
flxieme Note , & ce feroit alors l’Accord parfait
de la Seconde •, mais je doute que les Mufleiens
approuvaffent un Renverfement aufli mal enten-
du que celui-la 5 Renverfement que Poreille n’a-
dopte point, & fur un Accord qui eloigne trop
1’idee de la Modulation principale.
On pourroit changer l’Accord de la Dominante >
en lui donnant la Sixte - Quarte au lieu de la
Septieme , & alors la Sixte Ample iroit tres-bien
fur la ftxieme Note qui fuitj mais la Sixte-Quarte
iroit tres-mal fur la Dominante , a moins
qu’elle n’y fut fuivie de 1’Accord parfait ou de
la Septieme ; ce qui rameneroit la difficulte-
Une Regie qui fert non-feulement dans la prati¬
que, mais de modele pour la pratique, ne doit
point fe tirer de ces combinaifons theoriques re-
jettees par Poreille ; & chaque Note , fur-tout la
Dominante , y doit porter fon Accord propre,
lorfqu’elle pent en avoir un.
Je tiens done pour une chofe certaine,, que
Tome XL J£
R E L.
I i6
nos 'Regies font mauvaifes, ou que l’Accord de
Sixte , don t on Accompagne la Sixieme Note ert
montant, eft une fauce qu’on doit corriger, &
que pour Accompagner regulierement cette No¬
te, corntne il convient dans une formule, il n’y
a qu’un feul Accord a lui donner , favoir celui
de Septietne ; non une Septieme fondamentale,
qui , ne pouvant dans cette marche fe fauver
que d’une autre Septieme, feroit une faute;
mats une Septieme renverfee d’un Accord de
Sixte-ajoutee fur la Tonique. Il eft clair que
1’Accord de la Tonique eft le feul qu’on puilfe
inferer regulierement entre l’Accord parfait ou
de Septieme fur la Dominante, & le meme Ac¬
cord fur la Note feufibie qui fuit immediatement.
Je fouhaite que les gens de l’Art trouvent cette
correction bonne 5 je fuis fur au moins qu’ils la
trouveront reguliere.
R£gler le Papier. C’eft marquer fur un pa¬
pier blanc les Portees pour y noter la Mufique.
(Voyez Papier Regle. )
R£gleur , f. m. Ouvrier qui fait profeilion de
regler les papiers de Alufique. ( Voyez Copiste. }
Rl'gujre , /. /. Maniere dont eft regie le pa¬
pier. Cette Peglare ejl trap noire. Il y a plaijir
de Noter fur une Reglure bien nette. ( Voyez Pa¬
pier Re'gle'.)
Relation , f.f. Rapport qu’ont entr’eux les
deux Sons qui forment un Intervalle , confidere
par le genre de cet Intervalle. La Relation ell
RE l;
*47
jujle, quand Hntervalle eft jufte , rnajeur ou mi-
neur; elle eft faujfe , quand il eft fuperflu ou
diminue. ( Voyez IntERVALLE. )
Parmi les faujfes Relations , on ne confiders
comme telles dans I’Harmonie , que celles done
les deux Sons ne peuvent entrer dans le memo
Mode. Ainfi le Triton, qui dans la Melodie eft
une faujfe Relation , 11’en eft une dans I’Harmo¬
nie que lorfqu’un des deux Sons qui le forment,,
eft une Corde etrangere au Mode. La Quarts
dlmmuee , quoique bannie de I’Harmonie , n’eft
pas toujours une faujfe Relation. Les Octaves di-
minuee & fuperflue , etant non - feulement des
Intervalles bannis de l’Harmonie, mais impra-
ticables dans le meme Mode , font toujours de
faujfes Relation1. II en eft de meme des Tierces
& des Sixtes-diminuees & fuperflues , quoique la
derniere foit admife aujourd’hui.
Autrefois les faujfes Relations etoient toutes
defendues. A prefent dies font prefque toutes
permifes dans la Melodie, mais non dans l’flar-
mojiie. On peut pourtant les y faire entendre»
pourvu qu’un des deux Sons qui forment la faujje
Relation , ne foit admis que comme Note de
gout , & non comme partie conftitutive de
l’Accord.
On appelle eneore Relation enharmonique , en-
tre deux Cordes qui font a un Ton d’ltitervalle ,
le rapport qui fe trouve entre le Diefe de Pin*
ferieui£ & le Bemol de la Superieure. C’eft*
K 3
REN.
148
par le Temperament, la meme touche fur fOr-
gue & fur le Ciaveffin; mais en rigueur ce n’eft
pas le meme Son, & il y a entr’eux un Inter-
valle enharmonique. ( Voyez Enharmonique. )
RemissE , adj. Les Sons Remijfes font ceux
qui ont peu de force , ceux qui etant fort graves
ne peuvent etre rendus que par des Cordes ex-
tremement laches , ni entendus que de fort pres.
Remijfe eft l’oppofe d 'lntenfe, & il y a certe
difference entre Remijfe & has ou foible , de meme
qu’entre lntenfe & haut ou fort, que has & haui
fe difent de la fenfation que le Son porte a
■l’oreille ; au lieu qui*lntenfe & Remijfe fe rappor-
tent plutot a la caufe qui le produit.
Renforcer , v. a. pis en feus neutre. C’eft paf-
fer du Doi'.x au Fort, ou du Fort au tres - Fort ,
non tout d’un coup , mais par une gradation
continue en renflants & augmentant les Sons , foit
fur une Tenue , foit fur une fuite de Notes , juf-
qu’a ce qu’ayant atteint celle qui fert de terms
au {{enforce, Von reprenne enfuite le jeu ordi¬
naire. Les Italiens indiquent le Renforce dans
leur Mufique par le mot Crefcenda , ou par le
mot Rinforzando indifferemment.
Rentre'e , f. f. Retour du fujet, fur - tout
apres quelques Paufes defilence, dans une Fugue,
une Imitation , ou dans quelque autre Delfein.
Renverse'. En fait d’Intervalles , Renverfe eft
oppofe a Direct. ( Voyez Direct. ) Et en fait
d’Accords, il eft oppofee a Fundamental. (Voyez
Fonda, mental, )
R E N.
149
RenversemENT , f. m. Chattgement d’ordre
dans' les Sons qui compofent les Accords , &
dans les Parties qui compofent l’Hannonie : ce
qui fe fait en fubftituant a la, Bade , par des Oc¬
taves , les Sons qui doivent etre au Delfus, ou
aux extremites ceux qui doivent occuper le nii_
lieu; & reciproquement.
II eft certain que dans tout Accord il y a un
ordre fondamental & naturel , qui eft celui de
la generation de 1’ Accord meme : mais les cir-
conftances d’une fucceffion, le gout, Pexpref-
fion, le beau Cliant, la variete, le rapproche¬
ment de l’Harmonie , obligent fouvent le Com-
pofiteur de changer cet ordre en renverfant les
Accords , & par confequent la difpofition des
Parties.
Comrae trois chofes peuvent etre ordonnees
en fix manieres, & quatre chofes en vingt-qua-
tre manieres , il femble d’abord qu ? un Accord
parfait devroit etre fufceptible de fix R enverfe-
mens, & un Accord dilfonnant de vingt- quatre ;
puifque celui-ci eft compofe de quatre Sons , l’au-
tre de trois, & que 1 e Renverfement ne confifte
qu’en des tranfpofitions d’Odtaves. Mais il faut
obferver que dans PHarmonie on ne corapte
point pour des Renverfemens routes les difpofi-
tions differentes des Sons fuperieurs , tant que
le meme Son demeure au grave. Ainfi ces deux
ordres de PAccord parfait ut mi fol , & ut fol mi >
ne font pris que pour uri meme Renverfement ’•
K 3
R E N.
i^o
& ne portent qu’un meme nora; ce qui reduifc a
trois to us les ReHverfemens de 1 ’Accord parfait,
& a quatre tous ceux de l’Accord diflonnant 5
c’eft-a-dire, a autant de Renverfeniens qn'il en-
tre de differens Sons dans P Accord : car les Re-
pliques des memes Sons ne font ici comptees
pour rien.
Toutes les fois done que la Baife-fondamen¬
tale fe fait entendre dans la Parde la plus grave ,
ou fi la Baffe • fondamentale eft retranchee,
toutes les fois que I’ordre naturel eft garde dans
les Accords, PHarmonie eft dire&e. Des que cet
ordre eft change , ou que les Sons fondamen-
taux, fans etre au grave, fe font entendre dans
quelque autre Partie , PHarmonie eft renverfee.
JRenverfement de l’Accord, quand le Son fonda-
mental eft tranfpofe j Renverfement de PHarmo¬
nie, quand le Delfus ou quelque autre Partie
jnarche comrae devroit faire la Bafle.
Par-tout ou un Accord diredt fe ra bien place ,
fes Renverfeniens feront bien places auili, quant
a PHarmonie ; car e’eft toujours la meme fuc-
ceffion fondamentale. Ainfi a chaque Note de
Balfe-fondamentale , on eft maitre de difpofer
1’Accord a fa volonte, & par confequent de faire
a tout moment des Renverfeniens differens ; pour-
•vu qu’011 ne change point la fucceffion reguliere
& fondamentale, que les Dilfonnances foient
toujours preparees & fauvees par les Parties qui
les font entendre, que la Note fenfibie monte
R E n:
ioujours , & qu’on evite les faufles Relations
trop dures dans une meme Partie. Voila la Clef
de ces differences myfterieufes que mettent les
Compoiiteurs entre les Accords ou le Deffus fyn-
cope, & ceux oil la Bade doit fyncoper ; com-
me , par exemple, entre la Neuvieme & la Se-
conde; c’eft que dans les premiers 1’Accord eft
dired & la Dilfonnance dans le Deifus j dans
les autres 1’Accord eft renverfe , & la Dilfonnance
eft a la Baffe.
A Pegard des Accords par fuppofition , il faut
plus de precautions pour les Renverfer. Corame
le Son qu’on ajoute a la Bade eft entieremenfi
stranger a 1’Harmonie , fouvent il n’y eft fouf-
fert qu’a caufe de foil grand eloigne ment des au¬
tres Sons, qui rend la Dilfonnance ntoins dure*
Que li ce Son ajoute vient a etre tranfpole dans
les Parties fuperieures , corame il l’eft quelque-
fois i li cette tranfpolition n’eft faite avec beau-
coup d’art, elle y peut ptoduire un tres-mauvais
eifet, & jamais ce!a ne fauroit le pratiquer heu-
reufement fans retrancher quelque autre Son de
l’Accord. Voyez au mot Accord les cas & le
choix de ces retranchemens.
L’intelligence parfaite du Renverfement ne de¬
pend que de l’etude & de Part : le choix eft au.
tte chofe; il faut de l’oreille & du gout; il y
faut l’experience des elfets divers , & quoique
le choix du Renverfement foit indifferent pour le
fond de 1’Harmonie , il ne l’eft pas pour Peffefc
K 4
R £ P.
152
& I’expreiHon. II eft certain que la Bafle-fon-
damentale eft faite pour foutenir l’Harmonic &
regner au - deffous d’elle. Toutes les fois done
qu’011 change l’ordre & qu’on renverfi l’Harmo-
nie , on doit avoir de bonnes raifons pour cela:
fans quoi, l’on tombera dans le defaut de 110s
Mufiques recentes , ou les Defliis chantent quel-
quefois corame des Baffes, & les Baffes toujours
enmme des Deflus , ou tout eft confus , renverfe ,
mal ordonne , fans autre raifon que de perver-
tir l’ordre etabli & de gater l’Harmonie.
Sur l’Orgue & Ie Claveffin les divers Renver-
femens d’un Accord, autant qu’une feule main
peut les faire, s’appellent/ncer. (Voyez Face. )
Renvoi , f. in. Signe figure a volonte, place
communement au - deflus de la Portee , lequel
correfpondant a un autre figne femblable , mar¬
que qu’il faut, d’oii eft le fecond , retourner
oii eft le premier , de-la fuivre jufqu’a ce qu’on
trouve ie Point final. ( Voyez Point. )
Repercussion , f. f Repetition Prequente des
memes Sons. C’eft ce qui arrive dans toute Mo¬
dulation bien determin.ee, oil les Cordes eflen-
tielles du Mode , celles qui compofent la Triade
harmonique, doivent etre rebattues plus fou-
vent qu’aucune des autres. Entre les trois Cor¬
des de cette Triade , les deux extremes , e’eft-
a-dire, la Finale & laDominante, qui font pro-
ptement la repercuffion du Ton , doivent &tre
plus fouvent rebattues que celle du milieu qui
Hep.
153
n’eft que la repercuffion du Mode. (Voyez Ton
& Mode. )
Re'pe'tition , f.f. Eflai que l’on fait en parti-
culier d’une Piece de Mufique que Toil veut exe-
cuter en public. Les Repetitions font neceffaires
pour s’aflurer que les copies font exadtes, pour
que les Adteurs puiifeiit prevoir leurs Parties ,
pour qu’ils fc concertent& s’accordent bien en-
femble , pour qu’ils faififfent l’efprit de l’ouvrage
& resident fidellement ce qu’ils out a exprimer.
Les Repetitions fervent au Compofiteur meme
pour juger de l’effet de fa piece , & faire les
changemens dont elle pent avoir befoin.
Re ? plique, f. f Ce terme , en Mufique,
fignifie Ja meme chofe qu’ O&ave. (Voyez Octa¬
ve.) Quelquefois e n compofition 1’on appelle
aulli Replique 1’Uniffon de la meme Note dans
deux Parties differentes. II y a neceflairement des
Repliques a cliaque Accord dans toate Mufique a
plus de quatre Parties. (Voyez Unisson. )
Re'pons , f. m. Efpece d’Antienne redoublee
qu’on chante dans l’Eglife Romaine apres les le-
cons de Matines ou les Capitules, & qui finit en
maniere de Rondeau, par une Reprife 'appellee
Reclame.
Le Chant du Repons doit etre plus orne que
celui d’une Antienne ordinaire, fans fortir pour-
tant d’une Melodie male & grave, ni de cede
qu’exige le Mode qu’on a choifi. II n’eft cepen-
d;ARt pas neceflaire que le Verfet d’un R'.pons fe
K I
REP.
*54
terraine par la Note finale du Mode ; il fuffii
que cette Finale termine le Reports raeme.
Re'ponse , f.f. C’eft, dans une Fugue, la
rentree du fujet par une autre Partie , apres que
la premiere l’a fait entendre; mais c’eft fur-tout
dans une Contre-Fugue , la rentree du fujet ren-
verfe de celui qu’on vient d’entendre. (Voyez
Fugue, Contre-Fugue.)
Repos , f. m. C’eft la terminaifon de la phra-
fe , fur laquelle terminaifon le Chant fe repofe
plus ou moins parfaitement. Le Repos ne peut
s’etablir que par une Cadence pleine ; fi la Ca¬
dence eftevitee, il ue peut y avoir de vrai Re¬
pos; car il eft impoffible a l’oreille de fe repo-
fer fur une Diifonnance. On voit par-la qu’il y
a precifement autant d’efpeces de Repos que de
fortes de Cadences pleines; (Voyez Cadence)
& ces differens Repos produifent dans la Mufique
l’eifet ile la poncluation dans le difcours.
Quelques-uns confondent naal-a-propos les Re¬
pos avec les Silences, quoique ces chofes foient
fort differentes. (Voyez Silence. )
Reprise, f.f ToutePartie d’un Air ,laquelle
fe repete deux fois , fans etre ecrite deux fois,
s’appelle Reprife. C’eft en ce fens qu’on dit que
la premiere Reprife d’une Ouverture eft grave,
& la feconde gaie. Quelquefois auili l’on n’en-
tend par Reprife que la feconde Partie d’un Air.
On dit ainli que la Reprife du joli Menuet de
Dardanus ne vaut rien du tout. Enfin Reprife eft
encore chacune des Parties d’un Rondeau qui
fouvent en a trois , & quelquefois davantage ,
dont on ne repete que la premiere.
Dans la Note on appelle Reprife un figne qui
marque que l’on doit repeter la Partie de l’Air
qui le precede j ce qui evite la peine de la no-
ter deux*fois. En ce fens on diftingue deux Re~
prifes , la grande & la petite. La grande Reprife
fe figure a l’ltalienne par une double barre per-
pendiculaire avec deux points en dehors de cha-
que cote , ou a la Eranqoife par deux barres per-
pendiculaires un peu plus ecartees, qui traver-
fent toute la Portee , & entre lefquelles on infe-
re un point dans chaque efpace: mais cette fe-
condc maniere s’abolit peu-a-peu ■, car lie pou-
vant imiter tout-a-fait la Mufique Italienne , nous
en prenons du moins les mots & les fignes ; com-
rae ces jeunes gens qui croient prendre le ftyle
de M. de Voltaire en fuiv ant foil orthographe.
Cette Reprife , ainfi ponduee a droite & a
gauche, marque ordinairement qu’ilfautrecom-
mencer deux fois, tant la Partie qui precede que
celle qui fuit; c’eft pourquoi on la trouve ordi¬
nairement vers le milieu des PaiTe-pieds, Me-
nuets , Gavottes, &e.
Lorfque la Reprife a feulement des points a fa
gauche, c’eft pour la repetition de ce qui prece¬
de , & lorfqu’elle a des points a fa droite , c’eft
four la repetition de ce qui fuit. II feroit du
KEP.
1 )6
moins a fouhaiter que cette convention , adoptee
par quelques-uns, fut tout-a-fait etablie ; car elle
meparoit fort commode. Voyez ( Pi. L. Fig. 8 - )
ia figure de ces differences RepriCes.
La petite Reprife eft, lorfqu’apres tine grande
Reprife on recommence encore quelques-unes des
dernieres Mefures avant de finir. II n’y a point
de fignes particuliers pour la petite* Reprife ,
mais on fe fert ordinairement de quelque figne
de Renvoi figure au-deffus de laPortee. ( Voyez
PvJENVOJ. )
II faut obferver que ceux qui notent corredte-
ment ont toujours foin que la derniere Note d’u-
ne Reprife fe rapporte exactement pour la Me-
fure, & a celle qui commence la meme Reprife,
& a celle qui commence la Reprife qui fuit»
quaud il y en a une. Que fi le rapport de
ces Notes ns remplit pas exadfement la Mefure ;
apres la Note quitermine une Reprife , on ajoute
deux ou trois Notes de ce qui doit etre recom¬
mence, jufqu’a ce qu’on ait Fuffifamment indi-
que comment il faut remplir la Mefure. Or »
c.omme a la fin d’une premiere Partie on a pre-
mierement la premiere Partie a reprendre , puis
la feconde Partie a commencer , & que eela ne
fe fait pas toujours dans des Terns ou parties de
Terns femblables ; on eft fouvent oblige de 110-
ter deux fois la Finale de la premiere Reprife;
Pune avant le figne de Reprife avec les premie¬
res Notes de la premiere Partie ; l’autre apres le
meme figne pour commencer la feconde Partie-
Alors on trace un demi - cercle ou chapeau de¬
pths cette premiere Finale jufqu’a fa repetition ,
pour niarquer qu’a la fecondeTois il faut pafler,
comme nul , tout ce qui eft compris fous le de-
mi cercle. II m’eft impoflible de rcndre cette ex¬
plication plus courte , plus claire , ni plus exadte;
mais la Figure 9 de la Plan cl: e L fulfira pour la
faire entendre parfaitement.
Re'sonnance Prolongement ou reflexion
du Son, foit par les vibrations continuees des
Cordes d’un Inftrument, foit par les parois d’un
corps fonore , foit par la collifion de fair ren-
ferme dansun Inftrument a vent. ( Voyez Son,
Musique, Instrument. )
Les vohtes elliptiques & paraboliques refon-
nent, c’eft-a-dire, reflechiifent le Son. (Voyez
Echo. )
Selon M. Dodart, le nez , la bouche, ni fes
parties, comme le palais, la langue, les dents
les levres ne contribuent en rien au Ton de la
Voix ; mais leu r eftec eft bien grand pouf la Re-
fonnavce. (Voyez VoiX. ) Un exetnple bien fen-
ftble de cela fe tire d’un Inftrument d’acier ap-
pelle Trompe de Bearn ou Guimbarde; lequel,
ft on le tient avc'clss doigts & qu’on frappe fuc
la languette, ne rendra aucun Son ; mais ft le
tenant entre les dents on frappe de merae , il
rendra un Son qu’on varie en ferrant plus ou
moi’s , & qu’on entend d’alfez loin, fur-tou*
tan.le bas.
r h r.
ifg
Dans les Inftrumens a Cordes , tels que le
Claveflin , le Violon , le Violoncelle , le Son
vient uniquemenj de la Corde ; mais la Refi¬
nance depend de la caiffe de l’lnftrument.
Resserrer l’Harmonie. C’eft rapprocher
les Parties les lines des autres dans les moindres
Intervalles qu’il eft poifible. Ainfi pour refferrer
cet Accord ut fol mi , qui comprend une Dixieme,
il faut renverfer ainfi ut mi fol, & alors il ne
comprend qu’une Quinte. (Voyez Accord,
Renversement. )
Rester , v. n. Refer fur une fyllabe , c’eft la
prolonger plus que n’exige la Profodie, comrae
on fait fous les Roulades ; & Refer fur une Note,
c’eft y faire une Tenue , ou la prolonger
jufqu’a ce que le fentiment de la Mefure foit
oublie.
Rhythme, f. in. C’eft , dans fa definition la
plus generate la proportion qu’ont entr’elles les
parties d’un meme tout. C’eft, en Mufique , la
difference du mouvement qui refulte de la viteffe
ou de la lenteur, de la longueur ou de la brievete
des Terns.
Ariftide Quintilien divife le Rhythme en trois
efpeces ; favoir , le Rfythme des corps immobi-
les , lequel refulte de la jufte proportion de leurs
Parties, com me dans une ftatue bien faite ; le
Rljythme du Mouvement local, comme dans la
Danfe , la demarche bien compofee, les attitu¬
des des Pantomimes, & lc Rhythme desMouve-
khY.
10
mens de la Voix ou de la duree relative des
Sons, dans une telle proportion , que foit qu’on
frappe toujours la meme Corde , foit qu’on varie
les Sons du grave a l’aigu , l’on fade toujours
refulter de leur fucceffion des elfets agreables
par la duree & la quantite. Cette derniere efpe-
ce de Sjiythme eft la feule dont j’ai a parler ici.
Le Rhythme applique a la Voix peut encore
s’entendre de la parole ou du Chant. Dans le
premier fens , c’eft du Rhythms que naiflent le
nombre & l’Harmonie dans l’Eloquence ; la Me-
fure & la cadence dans la Poefie: dans le fe-
cond, le Rhythme s’applique proprement a la
valeur des Notes, & s’appelle aujourd’hui Me-
fure. ( Voyez Mesure. ) C’eft encore a cette fe-
conde acception que doit fe borner ce que j’ai h
dire ici fiir le Rhythme des Anciens.
Comme les fyllabes de la Langue Grecque
avoient une quantite & des valeurs plus fenfibles,
plus determinees que celles de notre Langue, &
que les vers qu’on chantoit etoient compofes d’un
certain nombre de pieds que formoient ces fyl¬
labes , longues ou breves , differemment cornbi-
nees , le Rhythme du Chant fuivoit regulierement
la marche de ces pieds & n’en etoit proprement
que l’expreffion. II fe divifoit, ainfi qu’eux, en
deux Terns, fun frappe, 1’autre leve ; l’on en
comptoit trois Genres , meme quatre & plus ,
felon les divers rapports de ces Terns. Ces
Genres etoient YEgal, qu’ils appelloient aulli.
R H Y.
j6o
Dactylique, oiile Rhythme etoit divife en detrx
Terns egaux ; le Double , Trochaique ou Iarabi-
que, danslequella duree de l’un des deux Terns
etoit double de eelle de l’autre; le Sefqui-altere,
qu’ils appelloient auffi Peonique , dont la duree
de Fun des deux Terns etoit a celle de l’autre en
rapport de 3 a 2; & enfin YEpitrite j moms
ufite , ou le rapport des deux Terns etoit de 3
a 4.
Les Terns de ces Rhythtnes etoient fu/cepti-
bles de plus ou moins de lenteur , par un plus
grand ou moindre nombre de fyllabes ou de No¬
tes longues ou breves, felon le Mouvement, &
dans ce fens, un Terns pouvoit recevoir jufqu’a
huit degres differens de Mouvement par le nom¬
bre des fyllabes qui le compofoient : mais les
deux Terns confervoient toujours entr’eux le
rapport determine par le Genre du Rhythme.
Outre cela, le Mouvement & la marche des
fyllabes , & par confequent des Terns & du
Rhythme qui en refulcok, etoit fufceptible d’ac-
celeration & de ralenti/Iement, a la volonte da
Poete , felon l’expreffion des paroles & le carac-
tere des paffions qu’il falloit exprimer. Ainli de
ees deux moyens combines naiffoient des foules
de modifications poffibles dans le mouvement
d’un meme Rhythme ; qui n’avoient d’autres bor-
r.es que celles au-deqa ou au-dela defquelles l’oreil-
le n’eit plus a portee d’appercevoir les propor¬
tions.
Le
i
R H Y.
161
Le Rhythms ; par rapport aux pieds qui en-
troient dans la Poelie,fe partageoit en trois au-
tres Genres. Le Simple, qui n’admettoit qu’une
forte de pieds ; le Compofe , qui refultoit de deux
ou plufieurs efpeces de pieds; & le Mixte , qui
pouvoit fe refoudre en deux ou plufieurs Rhyth-
mes, egaux ou inegaux , felon les diverfes cora-
binaifons dont il etoit fufceptible.
Une autre fource de variete dans le Rhythme
etoit la difference des marches ou fucceffions de
ce meme Rhythme , felon l’entrelacement des
differens vers. Le Rhythms pouvoit etre tou-
jours uniforme; c’eft-a-dire , fe battre a deux
Terns tou jours egaux, comme dans les vers Hexa-
metres , Pentametres , Adoniens, Anapeftiques ,
&c. i ou toujours inegaux , comme dans les vers,
purs Iambiques : ou diverfifie , c’eft-a-dire, meie
de pieds egaux & d’inegaux, comme dans les
Scazons , lesC horiambiques , &c. Mais dans
tous ces cas les Rhytlmes , meme femblables ou
egaux, pouvoiemt, comme je 1’ai dit, etre fort
differens en viteffe felon la nature des pieds.
Ainfi de deux Rhythmes de meme Genre , reful-
tans Pun de deux Spondees , l’autre de deuxPyr-
riques, le premier auroit etc double de l’autre
en duree.
Les filences fe trouvoient auffi dans le Rhyth-
me ancien; non pas , a la verite, comme les
notres, pour faire taire feulement quelqu’une des
Parties, ou pour donner certains caraderes au
Tome XL L
162
R H Y.
Chant: mais feulement pour reaiplir ia mefure
de ces vers appellcs Cataledtiques , qui man-
quoient d’une fyllabe : ainfi le filence ne pou-
voit jamais fe trouver qu’a )a fin du vers pour
fuppleer a cette fyllabe.
A l’egard des Tenues, ils les connoiToient
fans doute, puifqu’ils avoient un mot pour les
exprimer. La pratique en devoit cependant etre
fort rare parmi eux; du moins cela peut-il s’in-
ferer de la nature de leur Rhythme , qui n’etoit
que l’expreflion de la Mefure & de l’Harmonie
des vers. 11 ne paroit pas non plus qu’ils prati-
quaflent les Roulades, les Syncopes, ni les Points,
it moins que les Inftrumens ne filfent quelque
chofe de femblable en accompagnant la Voix i
de quoi nous n’avons nul indice.
Voffius dans foil Livre de Pomatum cantu,
& viribus Rbythmi, relevebeaucoup le Rhythme
ancien*; & il lui attribue toute la force de l’an-
eienne Mu/Ique. II dit qu’un Rhythme detache
eomme le notre, qui ne reprefente a ucune ima¬
ge des chofes , lie peut avoir a ucun effet, &
que les anciens nom'ores poetiques n’avoient ete
inventes que pour cette fin que nous negligeons.
II ajoute que le langage & la Poefie modernes
font peu propres pour la Mufique , & que nous
n’aurons jamais de bonne Mufique vocale jufqu’a
ce que nous faffions des vers favorables pour la
Chant; c’eft-a dire, jufqu’a ce que nous refor-
mions notre langage , & que nous lui ^onnions,
R 9 Y. r 3
a fexemple des Anciens , la quantite & les Pieds
mefures, en profcrivant pour jamais ^’invention
barbare de la rime.
Nos vers , dit-il, font precifement comme
s’ils n’avoient qu’un feul Pied : de forte qua nous
n’avons dans notre Poefie aucun Rhythme verita¬
ble, & qu’en fabriquant nos vers nous ne pen-
fons qu’a y faire entrer un certain nombre de
fyllabes, fans prefque nous embarralfer de quelle
nature elles font. Ce n’eft furement pas-la de l’e-
toffe pour la Mufique.
Le Rhythms eft une partie eflentielle de la
Mufique, & fur-tout de limitative. Sans lui la
Melodie n’eft rien, & par lui-meme il eft quel-
que chsfe , comme on le fent par 1’efFet dss
tambours. Mais d’ou vient l’impreffion que font
fur nous la Mefure & la Cadence ? Quel eft le
principe par lequel ces retours tantot cgaux &
tantot varies alfedtent nos antes , & peuVent y
porter le fentiment des paffions ? Demandezle
au Metaphyficien, Tout ce que nous pouvons
dire ici eft que, comme la Melodie tire fon ca-
radtere des accens de la Langue , le Rliythme tire
le fien du caradtere de la Profodie; & alors il
agit comme image de la parole : a quoi nous
ajouterons que certaines paftions ont dans la na¬
ture un caradtere rhythmique auffibien qu’un ca¬
radtere melodieux, abfolu & independant de la
Langue; comme la triftelfe, qui marche pat
Lems egaux & lents , de meme que par Tons
L 3
R H Y.
164
remiifes & bas; la joie par Terns fautillans &
vites, de meme que par Tons aigus & intenfes :
d’ou je prefume qu’on pourroit obferver dans
toutes les autres paffions un caradere propre ,
mais plus difficile a faifir , a caufe que la plupart
de ces autres paffions etant conipofees , partici-
pent, plus ou nioins, tant des precedentes que
i’une de I’autre.
Rhythmique , f /. Partie de l’Art mu/ical
qui enfeignoit a pratiquer les regies du Mouve-
rnent & du Rhythme, felon les loix delaRhyth-
mopee.
La Rhythmique, pour le dire un peu plus en
detail, confiftoit a favoir choifir, entte les trois
Modes etablis par la Rhythmopee, le plus pro¬
pre au caradere dont ii s’agiffoit, a connoitre
& polfeder a fond toutes les fortes de Rhyth-
mes , a difcerner & employer les plus convena-
hles en chaque occalion, a les entrelacer de la
maniere a la fois 1 a plus exp reffive & la plus
agreable, & enfin a dittinguer VArJis & la Ths-
fis , par la marche la plus feiffible & la mieux
C/adencee.
Rhythmope'e. Vv’Qpt.o'zroii'a > /• f. Partie de la
Science Muficale qui prefcrivoit a l’Art Rhyth¬
mique les loix du Rhythme & de tout ce qui lui
appartient. ( Voyez Rhythme. ) La Rhythmopee
etoit a la Rhythmique , ee qu’etoit la Melopee
a la Melodic.
La Rhythmopee avoit pour objet le Mouve-
RIG. .
merit ou le Terns, dont elle marquoit la tnefure,
ies divifions, l’ordre & le melange, foit pour
emouvoir les paffions , foit pour les changer ,
foit pour les calmer. Elle renfermoit auifi la
fcience des Mouvemens muets, appelles Qrche-
Jis, & en general de tous les Mouvemens regu-
liers. Mais elle fe rapportoit principalement a
!a Poefie; parce qu’alors la Poefie regloit feule
les Mouvemens de la Mufique , &qu’il n’y avoit
point de Mufique purement inftrumentale , qui
cut un Rhythme independant.
On fait que la Rhythmopee fe partageoit en
trois Modes ou Tropes principaux , l’un bas &
ferre, un autre eleve & grand, & le moyen pai-
fible & tranquille j mais du refte les Anciens ne
nous ont Milfe que des preceptes fort generaux
fur cette partie de leur Mufique , & ce qu’ils en
ont dit fe rapporte toujours aux vers ou aux pa¬
roles deftinees pour le Chant.
Rigaudon , f . m . Sorte de D anfe dont I’Air
fe bat a deux Terns, d’un mouvement gai, &
fe divife ordinairement en deux Reprifes phra-
fees de quatre en quatre Mefures, & commeu-
cant par la derniere Note du fecond Terns.
On trouve Rigodon dans le Di&ionnaire de
I’Academie; mais cette orthographe n’eft pas ufi-
tee. J’ai oui dire a un Maitre a Danfer, que le
nom de cette Danfe venoit de celui de l’inven-
teur, lequel s’appelloit Rigaud.
L 3
R O M.
1 66
Rippien o, f. m. Mot Italien qui fe trouve
affez frequemment dans les Mufiques d’Eglife j
& qui equivaut au mot Chceur ou Tons.
Ritournelle , f. f. Trait de Symphonie qui
s’emploie en maniere de Prelude a la tete d’un
Air, dont ordinairement il annonce le Chant ;
ou a la fin , pour imiter & aflurer la fin du meme
Chant} ou dans le milieu, pour repofer la
Voix, pour renforcer l’expreffion ou {implement
pour embellir la Piece.
Dans les Recueils ou Partitions de vieille
Mufique Italienne , les Ritournelles font fouvent
defignees par les mots fifuom , qui fignifient que
l’lnftrument qui accompagne doit repeter ce que
la voix a chante.
Ritournelle , vient de l’ltalien Ritomello , &
fignifie petit retour. Aujourd’hui que la Sympho¬
nie a pris un caradtere plus brillant, & prefque
independant de la vocale, on ne s’en tient plus
guere a de fimples repetitions} auffi le mot Ri-
tournelle a-t-il vieilli.
Rolle , f. m. Le papier fepare qui contient la
Mufique que doit executer un Concertant, & qui
s’appelle Partie dans un Concert, s’appelle Rol-
le a l’Opera. Ainfi l’on doit diftribuer une Par-
tie a chaque Muficien, & un Roiie a chaque
Adteur,
Romance , f. f. Air fur lequel on chante un
petit Poeme du meme nom , divife par couplets.
R O N:
167
iuquel le fujst eft pour l’ordinaire quelque hif-
toire amoureufe & fobvent tragique. Comme la
Romance doit etre ecrite d’un ftyle iimple, tpu-
chant, & d’un gout un peu antique, l’Air doit
repondre au caradtere des paroles; point d’or-
nemens , rien de maniere , une melodie douce,
naturelle, champetre , & qui produife Ton effet
par elle-meme , independamment de la maniere
de la chanter. 11 n’eft pas neceifaiqg^ que le
Chant foit piquant, il fuffit qu’il foit naif, qu’ii
n’offufque point la parole , qu’il la faftebien en¬
tendre , & qu’il n’exige pas une grande etendue
de voix. Une Romance bien faite, n’ayant rien
de laillant, n’affe&e pas d’abord ; mais ehaque
couplet ajoute quelque chofe a 1’eiFet des prece-
.dens, I’imeretaugmente infeuliblement, & quel-
quefois on fe trouve attendri jufqu’aux larmes
fans pouvoir dire ou eft le charmequi a produit
cet effet. C’eft une experience certaine que tout
accompagnement d’Inftrument aifoiblit cette im-
preffion. II ne faut, pour le Chant de la %-
mance , qu’une voix jufte, nette, qui prononce
bien , & qui chante {implement.
Romanesque , f. f. Air a danfer. ( Voyez
Gaillarde. )
Ronde, adj. pris fubjl. Note blanche & ron-
de, fans queue, laquelle vaut une Mefure en-
tiere a quatre Terns, c’eft-a-dire , deux Blanches
ou quatre Noires. La Ronde eft de toutes les
Notes reftees en ufage celle qui a le plus de. va-
L 4
R O NV
168
leur. Autrefois, au contrafte, elle etoit celle
qui en avoit le moins , & elle s’appelloit lemi-
Breve. (Voyez Semi-Breve, & Valeur des
Notes. )
Ronde de Table. Sorte de Chanfon a boire
& pour 1 ordinaire melee de galanterie , compo-
fee de divers couplets qu’on chante a table cha-
cun a fon tour , & fur lefquels tous les Convi¬
ves font Chorus en reprenant le Refrain.
Rondeau , f. m. Sorte d’Air a deux ou plu-
fieurs Reprifes , & dont la forme elt telle qu’a-
pres avoir feni la feconde Reprife on reprend la
premiere, & ainfi de fuite , revenant toujours
& finiiTant par cette meme premiere Reprife par
laquelle on a commence. Pour cela, on doit
tellement conduire 'la Modulation que la fin de
la premiere Reprife convienne au commence¬
ment de toutes les autres; & que la fin de tou-
tes les autres convienne au commencement de
Ja premiere.
Les grands Airs Tcaliens & toutes nos Ariet-
tes font en Rondeau , de meme que la plus gran¬
de partie des Pieces de claveflin Franqoifes.
Les routines font des magafins de contre-fens
pour ceux qui les fuivent fans reflexion. Telle
eft pour les Muficiens celle-des Bandeaux. II
faut bien du difeernement pour faire un choix
de paroles qui leur foient propres. II eft ridicu¬
le de mettre en Rondeau une penfee complete ,
divifee en deux nrembres, en reprenant la pre-
R O U.
169
mierc incife & finilTant par-la. II eft ridicule de
met tre en Rondeau une comparaifon done 1 ’appli-
cation ne fe fait que dans le fecond membre ,
en reprenant le premier & finilTant par-la. Enfin
il eft ridicule de mettre en Rondeau une penfee
generate limitee par une exception relative a l’e-
tat de celui qui parle; en forte qu’oubliant de¬
rechef l’exception qui fe rapporte a lui, il finif-
fe en reprenant la penfee generate.
Mais toutes les fois qu’un fentiment exprime
dans le premier membre , amene une reflexion
qui le renforce & l’appuie dans le fecond; tou¬
tes les fois qu’une defeription de l’etat de celui
qui parle, empliflant le premier membre , eclair-
cit une comparaifon dans le fecond; toutes
les fois qu’une affirmation dans le premier
membre contient fa preuve & fa confirmation
dans le fecond; toutes les fois, enfin , que
le premier membre contient la propofition de
faire unechofe, & le fecond la raifon dela pro¬
pofition i dans ces divers cas , & dans les fem-
blables, le Rondeau eft toujours bien place.
Roulade , f. f. Paffage dans le Chant de plu-
fieurs Notes fur une meme fyllabe.
. La Rgu’ade n’eft qu’une imitation de la Melo-
die inftrumentale dans les occafions 011, foie
pour les graces du Chant, foit pour la verite de
l’image, foit pour la force de l’expreffion , il
eft a propos de fufpendre le difeours & de pro-
M
170
R O If.
longer la Melodie : mais il faut, de plus, que
lafyllabe foie longue, que la voix en foit ecla-
tante & propre a laiffer au golier la fscilite d’en-
tonner nettement & legerement les Notes de la
Roulade fansfatiguer Torgane du Chanteur , ni,
par confequent, l’oreille des ecoutans.
Les voyelles les plus favorables pour faire
fortir la voix , font les a 5 enfuite les 0 , les ^
ouverts : l’i & l’a font peu fonores ; encore
moms les diphthongues. Quant aux voyelles na-
fales, on n’y doit jamais faire de Rgulades. La
Langue Italienne pleine d’o & d’a eft beaucoup
plus propre pour les inflexions de voix que n’eft
la Franqoife ; auffi les Muficiens Italiens ne les
cpargnent-ils pas. Au eontraire, les Francois,
obliges de compofer prefque touts leur Mufique
fyllabique , a caufe des voyelles peu favorables,
font contraints de donner aux Notes une marche
iente & pofee , ou de faire heurter les confon-
nes en faiiant courir les iyllabes ; ce qui rend
naceffairement le Chant languMant ou dur. Je
ne vois pas comment la Mufique Franqoife pour-
roit jamais furmonter cet inconvenient.
C’eft un prejuge populaire de penfer qu’une
Roulade foit toujours hors de place dans un Chant
trifle & pathetique. Au eontraire , quand le coeur
eft le plus vivement emu, la voix trouve plus
aifement des Accens que Fefprit ne peut trou-
ver des paroles, & de-la vient l’ufage des Interjec¬
tions dans routes les Langues. (Voyez Neume.)
S A U.
171
Cen'eftpas une moindre erreur de croire qu’une
Roulade eft toujours bien placee fur une fyllabe
ou dans un mot qui la comporte , fans eonfi-
derer ft la fituation du Chanteur , fi le fend-
xnent qu’il doit eprouver la comporte au(R.
La Roulade eft une invention de la Muftque
moderne. II lie paroit pas que les Aneiens en
aient fait aucun ufage , ni jamais battu plus de
deux Notes fur la meme fyllabe. Cette differen¬
ce eft un effet de celle des deux Mufiques, dont
l’une etoit affervie a la Langue , & dont l’autre
lui donne la loi.
Roulement, f . m . (Voyez Roulade.)
. ■ . _
S.
S. Cette lettre ecrite feule dans la Partie reci-
tante d’un Concerto ftgnifie Solo } & alors ells
eft alternative avec le T, qui fignifie Tutti.
Sarabande ,f. f. Air d’une Danfe grave, por-
tant le meme nom , laquelle paroit nous etre ve¬
nue d’Efpagne, & fe danfoit autrefois avec des
Caftagnettes. Cette Danfe n’eft plus en ufage, ft
ce n’eft dans quelaues vieux Opera Franqois.
L’Air de la Sarabande eft a trois Terns lents.
Saut , f. m. Tout paffage d’un Son a un autre
par Degre disjoint eft un Sant. II y a Saut regu-
iier qui fe fait toujours fur un Intervalle confon-
S A U.
172
nant, & Saut irrigulier, qui fe fait fur un Inter¬
vals dilfonnant. Cette diftinction vient de ce
que toutes les Diffonnances, excepte la Seconde
qui n’eft pas uii Saut , font plus difficile® a en-
tonner que les Confonnances. Obfervation ne-
celfairedans la Melodiepour compofer des Chants
faciles & agreables.
Sauter , v. n. On fait Sauter le Ton , lorf-
que donnant trop de vent dans une Flute, ou
dans un tuyau d’un Inftrument a vent , on forc
l’air a fe divifer & a faire refonner , au lieu du
Ton plein de la Flute ou du tuyau , quelqu’un
feulement de fes harmoniques. Quand le Sail*
eft d’une O&ave entiere, cela s’appelle 03a-
vier. (Voyez Octavier. ) II eft clair que pour
varier les Sons de la Trompette & du Cor de
ehalfe, il faut necelfairement Sauter, & ce n’eft
encore qu’enS autant qu’onfait des Octaves fur
la Flute.
Savver, v. a. Sauver une DiiTonnance, c’eft
la refoudre felon les regies, fur une Confon-
nance de 1’Accord fuivant. II j a fur cela une
marche prefcrite , & a la Balfe-fondamentale de
1’Accord dilfonnant, & a la Partie qui forme k
DiiTonnance.
II n’y a aucune maniere de Sauver qui ne de¬
rive d’un A&e de Cadence: c’eft done par l’ef-
pece de la Cadence qu’on veut faire , qu’eft de¬
termine le Mouvement de la Baffe-fondamentale.
( Voyez Cadence. ) A l’egard de la Partie qui
S A u.
173
forme la DilTonnance, elle nc doit, ni relter
en place , ni marcher par Degres disjoints 3 mais
elle doit monter ou defcendre diatoniquement
felon la nature de la Diflonnanee. Les Maitres
difent que les Diflonnances majeures doivent
monter , & les mineures defcendre 3 ce qui n’eft
pas fans exception , puifque dans certaines Cor-
des d’Harmonie, une Septieme , bien que ma-
jeure, ne doit pas monter, mais defcendre , li
ce n’eft dans 1’Accord appelle , fort incorrecte-
ment, Accord de Septieme fuperflue. II vaut
done mieux dire que la Septieme , & toute Dif-
fonnance qui en derive, doit defcendre 3 & que
la Sixte aioutee, & toute DilTonnance qui en de¬
rive, doit monter. C’eft-la une regie vraiment
generate & fans aucune exception. 11 en eft de
meme de la loi de Sauvsr la Diflonnanee. II y a
des DilTonnances qu’on ne peut preparer3 mais
il n’y en a aucune qu’on ne doive Sauver.
A l’egard de la Note fenGble appellee impro-
prement DilTonnance majeure, ft elle doit mon¬
ter , e’eft moins par la regie de Sauver la Bif-
fonnance, que par celle de la marche Diatoni-
que, & de preferer le plus court chernin , & en
effet il y a des cas , comme celui de la Caden¬
ce interrompue, ou cette Note fenfible ne mon¬
te points
Dans les Accords par fuppofition, un meme
Accord fournit fouvent deux DilTonnances , com-
me la Septieme & la Neuvieme, la Neuvieme
J74
SC E.
& la Quarte, &c. Alors ces Didonnances on§
du fe preparer & doivent fe Sauver toutes deux?
c’eft qu’il faut avoir egard a tout ce qui diffonne,
non-feulement fur la Baffe-fondamentale, mais
auffi fur la Balfe-continue.
Scene , f.f On diftingue en Mufique lyri-
que la Scene du Monologue, in ce qu’il n’y a
qu’un feul Adteur dans le Monologue , & qu’il y
a dans la Scene au moins deux Interlocuteurs.
Par eonfequent dans lc Monologue le caractere
du Chant doit etre un, du moins quant a la
perfonne; mais dans les Scenes le Chant doit
avoir autant de caradteres differens qu’il y a d’ln-
terlocuteurs. £n effet, comrae en parlant cha-
cun garde toujours la meme voix, le merae ac¬
cent, le meme tymbre , & communement le me¬
me ftyle , dans toutes les chofes qu’il dit; cha-
que Adteur dans les diverfes paffions qu’il expri¬
me doit toujours garder un caradtere qui lui foit
propre & qui le diftingue d’un autre Adteur. La
douleur d’un vieiilard n’a pas le meme ton que
celle d’unjeune homme , la colere d’une femme
a d’autres Accens que celle d’un guerrier ; un
barbare ne dira point je vous aime , comme un
galant de profeffion. II faut done rendre dans
les Scenes , non - feulement le caradtere de la
paffion qu’on veut peindre , mais celui de la per¬
fonne qu’on fait parler. Ce caradtere s'indique
en partie par la forte de voix qu’on approprie a
shaquerolle; carle tour de Chant d’une Haute-
SEC.
* 7 ?
Contre eft different de celui d’qne Balfe-Taille 5
on met plus de gravite dans les chants des Bas-
Deifus, & plus de legerete dans ceux des Voix
plus aigues. Mais outre ces differences , Fhabile
Compofiteur en trouve d’individuelles qui carac-
terifent fes perfonnages; en forte qu’on connoi-
tra bien-tot a 1’Accent particulier du Recitatif &
du Chant, fi c’eft Mandane ou Emire, (1 c’eft
Olitrte ou Alcefte qu’on entend. Je conviens
qu’il n’y a que les hommes de genie qui fentent
& marquent ces differences mais je dis cepen-
dant que ce n’cft qu’en les obfervant, & d’autres
fembiables , qu’on parvient a produire l’illufion.
Schisma , f. m. Petit intervalie qui vaut la
moitie du Comma > & dont, par confequent, la
raifon eft foutde, puifque pour Fexprimer en
nombres, il faudroit trouver une moyenne pro-
proportionnelle entre 80 & gi-
Schoekion. Sorte de Nome pour les Flutes
dans l’ancienne MuGque des Grecs.
Scholie on Scolie , f. f Sorte de Chanfons
chez les anciens Grecs , dont les caracfteres etoienfc
extremement diverfifies felon les fujets & les
perfonnes. ( Voyez Chanson. )
Seconde , adj. pris fubftantiv. Intervalie d’un
Degre conjoint. Ainii les marches diatoniques fe
fonttoutes fur des Intervalles de Seconde.
II y a quatre fortes de Secondes. La premie¬
re, appellee Seconde diminuee, fe fait fur un
ffon majeur, dont la Note inferieure eft rapprot
SEC.
176
cheepar 1111 Diefe, & la fuperieure par un Be-
mol. Telle eft, par exetnple, l’intervalle du re
Bemol a Yut Diefe. Le rapport de cette Seconde
eft de 375 a 384. Mais elle n’eft d’aucun ufa-
ge , ft ce n’eft dans le Genre enharmonique; en¬
core l’lntervalle s’y trouve-tffl nul en vertu du
Temperament. A Fegard de l’lntervalle d’une
Note afonDiefe, que Broffard appelle Seconde
diminute , ce n’eft pas une Seconds, c’eft un
Unitfon altere.
La deuxieme, qu’on appelle feconde mineure,
eft conftituee par le femi-Ton majeur, comme
du fi a Yut ou du mi au fa. Son rapport eft de
15 a 16.
La troifieme eft la Seconde majture, laquelle
forme l’lntervalle d’un Ton. Comme ce Ton peut
etre majeur ou mineur, le rapport de cette fe¬
conde , eft de S a 9 dans le premier cas , & de
9 a 1© dans le fecond : mais cette difference
s’evanouic dans not re MuG que.
Enfin la quatrieme eft la Seconde fuperflue,
compoffe d’un Ton majeur & d’un femi-Toti mi-
naur , comme du fa au fol Diefe : fon rapport
eft de 64 a 7 i'¬
ll y a dans l’Harmonie deux Accords qui por¬
tent le nora de Seconde. Le premier s’appelle
(implement Accord de Seconde : c’eft: un Accord
de Septieme renverfe, dont la Diffonnance eft
la BatTe ; d’oii il s’en fuit bien clairement
qu’il faut que la BatTe fyncope pour la preparer.
( V oyez
s e m:
177
( Voye z Preparer. ) Quand l’Accord de Sep-
tierae eft dominant; c’eft-a-dire, quand la Tierce
eft majeure , 1’Accord de Secnnde s’appelle Ac¬
cord de Triton, & la fyncope n’eft pas necef-
faire, parce que la Preparation ne l’eft pas.
L’autre s’appelle Accord de Seconde fliperflue ;
c’eft un Accord renverfe de ; celui de Septierne
diminuee , dont la Septierne elle-meme eft por-
tee a la Bade. Cet Accord eft egalement bon
avec ou fans fyncope. (Voyez Syncope. )
Semi. Mot emprunte du Latin , & qui fignifie
Demi. On s’en fert en Mufique au lieu du Herni
des Grecs , pour compofer tres - barbarement
plufieurs mots techniques , moitie Grecs & n\oi-
tie Latins.
Ce mot, au-devant du nom Grec de quelque
Intervalle que ce foit , lignifie toujours une
diminution, non pas de la moitie de cet Inter-
valle , mais feulement d’un Simi - ton rnineur :
Ainli Semi - Diton eft la Tierce mineure, Simi-
Diapente eft la Fan lie - Qiiinte, Semi - DiateJJaron
la Quarte diminuee , &c.
Semi-Breve , /. /. C’eft, dans nos anciennes
Mufiques, une valeur de Note ou une Mefure
de Terns qui comprend refpace de deux Mini-
mes ou Blanches; c’eft - a - dire, la moitie d’une
Breve. La Simi-Breve s’appelle maintenant Ron-
de, parce qu’elle a cette figure : mais autrefois
elle etoit en lozange.
Anciennement la Semi - Breve fe divifoit en ma-
'Tome XL M
jeure & mineure. La raajeure vaut deux tiers de
la Breve parfaite, & la mineure vaut l’autre
tiers de la meme Breve : ainfi la Semi-Breve
majeure en contient deux mineurcs.
La Semi-Breve, avant qu’on eut invente la
Minime, etant la Note de moindre valeur, ne
fe fubdivifoit plus. Cette indivifibilite, difoit-
on, eft, en quelque maniere, indiquee par fa
figure en lofange terminee en haut, en bas &
des deux cotes par des points. Or , Muris prou-
ve , par l’autorite d’Ariftote & d’Euclide , que
le point eft indivifible; d’ou il conclut que la
Semi - Breve enfermee entre quatre Points eft
indivifible comme eux.
Se'mi-Ton , f. m. C’eft le moindre de tous
les intervalies admis dans la mufique moderne j
il vaut a-peu-pres la moitie d’un Ton.
11 y a plufieurs efpeces de Semi-Tons. On en
peut diftinguer deux dans la pratique ; le Semi-
Ton majeur & le Semi-Ton mineur. Trois autres
font connus dans les calculs harmoniques, fa-
voir le Semi-Ton maxirne , le minime & le moyen.
Le Semi-Ton majeur eft la difference de la
Tierce majeure a la Qiiarte , comme mi fa. Son
rapport eft de if a 16 , & il forme le plus petit
de tous les Intervalies diatoniques.
Le Semi-Ton mineur eft la difference de la
Tierce majeure a la Tierce mineure : il fe mar¬
que fur le meme Degre par ua Diefe ou par un
N.
S E
179
Be'raol. II ne forme qu’un Intervalle chromati-
que , &fon rapport eft de 24 a 2f.
Quoiqu’on mette de la difference entre ces
deux Semi- Tons par la maniere de les noter , il
n’y en a pourtant aucune fur l’Orgue & le Cla-
veffin, Sc le meme Semi-Ton eft tantdt majeur
& tantot mineur , tantot diatonique & tant6t
ehromatique, felon le Mode ou i’on eft. Cepen-
dant on appelle , dans la pratique , Semi-Tons
mineurs , ceux qui fe marquant par Bemol ou par
Diefe , ne changent point le Degre;. & Semi-
Tons majeurs , ceux qui foment un Intervalle
de Seconde.
Quant aux trois autres Semi-Tons admis feule-
rnent dans la theorie, le Semi- Ton niaxime eft la
difference du Ton majeur au Semi-Ton mineur,
& fon rapport eft d,e 25 4 27. Le Semi-Ton moyen
eft la difference du Semi-Ton majeur au Ton ma¬
jeur , & fon rapport eft de 128 a 135". Enfln le
Semi-Ton minime eft la difference du Semi-Ton
maxime au Semi-Ton moyen, & fon rapport eft
de I 2 f a 128.
De tous ces Intervalles il n’y a que le Semi-
Ton majeur qui, en qualite de Seconde, foit
quelquefois admis dans PHarmonie.
Semi-Tonique , adj, Echelle Semi-Tonique ou
Qhromatique. (Voyez Echelle. )
Sensibilite' , f- /• Difpofition de l’ame qui
infpire au Compofiteur les idees vives dont il a
Viefoin, a l’Executant la vive expreffion d@ ces
M 3
SEP.
jgo
inemes ide'es , & a l’Auditeur la vive impreffioit
des beautes & des defauts de la Mufique qu’on
Jui fait entendre. ( Voyez Gout. )
Sensible , culj. Accord Senfible eft eelui qu’on
appelle autrement Accord dominant. ( Voyez Ac¬
cord. ) II fe pratique uniquement fur la Domi¬
nance du Ton ; de-la lui vient le nom d ’Accord
dominant, & il porte toujours la Note Senfible
pour Tierce de cette Dominaute > d’oii lui vient
le nom d ’Accord fenfible. Voyez Accord. ) A
l’egard de la Note Senfible, voyez Note.
Septieme , adj. pris fiubjl. Intervalle diflon-
nant renverfe delaSeconde, & appelle , paries
Grecs , Heptacordon, parce qu’il eft forme de
fept Sons ou de fix Degres diatoniques. II y en
a de quatre fortes.
La Premiere eft la Septieme mineure, compo-
fee de quatre Tons , trois majeurs &un mineur,
& de deux femi-Tons majeurs, comme de mi a
res & chromatiquement de dix femi-Tons , dont
fix majeurs & quatre mineurs. Son rapport eft
de f a 9.
La deuxieme eft la Septieme mujeure, compo-
fee diatoniquement de cinq Tons , trois maj'eurs
& deux mineurs , & d’un femi-Ton majeur; de
forte qu’il ne faut plus qu’un femi-Ton majeur
pour faire une Odtave; comme d \it a f; & chro¬
matiquement d’onze lemi-Tons , dont fix majeurs
& cinq mineurs. Son rapport eft de 8 a if.
La troifieme eft la Septieme dimhmee : ells
ell compdfec de tro’S Tons, deux mirieurs & un
mnjeur , & de trois fe.ni-Tons majeurs , corame
de 1 ’at Diefe au fi Bemol. Son rapport & de
75 a 128.
La quatrieme eft la Septieme ftp erfine. Elle
eft compofee de cinq Tons , trois mineurs &
deux majeurs, un femi-Ton majeur & un femi-
Ton mineur , comma du fi Bemol au la Diefe }
de forte qu’il ne lui manque qu’un Comma pour
faire uue O&ave. Son rapport eft de 8i a 160.
Mais eette demiere efpece n’eft point ufitee en
Mufique , fi ce n’eft dans quelques tranfttions
enharmoniques.
II y a trois Accords de Sptieme.
Le premier eft fondamental , & porte /Imple¬
ment le nom de Septieme : mais quand la Tierce
eft majeure & la Sepieme mineure, il s’appelle
Accord Senfible ou Dominant. II fe compofe de
la Tierce , de la Quinte & de la Septieme.
Le fecond eft encore fondamental & s’appclls
Accord de Septieme diminuie. II eft compofe de
la Tierce mineure 9 de la faufle-Quinte & de la
Septieme diminuee dont il prend le nom ; c’eft-a-
dire, de trois Tierces mineures confecutives ,
& c’eft le feul Accord qui foit ainfi forme d’ln-
tervalles egaux; il ne fe fait que fur la Note
fenfible. Voyez Enharmonique.
Le troifieme s’appeWe Accord de Septieme fit -
perfiue. C’eft un Accord par fuppofition, forme
M 3
par I’Aecard dominant , au-deiTous duquel ia
Bade fait entendre la Tonique.
II y a encore un Accord de Septieme- Sixte,
qui n’eft qu’un renverfement de l’Accord de
Neuvjeme. II ne fe pratique guere que dans
les Points d’Orgue a caufe de fa durete. (Voyez
Accord. )
Se' re'nade ,f.f Concert qui fe donne la nuit
fous les fenetres de quelqu’uii. II n’eft ordinai-
rement compofe que de Mufique Inftrumentale;
quelquefois cependant on y ajoutedes Voix. On
appelle aufli Serenades les. Pieces que l’on com¬
pofe ou que Ton execute dans ces occasions. La
mode des Serenades eft paifee depuis long-tems ,
ou ne dure plus que parmi le People, & c’eft
grand dommage. Le filenoe de la.nuit, qui ban-
nit toute diftra&ion , fait mieux valoir la Mufi¬
que & la rend plus .delicieqfe.
Ce mot, Italien d’origine , vient fans doute
de. Sercno , ou du Latin Serum, le foir. Quand
le Concert fe fait fur le matin , ou a 1’aube du
jour, ii s’appelle Aubads.
Serke' , adj. Les Intervalles Serres dans les
Genres epais de la Mufique Grecque font le pre¬
mier &le fecond de chaqueTetracorde. (Voyez
Epais. )
Sesqui. Particule fouvent employee par nos
anciens Muficiens dans la compofition des mots
fervans a exprimer dijferentes fortes de Mefures*
S E X.
Its appeiloient done Sefqui-alteres Ies Mefures
do nt la principale Note valoit une moitie en fus
de plus que fa valeur ordinaire : e’eft-a-dire,
trois des Notes dont elle n’auroit autrement va-
lu que deux; ce qui avoit lieu dans toutes les
Mefures triples, foit dans lesmajeures, ou la
Breve, meme fans Point, valoit trois femi-Bre-
ves; foit dans les mineures , oil la femi-Breve
valoit trois Minimes , &c.
Ils appeiloient encore Sefqtri-O&ave le Triple,
marque par ce figne C
Double Sefqui-Qiiarte , le Triple marque C f ,
& ainfi des autres.
Sefqui-Diton ou Hemi-Diton , dans la Mufique
Grecque, eft i’Intervalle d’une Tierce majeure
diminuee d’un Semi-Ton; e’eft-a-dire, une Tier¬
ce mineure.
Sextuple, adj. Nom donne aifez impropre-
tnent aux Mefures a deux Terns, compofees de
fix Notes egales, trois pour chaque Terns. Ces
fortes de Mefures ont ete appellees encore plus
mal-a-propos par quelques-uns, Mefures a fix
Terns.
On peut compter cinq efpeees de ces Mefu¬
res Sextup/es e’eft-a-dire, autant qu’il y a de
differentes valours de Notes , depuis celle qui eft
compofee de fix Rondes ou femi-Breyes, appel¬
lee en France, Triple de fix pour mi , & qui s’ex-
prime par ce chiftre £ , jufqu’a celle appellee Tri-
p/e de fix pour J'eize , compoiee.de fix doiibles-
M 4
i84 s L
Croches feulement, & qui fe marque ainfi: f-.
La piupart de ces diffin&ions font abolies,
& en effet elles font affez inutiles , puifque tou-
tes ces differentes figures de Notes font moins
des Mefures differentes que des modifications de
Mouvement dans la meme elpece de Mefure •, ce
qui fe marque encore mieux avec un feul mot
eerit a la tete de l’Air, qu’avec toutce fatras de
chiffres & de Notes qui ne fervent qu’a em-
brouiller un Art deja affez difficile en lui-meme.
( Voyez Double, Triple, Tems , Mesure ,
Valeur des Notes.)
Si. Une des fept fyllabes dont on fe fert en
France pour folfier les Notes. Guy Aretin , en
compofant fa Gamme, n’inventa que fix de ces
fyllabes, parcequ’il ne fit que changer en Hexa-
cordes les Tetracordes des Grecs , quoiqu’au
fond fa Gamme fut, ainfi que la notre , compo-
fee de fept Notes. II arriva de-la que , pour
nommer la fcp tierne, il falioit a chaque inftant
changer les noms des autres & les nommer de
diverfes manieres : embarras que nous n’avons
plus depuis l’invention du Si , fur la Gamme du-
quel un Aluficien nomme de Nivers fit, au com¬
mencement du fiecle, un ouvrqge expres.
Broflard, & ceux qui font fuivi, attribuent
l’invention du Si h un autre Muficien nomme Le
Maire, entre le milieu & la fin du dernier fie¬
cle ; d’autres en font houneur a un certain Van-
kr-fatten > d’autres remontent jufqu’a Jean de
Muris, vers Tan 1330 ; & le Cardinal Bona dit
que des l’oazieme fiecle, qui etoit celui de l’A-
retin, Ericius Dupuis ajouta une Note aux fix
de Guy, pour eviter les difficultes des Muances
& faciliter l'etude du Chant.
Mais , fans s’arreter a l’invention d’Ericius
Dupuis, morte fans doute avec lui, ou fur la-
quelle Bona, plus recent de cinq fiecles, a pu
fe tromper ; il eft meme aife de prouver que l’in-
vention du Si eft de beaucoup pofterieure a Jean
de Muris , dans les ecrits duquel on ire voit rien
de femblable. A l’egard de Van-der-Putten, je
ri’en puis rien dire , parce que je ne le connois
point. Refte Le Maire, e» faveur duquel les
voix femblent fe reunir. Si i’invention confifte a
avoir introduit dans la pratique l’ufage de cette
fyllabe Si, je ne vois pas beaucoup de raifons
pour lui en difputer l’honneur. Mais fi le verita¬
ble inventeur eft celui qui a vu le premier la
neceffite d’une feptieme fyllabe , & qui en a
ajoute une en eonfequence, il ne faut pas avoir
fait beaucoup de recherches pour voir que Le
Maire ne merite nullement ce titre : car on trou-
ve en plufieurs endroits des ecrits du P. Merfen-
ne la neceffite de cette feptieme fyllabe, pour
eviter les Muances; & il temoigue que plufieurs
avoient invente ou mis en pratique cette feptie¬
me fyllabe a-peu-pres dans le meme terns & en-
tr’autres Gilles Grand-Jean , Maitre- Ecrivain de
Sens; mais que les uns nommoient cette fyllabe
M S
l%6
S I L,
Ci, d’autres Di, d’autres Ni , d’autres Si , d’au-
tres Zix, See. Meme avant le P. Merfenne, #n
trouve , dans un ouvrage de Banchieri, Maine
Olivetan , imprime en 1614, & intitule, Car-
tella di Mitjica , l’addition de la meme feptieme
fyllabe ; il l’appelle Bi par Bequarre , Ba par
Bemol, & il allure quc cette addition a ete fort
approuvee a Rome. De forte que toute la pre-
tendue invention de Le Maire confifte , tout au
plus , a avoir ecrit ou prononce Si, au lieu d’e-
crire ou prononcer Bi ou Ba , Ni ou Di $ 5 c
voila avec quoi un homme eft immortalife. Du
refte, l’ufage du Si n’eft connu qu’en France , &
malgre ce qu’en dit le Moine Banchieri, il ne
s’eft pas meme conferve en Italie.
Siciuenne ,f. f Sorte d’Air a danfer, dans
la Mefure a fix-quatre 041 fix-huit, d’un Mouve-
nient beaucoup plus lent, mais encore plus mar¬
que que celui de la Gigue.
S ignes , f. m. Ce lout, en general, tous les
divers caradleres doin' on fe fere pour note r la
Mufique. Mais ce rriot s’entend plus particuiie-
rement des Diefes , Bemols , Bequarres , Points ,
Reprifes, Pau r es, Guidons & autres petits ca-
racteres detaches, qui, fans etre de veritables
Notes, font des modifications des Notes & de
la maniere de les executer.
Silences ,f. m. Signes repondans aux diver-
fes valeurs des Notes, lefquels, mis a la place
de ces Notes , marquent que tout le terns de leur
valeur doit etre pafle en Silence.
S I M.
187
Quoiqu’il y ait dix valeurs de Notes differen-
tes, depuis la Maxime jufqu’a la Quadruple-Cro-
che, il n’y a cependant que neuf caraderes dif-
ferens pour les Silences; car celui qui doit cor-
refpondre a la Maxime a toujours manque, &
pour en exprimer la duree, on double le Baton
de quatre Mefures equivalant a la Longue.
Ces divers Silences font done : I. Le Baton
de quatre Mefures , qui vaut une Longue : 2, le
Baton de deux Mefures, qui vaut une Breve ou
Quarree : 3. la Paufe , qui vaut une femi-Breve
ou Ronde *. 4. la demi-Paufe , qui vaut une ML
nime ou Blanche : f. le Soupir , qui vaut une
Noire: 6 . le demi-Soupir , qui vaut une Cro-
che : 7. le quart-de-Soupir, qui vaut une dou-
ble-Croche : g. le demi-quart-de-Soupir , qui
vaut une tripleXroche : 9. & ennn le feizieme-
de-Soupir,qui vaut une quadruple-Croche. Voyez
les figures de tous ces Silences PL D. Fig. 9.
II faut remarquer que le Point n’a pas lieu
parmi les Silences comme parmi les Notes; car
bien qu’une Noire & un Soupir foient d’egale
valeur, il n’eft pas d’ufage de pointer le Soupir
pour exprimer la valeur d’une Noire pointee :
mais on doit, apres le Soupir, ecrire encore un
demi-Soupir. Cependant, comme quelques- uns
pointent auffi les Silences, il faut que l’Execu-
tant foit pret a tout.
Simple , f. f Dans les Doubles & dans les 'va¬
cations , le premier Couplet ou PAir original,
5 I X.
J 88
tel qu’il eft d’abord note , s’appelie ie Simple.
(Voyez Double, Variations.)
Sixte , f. f. La feconde des deux Confon-
nances imparfaites, appellee, par les Grees,
Hexacorde , parce que foil intervalle eft forme
de lix Sons ou de cinq Degres diatoniques. La
Sixte eft bien une Confonnance naturelle, mais
feulement par combinaifon ; car il n’y a point
dans l’ordre des Confonnances de Six/e fimple
St diredle.
A ne confiderer les Sixtes que par leurs Inter-
valles, on en trouve de quatre fortes; deux
confonnantes & deux diiTonnantes.
Les Confonnantes font : I. la Sixte mineure ,
compofee de Trois Tons & deux femi-Tons ma-
jeurs, comme mi ut : foil rapport eft de f a 8-
2 . La Sixte majeure , conjpofee de quatre Tons
& un femi-Ton majeur , comme Sol mi : fon
rapport eft de 3 a f.
Les Sixtes diiTonnantes font, 1 La Sixte Jlu
minuee, compofee de deux Tons & trois femi-
Tons majeurs; comme Ut Diefe , la Bemol, &
dont le rapport eft de 125 a 192. a\ La Sixte
fnperjlue , compofee de quatre Tons , un femL
Ton majeur & un femi-Ton mineur, comme ft
Bemol & fol Diefe. Le rapport de cette Sixte eft
de 72 a I 2 f.
Ces deux derniers Intervalles ne s’emploient'
jamais dans la Melodie, & la Sixte diminuie ne
s’emploie point non plus dans LHarmonie.
S I X.
189
Il y a fept Accords qui portent le nom de
Sixte. Le premier s’appelle fimpiement Accord
de Sixte. C’eft l’Accord parfait dont la Tierce
eft portee a la Balfe. Sa place eft fur la Median-
te du Ton , ou fur la Note fenlible , ou fur la
fixieme Note.
Le Second s’appelle Accord de Sixte - Quartc «
C’eft encore l’Accord parfait dont la Quinte eft:
portee a la BaiTe : il ne fe fait guere que fur
la Dominante ou fur la Tonique.
Le troifieme eft appelle Accord de petite-Sixte
C’eft un Accord de Septieme , dont la Quinte
eft portee a la Balfe. La petite - Sixte fe met ordi-
nairement fur la feconde Note du Ton , ou fur
la fixieme.
Le quatrierne eft l’Accord de Sixte-&'-Quinte
ou grande-Sixte. C’eft encore un Accord de Sep-
tieme , mais dont la Tierce eft portee a la Balfe.
Si 1’Accord fondamental eft dominant, alors l’Ac¬
cord de grande - Sixte perd ce nom & s’appelle
Accord de Ftmjfe-Quinte. ( Voyez Fausse- Quin¬
te. ) La grande-Sixte ne fe met communement
que fur la quatrieme Note du Ton.
Le einquieme eft l’Accord de Sixte - ajoutie:
Accord fondamental , compofe, ainfi que celui
de grande-Sixte , de Tierce , de Quinte, Sixte
majeure, & qui fe place de meme fur la To¬
nique ou fur la quatrieme Note. On ne petit
done diftinguer ces deux Accords que par la
manure de les fauver ; car il la Quinte dsfeend
190
s r x.
& que la Sixte rede, c’eft l’Aceord da grande.
Sixte , & la Bade fait une cadence parfaite;
mais fi la Quinte refte & que la Sixte monte,
c’eft 1’Accord de Sixte ajoutie , & la Bafle-fon-
damentale fait une cadence irreguliere. Or,
comrae , apres avoir frappe cet Accord, on eft
maitre de le fauver de l’une de ces deux manie-
res, cela tient l’Auditeur en fulpens fur le vrai
fondement de 1’ Accord, jufqu’a ce que la fuite
l’ait determine •, & c’eft cette liberte de choifir
que M. Rameau appelle Double-emploi. (Voyez
Double-Emploi. )
Le llxieme Accord eft celui de Sixte - majeure
& FauJJ'e-Quinte , lequel n’eft autre chofe qu’un
Accord de petite - Sixte en Alode mineur , dans
lequel la FauJJe Quinte eft fubftituee a la Quarter
c’eft, pour m’exprimer autrement, un Accord
de Septieme diminuee, dans lequel la Tierce eft
portee a la Balfe. II ne fe place que fur ,1a fe-
conde Note du Ton.
Enfin, le feptieme Accord de Sixte ell celui
de Sixte fuperflue. C’eft une elpece de petite - Sixte
qui ne fe pratique jamais que fur la fixieme Note
d’un Ton mineur defcendant fur la Dominante,
coinme alors la Sixte de cette fixieme Note eft
naturellement majeure , on la rend quelquefois
fuperflue en y ajoutant encore un Diefe. Alors
cette Sixte fuperflue devient un Accord origi¬
nal, lequel ne fe renverfe point. (Voyez AC¬
CORD. )
SOL.
151
Sot, La cinquieme des fix lyllabes inventees
par 1’Aretin , pour prononcer les Notes de la
Gamme. Le Sol naturel repond a la lettre G.
( Voyez Gamme. )
Solfier. , v n. C’eft en entonnant des Sons,
prononcer en meme terns les lyllabes de la Gam¬
me qui leur correfpondent. Cet exercice eft ce-
lui par lequel on fait toujours commencer ceux
qui apprennent la Mufique, afin que Lidee dc
ces differentes lyllabes s’uniffant dans leur efprit
a celle des Intervalles qui s’y rapportent, ces
Lyllabes leur aident a Le rappeller ces Intervalles.
Ariftide Quintilien nous apprend que les Grecs
avoient pour Soljier quatre lyllabes ou denomi¬
nations des Notes , qu’ils repetoient a chaque
Te'tracordes, comme nous en repetons fept a
chaque Octave. Ces quatres Lyllabes etoient les
Luivantes : Te, Ta, Tbs , Tho. La premiere
repondoit au premier Son ou a I’Hypate du pre¬
mier Tetracorde & des fuivans ; la feconde, a
la Parhypate ; la troifieme, au Lichanos j la
quatrieme , a la Nete ; & ainfi de Luite en re-
commenqant: maniere de Soljier qui, nous mon-
trant clairement que leur modulation etoit ren-
fermee dans l’etendue du Tetracorde , & que les
Sons homologues, gardant & les memes rap¬
ports & les memes noms d’un Tetracorde a l’au-
tre , etoient cenfes repetes de Qiiaite en Quar-
te, comme chez nous d’Odave en Octave , prou-
ve en meme terns que leur generation harmoni-
S O L.
192
que n’avoit aucun rapport a la uotre, & s’eta-
blifloit fur des principes tous differens.
Guy d’Arezzo ayant fubftitue fon Hexacorde
au Tetraeorde ancient, fubftitua auffi, pour le
foljier, fix autres fyllabes aux quatre que les
Grecs employoient autrefois. Ces fix fyllabes
font les fuivantes : ut re mi fa fol la , tirees ,
comme chacun fait, de l’Hytnne de Saint Jean-
Baptifte. Mais chacun ne fait pas que l’Air de
cette Hymne tel qu’on le chante aujourd’hui dans
1’Fglife Romaine , n’eft pas exa&ement celui
dont Aretin tira fes fyllabes, puifque les Sons
qui les portent dans cette Hymne ne font pas
ceux qui les portent dans fa Gamme. On trouve
dans un ancien manufcrit conferve dans la Bi-
bliotheque du Chapitre de Sens, cette Hymne,
telle, probablement, qu’on la chantoit du terns
de l’Aretin, & dans laquelle chaeune des fix fvl-
labes eft exacftement appliquee au Son correfi.
pond ant de la Gamme, comme on peut le voir
( Pi. G. Fig. 2. ) oil j’ai trail fait cette Hymne ent
Notes de Plain-Chant.
II paroit que l’ufage des fix fyllabes de Guy
ne s’etendit pas bien promptement hors de l’lta-
lie , puifque Muris temoigne avoir entendu em¬
ployer dans Paris les fyllabes Pro to do m tit a,
au lieu tie celles - la. Mais enfin celles de Guy
l’emporterent & furent admifes generalement en
France comme dans le refte de PEurope. II n’y
a plus aujourd’hui que l’AHemagno ou l’on folfie
feu-
s o l;
193
feulement par les lettres de la Gamme, & non par
les fyllabes: en forte que la Note qu’eu folfiane
nous appellons la , ils l’app'ellent A ; celle que
nous appellons ut , ils l’appellent C. Pour Jes
Notes diefees ils ajoutent uner alalettre & pro-
noncent cette s , is; en forte, par exemple, qua
pour folfier re Diefe , ils prononcent Dis. Ils ont
auffi ajoute la lettre H pour oter Pequivoque
du ft, quin’eftB qu’etant Bemol; lorfqu’il eft
Bequarre, il eft H : ils ne connoiffent, en foL
jiant, de Bemol que celui - la feul; au lieu du
Bemol de toute autre Note , ils prennent le
Diefe de celle qui eft au-deffous; ainli pour la
Bemol ils folfient G s , pour mi Bemol D s , &c,
Cette maniere de folfier eft li dure & il embrouil-
Jee, qu’il faut etre Allemand pour s’en fervir,
& devenir toutefois grand Muficien.
Depuis Pe tabliffement de la Gamine de PAre-
tin , on a elfaye en differens terns de fubftituer
d’autres fyllabes aux Rennes. Comme 1 a voix
des trois premieres eft affez fourde , M. Sau-
veur, en changeant la maniere de noter, avoir;
aufti change celle de folfier , & il nommoit les
huit Notes de POctave par les huit fyllabes fui-
vantes; Pa ra ga da fi> bo lo do. Ces nomsn’onc
pas plus pafle que les Notes ; mais pour la fyl-
labe do , elle etoit anterieure a M. Sauveur: les
Italiens Pont toujours employee au lieu (Put pour
Jofiir , quoi jii’ils nomment 1 it Sc non pas do,
Toms XL N
794 S O L.
dans la Gamme. Quant a Faddition du fi
(Voyez Si.)
A 1’egard des Notes alterees par Diefe ou
par Bemol, elles portent le nom de la Note a»
jiaturel, & cela caufe , dans la maniere de fol-
fier, bien des embarras auxquels M. de Boifge-
lou s’eft propole de remedier en ajoutant cinq
Notes pour completer le fyfteme chromatique
& donnant un nom particulier a chaque Note.
Ces noms avec les anciens font, en tout au nom-
bre de douze , autant qu’il y a de Cordes dans
ce fyfteme ; favoir , ut de re ma mi fa fi fol be lc$
fa fi. Au moyen de ees cinq Notes ajoutees,
& des noms qu’elles portent, tous les Bemols &
les Diefes font aneantis , comme on le pourra
voir au mot Syfieme dans Fexpofition de celui
de M. de Boifgelou.
II y a diverfes manieres de folfier $ favoir , par
Muances , par tranfpofition &aunaturel. (Voyez
.Muances , Naturel & Transposition. )
La premiere methode eft 1 a plus ancienne , la
feconde eft la meilleure, la troifieme eft la plus
commune en France. Plufieurs Nations ont garde
dans les Muances l’ancienne nomenclature des
fix fyllabes de l’Aretin. D’autres en ont encore
retranche, comme les Anglois, qui folfient{\xt
ces quatre fyllabes feulement, mi fa fol la. Les
Franqois , au contraire , ont ajoute une lyllabe
pour renfermer fous des noms differens tous
les fept Sons diatoniques de l’Odave.
S O L.
IS?
Les inconveniens de la Methode de PAretin
font confiderables ; car faute d’avoir rendu com¬
plete la Gamme de l’Octave , les lyllabes de
cette Gamme ne fignifient ni des touches fixes
du Clavier, ni des Degres du Ton, ni meme
des Intervalles determines. Par les Muances,
la fa peut former un Intervalle de Tierce majeure
en defcendant, ou de Tierce mineure en mon-
tant, ou d’un femi - Ton encore en montant »
corame il eft aife de voir par la Gamme, &c-
(Voyez Gamme, Muamges.) C’eft encore pis
par la methode Angloife : on trouve a chaque
inftant dilferens Intervalles qu’on ne peut expri¬
mer que par les memes fyllabes , & les memes
noms de Notes y reviennent a toutes les Quar-
tes , 'comme parmi les Grecs j au lieu de n’y re-
venir qu’a toutes les Odlaves , felon le fyfteme
moderne.
La maniere de folfier etablie en France par
l’addition du fi , vautaifurement mieux que tout
cela ; car la Gamme fe trouvant complete , les
Muances deviennent inutiles, & Panalogie des
O&aves eftparfaitement obfervee. Mais les Mu-
ficiens ont encore gate cette methode par la bi¬
zarre imagination de rendre les noms des Notes
toujours fixes & determines fur les touches du
Clavier; en forte que ces touches ont toutes un
double nota, tandis que les Degres d’un Ton
tranfpgfe n’en ont point. Defaut qui charge inu-
N %
s o l;
i$6
tilement la memoire de tous les Diefes ou Be-
niols de la Clef, qui ote aux 110ms des Notes
1 ’expreffion des Intervalles qui leur font propres,
& qui efface enfin , autant qu’il eft poflible,
toutes les traces de la modulation.
Ut ou re lie font point ou ne doivent point
etre telle 011 telle touche du Clavier; mais telle
oil telle Corde du Ton. Quant aux touches
fixes, c’eft par des lettres de 1 ’Alphabet qu’elles
s’expriment. La touche que vous appellez ut ,
je l’appelle C; celle que vous appellez re , je
l’appelle D. Ce ne font pas des iignes que j’in-
vente , ce font des fignes tout etablis , par lef-
quels je determine tres-nettement la Fondamen-
tale d’un Ton. Mais ce Ton une fois determine ,
dites - moi de grace a votre tour , comment
vous nommez la Tonique que jenomme ut, &
la feconde Note que je nomme re, & la Me-
diante que je nomme mi ? Car ces noms relatifs
au Ton & an Mode font eifentiels pour la de¬
termination des idees & pour la jufteSe des In¬
tonations. Qu’on y reflechifle bien , & 1 ’on trou-
vera que ce que les Muficiens Franqois appellent
foljier au mturel eft tout-a-fait hors de la nature,
Cette methode eft inconnue chez toute autre
Nation , & furement ne fera jamais fortune dang
aucune : chacun doit fentir , au contraire , que
rien n’eft plus naturel que de foljier par tranfjio-
fition lorfque le Mode eft tranfpofe.
On a , en Italie , un Recueil de leqons
SON. jc>7
yer] appellees Solfeggi. Ce Recueil, compofe
par le celebre Leo, pour Fufage des commen-
qans, eft tres-eftime.
Solo. adj. pris fubfiantiv. Ce mot Italien s’eft
francife dans la Mufique, & s’applique a une
Piece ou a un morceau qui fe chante a Voix feu-
Le, ou qui fe joue fur un feul Inftrument avec
un iimple Accompagnement de Baffe. ou de Cla-
veffin; & c’eft ce qui diftingue le Solo du Rkit,
qui peut-etre accompagne de tout VOrdaeftre.
Dans les Pieces appellees Concerto , on ecrit tou-
jours le mot Solo fur la Partie principale, quand
elle recite.
Son , f. m. Quand 1 ’agitation communiquee a
Fair, par la collifion d’un corps frappe par un
autre, parvient juftju’a Forgane auditif, elle y
produit unefenfation qu’onappelle Bruit. (Voyez
Bruit. ) Mais il y a un Bruit refonnant &
appreciable qu’on appelie Son. Les recJierches
fur le Son ab fola appartiennent au PJiyiicien. Le
Muficien n’examine que le Son relatifj il l’exa-
mine feulement par fes modifications fenfibles;
& c’eft felon cette derniere idee, que nous l’en-
vifageons dans cet Article.
11 y a trois objets principaux a eonfiderer
dans le Son ; le Ton , la force & le timbre.
Sous chacun de ces rapports le Son fe conqoit
comme modifiable : i °. du grave a l’aigu : 2°. du
fort au foible : de l’aigre aux doux , on du
fourd a Feclatant, & reciproquement.
N 3
SON.
198
Je fuppofe d’abord , quelle que foit la nature
3u Son, que fon vehicule n’eft autre chofe que
Fair meme: premierement, parce que Fair eft
]e feul corps intermediaire de Fexiftence duquel
on Foit parfaitement allure , entre le corps fonore
& Forgane auditif; qu’il ne faut pas multi¬
plier les etres fans neceilite; que Fair fuffit pour
expliquer la formation du Son ; &, de plus , parce
que l’experience nous apprend qu’un corps fo-
uore ne rend pas de Son dans un lieu tout-a-
fait prive d’air. Si Fon veut imaginer un autre
ftuide , on peut aifement lui appliquer tout ce
que je dis de Fair dans cet Article.
La refonnance du Son, ou, pour rnieux dire ,
fa permanence & fon prolongement lie peut nai-
tre que de la duree de Fagitation de Fair. Tant
que eette agitation dure, Fair ebranle vient fans
oefle frapper Forgane auditif & prolonge ainli
la fenfadon du Son. Mais il n’y a point de ma-
niere plus fimple de concevoir cette duree , qu’en
Jfuppofant dans 1’air des vibrations qui fe fuc ce¬
dent , & qui renouvellent ainli a chaque inftant
Fimpreffion. De plus , cette agitation de Fair,
de quelque efpece qu’elle foit , ne peut etre
produite que par une agitation femblable dans
les parties du corps fonore : or, c’eft un fait
certain que les parties du corps fonore eprou-
vent de telles vibrations. Si Fon touche le corps
une Corde dou-
SON.
Sot
ble (Tune autre ne fera , dans Ie meme terns,
que la moitie du nombre des vibrations de cclle-
ci, & le rapport des Sons qu’elles feront enten¬
dre s’appelle OBave. Si les Cordes font coniine
5 & 2, les vibrations feront comrne 2 & 3 , &
le rapport des Sons s’appellera Qidnte , &c.
(Voyez Intervalle. )
On voit par-!a qu’avec des Chevalets mobiles
il eft aife de former fur une feule Corde des di-
vifions qui donnent des Sons dans tous les rap¬
ports poftibles , foit entr’eux , foit avecla Corde
entiere. C’eft le Monocorde dont je viens de
parler. (Voyez Monocorde.)
On peut rendre des Sons aigus on graves par
d’autres moyens. Deux Cordes de longueurs ega-
lesnefo rment pas toujours FUniflbn : car fi 1 ’une
eft plus grolfe ou moins tendue que l’autre,
elle fera moins de vibrations en terns egauX , &
confequemment donnera un Son plus grave.
(Voyez Corde.)
11 eft a i/e d’expliquer fur ces principes la
conftruclion des Inftruniens a Cordes, tels que
le Claveffin , le Tympanon , & le jeu des Vio-
lons & Balfes , qui, par differens accourcilfe-
mens des Cordes fous les doigrs ou chevalets
mobiles , produit la diverfite des Sons qu’on tire
de ces Inftruniens. II faut raifonner de meme
pour les Inftrumens a vent: les plus longs for-
ment des Sons plus graves , fi le vent eft egal.
Ces trous , cornnie dans les Flutes & Hautbois,
N f
$02
S 0 N.
fervent a les raceourcir pour rendre ies Sons plus
aigus. En dormant plus de vent on les fait ocfta-
vier, & les Sons deviennent plus aigus encore.
La colonne d’air forme alors le corps fonore, &
ies divers Tons de la Trompette & du Cor d«-
chalfe ont les memes principes que les Sons har-
nioniques du Violoncelle & du Violon ,
P i
2i4 SO NV
fantenr. Voyez Ia-deffus les principes d’AcouftL
qus de cet Auteur.
SONFoNDAMENTAL.(VoyeZ FONDAMENTAL.)
SoNsFLUTE's.(Voyez Sons Harmoniques.)
Sons Harmoniques gu Sons Flute's. EL
pece finguliere de Sons qu’on tire de certains I»u
trumens, tels que le Violon & le Violonceile »
par un mouvement particulier de l’archet, qu’on
approche davantage du Chevaiet, & en pofmt
legerement le doigt fur certaines divifions de la
Corde. Ces Sons font fort differens pour le Tim¬
bre & pour le Ton de ce qu’ils feroient, li l’on
appuyoit tout-a-fait le doigt. Quant au Ton, par
exemple, ils donneront la Quinte quand ils
donneroient 3a Tierce , la Tierce quand ils don¬
neroient la Sixte , &c. Quant au Timbre, ils
font beaucoup plus doux que ceux qu’on tir©
pieins de la rneme divillon, en faifant porter la
Gorde fur Is manche ; & c’eft a caufe de cette
douceur qu’on les appelle Sons flutes. II faut „
pour en bienjuger , avoir entendu M. Mondon-
ville tirer fur foil Violon , ou M. Bertaud fur
ion Violonceile des fuites de ces beaux Sons. Eti
glilfant legerement le doigt de 1’aigu au grave, de-
puis 3e milieu d’une Corde qu’on touche en me-
pit terns de l’archet en la maniere fufdite, on
entend diftindement une fuceeffion de Sons har¬
moniques de grave a l’aigu , qui etonne fort;
ceux qui n’en connoilfent pas la Theorie.
Le principe fur icquel cette Theorie eft fon s
S O N.
aif
< 3 ee, eft qu’une Corde etant divifee en deux
parties commenfurables entr’elles, & par confe-
quentavec laXorde entiere, fi l’obftacle qu’on
met au point de dtvifion n’empeche qu’imparfai-
tement la communication des vibrations d’une
partie a 1’autre, toutes les fois qu’on fera fan¬
ner la Corde dans cet etat , elle rendra non le
fon de la Corde entiere, ni celui de fa grande
partie , mais celui de la plus petite parti: fi elle
mefure exa&ement l’autre •, ou , fi elle ne la me-
fure pas , le Son de la plus grande aliquots
commune a ces deux parties.
Qu’on divife une Corde 6 en deux parties 4
& 2 ■, le Son harmonique reform era par la longueur
de ia petite partie 2 , qui eftaliquote de la gran¬
de partie 4 : mais fi la Corde f eft divifee par 2
& 3 ; alors, comrae la petite partie ne mefure
pas la grande, le Son harmonique ne refonnera
que felon la moitie 1 de cette meme petite par-
tie , laquelle moitie eft la plus grande commune
snefure des deux parties 3 & 2, & de toute la
Corde f.
Au moyen de cette loi tiree de l’obfervation
& conforme aux experiences faites par M. Sau-
veur a l’Academie des Sciences , tout le mer-
veilleux difparoit j avec un calcul tres - fimple on
affig'ne pour chaque Degre le Son harmonique qui
lui repond. Quant au doigt gliife le long de la
Corde, il ne donne qu’une fuite de Sons harmo-
tiques qui fe fuccedent rapidement dans 1’ordr*
9 4
S O NJ
Si 6
qu'iis doivent avoir felon celui des divifions ful
lefquelles on pafle fucceflivement le doigt 3 & les
points qui ne forment pas des divifions exaftes ,
ou qui en forment de trop compofees, ne don-
nent aacun Son fenfible ou appreciable.
On trouvera Pi, G. Fig. 3 . une Table des
Sons harmoniques , quipeut en faciliter la recher¬
che a ceux qui defirent de les pratiquer. La
premiere colonne indique les Sons que rendroient
les divifions de lTnftrument touchees en plein ,
& la feconde colonne rnontre les Sons flutes
correfpondans s quand la Corde eft touchee har-
moniquement.
Apres la premiere Odave, c’eft-a dire, de-
puis le milieu de la Corde en a van cant vers 1@
Chevalet, on retrouve les memes Sons harmoni¬
ques dans le rneme ordre , fur les memes divi¬
sions de l’Odave aigue; c’eft-a-dire , la dix-neu-
vieme fur la Dixiemc mineure, la Dix-feptiem*
fur la Dixieme majeure, &c.
Js n’ai fait dans cette Table, aucune men¬
tion des Sons harmoniques relatifs a la Seconde St
ala Septieme ; premierement, parce que les di-
■vifions qui les forment n’ayant entr’elies que des
aiiquotes fort petites , en rendroient les Sons trop
aigus pour etre agreables , & trop difficiles a fi¬
xer par le coup d’archet, & de plus , parce qu’ii
faudroit entrer dans des fous-divifions trop eten-
dues, qui ne peuvent s’admettre dans la prati-
|ue : car le Son harmoniqui dir Ton majeur feroit
S O A T .
S T7
fa vingt-tvoifieme, ou la triple Odave dela Se-
conde , & l’Harmonique du Ton mineur feroit
k vingt-quatrieme, oil la triple Odave de la
Tierce mineure : mais quelle eft l’oreille affez
fine & la main aflez jufte pour diftinguer & tou¬
cher a fa volonte un Ton majeur ou un Ton
mineur '{
Tout le jeu de la Trompette marine eft en
Sons harmoniques $ ce qui fait qu’on n’en tire pas
aifement toute forte de Sons.
Son ate , /, /. Piece de Mufique inftrumentale
compofee de trois ou quatre morceaux confecu-
tifs de caraderes differens. La Sonate eft a-peu-
pres pour les Inftrumens ce qu’eft la Cantate
pour les Voix.
La Sonate eft faite ordinaireraentpour un feul
Inftrument qui recite, accompagne d’une Baife-
continue> & dans une telle com poll tion l’on s’atta-
che a tout ce qu’il y a de plus favorable pour fai-
re briller ITnftrumentpour lequel on travaille,foit
par le tour des chants , foit par le shoix des Sons
qui conviennent le mieux a cette efpcce d’lnftru-
snent, foit par la hardiefle de 1’execution, II y
a auffi des Sonates en Trio, que les Italiens ap-
pellent plus communement Sinfonie j mais quand
dies paifent trois Parties ou qu’il y en a quel-
qu’une recitante, eltes prennent le nom de Con¬
certo. ( Voyez Concerto. )
II y a plulieurs fortes de Sonates. Les Italiens
les tsduifent a deux efpeces principals. L’un#
Q 1
2l£ S O it
qu’ils appellant Sonate da Camera , Senates tie
Chambre, lefquelles font compofees de plufieurs
Airs famiiiers ou a danfer, tels a-peu-pres que
ces recueils qu’on appelle en France des Suites.
L’autre efpece eft appellee Sonate da Chiefs , So¬
nnies d’Egiife , dans la ccmpofition defquelles il
doit entrer plus de recherche, de travail, d’Har-
monie, & des Chants plus convenables a la di-
gnite du lieu. De quelque efpece que foient les
Sonates , elies commencent d’ordinaire par un
Adagio , &, apres avoir paife par deux ou trois
mouvemens differens, finiflent par un Allegro
ou un Prcfto.
Aujourd’hui que leslnftrumens font la partis
la plus importante de la Mufique , les Sonates
font extremement a 5a mode, de tneme que rou¬
te efpece deSymphonie $ le Vocal n’en eft guere
que i’acceifoire •, & le Chant accompagne l’Ac-
eompagnement. Nous tenons ce mauvais goiit de
ceux qui, voulant introduire le tour de la Mu-
fique Italienne dans une Langue qui n’en eft pas
fufeeptibie, nous ont obliges de chercher a fai-
re avecles lnftrumens ce qu’il nous eft impoC.
fiblede faireavec nos voix. J’ofe predire qu’uii
gout ft peu naturel ne durera pas. La Mufique
purement harmonique eft peu de chofe ; pour
plaire conftamment , & prevenir l’ennui, ells
doit s’elever au rang des Arts d’imitation ; mak
fon imitation n’eft pas toujours immediate com-
me eelles de la Poefle & dela Peinturei la pa-
SON.
sr^
Yole eft le moyen par lequel !a Mufique deter¬
mine le plus iouvent l’objet dont elle nous of-,
fre 1’image, & e’eft par les Sons touchans de la
voix humaine que cette image eveille au fond
du coeur le fentiment qu’elle y doit produire.
Qui ne fent combien la pure Symphonic dans
laqueile on ne cherche qu’a faire briber l’lnftru-
ment, eft loin de cette energie ? toutes les fo-
lies du Violon de M. Mondonville m’attendri-
ront-elies comrae deux Sons de la voix de Ma-
demoifelle le Maure ? La Symphonic anime le
Chant, & ajoute a fon expreflion , mais elle n’y
fupplee pas. Pour favoir ce que veulent dire
tous ces fatras de Somites dout on eft accable ,
II faudroit faire conime ce peintre grollier qui
etoifc oblige d’ecrire au-deiTous de fes figures,
c’ejl tin arbre , c’ejl un homnie , c’ejl un cheval.
Je n’oublierai jamais la faiilie du celebre Fonte-
nelle, qui fe trouvant excede ds ces eternelles
Symphonies, s’ecria touthaut dans un tranfpor-i
d’impatience: Sornte , que me veux-tu?
Sonner , v. a. 55* u. On die en compofitiou
qu’une Note forme furlaBafle, lorfqu’elle entre
dans 1’Accord & fait Harmonie ; a la difference
des Notes qui ne font que de gout, & ne fer¬
vent qu’a figurer , lefquelles ne Sonnent point.
On dit aula Sonner une Note, un Accord, pour
dire , frapper ou faire entendre le Son , l’Har-
monie de cette Note ou de cet Accord.
sou.
£20
SoNORE , adj. Qui rend du Son. Un metal
/more. De-la , Corps fonore. ( Voyez Corps so-
uo re. )
Sonore fe dit particulierement & par excel¬
lence de tout ce qui rend des Sons moelleux,
forts, nets, juftes , & bien timbres. Uns Cloche
fvnore : tine Voix’ fonore , &c.
Sotto-Voce, adv. Ce mot ltalien marque,
dans les lieux ou il eft ecrit, qu’il ne faut chan¬
ter qu’a demi - voix , ou jouer qu’a demi - jeu.
Mezzo-Forte & Mezza-Voce fignifient la memo
chofe.
Soupir. Silence equivalant a une Noire, &
qui fe marque par un trait courbe approchant de
la figure du 7 de chiffre mais tourne en fens
eontraire, (Voyez Pi. D. Fig. p.) ( Voyez Si¬
lence , Notes. )
Sourdine , f. f. Petit Inftrument de cuivre
ou d’argent qu’on applique au chevalet du Vio-
lon ou du Violoncelle, pour rendre les Sons
plus fourds & plus foibles , en interceptant &
genant les vibrations du corps entier de l’lnftru-
xnent. La Sourdine, en affoiblilfant les Sons ,
change leur timbre & leur donne un caraclere
extremement attendrilfant & trifte. Les Mufi-
ciens Franqois , qui penfent qu’un jeu douxpro-
duit le meme effet que la Sourdine, & qui n’ai-
ment pas l’embarras de la placer & deplacer , ne
s’en fervent point. Mais on en fait ufage ave©
s o if:
22 %
kn grand effet dans tous les Orcheftres d’ltalie
& c’eft parce qu’on trouve fouvent ce mot Sor¬
dini ecrit dans les Symphonies, que j’en ai du
faire un article.
II y a des Sourdines auffi pour les Cors-de-
ehafle, pour le Claveffin , &c.
Sous-Dominante ou Soudominante. Nora
donne par M. Rameau a la quatrieme Note du
Ton , laquelle eft, par confequent , au memo
Intervalle de la Tonique en defcendant, qu’eft
la Dominante en montant. Cette denomination
vient de l’affmite que cet Auteur trouve par ren-
verfement entre le Mode mineur de la Sous-Do-
minante , & le Mode majeur de la Tonique.
( Voyez Harmonie. ) Voyez auffi FArticle qui
fuit.
Sous-Me'dianIe ou Soume'diaijte. C’eft: auf-
fi , dans le Vocabulaire de M. Rameau , le notn
de la fixieme Note du Ton. Mais cette Sons-
Midiante devant etre au menie Interval le de la
Tonique en deifous , qu’en eft la Mediante en
deffus, doit faire Tierce majeureTous cette To¬
nique, & par confequent Tierce mineurefurla
fous-Dominante ; & c’eft fur cette analogie que
le meme M. Rameau etablit le principe du Mode
mineur ; mais il s’enfuivroit de-la que le Mode
majeur d’une Tonique, & le Mode mineur de
fa fous-Dominante devroient avoir une grande
afiinite ; ce qui n’eft pas : puifqu’au contraire
d eft tres - rare qu’on pafle d’un de ces
242
SPO.
deux Modes a l’autre, & que 1’Eclielfe prefqu
entiere eft alteree par une telle Modulation.
Je puis me trompcr dans l’acception des deuS
mots precedens , n’ayant pas fous les yeux, en
ecrivant cet Article , les ecrits de M. Rameau.
Peut-etre entend-il /Implement, par Sons-Domi¬
nants , la Note qui eft un Degre au-delTous de la
Dominante ; 8c, par Sous - Mediante, la Note
qui eft un Degre au - deflous de la Mediante. Ce
qui me tient en fufpens entre ees deux fens , eft
que, dans l’un & dans l’autre, lafous-Domi-
nante eft la raeme Note fa pour le Ton d'ut:
mais il n’cn feroit pas ainfi de la Sons- Mediante }
elle feroit !a dans le premier fens , & re dans
le fecond. Le Le&eur pourra verifier lequel des
deux eft celui de M. Rameau j ce qu’il y a de
fur eft que celui que jc dofine eft preferable
pour l’ufage de la compofition.
SotmjsriR , v. a.pyis en fens next. C’eft faire
exadtement durer les Sons route leu r valeur fans
les lailfer eteindre avant la fin , commc font
tres-fouvent les Muficiens , & fur-tout les Sym-
phoniftes.
Spiccatq , adj. Mot Italien , lequel , eerie
fur la Mufique, indique des Sons fees & biers
detaches.
Spondaula , f. m. C’etoit, cliez les Anciens ]
un Joueur de Flute ou autre femblable Inftru-
ment, qui, pendant qu’on offroit le facrifice
jouoit a foreiile du Pretre quelque Air con vs*
STY kn
liable pour l’empecher de rien ecouter qui put
le diftraire.
Ce mot eft forme du Grec (nso'iS'lc ,, Libation ,
& clvA05 , Flute.
Sponde'asme , f. m. C’etoit, dans lesplus an-
eiennes Mufiques Grecques , une alteration dans
le Genre harmonique , lorfqu’une Corde etoit
accidentellement eievee de trois Diefes au-delTus
de fon Accord ordinaire ; de forte que le Spon-
deafin e etoit precifement le contrairs de V Eclyfe.
Stables , adj. Sons ou Cordes jtables : c’e-
toient, outre la Corde Proslambonamene , les
deux extremes de chaque Tetracorde , defqu.els
extremes fonnant enfemble le Diateifaron ou la
Quarte, 1 ’Accord ne changeoit jamais, comme
faiioit celui des Cordes du milieu , qu’on tendoife
on relachoit fuivant les Genres , & qu’on appel-
loit pour cela Sons ou Cordes mobiles.
Style , f. m. Caraciere diftindif de compofi-
tion ou d’execution.- Ce cara dere varie beau-
coup felon les pays, le gout des Peuples, le ge¬
nie des Auteurs : felon les matieres , les licux *
les terns, les fujets, les expreflions , &e.
On dit en France le Style de Lully , de Ra¬
meau, de Mondonville , <&c. En Allemagne,
en dit le Style de Haffe., de Gluk, dc Graun.
En Italic, on dit le Style de Leo, de Pergohe-
fe, de Jorrieili , de Buranello. Le Style des
Mufiques d’Eglife n’eft pas le raerac que celui
Mufiques pour le Theatre ou pour la Cham-
2£4 s u j:
bre. Le Style ties Compofitions Allemandes eft
/autillant, coupe, mais harmonieux. Le Style
des Compofitions Francoifes eft Fade, plat ou
dur, mal cadence , monotone j celui des Com¬
pofitions Italiennes eft fleuri, piquant, ener-
gique.
Style dramatique ou imitatif, eft un Style
propre a exciter ou peindre les paffions. Style
d’Eglife , eft un Style ferieux , majeftueux, gra¬
ve. Style de Mottet, ou l’Artifte affecle de fe
montrer tel, eft plutot claflique & favant qu’e-
nsrgique ou affeclueux. Style Hyporchematique,
propre a la joie , au plaifir, a la danfe, & plein
de mouvemens vifs , gais & bien marques. Style
lymphonique ou inftrumental. Corame chaque
Inftrument a fa touche , fon aoigter , Con carac-
_ tere particulier, il a auili fon Style. Style Me-
Jifinatique ou naturel 3 & qui fe prefente le pre¬
mier aux gens qui n’ont point appris. Style de
Fantaifie , peu lie, plein d’idees , fibre de toute
contrainte. Style Choraique ou dan/ant , Jequel
fe divife en autant de branches difFerentes qu’il
y a de caraderes dans la danfe , &c.
Les Anciens avoient auffi leurs Styles difte-
rens. ( Yoyez Mode & Me'lope'e. )
i- Sujet , f. m. Terme de compofition : e’eft la
partie principale du deffein , l’idee qui fert de
fondementatoutesles autres. ( Voyez Dessein.}
Toutes les autres parties lie demandent que de
l’art & du travail; celle - ci feule depend du ge¬
nie >
S' U P.
22 f
ioie , & c’eft en elle que confifte I’invention.
Les principaux Sujets en Mufique produifent des
Rondeaux , des Imitations , des Fugues , &c.
Voyez ces mots. Un Compofiteur fterile & froid,
apres avoir avec peine trouve quelque mince
Sujet , ne fait que le retourner , & le promener
de Modulation en Modulation , mais PArtifte
qui a de la chaleur & de I’imagination fait, fans
laifler oublier fon Sujet , lui donner un air neuf
ehaque fois qu’il \e reprefente.
Suite, f . f . ( Voyez Sots ate. )
Super-Sus , f. m. Nom qu'on donnoit jadis
aux Deifus quand ils etoient tres-aigus.
Supposition , f. f. Ce mot a deux fens en
Mufique.
i Q . Lor/que plufieurs Notes montent ou def-
cendent diatoniquement dans une Partie fiir une
ireme Note d’une autre Partie; alors ces Notts
diadonques ne fauroient toutes faire Harmonie,
ni entrer a la fois dans le meme Accord : il y
en a done qu’on y compte pour rien , & ce font
ces Notes etrangeres a I’Harmonie , qu’on ap-
pelle Notes par fuppofition.
La regie generate eft, quand les Notes font
egales , que toutes celles qui frappent fur le
Terns fort portent Harmonie ; celles qui palfent
fur le Terns foible font des Notes de Suppofition
qui ne font miles que pour le Chant & pour for¬
mer d s Degres conjoints. Remarquez que par
Terns fort & Terns foible , j’entends moins ici les
Tome XL P
226
s u p;
principaux Terns de la Mefure que les Parties
memes de chaque Terns. Ainli, s’il y a deux:
Notes egales dans un meme Tems , c’eft la pre¬
miere qui porte Hatmonie ; la feeonde eft de
Suppofition. Si le Tems eft compote de quatre
Notes egales, la premiere & la troifieme por¬
tent Harmonie , la feeonde & la quatrieme font
les Notes de Supposition, &c.
Quelquefois on pervertit eet ordre ; on pafte
la premiere Note par Suppofition , & Ton fait
porter la feeonde; mais alors la valeur de cette
feeonde Note eft ordinairement augmented par
un point aux depens de la premiere.
Tout ceci fuppofe toujours ime marche dia-
tonique par Degres conjoints : car quand les De-
gres font disjoints , il n’y a point de Suppofi¬
tion , & toutes les Notes doivent entrer dans
FAccord.
2*. On appelle Accords par Suppofition ecus
011 Ja BaiTe-continne ajoute ou fuppofe un nou¬
veau Son au-deflous de la Baffe-foudamentale 5
ce qui fait que de tels Accords excedent toujours
1’etendue de l’Qdtave.
Les Diffonnances des Accords par Suppofition
doivent toujours etre preparees par des lynco¬
pes , Sc fauvees en defeendant diatoniquement
fur des Sons d’un Accord fous lequel la meme
Balfe fuppofie puilfe tenir comme Balfe - fonda-
mentale j ou du moins comm e BaiTe- con tin u e.
C’eft ce qui fait que les Accords par Suppofition s
S U P. 227
Ken examines , peuvent tous paffer pour de
pures fufpenfions. (Voyez Suspension. )
II y a trois fortes d’Accords par Supposition j
tous font des Accords de Septieme. La premie¬
re , quand le Son ajoute eft une Tierce au-def-
fous du Son fondamental ; tel eft FAccord de
Neuvieme ; ft 1’Accord de Neuvieme eft forme
par la Mediante ajoutee au-deffous de l’Accord
fenftble en Mode mineur , alors l’Accord prend
le 110m de Quinte fuperflue. La feconde efpece
eft quand le Son fuppofe eft une Quinte au-def-
10us du fondamental, comme dans l’Accord de
Quarte ou Onzieme ; ft 1 ’Accord eft fenftble &
qu’on fuppofe la Tonique , l’Accord prend le
nom de Septieme fuperflue. La troifieme efpece
eft cells ou le Son fuppofe eft au-deilbus d’unj
Accord de Septieme diminuce; s’ii eft une Tier¬
ce au-deffous , c’eft-a-dire , que le Son fuppofe
foit la Dominance , l’Accord s’appeile Accord
de Seconds mincure & Tierce majeure ; Hell
fort peu uftte : ft le Son ajoute eft une Quinte
au - deffous, ou que ce Son foit la Mediante,
1 ’Accord s’appeile Accord de Quarte & Quinte
fuperflue , & s’ii eft une Septieme au-deffous,
c’eft-a- dire la Tonique elle - rneme , l’Accord
prend le nom de Sixte mineure & Septieme fu¬
perfiue. A fcgard des renverfemens de ces di¬
vers Accords, oil le Son fuppofe fe tranfporte
dans les Parties fuperieures ; n’etant admis que
par licence, ils ne doivent etre pratiques qu’a-
P 2
22 $
s u $;
vec choix 8c circonfpeftion. L’on trouvera a i.
mot Accord tons cetix qui peuventfe tolerer.
Suraioues. Tetracorde des Suraigues ajoute
par FAretin. ( Voyez Svsteme. )
Surnume'raire ou Ajoute'e ,f. f. C'ctoit 1;
ttom de la plus bade Corde du Syfteme des
Grecs : ils l’appelloient en leur langue , Prof-
lambanomenos. Voyez ce mot.
Suspension , f. f. 11 y a Sufpenfon dans tout
Accord fur la Bafle duquel on foutient un ou
plulleurs Sons de l’Accord precedent , avant que
de pafler a ceux qui lui appartiennent: comm®
li, la Bafle paflant de la Tonique a la Demi-
nante, je prolonge encore quelques inftans lur
cette Dominante FAccord de la Tonique qui la
precede avant de le refoudre fur le lien, e’eft
une Sufpenfon.
II y a des Siifpenfions qui fe chiffrent & en-
trent dans l’Harmonie. Quaud elles font Diflon-
names , ce font toujouvs des Accords par Sup-
pofition. ( Voyez Supposition. ) D’autres Snf~
penfons ne font que de gout $ mais de quelque
nature qu’ellcs foient, on doit toujours les a£-
fujettir aux trois regies fuivantes.
I. La Sufpeufion doit toujours fe faire fur le
frappe de la Mefure, oudu moins fur un Terns
fort.
II. Elle doit toujours fe refoudre diatonique-
ment, foit en montane , foit en descendant
e’ell a-dite, quechaque Partie qui a fufpendu.
$ Y M. 22?
Se doit enfuite monter ou defcendre que d’nn
Degre, pout arriver a l’Accord naturel de la No¬
te de Bade qui a porte la Sufpenfion.
III. Toute Sufpenjion chiifree doit fe fauver
en defcendant , excepte la feule Note fenfible
qui fe fauve en montant.
Moyennant ces precautions i! n’y a point de
Sufpenjion qu’on r.e puilfe pratiquer avec fucces ,
parce qu’alors l’oreille, preffeutant fur la Balfe
la marche des Parties , fuppofe d’avance l’Ac-
cord qui fuit. Mais c’eft au gout feul qu'il ap-
partient de choilir & diftribuer a propos les Sujl
penfions dans le Chant & dans l’Harmonie.
Syllabe, f. f Ce nom aetedonne par quel-
ques Anciens, &entr’autres par Nicomaque, a
la conformance de la Quarte qu’ils appelloient
communement Diatelfaron. Ce qui prouve enco¬
re par l’etymologie, qu’ils regardoient le Tetra-
corde , ainfi que nous regardons I’Odave, corn-
me comprenant tons les Sons radicaux ou com-
pofans.
Symphoniaste , f tn. Compofiteur de Plain-
Chant. Ce terme eft devenu technique depuis
qu’il a ete employe par M. l’Abbe le Beut.
Symphonie, f f Ce mot, forme du Grec
rvv , avec , & Qatfj , Son , fignifie , dans la Mu-
fique ancienne, cette union des Sons qui forme
un Concert. C’eft un fentiment requ, & je crois,
demontre , que les Grecs ne connoiffoient pas
fHarmonie dans le fens que nous donnons au-
/ P 3
S YM.
230
jourd’hui a ce mot. Ainfi , leur Symphonie n®
formoit pas des Accords , mais elle refultoit du
concours de plufieurs Voix ou de plufieurs Inf-
trumens , ou d’Inftrumens meles aux Voix chan-
tant ou jouant la meme Partie. Cela fe faifois
de deux manieres : ou tout concertoit a FUnif-
fon, & alors la Symphonie s’appelloit plus par-
ticulierement Homophonie $ ou la moirie des Con-
certans etoit a FOctave ou meme a la double _
Oftave de Fautre, & cela Fe nommoit Antipho-
jiie. On trouve la preuve de ces diftin&ions dans;
]es Problemes d’Ariftote, Sesftion 19.
Aujourd’hui le mot de Symphonie s’appliquea
toute Mufique Inftrumentale , tant des Pieces
qui ne font deftinees que pour les Inftrumens ,
comme les Sonates & les Concerto, que de cel-
Jes 011 les Inftrumens fe trouvent meles avec les
Voix , comme dans nos Opera &dans plufieurs
autres fortes de Mufique. On diftinguela Muli-
que vocals en Mu(i ;ue fans Symphonie , qui n’a
d’autre accompagnement que la BaiTe-continue 5
& Mufique avec Symphonie , qui a au moins un
Deffus d’Inftrumens, Violons , Flutes ou Haut-
bois. On dit d’une Piece qu’elle eft en grande
Symphonie, quand , outre la BaiTe & les Deffus,
elle a encore deux autres Parties Inftrumentales 5
favoir, Taille & Quinte de Violon. La Mufi¬
que de la Chapelle du Roi, celle de plufieurs
Eglifes, & celle des Qpeta font prefque toujours
en grande Symphonie.
S Y N.
231
SyNAFHE ,f. f. Conjondtion de deux Tetracor-
des, ou, plus precifement, refonnance de Quarte
©u Diatelfaron , qui fe fait entre les Cordes ho-
mologues de deux Tetracordes conjoints. Aitifi ,
il y a trois Synaphes dans le Syfteme des Grecs:
i’une entre le Tetracorde des Hypates & celui
desMefes; l’autre, entre le Tetracorde des Me-
fes & celui des Conjointes ; & la troifieme , en-
tre le Tetracorde des disjointes & celui des Hy-
perbolees. (Voyez Systemk, Te'tracorde. )
Synaulie , f. f. Concert de plulieurs Ivluli-
ciens, qui, dans la Mulique ancienne, jouoient
& fe repondoient alternativement fur des Flu¬
tes , fans aucuti melange de Voix.
M. Malcolm, qui doute que les Anciens euf-
fent une Mufique compofee uniquement pour les
Inftrumens, ne lailfe pas de citer cette Synau-
lie apres Athenee , & il a raifon : car ces Synau~
lies n’etoient autre chofe qu’une Mulique vocale
jouee par des Inftrumens.
Syncope , f. f. Prolongement fur le Terns
fort d’un Son commence fur le Terns foible; ain-
fl, toute Note fyncopee eft a contre-tems, & tou-
te fuite de Notes fyneopees eft une marche a
eontre - terns.
Il faut remarquer que la Syncope n’exifte pas
moins dans l’Harmonie , quoique le Son qui la
forme , au lieu d’etre continu, foit refrappe par
deux ou plulieurs Notes , pourvu que la difpofi-
tion. de ces Notes qui repetent le meme Son ?
P 4
232
5 Y tf.
foit conforme a la definition.
La Syncope a fes ufages dans la Melodie pour
fexprelfion & le gout du Chant; mais fa prin-
cipale utilite e!t dans l’Harmonie pour la prati¬
que des Diifonnances. La premiere partie de la
Syncope fiert a la preparation : la DilTonnatice fe
frappe fur la Seconds ; & dans une fucceflioti
de Diifonnances , la premiere partie de la Syn¬
cope fuivante fert en merae terns a fauver la
Diffonnance qui precede , & a preparer celle
qui fuit.
Syncope , de crvv avec , & de ko7tt&) , je coupe ,
je bats ; parce que la Syncope retranche de cha-
que Terns, heurtant, pour ainfi dire , fun avec
l’autre. M. Rameau veut que ce mot vienne du
choc des Sons qui s’entre-heurtent en quelque
forte dans la Dilionnance •, mais les Syncopes font
anterit ures a notre Harmonie , & il y a fouvenfc
des .\yncop-s fans Diifonnances.
Synnh'me'non, gen. plur.fem. Tetracorde Syn-
nemenon ou des Conjointes. C’ell le nom que
donnoient les Grecs a leur troifieme Tetracorde s
quand il etoit conjoint avec le fecond , & divi-
ie d’avec le quatrieme. Quand au contraire il
etoit conjoint au quati ieme & divife du fecond ,
ce rn^rne Tetracorde prenoit le nom de Diezeug-
menon ou des divifees. Voyez ce mot. ( Voyez
anffi Tetracorde , Systems. )
Synneme'non Diatonos , etoit, dans 1’an-
? ienne Mufique, la troifieme Corde du Tetracorde
$ Y N.
233
SymiAnenon dans le genre Diatonique , 8c comme
eette troifieme Corde etoit la meme que la fe-
conde Corde du Tetracorde des Disjointes , elle
portoit auffi dans ce Tetracorde le nom de Trite
Diezeugmmon. (Voyez Trite , Systems , Tk'-
Tracorde. )
Cette meme Corde , dans les deux autres
Genres , portoit le nom du Genre oil elle etoit
employee ; mais alors elle lie de confondoit pas
avec la Trite Diezeugmenon. ( Voyez Genre.)
Syntonique ou Dur , adj. C’eft -l’epithete par
laquelle Aviltoxene dillingue cede des deux ef-
peces du Genre Diatonique ordinaire , dont le
Tetracorde eft divide en un demi - Ton & deux
Tonsegaux;au lieu que dans le Diatonique mol,
apres le femuTon , le premier Intervalle eft de
trois quarts de Ton, & lefecond de cinq. (Voyez
Genres , Te'tracordes. )
Outre le Genre Syntonique d’Ariftoxene , ap-
pelle auffi Dicttono- Diatonique , Ptolornee en eta-
lit un autre par lequel il divide le Tetracorde
en trois Intervalles : le premier , d’un femi-Ton
majeur ; le decond , d’un Ton majeur ; & le troi¬
fieme, d’un Ton mineur. Ce Diatonique dur ou
Syntonique de Ptolornee nous eft refte, & c’eft
auffi le Diatonique unique de Dydime ; a cette
difference pres , que , Dydime ayant mis ce Ton
mineur au grave , & le To t majeur a l’aigu , Pto-
|omee renverfa cet ordre. i
Qn verra d’un coup d’ceil la difference de ces
SYN.
+ Jt
deux Genres Syntoniqms paries rapports des Tri¬
te rvalles qui compofent le Tetracorde dans l’uil
& dans l’autre.
366 3
Syntonique d’Ariftoxene,-1-}- ■—=—•
20 20 20 4
if 8 9 3
Syntonique de Ptolomee, ——f-J----
16 9 10 4
11 y avoit d’autres Syntoniques encore, & l'on
en comptoit quatre efpeces principales , favoir
1-Ancien , le Reforme, le Tempere, & l’Egal.
Mais e’eft perdre fon terns , & abufer de celui
du Le&eur, que de le promener par toutes ces
divifions.
Syntono-Lydien , adj . Nom d’un des Modes
de 1’ancienneMufique. Platon dit que les Modes
Mixo-Lydien, & Syntono-Lydien font propres
a ux larmes.
On voit dans le premier Livre d’Ariftidc Quin -
tilien une lifte de divers Modes qu’il ne faufc
pas confondre avec les Tons qui portent le mfe¬
me nom, & dont j’ai parle fous le mot Mode
pour me conformer a Fufage moderne introduit
fort mal - a - propos par Glarean. Les Modes
etoient des manieres differentes de varier l’ordre
des Intervalles. Les Tons differoient , comma
aujourd'hui, par leurs Cordes fondamentales.
Cell; dans le premier fens qu’il faut entendre le
sys;
S3*
Ifode Syntono-Lyilien dont parle Platon , & du-
quel nous n’avons, au refte , aucune explication.
Systeme , f. m. Ce motayant plufieurs accep-
tions dontje ne puis parler que fucceifivement,
me forcera d’en faire un tres-long article.
Pour commencer par le fens propre & techni¬
que , je dirai d’abord qu’on donne le nom de
Syjtime a toutlntervalle compofe ou concu com¬
ine compofe d’autres Intervalles plus petits , lef-
quels , confideres comme les elemens da Syjtcme,
s’appellent Diajieme. ( Voyez Diaste'me.)
Ily a une infinite d’Intervalles differens, &
par confequent auffi une infinite de Syflemes pof-
fibles. Pour me bonier ici a quelque chofe de
reel, je parlerai feulement des Syftemes harmo-
niques, c’eft-a-dire, de ceux dont les elemens
font ou des Confonnances , ou des differences
.des Confonnances, ou des differences de ces
differences. (Voyez Intervalles.)
Les Anciens divifoienc les Syflemes en gene-
raux & particuliers. Ils appelioient Syfieme far-
ticulier tout compofe d’au tnoins deux Intervalles,
tels que font ou peuvent etre conques l’Oclave »
la Quinte , la Quarte, la Sixte , & raeme la
Tierce. J'ai parle des Syftemes particuliers au
mot Intervalle.
Les Syftemes generaux, qu’ils appelioient plus
fiommunement Duigrammes , etoient formes par
la fomme de tons les Syflemes particuliers , &
Sompreijoicut5 par consequent, tons les Sons
SYS.
'236
employes dans la Zvlufique. Je me borne ici a
Texamen de leur Syjieme dans le Genre Diato-
nique ; les differences du Chromatique & de
FBnharmonique etant fuffifamment expliquees a
leurs mots.
On doit juger de l’etat & des progres de l’an-
cien Syjieme par ceux des Inffrumens deftines a
Fexecution : car ces Inftrumens accompagnant a
rUniffon lesVoix, & jouant tout ce qu’elies chan-
toient, devoient former autant de Sons differens
qu’il en entroit dans le Syjieme. Or les Cordes
de ces premiers Inlirumens fe touchoient tou-
jours a vuide ; il y falloit done autant de Cordes
que le Syjieme renfermoit de Sons; & e’eft ainfi
que, des l’origine de la Mufique, on pent fur
Je nornbre des Cordes de 1’Inftrument, deter¬
miner le nombre des Sons du Syjieme.
Tout le Syjieme des Grecs lie fut done d’a-
bord compofe que de auatre Sons tout au plus 5
qui formoient l’Accord de leur Lyre ou Cythare.
Ces quatre Sons , felon quelqucs-uns, etoient
parDegres conjoints; felon d’autres, ils n’etoient
pas Diatoniques : mais les deux extremes fon-
noient l’Odave , & les deux moyens la parta-
geoient en une Quarte de chaque cote & un Ton
dans le milieu , de la maniere fuivante.
JJt —- Trite Diezeugmenon.
Sol — Lichanos Mefon.
Fa - Parhypate Mefon.
* Vt — Parhhypate - Bypaton.
S Y S.
237
Celt ce que Boeee appelle le Tetracorde de
Mercure , quoique Diodore avance que la Lyre
de Mercure n’avoit que trois Cordes. Ce Syjld-
me ne demeura pas long-tems borne a fi peu de
Sons : Chorebe , fils d’Athis Roi de Lydie , y
ajouta une cinquieme Corde; Hyagnis, unqJixie-
rne ; Terpandre , une feptieme pour egaler le
nombre des pianetes, & enfin Lychaon de Sa¬
mos , la huitieme.
Voila ce que dit Boece : mals Pline dit que
Terpandre ,ayant ajoute trois Cordes aux quatre
anciennes, joua le premier de la Cythare a fept
Cordes ; que Simonide y en joignit une huitieme ,
& Timothee une neuvieme. Nicomaque le Ge-
rafenien attribue cette huitieme Corde a Pytha-
go re, la neuvieme a Theophrafte de Pierie , puis
une dixieme a flyftiee de Colophon , & une on-
zieme a Timothee de Milet. Pherecrate dans
Plutarque fiat faire au Syfieme un progres plus
rapide ; il donne douze Cordes a la Cythare de
Menalippi de, & autanta celle de Timothee. Et
com me Pherecrate etoit contemporain de ces
Muficiens, en fuppofant qu’il a dit en effet ce
que Plutarque lui fait dire , fon temoignage eft
d’un grand poids fur un fait qu’il avoit fous les
yeux.
Mais comment s’alTurer de la verite parmi tant
de contradi&ions , foit dans la dodtrine des Au¬
teurs , foie dans l’ordre des faits qu’ils rappot;-
tent ? Par exemple le Tetracorde de Mercure
donne evidemment l’Odtave ou le Diapafon-
s y s:
25S
Comment done s’eft-il pu faire qu’apres I’acf
le grand S\Jlcme , le Syjieme parfait, immuable
par excellence : a caufe qu’entre ces extremites ,
qui formoient entr’elles une Confonnance parfai-
te, etoient contenues toutes les Conformances
fimpies , doubles , diredtes & renverfees , tous
les Syjiemes particuliers, & felon eux , les plus
grands Intervalles qui puiffent avoir lieu dans
la Melodic.
Ce Syjieme entier etoit compofe de quatre Te¬
tracordes 3 trois conjoints & un disjoint, & d’un
Tom de plus, qui fut ajoute au-delfous du tout
pour achever la double Qdtave ; d’ou la Corde
qui le formoit prit le nom de iroslambanomene on
S Y S.
Mi
A'Ajoutie. Cela n’auroit du , ce fenffle , pro¬
duce quequinze Sons dans le Genre Diatoni¬
que : il y en avoit pourtant feize. C’eft que la
disjondtion fe faifant fentir , tantot entre le fe-
cond & le troifieme Tetracorde , tant6t entre le
troifieme & le quatrieme , jl arrivoit , dans le
premier cas , qu’apres le Son la , le plus aigu
du fecond Tetracorde, fuivoit en montant le fi
naturel qui commenqoit le troilieme Tetracorde }
ou bien , dans le fecond cas , que ce me me Son
la commenqant lui-meme le troifieme Tetracor¬
de , etoit immediatement fuivi du ft Bemol: car
le premier Degre de chaque Tetracorde dans le
Genre Diatonique, etoit toujours d’un femi-Ton.
Cette difference produifoit done un feizieme Son
a caufe du ft qu’on avoit naturel d’un cote & Be¬
mol de i’autre. Les feize Sons etoient reprefen-
tes par dix-huit noms : e’eft - a - dire que Vut & le
re etant ou les Sons aigus ou les Sons moyens
du troifieme Tetracorde, felon ces deux cas de
disjondion , I’on donnoit a chacun de ces deux
Sons un nom qui determinoit fa polition.
Mais comme le Son fundamental varioit felon
le Mode, il s’en fuivoit pour le lieu qu’occupoit
chaque Mode dans le Syfteme total une differen¬
ce du grave a l’aigu qui multiplioit beaucoup les
Sons; car files divers Modes avoient plufieurs
Sons communs, ils en avoient aulfi de particu-*
liers a chacun ou a quelques-uns feulement. Ain-
fi, dans lefeul Genre Diatonique , l’etendue de
s y s:
246
fous les Sons admis dans les quinze Modes de*
nombres par Alipius ett de trois O&aves j & >
com'me la difference du Son fondamental de cha-
quc Mode a celui de fan voifin etoit feulement
d’un femi Ton , il eft evident que tout cet efpace
gradue de femi-Ton en femi-Ton produifoit, dans
JeDiagramme general, la quantite de 34 Sons pra¬
tiques dans la Mufique ancienne. Que li, dedui-
fant toutes les Repliques des memes Sons, on fe
renferme dans les bornes d’une Oftave, on la
trouvera divifee chromatiquement en douze Sons
differens comme dans la Mufique moderne. Cs
qui eft manifefte par l’infpedion des Tables mi-
fes par Meibomius a la tete de l’ouvrage d’Ali-
pius. Ces remarques font neceffaires pour guerir
1’erreur de ceux qui croient , fur la foi de qusl-
quesModernes , que la Mufique ancienne n’etoit
compofee cn tout que de feize Sons.
On trouvera ( PI. H Fig. 2.) une Table du
Syfleme general des Grecs pris dans un feul Mo¬
de & dans le Genre Diatonique. A 1’egard des
Genres Enharmonique & Chromarique , les Te-
tracordes s’y trouvoient bien divifes felon d’au-
tres proportions ; mais comme ils contenoient
toujours egalement quatre Sons & trois Interval-
les confecutifs , de meme que le Genre Diatoni¬
que , ces Sons portoient chacun dans leur Genre
le meme nom qui leur correfpondoit dans celui-
ci : c’eft pourquoi je ne donne point de Ta¬
bles particulieres pour chacun de ces Genres,
Les
s ys:
24s'
Les Curieux oourront confulter celle que Mei-
boraius a mifes a la tete de 1’ouvrage d’Ariftoxe-
ne. On y en trouvera fix j une pour le Genre
Enharmonique , trois pour le Chromatique , &
deux pour le Diatonique, felon les difpofitions
de chacun de ces Genres dans le Syjieme Arif-
toxenien.
Tel fut , dans fa perfection , le Syjieme gene¬
ral des Grecs ■, lequel demeura a-peu-pres dans
cet etat jufqu’a l’onzieme fieele; terns ou Gui
d’Arezzo y fit des changemens confiderables, 11
ajouta dans le has une nouvelle Corde qu’il ap-
pella Hypoproslambanomene , ou J'ous-Ajoutee , &
dans le haut un cinquieme Tetracorde , qu’il ap-
pella le Tetracorde des Suraigues. Outre cela „
i 1 invent'd, dit- 011 , le Bemol, neceifaire pour
diftinguer Ja deuxierne Corde d’un Tetracorde
conjoint d’avec la premiere Corde dumeme Te-
tracorde disjoint: c’eft-a-dire qu’il fixa cette
double fignification de la lettre B , que Saint
Gregoire, ava ntlui, aq&it deja afiigne a la No¬
te fi. Car puifqu’il eft certain que les Grecs
avoient, depuis long-terns , ces mernes conjonc-
tions & disjondtions de Tetracordes , & , par
confequent, des fignes pour en exprimer chaque
Degre dans ces deux differens cas 5 il s’en fuit
que ce n’etoit pas un nouveau Son introduit dans
le Syfleme par Gui, mais feulement un nouveau
nom qu’il donnoit a ce Son , reduifant ainfi a un
ffieme Degre ce qui en faifoit deux chez lea
To me XL Q.
s t s;
243
Grecs. II faut dire aufli de fes Hexacordes fubf-
titues a leurs Tetracordes que ce fut moins im
changement au Syfteme qu’a la methode, & que
tout celui qui en refultoit, etoit une autre ma-
niere de folfier les memes Sons. ( Voyez Gamme,
Muances, Solfier. )
On conqoit aifement que Pinvention du Con-
tre-point, a quelque Auteur qu’elle foit due , duS
bien-tot reculer encore les bornes de ce Syfteme.
Quatre Parties doiventavoir plus d’etendue qu’u-
ne feule. Le Syfteme fut fixe a quatre Octaves ,
& c’eftl’etendue du Clavier de toutes les ancien-
nes Orgues. Mais on s’eft enfin trouve gene par
des limites , quelque efpace qu’elles puflent con-
tenir; on les a franchies, on s’eft etendu en
haut & en bas> on a fait des Claviers a ravale-
ment j on a demanche fans celfe ; on a force les
Voix, & enfin l’on s’eft tant donne de carriere
a cet egard, que le Syfteme moderne n’a plus
d’autres bornes dans le haut que le chevalet du
Violon. Comrae on ne peut pas de meme de-
niancher pour defcendre, la plus bade Corde des
Bafl’es ordinaires ne palfe pas encore le Cftol ut:
mais on trouvera egalement le moyen de gagner
de ce cote-la en bailfant le Ton du Syfteme ge¬
neral : c’eft meme ce qu’011 a deja commence de
faire, & je tiens pour certain qu’en France le
Ton de l’Opera eft plus bas aujourd’hui qu’il ne
l’etoit du terns de Lully. Au contraire, celui de
la Mulique inftrumentale eft monte comrae en
s t s;
243
Ita lie, & ces differences commencent meme a
devenir affez fenfibles pour qu’on s’en apper-
qoive dans la pratique.
Voyez ( Flanche I. Fig. i.)une Table gene-
rale du grand Clavier a ravalement, & de tous
les Sons qui y font contenus dans l’etendue d@
cinq Odaves.
Systeme eft encore , ou une methode de cal-'
cul pour determiner les rapports des Sons admis
dans la Mufique, ou un ordre de fignes etablis
pour les exprimer. C’eft dansle premier fens que
les Aneiens diftinguoient le Syjlerne Pythagori-
cien & le Syjieme Ariftoxenien. (Voyez ces
mots.) C’eft dans le fecond que nous diftinguons
aujourd’hui le Syjiime de Gal , le Syjieme de
Sauveur, de Demos, da P. Souhaitfi, &c. deC-
quels il a ete parle au mot Note.
II faut remarquer que quelques-uns de ces
Syfiemes portent ce nora dans Pune & dans l’au-
tre acception ; comme celui de M. Sauveur, qui
donne a la fdis des regies pour determiner les
rapports des Sons, & des Notes pour les expri¬
mer ; comme on peut le voir dans les Memoires
de cet Auteur, repandus dans ceux de FAcade-
mie des Sciences. ( Voyez aufli les mots Meri-
de, Eptame'ride , De'ca.me'ride.)
Tel eft encore un autre Syjieme plus nouveau,
lequel etanc demeure manufcrit & deftine peut-
etre a n’etre jamais vu du Public en entier, vauc
la peine que nous en donnions ici l’extrait qui
Q.2
SYS.
244
nous a ete communique par PAuteur M. Roualls
de Boi/gelou , Conleiller au Grand-Confeil, de-
j'a cite dans quelques articles de ce Didlionnaire.
II s’agit premierement de determiner le rap¬
port exadt des Sons dans le Genre Diatonique
& dans le Chromatique; ce qui fe faifant d’une
maniere uniforme pour tous les Tons, fait par
confequent evanouir le Temperament.
Tout le Syfteme de M. de Boifgclou eft fom-
mairementrenferme dans les quatre formules que
je vais tranfcrire, apres avoir rappelle au Lec-
teur les regies etablies en divers endroits de ce
Didtionnaire fur la maniere de comparer & com-
pofer les Intervalles on les rapports qui les
expriment. On fe fouviendra done :
i. Quepour njouter un Intervallea un autre,
il faut en compofer les rapports. AinS , par
exemple , ajoutant la Quinte | , ala Quarte
on a A- , ou ~ } favoir POctave.
2. Que pour ajouter un Intervalle alui- me-
me, il ne faut qu’en doubler le rapport. Ainfl,
pour ajouter une Quinte a une autre Quinte, il
ne faut qu’elever le rapport de la Quint® a fa
2 1
feconde puiffance-= 4.
3 2
3- Que pour rapprocher ou fimplifier un In¬
tervalle redouble tel que celui-ci ±, il f u ffi t d’a-
jouter le petit nombre a lui-meme une ou pl u .
fieurs fois j e’eft-a-dire, d’abaifler les Odtaves
s y s:
24T
jufqu’a ce que les deux termes, etant auffi rap-
proches qu’il elt poffible , donnent un Intervalle
limple. Ainfl, de A faifant ~ , on a pour le pro-
duit de la Quinte redoublee le rapport du Ton
majeur.
J’ajouterai que dans ce Di&ionnaire j’ai tou-
jours expritne les rapports des Intervalles par
ceux des vibrations , au lieu que M. de Boifge-
lou les expritne par les longueurs des Cordes ,
ce qui rend fes exprefiions inverfes des mien-
ires. Ainfi, le rapport de la Quinte par les vi¬
brations etant ~ , eft f par les longueurs des
Cordes. Mais on va voir que ce rapport n’eft
qu’approche dans le Syjieme de M. de Boifge-
lou.
Void maintenant les quatre formules de cet
Auteur avec leur explication.
FORMULE S.
12/— yr + t = o.
izx — 5? + y = o.
7 f — 4 r + x = o.
yx — 4# + / = o.
EXPLICATION.
Rapport de l’Octave , . , 2 , : 1.
. 0-3
S Y S.
34-6
Rapport de la Quinte . . . n : r.
Rapport de la Quarte ... 2 : n.
Rapport de l’lntervaUe qui vient de Quin-
te n r . 2*.
Rapport de l’lntervalle qui vient de Quar¬
te. 2 s . n r .
*$*
r. Nombre de Quinte ou de Quarte de l’ln-
tervalle.
f. Nombre d’Odtaves combinees de l’llitervalle.
t. Nombre de lemi-Tons de l’lntervalle.
pc. Gradation diatonique de I’lntervalle ; c’eft-a-
dire, nombre des Secondes diatoniques ma-
jeures & mineures de l’lntervalle.
pc. _-f- i Gradation des termes d’ou I’ln ter vail©
tire fon nom.
4 -
Le premier cas de chaque formule a lieu ,
lorfque l’lntervalle vient de Quintes.
Le fecond cas de chaque formule a lieu , lorf¬
que l’lntervalle vient de Quartes.
Pour rendre ceciplus clair par des exemples,
commenqons par dormer des norns a chacune
des douze touches du Clavier.
Ces noms , dans l’arrangement du Clavier
propofe par M. de Boifgelou, (PL 1. Fig. 3.)
font les fuivans.
SYS, 247
XJt de re ma mi fa ft fol be la fa fi.
Tout Intervalle eft forme par la progrelfion
de Quintes ou par celle de Quartes, ramenees
a rOdtave. Par exemple , l’Intervalle fi ut eft
forme par cette progrelfion de f Quartes fi mi
la re fol ut , ou par cette progrelfion de 7 Quin-
tes fi fi de be ma fa fa ut.
De meme Pinter valle fa la eft forme par cette
progrelfion de 4 Quintes fa ut fol re la , ou
par cette progrelfion de 8 Quartes fa fa ma be
de fi fi mi la.
De ce que le rapport de tout Intervalle qui
vient de Quintes eft ttr. 2 s ., & que celui qui
vient de Quartes eft 2*: n Y ., il s’en fuit qu’on
a pour le rapport de Pinter valle fi ut , quand il
Yient dej Quartes, cette proportion 2s : n r :
2* : n r . Et li 1 ’Intervalley? ut vient de Quin¬
tes , on a cette proportion n r : 2 * : : n 7 : 2 + «
Void comment on prouve cette analogic.
Le nombre de Quartes , d’ou vient I’lnter-
valle fi ut , etant de f, le rapport de cet Intervalle
eft de 2 s : n r . , puifque le rapport de la
Quarte eft 2 : n.
Mais ce rapport 2 s : m 5 . defigneroit un Inter¬
valle de 2 s ferni-Tons; puifque chaque Quarte
a S femi-Tons , & que cet Intervalle a $ Quar¬
tes. Ainfi , POdlave n'ayantquei2 femi-Tons,
l'Intervalle fi ut palferoit deux Odaves.
CL4
S Y S.
'*48
Done pour que.l’lntervallej? ut ft bit moindre
que I’O&ave, il faut diminuer ce rapport 2 s :
n 5 , de deux O&aves ; c’eft-ivdire, du rapport
de 2 2 : 1. Ce qui fe fait par un rapport compo-
fe du rapport dired 2 s : n s , & du rapport I >
2 1 inverfe de celui 2 2 : 1 , en cette forte; 2 s
?< 1 : m X 2 Z : 2 s : 2 * n s :: 2 3 : « 5 .
Or, l’lntervalle fi ut venant de Quartes , foil
rapport, comme il a etc dit ci-devant, eft 2 s :
w. Done 2 s : n r . : : 2 3 : n s . Done s = 3 , &
Ainfi , reduifant les lettres du fecond cas de
chaque formule aux nombres correfbondans, on
a pour C, 7 s -4 y -a-=2i-20— 1=0.
&pour D, 7x-4/- s=J —4- 3 =o.
Lorfque ie meme Intervalie fi ut vient de Qiiin-
tes, il donne cette proportion n r : 2 s :: n 1 : 2 + .'
Ainfi , j’on a r = 7 , s = 4, & par conie-
quent , pour A de la premiere formule, 12/
* 7 r +t = 48 -45? + * == o ; & pour
B 12x —- fr + r = i 2 — f — 7 = o.
De meme l’lntervalle fa la venant de Quin-
tes donne cette proportion n r : 2 s : : M : , &
par confequent on ar = 4 & r = 2. Le meme
Intervalie venant de Quartes donne cette pro¬
portion 2 s : n r :: 2 s : « s , &c. Il feroit trop
long d’expliquer ici comment on peut trouver
les rapports & tout ee qui reganle les Interval-
les par le moyen des formules. Ce fera mettre
pn Lecteur attentif fur la route que de lui don-
SYS.
249
tier les valeurs de n & de fes puidances.
Valeurs des Puiflances de n.
n 4 = 5 , c’eft un fait d’experience.
Done n % = 2f. w 11 = i2f.
Valeurs precifes des tro s premieres PuiiTan-
ces de «.
4 _* 3 4 __
» = V i „ w== V 5 ,ii=: V 125.
Valeurs approchees des trois premieres Puif—
lances de «.
3 3 2 3 5 .
»/ = —, m 2 = ~ , m* = —
^ a 2 a J
Done le rapport f, qu’on a cru jufqu’ici etre
celui de la Quinte jufte, n’eft qu’un rapport
d’approximation, & donne ulie Quinte trop for¬
te , & de la le veritable principe du Tempera¬
ment qu’on ne peut appeller ainfi que par abus ,
puifque la Quinte doit etre foible pour btre jufte.
REMARQUE'S SUR LES INTERVALLES.
Un Intervalle d’un nombre donne de femi-
Tons, a toujours deux rapports differens; l’un
comme venant de Quintes, & l’autre comme
yenant de Quartes, Lafommedes deux valeurs
Q-f
SYS.
SfO
de r dans ces deux rapports egale 12, & la fora-'
me des deux valeurs de s egale 7. Celui des
deux rapports de Quintes ou de Quartes dans le-
quel r eft le plus petit, eft i’Intervalle diatoni-
que , l’autre eft l’lntervalle chromatique. Ainu ,
l’lntervall e fi ut, qui aces deux rapports, 2 3 :
& n 1 : 2 4 , eft un Intervalle diatonique com-
me venant de Quartes , & fon rapport eft 2 3 :
»z s ; mais ce meme Intervalle fi ut eft chromati¬
que comrae venant de Quintes, & fon rapport
eft jz 7 : 2 4 . parce que dans le premier cas r = 5
' eft moindre quer=7 du fecond cas.
Au contraire rintervalle fa la qui a ces deux
rapports u + : 2 l & 2 s : « s , eft diatonique dans
le premier cas oil il vient de Quintes, & chro¬
matique dans le fecond oil il vient de Quartes.
L’lntervalle fi ut, diatonique, eft une fecon-
de mineure : 1’fntervalle fi ut, chromatique , ou
plutot 1’Intervalle fi ft Diefe ( car alors ut eft
pris pour fi Diefe) eft un Uniifon fuperflu.
L’lntervalle fa la, diatonique , eft une Tier¬
ce majeure; l’lntervalle fa la , chromatique , ou
plutot llntervalle mi Diefe la, (car alors /a eft
pris comme mi Diefe ) eft une Qiiarte diminuee.
Ain(i des autres.
Il eft evident , i°. Qua chaque Intervalle
diatonique correfpond un Intervalle chromatique
d’un raeme nombre de femi-Tons & vice verfi.
Ces deux Interval]es de meme nombre de femi-
Tons , Tun diatonique & l’autre chromati-
SYS.
Bfl
ique , font appelles lutervalles correfpondans.
2°. Que quand la valeur de r eft egal a un
de ces nombres o, I , 2, 3, 4, 5, 6 , 1’In-
tervalle eft diatonique; foie que cet Intervalle
vienne de Quintes ou de Quartes ; mais que ft r
eft egal a un de ces nombres, (S', 7, g, 9,10,
II, 12 , l’Intervalle eft chromatique.
3 0 . Que lorfqu’r = 6 , l’lntervalle eft en
meme terns diatonique & chromatique , foit qu’il
vienne de Quintes ou de Quartes : te\s font les >
deux. Intervalles ft ft , appelle Triton, & fifa,
appelle Fauffe-Quinte; le Triton fa fi eft dans
le rapport rf : 2 3 . & vient de fix Quintes; la
Faulfe-Quinte ft fa eft dans le rapport 2 4 : n 6 &
vient de fix Quartes : oil Pon voit que dans les
deux cas on a r = 6 . Ainfi le Triton , comme
Intervalle diatonique, eft une Quarte-majeure ;
&, comme Intervalle chromatique , une Quarte
fuperflue : la Faufle-Quinte fi fa, comme Inter¬
valle diatonique, eft une Quinte mineure 5 com¬
me Intervalle chromatique , une Quinte dimi-
nuee. II n’y a que ces deux Intervalles & leurs
Repliques qui foient dans le cas d’etre en meme
terns diatoniques & chromatiques.
Les Intervalles diatoniques de meme nom ,
& confequemment de meme gradation, fe divi-
fent en majeurs & mineurs. Les Intervalles chro¬
matiques fe divifent en diminues & fuperflus. A
ehaque Intervalle diatonique mineur correfpond
?aa Intervalle chromatique fuperflu, & a ehaque
Intervals diatonique majeur correfpond un Iru
tervallc chromatique diminue.
Tout Intervalle en montant , qui vient de
Quintes, eft majeur ou diminue , felon que cet
Intervalle eft diatonique ou chromatique; & re-
ciproquement tout Intervalle majeur ou diminue
vient de Quintes.
Tout Intervalle en montant, qui vient de
Quartes, eft mineur ou fuperflu , felon que cet
Intervalle eft diatonique ou chromatique ; & vice
vsrfa tout Intervalle mineur ou fuperflu vient
de Quartes.
Ce feroit le contraire fi l’lntervalle etoit pris
en defeendant.
De deux Intervalles correipondans, e’eft-a-
dire, fun diatonique & i’autre chromatique, &
qui, par confequent, viennent Tun de Qiiintes
& V autre de Quartes, le plus grand eft celui qui
vient de Quartes , & il fu rpafle celui qui vient
de Quintes, quant ala gradation , d’une unite j
&, quant a l’intonation d’un Intervalle , dont
le rapport eft 2 7 : n 11 > e’eft-a-dire ,1285 12^.
Cet Intervalle eft la Seconds diminuee , appel¬
lee communement grand Comma ou Quart-de-
Ton; & voila la porte ouverte au Genre En-
harmonique.
Pour achever de mettre les Ledteurs fur la
voie des formules propres a perfe&ionner la
theorie de la Mufique, je tranferirai, ( Pi. I
Eg. 4. ) les deux Tables de progreffions drefiees
S Y S.
par M. de Boifgelou , par lefquelles on voit d’un
coup-d’oeil les rapports de ehaque Intervalle &
les puiffances des termes de ces rapports, felon
le nombre de Quartes ou de Quintes qui les
compofent.
On voit, dans ces formules, que les femi-
Tons font reellement les Intervalles pfimitifs &
elementaires qui compofent tous les autres; ce
qui a engage UAuteur a faire, pour ce meme
Syfteme , un change,ment confidetable dans les
caraderes , en divifant cbromatiquement la Por-
tee pat Intervalles ou Degres egaux & tous d’un
femi-Ton, au lieu que dans la Mufique ordinai¬
re chacun de ces Degres eft tantot un Comma ,
tantot un femi-Ton, tantot un Ton, & tantot
un Ton & demi; ce qui lailfe a Toeil l’equivo-
que & a 1’e/prit le doute de l’lntervalle , puif.
que les Degres etant les mernes, les Intervalles
font tantot les mernes & tantot differens.
Pour cette reforme il fuffit de faire la Portee
de dix Lignes au lieu de cinq & d’affigner a cha-
que Pofition une des douze Notes du Clavier
chromatique, ci-devant indique, felon l’ordre
de ces Notes, lefquelles reliant ainft toujours
les mernes , determinent leurs Intervalles avec
la derniere precifion & rendent abfolument inu¬
tiles tous les Diefes , Bernols ou Bequarres ,
dans quelque Ton qu’on puiife etre, & tant a la
Clef qu’accidentcllement. Voyez la Planche I ,
oil vous trouverez , Figure 6 , l’Ephelle chroma-
s y si'
2f4
tique fans Diefe ni Bemol; 8c, Figure 7 , FE-
che/ie Diatonique. Pour peu qu’on s’exerce fur
cette nouvelle maniere de noter & de lire la
Mufique , on fera furpris de la nettete, de la
finiplicite qu’elle donne a la Note, & de la fa-
cilite qu’elle apporte dans l’execution , fans qu’il
foit poffible d’y voir.aucun autre inconvenient:
que de remplir un peu plus d’efpace fur le pa¬
pier , & peut-etre de papilloter un peu aux yeux
dans les viteffes par la multitude des Lignes ,
fur-tout dans la Symphonic.
Mais comrae ce Syjleme de Notes eft abfo-
lument chromatique, il me paroit que c’eft un
inconvenient d’y lailfer fubfifter les denomina¬
tions des Degres diatoniques; & que, felon M.
de Boifgelou , ut re ne devroit pas etre une
Seconde , mais une Tierce: ni ut mi une Tier¬
ce , mais une Quinte; ni ut ut une Odave, mais
une Douzieme : puifque chaque femi-Ton for¬
mant reeliement un Deg re fur la Note , devroit
eti prendre auffi la denomination ; alors x -f- r
etant toujours egal a t dans les formules de cet
Auteur, ces formules fe trouveroient extreme-
ment fimplifiees. Du refte, ce Syjleme me pa¬
roit egalement profond & avantageux : il feroit
a defirer qu’il fut developpe & publie par 1 ’Au¬
teur, ou par quelque habile Theoricien.
Systeme , enfin, eft l’alfemblage des regies
de l’Harmonie , tirees de quelques principes
communs qui les raffemblent, qui forment ieur
SIS. 2?f
liaifon, defquels dies decoulent & par lefquels
on en rend raifon.-
Jufqu’a notre fiede l’Harmonie , nee fuccefli-
vement & comrae par hafard , n’a eu que des re¬
gies eparfes , etablies par Poreille, confirmees
par l’ufage , & qui paroiifoient abfolumenc arbi-
traires. M. Rameau eft le premier qui, par le
Syfieme de la Bafte-fondamentale , a donne des
principes a ces regies. Son Syfieme, fur lequel
ce DicUonnaite a etc compofe, s’y trouvant fuf-
fifamment developpe dans les ptincipaux Arti¬
cles, ne fera point expofe dans celui ci, qui
n’eft deja que trop long, & que ces repetitions
fuperflues aliongeroient encore a l’exces. D’ail-
ieurs, l’objet de cet ouvrage ne m’oblige pas
d’expofer tousles Syjtetnes , mais feulement de
bien expliquer ce que c’eft qu’un Syfieme , & d’e-
claircir au befoin cette explication par des
exemples. Ceux qui voudront voir le Syfttme de
M. Rameau , fi obfcur, fi diftus dans fes ecrits ,
expofe avec une clacte dont on ne l’auroit pas cru
fufceptible, pourront recourir aux elemens de
Mufique de M. d’Alembert.
M. Serre de Geneve, ayant trouve les prin¬
cipes de M. Rameau infuffifans ■ a bien des
egards, imagina un autre Syfieme fur le lien ,
dans lequel il pretend montrer que route l’Har-
monie porte fur une double Baffe fondamentale,
& com me cet Auteur, ayant voyage en Itaiie,
n’ignoroit pas les experiences de M. Tartini, il en
SYS.
556
compofa, en les joignant avec celles de M. Ra¬
meau , un Syjleme mixte , qu’il fit imprimer a
Paris en 17 s 3 , fous ce titre : Ejfais fur les Prin-
cipes de i’Harmonie , &c. La faciiite que chacun
a de confulter cet ouvrage, & l’avantage qu’on
trouve a le lire en entier, me difpenfent aufli
d’en rendre compte au public.
II n’en eft pas de meme de celui de l’illuftre
M. Tattini dont il me refte a parler ; lequel etant
ecrit en langue etrangere , fouvent profond &
toujours diftus , n’eft a portee d’etre confulte
que de peu de gens , dont meme la plupart font
rebates par l’obfciirite du Livre, avant d’en pou-
voir fentir les beautes. Je ferai, le pins brie-
vement qu’il me fera poftible, 1’extrait de cs
nouveau Syjleme, qui, s’il n’eft pas celui de
la Nature, eft au moins , de tous ceux qu’on a
publies jufqu’ici, celui dont le principe eft le plus
ftmple, & duquel toutes les loix de 1’Harmo-
nie paroiftent naitre le mo ins arbitrairement.
SYSTEME DE M. TARTINI.
II y a trois manieres de calculer les rapports
des Sons.'
I. En coupant fur le Monocorde la Corde en-
tiere en fes parties par des chevalets mobiles , les
vibrations ou les Sons feront en raifon inverfe
des longueurs de la Corde & de fes parties.
II. En tendant, par des poids inegaux, des
Cordes
S Y s; 2f7
Cordes egales, les Sons feront comme les raci-
lies quarrees des poids.
III. En tendant, par des poids egaux , des
Cordes egales en groffeur & inegales en lon¬
gueur , ou egales en longueur & inegales en grof¬
feur , les Sons feront en raifon inverfe des ra¬
tines quarrees de la dimenfion ou fe trouve la
difference.
En general les Sons font toujours entr’eux en
raifon inverfe des rae'mes cubiques des corps fo-
nores. Or, les Sons des Cordes s’alterent de
trois manieres : favoir , en alterant, ou la grof-
feur , c’eft-adire , le diametre de la groffeur; ou
la longueur, ou la tenfion. Si tout cela eft egal,
les Cordes font a fUnilfon. Si l’une de ces cho-,
fes feulement eft alteree , les Sons fuivent, en
raifon inverfe, les rapports des alterations. Si
deux ou toutes les trois font alterees, les Sons
font, en raifon inverfe , comme les racines des
rapports compofes des alterations. Tels font les
principes de tons les phenomenes qu’on obferve
en comparant les rapports des Sons & ceux des
dimenfions des corps fonores.
Ceci compris ; ayant mis les regitres conve-
nables , touchsz fur l’Orgue la pedale qui rend
la plus baffe Note marquee dans la Planche I
figure 7, toutes les autres Notes marquees au-
deffus refonneront en meme terns, & ce pendant
Vous n’entendrez que le Son le plus grave.
Les Sons de cette Seris confondus dans le Son
Tome XI. R
SYS.
Sfg
grave, formeront dans leurs rapports la fuite na-
turelie des fractions &c, laquelle
fuite eft en progreffion harmonique.
Cette meme Serie fera celle de Cordes ega-
les tenaues par des poids qui feroient corarae les
quarres } \ , &c. des memes frac¬
tions fufdites.
Et les Sons que rendroient ces Cordes font
les memes exprimes en Notes dans l’exemple.
! Ainfi done , tous les Sons qui font en progref¬
fion harmonique depuis Tunite , fe reuniffent
pour n’en former qu’un fenftble a l’oreille, &
tout le Syjleme harmonique fe trouve dans l’unite.
II n’y a , dans un Son quelconque , que fes
aliquotes qu’ii fa/Te refonner, parce que dans tou¬
ts autre fraction , corame feroit celie-ci il fc
trouve , apres la divifion de la Corde en parties
egales , un refte done les vibrations heurtent ,
arretent les vibrations des parties egales , & en
font reciproquement heurtees ; de forte que des
deux Sons qui en refuiteroient , Ie plus foible
eft detruit par le choc de tous les auttes.
Or , les aliquotes etant routes comprifes dans
]a Serie des fractions j i j + , &c. ci - devant
donnee, chacune de ces aliquotes eft ce que M.
Tartini appelle Unite ou Monade harmonique*
du concours defquelles refulte un Son. Ainfi'’
toute l’Harmonie etant neceflairement comprife
entre la Monade ou l’unite compofante & le Son
' plein ou l’unite compofee, il s’enfuit que l’Har-
S Y S.
tnonie a , des deux c6tes , l’unite pour terme,
& confide effentiellement dans 1’unite.
L’experience fuivante, qui fert de principe a
toute l’Harmonie artificielle, met encore cette
verite dans un plus grand jour.
Toutes les fois que deux Sons forts , juftes
&foutenus, fe font entendre au metne inftant,
il refulte de leur choc un troifieme Son , plus
©u moms fenfible , a proportion de la timplicite
du rapport des deux premiers & de la fineffe
d’oteille des ecoutans.
Pour rendre cette experience auffi fenfible
qu’il eft poifible , il faut placer deux Hautbois
bien d’Accord a quelques pas d’Intervalle , & fe
mettre entre deux , a egale didance de fun &
de 1’autre. A defaut de Hautbois, on peut pren¬
dre deux Violons, qui, bien que le Son en foit
moins fort, peuvent, en touchant avec force &
jufteffe , fuffire pour faire diftinguer le troifie¬
me Son.
La produ&ioii de ce troifiemeSon , par cha-
cune de nos Conformances , eft telle que la
montre la Table , ( Fl. I Fig. 8- ) & l’on peut
la pourfuivre au-dela des Conformances, par
tous les intervalles reprefentes par les aliquotes
de l'unite.
L’Ocftave n’en donne aucun, & c’eft le leul
lutervalle excepte.
La Quinte donne PUnilfon du Son grave,
Lailion qu’avec de l’attention i’on ne laifle pas
de diftinguer, K 3
260
SYS.
Les troifiemes Sons produits par les autre*
Intervalles, font tous au grave.
La Qnarte donne l’Octave du Son aigu.
La Tierce majeure donne l’O&ave du Sod
grave, & la Sixte mineure, qui en eft renver-
fee, donne la double Odtave du Son aigu.
La Tierce mineure donne laDixieme Majeure
du Son grave ; mais la Sixte majeure, qui en
eft renverfee , ne donne que la Dixieme majeure
du Son aigu.
Le Ton majeur donne la Quinzieme ou dou-
ble-Odtave du Son grave.
Le Tonmineur donne la Dix-feptieme, oula
double-Ocftave dela Tierce majeure du Son aigu.
Le femi-Ton majeur donne la Vingt-deuxie-
aie ou triple-Ociave du Son aigu.
Enfin , le femi-Ton rnineur donne ,1a Vingfc-
fixieme du Son grave.
On voit, par la comparaifon des quatre der-
niers Intervalles , qu’un changement peu fenfi-
ble dans I’lutervalie change tres-fenfiblement le
Son produit ou fondamental. Ainfi , dans le Ton
majeur, rapprochez lTntervalle en abaiffant le
Son fuperieur ou elevan.t l’inferieur feulement
d’un |° : auffi- tot le Son produit montera d’un
Ton. Faites la meme operation fur le femi-Toa
majeur, & le Son produit defcendra d’un®
Qiiinte.
Quoique la produdlion du troifieme Son ne fe
borne pas a ces Intervalles, nos Notes n’en
pouvant exprimer de plus compofe, il eft, pour
le prefent , inutile d’aller au-dela de ceux-ci.
On voit dans la fuite reguliere desConfon-
nances qui compofent cette Table , qu’elles fe
rapportent toutes a une bafe commune & pro-
duifent toutes exa&ement le meme troifieme
Son.
Voila done, par ce nouveau phenomene, une
demonftration pbylique de l’Unite du principe
de 1’Harmonic.
Dans les Sciences Phyfico-Mathematiques tel-
les que la Mufique , les demonftrations doivent
bien etre geometriques; mais deduites phyfique-
ment de la chofe demontree. C’eft alors feule-
raent que l’union du calcul a la Phyfique four-
nit , dans les verites etablies fur 1’experience &
demontrees geometriquement, les vrais princi-
p£S de I’Art. Autrement la Geometric feule don-
nera des Theoremes certains, mais fans ufage
dans la pratique: la Phyfique donnera des fails
particuliers, mais ifoles , fans liaifon entr’eux
& fans aucune ioi generate.
Le principe phyfique de PHarraonie eft un ,
comme nous venons de le voir, & fe refout
dans la proportion harmonique. Or, ces deux
proprietes conviennent au cercle; car nous ver-
rons bien-tot qu’on y retrouve les deux unites
extremes de la Monade & du Son ; & , quant
a la proportion harmonique, elle s’y trouve
R 3
262
ST S.
auili; puifque dans quelque point C, ( PI. I Figl
9 .) que 1’on coupe inegalement le Diametre A B,
le quarre de 1’Ordonnee C D fera moyen pro-
portionnel harmonique entre les deux rectangles
des parties A C & C B du Diametre par le rayon ;
propriete qui fuffit pour etabiir la nature harmo¬
nique du Cercle. Car, bien que les Ordonnees
foient moyennes geometriques entre les parties
du Diametre , les quarres de ces Ordonnees
etant moyens harmoniques entre les rectangles,
leurs rapports reprefentent d’autant plus exade-
ment ceux des Cordes fonores , que les rapports
de ces Cordes ou des poids tendans font aufla
comme les quarres , tandis que les Sons font
coin me les racines.
Mainrenant, du Diametre A B , (PI. I Fig. 10 .)
divife felon la Serie des fradions £ j ~ j.~ , ]§£.
poelles font en oronrellion bar;pcniCue , foient
tirees les Ordonnees C, C C; G, GG ; c,cc;
e, : e si & g , gg.
Le Diametre reprefente une Corde Ihnore 3
qui, divjfee en merries raifons, donne les Sons
indiques dans l’exemple O de la meme Blanche >
Figure 11 •
Pour eviter les fradions, donnons 60 parties
au Diametre , les Sedions contiendront ces nora-
bres entiers B C
20 ; B c === j
S= j = 10.
Z
?0; B ^
15 j Be
i
i r £ j£f
Bes points ou les Ordonnees eonpent le Cer-
cle, tirons de part & d’autre des Cordes auxi
deux extremites du Diametre. La fomme du quar-
re de chaque Corde & du quarre. de la Corde cor-
refpondante, que j’appelle fon complement, fera
toujours egale au quarre du Diametre. Le& quar-
res des Cordes feront entr’eux comme les Abfcif-
fes correfpondantes , par confequent auffi en pro-
greffion harmonique , & reprefenteront de meme
l’exemple O, al’exeeption du premier Son.
Les quarres des Complemens de ces memes
Cordes feront entr’eux comme les Complemens
des AbfciiTes au Diametre, par confequent dans
les raifons fuivantes :
Sc reprefenteront les Sons de Te'tfdmple P ; fur
lequel on doit remarquer en paifant , que cet
exemple, compare au fuivant Q_ & au precedent
O , donne le fondeinent naturel de la regie des
mouyemens eontraires.
R. 4
s y s:
t6/f
Les quarres des Ordonnees feront au quarre
3500 du Diametre dans les raifons fuivantes :
& reprefenteront les Sons de I’exemple Q.
Or, cette derniere Serie, qui n’a point d’h o-
mologue dans les divifions du Diametre , &fans
laquelie on ne faurojt pourtant completer le Syf-
teme harmonique, montre la neceflite de cher-
cher dans les proprietes du Cercle les vrais fon-
demens du Syfierne , qu’on ne peut trouver, ni
dans la ligne droite, ni dans les feuls norabres
abftraits.
Je palfe a defTein toutes les auttes propofi.
tions de M. Tartini fur la nature arithmetique,
harmonique & geometrique du Cercle , de merae
que fur les bornes de la Serie harmonique dort-
SYS.
26 Y
Bee par la raifon fextuple 5 paree que fes preu-
ves enoncees feulement en chiffres , n’ecablid
fe nt aucune demonftration generale ; que , de
plus, comparant fouvent des grandeurs hetero¬
genes , il trouve des proportions ou Ton ne
fauroit merne voir de rapport. Ainfi, quand il
croit prouver que le quarre d’une ligne eft moyen
proportionnel d’une telle raifon, il ne prouve
autre chofe , finon que tel norabre eft moyen
proportionnel entre deux tels autres nombres :
car les furfaces & les nombres abftraits n’etant
point de merae nature, ne peuvent fe compa¬
rer. M. Tartini fent cette difficulte, & s’effor-
ce de la prevenir ; on peut voir fes raifonne-
mens dans fon Livre.
Cette theorie e'tablie , il s’agit maintenant
d’en deduire les faits donnes, & les regies de
J’Art Harmonique.
L’Odave qui n’engendre aucun Son fonda-
tnental, n’etant point elfentielle a 1’Harmonie,
peut etre retranchee des parties conftitutives de
1’Accord. Ainfi , 1’Accord , reduit a fa plus grande
fimplicite , doit etre confidere fans elle. Alors
il eft compofe feulement de ces trois termes
J j f, lefquels font en proportion harmonique,
& ou les deux Monades j f font les feuls vrais
elemens de l’Unite fonore, qui porte le nora
d’Accord parfait : car , la fraction \ eft ele.
ment de I’Odave {, & la fradion ^ eft Odave
h !a Monads y.
R t.
Cet Acctfrd parfait , I y ~ , produit par una
feule Corde & dont les termes font en. propor¬
tion harmonique , eft la loi generate de la Na¬
ture, qui fert de bafe a toutes la fcience des
Sons , loi que la Phyfique peut tenter d’expli-
quer, mais dont 1’explication eft inutile aux re¬
gies de l’Harmonie.
Les calculs des Cordes & des poids tendans
fervent a donner en nombre les rapports des
Sons qu’on ne peut confiderer comme des quan¬
tity qu’a la faveur de ces calculs. *
Le troifieme Son, engendre par le concours
de deux autres, eft comme le produit de leurs
quantites ; & quand , dans une cathegorie com¬
mune , ce troifieme Son fe trouve toujours la
tnenie, quoiqu’engendre par des Intervalles dif-
fererts, c’eft que les produits des generateurs
font eg aux entr’eux.
Ceci fe deduit manifeftement des proportions
pr ecedentes.
Quel eft, par exemple , le troifieme Son qui
refulte de C B & de G B ? ( Pi. I Fig. io. ) Gteft
rUnilfon de C B. Pourquoi ? Paree que , dans
les deux proportions harmoniques dont les quar-
res des deux Ordonnees C, CC, & G,GG»
font moyens proportionnels , les fommes des
extremes font egales entr’elles , & par confe-
quent produifent le meme Sort commun C B , ou
C, CC.
En effefc, la fomme des deux re&angles d$
s y §:
2,67
B C par C, C C , & de AC par C , C C , eft
eg ale a la fomme des deux rectangles de BG par
C, CC & de GA par C, CC ; car chacune
de ces deux fomroes eit egale a deux fois lc
quarre du rayon. D’ou il fuic que le Son C, C C
ou CB, doit etre commun aux deux Cordes ,
or , ce Son eft preeifement la Note Q_de l’exem-
ple O.
Quelques Ordonnees que vous puiffiez pren¬
dre dans le Cercle pour les comparer deux a
deux, ou merae trois a trois , elles engcndre-
ront toujours le meme troifieme Son reprefente
par la Note Q_; parce que les rectangles des
deux parties du Diametre par le rayon donne-
ront toujours des fommes c gales.
Mais J’O&ave XQ_ n’engendre que des Har-
Jnoniques a l’aigu , & point de Son fondamenta!,
parce qu’on ne peut elever d’Ordonnee fur Bex-
tremite du Diametre , & que par confequent le
Diametre & le rayon ne lauroient, dans leurs
proportions harmoniques , avoir aucun produifc
commun.
Au lieu de divifer harmoniquement le Diame¬
tre par les fractions qui donnent le
Syfttme naturel de BAccord majeur, fi on le
divife arithmetiquemerit en fix parties egales,
on aura le Syfleme de l’Accord majeur renverfe ,
& ce renverfemCnt dorinc exadtement l’Accorcl
fflineur : car ( PL I Fig. 12. ) une de ces par-
fies donnera la Dix - neuvieme , c’eft - a - dire *■
268
SYS.
la double Odlav# de la Quinte ; deux donneront
ja Douzieme , ou l’Odtave de la Quinte ; trois
donneront I’O&ave, quatre la Quinte , & cinq
la Tierce mineure.
Mais fi-tot qu’uniflant deux de ces Sons,
on cherchera le troifieme Sbn qu’ils engendrent,
ces deux Sons fimukanes , au lieu du Son C ,
(Figure 13,) ne produiront jamais pour Fonda-
mentale, que le Son Eb ? ce qui prouve que ,
ni P Accord mineur , ni fon Mode , ne font don-
nes par la Nature. Que fi l’on fait confonnet
deux ou plufieurs -lntervalles de 1’Accord mi¬
neur, les Sons fondamentaux fe multiplieront;
&, relativement a ces Sons , on entendra plu¬
fieurs Accords majeurs a la fois , fans aucun
Accord mineur.
Ainfi, par experience faite en prefence de
huit celebres ProfeiTeurs de Mufique , deux
Hautbois & un Violon , fonnant enfemble les
Notes blanches marquees dans la Portee A ,
( PI. G Fig. f ) on entendoit diftin&ement les
Sons marques en noir dans la meme Figure >
favoir, ceux qui font marques a part dans la
Portee B pour les lntervalles qui font au-deflus.
& ceux marques dans la Portee C , aufli pour
les lntervalles qui font au-deffus.
En jugeant de l’horrible cacophonie qui de-
voit refulter de cet enfemble, on doit conclure
que toute Mufique en Mode mineur feroit infup-
psrtable a l’oreille , fi les lntervalles etoient af-
SYS.
269
fez juftes & les Inftrumens alfez forts pour ren-
dre les Sons engendres auffi fenfibles que les
generateurs.
On me permettra de remarquer en paflant,
que 1’inverfe de deux Modes, marquee dans la
Figure 13 , ne fe borne pas a l’Accord fonda-
mental qui les conftitue , mais qu’on peut l’e-
tendre a touts la fuite d’un Chant & d’une Har-
monie qui, notes en fens dired dans le Mode
majeur, lorfqu’on renverfe le papier & qu’on
met des Clefs a la fin des Lignes devenues le
commencement, prefente a rebours une autre
fuite de Chant & d’Harmonie en Mode mineur,
exadement inverfe de la premiere ou les Balfes
deviennent les DelTus, & vice verfa. C’eft ici
la Clef de la maniere de compofer ces doubles
Canons dont j’ai parle au mot Canon. M. Serre,
ci-devant cite, lequel a tres-bien expofe dans
fon Livre cette. curiofite harmonique, annonce
une Symphonie de cette efpece, compofee par
M; de Morambert, qui avoit du la faire graver :
c’etoit mieux fait allurement que de la faire
executer. Une compolition de cette nature doit
etre meilleure a prefenter aux yeux qu’aux oreil-
les.
•
Nous venons de voir que de la division har-
monique du Diametre refulte le Mode majeur,
& de la divilion arithmetique le Mode mineur.
C’eft d’ailleurs un fait connu de tous les Theo-
ticieas , que les rapports de 1’Accord minsur f«
SYS.
270
trouvent dans la divifion arithmetique de la
Quince. Pour trouver le premier fondement du
Mode mineuf dans le Syfleme harmonique , il
fuffit done de montrer dans ce Syfleme la divi¬
fion arithmetique de la Quinte.
Tout le Syfleme harmonique eft fonde fur la
faifon double, rapport de la Corde entiere a
lbn Octave , ou du Diametrc au rayon ; & fur
la raifon fefquialtere qui donne le premier Son
harmonique ou fondamental auquel fe rappor-
tent tous les autres.
Or, Ci , ( Pi. I Fig. 11.) dans la raifon dou¬
ble on compare fucceffivement la deuxieme Note
G, & la troiiieme F de la Serie P au Son fun¬
damental Q_, & a foil Octave grave qui eft la.
Corde entiere, on trouvera que la premiere eft
moyenne harmonique, & la feconde moyenne
arithmetique entre ces deux termes.
De meme, fi dans la raifon fefquialtere on
compare fucceftivement la quatrieme Notee, &
la cinquieme eb de la meme Serie & la Corde
entiere & a fa Quinte G , on trouvera que la
quatrieme e eft moyenne harmonique, & la cin¬
quieme e b moyenne arithmetique entre les deux
termes de cette Quinte. Done le Mode mineur
etant fonde fur la divifion arithmetique de la
Quinte, & la Note e b prife dans la Serie des
Complemens du Syfleme harmonique donnant
cette divifion , le Mode mineur eft for\de fur
sette Note dans le Syfleme harmonique.
SYS.
271
Apres avoir trouve toutes les Confonnances
dans la divifion harmonique du Diametre don-
nee par l’exemple O, le Mode majeur dans l’or-
dre diredt de ces Confonnaces , le Mode rai-
neur dans leur ordre retrograde, & dans leurs
Complemens reprelentes par l’exemple P , il
nous refte a examiner le troifieme exemple Q_,
qui exprime en Notes les rapports des quarres
des Ordonnees , & qui donne le Syfteme des
Diffonnances.
Si Ton joint, par Accords fimultanes , c’eft-
a- dire , par Confonnances, leslntervalles fuccef-
fifs de Pexemple O , comme on a fait dans la
Figure 8- meme Blanche, l ’on trouvera que quar¬
ter les Ordonnees , c’eft doubter 1 ’Intervalle
qn’elles reprefentent. AinG , ajoutant un troi¬
fieme Son qui reprefente le quarre , ce Son ajou-
te doublera toujours l’lntervalle de la Confon-
nance, comme on le voit Figure 4. de la Blan¬
che G.
Ainfi , ( Bl. I Fig . 11.) la premiere Note K
de l’exemple Q, double l’O&ave, premier Inter¬
vals de l’exemple O ; la deuxieme Note L dou¬
ble la Quinte , fecond Intervals ; la troifieme
Note M double la Quarte , troifieme Intervals ,
&c. & c’eli ce doublement d’lntervalles qu’expri¬
me la Figure 4. de la -Blanche G.
LaiiTant a part l’Odlave du premier Interval-
le, qui, n’engendrant aucun Son fondamental,
ne doit point palter pour harmonique, la Note
SYS.
272
ajoutee L forme, avec les deux qui font au-
delfous d’elle, mie proportion continue geome-
trique en raifon fefquialtere ; & , les fuivantes ,
aoublant toujours les Intervalles , forment aufll
toujours des proportions geometriques.
p Mais les proportions & progreflions harmoni-
que & arithmetique qui conftituent le Syjleme
confonnant majeur & mineur font oppofees, par
leur nature, a la progreffiongeomettique ; puifi-
que celle - ci refulte effentiellement des memes
rapports, & les autres de rapports toujoursdif-
ferens. Done, files deux proportions harmoni-
que & arithmetique font confonnantes , la pro-
' portion'geometrique fera diffonnante neceffaire-
, ment, & , par confequent, le Syjleme qui reful¬
te de l’exemple Q_, fera le Syjleme des Ditfonnaiu
ces. Mais ce SyUeme tire des quarres des Ordon-
«ees eft lie aux deux precedens tires des quar¬
res des Cor des. Done le Syjleme diffonnant eft
lie de meme au SyUeme univerfel harmonique.
11 fuit de-la : i°. Que tout Accord fera dif-
fonnant lorfqu’il contiendra deux Intervalles
femblables, autres que I’O&ave j foit que ces
deux Intervalles fe trouvent conjoints ou fepa-
res dans 1’Accord. 2°. Que de ces deux Inter¬
valles , celui qui appartiendra au Syjleme har-
monique ou arithmetique fera confonnant & l’au-
tre diffonnant. Ainfi, dans les deux exemples
S. T. a’Accords diflonnans, ( Pi. G Fig. 6. ) les
Intervalles G C & c e font confonnans , & les
Interval le_s CF & eg diffonnans. En
SYS.'
273
En rapportant maintenanfc chaque terrae de la
Serie dilfonnante au Son fondamental ou engen-
dre C de la Serie harmonique , on trouvera que
les Diflonnances qui refulteront de ce rapport
ferontles fuivantes , & les feules diredtes qu’on
puilfe etablir fur le Syfttime harmonique.
I. La premiere eft la Neuvieme ou double
Quinte L. ( Fig. 4. )
II. La feconde eft l’Onzieme qu’il ne faut
pas confondre avec la fimple Quarte, attendu
que la premiere Quaere ou Quarte fimple G G
etant dans le Syjieme harmonique particular eft
confonnante , ce que n’eft pas la deuxieme Quar¬
te ou Onzieme C M , etrangere a ce merne
Syjieme.
III. La troifieine eft la Douzieme ou Quinte
fuperflue que M. Tartini appelle Accord de nou-
velle invention , ou parce qu’il en a le premier
trouve le principe , ou parce que l’Accord fen-
fible fur la Mediante en Mode mineur , que
nous appellons Quinte fuperflue , n’a jamais ete
admis en Italie a caufe de fon horrible durete.
Voyez ( Pi. K Fig. 3.) la pratique de cet Ac¬
cord a la Franqoife , & ( Figure 5.) la pratique
du merne Accord a PItalienne.
Avant que d’achever l’enumeration cotnmen-
cee , je dois remarquer que la metre diftinction
des deux Quartes , confonnante & dilfonnante ,
que j’ai faite ci - devant, fe doit entendre ds
Tome XL S
574 S Y^.
merne des deux Tierces majeures de cet Accord
& des deux Tierces mineures de l’Accord fuivant.
IV. La quatrieme & derniere Dilfonnance
donneepar la Serie, eft la Quatorzieme H, ( Pi.
G. Fig. 4. ) c’eft-a-dire , l’Odtave de la Septie-
nie; Quatorzieme qu’on ne reduit au fimple que
par licence & felon le droit qu’on s’eft attribue
dans l’ufage de confondre indifferemment les
Qdaves.
Si le Syfleme diffonnant fe deduit du Syftema
harmonique , les regies de preparer & fauver les
DiiTonnances ne s’en deduifent pas moins , &
l’on voit, dans la Serie harmonique & confon-
nante , la preparation de tous les Sons de la
Serie arithmetique. En eifet , comparant les
trois Series O P Q_, on trouve toujours dans
la progreflion fuccelftve des Sons de la Serie O ,
non-feulement, comme on vient de voir , les
raifons limples qui, doublees , donnent les Sons
de la Serie Q_, mais encore les memos Inter-
Valles que forment entr’eux les Sons des deux
P & Q. De forte que la Serie O prepare tou¬
jours anterieurement ce que donnent enfuite les
deux Series P & Q.
Ainfi,’le premier Intervalle de la Serie O,
eft celui de la Corde avuide a Ton Oftave , &
I’O&ave eft aulfi l’lntervalle ou Accord que don-
ne le premier Son de la Serie Q_, cempare an
premier Son de la Serie P.
De meme, le fecond Intervalle de la Serif
SYS.
27 ?
D, fcornptant toujours de la Corde entiere) eft
uneDouzieme ; Flntervalle ou Accord du fecond
Son de la Serie CL, compare au fecond Son de
la Serie P, eft aufli une Douzieme. Le troi-
fieme, de part & d’autre, eft une double Odave,
& ainfi de fuite.
De plus, fi Ton compare la Serie P a la Corde
entiere, (Pi. K Fig. 6,) on trorvera exade-
ment les memes Intervalles que donne anterieu-
rement la Serie O, favoir Octave , Quinte ,
Quarte , Tierce majeure , & Tierce mineure.
D’ou il fuit que la Serie harmonique particu-
liere donne avec precifion , non - feulement
fexemplaire & le modele des deux Series, arith*
metique & geometrique, qu’elle engendre , &
qui completent avec elle le Syfleme harmoni¬
que univerfeL; mais aulli prefcrit a Pune l’ordre
de fes Sons , & prepare a l’autre l’emploi de fes
DiiTonnances.
Cette preparation, donnee par la Serie har-
monique, eft exadement la meme qui eft eta-
blie dans la pratique: car la Neuvieme, dou¬
blee de la Quinte, fe prepare aulli par un mou-
vement de Quinte 3 POnzieme, doublee de la
Quarte, fe prepare par un mouvement de Quar¬
te ■, la Douzieme ou Quinte-fuperflue, doubles
4e la Tierce majeure , fe prepare par un mou¬
vement de Tierce majeure ; enfin la Quatorzie-
jne ou la Faulfe - Quinte, doublee de la Tiercs
S %
£7 S Y S’
mineure, fe prepare auill par un mouvement de
Tierce mineure.
II eft vrai qu’il ne faut pas chercher ces pre¬
parations dans des marches appellees fondamen-
tales dans le Syfieme de M. Rameau , mais qui
ne font pas telles dans celui de M. Tartini; &
il eft vrai encore qu’on prepare les memes Dif-
fonnances de beaucoup d'autres manieres , foit
par des renverfemens d’Harmonie , foit par des
Baffes fubftitueesmais tout decoule toujours
du meme principe, & ce n’eft pas ici le lieu
d’entrer dans le detail des regies.
Celle de refoudre & fauver les Diifonnances
nait du meme principe que leur preparation : car
comme chaque Dilfonnance eft preparee par le
rapport antecedent du Syfieme harmonique, de
meme elle eft fauvee par le rapport eonfequent
du meme Syfieme.
Ainfi, dans la Serie harmonique le rapport
J ou le progres de Quinte etant celui dont la
Neuvieme eft preparee & doublee, le rapport
fuivant | ou progres de Quarte , eft celui dont
cette meme Neuvieme doit etre fauvee : la Neu¬
vieme doit done defeendre d’un Degre pour Ve¬
nn: chercher dans la Serie harmonique PUnifTon
de ce deuxieme progres , & par eonfequent l’Oc-
tave du Son fondamental, PL G Fig. 7.
En fuivant la meme methode , on trouvera
que FOnzieme F doit defeendre de meme (Pun
SYS.
® 7 ?
Degre fur l’Unilfon E de la Serie harmonique
felon le rapport correfpondant ~, que la Dou-
zierae ou Quinte fuperflue G Diefe doit redef-
cendre fur le meme G naturel felon le rapport
£; ou l’on voitla raifon jufqu’ici tout-a-fait igno-
ree, pourquoi la Balfe doit monter pour pre¬
parer les Diifonnances, & pourquoi le DeiTus
doit defcendre pour les fauver. On pent remar-
quer auffi. que la Septieme qui, dans le Syfteme
de M. Rameau , eft la premiere & prefque l’uni-
que Diffonnance, eft la derniere en rang dans
celui de M. Tartini; tant il faut que ces deux
Auteurs foient oppofes en toute chofe !
Si l’on a bien compris les generations & ana¬
logies des trois Ordres ou Syflernes , tous fondes
fur le premier, donne par la Nature, & tous
reprefentes par les parties du cercle ou par leurs
puilfances , on trouvera i\ Queie Syfteme har¬
monique particulier, qui donne le Mode ma-
jeur , eft produit par la divifion fextuple en
progreftion harmonique du Diametre ou de la
Corde entiere, conlideree coaime l’unite. 2°. Que
le Syfteme arithmetique , d’ou refulte le Mode
mineur , eft produit par la Serie arithmetique
des Complemens , prenant le moindre terme
pour Funite, & l’elevant de terme en terme
jufqu’a la raifon fextuple , qui donne enfin
le Diametre ou la Corde entiere. 3 0 . Que le
Syfteme geometrique ou diiforinant eft auffi tire
du Syfteme harmonique particulier , en doublant
S ?
$ r s.
278
]a raifon de chaque Intervalle; d’ou il fuit que
]e Syfame harmonique du Mode majeur , le feul
immediatement donne par la Nature, fert de
principe & de fondement aux deux autres.
Par ce qui a ete dit jufqu’ici, on voit que le
Syfteme harmonique n’eft point compofe de par¬
ties qui fe reuniflent pour former un tout ; mais
qu’au contraire , c’eft de la divifion du tout ou
de l’unite integrate que fe tirent les parties •,
que l 1 Accord ne fe forme point des Sons , mais
qu’il les donne ; & qu’enfin par-tout ou le Syfte-
r,ie harmonique a lieu , l’Harmonie ne derive
point de la Melodie , mais la Melodie de l’Har-
inonie.
Les elemens de la Melodie diatonique font
contenus dans les Degres fucceflifs de I’Echelle
ou O&ave commune du Mode majeur comrnen-
qantpar C, de laquelle fe tire aufti 1’Echelle du
Mode mineur commenqant par A.
Cette Echelle n’etant pas exacftement dans
l’ordre des aliquotes , n’eft pas non plus celle
que donnent les divisions naturelles des Cors ,
Trompettes marines & autres Inftrumens fem-
blables, comme on peut le voir dans la Figure
I. de la Planche K, par la comparaifon de ces
deux Echelles , comparaifon qui montre en meme
terns la caufe des Tons faux donnes par ces Inf.
trumens. Cependant l’Echelle commune, pour
n’etre pas d’accord avec la Serie des aliquotes ,
n’en a pas moins une origine phyfique & natu-
relle qu’il faut developper.
SYS.
279
La portion de la premiere Serie O, (PI. I.
Fig. 10. ) qui determine le Syfteme harmonique
eft la fefquialtere ou Qjainte CG; c’eft-a-dire
I’Odave harmoniquement divifee. Or , les deux
termes qui correfpondent a ceux-la dans la Serie
P des Complemens, ( Fig. ir.) font les Notes
G F. Ces deux Cordes font moyennes ‘ l’une
harmonique, & l’autre arithmetique entre la
Corde entiere & fa moitie, ou entre le Diame-
tre & le rayon, & ces deux moyennes G & F
fe vapportant toutes deux a la meme Fondamen-
tale , determinent le Ton & meme le Mode,
puifque la proportion harmonique y domine &
qu’elles paroilTent avant la generation du Mode
mineur : n’ayant done d’autre loi que celle qui
eft determinee par la Serie harmonique dont el-
les derivent, elles doivent en porter l’une &
1 ’autre le caradere ; favoir , l’Accord parfait
majeur compofe de Tierce majeure & de Quinte.
Si done on rapporte & range fucceilivement,
felon 1 ’ordre le plus rapproche, les Notes qui
conftituent ces trois Accords, on auratres-exac-
tement, tant en Notes muficaies qu’en rapports
numeriques, l’Odave ou Echelle Diatonique or¬
dinaire rigoureufement etablie.
En Notes, la chofe eft evidente par la feule
operation.
En rapports numeriques, cela fe prouve pref.
que auffi facilement: car fuppofant 360 pour la
longueur de la Garde entiere, ces trois Notes
S 4
SYS.
28 o
C, G, F, feront comme 180 , 240, 270 ; leurs
Accords feront comme dans la Figure 8. Flan-
eke G , & l’Echelle entiere qui s’en deduit,
fera dans les rapports marques Planche K Figure
2 ; oil Fon voit que tous les Intervalles font
juftes , excepte i’Accord parfait D FA , dans
lequel la Qiiinte D A elt f ible d’un Comma de
merne que la Tierce mineure D F , a eaufe du
Ton mineur D E •, mais dans tout Syfteme ce
defaut ou l’equivalent eft inevitable.
Quant aux autres alterations que la neceffite
d’employer les memes touches en divers Tons
introduit dans notre Echelle , voyez Tempe'-
RAMENT.
L’Echelle une fois etablie, le principal ufage
des trois Notes C , G, F, dont elle eft dree ,
eft la formation des Cadences , qui , donnant un
progres des Notes fondamentales de l’une a l’au-
tre, font la baife de toute la Modulation. G,
ecant moyen harmonique , & F moyen arithme-
tique entre les deux termes de 1’Oclave , le pat
fage du moyen a Fextreme forme une Cadence
qui tire fon nom du moyen qui la produit. G C
eft done une Cadence harmonique , F C une Ca¬
dence arithmethique , & Fon appelle Cadence
mixte cede qui, du moyen arithmetique paflant
au moyen harmonique , fe compofe des deux
avantde fe refoudre fur l’extreme. ( FI. K Fig. 4.)
De ces trois Cadences , l’harmonique eft la
ptincipale & la premiere en ordre : fon effet
s Y S.
«81
eft d’une Harmonie male, forte & terminant un
fens abfolu. L’arithmetique eft foible, douce , &
JailTe encore quelque chofe a defirer. La Cadence
mixte fuTpend le fens & produit a-peu-pres l'ef-
fet du point interrogatif & admiratif.
De la fucceflion naturelle de ces trois Caden¬
ces telle qu’on la voit meme Planche , Figure 7 ,
refulte exadement la Baffe-fondamentale de l’E-
chelle; & de leurs divers entrelacemens fe tire
la maniere de traiter un Ton quelconque, &
d’y moduler une fuite de Chants ; car chaque
Note de la Cadence eft fuppofee porter l’Accord
parfait, comme il a etc dit ci-devant.
A l’egard de ce qu’on appelle le Regie del'Oc¬
tave, (voyez ce mot) il eft evident que , quand
meme on admettroit l’Harmonie qu’elie indique
pour pure & reguliere , comme on ne la trouve
qu’a force d’art & de dedudions, elle ne peut
jamais etre propofce en qualite de principe & de
loi generale.
Les Compoliteurs du quinzieme liecle , excel-
lens Harmoniftes pour la plupart, employoient
toute 1’Echelle comme Balfe - fondamentale d’au-
tant d’Accords parfaics qu’elle avoit de Notes,
excepte la Septieme, a caufe de la Quinte fauf-
fe; & cette Harmonie bien conduite eut fait un
fort grand eifet , li l’Accord parfait fur la Me-
diante n’edt ete rendu .trop dur par fes deux
faulfes Relations avec l’Accord qui le precede &
avec celui qui le fuit. Pour rcndre cette fuite
S f
233 .
S Y S.
d’Accords parfaits aufli pure & douce qn’il eft
poflible, il faut la reduire a cette autre Baife-
fondamentale, ( Fig. 8- ) qui fournit, avec la
precedente , une nouvelle fource de varietes.
Corame on trouve dans cette formule deux
Accords parfaits en Tierce mineure, favoir, D
& A, il eft bon de chercher 1’analogic que doi-
vent avoir entr’eux les Tons majeurs & mineurs
dans une Modulation reguliere.
Confiderons PL I. Fig. n. la Note e b de
l’exemple P unie aux deux Notes correfpondan-
tes des exemples O & Qj prife pour fondamen-
tale , elle fe trouve ainli bafe ou fondement
d’un Accord en Tierce majeure ; mais prife
pour moyen arithmetique entre la Corde entiere
& fa Quinte, comme dans l’exemple X, (Fig.
J3-) elle fe trouve alors Mediante ou feconde
bafe du Mode mineur; ainfi cette merae Note
confideree fous deux rapports differens, & tous
deux deduits du Syfteme , donne deux Harmo¬
nies : d’ou il fuit que l’Echelle du Mode majeur
eft d’une Tierce mineure au-delfus de l’Echelle
analogue du Mode mineur. Ainfi le Mode mi¬
neur analogue a PEchelle d'ut eft celui de la , &
le Mode mineur analogue a celui de fa eft celui
de re. Or, la & re donnent exacftement, dans
la Balfe fondamentale de l’Echelle Diatonique,
les deux Accords mineurs analogues aux deux
Tons d 'ut & de fa determines par les deux Ca¬
dences harmoniques d'ut a fa & de fol a ut. La
S Y S.
m
BalTe * fondamentale ou l’on fait entrer ces deux
Accords eft doneauffi reguliere & plus variee que
Ja precedence , qui ne renferme que l’Harmonie
du Mode majeur.
A l’egard des deux dernieres Diflbnnances N
& R de l’exemple Q_, comme elles fortent du Gen¬
re Diatonique , nous n’en parlerons que ci - apres.
L'origine de la Mefure, des Periodes, des
phrafes & de tout Rhytlime mufical, fe trouve
aufti dans la generation des Cadences , dans leur
fuite naturelle , & dans leurs diverfes combinai-
fons. Premierement, le moyen etant homogene
a fon extreme, les deux membresM’une Cadence
doivent, dans leur premiere fimplicite , etre de
meme nature & de valeurs egales : par conse¬
quent les huic Notes qui foment les quatre Ca¬
dences, Bade-fondamentale del’Echelle, font
egales entr’elles ; & formant auffi quatre Mefures
egales, une pour chaque Cadence , le tout donne
un fens complet & une periode harmonique.
De plus, comme tout le Syfihne harmonique eft
fonde fur la raifon double & fur la fefquialtere,
qui, a caufe de I’Ocftave, fe confond avec la
raifon triple , de meme toute Mefure bonne &
fenlible fe refout en celle a deux Terns ou en
celle a trois: tout ce qui eft au-dela, fouvent
tente & toujours fans fucces, ne pouvant pro-
duire aucun bon effet.
Des divers fondemens d’Harmonie donnes par
its trois fortes de Cadences, & des diverfes ma-
SYS.
284
nieres de Ies entrelacer, nait la variete des fens *
des phrafes & de toute la Melodie dont l’habile
Muficien exprime toute celle des phrafes du dif.
cours, & ponctue les Sons auffi corre&ement
que le Grammairien les paroles. De la Mefure
donnee par les Cadences refulte aufti l’exadte
expreffion de la profodie & du Rhythme : car
comme la fyllabe breve s’appuie fur la longue,
de meme la Note qui prepare la cadence en le¬
vant , s’appuie & paufe fur la Note qui la refout
en frappanti ce qui divife les Terns en forts &
en foibles , comme les fyllabes en longues & en
breves : cela montre comment on peut, meme
en obfervant les quantites, renverfer la profo¬
die & tout mefurer a contretems , lorfqu’on
frappe les fyllabes breves & qu’on leve les lon¬
gues , quoiqu’on croie obferver leurs durees re¬
latives & leurs valeurs mufieales.
L’ufage des Notes didonnantes par Degres
conjoints dans les Terns foibles de la Mefure ,
fe deduit auffi des principes etablis ci-deffus :
car fuppofons l’Echelle Diatonique & mefuree ,
marquee Fig. 9. Pi. K, il eft evident que la Note
foutenue ou rebattue dans la Bafle X , au lieu
des Notes de la Bafle Z, n’eft ainll toleree
que paree que , revenant toujours dans les
Terns forts, elle echappe aifement a notre at¬
tention dans les Terns foibles, & que les Caden¬
ces dont elle tient lieu n’en font pas moins
fuppofees ; ce qui ne pourroit etre fi les Notes
S Y SV
aSf
dUfonnantes fchangeoient de lieu & fe frappoient
fur les Tems forts.
Voyons maintenant quels Sons peuvent etre
ajoutes ou fubftitues a ceux de l’Echelle Diatoni-
que, pour la formation des Genres Chromati-
que & Enharmonique.
En inferant dans leur ordre naturel les Sons
donnes par la Serie des Diflonnances, on aura
premierementlaNote/o/ DiefeN, (P/. I Fig. 11.)
qui donne le Genre Chromatique & le paflage
regulier du Ton majeur d 'ut a fon mineur cor-
refpondant la. (Voyez Pi. K Fig. io.)
Puis on a la Note R ou fi Bemol , laquelle ,
avec cede dont je viens de parler , donne le
Genre Enharmonique. (Fig. u.)
Quoique , eu egard au Diatonique, tout le
Syjleme harmonique foit, comme on a vu , ren-
ferme dans la raifon fextuple> cependant les di-
vifions ne font pas tellement bornees a cette eten-
due qu’entre la Dix-neuvieme ou triple Quinte
& la Vingt-deuxieme, ou quadruple Odlave
|, on ne puilfe encore inferer une moyenne
harmonique £ prife dans l’ordre des aliquotes»
donnee d’ailleurs par la Nature dans les Cors
de chaife & Trompettes marines , & d’une into-
nation tres facile fur le Violon.
Ce terme ~ , qui divife harmoniquement l’ln.
tervalle de la Quarte fol ut ou |, ne forme pas
avec le fol une Tierce mineure jufte, dont le
rapport feroit mais un Intervalle un pen
SYS.
2% 6
moindre, dont le rapport eft £ 5 de forte qu’oit
lie fauroit exadement l’exprimer en Note j ear
le la Diefe eft deja trop fort: nous le reprefen-
terons par la Note Ji precedee du figne , un
peu different du Bemol ordinaire.
L’Echelie augmentee, ou, comme difoient
les Grecs, le Genre epaiffi de ees trois nouveaux
Sons places dans leur rang , fera done comme
l’exemple 12. Planche K. Le tout pour le me.
me Ton , ou du moins pour les Tons naturel-
lement analogues.
De ces trois Sons ajoutes, dont , comme le
fait voir M. Tartini, le premier continue le
Genre Chromatique, & le troifieme l’Enharmo-
nique, le fol Diefe & ley? Bemol font dans 2 ’or-
dre des Dilfonnances : mais le Ji tie lai/fe pas
d’etre Confonnant, quoiqu’i! n’appartienne pas
au GenreDiatonique , etant hors de la progref.
J ion fextuple qui renferme & determine ce Gen¬
re : car puifqu’il eftimmediatement donne par la
Serie harmonique des aliquotes , puifqu’il eft
moyen harmonique entre la Quinte & l’Odave
du Son fondamental, ii s’enfuit qu’il eft Con¬
fonnant comme eux, & n’a befoin d’etre ni pre¬
pare ni fauve ; e’eft auffi ce que Poreille confir-
me parfaitement dans l’emploi regulier de cette
efpece de Septieme.
A l’aide de ce nouveau Son, la Baffe de l’E-
chelle Diatoniquc retourne exadement fur elle-
SYS.
287
merns, en defcendant, felon !a nature du cercle
qui la reprefente; & la Quatorzieme ou Septieme
redoublee fe trouve alors fauvee regulieremeni
par cette Note fur la Balfe-tonique ou fondamen-
tale, comme toutes les autres Dilfonnances.
Voulez-vous, des principes ci-devant poles s
deduire les regies de la Modulation , prenez les
trois Tons majeurs relatifs , ut, fol, fa, &
leurs trois Tons mineurs analogues, la , mi, re ;
vous aurez fix Toniques, & ce font les feules
fur lefquelles on puiffe moduler en fortant du
Ton principal; Modulations qu’on entrelace a
fon choix , felon le caractcre du Chant & l’ex-
preliion des paroles: non , cependant, qu’entre
ces Modulations il n’y en ait de preferables a
d’autres; meme ces preferences , trouvees d’a-
bord par le fentiment, out auffi leurs raifons
dans les principes, & leurs exceptions, foit dans
les impreffions diverfes que veut faire le Com.
poftteur , foit dans la liaifon plus ou moins gran¬
de qu’il veut donner a fes phrafes. Par exemple ,
la plus naturelle & la plus agreable de toutes les
Modulations en Mode majeur, eft celle qui palfe
de la Tonique ut au Ton de fa Dominante
fol i parce que le Mode majeur etant fonde fur
des divisions harmoniques , & la Dominante di-
vifant l’Odtave harmoniquement, le palfage du
premier terme au moyen eft le plus naturel. Au
contraire , dans le Mode mineur la, fonde fur
1? proportion arithmetique, le palfage au Ton,
SYS.
288
de la quatrieme Note re, qui divife l’Qctave
arithmetiquement , eft beaucoup plus naturel
que le paffage au Ton mi de la Dominante , qui
divife harmoniquement la merne Odlave ; & ft
l’on y regarde attentivement , on trouvera que
les Modulations plus ou moins agreables depen¬
dent toutes des plus grands ou moindres rapports
etabiis dans ce Syjieme.
Examinons maintenant les Accords ou Inter-
valles particuliers au Mode mineur •, qui fe de-
duifent des Sons ajoutes a l’Echelle. ( PI. I
Fig. 12 . )
L’analogie entre les deux Modes donne les
trois Accords marques Fig. 14. de la Planche
K dont toils les Sons ont ete trouves Confon-
nans dans l’etabliflement du Mode majeur. II n’y
a que le Son ajoute g || dont ia Confon nance
puilfe etre difputee.
II faut remarquer d’abord que cet Accord ne
fe refout point en 1’Accord diifonnant de Sep-
tieme diminuee qui auroit fol Diefe pour Bafle ,
parce qu’outre la Septieme diminuee fol Diefe
& fa naturel, il s’y trouve encore une Tierce
diminuee fol Diefe & fi Bemol , qui rompt
toute proportion ; ce que l’experience confirme
par l’infurmontable rudelfe de cet Accord. Au
contraire , outre que cet arrangement de Sixte
fuperflue plait a l’oreille & fe refout tres-harmo-
nieufement, M. Tartini pretend que l’lntervalle
i: ■ A eft
SYS. 289
'eft reellement bon, regulier & meme confon-
aant. i Q . Parce que cette Sixte eft a tres-peu-
pres Quatrieme harmonique aux trois Notes B b ,
4 5 /, reprefentees par les fradions ^ A J , dont
!? eft la Quatrieme proportionnelle harmonique
exade. 2 Q . parce que cette mSme Sixte eft a
ties-peu-pres , moyenne harmonique de la-Quarte
fa,fi Bemol , formee par la Quinte du Son fon-
damental & par fon Odave. Que ft l’on emploie
en cette occaftonla Note marquee /o/Diefe plu-
tot que la Note marquee la Bemol , qui fernble
etre le vrai moyen harmonique j c’eft non-feule-
snent que cette divifion nous rejetteroit fort loin
du Mode , mais encore que cette meme Note la
Bemol n’eft moyenne harmonique qu’en apparen-
ce ; attendu que la Quarte fa, fi Bemol, eft al-
teree & trop foible d’un Comma ; de forte que
fol Diefe qui a un moindre rapport a fa , ap-
proche plus du vrai moyen harmonique que la
Bemol, qui a un plus grand rapport au meme fa.
Au refte , on doit obferver que tous les Sons
de cet Accord qui fe reuniflent ainfi en une Har-
monie reguliere & fimultanee , font exadement
les quatre memes Sons fournis ci-devant dans la
Serie dilfonnante Q_ par les complemens des di-
vifions de la Sextuple harmonique : ce qui fer-
me, en quelque maniere, le cercle harmonieux,
& confirme la liaifon de toutes les parties du
Syjleme.
A faide de cette Sixte & de tous les autres
Tome XI. T
290
SYS.
Sons que la proportion harmonique & Panalogi#
fourniifent clans le Mode mineur , on a un moyen
facile de prolonger & varier alfez long - temg
l’Harmonte fans fortir du Mode, ni metne em¬
ployer aucune veritable DilTonnance ; comme oit
peut le voir dans l’exemple de Contrepoint don-
ne par M. Tartini & dans iequel il pretend n’a-
voir employe aucune Dilfonnance , fi ce n’eft la
Quarte-&-Quinte finale.
Cette meme Sixte fuperflue a encore des ufa-
ges plus importans &plus fins dans les Modula¬
tions detournees par des palfages enharmoniques,
en ce qu’elle peut fe prendre indifferemment
dans la pratique pour la Septietne bemolifee par
le figne JjJ, de laquelle cette Sixte diefee difie-
re tres-peu dans le calcul & point du tout fur le
Clavier. Alors cette Septieme ou cette Sixte ,
toujours confonnante , mais marquee tantot par
Diefe & tantot par Bemol , feion le Ton d’oit
1’on fort, & celui oil Ton entre, produit dans
l’Harmonie d’apparentes & fubites metamorpho-
fes, done , quoique regulieres dans ce Syfieme y
le Compofiteur auroit bien de la peine a rendre
raifon dans tout autre; comme on peut le voir
dans les examples I, II, 111, de la Planche M ,
fur-tout dans celui marque + , ou le fa pris pour
nature!, & formant une Septieme apparente qu’on
ne fauve point, n’elt au fond qu’une Sixte fu-
perflue formee par un mi Diefe fur le fol dela
Bafle , cequi rentre dans la rigueur destegles.
T A B.
291
Mais i! eft fuperflu de s’etetidre fur ces finelfes
de J’Art, qui n’echappent pas aux grands Har-
moniftes, & dont les autres ne feroient qu’abu-
fer en les employant mal-a-propos. 11 fuffit d’a-
voir montre que tout fe tient par quelque cote,
& que le vrai Syfteme de la Nature mens aux
plus caches detours de 1’Art.
jffe - == == ■ = ,.
T.
JL . Cette lettre s’ecrit quelquefois dans les Par¬
titions pour defigner la Partie de la Taille , lorl-
que cette Taille prend la place de la Baffe &
qu’elle eft ecrite fur la meme Portee , la Bafle
gardant le Tacet.
Quelquefois dans les Parties de Symphonic le>
T CigniBe Tons ou Tutti , & eft oppofie a la let¬
tre S, ou au mot Seul ou Solo , qui alors doit
necelfairement avoir ete ecrit auparavant dans la
meme Partie.
Ta. L’une des quatre fyllabes avec lefquelles
les Grecs folfioient la Mufique. (V oyez Solfier.)
Tablature. Ce mot fignifioit autrefois la to-
talite des fignes de la Mufique; de lorte que,
qui connoilfoit bien la Note ■s pouvoit chanter
a livre ouvert, etoit die fa voir la Tablature.
Aujourd’hui le mot Tablature fe reitreint a
une certaine maniere de noter par lettres, qu’on
T a
2gs 'tab;
empioie pour les Inftrumens a Cordes 7 qui ft
touchent avec les doigts , tels que leLuth, la
Guitarre, le Ciftre, & autrefois le Theorbe &
la Viole.
Pour noter en Tablature , on tire autant de
lignes paralleles que l’Inftrument a de Cordes.
On ecrit enfuite fur ees lignes des lettres de Pal-
phabet, qui indiquent les diverfes pofitions des
doigts fur la Corde defemi-Ton en femi-Ton.
La lettre a indique la Corde a vuide , b indique
la premiere Polition, c la feconde , A la troi-
lieme , &c.
A l’egard des valeurs des Notes , on les mar¬
que par des Notes ordinaires de valeurs fembla-
bles, toutes placees fur une meme ligne, parce
que ces Notes ne fervent qu’a marquer la valeur
& non le Degre. Qiiand les valeurs font toujours
femblables, c’eft-a-dire, que la maniere de fcan-
der les Notes eft la meme dans toutes les Mefa-
res, oil fe contente de la marquer dans la pre¬
miere, & J’on fuit.
Voila tout le myftere de la Tablature , lequel
achevera de s’eclaircir par 1’infpedion de la Fi¬
gure /{.) Pumche M , oil j’ai note le premier cou¬
plet des folies cPEfpagne en Tablature pour la
Guitarre.
Comme les Inftrumens pour lefquels on em«
ployoit la Tablature font la plupart hors d’ufage,
& ques pour ceux dont on joue encore, oil a
trouve la Note ordinaire plus commode,.la Ta~
,T A I*
* 9 *
Mature eft prefque entierement abandonnee , ou
flefert qu’dux premieres lecons des ecoliers.
Tableau. Ce mot s’emploie fouvent en Mu-
fique pour defigner la reunion de plufieurs objets
formant un tout peint par la Mufique imitative.
Le Tableau de cet Air eft bieu dejjine } ce Chxur
fait Tableau ; cet Opera eft plein de Tableaux
adtuirables.
Tacet. Mot latin qu’on emploie dans la Mu¬
fique pour indiquer le (ilence d’une Partie. Quand,
dans le cours d’un moreeau de Mufique , on
veut marquer un filence d’uu certain terns, on
i’ecrit avec des Batons on des Paufes : ( Voyez
ces mots. ) Mais quand quelque Partie doit gar-
der le filence durant un moreeau entier, on ex¬
prime ceia par le mot Tacet , ecrit dans cette Par-
tie au-delfous du nom de l’Air ou des premieres
Notes du Chant.
Taille , mdennement Tenor. La feeonde
des quatre Parties de la Mufique, en comptant
du grave a Paigu. C’eft la Partie qui convient le
mieux a la voix d’homme la plus commune ; ce
qui fait qu’on l’appelle aufli Voix humaine par
excellence.
LaJ Taille fe divife quelquefois en deux autres
Parties , Pune plus elevee, qu’on appelle. Pre~
miere ou Haute- Taille , Pautre plus bafie , qu’011
appelle Seconde ou bajfe - Taille. Cette derniere
tft en quelque maniere une Partie mitoyenne
ou commune entre la Taille & la Bade & s’ap-
T 3
T E M.
S94
pelle an Hi, A caufe de cela, Concordant. (V oyez
PARTIES.)
On n’emploie prefqu’aucun rolle de Tailte
dans les Opera Francois : au contraire les Ita-
liens preferent dans les leurs le Tenor a la Baf-
fe, eomme une Voix plus flexible, auffi fono-
re, & beaucoup moins dure.
Tambourin. Sorte de Danfe fort a la Mode
aujourd’hui fur les Theatres Franqois. L’Air en
eft tres-gai & fe bat a deux Terns vifs. 11 doit
fetre fautillant & bien cadence , a 1’imitation du
Flutet des Provenqaux; & la Baffe doit refrap-
per la memeNote, a 1’imitation du Tambourin
ou Galoube , dont celui qui joue du Flutet s’ac-
compagne ordinairement.
Tasto Solo. Ces deux mots Italiens ecrits
dans une Baife-continue, & d’ordinaire Tons quel-
que Point-d’Orgue , mar^uent que l’Accompagna-
teur ne doit faire aucun Accord de la main droi-
te, mais feu/ement frapper de la gauche la No¬
te marquee, & tout au plus fonOAave, fans y
rien ajouter , attendu qu’il lui feroit prefque im-
poffible de deviner & fuivre la tournure d’Har-
monie ou les Notes de gout que le CompofiteuE
feit pafler fur la Bafle pendant ce tems-la.
TL’une des quatre fyllabes par lefquelles
les Grecs folfioient la Mufique. (Voyez Solfier.)
Temperament. Operation par laquelle, au
moyen d’une legere alteration dans les Interval-
les» faifant evauouir la difference de deux Sons
T E M.
29T
Voifins, on les confond en un 9 qui, fans cho-
quer l’oreills , forme les Intervalles refpedifs de
1’uu & de l’autre. Par cette operation Ton dm-
plifie l’Eclielle en diminuant le nombre des Sons
neceflaires. Sans le Temperament , au lieu de
douze Sons feulement que contient 1’Odave, il
en faudroit plus de foixante pour moduler dans
tous les Tons.
Sur TOrgue , fur le Claveffin, fur tout autre
Inftrument a Clavier , il n’y a, & il ne peut
guere y avoir d’lntervalle parfaitement d’Accord
que la feule Octave. La taifon en eft quetrois
Tierces majeures ou quatre Tierces mineures
devant faire une Odave julte, celles -ci la paffent
& les autrres n’y arriventpas. Car J x J X
z . p. ^ y y ^ y ^ —
f J &i y A y A y ^ y *-
Ain(l Von eft contraint de
& d’aftbiblir les
mineures pour que les Odaves & tous les autres
Intervalles fe correfpondent exadement, & que
les memes touches puiflent etre employees fous
leurs divers rapports. Dans un moment je dirai
comment cela fe fait.
Cette neceffite ne fe fit pas fentir tout-d’un-
coup , on ne la reconnut qu’cn perfedionnant le
fyfteme mufical. Pythagore , qui trouva le pre¬
mier les rapports des Intervalles harmoniques,
pretendoit que ces rapports fufient obferves dans
toute la rigueur inathematique, fans rien accor-
T 4
y __ t z r ^ ± z &
4 - dq. ^ < 5"4
X 2 -? 6
renforcer les Tierces jnajeures
T E M, ’
296
der a la tolerance de Foreille. Cette feverita
pouvoit etre bonne pour fon terns ou toute Fe-
tendue du fyfteme fe bornoit encore a un ft pe¬
tit nombre de Cordes. Mais comme la plupart
des Inftrumens des Anciens etoient compoFes de
Cordes qui fe touchoient a vuide , & qu’il leur
falloit par confequent, une Corde pour chaqua
Son, a nufure que le Fyfteme s’etendit, i!s s’ap-
percurent que la regie de Pytbagore, en trop-
muhipliant les Cordes , empechoit d’en tlrer les
ufages convenables.
Ariftoxene , diFciple d’Ariftote , voyant com-
bien Fexactitude des calculs nuiFoit aux progres
de la Mufique & a la Facilite de l’execution, pyis
tout-d’un-coup Fautre extremite ; abandonnant
prefque entierement le calcul, ii s’en remit a 13
Jeul jugement de Foreille, & rejetta comme inii-
tile tout ce que Pythagore avoit etabli.
Cela forma dans la Mufique deux fectes qui
oiit long-terns divife les Grecs , Fune des Arifta-
xeniens, qui etoient les Muficiens de pratiques
Fautre des Pythagoriciens , qui etoient les Fhilo-
fophes. ( Voyez Aristox&'niens & PytHAGG-
RlCItNS. )
Dans la fuite Ptolomee & Didyme , trou-
vain avec raiFon, que Pythagore & Ariftoxene
avoient donne dans deux exces egalement vi-
cieux , & conFultant a la fois les fens & la rai.
fon, travaillerent chacun de leur cote a la re¬
forme de Fancien fyfteme diatonique. Mais com-
T E M.
257
me iis ne s’eloignerent pas des principes etablis
pour la divilion du Tetracorde , & que recon-
noiirant enfin la difference du Ton majeur au
Ton mineur , ils n’oferent toucher a celui - ci
pour le partager comme l’autre par une Corde
chromatique en deux Parties reputees egales , le
fyfteme demeura encore long-terns dans un etat
d’imperfedion qui ne permattoit pasi d’apperce-
■voir le vrai principe du Temperament.
Enfrn vint Gui d’Arezzo qui refondit en quel-
que manierela Mufique & inventa , dit-ou, le
Claveffin. Or, il eft certain que cet Inftrumenfc
n’a pu exifter, non plus que l’Orgue, que Ten
n’ait enmeme terns trouve le Temper ament., {-ms
lequel il eit impoilible de les accorder, &ileft
impoffible au moins que la premiere invention
ait de beaucoup precede la feconde ; e’eft-a-peu-
pres tout ce que nous en iavons.
Mais quoique la ncceiiite du Temperament foit
connue depuis long-terns, il n’en ell: pas de me-
me de la rneilleure regie a fuivre pour le deter¬
miner. Le fiecle dernier , qui fut le fiecle des
decouvertes en tout genre , eft le premier qui
nous ait donne des lumieres liemettes fur ce
Chapitre. Le P. Merfenne & M. Loulie ont fait
des calculs j M. Sauveur a trouve des diyifions
qui Fournilfent tous les Temperament poilibles ;
enfiu M. Rameau, apres tous les autres,acru
developper le premier la veritable theorie du
Tmpirment , & a meme pretendu, fur cette
Tf
T E M.
298
theorie , etablir comme neuve uns pratique tres-
ancienne dont je parlerai dans un moment.-
J'ai dit qu’il s’agiffoit , pour temperer les
Sons du Clavier, de renforcer les Tierces ma-
jeures , d’afFoiblir les mineures, & de diftri-
buer ces alterations de maniere a les rendre le
moins fenfibles qu’il etoit poilible. II fautpour
cela repartir fur l’Accord de lTnftrument , &
cet Accord fe fait ordinairement par Quintes ;
c’eft done par fon effet fur les Quintes que nous
avons a confiderer le Temperament.
Si l’on accorde bien jufte quatre Quintes de
fuite, comme utfol re la mi, on trouvera que
cette quatrieme Quinte mi fera , avec Vut d’oii
l’on eft parti, une Tierce majeure difeordante,
& de beaucoup trop forte; & en eifet ce mi,
produit comme Quinte de la, 11 eft pas^le me¬
sne Son qui doit faire la Tierce majeure 1 d’ut.
En void la preuve.
Le rapport de la Quinte eft ^ on ^ caufe
des Odaves 1 & 2 prifes l’une pour l’autre in-
differemment. Ainli la fucceffion des Quintes
formant une progreffion triple, donnera ut i»
fol ) , re 9 , la 27, & mi 81.
Confiderons a prefent ce mi comme Tierce
majeure d ut > fon rapport eft ^ ou j -, 4 n’etant
que la double Odave d’i. Si d’Odave en Oda-
ve nous rapprochons ce mi du precedent, nous
trouverons mi ^ , mi 10, mi 20, mi 40, & mi
80. Ainli la Quints de la etant mi §x , & la
T E M.
299
Tierce majeure d’nr etant mi 80; ces deux mi
ne font pas 2e meme , & leur rapport eft || } qui
fait precifement le Comma majeur.
Que ft nous pourfuivons la progreflion des
Quintes jufqu’a la douzieme pubfance qui arrive
au fi Diefe, nous trouverons que ce fi excede
Vut dont il devroit faire l’Uniflbn, & qu’il eft
avec lui dans le rapport de 5 31441 a 524288,
rapport qui donne le Comma de Pythagore. De
forte que par le calcul precedent le fi Diefe , de-
■vroit exceder Vut de trois Comma majeurs; &
par celui-ci il l’excede feulement du Comma de
Pythagore.
Mais il faut que le meme Son mi, qui fait la
Quinte de la, ferve encore a faire la Tierce
majeure Tut-, il faut que le meme fi Diefe, qui
forme la douzieme Quinte de ce meme ut, en
fade auffi l’Ocftave, & il faut enfin que ces dif-
ferens Accords concourent a conftituer le fyfte-
me general fans multiplier les Cordes. V oila ce
qui s’execute au moyen du Temperament.
Pour cela i°. on commence par Vut du milieu
du Clavier, & Ton aflfoiblit les quatre premie¬
res Quintes en montant, jufqu’a ce que la qua-
trieme mi falfe la Tierce majeure bien jiifte avec
le premier Son ut ; ce qu’on appelle la premie¬
re preuve. 2°. En continuant d’accorder par
Quintes , des qu’en eft arrive fur les Diefes', oil
renforce un peu les Quintes, quoique les Tier-
pes en fouffrent, & quand on eft arrive au fol
T E M.
300
Diefe, on s’artete. Ce fol Diefe doit faire
avec le mi, line Tierce majeure jufte ou du
moins fouffrable i c’eft la feconde preuve. 3 °.
On reprend Yut & l’on accorde les Quintes au
grave ; favoir , fa , ft Bemol, &c. foibles d’a-
bord ; puis les renforqant par Degres, c’eft-a-
•dire, affoibliffant les Sons jufqu’a ce qu’011 foit
parvenu au re Bemol, lequel, pris comrae ut
Diefe, doit fe trouver d’accord & faire Quints
avec le fol Diefe , auquel on s’etoit ci-devant ar-
rete; c’eft la troifieme preuve. Les dernieres
Quintes fe trouveront un peu fortes, de meme
que les Tierces majeures ; c’eft ce qui rend les
Tons majeurs de ft Bemol & de mi Bemol fom-
bres & meme un peu durs. Mais cette durete
fera fupportable ft la partition eft bien fake , &
d’aijleurs ces Tierces, par leur fituation , font
moins employees que les premieres, & ne doi-
vent l’etre que par choix.
Les Organiftes & les Fadeurs regardent ce
Temperament comnie le plus parfait que l’on puif-
fe employer. En effet, les Tons naturels jouif-
fent par cette methode de toute la purete de
l’Harmonie, & les Tons tranfpofes , qui forment
des modulations moins frequentes, offrent de
grandes reflources au Muficien quand il a befoin
d’exprelfionsplus marquees: car il eft bon d’ob-
ferver , dit M. Rameau , que nous recevons des
impreffions differentes des Intervalles a propor-
tiou de leurs differentes alterations. Par exem-
TEM.
3oi
pie, la Tierce majeure, qui nous excite natu-
reilement a ia joie, nous imprime jufqu’a des
jdees de fureur quand elle eft trop forte; & la
Tierce mineure, qui nous porte a la tendreffe &
a la douceur, nous attrifte lorfqu’elle eft trop
foible.
Les habiles Muficiens, continue le merne
Auteur, favcnt profiter a propos de ces diffe-
rens effets des Intervalles, &fontvaloir, par
i’expreftion qu’Us en tirent, l’alteration qu’on y
pourroit condamner.
Mais, dans fa Generation harmonique , le me¬
me M. Rameau tient un tout autre langage. II fe
reproche fa condefcendance pour l’ufage a&uel
& detruifant tout ce qu’il avoit etabli aupara.
vant, il donne une formule d’onze moyennes
proportionnelles entre les deux termes de I’Qc.
tave, fur laquelle formule, il veut qu’on regie
toute la fucceffion du fyfteme chromatique; de
forte que ce fyfteme refultant de douze femi-
Tons parfaitement egaux , c’eft une neceffite que
tous les Intervalles femblables qui en feront for¬
mes foient aufli parfaitement egaux eiitr’eux.
Pour la pratique prenez , dit-il, telle touche
du Claveffin qu’il vous plaira; accordez-en d’a~
bord la Quinte jufte, puis diminuez-la (i peu
que rien : procedez ainfi d’une Quinte a 1’autre ,
toujours en montant, c’eft-a-dire, du grave a
faigu , jufqu’a la derniere dont le Son aigu aura
ete le grave de la premiere ; vous pouvez £tre
T E m:
30 %
certain que le Claveflin fera bien d’accorcf.
Cette methode que nous propofe aujourd’hui
M. Rameau, avoit deja ete propofee & aban¬
donee par le fameux Couperin. On la trouve
auill tout au long dans le P. Merfenne, qui en
fait Auteur un nomine Galle, & qui a meme pris
la peine de calculer les onze moyennes propor-
tionnelles dont M. Rameau nous donne la for-
mule algebrique.
Malgre Pair fcientifique de cette formule , il'
ne paroit pas que la pratique qui en refulte ait
ete jufqu’ici goutee des Muficiens ni des Fac-
teurs. Les premiers ne peuvent fe refoudre a fe
priver de Penergique variete qu’ils trouvent dans
les diverfes aifedtions des Tons qu’occafionne le
Temperament etabli. M. Rameau leur die en vain
qu’iis fe trompent, que la variete fe trouve dans
l’entrelacement des Modes ou dans les divers
Degres des Toniques, & nullement dans l’alte-
ration des Intervailes ; le Muficien repond que
1’un n’exclut pas Pautre, qu’il ne fe tient pas
convaincu par une alfertion, & que les diverfes
affe&ions des Tons ne font nullement propor-
tionnelles aux differens Degres de leurs finales.
Car, difent-ils, quoiqu’il n’y ait qu’un femi-Ton
de diftance entre la finale de re & celle de mi
Bemol, comme entre la finale de lu & celle de
fi Bemol; cependant la meme Mufique nous af-
fe&era tres-differemment en A la mi re qu’en R
fa , & en D fol re qu’en E la fa ; & l’oreille at-
T E M.
3*3
tentive du Muficien ne s’y trompera jamais 3
quand meme le Toil general feroit haulfe ou
bailie d’un ferni - Ton & plus ; preuve evidente
que la variete vient d’ailleurs que de la fimple
differente elevation de la Tonique.
A regard des Fadeurs , ils trouvent qu’un
Claveffin accord^ de cette maniere n’eft point
auffi bien d’accord que Failure M. Rameau. Les
Tierces majeures leur paroiffent dures & cho-
quantes, & quand on leur dit qu’ils n’ont qu’a
fe faire a 1’alteration des Tierces eomme ils s’e-
toient faits ci-devant a celle des Quintes , ils
repliquent qu’ils ne conqoivent pas comment
l’Orgue pourra fe faire a fupprimer les batte-
mens qu’on y entend par cette maniere de l’ac-
corder , ou comment 1’oreilie celTera d’en etrs
ofFenfeC. Puifque par la nature des Confonnan-
ces la Quinte peutetre plus alteree que la Tier¬
ce fans clioquer 1’oreiile & fans faire des batte¬
ns ens , n’eft-ilpas convenable de jetter 1’altera-
tion du cote ou elle eft le moins choquante , &
de lailfer plus juftes , par preference, les Inter-
valles qu’on ne peut alterer fans les rendre diR
cordans?
Le P. Merfenne afluroit qu’on difoit de foil
terns que les presniers qui pratiquerent fur le
Clavier les femi Tons, qu’il appelle feintes ac-
corderent. d’abord toutes les Quintes a-peu-pres
felon l’Accord egal propofe par M. Rameau ;
mais que leur oreiile ne pouvant fouifrir la diR
T t M .
304
cordatice des Tierces majeures neseflairemen?
trop fortes, ils tempererent l’Accord en affoi-
bliflant les premieres Quintes pour baiffer leg
Tierces majeures. II paroit done que s’accoutu-
mer a cette maniere d’Accord n’eft pas, pour
une oreiile exercee & fenfible, une habitude
aife'e a prendre.
Au refte , je ne puis m’empecher de rappel-
ler ici ce que j’ai dit au mot Consonnatsce ,
fur la raifon du plaifir que les Conformances
font a l’oreille, tiree de la fimplicite des rap¬
ports. Le rapport d’une Quinte temperee fe¬
lon la methode de M. Rameau eft celui- ci
4 3 4 ,
yj go X \f 8 1- Ce rapport cependant plait a
120
j’oreille ; je demands fi e’eft par fa fimplicite ?
Tems. Mefure du Son , quant a Ja duree.
Une fuccelEon de Sons, quelque bien diri-
gee qu’elle puitfe ttre dans fa marche , dans fes
Degres du grave a I’aigu ou de I’aigu au grave ,
ne produit, pour ainfi dire, que des effets in-
determines. Ce font les durees relatives & pro-
portionnelles de ces memes Sons qui fixent le
vrai caradlere d’un® Mufique , & lui donnent fa
plus grande energie. Le Tems eft Lame du
Chant; les Airs dont la mefure eft lente , nous
attriftent naturellement 1 rnais un Air gai, vif
& bien cadence nous excite a la joie, & a peine
les pieds peuvent- ils fe retenir de danfer. Otez
la Mefure , detruifez la proportion des Tems,
les
T E M. sof
les meme-s Airs que cette proportion vous ren-
doit agreables , relies fans charme & fans forces
deviendront incapables de plaire & d’iriterelfer.
Le Terns , au contraire, a fa force en lui rnerae;
elle depend de lui feu! , & peut fubfifter fans
la diverfite des Sons. Le Tambour nous en of-
fre un exemple , groffier toutefois & tres - irii-
parfait, parce que le Son ne s’y peut foutenir.
On confidere le Terns en Mulique, ou par
rapport au mouvement general d’un Air ,
dans ce lens , on dit qu’il eft lent ou Vite ;
(Voyez Mesure , Mouvement ,) ou, felon les
parties aliquotes de chaque Mefure, parties qui
fe marquent pat des mouvemens de la main oil
du pied & qu’on appelle particulieremertt - des
Terns; ou enan felon la valeur propre de cha¬
que Note. (Voyez Valeur des Notes. 9" :
J’ai fuffilamment pa tie , au mot Rhythmej
des Terns de la Mulique Grecque ; il me relie a
parler ici des Tents de la Mulique moderns.
Nos anciens Muliciens ne reconnoiifoient que'
deux efpeces de Mefures ou de Tents s 1’Urte at
trois Terns , qu’ils appelloient Mefure parfaite 2
l’autre a deux , qu’ils traitoient de Mefure im-s
parfaite , & ils appelloient Terns , Modes ou Fro-
lations , les fignes qu’ils ajoutoient a la Clef
pour determiner 1’ufle ou l’autre de ces Mefures,-
Ces fignes ne fervoienc pas a cet unique ufage’
eorhme ils foiit aujoiird’hut j inais ils fixoienf
Huffi la valeuf relative des Notes * Conirhe on 4
TGme Hih y
iS
T E M.
deja pu voir aux mots Mode & Prolation, par
rapport a la Maxime , a la Longue & a la femi-
Breve. A l’egard de la Breve, la maniere de la
divifer etoit ce qu’ils appelloierat plus precife-
ment Terns , & ce Terns etoit parfait ou ini-
parfait.
Quand le Terns etoit parfait, la Breve ou
Quarree valoit trois Rondes ou femi-Breves ; &
ils ir.diquoient cela par un cercie entier , barre ou
non barre , & quelquefois encore par ce ehiffre
compofe j.
Quand le Tern etoit imparfait, la Breve ne
valoit que deux Rondes j & cela fe marquoit par
un demi-cercle ou C. Quelquefois ils tournoient
le C a rebours; & cela marquoit une diminu¬
tion de moitie fur la valeur de chaque Note. Nous
indiquons aujourd’liui la meme chofe en barrant
]e C, (T 1 . Quelques-uns out auili appclle Terns mi-
jieur cette Mefure da C barre ou les Notes ne
durent que la moitie de leur valeur ordinaire »
& Terns ntajeur celle du C plein ou de la Me¬
fure ordinaire a quatre Terns .
Nous avons bien retenu la Mefure Triple des
anciens de meme que la double ; mais par la
plus etrange bizarrerie de leurs deux manieres
de divifer les Notes, nous n’avons retenu que
la fous-double, quoiquenous n’ayions pas moins
befoin de l’autre; de forte que , pour divifer
line Mefure ou un Terns en trois parties egales,
les figncs nous manquent, & a peine fait-ou
T E M«
307
comment s’y prendre. II faut recourir au chif-
fre 3 & a d’autres expediens qui montrent 1’in-
fuffifance des fignes. ( Voyez Triple. )
Nous avons ajoute aux ancienr.es Mufiques
■une eombinaifon de Terns , qui ell la Mefure a
quatre ; mais comme elle fe peut toujours refou-
dre en deux Mefures a deux , on peut dire que
nous n’avons abfolument que deux Terns & trois
Terns pour parties aliquotes de toutes nos diffe-
Xentes Mefures.
11 y a autant de differentes valeurs de Terns
qu’il y a de fortes de Mefures & de modifica¬
tions de Mouvement. Mats quand une fois la
Mefure & le Mouvement font determines , rou¬
tes les Mefures doivent etre parfaitement ega-
ies , & tous les Terns de chaque Mefure parfah
tement egaux entr’eux. Or, pour rendre fenfi-
ble cette egalite , on frappe chaque Mefure &
Ton marque chaque Terns par un mouvement de
]a main ou du pied * & fur ces mouvemens on
regie exacftement les differentes valeurs des No¬
tes , felon le cara&ere de la Mefure. C’eft une
chofe etonnante de voir avec quelle precifiori
i’on vient a bout a l’aide d’un pen d’habitude,
de marquer & de fuivre tous les Tents avec une’
fi parfaite egalite , qu’il n’y a point de pendule
qui furpaife en juftelfe la main ou le pied d’un
bon Muficien , & qu’enfin le fentiment feul ds'
cette egalite fuffit pour le guider & fupplee #
tout mouvement feiilible , en forte que dahl Ufi
y %
T E M.
3 ®&
Concert chacun fuit la meme Mefure avec la
derniere precifion , fans qu’un autre la marque
& fans la marquer foi-meme,
Des divers Terns d’une Mefure, il y en a de
plus fenlibles , de plus marques que d’autres,
quoique de valeurs egales. Le Terns qui marque
davantage s’appelle Terns fort ; celui qui marque
moiiis s’appeile Tents foible : c’eft ce que M.
Rameau, dans fon Traits d'Haymonie , appelle
Terns bon & Terns mauvais. Les Terns forts font,
le premier dans la Mefure a deux Terns ; le pre¬
mier & le troifieme, dans les Mefures a trois &
quatre. A l’egard du fecond Terns , il eft tou-
jours foible dans toutes les Mefures , & il en
eft de meme du quatrieme dans la Mefure a
quatre Terns.
Si 1’on fubdivife cbaque Terns en deux autres
parties egales , qu’on peut encore appeller Terns
ou demi- Terns , on aura derechef Terns fort pour
la premiere moitie , Terns foible pour la feconde ,
& il n’y a point de partie d’un Tents qu’on ne
puiffe fubdivifer de la meme maniere. Toute
Note qui commence fur le Terns foible Sc finit
fur le Terns fort eft une Note a contre- Terns ; 8c
parce qu’elle heurte & choque en quelque faqon
la Mefure , on 1’appelle Syncope. (Voyez Syn¬
cope. )
Ces obfervations font neceifaires pour appren¬
dre a bien traiter les Diifonnances. Car toute
Diiibnnancc bier, preparee doitl’etre fur le Terns
T E N.
3°9
foible , & frappee fur le Terns fort •, excepte cc-
pendant dans des fuites de Cadences evitees oil
cette regie, quoiqu’applicable a la premiere Dif-
fonnance , lie fell pas egalement aux autres.
(Voyez DEsonnance , Preparer.)
Tenorement. Cet adverbe ecrit a la tete
d’un Air indique un Mouvement lent & doux ,
des Sons files gracieufement & animes d’une
exprellion tendre & touchante. Les Italiens fe
fervent du mot Amorofo pour exprimer a peu-
pres la meme chofe: muis le caraclere de VA-
morofo a plus d’accent, & refpire je ne fais quoi
' de moins fade & de plus paffionne.
Tenedius. Sorte de Nome pour les Flutes
dans l’ancienne Mufique des Grees.
Teneur ,f.f Terme de Plain-Chant qui mar¬
que dans la P/almodie la part ie qui regne depuis
la fin de l’lntonation jufqu’a la Mediation , &
depuis la Mediation jufqu’a la Tcrminaifon. Cette
Teneur , qu’on peut appeller la Dominante de
la Pfalmodie, eft prefque toujours fur le memo
Ton.
Tenor. (Voyez TAiLLE.)Dans les commen-
eemens du Contre-point, on donnoit le 110 m de
Tenor a la Partie la plus baffe.
Tenue , f.f. Son foutenu par line Partie du-
rant deux ou plufieurs Mefures, tandisque d’au-
tres Parties travaillent. (Voyez Mesure , Tra-
vailler ) 11 arrive quelquefois , mais rarement,
que toutes les Parties font des Tenues a la fois;
V 3
Sio
T E T.
& alors il ne fant pas que la Tenue foit fi lon¬
gue que le fentiment de la Mefure s’y laiife
publier,
Tete. La Tete ou le corps d’une Note eft
cette par.tie qui en determine la polition, & a
laquelle tient la Queue quand elle en a une.
(Voyez Queue.)
Avant l’invention de I’imprimerie les Notes
n’avoient que des Tetes noires : car la pluparc
des Notes slant quarrees , il eiit ete trop long
de les faire blanches en ecrivant. Dans l’im-
preffion l’on forma des Tetes de Notes blanches ,
c’eft-a-dire , vuides dans le milieu. Aujourd’hui
les unes & les autres font en ufage, &, tout le
refte egal, une Tete blanche marque toujours
une valeur double de celle d’une Tete noire.
(Voyez Notes, Valeur des Notes )
Te'tracorde , f. C’etoit, dans la Mufique
ancienne , un ordre ou fylle me pardculier de
Sons dont les Cordes extremes fonnoient la
Quarte. Ce iyfteme s’appelloit Tetvacorde , par-
ce que les Sons qui le compofoient, etoient or-
dinairement au nombre de quatre ; ce qui pour-
tant n’etoit pas toujours vrai.
’ Nicomaque , au rapport de Boece , dit que la
Mufique dans fa premiere fimplicite n’avoit que
quatre Sons ou Cordes dont les deux extremes
fonnoient le Diapafon entr’elles , tandis que les
deux moyennes diftantes d’un Ton l’une de l’au-
tre , fonnoient chacunc la Quarte avec l’extre-
T E T. 3”
me dont elle etoit la plus proche, & la Qpinte
aveccelle dont elle etoit la plus eloignee. 11 ap-
pelle cela le Tetracorde de Mercure , du nora de
eelui qu’on en difoit l’inventeur.
Boece dit encore qu’apres l’addition de trois
Cordes faites par dirterens Auteurs , Lychaon
Samien en ajouta une huitieme qu’il plaqa entre
la Trite &laParamefe, qui etoient auparavant
la mereie Corde •, ce qui rendit l’Odacorde com-
plet & compole de deux Tttracordes disjoints,
de conjoints qu’ils etoient auparavant dans 1’Ep-
tacorde.
J’ai confulte l’ouvrage de Nicomaque , & il
me femble qu’il ne dit point cela. II dit, au con-
traire , que Fythagore ayant remarque que bien
que le Son moye n des deux Tetracordss con-
joints format la Confonnance de la Quarte ave*
chacun des extremes , ces extremes compares
entr’eux etoient toutefois diironnans : il infers
entre les deux Tetracordes une huitieme Corde,
qui, les divifant par un Ton dTntervalle, fubf-
tituale Diapafonou l’Odave a la Septieme entre
leurs extremes, & produilit encore une nouvel¬
le Confonnance entre chacune des deux Cor¬
des moyennes & l’extreme qui lui etoit op-
pofee.
Sur la maniere dont fe fit cette addition ,
Nicomaque & Boece font tous deux egalement
embrouilles, & non contens de fe contredire
entr’eux, chacund’eux fe contredit encorelui-
V 4
rneme. (Voycz Systeme , Trite , Paramese.)
Si Ton avoit egard a ce que difent Boece &
tl’autres plus anciens ecrivains , on ne pourroit
donner de bornes fixes a l'etenduedu Tetracorde:
jnais foit que l’on eompte ou que l’on pefe les
voix , on trouvera que la definition la plus
exa&e eft celle du vieux Bacchius , & e’eft auffi
celle que j’ai preferee.
En effet, cet Intervalle de Quarte eft eflen,-
tiel au Tetracorde $ e’eft pourquoi les Sons ex¬
tremes qui forment cet Intervalle font appelles
imnnmbles ou fixes par les Anciens , au lieu qu’ils
appellent mobiles ou change cuts les Sons rnoyens,
parce qu’ils peuvent s’accorder de plufieurs
xnanieres,
Au contraire le liombre de quatre Cordes
d’ou le Tetracorde a prisfon nom , lui eft fi peu
eftentiel, qu’on voit, dans l’ancienne Mufique ,
des Tetracordes qui n’en avoient que trois. Tels
furent, da rant un terns, les Tetracordes enhar-
moniques. Teletoit, felon Meibomius, le fe-
cond Tetracorde du fyftemc ancien , avant qu’on
y eut infere une nouvelle Corde.
Quant au premier Tetracorde , il etoit certai-
nement complet avant Pythagore, ainll qu’on
le voit dans le Pythagoricien Nicomaque ; ce
qui n’empeehe pas M. Ramequ d’affirmer que ,
felon le rapport unanime, Pythagore trouva le
Ton , le Diton, le ibmi-Ion , & que du toutil
fotma le Tetracorde Diatonique ; ( notez que cela
T E T.
3i3
feroit un Pentacorde :) au lieu de dire que Py-
{liagore trouva feulement les raifons de ces In-
tervalles, lefquels , felon un rapport plus una-
nime, etoient connus long-tems avant lui.
Les Tetracordes ne refterent pas long terns bor-
nes au nombre de deux; il s’en forma bientot
un troifieme, puis un quatrieme ; nombre au-
quel le fyfteme des Grecs demeura fixe.
Tous ces Tetracordes etoient con joints; c’efl;-
a-dire , que la derniere Corde du premier fer-
voit toujours de premiere Corde au fecond , &
ainfi de fuite , excepte un feul lieu a l’aigu ou
au grave du troifieme Tetracorde, ouily avoit
Dhjon&ion, laquelle ( voyez ce mot ) mettoit
un Ton d’Intervalle entre la plus haute Corde
du Tetracordeinfcdeur & la plus bade du Tetra-
corde fuperieur. ( Voyez Synaphe , Dia zeuxis.)
Or, comme cette Disjondion du troifieme Ti-
tracorde fe faifoit tantot avec le fecond , tantot
avec le quatrieme, cela fit approprier a ce troi-
fienie Tetracorde un nom particulier pour cha-
cun de ces deux cas. De forte que, quoiqu’il
n’y eutproprement que quatre Tetracordes , il y
avoit pourtant cinq denominations. (Voyez Fl.
H Fig. 2. )
Voici les noms de ces Tetracordes. Le plus
grave des quatre , & qui fe trouvoit place un
Ton au-deifus de la Corde Proslambanomene,
s’appelloit le Tetracorde - Flyjh it on , ou des princi-
V f
314
T E T.
pales j le fecond en montant, lequel etoit tou-1
jours conjoint au premier , s’appelloit le • Tetrcu-
corde-Mefon , ou des moyennes ; le troifieme,
quand il etoit conjoint au fecond & fepare du
quatrieme, s’appelloit le Tetracorde-Synntmetion,
ou des Conjointes ; mais quand il etoit fepare
du fecond & conjoint au quatrieme, alors ce
troifieme Tetracorde prenoit le nora de Diizeug-
menon , ou des Divifees. Enfin, le quatrieme
s’appelloit le Tetracorde - Hyperboleon , ou des
excellentes. L’Aretin ajouta a ce fyfteme un cin-
quieme Tetracorde que Meibomius pretend qu’il
ne fit que retablir. Quoi qu’il en foit, les fyfte-
mes particulars des Tetracordes firent enfin place
a celui de l’Odave qui les fournit tous.
Les deux Cordes extremes de chacun de ces
Tetracordes etoient appellees immuables , parce
que Jeur Accord ne changeoit jamais; mais ils
comenoient auffi chacun deux Cordes moyen¬
nes, qui, bien qu’accordees femblablement dans
tous les Tetracordes , etoient pourtant fujettes,
eornme je 1’ai dit, a etre haufiees ou baifiees fe¬
lon le Genre & meme felon l’efpece du Genre ;
ce qui fe faifoit dans tous les Tetracordes ega-
lement: c’elt pour cela que ces Cordes etoient
appellees mobiles.
Il y avoit fix efpeces principales d’Accord ,
felon les Ariftoxeniens ; favoir , deux pour le
Genre Diatonique , trois pour le Chromatique,
T E T.
3*f
& me feulemetit pour l’Enharmonique. (Voyez
ces mots.) Ptolomee reduit ces fix efpeces a
cinq. (Voyez Pi. M Fig. 5.)
Ces diverfes efpeces ramenees a la pratique
la plus commune, n’en formoient que trois, une
par Genre.
I. L’Accord Diatonique ordinaire du Tetra-
corde formoit trois Intervalles , dont le premier
etoit toujours d’un femi-Ton , &les deuxautres
d’un. Ton claacun, de cette maniere : mi , fa ,
fol , la.
Pour le Genre Chromatique , il falloit baiiTer
d’un femi-Ton la troifieme Corde , & Pon avoit
deux femi-Tons confecutifs, puis une Tierce
mineure: mi, fa , fa Diefe, la.
Enfin, pour le Genre Enharmonique, il fal¬
loit bai/Ter les deux Cordes du milieu juiqu’a ce
qu’on eut deux quarts de Ton confecutifs, puis
une Tierce majeure: Mi, mi demi-Diels, fa,
la i ce qui donnoit entre le mi Diefe & le fa
un veritable Intervalle enharmonique.
Les Cordes femblables , quoiqu’elles fe fol-
fialfent par les memes fyllabes , ne portoient
pas les memes 110ms dans tous les Tetracordes ,
mais elles avoient dans les Tetracordes graves
des denominations difFerentes de celles qu’elles
avoient dans les Tetracordes aigus. On trouvera
toutes ces difierentes denominations dans la Fi¬
gure 2 de la Planche H.
Les Cordes homologues , confiderees comm®
T E T.
316
tclles , portoient des noms generiques qui expri-
moient le rapport deleurpofition dans leurs T6-
tracordcs refpedtifs : ainfi Ton donnoit le norn
de Barypycni aux premiers Sons de l’lntervalle
ferre ; c’efta-dire, au Son le plus grave de cha-
que Tetracorde , de Mefopycni aux feconds oil
moyens, d’Oxypycni aux troiliemes ou aigus, &
A'Apycni a ceux qui ne touchoient d’aucun cote
aux Intervalles Ferres. (Voyez Systems. )
Cette divifion du fyfteme des Grecs par Te-
tracordes femblables, comme nous divifons le
notre par Octaves femblablement divifees , prou-
ve , ee me femble , quq.ce fyfteme n’avoit etc
produit par aucun fentiment d’Harmonie , mais
qu’ils avoient tach'e d’y rendre par des Interval¬
les plus ferres les inflexions de voix que leur
langue fonore & harmonieufe donnoit a leur
recitation foutenue , & fur-tout a celle de leur
Poefie, qui d’abord fut un veritable Chant; de
forte que la MuGque n’etoit alors que 1’Accent
de la parole & ne deviiit un Art fepare qu’apres
11 u long trait de terns. Qiioi qu’il en foit, ii eft
certain qu’iis bornoient leurs divifions primitives
a quatre Cordes , dont toutes les autres n’etoient
que les Repliques , & qu’ils ne regardoient tous
les autres Tetracard.es que comme autant de re¬
petitions du premier. D’oti je eonclus qu’il n’y
a pas plus d’analogie entre leur fyftfeme & le
notre qu’entre un Tetracorde & une Octave, &
que la marche fondamentale a notre Mode , que
T H E. 317
nous donnons pour bafe a leur lyftdne , ne s’y
rapporte en aucune faqon.
1. Parcs qu’un Tetracorde fornioit pour eux
un tout aufli complet que le forme pour nous
une Odave.
2. Pares qu’ils n’avoient que quatre fyllabes
pour folfier, au lieu que nous en avous fept.
3. Parce que leurs Tetracordes etoient con-
joints ou disjoints a volonte ce qui marquoit
leur entiere independance refpedive.
4. En&n , parce que les divifions y etoient
exadement femblables dans chaque Genre , &
fe pratiquoient dans le merae Mode ; ce qui ne
pouvoit fe faire dans nos idees par aucune Mo¬
dulation veritablement harmonique.
TiJ tradiapason. C’eft le uom Grec de la
quadruple Odave, qu’on appelle auffi Vingt-neu-
vieme. Les Grecs ne connuiiToicnc que le noni
de cet Intervallej car leur fyfteme de Mulique
n’y arrivoit pas. (Voyez Systemk. )
Te'tratonon. C’eft le nom Grec d’un Inter¬
vals de quatre Tons , qu’on appelle aujourd’h-ui
Quints - fuperjiue. ( Voyez Quinte. )
Texte. C’eft le Poeme , ou ce font les pa¬
roles qu’on met en Mulique. Mais ce mot eft
vieilli dans ee fens , & l’on ne dit plus le Texts
chez les Muliciens j on dit les paroles. (Voyez
Paroles. )
The'. L’une des quatre fyllabes dont les
Grecs fe fervoient pour folfier. (Voyez Soleier.)
T I E.
$i8
Thesis,/ f Abaiffement ou pofition. C’cft
ainfi qu’on appeiloit autrefois le Terns fort ou
le frappe de la Mefure.
Tho\ L’une des quatre fyllabes dont les
Grecs fe fervoient pour folfier. ( Voyez Sol-
pier. )
Tierce. La derniere des Confonnances fim-
ples & dire&es dans I’ordre de leur generation »•
& la premiere des deux Confonnances impar-
faites. (Voyez Cohsonhahce. ) Comme les
Grecs ne I’admettoient pas pour Confonnante,
elle n’avoit point, parmi eux , de nom generi-
que ; mais elle prenoit feulement le nom de fln-
tervalie plus ou moins grand , dont elle etoit
formee. Nous rappellons Tierce , parce que fon
Intervalle eft toujours compofe de deux Degtcs
ou de trois Sons Diatonicjues. A ne confiderer
les Tierces que dans ce dernier fens , c’eft-a-
dire, par leurs Degres, on en trouve de qua¬
tre fortes ■, deux Confonnantes & deux Diifo 11-
nan tes.
Les Confonnantes font: l°. La Tierce ma¬
nure que les Grecs appelloient Diton , compofee
de deux Tons , comme out a mi. Son rapport
eft de 4 a •). 2^. La Tierce mineure appellee
par les Grecs Hemiditon , & compofee d’nn Tost
& demi , comme mi J'oi. Son rapport eft de ^ a 6 .
Les Tierces difibnnantes font : i°. La Tierce
diminuee , compofee de deux femi - Tonsma-
jeurs, comme fi re Bemol, dont le rapport eft
t r e.
319
de 12)' a 144. 2®. La Tierce fuperflue, compofee
de deux Tom & demi, comma fa la Diefe : fon
rapport eft de 96 a 12^.
Ce dernier Intervalle ne pouvant avoir lieu
dans un meme Mode ne s’emploie jamais, ni
dans l’Harmonie, ni dans la Melodie. Les Ita-
liens pratiquent quelquefois , dans le Chant, la
Tierce diminuee, mais elle n’a lieu dans aucune
•Harmonie & voila pourquoi 1 ’Accord de Sixte
fuperflue ne fe renverfe pas.
Les Tierces confonnantes font l’ame de l’Har-
monie , fur-tout la Tierce majeure, qui eft fonore
& brillante : la Tierce mineure ell plus tendre
& plus trifte ; elle a beaucoup de douceur quand
Flntervalle en eft: redouble; c’eft-a-dire, qu’elle
fait la Dixieme. En general les Tierces veulent
etre portees dans le haut ■, dans le has elles font
fourdes & peu harmonieufes : c’eft pourquoi ja¬
mais Duo de Baffes n’a fait un bon eftet.
Nos anciens Muficiens avoient, fur les Tier¬
ces , des loix prefqu’auffi feveres que fur les
Quintes. II etoit defendu d’en faire deux de
fuite, meme d’efpeces differentes, fur-tout par
mouvemens femblables. Aujourd'hui qu’on a ge-
neralife par les bonnes loix du Mode les regies
particulieres des Accords , on fait fans faute,
par mouvemens femblables ou contraires , par
Degres conjoints ou disjoints , autant de Tierces
majeures ou mineures confecutives que la Mo¬
dulation en peut comporter, & l’on a des Dm
T I R.
320
fort agreables qui, du commencement a la fill }
ne precedent que par Tierces.
Quoique la Tierce entre dans la plupart des
Accords , elle na donne Ton nom a aucun , G
ce n’eft a celui que quelques-uns appellent Ac¬
cord de Tierce-Quarte , & que nous connoiilbns
plus communement fous le nom de Petite-Sixte.
(Voyez Accord, Sixte. )
Tierce de Picardie. Les Muficiens appellent
alnli , par plalfanterie , la Tierce majeure don-
nee , au lieu de la mineure, a la finale d’un
morceau compofe en Alode mineur. Comme
1’Accord parfait majeur ell plus harmonieux que
le mineur , on fe faifoit autrefois une loi dc
finir toujours fur ce premier; mais cette finale ,
bien qu’barmonieufe, avoit quelque chofe de
niais & de mal - chantant qui 1’a fait abandonner.
On finit toujours aujourd’hui par VAceord qui
convient au Mode de la Piece , li ce n’eft lorf-
qu’on veut paifer du mineur au majeur : car
alors la finale du premier Mode porte elegam-
ment la Tierce majeure pour annoncer le fecond.
Tierce de Picardie ; parse que l’ufage de cette
finale eft refte plus long-terns dans la Mufique
d’Eglife, &, par confequent en Picardie , on
il y a Mufique dans un grand nombre de Ca¬
thedral es, & d’autres Eglifes.
Timbre. (Voyez Tymbre. )
Tirade , f.f. Lorfque deux Notes font fepa-
recs par un Intervalle disjoint, & qu’on remplit
eet
TOM.
$21
ect Intervalle de toutes fes Notes diatoniques »
sela s’appelle une Tirade. La Tirade differe de
Ja Fufee , en ce que les Sons inteBtnediaires qui
liend les deux extremites de la Fufee font tres-
rapides, & ne font pas fenlibles dans la Mefure;
au lieu que ceux de la Tirade , ayant une valeur
fenfible, peuvent etre lents & meme inegaux.
Les Anciens nommoient en Grec dyuryis , &
en Latin du&us , ce que nous appellons aujour-
d’hui Tirade ; & Us en diftinguoient de trois
fortes. 1°. Si les Sons fe fuivoient en montant,
ils appelloient cela evQstcc,, ducius reUus. 2 *. S’iis
fe fuivoient en defcendant, c’etoit «va?sa! j u.7rr(j
ne produifent ni Tricon ni FauiTe - Quinte fur
la Tonique.
Tonique, f. f. Nom de la Corde principale
fur laquelle le Ton eft etabli. Tous les Airs fi-
nilfent communement par cecte Note , fur-tout a
la B.affe. C’eft l’efpece de Tierce que porte la
Tonique , qui determine le Mode. Ainfi Ton
peut compofer dans les deux Modes fur la meme
Tonique. Enfin , les Muficiens reconnoiffent cette
propriete dans la Tonique , que l’Accord parfait
n’appartient rigoureufement qu’a elle feule.
Lorfqu’on frappe cet Accord fur une autre Note,
ou quelque Diifonnance eft fous-entendue, ou
cette Note devient Tonique pour le moment.
Par la methode des Tranfpofitions, la Toni¬
que porte le nom d'ut en Mode majeur, & de
la en Mode mineur. ( Voyez Ton, Mode,
G AMME , SOLFIER , TRANSPOSITION , CtEFS
transpose'es. )
Tonique eft aufli le nom donnc par Ariftoxe-
ne a l’une des trois efpeces de Genre Chrorna-
tique dont il explique les divifions , & qui eft
le Chromatique ordinaire des Grecs , procedarrt
par deux femi-Tons confecutifs , puis une Tier¬
ce mineure. ( Voyez Genres. )
Tonique eft quelquefois adjedif. On dit Cor¬
de tonique , Note tonique, Accord tonique , Fxho
tonique , & c.
Tous, & en Italien Tutti. Ce mot s’ecrit
fouvent dans les Parties de Symphonie d’un
X f
330
T R a:
Concerto, apres cet autre mot Seal , ou Solo",
qui marque un Recit. Le mot Tons indique le
lieu ou finit ce Reeit, & ou reprend tout l’Or.
cheftre.
Trait. Terme de Plain-Chant, marquant la
Pfalmodie d’un Pfeaume ou de quelques verfets
de Pfeaume, trainee ou allongee fur un Air lu-
gubre qu’on fubftitue en quelques occafions aux
Chants joyeux de YAllsluya & des Profes. Le
Chant des Traits doit etre compote dans le fe-
eond ou dans le huitieme Ton; les autres n’y
font pas propres.
Trait , tra&us , eft auffi le nom d’une an-
cienne figure de Note appellee autrement Tiiqiie.
( Voyez Plique. )
Transition,/ f. C’eft, dans le Chant, une
maniere d’adoucir le faut d’un Interva lie dis¬
joint eninferant des Sons diatoniques entre ceux
qui forment cet Intervalle. La Tranfition eft
proprement une Tirade non notee: quelquefois
auifi elle n’eft qu’un Port-de-Voix, quand il s’a-
git feulement de rendre plus doux le paflage
d’un Degre diatonique. Ainfi, pour paffer de
Vut au re avec plus de douceur*, la Tranfition
fe prend fur Vut.
Tranfition , dans l’Harmonie, eft une marche
fondamentale propre a changer de Genre ou de
Ton d’une maniere fenfible , reguliere, & quel¬
quefois par des intermediaires. Ainfi , dans le
Genre Diatonique , quand la Bade marche de
T R A.
335
nianiere a exiger, dans les Parties, 1c paflage
d‘im femi-Ton mineur , c’eft une Tranjition chro-
matique. (Voyez Chromatique. ) Que fi l’on
pafle d’un Ton dans un autre a la faveur d’un
Accord deSeptieme diminuee, c’eft une Tranfi-
tion enharmonique. ( Voyez Enharmonique. )
Translation. C’eft, dans nos vieilles Mu-
fiques , le tranfport de la fignification d’un Point
a une Note feparee par d’autres Notes de c»
jtreme Point. ( Voyez Point. )
Transposer , v. a. & n. Ce mot a plufieurs
fens en Mufique.
On Trmfpofe en executant, lorfqu’on tranf-
pofe une Piece de Mufique dans un autre Ton
que celui ou elie eft ecrite. (Voyez Transpo¬
sition, )
On Tranfpofe en ecrivant, lorfqu’on Note une
Piece de Mufique dans un autre Ton que celui
ou el le a ete compofee. Ce qui oblige non-feu-
lement a changer la Pofition de toutes les No¬
tes dans le meme rapport, mais encore a armer
la Clef difteremment felon les regies prefcrites
a Particle Clef tranfpofee.
Enfm l’on trmfpofe en folfiant, lorfque , fans
avoir egard au nom naturel dcs Notes , on leur
en donne de relatifs au Ton , au Mode dans
lequel on chante. ( Voyez Solfier. )
Transposition. Changement par lequel on
tranfporte un Air ou une Piece de Mufique d’un
Ton a un autre.
T R a:
333
Comme i! n’y a que deux Modes dans notre
Mufique, Compofer en tel ou tel Ton , n’eft au¬
tre chofe que fixer fur telle ou telle Tonique ,
celui de ces deux Modes qu’on a choifi. Mais
comme l’ordre des Sons ne fe trouve pas natu-
rellement difpofe fur toutes les Toniques, com¬
me il devroit l’etre pour y pouvoir etablir un
meme Mode, on corrige ces differences par le
moyen des Diefes ou des Bemols dont on arme
la Clef , & qui tranfporte les deux femi-Tons de
la place ou ils etoient, a celle ou'ils doivent
etre pour !e Mode & le Ton dont il s’agit.
(Voyez Clef transpose^.)
Quand on veut done tranfpofer dans un Ton
un Air compofe dans un autre , il s’agit premie-
rement d’en eleverou abaiifer la Tonique & rou¬
tes les Notes d’un ou de plufieurs Degres , fe¬
lon le Ton que V on a choifi, puis d’armer la
Clef comme l’exige 1’analogie de ce nouveau
Ton. Tout cela eft egal pour les Voix : car en
appellant toujou rs ut la Tonique du Mode nia-
jeur & la celle du Mode mineur, elles fuivent
toutes les affections du Mode , fans meme y
fonger. ( Voyez Solfier. ) Mais ce n’eft pas
pour un Symphonifte une attention legere de
jouer dans un Ton ce qui eft note dans un au¬
tre; car, quoiqu’il fe guide par les Notes qu’ii
a fous les yeux, il faut que fes doigts en fbn-
nent de toutes differentes, & qu’ii les altere
tout differemment felon la differente maniere
T R E.
333
dont la Clef doit etrearmee pour le Ton note,
& pour le Ton tranfpofe ; de forte que fouvent
il doit faire des Diefes ou il voit des Beraols ,
& vice verft i, &c.
C’eft, ce me femble, un grand avantage du
Syfteme de 1’Auteur de ce Di&ionnaire de ren-
dre la Mufique notee egalement propre a tons
les Tons en changeant une feule lettre. Cela
fait qu’en 'quelque Ton qu’on tranfpofe , les Inf-
trumens qui executent, n’ont d’autre difficulte
que celle de jouer la Note , fans avoir jamais
1’embarras de la Tranfpofition. ( Voyez Notes. )
Travailler , V. n. On dit qu’une Partie tra-
vaille quand elle fait beaucoup de Notes & de
Diminutions , tandis que d’autres Parties font
des Tenues & marehent plus pofement.
Treizieme. Interva lie qui forme l’Odave
de la Sixte ou la Sixte de 1’Odnve, Cet Inter¬
vals s’appelle Treizieme, parce qu’il eft forme
de douze Degres diatoniques, c’eft-a-dire de
treize Sons.
Tremblement , f. m. Agrement du Chant
que les Italiens appellent Trillo , & qu’on defir
gne plus fouvent en Franqois par le mot Caden¬
ce. (Voyez Cadence. )
On employoit aufli jadis le terme de Tremble¬
ment, en Italien Tremolo , pour avertir ceux qui
jouoient des Inftrumens a Archet, de battre
plufieurs fois la Note du meme coup d’Archet,
comme pour imiter le Tremblant de I’Orgue. Le
3 34 T R t
liom ni la ehofe ne font plus en ufage aujour-
d’hui.
TriadeHarmoniquC eterme en Mu¬
fique a deux fens difterens. Dans le calcul ,
e’eft la proportion harmomque; dans la prati¬
que, c’ert l’Accord parfait majeur qui refulte de
cette meme proportion , & qui eft compofe d’un
Son fundamental, de fa Tierce majeure, & de
fa Quinte.
Triads, parce qu’elle eft eompofee de trois
termes.
Harmovique , parce qu’elle eft dans la pro¬
portion harmonique, & qu’elle eft la fource de
toute Harmonie.
Trihemiton. C’eft le nom que donnoient les
Grecs a l’Intervalle que nous appellons Tierce
mineurej ils 1’appelioient auffi quelquefois He-
miditon . ( Voyez Hemi ou Semi. )
Triel ou Trembleinent. ( Voyez Cadence. )
Tkimeles. Sorte de Nome pour les Flutes
dans l’ancienne Mufique des Grecs.
Trimeres. Nome qui s’executoit en trois
Modes confecutifs; favoir, le Phrygien, le Do-
rien, & le Lydien. Les uns attribuent I’inven-
tion de ce Nome compofe a Sacadas Argieu, &
d’autres a Clonas Thegeate.
Trio. En Italien Terzetto. Mufique a trois
Parties principalcs ou recitantes. Cette efpece
de Compofition paffe pour la plus excellente,
& doit etre auifi la plus reguliere de toutes.
TRL
33 i
Outre les regies generates du Contre-Point, il
y en a pour le Trio de plus rigoureufes dont la
parfaite obfervation tend & produire la plus
agreabie de toutes les Harmonies. Ces regies de-
coulent toutes de ce principe , que l’Accord par-
fait etant compofe de trois Sons difFerens , il
faut dans chaque Accord, pour remplir l’Ha'rmo-
nie, diftribuer ces trois Sons , autant qu’il fe
peut, aux trois Parties du Trio. A l’egard des
Diitonnances , comrae on ne les doit jamais dou¬
bler , & que leur Accord eft compofe de plus
de trois Sons; e’eft encore une plus grande ne-
ceifite de les diverfifier , & de bien choifir , ou¬
tre la Diflonnance , les Sons qui doivent, pas
preference , l’accompagner.
De-la, ces diverfes regies, de ne naffer au-
cun Accord Ians y faire entendre la Tierce ou
la Sixte , par confe'quent d’eviter de fr apper a
la fois la Quinte & 1 'Odtave, ou la Qnarte & la
Quinte ; de ne pratiquer l’Odtave qu’avec beau-
coup de precaution , & de n’en jamais fonnes
deux de fuite , meme entre differentes Parties 9
d’eviter la Quarte autant qu’il fc peut: car tou¬
tes les Parties d’un Trio, prifes deux a deux,
doivent former des Duo parfaits. De-la, en un
mot, toutes ces petites regies de detail qu’011
pratique meme fans les avoir apprifes , quand
on en fait bien le Principe.
Camme toutes ces regies font incompatibles
s-vec funks de Melodie, & qu’on n’entendifc
TRL
33
Et la Triple de Croches , qui contient une
Croche par Terns ou une Noire pointee par Me¬
fure , & fe marque ainfi |.
Voyez au commencement de la Planche B
des exemples de ces diverfes Mefures Triples.
Y 3
T R f.
340
Trifle', adj. Un Intervalle Triple eft celui
qui eft porte ala triple-Odave. (Voyez Inters
valle. )
Triplum. C’eft le 110m qu’on donnoit a la
Partie la plus aigue dans les comraeneemens da
Centre-Point.
Trite, f. f C’etoit, en comptant de 1 ’aigu
au grave, corame faifoient les Anciens, la troi-
fieme Corde du Tetracorde , e’eft-a-dire , la fes-
conde , en comptant du grave a I’aigu. comme
il y avoit cinq differens Tetracordes, il auroit
du y avoir autant de Trites ; mais ce 110m n’e-
toit en ufage que dans les trois Tetracordes ai-
gus. Pour les deux graves , Voyez Parhypate.
Ainfi il y avoit Trite Hyperboleon, Trite
Diezeugmenon , & Trite Synnemenon. (Voyez
Systeme , Te'tracorde. )
Boece die que, le fyfteme n’etant encore
compofe que de deux Tetracordes conjoints ,
on donna le nom de Trite a la cinquieme Corde
qu’on appelloit auili Faramefe; e’eft-a-dire, ala
feconde Corde en montant du fecond Tetracor-
de; mais que Lychaon Samien ayant infere une
nouvelle Corde entre la Sixieme ou Faranete ,
& la Trite , celle ci garda le feul nom de Trite
& perdit celui de Faramefe , qui fut donne a
cette nouvelle Corde. Ce n’eft pas-la tout-a-fait
ce que dit Boece; mais c’elt ainfi qu’il faut l’ex-
pliquer pour I’entendre.
r y m.
34 *
Triton. Intervalle diflbnnant eompofe de
trois Tons , deux majeurs & un mineur , & qu’on
peut appeller Quarts fnpsrflue. (Voyez Quarte.)
Cec Intervalle eft egal, lur le Clavier , a celui
de la fauffe Quinte : cependant les rapports nu-
meriques n’en font pas egaux, celui du Triton
n’etant que de 32 a 4^ ; ce qui vient de ce qu’aux
Intervalles egaux, de part & d’autre , le Triton
a’a de plus qu’un Ton majeur, au lieu de deux
femi-Tons majeurs qu’a la fauffe-Quinte. ( Voyez
Vausse Quinte. )
Mais' la plus considerable difference de la
fauffe-Quinte & du Triton eft que celui - ci eft
une Diffonnance majeure que les Parties fau-
vent, ens’eloignant; & 1 ’autre une Diffonnance
mineure qus les Parties fauvent , en s’appro-
chant.
L’Accord du Triton n’eft qu’un renverfement
de 1 ’Accord fenlible dont la Diffonnance eft
portee a la Baffe. D’ou il fuit que cet Accord
lie doit fe placer que fur la quatrieme Note du
Ton, qu’il doit s’accompagner de Seconde &
de Sixte, & le fauver de la Sixte. (Voyez Sau-
ver. )
Tymbre. On appelle ainfi, par metaphore ,
cette qualite du Son par laquelle il eft aigre ou
doux, lourd ou eclatant, fee ou moelleux. Les
Sons doux ont ordinairement peu d’eclat, com-
me ceux de la Flute & du Luth ; les Sons ecla-
tans font fujets a 1’aigreur, comme ceux de la
X 3
v a l;
343
Vielle ou du Hautbois. II y a m£me des Lift
trumens , tels que le Claveffin, 'qui font a la
fois fourds & aigres ; & c’eft le plus mauvais
Timbre. Le beau Timbre eft celui qui reunit la
douceur a l’eclat. Tel eft le Timbre du Violon.
( Voyez Son. )
•¥“ 5 j 5 '4*
V.
V . Cette lettre majufcule Pert a indiquer les
parties du Violon , & quand elle eft double VV,
elle marque que le premier & le fecond font a
l’Uniffon.
Valeur des Notes. Outre la polition des
Notes , qui en marque le Top , elles out routes
quelque figure determinee qui en marque la du-
ree ou le Tents, c’eft-a-dire, qui determine la
Valeur de la Note.
C’eft a Jean de Mu ris qu’on attribue l’inven-
tion de ces figures vers Pan 1330 : car les Grecs
n’avoient point d’autre Valeur de Notes que la
quantite des fyllabes ; ce qui feul prouveroit
qu’ils n’avoient pas de Mufique purement inftru-
mentale. Cependant le F. Merfenne, qui avoit
lu les ouvrages deMuris, allure n’y avoir rien
vu qui put confirmer cette opinion , &, apres
en avoir lu moi-memela plus grande partis, je
n’ai pas ete plus heureux que lui. De plus ,
Pexamen des manufcrits du quatorzieme lieele <
v a l;
543
qui font a la Bibliotheque du Roi’, ne porte
point a juget quo les diverfes figures de Notes
qu’on y trouve fuffent de fi nouvelle inftitution.
Enfin, c’eft une chofe difficile a croire , que
durant trois cents ans & plus, qui fe font ecou-
les entre Gui Aretin & Jean de Mur is , la Mu-
fique ait ete totalement privee du Rhythme &
de la Mefure, qui eii font l’ame & le principal
agrement.
Quoi qu’il en fort, il eft certain que les dif-
ferentes Valeurs des Notes font de fort ancienne
invention. J’en trouve , des les premiers terns»
de cinq fortds de figures, fans compter la Liga¬
ture & le Point. Ces cinq font, la Maxime, la
Longue, la Breve, la femi-Breve, & la Mini-
me. ( VI. D Fig. 8- ) Toutes ces differentes
Notes font noires dans le manulcritde Guillau¬
me de Machault } ce n’eft que depuis 1’invention
de I’imprimerie qu’on s’eft avife de les fairs
blanches , & , ajoutant de nouvelles Notes , de
diftinguer les Valeurs, par la couleur auffi bieti
que par la figure,
Les Notes, quoique figurees de merae, n’a-
voient pas toujours la meme Valeur. Qpelque-
fois la Maxime valoit deux Longues , ou la
Longue deux Breves ; quelquefois elle en valoit
trois : ceia dependoit du Mode. (Voyez Mode.)
II en etoit de meme de la Breve, par rapport a
la femi-Breve, & cela dependoit du Terns;
■(voyez Xems.) de meme enfin de la femi-Breve>
J 4
v a l:
344
par rapport a la Minime; & cela dependoit
de la Prolation. ( Voyez Prolation. )
II y avoit done Longue double , Longue par-
faite , Longue imparfaite , Breve parfaite, Bre¬
ve alteree, fiemi - Breve majeure, & femi-Breve
mineure : fept diiferentes Valeurs auxqueiles re-
pondent quatre figures feulement, fans compter
la Maxime ni la Minime , Notes de plus moder-
ne invention. ( Voyez ces divers -mots. ) II y avoit
encore beaucoup d’autres manieres de modifier
les dirferentes Valeurs de ces Notes, le
Point , par la Ligature , & par la pofition de la
Queue. ( Voyez Ligature , Plique , Point.)
Les figures qu’on ajouta dans la finite a ces
citrq ou fix premieres, furent la Noire, la Cro-
che , la double - Croche , la triple & nieme la
quadruple - Croche ■, ce qui feroit onze figures en
tout: roais des qu’on eut pris l’ufage de feparer
Jes Mefiures par des Barres, on abandonna tou-
tes les figures de Notes qui valoient plufieurs
Mefiures, comme la Maxime, qui en valoit huit;
la Longue , qui en valoit quatre ; & la Breve
ou quarree , qui en valoit deux.
La femi-Breve ou Ronde , qui vaut une Me-
fure entiere , eft la plus longue Valeur de Notes
demeuree en ufiage, & fur laquelle on a deter¬
mine les Valeurs de toutes les autres Notes, &
comme la Mefure binaire , qui avoit palfie long,
terns pour moins parfaite que la ternaire, prife
enfin le deffus & fervit de bale a toutes les au„
V A R.
34f
ires Mefures; de merae la divifion fous-double
i’emporta fur la fous-triple qui avoit auffi palfe
pour plus parfaite; la Ronde ne valutplus quel-
quefois trois Blanches, mais deux feulement s
la Blanche deux Noires , la Noire deux Cro-
ches , & ainfi de fuite jufqu’a la quadruple-Cro-
che , li ce n’eft dans les cas d’exception ou la
divifion fous-triple fut iconfervee, & indique©
par le cliiffre 3 place au-deifus ou au-deffous des ,
Notes. (Voyez, PI. F Fig. $ & 9- les Valeurs
& /w figures de toutes ces differentes efpeces de
Notes.)
Les Ligatures furent auffi abolies en meme
terns, du moins quant aux changemens qu’elles
produifoient dans les Valeurs des Notes. Les
Queues, de quelque maniere qu’elles fuffient pla-
cees, n’eurent plus qu’un fens fixe & toujours
le meme ; & enfin la fignification du Point fut
auffi toujours bornee a la moitie de la Note qui
eft immediatement avant lui. Tel eft l’etat ou
les figures des Notes ont ete mifes, quanta la
Valeur, & ou elles font adtuellement. Les Si¬
lences equivalens font expliques a l’article Si¬
lence.
L’Auteur de la Diflertation fur la Mufique
moderne trouve tout cela fort mal imagine. J’ai
dit, au mot Note , quelques-unes des raifons
qu’il allegue.
Variations. On entend fous ce nom toutes
ks manieres de broder & doubler un Air , fob
X f
r a u.
34 ^
par des Diminutions, foie par des paflages oi
autres agremens qui ornent & figurent cet Air.
A quelque degre qu’on multiplie & charge les
Variations , il faut toujours qu’a travers ces bro-
deries on reconnoilTe le fond de l’Air que Ton
appeile le ftmple , & ii faut en meme terns que
le cara&ere de chaque Variation foit marque par
des differences qui foutiennent l’attention &
previennent Pennui.
Les Symphcntftes font fouvent des Variations
i npromptu ou fuppofees telles; mais plus fou-
vent on les note. Les divers Couplets des Fo'ies
d'Efpagne, font autant de Variations notees; on
entrouve fouvent auffi dans les Chaconnes Fran-
qoifes, & dans de petits Airs Italiens pour le
Violon ou le Violoncelle. Tout Paris ell all&
admirer, au Concert fpirituel, les Variations
des iieurs Guignon & Mondonville, & plus re-
ccmment des lieurs Guignon & Gavinies, fur
des Airs du Pont-neuf qui n’avoient d’autre me-
rite que d’etre ainfi varies par les plus habiles
Violons de France.
Vaudeville. Sorte de Chanfon a Couplets \
qui raule ordinairement fur des Sujets badins ou
fatyriques. On fait remonter Porigine de ce pe¬
tit Poeme jufqu’au regne de Charlemagne : mais ,
felon la plus commune opinion , il fut invente
par un certain Baflelin, Foulon de Vire en
Normandie; & comme, pour danfer fur ces
Chants, on s’aifembloit dans le Val de Vire, iis
V I G 347
furent appelles, dit-on , Vaux-de-Vire, puis par
corruption Vaudevilles.
L’Air des Vaudevilles eft communement peu
Mufical. Comme on n’y fait attention qu’aux
paroles, l’Air ne fert qu’a rendre la recitation
unpeu plus appuyee ; du refte on n’y fent pour
l’ordinaire ni gout, ni Chant, ni Mefure. La
Vaudeville appartient excluflvement aux Fran,
cois, & ils en ont de tres-piquans & de tres-
plaifans.
■ Ventre. Point du milieu de la vibration
d’une Corde fonore, ou, par eette vibration,
elle s’ecarte le plus de la ligrie de repos. ( Voyez
Noeuq. )
Vibration,// Le corps fonore en a&ion
fort de fon etat de repos , par des ebranlemens
lege rs ; mais } fenfibles , frequens & fucceilifs ,
dont chacun s’appelte une Vibration. Ces Vibra¬
tions , Gommuniqudes a l’Air, portent a l’oreille,
par ce vehicule , la fenfation du Son ; & ce
Son eft grave ou aigu , felon que les Vibrations
font plus ou moins frequentes dans le meme
terns. ( Voyez Son. )
Vicarier , v. n. Mot fatnilierpar lequel les
Mufieiens d’Eglife expriment ce que font ceux
d’entr’eux qui courent de Ville en Ville, & de
Cathedrale en Cathedrale, pour attrapper quel-
ques retributions , & vivre aux depens des Mai-
tres de Muiique qui font fur leur route.
v i l;
348
Vibe , ou Vuide. Corde a vuide, ®u Corded
jour i c'eft fur les Inftrumens a manche , tels que
la Viole ou le Violon, le Son qu’on tire de la
Corde dans toute fa longueur , depuis le fillet
jufqu’au chevalet , fans y placer aucun doigt.
Le Son des Cordss a vuide eft non-feulement
plus grave , mais plus refonnant & plus plein
que quand on y pofe quelque doigt; ce qui vient
de la molleffe du doigt qui gene & intercepte
le jeu des vibrations. Cette difference fait que
les bons joueurs de Violon evitent de toucher
les Cordes 4 vuide pour 6ter cette inegalite de
Timbre qui fait un mauvais effet, quand elle
n’eft pas difpenfee a propos. Cette manier» d’exe-
cuter exige des pofitions recherchees , qui aug-
mentent la difficulte du jeu. Mais aufti quand
on en a une fois acquis 1’habitude , on eft vrai-
ment malt re de fon Inftrument, & dans les Tons -
les plus diificiles , 1’execution marche alors com-
me dans les plus aifes.
ViF , vivement. En Italien Vivace : ce mot
marque un Mouvement gai , prompt, anime ’
tine execution hardie & pieine defeu.
Villanelle , /. /. Sorte de Danfe ruftique
dont l’Air doit etre gai, marque , d’une Mefure
tres-lenfible. Le fond de cet Air eft ordinaire-
ment un Couplet aflezfimple, fur lequelonfait
enfuite des Doubles ou Variations. ( Voyez
Double , Variations. )
V I R.
54 ?
VlOLE, f. f. C’eft ainfi qu’on appelle, dans
la Mufique Italienne, cette Partie de remplifla-
ge qu’on appelle, dans la Mufique Frajiqoife,
Quinte ou Taiile; car les Francois doublent
fouvent cette Partie, c’eft-a-dire , en font deux
pour une; ce que ne font jamais les Italiens.
iLa Viole fert a Her les Deifus aux Baifes, & a
templir, d’une maniere harmonieufe , le trop
grand vuide qui refteroit entre deux. C’eft pour-
quoi la Vi ole eft toujours neceffaire pour l’Ac-
cord dutout,meme quand elle ne fait que jouer
la Baffe a l’O&ave , comme il arrive fouvent
dans la Mufique Italienne.
t- Violon- Symphonifte qui joue du Violon dans
un Orcheftre. Les Violons fe divifent ordinaire-
ment en premiers, qui jouent le premier Def-
fus; & feconds, qui jouent le fecond Defius :
chacune des deux Parties a fon chef ou guide
qui s’appeile auifi le premier j favoir le premier
des premiers, & le premier des feconds. Le
premier des premiers Violons , s’appelle auifi
Premier Violon tout court: il eft le Chef de tout
1’Orcheftre : c’eft lui qui donne l’Accoid, qui
guide tous les Symphoniftes, qui les remetf
quand il's manquent, & fur lequel ils doivenC
tous fe regler.
■' Virgule. C’eft ainfi que nos anciens Mufi-
ciens appelloient cette partie de la Note , qu’on
a depuis appellee la Queue. (Voyez Queue.)
xj n t:
'?fo
Vite. En Italien Prejlo. Ce mot, a la tet?
d’un Air, indique le plus prompt de tous les
Mouvemens; & il n’a, apres lui, que fon fu-
perlatit' PreftiJJimo , ou Prejio ajfai, tres- Vite.
Vivace (Voyez. Vie. )
Unisson. f. m. Union de deux Sons qui font
au meme Degre, dont Pun n’eft ni plus gravs
ni plus aigu que Pautre , & dont PIntervalle
etant nul , ne donne qu’un rapport d’egalite.
Si deux Cordes font de meme matiere, ega-
les en longueur, en groifeur , & egalement ten-
dues , elles feront a P UniJJbn. Mais il eft faux
de dire que deux Sons a P Unijfon fe confondent
fi parfaitement, & aient une telle identite que
Poreille ne puiife les diftinguer : car ils peu-
vent diiferer de beaucoup quant au Timbre &
quant au degre deforce. Une Cloche peut etre
a P UniJJon d’une Corde de Gu itarre, une Viel-
le a VUniJJbn d’une Flute, & Von n’en eonfon-
dra point les Sons.
Le zero n’eft pas un nombre, ni V Unijfon xm
Intervalle; mais P Unijfon eft a la ferie des In-
tervalles, ce qu’ett le zero a la ferie des nora-
tres; c’eft le terrne d’ou ils partent, c’eft le
point de leur commencement.
Ce qui conftitue P Unijfon , c’eft l’egalite du
nombre des Vibrations faites en terns egaux par
deux Sons. Des qu’il y a inegalite entre les
nombres de ces vibrations, il y a Intervalle
tr N l
cntre les Sons qui les donnent. ( Voyez Cor de 9
Vibration. )
On s’eft beaucoup tourmente pour favoir Ci
YUnijfon etoit une Confonnance. Ariftote pre¬
tend que non, Muris affure que fl , & le P. Mer-
fenne fe range a ce dernier avis. Comme cela
depend de la definition du mot Confonnance, je
ne vois pas quelle difpute il peut y avoir la.
deffus. Si Ton n’entend par ce mot Confonnance
qu’une union de deux Sons agreable a l'oreille ,
T U nijfon fera Confonnance allurement; inais 11
Ton y ajoute de plus une difference du grave a
l’aigu , il eft clair qu’il ne le fera pas.
Une queftion plus importante, eft de favoir
quel eft le plus agreable a l’oreille de f Vnijfon
ou d’un Intervalie confonnant, tel, par exem-
ple, que I’Oclave ou la Quinte. Tous ceux qui
ont l’oreille exercee a PHarmonie , prefereut
P Accord des Confonnances a l’identite de VU-
nijfon i mais tous ceux qui, fans habitude de
1’Harmonie, n’ont, li j’ofe parler ainfi, nul
prejuge dans l’oreille, portent un jugement con-
traire: YUnijfon feul leur plait, ou tout au plus
l’Oclave, tout autre Intervalie leur paroit dif-
cordant: d’ou il s’enfuivroit, ce me femble,
que 1’Harmonie la plus naturelie, & par confe-
quent la meilleure, eft a 1’ Uni fan. (Voyez HaR-
monie.)
C’eft une obfervation connue de tous les Mu-
ficiens, que celle du fremiffement & de la re*
ir n v
BT-S
fonnance d’une Corde , au Son d’mie autre Cc*5
de moncee a VUniJfon de la premiere , ou me*
me a fon Odave , ou meme a l’Odave de fa
Quinte, &c.
Void comme on explique ce phenomene.
? Le Son d’une Corde A met 1’Air en mouve-’
ment. Si une autre Corde B fe troupe-dans la
fphere du mouvement de cet Air, il agira fur
elle. Chaque Corde n’eft fufceptible, dans un
terns donne , que d’un certain nombre de Vi¬
brations. Si les Vibrations, dont la Corde Belt
fufceptible , font egales en nombre a celle de
la Corde A, fair ebranle par I’une agilfant fur
Pautre , & la trouvant difpofee a un mouvement
femblabie a celui qu’ii a recu , le lui communi¬
que. Les deux Cordes marchant ainfi de pas
egal, routes les impuUlons que Pair reqoit de
la Corde A , & qu’il communique a la Corde B ,
font coincidences avec les vibrations de cette
Corde, & par confequent augmenteront fon mou¬
vement loin de le contrarier : ce mouvement,
ainii fuccellivement augmente, ira bientot juf-
qu’a un fremilfement fenlible. Alors la Corde B
rendra du Son; car toute Corde fonore qui fre-
irsit , fonne ; & ce fon fera neceffairement a
XUniJfcn de celui de la Corde A.
Par la meme raifon , l’Obtave aigue fremira &
refonnera auffi, mais moins fortement que 1’IT-
nijjon ; parce que la coincidence des Vibrations
& par confequent Pimpulfion de Pair, y eft
moins
U N I r 3S3
moms frequente de la moitie : elle 1’eft encore
moins dans la Douzieme ou Quinte redouble ,
& moins dans la Dix-lepneme ou Tierce majeu-
re triplee, derniere des Confonnances qui fre-
milfe & refonne fenliblement & direiftement :
car quanta la Tierce mineure & auxSixtes, dies
ne relbnnent que par eombinaifon,
Toutes les fois que lcs nombres des vibra¬
tions dont deux Cordes font fufceptibles en
terns egal font commenfurables, on ne pent
douter que le Son de Tune ne communique a
l’autre quelque ebranlement par 1’aliqnote com¬
mune i mais cet ebranlement n’etant plus fenfi.
ble au-dela des quatre Accords precedens , il
eft compte pour rien dans tout ie refte. ( Voyez
Cgnsonnance. )
II paroit, par cette explication, qu’un Son
n’en fait jamais reformer un autre qu’en vertu de
quelque Unijfon car un Son quelconque donne
toujours V Unijfon defes aliquotes : mais comme
il ne fauroit dormer YUniJfoiv&e fes multiples*
il s’en fuit qu’une Corde fonore en mouvement
n’en peut jamais faire reformer ni fremir une
plus grave qu’elle. Sur quoi Ton peut juger de
la verve de 1’experience dont M. Rameau tire-
l’origine du Mode mineur.
Unissoni. Ce mot Italien, ecrit tout au long
ou en abrege dans une Partition fur la Portee
vuide du lecond Violon , marque qu’il doit jouer
al’Unilfon fur la Partie du premier; & ce me-
Tome XI. Z
me mot, ecrit fur IaPortee vuide du premier
Fiolon , marque qu’il doit jouer a PUnifTon
fur la Partie du Chant.
Unite' be Me'lodie. Tous les beaux Arts
ont quelque Unite d’objet, fource du plailir
qu’iis domient a l’efprit : car l’attention parta-
gee ne fe repofe nuile part, & quand deux ob-
jets nous occupent, c’eft une preuve qu’aucun
des deux ne nous fatisfait. II y a , dans la Mu¬
fique, une Unite fuccelfive qui fe rapporte au
fujet, & par laquelle toutes les Parties , bien
liees , compofent un feul tout, dont on apper-
qoit l’enfemble & tous les rapports.
Mais il y a une autre Unite d’objet plus fi.
ne , plus fimultanee , & d’ou nait, fans qu’on y
fonge, l’energie de la Mufique & la force de
fes expreffions.
Lorfque j’entends chanter nos Pfeaumes a
quatre Parties, je commence toujours par etre
fail! , ravi de catte Harmonie pleine & nerveu-
fe; & les premiers accords, quand ils font en-
tonnes bien jufte, m’emeuvent jufqu’a friffon-
ner. Mais a peine en ai-je ecoute la fuite , pen¬
dant quelques minutes, que mon attention fe re-
lache, le bruit m’etourdit peu-a-peu; bientot il
me laife, & je fuis endn ennuye de n’enrendre
que des Accords.
Cet effet ne m’arrive point, quand j’entends
de bonne Mufique moderne , quoiqiie PHarmo-
nie en foit moins vigoureufe , & je me fduviens
UNI.
3 ??
qu’a I’Opera de Venife , loin qu’un bel Airbien
execute m’ait jamais ennuye, je lui donnois ,
quelque long qu’il fut, une attention toujours
nouvelle , & l’ecoutois avec plus d’interet a la
fin qu’au commencement.
Cette difference vient de celle du caradtere
des deux Mufiques , dont l’une n’eft feulemenc
qu’une fuite d’Accords , & l’autre eft une fuits
de Chant. Or le pi at Ur de ffiarmonie n’eft
qu’un plaifir de pure fen ration , & la jouiffance
des fens eft toujours courte, la fatiete & l’ennui
la (invent de pres : mais le plaifir de la Melodis
& du Chant, eft un plaifir d’interet & de fenti-
ment qui parle au coeur, & que 1’Artifte peut
toujours loutenir & renouvellera force de genie.
La Mufique doit done necelTairement chanter
pour toucher, pour plaire, pour foutenir l’in-
teret & Pa ttention. Mais conynenb dans nos-
Syftemes d’Accords & d’ffarmonie, la Muliqus
s y prendra-t-elle pour chanter? Si chaque Par-
tie a fon Chant propre , tous ces Chants, en-
tendus a la fois, fe detruiront mutuel;ement 3
& ne feront, plus de Chant: fi routes les Parties
font le meme Chant, l’on n’aura plus d’Harmo-
nie , & le Concert fera tout a PUniflon.
La maniere , dont un inftimft mufical, un.
certain fentiment fourd du genic , a leve cette
difficulte fans la voir, & en a meme tire avan-
tage , eft bien remarquabla. L’Harmonie, qui
devroit etouffer la Melodie, l’aninte, la ren-
Z %
U N I.
3f li toutefois la chofe eft pof-
ftble.
Lorfque j’eus decouvert ce principe , je vou-
3us, avant de le propofer, en elfayer Papplica-
tion par moi-meme; cet eifai produifit le Devin
du Village; apres le fucees, j’en parlai dans ma
Lettre fur la M'tfique Francoife. C’eft aux Mai-
tres de l 1 Art a juger ft le principe eft bon , & li
j’ai bien fuivi les regies qui en decoulent.
Univoque , adj. Les Confonnances Univoques
font l’Oblave & fes repliques , parce cue toutes
portent le meme nom. Ptolomee fut le premier
qui les appella ainfi.
Vocal, adj. Qui appartient au Chant des
Voix. Tour de Chant Vocal $ Mufique Vocale.
Vocale. On prend quelquefois fubftantive-
ment cet ad jedif pour exprimer la par tie de la
Mufique qui s’execute par des Voix. Les Sym¬
phonies d'un tel Opera font affez bien faites; metis
la Vocale eft mauvaife.
Voix,//. La fomrne de tons les Sons qu’uii
homme peut, en parlant , en chantant, en
criant, tirer de fon organe , forme ce qu’on ap-
pelle fa Voix, & les qualites de cette Voix de¬
pendent aulli de celles des Sons qui la foment.
Ainfi, l’on doit d’abord appliquer a la Voix tout
ce que j’ai dit du Son en general. ( Voyez Son.)
Les Phyficiens aiftinguent dans fhomine dif-
ferentes fortes de Voix; ou, fi fon veut, ils
Z 4 i
3 6o ' V O I.
conAderent la meme Voix fous difterentes faces.
1. Comme un Ample Son, tel que le cri des
enfans.
2 . Comme un Son articule , tel qu’il eft dans
la parole.
3. Dans le Chant, qui ajoute a la parole la
Modulation & la variete des Tons.
4. Dans la declamation, qui paroit dependre
d’une nouvelle modification dans le Son & dans
la fubftance meme de la Voix ; Modification dif¬
ference de celle du Chant & de celle de la pa¬
role , puifqu’elle peut s’unir a l’une & a 1’autre ,
ou ed etre retranchee.
On peut voir , dans PEncyclopedie, a Parti¬
cle Declamation des Anciens, d’oii ces divisions
font drees, Pexplication que donne M. Duclos
de ces diiferentes fortes de Voix. Je me conten-
terai de tranfcrire ici ce qu’il dit de la Voix
chantante ou muAcale, la leule qui fe rapporte
a mon fujet.
„ Les anciens MuAciens out etabli, aprds
„ Ariftoxene : i°. Que la Voix de Chant pafte
M d’un degre d’elevation ou d’abaiffement a un
M autre degre; e’eft-a-dire, d’un Ton a 1 ’autre ,
„ par faut , fans parcourir Plntervalle qui les
„ fepare; au lieu que celle du difcours s’eleve
„ & s’abaiife par un mouvement continu. 2 0 .
„ Que la Voix de Chant fe foutient fur le meme
„ Ton, conAdere comme un point indiviAble ;
5 , ce qui n’arrive pas dans la Ample prononcia-
„ tion.
v o r.
3 Si
„ Gette rnarche par fauts & avec des repos
» eft eti effet celle de la Voix de Chant: mais
„ n’y a-t-il rien de plus dans le Chant ? II y a
„ eu une Declamation tragique qui admettoit le
„ pafTage par faut d’un Ton a 1’autre, & le re-
„ pos fur un Ton. On remarque la meme chofe
„ dans certains Orateurs. Cependant cette De-
„ clamation eft encore uifferente de la Voix de
„ Chant.
„ M. Dodatt, qui joignoit a l’efprit de dif-
„ cutlion & de recherche la plus grande con-
,3 noiflanee de la Phyfique , de l’Anatomie , &
„ du jeu des parties du corps humain , avoit
„ particulierement porte Ton attention fur les
„ organes de la Voix. II obferve, x°. que tel
j, homme, dontla Voix de paroleeftdeplaifan-
„ te , a le Ch wt tres-agreable , & au contraire :
„ 2 °. que fi nous n’avons pas emend u chanter
„ quelqu’un , quelque connoiifance que nous
„ ayions de fa Voix de parole , nous ne le rs-
„ connoitrons pas a fa Voix de Chant.
„ M. Dodart, en continuant fes recherehes ,
„ decouvrit que, dans la Voix de Chant, il y
,3 a de plus que dans celle de la parole, un
33 mouvement de tout le larynx ; c’eft-a-dire,
3, de la partie de la trachee - artere qui forme
„ comme un nouveau canal qui le termine a la
„ glotte , qui en enveloppe & foutient les muf-
„ cles. La difference entre les deux Voix vient
33 done de celle qu’il y a entre le larynx affis Sc
35
33
55
55
*55
55
55
35
35
35
25
55
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35
35
53
35
35
35
55
35
55
55
35
S3
■' 33
en repos fur fes attaches, dans la parole, &
ee meme larynx fufpendu fur fes attaches , en
a&ion & mu par un balancement de haut en
has & de has en haut. Ce balancenient peut
fe comparer au mouvemeiit des oifeaux qui
planent, ou des poilfons qui fe foutiennent a
la meme place contre ie fil de 1’eau. Quoique
les ailes des uns & les nageoires des autres .
paroilfent immobiles a l’oeil, elles font de con-
tinuelles vibrations , mais fi courtes & li
promptes qu’clles font imperceptibles.
„ Le balancement du larynx produit, dans
la Voix de Chant, une efpece d’ondulation
qui n’efl: pas dans la limple parole. L’ondula-
tion foutenue & moderee dans les belles Voix
fe fait trop fentir dans les Voix chevrota ntes
ou foibles. Cette ondulation ne doit pas fe
coiifondre avec les Cadences & les Roule-
mens qui fe font par des mouvemens tres-
prompts & tres-defeats de 1’oiiverture de la
glotte, & qui font compofes de l’Intervalle
d’un Ton ou d’un demi-Ton.
„ La Voix, foit du Chant,'foit de la paro¬
le, vient toute entiere de la glotte pour le
Son & pour le Ton ; mais l’ondulation vient
entierement du balancement de toutle larvnx;
elle ne fait point partie de la Voix, mais elle
en affe&e la totalite. *
„ II refulte de ce qui vient d’etre expofe,
que la Voix de Chant con fill c dans la rnarche
VOI.
BS3
pnr fauts d’un Ton a un autre , dans le fejour
„ fur les Tons, & dans cette ondulation du la-
„ rynx qui affede la totalite & la fubltance
raerae du Son. ”
Quoique cette explication foit tres - nette &
tres philofophique, elie laifle , a mon avis , quel-
que chofe a defirer , & ce caradere d’onduia-
tion , donne par le balancement du larynx , a la
Voix de Glrant, ne me paroit pas lui etre plus
effentiel que la marcbe par fauts , & le fejour
fur les Tons , qui, de l’aveu de M. Duclos, ne
font pas pour cette Voix des caraderes fpecifiques.
Car, premierement, on peut, a volonte,
donner ou oterala Voix cette ondulation quand
on chante , & Foil n’en chante pas moins quand
on file un Son tout uni fans aucune elpece d’on-
dulation. Secondement , les Sons des fnftru-
rnens ne different cn aucune forte de ceux del a
Voix ch antante, quanta leur nature de Sons mu-
ficaux, & n’ont rien par eux - merr.es de cette
ondulation. Troifiemement, cette ondulation le
forme dans le Ton & non dans le Timbre; la
preuve en ell que , fur le Violon & fur d’autres
Itiftrumens , on finite cette ondulation , non par
aucun balancement femblable au mouvement fup-
pofe du larynx, mais par un balancement du
doigt fur la Corde, laquelie, ainfi raccourcie &
ralongee alternativement & prefque impercepti-
blement, rend deux Sous alternatifs a mefure
que le doigt fe recule ou s’avance. Ainfi, l’on-
t r O I.
34
dulation, quoi qfu’en dife M. Dodart, ne con-
fifte pas dans un balancement tres-leger du me-
me Son, mats dans [’alternation plus ou moins
frequente de deux Sons tres-voilins, & quand
les Sons fonttrop eloignes, & que les fecoutfes
alternatives font trop rudes, alors l’ondulation
devient chevrottenient.
Je-penferois que le vrai caractere diftindtif dc
la Voix de Chant eft de former des Sons appre¬
ciates dont on peut prendre ou fentir l’Uniffon ,
& de pafler de l’un a 1’autre par des Intervalles
harmoniques & commenfurables, au lieu que,
dans la Voix parlante, ou les Sons ne font pas
aifez foutenus , &, pour ainfi dire, aflez uns
pour pouvoir etre apprecies, ou les Intervalles
qui les feparent ne font point affez harmoniques,
ni leurs rappports aifez fimpies.
Les obfervations qu’a fait M. Dodart fur les
differences de la Voix de parole, & de la Voix
de Chant dans le meme honime, loin de con-
trarier cette explication, la confirment; cars
comme il y a des Langues plus on moins har-
monieufes, dont les Aceens font plus ou meins
Mufieaux , on remarque auffi , dans ces Lan¬
gues, que les Voix de. parole & de Chant fe
rapprochent ou s’eloignent dans la meme pro¬
portion. Ainfi, comme la Langue Itaiienne eft
plus Muficale que la Francoife, la parole s’y
eloigne moins du Chant j & il eft plus aife d’y
reconnoitre, au Chant , I’homme qu’on a enten-
V O l.
36 f
du parler. Dans une Langue qui feroit toute har-
monietife , comrae etoit au commencement la
Langue Grecque , la difference de la Voix de
parole a la Voix de Chant feroit nulle ; on n’au-
roit que la merne Voix pour parler & pour chan¬
ter : peut-etre eft-ce encore aujourd’hui le cas
des Chinois.
En voila trop , peut - etre , fur les differens
genres de Voix je reviens a la Voix de Chant,
& je m’y bornerai dans le refte de cet article.
Chaque Individu a fa Voix particuiiere qui fe
diftingue de toute autre Voix par quelque diffe¬
rence propre , comme un vifage fe dillingue d’urt
autre ; mais il y a auffi de ces differences qui
font communes aplufieurs , & qui, formant au-
tant d’efpeces de Voix , demandent pour cha-
cune une denomination particuiiere.
Le caradere le plus general qui dittingue les
Voix , n’e/i pas celui qui fe tire de leur Timbre
ou de leur Volume ; mais du Degre qu’occupe
ce Volume dans le Syfteme general des Sons.
On diftingue done generajement les Voix ea
deux Gaffes ; favoir, les Voix aigues & les
Voix graves. La difference commune des unes
aux autres , eft a pen-pres d’une Odave; ce qui
fait que les Voix aigues chantent reellement a
l’Odave des Voix graves , quand elles femblent
chanter a fUniflon.
Les Voix graves font les plus ordinaires aux
iwmmes faits > les Voix aigu-es font celles des
VOL
3 -66
femmes : !es Eunuques Sc les enfans ont aufli a-
peu-pres le meme Diapafon de Voix que les
femmes •, tous les honimes en peuvent meme ap-
procher en chantant le Faucet. Mais de toutes
les Voix aigues, il faut convenir malgre la pre¬
vention des Italiens pour les Caftrati, qu’il n’y
en a point d’efpece comparable a celle des fem¬
mes , ni pour l’etendue ni pour la beaute du
Timbre. La Voix des enfans a peu de conliftan-
ce & n’a point de bas •, celle des^ Eunuques , au
contraire , n’a d’eclat que dans le haut; & pour
le Faucet, c’eft le plus defagreable de tous les
Timbres de la Voix humaine : il fuffit, pour
en convenir, d’ecouter a Paris les Choeurs du
Concert Spirituel, & d’en comparer les Deifus
avec ceux de i Opera.
Tous ces differens Diapafons , reunis Sc mis
en ordre , forment une etendue generals d’a-
peu-pres trois Odaves, qu’on a divilees en qua-
tre Parties , dont trois, appellees Hiiiite-Cohtre ,
Tattle Sc Eajfe, appartienneut aux Voix graves ,
& la quatrieme feulement qu’on appeile Dejfus ,
eft alfignee aux Voix aigues. Sur quoi void v;uei-
ques remarques qui fe preferment.
I. Selon la portee des Voix ordinair.es , qu’ou
peut fixer a-peti-pres ^une Dixieme majeure , en
mettant deux Degres d’lutervalle entre chaque
efpece de Voix & celle qui la fuit , ce qui elfc
toute la difference qu’on peut leur donner , le
Syfteme general des Voix humaines dans lqs
v o i:
567
deux Texes, qu’on fait pafler trois Odlaves, ne
devroic enfermer que deux Octaves & deux Tons.
C’etoit en etfet a cette etendue que fe bornerent
les quatre Parties de la Muiique , long-tems apres
l’invention du Contre-Point, corame on le voit
dans les Compofitions du quatorzieme fiecle , out
la meme Clef, fur quatre pofitions fucceffives
de Ligne enLigne, fert pour la Bade qu’ils ap-
pelloient Tenor , pour la Taille qu’ils appelloient
Contratenor , pour .la Haute-Contre, qu’ils appel¬
loient Mottetus, & pour le Delius qu’ils appel¬
loient Triplum. Cette diftribution devoit rendre
a la verite la Compofition plus difficile : mais
en meme terns l’Hatmonie plus ferree & plus
agreable.
II. Pour pouifer le Syfteme vocal a 1’etendue
de trois Odaves avec la gradation dont je viene
de parler, il faudroit fix Parties au lieu de qua¬
tre ; & rien ne feroit plus nature! que cette di¬
vision , non par rapport a P’Harmonie, qui ne
comporte pas tant de Sons differens; mais par
rapport aux Voix qui font a&uellement alfez mat
diftribuees. En effet, pourquoi trois Parties
dans les Voix d’hommes, & une feulement dans
les Voix de femmes, li la totalite de celles- ci
renferme une auffi grande etendue que la totali¬
te des autres ? Qu’on mefure l’lntervalle des
Sons les plus aigus des Voix feminines les plus
aigues aux Sons les plus graves des Voix femi-
aines les plus graves; qu’on falfe la meme chofe
3^8
V O I.
pour les Voix d’hommes; & non - feulement on
n’y t'rouvera pas une difference fuffifante pour
etablir trois Parties d’un cote & une feule de
l’autre : mais eette ditference raeme , s’il y en
a, fe reduira a tres-peu de chofe. Pour juger
fainement de cela, il ne faut pas fe borner a
l’exameii des chofes telles qu’elles font; mais
voir encore ce qu’elles pourroient etre , & con-
fiderer quel’ufage contribue beaucoup a former
les Voix fur le caradere qu’on veut leur dormer.
En France, oil Ton veut des Baffes, des Haute-
Contres, & oil l’on ne fait aucun cas des Bas-
Deifus , les Voix d’hommes prennent differens
caraderes, & les Voix de femmes n’eu gardent
qu’un feul : mais en Italie , oil Ton fait autanfc
de cas d’un beau Bas-Deifus que de la Voix la
plus aigue, il fie trouve parmi les femmes de
tres-belles Voix graves qu’ils appeiient LomValti ,
& de tres-belles Voix aigOes qu’ils appeiient 6b-
franii au contraire, en Voix. d’hommes reci-
tantes , ils n’ont que des Tenori : de forte que
s’il ’n’y a qu’un caradere de Voix de femmes
dans nos Opera, dans les leurs il n’y a qu’un
caradere de Voix d’hommes.
A l’egard des Chocurs, li generaiement les
Parties en font diffribuees en Italic comme en
France, c’elt un ufage univerfel , mais arbitrai-
re, qui n’a point de fondement nature!. D’ail-
leurs n’admire-t-on pas en plufieurs lieux , &
fingulierement a Venife, de tres-belles MuOques
\
a
VOL
Z&9
a grand Choeur, executees uniquement par de
jeunes filles 'i
III. Le trop grand eloignement des Voix en-
tr’elles, qui leur fait a toutes exceder leur por-
tee, oblige fouvent d’en fubdivifer plufieurs.
C’eft ainfi qu’on divife les Baffes en Bade-Con-
tres & Baffe-Taiiles , les Tailles en Haute-Tail-
les & Concordans , les Deffus en premiers &
feconds : mais dans tout cela on n’apperqoit rien
de fixe , rien de regie fur quelque principe.
L’efprit general des Compofiteurs Franqois eft
toujours de forcer les Voix pour les faire crier
plutot que chanter : c’eft pour cela qu’on paroit
aujourd’hui fe burner aux Balfes & Haute-Con-
tres qui font dans les deux extremes. A l’egard
de la Taille , Partie fi nature!le a l’homme qu’on
Pappelle Voix humctine par excellence , elle eft
deja bannie de nos Opera ou I’o 11 ne veut rien
de natuvel •, & par la meme raifon elle ne tar-
dera pas a letre de toute la Mufique Fran-
qoife.
On dlftingue encore les Voix par beaucoup
d’autres differences que celles du grave & 1 ’aigu.
II y a des Voix fortes dont les Sons font forts
& bruyans , des Voix douces dont les Sons font
doux & flutes, de grandes Voix qui ont beau-
coup d’etendue , de belles Voix dont les Sons
font pleins, juftes & harmonieux; il y a auffi
les contraires de tout cela. II y a des Voix dures
St pefantes; il y a des Voix flexibles & legeres ;
Tome XL A a
VOL
370
il yen a dont les beaux Sons font inegalement
diftribues , aux unes dans le haut, a d’autres
dans le Medium , a d’autres dans le bas ; il y a
auffi des Voix egales , qui font fentir le meme
Timbre dans toute leur etendue. C’eft au Com-
pofiteur-a tirer parti de chaque Voix, par ce que
fan caradere a de plus avantageux. En Italie,
ou chaque foisqu’on remet au Theatre un Opera,
e’eft toujours de nouvelle Mufique , les Compo-
fiteurs ont toujours grand foin d’approprier tous
les roles aux Voix qui les doivent chanter. Mats
en France, ou la meme Mufique dure des fiecles ,
ilfaut que chaque r6le ferve toujours a toutes
les Voix de meme efpece , & c’eli peut-etre une
des raifons pourquoi le Chant Franqois , loin
d’acquerir aucune perfedion , devient de jour
en jour plus trainant & plus lourd.
La Voix la plus etendue, la plus flexible, la
plus douce , la plus harmonieufe qui peut - etre
ait jamais exifte, parent avoir ete celle du Che¬
valier Balt'haliir Ferri, Peroufin , dans le fieele
dernier. Chanteur unique & prodigieux, que
s’arrachoient tour-a-tour les Souverains de l’Eu-
rope , qui fut comble de biens & d’honneurs
durant fa vie , & dont toutes les Mufes d’ltalie
oelebrerent a Fenvi les talens & la gloire apres
fa roort. Tous les ecrits Fairs a la louange de ce
Muficien celebre refpirent le raviffement, l’en-
thoufiafme 9 & l’accord de tous fes coritemporains
montre qu’un talent fi parfait & fi rare etoit
VOL. '
37P
m.eme au-deftusde Penvie. Rien , difent-ils , ne
peut exprimer l’eclat de fa Voix ni les graces de
fon Chant ; il avoit, au plus haut degre, tous
les caraderes de perfedion dans tous les genres ;
il etoit gai, her , grave , tendre a fa volonte ,
& les cosurs fe fondoient a fon pathetique. Parmi
Tinfinite de tours de force qu’il faifoit' de fa
Voix , je n’en citerai qu’un feul. Ii montoit &;
redefcendoit tout d’une haleine deux Odaves
pleines par un Trill continuel marque fur tous
les Degres chromatiques avec tant de juftefle,
quoique fans Accompagnement , que fi l’on ve-
noit a frapper brufquement cet Accompagnement
fous la Note ou il fe trouvoit , foit Bemol ,
foit Diefe , on fentoit a 1’inftant l’Accord d’une
jufteife a furprendre tous les Auditeurs.
On appelle encore Voix les parties vocales &
recitantes pour leCquelles une Piece de Mufique
eft compofee ; ainli 1’on dit un Zvlottet a Voix
feule , au lieu de dire un Mottet en recit; une
Cantate a deux Voix, au lieu de dire une Can-
tate en Duo ou a deux Parties , &c. ( Voyez
Duo , Trio , &c. )
Volte, f.f. Sorte d’Air a trois Ternspropre
a une Danfe de meme nom , laquglle eft compo¬
fee de beaucoup de tours & retours, d’ou lut
eft venu le nom de Volte. Cette Danfe etoit
une efpecede Gaillarde , & n’eft plus en ufage
depuis long - terns.
A a 3
VOL.
372
Volume. Le Volume d’une Voix eft l’etendue
ou l’lntervalle qui eft entre le Son le plus aigu
& le Son le plus grave qu’elle pent rendre. Le
Volume des Voix les plus ordinaires eft d’envi-
ron huit a neuf Tons ; les plus grandes Voix ne
palfent guere les deux O&aves en Sons bien
juftes & bien pleins.
Upinge. Sorte de Chanfon confacree a Diana
parmi les Grecs. (Voyez Chanson.)
Ut. La premiere des fix fyllabes delaGam-
me de I’Aretin , laquelle repond a la lettre C.
Par la methode des Tranfpofitions on appelle
toujours Ut la Tonique des Modes majeurs & la
Mediantedes Modes mineurs. (Voyez Gamme ,
Transposition. )
Les Italiens trouvant cette fyllabe Ut trop
fourde, lui fubftituent, en folfiant, la fyllabe
Do.
rfe- —" == =■■- ■ -.
z.
iEaA. Syllabe par laquelle on diftingue, dans
le Plain - Chant, le Si Bemol du Si natural au-
quel on laifle le nom de Si.
Fin du Tome XI.
D E LA
DISTRIBUTION
DES VOLUMES.
■8 ’ " . -■ —a
TOME PREMIER.
]$ I fours , fi le retablijfement des Sciences & des
Arts a contribue a epurer les mmirs.
Reponfe au Difcours precedent par le Roi de Pologne,
Observations de M. Roujfeau fur ladite riponfe.
Autre refutation dudit Difcours, par M. Gautier
de FAcademie de Nancy.
Lettre de M. Roujfeau a M. Grim , au fujet de la
precedente refutation.
Troifieme Refutation , par M. Bordes de FAca~
demie de Lyon.
Reponfe de M. Roujfeau au Difcours de M. Bordes.
Lettre de M. Roujfeau fur la Nouvelle refutation
de fon Difcours par un Academicien de Dijon.
Defaveu de F Academic de Dijon au fujet de la
Refutation uttribuie faujfement a Fun de fes
Mernbres.
Lettre fur la Mufique Francoife , par M. Roujfeau.
Extrait d’une Lettre de M. Roujfeau, fipr les Ou-
wages de M. Rameau.
Le 'Devin du Village, Intermede.
Fragment d’une lettre de M. Roujfeau d M. le
JSlieps, an fujct de fin Entree a P Opera.
Narcijfe, on P Amant de lui - mime , Comedie de
M. RouJJeau.
Lettre de M. Roujfeau a M. de Voltaire fur fin
Foeme fur le Defaftre de Lisbonne.
VAllee de Sylvie, petite piece de Vers.
Imitation libre d'une Chanfon Italienne de Metajlafe.
Guifeppe Farfetti, Fatrizio Veneto, a Gib. Gia¬
como Rt)ujfeau , Sermone.
Lettre de M. Roujfeau a PAuteur du Mercure.
Trois Lettres du Comte de Trejfan a M. Roujfeau,
avec let Reponfes.
Avis a un Anonyme par M. Roujfeau.
Lettre d'un Bourgeois de Bordeaux a PAuteur du
Mercure.
Reponfi de M. Roujfeau d M. de BoiJJy qui ltd avoit
communique la Lettre prtcedente.
Lettre de M. Roujfeau, an fijet du Mandement
de M. Montillet qzPil ne connoijfoit pas.
—— du mime, an Jhjet de POuvrage intitule
des Princes.
TOME SECOND.
Difemirs fur Porigine les fondemms de Pinegct-
lite parmi les hommes.
Contrat Social , ou Frincipes du droit Politique.
Difcours fur P Flcommie Politique.
Extrait du Projet depaix perpetuelle de M. PAbbi
de St. Pierre.
Lettre de M. Roujfeau d M. de Gingins.
—- du minis d M. Favre, premier Syndic de
Geneve.
Reponfe de M. Roujjeau a une lettre dun de fes
Concitoyens.
Lettre du m'eme d M. De MontmoUin.
Notice de quelques Ouvrages des Citoyens & Bour¬
geois de Geneve, qui concement M. Roujjeau.
Lettre de M. Roujjeau fur fes dlmeles avec M.
De Montmollin.
TOME TROISIEME.
Lettre de M. Roujfeau, a M. D'Alembert, fur
let Theatres.
Defcription abregee du Goavernement de Geneve,
par M. D'Alembert.
Reponfe de M. D'Alembert d M. Roujfeau , fur
les Theatres.
Difcoursfur la Queftion : Quelle eJLJa vertu la plus
necejfaire aux Heros i quels fortt les , Hiros d
qui cette vertu a manque.
La Reine Fantafque , Conte.
De l'Imitation thlatrale: EJfai tire des Dialogues
de Platon.
Pygmalion , Scene Lyrique.
TOMES QUATRIEME, CINQUIEME ET
SIXIEME.
Julie, ou la Nouvelle H£loise.
Lettres de deux Amans , habitant d’une petite
Ville au pied des Alpes.
TOMES SEPTIEME , ET HUITIEME.
E'mile , ou Traits de PE'ducation.
TOME N E U V I E M E.
Arret de la Cour de Parlement, qui condamue
un Imprime ayant poi& titre , E^mile, ou de
l’E'ducation , par J. J. RoulTeau", imprime a
la Haye .... MDCCLXH , a etre lacere &
briile par PExicuteur de la Haute - Jujlice.
Lettre de M. RouJJcau a M. de Beaumont.
IX Lettres ecrites de la Montague.
TOMES DIXIEMEET ONZIEME.
Di&ionnaire de Mujique.
FIN.
Fiances A -
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Cadences par fades evitees.
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Cadences iriterrompues e'vitees
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slfotlc licit ct/L. ii ns Si.nl L wji , /m au J cssus L { c I'JTyper-Ii/dien ; ainsL /c pensc cj u Euclule s'est ti'Oinpeou ipicjc lai mat t/'a/iscnL-D .
ce .
rumc/ic’. 1<
Planchc H
Notes de l'Ancienne Musique Grecqxje .
Fig.l. Genre Dmtoiiujue t Pllode Lijdien .
NB-Lci premiere note est pour la Musigue vocale/la seconde pour ['instrumentale ■
SoTF No ms anciens. Notes.
Preplication .
Leu.
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Ut..
Re..
Mi..
Fa..
Sot
La..
SiV
Si\
* Ut...
+ Re...
* Ut...
+ Re...
■Mi..
Fa...
Sol-
La.
Pros lamb ano/ne/ie...
Hyp ate lu/paton .
Pcuiiypate hypatoiv. ■
Hypaton TDiatonos .
Hi/pate meson .
Paj'/iypate' meson .
Meso7i TDiatonos. .
Mere .
trite Sy nnc/ne/ion . . .
Fa 'cune iezeuij/n enon.
Ls
1) lex. cuqn i cnonHiatonM
Nete ID ic zeueg me/ion
Trite hyperboleoa.... J-
Hypm'b clean Diatcnos.
Nete. /u ersei, et Alpha troiupie d dr ode •
Ma , et F/ pr~ a to/ige n/r/rtonte d'' U71 accent ■
Iota , et Lambda couehe , surmonte dun accent.
Q/ioicjue la corde Fhato
snenon aient dec notes' etijper.
Cl en art de memo dcs deuce
dcucc - ci portent — ellcs tec mi
bo Icon pc 7 ~tcn± la. mane note
apparernment gu'on avoid
Lee airieuas yui voudront
ront consulter done MeLb omius
Ilemar ques •
du Tetracorde S'l/nnanenon et la Trite da Tetracorde Tie teeny -
or, cites ne sent pie la meme corde , on deucr cordes a I'unisson
\orde Nete Svnnemenon et Diezeuamencn Z) la tones ■ aiissi ces
1 u-' ^ 1 t /
cs noter ■ It pout remarcjiier aussi c/ue la Hose et la Nete hyper -
our le vocal' guoieju,'cites senent a loctave lane de laatreS •
Is la pratigue quelgue autre moyen. de lor cUstinyucr ■
'o^noitre les notes de to us tes Genres et de to us ter TtTodes, pour -
Tables drily plus et de Ji acc/iuis .
7)iagramme general du Systeme des Grecspout ’ le
Fill 2 '! Genre diatonigue .
$ 3 ,
La '' Nete hyperboleen-
Scl Hyperboleen diatenes-
Fa
Mi
\Tetracorde hyperboleen
Trite hyperboleon-
Nete die zjgi gmenon . rd•map he on cay cache;
> ;p jD/ez.euymenen diatenos \
I Nete svnnemenon .( W' j j-
'• s yteh'acorde diaceuamenei
j Synncnienon diatonos\
ypj \lrde synn cm en on.. f
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Si
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Si be/ncLTrite syrmetnenon --------- )Diawucir cu diycnchcn
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Sol
Fa
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Meson diaicnos-
•amese-
Parhi/pate meson-
Hyp ute met 17 i —
Hypaton diqtcnos —
yTctracorde meson
Svnaphe ou cayoncticn
\Tetmccrde lypaton
Ut Tarhypate hupatc/i ■
Si Hyp ate hypaton —
Ha Prosl i/n l an cnic/i os -
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