' %Wsm f M 'ii f - •: v %' . . . ■ 7 . T ' ‘ ‘ ' ' \ V ' ■>/; •% TP ■ , - . ■ ' '' ■ . ' ' • ‘ ' ' ' ' - ■t- ( . s’f , ■ £r - ' ' '1 ■ i * . - . ' ; : " . ... ... ■ ’ . ,T'' ; *' i : . ' t ' - ■ S‘- ■ " .. " ■ : ’ - _ •• r , ' : . . - __ ‘ T ’ • ' — COLLECTION D E $ (E U V R E S D E - Jo ROUSSEAU avec Figures en taille-douce. NOUVELLE EDITION; Soigneufement revue & corrige'e. Tome onzieme. /it W&$ 36/ \ 'if Jx tf cjeat, BmmrmEM A NEUCHATF.L, De rimprimerie de Samuel Fauchbi Libraire du Roi. M. DCC. L X X V, TJt pfallendi materiem difcerent. Martian. Cap. TOME SECOND. * DICTIOMNAIRE D E M U S 1 Q U E. -A- •$* -it- v •$* 4* *$• •$* v' *$• 'V' 4* 4 - •¥• *$* v* v’ N. Aturel , adj. Ce mot en Mufique a plu- fieurs fens. T. Mufique Naturelle eft celle que forme la voix humaine par oppofition a la Mu¬ fique artificielle qui s’execute avec des Inftru- mens. 2°. On dit qu’un Chant eft Naturel , quand il eft aife , doux, gracieux . facile : qu’une Har- monie eft naturelle, quand elle a peu de ren- verfemens, de Diflonnances ; qu’elle eft pro- duite par les Cordes eflentielles & Naturelles du Mode. 3°. Naturel fe dit encore de tout Chant qui n’eft ni force ni baroque, qui ne va ni trop haut nitrop bas, ni trop vite ni trop ientement. 4“. Enfin la bonification la plus commune de ce mot, & la feule dont l’Abbe Brolfard n’a point parle, s’applique aux Tons ou Modes dont les Sons fe tirent de la Gamine ordinaire fans aucune alteration : de forte qu’un Mode Naturel eft celui ou Ton n’emploie ni Diefe ni BemoL Dans le fens exact il n’y auroit qu’un feut Ton Naturel , qui feroit celui d’ut ou de C Tierce majeure; mais on etend le nom de Naturels a tous les Tons dont les Cordes eflentielles ne Tome XI. A 2 N E T. portant ni Diefes ni Bemols, permettent qiron n’arme la Clef de Fun ni de l’autre : tels font les Modes majeurs de G & de F, les Modes mineurs d 'A & de D,&c. ( Voyez Clefs transpose'es, Modes, Transpositions.) Les Italiens notent toujours leur Recitatif au Naturel, les changemens de Tons y etant fi fre- quens & les Modulations fi ferrees que , de quel- que maniere qu’on armat la Clef pour un Mode, on n’epargneroit ni Diefes ni Bemols pour les autres, & l’on fe jetteroit, pour la fuite de la Modulation , dans des confufions de fignes tres- embarraifantes, lorfque les Notes alterees a la Clef par un ligne fe trouveroient alterees par ie ligne contraire accidentellement. (Voyez Re'ci- TATIF. ) Solfier au Naturel , c’eft folfier par les noras mturels des Sons de la Gamme ordinaire , fans egard au Ton ou I’on eft. (Voyez Soleier.) Nete , f f C’etoit dans la Mufique Grecque la quatrieme Corde ou la plus a igue de chacun des trois Tetracordes quifuivoient les deux pre¬ miers du grave a l’aigu. Quand le troifieme Tetracorde etoit conjoint avec le fecond , c’etoit le Tetracorde Synneme- non , & fa Nete s’appelloit Nete Synnemetton. Ce troifieme Tetracorde portoit le nom de Diezeugmenon quand il etoit disjoint ou fepare du fecond par Flntervalle d’un Ton , & fa Nets s’app elicit Nits-Difaeugrntnon, NEU. 3 Enfin le quatriem^ Tetracorde portant tou-.’ jours le noni d’Hyperboleon , fa Nete s’appelloifc aulfi toujours Nete-Hyperboleon. A l’egard des deux premiers Tetracordes J comrae ils etoient toujours conjoints , ils n’a-' voient point de Nete ni l’un ni l’autre : la qua-j trieme Corde du premier etant toujours la pre-1 miere du fecond, s’appelloit Hypate-Mefon , Sc la quatrieme Corde du fecond formant le milieu du fyfteme, s’appelloit Mefe. Nete , ditBoece, quafi mate, id eft , inferiori car \es Anciens dans leurs Diagrammes mettoienc en haut les Sons graves, & enbas les Sons aigus^ Nh'towe. Sons aigus. (Voyez Lepsis. ) Neume ,f. f. Terme de Plain-Chant. La NeuJ vie eft une efpece de courte recapitulation du Chant d’un Mode, laquelle fe fait a la fin d’une Antienne par une fimple variete de Sons & fans y joindre aucunes paroles. Les Catholiques au- torifent ce fwgulier ufage fur un paffage deSainC Augullin, qui dit, que ne pouvant trouver des paroles dignes de plaire a Dieu , l’on fait bien de lui adrelfer des Chants confus de jubilation* „ Car a qui convient une telle jubilation fans „ paroles , fi ce n’eft a l’Etre ineffable ? & „ comment celebrer cet Etre inelfible , lorfqu’ou „ ne peutnife taire , ni rien trouver dans fes „ tranfports qui les exprime, II ce n’eft des * Sons inarticules ? ” A 3 4 N E U. Neuvieme,/ f O&ave de !a Seconde. Cet In ter valle porte le nom de Neuvieme , parce qu’il faut former neuf Sons confecutifs pour arriver Diatoniquement d’un de fes deux termes a l’au- tre. La Neuvieme eft majeure ou mineure , com- me la Seconde dont elle eft la Replique. (Voyez Seconde. ) II ya un Accord par fuppofition qui s’appelle Accord de Neuvieme , pour le diftinguerlde l’Ac- cord de Seconde, qui fe prepare, s’accompagne & fe f .uve differemment. L’Accord de Neuvieme eft forme par un Son mis a la Balfe, une Tierce au-delfous de l’Accord de feptieme; ce qui fait que la feptieme elle-meme fait Neuvieme lur ce nouveau Son. La Neuvieme s’accompa- gne, par confequent, de Tierce., de Quinte, & quelquefois de feptieme. La quatrieme Note du Ton eft getieralement celle fur laquelle cet Ac¬ cord convient le mieux, mais on la pent placer par-tout dans des entrelaceraens Harmoniques. La Balfe doit toujours arriver en montant a la. Note qui porte Neuvieme la Partie qui fait la jV uvierne doit fyncoper , & fauve cette Neuvieme comrne une feptieme en defcend'ant Diatoni¬ quement d’un Degre fur FOcftave, fi la Bade refte en place, ou fur la Tierce, fi la Balfe defcend de Tierce. ( Voyez Accord , Supposi¬ tion, Syncope. ) En Mode mineur PAccord fenfible fur la Me- diante perd le nom d’Accord de Neuvieme & NOE, > prend celuide Quinte fuperflue. ( Voyez Quin- te Superflue. Niglariln, adj. Nom d’un Nome ou Chant d’une Melodie etrcminee & molle , com me Arif- tophane le reproche- a Philoxene foil Auteur. Noels. Sortes d’Airs deftines a certains Can- tiques que le peuple chante aux Fetes de Noel. Les Airs des Noels doivent avoir un cara&ere champetre & paftoral convenable a la Gmplicite des paroles, & a celle des Bergers qu’on fuppofe les avoir chantes en allant rendre homnrage a l’Enfant Jefus dans la Creche. Noeuds. On appelle Nuuds les points fixes dans lefquels une Corde Sono re mife en vi¬ bration fe divife en aliquotes vibrantes , qui rendent un autre Son que celui de la Corde en- tiere. Par exemple, fl de deux cordes dont l’une fera triple de l’autre, on fait fonner la plus petite, la grande repondra, non par le Son qu’elle a cornme Corde entiere , mais par Punif- foil de la plus petite j parce qu’alors cette gran¬ de Corde, au lieu de vibrer dans fa totalite, fe divife, & lie vibre que par chacun de fes tiers. Les points immobiles qui font les divifions &qui tiennent en quelque forte lieu de Chevalets font cequeM. Sauveur a nommcles Noeuds , & il a nomine Ventres les points milieux de chaque aliquote oiila vibration eft la plus grande & ou la Corde s’ecarte le plus de la ligne de repos. Si, au lieu de faire fonner une autre Corde A 3 6 N O L plus petite, on divife la grande au point d’une de fes aiiquotes par un obftacle leger qui la gene Jans l’aflujettir, le merae cas arrivera encore en faifant fonner une des deux parties ; car alors ies deux refonneront a l’uniflbn de la petite, & Ton verra les niemes Hands & les mernes Ven¬ ires que ci-devant. Si la petite partie n’eft pas aliquote immediate de la grande , mais qu’elles aient feulement une aliquote commune ; alors elles fe diviferont tou- tes deux felon cette aliquote commune , & Ton verra des Hands & des Ventres, meme dans la petite partie. Si les deux parties font incommenCurables, e’eft-a-dire, qu’elles n’aient aucune aliquote com¬ mune; alors il n’y aura aucune refonnance, ou 11 n’y aura que celle de la petite partie , a moins qu’on ne frappe affez fort pour forcer l’oblfacle , & faire refonner la Corde entiere. M. Sauveur trouva le moyen de montter ces Ventres & ces Hands a l’Academie , d’une maniere tres-fenfible , en mettant fur la Corde des pa- piers de deux couleurs , Pune aux divifions des Hands , & I’autre au milieu des Ventres; car alors au Son de i’aliquote on voyoit toujours tomber les papiers des Ventres & ceux des Hands relter en place. ( Voyez PL M. Fig. 6. ) Noire , f. f. Note de Mufique qui fe fait ainfi ± = ~ ou ainfi £, & qui vaut deux croches, ou la n o m: 7 riioitie d’une Blanche. Dans nos anciennes Mu- fiques on fe fervoit de plufieurs fortes de Noi- res} Noire a queue , Noire quarree , Noire en lozange. Ces deux dernieres efpeces font demeu- rees dans le Plain-Chant j mais dans la Mufique on ne fe fert plus que de la Noire a queue. ( Voyez Valeur des Notes. ) Nome , f. m. Tout chant determine par des regies qu’il n’etoit pas permis d’enfreindue, por- toit chez les Grecs le nom de Nome. Les Nomes empruntoient leur denomination : l”. ou de certains peuples Nome Eolien , Nome Lydien : 2°. ou de la nature du Rhy thme •, Nome Orthien, Nome Daclylique , Nome Trochaique : 3°. ou de ieurs inventeurs > Nome Hieracien, Nome Polymneflan : 4 0 . ou de Ieurs fujets ; Nome Pythien, Nome Comique : 5 0 . ou enfin de leur Mode ; Nome Hypato'ide ou grave, Nome Ne s toide ou aigu , &c. II y avoit des Nomes Bipartites qui fe chan- toient fur deux Modes ; il y avoit merne un No¬ me appelle Tripartite , duquel Sacadas ou Clo- nas fut l’inventeur & qui fe chantoit fur trois Modes , favoir , le Dorien , le Phrygien & le Ly¬ dien. ( Voyez Chanson , Mode.) Nomion. Sorte de Ghanfon d’amour chez les Grecs. ( Voyez Chanson. ) Nomique , adj. Le Mode Nomique ou le gen¬ re de ftyle Mufical qui portoit ce nom , etoit eonfacre, chez les Grecs, a Apollon Dieu des A 4 N O T. 8 Vers & des Chanfons , & 1’on tachoit d’en ren- dre !es Chants brillans & dignes du Dieuauquel its etoient confacres. (Voyez Mode, Me'lo- pe'e , Style. ) Noms des Notes. ( Voyez Soifier. ) Notes,//. Signes ou caraderes dont on fe fert pour noter, c’eft-a-dire, pour ecrire la Mufique. Les Grecs fe fervoient des lettres de leurs Al¬ phabet pour noter leur Mufique. Or comme ils avoient vingt-quatre lettres , & que leur plus grand fyfteme , qui dans un merne Mode n’etoit que de deux Octaves , n’excedoit pas le norabre de feize Sons, il s’embieroit que VAlphabet de- voit etre plus que fuffifant pour les exprimer ; puifque leur Mufique n’etant autre chofe que leur Poefie notee, le Rhvthme etoit fuffifam- roent determine par le metre , fans qu’il fut be- foin pour cela de valeurs ahfolues & de fignes propres a la Mufique : car, bien que par fura- bondance ils euifent auifi des caraderes pour marquer les divers pieds , il eft certain que la Mufique vocale n’en avoit aucun befoin, & la Mufique inftrumentale n’etant qu’une Mufique vocale jouee par des Inftrumens , n’en avoit pas befoin non plus, lorfque les paroles etoient ecri- tes, ou que le Symphonifte les favoit par coeur. Mais il fout remarquer , en premier lieu , que les deux memes Sons etant tantot a l’extremite n o t; & tanot au milieu du troifieme Tetracorde fe¬ lon le lieu ou fe faifoit la disjondion , ( voyez ce mot) on donnoit a chacun de ces Sons des noms & des fignes qui marquoient ces diverfes iituations; fecondement, que ces feize Sons n’etoient pas tons les memes dans les trois Gen¬ res , qu’il y en avoit de communs aux trois & de propres a chacun, St qu’il falloit, par confe- quent, des Notes pour exprimer ces differences , troifiemement, que la Mufique fe notoit pour les Inftrumens autrement que pour les Voix , comme nous avons encore aujoutd'hm pour cer¬ tains Inftrumens a Cordes une Tablatute qui ne reffemble en rien a celle de la Mufique ordinai¬ re ; enfin que les Anciens ayant jufqu’a quin20 Modes differens felon le denombrement d’Aly- pius, (Voyez Mode ) il fallut approprier des ca- raderes a chaque Mode, comme on le voit dans les Tables du meme Auteur. Toutes ces Modi¬ fications exi geoient des multitudes de fignes auxq nets les vingt-quatre lettres etoient bien eloignees de fuffire. De - la la neeeiiite d’em¬ ployer les memes lettres pour plufieurs fortes ds Notes ,• ce qui les obligea de donner a ces let¬ tres differenfces Iituations , de les accoupler, de les mutiler, de les allongcr en divers fens. Par exemple, la lettre Pi ecrite de toutes ces ma- nieres , H, II, C ,P, T, exprimoit cinq dif- ferentes Notes. En combinant toutes les modifi¬ cations qu’exigeoient ces diverfes circonftances , A ^ 1© NOT. on trouve jufqu’a J620 differentes Notes: nom- bre prodigieux , qui devoit rendre l’etude de la Mufique de la plus grande difficulte. Auffi l’e- toit-elle felon Platon , qui veut que les jeunes gens fe contentent de donner deux ou trois ans a la Mufique , feulement pour en apprendre les rudimens. Cependant les Grecs n’avoient pas un fi grand nombre de caradleres, mais la meme Note avoit quelquefois differentes fignifications felon les oceafions: ainfi le meme caradlere qui marque la Proslambanomene du Mode Lydien , marque la Parhypate - Mefon du Mode Hypo- Iaftien , l’Hypate-Mefon de l’Hypo-Phrygien , le Lychanos-Hypaton de l’Hypo-Lydien , la Parhy¬ pate- Hypaton de l’laftien , & l’Hypate-Hypaton du Phrvgien. Quelquefois auffi la Note change, quoique le Son refte le meme; corame, par exemple, la Proslambanomene de l’Hypo-Phry- gien , laquelle a un meme figne dans les Modes Hyper-Phrygien , Hyper-Dorian, Pbrygien, Do- rien, Hypo-Phrygien, & Hypo Dorien , & un autre rnsme figne dans les Modes Lydien & Hypo Lydien. On trouvera ( PL LI. Fig. I. ) la Table des Notes du Genre Diatonique dans le Mode Ly¬ dien, qui etoit le plus ufite > ces Notes ayant ete preferees a ceiles des autres Modes par Bac- chius , fuffifent pour entendre tous les exemples qu’il donne dans fon ouvrage ; & la Mufique des Grecs n’etant plus en ufage, cette Table fuffit N O T. tr suffi pour defabufer le Public, qui croit leur ma» niere de noter tellemcnt perdue que cette Mu- fique nous feroit maintenant impoffible a dechif- frer. Nous la pourrions dechiffrer tout auffi exac- tement que les Grecs memes auroient pu faire : mais la phrafer, l’aecentuer, l’entendre, la ju- ger; voila ce qui n’eft plus poffible a perfonne & qui ne le deviendra jamais. En toute Mufique , ainfi qu’en toute Langue, dechiffrer & lire font deux choies tres-ditferentes. Les Latins, qui, a l’imitation des Grecs , no- terent auffi la Miffique avec les lettres de leur Alphabet, retrancherentbeaucoup de cette quan- tire de Notes, le Genre En harmonique ayant tout-a-fait ceffe d’etre pratique , & plufieurs Mo¬ des n’etant plus en ufage. II paroit que Boece ecabiit l’ufage de quinze lettres feulement, & Gregoire Eveque de Rome , confqjerant que les rapports des Sons font les memes dans chaque Odave , redui/It encore ces quinze Notes aux fept premieres lettres de l’Alphabet, que Ton repe'toit en diverfes formes d’une Odave a l’au- tre. Enfin dans Ponzieme liecle un Benedidin d’Arezzo nomme Gui, fubftitua a ces lettres des points pofes fur differentes lignes paralleles , a chacune defquelles une lettre fervoit de Clef. Dans la fuite on groffit ces points, on s’avifa d’en pofer auffi dans les efpaces compris entre ces lignes, & Ton multiplia, felon le befoin s N O T. if ceslignes & ces efpaces. (Voyez Porte'e. ) A l’egard des 110ms donnes aux Notes , voyez Sol- f;er. Les Notes n’eurent, durant un certain terns , d’autre ufage que de marquer les Degres & les differences de l’lntonation. Elies etoient toutes, quant a la duree, d’egale valeur, & ne rece- voient a cet egard d’autres differences que cedes des fyllabes longues & breves fur lefquelles on leschantoit : c’eft a-peu-pres dans cet etat qu’eft demeure le Plain-Chant des Catholiques jufqu’a cejour; & la Mufique des Pfeaumes, chezles Proteftans , elb plus imparfaite encore; puifqu’on n’y diftingue pas rneme dans i’ufage, les Lon¬ gues des Breves ou les Rondes des Blanches. quoiqu’on y ait conferve ces deux figures. Cette indiftindtion de figures dura, felon Po- pinion commune, jufqu’en 1330, que Jean de Muris, Docleur & Chanoine de Paris , donna , a ce qu’on pretend, differentes figures aux dSTo- tes , pour marquer les rapports de duree qu’elles devoient avoir entr’elles : il inventa aufli cer¬ tains fignes de Mefure appelles Modes ou Pro- lations, pour determiner, dans le cours d’un Chant, fi le rapport des ■ Longues aux Breves feroit double ou triple , &c. Plufieurs de ces fi¬ gures ne fubilftent plus; on leur en a fubftitue d’autres en difierens terns. (Voyez Mesure , Tems , Valeur des Notes.) Voyez aulli au mot Mufique , ce que j’ai dit de cette opinion. NOT. 73 Pour lire la Mufique ecrite par nos Notes, & la rendre exadement, il y a huit chofes a con- fiderer : (avoir; I. La Clef & fa pofition. 2 . Les Diefes ou Bemols qui peuvent l’accompa- gner. 3 . Le lieu ou la pofition de chaque Note. 4 . Son Intervalle, c’eft-a-dire, fon rapport a cell? qui precede, ou a la Tonique, ou a quel- que Note fixe dont on ait le Ton. Sa figure , qui determine fa valeur. 6. Le Terns ou elle fe trouve & la place qu’elle y occupe. 7 . Le Diefe , Bemol ou Bequarre accidentel qui peut la preceder'. B L’efpece de la Mefure & le carac- tere du Mouvement. Et tout cela, fans comp¬ ter ni la parole ou la fyilabe a 1 aquelle appar- tient chaque Note, ni 1’Accent ou 1’expreflion eonvenable au fentiment ou a la penfee. Une feule de ces huit obfervations omife peut fairs detonner ou chanter hors de Mefure. La Mufique a eu le fort des Arts qui ne fe perfe&ionnent que lentement. Les inventeurs des Notes n’ont fonge qu’a l’etat ou elle fe trou- voit de leur terns , fans fonger a celui oil elle pouvoit parvenir, & dans la fuite leurs fignes fe font trouves d’autant plus defedueux que l’Art s’eft plus perfedionne. A mefure qu’on avan- qoit, on etabliifoit de nouvelles regies pour re- medier aux inconveniens prefens; en multipliant les fignes, on a multiplie les difficulces , & a force d’additions & de chevilles , on a tire d’un 14 NOT. prin ripe aflez ftmple un fyfteme fort embrouiile & fort mal afford. On peut en reduire les defauts a trois princi- cipaux. Le premier eft dans la multitude des fi- gnes & de leurs combinaifons , qui furchargent tellement l’efprit & la memoire des commenqans, que 1’oreille eft formee, & les organes out ac¬ quis 1’habitude & la facilite neceffaires, long- terns avant qu’on foit en etat de chanter a Livre ouvert; d’oii il fuit que la difficulte eft toute dans l’attention aux regies & nullement dans 1’execution du Chant. Le fecond eft le peu d’e- vidence dans l’efpece des Intervalles , majeurs, mineurs , diminues, fuperflus, tons indiftincte- ment confondus dans les memes pofttions : de- faut d’une telle influence, que non - feulement il eft la principale caufe de la lenteur du pro- gres des Ecoliers; mais encore qu il n’eft aucurt Muficien forme, qui n’en foit incommode dans 1’execution. Le troifieme eft 1’extreme diffufton des caracteres & le trop grand volume qu’ils oc- cupent; ce qui, joint a ces Lignes, a ces Por- tees ft incommodes a tracer, devient une fource d’embarras de plus d’une efpece. Si le pre¬ mier avantage des fignes d’inftitution eft d’etre clairs, le fecond eft d’etre concis, quel juge- ment doit-on porter d’un ordre de ftgnes a qui 1’un & i’autre manquent '{ Les Muficiens, il eft vrai, ne voient point N O T. tout cela. L’ufage habitue a tout. La Mufique pour eux n’eft pas la fcience des Sons; c’eft celle des Noires, des Blanches, des Croches , See. Des que ces figures cefferoient defrapner leurs yeux , ils ne croiroient plus voir de la Mufique, D’ailleurs, ee qu’ils ont appris difficilement, pourquoi le rendroient-ils facile aux autres ? Ce n’eft done pas le Muficien qu’il faut confuker ici; mais l’homme qui fait la mufique & qui a reflichi fur cet Art. * II n’y a pas deux avis dans cette derniere Gaffe fur les defauts de notre Note ; mais ces defauts font plus aifes a connoitre qu’a corriger. PluGeurs am tente jufqu’A prefent cette correc¬ tion fans fucces. Le Public, fans difenter beau- coup 1 ’avantage des fignes qu’on lui propofe , s’en tient a ceux qu’il trouve etablis & prefere- ra toujours une mauvaife maniere de favoir a une meilleure d’apprendre. Ainfi de ce qu’un nouveau iyfteme eft febu- te, cela neprouve autre chofe , finon que 1 ’Au- teur eft venu trop tard, & l’on peut toujours difeuter & comparer les deux fyftemes, fans egard en ce point au jugement du Public. Toutes les manieres de Noter qui n’ont pas eu pour premiere loi l’evidence des Intervalles, ne me paroiflent pas valoir la peine d’etre rele¬ vees. Je ne m’arreterai done poiht a celle de M. Sauveur qu’on peut voir dans les Afe moires de l’Academie des Sciences, annee 1721, ni a IS NOT. celle de M. Demaux donnee quelques annees apres. Dans ces deux fyftemes, les Intervalles etant exprimes par des fignes tout-a-fait arbitrai- res, & fans aucun vrai rappport a la chofe re- prefecitee, echappent aux yeux les plus attentifs & ne peuvent fe placer que dans la memoire ; car que font des tetes differemment figurees , & des queues differemment dirigees aux Intervalles qu’elles doivent exprimer ? De tels fignes n’ont rien en ei#: qui doive les faire preferer a d’autres ; la nettete de la figure &le peu de pla¬ ce qu’elle occupe font des avantages qu’on pent trouver dans un fyfteme tout different; Ie hafard a pu dormer les premiers lignes , inais il faut un choix plus propre a la chofe dans ceux qu’on leur veut fubftituer. Ceux qu’on a propofes en 1743 dans un petit ouvrage intitule , Differta- tion fur la Mufique moderne , ayant cet avantage , leur fimplicite m’invite a en expofer le fyfteme abrege dans cet article. Les cara&eres de la Mufique out un double objet; favoir, de reprefenter les Sons, i°. Se- lon leurs divers Intervalles du grave a 1 ’aigu ; ce qui conftitue le Chant & 1 ’Harmonie. 2*. Et fe¬ lon leurs durees relatives du vite au lent; ce qui determine le Terns & la Mefure. Pour le premier point, de quelque maniere que Ton retourne & combine la Mufique ecrite & reguliere , on n’y trouvera jamais que des com- binaifons des fept Noies de la Gamme portees a diverfes N O T. 17 diverfes Octaves ou tranfpofees fur difFerens De- gres felon le Ton & le Mode qu’on aura choiU. L’Auteur exprime ces fept Sons par les fepc pre¬ miers chiffres ; de forte que le chiffre r forme la Note ut, le 2 la Note re , le 3 la Note mi , &c. & il les traverfe d’une ligne horifontale comme on voit dans la Planche F. Fig. 1. 11 ecrit au-delfus de la Ligne les Notes qui , continuant de monter , fe trouveroient dans FOctave fuperieure : ain.fi. 1 'ut qui fuivroit im- mediatement le fi en montant d’un femi-Ton dolt etre au - deffu-s de la Ligne de cette ma- niere ~j —; & de meme , les Notes qui appar- tiennent a FOctave aigue done cet ut ell le com¬ mencement, doivenc t outes etre au-delfus de la meme Ligne. Si foil entroit dans une troifieme Odtave a l’aigu , il ne faudroit qu’en traverfer les Notes par une feconde ligne accidentelle au- delfus de la premiere. Voulez - vous, au con. traire, defeendre dans les Octaves inferieures a celle de la ligne principale ? Ecrivez imme- diatement au - delfous de cette ligne les Notes de l’Odave qui la fuit en defeendant: li vous defeendez encore d’une Odtave, 3joutez une igne amdelfous , comme vous en avez mis une au-delfus pour monter , &c. Au moyen de trois lignes feulement vous pouvez parcourir l’eten- due de cinq Odaves: ce qu’on ne fauroit faire dans la Mufique ordinaire a moins de 18 lignes. Tome XL B N O T. IS On peut meme fe palfer de tirer aucune li- gne. On place toutes les Notes horifontalement fur le meme rang. Si Ton trouve une Note qui paife, en montant , le fi de l’Odave ou l’on eft, c’eft-a-dire qui entre dans l’Odave fupe- rieure , on met un point fur cette Note. Ce Q point fuffit pour toutes les Notes fuivantes qui demeurent fans interruption dans l’Odave oil Foil eft entre. Que fi Fon redefcend d’une Oc¬ tave a l’autra; c’eft Faffaire d’un autre point fous la Note par laquelle on y rentre, &c. On voifc dans l’exemple fuivant le progres de deux Oc¬ taves tant en montant qu’en defcendant, notees de cette maniere. 1234*671234^717^43217^4321. La premiere maniere de Noter avec des lignes convient pour les Mufiques fort travaillees & fort difticiles, pour les grandes Partitions , &c. La feeonde avec des points eft propre aux Mui fiques plus limples & aux petits Airs: mais rien n’empeche qu’on ne puifle a fa volonte l’employer a la place de l’autre , & FAuteur s’en eft fervi pour tranferire la fameufe Ariette VObjet qui regne dam mon ame , qu’on trouve Notee en Partition par les Chilfres de cet Auteur a la fin de fon ouvrage. Par cette methode tous les Intervalles de- vienneiit d’une evidence dont rien n’approche $ NOT. 19 le3 Odaves portent toujours le meme chiffre, Jes Intervalles fimples fe reconnoilfent toujours dans leurs doubles ou compofes : on reconnoic ? d’abord dans la dixieme + ou 13 que c’eft l’Oc- tave de la Tierce majeure: les Intervalles ma- jeurs ne peuvent jamais fe confondre avec les mineurs ; 24 fera eternellement une Tierce mi- neure , 4 6 eternellement une Tierce majeure; la pofition ne fait rien a cela. Apres avoir ainfi reduit toute l’etendue du Clavier fous un beaucoup moindre volume avec des fignes beaucoup plus clairs , on paffe aux tranfpoljtions. II n’y a que deux Modes dans notre Mufique. Qii’eft-ce que chanter ou jouer en re majeur? C’eft tranfporter l’Echelle ou la Gamme d’ut un Ton plus haut, & la placer fur re comme To- nique ou Fondamentale. Tous les rapports qui appartenoient a 1 hit palfent au re par cette tranf- pofition. C’eftpour exprimer ce fyfteme de rap¬ ports hauife ou bailie , qu’il a tant fallu d’altera- tions de Diefes ou de Bemols a la Clef. L’Au- teiir du nouveau fyftemefupprime tout d’un coup tous ces embarras ; le feul mot re mis en tete & a la marge , avertit que la piece elf en re majeur , & comme alors le re prend tous les rapports qu’avoit Yut, il en prend auffi le figne & le nom ; il fe marque avec le chiffre 1 , & toutefon Odave fuit par les chiffres ,2, 3 ,4, &c. B % 20 N O T. comme ci-devant. Le re de la marge lui fert cfe Clef ; c’eft la touche re ou D du Clavier na¬ ture! : mais ce meme re devenu Tonique fous le nom d 'ut devient aufli la Fondamentale du Mode. Mais cette Fondamentale , qui eft Tonique dans les Tons majeurs, n’dft que Mediante dans le s Tons mineurs; la Tonique, qui prend le nom de la , fe trouvant alors une Tierce mineure au-deifous de cette Fondamentale. Cette diC- tindion fe fait par une petite ligne horifontale qu’on tire fous la Clef. Re fans cette ligne de- figne le Mode majeur de re •, mais Re foulign© defigne le Mode mineur de fi dont ce Re efl Mediante. Au refte, cette diftindlion , qui ne fert qu’a determiner nettement le Ton par la Clef, n’eft pas plus neceffaire dans le nouveau fylteme que dans la Note ordinaire ou elle n’a pas lieu. Ainfi quand on n’y auroit aucun egard, on n’en folfieroit pas moins exadlement. Au lieu des noms memes des Notes on pour- roit fe fervir pour Clefs des lettres de la Gam- me qui leur repondent; C pour ut , D pour re &c. ( Toyez Gamme. ) Les Muficiens affedent beaucoup de mepris pour la methode des Tranfpofitions , fans dou- te, parce qu’elle rend l’Art trop facile. L’Au- teur fait voir que ce mepris eft mal fonde que N O T. 21 deft leur methode qu’il faut meprifer, puifqu’el- le eft penibie en pure perte ; & que les Tranf- pofttions, dont il montre les avantages, font, meme fans qu’ils y fongent, la veritable regie que fuivent tous les grands Mullciens & les bons Compofiteurs. (Voyez Transposition.) Le Ton, le Mode & tous leurs rapports bien determines, il ne fuffit pas de faire connoitre toutes les Notes de chaque Odave , ni le pafta- ge d’une Odave a l’autre par des fignes precis & daks ; il faut encore indiquet le lieu du Clavier qu’occupent ces Odaves. Si j’ai d’abord un fol a entonner, il faut favoir lequel j car il y en a cinq dans le Clavier, les uns hauts , les autres moyens, les autres has , felon les differentet Odaves. Ces Odaves ont chacune leur lettre, & l’une de ces lettres mife fur la ligne qui fert de Portee marque a quelle Odave appartient cette ligne, & co-nfequemment les Odaves qui font au-deflus & au-delfous. Il faut voir la figure qui eft a la fin du Livre & l’explication qu’en don- ne PAuteur, pour fe rnettre en cette partie au fait de fon fyfteme, qui eft des plus fimples. Il refte, pour l’expreftion de tous les Sons poffibles dans notre fyfteme muflcal, a rendre les alterations accidentelles amenees par la Mo¬ dulation ; ce qui fe fait bien aifement. Le Diefe fe forme en traverfant la' Noie d’un trait mon- tant de gauche a droite de cette maniere ; fa B 3 N O T. 22 Diefe #: ut Dicfe *. On marque le Bemol par un femblabie trait defcendant ; ft Bemol , * y : mi Bemol,, *3. A l’egard du Bequarre , l’Auteur le fupprime , comme un figne inutile dans fon fyftetne. Cette partie ainfi remplie , il faut venir au Terns ou a la Mefure. D’aburd i’Auteur fait main-balfe fur eetre foule de diiferentes Mefures dont on a ft mal-a-propos charge laMufique. II 11’en connoit que deux, comme les Anciens; fa- voir , Mefure a deux Terns , & Mefure a trois Terns. Les Terns de chacune de ces Mefures peuvent, a leur tour, etre divifes en deux par¬ ties cgales ou en trois. De ces deux regies com- binees il tire des expreffions exades pour tous les Mouvemens poffibles. On rapporte dans la Mufique ordinaire les diveries valeurs des Notes a celle d’une Note particuliere qui ell la Ronde; ce qui fait que la valeur de cette Ronde variant continuelle- ment, les Notes qu’on lui compare , n’ont point de valeur fixe. L’Auteur s’y prend autrement: il ne determine les valeurs des Notes que fur la forte de Mefure dans laquelleelles font employees & fur le Terns qu’elles y occupent; ce qui le difpenfe d’avoir , pour ces valeurs , aucun * Ces deux chiffres 7 & 3 doivent etre croifes en fens eontraire; c’eft-a-dire que la ligne qui les croife doit, du haut a gauche , paffer a la droite en defcendant. II faudroit deux poinqons expres pour cela. N O T. 23 figne particulier autre que la place qu’elles tien- nent. Une Note feule entre deux barres remplit toute une Mefure. Dans la Mefure a deux Terns, deux Notes rempliffant la Mefure, fer¬ ment chacune un Terns. Trois Notes font la meme chofe dans la Mefure a trois Terns. S’il yaquatre Notes dans une Mefure a deux Terns, ou fix dans une Mefure a trois , e’eft que cha- que Terns eft divife en deux parties egales> on paffe done deux Notes pour un Terns ; on en paffe trois quand il y a fix Notes dans l’une & neuf dans l’autre. En un mot , quand ft n’y a nul figne d’inegalite, \es Notes font egales, leur nombre fe diftribue dans une Mefure felon le nombre des Terns & 1’efpece de la Mefure, pour rendre cette diftribution plus aifee , on fepare II Ton veut les Terns par des virgules ; de forte qu’en lifant la Mufique , on voit clairement la valeur des Notes , fans qu’il faille pour cela leur donner aucune figure particuliere. (Voyez FI. F. Fig. z. ) Les divifions inegales fe marquent avec la meme facilite. Ces inegalites ne font jamais que des fubdivifions qu’on ramene a l’egalite par un trait dont on couvre deux ou plufieurs Notes. Par exemple , fi un Terns contient une Croche & deux doubles. Croches , un trait en ligne droi- te an - deifus ou au - deffous des deux doubles- Croches montrera qu’elles ne font enfemble qu’u- tie quautite egale a la precedente, & par con- B' 4 N 0 T. 24 feguent qu’une Croche. Ainfi le Terns entier fe retrouve divife en deux parties egales ; favoir, h Note feule & le trait qui en Comprend deux. I! y a encore des fubdivifions d’itiegalite qui peu- vent exiger deux traits ; comme , fi une Croche pointee etoit fuivie de deux triples - Croches, alors il faudroit premierement un trait fur les deux Notes qui reprefentent les triples - Croches , ce qrii les rendroit enfemble egales au Point; puis un fecond trait qui, couvrant le trait pre¬ cedent & le Point , rendroit tout ce qu’il couvre egal a la Croche. Mais quelque viteffe que puif- fent avoir les Notes, ces traits ne 1 'ont jamais mcelfaires que quand les va>eurs font inegales , & quelque inegalite qu’i! pui.de y avoir, on n’au¬ ra jamais befoin de plus de deux traits , fur-tout en feparant les Terns par des virgules , comme on verra dans l’exemple ci - apres. L’Auteur du nouveau fyfteme emploie auffi le Point, mais autrenient que dans la Mufique ordinaire ; dans eelle ci, le Point vaut la moi- t ie de la Note qui le precede; dans la fienne, le Point , qui marque auffi le prolongement de la Note precedents, n’a point d’autre vateur que eelle de la place qu’i! occupe: fi le Point rem- plit un Terns, il vaut un Terns; s’il remplit line Mefure , il vaut uneMefure; s’i! eft dans un Terns avee une autre Note , il vaut la moitie de cs Terns. E11 un mot, le Point fe cornpte pour line Note , fe mefure comme les Notes, & N O T. ST pour marquer des Tenues ou des Syncopes on peut employer pluGeurs Points de fuite de va- leurs egales ou inegales, felon celles des Terns ou des Mefures que ces Points ont a remplir. Tous les filences n’ont befoin que d’un feul caradere; c’eft le Zero. Le Zero s’emploie com- rae les Notes, & corarae le Point ; le Point fe marque apres un Zero pour prolonger un filen- ce, comme apres une Note pour prolonger un Son. Voyez un exemple de tout cela, ( Pi. F» Fig. 3-) Tel eft le precis de ce nouveau fyfteme- Nous ne fuivrons point l’Auteur dans le detail de fes regies ni dans la comparaifon qu’il fait des caraderes en ufage avec les Hens ; on s’at- tend bien qu’il met tout I’avantage de fan cote > mais ce prejuge ne detonrnera point tout Ledeur impartial d’examiner les raifons de cet Auteur dans fon livre mfeme: comme cet Auteur eft ce- lui de ce Didionnaire, ii n’en peut dire davan- tage dans cet article fans s’ecarter de la fonc- tion qu’il doit faire ici. Voyez ( Planche F. Fig. 4. ) un Air note par ces nouveaux caraderes: mais il fera difficile de tout dechiffrer bien exac- tement fans recourirau livre meme, parce qu’un article de ce Didionnaire ne doit pas etre un li¬ vre , & que dans Pexplication des caraderes d’un Art auffi complique , il eft impoffible de tout dire en peu de mots. B 5 N O T. 25 Note sensible, eft celle quieft une Tierce majeure au-deifus de la Dominante , ou un fe- mi-Ton ao-deflous de la Tonique. Le fi eftNo- te fenfible dans le Ton d hit , le fol Diefe dans le Ton de la. On l’appelle Note fenfible , parce qu’elle fait fentir le Ton & la Tonique, fur laquelle, apres 1’Accord dominant , la Note fenfible prenant le chemin le plus court , eft obligee de monter : ce qui fait que quelques - uns traitent eette Note fenfible de Diffonnanee majeure , faute de voir que la Diffonnanee , etant un rapport, ne peut £tre conftituee que par deux Notes. Je ne dis pas que la Note fenfible eft la fep- tieme Note du Ton; parce qu’en Mode mineur cette Septieme Note n’eft Note fenfible qu’en montatit; car en defeendant elle eft a un Ton de la Tonique & a une Tierce mineure de la Dominante. (Voyez Mode , Tonique , Do- I'lINANTE .) Notes de Gout. II y en a de deux efpe- ces; les unes qui appartiennent a la Melodie, raais non pas a l’Harmonie; en forte que , quoi- qu’elles entrent dans la Mefure, elles n’entrent pas dans I’Accord : celles - la fe notent en plein. Les autres Notes de goht , n’entrant ni dans 1’Harmonie ni dans la Melodie , fe marquent feu- lement avec de petites Notes qui ne fe comptent pas dans la Mefure , & dont la duree tres-rapide fe prend fur la Note qui precede ou fur celle qui N U N. 27 fait. Voyez dans la PL F. Fig. f. un exemple ales Notes de gout des deux efpeces. Noter , v. a. C’eft ecrire de la Mufique avec les caraderes deftines a cet ufage , & appelles Notes. ( Voyez Notes. ) II y a dans la maniere de Noter la Mufique une elegance de copie , qui confide moins dans la beaute de la Note , que dans une certaine exadititude a placer convenablement tous les fignes , & qui rend la Mufique ainfi notee bien plus facile a executer c’eft ce qui a ete expli- que au mot Copiste. Nourrir les Sons, c’eft non - feulement leur donne r du tymbre fur 1’Inftrument, mais aufli les fouteni r exadement durant touteleur valeur, au lieu de les laifler eteindre avant que cette valeur foit ecoulee , comme on fait fouvent. IL y a des Mufiques qui veulent des Sons Nour- ris, d’autres les veulent detaches, & marques feulement du bout de l’Archet. Nvnnie , f. f C’etoit chez les Grecs la Chanfon particuliere aux Nourrices. (Voyez Chanson.) 2 $ O B L. gsfe -^- == =.=--■■■■;. o. Cette lettre capitale formee en cercle ou double CD ell, dans nos Mufiques anciennes, le %ne de ce qu’on appelloit Terns parfait; c’eft. a-dire de la Mefure triple ou a trois Terns , a la difference du Terns imparfait ou de la Me- Ture double, qu’on marquoit par un C limple, ou un O tronque a droite ou a gauche , C ou 0. Le Terns parfait fe marquoit quelquefois par un O fimple, quelquefois par un O pointe en "dedans de cette maniere 0, ou par un O barre , ainfi mais celui qui eft charge d’une Purtie Obligee ne peut la quitter un mo¬ ment fans faire manquer 1’execution. Broffard dit qu’ Oblige fe prend aufti pour contraint ou affujetti. Je ne fache pas que ce OCX. 2S> mot ait aujourd’hui un pareil fens un Mufique. (Voyez Contraint. ) Octacorde , f. m. Inftrument ou fyfteme de Mufique compofe de huit Sons ou de fept De- gres. L 'Oiiacorde ou la Lyre de Pythagore com- prenoit les huit Sons exprimes par ces lettres B. F. G.a.'c\c. d.e.: c’eft-a-dire, deux Tetracor- des disjoints. Octave , f.f. La premiere des Confonnances dans l’ordre de leur generation. VO&avc eft la plus parfaite des Confonnances •, elle eft , apres l’Uniffon , celui de tous les Accords dont le rap¬ port eftle plus Ample: l’Uniffon eft en raifon d’egalite •, c’eft-a-dire comme x eft a r : VO&ave eft enrai/on double, c’aft-a-dire comme 1 eft a 2 ; les Harmoniques des deux Sons dans Pun & dans l’autre s’accordent tous fans exception , ce qui n’a lieu dans aucun autre Intervalle. Enfin ces deux Accords ont tant de conformite qu’ils fe confondent fouvent dans la Melodic, & que dans l’Harmonie meme on les prend prefque in- difteremment l’un pour l’autre. Cet Intervalle s’appelle OSiave , parce que pour marcher diatoniquement d’un de ces termes a l’autre, il faut paffer par fept Degres, & fair* entendre huit Sons differens. Void les proprietes qui diftinguent fi fingu- Herement 1 ’O&ave de tous les autres Inter¬ val! es. I, jl ’JQSfavc renferme entre fes boraes tous 30 OCT. les Sons primitifs & originaux ; ainli apres avoir etabli un fyfleme ou une fuite de Sons dans l’e- tendue d’une OBave , fi Ton veut prolonger cet- te fuite, il faut necelfairement reprendre le me¬ me ordre dans une feconde O&ave par une ferie femblable , & de meme pour une troifieme & pour une quatrieme OBave, oul’onne trouve- ra jamais aucun Son qui ne foit la Replique de quelqu’un des premiers. Une telle ferie eft ap¬ pellee Echelle de Mulique dans fa premiere Oc¬ tave , & Replique dans toutes les autres. (Voyez Echklle, Replique.) C’eft en vertu de cette propriete del 'OBave qu’elle a ete appellee Dia- pafon par les Grecs. (Voyez Diapason. ) II. VOBave embraife encore toutes les Con- fonnances & toutes leurs differences, c’eft-a-dire tous les Intervalles fimples tant Confonnans que Diffonnans , & par confequent toute l’Harmo- nie. Etabliffons toutes les Confonnances fur uti meme Son fundamental; nous aurons la Table fuivante , 120 ioo 96 90 80 75 72 6© 120 120 120 120 120 120 120 120 Qui revient a celle - ci : if 4 3 2 5 3 1 6?43Bf 3 OCT. 31 O11 Ton trouve toutes les Conformances dans cet ordre : la Tierce mineure, la Tierce rnajeu- re, la Quarte, la Quinte, la Sixte mineure , la Sixte majeure, & enfin Y O&ave. Par cette Ta¬ ble on voit que les Confonnances fimples font toutes contenues entre YO&ave & l’Uniffon. Elies peuvent meme etre entendues toutes a la fois dans l’etendue d’une O&ave fans melange de Dilfonnances. Frappez a la fois ces quatre Sons ut mi fol ut , en montant du premier ut a foa O&ave j ils formeront entr’eux toutes les Con¬ formances , excepte la Sixte majeure , qui eft compofee; &ne formeront nul autre Intervalle. Prenez deux de ces memes Sons conime il vous plaira, ITntervalle en fera toujou rs conformant, C’eft de cette union de toutes les Confonnances que 1 ’Accord qui les produit s’appelle Accord forfait. U O&ave donnant toutes les Confonnances donne par confequent a vfli toutes leurs differen¬ ces , & par elles tous les Intervalles fimples de notre lyfteme mufical , lefquels ne font que ces differences memes. La difference de la Tierce majeure a la Tierce mineure donne le femi-Ton mineur; la difference de la Tierce majeure a la Quarte donne le femi-Ton majeur; la difference de la Quarte a la Quinte donne le Ton raa- jeur; & la difference de la Quinte a la Sixte majeure donne le Ton mineur. Or le femi-Ton mineur, le femi-Ton majeur , le Ton mineur ? 33 O C T. & ]e Ton majeur font les feuls elcmens de tou# les Intervalles de notre Mufique. III. Tout Son confonnant avec un des ter- mes de YOBave confonne auffi avec l’autre ; par coniequent tout Son qui dilfonne avec fun dif- fonne avec l’autre. IV. Enfin YoBave a encore cette propriete, la plus iinguliere de toutes, de pouvoir etre ajoutee a elle-meme, triplee & multipliee a vo¬ lume , fans changer de nature , & fans que le produit cede d’etre une Confonnance. Cette multiplication de YOBave , de meme que fa divilion, eit cependant bornee a notre egard par la capacite de 1’organe auditifj & un Intervalle de huit Ottav.es excede deja cette ca¬ pacite. ( Voyez Etendue. ) Les Octaves raemes perdent quelque chofe de leur Harmonie en fe multipliant> St, paffe une certaine mefure, tous les Intervalles deviennent pour l’oreille moins faciles a faillr : une double OBave commence deja d’etre moins agreabie qu’une OBave lint pie; une triple qu’une double ; enfin a la cinquieme OBave 1 ’extreme diftance des Sons ote prefque a la Confonnance tout fon agrement. C’eft de 1 ’ OBave qu’on tire la generation or- donnee de tous les Intervalles par des divifions & fubdivifions Harmoniques. Divifez harmoni- quement 1 ’ OBave 3. 6 . par le nombre 4,, vous aurez d’un cote la Quarte 3. 4., & de l’autrg la Quinte 4. 6 . Divi. OCT. '33 Divifez de rneme la Quinte 10. if. harmo- niquement par le nombre 12. > vous aurez la Tierce mineure 10, 12. & la Tierce majeure 12. If. Enfin divifez la Tierce majeure 72, $0. en¬ core harmoniquement par le nombre 8-0. , vous aurez lc ton mineur 72. 80. ou 9. 10. & le ton majeur 8©- 90. ou 8. 9. &c. II faut remarquer que ces divifions harmoni- ques donnent toujours deux Intervalles inegaux dont le moindre eft au grave & le grand a l’ai- gu. Que fi Von les fait memes divifions lelonla proportion Atithmetique , on aura le moindre Intervalle k 1 ’aigu & le plus grand au grave. Ainfi VO&ave 2. 4. partagee arithmetiquement donnera d’abord la Quinte 2. 3. au grave , puis la Quarte 3. 4. a Paigu. La Quinte 4. 6 . dorine- ra premierement la Tierce majeure 4. f. puis la Tierce mineure f. 6 . & ainfi des autres. On au- roit les memes rapports en fens contraires , fi, au lieu de les prendre conlme je fais ici par les vibrations, on les prenoit par les longueurs des Cordes. Ces connoiifances, au refte , font peu utiles en elles - memes , mais elles font necef- faires pour entendre les vieux Auteurs. Le fyfteme complet & rigoureux de VO&ave eft compofe de trois Tons majeurs, deux Tons mineurs, & deux femi- Tons majeurs. Le fyfteme tempere eft de cinq Ton$ egaux & deux lemi- Tons formant entr’eux autant de Degres Diato- niques fur les fept Sons de la Gamme jufqu’i Tome XI f C r OCT. 34 1 ’Octave du premier. Mais comme chaque Ton peut fe partager en deux femi-Tons, la raeme Ociave fe divife auffi chromatiquement en douze Intervalles d’un ferni- Ton chacun, dont les fept precedens gardent leurnom, & les cinq autres prennent chacun le nom du Son Diatonique le plus voifin, au- delTous par Diefe & au - delfus par Bemol. ( Voyez Echelle. ) Je lie parle point ici des O&aves diminuees ou fuperflues , parce que' cet Intervalle ne s’al- tere guere dans la Melodie , & jamais dans PHarmonie. II eft defendu , en compofition, de faire deux O&aves do fuits , entre differentes Parties , fur- tout par Mouvement femblable : mais cela eft permis , & meme elegant, fait a deffeiii & a propos dans toute la fuite d’un Air ou d’une Periode: c’eft ainfi oue dans plufieurs Concerto toutes les Parties reprennent par Intervalles le Ripieno a VO&ave ou a l’Uniflon. Sur la Regie de VO&ave , voyez Regle. Octavi er , v. n. Quand on force le vent dans un Inftrument a vent, le Son monte aufli-tota l’Oclave ; c’eft ce qu’on appelie O&avicr. En renforqant ainfi l’infpiration , Fair renferme dans le tuyau & con :aint par Fair exterieur , eft obli¬ ge pour ceder la vitelfe des ofcillations , de fe partager en deux colonnes egales , ayant cha- cune la moitie de la longueur du tuyau ; & c’eft ainfi que chacune de ces nioities fonne l’Qtftave O E U. P ce qui produifit la necelfite de chanter toujours, pour paroitre toujours parler ; neceffite qui croit en raifon de ce qu’une langue eft peu nmficale i car nioins la langue a de douceur & d’accent, plus le paflage alternatif de la parole au Chant Sc du Chant a la parole, y devient dur & eho- quant pour l’oreille. De - la le befoin de fubfti- tuer au difcours en recit un difcours en Chant * qui put Piniiter de fi pres qu’il n'y eut que la jufteile des Accords qui le diftinguat de la pa-, pole. ( Voyez Re'citatif. ) Cette maniere d’unir au Theatre la Mufique aiaPoefie, qui, chez les Grecs , fuffifoit pour Pinteret & l’illufion, parce qu’elle etoit naturelle, par la raifon contraire , ne pouvoit fuffire chez nous pour la merne fin. En ecoutant un lan- gage hypothetique & contraint , npus avons peine a concevoir ce qu’on veut nous dire ; avee beaucoup de bruip on nous donne peu d’emo^ O P E- 4 < iion : de-la nalt la neceffite d’amener le plaific phyfique au fecours du moral, & de fuppleer par l’attrait de l’Harmonie a l’energie de l’ex- preilion. Ainfi moins on fair toueher le coeur , plus il faut favoir flatter l’oreille , & nous fom- mes forces de chercher dans la fenfation le plai- fir que le fentiment nous refufe. Voila I’origine des Airs , des Chceurs , de la Symphonic, & de cette Melodie enchanterefle dont la Mufique moderne s’embellit fouvent aux depens de la Poefie, mais que l’homme de gout rebute au Theatre, quan.1 on le flatte fans l’emouvoir. A la nailTance de P Optra, fes inventeurs vou- lant eluderce qu’avoit de peu naturel 1’union de la Mufique au difcours dans 1’imitation de la vie humaine, s’ayiferent de tranfporter la Scene aux Cieux & dans les Enfers , & faute de favoir faire parler les hommes , ils aimerent rnieux faire chanter les Dieux & les Diables , que les Heros & les Bergers. Bientot la magie & le mervei lleux devinrent les fondemens du Thea¬ tre lyrique, & content de s’enrichir d’un nou¬ veau genre on ne fongea pas meme a rechercher fi c’etoit bien celui - la qu’on avoit du choifir. Pour foutenir une fi forte illufion , il fallut epuifer tout ce que 1’Art humain. pouvoit imagi- jier de plus feduifant chezun Peuple ou le gout du plaifir & celui des beaux Arts regnoient a Venvi. Cette Nation celebre a laquelle il ne refte dc fon ancienne grandeur que celle des idees C l O P E. 4a dans les beaux Arts, prodigua foil gout, fes lu- mieres pour donner a ce nouveau Spectacle tout j’eclat dont il avoit befoin. On vit s’elever par toute l’ltalie des Theatres egaux en etendue aux Palais des Rois, & en elegance aux monumens de FAntiquite dont elle etoit remplie. On in- venta pour les orner, l’Art de la Perfpedtive & de la Decoration. Les Artiftes dans chaque genre y firent a l’envi briber leurs talens. Les ma¬ chines les plus ingenieufes , les vols les plus hardis, les tempetes , la foudre , l’eclair , & tous les preftigesde la baguette furent employes a fafciner les yeux , tandis que des multitudes d’Inftrumens & de voix etonnoient les oreilles. Avec tout cela l’adion reltoit toujours froide & toutes les lituations manquoient d’interet. Comme il n’y avoit point d’intrigue qu’on ne denouat facilement a l’aide de quelque Dieu , le Spedtateur, qui connoiffoit tout le pouvoir du Poete , fe repofoit tranquillement fur lui du foin de tirer fes Heros des plus grands dangers. Ainfl l’appareil etoit immenfe & produifoit peu d’ef- fet, parce que l’imitation etoit toujours impar- faite & grofliere , que l’adtion prife hors de la Nature etoit fans interet pour nous, & que les fens fe pretent mal a l’illufion quand le cceur ne s’en mele pas ; de forte qu’a tout compter il eut ete difficile d’ennuyer une affemblee a plus grands frais. Ce Spectacle , tout imparfait qu’il etoit, fit O P E. 43 long-tems l’adnliration des contemporains, qui n’en connoiffoient point de meilleur. Ils fe fe- iicitoient meme de la decouverte d’un fi beau genre : voila , difoient - ils, un nouveau principe joint a ceux d’Ariftote ; voila 1’admiration ajou- tee a la terreur & a la pitie. Ils ne voyoient pas que eette richeffe apparente n’etoit au fond qu’un figne de fterilite , cotnme les fleurs qui couvrent les champs avant la moiffon. C’etoit faute de favour toucher qu’ils vouloient furpren- dre , & cette admiration pretendue n’etoit en effet qu’un etonnement puerile dont ilsauroient du rougir. Un faux air de magnificence , de fee- rie & d’enehantement, leu r en impolbit au point qu’ils ne parloient qu’avec enthouiiafme & ref- ped d’un Theatre qui ne meritoit que des huees j ils avoient de la meilleure foi du monde autant de veneration pour la Scene meme que pour les chimeriques objets qu’on tachoit d’y reprefenter : comme s’ily avoit plus de merite a faire parler placement le Roi des Dieux que le dernier des inortels , & que les Valets de Moliere ne fulfent pas preferables aux Heros de Pradon. Quoique les Auteurs de ees premiers Opera n’eulfent guere d’autre but que d’eblouir les yeux & d’etourdir les oreilles, il etoit difficile que le Mufiden ne fut jamais tente de chercher a tirer de fon Art Pexpreffion des fentimens re- pandus dansde Poetne. Les Chanfons des Nym- phes, les Hymnes des Pretres, les cris des OPE. U Guerriers, les hurlemens infernaux ne remplif- foient pas t'ellement ees Drames groffiers qu’il ne s’y trouvat quelqu’un de ces inftans d’interet & de fituation oil le Spedateur ne demande qu’a s’attendrir. Bientot on commenca de fentir qu'in- dependamment de la declamation muficale , que fouvent la langue comportoit mal, le choix du Mouvement , de l’Harmonie & des Chants n’e- toit pas indifferent aux chofes qu’on avoit a di¬ re , & que, par confequent , l’effet de la feule Mufique borne jufqu’alors au fens , pouvoit al- ler jufqu’au cceur. La Melodie , qui ne s’etoit d’abord feparee de la Poefie que par neceffite, tira parti de cette independance pour fe donner des beautes abfolues & purement muficales : i’Harmonie decouverte ou perfedionnee lui ou- vrit de nouvelles routes pour plaire & pour emouvoir ; & la Mefure , affranchie de la gene du Rhythme poetique, acquit auffi. une forte de cadence a part, qu’elle ne tenoit que d’elle feule. La Mufique, etant ainfi devenuc un tro ifieme Art d’imitation , eut bientot fon iangage , fon expreffion, fes tableaux , tout-a-fait independans de la Poefie. La Symphonie rnerne apprit a par- ler fans le fecours des paroles, & fouvent il ne fortoit pas des fentimens moins vifs de l’Or- eheftre que de la bouche des Adeurs. C’eft alors que, commencant a fe degouter de tout le clinquant de la feerie , du puerile fracas des machines, & de la fantafque image des chofqs 0 P E. qu’on n’a jamais vues , on chercha dans Fimi- tation de la Nature des tableaux plus interelTans & plus vrais. Jufques - la Y Opera avoit ete confti- tue comme il pouvoit l’etre ; car quel meilleur ufage pouvoit - on faire au Theatre d’une Mu- lique qui ne favoit rien peindre , que de l’em- ployer a la reprefentation des chofes qui ne pou- voient exifter, & fur lefquelles perfonne n’etoic en etat de comparer l’image a l’objet ? II eft impoffible de favoir ft l’on eft affecte par la peinture du merveilleux comme on le feroit par fa prefence ■, au lieu que tout homme peut juger par luimeme ft l’Artifte a bien fu faire parler aux pafllon§ leu r langage, & ft les objets de la Nature font bien imites. Aufti des que la Mu- ftque eut apprfs a peindre & a parler , les char- mes du fentiment firent-ils bientbt negliger ceux de la baguette , le Theatre fut purge du jargon de la Mythologie , l’interet fut fubftitue au mer¬ veilleux , les machines des Poetes & des Char- pentiers furent detruites , & le Drarne lyrique prit une forme plus noble & moins gigantefque. Tout ce qui pouvoit emouvoir le coeur y fut em¬ ploye avec fucces , on n’eut plus befoin d’en impofer par des etres de raifon , ou plutot de folie, & les Dieux furent chafles de la Scene quand on y fut reprefenter des hommes. Cette forme plus fage & plus reguliere fe trouva en¬ core la plus propre a l’illufion 5 l’on fentit que le shef-d’ceuvre de la Mufique etoit de fe faire ou- O P E. 46 blier elle-meme , qu’en jettant le defordre & It trouble dans Fame du Spe&ateur elle l’empe- choit de diftinguer les Chants tendr^s & pathe- tiques d’une Heroine gemiflante , ties vrais ac- cens de la douleur & qu’Achille en ttmeur pou- voit nous glacer d’effroi avec le meme langage qui nous eut choques dans fa bouche en tout autre terns. Ces obfervations donnerent lieu a une fe- conde reforme non moins importante quc la pre¬ miere. On fentit qu’il ne falloit a 1 ’Opera rien de froid & de raifonne , rien que le Spe&ateur put ecouter affez tranquillement pour reflechir fur fabfurdite de ce qu’il entendoit & c’eft en cela, fur-tout, que confifte la difference elfen- tielle du Drame lyrique a la fimple Tragedie. Toutes les deliberations politiques , tous les pro¬ jets de confpiration , les expofitions, les recks , les maximes fentencieufes j en un mot, tout ce qui ne par le qu’a la raifon fut banni du langage du eoeur, avec les jeux d’elprit, les Madrigaux & tout ce qui n’eft que des penfees. Le ton meme de la fimple galanterie , qui quadre mal avec les grandes paffions , fut a peine admis dans le rempliflage des fituations tragiques , dont il gate prefque toujours FefFet : car jamais on ne fent mieux que FA&eur chante , que lorfqu’il dit une Chanfon. L’energie de tous les fentimens , la violence de toutes les paffions font done l’objet principal o p e; 47 6a Drame lyrique ; & l’illufion qui en fait le charme , eft toujours detruite auffi-tot que l’Au- teur & FAdteur lailfent un moment le Spe&ateur a lui-meme. Tels font les principes fur lefquels VOpera moderne eft etabli. Apoftolo - Zeno , le Corneille de l’ltalie ; fon tendre eleve qui en eft le Racine, ont ouvert & perfedionne cette nouvelle carriere. Ils ont ofe mettre les Heros de l’Hiftoire fur un Theatre qui fembloit ne convenir qu’aux phantomes de la Fable. Cyrus, Cefar , Caton meme, ont paru fur la Scene avec fucces, & les Spedateurs les plus revoltes d’en- tendre chanter de tels hommes, ont bient6t ou- blie qu’ils chantoient, fubjugues & ravis par 1’e- clat d’une Mufique auffi pleine de nobleife & de dignite que d’enthoufiafme & de feu. L’on fup- pofe aifement que des fentimens fi differens des ndtres doivent s’exprimer aufli fur un autre ton. Ces nouveaux Poemes que le genie avoit crees , & que lui feul poavoit foutenk, eearte- rent fans eifort les mauvais Muficiens qui n’a- voient que la mechanique de leur Art, &, prives du feu de l’invention & du don de l’imitation, faifoient des Opera comme ils auroient fait des fabots. A peine les cris des Bacchantes , les con¬ jurations des Sorciers & tous les Chants qui n’e- toient qu’un vain bruit, furent-ils bannis da Theatre ; a peine eut-on tente de fubftituer a ce barbare fracas les accens de la colere , de la douleur , des menaces , de la tendrelfe , des o P e: 48 pleurs des gcmiflemens , & tous les mduve- mens d’uneame agitee , que, forces de donneS des fentimens aux Heros & un langage au coeur humain , les Vinci , les Leo, les Pergolefe , de- daignant la fervile imitation de leurs predecef- feurs, & s’ouvrant uae nouvelle carriere , la franchirent fur l’aile du Genie , & fe trouverent au but prefque des les premiers pas. Mais on ne peut marcher long - terns dans la route du bon gout fans monter ou defeendre , & la perfection eft un point ou il eft difficile de fe maintenir. Apres avoir effaye & fenti fes forces , la Mufi- que en etat de marcher feule, commence a de- daigner la Poefie qu’elle doit accompagner, & croit en valoir mieux en tirant d’elle - raeme les beautes qu’elle partageoit avec fa compagne. Elle fe propofe encore, il eft vrai, de rendre les idees & les fentimens du Poete ; mais elle prend, en quelque forte,un autre langage, &, quoique 3’objet foit le meme , le Poete & le Muficien , trop fepares dans leur travail, en of- frent a la fois deux images relfemblantes, mais diftinctes, qui fe nuifent mutuellement. L’efprit force defe partager, choifit & fe fixe a une image plutot qu’a l’autre. Alorsle Muficien , s’il a plus d’art que le Poete, 1’effaee & le fait oublier : l’Acteur voyant que le SpeCtateur facrifie les paroles a la Mufique, facrifie a fon tour legefte & I’aCtion theatrale au Chant & au brillant de la voix i ce qui fait tout-a-fait oublier la Piece, & o p e: 49 Sc change le Spe&acle en un veritable Concert, Que fi l’avantage, au contraire, fe trouve c!u cote da Poete , la Mufique , a fon tour , devien- dra prefque indifferente , & le Spedtateur , trom- pe par le bruit, pourra prendre le change au point d’attribuer a un mauvais Muficien le me- rite d’uti excellent Poete , & de croire admirer des chefs-d’oeuvres d’Harmonie, en admirant des Poemes bien compotes. Tels font les defauts que la perfection abfolue de la Mufique & fon defaut duplication a la Langue peuvent introduire dans les Opera a pro¬ portion du contours de ces deux caufes. Sue quo! Ton doit remarquer que lex Langues les plus propres a flechir fous les !oix de la Mefure & de la Melodic font celles oil la duplicite done je viens de purler eft le moins apparente, par- ce que la Mufique fe pretant, feulement aux idees de la Poefie, celle - ci fe prete a fon tour aux inflexions de la Melodie > & que , quand la Mu¬ fique cede d’obferver le Rhythme, faccent & 1’Harmonie du vers, le vers fe plie & s’alfervit a la cadence de la Mefure & a faccent mufical. Mais lorfque la Langue n’a ni douceur ni flexi¬ bility , l’aprete de la Poefie fempeche de s’af- fervir au Chant, la douceur meme de la Melo¬ die l’empeche de fe prefer a la bonne recitation des vers, & fon fent dans f union forcee de ces deux Arts une contrainte perpetuelle qui cho- que l’oreille & detruit a la fois fattrait de la Toms XL D OPE. fo Melodie & i’effet de la Declamation. Ce defats eft fans remede , & vouloir a toute force appli- quer la Mufique a une Langue qui n’eft pas mu- iicale, c’ett lui donner plus de rudefle qu’elle n’en auroit fans cela. Par ce que j’ai dit jufqu’ici, l’on a pu voir qu’il y a plus de rapport entre l’appareil des yeux ou la decoration , & la Mufique ou l’appa- reil des oreilles , qu’il n’en paroit entre deux fens qui femblent n’avoir rien de commun ; & qu’a certains egards YOpera , conftitue corame il eft , n’effc pas un tout auffi monftrueux qu’il paroit l’etre. Nous avons vu que , voulant olfrir aux regards i’interet & les mouvemens qui man- quoient a la Mufique, on avoir imagine les groC- fiers preftiges des machines & des vols , & que jufqu’a ce qu’on fut nous emouvoir , on s’etoit contente de nous furprendre. II eft done tres- naturel que la Mufique , devenue paflionnee & pathetique , ait renvoye fur les Theatres des Foires ces mauvais fupplemens dont die n’avoit plus befoin fur le fieri. Alors YOp:ra , purge de tout ce merveilleux qui l’aviliifoit, devint un Spedacle egalenient touchant & majeftueux , di- gne de plaire aux gens de gout & d’intereffer les coeurs fenfibles. II eft certain qu’on auroit pu retrancher de la pompe du Spectacle autant qu’on ajoutoit a 1’interet de l’adtion ; car plus on s’occupe des perfonnages , moins on eft occupe des objets qui ope: f i les entonrent: mais il faut, cependant, que le Jieu de la Scene foit convenable aux Adeurs qu’on y fait parler; & rimitation de la Nature , fouvent plus difficile & toujours plus agreable que celle des etres imaginaires , n’en devient que plus interelfante en devenant plus vraifembla- ble. Un beau Palais , des Jardins delicieux , da favantes ruines plaifent encore plus a l’oeil que la fantafque image du Tartare, de 1’Olympe , dm Char du Soleil; image d’autant plus inferieura a celle que chacun fe trace en lui ■ meme , quo dans les objets chimeriques il n’en coute rien a l’efprit d’aller au-dela du poffible , & de fe fairs des m odeles a u-deflus de toute imitation. De-la vient que le merveilleux , quoique deplace dans la Tragedie , ne l’eft pas dans le Poeme epique ou 1’imagination toujours induftrieufe & depen-, here fe charge de l’execution , & en tire un tout; autre parti que ne peut faire fur nos Theatres le talent du meilleur Machinifte & la magnifi-» cence du plus pui/lant Roi. Quoique la Mufique prife pourun Art d’imi-' tation ait encore plus de rapport a la Poefie qu’a la Peinture ; celle-ci, de la maniere qu’on Pern-, ploie au Theatre, n’eft pas auffi fujette que la Poefie a faire avec la Mufique une double re- prefentation du meme objet; parce que l’une rend les fentimens des hommes , & l’autre feule- ment l’image du lieu ou ils fe trouvent, image qui renforce l’illufion 8c tranfporte le Spectateus D a OPE. 52 par-tout ou 1’Acteur eft fuppofe etre. Mais c c tran/port d’un lieu a un autre doit avoir des re¬ gies & des bornes : il n’eft permis de fe preva- loir a cet egard de l’agilite de 1’imagination qu’en confultant la loi de la vraifemblace, &, quoi- que le Speclateur ne cherche qu’a fe preter a des fi&ions dont il tire tout fon plaifir, il ne faut pas abufer de fa credulite au point de lui en faire hoote. Eli un mot, on doit fonger qu’on parlea des coeurs fenfibles , fans oublier qu’on parle a des gens raifonnables. Ce n’eft pas que je vou- luife tranfporter a 1’ Opera cette rigoureufe unite de lieu qu’on exige dans la Tragedie, & a la- quelle on ne pent guere s’a/fervir qu’aux depens de l’aciion, de forte qu’on n’eft exaift a quelque egard que pour etre abfurde a mille autres. Ce feroit d’ailleurs s’oter l’avantage des changemens de Scenes, lefquelles fe font valoir mutuelle- ment : ce feroit s’expofer par une vicieufe uni- formite a des oppoGtioiis mal conques entre la Scene qui refte toujours & les foliations qui changent; ce feroit gater l’un par l’autre l’effec de la Mulique & celui de la decoration , comme de faire entendre des Symphonies voluptueufes parmi des rochers , ou des airs gais dans les Pa¬ lais des Rois. C’eft done avec raifon qu’on a lailfe fubfifter d’Acfte en Acfte les changemens de Scene , & pour qu’ils foient reguliers & admiffibles , il fuf- fit qu’on aitpu naturellement fe rendre du lieu d’ou Toil fort all lieu ou J’on pafie , dans Pin- tervalle de terns qui s’ecoule ou que l’adion fup- pofe entre les deux Ades : de forte que , com- me Punite de terns doit fe renferraer a-peu-pres dans la duree de vingt-quatre heures , Punite de lieu doit fe renfermer a-peu-pres dans Pefpace d’une journee de chemin. A l’egard des chan- gemens de Scene pratiques quelquefois dans un meme Ade, ils me paroiifent egalement con- traires a Pilluiion & a la raifon , & devoir etre abfolument profcrits du Theatre. Voila comment le concours de l’Acouftique & de la Perfpedive peut perfedionner Pillu- Jlon , flatter les fens par des impreffions diver¬ ges, mais analogues, & porter a Pame un meme Interet avec un double plailir. Ainfi ce feroit une grande erreur de penfer que Pordonnance du Theatre n’a rien de commun avec celle de la Mufique, ft ce n’eft la convenance generale qu’elles tirent du Poeme. C’eft a Pimagination des deux Artiftes a determiner entr’eux ce que celle du Poete a lailfe a leur difpofition, & a s’accorder ft bien en cela que le Spedateur fen- te toujours Paccord parfait dece qu’il voit & de ce qu’il entend. iVIais il faut avouer que la ta~ che du Muficien eft la plus grande. Limitation de la peinture eft toujours froide, parce qu’elle manque de cette fucceflion d’idees & d’impref-' Cons qui echauffe Pame pardegres, & que tout eft dit au premier eoup-d’ceil. La puilfanee imi- D OPE. U tativedecet Art, avec beaucoup d’objets appa- xens, fe borne en effet a que tous les objets quifuf- pendent ou partagent l’attention font autant de contre-charmes qui detruifent celui de l’interet; qu’en coupant le Spectacle par d’autres Specta¬ cles qui lui font etrangers , on divife le fujet principal en parties independantes qui n’ont rien de common entr’elles que le rapport general de la matiere qui les eompofe; & qu’enfin plus les Spedacles inferes feroient agreables, plus la mucilat on du tout feroit difforme.. De forte qu’en fuppofant un Opera coupe parquelques Di- vertilfemens qu’on put imaginer, s’ils laiifoient oublier le fujet principal, le Spedtajeur, a la fin de chaque Fete, fe trouveroit aufli peu emu qu’au commencement de la Piece; & pour l’e- mouvoir de nouveau & ranimer l’interet, ce fe- roi-t toujours a recommencer. Voila pourquoi les Italiens ont enfin banni des Entr’a&es de leurs Opera ces Intermedes comiques qu’ils y avoient inferes; genre de Spectacle agreable, pi¬ quant & bien pris dans la nature, mais fi de¬ place dans le milieu d’une adtion tragique, que les deux Pieces fe nuifoient mutuellement, & que Pune des deux ne pouvoit jamais interefler qu’aux depens de Pautre. Refte done a voir fi, la Danfe ne pouvant entrer dans la compofition du genre lyrique comme ornement etranger, on ne I’y pourroit p as faire entrer comme partie conftitutive, & faire concourir a I’a&ion un Art qui ne doit pas la fufpendre. Mais comment admettre a la fois deux langages qui s’excluent mutuellement, & joindre PArt Pantomime a la parole qui le rend fuperflu ? Le langagedu gefte ecant la relfource des wuetsou des gens qui ne peuvent s’en.en- dre, devient ridicule entre ceux qui parlent. On ne repond point a des mots par des gamba¬ des, ni au gefte par des difeours ; autrement je ne vois point pourquoi celui qui entend le lan- gage de l’autre ne lui repond pas fur le rneme ton. Supprimez done la parole fi vous voulez employer la Danfe : fi-tot que vous introduifez la Pantomime dans VOptra-, vous en devez ban- nir la Poefie j parce que de toutes les unites la D 5 O P E. 58 plus neceflaire eft celle du langage, & qu’il eft; abfurde & ridicule de dire a la fois la meme chofe a la meme perfonne, & de bouche & par ecrit. Les deux raifons que je viens d’alleguer fe reuniflent dans toute leur force pour bannir du Drame lyrique les Fetes & les divertilfemens qui non-feulement en fufpendent Faction , mais , ou ne difent rien, ou fubftituent brufquement au langage adopte un autre langage oppofe, dont le contrafte detruitAa vraifemblance, affoiblit I’interet , & foit dans la merae action poufui- vie , foit dans un epifode infere, blefle egale- ment la raifon. Ce feroit bien pis, ft ces Fetes n’offroient au Spedateur que des lauts fansliai- fbn , & des Danfes fans objet, tiftTu gothique & barbare dans un genre d’ouvrage ou tout doit etre peinture & imitation. II faut avouer, cependant, que la Danfe eft ft avantageufement placee au Theatre , que ce feroit le priver d’un de fes plus grands agremens que de Fen retrancher tout-a-faifc. Aulfi, quoi- qu’on ne doive point avilir uneadion tragique par des fauts & des entrechats, c’eft terminer tres-agreablement le Spedacle, que de donner un Ballet apres F Opera , comme une petite Pie¬ ce apres la Tragedie. Dans ce nouveau Speda¬ cle, qui ne tient point au precedent, on pent auffi faire choix d’une autre Langue; c’eft une autre Nation qui paroit fur la Scene. L’Art Pan- fominie ou la Danfe devenant alors la Langue de convention, la parole en doit etre bannie a fontour, & la Mufique, reftant le moyen de liaifon, s’applique a la Danfe dans la petite Pie¬ ce , comme elle s’appliquoit dans la grande a la Poefie. Mais avant d’employer cette Langue nouvelle, il faut la creer. Commencer par don- ner des Ballets en adtion , fans avoir prealable- ment etabli la convention des geftes, c’eft par- ler une Langue a gens qui n’eti ont pas le Die-' tionnaire, & qui, par eonfequent, ne l’enten- dront point. Opera , f. m. Eft aufli un mot confacre pour diltinguer les d/iferens ouvrages d’un merae Au¬ teur, felon 1’ordre dans lequel ils ont ete impri- mes ou graves, & qu’i! marque ordinairement lui-meme fur les titrespar des chiffres. (Voyez Oeuvre. ) Ces deux mots font principalement en ufage pour les compofitions de (ymphonie. Oratoire. De lltalien Oratorio. Elpece de Drarne en Latin ou en Langue vulgaire , divife par Scenes, a 1’imitation des Pieces de Thea¬ tre ; mais qui roule toujours fur des fujets facres & qu’on met en Mufique pour etre execute dans quelque Eglife durant le Careme ou en d’autres terns. Cet ufage, alfez commun en Italie, n’eft point admis en France. La Mufique Franqoife eft fi peu propre au genre Dramatique, que c’eft bien alfez qu’elle y mentre fon infuffifance au Theatre, fans l’y montrer encore a l’Eglife. 60 o r c; Orchestre , f. m. On prononce Orquejlrei C’etoit, chez les Grecs, la partie inferieure du Theatre ; elle etoit faite en demi-cercle & gar- nie de lieges tout autour. On l’appelloit Or- chejire, parce que c’etoit - la que s’executoient les Danfes. Ghez eux 1 ’Orchefire faifoit une partie du Theatre •; a Rome il en etoit fepare & rempli de lieges deftines pour les Senateurs , les AfagiR trats, les Veftales, & les autres perfonnes de diftin&ion. A Paris V Orchefire des Comedies Francoifc & Italienne , & ce qu’on appelle ail- leurs le Parquet, eft deftine en partie a un ufa- ge femblable. Aujourd’hui ce mot s’appiique plus 'particu- lierement a la Mufique, & s’entend , tantot du lieu oil fe tiennent ceux qui jouent des Inftru- mens, comme P Orchefire de l’Opera, tantot du lieu oil fe tiennent tous les Muficiens en gene¬ ral, comme VOrchefire du Concert Spirituel au Chateau des Tuileries , & tantot de la col ledion de tous les Symphoniftes : c’eft dans ce dernier fens 4 que l’on dit de Pexecution de Mulique, que YOrcheJlre etoit bon ou mauvais , pour dire que les Inftrumens etoient bien ou maljoues. Dans les Mufiques nombreufes en Sympho¬ niftes , telles que celle d’un Opera, c’eft uu foin qui n’eft pas a negliger que la bonne diftri- bution de P Orchefire. On doit en grande partie a ce foin Pcffet etonnant de la Symphonie dans- ies Opera d’ltalie. On porte la premiere atten¬ tion fur la fabrique meme de YOrchefire, c’eft- a-dire, de Penceinte qni le contient. On lui don- ne les proportions convenables pour que les Symphoniftes y foient le plus raflembles & le inieux diftribues qu’il eft poflible. On a foin d’en faire la caiife d’un bois leger & refonnant comme le fapin , de l’etablir fur un vuide avec des arcs-boutan$,, d’en ecarter les Spedlateurs par un rateau place dans le parterre a un pied ou deux de diftance. De forte que le corps meme de YOrchefire portant , pour ainfi dire, en Fair , & ne touchant prefque a rien, vibre & refonne fans obftacle, & forme comme un grand Inftrument qui repond a tous les autres & en augmente PeiFet. A l’egard de la diftribution interieure, on a foin : i°. que le nombre de chaque efpeced’Inf- trument fe proportionne a l’effet cju’ils doivent produire tous enfemble; que, par exemple,les Bafles n’etouffent pas les Delfus & n’en foient pas etouffees ; que les Hauts-bois ne dominant pas fur les Violons , ni les feconds fur les pre¬ miers : 2". que les lnftrumens de chaque efpe- ce, excepte les Bafles, foient raflembles en- tr’eux, pour qu’ils s’accordent mieux & mar- chent enfemble avec plus d’exactitude : 3° que les Bafles , foient difperfees autour des deux Cla- veffins & par tout YOrchefire , parce que c’eft la lafle qui doit regler & foutenir toutes le au- o r a €2 tres Parties & que tous les Muficiens doivent Pentendre egalement: 4 0 . que tous les Sympho¬ nies aient l’oeil fur le maitre a Ton Ciaveilin , & le maitre fur chacun d’eux ; que de meme cha- que Violon foit vu de fon premier & le voie : c’eft pourquoi cet Inftrument etant & devant etrc le plus nombreux doit etre diftribue fur deux lignes qui fe regardent; favoir, les pre¬ miers affis eu face du Theatre le dos tourne vers les Spe&ateurs, & les feconds vis-a-vis d’eux le dos tourne vers le Theatre , &c. Le premier Orchejire de l’Europe pour le nombre & l’intelligence des Symphoniftes eft ce- Jui de Naples.: mais celui qui eft le mieux dif¬ tribue & forme 1’enfemble le plus parfait eft YOrcheftre de l'Opera du Roi de Pologne k Drefde , dirige par l’illuftre Halfe. ( Cecci Yecri- Doit en 1754. ) (Voyez Tl. G. Fig. r. ) La repre- fentation de cet Orchefire , oil, fans s’attacher aux mefures, qu’on n’apas prifes fur les lieux, on pourra mieux juger a Pceil de la diftribudon totale qu’on ne pourroit faire fur une longue defcription. On a remarque que de tous les Orchejlres de 1 ’Europe , celui de l’Opera de Paris, quoiqu’un des plus nombreux , etoit celui qui faifoit le moins d’effet. Les raifons en font faciles a com- prendre. Premierement lamauvaife conftrudion de YOrchefire, enfonce dans la terre, & clos d’une enceinte de bois lourd, maffif 3 & charge de fer, etouffe toute refonnance : 2 * le man. vais choix des Symphoniftes , dont le plus grand nombrerecu par faveur fait a peine la Mufique, & n’a nulle intelligence de l’enfemble : 3 0 . leur affommante habitude de racier, s’accorder , preluder continuellement a grand bruit, fans ja- mais pouvoir etre d’aecord : 4 0 . le Genie Fran- qois, qui eft en general de negliger & dedaigner toutce qui devient devoir journalier : 5 0 . les mauvais Inftruraens des Syraphoniftes , lefquels reftant fur le lieu font toujours des Inftrumens de rebut, deftines a mugir durant les reprefen- tations, &a pourrir dans les Intervalles: 6°. le mauvais emplacement du maitre qui, fur le de- vant du Theatre & tout occupe des Adeurs , ne peut veiller fuffilamment fur fon Orchejtre & fa derriere lui , au lieu de l’avoir fous fes yeux : 7 P . le bruit infupportable de fon baton qui cou- vre & amortit tout 1 ’effet de la Symphonie : 8?. la mauvaife Harmonie de leurs compofitions » qui, n’erant jamais pure & choifie , ne fait en¬ tendre , au lieu de chofes d’elfet, qu’un rem- plilfage fourd & confus : 9 0 . pas afl'ez de Con- tre-baifes & trop de Violoncelies , dont les Sons , traxnes a leur maniere, etouffent la Melodic & affornment le Spedateur : io°. enfin le defaufc de Mefure , & le caradere indetermine de la Mufique Fraticoife , ou c’eft toujours 1 ’Adeur qui regie F Orchejtre , au H u que YOrckejire doit regler l’Adeur , & ou les Deftus tnenent 64 O R G. la Balfe , au lieu que la Balfe doit mener les Delius. Oreille,//. Ce mot s’emploie figurement en terme de Mufique. Avoir de 1 'Oreille , c’eft avoir 1’oule fenfible, fine & jufte; en forte que, foit pour l’intonation , foit pour la Mefure, on foit cheque du moindre defaut, & qu’aulii foil foit frappe des beau'es de l’Art, quand on les entend. On a VOreille faulfe l’orfqu’on chante conftamment faux , l’orfqu’on ne diltingue point les Intonations fauifes des Intonations juilcs, ou l’orfqu’on n’eft point fenfible a la precifion de la Mefurc , qu’on la bat inegale ou a contrc- tems. Ainfi le mot Oreille fe prend toujours pour la finelfe de la fenfation ou pour le juge- ment du fens. Dans cette acception le mot Oreille ne fe prend jamais qu’au fingulier & avec Particle partitif. Avoir de f Oreille ,• il a pen d' Oreille. Organique , adj. pris fubfl. aufimin. C’etoit chez les Grecs cette par tie de la Mufique qui s’execmoit fur les Inltrumens , & cett epartie avoit fes caracteres , fes Notes particulieres , conune on le voit dans les Tables de Racchius & d’Alypius. ( Toyez Musiq.ue , Notes. ) Organiser le Chant,?', a. C’etoit, dans le commencement de l’invention du Contrepoint, inferer quelques Tierces dans une fuite de Plain- Chant al’Unilfon : de forte, par exemple, qu’u- lie partie du Choeur chantaut ces quatre Notes , ut O U V. litrefiut , l’autre partie chantoit en merae terns ces quatre ci i ut re re ut. II paroic par les exem- ples cites par l’Abbe le Beuf & par d’autres, que 1 ’Organisation ne fe pratiquoit guere que fur la Note fenfible a 1’approche de la finale i d’ou il fuit qu’on n ’orgamfoit prefque jamais que par une Tierce mineure. Pour uti Accord fi faci¬ le & fi peu varie, les Chantres qui organifoient ne laitfoient pas d’etre payes plus cher que les autres. A l’egard de 1’ Organum triplum •, ou quadru- flum , qui s’appelloit aufii Tnflum ou Quadru- plum tout limplement, ce n’etoit autre cltofe que le meme chant des Parties organifantes en- tonne par des Hautes - Coutres » POctave des Baifes , par des Delius a 1’Odave des Tallies. . Orthien , adj. Le Nome Orthien dans la Mu- fique Grecque etoit un Nome Dadylique, in- vente , felon les uns, par l’ancien Olympus le Phrygien, & felon d’autres par le Myden. C’eft fur. ce Nome Orthien , dilent Herodote & Au- lugelle, que chantoit Arion quand it fe precipita dans la rner. Ouverture , /./. Piece de Symphonie qu’on s’eiforce de rendre eclatante, impofante , har- monieufe, & qui fcrt de debut aux Opera & autres Drames lyriques d’une certaine etendue. Les Ouvertures des Opera Francois font pref¬ que toutes calquees fur celles de Lully. Elies font compofees d’un morceau trainant appelle Tome XI. E 66 o u v; grave qu’on joue ordinairement deux fois, & d’une Reprife fautillante appellee gaie, laquelle eft communemenc fuguee : plufieurs de ces Re- prifes rentrent encore dans le grave en finiflant. II a etc un terns oil lcs Ouvertures Franqoifes fervoient de modele dans toute l’Europe. II n’y a pas foixante ans qu’on faifoit venir en Italie des Ouvertures de France pour mettre a la tete des Opera. J’ai vu raeme plufieurs anciens Ope¬ ra Italiens notes avec une Ouverture de Lulli k le tete. C’eft de quoi les Italiens ne convien- nent pas aujourd’hui que tout a fi fort change ; mais le fait ne laifle pas d’etre tres - certain. La Mufique inftrumentale ayant fait un pro- gres etonnant depuis une quarantaine d’annees, ies vieilles ouvertures faites pour des Sympho- niftes qui favoient peu tirer parti de leurs Int trumens, ont bient6t ete laiffees aux Franqois , & l’on s’eft d’abord contente d’en garder a-peu- pres la di/pofition. Les Italiens n’ont pas meme tarde de s’affranchir de cette gene ,& ils diftri- buent aujourd’hui leurs Ouvertures d’une autre maniere. Us debutent parun morceau faillant & vif , a deux ou a quatre Terns; puis ils donnent un Andante a demi-jeu , dans lequel ils tachent de deployer toutes les graces du beau Chant, & ils finiflent par un brillant Allegro, ordinai¬ rement a trois Terns. La raifon qu’ils donnent de cefte diftributiofi eft , que dans un Spedacle nombreux ou les O U V. 67 Spedateurs font beaucoup de bruit, il faut d’a- bord les porter au filence & fixer leur attention par un debut eclatant qui les frappe. Ils difent que le grave de nos Otivertures n’eft entendu ni ecoute de perfonne, & que n-otre premier coup d’archet, que nous vantons avec tant d’em- pbafe, moins bruyant que PAecord des Inftru- rnens qui le precede, & avec lequel il fe con- fond , eft plus propre a preparer 1’Auditeur a 1’ennui qu’a l’attention. Ils ajoutent qu’apres avoir rendu le Speftateur attentif, il convient de l’intereffer avec moins de bruit par un Chant agreable & flatteur qui le difpofe'a lattendriffe- ment cju’on tachera bientot de luiinlpirer; & de determiner enfin VOuverture par un nxorceau d’un autre caradere , qui, tranchant avec le commencement du Drame , marque, en finilfant avec bruit, le filence que 1’Adeur arrive fur la Scene exige du Spedateur. Notre vieille routine d’ Ouvertures a fait nal- tre en France utie plaifante idee. Plufieurs fe font imagines qu’il y avoit une tede convenance entre la forme des Olivertw es de Lulli & un Opera quelconque , qu’on ne fauroit la changer fans rompre l’Accord du tout : de forte que, d’un debut de Symphonic qui feroit dans un au¬ tre gout, tel, par exemple, qu’une Ouverture Italienne, ils diront avec mepris, que c’eftune Senate, & non pas une Ouverture ,• eomme fi to ate Ouverture n’etoit pas une Sonate. E * OX 1. Je fais bien qu’il feroit a defirer qu’il y eut im rapport propre & fenfible entre le caradere d’unc Ouverture & celui de l’ouvrage qu’elle annonce ; mais au lieu de dire que toutes les Ouverturet doivent etre jettees au raeme moule, cela die precifementlecontraire. D’ailleurs , fi nos Mufi- ciens manquent fi fouvent de faifir le vrai rapport de la Mufique aux paroles dans chaque morceau , comment faifiront - ils les rapports plus eloignes & plus fins entre l’ordonnance d’une Ouverture, & celle du corps entier del’ouvrage? Qiielques Muficiens fe font imagines bien faifir ces rapports en raifemblant d’avance dans VOuverture tous les caraderes exprimes dans la Piece , comme s’ils vouloient exprimer deux fois la meme adion , & que ce qui eft a venir fut deja pafle. Ce n’eft pas cela. VOuverture la mieux entendue eft celle qui difpofe tellementles coeurs des Spedateurs, qu’ils s’ouvrent fans effort a l’interet qu’on veut leur Conner des le commencement de la Piece. Voila le veritable eftet que doit produire une bonne Ouverture: voila le plan fur lequel il la faut trader. Ouverture du Livre , a l’Ouverture du Livre. ( Voyez Livre.) Oxipycni , adj. flur. C’eft le nom que don- noient les Anciens dans le Genre epais au troi- fieme Son en montant de chaque Tetracorde. Ainfi les Sons Oxipycni etoient cinq en nombre. ( Voyez Apycni , Epais , Systeme 3 Te'tra- COKDE. ) PAP. P. Par abreviation , fignifie Piano , c’eft-a- dire , Doux. (Voyez Doux.) Le double PP. fignifie, PianiJJimo, c’eft-a-dire, tres-Doux. Pantomime , /./. Air fur lequel deux ou plu- fieurs Danfeurs executent en Danfe une A&ibn qui porte auffi. le nom de Pantomime. Les Airs des Pantomimes ont pour l’ordinaire un couplet principal qui revient fouvent dans le cours de la Piece, & qui doit etre fimple, par la raifon dite au mot Gontre - Danfe: niais ce couplet eft en- tremele d’autres plus faillans , qui parlent, pour ainfi dire, & font image , dans les fituations ou le Danfeur doit mettre une expreffion de- terminee. Papier re'gle'. On appelle ainli le papier prepare avec les Portees toutes t racees , pour y noter la Mufique. (Voyez Pqrte'e. ) II y a du Papier regie de deux efpeces, fa- voir celui dont le format eft plus long que large, tel qu’on l’emploie communement en France, &. celui dont le format eft plus large que long; ce dernier eft le feul dont on fe ferve en Italie. Cependant, par une bizarrerie dont j’ignore la caufe, les Papetiers de Paris appel- lent Papitr regie a la Francoife , celui dont oa E 3 7o PAR. fe fert en Italic , & Papier regie a F Italmme , celui qu’on prefere en France. Le format plus large que long paroit plus commode, foitparce qu’un livrede cette forme fe tient mieuxouvert fur un pupitre , foit parce que les Portees etantplus longues on en change jnoins frequement: or , c’eft dans ces change- mens que les Muficiens font fujets a prendre une Portee pour l’autre , fur - tout dans les Par¬ titions. (Voyez Partition. ) Le Papier regie en ufage en Italie eft tou¬ jours de dix Portees , ni plus ni moms ; & cela fait jufte deux Lignes on Accolades dans les Partitions ordinaires , ou l’on a toujours cinq Parties; favoir , deux Deifus de Violons , la Viola, la Partie chantante , & la Balfe. Cette divifion etant toujours la tneme, & chacun trou- vant dans toutes les Partitions fa Partie fem- blablement placee, paffe toujours d’une Accolade a 1’autre fans embarras & fans rifque de fe me- prendre. Mais dans les Partitions f'ranqoifes ou le nombre des Portees n’eft fixe & determine , ni dans les Pages ni dans les Accolades , il faut toujours hefiter a la fin de chaque Portee pour trouver , dans 1’Accolade qui fuit , la Portee correfpondante a celle oil l’on eft ; ce qui rend le Muficien moins fur, & l’execution plus fu- jette a manquer. Pauadiazeuxis , ou Disjonction prochai- ne , f. f. C’etoit, dans la Mufique Grecque, PAR. 7i au rapport da vieux Bacchius, l’lntervalle d’un Ton feulement entre les Cordes de deux Tetracor- des, & telle eft l’efpece de disjunction qui re- gne entre le Tetracorde Synnemenon , & le Te- traeorde Diezeugmenon. ( Voyez ces mots. ) Paramese, f . f . C’etoit, dans la Mufique Grecque, le nom de la premiere Corde du Te¬ tracorde Diezeugmenon. II faut fe fouvenir que le troilieme Tetracorde pouvoit etre conjoint avec le fecond ; alors fa premiere Corde etoit la Mefe ou la quatrieme Corde du fecond ; c’eft- a- dire, que cette Mefe etoit commune aux deux. Mais quand ce troilieme Tetracorde etoit disjoint, il commenqoit par la Corde appellee Faramefe , iaquelle , au lieu de fe confondre avec la Mefe, fe trouvoit alors un Ton plus haut, & ce Ton faifoit la disjondtion ou diftaK- ee entre la quatrieme Corde ou la plus aigue du Tetracorde Mefon , & la premiere ou la plus grave du Tetracorde Diezeugmenon. ( Voyez Systeme, Te'tracorde. ) Faramefe fignifie proche de la Mefe ; parce qu’en effet la Faramefe n’en etoit qu’a un Ton de diftance, quoiqu’il y eut quelquefois une- Corde entre deux. (Voyez Trite.) Paranete , J'. f. C’eft dans la Mufique an- cienne, le nom donne par plufieurs Auteurs a la troifieme Corde de chacun des trois Tetra- cordes Synnemenon , Diezeugmenon , & Hvper- E 4 72 PAR. boleon j Corde que quelques-uns ne diftinguoierrt que par le nom du Genre ou ces Tetracordes etoienc employes. Ainfi la troifieme Corde du Tetracorde Hyperboleon , laquelle eft appellee Hyperboleon - Diatonos par Arifloxene & Aly- pius , eft appellee Paranete - Hyperboleon par Euclide, &c. Paraphonie , f.f. Celt , dans la Mufique ancienne , cette efpece de Confonnance qui ne refulte pas des memes Sons , comme l’Uniflon qu’on appelle Homophonie ; ni de la Replique des memes Sons , comme l’O&ave qu’on appelle Antiphonie ,• mais des Sons reellement differens, comme la Quinte & la Quarte , feules Parapho- nies admifes dans cette Mufique : car pour la Sixte & la Tierce , les Grecs ne les mettoient pas au rang des Paraphonies, ne les admettant pas meme pour Confonnances. Parfait, adj. Ce Mot, dans la Mufique, a plufieurs fens. Joint au mot Accord, il lignifte 1111 Accord qui comprend tautes les Confonnan¬ ces fans aucune Diflonnance; joint au mot Ca¬ dence , il exprime celle qui porte la Note fenli- ble & de la Dominante tombe fur la Finale ; joint au mot Confonnance , il exprime un Inter¬ vals jufte & determine , qui ne peut etre ni majeur ni mineur : ainfi l’Odave, la Quinte & la Quarte font des Confonnances parfaites, & ce font les feules> joint au mot Mode , il P A R. 73 s’applique a la Mefure par une acception qui n’eft plus connue & qu’il faut expliquer pour rintelligence des anciens Auteurs. Ils divifoient le Terns ou le Mode, par rap¬ port a la Mefure, en Parfait ou Imparfait , & pretendant que le nombre t etna ire etoit plus parFait que le binaire, ce qu’ils prouvoient par la Trinite , ils appelloient Terns ou Mode Par¬ fait , celui dont la Mefure etoit a trois Terns, & ils le marquoient par un O ou cercle, quel- quefois feul, & queiquefois barre <}>. Le Terns ou Mode Imparfait formoit une Mefure a deux Terns, & fe marquoit par uu O tronque ou un C, tantot feul & tantot barre (j\ (VoyezME- sure, Mode, Prolation, Tems.) Parhypate , f. f Nom de la Corde qui fuit immediatement l’Hypate du grave a l’aigu. II y avoir deux Parhypates dans le Diagtamme des Grecs •, favoir , la Parhypate - Hypaton , & la Parhypate - Mefott. Ce mot Parhypate lignifie Sous - principals ou proche la principals. ( Voyez Hypate. ) Parodie , f f. Air de Symphonie dont on fait un Air chantant en y ajuftant des paroles. Dans une Mufique bien faite le Chant eft fait fur les paroles , & dans la Parodie les paroles font faites fur le Chant: tous les couplets d’une Chanfon , excepte le premier , font des efpe- ces de Parodie ; & c’eft , pour l’ordinaire, E f 74 PAR. ce que 1’on ne Pent que trop a la maniere dont la Profodie y eft eftropiee. (Voyez Chanson.) Paroles , f. f.plur. C’eft le nom qu’on don- neau Poeme que le Compofiteur met en Mufi- que; foie que ce Poeme foit petit ou grand , foit que ce foit un Drame ou une Chanfon. La mode eft de dire d’un nouvel Opera quelaMu- llque en eft paffable ou bonne , mais que les Paroles en font deteftables : on pourroit dire le contraire des vieux Opera de Lulli. Partie, f.f. C’eft le nom de chaque Voix ®u Melodie feparee , dont la reunion forme le Concert. Pour conftituer un Accord, il faut que deux Sons au moins fe fa/fent entendre a la fois j ce qu’une feule Voixne fauroit faire. Pour for¬ mer , en chantant, une Harmonie ou une fuite d’Accords , il faut done plufieurs Voix : le Chant qui appartient. a chacune de ees Voix s’appelle Partie, & la coliedion de toutes les Parties d’un memeouvrage, ecrites Pune au-delfous de l’autre, s’appelle Partition. (Voyez Partition. ) Comme un Accord complet eft compofe de quatreSons , il y a aulli, dans la Mufiqu'e , qua- tre Parties principales dont la plus aigue s’ap¬ pelle DeJJlis, & fe chantepar des Voix de fem¬ mes , d’enfans ou de Miifici : les trois autres font, la Haute-Contre , la Taill'e Sc la Baje , qui toutes appartiennent a des Voix d’hommes. Ort peut voir , ( PL F. Fig. 6. ) l’etendue de Voix de chacune de ces Parties , & la Clef qui lui PAR. 7 < appartient. Les Notes blanches montrent les Sons pleins ouchaque Partie peut arriver tant en haut qu’en bas , & les Croches qui fuivent montrent les Sons oil la Voix commenceroit a fe forcer s & qu’elle ne doit former qu’en paifant. Les Voix Italiennes excedent prefque toujours cette etendue dans le haut, fur - tout les Deffus; mais la Voix devient alors une efpece de Faucet, & avec quelqu’art que ce defaut fe deguife, e’en eft certainement un. Quelqu’une ou chacune de ces Parties fe fub- divife quand on. eompofe a plus de quatre Par¬ ties. (Voyez Dessus, Tailee, Basse.) Dans la premiere invention du Contrepoint, il n’eut d’abord que deux Parties , dont l’une s’appelioit Tenor, & 1’autre Difcant. Enfuite on en ajouta une troilieme qui prit le nom de Tri- plum i & enfin une quatrieme , qu’on appella quelquefois Quadruplum, & plus communement Mottetus. Ces Parties fe confondoient & enjarn- boient tres-fre'quemment les unes fur les autres : ce n’eft que peu-a-peu qu’en attendant a l’aigu & au grave, elles ont pris, avec des Diapafons plus fepares & plus fixes , les noms qu’elles ont aujourd’hui. II y a auffi des Parties inftrumentales. Ilya meme des Inftrumens comme l’Orgue, le Cla- veffin , la Viole, qui peuvent faire plufieurs Parties a la fois. On divife auffi la Mufique Inf- trumeutale en quatre Parties , qui repondent a F A R. 76 celles de la Mufique Vocale, & qui s^ppellent Dejfiis , Qiiinte , Taille , & Bajje ; mais ordi- nairement le Deflus fe fepare en deux , & la Quinte s’unit avec la Taille, fous le nom com- luun de Viole. On treuvera aufli (PL F. Fig. 7-) les Clefs & l’etendue des quatre Parties Inftrumen- tales: mais il faut remarquer que la plupart des Inftrumens n’ont pas dans le haut des bornes precifes, & qu’on les peut faire demancher au- tant qu’on veut aux depens des oreilles des Au- diteurs ; au lieu que dans le bas ils ont un terme fixe qu’ils ne fauroient paffer •• ee terme eft a la Note que j’ai marquee, mais je n’ai marque dans le haut que celle oil Ton peut atteindre fans demancher. II y a des Parties qui ne doivent etre chan- tees que par une feule Voix, oujouees que par un feul Inftrument, & celles-la s’appellent Par¬ ties recitantes. D’autres Parties s’executent par plufieurs perfonnes chantant ou jouanta I’Unif- fon , & on les appelle Parties concertantes ou Parties de Cbteur. On appelle encore Partie, le papier de Mufi- que fur lequel eft ecrite la Partie feparee de chaque Muficieifj quelquefois plufieurs chan tent ou jouent fur le mhae papier : mais quand ils ont chacun le leur , comme cela fe pratique or- dinairement dans les grandes Mufiques, alors 3 quoiqu’en ce fens chaque Concertant ait fa Par- tie , ce n’eft pas a dire dans 1 ’autre fens qu’il y P A R. 77 ait autant de Parties de Concertans, atteadu que la rneme Par tie eft fouvent doublee, triplee & multipliee a proportion du nombre total des executans. Partition , f. f . Colle&ion de toutes les Par¬ ties d’une Piece de Mufique , ou Ton voit , par la reunion des Portees correfpondantes, l’Har- monie qu’elles forment entr’elles. On ecrit pour cela toutes les Parties Portee a Portee , l’une au-deffous de 1’autre avec la Clef qui convient a ehacune, commenqant par les plus aigues, & plaqant la Baffe au-deffous du tout •, on les ar¬ range, comme j’ai dit au mot Copiste , dema- niere que chaque Mefure d’une Portee foit pla- cee perpendiculairemcnt au-delTus ou au-deflous de la Mefure correlpondante des autres Parties, & enfermee dans les memes Barres prolongees de Pune a l’autre , afin que Ponpuiffe voird’un coup d’oeil tout ce qui doit s’entendre a la fois. Comme dans cette difpodtion une feule ligne de Mufique eomprend autant de Portees qu’il y a de Parties, on embraffe toutes ces Portees par un trait de plume qu’on appelle Accolade ., & qui fe tire a la marge au commencement de cette ligne ainfi compofee ; puis on recommence, pour une nouvelle Ligne, a tracer une nouvelle Accolade qu’on remplit de la fuite des memes Portees ecrites dans le memeordre. Ainfi , quand on veut fuivre une Partie, apres ivoir parcouru la Portee jufqu’au bout, on ne P A R. 78 palfe pas i celle qui eft immediatement au - def- fous, mais on regarde quel rang la Portee que foil quitte occupe dans fon Accolade , on va chercher dans l’Accolade qui fuit la Portee cor- refpondante , & l’on y trouve la fuite de la meme Partie. L’ufage des Partitions eft indifpenfable pour compofer. II faut auffi que celui qui conduit un Concert ait la Partition fous les yeux pour voir ii chacun fait fa Partie , & remettre ceux qui peuvent manquer: elle eft meme utile a l’Ac- compagnateur pour bien fuivre 1’Harmonie •, mais quant aux autres Muficiens , on donne ordinai- rement a chacun la Partie feparee, etant inutile pour lui de voir celle qu’il n’execute pas. II y a pourtant quelques cas ou l’on joint dans une Partie feparee d’autres Parties en Par¬ tition partielle , pour la commodite des execu- tans. 1 Dans les Parties vocales , on note or- dinairement la Bade - oonthme en Partition avec chaque Partie recitante , foit pour eviter au Chanteur la peine de compter fes Paufes en fui- vant la Bafle, foit pour qu’il fe puiife accom- pagner lui - meme en repetant ou recitant fa Par- tie. 2°. Les deux Parties d’un Duo chantant fe notent en Partition dans chaque Partie feparee, afin que chaque Chanteur , ayant fous les yeux tout le Dialogue , en faififfe mieux l’efprit, & s’accorde plus aifement avec fa contre - Partie. q°. Dans les Parties Inftrumqjatales on a foin , PAR. 79 pour les Recitatifs obliges, de noter toujours la Partie chantante en 'Partition avec celle de FInftrument, afin que dans ces alternatives de Chant non tnefure & de Symphonie mefuree , le Symphonifte prenne jufte le terns des Ritour- nelles fans enjamber & fans retarder. Partition , eft encore, chez les Facteurs d’Orgue & de Claveflin, une regie pour accor- der l’lnftrument, en commenqant par une Cor- de ou un Tuyau de chaque Touche dans l’eten- due d’une Oftave ou un peu plus , prife vers le milieu du Clavier; 5c fur cette Octave ou Par¬ tition Ton accorde, apres, tout le refte. Void comment on s’y prend pour former la Partition. Su r un Son donne parun Inftrument dont je parlerai au mot Ton, l’on accorde a fUnilTon ou a I’O&ave 1c C fol nt qui appartient a la Clef de ce nom , & qui fe trouve au milieu du Cla¬ vier ou a-peu-pres. On accorde enfuite le fol , Quinte aigue de cet ut; puis le re , Quinte ai¬ gue de ce fol; apres quoi Ton redefcend a l’Oc- tave de ce re , a c6te du premier ut. On remon¬ te a la Quinte la , puis encore a la Quinte mi. On redefcend a l’Odave de ce mi, & Ton con¬ tinue de meme , montant de Quinte en Quinte , & redefcendant a l’Odave lorfqu’on avance trop a l’aigu. Quand on eft parvenu au fol Diife, on s’arrete. Alors on reprend le premier ut, & Ton ac¬ corde Ion Q&ave aigue; puis la Quinte grave So PAS. de cette Ocftave fa j I’O&ave aigue de c e fa j enfuite left Bemol, Quinte de cette Odave ; enfin le mi Bemol , Quinte grave de ce fi Be¬ mol : l’Odave aigue duquel mi Bemol doit laire Quinte jufte ou a-peu-pres avec le la Bemol ou fol Diefe precedemment accorde. Quand cela arrive, la Partition ell jufte ; autrement elle eft faufle , & cela vient de n’avoir pas bien fuivi les regies expliquees au mot Temperament. Voy ez ( P/. F. Fig. 8-) la fucceflion d’Accords qui forme la Partition. La Partition bien faite, l’accord du refte eft tres-facile , puifqu’il n’eft plus queftion que d’Uniflons & d’Odaves pour achever d’accor- der tout le Clavier. Passacaille , f. f. Elpece de Chaconne dont le Chant eft plus tendre & le mouvement plus lent que dans les Chaconnes ordinaires. (Voyez Chaconne. ) Les Pajfacailles d’Armide & d’lfle font celebres dans 1-Opera Francois. Passage, f. m. Ornement dont on charge Un trait de Chant, pour l’ordinaire aflez court ; lequel eft compofe de plufieurs Notes ou Dimi¬ nutions qui fe chantent ou fe jouent tres - lege- rement. C’eft ce que les Italiens appellent auffi Pajfo. Mais tout Chanteur en Italie eft oblige de favoir compofer des Pajfi , au lieu que la plupart des Chanteurs Franqois ne s’ecartent ja¬ mais de la Note & ne font de Puff ages que ceux qui font ecrits. Passe- P A Si X 1 Passe-pied , f. ni. Air d’une Danfe de meme nom , fort commune, dont la mefure eft triple, fe marque \ , & fe bat a un Terns. Le mouve- nient en eft plus vif que celui du Meriuet, le caradere de 1’Air a - peu-pres femblable ; excepte que le PaJ]e-pied admet la fyncope , & que le Menuet ne l’admet pas Les Mefures de chaque Reprife y doivent entrer de meme en nombre pairement pair. Mais l’Air du Pajfe-pied au lieu de commencer fur le Frapp t de la Mefure , doit dans chaque Reprife commencer fur la croche qui le precede. Pastorale , /. /. Opera champetre dont les Perfonnages font des Bergers, & dont la Mu- ilque doit etre aiTortie a la fimplicite de gofit & de mceurs qu’on Jeur fuppofe. Une Pafiorale eft auffi uue Piece de Mufique fake fur des paroles relatives a Petal Fuji oral , ou un Chant qui imite celui des Bergers , qui en a la douceur, la tendrelfe & le nature! ; J’Air d’une Danfe compofee dans le meme caradere sappelle auffi Pali or ale. Pastorelle , f. f. Air Italien dans le genre paftoral. Les Airs Francois appelles Paftorales , font ordinairement a deux Terns , & dans le caradere de Mufette. Les Pajlorelles Italiennes out plus d’aceent, plus de grace, aufant de dou¬ ceur & rnoins de fadeur. Leur Mefure eft tou- jours le fix - huit. Tome XI, F P A T. „g* Patke^ique j adj. Genre de Mufique drama- tique & theatral , qui tend a peindre & a emou- voir les grandes paflions, & plus particuliere- ment la douleur & la trifteife. Toute 1’expreC- lion de la Mufique Franqoife , dans le genre Pathetique , confide dans les Sons traines, ren- forces j glapiifans , & dans une telle lenteur de mouvement, que tout fentiment de la Mefurey foit efface. De - la vient qne les Franqois croient que tout ce qui eft lent eft Pathetique , & que tout ce qui eft P athetiqne doit etre lent. 11s ont naeme des Airs qui deviennent gais & badins > ou tendres & Pathetiqu.es , felon qu’on les chante yite ou lentement. Tel eft un Air li connu dans tout Paris, auquel on donne le premier carac- tere fur ces paroles : Ily a trente ans que mon- cotillon traine , &c. & le fecond fur cellcs-ci ; j Qitoi ! vous partez fans que rien vous avrete , &c. C’eft l’avantage de la Melodie franqoife ; elle fert a tout ce qu’on veut. Fiet avis, & , cum volet , arbor. Mais la Mufique Italienne n’a pas le memo avantage : chaque Chant, chaque Melodie a fon caradere tellement propre, qu’il eft impof- iible de fen depouiller. Son Pathetiqne d’Accent & de Melodie fe fait fentir en toute forte de Mefure, & meme dans les Mouvemens les plus vifs. Les Airs Franqois changent de caradere felon qu’on prelfe ou qu’on ralentit le mouve. P A V,. S3 Kent: chaque Air Italien a foil Mouvement tel- lement determine , qu’on ne peut l’alterer fans aneantir la Melodie. L’Air ainfi defigure ne change pas fon caradtere, il le perd ; ce n’elt plus du Chant, ce n’eft rien. Si le caradtere du Pathetique n’eft pas dans le mouvement, on ne peut pas dire non plus qu’il foit dans le Genre , ni dans le Mode, ni dans fHarmonie ; puifqu’il y a des morceaux egale- inent Pathetiques dans les trois Genres , dans les deux Modes , & dans toutes les Harmonies ima- ginables. Le vrai Pathetique eft dans l’Accent paffionne , qui ne fe determine point par les re¬ gies , rnais que le genie trouve & que le coeur fent, fans que l’Artpuilfe, en aucune maniere* en donnerla loi. Patte a Re'gler , f.f. On appelle ainfi uft petit inftrument de cuivre , compofe de cinq petites rainures egalement efpacees , attachees a un manche coramun , par lefquelles on trace a la fois fur le papier , & le long d’une regie, cinq lignes paralleles. qui forment une Portee. ( Voyez Porte'e. ) Pavane, f.f. Air d’une Danfe ancienne du meme 110m , laquelle depuis long-terns n’eft plus en ufage. Ce nom de Pavanc lui fut donne pare® que les figurans faifoient, en fe regardant, une efpece de roue a la maniere des Paons. L’Hom- me fe fervoit, pour cette roue, de fa cape & de fon epee , qu’il gardoit dans cette Danfe , F % P A U. 84 & c’eft par allufion a la vanite de cette attitude qu’on a fait le verbe reciproque fe pavaner . Pause , / /. Intervalle de terns qui , dans Pexecution , doit fe paifer en faience par la Par- tie oil la Paufe eft marquee* ( Voyez Tacet , Silence. ) Le 110m de Paufe peut s^appHquer a des Si¬ lences de differentes durees 5 mais commune- ment il s’entend d’une Mefurs pieine. Cetts Paufe fe marque par un demi-Baton qui , partant d’une des ligiies interieures de la Portee , def- Gend jufqu’a la moitie de l’efpace compris entre cette ligne & la ligne qui eft immediatement au- deifous. Quand on a plufieurs Paufes a marquer» alors on doit fe fervir des ftgures dont j’ai parle au mot Baton, & qu’on trouve marquees PL D. Pig. 9. A 1 ’egard de la denii - Paufe , qui vaut une Blanche , ou la moitie d’une Mefure a quatre Terns , die le marque comme la Paufe entiere» avec cette difference que la Paufe tient a une ligne par le haut, & que la demi- Paufe y tient ' par le bas. Voyez , dans la meme Figure 9 , la diftin&ion de l’une & de l’autre. II faut remarquer que la Paufe vaut toujours une Mefure jufte , dans quelque efpece de Me¬ fure qu’on foit; au lieu que la demi - Paufe a une valeur fixe & invariable : de forte que , dans t •ute Mefure , qui vaut plus ou moins d’une Blonde ou de deux Blanches, on ne doit point P E R. tf % fervir de la demi-Paufe pour marquer une de- mi-Mefure, mais des autres filences qui en e*- priment la jufte valeur. Quant a cette autre efpece de Paufe connue dans nos anciennes Mufiques fous le nom de Paufes initiales , parce qu’elles fe plaqoient apres la Clef, & qui fervoient, non a exprimer des Silences , mais a determiner le Mode > ce nom de Paufes ne leur fut donne qu’abufivement : c’eft pourquoi je renvoie fur cet article aux mots B titon & Mode. I 1 A. user , v. n. Appuyer fur une fyllabe en chantant. On ne doit Paufer que fur les fyllabes longues , & Ton ne Paufe jamais fur les e muets. Pe'an , f. m. Chant de vi&oire parmi les Grecs , en l’honneur des Dieux , & fur - tout d’Apollon. Penxacorde , f. m. C’etoit §hez les Grecs tantot un Inftrument a cinq cordes , & tantot un ordre ou fyfteme forme de cinq Sons : c’eft en ce dernier fens que la Quinte ou Diapente s’appelloit quelquefois Pentacorde. Pentatonon , f in. C’etoit dans la Mufique ancienne le nom d’un Intervalle que nous appel- lons aujourd’hui Sixte-fuperflue.. (Voyez Sixth.) II eft compofe de quatre Tons, d’un femi-Ton majeur & d’un femi - Ton mineur, d’ou lui vienfc le nom de Pentatonon , qui lignifie cinq tons. Perfidie, ff. Terme emprunte de la Mu¬ fique Italienne , & qui iignifie une certaine af- F 3 fedation de fake toujours la raerae chofe, de peurfuivre toujours le raeme deffein , de con- ferver le merne Mouvement , le meme caradere- de Chant, les memes Paifages , les memes fi¬ gures de Notes. ( Voyez Dessein , Chant » Mouvement. ) Telles font les Bafles-contrain- tes; comme celles desanciennes Chaconnes, & une infinite de manieres d’Accompagnemenfc contraint ou Peyfidie, Perjidiato , qui dependent du caprice des Compofiteurs. Ce terme n’eft point ufite en France , & je ne fais s’il a jamais ete ecrit en ce fens ailleurs que dans le Didionnaire de Broflard. Pe'eae'e-Ese , f. f Terme de Plain - Chant, Celt Pinterpofition d’une ou plufieurs Notes dans j’intonation de certaines pieces de Chant» pour en aifurer la Finale, & avertir le Choeut que c’eft a luj de reprendre & pourfuivre ce qui fuit. La Perielefe s’appelle autrement Cadence ou petite Neume, & fe frit de trois manieres , fa- voir ; T. Par Qrconvolution. 2°. Far Interci - lence ou Diaptefe, 3 0 . Ou par fimple Dnplica- t.on. ' oyez ces mots, Pkbiphere's , f. f. Terme de la Mufique Crecque, qui fignifie une fuite de Notes tant afcendantes que defcendantes , & qui revien- sient, pour ainfi dire, fur elles-memes. La Fe-% riphtres etoit formee de PAmcamptos & de VEu~ t\m. ? HO. 87 Petteia, f. f. Mot Grec qui n’a point de sorrefpondant dans notre langue, & qui eft le itom de la derniere des trois parties dans lef- quelles on fubdivife la Melopee. ( Voyez Me'- hopk'e. ) La Petteia eft , felon Ariftide Quintilien , Part de difcerner les Sons dont on doit faire ou ne pas faire ufage, ceux qui doivent etre plus ou moins frequens , ceux par ou Ton doit com- mencer & ceux par ou l’on doit finir. C’eft la Petteia qui conftitue les Modes de la Mufique elle determine le Compofiteur dans le choix du genre de Melodie relatif au niouve- snent qu’il veut peindre ou exciter dans Fame, felon les perfonnes & felon les oceafions. En an mot la Petteia, partie de FHerniofmenon qui regarde la Melodie, eft a cet egard ce que les Mceurs font en Poefie. On ne voit pas ce qui a porte les anciens a lui donuer ce noni , a moins qu’ils ne Faient pris de 'zrerleict le ur jeu d’Echecs ; la Petteia dans la Mufique etant une regie pour combiner & arranger les Sons , coramc le jeu d’Echecs en eft une autre pour arranger les Pieces ap¬ pellees 'ststIsi , Calculi. Phile'lie , f. f. C’etoit chez les Grecs une forte d’Hymneou de Chanfon en l’honneur d’A- pollon. ( Voyez Chanson. ) Phonique, f.f. Art de traiter & combiner les Sons fur les principes de l’Acouftique. (Voyez Acqtjstique, ) F 4 88 P H R. Phrase , f f Suite de Chant ou d’Harmonie qi.i forme fans interruption un fens plus ou nrpins acheve, & qui i'e termine fur un repos par une Cadence plus ou raoins parfaite. II y a deux efpeces de Phrafes muficales, En Melodic la Phrafe ell conftituee par le Chant > c’eft - a - dire , par une fuite de Sous tellement difpofes , foit par rapport au Ton, foit par rap¬ port au Mouvement, qu’ils faifent un tout bien lie, lequel aille fe refoudre fur une Corde eC, fpntielle du Mode ou I’on eft, Dans THarmonie , la Phrafe eft une fuite re- guliere d’Accords tous lies cntr’eux par des Diifonnances exprimees ou fous- entenduesj la- quelle fe refout fur une Cadence abfolue , & felon 1’efpece de cette Cadence : felon que le fens en eft plus ou moins acheve, le repos eft aufi? plus ou moins parfait. C’eft dans l'inyention des Phrafes muficales , dans leurs proportions , dans leur entrelace- ment, que confident Jes veritables beautes de la Mufique. Un Compofiteur qui pondlue & phrafe bien, eft un homme d’efprit : un Chan- teyr qui fent , marque bien fes Phrafes & leur accent, eft un homme de gout: mais celui qui ne fait voir & rgndre que les Notes, les Tons, les Terns , les Intervalles, fans entrer dans le fens des phrafes , quelque fur , quelque exadl d’aitleurs qu’ii puilfe etre, n’cft qu’un Croque- fob \ P I E. 85 ' Phrygien , adj. Le Mode Phrygien eft un des quatre prineipaux & plus anciens Modes de la Mufique des Grecs. Le caractere en etoit ar¬ dent , fier , impetueux , vehement , terrible, Audi etoit ee , felon Athenee , fur le Ton ou Mode Phrygien que 1’on fonnoit les Trompettes & autres Inftrumens militaires. Ce Mode invente, dit-on , par Marfyas Phry¬ gien , occupe le milieu entre le Lydien & le Dorien j & fa Finale eft a un Ton de diftance de cedes de l’un & de l’autre. Piece , f. f. Ouvrage de Mufique d’une cer- taine etendue , quelquefois d’un feul morceau & quelquefois de plulieurs, formant un enfem- ble & un tout fait pour etre execute de fuite. Ainfi une Ouverture eft une Piece , quoique compofee de trois morceaux, & un Opera me- rae eft une Piece , quoique divife par adies. Mais outre eette aeception generique , le mot Piece en a une plus particuliere dans la Mufi¬ que Inftrumenta/e, & feulement pour certains Inftrumens , tels que la Viole & le C ! aveftin. Par exemple, on ne dit point une Piece de Vio¬ let! ; Ton dit une Senate : & l’on ne dit guere yne Sonate de C iveftiu l’on dit me P ece. Pied, f.m. Mifure de Tens ou dequantite, diftribuee en deux ou pluieu'-s valeurs egales ou inegales. Ii y avoir dins I’ancienne Mufique tette difference des Terns aux P sd , que les Jems etoient comms les Points ou elemens in- F 1 So TIN. divifibles » & les Pieds les premiers compefes de ces Siemens. Les Pieds , a leur tour , etoient les elemens du Metre ou du Rhythme. II y avoit des Pieds fimples , qui pouvoient feulement fe divifer en Terns , & de compofes > qui pouvoient fe divifer en d’autres Pieds , com- me le Choriambe , qui pouvoit fe refoudre en un Trochee & un Iambe : l’lonique en un Pyrrique & un Spondee , &c. II y avoit des Pieds Rhythmiqires , dont les quantites relatives & determinees etoient pro- pres a etablir des rapports agreables , comrae egales , doubles , fefquialteres , fefquitierees , &c. & de non Rhythmiques , entre lefquels les rapports etoient vagues , iucertains, peu fenfi- feles; tels , par exemple, qu’on en pourroit for¬ mer de mots Franqois, qui, pour quelquesfyl- labes breves ou longues , en ont une infinite d’autres fans valeur determinee , ou qui , bre¬ ves ou longues feulement dans les regies des Grammairiens , ne font fendes comme telles , ni par l’oreille des Poetes, ni dans la pratique du Peuple. i Pince' , f. m. Sorte d’agrement propre a cer¬ tains Inftrumens , & fur-tout au Claveffin : il fe fait, en battant alternativement le Son de la Note ecrite avec le Son de la Note inferieure , & obfervant de commencer & finir par la Note qui porte le Pinci. II y a cette difference du lines au Tremblement ou Trille., que celui-cife P I Q; §r feat avec ia Note fuperieure , & le Find avec la Note inferieure. Ainfi le Trille fur ut fe bat fur Xut & fur le re , & le Find fur le meme ut , fe bat fur Xut & fur le ft. Le Find eft marque * dans les Pieces de Couperin , avec une petite croix fort femblable a celle avec laquelle on marque le Trille dans la Mufique ordinaire* Voyez les lignes de i’un & de l’autre a latete des Pieces de cet Auteur. Pincer. v. a. C’eft employer les doigts au lieu de VArchet pour faire fonner les Cordes d’un Inftrument. 11 y a des Inftruniens a Cordes qui n’ont point d’Archet, & dont on ne joue qu’en les pinpoint ,• tels font le Siftre, le Luth, la Guitarre j mais on pince aulli quelquefois ceux ou 1’on fe fert ordinairement de 1’Archet a comme le Violon & le Violoncelle ; & cette maniere de jouer , prefque inconnue dans la Mufique Francoife» fe marque dans ITtalienne par le mot Pizzicato, Pique', adj. pris adverbialemsnt. Maniere de joue^ en pointant les Notes & marquant forte- ment le Tointe, Notes piquees font des fuites de Notes mon- tatit ou defcendant diatoniquement, ou rebat¬ tues fur le meme Degre , fur chacune defquelles on met un Point , quelquefois un peu allonge pour indiquer qu’elles doivent 6tre marquees egales par des coups de langue ou d’Archet fees % detaches, fans retirer ou repoulfer 1’Archet» $2 P L A. mais en le faifant paffer en frappant & fautanfc fur la Corde autant de fois qu’il y a de Notes , dans le merae fens qu’on a commence. Pizzicato. Ce mot ecrit dans les Mufiques Italiennes avertit qu’il faut Pincer. (Voyez Pin- CtR. ) PlaGAL , adj. Ton ou Mode Plagal. Quand FOdavefe trouve divifee arithmetiquement, fui- vant le langage ordinaire; c’eft-a-dire, quand la Quarte ett au grave & la Quinte a l’aigu , on dit que le Ton eft Plagal , pour le diftinguer de l’authentique ou la Quinte eft au grave & la Quarte a l’aigu. Suppofons l’Odave A a divifee en deux par¬ ties par la Dominante E. Si vous modulez en- tre'les deux la , dans Pefpace d’une Odave, & que vous faffiez votre Finale fur Pun de ces la, votre Mode eft Authentique. Mais ft , modulant de meme entre ces deux la , vous faites votre Finale fur la Dominante mi , qui eft interme¬ diate , ou que , modulant de la Dominante a fon Odave , vous faffiez la Finale fur la Toni- que intermediate, dans ces deux cas le Mode eft Plagal. Voila toute la difference , par laquelle on voit que tous les Tons font reellement Authen- tiques, & que la diftindion n’eft que dans le Diapafon du Chant & dans le choix de la Note fur laquelle on s’arrete , qui eft toujours la To- aique dans l’Authentique, & le plus fouvent 1» Dominaate dans le Plagm 4 £ L Ai 9Jt L’etendue des Voix , & la divifioa des Par¬ ties a fait difparoitre ces diftindtions dans la Mufique , & on ne les connoit plus que dans le Plain-Chant. On y compte quatre Tons Plagaux ou Collateraux ; favoir , le fecond , le quatrieme, le fixieme & le huitierne ; tous ceux dont le nombre eft pair. ( Voyez Tons l>e l’Eglise. ) Plain-Chant ,f. tn. C’eft le nora qu’on donne dans l’Eglife Romaine au Chant Ecclefiaftique. Ce Chant, tel qu’il fubfifte encore aujourd’hui, eft un refte bien defigure , mais bien preeieux, de l’ancienne Mufique Grecque , laquelle apres avoir pafle par les mains des barbares , n’a pu perdre enccore routes fes premieres beautes. 11 lui en refte alfez pour etre de beaucoup pre¬ ferable, meme dans l’etat oii il eft actuellement & pour l’ufage auquel il eft deftine, a ces Mu- fiques effeminees & theatrales , ou mauflades & plates qu’on y fubftitue en quelques Eglifes, fans gravite, fans gout, fans convemnce , & fans relpedt pour le lieu quon ofe ainli profaner. Le tents ou les Chretiens commencerent d’a- voir des Eglifes & d’y chanter des Pfeaumes & d’autres Hymnes , fut celui ou la Mufique avoit deja perdu prefque toute fan ancienne energie dans un progres dont j’ai expofe ailleurs les cau- fes. Les Chretiens s’etant faifis de la Mufique dans l’etat ou ils latrouverent , lui oterent en¬ core la plus grande force qui lui etoit reftee 3 p l a: 94 favoir, celle du Rythme & du Metre s IorL que, des vers auxquels elle avoit toujours ete appliquee, ils la tranfporterent a la profe des Livres Sacres , ou a je ne fais quelle barbare Poelie, pire pour la Mufique que la profe me. me. Alors l’une des deux parties conftitutives s’evanouit , & le Chant fe trainant, uniforms- ment & fans aucune efpece de Mefure , de No¬ tes en Notes prefque egales, perditavec fa mar- che rhytbmique & cadencee toute l’energie qu’il en recevoit. II n’y eut plus que quelques Hym- nes dans lefquelles , avec la Profodie & la quan- tite des Pieds conferves, on fentit encore un peu la cadence du vers j nrais ce ne fut plus-la le caradlere general du Plain - Chant, degenere le plus fouvent en une Pfalmodie toujours mo¬ notone & quelquefois ridicule, fur une Langue telle que la Latine, beaucoup moins harmonieufe & accentuee que la Langue Grecque. Malgre ces pertes fi grandes , II elTentielles, le Plain - Chant conferve d’ailleurs par Jcs Pre- tres dans foil caradlere primitif, ain/i que tout ce qui eft exterienr & ceremonie dans leur Eglife, offre encore aux connoiffeurs des precieux frag- mens de I’ancienne Melodie & de fes divers Modes, autant qu’elle peut fe faire fentir fans Mefure & fans Rhythme, & dans le feul Genre Diatonique qu’on peut dire n’etre , dans fa pu- rete, que le Plain- Chant. Les divers Modes y confervent leurs deux diftindtions principales S P L A, if Vane par la difference des Fondamen tales ou Toniques , & l’autre par la differente pofition des deux femi-Tons , felon le Degre du Syftetne Diatonique naturel ou fe trouve la Fondamen- tale, & felon que le Mode Authentique oil Pla- gal reprefente les deux Tetracordes conjoints ou disjoints. ( Voyez Systemes , Te^'RACOR- bes , Tons de l’Eglise. ) Ces Modes, tels qu’ils nous ont ete tranfmis dans les anciens Chants Ecclefiaftiques, y con- fervent une beaute de cara&ere & une variete d’affections bien fenfibles aux connoilfeurs non prevenus , & qui ont conferve quelque jugement d’oreille pour les fyftemes melodieux etablis fur des principes differens des notres : mais on peut dire qu’il n’y a rien de plus ridicule & de plus plat que ces Vlains-Chants accommodes a la mo- derne , pretintailles des ornemens de notre Mu- fique , & modules fur las Cordes de nos Modes : comrne ft l’on p ouvoit jamais marier notre fyf- teme harmonique avec celui des Modes anciens, qui eft etabli fur des principes tout differens. On doit favoir gre aux Eveques , Prev6ts & Chantres qui s’oppofent a ce barbare melange , & defirer, pour le’progres & la perfection d’un Art , qui n’eft pas, a beaucoup pres, au point oil l’on croit 1’avoir mis , que ces precieux ref- tes de l’antiquite foient fidellement tranfmis a oeux qui auront affez de talent & d’au'torite pour en enrichir le fyfteme moderiie. Loin P l A: 96 qu’on doive porter notre Mufique clans Je P'aiiu Chant , je fuis perfuade qu’oft gagneroit a tranf- porter le Plain-Chant dans notre Mufique ; mais jl faudroit avoir pour cela beaucoup de gout, encore plus de favoir, & fur-tout etre exempt de prejuges. Le Plain-Chant ne fe Note que fur quafre li- gnes, & l’on n’y emploie que deux Clefs , fa¬ voir la Clef d'nt & la Clef de fa j qu’une feule Tranfpofition, favoir un Bemol j & que deux figures de Notes, favoir la Longue ou Quarree, a iaquelle on ajoute quelquefois une queue , & la Breve qui eft en lofange. Ambroife, Archeveque de Milan, fut, a ce qu’on pretend, 1 ’inventeur du Plain-Chant c’eft a-dire qu’il donna le premier une forme & des regies au Chant ecclefiaftique pour l’approprier mieux a fon objet , & le garantir de la barbarie & du deperiflement ou tomboit de fon terns la Mufique. Gregoire , Pape, le perfectionna & ltd donna la forme qu’il confe rve encore aujour- d’hui k Rome & dans les autres Eglifes oii fe pratique le Chant Romain. L’Eglife Gallicane n’admit qu’en partie avec beaucoup de peine & prefque par force le Chant Gregorien. L’extrait fuivant d’un Ouvrage du terns tneme , imprime a Francfort en 1594, coiitient le detail d’une ancienne querelle lur le Plain-Chant , qui s’eft renouvellee de nos jours lur la Mufique, mais qui n’a pas eu la merne iffue. Dieu falie paix au grand Charlemagne. „ lc P L * 4 . 97 „ Le tres-pieux Roi Charles etant mourns M celebrer la Paque a Rome avec le Seigneur „ Apollolique, ils’emnt, durant les fetes, une „ querelle entre les Chantres Roraains & les „ Chantres Franqois. Les Francois pretendoient „ chanter mieux & plus agreablement que les „ Romains. Les Romains , fe difant les plus fa* „ vans dans le Chant eeclefiattique , qu’ils „ avoient appris du Pape Saint Gregoire, accu» „ foient les Francois de eorrompre , ecorcher & dehgurer le yrai Chant. La difpute ayant „ ete portee devant le Seigneur Roi, les Fran- 3, cois qui fe tenoient fort de fon appui, in- 3, fultoient aux Chantres Romains. Les Ro- „ mains, fiers de leur grand lavoir, & compa- „ rant la Dodlrine de Saint Gregoire a la rufti- 3, cite des autres, les traitoient d’ignorans , d® „ ruftres,de fots , & de groffes betes. Comrae j, cette altercation ne finilfoit point, le tres- „ pieux Roi Charles difc a fes Chantres : dec!a- „ rez-nous quelle eft Peau la plus pure & la „ meilleure , celle qu’on prend & la fource vivo „ d’une fontaine, ou celle des rigoles qui n’cti „ decoulent que de bien loin ? Ils dirent ton's „ que Peau de la fource etoit la plus pure & ,, celle des rigoles d’autant plus alteree & fale „ qu’elle venoit de plus loin. Remontez done, „ reprit le Seigneur Roi Charles, a la fontaine: „ de Saint Gregoire dont vous avez evidemmenC „ corrompu le Chant. Enfuite le Seigneur Roi Tome XL Q 98 p l a: „ demanda au Pape Adrien des Chantres pour „ corriger le Chant Franqois, & le Pape lui „ donna Theodore & Benoit , deux Chantres „ tres-favans & inflruits par Saint Gregoire me- „ me : il lui donna aufli des Antiphoniers de „ Saint Gregoire qu’il avoir notes lui-meme en „ Note Rotnaine. De ces deux Chantres , le „ Seigneur Roi Charles , de retour en France, „ en envoya un a Metz & l’autre a Soiiions, „ ordonnant a tous les Maitres de Chant des „ Villes de France de leur donner a corriger „ les Antiphoniers , & d’apprendte d’eux a „ Chanter. Ainii furent qorriges les Antipho- „ niers Franqois que chacun avoit alteres par „ des additions & retrancheraens a fa mode, ,3 & tous les Chantres de France apprirent le „ Chant Romain , qu’ils appellent maintenant 33 Chant Francois; mais quant aux Sons trem- 3, blans , flattee, battus, coupes dans le Chant, „ les Franqois ne purent jamais bien les rendre, 33 faifant plutot des chevrotteniens que des rou- ,3 lemens, a caufe de la rudefle naturelJe & bar- ,3 bare de leur golier. Du refte, la principale ,3 ecole de Chant demeura toujours a Metz , & ,3 autant le Chant Romain furpaffe celui de 0 , Metz , autant le Chant de Metz furpaffe celui „ des autres ecoles Franqoifes. Les Chantres „ Romains apprirent de raerae aux Chantres „ Franqois a s’accoropagner des Inftrumens; & ,3 le Seigneur Roi Charles, ayant derechef arae» p l a: 99 n tie avec foi en France des Maitres de Gram- „ maire & de calcul , ordonna qu’ou etablit „ par-tout Petude des Lettres; car avant ledic „ Seigneur Roi l’on n’avoit en France aucuna „ connoilfance des Arts liberaux. ” Ce paffage eft fi curieux que les Ledleurs me fauront gre, fans doute , d’en tranfcrire ici Po- riginal. It r ever [us eft Rex piiffmus Carolus, (ft csle- bravit Roni.e Pafcha_ cum Dotnno Apoftolico. Ecce orta eft contentio per dies feftos Fafchse inter Cau~ tores Romanorum 'oft, Gallorum. Dicebant fe Gcdli melius cantare ft pulchrius quiim Romani. Dice¬ bant fe Romani doBiffims cantilenas ecclefiafticas proferre , ficut doBi fuerant a SanBo Gregorio Papa, Gallos corrupte cantare , ft cantilenam fit* nam deftruendo dilacerare. Qua contentio ante Domnum Regem Carolum pervenit. Galli verb prop¬ ter fecuritatem Domni Regis Caroli valde expro- brabant Carftoribus Romanis, Romani vero propter auBoritatem magna doBrinn eos ftultos , rufticos ft indoBos velut bruta animalist affirmabant , ft doBrinam San&i Gregorii praferebant rufticitati eorum : 'oft cum altercatio de neutrd parte finiret „ ait Domnus piiffhnus Rex Carolus ad fuos Cantores : Dicite palam quis purior eft, et quis melwr, au& fons vivus , ant rividi ejus longe decurrentes ? Refponderunt omnes unk voce , fontem, velut ca¬ put ft originem , puriorem ejfe ,• rivulos auteitt quanto longius d fonte nceferint , tanto tur~ G a I 00 P L A. bulentos &[ordibus ac immunditiis corruptos ; ait Domnus Rex Carolus : Revertimini vos adfon- iem Sancti Gregorii quia manifefte corrupifiis cantdenam ecdefiaaicam. Mox petiit Domnus ReoC Carolus ah Adriano Papa Cantores qui Francium corrigermt de Cantu. At ille dedit ei Theodorum £5? Benediclum do&ijjhnos Cantores qui a Sanclo Gregorio eruditi fuerant , tribv.itque Antighonarios San&i Gregorii, quos ipfe notaverat notii Rorua~ mi : Domnus verb Rex Carolus revertens in Fran- dam mijit unum Cautorem in Meti: Civitate , al~ terum in Sueffonis Civitate , prscipiens de omni¬ bus Civitatibus Francis. Magijiros fchola Antipho¬ narios eis ad corrigendum tradere £5? ab eis dif- cere cantare. Corre&i fimt ergo Antiphonarn Fran- Corum , quos ltnufqvifque pro fuo arbitrio vitiave- rat, addens vel minuens; & omnes Francis Can¬ tores didifeerunt notam Romanam quam nunc va¬ cant notam Framifcam : excepto quod tremulas vel vinnulas, five collifibil, s vel fecabitk voces in Cantu non pater ant perfe&e exprsmere Franci , na- turali voce barbaric! frangentes in gutture voces, quam potik: exprimentes. Majus autem Magijle- rium Cantandi hi Metis remanfit ,• quantkmque Magijlerium Romanum fuperat Metenfe in arte Cantandi , tani'o fpe- at Metenfis Cantilena catenas fcholas Gal'orUm. Similiter erudierunt Romani Cantor's fupradi&O' C mtore. Francorum in arte or _ ganandi ; iy Domnus Rex Caro'us iterant i Romani mis grammatics & computatoris Magjiros fg . P L I. lot cim alduxit in Francium , & ubiqueJhtAium lit - terarum expandere jujjit. Ante ipfum enirn Dom- num I{';gem Carolum in Gallia nullum jtudium fuerat liberalium Artium. Vide Annal. & Hift. Francor. ab. aa. 708. ad an. 990. Scriptores cose- taneos. impr. Francofurti 1594. fub vita Caroli magni. Plainte ,f.f ( Voyez Accent ) Plein-Chant. ( Voyez Plain Chant. ) Plein jeu, fe dit du Jeu de POrgue, lorf- qu’on a mis tous les regiltres , & aufli lorfqu’on remplit toute l’Hatmonie-, il fe dit encore des Inftrumeris d’archet, lorfqu’on en tire tout le Son qu'ils peuvent donner. Plique , f. f. P,/ca, forte de Ligature dans nos anciennes Muiiques. La Plique etoit un fi- gne de retardement on de lenteur (fignum moro - Jitatis , dit Muris. ) EUe fe faifoit en paflant d’un Son a un autre, depuis le femi-Ton jufqu’a la Quinte, foit en montant , foit en defcendant; & il y en avoit de quatre fortes. 1. La Plique longue afcendante eft une figure quadrangulairo avee un feul trait afcendant a droite, ou avec deux traits dont celui de la droite eft le plus grand 2. La Plique longue defcendante a deux traits defcendans dont celui de la droite eft le plus grand Pj. 3. La P ique breve afcendante a le trait montant de la gauche plus long que celui de la droite ^. 4. Et la defcendante a le trait def- G 3 i&z P O I. cendant de la gauche plus grand que celui dd la droite . Poinct ou Point , f. m. Ce mot en Mufique iignifie plufieurs chofes differentes. II y a dans nos vieilles Mufiques fix fortes de Prints-, favoir , Point de perfection, Paint d’im- yerfeCtion, Point d’accroiffement , Point de di- vifion, Point de translation, & Point d’alteration. I. Le Point de perfection appartient a la di¬ vifion ternaire. It rend parfaite toute Note fui- vie d’une autre Note moindre de la mottle par la figure : alors , ! par la force du Point interme¬ diate, la Note precedente vautle triple au lieu du double de cede qui fuit. II, Le Point d’imperfedion place a 3a gau¬ che de la Longue, diminue fa valeur , quelque- fois d’une Ronde ou femi-Breve , queiquefois de deux. Dans le premier cas, on met un Ronde entre Ja Longue & le Point-, dans le fecond , on met deux Rondes a la droite de la Longue. III. Le Point d’accroi/Tement appartient a la divifion binaire, & entre deux Notes cgales , 11 fait valoir celle qui precede le double de celle qui fiiit. IV. Le Point de divifion fe met avant une femi-Breve fuivie d’une Breve dans le Terns par- fait. H ote un Terns a cette Breve, & fait qu’elle ne vaut plus que deux Rondes au lieu de trois. P O IT. 103 V. Si une Ronde entre deux Points fe trouve fuivie de deux ou plufieurs Breves en Terns imparfait, le fecond point transfere fa fignifica- tion a la derniere de ces Breves , la rend par- faite & la fait valoir trois Terns. C’eft le Point de translation. VI. Un Point entre deux Rondes , placees elles-memes entre deux Breves ou Quarrees dans le Terns parfait, ote un Terns a chacune de ces deux Breves; de forte que chaque Breve ne vaut plus que deux Rondes , au lieu de trois. C’eft le Point d’alteration. Ce meme Point devant une Ronde fuivie de deux autres Rondes entre deux Breves ou Quar¬ rees double la valeur de la derniere de ces Ron¬ des. Corame ces anciennes divifions du Terns en parfait & imparfait ne font plus d’ufage dans la Mufique , toutes ces fignifications du Point, qui, a dire vrai, font fore embrouillees , fe font abo- lies depot's long-terns. Aujourd’hui le Point, pris corame valeur de Note, vaut toujours la moitie de celle qui le precede. Ainfi apres la Roude le Point vaut une Blanche, apres la Blanche une Noire, apres la Noire une Croche, &c. Mais cette maniere de fixer la valeur du Point n’eft furement pas la meilleure qu’on eut pu imaginer, & caufe fou- Vent bien des embarras inutiles. G 4 p o i. 104 Point-d'Orcjue ou Point-de-Refos l eft une autre efpece de Point dont j’ai parle au mot Couronne. C’eft relativement a cette efpece de Point qu’on appelle generalement Points tPOrgus ces fortes de Chants , mefures ou non mefures, ecrits ou non ecrits, & toutes ces fuccellions harmoniques qu’on faitrpalTer fur une feule Note de Balfe toujours prolongee. ( Voyez Cadenza.) Quand ce raeme Point furmonte d’une Cou¬ ronne s’ecrit fur la derniere Note d’un Air ou d’un morceau de Mulique , il s’appelle alors Point final. Enfin il y a encore une autre efpece de Points appelles Points detaches , lefquels fe placent im- mediatement au-deflus ou au-defTous de ia tefe des Notes ; on en met prefque toujours plufieurs de fuite , & cela avertit que les Notes ainli ponc- tuees doivent etre marquees par des coups de lan- gue ou d’archet egaux , fees & detaches. Pointer , v. a. C’eft, au moycn du Point, rendre alternativement longues & breves des fui- tes de Notes natureilement egales, telJes, par exemple , qu’une fuite de Croches. Pour ies Pointer fur la Note, on ajoute un Point apres la premiere, une double-Crocbe fur la feconde, un Point apres la troifieme, puis une double- Croche , & ainil de fuite. De cette maniere dies gardent de deux en deux la merae valeur qu’ellss avoiant auparavantj mais cette valeur ie diftribue inegalement entre Ies deux Croches} de forte que la premiere ou Longue en a les trois quarts , & la feconde ou Breve l’autre quart. Pour les Pointer dans l’execution , on les pafle inegales felon ces memes proportions, quand merne elles feroient notees egales. Dans la Mufique Italietine toutes les Croches font toujours egales, a moins qu’elles ne foient marquees Pointees. Mais dans la Mufique Fran- coife on ne fait les Croches cxaclement egales que dans la Mefute a quatre Tems > dans toutes les autves, on les pointe toujours un peu , a moins qu’il ne foit ecrit Croches egales. Polycephale , adj. Sorte de Nome pour les £utes en l’honneur d’Apollon. Le Nome Poly¬ cephale fut invente, felon les uns, par le fecoad Olympe Phrygien , defcendant du fils de Mar¬ iyas , & felon d’autres , par Crates difciple de ce meme Olympe. PoLYMUASTIE , OU PoiYMNASTIQUE , adj. Nome pour les Flutes , invente, felon les uns , par une femme nominee Polymnelle , & felon d’autres , par Polymneftus , fils de Meles Colo- phonien. Ponctuer, v. a. C’eft, en terme de Compo- iltion , marquer les repos plus ou moins par- faits, & divifer tellement ies Phrafes qu’on fen- te par la Modulation & par ies Cadences leurs commencemens , leurs chutes , & leurs liaifons plus ou moins grandes , comme on fent tout G i p o r; SCS cela dans Is difcours a l’aide de la poruftuation.' PorT'DE-Voix ,f. m. Agrenientdu Chant, le- quel fe marque par une petite Note appellee en Italien Appoggiatura , & fe pratique , en mon- tant diatoniqiiement d’une Note a celle qui la fuit, par un coup de gofier dont l’effet eft mar¬ que dans la P.'ai/che B. Fig. 13. Port-be-Voix Jette', fe fait, lorfque , raon- tant diatoniquement d’une Note a fa Tierce, on appuie la troifieme Note fur le fon de la fecon- de, pour faire fentir feulement cette troifieme Note par un coup de gofier redouble , tel qu’il eft marque PL B. Fig. 13. Porte'e ,f.f La Portee ou Ligne de Mufique eft compofee de cinq lignes paralleles, fur lei- quelles ou entre lefquelles Ies diverfes Pofitions des Notes en marquent les Intervalles ou De- gres. La Portee du Plain Chant n’a que quatre Lignes; elle en avoit d’abord huit, felon Kir- cher, marquees chacune d’une lettre de la Gam¬ ine, de forte qu’il ny avoit qu’un Deg re con¬ joint d’une Ligne a l’autre. Lorfqu’on doubJa les Degrcs en placant aufli des Notes dans les Intervalles, la Portee de huit Lignes , reduite a quatre, fe trouva de la meme etendue qu’aupa- ravant. A ce liombre de cinq Lignes dans la Mufique, & de quatre dans le Plain-Chant, on en ajoute de poftiches ou accidentelles quand cela eft ne- ceflaire & que les Notes palfent en haut ou en P OS. i7 has 1’etcndue tie la Portee. Cette etendue , dans vne Portae de Mufique, eft en tout d’onze No¬ tes formant dix Degres diatoniques; & dans le Plain-Chant , de neuf Notes formant huit De¬ gres. (Voyez Clef, Notes, Ligxes. ) Position,//. Lieu de la Portee ou eft pla- cee une Note pour fixer le Degre d’elevation du Son qu’elle reprefente. Les Notes n’ont , par rapport aux Lignes , que deux differentes Pofitions; favoir, fur une Ligne ou dans un efpace, & ces P fitions font toujours alternatives lotfqu’on marche diatoni- quement. C’eft enfuite le lieu qu’occupe la Li- gne meme ou Pe/pace dans la Portee & par rap¬ port a la Clef qui determine la veritable Pa fit ion de la Note dans le Clavier general. On appelle auffi Pojition dans la Mefure le Terns qui fe marque en frappant, enbaiffant ou pofant la main , & qu’on nomine plus commu- nement le Frappc. ( Voyez Thesis. ,) Enfin Ion appelle Pofition dans le jeu des Inftrumens a manehe , le lieu ou la main fe pofe fur le manehe , felon le Ton dans lequel on veut jouer. Quand on a la main tout au haut du manehe contre le fillet, en forte que l’index pofe a un Ton de la Corde-a-jour, c’eft la Pofition na- turelle. Quand on demanche on compte les Po¬ rtions par les Degres diatoniques dont la main s’eloigne du fillet* p r e; «og Prelude, f. m. Morceau de Symphonie qut fert d’introdu&ion tSc de preparation a une Piece de Mufique. Ainfi les ouvertures d’Opera font des Preludes; comme aufli les Ritournelles qni font alfez fouvent au commencement des Scenes & Monologues. Prelude eft encore un trait de Chant qui paffe par les principales Cordes du Ton , pour l’an- noncer, pour verifier ii l’inftrument eft d’ac- cord , &c. Voyez f Article fuivant. Pre'luder , v. n. C’eft en general chanter ou jouer quelque trait de fantaifie irregulier & af- fez court, mais palfant par les Cordes eifentiel- les du Ton, foit pour 1’etablir, foit pour dif- pofer fa Voix ou bien pofer fa main fur un Inf. trume'nt, avant de commencer une Piece de Mu- iique. Mais fur l’Orgue & fur le Claveflrn PArt de Preluder eft plus confiderable. C’eft compofer & jouer impromptu des Pieces chargees de tout ce que la Compofttion a de plus Itivant en Def- fein, en Fugue , en Imitation, en Modulation & en Harmonie. C’eft fur-tout en preludant que les grands Muficiens, exempts de cet extreme alfervilfcment aux regies que l’oeil des critiques leur impofe fur le papier, font briller ces Tran- fitions favantes qui ravilfent les Auditeurs. C’eft- la qu’il ne fuffit pas d’etre bon Compoiiteur , ni de bien poffeder fon Clavier , ni d'avoir la main P R E. "1G§ lonne & bien exercee, mais qu’il faut encore abonder de ce feu de genie & de cet efprit in- ventif qui font trouvec & traiter fur le champ les fujets les plus favorables a l’Harmonie & les plus flatteurs a l’oreille. C’eft par ce grand Art de Preluder que brillent en France les excellens Organises, tels que font maintenant les Sieurs Calviere & Daquin, furpalfts toutefois l’un & 1’autre par M. le Prince d’Ardore, Ambaffadeur de Naples , lequel , pour la vivacite de l’inven- tion la force de 1’execution, efface les plus illuftres Artiftes , & fait a Paris, l’admiration des connoiifeurs. Preparation,/ f Ade de preparer la Dif. fonnance. (Voyez Preparer.) Pre'parer, v. a . Preparer la Dilfonnance , c’eft la traiter dans l’Harmonie de maniere qu’a la faveur de ce qui precede , elle foit moins du¬ re a l’oreille qu’elle ne feroit fans cette precau¬ tion : felon cette definition toute Dilfonnance ■veut etre preparee. Mais lorfque pour Preparer une Diifonnanee, on exige que le Son qui la forme ait fait confonnance auparavant, alors il n’y a fondamentalement qu’une feule Dilfonnan- ce qui fe Prepare, favoir la Septieme ; encore cette Preparation n’eft elle point necelfiire dans PAccord fenfible, parce qu’alors la Diffon nance etant caracleriftique, & dans 1’Accord & dans le Mode , eft fuffifamment annoncee ; que l’oreille s’y attend, lareconnoit, & nefe trompe ni fur JIO PRE. YAccord ni fur Ton progres nature!. Mais lorfL que 1 a Septieme fe fait exrtendre fur un Son fun¬ damental qui n’-eft pas_ effentiel au Mode , on doit la Prepater pour prevenir toute equivoque, pour empecher que Poreille de l’ecoutant ne s’e- gare ; & comrae cet Accord de Septieme fe ren- verfe & fe combine de plufieurs manieres , de- la nailfent auffi diverfes manieres apparentes de Preparer , qui, dans le fond, reviennent pour- tant toujours a la merae. II faut confiderer trois chofes dans la prati¬ que des Diffonnances ; favoir, 1’ Accord qui pre¬ cede la Diifonnance , celui ou elle fe trouve , & celui qui la fuit. La Preparation ne regarde que les deux premiers ; pour le troificme, voyez . Sauver. Quand on veut Preparer regulierement une Diifonnance , il faut choifir, pour arriver a fon Accord , une telle marche de Baffe - fondamen- tale, que le Son qui forme la Diifonnance , foit un prolongement dans Is Terns fort d’une Con- fonnance frappee fur le Terns foible dans I’Ac¬ cord precedent j c’cft ce qu’on appelle Syncopes'. (Voyez Syncope. ) De cette preparation refultent deux avanta- ges; favoir, i. Qifil y a neceffairement liaifon harmonique entre les deux Accords, puifque la Diifonnance elle-meme forme cette liaifon ; & 2 . Que cette Diifonnance, n’etant que le pro¬ longement d’un Son confonnant, devient beau- PRE. nr coup moins dure a l’oreille, qu’elle lie le feroit fur un Son nouvellement frappe. Or c’eft-la tout ce qu’on cherche dans la Preparation. ( Voyez Cadence, Dissonnance, IIarmonie. ) On voit par ce que je viens de dire, qu’il n’y a aucune Partie deftinee fpecialement a Pre¬ parer la DiiTonnance, que celle meme qui la fait entendre : de forte que fi le Delfus fonne la DiiTonnance, c’eft a lui de fyncoper; mais fi la DiiTonnance eft a la Bade , il Taut que la Bade fyncope. Quoiqu’il n’y ait rien la que de tres- fimple, les Maitres de Compofition out furieu- fement embrouille tout cela. II y a des DilTonnauces qui ne fe preparent jamais ; telle eft la Sixte-ajoutee : d’autres qui fe preparent fort rarement; telle eft la Scptiemc- diminuee. Presto , adv. Ce mot, ecrit a la tete d’un morceau de Mufique , indique le plus prompt & le plus anime des cinq principauxMouvemens etablis dans la Mufique Italienne. Prejio fignifie Vite. Qiielquefois on marque un Mouvement encore plus prede par le fuperlatif P-eJiiJimo. Prima Intenzione. Mot technique Italien qui n’a point de correfpondant en Francois , & qui n’en a pas befoin , puifque l’idee que ce mot exprime n’eft pas connue dans la Mufique Fran- coife. Un Air, un morceau di Prima intenzione , eft celui qui s’eft forme tout d’un coup tout en- tier St avec toutes fes Parties dans Tefprit du. 122 P R I. Compofiteur, comme Pallas fortit toute armee du cerveau de Jupiter. Les morceaux di prima intenzione font de ces rare? coups de genie, dont toutes les idees font li etroitement Plies qu’elles n’en font, pour ainfi dire , qu’une feu- le , & n’ont pu fe prefenter a fefprit l’une fans l’autre. Ils font femblables a ces periodes de Ciceron longues , mais eloquentes , dont le fens, fufpendu pendant toute leur duree , n’eft deter¬ mine qu’au dernier mot, & qui, par confequent, n’ont forme qu’une feule penfee dans l’efprit de 1’Auteur. II y a dans les Arts des inventions pro- duites par de pareils efforts de genie, & dont tous les raifonnemens , intimement unis fun a 1’autre, n’ont pu fe faire fuccellivement, mais fe font neceifairement offerts a l’efprit tout a la fois , puifque le premier fans le dernier n’auroit eu aucun fens. Telle eft, par exemple, I’inven- tion de cette prodigieufe machine du Metier a has, qu’on peut regarder, dit le Philofophe qui l’a deerite dans VEncydopedie, comme un feul & unique raifonnement dont la fabrication de l’ouvrage eft la conclufion. Ces fortes d’opera- tions de l’entendement, qu’on explique a peine , meme par fanalyfe, font des prodiges pour la raifon, & ne fe concoivent que par les genies capables de les produire : l’effet en eft toujours proportionne a 1’effort de tete qu’ils ont coute, & dans la Alufique les morceaux di Prima intea - s>ms font les foils qui puiffent caufer ces exta- fes, PUL ir^ fe, ces raviflerriens , ces elans de fame qui tranfportent les auditeurs hors d’eux-memes. On lcs fent, on les devine a I’inftrant, les cotinoif- feurs ne s’y trompent jamais. Alafuited’un de ces morceaux fublimes , faites paffer un de ces Airs decoufus, dont toutes les Phrafes ont ete compofees Pnne apres Pautre, ou ne font qu’une meme phrafe promenee en diiferens Tons , & dont l’Accompagnement n’eft qu’un RemplilTage fait apres coup 5 avec quelque gout que ce der¬ nier morceau foit compote , ii le fouvenir de l’autre vous lalffe quelque attention a lui don- ner, ce ne fera que pour en etre glaces, tranfis t impatientes. Apres un Air di Prima intenzwne, toute autre Mufique eft fans eifet. Pkjse, Lepfis. Une des parties de I’ancienite Melopee. (Toyez Me'lqpe'e. ) Progression ,f. f. Proportion continue, pro- longee au-dela de trois termes. (Voyez Propor¬ tion.) Les fuites dlntervalles egaux font tou¬ tes en 1‘rogrefftons, & c’ell en identifiant les termes voifins de diiferentes ProgrejJions , qu’on parvient a completer l’Echelle Diatonique & Chromatique s au moyen du Temperament. ( Voyez Tempe'rament. ) Prolation , ftf C’eft dans rios ancidnnes Mufiques une maniere de determiner la valeur des Notes femi-Breves fur eelle de la Breve * ou des Minimes fur celle de la femi-Breve. Cet¬ te Prolation fe marquoit apres la Clef, & queL Tome XL H PRO. *'4 quefois apres le figne du Mode , par un cerde ou un demi - cercle , pon&ue ou non pondue , felon les regies fuivantes. Confiderant toujours la divifion fous - triple comme la plus excellente , ils divifoient la Pro - lation en parfaite & imparfaite , & l’une & l’au- tre en majeure & mineure , de meme que pour le Mode. La Frolation parfaite etoit pour la Mefur® ternaire , & fe marquoit par un Point dans Is cerde quand elle etoit majeure; c’eft-a-dire , quand elle indiquoit le rapport de la Breve a la femi - Breve : ou par un Point dans un demi-cer¬ cle quand elle etoit mineure; c’eft-a dire , quand elle indiquoit le rapport de la femi- Breve a la Minime. (Voyez Pi. B. Fig. 9. & 11.) La Frolation imparfaite etoit pour la Mefure binaire , & fe marquoit comme le Terns par un fimple cercle quand elle etoit majeure ; ou par un demi-cercle quand elle etoit mineure ; ( memt Pi. Fig. XO & 12 .) Depuis on ajouta quelques autres (ignes a la Frolation parfaite : outre le cercle & le demi- cercle on fe fervit du Chiffre j pour exprimer la valeur de trois Rondes ou femi-Breves, pour celle de la Breve ou Quarree ; & du Chiffre | pour exprimer la valeur de trois Minimes ou Blanches, pour la Ronde ou femi-Breve. Aujourd’hui toutes les Frolatiom font abolies ; la divifion fous - double l’a emporte fur la fous- PRO. US lernaire ; & il faut avoir recours a des excep¬ tions & a des fignes partiouliers , pour exprimer le partage d’une Note quelconque en trois au- tres Notes egales. (Voyez Valeur des Notes.) On lit dans le Didionnaire de l’Academie que Prolation lignifie Roulement. Je n’ai point lu ailleurs ni oui dire que ce mot ait jamais eu ce fens - la. Prologue ,f. rn. Sorte de petit Opera qui pre-: cede le grand, l’annonce & lui fert d’introduc- tion. Comme le fujet des Prologues eft ordinal* rement eleve, merveilleux , ampoule, magni- fique & plein de louanges , la Mufique en doit etre brillante , harmonieufe , & plus impofants que tendre & pathetique. On lie doit point epui- fer fur le Prologue les grands mouvemens qu’on veut exciter dans !a Piece , & il faut que le Mu- ficien , fans etre mauflade & plat dansle debut,, fache pourtant s’y menager de maniere a fe montrer encore intereifant & neuf dans le corps de l’ouvrage. Cette gradation n’eft ni fentie, ni rendue par la plupart des Compofiteurs ; niais elle eft pourtant neceflaire , quoique difficile. Le mieux feroit de n’en avoir pas befoin, & de i'upprimer tout-a-fait les Prologues qui rj, font guere qu’ennuyer &impatienter les Spedateurs, ou nuire a l’interet de la Piece: en uiant ad¬ vance les moyens de plaire & d’intereffer. Aufti les Opera Franqois font-ils les feuls ou Ton ait- confer ve des Prologues i encore ne les y fouffre- H 3 PRO, n6 t-on que parce qu’on n’ofe murmurer centre les fadeurs dont ils font pleins. Proportion, f.f Egalite entre deux rap¬ ports. II y a quatre fortes de Proportions ; favoir la Proportion Arithmetique, la Geometrique , PHarmonique, & la Contre-Harmonique. II faut avoir 1 ’idee de ces diverfes Proportions , pour entendre les calculs dont les Auteurs ont charge la theorie de la MuGque. Soient quatre termes ou quantites abed $ ft la difference du premier terme a au fecond b eft egale a la difference du troifieme c au quatrie- me d, ces quatre termes font en Proportion Arith¬ metique. Tels font , par exemple, les nom- bres fuivans , 2, 4 : 8 , 10. Que ft , au lieu d’avoir egard a la difference v on compare ces termes par la maniere de con- tenir ou d’etre contenus; fi, par exemple, ie premier a eft au fecond b comme le troifieme c eft au quatrierne d, la Proportion eft Geometti- que. Telle eft celle que formeut ces quatre nom- bres 2 , 4 :: 8 s 1 6. Dans le premier exemple , l’exces dont le premier terme 2 eft furpaffe par le fecond 4 eft 2 ; & l’exces dont le troifieme 8 eft furpaffe par le quatrierne 10 eft auffi 2. Ces quatre termes font done en Proportion Arithmetique. Daps le fecond exemple , le premier terme 2 eft la moitie du fecond 4; & le troifieme ter¬ me 8 eft auffi la moitie du quatrierne J 6 . Ces PRO. IT7 fuatre termes font done en Proportion Geome- trique. Une Proportion , foit Arithmetique , foit Geo- metrique , eft dite inverfe ou reciproque, lorfi. qu’apres avoir compare le premier terme au fe- cond l’on compare non le troifieme au quatrie- me, comme dans la Proportion direcfte, mats a rebours le quatrieme au troifieme, & que les rapports ainfi pris fe trouvent egaux. Ces quatre s ombres 2 , 4 *. 8, 6 , font en Proportion Arith¬ metique reciproque •, & ces quatre 2 , 4 :: 6 , 3 , font en Proportion Geometriqtte reciproque. Lorfque, dans une Proportion directs , le fe- eond terme ou le confequent du premier rapport eft egal au premier terme ou a l’antecedent du fecond rapport; ces deux termes etant egaux, font pris pour le raeme , & ne s’ecrivent qu’une foisaulieude deux. Ainfi dans cette Proportion Arithmethique 2 , 4 : 4 , 6 ; au lieu d’ecrire deux fois le nornbre 4 ; on ne l’ecrit qu’une fois j & la Proportion fe p-ofe ainfi 2,4,6'. Dememe, dans cette Proportion Geometrique 2, 4 :: 4 , 8 , au lieu d’ecrire 4 deux fois , on ne l’ecrit qu’une , de cette maniere -H- 2,4,8. Lorfque le confequent du premier rapport fert ainfi d’antecedent au fecond rapport, & que la Proportion fe pofe avec trois termes cette Pro¬ portion s’appelle continue, parce qu’il n’y a plus, entre les deux rapports qui la forment, 1’iuter- H 3 US PRO- rupdon qui s’y trouve quand on la pofe en qua* tre termes. Ces trois termes 2, 4, 6 , font done en Proportion Arithmetique continue, & ces trois- ci, “2,4, 8 j font en Proportion Geome- trique continue. Lorfqu’une Proportion continue fe prolongs ; e’eft-a-dire , lorfqu’elle a plus de trois termes, ou de deux rapports egaux , elle s’appelle Pro- grejjion. Ainfi ces quatre termes 2 , 4,6,8, for- ment une Progreffion Arithmetique , qu’on peut prolonger autant qu’on veut en ajoutant la diffe¬ rence au dernier terme. Et ces quatre termes, 2,4, 8? 16, fer¬ ment une Progreffion Geometrique , qu’on peut de rneme prolonger autant qu’on veut en dou- biant le dernier terme, ou en general , en le multi pliant par le quotient du fecond terme di- vife par le premier , lequel quotient s’appelle VExpofant du rapport, ou de la Progreffion. Lorfque trois termes font tels que le premier eft au troifieme comme la difference du premier au fecond eft a la difference du fecond au troi- fieme , ces trois termes forment une forte de Proportion appellee Harmonique. Tels font, par exemple , ces trois nombres 3 , 4, 6 : car com- me le premier 3 eft la moitie du troifieme 6 , de meme l’exces 1 du fecond fur le premier, eft la mcitie de l’exces 2 du troifieme fur le fecond. ? R 0. 119 Enfin , lorfque trois termes font tels que la difference da premier au fecond eft a la differen¬ ce du fecond au troifieme, non comme le pre¬ mier eft au troifieme, ainfi que dans la Propor¬ tion Harmonique ; mais au contraire comme le troifieme eft au premier , alors ces trois termes forment entr’eux une forte de Proportion appel¬ lee Proportion Contre - Harmonique. Ainfi ces trois nombres 3 , 5 , 6 , font en Proportion Contre- Harmonique. L’experience a fait connoitre que les rapports de trois Cordes formant enfemble 1’Accord par- fait Tierce majeure, formoient entr’elles la forte de Proportion qn’a caufe de cela on a nomme Harmonique : mais c’eft - la une pure propriete, de nombre qui n’a nulle affinite avec les Sons:, ini avec leur effet fur l’organe auditif 5 ainfi la Proportion Harmonique & la Proportion Contre- Harmonique n’appartiennent pas plus a l’Art que la Proportion Arithmetique & la Proportion Geo- metrique, qui meme y font beaucoup plus uti¬ les. II faut toujours penfer que les proprietes des quantites abftraites ne font point des pro¬ prietes des Sons, & nepas chercher, a Pexem- ple des Pythagoriciens , je ne fais quelles chi- meriques analogies entre chofes de differente nature , qui n’ont entr’elles que des rapports de convention. Prqprement , adv. Chanter ou jouer Propre- ment, c’eft executer la Melodie Franqoife avec H 4 120 PRO. les ornemens qui lui conviennent. Cette Mela- die n’etant rien par la feule force des Sons , & n’ayant par elle- meme aucun caradtere , n’en prend un , que par les tournures affedtees qu’on lui donne en P executant. Ces tournures, enfei- gnees par les Maitres de Goitt du Chant , font ee qu’on appelle les agremens du Chant Fran¬ cois. (Voyez Agre'ment. ) Profrexe' , /. /. Execution du Chant Fran¬ cois avec les ornemens qui lui font propres, & qu’on appelle agremens du Chant. (Voyez Agre'- l^ENT. ) Proseambanomenos. C’etoit, dans la Mufi- que ancienne, le .Son le plus grave de tout le Sy fteme, ini Ton au - delPous de PHypate - Hy- paton. Son nom fignifie Snrnumeraire , Acquife , ou Ajoutee , parce .que la Corde qui rend ce Son-la, fat ajoutee au-deflous de tous les Tetracordes pour achever le Diapafon ou POdtave avec la Mefe i ■& le Diapafon ou la double Octave avec la . Nete - hyperboleon , qui etoit la corde la plus ai- gue de tout le Syfteme. (Voyez Systems. ) Prosodiaque , adj. Le Nome Frofodiaque fe ehantoit en l’honneur de Mars , & fut, dit-on , invente par Olympus, PR.tasftDiE, f.f. Sorte de Nome pour les Flu¬ tes & propre aux Cantiques que Pon ehantoit chez les Grecs, a Pentree des facrifices. Plu- tatque atuibue l’invention des Profodies a Qo- P Y T. 121 nas, de Tegee felon les Arcadiens, & de The- Jbes felon les Beotiens. Protesis, f.f. Paufe d’un Tems long dans la Mulique ancienne , a la difference du Lemme, qui etoit la Paufe d’un Tems bref. Psalmodier , v. n. C’eft chez les Catholiques Chanter ou reciter les Pleaumes & l’Office d’une 'maniere particuliere, qui tient le milieu entre le Chant & la parole : c’eft du Chant , parce que la voix eft foutenue ; c’eft de la parole , parce qu’on garde prefque toujours le meme Ton. Pycni , Pycnoi , (Voyez Epais. ) Fyihagoriciens , jub. maf.pluriel. Norn d’u- ne des deux Sedes dans lefquelles fe divifoient les Theoriciens dans la Mufique Grecque j elle portoit le nora de Pythagore, fon chef, comme l’autre Se&e portoit le 110m d’Ariftoxene. (Voyez AfUSTOXE'fHENS.) Les Pythagoriciens Bxoicnt tous les Interval- les taut Confo nnans que Dilfonnans par le Cal- cul des rapports. Les Ariftoxeniens , au con- traire, difoient s’en tenir au jugement de l’o- reille. Alais au fond , leur difpute n’etoit qu’une difpute de mots ; & fous des denominations plus fimples, les moities ou les quarts - de - Ton des Ariftoxeniens , ou ne fignifioient rien, ou tv’exigeoient pas des calculs moins compofes que ceux des Limma , des Comma , des Apotomes fixes par les Pythagoriciens. En propofant, par H f m Q. U A. exemple, de prendre la moitie d’un Ton, qiie propofoit un Ariftoxenien ? Rien fur quoi l’o- reille put porter un jugement fixe ; ou il ne fa- voit ce qu’il vouloit dire, ou il propofoit de trouver une moyenne proportionnelle entre 8 & o. Or cette moyenne proportionnelle eft ra¬ tine quarree de 72, & cette ratine quarree eft un nombre irrationel: il n’y avoit aucun au¬ tre moyen poflible d’affigner cette moitie-de Ton que par la Geometrie , & cette methode Geo- metrique n’etoit pas plus fimple que les rapports de nombre a nombre calcules par les Pythago- riciens. La fimplicite des Ariftoxeniens n’etoit done qu’apparente ; e’etoit une fimplicite fem- blable- a celle du Syfteme de M. de Boifgelou , dont ilfera parle ci-apres. (Voyez Intervalle , Systeme. ) Q, C^Uadruple-Croche,/ f. Note de Mufique valant le quart d’une Croche , ou la moitie d’une double-Croche. Il faut foixante-quatre. Quadru¬ ples - Croches pour une Mefure a quatre Terns; mais on remplit rarement une Mefure , & meme un Terns , de cette efpece de Notes. ( Voyez Valeur Dts Notes.) La Quidruple-Croche eft prefque toujours lie* axec d’autres Notes de pareille ou de differente Q_U A. 123 Valeur, & fe figure ainfi ou ■U-JhC' EUe tire fon 110111 des quatre traits ou Crochets qu’elle porte. Quantite'. Ce mot , eii Mufique de meme qu’en Profodie , ne fignifie pas le nombre des Notes ou des Syllabes , mais la duree relative qu’elles doivent avoir. La Quantite produit le Rhythme, comme l’Accent produit l’lntonation. Du Rhythme & de Flntonation refulte la Me- lodie. (Voyez Mf/lodie. ) Quarre' , adj. On appelloit autrefois B Qiiar- reouBDur, le figne qu’on appelle aujourd’hui Eequarre. ( Voyez B .) Quarre'e ou Breve , adj. pris fubjlantiv. Sor- te de Note ( faite comme on peut voir a la Pi. D. Fig. 8. lig. 3. ) , & qui tire foil nom de fa figure. Dans nos anciennes Mufiques, elle valoit tantot trois Rondes ou femi-Breves , & tantot deux , felon que la Prolation etoit parfaite ou imparfaite. ( Voyez Prolation. ) Maintenant la Quarree vaut toujours deux Rondes, mais on l’emploie aflez rarement. Quart-oe-Soupir , f. m. Valeur de filence qui marque, comme le porte fon nom , la qua- trieme partie d’un foupir; c’eft-a-dire , l’equiva- lent d’une double-croche. On peut voir ( Pi. D. Fig. 9. ) les deux differentes manieres de l’ecrire des Francois & des Italiens. (Voyez SoUPiR , Valeur des Notes. ) 124 Q_ U A. Quart-de-Ton , f. m. Intervalle introclliifc dans le Genre Enharmonique par Ariftoxene , & duquel la raifon eft fourde. (Voyez Echelle, Enharmonique , Intervalle, Pythagori- ciens. ) Nous n’avons, ni dans l’oreille , ni dans les calculs Harmoniques , aucun principe qui nou* puifle fournir I’Intervalle exadl d’un Quart-de- Ton j & quand on confidere quelles operations geometriques font necelfaires pour le determiner fur le Monocorde, on eft bien tente de foup- qonner qu’on n’a peut-etre jamais entonne 9 t qu’on n’entonnera peut-etre jamais de Quart-de- Ton jufte , ni par la Voix, ni fur aucun Inf- trument. Les Muficiens appellent auffi Quart-de-Ton PIntervalle qui, de deux Notes a un Ton l’une del’autre, fe trouve entrele Bemol de la fupe- rieure & le Diefe de l’inferieure ; Intervalle que le Temperament fait evanouir , mais que le cal- eul peut determiner. Ce Quart-de-Ton eft de deux efpeces ; {avoir, l’Enharmonique majeur, dans le rapport de<>76 a 62 <) , qui eft le complement de deux femi- Tons mineurs au Ton majeur; & l’Enharmoni¬ que mineur, dans laraifonde I 2 f a 128 , qui eft le complement des deux meraes femi - Tons mineurs au Ton mineur. Quarte , f.f La troifieme des Confonnan- ces dans l’ordre de leur generation. La Quarte Q_U A.’ 125 eft urie Confortnance parfaite ; fon rapport eft de 3 a 4 ; elle eft compofee de trois Degres dia- toniques formes par quatre Sons ; d’ou lui vient Is nom de Quarte. Son lntervalle eft de deux Tons & demi; favoir, un Ton majeur, un Ton xnineur, & un femi - Ton majeur. La Quarte peut s’alterer de deux manieres ; favoir , en diminuant fon lntervalle d’un femi- Ton, & alors elle s’appelle Quarte diminuee ou fauJfe-Qiiarte ; ou en augmentant d’un femi-Ton ce meme lntervalle , & alors elle s’appelle Quar¬ ts fuperflue ou Triton , parce que Vintervalle en eft de trois Tons pleins : il n’eft.que de deux Tons, c’eft-a-dire , d’un Ton, Si deux femi-Tons dans la Quarte diminuee ,• mais ce dernier Inter- Valle eft banni de 1 ’Harmonie, & pratique feu- lement dans le Chant. II y a un Accord qui porte le nom de Quarte , ou Quarte & Quinte. Quelques-uns Pappellent Accord de Onzieme : c’eft celui ou foils un Ac¬ cord de Septieme on fuppofe a la Balfe un cin- quieme Son , une Quinte au-delfous du Fonda- mental : car alors ce Fondamental fait Quinte, & fa Septieme fait Onzieme avec le Son fup¬ pofe. ( Voyez Supposition. ) Un autre Accord s’appelle Quarte fuperflue ou Triton. C’eft un Accord fenfible dont la dilfon- nance eft portee a la Balfe : car alors la Note fen¬ fible fait Triton fur cette diifonnance. (Voyez Accord. 12 6 Q_U E. Deux Quartes juftes de fuite font permifes ert compofition , meme par Mouvement femblabie , pourvu qu’on y ajoute la Sixte : mais ce font des paflages dont on ne doit pas abufer , & que la BalTefondamentale ri’autorife pas extremement. Quarter , v. n. C’etoit, chez nos anciens Muficiens une maniere de proceder dans le De¬ chant ou Contrepoint plutotpar Quartes que par Quintes : e’etoit ce qu’ils appelloient auifi par un mot Latin plus barbare encore que le Fran¬ cois , Diatejferonare. Quatorzieme , f.f. Replique ou Octave de la Septieme. Get Intervalle s’appelle Quatorzie¬ me, parce qu’il faut former quatorze Sons pour palfer diatoniquement d’un de fes termes a l’autre. Quatuor, f.m. C’eft le nora qu’on donne aux morceaux de Mufique vocale ou inftrumen- tale qui font a quatre Parties recitantes. (Voyez Parties ) II n’y a point de vrais Quatuor , ou iis ne valent rien. II faut que dans un bon Qua¬ tuor les Parties foient prefque toujours alternati¬ ves , parce que dans tout Accord il n’y a que deux Parties tout au plus qui falfent Chant & que l’oreille puilfe diftinguer a la fois ; les deux au- tres ne font qu’un pur reniplilfage, & l’on lie doit point mettre de rempliflage dans un Quatuor . Queue, f.f. On diftingue dans les Notesla tete & la Queue. La tete eft le corps meme de la Note ; la Queue eft ce trait perpendicnlaire qui tient a la tete & qui monte ou defcend in- o_ u i. 127 diiFeremment a travers la Portee. Dans Je Plain- Chant la plupart des Notes n’ontpasde Queue} mais dans la Mufique il n’y a que la Ronde qui n’en ait point. Autrefois la Breve ou Quarree n’en avoit pas non plus ; mais les differentes po- fitions de la Queue fervoient a diftinguer les va- leurs des autres Notes , & fur-tout de la Plique. ( Voyez Plique. ) Aujourd’hui la Queue ajontee aux Notes du Plain-Chant prolonge leur duree ; ellel’abrege, au contraire, dans la Mufique , puifqu’une Blan¬ che ne vaut que la moitie d’une Ronde. QuiivQiiE , /. m. Nom qu’on donne aux mor- eeaux de Mufique vocale ou inftrumentale qui font a cinq Parties recitantes. Puifqu’il n’y a pas de vrai Qiiatuor , a plus forte raifon n’y a - t - il pas de veritable Quinque. L’un & l’autre de ces mots, quoique paffes de la Langue Latine dans la Francoife , fe prononcent comme en Latin. Quisle , f.f La feconde des Confon nances dans l’ordre de leur generation. La Qumte eft une Confonnance parfaite. (Voyez Conson- Nance.) Son rapport eft de 2 a 3. Elle eft com- pofee de quatre Degres diatoniques , arrivant au einquieme Son, d’ou lui vient le nom de Quin - te. Son Intervalle eft de trois Tons &demi; fa- voir , deux Tons majeurs un Ton mineur, & un femi-Ton majeur. La Quinte peut s’alterer de deux manieres j favoir , en diminuant fon Intervalle d’un femi- 148 Q UL Ton, & alors elle s’appelle Faujfe-Quinte , & el a* vroit s’appeller Quinte-dimmuie ■, ou en augmen- tant d’un femi-Ton le meme Intervalle, & alors elle s’appelle Quinte -fuperfiut. De forte que la Quints -fuper flue a quatre Tons , & la Faujfe- Quinte trois feuledlent, comme le Triton * dont elle ne differe dans nos lyftemes que par le nom- bredes Degres. ( Voyez Fausse-Quinte. ) II y a deux Accords qui portent le nom de Quinte ; favoir, l’Aecord de Quinte Sixte f qu’on appelle aufti grande-Sixte ou Sixte - ajoutee , & I’Accord de Qiiinte - fuperjlue. Le premier de ees deux Accords fe confidere en deux manieres ; favoir , comme un Renver- fement de l’Accord de Septieme, la Tierce du Soil Fundamental etant portee au grave ; c’eft l’Accord de grande - Sixte ; (Voyez Sixth. ) oil bien comme un Accord dire d’ou vicntque ceux qui verfifioient appelloient cela chanter. Cet ufage , pafle ridiculement dans les autres Lau- gues, fait dire encore aux Poetes , je chante , X 3 lorfqu’ils ne font aucune forte d-e Chant. Les Grecs. pouvoient chanter eu parlant mais chez nous il faut parlor ou chanter ; on ne fauroie faire a la fois l’un & Tautre. C’eft cette di'Unc¬ tion meme qui nous a rendu le Reeitatif necef. faire. La Mufique dornine trop dans nos Airs, la Poefie y eft prefque oubliee. Nos Drames lyriques font trop chantes pour pouvoir l’etre toujours. Un Opera qui ne feroit qu’une fuite d’Air ennuieroit prefque autant qu’un feul Air de la meme etendue. II faut couper & feparer les Chants par de la parole 5 mais il faut que cette parole foit m.odifiee par la Mufique. Les idees doivent changer , mais la Langue doit ref. ter la meme. Cette Langue une fois donnee, en changer.dans le -copfs d’une Piece, feroit vou-. loir parler moitie Franqois , rnoitie AUemand. Le paifage du difcours au Chant , & reciproque- ment , eft trop difparat; il choque a la fois l’o- reille & la .vraiie/nblance.: deux interlospteurs doivent parler ou chanter ; iIs ne iauroient faire ahernativement Ptln & l’autre. Or le Reeitatif eft le moyen d’union du Chant & de la parole; c’eft lui qnifepare & diftingue les Airs; qui re- pofe l’oreille etonnee de celui qui precede & la difpofe a gouter celui qui fuit: enfin c’eft a l’aide du Reeitatif que ce qui n’eft que dialogue, re- cit, narration dans le Drame , peut fe rendre fans fortir de la Langue donnee , & fans depla¬ cer Feloquence des Airs, r e a I3f On ne mefurc point le Recitatif en chantant. Cette Mefure , qui cara&erife les Airs, gateroit Ja declamation recitative. C’eft 1’Accent , foit Grammatical, foit Oratoire , qui doit feul diriger la lenteur ou la rapidite des Sons, de raeme que leur elevation ou leur abailfement. Le Compo- fiteur , en notant le Bgcitatif , fur quelque Me¬ fure determinee , n’a en vue que de fixer la cor- refpondance de la Baffe-continue & du Chant, & d’indiquer , a - peu - pres , comment on doit marquer la quantite des fyllabes, cadencer Sc fcander les vers. Les Italians ne fe fervent ja¬ mais pour leur RJcitatif que de la Mefure a quatre Terns ; mais les Francois entremelent le leur de toutes fortes de Mefures. Ces derniers arment auffi la Clef de toutes fortes de Tranfpofitions, tant pour le Recitatif que pour les Airs , ce que ne font pas les Ita- ■liens ; mais ils notent toujours le Recitatif au naturel*. la quantite de Modulations dont ils le chargent , & la promptitude des Tranfitions » fai/ant que la Tranfpofition convenable a un Ton ne l’eft plus a ceux dans lefquels on paffe , mul- tiplieroit trop les Accidens fur les memes Notes , & rendroit le Rkitatif prefque impollible a fui- vre , & tres - difficile a noter. En elfet , c’eft dans le Recitatif qu’on doit faire ufage des Tranfitions harmoniques les plus recherchees, & des plus favantes Modulations. Les Airs n’offrant qu’un ientiment, qu’une irna- I 4 REG. 136 ge; renferntes ennn dans quelque unite d’expref- fion> ne permettent guere au Compofiteur de s’e- loigner duTon principal; & s'il vouloit moduler beaucoup dans un ii court efpace, il n’offriroit que des l J h rales etranglees, entaflees , & qui n’au- roient ni liailon , ni gout , ni Chant. Defaut tres- crdmaire dans la Mulique Franqoife , & meme dans l’rillemande, Mais dans le Recitatif, ou les expreflions s lss fentimens ,les idces varient a chaque inftant, on doit employer des Modulations egalement va- riees qui puiifent reprefenter , par leurs contex¬ tures , les fucceffions exprimees par le difcours du Recitant, Les inflexions de la Voix parlante ne font pas bornees aux Intervalles muficaux; dies font infinies, & impoilibles a determiner. Ne pouvant done les fixer aveepne certaine pre- cifion , le Muficien , pour fume la parole , doit au rnoins les imiter le plus qu’il eft poflible, & afin de porter dans Pefprit des Auditeurs l’idee des Intervalles & des Accens , qu’il ne peut ex¬ primer en Notes, il a recours a des Tranfitions qui les fuppofent; fi 3 par excmple , l’lntervalle $u £emi-Ton majeur au mineur lui eft neceffaire , jl ne le notera pas , il ne fauroit ; mais il vous en donnera l’idee a Paide d’un paiFage Enhar- monique. Une marche de bafle fuffit fouvent pour changer toutes les idees & dormer au Re- citatif l’accent & l’inflexion que 1’Acleur ne petit execute?:* R E C. 137 Au refte, comme il importe que PAuditeur foie attentif au Recitatif, & non pas a la BalJ’e , qui doit faire Ton eftet fans etre ecoutee ; il fuit de-la que la BalTe doit refter fur la meme Note autant qu’il eft poffible ; car e’eft au moment qu’elle change de Note &frappe une autre Corde* qu’elle fe fait ecouter. Ces momens etant rares & bien choifis, n’ufent point les grands effetsj iis diftraifent moins frequemment le Spedateur & le la'ilfent plus aifement dans la perfuafton qu’il n’entend que parler, quoique l’Harmonie agiffe contmuellement fur Ton oreille. Rien ne marque un plus miuvais Recitatif que ces Bafles perpetuellement fautillantes, qui eourent de Cro- che en Croche apres la fucceillon Harmonique, &font, fous la Melodie de la Voix,une autre maniere de Melodie fort plate & fort ennuyeufe. Le Compofiteur doit favoir prolonger & varier fes Accords fur la meme Note de BalTe, & n’en changer qu’au moment ou [’inflexion du Reci¬ tatif devenant plus vive reqoit plus d’effet par ce ehangement de- Baffe, & empeche PAuditeur de le remarquer. Le Recitatif ne doit fervir qu’a lier la contex¬ ture du Drame , a -feparer & faire valoir les Airs, a prevenir l’etoiijrdiflenient que donneroit la continui e du grand bruit ; mais quelqu’elo- queut que f>it le Dialogue , quelqu’energique & favant que puilfe etre le Recitatif , il ne doit ihqeE qu’autant qu’il eft neeelfaire a fon objet j J 1 n 8 r e c: parce que ce n’eft point dans le Recitatif qu’aglt le charme de la Mulique, & que ce n’eft cepen- dant que pour deployer ce charme qu’eft inftitue fOpera. Or, c’eft en ceci qu’eft le tort des Ita- liens , qui , par l’extreme longueur de leurs fcenes, abufent du Recitatif Quelque beau qu’il foit en lui-meme, il ennuie, parce qu’il dure trop , & que ce n’eft pas pour entendre du Re- citatif que Ton va a l’Opera. Demofthene par- lant tout le jour ennuieroit a la fin ; rnais il ne s’en fuivroit pas de - la que Demofthene fut un, Orateur ennuyeux. Ceux qui difent que les Ita- liens eux-memes trouvent leur Recitatif mauvais, le difent bien gratuitement; puifqu’au contraire il n’y a point de partie dans la Mufique dont les Connoiifeurs faffent tant de cas & fur laquelle ils foient aufli difficiles. Il fuffit meme d’excel- ler dans cette feule partie , fut - on mediocre dans toutes les autres , pour s’elever chez eux au rang des plus illuftres Artiftes , & le celebre Corpora ne s’eft immortaJife que par - la. J’ajoute que , quoiqu’on ne cherthe pas com- munement dans le Ricitatif la meme energie d’expreffion que dans les Airs, elle s’y trouvs pourtant quelquefois ; & quand elle s’y trouve elle y fait plus d’effet que dans les Airs memes. Il y a peu de bons Ope?a, ou quelque grand morceau de Recitatif n’excite l’admiration des Connoifleurs, & l’interet dans tout le Specta¬ cle 5 l’efiet de ces morceaux montre aflez que Is R E C. 139 idetaufc qu’on impute au genre n’eft que dans la maniere de le traiter. M. Tardni rapporte avoir entendu en 17*4, a VOpera d’Ancone , un morceau de Recitatif d’une feule ligne , & fans autre Accompagne- jnent que la Bade, faire un diet prodigieux non- feulement fur les Profelfeurs de l’Art, mais fur tous les Spedateurs. „ C’etoit, dit il, au com- M mencement du troifieme Ade. A chaque re- 3, prefentation un filence profond dans tout le „ Spedacle annonqoit les approches de ce ter- „ rible morceau. On voyoit les vifages palir ; . „ on fe fentoit friffonner , & l’on fe regardoit 3 , fun 1 ’autre avec une forte d’effroi: car ce n’e- „ toit ni des pleurs, ni des plaintes ; c’etoit 3, un certain fentiment de rigueur apre & de- 3, daigneufe qui troubloit fame , ferroit le coeur & glaqoit le fang. ” II faut tranfcrire le palfage original > ces effets font fi peu connus fur nos Theatres, que notre Langue eft peu exercee a les exprimer. Idanno quatordecimo delfecofo prefente nel Dram- met che fi raprefentava, in Ancona , v'era [idl prin- cipio del'd Atto terzo una riga di Recitative non accompagmto da altri jlromenti che dal Bajfo. ,• per eui , .tanto in noi profejfori quanto negli afcoltanti » Ji deftavci una tal e tanta fommozions di animo ’ che tutti ji guardavano in faccia dun daltro per h evid.nte mutazione di colore che fi faceva, in (iafcheduno di noi . Idejfetto non era di pianto (mi REC. 140 ricordo beniffinto che le parole erano di fidegno ) in a di tin certo rigore e freddo ml fatigue , che di fatto turbava Panimo. Tredeci volte fi recito il Dramma , e fempre fegui Pejfetto fiejfo univerfal- mente ; di che era fegno palpabilt il fommo previo Jtlenzio , con cut P Uditorio tutto fi apparecchiava a goderne Pejfetto. if: Re'citatif Accompagne', eft celui auqtiel, outre la Baffe-continue, on ajoute un Accom- pagnement de Violons. Cet Accompagnement, qui ne peut guere etre fyllabique , vu la rapidite du debit, eft ordinairement forme de longues Notes foutenues fur des Mefures entieres, & l’on ecrit pour cela fur toutes les Parties de Symphonie le mot Sofienuto, principalement ala Baife, qui, fans cela, ne frapperoit que des coups fees & detaches a chaque ehangement de Note, comme dans le Recitatif ordinaire ; au lieu qu’il faut alors filer & foutenir ies Sons fe¬ lon toute la valeur des Notes. Quand 1’Accom¬ pagnement eft mefure , cela force de mefurer aufli le Recitatif, lequel alors fuit & accompagne en quelque forte l’accompagnement. Re'citatif Mesure'. Ces deux mots font con- tradidfoires. Tout Recitatif ou"Ton fent quel- qu’autre Mefure que celle des vers n’eft plus du Recitatif. Mais fouvent un Recitatif ordinaire fe change tout-d’un - coup en Chant , & prend de la Mefure & de la Melodie ; ce qui fe marque en etrivant fur les Parties d Tempo ou d Battuta Ce contrafte, cs changement bien menage pro- riuit des effets furprenans. Dans le cours d’ufi Ricitatif debite , une reflexion tendre & plain¬ tive prend I’Accent mufical & fe developpe k Pinftant paries plus douces inflexions du Chant, puis , coupee de la menie maniere par quelqu’au- tre reflexion vive & impetueufe , elle s’inter- rompt brufquement pour reprendre a Pinftant tout le debit de la parole. Ces morceaux court3 Sc mefures , accompagnes, pour Pordinaire , de Flutes & de Cors de Chafle , ne font pas rare3 dans les grands Rccitatifs Italiens. On mefure encore le Recitatif, lorfque PAc- compagnement dont oil le charge etant chantant & mefure lui-meme , oblige le Recitant d’y con- former foil debit. C’eft moins alors un Recitatif mefure que, comme je Pai dit plus haut, un Recitatif accompagnant l’Accompagnement. Re'citatie Oblige'. C’eft celui qui , entre- mele de Ritournelles & de traits de Sywpho nie, oblige pour ain/7 dire le Recitant & POrcheftre l’un envers Pautre , en forte qu’ils doivent etre attentifs & s’attendre mutuellement. Ces paffa- ges alternatifs de Recitatif & de Melodie revetue de tout l’eclat de POrcheftre , font ce qu’il y a de plus touchant, de plus raviflant , de plus energique dans toute la Mufique moderne. L’Ac- teur agite, tranfporte d’une paffion qui ne lui permet pas de tout dire , s’interrompt, s’arrete , feit des reticences , durant lefquelles POrcheftre RED. 142 parle pour lui ; & ces filences, ainfi remplisi aifedeht infiniment plus l’Auditeur que fi l’Ac- tcur difoit lui-meme tout ce que la Mufique fait entendre. Jufqu’ici la Mufique Franqoife n’a fu faire aucun ufage du RJcitatif oblige. L’on a tache d’en donner quelque idee dans une fcene du Devin du Village , & il paroit que le Public a trouve qu’une fituation vive , ainfi traitee, en devenoit plus intereflante. Que lie feroit point le Recitatif oblige dans des fcenes grandes & pathetiques, fi Von en peut tirer ce parti dans un genre ruftique & badin? Re'citer , v. a. & n. C’eft chanter ou jouer feul dans une Mufique, c’eft executer un Recit. ( Voyez Re'cit. ) Re'clame, /. /. C’eft dans le Plain-Chant la partie du Repons que l’on reprend apres le ver- fet. ( Voyez Re'pons. ) Redouble 7 , adj. On appelle Intervalle redou¬ ble tout Intervalle Dimple porte a Ton Odave. Ainfi la Treizieme, compofee d’une Sixte & de l’Odave , eft une Sixte redoublee, 8c la Quin- zieme qui eft une Odave ajoutee a l’Odave eft une Odave redoublee. Quand , au lieu d’une Odave, on en ajoute deux, l’Intervalle eft tri¬ ple ; quadruple , quand on ajoute trois Odaves. Tout Intervalle dont le nom pafle fept en nombre , eft tout au moins redouble. Pour trou_ ver le fimple d’un Intervalle redouble quelconque, xejettez fept autant de fois que vous le pourrez REG. HI 3 tu nom de cct Intervalle , & le refte fera le nom de PIntervalle fimple : de treize rejettez fept, il en refte fix j ainfi la Treizieme eft une Sixte redouble. De quinze 6tez deux fois fept ou quatorze, il refte un : ainfi la Quinzieme eft tin Uniffon triple , ou une Octave rednublee. Reciproquement pour redoubler un Intervalle fimple quelconque, ajoutez-y fept, & vous au- rez le nom du merae Inrervalle redouble. Pour tripler un Intervalle fimple , ajoutez - y qua¬ torze, &c. ( Voyez Intervalle. ) Reduction , /. /. Suite de Notes defcendant diatoniquement. Ce terme , non plus que fon oppofe , Deduction, n’eft guere en ufage que dans le Plain-Chant. Refrain. Terminaifon de tous les Couplets d’une Chanfon par les memes paroles & par le merae Chant , qui fe dit ordinairement deux fois. Regle be l’Octave. Formule liarmonique publiee Ja premiere fois par le fieur Delaire en 1700, Jaquelle determine, fur la march e diato- nique de la Balfe, l’Accord convenable a chaque degre du Ton , tant en Mode majeur qu’en Mode mineur , & tant en montant qu’en deft Cendant. On trouve, PL L. Fig. 6 , cette formule chiffree fur l’Odtave du Mode majeur, & Fig . 7 » fur l’O&ave du Mode mineur. r e a: 144 I Pourvu gue le Ton foit bien determine, dft ne fe trompera pas en accompagnant fur cette Regie , tant que l’Auteur fera refte dans l’Har- monie firnple & naturelle que eomporte le Mode* S’il fort de cette fimplicite par des Accords par fuppofition ou d’autres licences, c’eft a lui d’en avertir par des Chiffres convenables ; ee qu’il doit faire auffi a chaque changement de Ton: mais tout ce qui n’eft point chiffre doit s’ac- compagner felon la Regie de POSiave , & cetts Regie doit s’etudier fur la Baffe-fondamentale pour en bien comprendre le fens. II eft cependant facheux qu’une formule def- tinee a la pratique des Regies elementaires de l’Harmonie, contienne une faute centre ces me- mes Regies ,• c’eft apprendre de bonne heure aux commenqans a tranfgrelfer les loix qu’on leut donne. Cette faute eft dans l’Accompagnemenfe de la lixieme Note dont l’Accord chiffre d’urt 6 , peche centre les Regies ; car il ne s’y trouve au- cune liaiion, & Ja Balfe-fondumentale defeend diatoniquement d’un Accord parfait fur un autre Accord parfait ; licence trop grande pour pou- Voir faire Regie. On pourfoit faire qu’il y eut liaifon , en ajou- tant une Septieme a l’Accord parfait de la Do- minante ; mais alors cette Septieme, devenue Odave fur la Note fuivante , ne feroit point fauvee , & la Bafle - fondamentale , descendant dia- REG. 14? diatoiiiquement fur un Accord parfait, apres un Accord de Septieme, feroit nne marche entiere- ment intolerable. On pourroit aufli donner a cette GxiemeNote 1’Accord de petite Sixte , dont la Quarte feroit liaifon ; rnais ce feroit fondamentalement un Ac¬ cord de Septieme avec Tierce mineure, ou la Diffonnance ne feroit pas preparee ; ce qui eft encore contre les Regies. (V oyez Pre'parer. ) On pourroit chiffrer Sixte - Quarte fur cette flxieme Note , & ce feroit alors l’Accord parfait de la Seconde •, mais je doute que les Mufleiens approuvaffent un Renverfement aufli mal enten- du que celui-la 5 Renverfement que Poreille n’a- dopte point, & fur un Accord qui eloigne trop 1’idee de la Modulation principale. On pourroit changer l’Accord de la Dominante > en lui donnant la Sixte - Quarte au lieu de la Septieme , & alors la Sixte Ample iroit tres-bien fur la ftxieme Note qui fuitj mais la Sixte-Quarte iroit tres-mal fur la Dominante , a moins qu’elle n’y fut fuivie de 1’Accord parfait ou de la Septieme ; ce qui rameneroit la difficulte- Une Regie qui fert non-feulement dans la prati¬ que, mais de modele pour la pratique, ne doit point fe tirer de ces combinaifons theoriques re- jettees par Poreille ; & chaque Note , fur-tout la Dominante , y doit porter fon Accord propre, lorfqu’elle pent en avoir un. Je tiens done pour une chofe certaine,, que Tome XL J£ R E L. I i6 nos 'Regies font mauvaifes, ou que l’Accord de Sixte , don t on Accompagne la Sixieme Note ert montant, eft une fauce qu’on doit corriger, & que pour Accompagner regulierement cette No¬ te, corntne il convient dans une formule, il n’y a qu’un feul Accord a lui donner , favoir celui de Septietne ; non une Septieme fondamentale, qui , ne pouvant dans cette marche fe fauver que d’une autre Septieme, feroit une faute; mats une Septieme renverfee d’un Accord de Sixte-ajoutee fur la Tonique. Il eft clair que 1’Accord de la Tonique eft le feul qu’on puilfe inferer regulierement entre l’Accord parfait ou de Septieme fur la Dominante, & le meme Ac¬ cord fur la Note feufibie qui fuit immediatement. Je fouhaite que les gens de l’Art trouvent cette correction bonne 5 je fuis fur au moins qu’ils la trouveront reguliere. R£gler le Papier. C’eft marquer fur un pa¬ pier blanc les Portees pour y noter la Mufique. (Voyez Papier Regle. ) R£gleur , f. m. Ouvrier qui fait profeilion de regler les papiers de Alufique. ( Voyez Copiste. } Rl'gujre , /. /. Maniere dont eft regie le pa¬ pier. Cette Peglare ejl trap noire. Il y a plaijir de Noter fur une Reglure bien nette. ( Voyez Pa¬ pier Re'gle'.) Relation , f.f. Rapport qu’ont entr’eux les deux Sons qui forment un Intervalle , confidere par le genre de cet Intervalle. La Relation ell RE l; *47 jujle, quand Hntervalle eft jufte , rnajeur ou mi- neur; elle eft faujfe , quand il eft fuperflu ou diminue. ( Voyez IntERVALLE. ) Parmi les faujfes Relations , on ne confiders comme telles dans I’Harmonie , que celles done les deux Sons ne peuvent entrer dans le memo Mode. Ainfi le Triton, qui dans la Melodie eft une faujfe Relation , 11’en eft une dans I’Harmo¬ nie que lorfqu’un des deux Sons qui le forment,, eft une Corde etrangere au Mode. La Quarts dlmmuee , quoique bannie de I’Harmonie , n’eft pas toujours une faujfe Relation. Les Octaves di- minuee & fuperflue , etant non - feulement des Intervalles bannis de l’Harmonie, mais impra- ticables dans le meme Mode , font toujours de faujfes Relation1. II en eft de meme des Tierces & des Sixtes-diminuees & fuperflues , quoique la derniere foit admife aujourd’hui. Autrefois les faujfes Relations etoient toutes defendues. A prefent dies font prefque toutes permifes dans la Melodie, mais non dans l’flar- mojiie. On peut pourtant les y faire entendre» pourvu qu’un des deux Sons qui forment la faujje Relation , ne foit admis que comme Note de gout , & non comme partie conftitutive de l’Accord. On appelle eneore Relation enharmonique , en- tre deux Cordes qui font a un Ton d’ltitervalle , le rapport qui fe trouve entre le Diefe de Pin* ferieui£ & le Bemol de la Superieure. C’eft* K 3 REN. 148 par le Temperament, la meme touche fur fOr- gue & fur le Ciaveffin; mais en rigueur ce n’eft pas le meme Son, & il y a entr’eux un Inter- valle enharmonique. ( Voyez Enharmonique. ) RemissE , adj. Les Sons Remijfes font ceux qui ont peu de force , ceux qui etant fort graves ne peuvent etre rendus que par des Cordes ex- tremement laches , ni entendus que de fort pres. Remijfe eft l’oppofe d 'lntenfe, & il y a certe difference entre Remijfe & has ou foible , de meme qu’entre lntenfe & haut ou fort, que has & haui fe difent de la fenfation que le Son porte a ■l’oreille ; au lieu qui*lntenfe & Remijfe fe rappor- tent plutot a la caufe qui le produit. Renforcer , v. a. pis en feus neutre. C’eft paf- fer du Doi'.x au Fort, ou du Fort au tres - Fort , non tout d’un coup , mais par une gradation continue en renflants & augmentant les Sons , foit fur une Tenue , foit fur une fuite de Notes , juf- qu’a ce qu’ayant atteint celle qui fert de terms au {{enforce, Von reprenne enfuite le jeu ordi¬ naire. Les Italiens indiquent le Renforce dans leur Mufique par le mot Crefcenda , ou par le mot Rinforzando indifferemment. Rentre'e , f. f. Retour du fujet, fur - tout apres quelques Paufes defilence, dans une Fugue, une Imitation , ou dans quelque autre Delfein. Renverse'. En fait d’Intervalles , Renverfe eft oppofe a Direct. ( Voyez Direct. ) Et en fait d’Accords, il eft oppofee a Fundamental. (Voyez Fonda, mental, ) R E N. 149 RenversemENT , f. m. Chattgement d’ordre dans' les Sons qui compofent les Accords , & dans les Parties qui compofent l’Hannonie : ce qui fe fait en fubftituant a la, Bade , par des Oc¬ taves , les Sons qui doivent etre au Delfus, ou aux extremites ceux qui doivent occuper le nii_ lieu; & reciproquement. II eft certain que dans tout Accord il y a un ordre fondamental & naturel , qui eft celui de la generation de 1’ Accord meme : mais les cir- conftances d’une fucceffion, le gout, Pexpref- fion, le beau Cliant, la variete, le rapproche¬ ment de l’Harmonie , obligent fouvent le Com- pofiteur de changer cet ordre en renverfant les Accords , & par confequent la difpofition des Parties. Comrae trois chofes peuvent etre ordonnees en fix manieres, & quatre chofes en vingt-qua- tre manieres , il femble d’abord qu ? un Accord parfait devroit etre fufceptible de fix R enverfe- mens, & un Accord dilfonnant de vingt- quatre ; puifque celui-ci eft compofe de quatre Sons , l’au- tre de trois, & que 1 e Renverfement ne confifte qu’en des tranfpofitions d’Odtaves. Mais il faut obferver que dans PHarmonie on ne corapte point pour des Renverfemens routes les difpofi- tions differentes des Sons fuperieurs , tant que le meme Son demeure au grave. Ainfi ces deux ordres de PAccord parfait ut mi fol , & ut fol mi > ne font pris que pour uri meme Renverfement ’• K 3 R E N. i^o & ne portent qu’un meme nora; ce qui reduifc a trois to us les ReHverfemens de 1 ’Accord parfait, & a quatre tous ceux de l’Accord diflonnant 5 c’eft-a-dire, a autant de Renverfeniens qn'il en- tre de differens Sons dans P Accord : car les Re- pliques des memes Sons ne font ici comptees pour rien. Toutes les fois done que la Baife-fondamen¬ tale fe fait entendre dans la Parde la plus grave , ou fi la Baffe • fondamentale eft retranchee, toutes les fois que I’ordre naturel eft garde dans les Accords, PHarmonie eft dire&e. Des que cet ordre eft change , ou que les Sons fondamen- taux, fans etre au grave, fe font entendre dans quelque autre Partie , PHarmonie eft renverfee. JRenverfement de l’Accord, quand le Son fonda- mental eft tranfpofe j Renverfement de PHarmo¬ nie, quand le Delfus ou quelque autre Partie jnarche comrae devroit faire la Bafle. Par-tout ou un Accord diredt fe ra bien place , fes Renverfeniens feront bien places auili, quant a PHarmonie ; car e’eft toujours la meme fuc- ceffion fondamentale. Ainfi a chaque Note de Balfe-fondamentale , on eft maitre de difpofer 1’Accord a fa volonte, & par confequent de faire a tout moment des Renverfeniens differens ; pour- •vu qu’011 ne change point la fucceffion reguliere & fondamentale, que les Dilfonnances foient toujours preparees & fauvees par les Parties qui les font entendre, que la Note fenfibie monte R E n: ioujours , & qu’on evite les faufles Relations trop dures dans une meme Partie. Voila la Clef de ces differences myfterieufes que mettent les Compoiiteurs entre les Accords ou le Deffus fyn- cope, & ceux oil la Bade doit fyncoper ; com- me , par exemple, entre la Neuvieme & la Se- conde; c’eft que dans les premiers 1’Accord eft dired & la Dilfonnance dans le Deifus j dans les autres 1’Accord eft renverfe , & la Dilfonnance eft a la Baffe. A Pegard des Accords par fuppofition , il faut plus de precautions pour les Renverfer. Corame le Son qu’on ajoute a la Bade eft entieremenfi stranger a 1’Harmonie , fouvent il n’y eft fouf- fert qu’a caufe de foil grand eloigne ment des au¬ tres Sons, qui rend la Dilfonnance ntoins dure* Que li ce Son ajoute vient a etre tranfpole dans les Parties fuperieures , corame il l’eft quelque- fois i li cette tranfpolition n’eft faite avec beau- coup d’art, elle y peut ptoduire un tres-mauvais eifet, & jamais ce!a ne fauroit le pratiquer heu- reufement fans retrancher quelque autre Son de l’Accord. Voyez au mot Accord les cas & le choix de ces retranchemens. L’intelligence parfaite du Renverfement ne de¬ pend que de l’etude & de Part : le choix eft au. tte chofe; il faut de l’oreille & du gout; il y faut l’experience des elfets divers , & quoique le choix du Renverfement foit indifferent pour le fond de 1’Harmonie , il ne l’eft pas pour Peffefc K 4 R £ P. 152 & I’expreiHon. II eft certain que la Bafle-fon- damentale eft faite pour foutenir l’Harmonic & regner au - deffous d’elle. Toutes les fois done qu’011 change l’ordre & qu’on renverfi l’Harmo- nie , on doit avoir de bonnes raifons pour cela: fans quoi, l’on tombera dans le defaut de 110s Mufiques recentes , ou les Defliis chantent quel- quefois corame des Baffes, & les Baffes toujours enmme des Deflus , ou tout eft confus , renverfe , mal ordonne , fans autre raifon que de perver- tir l’ordre etabli & de gater l’Harmonie. Sur l’Orgue & Ie Claveffin les divers Renver- femens d’un Accord, autant qu’une feule main peut les faire, s’appellent/ncer. (Voyez Face. ) Renvoi , f. in. Signe figure a volonte, place communement au - deflus de la Portee , lequel correfpondant a un autre figne femblable , mar¬ que qu’il faut, d’oii eft le fecond , retourner oii eft le premier , de-la fuivre jufqu’a ce qu’on trouve ie Point final. ( Voyez Point. ) Repercussion , f. f Repetition Prequente des memes Sons. C’eft ce qui arrive dans toute Mo¬ dulation bien determin.ee, oil les Cordes eflen- tielles du Mode , celles qui compofent la Triade harmonique, doivent etre rebattues plus fou- vent qu’aucune des autres. Entre les trois Cor¬ des de cette Triade , les deux extremes , e’eft- a-dire, la Finale & laDominante, qui font pro- ptement la repercuffion du Ton , doivent &tre plus fouvent rebattues que celle du milieu qui Hep. 153 n’eft que la repercuffion du Mode. (Voyez Ton & Mode. ) Re'pe'tition , f.f. Eflai que l’on fait en parti- culier d’une Piece de Mufique que Toil veut exe- cuter en public. Les Repetitions font neceffaires pour s’aflurer que les copies font exadtes, pour que les Adteurs puiifeiit prevoir leurs Parties , pour qu’ils fc concertent& s’accordent bien en- femble , pour qu’ils faififfent l’efprit de l’ouvrage & resident fidellement ce qu’ils out a exprimer. Les Repetitions fervent au Compofiteur meme pour juger de l’effet de fa piece , & faire les changemens dont elle pent avoir befoin. Re ? plique, f. f Ce terme , en Mufique, fignifie Ja meme chofe qu’ O&ave. (Voyez Octa¬ ve.) Quelquefois e n compofition 1’on appelle aulli Replique 1’Uniffon de la meme Note dans deux Parties differentes. II y a neceflairement des Repliques a cliaque Accord dans toate Mufique a plus de quatre Parties. (Voyez Unisson. ) Re'pons , f. m. Efpece d’Antienne redoublee qu’on chante dans l’Eglife Romaine apres les le- cons de Matines ou les Capitules, & qui finit en maniere de Rondeau, par une Reprife 'appellee Reclame. Le Chant du Repons doit etre plus orne que celui d’une Antienne ordinaire, fans fortir pour- tant d’une Melodie male & grave, ni de cede qu’exige le Mode qu’on a choifi. II n’eft cepen- d;ARt pas neceflaire que le Verfet d’un R'.pons fe K I REP. *54 terraine par la Note finale du Mode ; il fuffii que cette Finale termine le Reports raeme. Re'ponse , f.f. C’eft, dans une Fugue, la rentree du fujet par une autre Partie , apres que la premiere l’a fait entendre; mais c’eft fur-tout dans une Contre-Fugue , la rentree du fujet ren- verfe de celui qu’on vient d’entendre. (Voyez Fugue, Contre-Fugue.) Repos , f. m. C’eft la terminaifon de la phra- fe , fur laquelle terminaifon le Chant fe repofe plus ou moins parfaitement. Le Repos ne peut s’etablir que par une Cadence pleine ; fi la Ca¬ dence eftevitee, il ue peut y avoir de vrai Re¬ pos; car il eft impoffible a l’oreille de fe repo- fer fur une Diifonnance. On voit par-la qu’il y a precifement autant d’efpeces de Repos que de fortes de Cadences pleines; (Voyez Cadence) & ces differens Repos produifent dans la Mufique l’eifet ile la poncluation dans le difcours. Quelques-uns confondent naal-a-propos les Re¬ pos avec les Silences, quoique ces chofes foient fort differentes. (Voyez Silence. ) Reprise, f.f ToutePartie d’un Air ,laquelle fe repete deux fois , fans etre ecrite deux fois, s’appelle Reprife. C’eft en ce fens qu’on dit que la premiere Reprife d’une Ouverture eft grave, & la feconde gaie. Quelquefois auili l’on n’en- tend par Reprife que la feconde Partie d’un Air. On dit ainli que la Reprife du joli Menuet de Dardanus ne vaut rien du tout. Enfin Reprife eft encore chacune des Parties d’un Rondeau qui fouvent en a trois , & quelquefois davantage , dont on ne repete que la premiere. Dans la Note on appelle Reprife un figne qui marque que l’on doit repeter la Partie de l’Air qui le precede j ce qui evite la peine de la no- ter deux*fois. En ce fens on diftingue deux Re~ prifes , la grande & la petite. La grande Reprife fe figure a l’ltalienne par une double barre per- pendiculaire avec deux points en dehors de cha- que cote , ou a la Eranqoife par deux barres per- pendiculaires un peu plus ecartees, qui traver- fent toute la Portee , & entre lefquelles on infe- re un point dans chaque efpace: mais cette fe- condc maniere s’abolit peu-a-peu ■, car lie pou- vant imiter tout-a-fait la Mufique Italienne , nous en prenons du moins les mots & les fignes ; com- rae ces jeunes gens qui croient prendre le ftyle de M. de Voltaire en fuiv ant foil orthographe. Cette Reprife , ainfi ponduee a droite & a gauche, marque ordinairement qu’ilfautrecom- mencer deux fois, tant la Partie qui precede que celle qui fuit; c’eft pourquoi on la trouve ordi¬ nairement vers le milieu des PaiTe-pieds, Me- nuets , Gavottes, &e. Lorfque la Reprife a feulement des points a fa gauche, c’eft pour la repetition de ce qui prece¬ de , & lorfqu’elle a des points a fa droite , c’eft four la repetition de ce qui fuit. II feroit du KEP. 1 )6 moins a fouhaiter que cette convention , adoptee par quelques-uns, fut tout-a-fait etablie ; car elle meparoit fort commode. Voyez ( Pi. L. Fig. 8 - ) ia figure de ces differences RepriCes. La petite Reprife eft, lorfqu’apres tine grande Reprife on recommence encore quelques-unes des dernieres Mefures avant de finir. II n’y a point de fignes particuliers pour la petite* Reprife , mais on fe fert ordinairement de quelque figne de Renvoi figure au-deffus de laPortee. ( Voyez PvJENVOJ. ) II faut obferver que ceux qui notent corredte- ment ont toujours foin que la derniere Note d’u- ne Reprife fe rapporte exactement pour la Me- fure, & a celle qui commence la meme Reprife, & a celle qui commence la Reprife qui fuit» quaud il y en a une. Que fi le rapport de ces Notes ns remplit pas exadfement la Mefure ; apres la Note quitermine une Reprife , on ajoute deux ou trois Notes de ce qui doit etre recom¬ mence, jufqu’a ce qu’on ait Fuffifamment indi- que comment il faut remplir la Mefure. Or » c.omme a la fin d’une premiere Partie on a pre- mierement la premiere Partie a reprendre , puis la feconde Partie a commencer , & que eela ne fe fait pas toujours dans des Terns ou parties de Terns femblables ; on eft fouvent oblige de 110- ter deux fois la Finale de la premiere Reprife; Pune avant le figne de Reprife avec les premie¬ res Notes de la premiere Partie ; l’autre apres le meme figne pour commencer la feconde Partie- Alors on trace un demi - cercle ou chapeau de¬ pths cette premiere Finale jufqu’a fa repetition , pour niarquer qu’a la fecondeTois il faut pafler, comme nul , tout ce qui eft compris fous le de- mi cercle. II m’eft impoflible de rcndre cette ex¬ plication plus courte , plus claire , ni plus exadte; mais la Figure 9 de la Plan cl: e L fulfira pour la faire entendre parfaitement. Re'sonnance Prolongement ou reflexion du Son, foit par les vibrations continuees des Cordes d’un Inftrument, foit par les parois d’un corps fonore , foit par la collifion de fair ren- ferme dansun Inftrument a vent. ( Voyez Son, Musique, Instrument. ) Les vohtes elliptiques & paraboliques refon- nent, c’eft-a-dire, reflechiifent le Son. (Voyez Echo. ) Selon M. Dodart, le nez , la bouche, ni fes parties, comme le palais, la langue, les dents les levres ne contribuent en rien au Ton de la Voix ; mais leu r eftec eft bien grand pouf la Re- fonnavce. (Voyez VoiX. ) Un exetnple bien fen- ftble de cela fe tire d’un Inftrument d’acier ap- pelle Trompe de Bearn ou Guimbarde; lequel, ft on le tient avc'clss doigts & qu’on frappe fuc la languette, ne rendra aucun Son ; mais ft le tenant entre les dents on frappe de merae , il rendra un Son qu’on varie en ferrant plus ou moi’s , & qu’on entend d’alfez loin, fur-tou* tan.le bas. r h r. ifg Dans les Inftrumens a Cordes , tels que le Claveflin , le Violon , le Violoncelle , le Son vient uniquemenj de la Corde ; mais la Refi¬ nance depend de la caiffe de l’lnftrument. Resserrer l’Harmonie. C’eft rapprocher les Parties les lines des autres dans les moindres Intervalles qu’il eft poifible. Ainfi pour refferrer cet Accord ut fol mi , qui comprend une Dixieme, il faut renverfer ainfi ut mi fol, & alors il ne comprend qu’une Quinte. (Voyez Accord, Renversement. ) Rester , v. n. Refer fur une fyllabe , c’eft la prolonger plus que n’exige la Profodie, comrae on fait fous les Roulades ; & Refer fur une Note, c’eft y faire une Tenue , ou la prolonger jufqu’a ce que le fentiment de la Mefure foit oublie. Rhythme, f. in. C’eft , dans fa definition la plus generate la proportion qu’ont entr’elles les parties d’un meme tout. C’eft, en Mufique , la difference du mouvement qui refulte de la viteffe ou de la lenteur, de la longueur ou de la brievete des Terns. Ariftide Quintilien divife le Rhythme en trois efpeces ; favoir , le Rfythme des corps immobi- les , lequel refulte de la jufte proportion de leurs Parties, com me dans une ftatue bien faite ; le Rljythme du Mouvement local, comme dans la Danfe , la demarche bien compofee, les attitu¬ des des Pantomimes, & lc Rhythme desMouve- khY. 10 mens de la Voix ou de la duree relative des Sons, dans une telle proportion , que foit qu’on frappe toujours la meme Corde , foit qu’on varie les Sons du grave a l’aigu , l’on fade toujours refulter de leur fucceffion des elfets agreables par la duree & la quantite. Cette derniere efpe- ce de Sjiythme eft la feule dont j’ai a parler ici. Le Rhythme applique a la Voix peut encore s’entendre de la parole ou du Chant. Dans le premier fens , c’eft du Rhythms que naiflent le nombre & l’Harmonie dans l’Eloquence ; la Me- fure & la cadence dans la Poefie: dans le fe- cond, le Rhythme s’applique proprement a la valeur des Notes, & s’appelle aujourd’hui Me- fure. ( Voyez Mesure. ) C’eft encore a cette fe- conde acception que doit fe borner ce que j’ai h dire ici fiir le Rhythme des Anciens. Comme les fyllabes de la Langue Grecque avoient une quantite & des valeurs plus fenfibles, plus determinees que celles de notre Langue, & que les vers qu’on chantoit etoient compofes d’un certain nombre de pieds que formoient ces fyl¬ labes , longues ou breves , differemment cornbi- nees , le Rhythme du Chant fuivoit regulierement la marche de ces pieds & n’en etoit proprement que l’expreffion. II fe divifoit, ainfi qu’eux, en deux Terns, fun frappe, 1’autre leve ; l’on en comptoit trois Genres , meme quatre & plus , felon les divers rapports de ces Terns. Ces Genres etoient YEgal, qu’ils appelloient aulli. R H Y. j6o Dactylique, oiile Rhythme etoit divife en detrx Terns egaux ; le Double , Trochaique ou Iarabi- que, danslequella duree de l’un des deux Terns etoit double de eelle de l’autre; le Sefqui-altere, qu’ils appelloient auffi Peonique , dont la duree de Fun des deux Terns etoit a celle de l’autre en rapport de 3 a 2; & enfin YEpitrite j moms ufite , ou le rapport des deux Terns etoit de 3 a 4. Les Terns de ces Rhythtnes etoient fu/cepti- bles de plus ou moins de lenteur , par un plus grand ou moindre nombre de fyllabes ou de No¬ tes longues ou breves, felon le Mouvement, & dans ce fens, un Terns pouvoit recevoir jufqu’a huit degres differens de Mouvement par le nom¬ bre des fyllabes qui le compofoient : mais les deux Terns confervoient toujours entr’eux le rapport determine par le Genre du Rhythme. Outre cela, le Mouvement & la marche des fyllabes , & par confequent des Terns & du Rhythme qui en refulcok, etoit fufceptible d’ac- celeration & de ralenti/Iement, a la volonte da Poete , felon l’expreffion des paroles & le carac- tere des paffions qu’il falloit exprimer. Ainli de ees deux moyens combines naiffoient des foules de modifications poffibles dans le mouvement d’un meme Rhythme ; qui n’avoient d’autres bor- r.es que celles au-deqa ou au-dela defquelles l’oreil- le n’eit plus a portee d’appercevoir les propor¬ tions. Le i R H Y. 161 Le Rhythms ; par rapport aux pieds qui en- troient dans la Poelie,fe partageoit en trois au- tres Genres. Le Simple, qui n’admettoit qu’une forte de pieds ; le Compofe , qui refultoit de deux ou plufieurs efpeces de pieds; & le Mixte , qui pouvoit fe refoudre en deux ou plufieurs Rhyth- mes, egaux ou inegaux , felon les diverfes cora- binaifons dont il etoit fufceptible. Une autre fource de variete dans le Rhythme etoit la difference des marches ou fucceffions de ce meme Rhythme , felon l’entrelacement des differens vers. Le Rhythms pouvoit etre tou- jours uniforme; c’eft-a-dire , fe battre a deux Terns tou jours egaux, comme dans les vers Hexa- metres , Pentametres , Adoniens, Anapeftiques , &c. i ou toujours inegaux , comme dans les vers, purs Iambiques : ou diverfifie , c’eft-a-dire, meie de pieds egaux & d’inegaux, comme dans les Scazons , lesC horiambiques , &c. Mais dans tous ces cas les Rhytlmes , meme femblables ou egaux, pouvoiemt, comme je 1’ai dit, etre fort differens en viteffe felon la nature des pieds. Ainfi de deux Rhythmes de meme Genre , reful- tans Pun de deux Spondees , l’autre de deuxPyr- riques, le premier auroit etc double de l’autre en duree. Les filences fe trouvoient auffi dans le Rhyth- me ancien; non pas , a la verite, comme les notres, pour faire taire feulement quelqu’une des Parties, ou pour donner certains caraderes au Tome XL L 162 R H Y. Chant: mais feulement pour reaiplir ia mefure de ces vers appellcs Cataledtiques , qui man- quoient d’une fyllabe : ainfi le filence ne pou- voit jamais fe trouver qu’a )a fin du vers pour fuppleer a cette fyllabe. A l’egard des Tenues, ils les connoiToient fans doute, puifqu’ils avoient un mot pour les exprimer. La pratique en devoit cependant etre fort rare parmi eux; du moins cela peut-il s’in- ferer de la nature de leur Rhythme , qui n’etoit que l’expreflion de la Mefure & de l’Harmonie des vers. 11 ne paroit pas non plus qu’ils prati- quaflent les Roulades, les Syncopes, ni les Points, it moins que les Inftrumens ne filfent quelque chofe de femblable en accompagnant la Voix i de quoi nous n’avons nul indice. Voffius dans foil Livre de Pomatum cantu, & viribus Rbythmi, relevebeaucoup le Rhythme ancien*; & il lui attribue toute la force de l’an- eienne Mu/Ique. II dit qu’un Rhythme detache eomme le notre, qui ne reprefente a ucune ima¬ ge des chofes , lie peut avoir a ucun effet, & que les anciens nom'ores poetiques n’avoient ete inventes que pour cette fin que nous negligeons. II ajoute que le langage & la Poefie modernes font peu propres pour la Mufique , & que nous n’aurons jamais de bonne Mufique vocale jufqu’a ce que nous faffions des vers favorables pour la Chant; c’eft-a dire, jufqu’a ce que nous refor- mions notre langage , & que nous lui ^onnions, R 9 Y. r /• f. Partie de la Science Muficale qui prefcrivoit a l’Art Rhyth¬ mique les loix du Rhythme & de tout ce qui lui appartient. ( Voyez Rhythme. ) La Rhythmopee etoit a la Rhythmique , ee qu’etoit la Melopee a la Melodic. La Rhythmopee avoit pour objet le Mouve- RIG. . merit ou le Terns, dont elle marquoit la tnefure, ies divifions, l’ordre & le melange, foit pour emouvoir les paffions , foit pour les changer , foit pour les calmer. Elle renfermoit auifi la fcience des Mouvemens muets, appelles Qrche- Jis, & en general de tous les Mouvemens regu- liers. Mais elle fe rapportoit principalement a !a Poefie; parce qu’alors la Poefie regloit feule les Mouvemens de la Mufique , &qu’il n’y avoit point de Mufique purement inftrumentale , qui cut un Rhythme independant. On fait que la Rhythmopee fe partageoit en trois Modes ou Tropes principaux , l’un bas & ferre, un autre eleve & grand, & le moyen pai- fible & tranquille j mais du refte les Anciens ne nous ont Milfe que des preceptes fort generaux fur cette partie de leur Mufique , & ce qu’ils en ont dit fe rapporte toujours aux vers ou aux pa¬ roles deftinees pour le Chant. Rigaudon , f . m . Sorte de D anfe dont I’Air fe bat a deux Terns, d’un mouvement gai, & fe divife ordinairement en deux Reprifes phra- fees de quatre en quatre Mefures, & commeu- cant par la derniere Note du fecond Terns. On trouve Rigodon dans le Di&ionnaire de I’Academie; mais cette orthographe n’eft pas ufi- tee. J’ai oui dire a un Maitre a Danfer, que le nom de cette Danfe venoit de celui de l’inven- teur, lequel s’appelloit Rigaud. L 3 R O M. 1 66 Rippien o, f. m. Mot Italien qui fe trouve affez frequemment dans les Mufiques d’Eglife j & qui equivaut au mot Chceur ou Tons. Ritournelle , f. f. Trait de Symphonie qui s’emploie en maniere de Prelude a la tete d’un Air, dont ordinairement il annonce le Chant ; ou a la fin , pour imiter & aflurer la fin du meme Chant} ou dans le milieu, pour repofer la Voix, pour renforcer l’expreffion ou {implement pour embellir la Piece. Dans les Recueils ou Partitions de vieille Mufique Italienne , les Ritournelles font fouvent defignees par les mots fifuom , qui fignifient que l’lnftrument qui accompagne doit repeter ce que la voix a chante. Ritournelle , vient de l’ltalien Ritomello , & fignifie petit retour. Aujourd’hui que la Sympho¬ nie a pris un caradtere plus brillant, & prefque independant de la vocale, on ne s’en tient plus guere a de fimples repetitions} auffi le mot Ri- tournelle a-t-il vieilli. Rolle , f. m. Le papier fepare qui contient la Mufique que doit executer un Concertant, & qui s’appelle Partie dans un Concert, s’appelle Rol- le a l’Opera. Ainfi l’on doit diftribuer une Par- tie a chaque Muficien, & un Roiie a chaque Adteur, Romance , f. f. Air fur lequel on chante un petit Poeme du meme nom , divife par couplets. R O N: 167 iuquel le fujst eft pour l’ordinaire quelque hif- toire amoureufe & fobvent tragique. Comme la Romance doit etre ecrite d’un ftyle iimple, tpu- chant, & d’un gout un peu antique, l’Air doit repondre au caradtere des paroles; point d’or- nemens , rien de maniere , une melodie douce, naturelle, champetre , & qui produife Ton effet par elle-meme , independamment de la maniere de la chanter. 11 n’eft pas neceifaiqg^ que le Chant foit piquant, il fuffit qu’il foit naif, qu’ii n’offufque point la parole , qu’il la faftebien en¬ tendre , & qu’il n’exige pas une grande etendue de voix. Une Romance bien faite, n’ayant rien de laillant, n’affe&e pas d’abord ; mais ehaque couplet ajoute quelque chofe a 1’eiFet des prece- .dens, I’imeretaugmente infeuliblement, & quel- quefois on fe trouve attendri jufqu’aux larmes fans pouvoir dire ou eft le charmequi a produit cet effet. C’eft une experience certaine que tout accompagnement d’Inftrument aifoiblit cette im- preffion. II ne faut, pour le Chant de la %- mance , qu’une voix jufte, nette, qui prononce bien , & qui chante {implement. Romanesque , f. f. Air a danfer. ( Voyez Gaillarde. ) Ronde, adj. pris fubjl. Note blanche & ron- de, fans queue, laquelle vaut une Mefure en- tiere a quatre Terns, c’eft-a-dire , deux Blanches ou quatre Noires. La Ronde eft de toutes les Notes reftees en ufage celle qui a le plus de. va- L 4 R O NV 168 leur. Autrefois, au contrafte, elle etoit celle qui en avoit le moins , & elle s’appelloit lemi- Breve. (Voyez Semi-Breve, & Valeur des Notes. ) Ronde de Table. Sorte de Chanfon a boire & pour 1 ordinaire melee de galanterie , compo- fee de divers couplets qu’on chante a table cha- cun a fon tour , & fur lefquels tous les Convi¬ ves font Chorus en reprenant le Refrain. Rondeau , f. m. Sorte d’Air a deux ou plu- fieurs Reprifes , & dont la forme elt telle qu’a- pres avoir feni la feconde Reprife on reprend la premiere, & ainfi de fuite , revenant toujours & finiiTant par cette meme premiere Reprife par laquelle on a commence. Pour cela, on doit tellement conduire 'la Modulation que la fin de la premiere Reprife convienne au commence¬ ment de toutes les autres; & que la fin de tou- tes les autres convienne au commencement de Ja premiere. Les grands Airs Tcaliens & toutes nos Ariet- tes font en Rondeau , de meme que la plus gran¬ de partie des Pieces de claveflin Franqoifes. Les routines font des magafins de contre-fens pour ceux qui les fuivent fans reflexion. Telle eft pour les Muficiens celle-des Bandeaux. II faut bien du difeernement pour faire un choix de paroles qui leur foient propres. II eft ridicu¬ le de mettre en Rondeau une penfee complete , divifee en deux nrembres, en reprenant la pre- R O U. 169 mierc incife & finilTant par-la. II eft ridicule de met tre en Rondeau une comparaifon done 1 ’appli- cation ne fe fait que dans le fecond membre , en reprenant le premier & finilTant par-la. Enfin il eft ridicule de mettre en Rondeau une penfee generate limitee par une exception relative a l’e- tat de celui qui parle; en forte qu’oubliant de¬ rechef l’exception qui fe rapporte a lui, il finif- fe en reprenant la penfee generate. Mais toutes les fois qu’un fentiment exprime dans le premier membre , amene une reflexion qui le renforce & l’appuie dans le fecond; tou¬ tes les fois qu’une defeription de l’etat de celui qui parle, empliflant le premier membre , eclair- cit une comparaifon dans le fecond; toutes les fois qu’une affirmation dans le premier membre contient fa preuve & fa confirmation dans le fecond; toutes les fois, enfin , que le premier membre contient la propofition de faire unechofe, & le fecond la raifon dela pro¬ pofition i dans ces divers cas , & dans les fem- blables, le Rondeau eft toujours bien place. Roulade , f. f. Paffage dans le Chant de plu- fieurs Notes fur une meme fyllabe. . La Rgu’ade n’eft qu’une imitation de la Melo- die inftrumentale dans les occafions 011, foie pour les graces du Chant, foit pour la verite de l’image, foit pour la force de l’expreffion , il eft a propos de fufpendre le difeours & de pro- M 170 R O If. longer la Melodie : mais il faut, de plus, que lafyllabe foie longue, que la voix en foit ecla- tante & propre a laiffer au golier la fscilite d’en- tonner nettement & legerement les Notes de la Roulade fansfatiguer Torgane du Chanteur , ni, par confequent, l’oreille des ecoutans. Les voyelles les plus favorables pour faire fortir la voix , font les a 5 enfuite les 0 , les ^ ouverts : l’i & l’a font peu fonores ; encore moms les diphthongues. Quant aux voyelles na- fales, on n’y doit jamais faire de Rgulades. La Langue Italienne pleine d’o & d’a eft beaucoup plus propre pour les inflexions de voix que n’eft la Franqoife ; auffi les Muficiens Italiens ne les cpargnent-ils pas. Au eontraire, les Francois, obliges de compofer prefque touts leur Mufique fyllabique , a caufe des voyelles peu favorables, font contraints de donner aux Notes une marche iente & pofee , ou de faire heurter les confon- nes en faiiant courir les iyllabes ; ce qui rend naceffairement le Chant languMant ou dur. Je ne vois pas comment la Mufique Franqoife pour- roit jamais furmonter cet inconvenient. C’eft un prejuge populaire de penfer qu’une Roulade foit toujours hors de place dans un Chant trifle & pathetique. Au eontraire , quand le coeur eft le plus vivement emu, la voix trouve plus aifement des Accens que Fefprit ne peut trou- ver des paroles, & de-la vient l’ufage des Interjec¬ tions dans routes les Langues. (Voyez Neume.) S A U. 171 Cen'eftpas une moindre erreur de croire qu’une Roulade eft toujours bien placee fur une fyllabe ou dans un mot qui la comporte , fans eonfi- derer ft la fituation du Chanteur , fi le fend- xnent qu’il doit eprouver la comporte au(R. La Roulade eft une invention de la Muftque moderne. II lie paroit pas que les Aneiens en aient fait aucun ufage , ni jamais battu plus de deux Notes fur la meme fyllabe. Cette differen¬ ce eft un effet de celle des deux Mufiques, dont l’une etoit affervie a la Langue , & dont l’autre lui donne la loi. Roulement, f . m . (Voyez Roulade.) . ■ . _ S. S. Cette lettre ecrite feule dans la Partie reci- tante d’un Concerto ftgnifie Solo } & alors ells eft alternative avec le T, qui fignifie Tutti. Sarabande ,f. f. Air d’une Danfe grave, por- tant le meme nom , laquelle paroit nous etre ve¬ nue d’Efpagne, & fe danfoit autrefois avec des Caftagnettes. Cette Danfe n’eft plus en ufage, ft ce n’eft dans quelaues vieux Opera Franqois. L’Air de la Sarabande eft a trois Terns lents. Saut , f. m. Tout paffage d’un Son a un autre par Degre disjoint eft un Sant. II y a Saut regu- iier qui fe fait toujours fur un Intervalle confon- S A U. 172 nant, & Saut irrigulier, qui fe fait fur un Inter¬ vals dilfonnant. Cette diftinction vient de ce que toutes les Diffonnances, excepte la Seconde qui n’eft pas uii Saut , font plus difficile® a en- tonner que les Confonnances. Obfervation ne- celfairedans la Melodiepour compofer des Chants faciles & agreables. Sauter , v. n. On fait Sauter le Ton , lorf- que donnant trop de vent dans une Flute, ou dans un tuyau d’un Inftrument a vent , on forc & dont, par confequent, la raifon eft foutde, puifque pour Fexprimer en nombres, il faudroit trouver une moyenne pro- proportionnelle entre 80 & gi- Schoekion. Sorte de Nome pour les Flutes dans l’ancienne MuGque des Grecs. Scholie on Scolie , f. f Sorte de Chanfons chez les anciens Grecs , dont les caracfteres etoienfc extremement diverfifies felon les fujets & les perfonnes. ( Voyez Chanson. ) Seconde , adj. pris fubftantiv. Intervalie d’un Degre conjoint. Ainii les marches diatoniques fe fonttoutes fur des Intervalles de Seconde. II y a quatre fortes de Secondes. La premie¬ re, appellee Seconde diminuee, fe fait fur un ffon majeur, dont la Note inferieure eft rapprot SEC. 176 cheepar 1111 Diefe, & la fuperieure par un Be- mol. Telle eft, par exetnple, l’intervalle du re Bemol a Yut Diefe. Le rapport de cette Seconde eft de 375 a 384. Mais elle n’eft d’aucun ufa- ge , ft ce n’eft dans le Genre enharmonique; en¬ core l’lntervalle s’y trouve-tffl nul en vertu du Temperament. A Fegard de l’lntervalle d’une Note afonDiefe, que Broffard appelle Seconde diminute , ce n’eft pas une Seconds, c’eft un Unitfon altere. La deuxieme, qu’on appelle feconde mineure, eft conftituee par le femi-Ton majeur, comme du fi a Yut ou du mi au fa. Son rapport eft de 15 a 16. La troifieme eft la Seconde majture, laquelle forme l’lntervalle d’un Ton. Comme ce Ton peut etre majeur ou mineur, le rapport de cette fe¬ conde , eft de S a 9 dans le premier cas , & de 9 a 1© dans le fecond : mais cette difference s’evanouic dans not re MuG que. Enfin la quatrieme eft la Seconde fuperflue, compoffe d’un Ton majeur & d’un femi-Toti mi- naur , comme du fa au fol Diefe : fon rapport eft de 64 a 7 i'¬ ll y a dans l’Harmonie deux Accords qui por¬ tent le nora de Seconde. Le premier s’appelle (implement Accord de Seconde : c’eft: un Accord de Septieme renverfe, dont la Diffonnance eft la BatTe ; d’oii il s’en fuit bien clairement qu’il faut que la BatTe fyncope pour la preparer. ( V oyez s e m: 177 ( Voye z Preparer. ) Quand l’Accord de Sep- tierae eft dominant; c’eft-a-dire, quand la Tierce eft majeure , 1’Accord de Secnnde s’appelle Ac¬ cord de Triton, & la fyncope n’eft pas necef- faire, parce que la Preparation ne l’eft pas. L’autre s’appelle Accord de Seconde fliperflue ; c’eft un Accord renverfe de ; celui de Septierne diminuee , dont la Septierne elle-meme eft por- tee a la Bade. Cet Accord eft egalement bon avec ou fans fyncope. (Voyez Syncope. ) Semi. Mot emprunte du Latin , & qui fignifie Demi. On s’en fert en Mufique au lieu du Herni des Grecs , pour compofer tres - barbarement plufieurs mots techniques , moitie Grecs & n\oi- tie Latins. Ce mot, au-devant du nom Grec de quelque Intervalle que ce foit , lignifie toujours une diminution, non pas de la moitie de cet Inter- valle , mais feulement d’un Simi - ton rnineur : Ainli Semi - Diton eft la Tierce mineure, Simi- Diapente eft la Fan lie - Qiiinte, Semi - DiateJJaron la Quarte diminuee , &c. Semi-Breve , /. /. C’eft, dans nos anciennes Mufiques, une valeur de Note ou une Mefure de Terns qui comprend refpace de deux Mini- mes ou Blanches; c’eft - a - dire, la moitie d’une Breve. La Simi-Breve s’appelle maintenant Ron- de, parce qu’elle a cette figure : mais autrefois elle etoit en lozange. Anciennement la Semi - Breve fe divifoit en ma- 'Tome XL M jeure & mineure. La raajeure vaut deux tiers de la Breve parfaite, & la mineure vaut l’autre tiers de la meme Breve : ainfi la Semi-Breve majeure en contient deux mineurcs. La Semi-Breve, avant qu’on eut invente la Minime, etant la Note de moindre valeur, ne fe fubdivifoit plus. Cette indivifibilite, difoit- on, eft, en quelque maniere, indiquee par fa figure en lofange terminee en haut, en bas & des deux cotes par des points. Or , Muris prou- ve , par l’autorite d’Ariftote & d’Euclide , que le point eft indivifible; d’ou il conclut que la Semi - Breve enfermee entre quatre Points eft indivifible comme eux. Se'mi-Ton , f. m. C’eft le moindre de tous les intervalies admis dans la mufique moderne j il vaut a-peu-pres la moitie d’un Ton. 11 y a plufieurs efpeces de Semi-Tons. On en peut diftinguer deux dans la pratique ; le Semi- Ton majeur & le Semi-Ton mineur. Trois autres font connus dans les calculs harmoniques, fa- voir le Semi-Ton maxirne , le minime & le moyen. Le Semi-Ton majeur eft la difference de la Tierce majeure a la Qiiarte , comme mi fa. Son rapport eft de if a 16 , & il forme le plus petit de tous les Intervalies diatoniques. Le Semi-Ton mineur eft la difference de la Tierce majeure a la Tierce mineure : il fe mar¬ que fur le meme Degre par ua Diefe ou par un N. S E 179 Be'raol. II ne forme qu’un Intervalle chromati- que , &fon rapport eft de 24 a 2f. Quoiqu’on mette de la difference entre ces deux Semi- Tons par la maniere de les noter , il n’y en a pourtant aucune fur l’Orgue & le Cla- veffin, Sc le meme Semi-Ton eft tantdt majeur & tantot mineur , tantot diatonique & tant6t ehromatique, felon le Mode ou i’on eft. Cepen- dant on appelle , dans la pratique , Semi-Tons mineurs , ceux qui fe marquant par Bemol ou par Diefe , ne changent point le Degre;. & Semi- Tons majeurs , ceux qui foment un Intervalle de Seconde. Quant aux trois autres Semi-Tons admis feule- rnent dans la theorie, le Semi- Ton niaxime eft la difference du Ton majeur au Semi-Ton mineur, & fon rapport eft d,e 25 4 27. Le Semi-Ton moyen eft la difference du Semi-Ton majeur au Ton ma¬ jeur , & fon rapport eft de 128 a 135". Enfln le Semi-Ton minime eft la difference du Semi-Ton maxime au Semi-Ton moyen, & fon rapport eft de I 2 f a 128. De tous ces Intervalles il n’y a que le Semi- Ton majeur qui, en qualite de Seconde, foit quelquefois admis dans PHarmonie. Semi-Tonique , adj, Echelle Semi-Tonique ou Qhromatique. (Voyez Echelle. ) Sensibilite' , f- /• Difpofition de l’ame qui infpire au Compofiteur les idees vives dont il a Viefoin, a l’Executant la vive expreffion d@ ces M 3 SEP. jgo inemes ide'es , & a l’Auditeur la vive impreffioit des beautes & des defauts de la Mufique qu’on Jui fait entendre. ( Voyez Gout. ) Sensible , culj. Accord Senfible eft eelui qu’on appelle autrement Accord dominant. ( Voyez Ac¬ cord. ) II fe pratique uniquement fur la Domi¬ nance du Ton ; de-la lui vient le nom d ’Accord dominant, & il porte toujours la Note Senfible pour Tierce de cette Dominaute > d’oii lui vient le nom d ’Accord fenfible. Voyez Accord. ) A l’egard de la Note Senfible, voyez Note. Septieme , adj. pris fiubjl. Intervalle diflon- nant renverfe delaSeconde, & appelle , paries Grecs , Heptacordon, parce qu’il eft forme de fept Sons ou de fix Degres diatoniques. II y en a de quatre fortes. La Premiere eft la Septieme mineure, compo- fee de quatre Tons , trois majeurs &un mineur, & de deux femi-Tons majeurs, comme de mi a res & chromatiquement de dix femi-Tons , dont fix majeurs & quatre mineurs. Son rapport eft de f a 9. La deuxieme eft la Septieme mujeure, compo- fee diatoniquement de cinq Tons , trois maj'eurs & deux mineurs , & d’un femi-Ton majeur; de forte qu’il ne faut plus qu’un femi-Ton majeur pour faire une Odtave; comme d \it a f; & chro¬ matiquement d’onze lemi-Tons , dont fix majeurs & cinq mineurs. Son rapport eft de 8 a if. La troifieme eft la Septieme dimhmee : ells ell compdfec de tro’S Tons, deux mirieurs & un mnjeur , & de trois fe.ni-Tons majeurs , corame de 1 ’at Diefe au fi Bemol. Son rapport & de 75 a 128. La quatrieme eft la Septieme ftp erfine. Elle eft compofee de cinq Tons , trois mineurs & deux majeurs, un femi-Ton majeur & un femi- Ton mineur , comma du fi Bemol au la Diefe } de forte qu’il ne lui manque qu’un Comma pour faire uue O&ave. Son rapport eft de 8i a 160. Mais eette demiere efpece n’eft point ufitee en Mufique , fi ce n’eft dans quelques tranfttions enharmoniques. II y a trois Accords de Sptieme. Le premier eft fondamental , & porte /Imple¬ ment le nom de Septieme : mais quand la Tierce eft majeure & la Sepieme mineure, il s’appelle Accord Senfible ou Dominant. II fe compofe de la Tierce , de la Quinte & de la Septieme. Le fecond eft encore fondamental & s’appclls Accord de Septieme diminuie. II eft compofe de la Tierce mineure 9 de la faufle-Quinte & de la Septieme diminuee dont il prend le nom ; c’eft-a- dire, de trois Tierces mineures confecutives , & c’eft le feul Accord qui foit ainfi forme d’ln- tervalles egaux; il ne fe fait que fur la Note fenfible. Voyez Enharmonique. Le troifieme s’appeWe Accord de Septieme fit - perfiue. C’eft un Accord par fuppofition, forme M 3 par I’Aecard dominant , au-deiTous duquel ia Bade fait entendre la Tonique. II y a encore un Accord de Septieme- Sixte, qui n’eft qu’un renverfement de l’Accord de Neuvjeme. II ne fe pratique guere que dans les Points d’Orgue a caufe de fa durete. (Voyez Accord. ) Se' re'nade ,f.f Concert qui fe donne la nuit fous les fenetres de quelqu’uii. II n’eft ordinai- rement compofe que de Mufique Inftrumentale; quelquefois cependant on y ajoutedes Voix. On appelle aufli Serenades les. Pieces que l’on com¬ pofe ou que Ton execute dans ces occasions. La mode des Serenades eft paifee depuis long-tems , ou ne dure plus que parmi le People, & c’eft grand dommage. Le filenoe de la.nuit, qui ban- nit toute diftra&ion , fait mieux valoir la Mufi¬ que & la rend plus .delicieqfe. Ce mot, Italien d’origine , vient fans doute de. Sercno , ou du Latin Serum, le foir. Quand le Concert fe fait fur le matin , ou a 1’aube du jour, ii s’appelle Aubads. Serke' , adj. Les Intervalles Serres dans les Genres epais de la Mufique Grecque font le pre¬ mier &le fecond de chaqueTetracorde. (Voyez Epais. ) Sesqui. Particule fouvent employee par nos anciens Muficiens dans la compofition des mots fervans a exprimer dijferentes fortes de Mefures* S E X. Its appeiloient done Sefqui-alteres Ies Mefures do nt la principale Note valoit une moitie en fus de plus que fa valeur ordinaire : e’eft-a-dire, trois des Notes dont elle n’auroit autrement va- lu que deux; ce qui avoit lieu dans toutes les Mefures triples, foit dans lesmajeures, ou la Breve, meme fans Point, valoit trois femi-Bre- ves; foit dans les mineures , oil la femi-Breve valoit trois Minimes , &c. Ils appeiloient encore Sefqtri-O&ave le Triple, marque par ce figne C Double Sefqui-Qiiarte , le Triple marque C f , & ainfi des autres. Sefqui-Diton ou Hemi-Diton , dans la Mufique Grecque, eft i’Intervalle d’une Tierce majeure diminuee d’un Semi-Ton; e’eft-a-dire, une Tier¬ ce mineure. Sextuple, adj. Nom donne aifez impropre- tnent aux Mefures a deux Terns, compofees de fix Notes egales, trois pour chaque Terns. Ces fortes de Mefures ont ete appellees encore plus mal-a-propos par quelques-uns, Mefures a fix Terns. On peut compter cinq efpeees de ces Mefu¬ res Sextup/es e’eft-a-dire, autant qu’il y a de differentes valours de Notes , depuis celle qui eft compofee de fix Rondes ou femi-Breyes, appel¬ lee en France, Triple de fix pour mi , & qui s’ex- prime par ce chiftre £ , jufqu’a celle appellee Tri- p/e de fix pour J'eize , compoiee.de fix doiibles- M 4 i84 s L Croches feulement, & qui fe marque ainfi: f-. La piupart de ces diffin&ions font abolies, & en effet elles font affez inutiles , puifque tou- tes ces differentes figures de Notes font moins des Mefures differentes que des modifications de Mouvement dans la meme elpece de Mefure •, ce qui fe marque encore mieux avec un feul mot eerit a la tete de l’Air, qu’avec toutce fatras de chiffres & de Notes qui ne fervent qu’a em- brouiller un Art deja affez difficile en lui-meme. ( Voyez Double, Triple, Tems , Mesure , Valeur des Notes.) Si. Une des fept fyllabes dont on fe fert en France pour folfier les Notes. Guy Aretin , en compofant fa Gamme, n’inventa que fix de ces fyllabes, parcequ’il ne fit que changer en Hexa- cordes les Tetracordes des Grecs , quoiqu’au fond fa Gamme fut, ainfi que la notre , compo- fee de fept Notes. II arriva de-la que , pour nommer la fcp tierne, il falioit a chaque inftant changer les noms des autres & les nommer de diverfes manieres : embarras que nous n’avons plus depuis l’invention du Si , fur la Gamme du- quel un Aluficien nomme de Nivers fit, au com¬ mencement du fiecle, un ouvrqge expres. Broflard, & ceux qui font fuivi, attribuent l’invention du Si h un autre Muficien nomme Le Maire, entre le milieu & la fin du dernier fie¬ cle ; d’autres en font houneur a un certain Van- kr-fatten > d’autres remontent jufqu’a Jean de Muris, vers Tan 1330 ; & le Cardinal Bona dit que des l’oazieme fiecle, qui etoit celui de l’A- retin, Ericius Dupuis ajouta une Note aux fix de Guy, pour eviter les difficultes des Muances & faciliter l'etude du Chant. Mais , fans s’arreter a l’invention d’Ericius Dupuis, morte fans doute avec lui, ou fur la- quelle Bona, plus recent de cinq fiecles, a pu fe tromper ; il eft meme aife de prouver que l’in- vention du Si eft de beaucoup pofterieure a Jean de Muris , dans les ecrits duquel on ire voit rien de femblable. A l’egard de Van-der-Putten, je ri’en puis rien dire , parce que je ne le connois point. Refte Le Maire, e» faveur duquel les voix femblent fe reunir. Si i’invention confifte a avoir introduit dans la pratique l’ufage de cette fyllabe Si, je ne vois pas beaucoup de raifons pour lui en difputer l’honneur. Mais fi le verita¬ ble inventeur eft celui qui a vu le premier la neceffite d’une feptieme fyllabe , & qui en a ajoute une en eonfequence, il ne faut pas avoir fait beaucoup de recherches pour voir que Le Maire ne merite nullement ce titre : car on trou- ve en plufieurs endroits des ecrits du P. Merfen- ne la neceffite de cette feptieme fyllabe, pour eviter les Muances; & il temoigue que plufieurs avoient invente ou mis en pratique cette feptie¬ me fyllabe a-peu-pres dans le meme terns & en- tr’autres Gilles Grand-Jean , Maitre- Ecrivain de Sens; mais que les uns nommoient cette fyllabe M S l%6 S I L, Ci, d’autres Di, d’autres Ni , d’autres Si , d’au- tres Zix, See. Meme avant le P. Merfenne, #n trouve , dans un ouvrage de Banchieri, Maine Olivetan , imprime en 1614, & intitule, Car- tella di Mitjica , l’addition de la meme feptieme fyllabe ; il l’appelle Bi par Bequarre , Ba par Bemol, & il allure quc cette addition a ete fort approuvee a Rome. De forte que toute la pre- tendue invention de Le Maire confifte , tout au plus , a avoir ecrit ou prononce Si, au lieu d’e- crire ou prononcer Bi ou Ba , Ni ou Di $ 5 c voila avec quoi un homme eft immortalife. Du refte, l’ufage du Si n’eft connu qu’en France , & malgre ce qu’en dit le Moine Banchieri, il ne s’eft pas meme conferve en Italie. Siciuenne ,f. f Sorte d’Air a danfer, dans la Mefure a fix-quatre 041 fix-huit, d’un Mouve- nient beaucoup plus lent, mais encore plus mar¬ que que celui de la Gigue. S ignes , f. m. Ce lout, en general, tous les divers caradleres doin' on fe fere pour note r la Mufique. Mais ce rriot s’entend plus particuiie- rement des Diefes , Bemols , Bequarres , Points , Reprifes, Pau r es, Guidons & autres petits ca- racteres detaches, qui, fans etre de veritables Notes, font des modifications des Notes & de la maniere de les executer. Silences ,f. m. Signes repondans aux diver- fes valeurs des Notes, lefquels, mis a la place de ces Notes , marquent que tout le terns de leur valeur doit etre pafle en Silence. S I M. 187 Quoiqu’il y ait dix valeurs de Notes differen- tes, depuis la Maxime jufqu’a la Quadruple-Cro- che, il n’y a cependant que neuf caraderes dif- ferens pour les Silences; car celui qui doit cor- refpondre a la Maxime a toujours manque, & pour en exprimer la duree, on double le Baton de quatre Mefures equivalant a la Longue. Ces divers Silences font done : I. Le Baton de quatre Mefures , qui vaut une Longue : 2, le Baton de deux Mefures, qui vaut une Breve ou Quarree : 3. la Paufe , qui vaut une femi-Breve ou Ronde *. 4. la demi-Paufe , qui vaut une ML nime ou Blanche : f. le Soupir , qui vaut une Noire: 6 . le demi-Soupir , qui vaut une Cro- che : 7. le quart-de-Soupir, qui vaut une dou- ble-Croche : g. le demi-quart-de-Soupir , qui vaut une tripleXroche : 9. & ennn le feizieme- de-Soupir,qui vaut une quadruple-Croche. Voyez les figures de tous ces Silences PL D. Fig. 9. II faut remarquer que le Point n’a pas lieu parmi les Silences comme parmi les Notes; car bien qu’une Noire & un Soupir foient d’egale valeur, il n’eft pas d’ufage de pointer le Soupir pour exprimer la valeur d’une Noire pointee : mais on doit, apres le Soupir, ecrire encore un demi-Soupir. Cependant, comme quelques- uns pointent auffi les Silences, il faut que l’Execu- tant foit pret a tout. Simple , f. f Dans les Doubles & dans les 'va¬ cations , le premier Couplet ou PAir original, 5 I X. J 88 tel qu’il eft d’abord note , s’appelie ie Simple. (Voyez Double, Variations.) Sixte , f. f. La feconde des deux Confon- nances imparfaites, appellee, par les Grees, Hexacorde , parce que foil intervalle eft forme de lix Sons ou de cinq Degres diatoniques. La Sixte eft bien une Confonnance naturelle, mais feulement par combinaifon ; car il n’y a point dans l’ordre des Confonnances de Six/e fimple St diredle. A ne confiderer les Sixtes que par leurs Inter- valles, on en trouve de quatre fortes; deux confonnantes & deux diiTonnantes. Les Confonnantes font : I. la Sixte mineure , compofee de Trois Tons & deux femi-Tons ma- jeurs, comme mi ut : foil rapport eft de f a 8- 2 . La Sixte majeure , conjpofee de quatre Tons & un femi-Ton majeur , comme Sol mi : fon rapport eft de 3 a f. Les Sixtes diiTonnantes font, 1 La Sixte Jlu minuee, compofee de deux Tons & trois femi- Tons majeurs; comme Ut Diefe , la Bemol, & dont le rapport eft de 125 a 192. a\ La Sixte fnperjlue , compofee de quatre Tons , un femL Ton majeur & un femi-Ton mineur, comme ft Bemol & fol Diefe. Le rapport de cette Sixte eft de 72 a I 2 f. Ces deux derniers Intervalles ne s’emploient' jamais dans la Melodie, & la Sixte diminuie ne s’emploie point non plus dans LHarmonie. S I X. 189 Il y a fept Accords qui portent le nom de Sixte. Le premier s’appelle fimpiement Accord de Sixte. C’eft l’Accord parfait dont la Tierce eft portee a la Balfe. Sa place eft fur la Median- te du Ton , ou fur la Note fenlible , ou fur la fixieme Note. Le Second s’appelle Accord de Sixte - Quartc « C’eft encore l’Accord parfait dont la Quinte eft: portee a la BaiTe : il ne fe fait guere que fur la Dominante ou fur la Tonique. Le troifieme eft appelle Accord de petite-Sixte C’eft un Accord de Septieme , dont la Quinte eft portee a la Balfe. La petite - Sixte fe met ordi- nairement fur la feconde Note du Ton , ou fur la fixieme. Le quatrierne eft l’Accord de Sixte-&'-Quinte ou grande-Sixte. C’eft encore un Accord de Sep- tieme , mais dont la Tierce eft portee a la Balfe. Si 1’Accord fondamental eft dominant, alors l’Ac¬ cord de grande - Sixte perd ce nom & s’appelle Accord de Ftmjfe-Quinte. ( Voyez Fausse- Quin¬ te. ) La grande-Sixte ne fe met communement que fur la quatrieme Note du Ton. Le einquieme eft l’Accord de Sixte - ajoutie: Accord fondamental , compofe, ainfi que celui de grande-Sixte , de Tierce , de Quinte, Sixte majeure, & qui fe place de meme fur la To¬ nique ou fur la quatrieme Note. On ne petit done diftinguer ces deux Accords que par la manure de les fauver ; car il la Quinte dsfeend 190 s r x. & que la Sixte rede, c’eft l’Aceord da grande. Sixte , & la Bade fait une cadence parfaite; mais fi la Quinte refte & que la Sixte monte, c’eft 1’Accord de Sixte ajoutie , & la Bafle-fon- damentale fait une cadence irreguliere. Or, comrae , apres avoir frappe cet Accord, on eft maitre de le fauver de l’une de ces deux manie- res, cela tient l’Auditeur en fulpens fur le vrai fondement de 1’ Accord, jufqu’a ce que la fuite l’ait determine •, & c’eft cette liberte de choifir que M. Rameau appelle Double-emploi. (Voyez Double-Emploi. ) Le llxieme Accord eft celui de Sixte - majeure & FauJJ'e-Quinte , lequel n’eft autre chofe qu’un Accord de petite - Sixte en Alode mineur , dans lequel la FauJJe Quinte eft fubftituee a la Quarter c’eft, pour m’exprimer autrement, un Accord de Septieme diminuee, dans lequel la Tierce eft portee a la Balfe. II ne fe place que fur ,1a fe- conde Note du Ton. Enfin, le feptieme Accord de Sixte ell celui de Sixte fuperflue. C’eft une elpece de petite - Sixte qui ne fe pratique jamais que fur la fixieme Note d’un Ton mineur defcendant fur la Dominante, coinme alors la Sixte de cette fixieme Note eft naturellement majeure , on la rend quelquefois fuperflue en y ajoutant encore un Diefe. Alors cette Sixte fuperflue devient un Accord origi¬ nal, lequel ne fe renverfe point. (Voyez AC¬ CORD. ) SOL. 151 Sot, La cinquieme des fix lyllabes inventees par 1’Aretin , pour prononcer les Notes de la Gamme. Le Sol naturel repond a la lettre G. ( Voyez Gamme. ) Solfier. , v n. C’eft en entonnant des Sons, prononcer en meme terns les lyllabes de la Gam¬ me qui leur correfpondent. Cet exercice eft ce- lui par lequel on fait toujours commencer ceux qui apprennent la Mufique, afin que Lidee dc ces differentes lyllabes s’uniffant dans leur efprit a celle des Intervalles qui s’y rapportent, ces Lyllabes leur aident a Le rappeller ces Intervalles. Ariftide Quintilien nous apprend que les Grecs avoient pour Soljier quatre lyllabes ou denomi¬ nations des Notes , qu’ils repetoient a chaque Te'tracordes, comme nous en repetons fept a chaque Octave. Ces quatres Lyllabes etoient les Luivantes : Te, Ta, Tbs , Tho. La premiere repondoit au premier Son ou a I’Hypate du pre¬ mier Tetracorde & des fuivans ; la feconde, a la Parhypate ; la troifieme, au Lichanos j la quatrieme , a la Nete ; & ainfi de Luite en re- commenqant: maniere de Soljier qui, nous mon- trant clairement que leur modulation etoit ren- fermee dans l’etendue du Tetracorde , & que les Sons homologues, gardant & les memes rap¬ ports & les memes noms d’un Tetracorde a l’au- tre , etoient cenfes repetes de Qiiaite en Quar- te, comme chez nous d’Odave en Octave , prou- ve en meme terns que leur generation harmoni- S O L. 192 que n’avoit aucun rapport a la uotre, & s’eta- blifloit fur des principes tous differens. Guy d’Arezzo ayant fubftitue fon Hexacorde au Tetraeorde ancient, fubftitua auffi, pour le foljier, fix autres fyllabes aux quatre que les Grecs employoient autrefois. Ces fix fyllabes font les fuivantes : ut re mi fa fol la , tirees , comme chacun fait, de l’Hytnne de Saint Jean- Baptifte. Mais chacun ne fait pas que l’Air de cette Hymne tel qu’on le chante aujourd’hui dans 1’Fglife Romaine , n’eft pas exa&ement celui dont Aretin tira fes fyllabes, puifque les Sons qui les portent dans cette Hymne ne font pas ceux qui les portent dans fa Gamme. On trouve dans un ancien manufcrit conferve dans la Bi- bliotheque du Chapitre de Sens, cette Hymne, telle, probablement, qu’on la chantoit du terns de l’Aretin, & dans laquelle chaeune des fix fvl- labes eft exacftement appliquee au Son correfi. pond ant de la Gamme, comme on peut le voir ( Pi. G. Fig. 2. ) oil j’ai trail fait cette Hymne ent Notes de Plain-Chant. II paroit que l’ufage des fix fyllabes de Guy ne s’etendit pas bien promptement hors de l’lta- lie , puifque Muris temoigne avoir entendu em¬ ployer dans Paris les fyllabes Pro to do m tit a, au lieu tie celles - la. Mais enfin celles de Guy l’emporterent & furent admifes generalement en France comme dans le refte de PEurope. II n’y a plus aujourd’hui que l’AHemagno ou l’on folfie feu- s o l; 193 feulement par les lettres de la Gamme, & non par les fyllabes: en forte que la Note qu’eu folfiane nous appellons la , ils l’app'ellent A ; celle que nous appellons ut , ils l’appellent C. Pour Jes Notes diefees ils ajoutent uner alalettre & pro- noncent cette s , is; en forte, par exemple, qua pour folfier re Diefe , ils prononcent Dis. Ils ont auffi ajoute la lettre H pour oter Pequivoque du ft, quin’eftB qu’etant Bemol; lorfqu’il eft Bequarre, il eft H : ils ne connoiffent, en foL jiant, de Bemol que celui - la feul; au lieu du Bemol de toute autre Note , ils prennent le Diefe de celle qui eft au-deffous; ainli pour la Bemol ils folfient G s , pour mi Bemol D s , &c, Cette maniere de folfier eft li dure & il embrouil- Jee, qu’il faut etre Allemand pour s’en fervir, & devenir toutefois grand Muficien. Depuis Pe tabliffement de la Gamine de PAre- tin , on a elfaye en differens terns de fubftituer d’autres fyllabes aux Rennes. Comme 1 a voix des trois premieres eft affez fourde , M. Sau- veur, en changeant la maniere de noter, avoir; aufti change celle de folfier , & il nommoit les huit Notes de POctave par les huit fyllabes fui- vantes; Pa ra ga da fi> bo lo do. Ces nomsn’onc pas plus pafle que les Notes ; mais pour la fyl- labe do , elle etoit anterieure a M. Sauveur: les Italiens Pont toujours employee au lieu (Put pour Jofiir , quoi jii’ils nomment 1 it Sc non pas do, Toms XL N 794 S O L. dans la Gamme. Quant a Faddition du fi (Voyez Si.) A 1’egard des Notes alterees par Diefe ou par Bemol, elles portent le nom de la Note a» jiaturel, & cela caufe , dans la maniere de fol- fier, bien des embarras auxquels M. de Boifge- lou s’eft propole de remedier en ajoutant cinq Notes pour completer le fyfteme chromatique & donnant un nom particulier a chaque Note. Ces noms avec les anciens font, en tout au nom- bre de douze , autant qu’il y a de Cordes dans ce fyfteme ; favoir , ut de re ma mi fa fi fol be lc$ fa fi. Au moyen de ees cinq Notes ajoutees, & des noms qu’elles portent, tous les Bemols & les Diefes font aneantis , comme on le pourra voir au mot Syfieme dans Fexpofition de celui de M. de Boifgelou. II y a diverfes manieres de folfier $ favoir , par Muances , par tranfpofition &aunaturel. (Voyez .Muances , Naturel & Transposition. ) La premiere methode eft 1 a plus ancienne , la feconde eft la meilleure, la troifieme eft la plus commune en France. Plufieurs Nations ont garde dans les Muances l’ancienne nomenclature des fix fyllabes de l’Aretin. D’autres en ont encore retranche, comme les Anglois, qui folfient{\xt ces quatre fyllabes feulement, mi fa fol la. Les Franqois , au contraire , ont ajoute une lyllabe pour renfermer fous des noms differens tous les fept Sons diatoniques de l’Odave. S O L. IS? Les inconveniens de la Methode de PAretin font confiderables ; car faute d’avoir rendu com¬ plete la Gamme de l’Octave , les lyllabes de cette Gamme ne fignifient ni des touches fixes du Clavier, ni des Degres du Ton, ni meme des Intervalles determines. Par les Muances, la fa peut former un Intervalle de Tierce majeure en defcendant, ou de Tierce mineure en mon- tant, ou d’un femi - Ton encore en montant » corame il eft aife de voir par la Gamme, &c- (Voyez Gamme, Muamges.) C’eft encore pis par la methode Angloife : on trouve a chaque inftant dilferens Intervalles qu’on ne peut expri¬ mer que par les memes fyllabes , & les memes noms de Notes y reviennent a toutes les Quar- tes , 'comme parmi les Grecs j au lieu de n’y re- venir qu’a toutes les Odlaves , felon le fyfteme moderne. La maniere de folfier etablie en France par l’addition du fi , vautaifurement mieux que tout cela ; car la Gamme fe trouvant complete , les Muances deviennent inutiles, & Panalogie des O&aves eftparfaitement obfervee. Mais les Mu- ficiens ont encore gate cette methode par la bi¬ zarre imagination de rendre les noms des Notes toujours fixes & determines fur les touches du Clavier; en forte que ces touches ont toutes un double nota, tandis que les Degres d’un Ton tranfpgfe n’en ont point. Defaut qui charge inu- N % s o l; i$6 tilement la memoire de tous les Diefes ou Be- niols de la Clef, qui ote aux 110ms des Notes 1 ’expreffion des Intervalles qui leur font propres, & qui efface enfin , autant qu’il eft poflible, toutes les traces de la modulation. Ut ou re lie font point ou ne doivent point etre telle 011 telle touche du Clavier; mais telle oil telle Corde du Ton. Quant aux touches fixes, c’eft par des lettres de 1 ’Alphabet qu’elles s’expriment. La touche que vous appellez ut , je l’appelle C; celle que vous appellez re , je l’appelle D. Ce ne font pas des iignes que j’in- vente , ce font des fignes tout etablis , par lef- quels je determine tres-nettement la Fondamen- tale d’un Ton. Mais ce Ton une fois determine , dites - moi de grace a votre tour , comment vous nommez la Tonique que jenomme ut, & la feconde Note que je nomme re, & la Me- diante que je nomme mi ? Car ces noms relatifs au Ton & an Mode font eifentiels pour la de¬ termination des idees & pour la jufteSe des In¬ tonations. Qu’on y reflechifle bien , & 1 ’on trou- vera que ce que les Muficiens Franqois appellent foljier au mturel eft tout-a-fait hors de la nature, Cette methode eft inconnue chez toute autre Nation , & furement ne fera jamais fortune dang aucune : chacun doit fentir , au contraire , que rien n’eft plus naturel que de foljier par tranfjio- fition lorfque le Mode eft tranfpofe. On a , en Italie , un Recueil de leqons SON. jc>7 yer] appellees Solfeggi. Ce Recueil, compofe par le celebre Leo, pour Fufage des commen- qans, eft tres-eftime. Solo. adj. pris fubfiantiv. Ce mot Italien s’eft francife dans la Mufique, & s’applique a une Piece ou a un morceau qui fe chante a Voix feu- Le, ou qui fe joue fur un feul Inftrument avec un iimple Accompagnement de Baffe. ou de Cla- veffin; & c’eft ce qui diftingue le Solo du Rkit, qui peut-etre accompagne de tout VOrdaeftre. Dans les Pieces appellees Concerto , on ecrit tou- jours le mot Solo fur la Partie principale, quand elle recite. Son , f. m. Quand 1 ’agitation communiquee a Fair, par la collifion d’un corps frappe par un autre, parvient juftju’a Forgane auditif, elle y produit unefenfation qu’onappelle Bruit. (Voyez Bruit. ) Mais il y a un Bruit refonnant & appreciable qu’on appelie Son. Les recJierches fur le Son ab fola appartiennent au PJiyiicien. Le Muficien n’examine que le Son relatifj il l’exa- mine feulement par fes modifications fenfibles; & c’eft felon cette derniere idee, que nous l’en- vifageons dans cet Article. 11 y a trois objets principaux a eonfiderer dans le Son ; le Ton , la force & le timbre. Sous chacun de ces rapports le Son fe conqoit comme modifiable : i °. du grave a l’aigu : 2°. du fort au foible : de l’aigre aux doux , on du fourd a Feclatant, & reciproquement. N 3 SON. 198 Je fuppofe d’abord , quelle que foit la nature 3u Son, que fon vehicule n’eft autre chofe que Fair meme: premierement, parce que Fair eft ]e feul corps intermediaire de Fexiftence duquel on Foit parfaitement allure , entre le corps fonore & Forgane auditif; qu’il ne faut pas multi¬ plier les etres fans neceilite; que Fair fuffit pour expliquer la formation du Son ; &, de plus , parce que l’experience nous apprend qu’un corps fo- uore ne rend pas de Son dans un lieu tout-a- fait prive d’air. Si Fon veut imaginer un autre ftuide , on peut aifement lui appliquer tout ce que je dis de Fair dans cet Article. La refonnance du Son, ou, pour rnieux dire , fa permanence & fon prolongement lie peut nai- tre que de la duree de Fagitation de Fair. Tant que eette agitation dure, Fair ebranle vient fans oefle frapper Forgane auditif & prolonge ainli la fenfadon du Son. Mais il n’y a point de ma- niere plus fimple de concevoir cette duree , qu’en Jfuppofant dans 1’air des vibrations qui fe fuc ce¬ dent , & qui renouvellent ainli a chaque inftant Fimpreffion. De plus , cette agitation de Fair, de quelque efpece qu’elle foit , ne peut etre produite que par une agitation femblable dans les parties du corps fonore : or, c’eft un fait certain que les parties du corps fonore eprou- vent de telles vibrations. Si Fon touche le corps une Corde dou- SON. Sot ble (Tune autre ne fera , dans Ie meme terns, que la moitie du nombre des vibrations de cclle- ci, & le rapport des Sons qu’elles feront enten¬ dre s’appelle OBave. Si les Cordes font coniine 5 & 2, les vibrations feront comrne 2 & 3 , & le rapport des Sons s’appellera Qidnte , &c. (Voyez Intervalle. ) On voit par-!a qu’avec des Chevalets mobiles il eft aife de former fur une feule Corde des di- vifions qui donnent des Sons dans tous les rap¬ ports poftibles , foit entr’eux , foit avecla Corde entiere. C’eft le Monocorde dont je viens de parler. (Voyez Monocorde.) On peut rendre des Sons aigus on graves par d’autres moyens. Deux Cordes de longueurs ega- lesnefo rment pas toujours FUniflbn : car fi 1 ’une eft plus grolfe ou moins tendue que l’autre, elle fera moins de vibrations en terns egauX , & confequemment donnera un Son plus grave. (Voyez Corde.) 11 eft a i/e d’expliquer fur ces principes la conftruclion des Inftruniens a Cordes, tels que le Claveffin , le Tympanon , & le jeu des Vio- lons & Balfes , qui, par differens accourcilfe- mens des Cordes fous les doigrs ou chevalets mobiles , produit la diverfite des Sons qu’on tire de ces Inftruniens. II faut raifonner de meme pour les Inftrumens a vent: les plus longs for- ment des Sons plus graves , fi le vent eft egal. Ces trous , cornnie dans les Flutes & Hautbois, N f $02 S 0 N. fervent a les raceourcir pour rendre ies Sons plus aigus. En dormant plus de vent on les fait ocfta- vier, & les Sons deviennent plus aigus encore. La colonne d’air forme alors le corps fonore, & ies divers Tons de la Trompette & du Cor d«- chalfe ont les memes principes que les Sons har- nioniques du Violoncelle & du Violon , P i 2i4 SO NV fantenr. Voyez Ia-deffus les principes d’AcouftL qus de cet Auteur. SONFoNDAMENTAL.(VoyeZ FONDAMENTAL.) SoNsFLUTE's.(Voyez Sons Harmoniques.) Sons Harmoniques gu Sons Flute's. EL pece finguliere de Sons qu’on tire de certains I»u trumens, tels que le Violon & le Violonceile » par un mouvement particulier de l’archet, qu’on approche davantage du Chevaiet, & en pofmt legerement le doigt fur certaines divifions de la Corde. Ces Sons font fort differens pour le Tim¬ bre & pour le Ton de ce qu’ils feroient, li l’on appuyoit tout-a-fait le doigt. Quant au Ton, par exemple, ils donneront la Quinte quand ils donneroient 3a Tierce , la Tierce quand ils don¬ neroient la Sixte , &c. Quant au Timbre, ils font beaucoup plus doux que ceux qu’on tir© pieins de la rneme divillon, en faifant porter la Gorde fur Is manche ; & c’eft a caufe de cette douceur qu’on les appelle Sons flutes. II faut „ pour en bienjuger , avoir entendu M. Mondon- ville tirer fur foil Violon , ou M. Bertaud fur ion Violonceile des fuites de ces beaux Sons. Eti glilfant legerement le doigt de 1’aigu au grave, de- puis 3e milieu d’une Corde qu’on touche en me- pit terns de l’archet en la maniere fufdite, on entend diftindement une fuceeffion de Sons har¬ moniques de grave a l’aigu , qui etonne fort; ceux qui n’en connoilfent pas la Theorie. Le principe fur icquel cette Theorie eft fon s S O N. aif < 3 ee, eft qu’une Corde etant divifee en deux parties commenfurables entr’elles, & par confe- quentavec laXorde entiere, fi l’obftacle qu’on met au point de dtvifion n’empeche qu’imparfai- tement la communication des vibrations d’une partie a 1’autre, toutes les fois qu’on fera fan¬ ner la Corde dans cet etat , elle rendra non le fon de la Corde entiere, ni celui de fa grande partie , mais celui de la plus petite parti: fi elle mefure exa&ement l’autre •, ou , fi elle ne la me- fure pas , le Son de la plus grande aliquots commune a ces deux parties. Qu’on divife une Corde 6 en deux parties 4 & 2 ■, le Son harmonique reform era par la longueur de ia petite partie 2 , qui eftaliquote de la gran¬ de partie 4 : mais fi la Corde f eft divifee par 2 & 3 ; alors, comrae la petite partie ne mefure pas la grande, le Son harmonique ne refonnera que felon la moitie 1 de cette meme petite par- tie , laquelle moitie eft la plus grande commune snefure des deux parties 3 & 2, & de toute la Corde f. Au moyen de cette loi tiree de l’obfervation & conforme aux experiences faites par M. Sau- veur a l’Academie des Sciences , tout le mer- veilleux difparoit j avec un calcul tres - fimple on affig'ne pour chaque Degre le Son harmonique qui lui repond. Quant au doigt gliife le long de la Corde, il ne donne qu’une fuite de Sons harmo- tiques qui fe fuccedent rapidement dans 1’ordr* 9 4 S O NJ Si 6 qu'iis doivent avoir felon celui des divifions ful lefquelles on pafle fucceflivement le doigt 3 & les points qui ne forment pas des divifions exaftes , ou qui en forment de trop compofees, ne don- nent aacun Son fenfible ou appreciable. On trouvera Pi, G. Fig. 3 . une Table des Sons harmoniques , quipeut en faciliter la recher¬ che a ceux qui defirent de les pratiquer. La premiere colonne indique les Sons que rendroient les divifions de lTnftrument touchees en plein , & la feconde colonne rnontre les Sons flutes correfpondans s quand la Corde eft touchee har- moniquement. Apres la premiere Odave, c’eft-a dire, de- puis le milieu de la Corde en a van cant vers 1@ Chevalet, on retrouve les memes Sons harmoni¬ ques dans le rneme ordre , fur les memes divi¬ sions de l’Odave aigue; c’eft-a-dire , la dix-neu- vieme fur la Dixiemc mineure, la Dix-feptiem* fur la Dixieme majeure, &c. Js n’ai fait dans cette Table, aucune men¬ tion des Sons harmoniques relatifs a la Seconde St ala Septieme ; premierement, parce que les di- ■vifions qui les forment n’ayant entr’elies que des aiiquotes fort petites , en rendroient les Sons trop aigus pour etre agreables , & trop difficiles a fi¬ xer par le coup d’archet, & de plus , parce qu’ii faudroit entrer dans des fous-divifions trop eten- dues, qui ne peuvent s’admettre dans la prati- |ue : car le Son harmoniqui dir Ton majeur feroit S O A T . S T7 fa vingt-tvoifieme, ou la triple Odave dela Se- conde , & l’Harmonique du Ton mineur feroit k vingt-quatrieme, oil la triple Odave de la Tierce mineure : mais quelle eft l’oreille affez fine & la main aflez jufte pour diftinguer & tou¬ cher a fa volonte un Ton majeur ou un Ton mineur '{ Tout le jeu de la Trompette marine eft en Sons harmoniques $ ce qui fait qu’on n’en tire pas aifement toute forte de Sons. Son ate , /, /. Piece de Mufique inftrumentale compofee de trois ou quatre morceaux confecu- tifs de caraderes differens. La Sonate eft a-peu- pres pour les Inftrumens ce qu’eft la Cantate pour les Voix. La Sonate eft faite ordinaireraentpour un feul Inftrument qui recite, accompagne d’une Baife- continue> & dans une telle com poll tion l’on s’atta- che a tout ce qu’il y a de plus favorable pour fai- re briller ITnftrumentpour lequel on travaille,foit par le tour des chants , foit par le shoix des Sons qui conviennent le mieux a cette efpcce d’lnftru- snent, foit par la hardiefle de 1’execution, II y a auffi des Sonates en Trio, que les Italiens ap- pellent plus communement Sinfonie j mais quand dies paifent trois Parties ou qu’il y en a quel- qu’une recitante, eltes prennent le nom de Con¬ certo. ( Voyez Concerto. ) II y a plulieurs fortes de Sonates. Les Italiens les tsduifent a deux efpeces principals. L’un# Q 1 2l£ S O it qu’ils appellant Sonate da Camera , Senates tie Chambre, lefquelles font compofees de plufieurs Airs famiiiers ou a danfer, tels a-peu-pres que ces recueils qu’on appelle en France des Suites. L’autre efpece eft appellee Sonate da Chiefs , So¬ nnies d’Egiife , dans la ccmpofition defquelles il doit entrer plus de recherche, de travail, d’Har- monie, & des Chants plus convenables a la di- gnite du lieu. De quelque efpece que foient les Sonates , elies commencent d’ordinaire par un Adagio , &, apres avoir paife par deux ou trois mouvemens differens, finiflent par un Allegro ou un Prcfto. Aujourd’hui que leslnftrumens font la partis la plus importante de la Mufique , les Sonates font extremement a 5a mode, de tneme que rou¬ te efpece deSymphonie $ le Vocal n’en eft guere que i’acceifoire •, & le Chant accompagne l’Ac- eompagnement. Nous tenons ce mauvais goiit de ceux qui, voulant introduire le tour de la Mu- fique Italienne dans une Langue qui n’en eft pas fufeeptibie, nous ont obliges de chercher a fai- re avecles lnftrumens ce qu’il nous eft impoC. fiblede faireavec nos voix. J’ofe predire qu’uii gout ft peu naturel ne durera pas. La Mufique purement harmonique eft peu de chofe ; pour plaire conftamment , & prevenir l’ennui, ells doit s’elever au rang des Arts d’imitation ; mak fon imitation n’eft pas toujours immediate com- me eelles de la Poefle & dela Peinturei la pa- SON. sr^ Yole eft le moyen par lequel !a Mufique deter¬ mine le plus iouvent l’objet dont elle nous of-, fre 1’image, & e’eft par les Sons touchans de la voix humaine que cette image eveille au fond du coeur le fentiment qu’elle y doit produire. Qui ne fent combien la pure Symphonic dans laqueile on ne cherche qu’a faire briber l’lnftru- ment, eft loin de cette energie ? toutes les fo- lies du Violon de M. Mondonville m’attendri- ront-elies comrae deux Sons de la voix de Ma- demoifelle le Maure ? La Symphonic anime le Chant, & ajoute a fon expreflion , mais elle n’y fupplee pas. Pour favoir ce que veulent dire tous ces fatras de Somites dout on eft accable , II faudroit faire conime ce peintre grollier qui etoifc oblige d’ecrire au-deiTous de fes figures, c’ejl tin arbre , c’ejl un homnie , c’ejl un cheval. Je n’oublierai jamais la faiilie du celebre Fonte- nelle, qui fe trouvant excede ds ces eternelles Symphonies, s’ecria touthaut dans un tranfpor-i d’impatience: Sornte , que me veux-tu? Sonner , v. a. 55* u. On die en compofitiou qu’une Note forme furlaBafle, lorfqu’elle entre dans 1’Accord & fait Harmonie ; a la difference des Notes qui ne font que de gout, & ne fer¬ vent qu’a figurer , lefquelles ne Sonnent point. On dit aula Sonner une Note, un Accord, pour dire , frapper ou faire entendre le Son , l’Har- monie de cette Note ou de cet Accord. sou. £20 SoNORE , adj. Qui rend du Son. Un metal /more. De-la , Corps fonore. ( Voyez Corps so- uo re. ) Sonore fe dit particulierement & par excel¬ lence de tout ce qui rend des Sons moelleux, forts, nets, juftes , & bien timbres. Uns Cloche fvnore : tine Voix’ fonore , &c. Sotto-Voce, adv. Ce mot ltalien marque, dans les lieux ou il eft ecrit, qu’il ne faut chan¬ ter qu’a demi - voix , ou jouer qu’a demi - jeu. Mezzo-Forte & Mezza-Voce fignifient la memo chofe. Soupir. Silence equivalant a une Noire, & qui fe marque par un trait courbe approchant de la figure du 7 de chiffre mais tourne en fens eontraire, (Voyez Pi. D. Fig. p.) ( Voyez Si¬ lence , Notes. ) Sourdine , f. f. Petit Inftrument de cuivre ou d’argent qu’on applique au chevalet du Vio- lon ou du Violoncelle, pour rendre les Sons plus fourds & plus foibles , en interceptant & genant les vibrations du corps entier de l’lnftru- xnent. La Sourdine, en affoiblilfant les Sons , change leur timbre & leur donne un caraclere extremement attendrilfant & trifte. Les Mufi- ciens Franqois , qui penfent qu’un jeu douxpro- duit le meme effet que la Sourdine, & qui n’ai- ment pas l’embarras de la placer & deplacer , ne s’en fervent point. Mais on en fait ufage ave© s o if: 22 % kn grand effet dans tous les Orcheftres d’ltalie & c’eft parce qu’on trouve fouvent ce mot Sor¬ dini ecrit dans les Symphonies, que j’en ai du faire un article. II y a des Sourdines auffi pour les Cors-de- ehafle, pour le Claveffin , &c. Sous-Dominante ou Soudominante. Nora donne par M. Rameau a la quatrieme Note du Ton , laquelle eft, par confequent , au memo Intervalle de la Tonique en defcendant, qu’eft la Dominante en montant. Cette denomination vient de l’affmite que cet Auteur trouve par ren- verfement entre le Mode mineur de la Sous-Do- minante , & le Mode majeur de la Tonique. ( Voyez Harmonie. ) Voyez auffi FArticle qui fuit. Sous-Me'dianIe ou Soume'diaijte. C’eft: auf- fi , dans le Vocabulaire de M. Rameau , le notn de la fixieme Note du Ton. Mais cette Sons- Midiante devant etre au menie Interval le de la Tonique en deifous , qu’en eft la Mediante en deffus, doit faire Tierce majeureTous cette To¬ nique, & par confequent Tierce mineurefurla fous-Dominante ; & c’eft fur cette analogie que le meme M. Rameau etablit le principe du Mode mineur ; mais il s’enfuivroit de-la que le Mode majeur d’une Tonique, & le Mode mineur de fa fous-Dominante devroient avoir une grande afiinite ; ce qui n’eft pas : puifqu’au contraire d eft tres - rare qu’on pafle d’un de ces 242 SPO. deux Modes a l’autre, & que 1’Eclielfe prefqu entiere eft alteree par une telle Modulation. Je puis me trompcr dans l’acception des deuS mots precedens , n’ayant pas fous les yeux, en ecrivant cet Article , les ecrits de M. Rameau. Peut-etre entend-il /Implement, par Sons-Domi¬ nants , la Note qui eft un Degre au-delTous de la Dominante ; 8c, par Sous - Mediante, la Note qui eft un Degre au - deflous de la Mediante. Ce qui me tient en fufpens entre ees deux fens , eft que, dans l’un & dans l’autre, lafous-Domi- nante eft la raeme Note fa pour le Ton d'ut: mais il n’cn feroit pas ainfi de la Sons- Mediante } elle feroit !a dans le premier fens , & re dans le fecond. Le Le&eur pourra verifier lequel des deux eft celui de M. Rameau j ce qu’il y a de fur eft que celui que jc dofine eft preferable pour l’ufage de la compofition. SotmjsriR , v. a.pyis en fens next. C’eft faire exadtement durer les Sons route leu r valeur fans les lailfer eteindre avant la fin , commc font tres-fouvent les Muficiens , & fur-tout les Sym- phoniftes. Spiccatq , adj. Mot Italien , lequel , eerie fur la Mufique, indique des Sons fees & biers detaches. Spondaula , f. m. C’etoit, cliez les Anciens ] un Joueur de Flute ou autre femblable Inftru- ment, qui, pendant qu’on offroit le facrifice jouoit a foreiile du Pretre quelque Air con vs* STY kn liable pour l’empecher de rien ecouter qui put le diftraire. Ce mot eft forme du Grec (nso'iS'lc ,, Libation , & clvA05 , Flute. Sponde'asme , f. m. C’etoit, dans lesplus an- eiennes Mufiques Grecques , une alteration dans le Genre harmonique , lorfqu’une Corde etoit accidentellement eievee de trois Diefes au-delTus de fon Accord ordinaire ; de forte que le Spon- deafin e etoit precifement le contrairs de V Eclyfe. Stables , adj. Sons ou Cordes jtables : c’e- toient, outre la Corde Proslambonamene , les deux extremes de chaque Tetracorde , defqu.els extremes fonnant enfemble le Diateifaron ou la Quarte, 1 ’Accord ne changeoit jamais, comme faiioit celui des Cordes du milieu , qu’on tendoife on relachoit fuivant les Genres , & qu’on appel- loit pour cela Sons ou Cordes mobiles. Style , f. m. Caraciere diftindif de compofi- tion ou d’execution.- Ce cara dere varie beau- coup felon les pays, le gout des Peuples, le ge¬ nie des Auteurs : felon les matieres , les licux * les terns, les fujets, les expreflions , &e. On dit en France le Style de Lully , de Ra¬ meau, de Mondonville , <&c. En Allemagne, en dit le Style de Haffe., de Gluk, dc Graun. En Italic, on dit le Style de Leo, de Pergohe- fe, de Jorrieili , de Buranello. Le Style des Mufiques d’Eglife n’eft pas le raerac que celui Mufiques pour le Theatre ou pour la Cham- 2£4 s u j: bre. Le Style ties Compofitions Allemandes eft /autillant, coupe, mais harmonieux. Le Style des Compofitions Francoifes eft Fade, plat ou dur, mal cadence , monotone j celui des Com¬ pofitions Italiennes eft fleuri, piquant, ener- gique. Style dramatique ou imitatif, eft un Style propre a exciter ou peindre les paffions. Style d’Eglife , eft un Style ferieux , majeftueux, gra¬ ve. Style de Mottet, ou l’Artifte affecle de fe montrer tel, eft plutot claflique & favant qu’e- nsrgique ou affeclueux. Style Hyporchematique, propre a la joie , au plaifir, a la danfe, & plein de mouvemens vifs , gais & bien marques. Style lymphonique ou inftrumental. Corame chaque Inftrument a fa touche , fon aoigter , Con carac- _ tere particulier, il a auili fon Style. Style Me- Jifinatique ou naturel 3 & qui fe prefente le pre¬ mier aux gens qui n’ont point appris. Style de Fantaifie , peu lie, plein d’idees , fibre de toute contrainte. Style Choraique ou dan/ant , Jequel fe divife en autant de branches difFerentes qu’il y a de caraderes dans la danfe , &c. Les Anciens avoient auffi leurs Styles difte- rens. ( Yoyez Mode & Me'lope'e. ) i- Sujet , f. m. Terme de compofition : e’eft la partie principale du deffein , l’idee qui fert de fondementatoutesles autres. ( Voyez Dessein.} Toutes les autres parties lie demandent que de l’art & du travail; celle - ci feule depend du ge¬ nie > S' U P. 22 f ioie , & c’eft en elle que confifte I’invention. Les principaux Sujets en Mufique produifent des Rondeaux , des Imitations , des Fugues , &c. Voyez ces mots. Un Compofiteur fterile & froid, apres avoir avec peine trouve quelque mince Sujet , ne fait que le retourner , & le promener de Modulation en Modulation , mais PArtifte qui a de la chaleur & de I’imagination fait, fans laifler oublier fon Sujet , lui donner un air neuf ehaque fois qu’il \e reprefente. Suite, f . f . ( Voyez Sots ate. ) Super-Sus , f. m. Nom qu'on donnoit jadis aux Deifus quand ils etoient tres-aigus. Supposition , f. f. Ce mot a deux fens en Mufique. i Q . Lor/que plufieurs Notes montent ou def- cendent diatoniquement dans une Partie fiir une ireme Note d’une autre Partie; alors ces Notts diadonques ne fauroient toutes faire Harmonie, ni entrer a la fois dans le meme Accord : il y en a done qu’on y compte pour rien , & ce font ces Notes etrangeres a I’Harmonie , qu’on ap- pelle Notes par fuppofition. La regie generate eft, quand les Notes font egales , que toutes celles qui frappent fur le Terns fort portent Harmonie ; celles qui palfent fur le Terns foible font des Notes de Suppofition qui ne font miles que pour le Chant & pour for¬ mer d s Degres conjoints. Remarquez que par Terns fort & Terns foible , j’entends moins ici les Tome XL P 226 s u p; principaux Terns de la Mefure que les Parties memes de chaque Terns. Ainli, s’il y a deux: Notes egales dans un meme Tems , c’eft la pre¬ miere qui porte Hatmonie ; la feeonde eft de Suppofition. Si le Tems eft compote de quatre Notes egales, la premiere & la troifieme por¬ tent Harmonie , la feeonde & la quatrieme font les Notes de Supposition, &c. Quelquefois on pervertit eet ordre ; on pafte la premiere Note par Suppofition , & Ton fait porter la feeonde; mais alors la valeur de cette feeonde Note eft ordinairement augmented par un point aux depens de la premiere. Tout ceci fuppofe toujours ime marche dia- tonique par Degres conjoints : car quand les De- gres font disjoints , il n’y a point de Suppofi¬ tion , & toutes les Notes doivent entrer dans FAccord. 2*. On appelle Accords par Suppofition ecus 011 Ja BaiTe-continne ajoute ou fuppofe un nou¬ veau Son au-deflous de la Baffe-foudamentale 5 ce qui fait que de tels Accords excedent toujours 1’etendue de l’Qdtave. Les Diffonnances des Accords par Suppofition doivent toujours etre preparees par des lynco¬ pes , Sc fauvees en defeendant diatoniquement fur des Sons d’un Accord fous lequel la meme Balfe fuppofie puilfe tenir comme Balfe - fonda- mentale j ou du moins comm e BaiTe- con tin u e. C’eft ce qui fait que les Accords par Suppofition s S U P. 227 Ken examines , peuvent tous paffer pour de pures fufpenfions. (Voyez Suspension. ) II y a trois fortes d’Accords par Supposition j tous font des Accords de Septieme. La premie¬ re , quand le Son ajoute eft une Tierce au-def- fous du Son fondamental ; tel eft FAccord de Neuvieme ; ft 1’Accord de Neuvieme eft forme par la Mediante ajoutee au-deffous de l’Accord fenftble en Mode mineur , alors l’Accord prend le 110m de Quinte fuperflue. La feconde efpece eft quand le Son fuppofe eft une Quinte au-def- 10us du fondamental, comme dans l’Accord de Quarte ou Onzieme ; ft 1 ’Accord eft fenftble & qu’on fuppofe la Tonique , l’Accord prend le nom de Septieme fuperflue. La troifieme efpece eft cells ou le Son fuppofe eft au-deilbus d’unj Accord de Septieme diminuce; s’ii eft une Tier¬ ce au-deffous , c’eft-a-dire , que le Son fuppofe foit la Dominance , l’Accord s’appeile Accord de Seconds mincure & Tierce majeure ; Hell fort peu uftte : ft le Son ajoute eft une Quinte au - deffous, ou que ce Son foit la Mediante, 1 ’Accord s’appeile Accord de Quarte & Quinte fuperflue , & s’ii eft une Septieme au-deffous, c’eft-a- dire la Tonique elle - rneme , l’Accord prend le nom de Sixte mineure & Septieme fu¬ perfiue. A fcgard des renverfemens de ces di¬ vers Accords, oil le Son fuppofe fe tranfporte dans les Parties fuperieures ; n’etant admis que par licence, ils ne doivent etre pratiques qu’a- P 2 22 $ s u $; vec choix 8c circonfpeftion. L’on trouvera a i. mot Accord tons cetix qui peuventfe tolerer. Suraioues. Tetracorde des Suraigues ajoute par FAretin. ( Voyez Svsteme. ) Surnume'raire ou Ajoute'e ,f. f. C'ctoit 1; ttom de la plus bade Corde du Syfteme des Grecs : ils l’appelloient en leur langue , Prof- lambanomenos. Voyez ce mot. Suspension , f. f. 11 y a Sufpenfon dans tout Accord fur la Bafle duquel on foutient un ou plulleurs Sons de l’Accord precedent , avant que de pafler a ceux qui lui appartiennent: comm® li, la Bafle paflant de la Tonique a la Demi- nante, je prolonge encore quelques inftans lur cette Dominante FAccord de la Tonique qui la precede avant de le refoudre fur le lien, e’eft une Sufpenfon. II y a des Siifpenfions qui fe chiffrent & en- trent dans l’Harmonie. Quaud elles font Diflon- names , ce font toujouvs des Accords par Sup- pofition. ( Voyez Supposition. ) D’autres Snf~ penfons ne font que de gout $ mais de quelque nature qu’ellcs foient, on doit toujours les a£- fujettir aux trois regies fuivantes. I. La Sufpeufion doit toujours fe faire fur le frappe de la Mefure, oudu moins fur un Terns fort. II. Elle doit toujours fe refoudre diatonique- ment, foit en montane , foit en descendant e’ell a-dite, quechaque Partie qui a fufpendu. $ Y M. 22? Se doit enfuite monter ou defcendre que d’nn Degre, pout arriver a l’Accord naturel de la No¬ te de Bade qui a porte la Sufpenfion. III. Toute Sufpenjion chiifree doit fe fauver en defcendant , excepte la feule Note fenfible qui fe fauve en montant. Moyennant ces precautions i! n’y a point de Sufpenjion qu’on r.e puilfe pratiquer avec fucces , parce qu’alors l’oreille, preffeutant fur la Balfe la marche des Parties , fuppofe d’avance l’Ac- cord qui fuit. Mais c’eft au gout feul qu'il ap- partient de choilir & diftribuer a propos les Sujl penfions dans le Chant & dans l’Harmonie. Syllabe, f. f Ce nom aetedonne par quel- ques Anciens, &entr’autres par Nicomaque, a la conformance de la Quarte qu’ils appelloient communement Diatelfaron. Ce qui prouve enco¬ re par l’etymologie, qu’ils regardoient le Tetra- corde , ainfi que nous regardons I’Odave, corn- me comprenant tons les Sons radicaux ou com- pofans. Symphoniaste , f tn. Compofiteur de Plain- Chant. Ce terme eft devenu technique depuis qu’il a ete employe par M. l’Abbe le Beut. Symphonie, f f Ce mot, forme du Grec rvv , avec , & Qatfj , Son , fignifie , dans la Mu- fique ancienne, cette union des Sons qui forme un Concert. C’eft un fentiment requ, & je crois, demontre , que les Grecs ne connoiffoient pas fHarmonie dans le fens que nous donnons au- / P 3 S YM. 230 jourd’hui a ce mot. Ainfi , leur Symphonie n® formoit pas des Accords , mais elle refultoit du concours de plufieurs Voix ou de plufieurs Inf- trumens , ou d’Inftrumens meles aux Voix chan- tant ou jouant la meme Partie. Cela fe faifois de deux manieres : ou tout concertoit a FUnif- fon, & alors la Symphonie s’appelloit plus par- ticulierement Homophonie $ ou la moirie des Con- certans etoit a FOctave ou meme a la double _ Oftave de Fautre, & cela Fe nommoit Antipho- jiie. On trouve la preuve de ces diftin&ions dans; ]es Problemes d’Ariftote, Sesftion 19. Aujourd’hui le mot de Symphonie s’appliquea toute Mufique Inftrumentale , tant des Pieces qui ne font deftinees que pour les Inftrumens , comme les Sonates & les Concerto, que de cel- Jes 011 les Inftrumens fe trouvent meles avec les Voix , comme dans nos Opera &dans plufieurs autres fortes de Mufique. On diftinguela Muli- que vocals en Mu(i ;ue fans Symphonie , qui n’a d’autre accompagnement que la BaiTe-continue 5 & Mufique avec Symphonie , qui a au moins un Deffus d’Inftrumens, Violons , Flutes ou Haut- bois. On dit d’une Piece qu’elle eft en grande Symphonie, quand , outre la BaiTe & les Deffus, elle a encore deux autres Parties Inftrumentales 5 favoir, Taille & Quinte de Violon. La Mufi¬ que de la Chapelle du Roi, celle de plufieurs Eglifes, & celle des Qpeta font prefque toujours en grande Symphonie. S Y N. 231 SyNAFHE ,f. f. Conjondtion de deux Tetracor- des, ou, plus precifement, refonnance de Quarte ©u Diatelfaron , qui fe fait entre les Cordes ho- mologues de deux Tetracordes conjoints. Aitifi , il y a trois Synaphes dans le Syfteme des Grecs: i’une entre le Tetracorde des Hypates & celui desMefes; l’autre, entre le Tetracorde des Me- fes & celui des Conjointes ; & la troifieme , en- tre le Tetracorde des disjointes & celui des Hy- perbolees. (Voyez Systemk, Te'tracorde. ) Synaulie , f. f. Concert de plulieurs Ivluli- ciens, qui, dans la Mulique ancienne, jouoient & fe repondoient alternativement fur des Flu¬ tes , fans aucuti melange de Voix. M. Malcolm, qui doute que les Anciens euf- fent une Mufique compofee uniquement pour les Inftrumens, ne lailfe pas de citer cette Synau- lie apres Athenee , & il a raifon : car ces Synau~ lies n’etoient autre chofe qu’une Mulique vocale jouee par des Inftrumens. Syncope , f. f. Prolongement fur le Terns fort d’un Son commence fur le Terns foible; ain- fl, toute Note fyncopee eft a contre-tems, & tou- te fuite de Notes fyneopees eft une marche a eontre - terns. Il faut remarquer que la Syncope n’exifte pas moins dans l’Harmonie , quoique le Son qui la forme , au lieu d’etre continu, foit refrappe par deux ou plulieurs Notes , pourvu que la difpofi- tion. de ces Notes qui repetent le meme Son ? P 4 232 5 Y tf. foit conforme a la definition. La Syncope a fes ufages dans la Melodie pour fexprelfion & le gout du Chant; mais fa prin- cipale utilite e!t dans l’Harmonie pour la prati¬ que des Diifonnances. La premiere partie de la Syncope fiert a la preparation : la DilTonnatice fe frappe fur la Seconds ; & dans une fucceflioti de Diifonnances , la premiere partie de la Syn¬ cope fuivante fert en merae terns a fauver la Diffonnance qui precede , & a preparer celle qui fuit. Syncope , de crvv avec , & de ko7tt&) , je coupe , je bats ; parce que la Syncope retranche de cha- que Terns, heurtant, pour ainfi dire , fun avec l’autre. M. Rameau veut que ce mot vienne du choc des Sons qui s’entre-heurtent en quelque forte dans la Dilionnance •, mais les Syncopes font anterit ures a notre Harmonie , & il y a fouvenfc des .\yncop-s fans Diifonnances. Synnh'me'non, gen. plur.fem. Tetracorde Syn- nemenon ou des Conjointes. C’ell le nom que donnoient les Grecs a leur troifieme Tetracorde s quand il etoit conjoint avec le fecond , & divi- ie d’avec le quatrieme. Quand au contraire il etoit conjoint au quati ieme & divife du fecond , ce rn^rne Tetracorde prenoit le nom de Diezeug- menon ou des divifees. Voyez ce mot. ( Voyez anffi Tetracorde , Systems. ) Synneme'non Diatonos , etoit, dans 1’an- ? ienne Mufique, la troifieme Corde du Tetracorde $ Y N. 233 SymiAnenon dans le genre Diatonique , 8c comme eette troifieme Corde etoit la meme que la fe- conde Corde du Tetracorde des Disjointes , elle portoit auffi dans ce Tetracorde le nom de Trite Diezeugmmon. (Voyez Trite , Systems , Tk'- Tracorde. ) Cette meme Corde , dans les deux autres Genres , portoit le nom du Genre oil elle etoit employee ; mais alors elle lie de confondoit pas avec la Trite Diezeugmenon. ( Voyez Genre.) Syntonique ou Dur , adj. C’eft -l’epithete par laquelle Aviltoxene dillingue cede des deux ef- peces du Genre Diatonique ordinaire , dont le Tetracorde eft divide en un demi - Ton & deux Tonsegaux;au lieu que dans le Diatonique mol, apres le femuTon , le premier Intervalle eft de trois quarts de Ton, & lefecond de cinq. (Voyez Genres , Te'tracordes. ) Outre le Genre Syntonique d’Ariftoxene , ap- pelle auffi Dicttono- Diatonique , Ptolornee en eta- lit un autre par lequel il divide le Tetracorde en trois Intervalles : le premier , d’un femi-Ton majeur ; le decond , d’un Ton majeur ; & le troi¬ fieme, d’un Ton mineur. Ce Diatonique dur ou Syntonique de Ptolornee nous eft refte, & c’eft auffi le Diatonique unique de Dydime ; a cette difference pres , que , Dydime ayant mis ce Ton mineur au grave , & le To t majeur a l’aigu , Pto- |omee renverfa cet ordre. i Qn verra d’un coup d’ceil la difference de ces SYN. + Jt deux Genres Syntoniqms paries rapports des Tri¬ te rvalles qui compofent le Tetracorde dans l’uil & dans l’autre. 366 3 Syntonique d’Ariftoxene,-1-}- ■—=—• 20 20 20 4 if 8 9 3 Syntonique de Ptolomee, ——f-J---- 16 9 10 4 11 y avoit d’autres Syntoniques encore, & l'on en comptoit quatre efpeces principales , favoir 1-Ancien , le Reforme, le Tempere, & l’Egal. Mais e’eft perdre fon terns , & abufer de celui du Le&eur, que de le promener par toutes ces divifions. Syntono-Lydien , adj . Nom d’un des Modes de 1’ancienneMufique. Platon dit que les Modes Mixo-Lydien, & Syntono-Lydien font propres a ux larmes. On voit dans le premier Livre d’Ariftidc Quin - tilien une lifte de divers Modes qu’il ne faufc pas confondre avec les Tons qui portent le mfe¬ me nom, & dont j’ai parle fous le mot Mode pour me conformer a Fufage moderne introduit fort mal - a - propos par Glarean. Les Modes etoient des manieres differentes de varier l’ordre des Intervalles. Les Tons differoient , comma aujourd'hui, par leurs Cordes fondamentales. Cell; dans le premier fens qu’il faut entendre le sys; S3* Ifode Syntono-Lyilien dont parle Platon , & du- quel nous n’avons, au refte , aucune explication. Systeme , f. m. Ce motayant plufieurs accep- tions dontje ne puis parler que fucceifivement, me forcera d’en faire un tres-long article. Pour commencer par le fens propre & techni¬ que , je dirai d’abord qu’on donne le nom de Syjtime a toutlntervalle compofe ou concu com¬ ine compofe d’autres Intervalles plus petits , lef- quels , confideres comme les elemens da Syjtcme, s’appellent Diajieme. ( Voyez Diaste'me.) Ily a une infinite d’Intervalles differens, & par confequent auffi une infinite de Syflemes pof- fibles. Pour me bonier ici a quelque chofe de reel, je parlerai feulement des Syftemes harmo- niques, c’eft-a-dire, de ceux dont les elemens font ou des Confonnances , ou des differences .des Confonnances, ou des differences de ces differences. (Voyez Intervalles.) Les Anciens divifoienc les Syflemes en gene- raux & particuliers. Ils appelioient Syfieme far- ticulier tout compofe d’au tnoins deux Intervalles, tels que font ou peuvent etre conques l’Oclave » la Quinte , la Quarte, la Sixte , & raeme la Tierce. J'ai parle des Syftemes particuliers au mot Intervalle. Les Syftemes generaux, qu’ils appelioient plus fiommunement Duigrammes , etoient formes par la fomme de tons les Syflemes particuliers , & Sompreijoicut5 par consequent, tons les Sons SYS. '236 employes dans la Zvlufique. Je me borne ici a Texamen de leur Syjieme dans le Genre Diato- nique ; les differences du Chromatique & de FBnharmonique etant fuffifamment expliquees a leurs mots. On doit juger de l’etat & des progres de l’an- cien Syjieme par ceux des Inffrumens deftines a Fexecution : car ces Inftrumens accompagnant a rUniffon lesVoix, & jouant tout ce qu’elies chan- toient, devoient former autant de Sons differens qu’il en entroit dans le Syjieme. Or les Cordes de ces premiers Inlirumens fe touchoient tou- jours a vuide ; il y falloit done autant de Cordes que le Syjieme renfermoit de Sons; & e’eft ainfi que, des l’origine de la Mufique, on pent fur Je nornbre des Cordes de 1’Inftrument, deter¬ miner le nombre des Sons du Syjieme. Tout le Syjieme des Grecs lie fut done d’a- bord compofe que de auatre Sons tout au plus 5 qui formoient l’Accord de leur Lyre ou Cythare. Ces quatre Sons , felon quelqucs-uns, etoient parDegres conjoints; felon d’autres, ils n’etoient pas Diatoniques : mais les deux extremes fon- noient l’Odave , & les deux moyens la parta- geoient en une Quarte de chaque cote & un Ton dans le milieu , de la maniere fuivante. JJt —- Trite Diezeugmenon. Sol — Lichanos Mefon. Fa - Parhypate Mefon. * Vt — Parhhypate - Bypaton. S Y S. 237 Celt ce que Boeee appelle le Tetracorde de Mercure , quoique Diodore avance que la Lyre de Mercure n’avoit que trois Cordes. Ce Syjld- me ne demeura pas long-tems borne a fi peu de Sons : Chorebe , fils d’Athis Roi de Lydie , y ajouta une cinquieme Corde; Hyagnis, unqJixie- rne ; Terpandre , une feptieme pour egaler le nombre des pianetes, & enfin Lychaon de Sa¬ mos , la huitieme. Voila ce que dit Boece : mals Pline dit que Terpandre ,ayant ajoute trois Cordes aux quatre anciennes, joua le premier de la Cythare a fept Cordes ; que Simonide y en joignit une huitieme , & Timothee une neuvieme. Nicomaque le Ge- rafenien attribue cette huitieme Corde a Pytha- go re, la neuvieme a Theophrafte de Pierie , puis une dixieme a flyftiee de Colophon , & une on- zieme a Timothee de Milet. Pherecrate dans Plutarque fiat faire au Syfieme un progres plus rapide ; il donne douze Cordes a la Cythare de Menalippi de, & autanta celle de Timothee. Et com me Pherecrate etoit contemporain de ces Muficiens, en fuppofant qu’il a dit en effet ce que Plutarque lui fait dire , fon temoignage eft d’un grand poids fur un fait qu’il avoit fous les yeux. Mais comment s’alTurer de la verite parmi tant de contradi&ions , foit dans la dodtrine des Au¬ teurs , foie dans l’ordre des faits qu’ils rappot;- tent ? Par exemple le Tetracorde de Mercure donne evidemment l’Odtave ou le Diapafon- s y s: 25S Comment done s’eft-il pu faire qu’apres I’acf le grand S\Jlcme , le Syjieme parfait, immuable par excellence : a caufe qu’entre ces extremites , qui formoient entr’elles une Confonnance parfai- te, etoient contenues toutes les Conformances fimpies , doubles , diredtes & renverfees , tous les Syjiemes particuliers, & felon eux , les plus grands Intervalles qui puiffent avoir lieu dans la Melodic. Ce Syjieme entier etoit compofe de quatre Te¬ tracordes 3 trois conjoints & un disjoint, & d’un Tom de plus, qui fut ajoute au-delfous du tout pour achever la double Qdtave ; d’ou la Corde qui le formoit prit le nom de iroslambanomene on S Y S. Mi A'Ajoutie. Cela n’auroit du , ce fenffle , pro¬ duce quequinze Sons dans le Genre Diatoni¬ que : il y en avoit pourtant feize. C’eft que la disjondtion fe faifant fentir , tantot entre le fe- cond & le troifieme Tetracorde , tant6t entre le troifieme & le quatrieme , jl arrivoit , dans le premier cas , qu’apres le Son la , le plus aigu du fecond Tetracorde, fuivoit en montant le fi naturel qui commenqoit le troilieme Tetracorde } ou bien , dans le fecond cas , que ce me me Son la commenqant lui-meme le troifieme Tetracor¬ de , etoit immediatement fuivi du ft Bemol: car le premier Degre de chaque Tetracorde dans le Genre Diatonique, etoit toujours d’un femi-Ton. Cette difference produifoit done un feizieme Son a caufe du ft qu’on avoit naturel d’un cote & Be¬ mol de i’autre. Les feize Sons etoient reprefen- tes par dix-huit noms : e’eft - a - dire que Vut & le re etant ou les Sons aigus ou les Sons moyens du troifieme Tetracorde, felon ces deux cas de disjondion , I’on donnoit a chacun de ces deux Sons un nom qui determinoit fa polition. Mais comme le Son fundamental varioit felon le Mode, il s’en fuivoit pour le lieu qu’occupoit chaque Mode dans le Syfteme total une differen¬ ce du grave a l’aigu qui multiplioit beaucoup les Sons; car files divers Modes avoient plufieurs Sons communs, ils en avoient aulfi de particu-* liers a chacun ou a quelques-uns feulement. Ain- fi, dans lefeul Genre Diatonique , l’etendue de s y s: 246 fous les Sons admis dans les quinze Modes de* nombres par Alipius ett de trois O&aves j & > com'me la difference du Son fondamental de cha- quc Mode a celui de fan voifin etoit feulement d’un femi Ton , il eft evident que tout cet efpace gradue de femi-Ton en femi-Ton produifoit, dans JeDiagramme general, la quantite de 34 Sons pra¬ tiques dans la Mufique ancienne. Que li, dedui- fant toutes les Repliques des memes Sons, on fe renferme dans les bornes d’une Oftave, on la trouvera divifee chromatiquement en douze Sons differens comme dans la Mufique moderne. Cs qui eft manifefte par l’infpedion des Tables mi- fes par Meibomius a la tete de l’ouvrage d’Ali- pius. Ces remarques font neceffaires pour guerir 1’erreur de ceux qui croient , fur la foi de qusl- quesModernes , que la Mufique ancienne n’etoit compofee cn tout que de feize Sons. On trouvera ( PI. H Fig. 2.) une Table du Syfleme general des Grecs pris dans un feul Mo¬ de & dans le Genre Diatonique. A 1’egard des Genres Enharmonique & Chromarique , les Te- tracordes s’y trouvoient bien divifes felon d’au- tres proportions ; mais comme ils contenoient toujours egalement quatre Sons & trois Interval- les confecutifs , de meme que le Genre Diatoni¬ que , ces Sons portoient chacun dans leur Genre le meme nom qui leur correfpondoit dans celui- ci : c’eft pourquoi je ne donne point de Ta¬ bles particulieres pour chacun de ces Genres, Les s ys: 24s' Les Curieux oourront confulter celle que Mei- boraius a mifes a la tete de 1’ouvrage d’Ariftoxe- ne. On y en trouvera fix j une pour le Genre Enharmonique , trois pour le Chromatique , & deux pour le Diatonique, felon les difpofitions de chacun de ces Genres dans le Syjieme Arif- toxenien. Tel fut , dans fa perfection , le Syjieme gene¬ ral des Grecs ■, lequel demeura a-peu-pres dans cet etat jufqu’a l’onzieme fieele; terns ou Gui d’Arezzo y fit des changemens confiderables, 11 ajouta dans le has une nouvelle Corde qu’il ap- pella Hypoproslambanomene , ou J'ous-Ajoutee , & dans le haut un cinquieme Tetracorde , qu’il ap- pella le Tetracorde des Suraigues. Outre cela „ i 1 invent'd, dit- 011 , le Bemol, neceifaire pour diftinguer Ja deuxierne Corde d’un Tetracorde conjoint d’avec la premiere Corde dumeme Te- tracorde disjoint: c’eft-a-dire qu’il fixa cette double fignification de la lettre B , que Saint Gregoire, ava ntlui, aq&it deja afiigne a la No¬ te fi. Car puifqu’il eft certain que les Grecs avoient, depuis long-terns , ces mernes conjonc- tions & disjondtions de Tetracordes , & , par confequent, des fignes pour en exprimer chaque Degre dans ces deux differens cas 5 il s’en fuit que ce n’etoit pas un nouveau Son introduit dans le Syfleme par Gui, mais feulement un nouveau nom qu’il donnoit a ce Son , reduifant ainfi a un ffieme Degre ce qui en faifoit deux chez lea To me XL Q. s t s; 243 Grecs. II faut dire aufli de fes Hexacordes fubf- titues a leurs Tetracordes que ce fut moins im changement au Syfteme qu’a la methode, & que tout celui qui en refultoit, etoit une autre ma- niere de folfier les memes Sons. ( Voyez Gamme, Muances, Solfier. ) On conqoit aifement que Pinvention du Con- tre-point, a quelque Auteur qu’elle foit due , duS bien-tot reculer encore les bornes de ce Syfteme. Quatre Parties doiventavoir plus d’etendue qu’u- ne feule. Le Syfteme fut fixe a quatre Octaves , & c’eftl’etendue du Clavier de toutes les ancien- nes Orgues. Mais on s’eft enfin trouve gene par des limites , quelque efpace qu’elles puflent con- tenir; on les a franchies, on s’eft etendu en haut & en bas> on a fait des Claviers a ravale- ment j on a demanche fans celfe ; on a force les Voix, & enfin l’on s’eft tant donne de carriere a cet egard, que le Syfteme moderne n’a plus d’autres bornes dans le haut que le chevalet du Violon. Comrae on ne peut pas de meme de- niancher pour defcendre, la plus bade Corde des Bafl’es ordinaires ne palfe pas encore le Cftol ut: mais on trouvera egalement le moyen de gagner de ce cote-la en bailfant le Ton du Syfteme ge¬ neral : c’eft meme ce qu’011 a deja commence de faire, & je tiens pour certain qu’en France le Ton de l’Opera eft plus bas aujourd’hui qu’il ne l’etoit du terns de Lully. Au contraire, celui de la Mulique inftrumentale eft monte comrae en s t s; 243 Ita lie, & ces differences commencent meme a devenir affez fenfibles pour qu’on s’en apper- qoive dans la pratique. Voyez ( Flanche I. Fig. i.)une Table gene- rale du grand Clavier a ravalement, & de tous les Sons qui y font contenus dans l’etendue d@ cinq Odaves. Systeme eft encore , ou une methode de cal-' cul pour determiner les rapports des Sons admis dans la Mufique, ou un ordre de fignes etablis pour les exprimer. C’eft dansle premier fens que les Aneiens diftinguoient le Syjlerne Pythagori- cien & le Syjieme Ariftoxenien. (Voyez ces mots.) C’eft dans le fecond que nous diftinguons aujourd’hui le Syjiime de Gal , le Syjieme de Sauveur, de Demos, da P. Souhaitfi, &c. deC- quels il a ete parle au mot Note. II faut remarquer que quelques-uns de ces Syfiemes portent ce nora dans Pune & dans l’au- tre acception ; comme celui de M. Sauveur, qui donne a la fdis des regies pour determiner les rapports des Sons, & des Notes pour les expri¬ mer ; comme on peut le voir dans les Memoires de cet Auteur, repandus dans ceux de FAcade- mie des Sciences. ( Voyez aufli les mots Meri- de, Eptame'ride , De'ca.me'ride.) Tel eft encore un autre Syjieme plus nouveau, lequel etanc demeure manufcrit & deftine peut- etre a n’etre jamais vu du Public en entier, vauc la peine que nous en donnions ici l’extrait qui Q.2 SYS. 244 nous a ete communique par PAuteur M. Roualls de Boi/gelou , Conleiller au Grand-Confeil, de- j'a cite dans quelques articles de ce Didlionnaire. II s’agit premierement de determiner le rap¬ port exadt des Sons dans le Genre Diatonique & dans le Chromatique; ce qui fe faifant d’une maniere uniforme pour tous les Tons, fait par confequent evanouir le Temperament. Tout le Syfteme de M. de Boifgclou eft fom- mairementrenferme dans les quatre formules que je vais tranfcrire, apres avoir rappelle au Lec- teur les regies etablies en divers endroits de ce Didtionnaire fur la maniere de comparer & com- pofer les Intervalles on les rapports qui les expriment. On fe fouviendra done : i. Quepour njouter un Intervallea un autre, il faut en compofer les rapports. AinS , par exemple , ajoutant la Quinte | , ala Quarte on a A- , ou ~ } favoir POctave. 2. Que pour ajouter un Intervalle alui- me- me, il ne faut qu’en doubler le rapport. Ainfl, pour ajouter une Quinte a une autre Quinte, il ne faut qu’elever le rapport de la Quint® a fa 2 1 feconde puiffance-= 4. 3 2 3- Que pour rapprocher ou fimplifier un In¬ tervalle redouble tel que celui-ci ±, il f u ffi t d’a- jouter le petit nombre a lui-meme une ou pl u . fieurs fois j e’eft-a-dire, d’abaifler les Odtaves s y s: 24T jufqu’a ce que les deux termes, etant auffi rap- proches qu’il elt poffible , donnent un Intervalle limple. Ainfl, de A faifant ~ , on a pour le pro- duit de la Quinte redoublee le rapport du Ton majeur. J’ajouterai que dans ce Di&ionnaire j’ai tou- jours expritne les rapports des Intervalles par ceux des vibrations , au lieu que M. de Boifge- lou les expritne par les longueurs des Cordes , ce qui rend fes exprefiions inverfes des mien- ires. Ainfi, le rapport de la Quinte par les vi¬ brations etant ~ , eft f par les longueurs des Cordes. Mais on va voir que ce rapport n’eft qu’approche dans le Syjieme de M. de Boifge- lou. Void maintenant les quatre formules de cet Auteur avec leur explication. FORMULE S. 12/— yr + t = o. izx — 5? + y = o. 7 f — 4 r + x = o. yx — 4# + / = o. EXPLICATION. Rapport de l’Octave , . , 2 , : 1. . 0-3 S Y S. 34-6 Rapport de la Quinte . . . n : r. Rapport de la Quarte ... 2 : n. Rapport de l’lntervaUe qui vient de Quin- te n r . 2*. Rapport de l’lntervalle qui vient de Quar¬ te. 2 s . n r . *$* r. Nombre de Quinte ou de Quarte de l’ln- tervalle. f. Nombre d’Odtaves combinees de l’llitervalle. t. Nombre de lemi-Tons de l’lntervalle. pc. Gradation diatonique de I’lntervalle ; c’eft-a- dire, nombre des Secondes diatoniques ma- jeures & mineures de l’lntervalle. pc. _-f- i Gradation des termes d’ou I’ln ter vail© tire fon nom. 4 - Le premier cas de chaque formule a lieu , lorfque l’lntervalle vient de Quintes. Le fecond cas de chaque formule a lieu , lorf¬ que l’lntervalle vient de Quartes. Pour rendre ceciplus clair par des exemples, commenqons par dormer des norns a chacune des douze touches du Clavier. Ces noms , dans l’arrangement du Clavier propofe par M. de Boifgelou, (PL 1. Fig. 3.) font les fuivans. SYS, 247 XJt de re ma mi fa ft fol be la fa fi. Tout Intervalle eft forme par la progrelfion de Quintes ou par celle de Quartes, ramenees a rOdtave. Par exemple , l’Intervalle fi ut eft forme par cette progrelfion de f Quartes fi mi la re fol ut , ou par cette progrelfion de 7 Quin- tes fi fi de be ma fa fa ut. De meme Pinter valle fa la eft forme par cette progrelfion de 4 Quintes fa ut fol re la , ou par cette progrelfion de 8 Quartes fa fa ma be de fi fi mi la. De ce que le rapport de tout Intervalle qui vient de Quintes eft ttr. 2 s ., & que celui qui vient de Quartes eft 2*: n Y ., il s’en fuit qu’on a pour le rapport de Pinter valle fi ut , quand il Yient dej Quartes, cette proportion 2s : n r : 2* : n r . Et li 1 ’Intervalley? ut vient de Quin¬ tes , on a cette proportion n r : 2 * : : n 7 : 2 + « Void comment on prouve cette analogic. Le nombre de Quartes , d’ou vient I’lnter- valle fi ut , etant de f, le rapport de cet Intervalle eft de 2 s : n r . , puifque le rapport de la Quarte eft 2 : n. Mais ce rapport 2 s : m 5 . defigneroit un Inter¬ valle de 2 s ferni-Tons; puifque chaque Quarte a S femi-Tons , & que cet Intervalle a $ Quar¬ tes. Ainfi , POdlave n'ayantquei2 femi-Tons, l'Intervalle fi ut palferoit deux Odaves. CL4 S Y S. '*48 Done pour que.l’lntervallej? ut ft bit moindre que I’O&ave, il faut diminuer ce rapport 2 s : n 5 , de deux O&aves ; c’eft-ivdire, du rapport de 2 2 : 1. Ce qui fe fait par un rapport compo- fe du rapport dired 2 s : n s , & du rapport I > 2 1 inverfe de celui 2 2 : 1 , en cette forte; 2 s ?< 1 : m X 2 Z : 2 s : 2 * n s :: 2 3 : « 5 . Or, l’lntervalle fi ut venant de Quartes , foil rapport, comme il a etc dit ci-devant, eft 2 s : w. Done 2 s : n r . : : 2 3 : n s . Done s = 3 , & Ainfi , reduifant les lettres du fecond cas de chaque formule aux nombres correfbondans, on a pour C, 7 s -4 y -a-=2i-20— 1=0. &pour D, 7x-4/- s=J —4- 3 =o. Lorfque ie meme Intervalie fi ut vient de Qiiin- tes, il donne cette proportion n r : 2 s :: n 1 : 2 + .' Ainfi , j’on a r = 7 , s = 4, & par conie- quent , pour A de la premiere formule, 12/ * 7 r +t = 48 -45? + * == o ; & pour B 12x —- fr + r = i 2 — f — 7 = o. De meme l’lntervalle fa la venant de Quin- tes donne cette proportion n r : 2 s : : M : , & par confequent on ar = 4 & r = 2. Le meme Intervalie venant de Quartes donne cette pro¬ portion 2 s : n r :: 2 s : « s , &c. Il feroit trop long d’expliquer ici comment on peut trouver les rapports & tout ee qui reganle les Interval- les par le moyen des formules. Ce fera mettre pn Lecteur attentif fur la route que de lui don- SYS. 249 tier les valeurs de n & de fes puidances. Valeurs des Puiflances de n. n 4 = 5 , c’eft un fait d’experience. Done n % = 2f. w 11 = i2f. Valeurs precifes des tro s premieres PuiiTan- ces de «. 4 _* 3 4 __ » = V i „ w== V 5 ,ii=: V 125. Valeurs approchees des trois premieres Puif— lances de «. 3 3 2 3 5 . »/ = —, m 2 = ~ , m* = — ^ a 2 a J Done le rapport f, qu’on a cru jufqu’ici etre celui de la Quinte jufte, n’eft qu’un rapport d’approximation, & donne ulie Quinte trop for¬ te , & de la le veritable principe du Tempera¬ ment qu’on ne peut appeller ainfi que par abus , puifque la Quinte doit etre foible pour btre jufte. REMARQUE'S SUR LES INTERVALLES. Un Intervalle d’un nombre donne de femi- Tons, a toujours deux rapports differens; l’un comme venant de Quintes, & l’autre comme yenant de Quartes, Lafommedes deux valeurs Q-f SYS. SfO de r dans ces deux rapports egale 12, & la fora-' me des deux valeurs de s egale 7. Celui des deux rapports de Quintes ou de Quartes dans le- quel r eft le plus petit, eft i’Intervalle diatoni- que , l’autre eft l’lntervalle chromatique. Ainu , l’lntervall e fi ut, qui aces deux rapports, 2 3 : & n 1 : 2 4 , eft un Intervalle diatonique com- me venant de Quartes , & fon rapport eft 2 3 : »z s ; mais ce meme Intervalle fi ut eft chromati¬ que comrae venant de Quintes, & fon rapport eft jz 7 : 2 4 . parce que dans le premier cas r = 5 ' eft moindre quer=7 du fecond cas. Au contraire rintervalle fa la qui a ces deux rapports u + : 2 l & 2 s : « s , eft diatonique dans le premier cas oil il vient de Quintes, & chro¬ matique dans le fecond oil il vient de Quartes. L’lntervalle fi ut, diatonique, eft une fecon- de mineure : 1’fntervalle fi ut, chromatique , ou plutot 1’Intervalle fi ft Diefe ( car alors ut eft pris pour fi Diefe) eft un Uniifon fuperflu. L’lntervalle fa la, diatonique , eft une Tier¬ ce majeure; l’lntervalle fa la , chromatique , ou plutot llntervalle mi Diefe la, (car alors /a eft pris comme mi Diefe ) eft une Qiiarte diminuee. Ain(i des autres. Il eft evident , i°. Qua chaque Intervalle diatonique correfpond un Intervalle chromatique d’un raeme nombre de femi-Tons & vice verfi. Ces deux Interval]es de meme nombre de femi- Tons , Tun diatonique & l’autre chromati- SYS. Bfl ique , font appelles lutervalles correfpondans. 2°. Que quand la valeur de r eft egal a un de ces nombres o, I , 2, 3, 4, 5, 6 , 1’In- tervalle eft diatonique; foie que cet Intervalle vienne de Quintes ou de Quartes ; mais que ft r eft egal a un de ces nombres, (S', 7, g, 9,10, II, 12 , l’Intervalle eft chromatique. 3 0 . Que lorfqu’r = 6 , l’lntervalle eft en meme terns diatonique & chromatique , foit qu’il vienne de Quintes ou de Quartes : te\s font les > deux. Intervalles ft ft , appelle Triton, & fifa, appelle Fauffe-Quinte; le Triton fa fi eft dans le rapport rf : 2 3 . & vient de fix Quintes; la Faulfe-Quinte ft fa eft dans le rapport 2 4 : n 6 & vient de fix Quartes : oil Pon voit que dans les deux cas on a r = 6 . Ainfi le Triton , comme Intervalle diatonique, eft une Quarte-majeure ; &, comme Intervalle chromatique , une Quarte fuperflue : la Faufle-Quinte fi fa, comme Inter¬ valle diatonique, eft une Quinte mineure 5 com¬ me Intervalle chromatique , une Quinte dimi- nuee. II n’y a que ces deux Intervalles & leurs Repliques qui foient dans le cas d’etre en meme terns diatoniques & chromatiques. Les Intervalles diatoniques de meme nom , & confequemment de meme gradation, fe divi- fent en majeurs & mineurs. Les Intervalles chro¬ matiques fe divifent en diminues & fuperflus. A ehaque Intervalle diatonique mineur correfpond ?aa Intervalle chromatique fuperflu, & a ehaque Intervals diatonique majeur correfpond un Iru tervallc chromatique diminue. Tout Intervalle en montant , qui vient de Quintes, eft majeur ou diminue , felon que cet Intervalle eft diatonique ou chromatique; & re- ciproquement tout Intervalle majeur ou diminue vient de Quintes. Tout Intervalle en montant, qui vient de Quartes, eft mineur ou fuperflu , felon que cet Intervalle eft diatonique ou chromatique ; & vice vsrfa tout Intervalle mineur ou fuperflu vient de Quartes. Ce feroit le contraire fi l’lntervalle etoit pris en defeendant. De deux Intervalles correipondans, e’eft-a- dire, fun diatonique & i’autre chromatique, & qui, par confequent, viennent Tun de Qiiintes & V autre de Quartes, le plus grand eft celui qui vient de Quartes , & il fu rpafle celui qui vient de Quintes, quant ala gradation , d’une unite j &, quant a l’intonation d’un Intervalle , dont le rapport eft 2 7 : n 11 > e’eft-a-dire ,1285 12^. Cet Intervalle eft la Seconds diminuee , appel¬ lee communement grand Comma ou Quart-de- Ton; & voila la porte ouverte au Genre En- harmonique. Pour achever de mettre les Ledteurs fur la voie des formules propres a perfe&ionner la theorie de la Mufique, je tranferirai, ( Pi. I Eg. 4. ) les deux Tables de progreffions drefiees S Y S. par M. de Boifgelou , par lefquelles on voit d’un coup-d’oeil les rapports de ehaque Intervalle & les puiffances des termes de ces rapports, felon le nombre de Quartes ou de Quintes qui les compofent. On voit, dans ces formules, que les femi- Tons font reellement les Intervalles pfimitifs & elementaires qui compofent tous les autres; ce qui a engage UAuteur a faire, pour ce meme Syfteme , un change,ment confidetable dans les caraderes , en divifant cbromatiquement la Por- tee pat Intervalles ou Degres egaux & tous d’un femi-Ton, au lieu que dans la Mufique ordinai¬ re chacun de ces Degres eft tantot un Comma , tantot un femi-Ton, tantot un Ton, & tantot un Ton & demi; ce qui lailfe a Toeil l’equivo- que & a 1’e/prit le doute de l’lntervalle , puif. que les Degres etant les mernes, les Intervalles font tantot les mernes & tantot differens. Pour cette reforme il fuffit de faire la Portee de dix Lignes au lieu de cinq & d’affigner a cha- que Pofition une des douze Notes du Clavier chromatique, ci-devant indique, felon l’ordre de ces Notes, lefquelles reliant ainft toujours les mernes , determinent leurs Intervalles avec la derniere precifion & rendent abfolument inu¬ tiles tous les Diefes , Bernols ou Bequarres , dans quelque Ton qu’on puiife etre, & tant a la Clef qu’accidentcllement. Voyez la Planche I , oil vous trouverez , Figure 6 , l’Ephelle chroma- s y si' 2f4 tique fans Diefe ni Bemol; 8c, Figure 7 , FE- che/ie Diatonique. Pour peu qu’on s’exerce fur cette nouvelle maniere de noter & de lire la Mufique , on fera furpris de la nettete, de la finiplicite qu’elle donne a la Note, & de la fa- cilite qu’elle apporte dans l’execution , fans qu’il foit poffible d’y voir.aucun autre inconvenient: que de remplir un peu plus d’efpace fur le pa¬ pier , & peut-etre de papilloter un peu aux yeux dans les viteffes par la multitude des Lignes , fur-tout dans la Symphonic. Mais comrae ce Syjleme de Notes eft abfo- lument chromatique, il me paroit que c’eft un inconvenient d’y lailfer fubfifter les denomina¬ tions des Degres diatoniques; & que, felon M. de Boifgelou , ut re ne devroit pas etre une Seconde , mais une Tierce: ni ut mi une Tier¬ ce , mais une Quinte; ni ut ut une Odave, mais une Douzieme : puifque chaque femi-Ton for¬ mant reeliement un Deg re fur la Note , devroit eti prendre auffi la denomination ; alors x -f- r etant toujours egal a t dans les formules de cet Auteur, ces formules fe trouveroient extreme- ment fimplifiees. Du refte, ce Syjleme me pa¬ roit egalement profond & avantageux : il feroit a defirer qu’il fut developpe & publie par 1 ’Au¬ teur, ou par quelque habile Theoricien. Systeme , enfin, eft l’alfemblage des regies de l’Harmonie , tirees de quelques principes communs qui les raffemblent, qui forment ieur SIS. 2?f liaifon, defquels dies decoulent & par lefquels on en rend raifon.- Jufqu’a notre fiede l’Harmonie , nee fuccefli- vement & comrae par hafard , n’a eu que des re¬ gies eparfes , etablies par Poreille, confirmees par l’ufage , & qui paroiifoient abfolumenc arbi- traires. M. Rameau eft le premier qui, par le Syfieme de la Bafte-fondamentale , a donne des principes a ces regies. Son Syfieme, fur lequel ce DicUonnaite a etc compofe, s’y trouvant fuf- fifamment developpe dans les ptincipaux Arti¬ cles, ne fera point expofe dans celui ci, qui n’eft deja que trop long, & que ces repetitions fuperflues aliongeroient encore a l’exces. D’ail- ieurs, l’objet de cet ouvrage ne m’oblige pas d’expofer tousles Syjtetnes , mais feulement de bien expliquer ce que c’eft qu’un Syfieme , & d’e- claircir au befoin cette explication par des exemples. Ceux qui voudront voir le Syfttme de M. Rameau , fi obfcur, fi diftus dans fes ecrits , expofe avec une clacte dont on ne l’auroit pas cru fufceptible, pourront recourir aux elemens de Mufique de M. d’Alembert. M. Serre de Geneve, ayant trouve les prin¬ cipes de M. Rameau infuffifans ■ a bien des egards, imagina un autre Syfieme fur le lien , dans lequel il pretend montrer que route l’Har- monie porte fur une double Baffe fondamentale, & com me cet Auteur, ayant voyage en Itaiie, n’ignoroit pas les experiences de M. Tartini, il en SYS. 556 compofa, en les joignant avec celles de M. Ra¬ meau , un Syjleme mixte , qu’il fit imprimer a Paris en 17 s 3 , fous ce titre : Ejfais fur les Prin- cipes de i’Harmonie , &c. La faciiite que chacun a de confulter cet ouvrage, & l’avantage qu’on trouve a le lire en entier, me difpenfent aufli d’en rendre compte au public. II n’en eft pas de meme de celui de l’illuftre M. Tattini dont il me refte a parler ; lequel etant ecrit en langue etrangere , fouvent profond & toujours diftus , n’eft a portee d’etre confulte que de peu de gens , dont meme la plupart font rebates par l’obfciirite du Livre, avant d’en pou- voir fentir les beautes. Je ferai, le pins brie- vement qu’il me fera poftible, 1’extrait de cs nouveau Syjleme, qui, s’il n’eft pas celui de la Nature, eft au moins , de tous ceux qu’on a publies jufqu’ici, celui dont le principe eft le plus ftmple, & duquel toutes les loix de 1’Harmo- nie paroiftent naitre le mo ins arbitrairement. SYSTEME DE M. TARTINI. II y a trois manieres de calculer les rapports des Sons.' I. En coupant fur le Monocorde la Corde en- tiere en fes parties par des chevalets mobiles , les vibrations ou les Sons feront en raifon inverfe des longueurs de la Corde & de fes parties. II. En tendant, par des poids inegaux, des Cordes S Y s; 2f7 Cordes egales, les Sons feront comme les raci- lies quarrees des poids. III. En tendant, par des poids egaux , des Cordes egales en groffeur & inegales en lon¬ gueur , ou egales en longueur & inegales en grof¬ feur , les Sons feront en raifon inverfe des ra¬ tines quarrees de la dimenfion ou fe trouve la difference. En general les Sons font toujours entr’eux en raifon inverfe des rae'mes cubiques des corps fo- nores. Or, les Sons des Cordes s’alterent de trois manieres : favoir , en alterant, ou la grof- feur , c’eft-adire , le diametre de la groffeur; ou la longueur, ou la tenfion. Si tout cela eft egal, les Cordes font a fUnilfon. Si l’une de ces cho-, fes feulement eft alteree , les Sons fuivent, en raifon inverfe, les rapports des alterations. Si deux ou toutes les trois font alterees, les Sons font, en raifon inverfe , comme les racines des rapports compofes des alterations. Tels font les principes de tons les phenomenes qu’on obferve en comparant les rapports des Sons & ceux des dimenfions des corps fonores. Ceci compris ; ayant mis les regitres conve- nables , touchsz fur l’Orgue la pedale qui rend la plus baffe Note marquee dans la Planche I figure 7, toutes les autres Notes marquees au- deffus refonneront en meme terns, & ce pendant Vous n’entendrez que le Son le plus grave. Les Sons de cette Seris confondus dans le Son Tome XI. R SYS. Sfg grave, formeront dans leurs rapports la fuite na- turelie des fractions &c, laquelle fuite eft en progreffion harmonique. Cette meme Serie fera celle de Cordes ega- les tenaues par des poids qui feroient corarae les quarres } \ , &c. des memes frac¬ tions fufdites. Et les Sons que rendroient ces Cordes font les memes exprimes en Notes dans l’exemple. ! Ainfi done , tous les Sons qui font en progref¬ fion harmonique depuis Tunite , fe reuniffent pour n’en former qu’un fenftble a l’oreille, & tout le Syjleme harmonique fe trouve dans l’unite. II n’y a , dans un Son quelconque , que fes aliquotes qu’ii fa/Te refonner, parce que dans tou¬ ts autre fraction , corame feroit celie-ci il fc trouve , apres la divifion de la Corde en parties egales , un refte done les vibrations heurtent , arretent les vibrations des parties egales , & en font reciproquement heurtees ; de forte que des deux Sons qui en refuiteroient , Ie plus foible eft detruit par le choc de tous les auttes. Or , les aliquotes etant routes comprifes dans ]a Serie des fractions j i j + , &c. ci - devant donnee, chacune de ces aliquotes eft ce que M. Tartini appelle Unite ou Monade harmonique* du concours defquelles refulte un Son. Ainfi'’ toute l’Harmonie etant neceflairement comprife entre la Monade ou l’unite compofante & le Son ' plein ou l’unite compofee, il s’enfuit que l’Har- S Y S. tnonie a , des deux c6tes , l’unite pour terme, & confide effentiellement dans 1’unite. L’experience fuivante, qui fert de principe a toute l’Harmonie artificielle, met encore cette verite dans un plus grand jour. Toutes les fois que deux Sons forts , juftes &foutenus, fe font entendre au metne inftant, il refulte de leur choc un troifieme Son , plus ©u moms fenfible , a proportion de la timplicite du rapport des deux premiers & de la fineffe d’oteille des ecoutans. Pour rendre cette experience auffi fenfible qu’il eft poifible , il faut placer deux Hautbois bien d’Accord a quelques pas d’Intervalle , & fe mettre entre deux , a egale didance de fun & de 1’autre. A defaut de Hautbois, on peut pren¬ dre deux Violons, qui, bien que le Son en foit moins fort, peuvent, en touchant avec force & jufteffe , fuffire pour faire diftinguer le troifie¬ me Son. La produ&ioii de ce troifiemeSon , par cha- cune de nos Conformances , eft telle que la montre la Table , ( Fl. I Fig. 8- ) & l’on peut la pourfuivre au-dela des Conformances, par tous les intervalles reprefentes par les aliquotes de l'unite. L’Ocftave n’en donne aucun, & c’eft le leul lutervalle excepte. La Quinte donne PUnilfon du Son grave, Lailion qu’avec de l’attention i’on ne laifle pas de diftinguer, K 3 260 SYS. Les troifiemes Sons produits par les autre* Intervalles, font tous au grave. La Qnarte donne l’Octave du Son aigu. La Tierce majeure donne l’O&ave du Sod grave, & la Sixte mineure, qui en eft renver- fee, donne la double Odtave du Son aigu. La Tierce mineure donne laDixieme Majeure du Son grave ; mais la Sixte majeure, qui en eft renverfee , ne donne que la Dixieme majeure du Son aigu. Le Ton majeur donne la Quinzieme ou dou- ble-Odtave du Son grave. Le Tonmineur donne la Dix-feptieme, oula double-Ocftave dela Tierce majeure du Son aigu. Le femi-Ton majeur donne la Vingt-deuxie- aie ou triple-Ociave du Son aigu. Enfin , le femi-Ton rnineur donne ,1a Vingfc- fixieme du Son grave. On voit, par la comparaifon des quatre der- niers Intervalles , qu’un changement peu fenfi- ble dans I’lutervalie change tres-fenfiblement le Son produit ou fondamental. Ainfi , dans le Ton majeur, rapprochez lTntervalle en abaiffant le Son fuperieur ou elevan.t l’inferieur feulement d’un |° : auffi- tot le Son produit montera d’un Ton. Faites la meme operation fur le femi-Toa majeur, & le Son produit defcendra d’un® Qiiinte. Quoique la produdlion du troifieme Son ne fe borne pas a ces Intervalles, nos Notes n’en pouvant exprimer de plus compofe, il eft, pour le prefent , inutile d’aller au-dela de ceux-ci. On voit dans la fuite reguliere desConfon- nances qui compofent cette Table , qu’elles fe rapportent toutes a une bafe commune & pro- duifent toutes exa&ement le meme troifieme Son. Voila done, par ce nouveau phenomene, une demonftration pbylique de l’Unite du principe de 1’Harmonic. Dans les Sciences Phyfico-Mathematiques tel- les que la Mufique , les demonftrations doivent bien etre geometriques; mais deduites phyfique- ment de la chofe demontree. C’eft alors feule- raent que l’union du calcul a la Phyfique four- nit , dans les verites etablies fur 1’experience & demontrees geometriquement, les vrais princi- p£S de I’Art. Autrement la Geometric feule don- nera des Theoremes certains, mais fans ufage dans la pratique: la Phyfique donnera des fails particuliers, mais ifoles , fans liaifon entr’eux & fans aucune ioi generate. Le principe phyfique de PHarraonie eft un , comme nous venons de le voir, & fe refout dans la proportion harmonique. Or, ces deux proprietes conviennent au cercle; car nous ver- rons bien-tot qu’on y retrouve les deux unites extremes de la Monade & du Son ; & , quant a la proportion harmonique, elle s’y trouve R 3 262 ST S. auili; puifque dans quelque point C, ( PI. I Figl 9 .) que 1’on coupe inegalement le Diametre A B, le quarre de 1’Ordonnee C D fera moyen pro- portionnel harmonique entre les deux rectangles des parties A C & C B du Diametre par le rayon ; propriete qui fuffit pour etabiir la nature harmo¬ nique du Cercle. Car, bien que les Ordonnees foient moyennes geometriques entre les parties du Diametre , les quarres de ces Ordonnees etant moyens harmoniques entre les rectangles, leurs rapports reprefentent d’autant plus exade- ment ceux des Cordes fonores , que les rapports de ces Cordes ou des poids tendans font aufla comme les quarres , tandis que les Sons font coin me les racines. Mainrenant, du Diametre A B , (PI. I Fig. 10 .) divife felon la Serie des fradions £ j ~ j.~ , ]§£. poelles font en oronrellion bar;pcniCue , foient tirees les Ordonnees C, C C; G, GG ; c,cc; e, : e si & g , gg. Le Diametre reprefente une Corde Ihnore 3 qui, divjfee en merries raifons, donne les Sons indiques dans l’exemple O de la meme Blanche > Figure 11 • Pour eviter les fradions, donnons 60 parties au Diametre , les Sedions contiendront ces nora- bres entiers B C 20 ; B c === j S= j = 10. Z ?0; B ^ 15 j Be i i r £ j£f Bes points ou les Ordonnees eonpent le Cer- cle, tirons de part & d’autre des Cordes auxi deux extremites du Diametre. La fomme du quar- re de chaque Corde & du quarre. de la Corde cor- refpondante, que j’appelle fon complement, fera toujours egale au quarre du Diametre. Le& quar- res des Cordes feront entr’eux comme les Abfcif- fes correfpondantes , par confequent auffi en pro- greffion harmonique , & reprefenteront de meme l’exemple O, al’exeeption du premier Son. Les quarres des Complemens de ces memes Cordes feront entr’eux comme les Complemens des AbfciiTes au Diametre, par confequent dans les raifons fuivantes : Sc reprefenteront les Sons de Te'tfdmple P ; fur lequel on doit remarquer en paifant , que cet exemple, compare au fuivant Q_ & au precedent O , donne le fondeinent naturel de la regie des mouyemens eontraires. R. 4 s y s: t6/f Les quarres des Ordonnees feront au quarre 3500 du Diametre dans les raifons fuivantes : & reprefenteront les Sons de I’exemple Q. Or, cette derniere Serie, qui n’a point d’h o- mologue dans les divifions du Diametre , &fans laquelie on ne faurojt pourtant completer le Syf- teme harmonique, montre la neceflite de cher- cher dans les proprietes du Cercle les vrais fon- demens du Syfierne , qu’on ne peut trouver, ni dans la ligne droite, ni dans les feuls norabres abftraits. Je palfe a defTein toutes les auttes propofi. tions de M. Tartini fur la nature arithmetique, harmonique & geometrique du Cercle , de merae que fur les bornes de la Serie harmonique dort- SYS. 26 Y Bee par la raifon fextuple 5 paree que fes preu- ves enoncees feulement en chiffres , n’ecablid fe nt aucune demonftration generale ; que , de plus, comparant fouvent des grandeurs hetero¬ genes , il trouve des proportions ou Ton ne fauroit merne voir de rapport. Ainfi, quand il croit prouver que le quarre d’une ligne eft moyen proportionnel d’une telle raifon, il ne prouve autre chofe , finon que tel norabre eft moyen proportionnel entre deux tels autres nombres : car les furfaces & les nombres abftraits n’etant point de merae nature, ne peuvent fe compa¬ rer. M. Tartini fent cette difficulte, & s’effor- ce de la prevenir ; on peut voir fes raifonne- mens dans fon Livre. Cette theorie e'tablie , il s’agit maintenant d’en deduire les faits donnes, & les regies de J’Art Harmonique. L’Odave qui n’engendre aucun Son fonda- tnental, n’etant point elfentielle a 1’Harmonie, peut etre retranchee des parties conftitutives de 1’Accord. Ainfi , 1’Accord , reduit a fa plus grande fimplicite , doit etre confidere fans elle. Alors il eft compofe feulement de ces trois termes J j f, lefquels font en proportion harmonique, & ou les deux Monades j f font les feuls vrais elemens de l’Unite fonore, qui porte le nora d’Accord parfait : car , la fraction \ eft ele. ment de I’Odave {, & la fradion ^ eft Odave h !a Monads y. R t. Cet Acctfrd parfait , I y ~ , produit par una feule Corde & dont les termes font en. propor¬ tion harmonique , eft la loi generate de la Na¬ ture, qui fert de bafe a toutes la fcience des Sons , loi que la Phyfique peut tenter d’expli- quer, mais dont 1’explication eft inutile aux re¬ gies de l’Harmonie. Les calculs des Cordes & des poids tendans fervent a donner en nombre les rapports des Sons qu’on ne peut confiderer comme des quan¬ tity qu’a la faveur de ces calculs. * Le troifieme Son, engendre par le concours de deux autres, eft comme le produit de leurs quantites ; & quand , dans une cathegorie com¬ mune , ce troifieme Son fe trouve toujours la tnenie, quoiqu’engendre par des Intervalles dif- fererts, c’eft que les produits des generateurs font eg aux entr’eux. Ceci fe deduit manifeftement des proportions pr ecedentes. Quel eft, par exemple , le troifieme Son qui refulte de C B & de G B ? ( Pi. I Fig. io. ) Gteft rUnilfon de C B. Pourquoi ? Paree que , dans les deux proportions harmoniques dont les quar- res des deux Ordonnees C, CC, & G,GG» font moyens proportionnels , les fommes des extremes font egales entr’elles , & par confe- quent produifent le meme Sort commun C B , ou C, CC. En effefc, la fomme des deux re&angles d$ s y §: 2,67 B C par C, C C , & de AC par C , C C , eft eg ale a la fomme des deux rectangles de BG par C, CC & de GA par C, CC ; car chacune de ces deux fomroes eit egale a deux fois lc quarre du rayon. D’ou il fuic que le Son C, C C ou CB, doit etre commun aux deux Cordes , or , ce Son eft preeifement la Note Q_de l’exem- ple O. Quelques Ordonnees que vous puiffiez pren¬ dre dans le Cercle pour les comparer deux a deux, ou merae trois a trois , elles engcndre- ront toujours le meme troifieme Son reprefente par la Note Q_; parce que les rectangles des deux parties du Diametre par le rayon donne- ront toujours des fommes c gales. Mais J’O&ave XQ_ n’engendre que des Har- Jnoniques a l’aigu , & point de Son fondamenta!, parce qu’on ne peut elever d’Ordonnee fur Bex- tremite du Diametre , & que par confequent le Diametre & le rayon ne lauroient, dans leurs proportions harmoniques , avoir aucun produifc commun. Au lieu de divifer harmoniquement le Diame¬ tre par les fractions qui donnent le Syfttme naturel de BAccord majeur, fi on le divife arithmetiquemerit en fix parties egales, on aura le Syfleme de l’Accord majeur renverfe , & ce renverfemCnt dorinc exadtement l’Accorcl fflineur : car ( PL I Fig. 12. ) une de ces par- fies donnera la Dix - neuvieme , c’eft - a - dire *■ 268 SYS. la double Odlav# de la Quinte ; deux donneront ja Douzieme , ou l’Odtave de la Quinte ; trois donneront I’O&ave, quatre la Quinte , & cinq la Tierce mineure. Mais fi-tot qu’uniflant deux de ces Sons, on cherchera le troifieme Sbn qu’ils engendrent, ces deux Sons fimukanes , au lieu du Son C , (Figure 13,) ne produiront jamais pour Fonda- mentale, que le Son Eb ? ce qui prouve que , ni P Accord mineur , ni fon Mode , ne font don- nes par la Nature. Que fi l’on fait confonnet deux ou plufieurs -lntervalles de 1’Accord mi¬ neur, les Sons fondamentaux fe multiplieront; &, relativement a ces Sons , on entendra plu¬ fieurs Accords majeurs a la fois , fans aucun Accord mineur. Ainfi, par experience faite en prefence de huit celebres ProfeiTeurs de Mufique , deux Hautbois & un Violon , fonnant enfemble les Notes blanches marquees dans la Portee A , ( PI. G Fig. f ) on entendoit diftin&ement les Sons marques en noir dans la meme Figure > favoir, ceux qui font marques a part dans la Portee B pour les lntervalles qui font au-deflus. & ceux marques dans la Portee C , aufli pour les lntervalles qui font au-deffus. En jugeant de l’horrible cacophonie qui de- voit refulter de cet enfemble, on doit conclure que toute Mufique en Mode mineur feroit infup- psrtable a l’oreille , fi les lntervalles etoient af- SYS. 269 fez juftes & les Inftrumens alfez forts pour ren- dre les Sons engendres auffi fenfibles que les generateurs. On me permettra de remarquer en paflant, que 1’inverfe de deux Modes, marquee dans la Figure 13 , ne fe borne pas a l’Accord fonda- mental qui les conftitue , mais qu’on peut l’e- tendre a touts la fuite d’un Chant & d’une Har- monie qui, notes en fens dired dans le Mode majeur, lorfqu’on renverfe le papier & qu’on met des Clefs a la fin des Lignes devenues le commencement, prefente a rebours une autre fuite de Chant & d’Harmonie en Mode mineur, exadement inverfe de la premiere ou les Balfes deviennent les DelTus, & vice verfa. C’eft ici la Clef de la maniere de compofer ces doubles Canons dont j’ai parle au mot Canon. M. Serre, ci-devant cite, lequel a tres-bien expofe dans fon Livre cette. curiofite harmonique, annonce une Symphonie de cette efpece, compofee par M; de Morambert, qui avoit du la faire graver : c’etoit mieux fait allurement que de la faire executer. Une compolition de cette nature doit etre meilleure a prefenter aux yeux qu’aux oreil- les. • Nous venons de voir que de la division har- monique du Diametre refulte le Mode majeur, & de la divilion arithmetique le Mode mineur. C’eft d’ailleurs un fait connu de tous les Theo- ticieas , que les rapports de 1’Accord minsur f« SYS. 270 trouvent dans la divifion arithmetique de la Quince. Pour trouver le premier fondement du Mode mineuf dans le Syfleme harmonique , il fuffit done de montrer dans ce Syfleme la divi¬ fion arithmetique de la Quinte. Tout le Syfleme harmonique eft fonde fur la faifon double, rapport de la Corde entiere a lbn Octave , ou du Diametrc au rayon ; & fur la raifon fefquialtere qui donne le premier Son harmonique ou fondamental auquel fe rappor- tent tous les autres. Or, Ci , ( Pi. I Fig. 11.) dans la raifon dou¬ ble on compare fucceffivement la deuxieme Note G, & la troiiieme F de la Serie P au Son fun¬ damental Q_, & a foil Octave grave qui eft la. Corde entiere, on trouvera que la premiere eft moyenne harmonique, & la feconde moyenne arithmetique entre ces deux termes. De meme, fi dans la raifon fefquialtere on compare fucceftivement la quatrieme Notee, & la cinquieme eb de la meme Serie & la Corde entiere & a fa Quinte G , on trouvera que la quatrieme e eft moyenne harmonique, & la cin¬ quieme e b moyenne arithmetique entre les deux termes de cette Quinte. Done le Mode mineur etant fonde fur la divifion arithmetique de la Quinte, & la Note e b prife dans la Serie des Complemens du Syfleme harmonique donnant cette divifion , le Mode mineur eft for\de fur sette Note dans le Syfleme harmonique. SYS. 271 Apres avoir trouve toutes les Confonnances dans la divifion harmonique du Diametre don- nee par l’exemple O, le Mode majeur dans l’or- dre diredt de ces Confonnaces , le Mode rai- neur dans leur ordre retrograde, & dans leurs Complemens reprelentes par l’exemple P , il nous refte a examiner le troifieme exemple Q_, qui exprime en Notes les rapports des quarres des Ordonnees , & qui donne le Syfteme des Diffonnances. Si Ton joint, par Accords fimultanes , c’eft- a- dire , par Confonnances, leslntervalles fuccef- fifs de Pexemple O , comme on a fait dans la Figure 8- meme Blanche, l ’on trouvera que quar¬ ter les Ordonnees , c’eft doubter 1 ’Intervalle qn’elles reprefentent. AinG , ajoutant un troi¬ fieme Son qui reprefente le quarre , ce Son ajou- te doublera toujours l’lntervalle de la Confon- nance, comme on le voit Figure 4. de la Blan¬ che G. Ainfi , ( Bl. I Fig . 11.) la premiere Note K de l’exemple Q, double l’O&ave, premier Inter¬ vals de l’exemple O ; la deuxieme Note L dou¬ ble la Quinte , fecond Intervals ; la troifieme Note M double la Quarte , troifieme Intervals , &c. & c’eli ce doublement d’lntervalles qu’expri¬ me la Figure 4. de la -Blanche G. LaiiTant a part l’Odlave du premier Interval- le, qui, n’engendrant aucun Son fondamental, ne doit point palter pour harmonique, la Note SYS. 272 ajoutee L forme, avec les deux qui font au- delfous d’elle, mie proportion continue geome- trique en raifon fefquialtere ; & , les fuivantes , aoublant toujours les Intervalles , forment aufll toujours des proportions geometriques. p Mais les proportions & progreflions harmoni- que & arithmetique qui conftituent le Syjleme confonnant majeur & mineur font oppofees, par leur nature, a la progreffiongeomettique ; puifi- que celle - ci refulte effentiellement des memes rapports, & les autres de rapports toujoursdif- ferens. Done, files deux proportions harmoni- que & arithmetique font confonnantes , la pro- ' portion'geometrique fera diffonnante neceffaire- , ment, & , par confequent, le Syjleme qui reful¬ te de l’exemple Q_, fera le Syjleme des Ditfonnaiu ces. Mais ce SyUeme tire des quarres des Ordon- «ees eft lie aux deux precedens tires des quar¬ res des Cor des. Done le Syjleme diffonnant eft lie de meme au SyUeme univerfel harmonique. 11 fuit de-la : i°. Que tout Accord fera dif- fonnant lorfqu’il contiendra deux Intervalles femblables, autres que I’O&ave j foit que ces deux Intervalles fe trouvent conjoints ou fepa- res dans 1’Accord. 2°. Que de ces deux Inter¬ valles , celui qui appartiendra au Syjleme har- monique ou arithmetique fera confonnant & l’au- tre diffonnant. Ainfi, dans les deux exemples S. T. a’Accords diflonnans, ( Pi. G Fig. 6. ) les Intervalles G C & c e font confonnans , & les Interval le_s CF & eg diffonnans. En SYS.' 273 En rapportant maintenanfc chaque terrae de la Serie dilfonnante au Son fondamental ou engen- dre C de la Serie harmonique , on trouvera que les Diflonnances qui refulteront de ce rapport ferontles fuivantes , & les feules diredtes qu’on puilfe etablir fur le Syfttime harmonique. I. La premiere eft la Neuvieme ou double Quinte L. ( Fig. 4. ) II. La feconde eft l’Onzieme qu’il ne faut pas confondre avec la fimple Quarte, attendu que la premiere Quaere ou Quarte fimple G G etant dans le Syjieme harmonique particular eft confonnante , ce que n’eft pas la deuxieme Quar¬ te ou Onzieme C M , etrangere a ce merne Syjieme. III. La troifieine eft la Douzieme ou Quinte fuperflue que M. Tartini appelle Accord de nou- velle invention , ou parce qu’il en a le premier trouve le principe , ou parce que l’Accord fen- fible fur la Mediante en Mode mineur , que nous appellons Quinte fuperflue , n’a jamais ete admis en Italie a caufe de fon horrible durete. Voyez ( Pi. K Fig. 3.) la pratique de cet Ac¬ cord a la Franqoife , & ( Figure 5.) la pratique du merne Accord a PItalienne. Avant que d’achever l’enumeration cotnmen- cee , je dois remarquer que la metre diftinction des deux Quartes , confonnante & dilfonnante , que j’ai faite ci - devant, fe doit entendre ds Tome XL S 574 S Y^. merne des deux Tierces majeures de cet Accord & des deux Tierces mineures de l’Accord fuivant. IV. La quatrieme & derniere Dilfonnance donneepar la Serie, eft la Quatorzieme H, ( Pi. G. Fig. 4. ) c’eft-a-dire , l’Odtave de la Septie- nie; Quatorzieme qu’on ne reduit au fimple que par licence & felon le droit qu’on s’eft attribue dans l’ufage de confondre indifferemment les Qdaves. Si le Syfleme diffonnant fe deduit du Syftema harmonique , les regies de preparer & fauver les DiiTonnances ne s’en deduifent pas moins , & l’on voit, dans la Serie harmonique & confon- nante , la preparation de tous les Sons de la Serie arithmetique. En eifet , comparant les trois Series O P Q_, on trouve toujours dans la progreflion fuccelftve des Sons de la Serie O , non-feulement, comme on vient de voir , les raifons limples qui, doublees , donnent les Sons de la Serie Q_, mais encore les memos Inter- Valles que forment entr’eux les Sons des deux P & Q. De forte que la Serie O prepare tou¬ jours anterieurement ce que donnent enfuite les deux Series P & Q. Ainfi,’le premier Intervalle de la Serie O, eft celui de la Corde avuide a Ton Oftave , & I’O&ave eft aulfi l’lntervalle ou Accord que don- ne le premier Son de la Serie Q_, cempare an premier Son de la Serie P. De meme, le fecond Intervalle de la Serif SYS. 27 ? D, fcornptant toujours de la Corde entiere) eft uneDouzieme ; Flntervalle ou Accord du fecond Son de la Serie CL, compare au fecond Son de la Serie P, eft aufli une Douzieme. Le troi- fieme, de part & d’autre, eft une double Odave, & ainfi de fuite. De plus, fi Ton compare la Serie P a la Corde entiere, (Pi. K Fig. 6,) on trorvera exade- ment les memes Intervalles que donne anterieu- rement la Serie O, favoir Octave , Quinte , Quarte , Tierce majeure , & Tierce mineure. D’ou il fuit que la Serie harmonique particu- liere donne avec precifion , non - feulement fexemplaire & le modele des deux Series, arith* metique & geometrique, qu’elle engendre , & qui completent avec elle le Syfleme harmoni¬ que univerfeL; mais aulli prefcrit a Pune l’ordre de fes Sons , & prepare a l’autre l’emploi de fes DiiTonnances. Cette preparation, donnee par la Serie har- monique, eft exadement la meme qui eft eta- blie dans la pratique: car la Neuvieme, dou¬ blee de la Quinte, fe prepare aulli par un mou- vement de Quinte 3 POnzieme, doublee de la Quarte, fe prepare par un mouvement de Quar¬ te ■, la Douzieme ou Quinte-fuperflue, doubles 4e la Tierce majeure , fe prepare par un mou¬ vement de Tierce majeure ; enfin la Quatorzie- jne ou la Faulfe - Quinte, doublee de la Tiercs S % £7 cependant les di- vifions ne font pas tellement bornees a cette eten- due qu’entre la Dix-neuvieme ou triple Quinte & la Vingt-deuxieme, ou quadruple Odlave |, on ne puilfe encore inferer une moyenne harmonique £ prife dans l’ordre des aliquotes» donnee d’ailleurs par la Nature dans les Cors de chaife & Trompettes marines , & d’une into- nation tres facile fur le Violon. Ce terme ~ , qui divife harmoniquement l’ln. tervalle de la Quarte fol ut ou |, ne forme pas avec le fol une Tierce mineure jufte, dont le rapport feroit mais un Intervalle un pen SYS. 2% 6 moindre, dont le rapport eft £ 5 de forte qu’oit lie fauroit exadement l’exprimer en Note j ear le la Diefe eft deja trop fort: nous le reprefen- terons par la Note Ji precedee du figne , un peu different du Bemol ordinaire. L’Echelie augmentee, ou, comme difoient les Grecs, le Genre epaiffi de ees trois nouveaux Sons places dans leur rang , fera done comme l’exemple 12. Planche K. Le tout pour le me. me Ton , ou du moins pour les Tons naturel- lement analogues. De ces trois Sons ajoutes, dont , comme le fait voir M. Tartini, le premier continue le Genre Chromatique, & le troifieme l’Enharmo- nique, le fol Diefe & ley? Bemol font dans 2 ’or- dre des Dilfonnances : mais le Ji tie lai/fe pas d’etre Confonnant, quoiqu’i! n’appartienne pas au GenreDiatonique , etant hors de la progref. J ion fextuple qui renferme & determine ce Gen¬ re : car puifqu’il eftimmediatement donne par la Serie harmonique des aliquotes , puifqu’il eft moyen harmonique entre la Quinte & l’Odave du Son fondamental, ii s’enfuit qu’il eft Con¬ fonnant comme eux, & n’a befoin d’etre ni pre¬ pare ni fauve ; e’eft auffi ce que Poreille confir- me parfaitement dans l’emploi regulier de cette efpece de Septieme. A l’aide de ce nouveau Son, la Baffe de l’E- chelle Diatoniquc retourne exadement fur elle- SYS. 287 merns, en defcendant, felon !a nature du cercle qui la reprefente; & la Quatorzieme ou Septieme redoublee fe trouve alors fauvee regulieremeni par cette Note fur la Balfe-tonique ou fondamen- tale, comme toutes les autres Dilfonnances. Voulez-vous, des principes ci-devant poles s deduire les regies de la Modulation , prenez les trois Tons majeurs relatifs , ut, fol, fa, & leurs trois Tons mineurs analogues, la , mi, re ; vous aurez fix Toniques, & ce font les feules fur lefquelles on puiffe moduler en fortant du Ton principal; Modulations qu’on entrelace a fon choix , felon le caractcre du Chant & l’ex- preliion des paroles: non , cependant, qu’entre ces Modulations il n’y en ait de preferables a d’autres; meme ces preferences , trouvees d’a- bord par le fentiment, out auffi leurs raifons dans les principes, & leurs exceptions, foit dans les impreffions diverfes que veut faire le Com. poftteur , foit dans la liaifon plus ou moins gran¬ de qu’il veut donner a fes phrafes. Par exemple , la plus naturelle & la plus agreable de toutes les Modulations en Mode majeur, eft celle qui palfe de la Tonique ut au Ton de fa Dominante fol i parce que le Mode majeur etant fonde fur des divisions harmoniques , & la Dominante di- vifant l’Odtave harmoniquement, le palfage du premier terme au moyen eft le plus naturel. Au contraire , dans le Mode mineur la, fonde fur 1? proportion arithmetique, le palfage au Ton, SYS. 288 de la quatrieme Note re, qui divife l’Qctave arithmetiquement , eft beaucoup plus naturel que le paffage au Ton mi de la Dominante , qui divife harmoniquement la merne Odlave ; & ft l’on y regarde attentivement , on trouvera que les Modulations plus ou moins agreables depen¬ dent toutes des plus grands ou moindres rapports etabiis dans ce Syjieme. Examinons maintenant les Accords ou Inter- valles particuliers au Mode mineur •, qui fe de- duifent des Sons ajoutes a l’Echelle. ( PI. I Fig. 12 . ) L’analogie entre les deux Modes donne les trois Accords marques Fig. 14. de la Planche K dont toils les Sons ont ete trouves Confon- nans dans l’etabliflement du Mode majeur. II n’y a que le Son ajoute g || dont ia Confon nance puilfe etre difputee. II faut remarquer d’abord que cet Accord ne fe refout point en 1’Accord diifonnant de Sep- tieme diminuee qui auroit fol Diefe pour Bafle , parce qu’outre la Septieme diminuee fol Diefe & fa naturel, il s’y trouve encore une Tierce diminuee fol Diefe & fi Bemol , qui rompt toute proportion ; ce que l’experience confirme par l’infurmontable rudelfe de cet Accord. Au contraire , outre que cet arrangement de Sixte fuperflue plait a l’oreille & fe refout tres-harmo- nieufement, M. Tartini pretend que l’lntervalle i: ■ A eft SYS. 289 'eft reellement bon, regulier & meme confon- aant. i Q . Parce que cette Sixte eft a tres-peu- pres Quatrieme harmonique aux trois Notes B b , 4 5 /, reprefentees par les fradions ^ A J , dont !? eft la Quatrieme proportionnelle harmonique exade. 2 Q . parce que cette mSme Sixte eft a ties-peu-pres , moyenne harmonique de la-Quarte fa,fi Bemol , formee par la Quinte du Son fon- damental & par fon Odave. Que ft l’on emploie en cette occaftonla Note marquee /o/Diefe plu- tot que la Note marquee la Bemol , qui fernble etre le vrai moyen harmonique j c’eft non-feule- snent que cette divifion nous rejetteroit fort loin du Mode , mais encore que cette meme Note la Bemol n’eft moyenne harmonique qu’en apparen- ce ; attendu que la Quarte fa, fi Bemol, eft al- teree & trop foible d’un Comma ; de forte que fol Diefe qui a un moindre rapport a fa , ap- proche plus du vrai moyen harmonique que la Bemol, qui a un plus grand rapport au meme fa. Au refte , on doit obferver que tous les Sons de cet Accord qui fe reuniflent ainfi en une Har- monie reguliere & fimultanee , font exadement les quatre memes Sons fournis ci-devant dans la Serie dilfonnante Q_ par les complemens des di- vifions de la Sextuple harmonique : ce qui fer- me, en quelque maniere, le cercle harmonieux, & confirme la liaifon de toutes les parties du Syjleme. A faide de cette Sixte & de tous les autres Tome XI. T 290 SYS. Sons que la proportion harmonique & Panalogi# fourniifent clans le Mode mineur , on a un moyen facile de prolonger & varier alfez long - temg l’Harmonte fans fortir du Mode, ni metne em¬ ployer aucune veritable DilTonnance ; comme oit peut le voir dans l’exemple de Contrepoint don- ne par M. Tartini & dans iequel il pretend n’a- voir employe aucune Dilfonnance , fi ce n’eft la Quarte-&-Quinte finale. Cette meme Sixte fuperflue a encore des ufa- ges plus importans &plus fins dans les Modula¬ tions detournees par des palfages enharmoniques, en ce qu’elle peut fe prendre indifferemment dans la pratique pour la Septietne bemolifee par le figne JjJ, de laquelle cette Sixte diefee difie- re tres-peu dans le calcul & point du tout fur le Clavier. Alors cette Septieme ou cette Sixte , toujours confonnante , mais marquee tantot par Diefe & tantot par Bemol , feion le Ton d’oit 1’on fort, & celui oil Ton entre, produit dans l’Harmonie d’apparentes & fubites metamorpho- fes, done , quoique regulieres dans ce Syfieme y le Compofiteur auroit bien de la peine a rendre raifon dans tout autre; comme on peut le voir dans les examples I, II, 111, de la Planche M , fur-tout dans celui marque + , ou le fa pris pour nature!, & formant une Septieme apparente qu’on ne fauve point, n’elt au fond qu’une Sixte fu- perflue formee par un mi Diefe fur le fol dela Bafle , cequi rentre dans la rigueur destegles. T A B. 291 Mais i! eft fuperflu de s’etetidre fur ces finelfes de J’Art, qui n’echappent pas aux grands Har- moniftes, & dont les autres ne feroient qu’abu- fer en les employant mal-a-propos. 11 fuffit d’a- voir montre que tout fe tient par quelque cote, & que le vrai Syfteme de la Nature mens aux plus caches detours de 1’Art. jffe - == == ■ = ,. T. JL . Cette lettre s’ecrit quelquefois dans les Par¬ titions pour defigner la Partie de la Taille , lorl- que cette Taille prend la place de la Baffe & qu’elle eft ecrite fur la meme Portee , la Bafle gardant le Tacet. Quelquefois dans les Parties de Symphonic le> T CigniBe Tons ou Tutti , & eft oppofie a la let¬ tre S, ou au mot Seul ou Solo , qui alors doit necelfairement avoir ete ecrit auparavant dans la meme Partie. Ta. L’une des quatre fyllabes avec lefquelles les Grecs folfioient la Mufique. (V oyez Solfier.) Tablature. Ce mot fignifioit autrefois la to- talite des fignes de la Mufique; de lorte que, qui connoilfoit bien la Note ■s pouvoit chanter a livre ouvert, etoit die fa voir la Tablature. Aujourd’hui le mot Tablature fe reitreint a une certaine maniere de noter par lettres, qu’on T a 2gs 'tab; empioie pour les Inftrumens a Cordes 7 qui ft touchent avec les doigts , tels que leLuth, la Guitarre, le Ciftre, & autrefois le Theorbe & la Viole. Pour noter en Tablature , on tire autant de lignes paralleles que l’Inftrument a de Cordes. On ecrit enfuite fur ees lignes des lettres de Pal- phabet, qui indiquent les diverfes pofitions des doigts fur la Corde defemi-Ton en femi-Ton. La lettre a indique la Corde a vuide , b indique la premiere Polition, c la feconde , A la troi- lieme , &c. A l’egard des valeurs des Notes , on les mar¬ que par des Notes ordinaires de valeurs fembla- bles, toutes placees fur une meme ligne, parce que ces Notes ne fervent qu’a marquer la valeur & non le Degre. Qiiand les valeurs font toujours femblables, c’eft-a-dire, que la maniere de fcan- der les Notes eft la meme dans toutes les Mefa- res, oil fe contente de la marquer dans la pre¬ miere, & J’on fuit. Voila tout le myftere de la Tablature , lequel achevera de s’eclaircir par 1’infpedion de la Fi¬ gure /{.) Pumche M , oil j’ai note le premier cou¬ plet des folies cPEfpagne en Tablature pour la Guitarre. Comme les Inftrumens pour lefquels on em« ployoit la Tablature font la plupart hors d’ufage, & ques pour ceux dont on joue encore, oil a trouve la Note ordinaire plus commode,.la Ta~ ,T A I* * 9 * Mature eft prefque entierement abandonnee , ou flefert qu’dux premieres lecons des ecoliers. Tableau. Ce mot s’emploie fouvent en Mu- fique pour defigner la reunion de plufieurs objets formant un tout peint par la Mufique imitative. Le Tableau de cet Air eft bieu dejjine } ce Chxur fait Tableau ; cet Opera eft plein de Tableaux adtuirables. Tacet. Mot latin qu’on emploie dans la Mu¬ fique pour indiquer le (ilence d’une Partie. Quand, dans le cours d’un moreeau de Mufique , on veut marquer un filence d’uu certain terns, on i’ecrit avec des Batons on des Paufes : ( Voyez ces mots. ) Mais quand quelque Partie doit gar- der le filence durant un moreeau entier, on ex¬ prime ceia par le mot Tacet , ecrit dans cette Par- tie au-delfous du nom de l’Air ou des premieres Notes du Chant. Taille , mdennement Tenor. La feeonde des quatre Parties de la Mufique, en comptant du grave a Paigu. C’eft la Partie qui convient le mieux a la voix d’homme la plus commune ; ce qui fait qu’on l’appelle aufli Voix humaine par excellence. LaJ Taille fe divife quelquefois en deux autres Parties , Pune plus elevee, qu’on appelle. Pre~ miere ou Haute- Taille , Pautre plus bafie , qu’011 appelle Seconde ou bajfe - Taille. Cette derniere tft en quelque maniere une Partie mitoyenne ou commune entre la Taille & la Bade & s’ap- T 3 T E M. S94 pelle an Hi, A caufe de cela, Concordant. (V oyez PARTIES.) On n’emploie prefqu’aucun rolle de Tailte dans les Opera Francois : au contraire les Ita- liens preferent dans les leurs le Tenor a la Baf- fe, eomme une Voix plus flexible, auffi fono- re, & beaucoup moins dure. Tambourin. Sorte de Danfe fort a la Mode aujourd’hui fur les Theatres Franqois. L’Air en eft tres-gai & fe bat a deux Terns vifs. 11 doit fetre fautillant & bien cadence , a 1’imitation du Flutet des Provenqaux; & la Baffe doit refrap- per la memeNote, a 1’imitation du Tambourin ou Galoube , dont celui qui joue du Flutet s’ac- compagne ordinairement. Tasto Solo. Ces deux mots Italiens ecrits dans une Baife-continue, & d’ordinaire Tons quel- que Point-d’Orgue , mar^uent que l’Accompagna- teur ne doit faire aucun Accord de la main droi- te, mais feu/ement frapper de la gauche la No¬ te marquee, & tout au plus fonOAave, fans y rien ajouter , attendu qu’il lui feroit prefque im- poffible de deviner & fuivre la tournure d’Har- monie ou les Notes de gout que le CompofiteuE feit pafler fur la Bafle pendant ce tems-la. TL’une des quatre fyllabes par lefquelles les Grecs folfioient la Mufique. (Voyez Solfier.) Temperament. Operation par laquelle, au moyen d’une legere alteration dans les Interval- les» faifant evauouir la difference de deux Sons T E M. 29T Voifins, on les confond en un 9 qui, fans cho- quer l’oreills , forme les Intervalles refpedifs de 1’uu & de l’autre. Par cette operation Ton dm- plifie l’Eclielle en diminuant le nombre des Sons neceflaires. Sans le Temperament , au lieu de douze Sons feulement que contient 1’Odave, il en faudroit plus de foixante pour moduler dans tous les Tons. Sur TOrgue , fur le Claveffin, fur tout autre Inftrument a Clavier , il n’y a, & il ne peut guere y avoir d’lntervalle parfaitement d’Accord que la feule Octave. La taifon en eft quetrois Tierces majeures ou quatre Tierces mineures devant faire une Odave julte, celles -ci la paffent & les autrres n’y arriventpas. Car J x J X z . p. ^ y y ^ y ^ — f J &i y A y A y ^ y *- Ain(l Von eft contraint de & d’aftbiblir les mineures pour que les Odaves & tous les autres Intervalles fe correfpondent exadement, & que les memes touches puiflent etre employees fous leurs divers rapports. Dans un moment je dirai comment cela fe fait. Cette neceffite ne fe fit pas fentir tout-d’un- coup , on ne la reconnut qu’cn perfedionnant le fyfteme mufical. Pythagore , qui trouva le pre¬ mier les rapports des Intervalles harmoniques, pretendoit que ces rapports fufient obferves dans toute la rigueur inathematique, fans rien accor- T 4 y __ t z r ^ ± z & 4 - dq. ^ < 5"4 X 2 -? 6 renforcer les Tierces jnajeures T E M, ’ 296 der a la tolerance de Foreille. Cette feverita pouvoit etre bonne pour fon terns ou toute Fe- tendue du fyfteme fe bornoit encore a un ft pe¬ tit nombre de Cordes. Mais comme la plupart des Inftrumens des Anciens etoient compoFes de Cordes qui fe touchoient a vuide , & qu’il leur falloit par confequent, une Corde pour chaqua Son, a nufure que le Fyfteme s’etendit, i!s s’ap- percurent que la regie de Pytbagore, en trop- muhipliant les Cordes , empechoit d’en tlrer les ufages convenables. Ariftoxene , diFciple d’Ariftote , voyant com- bien Fexactitude des calculs nuiFoit aux progres de la Mufique & a la Facilite de l’execution, pyis tout-d’un-coup Fautre extremite ; abandonnant prefque entierement le calcul, ii s’en remit a 13 Jeul jugement de Foreille, & rejetta comme inii- tile tout ce que Pythagore avoit etabli. Cela forma dans la Mufique deux fectes qui oiit long-terns divife les Grecs , Fune des Arifta- xeniens, qui etoient les Muficiens de pratiques Fautre des Pythagoriciens , qui etoient les Fhilo- fophes. ( Voyez Aristox&'niens & PytHAGG- RlCItNS. ) Dans la fuite Ptolomee & Didyme , trou- vain avec raiFon, que Pythagore & Ariftoxene avoient donne dans deux exces egalement vi- cieux , & conFultant a la fois les fens & la rai. fon, travaillerent chacun de leur cote a la re¬ forme de Fancien fyfteme diatonique. Mais com- T E M. 257 me iis ne s’eloignerent pas des principes etablis pour la divilion du Tetracorde , & que recon- noiirant enfin la difference du Ton majeur au Ton mineur , ils n’oferent toucher a celui - ci pour le partager comme l’autre par une Corde chromatique en deux Parties reputees egales , le fyfteme demeura encore long-terns dans un etat d’imperfedion qui ne permattoit pasi d’apperce- ■voir le vrai principe du Temperament. Enfrn vint Gui d’Arezzo qui refondit en quel- que manierela Mufique & inventa , dit-ou, le Claveffin. Or, il eft certain que cet Inftrumenfc n’a pu exifter, non plus que l’Orgue, que Ten n’ait enmeme terns trouve le Temper ament., {-ms lequel il eit impoilible de les accorder, &ileft impoffible au moins que la premiere invention ait de beaucoup precede la feconde ; e’eft-a-peu- pres tout ce que nous en iavons. Mais quoique la ncceiiite du Temperament foit connue depuis long-terns, il n’en ell: pas de me- me de la rneilleure regie a fuivre pour le deter¬ miner. Le fiecle dernier , qui fut le fiecle des decouvertes en tout genre , eft le premier qui nous ait donne des lumieres liemettes fur ce Chapitre. Le P. Merfenne & M. Loulie ont fait des calculs j M. Sauveur a trouve des diyifions qui Fournilfent tous les Temperament poilibles ; enfiu M. Rameau, apres tous les autres,acru developper le premier la veritable theorie du Tmpirment , & a meme pretendu, fur cette Tf T E M. 298 theorie , etablir comme neuve uns pratique tres- ancienne dont je parlerai dans un moment.- J'ai dit qu’il s’agiffoit , pour temperer les Sons du Clavier, de renforcer les Tierces ma- jeures , d’afFoiblir les mineures, & de diftri- buer ces alterations de maniere a les rendre le moins fenfibles qu’il etoit poilible. II fautpour cela repartir fur l’Accord de lTnftrument , & cet Accord fe fait ordinairement par Quintes ; c’eft done par fon effet fur les Quintes que nous avons a confiderer le Temperament. Si l’on accorde bien jufte quatre Quintes de fuite, comme utfol re la mi, on trouvera que cette quatrieme Quinte mi fera , avec Vut d’oii l’on eft parti, une Tierce majeure difeordante, & de beaucoup trop forte; & en eifet ce mi, produit comme Quinte de la, 11 eft pas^le me¬ sne Son qui doit faire la Tierce majeure 1 d’ut. En void la preuve. Le rapport de la Quinte eft ^ on ^ caufe des Odaves 1 & 2 prifes l’une pour l’autre in- differemment. Ainli la fucceffion des Quintes formant une progreffion triple, donnera ut i» fol ) , re 9 , la 27, & mi 81. Confiderons a prefent ce mi comme Tierce majeure d ut > fon rapport eft ^ ou j -, 4 n’etant que la double Odave d’i. Si d’Odave en Oda- ve nous rapprochons ce mi du precedent, nous trouverons mi ^ , mi 10, mi 20, mi 40, & mi 80. Ainli la Quints de la etant mi §x , & la T E M. 299 Tierce majeure d’nr etant mi 80; ces deux mi ne font pas 2e meme , & leur rapport eft || } qui fait precifement le Comma majeur. Que ft nous pourfuivons la progreflion des Quintes jufqu’a la douzieme pubfance qui arrive au fi Diefe, nous trouverons que ce fi excede Vut dont il devroit faire l’Uniflbn, & qu’il eft avec lui dans le rapport de 5 31441 a 524288, rapport qui donne le Comma de Pythagore. De forte que par le calcul precedent le fi Diefe , de- ■vroit exceder Vut de trois Comma majeurs; & par celui-ci il l’excede feulement du Comma de Pythagore. Mais il faut que le meme Son mi, qui fait la Quinte de la, ferve encore a faire la Tierce majeure Tut-, il faut que le meme fi Diefe, qui forme la douzieme Quinte de ce meme ut, en fade auffi l’Ocftave, & il faut enfin que ces dif- ferens Accords concourent a conftituer le fyfte- me general fans multiplier les Cordes. V oila ce qui s’execute au moyen du Temperament. Pour cela i°. on commence par Vut du milieu du Clavier, & Ton aflfoiblit les quatre premie¬ res Quintes en montant, jufqu’a ce que la qua- trieme mi falfe la Tierce majeure bien jiifte avec le premier Son ut ; ce qu’on appelle la premie¬ re preuve. 2°. En continuant d’accorder par Quintes , des qu’en eft arrive fur les Diefes', oil renforce un peu les Quintes, quoique les Tier- pes en fouffrent, & quand on eft arrive au fol T E M. 300 Diefe, on s’artete. Ce fol Diefe doit faire avec le mi, line Tierce majeure jufte ou du moins fouffrable i c’eft la feconde preuve. 3 °. On reprend Yut & l’on accorde les Quintes au grave ; favoir , fa , ft Bemol, &c. foibles d’a- bord ; puis les renforqant par Degres, c’eft-a- •dire, affoibliffant les Sons jufqu’a ce qu’011 foit parvenu au re Bemol, lequel, pris comrae ut Diefe, doit fe trouver d’accord & faire Quints avec le fol Diefe , auquel on s’etoit ci-devant ar- rete; c’eft la troifieme preuve. Les dernieres Quintes fe trouveront un peu fortes, de meme que les Tierces majeures ; c’eft ce qui rend les Tons majeurs de ft Bemol & de mi Bemol fom- bres & meme un peu durs. Mais cette durete fera fupportable ft la partition eft bien fake , & d’aijleurs ces Tierces, par leur fituation , font moins employees que les premieres, & ne doi- vent l’etre que par choix. Les Organiftes & les Fadeurs regardent ce Temperament comnie le plus parfait que l’on puif- fe employer. En effet, les Tons naturels jouif- fent par cette methode de toute la purete de l’Harmonie, & les Tons tranfpofes , qui forment des modulations moins frequentes, offrent de grandes reflources au Muficien quand il a befoin d’exprelfionsplus marquees: car il eft bon d’ob- ferver , dit M. Rameau , que nous recevons des impreffions differentes des Intervalles a propor- tiou de leurs differentes alterations. Par exem- TEM. 3oi pie, la Tierce majeure, qui nous excite natu- reilement a ia joie, nous imprime jufqu’a des jdees de fureur quand elle eft trop forte; & la Tierce mineure, qui nous porte a la tendreffe & a la douceur, nous attrifte lorfqu’elle eft trop foible. Les habiles Muficiens, continue le merne Auteur, favcnt profiter a propos de ces diffe- rens effets des Intervalles, &fontvaloir, par i’expreftion qu’Us en tirent, l’alteration qu’on y pourroit condamner. Mais, dans fa Generation harmonique , le me¬ me M. Rameau tient un tout autre langage. II fe reproche fa condefcendance pour l’ufage a&uel & detruifant tout ce qu’il avoit etabli aupara. vant, il donne une formule d’onze moyennes proportionnelles entre les deux termes de I’Qc. tave, fur laquelle formule, il veut qu’on regie toute la fucceffion du fyfteme chromatique; de forte que ce fyfteme refultant de douze femi- Tons parfaitement egaux , c’eft une neceffite que tous les Intervalles femblables qui en feront for¬ mes foient aufli parfaitement egaux eiitr’eux. Pour la pratique prenez , dit-il, telle touche du Claveffin qu’il vous plaira; accordez-en d’a~ bord la Quinte jufte, puis diminuez-la (i peu que rien : procedez ainfi d’une Quinte a 1’autre , toujours en montant, c’eft-a-dire, du grave a faigu , jufqu’a la derniere dont le Son aigu aura ete le grave de la premiere ; vous pouvez £tre T E m: 30 % certain que le Claveflin fera bien d’accorcf. Cette methode que nous propofe aujourd’hui M. Rameau, avoit deja ete propofee & aban¬ donee par le fameux Couperin. On la trouve auill tout au long dans le P. Merfenne, qui en fait Auteur un nomine Galle, & qui a meme pris la peine de calculer les onze moyennes propor- tionnelles dont M. Rameau nous donne la for- mule algebrique. Malgre Pair fcientifique de cette formule , il' ne paroit pas que la pratique qui en refulte ait ete jufqu’ici goutee des Muficiens ni des Fac- teurs. Les premiers ne peuvent fe refoudre a fe priver de Penergique variete qu’ils trouvent dans les diverfes aifedtions des Tons qu’occafionne le Temperament etabli. M. Rameau leur die en vain qu’iis fe trompent, que la variete fe trouve dans l’entrelacement des Modes ou dans les divers Degres des Toniques, & nullement dans l’alte- ration des Intervailes ; le Muficien repond que 1’un n’exclut pas Pautre, qu’il ne fe tient pas convaincu par une alfertion, & que les diverfes affe&ions des Tons ne font nullement propor- tionnelles aux differens Degres de leurs finales. Car, difent-ils, quoiqu’il n’y ait qu’un femi-Ton de diftance entre la finale de re & celle de mi Bemol, comme entre la finale de lu & celle de fi Bemol; cependant la meme Mufique nous af- fe&era tres-differemment en A la mi re qu’en R fa , & en D fol re qu’en E la fa ; & l’oreille at- T E M. 3*3 tentive du Muficien ne s’y trompera jamais 3 quand meme le Toil general feroit haulfe ou bailie d’un ferni - Ton & plus ; preuve evidente que la variete vient d’ailleurs que de la fimple differente elevation de la Tonique. A regard des Fadeurs , ils trouvent qu’un Claveffin accord^ de cette maniere n’eft point auffi bien d’accord que Failure M. Rameau. Les Tierces majeures leur paroiffent dures & cho- quantes, & quand on leur dit qu’ils n’ont qu’a fe faire a 1’alteration des Tierces eomme ils s’e- toient faits ci-devant a celle des Quintes , ils repliquent qu’ils ne conqoivent pas comment l’Orgue pourra fe faire a fupprimer les batte- mens qu’on y entend par cette maniere de l’ac- corder , ou comment 1’oreilie celTera d’en etrs ofFenfeC. Puifque par la nature des Confonnan- ces la Quinte peutetre plus alteree que la Tier¬ ce fans clioquer 1’oreiile & fans faire des batte¬ ns ens , n’eft-ilpas convenable de jetter 1’altera- tion du cote ou elle eft le moins choquante , & de lailfer plus juftes , par preference, les Inter- valles qu’on ne peut alterer fans les rendre diR cordans? Le P. Merfenne afluroit qu’on difoit de foil terns que les presniers qui pratiquerent fur le Clavier les femi Tons, qu’il appelle feintes ac- corderent. d’abord toutes les Quintes a-peu-pres felon l’Accord egal propofe par M. Rameau ; mais que leur oreiile ne pouvant fouifrir la diR T t M . 304 cordatice des Tierces majeures neseflairemen? trop fortes, ils tempererent l’Accord en affoi- bliflant les premieres Quintes pour baiffer leg Tierces majeures. II paroit done que s’accoutu- mer a cette maniere d’Accord n’eft pas, pour une oreiile exercee & fenfible, une habitude aife'e a prendre. Au refte , je ne puis m’empecher de rappel- ler ici ce que j’ai dit au mot Consonnatsce , fur la raifon du plaifir que les Conformances font a l’oreille, tiree de la fimplicite des rap¬ ports. Le rapport d’une Quinte temperee fe¬ lon la methode de M. Rameau eft celui- ci 4 3 4 , yj go X \f 8 1- Ce rapport cependant plait a 120 j’oreille ; je demands fi e’eft par fa fimplicite ? Tems. Mefure du Son , quant a Ja duree. Une fuccelEon de Sons, quelque bien diri- gee qu’elle puitfe ttre dans fa marche , dans fes Degres du grave a I’aigu ou de I’aigu au grave , ne produit, pour ainfi dire, que des effets in- determines. Ce font les durees relatives & pro- portionnelles de ces memes Sons qui fixent le vrai caradlere d’un® Mufique , & lui donnent fa plus grande energie. Le Tems eft Lame du Chant; les Airs dont la mefure eft lente , nous attriftent naturellement 1 rnais un Air gai, vif & bien cadence nous excite a la joie, & a peine les pieds peuvent- ils fe retenir de danfer. Otez la Mefure , detruifez la proportion des Tems, les T E M. sof les meme-s Airs que cette proportion vous ren- doit agreables , relies fans charme & fans forces deviendront incapables de plaire & d’iriterelfer. Le Terns , au contraire, a fa force en lui rnerae; elle depend de lui feu! , & peut fubfifter fans la diverfite des Sons. Le Tambour nous en of- fre un exemple , groffier toutefois & tres - irii- parfait, parce que le Son ne s’y peut foutenir. On confidere le Terns en Mulique, ou par rapport au mouvement general d’un Air , dans ce lens , on dit qu’il eft lent ou Vite ; (Voyez Mesure , Mouvement ,) ou, felon les parties aliquotes de chaque Mefure, parties qui fe marquent pat des mouvemens de la main oil du pied & qu’on appelle particulieremertt - des Terns; ou enan felon la valeur propre de cha¬ que Note. (Voyez Valeur des Notes. 9" : J’ai fuffilamment pa tie , au mot Rhythmej des Terns de la Mulique Grecque ; il me relie a parler ici des Tents de la Mulique moderns. Nos anciens Muliciens ne reconnoiifoient que' deux efpeces de Mefures ou de Tents s 1’Urte at trois Terns , qu’ils appelloient Mefure parfaite 2 l’autre a deux , qu’ils traitoient de Mefure im-s parfaite , & ils appelloient Terns , Modes ou Fro- lations , les fignes qu’ils ajoutoient a la Clef pour determiner 1’ufle ou l’autre de ces Mefures,- Ces fignes ne fervoienc pas a cet unique ufage’ eorhme ils foiit aujoiird’hut j inais ils fixoienf Huffi la valeuf relative des Notes * Conirhe on 4 TGme Hih y iS T E M. deja pu voir aux mots Mode & Prolation, par rapport a la Maxime , a la Longue & a la femi- Breve. A l’egard de la Breve, la maniere de la divifer etoit ce qu’ils appelloierat plus precife- ment Terns , & ce Terns etoit parfait ou ini- parfait. Quand le Terns etoit parfait, la Breve ou Quarree valoit trois Rondes ou femi-Breves ; & ils ir.diquoient cela par un cercie entier , barre ou non barre , & quelquefois encore par ce ehiffre compofe j. Quand le Tern etoit imparfait, la Breve ne valoit que deux Rondes j & cela fe marquoit par un demi-cercle ou C. Quelquefois ils tournoient le C a rebours; & cela marquoit une diminu¬ tion de moitie fur la valeur de chaque Note. Nous indiquons aujourd’liui la meme chofe en barrant ]e C, (T 1 . Quelques-uns out auili appclle Terns mi- jieur cette Mefure da C barre ou les Notes ne durent que la moitie de leur valeur ordinaire » & Terns ntajeur celle du C plein ou de la Me¬ fure ordinaire a quatre Terns . Nous avons bien retenu la Mefure Triple des anciens de meme que la double ; mais par la plus etrange bizarrerie de leurs deux manieres de divifer les Notes, nous n’avons retenu que la fous-double, quoiquenous n’ayions pas moins befoin de l’autre; de forte que , pour divifer line Mefure ou un Terns en trois parties egales, les figncs nous manquent, & a peine fait-ou T E M« 307 comment s’y prendre. II faut recourir au chif- fre 3 & a d’autres expediens qui montrent 1’in- fuffifance des fignes. ( Voyez Triple. ) Nous avons ajoute aux ancienr.es Mufiques ■une eombinaifon de Terns , qui ell la Mefure a quatre ; mais comme elle fe peut toujours refou- dre en deux Mefures a deux , on peut dire que nous n’avons abfolument que deux Terns & trois Terns pour parties aliquotes de toutes nos diffe- Xentes Mefures. 11 y a autant de differentes valeurs de Terns qu’il y a de fortes de Mefures & de modifica¬ tions de Mouvement. Mats quand une fois la Mefure & le Mouvement font determines , rou¬ tes les Mefures doivent etre parfaitement ega- ies , & tous les Terns de chaque Mefure parfah tement egaux entr’eux. Or, pour rendre fenfi- ble cette egalite , on frappe chaque Mefure & Ton marque chaque Terns par un mouvement de ]a main ou du pied * & fur ces mouvemens on regie exacftement les differentes valeurs des No¬ tes , felon le cara&ere de la Mefure. C’eft une chofe etonnante de voir avec quelle precifiori i’on vient a bout a l’aide d’un pen d’habitude, de marquer & de fuivre tous les Tents avec une’ fi parfaite egalite , qu’il n’y a point de pendule qui furpaife en juftelfe la main ou le pied d’un bon Muficien , & qu’enfin le fentiment feul ds' cette egalite fuffit pour le guider & fupplee # tout mouvement feiilible , en forte que dahl Ufi y % T E M. 3 ®& Concert chacun fuit la meme Mefure avec la derniere precifion , fans qu’un autre la marque & fans la marquer foi-meme, Des divers Terns d’une Mefure, il y en a de plus fenlibles , de plus marques que d’autres, quoique de valeurs egales. Le Terns qui marque davantage s’appelle Terns fort ; celui qui marque moiiis s’appeile Tents foible : c’eft ce que M. Rameau, dans fon Traits d'Haymonie , appelle Terns bon & Terns mauvais. Les Terns forts font, le premier dans la Mefure a deux Terns ; le pre¬ mier & le troifieme, dans les Mefures a trois & quatre. A l’egard du fecond Terns , il eft tou- jours foible dans toutes les Mefures , & il en eft de meme du quatrieme dans la Mefure a quatre Terns. Si 1’on fubdivife cbaque Terns en deux autres parties egales , qu’on peut encore appeller Terns ou demi- Terns , on aura derechef Terns fort pour la premiere moitie , Terns foible pour la feconde , & il n’y a point de partie d’un Tents qu’on ne puiffe fubdivifer de la meme maniere. Toute Note qui commence fur le Terns foible Sc finit fur le Terns fort eft une Note a contre- Terns ; 8c parce qu’elle heurte & choque en quelque faqon la Mefure , on 1’appelle Syncope. (Voyez Syn¬ cope. ) Ces obfervations font neceifaires pour appren¬ dre a bien traiter les Diifonnances. Car toute Diiibnnancc bier, preparee doitl’etre fur le Terns T E N. 3°9 foible , & frappee fur le Terns fort •, excepte cc- pendant dans des fuites de Cadences evitees oil cette regie, quoiqu’applicable a la premiere Dif- fonnance , lie fell pas egalement aux autres. (Voyez DEsonnance , Preparer.) Tenorement. Cet adverbe ecrit a la tete d’un Air indique un Mouvement lent & doux , des Sons files gracieufement & animes d’une exprellion tendre & touchante. Les Italiens fe fervent du mot Amorofo pour exprimer a peu- pres la meme chofe: muis le caraclere de VA- morofo a plus d’accent, & refpire je ne fais quoi ' de moins fade & de plus paffionne. Tenedius. Sorte de Nome pour les Flutes dans l’ancienne Mufique des Grees. Teneur ,f.f Terme de Plain-Chant qui mar¬ que dans la P/almodie la part ie qui regne depuis la fin de l’lntonation jufqu’a la Mediation , & depuis la Mediation jufqu’a la Tcrminaifon. Cette Teneur , qu’on peut appeller la Dominante de la Pfalmodie, eft prefque toujours fur le memo Ton. Tenor. (Voyez TAiLLE.)Dans les commen- eemens du Contre-point, on donnoit le 110 m de Tenor a la Partie la plus baffe. Tenue , f.f. Son foutenu par line Partie du- rant deux ou plufieurs Mefures, tandisque d’au- tres Parties travaillent. (Voyez Mesure , Tra- vailler ) 11 arrive quelquefois , mais rarement, que toutes les Parties font des Tenues a la fois; V 3 Sio T E T. & alors il ne fant pas que la Tenue foit fi lon¬ gue que le fentiment de la Mefure s’y laiife publier, Tete. La Tete ou le corps d’une Note eft cette par.tie qui en determine la polition, & a laquelle tient la Queue quand elle en a une. (Voyez Queue.) Avant l’invention de I’imprimerie les Notes n’avoient que des Tetes noires : car la pluparc des Notes slant quarrees , il eiit ete trop long de les faire blanches en ecrivant. Dans l’im- preffion l’on forma des Tetes de Notes blanches , c’eft-a-dire , vuides dans le milieu. Aujourd’hui les unes & les autres font en ufage, &, tout le refte egal, une Tete blanche marque toujours une valeur double de celle d’une Tete noire. (Voyez Notes, Valeur des Notes ) Te'tracorde , f. C’etoit, dans la Mufique ancienne , un ordre ou fylle me pardculier de Sons dont les Cordes extremes fonnoient la Quarte. Ce iyfteme s’appelloit Tetvacorde , par- ce que les Sons qui le compofoient, etoient or- dinairement au nombre de quatre ; ce qui pour- tant n’etoit pas toujours vrai. ’ Nicomaque , au rapport de Boece , dit que la Mufique dans fa premiere fimplicite n’avoit que quatre Sons ou Cordes dont les deux extremes fonnoient le Diapafon entr’elles , tandis que les deux moyennes diftantes d’un Ton l’une de l’au- tre , fonnoient chacunc la Quarte avec l’extre- T E T. 3” me dont elle etoit la plus proche, & la Qpinte aveccelle dont elle etoit la plus eloignee. 11 ap- pelle cela le Tetracorde de Mercure , du nora de eelui qu’on en difoit l’inventeur. Boece dit encore qu’apres l’addition de trois Cordes faites par dirterens Auteurs , Lychaon Samien en ajouta une huitieme qu’il plaqa entre la Trite &laParamefe, qui etoient auparavant la mereie Corde •, ce qui rendit l’Odacorde com- plet & compole de deux Tttracordes disjoints, de conjoints qu’ils etoient auparavant dans 1’Ep- tacorde. J’ai confulte l’ouvrage de Nicomaque , & il me femble qu’il ne dit point cela. II dit, au con- traire , que Fythagore ayant remarque que bien que le Son moye n des deux Tetracordss con- joints format la Confonnance de la Quarte ave* chacun des extremes , ces extremes compares entr’eux etoient toutefois diironnans : il infers entre les deux Tetracordes une huitieme Corde, qui, les divifant par un Ton dTntervalle, fubf- tituale Diapafonou l’Odave a la Septieme entre leurs extremes, & produilit encore une nouvel¬ le Confonnance entre chacune des deux Cor¬ des moyennes & l’extreme qui lui etoit op- pofee. Sur la maniere dont fe fit cette addition , Nicomaque & Boece font tous deux egalement embrouilles, & non contens de fe contredire entr’eux, chacund’eux fe contredit encorelui- V 4 rneme. (Voycz Systeme , Trite , Paramese.) Si Ton avoit egard a ce que difent Boece & tl’autres plus anciens ecrivains , on ne pourroit donner de bornes fixes a l'etenduedu Tetracorde: jnais foit que l’on eompte ou que l’on pefe les voix , on trouvera que la definition la plus exa&e eft celle du vieux Bacchius , & e’eft auffi celle que j’ai preferee. En effet, cet Intervalle de Quarte eft eflen,- tiel au Tetracorde $ e’eft pourquoi les Sons ex¬ tremes qui forment cet Intervalle font appelles imnnmbles ou fixes par les Anciens , au lieu qu’ils appellent mobiles ou change cuts les Sons rnoyens, parce qu’ils peuvent s’accorder de plufieurs xnanieres, Au contraire le liombre de quatre Cordes d’ou le Tetracorde a prisfon nom , lui eft fi peu eftentiel, qu’on voit, dans l’ancienne Mufique , des Tetracordes qui n’en avoient que trois. Tels furent, da rant un terns, les Tetracordes enhar- moniques. Teletoit, felon Meibomius, le fe- cond Tetracorde du fyftemc ancien , avant qu’on y eut infere une nouvelle Corde. Quant au premier Tetracorde , il etoit certai- nement complet avant Pythagore, ainll qu’on le voit dans le Pythagoricien Nicomaque ; ce qui n’empeehe pas M. Ramequ d’affirmer que , felon le rapport unanime, Pythagore trouva le Ton , le Diton, le ibmi-Ion , & que du toutil fotma le Tetracorde Diatonique ; ( notez que cela T E T. 3i3 feroit un Pentacorde :) au lieu de dire que Py- {liagore trouva feulement les raifons de ces In- tervalles, lefquels , felon un rapport plus una- nime, etoient connus long-tems avant lui. Les Tetracordes ne refterent pas long terns bor- nes au nombre de deux; il s’en forma bientot un troifieme, puis un quatrieme ; nombre au- quel le fyfteme des Grecs demeura fixe. Tous ces Tetracordes etoient con joints; c’efl;- a-dire , que la derniere Corde du premier fer- voit toujours de premiere Corde au fecond , & ainfi de fuite , excepte un feul lieu a l’aigu ou au grave du troifieme Tetracorde, ouily avoit Dhjon&ion, laquelle ( voyez ce mot ) mettoit un Ton d’Intervalle entre la plus haute Corde du Tetracordeinfcdeur & la plus bade du Tetra- corde fuperieur. ( Voyez Synaphe , Dia zeuxis.) Or, comme cette Disjondion du troifieme Ti- tracorde fe faifoit tantot avec le fecond , tantot avec le quatrieme, cela fit approprier a ce troi- fienie Tetracorde un nom particulier pour cha- cun de ces deux cas. De forte que, quoiqu’il n’y eutproprement que quatre Tetracordes , il y avoit pourtant cinq denominations. (Voyez Fl. H Fig. 2. ) Voici les noms de ces Tetracordes. Le plus grave des quatre , & qui fe trouvoit place un Ton au-deifus de la Corde Proslambanomene, s’appelloit le Tetracorde - Flyjh it on , ou des princi- V f 314 T E T. pales j le fecond en montant, lequel etoit tou-1 jours conjoint au premier , s’appelloit le • Tetrcu- corde-Mefon , ou des moyennes ; le troifieme, quand il etoit conjoint au fecond & fepare du quatrieme, s’appelloit le Tetracorde-Synntmetion, ou des Conjointes ; mais quand il etoit fepare du fecond & conjoint au quatrieme, alors ce troifieme Tetracorde prenoit le nora de Diizeug- menon , ou des Divifees. Enfin, le quatrieme s’appelloit le Tetracorde - Hyperboleon , ou des excellentes. L’Aretin ajouta a ce fyfteme un cin- quieme Tetracorde que Meibomius pretend qu’il ne fit que retablir. Quoi qu’il en foit, les fyfte- mes particulars des Tetracordes firent enfin place a celui de l’Odave qui les fournit tous. Les deux Cordes extremes de chacun de ces Tetracordes etoient appellees immuables , parce que Jeur Accord ne changeoit jamais; mais ils comenoient auffi chacun deux Cordes moyen¬ nes, qui, bien qu’accordees femblablement dans tous les Tetracordes , etoient pourtant fujettes, eornme je 1’ai dit, a etre haufiees ou baifiees fe¬ lon le Genre & meme felon l’efpece du Genre ; ce qui fe faifoit dans tous les Tetracordes ega- lement: c’elt pour cela que ces Cordes etoient appellees mobiles. Il y avoit fix efpeces principales d’Accord , felon les Ariftoxeniens ; favoir , deux pour le Genre Diatonique , trois pour le Chromatique, T E T. 3*f & me feulemetit pour l’Enharmonique. (Voyez ces mots.) Ptolomee reduit ces fix efpeces a cinq. (Voyez Pi. M Fig. 5.) Ces diverfes efpeces ramenees a la pratique la plus commune, n’en formoient que trois, une par Genre. I. L’Accord Diatonique ordinaire du Tetra- corde formoit trois Intervalles , dont le premier etoit toujours d’un femi-Ton , &les deuxautres d’un. Ton claacun, de cette maniere : mi , fa , fol , la. Pour le Genre Chromatique , il falloit baiiTer d’un femi-Ton la troifieme Corde , & Pon avoit deux femi-Tons confecutifs, puis une Tierce mineure: mi, fa , fa Diefe, la. Enfin, pour le Genre Enharmonique, il fal¬ loit bai/Ter les deux Cordes du milieu juiqu’a ce qu’on eut deux quarts de Ton confecutifs, puis une Tierce majeure: Mi, mi demi-Diels, fa, la i ce qui donnoit entre le mi Diefe & le fa un veritable Intervalle enharmonique. Les Cordes femblables , quoiqu’elles fe fol- fialfent par les memes fyllabes , ne portoient pas les memes 110ms dans tous les Tetracordes , mais elles avoient dans les Tetracordes graves des denominations difFerentes de celles qu’elles avoient dans les Tetracordes aigus. On trouvera toutes ces difierentes denominations dans la Fi¬ gure 2 de la Planche H. Les Cordes homologues , confiderees comm® T E T. 316 tclles , portoient des noms generiques qui expri- moient le rapport deleurpofition dans leurs T6- tracordcs refpedtifs : ainfi Ton donnoit le norn de Barypycni aux premiers Sons de l’lntervalle ferre ; c’efta-dire, au Son le plus grave de cha- que Tetracorde , de Mefopycni aux feconds oil moyens, d’Oxypycni aux troiliemes ou aigus, & A'Apycni a ceux qui ne touchoient d’aucun cote aux Intervalles Ferres. (Voyez Systems. ) Cette divifion du fyfteme des Grecs par Te- tracordes femblables, comme nous divifons le notre par Octaves femblablement divifees , prou- ve , ee me femble , quq.ce fyfteme n’avoit etc produit par aucun fentiment d’Harmonie , mais qu’ils avoient tach'e d’y rendre par des Interval¬ les plus ferres les inflexions de voix que leur langue fonore & harmonieufe donnoit a leur recitation foutenue , & fur-tout a celle de leur Poefie, qui d’abord fut un veritable Chant; de forte que la MuGque n’etoit alors que 1’Accent de la parole & ne deviiit un Art fepare qu’apres 11 u long trait de terns. Qiioi qu’il en foit, ii eft certain qu’iis bornoient leurs divifions primitives a quatre Cordes , dont toutes les autres n’etoient que les Repliques , & qu’ils ne regardoient tous les autres Tetracard.es que comme autant de re¬ petitions du premier. D’oti je eonclus qu’il n’y a pas plus d’analogie entre leur fyftfeme & le notre qu’entre un Tetracorde & une Octave, & que la marche fondamentale a notre Mode , que T H E. 317 nous donnons pour bafe a leur lyftdne , ne s’y rapporte en aucune faqon. 1. Parcs qu’un Tetracorde fornioit pour eux un tout aufli complet que le forme pour nous une Odave. 2. Pares qu’ils n’avoient que quatre fyllabes pour folfier, au lieu que nous en avous fept. 3. Parce que leurs Tetracordes etoient con- joints ou disjoints a volonte ce qui marquoit leur entiere independance refpedive. 4. En&n , parce que les divifions y etoient exadement femblables dans chaque Genre , & fe pratiquoient dans le merae Mode ; ce qui ne pouvoit fe faire dans nos idees par aucune Mo¬ dulation veritablement harmonique. TiJ tradiapason. C’eft le uom Grec de la quadruple Odave, qu’on appelle auffi Vingt-neu- vieme. Les Grecs ne connuiiToicnc que le noni de cet Intervallej car leur fyfteme de Mulique n’y arrivoit pas. (Voyez Systemk. ) Te'tratonon. C’eft le nom Grec d’un Inter¬ vals de quatre Tons , qu’on appelle aujourd’h-ui Quints - fuperjiue. ( Voyez Quinte. ) Texte. C’eft le Poeme , ou ce font les pa¬ roles qu’on met en Mulique. Mais ce mot eft vieilli dans ee fens , & l’on ne dit plus le Texts chez les Muliciens j on dit les paroles. (Voyez Paroles. ) The'. L’une des quatre fyllabes dont les Grecs fe fervoient pour folfier. (Voyez Soleier.) T I E. $i8 Thesis,/ f Abaiffement ou pofition. C’cft ainfi qu’on appeiloit autrefois le Terns fort ou le frappe de la Mefure. Tho\ L’une des quatre fyllabes dont les Grecs fe fervoient pour folfier. ( Voyez Sol- pier. ) Tierce. La derniere des Confonnances fim- ples & dire&es dans I’ordre de leur generation »• & la premiere des deux Confonnances impar- faites. (Voyez Cohsonhahce. ) Comme les Grecs ne I’admettoient pas pour Confonnante, elle n’avoit point, parmi eux , de nom generi- que ; mais elle prenoit feulement le nom de fln- tervalie plus ou moins grand , dont elle etoit formee. Nous rappellons Tierce , parce que fon Intervalle eft toujours compofe de deux Degtcs ou de trois Sons Diatonicjues. A ne confiderer les Tierces que dans ce dernier fens , c’eft-a- dire, par leurs Degres, on en trouve de qua¬ tre fortes ■, deux Confonnantes & deux Diifo 11- nan tes. Les Confonnantes font: l°. La Tierce ma¬ nure que les Grecs appelloient Diton , compofee de deux Tons , comme out a mi. Son rapport eft de 4 a •). 2^. La Tierce mineure appellee par les Grecs Hemiditon , & compofee d’nn Tost & demi , comme mi J'oi. Son rapport eft de ^ a 6 . Les Tierces difibnnantes font : i°. La Tierce diminuee , compofee de deux femi - Tonsma- jeurs, comme fi re Bemol, dont le rapport eft t r e. 319 de 12)' a 144. 2®. La Tierce fuperflue, compofee de deux Tom & demi, comma fa la Diefe : fon rapport eft de 96 a 12^. Ce dernier Intervalle ne pouvant avoir lieu dans un meme Mode ne s’emploie jamais, ni dans l’Harmonie, ni dans la Melodie. Les Ita- liens pratiquent quelquefois , dans le Chant, la Tierce diminuee, mais elle n’a lieu dans aucune •Harmonie & voila pourquoi 1 ’Accord de Sixte fuperflue ne fe renverfe pas. Les Tierces confonnantes font l’ame de l’Har- monie , fur-tout la Tierce majeure, qui eft fonore & brillante : la Tierce mineure ell plus tendre & plus trifte ; elle a beaucoup de douceur quand Flntervalle en eft: redouble; c’eft-a-dire, qu’elle fait la Dixieme. En general les Tierces veulent etre portees dans le haut ■, dans le has elles font fourdes & peu harmonieufes : c’eft pourquoi ja¬ mais Duo de Baffes n’a fait un bon eftet. Nos anciens Muficiens avoient, fur les Tier¬ ces , des loix prefqu’auffi feveres que fur les Quintes. II etoit defendu d’en faire deux de fuite, meme d’efpeces differentes, fur-tout par mouvemens femblables. Aujourd'hui qu’on a ge- neralife par les bonnes loix du Mode les regies particulieres des Accords , on fait fans faute, par mouvemens femblables ou contraires , par Degres conjoints ou disjoints , autant de Tierces majeures ou mineures confecutives que la Mo¬ dulation en peut comporter, & l’on a des Dm T I R. 320 fort agreables qui, du commencement a la fill } ne precedent que par Tierces. Quoique la Tierce entre dans la plupart des Accords , elle na donne Ton nom a aucun , G ce n’eft a celui que quelques-uns appellent Ac¬ cord de Tierce-Quarte , & que nous connoiilbns plus communement fous le nom de Petite-Sixte. (Voyez Accord, Sixte. ) Tierce de Picardie. Les Muficiens appellent alnli , par plalfanterie , la Tierce majeure don- nee , au lieu de la mineure, a la finale d’un morceau compofe en Alode mineur. Comme 1’Accord parfait majeur ell plus harmonieux que le mineur , on fe faifoit autrefois une loi dc finir toujours fur ce premier; mais cette finale , bien qu’barmonieufe, avoit quelque chofe de niais & de mal - chantant qui 1’a fait abandonner. On finit toujours aujourd’hui par VAceord qui convient au Mode de la Piece , li ce n’eft lorf- qu’on veut paifer du mineur au majeur : car alors la finale du premier Mode porte elegam- ment la Tierce majeure pour annoncer le fecond. Tierce de Picardie ; parse que l’ufage de cette finale eft refte plus long-terns dans la Mufique d’Eglife, &, par confequent en Picardie , on il y a Mufique dans un grand nombre de Ca¬ thedral es, & d’autres Eglifes. Timbre. (Voyez Tymbre. ) Tirade , f.f. Lorfque deux Notes font fepa- recs par un Intervalle disjoint, & qu’on remplit eet TOM. $21 ect Intervalle de toutes fes Notes diatoniques » sela s’appelle une Tirade. La Tirade differe de Ja Fufee , en ce que les Sons inteBtnediaires qui liend les deux extremites de la Fufee font tres- rapides, & ne font pas fenlibles dans la Mefure; au lieu que ceux de la Tirade , ayant une valeur fenfible, peuvent etre lents & meme inegaux. Les Anciens nommoient en Grec dyuryis , & en Latin du&us , ce que nous appellons aujour- d’hui Tirade ; & Us en diftinguoient de trois fortes. 1°. Si les Sons fe fuivoient en montant, ils appelloient cela evQstcc,, ducius reUus. 2 *. S’iis fe fuivoient en defcendant, c’etoit «va?sa! j u.7rr(j ne produifent ni Tricon ni FauiTe - Quinte fur la Tonique. Tonique, f. f. Nom de la Corde principale fur laquelle le Ton eft etabli. Tous les Airs fi- nilfent communement par cecte Note , fur-tout a la B.affe. C’eft l’efpece de Tierce que porte la Tonique , qui determine le Mode. Ainfi Ton peut compofer dans les deux Modes fur la meme Tonique. Enfin , les Muficiens reconnoiffent cette propriete dans la Tonique , que l’Accord parfait n’appartient rigoureufement qu’a elle feule. Lorfqu’on frappe cet Accord fur une autre Note, ou quelque Diifonnance eft fous-entendue, ou cette Note devient Tonique pour le moment. Par la methode des Tranfpofitions, la Toni¬ que porte le nom d'ut en Mode majeur, & de la en Mode mineur. ( Voyez Ton, Mode, G AMME , SOLFIER , TRANSPOSITION , CtEFS transpose'es. ) Tonique eft aufli le nom donnc par Ariftoxe- ne a l’une des trois efpeces de Genre Chrorna- tique dont il explique les divifions , & qui eft le Chromatique ordinaire des Grecs , procedarrt par deux femi-Tons confecutifs , puis une Tier¬ ce mineure. ( Voyez Genres. ) Tonique eft quelquefois adjedif. On dit Cor¬ de tonique , Note tonique, Accord tonique , Fxho tonique , & c. Tous, & en Italien Tutti. Ce mot s’ecrit fouvent dans les Parties de Symphonie d’un X f 330 T R a: Concerto, apres cet autre mot Seal , ou Solo", qui marque un Recit. Le mot Tons indique le lieu ou finit ce Reeit, & ou reprend tout l’Or. cheftre. Trait. Terme de Plain-Chant, marquant la Pfalmodie d’un Pfeaume ou de quelques verfets de Pfeaume, trainee ou allongee fur un Air lu- gubre qu’on fubftitue en quelques occafions aux Chants joyeux de YAllsluya & des Profes. Le Chant des Traits doit etre compote dans le fe- eond ou dans le huitieme Ton; les autres n’y font pas propres. Trait , tra&us , eft auffi le nom d’une an- cienne figure de Note appellee autrement Tiiqiie. ( Voyez Plique. ) Transition,/ f. C’eft, dans le Chant, une maniere d’adoucir le faut d’un Interva lie dis¬ joint eninferant des Sons diatoniques entre ceux qui forment cet Intervalle. La Tranfition eft proprement une Tirade non notee: quelquefois auifi elle n’eft qu’un Port-de-Voix, quand il s’a- git feulement de rendre plus doux le paflage d’un Degre diatonique. Ainfi, pour paffer de Vut au re avec plus de douceur*, la Tranfition fe prend fur Vut. Tranfition , dans l’Harmonie, eft une marche fondamentale propre a changer de Genre ou de Ton d’une maniere fenfible , reguliere, & quel¬ quefois par des intermediaires. Ainfi , dans le Genre Diatonique , quand la Bade marche de T R A. 335 nianiere a exiger, dans les Parties, 1c paflage d‘im femi-Ton mineur , c’eft une Tranjition chro- matique. (Voyez Chromatique. ) Que fi l’on pafle d’un Ton dans un autre a la faveur d’un Accord deSeptieme diminuee, c’eft une Tranfi- tion enharmonique. ( Voyez Enharmonique. ) Translation. C’eft, dans nos vieilles Mu- fiques , le tranfport de la fignification d’un Point a une Note feparee par d’autres Notes de c» jtreme Point. ( Voyez Point. ) Transposer , v. a. & n. Ce mot a plufieurs fens en Mufique. On Trmfpofe en executant, lorfqu’on tranf- pofe une Piece de Mufique dans un autre Ton que celui ou elie eft ecrite. (Voyez Transpo¬ sition, ) On Tranfpofe en ecrivant, lorfqu’on Note une Piece de Mufique dans un autre Ton que celui ou el le a ete compofee. Ce qui oblige non-feu- lement a changer la Pofition de toutes les No¬ tes dans le meme rapport, mais encore a armer la Clef difteremment felon les regies prefcrites a Particle Clef tranfpofee. Enfm l’on trmfpofe en folfiant, lorfque , fans avoir egard au nom naturel dcs Notes , on leur en donne de relatifs au Ton , au Mode dans lequel on chante. ( Voyez Solfier. ) Transposition. Changement par lequel on tranfporte un Air ou une Piece de Mufique d’un Ton a un autre. T R a: 333 Comme i! n’y a que deux Modes dans notre Mufique, Compofer en tel ou tel Ton , n’eft au¬ tre chofe que fixer fur telle ou telle Tonique , celui de ces deux Modes qu’on a choifi. Mais comme l’ordre des Sons ne fe trouve pas natu- rellement difpofe fur toutes les Toniques, com¬ me il devroit l’etre pour y pouvoir etablir un meme Mode, on corrige ces differences par le moyen des Diefes ou des Bemols dont on arme la Clef , & qui tranfporte les deux femi-Tons de la place ou ils etoient, a celle ou'ils doivent etre pour !e Mode & le Ton dont il s’agit. (Voyez Clef transpose^.) Quand on veut done tranfpofer dans un Ton un Air compofe dans un autre , il s’agit premie- rement d’en eleverou abaiifer la Tonique & rou¬ tes les Notes d’un ou de plufieurs Degres , fe¬ lon le Ton que V on a choifi, puis d’armer la Clef comme l’exige 1’analogie de ce nouveau Ton. Tout cela eft egal pour les Voix : car en appellant toujou rs ut la Tonique du Mode nia- jeur & la celle du Mode mineur, elles fuivent toutes les affections du Mode , fans meme y fonger. ( Voyez Solfier. ) Mais ce n’eft pas pour un Symphonifte une attention legere de jouer dans un Ton ce qui eft note dans un au¬ tre; car, quoiqu’il fe guide par les Notes qu’ii a fous les yeux, il faut que fes doigts en fbn- nent de toutes differentes, & qu’ii les altere tout differemment felon la differente maniere T R E. 333 dont la Clef doit etrearmee pour le Ton note, & pour le Ton tranfpofe ; de forte que fouvent il doit faire des Diefes ou il voit des Beraols , & vice verft i, &c. C’eft, ce me femble, un grand avantage du Syfteme de 1’Auteur de ce Di&ionnaire de ren- dre la Mufique notee egalement propre a tons les Tons en changeant une feule lettre. Cela fait qu’en 'quelque Ton qu’on tranfpofe , les Inf- trumens qui executent, n’ont d’autre difficulte que celle de jouer la Note , fans avoir jamais 1’embarras de la Tranfpofition. ( Voyez Notes. ) Travailler , V. n. On dit qu’une Partie tra- vaille quand elle fait beaucoup de Notes & de Diminutions , tandis que d’autres Parties font des Tenues & marehent plus pofement. Treizieme. Interva lie qui forme l’Odave de la Sixte ou la Sixte de 1’Odnve, Cet Inter¬ vals s’appelle Treizieme, parce qu’il eft forme de douze Degres diatoniques, c’eft-a-dire de treize Sons. Tremblement , f. m. Agrement du Chant que les Italiens appellent Trillo , & qu’on defir gne plus fouvent en Franqois par le mot Caden¬ ce. (Voyez Cadence. ) On employoit aufli jadis le terme de Tremble¬ ment, en Italien Tremolo , pour avertir ceux qui jouoient des Inftrumens a Archet, de battre plufieurs fois la Note du meme coup d’Archet, comme pour imiter le Tremblant de I’Orgue. Le 3 34 T R t liom ni la ehofe ne font plus en ufage aujour- d’hui. TriadeHarmoniquC eterme en Mu¬ fique a deux fens difterens. Dans le calcul , e’eft la proportion harmomque; dans la prati¬ que, c’ert l’Accord parfait majeur qui refulte de cette meme proportion , & qui eft compofe d’un Son fundamental, de fa Tierce majeure, & de fa Quinte. Triads, parce qu’elle eft eompofee de trois termes. Harmovique , parce qu’elle eft dans la pro¬ portion harmonique, & qu’elle eft la fource de toute Harmonie. Trihemiton. C’eft le nom que donnoient les Grecs a l’Intervalle que nous appellons Tierce mineurej ils 1’appelioient auffi quelquefois He- miditon . ( Voyez Hemi ou Semi. ) Triel ou Trembleinent. ( Voyez Cadence. ) Tkimeles. Sorte de Nome pour les Flutes dans l’ancienne Mufique des Grecs. Trimeres. Nome qui s’executoit en trois Modes confecutifs; favoir, le Phrygien, le Do- rien, & le Lydien. Les uns attribuent I’inven- tion de ce Nome compofe a Sacadas Argieu, & d’autres a Clonas Thegeate. Trio. En Italien Terzetto. Mufique a trois Parties principalcs ou recitantes. Cette efpece de Compofition paffe pour la plus excellente, & doit etre auifi la plus reguliere de toutes. TRL 33 i Outre les regies generates du Contre-Point, il y en a pour le Trio de plus rigoureufes dont la parfaite obfervation tend & produire la plus agreabie de toutes les Harmonies. Ces regies de- coulent toutes de ce principe , que l’Accord par- fait etant compofe de trois Sons difFerens , il faut dans chaque Accord, pour remplir l’Ha'rmo- nie, diftribuer ces trois Sons , autant qu’il fe peut, aux trois Parties du Trio. A l’egard des Diitonnances , comrae on ne les doit jamais dou¬ bler , & que leur Accord eft compofe de plus de trois Sons; e’eft encore une plus grande ne- ceifite de les diverfifier , & de bien choifir , ou¬ tre la Diflonnance , les Sons qui doivent, pas preference , l’accompagner. De-la, ces diverfes regies, de ne naffer au- cun Accord Ians y faire entendre la Tierce ou la Sixte , par confe'quent d’eviter de fr apper a la fois la Quinte & 1 'Odtave, ou la Qnarte & la Quinte ; de ne pratiquer l’Odtave qu’avec beau- coup de precaution , & de n’en jamais fonnes deux de fuite , meme entre differentes Parties 9 d’eviter la Quarte autant qu’il fc peut: car tou¬ tes les Parties d’un Trio, prifes deux a deux, doivent former des Duo parfaits. De-la, en un mot, toutes ces petites regies de detail qu’011 pratique meme fans les avoir apprifes , quand on en fait bien le Principe. Camme toutes ces regies font incompatibles s-vec funks de Melodie, & qu’on n’entendifc TRL 33 Et la Triple de Croches , qui contient une Croche par Terns ou une Noire pointee par Me¬ fure , & fe marque ainfi |. Voyez au commencement de la Planche B des exemples de ces diverfes Mefures Triples. Y 3 T R f. 340 Trifle', adj. Un Intervalle Triple eft celui qui eft porte ala triple-Odave. (Voyez Inters valle. ) Triplum. C’eft le 110m qu’on donnoit a la Partie la plus aigue dans les comraeneemens da Centre-Point. Trite, f. f C’etoit, en comptant de 1 ’aigu au grave, corame faifoient les Anciens, la troi- fieme Corde du Tetracorde , e’eft-a-dire , la fes- conde , en comptant du grave a I’aigu. comme il y avoit cinq differens Tetracordes, il auroit du y avoir autant de Trites ; mais ce 110m n’e- toit en ufage que dans les trois Tetracordes ai- gus. Pour les deux graves , Voyez Parhypate. Ainfi il y avoit Trite Hyperboleon, Trite Diezeugmenon , & Trite Synnemenon. (Voyez Systeme , Te'tracorde. ) Boece die que, le fyfteme n’etant encore compofe que de deux Tetracordes conjoints , on donna le nom de Trite a la cinquieme Corde qu’on appelloit auili Faramefe; e’eft-a-dire, ala feconde Corde en montant du fecond Tetracor- de; mais que Lychaon Samien ayant infere une nouvelle Corde entre la Sixieme ou Faranete , & la Trite , celle ci garda le feul nom de Trite & perdit celui de Faramefe , qui fut donne a cette nouvelle Corde. Ce n’eft pas-la tout-a-fait ce que dit Boece; mais c’elt ainfi qu’il faut l’ex- pliquer pour I’entendre. r y m. 34 * Triton. Intervalle diflbnnant eompofe de trois Tons , deux majeurs & un mineur , & qu’on peut appeller Quarts fnpsrflue. (Voyez Quarte.) Cec Intervalle eft egal, lur le Clavier , a celui de la fauffe Quinte : cependant les rapports nu- meriques n’en font pas egaux, celui du Triton n’etant que de 32 a 4^ ; ce qui vient de ce qu’aux Intervalles egaux, de part & d’autre , le Triton a’a de plus qu’un Ton majeur, au lieu de deux femi-Tons majeurs qu’a la fauffe-Quinte. ( Voyez Vausse Quinte. ) Mais' la plus considerable difference de la fauffe-Quinte & du Triton eft que celui - ci eft une Diffonnance majeure que les Parties fau- vent, ens’eloignant; & 1 ’autre une Diffonnance mineure qus les Parties fauvent , en s’appro- chant. L’Accord du Triton n’eft qu’un renverfement de 1 ’Accord fenlible dont la Diffonnance eft portee a la Baffe. D’ou il fuit que cet Accord lie doit fe placer que fur la quatrieme Note du Ton, qu’il doit s’accompagner de Seconde & de Sixte, & le fauver de la Sixte. (Voyez Sau- ver. ) Tymbre. On appelle ainfi, par metaphore , cette qualite du Son par laquelle il eft aigre ou doux, lourd ou eclatant, fee ou moelleux. Les Sons doux ont ordinairement peu d’eclat, com- me ceux de la Flute & du Luth ; les Sons ecla- tans font fujets a 1’aigreur, comme ceux de la X 3 v a l; 343 Vielle ou du Hautbois. II y a m£me des Lift trumens , tels que le Claveffin, 'qui font a la fois fourds & aigres ; & c’eft le plus mauvais Timbre. Le beau Timbre eft celui qui reunit la douceur a l’eclat. Tel eft le Timbre du Violon. ( Voyez Son. ) •¥“ 5 j 5 '4* V. V . Cette lettre majufcule Pert a indiquer les parties du Violon , & quand elle eft double VV, elle marque que le premier & le fecond font a l’Uniffon. Valeur des Notes. Outre la polition des Notes , qui en marque le Top , elles out routes quelque figure determinee qui en marque la du- ree ou le Tents, c’eft-a-dire, qui determine la Valeur de la Note. C’eft a Jean de Mu ris qu’on attribue l’inven- tion de ces figures vers Pan 1330 : car les Grecs n’avoient point d’autre Valeur de Notes que la quantite des fyllabes ; ce qui feul prouveroit qu’ils n’avoient pas de Mufique purement inftru- mentale. Cependant le F. Merfenne, qui avoit lu les ouvrages deMuris, allure n’y avoir rien vu qui put confirmer cette opinion , &, apres en avoir lu moi-memela plus grande partis, je n’ai pas ete plus heureux que lui. De plus , Pexamen des manufcrits du quatorzieme lieele < v a l; 543 qui font a la Bibliotheque du Roi’, ne porte point a juget quo les diverfes figures de Notes qu’on y trouve fuffent de fi nouvelle inftitution. Enfin, c’eft une chofe difficile a croire , que durant trois cents ans & plus, qui fe font ecou- les entre Gui Aretin & Jean de Mur is , la Mu- fique ait ete totalement privee du Rhythme & de la Mefure, qui eii font l’ame & le principal agrement. Quoi qu’il en fort, il eft certain que les dif- ferentes Valeurs des Notes font de fort ancienne invention. J’en trouve , des les premiers terns» de cinq fortds de figures, fans compter la Liga¬ ture & le Point. Ces cinq font, la Maxime, la Longue, la Breve, la femi-Breve, & la Mini- me. ( VI. D Fig. 8- ) Toutes ces differentes Notes font noires dans le manulcritde Guillau¬ me de Machault } ce n’eft que depuis 1’invention de I’imprimerie qu’on s’eft avife de les fairs blanches , & , ajoutant de nouvelles Notes , de diftinguer les Valeurs, par la couleur auffi bieti que par la figure, Les Notes, quoique figurees de merae, n’a- voient pas toujours la meme Valeur. Qpelque- fois la Maxime valoit deux Longues , ou la Longue deux Breves ; quelquefois elle en valoit trois : ceia dependoit du Mode. (Voyez Mode.) II en etoit de meme de la Breve, par rapport a la femi-Breve, & cela dependoit du Terns; ■(voyez Xems.) de meme enfin de la femi-Breve> J 4 v a l: 344 par rapport a la Minime; & cela dependoit de la Prolation. ( Voyez Prolation. ) II y avoit done Longue double , Longue par- faite , Longue imparfaite , Breve parfaite, Bre¬ ve alteree, fiemi - Breve majeure, & femi-Breve mineure : fept diiferentes Valeurs auxqueiles re- pondent quatre figures feulement, fans compter la Maxime ni la Minime , Notes de plus moder- ne invention. ( Voyez ces divers -mots. ) II y avoit encore beaucoup d’autres manieres de modifier les dirferentes Valeurs de ces Notes, le Point , par la Ligature , & par la pofition de la Queue. ( Voyez Ligature , Plique , Point.) Les figures qu’on ajouta dans la finite a ces citrq ou fix premieres, furent la Noire, la Cro- che , la double - Croche , la triple & nieme la quadruple - Croche ■, ce qui feroit onze figures en tout: roais des qu’on eut pris l’ufage de feparer Jes Mefiures par des Barres, on abandonna tou- tes les figures de Notes qui valoient plufieurs Mefiures, comme la Maxime, qui en valoit huit; la Longue , qui en valoit quatre ; & la Breve ou quarree , qui en valoit deux. La femi-Breve ou Ronde , qui vaut une Me- fure entiere , eft la plus longue Valeur de Notes demeuree en ufiage, & fur laquelle on a deter¬ mine les Valeurs de toutes les autres Notes, & comme la Mefure binaire , qui avoit palfie long, terns pour moins parfaite que la ternaire, prife enfin le deffus & fervit de bale a toutes les au„ V A R. 34f ires Mefures; de merae la divifion fous-double i’emporta fur la fous-triple qui avoit auffi palfe pour plus parfaite; la Ronde ne valutplus quel- quefois trois Blanches, mais deux feulement s la Blanche deux Noires , la Noire deux Cro- ches , & ainfi de fuite jufqu’a la quadruple-Cro- che , li ce n’eft dans les cas d’exception ou la divifion fous-triple fut iconfervee, & indique© par le cliiffre 3 place au-deifus ou au-deffous des , Notes. (Voyez, PI. F Fig. $ & 9- les Valeurs & /w figures de toutes ces differentes efpeces de Notes.) Les Ligatures furent auffi abolies en meme terns, du moins quant aux changemens qu’elles produifoient dans les Valeurs des Notes. Les Queues, de quelque maniere qu’elles fuffient pla- cees, n’eurent plus qu’un fens fixe & toujours le meme ; & enfin la fignification du Point fut auffi toujours bornee a la moitie de la Note qui eft immediatement avant lui. Tel eft l’etat ou les figures des Notes ont ete mifes, quanta la Valeur, & ou elles font adtuellement. Les Si¬ lences equivalens font expliques a l’article Si¬ lence. L’Auteur de la Diflertation fur la Mufique moderne trouve tout cela fort mal imagine. J’ai dit, au mot Note , quelques-unes des raifons qu’il allegue. Variations. On entend fous ce nom toutes ks manieres de broder & doubler un Air , fob X f r a u. 34 ^ par des Diminutions, foie par des paflages oi autres agremens qui ornent & figurent cet Air. A quelque degre qu’on multiplie & charge les Variations , il faut toujours qu’a travers ces bro- deries on reconnoilTe le fond de l’Air que Ton appeile le ftmple , & ii faut en meme terns que le cara&ere de chaque Variation foit marque par des differences qui foutiennent l’attention & previennent Pennui. Les Symphcntftes font fouvent des Variations i npromptu ou fuppofees telles; mais plus fou- vent on les note. Les divers Couplets des Fo'ies d'Efpagne, font autant de Variations notees; on entrouve fouvent auffi dans les Chaconnes Fran- qoifes, & dans de petits Airs Italiens pour le Violon ou le Violoncelle. Tout Paris ell all& admirer, au Concert fpirituel, les Variations des iieurs Guignon & Mondonville, & plus re- ccmment des lieurs Guignon & Gavinies, fur des Airs du Pont-neuf qui n’avoient d’autre me- rite que d’etre ainfi varies par les plus habiles Violons de France. Vaudeville. Sorte de Chanfon a Couplets \ qui raule ordinairement fur des Sujets badins ou fatyriques. On fait remonter Porigine de ce pe¬ tit Poeme jufqu’au regne de Charlemagne : mais , felon la plus commune opinion , il fut invente par un certain Baflelin, Foulon de Vire en Normandie; & comme, pour danfer fur ces Chants, on s’aifembloit dans le Val de Vire, iis V I G 347 furent appelles, dit-on , Vaux-de-Vire, puis par corruption Vaudevilles. L’Air des Vaudevilles eft communement peu Mufical. Comme on n’y fait attention qu’aux paroles, l’Air ne fert qu’a rendre la recitation unpeu plus appuyee ; du refte on n’y fent pour l’ordinaire ni gout, ni Chant, ni Mefure. La Vaudeville appartient excluflvement aux Fran, cois, & ils en ont de tres-piquans & de tres- plaifans. ■ Ventre. Point du milieu de la vibration d’une Corde fonore, ou, par eette vibration, elle s’ecarte le plus de la ligrie de repos. ( Voyez Noeuq. ) Vibration,// Le corps fonore en a&ion fort de fon etat de repos , par des ebranlemens lege rs ; mais } fenfibles , frequens & fucceilifs , dont chacun s’appelte une Vibration. Ces Vibra¬ tions , Gommuniqudes a l’Air, portent a l’oreille, par ce vehicule , la fenfation du Son ; & ce Son eft grave ou aigu , felon que les Vibrations font plus ou moins frequentes dans le meme terns. ( Voyez Son. ) Vicarier , v. n. Mot fatnilierpar lequel les Mufieiens d’Eglife expriment ce que font ceux d’entr’eux qui courent de Ville en Ville, & de Cathedrale en Cathedrale, pour attrapper quel- ques retributions , & vivre aux depens des Mai- tres de Muiique qui font fur leur route. v i l; 348 Vibe , ou Vuide. Corde a vuide, ®u Corded jour i c'eft fur les Inftrumens a manche , tels que la Viole ou le Violon, le Son qu’on tire de la Corde dans toute fa longueur , depuis le fillet jufqu’au chevalet , fans y placer aucun doigt. Le Son des Cordss a vuide eft non-feulement plus grave , mais plus refonnant & plus plein que quand on y pofe quelque doigt; ce qui vient de la molleffe du doigt qui gene & intercepte le jeu des vibrations. Cette difference fait que les bons joueurs de Violon evitent de toucher les Cordes 4 vuide pour 6ter cette inegalite de Timbre qui fait un mauvais effet, quand elle n’eft pas difpenfee a propos. Cette manier» d’exe- cuter exige des pofitions recherchees , qui aug- mentent la difficulte du jeu. Mais aufti quand on en a une fois acquis 1’habitude , on eft vrai- ment malt re de fon Inftrument, & dans les Tons - les plus diificiles , 1’execution marche alors com- me dans les plus aifes. ViF , vivement. En Italien Vivace : ce mot marque un Mouvement gai , prompt, anime ’ tine execution hardie & pieine defeu. Villanelle , /. /. Sorte de Danfe ruftique dont l’Air doit etre gai, marque , d’une Mefure tres-lenfible. Le fond de cet Air eft ordinaire- ment un Couplet aflezfimple, fur lequelonfait enfuite des Doubles ou Variations. ( Voyez Double , Variations. ) V I R. 54 ? VlOLE, f. f. C’eft ainfi qu’on appelle, dans la Mufique Italienne, cette Partie de remplifla- ge qu’on appelle, dans la Mufique Frajiqoife, Quinte ou Taiile; car les Francois doublent fouvent cette Partie, c’eft-a-dire , en font deux pour une; ce que ne font jamais les Italiens. iLa Viole fert a Her les Deifus aux Baifes, & a templir, d’une maniere harmonieufe , le trop grand vuide qui refteroit entre deux. C’eft pour- quoi la Vi ole eft toujours neceffaire pour l’Ac- cord dutout,meme quand elle ne fait que jouer la Baffe a l’O&ave , comme il arrive fouvent dans la Mufique Italienne. t- Violon- Symphonifte qui joue du Violon dans un Orcheftre. Les Violons fe divifent ordinaire- ment en premiers, qui jouent le premier Def- fus; & feconds, qui jouent le fecond Defius : chacune des deux Parties a fon chef ou guide qui s’appeile auifi le premier j favoir le premier des premiers, & le premier des feconds. Le premier des premiers Violons , s’appelle auifi Premier Violon tout court: il eft le Chef de tout 1’Orcheftre : c’eft lui qui donne l’Accoid, qui guide tous les Symphoniftes, qui les remetf quand il's manquent, & fur lequel ils doivenC tous fe regler. ■' Virgule. C’eft ainfi que nos anciens Mufi- ciens appelloient cette partie de la Note , qu’on a depuis appellee la Queue. (Voyez Queue.) xj n t: '?fo Vite. En Italien Prejlo. Ce mot, a la tet? d’un Air, indique le plus prompt de tous les Mouvemens; & il n’a, apres lui, que fon fu- perlatit' PreftiJJimo , ou Prejio ajfai, tres- Vite. Vivace (Voyez. Vie. ) Unisson. f. m. Union de deux Sons qui font au meme Degre, dont Pun n’eft ni plus gravs ni plus aigu que Pautre , & dont PIntervalle etant nul , ne donne qu’un rapport d’egalite. Si deux Cordes font de meme matiere, ega- les en longueur, en groifeur , & egalement ten- dues , elles feront a P UniJJbn. Mais il eft faux de dire que deux Sons a P Unijfon fe confondent fi parfaitement, & aient une telle identite que Poreille ne puiife les diftinguer : car ils peu- vent diiferer de beaucoup quant au Timbre & quant au degre deforce. Une Cloche peut etre a P UniJJon d’une Corde de Gu itarre, une Viel- le a VUniJJbn d’une Flute, & Von n’en eonfon- dra point les Sons. Le zero n’eft pas un nombre, ni V Unijfon xm Intervalle; mais P Unijfon eft a la ferie des In- tervalles, ce qu’ett le zero a la ferie des nora- tres; c’eft le terrne d’ou ils partent, c’eft le point de leur commencement. Ce qui conftitue P Unijfon , c’eft l’egalite du nombre des Vibrations faites en terns egaux par deux Sons. Des qu’il y a inegalite entre les nombres de ces vibrations, il y a Intervalle tr N l cntre les Sons qui les donnent. ( Voyez Cor de 9 Vibration. ) On s’eft beaucoup tourmente pour favoir Ci YUnijfon etoit une Confonnance. Ariftote pre¬ tend que non, Muris affure que fl , & le P. Mer- fenne fe range a ce dernier avis. Comme cela depend de la definition du mot Confonnance, je ne vois pas quelle difpute il peut y avoir la. deffus. Si Ton n’entend par ce mot Confonnance qu’une union de deux Sons agreable a l'oreille , T U nijfon fera Confonnance allurement; inais 11 Ton y ajoute de plus une difference du grave a l’aigu , il eft clair qu’il ne le fera pas. Une queftion plus importante, eft de favoir quel eft le plus agreable a l’oreille de f Vnijfon ou d’un Intervalie confonnant, tel, par exem- ple, que I’Oclave ou la Quinte. Tous ceux qui ont l’oreille exercee a PHarmonie , prefereut P Accord des Confonnances a l’identite de VU- nijfon i mais tous ceux qui, fans habitude de 1’Harmonie, n’ont, li j’ofe parler ainfi, nul prejuge dans l’oreille, portent un jugement con- traire: YUnijfon feul leur plait, ou tout au plus l’Oclave, tout autre Intervalie leur paroit dif- cordant: d’ou il s’enfuivroit, ce me femble, que 1’Harmonie la plus naturelie, & par confe- quent la meilleure, eft a 1’ Uni fan. (Voyez HaR- monie.) C’eft une obfervation connue de tous les Mu- ficiens, que celle du fremiffement & de la re* ir n v BT-S fonnance d’une Corde , au Son d’mie autre Cc*5 de moncee a VUniJfon de la premiere , ou me* me a fon Odave , ou meme a l’Odave de fa Quinte, &c. Void comme on explique ce phenomene. ? Le Son d’une Corde A met 1’Air en mouve-’ ment. Si une autre Corde B fe troupe-dans la fphere du mouvement de cet Air, il agira fur elle. Chaque Corde n’eft fufceptible, dans un terns donne , que d’un certain nombre de Vi¬ brations. Si les Vibrations, dont la Corde Belt fufceptible , font egales en nombre a celle de la Corde A, fair ebranle par I’une agilfant fur Pautre , & la trouvant difpofee a un mouvement femblabie a celui qu’ii a recu , le lui communi¬ que. Les deux Cordes marchant ainfi de pas egal, routes les impuUlons que Pair reqoit de la Corde A , & qu’il communique a la Corde B , font coincidences avec les vibrations de cette Corde, & par confequent augmenteront fon mou¬ vement loin de le contrarier : ce mouvement, ainii fuccellivement augmente, ira bientot juf- qu’a un fremilfement fenlible. Alors la Corde B rendra du Son; car toute Corde fonore qui fre- irsit , fonne ; & ce fon fera neceffairement a XUniJfcn de celui de la Corde A. Par la meme raifon , l’Obtave aigue fremira & refonnera auffi, mais moins fortement que 1’IT- nijjon ; parce que la coincidence des Vibrations & par confequent Pimpulfion de Pair, y eft moins U N I r 3S3 moms frequente de la moitie : elle 1’eft encore moins dans la Douzieme ou Quinte redouble , & moins dans la Dix-lepneme ou Tierce majeu- re triplee, derniere des Confonnances qui fre- milfe & refonne fenliblement & direiftement : car quanta la Tierce mineure & auxSixtes, dies ne relbnnent que par eombinaifon, Toutes les fois que lcs nombres des vibra¬ tions dont deux Cordes font fufceptibles en terns egal font commenfurables, on ne pent douter que le Son de Tune ne communique a l’autre quelque ebranlement par 1’aliqnote com¬ mune i mais cet ebranlement n’etant plus fenfi. ble au-dela des quatre Accords precedens , il eft compte pour rien dans tout ie refte. ( Voyez Cgnsonnance. ) II paroit, par cette explication, qu’un Son n’en fait jamais reformer un autre qu’en vertu de quelque Unijfon car un Son quelconque donne toujours V Unijfon defes aliquotes : mais comme il ne fauroit dormer YUniJfoiv&e fes multiples* il s’en fuit qu’une Corde fonore en mouvement n’en peut jamais faire reformer ni fremir une plus grave qu’elle. Sur quoi Ton peut juger de la verve de 1’experience dont M. Rameau tire- l’origine du Mode mineur. Unissoni. Ce mot Italien, ecrit tout au long ou en abrege dans une Partition fur la Portee vuide du lecond Violon , marque qu’il doit jouer al’Unilfon fur la Partie du premier; & ce me- Tome XI. Z me mot, ecrit fur IaPortee vuide du premier Fiolon , marque qu’il doit jouer a PUnifTon fur la Partie du Chant. Unite' be Me'lodie. Tous les beaux Arts ont quelque Unite d’objet, fource du plailir qu’iis domient a l’efprit : car l’attention parta- gee ne fe repofe nuile part, & quand deux ob- jets nous occupent, c’eft une preuve qu’aucun des deux ne nous fatisfait. II y a , dans la Mu¬ fique, une Unite fuccelfive qui fe rapporte au fujet, & par laquelle toutes les Parties , bien liees , compofent un feul tout, dont on apper- qoit l’enfemble & tous les rapports. Mais il y a une autre Unite d’objet plus fi. ne , plus fimultanee , & d’ou nait, fans qu’on y fonge, l’energie de la Mufique & la force de fes expreffions. Lorfque j’entends chanter nos Pfeaumes a quatre Parties, je commence toujours par etre fail! , ravi de catte Harmonie pleine & nerveu- fe; & les premiers accords, quand ils font en- tonnes bien jufte, m’emeuvent jufqu’a friffon- ner. Mais a peine en ai-je ecoute la fuite , pen¬ dant quelques minutes, que mon attention fe re- lache, le bruit m’etourdit peu-a-peu; bientot il me laife, & je fuis endn ennuye de n’enrendre que des Accords. Cet effet ne m’arrive point, quand j’entends de bonne Mufique moderne , quoiqiie PHarmo- nie en foit moins vigoureufe , & je me fduviens UNI. 3 ?? qu’a I’Opera de Venife , loin qu’un bel Airbien execute m’ait jamais ennuye, je lui donnois , quelque long qu’il fut, une attention toujours nouvelle , & l’ecoutois avec plus d’interet a la fin qu’au commencement. Cette difference vient de celle du caradtere des deux Mufiques , dont l’une n’eft feulemenc qu’une fuite d’Accords , & l’autre eft une fuits de Chant. Or le pi at Ur de ffiarmonie n’eft qu’un plaifir de pure fen ration , & la jouiffance des fens eft toujours courte, la fatiete & l’ennui la (invent de pres : mais le plaifir de la Melodis & du Chant, eft un plaifir d’interet & de fenti- ment qui parle au coeur, & que 1’Artifte peut toujours loutenir & renouvellera force de genie. La Mufique doit done necelTairement chanter pour toucher, pour plaire, pour foutenir l’in- teret & Pa ttention. Mais conynenb dans nos- Syftemes d’Accords & d’ffarmonie, la Muliqus s y prendra-t-elle pour chanter? Si chaque Par- tie a fon Chant propre , tous ces Chants, en- tendus a la fois, fe detruiront mutuel;ement 3 & ne feront, plus de Chant: fi routes les Parties font le meme Chant, l’on n’aura plus d’Harmo- nie , & le Concert fera tout a PUniflon. La maniere , dont un inftimft mufical, un. certain fentiment fourd du genic , a leve cette difficulte fans la voir, & en a meme tire avan- tage , eft bien remarquabla. L’Harmonie, qui devroit etouffer la Melodie, l’aninte, la ren- Z % U N I. 3f li toutefois la chofe eft pof- ftble. Lorfque j’eus decouvert ce principe , je vou- 3us, avant de le propofer, en elfayer Papplica- tion par moi-meme; cet eifai produifit le Devin du Village; apres le fucees, j’en parlai dans ma Lettre fur la M'tfique Francoife. C’eft aux Mai- tres de l 1 Art a juger ft le principe eft bon , & li j’ai bien fuivi les regies qui en decoulent. Univoque , adj. Les Confonnances Univoques font l’Oblave & fes repliques , parce cue toutes portent le meme nom. Ptolomee fut le premier qui les appella ainfi. Vocal, adj. Qui appartient au Chant des Voix. Tour de Chant Vocal $ Mufique Vocale. Vocale. On prend quelquefois fubftantive- ment cet ad jedif pour exprimer la par tie de la Mufique qui s’execute par des Voix. Les Sym¬ phonies d'un tel Opera font affez bien faites; metis la Vocale eft mauvaife. Voix,//. La fomrne de tons les Sons qu’uii homme peut, en parlant , en chantant, en criant, tirer de fon organe , forme ce qu’on ap- pelle fa Voix, & les qualites de cette Voix de¬ pendent aulli de celles des Sons qui la foment. Ainfi, l’on doit d’abord appliquer a la Voix tout ce que j’ai dit du Son en general. ( Voyez Son.) Les Phyficiens aiftinguent dans fhomine dif- ferentes fortes de Voix; ou, fi fon veut, ils Z 4 i 3 6o ' V O I. conAderent la meme Voix fous difterentes faces. 1. Comme un Ample Son, tel que le cri des enfans. 2 . Comme un Son articule , tel qu’il eft dans la parole. 3. Dans le Chant, qui ajoute a la parole la Modulation & la variete des Tons. 4. Dans la declamation, qui paroit dependre d’une nouvelle modification dans le Son & dans la fubftance meme de la Voix ; Modification dif¬ ference de celle du Chant & de celle de la pa¬ role , puifqu’elle peut s’unir a l’une & a 1’autre , ou ed etre retranchee. On peut voir , dans PEncyclopedie, a Parti¬ cle Declamation des Anciens, d’oii ces divisions font drees, Pexplication que donne M. Duclos de ces diiferentes fortes de Voix. Je me conten- terai de tranfcrire ici ce qu’il dit de la Voix chantante ou muAcale, la leule qui fe rapporte a mon fujet. „ Les anciens MuAciens out etabli, aprds „ Ariftoxene : i°. Que la Voix de Chant pafte M d’un degre d’elevation ou d’abaiffement a un M autre degre; e’eft-a-dire, d’un Ton a 1 ’autre , „ par faut , fans parcourir Plntervalle qui les „ fepare; au lieu que celle du difcours s’eleve „ & s’abaiife par un mouvement continu. 2 0 . „ Que la Voix de Chant fe foutient fur le meme „ Ton, conAdere comme un point indiviAble ; 5 , ce qui n’arrive pas dans la Ample prononcia- „ tion. v o r. 3 Si „ Gette rnarche par fauts & avec des repos » eft eti effet celle de la Voix de Chant: mais „ n’y a-t-il rien de plus dans le Chant ? II y a „ eu une Declamation tragique qui admettoit le „ pafTage par faut d’un Ton a 1’autre, & le re- „ pos fur un Ton. On remarque la meme chofe „ dans certains Orateurs. Cependant cette De- „ clamation eft encore uifferente de la Voix de „ Chant. „ M. Dodatt, qui joignoit a l’efprit de dif- „ cutlion & de recherche la plus grande con- ,3 noiflanee de la Phyfique , de l’Anatomie , & „ du jeu des parties du corps humain , avoit „ particulierement porte Ton attention fur les „ organes de la Voix. II obferve, x°. que tel j, homme, dontla Voix de paroleeftdeplaifan- „ te , a le Ch wt tres-agreable , & au contraire : „ 2 °. que fi nous n’avons pas emend u chanter „ quelqu’un , quelque connoiifance que nous „ ayions de fa Voix de parole , nous ne le rs- „ connoitrons pas a fa Voix de Chant. „ M. Dodart, en continuant fes recherehes , „ decouvrit que, dans la Voix de Chant, il y ,3 a de plus que dans celle de la parole, un 33 mouvement de tout le larynx ; c’eft-a-dire, 3, de la partie de la trachee - artere qui forme „ comme un nouveau canal qui le termine a la „ glotte , qui en enveloppe & foutient les muf- „ cles. La difference entre les deux Voix vient 33 done de celle qu’il y a entre le larynx affis Sc 35 33 55 55 *55 55 55 35 35 35 25 55 35 35 35 35 53 35 35 35 55 35 55 55 35 S3 ■' 33 en repos fur fes attaches, dans la parole, & ee meme larynx fufpendu fur fes attaches , en a&ion & mu par un balancement de haut en has & de has en haut. Ce balancenient peut fe comparer au mouvemeiit des oifeaux qui planent, ou des poilfons qui fe foutiennent a la meme place contre ie fil de 1’eau. Quoique les ailes des uns & les nageoires des autres . paroilfent immobiles a l’oeil, elles font de con- tinuelles vibrations , mais fi courtes & li promptes qu’clles font imperceptibles. „ Le balancement du larynx produit, dans la Voix de Chant, une efpece d’ondulation qui n’efl: pas dans la limple parole. L’ondula- tion foutenue & moderee dans les belles Voix fe fait trop fentir dans les Voix chevrota ntes ou foibles. Cette ondulation ne doit pas fe coiifondre avec les Cadences & les Roule- mens qui fe font par des mouvemens tres- prompts & tres-defeats de 1’oiiverture de la glotte, & qui font compofes de l’Intervalle d’un Ton ou d’un demi-Ton. „ La Voix, foit du Chant,'foit de la paro¬ le, vient toute entiere de la glotte pour le Son & pour le Ton ; mais l’ondulation vient entierement du balancement de toutle larvnx; elle ne fait point partie de la Voix, mais elle en affe&e la totalite. * „ II refulte de ce qui vient d’etre expofe, que la Voix de Chant con fill c dans la rnarche VOI. BS3 pnr fauts d’un Ton a un autre , dans le fejour „ fur les Tons, & dans cette ondulation du la- „ rynx qui affede la totalite & la fubltance raerae du Son. ” Quoique cette explication foit tres - nette & tres philofophique, elie laifle , a mon avis , quel- que chofe a defirer , & ce caradere d’onduia- tion , donne par le balancement du larynx , a la Voix de Glrant, ne me paroit pas lui etre plus effentiel que la marcbe par fauts , & le fejour fur les Tons , qui, de l’aveu de M. Duclos, ne font pas pour cette Voix des caraderes fpecifiques. Car, premierement, on peut, a volonte, donner ou oterala Voix cette ondulation quand on chante , & Foil n’en chante pas moins quand on file un Son tout uni fans aucune elpece d’on- dulation. Secondement , les Sons des fnftru- rnens ne different cn aucune forte de ceux del a Voix ch antante, quanta leur nature de Sons mu- ficaux, & n’ont rien par eux - merr.es de cette ondulation. Troifiemement, cette ondulation le forme dans le Ton & non dans le Timbre; la preuve en ell que , fur le Violon & fur d’autres Itiftrumens , on finite cette ondulation , non par aucun balancement femblable au mouvement fup- pofe du larynx, mais par un balancement du doigt fur la Corde, laquelie, ainfi raccourcie & ralongee alternativement & prefque impercepti- blement, rend deux Sous alternatifs a mefure que le doigt fe recule ou s’avance. Ainfi, l’on- t r O I. 3 les Voix aigu-es font celles des VOL 3 -66 femmes : !es Eunuques Sc les enfans ont aufli a- peu-pres le meme Diapafon de Voix que les femmes •, tous les honimes en peuvent meme ap- procher en chantant le Faucet. Mais de toutes les Voix aigues, il faut convenir malgre la pre¬ vention des Italiens pour les Caftrati, qu’il n’y en a point d’efpece comparable a celle des fem¬ mes , ni pour l’etendue ni pour la beaute du Timbre. La Voix des enfans a peu de conliftan- ce & n’a point de bas •, celle des^ Eunuques , au contraire , n’a d’eclat que dans le haut; & pour le Faucet, c’eft le plus defagreable de tous les Timbres de la Voix humaine : il fuffit, pour en convenir, d’ecouter a Paris les Choeurs du Concert Spirituel, & d’en comparer les Deifus avec ceux de i Opera. Tous ces differens Diapafons , reunis Sc mis en ordre , forment une etendue generals d’a- peu-pres trois Odaves, qu’on a divilees en qua- tre Parties , dont trois, appellees Hiiiite-Cohtre , Tattle Sc Eajfe, appartienneut aux Voix graves , & la quatrieme feulement qu’on appeile Dejfus , eft alfignee aux Voix aigues. Sur quoi void v;uei- ques remarques qui fe preferment. I. Selon la portee des Voix ordinair.es , qu’ou peut fixer a-peti-pres ^une Dixieme majeure , en mettant deux Degres d’lutervalle entre chaque efpece de Voix & celle qui la fuit , ce qui elfc toute la difference qu’on peut leur donner , le Syfteme general des Voix humaines dans lqs v o i: 567 deux Texes, qu’on fait pafler trois Odlaves, ne devroic enfermer que deux Octaves & deux Tons. C’etoit en etfet a cette etendue que fe bornerent les quatre Parties de la Muiique , long-tems apres l’invention du Contre-Point, corame on le voit dans les Compofitions du quatorzieme fiecle , out la meme Clef, fur quatre pofitions fucceffives de Ligne enLigne, fert pour la Bade qu’ils ap- pelloient Tenor , pour la Taille qu’ils appelloient Contratenor , pour .la Haute-Contre, qu’ils appel¬ loient Mottetus, & pour le Delius qu’ils appel¬ loient Triplum. Cette diftribution devoit rendre a la verite la Compofition plus difficile : mais en meme terns l’Hatmonie plus ferree & plus agreable. II. Pour pouifer le Syfteme vocal a 1’etendue de trois Odaves avec la gradation dont je viene de parler, il faudroit fix Parties au lieu de qua¬ tre ; & rien ne feroit plus nature! que cette di¬ vision , non par rapport a P’Harmonie, qui ne comporte pas tant de Sons differens; mais par rapport aux Voix qui font a&uellement alfez mat diftribuees. En effet, pourquoi trois Parties dans les Voix d’hommes, & une feulement dans les Voix de femmes, li la totalite de celles- ci renferme une auffi grande etendue que la totali¬ te des autres ? Qu’on mefure l’lntervalle des Sons les plus aigus des Voix feminines les plus aigues aux Sons les plus graves des Voix femi- aines les plus graves; qu’on falfe la meme chofe 3^8 V O I. pour les Voix d’hommes; & non - feulement on n’y t'rouvera pas une difference fuffifante pour etablir trois Parties d’un cote & une feule de l’autre : mais eette ditference raeme , s’il y en a, fe reduira a tres-peu de chofe. Pour juger fainement de cela, il ne faut pas fe borner a l’exameii des chofes telles qu’elles font; mais voir encore ce qu’elles pourroient etre , & con- fiderer quel’ufage contribue beaucoup a former les Voix fur le caradere qu’on veut leur dormer. En France, oil Ton veut des Baffes, des Haute- Contres, & oil l’on ne fait aucun cas des Bas- Deifus , les Voix d’hommes prennent differens caraderes, & les Voix de femmes n’eu gardent qu’un feul : mais en Italie , oil Ton fait autanfc de cas d’un beau Bas-Deifus que de la Voix la plus aigue, il fie trouve parmi les femmes de tres-belles Voix graves qu’ils appeiient LomValti , & de tres-belles Voix aigOes qu’ils appeiient 6b- franii au contraire, en Voix. d’hommes reci- tantes , ils n’ont que des Tenori : de forte que s’il ’n’y a qu’un caradere de Voix de femmes dans nos Opera, dans les leurs il n’y a qu’un caradere de Voix d’hommes. A l’egard des Chocurs, li generaiement les Parties en font diffribuees en Italic comme en France, c’elt un ufage univerfel , mais arbitrai- re, qui n’a point de fondement nature!. D’ail- leurs n’admire-t-on pas en plufieurs lieux , & fingulierement a Venife, de tres-belles MuOques \ a VOL Z&9 a grand Choeur, executees uniquement par de jeunes filles 'i III. Le trop grand eloignement des Voix en- tr’elles, qui leur fait a toutes exceder leur por- tee, oblige fouvent d’en fubdivifer plufieurs. C’eft ainfi qu’on divife les Baffes en Bade-Con- tres & Baffe-Taiiles , les Tailles en Haute-Tail- les & Concordans , les Deffus en premiers & feconds : mais dans tout cela on n’apperqoit rien de fixe , rien de regie fur quelque principe. L’efprit general des Compofiteurs Franqois eft toujours de forcer les Voix pour les faire crier plutot que chanter : c’eft pour cela qu’on paroit aujourd’hui fe burner aux Balfes & Haute-Con- tres qui font dans les deux extremes. A l’egard de la Taille , Partie fi nature!le a l’homme qu’on Pappelle Voix humctine par excellence , elle eft deja bannie de nos Opera ou I’o 11 ne veut rien de natuvel •, & par la meme raifon elle ne tar- dera pas a letre de toute la Mufique Fran- qoife. On dlftingue encore les Voix par beaucoup d’autres differences que celles du grave & 1 ’aigu. II y a des Voix fortes dont les Sons font forts & bruyans , des Voix douces dont les Sons font doux & flutes, de grandes Voix qui ont beau- coup d’etendue , de belles Voix dont les Sons font pleins, juftes & harmonieux; il y a auffi les contraires de tout cela. II y a des Voix dures St pefantes; il y a des Voix flexibles & legeres ; Tome XL A a VOL 370 il yen a dont les beaux Sons font inegalement diftribues , aux unes dans le haut, a d’autres dans le Medium , a d’autres dans le bas ; il y a auffi des Voix egales , qui font fentir le meme Timbre dans toute leur etendue. C’eft au Com- pofiteur-a tirer parti de chaque Voix, par ce que fan caradere a de plus avantageux. En Italie, ou chaque foisqu’on remet au Theatre un Opera, e’eft toujours de nouvelle Mufique , les Compo- fiteurs ont toujours grand foin d’approprier tous les roles aux Voix qui les doivent chanter. Mats en France, ou la meme Mufique dure des fiecles , ilfaut que chaque r6le ferve toujours a toutes les Voix de meme efpece , & c’eli peut-etre une des raifons pourquoi le Chant Franqois , loin d’acquerir aucune perfedion , devient de jour en jour plus trainant & plus lourd. La Voix la plus etendue, la plus flexible, la plus douce , la plus harmonieufe qui peut - etre ait jamais exifte, parent avoir ete celle du Che¬ valier Balt'haliir Ferri, Peroufin , dans le fieele dernier. Chanteur unique & prodigieux, que s’arrachoient tour-a-tour les Souverains de l’Eu- rope , qui fut comble de biens & d’honneurs durant fa vie , & dont toutes les Mufes d’ltalie oelebrerent a Fenvi les talens & la gloire apres fa roort. Tous les ecrits Fairs a la louange de ce Muficien celebre refpirent le raviffement, l’en- thoufiafme 9 & l’accord de tous fes coritemporains montre qu’un talent fi parfait & fi rare etoit VOL. ' 37P m.eme au-deftusde Penvie. Rien , difent-ils , ne peut exprimer l’eclat de fa Voix ni les graces de fon Chant ; il avoit, au plus haut degre, tous les caraderes de perfedion dans tous les genres ; il etoit gai, her , grave , tendre a fa volonte , & les cosurs fe fondoient a fon pathetique. Parmi Tinfinite de tours de force qu’il faifoit' de fa Voix , je n’en citerai qu’un feul. Ii montoit &; redefcendoit tout d’une haleine deux Odaves pleines par un Trill continuel marque fur tous les Degres chromatiques avec tant de juftefle, quoique fans Accompagnement , que fi l’on ve- noit a frapper brufquement cet Accompagnement fous la Note ou il fe trouvoit , foit Bemol , foit Diefe , on fentoit a 1’inftant l’Accord d’une jufteife a furprendre tous les Auditeurs. On appelle encore Voix les parties vocales & recitantes pour leCquelles une Piece de Mufique eft compofee ; ainli 1’on dit un Zvlottet a Voix feule , au lieu de dire un Mottet en recit; une Cantate a deux Voix, au lieu de dire une Can- tate en Duo ou a deux Parties , &c. ( Voyez Duo , Trio , &c. ) Volte, f.f. Sorte d’Air a trois Ternspropre a une Danfe de meme nom , laquglle eft compo¬ fee de beaucoup de tours & retours, d’ou lut eft venu le nom de Volte. Cette Danfe etoit une efpecede Gaillarde , & n’eft plus en ufage depuis long - terns. A a 3 VOL. 372 Volume. Le Volume d’une Voix eft l’etendue ou l’lntervalle qui eft entre le Son le plus aigu & le Son le plus grave qu’elle pent rendre. Le Volume des Voix les plus ordinaires eft d’envi- ron huit a neuf Tons ; les plus grandes Voix ne palfent guere les deux O&aves en Sons bien juftes & bien pleins. Upinge. Sorte de Chanfon confacree a Diana parmi les Grecs. (Voyez Chanson.) Ut. La premiere des fix fyllabes delaGam- me de I’Aretin , laquelle repond a la lettre C. Par la methode des Tranfpofitions on appelle toujours Ut la Tonique des Modes majeurs & la Mediantedes Modes mineurs. (Voyez Gamme , Transposition. ) Les Italiens trouvant cette fyllabe Ut trop fourde, lui fubftituent, en folfiant, la fyllabe Do. rfe- —" == =■■- ■ -. z. iEaA. Syllabe par laquelle on diftingue, dans le Plain - Chant, le Si Bemol du Si natural au- quel on laifle le nom de Si. Fin du Tome XI. D E LA DISTRIBUTION DES VOLUMES. ■8 ’ " . -■ —a TOME PREMIER. ]$ I fours , fi le retablijfement des Sciences & des Arts a contribue a epurer les mmirs. Reponfe au Difcours precedent par le Roi de Pologne, Observations de M. Roujfeau fur ladite riponfe. Autre refutation dudit Difcours, par M. Gautier de FAcademie de Nancy. Lettre de M. Roujfeau a M. Grim , au fujet de la precedente refutation. Troifieme Refutation , par M. Bordes de FAca~ demie de Lyon. Reponfe de M. Roujfeau au Difcours de M. Bordes. Lettre de M. Roujfeau fur la Nouvelle refutation de fon Difcours par un Academicien de Dijon. Defaveu de F Academic de Dijon au fujet de la Refutation uttribuie faujfement a Fun de fes Mernbres. Lettre fur la Mufique Francoife , par M. Roujfeau. Extrait d’une Lettre de M. Roujfeau, fipr les Ou- wages de M. Rameau. Le 'Devin du Village, Intermede. Fragment d’une lettre de M. Roujfeau d M. le JSlieps, an fujct de fin Entree a P Opera. Narcijfe, on P Amant de lui - mime , Comedie de M. RouJJeau. Lettre de M. Roujfeau a M. de Voltaire fur fin Foeme fur le Defaftre de Lisbonne. VAllee de Sylvie, petite piece de Vers. Imitation libre d'une Chanfon Italienne de Metajlafe. Guifeppe Farfetti, Fatrizio Veneto, a Gib. Gia¬ como Rt)ujfeau , Sermone. Lettre de M. Roujfeau a PAuteur du Mercure. Trois Lettres du Comte de Trejfan a M. Roujfeau, avec let Reponfes. Avis a un Anonyme par M. Roujfeau. Lettre d'un Bourgeois de Bordeaux a PAuteur du Mercure. Reponfi de M. Roujfeau d M. de BoiJJy qui ltd avoit communique la Lettre prtcedente. Lettre de M. Roujfeau, an fijet du Mandement de M. Montillet qzPil ne connoijfoit pas. —— du mime, an Jhjet de POuvrage intitule des Princes. TOME SECOND. Difemirs fur Porigine les fondemms de Pinegct- lite parmi les hommes. Contrat Social , ou Frincipes du droit Politique. Difcours fur P Flcommie Politique. Extrait du Projet depaix perpetuelle de M. PAbbi de St. Pierre. Lettre de M. Roujfeau d M. de Gingins. —- du minis d M. Favre, premier Syndic de Geneve. Reponfe de M. Roujjeau a une lettre dun de fes Concitoyens. Lettre du m'eme d M. De MontmoUin. Notice de quelques Ouvrages des Citoyens & Bour¬ geois de Geneve, qui concement M. Roujjeau. Lettre de M. Roujjeau fur fes dlmeles avec M. De Montmollin. TOME TROISIEME. Lettre de M. Roujfeau, a M. D'Alembert, fur let Theatres. Defcription abregee du Goavernement de Geneve, par M. D'Alembert. Reponfe de M. D'Alembert d M. Roujfeau , fur les Theatres. Difcoursfur la Queftion : Quelle eJLJa vertu la plus necejfaire aux Heros i quels fortt les , Hiros d qui cette vertu a manque. La Reine Fantafque , Conte. De l'Imitation thlatrale: EJfai tire des Dialogues de Platon. Pygmalion , Scene Lyrique. TOMES QUATRIEME, CINQUIEME ET SIXIEME. Julie, ou la Nouvelle H£loise. Lettres de deux Amans , habitant d’une petite Ville au pied des Alpes. TOMES SEPTIEME , ET HUITIEME. E'mile , ou Traits de PE'ducation. TOME N E U V I E M E. Arret de la Cour de Parlement, qui condamue un Imprime ayant poi& titre , E^mile, ou de l’E'ducation , par J. J. RoulTeau", imprime a la Haye .... MDCCLXH , a etre lacere & briile par PExicuteur de la Haute - Jujlice. Lettre de M. RouJJcau a M. de Beaumont. IX Lettres ecrites de la Montague. TOMES DIXIEMEET ONZIEME. Di&ionnaire de Mujique. FIN. Fiances A - Fnj.L Cadences par fades evitees. m Ust dr rr Fiij- ■!. Cadences iriterrompues e'vitees Cadence rempiie Plci/ic ,fans tialcen. A- Evilcc f avec lirisen ( B . Renversemenl de la stale a/au/ee ? . *T 3 C ~zt_L_=i=i 7 ? 7 7 5 /W/ 3. £ xr & $ :a * 5 XT -e- Ra 4 3= a e- XL EE ~ 6 ~ 4 -e- -o- 3£ dr 7& 7 7 7 £L A. B - di o -H n e- TT EE CL dr Xt -t-y- -5 7 xJ -& T E X Clavier — /i’.r.'X>/;.!' et rap arts' dee Clefs. Ft if. 6. BE C/eC ife set, eu de G, re, eel Clef d'ut eu de C, set, ut I <’/<’/ de j'a , eu d /' ut, J'a Flif. 6 m b— a ^t: S-X R7 yRy- 9 i diceerd i 4- Fief. 12 permit ■ 4 16 d\ I H BE 'epiie'ms “p“ 1 PP .“l- • ~ f L.rL’ - areutee t 1 Fnj.ia listens de .jualre /assures '■ fiats:: de dens mesiires Trents u::e /insures h eempter 'arri/len eene'e/iant a ij Timbres Ft a. it *3 J3.-F- de Jf. Rameau ■ Veritable Jir-F- doles aseetidanles de tierce en tierce ■ Fie- 'Fiq. $ 5^ ' / I dales a / nmssen ■ k=i - r d'-= f ~Er Gamine IlaUenne Gamine 7 France ise 4l K- r V u ' Pt V & Y's.jnprrs la 44-X-*n4— dF ld' as —rh d /• a — O’ -4- F -IV C -B- A -P- ta L ~/m — f'C -nl - 4 a- . Fal - 4a- mi -Fe¬ lt t la -Oo 4 ~ fa re - ut a a bur cl mi - ppz - ut ■ la -fo4- cA 7 - t W - -at— -4a- ffI 7711 — re ut tern el —la - Ffl . fa t mi ■ re . at la reC- ta C - ml— re —at— Graz’S rar d/ad. Da lain ■ «s*Sfcw - , Plancm I> SUV - JV/z.c’ deu.v w terns ■ ■ *tau' ■ Trey icnur ■ TrcLr — deux ■ Keuf^— l J lialrc ' l0 ^ ' ,, AvmT- ^ *r i ■ , ]•. ; . w * cT : *v ' ■ - "—^ *T /. . /. - /,..,,v* k.ivr ' jr*rei ' dcti.r te/ns. =P ^/■a Mini ^/. s r. 1 o ii. i. k ”>/ ./.V Jfodc Jfl/h’ur ■ T o Jfineur ■ /)j\ ■ I JfeduviU’... J i.i'tr/ru’ *'/<' I^ • \ /li'/ju/hi/Mi’. Jon dc La < JA-Fudr C /’ on dcLod Sens dcnilnantc II Scii.fdi'/nui.viU’ _D. J jY.r/iWi- /ude ... I J\w>/idi‘ /u ’/<’ l'/ • / Idem .I\. ■ PldlldlC C Ode'de Pindaru. P. r Morceaa deMusic]ue Ancicnne ■ Fiq.i■ 3=P JCpv 0- xn £ HZ H i 0 ~W 77 xai%% -v?j t .E%Jovs, o £ m f 1 pry ia c\o av ,3 po 7 tor ■ p], 3 . dfa/\diu des duispuetaires du Ren de 'France Llauboie a * §6 Tambours XT 4 •2 . Inter valle 1 exprune' en No lee ■ No/ti 7 on no/nbres 2 7 1 — ij— 8— / i: J— -38^. —rf _ r. e — e - £ 70 - 5 - —pt 3 2 :- if- t-8 S- be— 1 iz 8 — — '5 —■i5 -j 1)2 —.8 -/ a 8 -/ 2 8 0 - 8 81- —jt> - J I O' — 2 Plancin'. i). HiPukc 'u/ir aneiennes. . y J Silencer ( crreree/iaa/ie' As r-„. pAv, Fu/Pj A. chv/.v/ IV . DcuMc - Cjw'fzet • /,.! - V. ai 'i/M-Pv.iur\ lUa.v Ua/ia:u\< /./• i" - - Pivi.wM . iA’zu v 1 i5/vc<:'’ o—g— e- Pa P sure am r emu at Par erracer, van l liar J/aa'iim . Calls «/in rain a III c'cnlewe/n aenr erraeer, vain line Pm a li e . «//t,’.ViyA\■’ -G- ■ iV/ ,/ il\ypj.; _ b a »»>> >» >> M | IMM MM MM tv/ .< 2 /izare i\i/ani fine -msrn/'S JK'/’ii -//anre. ra/anl nne P/ansAs s'sii/'i/' ra/anl uns .Ysirs Ps.m-rsa/ur ralairt mis Irss/is PnartPe aeupir ra/ant line Pan A/e -creel e Ps/m K/inirt Js rsn/'ir valmf nne Fill'Is-ersshe Ps 7 la Jranseiae I>, „ /1 tAzlie/ins . p-P a- 1. Q- P It IE O- luim/ns tan/' < ^ w, - — 7V/,i m.v/is A'/ia A /amir if— Fu;. 11 . n m.rSu.-' 331 r — » • . -w '.’J’.-V’y, " 5 hii/'CDealle Fanen renre/ae 3= 3T JlIUh'-t Vf!IfV . =s= Si #-■ * » • * - 9 - * -W 33=1 tot -.viw Tai/P. . 3V - ^g= . W B [ 4-;t V ~ i - AV »- • nytTv^ t i ■ vy; y r/'ci AV JUs/li’-nvil/v. JJJ J J I J J J Tii//,’. ' ' ' ' <\i;i/rr -s wy/ m HH .w l J djlj -0 -0 E=P 3A= Table d e tons les Modes Generale de la Muficjne anciemie • Plaudit it: 1 7\.li. Co mine les jiuteurs out domic divers no ms a i. b N a a ^ §rS b v- b,: Cj I b rv • \ o S 5 les noms' moms us lies out etc mis c/i plus pc/its coruc/cris Gi 'aves. *■ b h*, C S P\ 'O 1 bl r - t>j £ b> ' b s b r s i .b Cl la 'pluspart de res i/I fades f ! , '/ / ' M ovens c_T -x V__ o. b b Sv V rv *" pel JO b *v - ss N JJ J 2 b b/> ^ rv 1 ^ b /\- 1 O' US o A JO S s 'b. 1 . N b; r * a Ob 'd N r jS c b L T place ice lc Jfcm Hyper ^ inioce —Llf die/l , le trouvani airuri no hi clans /nos callers sous la citation'dEuclule : Jlfais la veritalic place etc slfotlc licit ct/L. ii ns Si.nl L wji , /m au J cssus L { c I'JTyper-Ii/dien ; ainsL /c pensc cj u Euclule s'est ti'Oinpeou ipicjc lai mat t/'a/iscnL-D . ce . rumc/ic’. 1< Planchc H Notes de l'Ancienne Musique Grecqxje . Fig.l. Genre Dmtoiiujue t Pllode Lijdien . NB-Lci premiere note est pour la Musigue vocale/la seconde pour ['instrumentale ■ SoTF No ms anciens. Notes. Preplication . Leu. tPv.. Ut.. Re.. Mi.. Fa.. Sot La.. SiV Si\ * Ut... + Re... * Ut... + Re... ■Mi.. Fa... Sol- La. Pros lamb ano/ne/ie... Hyp ate lu/paton . Pcuiiypate hypatoiv. ■ Hypaton TDiatonos . Hi/pate meson . Paj'/iypate' meson . Meso7i TDiatonos. . Mere . trite Sy nnc/ne/ion . . . Fa 'cune iezeuij/n enon. Ls 1) lex. cuqn i cnonHiatonM Nete ID ic zeueg me/ion Trite hyperboleoa.... J- Hypm'b clean Diatcnos. Nete. /u

ersei, et Alpha troiupie d dr ode • Ma , et F/ pr~ a to/ige n/r/rtonte d'' U71 accent ■ Iota , et Lambda couehe , surmonte dun accent. Q/ioicjue la corde Fhato snenon aient dec notes' etijper. Cl en art de memo dcs deuce dcucc - ci portent — ellcs tec mi bo Icon pc 7 ~tcn± la. mane note apparernment gu'on avoid Lee airieuas yui voudront ront consulter done MeLb omius Ilemar ques • du Tetracorde S'l/nnanenon et la Trite da Tetracorde Tie teeny - or, cites ne sent pie la meme corde , on deucr cordes a I'unisson \orde Nete Svnnemenon et Diezeuamencn Z) la tones ■ aiissi ces 1 u-' ^ 1 t / cs noter ■ It pout remarcjiier aussi c/ue la Hose et la Nete hyper - our le vocal' guoieju,'cites senent a loctave lane de laatreS • Is la pratigue quelgue autre moyen. de lor cUstinyucr ■ 'o^noitre les notes de to us tes Genres et de to us ter TtTodes, pour - Tables drily plus et de Ji acc/iuis . 7)iagramme general du Systeme des Grecspout ’ le Fill 2 '! Genre diatonigue . $ 3 , La '' Nete hyperboleen- Scl Hyperboleen diatenes- Fa Mi \Tetracorde hyperboleen Trite hyperboleon- Nete die zjgi gmenon . rd•map he on cay cache; > ;p jD/ez.euymenen diatenos \ I Nete svnnemenon .( W' j j- '• s yteh'acorde diaceuamenei j Synncnienon diatonos\ ypj \lrde synn cm en on.. f \ r f Si Tan Si be/ncLTrite syrmetnenon --------- )Diawucir cu diycnchcn ui. Mcse - Sol Fa At Re Meson diaicnos- •amese- Parhi/pate meson- Hyp ute met 17 i — Hypaton diqtcnos — yTctracorde meson Svnaphe ou cayoncticn \Tetmccrde lypaton Ut Tarhypate hupatc/i ■ Si Hyp ate hypaton — Ha Prosl i/n l an cnic/i os - J.lifts:lie J\ Fiq c_Jiatonme_ trT 3 ? -©- d io JioU/c c/fj : a/aiaoiitt y / XO jC Fin 3 -~ 4 o - - h q —a. : --rr—p-fc*—w . fe=^EEEX --E n i i- A " I A A I 1 Emploi c/e la Quin/e superfine a liAihcnne rin/vrz A ■‘-A ^ ji n jo 1 + J<> to Fin a. #3 0 0 0 Jl. 0 ., 0 . i r Of *5 6 4 7x Fi U/. 2 I w “E-© r i /jiv majaur ‘ /ni ucur i J , ' I | «?v*< Avt I ■/<•»« t i ion I majrur oi/ooo'\ rtziz/eu/' >>-v ^ ~(j* t -. V O ^ /6\ jl , rrr xrx zi: 3 * » /2.7 /.»f> I'lCf. lt = —- / F„j /'1E5E XE 3 Jjcissc fbndarmnlaie cl rcatdiere de l Eckel/e duiloniaue assen c- w As. » ' don A* par la. Succession natureue dec Arc is cadences -e- xr -©- -©- zz -e- ~ 7 T~ g: zz -0- -©- zz 7 T XT XZ XE AE -G Ec/ieile Fiat F,a x. o Tf-I- G E± m S E ■n 33 1 ^^ X± —T"- # 7/e meet use -# T--P ■■■■■ - . # -— # b-3: -Q- i % f Dassc^fondamcntalc dcs harmarks far du id' Jiec/e coricjec unz -+- XE -€h -©- E Oenre epaissi +—m ^3 —Z XX -*—P- XE ~zzu: Flu j -2 ¥ —o o ~~^ r XE -Q-—*-0- 1 - L A0--f>O--~k>- r Fuf ia Jiasss fo’idcvnenAi.Fcfiu I'slourne\a\zclcrncnt' sits' e//e nicmc au inoye.i de la Jepheme a lujuole a rm le e d lEcke/lc diaianigiic __ -o- ICl -©- xz H -o- XE=o= XE XE -O- XE XE XE -O- xz ILEX 3 XE -O Zo=IZ ICE XEXZXZ xz FrlmaSpuc ~ZC1. lelrac,vde En, larmoniJue r-*tr s ♦-tz Fay // 7">—n— U — ErpEJ ■#—t up N > XE -)I *_• - 0 - />./ 14 :Pze :d*e _a_ -©- -#o- r' ©- -r>0- io: J Tlanc/u’ _L. / (L /11 Cijfiaoocjucs, r/ /tioduh/ionls' $ - .— o—-rV (R -#©■ t (rui/arr t/t‘ (/(Ufl(\’ > Fit/- S'. S' 1 . 'Tan r< \ V'tft' ehmt suf/wc ,/ioi.F r/i l?oj\trfit\>' a/< >/•*«»••' A Jr//\n \ vv/X ehwtnj'/wr, ’ntJpar /’rapt v'l / yv+A*H.V=/ ;>’ + jy-=(V ) 0 + X’ + .s’ — <>V ( n >'hi y A //C <- / > /y , , ( * ' J>F„via§4g*§^1 \ F x F x z~3k = l ( ll'/li/lU +' 12 + 3 X’ = tv J ' ) C/iajti lire Ft / ILirinotut' 7 V * < Y/ ///« t / 1/a taut a tti * < y/ /<’< Vt-i’/t rtrru/itbi i n. t it). t>; icciicb j. .//• a/i./ui'it'tf ttu .»■< V.i.*v.... A. // ,/. 7 At— hA A.. I ///<■///■• B • 1 .'/tir-’JtUi •■/,’il\.'/>,•///.■'/',r/>/--/\s ,1it/ii' -r/;//■,■ v//'. P zz TL P o- rr I o- ZE i XfTtim it 2' i an liic _ l \ . '