TELEGRAPHE OFFICIEL. Laybach y jeudi 5. novembre 1812. EXTERIEUR. ANGLETERRE. Londres , i 4. octobre, La dissolution du parlement, annonce'c seulement de-•)is quelques semaines, est effectuée, et déjà l'on procé-, partout à de nouvelles élections. Cette mesure peut ê-e regardée comme le nœud du grand drame qui se joue , Angleterre, et dont tout annonce que le dénoûment ra terrible. Sans doute la dissolution du parlement est dans l'es-it et même 1a lettre de la loi. Une chambre des comtes, violente, opiniâtre, entrainée par des agitateurs, [eut entraver les opérations les plus urgentes du gouvernement : elle peut même vouloir le dépouiller de ses pré-natives nécessaires: il falloit done que le gouvernement jtt un moyen de se défendre. Il l'a , en effet ; et ce mo-en est le droit de casser le parlement: mais cette arme ttr la Ici confie au roi a deux traochans , et doit être pâmée par des mains prudentes. Qu'est-ce , à dire vrai , nj'uue dissolution du parlemenr, selon la constitution ? un ,appel au peuple , qui se trouve, par ce fait, >ufle entre "|e parlement et le ministère. Pense-t-il que ses représentas ont méconnu ses véritables intérêts? il en nomme /autres animés d'un esprit diffèrent. Est-il d'avis, au contraire , que c'est l'administration, qui cherche à abuser de -«i pouvoir? les membres de la chambre des communes issoute reparoissent à Westminster. Et combien une chara-re des communes ainsi recrutée n'a-t-elle pas <\e force! Jn prince de cette maison de Brunswick , appelée pour remplacer les Stuarts, ne doit pas oublier que les malheurs le Charles I.er commencèrent par une rnpture entre lui t le parlement , et qu'il avoit débuté par en casser plu-ììeurs. Aujourd'hui, qu' un grand nombre de villes n'ont point de députés, que les bourgs pourris n'envoient au sé-oat britannique que ceux que leur désignent leurs proprie-laires, la chambre des communes n'est plus qu'une émanation foible et imparfaite du peuple anglais. On n'a point \ craindre qu'elle acquière une force égale à celle de la chambre des communes du long parlement; mais si les membres de celle qui va s'assembler veulent s'opposer au ministère, .1 n'en est pas moins vrni que le gouvernement exécutif se trouvera en quelque sorte suspendu de ses fonctions; et cela, pendant une guerre qui use les ressources de la Grande-Bretagne, et au milieu du mécontentement du peuple, causé par la cherté des vivres et la cessation du commerce étranger. Il n'est pas difficile de connohre les motifs qui ont déterminé le ministète à recourir à ce dangereux expédient, Depuis la mort de M. Perceval , une lutte existoit entre l'administration et la chambre des communes. Toujours attaquée et ne sachant point se défendre , elle avoit reçue le nom d'administration rétrograde. La démission des minières ou la cassation du parlement étoit donc devenue ne- cessaire. La première de ces mesures avoit déjà été mise à exécution , et sans aucun effet. C'est, il faut l'avouer, une époque qui sera à jamais remarquable dans les annales des Anglais, que celle où il a été impossible à leur chef de composer un ministère ; et cependant , ce fait est bien avéré. Le prince Bégent a été abandonné par ses anciens . comme par ses nouveaux amis. Les membres de l'administration et ceux de l'opposition ont également compté la patrie pour rien: tous conneissoient les dangers d'un interrègne, et aucun n'en a été touché. Qu'importoit à ces hommes qui parlent sans cesse de leur attachement au prince et au peuple , que la révocation des ordres du conseil arrivat trop tard en Amérique pour prévenir la guerre ? A quo» servoit-il encore qu'on leur montrât la paix publique violemment troublée dans un grand nombre de comtés? Chaque parti ne songeoit qu'à s'emparer du pou^ voir et à en exclnre l'autre; et comme le partage de l'autorité n'a pas été possible enfr'eux, les rênes de l'Etat ont été laissées entre les mains d'une administration contre laquelle toute la nation s'étoit prononcée. C*t étrange éveçement nous révèle un secret déjà soupçonné par les esprits réfléchis ; c'est que la partie monarchique de la constitution britannique est détruite, quoiqu'un prince encore se fasse baiser la main, soit servi à genorx, et dise „ mon peuplé, mes armées „ dans ses dis-' cours d'apparat. Cherchons gomment ce changement s'est opéré. Ou sait que pendant une partie du règne de Georges. III , la direction des affaires appartenoit entièrement au cabinet secret. Le rôle des ministres se réduisoit à transmettre ses volontés au parlement; alors, dans les deux chambres, les chefs de l'opposition s'abbandonnoient à U censure la plus vehémente des actes du gouvernement mais ce qu'il avoit décidé n'en étoit pas moins adopté i le résultat étoit même si certain, qu'on a souvent vu lord North d.rmir sur le banc de la trésorerie pendant les débats occasionnés par un message du roi. Cet ordre de choses changea quand M- Pitt eut été nommé premier lord de la trésorerie. Dès son entrée au ministère , le cabinet put prévoir qu'il n'auroit point en lui un simple instrument comme dans ses prédécesseurs, Fier d'une popularité qui ne cessoit de s'accroître pour des opérations financières beaucoup trop louées, l'ambitieux fils de Chatam osa bientôt se trouver dans le conseil en opposition directe avec le roi, et il faisoit adopter son opinion en offrant aveç hauteur sa démission. Un bill sur le gouvernement de l'Inde , qui contrarioit les dessein* du ministre , avoit passa dans la chambre des communes; le parlement fut cassé, et c'est le premier exemple d'une semblable mesure depuis l'avénement des Brunswick au trône. En 1792, l'état mental du roi parut forcer de recourir à une régence. M. Pitt amena le parlement à déclarer que le prince de Galles n'y avoit pas plus de droit que tout autre Anglais. Depuis ce, moment, l'autorité du ministre ne rencontra aucun obstacle. Le roi éprouvoit des rechutes fréquentes qu'on cachoit •autant que possible , à îa nation. Dans ses instans lucides, 3] étoit trop affoibli pour tenter de secouer le joug qui lui étoit imposé; et le prince xJe Galles , effrayé de l'idée qu'an autre que lui pouvoit être nommé Règent, n'osoit attaquer un gouvernement auquel son père prêfoit son nom. Une seule occasion se présenta où le ministre époouva de la résistance de la patt du roi : ce fut lorsque les catholiques d'Irlande réclamèrent leur émancipation. Georges III tôt mieux aimé perdre sa couronne que de l'accorder. M. Pitt , qui l'avoit promise, donna sa démission; mais elle ne fut qu'un jeu pour s'attacher un parti puissant. Il s'était assuré d'avance que le fantôme de ministre qui alloit prendre la place, la lui remettroit au premier ordre qu'il lui intimeroit. Cet ordre fut donné : alors 1a puissance de M. Pitt se montra dans tout son jour. Ceux qui avoient fait partie de sa première administration crûrent qu'ils «îotreroient dans celle qu'il devoit former, sous la condition expresse ou tacite de lui donner les voix dont ilsdit-posoient dans les deux chambres. Ils s'étoiént trompés; la foible administration dont lord Sydmouth avoit été chef fut conservée : et pourquoi le ministre eût-il accepté des secours qui devoient être récompensés? Le roi, le parlement, la nation, étoient soumis. A la mort de M. Pitt, ses successeurs heriterent de la puissance qu'il s'étoit don-rèe, comme dans une monarchie bien réglée , le pimce appelé à régner hérite de celle du roi défunt. On se flattoit qu'en arrivant a la régence, le prince de Galles réleveroit la monarchie: il en est tout autrement arrivé; S. A. R* s'est contentée d'un vain litre et des honneurs d'une stérile représentation. Le prince doit-il recouvrer un jour l'exercice des droits qu'il tient de sa naissanee et de la constitution ? On ne peut l'espérer. S. A. a été peu sensible à l'outrage qu'elle a reçu en 1792 : depuis qu elle est ostensiblement à la fêle de l'Etat , elle se livre avec peine aux soins du gouvernement. Pendant tout la durée de l'interiègne qui a accompagné îe projet de composer un nouveau ministère, elle étoit tranquille et indifférente à Yorek-House : on veut même que lorsque le marquis "Welle*ky et ensuite ïord Moira aJloient pour l'instruire de leurs démarehes auprès des chefs de parti, ils n'aient jamais eu que de cour-les audiences. Dcsire-t-on savoir pourquoi ? S. A. R. vouloit rester enfermée avec l'épouse d'un noble marqnis. Disons le: la ration britannique craint d'avoir trouvé dans son chef cette foibiesse et cet éloignement des affaires qu' eurent Edouard et Richard II, qui n'ent occupé Je trône que poi'r en descendre après quelques années d'humiliation. Mais les ministres qui ont envahi la prérogative royale, jouiront-ils long-temps de leur usurpation? tout an. »once le contraire: impèritie et arrogance sans courage, voilà ce qui les distingue. Sous M. Pereeval , ils semblo-tent dominer le parlement. A peine sir Spencer eut-il cessé de vivre que deux chambre;. Se sont réunies pour demander leui" renvoi. Lord Castelereagti , qui défencil ^'administration le jour où l'adresse fatale fut votée centre elle, igno»roit, en entrant aux communes, les dispositions de la chambre , comme il avoit ignoré les moyens de défense d'Anvers quand il arrêta la honteuse expédition de "Walcheren. Depuis qu'il a été décidé que cette administration ne seroit point remplacée, le parlement n'a «ssé de porter des bills qu'elle a inutilcmtnt combattus» Le seul jour où elle a eu une foible majorité , est celai où l'on a arrêté des mesures pour le rétablissement de l'or, dre public dans plusieurs comtés. Mais ce succès avoit é\{ préparé par le plus noir machiavélisme. Depuis long-tempi les ministres étoient prévenus des excès des luddistes, « ils n'ont cherché nulle part à les réprimer. Leur intention est bien connue: ils vooloient laisser ces excès se multi, plier, pour alarmer la nation sur sa situation intérieure, et obt enir un pouvoir discrétionnaire pareil à celui quii été accordé, il y a quelques années, au gouvernement d'Irlande. Si ce plan des ministres devait réussir , nul do«, te que l'Angleterre n'eût aqssi ses erangistes, qoe la loi martiale ne fût établie partout, et qu'on ne traitât cou-, me rebelle fout citoyen qui blàmeroit l'administration es d-manderoit la réforme parlementaire. Mai« la nation est sur ses gardes: les scènes de désolation qui se sont passas en Irlande ne se répéteront pas en Angleterre. La baie: due à un projet aussi odieux est tout ce que recueillerocl les ministres. On peut même prédire l'époque de leur chute ; cils arrivera lorsqu'on discutera de nouveau dans II parlement la question des catholiques. Dans toute l'étendue du royaume-uni, on regarde leur émancipation c«trœ un acte de justice et de politique; ont est même persuadi que son refus seroit suivi d'une insurrection générale c» Irlande. Cette considération n'arrêtera pas les lords détenteurs de biens confisqués jadis sur les catholiques de cet!! contrée: ils s'opposeront, comme ils l'ont toujours fait) â l'émancipation. Déjà la majorité des ministres s'est réunie à eux pour combattre la motion du marquis belles-ley: elle s'y joindra encore dans cefcle occasion. Mais celte nouvelle félonie porterà au dernier degré le ressentîmes de la nation; elle exigera, de manière a n'être pas refi/ sée, le renvoi d'hommes qui ne cessent de l'exposer a® plus grands dangers. Quel sera alors le guide et l'appui de la nation? c! ne peut êire le parlement. Depuis long-ttmps il s'est mon-tré trop asservi aux ministres, il a trop prouvé qu'il fl! s'élevoit que contre cetx d'entre eux qui ne pouvoient pl"! rester en place. La nation cherche en vain ses rtptésen-tans dans la chambre des communes: elle n'y découvre guère que des agens de la trésorerie ou de quelques lords grands ccmmoncrs qui trafiquent des voix de ceux qu'ils ont nommés. Le cri d'une réforme parlementaire est devenu général. Celte mesure sans laquelle il n'y a point de li' bei té pour l'Angleterre, se fût opérée sans secousse, si ^ ministère, si le parlement l'éussent dirigée: ils l'ont, au contraire, toujours repoussée, et n'en veulent pas encore elle leur sera dont arrachée, et comment prévoir à qne' prix? .... Le parti des vieux "Whig , autour duquel le$ amis de la constitution se sont tant de fois ralliés, est maintenant sans influence; l'apostasie d'une partie de ^ chefs, les fréquentes coalitions de ses principaux membres avec des hommes qu'ils avoient tant de fois dénoncés a I* nation comme ses ennemi», l'ont entièrement décrié. I u vrai Breton doit frémir de l'avenir de l'A ngleterre : e a ses jacobins dans les partisans de M. Cobb t , ses tains ou, du moins des fanatiques aussi sombre» dans méthodistes, ses niveleurs ( levellers ) ont en moins d <2 xaltation et de fureur que ses luddisies. U" de ces p^r seffirort pour renverser le gouvernement ; qu'attendre " de leur réunion ou de leur choc ? v ( jom. de l'LW ' du 15 ottobre. Les lettres les plus récentes de notre armée dans la umsule font un tableau fort triste de la santé de nos ' , depuis deux ou trois mois, surtout depuis les marges et les contre-marches rapides que leur a fait fane |0rd "Wélington. Les maladies périodiques inhérentes au jiiinat du Portugal dans cette saison, ont, dit-on, fait las de ravages qu'à l'ordinaire, particulièrement sur les troupes de renfort nouvellement débatquées. Sur les der-ières de l'armée , on comptoit plus de too officiers de santé malades dans les hôpitaux. Un officier blessé à la bataille de Salamanque écrit ^ cette ville ; i, il n'y a pas en ce moment moins de 250 officiers ft 5000 soldats dans les hôpitau* de cette ville, et la port n'épargne ni les u*s ni les autres; mois comment cela pourrait-il être autrement dans cette saison , après toutes les fatigues que nous avons éprouvées? Nous avons fait des marches plus péniules depuis le i.er janvier der-pjer que pendant les quatre années précédentes. Us autre officier d'état major de Valladolid , 5.e division , écrit que la marche de ses compagnons de souffrance , et l'état dans lequel ils sont arrivés de l'armée, est vraiment déplorable: beaucoup d'entr'eux avoient fait 120 ®ilks ser da« »ulcts pour se rendre à l'hôpital. ( Star. ) du 16 octobre. Nous apprenons avec douleur par la dernière dépèche du lord Welington, que ce génétal lui-même n'est pas dans un bon état de santé, qu'il y a beaucoup de malades dans son armée, et même dans son état-major. Nos troupes ont éprouvé des fatig'.es trop fortes. L'armét- éprouve le plus grand besoin d'officiers de santé , et l'on s'occupe en toute hâte de lui en envoyer. ( Morlvg-Cbronicle. ) —• Quelques Hns de nos confrères trouvent dans la ruine de Moscou des motifs, non seulement de consolation, mais encore de triomphe ; nous sommes fâchés de ne pas nous réjouir comme eux de est événement: le sacrifice de trente mille créatures humaines, et peut-être de plusieurs millions de propriétés détruites seulement pour empêcher l'ennemi de trouver momentanément des quartiers d'hiver dans 1e place ( chose à laquelle il part ii qu on n'a même pas réussi ), ne peut nous réconcilier avec ces actes de barbarie. Un de nos. confrères semble aussi se réjouir de ce que Napoléon est entré dans Moscou, en gagnant par un amour une marche sur les Russes, qui probablement ne savoient pas encore avec quelle rapiuité matchoient les Français. U faut avouer que l'on ne peut pas compte» davantage sur u crédulité publique , et que c'est un étrange detour , après unt prétendue débite, qu une marche de Mo)>.ïsk A Moscou en ligne directe, en six jours;, sans obstacle , et même sans être observé. Si Napoléon oattu , suivant les rapports russes, est enirée à Moscou six jours aprè; la bataille q 1 a uécidé du sort de celte ville, q 1' fût-il donc fait s'il ûr éie vainqueur? Nous le demandons à ceux qui s'efforcent de réduire a rien l'avantage de ia possession de l'ancienne capitale moscovite. Suivant ces messieurs, ce n'est qu'un nicnceau* dc rui- nés fumantes qu'on a abandonné aux Français; mais Jes; maisons, le mobilier, les établissemens de commerce et d'industrie ; Jes trésors des églises, les magasins, ks ap-provisionnemens ne sont-ils pas perdus pour les Russes ?" Si l'armée française a perdu une partie des fruits de sa conquête , le Russes na perdent-ils pas tout ce qu'il pos-sédoient ? Si Napoléon perd un Schelling, les Russes ne perdent-ils pas plusieurs milliers de livres sterling? Et l'on, nous dit que les armées russes ne sont pas abattues ! Pas abattues! et à quel état veut-on donc quelles soient réduites? Dans quel état est donc une armée qui devoit défendre sa capitale, qui n'a pu la sauver, et qui l'incendie? Que croire aussi de ce beau dévouement au pays dont on veut bercer notre immagination ? Peut-ou dire qu'il y a du patriotisme dans «n pays lorsque l'ennemi ,, aprè» une bataille sanglante avec l'armée régulière, fait encore *ne longue marche, et atrivé sur la capitale sans; obstacle ? Mais dira-t-on. Napoléon ne peut profiter de sa conquête, il ne peut en recueillir Jes fruits, la saisson ne peut lui permettre de s'avancer jusqu'à Pétersbourg; de nouvelles armées se forment..... Plus à Dieu que tout cela fût vrai et pût être vrai l Mais n'avons nous pas entendu tenir les mêmes propos àt chaque pas fait par ce grand capitaine? Ne nous diîoit-oi* pas que l'ignorance barbare des Eusses seroit le principe d* leur résistance, que leur fanatisme allumeroit en eux Ci» invincible courage? La ville sacrée de Moscou étoit , dans leurs idées superstitieuses, imprenable, le patriarche à la bouche d'or l'avoit déclarée sainte et invincible. Est-ce parce que ce charme est rompu que nous devons plus attendre des efforts des Russes qu'auparavant? Si, dissipant les nuages de la supersition , nous pouvions apercevoir dans les Russes la lumière de la vérité, l'amour de l'indépendance et de, la liberté, alors nous pourrions concevoir quelque espérance ; car un peuple qui, sachant apprécier les biens qu'il possédé, les préfère à tout, même à la vie, et qui est disposé à la sacrifier pour les défendre , ne peut être conquis ; l'exemple de la France l'a prouvé bien so-'ennelkment. Mais quelle comparaison le Eusse est-il en étoit de faire sur une situation civile ou politique , ou une autre? quelle condition peut être pire que celle à laquelle il est condamné? La grande majorité de sa popu la* tion n'ignore-t-elle pas qu'il y ait une autre existence ? Mais, dira-t-on, le Russe est naturellement brave et insensibile au danger; cela peut être vrai: il est possible qu'on lui fasse présenter machinalement sa poitrine aux baïonnettes de 1 ennemi , et il restera ferme comme un roc sous le feu le plus terrible. Mais qu'est-ce que cela prouve? S4ns l'habileté de SwS chefs» «ans intelligence du grand art de la guerre , ces qualités même lui deviennent dangereuses, et ne réussissent qu'a faire moissonner un plus grand nombre d'hommes. Les Russes ne tiennent pas la campagne, puisqj ils se font tuer sans réussir â défendre la positions 'es plus importantes. Voilà les raisonnement simples et faciles qifoa peut opposer aux combinaisons pé-mbles de nos conférés, pour nous prouver qu'une armée battue avance, et q 'avoir p.*rdu une bataille générale % ou parvis.nl} f ar uà nettttr , à ia«apitaL même i'Enopire, (Aior»in£-C/ir6»kle) EMPIRE FRANÇAIS. j Paris, le 23 octobre. ministère de la police generale. Trois ex-gênéraux, Mallet , Lahorie et Guidai ont trompe quelques gardes nationales, et les ont dirigées contre le ministre dela police générale, le préfet de police et le commandant de la place de Paris; ils ont exercé des violences contre eux. Ils répandoicnt faussement le bruit de la mort de I'Empereur. Ces ex-généranx sont arrêtés ; ils sont convaincus d'imposture.- il va en être fait justice. Le calme le plus absolu re'gne h Paris; il n'a été troublé que dans les trois hôtels ou les brigands se sont portés. Le présent ordre sera publié et affiché à la diligence de M> le conseiller d'Etat préfet de poliee. Paris, ce 23 octobre 1812. Le ministre de la polie* générale Signé Je duc de ROVIGO. ( Joum. de l'Empire. ) — Nous avous reçu des lettres particulièresde Moscou, datées du 7. Les soldats contiuuoient à s'occuper de la construction de leurs baraques , qui seront bientôt terminées. Le froid qui commence à se faire sentir n'est pas rigoureux. Les habitans prétendent que la riviere la Moskwa n'est prise par les glaces, dans les années ordinaires, que vers la mi-novembre. S. M. l'Empereur continue à jouir de fa meilleure santé. ( Journal de ± aris. ) VARIETE Quel est l'homme assez étranger aux jouissances des festins, aux aimables initiations du culte d'Epioure, qui n'ait entendu parler des travaux gastronomiques du génie fécond et nourrissant de M. Grimod de la Reynière. Quel missionnaire fit plus de conversions ; quel fondateur d'ordre s'entoura jamais de prosélytes plus nombreux et plus fervens? Quel philosophe vit ses livres plus recherchés, plus médités? Quel genre de commerce et d'industrie est aujourd'hui plus animé, plus florissant qwe celui des comestibles? Voyez ces nombreux magasins qui décorent ess lieux les plus fréquentés et les plus eélèbres de la capitale.® Observez cette foule avide qui se grouppe devant sse nombreux habitan-s de la terre, de la mer et des airs, que le plomb meurtrier ou le filet perfide enleve à leurs élemens pour les faire servir aux plaisirs de nos tables! Comme leurs regards sont fixes; comme leur figure respire le bonheur; comme leur cœur bat d'admiration et de tendresse; comme leur odorat paroit satisfait ; comme leurs lèvres, leurs palais, leur estomac semble impatiens ! Il ne faut point enlever à César ce qui est a César, ni à Lari-don ce qui est à Laridon ; c'est à M. Grimod de la Reynière que nous devons les premiers mouvemens de cette noble lévolution; c'est lui qui, dans nos temps modernes, a osé le premier rendre un culte public â la gourmandise, et fonder la littérature gourmandise; c'est lui qui a ras- semblé au Rocher deCancale, comme sur un nouveroiym pe , ces nombreux enfans d'Apollon, qui ont consacré leur lyre aux louanges de la déesse Adépbagie. Avant lui les au. tels de cette de'itè étoient desservis par de nombreux et fidèles adorateurs; mais leurs hommages étoient obscurs et silencieux; leur bouche s'ouvroit po«r savourer ses bien« faits, rarement pour les chanter; c'étoit sans hymnes, sans éclat et sans pompe que l'on célébroit ses royrtérea. Enfin un homme s'est élevé d'une profondeur d'estomac incroyable, dégustateur rafiné, autant qu'habile compositîur; capable de tout apprêter et de tout digérer; également actif et infatigable, h la halle et au fourneau; ne laissant rien au maître-queux de ce que les ressources de son génie pouvoient lui dérober; enfin, un de ces gourmands voluptueux, ardens et sensuels , qai semblent nés pour changer toutes les lois des festins. Sept Almanachs répandus pendant cinq ans consécutifs dans toutes les régions de l'empire gourmand ont donné à son nom une célébrité que lui auroient envié peut-être les Apicius , le Mont-Maurt , les Esope, les Vitellias. Des temples se sont élévés de toutes parts en honneur de la divinité des cuisines; le feu s'est ranimé dans tous les foyers, et le culte de la gourmandise a eu ses Linas, ses Anacréon , ses Orphée ! Quelle cause inconnue et mystérieuse avoit depuis deux ans suspendu Jes progrès rapides de ce noble apostolat? Par quel prestige ennemi le héros de la gastronomie s'e'toit-il assoupi sar ses lauriers? Renaud dormoit-il dans les bras d'Armide? Des hommes, d'un estomac étroit, d'une sobriété perfide, détracteurs éternels des plaisirs qui leur sont refusés, affsetoient de répandre des bruits calomnieux. Ils osoient assurer que le genie de M. Grimod s'éteignoit avec son appétit ; que ses facultés digestives baissoient ; que la déesse , objet de ses hommages, refu-soit désormais son encens, et lui avoit retiré ses faveurs) que sa tête et ses intestins 'appauvris ne pouvoientj plus suffire à la tâche qu'ils s etoient imposée. Ces rumeurs scandaleuses sont parvenues jusqu' aux oreilles de M. Grimod; il s'est éveillé plein de courroux, s'est armé de sa lardoire et de sa plume, et son reveil a été celui du lion. U vient donc de publier son h'âtième Almanach (»)« Il ne nous appartient point de rendre compte de ce!lté nouvelle et sublime production. Cette tâche est résérvee « une main pins exercée que 1a nôtre ; nous nous contenterons de dire qu'elle est, comme les précédentes, d'une gravure analogue au sejet ; qu'elle est dédiée à l ebbre de Vatel , ce célèbre et infortuné officier de cutsi"eJ cette deporable victime de l'honneur, qui s'immola de s^ propres mains parce que la marée, étoit arrivée un q^ ^ d'heure trop tard. Nous ajouterons qu'elle est enrich-.e -fines et piquantes dissertations sur les réductions , lss §rl . . . * /»• 1 J. %/i _ JX____««.-«r A fi. noce» la de s, les truffes, le vin de Madère, les repas de nocj les œuf> frais, le kirchkwaser , les curedents, le heure ^ les cusmières ; enfin, un éloge des. salubres grains de sa té de la rue d'Antiu ; qu'on y trouvé snfin les décoov ^ tes dont la gastronomie s'est enrichie depuis îSio jusq 1812; objets, comme on voit, du plus haut intérêt. ( Gaz., de France. ) (1) Prix: 3 fr. et 3 fr. 60 cent, par la poste.