ABREGE HRONOLOGIQUE o u I STOIRE DES DÉCOUVERTES a i t e s par les Européens dans le* différentes parties du Monde, XTRAlT des Relations les plus exaclet G* des ffoyageurs les plus vèridiques, ar M. Jean B a r r o v , Auteur dti Dictionnaire Géographique. Traduit de VAnglois par M. Targe, TOME CINQUIEME. hez< ^ TARIS, SaIliant, rue s. Jean-de-BcauVaî# DelOrmel , rue du Foin. Desaint, rue du Foin. Panckougke , rue de la Comédie Françoîfcrf M. D C C. L X V I. tyee AppTolatiaii (& Privilège du Roà HISTOIRE DES DÉCOUVERTES Faites par les Européens dans les différentes parties du monde. Description de Pancien cV du nouveau Qroenla'nd : Découvertes faites dans ces pays par le Capitaine Jean Monck, & par quelques autres Voyageurs. CHAPITRE I. Situation du vieux Groenland: Reâher'he* fur l'origine des Habita a s de ce pays: Aventures â'Erick & de fou jilî LUfi Divcrfitè de fentimentsaufujet de ce pays: Dcj'cripiion de différents Animaux du Groenland : Phénomènes particuliers à cette cote. \_j E Groenland comprend la vafle étendue de pays baigné par la mer au £Groco-placiale , depuis le Cap Farewêil, 1 ■'»'■'• Tomef. A Ch*2'* 2 Découvertes ■ jufqu'au Spitzbergen & à la nouvelle du ^cVoen- Zemule. On a penfé , fans en avoir îanJ. de juftes raifons , qu'il joignoit la c.iap. . Grande Tarcarie : fes bornes du côté Groenland."1 noi"d font inconnues , & il effc terminé par l'Océan du côté du iud. Il a lu mer Glaciale à l'elt- , ce efr. Pparé de l'Amérique à l'ouelt par le détroit d'IIudlon. Quand on fe fut allure que le détroit de Davis le ter-minoit à une Baie , on en conclut que le Groenland joignoit le continent de l'Ani'. rique , mais il paroît, par le Voyage du Capitaine Monck, que ce fentiment n'elr pas fondé. Suivant les Croniques Danoifcs , le Groenland fut d'abord habité par les Américains, qu'une tempête jetta fur la cote, &: qui étendirent enfuite leurs JStablifTemenrs jufques dans la Norvège : mais ce récit paroit tenir des tables, prelque toujours infépa-rablcs des anciennes hiftoires. Il cil p us proba1. le que ce pays fut d'abord peuplé de la Norvège, & il y a plulîeuis raifons tres-fortes pour appuyer ce fentiment. HWoîrc d*B- On rapporte que Tonvold, Gen-rifk&defontilhomme de Norvège, ayant été convaincu de plufieurs meurtres, fut t> es E T.T Tl o V £ P TSf «. 3' obligé d,e prendre la fuite & de fe -......■......■ retirer «n Iflande, où il mourut. Son ,^^0'^.-fiis Erick, furnommé aux cheveux ia::-J. ïouges, 1 avoir accompagne dans (a retraire, & après la mort du pere, s'etant autti rendu coupable des mêmes crimes , il fut pourfuivi & fe mit en mer, pour chercher un pays nommé Gundëbiufti, fitué à l'oueft de l'Iflande. Il découvrit 1-icn-toc deux Promontoires , l'un dans une Iile nommée Witfercken , qui h çriir fie chemife blanche , à caufe de la quant.té de neige dont il étoit couvert, & l'autre qu'il nomma Sand-Safn , c'ans le continent appelle Vharf. E ick rafla l'hiver dans rifle , & ' . . Groenland, au prtntems il gagna le continent qu'il nomma Groenland, ou. plutôt Greenland, qui lignifie terre verte, à caufe de la verdure qu'il y vit peut-être inopinément. Il avoit été fuivi de plulieurs Aventuriers , puifqu'il éleva des Forts en divers endroits pendant trois ans qu'il y demeura. II repafla enfuite en Iflande, & parla de ce nouveau pays avec tant d'éloges, qu'il trouva p'ufieurs perfon-jies difpofées à le fuivre. Dans le A ij a Découvertes '- ■■■■■— même temps, un de fes fils, nommé ,. Groen- Lier, qu'on appeîla depuis Lief le lan >. fortuné, palîa en Norvège , & donna C:!a? ' quelques connoillances des mêmes contrées au Prince régnant. L'efs'é-tant converti à la Religion Chrétienne, tut baptife & renvoyé dans ce pays avec un Prêtre , pour y prêcher ie Chriftianifme. Le peuple le reçut avec joie; mais fon pere fut mécontent de ce qu'il avoit amené des Matelots étrangers qu'il avoit fauves d'un naufrage, jugeant qu'il étoit contraire à fes intérêts , que ce pays fut connu des autres Nations. Cependant il te réconcilia quelque temps après avec lui, &fit profeiîion ouverte de la Religion Chrétienne , ainfi que tous ceux qui l'avoient fuivi. Le çhrif- Cet événement arriva vers l'an u'anifrae eft^go, & depuis ce temps, a poftérité jnland/d'Erick augmenta conlidérablement. Ses Defcendans s'avancèrent dans le pays, à mefure qu'ils fe multiplièrent & ils y trouvèrent de bons pâturages, un terroir fertile, & de l'eau excellente, lis le diviferent en Groenland Oriental & Occidental : dans le premier, ils bâtirent une ville des Europe en s. Ç nommée Garde , où. ils élevèrent une ——— belle Eglife cathédrale, qu'ils dé- ,lu L;V (lièrent a Saint Nicolas, Patron de&iand. timides Marins ; i'Evèque y fit la CnaP réiidence, & nous en trouvons un , nommé Henri , rapporté par Pon-tanus, comme un des Prélats qui affilièrent à l'Aflemblée des Etats de Danemarck , "en I 3 89 : plufîeurs Norvégiens y alloient auili pour le commerce. Quelque temps après , on bâtit près du rivage de la mer , une autre ville nommée Alb, & l'on fonda un Monaftere dédié à l'Apôtre Saint Thomas, parce que le peuple de ce pays étoit en générai fort religieux. Le Groenland étoit déjà bien connu , quand les Rois de Danemarck fe firent Chrétiens , & nous trouvons ce pays fous la jurifdi&ion d'Anfgarius, Evêque de Brème , qui fut nommé Archevêque du Nord, par une Bulle du Pape Grégoire IV, publiée en 8 3 c , qu'on trouve dans les Chroniques de cet Evcché. Ce pays fut fournis par la fuite, pour le fpirituel, à l'Ëvcque de Dront-heim, & pour le temporel , il lut ré^i fuivant les Loix de l'IÛande 9 6 Découvertes ■ '1 par un Gouverneur que nomma Te ii\LlGtoen- ^e Norwege. Angrim Jonas , land. Ilîandois, dans un ouvrage, inti-Chap. i. fxilé t^oecimenIJlandicum, nousdonne une lifte de ces Gouverneurs ôl des Evêques, jufqu'à l'an 14.85?. 1! devient La Chronique Danoite, d'où noua tributaire du avons tiré ce que nous difons du vi :j. ' Groenland , en nous aidant d'un au-An. i*5tf. tro Chronique d'Itlandc, également écrite en la langue du pays, nous parle d'un foulevement arrivé en 1256, à caufe d'une taxe impofée fur ces Peuples par Magnus , Roi de Norwege. Ce Monarque aidé du fe-cours d'une grofl'e flotte par fon frère Erick , Roi de Danemarck, força bien-tôt les Rebelles à demander la paix , qui leur tut accordée en 1261 , & ils confentirent à payer un tribut perpétuel à la Couronne de Norwege. On trouve dans la. Chronique dTflande , dont je viens déparier, une defcription obfcure & confufe du Groenland , où il elr. parlé d'une ville nommée Scagen-liord, firuée dans la partie la plus orientale , avec un port entièrement inacceffiblé , à caufe des rochers qui l'environnent , excepté des Européens. 7 dans le temps des plus hautes marées. ■ On y prend des baleines & plulîeurs d^H ^'oui-autres efpeces de poifions, particu- land. lierement dans les temps orageux. A CnaP'1-Une petite diftance , cft un autre An. 1^56. port, auquel Funchibudet, Officier de Oaas , Roi de Norwege, donna fou nom,parce qu'il tut près d'y périr. Un peu plus loin, eft l'Ifle de Roanfon, qui abonde en bêtes fau-Vages , particulièrement en ours blancs. Au del$, on ne voit que des glaces de toutes parts. Dans la parrie occidentale, eft une Fontaine» ville nomméeKindelfiord, entourée ,l,ri';'' o un bras de mer, avec un Couvent de tilles dans le voilinage, à un endroit appelle Rempeiïngfbrd. Dans plufieurs petites Ifles des environs , il y a beaucoup de fources d'eaux chaudes , dont on fait grand ufage en médecine pendant l'été, mais en hiver elles font trop brûlantes pour qu'on puiiïe s'en fervir. Un peu plus loin , on trouve une fubftance qu'on appelle talc , fi tendre qu'on la coupe de façon à lui pouvoir donner telle forme qu'on veut, creufe ou folide: elle eft à i'épreuve du feu. Bondefiord eft litué plus à l'oueft* A iv 8 Découvertes ■ ■ ainh" que plufieurs petites Mes , & du Le u pré- T\ -i , : tendue corne Danois , il y a quelques hecl.es , ven-t[ol:eoruc< dolent un prix excetîlf, en la faifant pafferpour la vraie corne de licorne, qu'on prétendoit être d'un grand ufa-ge dans la médecine , en quoi ils trompoient évidemment les autres Nations. On en montre une à Saint Denis en France , comme une grande curiofité ; mais on en voit une beaucoup plus groffe à Fredericfbour?, dans les Etais du Roi deDanemarek. Il y a quelques années qu'il en fut porté une , exceflivement groffe à Mofcow, par un homme au fervice de la Compagnie de Groenlard , établie à Copenhague : le Grand Duc de Ruflie fut près de l'acheter un prix confidérable : mais un de fes Médecins découvrit que c'étoit une dent de poiflbn , & le marché fut auffi.- tôt rompu. Il eft parlé de la licorne dans î'E- Remarqua criture Sainte, comme d'un animalfur Iw'Hcm» terreitre, auquel Dieu eft c to'pariÊ"** A vj 12 ^ Découvertes \.....1 pa» Moïfe, à caufe de fa force & de «)V gVo'ii- légèreté. Ariftôte donne le même land. nom à l'âne des Indes, & Pline fait la d-ap. i. defcription dé la lïcor e, comme An. izS6. d'un animal qui a la "été de cerf, le corps de cheval &les pieds d'un éléphant, avec une longue corne torfe fur le Iront, d'une force & d'une agilité extraordinaire. Ne pourroit-il pas y avoir des licornes de terre & de mer, de même que des loups,des chiens, des veaux & de plufieurs "autres efpeces d'animaux ? Cependant par la defcription qu'en a donné Thorlas Scalo-nius, Evêque d'Iflande, qui l'a peinte d'après nature, ce que nous appelions une corne, eft plutôt une dent, qui tient à l'os de la mâchoire fupé-rieure. On prétend auiîi qu'il y a eu autrefois deux efpeces de mcnftres, qui infeftoient la mer du Groenland, & préfageoient toujours quelque tempête. Ceux de la première ef-pece, étoient, dit-on, tranfparents comme de la glace,, avec 1" nez , les yeux, les épaules , la taille & les bras , à peu près fembiables à ceux de l'homme , mais fans avoir de mains. Leur tête fe terminoit en Relation Groen- d e s Européens. 15 pointe comme une pyramide , & les Norvégiens les nommoient Hafs-du frambs. L'autre efpece avoit le corps lan à peu près comme une femme, le chap' l* lèin large, de grands cheveux flot- An. 1256. tans, & à l'extrémité des bras, des efpeces de doigts attachés enfemble par une membrane comme les pattes d'oies. On nommoit ce monflre Margugwer. On voit dans ces mers un autre rhénom* t y \ 1 j n. nés terribles phénomène très - dangereux : c eltdans CCJ?ay(f une efpece de gouffre, ou plutôt de trombe, caufée par des ouragans, qui élèvent les vagues aune hauteur prodigieufe , & fi quelque vaiileau a le malheur de s'y trouver engagé , il périt immanquablement dans ce vaffce abyme. Le grand nombre de fources chaudes qu'on trouve en Groenland , prouve qu'il y a des montagnes de foufre brûlant comme dans l'Iflande, & la Chronique Danoife rapporte qu'en 1308 , il y eut une tempête furieufe de tonnerres & d'éclairs , qui brûla jusqu'aux fondements une Eglife du Groenland , nommée Sealbolt, ce qui fut fuivi d'un ouragan le plus furieux qu'on puille imaginer, puiQ 14 Découvertes —......«ii» i qu'il déracina des rochers, qui fil- duhLGio°N renc brifés Par ^eur propre chute , Und. & que tout le pays fut couvert de Cl!-'J'-1- cendres. CHAPITRE II. Météores du Groenland : Loi pour empêcher ptrfonne d'y commercer „ fans une permiffîon du Roi de JMorwege. Perte du vieux Groenland'. Tentatives rour le retrouver: Martin Frobisher fait deux voyages pour le chercher : Il defeend au nouveau Groenland, Ans le Groenland, les iours "" font très-courts en hiver : il tvy d.i Giocu-a prefque pas de nuit en été, & lelanfj* n temps y eft toujours clair, ce qui eft *"iap' occalionné par les lumières fepten- An. ia$*i trionales , autrement nommées aurores boréales, qui font préfente-ment communes dans nos climats, Météoresda & qui nous étoient autrefois incon- Groenland, nues. Ce phénomène y eft ordinairement tort étendu , & paroît fous diverfes formes, fpirale, pyramidale, oblongue, &ç. Il eft dans une agitation continuelle, & répand un éclat très-vif: quelquefois il rentre, pour ainfi dire, lur lui-même , mais c'eji i c> Découvertes .....■■■■ p nir s'élancer enfuite à une plus du 'gcoca' Srar'de étendue & avec un nouvel lan*. éclat: il paroît le plus Couvent pen-cnap. ii. dantles nuits où il tait une belle ge-Au 1156. lée, & il eft beaucoup plus commun en Irlande , qu'en France ou eu Angleterre, cep.iyseci Les Rois de Danemnrck & de perdu. Te..-Norvège ont tait plufieurs fois de ives pour • a° i t^rouver. vains efforts pour découvrir les- parties feptentrionales du Groenland, dans l'espérance qu'ils y trouveroient de for, de l'argent & des pierres pré-cieufes. Cette idée leur eft venue du récit de quelques Frizons , qui lurent forcés par une tempête de relâcher dans une anfe du Groenland fep-tentrional , où ils débarquèrent, & trouvèrent dans des cabanes à demi enfoncées en terre, une grande quantité de pierres métalliques, dont ils fe chargèrent, & fe mirent en chemin pour retourner à leurs vaille aux : mais les Naturels du pays les attaquèrent dans leur retraire avec des frondes, des arcs & des flèches. lis les pouffèrent très-vivement, &c mirent en pièces un d'entre-eux, qui étant refté un peu en arrière, eut le malheur de tomber entre les mains des Européens. 17 de ces barbares. On fît cette décou- 11 ■« verte fous le règne d'Oiaiis le Saint,^gJJJJ Roi de Norvège. Und. Les revenus du Groenland étoient CiU?-IL appliqués à l'entretien de la table du An. 1256. Roi de Norvège, & il étoit défendu, Caufes de fous peine de mort, par une loi, d'y,a Pellc n 1 r ■ rr ■ Groenland, paner (ans une permiilion particulière. En 1385) , quelques Norve- An-1385, giens aceufés d'en avoir fait clandestinement le voyage, furent près de payer cette faute au prix de leur vie , oc quoiqu'ils affuralïent avec ferment, qu'ils y avoient été jettes par une tempête, ils demeurèrent long-temps en prifon , où. ils furent traités avec, beaucoup de rigueur. Ces fortes de défenfes font toujours très-nuiiibles aux découvertes : elles empéenent le commerce avec le pays dont le voyage eft interdit, & privent des connoiffances qu'on en pourroit tirer. C'efl cette prohibition qui a, particulièrement , contribué à la perte de ce pays : quoiqu'il paroilTe très-étonnant qu'on n'en ait plus eu aucune connoiflance. On a celle d'y avoir des relations depuis la fin du quatorzième fiecle, où une maladie épidémioue emporta la plus grande 18 DÉcouvEnTFS partie des Membres de la Compà* du Grocn- ol1ie privilégiée eu brOenland , ce qui interrompit d'abord la corref-nap. il. p0;,dance, & elle fut enfuite totale-An. 1189. ment rompue p„.r une guerre qui furvlnt quelque tems après , entre la Suéde tk le Danemarek. La route de ce pays eft devenue abfoîument inconnue, & quelques efforts qu'on ait p i taire pour le retrouver, ils ont été, jafqu'à prélent, infructueux. Recherche Hn examinant, dans la Chronique kltcParHc''-Danoife, la fuite des Souverains qui goa, fuccédé aux Couronnes de Da- nemarek & de Norwege , depuis la Reine Marguerite , nous trouvons que plufïeuis ont été détournés par des vues politiques, ou par des vues de religion, de renier la découverte de ce pays , & que ceux qui s'y font portes , femblent n'avoir pu y réuf-fir par une efpece de fatalité. Nous en voyons un exemple fous le règne du Roi Frederick fi, pendant lequel un nommé Magn'-s lîenningfon , A». i57». ayant été envoyé en 1778 , pour faire cette découverte, n'y put parvenir, à caufe des temps contraires. Cependant il alla jufqu'à la vue du rivage, & quoique la mer fût par- des Européens. 15? faitement libre, & qu'il ne fût re-- •tenu ni par les glaces ni par les bâ%dJ" ..^Jôeï fonds, fon vailleau fut arrêté , li l'on land en veut croire le Chroniqueur, & chap" tous les efforts qu'il ht pour débar- An. 157*. quer , furent inutiles. Il attribue, avec plus de fimplicité que de fcien-ce , cet événement à la grande quantité dq pierres d'aiman dont il penfe que le terrein étoit rempli (ous les eaux. Si Magnus avoit connu le pouvoir du poiflon nommé Rémore, dont on dit qu'un feul eft capable d'arrêter un vaiffeau qui vogue à toutes voiles, il n'auroit pas été fui pris de fe trouver immobile. L'année précédente , la Reine Fli- Frobîsher c» fâbeth avoit envoyé Martin Frobif-tente la dé- hr ■ 1 \ , couverte : il er pour taire des découvertes auuouvelenou- Nord, mais les approches de l'hiver, vc"u Gioen-& la quantité de glaces, l'empêche- *n ' rent de gagner le rivage , enforte qu'il fut obligé de revenir en Angleterre fans aucun fuccès. En 1 y83 , le même Navigateur An. i5Sa. partit pour une autre expédition femblable, & découvrit le nouveau Groenland. Les Habitants abandonnèrent leurs huttes à Ion arrivée, fai-iis d'une ii grande terreur, que quel- 20 Découvertes ......* "" ques-uns fe jetterent dans la mer. *Groen- T°us ^cs efforts des Anglois pour land. adoucir ces Sauvages, furent infriic-c ap. ii. tueux . ce--)endant ils fe rendirent An. 1583. maîtres d'une vieille femme & d'un enfant, mais la femme jetta les cris les plus horribles quand l'enfant lui fut ôté. Leurs tentes étoient faites de peaux de baleines & de veaux marins, attachées à de longues perches, ce bien garanties des vents d'elt & de nord ; mais elles étoient ouvertes du côté de l'oueft & de celui du fud. Nrocic-avoit été content de ce voyage , en- p^ditiondans voya cinq vaifleaux commandés parcc pay le Danois Lindenau , avec ordre de A"'1 fuivre le cours des Anglois , & de faire route au fud-oueft; on mit les Sauvages à bord , pour fervir d'interprètes ; mais il en mourut un dans la traverfée. Lindenau arriva lur la côte de Groenland avec quatre vaif-•feaux , le cinquième ayant été féparé par une tempête. Les Habitants accoururent de toutes parts en armes fur le rivage , & l'on jugea par leurs geftes & par leurs airs menaçans , que ce feroit une folie d'entreprendre de débarquer. On voulut cependant en faire l'épreuve en deux on trois ports différents , mais on les trouva par-tout également fur la dé-fenfive : cependant on réunit à prendre cinq ou fix Sauvages de ceux qui fuivoient les vaifTeaux à quelque dif-tance , comme pour obferver quelle *oute tenoient les Danois. On kf Bij 28 Découvertes mit fur les vailfeaux, avec leur ca-du Gtoen- nots & leurs famés; mais il y en eut land. un , qui, de défofpoir fe jetta dans la Chap. iii. s m r r ; 1 mer, ou il le noya. A». i<5o , r Relation- du nord-ouelt, ont totalement terme L\a cjrot.n_ le paflàee entre ce pays 6c l'Iîlânde,lana-ou elles auront eu d autant plus de facilité à fe rallembler, que fuivant An. les Chroniques Iflandoifes , il y a entre les deux, une grande quantité d'illes & de rochers. C'efb en cherchant à retrouver ce paffage, que les Pilotes ont été jettes fur le cap Farewell & dans le détroit de Davis , où ils ont découvert le pays qu'on a nommé nouveau Groenland. CHAPITRE I V. M. Chancdlor jette les fondements d'un commerce avec la Rujjie: Il defceni au port Saint Nicolas : Abrégé d'un voyage de Sir Hugues Ipilloughby â la mer Glaciale ; pour chercher un paffage au nordift : Il périt avec tous fes gens par le froid: Première découverte du Spit^bergen. APre' S la décOUVette du cap de Tentatives Bonne-Efpérance , 6c celle de fepoUrA«ou°v^ ' Chine & du Japon que les Portu- »« pstffagc -gais firent enfuite 3 d'autres Nations B vj 36" Découvertes .....eflayerent de trouver un pafiage plus du'vSroenï c0'jrt pour gagner ce pays par les » lan.i. parues de l'Amérique , ' tuées au ebap. iv. norcj g, au ,,0»d-oueft. Enfuite on An. 1606. lit des tentatives du coté du nord-eft, dont la première rut celle des Anglois, lois le règne d'Edouard VI. Il fe forma alois une Compagnie, compofée des principaux Sujets de la Nation, pour la découverte des pays inconnus, & elle équipa trois vaiffeaux, qui furent mis fous les ordres de Sir Hughes Willoughby & de Richard Chanccllor, pour trouver s'il étoit poiîible, un pafiage aii nord-ell, qui conduisît à la Chine, par la mer de Tarte ne. Chance lor fut féparé des autres à la hauteur de Wardhuc & de la La-ponie , par les grands vents & par les brouillards. Il croifa quelque temps dans ces mers s avec l'efpérance de les rejoindre, d nombre de baleines , & la land. Compagnie envoya l'année fuivante çhap.iy. deux vaiileaux fous f< s ordres, pour An. 1610. faire-la pèche. Il y eut un grand lue-ces ; mais ces deux vaiileaux eurent enfuite le malheur de périr, & Pool, ainfï que les équipages , lurent ramenés en Angleterre par un bâtiment de leur Nation, que le hazard avoit jette à cette latitude. An. i si;. En ru 12, deux autres vaiffeaux Anglois , firent voile pour le même pays,. & rencontrèrent fur la côte, un navire Hollandois, qu'ils furce-r e n t à r e ve ) i r, fa ns. auc u n e c arga i 1 o n. /n.i6i3, En i 6i 3 , cette Compagnie obtint du Roi Jacques, une patente pour exclure tous autres , tant Anglois qu'Etrangers, de l'avantage de ce commerce. Les Intéreflés firent armer fept vailîeaux pour en chaiTec toutes les autres Nations, & même ceux de leurs compatriotes qui voudraient naviguer dans le même pays. Cependant, les deux années fuivan-tes, les Hollandois firent pencher la balance de leur côté, & s'emparèrent de ce commerce, fou tenus par dix-huit bons vaiileaux & par quatre li.a. ii.) m GfOeiU d es Européens. 41 frégates , chacune de trente canons, & les Anglois qui n'en avoient que^1 Clé quinze pièces, n'oferent le leuri-m-l. difputer; mais en 1616 & 1617, cliap'IV* ils reprirent l'afcendant fur les Hol- An. 161 î. landois. En 161 S,'les derniers retournèrent avec une forte efeadre , & non-feulement s'oppoferent aux Anglois, mais même, ils les attaquèrent , les pillèrent & les forcèrent ù la retraite. Cette conteitation ayant duré long-temps, les deux parties, fe laf-ferent enfin de la foutenir , & ce commerce devint libre aux navires de toutes les Nations. Les ■■Hollandois fondoient leur niffcfrcntrs droit lur ce qu'ils prétendoient en Nation s'en avoir fait les premiers la découverte , découverte.* . & les Anglois foutenoient que cet avantage leur appartenoit, en di-fant que ce devoit être le pays trouvé par Hughes Willoughby, qui, vraisemblablement , s'étoit trompé de dégrés, & avoit écrit 77, au lieu de -j2. , pui(qu'il n'y avoit aucune terre à cette dernière latitude. De Roi de Danemarck avoit auili de fortes prétentions , parce qu'il ve-gardoit ce pays, comme faillit par- 42 Découvertes - — tie du vieux Groenland, qui avoit J!, L^.T-!.°.,N été tributaire de la Couronne de land. Norwege , & il foutenoit les droits .cbap. iv. q^giques vaiileaux de guerre ; An. i6i%. mais ils étoient trop foibies, pour forcer les autres Nations a recon-noître fa lupériorité, ou a lui payer un tribut, comme il le prétendoit. Européens 45 sacras;» ks5s*ï*s^^ CHAPITRE V. Defcription dés 'Animaux & des Végétaux du Spitçbergen , ainfi que du climat de ce pays. De différentes efpeces de Baleines : De la manière d'en faire la pêche 6* d'en tirer l'huile. LE Spitzbergen , ou nouveau-— Groenland/eft le pays le plus R^atiom - . ■ r.J r. r du Grocn- ieptentrional dont on ait eu, jm> land. qu'à prêtent, connoilïance; & il s'é- Chap. V. tend depuis le foixante-feizieme de- An. 5618. ■gré de latitude , jufqu'au quatre- Dcfcrip,ioa vingtième. On le nomme Spitzber- du spitabci-gen , à caufe de fes hautes monta- signes qu'on voit de très-loin en mer, & qui n'ont point de fonds folide, étant feulement compofées d'un gros fable , mêlé de pierres plates, allez femblables à nos ardoifes. Il n'elt habité que par des ours blancs, qui vivent fur la glace , aulfi gros & auffi forts que des bœufs : par des renards de diverfes couleurs, gris, blancs & noirs : par des iennes, animaux qui reflemblent affez aux cerfs, mais plus 44 Découvertes " petits, 6Vavec des cornes plus unies. duEIGïoen- ^-'s ^e nourriffent d'une mouffe d'un land. vcrd pale, qui pouffe fur le lable & Cnap.v, mr]es picrres : ils font fort maigres An. 15i s. tant que la neige eft épaiffe fur la terre ; mais auiïï - tôt qu'elle commence à fe fondre , ils deviennent exceffivement gras , & ont fouvent deux pouces de graifîe furies côtes: ils approchent des hommes plutôt qu'ils ne les évitent ; & quoiqu'ils fe diiperlent au bruit du canon , ils reviennent bien-tôt au même endroit, & font fi doux qu'il eft aifé de les prendre parles cornes, ou de les tuer fur la place. Ce pays eft extrêmement froid; & quoique dans l'été, le foleil y demeure plus de fîx femaines furfho-rifon , ce qui forme un jour continuel , la rigueur de l'air n'y eft cependant que de très-peu diminuée. Plus le ciel y eft ferein , & plus on trouve de-vivacité dans l'air: mais l'humidité qui s élevé des montagnes, rend encore fouvent le froid plus pénétrant : & quelquefois l'air y eft fi chargé de brouillards, qu'il eft dif-• ficile de distinguer plus loin que la longueur d'un vailfcau , enlorte qu'il des Européens. 45- «y a qu'une avarice infatiable qui .....■....... • f uiflTe porter les hommes à vifiter ^0^2 cet affreux pays. land. Le terrein ne produit ni arbres ni Cii3P- v' arbriffeaux ; cependant ceux qui vont An. isu. y faire de l'huile, y trouvent autant de bois qu'il leur eft nécelfaire. Chaque marée en apporte une grande quantité fur le rivage, & il paroît allez difficile d'expliquer d'où il peut • venir : mais on en voit de même fur toutes les côtes feptentrionales. On y trouve quelques canards fau- . vages, 6c un petit nombre d'autres oifeaux , particulièrement des perroquets , qui différent de ceux des Indes , en ce qu'ils n'ont pas la même docilité, & en ce que leurs pieds font comme ceux des oies. Il n'y a point de petits poilTons, excepté des merlus, mais en très-petite quantité. La côte eft préfentement fréquentée chaque année par des vaiileaux de toutes les Nations , qui y viennent pour la pèche, parce que l'huile qu'on tire dn poilfon, rapporte lift profit très-confidérable. Chaque Peuple a fon port particulier, ou fon lieu déflation, fes huttes, fes chaudières, & les autres inftruments néceifaire J. 46 decouvertes ■■ pour tirer L'huile : on les y laiiTe tous du^ Groenî s ans' cluan^ ^a faifon force à quit-land. ter la côte. ch.ip. v. j^cs £rats Généraux ont accordé An. 1618. des patentes à quelques Particuliers Dc(:riptionà l'cxcluiïon de tous autres, pour côté 5 & quand elle eft morte , on la voit entièrement fur le dos; après quoi, il n'y a plus de difficulté à la traîner julqu'au rivage ou à la remorquer jufqu'au vaiiTeau. Le premier jour, elle n'eft qu'à fleur d'eau ; le fécond , elle s'élève de lix à fept pieds au deflus, &le troifieme , elle eft quelquefois plus haute que le bord du bâtiment. On a dans chaque navire , un homme qui entend à la découper : il commence par lui ouvrir le ventre , d'où il fort un bruit femblable à un rugilfement & une odeur très-infecte. Cet homme fé-pare la chair d'avec les os, & la coupe en morceaux de deux ou trois cents livres chacun , qu'on met à bord ou fur le rivage, félon ce qu'on trouve le plus commode ; après quoi on les coupe en plus petites pièces , pour les jetter dans la chaudière , où l'on en tire l'huile , en i les y faifant bouillir : enfin , on ' met cette huile dans des banques, 1 C iij 3*4 D É C o t7 V M R T f 5 \ pour Mage des différentes Nations, Keiation ti • tt r i «la Groen- -11 y a trois rlarponeurs iur chaland. qae vaiffeau; on donne à chacun, ,iaP- y- djx livres fterlings par baleine qu'on Ajj. iéjs. pêche, & quelquefois un vailTeau en trouve neuf ou dix. Une baleine produit, depuis foixante, jufqu'à cent banques d'huile, qui fe vend trois ou quatre livres fterling la banque, & quelquefois davantage. Pour l'encouragement de cette pêche , le Parlement de la Grande-Bretagne a accordé une récompenfe de quarante fchellings par tonneau, aux vaiileaux deftinés pour le Groenland , ce qui a confîdérablementaugmenté le nombre des bâtiments qui vont y pêches depuis quelques années. dïs Européens. "fJ CHAPITRE VI. Voyage du Capitaine Monk dans la Mer Glaciale. A Pre's avoir donné un récit abrégé du vieux & du nouveau ^£1™ Groenland, ainli que de la pêche de land. la baleine, nous allons parler du c ap* VI" voyage que fit le Capitaine Monk, An.°i?iJ; pour trouver, au nord-oueft, un EXaajtude pafiage entre le Groenland & l'A-du capitaine mérique, qui pût conduire aux Indes Mq ' Orientales, Nous avons choifi ce Voyageur par préférence, non-feulement parce qu'il étoit le plus habile marin de fon tems, mais encore parce que fon exactitude eft fi bien reconnue, qu'aucun de ceux qui ont iuivi le même cours, n'a pu le contredire dans la plus légère circonftance. Le Capitaine Monk fut employé pour cette expédition par Chrif-tiern IV, Roi de Danemarck, qui lui fit donner deux bons vaiileaux montés de foixante & quatre hommes , avec ordre de fuivre les côtes C iv jpff Découvertes 1 -......des détroits, qui avoient pris le nom du EGroen- d'Hudfon , Voyageur Anglois, le-land. quel y avoit été tué quelques an- chap.vi. n( donnant le nom de pou 6o Découvertes •-— d'hiver de Monk, à la partie où il relation r „ r% ' /• rfu Gtocn- lc trouvoit. 11 ht remorquer les land. vaiileaux dans une petite anfe, où chap »i. j|s £toient à couvert contre i'inclé-An. i6is>. mence des temps , après quoi fes gens élevèrent des huttes pour y paf-ïèr l'hiver, près d'une rivière qui n'étoit pas encore gelée au mois d'Octobre, quoique toute la merdes environs fût prife de glaces. Le 7 d'Octobre , le Capitaine Monk efïàya de remonter une rivière dans une chaloupe ; mais il en fut empêché par une cataracte. Il fit quatre lieues dans le pays , pour chercher des habitants, &n en ayant découvert aucun , il retourna à fes vaiffeaux par un autre chemin. Il y rencontra une image de pierre, avec des griffes & des cornes, comme on rcpréfente le diable , Se près de cette figure , environ huit pieds de terre, entourée de petites pierres. Il y avoit d'un côté un petit monceau de pierres plates , mêlées avec de la mouffe d'arbres , & de l'autre côté , trois charbons pofés en travers fur une grande pierre plate , foutenue de deux autres ; ce qui lui donnoit quelque relîemblance avec un autel, Il t> e s Européens. 6*ï en rencontra depuis , plufieurs au--«-■ très pareils , & près d'eux , des ^egÎo^1 traces de pieds humains; cependant land. il ne put découvrir aucuns habitans. chap' VI* Il y a tout lieu de penfer qu'ils of- An. ttfi*. froient desfacrificesen ces endroits, foit au feu, foit avec du feu , puif-qu'on vit aux environs phufieurs os , qui venoient, fans doute des victimes , dont les facriflcateurs avoient mangé la chair crue. On y trouva auffi quelques chiens muzelcs, & des troncs d'arbres qui avoient été coupés par la racine avec des inflru-ments de fer, ce qu'on reconnut en les examinant avec attention. On remarqua encore des trous dans la terre, qui parurent avoir été defLinés à recevoir les pieux de quelques tentes , & plufieurs morceaux de peaux d'ours , de loups , de veaux marins, & de quelques autres animaux. On jugea qu'elles avoient fervi d'habits aux habitants , d'où Monk conclut qu'ils menoient une vie errante , comme les peuples de la Tartarie & de la Laponie. Quand les gens de Monk eurent conftruit des huttes très-clofes, ils y mirent du bois & des oifeaus 0*2 Découvertes ' Sauvages pour s'en Servir pendant relahon l'fjiVfir< Le Commandant eut le bon- U • 1 1 r • que Moulue- ityle, a nuit heures du loir , il y eut marque, uneéclipfe delune, & peu de temps An> après , cet aftre fut entouré d'un cercle très-brillant, avec une croi-x qui le coupoit. Ce phénomène fem-bloit préfager les malheurs qui étoient prêts à leur arriver. Le froid devint fi excefîîf, que ni la bierre , ni le vin, ni l'eau-de-vie , ne purent y réfifïer , toutes ces liqueurs gelèrent, & les vafes qui les contenoient furent brifés en morceaux. Les hommes furent obligés r6*4 Découvertes 1 pour boire, de ies rompre avec des du^Grocn* ^ac^ies & de ^es &ire fondre au feu : land. ils mefurerent de la glace qui avoit •chap. vir. trojs ccnts foixante pieds d'épaif An,iSzo, leur , & malgré tous les moyens dont ils fe purent fervir, & toutes leurs forces, ies Danois ne purent réhfter à une faifon aufîî rigoureufe. Ils moururent les uns après les autres de dyfïenterie, accompagnée de tranchées, en fi peu de temps, qu'au commencement de Mars , le Capitaine fut obligé de monter en fentinelle à fon tour, faute de monde, pour en remplir le pofte. Etat fâcheux Au printems, les maladies de ceux où i i fc trou • qvjï avoient réfïffé devinrent plus *c-rc J1 ' fâcheufes, leurs dents s'ébranlèrent, & leurs gencives s'enflèrent, de façon qu'ils ne pouvorent plus prendre d'autre nourriture que du pain & de l'eau. Peu de temps après, le feorbut qui fe joignit à leurs autres maux, augmenta encore leur affliction ; & au mois de Mai, il en mourut un fi grand nombre , qu'il ne reftoit pas alfez de bras pour les enterrer , encore ceux qui étoient demeurés vivants, ne pouvoient pref-que fe remuer par la foibleffe & la des Européens. '6*7 maladie. Pour comble de mifere, le -— pain vint à leur manquer, & ils ne purent y Suppléer qu'en tirant des land. efpeces de framboifes, qu'ils ren- chap'yîI' contrèrent fous la neige ; maisilfal- An-1<$2<% loit les manger dans l'infbnt, parce qu'on ne pouvoit les conferver. Le 12 d'Avril , tomba la première pluie qu'ils euflent vue depuis fept mois: vers la fin de Mai, ils commencèrent à voir des oies fauva-ges , des canards, des cignes, des hirondelles , des perdrix, des corbeaux, des bécafîincs , des faucons & des aigles: mais les hommes étoient h foi-bles, qu'ils ne leur étoit pas pofiible de chaiTer. Le 4 de Juin, Monk tomba dan- il tombe gereufement malade, & fut quatreJJïJjJjf^ jours fans prendre aucune nourriture: famé, il fit alors fon teftament , par lequel il prioit ceux que le hazard condui-roit en cet endroit, de le faire enterrer , & de faire palier fon journal au Roi de Danemarck. Cependant il fe trouva plus fort le 8, & Sortit de Sa hutte , pour voir s'il reftoit encore quelqu'un de fes compagnons vivants, mais il n'en trouva que deux, •de foixante & quatre qui étoient 66 Découvertes «--partis. Ces gens tranfportés de joie, ju "JjJ| de voir que leur Capitaine avoit fur-laad. vécu à tant de calamités, le condui-civap.vn. fïrcntau feu, fui don nerent a manger, An. iûio. 3c les trois s'encouragèrent par des promefTes, de fe foutenir réciproquement jufqu'au dernier foupir. Les glaces commençant à fondre, ils trouvèrent fous la neige une racine qui leur fut un grand reftaurant &c une bonne nourriture, ce qui les fortifia beaucoup. Ils commencèrent alors à châtier & à pêcher, exercices qui les rétablirent totalement, & ils ne Songèrent plus qn'aux moyens de retourner dans leur patrie, il s'cin!,ar- L'été qui s'approchoit, produire que avec *■ , V • c j r deux hom- une quantité proaigicufe de coulms, wibi^'r' Iui d°nc furent exceflivement incommodés : cependant ils montèrent fur le plus petit de leurs vaifîèaux, laif-faut l'autre à la côte, & mirent à la voile: mais ils furent dans un grand embarras à caufe des glaces , & ils perdirent leur chaloupe & leur gouvernail. Us retrouvèrent la chaloupe dix jours après , 8c Ce firent un nouveau gouvernail. Us étoient fouvent arrêtés par les glaces : mais ils s'en dé-bairaflbient aufli-tôt qu'il furvenoic r> ë s Européen^ 6*7 Un changement de temps favorable. Le 8 de Septembre , ils forment des détroits, doublèrent le Cap Fa-land. rewel, & entrèrent dans le grand chaP-vir* Océan ; mais ils furent furpris d'une An. 161e. violente tempête , qui caffa leur son retour grand mât & le jetta en mer. Ils eu- *£lici^>an,i xent la plus grande peine à empêcher que leurs voiles ne fe perdiffent dans les flots : cependant ils réuf- \ firent à gagner la côte de Norwege, ou ils jetterent l'ancre dans une petite baie. Le gros temps duroit toujours , & ils auroient été brifés en pièces, s'ils n'avoient eu le bonheur de trouver un abri entre les rochers & la terre. Ils s'y repoferent quelques - jours , & pourfuivirent enfuite leur voyage pour le Danemarck, où ils arrivèrent enfin , en peu de temps. Le Capitaine Monk, que perfonne n'efpéroit revoir vivant, fut reçu du Roi avec de grandes marques de faveur , Sa Majefté paroiflant très-fat is faite des efforts qu'avoit fait ce Capitaine. Monk, qui étoit un homme d'un courage invincible & excellent Mathématicien , foutint toujours après fon retour, qu'il étoit pofîible de 68 Découvertes ■j^--trouver un partage au nord-oueft. îi du Groen- ^L1C cnargé par quelques Seigneurs land. Danois , & par quelques riches Mai-ap. vil. c]lan£}s de Norvège, de faire une An. I62Q. nouvelle expédition pour le découvrir, & ils formèrent de gros fonds pour les dépenfès de ce voyage : mais le projet manqua par un événement qu'il étoit impofîible de prévoir. n meurt de Dans un entretien que Monk eut $b»nin. avec Je Roi, Sa Majefté lui parla des malheurs de fa première tentative, & s'étendant fur la nouvelle entreprise , le Monarque lui dit qu'il avoit caufé la perte de trop de braves gens, pour en mettre encore d'autres au hazard. Monk qui penfoit que fa perfévérance & fon habileté ne méritoient pas un pareil reproche, répondit en des termes que le Roi trouva peu refpeéèueux. Il frappa légèrement le Capitaine fur Vef-tomac, d'un bâton qu'il terioit à la main, avec un mouvement de colère, & Monk fut il fenhble à cet affront , qu'il fe retira dans fa maifon , où il mourut trois jours après n'ayant voulu prendre aucune nourriture, Nous ne trouvons pas que des Européens. 6$ les Danois ayent fait aucunes nou- ...... vellcs tentatives pour cette décou- du "g on" verte depuis ce temps , quoiqu'il n'y land. ait aucune Nation en Europe qui chap- vir-foit plus à portée de l'entreprendre, An, icia. 70 Découvertes HISTOIRE De la confervation étonnante Je huit hommes, qui furent laines fur la côte du Groenland, par les vaiffeaux de la Compagnie Angloife de Ruffie, en Tannée 1630. Relation du Grocn CHAPITRE VIII. Les Anglois envoyent trois vaiffeaux à la pêche. Il rejie huit hommes à terre, fur la côte du Groenland : Ils s'éloignent de leur vaiffeau , par l'entêtement du Canonier : Ils trouvent que tous les hâtimens font partis : Ils s occupent à amaffer des provifions pour l'hiver : Ils en perdent une partie par le fort temps : Ils arrivent à Bel-Sound , où ils fe déterminent à hiverner. land. -r? N Tannée 16*30, la Compagnie chip. vin. AngIoife de Ruflîe t envoya trois An.iojo. vaiffeaux pour la pêche de la baleine Des Européens. 71 & du bœuf marain, fur la côte du ■ s> , itt 1 1 a * Relation; Groenland. Un des bâtiments, nom- du Groen. me la falutation, étant arrivé avec ^nd. un vent favorable , au lieu de fa def- chap'vm* tination , fe tint quelques jours en An. kjo. croiliere , & envoya enfuite la cha- Les Anglois . v i-i envoyenc loupe a terre avec nuit nommes pour lr0js vaif. chaiTer. On leur donna deux chiens , fcauxàla jeune arquebufe , deux lances & un* * briquet. Le vaiffeau étoit alors à quatre lieues du cap noir, & à cinq de l'endroit nommé parles Anglois , Maiden-Pap , qui eft renommé pour la quantité de daims excellens qu'on y trouve. Le 15" de Juin , le jour étant très-clair, la chaloupe aborda la terre e» quatre heures de temps : les hommes étant débarqués, tuèrent quatorze daims, & fe trouvant enfuite très-fatigués, tant de la chaffe, que d'avoir ramé, ils s'arrêtèrent pour manger les vivres qu'ils avoient apportés : mais comme la nuit s'appro-choit, ils réfolurent de demeurer où ils étoient, penfant qu'il feroit dangereux d'entreprendre de gagner Le vaiffeau dans les ténèbres , au rifque même de ne pas y réuOir. ,!l rcftc »a*t hommes à Le lendemain matin, l'air étant terre. 72 DECOUVERTES vu "'" iort épais, le vent s éleva tics-fort Relation a « r, , r , _ . du Grocu-du cote un iud, &;jetta une granae land. ^ quantité de glaces, entre la terre & le 'np* IIL vaiflèau, ce qui l'obligea de fe met-An. tre un peu plus avant en mer, hors de la vue de la chaloupe. Ce mouvement donna quelque alarme aux huit mariniers, & ils penferent que le parti le plus fur pour eux, étoit de fuivre le rivage, jufqu'à ce qu'ils fulfent arrivés au port verd, où l'un des autres vaiffeaux avoit fa flation, & d'y demeurer à attendre des nouvelles de leur propre bâtiment, parce qu'ils avoient tout lieu de croire qu'il s'étoit trouvé enfermé par les, glaces. En exécutant leur projet, ils fui-virent toujours le rivage, & tuèrent encore huit daims, qu'ils mirent à bord de la chaloupe j mais le 17, étant arrivés au port-verd, ils virent avec le plus grand chagrin, que le vaiffeau étoit parti. Ce malheur aufli imprévu que fâcheux, les jetta dans un embarras d'autant plus grand , qu'Us n'avoient pas affez de provi-fions pour ofer entreprendre de regagner leur pays. Cependant il ne reftoir plus que troisjours du temps limité atiom icc 11- des Européens. 73 limité , pour que les vaiffeaux partif-fent de la côte, & ils voyoient toutes ^Eli les fuites dangereufes de s'arrêter land/ trop long-temps à délibérer, ce qui chaP-viii. les détermina à faire leurs efforts An. iâjo^ pour gagner Bell-Sound, où le rendez-vous général éroit indiqué. Pour foulager leur chaloupe, & la mettre en état de voguer plus légèrement, ils jetterent en mer toute leur chafie. DuPort-Verd à Bell-Sound, ilsefti-moient qu'il y avoit feize lieues de diftance, & ils gagnèrent le même foir, la pointe de Neife, qu'ils re-gardoient comme la moitié du chemin. Ils furent obligés de jetter l'ancre dans un endroit alfez sûr entre deux rochers, parce qu'il s'éleva un brouillard iï épais, qu'ils ne voyoient pas à un pied de diftance. Le lendemain , le temps s'éclaircit vers midi, ils quittèrent cet endroit, & continuèrent à ramer, fans découvrir Bell-Sound , parce qu'ils le paf-ferent au moins de dix lieues du côté du fud, vers l'endroit nommé Horn-Sound. On ne fera pas furpris de cette erreur , fi l'on fait attention qu'ils n'avoient pas de compas de mer, & qu'aucun d'eux ne connoilïoit Tome V* D 74 Découvertes - bien cet endroit, quand ils le paf- RELvnoN f t «lu Orccn- , . land. Apres quelque délibération , ils cbip. vin. reconnurent qu'ils étoient allés trop An. i<5 o. loin vers le fud ; Se malgré le fenti-Hs sci.i- ment contraire & l'opiniâtreté du gnencdeleur canonier William Fakeiy , ils re-vai eau. vinrent du côté du nord , ce qui étoit leur véritable cours, & parvinrent bien-tôt à deux milles de diftance de la pointe qu'ils cherchoienr. Le temps étoit alors très-ferain , & tout le pays bien récouvert: mais Fakeiy l'ayant examiné attentivement, leur dit avec un mouvement de colère, qu'ils s'étoient sûrement trompés, & que l'endroit où ils le trouvoient, n'avoit aucune reflem-blance avec Bell-Sound. Enfin , il réuilît encore à 'eur perfuader de reprendre leur cours au fud, ce qui fut Tunique caufe de tous les maux qu'ils éprouvèrent enfuite. Après avoir navigué long temps, ils furent convaincus que Bell-Sound ne pouvoit être au fud de l'endroit où ils fe trouvoient , & ils réfolu-rent de reprendre encore la route du nord ; ce qui irrita tellement l'en-tété canonier, qu'il refufa fon fervice * des Européens. Jf & abandonna la première rame à 1 Edouard Pclham. La chaloupe futdu"■; emportée par le vent qui étoit afiez;.in fort, & le 21 , ils fe retrouvèrent à cbl viIÏ* la vue de Bell-Sound : mais le vent An. changea alors , & fouffla eft-nord-eft, ce qui les obligea de carguer la voile & de reprendre les rames ; ils approchèrent à deux milles du rivage où ils s'arrêtèrent, pour ne pas être emportés par le vent. Il furent alors pleinement con-vaincus, non-leulement que cet en-L,. droit étoit Bell- Sound , mais que font panU. c'étoit le même d'où ils s'étoient éloignés quelques jours auparavant, & William Fakeiy ne put en difeon-venir. Ils commencèrent alors , à chercher un abri sûr pour la chaloupe ; & quand ils y furent rangés, deux matelots fe mirent en chemin, pour aller par terre à la tente de Bell-Sound, dont ils étoient éloignés de dix milles, afin de voir s'ils y trouveroient encore des gens des vaiffeaux : mais ils en avoient peu d'efpérance , parce que le vent leur avoit été favorable pour partir, & que le temps de leur féjour étoit abfolument expiré. Les matelots Dij 76" Découvertes * revinrent, & dirent qu'ils n'avoienc du gkwwÏ trouve' perfonne : cependant ils ré-land. folurent de ne point épargner leurs chap.vm. pe]nes p0Ur chercher dans tous les An. 1^0. endroits où les vaiileaux pouvoient s'arrêter, & ils convinrent de vifiter Bottle-Cove, qui eft environ à trois Jieues de l'autre côté de Bell-Sound. Ils y arrivèrent le 11 , avec aufli* peu de réuilite , & il ne leur refta plus aucune efpérance de foulage-ment dans le malheur où ils fe trouvoient plongés. Après avoir fait de férieufes & triftes réflexions fur leur htuation, Je réfultat de leur délibération , fut de s'exhorter réciproquement à tout attendre de la protection divine, & à fupporter avec courage la difette de toutes chofes qui les menaçoit. Cependant ils réfolurent d'employer tous les moyens pofîibles pour fe nauflir contre les attaques de l'hiver, & contre les inconvénients affreux auxquels ils alloient être expofés, jnanquant du nécelfaire, & de toute efpece de foulagement. Ils jugèrent que la première démarche qu'ils avoient à faire pour leur fubhf-tance, étoit de s'alfurer d'une bonne quantité de provisions , & ils réfolu. des Européens. 77 rent unanimement, de retourner au-1 P-tt 1 r • 1 Relation ort-Verd, pour y taire une bonne d Groen- chafTe , au premier temps favorable land. ^ • Le 2y d'Août, ils montèrent dans Ciap v la chaloupe, & fe mirent en route An. 163e-pour cet endroit avec un bon vent, rUs'occû-qui les y conduifit en douze heures. grncdeS*proI Ils enfoncèrent leurs rames en terre, vidons pour & jetterent deflus la voile de la cha- >*iw« loupe , ce qui leur forma une efpece de tente , où ils fe repoferent cette nuit. Comme le temps étoit très-fe-rein ils dormirent peu, & fe mirent en marche de grand matin pour Coles-Park, fuivant le confeil de Thomas Ayres , qui favoit que cet endroit abondoit en bêtes fauves. Le même jour ils tuèrent fept daims.& quatre ours, dans l'intention de les confer-ver pour leur nourriture. Le temps étant devenu fort couvert & peu propre pour la c halle, ils retournèrent au Port-Verd, où ils élevèrent une tente, comme nous l'avons déjà dit, avec leurs rames Se leur voile, & dormirent très-bien cette nuit. Le lendemain matin , voyant que l'air étoit clair & fe-rein, Jean Dawes & William Fakeiy demeurèrent pour garder la tente éc Dilj ^8 Découvertes prépare: des vivres jufqn'au retour du Gioen. ^es aQtres > °iui fe mirent dans la chaland., loupe & retournèrent à Coles-Park. Cap. vin. jjs y tuerent en peu de temps lïx An, i6}c. daims avec l'aide de leurs chiens, & ils en virent un feptieme qui paiffoit fur un coteau : mais comme le temps s'étoit ohfcurci, ils ne jugèrent pas à propos d'aller plus loin que le pied de la montagne , qu'ils parcoururent le refte du jour, & tuerent lix ' autres daims. Aux approches de la nuit, voyantquele temps fe mettoit au vent & à la pluie, ils firent la plus grande diligence pour regagner leur tente, où ils demeurèrent tout le jour fuivant , qui fut ttès-froid, très-humide & très-orageux. Il trouvèrent fur le rivage une au-tu arrivent tre chaloupe appartenant aux vaif-n/r"^- feaux de la Compagnie, qui en laiffe terminent à toujours deux ou trois en arrière, hiverner. jjs partagerent dans les deux leurs provihons, qui conhftoient en ours & en bétes fauves, avec les grèves ou chairs des baleines qu'on avoit fait bouillir cette année , & fe partagèrent en deux compagnies, dans l'intention de gagner Bell-Sound où ils réfolurent d'hiverner. Les approches de la nuit les empêcheren. des Européens. 7£ départir le jour même; & comme RELA.njS le lendemain étoit un dimanche, us du Grocn-réfolurent de ne fe point mettre en'^'p. vin. route, afin de fobferver avec plus de refpect. Le lundi matin ils parti- Ao-rent par un très-beau temps , cependant ils ne purent faire que la moitié du chemin. Le mardi, ils arrivèrent à Bottle-Cove, & le vent étant très-fort , ils y demeurèrent jufqu'au jour fuivant. Cependant il commença à fou filer avec tant de violence , & la mer devint iï haute , que leurs chaloupes s'étant heurtées l'une l'autre , lurent bien-tôt remplies d'eau, & que leurs provifions, non-feulement furent mouillées, mais qu'une partie fut emportée par-deffus les bords dans la mer. Les mariniers furent donc obligés de (e mettre à l'eau pour les retirer & pour vuider leurs chaloupes qu'ils amenèrent à force de bras fur le rivage, où ils les attachèrent avec une haufliere &c d'autres cordages. Ils réfolurent de les y laiffer , jufqu'à ce que le vent devint favorable pour les conduire à BeU-Sound : enfin , le tems ayant changé , ils y arrivèrent fans accident } le 3 de Septembre. D iv 3o Découvertes = 7 CHAPITRE IX. Précautions que prennent les huit: Anglois pour fe garantir du froid : Ils confira ifènt un petit bâtiment dans un plus grand: Soins qu'ils fe donnent pour avoir un feu continuel : Ils règlent leur nourriture : Ils tuent une ourfe étant près de manquer de viande. Oifèau fingulier dans ce pays ; Il arrive des vaiffeaux fur la côte. Retour des huit Anglois dans leur patrie. | y Ors que les Anglois furent à RELATiwM | j Bell-Sound ,' leur premier foin du Groen-£ut ^e décharger leurs provihons, & chap. ix. de les mettre en surete dans la tente, . i6 Q qu'ils avoient deftinée à faire leur iéjour durant tout l'hiver. Le lecteur précautions doit juger que cette tente étoit très-^^^i^différeiite de la première, qu'ils se-pour fc gâ toient faite avec une voile & des J3Î dL1 rames. Celle de Bell-Sound étoit une efpece de maifon bâtie par les Flamands , à l'ufage des vaiffeaux marchands des Pays-Bas qui fe rendent fur cette côte pour Ta pêche. des Européens» Si Elle étoit conftruite en bois folide- _> ment aiïemblés, & couverte de tui- d^ELGroe°n-les de Flandres ; elle avoit environ ïamt. quatre-vingt pieds de long & cin- chap-ix* quante de large, étant particulière- An. 1**0» ment deftinée à mettre à couvert les tonneliers, quand i!s font les tonneaux pour mettre l'huile. Le temps étant devenu très-froid, & la gelée très-vive, il n'y eut plus lieu de penfer à faire de nouveau voyage au Port-Verd, crainte que le détroit ne devint tellement emba-ralfé par les glaces, qu'il ne fût plus poffible de revenir par mer. Le chemin de terre étoit trop rude & trop montagneux , pour ofer le fuivre j enforte qu'il ne leur refta plus d'autre refTource que d'aller à la chalïe des daims, & de s'attacher à rendre leur habitation la plus chaude & la plus clofe que les circonflances pouvoient le permettre. Pour y réuilir, ils pen-ferent à élever une petite tente dans la grande, avec des planches de fa-pin , des poteaux & des chevrons qu'ils tirèrent dune autre maifon» bâtie dans le voifinage, pour la réception des huiles de la Compagnie* Les cheminées des fourneaux leur £2 Découvertes " fournirent des briques, & ils eurent Relation__ il» j d'i Groen cnco,e le bonheur de trouver quatre land. muids de bo.ne chaux , qui étant P rx. me]c'e avec je fa\jjQ de la mer, leur An. i- froids ou plutôt les nuits, pirfque RELATION I _ i~ i -i . i . e r J, du Grocn- ie loleil ne leur donnoit prelque plus land. aucune lumière , ils allumèrent un ap ix. gran(j feu ^ & p0ur fajre durer leur /n. iffjo. bois , quand ils vouloient fe repofer, ils railembloient toutes les cendres & les charbons fur une pièce d'orme, qui fe fendoit après avoir conservé fon feu quelqueiois feize heures, & donnoit une grande chaleur. Par ce moyen & avec l'attention convenable , ils eurent du bois pendant huit mois, lans que jamais leur feu s'éteignit. Le 12 de Septembre, il entra dans le détroit quelques glaces flot-Tantes , fur l'une defquelles ils virent deux chevaux marins endormis. Ils mirent leur barque à l'eau , prirent un vieux harpon & une corde, & s'avancèrent avec fi peu de bruit que ces animaux ne fe réveillèrent que quand ils en furent très-près. Alors William Fakeiy frappa le plus vieux d'un coup u bien porté, que le harpon s'y attacha très-ferme, & que l'animal ne put s'en dégager,, ce qui donna le temps de le tuer à coups de lance. On tua de même le plus jeune j dont l'attachement à fa des Européens. 85* mere étoit fi grand, qu'il nageoit -pics de la chaloupe pendant qu on y ia Gtocn. niettoit le corps mort de l'autre , &iand, il ne marqua pas la moindre envie chap*ix° de fe fauver. On les amena fur le ri- An.i«j», vage, & quand ils furent rôtis , on en trouva la chair excellente. Le 15* de Septembre, on en vit plufieurs autres dans le détroit; mais comme ils étoient plus fur leurs gardes, on ne put en prendre qu'un feul. Vers le 10 d'Octobre, le froid augmenta encore confidérablement, & la mer fut glacée aufli loin que la vue fe pouvoit étendre. Les habits des Anglois commençoient à tomber en lambeaux ; & comme ils étoient d'autant plus chauds qu'on pouvoit les tenir en meilleur état, ils fe firent des aiguilles d'arrêtés de poiffon, & du fil de quelques cordes de laine, avec quoi ils travaillèrent de leur mieux à faire tenir enfemble les pièces de leurs vêtements : d'une des chaudières, ils prirent un morceau de plomb , dont ils firent une efpece de lampe, y mirent, une mèche de corde , & la garnirent de l'huile qu'ils trouvèrent dans la tente des chaudières > ce qui leur fournit 86* Découvertes *......." de la lumière, à leur grande fatis- du Orocn- Tl . . hmi, Ils avoient près d eux un riuileau t "Chap. ix. qUj tomboit d'unecoline voilïne dans An. i6i0. une efpece de réfervoir,& ils fe fer, virent de cette eau pourboire, ayant foin d'en caifer tous les jours la glace avec leurs pioches. Us jouirent juf, qu'au mois de Janvier de cet agréable rafraîchiflement ; mais le froid devint alors fi vif, qu'ils en furent privés, & forcés d'avoir recours à l'eau de neige, en la faifant fondre avec un fer chaud, its règlent Us avoient obfervé dès la fin de leur nourri-Septembre, qu'il n'y avoit plus d'apparence d'augmenter la malle de leurs proviiions, à moins qu'ils ne tuaifent par hazard quelques ours , & ils réfolurent de les ménager de la manière que nous allons le rapporter. Us fe bornèrent chacun à un morceau de viande quatre jours de la femaine , & les mercredis & vendredis ils mangeoient des grèves de baleine, qui font des relfes de graifie qu'on jette ordinairement, quand on en a tiré l'huile. Us vécurent ainfi pendant trois mois, & enfuite ils fe retranchèrent encore la viande 1^ des Européens. 87 jour delà femaine. parce qu'ils com- ■ roençoient a n en plus avoir quunedu Grocn, petite quantité ; & craignant aufliland. que le bois ne leur manquât, ils n> r rent rôtir chaque jour la moitié d'un An. i neaux : cependant ils en conferve-rent un quartier fans être rôti pour 'le manger chaud les dimanches, le jour de Noël, & les autres grandes fêtes. Depuis le 14 d'Octobre jufqu'au 3 de Février, ils ne virent point le foieil ; mais ils furent fouvent éclairés de la lune, qui étoit fort brillante , excepté quand le temps étoit couvert, & en général, durant l'hiver, l'air en ce pays eft pefant, épais & chargé de brouillards. Us eurent une _ <-> efpece de crépufcule jufqu'au premier de Décembre ; mais alors il ce fia totalement jufqu'au 20, & pendant ce temps, la nuit fut toujours obfcure, mais le premier de Janvier An. if*£ ils recommencèrent avoir les approches du jour. Peiham , dont nous fuivons fe journal, die qu'ils n'avoient pas d'al-manach pour connoître la luite des temps , mais ils s'appliquèrent i 88 Découvertes * diftinguer ies jours Se les heures le du" croc,!! mieux • féaux avec une trape d'os de balei- ne , couverts de peau d'ours dont le côté charnu eft tourné en dehors. La peau de ces animaux eft un appas excellent pour prendre les renards. Le temps devint très-chaud au mois de Mai, & les Anglois forti-rent tous les jours pour chercher des provisions ; ils ne trouvèrent rien de bon jn/qu'au 24, qu'ils firent le, ver un chevreuil , après lequel jjs mirent leur chiens mais il étoit de- b f. s Européens. pt devenu fi gras & fi pareffeux, qu'il —-** le laiila échapper. du Graen- Le même jour, ils trouvèrent furimd. . i ' j ■ ✓ Chap. IX. les hauteurs , une grande quantité d'oeufs, dont ils en emportèrent An. i «au trente dans leur maifon, avec l'intention de retourner le lendemain &> d'en prendre un millier : mais le temps devint fi froid, qu'ils furent oblige's de demeurer renfermés, &: furent privés de leur exercice journalier, qui étoit de grimper fur le fommet d'une montagne voifine , pour voir fi les glaces fe brifoienî dans le détroit. Enfin ils eurent la fatisfacTrion de les voir toutes rompues , & la plus grande partie furent emportées dans la haute mer par un vent d'eft. Le 25* de Mai, le froid les retint il arrive n- J b, du croen-La Compagnie de Kuihe, pour Ie land. fervice de laquelle ils avoient été en-' gagés, leur donna des récompenfes An- proportionnées aux peines qu'ils avoient îbuffertes. des Européens. $y JOURNAL De fept Navigateurs, qui paflèftnt; Th ver dans i'iflc dt S. Maurice an Grmnland , où ils moururent en 1634. CHAPITRE X. Sept Hollandois entreprennent depaffer l'hiver au Groenland : Us manquent à prendre une baleine: Le pays efî ■ entièrement couvert de neiges £r de glaces : Ils tuent deux ours. Ils ne peuvent plus jortir de leurs tentes: ' Ils font attaqués du fcorbut. Ils meurent tous avant Varrivée des vaiffeaux : Fin de leur Journal. Les gens de la flotte Hollandoife trouvent leurs cadavres. LA Compagnie Hollandoife du K£t^iou Groenland, ayant réfolu de pouf- du Groen-fer les découvertes auifi loin qu'illand fecoit poflible dans le pays d'où elle chap,x' arvoit tiré fon nom> & d'y faire des 5>6" Découvertes 1 obfervations fur les variations des! Relation 0 r i • du Grocn- temps , & lur les autres parties qm land. peuvent contribuer au progrès de aP- x. j'Aftronomie & à l'avantage du com- An. 1633. merçe, fept Navigateurs forts & cou- sept Hoi-raraux, s'offrirent d'y paffer l'hiver, Jandois en- 0 j . . ijQ.J* trcprenncnt « de tenir un journal exact de tout de paiTer l'hi-ce qu'ils y auroient remarqué. verau Grocn- t> i- i iand. "our remplir leur engagement, on les laiffa dans fille de Saint Maurice au Groenland , le 26 d'Août 16*33 » la-flotte ayant levé l'ancre pour la Hollande avec un vent de nord-efl, & la mer très-élevée, ce qui dura jufqu'au lendemain. Le 27, les fept hommes remarquèrent qu'il n'avoient vu aucune obfcurité durant la nuit: le 28 , il tomba beaucoup de neige; ils partagèrent entre eux une demi livre de tabac pour chaque homme, ce qui devoit leur fervir pour une femaine, & ils for-tirent vers le foir pour faire leurs obfervations : mais ils ne virent rien de remarquable. Le 29, le jour fut très-beau & le foleil éclatant : ils découvrirent la montagne des ours très-clairement du fommet d'une autre montagne où ils grimpèrent fouvent quand le temps -d s s E c n o v i e m s. 97 temps le leur permit. La nuit du 30 —*——1 ™-fut très-fombre; mais celle du 11 ,R^L*TI0^ tut claire ; les dtoilles brillèrent & il land. fit un vent du nord-eft. Depuis le ch^' x' premier de Septembre jufqu'au j, An. 1*35; le temps fut allez fupportable, quoiqu'il tombât fréquemment de la pluie & de la neige. Le 8 , le vent tourna au fud-eft, & il y eut une grande pluie le matin ; mais le temps s'éclaircit l'après-midi, & au commencement de la nuit, qui fut clairo avec le ciel étoiié. Ils furent cette même nuit effrayés par un bruit affreux , comme fi quelque chofe d'un© groifeur énorme , eût tombé près d'eux fur terre: mais quelques recherches qu'ils puifent faire , il p.ô leur fût pas poffible d'en trouver la çaufe. Le 9 , le foleil fut fi brûlant, qu'ils fe mirent en chemife pour fe rafraîchir; cependant il avoit plu le matin , & ces variations furent très-fréquentes jufqu'au 17. Ils employèrent ce temps à ramalfer quelques herbes pour faire des falades, & ils virent plufieurs mouettes. Le vent fe tourna au fud-oueft, & la mer fut couverte d'écume; maïs la nuit fut Tome K, E 5>8 Découvertes ' très-calme. Le 18, il tomba beau- du'oSS! C0UP ^e pluie. & l'on donna à chaland, que homme une mefure d'eau-de-vie chap. x. devoir lui durer onze jours. An. z6} f Le 23 , l'air fut très-pefant, quoi. ils man-"!116 ^e vent fût à l'eu: : ils virent une quenràprfji-baleine qui fe jouoit près le rivage WfleT ba"&ils fe mirent dans leur chaloupé pour la pourfuivre; mais le temps'fe couvrit bien-tôt, & il s'éleva un épais brouillard qui fut fuivi de pluie, ce qui les empêcha de s'en rendre maîtres. Le 26, l'air fut très-, froid ; il fit une forte gelée, & ils ne trouvèrent plus de faïades. Les pluies froides qui continuoient &les vents violents qui fouffloient de différents côtés , les firent pourrir dans ]a terre. Le 2 d'Octobre , ils trouvèrent une très-belle fontaine d'eau claire, dans la partie méridionale de rifle, & la gelée fut iî forte, que la glace des étangs, même du côté du fud, pouvoit porter aifément un homme. Les deux jours fuivants, le temps fUc à la gelée ; mais le y, le vent s'étant tourné au fud, il tomba une fi grande pluie , qu'ils ne purent fortir deleurs tentes, Cependant la gelée reprit le "des Européens. 539 lendemain matin, & la nuit d,u 8 , 1 ' il y eut un ouragant li violent, qu'ils qJJJU craignirent que leurs tentes n'en fuf- land fcnt emportées. La fureur des vents, c *p,x' jointe au bruit affreux de la mer An. i«3j. agitée, les empêcha de dormir toute cette nuit: le vent varia enfuite du nord au nord-eft, & fut fi violent, qu'aucun vaiffeau n'auroit pû tenir contre. Le froid les obligea alors, non-feulement à faire du feu, mais à fe tenir très - renfermés ; Se ils furent contraints de mettre leur linge à couvert devant le feu pour le faire fécher, parce que hors de la porte, il devenoit en une minute , auili dur que du bois. Ils fe trouvèrent extrêmement iatigués , Se commencèrent à être tourmentés fréquemment de vertiges. Le 12, ils eurent de grands vents,' une forte gelée: la neige tomba en abondance , & un baril de chair d'ours fe gela à lix pieds du feu. Le If, ils fortirent armés de harpons, de lances , de coutelats, & d'autres armes offenlives , pour attaquer deux 1 baleines qui avoient été jettées fur le rivage: mais la marée monta avec îôo Découverte S — tant' de promptitude, qu'elle em-•1m Groen- Porta ces animaux:, quoiqu ils euf-land. lent reçu quelques bleflures. chap. x. jr^g ^ jjs virent ja partie fepten- Au. 1633. trionale du rivage, couverte de gla-Lepays eftces > & quoique le foleil lût encore entièrement fur l'horifon, les rayons de cet aftre nergV«&ddcne selevoient pas au-defïus de la gUccs. hauteur, au pied de laquelle-ils avoient dretlé leurs tentes , pour quelle leur fervît d'abri. Le 29, ils virent un ours; mais ils ne purent le tuer , quoiqu'ils l'eufTent atteint de plufieurs coups qui paroifïbient avoir-porté affez profondément. Il leur parut que les glaces augmentaient en mer; le vent continua à fouiner, de l'eft, & la nuit fut extrêmement froide. Le 25", ils pourfuivirent un autre ours qui étoit venu fe réfugier près de leurs tentes , mais ils devança leur vigilance. Il continua à tom. ber de la neige tous les jours, quoi* qu'il y eût quelques intervalles de fo, leil & de beau temps. Cependant fe froid augmentoit de plus en plus, de il fut fi rude le 31, qu'il brifa p^, /leurs vafes qui contenoient des JL queurs. On ne vit plus aucune appa, lence d'eau, & la baie ainfi quç |a Dis Européens, ioi fccr , furent glacés auiîî loin que la — Vue fe pouvoit étendre. do^croS Le 2 de Novembre, fix ou fept land. ours vinrent de compagnie près de c™f> x'' leurs tentes; ils en tuerent un, les au. îfiit-autres prirent la fuite en le voyant Us tue«t tomber , & fe fauverent fur les glaces deux oaii' où il n'étoit pas poffible de les pourfuivre. Ces animaux carnaciers, venoient les nuits en fi grand nombre autour des tentes, que les Hol-landois jugèrent qu'il feroit dangereux de fortir. Ils furent obligés d'allumer de grands feux dans leurs cellier , pour que leur bière & leurs autres liqueurs , ne fuflent pas détruites par la gelée. Le 3 , voyant le temps plus fupportable, ils tirèrent un ours fur la glace, le tuerent, &c traînèrent fon corps dans leur tente avec une forte corde. Le y, la neige fut fi épaiffe & le vent îi violent, qu'il leur fut impollible de fortir. Depuis ce temps , les mouettes fe tinrent cachées, l'eau fut totalement confommée , & les Hollandois furent obligés de fe fervir de neige fondue. Depuis le 19 , les jours devinrent fi courts, qu'ils n avoient pas de clarté E iii 102 Découvertes - fuffifante pour lire ou pour écrire Rtl.ation ji ' • , «lu Groen- dans leurs tentes , ce qui Jes jetta land. dans une profonde mélancolie. Le c ap.x. 2^ ^ Us tirèrent un ours , quifefauva An. 1633. fur les glaces, quoiqu'il eût une terrible bleflure, à en juger parles traces de fang qu'il Jailfa fur la route; mais cet animal cil: fi fort, qu'il couit encore long - temps avec le corps percé d'outre en outre. Le 26, le vent fe tourna au fud , le temps fut affez doux, & les glaces furent chaffées de la baie dans l'océan. Deux ou trois jours avant, ils avoient encore vu quelques mouettes qui fe retirèrent dans les montagnes , aux approches de la nuit. La fin de ce mois &le commencement de Décembre , furent fi doux , qu'ils commencèrent à efpérer que l'hiver ne feroit pas beaucoup plus rude qu'il ne l'eft ordinairement en Hollande ; mais le 8 , le froid reprit avec un vent de nord-eft., & les glaces commencèrent à paroïtre de toutes parts en plus grande abondance. Depuis quelque temps , il leirr avoit été impofiible de tuer des ours ces animaux fe tenant fi bien fUr* leurs gardes, qu'on ne pouvoit en des Européens. 103 approcher , & quand il leur arrivoic .....» d'en bleffer quelqu'un , ils le per-doient dans les glaces. Cependant le land. 12, un des Hollandois eut le bon- chap- x* heur d'en bleiTer un à la tête, qui An. 1633. expira fur la place : on en fit rôtir une cuifle qui fut trouvée délicieufe par de gens qui, depuis long-temps, ne mangeoient que des viandes fa-lées. Cet ours étoit jeune, ce qui en rendoit la chair meilleure. Le 17, il fut poulfé une quantité prodigieufe de glaces dans la baie, par un vent de fud très-violent, qui fit tomber un grand nombre de mouettes des montagnes , & elles faifoient autant de bruit que lorfqu'on les entend au. mois de Mai en Hollande. Le 21 , la gelée fut très-forte ; & la neige couvrant la terre à une épaiifeur con-fidérable, ils furent obligés de mettre des bottes pour fortir. Le jour duroit toujours quatre heures ; mais la plus grande partie du mois de Décembre , le temps fut fi mauvais, qu'ils demeurèrent renfermés dans leurs tentes , fans ofer en fortir. ils ne peu- Us commencèrent la nouvelle an-J5nt^Iusfor" née aufli gaiement que les circonf- tentes! CU" tances purent le leur permettre, & 104 Découvertes 11 ils rirent toujours régulièrement I* Ja lGioeiw Pr*ere« ^e froid étoit exceiîîf, & les land. glaces dont la baie étoit couverte c.iap. x. }CLir paroiflbient du haut de leurs An. iC3i. tentes , comme des collines efcar, Ïées, tant elles avoient d'épaiflèur, 1s virent le 13 , un ours devant eux, & l'un des hommes eut le plaihr de le mettre bas d'un coup de fuïil; il fut traîne avec des cordes dans leur tente , d'où ils ne fe hazardoient plus à fortir : on l'écorcha & on le prépara pour leur table , où il fut reçu comme un mets excellent. Pendant tout le mois de Janvier, la neige continua à tomber, la gelée fut très-vive, & ils eurent les temps les plus orageux, ce qui dura une partie de Février. Le 16 de ce mois, ils virent deux oifeaux fauva-ges qui reffembloient allez à des oies, avec un faucon : mais aucun ne vint à la portée de leur fufil. Les ours mêmes . comme s'ils euffent été inûruits par le traitement que leurs compagnons avoient reçu de celui qui les attendoit, devinrent fi réfer-vés, qu'on ne les découvroit pjus que de très-loin. Le temps fut très-variable le relie de ce mois; le vent des Européens, i o y" de fud amena quelques dégels , mais " celui de nord-eft qui revenoit en-du GtoeJW flûte , étoit toujours accompagné land. d'un redoublement de gelée. Le premier de Mars, le foleil An. i6«4. commença un peu à luire fur leurs ns font tentes, & il plut vers le loir; mais j^JJJ enfuite le temps fe remit au froid & à la tempête jufqu'au 11. Alors l'air devint calme & agréable, & le foleil donna quelque chaleur, ce qui dura plufieurs jours, pendant lelquels le vent fut au fud. Le iy, les Hollan-dois tuerent un ours , pendirent fa peau pour la faire fécher , & falerent légèrement toute la chair qu'ils ne purent manger immédiatement. La viande fraîche leur étok alors de la plus grande utilité de quelque efpece qu'elle fût, parce qu'ils étoient prefque tous attaqués du fcorbut, qui les incommodoit horriblement; aulîi furent-ils très-fatisfaits quand ils purent prendre quelques renards au piège. Le temps fut affez beau pendant tout ce mois, & les jours devinrent fort fereins : mais les progrès de leur mal, & le défaut de nourriture fraîche, les jetta dans e plus-grand découragement. Le 28 & le E v io6" Découvertes „»,———• 2p , ils virent dans la baie, des ba-rei.at'on leines d'une prodigieufe grandeur, du Groen- r . » o . ' land. & en telle quantité, que s ils avoient chap.x. eu ]a force néceffaire & les inftru-An. ments convenables pour la pêche, ils y auroient pû faire un profit très-confidérable ; mais l'état où ils fe trouvoient, ne leur permettoit pas de rien entreprendre. Us virent aufli beaucoup d'autres pohTons, & le 3 i , ils tirèrent fur une ourfe accompagnée de trois petits , mais fans pouvoir réuffir à la tuer. Il y avoit encore dans la baie , quatre ou cinq baleines que le reflus avoit lailfées prefque à fec ; mais quand elles y auroient été entièrement, les Hol-landois n'en auroient pû retirer aucun avantage , parce qu'ils étoient trop foibles pour les pouvoir attaquer. Us meiuent £e o d'Avril, ils fe trouvèrent fi tons avant , ,J, i r l >-i , l'arrivée des accables par le lcorbut, qu il n en vaifleaux. rejra que deux qui puflent fe tenir fur leurs pieds : ils tuerent les deux derniers poulets qui leur reftoïent, & les donnèrent à leurs camarades 3 dans l'efpérancc que ce léger rafrai-chilfement, pourroit leur apporter quelque foulagement. La plus grande dès Européens. 107 partie de ce mois, ils virent tous les. ■ jours beaucoup de baleines; mais a^cjrocn-l'air fut encore très-froid, parce que land. le vent fouffloit du nord-eft, Se il chai>lX' leur fut prefque impoflible de fortir An. 161+* de leur tente , la maladie faifant toujours de nouveaux progrès. Le 16 , celui qu'ils appelloient leur fecré-taire, Se qui avoit toujours écrit le journal, mourut. Le 23 , il tomba un peu de pluie par un vent de fud; Se leur état devint fi déplorable , qu'il n'en refta pas un feul qui pût donner quelque fecours à fes compagnons , puifqu'ïl n'y en avoit plus qu'un , auquel il fût demeuré un peu de mouvement, encore ne pouvoit-il marcher qu'avec la plus grande peine. Le 23 , mourut leur Commandant , ils tuerent leur chien le 27, ce qui leur fit un repas affez mauvais. La nuit fut belle quoique le temps parût couvert, Se il dégela dehors. Le 28, les glaces furent chaf-fées dans la haute mer, & la baie en fut entièrement dégagée. Le 29, le temps fut couvert pendant le jour, Se le vent de nord fouffla avec affez de force: la nuit, il tourna au nord-eft Se devint encore plus violent>La ïo8 Découvertes 3 i > il fit un beau temps & le foleil tut très-brillant. Le journal finit en cet endroit' & il fut trouvé par des gens de quel-An. 1634. ques vaiffeaux de Zélande qui allèrent cette même année avec la flotte de Groenland. La fin en étoit à peine liiible ; il eft. vraifemblable que celui qui continuoit à l'écrire ne put tenir plus long-temps la plume, & qu'il fe retira dans.fa cabane, où il remit fon ame entre les mains de fon Créateur» Aulli-tôt que la flotte fut à la vue de l'ifle de Saint Maurice , où elle arriva le 4 de Juin 1634; ^es uiari-, niers fe preiTerent de defeendre à terre, pour viliter leurs compagnons ; quoiqu'ils euGfent très • peu d'efpé-rance de les revoir, ne les trouvant pas fur le rivage. Quand ils entrèrent dans les tentes, ils trouvèrent ces infortunés morts cans leurs lits. lis jugèrent que ceux qui avoient fur-vécu au fecrétaire , étoient morts vers le commencement de Mai : on trouva près de l'un d'eux un peu de pain & de fromage, dont il avoit fans doute ' mange quelque temps avant que d'expirer. A côté du lit Des Européens, 10$ d'un aune, on vit une bocte d'on- •-■ firent, & Ion jugea qu il s en etoitdu Gl0CR. frotté ies dents & 1rs gencives, parce i-™'. qu'on trouva fa main pofée contre chaJ?- X* la bouche; iky avoit auffi près de An.x«n» lui un livre de prières. On ne peut penfer, fans frémir, à la firuarion déplorable de ces malheureux, qui périrent ainfl fans pouvoir fe donner réciproquement aucun fecours. U eft probable qu'ils languirent jufqu'à ce que la vivacité du froid eut entièrement éteint leurs chaleur naturelle , & ceux qui vécurent les derniers,, lurent certainement, les plus malheureux. La principale caufe de leur perte fut le fcor-but, dont ils1 furent infectés, parce qu'ils n'avoient d'autre nourriture que des viandes falées. Cette maladie leur engourdit les membres, ils devinrent hors d'état de pouvoir faire aucun exercice qui tint leur fang en mouvement; toutes les parties de leur corps fe roidirent, & le froid acheva leur deflruction. Cependant il n'auiott pas été allez excef-hf pour leur faire perdre la vie , s'iîs avoient pu fe tenir en action, £c réfifter à la maladie qui fus ïïo Découvertes — la principale caufe de leur perte. duELGron- Le Chef d'Efcadre ordonna de land les mettre dans des coffres & de les chap.x. couvrir de neige, jufqu'à ce que le A«,i'6j4. dégel donnât plus de facilité pour . ouvrir la terre , & on creufa leurs foffes aufîî-tôt qu'elle fut un peu amollie. Enfin, ils furent inhumés le 24 de Juin, fête de Saint Jean, au bruit d'une décharge générale du canon de toute la flotte. ces Européen s, m CHAPITRE XL Abrégé du Journal de fept autres Navigateurs qui furent laiffés pour hiverner au Spit^bergen , en Vannée 163 4, & qui y moururent en 1635. EN Tannée 163 3 , la même flotte RELVTIO\; qui avoit lailfé dans l'ifle de du Grocn-Saint Maurice, les fept infortunés ^jj* dont nous venons de rapporter la fin déplorable en lailfa encore fept, n*1 également dans la vue de faire des >2ji!T ? r . » c . , .. trcs Hollan- obiervations a bpitzbergen : ils y dois cntre-palfercnt heureufement l'hiver , & Pr*?n^. Aer en turent ramenés en 1634.. Leurfians ic mt-place fut remplie par fept autres, «ve pay*. qui s'offrirent volontairement à hiverner dans le même endroit. Ils fe nommoient André Johnfon, de Middleburg ; Corneille Tyffe , de Roterdam ; Jérôme Carcoen , du Port de Deft; Tobie Jellis, de Fri-fe ; Nicolas Florifon , de Iloom; Adrien Johnfon, de Deft, & Fettie Otters , de Frife. On leur laiffa des herbages, des médicaments, de la viande, des liqueurs & toutes les ti2 Dédoi'vERTn 1 autres chofes nécefiaires: ils tinrent àti^cfoen- un journal de leurs oBfervatîonS , fend, tant qu'ils furent en ésat de l'écrire, CiUP- xi. ^ nQUS anons donner en peu de mots, An. 1*34. l'extrait de ce qu'il contenoit de plus intéreffant. Le 11 de Septembre 1634', la flotte ayant mis à la voile pour la Hollande , les fept aventuriers virent en mer une grande quantité de baleines, & tirèrent fur elles plufieurs décharges d'armes à feu , fans leur caufer aucun dommage : ils parcoururent aufli le pays pour chercher des renards, des ours & des végé-• taux; mais ce fut fans aucun fuccès. Us cédèrent de voir le foleil, le 20 ou le 2 r d'Octobre. Ifs font Le 24 de Novembre , ils furent arques du ai]arme's à ia vue du feorbut dont ils feorbut. » „ commencèrent a être attaques , ce qui leur ht redoubler d'ardeur pour chercher des herbages, des renards & des ours ; mais ils ne furent pas plus heureux que dans leur premie-res recherches. Le 2 de Décembre, ils dreflêreat quelques pièges pour prendre des renards : Nicolas Florifon prit un remède contre le feorbut, Jérôme des Européens, n?. parcoen en fit de même le 11, &-■— ils convinrent alors de manger lepa-duEL£™ rément, pour ne fe pas communiquer land. l'infection , parce qu'il y en avoit G aP,XIj plufieurs qui n'étoient pas encore at- An. kîj^. taqués de cette affreufe maladie. Le 23 , leur Cuifinier vit un ours près de leurs tentes ; mais l'animal prit la fuite avant que les Hollandois euffent pû prendre leurs fufils. Le 24, trois d'entre eux étant en-fembie , découvrirent un autre ours, qui fe leva fur fes pieds de derrière quand ils approchèrent. Us lui tirèrent un coup de moufquet dont il lut jenverfé en répendant beaucoup de fang & enfaifant des rugiÛements affreux, il faifit une de leurs hallebardes entre fes dents &c la rongea avec une force étonnante ; mais après avoir continué quelque temps fes rugiffe-ments, il raffembla tout-à-coup fes forces, & prit la fuite avec tant de vîteffe , qu'ils le perdirent bien-tôt de vue, quoiqu'ils le fuiviffent avec des lanternes, jufqu'à ce qu'ils fuflent épuifés de fatigue. La perte de cet ours leur fut très-fenfible dans le be-fqin où ils étoient de viande fraîche, Le feorbut faifoit de jour en jour de ï ï 4 Découvertes - nouveaux progrès; & comme ils n'a- duEtGrpcn- voient: que des viandes falées pour land. leur nourriture, ils étoient tourmen- chap. xr. te's jes douleurs les plus cuifantes. n en meurt Le 24 de Janvier 163 y, Adrien «ois en peu Tonnfon mourut dans de vives don- ce temps. . A r . . leurs, 6c il fut bien-tôt iuivi par .1 3J. çorne;ije Xhyffe, homme de très-bon fens, 6c le meilleur navigateur qu'ils euffent entre eux. Fettie Ot-ters termina également fa vie deux ou trois jours après, 5c les quatre furvivants, quoiqu'ils fuffent à peine en état de fe foutenir fur leurs jambes , firent cependant pour leurs compagnons des bières dans lefquel-les ils mirent leurs corps. Le 28, ils virent un renard, mais il ne leur fut pas pofîible de le tuer. Le 7 de Février, ils eurent le bonheur d'en prendre un dans un piège, ce qui leur donna quelque rafraîchit fement; mais ifs n'en retirent que très-peu d'avantage ,'parce que la maladie étoit parvenue à un degré trop violent de malignité. Le flux de Us virent alors tous les jours un fang Ce jointaffe2 trouva leurs cabanes fermée* rive'e de la pour en empêcher l'entrée aux ours & aux renards Un Boulanger qu{ étoit defeendu des premiers , rompit la porte de celle d'André Johnfon & trouva une partie d'un chien mort* T) e s E u u o V ï e n > Relation oe taire cuire. S avançant un peudu Grocn. plus loin, il rencontra à fes pieds laiand. carcaffe du fécond chien , parce qu'on cliap'XI* leur en avoit laifïé deux. Plus loin, An. «63*. il trouva les corps de deux de ces malheureux Hollandois étendus à terre fur quelques vieilles voiles. Us s'étoient traînés l'un près de l'autre, & leurs genoux touchoient prefque leur menton Nicolas Florifon &un autre , turent trouvés morts dans leurs lits: on les mit tous dans des bières , & aufïî-tôt qu'on put ouvrir la terre, ils turent dépofés dans des fofTes profondes , avec de grandes pierres fur leurs corps, pour que les ours & les autres bétes féroces ne pufîènt les déterrer. Nous ne trouvons pas qu'aucun autre fe foit hasardé depuis , à pafTer l'hiver dans 19 Spitzbergen, (ïi8 Découvertes CHAPITRE XII. Defcripiion abrégée d'un naufrage arrivé prés du Spitibergen 3 en l'année JEan Corneille de Maniken, avant ete envoyé a la pèche de la baleine îand. en 1646, partit duTexel, le 6" de chap. xii. . ^ ]e ^ de Juin, il arriva près An. 164^ du Spitzbergen. La quantité de gla-LcsHoiian-ces l11* étoient encore dans la baie, dois trouvent l'empêchèrent d'y jetter l'ancre : il en m« unf t q^jj^ de tenir la mer, Payant glaçon chat- o , e\ • * gé ' de cinq découvert deux baleines éloignées iiommcs. cju rivage . il envoya fes chaloupes bien équippées à leur pourfuite. Pendant queles Matelots ramoient de côté & d'autre, pour trouver l'oc-cafion d'attaquer avec fuccès un de ces énormes animaux , ils découvrirent à une diftanceaflez éloignée, un grand glaçon fur lequel ils virent quelque chofe de blanc, & jugèrent d'abord que c'étoient des ours.EIlert Jonhfon , le harponeur foutint que c'étoit quelque autre chofe qui fe des Européens, np mouvoir, fur ce glaçon : perfuada à 1 1 les compagnons de ramer de ce co.e, du Grocn. & ils y consentirent après quelques land. difputes. Quand ils furent plus près , chap'XI1, ils reconnurent que c'étoit une ef- An. pece de lignai de détreife,que faifoit mouvoir un homme porté fur la glace. Cette découverte les obligea de s'approcher le plus promptement qu'il leur fut poiïible, & ils furent extrêmement furpris d'y trouver quatre hommes vivants & un mort. Ils les reconnurent à leur langage, pour des Anglois, les prirent dans la chaloupe, & les conduilîrent à bord de leur vaiffeau qui étoit dans la baie. Ils étoient réduits à la dernière extrémité , par la faim & par le froid, n'ayant eu rien à manger depuis long-temps avant qu'ils eulïent vus la chaloupe, excepté un ceinturon de cuir, qu'ils avoient partagé en morceaux d'égale grandeur, pour en faire leur nourriture. Le Chirurgien apporta tous fes foins pour leur con-ferver la vie, mais malgré toutes fes attentions, il en mourut trois, cinq ou fix jours après qu'ils eurent été 120 D r* C o Ù VElfïï fur le varfjèàu, Le quatrième fut le dtt81Graeiï! ^su^ ^ futve'cùt : il fut amené à bnd. Delft fur la Meufe , au mois de Sep-chap.xn. tcmore 164,6, Se il repafla enfuite An. 1646. en Angleterre. Relation de II dit que leur vaiffeau ayant fait leur naufVa- naufrage fur le glaçon où on les sc' avoit trouvés, l'équipage, compofé de quarante-deux hommes, y étoit defeendu avec quelques uftenfîles, des vivres Se une chaloupe : qu'ils s'étoient creufé un trou profond dans la glace, pour y former une efpece de cave, dont ils avoient fermé l'entrée avec toutes les pièces qu'ils en avoient tirées, afin de fe garantir de la violence des vents Se des vagues , en quoi ils avoient allez bien réuflî, & qu'ils étoient demeurés quatorze jours dans cette caverne. Le Commandant jugeant impofîî-ble de vivre long-temps fur ce glaçon , avoit réfolu de gagner la terre dans la chaloupe avec dix-fept de • fes gens , & de la renvoyer enfuite prendre les autres quand il y auroit réuflî : mais ces derniers n'en avoient eu aucunes nouvelles, & comme il étoit fur venu une violente tempête, ÏJs avoient jugé que leurs compagnons étoient des Européens. ï 2 ïj étoient péris en mer, fans pouvoir -gagner la cote. _ du Grocn. II en étoit demeuré vingt-deux fur land. laglace; & leurs provifions étant très- Cnap* X ' peu abondantes , ils s'étoient trouvés An. 164*. bien tôt réduits à la plus grande di-fette, fans avoir preiquc d'autre attente, que celle de la mort. Alors ils avoient réfolu de (e féparer, & de fe mettre lur différentes pièces de glace, dans l'efpérance qu'un hafard heureux en pourroit pouffer quelqu'une vers la terre : mais on n'a jamais fu ce que les autres font devenus , s'ils ont rencontré quelques vaiffeaux, ou s'ils ont abordé au rivage. Il eft vraifemblable qu'ils ont tous été engloutis dans l'impitoyable Océan, puifque Jean Corneille ayant donné ordre à fa chaloupe de croifer pour en faire la recherche, fes gens n'en découvrirent aucun. Tome V. E ï22 Découvertes { ;f j f ■ fc'f f f y '4: DESCRIPTION De i'Iflande &p s Européens. ri39' pourvoir aux beroins des pauvres , ■ < « fouvent réduits à la plus grande mi- D *SjC0VP* fere à caufe de la ftérilité du pays.de l'iflaodw Us avoient auffi l'attention de les clial?'11, empêcher de fortir chacun de ion diitrict , & de faire punir ceux qui s'en écartoient. Si un mendiant étoit opiniâtre , & s'il faifoit réfiifance de quelque manière que ce fût, à la puiflance civile , le Magiftrat avoit le droit de le faire mourir , ou de le mettre hors d'état d'avoir de lignée. Il n'étoit pas permis à un homme pauvre d'é-poufer une femme dans le même état; & li un homme n'avoit pré-cifément que ce qu'il lui falîoit pour vivre , il ne pouvoit prendre une fille qui n'eut point de dot, ou qui n'en eut qu'une très-médiocre. Ces loix furent en vigueur jufqu'à il eft fonce que le Roi de Norvège, attiré™sr£Dan* par les difputes qui s'élevèrent entre ceux qui étoient chargés de l'ad-miniftration , fit la conquête de I'Iflande en 1263. I' changea entièrement la forme du Gouvernement, & lui impofa un tribut annuel. Cette Ifle fuivit la fortune de fon vainqueur , & fut avec lui foumife au 140 Découvertes ' Danemarck. On y envoyé des Gou- DETs,c0R[Jp"verneurs, ou Vice-Rois pour recède Piflandc.voir le tribut; & il eft à leurdioix chap. ii. je demeurer ou de ne point demeurer dans le pays. Les Illandois étoient autrefois regardés comme de bons Gladiateurs & de hardis Pirates. Le combat fîngulierleur étoit permis en public , & fouvent on s'en fervoit pour la décifion des caufes juridiques. Le parti vaincu perdoit fon procès, & celui qui refufoit le combat avoit le même fort. Il n'étoit pas rare de voir deux Iflandois mettre au hafard toute leur fortune en fe battant l'un contre l'autre, ëc celui qui étoit vainqueur poffédoit les deux ; mais les héritiers du vaincu avoient la faculté de préfenrer un taureau au victorieux, & il falloit qu'il le tuât d'un feul coup pour être confirmé dans la poifellion du bien qu'il avoit ainfi acquis ; s'il le manquoit, il perdoit la dépouille du vaincu. Le pays eft montagneux , 3c produit en quelques endroits d'excellents pâturages dont l'odeur eft fi agréable que beaucoup de gens en prennent pour mettre dans leur lin- T5es Européens. 141 ge : ils font fi gras qu'on eft obligé-■ 1 d'en faire fortir les troupeaux, ■tt-Dyic0*1Jfb trement ils mangeroient jufqu'à s'é-de i'Iflande, touffer. Cependant le bœuf y eft allez chaP 1L mauvais, & leurs moutons y contractent une odeur très - défagréable ; mais ces défauts font corrigés par le grand air auquel ils expofent la viande pour la fécher, ce qui la con-ferve encore mieux que le fel ne pourroit faire. Leurs chevaux font affez bons , & quand ils manquent de foin ainfi qne de grains , foit par lafévérité de lafaifon , foit par le retard des vaiffeaux étrangers, les hommes & les animaux font également habitués à fe nourrir de poillon def-• fée hé. Leurs bâtiments font petits & bas, Des bM- pour les garantir des tempêtes vio-m'nts & *a f • r \ j animaux, lentes qui (ont tres-communes dans cette Ifle. Us font faits en partie de bois apporté des autres pays par les glaces, & en partie d'os debaleine ou d'autres poiflons. Pour leur chaufage ils fe fervent de tourbes, nommées gazons bitumineux , à caufe de la quantité de bitume dont il eft imprégné. Ils ont des petites perdrix, & plufieurs efpeces d'oifeaux aqua- 142 Découverte* s tiques ; mais ils ne connoiffent pas ? ion* te petits oifeaux qu'on voit dans de Tiflandcles autres pays. On y trouve aufli Chap. 11, ^es corneii|es & des faucons dont quelques-uns font tous blancs. Tls ont des chiens fans queue 8c fans oreilles : on les eftime beaucoup * cependant ils ne font bons qu'à fa-tisfaire la fantailïe. Les renards&les ours blancs paroiiTent être naturels au pays, au lieu que ceux d'autre couleur, comme rouges ou noirs , les cerfs , ies loups 8c les licornes y font apportés fur les glaces , qui leur amènent aufli de grands arbres. Nous avons déjà parlé de la nature & de la valeur des cornes de licorne , & nous n'abuferons pas de la patience du lecteur par des répétitions inutiles. Nous obferverons feulement que cette fubftance fait partie des denrées qui leur fervent à payer leur taxe annuelle au Roi de Danemarck. Les Iflandois ont une fi haute idée de leur pays , qu'ils ne peuvent croire qu'il y en ait au monde un autre aufli agréable , & même quelques-uns d'entr'eux qui fe font attachés à l'étude, 8c qui par confé- ces Européens. '14$ quent dévoient être plus inftruits, ■ y ont préféré une fubfiftance très- D ÉETsrc0R^?" médiocre à des bénéfices affez con- de i'Iflande. fidérables en Danemarck. Comme chap. 11. leurs maifons font difperfées, & qu'ils n'ont ni villes ni villages , à l'exception des deux dont nous avons parlé , on doit juger qu'ils n'ont pas aulïî de grands chemins ; en forte que ceux qui par goût ou par néceilité paflent d'une province dans une autre, font obligés d'aller avec la bouffole. U y a des trous très-profonds qui pourroient être fort dangereux quand ils font couverts de neiges ; mais les habitants des environs ont foin d'y mettre des marques particulières , & ce font les feules directions que les voyageurs peuvent avoir dans ce pays. On a établi depuis quelque temps une preffe d'imprimerie à Hole,& l'on y a imprimé l'Ancien Tefta-menr en langue Iflandoife, que le célèbre Wormius alfure être le plus pur Runique qu'il y ait dans le monde : mais le défaut de papier, qui eft très-rare & très-cher dans ce pays , a beaucoup retardé l'impref-îion du Nouveau Teftamcnt, Il y a 144 E'ê* couvertes ■■ dans la même Ville un Collège pour DnoVP"^^lcat'011 de la jeuneflè, où l'on 4c l'iflande. enfeigne jufqu'à la Réthorique, & chap.ii, jes £coijers vont enfuite finir leurs études à Copenhague. Ce pays a produit plufieurs Savants , tk l'on trouve dans le catalogue des Eve-ques deïïole, les noms de quelques-uns qui ont rendu de grands fervices à la République des Lettres, comment L'Iïkride, fuivanc Angrim Jonas, 1 Iflande fut _ . ,° ' découverte, lut découverte, pour la première fois, par un Pirate nommé Neddo-cus , qui y fut jette par une tempête. Voyant que cette Ifle étoit ftérile , il n'y demeura pas longtemps , mais ce fut lui qui la nomma Mande, à caufe des monceaux de glaces appelles Ice , dans fa langue, dont il vit quelle étoit couverte. Sur le récit du Pirate , un Navigateur Suédois, nommé Garderus, ie hafarda d'y delcendre en l'année 86*4, & il la nomma Gardersholm , qui fïgnifie Ifle de Gardes. Le troifïeme qui y aborda fut aufli un fameux Pirate Norvégien , nommé Flacco, qui, en partant de Hittland, une des Ifles Orcades, prit des Européens. 145* prît avec lui trois corbeaux , parce 1 1 ■■ «qu'on n'avoit pas encore l'ufage de ViVn' p" Ja boufïole. Quand il fut avancé en de l'onde* mer, jl en lâcha un qui retourna chap' lu dans Tille d'Hittland. Flacco continua f^i route, Se quelque temps après lâcha le fécond corbeau qui revint bien-tôt à fon vaiffeau ; ce qui fit juger au Capitaine que cet animal n'avoit pas trouvé de terre. Enfin il lâcha le troifieme, Se voyant qu'il s eloignoit de lui à tire-d'ailes, il mit toutes fes voiles au vent pour le Cuivre , Sz aborda en Iflande. Il def-cendit dans la partie orientale, allez près de l'endroit où Garderus avoit débarqué , Se il y pafla l'hiver. Se trouvant environné de glaces de toutes parts , il lui donna aufli le joom d'Iflande , qui lui eft toujours demeuré depuis. Il paffa un autre hiver dans ia partie méridionale ; mais ne la trouvant pas plus agréable que l'autre, il retourna en Nor-lœffe . où il reçut le nom de Ref-nafîoke, qui lignifie Flocco le corbeau , parce qu'il s'étoit fervi de cet oifeau , comme nous l'avons dit, pour découvrir cetre Ifle. •■. Suivant, .la chronique d'Iflande, Tome. V* G t I4j6 'Découvertes ■ ■ le pays fut défert & inculte jufqu'eri DErsIcoRNrp-l'année 870, qu'un Baron Norwe-de îWandc.gien, nommé Ingulf, avec Ion beau-.Cl1ap.11. jrrere Horleifus , ayant tué deux des plus grands Seigneurs du pays dans un duel , furent bannis du. Royaume , & fe retirèrent en Iflande. Ingulf, qui emportoit les portes de fa maifon fuivant l'ufage de fon pays , les jetta dans la mer pour débarquer plus aifément ; mais un coup de vent l'ayant tout-à-coup écarté de l'endroit où elles étoient, il defeendit dans une autre partie de l'Ifle. Cependant il les retrouva trois ans après , la mer les ayant poulfées furie rivage; & il établit en cet endroit une Colonie, en 874, année où, fuivant la Chronique If, Jandoife , cette Ifle commença à fe peupler. Temps oh Malgré ce récit, il paroît, par le.r chriftia-quelques morceaux de cloche, par •tabu. des croix , &par des livres quon a trouvés dans ce.pays, qu'il avoit été connu plutôt de quelques Anglois & de quelques Irlandois. H eff. certain que ceux d'Irlande y dépendirent plufieurs fois avant l'arrivée d'Ingulf, & que le peuple les nom- des Européens. 147 itioit papas ; ce qui ne Iaiffe aucun ——— cloute qu'il n'y eut quelques habi-DETs,c0RNIP" tants dans cette Ifle avant le temps de riflande. du réfugié Norvégien. Il paroît par cha$-11* conféquent que Iorfque la Chronique Iflandoite dit que le pays étoit défert à l'arrivée d'Ingulf, elle fait entendre feulement qu'ily avoit alors très-peu d'habitants, & que ce fut de ce temps qu'ils commencèrent à fe multiplier , & à s'unir en Coloniet Angrim Jonas dit qu'Ingulf étoit Chrétien, d'où l'on doit conclure que le Chriftianifme y fut porté dans le neuvième fiecîe , d'autant plus que ce fut vers le même temps que fe convertirent toutes les Nations feptentrionales connues. On trouve encore une vieille Chronique du Groenland en vers Danois, qui dit que le Groenland fut premièrement découvert en 770 , & un autre en profe , aflure que celui qui en fît la découverte y alla de la Norvège, en paffant par I'Iflande. Cette Chronique,, eft confirmée par l'autorité du grand Apôtre du Nord, Auf garnis , Archevêque d'Hambourg, qui fut nommé Siège ; en 834 , par Louis le Débonnaire, 148 Découvertes , Empereur d'Occident. Ses Patentes; ,t/l0RNlp"qu*on peut voir dans l'hiftoire duDa-c l'iibncfe.nemark de Pontanus, difent « queles chap. n. m p01tes de l'Evangile font ouvertes, » & que J efus-C hrift a été' enfin révélé en Mande & au Groenland » ; dont le bon Empereur lend grâces à Dieu. Cette date de 854, précède de quarante ans la delcente d'Ingulf en Mande; il eft donc évident qu'il ne fut pas le premier qui y apporta la Religion Chrétienne, & que, de plus , l'Ifle étoit peuplée avant qu'il y arrivât. M me paroît encore que I'Iflande étoit connue des anciens , & qu'elle eft l'Ifle Theule que Stra-bon place de ce côté. C'eft aufli le fentiment de Cafaubon, dans (es Commentaires fur ce fameux Géographe. Perfonne n'ignore que Theu-. Je a toujours été regardée comme la dernière des Ifles Britanniques, à l'extrémité de l'Océan Deucalédo-nien , ou de la mer d'Ecofîe , ce qui eft précifément la fituation de I'Iflande, des Européens, i0 VOYAGE Du Capitaine Thomas James; employé à découvrir un pafTage au Nord-ouelh C H A P I T R E I. Hifloire générale da cette entreprifè : Le Capitaine James met à la voile ■ avec un feul vaiJJ'eau : U arrive fur la côte du Groenland : Il eft en grand danger par les glaces : Il perd fa chaloupe à la hauteur du Cap de Déjblation : Il la retrouve avec beaucoup de peine : Il defcend au Vort de la Providence\} & enfuite au Havre àePàce, Q U e l q u e s Marchands de'1 £Briftol , ardents à la pourfuite chip" de leur commerce , & à chercher les avantages "de leur pays en i?é- Ani6itt - i r J - James eft neral , tonnèrent une compagnie, chai vers l'an 1630 • pour tenter la dé-chcrdk" ua Giij rtyo Découvertes ' couverte d'un paffage au nord-oueft, Chap.Bï. > i's prirent hauteur, & fe trouvèrent à cinquante-neuf de-An. i<53i. gre's ]acitllde feptentrionale. Ils firent les obfervations les plus exactes pour reconnoître s'il étoit vrai, comme le difent quelques Voyageurs , qu'il y eue à cette hauteur un courant qui portât au nord-eft; mais ils n'en découvrirent aucunes marques. La mer n'avoit point de fonds; ils n'y trouvèrent aucune efpece de poil!on , pas même de baleines ; & le vent étoit extrêmement variable, avec un brouillard fi épais , qu'il mouilloit comme la pluie, tes Anglois Le io , la mer étant très forte , ils aime: r x ,la virent nager des glaçons plus élevés lanceur du & o * r A cap de DeTo- que le haut de leur grand mat : leur la t ion. barque fut brifée contre la poupe; ils eurent beaucoup de peine à la retirer; deux de leurs hommes furent tferafés prefque fans reffource, & ils s'occupèrent fortement à raffembler les débris de leur chaloupe fur le pont. Vers huit heures du matin, ils reconnurent, en voyant la terre qui s'étendoit d'un coteau nord, & de l'autre à l'e/t, qu'ils étoient à la hauteur du cap de Défolatioiv: ils des Européens, virent la mer toute noire autour ■ m d'eux , ce qu'ils attribuèrent aux chapfî, brouillards épais dont l'air avoit été ^ chargé , 6c ils virent aufli en grande n' quantité , des poiflons nommésgram-pufles. La nuit du 17 fut très-obfcure, & il régna un brouillard h froid , que les voiles 6c les manœuvres furent toutes couvertes de glaces. Ils jugèrent par le brifement & le bruit des: vagues , qu'ils étoient près du rivage : mais le jour leur fît connoître que ce n'étoit autre chofe qu'un énorme glaçon , cependant ils reconnurent de loin , fille de la Réfolution dont ils s'efforcèrent de doubler la pointe méridionale. Us obferverent que le flux Se Je reflux les emportoit avec une égale force : l'air glacial Se Je brouillard étoient toujours fi pénétrants , que leurs bouffoîes en étoient toutes gâtées, Se qu'ils pouvoient à peine s'en fervir. L'air s'étantéclairci quelque temps Us font «r après , ce qui ne dura que fort peu k^uIa^u! ils virent devant eux les détroits fer-ces. ■ mes par des monceaux de glaces „ au travers defquelles ils eflayerent ce--pendant de fe faire un pafiage ; mais '• Gv i5"4 Découvertes 11 - il les trouvèrent trop ferrées pour y cîup.V' réuffir. Us jetterent la fonde, fans trouver de fond à deux cents trente An, idji. braffes, étant à quatre lieues du rivage. Le vingt, dans la matinée, i]s doublèrent le cap méridional del'ifle* de la Réfolurion , & le vent s étant tourné à l'oueft, les jetta avec les glaces vers la terre , qui , à deux lieues de diftance , ne leur prélentoit que de petits brifans & de grandes pièces de glaces échouées furie fable, à quarante braffes de profondeur. Us furent emportés avec violence par un fort courant qui venoit du côté de fille, & qui entraînoit leur vaiffeau au traveis d'une multitude innombrable de canaux formés entre les rochers & les glaces : ils fe trouvèrent dans le plus grand danger dy être fubmergés ; & pour prévenir ce malheur, ils jetterent une ancre & un grapin de chaque bord du vaiffeau , dans une pièce de glace à laquelle i's s'attachèrent; l'un & l'autre étoient enfoncés de dix braffes dans l'eau , enforte qu'ils tenoient lieu de fonde, & que le glaçon auroit néceflairement touché avant qu'il y eût allez peu d'eau pour mettre le "des Européens. lyy vaiffeau en péril. Cependant James-» jugea que cette précaution netoit *chgp*'t" pas encore fufhfante , & il fit mettre la barque en mer pour chercher un An"1 * port sûr; mais les glaces tombèrent fur elle avec tant de force, que les hommes furent obligés de renoncer à ce deflein, Se de la ramener au vaiffeau en fe guidant d'un glaçon à l'autre. A peine l'avoient-ils rejoint, que l'ancre Se le grapin caflerent, Se on remit encore la barque à l'eau pour les retirer. On reprit l'ancre avec beaucoup de peine, & on la rapporta au vaifleau ; les gens furent très-contents de ce qu'on l'avoit re-prife, parce que dans l'intervalle, ils en avoient jette une autre fur un bas-fonds , dont le terrein étoit pierreux: ; l'avoient perdue de vue, Se avoient été contraints de l'abandonner. Le vaiffeau étant dans la fitua- Une pieee tion la plus dangereufe, les hommes ÎJJfef lM jetterent des cordages lurdes rochers voifins, Se chacun travailla de toutes fes forces , pour le tourner en ua endroit plus favorable qu'ils crurent avoir trouvé à l'abri d'une montagne de glace. Il y fut en effet afiez tranquille , jufqu'à ce que le flux y G vj i$6 Découvertes ■ apporta une multitude de grands gla-- ;JchapE r Cous, qui les mirent de nouveau en un danger imminent , quoique les An. 163.1. nomnies s'employaflent vigoureufe-ment à les écarter. Quand la mer fut à fa plus grande hauteur, ils tombèrent prefque dans le découragement & dans le défefpoir : parce que la grande pièce déglace qui les couvroic ie remit à fict, & les'abandonna; mais elle revint bien-tôt à fon même poire avec le reflux , 6c continua de les garantir le lendemain & la nuit fuivante. Ils y effuyerent fans accident un violent ouragan qui vint de l'oueft, 6c qui fut fuivi d'une prodi-gieufe quantité de neiges. Us fe tinrent toujours fortement attachés aux rochers, jufqu'à ce que les glaces qui neceffoient de tomber fur eux, euf-fent rompu les pattes de l'ancre , les bras du grapin 6c les hauiîieres. Leur chaloupe fut encore prefque mife en pièces, 6c il fallut l'induftrie de tous ceux qui étoient à bord pour Ja rétablir. Pendant la marée fuivante, la forci* des glaces les jetta contre un rocher très-aigu , où ils furent Iaiffés parle reflux, fur une pointç où il n'étoit pas des Européens. 157 pofflble de s'amarrer. L'équipage 11 ■ -i clefcendit pour faire la prière fur un JcVap.EL* grandglaçon , penfant qu'ils ne pourvoient jamais fe tirer de ce péril ; mais ^ x JXl il commença à monter inopinément avec le flux, à leur grande fatisfac-tion, ils fe retrouvèrent à flot, & fe remirent à travailler avec la plus grande ardeur pour s'en éloigner, quoique le danger fût toujours des plus éminents.Us faifoient tous leurs efforts pour mettre des glaces entre eux & les rochers, parce qu'elles leurs étoient moins redoutables : cependant ils furent obligés d'en couper une grande pièce à coups decoignées, de haches & d'autres infiniment* tranchants , dans la crainte d'en être accablés. Le Capitaine James descendit à terre, ce qui lui étoit facile, parce que les glaces étoient fi ferrées , qu'on pouvoit aller aifément de l'une à l'autre, jufqu'au rivage, U y éleva un fignal de pierre avec une croix, & nomma cet endroit, le port de la Providence Divine. Le loir , les glaces parurent dans le Port encore plus épaiffes qu'auparavant ; le reflux ne les emporta pas, la plus grande partie étant attachée à la iy8 Dé couvertes #--terre, & le vaifleau y demeura en- James, r].,Vfi Chap.I. ClaVC« . Le 23 , le Capitaine delcendit ad.kîji. dans la barque, du côté oriental de ceSTtcrrf:rIfls' & 11 monta fur une hauteur l>our cher, pour voir s'il pourroit découvrir dicr u«>port.qlie|qUe endroit où il pût ranger for» vaifleau plus en sûreté. Pendant qu'il étoit occupé à cette découverte, il entendit le bruit le plus affreux , venant d'un énorme glaçon qui fe fé-para en quatre, à quelque diftance du vaiffeau; mais par un grand bonheur, cette diftance étoit affez grande pour qu'il n'en fouffrit aucun dommage. Ayant remarqué un havre affez commode , James envoya la barque au vaifleau, qu'on dégagea des glaces, & qui fut remorqué dans ce port, où on l'amarra fortement aux rochers. Le Capitaine alla encore à la découverte ; il ne trouva qu'un terrein raboteux & plein de rochers , fans aucune apparence d'herbe & fans la moindre marque de végétation. Tous les lacs & les étangs étoient glacés , il n'y avoit pas lieu d'efpérer d'y trouver aucun oifeau ; & on n'y voyoit aucunes traces d'ours ni de des Européens, iyp daims: cependant il y trouva un ou % deux renards, & jugea à la vue de JcAh"*£' quelques os de ces animaux , de quelques tilons, & de relies de cen- an-16*1* dres , que les Sauvages y avoient été depuis peu; mais il étoit difficile de juger quelle raifon pouvoit les y avoir attirés, puifque le terroir y eft abfolument flérile, & que la mer n'y fournit aucun poiffon. , Le Capitaine donna à cet endroit 11 •>•»«« . i t. ■ cet endroit le nom de port de rnce, par conii- p0rrdcpiice, dération pour le maître de fon vaiffeau, qui s'appelloit ainfi. Il eff. fitué à la latitude de foixante & un degrés , vingt-quatre minutes, & on pouvoit voir des kauteurs, les Mes de Sir Thomas Button.Ils en forti-rent le 2^, pafferent entre deux montagnes de glace, qui touchoient la terre à quarante braffes de profondeur, & trouvèrent l'eau affez dégagée environ à une lieue du rivage feptentrional de l'ifle de la Réfolu-tion ; mais le vent qui s'éleva très-fort de l'efl, leur jetta des glaces de la haute mer,.avec tant de violence, qu'il y avoit tout lieu de craindre qu'elles n'arrachaffent quelques planches des bords du vaiffeau. Us i6*o Découvertes7 » ' voguèrent ainfï continuellement en* ChAn.i! tre ^es glaces, fans pouvoir découvrir plus loin que la diftance d'un An- 1631, qliart de mille, quoique montés air plus haut du grand mit, & furent en cet état, jufqu'au 26, où le temps s'éclaircit 5c le foleil commença un peu à luire. Ils avoient un fond de fable blanc à cent quarante braffes; mais ils ne trouvèrent aucune apparence de poiffon, quoique les gens tinflent toujours leurs lignes bien amorcées. Les nuits continuoient à être exeefîivement froides, les manœuvres fe geloient toujours, & ies. glaces des étangs d'eau fraîches ne paroiffoient nullement difpoftes à fe rompre. des Européens. îé? CHAPITRE II. James commence à dèfefpêrtr de trouver un pajfage au nord, ou eft : Description des détroits de Hudjon : On eft obligé de réduire P Equipage d demi-portion: Il commence à ejpérer un pajfage libre : Il ejl trompé dans fon attente : On envoyé la barque à la découverte ; Il rencontre le Capitaine Fox : Salut réciproque des deux vaiffeaux : Le pain eft gâté par la mer : Le vaiffeau eft jette fur des rochers : Il m eft délivré. LEs An-rlois continuèrent leur r • j A ht E s navigation en fuivant la côte chap. n* jufqu'au c de Juillet: alors le temps , étant très-clair ci Ja vue plus libre de toutes parts, qu'ils'ne i'avoien|défcSrc de encore eue, ils virent la mer entie-trouver ua rement couverte de glaces à unepafr3gc* grande étendue dans toute la partie du nord & du nord-oueit, ce qui fit juger au Capitaine James, que ce feroit en vain qu'il continuerait de 1&2 Découvertes ■ chercher cette année , un paffage 'np.M' Par le nord-oueft. Les Détroits d'Hudfon ont en-'l63ï' viron cent vingt lieues de long : ijs commencent à l'ifle de la Réfolu-tion, & fe terminent à fille de Dig, ges, la côte courant pour la plyS grande partie , oueft-nord-oueft, & eft-fud-eft, entre cette Ifle & le cap Charles : leur largeur en général, eft de vingt lieues ; mais en quelques endroits , ils n'en ont pas plus de quinze. U y a quelque marée, mais fans courant, & c'ell le rivage fep-tentrional qui eft le moins embar-raffé par les glaces. Du côté du fud, il y a une grande baie, & le terrein eft fort élevé des deux côtés. Le i 6âe Juillet, le Capitainecon-vaincu qu'il étoit trop tard pour entreprendre la recherche du pafiage au nord-oueft, fit voile à l'oueft-fud-oueft, vers l'ifle de Mansfield. Il la découvrit le iour fuivant , à trois heures après midi, & reçut en route plufieurs chocs très-violents de glaces. L'Equipage fut alors réduit à demi-portion de pain , & deux hommes tombèrent malades, mais ifg furent bien-tôt rétablis. On envoya des Européens. 16*3 la barque au rivage pour fonder ; on ij trouva que l'eau couroit de ouelt- chapon, fud-oueft, à trois pieds de profondeur , & que dans la plus haute ma- An'1<5*1* rée, elle ne s'élevoit pas à plus de deux braffes. On reconnut par des marques certaines, que les Sauvages y venoient quelquelois , mais le vaiffeau parcourut une grande étendue fans qu'on vit aucun bois flottant, ni bêtes, ni poiffons, ni rien dont on pût faire ufage , excepté quelques oifeaux, dont il y en eut un de tué par les hommes. t o -i i 1 H croit Le 18 au matin, ils mirent a laavolr pcr^Q vent ^e tourna au nord. ' nord-eft, leurs, nommé JeanBarton.il étoit ai- ciun'. 111'. de du canonnier,& il fe noya, voulant palier fur la glace d'un étang qu'ils trouvèrent dans leur chemin , plutôt que de faire un tour un peu plus long. Le premier de Novembre, le Ca- itattaovent pitaine examina le compte du muni-ne0(kiu-ein-tionnaire,qu'il trouva très-exact., &Ptft=e-il reconnut qu'on avoit foigneufé-ment confervé les provilîons. Le $ , on amena à terre la barque avec beaucoup de peine à caufe des neiges U des glaces , & elle y condui-fit une barrique de bierre. Elle étoit entièrement gelée , on en mit fur le feu dans une chaudière , ou elle contracta un très-mauvais goût, ce qui obligea les Anglois de cafler de la glace dans un étang voiim. U en fortit une odeur empefr.ee , & l'on défendit aufli-tôt d'y toucher crainte qu'elle ne leur causât quel-qu'infecYion. Les hommes creufercnt près de leur demeure un puits, Sz il leur fournit d'excellente eau qui leur parut aufli douce & aufli nourrif-fante que du lait. Le 12 , le feu prit à leur maifon , Ii iv 6 Découvertes --mais la flamme fut bien-tôt éteinte, p.Vn ^ cet acclQent les obligea feulement à faire une garde plus exacte, ne pou-l6S*' vant éviter d'avoir de grands feux. Le .22, le Canonnier, auquel on avoit coupé la cuiffe, mourut, & on le jetta dans la mer , à une diftance affez éloignée du vaiffeau. Avant fa mort on lui avoit donné du vin d'Ef. pagne autant qu'il en pouvoit boire durant trois jours,mais la bouteille fe gela plufieurs fois au chevet de fon lit , ainfi que les appareils qu'on avoit mis fur fa bleflure, quoiqu'il eût fur lui plufieurs couvertures, & qu'on entretint un feu continuel de charbon dans fa cabane , qui étoit très-clofe , & renfermée dans la fainte barbe. Le ^ , le vaifleau fut dans le plus grand danger d'être entraîné de ion ancrage par plufieurs grands glaçons qui tombèrent fur lui, dont le moindre avoit un quart de mille , & le cable fut tiré avec une force prête à le rompre. Dans cette extrémité , l'équipage fit des lignes de détreffe , & l'on y répondit du rivage, fans pouvoir lui donner aucun fecours. Aufli-tôt que le jour le permît, des Europe en s. 177 on y alla avec la barque, & l'on ——. réfolut de jetter le vaifleau fur le ^".iift rivage , pour le conferver le plus long-temps qu'il feroit poflible , Ani'iU parce qu'il étoit évident que ni cables , ni ancres ne pourroient le garantir des glaces & des forts temps. Quand on eut pris cette réfoîu- us font tion , on fit approcher le bâtiment échouer leur li Vil ilC 3 U le plus près déterre qu on le ptit-defcendcnt conduire : on amena dans la barque dans une ifle. la poudre & les proviiions à la cabane ; & quoiqu'il fût couché à la profondeur de deux pieds dans le fable, il étoit encore tellement battu de la mer & d s glaces, que le Capitaine donna ordre au Charpentier de percer un trou avec une tarière dans le fond. L'eau le remplit en fix heures, & l'on remarqua qu'elle avoit rompu la foute & la fainte-barbe, &caufé plufieurs autres dommages entre les ponts. Alors le bâtiment commença à être tranquille; & pour le mieux affeoir on jetta au fond-de-cale les cordages , les ancres de réferve, & beaucoup d'autres uftenfïles du nombre delquels fut le coffre du Chirurgien. Ce fut Kv 17 S Découvertes " ' le 29 au foir qu'ils fe mirent dan» ehap/ui* ^a Daiclue au nombre de dix-fept; mais la neige qui s'étoit glacée dans M.iSfi. i'eau l'avoit rendue fi épailTe qu'ils eurent la plus grande peine à gagner le rivage , quoiqu'ils euffent quatre rames avec deux hommes fur chacune, & quatre autres pour les relever. Dans ce court palTage ils furent tellement couverts de glaces & de neiges, que lorfqu'ils dépendirent, ils fe pouvoientà peine reconnoître les uns les autres. Il étoit nuit clofe quand ils eurent mis leur barque en fureté , & ils trouvèrent avec peine le chemin de la cabane où ils firent un grand feu, •& furent régalés d'eau fraîche qu'ils y firent fondre & d'un peu de pain. Ils entrèrent enfuite en quelque difpu'te fur leur fituation : Ie Charpentier prétendit que le vaif-, feau étoit absolument perdu, £e fou-tint que, quand cela ne feroit pr.s, on n'en pourroit faire aucun ufage, à caufe de .'a perte qu'on avoit faite du gouvernail.'Le Capitaine fut d'un autre /entiment*, &, par une harangue très-pathétique,il encouragea fes gens à ranimer leurs efprits, U leurrepré- des E U r O p Û e m S. i 70 fentaque leur fituation étoit à la vérité très-déplorable , mais qu'en fe remettant à la Providence, qui n'abandonne jamais ceux qui fe confient en elle, ils en relTentiroient les effets : qu'ils avoient un grand nombre d'exemples de gens réduits à un état beaucoup plus fâcheux que celui où ils fe trouvoient, & qui en avoient éprouvé le fecours dans le temps où ils fembloient ne devoir plus en attendre aucun : qu'ils ' pourroient , s'il n'y avoit pas d'autre reflource , conftruire une pinaffe des débris de leur vaiffeau, en fuppofant qu'il lût péri fans retour, & qu'avec le fecours de la divine miféricorde , ils pour-roient s'en fervir pour' regagner l'Angleterre. Le Charpentier répondit qu'il n'épargneroit ni fes peines ni fon induftrie pour les tirer de cet endroit, fi l'équipage vouloit l'aider : qu'il s'imaginoit que l'Ifle où ils étoient produifoit allez de bois pour conftruire une pinaffe fans toucher au vaiffeau , parce qu'il pouvoit arriver, par quelque heureux événement , qu'il leur feroit plus utile qu'il n'y avoit actuellement d'apparence. Tous les hommes crie- Hvj i8o Découvertes 1 '* rent qu'ils l'aideroient de tout leur chap. ni' Pouvo-L* dans ce qu'il voudroit entreprendre pour le bien commun. An, i63i. Le Capitaine promit de récompen-fer libéralement les travailleurs, il donna au . Charpentier pour l'en-couager Ja valeur de dix livres fterling en vaiffelle d'argent, & l'af-fura que s'il conftruifoit une pinaffe, il lui en feroit préfent à leur arrivée en Angleterre , & lui donneroit de plus cinq liv. fterling. Le 30 , le Chirurgien ht l'office de barbier, il coupa, à tous les gens de l'équipage , les cheveux & la barbe qui étoient li remplis de glaçons , qu'il eut la plus grande peine à y réuflî r. ils tîrent Le premier de Décembre , quel-,iu vaifleau £S |lomrTies allèrent dans la bar- to.it ce qui T • r y peutkurier-que au milieu des grâces, jutquau vir- vaifleau pour en apporter quelques effets néceflàires ; mais la nuit les ayant furpris, ils furent obligés de la palier à bord. Us y fouffrirent horriblement par le froid , quoiqu'ils effayaffent défaire du feu fur le pont. Le lendemain fut fi rude que le chemin jufqu'au vaifleau fut totalement glacé : les hommes re- des Européens. 181 vinrent à terre fur la glace avec cinq -cents paillons fecs, quelques cou- ç£ap/it£ vertures 6c plufieurs lits , quoique l'eau les eût mis prefque hors d'état de fervir ; mais dans l'état où fe trouvoient le Capitaine & fes gens, toutes couvertures dont ils pouvoient efpérer de tirer quelque chaleur , leur paroifïbit d'un très-grand prix. Le 3 , ie temps fut un peu plus doux , 6c quelques-uns des hommes n'évitèrent qu'avec peine d'être noyés en traverfant les glaces qui fe rompirent fous eux.Lèvent, qui étoit oueft, chafla en mer plufieurs glaçons qui , dans leur paffage au vaifleau , lui cauferent quelque dommage. Les hommes dégagèrent la barque des glaces qui l'environ-noient, & effayerent de l'enlever fur le pont du vaiffeau ; mais tous leurs efforts réunis furent infructueux , & ils furent obligés de la laiffer fufpendue à des cordages à côté du bâtiment, un ou deux pieds au deffous de la furface du pont. Depuis le 3 jufqu'au 18, on tranf- Us travail» porta dans la cabane, & dans un *Sj£± magaf'n qu on bâtit auprès , toutes nafle. les provisions & les uftenliles quiref- 'I&2 Découvertes Tii''f "itoient à amener du vaiffeau , pendant zbAîi. cIue ^e Charpentier & quelques aides raflembloientdes bois pour la pinafle. Plufieurs de ceux quiy travailloient eurent les doigts , les joues , le nez , & les autres parties tendres , gelées: elles devinrent aufli blanches que la neige, qui ne ceflbit de tomber. Le froid augmentoit encore journellement, & il s'éleva de grofles ampoules fur le corps de ceux qui s'expoferent trop promptement à l'ardeur du feu en fortant de l'air extérieur. Le puits fe glaça dans le même temps, & les Anglois ne trouvant plus d'eau dans tous les trous qu'ils creuferent , ils furent réduits à Ja néceflité de boire de la neige fondue; i breuvage très-mal fain , qui leur caufa des éruptions hideufes, & des difficultés de refpirer. Le vin ctefpagne , le vinaigre , l'huile , & même l'eau-de-vie, devinrent des pièces de glace, & l'on fut obligé de' les rompre avec des haches pour s'en fervir. La gelée devint fi vive, qu'à trois pieds de diftance d'un très-grand feu les liqueurs fc gla. ■ çoient encore quoique la cabane fut r> f s Européens, i ? 3 très-cloie. If tomba tant de neige « qu'elle en Fut environnée jufqu'à la hauteur du toît : les hommes furent contraints de s'y ouvrir un palTage, & ce le nettoyer tous les jours avec des pelles pour en ôter celle qui ne ccffoit prefque de tomber. Quand elle lut confolidée, cet efpace qui étoit toujours élevé au moins de. trois pieds au-deflus du terrain, fervit de promenade au Capitaine & aux malades qui étoient dans la cabane. James fe fouvint alors qu'à fa première defeente il avoit trouvé une bonne fource au pied d'une hauteur qui n'étoit pas éloignée , 6c qu'iî avoit fait abattre deux ou trois arbres près de cet endroit pour le reconnoître. Il envoya quelques-uns de fes gens qui n'eurent pas de peine à le découvrir; ils écartèrent la neige avec des pelles , trouvèrent la fource , 6c lui en apportèrent plein un pot , ce qui lui donna un raf-fraîchifiement très-agréable. Cette découverte fut d'un grand fervice à tout l'équipage : la fource coula pendant toute l'année, 3c quoique la rigueur du froid en glaçât quelquefois l'entrée > c'étoit à fi peu 184 Découvertes ■ d epaifleur qu'on l'avoit bientôt dé- t à m e s , ' 1 chap m. couverte. Le jour de Noël, ils obferverent An. 1,531. cette grande fête avec le plus de m Ils "T" folemnite' qu'il leur fut polTible; & fo étdc;y.a. Je'jourde faint Jean , ils convinrent ÎCi-' de nommer cet endroit de leur fé- jour, forêt de Winter, en l'honneur de Sir Jean Winter, dis Européens îBy CHAPITRE IV. Les Anglois commencent P année par quelques obfervations agronomiques : EJJaifur la génération de la glace; Ils deviennent tous malades : Différents effets du froid ' Le Charpentier eft hors d'état de travailler : Ils perdent leur barque & font leurs efforts pour relever le vaijjeau. LE 6 de Janvier 16^1 , les An- * ' * " s : glois prirent hauteur par un chap. iv* foleil très-clair, de ils trouvèrent An M que la forêt de Winter étoit à cin- Les'Anojoil c.umte-un degrés, cinquante - deux rrir-nr^uent minutes de latitude ; différence oc-cahonnée par la grande rétraction occafioi*wé« que cet attre fouffroit alors. par le froid. Le 21, le foleil parut de figure ovale quand il iortit de l'horiion ; mais à rrtefure qu'il s éleva, il reprit fa forme ordinaire. Le 30 & le 31, toute la voie lactée , le nuage du cancer , & les pléiades, parurent remplis de petites étoiles , de tout le firmament des environs en fut également cou- 2 85 Découvertes ' vert, ce que le Capitaine James citap. iv.' dit n'avoir jamais vu avant ce temps ; mais il y en eut bientôt plus du quart Aa' l6*1' qui perdirent leur lumière parl'eclac "..... de bière, qu'ils avoient retirée du fonds de cale, & quoiqu'elle ne fut pas meilleure que de l'eau battue, An*1, les mit en état d'agir. Le 25) , il plut pendant tout le jour, ce qui leur caufa d'autant plus de fatisfaction , qu'ils jugèrent que c'étoit une marque certaine de la fin de l'hiver, & qu'ils eurent l'ef-pérance d'un prochain retour de la belle faifon. Il fit cependant très-froid le 30 & le 31, & il tomba de la grêle & de la neige; mais la pluie qu'ils avoient eue , leur donnoit une li grande joie, que la veille du pre-Tome V% I ip4 Découvertes —— mier jour de Mai, ils trempèrent dea chnp.Vv. roties dansJa meilleure liqueur qu'ils purent avoir, & burent refpective-An.ï6}i. ment devant un grand feu, àla lanté de leurs maîtr elfes. des Européens. 15» 5" CHAPITRE V. Les Ang'ois en dégageant le vaijjeau retirent plufieurs denrées très-utiles : Ils perdent deux de leurs hommes: La neige commence d Jondre : Ils retrouvent leur gouvernail: Sentiment de James fur la génération des coujins: Le vaijjeau eft remis dfiot, & ils fe préparent à quitter la forêt de U^inter : Le feu prend dans toute l'Ifle, LE dégel vint peu-à-peu, à me- ■1.....-fure qu'on avança dans le mois JcJ12pEvs; de Mai, quoique le 2 eût été encore fi froid, que les hommes qui avoient An> 163 *■ confervé quelque force, n'oferent fe ns «ornmen-Cafarder à forrir. Les malades qui auciques oi-s evanouiflbient quand on les tour- «-aux. noit dans leurs lits, fentirent des douleurs encore plus vives, qui augmentèrent leur mauvaife humeur. Le 4, la neige commença à fondre, &l'on vit des grues Se des oies fauvages , mais fi farouches , qu'il ne fut pas pofïible d'en approcher. Le Capitaine & le Chirurgien , effayerent inutilement, pendant deux heures, ipô* Découvertes 1 d'en tirer quelques-unes, ils ne rapi chap.'v.' Porterent de leur chaflè , qu'une fatigueexceffive & de très-vives dou-An. i6j2. jeurs# jjs avoient toujours marché dans fes neiges fondue», & James dit que fans exagérer, il croyoit y perdre les jambes. Le 6, ils enterrèrent Jean Warden, premier compagnon du Maître, fur le fommet d'une colline de Table, qu'ils nommèrent la hauteur de Brandon. Le p , ils tirèrent hors du fonds de cale, cinq banques de bœuf &de porc, quatre tonneaux de bière, & un de cidre, qui, par un heureux hafard , fe trouva très-bien confervé. Le 12, ils dégagèrent le magasin "des fouliers , qui étoient demeurés dans l'eau pendant tout l'hiver; cependant ils en tirèrent un grand fervite , de chaque homme en mit une paire quand ils eurent été féchés au feu : ils trouvèrent aufli un tier-çon de vin, entièrement gelé ; mais la perte qui, avec raifon, leur caufa le plus de chagrin , fut celle de leur gouvernail, qu'ils cherchèrent inutilement entre les glaces, dont leur vaiffeau étoit entouré. Le 14 , le Boifeman, aidé de des Européens. 197 quelques hommes, travailla à net- ■> toyerles agrès & les cordages, de la JJ^*^ glace qui les couvroit, & le Tonnelier, quoique très-infirme, fit Se Ani rr'avoit pas plus de profondeur. Le des Européens. 201 matin du 22, ils réunirent à lame- -ner dans le lieu de fon premier an- ^JLf ?[" crage, où il avoit été l'année précédente , en apportant tous leurs foins An'l63*j pour l'empêcher d'être trop expofé a la mer. Le 23 , ils embarquèrent quelques provifions, étant forcés de les porter jufqu'à la barque , au moins la longueur d'une portée de fufil. Le 24, ils firent une croix d'un des plus grands arbres de l'Ifle, ils y mirent les portraits du Roi Charles & de la Reine, très-bien peints : mais ils ies enfermèrent dans du plomb , pour que l'air ne pût les gâter, & ils mirent au-defious, ies titres du Monar» que, ainfi exprimés. Charles , Roi d'Angleterre, d'Eco ffe , de France & d'Irlande , ainfi que de Terre-Neuve & des territoires à l'oueft, jufqu'à la nouvelle Albion, & au nord, jufqu'à la latitude de quatre-vingt degrés. Sur la plaque de plomb , ils atîa- Hiptrnucat cherent un fchelling & une pièce deSÏSi t «■ r . _ ° r pa/s pour te iix lois marques au coin du Roi icôi d'Acte. Charles, & mirent au-deffous, fes1"10" armes avec celles de la ville de Brif-tol, bien gravées dans le plomb» Quand ils eurent ainfi orné cetï$ 202 Découvertes ' croix, ils l'éleverenc à l'endroit où. Chap8 V ^eurs Compagnons étoient enterrés far le fommer de la hauteur de Bran-An. i6i2. £on^ & en m^nie temps ils prirent folemnellement pollelïion du pays, au n m de Sa Majefté. Le 2 c , le Boflemari avec quel, ques-uns des hommes, le plus en état de l'aider, ajûfta les agrès & dif-pofa à bord les provifions, ainfi que toutes les autres choies néceflaires. Vers dix heures du matin du mcme jour , le Capitaine James, accompagné d'un des Matelots, prit une lance, un moufquet & quelques matières combuftibles pour allumer du feu près d'un arbre très-haut, que les Ànglols nommoient l'arbre d'obfer-vation, parce qu'ils avoient coutume d'y monter, pour reconnoitre, la vue y étant très-étendue. Le deffein du Capitaine étoit d'examiner , pendant que le feu brûleroit, fi on lui répondroit par quelque autre feu ou par quelque lignai particulier, afin de juger par ce moyen , fi quelque partie du pays étoit habitée. Le Feu prend A peine étoit-il établi fur le haut -xije tolK ^e ^"on obfervatoire, qu'il s'apperçut que fon compagnon avoit, impru- d ! s Euhopéens. 203 Gemment mis le feu à que'ques ron- ———— ces au-deflus du vent, la flamme chapfv.' gagna des genêts & d'autres brouf-failles qui croiffbient entre lesarbres; An'l6îl" elle fe communiqua de poche en proche avec la plus grande rapidité : le feu gagnoit l'arbre où étoit le Capitaine, avec tant de diligence, qu'il l'eut atteint avant qu'il en fut defcendu. Il fut obligé de faire un faut , au hafard de s'eflropier ; 8c quoiqu'il fe fauvât enfuite avec la plus grande vîtefle , il fembloit que les flammes le pourfuivoient 8c étoient toujours fur lui. L'incendie s'étendit toute la nuit dans l'Ifle, 8c le vent étant devenu plus fort vers le matin, les flammes gagnèrent le petit village (h l'on peut lui donner ce nom) des gens du vaifleau. Ils ne faifoient que de finir d'enlever tous leurs eifets, quand le ieu prit à la cabane & au magafin , qui furent bientôt réduits en cendres. Cet incendie s'étendit avec grand bruit, l'efpace d'un mille de largeur, 8c dura deux jours entiers , confirmant tout ce qu'il rencontra. Le foir du 26, les Anglois furent tous à bord , 8c fe trouvèrent alors pli^ heureux qu'ils ne l'avoient jama>? ;£é, Ivj 204 Découvertes - Le 27, Je 28 & le 29 , ils mi rené Chap?v.' ^ur *e vaifleau, leur eau, & leur bois-de chauffage, dont une partie étoit 16311 compofée delà pinafle, qu'ils avoient mis en pièces , voyant qu'elle ne leur ferviroit à aucun autre ufage, La baie fut alors entièrement libre de glaces, & l'on n'en vit plus aucunes marques, parce que le vent les avoit toutes entraînées vers le nord. Cette faifon étoit des plus mal-faines : dans le jour, la chaleur confidérablement augmentée par le terrein fabloneux*, étoit insupportable , & les nuits, les étangs fe geloient encore de l'épaiffeur d'un pouce ; mais rien n'égaloit l'incommodité que caufoit les piquures des confins ». dont il étoit prefque impoflible defe garantir. Les gens s'étoient faits des. ïâcs avec des morceaux d'un drapeau ou étendard qu'ils avoient déchiré pour cet ufage; malgré cette précaution, ces infectes trouvoient toujours un paffage, & parleurs piquures, élevoient fur la peau des boutons qui cauloient une démangeai-fon infupportable. des Européens. 205 CHAPITRE VI. Les Anglois- trouvent de la Ceuillerée ; Ils abandonnent l'Ifle : DeJ'cription de cet endroit, LE premier de Juillet, qui étoit " ■* un Dimanche, les Anglois ar- chapfvr. borerent le pavillon au vaiifeau , & 1> 11'!' »• 1 An' ' 1 ornèrent le plus élégamment qu il T1 leur lut poihble. Lniuite tout 1 equi- tous dam & page fe rendit en procefiîon à l'en- valfl"i' droit où ils avoient élevé une croix, qui n'avoit point été expofée à l'incendie parce qu'elle étoit dans un terrein où il n'y avoit que du fable» Ils fe joignirent aux prières dont le Capitaine fit la lecture, dînèrent, & panèrent le reffe du jour à grimper fur les hauteurs. Suivant les obler-vations qui parurent les plus exactes , le feu s'étoit porté à feize mille d'étendue. Le foir ils trouvèrent une herbe femblable à la cuillerée, ils en ramafïerent une grande quantité > & elle leur fit un mets très-agréable quand elle fut bouillie. Us réfolurent alors de quitter en- io6 Découvertes » 1 1 tierement ce pays ; mais auparavant chap. Vi.' ^e Capitaine écrivit un récit abrégé de toute l'expédition , en forme de An. iù}2. ]ettre j pour l'inftruclion de quiconque pourroit aborder au même endroit. Il le renferma dans une boite de plomb qu'il attacha à la croix , au-deflous des armes du Roi. Enfin ils remontèrent dans la barque, & ne mirent plus le pied dans la forêt deWinter, autrement dite l'ifle de Charlton , nom qu'ils lui donnèrent au lieu du premier, le 2 y de Mai, en l'honneur du Prince de Galles, qui fut depuis le Roi Charles 11. Defcription Avant de donner le récit du re-?« 1 Angfo"!tour des Anglois en leur patrie , il nomment ne fera pas hors de propos de faire charlton. COnnoîtte en peu de mots la nature de l'Ifle où ils hivernèrent, & d'entrer dans quelque détad fur les précautions que prirent le Capitaine James & fes compagnons pour ycon* fer ver leur vie. Nous avons déjàobfervé que l'ifle de Charlron eft à la latitude de cinquante-un degrés , cinquante - deux minutes : fon terrein eft un fable blanc, très-fin que le vent enlevé comme de la pouffiere, & qui efl des Européens, 207 fouvent très incommode. Il eft cou-- vert d'une efpece de moufle d'un chap.Vi. verd très-pale , & de halhers de genêt (Se d'autres arbriffeaux infruc- An•,6^,, tucux, avec quelques arbres de genièvre & des fapins , dont le plus gros n'excède pas un pied & demi de diamètre. Les Anglois y tuerent un daim à leur arrivée , & en virent un petit nombre d'autres ; mais depuis ils n'en apperçurent que très-peu , & peut-être aucuns. Ils y rencontrèrent deux ou trois autres efpeces d'animaux à quatre pieds , outre les ours & les renards : ils tuerent ou prirent au piège quelques douzaines de ces derniers, qu'ils fireu bouillir pour l'ufage des malades. Au mois de Mai ils virent aufli des canards, des oies fauvages & des perdrix blanches dont ils tuerent quelqu:s-unes , mais en petite quantité parce que leurs munitions étoient prefque épuifées. Le poiflbn paroît totalement inconnu fous ce climat, & ils n'y en virent aucune apparence excepté deux ou trois coquillages Defcr. . vu ides. de l'hSiïJîl L'endroit que James choifit pour Vonqu'iiss> hiverner fut un bofquet (fi on peut mcV!nc 2o8 Découvertes ' 9* lui donner ce nom ) d'arbres affez chapAÛ! ^Pais » avec une petite colline au fud, qui le garantiffoit de la violence, du An. x6j2. vend du nord. Il trouva d'abord de grandes difficultés pour y élever une habitation : il effaya envain de fe creufer une cave, & il trouva toujours l'eau à deux ou trois pie s de profondeur. Il ne put faire des murs de pierre, parce que le petit nombre de celles qu'on j^voit d'abord vues dans i'ifle furent bientôt enlévelies fous la neige, & il ne lui fut pas pofli-ble d'en former de terre à caufe de la nature du fol qui n'étoit, comme nous venons de le dire , qu'un fable fin fans aucune confiffance. Les Anglois remédièrent le mieux qu'il leur fut poflible à tous ces inconvients, en enfonçant des pieux très-proches les uns des autres, avec des efpeces de claies très-ferrées qui formoient comme un rampart contre la ri, gueur du temps. Cet édifice avoit environ fix pieds de hauteur, & aux deux extrémités ils avoient la ifle une ouverture qui atteignoit prefque au fbmmer. Elle fervoit à donner paffage à la lumière, à faire fortir la fumée, & donnoitia liberté des Européens» 20p 'd'entrer dans la cabane & d'en for- 1 ■« tir. A une petite diftance, ils avoient JChp. vî.r mis d'autres poteaux de fix pieds de haut avec lix autres pièces de bois An' 16 -en travers, bien garnies en dedans & en dehors de plufieurs rangs de -brouffailles ; & par dcifus tout ils avoient jette leurs grandes & petites voiles qui tomboient jufqu'à terre & contribuoient beaucoup à entretenir la chaleur. Cette cabane étoit à-peu-près quarrée, de vingt pieds de longueur fur chaque côté j le foyer étoit au milieu, & autour du feu les hommes avoient étabi leurs couchettes fur des poteaux d'un pied de hauteur, où ils avoient étendu des Voiles de relais avec leurs lits & leurs couvertures. Ils avoient mis des planches fur la terre pour garantir de l'humidité, autant qu'il étoit pof-fible , l'intérieur de leur habitation. A vingt pieds de diftance de cette cabane, ils en avoient élevé une féconde un peu moins étendue avec une pile de coffres du côte du fud au lieu de poteaux. On y préparoit les vivres, & les gens inférieurs de l'équipage y pafloient la plus grande partie du jour* 210 Découvertes ■ ' Vingt pas plus loin on trouvoitle ChapEyi. maSaim> °ù l'on confervoit le pain , le poilTbn & le» autres provifions, An. pur une élévation à deux pieds de terre pour les entretenir toujours fécheS. Ce dernier réduit n'étoit for-mé que d'un gros arbre foutenu par des chevrons & par de forts branchages , le tout bien couvert de voiles. Régime Leurs provifions confiftoient en quïU y ob-^œuf falé , en porc & en poilfon ■ dont ils avoient au moins pour huit mois en les confervant avec foin, comme ils fob "erverent. Voici la diftribution que leur faifoit le cuifi-nierpour leur nourriture : le dimanche il leur donnoit au dîné du porc & des pois; au foupé, de la foune & du boeuf qu'on avoit fait bouillir & bien deffaler la nuit du famedi ; Ie bouillon réchauffé faifoit un excellent cordial , & ils avoient enfuite un plat de poiffon. On avoit é^a. lement foin les autres jours de pré-parer toujours le bœuf la nuit précédente. Ceux qui ne pouvoient manger les mêmes mets à caufe du mal qu'ils fouffroient à la bouche on leur fricafloit du gruau ou du pain. bEs Européens. 2îi broyé avec de l'huile, à quoi l'on * joignoit quelquefois de la purée de J^ïM.' pois. Leur boilTon ordinaire étoit de l'eau ; mais on donnoit aux ma- *n" ,*a*' lades & à ceux qui étoient les plus foibles une chopine de vin d'Alican-te par jour , avec un verre d'eau-de-vie tous les matins , quoique ces liqueurs eufTent perdu prefque tout leur efprit par la gelée dont on n'avoit pu les garantir. Quand ils vou-loient faire la débauche , ils met-toient une pinte de vin dans fept pintes d'eau, & cette légère boillon ranimoit autant leur courage qu'elle les excitoit à la gaieté. Le lundi 2 de Juillet, tout l'équi-page fut fur pied de grand matin ; & le Capitaine voyant que tout étoit en état, fit lever l'ancre. Les Anglois partitent avec la plus grande joie , & dirigèrent leur cours à l'ifle de Danby pour y prendre du bois , le vent étant alors nord-oueft. Le vaifleau voguoit légèrement, bien réparé en apparence de tous fes dommages , & en état de faire le voyage qu'ils entreprenoient. Pendant que les hommes ramaf-ibientdu bois dans rifle de Danby, hî2 Découvertes -j A Mf s le Capitaine arracha quelques pieux chap.vi.' pour les examiner, & ils lui parurent avoir été aiguifés avec des ha-n'1 }2' ches ou avec quelques autres inftru-ments de fer. Il paroifloit aufTi qu'on s'étoit fervi de la tête de ces mêmes inftruments pour les enfoncer en terre, vers un endroit où il voyoit des marques évidentes de feu. Cette découverte fit délirer ardemment à James de pouvoir trouver quelques-uns des fauvages , pour avoir une conférence avec eux, dans 1 efpé-rence d'en tirer des éclaircilTements fur la nature de ce pays, & peut-être même d'ouvrir quelque efpece de commerce qui pourroit être avantageux à fa patrie. Il ne put réuflir dans ce projet, & il ne lui fut pas poflible de découvrir aucuns habitants. Vers quatre heures après midi, le Capitaine revint à bord , & comme le vent lui étoit alors contraire, il jetta l'ancre pour cette nuit près de Charlton. Le lendemain il fit cours à l'oued : vers midi il découvrit au nord une grande quantité de glaces, & il vit peu de temps après que la t,erre à l'oueft en par ohToit toute cou- b fis E U r"6 v i g H t. 2ff Verte. Le canal où il naviguoit étoit » — troupeaux. Ils firent de vains efforts pour les (urprendre; cer animaux fe tinrent toujours hors delà portée du fuiil, & évitèrent aifément les chiens. James abandonna dans l'ifle ceux qu'il avoit amenés , dont l'un étoit un chien & l'autre une chienne, jugeant qu'il étoit inutile de les garder à bord, puifqu'ils ne pouvoient lui être d'aucun fervice a la chaffe , quoiqu'il ne les eût que pour cet ufage. Ces animaux tiroient aulli la nourriture qu'on mettoit tremper dans l'eau, & étoient devenus à tous égards trop incommodes pour les conferver. Uîfficotte's Le foir , les Anglois retournèrent «e la navi- ^ bord, & fe remirent en mer avec un bon vent de fud. Ils rencontre- t> e s Européens. 2 i y ïent beaucoup de glaces brifecs . & " ■-• trouvèrent plufieurs bas fonds dont Jjtap.ViL' ils fe dégagèrent aifén.ent en tirant un peu plus au nord. Us y turent beaucoup plus fatigués par les glaces qui tombèrent lur eux en abondance : tous les hommes fe mirent fur le pont avec dts perches allez fortes pour qu'il fallut être cuarre à les diriger : ils réuffirent par leurs fecours à fe dégager allez bien, quoique la force des glaces l'emportât quelquefois fur tous leurs efforts , par la violence ces coups qu'elles donnoient aux flancs du vaifleau , & quoiqu'elles euflént caflé deux de leurs perches. lis furent ainfi affaillis pendant plus defix femaines expofés tous les jours à de rudes aflauts , fe fervant quelquefois de leurs voiles, & ayant d'autrefois recours à leurs ancres quand ils fe trouvoient dans un eau plus libre. Un jour ils étoient prefque accablés par les glaces, uu autre jour le vent deveno.it fi violent qu'ils ne pouvoient fe flatter de fubfiftcr une heure fur la furface de l'eau ; les nuits étoient fi obfcures qu'i's ne pouvoient voir à faire la manoeuvre, & ils y trouvoient pref- hïr5 Dé couverte i ..... que autant de difficulté dans le jour;; 2,A M \ll à caufe de l'épaiffeur des brouillards. Çhap. VII. T . r, . si * Les nuits étoient très longues & Au. \6iz. f] froides qu'il étoit prefque impôt fible de toucher aux voiles & aux cordages fans en être exceflïvement incommodé. Us furent fouvent emportés par des coups de vent contre lefquels il n'étoit pas pofîible de faire de réfiftance ; ils en éprouvèrent un entre autres, où pendant trois jours ils furent menacés de périr à chaque irrftâirt. Il fembloit que l'hiver fut encore dans toute fa force, & la mer leur parroiffoit toujours fï embarralfée par les glaces, qu'ils n'avoient d'autre efpérance que celle de pouvoir regagner les détroits d'Hudfon, encore leurfalloit-il pour y réufïir que Je temps devint pIUs favorable & la mer plus libre , ce qu'ils n'ofoient efpérer. Le vaiffeau étoit en fi mauvais état qu'il falloit travailler d'heure en heure à la pompe, exercice exceffivement fatiguant, & les coups qu'il avoit reçus des glaces & des rochers l'avoient tellement brifé qu'il paroiffoit téméraire de lui confier plus long-temps la vie des hommes. Toutes des Européens. 217 . Toutes ces raifons portèrent les .....■«■ Officiers à requérir formellement le r&vVfP Capitaine de reprendre la route ci Angleterre , puifqu'il parbiffoit Ah*1 *** évidemment qu'on ne pouvoit retirer giojsrepren-aucun avantage d'un plus long fejour nentla rou-dans ces mers. Us en drelTerent une^^'^16* requête qui fut lignée de tous, le 26 d'Août ; & en conféquènee James donna ordre au Pilote de (e mettre au gouvernail & de changer . entièrement fon cours. Le 27 , le vent s'étant tourné nord - oueft , amena beaucoup de neige avec un temps très-rigoureux, & il paffa à côté d'eux des glaçons fi énormes que quelques-uns étoient auffi hauts que leur grand mât. Le 31 , ils fe trouvèrent dans la partie la plus refferrée des détroits, & virent la terre couverte de glaces , particulièrement du côté qu'ils avoient fous le vent. Ils fortirent du détroit au corn- vl!s. "r1'venC mencement de Septembre; furent rBï °" -battus de vents très - variables , Se éprouvèrent un fi grand froid qu'il étoit prefque impofîible aux hommes de monter aux mâts & de manœuvrer le matin. Le 8 , la mer fut Tome K K ' 218 Découvertes » m tics-élevée , ils éprouvèrent de ces ChV' vil bouffées de vent que les marins nom-* ment raffalles , & le vaifleau fit An.jéji. de teis roulis qu'ils furent continuellement dans la crainte de perdre leurs mâts. Les coutures s'ouvroient de toutes parts , & le bâtiment faifoit tant d'eau qu'on ne pouvoit quitter la pompe : mais après ce jour ils ne virent plus de glaces. Enfin le vent leur étant favorable , & Ie vaiffeau continuant fon cours malgré toutes ces difficultés , il ne leur arriva plus rien de remarquable, & ils jetterent l'ancre le 22 Octobre dans la rade de Briftol. Us ne coru nurent au juite l'état de leur bâtiment que lor qu'il fut amené dans le port, & mis à terre fur le côté Ou fut alors dans le plus grand étonne, ment de voir qu'ils euflent pu y arriver. Outre un grand nombre d'au, très dommages , ils avoient per-'u quatorze pieds de leur quille, leur poupe prefque en entier, & une grande partie de leurs doublures : leurs flancs étoient enfoncés de tou. tes parts, & en un endroit ils avoient été percés par un rocher, d'un bon pouce & demi au-dcûous des doublures. des Européens. m$ Le fentiment du Capitaine James Iprès fon retour de cette expédition chap. vu. fut qu'il n'y avoit abfolument aucun pafiage au nord-oueft. Il prétendit An-que s'il y en avoit eu un , l'on au- P">l«t>iHtij 1 . J , n , . contre le pal. roit vu une marée confiante dans Jes fage.aunord, détroits d'Hudfon, dont le flux fe-ouc11, foit venu de l'eft : il remarqua aufli que cette mer ne produifoit aucune efpece de poiiïon, & qu'on n'y en trouvoit nul indice : qu'elle étoit couverte de glaces qui, fuivant fon opinion , fe formoient fur les bas fonds & dans les baies : il penfa qu'elles fe feroient rompues & dif-perfées fi elles avoient eu un paffage pour entrer dans un océan libre , comme on le voyoit parcelles qui, des détroits , romboient dans la grande mer à l'eft. Enfin il ob* ferva que les glaces portant toujours du même côté de l'eft à la baie d'Hudfon ; on ne retireroit aucun avantage de ce pafiage , quand même il exifteroit , puifque la prodi-gieufe quantité de glaces & de bas fonds qu'on trouve dans ces parages ne permettraient jamais d'expo-icr de riches charges fur un vaiffeau qui preadroit cette route. Il ajouta K-xi 220 Découvertes pw'imï'wm" que du coté du fud on parcouroit clip vu ^us PromPcement & avec m°ius de danger un efpace de .mille lieues, An. ifjj. qu'on ne pouvoit en faire un de cent dans les mers feptentrionales ; que vers le fud , & aux environs du Cap de Bonne-Efpérance, on trou-voit des moyens de foulager les malades , aulieu que dans l'autre partie on ne pouvoit leur donner aucun raffraîchiffement, & qu'il n'y avoit que de la peine & de la fatigue à y acquérir II dit encore que quand les détroits ne feroient pas embaraués par les glaces , on n'en pourroit retirer que très-peu d'avantage , parce que les vents d'oued qui foufHent conftamment dans les mois d'Août & de Septembre , font {{ impétueux , qu'un vaiffeau feroit beaucoup plus long - temps à fon voyage que par la route ordinaire. Enfin il conclut en difant que par. h. nature du climat ces pays fep% tentrionaux ne peuvent être d'aucun profit pour le commerce : cepen^ dant il ajoute, avec modeftie, qu'if expofe feulement fon fentiment particulier , fans avoir deiïèin de décourager d'autres aventuriers qttj des Européens. 22ï pourroient entreprendre le même ■ , r i James, cours , ne doutant pas que quelqu un £h vllt plus adroit ne tût couronné d'un plus 1 r v grand fuccès, An. 1 63 z. '2.H Découvertes Aa.x64o. HISTOIRE De la Découverte & des Guerres du B r e s i l , par M. Jean N i e u h o f r. CHAPITRE I. Naijance de M. Nieuhoff: II fe met au fervice de la Compagnie des Indes Occidentales : Il met à la voile du Texel: Il combat deux Pirates Turcs & arrive à la cote du Brepl ; Qn choifit rifle de Fernando pour y tranf. porter les Profcrits : Situation ç> qualité du terroir de l'ifle de Saint Thomas : Ce climat eft dangereux pour les Etrangers : Les Hollandais fe rendent maîtres de la villt de Favaofa : Première découverte du Brefil : Origine du nom donné à ce pays : Sa première divijîon par les Portugais : Le Prince Maurice en foumet une partie : Ancienne ma?nu jteence de la ville d'OUnde: X)ef criptionde Ftrnambouc, de Garafu des Européens. 223 & du Receif : Grandes améliorations faites par le F rince Maurice. MOnsieur Jean Nieuhoff, NlEUI.um" né à Vfen , dans Je Comté de chap.i. Benthem , defeendoit d'une famille An. Itf40i confidérée dans cette Province. Il QUi c'l0^ s'engagea en qualité de Supercarço M- j"™ au lervice de la Compagnie des Indes Occidentales, le 24 d'Octobre 1640, & mit à la voile le même jour du Texel , dans un vailleau nommé le Roebuck, de vingt-huit canons , & de cent trente hommes d'équipage. Il ne leur arriva rien de remarquable jufqu'au 6 de Novembre où ils furent attaqués par deux Pirates Turcs qui, après un combat très-vif, furent obliges de prendre la fuite. Ce fuccès fut particulièrement dû à la bonne conduite & au courage de M. Nieuhoff qui comman-doit le vaiffeau à la place du Capitaine , retenu au lit par une dan-gereufe maladie. Après fix femaines & un jour de voyage , fans autre accident que celui dont nous venons de parler, & un ou deux ouragans qui ne leur eauferent que très-peu de dommage, 2 24 £) é* c o TJ v E R T E S • " 1 ils arrivèrent à la côte du Brefil. I[s ^cîiap i"' aXPieriç re.àché en route à une ifle nommée Fernando, qui en eft éloi-An. 1640. gn£e £Q cnlqUailte lieues. Les HoJ- landois l'habitoient vers l'an 163 31 mais ils l'abandonnèrent quelques années après, à caufe de la quantité prodigieufe de rats qui étoient dans cette Ifle , Se qui dévoroient les productions de la terre. Quand les Hollandois eurent quitté cette terre de vermine, le Confeil du Bréfïl ]a choifït pour y envoyer les malfaic-teurs, &ceux qu'on y relégua, fu-refit munis de tous les inftruments néceiTaires pour tirer leur fubfiftance des entrailles de la terre, il (c rcrd Vers la fin du mois d'Août 1643^ i l'ifle Sainrjtf Nieuhoff eut ordre de faire un ThomasBcf- ■ v r"H c • cription dc voyage de commerce a l nie àaint cette ifle. Thomas, Se on lui donna un va if-An. 1*43 fèàil chargé de terre à foulon, poux l'échanger contre du gingembre noir 5c du fucre , qui étoient les principales marchandifes qu'on tiroit de cet endroit. Saint Thomas a trente-fix lieues de tour, fa figure eft circulaire , de elle eft: très-rertile en fucre Se en gin. gembre noir. Au milieu de cette des Européens. 225* lue, on voit des montagnes ton- ■ 1 jours couvertes de neiges, quoique {JJ '• la chaleur foit infupportable dans ^ jfi ^ les valle'es , parce qu'elle eft lîtuée fous la ligne. Lï&ry eft très mal-fain , & chargé de vapeurs ii pernicieufcs, que fur dix étrangers , il s'en trouve à peine un qui échappe à une mort immédiate, & ceux qui, par la force de leur tempéramment, furmontent les premières attaques des fièvres épidémiques du climat, y vivent rarement pafïé l'âge de cinquante ans : cependant les Habitants & les Nègres y parviennent à un âge très-avancé. Pavaofa, Ville principale de l'Ifle,' eft fituée fur un ruiffeau, & contient environ huit cents maifons & trois Eglifes. Cette place , ainfi que toute l'iile, fut conquife le 16 d'Octobre 1641, par l'Amiral Toi, après un fïege de quarante jours :. mais peu de temps après, l'Amiral, plufieurs Commandants , & un grand nombre de Matelots , furent emportés par l'air empefté qui y règne. Après un voyage de trois mois, n arrive M. Nieuhoff arriva heureufement auE:cui K v 226 Découvertes' --BréfU, ayant rempli l'objet pour le- chap. l. SLuel Jl setoit emoarque. Pour fervir d'introduction aux An. 1643 événements remarquables qui étoient arrivés dans le Bréhl, avant que AI. Nieuhotï s'y rendit, & à ceux qui fe pafierent pendant le léjour de huit ans qu'il y ht, nous allons donner une idée générale du pays qu'il y parcourut dans le cours de fes voyages. Dcfcriptïon Le Brefil, ainh appelle , à caufe ic eepays. £e ja quantité de bois du même nom qu'on y trouve , fut d'abord découvert en ryoOy'par Pedro Alvarez de Cabrai, qui lui donna le nom de Sainte Croix. Les Géographes ne font pas d'accord fur fon étendue ; fuivant les relations les plus authentiques , il a trois cents foixante & quinze lieues du nord au fud , depuis la rivière de Para, jurqu'à celle de Capibari ; mais de l'eft à l'oueft, fes limites font moins connues , & on les étend jufqu'à fept cents quarante-deux lieues. Les Portugais ont divifé le Brefil en quatorze diftricts, qu'ils appel* lent Kapitanias, ou Capitaineries; chacune eft arrofée par quelque rivière çonfidérable, outre un grand des Européens. 227 nombre de petites. La rivière de Saint François eft la plus large de toutes; mais quoiqu'elle .oit aufli très-profonde, les vaiffeaux pefants ne peuvent y entrer à caufe des fables qui en embarrafjent l'embouchure. Dans le lac d'où, cette rivière tire fon origine , on trouve une grande quantité de poudre d'or , & l'on juge qu'elle y eft apportée par les milieux qui paiicnt par les cavernes des montagnes du Pérou. Il eft remarquable que la rivière de Saint François eft beaucoup plus enflée dans la faifon de l'année où il pleut rarement, que lorfque les nuages, fuivant l'expref-fion de Dryden , fecouent leurs chevelures fur la furface de la terre. Il paroît que ce phénomène doit être attribué à la grande quantité de neiges que le foleil fait fondre alors fur le fommet des montagnes. Six des Capitaineries dont nous venons de parler , étoient fous la domination de la Compagnie Hollandoife des Indes Occidentales, avant-quelles fe fufient révoltées en faveur des Portugais. On les diftin-guoit des huit autres par le nom de Brefil feptentyional, & o \ appel- K vj Cnap. I. An. i 643* 22$ D É c, o U V Ë R T Ë i . - 1 1 loit ces huit le Brefil méridional. ^OUp.°" ' ^es Capitaineries ITollandoifes s'étendoient iur la côte du nord au An. 1643. fu(j ^ i*efpace de cent foixante, ou de cent quatre-vingt lieues. Chacune étoit fubdivifée en plufieurs moindres diitricts, que les Portugais nom-moient Fregefias, & les Ho.llandois, Fregefîen. Caprtainerie ]yA Capitainerie de Seregippe del del iuy.PP Rey , aulfi appellce Carigi, du Iac de même nom , eft dans la partie méridionale du Brefil , fur la rivière de Saint François, près la côte de la mer i lie a trente-deux lieues de longueur , & d ns une de fes Fre-gencs , nommée Po* to Calvo , on trouve un village appelle Villa de Bon Suceelfo , environ à quatre lieues de la mer, détendu par deux Forts , que les ITollandois y ont conffrjits. Ce villa;;c contient deux rues, & l'un y jouit d'un très-bon air, par un ve.it frais qui vient de la mer. Cette Capitainerie, fut affujettic aux Efpagnoîs ou aux Portugais, par Chj^ftopbe Barroz , qui, pour récomp ?u:o de ce fervice , obtint une étendus de terrein tiès-confidé- des Européens. 22.$ fable , avec la liberté d'y établir des-!—« Colonies. Plufieurs perfonnes y vin- ^haT.i!^' rent de la baie de tous les Saints, & er. peu de temps , ils y bâtirent une An\\6**ï petite ville , qui fut pillée le 24 Décembre 1637, par les Ilollan-dois , irrités des incurfïons que le Général Efpaghol Benjola avoit faites fur leurs territoires. En l'année Ï64Î , le Comte Maurice réduific cette place fous la jurifdicYion de la Compagnie des Indes occidentales, éleva un Fort, & entoura d'un fofïé la ville de Seregippe del Rey. Fernambouc , l'une des plus gran- Capitaine*»* des Capitaineries Holîariaoifes, tîrç bouc< fon nom des rochers & des écueifs cachés qui font à l'entrée de fon port : elle s'étend à foixante lieues furie rivage de l'a mer, & eflfabdi-vifée en onze petits diffricls , dont Olinde tk G'arazu font les principaux. A une petite diftance du Pveceif, ou Ville Maurice, du coté du nord y on trouve les relies de la ville d'O-linde , autrefois célèbre , & où fe faifoit tout le commerce du E refît pour l'Europe. Cette Ville aflife fur plufieurs hàÏÏ* 23° Découvertes ■■ teursd'une pente douce, du côté de Chap?"'^ nier, mais très-rude & eicarpée du côté de terre , contenoit deux ' l6+3' mille habitants, non compris le Clergé & les Efclaves. Du côté de terre elle étoit défendue par plufieurs battions , qui ne pouvoient être réguliers, à caufe de l'inégalité du ter-- rein ; mais cette htuation lesrendoit encore plus forts. Il y avoit un très-beau Couvent, fondé par Sébaftien , Roi de Poi tugal, qui lui avoit donné de grands revenus ; un autre de Capucins , un de Dominicains , & deux Eq-lifes fous le nom de Saint Sauveur & de Saint Pierre. Tout le din-rict de Fernambouc eft bien fourni de diverfes fortes de fruits & de beftiaux: les vallons ont d'excellents pâturages , & les montagnes abondent en mines plus riches qu'aucunes de celles qu'on trouve dans les autres Capitaineries. Garazu, qu'on ne peut regarder que comme un village , eft à cinq lieues d'Olinde , vis-à-vis l'ifle de Tamarika, fur une rivière du même nom. Il étoit anciennement habité par des Artifans Poitugais ; mais après que les Hollalidois s'en furent des Européens. 23 r rendus maîtres en 1633 , il s'y éta- « blit plulïeurs riches familles de cette ^"7/* Nation. Le Receif, dont le nom vient du An*I643' mot Latin , recipere , recevoir , eft Dcf«iptîo« par fa fituation , la plus forte placeduXUccif> du Brclil , & elle a de plus, l'avantage d'etre défendue par plufieurs Forts contigus. Pour avoir une idée aufli exacte qu'il eft pofîible, de cette place & de la Ville Maurice , il faut obrerver que toute la côte du Brefil eft bordée d'une chaîne ferrée de rochers plats , de vingt à trente pas de largeur, avec quelques paffages qui permettent aux vaifleaux d'aborder le rivage, & qu'on trouve une de ces ouvertures environ à un quart de mille, au nord du Receif. Entre ces rochers & la terre ferme* on trouve une petite Ifle d'une lieue de longueur, & de deux cents pas de largeur, que les Holiandois nomment le Receif fabloneux, pour le diftinguer de l'autre , qu'ils appellent Receif pierreux. A la pointe méridionale de cette petite Ifle , les Portugais ont bâti un village , & quand la ville d'OIinde fut abandonnée de fes habitants, plufieurs '2 31 Découvertes d'entre eux , particulièrement des chap??* Marchands, s'y vinrent établir. Les Hollandois à leur arrivée, n'y trou-An. is43. verent pas pius de deux cents mai- fons : mais il s'y en é eva en peu de temps , environ deux mille, & l'on ht trois boullevards pour leur dé-fenfe. A la pointe qui termine le Receif pierreux, du côté gauche en entrant dans le port, on trouve un Château bien muni d'artillerie, que l'art & la nature ont rendu fi fort, qu'on le juge abfolument imprenable. ifle d'An. Au fud du Receif, & vis-à-vis de :onio vaeZ. cette ^ ^ eft f^ d'Antoine Vaez : elle tire fon nom de celui qui l'a anciennement poffédée , & fon contour du côté de l'eft , eft environ d'une demi lieue. Le Comte PVÎau-rice y jetta les fondements d'une ville qu'il honora de fon nom : 1 64î. nom , qui en compote la principale Diftrift de partie ..quoique cediftrict ait trente-Tamarika. cinq lieues d'étendue dc.ns le continent , fur la côte de la mer. L'ifle de Tamarika eft dans la mer , à deux lieues au nord de Por-norello. Elle a trois lieues de longueur, & près de fept de tour. Le terroir en eft allez fertile, i! produit des cocotiers , du coton , des cannes de fucre, des melons, du bois de Brefil , & une grande quantité de bois de conftruction. Les Hollande is l'ont regardée comme lï importante, qu'il fut propofé delà prendre pour Place de commerce. 238 Découvertes au lieu du Receif : mais cette proportion fut rejettée pour plufieurs raifons qui firent juger qu'elle étoit moins convenable, particulièrement parce qu'elle n'a pas de bonne eau en abondance comme on en trouve au Receif. Dans la guerre avec les Portugais, elle fut d'un très-grand fer-vice, parce qu'étant très-forte, on s'y mit à couvert en pluiieurs occa-(ions prenantes, & elle contribua beaucoup à fournir le Receif de provifions. Il y a quelques fortifications à Tentrée du port : entr'autres un ouvrage quadrangulaire qu'on nomme le Fort d'Orange , & un ouvrage à corne ; mais ce dernier eft prefque ruiné. On trouve dans cette Ifle , près un marais, vers l'embouchure de la rivière, une petite vil le prefque toute habitée par des foldats. Elle fut prife fur les Portugais avec toute l'Ifle par le Général Schoppe qui commandoit les Hollandais , & on lui donna le nom de ville de Schop- Magioppe , où il y a une grande Un plus haut fur la rivière eft une Ifle appellée T>ts Européens. 2jp quantité de racines de Manioc. u Entre Pornoreho & Tamarika "g™™? dans le Continent , eft une autre rivière nommée Marafarinha , & dans An< l6+3i la Tamarika , environ à une demie lieue de fon embouchure , il en tombe ur.e nommée Gavrafïore. On en diftingue encore trois dans le pays dont nous parlons , connues fous les non s de Goyana, Auyay & Gfàmane. A trois lieues de l'embouchure de la rivière Goyana, on trouve une Ville du même nom , où l'on tient la Cour de Judicatur^ de la Capitainerie qu'on y a transtérée de rifle Tamarika. La Capitainerie de Parayba , tire La Cnpïtaî-fon nom de celui de fa Capitale .Jf^f* **" ou plutôt d'une rivière fur laquelle ; cette Ville eft fituée. C'eft un des .diftriéts les plus au nord, environ à cinq lieues de la mer. Cette Ville appartenoit autrefois aux François qui en furent dépouillés , ainh que de plufieurs ports, par Martin Ley-ton , Général Portugais. Les Portugais qui la fondèrent fur la rivière de même nom, à cinq lieues de fon embouchure, lui donnèrent celui de Filippen , en l'hon- Découvertes »..... neur du Roi d'Eipagne , de NafTa Senhora de Vives; & enfin de Pa-.'■ rayba qui eft le plus connu. Les An. ^43. Hollandois, qui fe rendirent maîtres de cette Capitainerie en 1633 , l'ap-pellerent Frederics-Town , ville de Frédéric , en l'honneur du Prince d'Orange. C'eft dans cette Ville que fe tenoitla Cour de judicature avant la rébellion en faveur desPortugais. La Capitainerie de Parayba eft arrofée & divifée par deux grandes civières, le Parayba & le Mongopoa, ou rivière de faint Dominique. La première , dont l'embouchure eft iiîuée à fix degrés vingt quatre minutes de latitude , fe décharge dans la mer par deux canaux à quatre lieues au nord de Capo Blanco. Elle innonde fouvent le pays adjacent pendant l'hiver, 3c détruit quelque- ' fois les hommes & les beftiaux ; on trouve à fon embouchure trois Forts coniidérables nommés Catari-na, Saint Antoine & Reftinoa. Deux lieues plus loin du côté du nord, eft une baie grande & commode, où les gros vaiffeaux peuvent fe mettre en sûreté : les Portugais la nomment Porto licena, & les Hollandois, te t S E U R 0 f ÏÊ £ K S. 2^t landois, Terre-rouge, à caufe de la 1 couleur du terrein qui l'environne.N4hap°i"' En fuivant la côte au nord, on trouve la rivière Mongopoa , qui a la Kn-lS^% fin gui a ri té d'être plus large à la fource qu'à fon embouchure, devant laquelle il y a deux grands bancs de fable. Au Receif, deux lieues plus au nord , on trouve une -autre baie , que les Portugais ont nommée Bahia de Treyeano , ou baie de la Trahifon : on en voit encore plufieurs moins considérables fur cette côte; mais elles n'ont rien d'affez remarquable pour que nous nous arrêtions à en donner la defeription. ïl y a fept villages dans la Capitainerie de Parayba : le principal, nommé Pinda-una, avoit quinze cents habitants en 1634, les autres n'en contenoient qu'environ 300 chacun : les bâtiments y font tres-longs avec plufieurs petites portes. Les principales denrées qu'on trouve à Parayba , font le fucre , le bois de Brefil, Je tabac , les cuirs , & le coton. Les bords de la rivière font ornés de belles plaines dont la vue eft diverhfiée par des colines agréables, à une diftance convenable. Tome V* L 242 Découvertes 1 Vers la fin de Novembre 16*34; nc]ud°ii* ^es K°^ar|dois projetterent de (aire la conquête de Parayba , & le Colo-An. 1643. nej Schoppe fut chargé de cette do"sW,'ï. expédition , pour laquelle on lui dent maÎMcs, donna trente-deux vaiileaux, & deux mille trois cents cinquante-quatre hommes. Il débarqua avec fix cents, mit les Portugais en fuite & fut bien près de fe rendre maître de leur commandant Antoine d'Albuquer-que. ii éleva enfuite une batterie , & ayant é:é joint par le refte de fa petite armée , il obligea Simon Al-buquerque de rendre le fort de Sainte Marguerite. Les Ilolhndois marchèrent immédiatement de Parayba au fort An onio, qu'ils emportèrent fans oppofition , le commandant Efpagnol Banjola s'étant retiré avec deux cents cinquante hommes qui compofoient toutes fes troupes, après avoir encloué fon canon , & mis le feu aux vaiffeaux & aux magafins. Aufli tôt que les lïollandois furent maîtres de cette Capitainerie , ]e Comte Maurice donna ordre de mettre les forts en bon état de défente, capitainerie La Capitainerie de Porcigi, nom-àc rorcigi. mgQ pai jçs portUga;s RJo-Grande , r> e s Européens 243' a caufe de la rivière du même nom, " & par les Hollandois Brefil fepten- "'f110"' • 1 ni . ri 11 Chap. II. tnoiial, eft bornée au fud par celle de Parayba , & au nord par celle An* l4**m de Siara. En 1 yc?7 , les François étoient maîtres de cette Capitainerie, mais ils en furent dépouillés par Feliciano Creca de Tharvalasho. Elle eft partagée en quatre fubdivilions qui tirent leur nom des quatres rivières JKuUnhao , Goyano , Mumpobu Se Poiegy qui les arrofent. La rivière Rio-Grandc, nommée par les Brahliens Poregy, a fon embouchure à cinq degrés , quarante-deux minutes de latitude méridionale Elle fe décharge à quatre lieues au défions du lort Theulen, Se porte des vaiffeaux d'une grandeur afîez confîdérable. Il y a plufieurs baies , Se quelques autres rivières moins remarquables dans cette Capitainerie. Le fort Theulen fut conquis en 1(^S3 > avec toute la Capitainerie, par les Hollandois, fous les ordres de Matthias Van - Theulen , aidé de plufieurs Capitaines renomn és , du nombre defquels étoit Lichtarc Byma, L ij 244 Découvertes CHAPITRE III. Des Capitaineries de Potigi & fe Siara ; Peuple dont les oreilles font très-longues : Quelles font les denrées qu'ils trafiquent : Les Portugais étant maîtres de ce pays, en fout chaffés parJes Hollandois ,appelles parles Naturels , qui trahijjent enfuite leurs '' Libérateurs : Nouvel ètabliffement à Rio Grande avec peu de fuccès : Coup d'œil fur le Brefil, confidéré par rapport au Commerce: Les fièvres y font très-communes , quelle en efl la rai fon: Des Marées: Du Gou. yerncmejit Eccléfiaflique & des différentes Religions du Brefil : Dif putes entre les Hollandois &• les Portugais : Outrages commis par Paule de Runha: Paix pour dix ans (onvenue entre les deux Nations. k.euhoh, T A Capitainerie de Potigi , Po* chaP. m. JLj tingi, ou Poteingi, a été lirettc An. 1643. à de fréquentes incurvons des Ta- „ . . . povers ou Montagnards, qui furent Capitainerie r /. • j n • V «ie potigi & toujours ennemis des Portugais. Au sic siara, m0LS de Juijjec ï 64 J, ces Tapoyers U13 EOROPÏÉN'S. ayant appris que les Portu GTulS VOU-Ioient prendre les armes contre les1 Hollandois, marchèrent contre eux, fous les ordres d'un nommé Jacob An,1(5iH' Rabbi, & leur cauferent beaucoup de dommage. Siara eft une des Capitaineries les plus feptentrionales ; elle eft limée îiir une rivière de même nom, 3c eft bornée au nord par le Maran-liaon. Son étendue n'excède pas dix à douze lieues: la rivière Siara fc décharge environ à fept lieues & demi, au nord de la baie de Man-, gorypa, à trois degrés, quarante mi* mues de latitude méridionale. Les Habitants de cette Capitainerie, font de haute taille, ils ont des traits défagréables, & leurs oreilles font li grandes , qu'elles leur def-cendent jufqu'aux épaules. Cette contrée produit des cannes de fucre, du cryftal, du coton, de plufieurs autres denrées. En l'année 1630, une partie de cette Capitainerie étoit gouvernée par un Uoi du pays, nommé Algo-doi. Il étoit en quelque forte tributaire des Portugais , qui avoient bâti lin Fort fur la rivière Siara, & qui Liij 240" Découvertes m,r" poffédoient toute la côte maritime-chap. 111. aes environs : mais ils turent agites de plufieurs divifïons inteilincs juf-l6À,i' qu'en l'année 1638. Le Comte Maurice Se fon Confeil étant follicités par les habitants de les délivrer de l'oppreffion des Portugais , & ayant reçu deux jeunes hommes des meilleures familles pour otages de leur fidélité , Se pour af-furance de leur fecours, envoya pour exécuter ce projet, un corps de troupes fous les ordres du Colonel Jean Gârftman } fameux par fon courage 3c par fon expérience. Le Colonel, bien fourni d'armes, de troupes, de munitions & de toutes les autres chofes néceflaires pour une telle expédition , mit à la voile pour la rivière Siara,où il fut joint par Algodoi, accompagné de deux cents habitants. Il marcha aufli-tôt contre, le Fort, qu'il emporta d'affaut, malgré la belle réfiffance des Portugais, Se il fit prifonniers le plus grand nombre des hommes de la garnifon, entre lefquels il y avoit plufieurs perfonnes de diflinélion. Après ce fuccès , les Hollandois bâtirent un petit Fort fur la rivière, des Européens. 247 Si lui donnèrent le nom de Siara. Ils 1 1 leleverent plutôt pour entretenir cl£jl" l'amitié des naturels du pays, que pour fa défenfe ; & ce fut dans la An'16 même vue que le Grand Confeil donna ordre aux Officiers commandants de les traiter avec tous les égards 8c toute l'attention pofîible. Ils firent aulli quelques petits préfents aux Braiiliens; mais leurs foins furent infructueux; 8e en 1644 , ils tuèrent plufieurs Hollandois dans uaendroic nommé Komefy , à trente lieues de Siara. En l'année 1641 , cette Capitainerie étant devenue trop peuplée pendant que le diftrict de Rio Grande manquoit d'habitants , André Vliifs propofa au Grand Confeil de bâtir un Village, dans cette dernière, pour ceux de Siara qui voudroient s'y établir. Cette propofition fut acceptée par le Comte Maurice, & par le Grand Confeil. On donna la permiilion à Vliifs d'amener de Siara tous ceux qui voudroient y confentir, & il fut nommé premier „ Capitaine de ce nouvel établiffement* Ce projet fut exécuté, &l'on choific des Chefs dans les plus anciennes 248 tofco&VÊiifrs ........— familles de chaque diviiïon que Ui NlliUHOFF , t> • n r i Ckap. m. Portugais nomment Kefidoor ; mais les Brafiliens de Siara fe révoltèrent An. i«j3- en I(5^^ conti-e les Hollandois, ainfi que nous l'avons déjà rapporté, & maffacrerent la garnifon du Fort, avec le Commandant en chef, nommé Gédeon Moretz , & un grand nombre d'ouvriers qui travailloient aux puits falés près la rivière Vpa-riamma. Ils tuerent auili le Capi^ taine d'un vaifleau ; un Lieutenant, & quelques foldats, qui étoient def. cendus à terre , ignorant ce qui fe pafloit, tombèrent entre leurs mains, & furent les victimes de leur fureur, implacable. Quelques-uns ont attribué cette révolte aux Portugais & aux Brafiiiens de iMaranhaon ; mais la véritable caufe de cette révolution fut l'oppreflion & les extorfions des Officiers Hollandois, qui par leur mauvaife conduite excitèrent des fentiments de vengeance qui ne purent être appaifés que par le fang. Nous allons préfentearent expo-fer en peu de mots l'heureufe fitua-tion , & les autres avantages du J3reûlHollaudois, ainfi que l'état de fe s Européens. 2455 la religion dans ce pays ; &,nous ■ parlerons enfuite des événements cii^p!'iiil* les plus remarquables qui s'y font paffés pendant le féjour de M. Nieu- A"* hoir. Le Brefil eft abondamment pour- Coup d'oeil vu de toutes les productions de la J"on ?om* nature qui peuvent croître fous cemoitHoUaa* climat , & il l'emporte fur toutesdois" ' les autres parties des Indes Orientales .parla commodité de fes ^orts pour le tranfport du fucre. Toute la côte eft remplie de petites rivières qui en facilitent les voitures à, très peu de frais y & le Brefil eft: aufli le pays d'où Ton peut envoyer avec moins d'embarras cette denrée en Europe & en Afrique. Il eft fit ué très-avantageufement pour les vaiffeaux des Indes Orientales qui vont y prendre des provifions fraîches ; & fon étendue , jointe à la facilité d'y faire le commerce, le ren-droit en peu de temps, s'il étoit fuffifamment peuplé , un Empire floriflant , grand par lui-même, Se redoutable aux nations voifincs. Comme ce pays eft finie entre la ligne équinoxiaîe & le tropique «du Capricorne, il eft faj'et à dc-3 Ly n j o Découvertes wmmmm - chaleurs exccflives; mais elles font Chap.m. tempérées par des vents d eit venant de la mer, qui rendent le climat très-An. i64j. fa'lVit Cependant il y règne quelque fois des fièvres putrides qu'on attribue au mélange de la chaleur & de l'humidité de l'air, ainfi qu'à un trop grand ufage des fruits cruds. Les vents & les marées fur la cote du Brefil ont quelques particularités qui ne doivent pas être ignorées de ceux qui chargent pour ce pays. Depuis le mois de Février, jufqu'au mois d'Août, le courant porte toujours au Nord , & pendant ce temps il n'eft pas pofîible ce faire voile du nord au fud. Au contraire, depuis le commencement de Septembre jufqu'à la fin de Novembre , le courant eft oppofé au premier, & l'on ne peut naviguer du fud au nord, d'autant que le vent fuit toujours les courants. Gouverne Dans le temps dont nous parlons, aient Ecck-l'Etat Eccléfiaftique du Brefil Hol-iqut' landois étoit particulièrement corn-pofé de Proteftants , quoique les François qui y habitoient euflènt la liberté d'y exercer leur religion. Les Anglois y avoient aufli un Miniftie ; ©es E" u nô r i e n s. 2 ri ttiais les Hollandois y fhivoient les, règlements du Synode de Dordrecht. On v faifoit avec loin le catéLhifrne aux entants , Se on y admiaiiiroit la Gêne quatre fois l'année. Ceux qui defiroient y participer étoient obligés de faire une efpece de con~ feflion devant le Confeil Eccléiiaûi-que, ou devant les Miniitres quienre-giifroient leur nom, & s'ils étoient étrangers, on les lifoit publiquement dans ia Congrégation. Le Confeil Eccléfianique étoit compofé de fix Anciens Se d'un Miniitre, qui ré-gloient les affaires ordinaires dépendantes de leur Jurildicnon. Mais dans celles de plus grande confé-quence on appelloit hx Diacres en-qualité de Confeillers affiliants. On choilïifoit tous les mois deux de ces Diacres pour avoir foin des malades-Se des orphelins auxquels ils en-feignoient à lire Se à écrire. On cbfervoit exactement la fuite deo autres ordres , Se la difeipiine Ec-clélialtique en général y étoit flric-r tement gardée. En. 1 540», M. Henry Hamel',urî: des Directeurs de la Compagnie de$ ïr^dea, Orientales d'Amfterdam , & Lv| 2 5^ Découvertes ——~— M. Dirck K.odde Vander Burgfa fu^ ciup!!iiï.'rent ^'putés, par ordre du Confeil des dix-neuf pour fuccéder à Mef-An. :â4,. fieurs Matthias Van keulen , & Jean Gii olinç, en qualité de Directeurs du Brefil Hollandois, alors fous le Gouvernement du Comte Jean Maurice de Naffau. Dans le temps que ces deux Directeurs ou Confeillers y arrivèrent, on regardoit comme la partie fep-tentrionaie du Brefil, le Brefil Hollandois en y comprenant les Capitaineries de Fernambouc , Tamarika, à laquelle étoit annexée Guyana, Paraïba , Rio-Grande & Siara, Les Portugais poffedoient le B:e(il méridional compofé des diftricls de Bahia Heos , Porto Securo , Spirito San&o , Rio de Janeiro , & Saint "Vincent. L'ifle de Maranhaon fut pendant queloue temps fous la domination des Hollandois, mais peu d'années après , une ligue formée , entre les Portugais &les naturels du pays, les força de l'abandonner. Avant l'arrivée de Meilleurs Ha-mel & Vander-Burgh , on avoit envoyé une flotte pour s'emparer de Bahia. Cette expédition eut tour des Européens. 25-3 le fuccès qu'on en pouvoit attendre , ...... puifque fon objet principal étoit le ctap?i§; pillage La même flotte, fous les ordres de l'Amiral Jol & de Cornélius An- l6*J> Lichthart , fe mit encore en mer pour enlever celle des Galbons Espagnols; mais elle ne put y réuflir, & revmt au mois de Décembre 1 64.0, après avoir perdu quatre ou cinq vaiileaux. Vers le même temps, le Colonel Koin , avec un corps de troupes de terre, fut chargé d'attaquer la Capitainerie de Rio-Keal ; mais fes gens étant mal pourvus de toutes les choies néceifaires, & har-raflés par la fatigue, cette expédition manqua. Le major Van-Brande, qu'on avoit envoyé en avant, avec un parti pour s'emparer de quelques beftiaux , fut encore plus malheureux : le parti fut entièrement défait , & les ennemis firent le Major pri-fonnier. Pendant que l'efcadre Hollandoife, dont nous venons de parler, guettoit la flotte des Galbons, les Directeurs du Brefil Hollandois , qui connoif-foient leur foibleffe en mer, craignirent, avec raifon, la vengeance de leurs voifins, les Portugais, qui pou- 2^4 Décotjv e r t es n—.....voient faifir cette occaiion de dé~ chap in truire leurs moulins a lucre ^ otne négligèrent aucune des précautions M-1*43' qL1j pouvoient prévenir ce malheur. Ils jugèrent que l'amitié de ceux de la même Nation qui habitèrent dans le Brefil Hollandois , étoit ef-fentielle à leur sûreté , & ils convoquèrent une A'flernblée des principaux Habitans Portugais des trois Capitaineries de Fernambouc , Tamarika & Parayba, pour prendre de; concert, les me Pures les plus convenables à leur sûreté. Guerre du Les moyens propofés a cette AC KoAugaisfenrblée , Turent, de mettre les Forts; &. l-s rioi-en bon état de défenle , d'en aug-UnduiS' menter les Garnifons, 8^ de faire' camper un grand nombre d'hommes; dans les champs voiiins des moulins, à fucre. On ne retira pas l'avantage qu'on s'étoit promis de.ces mefures les Portugais firent plufieurs incur- ' ■fions qui furent très-préjudiciables, aux Hollandois , particuiierement-une où. le Marquis de Montelvano , Vice Roi , envoya un parti de fol-dats pour brûler les cannes de fucre,. ~Le foin d'entretenir trente ou quarante foldats, pour la garde de çha> d e s Européen s. 2 que moulin à fucre, & les pertes que " ■ gaulèrent ces fréquentes dépréda- c'^Tiif' tioiis , altérèrent coniidérablement les revenus de la Compagnie Hol- An"I643* landoife , qui , par les différents échecs que fouffrirent fes troupes , fe trouva hors d'état d'en tenir un corps en campagne. Tel étoit la Situation fâcheufé du Brefil Hollandois , vers la fin de l'année 1640. onhh une Le 22 de Décembre de la mêmetrcvc dc di® année, arriva M. Adrien Van Bul-" laeftrete, en qualité de Directeur du Brefil : on affembla le Grand Confeil , & il fut réfolu d'envoyer la Flotte Hollandoife à Bahia, pour faire des repréfaiîles fur les Portugais & pour faciliter la négociation pour 3a paix, qui étoit alors fur le tapis. Le Confeil des dix-neuf, donna aufïî ordre de tenir en croifiere , quelques gros vaiffeaux, à la hauteur de Rio de Janeiro, afin d'enlever la Flotte jEfpagnole, qui part ordinairement de ce Port pour l'Efpagne, au mois de Mai ou de Juin. Pendant la négociation , un Portugais , nomme Paulo de Kunha, commit les outrages les plus violents , contre les Hollandois, tuant, pillant &dévaf- ayo* Découverte's* ' ' tant de plufieurs côtés. Le Comte1 chap. m. lvlauucc écrivit au Vice-Koi pour fe plaindre de cette conduite, ainfi l6*'' quedes délais de la négociation, qui fembloit plutôt deftinée à amufer les Hollandois , qu'à terminer les différents qui fubîiftoienf entre eux & les Portugais , infiltant fur une rc-ponfe pofitive. Peu de temps après les représentations , & par les foins affidus de M. Vander-Bunrji , qui étoit chargé de la négociation du traité, il fut heureufement conclu au mois de Février 16*4.1 . alors toutes les hoftilités cefferent de part & d'autre. Ce traité fut publié dans toutes les Capitaineries , & tous les Portugais eurent ordre de (ortir des territoires qui appartenoient aux Hollandois. Après la conclufion de cette trêve, qui devoit durer dix ans, les Hollandois prouvèrent clairement, parleurs prévenances d'amitié envers les Portugais, qu'ils étoient réfolus de tenir inviolable» ment leur j. arole. CHAPITRE IV. (Le Commerce commence à fleurir au Brefil, fous la protection des Hollandois : Suites favorables de la pair : Elles font de peu de durée par la décadence des Magafins de la Compagnie: Grandes variations dans fon crédit : Les Planteurs font des pertes confldérables , par une ma* ladie épidémiquequi (émetparmi les Nègres . cir var d'autres accidents inévitables : Suitesfâcheufes du mécontentement : Le déjordre fe met dans les affaires de la Compagnie : Confpirauon formée parles Torlugais contre te Gouvernement du Brefil ; Son origine & fes effets*. AmbaJJbde d'Angola ad Comte Maurice, & d la Compagnie des Indes Orientales. LE Grand Confeil qui penfoit , N H05"10~„~ avec raifon , que la paix eft le Clwp. iv.* foitien du commerce , réfolut d'em- An_ l64}t ployer cet heureux intervalle à le faire fructifier, tant pour le bien pu-fement^du blic en générai, que pour celui de c remplir des vues aufli grandes & aufli chap. iv. laSes 5 on donna tous les encouragements poflibles à ,1'Agriculture , ce An. i*4J» qLlj eut tant de fuccès, qu'en peu de temps , les moulins à fucre furent rebâtis, & que les Cultivateurs travaillèrent avec tant d'activité & d'émulation , que la Compagnie emprunta de groffes fommes, fur Tefpérance glorieufe du gain que l'induftrie de-voit procurer. On s'attacha enfuite à faire de fa-ges loix, qui font toujours le fondement de la fanté nationale. Sans leur fecours,un corps politique, de même que le corps humain , fe remplit bien-tôt d'un fang corrompu, qui entraîne infailliblement fa ruine* On eut une attention particulière dans ces loix, à tout ce qui pouvoit tendre à l'avancement du commerce, & à i'accroiiTement des revenus: publics. Par une fuite néceflaire de ces mefures prudenites , le commerce commença à fleurir , les denrées, furent vendues en plus grande quantité après la trêve, qu'on ne l'avoit jamais vu avant t on mit de très*. grolTes fouîmes dans le trafic en fer* » e s Européens. peu de temps; &le crédit augmenta < i' a un tel point, que les Marchands cïjfïv? & les Facteurs , préférèrent fouvent de vendre à ceux qui ne payoient An,lô*î"' qu'une partie du prix convenu , plutôt qu'à ceux qui en payoient la totalité. Dans les années 1640 & 16*41, I:s revenus de la Compagnie, parvinrent à un li haut point d'augmentation , qu'elle acheta fur fes fonds, une grande quantité de fucre, qui furent envoyés en Hollande. On commença à élever de fuperbes bâtiments; les Habitants vécurent dans l'abondance & dans la magnificences les dettes furent regardées comrna des effets affinés, & toutes choies parurent annoncer l'état le plus flo-ri fiant. Cette férén'ïté commença à s'obf- „1'»Cj"1-n,en" , t v r . ccà décliner, curcir en ! année 1643 , ce les affaires parurent alors fous un point de Vue totalement différent. Quelques expéditions contre Angola, épuife-rent les magafins de la Compagnie^ les fecours n'arrivèrent point de Hollande , comme à. l'ordinaire ; le Grand Confeil fut obligé , pour .payer les Officiers & les Garnifons '200 D i C 6 tf v K R T Si S 1 1 - de donner des délégations fur ceujï Ciiap.iv. clul dévoient a la Compagnie , & de ^ forcer tous les Débiteurs à s'acquit* a< l6+3- ter dans de courts délais. Outre l'épuifement des Magafins ; dont nous venons de parler , les Marchands de Hollande, commencèrent à demander à leurs Facteurs de gros retouis d'argent , ce qui obligea aufli ces Facteurs à preuet les Débiteurs de payer leurs créances, afin de pouvoir fatisfaire aux demandes de leurs Commettants en Hollande. L'argent comptant devint très-rare , & par une fuite néceifaire; le commerce en fouifrit conh déraillement. Cette difette devint fi générale , que plufieurs Propriétaires de moulins manquant d'argent pour payer leurs dettes , furent obligés d'emprunter à trois & quatre pour cent, par mois, ce qui en rcduifit un grand nombre à une telle extrémité, qu'en peu de temps, ils ne purent payer ni le principal ni les intérêts. Il paroîtque ce qui commença à mettre une fi grande ccnfufion dans le commerce & dans le crédit public ; fut U conduite des Portugais, qui bEs E tr* o î» 35 :fl s.' 26V achetèrent une quantité prodigieufe ■ ■» d« marchandifes , dans L'efpérance cha^îv^ qu'une révolution payeroit toutes leurs dettes. Us en contractèrent de An'' **** fi énormes, que les Fadeurs Hollandois , après avoir eu l'indiferétion de leur faire des crédits confïdérables, fe trouvèrent expofés à des pertes ruineufes , mais leurs Commettants d'Europe , les prenant vivement, ils furent obligés de preffer de même les Négociants du pays , par l'entre i mife defqucls les Portugais avoient reçu les marchandifes. Ceux-ci étant hors d'état de payer, les Naturels fe trouvèrent ruinés , les Facteurs perdirent tout leur recours, & les Négociants Hollandois reçurent un furieux échec dans leur commerce. Cet événement , terrible pour le public en général, fit la fortune des gens de Juftice ; tout le pays fut troublé par des procès : on mit un grand nombre de Débiteurs en pri-fon; mais comme ils y étoient entretenus aux dépens de leurs Créanciers , ceux qui les y avoient fait mettre , demandèrent eux-mêmes leur élargilfement, & firent les coin- 26"2 D £ C.O U V E R T E S - politions les moins onéreufes qu'n F' leur fut poiîiL le. A tous ces malheurs , il s'en joi, ' gnit un autre auflî funefte pour le pays , p. r la mortalité qui le répandit fur les Nègres 6c fur les Braii-liens. Us efluyerent une maladie épi, dénique, nommée Bexigos, ordinaire au Brefil , comme la petite vé-Tole l'eft en lurope. Les Nègres en général , fe vendent dans le pays trois cents pièces de huit, pour fer-vir à la culture, & leur perte fut la ruine d'un grand nombre de Plan» teurs ; des infectes & des inondations qui ravagèrent les champs de lucre, leur cauferent encore des dommages prefque irréparables , & cette complication d'infortunes, dans les affaires du commerce, occafionna. des divihons entre les Habitants, dont un grand nombre cherchèrent par des moyens clandeftins, les uns à recouvrer ce qui leur étoit dû, &c les autres à en éluder le payement. Ces divifions , déjà tres-fâcheufes en elles-mêmes , le devinrent encore plus, par les dangereux artifices de quelques mécontents , gens qui pro- des Européens." 20"^' Etefit toujours des troubles pour les ' tourner à leur propre avantage, fc"^™^' qui dépouillent volontiers leurs compatriotes du néceflaire , pour fatis- An> *6^' îaire leur méchanceté ou leur avarice. On trouve de ces hommes pernicieux dans tous les pays ; mais ceux de Brefil fe découvrirent bien-tôt par les efforts qu'ils firent pour per-fuader aux Créanciers qui avoient perdu avec leurs Débiteurs, que la faute en devoir être imputée à la Régence & aux Cours de Juftice, & ils infînucrent en même tems, que les fonds publics dévoient fervir à réparer les pertes particulières. tombe Les dettes de la Compagnie aug- dans le plnS mentoient de jour en jour; les Di-S|anddilcl<^ recteurs qui avoient eu la conduite des affaires du Brefil, avant l'année '16*40, avoient vendu à crédit la plus grande partie des biens confif-qués,des moulins à fucre, des mar-chandifes & des Nègres appartenants à la Compagnie , enforte qu'ils lui avoient faiffé beaucoup de créances 8c très-peu d'argent. Meffieurs Hamel, Bullaeftrete 8c Van Burgh, membres du Confeil, qui leur fuccé-derent, fe donnèrent les plus grands k&j. Découvertes 9m0mm foins pour réformer cette adminif-1>ly/ tration. vicieufe, vendirent ies denrées argent comptant, on les échan-gèrent pour des fucres, afin de fou-lager la Compagnie qui avoit alors de grandes dépenfes à faire pour fes expéditions , aulîi la Hollande en fut beaucoup plus fournie en 1640, &42, qu'elle ne l'avoit été dans aucun autre temps. Malgré cettecon-duite prudente, la grande quantité de Nègres qui furent vendus après îa conquête d'Angola, occafionna de nouvelles créances pour la Compagnie, dont les Débiteurs furent très-peu exacts à remplir leurs engagements. Alors le Confeil des dix* neuf ordonna exprelfément, que les Nègres, à l'avenir, ne feroient vendus qu'argent comptant , ou en échange pour des fucres, mais on fut bien tôt obligé de déroger à cette ordonnance, qui auroit entraîné la ruine de ce commerce , parce que les Habitants ne peuvent achetée leurs Efclaves qu'à crédit , jufqu'à ce qu'ils ayent retiré le fruit de leur travail. Les Membres du Confeil, pour aûurer les créances de la Compagnie, rifolurent dés Européens. 26$ ïéfolurent de faire affigner les Débi- 1 ■■■■ teurs, immédiatement après la ré- cfeapT"' coite des fucres', & à défaut de payement , ils donnèrent ordre aux Offi- An*lfi41' ciers de Juftice, de les y contraindre par la faifïe de leurs effets. Cette rigueur fut luivie d'une multitude de procès , & le trouble devint fi général, que le Grand Confeil commença à craindre un foule-vement. Les Membres s'appliquèrent à trouver les voies d'arrangement; & enfin , il fut propofé que la Compagnie fe rendroit refponiable des dettes des particuliers , à condition que les Propriétaires des moulins à fucre, feroient tenus de lui en remettre tous les ans le produit, jufqu'à ce que leurs dettes fuffent acquittées ; & pour que le bénéfice de cette efpece de cautionnement, pût s'étendre à la Compagnie , & à fes moulins à fucre , de même qu'aux Marchands & aux Facteurs, on réfo-, lut de convenir de certains articles, par lefquels on verroit que la Compagnie ne fe propofoit d'autre avantage , que celui de pouvoir recouvrer quelques dettes qu'on avoit lieu de croire perdues. Tome V. J$ 2Ô6 Découvertes La Compagnie ayant été revêtu* c'ha^i" '^es pouvoirs néceflaires pour faire cet accommodement, fit connoître An. 1^4?. au pUblic , les arrangements particuliers qu'elle avoit pris avec quelques perfonnes, afin quelles ne puffent à l'avenir , rien recevoir à crédit, fans l'approbation du Grand Confeil ; de il fut ordonné à leurs Créanciers, de prouver leurs créances, dans l'ef-pace de trois femaines, fous peine d'être exclus du bénéfice de la convention. Les efprits mal difpofés & les. gens mal intentionnés, blâment toujours les mefures les plus prudentes; aufli les moyens qu'on avoit pris pour rétablir le crédit public, & qui paroifloient être les feuls qu'on pût employer , furent condamnés de quelques-uns , & ils leur attribuèrent la révolte en faveur des Portugais. Cependant ils eurent alors un fi grand effet, que l'induftrie reprit le delfus, & que toutes chofes femble-rent promettre un Etat floriffant, dé gagé de toutes dettes : enfin l'année ifS^y, fut fi abondante en fucre, que depuis long-temps, on n'en avoit eu une femblable. t> e s Européens, 26j "Les Portugais , partie par leur ■■■ haine nationale contre les Hollan- ^ÇjJK dois , li naturelle aux vaincus contre leurs vainqueurs, & partie pour s'ac- Al'Iâ4î' quitter des dettes immenfes qu'ils Les/or1t.lV' avoient contractées, & qu ris le trou- pofent à u voient prefque dans l'impofïibiiité rcvoltc« de payer, réfolurent d'employer tous leurs efforts pour détruire le Gouvernement. Us fe déterminèrent aifé-ment à la révolte, & dirent même allez ouvertement, que s'il ne le m? venoit des fecours de Bahia, ils en follicheroient de l'Efpagne ou delà Turquie. Vers la fin de 16*4,2 , on les avoit déjà défarmés, fur le foupçon qu'ils avoient defiein de fe révolter; mais quelque temps après , on leur avoit rendu leurs armes , & ils étoient demeurés depuis aiTez tranquilles , fans doute, par la crainte des Garnifons ïlollandoifes. Pourfaire connoître cette révolte au Lecteur, en la prenant dans fon origine: le 13 de Décembre 1Ô42» un nommé Jean Fernandes Vieira, parut dans la chambre du Confeil, où il déclara qu'un Juif lui avoit dit que lui & fon beau-pere , nommé 2 6*8 DÉCOUVERTES m .i > Berengel, avoient été chargés, par cïaTiv*' Berengel nls> de lettres dangereufes pour l'Etat, adreilées au Roi de Por-Au. 1643. tugal. L'Accufé convint d'avoir donné les lettres à ces deux perfonncs, pour ies faire remettre au Roi : mais il foutint qu'elles ne contenoient autre chofe qu'une recommendation , pour faire obtenir au Porteur, quelque emploi à la Cour de Lifbonne. Il confirma fa réponfe , parla copie de la lettre: elle fut examinée, & l'on n'y trouva rien de plus , que ce qu'il avoit déclaré. Vieira propofa alors , de défarmer les Portugais, particulièrement les Capitaines, avec tous ceux qui étoient à leurs ordres, tant Bralihens, que Nègres, Mulâtres & Mameluk?. Le Comte Maurice produilît une lettre du Confeil des dix-neuf, par laquelle on lui donnoit avis que Jean Van North , qui avoit fervi en qualité de cadet, pendant quatorze mois »ju Brefil, avoit déclaré à Amfter-aaaj, xju'il avoit fervi dans un moulin à fucre , appartenant à Fernan-des Vieira, & qu'après y avoir été employé pendant deux mois, il avoit été follicité par Prançifco Berengel te s s Européens. 2 6p Labrador , d'accompagner fon fils - -Antonio Dandrado Berengel , en ÇjJp^-qualité d'interprète en Hollande, & enfuite en Portugal : qu'étant engagé An" '*4,ï par des promeffes très-avantageufes, il avoit accompagné le jeune Berengel qui, après trois femaines d'une étroite liai fon, lui avoit dit, qu'il avoit une lettre lignée de Vieira , de Francifco Berengel, de Bernard Kar-valho, de Jean Biferro & de Louis Bras Biferro, par laquelle ils affu-roient le Roi de Portugal, qu'ils avoient des moyens fufHfants pour réduire le Brefil fous fon obéilfance. Le Confeil ajoutoitque fur cette lettre , le Roi de Portugal avoit donné une commifïion de Capitaine au jeune Berengel, & en même-temps on ordonnoit au Comte Maurice de faire obferver exactement 'les per-fonnes dont il étoit parlé. Le Grand Confeil s'étant aflemblé DJcouverie le 16 de Février 1643,1e Comte^l0^al'm Maurice l'informa qu'il étoit inflruit, a n'en pouvoir douter, que quelques-uns des principaux Portugais avoient formé le deffein de furprendre & de tailler en pièces les Garnifons Hol-landoifes, dans les cantons de Mo-M iij 270 Découf ÈTTtKS 1 1 ribeka, & de Saint Antoine, ainfi Jch"pHiv!'ciue c*ans plufieurs autres ; qu'ils dévoient le mettre à exécution , une Aa,«643. ^es f£tes de Pâques, qui étoit le temps le plus favorable, parce qu'ils avoient coutume de s'affembler alors en grand nombre pour les célébrer : 'que les principaux Chefs de cette confpiration , demeuroient dans le Yargea, & qu'ils fe propofoient de furprendre le Receif, dans la penfée que les garnilons de ce diftrid:, fe-roient moins de réfiftance , & que lorfque la Compagnie feroit privée de foldats 6c de commerce en cet endroit, elle ne pourroit fubliftet long-temps au Brefil. Cette fituation des affaires, fut l'objet d'une mûre délibération , 6c l'on réfolut d'éviter d'allarmer le pays, en arrêtant publiquement les perfonnes fufpectes. On prit feulement des mefures fecretes , pour mettre les places fortes en bon état de défenfe, de pour veiller continuellement fur ceux qu'on regardoit comme des ennemis cachés. Plufieurs lettres , dont quelques-unes étoient anonymes, furent envoyées au Comte Maurice, pour lui confirmer ies dés Européens. 2jt aeûeins perfides des Portugais ; il en reçut entre autres une de M. Van Els, datée de Surinam , par laquelle il lui marquent , qu'il étoit informé très-sûrement, qu'un certain Mulâtre , de la compagnie d'Auguflrm Hardofo , ayant été interrogé par quelques-uns de la Fregafie , qui lui demandoient quelles affaires il avoit dans ce canton , il leur avoit répondu , qu'il avoit des lettres à donner à quelques perfonnes qui demeuroient près du Receif, ajoutant qu'ils ver-roient dans peu, cette place foumife fans aucune effufion du fang Hollandois ou du fang Portugais. Au mois de Décembre 1643 , D om Michel de K-rafto , Dom Sébaf-tien Manduba de Sonho , & Dom Antonio Ferdinandes, Amballadeur du Comte Sonho , à Angola, arrivèrent au Receif, où ils amenèrent plufieurs Ne?;res, pour en faire prélent au Comte Maurice & à la Compagnie. Quand ils furent admis à l'audience , ils déclarèrent que l'objet de leur ambaffade, étoit de demande* que le Gouvernement du Brefil n'envoyât au< un fecours au Roi de Congo, qu'on jugeoit qui avoit defïein Miv Découvertes d'attaquer le Comte. On leur report* ^chap! iv. ' » <î[ue ^e Confeil écriroit à M. Nieuland, Directeur en cet endroit, An. X643.5 p0ur qU*il flt fes efforts, afin d'écarter tout fujet de contcflation entre le Roi de Congo & leur maître. Le Confeil écrivit auflî au Roi & au, Comte Sonho, pour leur recommander la paix. Les Ambaffadeurs furent très-bien traités pendant leur fejour, & l'on remarqua qu'ils étoient très habiles dans la Langue Latine, & dans l'exercice de l'efpadon. Ils s'en fer-voient avec des geftes qui leur don-noient une figure terrible , & fai-foient des grimaces qui rendoient leur vifage affreux. Quand ils partirent , on les chargea de magnifiques préfents pour le Roi de Congo, & d'autres, de pareille valeur, pour le .Comte Sonho. t>Es Européens. 273 CHAPITRE V. iex Portugais trament quelques dejfeins fecrets contre les Hollandois du Brejil : Le Confeil eft revêtu dit Gouvernement après la réfignation du Comte Maurice : Ce Seigneur s"1 embarque pour la Hollande : Am-bajjade du Brefil aux Jfles Bahia : Ltat des Portugais dont ces lflcs : Le Brefil Hollandois efl en danger > par de nouvelles intrigues: Le Grand Confeil reçoit une lettre t où on lui donne quelques avis importants, & on lui fait part de quelques découvertes : On prend des mefures pour prévenir la révolte & pour entretenir la paix» LE i3d]OAobrei^4, un Juif tmvwmm nommé Galpar Francifco de chap, v Kunha, & deux autres fujets de l'a ^ vtf même religion ,. donnèrent de nou- j_ 'ttmr vea..x loupçons dune révolte, en entreprifcs déclarant au Grand Confeil qu'ils deî ï9a'^ avoient été informés par quelques6"*' Juiis qui entrecenoient correfparc- ^7 4 Découvertes .ancedans le pays, quô le? Port*; ciia^v. 'Sa,s îormoient un cormplot contre ie IkeiiL Le Confeil, après les avoir re-*1 43' merciés de leur avis, s'attacha à découvrir quels pouvoient être les projets des Portugais. On apprit par de sûres informations qu'ils atten-doient des armes & des munitions par mer ; alors, on donna ordre au Yacht , nommé le Nieuhoufe , accompagné d'une galliote & d'une chaloupe, de croifer fur la côte du Erefîl Hollandois , pour obferver tous les bâtiments qui en appro-cheroient. Le comte Le 22 d'Avril, la commifiion des JJe?ie*GoIe" Gouverneurs de la Compagnie des vexnçment Indes Orientales, fut lue dans le »uConfeil. Grand Confeil ; &, en vertu de cette commiiTîon , les Membres du Confeil furent chargés de l'adminiltra-tion du Gouvernement jufqu'à nouvel ordre. Le Comte Maurice pour les revêtir publiquement de fon autorité , convoqua une aflemblée générale de tous les principaux du pays, tantEcclélïaittques que de l'Etat civil & militaire, auxquels on joignit même les chefs des Juifs. Elle fus tenue ie 6 de Mai, & le Comte des Européens. 275-Maurice lui fie la réfignation du Gou- ————-vernement dant il étoit en poffeflïon Nchap.°v* depuis huitans. Apres quelques compliments fur leur attachement aux An'I hauts & puiflants Etats, & quelques remerciments fur le bon traitement qu'il avoit reçu d'eux en qualité de Gouverneur, il leur dit qu'il avoit dreflé un mémoire qui pourroit leur être de quelque utilité pour le gouvernement. Tous les Membres du Confeil lui en marquèrent la plus vive reconnoiffance. Avant la dif-folution de l'afTèmblée, il y eut quelques débats fur le choix d'un Préfident ; mais ils furent terminés en convenant que toutes chofes ref> teroient comme elles étoient lous-le Gouvernement du Comte Maurice : ainfi chacun conferva fon rang,. La première place Tut pourM.IIa-mel, la féconde pour M. Bullaef-tfete, la troifieme pour M. Vander-Burgh, & ainfi de fuite. Tout étant réglé de cette manière . le Comte-Maurice partit du Receif le 1 r der Mai x6iiT^> accompagné d'une foule innombrable de peuple auquel il marqua la ni us grande affection. Le 22 „ il mit à la voile pour la Hol^ 276 Découvertes " " ■11 ■ lande avec une flotte de treize vaif-chapTvf'feau£& un gros corps de troupes, ne laiffant que dix-huit compagnies Aa-à la Garde du Brelil Hollandois. ÀmbaiTade Après le départ du Comte , le d« hou*,- Qrand Confeil réfolut de faire une recherche plus particulière des def-feins des Portugais contre le Gouvernement. Dans cette vue, il fut réfolu , au mois de Janvier 1644 % d'envoyer Gilbert deWit, Confeil-lier de la Cour de JufKce , & le Capitaine Driko Hoogftrate , alors Commandant en chef du Cap Saint Auguftin , à Antonio Telles de Syiva, Gouverneur de Bahia , avec des instructions portant : qu'ils re-Biettroient leurs lettres de créance pour complimenter le Gouverneur au nom du Grand Confeil ; lui renouvel 1er les affurances de 1 amitié la plus inviolable ; lui dire que plufieurs des fu.je.ts du Brefil Hollandois , après avoir contracté des dettes confidérables , tant envers la Compagnie qu'envers d'autres habitants , fe retiroient à Bahia ; & leprier pour le maintien de la juft.ice publique, ou de faire mettre ces banqueroutiers enprifon,. ou de donner avis des Européens. 277 de leur arrivée au Gouvernement ■ 1 — olianaoïs , pour que les lujets Chap. v. lezés pûflènt les pourfuivre conformément aux règles établies. Ce *l fut fous ce prétexte fpécieux que partirent les deux Députés : mais l'objet réel de leur ambaflade fut d'examiner les forces "des Portugais tant par mer que par terre ; de découvrir l'état du commerce des Nègres ; de connoître s'ils avoient quelqu'autre commerce avec les habitants de Buenos-Ayres : de pénétrer dans les delïeins des Portugais contre les Hollandois ; enfin de demander que le Gouverneur ne permît pas que les déferteurs du Receif fuffent tranfportés en Portugais mais qu'il donnât fes ordres pour les renvoyer à leur garnifon. Le 8 de Février , ces Envoyés arrivèrent à Bahia 5 après avoir jette l'ancre près la ville de San Salvador, où le Gouverneur envoya, pour les recevoir, le Major Domingo Delgados , & le Capitaine David Ventura. Ilslesconduiïîrent en grand cérémonial devant le Gouverneur qu'ils trouvèrent accompagné d'un grand nombre de. fes principaux 27$ Découvertes* "IM Officiers. Les Envoyés , admis g ci^p'y"'l'audience , firent une longue harangue très-étud.ée , où ils s'éten-An. i6+-4. dirent fur les attentions particulières de leurs Maîtres pour les Portugais , & fur le defir qu'ils avoient d'entretenir une paix inviolable. Ils ajoutèrent qu'ils avoient à communiquer des objets plus, particuliers, & qui demandoient plus de fecret. On leur donna une féconde audience ; & le Gouverneur , après avoir entendu leurs propohtions, leur répondit en général, qu'il conful. teroit fon Confeil , & leur donneront le lendemain le réiultat de ce qui feroit délibéré. En conféquence il. leur dit, le jour fuivant, en termes très-gracieux ; que l'affaire ayant été examinée dans le Confeil, il leur reniettroit une lettre pour leurs maîtres qui contiendroit toute la ré-ponfe qu'il pouvoit leur donner. Les Envoyés répondirent que, puifque les vagabonds étoient en sûreté à Bahia , le Gouvernement Hollandois fe borneroit à demander au Gouverneur qu'il lui plût d'en faire remettre les noms , pour qu'on pût feulement favoir le lieu où ils se- des E c r o p i é S s. 3f$ toient retirés. Cette demande fut , ,-sa accordée , & ils reçurent leur au- njeohojf1, uience de congé , après avoir ete traités avec grande magnificence , & Ai1, l644* avec toutes les apparences de la plus fîncere amitié. Les Envoyés, de retour au Re- R apport des eeif, remirent la lettre du Gouver- ^j^s aw neur Sylva au Grand Confeil. Elle ne contenoit que des termes généreux d'égards & d'attention pour les Etats de Hollande , & en particulier pour les Hollandois du Brefil, qui s'étoient adrefiés à lui pour les différents objets d'inftruc-tion fecrete dont nous avons parlé. Les Députés rendirent enfuite un compte circonftancié de ce qui avoit fait le principal fujet de leur miiiio-n, & dirent au Confeil : Que, fuivant les informations les plus exactes qu'ils avoient pu avoir;, les troupes Portugaifes , en y comprenant les Nègres, & lesBrafiliens, ne montoient qu'à trois mille hommes , difperfés en différentes garnifons, dont San Salvador étoit \% Principale. Que leurs forces navales croient très-peu confîdérables , n'étant compofées que de cinquante 'aSo Découvertes ' petits vaiffeaux, & Yachts nullement ci»p. v. armes en guerre. Que pe.idant le fe-jour des Envoyés à San Salvador, il , n, étoit arrivé deux vailfeaux de guerre Portugais à Bahia , fous prétexte de protéger leur commerce contre les aventuriers de Danemarck & de Caf-tille. Que ces deux vaifleaux avoient apporté des ordres de Sa Majefté Portugaife pour empêcher qu'il ne fût conftruit aucun nouveau bâtiment , li petit qu'il pût être , & pour que fes fujets ne nlfent fortir que les vaifleaux en état de réfifter aux in-fultes de l'ennemi ; ce que les Envoyés regard oient comme un avantage pour les Hollandois, en ce que ces ordres alloient nécelfairement augmenter le prix de la voiture du fucre des Portugais. Pour ce qui concernoit le commerce des Nègres, ils l'avoient trouvé très-peu conHdérable. Cependant ils jugeoient que le prix n'étant que de trois cents écus chacun , ils ne dévoient pas y être rares. Il ajoutèrent à leur rapport, que le 8 de Février, ils avoient vu, à Bahia, deux vaifleaux de v^ttgt canons chacun „ fans avoir pu découvrir avec quei- des Européens, afët que certitude qu'elle étoit leur def- .....— tination, ce qui leur avoit fait fou p- ^i™0"1 Çonner, avec raifon , quelque finiftre delfein ; mais qu'avant leur départ, An* l64<* ils avoient appris que ces bâtiments étoient deftinés pour Angola , afin de défendre Mafagoa & fes habitants contre les Nègres. Ils dirent que le temps en feroit connoître la Vraie deftinatîon , & qu'ils foup-çonnoient toujours que cette expédition avoit quelque autre objet , par les foins qu'on s'étoit donnés pour leur en faire un fecret, 6V parce qu'on avoit eu la plus grande attention à empêcher que les Hollandois & les Allemands n'euffent aucune communication avec ces vaifleaux pendant tout le temps que les Envoyés avoient demeuré à San Salvador. A l'égard de Buenos-Ayres, ils dirent qu'il n'y avoit point de commerce entre cette place & aucune des Capitaineries Portugaifes , & qu'il ne leur avoit pas été pofîible d'avoir la plus légère information fur les personnes qui concertoient ou qui foutenoient des projets contre le Brefil Hollandois. C'efl ainfi '282 Découvertes que les Envoyés remplirent chacun NchapHv7'des articles de leur instruction , Se ils y joignirent une description de An. r644. gan Salvador, de fes habitants, de la perlonne du Gouverneur , des fortifications 8c de plufieurs autres particularités. Nouveau Le bruit d'une révolte , qui s'é-dc r«-toit élevé 8c détruit en 164.0 , fe renouvella avec plus de fondement An,I(^- en 1645. On découvrit, & il fut prouvé prefque avec certitude, que les mécontents fe difpofoient à prendre les armes, fondant leursefpéran-ces fur le fecours de Bahia , & fuc la foiblelfe actuelle des Hollandois, parce que la plus grande partie de leur flotte & de leurs ttoupes de terre "avoient accompagné le Comte Maurice en Hullande. Le Grand Con-, feil , bien inftruit de leur deliein * prit toutes les mefures poffibles pour le prévenir , & envoya de toutes parts des efpions , avec ordre de fonder à fond les inclinations du peuple, 8c de tâcher de découvrir les chefs de la fédition. Ces précautions furent infructueufes , 8c l'on ne put faire aucune découverte importante* mais le Confeil Hollandois fut ton- Y>f.$ Européens. jours convaincu qu'on tramoit for- ' tement une révolte. On favoit que '{HJ^* les Portugais étoient animés , ainfi que nous l'avons déjà remarqué, par An',tf*fr le mécontentement naturel à un peuple conquis ; & comme la différence de religion augmentoit encore leur animofîté , on ne pouvoit fe tromper en jettant fur eux les foup-çons. Le Confeil du Brefil écrivit en conféquence au Confeil des Dix-neuf en Hollande pour lui expo-fer, dans le plus grand détail, l'état actuel des affaires, lui faire part des informations qu'on avoit eues furie projet de révolte , & des mefures qu'on avoit prifes pour la prévenir. Cette lettre étoit terminée par l'af-furance que donnoit le Grand Confeil de ne rien négliger pour s'oppo-fer à l'infolence & aux deffeins perfides des ennemis publics & particulier s. Le Grand Confeil eut de nouvelles alla rmes fur l'avis qui lui fut donné tant par cette lettre que par divers rapports de la marche d'un corps de Portugais contre la Capitainerie de - Sergippe del Rey. Apres un mûr examen ce bruit parut fans fonde- 284 Découvertes ■ '1 ment; mais le 30 de Mai on reçut ciup!°v.F 'une nouvelle lettre fignée a Perdait undcr plus ultra. On la traduilit du 1 s+î* Portugais, & l'on trouva qu'elle con-tenoit : qu'il y avoit un projet formé d'attaquer le Brefil Hollandois ; que Fernandez Vieira étoit le mécontent le plus formidable ; qu'il fa 11 o i t né-celfairemcnt s'affurer de fa perfonne j mais qu'on ne devoit le faire qu'avec de grandes précautions , parce qu'il é:oit continuellement fur fes gardes ; & que s'il découvroit qu'on en eut l'intention avant qu'oivj'exécutât, [{ étoit vraifcmblablc que cela l'obli-geroit à précipiter le malheur qui menaçoit le Brefil ; qu'il falloit donc apporter autant de diligence que de . fecret, 6c qu'il étoit abfolument né-ceffaire de défarmer les habitants des Frégafies particulières. Ceux qui avoient écrit cette lettre proteftoient de la vérité de ce qu'elle contenoit, & de leur attachement au Gouvernement Hollandois : mais ils difoient qu'ils ne pouvoient actuellement fe faire connoître par des raifons effen-tielles pour eux , & qu'ils fo décou-vriroient quand le danger feroit moins grand. Ils ajoutoient, en fi- des Europe en s. 28 hiflant , qu'ils croyoient à propos < • 1 de faire arrêter Francifco Berengel, ^'.T* *e beau-pere de Vieira , Antonio K-avalkanti, & tous les chefs du Ver- An* geas. Les écrivains faifoient encore obferver dans cetre lettre qu'ils partaient en termes aufli clairs & aulîî formels qu'ils l'auroient pû faire de Vive voix. Après la lecture de cette pièce Réfoiution importante , le Grand Confeil ap- du CoJlfcU* pella'à fon aifemblée Paul de Linge, frélïdent du Confeil de Juftice , Cornélius Lichthart, Vice-Amiral, & le Lieutenant Colonel Garftman, afin de prendre , de concert avec eux , les mefures les plus promptes & les plus efficaces pour garantir le Brefil Hollandois des ennemis étrangers & domeftiques. On examina les différentes lettres ainfi que les avis particuliers , & l'on décida unanimement que , fuivant la fituation actuelle des affaires , on ne devoit rien négliger pour remplir trois objets principaux. Premièrement, qu'il falioit pourvoir les Forts , & tous les endroits où il y avoit garnifon, de vivres Pour deux mois, & donner des or- 286* Découvertes — dres très-précis aux Officiers corn* y* ' mandants de fe tenir très-exactement fur leurs gardes. *h Secondement, il fut réfolu de donner ordre à Jean Leftry, Commandant en chef des Braliliens, de tenir fes gens prêts à fe mettre en campagne au premier avertilfement, Se en même temps le Confeil réfoiut d'envoyer des efpions dans tous les endroits où l'on pourroit efpérer de faire quelque découverte. Troifiemement , on convint de demander à Jean Fernandez Vieira , de fe rendre au Receif avec fes répondants Francifco Berengel & Bernardin Rarvalho , fous prétexte de faire avec lui une nouvelle convention qu'il avoit paru délirer. On jugea que c'étoit le moyen le plus propre à le rendre maître de Vieira pour pénétrer enfuite dans tout le complot Portugais, & l'on gagna un Courtier nommé Koin qui fervoit d'agent dans la convention avec Vieira , pour l'attirer dans le piège. Le Grand Confeil prit les mêmes précautions pour s'alfurer de plu-iieurs autres fujets dangereux. des Européens. 2$j CHAPITRE V L On fait des efforts infructueux pour fe faifir de quelques-uns des principaux mécontents : On en décrète plufieurs ; On arrête deux des Chefs , qui font dïverfes découvertes importantes, G* paroifjent avoir été réellement bien intentionnés pour les Hollandois : On leur rend la liberté, 6r l'on amené un affe\ grand nombre de prifonniers ; On fait de toutes parts , de grands préparatifs pour une attaque ouverte: Ammjlie offerte aux rebelles : Soulèvement au Cap Saint Auguflin : Le Colonel Haus marche contre les Révoltés, fesfuccès : Affreufe conspiration des Portugais découverte : Vieira &' les autres Chefs des Mécontents, font des remontrances inutiles au Confeil : Examen & con-fejfîon d'Antonio Dolivcra. CCONFORMEMENT à la lcfo- m > lution prife par le Grand Con- nhiuhoff, ieil, on employa tous les moyens up ' pofiibles pour attirer Vieira au Re-*n- l64j». Découvertes ceif ; mais ils fureat toujours fans Chap.VL ' mccès , ce qui détermina à envoyer Te Lieutenant Denniger avec un par-An. i«45. t- ^e fojdats pour l'enlever par force . oncfTayede fa maifon. Cette entreprife fut inutilement rr • -i ,•.»/. de fe rendre au{tl mutile, parce qu il S etoit ea-■«naître des ché depuis trois femaines, & Den-c cs' niger ne fut pas plus heureux dans les recherches qu'il fit aux maifons d'Antonio Kavalkanti de d'Antonio Biferro. On donna au Confeil de nouveaux avis que les ennemis étoient en mouvement; mais comme ils furent pour la plupart fans fondement, ils ne fer-virent qu'à inquiéter de plus en plus le Gouvernement. Le Confeil n'ayant pu réunir à le rendre maître de Vieira, décréta un grand nombre de perfonnes en différentes Provinces. On craignoit que les habitants de Parayba qui étoient chargés de dettes , ne fuffent par cette raifon , à la tête de la révolte , & l'on y envoya M. Paul de Linge, en qualité de Directeur, avec des pouvoirs à discrétion pour le Gouvernement de Rio-Grande, ainfi que de Parayba. On lui donna les ordres néceûaires pour prendre cent hommes des Européens. ho mmes fur les vaiileaux avec des —* provifions à proportion , & pour s'en tervir tant à la dé l'en fe du Fort fainte Marguerite , qu'à contenir les A habitants. On n'avoit qu'une médiocre quantité de provifions, & l'on jugea convenable de former un petit Camp près de Saint Laurent, & de s'afïurer des chofes néceffaires pour tenir en refpect les mécontents. On donna ordre à plus de quatre cents hommes de fe mettre en campagne pour former ce camp, & quand on eût examiné la Ville de Moribeka , 011 prit les mefures convenables pour en augmenter les fortifications. On apprit le même jour que Vieiraavoit paru dans fon moulin , & l'ony envoya des troupes la nuit fuivante : mais elles revinrent encore fans avoir pu le trouver. Son homme d'affaires fut interrogé, & l'on jugea par fes réponfes qu'il étoit impoffible de tromper la vigilance de fon maître. On en fut en quelque façon dédommagé par la prife de Sébaftien Kar-Valho , & d'Antonio de Bulhons, deux des fujets décrétés. Ils furent arrêtés & conduits au Receif, oit Tome V, N 2t$Ô couvert!? le premier fut examiné la nuit met chap.vL'me ue f°n arrivée par M. Walbeck, A {Teneur de jufiice ; & tel fut l'aveu An. 164s- qu^l fit dap.s fon interrogatoire. Détail de la Qu'il étoit l'un des trois qui co"fri"tio"-avoient écrit au Confeil la lettre dont nous avons parlé dans le chapitre précédent ; qu'il avoit ligné une affociation pour faire paffer le Brefil Hollandois lous la domination du Roi de Portugal, mais qu'il y avoit été forcé par les menaces de Vieira qui paroiffoit être 1 aine du complot ; qu'aufli-tôt qu'il avoit eu ligné, il en avoit donné avis à Fernand-Vale, & à un troifieme, &■ que conjointement ils avoient écritAcette lettre. Il ajouta à fes réponTes quelques obfervations fur le plan de la révolte qu'on trouva parfaitement d'accord avec les informa-: tions que nous avons rapportées. Le Confeil étant alors bien convaincu des defleins perfides deVieira t ordonna de faire de nouveaux efforts pour fe faifir de fa perfonne, ainfi que de fon facteur Manuel de Soufa. Toutes les recherches furent encore inutiles ; mais Gafpar Peri-pie, Notaire public , qu'on préten* des Europe É us. 291 doit avoir drèfle l'alfociation, tut ■ arrêté par ordre du ConfeiL SpTvi?' Karvalho , malgré fa déclaration , fut retenu prifonnier jufqu'au ^-An-16^s« d'Août ; mais quand le Confeil eue des preuves fuffifantes qu'il étoit un des trois amis fecrets du Gouvernement qui avoient écrit la lettre , il fut mis en liberté, après de très-vives follicitations. » nefurea Le danger approchoit de plus en quW prend , „ • .rr , ta i , potu- le pic- plus, & exigeoit qu on ht tous les pie- venir, paratifs pofïïbles pour fe mettre en défenfe. On donna ordre aux habitants du Receif, & à ceux qui demeuroient fur le bord de la rivière , d'entourer leur habitation de paliffades, fous peine d'une amende de deux cents écus : les fortifications de la ville de Maurice furent réparées & augmentées. L'Amiral Lichthart fit avancer deux vaiffeaux de garde à des endroits convenables pour prévenir les furprifes qu'on auroit pû faire dans le temps de la baffe mer ; & pour fuppléer au défaut de provifions dont les garnifons manquoient, on donna des ordres à plufieurs Commandants militaires pour qu'ils priffent fur les N ij .292 Découvertes - 1 habitants la quantité nécelfaire de chap. 'rarinea dont la Compagnie fe rendit relponfable. En même temps Paul AJ1.1S45. de Linge partit pour fon expédition de Parayba à la tête de quinze cents hommes ; Bernard Karvalho, qui s é-toit tenu caché fit demander, & obtint la permiflion de fe rendre au Receif pour fe juftifier Jean Pefloa ., qui étoit également fufpecl, demanda aufli par une lettre qu'on lui permît de comparoître devant le Confeil, c equi Jui fut accordé de même qu'au Pere Laurent Alkunha , & à quelques autres qui firent la même demande. LesPomi- Le 16 de Juin, on apprit que An-gars fe met. dré Vidal, avec mille Portugais & lent en cam- 1 xt „ jt pagne. un corps de Nègres , avoit pris poite su-defl'us de Saint Antoine , près le moulin à fucre 'nommé Topeku-ra, & le même jour on amena prifonniers au Receif deux proferits , JeanKarnero de Maris, & Francifco Dias del Gado. Dans la confufîon où l'on fe trouva par toutes ces circonftances , le Grand Confeil , après une mûre délibération , jugea nécelfaire de tranfporter le camp de Saint Laurent à Moiibeka > afin de mettre eq des Européens. 293' fureté la rivière Sangea, de demeurer ■ — ■ maîtres de tout le pays jufqu'au Cap ^h.^.'/ v/. de Saint AugufKn , & de (e couler ver le pafïàge libre pour les pro- An' lû+)* vifîons. On penfa qu'il étoit d'autant plus important de prendre cette melure, qu'on avoit éprouvé dans les guerres précédentes combien il étoit facile de couper la communication de vivres des parties méridionales au Receif, quand ce poffe n'étoit . pas mis en fureté. En conféquence de cette ré fol u-tion , les troupes eurent ordre de marcher à Moribeka , & l'on chargea les Echevins delà ville Maurice d'acheter toutes lc3 provifions né-ceffaires' pour l'uiage de ces troupes. On publia aufli une proclamation pour que tous les habitants ce Serenhaim, Pojuka, S. Antonio, te Moribeka euflentà fe rendre complètement armés , hommes & chevaux a S. Antonio pour y fervir fous les ordres du Lieutenant Colonel Gafpar Vander Ley , & du Colonel Jean ïîeck pour la défenfe du plat pays. Ceux qui n'étoient pas en état de s'entretenir furent mis au nombre des autres foldats ; & le Colonel , Nlij '2$ 4 Découvertes -■«"■'■' 1 conjointement avec le Lieutenant-^ij".^''^'Colonel, offrirent de fournir à la garnifon quinze cents mefures de An. 1645. farinej fous ja COndition qu'ils en feroient payés argent comptant. Le Grand Confeil, qui avoit de fortes raifons pour foupçonner les Brafiliens qui étoient fous fa jurif-diétion, d'être gagnés par Kamaron, réfolut de traiter avec leur Chef Lit g try , & par fon entremife de faire en forte de leur perluader d'envoyer leurs femmes & leurs enfants dans l'Ifle de Tamarika, fous prétexte de les mettre à couvert du danger des hoflilités ; mais, en effet , pour les y garder comme otage de la fidélité de leurs pères & de leurs maris. Un nommé Antonio d'Oîivera ayant donné avis au Grand Confeil, qu'un nombre confidérable de Portugais, commandés parle frère de Kavalkanti, quatre cents Brafiliens aux ordres de Kamaron, trois cents Indiens, de ceux qu'on appelle Ron-delas de Sertoa , & cinquante Nègres conduits par Henri Dias, dévoient marcher de Bahia , au fecours des Rebelles, M. Slotenisky fut envoyé avec un petit détachement pour ï) E S îi U R O F lî E N Si reconnoïtre; mais «près avoir battu ——- la campagne pendant huit jours, il ^h^v'i'/ revint au Receif, fans avoir fait aucune découverte importante: cepen- An. 1645. dant fon rapport, joint aux premières informations , prouva clairement , que toute la révolte étoit la fuite des intrigues de Vieira. Le 17 de Juin , le Grand Confeil, Amnîftieac-avec l'approbation du Confeil de c^jv,ip:u " Juffice, fit publier une proclamation pour offrir un pardon général à tous ceux qui s'étoient engagés dans la révolte , à l'exception des Chefs , fous la condition, qu'ils fe rendroient en perfonne au Receif, dans les cinq jours après la publication, &y re-nouvelleroient leur ferment de fidélité au Gouvernement Hollandois après quoi , ils jouiroient pleinement & tranquillement de tous leurs biens & privilèges. Au contraire, on déclaroit que ceux qui rejetteroient la grâce accordée par cette proclamation , feroient expofés au fer & au feu i dans toute la rigueur de l'exécution militaire. On en fit plufieurs copies, traduites en langue Portugal fe , & elles furent diffribuées le lendemain matin en divers endroits. N iv 25>6" Découvertes -......Pendant qu'on faifoit les prépara- chaprvx'1^ Pouria P!us vigoureuie défenfe, le Grand Confeil reçut avis que An 1645 ]es etlnemis j au nombre de plus de Commen quatre mille hommes, étoient en lioiï mouvernent > & avoient commencé les hoftilités dans le diftrict de Po-juka. fis s'y étoient emparés de deux barques remplies de paffagers qu'ils avoient faits prifonniers & paffé en-fuite au fil de l'épée, excepté un Matelot, qui avoit eu le bonheur d'échapper à leur barbarie. De leur côté, les Habitants après avoir élu pour leur Chef. Tabatinga Amador d'Arravio, avoient pris ies armes, & avoient coupé aux Hollandois , la communication par terre , avec le Cap Saint Auguftin. Le 20 de Juin, il arriva au Receif, un Bralilien qui déclara que le Capitaine Jean Bloar de Porto Cal-vo , l'avoit chargé de lettres pour le Grand Confeil : mais que près de Kamboa, il avoit été attaqué par quelques gens de Pojuka , qui lui avoient pris le paquet, & avoient tué un homme qui l'accompagnoit. Il ajouta que Kamaron étoit poffé dans le diftrict de Porto Calvo 3 mais que T) e s Européens. 207 le Capitaine Bloar étoit le maître du Fort. Cette nouvelle obligea le Confeil a chercher de nouveaux moyens de défenfe, & le réfultat des délibérations, fut de faire venir d'Allegoas au Receif, les deux feules Compagnies qui y étoient. On envoya aulli-tôt un vaifleau qui étoit prêt à mettre en croilîere à Porto Fran-eifeo , pour prendre ces troupes à bord , ou au moins, ce qu'il en pour-roir contenir, avec ordre au furplus, de marcher par terre à Rio Fran-eifeo , pour s'y joindre au Capitaine Koin. On ordonna aufli , que La Garnifon de Serenhaim , trop toible pour la défenfe de la place , joindroic les troupes de Saint Antonio, & en même-temps, on envoya quarante hommes de recrues , pour renforcer, la garnifon de l'ifle de Tamarika. ^ M. Bas & M. Van de Voerde , Confcilîers delà Cour de Juflice, commencèrent, par ordre du Confeil , l'information contre le Notaire Gafpar Pereira, pour avoir drefle l'acte d'aflociation contre Jean Ka-riero de Maris , Francifco àPojuka, & contre Sebaftieft chap. vi. . .aF^alho. Ils furent interrogés fur ce qu'ils favoient de la confpiration ; n. 1645- & r\.àns cet interrogatoire, qui fut le fécond de Kai valho, il répéta tout ce que nous avons déjà rapporté du premier. Les Rdvol- ]_,e même jour , le Grand Confeil tes prennent . j o • a les armes, reçut une lettre de baint Antonio, écrite par Meilleurs Ley & Hoek, pour l'informer que toute la Frégafîe avoit pris les armes : que les Révoltés avoient fait prifonniers feize ou dix-huit habitants Hollandois, & qu'il étoit abfolument nécelfaire d'envoyer des fecours du Receif, pour prévenir les fuites fâcheufes de cette révolte. Le Confeil s'affembla , tk quoiqu'il n'y eut que peu de troupes au Receif, on jugea que la flotte qui étoit à la hauteur de Red-land, fuf-fifoit, pour mettre en sûreté Parayba -& Rio Grande, & l'on donna ordre au Colonel Haus, de fe rendre avec cent h immes à Moribeka , d'y prendre les troupes commandées par Je Capitaine \\ iltfchutt, de paner en-fuite à Saint Antonio, & de fe rendre directement à Pojuka, pour empêcher les Rebelles de couper la des Européens. 2559 communication entre le Receif & Jes Garnifons des Places méridionales. Cette expédition eut tant de fuccès, que les Rebelles furent totale- An' x6jfi' ment mis en fuite. Le Colonel Haus fe rendit maître de la Ville & du Couvent, où il trouva quarante prifonniers chargés de fers, qu'il mit en liberté: mais ayant appris que Kamaron marchoit contre lui avec le principal corps des Révoltés, il fut obligé de demander au Receif des fecours, que le Grand Confeil ne put lui envoyer quelques néceflaires qu'ils fuffent, parce que cette Place n'étoit déjà que trop affoiblie. Le 21 de Juin , le Grand Confeil fit publier un jeûne général, pour le 28 du même mois, afin de rendre grâces à Dieu, de l'heurcufe découverte de la trahifon des Portugais , qui avoient réfolu de détruire les Hollandois, dans le temps où ils fe-roient le moins fur leurs gardes: voici le plan qu'ils avoient formé. Les Mécontents dévoient faire des rfnn de h réjouiffances folemnelles , les fêtes COJ,rPiraU0J1-de la Pentecôte , accompagnées de tournois, auxquels auroient été invités les principaux Chefs du Brefil Nvj Soo Découvertes ^—-— Hollandois , tant de l'état civil, que \ ''Y de .'état militaire : quand ilsauroient été remplis de vin, & jettes dans la '" pî s aveugle fécurité, par les plus grandes apparences d'hofpitalité , l'intention des Portugais étoit de les égorger, comme on avoit fait aux Verres Siciliennes & au malfacre de la Saint Burthelemi. N'ayant pu exécuter ce projet exécrable dans le temps indiqué, ils l'avoieut remis au jour de Saint Jean, qu'ils avoient regardé comme le temps le plus favorable , parce que fuivant un concours de circonifances qui leur étoient bien connues, il étoit plus aifé d'attaquer alors le Receif, que dans t^>ute autre faifon. Cet affreux p'-)jet ayant été découvert avant la Saint Jea", fut totalement détruit, & les deux partis n'ayant plus rien à ménager , n'eurent plus recours qu'aux armes. Les Portugais n'ont pas entrepris de fe juffifîer par le prétexte de la fidélité qu'ils dévoient à leur Roi , mais par celui de la liberté de conscience : cependant il eft tits-difncile de croire que le foulevement n'ait pas été connu & encouragé par la des Eu ro vi e& s. 501 Cour de Portugal, ainfi que par le ————— Gouverneur de Bahia, Il paroît con- chap"?" tre la raiion & contre la vraifem-blance, que Kamaron & les autres An,I*4> Chefs euiïent ofé attaquer les Hollandois , s'ils n'avoient été encouragés par quelque Puiffance fupérieure. Àlucheron afTura qu'il avoit lu ces mots, dans une commiflion Portu-gaife. ce Cette révolte & cette guerre 3> font entreprifes pour l'honneur de ^Dieu, pour la propagation de la 33 Foi Catholique Romaine, pour le 33 fervice du Roi, & pour la liberté 3J commune 5». Il ajouta, qu'il avoir entendu dire à plufieurs Portugais, que li leur projet fecret manquoit, ils attaqueroient ouvertement , & chafïeroient les Hollandois par le fer & par le feu. On a objecté qu'il ne paroît pas probable que le Roi de Portugal eût voulu s'attirer une guerre avec les Hollandois, dans un temps où les affaires paroiffoient dans une fituation très-équivoque ; mais les événements qui fuivirent, prouvent que cette raifon eft fans fondement. Le 22 de Juin , il fut remis au Requête des Grand Confeil, une lettre fignée déjjîjf dc ia 3®2 Découvertes ■ Fernandez Vieira, Antonio Kavaî- ■Chap! vl ' kanti » Jean Pafcoa , Manuel Kaval-kanti, Antoine Biferro &Cofme de &n. ï«4j. jrraft0 Pafos. Us s'y plaignoient fortement des injuftices qu'ils préten-doient leur être faites fur les faunes accufations de certains Juifs, comme s'ils effent été ennemis du Gouver-ment. Us difoient qu'ayant été informés que leurs biens & effets avoient été confifqués & remis entre les mains de quelques Hollandois, ils fupplioient très-humblement que les cinq jours accordés pour le pardon, fuifent prolongés, parce que le temps étoit trop court pour prendre la réfolution fur une affaire aufli importante , 8c ils demandoient que ce pardon fût rendu général, en ôtant toutes les exceptions. Us ajoutèrent dans] cette requête, que li on refu-foit de leur accorder une demande aufli équitable, ils fe croiroient parfaitement innocents devant Dieu 8c devant tous les Princes Catholiques, de toutes les fuites fâcheufes 8c de tous les malheurs que ce refus pour-roit occafionner. Le Grand Confeil s'affembla pour délibérer fur cette lettre , conçue des Européens. 503 en termes fi peu modeftes : il y eut -de très-vifs débats : quelques-uns fil- ch^vï? * rent d'avis d'accorder le pardon général qui leur étoit demandé j mais An\,Mït d'autres, avec plus de jultice & de réfolution , obferverent, que quoique les affaires ne fufïent pas dans une fituation bien favorable, une lettre aufli arrogante, & où l'on fou-tenoit le faux avec autant de har-dieiTe, devoit être traitée avec le plus grand mépris , comme indigne d'être prife en confîdération. Pendant ces débats, on reçut des avis du Colonel Haus, toujours à Saint Antonio, d'où il marquoit que fes difpofitions étoient faites pour attaquer les Rebelles le lendemain, & qu'il avoit la plus grande efpérance du fuccès. En effet, la réuflî te qu'il avoit eue jufqu'alors , devoit leur donner l'attente la plus favorable ; aufli l'arrivée de l'exprès , termina tous les débats , Se l'on réfolut de remettre à prendre la lettre en confîdération , quand on auroit des nouvelles de ce qu'auroit fait le Colonel. Le 28 de Juin, Mucheron arriva au Receif , avec les deux Compa- 1 giiSés d'Allegoas, qui furent aufli-tôt 304 Découvertes ^^7; partagées dans le fort Quinquerogu-' ch.ip, vi. ' lar & dans le fort Erneft. Ce renfort . fut accompagné des lettres de Paul Au. 1C45. t . • r ; 1 .Linge, qui cauferent beaucoup de fatisfaction. Elles portoient que les Habitants de Parayba , d'où elles étoient dattées , donnoient les plus grandes affurances de leur fidélité, & offroient de prêter un nouveau ferment. Tl ajoutoit qu'il avoit tout lieu de les croire finceres , puifque telle recherche qu'il eût pû faire, il "n'avoit découvert aucune apparence de révolte ni de mécontentement. Le 29 de Juin, le Confeil fit expédier une commifîion fpéciale à Balthafar Vander Voerden , pour examiner Antonio d'Oliveira , fur le complot formé par les Portugais » contre le Gouvernement. Il déclara que vers le commencement du même mois, étant dans la maifon de Se-baftien Karvalho, accompagné de Francifco d'Oliveira , Bernardin Karvalho & Sebaftien Karvalho , un certain Portugais bien connu de tous , leur avoit remis une lettre adrefîce à toutes les perfonnes préfentes , qui contenoit un autre pa- An. 1645. des Européens. 30^ picr non cacheté ; qu'il avoit com-■ mencé à le lire, & avoit trouvé qu'il ^"y" y étoit écrit, " que les Sou (lignés fe *» reconnoiffoient pour fidèles fujets 53 de Sa Majefté Portugaife. » Qu'il y avoit remarqué les iignatures de Vieira , de Berengar & de plufieurs autres , dont il n'avoit pu lire les noms : qu'il avoit rendu le papier fans le ligner , & avoit dit en même-temps à fon fils Francifco d'Oliveira , qu'il vaudroit mieux pour lui d'avoir la main coupée, que de ligner un tel papier. Il dépofa aufli, qu'aucun de ceux qui étoient préfents, ne l'avoit ligné : qu'il ne connoiiToit pas l'écriture; mais que jugeant qu'il devoit déclarer un complot aufli odieux , il en avoit fait part, deux jours après, à Mathieu Rey, en lo chargeant d'en faire fa déclaration au Grand Confeil. . DÉCuUV IRTÊS CHAPITRE VII. Diego Lopès Leyte , efl examiné devant le Grand Confeil : Un parti de Hollandois efl mis en déroute : Le peuple d'Iguarafu fe révolte : Conduite que tient le Conjeil à cette pce a (ion : Mefures prifes par le Colonel Haus : Vieira ne néglige rien pour augmenter fon parti : On offre le pardon d ceux des Rebelles qui voudront fe foumet-tre : Fernande^ Vieira, Antonio Ka. valkanti, cV Amador dArouje font profcrits : On envoyé de nouveaux Députes à VIfle de Bahia, le Gouverneur les reçoit avec les plus grands égards : Preuves complétées de la trahifon des Portugais : Evénements militaires: On reçoit avec le plus grand mépris s quelques remontrances des Chefs de larévolte , cV Von refufe quelques faveurs demandées pour leurs familles : Les Rebelles mettent le ftege devant le Cap Saint Antoine : Ils fe retirent aux approches du Colonel Plans. d E. s Européens. 307 E s s 1 e u r s Bullaeftrete & chàp.Tiit' Dortmont, interrogèrent le 30 de Juin, Diego Lopes Leyte, Alî,J<î45, & il leur déclara, que dès le corn- imerroga-mencement du projet de révolte , [°irc de Lcy* les Rebelles avoient , par lettres , loilicité du fecours de De Silva , Gouverneur de Bahia, en lui difant que s'il refufoit de les foutenir, ils le rendroientaux Turcs , parce qu'ils préféroient leur domination à celle des Hollandois: que lui, Leyte , avoit fouvent entendu faire d'horribles imprécations contre Vieira , qui fomentoit ces troubles, & que plufieurs le regardoient comme un fcélerat, dont l'unique motif, en excitant la révolte , étoit d'éviter le payement des dettes prodigîeufes qu'il avoit contractées envers la Compagnie. Le même jour , un petit parti de Brafiliens qu'on avoit envoyé pour efcorter des farines de Saint Laurent, fut entièrement mis en déroute, Se il n'en échappa que très - peu. Le Confeil reçut en même-temps, par un exprès, lafâcheufe nouvelle de la défection des Habitants dTguaralu-j go8 Découvertes » qui avoient pris les armes contre Su;;."™.'1" Hollandois. On jugea néceflaire de refferrer An. i64j. jes fortifications de la ville Maurice, dans un efpace plus étroit, & d'augmenter les défenfes de cette place , par un nouveau folié , avec un parapet, & l'on y fit aufli-tôt travailler les Nègres, fous l'infpection de l'Amiral Lichthart. On fit lavoir au Confeil, que les Cheis de la rébellion d'Iguarafu, étoient Jean - Laurent Frances & Jean Dias Leyte. On apprit aufli par les Magiftratsde ce canton, que .Vieira avoit fait afficher des papiers très-féditieux aux portes des moulins à fucre: mais que ces Magiitrats Jes avoient fait arracher, étant rélo-lus d'employer tous leurs efforts, pour arrêter les progrès de la rébellion , quoiqu'ils euiïent tout fujet de croire que le plus grand nombre des Habitants, étoit difpofé à y prendre part. Le Confeil reçut en même-temps d'autres lettres du Capitaine Sleufter dans fille de Tamarika , qui mandoit que quelques Brafiliens des villages de Saint Michel & de Naf-fau , au nombre de quatre-vingt Des Européens. 3 09 hommes, & de cent dix femmes & -« enfants, étoient arrivés dans cette ehap"viî.' Ifle , & que les Brafiliens d'Otta , avoient dellein d'en faire de même. An,I^S» Ces lettres furent acc'ompagnées d s cf.péches des Magiftrats Portugais & des principaux habitants de Goyana , qui affuroient le Gouverne^jent d'une ficéliré inviolable. Ferdinand Vaîë , donc nous avons Ferdinand déjà parlé, tomme étant un des JJJiL5? trois qui avoien" écrit au Confeil ^ pour lui révéler le complot Portugais , tut examiné par M-Jlieurs Vander Voerde & Bas: l'es 'éponles furent femblables à celés qu^voit faites Sct-afticn Karvalho , ans aucune variation ni addition importante. Le Confeil reçut de nouvelles al-larmes , par le bruit qui fe répandit, que les Portugais de Bahia alloient envoyer une efeadre au fecours des Rebelles. Aufli-tôt-on donna ordre de faire venir quatre vaifleaux de Red-land au Receif, SH'on envoya des dépêches au Colonel Haus, qui avoit pris & fuit pendre un des Chcs de la révolte , afin que ce Colonel revint promptement au Receif^ 3 ï o Découvertes .-avec toutes ies troupes qu'il pourroit tirer de Pojuka. Pendant Sque Haus s'occupoit à An. i«4î. pacjHer Pojuka; Vieira & Antonio vieira aug-Kavalkanti, qui s'étoient alors démente fon i t r>i r j t fiarti. clares onvertement Chefs de la guerre, employoient non-feulement la perfuafion, mais même la force, pour augmenter leur parti , & ils pouffèrent la cruauté, au point de palier au fil de i'épée quelques-uns de ceux qui refuferent de fe joindre à eux. Amador d'Arouje tint la même conduite dans le Pojuka , enforte que s'étant rendu maîtres des provifions , ils formèrent un corps confidérable dans le Vergea, pattie par des promeffes de grandes récompenfes, & partie en imprimant la terreur. Pour mettre le plus d'obf-tacles qu'il feroit pofîible à leurs perfides projets, le Grand Confeil donna ordre au Capitaine Blaar, de partir du Receif avec le plus grand fe-cret, à la tête de trois cents hommes, & de fe mettre en embufeade près de quelques défilés où l'on pût couper les ennemis , ne doutant pas qu'il ne fît quelques prifonniers par lefquels on pourvoit apprendre au des Européens. 311" juite, quelles étoient les forces de " ' ■ Vieira ; où il tenoit fon principal ci^vit* corps d'armée, & s'il attendoit du fecours de Bahia. On ordonna aufli An"l6es Européens. 315* On nomma pour cette ambaflade, ———» Baîthafar Vander Voerde, Confeil- chV^vn' *er de la Cour de Juftice, & Disk ^' iVan Hoogftrate, alors Commandant An' l6*s' en chef au Fort Saint Auguftin. On on envoyé leur donna pour Secrétaire , Fran-^n Cois Kirymen Springapple, &pourverncur dp Gentilshommes, GerrardDirk-laet,Baiua* Alexandre Sylva & Jacques Swearts. Les inftruclions données par le Grand Confeil, aux Députés, por-toient ; qu'ils s'attacheroient à découvrir les caufes delà rébellion , & à pénétrer dans les defïeins du Gouverneur; qu'ils lui porteroient leurs plaintes , des fecours que les Rebelles avoient reçus par terre, du côté de Rio San Francifco ; qu'ils lui demanderoient qu'il rappelïât Ka-rnaion & Henri Dias, avec leurs troupes , du Brefil Hollandois, & qu'il les fît punir comme ils leméri-toient. On chargea aufii les Députés , dans le cas où le Gouverneur ne donneroit pas quelques preuves d'une fincere amitié , de lui déclarer, que les actes d'hoftilité qui avoient déjà été commis , feroient regardés comme une infraction de la paix, & 7.1e les Hollandois fe jugeroient Qij 'J 16 Découvertes hjuw- innocents de toutes les fuites fâ-^pi'ylJ'cheules qui pourroient arriver , quand ils auroient pris les armes • ï645.- pour leur propre défenfe , après s'être donnés tant de foins pour ter-r miner cette affaire par de jufles re* préfentations. Lorfque les Députés arrivèrent a Bahia, ils furent reçus de la part du. Gouverneur, par le Lieutenant-Co, lonel, André Vidal, & par le Ca-r pitaine Pedra Kavalkanti , qui les conduifirent au Palais. Ils remirent leurs lettres de créance àlSi!va, & lui dirent qu'il y trouveroit les différents articles fur lefquels ils avoient Je pouvoir de négocier. Le Gouverneur après les avoir lues, leur dit, qu'il étoit prêt à entendre leurs proposions, & ils lui expoferent ainfi le fujet de leur députation. Que plufieurs Portugais , Sujets, des Etats Généraux, ayant pris les armes contre le Gouvernement , en avoient follicité d'autres , de fe joindre à eux, leur faifant entendre qu'ils feroient puiflamment fecourus du dehors : que Kamaron & Henri Dias, à la tète de leurs Nègres & Brafiliens î'étoient mis hoftilement en marche. t) e s Européens. 317 pour Fcrnambouc , & que plufieurs .....1 • ■ , \ nil J HO ff » oes principaux mecontens, tels que Cjiap. vu. Vieira, Kavalkanti, Arouje & autres , avoient auflî-tôt quitte leurs An*l*+J" habitations pour fe joindre à ces troupes étrangères, afin de travailler conjointement à renverfer le Gouvernement Hollandois. Les Députés ajoutèrent, que leurs maîtres étoient ?ffez puiffants pour repouffer de femblables trahifons, mais qu'ils ne favoient quel jugement ils dévoient porter de cette incurfion de troupes étrangères fur leurs territoires, en temps de paix : que le Grand Confeil & le refte des Habitants , étoient cependant fi bien convaincus de la fageffe & de la probité du Gouverneur Silva, qu'ils croiroient faire injure à fon caractère, s'ils penfoient «ju'il eût encouragé quelques-uns de ceux qui étoient fous fa jurifdicfion, a donner le moindre fecours à des rebelles , & qu'ils étoient convaincus au contraire, qu'il employeroit tout fon pouvoir, comme il convenoit à un bon voifin , pour réprimer des pratiques aufli pernicieufes. Le Gouverneur répondit à ces iu'ponforf.j repréfentations , qu'il n'avoit pas Gouv«nc«r. Nieuhoff . VU. 318 Découvertes connoiflance qu'on eût envoyé aucun fecours aux Rebelles ; que les Bralï. liens & les Nègres, qui avoient paru l645' en armes contre le Gouvernement Hollandois , n'étoient que des vagabonds , condamnés au bannifle-ment pour les crimes qu'ils avoient commis à Bahia : qu'ils avoient fana doute, imaginé ce moyen d'échapper aux pourfuites de la Jultice, & qu'il en veaoit fouvent de fembla-bles, de Fernambouc à Bahia, fans que cela lui eût jamais donné lieu de foupçonner la fmcérité ou l'amitié du Gouvernement Hollandois. H ajouta , qu'il voyoit avec la plus grande fatisfaction , que le Grand Confeil jugeoit favorablement dô fon intégrité i qu'il continueroit de mériter fon eftime. quoique la prife illégale d'un vaifleau Portugais, donnât lieu à de juftes plaintes, & quoiqu'il eût grande raifon de croire que cette députation, de même que la première, avoit pour unique objet, de fonder fes intentions 6c de con-noître fes rorces ; mais qu'au furplus, il mettroit les lettres des Régents Hollandois devant fon Confeil ,& qu'il feroit une prompte réponfe aux des Européens. 319 Députés : c'eft ainfi que fe termina ■ la première audience. cïap/vm.' A la féconde, le Gouverneur dit aux Députés, qu'il avoit lu la lettre An" x64î> qui lui étoit adrelfée p3r le Grand Confeil, & qu'il l'avoit trouvée parfaitement d'accord avec ce qu'ils lui avoient expofé dans leur première audience ; que la même ré-ponfe pouvoit donc fuffire pour le préfent, mais que voulant donner une plus grande fatisfaction à leurs Maîtres, il leur en remettroit une par écrit, & qu'il envoyeroit dans peu au Récéif, des Députés qui ex-pliqueroient plus amplement fes intentions. Conformément à fa pro-mefTe , les Hollandois reçurent la lettre qu'il écrivoit au Grand Confeil, & ayant pris leur audience de congé , ils partirent le 20 de Juillet pour le Receif, où ils arrivèrent le 28. Ils y rendirent compte de leur députation à leurs Maîtres, & leur remirent la lettre du Gouverneur. Elle contenoit de folemnelles affu-rances d'amitié de fa part ; mais il y parloit de plufieurs fujets de plainte qu'il avoit contre les Hollandois , tels que leur conduite injufte dans la Oiv 5 20 Découvertes - conquête d'Angola , & en diverfes chapI'vu.,aul:res occasions : il fembloit faire entendre que les Régents avoient An. 164$. trop aifément ajouté foi au rapport des Juifs, toujours ennemis mortels des Chrétiens; que par une fuite de leurs malicieufes infinuations, on avoit commis des actes d'hoflilité contre les habitants Portugais , qui, par les principes de la défenfe naturelle , avoient été obligés de quitter leurs demeures, & de recourir aux armes, pour leur propre sûreté : qu'à l'égard de la propofition que lui fai-foient leurs Seigneuries, d'obliger Kamaron & Henri Dias, de mettre bas les armes, ainfi que ceux qui les fuivoient & de revenir à Bahia, il n'avoit pas le pouvoir de les y forcer ; mais que pour faire connoître fon amitié aux Hollandois, il em« ployeroit toute la force de la médiation : enfin, qu'il envoyeroit dans peu , des Députés a leurs Seigneuries, pour leur donner de nouvelles preuves de fes intentions pacifiques , & du defir ardent qu'il avoit, de mériter de plus en plus la bonne opinion qu'ils avoient de lui, & d'entretenir la correfpondance, fcEs Européen s* %it Après avoir remis cette lettre au -- Confeil, M. Hoogftrate déclara de ^plviï' bouche aux Membres , dans une afïembléefecrete , que peu de temps An' après fon arrivée à Bahia , trois n tr.ivaïilé Portugais, nommés André Vidal, à'^g"" Capitaine Kunha & Jean de Soufa t dcs DtVaiiii ^voient effayé de le gagner par des promelfes de grandes récompenfes ; Qu'ils avoient tait tous leurs efforts Pour l'engager à rendre au Roi de Portugal le Fort Saint AugufHn , où *l commandoit, en l'afTurant que s'il Vouloitle remettre, il en feroit payé par de grandes terres &des emplois confidérables; que pour confirmer ce qu'ils lui propofoient , ils lui avoient dit qu'il pouvoit avoir un entretien particulier avec le Gouverneur , auprès duquel il avoit , en effet, été introduit avec autant de précaution que de fecret ; que Silva l'avoit falué avec les plus grandes marques d'amitié , & l'avoit preffé d'accepter les ptopofïtions de Soufa * ajoutant que l'intention des Portugais n'étoit pas de déclarer la guerre' aux Hollandois, mais uniquement * de recouvrer ce qui appartenoit iiv conteitablement à leur maître ; qu'il Q v 322 Découvertes --lui avoit dit de plus, que pour ne ciup. vu. cauleraucun toupçon a ion collègue \an-Voerde , lui, Gouverneur, ne An. xû45. p0UV0it s'étendre autant qu'il l'au-roit délire , mais qu'il envoyeroit dans peu, deux Députés au Réce^f, que le Capitaine Kunha en feroit un, qu'il auroit le pouvoir de traiter avec lui fur la propofition avancée par Soufa, & que telle convention que Kunha pût taire, elle feroit certainement ratifiée par le Roi leur maître. Voici quelles furent les opérations militaires qui fe firent en l'ab-lénce des Ambafladeurs. Le y de Juillet, on agita dans le Confeil, fi l'on empîoyeroit contre les Rebelles les Tapoyers de Rio-Grande, commandés par leur Roi, Jean Duvy ; & après avoir réfléchi fur les inconvénients que re^evroient les Habitants, fi des Barbares aufli peu dif-ciplinés , palToient par le plat pays , on convint de ne rien décider à ce fujet, jufqu'à ce qu'on eût confulté le Colonel Haus, auquel on avoit écrit en conféquenec. les Rebelles Le 7, On reçut un exprès du eniSiche! Colonel, pour informer le Confeil, des Européens. 32 ? que fon deflein étoit de marcher le ■ 1 ■' lendemain , de Moribeka à Saint chp/vn.*' Laurent, afin d'attaquer les Rebelles après s'être .joint au Capitaine Blaar. An"1 * Le même jour, le Confeil reçut aulîi Une. lettre du Lieutenant Fleming, qui étoit dans le Pojuka, par laquelle il marquoit que Kamaron étoit en marche contre les Hollandois , & que deux Compagnies des ennemis j s'étoient déjà avancées jufqu'au moulin à fucre de Pikdora. Le Confeil lui envoya aulîî-tôt des ordres de fe retirer immédiatement à Saint Antonio, s'il ne pouvoit conferver fon pofte dans le Monaffere. On envoya fEnfeigne Hartftein avec un détachement de quatre-vingt-dix Soldats & de trente Brafiliens , pour joindre le Colonel Haus, & le 8, on donna encore le même ordre à deux Compagnies. Le Confeil regardoit cette expédition comme une des plus importantes & le lendemain , on fut informé que le Capitaine Blaar avoit fait fa jonction avec le Colonel. Le Confeil fit favoir à Haus , les nouvelles qu'il avoit reçues de Pojuka, & lui marqua d'envoyer des fufils & des Bra- 324 Découvertes ■ unorr «Hens an fecours de Saint Antonio; chap. vii/ke Confeil reçut aufli deux lettres de Jean Fernandes Vieira, & d'An-n. 1645. ton«0 Kavalkanti, pour fe plaindre delà dureté des deux dernières pro* clamations: on n'y eut aucun égard, & l'on fut d'autant plus porté à les méprifer, qu'on apprit que deux . jours avant, Amador d'Arouje s'é-toit retiré du pafiage de Pinderama. M. Hoek, Gouverneur de Rio-Grande, fit ("avoir au Confeil, que Jufqu'alors , il n'y avoit eu aucun mouvement dans cette partie : qu'il avoit cependant défarmé les Portugais , & que les Tapoyers paroif-foient toujours bien difpofés en faveur du Gouvernement. On lui donna ordre aufli-tôt, d'entretenir ïine b jnne intelligence avec eux , & l'on y joignit des préfents pour Jean Duvy. Quelques Portugais qui habi-toient 1; Brefil Hollandois, demandèrent au Confeil par un? requête, que les fix jours accordés aux femmes & aux enfants des Révoltés pour fortir du pays , fufïènt prolongés , jufqu'à ce que les chemins qui étoient alors couverts d'eau par le débordement des rivières, muent devenus ¥>'es E u R 0 t h « 5; 32/ praticables. Cette requête fut rejet- .....* tée fur les nouvelles qu'on reçut des cl\^HytL' violences que les Rebelles commet-toient, pour forcer les Habitants de An'**45* fe joindre à eux. Le 1 3 de Juillet, le Confeil reçut Le Co!°'iel • . j /S 1 . t-f 'M * • Haus défait avis du Colonel Haus, qu il avoif un petit jjar-palîé la rivière Kapivaribi; qu'en dc Rcbîl* panant par le Matta* il avoit ren-les" contré quatre cents Rebelles, qui, a ion approche, avoient pris la fuite à Moribeka; que quelques-uns avoient été taillés en pièces dans leur retraite , & qu'il raarchoit à Saint Laurent, où il attendroit de nouveaux ordres du Confeil. On lui en expédia aufli-tôt, pour qu'il les pourfuivît fans perdre de temps , afin de les empêcher de prendre de nouvelles forces ; & on lui recommanda d'établir enfuite fes quartiers dans quelque endroit où il pût avoir des provihons, parce qu'on ne pouvoit partager avec lui celles du Receif. Le Colonel avoit déjà pris de lui-même fes précautions, ayant envoyé un renfort de cent Fantaflîns & d'une compagnie de Brafiliens t à M. Ley, Gouverneur de Moribeka, & de Saint Antonio, 5^5 Découvertes —^-- On envoya ordre au Gouverneur Chap..vii.'^é Saint Auguftin, d'augmenter fes fortifications, parce qu'il avoit reçu An. iâ4S. av-s ^e §iajnt Antonio, que les Rebelles , commandés par Amador d'Arouje, & par Pedro Marina Fal-kao, avoient pris poffe à la vue de M. Ley , qui efpéroit les en déloger quand il auroit reçu quelque fecours, Arouje-avoit fait plufieurs tentatives pour forcer les habitants de Pojuka, à prendre les armes contre le Gouvernement , mais elles avoient été toutes infruclueufes. Pendant que le Colonel Haus étoit occupé contre les lAebeîies, dans leVergea, Pedro Falkao en raf-fembla un affez grand nombre, pour former le blocus de Saint Antonio» & pour couper les vivres que la Garnifon recevoir des cantons voi-fins. Le Confeil donna ordre aufli-tôt au Colonel, de ne pas perdre de temps à fecourir le Fort, & il fe mit en marche la même nuit qu'il les reçut, taillant à Saint Laurent tous les malades avec une Compagnie, fous les ordres du Capitaine Wietf-chut. Paul de Linge , Gouverneur dm des Européens. 327 Parayba , par des lettres dattées du ■ » ■ "■«■ 12 de Juillet, informa le Confeil , cïap.vn/ Que tout demeuroit tranquille dans ion diftrict; mais qu'il avoit beau- An'16*** coup de peine à empêcher les Brafiliens de piller les habitants Portugais , & que ces derniers fe plai-gnoient fortement de ce qu'on avoit remis en liberté des Brafiliens & des Tapoyevs , qui leur avoient caufé des dommages conhdérables. Sur cet avis , le Confeil lui expédia aufli-tôt des ordres pour qu'il arrangeât cette affaire le mieux qu'il lui feroit pofîible, & en même-temps, on lui envoya une proclamation à faire publier , portant défenfe à tout Militaire, fous peine d'encourir l'indignation du Gouvernement, de rien enlever qui appartint à aucun des Sujets Portugais, qui auroient prêté un nouveau ferment de fidélité. Le 1 y de Juillet, le Confeil fut ^ M« fcj* informé par M. Ley, que les Re>'-saint^ïm* j — - ' ■ ' - ---'v J J--------l1uiih J\ i belles avoient tué quelques Soldats»»0 G»? de la Garnifon de Saint Antonio4couts.tlu qui étoient fortis pour y faire entrer quelques troupeaux, & qu'ils blo-quoient la place de fi près, qu'il ne lui étoit plus pofîible de recevoir '328 Découverte^ " " 1 aucunes provifions.il ajoutoit, qu il GhapfvH.'P'y en aV01t clue Pour très-peu de jours , ce qui mettoit la place dans Au. i6+y. je plus grancj Ranger. Aufli-tôt le Confeil ordonna au Colonel Haus de partir de Saint Laurent avec quelques petits partis qu'on lui joignit , pour fecourir Saint Antonio ; mais on ajouta, que fî le Colonel penfoit qu'il fût imprudent de s'y rendre en perfonne , le Capitaine Blaar entreprendroit cette expédi-* tion j d'autant que la confervation du Cap Saint Auguftin , dépendoit entièrement de celle de cette place,; Conformément à ces ordres, le Colonel Haus fe mit en marche , avec tant de fuccès , que Pedro Fal-kao , fur la première nouvelle qu'il eut de fon approche, leva le liège,-raffembla plufieurs petits détache* ments qui étoient répandus dans les environs de Saint Antonio , Pojuka & Moribeka, & avec environ fix cents hommes , fe retira au corps d'armée des Rebelles, dans le Yergea de Moribeka* des Européens, 3 2jp CHAPITRE VUE InJlnitTions du Confeil au Colonel Haus : Le Roi Jean Duvy , offre de lever des troupes cr de marcher contre les Rebelles : AL Leypropofe auffï d'en enrôler : Les Tapoyers maffacrent trente-cinq Portugais, (fui avoient mis bas les armes : Les Rebelles font défaits : Ils remportent peu de temps après , une grande victoire fur les troupes Hollandoifes commandées par le Colonel Haus: Les Hollandois font harajjé's de plufieurs côtés : Ils envoyent en Europe pour foliteiter du fecours de leur pays : Conduite dijimulée du Gouverneur des Ijles de Bahia : Combat naval entre les Portugais &• les Hollandois : Les premiers font entièrement défaits : Il court des bruits fâcheux au défavantage des Hollandois : Ils font détruits par V Amiral Portugais. LE Confeil fut informé par des nieuhow, lettres du Colonel Haus, qu'il Cnap. vin.* avoit été obligé de mettre fes troupes Au< l<4f( 330 Découvertes — en quartier de rafraîchifTement, a clâpTviji.' M°ribeka, parce qu'elles avoient été très-fatiguées par la longueur des An. 1645. niarcnes - majs qyin avoit envoyé le ordres Capitaine Blaar avec des Soldats ou Confeil , r ■„ Qr au colonel "*ais courageux pour s emparer Haas. de deux barques chargées de munitions , que Pedro de Kunha avoit conduites dans le Port de Gallinas. Le Conleil approuva la conduite du Colonel, & lui donna de nouvelles inftructions pour qu'il veillât foi-gneufement fur les mouvements des Rebelles, qui s'étoient retirés dans les bois , avec ordre , s'il jugeoit qu'ils devinlTent trop forts pour leur tenir tête , de fe retirer au Receif. Il fut aufli averti , qifAmador dÀ-rouje , avec les différents partis de Rebelles, raffemblés de Saint Antonio & de Pojuka, étoient partis le jour précédent, de Moreno Gardo , pour joindre leurs troupes, commandées par Fernandez Vieira. Rio-Grande étant menacé d'une invafion , par Kamaron, du côté du fud , & par les Brafiliens de Siara & de Maranhaon, du côté du nord, les habitants Portugais furent tous défarmés i on mit leurs armes dans "des Européens. 331 le Fort Keulen , & l'on arrêta un ■ nommé Antonio Vitello, avec fon chnp.vnî/ fils, par le Confeil du Roi Duvy, qui les chargea d'avoir eu part au An'l6+s* meurtre des Hollandois , à Siara , & d'avoir commis pluiieurs autres actes de rébellion. On porta au Grand Confeil, des plaintes contre pi uiieurs Portugais de ce diftrid, qui avoient opprimé les Hollandois, & l'on apprit en même-temps , que le Roi Duvy étoit prêt à conduire fes Ta-poyers contre les Révoltés. Le 24 de Juillet, M. Ley fe ren- J&fgg dit au Confeil , & y fit plufieurs pro- ver des nom-polirions. Il dit qu'il croyoit à pro-^'sPa£ 0Em-pos de forcer les jeunes gens de la ville Maurice & de Saint Antonio , de prendre les armes contre les Rebelles, parce qu'il y en avoit un grand nombre qui ne vouloient pas s'engager volontairement ; qu'il feroit d'une bonne politique , de faire foîtir la garnifon de Porto Calvo, pour paroître plus formidable en campagne; ainfi que de partager les troupes de terre en deux corps, afin qu'elles fulTetlt mieux en état de fe foutenir dans le plat pays, & de donner du fecours à la garnifon de Saint <532 Découvertes S Antonio. Le Confeil n'approuva que «Bhap. vin. cette dernière propofition, & de-fendit de prendre de force aucun des l645' habitants de Saint Antonio , Pojuka ou Moribeka ; mais on donna pouvoir à Meilleurs Ley &Heck* d'enrôler tous ceux qui s'offriroient Volontairement pour quatre mois , à la paye de neuf écus par mois. A l'égard de Porto Calvo, on jugea qu'il feroit trop dangereux de laiîTer cette Place fans garnifon ; & quand au parrage des troupes de terre, on léfolut deconfulter le Colonel Haus. Par des lettres que Hans-Vogel écrivit de Sergippe del Rey, le 18 & le 27 Juillet, le Confeil fut informé que le même Vogel, ayant envoyé un parti pour avoir quelques nouvelles de Kamaron , un avoit pris un Portugais chargé de lettres pour Rio-Francifco ; que ce Portugais lui avoit dit, que Kamaron étoit entré dans le Sergippe del Rey, Ôc que trois ou quatre petits vaiffeaux , avec des troupes à bord» fous les ordres d'André Vidal, avoient mis à la voile de Bahia pour Marahaon & Tiara. Les lettres interceptées aux Portugais, furent examinées dans la des Européens j 3 ^ Çonleil, & fournirent des preuves ''*mém évidentes que ceux de Bahia avoient N,I£U"C;1,II » « • ^ 1 1 ii- Chap. Vlllt au moins part a la rébellion : on en trouva une entre autres, del'Evêque An* l6*& de cet endroit, à un Moine du Receif, où il difoit à ce Pere, qu'il e£ péroit qu'ils fe verroient dans peu, En conféquence de cette découverte , on donna ordre au Procureur fifcal de faire des recherches, & de connoître à fond, s'il lui étoit pollî-ble, la fecrete correfpondance qu'ij y avoit entre l'Evêque & le Religieux. Pendant qu'on étoit occupé de ces objets au Receif, on apprit que les Tapoyers de Rio-Grande, avoient maifacré trente-cinq Portu? gais , dans le moulin à fucre de Kunha, ce qui caufa beaucoup de chagrin au Confeil, parce qu'ils étoient du nombre de ceux qui avoient mis bas les armes, conformément à la première proclamation , ce qui pouvoit donner un grand avantage aux Rebelles, & en attirer beaucoup à leur parti par la crainte d'un fembla-bîe événement. M. Linge demanda du renfort pour tenir en refpect les» Tapoyers ; mais le Confeil préiéici '334 Découvert** ' 1 de donner ordre à un détachement t ciapUvm:de les conduire au Receif. Les troupes du Colonel Haus An. i645- étant fumTamment rafraîchies, il fe Le colonel mit en marche , du confentement du fa?tUSpfr î« Confeil, pour chercher les Rebelles, libelles, les rencontra 8c les attaqua avec tant de luccès, qu'ils fe retirèrent d'un lieu à un autre, jufqu'au 3 d'Août, qu'ils le mirent à couvert fous une hauteur efearpée, où ils formèrent un retranchement, & où ils n'étoient accefîiblcs que d'un feul côté. Le Colonel, dans l'efpérance d'une victoire complette & décifive, les y pourfuivit ; mais les fuites fàcheufes d'une entreprife aufii imprudente que hardie, prouvèrent clairement • que le courage fans conduite , eft une vertu inutile ou plutôt dange-reufe dans un Commandant. Lei Rebelles profitant de l'avantage de leur fituation & de la fupériorité du nombre , l'obligèrent de fe retirer avec perte de cent hommes, quelques-uns difent même de cinq cents , entre lefquels fut le Capitaine Lor. Après cette défaite, & fur la nouvelle que les Rebelles attendoient des Européen s. 33^ du fecours de Bahia, Haus jugea-——• qu'il devoit le retirer au Receif, 6c cZ^vm. que fes troupes étoient abfolument néceffaires à la défenfe de cette An"16454 place. Le premier d'Août, deux Portu- ils rem-gais, nommés Gonlalvo Cabrai de P.ortcnt,& aldos , & Thomas Pais , lurent rages, condamnés comme complices de la rébellion. Le même jour, on reçut des lettres de Serenhaim , par Lesquelles le Confeil fut informé , qu'il avoit paru beaucoup des Révoltés aux environs; qu'ils s'étoient rendus maîtres de la rivière; avoient coulé a fond toutes les barques ; avoient pillé d'Ingenio Formoia, &uvoient tué tous les animaux qui apparte-noient aux Hollandois, fans taire aucun mal à ceux des Portugais. Le Confeil allarmé 6c embarrafTé on déparies nouvelles défagréables qu'il jj^jjgj recevoit de toutes parts, jugea avec lande, raifon , qu'il n'y avoit que la force qui pût ramener les Rebelles ; mais comme ce moyen n'étoit pas en fon pouvoir,& que les troupesHol-îandoifes diminuoient de jour en jour, on prit la réfolution d'envoyer en ^Hollande M. Vander Voerden, 33^ Découvertes e"1"1—1 pour inftruire le Confeil des dix» chauvin; »euf, de l'état actuel du Brefil. On lui donna les inftructions néceffaires, t& 1645. & il mit à la voile du Receif, avec une lettre, dans laquelle on expofoit dans tout Ion jour, laconduite perfide d'Antonio Telles de Silva, qui, fous le mafque fpécieux de l'amitié, s'efforçoit fecrettement de corrompre un des Officiers Hollandois, & qui envoyoit des fecours aux Rebelles. Le Grand Confeil du Brefil , foumettoit l'examen de cette affaire au Confeil des dix-neuf, & deman-doit que leurs Seigneuries priflent les moyens les plus prompts & les plus efficaces , pour prévenir la def-truction totale de lajColonie, en y envoyant les fecours néceffaires à fa défenfe. 'Oh arme Après avoir fuivi les Hollandois une floue à dans toute leur conduite, il eft temps liahia, g nous retourruons >d Bahia. Aufîi- tôt après le départ de Meffieurs Vander Voerden & Hoogftrate , le Gouverneur Silva donna fes ordres, pour que toutes les troupes de terre & de mer qu'on put raffembler , wontaffent à bord de douze vaiffeaux, qui étoient prêts à ies recevoir avec des Européens. 337 avec les armes, les munitions & les —!--- provifions néceffaires, pour l'inva- chap "vni.* fion projettée. Jérôme Serao de Pay- vo, fut nommé Commandant de la An' 16*s' flotte, &les troupes de terre furent miles fous les ordres du Colonel Martin Moreno. Cet armement qu'on avoit équipé fous prétexte de forcer les Pvebel-les à l'obéiffance, eut ordre de faire Voile le plus fecrettement qu'il feroit pofilbie de Bahia à Fernambouc , pour y débarquer les troupes de terre au port le plus convenable, qu'on jugea être celui de Tamandrc; après quoi, la Botte devoit fe rendre au Receif, où l'Amiral avoit ordre de remettre lui-même une lettre du Gouverneur au Grand Confeil. Les troupes de terre , qui furent débarquées le 28 de Juillet, étoient commandées par le Colonel Martin Mores o , & par André Vidal. Elles étoient compofées de dix-huit cents ou deux mille hommes, entre lesquels il y avoit plufieurs excellents Officiers , & tout le corps étoit très- r es bien fourni de toutes fortes de mu-gai/$ comZ nitions de guerre. mencent ou- Le flotte Portugaife de l'AmiralSoKîé.: Tome V, P 5 3 ^ Découvertes ' -Payvà, fut jointe par une autre flotte i.5v°ui.'Qe de Janeiro, que commandoit l'Amiral Salvador, & elles dirige-iâ45« rent enfemble leur cours versla baie de Fernambouc. La première nouvelle que le Grand Confeil reçut de ces mouvements des Portugais, fut par le Capitaine d'un petit vaifleau , qui rencontra leur flotte, compofée de vingt-huit ou trente voiles, à la hauteur d'Una* 6 qui fut pourluivi par trois, qui lui envoyèrent plufieurs volées de canon, Vers le même temps , le Major i. ioogftrate écrivit du Cap Saint Auguflin, pour donner avis qu'un corps de troupes débarqué àUna, avoit marché à Serenhaim , avoit pris cette Place, & avoit donné quartier aux Hollandois ; mais que les -Brafiliens avoient étépafïés au fil de l'épée. Le Confeil donna ordre à M. Ley, de quitter le Fort Saint Antonio , & de marcher avec fa garnifon au Cap Saint AugulKn , où l'on envoya un fecours de provifions. On fit aufli mettre en état, la petite flotte que les Hollandois avoient dans le pays, afin de fervir à défendre leurs territoires, §ç en même? des E u ri o P t f.' s. temps on fit favoir l'arrivée des en- ■ nemis à tous les Gouverneurs, dans chl^vm les différents diftrich. Le flotte Portugaife jetta 1 ancre An-pendant la nuit, devant le Receif, & le lendemain matin, l'Amiral envoya deux Députés abord de l'Amiral Hollandois. Ils étoient chargés de deux lettres du Gouverneur de Bahia, d'une de l'Amiral Salvador, & d'une de l'Amiral Payva, outre une du Gouverneur Silva , à Vieira & à Kavalkanti. L'Amiral Lichthart, ayant mis les Députés à terre , ils remirent les lettres au Confeil ; elles furent traduites , Afi Découvertes - Portugaife, dont il efpéroit qu'on chap. ix. tueroit une vengeance aufli prompte que rigoureufe. En même-temps, il An'l64î* écrivit au Grand Confeil, une lettre remplie de plaintes, dans laquelle il demandoit , ou plutôt il ordonnoit aux Membres de prendre garde à la conduite qu'ils tiendroient àl'avenir avec les Portugais, pour ne les pas mettre dans la nécefîité d'ufer de re-préfailles. Les Tôrtu- En s'emparant du Fort Seren-fem d^Sc- &aim « lcs Portugais publièrent une ïculuim. déclaration fpécieufe, où ils difoient qu'ils étoient venus comme médiateurs dans les territoires Hollandois : mais que trouvant leurs compatriotes traités avec une barbarie fans exemple , & même craignant pour leur propre sûreté , quoiqu'ils vinf-fent en qualité d'amis , ils étoient forcés de fe précautionner contre les trahifons des Hollandois. U parut évidemment, que ceux qui faifoient ces plaintes, étoient en effet les plus coupables ; car aufli-tôt après la reddition de Serenhaim, contre les termes exprès de la capitulation , ils commencèrent à dominer dans tout le pays, comme s'ils en euifent été t5 e s Européens. 3 47 ïes maîtres inconteftables. Ils mirent '■■....■■■»» à mort trente Brafiliens , quoique *cJJjJ| protégés par le traité, & commirent plufieurs autres actes de violence, Att' également injuffes , quoiqu'ils ne fuf-lent pas au(îi cruels. Cependant ils donnèrent des fauvegardes aux habitants Hollandois ; niais il y en eut deux qui quittèrent le diftrict de Se-renhaim, voyant que les affaires tour» noient aufli défavantageufement. Les Commandants Portugais, qui Vouloient toujours donner une couleur favorable à leur conduite , écrivirent une longue lettre au Grand Confeil, où ils répétèrent avec les plus grandes exagérations, les plaintes qu'ils avoient déjà faites, & en ajoutèrent de nouvelles, pour prouver leurs intentions pacifiques. En même-temps qu'ils envoyèrent cette lettre, ils firent publier une proclamation pour ordonner à tous Por* tugais, de quelque état qu'ils fuflenc, de comparoître devant eux , dans l'efpace de huit jours , afin de rétablir la tranquillité publique, par la réconciliation des Parties conten-danres. Le Grand Confeil réfolut de ne faire à cette lettre, qu'une très- Pvj ÉÇOt) VERTES «■ x .-courte réponfe , & il ordonna aux. ^çi^ïïë* ?ëûx Confeillers de Wit & Mouche* , l'on, de réfuter la proclamation , n, 1645. conjointement avec Monlieur Wal-beck , par une autre pièce de même nature, où ils prouvèrent que les défordres furvenus, dévoient uniquement leur origine aux Pvebclles &à leurs adhérents, afin de jufcilier & d'éclaircir la conduite du Confeil du Brefil aux yeux du Confeil des dix-neuf en Hollande. Hoogdrate Apres que ces difcûflions par écrit, ,ivvcni;xl!.0r" eurent préparé à celles qui dévoient tugais k fort r\ t r ? sa-.nt Auguf-le faire par les armes , les troupes tiiJ- JPortugaifes, débarquées depuis peu, venant de Bahia, marchèrent vers le Cap Saint Auguftin , où elles furent jointes par Kamaron Dics & par les Habitants. Us réfolurent d'afliéger le Fort de Vander Duffen ; mais le Grand Confeil , ayant été informé de ce projet, envoya Menfleur Bul-lacftrete & l'Amiral Lichthart, pour examiner les fortifications, & pour les mettre dans l'état de la meilleure défenfe qu il feroit pofïib e , vît les circonflances actuelles. Bs remplirent leur commlflion avec la plus grande diligence, mais on n'en retira d*b s E u r o p i e m s. 349 que très-peu d'avantage, par ce qui » arriva peu de temps après. Le Major ^ju"°j ' Lloogilrate fur Ja fidélité duquel le * ' Grand Confeil croyoit être en aflii- AiU mr*' rance, vendit le Fort pour la fomme de dix-huit mille écus, jointe au commandement d'un régiment de déieiteurs Hollandois'. C'eft ainfi qu'une place d'aufli grande importance , fut livrée par la trahifon d'un homme qui paroiiïoit hors du danger de la corruption , après les découvertes qu'il avoit faites fecrétement au Grand Confeil. Cet homme qui devoit toute fa fortune à la Compagnie, non-feulement , fut aflez ingrat pour vendre le Fort, mais en^ core pour livrer toute la garnifon aux ennemis. Pour aggraver fa trahifon , fuppofé qu'une action aulli horrible , puiffe recevoir quelque nouveau degré d'atrocité , on reconnut par plufieurs lettres qu'il en avoit formé le projet même avant le temps où il alla avec Monfïeur Vocr-den, en qualité de député à Bahia» On peut donc conclure avec juitice, que la découverte qu'il fit des pro-pohtions du Gouverneur, étoit pour écarter tout foupçon, pour gagne* 3yo Découvertes - la confiance du Grand Confeil, & cuap. ix, pour s ailurer les moyens de trahir fa patrie en général & fes amis en par- An. 1645. • i- r yi ticulier. Le Colonel Haus, craignant que les troupes Hollandoifes qui étoient dans le camp, ne fuffent en danger d'être taillées en pièces par la fu-périorité des ennemis, propofa de les faire retirer au Receif, tant pour leur propre sûreté que pour la défenfe de cette place. Apr< s quelques oppofitions , fa propofition fut approuvée , & il fut réfolu le if d'Août, que ces troupes fe retire-roient au Receif avec la plus grande diligence 5 mais le Capitaine Wiltf-chut avec cinquante hommes, eurent ordre de demeurer pour protéger les Fourageurs. l« Koiian- Conformément à cette réfolution , fontmi8»Haus partit du Receif pour corn-mander la retraite ; mais il fut fi lent, dans fes opérations , qu'il laifla écouler une nuit & un jour fans taire aucun mouvement, ce qui donna le temps à André Vidal de tomber fur lui. Les troupes ennemies étant de beaucoup fupérieures en nombre à celles des Hollandois, Haus fut mis bes Européens. 3 jt déroute, & lui-même fut forcé ■ 1 de fuir dans la maifon de de Wit, ^t^ixV ou il fe rendit enfuite à difcrétion. Ce malheur vint entièrement de la né- An'I6+J' gligence ou de l'ignorance de Haus 1 comme le Capitaine Wiitfchut le lui fit bien fentir. Le Colonel lui ayant demandé ce qu'il croyoit qu'on dût faire, le Capitaine répondit, « Mon» fieur , vous ne nous demandez ja-»â mais nos avis, que lorfque les af-»» faires font ;dans un état irrépara-53 ble ; faites ce que vous jugerez *> être le mieux Les Portugais commirent encore p^JSJÏÏ^ en cette occafion , de nouveaux actes de cruauté. Les Hollandois eurent quartier par la capitulation; mais les Brafiliens, qui avoient em-brafle leur parti, furent paffés au fil de l'épée. Cette barbarie jetta leurs femmes dans un tel défefpoir , que faines d'indignation , par une intrépidité qui fait horreur à la nature, elles c&flèrent la tête à leurs enfants, pour qu'ils ne tombaffent pas au pouvoir des ennemis. Tous les Hollandois, au nombre de deux cents cinquante, ayant été faits prifonniers, avec le Colonel 3 I2 D É c O U V E-R T E S -— Haus, ainh que les Capitaines Bîaar ■ch.ip.ix. & Liihy ; Fernandcs Vieira &£ plu-An ie ^urs Habitants foliiciterent André n' I(54)" Vidal de les leur remettre entre les mains , fans doute pour les facrifier à leur vengeance. Vidal fut affez généreux pour les leur refufer, & il envoya fous une bonne efcorte , les prifonniers à Bahim. Ils y furent' aflez mal entretenus, n'ayant que deux fchellings ce fept fols &demi par fe-maine , avec une mefure de farine pour dix jours. Le principal corps des Hollandois échappa ainfi par les foins de Vidal, au danger d'être maf-facré; mais les malades, & ceux qui, par quelque autre accident, furent obligés de demeurer , devinrent les victimes de la cruauté de leurs ennemis. Les prifonniers de Bahia eurent la liberté de fe promener dans lavil-. le , à l'exception du Colonel & des Capitaines , qui furent confignés dans leurs maifons, avec défenfe de Lesprifbrv les lailfer parler à perfonne, fans une ["dois "A'- Permilfion particulière, voyent des Après la reddition du Cap Saint Elpions à Auguftin , la garnifon fut-délarmée* leurs com- 3 , . c • * . patuotes. & conduite a Saint Antonio, Du ces Européens, 3^5 nombre des prifonniers , e'toient -• îfaac Zweers, depuis Vice-Amiral N,funo"» de Hollande, Abraham Van Millin- P' gêa, &Jean Broekheufen : le traître An< l6-*s* lîoogftrate fit fes efforts pour les fé-duire, &pour les portera s'engager au fervice Portugais; mais il ne put y réuflir, parce que ces hommes e'toient d'une fidélité à toute épreuve. Bien loin de chercher à fe tirer de captivité par des vues fordides, iis travaillèrent au bien de leur pays ; car ayant appris que les Ennemis dévoient attaquer l'ifle de Tamarika, ils réfolurcnt de le faire favoir, s'il étoit pofiible , au Grand Confeil. Iiaac Zweers gagna avec beaucoup de peine, &par des promeffes d'une-grande récompenlc , un Trompette Hollandois, nommé Stomp , pour être le porteur de cet avis, & crainte que quelque accident ne l'empêchât de remplir fa commiflïon, Zweers acheta un autre meflager, nommé Pierre Ritvaur, Boulanger , & il lui donna fur fa propre demande , une lettre , par laquelle il certifia que cet homme n'avoit jamais fervi les Portugais. 1 Les prifonniers Zweers & Broek- 1Is font d ,64î' de l'artillerie , & Moucheron fut choifï pour commander dans la ville Maurice; Malgré ces actes d'hoffilité, fi fou-Vent répétés. André Vidal écrivit encore aa Confeil, di'ant qu'il avoit la plus forte inclination à maintenir la paix ; mais que plufieurs raifons dévoient juftifîer les mefures qu'il avoit prifes. Le Confeil lui répondit que fur des preuves évidentes, il re-gardoit fes déclarations comme des fubterfuges, de même que celles du Gouverneur Silva; qu'il proteftoit contre toute fa conduite , •& que s'il avoit réellement quelque égard aux traités , il devoit fe retirer immédiatement avec (es troupes, à Bahia. Après la défaite de Haus, on jti- s-.cch de» gea qu'il ne falloir rien néglige*0"uaai«' pour retirer les garnifons des Forts de Rio de Saint Francifco, & de Sergippe del Rey , parce qu'elles ne pouvoient de ces endroits rendre aucun fervice important au Receif. Quand le Confeil eut approuvé cette 3;S Découvertes démarche, on fit partir deux barque» ' & un vaiiléau pour Rio Francilco; mais il trouvèrent un navire Portugais rempli d'hommes armés, qui les empêcha de pourluivre leur cours. Le Confeil fut obligé d'envoyer pour les foutenir , un yacht & trois autres-barques : on mit ce petit armement fous les ordres du Capitaine William Lambartz, &il revint au Receil le i d'Octobre, où il rapporta, en rendant compte de fon expédition , que trois jours avant fon arrivée , le Fort Rio de Francifco s'étoit rendu faute de provifions & de bois, après un hege de vingt-iïx jours ; que les ennemis avoient pris de li juftes mefures, que Sergippe ne pouvoit manquer de tomber eetre leurs mains, & qu'ils s'étoient aulli rendu maîtres du Fort Dos Affagados , où M. Bullaeftrete avoit été fait prifonnier. Le Capitaine Lambarts ajouta que dans une aufli terrible fituation des affaires , il avoit cru que la prudence exigeoit qu'il revint au Receif, où il n'apportoit que de fâcheufes nouvelles, au lieu des fuccès qu'il avoit efpérés. Par les articles de capitulation , des Européens. 3 y^ les Garnifons cie Rio Saint Francil- 1 ■ ,■ to > de Sergippe & de Porto Calvo, ^aUH^H» dévoient être envoyées au Receif: ' A" mais ks Portugais n'y eurent aucun An- 1 égard, & ceux qui les compofoient, furent emmenés prifonniers à Bahia. Plufieurs Soldats , dans la crainte d'une marche aufli pénible, -entrèrent au fervice des Portugais ; mais il y en eût foixante & quatre avec le Capitaine Nicolas Nicolfon à leur tcte, qui déferrèrent peu de temps après , & retournèrent aux Hollandois. Cet événement mit les Portugais dans une telle fureur, qu'ils paf-ferent au hl de 1 epée , tous ceux qui étoient demeurés avec eux, & qu'ils mafîàcrerent aufli plufieurs des habitants Hollandois. Les fuccès des Rebelles donnant courage aux mécontents de Parayba » ils prirent les armes contre le Gouvernement : mais les foins & la vigilance de Monfïeur Linge, qui, par une efpece de miracle , les avoit maintenus jufqu'alors dans la tranquillité, rendirent encore leurs efforts infructueux. Voyant qu'ils ne pouvoient réufîir par la force , ils .eurent recours à l'artifice, & firent _ 3 6° decouvertes ..... propofer dix-neuf mille écus au Goù- cL^.iï'verneur» mais ^ ^eur prouva que les principes d'Hoogftrate netoient pas Aa..i.<4j. COmmuns à tous les Officiers, & fit pendre celui qu'ils avoient chargé de lui en porter la parole. Le Confeil, pour avoir le plus de forces qu'il feroit poilîble, envoya aux Chefs des Tapoyers, deux Députés qui leur [reprélenterent la né-ceifité de joindre leurs troupes à celles -des Hollandois , & d'agir conjointement pour leur défenfe mutucl-.le. En méme-temps, on publia une proclamation pour offrir le pardon à tous ceux qui avoient déierté, ou qui étoient paffés au fervice Portugais , à condition de revenir à celui" des Hollandois. On n excepta ûe cette àmniflie, que Hoogftrate Se quelques autres traîtres femblables.- CHAPITRE ^MMBtK^jw^jr^wjjjg^aK'cagagtaia -gara» CHAPITRE X. ^■es Rebelles £r &j Portugais font le blocus du Receif: Ils attaquent Ls Hollandois près de Tamarika; Mais ils font repoujfe's: Les Hollandais les mettent une Jeconde fois en dé~ route : On trouve une très-belle femme au nombre des Prifonniers: Projet pour brûler la flotte Hollandoife : Cruauté & conduite barbare de Kamaron : Jacob Rabbi eft tué en trahifon : Le Colonel Garfman eft mis Aux arrêts : Etat des affaires entre les Portugais & les Hollandois, en Europe: Le Capitaine Lambarts efl tué : Jean P'ieira àPAllegoas eft aceufe de trahifon , convaincu & puni : Le Receif efl dans un grand embarras* LEs Rebelles, conjointement avec rrvn_ les Portugais , bloquèrent tous chap! les chemins qui conduifoient au Re- ^ ceif, & parurent déterminés à réduire cette place par la famine; Lcsrc mais voyant qu'on étoit trop bientcasl[Jcl ' ••! a K rr I1Hltllc'1' prépare pour qu ils y puilent rcullir, Tamaiii tome K Q 3 6*2 Découverte g ——- ils réfolurent de tourner leurs arme* chap.°x! '-contre Tamarika. Ils y envoyèrent la plus grande partie de leurs trou-I fans lui faire aucun outrage, la conduisirent pri- a,h**'u* fonniere au Fort de Parayba. Peu de temps après, on donna or* dre à un détachement de trois cents foixante hommes de Kunhao , û'at> t*quer les ennemis qui marchoicnt de Kio-Grande à Parayba. Les Re* belles en furent inifruits & fe retirèrent dans des retranchements, entre quelques marais où ils reçurent li bien ies Hollandois , que ceux-ci furent obliges d'abandonner cette enrre-prife , & de fe retirer avec quelque perte au Château de Keulen , i,.:.t pour s'y rafraîchir que pour empêcher les Portugais de pénétrer plus avant dans le pays. Le Confeil, qui defiroit avoir quelques connoifianecs des forces navales de Bahia, envoya un vaifleau croifer aux environs, avec-ordre de faire des priles s'ils pouvoient rencontrer quelques bâtiments ennemis. En même-temps on fit lavoir aux Chefs Brafiliens qu'on avoit reçu une grande quantité de munitions, avec des nouvelles de Hollande, qui ftiij '3 66 Découvertes —— atïuroient que dans peu , une puifc chap.°x!" ^ante notte alloit mettre à la voile pour fecourir le Brefil Hollandois. An. ;«4ft çet artifice caufa une fatjsfa par l'Ambafladeur de ce Prince à la Haye. On y ajouta la réponfe de leurs Hautes Puiflances , pour faire voir que le Monarque défavouoit la guerre 6c la conduite du Couver-neur Silva, 6c dans l'eipérance que cette lettre pourroit faire ouvrir les yeux aux Habitants Portugais, d'autant qu'elle leur prouveroit que c'é-toit en vain qu'ils attendroient quelque fecours du Portugal; on efpéra aufli qu'elle pourroit occafionner quelques divifions entre eux 6c les Commandants Portugais. Par les difpofîtions des troupes des Rebelles 6c de leurs alliés, les provifions commençoienc à deventi: très-rares au Receif, & l'on envoya 8 vi 372 Découvertes — plufieurs partis pour en faire venir; a.ap. x. mais ce tut ians aucun iucc.es. Il y eut une escarmouche dans l'ifle de in.i«4«, Tamarika, où feize Hollandois furent tués & vingt-fix blelTés j le Capitaine Lambarts fut du nombre des premiers. On punit Le Confeil fut informé, par une •U ilroke! lettre cn datte du 3 de Mai, que les Brafiliens de Tamarika avoient été engagés par les artifices des ennemis, à refufer leur fervice aux Hollandois; mais que Monfieur Aprifius, un de leurs Ministres, les avoit ramenés à leurs premiers engagements & avoit appaifé, au moins pour le temps actuel , l'inquiétude qui les agitoit. Les provifions commen-çoient à devenir fi rares , non-feulement au Receif, mais encore à Tamarika , à Parayba & à Rio-Grande , qu'on regarda la pèche comme un fecours abfolument nécelfaire. On s'appliqua donc à l'encourager puif-famment ; & M. Hamel, ainfi que M. Bas, donnèrent des ordes pour acheter toute la laine filée qu'on pourroit trouver , afin d'en faire des filets. Un Portugais, qui avoit commis un meurtre à Angola, vint au des Européens 373 Receif, pourfe fouftraire aux pour-fuites , .& dorma des informations contre Jean Vieira d'Allegoas, comme étant traître à l'Etat: Vieira fut TOis en pnfon ; le Portugais le chargea de lui avoir donné un parchemin écrit en caractères inconnus, avec une boîte , qui contenoit plufieurs autres papiers , pour les remettre aux ennemis , & en meme-temps , ce Portugais remit le tout à la Cour. Vieira nia le crime dont on Paccu-ioit, & il fut mis à la queffion , qu'il fupporta avec confiance ; mais on trouva dans fes papiers, la clef des caractères écrits furie parchemin: un Juif réuflit à les déchiffrer, & l'on "vit alors qu'il donnoit aux ennemis , un "état exacl & circonftancié du Receif , avec des inftructions pour s'en pouvoir rendre maîtres. Cette découverte, qui rendoit fon crime évident, fut plus forte contre lui que la torture; il avoua les charges que le Portugais avoit portées contre lui, & il fut condamné à mort & exécuté. Vers le premier de Juillet, les magafîns fe trouvèrent fi mal pour-Vus ; qu'il n'y avoit plus que pour. 574 Dé couverts! s »1 ■" ■ peu de femaines de provifions. Qn Chap.x?' commença alors à diitribues le pain en quantité réglée, & les Membres iflta. s*4«. Qu Grand Confeil, eux-mêmes, fe fournirent au retranchement. Pour prévenir le mécontement des Soldats, on leur donna à chacun doute fols par jour, au lieu d'une livre de viande qu'ils avoient auparavant ; mais pour le pain, leur'avantage étoit confidérable, puifqu'il leur en fut accordé trois livres par femaine, au lieu que tout autre n'en avoit que deux livres. Le Confeil ayant appris que Garfman avoit fait fes efforts, fans en avoir reçu aucun ordre, pour attirer les Tapoyers dans Rio-Grande,, fut très-furpris de cette démarche imprudente , qui n'avoit fervi qu'à diminuer les fecours de provifions, & elles y étoient devenues d'une rareté exceflive. On prit aufli-tôt les mefures convenables pour faire retourner volontairement ces Tapoyers dans leurs habitations , & cette conduite prudente du Confeil, réuflît fi bien, que par les fecours de Rio-Grande , le Receif fut fuffifam-janent muni jufqu'à l'arrivée de ceux des Européens. 575* de Hollande. On jugea en général ——— >->•.•.'? . r . NlEUHOï! que cette Capitainerie aurait fourni Chap.x, plus long-temps tout ce qui étoit nécelfaire pour les Garnifons méri- Aa'1 * ' dionales ; mais comme douze cent3 Brafil iens fe trouvoient réduits à la plus grande difette dans l'ifïe de Tamarika, le Confeil donna ordre de les faire paffer à Rio-Grande y pour y fubi'ïffer de ce que le pays Iemr pourroit fournir , & l'on envoya des bâtiments pour les y tranfporter 3 conformément à cette décifion. Dans un état aufîî fâcheux, on ne doit pas être furpris qu'il fut mis fur le tapis, & difcuté plufieurs proportions extravagantes; mais la prudence ne fut pas affez déconcertée parle-malheur, pour empêcher le Confeil de prendre la fage réfolution d'attendre les fecours de Hollande, plu> tôt que de tout hazarder par des efforts qui auroient pû être infruc* tueux. * Découvertes CHAPITRE XI. Les Portugais ,fous les ordres d'André VMal , fomment Tamarika de fe rendre : Découverte d'une confpira* tion : Les Habitants du Receif font réduits d la plusfâckeufe extrémité : Ils font foulages par des fecours de Hollande : Les Ennemis fe retirent de Tamarika: Ils font chafjés du pas de Barelta , qui efl fortifié par le Colonel Schûppe: L'ancien Confeil fe démet de l'autorité entre les mains de nouveaux Membres envoyés de Hollande : Lettres réciproques du nouveau Confeil & du Gouverneur de Bahia : Aienaces terribles de Fer* nandei Vieira : Le Colonel Schoppe attaque & réduit Rio S. Francifco : Un parti de Hollandois efl défait près de cette Place t & plufieurs Officiers fonytués, IEs Ennemis ayant appris que le a départ des Brafiliens de Tamarika , avoit confidérablement affoi-Aa. x<+«. ja Garnifon> réfolurent d'attaquer cette Ifle, & y débarquèrent t>i s Européens. 377 su nombre de deux mille. André 11 -Vidal &Fernandez Vieira, ccrivi- 'S?**? rent à M. Dortmund , en termes polis, quoiqu'avec hauteur: ils lui aa-l64'' marquèrent qu'ils vouloient traiterf .a^sesfp°r* avec lui , fuivant les règles de lamentleGou-guerre; que ne' pouvant ignorer laJfJJJ.'^* fupériorité dé leurs forces, & l'im-poflibilité de leur réfïfler , fans s ex-pofer à une perte intaillible , ils comptoicnt qu'il ne refnferoit pas leurs propolitior.s, & qu'ils en at-tendoient la réponfe le jour fuivant* Cette fommation porta M. Dort-1 mund à prelfer le Confeil de lui envoyer immédiatement du fecours ; mais dans cette fâcheufe conjoncture, où les malheurs fe lucccdc'ent de toutes parts, on étoit hors d'état de le fatisfaire, parce qu'on man-quoit d'hommes & encore plus de provifions. Quelques Canonniers furent convaincus d'avoir reçu de l'argent pour livrer le Fort d'Orange: deux furent condamnés à mort pour cette trahifon , & les autres furent affez heureux pour échapper au châtiment qu'ils méritoient. Les .Habitants & la Garnifon du Etat fâcheux Receif fe trouvèrent alors réduits àtiu Kccci1, '5 7'8 Déeouf estes un état li fâcheux, qu'il eft prefque impoiTible d'en donner la defcrip-tion. Leur ville étoit environnée au dehors d'ennemis implacables, & attaquée au-dedans par la famine ôC par fes effet* les plus funeff.es.. Le dé-fefpoir fembloit les couvrir d'un nuage épais, & la nature épuifée , gémifioit fous le poids de la mifere : les chiens, les chats & même des nourritures infectes, étoient regardées comme des viandes précieufess Se ceux qui pouvoient en avoir leur fuffifance étoient eftimés très-heureux. Des gens' qui, peu de temps avant, iouiffoient de toutes les douceurs attachées à la fplendeur , & qui étoient habitués a fatisfaire la fenfualité de leur goût par les mets les plus délicats, étoient alors très-contents de manger ce que les plus pauvres des mendians auroient mé-prifé , & ce qui auroit été rejette par la plus vile populace. Dans cette at> freufe fîtuation , fans aucune efpé-rance de fecours , & fans pouvoir prendre de réfolution fixe fur ce qu'on pouvoit faire, la vie leurpa-roifioit un fardeau infupportable; & l'on convint unanimement que rao% des Européens. 37^ ïii" en faifant un effort généreux pour * recouvrer la liberté, & eflayer d'à- Nrr,EUH°f' 1 . Chap. XI. voir des vivres, etoit de beaucoup préférable à l'état horrible de périr Aa-l**& par la faim. Us penferent qu'après avoir attendu du fecours, tant que la nature avoit pû les foutenir, ils ne pouvoient être condamnés de tout rifquer par nn dernier effort. Le Confeil & tous ceux qui étoient dans la ville , réfolurent donc de faire une fortie, dans l'efpérance que le défefpoir dont ils étoient animésa les pourroit faire réufîïr , & ils étoient prêts à exécuter cette funefle réfolution , quand ils apperçurent devant fa ville , deux vaifleaux avec pavillon Hollandois. Cet heureux: incident parut écarter toutes les horreurs de la calamité : la joie, comme un rayon de lumière , perça le nuage ténébreux qui les environnoit ; Se ces premiers mouvements fe changèrent en un tranfport univerfel, quand les bâtiments eurent jette l'ancre , & que par trois coups de canon , ils eurent affuré qu'ils venoient de Hollande. Ceux que leur foiblefïe empêchoit de marcher, fe traînoient pour ainiî dire, en rampant jufques 380 Découvertes «>—-au Porc, où ils reçurent la nouvelle hcnïp!°xî.' agréable que tout le convoi étoit près d'arriver. Ce fecours qui paroif-An. ié4 li leurs épées font auflî actives que » leurs langues , & je leur apprends drai le refpeft qui eft dû aux Dé- Découvertes —--« putes deceux qui ont ici le fuprê- chap.xi. J me commandement 33. Le 14 de Septembre, il arriva t*1-16*6- au Receif , une autre vaifleau de guerre de Hollande, qui avoit fait la traverfée en quatorze iemaines; & vers le même-temps, les Ennemis publièrent plufienrs feuilles infolen-tes , dans lesquelles ils propofoient d'accorder la grâce à tous ceux qui fe mettroient (ous leur protection» ïoîbkflc Le Colonel Schoppe ayant atta- fes Hollan-que plufieurs fois les Ennemis pref- ^iS' que toujours avec peu de luccès, les forces des Hollandois en furent tellement diminuées, qu'ils ne fe jugèrent pas en état de faire tête aux Portugais, près le Receif. Cependant le Confeil réfolut d'eflayer à reprendre Rio Saint Francifco , & l'on chargea de cette entreprife le Colonel Heuderfon , qui exécuta fes ordres fans beaucoup de difficulté , parce qu'il ne trouva qu'une très-légère oppolition. Le 30 de Novembre, les Etats Généraux firent une perte conlidé-rable par la mort de l'Amiral Lichthart , elle fut la fuite de l'imprudence qu'il eut, de boire une grande quantité t) k s Européens. 3 S y quantité d'eau froide après s être ex--» ceilivement échauffé. M. Nieuhoff ^Ti'* eut ordre de fe rendre à Rio Saint lap', Francifco, & fut bien près d'être An«ler46-noyé , fa barque s'étant renverfée. On envoya quelques détachements pour parcourir ie pays , & ils amenèrent fept cents boeufs avec trois cents veaux. Quelque temps après, le feu prit dans les quartiers des Soldats , 6c un grand nombre y perdirent leurs habits; mais cette perte fut réparée par les ordres du Colonel. Si cet accident fût arrivé de nuit, il auroit pû avoir des fuites d'autant plus fâcheufes , qu'il étoit vraifemblablement l'effet de quelque trahifon. On donna avis aux quartiers îloi-^^1^^; landois , que les Ennemis paroif-fuues. foient en un corps confidérable , 6c l'on envoya cinq compagnies tant pour les attaquer , que pour s'emparer de tous les beftiaux qu'on pourroit rencontrer. Les premières nouvelles qu'on reçut de ce détachement , furent que les Ennemis l'a-Voient enveloppé de façon, qu'il étoit difficile qu'un feui homme en pût ech.--.pper, La confies nation de- Tome V, R 386' Découvertes vint univerTelle; mais elle fut portée à fon comble quand on fut que le parti avoit été entièrement mis en déroute , & que les Capitaines Schut, Coufin & la Montagne, avoient été tués avec un grand nombre de leurs gens. Ce malheur fut entièrement attribué à l'imprudence des Hollandois , qui, malgré les ordres que leur avoit donnés le Colonel Henderfon, après avoir déchargé leurs mouf-quets , étoient tombés l'épée à la main fur les Ennemis , qui les avoient attirés dans une embufcade. Quelques-uns avoient pris la fuite de leurs polies , & ils furent condamnés à mort ; mais après avoir éprouvé toutes les terreurs des préparatifs du fupplice , on leur accorda leur grâce. Le Lieutenant du Capitaine Gyfe-ling reçut cependant la punition de fa poltronnerie ; il fut envoyé au Receif; on rompit fon épée fur fa tcte , & il fut déclaré indigne de jamais fervir la Compagnie, quoique fept années employées pour elle avec fidélité , euflent du parler en faveur de cet Officier. Entre les circonf-tances fâcheufes qui contribuèrent dans le même temps , à ruiner de des Européens. 387 plus en plus les affaires de la Compa- ...... gnie, on peut mettre pour une des *{tUH°, pJus importantes, la révolte des Tapoyers, qui abandonnèrent le parti An-1<54 des Hollandois , à caufe du meurtre de Jacob Rabbi ; le bannifïèment du Colonel, & Ja confifcation de fes biens , ne purent Jes ramener à leur ancienne amitié. On fit plufieurs proportions fur les moyens de nuire aux Ennemis ; le Confeil les examina ; & voyant qu'il n'y en avoit aucune qui n'eût de grands inconvénients , elles furent toutes rejéttées. Quelqu'un avoit dit entre autres , qu'il pourroit être utile de refufer tout quartier; mais après une mûre délibération, on fe décida pour la négative, parce qu'on jugea que cette conduite feroit plutôt capable de faire révolter ceux qui, jusqu'alors , étoient demeurés tranquilles , que de remplir l'objet qu'on fe propofoit. Le 30 de Décembre , on fut informé qu'un parti de deux cents hommes , commandé par le Colonel Kebellia, étoit arrivé de Bahia , dans une Ifle près de Rio Franciïco , & que les Ennemis attendoient dans Rij Découvertes ' peu d'autres renforts . non-feulement: Chap si. du même endroit, mais encore de Vargea. On apprit en même temps, n,j 4, quelques troupes Iïollandoifes avoient attaqué un corps des Rebelles, fans y avoir eu d'autre avantage que de s'être rendu maîtres de leurs armes & de leurs habits ; mais peu après , ils revinrent avec des troupes plus nom'orenfes, & mirent en déroute les Hollandois, qui eurent cent cinquante hommes de tués, en v comprenant un Capitaine, & cinq Officiers fubal ternes furent faits prifonniers. succès des On délibéra fur la propofition de rebelles, yaffembler un gros corps de troupes pour entreprendre quelque action importante , en y joignant celles qu'on pourroit tirer de Parayba ; * mais le Conleil jugea que cette démarche expoferoit ce diftrict à un danger évident, Scia propofition fut rejettée. Les nouvelles qu'on reçue peu de joins après, rirentconnoître qu'on avoit pris le parti le plus prudent : les Ennemis entrèrent dans le Parayba, avec un gros corps de trou^ pes , menaçant de ruiner tout ce pays ; & ils commencèrent par mafia? des Européens. 385? crer cinquante Hollandois & Brafi--- liens, entre lefquels il y avoit plu- c ' V '47* teftations en campagne , & ils ne s'occupèrent plus que de la défenfe du Receif., qui ne pouvoit tenir long-temps, s'il ne leur venoit du fecours de Hollande. Pour comble . de maux, la divifion fe mit entre les . diiiérents Membres du Gouverne-. ment : le Grand Confeil attribua la défaite à la mauvaife conduite du Confeil de guerre, dont ies Membres rejetterent la faute fur ceux du Grand Confeil, qui n'avoit pas foin que les Soldats fulient bien payés & bien entretenus. Enfin , les affaires parurent prendre un fi mauvais tour , avec l'attente de les voir encore dans un état plus fâcheux, que M. Nieuhoff follicita un paffeport pour revenir en Hollande. Il eut beaucoup de peine à l'obtenir ; mais aulli-tôt qu'il l'eut reçu , il fit tous les préparatifs néceffaires pour ne pas retarder fon voyage. Après avoir donné le récit de ce qui fe gaffa de plus intéreffant, pendant que M. Nieuhoff réfîda dans des Européens* 355 le Brefil, nous allons parler en peu —— de mots, de ce qui concerne les 1 1 . . ' , , , Cnaj nabitants, les animaux & les végétaux de ce pays, comme noua la- An-vons recueilli de cet Auteur, que nous accompagnerons eniuite juf-ques dans fa patrie. Rv 3P4 Découvertes CHAPITRE XII. De la divifion des Habitants du Brefil en différentes clafjcs : Acte de défef-poir d'un Nègre : Cruauté politique des Portugais , quand ils fe rendirent maîtres de ce pays : Mœurs des Naturels en gênerai : Leurs Armes: Notions qu'ils ont de l'Etrefuprême : Leur connoiffance de ï avenir :, Leur prétendue habileté dans la magie : Leurs ufages envers les malades & leur vénération pour les morts: Def-cription des Tapoyers : Deux d'entre eux entreprennent de combattre un Taureau fauvage , & réujfijjent d k vaincre. DAns le temps dont nous parons , les habitants du Brefil, Suivant la divifion la plus naturelle, An, k547. formoient deux clalTes; les hommes ir.vifion des. libres , & les efclaves. Les Sujets Habitants du libres, étoient les Hollandois, les ,Scm0tffîPortugais Scies Brafiliens; mais les les. Portugais étoient les plus nombreux Se les plus riches. Les Marchands Hollandois, qui vendoient leurs effets Ni£l' o FF Chap. XII. des Européens-. 35? 5* avec un bénéfice confidérable , au- ————* raient certainement acquis des tor- pc|1Bp,xn. tunes immenfes, s'ils ne ies avoient'' données à crédit aux Portugais , qui An' l6*~' prirent la réfolution de ne les jamais payer, comgie nousl'avcns vu dans les Chapitres précédents. Entre les Habitants libres du Brefil Hollandois, qui n'étaient pas au fervice de la Compagnie, il y avoit des Juifs qui y tenoient un rang con-hdérable. Leur commerce étoit beaucoup plus étendu que celui de toute autre nation ; ce qui les mit en état d'acheter pluiieurs moulins à fucre, & d'élever de magnifiques édifices au Receif, pour y faire leur habitation. Ils auroient été très utiles pour donner de nouvelles forces au Brefil Hollandois, il leur commerce avoit été retenu dans de juftes limites. Les Efclaves étoient en partie Nègres , & en partie Naturels du pavs : ces derniers étoient des pri-lonniers de guerre pris dans le Ma-ranhaon, ou dans le pays des Tapoyers , dont l'ufage eft de vendre leurs Captifs pour Efclaves, ou de leur donner la mort. Tous les autres Brafiliens jouifîbient des douceurs Rvj 3S>6' Découvertes ——- de la plus parfaite liberté fous le !;L^!xil' Gouvernement Hollandois. Du temps de Nieuhoif, il y avoit «m. i647. prvs je qUarante n);ne Negres em„ BcsNcgrcs. ployés aux moulins à lucre, entre Rio-Grande & Saint Francifco. La plus grande partie y avoient été amenés des Royaumes de Congo > d'Angola & de Guinée. Ils ont la peau noire & luifante, le nez plat, les . lèvres épaifles, &des cheveux courts & crépus , toutes marques de beauté parmi ces peuples. Le prix de ces Nègres augmen'e ou diminue, fuivant les circonlb.nces. Lorfque le commerce y étoit floriiiaut, ils fe vendoiont foixante & dix, quatre-vingt ou cent pièces de huit , & quelquefois on en vendoit jufqu'à. quatorze & quinze cents écus, quand ils étoient plus intelligents & plus .en état de rendre fervice que le commun des Efclaves ; mais quand le commerce tomba en décadence , quarante pièces de huit furent regardées comme un prix confidérable. Ces Nègres font très-adroits à nager & à plonger , & ils font ce dernier exercice avec tant de dextérité , qu'ils vont chercher une pièce des Ebropéeks, 327 de huit au fond de l'eau, quoique ——— très-profonde. Ils font auiïï très-ha-!ÏÏ™2L biles pêcheurs, & gagnent beaucoup d'argent à ce métier. M. Nieuhoff rapporte que pendant qu'il étoit au Brefil , un certain Nègre , grand pêcheur, fut vendu trois fois différentes, & qu'il fut fi mécontent de changer ainfi de maître, qu'il le mit un jour en mer , s'attacha une pierre à une jambe, & fe laiffa couler dans l'eau où il fe noya. Les Nègres , comme on l'a remarqué en une infinité de circonftan-ces , font très-vindicatifs, & ne négligent aucune occafion de fansfaire leur vengeance. Quelques-uns, quand ils deviennent vieux , portent de longues barbes grifes , & leurs cheveux deviennent de la même couleur. Les Naturels du Brefil font par- D«Natu-tagés en quatre différentes Nations:"i*du paya» il y en a trois qui parlent la même langue & ne différent que par la dia-lecle ; mais la quatrième, qui eft celle des Tapoyers , eft fubdivifée en différents difhicts, qui, tous différent de langage & de coutumes. Les Brafiliens qui habitent aurni-JL'eu des Européens, font de moyenne An 3 tique. En effet, ils en avoient fi bien formé & fuivi le plan, que la Capitainerie de Rio-Grande, qui, en 15ât5 ' pouvoit mettre fur pied cent mille combattants , en put à peine fournir trois cents en 1645". La cruauté de ces maîtres occafionna une haine implacable entre eux & les malheureux Brafiliens , & cette prodigieufe diminution fut caufée en grande partie par les guerres qu'ils foutinrent, ainfi que par quelques maladies épidémiques qui fe répandirent parmi eux. Le petit nombre de ceux qui relièrent, vécurent dans des villages qui leur furent a {lignés ; y firent leurs plantations , & y habitèrent dans des mailons de bois couvertes de feuilles de palmier. Les Brafiliens en général, ont un grand amour pourla liberté, particulièrement les Tapoyers. lis vivent avec allez d'union entre eux , excepté quand l'ivreffe, qui eft leur vice favori , les fait tomber dans quelque défordre. Ils font palfionnés pour ia 4©o Découvertes »■■■■' danfe, ont naturellement une grande 'S^îiV indolence , 6c dorment volontiers vingt-quatre heures de fuite, ils ref-a» 1*47. teroient toujours dans une profonde tranquillité , fi les befoins de la nature ne les en faifoient fortir. Ils entretiennent du feu dans leurs huttes le jour & la nuit : pendant le jour , pour préparer leur nourriture, & durant la nuit, pour corriger la fraîcheur de l'air, qui y eft plus vif que dans plufieurs parties de l'Europe , parce que les jours 6c les nuits y font d'égale longueur , pendant prefque toute l'année. Les femmes; Les Brahliens de l'intérieur du y font mai- s vont entièrement nuds:mais kcmeuics. r J . . , . v . ceux qui habitent pies ies rivages de la mer, portent différentes fortes d'habillements. Quelques-uns ont feulement une chemife de toile ou de coton , & d'autres plus policés, s'habillent à la manière des Européens. Les femmes fuivent toujours leurs maris , même à la guerre, où les hommes ne portent rien que leurs armes ; 6c ce font elles qui leur fervent de chevaux de bâts, era fe chargeant nou-feulement des provifions , mais encore de tout ce qu'ils des Européens. 40 r jugent leur être nécelfaire , un ou — — plufieurs enfants, un perroquet ou ^hap'xi"' un linge fur un bras, &un chien attaché à une corde, de l'autre côté. At1, l647* Ils s'arrêtent près des haies ou au niiîieu des campagnes, où quelque ruifieau leur fournit l'eau dont ils font alors leur unique boiflbn, excepté celle qu'ils trouvent quelques fois dans les creux de certains arbres qu'ils appellent Karrageata. Vers le foir, ils fufpendent leurs hammacs à des arbres, ou au moins, ils les attachent à des pieux, & ils s'y ga- _ rantiffent de la pluie par le fecours de quelques feuilles de palmier. Quand ils font dans leurs rnaifons, les hommes fortent affez ordinairement le matin avec leurs arcs & leurs flèches , pour tuer quelques oifcaux ou quelques bêtes fauves, & d'autres fois, ils vont à la pêche , pendant que les femmes travaillent à la plantation , à moins qu'elles n'accompagnent leurs maris pour rapporter ce qu'ils ont tué. Ils tuent & prennent les bêtes fauvages de différentes façons, quelquefois à coups de flèches, d'autres fois au piège. Les Brafiliens ne font pas fomp- 402 Dé couvertes " tueux dans leurs meubles : leurs cha^xi"' nammacs ou ini, comme ils les appellent , en font la principale pièce : An.i^. iis font faitsue Coton, & reffemblent allez à un filet de lîx ou fept pieds de long & de quatre de large. Les Tapoyers en ont de douze ou quatorze pieds de long , qui peuvent contenir quatre ou lîx perfonnes. Leurs pots & leurs gobelets ou taffes font faits de callebaffes, & l'on en trouve qui tiennent jufqu'à trente ou trente-cinq pintes ; mais en général, ils les coupent & les partagent en plufieurs parties. Les plus pauvres fe fervent de pierres au lieu de couteaux : mais les autres en achettent des Européens. Leurs a-- ^es armes des Brafiliens font les mes. arcs , les floches & les maflucs : leurs arcs font d'un bois très-dur, qu'ils nomment Vifapariba : les cordes font de coron filé, & leurs traits, de rofeaux fauvages avec des pointes très-dures, qu'ils arment fouvent de dents du poilTon , nommé Jacru : quelqnes-uns ont plufieurs pointes, & d'autres n'en ont qu'une feule. Ils comptent leur âge en mettant à part une châtaigne chaque année, des Européens. 403 dont ils commencent à compter le „ cours , par le lever dune étoile, £^""£,7 qu'ils appellent Taku ou étoile de la 1 e s E v r o r é f m s. 407 qu ils luinendent à des poteaux plau- - tés en terre pour cet ufage. Il y a une nation de Braliliens, nommée' le Potigearas , fi favante, dit-on, am,<5^7 dans la forcellerie, qu'ils peuvent enchanter leurs ennemis, jufqu a les faire mourir. Les Braliliens qui vivent parmi les Européens, fuivent à quelques égards, les principes de la Religion Chrétienne ; mais il eft rare qu'ils J'embraflent avec beaucoup de zele, a moins qu'ils n'y ayent été élevés dès leurs plus tendres années. Quelques Miniftres Hollandois & quelques Prêtres Portugais ont allez bien réulli à y opérer des converhons , & plufieurs Naturels, ont appris à lire & à écrire dans les écoles Hollan-doi fes. il y a plufieurs maladies commu- Leursnfii-nés en Europe, qui font entièrement fiiaiaUcs. inconnues au Brefil. Il v en a qui font particulières au climat, & qu'ils guérilfent avec des médicaments fim-ples , parce qu'ils méprifent tous ceux qui font compofés. Us apportent tous leurs foins à bien traiter les malades : mais s'ils voyent qu'après toutes leurs peines, la maladie 4o5 Découvertes -- continue, ils leur caflent la tête, & aplxiï' ûil"ent qu'il eft plus avantageux pour eux, de mourir tout d'un coup , que l6+7« ae foulTrir les peines qui accompagnent l'état de celui qui rend naturellement le dernier foupir. Quand ils font morts, ils exercent la même cruauté fur les corps de leurs amis que fur ceux de leurs ennemis, quoique par des motifs différents, ils les déchirent en morceaux & en mangent la chair avec avidité. Les Brafiliennes font très-fertiles, & accouchent h aifément qu'aufli-tôt qu'elles font délivrées, elles vont à la rivière la plus proche, pour fe purifier: alors le mari fe met au lit , & pendant vingt-quatre heures on le nourrit, & on a pour lui toutes les attentions qu'on apporte en Europe pour les nouvelles accouchées. Les mères pleurent la mort de leurs enfants avec des cris affreux , pendant trois ou quatre jours : quand leurs amis ont été long-temps abfents,ils vont au-devant d'eux, les bras ouverts , en répandant des larmes & avec toutes les marques poflibles d'aifection. Quoique les Braliliens actuels foient les defcendants de ces des Européens. 407 Cannibales dont nous parlons, leur < mélange avec les Hollandois & les c'^Sl Portugais , les a prefque tous corrigés de cette inhumanité, 6c ils font An'l647> devenus aulli affables & aufli humains que le font pluheurs Nations Européennes. Les jTapoyers font de plus haute u« Ta» taille , & ont plus de force de corps V°y"s-que les autres Brafiliens: leur couleur efl d'un brun foncé, avec des cheveux noirs, qui pendent fur leurs épaules , & ils les coupent feulement furie front, parallèlement aux oreilles. Us ont foin de n'avoir aucun autre poil fur tout le refte de leurs corps, & même ils arrachent celui de leurs fourcils. Leurs Rois & leurs Chefs font diftingués du vulgaire , parleurs cheveux, qui fervent à faire connoîtrc leur qualité, & en général , les Brafiliens font une grande citime de la longueur des ongles. On reconnoît les Rois , en ce que leurs cheveux font coupés en forme de couronne, & en ce que l'ongle de leur pouce eft confervé très-long , ornement qui ne convient ou a la Majefté Royale; les Princes du fang & les Grands /peuvent bien 408 D i C 0 U V E R t E s avoir les autres ongles longs : mais non ceux des pouces. Comme ces Peuples font très-forts, & ont une grande agilité, le Prince Maurice ordonna à deux d'entre eux , d'attaquer un Taureau fau-vage , ce qu'ils firent aufli-tôt. Us le fatiguèrent long-temps à coups de flèches , enfuite l'un des deux fauta fur le dos de l'animal, le prit par les cornes , le renverfa, & lecondé par fon camarade, il réuflî t à le tuer. Ils le firent rôtir auili-tôt \ en mettant du feu deffous , fuivant leur coutume, & ils fe régalèrent de fa chair avec tous les autres Tapoyers qui avoient aflifté au combat. Les Tapoyers des deux fexes & de tout état, depuis le Roi jufqu'au Papan , vont entièrement nuds , à la réferve de ce que la pudeur obli * ge de cacher, ce qu'ils font très-foigneufement. Les hommes portent fur la tête, une efpece d'ornement, formé des plumes d'un oifeau nommé Guara , avec de longues queues d'un autre oifeau, appelle Arara, qui leur tombent fur les épaules. Quelquefois ils portent feulement un cordon de coton autour de la tête, des Européens. 4op tete, & ils y attachent des plumes ■■■■■ 1 ■ de diverfes couleurs. Us ont aufli des ch^xiu' efpeces des manteaux tiflus de coton , travaillé comme un filet , & an-iâ+7. ornés de plumes de différentes fortes d'oileaux diverfement colorés , qui •avancent les unes fur lc de* brace'ets ^U ^ru^ Qe l'arbre nom-np' 1 ' mé Aguay , & ont des fouliers faits An. z<547. d'écorce de Kuragua. Quelques-uns des Tapoyers ne fe fervent ni d'arcs, ni de flèches , mais feulement de dards : leurs malïues font d'un bois très-dur, fort grolTes par le bout Se garnies de dents ou de pierres très-» aiguës. Ils ont trois fortes d'inftru-ments à vent ; les premiers font faits d'os humains , les féconds, de cornes Se les autres de rofeaux. Les Tapoyers ne font pas eftimés aufli bons foldats que les autres Brafiliens Se dans le danger, ils ont plus d'inclination à faire ufage de leur agilité que de leur force. Il eft vrai qu'ils courent avec une fi grande vîtefle qu'il eft très-difficile de les atteindre. Ils font en général très-indo-lents, Se plutôt que de fe donner la peine de cultiver la terre, ils préfèrent de vivre de fes productions fau-vages. Us mangent de la chair humaine ; Se (i une femme fait une faufle couche, elle fe nourrit aufli-tôt de la chair de l'enfant , difant qu'il ne peut avoir un meilleu: toriv», des Européens. 411 beauqueles entrailles d'où il eft venu. —1--- 1 Les Tapoyers refTemblent aux y7U:U".;:r -Arabes, en ce qu us mènent une vie vagabonde; mais avec cette diffé- A*-:6-f7-rence, qu'ils le contiennent-dans des limites particulières, changeant d'habitation , fuivant les différentes fai-fons de l'année. Us aiment beaucoup les amufements , & fe fervent de leurs arcs avec tant d'adreffe, qu'iîi abattent à la volée autant d'oiféaux qu'il leur plaît d'en avoir. Quand une femme devient grofîe, fon mari n'approche plus d'elle , jufqu'à ce qu'elle foit accouchée , & même ordinairement, tant qu'elle donne à tetter. Si une femme mariée a un commerce illégitime avec un autre homme , fon mari peut la chaf-fer; mais s'il la furprend en adultère, il eft maître de tuer l'un & l'autre. Ils ont quelques ufages qui précédent le mariage , & que nous nous dilpenfcrons de rapporter, pour ne pas offenfer la modeftie en fatisfai-» faut la curiofité. Après avoir parlé des habitants du Brefil, nous allons paner aux animaux & aux autres objets qui nous paroîcrontmériter dette remarqués. S ij Dec ouverte? m——mi t jii injumiw— CHAPITRE XIII. Des différentes efpeces A'0 if eaux 6V* d'autres Animaux qu'on trouve au Brefil. "niboho», T A P^miere efpece d'animal par-Chap. xiii.' h-j ticuliere au Brehl, qui fe pré-An. 1*47. *"eme >d nous » e^ le P°rc'épic > que Les Braliliens nommentKuandu.il du Bceiii.Le e^ à Peu Pr^s de la grolfeur d'un roic-Epic. finge, & fon corps eft entièrement couvert de pointes qui ont trois ou quatre pouces de longueur , au lieu de poils. Quand l'animal eft irrité, il lance ces pointes avec tant de force , qu'elles peuvent blelfer de même tuer un homme. Ses yeux font ronds, étincelants , & femblablcs à des efcarboucles par leur couleur. H a de grandes mouftaches comme les chats , fes pieds relfemblent à ceux du linge, avec quatre doigts feulement à chacun , mais fans pouce , & fes pattes de devant font plus courtes que celles de derrière. Cet animal dort ordinairement pendant le jour, & va cherchet fa proye durant des Européens. 413 la nuit : il aime excellivement les -— oifeaux , & monte très-bien fur ies âîp/SS,» arbres , quoique ce foit avec lenteur. Les habitans en mangent la chair Al1, l6*7' rôtie , ce le goût en eft allez agréable. Le Parefïeux , ainfi nommé , arlcftxdlcw caufe de la lenteur de fa marche , qui ne lui fait faire en quinze jours qu'environ l'efpace d'un jet de pierre, eft a peu près de la grofïeur d'un Renard. Ses pattes de devant ont fept pouces de longueur depuis les pieds, & celles de derrière n'en ont pas plus de fix j il a la tête ronde , & fa gueule , qui eft toujours écumante , efl aufli ronde & petite ; fes dents font petites & plates ; fon nez eft noir , élevé, & doux à toucher. Ses yeux font petits , noirs, & fans vivacité ; fon corps eft couvert d'un poil cendré. La raifon de cette lenteur exceflive , vient de ce que fes membres font, pour ainfi dire , dif-joints par le milieu. Il vit fur les arbres , & fe nourrit de feuilles , fans aucune boiffon : il craint tellement la pluie , qu'il fe cache aufli - tôt qu'elle approche. Quoique les membres de cet animal foient très-foibles, S iij "Âf Découvertes i i ■'*■" il eft très-fort difficile de lui arracher chaUHxiii'ce ^u*il tient ; fon cri, de même que ' celui du Porc-épic, eft affez fembla-An.i64j. aU miaulement d'un chat. Mangent de Les Fourmilliers ou mangeurs de fcurims. fourmis , ainfi nommés à caufe de leur nourriture , font de deux efpeces, les grands tk les petits; les premiers qui font à peu près de lagrqf-feur d'un chien de moyenne taille, ont la tête ronde , avec un groin alongé, mais fans dents. Pour attraper les fourmis , cet animal pofe fa langue , qui eft de vingt-cinq pouces de long , & quelquefois de trente , fur un tas de fumier , jufqu'à ce que fa proye y foit montée , & quand il en lent une quantité , il les avale toutes enfemble. Les petits font de la groffeur d'un Renard du Brefil ; leurs pieds de devant portent quatre griffes crochues, & ils ont deux larges bandes noires fur le dos. Cette bête eft très-fauvage , elle faifit tout ce qu'elle peut prendre avec fes pattes; Jorfqu'on la frappe de quelque coup, elle fe levé comme un Ours, & faifit dans fa gueule l'inftrument qui l'a touché. Elle dort pendant tout le jour, les pattes de devant pofées r) F. s Européens. 41 y lur fon col ; la nuit elle cherche fa — ........ proye ; quand elle boit, l'eau fort çSp.xlîî.' aufh-tot par fes narrines. L'animal nommé Armadllla , ou An"1 Porc cuiraiTé , parce qu'il eh1 couvert l'Ai:n d'écaillés , qui reflembleut à un bouclier , eft à peu près de la même grof-feur & delà même figure que nos cochons domeftiques ; il a fur le dos plufieurs fépaiations , entre Jefquel-les on voit une peau d'un brun foncé ; fa tête eft parfaitement iembiable à celle des autres Porcs , & il a un nez pointu , qui lui fert à fouiller la terre; fes yeux font petits tk enfoncés dans la tête ; fa langue eft petite & pointue ; fes.oreilles prefque noires, fans poil ni écailles. La poitrine , le ventre & les jambes font également fans écailles. Cet animal eft en général très-gras : il fe nourrit .de racines , & de toutes fortes d'ordures , boit exccfïivement : & quoiqu'il foit au nombre des bêtes terreitres, il aime particulièrement les endroits marécageux. Pour en faire la chaffe, on fe fert d*un petit chien , qui ab-boye aufTi-tôt qu'il fent l'endroit où cet animal s eft caché fous la terre, 4ï6 Découvertes m & on le trouve en y creufant : fa chair chap. xnï.' eft affe2 bonne à manger. On trouve dans le Brefil une efpece An. 1647. de Chauve-fouris de la groffeur d'un oifcauxdu Corbe;iu , elle eft très-fauvage, de ^ J mord vivement avec des dents extrêmement aiguës : fa retraite ordinaire eft dans les trous des arbres de dans-ks vieux murs. On y voit aufli une efpece d'Oyes fauvages qui ref-fèrnblent beaucoup à celles d'Europe ; elles font feulement un peu plus greffes , & leur couleur eft plus variée ; te font des oifeaux aquatiques fort ch: ;nus& d'un très-bon goût. le Toucan. L'Oîk-au à grand bec ou Toucan, eft à peu près de la groffeur d'un pigeon de bois : il a autour du col , comme un cercle couleur de fafran de trois ou quatre pouces de tour, fes plumes font jaunes fur Teftomac, de noires dans toutes les autres parties, avec les extrémités rouges. Son bec eft de la longueur de la paume de la main , & très-profond ; il eft jaune en dehors , de rouge en dedans. L'animal s'en fert avec la ptus grande activité. le Kiokoi. Les Brafiliens ont un autre Oi- b e s Européens. 417 feau , qu'ils nomment Kiokoi, qui-- paroît être une efpece de Grue , à cEp.Tiïî. peu près de la groffeur de nos Cigognes , & très-agréable à voir ; fon an-l647« bec d'un jaune tirant fur le verd , d'environ lîx pouces , eft droit & pointu ; fon col eft de quinze pouces de long , le corps en a dix , & la queue cinq ; fes pattes, qui peuvent être d'environ quatorze pouces, font couvertes de plumes jufqu'à moitié de leur longueur i fon col & fon jabot fon blancs , fa têçe noire , avec un mélange de couleur cendrée. A la partie inférieure du col , il porte de longues plumes blanches dont on fe fert pour écrire. La chair de cet oifeau eft bonne & d'un fumet agréable. U y en a d'autres d'une plus petite efpece, à peu près de la groffeur d'un Canard , donc la chair eft aufli de très-bon goût, & a quelque chofe d'aprochant de celle de la Grue. L'Ofeau-Grenier eft remarquable, r.-oifeau par fa fingufarité ; il a un bec de près grcnia* de fept pieds & demi de long, avec . une efpece de couronne de plumes vertes & noires fur la tête , dont la moitié n'a point de plumes, non plus S v 4.13 Découvertes ■ que la moitié de fon col. Il eft à peu c^^xiiï.' Pr" d-e la Sronreur d'une Cigogne ; on le mange bouilli, après en avoit An.. ié47. §t£ ;a peaUj & fQn goû(; efl. arpez agréable. Le Brefil produit beaucoup d'autres efpeces d'oifeaux fauvages, qui différent très-peu de ceux d'Europe, à l'exception de celui qu'on appelle l'Oiléau Mouche : il n'eft pas plus gros que le doigt , & cependant il fait un très-grand bruit : fes plumes font- fi changeantes , qu'en le tournant de différents côtés , il paroît toujours varier de couleur. Les femmes du Brefil en mettent un de chaque côté pour leur fervir de pendants d'oreilles. poifTons & Les rivières & les lacs , de même sctpens. que la mer fur la côte du Brefil , font remplis d'une grande quantité de poiffon de diverfes elpéces. On trouve aufli dans ce pays plufieurs fortes de ferpents , dont il y en a un qu'on appelle Gekko , qui fait un finement continuel. La ptquure de cet animal eft mortelle , àmoins qu'on ne coupe promptement la partie endommagée , ou qu'on ne la brûle avec un fer chaud ; fon fang • eft aufli un poifon tiès-fubtil, & les des E u r o p é e n's. 4TO habitans de Java, qui orit beaucoup —-- de ces ferpents dans leur isle , y çhap.xiîf.' trempent leurs flèches , pour en rendre les bleffures mortelles. Lorf qu'ils Au' l(>*1' prennent un de ces animaux, ils rattachent au plancher ; & quand il eft fortement irrité, il vomit une liqueur jaune , qu'ils raffemblent dans des .pots , & qui fe coagule au foleil , pour le même ufage. On voit combien ce fcrpenr. eff venimeux par 1er effets terribles de fon urine, qui , appliquée extérieurement fur la peau, Ja fait devenir noire , & caule la gangrène. La racine de Curcuma , que nous nommons Turrneric , eff, fuivant les Brafiliens, le plus puiffant remède contre ce poiion. Le Serpent à fonnertes , ainfi nommé , à caufe du bruit que fait fa r Sfrr«"t 1 queue, le meut avec une viteiie qui reffemb'e à la fuite. Le milieu de fon corps cfc à peu près de la groffeur du bras d'un homme vers le coude , & il va en diminuant , tant du côté de la tête, que de celui de la queue. Ce ferpent eff très-venimeux; mais comme en l'entend de fort loin, il en eff moins dangereux. Le principal remède dont fe fervent les Bralî- S vj 420 Découve rte s > . - liens contre la piquure de ce Ser- çhap! xiii. P^it, & de la plupart des autres efpeces , eft une emplâtre faite de têtes An. i«47. je ferpent j broyées & mêlées avec Le Guaku.de la falive d'un homme à jeun. Le Guaku , ou Liboya , eft un ferpent d'une grandeur monftrueufe * puifqu'on en voit de dix-huit, vingt-quatre , & même trente pieds de long, Suffi gros que le corps d'un homme ; les Portugais le nomment ferpent chevreuil , parce qu'il dévore fouvent de ces animanx , de même que ceux d'autres efpeces qu'il peut rencontrer. Il n'eft pas fi venimeux que les autres ferpents , & quelques gens prétendent même que fa chais eft bonne à manger ; mais il eft très-vorace , & s'élance des haies} où il fe retire ,fur les hommes & furies bêtes. Outre ceux dont nous avons déjà parlé ; il y a encore plufieurs autres efpeces de ferpents, qui font la plupart venimeux , & qui ne différent entr'eux que par la taille & par la crocodile couleur, detcxre. Le Senembi , ou Crocodile de terre , eft un animal tort commun au Brefil; il eft rare qu'il ait plus de cinq pieds de longueur. Ilpeut vivre deux £>es Européens. 42i ou trois mois fans manger ; fa chair * eft aulli bonne & suffi blanche que^'^'^u.' celle du Lapin. On trouve dans h* jé tête quelques pierres} dont on prend ' le poids de deux dragmes à la fois , & qui (ont un remède infaillible pour la gravelle. On trouve aufli dans le Brefil des Lézards & des Scorpions. Les premiers ont quelquefois jufqu'à quatre pieds de long , & les Nègres les mangent fans crainte, quoique leur pi-quure foit venimeufe, d~- même que celles des Scorpions , qui en ce pays deviennent très-gros. On y voit aufli différentes efpeces de fourmis, qui pour la plupart ne reffemblent en rien à celles d'Europe , étant beaucoup plus groffes , & plus dange-reufes pour ies fruits de la terre. Il y a plufieurs fortes d'Abeilles , qui fervent comme les nôtres à faire du miel ; mais avec cette différence , qu'on ne les rend pas des animaux domeftiques comme en Europe, en ies métrant fous des ruches. Elles s'établiffentdans ies trous des arbres, où elles font leur travail, & on en retire les fruits par différents moyens. «Arslgac^ Entre plufieurs elpeces d'Araignées, il y en a une dont la groffeur 422 Découvertes *" ' ■ — eft remarquable. On la trouve ordi* tbp "tut ' nîurement dans ^es tas de fumier, & dans les trous des arbres, où elle for-An. is47. me ç.à toile comme les autres animaux de la même nature ; quand elle eif irritée , elle fait une piquure li petite , qu'à peine eff,-elle vilîble; mais li dangereufe , qu'il fe ferme une tumeur bleue très-douloureufe, &: qui cauferoit la mort, li on n'y apportait remède par les antidotes convenables. Le Brefil produit une grande quantité de bêtes féroces , particulièrement des Léopards & des Tigres. Les derniers font fi voraces , qu'ils dévorent fouvent des animaux, & même des hommes. Il y a encore , vers les côtes , une efpece d'animal qu'on appelle Jack ou Godenot, qui eft tres-agile, & fi cruel, qu'il déchire tout ce qu'il trouve de plus foible que lui. A^rcs Après avoir parlé en général des t BreiiL Le animaux qui font particuliers au lire- Manioc. ,., 1 . rr c • î lil , nous devons aufli taire connoi-tre quelques arbres & quelques racines qui y croiflent. L'arbrifîeau , . nommé Manioc , qui fait en grande partie la nourriture des Brafiliens, des Européens. 425 ell le premier qui mérite notre atten-;— tion. Cet arbrilTeau fe nomme ordi-'£f nairement dans le pays Maniiba , ou Mandiiba , & il y en a de différentes Ai eipeces ; mais la racine eft toujours nommée Manioc. On la fait fécher ; on la réduit en poudre ; on la fait cuire au four , comme le pain en Europe , & c'eû la nourriture ordinaire des habitans de l'Amérique. Cette racine a quelque reffemblance avec nos panais ; elle ne croît que dans les terreins fecs : elle a deux ou trois pieds de long , & eft grofïe comme le Iras d'un homme. Quand elle eft parvenue à maturité, chaque arbrilTeau produit trois , quatre , de quelquefois vingt racines, qu'on ne peut conferver plus de trois jours hors de terre, fans les faire fécher & fans les réduire en farine. Quand on ptefle cette racine nouvellement tirée de terre , il en fort un jus épais, dont on peut fefervirau lieu décolle; & en le mêlant avec du fucre & de l'eau de fleur d'orange , on en faic une conferve très agréable. Il y a différents moyens de préparer le Manioc pour s'en fervir ; mais comme ccft toujours pour le mêmeufa- 424 Découvertes j' ■ ge, nous ne nous arrêterons pas à le cha^xiiï.' ^tailler. Le Manioc aune propriété trcs-finguliere : c'eft que (i on le man-M. U47. ge fraïs, il eft un poifon mortel pour les hommes, & qu'il n'a aucune qualité dangereufe quand il eft delféehé. Il faut encore remarquer, que quoique toutes fortes d'animaux mangent de cette racine, de qu'elle ferve à les engraiffer , le jus en eft aufli pernicieux pour eux que pour l'efpece humaine. Environ trois boiffeaux de farine de Manioc, fuffifent pour nourrir un homme de travail pendant un mois, & une pièce de terre qui en eft plantée, produit le quadruple de ce qu'elle donneroit fi elle étoit fe-mée en froment. La Senti- La plante Senfitive fe trouve aufli fcl^rCa"au Brefil , de même que le fruit nom mé Calebaffes, dont l'écorce eft fi forte , que quand elle eft feche, elle peut fervir de talTe , d'écuelle , & à plufieurs autres ufage s, Ce fruit varie beaucoup en groffeur & en figure ; il y en a de ronds, & d'autres longs : l'arbre fleurit & produit une fois par mois cette efpece de fruit , qui eft aulîî agréable au goût ; mais [ue fa qualité trop aftringente rend langereux. des Européens. 42 c L'arbre que les Brafiliens nom- <•* ■■ "* *> Jnent Imakaru , n'a rien de remar- ch;,p.'xiii,' quable, & no s en parlons feulement pour ne pas obmettre ion nom. An> I5^' Ils en ont un autre appelle Pako Kaatinga , qui approche beaucoup du rofèau : la tige porte un fruit qui reifemble aiiez à la pomme de Pin ; on en mâche les cotes, qui fonttrcs-bonnes pour le rhume , & fon prétend même qu'elles ont la force de diifoudrela pierre dans Javeflie. Dans tout le Brefil, mais parties- Ic lierement dans l'Ifle de Tamarika, cro?t un arbre nommé Katjou , qui poire deuxdiirérentes fortes de fleurs ik de fruits. Les fleurs blanches pro-duifent une efpece de pomme douce & fpongieufe , dont les Brafiliens io:U une boiûou allez femblable à noire cidre : on y joint du fucre , ce qui lui donne le goût de vin du Rhin : cette liqueur porte fortement à la tête; mais elle n'eft pas nui: ble , en ce qu'elle puflè promptement. Le Lada du Chili, ou Poivre du te r-oivre Brefil, vient fur des tiges noueufesdu Biclii' d'environ cinq à fix pieds de hauteur. L'écorce , qui eft d'un verd obfcur, eft comme partagée par de$ 426" Découvertes * anneaux blancs, d'où forcent de pe« cïiïp 'xiil tltcs branches d'environ quatre pouces de long : elles portent de petites An.»«47« f]eurs blanches, qui produilént les grains de Poivre. t« cannes ' Les Cannes de Sucre, que les Brade fuac. lîliens appellent Viba, font de deux fortes ^ les unes ont des petites feuilles , 6c les autres en ont de larges. Les dernières qu'on regarde comme la meilleure efpece , pouffent de longues tiges , à peu près de la groffeur du bras d'un enfant. Ces Cannes viennent de petites boutures, qui , étant mifes dans un terroir, dont on a foin d'ôter les mauvaifes herbes , produifent en lîx mois une graine brune au fommet, & alors elles font bonnes à être coupées. Si on les laiffe plus long-temps, le jus diminue 6c s'aigrit. Les terreins bas font plus favorables pour les Cannes de Sucre que les hauteurs, & elles croiffent le mieux dans les endroits qui font fréquemment fubmergéspar le débordement de quelque rivière. Il faut beaucoup de travail pour tirer le Sucre de ces Cannes; mais comme cette marchandife efl d'un grand "produit, on en eft bien récompenfé. des Européens. 427 Du temps de NieuhofV, on eftimoit que le Brefil en fournifloit deux cents ou deux cents cinquante mille# caif-fes chaque année. CHAPITRE XIV. Conclusion delà Defcription du Brefil, donnée par Nieuhoff. T E bois de Brefil, bien connu en ^ Europe , par fon utilité dans la chap.xiv.' An. 1647. teinture , fe coupe fur des arbres, qui ont depuis douze jufqu'à dix-huit pieds de circonférence. Ils n'ont rien Bltm,ou * de remarquable ; mais il eff nécelfaire d'en faire mention , parce qu'ils font une branche confidérable du commerce de ce pays. Il en eft de même d'un autre arbre , nommé Timbo, dont on fait des cerceaux, à caufe de fa flexibilité , & l'on tire une efpece de chanvre de fon écorce. Entre différentes efpeces de Pal- DcsPalaucux miers , qu'on trouve au Brefil, celui qui fe nomme Pindava a la préférence , comme le plus beau & le plus propre à l'ornement. Il y en a une 428 Découvertes ■ i autre forte , que les Portugais appel- Ctapfxïv ' ^ent ^amar ' ou ^are > parce qu'il porte un fruit femblable à celui du An. 1647- Datier ; mais ni le fruit, ni le bois de cet arbre, n'eft pas d'un grand ufage ; le Pindava ne fert guère qu'à or»er des jardins : cependant il porte au lieu d'écorce, une excrefcence ou mouffe blanche & forte, qui contient une fubftance fulphureuie que les Braliliens préparent pour en faire de forte leflive. Il porte aufli un fruit qui eft affez bon à manger. Cocotiers. On trouve dans le Bréfîl un grand nombre de Cocotiers : cet arbre en général vient très-tortu ; la groiTeur en eft ordinairement de quatorze à quinze pieds de circonférence , & il monte jufqu'à la hauteur de cinquante pieds. Il eft remarquable que ces fortes d'arbres n'ont point de branches : mais autour, fouvent on voit quatorze ou quinze feuilles , qui croiffent jufqu'à la longueur de quatorze ou quinze pieds. m. Nieu- Sans nous arrêter plus long-temps ivoSYcmbar- ^ décrire les animaux & les différen-paiier^nEu- tes productions du Brefil, dont nous ïope. avons eu feulement deffein de don- \ ho ff , XIV. »es Européens. 425? ner une idée générale , revenons à —— M. Nieuhoff que nous avons laifle ÇJJ" préparé à repalTer en Hollande. Il s'embarqua le 23 de Juillet 1645? à An'ltf47' bord du Navire l'Union, commandé par ie Capitaine Albert Jantz , & arriva fans aucun événement remarquable à l'Ifle deCorfou, qui ell une des neuf que les Hollandois appellent les Mes Flamandes. La plus grande de toutes, nomméeTerccre, a environ feize lieues de tour : elle eft fertile, quoique pierreufe , & l'on y trouve une grande quantité de gros bétail. Il y a dans cette Ifle une fontaine , li remplie de fous pierreux; que le bois s'y pétrifie en peu de temps ; d'autres font fi chaudes , qu'on peut aifémenty faire cuire des œufs : Terccre eft encore remarquable par les tremblements de terre qui y font très-fréquents. De l'Ifle de Corfou, M. Nieuhoff n arrive 1 continua fon voyage , & il arriva fans Fkffingae. aucun accident à Fleilingue , le ip de Septembre : Il y pafla cinq jours pour prendre du rafraîchiffement, & fe rendit enfuite en fon pays natal. Pour récompenfe des dangers & des ■430 Découvertes ,, ■ fatigues de fon voyage du Brefil, il ^EUH°"'eut l'unique fatisfaction de trouver Chap. XIV. - * . tous fes parents & tous fes amis en An. 164p. |30nne fanté. Il s'éleva beaucoup de difputes , au fujet de la perte du Brefil Hollandois , & quelques mécontents prétendirent qu'elle devoit être attribuée à la mauvaife conduite , ou même à la trahifon du GrandCon-feil, dans le temps où Mrs Hamel, Bullaeftrete & Bas en étoient membres. Tout fut éclairci par les informations exactes qu'on fit fur cette affaire; ceux qui étoient injulfement accufés furent déchargés,& le blâme tomba uniquement fur ceux qui furent trouvés coupables. Cmfes de Entre un grand nombre de raifons la p^rce duqn/yj} a alléguées pour la révolte des Brc.i , pour \ . :° 1 les Hoiian-Portugais , if paroît que celle de re-*io", couvrer leur liberté , eff la principale f & la plus conforme à la nature. Lorf- qu'on diffère fi effentiellement de langage , de mœurs , & fur-tout de religion, il n'eft pas étonnant qu'il fe forme de fecretes antipathies , qui animent les peuples à en détruire fa caufe. Outre cette raifon générale , des Européens. 43 r Ja foiblefle où étoit alors le Brefil - Hollandois, pouvoit feule fuflïreÀ SjJ1]^' engendrer un efprit de révolte; & l'on doit aufîi convenir que le Grand- An' Confeil manquoit également de force, de fagefle, d'intégrité & d'activité. Un des premiers principes de la politique, eft qu'un pays conquis doit être confervé par la pui/fance militaire , à moins qu'on ne préfère la méthode fuivie par quelques-uns des conquérants Efpagnols & Portugais , de détruire les naturels en les maffacrant. Comment auroit-il été pofîible de défendre le Brefil Hollandois contre une multitude d'ennemis qu'il avoit dans fon fein, lorf-que les garnifons n'auroient pas même fuffi pour tenir en refpect les mécontents dans un gouvernement bien établi. Pouvoit-on donc efpérer de les contenir dans un pays conquis, où l'on tcnoit les naturels en cfcla-vage, & qui étoit encore habité par un grand nombre d'hommes d'une nation rivale , qui regardoient le gouvernement avec .des yeux de ja-loufie, & qui ne cherchoient que les occafions de troubler la tranquillité publique. Découvertes Dans le temps de la conquête du cha^xiv:Ere{l1 Par les Hollandois1, les Portugais demeurèrent tranquilles poflef- A*.i649- feurs de leurs moulins à fucre & de leurs plantations, ce qui empêcha les Hollandois de prendre dans le pays d'aufïï fortes racines qu'ils auroient pû le faire. On impofa des taxes très-pefantes, que les fujets.Hollandois ne pouvoient fupporter, parce qu'ils étoient plus pauvres que les Portugais. Au contraire, fi l'on avoit fui-vi les règles d'une bonne politique, il auroit fallu accorder des immunités , qui auroient au moins mis les Hollandois dans un état aufli respectable que celui des Portugais, & peut-être fait pencher la balance de leur côté. Enfin l'établiifement militaire fut fi mal foutenu, que quoique le Comte Maurice eût prouvé en 164.1, la néceflité d'entretenir au moins fept mille hommes pour défendre les places où il y avoit Garnifon , les Etats de Hollande, après la Trêve de dix ans conclue avec le Portugal, ne voulurent pas en accorder plus de deux mille fept cents. On ces Européen s. 433 On lit des remontrances réitérées Contre une réduction 11 contraire à la Jjiplxiv' politique; mais les Etats perfifferent dans leur réfolution , & quand il se- Aa',64to leva des mouvements intérieurs , fou-tenus par des forces étrangères , qui mirent les affaires dans la fitua-tion la plus déplorable , la Hollande envoya des fecours fi lents & fî peu considérables , qu'elles allèrent toujours de plus mal en plus mal Jufqu'en 16^74, ou toates ^es places fortifiées tombèrent entre Es mains des Portugais. Ils furent confirmés dans leur pollellion par la paix de 1660 , où entrautres articles on convint des trois fuivants. Premièrement, que pour dédommagement du Brélil Hollandois , les Portugais payeroient aux Etats Généraux, quatre-vingt tonnes d'or, foit en efpeces, foit en marchandi-fes , ou par des engagements fur les Douanes de Portugal. Secondement, que les places demeureroient de chaque côté, entre les mains de ceux qui les tenoient alors , fans qu'ils puffent être troublés dans leur j^oflellion. Enfin, que les Hollan-Tome V, T. '454 Découvertes m ■ i dois auroient le commerce libre ert Portugal , en Afrique & au Brefil > tens être allujettis a d autres droits |a, i«4*. qUe ceux qui étoient impofés fur le* Naturels Portugais. Fin du Tome cinquième: TABLE D £ S MATIERES Contenues dans ce cinquième Volume, jê l b , Ville bâtie dans Je Groenland , fa delcription, 5 'Anglais ( les ) envoyent des vaiffeaux à la pèche delà Baleine, 70. Huit hommes defeendent à terre , 71. Le retour au vaiffeau leur eft coupé par les glaces, 71. Ils veulent gagner Bell-Sound , 7 3. Ils s'en écartent par l'entêtement du Canonnier, 74. Ils trouvent que tous les vaiffeaux {ont partis 76. Ils Ce muniflent depro-vi/îons, 77. Ils fe déterminent à hiverner à Bell-Sound, 751. Jls élèvent une plus petite niai fon dans une plus Tome V, grande, ffi. Leurs précautions pour le garantir du froid , 8i. Us confervent un feu continuel pendant lïuit mois, 83. leur nourriture. 86. Ils tombent dans une nuit continuelle , 87. Jls tuent une Ourfe , 88. Oifeau ffn-gulier qu'ils voyent dans ce pays, ' j T A B cr'pt'ondeces infectes, 'Ar dllla , animal du Brefil ; la defeription $ A L z i n e s , leurs différentes efpeces, 46. Defeription de celles qu'on nomme de la grande baie , 47. Groffeur de leur langue , 48. Comment on pu lie la Baleine , 50 Quantité d'huile qu'on en tire , 54. Ha/ikcn, Amiral Hollandois , commande f armement qu'on envoyé d'Europe au Brefil -, 380. Bas , ( M. Pierre ) efl nommé pour commander au Receif , 357* Compte qu'il rend au Confeil de l'état des affaires^ -3 6 S. JBrcJd- Defeription de ce pays, k 6. Divifions du Brefil, 217. Capitainerie de Seregippc-dcl-IRey , anitaincrie de Fernv.nbouc , xi?. Capitainerie de Tamarika, z?7- Capitaine-■m de- Parayba, i\9: L M: Capitainerie de Rio-Grande , ou de Porcijï, Mi. Capitainerie e Potigi 144. capitainerie de Siaro , 245. Defeription du Brefil Hollandois , 145». Remarques fur les courants tic la côte , 150. Gouvernement Ecciéfiafiiquc, 251. Capitaineries des Portugais, i52.Diver-fès clafles de Brafiliens, Z94> Juifs puifiants dans ce pays, 395. Des Nègres , 196. Des naturels du pays , ou des Brafiliens proprement dits , 357. Dureté des Portugais envers eux 398. Miféredcs femme-! Brafiliennes , 400. De leurs Hammacs , 402. leurs armes,Ibid- Leur. Religion 403. De leurs Prùre:;,404. Soin qu'ils prennent des malades, 405. Us caffent la tête à ceux qu'ils ne peuvent guérir,4o6 Ils font devenus plus policés, 407. Des Tapoyers , 408. Voyez Tcipuy^Ts. Des animaux dn Brefil, 412; Des Oifeaux ,416. Des PciiTons & des Ser-f petits, 418. Des arbre? DES M"/ & des plantes, 411 • Du bois qu'on appelle de Brelîl , 4z7. Ce pays patte fous la domination des Portugais, 43 j. C Cal ebasses ou Gourdes, fruits du Brefil, leur defeription, 414. (Saunes de Sucre, leur defeription, 426. Chancellor > ( Richard ) eft envoyé pour chercher un paffage au nord , 35.ll aborde en Ruffic, & en fait la découverte , 36. Il y établit im commerce avec l'Angleterre . 37. Charles- Town , Ifle ainfi nommée par les James, 2oô\ Sa description , Ibid' Animaux qu'on y trouve, 207. Cheval-Marin , Defeription de cet animal, 38, Cocotiers du Brefil, leur defeription, 428» Crocodile de terre du Brefil. Defeription de cet animal, 420, E £ c a e c s, ancienneté de T 1ER ES. 4Jf ce jeu dans le nord, 132. Epée ( poifîon à ) fa defeription : comment il combat la Haleine, $0, Erieek Danois , le premier qui aborde au Groenland ; j. F Fernambouc Capitainerie du Brefil : fà defeription , zip Flacco , découvre I'Iflande avec des Corbeaux ,. Fourmiller , ou mangeur de fourmis, animal du Brelîl : fa deferip. 414. Frobisher ( Martin ) fait de vains efforts pour retrouver le vieux Groenland, 19. Il abor-au nouveau , dont il fait la découverte, 10. G Garde .premièreville bâtie dans le Groenland , j; GcKKOy ferpent du Brefil: fil defeription , 420. Groenland, ( ancien ) fi-tuation de ce pays, 1. Comment il a été peuplé, 2. Origine de fon 7 H 43* TA i;c m , 5 Son adminil-t ation Ecdéfiattique , 5. U eft affujetti aux Roi;? de Norvège , 6-Fertilité de te pays, 8. Animaux qui y font communs, 10. Météores , & phœnoménes du Groenland , 15. Le . Roi de Norvège défend d'y pafler fans permif-fon , 17. Ce qui a caufe la perte de ce pays , 18. Tentatives inutiles pour le retrouver , 19, Chriftiern IV. en fait de nouvelles, 24. Conjectures fur la perte du Groenland, 35. Groenland ( nouveau) cil découvert par Frobisher , 19. Férocité des naturels , 20. Leur de f cription,2i- Defeription de leurs canots, 11. Ils n'ont point d'animaux venimeux , 23. Us préfèrent la vieille huile, au meilleur vin, 2Ç. On en conduit plufieurs en Danncmark , z6- Conjeaues qu'il y a des mines d'or dans ce pays , 30. Nourriture de ceux qu'on amené en Danncmarcx, 31. Ils font kurs.efforts BLE pour s'échapper ; tti Ils meurent de cni-grin , 33. Conjctlures fur leur Religion, 34^' Voyez Spitzbergen. Guacuy ferpent du Dre/il, fa defeription, 4io« H ;ù3 Haus Colonel Hollandois , fe difpofe à attaquer les révoltés du Brefil, 3 [i. AvantagîS qu'il remporte fur eux » 325, Il les force de lever le fiége de 5an Antonio , 328. Il efl battu par les rebelles, 3 34-Il fe retire au Receif , 3 3 y. Il eft encore battu, 3 f o. Il ell; fait prifon-nicr, 5fi» Hollandois' du Brefil , s'emparent de la Ca»« pitainerie de Parayba, 242,11s fe rendent maîtres du fort Theulen» & de la Capitainerie de Portigi , 243. Us prennent celle de 'iara, 246. Leurs expéditions par mer dans ce pays, 2^2. Ils font une trêve de dix ans avec les Por~ tu^ais , 2V6- Mefures qu ils prennent pour fat; DES MATIERES: té fleurir le commerce, zy 8. Déclin du crédit public, 1.59. Il efl fuivi d'une mortalité, 162. Décadence de leurs affaires, 164. Elles le relèvent par une l'âge administration , 1(6 Ils envoyent une députation au Gouverneur Portugais de Bahia , 176. Rapport des Députés, '.79. On arrête deux des hefs de la révolte, 290. On offre inutilement une amnil-tie , z$y. Les révoltés commencent les ho Milites , 296. Les Hollandois remportent quelques avantages , 199. Jls prennent la réfolu-tion d'accorder un pardon général, 311. On renvoyé les femmes & les enfants aux révoltés, 313. On confifque les biens desC hefs,3*4. On envoyé une nouvelle députation à bahia , Ibid. Retour des Députés , & réponfe du Gouverneur , 320. Les Hollandois rcfufênt de lever des boldats par force, j j 1 Us demandent jjjj fecours en Europe t 4& 336. Us remportent urr avantage fur les révoltés , 364- Leur artifice pour faire croire qu'il leur vient du fecours » 36'}. Us publient un Munifefte, 271. Ils tombent dans une difette de vivres , 373. Il kmr arrive du fecours d'Europe , 37p. Obftacîes qui en avoient retardé le voyage , 380, Changement dans le Con-^ fcil, 307. Etat de foi-bleife où ils le trouvent , 384. Un gros corps de leurs troupes eft padé au fil de l'épée, 385. .Suites de leurs info rtu n es, 3 8 8. D éfier-tion de soldats & d'Officiers , 389. lis font battus dans une fortie du Receif ,391 La divifion le met entre les Chefs, 392. Cau fes générale de leurs défavan-tages au Brefil , 430. Us perdent entièrement ce pays, . 43 5- Hoogjlrace , Député Hollandois, déclare que le Gouverneur de Bahia a voulu le féduire , 321. Il vend le Fort Saint Auguftin aux, 4 T 1ERE S. 44î Richard]vn efî envoyé en Groenland par leRoi de DanncmarcK , 2S. Son peu de fuccès , 19. Rio-Grande , Capitainerie du Brefil, la même qucPorcigi, 247,- S S'cAGEifrion.D, ville div Groenland, 7»-Schoppe (Sigifmond) commande le lècours qu'on'-envoyé de Hollande au Brefil, 38Il s'empare de Barctta, Ibid. Soir peu de réuïiîtë , 384. U s'oppole à une fortie du--Receif, 3pi<, Seaembi , ou Crocodile de terre du Brefil ; fà-defeription , 4*9»' Sèrzgippe-dcL Rey,-.Capitainerie du Brefil, ville-du même nom , 2i8„-Lcs Hollandois s'eir ren--dent maitres , 22p. El--le eft pril'c par les Por--tr.gais, 353,. Sereahaim Fort du.Brefil v elï pris par les Portu--gais ' 346.-Serpent à fonnettes ; dcfV ciption de cet animal Siara , Canitnincrie. d>& T A 1 Breil , Ï41« Elle patte au pouvoir des Hollandois , 146. Les Brafiliens maftacrent leur garnifon , 248.. SfembeTg, ou Spitzbergen, découvert parles Hollandois , & par les Anglois , 19. Il s'établit une Compagnie exciu-live pour ce. pays , 40. Le commerce y devient libre, 41. Animaux du pays , 43. Température de l'air , 44. Stérilité du Spitz.berg? 45. Sucre y combien on en tire tous les ans du Brefil, Sylva (Antonio Telles de) Gouverneur Portugais de Bahia , reçoit une députation des Hollandois , 176. Ils lui en en-,, voyent une nouvelle , 316. Saréponfe, 317.Il veut féduire un des Députés, 31 t. Il arme une flotte contre les Hollandois-, 336. Elle commence, les hoftilités en. me^ 338. Conduite ar-tificieulè de Sylva,340. T ua * , efpece de pal- L IJ mier du prefit ; description de cet arbre, 4* 8. TàmariKdy ifle & Capitainerie du Brefil ,137. Rivières & Villes de ce diftrict, 133. La Capitale eft attaquée par les Portugais, 361..Ils font forcés de fë retirer, 380. Tapoyers du Brefil, fe révoltent contre les Hollandois, 387. Leur defeription , 407 Leur force & leur courage,, 408. Leur habillement, 409. Leurs inflruments, 410. Ils vivent errants P, comme les Arabes, iii. Theule , Ifte dont parfe Strabon , & qu'on croit être I'Iflande, 148. Theulen Fort, dont s'emparent les Hollandois , 243. Thomas ( Saint ) Ifle près du Brefil, 214. Toucan , oifeau du Brefil 3 fà; defeription, 416. V V'iry 4 L l'un des Chefs des révoltés du Brefil, bat le Colonel Haus , 250. Il écrit au DES M A Confeil Hollandois , jrf. Il entre dans le camp de Parayba, 364? V';cra ( Jean Fenïând-ii ) découvre les commencements d'une révolte contre les Hollandois, i6i. On reconnoit qu'il trame une rébellion , 284. On veut le faire arrêter : il s'échappe , 2S8. Requête qu'il pré-fente , conjointement avec les autres révoltés. 301. Motifs de fa ré. volte , 307. Il acquiert de nouvelles forces , 310. Il fait fômmer le Gouverneur de Tamarika , 377. Lettre info-lente qu'il écrit aux Brafiliens , 383. Picira (Jean) de Allégeas , efl aceufé t convaincu & puni , pour T I É R E ?. t 4-47» avoir favoriféla révolte du I refil, jYf W WlLLOUGRBY. part d'Angleterre pour faire des découvertes , 35. Il aborde en Laponie, 37. Il y périt avec fes compagnons , 3 S. fJrUiTER (forêt de ) endroit où James eflforcé d'hiverner, 184» z Zivers , Ofncier Hollandois efl fait prifonnier au Brefil par les Portugais , 353. Il efl prêt d'être maffacré , 354=». On le met à la question, 3j"6'«- Fin de la Table àu cinquième F'olume» E R R A TA.- pAgc 4 . ligne tï,, à, la. Page 17 , en marge nèfle , Ljij perte. Page £8 , ligne 12 , s'approJ.ie , iij'q, s'approcha»- Page 103 j ligne 9 , de, Lijc\ des. Page ii4i Kgfié 13 . retirent, life\ retirèrent. Page 154 , ligne 6 , habitèrent habitoient,' Page 419. ligue xfi , fous, Xij'c\; lues. \