ABREGE chronologique 0 u HISTOIR E DES DÉCOUVERTES Faites par les Européens dans les différentes parties du Monde, Extrait des Relations les plus exactes & des Voyageurs les plus véridiques, Par M. Jean B Arrot, Auteur d4 Dictionnaire Géographique. Traduit de PAnglois par M. Targe, TOME SIXIEME, h,\v. bai " zn .\ / A V A R 1 S, f Saillant, rue S. Jean-le-BeauYais» fL j De t ormel, rue du Foin. ^nezS Des Ain t , rue du Foin. L Pa mckocicke , rue de la Comédie Franco^ M. DCC. L X V I. Avec Approbation & Privilege du Reu HISTOIRE DES DÉCOUVERTES Faites par les Européens dans les différentes parties du monde. Description des Indes Orientales donnée par Ni. Ni eu n 0 f f , 6* Abrégé de fes Voyages en ce pays jufqiCan temps de fa mort. CHAPITRE I. Monjieur Nieuhoff s embarque pour les Indes Orientales : Il arrive aux Ijles de Saint Vincent & de Saine Antoine : Defcription abrégée de ces deux Ijles : Du terroir , des productions & des Habitants du Cap de Bonne - Bjpèrance : Des animaux tcrrejlrcs , des o if eaux & des poijfons du même Pays : Stupidité excejjive des Ha*> bitants: Cérémonies de leurs Mariages : L'Auteur fe rend à. Java , pajfe à la Chine , & revient en Europe. Le 25 d'Août rfjy}, Monfieur NihuiuHF, Nieuhoff s'embarqua à A mftèfdarii, cbap-L pour bs Indes Orientales, â bord au.ió5j. Tomé VI. A 2 Découvertes •r " du navire le Faon, commandé par Chap. i. Corneille Juit. Le io d'Octobre, ils arrivèrent à l6)3, ' la vue de rifle de Saint Vincent, & M. Nieuhoff jèttcrent l'ancre à midi dans la Baie Rembarque de cette îlle , où ils fe pourvurent pour les In. r A 1 • r des orienta- d eau fraîche & deLnevres , anui que lcs> d'une grande quantité d'oranges , de limons, de citrouilles Sç cie diverfes autres fortes de fruits, qu'ils y achetèrent à très- bas pi .x. Saint Vincent ell une des Ifles de Sel : elle a environ cinq lieues de circonférence , & eft affujettie aux Portugais.' Les Habitants , qui y mènent .la vie la plus miférable , n'ont pqin.t de femmes parmi eux. Ce font des Ne.?;res qu'on y tranfporte des Colonies voifmes, pour y faire la diafle aux chèvres, dunt on envoyé les peaux en Portugal, où elles font vendues à un prix très-avantageux. Dans une autre de ces Ifles , nommée Saint Antoine, on trouve des fruits de. toutes les efpeces.. & une grande quantité d'oifeaux fauvages. il arrive au Us mirent à la voile de Saint Vin-cap de Bon-ceilt} ]e 26 du même mois, & le 9 ne- f ^ Mars 1 65*4 , vers midi, ils entre-An. i*s4. rënt dans la Baie de la Table, au des Européens. 5 Cap de Bonne -Efpérance, le vent — foufïïant très-fort du fud-oueft. Ce fut/pour eux un grand avantage d'être arrivés dans une faifon aufli peu avan- AN'1654 cée , à caufe de la quantité de plantes médicinales & de raffraîchiflèrnents de toutes fortes , qui abondent au Cap , d'autant qu'ils avoient plus de quarante hommes malades à bord, outre huit qu ils avoient perdus dans fe voyage. Aux environs du Cap, & allez avant dans le pays, les campagnes font couvertes de lis & de tulipes. Tout y eft extrêmement cher ; l'Arrak s'y vend douze fols le quatem , qui ne contient qu'environ un poiflon de Paris, le Brandevin y coûte un fchelling la même mefure, & un melon d'eau, de bonne grof-feur, y vaut un demi-écu. Les Hot-tentots , quoiqu'ils foient fouvent fort réfervés à trafiquer avec les Etrangers , font des échanges de leurs beftiaux pour des pipes , des morceaux de cuivre , & pour d'autres bagatelles. Les olives 5les abricots, les oranges & les pêches, viennent très-bien en ce pays : l'air en général, y eft très-fain, clair & tempéré: Il y a A ij 4 Découvertes -—!-quelques glaces aux mois de Juin & ,Nc^.T'de Juillet, qui eft le temps de leur hiver ; mais elles ne font jamais fort An.i65+. e'pa;n;es< roifcauxdu Les bois font remplis de perdrix; pa}i" de faifans, d'oies fauvages, de cailles, de corneilles, de canards, de farcelles , de becatfînes , de paons fauvages, de faucons, de corbeaux, de pies , de moineaux , de grues blanches & noires , & d'autruches d'une prodigicufe grandeur ; elles-font de couleur grife, & ne volent jamais, quoiqu'elles étendent leurs ailes en courant , & qu'elles ayent alors autant de vîtelTe qu'un cheval au grand galop. 'rv< Qua- Les bœufs y font très-gras, & rfrupcdes. quelques-uns qui n'ont point de cornes , font plus hauts d'un pied & demi que tous ceux qu'on trouve en Europe. On voit fur la côte, une grande quantité de vaches marines , aufïl grofles que des gén ifles, fans poil ni cornes; elles ont de courtes queues de de grofles jambes, comme les éléphants; les yeux ronds, les oreilles longues & les dents très-larges. On #n conferve la chair, par le moyen des Europe e*n s. _ f du fel, 6c on la mange quelquefois comme le gros bœuf de Hollande. Le Porc-épic qui naît au Cap , eft un animal très-curieux; fa peau eft toute couverte de pointes qu'il lance contre fes ennemis : & Nieuhoff rapporte qu'on trouva dans les bois, le cadavre d'un lion avec une de ces pointes dans le corps , qui étoit vraifemblablement la caule de fa mort. Les moutons du Cap n'ont point de laine ; mais ils font couverts de poil comme les chèvres : leurs queues qui ne font qu'une pièce de graifle, pefent fouvent plus de vingt livres. Le Chacal eft , à ce qu'on prétend , l'animal dont l'odorat eft le plus fin ; il eft fi vorace, qu'il creufe en terre jufqu'à dix pieds de profondeur , pour y trouver une carcafle : on dit qu'il fournit fouvent de la proie au lion. L'intérieur du pays eft rempli de tigres, de lions, de loups, de léopards, de rhinocéros & d'une autre ef-pece d'animaux afTez femblabiés aux éléphants : mais comme on donne une récompenfe pour chaque tcte de kête fauvage qui eft apportée an A iij r6 D*i couvertes 1 " Gouverneur Hollandois, on en trou-^chap^î! 've rarement vers le rivage de la mer. An. 1654. Qn VQjt ql>e]qUef0is des baleines üesPciiTons. dans la Baie delà Table : mais elles y font fort maigres : entre les poiP fons , dont la plus grande partie font d'efpeces inconnues en Europe, on trouve des foies , des poiflons Ilot-tentots qui ont quelque reflçrablance av«c le merlus, & des torpilles, ou poiflbn à crampes , ainli nomme , parce qu'il occafïonne cette efpece d'engourdiffement à tous ceux qui le touchent vivant. Dcrcription . Nous avons déjà remarqué que les w Houcn" Naturels du Cap de Bonne-efpé-rance , qu'on nomme Hottentots à caufe de leur bégayement, font les peuples les plus fales qu'il y ait au monde. On dit que les mercs.font une efpece de mutilation à burs enfants mâles aulli-tôt qu'ils font --nés, pour les rendre plus légers à la courfe. Ils font, pour la plus grande-partie, d'une telle ftupidité , que Ci on les enferme dans une chambre dont la fenêtre foit clofe & la porte fermée , ils ne cherchent aucun snoyen de s'échapper, étant à ,cçç. des Européens. 7 égard, inférieur aux bêtes, qui,-en.w général, font leurs efforts pour le l" mettre en liberté. Ils ont pour leur pays un attache- J ment étonnant ; & l'on a vu un Hotr tentot , qui, après être demeuré plu-fieurs années en Europe, en quitta les habits &les ufages auiîi-tôt qu'il fut de retour dans fa patrie, où il reprit les boyaux qui leur fervent d'ornement, & rentra dans fes'hutes enfumées. Les filles lont diftinguées des fem-' mes mariées, en ce qu'elles portent des petites branches de verdure, attachées autour de leurs jambes ; mais on les ôte le jour du mariage , pour leur mettre des boyaux defléchés à la place. Quand une fille fe marie, on lui coupe la première jointure du petit doigt, & on l'enterre , après qu'elle eft demeurée liée pendant quelque} temps au doigt du milieu de foi* mari. Ils font partagés en différentes nations , dont les moins ftupides font celles qui habitent près le Cap. Us n'ont pas de demeure fixe ; mais ils font errans comme les TartaresÔc Aiv t> Découvertes i' mm les Arabes, & ils emmènent avtfs x,'it;rjHOFF)eux jeurs femmes & leurs enfants. Cuap.I. , j ,, 11 n y a pas de pays dans 1 univers Aa. IÉJ4- aurrj fujec aux tempêtes que le Cap de Bonne-efpérance ; mais les vail-feaux y font garantis de leur violence par les différentes baies très-sûres, dont la nature l'a pourvu. Nieuhoff- Le 13 de Mars, Nieuhoff & fes «rriveàjava.ç0 ons quittèrent le Cap & ion retour r o > l r eu £:iropC| firent voue a 1 oueit. Le 24 de Mai, ils jetterent l'ancre au nord-nord-eft de l'ifle de Java , où ils trouvèrent plufieurs barques qui vinrent à eux avec des provifions de des ralraîchifïements. Ils en partirent le 26, & le 30 , vers quatre heures après midi , ils arrivèrent devant la ville de Batavia, où notre Auteur débarqua , & il fut aufîî-tôt envoyé par le Gouverneur de cette place, en am-baffade à la Chine , avec la qualité de Grand-Maître. Quand il fut de retour, il fit un voyage en Europe, dans un vaiffeau nommé la Perle , & arriva à Amfterdam le 6 de Juillet i6jS. des Européens, £ CHAPITRE II. L'Auteur fe rembarque pour Ba'avia; en qualité de Supercargo , au Jïrvicc de la Compagnie Hollandoife des Indes Orientales : II eft envoyé à Amboïne : AJJujettiJfement de cette ■ JJle j fa fxtuation ,fes productions 6V defcriptionpariiculiere des arbres qui ■ portent le[clou de girojie : Il arrive à Malaca : Dejcription de cette Ville * Elle Je rend aux Portugais & leur -ejl enlevée par les Hollandois : Son commerce , fes productions, fes habitants : Gens qui ne peuvent aller que de nuit : Divisons dans le Royaume de Malaca : La longueur des o/z-glesy eft la. marque d'une haute naif Jance: Femmes qui fe louent pour un mois , & font très-fideles : De la : Reine de Patane , fa magnificence : L'Equipage du vaijj'eau en grand danger d'être empoifonné : On dé" couvre La gourmandije du Cuijinier: L'Auteur arrive à Wingurla : La Reine de Golconde vijite le tombeau de Mahomet : Defcriptionde la fuite de cette Pnncejfe : Scsconnoijfanccs > A y [10 D é co V v e r te s e/7e e/? rvoyage, ils jetterent J'ancre devant îa ville de Batavia, le 18 de Juillet 1 6$9 : M. Nieuhoff ayant rendu compte de la charge , en qualité de Supercargo , eut ordre de monter la Henriette-Louife , chargée pour Amboine , de marchandifes appartenantes à la Compagnie , & qui furent confiées à fes foins. 'Â.n. 1660. Amboine eft mile par quelques-uns, au nombre des Ifles Molucques : elle eft iltuée à trois degrés de latitude méridionale, & à vingt-quatre Dés Européens, ii lieues de rifle de Banda. Elle a en- .....■ viron vingt-quatre lieues de circon- ChaP. n. férence , & abonde en girofliers , qui y furent plantés pour la première Am 1 9r fois , en 16^6. Les Habitants font totalement dévoues au fervice de la Compagnie des Indes Orientales, & ils font diftribués en un nombre de .villages, dont chacun eft obligé tous les ans , de fournir fon contingent depic;ries. L'air de cette Ifle eft très-mauvais , & les corps y font fouvent infectés de maladies fero-phuleufes, qu'on peutaifément guérir dans les commencements ; mais qui deviennent prefque incurables, quand on les laifle invéterer. On trouve à Amboine, beaucoup . rrodac-de mulets, du tabac , du coco , des ï^mboii»? pommes de terre, des oranges, des limons , des citrons, des cannes de fucre tk des bamboucs. Les mufea-des n'y font pas fi bonnes que dans les autres Ifles. De fes productions, le girofle eft la plus remarquable. L'arbre fur lequel il vient, a la forme d'une pyramide, les feuilles reflem-blent à celles du laurier ; elles croit fent fur de longues tiges entrelacées & menues, qui font en grand nombre, Avj 12 Découvertes ■ i i 6c près les extrémités des branches; NiEöHo,FF,ces feuines font de couleur de pour- Clvap. II. r n i> \ , r, pre. La tleur dou vient le clou, An. i6ffo. commence par être blanche,enfuite elle devient verte , eft rouge quelque temps après , 6e finit par un jaune très-brun. La fécherefle lui eft favorable , & le temps d'en faire la récolte , eft depuis le mois de Septembre jufqu'au mois de Février. C'eft une erreur vulgaire, de croire que les giroffliers attirent toute l'humidité de la terre , de façon que rien ne puifle croître à leur ombre. L'aridité du terrein qui les environne , doit plutôt être attribuée aux foins des Propriétaires , qui en arrachent toutes les herbes , crainte que la nourriture qu ils reçoivent, ne foit détournée par d'autres canaux. Une partie de l'ïfle d'Amboine eft fous la Jurifdiction delà Compagnie des Indes orientales, & une autre partie fous celle du Roi de Ternate. Pendant que Nieuhoff étoit dans cette Ifle, on tua un grand Croco-dille au Port Vi&oria, qui appartient aux Hollandois. Il vivoit depuis long-temps dans le folié, u'où jl détruifoit toute la volaille du Gou- des Européens. 13 Vcrneur, & il attaqua une lois ion ■■ "» Secretaire, qui eut beaucoup de pei-'^ha^W. ne à fauver la vie. Les Habitants étoient ancienne- An-lC60r ment Payens & Cannibales ; mais à Moeurs des prêtent ils font partie Chrétiens , & Habitua* partie Mahométans. Les hommes font braves , mais trompeurs & très-parelTeux : ils portent de petites barbes , & des mouftaches très-épaiffes. Leurs armes font des arcs , des flèches , des demi- piques, des javelots a des cimeteres , & une efpece de flèches empoisonnées . qu'ils lancent par des cannes creufes , & dont la bleflure efb mortelle. Ils fe fervent adroitement des srrres à feu , & n'ont pour toute déienfe qu'une pièce d'étoffe dont ils s'enveloppent le ventre & les parties poflérieures. Les femmes ont un temoéramment nPV-NKu!\dfl v j r,, \ ' rf , arrive » Ma- tres-arcent , & lont tres paliionnees laca, pour les Européens. Si leurs amants les trompent, elles ne manquent jamais à les empoifonner ; maisladofe eft de nature à causer la mort par une maladie de langueur ', & celle qui donne le poifon, efl: toujours munie d'un antidote qui peut en arrêter les effets, Nieuhoff quitta cette Ifle le V'4 DÉCOUVERTES H, 3 de Mai, & le 25) du même mois il NibUHoit, fut de retour à Batavia. Il fut eniuite envo)e aux lues ricadore , u ou An. 1660. 11 paifa dans celles de Teywan : en partit le 11 de Décembre, & le 30 du même mois, il arriva à Malaca. Cette Ville eft la capitale du Royaume de même nom, qu'on pen'c qui étoit joint anciennement à H0e de Sumatra pur une petite langue de terre que l'Océan a détruite. -Lille eft fituée à 2 degrés 30 minutes de latitude feptentrionale : eft très-peuplée, fort grande , & les bâtiments ferrés , avec quelques maifons de pierre ; mais pour la plus grande partie, elles font conftruites de fortes cannes de Bambouc. Les rues font larges & belles, plantées d'arbres des deux côtés. Malaca fe rendit en 1 y 10 aux Portugais , commandés par le Général Aibuquerque , après une défenfe opiniâtre, le Roi ayant été obligé de fé fauver dans les bois, où il mourut. Elle fut enlevée aux Portugais par les Hollandois en 1640, après un fiége de fix mois, & ils firent un très riciie butin. Cette Place fait un commerce pro* des Européens. i y digieux en or,en pierres précieuses,--—• $ i toures fortes de rareccs des pays ^SJfJJ*-' Oiien.raux. Le Port, un des plus beaux des fndes , efl: toujours rem- £b*f*9à pli de VailT.'aux de la Chine, du Japon , de Siam , de Bengale , de Co-romandel, de Banda , de Java , de Sumatra, & d'autres endroits moins renommés. On s'y fervoit anciennement de monnoie d'étain , fort pé-fante, & de peu de valeur : mais à préfent l'or & l'argent y font communs , & une pièce de Huit y a cours pour deux Gilders & onze Stivers. . Le poids de leurs marchandifes s'eftime par grand tk petit Bar. Le grand Bar eft de deux cents Kattées, & chaque Kattée v«aut vingt-hx Tayls, qui font trente-huit onces 8c demi de Portugal, parce que leTayl eft d'environ une once & demie. Le petit Bar contient également deux cents Kattées; rmùs chaque Kattée ne pefe que vingt-deux Tayls. Les Naturels de Malaca font de 3 Hnli,îtan* , , i . i de Malaca. couleur tannée, avec de longs cheveux noirs, de grands yeux & des nez plats:, ils vont entièrement nuds, à l'exception d'une pièce d'étoffe? i6 Découvertes » qu'ils portent à la ceinture. Les fem- NiLUHor-F, mes font très-orcueilleufes , & ont la Caap. II. » ' , plus grande pallion pour les brace-An. 1669. iets & jes pendants d'oreilles, ainfï que pour les pierreries & les riches étoffes de foie. On trouve à Malaca, une efpece d'hommes , qui ne voyent que dans les ténèbres, le jour les rend aveugles , & ils le paffent ordinairement à dormir,- ne fe levant iamais qu'au ^coucher du foleil. Les Malayens font bien proportionnés, & leur teint eft atTez femblable à celui des Européens. Leurs pieds font tournés en dedans , & leurs cheveux font de couleur jaune, & fi longs , que ceux des femmes tombent jufques fur leurs hanches. La grande étendue de terrein ; nommée Malaca, ou Malaya , eft Ja "partie la plus méridionale des Indes Orientales: ellecomprend les Royaumes de Pahorn , Pera, Queda , Jor, Ligoor, TanafTen , & un grand nombre d'autres. Jor eft fitué près le détroit de Malaca , & abonde en limons , ananas , bananas, citrons aufli larges que la main, & en plufieurs autres fruits des Européens. des Indes. On y trouve aufll une—■■■ ■ grande quantité de poivre, de ca-K^"°1"' Relie, de buffles , de linges, de cerfs, & de moutons marins. Les Habitants A^l66c,> font braves ; mais orgueilleux, laf-cifs, menteurs , civils & trompeurs. Leur teint eft d'une couleur qui tire fur le bleu ; leurs nez font crochus Lj & leurs dents noires. Ils portent les ongles extrêmement longs , & les teignent de jaune ; cette longueur eft chez eux une marque de diftinc-tion. Les gens les plus riches ont deS poignards garnis de pierres précieu-ies, & Ratifpont, Roi de Jor, qui vint à bord de la flotte Hollandoife, en 1608 y en avoit un à fon côté, garni de faphirs & de diamants, qu'on eftimoit cinquante milles gilders. Il portoit auffi au col, trois chaînes d'or, richement ornées de pierres précieufes. Dans le Royaume de Pahan, on Royaume trouve des mufeades , du macis , du de Paliaa« poivre , des pierres qu'on nomme de cochon, qui font un excellent antidote contre le poifon , du camphre, du bois d'aigle, mais particulièrement de l'or & des diamants. La Ville capitale, qui tire fon 18 découvertes nom de celui du Royaume, eft fî-*?cS!ïr 'tuée environ à une lieue de la mer, & n'eft habitée que par la noblelïe, ha. 1660. ^'autant que les gens du commun vivent dans les fauxbours. Elle n'eft pas grande ; mais elle a pour délenfe un rempart ou muraille de vingt-quatre piedstdc hauteur , formée de troncs d'arbres, ferrés &prefies fortement les uns contre les autres. Le palais du Roi eft de bois : les autres maifons font conftruites de rofeaux &de paille : les rues font renfermées de chaque côté, entre des haies aulli de rofeaux, & plantées de cocotiers, enforte que cette place refiemble plutôt à un jardin qu'à une ville. DoRoyan- Le Royaume de Patane eft fous me de Pata-un cjej tempéré, & le terroir en eft très-lertile : il produit une grande quantité de ris & des fruits de toute efpece, ainfi que du poivre. On y laboure la terre avec des bœufs ; les bois font remplis de cens & de fan-gliers fauvages, très - nuifibles , de buffles, d'éléphants, de tigres & de diverfes efpeces de linges. On y trouve aulli des oies & des canards, de même qu'une forte de tourterelles , dont les plumes font agréablement des Européens. lp' variées. La mer eft abondante en ecrevilles , en huîtres, en tortues , ci chp. n. en beaucoup de différents poiffons ; 1 1 • * v„ An. 1660» les montagnes ont des mines tres-confidérables. Les habitants de Patane ont le teint d'une couleur cendrée , mais ils font bien faits, fiers & pleins de fafte. Cependant ils ont beaucoup de politeiTe dans la converfation, ÔC ne font pas grands foldats. Ils font exceffivement jaloux; & quoique l'adultère foit très-fréquent parmi eux, à caufe de la vivacité du tempéram-ment de leurs femmes, il y eft toujours puni de mort. Les Loix obligent le plus proche parent du coupable, fut-ce fon propre pere, à être l'exécuteur; mais la fornication eft regardée comme une faute légere. Les Nobles ont ordinairement pluheurs filles efclaves, auxquelles ils permettent de fe louer pour maî-trefles pendant un mois , & les Etrangers ont communément le choix entre un nombre de.ie.unes perfonhes, pour en prendre une qui, au moyen d'une certaine rétribution, demeure avec lui cet efpace de temps. Ces filles, pendant le jour, font tout le 20 Découvertes ■••fervice de la maifon, & fervent 'de "'concubines durant la nuit: mais il faut qu'un homme prenne garde a ne pas avoir d'habitude avec aucune autre femme, de même qu'il peut compter fur leur fidélité, tant qu'elles font à fon fervice. Les Naturels font pour la plus grande partie très» parefieux , & le commerce eft entièrement entre les mains des Chinois, Les principales richefles des Patanes, confîftent en terres &enefclaves, & les Marchands étrangers leur four-niflent toutes fortes de denrées pré-cieufes. Leurs habits viennent du pays de Bengale , ils font venir du bois de Sandal, de Java; Bornéo leur fournit du camphre, des efclaves, de la cire & du bezoard. Ils tirent de Siam, du riz, du fel, du plomb & de l'or : l'a Chine leur envoyé de la porcelaine, du fer , du cuivre & toutes fortes de foies blanches & jaunes : enfin, il leur vient des cimereres du Japon , &pluiîeurs autres pays contribuent à leur fournir toutes les Jmarchandifes dont ils ont befoin. C'eft de Patane , que les Peuples de Lahor, tirent du riz, du fel, des des Européens. 21 oifeaux & des bœufs : ceux de Ma- 3 laca y viennent acheter des pierres ciiap. u. deBezoar: ce Royaume fournit à ■ Bornéo , du fer , de l'acier, & du n*1 0> cuivre : il envoyé à la Chine, du poivre , du camphre , du bois de fandal blanc & jaune, des peaux & de l'ivoire, & il vend aux Japonois de l'étaim , du plomb &de la foie, outre plufieurs autres branches de commerce qu'il feroit trop long de détailler. Ce pays eft fi peuplé , qu'il pourroit mettre aifément une armée de cent quatre-vingt mille hommes en campagne. Il eft tributaire du Royaume de Siam, auquel il envoyé tous les ans de riches habillements, des velours, de l'écarlate & de très-belles fleurs artificielles , artiftement travaillées avec de l'or. Le Royaume de Patane étoit gou-vervé en 1602, par une veuve qui n'étoit âgée que de quinze ans. Elle fe nommoit Pratie, & avoit à fa Cour un grand nombre de dames d'honneur , auxquelles elle défendoit le mariage-, mais elle leur permettoit les intrigues amoureufes. Quand elle fortoit hors de fon palais, ce qui lui arrivoit rarement, elle étoit accom- il Découvertes «m pagnée d'une cavalcade de deux mille iJiEUHOH ■■, 110bics .qui portoienc tous l'uniforme de ion mûri défunt. An. ïö'tfo. . ^ tóife lieues au nord de Malaca, Il arrive à on trouve une [fie , tlOll mc:e Oit g-piflgding. ding, ovec deux bonus baies, où les vailTva.ix ont un ancrage tiès-sur. Cette Ifle n'a point d'Habitants : mais on y trouve une grande quantité ce tortues & d'huîtres , dont il y en a beaucoup d'attachées aux branches des arbres. On y voit aufli diverses efpeces d'oifeaux aquatiques & un autre, vraifemblablement ter-rcftre , que les Ilollandois appellent Shuies-bird, dont la téte n'a point de plumes. îl eft près Nieuhoff demeura quatre jours jfo/fonn/™" ^2nS Cette aPrès quoi , il fuivit la côte de Sumatra : dans ce voyage, An. i6Es Européen-s 33 en connoifTent peu le prix, & pa- -——— roulent même les négliger entière- cll3p. H1. ment. Ils confervent très-bien le fruit; & les gens au-deffus du commun, n' particulièrement le Gouverneur Per-fan , y vivent dans la plus grande fplendeur , & dans tous les plaifirs qui peuvent fatisfaire la fenfualité. Environ une lieue à l'eft de la Tombeau Ville, eft le tombeau d'un fameux d'im famcus Maniàne , qui elt révère comme un Saint. Il eft fous un arbre , dont les branches s'enfoncent en terre , reprennent racine , & produifent d'autres arbres, ce qui forme un bocage continu , où le peuple vient faire des parties de plaifir & fe mettre à couvert de d'ardeur brûlante du foleil. Les parties du terrein qui ne font pas occupées par les racines des arbres, font pavées de briques, & l'on y a placé des bancs très-propres pour la commodité de ceux qui lont fatigués. Plufieurs fec~f.es d'Indiens y vont faire 'les facrifïces, & l'on a bâti une petite Pagode au-defTus du fépulchre , où brûlent nuit & jour , une grande quantité de lampes ,fous un dais d'étoffe de foie. Aufiérîr& il y a une fecle de Bramines qui nes. ^lin''~ B v 54 Découverte* ■ ...... i vont entièrement nuds, à l'exception* nieuhoif>(j prefcrtt la décence. Ils Cfup. III. , ' . r , ■ ■ r n ont point d habitation hxe;. mai» An. i6i2. jjs dorment ou fur un tas de fumier „. ou dans les porches des Temples.. On en reacontre fouvent, qui (ont aflïs, les jambes croifées, près des grands chemins. Us ne coupent jamais ni leurs ongles , ni leurs barbes , ni leurs cheveux, ce qui les rend d'un afpecr. horrible. Les pénitences exceffives que ces fortes de gens s'impofent , font prefque in. croyables, & ils s'aflùjettiiïent volontairement à des auftérités qu'on croiroit impraticables & au-dellus des forces de la nature humaine. On en voit quelquefois demeurer aeuf ou dix jours dans des accès de dévotion, Lins manger ni boire : d'autres ne s'afïbyent jamais ; quand ils veulent dormir, ils fe palfent une c©rde au milieu du corps , l'attachent à une branche d'arbre, & y demeurent ainiï comme fufpendus : d'autres ont toujours les mains élevées au-dellus de leurs têtes, & tournent les yeux d'une manière étonnante , pour ne regarder perfonne comme fi c'étoit un crime de voir des Européens. $S les objets. Les piquures des mouches 11 1 & des contins, non plus que lai- ûfaap.ni. deur du foleil, ne leur font point quitter des îituations fi gênantes- Ils A,", 1 fe frottent le corps de cendres , mêlées avec de la bouze de vache, du bois de fandal & du fafran , ce qui leur donne la figure la plus dégoûtante. Ces malheureux font les principaux objets de la dévotion des femmes Indiennes qui baifent les bouts de leurs do:gts & portent particulièrement leur vénération aux endroits qui font honte à la pudeur* 'Elles y appliquent l-s lèvres avec le plus profond refpect ; & fi le prétendu faint, marque la plus légere fen-fibilité, il perd autli-tôt toute fa ré» putation. Le Gouverneur de Gomeron rend compte de fa conduite à des Com-mifîaires que le Roi de Perfe envoyé tous les ans pour l'examiner , avec pouvoir de lui faire couper-la tctey s'il ne s'eft pas conformé aux Loixo-Il eft obligé d'aller fans armes , au-devant de ces Officiers:: mais il efîr très-rare qu'il foit puni de fes injufti-ces. Quand le Commiffaire juge qniB s'elt bien comporté,'il lui fait pré* B vj. 3 6 Découvertes ».....— Tent de quelques pièces d étoffes , Xhàpvln 5 Par f01'11-6 de récompenfe, & ils entrent enfemble dans la Ville, où ils An. iiói. paffent quelques jours dans les fellins cv dans les plaifirs. coureurs à Entre Gomeron & Kpahan , on Öda"slatrouve des Coureurs à pied, qui vont avec une vîteffe étonnante : ils reçoivent des appointemens du Gouverneur, qui, pour éprouver leur habileté , les fait courir d'abord avec un Cavalier bien monté; s'ils répondent à fon attente , il leur donne le titre de Coureurs , leur fait prêtent d'un habillement complet; & leur permet d'accompagner, pour de l'argent, tout Etranger qui veut aller de lune de ces Villes à l'autre, quand le Gouverneur n'a pas befoin de leur min.ftere. Les peaux tannées des brebis & des chèvres de Perfe , font en grande réputation ; les Bergers dirigent leurs troupeaux avec la plus grande facilité , quoiqu'ils foient fouvent de .plus de cinq cents bêtes; les pâturages paroiffent y être en commun, & ils n'en changent, que lorfque l'herbe y efl entièrement confommée dans celui qu'ils quittent, des.Européen s. 37 « En avançant un peu vers la droite < * de Gomeron, on trouve les Ifles de cna|üni.f Queixam, Kefam, Larek & Ormus ; mais il n'y a que cette dernière, qui An'i66x* mérite notre attention. L'ille d'Ormus eft fituée entre le Defcriptîofl vingt-cinquième & le vingt-fixieme fncu^ncd'0r' degré de latitude feptentri.male ; elle eft coupée par une chaîne de montagnes; qai s'étendent de l'eft à l'oueft, dans toute llfïe. Au-delà de ces montagnes, on ne trouve que des collines blanches & ftériles, qui produisent de très-beau fel, & il y •en a une, en forme de pyramide, qui en paraît entièrement compofée. Sur le fommet d'une autre, qu'on appelle la montagne des morts, les Portugais ont anciennement bâti une chapelle dédiée à Notre-Dame du Roc, & les Naturels y ont taillé des degrés , parce qu elle eft naturellement très efcarpée. On remarque que cette chapelle s'élève de plus en plus , par les eiîer.s du foufre, du fel & du fulp être qui fe forment continuellement dans le feiq de la montagne. La chapelle de Sainte Lucie, eft voUïne de cette montagne : on l'a '3 S Découvertes »— élevée fur les ruines de quelques an- 1«euhoh , cjennes tours où les Rois d'Ormus Cliap. III. . . ' - enlerinoient autrefois leuts frères , An. 1661. apr^s jes avoir prives de la vue. On trouve en cet endroit, une grande plaine , où l'on conferve avec foin , l'eau de la pluie, dans des citernes, parce qu'il n'y a aucunes fources dans toute i'îfle. Cette eau eft beaucoup meilleure que celle qu'on trouve dans les étangs & dans les lacs ; mais elle ne vaut pas celle qu'on y apporte de Quixome. Au nord de rifle, eft la ville d'Ormus , autrefois l'une des plus flo-xiflantes de l'univers, étant fréquentée à caufe de fes richelTes, par des gens de toutes Nations & de toutes Religions; & l'on, difoit alors, que fi la terre étoit un anneau , la ville d'Ormus en étoit le diamant. Les vaifleaux Hollandois ont pendant long-temps emporté dans leurs pays, les marbres qu'ils enlevoient des ruines d'Ormus; mais cet ufage a cède par les ordres du Gouverneur Perfan , qui l'a défendu fous des peines très-féveres,. parce que les: Pen'ans eux-mêmes, s'en fervent pour les bâtiments de Gomeron,. r) li S E U R 0 T 11 s, 35> Ormus étoit auiïi l'une des plus fameulès villes du monde, pour Ton ^«"nL" commerce , & par les avantages de fa fituation, avant qu'on eût dé- An-1662* couvert un pafîage par mer, pour aller aux Indes Orientales. Lorfque les Portugais eu eurent iait la con-quête, ils ne négligèrent rien pour en augmenter la beauté, & ils pouffèrent ii loin leur aft enta tién j que: les ferrures mêmes de leurs portes & de leurs fenêtres étoient dorées. On a dit depuis , que fi elle étoit demeurée jufqu'à grêlent entre leurs mains, ils l'auroient changée en une maffe d'or. Ils ont élevé fur une éminence , une fuperbe Eglife, dédiée à la Sainte Vierge , avec un Hôpital à côté, nommé la Miféricorde. Ils y avoient un grand nombre de Monai-teres, dont les plus conhdérables,. appartenoient aux Auguftins & aux Carmes. Quoique les Perfans ayent dépouillé cette Ville de tout ce qui en faifoit la magnificence, il y refte encore des traces de fon ancienne-fplendeur. On y voit entre autres monuments, un clocher trs-élevév -admiré pour la beauté de fon archi^ teâure , & qui n'eâ pas l'un des 'qo Découvertes moindres ornements de cette place. Les fortifications d'Ormus étoient très-peu de chofe, du temps que les Portugais en avoient la pofleflion. Le château qui eft quarré, & environné d'un folle, étoit fi rempli d'immondices , qu'à peine y avoit-il fix pieds d'eau; les Gouverneurs Portugais , qui changeoient tous les ans, fuivant la coutume de cette Nation, étoient de fort mauvais Ingénieurs, Se très-peu expérimentés dans l'art militaire. Deux côtés de ce château font baignés par la mer Perfique : les deux autres regardent la Ville , & l'on trouve pour y arriver, une très-belle place , d'où, la vue eft charmante du côté de la mer. Les Per-fes ont fortifié beaucoup mieux cette place : ils ont nettoyé Se creufé le foffé , Se ont élevé une demi-lune, qui commande tous les environs. Le port eft formé de deux pointes de terre qui s'avancent vers la mer : on a conftruit un fort fur une, & l'on voit encore fur l'autre, une Eglife bâtie par les Portugais , en l'honneur de Notre • Dame de Bonne-Espérance. Ce Port n'eft pas parfaitement sûr, parce qu'il eft trop ex- t e s Européens. 3J*1 pofé au vent d'eft , qui jette fouvent.....âf les vailTeaux fur la côte. ci™ïE ' Le Gouverneur demeure ordinairement à Gomeron, & il a un Lieu- An-l66** tenant qui refte dans la ville d'Ormus , où il habite un palais qui-ap-partenoit aux anciens Rois. La partie la plus agréable de toute rifle , eft nommée Inrumbake, dont la fituation eft entre les montagnes & la mer. îl y avoit autrefois une très-belle maifon de campagne, entourée de fuperbes promenades plantées de palmiers ; mais elle eft tombée en ruine, & Nieuhoff dit que de fon temps, elle étoit totalement négligée. On y avoit creufé anciennement , deux grandes citernes, avec un badin fourni d'eau par un ruifleau voifin ; il y avoit aulli trois étangs contigus , dont l'eau étoit excellente. Le village de Turumbake eft mi-férablement bâti : il ne contient que quelques huttes, conftruites de rofeaux , & couvertes de feuilles de Pal mier. Cependant il fert de retraite durant l'été , à plufieurs des principales familles d'Ormus. : Il arrive fouvent que pendant trois \% Découvertes ans, il ne tombe pas une goutte de ^KÜHt0f?' pluie dans route l'Ifle, & l'on ne doit Chap. ni. r ' . , pas s attendre que le terroir, qui n elt An.i£6z. qu'une malle de fel, puifïe être fertile. Si nous en exceptons les productions du jardin royal, qui lont toutes , des effets de l'art, on ne trouve ni herbe ni verdure , & à peine voit-on que la terre yprbduife naturellement rien de ce qui peut fervir à la nourriture de l'homme. Tout ce qu'on y trouve, eft un petit nombre de dattiers, une efpece d e-pine,& quelquesarbrifleauxen très-petite quantité. Les montagnes font remplies de rochers de fel tranfparent. On trouve plufieurs fources falées, qu'on prétend qui ont des vertus médicinales, particulièrement une, que les HabU tants nomment Abdarmon. Us s'y rendent en un certain temps de l'année, pour y être foulages de diver-fes maladies , & les eaux de cette fontaine, font un très-fort purgatif. On fait à Ormusdes va fes de terre, dont on trouve la matière dans ITfle, on les enduit d'une fubftance nommée Gueche, dont il y a de deux fortes, la blanche & la rouge. Us oat WÉ s Européens. %f encore un autre enduit fait de la terre -qu'on prend fous le fumier. Us en * forment des boules, qu'ils font fé-cher au foleil, après quoi, ils les brûlent & les réduifent en poulliere, dont jils font aufli-tot le mélange néceffaire pour leurufage; mais s'ils en laiiïent refroidir ies cendres avant de s'en fervir, elles ne peuvent plus leur être utiles. Pour engrailîer leurs beftiaux, ils leur donnent le matin des boules de fucre brut, mêlées avec du beurre, & ils leur lavent aullï-tât les dents, pour empêcher que la taletc n'y demeure. Dans le jour, ils les nour-riffent avec les herbes que les champs produifent, après avoir eu le foin de les bien nettoyer. Le foir, ils leur donnent des pois & des fèves trempés dans l'eau , où on les laiffe quelque temps avant de les leur faire manger. Les Habitants pèchent nne grande quantité de bois, du fond delà mer voi(ine,où il plonge; au lieu que dans les autres pays, il narre fur la furface de l'eau. Ce bois eft apporté par les courants des montagnes de 44 Découvertes" ........ Perfe , qui ne font qu'à deux lieues N'™H0"> de diftance. Chap. III. tu c t * r • rlulieursrailons concourent a taire An. i66z. croirc ce qu'on rapporte, que cette » . r Iflea brûlé pendant iept années. Elle Feu de fept _ s _ . r li i ans dans «t-eft tres-lujette aux tremblements de te lue. terre; les vents du fud qui viennent des montagnes, en apportent des vapeurs fulphureufes ; dont on fent que l'air eft rempli : la terre en plu-lieurs endroits , paroît noire ou .rouge, & préfente l'afpect le plus hideux, &les vallées font couvertes de cendres, femblablesà de la chaux vive. Outre ces marques évidentes de feu, on trouve fous l'eau, au bord de la mer, une efpece de pierre ponce, fpongieufe , légere , cafïante ék poreufe : quand on la met en poudre, elle fe mêle aifément avec l'eau, & forme un excellent ciment, qui, avec le temps, fe durcit de façon , qu'il réiifte fuffifamment à toutes les influences de l'air &des fai-fons. Il n'eft pas impofîible que ces pierres ayent été lancées de quelque montagne brûlante: la plus grande partie font noires, & il n'y en a de blanches , que celles qu'on trouve des Européens. 45* pres le rivage de la mer , où elles ont demeuré long-temps , continuellement baignées de l'es eaux. Les chaleurs font encore plus fortes à Ormus qu'à Gomeron , durent au moins cinq mois, & continuent quelquefois depuis celui de Mai juf-qu'en Décembre. Pendant toute cette faifon , le vent fouflle du fud-eft, & de l'ouefbfud-oueft, mais rarement du fud. On remarque que ce dernier vent, quoiqu'il ne donne pas grand rafraîchiiTement aux maifons, rafraîchit cependant l'eau dans laquelle fe,baignent fouvent les Habitants; Il efl: rare qu'ils s'amufent à nager oit à plonger dans la mer , parce que la falure &c la chaleur de l'eau , font ai-fément enlever la peau. Il y a des maifons publiques qui payent au Roi une fomme confidé-rable, & où l'on vend une liqueur qui découle d'un arbre : ils la nomment Tari s èk elle reiTembie affez au vin doux. On v trouve aufli une efpece d'eau-de-vie , tirée par dihulla-tion du riz & du fucre , ainfi que des vins d'Efpagne & de P^rfe. Ces vins font très-chers, & il n'y a que les gens riches qui en font uiage: 1§ ïj.6* Découvertes ■ peuple boit ordinairement de l'eau. ^iiaV^in ' Ormus étoit anciennement gouverné par fes propres Rois; ils en ti-Àn. 1662. roient fes tréfors prodigieux parles gouverne-douanes & parles impôts, ce qui les JJJJJ d'°ç*mettoit en état d'étendre leurs conquêtes dans le continent ; mais ce qu'ils avoient gagné par leurs armes, ils font enfuite perdu par leur négligence. Ils fe font livrés totalement aux plaifirs, & ont abandonné le foin des affaires publiques a des Favoris, qui, préférant leurs intérêts particuliers à l'avantage de leur Souverain, & à l'honneur de leur patrie, ont été vaincus facilement par les Portugais. Ceux-ci après avoir forcé les Rois à payer un tribut, font demeurés en poflelîion du pays, jufqu'en l'année 1622, qu'ils en ont été chalTcs par les Perfans, aidés des Anglois, auxquels les Vainqueurs ont accordé, en confédération de leurs grands fer-vices, la moitié de tous les droits qu'on leve dans le port. Toutes les marchandées des Indes, étoient autrefois apportées en Europe, par la voie d'Ormus, d'où on les tranfportoit par "le Golfe Perfique & par la rivière d'Euphrate, des Européens. 47 à Balfora. De Balfora , on les char- -geoit tur des chameaux, julqu a oag- chap- I1L dad} ville fituée fur le Tigre, eu pluheurs caravannes fe réuniffoient '* l" pour le rendre enfemble à Alep y après un voyage de quarante jours par les déferts de Sirie. D'Alep, elles alloient à Tripoli, Iituée fur la Méditerranée , 8c on les y embar-quoit pour les différents ports de l'Europe. La découverte d'un paffa-ge aux Indes Orientales, par le Cap de Bonne-Efpérance, a entièrement aboli cette méthode fi longue & fî coûteufe , de voiturer les marchan-difes, & par conféquent , la ville d'Ormus en a fouffert un tort irréparable ; cependant il y va toujours plulîeurs Marchands, pour acheter des perles, & quelques foies de Perfe, en petite quantité , qu'on tranf-, porte p#ar terre à Bagdad. Découvertes CHAPITRE IV. De la pêche des perles dans l'ifle de Baharen : de L'ifle de Quixome : Defcription particuliere du poifon nommé Baxana : De La prife de cette ljle par Les Portugais : De leur ex-puljîon par les Perfes & par les Anglois : Nieuhoff quitte la ville, de Gomeron & continue fon voyage : Préparatifs des Hollandois, contre la ville de Saint Tho/né, defcription de cette Fille : 1 ombeau d.e l'Apôtre de même nom : Notre Auteur arrive à Palïacate : Defcription des Mef-tices & Kajîices : Defcription de Mafulipatan. ENt r e un grand nombre d'Ifles i fitue'es dans le Golfe Perhque, eft celle de Baharen , fameufe par la pecne des perles , qui occupe en Pêche des général, plus de deux cenrs bar-perles .1 Ba- ques . nous ne nQ arrêterons pus à dcQuizpme. en parler ici, parce que nous 1 avons déjà fait dans un autre endroit. A trois lieues d'Ormus, eft une JSÏq nommée Quixome, qui produit une d es Européens. 49 Une grande quantité de bled & d'au--* ■* tres lortes de grains. Outre un grand ciiap. iv. nombre de différentes efpeces d'arbres, on yen trouve un , qui eft par- An' l66z> ticulier à cette Ille, & dont le fruit eft un poifon li fubtil, qu'il fait mourir immédiatement ceux qui en mangent , en fi petite quantité que ce foit: fon influence eft même fi dan-gereufe, qu'on s'expofe à une mort certaine, fî l'on s'endort feulement un quart d'heure fous cet arbre; les Naturels le nomment Baxana, & fon fruit Rabuzit. Comme on trouve de très-bonne eau fraîche dans cette Ifle, ainfi que du grain, dont elle fournit celle d'Ormus , les Portugais s'en rendirent les • maîtres , & y élevèrent un Fort ; mais ils en furent bien-tôt chaflés par les Perlans qui les afliegerent par terre, pendant que les Anglois les aftiégeoient par mer. Dans l'Ifle de Jarek, qui eft au fud-oueft d'Ormus, la Compagnie Hollandoife des Indes Orientales, qui réfide à Gomeron , a fait planter un jardin , où l'on entretient quelques végétaux très-utiles, &des oifeaux privés pour l'amufement. Tome Vl% Q 5"0 .DÉCOUVERTES ...... Apres être refté quelque temps * jttivaaEK, Gomeron , Nieuhoff en partit le 2. ^a3|?'- * de Juin ; il fuivit la côte de Mala-An i66», kaI.} avec l'intention de gagner Pun-m. Nieuhoff tegale, dansföfle de Ceylan. Il avoit part de Go- lettres de recommendation pour, le Gouverneur de cet endroit ; mais il les envoya par un petit vai fléau» n'étant plus dans le deilein d'y aborder , & il continua fa route julqu'à Jafnapatnam. Les Hollandois avoient alors formé le projet de mettre le fiege devant Saint Thomé ; mais ils en furent détournés, quand ils apprirent que cette Ifle avoit été vendue aux Idolâtres , par les Portugais. Defcription ^a vùIq de Saint Thomé, autre-rftsaintTho.ment nommée Calamena, & par les me' Naturels, Maliapour, eft fituée fur la côte de Coromandel. C'eft une des plus belles villes de tout l'Orient, foit que nous la con fi dérions par la magnificence des bâtiments , foit que nous examinions le nombre & la richefïe des Habitants. Elle eft fortifiée par un mur de pierre &par plufîeurs baftions : il y a trois cents villes ou villages fous fa jurifdiction, & c'eft un des ports les plus commo" Ti £ s E u n o t t e w s. 5*1' des de toutes les Indes Orientales. ■ Il y avoit du temps des Portugais, ^wîvf ' une Eglife de Capucins , dédiée à Saint François , outre plufîeurs au- An'l€û1, tres beaux édifices, & un Collége entre les mains des Jéfuites, qu'on prétend qui convertirent, en l'anAée? 1604, cent mille Maliométans 8c Payens, dans cette Ville feule. On dit que le corps dé l'Apôtre Saint Thomas y eft enterré, & l'on montre fon fépulchre dans une petite cha* pelle, fur le fommet d'une montagne allez éloignée de lammer. L'endroit où, fuivant la tradition , cet Apôtre faifoit fes prières, eft entouré d'un balcon de fer, très-bien travaillé. La Chapelle eft magnifiquement ornée : le bois dont elle eft conftruite, eft regardé comme une relique par les dévots Pèlerins, qui en emportent pour l'enchàfter dans de l'or. De Jafnapatnam, notre Auteur fe I ö6irf fe I f ÎN >■■■ ■■■■>■ par celui de Calcolangau fud, par ÇhapHv?',a Mer à r°ueft > & par Takken Ber-kenker au nord-eft. Le terroir, en An. i.ös4. générai | y eft fertile ; mais l'air y eft affez mal fain. Les Habitants (ont fujets à perdre la vue, ce qui vient de l'ufage où ils font de manger leur riz; très-chaud ; & à avoir les jambes enflées , à caufe de la mauvaife eau «ju'ils boiventrTls vivent de leur agriculture & de la vente de leur poivre, qui étoit anciennement acheté par: les Anglois : mais à préfent, ce font les Hollandois qui s'en emparent, &: ce Roi peut être regardé en quelque forte , comme leur tributaire. Nîeuhoff De Porka, M. Nieuhoff & M. Uulln? à George-Henri Wïlling, fe rendirent à cheval à la ville de Mar ta, ou Mar-tan, qui eft la capitale d'un Rovaums de même nom , fituée à trois lieues? au fud de Cochin. Ils y arrivèrent Vers midi} & dépendirent au Comptoir de la Compagnie Hollandoife, qui eft un très-beau bâtiment, construit dans le goût Malabare, avec des jardins très-agréables &"des avenues de palmiers. Nieuhoff fut introduit auprès dtt Roi; mais il trouva se Prince très- * bes Européens. 6? oppofé à fa demande , qui étoit de ■ * défendre l'importation du poivre , ç^°^l parce que la Compagnie vouloit envahir , pour elle feule, toute cette Aa* l66* branche de commerce. Quelques Marchands Mahométans , qui tai-foient particulièrement ce trafic, employèrent tout leur crédit auprès du Roi, pour qu'il perfiftât dans fon refus; mais l'adreflè de Nieuhoff l'emporta, & après deux jours de négociation , il réuflfitàle gagner i cependant il fut obligé de renoncer à une autre demande qu'il avoit faite pour obtenir la permillion de peler la ca-nelle fauvage. Lorfque les conditions furent réglées à la Satisfaction mutuelle du Roi & du Député, on dreffa les articles de leur convention, & ils furent fïgnés de l'un & de l'autre, dans une-place , en préfence de toute la Cour, & d'un nombre infini de peuple, qui étoit venu en foule pour être témoin de. cette cérémonie. M. Nieuhoff fit paroître toute fa fagacité en cette occafion ; & par l'étendue de fa pénétration , il fut faire à propos des actes de générofité, fans le (quels U lui auroit été impoflible de réuflir. 6.6 Découvertes ~- Le Royaume de Maf tan s'étend Nieuhoïf, jL1fqU'à ce\u[ Je Porka, qui le borne Cli.JP. V. ' ' I T ) I au nord ; la mer des Indes le termine >n. is ö> il entretient beaucoup d'Officiers, " """ - j i o i Nieuhoff. jquon nomme Mandegala , & plu- cS»p.Vj iieurs Confeillers, appelles Pullas. Le Poivre des environs d'Attin- 11,166*' gen , n'eft pas fi gros que celui des vallées de Coulang & de Cochra; & la terre qui le produit eft rouge & très-forte. Les montagnes font partagées en champs de riz , qui s'élèvent les uns au-defîus des autres, comme des degrés, & qui font arroiés par différents petits ruiffeaux. Le 18 de Février , notre Auteur partit de Coulang avec M. Scaward Baker, pour fe rendre à Gaenrée , & y conclure un traité avec la Reine de cet endroit. A fon arrivée à Ca-ligoli, il apprit que cette Princefïe étoit partie pour un pèlerinage, dans ïa contrée de Paratali, d'où elle ne devoit revenir que dans un mois, parce qu'il y avoit cinq grandes journées de chemin, dans un pays fi plein de rochers , que les voitures ne pou-voient y paner cV qu'il étoit prefque impraticable , même pour les bête* de iomme & pour les gens de pied. Ces difficultés déterminèrent M. Nieuhoff à renoncer au premier def-fein qu'il avoit eu de fuivie la Reine, 70 Découvertes — & il fe contenta de laifïer une lettre y* > à un de fes Miniftres, pour inviter Sa Majeflé à accepter les offres d'ami- Iöf'4' tiéque luifaifoit Ja Compagnie, fui-vant l'exemple des autres Princes du Malabar. . • Quelques 'jours après, notre Auteur trouva à Coulang-China , uri des Miniltres duïvoi de Travankoor, & après quelques altercations ,• il conclut avec lui un traité très-avantageux pour la Compagnie. * Cou" Le 2 de Mars , M. Nieuhoff partit pour fe rendre au palais de la Reine de Coulang : il trouva cette Prin-ceffe accompagnée de fept cents Soldats ; & très-bien difpofée à accepter toutes fes proportions. Eile lui-fit préfent d'un bracelet d'or qu'elle ôta de fon propre bras. Elle étoit de moyen âge & très-intelligente dans la conduite des affaires publiques. Elle avoit la peau brune, & les cheveux noirs attachés avec un nœud par derrière. Elle portoit autour de la ceinture, une bande affez étroite >de toile de coton, & en avoit une autre qui flottoit négligemment fur fes épaules ; le refte de fon corps était nud, &fa tete étoit couverte des Européens. 71 d'une efpece de chapeau blanc. Sun — ■■ ■ 1 col & les bras étoient ornés de bra- Ni'rcii 1 1 j. 1 Chap. V. celets dor garnis de pierreries, & elle avoit de très-beaux pendants à ^lM* fes oreilles, qui étoient fort longues. En revenant de Coulang, M. Nieuhoff fit une vifite à l'Amiral Houfc tart, & lui rendit compte de toutes, fes négociations , dont l'Amiral parut très-fatis t'ait. VersMe même temps la femme du Chef d'efcadre Bitter , fut introduite auprès de la Reine» par M. Nieuhoff: elle fut conduire à la Cour, dans le Palanquin de Sa Majeflé, qui lui fit la réception la plus gracieufe. Les femmes de Malabar étoient au (fi curieufes de s'attirer un regard de cette Dame Européenne , quand elle paifa dans fori Palanquin , qu'elle le pouvoit être elle-même, d'avoir une entrevue avec la Reine de Coulang & avec celles de fa fuite. • *jï B 1 £ o * V14 f f i CHAPITRE VI. Monfieur Nieuhoff part de Coulang & reçoit ordre d'aller à Tutucurin : On le rappelle à Coulang : Defcription de Tutucurin , portrait des Habitants : Efpecg particulière de fouris: Férocité des ferpents de Maduré : Pluie de fable tr es-danger eiife : De quelle manière le Na'ick de Maduré s'ajjure de la fidélité de fes principaux Officiers : De la pêche des perles : Comment on plonge pour cette pêche : D'une corne animée tnommée Sianco : Nieuhoff traverje les montagnes de Balligate : Danger qu'il court d'être pillé par des voleur r; Il retourne d Coulang, mais il quitte cette place à caufe d'une difpute , & s'embarque four la Hollande : Sa conduite efl approuvée : Il ej}'encore nommé facteur pour la Compagnie des Indes Crient aies t ■ . T Ors que M. Nieuhoff eut mis chap. vi. ' 1 i les affaires de la Compagnie dans ^ i6Ç une fituation favorable , & qu'il eut *' afluré fon commerce, en faifant des traités dei Européens. 73 traités avec plufieurs des Princes de ..... Ia côte de Malabar , il partit de Cou- NcEllü3i"°v"/ lang, qui depuis deux ans>, étoit le principal endroit de fa réfidence , Aïl-166^-pourfe rendre à Tutucurin , afin d'y Nieuhoï .... j . ,'T>.. ' paflc a Ta- remphr la place du principal Direc- tucmiu. reur , qui avoit reçu ordre de paffet en Perfe , pour des affaires importantes. Le 12 de Mars , notre Auteur s'embarqua pour cette Ville, 011 il arriva le IS , " après avoir été très-fatigué par les vents contraires. Il y demeura environ fîx mois, & fut en-fuite rappelle à Coulang , où il étoit très-eflimé , pour y reprendre le foin des affaires ducommerce de la Com-i pagnie , & il laifla M. Laurent Piil, chargé de fes intéréts , à Tutucurin. Cette Ville ne peut être regardée que comme un principal village , & l'on en trouve hx autres fur la côte de Maduré, qui, tous enfemble, ne contiennent qu'environ vingt mille perfonnes. Il y a un beau port de mer, fitué dans un terrein uni, & orné de plufïeurs édifices de pierre , entre autres de trois Eg'ifes Chrétiennes , d'un couvent de Francif» cains & d'une chapelle de Proteffants* Tome FI. D 74 Découvertes Les Habitants font plutôt payens que Chrétiens, quoiqu'ils parodient fort attentifs à la célébration du 1er-.1064. Yjce divin, malgré le peu de con-noiffançe qu'ils en ont. Ils font prefque noirs , forts , trompeurs , rufés & enclins à la débauche: ils ont peu d'attention pour leurs femmes , & s'attachent allez ordinairement à plusieurs maîtreiïês favorites. Ils mangent de la viande & du riz, ne boivent que de l'eau , & fubfiflent de la pèche des perles, ainli que du travail des toiles de coton peintes. Les Capitaines & les Gouverneurs de ces fept villages, changent tous les ans , & jurent fidélité à la Compagnie Hollandoile des Indes Orientales. Ils font particulièrement fous la jurifdiclion du Naïck de Maduré , qui s'étend à foixante & quinze lieues de longeur, fur trente de largeur. La côte de la mer efl remplie de perles, mais la terre ne produit d'autre verdure que celle de la joubarbe Se des chardons.'Le coco même, qui pouffe avec tant de facilité dans les autres endroits ne peut venir dans ce terroir. On y trouve des lièvres, dont la des Européens yf chair eft fort dure , avec des perdrix t, î r • ! j f NiEUHOff rouges. 11 y a des louris de deux ei- Chap> VI; peces, qui ne craignent pas les atta- ii xi • r An, 1664. ques des chats. Les plus petites lont rouges & féroces: les plus grandes ont la couleur & la figure de celles d'Europe, mais leur peau eft rude & fans aucun poil. Elles font aufîi grofies que des chats , fe battent courageu-fement, & caufent un dommage con-fidérable aux Marchands, par les trous qu'elles font dans leurs magasins. Ce canton eft rempli d'animaux venimeux, & les ferpents y font fi peu craintifs, qu'il y en eut un, qui laiffa une nuit , fa peau aux pieds de Nieuhoff. Aux mois d Octobre , de Novembre & de Décembre , l'air y eft d'une chaleur excefîive, & il fouffle des vents brûlants qui amènent des tourbillons d'un fable léger des montagnes: il eft très-dangereux alors de fe promener dans la campagne , où l'on feroit en rifque d'en €tre fuffoqué. Moyen dont Le Naïk eft maître de plufieursfe re» le provinces confidérables, dont cha S?*^ cune a un Gouverneur particulier. *'afl[ur« 4e Il s'alfure de la fidélité de fes Sujets ifwfejm,. * 76 découvertes — 1 ■« en retenant leurs femmes & leurs en- :; fants enfermés fous la garde des Eu- nuques , dans un château, éloigné Au,i664. «\ environ fept lieues de Maduré. Les maris ne peuvent les aller voir qu'avec une permiflion particuliere , qui, ordinairement, eft limitée à deux ou trois jours, & cette contrainte eft caufe que la plus grande partie des Nobles ont des Concubines. Nous avons dé à obfervéquele motNaïck, fignifioit originairement Gouverneur ou Viceroi ; mais à préfent ceux qui le portent, jouiffent de la puiflance royale. comment On fait la pêche des. perles entre S/dU^'A* c6te de Maduré &l'ifle deCeylan. les. ' Quelques-uns des bancs où on les trouve , font à lix ou fept brades de profondeur dans la mer , & à douze ou quinze toifes de diftance du ri* vage. Ces bancs font plutôt des ef-peces de rochers de corail blanc ; Se lorfque les huîtres y ont demeuré environ fix ans, elles y vomiflent leurs perles , qui font alors perdues, Le mois d'Oólobte eft le temps le plus favorable pour cette pèche . parce que c'eft la faifon où l'air eft le plus calme, & la. mer plus tran> des Européens. 77 quille. Les Plongeurs font couverts ( d'une chemife légere, avec des gants ü^"p, vL ' à leurs mains & des filets attachés autour de leur col, pour y mettre An'1 les huîtres qu'ils détachent du rocher. Chacun a une pierre d'environ cinquante livres, qui lui fert à être plutôt au fond de l'eau, & on la retire autli-tôt qu'il fait connoître par un lignai, qu'elle ne lui efl plus né-ceflaire. Les Plongeurs travaillent avec la plus grande diligence , à arracher les coquilles du roc, & à en remplir leurs filets. Quand ils-jugent qu'ils ne peuvent refter plus longtemps dans l'eau, ils tirent la corde à laquelle ils font attachés , & ceux qui (ont dans la barque les en retirent audi-tôt. Ces barques, qu'on nomme Toniis , fe louent un prix réglé par jour , avec les hommes d'équipage & les Plongeurs. Toutes les coquilles qu'on apporte à terre , font miles en un monceau , jufqu'à ce que le temps de la pèche foit fini. On les ouvre alors dans une inailon de bois, élevée pour cet ufa-ge, en préfence d'un Facteur de la Compagnie & d'un Agent du Naïck. Il arrive fouvent que la puanteur D iij 7 8 Découvertes •"I-occafionnée par la longueur du temps e^y"'qu'on les a garde'es , engendre des maladies contagieufes. II y a des co-fta. 1664, qUjl]es ou ['on ne trouve point de perles, d'autres en ont lix ou lept, & quelques-unes même jufqu'à huit. On les éclaircit avant de les vendre , en les frottant avec du riz en poudre & du fel. Outre les coquilles à perles, on pèche encore fur cette côte, d autres coquillages qui reffemblent à des cornes ; on les nomme Siancos & elles contiennent un être animé. On en fait des bracelets & des bagues , que dans le pays , on préfère à celles d'ivoire. On en a quelquefois péché d'une efpece beaucoup plus efHmée que les autres pour la groffeur & pour la couleur : on la nomme la corne du Roi ; mais il fe pafîe quelquefois cent ans fans qu'on en trouve une. Les Plongeurs & les Pêcheurs font fouvent dévorés par des Schareks ou requins, qui font des animaux très-voraces; & quoique ces gens foient , Nieuhoff Chrétiens , ils croyent s'en garantir il-à cou- par des enchantements tk des conk*- M. Nieuhoff dans fon voyage & des Européens. 79 Cöulang, traverfa les montagnes, ■ " nommées Bail gâte , qui torment une cha;3. vi. chaîne de plus de cent lieues de longueur. Quand le folcii luit, la fur- Ar-i6C+' lace de la terre , qui efl: d'un rouge éclatant, fait des réflexions furpre-nantes dans la moyenne région de l'air. Il n'y a point, entre Tutucurin 8C Coulang , d'hôtelleries où les Voyageurs puiffent fe repofer & (e rafraîchir ; mais notre Auteur étoit accompagné de plufieurs Efclaves qui portoient des provifions , & il avoit une garde de Soldats. Il fut obligé de les prendre à fa fuite , pour fe garantir d'un parti de voleurs Malaba-res , qui l'auroient certainement dépouillé lui & fes gens , s'il n'avoit été bienefcorté. Ils eurent même la hardieffe d'en enlever deux, chargés de vin de Perfe ; mais ces bandits furent mis en fuite aufli-tôt qu'ils virent une file de moufquets qu'on ctoit prêt de décharger fur eux. Le 25- de Mai, M. Nieuholf arriva à Coulang, où il prit des mem* res pour fortifier tk rétablir cette place : mais il eut quelque différent avec M. Goens qui y préiidoit, aa Div Découvertes -' ■ '■- — lieu de Jacob Houftart, alors à Ba-ch^Hyj! ' tavia , & Nieuhoff reçut des ordres pour fe rendre àColurnbo, dans l'ifle a::.îû64. ^e Qeyi&Ut ii y refta environ un an, & fe rendit en fuite à Batavia. Il y arriva le 20 d'Août 1667 , & y demeura trois ans , fans être engagé au fervice de la Compagnie, ïl repnffccn: Le 17 de Décembre 1670, il re-;oUandc' mit à la voile pour la Hollande, dans un vaiiïeau des Indes Orientales : il eut la vue de l'ifle de Money, le An. 1671. premier de Janvier 1671 , &le 5 de Mars , il mouilla au Cap de Bonne-JEfpérance , où arriva le 8, un yacht, nommé la Marie, ayant à bord le Marquis de.Mondeverguin, Seigneur François , qui étoit Gouverneur de Madagafcar, & de quelques autres Places, appartenantes à fa Nation. Nieuhoff quitta le Cap , le 20 du même mois , & le 9 de Juillet , il jetta l'ancre au Texel. Peu de jours après,-il fe rendit à Amfterdam, où il eut une conférence avec le Comte Maurice de Nafïàu. Ce Prince fut très fatisfait des obfervations que no-tre Auteur avoit faites dans fes différents voyages , & les Directeurs de la Compagnie ne le furent pas moins NiEUHoi r i) t s Européens. Si de fa conduite. Pour lui en donner des preuves, ils le nommèrent pour Gbap VL la troifieme lois un de leurs repré-fentants' dans les Indes Orientales. Ar' l°7U Nous parlerons bien-tôt de Ion dernier voyage ; mais avant d'en rapporter les événements , nous donnerons la defcription de l'ifle de Java , & particulièrement de la ville do Batavia, telle qu'il nous l'a laiflée. Perfonne n'a fait des obfervations plus exactes fur ce pays que Nieuhoff qui y a demeuré trois ans, comme nous l'avons déjà dit, fans être employé par la Compagnie. Ses remarques contiennent tout ce qui peut farisfaire un Lecteur curieux de intelligent , & l'on peut les regarder comme la meilleure defcription qui ait jamais été publiée de cette Ifle, tant pour l'exactitude que pour le détail des objets iiKéreiïants, Dv $2 Découvertes CHAPITRE VII. Situation de V Ifle de Java: Divifion ; gouvernement, terroir, productions : climat ,fai forts, bêtes privées & fauvages de cette Ifle: Caratlere des Naturels : Etat ancien de Batavia : Etat moderne de cette Fille : Ses rues ,fes canaux , grand nombre de , ponts qiûon y trouve , des Eglifes , du Château t> des autres Edifices publics. Ils l e du grand Java efl fituée à _j fjx degrés au fud de la ligne : elle eft fépatée de Sumatra par le An K71. détroit de la Sonde, qui ne laifle „ . . qu'environ cinq lieues de diftance Defcription 1 1 th j rnt 0und ja- entre ces deuxliles: de petits vaif-feaux peuvent aufli pafler dans le détroit qui la fépare de celle de Bornéo qu'elle a au nord du côté de l'eft : le canal de Balambnam eft entre le grand & le petit Java , qu'on nomme aufli Baty, & au fud, e Je eft bornée par le grand Océan. Elle a environ cent quarante lieues de longueur; mais la largeur varie en différents en- K'uvjhoff Chap. VII. des Européens. 83 droits. Sur la côte feptentrionale de-- Java , on trouve plulieurs bons c,UJi VIL ports, des baies très-commodes & des villes floriffantes, avec quelques ,3,167'* petites ifles près du rivage. Cette Ifle étoit autrefois divifée en plulieurs petits Royaumes ; mais ils font tous réunis à préfent fous la jurifdiflion du Roi de Bantana , qui eft en poflèffion de la partie occidentale de l'ifle , & fous celle de l'Empereur de Mataram, qui gouverne la partie orientale & la plus' étendue du grand Java , d'où les Hollandois lui donnent le titre d'Empereur de cette Ifle. La terre eft très fertile vers la côte de la mer ; mais les Européens n'ont encore pénétré que très-peu d::ns l'intérieur du pays, où il eft tiès-diffïcile d'entrer, à caufe des forêts qu'il eft prefque impoflible de tra-verfer, 6c des montagnes dont les fommets couverts de neige s'élèvent jufques dans les nues. On trouve dans cette Ifle, une ProduAioi* grande quantité de riz & de fel, dellc ccttc lfj--très-bons cochons , des beeufs, des moutons, du poiflbn & des oiicaux tant privés- eue fauvages. Les bois D vj $4 Découvertes ——«— font infeftés de tigres , de rhinoce-?=P? vu * ros> & ^e phufieurs autres efpeces de bétes féroces , & les crocodiles fe [)-i67l- cachent dans prefque toutes les rivières. Il n'y a fur la côte de Malabar , aucunes productions qu'on ne trouve aufli dans l'ifle de Java : il y a peu de climats qui foient aufli tempérés & aufli fains , les vents d'eft de d'oueft, foufflent toute l'année fur la côte, outre les vents ordinaires de terre tk de mer. Cette côte eft très-daugereufe dans le mois d~: Décembre, à caufe de la violence des vents d'oueft. Au mois de Février, le temps eft variable, de l'on éprouve'de fréquents orages, accompagnés detonneres tk d'éclairs. Au mois de Mars, on commence à femer ; & le fucre, de le riz font mûrs au mois de Juillet. En Octobre, on y trouve ,non-leulement, une grande abondance de fruits, mais encore tout ce qui eft néceflaire pour le foutien de la vie , de pour la rendre agréable. Le ciel en général eft ferein, depuis le mois de Mai jufqu'à celui de Novembre, où il commence à fe couvrir. La pluie tombe alors en fi des Européens. 8^ grande quantité, quelquefois pen- ■ dant trois ou quatre jours de fuite, Gl^p"viu que les terreins bas , font entièrement cachés fous les eaux. Ces in- Axui6<1' nondations font avantageufes, en ce qu'elles font périr les œufs d'une multitude d'inledes, qui, autrement, dé-truiroient tous les fruits du pays. Les Naturels de Java font hauts, ncfcrîptïon barbares , fourbes, menteurs & trom- da" Habl* peurs : ils ont le vifage plat, la couleur brune , les yeux petits comme les anciens Chinois , dont ils le vantent de defeendre ; de grands four-cils, de groi-fes joues & des cheveux noirs fort épais. Les hommes y font robuftes ; ils portent une pièce de toile de coton , qui fait plulieurs tours fur leur corps , & les gens au-deflus du commun, y mettent des fleurs d'or. Les femmes en général, font petites : elles portent une efpece d'habillement qui defeend depuis les aifelles jufqu'au genou ; mais au-defïous, elles n'ont rien qui les couvre. Les Javans qui habitent le rivage de la mer, ont embrafie la religion de Mahomet, depuis près de deux cents ans ; les autres Naturels font '8 6" Découvertes —— payens, & ils ont tous la liberté de ciiap'vi" 'Prendi'e deux ou trois femmes légitimes , avec autant de concubines qu'ils An. i57i. en peuvent entretenir. Dans la partie occidentale de lTfle , près de la mer, il y a plulieurs grandes Villes, telles que Batavia, Taggel, Charabaon, Dermuyaon , Manuhaon & Kara-vaon. Dans la partie orientale , on trouve celles de Balambuam , Pa-narukan, Paffarvan, Joartan, Sura-bafaya, Brandaon , Sydaya , Tu-baon , Kajaon, Japare, Pati, Da-nina , Samarang & Mataram , où l'Empereur de Java fait fa rélidence. Dcfctiption Batavia n'étoit autrefois qu'un duBaravu. vmage ouvert, habité par des payens, & entouré d'une paliflade de Bam-boucs ; mais depuis que les Hollandois y ont formé un établiffement, on regarde cette Ville comme une des plus belles qui foient dans 1er Indes Orientales , Les Chinois & les Javans la nomment Kalakka , à caufe d'une efpece de coco, qui vient en abondance dans le voifïnage. Elle eft fituée à y degrés yo minutes de latitude méridionale : eft entourée du côté du fud , par un terrein marécageux , de de celui du nord, par des des Européens. 87 bois & par des montagnes. Elle eft ■■«■' ■ arrofée d'une très-belle rivière, qui gj?"^* prend fa fource dans une montagne voiline; fait un nombre infini de dé- An-l6T" tours , & forme une multitude de petits ruifïeaux, après quoi toutes fes eaux fe réunifient pour entrer en-femble dans la ville de Batavia , d'où elle fe décharge dans la mer. Batavia eft de figure quadrangu» laire, fortifié d'un mur de pierre, avec vingt-deux baftions tk quatre portes, dont il y en a deux qui font d'une grande magnificence, tk l'ouvrage du fameux Jean Lifting. La baie où cette Ville eft fituée , a dix-fept ou dix-huit Illes, tant dans l'intérieur qu'aux environs ; elles contribuent beaucoup à brifer les vagues tk à rompre la violence des vents , ce qui rend le port un des plus sûrs qu'il y ait au monde. Il peut contenir plus de mille Vaiffeaux , & les barques joignent les bords de la rivière fur un fond bourbeux, (ans avoir be-foin d'ancres pour les y ; rréter. Tous les jours, à neuf heures dufoir, le Port eft fermé par une chaîne , que garde un fort parti de Soldats, & au- 88 Découvertes «-—— cun vaiffeau ne peut la palîer, fans chap. vu. payer de certains droits. Les rues de Batavia font tirées au Aii-l67t- cordeau ; prefque toutes ont trente pieds de largeur, & elles font pavées de briques près les mailons. Ces maifons font belles & commodes , & ont chacune un beau jardin rempli de fleurs , avec une grande quantité de fruits & de plantes de diverfes ef-peces. Quinze rues ont des canaux, & il y en a particulièrement un qui eft accompagné d'un quai de pierre avec quatre bons ponts, dont chacun a quatre arches , de douze pieds de largeur. Il y a en tout cinquante* fix ponts dans cette Ville, outre les ponts îevis conftruits en bois, qui font hors des murailles. Sdlficei f a. L'Eglife de la Croix, conftruite en 1640, eft de pierre de taille, & le plus beau bâtiment de Batavia. Le clocher eft magnifiquement décoré d'ouvrages de fer, avec la face en pierre , très-bien fcupltée, & le haut eft orné de chérubins : mais ces ouvrages font déjà endommagés par le temps & par Tapreté de l'air. L'intérieur du bâtiment eft bien éclairé des Européens. #9 & fort élevé : la chaire & les ftales ' font d'ébene, avec des ornements en eha. Vlli 1er. La Sacriftie eft du même bois, & le corps de l'Eglife eft garni de cinq 'A"-10?1, beaux chandeliers apportés de Hollande. On avoit jette les fondemenrs d'un nouveau Temple, quand notre Auteur en partit, & on en a élevé un troifïeme dans le Château ; en 1644. Ce dernier eft de forme octogone, avec un toit plat, Ik l'intérieur eft pavé de grandes pierres bleues & blanches, d'un tics-beau poli. L'Hotel-de-Ville eft au milie.i de Batavia: il eft conftruit en briques à deux étages , & i'on monte au fécond, par une très-belle rampe de pierre de taille. La grandeporte, eft d'ordre Corinthien, avec une gai* lerieen pierre au-deffus, qui entoure la falle haute : les fenêtres font vitrées , hautes & garnies de barres de fer. C'eft dans cette maifjn que fe tiennent les Cours de Juftice, & les Sénateurs y font lo ^és , ainh que les Directeurs des Hôpitaux & des autres lieux publics. On exécute les Criminels fur un échaffaut qu'on drcfïe devant lTTôtel-de-Ville. Les po Découvertes *■ Officiers de Juftice & Ie Concierge CtapHv!L'des priions , ont leur logement dans une cour intérieure, entourée d'un An'167mur fort élevé , & d'un double rang de pilliers de pierre. DcsHôpi- L'Hôpital pour les malades eft fi-ftUX' tué fur les bords de la grande rivière. Il y a quelquefois jufqu'à deux & trois cents pauvres , qui y font pourvus abondamment de tout ce qui leur eft néceffaire, aux frais de la Compagnie, avec des Apoticai-res , des Chirurgiens, des Miniflres & d'autres Officiers qui jouiiïent de très-bons appointemens. On prend pour Adminiftrateurs, trois des principaux de Batavia , & ils font obligés tour à tour, d'avoir I'infpetftion pendant une femaine fur cet Hôpital, qui eft toujours tenu dans la plus grande propreté. Le Miniftre , outre la vifite des malades, fait la prière deux fois par jour, &un fermon le Dimanche, ou doivent affilier tous ceux qui font en état de l'entendre. Il y a une autre maifon , appellée Sp;n houfe, ou maifon de filage deftinée à renfermer les femmes débauchées : on les y tient continuellement à l'ouvrage, & l'on punit (e- t) e s Européens. $ï Verement, celles qui ne s'y attachent ■ ■ ■ Pab* , Chap.VlI. Sur le bord de la rivière, il y a deux Tueries , foutenues par des pil- An'161 r' liers de bois : ce qui donne la facilité de nettoyer aufli-tôt toutes les iffues des animaux qui y font tués. On tue deux fois chaque femaine ; chaque Boucher a fon endroit particulier pour préparer la viande, & il paye le dixième de chaque béte , fuivant le prix auquel elle eft évaluée par le Fermier. Du temps de Nieuhoff, le bœuf & le porc fe vendo:ent huit fols la livre : mais le mouton y étoit beaucoup plus cher. Vis-à-vis la maiion de Ville, & dans la même place , eft un bâtiment partagé en boutiques, occupées par des Chinois qui les louent trois écus par mois chacune. Ils y vendent de toutes fortes d'habits tous faits, d'étoffes & de coton. A l'eftde la maifon de Ville, font0" Ecurie», les Ecuries, bâties de briques & pavées en pierre , ce qui donne une grande facilité pour en laver les fumiers & les immondices. On y entretient environ cent chevaux de felle, qui appartiennent à la Compagnie $2 Découvertes des Indes Orientales, outre ceux de ' carrolïe tk de charrettes. Les meilleurs viennent de Perfe & d'Arabie, tk il y en a t;uelques-uns de Japara qu'on y amené tout dreffés. Pics de cet endroit, eft un beau manege, où les chevaux fuit montés par des Ecuyers qu'on y entretient, & qui font prelque tous Perians. Il eft remarquable qu'ils dreffent les chevaux, fans jamais fe fervir de fouets ni d'éperon. L'Hôpi al des Chinois eft un bâtiment de brique très-propre , entretenu par une taxe furies mariages, fur les enterrements & fur les fpec-tacles publics, ainfi que par les contributions volontaires des Marchands de leur nation. Dans cette maiion , les malades tk les vieillards nés à la Chine, trouvent un refuge, au moins contre la mifere exceflïve. Il y a dans la même rue, un Hôpital d'enfants trouvés , & un peu plus loin , ell un autre bâtiment où font logés tous les Artil ants au fervice de la Compagnie : c'eft l'endroit où notre Auteur prit fa demeure pendant quelque temps. L'Infpecteur général des Ouvriers, qui entretient deux Com- des Européens. £ ? rnîs Cous fes ordres, y occupe de très- ^_ beaux appartements: on y garde aufli c&af.yn>* les Criminels qui font condamnés à la chaîne, pour les y occuper aux An,l67u travaux les plus rudes. On en ferme les portes tous les foirs à neuf heures , & l'on y met une forte garde d'Efclaves pour prévenir tout défordre. Il y a un Chirurgien entre» tenu aux dépens du public, & un Maître d'école , qui remplit aufli l'office de Chapelain , & fait la prière matin &foir. La Compagnie entretient un grand nombre d'Ouvriers , par le moyen de fes corderies , où ils jouiffent d'un ombrage agréable, formé par une rangée de noyers plantés de chaque côté. A l'oueft: de cette corderie , font les magafins de mufcades , de canelles, de clous de girofHe & d'autres épiceries. Le marché aupoiflon de Batavia, ^ ,DesM«t£ fitué fur la rive occidentale de la ri- 1 s" viere , eft foutenu par de forts piliers de bois, & couvert de tuiles. Au milieu de ce marché , demeure un Officier, qui arrête les barques de Pêcheurs , & les oblige de vendre à i'inftanc leurs marçhandifes au plus $4 Découvertes "■ - r offrant. Les acheteurs font des CIù- chap.yu!' n°is> qui payent à cet Officier quatre fols par écu pour chaque marché An. i67i. qU'Qs font ^ & -|s onC différentes boutiques ou échoppes qu'ils louent deux réaies par mois. Ce marché eft ouvert tous les jours, depuis dix heures du matin, jufqu'à quatre heures après midi. Aux autres heures, on trouve les PoifTonniers derrière la boucherie fur le bord de la rivière. On vend de toutes fortes de grains dans le marché au bled : unemefure de riz qui pefe un peu plus de treize livres, & qu'on appelle ganting, fe paye douze fols. Tous les Marchands de bled font obligés de faire examiner deux fois par an, leurs poids & leurs mefures par un Officier public, chargé de cet office. Il les marque en préfence de deuxEchevins , & on lui paye quatre fols pour chaque marque. On acheté la volaille dans un marché , près le pont neuf, à peu près fix fols chaque pièce ; on trouve dans le même endroit du poifTon fec des oeufs & de la vaiffelle de terre! Depuis quatre heures du matin juf. qu'au foir,,la foule eft fi grande dans des Européens. '95 le marché au fruit, où i'on vend-- aufli de toutes fortes d'herbages, qu'à gJJJfgj ' peine y peut-on trouver palfage. Ce font les Chinois & les Nègres qui An-l6iï> font ce commerce, pour lequel ils payent un centième denier. Il y a un Collége public pour les Des coiié-Langues Greque tk Latine, & il oc- 5es>d" Et*°" cupe un très-beau bâtiment: mais château, on trouve encore à Batavia plulieurs Ecole^ particulières pour l'inf-truétion de la jeunefle, & les Naturels ont en général beaucoup de dif-pofition pour les feiences. On y a établi en 1667, une Ecole de peinture qui y réuflît avec beaucoup de fuccès. Dans le Château , qui efl: quarré de la Puifjance civile de Batavia : Des Minïfires Eccléfiafliques. TOute la campagne des environs de Batavia, peut être fub-mergée par des éclufes, en cas de An'l6?I' néceflïté. On voit combien elle eft ïtaviT" dj ^ertiie > Par *a quantité de riz Se de cannes de fucre dont elle eft remplie, ainfi que par les jardins garnis de fleurs, Se par les vergers odoriférants. Il y a fur .une des branches de la rivière, quatre moulins à poudre, un à bled, un à papier & un pour feier le bois: ils tournent tous par la force du courant. Depuis quelques années , on y a bâti une maifon pour les peftiférés •fin d'empêcher les progrès d'une ües Européens. S>9 contagion qui enleva beaucoup de ■ — monde. Les malades" y font pourvus ctop! vnu de logement, de nourriture & des remèdes convenables. An* l<7f* Outre l'Infanterie qui compofe la garnifon, il y a une troupe de Cavalerie , entretenue aux dépens delà Compagnie, pour la garde du Général. Les Cavaliers ont de grands privilèges, & ils font tous les Dimanches une parade avec beaucoup d'éclat. Les Habitants de Batavia font Habitants de compofés de différentes Nations ,BaUTU-mais les Hollandois font les plus puiffants &les plus riches. Après eux font les Chinois, qu'on peut regarder comme les plus habiles trompeurs qu'il y ait au monde. Ce font eux qui afferment les doaanes & les autres droits, & ils ne négligent jamais d'entrer dans toutes les affaires dont ils peuvent efpérer du profit. Ils ont un Gouverneur de leur nation, qui porte des habits de foie & de coton, avec des manches larges comme on fait à la Chine,& de longs cheveux proprement treffés. Ils n'ob-fervent point à Batavia les Edirs des Tartares, qui obligent, à la Chine » Lij i ico Découvertes / * —- tous les Naturels, à couper leurs che-ii.Hv/ii'veux » a *Ll ie'^ervè d'une feule touffe. Après les Chinois ce font les Ma-■•ï6?l' layens qui ont le plus de richefles 6c qui font le plus grand commerce. Ilst ont un Gouverneur de leur nation ; leurs maifons font couvertes de feuilles , & entourées de cocotiers. Ils portent des habillements légers de foie & de coton ; mâchent continuellement du bétel, ou fument du tabac au travers des cannes defucre. La plus grande partie des Quin-"caillers font Maures; ils ont de petites échoppes dans le voifmage du marché , & ils vendent aufli du corail , des bracelets & des colliers de verre dans les rues. Quelques-uns ont de petites barques fur la rivière , & ils s'en fervent pour apporter des pierres de taille des Ifles voifines. Dans une partie des fauxbourgs, habitent plusieurs natifs d'Amboine, dans des maifons faites de planches aflèz hautes & paflablement ornées. Les femmes portent une pièce de coton autour du corps, une autre fur les épaules, & ont les bras entièrement nuds. Les Naturels d'Amboine ont une phyfionomie patibulaire,font ibis Européens, ioi hafdis, querelleurs, portent de longs ' cheveux noirs, & lont armes de ci- cha? vm, meteres & de boucliers de forme ovale. La plus grande partie font A*a*7*' charpentiers, &■ parlent pour être habiles dans leur métier. Les maifons des Javans font conf- Des javan* truites de cannes de bambouc ; ils ti- ^ffç" Tc~ rent leur fùbliflance des travaux de la campagne, des plantations de riz, des barques qu'ils conftruifent & de la pèche. Leurs barques lont très-légères , relevées comme les cornes d'un çroiflant, & à caufe de leur vî-teflè , on les nomme barques vo* lantes. Les Mardickres ou Topafles, habitent au-dedans & au-dehors de la Ville. Ils font d'un caractère liant & fe plient aifément aux mœurs & aux ufages de ceux entre lefquels ils vivent. Us ont divers genres d'occupations & s'habillent à peu près comme les Hollandois fleurs maifons font bâties de pierre, voûtées & couvertes de tuiles , avec des cours or-% nées de toutes fortes de fleurs dey Indes. Dans les derrières de leurs bâtiments ils nourriflènt des cochons, des pigeons & des volailles. E iij 102 Découvertes 11 On trouve dans l'ifle de Macaiîar, thap!viiî.'un arbre aflez semblable à celui qui porte le clou de girofle. Il rend un An' t6?u jus où les Soldats de cette Ifle trem-Des Arches pent leurs flèches, & elles yacquie-empoifor.- rent un poifon lî fubtil, qu'elles tuent lees. r- > • rr fans qu on punie y apporter aucun remède , tout être vivant qui a le mai-heur d'en être blefle. Cependant on prétend qu'il y a dans la même Ifle , une racine qui a quelquefois fervi d'antidote contre ce venin j & l'on dit aufli que les excréments humains avallés aufli-tôt après la bleffure, en ont fouvent détourné le danger, par le vomiflement violent que ce fale remède a excité. Les flèches dont fe fervent les Soldats de Macaffar , ont environ un pied de longueur, leur pointe d'un côté efè d'un bois très-dur , & ils mettent à l'autre une dent de poiflôn. Dans l'ifle de Temor , le Mahométifme & la Religion Catholique, ont fait depuis peu quelques progrès. Les Habitants étoient auparavant tous payens, barbares & guerriers : ils portent des fabres de bois de fandal , u des échanges pour d'autres denrées des productions du pays. Le car-dam um, au graine de paradis, qui eft une épice excellente, croît aulli dans l'ifle de Java.- C'eft une plante chaude, d'un goût agréable , bonne pour l'eftomac , & qui provoque l'urine. .Celle qu'on nomme monlit-belek , vient dans les jardins de Batavia ; on la fait infufer dans le vinaigre, & elle eft très-bonne contre la maladie nommée feu faint Antoine. L'ofeille des Indes ne refïemble oreille des nullement à celle de nos climats. Les e*' Malayens la mangent en falade : on en broyé les feuilles avec de la feieure de boisdelandal, pour en taire unca-•taplafme contre la douleur de dente. La plante appellée nardus , croît en grande quantité autour de Batavia, On la met infufer dans le vinaigre, & l'on en forme enfuite un lirop avec du fucre. Ce lirop eft très-bon contre les piquures ces ferpents & des fçorpions ; on l'applique fur h Tto Découvertes *" 111 plaie en même-temps qu'on le prend ^"'intérieurement. '. j Le pyzang,. ou la figue des Indes, An.i<57i. y-ent ^ur un ar|[)re cjQnt je tronc s'^. Figuier des leve ,. en fîx mois, à la hauteur de fodes* vingt ou trente pieds. La circonférence de cet arbre eft d'environ quatre pieds, &il eft fi tendre qu'on peut le couper comme une tige de chou : il porte des branches qui s'étendent aveemajefté, & des feuilles qui ont un pied & demi de largeur s, & Jufqu a fîx pieds de longueur. Elles* font vertes en dehors , & d'une couleur brune en dedans. Le fruit eft aufîi gros qu'un concombre ; & quand il eft mûr, la couleur en eft jaune dehors & dedans. Ni l'arbre,, ni le fruit ne produit de graines quoiqu'il porte une très-belle fleur,, aufîi groffe qu'un ceuf d'autruche. Le fruit forme des efpeces de grappes qui contiennent jufqu'à cent, & quel-- ?[uefois deux cents figues. On les fair ouvent fecher au foleil, & elles ont un goût aufîi agréable que celui des. figues de Portugal. Les Hollandois-aiment beaucoup à les manger frites: avec du beurre & des œufs. Quand, elles font ainfi accommodées., elles; des Européens, ur deviennent très- nourriflantes, de l'on 1 prétend qu'elles relâchent;mais crues NchapHi".* elles font aftringentes &. un peu fades : elles ont un goût plus agréable An'l6?l* quand on les cueille avant qu'elles foient entièrement mûres. Quand on coupe ce fruit par le milieu , on y voit une forme de croix. On fe fert des feuilles du figuier des Indes pour empaquetter des marchandifes au lieu de nattes. Ilya plulieurs endroits où l'on en lait ufage au lieu de plats , de ferviettes-& de taffes ; & notre Auteur affure que dans l'ifle de Buro, on préfère-de boire dans les feuilles de figuier , plutôt que dans le verre. Cet arbre-croît très-bien dans un terrein gras, & demande peu de culture. Quelques-uns prétendent que ce fut le," fruit dont les Efpions Ifraëlites apportèrent une grappe de laTerre pro-mife : d'autres penfent que ce fut avec les feuilles du même arbre qu'Adam & Eve fe couvrirent après leur faute ; & même quelques Théologiens ont dit que c'étoit le fruit défendu , appelle pommes du Paradis. Les bamboucsœroiiTent de tous.boiSs!1'11** ii2 D £ c ó-u v 2 ft t S* s »; côtés aux environs de Batavia. Ce cSSE* font des rofeaux droits qui fe fépa-rent en deux par le haut : Us n'ont An. H71, p0jnt déracines enfoncées dans la terre , mais ils viennent fur la lur-face de l'eau, avec un fort nœud au fommet d'où fortent plulieurs petites branches iemblables à des hls ; Sc quand elles fe font fortifiées à Pair, elles portent des feuilles tk des fleurs. Ces fleurs font blanches, Se compofées de cinq longues feuilles un peu courbées , & aifez fembla-bles au lis : elles ont une odeur agréable, & produifent une graine jaune ; les feuilles pouffent à l'extrémité des branches, & retombent fur la tige*. La fleur de La fleur nommée, par les Portu-bomou. gajs t fuje ^e botano f c'elf-à-dire fleur de bouton , efl appellée par lesMalayens borago-foefan ; par les Javans, bumbanç-ungo; Si par les Chinois , lienhoa. On la cultive beaucoup dans les jardins , parce qu'elle a une belle couleur de pourpre qui lui demeure même quand elle eftfeche ; mais elle ne donne aucune odeur. L'arbufte qu'on nomme églantier odoriférant de Batavia, yef. dès Européens, i r j femble beaucoup à notre rofier par ..... les feuilles, par les fleurs, & |àr ?cK£S?/ l'odeur. Il y a éré apporté de Perfe par les Hollandois qui en tirent une A"*16'n' effènce femblable à l'eau roufe. L'arbre nommé jakka devient aufli Le Jaklw* haut que "notre chêne : les feuilles en font vertes par-deffus , & bleues en dedans : le îruit qui eft raboteux comme la pomme de pin, eft attaché immédiatement aux branches : il n'a aucune odeur, pefe quelquefois neuf ou dix livres, & devient jaune quand il eft mûr. Lorfqu'on le coupe, on y trouve des cellules comme dans les rayons de miel : chacune contient une amande de couleur jaune, d'un goût agréable , & à-peu-près grofle comme le pouce. Ce fruit eft mal fain quand on le mange crud en trop grande abondance -, mais il fe digère plus aifément quand on le fait cuire comme des charaignes , & il eft alors de nature échaufiar.te. Le jakka eft commun, non-feulement dans fifle de Java , mais aufli dans celle de Ceylan , fur la Côte de Malabar. Dans tous les jardins aux environs usïimfm de Ba/avia, on trouve un arbiilleau ïi4 Découvertes ■' qui s eleve quelquefois à la hauteur S"S? 'de douZe Pieds : 11 Pone des feailles épaifles & onclueufes , blanches à An. is7i. l'extrémité , jaunes près delà tige, & quelquefois marquetées de tâches rouges 1 le bois en eft gris , & c'eft fur cet arbriflfeau que vient la fleur, nommée liampiu, ou camboia par quelques Naturaliftes. Elle a une odeur plus forte que celle de l'aube-épine ; mais elle n'eft pas li agréable,, xc Katfia- Les katiiapilîs poulïéntfur un bou-JjftÇeurgef' ton d'un verd pâle , & l'arbre qui les porte eft quelquefois plus haut que le palmier, avec de larges feuilles. L'odeur agréable de ces fleurs les fait vendre jufqu'à quatre fols pièce. La fleur de riz a une feuille blanche, rayée en dedans , avec un petit rejeton pointu au milieu. La courge, ou pompion, eft une efpece de pomme de couleur d'or ; le dedans eft rouge, & le goût reSemble affez à celui de la cerife. En général elle eft femblable à une orange, excepté pour la groflfeur, puifqu'une courge pefe ordinairement dix à douze livres. Ce fruit demeure fur-l'arbre prefque toute l'année, & jj fe corïferve encore quatre ou cinq. dis Européens, ii^ mois après avoir été cueilli. -......■ - Le mango vient fur une fleur blan- chap.Hi°*xV che que produit une petite tige qui fort d'un arbre aulli gros que nos An-l67i« chênes d'Europe. Ce fruit eft meil- Le Mango, leur à confire qu a manger crud, parce qu'il eft d'un goût un peu acre, quoique fort beau à la vue. Le mango , pris modérément, eft très-bon pour le flux de fang: on l'ac-comode avec des œufs, du beurre , du fucre, ce qui le rend agréable à manger, & leger fur i'eftomac. Le mangoftan eft un autre forte l« Mango* de fruit le plus délicieux de tous tân' ceux qu'on trouve dans les Indes. C'eft une efpece dè pomme qui croît fur un arbre affez femblabfe au prunier ou au mûrier. Sur le fommet delà pomme, on voit une couronne à plulieurs pointes, quelquefois fîx, uelquefois huit, fuivant le nombre es amandes que le fruit contient. Il eft très-rafraîchiffant, & cependant on n'a prefque jamais entendu dire qu'il ait caufé d'indfreftion : on en fait ufage dans la médecine contre les fièvres. Ce fruit, & le katapper, font les feuls que Nieuhoff ait vu entièrement dépouillés de feuilles 116" DéCÖÜVÊRTÜS ■' IB-..... pendant tout le temps qu'il a pafïé chïïîïx 'aux Incles«"Le kattaper, ou amande des Indes, eft un fruit qui vient dans An. i67i. unQ COqUiHe épaide , couverte d'une fubftance velue, qui jaunit & fe rétrécit à mefure que le fruit mûrit. L'arbre qui le porte eft haut & très-touffu , avec un grand nombre de branches, qui produifentun bel om-b rage. Le Rattan. Le rattan du Japon devient fauva-ge à Batavia. Il paroît être une efpece de rofeau , divifé par les jointures, & il s'attache en ligne fpirale autour. des arbres les plus élevés , où il périt fouvent faute d'air. Il porte une efpece de fruit brun, tirant un peu furie blanc , d'un goût défagréable. Les Chinois le font confire , & en tirent aufîi une huile qu'on prétend être très bonne pour ies blefTures. On fe fert aux Indes des bâtons du-rattan pour la promenade. VArrcc. L'arbre que les Portugais , & les Hollandois nomment arrec , porte un fruit plein de graines d'un goût agréable : quand on l'ouvre, ii ref-femble à une neffle pourrie ; mais if a une odeur pareille à celle de l'eau rofe, & qui réveille les efprits. H des Européens. 117 ePc à peu près .de la grofleur d'une 1 orange de la Chine , & d'un jaune brillant ombragé par une couleur orangée. Les dattes vertes, font un fruit délicieux. L'arbre qui ies porte con-ferve fa beauté durant toute l'année. Il y a des dattiers mâles & iemelles : la dernière efpece eft la feule qui porte du fruit On voit auffi plulieurs autres fortes d'arbres à Java qui ont la même diftincrion ; mais ils ne méritent aucune attention. On trouve dans cette Iile des melons d'eau blancs; mais les rouges font beaucoup meilleurs. La plante qui les porte, rampe fur la terre , & un feul de ces fruits fuffit pour trois ou quatre perfonnes. Ils font exceilîvement rafraîchiflants , de fatiguent l'eftomac : mais ils ne font nullement nuifibies quand on en mange modérément. L'ananas eft un fruit très-délicat, te quand on le coupe par tranches dans le vin d'Efpagne ,.il a des qualités beaucoup au-delfus de celles qu'on lui trouve quand on le mange cruel. Lorfqu'on en a ôté la peau, il répand une odeur plus agréable que Ciup- IX. An. 1671. Le Dattier. L'Ananas? 118 Découvertes i ■ . tout ce qu'on peut imaginer : fon KtEUHóFF j goût reffemble allez à celui de nos ■fraifes ; mais on doit n'en manger An. i67i. qu'avec une grande réferve ; l'excès fait venir des ulcères à la bouche, & au palais , & quelquefois même il caufe des flux de fang qui deviennent mortels. Il a été d'abord apporté du Brefil aux Indes Orientales. La plante qui le produit le plaît à l'ombre , & vient très-bien dans un terrein gras. Un fimple ananas pefe quelquefois cinq à fîx livres. Au deffous du fruit, & autour du tronc , il pouffe quelques feuilles, ou gomme,qu'on nomme la couronne de l'ananas, mais que nous con-noiflbns mieux fous le nom de pomme de pin. On fert l'ananas pour delfert fur les plus grandes tables, &, depuis quelques années, on a réufli à en faire pouffer en Angleterre , & en diverfes autres parties de l'Europe, au moyen des couches chaudes. Le Bétel. Entre les autres plantes des Indes ; dont l'efpece humaine retire de grands avantages , nous pouvons mettre le bétel que les Malayens nomment fîry. On en fait un fi grand ?> * s Européens, irp ufage dans ce pays , qu'il femble que ■ les Indiens ne peuvent vivre fansJ cette plante , & l'on ne manque jamais à en fervir dans les vilites. ■Le bétel caufe d'abord des vertiges à ceux qui n'y font pas accoutumés; mais on s'en guérit bien-tôt en fe frottant les gencives avec du fel. Cette plante eft très-aftringente, & elle exite à cracher quand on la mâche, enveloppée avec un peu de cireux & d'areka. Elle rend les lèvres rouges 3 égayé les efprits, ferme l'orifice fupérieur de l'eftomac, dif-hppe les vapeurs de l'ivrelfe , ôte la mauvaife odeur qui vient de la poitrine, guérit la douleur de dents, les affermit & les noircit, ce qui efl: regardé comme un ornement chez les Indiens: mais, au contraire, fi on en mâche une trop grande quantité , elle ronge les dents , & les fait tomber : quand on en faitufage fans y joindre de chaux, elle donne uue couleur verte à la falive. Les gens au-deffus du commun la mâchent avec du camphre, du mufc » ou de l'ambre gris. L'areka, ainfi nommé parles In- L'Arct diens, eft appelle tanfel par les mo D È co ü v e r t e s x. Arabes, & pynang par les Malayens. chap. ix. Vjçlt une noix produite par un arbre bien connu dans toutes les ln-1 7*« jgg^ ^ fuivant quelques natu- raliftes, eft une efpece de palmier. Il devient aufli haut que le cocotier , mais le tronc n'a que lix ou fepc pouces de diamètre ; & quoiqu'il fe trouve expote aux vents les plus violents, il n'arrive que très-rarement , & peut-être jamais, de le voir rompre. L'intérieur du bois eftfpon-gieux, tk l'on fe fert de l'écorce , qui eft très-dure , pour faire des lattes à couvrir les. maifons. Le fruit, qui eft' plein de filets , nouvellement cueilli, reflemble affez à un gland , quoiqu'il foit au moins quatre fois plus gros : mais- quand on l'a dépouillé de la coque extérieure qui porte tous ces filets, il n'eft pas plus gros qu'une mufcade. Autour des arbres d'areka, qu'on plante en plulieurs endroits pour en former des promenades régulières, on trouve fouvent une plante qui devient fort haute , & dont les feuil-& les branches refïemblent à la poi-rée. Elle produit mi fruit verd & marqueté qui contient une petite . amande dès Européens. 121 amande blanche, avec quelques grai- 11 ' ries. Il eft aufli long que la paume de la main , & n'eft guère plus gros que le doigr. On s'en fert au lieu Au" l6:l' de bétel,en le mêlant avec l'amande de l'areka , & de la poudre d'écaillé d'huître calcinée. Les pertonnes riches en font beaucoup d'eftime à caufe de fa rareté. On trouve à Java un arbre nom- Le Dag-dafc mé dap-daff, ou dap dap , qui y a été tranfplanté des Ifles Molucques. Le fruit eft d'un goût allez agréable , tirantle milieu entre la douceur &la verdeur: la qualité en eft rafraî-chitfante , & il eft tresaimé des fourmis , qui en détruifent beaucoup. L'amande, renfermée fous uneécor-ce blanche , eft d'un goût délicieux. Le fruit a quelque reffem-blance avec le concombre ; la couleur en eft un peu rouge, avec des taches ovales noires, tk la peau allez raboteufe. Le takkatak, nommé par les Hol- LcTakk»-landois grofeille rouge , parce qu'iltakl reflemble à quelques égards à ce fruit, quoiqu'il en diffère beaucoup en générai, croît en grappes fur un arbre fort élevé : le goût en eft un. Tome VU E 122 Découvertes peu acre ; cependant on en fait beau-^!Ij^iI(M-'1 ' coup d'eftime à Batavia. L'arbre , nommé par les Hollan-Ath.itfi. dois & par les Portugais moringo , LeMoringo. eif. appelle ramongry par les Ma-layens. Il exige très-peu de foin pour le faire croître , & l'on en trouve prefque à toutes les portes. La feuille en eft rafraîchiffante & agréable ; on s'en fert fouvent pour mettre dans le bouillon au lieu de légume ou d'herbages. Il porte une fleur blanche avec des graines.jaunes, & le fruit , qui vient dans de longues cofles rondes, à- peu-près comme nos pois, a de très-bonnes qualités. L'Arbre à L'arbre nommé torre par les Ma-coffe. labares , rumbangjury par les Javans , & husk-tree , ou arbre à cofle par les Hollandois , eft regardé dans le pays comme un remède fouverain ! contre la morfure ou la piquure du ferpent, en le mêlant avec un peu V de fel. La Fcuiiic La feuille du diable , ainfî nom-du diable., mée parce qu'elle s'empare de tout le terrein où elle croît, efl: eftimée comme un bon remède contre di-verfes maladies. Il y en a deux ef-peces : l'une a des feuilles vertes, des Européens, 123 & Paütre , qui s'élève jufqu'à la hau- 1 11 1 " teur de douze à quinze pieds, porte ew iL' des feuilles rayées, à-peu-près comme nos chous rouges. Cet arbufte Kix--l6i1' produit un très-bon fruit , affezfem-blable à la châtaigne. Legrand nomerado , que les Ma- Le Nome-layens appellent Bajandierdier , eflrad0, -très-eftimé pour la beauté des fueil-les, où l'on voit toutes les couleurs de la tulipe. Il y a une autre efpece de nomerado que les Chinois vendent dans le marché de Batavia : on le fait bouillir avec la viande , « ou on le fait cuire feul, & de façon ou d'autre, il a un goût très-agréable. Le cotonnier de Java vient très- LeGoto*-haut, & étend fes branches de tous mc1, côtés. Elles portent à l'extrémité un fruit à-peu-près de la grofïeur d'un œuf de poule. Il devient brun en mûriffant, & deux de ces fruits font ordinairement joints enfemble. C'eft dans ce fruit qu'on trouve le coton qui fert à foncer des oreillers, des^ couffins, des lits , des matelats, & à beaucoup d'autres ufages. On en retire un profit confidérable ; mais il n'eft pas affez long pour être Fij 124- Découvertes *■-peigné, & pour le travailler au me- Çùaïïxf ' tieï » & "* Par hafard le feu y prend, il eft très-rare de le pouvoir étein-An. 16 7 :. cjre ^ queique qUanuté d'eau qu'on y jette. LcRof»do. Les fleurs de l'arbre nommé jam-bo dans le pays & par les Portugais rofado , font d'une grande beauté , & on les eftime beaucoup pour les falades. Le fruit eft d'une forme ovale ; il vient en grappes , dont il y en a de rouges , & d'autres blanches, d'une odeur très-agréable , & fort bon pour l'eftomaç quand on le mêle avec du vinaigre & du fucre. Le Jambo ne produit qu'à la quatrième année, mais enfuitû il rapporte trois fois par an, des Européens, 12 j CHAPITRE X. Suite de la Defcription des plantes } des fruits & des arbres de Batavia, LE fruit , nommé par les Hol-, Iandois prune iauvage, &par' chai,. x. les Portugais nalyka, efl acre à la • 3*i r • An 1671. langue ; &, quoiqu il ne loit pas forteftimé, il n'eft pas entièrement LcNa'yki' in lipide. Dans le temps où tombent les glands des chênes de Canarie & des Indes , leschaffeurs fe mettent à l'affût pour tuer des fangliers qui viennent en grand nombre fe nourrir de ces glands , ck qu'il eft alors ailé de furprendre : auffi dans cette faifon la chair de fanglier eft à très-bas prix dans le marché de Batavia. Au dedans du gland , qui eft h duc qu'on eft -obligé de fe fervir d'un marteau pour le calfer, on trouve une amande bonne à manger , & couverte d'une peau épaiiTe. On voit dans les jardins de Ba- 1^ Fulo.d;. t,avia, mie fleur nommée fulo-di-madle- F iij 'ï2ó* .Découvertes ràadre , femblable à notre camo-chap°xf ' mi^e' Par l'odeur & par la figure ; mais M. Nieuhoff n'ofe affurer qu'elle An' l57>- ait la vertu médicinale de cette dernière. Lcscnutre ^a £|eur nomm£e quatre lumie-res , vient fur un petit bouton a un très-beau rouge. Elle a quelque ref-femblance avec notre girorHée, étant compofée de quatre feuilles courbées & découpées , fur lefquelles on voit des rayes qui ont la forme d'un cœur : elle fert plus pour l'ornement que pour l'utilité, & fe fane en très-peu de temps. l'ai». L'alli eft une fleur d'un verd pâle en dehors, & blanche en dedans. Elle vient fur un gros bouton , & on la trouve dans les foffés entre Ansjol & Jacarra. En général il n'y a prefque pas de foffé ou de ruifc feau dans ce pays qui n'ait quelque -efpece de fleur particuliere dont on n'a pas encore découvert la nature ni les qualités. Le Basjan. Le basjan eft une efpece de mango fauvage , de couleur verte , à-peu près de la groffeur d'un limon. On trouve dedans des efpeces d'amandes peu agréables au goût, & des Européens. 127 très-acres. L'odeur en eft il forte, * que lorfqu'il y en a dans le marché , Clli; on ne fent plus celle d'aucune autre fleur , ni d'aucune plante. L'arbre A"' 167*' qui produit ce fruit eft fort beau à voir, & il porte des feuilles d'un verd foncé , un peu plus larges que celles de l'amandier. Il y a aux environs de Batavia Lc Dutter-une efpece de morelle, ou de juf-quiame, qu'on prétend qui trouble l'efprit ; mais ce fait n'eft pas vérifié. C'eft une plante que les Javans Se les Malayens appellent ratliobouk ; les Indiens la nomment Duroa , &£ les Hollandois dutter. Il en vient de fauvage dans les bois , delà hauteur , & de la grofleur d'un chou rouge , avec des fleurs qui ont la forme d'une cloche , blanches en dedans, & jaunes en dehors : elles s'ouvrent le matin , de fe ferment à midi. Le fruit leur fuccede, qui eft à-peu-près de la largeur de la main , avec uue écorce verte couverte de pointes épineufes , & il eft rempli de graines jaunes. L'arbre le plus élevé qui foit çjans LeKananga. les jardins de Batavia , eft le ka-sanga, autour duquel monte alfez F iv 'tiS Découvertes ——-ordinairement le bétel, & on les chap x. P'ante prefque toujours 1 un près de l'autre à cette intention. Les feuil- An.ióji. j£S ^ kananga font-d'un verd très-vif , & les chauves fouris mon.JP-trueufes dont ce climat abonde, le trouvent li bien fur les branches crochues de cet arbre, que quelquefois il en eft plus chargé que de feuilles. Cependant on les écarte , non-feulement du kananga, mais de toutes les autres productions des jardins , en mettant de petits moulins à vent fur les branches -les plus élevées. le chêne Le chêne des Indes eft aufîi du-ia in es. ra{3je qu'aucun de ceux qu'on trouve . en Europe ; non-feulement il eft impénétrable aux vers , mais même aux fouris qui fe font un paflage au travers de toute autre espèce de bois. On fait bouillir les feuilles de cet arbre dans l'eau Jufqu'à ce qu'elle foient réduites à moitié, & on les fait prendre intérieurement, avec fuccès , pour les pîeuréfies. La courge Le fruit que les Hollandois ap-*cau' pellent courge d'eau , & les Javans katolas , croît fur de petites brrn-ches rampantes, qui s'étendent fur des Européens. i 25) les toits des maifons. Les Indiens en —■> forment des berceaux, avec le (e- chap< cours des bamboucs, pour couvrir leurs bains, & pour le garantir de An'IÉ l'ardeur excelïve du foleil. Cet ar-briffeau porte des fruits de deux fortes : les uns ont la grolfeur des courges ordinaires , & les autres ne furpaflent guère celle d'un petit melon ou d'un concombre « ces derniers font les meilleurs. L'écorce de ce fruit tire ordinairement fur la couleur jaune ; mais la graine, & tout l'intérieur en eft blanc. Le champaka , ou fiampaka , a de Le cha grofïes feuilies ridées, & marbrées.paka' Il croit à la hauteur d'u î pêcher ou d'un poirier : les branches pouffent en droite ligne autour de l'arbre & font un peu courbées à l'extrémité , avec des fleurs qui relfemblent beaucoup à celles des orangers d'Ef-pagne. Elles répandent une odeur; des plus agréables qui tient de la douceur de la rofe , & de celle de la violette. C'eft avec ces rieurs » dont il y a de deux fortes, les vertes & les orangées , que les Indiens ornent leurs guirlandes. Les femmes en mettent dans leurs cheveux, & 15° découvertes 1"~ "' c'eft un des principaux ingréd'ents chap.x. c]ui entrent dans Ja compolmon de . s ^ la célèbre pommade nommée bor-'1 7 bory. Cet arbre produit aulli une efpece de fruit qui forme des grappes à-peu-près femblablesau raifin , par la figure, & par la couleur ; mais il n'eft d'aucune utilité. ataviV" dC ^n trouve diverfes fortes de fèves à Batavia. Celles qu'on appelle les fèves maures , font méprifées des Hollandois, qui n'en aiment pas le goût : mais les Chinois les eftiment beaucoup. Elles parviennent à une grande hauteur, & c'eft aufli dans cette vue qu'on les plante fouvent près de fareka. La coffe en eft ordinairement d'un pied de long , de d'un pouce de largeur. La feve de gondola, qui devient aufli très-haute, & qui produit un bel ombrage, peut être confervée trois ou quatre ans. Les feuilles fri-çalTées, ou bouillies , font très-ra-fraîehiffantes. Le kadjang des Javans , que les Chinois appellent petau , eft une efpece de pois très-gros & très-bon, d'un grand fervice pour la provi-fïoa des vaiffeaux, Il eft excellent "des Européens. 13i pour l'eftomac , en le faifant cuire—————. avec du lard ou avec du beurre, en chap.x, l'on met un de ces pois dans un pot de terre , & qu'on ait foin de le bien ■ lf'lU arrofer, il poulTe en vingt-quatre heures & donne une très-bonne fa-lade. Le Makandoueft un fruit qui ref- j*£Makatt~ femble à la pomme de pin, mais il n'eft pas fi dur ni fi pointu à l'extrémité. Quand il eft parvenu à la maturité, il devient de couleur jaune, prefque fans aucun goût & entièrement infipide. Les Malayens en font rôtir dans les cendres, & ils prétendent que c'eft un très-bon remède contre le flux de fang, contre la pleu-réfie 5c contre l'afthme. Les feuilles d'un arbre qui croît dans ce pays , & qui reftemble au frêne, font très-bonnes pour nettoyer les bleffures & pour en préparer la guérifon. Le jus des mêmes feuilles eft un préfervatif excellent contre les vers. Le fruit, quand on le prelfe , rend une odeur plus forte & plus défagréable que celle de TAffa-fcctida : c'eft pourquoi on en met fur les narines de ceux qui ont des accès de fièvre. On trouve dans Fvj Icntt 132 Découvertes " le cœur de ce fruit, une noix, qiû Nçhai!°x!r' contient une amande de vertu af- trigente. An, 357I. Les Daulentes font des efpeces LesDaii-d'arbrilTeaux dont les bois font remplis , & qui en empêchent le paffage : on les arrache avec foin, &l'on en fait des décodions qui font trcs-bonnes dans le rhume, & pour pro^ voquer les retours périodiques des femmes. La feuille en eft allez fem-blable à celle de labalfamine, & il porte des couronnes de fleurs qui relfemblent à celles du fure.au le goût en eft amer, & il a non-feulement l'odeur, mais aufli les vertus de la camomille, le Mam- Le fruit nommé Mamaram , eft produit par un arbre qui croît fur les tombeaux des Rois de Java. Ce fruit eft aufli gros que le coco, & l'on prétend que c'eft un meilleur antidote contre le poifon , que la pierre de befoar, ou que la noix des mal-dives. Quand le Roi de Bantam veut faire une grande faveur à quelqu'un, il pofe fi coupe fur ce fruit en bu-: vant à fa fanté. jfangi^1" Le Simbar-Mangiram des Javans ; 'm' que les Malayens nomment Teunida* - pour les tumeurs, appliqué extérieu- D- e s Européens. i 3 3 xoufa, n'a point de racines, mais il vient fur une efpece d'excroiflance qui poulie fous les pierres ou dans les trous des arbres ; & il répand des feuilles de tous côtés. lia beaucoup de jus, & eft toujours verd , enforte que lorfquune des feuilles tombe, il en repoulle une autre à la même place en moins d'un jour. Il eft box NlSUHOFï j, Chap. X. An. 161U rement : il tue les vers en l'appliquant fur le nombril, & pris intérieurement , c'eft un puiflant pue-gatif. Le Fulo de Tanke, 'ou Fleur du La fleur Lac, croît fur tous les étangs, à laLac* hauteur de trois pieds & même plus, au-deilus de la furface de l'eau. Quand il commence à s'ouvrir, il répand une odeur délicieufe : il pa-roît être une efpece de lis d'eau : rafraîchit au troifieme degré , cVl'on en donne des décoctions dans les fièvres ardentes, dans les frénéfies , dans le flux de fang& dans les autres maladies de chaleur. Les feuilles font d'un yerd éclatant, quelques-unes aulli grandes que le bord d'un chapeau, & lorfqu'elles tombent , on voit fur la tige une çoiTe aulli large '134 Découvertes » 1 '" que la main, où l'on trouve environ f'hap.x/'trente feves placées en cercle, dont chacune a fa cellule particuliere. Elan. i67i. |es çQnt ^Q ja gro(feur d'une noifette ,. & ont quelque chofe d'approchant pour le goût,qui eft très-doux. Ces noifettes font phlegmatiques, & l'on en vend tous les jours dans les marchés de Batavia. SouUereUr ** La FleUr de SouIier > OU ful° de fapato., relTemble allez à la rofe ordinaire : on lui donne ce nom , parce qu'en la mâchant, il en fort un jus propre à noircir les fouliers. L'eau diftiltée de cette fleur, eft très-bonne contre les fièvres violentes ; & quand on l'applique fur le front, elle provoque le fommeil. Il y a une autre efpece delà même fleur qui eft de couleur ifabelle, & qui croît fur une forte de ronce, dont les Habitants forment des berceaux : les jeunes branches fervent à faire des corbeilles. On en fait infufer les feuilles dans le vinaigre, pour en former une décoction qui eft très-bonne contre les relâchements , & qui contribue aufli à guérir les contufîons, en l'appliquant extérieurement. t La fauge, le romarin & plulieurs des Europe en's. 13y autres plantes•très-communes en Eu- "■ rope , ne peuvent venir à Batavia, ^J^°"; où la chaleur du climat les fait auflî-tôt périr. An. is7i. Le fruit de l'arbre nommé Lancen Le Lanccn,. par les Portugais tk par les Hollandois, tk Kakafcan par les Javans, vient en grappes femblables à celles du raifin. Il approche aufîi de la prune : l'extérieur eft de couleur tirant fur le jaune , mais le dedans eft blanc , d'un goût très-doux tk fade, quoiqu'il tienne un peu de celui de la grofeille. Il faut en ôter la peau, qui eft amere , de même que deux ou trois amandes qu'on y .trouve, pour pouvoir manger la partie charnue. Le Karambolas, ou Kamozia, ou Le Karaat Karfabelli, ou Chamarah, vient fur kolas, un arbre aufli élevé que notre ceri-fïer.' Le fruit reflemble à la courge & devient jaune en mûrilfant. Quand ils font de bonne qualité, c'eft un manger délicieux : mais on en trouve beaucoup qui font aigres tk aftringents. Lorfqu'on les coupe par le milieu, on voit la figure d'une étoille dans l'intérieur. Le Rambuftan pouffe immédiate- Le Ram-ment fur un bouton verd, & l'arbre u an' *ï3o Découvertes » —■ 1— qui le produit n'a jamais de fleursv Xrap.öxf'-" f°rme en grappes de couleur de pourpre, & reflemble allez à la An. i67t. châtaigne. On trouve un petit noyau dans l'intérieur, & la chair cie ce fruit a un goût très-agréable avec un peu d'acide. L'Arbre du jj y a une efpece de palmier fau-Vage, commune a Ueylan de mem© qu'à Java , où on le nomme l'arbre du Piqueur, Le fruit porte un fucre ou fyrop, que les Habitants vendent dans les pays voilinf, On tire de cet arbre , une liqueur qui a la vertu "d'enivrer; elle eft très-douce 8c fort agréable quand elle a bouilli, autrement elle aigrit en peu de temps. Le bois qu'on eft obligé de fendre, parce qu'il réfifte à la fcie & à la hache , à caufe de fa dureté , eft de très-longue durée. Les Indiens en prennent les jeunes branches pour faire des arcs, & les Chinois fe fervent des feuilles, qui ont environ trois pouces de largeur & trois pieds de long, pour en former des éventails. Les Maîabares écrivent des lettres avec une pointe de fer fur la fuperfîcie de ces feuilles , de façon que les caractères ne s'en effacent jamais, Ils atta* » E s Européens, iü thent ces feuilles enfemble l'une -■ tr— après l'autre, par des trous qu'ils.q^™^* font à l'extrémité , & en mettent autant qu'il leur eft néceffaire , pour An> l6?ï* finir ce qu'ils ont deffein d'écrire. Elles font d'une qualité fi durable, que l'eau même ne peut les altérer. Il n'eft peut-être pas poflible de b.^ctiV3a& rien voir d'aufli beau dans la nature, qu'une allée fleurie des arbres dont les Javans appellent le fruit Billing-bing. Les fleurs en font rouges, de la forme des lis, & le fruit qui a trois pouces de long fur un pouce de large , reffemble au concombre. Il appaife la foif, ôte tout mauvais goût de la bouche, & l'on en fait un fyrop que les Médecins ordonnent à ceux qui ont le fang ou le foie échauffé. Le Poireau de jardin des Indes a LePo;reaa deux pouces de long : il eft plein de de$IlU•cs, graines femblables à de l'orge, &le goût en eft très-infîpide. On en prend les feuilles & les fleurs, qui font blanches & aromatiques , pour en faire une conferve qui eft bonne pour l'eftomac , & contre les crampes. On en fait un extrait qu'on regarde comme un antidote contre fin fec* t 3 S Découvertes tion & contre les poifons. On féf 'donne particulièrement à ceux qui ont été bielles par une flèche ou par quelque autre arme trempée dans le fang de newt, que les Hollandois nomment gckko, &• dont on prérend que le venin efl: mortel. Le jus de l'herbe nommée par les Européens , véronique, & par les Javans , oribat matta, foulage les inflammations des yeux; il eft aufli très-bon contre la confomption öc contre les rhumes ; on l'ordonne encore à ceux qui font affectés de la gravelle. La racine de la plante que les Maures & les Arabes appellent Kol-kas, leur fait une nourriture, dont ils ufent fouvent au lieu de riz : mais il faut commencer par la couper en tranches & la faire infufer dans l'eau pour la purger d'une matière gîtrante qui s'y attache, &qui de fa nature, eft un poifon. On la fait aufli bouillir , on en jette la première eau, & les Chinois ainfi que les Malayens,' la mangent enfuite avec du poivre, du vinaigre & de l'huile de coco. Les habitants de Batavia, quand ils furent afîiégés par les Hollandois, en des Européens. 139 1629, fe trouvèrent réduits à n'a- ■ ■ voir d'autre nourriture que cette ra- N3JLIÏJ£* cine, & il en mourut un grand nombre par des flux de fang contagieux. An 16711 Sur la tige du pied de chat de Batavia, on trouve un jus femblable à du lait , dont quelques gouttes ver-fées dans l'oreille, appaifentles douleurs de cette partie. Cette plante efl; fauvage, &ne fert que dans la médecine : les Chinois la nomment kautfu & les Javans furoe. Il y a de deux efpeces de l'arbre L'Arbre de qu'on appelle mélancolique ou Ar- nu!r> bre de Nuit. La première efpece, porte des fleurs qui s'ouvrent immédiatement après le coucher du fo-leil, & fe ferment auflî-tôt qu'il fe Jeve. L'autre efpece fleurit le matin & perd fes feuilles le foir. Le terroir de Java produit une telle quantité d'autres végétaux que quelque curieufe qu'en put être la defcription , elle pourroit à la fin devenir ennuyeufe. Nous allons do«c paffer à celle des animaux terreflres & aquatiques, en commençant par les derniers. Découvertes CHAPITRE XL Des différentes efpeces de Poiffonsqu'oYi trouve d Jstya. ttiEUHo'vFy T E Marfouin ou cochon dé mer chap. xi. ' JLji a environ feize pouces de long An. itfyi. & ^ePt de iar£eî k c«air ei5 eft blanche & très-bonne quand elle eft bouiî- LeMarfouini|e £a peau en eft épaifte & COU-<«c mei. r r , , verte d écailles prelque impénétrables quand le poiifon n'eft point apprêté. Il a des yeux bruns très-vifs , & la bouche petite avec deux rangs de dents. Il porte fur le dos une nageoire très-aiguë qu'il peut lever ou baiffer comme il le veut,■ avec une autre fous le ventre, où l'animal eft de couleur argentée, qui jaunit fur les côtés, & il .a le dos entièrement brun. Poirtbn LePoiffon d'Amboine , ainfi nom-d'Amboine. mé, parce qu'il paroît particulièrement attaché à cette Ifle , fe voit quelquefois dans le marché de Batavia , où il eft fort eftimé pour fa délicatelfe, Il a de longueur environ ÉS* s Eus opi?É*c i; i^i cinq à fîx pouces, & reflemble à la perche , tant par le goût que par la ciu^xL* figure. Il a ides nageoires bleues près de la bouche, & des raies de même A",lfi7tl couleur fur la tête; mais les côtés du corps font verds Se marquetés. Le poiifon retiré eft ainfi nommé , parce que fa chair le retire quand il eft coupé. Le bremine a fouvent juf-qu'à quatre pieds de longueur, de grands yeux, la bouche large Se rouge , Se les nageoires à l'extrémité de la queue. On le prend ordinairement à l'hameçon & fort rarement au filet. Le Bald-pate ou Poiflon chauve, Lepoifiot eft très-bon à manger. On Je trouve clsaiive. dans les rivières aufîi bien que dans la mer, Se on lui a donné ce nom, parce qu'il n'a point d'écaillés ni fur la tête, ni fur le col, au lieu qu'il en a le dos couvert. Il eft de couleur grife avec la bouche,très-large Se marquetée de rouge; il a_Jes yeux jaur nes , grands Se qui femblent lui for-tir de la tête. L'Able ou Bleak de mer n'eft pas L>AbIc d* fi long que le hareng , mais il eft *' plus large. De même que ce poiifon il vient volontiers dansles bes fonds, 142 Découvertes m » & on le prépare aulft avec du fed. ^apH°xi.'^n en trouve en n grande abondance fur la côte de Malabar , qu'on An 1*71. s'en fert p0ur fumer ies terres à bled, & il paroît être un alfez bon engrais. Il a la queue fourchue, de grands yeux, la bouche large , le dos verd & le ventre blanc. LcMcrdeux. Le Merdeux ou Villain ( Turd fish ) eft couvert de taches brunes : il a le ventre bleu, & fe plaît dans les endroits les plus fales , ce qui lui a fait donner ce nom. Quoiqu'il foit fort doux & d'un goût agréable, on n'en fait cependant aucun cas ; il eft très-gras, environ de fix pouces de longeur & à peu près de la même largeur. ta queue La queue jaune a des dents aiguës jaune, qUj débordent en dehors : il eft aufîi gros que le bremine & prefque de même forme. Il a le corps ordinairement bleu,-les nageoires rouges, le dos & la qu'eue jaunes. Le Keelt. Le Keelt eft une efpece de broche dont la bouche eft garnie de dents aiguës, & dont les yeux font forts brillants. Il a environ un pied & demi de longueur, eft épais & gras avec le dos 'brun & la queue de des Européens. 143 couleur pourpre, ainfi que le ventre. ..... Le goût eft très-bon , & il.nage avec chapl'x"' une grande vitefïe. Le Corbeau eft un poiifon de mer An'1671' d'environ fix pouces de longueur, Le Caibeau, avec le dos & la queue rouges. Il a le ventre jaune & deux taches de même couleur de chaque côté ; mais qui s'évanouilTent peu à peu. On lui donne le nom de Corbeau, parce que fa bouche reflemble allez au bec de cet animal. Le Poiifon royal eft très-vorace, LePoiûo* Il a la bouche grande, & fe nourritI0yaU volontiers de charogne. Le ventre en eft blanc , le dos brun & marqueté ainfi que les côtés, avec la queue fourchue. On en voit qui ont jufqu'à cinq pieds de longueur , & on leur donne le nom qu'ils portent, par excellence, parce qu'on les efti-me pour les plus beaux & les meilleurs poiflons qui fe trouvent dans les Indes. On trouve des Anguilles de plu- Angüte (ieurs efpeces fur la côte, & il y en a beaucoup qu'on pourroit mettre dans la claffe des ferpents aquatiques , quoique les Habitants ne faf-fent aucune difficulté d'en manger. ^44 D é c o uy è htë 3 * L'elpece la plus remarquable, ef? ^ChaplxÜ'ceile C1U^ & Pla^ particulièrement entre les rochers, Se qui porte une i671" longue tête avec des dents fort aiguës ; mais fi petites , qu'à peine les peut-on diftinguer. Ceux qui tuent ou qui écorchent ce poillon, font faiiîs auûî-tôt d'un tremblement , Se même tombent fouvent en foibleffe, ce qui fait juger qu'il fait fes efforts pour chaffer au-dehors quelque ve-nia quand il eft dans les angoilles de la mort. (te Cock. La peau du poifïon nommé Cock eft brillante comme de l'argent. Il a cinq longues nageoires rouges fur le dos , de différentes dimenfions, une queue fourchue de couleur brune, Se le ventre jaune. C'eft plutôt un monf-tre qu'un poiifon , à en juger par fa figure extraordinaire , étant large, épais Se prefque tout en tête. LcGrognard. Le Grognard eft un petit poiftbn fort gras, rayé de brun Se de jaune, Se il tire fon nom du bruit qu'il fait quand il eft pris. Il y en a une autre efpece qu'on nomme de même dont le corps eft prefque rond Se couvert d'une peau brune fort unie, rayée de blanc. Il a la tête courte Se épaiffe, "des Européens. 145* epaiflfe, la bouche grande & Ij&yeux —•■ ■ roUgeS. Chaü.HXlFi Le Pou de mer eft un coquillage dont les Chinois & les Javans man- An> 0711 gent rarement. Il a environ un pied Le pou d; de longueur, eft fort charnu avec"5"' Une large queue & plufieuvs jambes. Au milieu de la coquille nommée Tromp? Trompe d'Eléphant, dans la partie d'Eicpium. fupérieure, qui eft joliment marquetée, on trouve une raie allez large, feus laquelle eft un périt poillbn , dont le goût reffemble beaucoup à celui de l'éperlan : mais la figure eft défagréable à voir , Ôc il a la mâchoire inférieure aulli, perçante qu'une épée. Le Baton de Jacob renverfe, eft Le Bâton d« bleu; mais il a le corps brun avec Jjcoü' plulieurs raies routes près de la tête & de la queue. Ce poiflon a quelquefois dix pieds de long, & pefe jufqu'à quatre cents livres. Le Dos rond, ainfi nommé , à LeDesrond, caufe de fa forme crochue, eft un pouTon tres-déiicat. Il a la queue & les nageoires jaunes , la peau unie & fans écailles, & il eft ordinairement de quatre pieds de longueur. Le Poidbn à corne a environ un , L''^,,fr°n lome 1. G .N ! L u 11 01 . Cnap, An. 1671 146* Découvertes 'cup. xi.' pied de.long, & (a cête, dont la bouche ePc très-petite , fait plus de la moitié de cette longueur. Il paroît diverfement. coloré, fuivant les différentes réflexions que fait la lumière fur fon corps. Il a la peau très-brillante , les nageoires tk la queue bleues , le ventre tk le dos appro * client de la même couleur. Il porte fur le fommet de la tète une corne, avec deux autres au-deffous : elles font h aiguës tk fi venimeufes , que lorfqu'on en eft bleffé, il eft très-rare qu'on en puiffe guérir. Les carre- Carrelets de Java ne different des nôtres, qu'en ce qu'ils ont des dents, avec lefquelles ils s'attachent fortement à. tout ce qu'ils rencontrent. LcPoifiorî Le PoiiTon plat a environ un pied P1^- de longueur; on le trouve dans l'eau fraîche : il n'a point d'écaillés & fa peau qui eft très-unie, brille comme de l'argent. Il porte une petite nageoire fur le dos, une de chaque côté, & une quatrième fous le ventre : cette dernière lui fert de queue. Il eft plein de petits os, tk n'eft pas beau-.„ coup recherché, rouge. Le Toulon rouge, ainli nommé, Ict des Européens. 147 parce qu'il eft d'un rouge obfcur, 1 / • j NI £ U Hoir a une longue tete pointue, des yeux chap> XL' jaunes, le corps épais , & le ventre blanc. C'eft une efpece de brémine , An'lCjt' dont la longueur eft d'environ quatre pieds. Le Perroquet de mer.a rarement qJr^ncr~ plus d'un pied de long , fa chair eft ferme & de très-bon goût. On lui a donné ce nom , parce qu'il a la bouche femblable au bec du perroquet, excepté qu'elle eft armée de dents allez fortes, non - feulement pour cafter les hameçons dont on fe fert pour le pêcher; mais aulli pour bri-fer les écailles des huîtres & des moules , dont il tire la chair , qui paroît lui être un mets délicieux. 14 eft de couleur verte, marqueté de jaune , particulièrement vers la tête. Les yeux de ce poifion font grands & vifs, d'un bleu éclatant, entouré de jaune, les nageoires font de la même couleur. Le Camard a les nageoires & le ucamard, ventre jaunes; le corps rond & la bouche précifément fous le nez , qui eft exceilîvement court. On lui trouve à peu près le goût du merlus. Le Poiifon aux os a la queue four- Le [oilîi>a 148 Déco u v KiT#s —— chue & de larges écailles; il ne dif- ïap?xi!' kre à? la carpe que par la tête. On en fait peu d'eftime, parce qu'on n'y in. 1671. trouve prefque point de chair. L'Epalan. L'Eperlan de fable efl: un poiflbn de mer d'un goût excellent. Il a la . figure du merlan , le corps rond & le ventre jaune, Lepock. Ee poiifon nommé Pock efl: fort .jong, avec la queue fourchue &des dents très-aiguës, Il n'a point d'écailr les , mais il a la peau très-unie 8c brillante, qui prend diverfes cour leurs , fuivant les différentes pou> tions où elle fe trouve, par rapport à la lumière; ce qui fait parottre ce poifî^n quelquefois rouge, quelque-Ibis bleu Sz d'autre fois gris. Le Pit. Ee poiffon Pit efl: fort agile, & s'éîançe à une grande diftance. Il eft de la grofleurd'un bon éperlan, avec le corps rond, marqueté de taches vertes & jaune s. Ses yeux paroiffent prêts à lui fortir de la tête, mais il a Ja faculté de les pouvoir retirer affez profondément. Il porte des nageoires en pointes tres-aiguos fur le dos, & efl d'un goût délicieux, quoiqu'il fe plaife particulièrement dans les endroits bourbeux. des Européens, 14e Le poifTon nommé Chinois Te pé-- che dans l'eau douce, Il eft rond & Nif"»°"» j . . . v ,- . Chap. XI. a ûe longueur environ cinq a ux pouces ; il porte une longue queue, de An-lC7i-petits yeux, le ventre blanc & le dos Le chinois, verd. Lè Mullet eft un très-bon poilîbo, LeMuiiet. qu'on ne trouve qu'en quelques endroits de l'Inde ; mais on le vuide & on le fait lécher pour le tranfporrer. C'eft un des poiiïons les plus délicats qu on puiile manger, excepté en certain temps de l'année, où il eft rempli de vers. La peau du Mullet eft blanche , marquetée de taches de pourpre. Il nage d'une vîtefle excef-ïïve ; & eft il actif, qu'il faute non-feulement par deffus le filet, mais même hors de la barque, lorfqu'il eft pêché. La Becalîine de mer a environ LaBecaffine cinq pieds de longueur, la tête ref-dems*« femble à celle d'un cochon, avec de grands yeux brillants, & une bouche femblable au bec de l'oifeaudont ce poiifon porte le nom. Le corps de cet animal, depuis la tête jufqu'à l'extrémité de la queue, eft tacheté de diverfes couleurs, & couvert de nageoires, G iij îyo Découvertes —Le Roret a fix ou fept pieds de Chàp.xi.' ^onS> des yeux d'un jaune brillant öc des nageoires qui paroiflent argen-"' 1671' te'es. Il a la queue fourchue &le ven- Le Korct.tre D]eu s tirant fur le verd. C'eft un grand rafraîchi Hemen t pour les Matelots , ce poifibn étant fort fain &: de très-bon goût. te Diable Le Diable marin n'a des yeux que juaxin. d'un côté, & fa bouche eft placée dans une concavité au-deflbus de fa tête. Il a ia queue femblable à celle du rouTet, avec deux mamelles de chaque côté. La peau de la tete eft remplie de taches brunes. Il y en a de fept à huit pieds de long; mais en général ce poifibn eft une nourriture grofliere. te stîp. Le Stip a la peau couverte de taches , c'eft un poiffon de très-bon goût , qu'on prend ordinairement au hameçon , près de i'ifle de Saint Vincent. Le pigeon Le Pigeon de mer prend fon nom de mer. de la refîemblance de fa tête avec celle d'un pigeon , & de ce qu'il a Teftomac élevé comme celui de cet oifeau. Il ne porte point d'écail-les, mais il eft marqueté de diverfes, couleurs. On le pêche allez rare- des Européens. 15t mént, & il fournit une nourriture-- mediocre. < -chai,. xï/ Le Hériflon de mer eft ainfi nommé , à caufe des pointes aiguës qu'if A"*1 7P' porte autour de la bouche &«de la LcHcriffo» tête , qui eft ronde , avec de grands dcmcr' yeux. Une peut nager que lentement; ce qui le rendroit bien-tôt la proie des autres poifïbns, fi la nature ne t'avoit armé de ces dcfenfes, Le Suceur eft bleu, avec des yeux Le suceur, d'un jaune brillant & une peau unie fans écailles. Il n'a point de dents ; mais il porte des lèvres épaifïes , qui lui fervent à fucer & à s'attacher aux autres poiffons avec tant de force, qu'il eft plus aifé de le tuer que de l'en arracher. Il fe joint particulièrement au requin , & on les pêche fouvent enfemble : on en mange quelquefois, faute de meilleure nourriture , parce qu'il eft d'un goût al-fez médiocre. Il y a des Requins ou Scharfcs, de Le-Requîm huir, dix, &juîqu'à quatorze pieds de long. lis ont la peau rude & ra-boteufe, & un double rang de dents , quelquefois même jufqu'à trois ou quatre rangs qui font couvertes d'une efpece de gomme , & les yeux très* G iv i ƒ2 Découverte? —— bas , près de la bouche. Ce poiffon Ch^p^x!.' e^ très-dangereux, & enlevé quelquefois le bras ou la jambe des hom-An. jó7i. mes fe divertiffent à nager. La femelle fait les petits vivants; ils la fuiven t par tout où elle va, fe glif-fent fous fon ventre dans les forts temps , & en fortent quand la tempête eft paffee. On remarque que certains poiffons d'un pied de longueur, nagent toujours après le Requin, qu'on apperçoit aifément quand l'eau eft calme. teKi»p. Le Klip , ou poiffon du Soldat, eft une efpece de bremine qui n'eft fouvent que de la longueur de fix pouces. Ce poiffon eft plat & de couleur pâle ; il a fur le dos des nageoires aiguës comme le rouget ; la queue pointue & les yeux jaunes. C'eft un des meilleurs poiffons des Indes, & un manger délicieux. L'Aigicde L'Aigle de mer eft un poiffon mti' très-laid à voir. Il a la queue fembla-ble à celle du rouget, auquel il ref-femble auffi par le goût, de larges nageoires , qu'on prendroit pour des ailes , tx la tête petite. DES Eu P. OPÉÉNS I An. î 671. Le Chat de CHAPITRE XII. Continuation de la Defcription dss Poiffons de Java. LE Chat de mer efl: un poiffon NlE0Hol.t, rond d'environ fix pouces de ciiap. xn. longueur, tk dont la figure eft très-laide. La partie poftéïieure du corps de cet animal , n'eft qu'une malle ovale, à laquelle la tète eft comme iufpendue. Il a des yeux fort larges tk tort ouverts, la peau unie , tirant fur le bleu, & brune fous le ventre. Les entrailles de ce poifibn contiennent une efpece de gomme, dont les Chinois font leur encre. Us font fé-cher cet animal au foleil, &les Indiens l'eftimentbeaucoup, quoiqu'il foit difficile à digérer. Le Sautillant eft ainfi nommé , Le Sautilv parce qu'il faute & joue continuel- lant* lementfur la furface de la mer. Il eft de la groffeur d'un hareng, fans aucunes nageoires fur le dos , depuis îa tète jufqu'à la queue. Il a la tête pleine de nœuds & le corps gris avec Gv t f4 Découvertes ^,lt —1 ücs taches noires : mais il eft plus Chap. XII ' blanc du côté du ventre. Il lance un regard perçant avant de commencer • i67i. ^ fauter . mjsau nombre des poiffons de mer , & a la chair d'un très-bon goût, particulièrement quand on le mange grillé, le Pampus. Le poiifon nommé Pampus , a environ un pied de long & cinq pouces de largeur ; du refte , il.reffemblc par la couleur & par la figure, à notre plie : fa peau eft unie , fes yeux fe portent en même-temps de deux côtés, & la bouche eft droite & avancée. Il eft de très-bon goût, particulièrement quand on le mange def féché , comme les Hollandois mangent la plie. Xe coq LePeyxer-Kok,c'eft-à-dire le Coq manu, marin , eft ainfi nommé par les Portugais , parce que quand il eft pris,, il fait un bruit qui a quelque reffem-blance avec le chant du coq. On le pèche près l'ifle de Saint-Vincent, & il eft d'une nourriture allez médiocre. . le Sondeur. Le Souffleur eft un grand poiffon qu'on voit quelquefois en pleine mer. On lui a donné ce nom, parce qu'il tire une grande quantité d'eau qu'il des Européens, ify rejette enfuite en l'air, avec beau-———— coup de force. ^ chap.xrt. Le Poifibn blanc eft à peu près de la grofïèurd'un merlan: il aie ven- An•I67,• tre rond & pendant, le dos étroit, LePoilfiim la bouche ronde, la queue fourchue. lanc* Il porte une large nageoire fur Je dos, & un grand nombre de petites entre le ventre & la queue. Il a le corps tout couvert de raies , avec deux longs mamelons fur la bouche î ce poifibn elf de très bon goût. Le Poiffon à cinq doigts, tire fon Le cin$ nom de cinq taches noires qu'il a de00'»15, chaque côté , & qui relfemblent à la marque d'autant de doigts. Il a environ un pied & demi de long , la tète petite, la bouche grande, des nageoires brunes &c pointues vers la queue. La couleur de fon cerps eft: d'un bleu éefatafit, mêlé de pourpre lans écaille s. Il eft de très-bon goût, te on le pêche dans toute la mer des Indes. Le Karappa ou poiffon rond , ref Lc Poïflflfc femb'e beaucoup au merlan, & eft ' aufli de très-bon goût. Il a la tête' petite ainfi que la queue, mais le ventre en eft fort gros, il porte. au> G vj . i Découvertes deflbus , quelques nageoires fembla* chap. xn.' bles à celles de l'anguille. Entre les Poiflbns volants , il y en An 1671. • r y \ tv ' a qui lont. a peu pres aulli gros que L« Poiffons des corettes , d'une couleur bleue fur le dos , qui fe brunit vers la queue. Us ont de grands yeux, de larges nageoires jaunes, ^.beaucoup de relfemblance avec nos éperlans. Le goût en eft très-agréable, mais ils ne font pas faciles à prendre , exj-cepté quand ils volent contre les voiles , ce qui arrive allez fréquemment parce qu'ils tombent alors fur le pont du vaiffeau. La Queue La Queue fourchue eft un poif-.oaichue. fon \ong & rond avec une longue queue, d'où il tire fon nom. Il a la tête femblable à celle de hareng, un long mamelon au-dcfïus, & deux autres au-defîous près de la bouche , à peu près comme la chevrette, mais plus gros. Ces mamelons font collés contre le corps du poiifon, quand il nage : il eft à peu près de lagrolfeur du maquereau , mais il n'eft pas d'un" goût excellent. La bonite. La Bonite reffemble beaucoup à la corette; mais avec des nageoire* des Européens. ï 5*7 plus petites , & des taches bleues qui-- s evanouilient par degrés, en appro- cha»,xu. chant de la queue. Ce Poillon a le dos d'un brun foncé, & le ventre An" l6?l' blanc, avec les yeux bleus , entourés d'un cercle jaune. Quelques-uns ont un pied & demi de long ; ils font très-brillants quand on les prend, ce qui n'eft pas difficile, parce qu'ils iuivent les vaiffeaux , & font fort après à l'appât. La meilleure façon de les manger, eft d'y mettre un peu de fel, & de les faire griller enfuite. Le Poiffon à épée a la tête très- D; £oiiîî* vilaine, allez reffemblante à celle s ' d'une chouette, avec la bouche très-grande. La peau en eft rude , le dos gris , le ventre blanc fans aucune écaille. Des deux côtés de l'épée, qui a environ cinq pieds de long, on trouve vingt-fept dents. La longueur de tout l'animal, en y comprenant l'épée , eft en général de vingt-cinq pieds, & il eft h gros, que deux hosn-mes le peuvent à peine embraffer. Il a près des yeux deux narines qui lui fervent à tirer l'eau & h la rejetter. Le Poiffon que les Javans nom- irsia^ ment Siap , fe trouve dansles rivières ; ils en font une grande eftime , & Découvertes* l'on en prend une grande quantité Ghap xil. aux environs de Batavia. Le Poiffo î pie eft ainfi nommé, à An> caufe de fa couleur. H a la queue & LePoiflonles nageoires brunes, marquetées de ^ie' .taclies d'un bleu paie. Il a environ un pied de longueur , eft allez gros, & fans écailles. Les yeux en font jaunes & entourés d'un cercle bleu. Au delïbus du gofier, il porte une efpece de jabot, qui s'étend nifqu a la queue-II a. la bouche petite, tk de chaque-côté une nageoire jaune. Les Javans l'eftiment beaucoup , &c il eft de très-bon goût ; mais il contient une matière venimeufe qu'il faut ôter avec foin quand on le vuide. Lesciaq- £,e Cinq-yeux a pris ce nom de jeux» cinq marques noires enfermées dans des cercles jaunes , qu'il porte fur les nageoires près de la queue. Ce poiffon eft uni & jaune fans écailles, affezgros, avec une petite tête & le nez pointu qui couvre la bouche, au? deffous de laquelle il a deux nageoi* res rouges. On le pêche dans les rivières , & il eft de très-bon goût. •La chau Le poiff n qu'on nomme Chauve- .jTe'.fouris acfour'.s de mer, a pris ce nom de la relfemblance qu'il a avec cet animal. rres Européens, jyp Il porte deux ailes jaunes, trois raies -.....><*>•' bleues, une longue queue ,une grolîe j^apï"' té te & une grande bouche. Par le goût, il paroît être une efpece de An,l67le raie. Les Gougeons de Java font de laLeGouscos longueur du doigt, & à peu près gros comme le pouce, lis (ont fans écailles , marquetés de bleu & d'autres couleurs, avec de petites queues fourchues: on les pêche dans les rivières,: & le goût en eft excellent. Il y en a d'une autre efpece qu'on prend dans la mer, en fi grande quantité, qu'on en vend plein un canot pour quinze ou vingt fols. Les Javans s'en fervent pour engraiffer leurs oies &. leurs canards. Les Carpes des Indes fe pèchent dans les rivières : elles font entièrement femblables aux nôtres , par la figure & par le goût. Le Monftre marin efl: un poiffon le Moaft$ très-laid à voir. Il porte un gros manni noeud en forme d'étoile fur la tête, & au-deffus une excreffence qui ref-femble à la mitre d'un Evêque. Des deux côtés de la tête, s'étendent ceux nageoires auffi longues que le corps du monflre. Il a une bouche horri- 16"o Découvertes "■..........ble pour ia grandeur, & une large cha^. xii. queue qui lert a le diriger en nageant. On trouve dans les Indes diverfes Aû.i«7i.« fortes de Chevrettes & d'Ecieviffes. Les chevtet* Entre les dernières , on en voit une us* elpece qui a fur le clos des dents comme celles d'une feie; il y en a de li groffes, qu'elles pefent jufqu'à cinq livres : le goût en eft délicieux, & c'eft une nourriture très-laine ; on l'eftime beaucoup pour ceux qui font ' incommodés del'afthme, ou du crachement de fang : la Chevrette de mer a environ huit pouces de longueur pour les plus grandes. Elles portent des écailles comme les nôtres , font de couleur pâle avec une queue rouge & fourchue. Delatcte, partent plusieurs nageoires , avec deux petites cornes déliées. Ce poiffon eft de très bon goût, & cinq ou fîx fuffifent pour la nourriture d'un homme. La Chevrette de rivière eft à peu près de la même grolfeur que nos chevrette s de mer, de couleur bleue, avec une petite tète & un gros corps , deux longues nageoires qui partent de la tête, & qui font auffi aiguës que des aiguilles. Les coquilles de ce;te des Européens. 161 efpece, ne font pas il dures que cel- ■ < < ■ les des autres; niais le goût en eit^hap'xn.' moins bon. On trouve aulli dansles rivières, une grande quantité d'écre- An-l671, villes qu'on prend dans des trous avec les huîtres, biles font de meilleur goût que nos écreviffes de mer. L'Etoile de mer cil un Poiflon dé- L'Etoile de JagréabJe à la vue, étant compofémcr de cinq branches , qui forment une étoile. Elles font d'un rouge pâle & d'un pouce de groiïeur , couvertes d'une peau remplie de nœuds , & pleines de petits os. Il y a au milieu un trou par où l'animal tire fa nourriture. On ne le voit en mer que dans les temps très-calmes , & on le prend plutôt pour le conferver par curio-fité, que par route autre raifon. Le Cancre marin efl à peu près te Cancre; de huit pouces de long, d'une affezinatU1, belle couleur , l'écaillé marquetée de taches jaunes, avec trois autres taches de pourpre renfermées dans des cercles rouges. Les ferres de cet animal font jaunes du côté du corps, un peu plus loin, elles deviennent blanches , & l'extrémité en eft d'un pourpre foncé. Les yeux font fixes & entièrement hors de la tète, i62 Découvertes — Il y a une autre efpece de Can- çl™!xïl'cres dont la couleur eft bleue, ÔB l'on en trouve qui ont jufqu'à un An. 1*7*. pied & demi de longueur. Ils font de couleur pourpre tachetée de blanc. Les ferres en font bleues 3c pourprées vers le corps. Les yeux font hors de la tête, de la longueur du doigt. Ce Poiifon fe trouve dans l'eau falée & eft de très-bon goût, Kcrèvlffcï On trouve une autre efpece d'E-demer. crevifles de mer, qui ne font pas il groffes que les précédentes , mais qui courent avec beaucoup de vïteile. Elles ont les yeux placés environ deux pouces à côté de la tête, particulièrement quand elles courent : dans les autres temps, elles les jettent en arrière & les tiennent appuyés fur deux nageoires. Elles ont le corps marbré de diverfes couleurs, & les ferres d'un rouge de poupre elles portent par derrière deux petites coquilles rondes & bleues, avec les extrémités jaunes. On en trouve de très-grolfes , & le goût en eft excellent. Il y en a encore d'une autre efpece au(lî groffes que les bleues* mais on les reconnoît aifément à la. des Européens. 16*5 touleur, qui tire fur le verd. Elles ™ ont les ferres rouges, & rien n'eft §fap?x°nf* plus délicieux que le goût de ce poifibn. Les yeux font aufîi à un An-x*7»« pouce à côté de la tête. On en trouve quelquefois d'une grofleur prodi-gieufe, & l'on prétend que ce Poiffon de même que tous les teftacées , eft beaucoup meilleur dans le montant de la lune que dans tout autre temps. Plulieurs efpeces quittent leurs coquilles, dans une certaine faifon de l'année , & demeurent fous terre, jufqu'à ce qu'il leur en foit venu de nouvelles. Les Huîtres des Indes font beau- Huîtres Se coup meilleures que celles d'Europe. Moulcs* Les Moules de ce pays font fem-blables aux nôtres, mais un peu plus larges : la coquille en eft brune en dehors & en dedans. On trouve une autre efpece de Moules, que les Européens appellent Moules à queue, dont la couleur tire fur le verd. Elles ont dp côté où on les ouvre , deux cornes pointues, & de l'autre côré une queue d'un jaune pâle qui leur fert à fe tenir attachées dans le limon. Leur goût reffemble à celui des nôtres, & on les accommode de 16*4 DÉCOUVERTES *■-même , comme on fait aufîi celles iiaao.xii.'qu'on nomme Moules de Saint Jacques. On trouve aux Indes de diver-An.iôyn ks fortes d.Huît?es . les plus gran, des s'attachent aux rochers, & les autres aux racines des arbres qui croiflent dans l'eau. Le goût en efl très-bon , & on les mange cuites avec des épices , ou crues avec du jus de limon & du poivre, tes tirai» On voit un grand nombre de Li- ééns à dom- » k v lret * maçons quon nomme a pourpre dans les Ifles voiiines de Batavia. La coquille ou écaille eft jaune, de la groffeur d'un fort citron, avec plulieurs lignes fpiraîes. Au-dedans de cette coquille, eft l'animal de forme fonde, gras & jaune, marqueté de noir. Les Chinois Tes. font bouillir pour les mander, ont le fecret de polir les coquilles , & tirent du milieu de l'animal, une fubftance couleur de pourpre ,dont ils fe fervent pour faire de l'encre rouge. Il y en a d'une autre efpece , dont la coquille eft verte , tachetée de noir , blanche en dedans , & de la groffeur de la tête d'un enfant. L'animal eft de la même couleur , & le goût en eft a fiez bon. .Uns autre forte a la coquille d'u» r> E s Européens. i6Ç ïouge pâle , marbrée de blanc, eu- * ~"^f rieufement veinée, & de la grofleur chp.xïi,' d'une orange; l'animal eft de la même couleur que la coquille, on les man- An' l6?l? ge comme nos Pétoncles ; mais ils font de difficile digefîion. On appelle Quallen une produc^ fc? tion delà mer, qui efl: une fubilance mucilagineufe , lans tête , ni queue , ni entrailles. Elle eft quelquefois de la grandeur d'une moyenne afîiette, mais ordinairement plus petite. Elle a autour du corps, une efpece de tranche cou'eur de pourpre, qui lui fert à nage*. Au milieu de cet animal , on voit une tache, quelquefois blanche, d'autrefois bleue , qui contient vnvfemblablement fa nourrir ture. S'il efl jette fur le rivage, il y périt en peu de temps. Les Chinois ont far;: d'en tirer de l'arrak, ou plutôt une eau forte , qui eff. excefîîve-ment chaude, perçante & nuifïble , en ce qu'elle fait naître des ulcères. S'il arrive que cette fubflance s'attache au corps nud d'un homme , foie en nageant, foit autrement, elle lé brûle vivement, & il s'élève aufîi-tôt des ampoul&s. Les Dorades, que quelques-uns LaDoraàc NlEUHOl . Chap. XÏI. 166 Découvertes nomment Brémines de mer , font des efpeces de Dauphins. Elles ont des nageoires longues & aiguës fur le An. 1671. ^os ^ ayec une qUeue très-longue. Au-delTous du ventre , elles ont aulli trois nageoires, dont la dernière s'étend jufqu'à la queue. On en trouve de quatre à cinq pieds de long , & elles font plus larges qu'épaifïes. Ce poiffon efl affezbon à manger quand ou le file avant de l'apprêter; mais il digère difficilement. On le prend quelquefois au hameçon , & très-difficilement avec le harpon, à caufe de fa légèreté ; & il efl fi acYif, que quelquefois il s'élance après la poiffon volant , jufqu'à la hauteur de cinq à fix pieds au-defîus de l'eau. laRa'c. On trouve aux Indes, des Raies très-longues; quelques-unes font aufîi larges qu'une table de moyenne grandeur, & peuvent furHre pour nourrir quarante perfonnes. Elles ont de très-longues queues, font delà même couleur que les nôtres , du même goût; mais difficiles à digérer : les jeunes font beaucoup meilleures que les autres. Elles ont des nageoires fort larges , de couleur de pourpre. Tous les poiffons à écaillée jettent De s Européens. 16*7 leur frai ; mais ceux qui n'ont ni «cailles ni coquilles , produifent leurs petits vivants. CHAPITRE XIII. Vcs Oifeaux cV des autres Animaux de Java. T-^Ans les lues de Sumatra de M r;iulF> JL/Banda, & dans les autres lues chap. xm. Molucques, on trouve un oifeau que An ï£^u les Ilabirants nomment Emen ou Eme , & que les Hollandois appel- no^n°c"£ lent Cufnaris. Il marche toujours la i.aris. tête droite 8c élevée, il a environ cinq pieds de haut, & trois pieds de long de l'cftomac à la queue. La tête efl: proportionnée au corps, petite, fort unie, & couleur de bleu foncé. Devant le col, lont deux ef-peces de mamelles oude bourfes rouges : les yeux font grands & fiers, avec deux trous derrière, qui forment les oreilles, & prefque à l'extrémité du bec font les deux narines. Depuis le milieu du bec jufqu'au fom-met de la tete, cet oifeau, particu- *ï6"8 Découvertes - lierement ie mille, a une tub francs «it'xiiï.' ^ure & laune> Semblable à une coquille de Pétoncle : les jambes font !" longues & fortes , couvertes d'une peau d'un jaune fale : les pieds (ont gros, noueux & fans ergots de derrière; mais à la place , on voit trois longues ferres d'une efpece de corne, en quoi cet animal dirfere de l'autruche , dont les pieds font fourchus devant & derrière. Cet oifeau eft entièrement couvert de plumes d'un rouge obfcur, mêlé de noir. Celles d ■ l'eftomac & des cuifles font doubles, & celles de la queue font beau-» coup plus longues &plus fortes. Àu-deffous des plumes qui lui couvrent les côtés, font cachées des pointes, & par leurs piquures, elles aident à faire courir l'animal, quine peut prefque s'élever de terre. Cet Oifeau efl très-avide, & dévore tout ce qu'on lui préfente, même le fer & les charbons allumés qu'il rend par les iriteftins, fans aucune altération. Il arrive même quelquefois qu'il rend ce qu'il a ainfi avalé après l'avoir gardé un an , fans aucune marque de digeftion : du refte, le Cafnaris vit d'herbages. Sa force confîfte dans fes jambes dés Européens, i 6p jambes & dans fes pieds : il coure fi ^ vite , qu'il n'y a pas d'homme qui le ch^xni.' puilîe atteindre ; & quand il fe trouve trop prellé, il donne des coups An'1'71' de pied en arrière & de tous côtés comme un cheval. La femelle pond fes œufs fur le fable entre les buif-fons : ils font d'un blanc tirant fur le verd , de la groffeur au plus de nos ceufs de poule , marquetés de taches d'un verd obfcur. Les Naturels du pays en mangent les jaunes : ces oi-ieaux n'ont point de langHie ni de queue. ch,c Entre les différentes efpeces de^^ Chauve-fouris, celle que quelques-uns nomment Chat volant, méritent qu'on en donne la defcription. Elles relfemblent aux chats par la téte, par la queue , par la grofleur & par route la forme du corps. Elles different des chauve-fouris, en ce que ces dernières fe pendent par des griffes qu'elles ont au bout des ailes, au lieu que le chat volant fe fufpend par fes ergots de fe couvre entièrement de fes ailes. Son poil eft d'un rouge brun, excepté fur le dos où il eft noir. Entre la partie antérieure & noftérieure des pattes, on trouve Tome VI H 170 DÉCOUVERTES ■—'■■ deux membranes avec un peu de poil ^,iEUH.°"'iur la partie extérieure , & ce font Cliap. ai il. r . ces membranes qui leur tervent aai-A11.1S71. ieS4 II y a aufli une autre efpece qu'on appelle Singes volants: ils ont des dents & des griffes très-aiguës , & les yeux extrêmement vi s. lechaflcur. Dans quelques parties des Indes, on trouve un oifeau qu'on nomme le Chafïeur. Son eftomac eft noir, ainfi que tout fon corps, mais il a la queue tirant fur le gris. La tête efl: d'un jaune obfcur & fans plumes. Au-deffous du col, il porte un fac qui reflemble à celui de nos coqs "d'Inde : le bec eft remarquable par certains ronds ondoyés , qui font connoître l'âge de l'oifeau , parce qu'il en vient un nouveau chaque année, comme aux cornes de nos bccuts. A la naiflance du bec, on trouve une fubftance allez femblable à une corne. Ces oifeaux font efti-més & vendus très-cher, à caufe de leur rareté. Le DoJJcis. Dans fifle Maurice, eft un oifeau que les Habitants nomment Dronte, & les Hollandois Dodders : fa grofleur tient le milieu entre l'autruche & le coq d'Inde , & il a quelque ref» s Européens. 171 femblance avec ces animaux , paries .....■■■ plumes & par la queue. Il a la têtec, )^'xni*. très-grofle, (ernblable à celle du cou- . 0 ,-, An. 1-71* cou, mais toute couverte a une peau : fes yeux font grands tk noirs, fon col eft courbé tk très-gros II a le bec long , épais & d'un bleu pâle , excepté vers l'extrémité, où la partie fupérieure eft prefque noire , & la partie inférieure jaune ; mais l'une tk l'autre eft fort aiguë. Cet oifeau a le corps rond & épais , couvert de plumes grifes, femblables à celles des autruches. Le ventre tk les parties inférieures ont tant d epaifTeur, qu'elles touchent prefque la terre , ce qui donne beaucoup de facilité à le prendre. Il a des deux côtés, des plumes d'un bleu pâle qui lui tiennent lieu d'ailes, & cinq autres de la même couleur , lui fervent de queue. Il a les jambes courtes &épaiiïes avec quatre larges ferres. La chair, particulièrement celle de l'eftomac, eft grafle tk d'un goût agréable, tk trois ou quatre de ces oifeaux peuvent aifément nourrir cent perlonnes. On leur trouve quelquefois dans l'efto-mac, des pierres très-dures quoique poreufes. H ij 172 Découvertes ' Les Perroquets de Java font verds ch.'p'xni,'^ petits, à peu près de la grofleur d'un étourneau. lis ont le bec jaune, Aui67*- le col rouge , mêlé de verd, tk l'ex-Le raio, trémitédes ailesjaune. On en trouve ^uer' une grande quantité dans les bois, on les apprivoile aiférnent , & ils apprennent facilement à parler. Il y en a de différentes efpeces & de diverfes couleurs. Le Martinet. Les Martinets font à peu près de la grofleur de nos pies, de couleur noire, avec le bec jaune & une touffe de même couleur fur la tête. Le milieu de leurs ailes eft blanc , leurs pieds font jaunes , tk ils ont de grof-fes ferres crochues. Les Javans admirent cet Oifeau, qu'ils inftruifent à. f ïffler & à parler, ce qu'il fait aufli distinctement qu'un homme, mais avec quelque chofe de dur dans la voix. Ii y en a une efpece d'un peu plus petits, qu'on trouve dans toutes les Indes, où il mange le riz & les autres productions de la terre. Lacomcille. La Corneille des Indes efl d'un bleu pâle , tk fa figure tient allez de celle du héron tk de la cigogne. La tête & le col eft d'une couleur plus pbfcure, la queue efl; frifée tk le bec des Européens, 175' fort aigu. Cet oifeau fe plaît dans " 11 les lieux déferts, d'où il fait des ex-!Chap.x°w.' ctirfions jufqu'en Europe, fous la ^ conduite d'un chef qui eft quelque- * 1 7t* lois devant & quelquefois derrière. L'Oifeau rouge eft de la grofleur i/oifcaa d'un étourneau : il a le bec & les pat-r01lse* tes bleues, le dos & la queue rouge , & les ailes noires & blanches ; fa tête eft verte , & il porte à la queue deux grandes plumes , comme l'oileau de paradis. On trouve en diverfes parties des ta Chaqjwi Indes, des Chauve-fouris figrolles,foU115' qu'il y en a qui excédent la grofleur de nos chats. Dans rifle de Java, on en voit quelques-unes de l'efpece ordinaire , qui ne font pas plus grofles qu'un pigeon : elles vivent dans les bois, & les Javans les eftiment comme un mets délicieux. Elles entrent fouvent la nuit dans les chambres quand on eh lailfe les fenêtres ouvertes, & elles piquent jufqu'aufang ceux qu'elles y trouvent endormis. Le Gvira eft de deux efpeces ; Le Gwjr* mais en général, cet oifeau eft blanc, mêlé de quelques plumes brunes. La différence confifte en ce qu'une efpece aie ventre rouge, & que l'autre H iij '174 Découvertes —-a la queue bleue avec une plume SS! «ès-longue. Le Poero efl un Oifeau long &c An. 1671. mincej qUi a imit pouces de lon- IcPoero gueur, en y comprenant le bec & la queue: Son bec eft un peu crochu , & il a la queue femblable à celle du Gw ira : fes plumes tirent fur le bleu mêlé de jaune , & fes pieds font très-petits. Il fe nourrit particulièrement» de fourmis, le cor- Il y a à Java beaucoup de Cormo-»oiaa rans qU[ reffembient à nos oies, excepté qu'ils font plus gros. Au-def-fous du bec , ils ont un grand fac, qu'ils peuvent étendre de refïerrer à volonté, & c'eft où ils confervent le poifibn qu'ils ont dévoré. Leurs pieds reffemblent à ceux du cigne, & ils ont le bec crochu vers les extrémités. Ils font fi avides de leur proie, qu'ils fe jettent entre les pavillons des vaifTeaux pour la pour-fuivre avec tant de violence , qu'il eft facile de les prendre Us avalent les huîtres avec les écailles, & les confervent dans leur fac jufqu'à ce qu'elles s'ouvrent. Alors ils les rejettent pour en manger la chair. On en trouve beaucoup dans l'ifle de tö e s Européens, 175* Ding-ding, & leur bruit les fait bien- ■ ■ tôt découvrir. "g™"-. Les Canards font en très-grand nombre dans les Indes, ôcilsyref- AN I'71' iemblent aux nôtres par la figure & Le Canard, par le goût. Leur couleur en général , eft d'un jaune obfcur avec des becs & des pattes noires, de gros ventres , & des houpes fur la tête. Ces ventres pendants font une différence d'avec les nôtres qui les onc plus foutenus. Cet animal eft fi chaud qu'il eft diflicile de le faire tenir fur fes œufs; mais on les fait couver par des poules, ou on les faitéclore dans du fumier de cheval, 2e dans des fo urs. La chair de ces canards eft très-bonne, pourvu qu'ils ayent été bien nourris. Le Large-bec a pris fon nom de Le Large-cette partie qui eft fendue des deux ec' côtés jufqu'aux yeux. Il eft au plus de la grofleur d'un pigeon, d'un noir peu foncé , excepté les ailes , qui le font davantage ; mais les yeux & le bec font blancs. On eu vend une grande quantité dans les marchés de Batavia , & la chair en eft très-bonne. L'Oifeau nommé Strand, eft une Lestrand. II iv 'ï76* Découvertes efpece de becaffine , à peu près de *chap"\iii,'la grofleur de nos faifans. Il a des' plumes vertes mêlées de noir; on 16711 en vend aufli beaucoup à Batavia, & il a le goût à peu près femblabie à celui des becaflines. i.a Tourte- Les Tourterelles des Indes ne font Jdîe* pas fi greffes que les nôtres. Leur couleur tire fur le jaune, & eft mêlée de gris. Elles ont une plume noire à chaque aile, le deflbus de leur col eft'un peu brillant, & leur eftom'ac eft prefque rouge. On en prend une grande quantité dans les champs de riz ; en général, elles font grafles 8c de très-bon goût, l'oie. Les Oies des Indes font plus belles & plus grofîes que celles d'Europe , & elles relfemblent beaucoup à nos cignes ; elles ont le col exceliivement long, tirant furie jaune, & le bec noir. Sur le dos,' fur lés ailes & à la queue , elles qnt des plumes d'un gris foncé , mêlées de quelques-unes affez brillantes , & elles font toutes blanches fous le ventre. Elles n'ont pas le cri fi aigre que les nôtres; mais du refte, elles leur relfemblent parfaitement par la fi» gure & par le goût : leurs pieds font des Européens. 177 également rouges, &il y en a aulli- de domefliques&de fauvages. S^Sul En divers endroits des Indes, on trouve une grande quantité d'oi- Am,*7*< féaux de proie, tels que des Aigles, oifeau» de des Faucons, des Milans, & d'au-pr0ic" tres efpeces différentes , qui tous , caufent beaucoup de dégât, tant parmi les oiféaux fauvages, que parmi lesoifeaux privés. Ils ont tant de force qu'ils enlèvent quelquefois de jeunes cochons, ck les dévorent dans les boisoufur des rochers. On remarque fouvent un oifeau de proie qui fe foutient en l'air, fans qu'on lui voie faire aucun mouvement des ailes , & ua que les Chinois appellent Jin, lequel furnaffe en activité toutes les autres efpeces. Il eft verd fur le dos & blanc fous le ventre : il a les yeux rouges & perçants, le bec jaune & en crochet par le bout; les pieds de la même couleur, avec des {erres très-longues & très-fortes. Le Kobby on Colibri, efl le plus petit de tous les oifeaux, à peuples de la groffeur d'une moue he de cheval. Il a le bec très-aigu, & il s'en fert pour tirer f< nourriture des fleurs, malgré le fentlment dequei- II y 178 Découvertes •—- ques-uns qui prétendent que cet ani- chap.'ïïïi.'ITiü^ Vit de r°fée. Il a toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, & fes ailes font 16711 faites comme celles des pigeons & des canards. Il fait fon nid du côté du midi, fous des branches d'oranger, de limonier ou de cotonnier, pour le garantir des injures du vent de nord. Ses œufs ne iont pas plus - gros que des pois. Il y en a une efpece dont le chant eft très-mélodieux , mais les couleurs en font moins belles"; le poids de cet oifeau eft d environ vingt-quatre grains. î,e}Kokcy. Le Kokoy eft une efpece de Héron , mais beaucoup plus beau que Tes nôtres. Il eft jaune par devant et verd par derrière : porte fur la tête une plume d'une grande beauté , qui lui couvre tout le col : les jeunes font allez bons à manger, mais les vieux ont la chair coriace & le goût marécageux. On trouve dans les bois de Java , un nombre infini d'oifeaux qui ref-femblent à nos cailles , mais qui font aufli gros qu'un pigeon fauvage. Us ont le bec un peu plus long que la caille , de leur chant eft entièrement durèrent. lis craignent tellement le d*e s Européens. 170 froid , que s'ils demeurent fur la terre , ils font en danger d'y périr, aufîi fe cachent-ils dans les trous des arbres , couverts de leurs ailes, aufli-tôt que le foleil effc couché. Us en fortent au lever de cet aftre , & commencent à chanter avec de grandes marques de joie. CHAPITRE XI V. Suite de la Defcription des Oifeaux & des lnfeU.es de Batavia. LE s Cailles des Indes relfemblent à celles d'Europe, elles font bru- chap.xiv' nes fur le dos, & bleues fous le ventre. Leur bec eft jaune , & elles ont ' 7'' quatre ergots , trois devant & un La Caiüc-derrière : elles n'ont aucune forte de chant ni de cri, ce font tres-bonnes à manger. L'Oifeau de riz eft gros comme L'olfeaud* un de nos poulets ; mais il a les pat- tlz" tes un peu plus longues, des plumes brunes fur le corps , la tête rouge 6c de grands ergots. Il vit dans les champs de riz „ d'où il a tiré fon nom, iSo Découvertes & eft un manger délicieux quand or> chap.xiv. 'lefaitrotir. On trouve en plulieurs endroits An. 1671. jes jn(jes s ^es fajfans qUi ont des Le Faifan. queues longues & pointues. Quelques-uns font blancs fur l'eftomac éc autour des yeux. LcsPapiî- Ce pays elf rempli d'une multi- ic-ns. tude prodigieufe de Papillons de diverfes couleurs : ils ont de longues trompes qu'ils étendent, pour fucer le jus des fleurs-, ou qu'ils retirent à volonté. On en voit des couleurs les' plus variées, mêlés de bleu, de blanc & de rouge, avec tant de beauté dans les nuances , que la plume ne peut les décrire. Us lont ordinaire* •ment de la grandeur de la paume de la main, quand leurs ailes font étendues : quelques-uns les ont plus grandes que les autres, avec deux petites houppes lur la tére. Les Pigeons. Les Pigeons de bois des Indes font de la groffeur de nos Pigeons privés. Ils ont des taches brunes fur le dos , le ventre blanc , l'eftomac couleur de pourpre , & les pieds •rouges. On tes apprivoife aifement, &ils vivent alors dans les mailons, comme nos tourterelles ; ils font dès Européens. îît très-délicats à manger rôtis, parti- . ■ i n culierement ceux qu'on prend dans ^Van'xiv." les bois. Les Poulets des Indes, en gêné- An'l6iu ral, lont blancs, avec des crûtes rou- Les roula», ges fort éclatantes fur la tête, de Ion mes queues de la même couleur, & les pieds couverts de plumes. C'eft de Sium &c de Batavia, qu'ils fe four répandus dans toutes les Indes: la chair en eft très bonne, «5cils font de la çroifeuï d'un pigeon privé de taille ordinaire. On trouve aulli à Java, une efpece d'oifeau dont toutes les plumes lont tournées vers la tète, au heu de tendre vers la queue, & une autre forte, que les plumes couvrent entièrement. Aux environs de Batavia, & en Leiicioîm plulieurs autres endroits des Indes , on voit une grande quantité de Hérons dans les terreins bas. Ils font à peu près de la grofleur des nôtres, avec de longues plumes grifes & des ailes noires. lis fe tiennent ordinairement auprès des eaux à guetter leur proie, & ils font leurs nids fur les arbres. La chair en eft dure & le goût marécageux. Le Sauteur eft ainû nommé, parce Le sauteur. i$2 Découvertes qu'il voltige continuellement de ïhaU,xiv'brancne en branche. 11 eft de la même grofleur que notre merle , & An. iô/1- flifle comme cet oifeau. Il a la tête, les- ailes & la queue noire > mais l'el-tomac & le ventre font blancs. M. Nieuhoff en a vu à Batavia , avec une chaîne à la patte paramufement. Cet oifeau eft bon à manger bouilli avec du riz, & il s'apprivoife aifé-ment. Ses Bifcts. Les Bifets ont la figure &la grof» feur de nos pigeons, mais leur couleur eft beaucoup plus belle. Ils ont le col & l'eftomac verds , le refte du corps pourpre, la queue & les ai* les bleues ,avee les extrémités blanches. On les prend en grand nombre aux environs de Batavia , & ils font très-bons à manger rôtis. Les Chardonnerets font tris-jolis à voir par les belles couleurs de leurs plumes; du refte, ils ne font pas plus longs que les nôtres ou que nos linottes. Ils ont le bec d'un rouge pâle , la tète blanche, le dos bleu, les ailes de la même couleur ,1e ventre rouge .& la queue d'un bien foncé. On en prend une grande quantité aux environs de Batavia, & l'on en pes Européens. 183 met. fouvent en cage. Cet oifeau m , fe mange auffi avec du riz. ^ Tviv* r\ r r \ n Chap. M v. Un trouve trequemment a Uata- via de gros Scorpions d'environ neuf An-167 '•' pouces de longueur ; mais ceux de Les Sccpr. plus petite efpece font fi communs , pions, qu'à peine peut-on remuer un liège, un banc, un coffre, un miroir ou un tableau, fans courir lerifque d'en être piqué, à moins qu'on ne prenne les plus grands foins pour s'en garantir. Les petits font de la longueur du doi^t, compoiés de plulieurs ■jointures, &dela groffeur d'un tuyau de plume à écrire. Ils font jaunes, marquetés de tach:S brunes: ils ont par devant deux ferres avec de fortes pinces; leur queue eft longue 8c recourbée fur le dos, &: elle porte un aiguillon avec lequel ils empoifon-nent tout ce qu'ils piquent. Ils ont «fouit pattes longues , allez reffem-blantcs à celles de l'écrevifie. La piquure du Scorpion eft mortelle, fi on n'y apporte promptement remède ; cependant quelques personnes difent que ceux des I * des ne font pas fi venimeux que ceux d'Italie & d'Efpagne, Un Scorpion écrafé tout vivant ou étouffe dans fhuile, ap- 'io*4 Découvertes *flm..... piiqué fur Ia blelfure, en emporte çwxiv? tout *e yenin. On prétend que des tranches de radi, miles fur cet ani-71, mal, le font mourir en une minute. On dit aufli que le Scorpion eft quelquefois tellement tourmenté par les fourmis , qu'il fe tue lui-même en enfonçant fa queue dans fa tête, & qu'il devient alors la proie de ces infeéèes, ce qui paroît un conte fair a plailir. Le Mille- Le Mille pieds a environ cinq à ftx pouces de long: il eft de couleur rouge, de la grofleur du doigt d'un homme, & formé de plulieurs os & jointures. Il porte deux ferres ou pinces avec lesquelles il pique aulli dangereusement que le fcorpion , & cette piquure caufe une douleur in-fupportable. On la guérit en étouffant l'animal dans l'huile, comme le fcorpion : on le trouve ordinairement dans des trous, ou derrière des meubles. •«serpents. Les Indes Orientales & Occidentales , produ ent des Serpents de différentes tailles & de diverfes couleurs. On en. trouve entre autres, une efpece qui n'a ras plus d'un pied de long, & qai eft très-commun dans des Européens, iSy les campagnes, où il fe cache dans ■ ^ les herbes. D'autres ont de larges ^apVxi?.' écailles fur le dos, & les yeux li brillants, que lorfqu'il fait foleil, on Au'i6?u peut les voir de très-loin ; d'autres lont li marquetés, que la yue feule en fait frémir ; d'autres qui font plus petits que ceux des champs , demeurent dans les maifons, où ils vivent de mouches, de fourmis & d'autres infectes. Ils fe collent contre le mur, oucontre le plancher, de façon qu'ils paroilfent immobiles; mais aulfi-tôt qu'ils apperçoivent leur proie , ils fe jettent deflus avec la plus grande vivacité. La queue d'un Serpent fé-parée du corps, s'y rejoint ailément ; mais cette dernière efpece n'a rien de nuihble, & ils parlent fur le vi-fage d'une perfonne endormie, fans lui faire aucun mal. Dans les bois de Java, de même Le Lcgoae» que dans les marais & dans les étangs, on trouve une efpece de Serpent, ou plutôt de Crocodile, que les Indiens nomment Legoaen. Il reffemble parfaitement au Crocodile ordinaire, excepté qu'il n'a que cinq à fix pieds de long , au lieu que le vrai crocodile en a quinze ou-vint» t. 18 6" Découvertes1 11 Les Javans difent que ceux des mon* :!up!Viv.'taSnes font beaucoup plus gros. Ceux dont nous parlons, ont la peau ta. U71. pieine de nœuds verds-; mais la chair en eft blanche comme celle de nos lapins, & elle a un très-bon goût. Ils ont la tête longue, la gueule large , & une queue aulli longue qua tout le corps. Chaque patte porte quatre pieds armés de longues ierres très-fortes. Le Serpent On rencontre aufli dans les bois oiant. java ^ des Serpents volants, qui ont quatre jambes, une longue queue & la peau marquetée de plufiours taches Leurs ailes font femblables à celles de la chauve-fouris; on ne les voit que lorfqu'elles font en mouvement pour voler ; dans les autres temps, ils les tiennentjcollées contre leur corps. Ils volent avec vîtefle; mais ils ne peuvent le faire longtemps. Ils ont deux veflies placées des deux côtés de la gorge : ils les enflent exceflivement en volant, & elles leur fervent comme de voiles. Ils mangent des mouches & d'autres infectes : les Javans ne les regardent pas comme dangereux, mais ils les prennent à la main fans aucun ril- des Eurojéêss. 187 que, comme ceux des maifons. ■1 i 1 Les Grenouilles font à peu près de c£p!xxv* la même grofleur que les nôtres, d'un jaune obfcur, avec des taches An-l6'u brunes. On en vend tous Jes jours ^wGt* dans les marchés de batavia : les Chinois les trouvent délicieufes , mais ils n'en mangent que les parties extérieures. Il y en a d'une autre efpece à Java, qui font prefque aufli grofTes que des lapins, mais on ne les mange pas. Elles font un cri prefque femblable au mugillèment d'un bœuf. Les Feux volants font ainfi nom- Les Feug més , parce que dans la nuit, ils pa- volants, roiifent brillants comme des lumières: on les prend par le moyen du feu ou de la chandelle, &ils volent autour, jufqu'à ce qu'ils foient arrêtés. Ils ont à peu près un pouce de large & autant de longueur, & font quelquefois plus gros. Leur tête eft brune avec deux petites cornes, le col rouge, 6V ils ont de fortes ailes brunes , au-deffous defquelles il y en a deux plus minces qui les aident à voler. C'efr. fous ces ailes qu'on trouve la fubftance brillante, renfermée dans une vefïie noire du côté du dos, 188 Découvertes & ils la couvrent avec leurs ailes quand ils ne vo'ent pas. Dans la fai-fb ; pluvieufe, ils fe retirent en une Ap. i?ji. intlt£ pyodigieufe entre les arbres, & fe nourriflent principalement des fleurs : il y en a de diverfes efpeces. vo?ariChCVal ^C ^'ieva^ volant efl un infecte pernicieux, dont la piquure efl: terrible. 11 a environ deux pouces de largeur & autant de longueur. Il eft de couleur brune , avec une raie jaune fur le corps. Ils font leuis nids très-artiflement fur les toits, ou entre les foliveaux , comme les guêpes les font à l'extrémité des brandies d'arbres ; ils y dçpofent leurs cents de les y couvent. Ils vivent de fruits & rendent une très-mauvaife odeur quand on les tue. te Kakker- Le Kakkerlakken eft un nom cor- Jakkcn. rompu du mot Portugais Kakalak-kas, parce que fes œuts ont la couleur de le poli de la laque. L'animal eft de la'groffear d'une mouche de cheval, de couleurbrune , avec deux longues cornes fur la tête. Il court de vole avec beaucoup d'activité , & il eft très-pernicieux, en ce qu'il n'y a ni coffre, ni cailfe qu'il ne rone;e de «e perce,On en trouve aulli dansles des Européens, i Sp Vaifleaux qui viennent d'< urope , -quoique nouvellement conitruus , cha^xiv. particulièrement dans le temps qu'ils fi paflent ia ligne , & ils commencent >V- V' à patoître quand les poux meurent : mais au retour, aufli-tôt qu'Us ont re paffe la ligne &que les poux pa-roiffent de nouveau, cet infecte périt peu à peu. Il efl; très-pernicieux pour le papier, pour la toile & pour les étoffes de laine. Le Jakalet efl: un infecte très-nui- Le JaJalcc. fible, mais feulement dans les parties baffes des mailons, parce qu'il fe plaît dans les endroits humides. Aux environs de Batavia , on ta Saiuw> trouve une efpece de Sauterelle, rcIlc« de la longueur du doigt , & de la grofleur d'une plume à écrire, avec beaucoup de jointures. Elle marche fur fix pattes, & porte deux petites cornes. On voit aufli dans le même pays, d'autres Sauterelles de diverfes efpeces. Quelques-unes ont le ventre jaune, avec des ailes brunes & deux cornes fur la tête: elles fautent très-loin , & volent enfemble en grand nombre. Il y en a d'autres de même forme , mais vertes & d'un pouce de long. Eiles viennent quel- 'ipö Découverte.1; ■ ' '■ ' quefois en un nombre fiprodigieutf, fe^xiv' l'air eft obfcurci dans les endroits-' . , ' ou elles patient, & elles dévorent An.iêji. touc ce qU'eiies trouvent dans ceux où elles s'arrêtent , ce qui oblige fouvent les Habitants de changer de demeure, faute de fubhftance ; ce fléau eft commua à la Chine & dans l'ifle de .lajowak. Le Tireur Les Tireurs de veflîes font ainfi dcveific. nommés, parce qu'il s'élève des veflîes après leurs piquures. Il y en a de différentes efpeces, de couleur & de grofleur auffi variée; mais ordinairement , ils font longs & gros comme le doigt. Ils ont de grands yeux & fe plaifent dans les endroits marécageux. On en voit beaucoup à Batavia , dans les mois d'Octobre & de Novembre, le Frelon. On trouve à Java un Frelon qui porte fur la tête une efpece de ferre, avec laquelle il pince fi fortement, qu'ils ne lâche (a prifeque lorfqu'on lui a coupé la tête. 11 y en a de plulieurs fortes de diverfes groffeurs & de différentes figures. Quelques-uns ont cinq pouces de long & font d'un brun oblcur: ils ont les ailes doubles ; celle de deffus font très-fortes des Européens, tot & les autres déliées. Il n'y a que les dernières dont ils te fervent pour vo—JJJ"1^/ 1er, & celles de'deflus font feulement pourJa détente des autres, llsfenour- An-l67I< riflèntd'herbes tk des fru.ts decenains arbres , qu'ils favent bien choifîr. 11 y artant à Java, que dans toutes l-s fou* les indes, une prodigieufe quantité 11 • ' de fourmis , d'un nombre prefque infini d'efpeces ditlérentes. Quelques-unes font plus longues que le doigt, d'un rouge foncé cirant fur le noir, avec des ailes ou fans ailes. Elles font pernicieuics pour les fruits de la terre, & même dansles maifons, il faut apporter les plus grands foins pour s'en garantir. On remarque que ii une Fourmi, qui n'eft pss chargée, en rencontre une autre qui le foit, elle fe range pour lui faire place. Les Jardins des environs de Ba- oh* tavia font infeftés de Chenilles d'en-m les' viron cinq pouces de long, avec de grandes cornes brunes. La tête & tout le corps tire fur le jaune; mais elles ont des ailes tirant lur le verd, avec des taches jaunes. Elles vivent d'herbes & de feuilles, comme les fauterelles. Le Noueux eft un infecte qui tire Le Nouent, fon nom du grand nombre de nœuds Découvertes m-dont il eft tonné. Son corps eft d'un K!EUH°*î»verd pâle, ainfi que fes pieds, il a Cfaap, aIV. r » t. r deux pattes de devant couvertes a a-An. 1671. ne forte écaiile, comme les écrevif-fcs : paroît ctre une efpece de lau-terelle, 8c vit d'herbages & de verdure; mais il ne peut ni voler, ni même courir tort vite. Il y en a une autre efpece dont la tete 8s le col font monftrueux , & qui ont le corps fort épais , avec deux pointes fur la partie poftérieure, femblablcs à des cornes. Les jambes de devant font renfermées dans des écailles très-dures, 8c ont une figure défagréa-bleà voir. Cet inlecte porte deux ailes , mais il ne peut prefque voler, à caufe de la pefanteur de fon corps, les Arak. U y a dans les Indes, plulieurs gné«. fortes d'Araignées , de ditlérentes grofleurs. Quelques-unes ont jufqu'à quatre pouces de long avec de très-grotfes pattes : d'autres en ont huit avec un gros corps marqueté, la tete Tonde & les yeux bruns; elles ont deux dents qui pendent comme des crochets , 8c avec lcfquelles elles mordent très-vivement. Notre Auteur a vu des cure-dents qu'on en avoit formés, CHAPITRE r> e s Européens. 1P3 CHAPITRE XV. Conclufion de ia Defcription des Arii~ maux de Java. Quadrupèdes. E Lynx efl: un animal très- L féroce, delà grofleur d'un chien chap™"* de forte taille , &c fa fi ^ure participe de celles du chien & du chat. Il eft An- ,67r*i de couleur brune, marqueté de rou- Le Lynx, ge, avec des raies noires. Il a la queue très-courre & les oreilles fort noires : il eft carnacier & très-actif à fuivre fa proie. L'Animal que les Chinois nom-LrSui.0(yro; ment Sukotyro , eft d'une figure très-vilaine. Il eft aulli gros qu'un bœuf de la plus grande taille, a un groin comme un cochon , deux grands yeux féroces, & la queue grofle & touffue. Ses yeux font placés au-deflus de la tete, au contraire des autres betes. A côté des yeux, il a deux longues cornes ou plutôt des dents, qui ne font pas tout-à-fait fi groffes que celles de l'éléphant. Il vit d'herbes & on n'en prend que très-rarement. Tomen. I ip4 Découvertes 1 Au Cap de Bonne-Efpérance » ciiao.hxv.>ma,s particulièrement dans fille de Madagafcar, on voit une efpece de An. i«7i- Bœufs qui ont de grofiès bolies fut Bœufs de je coj & fur ies épaules. Ce font des pelottcs de graille que les Habitants Fondent, pour s'en fervir au lieu de beurre ; mais ils n'ont pas autant de graifïe autour des rognons que les nôtres^ Les Vaches de cetce efpece, portent affez fouvent deux ou trois veaux à la fois. Renards de Lè Renard de Macaffara pris fon Macaiiar. nom de l'ifle où l'on en trouve un plus grand nombre. Il a une queue touffue & extrêmement longue, qu'il porte toujours droite, les pieds plats, de longues griffes & de courtes oreilles. singes de Dans rifle de Java, on voit diffe-java. rentes fortes de Singes, qu'on distingue par des noms particuliers. Il y en a de très-petits , d'autres de moyenne taille, & quelques-uns aufîi gros qu'un enfant de huit ans. Notre Auteur en a vu de cette dernière efpece à Batavia. Dans plufîeurs parties des Indes , où les Habitants croyent que c'eft un crime de tuer quelque créature vivante, ils fe mui- des Européens, lp? tiplient exceilivement, tk font très- ■ doux. La plus grande partie fe nour- cbzv!iy%' rillent de fruits, tk vivent dans les bois. Il y en a de verds avec une An' l*7U longue barbe , & des fourcils épais, comme ceux d'un vieillard. Ceux que les Indiens nomment Cicatiks , ont de longues queues velues , ce qui les fait mettre par quelques-uns, dans la claffe des renards. Les Sara-gofes ont aufli de longues queues qu'ils portent toujours droites, les Têtes de mort ont reçu ce nom des Hollandois, à caufe de leurs vifages pâles. Le Suri a la grofleur tk la forme d'un écureuil, avec le corps jaune , des oreilles courtes tk rondes, de grands yeux & une grande queue tourtue qui lui couvre tout le corps: il peut fauter à une grande diftance d'arbre en arbre); & le guide fi bien avec fa queue , qu'on croiroitle voir voler. Il y a u.-e efpece de Singe qui ne fait aucur. mal ; il n'eft pas plus gros qu'un rat , & a une longue queue, qu'il porte toujours droite; fon poil eft verd , doux & laineux ; il tire fur le gris vers les yeux tk eft prefque blanc aux pieds : cet animal a les oreilles courtes, la bouche i$6 Découvertes ■ pointue, le nez brun , de les pieds ^""xvVcomme Ie aur^s Singes ; mais cette efpece eft très-rare. Les Sagoins An. i67.. çQm aufii de la grofleur d'un rat de très-agiles. Leur vifage, leur tete de leurs oreilles font noirs ; le refte du. corps eft couleur de châtaigne, excepté quelques poils d'un jaune ob£\ cur qu'on voit lur leur dos. Us ont de longues queues , vivent de fruits, de font très divertiffants, LeMangtur Le Mangeur de fourmis eft ainfi defoiumis.., nornrné j parce qu'il fait particulièrement fa nourriture de cet infeéfe. Il y en a de trois fortes ; la première efpece eft de la grofleur d'un jeune cochon ; la féconde eft un peu plus petite, & la troifieme eft aftez fem-blable à un chat, mais avec le corps plus alongé. En général, cet animal eft de la couleur du renard avec une longue gueule pointue, de petites oreilles , de la tête comme celle d'un cochon. cerfs des On trouve beaucoup de Cerfs ou Indes. de. Daims dans les forêts des Indes. On les y apprivoife aiférr.ent, de ils vont alors paître avec les autres troupeaux. Fn général ils font rouges, marquetés de blanc, & à peu près ' t) Ê s Européens. 107 de la même grofleur que les nôtres. Ils ont de grandes oreilles, de Ion- :\L')') gues jambes déliées, & font tous blancs fous le ventre. Le bois du n*'"t*-mâle elf tortillé vers la tête, de couleur brune & très-fort vers les extrémités. Leur chair eft de très-bon goùr. On faifoit un grand commerce de la peau de ces animaux à l'ifle de Tayawan , pendant que les Hollandois en étoient les maîtres. On en p ren oit tous les ans plulieurs milliers, uniquement pour la ;peau , qu'on vendoit aux Japonois, & on ne gardoit ordinairement aucune partie de l'animal, excepté la langue , qui eft eftimée comme un mets délicieux. Aux environs de Batavia , & dans Le ïorc. les bois de Java, il y a une grande^?ic« quantité de Hériflbns , ou Porc-épies. Ils ont le grognement des cochons , & lont couverts de plulieurs tuyaux ou pointes, d'où ils tirent leur nom. 11 y en a de différentes grofleurs; quelques-uns font de la taille d'un gros chien, mais un peu plus longs & avec des jambes plus courtes. En général, ils font bruns, portent une touffe gfïfe fur la tête; lai. TpS DÉCOUVERTES ■ ont la gueule femblable à celle d'un ;: - :i,:\f/' lièvre , avec deux grandes dents à la mâchoire lupeneure , ce autant a ia Mi. 1671. mâchoire inférieure , comme le cheval : les deux pieds de devant relfemblent à ceux du cerf, & ceux de derrière font comme* les pattes de l'ours : les pointes ou piquants , font fort aigus, d'un pied de longueur , tk marquetés de noir & de blanc. Quand l'animal eft en repos, ces piquants font collés contre fon corps ; mais quand il eft irrité, il les jette par un mouvement de contraction avec tant de force, qu'ils peuvent tuer un homme ou une bete. Il y a quelques années, qu'on trouva un lion mort au Cap de Bonne-Efpérance, avec une pointe de Porc-épic enfoncée dans fon corps , & qui l'avoir certainement tué. Pendant l'hiver , ils fe retirent dans des trous où ils demeurent fans manger & fans boire. Leur nourriture ordinaire eft des herbes ou des racines, & leurs-piquants tombent, comme le poil à d'autres animaux. On trouve dans l'eftornach de quelques-uns, une pierre qu'on regarde comme très-bonne dansles fièvres peftilentieUest des Européens. 199 à caufe de fa vertu fudorifique. Il en — * eft de même de la pierre qu'on trou-\ch^xv!' ve dans la velîie biliaire , ou dans la veflîe du fiel des fangliers fauvages, An'l6?s-qui eft eftimée comme le remède le plus fouverain dans la maladie que les Javans nomment Morderi , & qu'ils redoutent autant que les Européens craignent la pefte , parce que ceux qui en font attaqués meurent ordinairement en peu d'heures. Il y a plulieurs efpeces de Cochons Codions dans les Indes , les uns ont du poil^cs &les autres n'en ont point: on regarde dans le pays, la chair de Cochon , comme étant plus faine & meilleure que celle du boeuf ou du mouton ; & même les Chinois en ordonnent l'ufage aux malades. Les Sangliers fauvages fe nourriffent des fruits & des racines qu'ils peuvent rencontrer, & Monfïeur Nieuhoff en vit un grand nombre qui traver-foient la rivière à la nage pour chercher leur nourriture dans l'ifle de Din-ding près de Malaca, Dans la velue du fiel des Sangliers des Indes, ou trouve une pierre po-reufe, que les Portugais nomment Piedra da puerco, c'eft-à-dire pierre liv 200 Découvertes ———de Cochon. Elle eft fudorifique tk efficace pour les maladies malignes. On la met infufer dans le vin pen-'■Aa' l6,i' dant douze heures , & on donne cette infufion aux malades ; quelquefois on leur fait prendre dans du vin, vingt-cinq grains de la pierre mile en poudre. Les femmes enceintes l'évitent avec foin , crainte qu'il ne leur en arrive quelque accident , tk les Malayennes croyent que les évacuations ordinaires à leur fexe, font rap-pellées en tenant feulement une de ces pieres dans la main. -Moutons Les Moutons de Java font à peu Je Java, pr£s ja même grolTeur que les nc-tres ; il y en a de blancs, d'autres pie, marquetés de blanc £cde rouge, avec des jambes courtes & très-peu de laine ; quelques-uns même n'en ont point du tout. Leur chair n'eft pas li bonne que celle de nos Moutons d'Europe, &, comme je l'ai déjà dit, on lui préfère celle du cochon. Ces Moutons ont quelquefois des efpeces de poches au-defîous de la gorge; d'autres ont les-oreilles fi longues, qu'on peut les lier aifément enfernble par-defîous leur tête. Quelques-uns ont des queues qui des Europee ws. 2ù t pefent vingt, trente & quarante li- —;- vres, &qui ne font que des malles^ha^xv!' de graille qu'on fait bien bouillir m pour les pouvoir manger. On en an-l67<> voit qui ont un poil uni comme nos chèvres, d'autres portent une laine frifée comme ceux d'Europe, & on en tire le lait comme aux vaches. Les Chèvres de ce pays ne font Les chèvres, pas li grofles que les moutons, & leur chair n'eft pas d'aufli bon goût. Ce- Ïendant il y a quelques endroits des ndes où le Chevreau eft une nourriture excellente. Il y en a de blanches , d'autres pies, & toutes en général, ont le poil fort long. On en trouve avec des oreilles très-longues & des cornes droites fur la tête. Quelques-unes portent à la fois jufqu'à trois ou quatre petits. On fait des fromages de leur lait. Les Buffles font plus gros & plus Les Buffles, forts que nos bœufs ordinaires. Ils n'ont point de poil, leur chair eft de très-bon goût, mais avec moins de jus que celle du boeuf & plus difficile à digérer, ce qui la rend particulièrement d'ufage pour les Ëiclaves & pour les autres gens qui s'occupent de travaux fatigants. Ils ont les cor- Iv 202 Découvertes - nes couchées fur la tête 'y on en voit chapTxv.'beaucoup de noires, & quand elles font polies , on s'en fert à divers ufa-Aa. u71, ges< qq empî0ye ]es Buffles appri- voifés , aux moulins à fucre , à la charrue & au tirage. On les mené par une chaîne qu'on leur attache aux narines. Le lait de la femelle efl regardé comme très-fain. Ceux de ces animaux qui vivent dans les to-lêts, font très-fauvages, & il eft fort difficile de les prendre. On trouve en beaucoup d'endroits des Indes , des bœufs & des vaches dont la chair eft très-bonne, ainfi que le lait & le beurre. Il y en a de rouges, de blancs , de pies & d'autres couleurs. Quelques-uns ont les cornes droites fur le front, d'autres les ont courbées comme celles de nos bœufs d'Europe , & l'on en voit dont les oreilles pendent très-bas. Il y a des Provinces où les bœufs font beaucoup meilleurs qu'en d'autres. En général, on en mange la viande fraîche, parce qu'il eft très-rare d'avoir de bon fel dans ce climat chaud, & qu'on ne peut le conferver plus de trois ou quatre jours. On amené de Surate à Batavia » une efpece de Des Européens. 203 bceufs qui ne font gueres plus gros qu'un chien de forte taille; ils font très-féroces , cependant on en met à j 1 . T An. 167 l. de petits chariots, pour promener les enfants , tk quelquefois pour voi-turer certaines marchandifes. On trouve à Java, des Chevaux Cfewar* de plufîôurs efpeces tk de diverfes1 e Java' couleurs , de blancs, de bais, tk d'autres qui font blancs &gris. Les chevaux de ce pays ne font pas fort hauts , mais ils iont gros & bien taillés , comme ceux de Norwege tk de Weftphalie , très-forts tk courageux. Ils n'ont pas l'adreffe de ceux de Perfe , qu'on tranfporte de Surate à Batavia , tk qui furpalfent tous les autres en légèreté, en courage & en beauté. Les Indiens combattent prefque toujours à pied, &confer-vent leurs chevaux pour le tirage & pour les voyages. Nous bornerons ici ce que nous avions à dire fur l'ifle de Java tk fur la ville de Batavia. Nous allons terminer ce qui concerne M. Nieuhoff>; par le récit de fort troifïeme & dernier voyage aux Indes Orientales^ 20^ Découvertes CHAPITRE XVI. Dernier voyage de Monsieur Nicuhcjf aux Indes Orientales : Sa mort. M Onstetjr Jean Nieuhoff s'em-chEUxvi " barqtöft bord d'un vaifleau de la Compagnie Hollandoife des Indes An. if72. Orientales, nommé la Flèche , pafla Retour de à la vue des côtes de France, le 18 Décembre, 1671 , & jetta l'ancre dans la baie de la Table , le 8 d'Avril 1672. Il y trouva dix-fept va if-féaux , dont treize avoient été chargés aux Indes Orientales pour la Hollande , & qui remirent à la voile le 24. La Flèche avoit à bord une grande chaloupe ou barque, qu'on avoit démembrée avant de partir d'Amfterdam, & dont on raffembla alors les pièces , pour paifer plus commodément en fuivant le rivage de Sofala, de Mozambique & de l'ifle de Majotte. Une partie des hommes d'équipage s'embarqua fur cette chaloupe > qui alla de çonferve avec la Flèche. des Européens. 205 Ils pourfuivirent enfèmble leur voyage vers l'ifle de Madagàfcar, qu'ils découvrirent le 20. Ils fuivirent la côte , qui eft élevée tk plaine de rochers , & ayant jette la fonde à une lieue de diftance du rivage , près d'une longue pointe de terre, ils y trouvèrent vingt brafles d'eau. Ils étoient alors à vingt-quatre degrés de latitude, & Je vent de terre les obligeant quelquefois de ranger la côre , d'autrefois de s'éloigner en mer ; ils jetterent enfin l'ancre à trente brafles, après avoir remarqué qu'à trois lieues de terre, ils ne trouvoient point de fonds. La chaloupe nommée l'Arc, fuivit la Flèche, mais elle fe rangea plus près de terre. Le 22 , ils découvrirent une petite Ifle à une demi lieue de terre, & la Flèche jy jetta l'ancre , à dix-fept brafles. Us dépendirent pour pécher, & ramenèrent avec eux deux canots des Habitants , chargés de cocos & de limons d'eau. L'Arc prit le devant, & jetta l'ancre dans la baie de Saint Auguftin, près une petite Ifle. La Flèche le fuivit, & trouva à l'embouchure de la rivière '2LÓ6 Dé couvertes j ......deux pointes blanches de terre , qui ^hap"xvL avançaient de beaucoup dans la mer. Les Habitants apportèrent quel-An. 1*7». ques fruits à bord, & Meilleurs Hugo 5c Nieuhoff dépendirent le jour fuivant pour elfayer de commercer avec eux, mais on ne put faire que quelques échanges d'efclaves. Monfieur Nieuhoff pécha du poiifon en grande abondance à l'embouchure de la rivière, îl arrive à Le 2 de Juillet, l'Arc entra dans l'ifle deMa-ja riviere pour être radoubée, parce joue. , ., r. îi qu elle avoit reçu quelque dommage. Les hommes avoient deffein de prendre des tortues, mais ils ne purent réuflir à en avoir aucune. Vers midi, le Capitaine des Madagafcariens fe rendit à bord , pour échanger des efclaves. Le 7, l'Arc où étoit M. Nieuhoff, & la Flèche fe féparerent, le premier s'étant écarté de quelques lieues vers le nord,, mais ils fe retrouvèrent à l'ifle de Majotte , qu'ils rencontrèrent peu de temps après. Le 1 ; d'Août, ils entrèrent dans une rivière, près des ifles de Makandarie & de Mae;alagie , où ils rencontrèrent une barque qui leur fournit quelques poulets , & par des Européens. 207 laquelle ils apprirent qu'ils- trouve- 1 roient des proviiions en abondance e{£p.Hxvi/ en taifant route plus au nord. Le 24. , Monfieur Nieuhoff remonta An* lö7i' dans l'Arc la rivière de Magalagie, où il vit plulieurs vaifleaux Maures & un navire Anglois avec des Enclaves à bord , chargé aux Barbabes, Le 3 r , il defcendit à rerre avec plulieurs marchandifes , dans le def-fein de trafiquer, mais il ne put conclure aucun marché, parce que les Naturels mettoient leurs Efclaves à un trop haut prix, & paroifloient faire peu d'eftime de fes denrées. Deux jours après, il fit fes efforts pour leur vendre quelques clous de girofle, que leur Roi avoit paru dé-' hrer d'acheter : mais ce Prince avoit changé de fentimeut , & les Habitants , par méchanceté, remuèrent l'eau des endroits où les Hollandois alloient en pui fer de fraîche , afin de la rendre bourbeufe, & pour qu'ils n'en pûjfent faire aucun ufage. Notre Auteur quitta cet endroit & jetta l'ancre dans la partie occidentale de la Baie, où il acheta vingt-deux Efclaves, des moutons, des vaches & d'autres proviiions* Il fe muait 2o8 Découvertes ———aufli de beaucoup d'eau fraîche chaj.xvi.étant réfolu d'avancer trente ou quarante lieues plus au nord. Il An. i67z. partjt ^e cet ancraTe, le 22 de Septembre Se fe trouva le 29 , à la hauteur de Conquiro , où il y a cinq Ifles à treize degrés, treize minutes de latitude. On voit de très-loin en mer, celle de ces Mes qui eft au milieu des autres. H defeend £)es Pécheurs firent connoître à RtaSïï^Monfieui Nieuhoff le lieu.de la résidence de leur Roi, 8c il defeendit à terre dans la baie d'Antigoa , que quelques-uns nomment baie du Meurtrier , avec quelques marchan-difes pour trafiquer. Il ne revint point à bord Se l'on juge qu'il fut la victime de la cruauté des Naturels du pays. L'Arc qui l'avoit conduit à terre, l'attendit trois jours fur la côte , fans pouvoir rien découvrir ni fur fa perfonne , ni fur ceux qui l'a-voient accompagné. Après cette perte , qui fut généralement pleurée de tous ceux qui étoient attachés aux intérêts de la Compagnie des Indes Orientales , l'Arc & la Flèche firent voile pour le Cap de Bonne-Efpérance, & les pes Européens 209 gens, dans la traverfée, furent ré- - ^ ■ duits à la plus fâçheufe extrémité. cJ,ap.H|vL On fut obligé de les fixer pour leur v 11 # 1 • An. i6 7îv nourriture a une cuillerée de riz pour chaque homme en vingt-quatre heures. Us furent reçus affez froidement à leur arrivée au Cap, Ôc le Commandant de l'Arc fut congédié pour n erre pas demeuré plus longtemps à attendre Monfïeur Nieuhorr, Le méme«bâtiment fut renvoyé pour faire de pus exactes recherches ; mais les gens fe mutinèrent, déplacèrent leur Commandant , vendirent le vaiffeau aux François à Mozambique, ik déferterent de côté & d'autre. Sur la requête de Monfïeur Henri on fait des Nieuhoff, frère de notre Auteur, ?cch"ches les Directeurs de la Chambre d'Amf- être inftruit terdam, envoyèrent un vaiffeau uni- dc fon lüIt-quement pour faire des recherches à l'endroit où cet infortuné Gentilhomme avoit débarqué. Le Capitaine revint au Cap , après une abfence de cinq mois dix - huit jours, avec une charge de deux cents-cinquante Efclaves, qu'il avoit achetés en cet endroit. Il rapporta à la Compagnie, qu'il avoit eu une con- 2îo Découvertes —' férence avec le Roi, que ce Prince l'avoir. affuré qu'il ignoroit abfolu-" ment le fort de Monfieur Nieuhoff, 7*' & qu'il n'avoit même pas eu de con-noiiîance que ce Gentilhomme eut mis pied à terre dans fes Etats; ce qui fit juger qu'il avoit été maiTucré aa'Ji-tôt après fon débarquement. Monfieur Nieuhoff méritoit certainement un fort plus heureux : comme particulier , il tenoit la conduite la plus réguliere & la plus honorable: comme Officier de la Compagnie des Indes, il fit toujours pa-roître une attention & une intégrité qui le rendirent cher à tous ceux qui le connurent. des Européens.. 21 i' VOYAGE Du Capitaine AbelTasman, pour la découverte des Payj baignés par la Mer du Sud. CHAPITRE I. Projets des Hollandois pour faire des découvertes : Tafman met d la voile de Batavia : Variations de Paiguille aimantée : Il découvre la terre de Vaihdiemen : lly plante un poteau ç> un Pavillon : Il découvre la nouvelle Zélande : Trois de fes gens [ont tués dans la Haie desM-'-^triers: Il découvre l'ifle dc< trois Rois: Sentiment du Dotieur Halley furies variations de l'aiguille. A Compagnie Hollandoîfe des T K \ M A Indes Orientales , jugeant qu'il chap. i. étoit néceflaire d'acquérir des cou- An. i6+i. L 2X2 Découvertes —.....* noiflances plus étendues fur les pays T chap\r' déjà découverts dans l'océan méridional, & d'avoir un détail plus cir-An. i& tlons & ^es habitants; donna ordre pour tauc au Général & au Confeil de Batavia, dei décoa- d'envoyer un habile marin fur ces cót:s, pour en fane une exacte defcription, tk en même-temps pour étendre les découvertes déjà faites dans cette partie du monde. Conformément à cet ordre , on équipa à Batavia trois vaiffèaux , dont le commandement fut donné au Capitaine Tafman .Gentilhomme très-inftruit dans cette partie qui connoifloit très-bien tout ce qu'on avoit découvert précédemment. Il eft vraifemblable que la Compagnie n'avoit pas intention que ce voyage fût publié, & il s'ePc parlé un temps allez confidérable fans qu'il ait été donné au public: enfin Dirk Kem-brants a fait paroître en bas Hollandois, un extrait du Journal de ce Capitaine, dont nous allons donner la traduction , bien convaincus qu~un voyage aufli curieux tk aufli intéref-fant , fera également agréable aux autres Nations, C'eft Tafman lui- des Européens. 215 même , qui fait ainfi fa narration. ■ Le 14 d'Août 1642 , je mis à la 1 ' voile de Batavia , avec deux vaiffèaux , nommes le Heem-Sknk &le An-, ^01S ^a P^US kefte abêtie qui foit au monde: c'eft un arbre fort élevé, B»*«f*. très-droit, de moyenne grolfeur , couvert d'une écorce verte fort épaif-fe , & le bois en eft du plus beau noir & aulli ferré que l'ivoire. I! y a dans la même 10e d'autres arbres, dont la couleur eft d'un rouge éclatant \ Se une troifieme efpece aufli jaune que de la cire. Les vaifleaux de la Compagnie des Indes Orientales, touchent ordinairement à cette Ifle pour fe rafraîchir en palfant à Batavia. Je partis de flfle Maurice le 8 d'Octobre, Se je continuai mon cours au fud , jufqu à la latitude de 40 degrés 41 minutes, avec un vent de nord-oueft très-frais, trouvant que l'aiguille du compas de mer varioit depuis 23 jufqu'à degrés. Du 22 au 29 du même mois", je fis voile à l'eft, décl inant un peu vers le fud, jufqu'à ce que je fuffe arrivé à 45* degrés 47 minutes de latitude méridionale , & à la longitude de 85? degrés 44. minutes : j'obfervai alors que la déclinaifon de l'aiguille étoit de 2$ degrés 4y minutes vers l'oueft. des Européens. 21 y Le 6 de Novembre, je me trouvai ■" à la latitude de 49 degrés 4 minutes T c^p.** * & à la longitude de 114 degrés y6 minutes, la variation étant alors de An' '6,z' 2(5 degrés, toujours à l'oueft. L'air variation* étoit très-charge de brouillards, avec de* l'aiauiiic des bouffées de vent très-fortes & des aimalltçe' coups de mer violents , venant du fud-oueft & du fud , ce qui me fit juger qu'il n'y avoit aucune terre entre ces deux pointes. Le 1 y de Novembre, étant à 44 degrés 33 minutes de latitude & à 140 degrés 32 minutes de longitude, je trouvai la déclinaifon de 18 degrés 30 minutes: mais cette variation diminua tous les jours, & le 25*, à la longitude de iy8 degrés, j'obfervai que cette variation n étoit plus que de 4 degrés. Le 22 , l'aiguille fut dans une agitation continuelle , fans fe fixer à aucun des huit points, ce qui me fit conjecturer que nous étions près de quelque mine d'aiman. Le 24, étant à la latitude [de 42 ildecoiwe degrés 2 c minutes, & à 162 deçrés ,a "if." dc • j , ■ j --i,0 Van-Dicmcn yo minutes de longitude , je découvris la terre à dix milles de diftance eft-fud-eft, & je la nommai terre de yan-Diemen, Le compas de mer y 316* Découvertes portoit directement, mais comme le 'ASM U , • v • • i • Chap.i. 'temps etoit tres-mauvais, je dirigeai mon cours fud quart à l'eft, en lui- An. yanr ia COre jufqu'à la hauteur de 44 degi és , ou je remarquai qu'elle cou-roir à l'eft tk enfuite au nord-eft quart au nord. Je jettai l'ancre le 1 de Décembre , dans une baie que je nommai baie de Frédéric Henri, à la latitude de43 degrés iominutes, & à la longitude de 167 degrés 7 y minutes. J'entendis, ou au moins je crus entendre le bruit de plulieurs hommes fur le rivage , cependant je n'y découvris perfonne. Tout ce que je remarquai digne d'attention, fut deux arbres, dont l'un avoit deux brafles, tk l'autre deux brafles tk demie de tour , tk environ foixante ou foixante tk cinq pieds de hauteur jufqu'aux branches: On avoit coupé avec une pierre, des elpeces de degrés dans l'écorce , pour monter jufqu'aux nids des oifeaux. Ces degrés étoient à cinq pieds les uns des autres, ce qui nous fit juger, ou que ces peuples étoient d'un taille exceflivement haute , ou qu'ils avoient quelque moyen qui nous Ctoit inconnu , pour grimper aux arbres; des Européens. 2ïJ arbres : ceg coupures étoient li frai"-ches à l'un des arbres , que nous pen-TcJap.AL ' fâmes qu'il n'y avoit pas plus de quatre jours qu'elles étoient faites. An.i«4>-Le bruit que nous avions entendu 11 ï Plan;e n- i i • r j i u'1 poteau «. redembloit au ton de quelques trom- un pavillon, pettes , & ne paroilfoit pas être fort éloigné : cependant nous n'apperçû-mes aucune créature vivante. Je vis fur le fable des traces de bêtes fauvages, qui me parurent être de tigre, ou de quelque autre animal femblable; je ramaffai de la gomme de plulieurs arbres, ainfi que de la laque, & jobfervai que le montant & le décroifïement de la marée , étoit d'environ trois pieds. Les arbres dans ce pays , ne font pas fort ferrés ni embarraffés de buiffons & de hall iers. Je remarquai de la fumée en plulieurs endroits; mais nous nous bornâmes à élever un poteau , fur lequel chacun de nous écrivit fon nom, ou fit fa marque, & nous y plantâmes un pavillon. Pendant que nous y demeurâmes , l'aiguille varia de 3 degrés à l'eft. Le y de Décembre, étant, fuivant mes obfervations, à la latitude de 41 deçrés 3 4 minutes, & à la longitude de 169 degrés , je Tome VL K 2 ! S Découvertes — ■— levai l'ancre de la terre de Van-* o ' Diemen , tk je réfolus de taire cours à. l'eft, jufqu'à la longitude de 15? 5* An. io+i. degrés^ dans l'efpérance de découvrir les ifles de Salomon, n découvre Le 7 , je me trouvai à 42 degrés iiliSïç? 37 minutes de latitude, & à 176 degrés 25) minutes de longitude, avec t degrés de déelinaifow à l'eft. Le 12 du même mois, je tus frappé de grands coups de mer venant du fud-oueft , & je penfai qu'il n'y avoit point de terre de ce côté. Le 13 , à la latitude de 42 degrés 10 minutes, & à la longitude de 188 degrés 28 minutes, je trouvai la variation de 7 degrés 30 minutes à l'eft. Je découvris alors un pays couvert de montagnes très-élevées, qui eft prélentement marqué dans les cartes , fous le nom de nouvelle Zélande. Je fuivis la côte, faifant cours nord nord-eft jufqu'au 1S, que je jettai l'ancre dans une belle Baie, à 40 degrés minutes de latitude, tk à 15? 1 degrés 41 minutes de longitude, avec 9 degrés dévaluation, toujours à l'eft. Nous trouvâmes en cet endroit un grand nombre d'Habitants, dont le corps étoit très-gros, 8da voix fort des Européens, 210 rude. Us ne voulurent pas appro- 111 \ cher du vaiffeau plus près que d'un T JJ^f* jet de pierre : nous les entendîmes jouer d'une efpece de trompette, & An'I£H*' nous y répondîmes avec les inftru-ments de nos vaiffeaux. La couleur de ces peuples étoit d'un jaune brun ; • ils avoient les cheveux longs, tk prel-que aufli épais que ceux des Japo-nois : ils les ralfcmbloient en un toupet fur le fommet de la tète , tk y attachoient une plume ou quelque autre ornement plus gros dans le milieu, de même queles Japonoisattachent les leurs au derrière de la tête. Le milieu de leurs corps étoit couvert, les uns avec une natte, d'autres avec un morceau d'étoffe de plaine ; mais au-deiïus tk au-deffous, ils étoient entièrement nuds. Le 19 , ces Sauvages commence- Trois rent à devenir plus hardis & plus £ familiers ; enfin , ils fe hafarderent à la baie des venir à bord du Heemskirk, pour Meumierj. faire des échanges avec les gens du vaifïeau. Aufïi-tôt que je m'en ap-perçus , je craignis qu'ils n'eullent deffein de furprendre ce navire, & j'envoyai ma chaloupe avec fept hommes, pour recommande* à le- £20 Découvertes __— quipage de fe tenir fur fes gardes, t a * « *N > & «pour dire à mes gens de n'avoir " aucune confiance en ce peuple. Mes An.i*4l- fept hommes étoient fans armes , ils furent attaqués par les Sauvages qui en tuèrent trois , & les autres furent . obligés de fe jetter à la nage pour fauver leurs vies ; ce qui me fit donner à cet endroit, le nom de baie (des Meurtriers. Nous en aurions pris une févere vengeance , fi le mauvais temps ne les eût mis à couvert de notre colère. De cette Baie, nous fîmes voile à l'eft, étant prefque par tout environnés de la terre : ce pays nous parut riche , fertile & très-bien fitué ; jnais comme le temps étoit toujours très-dérangé, & que nous avions un fort ventd'oueft, nous eûmes beau* coup de peine à nous tirer d'entre toutes ces terres. Le 24, le vent ne nous permets tant pas de continuer à.faire cours au nord , d'autant plus que nous n'étions pas affurés d'y trouver un paf-fage, Se que le flotvenoitdu fud-eft, nous jugeâmes que le plus sur étoit de retourner dans la baie, Se de chercher quelque autre voie pour en for- t> e s Européens. 22r tir ; mais le 26 , le vent étant devenu —— plus tavorable , nous continuâmes notre cours au nord, tournant un peualoueit. Le 4 de Janvier 1693 , étant à la 11 dé latitude de 34 degrés 35 minutes ,^'-'ic>Uüii & à la longitude de 191 degrés 9 minutes, nous fîmes voile' vers tuJ Cap fitué au nord-oueft, où nous trouvâmes que les coups de mer venoient de nord-elf., d'où nous jugeâmes que nous avions enfin trouvé le paiiagÈ, ce qui nous caufa beaucoup de joie. Nous vîmes dans ce détroit une Ifle, que nous nommâu mes rifle des trois Rois , & nous en doublâmes le Cap, dans l'intendon d'y prendre quelque rafra îchiû cm u if: mais à mefure que nous en approchâmes , nous découvrîmes, far une1 montagne, trente ou quarante hommes , qui nous parurent dö tort-' grande tailie, autant que nous en pûmes juger à une telle diftance.. Chacun d'eux portoit une efpece de-maflue, & ils nous appelierent avec une voix très-forte & très-dure, fans que nous paillions rien diftin-guer de ce qu'ils nous difoient mous obieivâmcs que ces gens marchoient & ni 222 Découvertes "■ fort vite, 6V ils nous parurent faire chip.'iSl(ic très-grands pas. Nous finies le tour de cette terre , où nous ne vi-An.i64j. mcsqUe trespeu d'habitants, & ne remarquâmes aucun endroit quinous parut cultivé; mais nous y trouvâmes une rivière d'eau fraîche. Nous rélolûmes alors de taire voile à l'eft: jufqu'à 220 degrés de longitude ; en fui te nous virâmes au nord jufqu'à 17 degrés de latitude, après quoi nous tournâmes à 1 oueft. Nous arrivâmes aux ifles des Cocks & de H orn , découvertes par Schouten, où nous avions deifein de nous rafraîchir, fi nous le pouvions faire avec facilité, parce que nous n'avions rien trouvé dans la terre de Van-Diemen , où nous étions def-cendus , 6V que nous n'avions pas abordé à la nouvelle Zélande, sermtrent Le 8 de Janvier, à 3 o degrés BÀi?Y°A?Jr&î minutes de latitude, & 192 Km.uiaüoDidegrés 20 minutes de longitude, «lu raiguiiic.nous trouvâmes 9 degrés de décli-naifon à l'eft; & comme les coups de mer venoient de fud-oueft , je conjecturai que nous ne devions pas ef-pérer de trouver de terre de ce coté. Xe 12, étant à 30 degrés y minutes des Européens. 223 de latitude , & à 1 0 r degrés 27 mi--k~~T , , . , S } 3 • ' a T a s m a m , nutes de longitude; nous remarqua- Cu..p.i. nies que la variation étoit de g de- rf >v grés 30 minutes à "l'eft, & que les ' 1 coups de mer venoient du iud-eft &c du fud-oueft. Il paroic évidemment par ces observations, que le fenti-ment du Docteur lïalley, qui penfe que le mouvement de l'aiguille n'eft point gouverné par les pôles du monde, mais par d'autres pôles qui circulent au tour, eft un fentiment très-probable. Autrement, il paroît difficile d'expliquer comment l'aiguille peut avoir eu, ainli que l'alTure notre Auteur, une variation de près de 27 degrés à l'oueft , étant à la latitude de 45- degrés 47 minutes :. après quoi elle alla toujours en diminuant, jufqu'à ce qu'elle n'en eut aucune ; prit fa variation à l'eft, quand il fut à la hauteur de 42 degrés 37 minutes, & continua toujours depuis à varier de plus en plus à l'eft , jusqu'au temps dont nous parlons. Kiv 224 Découvertes CHAPITRE IL Tafman découvre lyijle de pylfaart, fans pouvoir y aborder : il donne le nom d' Atrfierdam & de Rotcrdam â deux nouvelles Ifies : il dejecrid d Vifie d?Amficrdam : II trouve les ijles du Prince Guillaume: li arrive à ï'ifle d Avthovi Java : Il arrive d la nouvdle Guinee: Il reconr.olt Plfle brûlante : Un de fes hommes tfi bleffé : Il arrive d Vifle de S chou-ten : Il retourne d Batavia. LE ïQ de Janvier , (continue notre Voyageur), étant à la la-' ""titude de 22 degrés 3 y minutes , ik An. i«43. ja iong[tucie de 204 degrés 1 5 mi-Tafmin -t nutes, nous trouvâmes que ITaigiUi le couvre i'.fîe \, t- \." j i , 1 •' \ dcpylftaait, declmoit de 7 degrés 30 minutes a ^aborde'0" *'e^' ^ous vmies a^ors unc ^Q y a or .r. pOUVoit avoir deux ou trois milles de tour, & autant que nous en pù.« mes juger, elle nous parut élevée , efearpée tk ftérile. Nous délirions beaucoup d'en approcher ; mais nous ne pûmes y réulïir à caufe des vents de fud-eft & de fud-fud-oueft^ de? Européens. 22? qui nous en empêchèrent. Je nom- -mai cette Ifle Pylftaart, parce ^^'p-iL?' nous vîmes autour, un grand nombre des oifeaux de ce nom..Le len- An'lé+s* demain, nous découvrîmes encore deux autres Ifles. Le 21 , étant à 21 degrés 20 mh> il donne lé-nutes de latitude, & à 20 7 degrés!]0111 dAiu". ' . , * ° dam dû 20 minutes de longitude, nous trour Rotcrdam,* vâmes la variation de 7.degrés audc"x "oa" nord-elr. Nous joignîmes la cote delà plus feptentrionale d'une des deux • Ifles , qui étoit la moins haute mais la plus grande; nous donnâmes à l'une, le nom d'Amiferdam , & à l'autre , celui de Roterdam, Sur cette dernière , nous trouvâmes une grande quantité de cochons», «Toi--féaux , de diverfes fortes de fruits 8c d'autres rafraîchiffements. Les Infu»-laires. nous parurent n'avoir aucua: ufage des armes, au moins nousn'ea vîmes d'aucune efpece entre leurs mains , & ils- nous traitèrent avec amitié pendant que nous fûmes dans» leur Ifle ; nous remarquâmes feule>-ments qu'ils étoient un peu enclins-au vol. Les^courants ne font pas con~-iidérables en cet en r-it, où le reflux.- porte, nord-efl 8c le flux fudy 3M- 226 Découvertes ■ - Queft : pais aux marées de l'équino-ciup jju'®6 ^a printemps, la mer monte au moins à fept ou huit pieds. Le vent An. id**, foufjjç continuellement dans ce parage du fud eft ou de fud fud-eft, ce qui mit le Heemskirk hors de route, mais il ne lui en arriva aucun dommage. Nous ne finies point d'eau en cet endroit, parce qu'il étoit très-difficile delà conduire au vaiffeau. tidefccnù* Le 2 y , nous arrivâmes à la lati-rifle d'Ainf. tude de 20 degrés 1 y minutes , Se à tîtJam. ja longitude de 206 degrés 19 minutes, la déclinaifon étant de 6 degrés 20 minutes à l'eft ; & après avoir eu la vue de plulieurs autres Ifles, nous arrivâmes à celle d'Amfter-dam , dont les Infulaires relfemblent beaucoup à ceux qui habitent fille de Roterdam. Les Naturels font de même très-doux, font part volontiers de leurs productions, ne paroif-fent avoir aucun ufage des armes, &c font fort adonnés au vol. Nous y fîmes de l'eau & nous y prîmes des rafraîchiffements avec la plus grande facilité. Nous parcourûmes tout le tour de l'ifle , où nous trouvâmes un grand nombre de cocotiers plantés affez régulièrement, Nous vîmes des Européens. 227" aufli beaucoup de jardins bien entre* '• tenus, & abondamment poarvus de CiJp. 11. toutes fortes d'arbres fruitiers, pian-tés en droite ligne, & tenus dans un An* 1 très-bon ordre fort agréable à la vue. Après avoir quitté f ifle d'Amf-terdam , nous en rencontrâmes plulieurs autres ; mais nous ne changeâmes rien à la réfolution que nous avions prife, .de faire voile au nord jufqu'au dix feptieme degré de latitude , & détourner enfuite à l'oueft,, fans nous approcher de l'ifle des Traîtres, ni de celle de Hornd; & pendant tout ce temps , nous eûmes un bon vent frais-de fud-eft, oud'eft fud-eft. Le 6 de Février, à 17 degrés n trouver 15? minutes de latitude , & à 201 'es ifl" degrés 3 <: minutes de longitude , faùme, nous nous trouvâmes embarraffes entre dix • neuf ou vingt petites ifles, dont chacune étoit environnée de fables, de bas fonds & de rochers.-Elles font connues d.ms les cartes , par le nom d'ifles du Prince Guillaume , ou de bas tonds du ïTeem-Skirk. Le 8, nous nous trouvâmes, à la latitude de 1 r degrés 2(j minutes, & à 1j longitude de 199 degrés 31 minutes. La pluie tomboit en. 228 Découvertes ' abondance , & nous avions un venî f-n^'dî nord-eft , ou de nord-nord-eft tres-tort, avec un temps-trcs-oolcuc & très-froid. Nous craignîmes d'être plus à .l'oueft que nous ne l'efti-mions par notre Journal, & de tomber au (ud de la nouvelle Guinée , ou d'être jettes fur quelque côte inconnue, dans un temps fî fort & fi rempli de brouillards, ce qui nouî détermina à courir au nord , ou au nord-ncrd-oueft, jufqu'à ce que nous fullions arrivés à la latitude de 4, y, ou 6 degrés fud, afin de porter en-fuite à l'oueft , pour la côte de ht nouvelle Guinée ; ce que nous pot> vions alors faire avec le. moins de danger. Le 14 de Février , nous arrivâmes à la'latitude de '6 degrés 30 minutes, &à la longitude de 193 degrés. 3 5- minutes ; nous avions eu juf-ques alors beaucoup de pluie, & un très-mauvais temps; mais ce jour, e vent étant tombé , nous nous abouchâmes avec le Zee-Han ,. notre con-fo r, & nous eûmes la 'atisfaction de trouver nos Journaux d'accord. Le 201 étant à la latitude de 1 3 degrés 45 minutes0 & à la longitude de. 1.0 jj des Euro-pLen s. degrés 35; minutes, le temps tut—■-«• trcs-obicur & chargé de nuages ,t£^Vjl' avec beaucoup de pluies , d'épais brouillards, & une^mer très-rude, An* r64J* le vent changeant'continuellement. Le 26 , à la latitude de 9 degrés 48 minutes-, & à la longitude de 195 degrés 43 minutes , nous eûmes un vent de nord-oueft, &c durant vingt & un jours, il ne s'en paffà pas un ieul, fans qu'il y eût plus ou moins de pluie. Le 2 de Mars, à la latitude de 9 degrés 1 r minutes, & à la longitude de 192 degrés 46 minutes; nous trouvâmes la déclinaifon de l'aiguille de 10 degrés à l'oueft, &il y eut dps variations continuelles dans le temps & dans le vent. Le 8 de Mars, nous nous trouvâmes à 7 de--grés 46 minutes de latitude , & à 1 po degrés 17 minutes de longitude, avec le vent toujours variable. . Le 14, étantà la latitude de 1 o n arrive aux degrés 12 minutes-, & à la longitude jjj"^ de 18-5 degrés 14 minutes , nous trouvâmes que l'aiguille déclinoit de 8 degrés 4y minutes à l'eft. Nous*, pafïâmes quelques jours fans pouvoir faire.aucune obfervation , parce que lê.xemps. fut toujours chargé ôcpUï*;- 2^0 Découvertes "■ vieux. Le 10 de Mars , à la latitude- xhap.îr ' ^e S degrés 1 % minutes , & à la longitude de 1S1 degrés 16 minutes, A'i. 16+}. |e tempS étant'devenu très-beau, nous trouvâmes que la variation étoit dep degrés à l'eft. Le 22 , à la latitude de y degrés 1 y minutes , 6c à la longitude de 178 degrés 32 minutes , nous eûmes un très-beau temps avec le vent alizé, 6c le même jour, nous apperçûmes la terre, environ quatre milles à l'oueft.- Nous trouvâmes que c etoit un amas d'If-les, qui font marquées dans les cartes , fous le nom d'Anthoni Java, à quatre-vingt dix milles ou environ, de la cote de la nouvelle Guinée; mais il faut obferver ici que la partie nommée en cet endroit, nouvelle Guinée , par le Capitaine Tafman , eft réellement la côte de la nouvelle Bretagne, que le Capitaine a reconnue depuis pour une ifle, féparée de la nouvelle Guinée. Le 2.c, continue Tafman , étant à la latitude de 4 degrés 35- minutes, 6c à la longitude de 175- dégrés 10 minutes , nous trouvâmes que l'aiguille déclinoit de 9 degrés 5-0 minutes à l'eft; nous étions alors. à la des Européens. 231 hauteur des- ifles de Mark, décou--► vertes par Schouten & le Maire : el- * les font au nombre de quatorze ou quinze, habitées par des Sauvages, An»l643' portant des cheveux noirs , attachés & arrangés comme ceux des Habitants de la baie des Meurtriers ,. dans la nouvelle Zélande. Le 29 , nous paffâmes les Ifles vertes , & le 30, celle de Saint Jean, auflî découvertes par Schouten & le Maire. Le i d'Avril, à la latitude de 4 u awîVe 1 degrés 2 o minutes, & à la longitude la nouvelle , ° °i ■ ° Guinee. de i 7 i degrés 2 minutes, nous trouvâmes que -l'aiguille varioit de 8 degrés 45* minutes à l'eft. Nous étions à la vue de la côte de la nouvelle Guinée ; nous fîmes nos efforts pour doubler le Cap, nommé par les Efpagnols, Cabo Santa Maria , & nous continuâmes à fuivre la côte qui court au nord-oueft. Nous paf-fâmes enfuite les ifles d'Antoine Caens, l'ifle de Gardener & celle de Fisher, avançant vers le promontoire nommé Struis Hoek, où la côte court au fud & au fud-eft. Nous ré-folûmes de fuivre le même cours , èz do continuer à faire voile au fud , jufqu'à ce que nous trouvalllons 232 Découvertes quelque terre, ou un paiîage de ce* ' côté. Le 12 d'Avril, à la latitude de 3 An. i«4,. degrés 45- minutes , & à la longitude de 167 degrés, nous vîmes que la Variation étoit de 10 degrés vers l'eft. Cette même nuit, une partie de l'équipage fut éveillée par un tremblement de terre. Je courus aufli-tôt fur le pont , croyant que le vailïeau avoit touché ; mais après avoir jette la fonde, nous ne trouvâmes point de fonds. Nous eûmes en fuite-' plulieurs. autres fecoufles»;. mais aucune ne fut li forte que la première. Nous avions alors doublé le Struis-Hcek, & nous étions dans la baie de Bonne-Efpérance. Le 14, à la latitude de y degrés 27 minutes, & à la longitude de 166 degrés y7 minutes , nous obfervâmes la variation à 9 degrés 1 f minutes eft j nous voyions alors la terre au. nord-eft, à l'eft nord-eft, & au fud-fud-oueft, ce qui nous fit croire qu'il y avoit un paffage entre ces deux points. Nous fûmes bien-tôt détrompés, & nous reconnûmes que la côte étoit continue -, ce qui nous obligea de doubler le Cap à l'oueft, des Européens. 23? & de continuer à côtoyer le rivage ; ■ mais notre cours fut fouvent inter- rcVp *£V rompu par des calmes. JLve 20, nous arrivâmes a la latitude de 5- degrés 4 minutes, tk à la noîJ r'^Jê Longitude de 1 64 degrés 2n minutes, biûiantc. où nous trouvâmes que l'aiguille dé-clinoit de 8 degrés 30 minutes à l'eft; nous approchâmes la nuit fui-vante de l'ifle Brandande, où Ifle brûlante, dont parle Schouten, & nous vîmes une grande flâme qui fortoit, comme il le dit, du fomme-t d'une haute montagne. Lorfque nous fûmes entre cette Ifle tk le conri-nent, nous vîmes un grand nombre de feux fur le rivage,.& à-moitié chemin cîe la montagne , ce qui nous-fît ju^er que l'ifle étoit très-peuplée. Nous fûmes retenus fur cette côte1 par le calme, & nous y vîmes fouvent" de petits arbres , des bamboucs tk des arbrilfeaux, que les rivières en-traînoient dans la mer ; d'où nous-conclûmes que cette partie étoit bien arrofée, tk que le terroir y-étoit bon. Le lendemain nous parlâmes la montagne brûlante & nous continuâmes, notre cours au nord-ouefl en fnivant la côte». 234 Découvertes -- Le 27 , à la latitude de 2 degrés cLv.il 10 mi''ures > & à la longitude de 14,6 degrés 77 minutes, nous cru-An. i«43 mes voir l'ifle de Moa , mais c'étoit TTn de le celle de Jama , qui eft un peu plus hummes efl > p ,1 at s j bulle. a 1 elt* ^')US y trouvâmes une grande quantité de noix de cocos, & d'autres rarraïchiflements. Les Habitants font absolument noirs ,*& répètent aifément les mots qu'ils entendent prononcer par d'autres, ce qui fait juger que leur langue doit être abondante. Cependant la prononciation en eft très-dirficile , parce qu'ils tont un ufage très-fréquent de la lettre R , qui fe trouve fouvent jufqu'à deux ou trois lois dans un même mot. Le jour fuivant, nous jettâmes l'ancre fur la côte de S'ifle de Moa,, où nous trouvâmes aufli des rafrai-ehilïements en abondance , de où Je mauvais temps nous obligea de demeurer qufqu'au 6 de Mai. Nous y achetâmes par échange, lix mille eocos , & cent facs de pyfangs ou figues d'Inde. Lorfque nous commençâmes à commercer avec ce peuple , un de nos Matelots fut bielle d'une flèche tirée par un des Infulai-res, foit par méchanceté, foit par des Européens. 235* inadvertance. Nous voulûmes faire —--* approcher notre vaiffeau plus près n'. du rivage, ce qui les épouvanta tellement, qu'ils nous amenèrent vo- An,l)'v' lontairementà bord, celui qui avoit tiré la flèche, &le L'aidèrent à notre merci. Après cet accident, nous les trouvâmes à tous égards , beaucoup plus traitables qu'auparavant. Nos Mariniers arrachèrent les liens de fer de nos vieilles banques à mettre de feau, y ajufterent des manches de bois, leur Aient un côté tranchant , & vendirent ces prétendus couteaux aux Infulaires , pour de leurs fruits. Il efl: vraifemblable que ces In-fu'aircs n'avoient pas encore oublié ce oui leur étoit arrivé avec des gens de notre Nation , le 16 de Juillet 1616, du temps de Guillaume Schouten. S'étant mal conduits envers les Hollandois , Jacques le Maire fit avancer fon vaifTeau près du rivage, & tira une bordée au travers des bois. Les boulets s'étant répandus entre les arbres , cauferent une telle frayeur aux Nègres , qu'ils prirent aufli-tôt la fuite dans l'intérieur du pays, & n'oferent plus fe Tasman Chap. II. 236" Découvertes- montrer jufqu'à ce qu'ils euflent Fai< une pleine Eatisfacüon du p'allc, Si donné des otages pour la sûreté des An. 16+3. £ur0péens à l'avenir, après quoi le commerce fut rétabli, Se (e fit padi- blement à la fatisfaction réciproque des deux Nations* 11 arrive Le î 2 de Mai, à la latitude de 1 l'ifle de minutes, & à la longitude de 1 73 Schouten. , 3 . 0 A / J degrés 17 minutes, nous trouvâmes que l'aiguil e déclinoit de 6 degrés 30 minutes vers l'eft* nous fu vîmes la côte feptentrionale de l'ifle de Guillaume Schouten, qui a diX-huit à dix-neuf milles de longueur , Se eft bien peuplée de gens très-vifs Si très- actifs*, Le 1 S , nous arrivâmes à la latitude de 26 minutes, & à la longitude de 147 degrés y 7 minute», où nous obfervâmes que la variation étoit de y degrés 30 minutes à l'eft; nous étions alors à l'extrémité la plus occidentale de la nouvelle Guinée , qui fe termine par une pointe détachée du promontoire , quoiqu'elle ne foit pas ainli marquée, même dans les dernières cartes. Nous y éprouvâmes des calmes, des temps variables, des vents contraires, §î des Européens. 237 nous y eûmes des pluies abondantes. ■ < » Nous fîmes enfuite voile pour Ce-ram , ayant le Cap au nord, &nous arrivâmes fans aucun accident à cet'.e An'16431 Ifle. Ce fut alors que le Capitaine Tafman ayant parcouru tout le pays * qu'il avoit été chargé de découvrir, ne s'occupa plus que de retourner à Batavia, po r* y rendre compte des découvertes qu'il avok faites. Le 27 de Mai, continue ce Capi- H rerourne taine, nous parlâmes les détroits dea Batav'a-Boura ou Bouton, & nous continuâmes notre cours jufqu'à Batavia, où nous arrivâmes le 1 y de Juin , à la latitude méridionale de 6 degrés 1 2 minutes, & à la longitude de 1 27 degrés 18 minutes. Ce voyage fut terminé en dix mois, & telle fut la fin d'une expédition qu'on a regardée depuis , comme ayant donné les connoiflances les plus claires -& les plus exactes, pour la découverte des terres auftrales inconnues. La Compagnie Hollandoife des Indes Orientales , a jugé que ces découvertes étoient de la plus grande importance ; & afin qu'elles ne fuffent pas perdues pour la poftérité, elle a 238 Découvertes _ fait tracer & graver la carte de cette Chap.11. ' partie du monde J fur le pavé de la l'allé d'afîemblée à Amfterdam. An. 1É4J, des Européens. 239 Ç 4"^ "4 H* "t1 Hit"î*|*:'^ "4 H1 '4 "^rt"^ DESCRIPTION Des Côres de Malabar & de C o r. o m a n'd e l > par Monfieur B A l d m u s. CHAPITRE I. De l'Inde : Différentes divifions de ce Pays en Royaumes &en Provinces ; . Méthode qu'on a (uiviepour en donner 'la Defcription : Du Royaume de Cambaye : Du produit, du commerce &des Habuants de ce Royaume : Defcription de la ville , des ri* chfjes y du commerce cr de la force d? Amadabad : De la ville & des richejfes de Surate : Du pouvoir & de la magnificence du Gouvemeur\de cette Place : De la ville de Brochia : Caractère général des Habitants du Royaume de Cambaye ; Dejcription 240 Découvertes des bâtiments G' des fortifications de la jameufe ville de Mocka : Du Manfouri & des Caravanes : De la ville d'Agra , réfidcnte du grand Mogol : Hijloire remarquable , où Von voit la cruauté & Vinj'olence de la NobleJJe de ce pays. cote de L E Técit que nous allons faire des ioroman * J_j côtes de Malabar & de Coro-DtL- mandei, eft tiré des écrits de Phi-Chap" L lippe Baldaeus , Miniftre Luthérien , ïeJettedct qui ï a demeuré pluheurs années , tiption. & qui fut enfuite établi à Ceylan. Il eft généralement eftimé pour la grande exactitude & pour la fincérité qu'on trouve dans fes relations ; pour avoir apporté la plus fcrupu-leufe attention à fe bien a durer des faits, & pour avoir évité ave: fon de rapporter ces hiftoires fabuieufes, qu'on trouve li fréquemment dans les écrits des autres Voyageurs. Il a vu par lui-même la plus grande partie des objets dont il nous parle; & iorfque, pour ne pas laifter de vuide dans les defcriptions, il a été obligé de recourir à d'autres, il a foigneu-fement confulté les actes & les mémoires des Européens. 2^r toolres les plus authentiques. Il étoit —-' très-capable de bien traiter les évé- ^aba" * nements militaires qu'on trouve ré- cfaap,l. pandus dans fes Ouvrages , ayant été préfent, en qualité de Minière , à beaucoup de lièges , de batailles & d'expéditions, qu'il a décrites avec la plus grande exactitude aidé des fecours d'un lavant Bramine., qui vivoit avec lui dans une même mai-fon , il a eu de fréquentes occafions d'être bien inftruit des coutumes, des mœurs & des cérémonies reli-gieufes des Indiens ; & par le moyen du même Bramine, il a été admis à voir pluheurs fois l'intérieur des Pagodes & des Temples payens j faveur donc n'a joui prefque aucun autre Voyageur: enfin, tout le monde convient que Baldxus eft un Ecrivain exempt de toute partialité. L'Inde, proprement dite, étoit Dîvîiïoa'de anciennement divifée en Inde au-11 Ci delà du Gange, &: Inde en-deçà du Gange , dont la plus grande partie eft actuellement connue fous le nom d'Indouftan. On croit que c'eft le . pays d'Hevila , dont il eft parlé dans les Saintes Ecritures. L'Inde eft compofé d'un grand Tome Vl% L 242 Découvertes ■» >■ nombre de Royaumes & de Provin-malces, entre lefquels on remarque par-Chaj.i 1 ticulierement lTndo.uftan , ou les états duMogol, le Dékan , ou pays de Vifapour, le Malabar, le Coro-mandel, le Crika, le Bengale, Pegu, Siam , Cambaye , les Ifles Maldives, les Ifles de Ceylan, de Sumatra, de Bornéo, de Banda & d'Amboine, les Ifles Molucques & un grand nombre d'autres. Notre deffein n'eft pas de parler en particulier de tous ces pays , mais uniquement des parties de l'Inde que notre Auteur a eu occafion de bien connoître. Nous allons commencer par Cambaye ou Guzurate , qui eft la partie principale d'une Province délicicieufe , dont le 'nom eft fouvent attribué \ toute cette Province. DuRoyau- Cambaye du côté de l'oueft, for-ni^dccam-me une peninfule fur le Golphe de l'Inde, & au fud, il eft borné par le Royaume de Dékan. C'eft une des Provinces les plus fertiles de l'Inde, & elle fournit aux pays voifïns , différentes fortes de proviiions, comme du beurre, de l'huile, du bled, du riz, des pois & beaucoup d'autres denrées. Elle eft fameule en ce des Européens. 243 qu'elle produit la meilleure toile de , 1 coton, & èn ce qu'on y trouve beau- j^ÜaJ, coup de diamants , d'améthyftes , de Chap. l» cornalines & d'autres pierres pré-cieufes. Les Naturels ep général, ont la conception vive , font habiles dans le commerce, affez bons iol-dats , & ont une grande ardeur pour apprendre. Ils font en partie payens, en partie mahométants, & il n'y a peut-être aucune autre Province de linde* où le commerce foit dans un état plus brillant. Ce pays eft aétuel-lement aifujetti au Grand Mogol ; mais il étoit autrefois gouverné par des Rois de la Nation, dont les revenus étoient très-confidérables, & qui pouvoient mettre de nombreu-fes armées en campagne. On affûte qu'il contient environ trente Villes remarquables , dont les principales font Amadabad, Cambaye & Diu. La ville de Cambaye, non-feule- Delà ville ment donne le nom au Golfe, au dc ^mbaye. fond duquel elle eft fituée, mais encore à toute la Province. Elle eft à 22 degrés 30 minutes de latitude feptentrionale, & on la nomme le Caire des Indes, àcaufe de la beauté du port, & parce que c'eft une 244 Découvertes «-place d'un très-grand commerce. ^^J1 Elle eft très bien bâtie, & fortifiée par une triple muraille, avec douze grandes portes, outre celles qui iont à l'extrémité de chaque rue, 6c qu on ferme tous les foirs à une heure réglée , pour prévenir les défordres. Au dehors des portes, on trouve quatre beaux étangs &c plulieurs magnifiques jardins pour l'ufage des Habitants. Ils font payens pour la plus grande partie , & font un commerce conlidérabîe de belles étofies, avec Diu , Goa, Achen , Mocka & la Perfe : il y a dans la Ville trois grands marchés, uniquement defti-nés à cet ufage. Defcrlntion Amadabad fi tuée à huit lieues de d'Amadabad.Cambaye, eft non-feulementla principale Ville de la divifion nommée Guzara-te, mais même de tout le Royaume de Cambaye. Elle eft bâtie fur le fleuve Indus , précisément fous le Tropique du Cancer: la Ville eft grande 6c très-peuplée , les rues font larges & les bâtiments, tant publics que particuliers , annoncent la plus grande magnificence. On y trouve la plus belle Mofquée de toutes les Indes, qui étoit autrefois un des Européens. 24$* Temple des Payens : elle eft ornée —-*» d'ouvrages en mofaïque & en agate m*Îj£m f de diverfes couleurs, qu'on trouve chap.l. en quantité dans les montagnes voi-fines. Il y a auiîî deux ou trois Hôpitaux bien fondés pour recevoir les linges vieux ou infirmes, parce que cet animal eft en grande vénération parmi les Banianes qui habitent Amadabad; tk comme cette Ville étoit anciennement la demeure des Rois Payens, on y voit encore pluheurs de leurs tombeaux , qui méritent l'attention des curieux. Les principales marchandifes dont commerce on trafique dans cette place, font^6""0" des ceintures, des turbans, des damas, des tapifTeries, des fatins, des étoffes de foie, du fucre, de l'opium , du borax, de la gomme lacque , du gingembre, du fel ammoniac & de l'indigo , qu'on y nomme anil. On y fait aufli commerce de mufc tk d'ambre gris ; mais ces dernières mar-ch.'iidifes y font apportées de Pegu tk de Bengale. Amadabad eft le lieu de la réfidence d'un Gouverneur trcs-riche, qui prend le titre de Raj a ou Prince. 11 a fous fes ordres une garniion bien difciplinée, pour tenii L iij 246* Découvertes • - en refpect les Badurcs , Nation voi- ^J^^Mine, compofée de Coureurs indé-chap. 1. ' pendants du Mogol , dont ils ravagent les Etats, quand ils en trouvent l'occalion favorable. Amadabad a ibus fa jurifdiction , vingt-cinq Villes confidérables & un grand nombre de Village?. Il eft litué dans une plaine qui préfente le plus beau payfage ; eft arrofé parle fleuve Inclus, & fournit au Mogol, dans les occafions importantes , cinquante éléphants & douze mille chevaux. Tfcfcriptiori Surate, limée fur le Golphe de Cambaye , eft une ville très-bien bâtie, habitée par des Marchands Anglois, François & Américains, qui y demeurent, parce que c'eft dans cette Place qu'on apporte les diamants que le Roi de Golconde eft obligé de payer au Mogol par forme de tribut. C'eft aufli l'entrepôt des perles qu'on trouve au cap Comorin & en différentes parties du Golfe Perfique : du mufe , qu'on y apporte de la Chine ; de l'ambre gris., qui fe . trouve en abondance au cap de Bonne - Efpérance ; de la civette, qu'on tire d'un animal de même nom; de différentes fortes de dro- des Européens, 247 gues, qui viennent de l'Arabie, & j d'autres endroits; de toutes fortes ^J.*^* d'épiceries des Indes, comme muf* chap.i< cades des Molucques, clous de giro* fie de Macafïàr, canelle deCeylan & poivre de Malabar : enfin des étoffes [des Indes de toute efpece ; des toiles & des cotons. Le Gouverneur ne fort jamais fans une fuite nombreufe de gens de pied & de cheval, magnifiquement équippés; & il eft porté dans une litière , ou monté fur un éléphant. Le Gouvernement eft amovible, & il eft rare qu'on le laifle plus de quatre ou cinq ans entre les mains d'un même fujet. Les droits que retire le Mogol des marchandifes d'importation ou d'exportation, font très-confidérables , parce qu'on en prend le dixième , foit en argent, foit en nature, à la volonté du Marchand. On trouve à Surate, des gens de toutes Religion, chacun ayant la liberté d'y vivre fuivant les principes qu'il a adoptés : mais ce font les Mahométants qui forment le corps le plus nombreux. Il y a une fectu de Payens d'un caraétere fi humain f ou fi fuperftitieux, qu'ils regardent L iv 248 Découvertes ■ "■" comme un crime d'ôter la Vie au cif£ DEplus vil infecte. Leurs Prêtres qui malabak ,1 , 1 1 Chap. i. vont nuas, le corps couvert de Doue & avec de longs cheveux qui tombent fouvent plus bas que la ceinture , ont une fi grande crainte de manquer à ce que prefcrit leur religion, qu'ils portent à la main un grand éventail de plumes pour écarter la poufliere devant eux à mefure qu'ils avancent , crainte d'écrafer quelque ver en marchant. Les habitants de Surate, ornent leurs maifons jufqu'à l'extravagance, 6c il n'eft pas rare d'y voir des planchers de porcelaine. Us mettent peu de verre à leurs fenêtres , tk fe fervent à la place, d'écaillés de crocodiles, de nacre de perle tk d'écaillé de tortue, dont les dilléremes couleurs, éclairées par le foleil, forment une agréable variété d'ombre & de lumière. Les Receveurs des droits, tk les Officiers des Douanes, font très info-lents envers les Etrangers, & en 164O , leurs exactions obligèrent les Hollandois à faifir quelques marchai! difes appartenantes au Grand Mogol, ce qui fut fuivi d'un traité pour affurer les droits bk les libertés des Européens, des Européens. 249 Ad ix lieues de la mer, & à douze au nord de Surate, eft la ville de'^ia*, Brochia, fituée fur un très-beau cô- Chup. I. teau, au pied duquel coule la ri- Defaipdoa viere Nardabath. On pourroit y de BrocUia. former un très-bon port pour les vai£ féaux; mais le pafîage eft embarrafté par un banc de fable, environ à quatre lieues de cette Ville en def-cendant vers la mer. Elle eft fameufe pour les Manufactures de coton, Se poirr avoir la toile des Indes la plus blanche. Les Anglois 8cles Hollandois y ont d'anciens établifFements, Se il y vient du Malabar, neuf ou dix vaifleaux tous les ans. Les Habitants en général, font Banianes Se l'on y trouve de riches Marchands > ainfi que d'habiles Ouvriers en coton. Toutes les marchandifes qui paffent par cette Ville, payent deux pour cent de droits au Mogol : les dépendances en font très étendues, & contiennent quatre-vingt fept villages : les environs font bas , excepté à l'endroit où elle eft fituée ; mais à (ix lieues de diftance , on trouve les hautes montagnes de Vindat. Gogo eft une petite ville fur Ie^:;" ^ L v syo Découvertes Golfe de Cambaye , environ à MalaV?? trente nsues de cette Place: elle eft Chap.j. ' défendue du côté de la mer, par un bon mur de pierre , mais elle eft entièrement ouverte du côté de terre. Les vaifieaux chargés à Cambaye & à Amadabad, pour l'Arabie & pour les pays méridionaux , s'arrêtent fouvent à Gogo , où ils prennent des vivres. Les convois Portugais y relâchent aufli ordinairement, parce que la rade, quoique peu prcrfon-de , en eft très-sure. Autres vil- Outre les Villes dont nous avons 5tCide ccttc parlé, il y en a plulieurs autres qui méritent d'être remarquées ; telles font Pattepatane , Mongher , dont les environs produifent d'excellent coton ; & Brodra , où les Compagnies entretiennent des Facteurs pour y acheter des étoffes grofiieres qu'on y fabrique en grande quantité. Le Peuple de cette Province eft artificieux de rufé , & Ton a befoin de beaucoup de politique pour s'y pouvoir bien conduire. La gravité, la réferve & la fplendeur lui en impo-fent , & l'on doit employer ces moyens pour n'en pas être furpris : mais en méme-temps, il faut le trai- des Européens. 2yi ter avec la plus 'grande politeiTe , . parce qu'il ne peut lupporter l'info- ^[.ÀYui * lence, ni l'affectation de fupériorité. ' ciiap. i>, Ees principales marchandises dont on y fait commerce, font le plomb, le vif-argent, le vermillon, l'ivoire, le cuivre, l'étain, la porcelaine, les mufeades, les clous de girofle, le macis & leporVre. 11 faut avoir la plus grande attention pour ne pas être trompé dans le poids ou dans !a mefure quand on acheté ces mar-chandifes. Les Habitants de ce pays, font un grand commerce avec Moc-ka , & les Anglois tk les Holiandeis doivent aufîi le faire pour s'entretenir bien avec eux. Mocka eft une ville de l'Arabie Defcrîpi» heureufe, fuiette aux Turcs : elle de Moc*"u donne le nom à une affez grande Province, tk efl fituée à l'entrée de la mer rouge, à 13 degrés 28 minutes de latitude feptentrionale, C'étoit anciennement un pauvre village , habité feulement par des Pêcheurs ; mais à préfent , c'eft une place très-importante, & d'une étendue confïdérable. Le terroir des environs eft ftérile, & la ville n'a point de murailles • mais les maifons (M&kj* ' L vj 2 f2 Découvertes -de pierres bleues & rouges, avec de* Malabar f toits plats comme celles de Cont-eiup. i. tantinople , font belles & très- commodes : le port eft défendu du cote du nord , par un château aulli de pierres bleues. Il y a dans cette Ville , trois magnifiques Temples de Payens, dont un, fitué au milieu de la place, eft orrté d'un haut clocher. Mocfca eft le lieu où s'arrêtent plulieurs Caravanes , ce qui y a fait tranfporter le commerce d'Aden, qui, depuis quelque temps, a toujours décliné. Il eft habité par des .Turcs, des Arabes, des Banianes & -des Juifs: la Ville eft très-peupîée, particulièrement depuis le commencement de Mars jufqu'au milieu de Septembre, où arrive le Manfouri, vaiffeau qui appartient au Grand Seigneur, & qui f rt à tranfporter pour fon ufage , les plus riches effets de la mer rouge. La cargaifon du JVTanfouri, confifte en pièces de huit, en ducats d'or, en étoffes d'or d'Italie, en camelots, en vif-argent, en fafran & en plulieurs autres fortes de marchandifes, outre les Efclaves qu'on amené du Levant» Cette charge eft eftimée trois millions de réaies, des Européens. 2$$ tk le vaifleau retourne au mois de , Janvier, chargé d'épiceries, d'in- mYlab.^, digo , de beaux cotons, de turbans Gtep-t & d'autres productions des Indes. Tous les ans, au mois de Mars, Ç3"™^. il arrive à Mocka une caravane de vent/ Juifs, d'Arabes tk d'Arméniens, venant d'Alexandrie tk d'Alep. Elle efl: compofée de feize cents chameaux , chargés de foies torfes, de fil d'or, de corail rouge, de vermillon , de fafran , de myrrhe , d'aiguilles , de lunettes, de miroirs, de couteaux, de cifeaux tk d'autres effets. Cette Caravane part de Mocka au mois de Décembre, Remporte de toutes tortes de marchandifes des Indes. Il eft rare qu'elle fafïe plus de trois ou quatre lieues par jowr, parce qu'elle marche trcs-lentement. Elle eft accompagnée d'une multitude de Pèlerins qui vont vifiter le tombeau de iMahomet à Médine , ville éloignée de huit lieues de la Meque. On ■affine que chaque année, le nombre de ces Pèlerins eft d'environ trente-cinq mille. Mocka eft fous l'a jurifdiction du Dtoiw Bâcha de Yemack , tk Y on prétend',a^e fur cjue cette Ville rapporte tous les f^archaad^ Découvertes ......... ans au 'Grand Seigneur, deux cents *m°vl".uar E m^e féales. Chaque ballot ou caille chap. i, de marchandée paye au Gouverneur un droit réglé , luivant la valeur de ce qu'il contient, ce qui engage fou-' vent ce Gouverneur à prendre en perfonne, des foins particuliers pour le chargement ou le déchargement des marchandifes. Tous les vaiiïeaux Maures .qui y jettent l'ancre, font oWigésd'y débarquer toute leur cargaison, & de payer le droit en entier, foit qu'ils en difpofent eu non : quand ils ont entièrement déchargé, ils amènent à terre leurs voiles & leurs agrès , 5c tirent un coup de canon pour avertir le Gouverneur qu'il peut envoyer un Officier à bord taire la vifite , Se examiner fi l'on n'a rien réfervé. Chacun de ces vaiffeaux eft encore obligé de payer un droit qu'on aopelle droit d'ancrage, qui monte depuis dix réaies jufqu'à cinquante , fuivant le port du bâtiment. Outre ces extorfions fur les Na-chodes ou Officiers Maures > on en ' exerce encore une autre. Aufïi-tôt qu'ils font arrivés dans le port, on les amené devant le Gouverneur, accompagnés de tambours & d'autres des Européens '2 y y inftruments , après les avoir revêtus — ■ 1 ■ d'une robe de cérémonie dont Ön^^J^' les dépouille au retour : on leur rend cUp-les mêmes honneurs quand ils quittent la Ville, tk pour le tout , on leur fait payer environ cinquante réaies. Vers le printemps, les vaiffeaux Portugais de Goa , de Gogo , & de divers autres endroits, viennent à Mocka , chargés de riz &de tabac, qu'ils vendent au peuple du pays, ainfi que de l'indigo , du coton , des étoffes de Guzarate, des toiles à voiles, tk des drogues que -leur achètent les Caravanes turques. On les paye en pièces de huit tk en teintures rouges. Vers le même-temps , les vaif- ^™.ned c0*^ féaux de Cambaye & de Malabar , Soek* ' apportent à Mocka, du poivre , des étoffes des Indes de toutes fortes, de magnifiques turbans , des ceintures blanches tk bleues, des toiles de. coton peintes , du riz , du tabac , de la porcelaine, tk d'autres d.mrées : ils remportent en échange, des rai-fins, des amandes, des teintures rouges , des dents d'éléphant, du caffé, & quelquefois des chevaux. Le manque de bois & d'eau, efl un grand 2\6" Découvertes ;-inconvénient dans cette Ville ; mais wala'ba" E»oiî en trouve en abondance , ainfi Chap.i. "que d'autres proviiions dans une petite Ifle du voilinaga > où les Anglois vont fouvent pour le radoub , ci ou l'on trouve à fe défaire avantageufe-ment des vieux effets, peftription Avant que nous quittions ce pays, dAS£a* il ne fera pas hors de propos dédire quelque chofe de la ville d'Agra, réfidence ordinaire du Grand Mogol. Agra, capitale de lTndouftan , efVfituée fur la rivière Géméné , au-delà du Gange. C'eft une grande ville, mais mal bâtie, entourée d'un fort mur de pierres rouges , & d'un foifé de cent cinquante pieds de large. Il faut une journée entière à un homme à cheval-, pour faire le tour de cette place , qui, pour fa grandeur , a été nommée la Reine de l'Orient, Les rues font très-longues, remplies de boutiques ce de magaiïns, avec quinze places de marchés & quatre-vingt caravanferas ou lieux deltinés pour recevoir ceux qui voyagent en caravanes. Il y a quelques belles maifons qui appartiennent à lanobleffe; mais celles des particuliers n'ont rien de remarquable, & t) e s Européens. 2 fy en difànt qu'elles font paflables , c'eft >-«■* tout l'éloge qu'on en peut faire, de^*[AEBAî* même que de celles des autres villes chaç.L de f'nde. Elles font (éparées les unes des autres , par de haurs murs de pierre , deftinés particulièrement à cacher les femmes, & il n'y a rien dans tonte la ville qui mérite l'attention des Etrangers, excepté quelques tombeaux qu'on voit dans les fauxbourgs , & le palais du Monarque. C'eft dans ce palais que s'affem-blent les plus Grands Seigneurs de l'Empire , ce ils y commettent quelquefois les crimes les plus atroces, malgré la préfence de leur Souverain, qui voie fouvent tuer fous fes yeux pluheurs de fes Sujets, comme il arriva en 1644. Un Commandant de cinq mille chevaux , irrité de quelques mots qui lui avoient été dits par le Roi Bakia, & qu'il interprêta comme un affront, quoique ce Prince ne parut pas avoir eu deilein de l'infulter, le tua à coups de cimeterre , & fut tué enfuite lui-même à coups d'épée , par deux amis du défunt. Ces meurtres furent fuivis d'une violente commotion , où plulieurs perfonnes perdirent la vie, & z j*S Découvertes ' 1 " l'on eut befoin d'employer des for-•Malabar,*ces confidérables pour l'appaifer. chap. i, Le Mogol témoin oculaire de tout ce qui s'étoit pafïé, fit jetter le corps de l'agreffeur dans la rivière , ce que tous les Sujets regardèrent comme une preuve de fon amour pour la juftice. des Européens. 2yp CHAPITRE II. Force & importance delà ville de Dits, que pojjedent les Portugais : Defcription du Royaume & de la ville de Vifapour : Cruauté dhin Italien fur un des Officiers du Mogol, pour le punir de trop de curiofîié : Defcription de Bombay : Relation du premier établijjiment que les Portugais formèrent à Gca, conduits par Albuqucrque : L\iir de Goa très-dangereux : Grande pv.'ifjance du Vice-Roi : Portrait des Portugais qui habitent Goa : Divijions du Malabar: Productions cV commerce de ce pays : Inclémence du climat. D A N s la partie de ITnde , en-- deçà du Gange , eft une petite c° r E 1J E Tn , ri. 0 'it-ii Malabar., Jile , nommée uni, avec une Ville chap. 11. aften fa meute , qui porte le même ,„ . -r n ■ • r . Me Je Ville nom. Les Portugais oui en lont les de Dm. maîtres depuis l'an I yy3 , y ont conftruit trois bonnes forterefies , dont il y en a une qu'on regarde comme imprenable; elle eft entourée d'un double foifé, rempli de l'eau 260 DÉCOUVERTES —-de la mer , ou il y a un bon ancrage aul'raÏEPour les vaiffeaux cIui }r lonr ;cçu/' Gbap. il ' Ce fort eft bâti fur un roc élevé , flanqué de bons baftions , & muni de plulieurs piecs d'artillerie. Le commerce de cette place étoit autrefois beaucoup plus conlldérable qu'il ne l'eft à préfent, parce que les Anglois & les Hollandais en ont attiré la plus grande partie à Surate. Daman , Chaoul & Bazaïm ont partagé la deftinée de Diu , & ont décliné peu-à-peu, à mefure que le commerce s'en eft éloigné , enforte qu'à préfent , on ne parle prefque plus de ces Villes. Defcription Vers l'embouchure de la rivière dcDabtii. Halevackoj qui prend fa fource des montagnes de Ballaquate , eft une ville nommée Dabul, fituée dans le Royaume de Dékan, à 20 degrés de latitude. Elle faifoit autrefois un grand commerce ; mais elle n'a pu fe rétablir depuis qu'elle fut pillée Se brûlée en iyoS, par les Portugais, fous les ordres de Dalmeyda. Defcription Après avoir parlé des places les dcvSour!PIus ^portantes des Royaumes de Cambaye & de Dékan , nous allons palier à celui de Viiapour, qui a de nîs Européens. .26*1 longueur , deux cents cinquante — lieues, fur cent cinquante de lar- MAîABAa. geur. La principale ville qui,porte chag.tf* aulli le nom de Vifapour, a cinq lieues de tour : elle eft environnée de fortes murailles, avec cinq belles' portes , & l'on prétend qu'elle eft défendue par mille pièces de canon de fer & de bronze , dont il y en a une qui porte de charge cinq cents quarante livres de poudre. On dit qu'elle eft l'ouvrage d'un Romain , qui jetta dans le moule où elle avoit été fondue , un Officier du Roi, qui vonioit s'informer de ce qu'elle avoit coûté. Le palais du Souverain eft au milieu de la ville, environné d'un fofie plein d'eau, où vivent une grande quantité de crocodiles. Le Roi étoit autrefois un Naturel du pays, mais le Grand Mogol s'en eft rendu maître , après une longue guerre. Vifapour eft à quarante lieues de Dabul & à foixante de Goa, près la rivière de Mandoa : Narrafpour & Serrapour , deux villages , dont le premier fut long-temps le lieu de la rélidence des Rois , font présentement [oints aux fouxbourgs de cette 262 Découvertes ■ 1 1 Ville, & font habités par les plus «he» Marchands, chap. il Bombay appartenoit autrefois aux Defcription Portugais , mais il a été cédéaux fie Bombay. Anglois, en 1662, comme faifant partie de la dot de l'Infante de Portugal , qui époufa le Roi Charles II, & la Compagnie Angloile des Indes Orientales y a formé un établiffe-ment confïdérable. Cette Ville eft (îtuée dans le Royaume de Vifapour, de même que celle de Wingurla, où. les Hollandois ont un bon comptoir & qui leur efl de très-grande importance , tant par rapport aux proviiions abondantes qu'ils en tirent, qu'à caufe de fa proximité de Goa. Defcription Goa eft la Capitale des Indes Porde Qoi. tugaifes , le fïege d'un Archevêque & la demeure d'un Vice-Roi. Elle fut d'abord foumife par Albuquer-que, dont le nom eft fi bien comau dans cette partie du monde : il en fut chafîé quelque temps après s'en être rendu maître , mais il y retourna avec un renfort de troupes & la reprit d'affaut. Il la fit enfuite bien fortifier en brique & en pierre, & y rit élever une croix de bronze qu'on des Européens. 26*3 trouva dans les ruines de quelque —— partie de la ville, fans favoir d'où ^aiaIaÎ elle venoit, ce qui la fit regarder gh»p»ib comme miraculeufe. Enfin pour y établir les Portugais avec plus de folidité , Albuquerque accorda des avantages très-confidérables à tous ceux de fes Soldats quiépouferoient des femmes du pays. Goa eft fitué dans une Ifle formée par les rivières Mandova & Guari, à iy degrés 20 minutes de latitude feptentrionale. Cette Ville eft entourée de montagnes très - hautes, qui empêchent le libre cours de l'air, ce qui la rend très-mal faine. Elle efl particulièrement fatale aux Européens, ce qui empêche qu'elle ne foit habitée comme elle le pourroit être fans cet inconvénient. Cependant on y trouve un grand nombre d'Artifans, & la principale rue eft garnie de boutiques de Marchands de foie , de porcelaines, de drogueries & de pluheurs autres denrées, La vente des proviiions & de diverfes marchandifes , fe fait tous les jours dans la place du marché, par un crieur public nommé Lalang, au plus offrant, & l'on y peut acheter . 2 6*4 Découvertes •--en très-peu de temps, des efclaves ; côte de mai{ons GCS meubles, & en gé- /UALAEAR , . , 1 r J chap. n. neral, toutes les choies dont on a befoin. On y fait trcs-peu d'affaires dans le haut du jour, à caufe de la chaleur qui y eft exceiîîve. La police y eft tics-bonne & bien exécutée, & il y a une infirmerie, que ceux qui l'ont vue & comparée avec d'autres, regardent comme la plus belle qu'il y aie au monde. Les Eglifes de Goa , font fuperbement ornées: les fenêtres en font garnies de nacre de perle au lieu de verre ; il y a fept Paroiflès , outre la Cathédrale & pluheurs Couvents. Le port eft très-beau, & peut être mis en comparaifon avec ceux de Conftan-tinople & de Toulon , eftimés les plus beaux du monde. On remarque qu'on n'y trouve aucun poiffon, & qu'il eft très-difficile de faire vivre des pigeons à l'air de Goa, ce qui y fair regarder ces animaux comme des mets délicieux: les Jéfuites qu'on oppelioit Pauliftes , à caufe d'une grande Eglife dédiée à Saint Paul, qu'ils y poffédoient avant leur dif-grace de Portugal, en avoient encore quatre autres, dont une, nommée le nss Europeess. 20*5* Ie bon Jefus, eil remarquable par la mm...... beauté des peintures du plafond. SJj-J^J.? La Vice-Royauté de Goa, eft une cMf- il» oes plus confidérables qu'il y ait dans l'univers, Se celui qui en efh pouvu , a fous fa difpofition , les Gouvernements de Mozambique en Afrique, de Mafcate en Arabie, d'Ormus en Perfe, de Ceyian près le Cap Comorin , Se des Molucques à i entrée du Golphe de l'Inde, dont chacun eh* d'un aufli grand rapport que le meilleur Gouvernement qui foit en Europe. Il eft certain que quoique Goa ne foit plus d'un produit aufli confidérable , depuis que les Anglois Se les Hollandois ont formé des établiflements folides dans les Indes, il rapporte toujours de grandes- richeffes à la Couronne de Portugal. Les Portugais, naturellement in- Mœun d<* dolents, le font encore plus dans ceHabltam** pays ; livrés entièrement à la fen-iuâlitfé & aux plaifirs , ils abandonnent le foin de leurs affaires à leur» Elclaves, & les femmes leur confient également la conduite de leurs enfants. Ceux qui naiflent d'une femme Indienne Se d'un Portugais, font Tom: VI. M 266 Découvertes ■ , i nommés Métifs , & les enfants de órE D £ ceux-ci font appelles Caftis. On ne ri AI AUAR . r ,>• rT J Ci^p.ii. connoît prefque pas 1 ivrelle dans ce pays ; cependant le meurtre y eft très-fréquent après les difputes les plus légères. La fornication & l'adultère y font regardés comme des galanteries, la débauche étant plus commune en cet endroit que dans tout autre pays du monde ; mais les hommes qui y font exceftivement jaloux , avec allez de raifon , ne permettent point à leurs femmes de le promener. Quand elles fortent, elles font portées dans des lièges couverts & voilées, & dans les maifons , elles occupent l'appartement le plus élevé, dont les fenêtres font garnies de jaloufies, & tournées de façon , qu'elles n'ont aucune communication avec la rue. On y fait une consommation exceflive de tabac ; .& tous ceux qui font un peu élevés au-delïus du commun , ne marchent jamais fans avoir un do-meftique pour porter leur épée? & un autre pour porter leur parafol. Il n'y a peut-être point de gens aufîi orgueilleux, comme on le remarque % l'air de fierté qu'ils affectent en o es Européens. 26*7 'Carelïant leurs mouftachesc les ma- ■ •îadies honteufes y font très-commu-0^^" * nes, & il y règne aufli des fièvres cuap.U» qu'on guérit par les faignées. On y mange une quantité prodigieufe de confitures, & l'on y boit beaucoup d'eau : les femmes n'y vivent prefque •que de riz, quoiqu'il y ait du pain de froment. On y mâche beaucoup de bétel, on y fait une grande confom-mation d'arrack, &l'on y ufe quantité de fel & de vinaigre pour les af« faifonnements, ce qui leur rend en général le vifage très-pâle. Environ à douze lieues de Goa, J^f*** •eft l'ifle nommée Anchedive, cou-c c 1 1 verte de bois, environnée d'une mer très-abondante en poifibn. Les Portugais y avoient autrefois un très-bon fort qu'ils ont démoli, jugeant qu'il leur étoit de peu d'utilité : ils en ont fait de même de celui d'Onor, ville dans le voifinage, mais qui appartient au Royaume de Cafara. Le terroir en eft très-fertile en riz & en autres denrées néceffaires à la vie, & il eft très-bien cultivé , parce que les Habitants fe livrent volontiers aux rudes travaux de l'agriculture. Batecala'eft encore une ville de Mij i î-ju Découvertes —- remarque, qui devint tributaire du m j, E.portutrai fous ic «go* d'Emmanuel : Malabar. < . ? ÏT i ■ rT' ^ ciiap. n. mais les Habitants ayant celle oe payer .leur contribution , les Portugais y envoyèrent une flotte commandée par Alphonfe Renés , &c enfuite parSoiaga , qui les obligea , n on-feule ment de reconnoirre la domination Européenne, mais encore -força la Reine à payer les arréra échus de la taxe. Outre les Villes dont nous avons parlé, il y a celles de Barcelor, Barauor &Mangalorj mais comme elles lont peu importantes, nous ne nous y arrêterons pus & nous allons palier à la côte de Malab ar, qui commence environ a cinquante lieues au fud de Goa, & s'étend jufqu'nu Cap Comorin, Se aux frontières les plus éloignées de l'Inde, de ce côté du Gange, toeferîptiôû Le Malabar étoit autrefois fou-Walabar? * à un feiJl Souverain , qui demeu-roit à Caleaf : mais un de ces Princes étant mort au retour d'un pèlerinage qu'il lit au tombeau de Mahomet , ne laifla point d'héritiers; Se fon Grand Ecuyer, l'Officier qui portoit fon épée, öc celui'qui por-toit le feeptre, fe trouvant les plus d f. s Européens, z&j puilTants du Royaume , partagèrent 1 ■ " entre eux fes Etats. maiam a J Le Malabar eft préfentement com- cha?< i\, pofé des Royaumes de Cananor , Cranganor , Cochin de Coulang ; quelques-uns y ajoutent Frecancon „; Porca &Coulecolang , mais à peine méritent-ils qu'on en faflé mention. Tout le pays eft bien arrofé, ce qui rend la communication très> facile entre les différentes places: mais les rivières ont- peu de fond & ne peuvent porter de bâtiments fort chargés. Les plus grandes fe nomment Bergera, Parane. & Crunganon, qui ont dix-huit ou dix-neuf pieds d'eau dans leur puis grande hauteur. Elles bornent les Royaumes de Calécut & de Cochin : celle de Bergera eft la retraite ordinaire des Pirates. Pendant les mois de Janvier, Fé- climat & vrier & Mars, les nuits , fur cette dupayi!08* côte , font extrêmement froides, & accompagnées de brouillards très-épais, quoique la chaleur foit excek live durant le jour. Le vent de mer y iouffle régulièrement, depuis dix heures du matin jufqu'au coucher du foleil , & le vent de terre v rerne» toutes les.nuiis, Cette côie Jà très-, 270 Découvertes ■ . dangereufe depuis le mois de Juin Malabar , jUiqu a celui de Novembre, ou iinit .Ciiajj. n, ]eur hiver, qui commence au mois de Mai. Le poivre & le cardamum* font les principales productions de Ja côte de Malabar : le poivre eft meilleur & à plus bas prix en quelques endroits qu'en d'autres : il vient très-bien à l'ombre, fur une tige foible, affez refïemblante à notre fep de vigne , & qui a befoin de foutien. Chaque tige porte environ hx grappes chacune d'un pied de long,. & de la couleur des raifms noirs avant qu'ils foient bien mûrs. On en fait la récolte;aux mois d'Oéiobre & de Novembre, & le poivre devient noir en le faifant fécher au foleil fur des nattes. On trouve aulli fur cette côte , du gingembre & du barbari couleur de fafran , avec quelques rjoès. On y recueille beaucoup de cire, du falpetre affez mauvais, &c quelques pierres de bezoar. Les campagnes font couvertes de cocotiers & des autres arbres fruitiers naturels, au climat des Indes. L'Opium s'v vend très-bien , parce que le peuple en fait beaucoup d'ufage , & l'ambre gris y coûte. ■des Européens. 271 Cinq là fîx réaies l'once ï le clou de ir girofle , la raufcade, le macis , l'ai- % | 1 lum, la racine de la Chine,le plomb, chag.ii-1 étain , le cuivre , le bronze , le foufre, le vermillon , le damas rou-< ge , les étoffes écarlates & cramoi-lïes, le benjouin & la porcelaine grof-f'iere, font les marchandifes dont on y tait commerce. Toute la côte eft très-abondante en poiffons f & le merlus en particulier, y eft excellent. On y trouve aulli des bœufs,, des cochons & de toutes fortes de volailles en abondance. Le cocotier fournit une liqueur qui n'eft pas mal-faifante quand on en ule modérément , & c'eft de cette liqueur qu'on tire aulli l'arack par diftillation. Cananor eft une ville bien peuplée Reva^-a» & la réfidence du Roi, qui entre- dc GaxM tient un grand nombre de Moufque-taires & d'Archers. Cette Place fai-foit anciennement un grand commerce , & plulieurs riches Négociants Mahométans y vivent fous la protection du canon des fortifications. Elle eft fituée environ à quarante lieues au nord de Cochin , & a un port très-grand & très-sûr. La: ville de Termapatan , environ à Miv 272 Découvertes '"j" 111 ■" deux lieues au fud de Cananor, eft maIa3arD,E ^fendue du côte de terre par un Chàp.ît très-bon mur. Royaume Le fécond Royaume du Malabar, cCalccur. eft Calécut, qui commence quatre jieues au fud de la rivière Bergera ; éc qui s'étend jufqu'à la rivière Cran-ganor. Il a environ trente - deux lieues de longueur , Se vingt de largeur. Le Roi de Caîécut eft le plus puif-fant de tous ceux de la côte de Malabar, Se il entretient une forte armée, compofée de gens experts dans i'ulage des armes à feu, ainfi que dans celui des arcs Se des flèches. Notre Auteur dit que le Roi de Caîécut qu'il vit, paroiiïoit âgé de cinquante ans, Se que fa raifon étoit fort altérée par l'ufage immodéré de l'opium. La Couronne ne parle point au fils du Roi, mais à celui de fa feeur, ou à foa plus proche parent du côté de fa mere, pour fe garantir du danger de la faire paffer à un bâtard. Le poivre ne peut être vendu qu'aux Fadeurs du Roi , qui en dif-polent enfuite au prix le plus avantageux à fon profit, CHAPITRE II L Situation de la ville de Cranganor^ les Hollandois l'enlèvent aux Portugais: On conjecture que h Sauveur du monde t parloit la Langue Syriaque : Gouvernement Bccléfiaffique des Chrétiens de ce pays : Leur grand refpefl pour Saint Thomas : Leurs-Baptêmes , leurs Enterrements £r leurs Mariages : Defcription de la ville de Cochin : Elle efl très-en-dommages par les Hollandois j qui font des efforts infructueux pour gagner Vamitie des pays Catholiques : Defcription dr. Porca & de Coulang: Portrait des Seigneurs Mal a.b ares : Defcription de Tutocorin : De la Pêche des Perles» /^Ranganor eft la principale "■ 111 f \j ville du Royaume qui porte fe.M\lâba& * même nom ; elle eft fituée fur une chap 111/ hauteur , dans un terroir fabloneux, Royaume <î* à cinq lieues au nord de Cochin, & Crângauos. à vingt au fud. de Calécut. Elle eft avrofée par une rivière qui fait beaucoup ce. détours x c'e tombe thuis h 1U 274 Découvertes ■ mer, à une petite diftance de cette- malaba.1i E Ville. Cranganor a été long-tems le Chap. iiL ' liège d'un Archevêque Portugais ; & quand les Hollandois en prirent poffeflion en 1622, après les en avoir chafTés ,. malgré une forte ré-fiftance , ils y trouvèrent un beau Collége & une Bibliothèque bien fournie, dont le bâtiment étoit. trèsr élégant. Il yavoitauflî une belle Cathédrale tk une Eglife de Francif-cains : hors des. murs , étoit le College de Chanotte, où l'on, inftruifoit la jeuneffe Chrétienne, & où l'on en-feignoit la langue Syriaque, qui eft très-eftimée dans ce pays , parce qu'on croit que c'eft celle que par-loit le Sauveur du monde 6c les. Apôtres. Les Chrétiens de Cranganor ne font pas riches : ils ont une vénération particuliere pour S. Thomas, tk ils en font la fête le premier de Juillet : beaucoup de Payens même, célèbrent ce jour en fon honneur.. Leur Patriarche demeure dans les montagnes de Chaldée,. où il a un, Confeil Eccléfiaftique, compofé de douze Cardinaux de deux Eve-, çfties & de plufïeuis Pritrès,.li décida hes Européens. 275* avec eux toutes les difpur.es de Re- ■ ligion , & fes ordonnances font cm°Jaebar * exactement fuivies. Les Prêtres ont ciwp. us, la tête rafée en forme de croix : ils donnent la communion fous les deux efpeces , & fe fervent pour la confécration , de jus exprimé du railin au lieu de vin :. la confelfion. recède toujours la communion. 1s ne baptifent les enfants qu'après; quarante jours, excepté dans les ca» de néceffiîé. Ils donnent de l'eau-bénite à ceux qui entrent dans lefc Eglifes, & leurs enterrements font femblables à ceux des autres Eglifes» Catholiques.Les parents du défunt^ traitent leurs amis pendant une fe— maine , avec beaucoup de fplendeur la fête eft entremêlée de prières pour le mort, & d'éloges de fes vertus 8c de fon mérite. Ils obfervent un carême rigoureux de quarante jours ^ & leurs fêtes font à peu près les mêmes que celles des- autres Eglifes< Chrétiennes* Ils ont des Couvents; d'hommes & des Monafteres de Re-Hgieufes, où les vœux font obfer-vés tres-exactement , particulières ment celui de chafteté; Ils permer-tsnt h Ifeurs-Eiètreade- fe marier uns- MU 276* Découvertes - fois feulement.; mais aucune raifoil £ ne Deut leur faire obtenir la permif-uap.m. bon dépoufer une (econde femme apiès avoir perdu la première. La ruort feule peut diffoudre leurs mariages , 6c la veuve qui prend un jfecond mari avant qu'il y ait douze mois d'écoulés depuis la mort du premier, efl privée de fa dot. L'ifle de Vaykin , qui efl très. Cochîn. fertile, entre les rivières de Cranga-nor & de Cochin, eft foumife au Pvoi de Cochim Les Hollandois y ont élevé un fort , auquel ils orit donné le nom de Nouvel-Orange, en l'année 1662, quand ils ont mis le fiege devant Cochin. Le Prince de cette Ifle, dont les Etats n'ont pas plus de dix lieues de longueur, eft dans les interets des Portugais. La ville de Cochin elf très-an-„cienne ; la fituation en eft fort agréa* .ble,. quoique dans un terrein bas & marécageux, qui en fait juger l'air mal fain , 6c qui cependant fournit une grande quantité de toutes fortes de proviiions. Les Portugais qui l'ont fortifiée en ryo4, l'ont aulli beaucoup embellie. Elle eft fous le dixième degré de latitude fepterj- DES E U R O T É E N S. 277 trionale, &: à,environ deux milles —-« de long; la mer la baigne du côté M°AIt»Al. de l'oueft , avec une rivière du côté chap. ni. oppofé, qui a près/de vingt brafles de profondeur ; mais l'entrée du port eft très- difficile" en hiver, parce qu'elle eft alors embarraffée par les labiés , que la force des courants entraîne en cié. Quelques - unes des principales maifons ont des jardins fur le bord de la rivière, ou le poiifon eft en abondance, & les Chinois ont beaucoup d'adreffe à le prendre avec des filets.Les Jcfuites y avoient une belle Eglile, avec une (uite de cloches ires-harmonieufes , & un Collége à trois étages, entouré d'une forte muraille. La Cathédrale étoit foutenue par deux rangs de pilliers , avoit un très-beau clocher, & étoit admirée pour la beauté de l'architecture, digne des plus grands Maîtres : mais le tout a été démoli, ainfi que plulieurs autres belles Eg]ifes , par les Hollandois, quand ils en ont chaffé les Portugais. Ce-pendant ils ont épargné un Monaf-feere de Francilcains , & ont permis à deux Religieux qui l'habitoient, d y c./Ci'cer incrément *eur Religion^ 2j$ Découverte.1; Les maifons de Cochin qui apparu maIabaÏ E tiennent à quelques perfonnes de. chap m.5 confidérarion , font féparées des au-Dcs Habi-tres , par de hauts murs de peu de-tantsdo co-paifTeur\ Les Juifs qui habitent dans-cette-Ville , ne font ni blancs, ni noirs, ni bruns; mais ils ont une couleur qui participe des trois. On leur permet d'exercer leur religion dans une fynagogue hors des fortifications. Les Chrétiens & les Maho-métans naturels de la côte de Malabar , ont différentes parties de la. ville , attribuées pour leur réfidence, parce qu'on a vu que lorlqu'ils étoient confondus, il en arrivoit de grandesdifputes. Le quartier desder-niers eft beaucoup plus basque celui des Chrétiens, on l'a bâti à la manière Indienne , avec des rues-très-larges. Le Palais du. Roi elr conflruit en briques &en pierres : il y a quelques appartements élevés & fpacieux, à la manière d'Europe*. Près de ce Palais eft un Temple de-Payens , devant lequel on trouve une.-grande' citerne. _ Les Portugais étoient en poflef-fronde Cochin 3 depuis environ cent cinquante ans,,, quand ils y furent bes Européen- s. 279 attaqués par les Hollandois , en - ^ 1Ó61, ils les obligèrent d'en aban-^JÜ^Ï* donner le liège & de lever l'ancre fchapviuï pendant la nuit ; mais l'année fui-vante, les Hollandois y retournèrent avec de plus grandes forces, & [la-ville fut contrainte de le rendre à des conditions allez favorables pour les vaincus. Le Général Hollandois les obferva hdellement, il fut vihté peu de temps après la réduction , par un Lvcque Catholique, qu'il reçut très-reipectueuicment ; mais il lui fut impollible de gagner l'aminé du Chef de uEglîfe Malabare , & de ceux qui l'accompagnoient. dans ies montagnes de Chaldée. Environ à quatre lieues au fud deic^°^um6 Cochin , commence le Royaume de Força ou Percatti, dont l'air eft regardé comme mal fain, & dont les Habitants font fui ets à devenir aveu-• gles & à. avoir les jambes enflées ce qu'on attribue à des particules ni-treufesdont l'eau qu'ils boivent ordinairement eft imprégnée , quoi— quele terroir foit très-fertile , & qu'il produife du riz en abondance. Quand l'es Hollandois y arrivèrent en 1642, ih trouvèrent, le. Roi. engagé dan* 2&o Découvertes JTT""- une guerre avec les Portugais qui Malabar L s étoient emparés de quelque partie Gbag. in.' de fes Etats. Ce Monarque tut très-fatisfait d'acquérir de nouveaux alliés, éV: fur les promeiles de iecours que lui donnèrent les Hollandois, il leur permit de charger tous les ans un vaifleau de poivre dans fon Royaume , & accorda fa prote&ion à tous les navires de la République de Hollande qui toucheroient à Porca. Le Roi qui y regnoit en 1664, & qui donna audience à notre Auteur, avoit environ vingt-quatre ans. Il étoit vigoureux , bien proportionné , & très-acfSf : fes oreilles , fes doigts & fcs pieds , étoient chargés de joyaux de très-grand prix. Il avoit environ cinq cents petites galères avec lelquelles '1 faifbit de fréquentes excurlions dans les faifons plu-vieufes, lorfque l'eau couvre toutes les contrées voihnes, ce qui nuifoit. beaucoup au Roi de Cochin , dont il étoit ennemi. Il fut aulli quelque .temps en guerre avec les Hollandois . mais ils le réduisirent par la force de l'énée. Les Habitants de Porca eu Percatti , traniportoient autrefois leur poivre à Mocka, mais, des Européens. 281 depuis que les Anglois y ont fait , commerce de cette marchandife, ils j^iJî * y ont établi un comptoir fur le bord chnp.iu. de la mer. Les gens de l'intérieur du pays, gagnent leur vie à cultiver & recueillir le poivre qu'ils font obligés de vendre à un Bramine, qui effc le Facieur du Roi : les Portugais en ont converti un grand nombre au Chriftiamfme. Près de Porca, efl le F.oyaume de Rojaumes Calecoulang, qui n'a que très-peu faenCal&:cüdc d'étendue, &c où les Hollandois coulang. avoient autrefois des comptoirs pour l'achat du poivre. Enfin le demie/ de tous les Royaumes de Malabar ,' eft celui de Coulang, qui s'étend jufqu'à ia pointe du Cap Comorin. La capitale qui porte également le nom de Coulang , eft aufîi riche qu'aucune des villes qui font en Europe : l'air y eft très-lain, 6c il y a ûes fources excellentes dans le voi-finage : elle eft fïtuée près des bords de la mer, ornée d'arbres avec quelques belles maifons & fept Eglifes. Quand les Portugais mirent la première fois le pied dans ce Royaume, «ils y tomnerent, une maifon pour fe garantir contre les trahifons des ha- 282 Découvertes . bitants; mais une nuit, qu'ils nré-c4tb.de toieQt pas {ur ieurs gardes, ils furent Malabar . _ . 1 0 . t chap.nir furpris & tailles tous en pièces. Laurent , fils de François Almeyda, tira depuis vengeance de cette cruauté, en brûlant vingt vaifleaux richement chargés, qui appartenoient au Roi de ccpays. En l'année iy03, un Dominicain nommé Roterie, prêcha l'Evangile à Coulang, & convertit plulieurs Habitants à la Religion Chrétienne. Les Naturels en général, font traîtres: ils aflafiinerent une fois, lâchement, quelques Officiers Hollandois qui. fe promenoient hors d'une porte de la ville; &une autre fois, ils effayerent de furprendre les Européens dans l'intérieur pendant la nuit, mais ils ne purent y réuliîr, quoiqu'ils fulfènt bien près d'effeéluer leur projet. BcsKaîrcs Nous avons déjà remarqué que •uNobles, les Seigneurs Malabares , ou ceux qui tirent leur origine des Princes & des Bramines , reçoivent le nom de Naires, & qu'ils font tous orgueilleux, arrogants, fiers & infolents quand ils rencontrent des gens du* commun dans les rues, ils leur crient des Européens. 283 de loin po, po,cequi lignifie rangez- —-• rr t, ° CÔtE DE vous, rangez-vous, lis portent tou- Malabar , jours des boucliers & des cimeterres, ci»g. m* qu'ils laillent à la porte quand ils vi-iitent quelque femme , aHn qu'on fâche qu'ils font dans la mai fon , & que perfonne n'aille les y troubler. Ils font bons lutteurs 6c s'adonnent de bonne heure à cet exercice : pour fe rendre les nerfs plus fouples , ils fe frottent fouvent d'une huile deftinée particulièrement à cet ufage. Il font aufli très-adroits dans l'art gymnaftique, s'exercent à tirer de l'arc, au moufquet , 6c aux autres amufements militaires. Depuis quelques années, ils ont appris à faire eux-mème leur poudre, leurs fufils 6c leur mèche. Pour la lutte, ils font ordinairement nuds , à l'exception d'une petite pièce d'étoffe qui les entoure: en combattant, ils tournent fouvent, pour gagner l'avantage fur leurs antagoniftes : dans le temps où ils leur tournent le dos 6c paroif-fent prêts à prendre la fuite , ils font tout-à-coup voite face, 6c recommencent à fe battre avec une nouvelle vigueur : ils fe fervent de leurs boucliers pour fe défendre avec beau- 284 Découvertes " - ■ coup d'adrelTe. Les pires de tous,. MaL'àÎ* ^ont biâî connus à Batavia; c'eft Cnap. ni.' une efpece de compagnie de défef-pérés, qui fe lient par ferment, avec tous leurs parents , pour venger les injures qu'ils ont reçues. On eftime la puiftance des Rois de Malabar, par le nombre de Naires qu'ils ont à leur fervice ; en général, ils (ont très-fidèles à leur Souverain , & pour venger fa mort, ils verfcnt jufqu'à la dernière goûte de leur fang. Leur hainç Ils font ennemis déclarés des Chré- éSScni" tieîls » 4?>Pt lj religion eft totalement oppofée à leur orgueil, à leur cruauté &, à leurs débauches. Quand les Hollandois attaquèrent Coulang, en 1661 , fept ou huit mille Naires qui s'étoient animés avec de l'opium , défendirent la place plutôt comme des diables que comme des hommes. Quelque temps avant, ils avoient mafïacré trente Portugais, qui en temps de paix, avoient pillé un riche Temple de Payens , à dix lieues de la ville. On envoya en pré-fent au Roi Jean de Portugal qui régnoit alors, un vaiffeau plein du butin qu'on y avoit fait 3 mais jj des Européens. 285* donna ordre de le renvoyer & de _, remettre tout ce qu'on avoit pris-wAlABAR, dans la Pagode, Se ce qui pourroit'chap.n*., paroître furprenant, c'eft qu'il le lit par les avis du Pape qui remplifïbit alors le fîege de Rome. Quelque temps après que la ville de Coulang eût été prife par les Hollandois , leurs vaitîèaux, au nombre de vinge-trois , turent en grand danger de périr par une violente tempete : mais ils échappèrent en gagnant la haute mer, 6c en furent quittes pour la perte de trois chaloupes. Cette tempête dura trois jours, & allarma d'autant plus les Hollandois, que quatre de leurs vaifleaux étoient chargés de provifions , telles que des farines, du lard , du fromage , du vin & de l'huile, outre un renfort confidéra-ble de troupes de terre, dont la plus grande partie étoient malades de flux de fang. Aulïi-tôt que la •tempête futappailée, ils réparèrent les fortifications de* la place avec la plus grande diligence, y mirent une Efforts bonne garnifon , & renvoyèrent la A,es Hollan- a r? J l!ois P0l,r at- riotte en hurope. tir.-r ic5 n«- Dans un Royaume voifin, nommé ^rel>àiaRc. 77 ; r ligion Pro» .rrevancor, on trouve lur le rivage tciuntc. 2 86" Découvertes —— plulieurs petites EgJifes Chrétiennes :JYt,e DEdes Parvas. qui croyent en Jefus-Cuap. m. Chrift , & qui doivent a craint François Xavier, le peu de connoiffance qu'ils ont de la Religion. Les Hollandois fe font attirés leur haine en pillant leur Chapelles & en les dépouillant des images qui y étoient. L'Auteur que nous fuivons, fit des efforts inutiles pour leur infpirer les principes de la Religion Proteftante, il ne lui fut pas pofîible de détruire ce qu'il appelle leurs préjugés , ni de l'emporter fur les Prêtres Catholiques qui font en grand nombre parmi eux. Il prétend cependant que toute leur Religion confiftoità favoir le Symbole des Apôtres, TOraifm Dominicale , la Salutation Angélique & les dix Commandements. Bal-darus étoit foutenu de quelques autres Miniftres, qui, dit-il, faifoient leurs efforts pour prêcher l'Evangile 8c diiïïper les brouillards de l'ignc-rance dont cette terre étoit couverte. De leur nombre étoit Jean Fereira Almeyda , natif de I.ifbonne, qui avoit renoncé à la Religion de fes pères pour embrader la prétendue information. Ce changement l'avoir des Européens. 2S7 forcé de quitter Goa , où il avoit été — brûlé en effigie; & fon nom setoitfi ^".ijf bien répandu dans tout le pays, que cb*£.iU» pcrfonne ne lui donuoit fa confiance , & qu'il fut aullï celui qui eut le moins de fuccès dans fa million chez les Parvas. Tutocorin n'eft à proprement par- DefcrîptfM 1er, qu'un village hors d'état de fe de TalûCO" détendre, puifqu'il n'y a ni murs, ni tollés , ni fortifications ; cependant quand les Hollandois le prirent en iy<58 , ils y trouvèrent afïez de difficultés , les Habitants ayant mis le feu àleurs maifons & à quelques petites galères qui .étoient dans le port. Ç'eft où l'on fait la meilleure chaux des Indes : il eft orné de trois belles Eglifes , de quelques maifons bâties de pierre, & a la vue la plus charmante du côté de la mer. Depuis que les Hollandois s'en font rendus maîtres, ils ont efïayé d'y élever quelques fortifications ; mais le Souverain de ce territoire, ou le Naik, avec lequel il- leur eft important de ne point avoir de difputes, n'a jamais voulu le permettre. Ils ont été obligés de prendre les Eglifes pour en faire des magalins, & ils y entre- 2*38 Découvertes wmm m tiennent: un Chef ou Facteur, avec Mmau* E trois Afiïftants & huit Soldats, cw^îîi! C'eft dans le voifinage de Tuto-corin que fe fait la fameufe pêche des perles , fur quoi nous pourrions nous étendre, fi nous n'en avions déjà parlé autre part. On les trouve dans des huîtres bonnes à manger, à huit, neuf, ou dix brades de profondeur , & la pêche en efl: fouvent très-dangereufe. On ne permet pas de la faire tous les ans, parce que les huîtres n'auroient pas le temps de parvenir à leur maturité ; 6c de plus, il arrive fouvent que les couches eh font couvertes de fable. On juge par quelques épreuves , fi le temps eft propre à cette pécht; 6c quand on le trouve favorable, les Habitants des environs, avec toutes leurs familles, fe rendent furie rivage de la mer, où ils habitent dans des tentes jufqu'à ce quela faifon foit palTée. Les Hollandois on: une portion dans cette pêche, pour la protection qu'ils donnent au commerce, Se le refte fe vend dans les marchés publics de Tutocorin 6c de Calif-famam. » Les perles de cette côte furpafient * de des Européens, 2 89 de beaucoup celles qu'on pêche 1 ; près Ormus, dans le Golphe Per- Malaba&, iique, d'où l'on en tranfporte en ciup.iu. Europe une grande quantité réduite en pouiliere, pour s'en fervir dans des peétoraux. Il paroît que les perles fe nourrilTent d'eau & de fable, tk on les eftime fuivant leur grofleur, leur iorme tk leur couleur. Tutocorin eft très-peuplé, & l'on y a établi une manufacture confidé-rable d'étoffes : on y trouve abondamment du fucre, du riz tk de toutes fortes de proviiions. Au mois d'Octobre, on y éprouve de violentes tempêtes, tk pendant tout l'hiver, les pluies y font fréquentes & confidérables. Les ruptures y font très-communes , ce qui vient fans doute de la nature de l'air, & l'on y eft très-fujet aux maladies de la peau. Les nuits des mois de Janvier, Février tk Mars,»y font extrêmement froides , & il y règne des brouillards très-épais, mais il fait fi chaud pendant la journée dans le même temps; que les Habitants ne peuvent avoir les pieds nuds fur la terre. Tome VI, ££0 Découvertes CHAPITRE IV. Caufes de la différence des faifons fous les mêmes degrés de latitude ; Exemples de coups de vent très-dangereux ; Defcription de Tondy cr de Nega-patnam : Cette dernière F lace fe rend aux Hollandois par capitulation : Suites fâckeufes qui arrivent fréquemment des vents chauds : Famine dans laquelle le peuple fe vend lui-même pour rien, ou pour un très-bas prix : Commerce de Tranquebarre, de Porto-Nuovo, de Tegnapatnam cV de Tirepoplier : Defcription des fortifications de Changier : L'Auteur y efl très-bien reçu : Portrait du premier Miniflre : De la ville de Ma-fulipatam, des diamants , des rubis & des autres marchandifes qiCon y apporte : Difficultés du commerce en cet endroit. côte de us ne devons pas omettre chï'iv.' ±V de ParIer ici. de Ia diverfïtc t furprenante des faifons qui règne d«DSfons dans le même temps à Tutocorin & fous un me-au Csp Comorin, Depuis le COm-ims degrç. r r dés Européens. 29 r mencement d'Avril jufqu'à la fin de ■........ Septembre, dans toute la partie mé- m^aha» * ridionaie du Cap Comorin , l'air eft C,hap,lV, calme , doux, très-agréable , Se l'on y jouit de tous les agréments que procure la faifon de l'été : au contraire , dans la partie feptentrionale, l'air eft épais, chargé de brouillards Se très mal fain: la pluie y tombe en torrents, & des tempêtes continuelles femblent menacer tout le pays d'une horrible dévaluation. Cette différence eft occahonnée parla pofition des montagnes du Cap : le vent de fud qui règne alors, rencontrant ces élévations , éclaircit l'air dans toute la partie méridionale , Se chaiie vers le nord toutes les exhalaifons Scies vapeurs d'où, naiflent les temps orageux : ces montagnes font , à n'en pouvoir douter, le foyer des vents Se des pluies, qui, en partant de leurs concavités , forment la différence des faifons & la température de l'air. Notre Auteur remarque qu'on TouikiHoni voit évidemment au Cap le plus fort^t* J"j méridional de l'Afrique , où ii y a des montagnes, ouvertures Se des cavernes dans les montagnes, que des tourbillons de Nij û£2 Découvertes — vent en fortent fréquemment aveè *'ïaht de violence, qu'ils renverfent .Ciiap. iv. tout ce qu'ils rencontrent lur leur pafiage. Il rapporte qu'il vit le car-.' rolfe d'un des Faéteurs de la Compagnie fenverfé par un de ces coups de vent, tk que lui même en éprouva un autre il violent, qu'il fut prêt d'êtreauilî renverfé de fon cheval,& qu'il eut beaucoup de peine à demeurer dans la felle. Ceux qui con-Koiffent le Cap dé Bonne-Efpérance, ont remarqué quelorfqu'il s'afTcmble des nuages épais fur le fomrnet de la montagne de la Table, c'eft un pré-fageafïuré d'une tempête prochaine. Caufe de Les fommets des montagnes fieslyancti.*. iuges la ligne équinoxiale, s'clevant à une hauteur prodigieufe, arrêtent le libre cours de l'air, qui vient régulièrement de l'oueft à l'eft: il s'y condenfe en nuages , ce qui produit néceffairement d'un côté du vent & de la pluie, pendant que de l'autre , le temps eft le plus ferein. Il femble que ces montagnes foîent cieftinées à partager l'été d'avec l'hiver, tk elles fervent à expliquer ai-iement la raifön des pluies régulie-du printemps & de l'automne, des Europee n~s. 20 3 Te pays des environs de Columbo , 1 ^ " Gale & Mature , qui eft le plus mon- ch°J*, tagneux de l'ifle de Ceylan, a des çhàj.iv. pluies favorables en differents temps de l'année , au lieu que dans le pays plat des environs de Jefnapatnam, il ne pleut que dans les mois d'Octobre, de Novembre & une petite partie de Décembre; ruais cet inconvénient eft réparé par d'épais brouillards, & par des rofées abondantes. Il en eft de même au Pérou1, où le pays voifin des montagnes eft fouvent rafraîchi parles pluies, au lieu que les cantons les plus expo-fés, particulièrement fur le rivage de la mer, n'ont de même que des rofées & des brouillards. Le Lecteur nous pardonnera de nous être arrêtés fur ce fujet, dans le deflein de rendre compte des variétés du temps fous un même climat ; ceux qui voudront approfondir davantage cette matière, pourront en avoir des connoiffances plus étendues dans les écrits du Lord Verulam, ou dans ceux de Defcartes , qui en ont traité avec autant de juftelfe que de détail. On trouve plulieurs Eglifes deiffe de r*». Parvas, fur la route de Tutocorin à :'- v N nj 294 Découvertes . l'ifle de Rammanakoyel , qui eft dote dea'Dondante en troupeaux. Elle tire chap. iv. fon nom de Bram ma ou rvamuna, çc du mot malabare, Koyel, qui lignifie un Temple, parce qu'il y en a un fuperbe , élevé en l'honneur du Dieu de cette Ifle , fur le rivage de la mer, On prétend qu'il contient des tré-fors immenfes , tk que fes fondements font affermis par des pierres d'une grandeur prodigieufe, qui bri-fent la force des vagues excitées par la violence des vents de fud. Le terroir n'en eft pas fertile, & en général il eft brillant tk fablo-neux : quand le vent foufrle avec force, il faut avoir foin de garantir fes yeux, qui autrement, en pour-roient être incommodés. Le Souverain de cette Ifle a bâti une forte citadelle vis-à vis des territoires du Naïçk , auquel eft fourni fe cette partie de la côte de Coromandel. Le canon de ce fort, commande un détroit qui conduit à Manaar , Jafna-patnam &Negapatnam; & en faifant une jettée de pierre, il feroit aifé de fermer entièrement ce canal. Ce Souverain eft donc maître de la navigation dans cette partie s & ceux des Européens* 2<>y qui y font le commerce, doivent ■ être très-actif à entretenir une bonne ^aiabar * correfpondance avec ce Prince , qui clup. iv. fait monter la garde avec la plus grande exactitude. En 1662, un Lieutenant , nommé Herman Eg-bertz, fut fait prifonnier avec Philippe Baldaeus , comme ils paiToient dans ce canal; on les tint étroitement renfermés, & ils furent quelque temps fans qu'on leur donnât aucune boilfon ni aucune nourriture : enfin un habitant de Manaar , qui connoiffoit Baldseus, & que le ha-f ird conduifit au même endroit, leur fit rendre la liberté, en offrant de répondre pour lui & pour fon compagnon. Dans le voifînage de cette Ifle, efl une chaîne de bancs de fable &c de rochers , qu'on appelle le Pont d'Adam, & par-deflfus laquelle les petites barques peuvent quelquefois pafler : nous en parlerons plus amplement quand nous donnerons la defcription de Ceylan. Nous allons préfentement jetter Partie mén. un coup d'oeil fur la partie méridio- corom di nale de Coromandel , fujétte en ' "1"clei' grande partie aux Naick, ou Rois de Niv 29 fj Découvertes ——- Maduré & de Tanjaour. La pre-GwuSi miere Place importante qu'on y del, trouve , eft celle de Tondy , d ou Ckap. iv. yQa tranfporte toUs les ans une grande quantité de troupeaux à Jafnapat-nam. Sur la route de cette Ville à Negapatnam, on voit une Pagode très-bien bâtie , nommée Haclie-meer. La ville de Negapatnam eft fttuée fur le bord de la mer; mais fans avoir de port commode, inconvénient commun à toute la côte de Coromandel. Patnam, en langue malabare, lignifie une ville, & Nega un ferpent. Ce pernicieux animal abonde dans ce pays ; où les Payens le tiennent en li grande vénération , qu'ils regardent comme un crime impardonnable d'en tuer un; & s'il arrive que quelqu'un le faffe par ha-fard, ils croyent que cet accident eft l'avant-coureur de quelque malheur terrible. La ville de Negapatnam fut prife fur les Portugais en i<5y9, par les troupes Hollandoifes, fous les ordres de Jean-Van-der-Laan & de Luc Van-der-Duffen. Elle fe rendit par capitulation, & il fut permis aux Portugais d'en fortir avec leurs familles, leurs proviiions des Européens. 25)7 de bouche Se leurs ornements d E- , glife : ils partirent fur quelques vait- Co][0ma*.. féaux que les Hollandois avoient ^EL>« deftinés à ce fervice. On y voit plu- c,Ul'" 1 fie urs beaux bâtiments Se une magnifique Eglife qui a une très-belle vue fur la mer, d'où il vient des vents ratraîchiflants auiTi favorables pour les hommes que pour les bétes : mais les vents de terre y fonr chauds Se étouffants. Tant que foufHent ceux de mer, le peuple y expofe de l'eau dans des vafes de pierre, Se elle s'y rafraîchit beaucoup : mais ce qui rend la chaleur plus infupportable,. font des vents qui coupent la refpi-ration y Se qui font quelquefois h étouffants , particulièrement à Mafu-lipatan, que beaucoup d'Habitants en perdent la vie. Hors des portes de Negapatnam, du coté du nord , eft une très-belle Pagode, nommée China, avec une maifon de campagne fort agréable dans le voihnage,. accompagnée de beaux vergers Se de jardins très-.élégants-, conflruits par les foins d'un riche Portugais* Peu de temps avant l'arrivée déFwniwrlior-Baldxus., le Roi de Vifapour avoit;*': fait une invafion dans f pays, Se y ven&n*pxa* N v V1V^ . 2p8 Découvertes " ." - avoit détruit tous les fruits de la coioMAsf terre. Le Naïck aiîiégea enfuite la del, ville; mais il fut repouflé avec une tha£ Iv- perte confidérable. Ces troubles furent fuivis d'une famine li rigou-reufe , que les gens de la campagne ne trouvant plus de fubfiftance, vinrent en foule dans la ville pour y chercher du riz & d'autres vivres ; mais il n'y avoit pas de proviiions fuffifantes pour les nourrir tous, & les rues furent bien tôt remplies d'hommes & de femmes qui périf-foient de mifere. Dans cette horrible extrémité , ils offroient de fe réduire en efclavage pour obtenir un peu de pain : plus de cinq mille fe vendirent ainfi , & furent conduits à Jafnapatnam , autant à Columbo, & l'on en tranfporta de même plufieurs milliers à Batavia qui n'avoient pas coûté plus de dix Shellings ou onze livres.cinq fols chacun. Le Naïck avoit eu plufieurs efcarmouches avec les Hollandois , depuis qu'ils y étoient établis; mais ils y avoient toujours eu l'avantage. Environ à deux lieues de Negapatnam, eft la ville de Carcal, où l'on fait une efpece d'étoffe nommée DES EUROPÉEN S. 299 Rambotyns , qui eft d'un grand ufage —-« au Japon. Avant que les Hollan- CorÓman-doisffuflènt maîtres de Negapatnam, d *\ > •1 . ■ 1 Chap. IV. us avoient un comptoir dans cette Ville. Trois lieues plus loin, eft un fort Fort de nommé Tranquebar , qui appartient Tran(3ucba^ aux Danois : il eft formé de quatre boulevards, & la garnifon eft com-pofée de Topafles & de Nègres. Il eft habité par des Portugais, des Payens & des Mahométans, qui ne font prefque aucun commerce , & fubfiftent principalement des dépouilles de leurs voihns, avec lef-quels ils font prefque toujours en guerre , parce qu'anciennement, ces voilîns en agirent très mal avec eux. Vers l'an 1658, un nommé Simon Van Medenblick, muni d'une corn* million du Danemarck , prit un vaiffeau des Maures richement chargé , & en paffa tout l'équipage au fil de l'épée. t Puerto-Nuovo , fitué à-quatre ou-pusrto.Kiro^ cinq lieues de Tranquebar, eft ha-vo' T«ên«w bité par les Portugais , auxquels il ^JS^** appartient : le principal commerce qu'ils y font, eft en arrack, en coco 3. & en bois dur % qu'on nomme boia Nvj 300 Dé couvertes ■ ^ i du Chafleur. Les Hollandois ont un ct^an-': comptoir environ une lieue plus d el/ loin , dans une place qu'on nomme. Chap. IV. Tegnapatnam, allez près de laquelle on trouve Tirepoplier. Cette Ville eft fituée fur une rivière qui eft navigable à une demi - lieue du comptoir des Hollandois , & il y a un très-bon^ ancrage fur un fonds de fable gris, à foixante & dix-fept brades d'eau. On y voit un Château affez fort, avec une belle Pagode & une tour de pierre très-élevée, dont le deffus eft en terrafle, & qui fert de loin à guider les Mariniers. Le terroir n'eft que du roc ou du fable, & cette place eft fous la jurifdiéHon du Naïck de Chriftappa, qui rélide à Changier, deux journées au fud de Tirepoplier. ftefciîptioh La ville de Changier a beaucoup *cChansttr'd'habitants, elle eft trois fois aufti grande que Rotterdam , fïtuée dans un vallon délicieux, & arrofée du côté du midi par une rivière. Elle eft fortifiée par un double mur de pierre , avec quatre hauts rochers au-dehors, fur l'un defquels eft une bonne Pagode, & trois forts fur les trois autres. On trouve fur ces. ro- des Européens. 301' cher-s de bons réfervoirs pour le poil "-fon, de beaux jardins & des fources CC&01*^ d'une eau dclicieufe. Outre ces for- D e l , tifications , la principale avenue de chaj«iv la ville ell commandée par un fort élevé fur un rocher, qui n'eft accef-fible que d'un côté. Le palais du Naïck eft bien défendu & rrcs-agréa-blement fitué dans un efpace , entre deux des rochers dont nous avons parlé. Il y a quelques pièces de canon fûtes de longues barres de fer épaiflés, retenues enfemble par de forts cercles du même métal, & les boulets en font de pierre taillée en rond, fuivant les différentes calibres des canons. Le Naïck reçut Baldxus & fe» Compagnons de voyage avec bonté ; il les traita magnifiquement pendant quinze jours, & leur lit voir toutes les richeflfes qui étoient immenfes, & conhfcoient en or, en argent, en habits & en meubles fomptueux. Il avoit un grand nombre de femmes & de concubines, avec une bonne armée d'infanterie & de cavalerie. Ce Naïck étoit fort vieuxprefque en enfance t le Gouvernement de fon Royaume étoit confié à un Miniftre nommé 5^2 Découvertes 'cô Trinvingelaya, qui setoit mis-vo-CoROMA^^ontaireaient hors d'état d'avoir de ]> E L. la poftérité. Ce Miniftre étoit cruel y lai?- iv. orgUeineux ( avare & implacable > mais par fa févérité, il avoit nettoyé le pays de voleurs qui l'infeftoient avant fon adminiftratiom II offrit aux Hollandois de les exempter de tous droits, de leur lailfer le libre exercice de leur religion, &de leur permettre de rétablir les forts Portugais qui tomboient en ruine, s'ils vouloient s'engager à payer tous les ans dix-huit cents rixdalles. Le pays eft fi peuplé, que malgré fa fertilité, on eft obligé de faire venir des proviiions d'autres endroits. Les Habitants tranfportent une grande quantité de toiles & d'étoffes de laine à Amboine, à Banda & aux Molucques; mais il faut les examiner avec foin , parce que la qualité en eft fouvent beaucoup inférieure à celle des échantillons qu'ils préfentent. Ils rapportent en échange , du plomb , de l'étain , du cuivre, du vif-argent, du vermillon, du mufc, du macis , des muf-cades , du poivre , du bois de fandal \ des foies de la Chine, des velours, d f s Européens. 503 des ceintures, des fatins & des tapis —■ travaillés. Les Hollandois ont aufîi un comp- pel, toir à Sadras , fur le chemin qui con- chap' iV"* duit à Madras, autrement nommé Chiunepatan, où les Anglois fe font établis dans une partie appellée le fort faint George. A treize degrés trente minutes de Defe.îptiori latitude feptentrionale, eft une an-dc.£• ,Tl'°~ cienne ville commerçante , nomméeliacatc, Saint Thomé, qui appartenoit aux Portugais , mais elle leur a été enlevée par les Maures. Elle eft fa-meufe par les manufactures 5c par les teintures, dont on prétend que la perfection eft due à l'excellence des eaux qui coulent d'une fource fa-bloneufe fans aucun mélange de terre. Environ à cinq lieues de Saint Thomé , eft la ville de Paliacate qui a un affez mauvais port. Six lieues plus avant , en fuivant une ligne droite au midi d'une valée fort unie, étoit anciennement le vieux château de Rama Geridor;on , où eft actuellement le fort Geldria , réfidence d'un Gouverneur Hollandois , en état de réhfter à toutes les entreprifes 304 Découvertes ^-- des Maures du voifïnage. La Garni- yfoï^i! fon eft compofée de quatre-vingt-dix del, Soldats de la même nation. A une Chap.iv. jieue du. rivagej eft un bon ancrage pendant la monçon méridionale , à fept brafles & demie d'eau. Mais les vagues qui viennent avec violence du Gange & de la baie de Bengale , rendent ce même ancrage très-dangereux pendant la monçon du nord. Environ à trois lieues & demie de la rade , eft un banc de fable qui s'étend en mer l'efpace d'une lieue, & les vaifleaux ne peuvent y ancrer à quatre brafles & demie & cinq brafles d'eau. Il y en a un autre un peu plus loin qui va jufqu'à deux lieues & demie eu mer, mais il n'y a d'ancrage sur , qu'à fept brafles de profondeur. A l'embouchure delà rivière, fous la protection du château, eft la ville cTArmagon avec une forêt voiline,, nommée Siercourdi, qui lui fournit du boÏ3 pour le chauffage & pour les bâtiments. Il y a du poiffon en allez grande abondance aux environs de Paîiacate, mais on n'y trouve aucune autre efpece de proviiions , parce que le terroir en eft plein de feble & nitreux, incapable de pro- des Européens. 305" duire de grains. Les fortifications 1 * font bâties fur des terreins marëca- Coromàk-geux , dans une aifez grande étendue D E L^y de pays , ce qui les met en grand ch'*e' danger d'être renverfées par la violence des eaux, dans les lailons plu-Vteufes , & on ne peut les y entretenir qu'avec de grandes dépenfes. Le canal qui conduit à Paliacate, eft prefque à fec pendant la monçon méridionale, mais durant la feptentrionale , l'eau fe répand aux environs , l'efpace de plus de deux lieues. Sous le canon du fort Geldria , font deux villages habités par des Pêcheurs, que les Portugais ont convertis à la Religion Chrétienne.Celui qui eft du côté du fud , fe nomme Diamamy , & celui qui eft au nord à une potée de moufquet, s'appelle Coupon ; mais les Habitants de l'un & de l'autre font plongés dans la plus groiliere ignorance. Le Royaume de Carnate que nous trouvons enfuite , à foixante lieues decarnalcJ de longueur du nord au fud, & quarante de largeur, depuis Paliacate jufqu'à la côte de Malabar , en prenant chaque lieue, que l'Auteur nomme Badagarienne, pour trois milles 306* Découvertes --de Hollande. Il y a dans ce pays, CoromaV trois Naick OU Chefs ?ï'mc}?m*> Clui d e i., payent un tribut annuel à la Coucha?, iv. ronne je Velour. Ces trois Princes font le Vitipanik de Maduré , qui porte le balîin du Roi, & qui lui paye douze cents florins de Hollande par an : le Chiftpanaïck de Chengier, qui porre la bcîte à bétel du Roi, de qui paye le même tribut ; enfin le Naïck de Tanjaour, qui porte fon parafol, & paye le double. Ces dignités ont été annexées à ces Provinces , & palfent de pere en fils, depuis plulieurs générations. Celui qui en eft pourvu , eft obligé d'en remplir perfonnellement l'office à chaque couronnement. A une journée au nord de Paliacate, font les villes de Penna & Ca-leture, dans les environs defquelles on trouve une racine de huit pouces de longueur , très-utile pourles teintures. Cettte racine porte le nom d'Effaye : fi en la rompant, on la trouve rouge intérieurement , &z fi elle donne un goût de nitre à la bouche, elle eft alors de très bonne qualité; ce que l'on connoît encore fi elle réhfte à la force du jus de des Européens. 307 Kmon écrafé fur la toile de coton ————* qui eft teinte de cette racine & fé- COROMA*-chée au foie il; mais fi la racine n'eft "i, pas d'une belle couleur, la teinture chà£'1V| en devient terne. Comme les Naturels du pays font fins & trompeurs, au lieu de la vraie racine, ils donnent fouvent du Sordaco ou de l'é-corce d'un arbre ]qui croît à Orixa ; mais il eft aifé de les diftinguer de la vraie EiTaye, parce que la couleur qui en vient eft beaucoup plusobf-cure. On apporte d'Orixa &de Mafuli- commerc* patan, du nely, du riz, des grainesdu payi' de gingembre, de l'huile, du beurre, des étoffes grollieres , du miel & de la cire jaune ; & les gens du pays employent ordinairement quatre mois à aller vendre leurs marchandas. Ceux d'Arracan, dePegu & de Tanaflery exportent du poivre, du bois de fandal, des étoffes, du fer & de l'acier, à huit ou dix pour cent de frais, & les retours fe font en rubis d'Ava , en gomme lacque , en long poivre blanc, en plomb & en pluheurs autres denrées. L'étain eft d'un grand ufage chez les Maures qui en garniflènt toute leur vaiffelle: 508 Découvertes -—■ "•' de cuivre : on l'apporte de Tanangor, coLman- de Sencaza & de Perach, qui font du, des ports fîtués vis-à vis d'Achem, ctap. iv. entre Tanaflery & Occeda , vers le Malabar. Royaume La ville de Pentapouli efl dans un t?ei\Miupou.rv0yaume de même nom, fïtuée fous le feizieme degré de latitude feptentrionale. Elle n'eft pas fort grande ; les Habitants font Gentils, fui ets du Roi de Golconde ; avec quelques Maures & des Perfans fort riches. Ou y trouve d'excellent indigo, maisori le vend à un prix très-haut. Les Hollandois en apportent pour l'Europe,, du coton filé, des étoffes blanches Se quelques autres marchandifes. Les teintures de cette Ville furpafTent celles de Mafulipatan., ce qu'on attribue à une racine de couleur fu-perfine, nommé Tambrevelle , qui croît dans une Ifle formée par la rivière , vis-à-vis de Pentapouli. Le Gouverneur s'en empare en payant au Roi un tribut annuel, en étoffes teintes & en draps qu'il fait travailler & apprêter fous fes yeux. Cette racine a environ un pied de long , & fait une couleur fi foncée , que pourra rendre éclatante, on eft obligé de V & COKüMAN- ües Européens. 309 le meier avec l'eflaye d'Arrical tk ^Ortacour. , Malulipatan eft une place d'un v&i v ' 1 r Cfaao IV» tres grand commerce, non-leulement "'L' pour touces (ortes de marchandées Dcfrjprion Européennes , mais aufli pour un f.^ lpa* grand nombre de denrées qu'on y apporte de la C hine tk des Ifles Mo-lucques.Les diamants font une branche très étendue de ce commerce, &: on les trouve en grand nombre dans les Royaumes de Golconde tk du Dékan ; allez près de la ville de Byfilaga. Ceux qui en afferment les mines, n'ont de droit que fur les pierres qui ne pefent que vin^t-cinq karats ou au-deflous : mais celles qui font d'un plus grand poids, appartiennent au Roi de Byhlaga. On en trouve aufli de très-beaux dans une montagne du Dékan , nommée Cofta Uytthia, ainfi que dans quelques parties de l'ifle de Bornéo. Ón vend des rubis de fort belle qualité à Malulipatan , où les Anglois & les Hollandois ont des comptoirs coirfi-dcrablcs. La ville eft très-peuplée; mais le Gouverneur qui paye un tribut annuel au Roi de Golconde, opprime les Gentils qui y habitent, &ç 5io Découvertes V . les Maures qui afferment tout le com- GoROMiw* merce des manufactures des Grands, del, contribuent également à leur op- çhap.iv. prenïon. Ceux qui veulent retirer quelque avantage dans le commerce, font obligés d'obtenir des lettres-patentes du Roi , ce qui eft très-difficile , à caufe de l'éloignement de la Cour, & jette dans de grands frais , pour gagner la protection des. Favoris. des Européens. 3 i f CHAPITRE V. De la valeur des Diamants , des Rubis, des Emeraudes , des Saphirs, des Amethyjles £r des autres marchan-difes que produijent les Indes Orientales. NOus avons fouvent parlé des — ■» diamants, des rubis & des au- coÏShSJ tres pierres précieufes,comme étant del, les principales marchandifes dont on • c"ap' v' fait commerce dans l'Orient. Nous r>es diffc- , T r, rentes efpe- croyons que le Lecteur verra avec ccs àe plrcr. plailir, dans un court Chapitre, lares précieu-nature de ces riches effets , & ce qui fes" en fait la perfection : nous allons commencer par le diamant. Si l'on admet, avec quelques Na- Des r>î» turalifr.es, que la pefanteur fpécifi- «wnts. ques des pierres en détermine la valeur , de même que pour les métaux, il «eft certain que perfonne ne con-tefte à préfent le premier rang fur tous les autres au diamant, qui efr. entre les pierres, ce que l'or eft entre les métaux. Les Latins l'ont nommé Adamas, les Allemands Deamant, 3 ï 2 Découvertes -les Anglois Diamond, les Efpagnois ctLEMADN£ Adamento, les Arabes Almaes, les del,' iMalabares Tutan , & ceux de lln-cJw*' v' douftan Hiera & Iva. C'eft le plus dur & le plus tranfparent, ainlique le plus fïmple & le plus homogene de tous les corps. Il eft fouvent gâté par des taches blanches , noires ou jaunes, qui en diminuent confidéra-blement la valeur : mais il faut être bien connoifieur pour les apperce-voir ; aufli ceux qui n'ont pas cette habileté , lont très-fujets à y être trompés. Il y a une efpece de diamant que les Anglois appellent Bofchier , qui eft peut-être aufli brillant que les autres, &qui n'a pas le tiers de leur valeur, parce qu'il eft fouvent marqueté de taches rouges & jaunes ; qui en diminuent beaucoup le prix. Le diamant ne peut être taillé que par le diamant même, & plus la poudre d'une pierre approche d'une couleur de gris cendré, plus elle eft pré-cieufe; au lieu que celle qui donne une poudre blanche, n'eft prefque pas eftimée. On eflaye les diamants en les faifant rougir au feu & en les plongeant fubitement dans l'eau, & ceux. bes Européens, gif ceux qui font de bonne efpece, n'en —•—«*—• foulirent aucune altération. On les ^oÏouai*. Vend à tant le karat, & on les trouve » h 1 ■ • dans quatre raines des Royaumes de Golconde & de Vifapour, ainfi que dans deux rivières, l'une au Royaume de Bengale & l'autre dans l'ifle de Bornéo. On ne connoît aucune autre partie du monde qui en pro-duife. On prétend que la poudre de diamant eft un poifon très-fubtil, qui perce les entrailles. Le Rubis, nommé Rubinus & Pr- Deîuubi». ropus par les Latins , Ruby par les Anglois, Bajffamora par les Siamois, & Laal par les Peuples de l'IndouG-tan , efl une pierre précieu/e d'uni rouge tranfparent , fore dure, & qui réfïfte long-temps au feu. La meilleure efpece fe trouve dans l'ifle do Ceylan , & quelques Chimiftes prétendent qu'ils en ont extrait une teinture , ce qui paroit très - douteux» Il y a des Rubis de quatre efpeces r le vrai Rubis oriental , ou efearbou-cle , dont les plus eftimés font ceu# qui ont L'éclat le plus vif: le loyal, dont le rouge eft beaucoup plus foi-Me : celui que les Anglois nomment Rubiculus , dont la couleur tient 1$ l'orne Vit Q 514 Découvertes ■ ■ ■■■ ■ miiieu entre les deux premiers; cVcc* corona'sE]ui Clu'lls aPpe]lent Sponaîcus, qui dei.',N eft le moins dur tk qui a le moins Chap. v. d'éclat des quatre. On trouve aufli des rubis en Allemagne , qui (ont fort durs ; mais ils font beaucoup plus ternes que ceux d'Orient, & par conféquent n'ont pas à beaucoup près le même prix, Il eft rare de voir des rubis plus gros qu'un bon pois : on les rend fort minces par le poli, pour leur donner plus d'éclat. Us fe vendent au karat comme les diamants , & la dureté en augmente le prix. r)"i Eroc L'Emeraude eft une très-belle Muics. . r o r pierre verte , tranlparente tk fort éclatante ; mais fi fragile, que fouvent elle fe cafle d'elle même. On la nomme en Latin Smaragdus , en Arabe Tamarul, en Anglois Eme-îald, & en langage des Indes Juf-che. On trouve autant d'emeraudes au Pérou que dans les Indes Orientales ; mais les dernières font les plus eftimées pour l'éclat tk pour la tranf. parence. Il y en a quelques-unes de fort belles en Scythie , & l'Egypte même en produit quelquefois. p%% sajbirt. ' Pour la dureîjé , l'éclat & la tranf- Des Européens. 315* parence, il n'y a point de pierre pré- —; 11 1 cieule qui approche autant du dia- ^^1.,..^ mant que le faphir. On endiftingue : de deux fortes , mâle & femelle : le CiU1?' ' premier eft le plus vif, avec une réfraction pourpre, & l'autre eft beaucoup plus pâle. On en trouve beaucoup dans le Malabar, à Calécut, à Ceylan & à Bilnagar; mais on prétend que ceux de Siam & de Pega , font les plus parfaits. La Bohême de la Siléfie en produifent quelquefois. Les Arabes lui donnent le n 3m de Milu, les Indiens l'appellent M il lam, les Anglois comme les François , Saphir. Il faut obferver qu'on peut enlever la couleur bleue du faphir , & alors cette pierre devient (emblable au diamant. L'A méthyfte des Indes Orientales Dcs Amc'-eft celle qui a le plus beau pourpre, ^^,^..7/ on la prétere à toutes ies autres. On trouve en Elpagne des Hyacinthes de deux efpeces , rouges & jaunes ; mais ni l'une ni l'autre ne peut fupporter le feu. Il y a une efpece de Jafpe fort efti- Da jafoe 5c mée, dont la couleur eft Semblable à ic l'AlübiC» celle de l'émeraude. On en trouve des morceaux aûez grands pour ea $ 16" Découvertes t ....... fairs des taffes à boire & des bijoust ' 3n:anE très-beaux. Il y en a qui font vainées del, de pourpre , de couleur de roie ; de Çhap. v. bleu & d'un brun foncé. Ces pierres, de même que l'Ambre, qui eft le S'iiccinum des Latins , fervent à faire diverfes fortes de bagatelles qui fa vendent très-bien en plulieurs endroits des Indes. L'Ambre eft une fubftance réfineufe, douée d'une puif-fance attractive , qui opère fur la paille & fur les autres matière* légères. Bc l'Œil de On trouve aux Indes une pierre, nommée (Bil de Chat, qui a la vertu, difent les Indiens, de préferver du feu la toile qui en eft frottée ; mais je ne confeilleroisàaucun Marchand d'en faire l'épreuve , & cette propriété doit être mife au rang des er«? reurs populaires. He-jHoema, La pierre de fang oullcematites., ,'ia.d * qilon trouve dans l'ifle de Ceylan & à Cambaye , où elle eft nommée Si-lakenea , tire fa dénomination en partie de fa couleur, &en partie de la vertu qu'on lui attribue, detan-eher le fan .r. Elle eft auffi commune dans la nouvelle Efpagne, où l'on m fait des collier^ ; les femmes ^ Çfcat. des Européens. 3f*7 font tremper quelques inftants dans * l'eau froide, & la prennent en fuite ^Jj;, dans leurs mains , comme un remède dei efficace contre les pertes de fang. Le chap' Nephritis ou pierre des rognons , eft de couleur verte : on la trouve aux Indes Orientales & Occidentales, où les Habitants la regardent comme un remède contre toutes les maladies qui attaquent les parties doue elle porte le nom. La véritable Pierre de Serpent fe Kerre trouve dans l'efpece la plus veni-roeufe de celui que Ici Portugais appellent Cobra de CuOelo, &Ies Latins , birpens Piir.f'n. Elle eft couleur de brun foncé, avec une tache blanche au milieu, affez femblable à un œil : quelques-uns prétendent qu'elle fe forme dans la téte du fer-pent, d'autres difent que fi l'on pend cet animal par la queue, au-deflus d'un vale plein d'eau , cette pierre fe forme de la liqueur qui tombe goûte à goûte de fa gueule. On la regarde comme ua remède contre l'hydropi-fîe, en l'attachant au ventre de la perfonne affligée de cette ma'adie : quand on la plonge dans l'eau, s'il 5*éieve des bouteilles à la furface , 3 î S Découvertes on 'uge que la pierre eft très-bonne ; c - • t^V autrement on n'en fait aucune eftime, V^Ui. OMAN- _ , j sa, On juge encore de la bonte quand chap- v* elle s'attache aux lèvres d'une blef-fure , jufqu'à ce qu'elle tombe d'elle-même, après en avoir tiré tout le • poifon , ou la matière virulente , qu'on faitenfuite fortir de la pierre, en la plongeant dans du lait. Bal-dams allure qu'il-a été témoin oculaire de cet effet, & qu'il l'a vu appliquer avec le plus grand fuccès fur un Nègre , mordu d'un ferpent. Kir-cher , dans le neuvième livre dut Aîundus fubterranœus , parle fort au Ion* de cette pierre & de fes vertus; mais il faut remarquer que les Bra-mines font une compofition qui ret femble à la Pierre de Serpent, ils cachent avec foin les ingrédients qui y entrent ; mais on croit qu'ils la forment particulièrement de la tête, du cœur , des dents & du foie du ferpent , mêlés avec de la terre figillée. Delà pierre La Pierre nommée Pedra de Porco rit Cochon. pierre de Cochon t eft que]que_ fois de couleur grife, & d'autrefois rouge ; elle imprime un goût amer hir la langue, & paroît avoir une efpece de graillé en la touchant. On des Européen?. 3 ï# la met infufer dans l'eau , jufqu'à ce qu'c-lleluiaitcommuniqué fon amer- c°R'0slAN-furne, tk l'on donne ce breuvage à hel. ceux qui font affectés de fièvres ou cha*,Y" d'autres maladies inflammatoires. Les Indiens font fortement perfuadés des grandes vertus de cette pierre,qu'on trouve dans la veille biliaire des co-cho.s de Malaga. Il y a quelques agathes dans le voilinage de Suratte; mais elles (ont peu eftimées, a moins qaelî.s ne foient figurées. On y tr vjve aulli des fardoines, ainfi nommées à caufe de leur reilemblance avec le nombril humain. , Pour avoir la Pierre de Crapaud, Qia^uj. ^ on enferme un de ces animaux le plus vieux qu'on peut avoir dans un vafe percé, & on l'enterre dans un fumier, près d'un nid de fourmis. Il devient la proie de ces infectes, qui le dévorent entièrement, à l'excep» tion d^ la pierre qu'on regarde comme un excellent remède contre la pierre dans les rognons , contre le poifon & contre les maladies d'efto-mach. Elle fe forme dans la téte du? crapaud , eft aulTi grolTe qu'une feve, & de plulieurs couleurs, particulièrement verte. A l'extérieur, elle ell Oiv 3'2Ö Découvertes ■ unie & brillance, dune nature of-côte i>Ef r- ; | fubitance intérieure vu, paroît être une véritable pierre, un Çk*2- v< la met pour l'éprouver, lui le chemin d'une tortue : fi cet animal paiïe fans y faire attention, on juge que la pierre n'a nulle vertu ; mais au contraire , on la croît très-bonne quand la tortue veut la dévorer. Tjuïézann!. Dans l'ellomach des chèvres de Perfe & de l'ifle de Bornéo , on trouve la pierre nommée Bézoard, qu'on re^ardoit autrefois comme un puiflant antidote, & qu'on eftime encore, comme ayant plulieurs vertus médicinales. C'efl une fubftance folide, de forme ovale, d'un gris obfcur, tirant fur la couleur d'olive : quand on la romp, elle [paroît formée de pluheurs croûtes les unes fur les autres, comme les peaux de l'oignon. Les Habitants de Banda en trouvent de fembiables dans la tete de quelques linges. Les Chinois & -les Indiens en prennent dans de l'eau-jrofe, comme un fpécifique contre le poifon, les maladies des hypocon-dres & les fièvres quartes. Ils font fiuflî dans l'ufage de fe purger deux fois l'année, & de prendre enfuite des Européens. 321 depuis dix jufqu'à trente grains de J J J Bézoard , comme un prélervatii & un reftaurant. ü E L.» Cette pierre fe vend au karat > * pour trois fois autant d'or qu'eue pefe ; & ceux de Malaca difent qu'elle -n'eft pas bonne quand elle ne jaunit pas le mortier dans lequel on la broyé. On l'éprouve aufli en faifant palier une aiguille & un fil trempés dans quelque poifon fubtil, au travers de la jambe d'un chien , & en lui donnant une petite quantité de poudre de Bézoard aufli tôt qu'on le voit tomber en foibleffe : on juge que la pierre eft altérée fi l'animal ne revient pas d'abord dans loa état naturel. Cette pierre reçoit' le nom de Belzoard ou Bézoard , d'un motPer-fan , qui fignifie Seigneur du poifon ; les Arabes la nomment Hagiar Corralione. Lorfqu'onen ôte la première croûte , la féconde paroît plus unie & plus brillante : on trouve au centre une fubftance farineufej, qu'on regarde comme plus efficace que la poudre même de la pierre. -Elle fe forme dans le corps des chèvres des montagnes du Pérou , da Ov , Découvertes ».i M,.,., même que dans celles des Indes l . . e de Orientales, & elle eft renfermée dans d i l, ' " une efpece de fac filandreux , d'envi-ciiip. v- IOn huit pouces de longueur, qu'on trouve dans la concavité de l'eftomac de ces animaux. Ceux qui vivent dans les vallées ou dans les ter-reins bas, ne produifent pas des pierres aufli bonnes que ceux qui demeurent toujours fur les montagnes. De iTn«igo. Comme l'Indigo eft une des principales marchandifes dont on fait le commerce aux Indes , nous allons finir ce Chapitre par une expofîtion de la nature & des propriétés de cette fubftance. Il y a diverfes efpeces d'Indigo, fui-vant les différents endroits où il vient, C'eft un arbriffeau de fa hauteur d'un homme , avec une petite tige dure, femblable au mûrier des haies. La fleur eft pareille à celle de l'églantier, & la graine reffemble à celle du fee-num graecum. On le feme en Juin & Juillet, & l'on en fait la récolte aux mois de Novembre & de Décembre. L'efpece la plus large croît près du village de Chircees, dont on lui donne le nom, à deux lieues d'Amada-bad, capitale du Guzarate, On le des Européens. 325 recueille trois fois en trois ans, après . ' ' quoi il n'eu\plus que de|très-peu de corJmas-valeur, Se même la féconde & la troifieme récolte, ne font pas au- Ciiap' tant eftimées que la première. La première année, on coupe les feuilles environ à un pied au-deffus de la terre , on les fait lécher vingt-quatre heures au foîeil, Se on les met en-fuite dans des barils remplis d'eau falée : on exprime la teinture par de grofles pierres dont on charge cette mixtion pendant quatre ou cinq jours, en entretenant toujours l'eau dans un mouvement continuel, après quoi on la tranfporte dans des vaif-jfeaux plus grands, où on la tient aulli dans l'agitation , en foulant l'eau fans intermifîion , jufqu'à ce qu'elle commence à devenir épailTe , & que l'Indigo tombe au fond. Alors on le tire de l'eau : on le fait palier au travers d'une toile claire, Se on le couvre de cendres chaudes pour le faire fécher. Les gens de la campagne l'altèrent avec de l'huile, ou avec de là. terre de la même couleur, pour q&'il paroiiTe meilleur fur l'eau. Les marques de la bonté de fin-' Ovj 324 Di COU V E R T F. S digo font quand il eft brillant Se fec .qu'il nage fur l'eau, qu'il donne une fumée de couleur violette en le mettant au feu, & qu'il ne refte que très-peu de cendres. Il faut laif-fer repoler la quatrième année le terrein qui a produit de l'Indigo , ou au moins ne lui laifler produire que des herbes de cuihne. Il y a une efpece d'Indigo que le peuple de Gu-Tarate , nomme Amiel de Biant. Il vient particulièrement dans les faifons pluvieufes de Juin , Juillet , Août & Septembre, quoique l'excès de la pluie lui foit pernicieux. Il faut avoir grand foin que le terrein des environs foit nettoyé de chardons Se de ronces, Se les acheteurs doivent bien prendre garde qu'il foit très-fec ; autrement, ils perdent trois livres fur dix, en huit ou neuf jours. L'Indigo Laura, ou Indigo de Ba-yane , eft de trois efpeces différentes. La première appeîlée Vouthy, efl: d'un bleu brillant, & tire fur le violet , quand on l'exprime au fo-Jeil fur l'ongle du pouce. La féconde nommée Gerry , eft d'autant plus eftioîée, qu'elle approche plus de Ja, des Européens. 3 2 y couleur violette : enfin la troifiemè, -,["" 1 appellée Cateol, eft la moindre de Qûf oii.\s, toutes : la couleur en eft d'un rouge ó ei.. obfcur , ex elle eft li dure, qu'à peine Cliaî" la peut-on broyer. 326 Découvertes CHAPITRE VI, Caufe s des maladies que les Européens éprouvent fréquemment aux Indes Orientales : Moyens de conferver fa faute dans ce climat : Dtfcriptïon de Var briffe a.u qui porte- le Thé, manière de le conferver : Qualités phyftqucs de cette plante, comparée au café au chocolat : Comment les Européens boivent, dorment , mangent £r partagent leur temps dans ce pays : Origine & cours des fleuves du Gange & du Nil, cô t b de J>^ cription du Malabar & du Co-BEi., romande!, par le récit que tait notre ch^p.vi. Auteur, de la manière dont y vi-Maladiesyent les Hollandois. Nous commen-pSns Edamcerons Par ohferver que les chaleurs nade. " font exceffives fous ce climat, & qu'elles y feroient abfolument infu-portables , fi l'on n'y étoit rafraîchi par des vents de mer très-froids : aufli le grand nombre de maladies dont les Européens y font attaqués des Européens. 327 viennent plutôt de leur intempérance " o, j 1 t ,1 1 1 1 > ' CÔTE du o. pe leurs débauches, que de lin- Cûruma.*-clémence du cli;*nat. Il eft mal fain d e t.► dans ce pays, de demeurer au lit cha£' après le foleil levé, aufli en général, on en fort affez matin, & aufli-tôt après, on fe lave depuis la tète jusqu'aux pieds avec de l'eau froide ou tiède : mais Baldams confeille la dernière , comme la plus faine. On y change de chemifetous les jours, & ceux qui ont une attention particuliere à conferver leur (anté , s'y abstiennent de liqueurs fortes : ils prennent feulement une cuillerée d'eau-de-vie avant le dîné & autant le foir avant de fe mettre au lit. On fait aux Indes un grand ufage P^^'j* du Thé : c'eft un arbrifTeau de laTh& Chine , qui ne croît jamais fort haut : on en fait fécher la fleur, que l'on roule & que l'on conferve. Ses fleurs ont une couleur fort vive & une odeur très-agréable au commencement deleté : elles font fuivies d'un bouton verd, qui enfuite devient. noir. On échauffe doucement la feuille dans un pot de fer, enfuite on l'é-tend fur une natte bien nette, ou elle ie roule. &P£è* cjuoi on la mer 528 Découvertes r encore fur le feu jufqu'à ce qu'elle «oroman- ^0[t parfaitement feche. On confer-d*l> ve foigneufement ces feuilles dans s' VI" des boîtes quarrées , d'étain ou de plomb , bien fermées , pour empêcher l'air d'y entrer, parce qu'il les gâteroit en peu de temps. Le Thé eft de diiférentes efpeces & de divers prix, fuivant fa bonté. Il réjouit les efprits , dilllpe les opprelîions d'ef-tomac Scies péfanteurs de tête. Kir-cher prétend qu'il a une qualité diurétique, & les Chinois penfent que c'eft le grand ufage qu'ils en font qui les exempte de la goutte. Le Thé eft d'une nature plus douce que le café ou le chocolat , dont Je premier enflamme le fang & donne la pléthore , e s c r i p- Tenmarache, Waddamarache & Pat-orte très-loin en mer, n'en étant DES EUROPÉENS. 34f éloignée que d'une demi-lieue: aûffi ' " cette rnaifon eft abondamment four- '*,e0 M'v' nie de cancres, de foies & d'autres deceyiart* efpeces de poiifon , outre les Iievreo Cli>?1' & les perdrix qui y font excellentes. Le village d'Achiavelli, eft dans une lîtuation agréable au milieu des' bois, & l'on y trouve en quantité des cerfs , des lièvres & des fangliers j mais on y eft très-incommodé des ferpents. Il y a des efpeces de tourte» relies qui gémiflent avec tant de régularité, que les Habitants n'ont pas befoiu d'autres horloges. On y voit une belle Eglife de pierre , capable de contenir deux mille perfonnes , avec une école de plus de quatre cents enfants. Pluheurs anciens^Bra-mines y faifoient leur réhdence du temps de Baldjms , ce qui arrétoit beaucoup les progrès du Chriftianif-me : cependant un d'entre eux qui étoit un homme très-favant, fe convertit à l'âge de quaraste-fix ans , & compofa un très-beau poëme fur la vie & la mort de Jefus-Chrift, en langue Hanfcreeft , qui eft la meilleure du Malabar. A Ondewil, ^ft une école de fîx cents enfants, avec une Eglife & une 5 42 Bé CÖ V VERTES 1....... mailon qui appartenoit autrefois aux PViCo\IP'Francifcains. Le terroir en cd très* «Ju ccyian, fertile & abondant en riz &err autres çli's' h productions. 11 en eft de même des campagnes voifines de Batecotte , qui eft près de la rivière de Sel, •avec une grande école , une belle Eglife & une maifon adjacente, ornée de plulieurs jardins. II. feroit trop long de faire rénumération de plulieurs autres villages, dont chacun a fon Eglife : nous remarquerons feulement , que dans ceux de Manipay & de Nelour, qui ne font pas éloignés de Jafnapatnam, elles font bâties de terre & couvertes de feuilles de palmier, Tune & l'autre ayant été anciennement des Pagodes. Les Habitants de ces deux villages , ne font pas fi doux ni h capables d'inftruclion que leurs voi-îïns, 8ç notre Auteur prétend que cette difpohtion peu favorable, vient de ce qu'ils ont été corrompus par quelques Ouvriers en toiles de colon peintes, qu'on y a fait paffer dix continent, & qui y réufiiifent allez mal, parce que l'eau n'eft pas propre à cet ufage. Les Naturels font payens, méchants, fuperftitieux, & il efttrès- des Européens. 545' difficile d'inftruire ceux de leurs en- — fants qui viennent aux écoles, p**oe ^"^V** qu'ils ne (ont pas fulccptibles de deCeytor, crainte. . ****** Il y a cinq villages, donc chacun Province de a (on Eglife dans la Province de CUiuai"',"s-Teamarache : dans le premier, nommé Navacouîi, l'Eghle eft bâtie de terre & couverte de feuilles de palmier. Il ell ficué au milieu d'une plaine très abondante , & les bo;s Voifins ("ont remplis de venaifon tk. d'oifeaux fauvages , ainh que d'une grande quantité de finges de diverfes efpeces. Le village de Chavagatzeri n'en eft pas tort éloigné : c'eft le plus grand de toute la Province ; on y trouve beaucoup de poiifon , de beaux jardins bien garnis de fniits, & le peuple tire fa lubhftcnce de la pèche tk de l'agriculture. Dans l'école de Chavagatzeri, il y a environ mille enfants. Le chemin qui conduit à Cathay, eft plein de fable & fatiguant; la rnaifon & l'Eghfe font de terre couvertes de feuilles: l'endroit abonde en becaflînes, en hérons, en corbeaux des Indes tk en autres oifeaux . Piv '5 44 Découvertes »'" On y voit aulli plufieurs étangs bien tic>n.P fournis de canards fauvages. «fe CeylW, Waranni eft fitué dans ua terrein Clu-'L fabloneux , & le chemin qui y conduit , eft rude de très-ennuyeux. Cet endroit eft remarquable , en ce qu'il produit les meilleurs melons d"eau de toutes les Indes : les environs font couverts de bois d'Arecka, de cocotiers, de palmiers, de bananiers, de mangotiers , d'acajous & d'autres bois que l'Auteur appelle guiavo. L'Eglife qui peut contenir deux mille cinq cents perfonnes, eft bâtie afïez légèrement, mais elle eft environnée d'un mur de terre : la rnaifon qui y eft jointe, a une fort belle entrée Se plufiours'beaux appartements. L'Eglife d'Illondi-Matual, n'eft «que de terre : mais la rnaifon eft de pierre , avec des marches élevées & une falle très-fpacieufe. Elle dépend du village de Nagar-Koïel, où étoit autrefois une fameufe Pagode. On y trouve beaucoup de paons & quelques éléphants apprivoifés, entretenus pour le fervice du comptoir Hollandois : il vient quelquefois des éléphants fauvages dans le territoire de ce village, r f. s Européens. 345* La Province de Waddamarache ......■ ■ h*aque trois Eglifes avec leurs vil- DETslt0"K1 *' feges, & les maiionsqui en dépen- dcccvian. dent. Les proviiions lont à li bas chap-u prix danscecte Province, qu'on peut Province acheter un mouton pour la valeur maraclie. de feize fols de France , foixante oeufs pour lix fols & quatre poulets pour dix fols. L'Elfe & la rnaifon deCatavelIi, font bâties de briques, avec un jardin , où l'on a élevé , pour 1 été, uri bâtiment dont le toit eft eD terraffe , d'où l'on découvre le plus beau L'Eglife de Vneputti peut conte-" ■ nir près de neuf cents perfomies : l'école eft fréquentée par plus de fix cents enfants, & on leur enfei^ne à former leurs lettres fur le fable ; mais le viliazc eft habité par une troupe de voleurs, de la race des Nalloas , fans loi & prefque fans au* cun principe de religion. • L'Eglife la plus belle & la plus fpacieule de toute la province do V/uddamarache, eft celle de Pari-» ture , ainfi nommée à raufe de 1» grande quantité de cotoniers qui ÊrowTcnt aux environs, parce que Pv $4 ^ Découvertes ' le mot Pariture. en langage Mala- D £ s c R i p t r -r j i TION bare, lignine port de coton : les «le ceyi:n . Portugais le nomment Punta de Pe- Ch»p. i. ç\v.àSt Aulll-tôt qu'on apperçoit de cet endroit, quelque vaiffeau en mer, on déployé un pavillon dont la vue fert à le guider pour entrer dans la iade , où il y a un très-bon ancrage & très-sûr, excepté dans le temps de Ja mouçon feptentrionale. Notre Auteur y prêchoit dansles jours les plus chauds fous un tamarin, qui donnoit une ombre très-agréabie à fes Auditeurs. # tiovince Patchiarappa'lla elf la quatrième * £atWhiaM"& dernière Province du Jafnapat-nam : les Habitants en font très-pauvres , & vivent particulièrement de poiffon fec & d'un peu de riz. aïs font très-fujets à la galle , à la petite vérole & aux fièvres malignes, dont les révolutions fuivent alTez le cours de la lune, & qui font très-dangé-reufes. •Beaucoup d'enfants y périls fent d'une maladie qui leur occa-fionne des lueurs putrides dansles aines & au ventre. Ils fouftcent beaucoup des éléphants fauvages , qui viennent en grand nombre pour manger le fruit du palmier, dont ils font d"e s E o k o v-£ e k s. 547 frcs avides, & qui tak au (li Ia DOUf- 1 "■■ -ïituredes plus pauvres des habitants. DetsioV?" Cette Province abonde en bois, deCcyW, qu'on nomme Jager , uu bois du .cin^-u chaOeur. Il y a des femmes qui gagnent leur vie à jouer d'une efpece d'inftruraent, nommé Galang, qui reilemble à un gobelet , où elles foufflent comme dans une trompette, & en tirent un fon allez peu harmonieux. H y a quatre Eglifes & autant de villages dans cette divifion. La première, nommé Poelepolay , eft entourée d'une haute muraille, avec; des meurtrières , comme dans les for-tiiications , pour fe défendre des in-eurfîons des'C ingale fes , dont ils fouç très-incommodes. L'Eglife de Mogommale eft bâtie-dans un bo's, & celle deJambam-me , qui peut contenir neuf cents jierfonnes avec une école de cinq cents enfants, efl la plus grande de .toute la Province. La dernière Eglife des quatre, eft ce!!-» de Mulipatto, environ à une journée de Jafnapat-nam. Lue a des meurtrières pour fc défendre ; mais e'ie eft baffe tic affez mal conftruite. Avant de quitter le pays de Jafnapatnam, nous ne de- Pvj 3-f8 Découvertes ........vous pas oublier de faire remarquer TIGN que prelque coures ces bgl-iles >nt de Ceylan, été fondées par les Portugais , &que Ciuu. L cnacune e[\ accompagnée d'un théâtre voiiin , où. les Jéfuites & les autres Membres du Clergé Romain , faifoient repréfenter des drames tirés de fujes facrés, pour inftruire Je peuple en l'amulant. des Européens %0 CHAPITRE II. Defcription d'une tempête Çy d'une fu-rieufe.inondation dans-Vif e d'Oura-ture : Grand fiege venant de Donna Clara : Defcription des ifles d? Ou-rature, Caradiva , Pongardiva , Analativa , Nainativa & Ninun-diva : Danser imminent quand on approche de cette dernière: Le ton* ner're fait, fortir une four ce à? tau fraîche : Grand nombre de Chrétiens à dafnavatnnm : Mœurs & Coutumes des Bramines, des Bellalcs , des C'hit!eis , des Paruas, des P'créas , des Chivias & de quelques autrts Tribus. VT Ov s allons préfentement jet- D"Es JL^I ter un coup d'oeil fur fix peti- tiotî tes Ides voifines, dont la première, ^P^!1' nommée Ourature, abonde en cerfs & en poiffons ; elle fournit aufli beau- d'oumiîr*? coup d'une racine rouge , nommée Saye, propre à la teinture. On dit cjue le beurre y eft excellent, & qu'il va quantité d'alouettes 8c de mauves. Cet Ifle a trois paroiffes, dont le 3- y o d f": c o u v e r ï e s ui.,, • nombre de Chrétiens pris en(embîe\ 6Mcur"monte à deux mille (ix cents. Elle dccyian, a été fujette à de furieufes inonda-ehap.ii. tions, & pendant une tempête qu'elle fouifrit en ióc8, les arbres turent déracinés, les maifons découvertes, & l'eau qui emporta tout ce qu'elle rencontra fur (on paflage , lailla en fe retirant , une grande quantité de poiffons à fec. Ecr-iflcde L'ifle de Caradiva, qui n'eft fé-Caïaiiiva. parée d'Ourature que par un bras de rivi-re, a une Eglife de pierre de une bonne rnaifon. Elle produit la meilleure fo e qui foit dans toutes les Indes , & conjointement avec une Ifle voifine , nommée par les Portugais, Ilha defërta , elle fournit les vaifleaux Hollandois de bois à brûler ; mais l'une de l'autre font in-fefiées de ierpents très-venimeux, jfifcgaidiya. Les habitants de Pongardiva font' très-grands: leur Ifle a de l'étendue;-mais le terrein qui n'eft prefque que du roc , eft très-peu fertile : cependant on y trouve beaucoup de paons, de cerfs, de •lièvres. & de grande» huîtres , avec pluheurs aumsefpevcs de ooiflon, qu'on pèche de tous les côtés de l'If le,. bes Européens.- TfX On trouve aulîî des huîtres déli-cieufes dans l'ifle d'Analativa , qui-?VvoV** contient environ mille Habitants, de ceylan», en y comprenant les hommes, les Cuap' :" femmes & les enfants. Du remps des AnaUtiva». Portugais , on l'appclloit Donna Clara, du nom d'une Dame à qui elle appartint quelque rems. On y a confervé fon liège qui eft allez large pour contenir deux perfonnes. Nainativa eft une ifle fort petite , Nalnatïw & habitée par des Chrétiens qui étoient :--iUUi"-u ' anciennement Bramines , & qui mènent une vie fort réguliere. B y a une petite Eglife , & l'on y trouve beaucoup de Chacals. La dernière de ces petites Ifles, eft nommée Ni-nundiva, ou ifle longue , & par les Portugais , terre des vaches , à caufe de la quantité de ces animaux qu'on y avoit tranfportés de Tonday. Elles n'étoient pas greffes , mais le goût, en étoit excellent, de on les ache-toit à très-bas prix , puifqu'on en pouvoit avoir une pour une demi-rixdalle. Le terroir y produit quelquefois des herbes fi venimeufes, qu'elles font périr les troupeaux qui s'en Bourriflent. Notre Auteur y pafîà- 5 S2 Découvertes ' nuit jours dans un temps où les pro* t i ■.-> \ virions étoient fi rares, que lui & fes dkceylan , Compagnons y mouroient prefque ftbap. U. je fajHji _Les lïabitants font très* malheureux , & leur nourriture efl ordinairement des plus médiocres» La côte eft de toutes parts fi remplie de rochers , qu'on ne peut y aborder que dans le temps du plus grand calme , ce qui arrive deux fois l'année , au changement de la mouçon. On y voit les ruines d'un fort conftruit par les Portugais , qui y ont apporté quelques chevaux, dont le nombre s'eft conhdérable-ment multiplié. Ils font petits ; mais hardis & très-propres à marcher fur un terrein pierreux..Il y a une efpece de chèvres qui produifent du bézoard , mais ce n'eft pas de la qualité la plus eftimée. Il n'y a qu'un feul endroit dans toute l'ifle , où l'on trouve de 1 eau fraîche ; c'eft un cô-« teau fitué entre pluheurs rochers j 6 fi l'on en veut croire les Habi-* tants, elle ya été découverte par un coup de tonnerre. Elle vient de deux ou trois fources d'un demi-pied ou d'un pied de profondeur. Line con* fient environ onze cents perfonnes» des E u r o ? i e s. ^5*5' Suivant Baldaeus, il y avoit en 1663 , dans la province de Jafnapatnam & D " o » * dans fcs dépendances, foixante & dcceyuo, deux mille cinq cents cinquante-huit GJwP**fr Chrétiens , outre deux mille cinq cents quatre-vingt-fept Elclaves qui étoient inftruits dans les principes de la Religion Chrétienne. De même que les Bramines tien- Dcs Ceiiaic5.. fient le premier rang entre les Payens, les Bellales ont la préféence entre les Chrétiens naturels. Us portent autour des reins , une bande de toile dont ils s'enveloppent aufli les cuh-fes & une partie des jambes, ce qui leur forme des efpeces de caleçons. Ils ont de pailles femelles qu'ils attachent fous les pieds , dont ils laiiïent le deffus découvert, pour fe garantir de la fueur. Dans un fac , nommé Maddi , qui eft toujours devant eux, ils portent du bétel & de l'arecca ; a leur côté droit, eft un couteau à gaine avec un morceau d'acier pour l'ai gui fer, & une plume de 1er garnie d'argent. Leurs oreilles, qui tombent prefque iufques furies épaules , font ornées de pendants d'or ; leur ri-chelfê confifte en vaches , en bceufs , en moutons > en,chèvres & en buffles. '3 5*4 Découvertes ..... Leurs demeures font entretenues DVio n""très-proprement , & ils ont de beaux de ceylan, jardins, bien arrofés. Les mois d'Oc-Chap.ii. tobre fe Novembre, font ceux de leur hiver & de la faifoo pluvieuCe , & ils font la récolte en Janvier & Février ; mais dans quelques endroits où. le terrein ell bas & marécageux , on recueille deux moulons par année. Pendant les deux mois d'hiver , les pluies y font continuelles, très-violentes , & la terre eft entièrement couverte d'eau ; mais il eft très rare qu'il y ait d'autre temps humide dans tout le refte de l'année, ce qui les-oblige d'arrofer leurs cocotiers , jufqu'à ce qu'ils foient parvenus à avoir fîx ans. Le terrein , a deux pieds de profondeur , n'eft que du roc , & l'on a beaucoup de peine à le percer pour trouver de l'eau fraîche. De leurs Les gens de ce pays aiment excef-Mariages. f1Vement le beurre, qu'ils font avec une efpece de moulin , femblable à celui dont on fe fert pour préparer le chocolat, & avec du lait épaiflît qu'ils nomment Tayr , de qu'ils donnent comme un rafraîchifîant- dans les fièvres & dans la petite vérole. Les Bellales en général, font riches des Européens. 3 J'y chicaneurs tk envieux : ils fe marient ■■■■m. i ordinairement au printemps, en quoi p" ils imitent les Romains, qui céié- deCeyla», broient leurs mariages au mois de Ch*2-lh Mai. Chacun prend fa femme dans te propre tribu , & même dans fa famille : ils marient leurs filles à dix ou onze ans , parce qu'ils regardent comme un péché , de perdre quelque partie du temps où ils penfent qu'on peut contribuer à l'accroilfement de la fociété. Un homme qui demeure feul, quand il eft arrivé, à lage de maturité , eft chez eux un objet de fcandale ; & comme perfonne de leur tribu , ne peut prendre une femme fans dot , i! eft f >rt ordinaire de voir faire une collecte pour marier les filles les plus pauvres. Ils célèbrent leurs mariages pendant quatre ou cinq jours , qu'ils paflènt dans les fêtes tk dans les plaifirs, mais fans y faire aucun ufage des liqueurs fortes ; cv ils élèvent alors devant leurs maifons , un arc de triomphe, formé de branches de figuier tk de grenadier, garnies de diverfes fleurs. Le Tali ou bracelet de la femme, fe met au col du marié : & fut la côte de Coromandel, quand il meurt, on 35*^ Découvertes — brûle ce Tali avec lui. S'il arriva D^S,C0RNIP'qu'une fille parvienne à l'état ord:-4c Ccyi.m, naire à fon fexe avant d'être mariée , Ciup.ii. ii ep, crts.rare qu'elle trouve un garçon pour l'époufer, & perfonne ne Ja demande, quand on lait que cet accident lui eft arrivé. t>csBrami- Quoique plulieurs des Bramines *"' profeffent la Religion Chrétienne", ils confervent toujours des reftes d'i-dolâtrie, comme de ne jamais manger de ce qui a été animé. Ils font de bonne mœurs , fobres , polis , induf-trieux & obligeants, ils ne boivent aucune liqueur forte , mangent peu à la fois, fe baignent deux fois par jour , ont beaucoup de penchant pour les femmes, mais regardent J'in-cefte avec horreur. Pour ne point fe confondre avec un fang étranger, les hommes époufent leurs nièces & les femmes leurs neveux , plutôt que de le marier dans d'autres familles. II y a parmi eux beaucoup d'aftro-nomes, qui connoiffent affez bien les mouvements du foleil & des planètes , & qui font-en état de calculer leséclipfes. Quelques-uns d'entre eux penfent que toutes les ames ont été créées en même - temps , & DÉs Européens. 5 57 quelles viennent vivifier les corps 1..........■* humains quand il eft néccffaire. UsD\\c0RNlp" ne peuvent abandonner la doctrine de ceylan, de la tranfmigration , & cette opi- Cajf-U-nion eft répandue généralement dans toutes les parties de l'Inde. . La tribu des Chivias étoit autre- Des chfc fois particulièrement attachée au 1er- JÏJj^J dcs Vice du Pvoi, mais préfentement ceux de cette tribu fervent à couper du bois, à tirer de l'eau &à porter des fardeaux pour les Hollandois. Ils font très forts, & propres à oien porter les litières : mais dans cette occupation , ils confervent leu'r fierté, & ne voudroient pas, pour quelque prix que ce fût, porter quelqu'un qui ne fut pas au-defTus du'commun du peuple. Les Paruas font fort adifs, Se beaucoup d'entre eux parlent bien le Portugais. lis font très-bons plongeurs ; mais il n'y en a pas un Ci grand nombre dans l'ifle de Cevlan qu'à Tutocorin Se dans les autres parties du continent. Le mot Chitty lignifie un Mar-Dci chhûc; chand, Se la tribu qui porte ce nom , fait un graad commerce de toiles Se d'ouvrages des Manufactures. Les gens de cette tribu font fort adroits. 3 yS Découvertes f- & le p.ere inltruit ion Hls dans le PViCornP"Senre de travail auquel il s'applique de cdan , lui-même ; ainfi l'art de faire les toi-tbap. n. jes .:Qelm de bâtir, les travaux qui fe font fur le terrein & plulieurs autres, font des occupations héréditaires. Sur les bords delà rivière de Sel ■ & près le rivage de la mer de Jafnapat-nam , vivent les Careas , qui font tous pécheurs , de même que ceux de la tribu de Mokkuas. •Dei Nai- Les plus laies de tous ces peuples, louas. & les plus approchants des Hotten-tots font les Nallouas , remarquables par leur noirceur. Ils font les efclaves des Bellales, pour lefquels ils creufent la terre, arrofent les arbres, prennent le foin des troupeaux, & font tous les offices les plus abjects. Ils ont une û grande malpropreté, qu'on peut les (uivre à l'odorat, comme les Renards. Les Pareas ne leur cedent en rien pour la faleté & pour Ja bafleffe des occupations : ils mangent des rats tk des fouris, portent le tumicr, & font à tous égards, la race la plus méprifable qu'il y ait peut-être au monde. Rien n'eft égal à la hauteur dont les fupérieurs traitent leurs inférieurs : ils les obligent des Européens. 3 yp quand ils les rencontrent dans les ■ 1 ruts, à leur hure la révérence la plusD *\c0 * IP~ refpeétueuie, & il en eft de même deCeyian, des femmes , qui font tenues dans la * plus grande fujetion, & auxquelles il n'eft pas permis de s'afleoir à table avec leurs maris. Dans toutes ces tribus, on ne mange point de la chair des vaches , & on regarde ces animaux comme facrés, luivant l'o-pinion des anciens Egyptiens. En général, les Habitants de Cey- «tón» dcé lan font tres-fobres dans leur nourriture, n'ont point de pafhon pour les liqueurs fortes , font naturellement ingénieux , & ont !a mémoire très-heureufe. Us font tics-propres dans leurs habillements , excepté les deux dernières tribus dont nous avons parlé ; n'ont point le caractère querelleur; mais ils font enciins a ttomper, fort adonnés à la fuperf-tition des prétages, & tombent fréquemment dans l'adultère ck dans I3 fornication. Ils ont des Cours de juc'icature, où il eft permis de loutenir fes droits , & l'on y entend ces Avocats comme en France &en Angleterre , qui font de très-longs difçours, fou^ 3 Óp Découvertes ■■■ ' vent fort inutiles à leur plaidoyer. DETs1c0RNirLeurs Médecins, très-peu inftruits de Ceylan , dans la Phy fique & dans l'Anatomie, Chas il» £-ont fes purgatifs de plulieurs plantes fraîchement cueillies, & h l'effet en efl trop violent, ils l'adoucifïent, en mettant fur le nombril du malade, un cataplafme de poivre intulé dans l'eau , ce qui eft très-bon contre les relâchements & contre les tranchées. De» A.xv Leurs Barbiers , non-feulement ' font très-experts à rafer la tête & le vifage, mais encore ils coupent les ongles & nettoyent les oreilles : ils portent avec eux de petits miroirs , & leurs rafoirs lont beaucoup plus épais du dos que les nôtres. Leurs TifTerands font aflis à terre pour travailler , avec un trou creufé pour mettre leurs pieds. Leurs Peintres ont l'art de teindre les toiles de coton , de façon que les couleurs ne s'en* effacent jamais; celles de Ma-fulipatan font les plus brillantes. Us ont des Artiftes très-habiles à travailler avec goût l'or, l'argent, l'ivoire & l'ébene. Il y a peu d'eodroits en Eurepe , où l'on trouve des gens plus habiles pour la charpente, les tordes & l'art de faire les briques, quoique des Européens. 36*f quoique le prix de leur travail ne m monte pas à plus de douze fols deDESCRIp- ■p r . r 1 i o N •i rance par jour. de ceylan, Il y a à Trinquenemale une très- CnaP- IL belle Pagode, qui fert à guider les Trînqucne* Vaiflèaux en mer. C'eft auftî dans le raaIc' même endroit, qu'on trouve le port le plus grand & le plus commode de toute fille de Ceylan. Il a changé fouvent de maître pendant les dit-putes de l'Inde entre les Anglois & les Hollandois, & l'on en a fréquemment réparé les fortifications. Les Hollandois qui étoient en garnifon dans cette place, fous les ordres de Pierre Wash, furent pendant quelque temps attaqués d'une frénéfie qui en conduifit un grand nombre à fe jetter dans la mer, où ils furent noyés. On en ouvrit pluheurs , & on leur trouva de petits vers qui leur rongeoient le cerveau. On jugea que c'étoit l'effet de la fatigue, de la chaleur, de la nourriture falée & du ferein, aufli humide que froid , qui tombe régulièrement tous les jours au commencement de la nuit. Ce fut à ces vers, qu'on attribua ce fatal dérangement de raifon. Nous aurons occafion de parler plus ara-Tome VL Q $62 Découvertes - plement de Eattecaio, de Colur.ibo PVi^VP'-^ de quelques autres endroits irirV-dc ceylan, portants de cette Ifle, fur lefquels cnan.n. nous ue no, s arr£tors p£S $ prélent, parce que l'objet de la partie que nous traitons , efl plus général. des Européens. 3 6*3' CHAPITRE III. Superbes Pagodes de Ceylan : Etrange opinions des Naturels , au fujet de l'une des plus belles de cette ÎJÏe : De la pointe à' Adam cr de la me-Jure de fon pied : Honneurs extraordinaires qui lui font rendus : Defcription plus particuliere des Bra-mines de Ceylan : Leur habillement, leur manière de vivre , leurs procef-fions publiques : Des Habitants idolâtres de cette Jfle , nommés Cinga-lefs : Coutumes finguliercs de ces peuples : De la diverfité des habits, des différentes productions de l'ifle : jManiere dont on prépare la canelle% T L n'y a aucune ifle où l'on trouve J. tant de Pagodes qu'à Ceylan, '6c VioV en général, elle y lont fuperbement de Ceylan, ornées. Celle de Vintane, particu- clup' m' liereme.it, a cent trente pieds de cir-,,J,a|°desde conférence aux fondements : elle eft très-élevée , & au-deiTus, eft une pyramide dorée , qu'on voit de fort loin, Au-dedaus, eft une Idole qui 3&§ Die O ü VER T Ei ———— repréfente un homme l'épée nue à "VioV*"la main & le bras élevé, comme 4eCejrUn, S'H étoit prêt à frapper. Les Cinga-m" lefes lui rendent leurs adorations , & jont fortement perfuadés que le monde fera près de fa fin, quand ce temple périra de vieiliefîe. On trouve fréquemment fur les grands chemins , de petites maifons de brique , où l'on met une tête d'éléphant, que ces peuples adorent également, & qu'ils prient de leur accorder la feienco. Leurs Idoles font en général ornées de guirlandes de fleurs, particulièrement une de dix-huit pieds de haut, qui a la figure humaine, & qui elf coupée dans un rocher près de Belligamme. On trouve dans le même canton , une montagne qu'on regarde comme la plus haute des Indes : ils la nomment la pointe d'Adam, & foutiennent que c'eft l'endroit où fut créé le premier pere de tous les hommes. Grandeur Ils y font voir un creux de quatre lam/c4 P*ec-S & demi de long, de vingt-fept pouces de large & de neuf pouces de profondeur, qui reflemble au pied d'un homme , & ils difent que ce fut fi pledd'Açlani qui fit cette imprek d- e s Européen1 s.- «on quand il s'éleva vers le ciel, —■ ■.......«■ ainfi que nous l'avons déjà rapportée * *! Q" Le peuple lupcrftitieux. croit qu'une decoi.-n,, goûte d'eau ramaffée dans cette ou- Gklp* verture , efface tous les péchés.- Elle eft entourée d'argent, 6cil y a dans le voiiinage, un Temple où perfonne n'entre fans y porter dix ou douze; chandelles allumées, ou plus, fui* Vant fes facultés , &ceux qui vifïtent cet endroit, emportent toujours de cette eau dans des cannes de bam-boucs , pour leurs amis qui ne peu-Vent y aller en perfonne. Le Roi & toute fa Cour vont en pèlerinage tous les ans en cet endroit, ils y font Tufage ordinaire de cette eau, y rempliffent leurs actes de dévotion, & paffent le refte de la nuit en feftins & en danfes. Les Prêtres confervent une plaque d'o/r , de la longueur & de la largeur dii pied , gravée de foixante & .huit gures emblématiques, qu'ils prétendent qu'on vovoit anciennement fur le pied même, mais qui ont difparu auifi-tôt qu'on les a eu copiées. La montagne eft prefque inacceffible, & ceux qui veulent y grimper , font aidés pax des pointes de fer. & paf 36*6* Dec ouvertes ..... des chaînes qu'on a attachées pour DViC*s1P'CCt Ui^e- deccyînn, Les Lramines, dont la vie eft très-Chap. m {0'0Ve & très-réguliere , ont pluheurs DcsBi-mi- Couvents en différents endroits de n"' rifle. Leur tete efl: rafëe, &ils por- tent des habits jaunes. Ils ont toujours des efpeces de chapelets à la main ■ & répètent continuellement quelques prières ; mais ils ne paroif-(ent jamais dans les rues -lans r.n parafai. Ils ont différentes niches dans leurs chapelles-, où ils placent les images de quelques perionneS, foit hommes , foit femmes, qui, ditent-ils , ont vécu dans la fainteté, & ils entretiennent devant ces images , des cierges ou des lampes, portés par des figures d'enfants très-bien fculptées. Ils ont des heures réglées po*ur leurs prières, comme les Religieux Catholiques, & font très-exacts à remplir ces actes de dévotion. A certains jours de l'année, l'Abbé de chaque Couvent va en proceflion par les rues, monté fur un éléphant luperbement caparaçonné, avec un parafol fur fa tête, & précédé de cornets , de trompettes, de tambourins & d'autres inflruments. Devant des Européens. 36j le.Bramine, danfent plulieurs filles.......- 1 " Qe qualité , nues ju'qu a la ceinture , r,r 0 N d'où leur tombent des efpeces de de^Ceyian, jupes de diverfes couleurs. Elles ont cll^-liL la téte, les oreilles & les bras ornés de bracelets d'or 6c de joyaux. On appelle Cingalefes-, en géné-1 Des ci»s«-ral, les Habitants payens de l'ifle de c ci' Ceylan , & ils ne paroilfent pas ex-Cefîivément entêtes, ni ojppofes aux lumieres.de laraifon , puisqu'un allez grand nombre", convaincus par la force des arguments, fe font convertis à la Religion Chrétienne. Ils ont pour la plupart, l'efprit vif, font d'excellents artiftes, bons foldats , ÖbfervRteurs exacts de la difeipline, & ne s'intimident pas pifément. Leur commerce avec les Européens , a beaucoup contribué à perfectionner leur entendement, aufli ne doit-on pas les méprifer, mais il ne faut pas trop compter lureux. Ils font très-propres à la guerre, & de grand fervice en route , où ils marchent un à un, à caufe du peu de largeur des détroits dont le pays eft rempli ; ils fon: armés de demi-piques, & fe fervent d'un petit tambour éclatant, dont 011 entend le fon dans les Qiv 5 6*8 Découvertes ^~ '"1 collines , à trois lieues de diftance, 'tionIP* Quand un mari fait un voyage teccyian, qui l'oblige à une longue abfence , ap. m. il demande ordinaireinent à fon trere, de tenir fa place dans le lit nuptial, 6 à fon retour, la femme lui porte fes plaintes,fi elle eft demeurée feule, parce qu'ils n'imaginent pas qu'il y ait aucun crime dans ce commerce inceffueux. Baldœus rapporte qu'il a connu une femme qui fe plaignit très-vivement à fon mari, de ce que fon frère, aux foins duquel il l'avoit confiée, n'avoit pas fuiTifamment rempli ce qu'elle regardoit comme un devoir. Les Cingalefes ont les oreilles fort longues, qu'ils chargent d'anneaux & de joyaux : ils relfemblent beaucoup aux Malabares, & les gens du commun vont nuds, à l'exception d'une ceinture de toile de'coton. Les hommes au-deffus du commun, portent une vefte de toile légere ou d'étoffe de laine , une autre pièce de toile autour des reins, qui palTe entre leurs jambes , & fur la tête , ils ont un chapeau rouge , qu'ils regardent comme un ornement diftingué, & qu'ils appellent tête de roc» lis portent à leur côté une épé« Des Européens. 3 69 ou cimeterre, dont la garde'eft ar-tiftement ornée d'or , d'argent , ouD^^Il>" d'ivoire. de Ceylan. Les femmes de même rang, or- ötffc11, Bent leurs doicts d'anneaux d'or- & Pe^ftmîn"." j) ° , ,,. , de la mcnw- Q argent, cV. portent des colliers des nadon, mêmes métaux. Au lieu de coëffm--res, les Çingalefes applatiilent leurs cheveux , & ont la poitrine entièrement découverte. Les hommes tvles femmes font bien faits, & ont les membres bien proportionnés. Ils époufent autant de femmes qu'ils en peuvent entretenir, font très-entêtés; fur l'élév ation de leurs familles & fur' leur nobîeife , & font très-enclins à la parefle , à l'infolence & aux pla>-iîrs. Il a été impoiîible jnfqu'à pré-fent, de les empêcher de marier les: filles à dix ou omze ans, & ils difent-que c'eft pour s'aflurer d'épeufer une vierge.- Us font très-propres dans leurs maifons & dans leurs meu* bles, &iis fe fervent de fcuiiles de palmier au lieu de nappes 8t d'affrété tes. Leurs cuilliers font d'écaillé de1 coco , leurs gobelets de terre, avec un petit tuyau , comme aux- pots SU £hé , par où ils boivent la liqueur.,-StÇUç inonnoies. courantes font dos> 37° D ê c o ü v é k t e s »■ laryns dargent, qui valeur environ D**^RNIP"vingt fols, des fanyrns , qui en va-àe d v'.nn, lent dix, tk la pagode qui eft évaluée Cl»p.iu. {ïxflorins de Hollande. Troduftious Cette Ifle produit des railins mûrs 4c ecuc ifle. prefque pendant toute l'année : il y a en abondance des cannes de fucre, des figues tk des mûriers, qui y rendent la foie très-commune, du gingembre , du poivre , du cardamum, du tabac, des palmiers fauvacs, des calebafles, du coton, de l'arecca, des mangottiers de diverfes efpeces, des melons, des oignons tk de l'ail. Les Hollandois y ont planté des af-perges, des carottes , des choux tk pluheurs autres fortes de végétaux d'Europe, qui y viennent en perfection. L'une des principales productions de Ceylan , eftla canclle fuper-flne, qu'on trouve très-rarement en . tout autre endroit. Cette excellente épice eft bonne contre pluheurs efpeces de maladie, fortifie les entrailles tk l'eftomach, eft un puilïànt afc tringent & un des meilleurs cepha-liques. On en tire une huile qui eft efficace dans des cas preflants : mais elle eft exceiïivement chère, tk il eft très-rare d'en avoir de vraie en Eu- t) es E V r o V t e n s. 371 Topo. Ön la tire du fruit de cetar- _ 1 ' 0 hre; mais depuis quelque temps les TION Chimiftss Anglois ont trouvé le fe- ^^S" cret de tirer une huile de la canelle iap' commune, qui a prefque les mêmes avantages pour la médecine, &qui approche beaucoup de celle des Indes. Le fruit du Canellier eft jaune, tk d/ccarn^;K.j il eft précédé d'une fleur blanche, dont l'odeur eft très-agréable ; les feuilles relïemblcnt à celles de l'arbre qui porte les limons , mais elles font un peu moins larges. On ôte la première écorce avec un couteau courbe: la féconde écorce ou peau fe coupe d'abord en rond, enïuite en long, après quoi on la met fé-cher au foleil, où elle fe forme d'elle-même en petits rouleaux , comme nous le voyons en.Europe» L'arbre périt quand il eft ainfi dépouillé ; mais il en poulie d'autres en plantant le fruit en terre: le bois en eft blanc, & les Habitants en fonc ufage pour leurs bâtiments. Les Canelliers croiflent feuls, dif-perfés parmi les autres bois, & jamais les uns près des autres. On ne les trouve pas dans toutes les parties 572 Découvertes ■|f"'" m de llfle , & il n'en vient aucun dans DETs1c0RNIP"le pays de Jafnapatnam, ni dans <5eCeylan, l'ifle de Manuar, Quand le bois du Chap.ui. Caneliier eft encore verd, on en tire par la diltillation ,.une eau très-faine & très-agréable, & quand on met ce bois dans le feu , la fumée en elf odo-riférente. Les Habitants en font d'af-fez jolis meubles, particulièrement des cabinets qui font eftimés. On ne doit pas oublier de remarquer } que quoique les Médecins & les Na-turaliftes conviennent généralement que la canelle eft chaude; on tire cependant de fa racine , une eau qui a l'odeur & toutes les qualités du camphre. On diftingue de trois fortes de canelles dans les Indes Orientales ;: la première & la plus, belle, appellée par les Portugais , Canel-fino, eft, celle qu'on tire des jeune.; arbres, ou au moins de ceux de moyen âge : la féconde efpece, qu'ils nomment Canel-groffo , fe tire des vieux arbres: enfin la dernière, qui n'eft-prefque d'aucune valeur, quoique les gens, du pays prétendent qu'elle: pourroit être améliorée, fe nomme |ÇaneIrde:inato. ou. Çanelle. fauvagc* des Européens, 375' On en trouve fur la côte de Mala- mt bar, mais à peine en peut-on faire D * quelque ufage. deCeylan, t Le bois de Serpent, dont les In- cha*' diens font une grande eftime, & dont Le büis <-c ils fe fervent comme d'un fpécifique crj?eot" en plulieurs maladies, fe trouve en quelques parties de fille de Ceylaru Il eft dur, amer & d'une couleur jaune affez brillante. On fe frotte le corps avec de la poudre de ce bois, pour empêcher les progrès de la galle, & une once de la même poudre, prife dans du vin ou dans de l'eau, eft très-bonne dans les cohV ques & dans les fièvres ; mais le priiif cipal ufage qu'on en.fait ,.eft contre' les piquures de ferpent, qui font très-communes à Ceylan., où il y a un grand nombre de ces animaux de différentes efpeces. On a découvert-cette dernière vertu, par un petit animal ,.que les Portugais nomment cull-quil ouquirpele, & qu'on garde-dans les maifons, où il. fait la chafïe.-aux rats & aux. fouris. Il eft de la-grofleur d'un furets,a une antipathie, naturelle contre le ferpent, qu'il corn--bat aufïi-tôt qu'il en rencontre, & &'ij^lui arrive d'eav eue. piqué, .il fa 374 t) É Ç o U vertes i»».....guérit en mangeant clecè buis. Mar- D Vico*n P" ce^ ^e Bofchohouwer, homme con-dc CeyUn, fidéré dans cette Ifle, où il a fait Ch.1p.111. beaucoup de recherches, rapporte qu'il a été fouvent témoin de ces combats: il en vit particulièrement un très-long , entre un ferpent & un cull-quil, qui fe trouvant trop fatigué , fe retira pour aller manger du bois de.Serpent, revint après une demi-heure d'abfence , & trouva fon , ennemi expiré. On attribue aulli plulieurs vertus îïngulic'TS à la racine de cet arbre, nommée parles Cingalefes , Nalyelli. Lc-ram.rin. Le Tamarin vient très-bien dans ce pays : le fruit en efl: rafraîchiffant, & on l'ordonne contre les maladies feorbutiques & contre l'hydropifie. Il en efl: de même du mangrove , dont les branches parvenues à leur hauteur naturelle , retournent vers la terre & y reprennent racine ; enlorte qu'en trcs-peu de temps , un feul arbre peut couvrir une grande étendue de terrein. On y trouve aufli la plante fenfitive, qui fe retire quand or* avance la main ou quelque autre chofe pour la toucher. L'ifle de Cey-Un produit encore beaucoup de des Européens. 375; plantes médicinales, dont ceux qui pratiquent la médecine ou la chirurgie, ont appris les vertus par l'ufage, qui eft le meilleur de tous les maîtres. «EBFmaas»3*-a^œ^^ ■ ■ ■............i mi« CHAPITRE IV.. Les Eléphants de Ceylan font préféra* bles à tous les autres: Leur nourriture , ç> combien ils font dangereux : Diverfes manières cVen faire la chaflei Précaution que prend cet aniçiàli Dejeription de l'Eléphant tjy de fs vertus médicinales : Hiffcires remarquables fur le même fujet : Defcription du Tigre & du Chacal. EN t r e les quadrupèdes ou betes D„ÎCr'.Pi à quatre pieds de Ceylan , l'E- nos léphant tient fans contredit le pre- c£S.J; niier rang, non-feulement parce que De l>Ej, c'eft le plus gros de tous les animaux fphant, que l'on connoît, mais encore parce que ceux qui font nés dans cette Ifle, font tellement fupérieurs à ceux qu'on trouve dans les autres parties des Indes , que les Cingalefes difent qu'ils font adorés à caufe de leus 376* découvertes' »......excellence, par les autres animaux DViCo nP" de leur efpece. Ils vivent d'herbes decejian, vertes &: de feuilles de figuier, de Ciiap.iv. cocotier ^ ^ palmier fauvage , Si mangent quelquefois aufîi l'arecca &C la canne de fucre. Dans une certaine faifon de l'année , une huile qui fort de la tete des plus vieux de ces animaux , leur caufe une efpece de folie ü dangereufe5que ceux qui les con-duifent font fort heureux quand ils ne deviennent pas la victime de leur fureur. Il y a une h grande quantité de ces animaux dans toute l'ifle, qu'il n'efl pas sûr d'y voyager fans-être bien accompagné , & fans avoir quelque tambour ou autre inferu-ment propre à les effrayer. Le temps où ils font le plus à craindre elt aux approches de la nuit, parce que c'eft alors qu'ils vont chercher leur proie ; & s'il arrive que les Porteurs con-duilent un Voyageur fur leur paG-fage , il y a tout à craindre pour fa vie, parce que ces gens naturelle? ment poltrons , abandonnent la litière & prennent la fuite, quoique les Eléphants paffent quelquefois; fans faire aucun mal, mais ces exemples, font tris-rares, On peut prendre; des Européens. 377* les jeunes eu fuivant la pifte des tmmm^mmmÊm vieux ; mais la manière la plus ordi-descrip-paire, eft de couper une longue al- AJçey\àn, lée dans quelque partie du bois qu'ils cliap.iv. babitent, d'y planter des pieux & d'y creufer des foiTes profondes, que l'on couvre légèrement avec des claies & de la terre : on cherche en-fuite l'Eléphant, on le chaîTe vers cet endroit , en battant des tambours & en jettantdes feux fauvages jufqu'à ce qu'il foit conduit dans le fentier. Alors il tombe dans les fof-fes, ouïes Chalfeurs l'attachent avec des chaînes & des cordes , pour s'en rendre maîtres. Quelques-uns de ces animaux font fi rufés , qu'il n'eft pas poflîble de les furprendre par cette méthode : ils examinent foigneufe-ment avec leurs trompes tout ce qu'ils rencontrent, & s'il y a un trou dans le chemin, ils ne manquent pas de le découvrir. Quand on a pris un Eléphant fau- Marbre de vage , on l'attache entre deux appri- Jesapprivoi-voifés , & lix hommes fe préfentent c ' devant lui avec des torches allumées qu'ils portent attachées à des. demi-piques , parce que ces animaux craignent particulièrement le feu. Qri 378 Découvertes —-lui préfente de la nourriture, qui eft Dl-SIC»RKP'd ! bouilli & du loin , ou du fu-de ceybn, cre brut, & s'il eft obft né a ne chap.iv. vouioir pas manger, les Eléphants apprivoifés , le battent avec leurs trompes , jufqu'à ce qu'il fe foit fournis. On prétend que l'Eléphant ne fe joint-jama:s à fa (emelle quand il eft upprivoifé , quoiqu'il vienne quelquefois en rut, ce qui le rend très-dangereux. Quand la femelle eft en chaleur, elle fait une efpece de lit d'herbes & de brouffailles , de qu at r e à cinq pieds d'épàifleur, & elle appelle le maie par un cri particulier. AC evlan , on prend quelquefois des mâles , en mettant une femelle ap« privoifée fur leurpaffage. Il eft difficile de déterminer au jufte le temps de la vie de cet animal; mais on penfe qu'il parvient à l'âge de deux ou trois cents ans. Son corps , pelant, groflier & mal formé, eft ordinairement de couleur brune , & les blancs font très-rares à trouver. Ils ont les yeux petits comme ceux d'un cochon, & derrière les oreilles, qui font très-clofes, ils ont une peau tendre, où les bleffures font mortelles , de même que celles de la des Européens. 379 trompe , quand elles ont de la pro--—- fondeur. Cette partie de l'animalDErsrC>V?' eft terre, dure & creufe ; elle def- dcosylan, cend julqu a terre; s'ouvre& le ferme ch^'ly' par le iecours de petites cnruncules , avec tant deiufteffe, qu'i.s peuvent prendre une épingle, ou un grain de millet. C'eft par cette trompe qu'ils portent à leur bouche tout ce qu'ils mangent & boivent. De chaque côté de leur mâchoire inférieure , eft une dent qui a chez les mâles, fîx à fept pieds de longueur , au lieu que celles des femelles n'ont pas plus d'un pied : c'eft entre ces dents, que la trompe eft placée. L'Eléphant eft naturellement fa rivage , Se ne peut être pris que par là chaffe : il arrive quelquefois que la perte de la liberté , le jette dans une profonde mélancolie , qui le fait tomber dans un état de langueur , faute de fubhftance. Il n'y a d'autre moyen de le tirer de cet engourdifïe-ment, que par le fecours de la mu-fîque, qui diiiîpe fon chagrin, le rappelle à la vie , & le détermine enfin à prendre la nourriture. On rapporte diverfes hiff01 res de f|j£jJlJj^JÎ la fagacité & de la fidélité de l'Elé-paancs, 380 Découvertes ■ pliant, qu'on eftime beaucoup pour DEscRiP-fou c0Urage à Ja gUSrre, & qui er* dcCcylaa, d'une grande docilité. A la vue du Chag.iy, fan_r5 dont cet animal a la plus grands horreur, & au fon delà trompette, l'Eléphant difcipliné , fe jette dans la mêlée, avec tant de force & de rapidué , qu'il répand la terreur & la mort dans tout ce qui l'environne. Les meilleurs chevaux prennent la fuite à fon approche , & il n'eft pas au pouvoir du plus habile Cavalier, de les forcer d'en foutenir le choc. Ce fut par lefecours d'un Eléphant, que Çéfar remporta la victoire li plus fignalce fur les Gaulois.. Les Siriens & les Per fes , durent leur conquêtes à ces animaux, & ce fut par ces Nations , que les Romains en connurent l'utilité, dont ils tirèrent depuis, (i grands avantagée. S'il arrive que l'Eléphant foit re-pouffé , il fe'tourne contre fon maître , & il n'eft plus pofliblede le fairs revenir à la charge. La douceur de cet animal eft très-remarquable , & s'il fe rencontre au milieu d'un troupeau de moutons, il range doucement avec fa trompe^ ceux qui trouvent fur fon pafïage* des Européens. 381 crainte de les écrâfer fous fes pieds. ■ ■ > ïl efl: arrivé quelquefois que loti*- \stc0&JP" qu'on en a lâchés fur des criminels ^eccybr; pour les détruire, au lieu d'attaquer ChaP-IV-les viélimes qu'on avoit attachées à des poteaux, ils ont tourné leur fureur contre ceux qui les y exci-toient, comme pour refufer d'être les inftruments de la cruauté. Malgré cette douceur, on remarque fouvent qu'ils confervent uirfentiment implacable de vengeance. Navaretta , dans le fïxieme livre Vengcan-de fon Hrltoire de la Chine, en rap- El*" Porte un exemple. Il dit qu'en J<5y8, pendant qu'il étoit à Macaflar, il vit un Elcphanr appartenant au Roi, qui pafloit paiiiblsment par les rues avec fon Conducteur fur le dos ; niais que rencontrant par hafàrd » une place ou des noix de coco étoient expofées en vente, il en avoit pris une dans fa trompe, avec laquelle il avoit frappé le Conducteur à la tête, jufqu'à ce qu'il fut tombé mort à terre. On chercha la raifon de cette cruauté , & l'on apprit que ce même homme , quelques jours avant , avoit jette une noix allez groffe à la tête de i'Eiéphant pour 1$ 3?2 Dkou YïRTES ».— eaifer , ce qui avoit excité le rcilenti-bescimpv qt j ranimai, tk j avoit porté à de ccyian, en tirer une aulii terrible-vengeance, Çhap.iv, Quelque doux que loitun Eléphant, il devient dar.s une efpece de toiie quand il eft en rut, tk il eft alors fi dangereux , qu'il tue tout ce qu'il trouve en fon chemin ; mais quand ce temps eft p..ffé , il fe trappe & s'é-corche qualquetois lui-même , prefque jufquTi en mourir , ce qu'on attribue au chagrin d'avoir tué quelque animal pour lequel il avoit pris de l'affection. Modeitiede On rapporte divers exemples de l'Eléphant. la modeftie de i'Eléphanr. L'Hiftoire Romaine attefee que du temps de l'Empereur Titus Vefpafien, un de ces animaux jetta un habillement fur un Amant & une Maitreîle qui s'em-braffoient, comme s'il eût voulu les réprimander de ce qu'ils manquoient à la rélerve tk à la décence. On dit que la nouvelle Mnîtrefïe d'un Indien qui avoit tué fa femme, fut portée par un Eléphant, à l'endroit où le corps étoit enterré ; qu'il le découvrit avec fa trompe , tk montra les marques de a violence de l'Indien, comme pour faire voir à cette femme des Européens.- 383' le danger qu'elle couroic, & le fort-- àu'elle devoit attendre, lî fon Amant DETsIf0\; p* fe làfloii d'elle , après quoi il recou- dcCeyUn. vrit le corps de terre, tk ia iaiïla al- c,haP' Iv* 1er librement. Dans toutes les Indes , mais parti- son uf^oen cuherement à la Chine, on fait ufagemedecmc* de toutes les parties de cet animal, pour des médicaments. On en tait bouillir la cfuir , & l'on donne le bouillon pour les cou s de ventre; on en fait gril 1er pour prévenir les incontinences d'urine : le fiel eft bon pour les yeux , tk corrige la mauvaife haleine. L'hua.eur ces yeux , mêlée avec du lait, pa.le pour un excellent ophta'mique : les os mis en poudre tk appliqués dans le creux de l'eftor mach, font très bons contre les douleurs de cette partie, cela peau brûlée , jufqu'à être réduite en cendre & méiée avec de l'huile, eft très-utile pour f s bleliures récentes. On mefure l'Éléphant depuis l'ongle d'un des pieds de d.vant, juf-qu'au Haut de L'épaule , tk pour chaque coudée d'un pied ck demi, le prix commun eft de cent livres mon-noie dÀn gleterre i ce qui revient à peu prèo à deux milles deux ce.us 3$4 Découvertes ■m cinquante livres argent de France; DVito&NP"niais ^éphant de Ceylan fe paye de ccyian, au quadi u'ple, les plus grands ont chap.iv. neuf Coudées , ou treize pieds de demi de hauteur. Les femelles portent leurs petits depuis feize mois jufqu'à dix-huit, & lorfqu ils naiffent, ils font à peu près de la groiïeur d'un veau de bonne taille. Ils n'acquièrent leur groffeur naturelle, qu'à l'âge de cinquante ou foixante ans, & alors ils peuvent porter quatorze perfonnes , comme on le voit à la Cochin Chine, où. les tours qu'on met fur leur dos, fervent de coches, parce que cet animal a le pas très égal & vaauiîivîte qu'un cheval au grand trot. Les dents que l'Eléphant perd naturellement & qu'on trouve dans les bois, font celles qui donnent la plus mauvaife efpece d'ivoire : la meilleure, eft celle qu'on tire de la bouche de l'animal aufïi-tôt qu'il eft tué, & celle qu'on en tire après fa mort naturelle, tient le milieu entre les deux. Il eft certain qu'aucun autre animal , ne paroît avoir un inftinct aufli approchant de la raifon humaine, que l'Eléphant, Il a le pas plus doux & b£s Européens. 3§J & plus léger qu'un cheval, ce qui ......■■.......... peut pa.voître étonnant , quoique D*JoVP" très-certain , puifque quand il paffe de ceylan, dans un endroit marécageux , on ciiap'IV* Voit à peine un léger mouvement fur la furface , au lieu qu'un cheval , dans le même endroit, fait tout trembler vifiblement aux environs. Quand l'Eléphant boit, il remue toute la boue qui eft au fond de l'eau, alin d'attirer en même*temps le gravier & les petites pierres qui lui aident à digérer fa nourriture, comme font les oies, les canards te quelques autres oifeaux: il eft très-fujet aux coliques & aux indigeftions. Le Tigre eft aulli commun que Le 'i'îgw. l'éléphant, dans les bois de Ceylan: cet animal eft particulier aux Indes, & quoiqu'on trouve en Amérique une bête un peu plus petite qui lui reflemble , il eft très-douteux que ce foit la même efpece. Le Tigre eft plus grand que le léopard , fa peau, qui eft une fourure de prix, fert à faire des caparaçons de chevaux, des couvertures de lit, des doublures d'habits &c des garnitures de palanquins. Elle eft couverte de tache* jaunes, entourées de poils noirs? Il orne FI, & 3$ 6 Découvertes cou. t s de du plus beau luftre. Les" p £; c F1 r' yeux du Tigre font brillants de d un de Ceylan^ éclat étonnant, il a le col court de u:.'i>, i.v. foTtt les griffes 5c les dents extrêmement aiguës , & cet animal eft aufli léger que courageux. On en diftin» gue de trois efpeces ; le plus gros, eft le Tigre royal, dont la peau qui a ftx pieds de long, eft bien connue de fert à faire des couvertures de lit. Ceux delà féconde efpece, qui eft la plus commune, ont à peu près la taille d'un veau ; ils font actifs, légers de très-cruels. Le Tigre de la troifïeme de dernière efpece, n'a gue-*e plus de grofleur qu'un chat fau-vage ; il eft très-dangereux & pouffe un heurlernent affreux, qui reffem-ble allez au meuglement d'un veau. Au contraire du lion, qui ne mange jamais un animal à moins qu'il ne fo.it mort ; le Tigre attaque toujours celui qu'il trouve vivant, & il le déchire en pièces ; mais il ne s'arrête jamais à ce qui eft privé dévie, comme la carcaffe d'un cheval ou d'un mouton. S'il tombe malheu-reufement fur un troupeau, il y fait yn dégât prefque incroyable, parce ■u'jil mange rarement la chair 3 &fg t) e s Européens. 5 S7 contente de fuccer le fang; enlorte -——*« qu'on a vu un Tigre, une TigrefTe D VtP' & deux petits, détruire en une nuit deccyian, plus de cent moutons. Dans les C^-1^ pays couverts , ils fe cachent derrière les haies, d'où ils fe jettent fur les hommes ou fur les animaux, les prennent par le milieu du corps, & les entraînent dans leur repaire, où •ils les déchirent en pièces & les dévorent. Ceux qui ont mangé de la chair de Tigre, l'ont trouvée très-déiicate & d'un goût plus flatteur que celui du veau, particulièrement quand l'animal eft jeune. On prétend que les chiens & les Tigres s'accouplent : Diodore de Sicile, alfure qu'un Roi Indien fit préfent à Alexandre le Grand, de quelques animaux nés de pareille conjonction. Il dit qu'ils étoient fort & courageux, avec toute la docilité du chien, & que quatre d'entre eux vainquirent facilement un lion. Pluheurs Ecrivains prétendent, mais je ne voudrois pas l'affirmer, que fi un Tigre rencontre un homme noir & un blanc qui foit en-femble , il palfera le dernier fans l'attaquer & déchirera le premier, peut-être parce qu'il eft plus accoutumé Ri 3 $ 8 Découvertes 11 à faire fa proie des noirs que des 1 * ;{;'- blancs. Voici quelle eft la méthode deCeyjfon , que fuivent ordinairement les Chaf-fcksp. iv, [eurs pour les prendre ; Je plus hardi de la compagnie , loifqu'on a découvert où une Tigreffe a mis bas, lui enlevé fes petits en fonabfence, $c prend la fuite : quand la mere revient & qu'elle trouve qu'on a enïporté les enfants, elle fe met fur la pifte des Chadeurs, parce qu'elle a l'odorat extrêmement fubtil ; mais on l'arrête, en laillant tomber un des petits ; qu'elle prend auili-tôt pour le mettre en sûreté dans fon repaire , ce qui donne le temps au Chalfeur d'emporter les autres. Walter Schouten, Ecrivain Hollandois, très-véridique, allure que le Tigre faiht & emporte un homme des plus forts, avec autant de facilité , qu'un chat fe rend maître d'une fouris. Quand il fe jette fur quelqu'un , il lui enfonce fes griffes dans les épaules } lui brife les côtes avec fes dents, &à peine peut-on diftin-guer l'inftant de l'attaque de celui de la deftrucYion de fa victime. A«*«s Aai» Qn trouve aufli dans l'ifle de Cey-. n, ' |un, une grande quantité de chevaux» Cés Européens. 5 S <> dont les premiers ont été apportés 1 par les Portugais, & y ont multiplié t ro N ' " prodigieufement. On y voit aufli des ^c-y'^-vaches, des taureaux, des élans, -'xuf-^-des moutons , des cerfs, des chèvres-, des fangliers privés & fauvages, des lièvres , des perdrix, des paons $e des buffles, qui y font en h grand nombre, qu'on-en trouve quelque* fois jufqu'à cent, qui paiffent eufem-ble. On fe fert en Europe de ces animaux , qui font à peu près de la groi-feur d'un boeuf, pour le labour & pour le tirage ; mais comme ils font difficiles à dompter , on leur met uft anneau de fer au nez, pour les guider plus aifément. Le Chacal efl; un animal qui fe ■■■■ raffemble eu troupes près des grands chemins, vers lefoir : il a un cri effrayant & aigre , & attaque volontiers ceux qui ont le malheur de pal-fer près de lui. Ils font très friands de chair humaine , & fi âpres, qu'ils déterrent les morts pour les dévorer s ce qui oblige à mettre une grande pierre fur l'endroit où l'on a inhumé quelque corps , afin de le garantir de leurs infultes. On les chaffe avec des lévriers, mais il eft rare de les Ri.j 3£o Découvertes' — ■■■ ■ prendre, parce qu'ils pillent ordî-D£TsIc0RNlp"naîrement en fuyant, & que leur de ceylan, urine donne une odeur li forte au çhap. iv, terrein 0ù i]s ponc répandue, que les chiens ne peuvent la fupporter. Les Médecins de Ceylan , ordonnent la chair de Chacal, comme un très-bon remède contre laconfonip-tion , & en effet, elle réufîît allez bien. Les habitants de Malabar , donnent à cet animal, le nom de Adiviis. Il a la figure du renard & fa queue eft parfaitement fembla-bleà celle de cet animal. Notre Auteur vit un léopard à Ceylan, mais il n'y a jamais trouvé de rhinocéros. des Européens. CHAPITRE V. Des diverfes efpeces à! Oifeaux partie ailiers à Vifle de Ceylan 5 des Infectes & des différentes fortes de Poiffons de cette Ifle : Defcription dit' Crocodille ; Serpents d'une groffeur extraordinaire 3 leur familiarité % Différents moyens de Je guérir de leurs piquures : Hardiejfe étonnante d'un Soldat Hollandais:- De Vambre gris ; de la nature & de la valeur de cette production: Coup d* œil fur' la pêche des perles de Ceylan : De la manière dont les Pêcheurs tirent le corail : des propriétés Çr des efpeces de cette plante marine. IL y a dans ride de Ceylan, des ...»>..........v Oifeaux de beaucoup d'eipeces Dtsc R indifférentes, dont quelques-unes font de c.yf:.lV particulières au pays. Du nombre ^iwp.v. des derniers , font ceux nommés oifeaa»** le porc-épic , qui font des animaux: amphibies. Le porc-épic eft aufli' connu fous le nom de cochon de? mer; quand il efl fur terre, il' fc nourrit des herbes qui croiffent ait bord de l'eau : les dents du porc-épic font très-aigues, & la chair erï eft très-bonne à manger : les femelles ont des mamelles avec du lait. Le Crocodile ou Alligator, eft LeCrwar-un animal amphibie, de l'efpece dû-lézard; dans l'ifle de Ceylan, il eft rare qu'il excède la longueur de dix-huit pieds ; mais dans les autres- parties de l'Inde, on en trouve qui ont' jufqu'à trente pieds de long. Ces ani-* maux ont quatre pieds, avec des griffes crochues, & ne peuvent être? blefTés que fous le ventre & aux yeux y parce que leur peau eft couverte dans tous les autres endroits, d'é-cailles à l'épreuve du moufquet. Ils; n'ont pas de jointures à ■<.l'épine dir dos , ce qui les empêche de fe tourner avec vvceffe ; aufli un homme1 qui veut les éviter, le peutaitement^ 324 Découvertes 11 11 ■ en tournant & revenant en arrière,. "ii"^' Quelques Naturalill.es prétendent de ccyian, qu'on tire de la tête de cet animal 3 CJiap' v" une pierre, qui, réduite en poudre , efl: excellente contre la gravelle 3 ainfi que les os du requin. Les dents du crocodile font fortes & aiguës, & fe placent les unes entre les autres :. il ne remue que la mâchoire fupé-rieure , & n'a point de langue. On. dit qu'il porte une efpece de mufe*; & èn effet, il répand une odeur de parfum dans les endroits où il s'arrête. Cet animal ell: très-fubtil, & fait paroître beaucoup d'adrelTe pour furprendre fa proie. Il fe cache fouvent dans les rofeaux, près le bord des rivières , où les hommes vont fe laver, ou remplir leurs vafes : les faifit tout-à-coup par le bras ou par la jambe, & les entraîne fous les eaux, où il les dévore. On remarque cependant que le Crocodile elf poltron , quoiqu'il foit extrêmement cruel ; on a vu fouvent des éléphants fe baigner impunément près des repaires de crocodiles , qui vrai-femblablement, n'ofoient les atta--quer à caufe de leur taille monf-. tiueufe,. Le Crocodile nage fouvent i>es Européens 307 a la furface de l'eau, tellement re- ■ plié fur lui-même, qu'onte prëndroitD * "0*1* *a' pour une fouche de bois, jufqu'à ce déce«/ian,, qu'il foit près de fa proie, fur laquelle chai)'Y> il fe jette tout-à-coup , avec la vî-teffe d'une flèche qui part de l'arc. La chair du jeune Crocodile efl: un mets délicieux pour les Chinois, & ils tirent de cet animal, une graiffe blanche , qu'on dit très-bonne contre les humeurs amaflées dans le corps. Si les marais & les étangs ou il le retire, viennent à être delféchés, le Crocodile le fait un trou dans la terre, & y demeure jufquau retour de feau. L'ifle de Ceylan eft infeftée d'une sc**Jwi«at$ multitude de Serpents de diverfes efpeces,& les amphibies particulièrement, font d'une grandeur excef-fïve, ayant depuis vingt-quatre jufqu'à trente pieds de long, & quinze de tour, avec des golfers affez larges pour pouvoir engloutir un cerf tout entier. Les Naturels les tuent fur le rivage quand ils s'y endorment >. & ils en efliment la chair comme une très-bonne nourriture. Quelques Ecrivains difent que ces Serpents nagent long-temps autour des vaif- K vj découvertes féaux, où ils at', en dent que quelqu'un-* t î oVP ^es hommes fe baigne, pour en faire-de ceylan, leur proie. G ap'v' Le ferpent qu'on nomme rat» chaffeur , eft fort gros, mais il n'eft pas venimeux : on en voit fouvenû lur les toits des maifons. Ceux qu'on appelle cobras-, font très dangereux & pendant que notre Auteur étoit à. Ceylan , ils y tuèrent plulieurs per-fonnes: cependant celui qui en eft bleffé , peut être guéri par l'application faite à propos , de la pierre de ferpent. Nous avons, trouvé, après d'exactes recherches, que cette prétendue pierre n'eft autre chofe qu'un mélange de différentes herbes réduites en cendres & amalgamées avec une efpece de. ten e particuliere, dont on forme une pâte, qu'on met par morceaux , de la forme & de la grof-. feur d'un œuf de pigeon. On la laiffe. enfuite féeher, elle fe durcit au point d'avoir la confîftance d'une pierre,. & tout ce qu'on dit dans, le pays, comme nous l'avons rapporté fur la liqueur qu'on tait couler de la tète du ferpent pour la former, eft entièrement fabuleux. La place où le: ferpent a fait fa piquure, doit étrç- bis Européens. 5517 piquée de nouveau avec une épingle ^ R11?j pour en faire fortir du fang ; alors Tl 0 K. ©n y applique immédiatement la dc cç>'!'™ * pierre, qui s'y attache fortement y ia£' jufqu'à ce qu'elle en ait attiré tout le venin, après quoi elle tombe d'elle^ même ; fi l'on n'a pas le foin de la mettre enfuite dans un vafe, avec du lait de. vache o.u de femme, pour y dégorger le poifon qu'elle a tiré , elle fe fend & fe brife en morceaux, au lieu qu'en prenant cette précaution , elle y décharge tout le venin; qu'on reconr.oît à la couleur vertet qu'il communique au lait où. l'on a plongé la pierre. En l'année 1666, un Chirurgien J*£*£ nommé Albert Van Lamburgen de- anaux, vint aveugle , à Ceylan , par une pi-quure de ferpent, & il recouvra la vue peu de temps après; mais je n'ai pu favoir par quel remède. Un, homme qui travailloit fur le toit, d'une Eglife , fut vers le même temps piqué à mort , par un ferpent qui s'é-toit caché- fous des feuilles. Bal-daeus rapporte qu'il vit un jour deux:, ferpenrs entrelaffés fous le mur de la même Eglife, où ils fe jouoient,, & qu'un Soldat les mit tous les deujç 398 DÉCOUVERTES n en pièces, Ils étoient alors fi fami- DTÎoV1"liers' que dans la faifon pluvieufe, Jeccyian, ils traverfoient les maifons fans chap 'v* crainte, paffoient fur les lits, & même touchoient quelquefois de leurs queues, ceux qui y étoient couchés , fans en être intimidés. Les Idolâtres de cette Ifle, leur rendent des honneurs divins, & ne veulent pas fouffrir qu'on les tue , mais ils les nourrilfent, afin qu'ils ne-leur faf-fent point de mal. Ils les regardent comme leurs domeffiques , & il n'y a prefque pas de rnaifon parmi eux qui n'ait fa couvée de terpents. Ceux qui font mordus par un ferpent, & qui ne peuvent fe procurer affez promptement le pietra de cobra , ou pierre de ferpent, peuvent être foulages en tenant près de la plaie, un charbon allumé, qui tire-le venin par degrés, fans beaucoup d'incommodité pour le malade ; mais il faut avoir foin à mefure qu'un charbon fe refroidit, d'en tenir un autre bien allumé , tout prêt pour y fuc-céder. On doit aufli lier bien ferme la partie affligée au-deffus: &. au--deffous de la piquure, pour empêcher le venin de s'étendre. Ceux qui \ des Européens. 3^9 voyagent aux Indes Orientales, ne —— doivent jamais manquer d'emporter T, 0 NlP" avec eux, du mithridate, du baume de^eJla^» du Pérou, delà thériaque, de l'orviétan , de la rue , du fcordium , de l'angélique, & d'autres cordiaux & antidotes. Il faut aufli obferver des diètes rafraîchiflantes & fe baigner fouvent, mais la faignée & les pur-gâtions font dangereufes. On applique encore aux piquures de la. falive, de la peau de. limon ou de citron, fraîchement cueillis, des arbres, tous remèdes qui font excellents, comme aufli de faire un cata--plafme de la tête du ferpent qui a. communiqué le venin. On trouve non-feulement dans Gens quïap-t l'ifle de Ceylan, mais aufli dans lesfcrj^;tUs autres parties des Indes Orientales, une efpece de Charlatans , qui font un commerce d'apprivoifer les fer-pents ; ce qu'ils prétendent être l'effet de certains enchantements. Ils env. portent comme en parade, îës font arrêter à leur commandement} 5c les obligent de dan fer au fon de leurs chanfons groflieres. Du temps de Baldœus , il y avoit dans la garnifon 4q. Jafnapatnam/uii Soldat né dans la- '400 Découvertes ' haute Allemagne , que l'on eonnoi£ D VioVP"folt fous le nom de preneur de fer-de ceyi.m, pents : il fut envoyé par le Gouver-chap'v' neur du Coromandel, pour prendre un de ceux que les Portugais nomment cobra, s'approcha de l'animal, en tenant d'une main fon chapeau devant fon vifage, le prit de l'autre ians en recevoir aucune incommodité, & le mit dans fon havre-fac-Il le mena depuis par-tout avec lui comme un agneau, & même le faifoit coucher à fes côtés ; mais il ne-voulut pas déclarer d'où lui venoitr cette vertu» Il dit feulement qu'il portoit toujours fur foi, la tête & le cceur d'un ferpent, ce qui pouvoir beaucoup y contribuer, & que pour lë refte, il n'y avoit rien de furna-turel. Cette Ifle abonde aufli en infectes , tels que des mille-pieds, qui ont quelquefois fîx à fept pouces de long , de très-groffes araignées , des fcorpions, des grenouilles, des tortues & des crapauds. Commcrcr L'ufage ducriftal n'eft pas inconnu? Su pays. dans ce pays*. Les marchandifes fur' lefquelle&lesEuropéens font le plus-de profit, font toutes les efpeces de' foieries colorées, les velours &le$ ï>es Européens. 40 autres étoffes, les bonnets rouges, 1 1 1 ■« les toiles de coton peintes, les vafes DESrCKl e' de porcelaine , l'opium, le quinquina de ceylan, ou racine delà Chine, le camphre, ckaE,Y' le mule, le bois de fandal, les bouteilles de verre, les miroirs à bordures dorées, le foufre, le falpctre , rétain, le plomb & le cuivre. Ceylan produit des grains en aufli grande quantité & aufli variés que tout autre pays du monde : non-feulement on y recueille de cinq différentes efpeces de riz qui miiriflent fuccefiive-ment ; mais il y croît aufli de huit autres fortes de grains, qui fervent, ou à faire du pain, ou à extraire de l'huile. Le rivage de la mer abonde en Del,Ambrç Ambre gris lont on ne peut exacte- ' ment détermirjei la génération , ni çonnoiti ■ d'où il vient. Il eft jette à terre par les vagues, & on le trouve ordinairement après les forts temps, en morceaux ronds, d'une couleur blanche tirant fur le bleu. Les gens qui vont le chercher au clair de la lune , font montés fur des chameaux dreffés à cet ufage, & qui fe baif-fent quand ils font près d'un morceau d'ambre , pour que ceux qui les 402 Découvertes m montent, paillent le ramaffer. On D'Vio mip"en trouve de blanc & de noir, mais «Jccoyian, il n'eft pas à beaucoup près fi pré-Chap. v. c|eux que pautre y qu'on nomme quel-quefois Ambre du renard ,. parce que ces animaux l'avalent & le rejettent fans aucune autre altération que d'avoir perdu très-peu de fon odeur» Pour en éprouver la bonté, on en met quelques petites parcelles fur un couteau très-chaud, où il doit non-feulement fe fondre & couler comme la cire , mais s'évaporer entièrement , fans qu'il en refte aucune partie. Monfieur Rochetord, dans fon Hiftoire Naturelle des Ifles de l'Amérique , dit que l'Ambre gris nouvellement jette fur le rivage , a une odeur de lard rance, qui attire les oifeaux de proie : qu'on y voit fouvent des marques du bec de ces oifeaux , & que c'eft une preuve de bonté. Quelques - uns croyent que c'eft un végétal , qui croît au fond de la mer , & qui en eft détaché par les tempêtes. Les fentiments font très-partagés fur cette fubftance; mais il eft certain qu'elle étoit totalement inconnue à Hippocrate , à Diofcoride& à Galien. des Européens. 403 Il y a un poiilon de l'efpece des-■— baleines, nommé tal , qui avale DETslc0R^p" l'ambre gris , quand il nage en gros dcccylan,. morceaux fur la furface de la mer ; chai?' ' mais comme il ne peut le digérer, il en meurt quelque temps après, & ceux qui font accoutumés a cette forte de pêche , vont dans leurs barques aufli-tôt qu'ils appcrçoivent la carcaffe de ce poiffon fur les eaux;; ils lui enfoncent leurs harpons, l'amènent au rivage, lui fendent le dos , & retirent l'ambre du corps ; mais celui qui eft tombé jufques dans les inteftins , y contracte une mauvaife odeur qui lui ôte tout fon prix. Les. Droguiftes de Bagdad &. de Balfora, vendent allez, cher les os. de ce poiifon , dont l'épine du dos fert à faire des lièges , & dont on employé les côtes, dans quelques bâtiments Indiens. La pêche des Perles de.Ceylan, DeiapScKe eft un commerce très-avantageux, orales, , Il y a trois autres pêcheries de la même nature, outre celle de cette côte : la première , dans le Golphe Perfîque ; la féconde , fur lacôte op-pofée à Carifa , dans l'Arabie-heu-seufe, & la troifieme au Japon : $02 Découvertes ■ ■ 1 mais on convient généralement que * "toiP*les Peries de Ceylan , font celles qui ie «eyian, ont la plus belle eau ; & quoique pe-cha?- v. t*tes ^ cette qualité les rend plus chères que les autres. La coquille de l'huître qui les produit, fe nomme nacre-de-perle; elle a beaucoup d'éclat, & l'on s'en fert à faire des tabatières, à garnir des cabinets & à pluheurs autres ufage s. Les gens qui s'occupent delà pêche des perles, font toujours retenus dans la pauvreté , par l'adrelfe des Hollandois & par la tyrannie de leur propre Prince , parce qu'il y a un Brach-rnane continuellement employé par les premiers , à acheter cette pré-cieufe marchandife aufli-tôt qu'elle eft pêchée. comment Les Pécheurs', pour fe tenir plus •« fût cette fortement au fonds de l'eau, ont un eche. grog p0ijs attaché au pied eu au côté : ils portent à la main droite un fer pointu , qui leur fert à détacher les huîtres des rochers , & s'ils ne font pas bien exercés & bien adroits , ou fi l'huître eft fort grande , elle rient fortement à fon lit, Se tous les-efforts du Pêcheur deviennent infructueux, lis portent au bras gauche des Européen s. 40 f & quelquefois autour du col , un * •• -pannier où ils mettent les huîtres à VxpV " mefure qu'ils les prennent, & autour dcÇcyla» , du même bras, ils ont aufîi une corde ciiaf'V' qui leur fert à faire connoître aux gens de la barque d'où ils font def-cendus , quand ils ont befoin d'être retirés. Ces Pêcheurs courent de très-grands rifques , non-feulement de la part des fcrpents d'eau & des crocodiles, mais encore de celle de pluheurs autres monftres , très-avides du fang humain. Il arrive affez fouvent que des gens qui n'ont aucun droit dans un terrein très-riche en huîtres, jettent dans la mer, des drogues que ces animaux ont en horreur , & dont l'approche les fait pafïer à quelque autre endroit de la côte, où ils les fuivent, en font la pêche , & deviennent très-riches pat ce moyen. Depuis pluheurs années, on a établi des pêches de perles en quelques endroits des Indes Occidentales , mais celles d'Orient font toujours , fans comparaifon, les plus eftimées. Le Corail efl aulli une production Du CoraXj de la mer des environs de Ceylan* '406* Découvertes des & l'on en fait beaucoup plus d'eftimc TioVr"dans les autres parties du monde «teceylan, qu'en Europe. Au Japon, particu-Cnap. v. ijerement t on le vend un très-haut prix , & rine pièce de Corail, d'une bonne grofTeur, fans défaut, rapportera plus d'argent qu'un Européen raifonnable , n'oferoit en demander. Les Naturalises conviennent en général, que le Corail eft une plante marine, qui croît au fond des eaux ( *), & qui pouffe quelquefois logne , de Majorque & de Corfe. Quelques gens s'imaginent qu'il y en a des forêts entières au fond de la mer rouge ; mais qu'on n'en peut trouver autre part dans le grand Océan , ni à quarante milles de diftance des côtes. Les barques qu'on employé à cette pêche, ne s'écartent jamais du rivage, & elles font fi légères àlacourfe, qu'il n'eft prefque pas poffible à une gallere de les atteindre. Le temps de la pêche du Corail, eft depuis le commencement d'Avril jufqu'à la fin de Juillet. Dans les parties feptentrionales des Etats du Grand Mogol, & même dans toute l'Afie, les gens du commun le portent en colliers & en bracelets. CHAPITRB bEs Europe eu s. 40^ CHAPITRE VI. Première découverte de Vifle de Ceylan Bonne fortune dhm Marinier Chinois : Détail plus circonjlanciê dek la Famille Royale, quand les Portugais y arrivèrent : Difputes entre Siuga Adafcyn & Lamantia .- Le dernier cfi trahi &??iis cruellement à mort : Son fils efl couronné Roi par le crédit des Portugais : Il eft tué fecrettement par Jon fiere Dom Juan, qui monte fur le trône : JVLort de Synga Adafcyn : Défintéreffement d*un Prêtre: Janeir u andaar stempare de la Royauté: Met Dom Jua?t en déroute ,&e/l affaffiné pour avoir voulu epoujér la jeune Impératrice i Dom Juan fe retrouve en état de faire tête aux Portugais : il époufe D onna Catharma : Son règne f fa mon £r Jon portrait. 'Isle de Ceylan fut d'abord ■ découverte par quelques Mari- D ESC.UP-Il IM Biets Chinois, qui rirent naufrage <*eCcyiarî\ fur la cote, ils furent reçus avec ho(- Ulap VL jmaiité par les Habitants, & l'un de D(-£T^e 2 orne yi. S a*ny" " » ' ces Mariniers ayant dit que fon Rol Vi oV P" ^tolt ^s du foleil, fut choifi par le rfeccyian, contentement du peuple, pour être Chap.vi. jeur Monarque. Cette élection leur fervit non-leulement à appaifer quelques diflentions qui régnoient depuis long-temps parmi eux , mais encore à marquer leur refpecl pour le foleil, qu'ils adorent , ainfi que le peuple du Malabar. La race aétuelle oes Rois de Ceylan, fe dit defcen-due du foleil d'or, &c prend le titre de Seigneur de ce foleil. Saeee&îMj De ce Roi étranger, qui le fit 2t"c^flcS. C nommer le fils bien-aimé du foleil toujours en mouvement, defcendic Sankauw Patr Mahadafcyn , qui prit la qualité de Seigneur bien-aimé de toute rifle. Le bien-aimé Conquérant du lion, fut un de fes dépendants, qui laiffa deux fils, lefquels après une difpute très-opiniâtre & très-fanglante, partagèrent entre eux le pays. Le Royaume de Candy fut la part du plus jeune, nommé Rad-gora Adafcyn , le Roi bien-aimé , & le refte de rifle demeura fous la domination de fon frère, appellel'CEil-de-pomme du pays. Leur poftéritc n'étant pas encore d'accord, Raja dès Européens. 41 î oinga Adafcyn, homme d'un grand ■*Mi courage & très-artificieux, quoiqu'il Tj.$ ■ ne fût qu'un barbier dans fon origine, |dçP« y fe ht un chemin au trône, en perfua-dant au peuple, qu'il étoit du fang royal, & fournit toute l'ifle, après avoir fait périr tous les Grands de l'Etat. Pendant que ce Prince nageoit dans des flots de fang, pour établir fon Gouvernement , les Portugais profitant de ces divifions inteftines , firent une invafion dans l'ifle , fe rendirent maîtres des endroits les plus renommés pour la canelle,& en tranfporterent en Europe , une grande quantité, d'où ils retirèrent des fommes immenfes. Raja Singa s'étant emparé de tous les tréfors qui appartenoient à la Famille Royale , & ayant chaffé ledernier Empereur, donna le Gouvernement d'une grande Province , à Vinne Lamantia, l'un des Favoris de fonPrédéceffeur. Lamantia fe fervitde fa puifïance pour fe révolter contre fon maître, Se il fe fit proclamer Empereur, fous le nom da Libérateur de l'Empire. Après une guerre très-fan glart te, la paix fut conclue entre lui Se le Raja; Sij '4*2 Découvertes * mais le dernier trouva moyen d'at- T P"tirer Lamantia à fa Cour, avec fon dfclyian, plus jeune fils, âgé feulement d'un C 0f VL an. rl les fit jetter dans une prifon , & enterrer enfuite julqu'aux ailelles, avec leurs principaux Partifans , après quoi on leur jetta des boules de bois à la tete, jufqu'à ce que leur cervelle fut répandue de toutes parts. Une fiction Après cette cruelle exécution , demande 'c . . . _ ' feeours des Kaja Smga s empara du Koyaume ce ïort»gai3f Candy , qui avoir appartenu à Lamantia, & le peuple parut fatisfa.it du nouveau Gouvernement; mais le Kaja s'étant rendu maître de la perfonne de l'Impératrice , pilla le pays, vendit un grand nombre des Habitants comme efclaves , & opprima ceux qui réitèrent , de la manière la plus tyran nique. Cette conduite les porta à folliciter le fecours des Portugais , dont Raja Adafcyn étoit l'ennemi déclaré , tk chez lefquels s'é-toient retirés les deux fi!s de Lamantia , qui furent baptifés fous les noms de Dom Philippe tk de Dom Juan. Les deux Princes furent envoyés à Candi par les Portugais, avec des forces confidérables i Dom Philippe t> e s Européens. 41? qui étoit l'aine, tût proclamé Koi, ■■ 1 1 » & cette préférence irrita excefhve- T,ON me.it l'Ambitieux Dom Juan,contre de ;.cyi.m, cette nation 11 fe défît bien-tót de chap* ** fon frère par le poifon, s'empara du trône , chafTa les Portugais de Candi, & avec très-peu de troupes , rem-p )rta une victoire complette fur Raja Adafcyn. Celui-ci s'emonça en fuyant, une épine dans le pied, & ne vo.ilut pas (ouilrir qu'on peniât la plaie; la cangrene s'y mit, & le eo iduiiït à la mort , comme il le délirait. Toutes les cruautés que ce Prince craa«d| avoit commifes, ne lui infpirerentâ'Adafcyn. jamais le plus léger remords, excepté celle d'avoir fait brûler quelques Prêtres de Waldowanfe, parce qu'ils avoient refufé de déclarer que le crime de parricide, dont il s'étoit rendu coupable en plulieurs occasions, n'étoit qu'un péché véniel; cependant il épargna le Grand Prêtre. Il avoit propofé la même queiHon à ceux de Paraynoydeyo , qui lui avoient répondu que Dieu étoit trop m;féricordieux pour le damner entièrement, & il les renvoya avec le titre d'amis du Roi. Quelques heures S iij %i4 Découvertes avant fa mort, il marqua une grandfc tioV*Couleur du meurtre de fon frère, «icccytan, & le Grand Prêtre lui donna l'abfo-thap.vi. lution dg ce crime t fans vouloir accepter de très-beauxpréfents, qu'A-dafcyn lui offrit par reconnoiflance. Cet homme refpeciable mourut députa Candi, âgé de près de. 120. Avant la bataille où Raja Adafcyn fut mis en déroute , il parut plongé dans une profonde mélancolie, & entièrement découragé. On lui entendit crier, comme s'il eut prévu fon malheureux fort, « Dom 33 Juan eft un brave guerrier, le trône 33 fera la récompenfe de fon couragei « Qu'eft devenu Raja Singa Adaf-n cyn ? Qu'eft devenue cette fortune » à laquelle rien ne pouvoit réfifter ? a> Pourquoi ton courage eft-il endor-53 mi?Pourquoi t«n ambition eft-elle 33 affoupie? Ta grandeur eft-elle dé-33 truite? Hélas! je vois le fatal re-33 vers de la profpérité ! La fortune m inconftante qui m'a toujours con-y> duit par la main , me tourne le 3j dos , & me laifle périr dans l'om-33 bre de l'adverfité 1 O fortune 1 Que 33 t'a donc fait celui qui fut ton cher 33 favori ? Que t'a donc fait Raga 39 Singa jj ? 13 e s Européens. 41 ƒ Dom Juan croyoit que cette mort 1 Ie rendroit paifible poffeifeur detou-*^^ T' te l'Ide, fans avoir à craindre de dcceyian. Compétiteur, lorfque tout-à-coup, c ap,vi* le Secrétaire d'Adafcyn jetant em./^jj ■ paré de tous les tréfors de fon mai- -xibnz, tre, qui étoient très-coniîdérables» prit le titre de Roi, fous le nom de Jane ira Wan daar. Il demanda l'appui des Portugais, qui lui envoyèrent de Goa, un corps de troupes commandé par Pedro Copez de Souza; attaqua Dom Juan, près de la ville de Walane, le mit entièrement en déroute, tua une grande partie de fes gens , & imprima tant de terreur au refte , que tout le pays fe fournit à lui fans oppoftVion , excepté le Dcdlefvage. Dom Juan , hors d'état de rallier fes troupes difperfées, fe retira avec très-peu de fuite dans les bois, où il demeura quelque temps fans autre nourriture que des herbes & des fruits fauvages. Ce fuccès donna une autorité ab- f-".*0"0 fol ue aux Portugais non-feulement fcnt dcPi°» fur Dom Juan, mais aufli fur leurs couroaa** Alliés , & ils réfolurent de difpofer du trône de Ceylan, en faveur de Donaa Catharina, Princefle du vrai S iv 4-ï 6* Découvertes ——-lang royal, qui avoit été élevée a Desem*. Manaar , dans la Religion Chré-ëcccyi-n, tienne. Les Naturels de Ceylan y Chap.vi. confentirent ; mais ils refuferent de reconnoïtre le Roi de Portugal pour leur Souverain , quoiqu'ils en fuflènt fortement preffés. Conformément à cette réfolution , Donna Catharina fut conduite peu de temps après à Candi, où elle fut reçue par Dom Pedro Lopez & par une grande foule de peuple , qui lui marqua le refpect le plus profond , en fe profternant devant elle , fuivant la coutume du pays. Cette Princeflfe fit une fuperbe entrée dans fa litière, aux acclamations du peuple , & peu de jours après elle tut couronnée Impératrice, avec les folemnités d'ufage. Il y eut alors plulieurs maifons brûlées en d ffe-rents endroits de la ville, fans qu'on pût favoir qu'elle étoit l'origine de ces incendies : mais on découvrit enfin , que le feu y avoit été mis par Dom Juan, qui s'étoit déguifé en mendiant, dans l'intention de détruire la ville , & qui fut obligé de fe réfugier dans le lieu de fa retraite, parce qu'on promit vingt mille écu$ d'es Européens,- 417 arrivés à Cruces, l'Alcalde de cette ■ Ville les reçut tres-gracieufement, & '■ chap-lii* le 27, à onze heures & demie du matin, ils fe mirent en marche pour An'17ÎJ' Panama , où ils arrivèrent le même jour à lix heures trois quarts. Us allèrent d'abord vifiter le Préhdent, qui leur fit l'accueil le plus cordial & le plus agréable. Plulieurs préparatifs indifpenfa- ' bles, les retinrent à Panama plus ; long-temps qu'ils ne l'avoient prévu. Ce temps ne fut pas cependant perdu ; ils firent diverfes expériences très - exactes fur les ofcillation du pendule, & leverent un plan très-juffe , de la place , des fortifications , & des côtes adjacentes. Enfin, toutes les difficultés étant furmontées , & tous les préparatifs faits pour la fuite de leurs laborieufes opérations, ils s'embarquèrent dans la baie de ' Panama , & dirigèrent leur cours ^ Vers la rivière Guiaquil. Panama efl bâti dans l'Ifthme de confeftures » même nom , fur la côte arrofée pàjr f[[JeIadlo!,,5l"«I la mer du fud. Suivant les obferva- nama, rions que nos Mathématiciens y firent , cette ville efl fïtuée à la latitude feptentrionale de 8 degrés y7 mir" S v '4ï 8 Découvertes mîtes 48 fécondes & demie. A l'égard de la longitude, les fentiments ont été partagés, 6c aucun des Aftrono* mes n'a été allez allure de fes observations , pour la déterminer avec certitude ; enforte qu'on eft encore dans le doute , li le méi idien de cette ville , eft à 1 eft ou à 1 oueft, de celui de Porto - Bello. Les Géographes François prétendent qu'il eft à l'eft, & le placenr de même fur leurs cartes; au lieu que les Efpagnols le mettent à l'oueft ; cependant on pourroit croire que les derniers, qui ont fait plus fréquemment des voyages d'une ville à l'autre, doivent avoir plus de connoilïam e de leurs fituations respectives ; & que les François, étrangers dans ce pays, nom pas eu occasion d'y faire des obfervations aufli fréquentes. D'un autre côté, on ne peut difconvenlr, qu'entre les Efpagnols, qui font ce petit voyage, il s'en trouve très peu qui ayent la capacité ou l'inclination néceffaire , pour porter un jugement exact fur la route qu'ils fui vent; mais il y a eu aufli pluheurs habiles Marins & d'autres Curieux, qui y ont donné leur attention, & c'eft fur leur rap* des Européens. 419 port qu'on a déterminé la Situation ■ de cette place. Leur fentiment pa- l^ap°nx roit en quelque forte, confirmé par la vraie direction delà rivière , de- Aa«l7j** puis fon embouchure, jufqu'à la ville de Cruces, dans une diftance de vingt: & un milles , fuivant la direction fud«* eft-quart à l'eft , les Mathématiciens trouvèrent 3 degrés 36.minutes de différence orientale, d'où ils conclurent que celle des méridiens eft de 20 minutes, dont l'embouchure du Chagre eft à l'oueft de Crucés. II faut aufli avoir égard à la diftance, entre Porto-Bello & cette embouchure. Pendant deux heures & demie après leur départ, ils firent une lieue & demie par heure : le vent de terre s'étant élevé, cette vîteffe augmenta jufqu'à deux lieues par heure, ce qui dura fept heures, après lefquelles ils avoient fait dix-huit lieues. Tout le cours étant dirigé à l'oueft, la différence en longitude, doit avoir été de 44 milles, qu'on peut réduire à 41 , fi l'on fuppofe que la direction diffère un peu de celle à l'oueft. Si de cette fomme, on fouftrait les 20 minutes dont Crucés eft à l'eft: de l'embouchure, on trouvera que s n 420 Dé CO Ü VER T È s «a—i—— Crucés eft de 21 minutes plus occîw chap °ni.' dental Clue Porto-Bello. Il ne refte plus qu'à ajouter la différence entre fl* I7î5' les méridiens de Crucés & de Panama , dont le chemin fuit à peu près la direction du fud-oueft. Nos Voyageurs obferverent qu'ils ne faifoient que trois quarts de lieue par heure, à caufe de l'inégalité du terrein , & ils marchèrent pendant fept heures, çe qui doit faire une route de 14 milles, & par conféquent, la différence des méridiens, eft de 10 minutes & demie. Donc Panama eft fitué environ 3 1 minutes plus à l'oueft que Porto-Bello, & il paroît que les Géographes Efpagnols approchent plus cU ia vérité , que les François... Ï?ES EuROTÊENS. 42 J** G H API T R E IV, ê couverte de Panama ; Pr'rfe de cette ville par les Anglois ; On en change la fituation ; Incendie à Panama 5 Gouvernement Civil & EccUfiafli-£uc; Des Bâtiments & du Port°v Des Marées ; Variations de la bouf~ foie ; Des Habitants de Panama ; De la Pêche des perles ; PoiJJons très-dangereux ; Des Itâines ; De VAnimal nomméIguana. L Es Efpagnols doivent la pre- ü,L1 °f5'' • j , 1 t» \ Cnap. IY.' miere découverte de Panama, a Tello de Gufman, qui y defcendit An<17?;': en iyiy. II n'y trouva que quelques Découverte huttes de Pécheurs, parce que ]'en_de*anaraa' ■■ droit étoit fort commode pour leur travail ; ce qui lui avoit- fait donner par les Indiens, le nom de Panama , qui lignifie abondant en poiffon. Peu de temps avant, en l'année iyi3 j ■ ,Vafco Nunez de Bal boa , avoit découvert la mer du fud, & en avoit pris pofleflion en forme, au nom des Rois de Caff ille. En 1 y 18 , la découverte de Panama fut fuivie de l'état • •422 D é" c'o u v e r t e s —— bliflement d'une Colonie, fous Pe-5»la,°iv ^rarias cVAvila, Gouverneur de la ap" ' Caftille d'or, nom qu'on donnoit An, i7j$. aloisaupays, qu'on a depuis appelle Terre-ferme. Enfin, en i y2i , l'Empereur Charles V , lui donna le titre de ville , avec les privileges qui y font attachés, comment j?n 1670, cette ville eut le mal-pi ie "'par d'être faccagée & brûlée par le Anglois. Corfaire Anglois, fir Jean Morgan. Après avoir pris Porto - Bello $c Ivlaracaybo, il le retira dans les ifles, & publia de toutes parts fon projet d'aller à Panama, cç qui fut caufe que pluheurs Pirates qui infeftoient ces mers, fe joignirent à lui. Il fit voile d'abord à Chagre, où il débarqua quelques-uns de fes gens , & en même-temps, il battit la ville avec les yaifleaux , mais il dut fes fuccès à un accident fort extraordinaire. Ses forces étoient conhdérablement diminuées par le grand nombre d'hommes qu'il avoit eus de tués& de blef-fés , en attaquant le fort, & il com-mençoit à fonger à la retraite, lorf-qu'un de (es Soldats eut l'œil percé d'une flèche tirée par un Indien. Le bleue, que cet accident avoit mis eu des Européens. 42 ? fureur , marqua cependant un courage & une préfence d'efprit admirables. Il arracha la flèche delà bleflure entoura un des bouts avec du coton , ou des étoupes , la mit dans fon fu-fil, qu'il étoit près de décharger, 8e tira le coup fur le fort, dont les maifons étoient couvertes de paille, & les murs conftruits en bois, fuivant l'ufage du pays. La flèche tomba fur un de ces toits, & y mit le feu , ce qui ne fut pas d'abord remarqué par les Afliégés , occupés à défendre la place; mais la fumée & les fiâmes les inftruttîrent bien-tôt de la deftruclion-du fort & du magafin à poudre , que le feu ne tarda pas à gagner. Un événement fi imprévu , les jetta dans la terreur & dans la confufion; le courage des Soldats fe changea en tumulte & en défob.éiflance ; chacun ne fongeant qu'à fe fauver, les ouvrages fu rent abandonnés , tous voulant fuii'Ie danger qui les menaçoit d'être brûlés , ou de fauter en l'air. Cependant le Commandant, réîoîu de faire tout ce qui étoit en fon pouvoir ; continua à défendre le fort avec feize pu vingt Soldats, qui lui reftoient jufqu'à ce que. couvert de bleifures 4 424 D É C O U V Ë"R T E 3' — il tomba mort, victime de fa fidélitêY-ciap.VY.' ^es Anglois, encoueagés par cet accident, pouffèrent leur attaque avec Afl,i73 5. une n0LiVejie vigueur, & les ennemis furent obligés de rendre la place , que laviolence des flammes eût bien-tôt réduite en cendres, Cette difficulté étant furmontée, la plus grande partie d'entr'eux , pourfuivirent lewr voyage, en remontant la rivière dans des chaloupes & des canots, laiffant -leurs vaiffeaux à l'ancre , pour défendre leur nouvelle conquête. Le détachement defcendit à Crucés , marcha à Panama, & ayant atteint le Sa-bana , plaine fpacieufe devant la ville, il y eut diverfes efcarmouches, dans lefquelles Morgan remporta toujours quelque avantage. Il fe rendit enfin martre de la ville , mais il la trouva abandonnée, parce que les habitants, voyant leurs troupes défaites , s'étoient retirés dans les bois, Il la pilla à fon aife ; & après y avoir demeuré quelques jours , il convint de l'évacuer, fans faire aucun tort aux bâtiments, au moyen d'une rançon confidérable. Quand l'argent eut été payé, le feu prit dans la ville par accident 3 fi l'on en croit fon rapport ff f s Européens 42 r Les Portugais étoient toujours en.....■ pofleflïon de Gale, & Dom Juan en- DBTsIc0RSIlP' voya contre eux, Dominique Cote, de ceylan, cher tres-vaillant, qui, après avoir " reçu quelque affront au fervice des Portugais , fit couper le nez & les oreilles à quelques Moines , qui en avoient été la caufe, & déferta. Les troupes Cingalefesqu'il commandoit furent défaites , on le fit prifonnier , il fut amené à Columbo, & on le mit fecrettement à mort. Le Roi de Candi tira vengeance d'une conduite aulli baffe , en faifant maflacrer fans dif» tinclion , tous les Portugais qui tombèrent entre fes mains , à l'exception de quelques-uns qu'il renvoya à Columbo, cruellement mutilés , en leur ordonnant de dire à leur Général, que Dom Juan vengoit ainfi la mort de Dominique Core , & qu'il traiteroit de même à l'avenir, tous les Portugais qui tomberoient entre fes mains, à moins qu'on ne mît immédiatement en liberté tous les Cingalefes prifonniers à Columbo. Ce trifle fpeélacle occafionna des mouvements très-dangéreux dans la garnifon , & fï le Général Oviedo n'eût été caché par quelques Moines, 111 dans un Couvent, jufqu'à ce que Î4 tion tempcte tut appaifee, il auroit ete Cha^1'1"' *a vi^me de ces troubles. Le trai-aj?" *• tement que les Portugais avoient fait à Dominique Core, n'empêcha pas fon frère Simon defe révolter en leur faviur : ils le firent Gouverneur d'une Province , & le marièrent à une Por-tugaife de condition , qui, vraisemblablement , l'avoit porté à larévolto par l'amour qu'il avoit conçu pouc elle. Quoi qu'il en foit, cette Damo te un fils qu'il eu eut, furent des gages affurés de fa fidélité pendant qu'il fit la guerre à fon premier maître 1© Roi de Candi ; mais foit par un refte de fon ancienne amitié, foit que Simon dé*te(tât naturellement la trahi-fon , il fit informer fecretement c€» Monarque d'un complot formé pasî les Portugais pour l'affaiïiner HJreffe d'an ^ J avolta « Cour de Dom Juan, ï.fpion. un homme nommé Emanuel Diaz, qui avoit été valet-de-pied du Général Lopez, & après fa mort, étoit demeuré de fon propre choix à Candi. 11 s'y étoit diftingue par fon efprit Ôc par fon adrefle, étoit parvenu au rang de Gentilhomme , &c avoit été revêtu d'une place de qael- DES E U R Ö S ï E & 5. \1 J' que confiance. Il fut chargé de le rendre à Columbo , fous prétexte de0^,0^ mécontentement à la Cour de Dom dcCfyia", Juan , & de découvrir tout le com- Gh"2' Y* plor formé contre ce Prince. Il exécuta fa commifiion avec la plusgran-de habileté ; fut reçu à Columbo à bras ouverts , & ne parlant que de vengeance contre Dom Juan , les Chefs de la confpiration le regardèrent comme un homme propre à étr« chargé d'en conduire l'exécution. Cinq d'entre eux, dont le courage étoit éprouvé, le furvirentà Candi, où. il feignit d'avoir obtenu le pardon de fa défertion, & leur fit entendre qu'il l'avoir accepté uniquement pour parvenir à la fin glorieu-fe de mettre à mort le tyran. Il ir> troduiht à la Cour fcs compagnoüs, qui furent tous faits prifonniers, parce que Dom Juan étoit exactement informé de toutes leurs démarches, & après une longue captivité, ils fouffrirent la mort la plus cruelle. Les Portugais avoient fait avancer dans le voifinage un gros corps de troupes , par des routes détournées , elles fe cachèrent dans un bois, pour attetdre le lignai qu'o» "424 DECOUVERTES 1 " avoit promis de leur donner quand Vufi!P" ^e C0UP feroit porté , & il ne s'en fe-éc ceylan, roit pas échappé un leul homme, Cbap.vi. s'j]s n'avoient informés par un Eéferteur du véritable état des affaires ; mais.comme leur retraite fut extrêmement précipitée , ils biffèrent quelques armes & quelques munitions, avec tout leur ba^a^e. 3,es Hoîlan Quelque temps après cet événe-hutoduTrnent » *es Hollandois envoyèrent ' une AmbafTade à la Cour de Candi, où elle fut très-bien reçue. On renvoya les Ambafladeurs avec des présents conhdérables, après erre convenus que les Etats Généraux aideroient les Naturels à chaffer les Portugais, de Gale & des autres places. En con-fcquence de cette convention , Sebal de Weert, Vice-Amiral Hollandois, arriva fur la côte environ fept mois après , avec fept vaiffeav.x, & invita le Roi à fe rendre à bord pour les vilïter avant de commencer l'expédition. Le Monarque avoit appris l'intention que de Weert , étoit de l'arrêter prifonnier avec toute fa Cour , & de s'emparer de fon pays, au lieu de l'aider contre fes ennemis, & il s'exeufa poliment d'accepter fin- t) e s Européens. 42 f Vitation, fous prétexte que fa pré- ■ fence immédiate à Candi, étoit ab- B" iolument néceffaire , ne pouvant pas dcCeyiai», y Iaifler fa femme feule i mais il pro- ChûPVL mit de faire marcher de cette ville une armée par terre, pour foutenir le (ïege de Gale, que de Weert devoit attaquer par mer. Ce refus irrita deV/eert, dont la fobriété ne faifoit pas la principale vertu ; il déclara pohtivement , que li l'Empereur ne l'honoroit pas d'une vihte à bord , il abandonneroit l'entreprife contre les Portugais $ ajoutant, qu'il ne croyoit pas que les befoins de l'Impératrice ruifent allez prenants pour que fon mari ne la pût quitter. Cette infolente réponse irrita tellement Dom Juan , qu'il rompit brufquement toute conférence, & donna ordre à ceux qui Taccompagnoient d'arrêter de Weert prifonnier. Le Hollandois fe voulut mettre en défenfe ; mais il fut ren-verié d'un coup de cymeterre que lui porta un homme qui l'avoit laifi par fes long cheveux : tous ceux qui l'accompagnoient périrent avec lui, excepté un ou deux, qui s'échappèrent & gagnèrent le rivage où ils fe \2S l*ùi 16 ff Vït ¥ ïs " 1 jetterent dans la mer, & nagererTfc DVIoV'-î^q^u Vaiffeau. «leceylan, Don Juan auroit été beaucoup ehiJ?-VL plus fatisfait s'il avoit pû fe rendre maître de De Weert : mais comme cela n'avoit pas été poflîble,il fut content de fa mort; & pour faire voir au» Hollandois le peu de crainte qu'ils lui infpiroient,il écrivit en Portugais au nouveau Commandant de la Flotte, nommé Vibrands Van-WarvicK, » celui qui boit du vin ne peut rien 33 faire de bien : Dieu manifefte fil »juf\ice : fi vous délirez la paix, *> vous l'aurez , fi vous défirez 1^ » guerre , vou3 l'aurez », Mort «1er Ce vaillant Monarque fut quel* pom ?«*»&' qUe temps après faifi d'une fièvre ar* dente ; on luî donna inutilement, tous les remèdes propres à étancher la foif : il mourut dans l'agonie la plus violente , laiffant un fils nommé Mahaftane Adafcyn , & deux filles appellées Soria Mahadafcyn , fe Cathan Adafcyn , qui tous trois étoient Enfants de l'Impératrice. Dom Juan étoit grand , bien proportionné , noir de vifagô, la parole dure , & l'air rufticme ; mais très-SQ.ujcageu^ l?on (^roiïAand.arit, 1\ bes EuiOîhHî. 427^ fevoit amalfé une grande quantité de ■■.<■■■■■>>«■ s • {- j ' Disc» 1p- joyaux , même après avoir lonae ^ccevlan, beaucoup de logements publics , Chap. vi. fait fortifier pluÇeurs Places, & bâti des Palais. Il étoit très-exact dansles affaires du Gouvernement, ne par-donnoit aucun grand crime , Se ne négligeoit jamais de récompenfer les perfonnes qui s'étoient bien com- ortées dans quelque état que ce fut. 1 étoit profond dans la politique , & exact obfervateur de fa parole. Il regardoit les Portugais avec un œil d'envie, & avoit pour eux une haine mortelle, qui n'étoit pas fans fondement. Il ne paroifToit attaché à aucune forme particuliere de Religion, & permettoit à chacun de fervifi Pieu librement dans la fienne. fin du Tome Sixième* TABLE DES MATIERES Du Tome Sixième. j^Rlz de mer , poifibn des Indes ; fa defcription, 141. *Agra j Ville des Indes, fa defcription, z<;6. Jidafcyn.} Roi de Ceylan, les cruautés , 41 3. Aigle de mer j fa defcription , . * 52. Alli , fleur des Indes ; fa defcription, 126, -Amadabad j Ville des Indes ; fa defcription , 244, •Amboine , Tune des Ifles Molucques , fa fîtua-tion , io. Ses productions , 11. Defcription des Habitants, 15. Ananas, plante des Indes ; fà defcription, 1 \j Analativa , Ifle des Indes ; * Tome VU fà defcription, ^yi» Anchedive, \{\c des Ind^s; fa defcription , 267-Anguilles de Java ; leur defcription, 145. dra ignées des Indes ; leur defcription, 15?2. Arbre à CoJJè ; fa defcription , 122» Arbre, de nuit, fa defcription , 1 jp. Arbre du Vigueur ; fa dcP cription, 136. Areca , fruit des Indes ; fa defcription, 119. Jlrrec , plante des Indes ; fa defcription, 11 «T. S B A H A M A Me du 4P TAB Golfe Perfiquc , où fe fait la pêche des i crics , 48. Baldeus, (Philippe) exactitude de fcs récits, 240. Il ell fait prifônnier & remis en liberté, 195- fSald-pittc, poiifon des Indes, fa defcription, 1 41. Bambouc ., def-ription de ce rofeau , 111. Basjan } fruit des Indes , fa defcription , 12 e. Batavia , Ville de l'ifle de Java ; fa defcription , # 6. Grandeur de fbn Port , 87. Des Bâtiments , 88. Prix des denrées, 94. Defcription du Château, 9%. Des Habitants , 99> Du Gouvernement, loj. Productions du pays, 106. Des fruits, 108. Bâton de Jacob ^ poiflon des Indes ; fa defcription , BcciJJine de mer j fa defcription, 149. Be'tel j fruit des Indes ; fa defcription , 118. Billingbing-, arbre des Indes ; fa defcription, 137. Bifets des Indes-, leur defcription, 182. Bxufs de Macaffar ; le ur LI, ( defcription,' Fois de Serpent > fa description , 373- Bombay , Ville des Indes ; fa defcription, 262. Bonith, poiffon des Indes; fà defcription, 156. Bonne - F.fpctance t ( Cap de ) cherté des vivres dans ce pays , 3. Des ' animaux , 4. Bramincs j efptce de Moines Indiens ; leurs auflérites exccfhvcs, 34. Vénération que leurs portent les femmes, 35. Leurs ufiges , 3 6(T. Brochia f Ville des Indes; fa defcription, 24p. Bujles de Java ; leur defv cription , 201, C Cailles des Indes I leurdefeription, 179» Calecoulang , Royaume des Indes , 281. Calécut , Royaume des Indes , 272. Ca/nard > poiifon des Indes, fa defcription, 145, Cambaye > Royaume des Indes , 242. Defcription de fa Capitale , 243. Cananor j Royaume d DES MA îndes, 271. Canard > des Indes ; fa-defcription, ijf. Cancre marin; fà defcription , 161. Candi j Port de fille de Ceylan , 338. Camllicr , defcription de cet arbre , 371. Caradivaj Ifle des Indes , J 50. Carnate , pays des îndes ; fa defcription ,• joj, Cajn-ivis j Oifeau des Indes ; fa defcription, 172. C. r/À- des Indes ; leurs def cription , 196*' Ceylan , ifle des Indes ; la defcription, 3 3 j» Des Habitants , 3 37. Des Eeilaies & autres Tribus , 3 ç 3. Le ars mœurs, 3.5.9 Des ^agodes, 363. Production de cette Is-le , 5 70. Des Oifeaux , 591, Des poiffons, 3 92. Des Serpents, 5 9 5. Commerce de Ceylan , 4*20. Pêche des Te ri es, 40 3 o-Découverte de cette Is-1c , 409. Succeffion des Souverains ,410. Autorité des'Portugais, 41 y. Chacal, defcription de cet animal, j & 3851. Çjm,r;ir>aca , arbre des Iru ! I S R E J. ( . des; fa defcription,:29. Changier J Ville des Indes, 300. CÂtfri0/z/zettdesIndes;leuc defcription', 182. Chajjeur , oifeau des In-*1 des; fà defcription, 170. Chat de mer, poifibn ; üt defcription, 153-Chat volant j oifeau , fa* defcription, 169* Chauves-Souris de Java » 173. Chauves-Sourisr de mer £ leur defcription, 158.' CJicnes des Indes ; leurs propriétés, 128. GheniLlts'atlé'es de Java,' lf ! . Cheval volant> infecte de' Java, 183, Chevaux de- Java ; leuc' defcription , 103» Chèvres de Java ; leur defcription , 2oi« Chevrettes-dfe Java, 160.' Chinois , poifîon ; fa defcription , ï 4P.' CLngalefes > peuples de Java, leurs ufages, 367. Çinq-yeux j poiffon des Indes; fa defeription,i î8„'. Cochin, Ville & Royaume des Indes, 276. Des. Habitans, 278. Cock j poiflon des Indes ï ij, 432 TABLE fa defcription, 144. cet arbre, 117. Cocotier-* defcription de Daulentesj arbriffèau des cet arbre, 123. Indes, 132». Ççlibri , defcription de Diable marin, poiffon des cet oifeau, 177. Indes, 1 jo. Çoi] marin * poiffon des Diamants. & autres pier- lndcs, iJ4. res précieufes ;leurdel- Çora'U ^ defcription de cription, 311. cette produclion , 405. Dingding , ifle des Indes Corbeau de mer j poiifon orientales, 22. des Indes, 143. Dia , Ifle & Ville des In> Cormoran j oileau ; fà det- des, 259. cription, 1 74. Doddzx, oifeau des Indes > Corneille des Indes, 172. 170. Çoromandel a (côte de ) Dorade j poiffon des Indes, fa defcription,295.Ma- t 66», ladies du pays, 327. Dos rond ; defcription de Coulang j Royaume des ce poiflon, 145. Indes , 281. Dutter , fleur Se fruit des Çi 1 1 "■: d'eau j defcription Indes, 127, de ce fruit, 128. E Cranganor j Ville & Royaume des Indes , EcREVissEsdc mer ; 273. Religion & Mo.urs leur defcription , 162.' des Habitants , 275. Eléphant ; defcription de Crocodiles^leur^defcrijî- cet animal, 37s. tion ? 393. Eperlan de fable } poiffon Cubder j fruits de Java , des Indes , 148. 108, Etoiles de mer ; fa deferip- D tion, loi. f Va n u 1. -, Ville des Indes ; fa defcription,^60. Feuilles du Diable ; Dapdajf , arbre des In- arbre des Indes , 122. des ; 'fa defcription, 121. Fèves de Batavia leur def- Dauiar j defcription de cription, ijo. DES M A Feu volant , infefte de Java, 187. Figuier _j des Indes, fadef- cription , 110. Fleur de bouton >■ arbre des Indes , 11z. Fokky-Fokky 3. arbre de Java, 107. Fourmis des Indes ; leur defcription, 191. Frelon de Java-, infefte , 190. F ulo de Madré , fleur de Java, 125. Fulo de Sapato , 11. 134. Fulo de Tankc , Id. 13-3. G & A fr ce , fleuve des Indes , 331. Girojlier ; defcription de cet arbre , 11. Goa , Ville des Indes , fa defcription, 162. Mœurs des Habitants, 265. Gogo,, Ville des Indes ; fa defcription, 24p. Golconde , cortège de la Reine de ce pays , 14. Gomeron , Ville & port de mer du Golfe Pcrfique > 25. Sa defcription, 26. Ses productions , 27. Le climat en efl dangereux aux Etrangers , 28. • I E R E S. 433 Grand commerce de' cette Ville, 31. Mœurs des Habitants, Ibid- Arbres des Ban [unes, 3 3* Gougeons de Java ; leut defcription, 15?* » Grenouilles de Java , 1 87<,- Grognard j poillon des Indes , M4« Gwirai oifeau des Indes- ni H- Hz r 1 s son de mer ; fa delcription, 1 51. Hcron des Indes, 18?. Hottentots j ftupidité de ce peuple , JîFNAP ATNAM j Ville & Pays des Indes, 3 39,'- Jakadet , infecte des Indes , 18 p.. Jakka, arbre des îndes; fà defcription, 113, Jarek, Ifle dans le Golfe Perflquc , • 4p. Java , defcription de cette Ifle j 82. Ses productions , 83. Des Habitants , 85. Des Villes , 860 Jin , oifeau des Indes ; la-defcription, 177» Infos crknt.îles t Içuç Tiij 4?4 ; ta.: defcription ,~ 241, Indigo j comment on prépare cet arbriiFeau des Indes , 321, Jors Royaume des Indes, 16. Portrait des Habitants. 17 • K Kakkerlakken j infecte de Java, 138. Kananga t arbre des Indes, 128. Karambola , fruit des Indes , 135. Eatjiapiris, frmt des Indes , 114. Heelt j poiffqn des Indes, 141» Klipt, poiffon des Indes * 152. 'Rokoi j defcription de cet oifeau, 178. Kolkas , plante des Indes ; fa defcription , 1 \B. Koret, poifibn des Indes, Ù'o. l '£.anceit j arbre des Indes ; fa defcription , Large-Bec j oifeau de? Indes, 171-Ltgoaeti , efpece de Cro- 5 L S codile , t g y ^ Limaçon à pourpre ; fa defcription, 164. Lynx j defcription de cet animal, 19 j£ M. Af^ u t7 ré , Ville fis Pays des Indes orientales-, fa deferiptions ,74$ Ses productions, 75. Makandon , fruit des Indes ; fa defcription, 13t. Malabar, pays des Indes, 268* Mhlaca , Defcription de la Ville & du Royaume de ce nom , 14. Mœurs des Habitants r 1 fl£ MamgamtjÇrui des Indes ; fa defcription , 132.. Mangeur de Fourmis, ani* mal des Indes , 196% Mango j arbre des Indes * fa defcription, iiç. Manyojtan j là. 11 5,, M'i'Jsuin de mer, defcription de ce poiffon , 1 _ 172. Mafulipatan * defcription. DES MA de cette Ville , 53 & 309. Mer deux j poiflon des Indes, 141. Meurtriers t ( Baie des ) d'où lui vient ce nom , 120. Mille-pieds , efpece de Scorpion , 1 84. Mocka j Ville d'Arabie , 251. Son grand commerce, 2.5 5. Momadavil > Roi de Cochin, eft rais fur le trône par les Hollandois, S 6. Monjlre marin j poiifon des indes, 159, Moringo arbre des Indes, 1-12. Moules de Java.; laur description, 163. Moutons de Java , leur defcription , 100. Mullet, poiifon des Indes, 149. N IVa 1 n'a t : va j Ifle des Indes , ? s 1. Niires, Nobles du Malabar , 282,. Leur haine, contre les Chrétiens , 184.. Etalika j fruit des Indes. lij.. T TE R E S. t T4ÎÎ Nagapajnam, Ville'de la cote de Coromandd : Origine de ce nom , 51 & 296* Nieuhoff, ( Jean ) s'embarque pour les Indes , 1. Il aborde à l'ifle Saint Vincent, 1. Il arrive aif Cap de Bonne Efperan-ce 3: Il va à la Chine , & revient en Europe , 8. Il fe rembarque , Se fe rend à Batavia, 1 o. Il va à Malaca , n. IÎ-aborde à l'ifle de Ding-ding , 12. H arrive à Wingurla , 23- H ^ rend à Gomeron, 25. Il-va à Jam.ipatnam , 50. II débarque à Paliacate, 51.11 eil chargé d'une, négociation avec l'es Princes Indiens. 50. Il va à Calcolang. Il efl bien reçu de ces Princes, 6z. Il retourne à Coulang , 681 II-revient en Hollande So Son troif eme voyage 3 204. Il arrive à Madagascar , zo6. IÎ* defeend furies bords de la rivière de Magala— gie , 207. Il débarque dans la baie d'Antigoa > ld. Recherche inutile- a%6 , . TAB qu'on fait pour le retrouver , 209. On conjecture qu'il eft mafla-cré, 110. Nil , conjectures fur les fources de ce fleuve , 331. Ninundiva t ifle des Indes , 35 f. NçucuXj Infectes de Java, 191. O Oie dj Int> e , defcription de cet animal ,176. Oifeau de ri\ , fa deferip-é tion , Oifeau. Rouge, fa defcription , 173. Or mis j defcription 'de cette Jflc , 37. De la Capitale , $9. Diminution du commerce de cette Place, 47. Ojeille des Indes j fa defcription , 109. Guraturc > iilc des Indes , 349- P ah an j Royaume des Indes, 17. Paliacate > Ville de la co-te de Coromandel ,5:. & 303. Mccurs des Habitante, 5 3' L E Pamipus , poiflon des In-des, 154. Papillons,des Indes; leur defcription, 18o. Pacane j Royaume dessin-des , i 8. Mœurs des Habitants j 19 Leur commerce , 20. Pentapouli j Royaume des Indes, 3c8-PerLs , comment on les pèche à Maduré , 77. Perroquet de mer , defcription de ce poiflon, 147. Perroquets de Java , 17:. Pigeon de mer ; defcription de ce poiflon, 1 $o. Pigeons des Indes ; leur defcription , 18o« Pit j poifibn des Indes , 148. Pock j poiflon des Indes , 148. Pocrro i oifeau des Indes , 174.. Poirreau des Indes ; (à defcription, 1 37* ■ Poiffon à corne ', fa def cription, 14^', Poiffon à cinq doigt:, Poiffon à épée ; fa description , j 57, Poiffon aux os ; fa defcription , 147. Poiffon blanc ;,fa deferip- DES MA non, Poijj'un d'Amboine j 14.0. Poijjbnpie ; fa defcription, M 8. Poijjbn plat ■ fa defcription j 146. Poijjbn rond ; fa defcription , 1 55. Poijjbn rouge ; fa-deferip-tion, 14*'. Poijjbn Royal • fa defcription , 143. Poijjlns volants • leur defcription, 156. Pompion ou Courge des Indes, 114. Pongardive > ifle des Indes , ^ 3fo. roicks épies , de Java,i 97. Porka j Royaume de.; Indes ? fa defcription , 6 } -& î79« Poa ^ /rz^r j poiffon des Indes, 145. Poulets des Indes ; leur defcription , 131. Puerto ïulovo , Ville du Coromandèl, 1559. PyljLiart, Ifle découverte par Talman 225. öy allen , poiffon des Indes, 16). (JÊutM. lumières » fleur des T I E R E S. w Indes, Hó.' Queue fourchue j poiflon des Indes , 1 f6«' Queue jaune j là» 141-Quixomc J Ifle du Golfe Perfique , 48. Arbre très - dangereux dans cette Ifle , 49»' R Rues de Java ; leur defcription, i^tf. Ramùujlun , arbre des Indes, T-3 5- Rammanaccyd j Ifle des Indes, 294» Rattan, arbre & fruit des Indes, 1 Renard y de Macaffar, leu r defcription, 194. Requin ; defcription de cet animal, 151. Rofado j arbre des Indes, 1 z4«- s San o l i eu s des Indes, leur defcription , 199. Sauterelles de Java , 18p. Sauteur ; defcription de cet animal, 181. Sautillant j poiffon des Indes , 153. Scorpion des Indes, 183. Scrpc/us des Indes ; leut 43^ T"A B defcription 134, Serpents volans de Java , 186. Siàmpiu , arbriffeau des Indes , 113. Siap j poiffon des Indes , M7. Simbar - Mangiran arbriffeau , 13.2. Singes de Java ; leur defcription , 194. Souffleur j poiflon des In-des , ' 1^4. Stip , poiffon- des Indes, S.rand , oiféau des Indes, Sùcceur t poiflon ; fa defcription , 1.J1. Sukotyro ; defcription de cet animal,- 1 9.3. Surate j Ville des Indes ; fa defcription, 1^6. T. Ta"k kat ajk, arbriffeau des Indes, ui. Tajman{ Abel.)eft chargé par les Hollandois de faire des découvertes, z 11. Il part de Batavia r 213. Il découvre la terre de- Van - Diemen. y„ M ?. Il découvre la nouvelle Zélande, 218,Les L É. Habitants lui tuent trois hommes, izo. Il découvre rifle des trois Bois , 2ii. Il découvre l'ifle de Pylftaart, 125. 11 nomme deuJC nouvelles Ifles, Amfter-dam & Rotterdam,22 ^.■ Il reconnoît les Ifles d'Anthoni Java, 230. Il arrive à la nouvelle Guinée , 231. Il paffe à l'ifle brûlante , 233. Il' arrive à l'ifle de Schouten ,236. Son retour à Batavia, 237. Thé , defcription de cet arbriffeau , 317», Thomè ( Saint ) ou Maiia-pour, Ville far la côte-de Coromandel , 50 &• Tigre ; defcription de cet animal , 3 8 y.* Tireur de venin , Infecte' dès Indes , 190. Tourterelles des Indès;leur defcription , I 76. Tranquebar , Ville du Coromandel, -99» Travancoor j Royaume des Indes orientales. #8. Trompe d'Eléphant, poiffon des Indes, 145.. Tutucurin ou Tutocorin y. Ville des Indes orienta-- DES M A T .1 E R E S. %%% les 7 3. Mœurs des Habitants, 74 & 287. W V ^an-Diemen (terre de) découverte par Talman, 215. Vincent , ( Saint ) l'une des Ifies de Sel, i. yij'apour , Royaume dans l'Inde , 260» Wingurla ..Port du Royaume de Golconde, 1J* Z Z el and e ( nouvelle) pays découvert parTa£ man, 218. Defcription de» Habitants, 215.» JFui de la Table du Sixième Volume* r.-f