TELEGRAPHE OFFICIEL. a* Laybach, jeudi 26 novembre 1812. INTÉRIEUR. EMPIRE FRANÇAIS» Paris, J5 novembre» 26,™ Bulletin de la Grande armée. Sorovffsk, le 23 octobre Après la bataille de Moskwa , le général Kutusow prit position à une lieue en avant de Moscou , il avoit établi plusieurs redoutes pour défendre la ville j il s'y tint , espérant sans doute en imposer jusqu'au dernier moment. le quatorze septembre ayant vu l'armée française marcher à lui , il prit son parti et évacua la portion en passant par Moscou. Il traversa cette ville avec son quartier général à neuf heures du matin. Notre avant-garde la traversa à une heure après midi. Le commandant de l'arrière - garde russe fît demander qu'on laissât défiler dans la ville sans tirer : on jr con-jgntitj mais au Kremlin , la canaille armée par le gouverneur fit résistance et fut sur le champ dispersé-. Dix mille soldats russes furent le lendemain , et les jours suivans , ramassés dans la ville où ils c'étoient éparpillé;, par l'appât du pillage j s'étoient d'anciens et bons soldats : ils ont augmenté le nombre des prisonniers. Le if, 16 et 17 septembre, le général de l'arrière-garde russe dit que l'on ne tireroit plus et que l'on ne devoit plus se battre et parla beaucoup de paix. U se porta sur la route de Kolomna et notre avant-garde se plaça à cinq Itéues de Moscou, au pont de la Moskwa. Pendant ce temps , l'armée russe quitta la route de kolomna et prit celle de Kalouga par la traverse. Elle fit ainsi la moitié du tour de la ville à six lieues de distance. Le vent y portoit des tourbillons de flamme et de fumée» Cette marche, au dire des officiers russes, étoit sombre et religieuse. La consternation étoit dans les ames ; On assure qu'officiers et soldats étoient si pénétrés, que le plus profond silence régnoit dans toute l'armée comme dans la prière. On s'apperçut bientôt de la marche de l'ennemi. Le duc d'Istrie se porta à Desna avec un corps d'observation. Le roi de Naples suivit l'ennemi d'abord sur Podol , et ensuite se porta sur ses derrieres , menaçant de lui couper la route de Kalouga. Quoique le roi n'eût avec lui que l'avant-garde , l'ennemi ne se donna que le temps d'évacuer les retranchemens qu'il avoit faits , et se porta six lieues en arriéré , après un combat glorieux pour l'avant-garde. Le prince Poniatowski prit position derrière la Nara, au confluent de l'Istia. Le général Lauriston ayant dû aller au quartier-général russe le 5 octobre , les communications se rétablirent entre nos avant-postes et ceux de l'ennemi, qui convinrent entre eux de ne pas s'attaquer sans se prévenir trois heures d'avance mais le 18, à sept heures du matin, 4000 cosaques sortirent d'un bois situé à demi-portée de canon du général febastiani, formant l'extrême gauche de l'avant-garde, qui n'a voit été ni occupé ni éclairé ce jour là. Ils firent u* hourra sur cette cavalerie légère dans le temps qu'elle étoit à pied à la distribution de farine. Cette cavalerie légère ne put se former qu'à un quart de lieue plus loi». Cependant l'ennemi pénétrant par cette trouée, un parc de douzes pièces de canon et de 20 caissons du général Sebastiani fut pris dans tro ravin , avec des voitures de bagages au nombre de jo, en tout 6j voitures, au lieu de 100 que l'on avoit porté dans le dernier Bulletin. Dans le même tems, la cavalerie régulière de l'ennemi et deux colonnes d'infanterie pénétroient dans la trouée. Elles espéraient gagner le bois et te défilé de Voro-nosvo avant nousj mais le roi de Naples étoit là, il étoit à cheval. Il marcha et enfonça la cavalerie de lig»e russe dans dix ou douze charges différentes. U apperçut la division de six bataillons ennemis , commandés par le lieutenant-général Muller, la chargea et l'enfonça. Cette division a été massacrée. Le lieutenant-général Miilltr a été tué. Pendant que ceci se passoit, le prince Poniatowski repoussoit une division russe avec succès. Le général polonais Ficher a été tué d'un boulet. L'ennemi a non seulement éprouvé une perte supérieure à la nôtre, mais il a la honte d'avoir violé une trêve d'avant-garde . ce qu'on ne vit presque jamais. Notre perte se monte à 800 hommes tués, blessés ot pris. Celle de l'ennemi est double. Plusieurs officiers russes ont été pris j deux de leurs généraux ont été tués i le roi de Naples dans cette journée a montré ce que peuvent la présence d'esprit, la valeur et l'habitude de la guerre. En général dans toute la campagne , ce prince s'est montré digne du rang suprême où il est. Cependant l'Empereur voulant obliger l'ennemi à évacuer son camp retranché et le rejetter à plusieurs marches en arrière , pour pouvoir tranquillement se porter sur les pays choisis pour ses quartiers d'hiver , et nécessaires à occuper actuellement pour l'exécution de ses projets ultérieurs, avoit ordonné le 17 par le général Lauriston à son avant-garde de se plaçer derrière le défilé de Winkowo, afin que ses mouvemens ne pussent pas être apperçus. Depuis que Moscou avoit cessé d'exister , l'Empereur avoit projeté ou d'abandonner cet amas de décombres, ou d'occuper seulement le Kremlin avec 3,000 hommes, mais Je Kremlin après 15 jours de travaux, ae fut pas jugé assez fort pour être abandonné pendant 20 ou 30 jours à ses propres forces. Il aoroit affoibli et gêné l'armée dans ses mouvemens sans donner un granì avantage. Si l'on eut voulu garder Moscou contre les Mendians et les pillards, il falloit 20 mille hommes. Mescou est aujourd'hui un vrai cloaque malsain et impur. Une population de 200,000 ames errant dans les bois voisins , mourant de faim , vient sur ces décombres chercher quelques débris et quelques légumes des jardins pour »ivre. Il parut inutile de compromettre quoique ce «oit pour un objet qui n'étoit d'aucune importance militaire, et qui est aujourd'hui devenu sa as importance politique. Tous les magasins qui étoient dans la ville, ayant été découverts avec soin, les autres évacués, l'Empereur fit miner le Kremlin. Le duc de Trevise le fit sauter le 23 à deux heures du matin j l'arsenal, les casernes, les magasins , tout a été détruit. Cette ancienne citadelle , qui date de la fondation de la monarchie, ce premier palais des Czars, ont été.' Le duc de Trevise s'est mis en marche pour Veresa. L'aide-de-camp de l'Empereur de Russie Win-zingerode ayant voulu percer, le 22 , à la tète de 500 cosaques, fut repoussé et fait prisonnier avec un jeune officier russe, nommé Mariskin. Le quartier-général fut porté le 19 au château de Troits-Jcoej il y séjourna le 20 j le 21 il étoit à Ignatiew j le 22 à Tominslcoi , toute l'armée ayant fait deux marches de flanc, et le 23 à Borousk. L'Empereur compte se mettre en marche le 24 pour gagner la Dwina, et prendre une position qui le rapproche de 80 lieues de Pétersbourg et de Wilna, double avantage, c'est à dire plus près de 20 marches des moyens et du but. De 4000 maisons de pierre qui existoient à Moscou , il n'en restoit plus que 200. On a dit , qu'il en restoit le quart, parce qu'on y a compris 800 églises, encore une partie en est endommagée. De 8000 maisons de bois, il en restoit à peu près 500. On proposa à l'Empereur de faire brûler le reste de la ville pour servir les Russes comme ils le veulent, et d'étendre cette mesure autour de Moscou. Il y a 2,000 villages et autant de maisons de campagne [ou de chateaux. On proposa de former 4 Jonnes de 2000 hommes chacune, et de les charger d'incendier tout à 20 lieues à la ronde, Cela apprendra aux Russes , disoit-on , à faire la 'guerre en règle et non en Tartares. S'ils brûlent un village, une maison, il faut leur répondre en leur en brûlant cent. L'Empereur s'est refusé à ces mesures qui auroient tant aggravé les malheurs de cette population. Sur 9,000 propriétaires,"« dont on auroit brûi^ les chateaux, cent peut-être sont des sectateurs du Marat de la Russie ; mais 8;900 sont de braves gens déjà trop victimes de l'intrigue de quelques misérables." Pour punir cent coupables, on en auroit ruiné 8,900. Il faut ajouter, que l'on auroit mis absolument sans ressources 2.00,000 pauvres serfs innocens de tout cela. L'Empereur s'est donc contenté d'ordonner la destruction des citadelles et établissemens militaires, selon les usages de la guerre , sans rien faire perdre aax particuliers déjà trop malheureux par les suites de cette guerre. Les habitans de la Russie ne reviennent pas du tems qu'il fait depuis vingt jours. C'est le soleil et les belles journées de Fontainebleau. L'armée est dans un pays extrêmement riche, et qui p<;ut se comparer aux meilleurs de la France et de l'Allemagne. Paris, le 16 novembre. 27-aie Bullftin de la Grande-Armée. iiW'fi il ~1»I t If » • •» T -|» 1 ff 1 «SSSB»——- Ver eia , le 27 octobre 1812. Le 22 , Je prince de Poniatowslci se porta sur Vercia. Le 23, l'armée alloit suivre ce mouvement lorsque dans J'après midi, on apprit que l'ennemi avoit quitté son camp retranché, et se portoit sur la petite ville de Maloiaros-tavetz. On jugea nécessaire de marcher à lui pour l'en chasser. Le vice-roi reçut l'ordre de s'y porter. La divisio» Delzons arriva le 23 , à 6 heures du soir, sur la rive gauche, s'empara du pont et le fit rétablir. Dans la nuit du au 24, deux divisions russes arrivèrent dans la ville et s'emparèrent des hauteurs sur la rive droite, qui sont extrêmement favorables. Le 24, à la pointe du jour, le combat s'engagea. Pendant ce tems, l'armée ennemie parut toute entière et vint prendre position derrière la ville: les divisions Delzons, Broussier et Ptna, et la garde italienne furent successivement engagées. Ce combat fait le plus grand honneur au vice-roi et au 4.e corps d'armée. L'ennemi engagea les deux tiers de son armée pour soutenir la position ; ce fut en vain , la ville fut enlevée, ainsi que les hauteurs. La retraite de l'ennemi fut si précipitée, qu'il fut obligé de jeter 20 pièces de canon dans la rivière. Vers le soir, le maréchal prince d'Eckmiihl, déboucha avec son corps, et toute l'aiBr.ée se trouva en bataille avec son artillerie le 25 , sur la position que l'ennemi oceupoit la veille. L'Empereur porta son quartier général le 24 au village de Chorodnia» A sept heures du matin 6cco cosaques qui «"étoient glissés, dans le bois firent un houra général sur lešv. derrières de la position, et enlevèrent six piecesde canon qui ëtoient parquées. Le duc d istrie se porta au galop avec toute la garde à cheval : cette horde fut sabrée , ramenée et jettée dans la rivière; on lui reprit l'art ili eri: qu'elle avoit prise et plusieurs voitures qui lui apparte-noient i 600 de ces cosaques ont été tués, blessés ou pris; 30 hommes de la garde ont été blessés et 3 tués. Le général de division comte Rapp a eu un cheval tué sous lui i l'intrépidité dont ce général a donné tant de preuveij se montre dans toutes les occasions. Au commencement de la charge , les officiers des cosa* ques appeloient la garde , qu'ils reconnoissoient, Muscadini de Paris. Le major des dragons Letort s'est fait remarquer. A huit heures l'ordre étoit rétabli. , L'Empereur se porta à Maloiaroslavetz , reconnut la position de l'ennemi , et ordonna l'attaque pour le ltnds* { main; mais dans la nuit l'ennemi a battu la retraite. Le prince d'Eckmiihl l'a poursuivi pendant six lieues> l'Empereur alors l'a laissé aller et a ordonné le mou*«' ment sur Vercia. r Le 263 le quartier-général étoit à Bro vsk , et le 27^ t Vercia. Le prince d'Eckmiihl est ce soir à Borowsk j ^ s maréchal duc d'Elchingen à Mojaïsk. i Le tems est superbe ; les chemins sont beaux î c'est I* t reste de l'automne ; ce tems durera encore huit jours, eî g à cette époque nous serons rendus dans nos nouvelles S0' <3 sitions. Jl D a «s le combat de Maloiaroslavetz , îa garde italie«1"5 a s'est distinguée. Elle a pris la position et s'y est maiflj£] ei fnue. Le général baron Dsizons , officier distingué . a & i ' tué de trois balles. Notre perte est de 1500 hommes ou blessés. Celles des ennemis est de 6 à 7 mille. On a trouvé sur le champ de bataille 1700 russes, Psr ' mi lesquels uco recrues habillés de vestes grises, aXar" ^ à peine ceux mois de service. n L'ancienne ÎBfantérie russe est détruite; l'armée rus* lì f fis <î n'a quelque consistance que par les nombreux reniori» cosaques récemment arrivés du Don. Des gens instr"1 ^surent qu'il n'y a dans l'infanterie russe que le premier rang composé de soldats et que les deuxieme et troisième rangs sont remplis par des recrues et des milices j que malgré la parole qu'on leur avoit donnée , on y a incorporées. Les Russes ont eu trois généraux tués. Le général comte Pino a été légèrement blessé. Paris, ia novembri, NOUVELLES OFFICIELLES DES ARMÉES IMPERIALES EN ESPAGNE. ARMÉE DU MIDI DE L'ESPAGNE. On a publié dans le Moniteur du 29 septembre dernier an extrait du rapport historique des opérations de l'armée du midi en Espagne, pendant les mois d'avril et de mai. On donne ici l'historique des opérations de la même armée pendant le cours du mois de juin , il se lie au précédant rapport et fait connoitre la suite des évènenaens militaires qui se sont passés à cet époque en Andalousie. extrait du rapport historique des opérations de l'armée du midi en Espagne, pendant le mois de juin i8ï2, transmis par le général de division Gatan , chef de l'état-major-général de l'armée , a S. Exc• M.gr le duc de Feltre, ministre de la guerre. Séville, le 30 juin 1812. Ballaisteros, après la défaite de ses troupes sur les hauteurs de Bornos, dans l'affaire du i.er de ce mois, dont le dernier rapport a rendu compte, s'éteit retiré dans le plus grand désordre sur Ubrique , avec les débris d'une armée désorganisée, dont les soldats découragés rentroient de toutes parts dans leurs foyers } cependant , au moyen des renforts qu'il reçut de Cadix, il parvint encore à former un corps de troupes assez fort, avec lequel il annon-çoit l'intention d'attaquer de nouveau ceux dont la valeur lui avoit été déjà si souvent funeste, et de chercher k laver la honte dont ses troupes venoient de le couvrir. Mais S. E. le général en chef ayant dirigé le général Raymond avec quatre bataillons, de Chiclana sur Puerto de Ojen , afin d'inquiéter ses derrières et de renforcer le général Conroax de six bataillons d'infanterie tirés de devant Cadix et d'un régiment de dragons, Baliaisteros, alarmé de ce mouvement, ne songea plus qu'à se retirer précipitamment sur Saint-Roch et à se rapprocher du rocher de Gibraltrar, so» dernier refuge. Dès que le général en chef fut instruit qu'il y étoit rentré, il rappela dans les lignes de Cadix les troupes qui s'étoient portées au soutien du général Conroux; leur présence étoit nécessaire pour accélérer les travaux qui ont été poussés avec la plus grande activité, ainsi que le bombardement de Cadix, qui obtenoit tous les jours de plus grands résultais , d'après le nouveau degré d'amélioration qu'on est parvenu à donner aux projectiles. On s'occupoit sans relâche à perfectionner encore ces projectiles , et il avoit été établi une nouvelle fonderie à Puerto-Réal pour en pourvoir nos batteries avec plus de facilité et d'abondance. S. E. le général en chef avoit ordonné au général Soult, qui occupoit avec une partie de sa cavalerie 1e district d'Ossuna , de faire également des démonstrations sur les divers débouchés dis montagnrs et de foi mer des colonnes •o'bilït pour rétablir le bon ordre, disperser des bandes qui s é (Oient répandues dens le pays, et protég.r les habitans qui coaimençoitnt à se livrer aux travaux ce la récolte. Le chef d'escadron Boitieux, du 5.e régiment de dragons, qui commandoit un de ces partis, rencontra le 7, sur le Rio-Lorbonne, à une lieue de la Puebla de Cazalla, la bande du nommé Bartholo , l'attaqua avec son avant-garde, lui tua x8 hommes, et lui prit 8 chevaux, le reste se dispersa: Bartholo ne s'est sauvé qu'avec 5 hommes les mieux mootés et les seuls qui soient restés de sa bande. Le capitaine Coucy , du 27.e de chasseurs à cheval, commandant le dépôt de son régiment à Trébujena , instruit, le i.er de ce mais, qu'un parti de 150 hommes de cavalerie espagnole, auquel s'étoient joints une quarantaine de brigands, avoit paru à une lieue de son cantonnement, se porta de suite sUr eux avec 60 chevaux de nouvelles levées, et les ayant rencontrés sur les hauteurs deCortijo del Pozuelo , nonobstant la supériorité de l'ennemi et l'avantage de sa position, il le chargea, le culbuta, lui tua -du monde, en blessa un grand nombre, et mit le reste dans une déroute compiette ; le capitaine Coucy n'a eu dans cette affaire que quatre hommes et quelques chevaux de blessés. Le général Dijeon ayant été informé que le brigadier Porta s'étoit reporté sur Ubeda et Bazca avec le bataillon de Jaen , renforcé du parti i4e Marquez , envoya aussitôt ordre au colonel Foulon, du 28.e léger, qui se trouvoit avec une partie de son régiment et 40 dragons du 26,e à Lmarez, de marcher sur ces deux villes, afin de chasser l'ennemi. Le colonel Foulon ayant pris toutes les dispositions nécessaires pour donner le change sur son mouvement arriva le i2, à quatre heures du matin, à un quart de lieue d'Ubeda , sur la route de Torre Pedrogil, sans avoir été aperçu par l'ennemi , et ayant appris que la ville étoit occupée par un détachement de troupes de Marquez , il marcha aussitôt pour le surprendre; dans un instant ce poste fut attaqué si vivement , qu'il tomba presqu'entiè-rement en notre pouvoir; les prisonniers ayant assuré que Porta devoit se trouver à Torre Pedrogil, Je colonel Foulon s'y porta promptement avec la cavalerie sous ses ordres, dans l'espoir de le surprendre , tandis que son infanterie suivoit pour la soutenir; mais un poste placé sur la route prévint l'ennemi de son arrivée à Ubeda, en lui annonçant que la retiaite de tous ses postes^étoit coupée ; Marquez , qui se trouvoit à Torre Pedrogil avec 700 hommes d'infanterie et un fort parti de cavalerie, chercha à rallier ses troupes pour protéger la retraite de ses avant-postes, dont il ignoroit le sort ; mais l'épouvante de ses soldats étoit déjà telle que tous prirent la fuite dans le plus grand désordre en jetant leurs armes pour se sauver avec plus de facilité. L'eunemi a eu dans cette affaire plus de cinquante hommes tués et un nombre considérable de blessés : on lui fit quarante prisonniers, dont un officier j le reste se dispersa. Le colonel Foulorç a conduit cette attaque arec intelligence et vigueur; nous n'avons perdu personne ; les troupes se sont bien conduites. S. E. le général en chef avoit donné ordre au général Levai de faire partir de son côté, dans les premiers jours de ce mois, le général Vichery de Grenade, av^c trois bataillons du 55.e pour parcourir les Almijarras, à l'eîîèt de les purger des bandes de brigands qui s'étoient beaucoup augmentées dans ces contrées, dont elles désoioient ks malheureux habitans. Le générâl Vichery partagea sa troupe sur plusieurs colonnes, afin de battre ces montagnes dans tous les sens; les diflèrens commandans étant instruits de l'ensemble de l'opération , afin de pouvoir au besoin s'appuyer sur lui; une partie du 3.e bataillon du 55.e, aux ordres du chef de bataillon Granduer , rencontra le 6 le parti de Lanchao réuni à plusieurs autres, formant ensemble 300 hommes k pied et 50 k cheval, qui étoient en position sur les hauteurs d'Alcansin , et qui paroissoient vouloir attendre le combat. Le commandanr Granduer fit commencer de suite l'attaque ; la fusillade s'engagea vivement, et l'ennemi, chassé de ses positions, cherehoit à faire sa retraite sur Canilles de Aceituno; mais s'étant aperçu que le chef de bataillon Granduer alloit le cerner , il prit le parti de se disperser et de se sauver à la débandade : on lui tua et blessa beaucoup de monde; nous n'eûmes que l'adjudant-major du bataillon de blessé. Poursuivies de même sur tous les autres points, par les différentes colonnes du général Vichery, ces bandes se dispersèrent et àe rejetèrent dans les Alpu-jarras , où de nouveaux désastres les attendoient. Un corps de troupes aux ordres du colonel Aymard du 32.e régiment, composé de deux bataillons du J2.e de ligne, 300 chevaux du i2.e de dragons et deux bouches k feu, s'étoit également reporté, le i.er de ce mois, de Grenade sur Guadix et Baza, afin d'éclairer notre extrême gauche, en éloigner l'ennemi, tâcher d'avoir des nouvellescertaines des événemens qui pouvoient se passer dans le royaume de Murcie et à l'armée d'Arragon, pour observer les AIpu-jarras. Lé colonel Aymard, à son arrivée à Baza, ayant appris que la bande de Moreno occupoit Llejejar avec près de 1000 hommes d'infanterie et 30 chevaux, donna ordre au capitaine Gennié, du j2.e de ligne, de se joindre avec sa compagnie à la compagnie des Alpujarras, sous les ordres du chef de bataillon Vanos, au service de S. M. G.» afin de détruire cette bande. Le capitaine Gennié se porta, le 6, avec un détachement fort de 250 hommes, sur Lan-gor, à l'effet de prendre des renseignemens sur la position de l'ennemi. A l'entrée de nos troupes dans Alpujarras, Moreno s'étoit porté rapidement avec sa bande d'Uxijar sur Berga; mais» ayant été informé du peu de monde que le capitaine Gennié avoit sous ses ordres, il se décida à venir l'attaquer, et arriva dans la nuit du 6 au 7 à tifando, d'où il marcha en quatre colonnes sur Langor. Notre détachement qui l'at-tendoit, le reçut avec vigueur; l'ennemi pénétra dans plusieurs rues et se dirigeoit sur la place ; le capitaine Gennié , avec la moitié de son monde, le chargea à la baïonnette, le chassa de la ville et le mit dans une déroute épouvantable , après avoir laissé 52 morts dans les rues de Langor et beaucoup d'armes» L'ennemi a eu une très-grande quantité de blessés , dont la plupart sont morts dans les montagnes faute de secours. La compagnie franche des Alpujarras a déployé la plus grande valeur «t s'est montrée digne de combattre k côté des troupes impériales. Le capitaine Gennié s'est conduit avec bravoure et avec son intrépidité accoutumée. Le colonel Aymard donne aussi des éloges au lieutenant Ligée , du même régiment» Le capitaine Aymard, informé depuis, que plusieurs bandes très-nombreuses venant des Almijarras étoient entrées dans les Alpujarras, et qu'une d'elles, commandée par Jean de Dios, occupoit le village de Pitres , a don«é ordre au capitaine Gennié de se porter sur elle , de li détruire et de continuer ensuite k purger ics Alpujarras de tous ces ramassis de brigands. Le général Vichery , après avoir rempli sa mission dans les Almijarras, est rentré à Grenade pour s'occuper délai police intérieure de la province, donner ses soins à l'administration , et pour faire protéger les travaux del« moisson. é Le général Levai a été placé k Antequera avec une I réserve d'infanterie et de cavalerie pour maintenir Ballas- ; teros, l'empêcher de rien entreprendre, et pour être Ì c même d'agir avec succès sur quelques points de notre ligne s que ce soit, oft sa présence pourroit être nécessaire. Le corps du général Hill , qui, de retour de son ex* pédition sur le pont d'Almaras , étoit rentré dans ses an- 2 ciens cantonnemens, ainsi qu'il en a été rendu compter dans le dernier rapport, s'étoit rassemblé de nouveau dan» c les environs de Villa Franca, où ce général porta soni quartier-général le i.er de ce mois. M. le général conte r d'Erlon , commandant l'aile droite, revint de don Benito c et Médelin, où il s'étoit porté pour observer le meuve- d ment des ennemis, et s'établir à Fuente-Orejuna, où il ? eut ordre de tem r ses troupes concentrées, et porter un« i reconnoissance dans la direction de Ribera. (Voyez le Mo- * niteur du 29 septembre dernier.) g A cet effet , il donna ordre au génétal Lallemand d« partir de la Granja, le to, avec quatre escadrons dei dix-septième et vingt-septième régimens de dragons, ei de se porter par Maguilia sur Liera. Le général anglaii Slade , ayant eu connoissance de ce mouvement , sortii de Ribera, avec les premier et troisième régimens de dra-^ gons ( grosse cavalerie ) , et vint se placer en embuscad« ^ derrière le défilé de Jera, dans l'espoir de surprendre no« ^ troupes lorsqu'elles en seroient sorties} mais le piège fu' découvert par les éclaireurs. £ Alors le général Slade , comptant sur sa force, q«1 étoit le double de la nôtre, prit le parti d» passer lui' même Je défilé, afin de suivre le mouvement rétrograda du général Lallemand, qui , ayant reconnu la sapériorit' ( des anglais , évitoit d'avoir un engagement avec eux e» avant de Magnilla; mais se voyant pressé, le généra! ^ Lallemand fit volte-face, et chargeant à la tâte du z7,{ c de dragons, enfonça les escadrons qui ramenaient v»vt ^ ment ceux du i7.e, et, après une mêlée de plus d*u» quart-d'heure, l'ennemi fut dans une déroute compii' t poursuivi et sabré pendant plus d'une lieue. Cette affaire, qui fait le plus grand honneur au gé^' ral Lallemand, ainsi qu'aux 27.e et 17.e de dragons, a en notre pouvoir 130 prisonniers, dont 3 officiers et P1"1 ^ de 150 chevaux. L'ennemi a eu en outre 60 hommes t" sur le champ de bataille, et considérablement de bl*sï^' Notre perte s'est réduite k 51 hommes en tués, bUsse' 1 et prisonniers. (La suite au numèrt prêchai»-) p