Mojca Schlamberger Brezar Université de Ljubljana* UDK 811.163.6'367.625:811.133.1'367.625 LE GÉRONDIF ET LE PARTICIPE PRÉSENT ET LEUR ÉVOLUTION VERS LA GRAMMATICALISATION : ÉTUDE CONTRASTIVE DU SLOVÈNE ET DU FRANÇAIS 0. LES PROCÉDÉS DE LEXICALISATION ET GRAMMATICALISATION Les gérondifs et les participes, formes verbales du mode impersonnel, subissent dans leur manifestation moderne, synchronique, la grammaticalisation aussi bien en français qu'en slovène. Ces formes persistent avec les formes des gérondifs et participes dans leur rôle verbal de base. La grammaticalisation, un terme qui est (re)devenu à la mode dans les deux dernières décennies, a été utilisée pour la première fois par A. Meillet (1921) dans son ouvrage Linguistique historique et linguistique générale. Au chapitre L'évolution des formes grammaticales, il mentionne que « l'innovation analogique et l'attribution d'un caractère grammatical à un mot jadis autonome sont les seuls (procédés) par lesquels se constituent des formes grammaticales nouvelles » (ibid. p. 130). Il l'a démontré, entre autres, aussi sur l'exemple du développement de la négation en français à l'aide du mot pas (1921 : 139). La grammaticalisation est le procédé dans lequel une forme lexicale endosse peu à peu le rôle d'une catégorie grammaticale dépendante (Bussman 1990 : 289 - 291) et qui perd sa valeur indépendante. C. Lehmann, qui a traité la grammaticalisation dans ses ouvrages de 1985 et 2005, a passé par une évolution. Il s'est déplacé dans ses recherches vers les développements cognitifs. L'essentiel de ses thèses sur la grammaticalisation est que les catégories majeures comme le nom et le verbe passent vers les catégories secondaires comme l'adverbe ou la préposition. Les critères de la grammaticalisation (selon Lehmann 2005) sont la perte de l'autonomie et la désémantisation. Le procédé inverse à la grammaticalisation est la lexicalisation. Selon Lehmann (1985), il s'agit de « l'entrée dans la grammaire » dans le cadre de la grammaticalisation et de « l'entrée dans le lexique » dans le cadre de la lexicalisation. Pour cette dernière, Bussman (1990 : 452) mentionne, dans la synchronie, l'acceptation du mot dans le dictionnaire (et dans le lexique d'une langue). Dans le cadre de la diachronie, la lexicalisation relève du processus ou du résultat de la démotivation où plusieurs morphèmes sont unis en unité lexicale qui n'est pas toujours déchiffrable des sens composés de ces morphèmes, comme dans l'idiomatisa-tion où passer l'arme à gauche signifie mourir. Adresse de l'auteur : Filozofska fakulteta, Oddelek za prevajalstvo, Aškerčeva 2, 1000 Ljubljana, Slovénie. Mél: mojca.brezar@ff.uni-lj.si Pour C. Marchello-Nizia (2006 : 15), On nomme « grammaticalisation » un type de changement linguistique très répandu dans toutes les langues du monde. On a coutume, dès le début, de le décrire par son résultat : c'est le processus par lequel les lexèmes deviennent des morphèmes. Ces nouvelles unités grammaticales servent à coder des relations qui n'étaient pas codées grammaticalement auparavant, soit qui l'étaient mais différemment (E. Traugott, E. Koenig 1991: 189). Selon elle (2006 : 32), la grammaticalisation se situe à trois niveaux : Au niveau formel, dans le cours du processus de la grammaticalisation, l'évolution se fait soit sans changement de forme soit en allant vers une forme plus réduite. Au niveau catégoriel, on va toujours d'une catégorie majeure (nom, verbe, adjectif) vers une catégorie mineure. Au niveau sémantique, le sens lexical évolue vers un sens grammatical plus général et plus abstrait. Il faut mentionner aussi l'impossibilité d'un retour en arrière d'un tel processus. La différence entre lexicalisation et grammaticalisation dépend du point de vue adopté. Alors que certains chercheurs considèrent que les deux termes se confondent (voir notamment Halmoy 2003), selon M. Fruyt (2009), tout dépend de quelle manière on entre dans le lexique, à partir de la syntaxe ou de la morphologie. Lors d'une lexicalisation, le lexique s'enrichit d'une unité supplémentaire. Lors d'une grammaticalisation, le mot est désémantisé en une catégorie auxiliaire, relationnelle - la conjonction ou la préposition. La hiérarchie des parties du discours donnera la réponse s'il s'agit d'une grammaticalisation ou d'une lexicalisation. Les deux procédés entrent en jeu dans le cadre de la catégorie grammaticale du participe présent et du gérondif. Nous esquisserons une étude contrastive du gérondif et du participe français et slovènes qui ont des fonctions semblables, équivalentes dans le cadre des constructions détachées, mais dont l'usage en slovène baisse considérablement plus qu'en français. Nous nous penchons sur l'hypothèse que les participes et les gérondifs présentent de moins en moins une classe d'activité de la morphologie et, par conséquent, deviennent de plus en plus grammaticalisés. Selon M. Fruyt (2009), les adverbes sont une catégorie plus grammaticalisée que les adjectifs ou les verbes parce qu'ils ne sont pas soumis à la flexion. D'après C. Marchello-Nizia, il s'agit d'une « dégradation » allant de la forme verbale vers la forme adjectivale et adverbiale (2006 : 36). Nous pouvons en déduire que tout procédé survenu à des gérondifs ou des participes est du côté de la grammaticalisation. Nous tâcherons de définir, à l'aide des dictionnaires et grammaires, jusqu'à quel degré la grammaticalisation a été effectuée en français et en slovène et vérifierons les données à partir des corpus monolingues et bilingues parallèles. 1. LE MODE IMPERSONNEL VERBAL ET SA MORPHOLOGIE Dans cette partie, nous esquisserons la morphologie du gérondif, du participe présent et de l'adjectif verbal en français et en slovène. Quelques-unes de ces formes verbales ont subi des transformations en devenant des adjectifs et des adverbes ou même des prépositions ou des conjonctions, elles ont donc baissé dans la hiérarchie des parties du discours pouvant former le noyau de la prédication pour devenir des mots outils grammaticaux. 1.1 Le gérondif en français à travers l'histoire et dans les grammaires contemporaines En français, le participe et le gérondif sont formés à partir de la base de l'infinitif verbal et de la terminaison -ant. Le gérondif présente une nouveauté par rapport au fonds latin. Selon O. Halmoy (2003 : 37), l'émergence du gérondif constitue une énigme de l'histoire du français. Dans une perspective diatopique et synchronique on peut voir que le gérondif n'avait d'équivalent morphologique et syntaxique exact ni dans les langues romanes, ni dans les langues germaniques. Il n'en avait pas en latin. Du latin à l'ancien français, de trois formes latines (amandum, amandi, amando) on a abouti à une forme en -ant en ancien français. On rencontre des formes attestées déjà en ancien français (XIIe -XIIIe siècle), par exemple dans La chanson de Roland et Le Roman de Tristan (en estant, en seant, en gisant, en riant) (Halmoy 2003). En moyen français (XIVe-XVe siècle) il y avait, selon O. Halmoy (2003 : 49) 73 occurrences de gérondifs en 226 pages, ce qui donne une occurrence en moyenne toutes les 3 pages. La situation en français pré-classique (XVIe siècle) et le français classique (XVIIe siècle) est similaire. L'état actuel s'est fixé entre le XIIIe et XVe siècle. Les grammairiens (p. ex., Riegel et al. 1994 : 339-342) qui considèrent le gérondif comme un syntagme à fonction adverbiale, s'intéressent surtout à la valeur circonstancielle de la tournure qui n'est pas propre au gérondif, mais au lien logique qui s'établit dans le contexte. Ainsi le gérondif peut exprimer une relation de temps - simultanéité (exemple (1), de manière (exemple (2), de cause (exemple (3), de condition (exemple (4), mais aussi de moyen, d'inclusion ou d'équivalence. (1) J'ai pris froid en attendant l'autobus. (2) Ils se sont quittés en pleurant. (3) Je lui ai évité des ennuis en ne disant rien. (4) En démolissant, tu lui fais plaisir.1 1 Ces exemples sont inventés. Le gérondif est apprécié surtout pour sa valeur stylistique. Il apporte de la dyna-micité dans le récit (Halmoy 2003 : 106) ; il s'emploie pour éviter la lourdeur des phrases, la répétition des relatives, etc. à une contrainte qui doit être respectée, notamment la règle normative de coréférence. 1.2 Le participe présent Ressemblant au gérondif dans ses emplois, le participe est souvent utilisé en remplacement de la construction relative avec qui, notamment quand une autre relative est nécessaire dans la phrase (exemple (5)) : (5) Nous devons prendre une décision concernant l'affaire dont je vous ai parlé la semaine dernière. Il est également utilisé pour établir une relation de cause entre deux informations ; ce procédé apparaît surtout dans le style administratif, il sert à mettre en valeur la cause en la présentant comme un argument (exemples (6) et (7)) : (6) Ma fille étant malade, elle ne pourra assister à votre cours. (7) La direction ayant refusé de prendre en considération nos revendications, l'ensemble du personnel se mettra en grève à partir du lundi 8 heures.2 Les participes et gérondifs grammaticalisés sont facilement repérables dans la diachronie. Dans la synchronie, ils présentent la même forme que leurs homologues qui n'ont pas subi le figement. En revanche, ils fonctionnent non pas comme les formes verbales à valeur prédicative mais comme adverbes, conjonctions ou prépositions. O. Halmoy (2003) présente les possibilités suivantes de la grammaticalisation des gérondifs : le figement adverbial, le figement prépositionnel et le figement conjonctionnel avec les exemples suivants : en attendant, en passant ; en allant à, en passant par, en partant de ; en admettant (que), en supposant (que), en attendant (que). Nous allons y joindre la recherche de quelques prépositions et conjonctions issues du registre administratif : étant donné (que), considérant (que), concernant. Selon C. Marchello-Nizia (2006 : 34), il s'agit de la grammaticalisation, le processus allant d'une partie du discours plus importante vers une partie du discours plus grammaticalisée. Le participe présent et l'adjectif verbal ont en français dans la plupart des cas une forme identique mais diffèrent en variabilité. La différence en variabilité se fait selon la fonction verbale ou adjectivale3 et présente un choix arbitraire qui a été normalisé (Wilmet 2007 : 80). 2 Exemples créés pour la démonstration. 3 Selon Wilmet (2007: 80), l'invariabilité du participe présent était prescrite par un décret du XVIIe siècle. Le cas de l'adjectif verbal pouvait être traité comme le figement adjectival total, puisque les adjectifs diffèrent des participes dans l'orthographe (différent - différant etc.). Des cas similaires sont présents aussi en slovène. 1.3 Les gérondifs et les participes présents en slovène En slovène, on distingue les gérondifs présents en -č, -aje, -e (videč, voyant - šepe-taje, chuchotant - molče, taisant) et le participe présent en -č. Le participe est variable en genre, en nombre et se décline en fonction du nom avec lequel il entre en relation, tandis que le gérondif reste invariable. Vincenot (1975 : 104) distingue, dans le cadre du gérondif présent en -č, la forme adverbiale et la forme adjectivale : en effet, il s'agit de la forme invariable (gérondive) et de la forme du participe présent variable - -oč / -eč. Historiquement, les formes gérondives et participiales tirent leur origine du protoslave. En indoeuropéen, le participe présent actif et le gérondif présent étaient formés en *-nt, tandis que le protoslave comprenait trois suffixes : premièrement *-y, *-Qšti (la première forme désigne le masculin et le neutre, la deuxième le féminin) ; deuxièmement -je -jQsti ; et troisièmement *-e et *-%šti (Jesenšek 1998 : 30 ; Ramovš 1952 : 146-147). Leur usage attesté en slovène a baissé déjà par rapport au slavon et allait dans le sens de la diminution voire l'extinction (Jesenšek 1998 : 39), surtout pour les formes en -ši qui ne restent que des adverbes ou des attributs déjà dans la grammaire de Bohorič (1584). Ces formes ont réapparu dans le slovène de l'est au XVIIIe et XIXe siècle. Les gérondifs en -e (molče, en se taisant ; stoje, debout ; hote, voulant ; grede, allant) ont déjà subi l'adverbialisation dès le XVIe siècle selon Ramovš (1952). Jesenšek à son tour (1998) situe l'adverbialisation entre les XIIe et XIIIe siècles. Le gérondif développe, déjà dans les manuscrits slavons, la faculté de former, dans le cas des sujets identiques, la prédication avec la valeur adverbiale d'une subordonnée circonstancielle (Jesenšek 1998 : 34). Il contribue ainsi à l'économie de l'expression (voir l'exemple (8) ci-dessous) : (8) Pojoč na ves glas so hodili po ulici. Chantant à haute voix, ils marchaient dans la rue. La grammaire du slovène (Toporišič 2000) mentionne à son tour que les gérondifs en -č ou -aje indiquent l'action verbale qui se déroule en même temps qu'une autre action (simultanément avec une autre action), tandis que le gérondif en -e s'emploie aujourd'hui seulement en tant que l'adverbe de manière (exemple (9) ci-dessous) : (9) Molče ves dan je pridno delal. Silencieusement/ En se taisant, il a travaillé pendant toute la journée. Selon Toporišič (1982 : 145, 374, 404), le participe en -č dans sa forme adjectivale garde son caractère verbal exprimant la durée de l'action qui se déroule simultanément avec l'activité du sujet et s'accorde en genre, nombre et cas avec le nom - goreča hiša (une maison « brûlante » (en feu), upajoča mati, une mère « espérante » (dans l'expectative)). Pourtant, certains participes présents ne sont plus que de purs adjectifs. Le figement adjectival est complet, ce qui se voit aussi dans leur sens. Quelques-uns de ces participes d'origine s'éloignent de leur premier sens verbal. Le syntagme vroča voda (du participe présent du verbe vreti - bouillir) a subi un glissement de sens. Il s'agit aujourd'hui de l'eau qui est chaude tandis que le participe signifiait bouillante. Nous pouvons conclure que les gérondifs et les participes sont formés à partir des bases verbales auxquelles s'ajoute le morphème grammatical en fonction de la forme, de l'aspect et de la transitivité du verbe de base. Leur « passage » dans le cadre des mots grammaticaux d'un côté et des nouvelles entrées dans le dictionnaire, de l'autre, se fait par la « dérivation impropre ». 2. LE FONCTIONNEMENT DES GÉRONDIFS ET DES PARTICIPES EN FRANçAIS ET SLOVÈNE CONTEMPORAINS À TRAVERS LES CORPUS 2.1 La productivité des formes gérondives et participiales en français et en slovène En français, le gérondif et le participe restent une ressource stylistique qui évite trop de relativisations et permet d'exprimer un lien temporel, causal ou conditionnel en cas de co-référentialité du sujet. Ces structures sont surtout liées à l'utilisation en français écrit, voire littéraire, soutenu. Le fait que le participe présent et le gérondif ne figurent pas dans les recherches sur l'oral, le prouve. Dans les travaux de M. A. Morel et L. Danon-Boileau (1998) ou C. Blanche-Benveniste (1997), le participe présent et le gérondif sont presque inexistants dans les matériaux étudiés. Pourtant, à l'écrit, cette forme reste bien productive malgré quelques grammaticalisations dans le cadre des gérondifs et participes. En slovène écrit, le gérondif et le participe en -č et en -e ont vécu une réintroduction sous influence des écrivains et des journalistes de l'Est de la Slovénie au XVIIIe et XIXe siècle, ce qui a eu pour résultat un allégement syntaxique ( Jesenšek 1998 : 40). Toutefois, les formes gérondives et participiales ont été rejetées par les écrivains du début du XXe siècle, de sorte que Cankar se tourne vers le slovène parlé cultivé. En même temps, le participe passé en -ši est rejeté par les grammaires normatives (Jesenšek 1998 : 53). Aujourd'hui, le gérondif en -č, forme verbale impersonnelle sans réaction à gauche (celle-ci étant déterminée par la co-référentialité du sujet dans la partie verbale et gérondive), formée à partir de la base du présent, marque un événement verbal secondaire se déroulant en même temps que l'événement principal. L'usage décline, étant limité à des textes scientifiques et littéraires surtout en liaison avec des verbes de parole, pensée, perception et mouvement (Jesenšek 1998 : 41). Une deuxième tentative de la réintroduction apparut dans le domaine de la traduction des textes des institutions européennes (Schlamberger Brezar 2005), mais ce processus a été arrêté avec la standardisation des traductions juridiques et politiques dès l'entrée de la Slovénie en Union européenne. Dans la suite, nous allons présenter les recherches dans les corpus. Pour le français, nous avons analysé quelques participes et gérondifs choisis où la grammaticali-sation a déjà été attestée dans plusieurs emplois tirés des corpus FraSloK et Evrokorpus, notamment (en) admettant (que), (en) allant, (en) attendant (que), (en) considérant (que), concernant, qui ont dans la plupart des cas subi la grammaticalisa-tion. Pour le slovène, la recherche a été menée dans le corpus Fidaplus4. 2.2 Les « preuves » de la grammaticalisation des gérondifs et participes Comme nous l'avons déjà mentionné dans l'introduction, les preuves de la grammaticalisation se font à trois niveaux (C. Marchello-Nizia, 2006 : 32), au niveau formel (la forme se trouvera changée), au niveau catégoriel (du verbe à l'adverbe ou même préposition ou conjonction) et au niveau sémantique, du sens lexical vers un sens grammatical plus général et plus abstrait. Un autre critère qui peut servir de preuve de la lexicalisation est lié aux propriétés syntaxiques du verbe. Les participes et les gérondifs ont la même propriété que les verbes, qui consiste à fournir le noyau de la construction détachée tandis que les formes adverbialisées ont perdu cette faculté (Toporišič 2000 : 403) : si nous comparons les exemples (10) et (10') où le deuxième énoncé n'est plus normatif en slovène standard : (10) Molče je odšel. Il est parti en silence. (10') * Molče ves dan, je delal. Bn se taisant toute la journée, il a travaillé. Un dernier critère peut être le changement d'orthographe et une éventuelle formation des mots nouveaux à partir des gérondifs ou participes lexicalisés. Le participe rekoč (disant) s'est figé avec sa forme renforcée tako rekoč (soi-disant) en tako-rekoč. Aussi, les participes présents peuvent devenir la base de la formation des adverbes (razumevajoč (qui comprend) - razumevajoče). La recherche dans le corpus présente une synthèse de tous les éléments cités ci-dessus. Les mots dans leurs contextes et leur fréquence peuvent donner une réponse à la question de la fréquence des participes et gérondifs grammaticalisés et de leur emploi dans différents contextes. 2.3. Les participes et gérondifs grammaticalisés à travers les corpus Puisqu'il n'existe pas de corpus monolingues accessibles pour le français comme c'est le cas pour le slovène avec le corpus de référence Fidaplus, nous avons procédé de deux manières différentes pour le slovène et le français. Pour le slovène, nous 4 Le corpus Fidaplus, corpus référentiel de la langue slovène en ligne, est composé de 600 millions de mots provenant des textes variés : la presse, la littérature, les textes juridiques et techniques. Il est accessible en ligne (www.fidaplus.net). avons pu établir le taux de la grammaticalisation existante parmi les gérondifs et les participes, ce qui se confirme à travers la recherche dans le corpus Fidaplus, tandis que pour le français, nous avons préétabli la liste des gérondifs et participes gram-maticalisés que nous avons testés dans les corpus parallèles bi- et plurilingues FraSloK5 et Evrokorpus6. 2.3.1 La recherche dans les corpus slovènes Pour le slovène, une analyse des gérondifs en -e, gérondifs et participes en -oč/-eč et gérondifs en -aje a été effectuée à partir du corpus monolingue slovène Fidaplus (www.fidaplus.net). La méthodologie du travail était la suivante : nous avons cherché dans le corpus tous les mots qui terminent en -oč, -eč, en nous servant de la consigne -oč*, -eč*7. Nous avons ensuite procédé à la désambiguïsation manuelle car les noms comme pomoč, noč, tisoč, nekoč, moč y figuraient à leur tour. La recherche était limitée à 100 000 occurrences. Les données ont été testées sur 3000 occurrences (1500 parmi les occurrences du début et 1500 à la fin de la liste des concordances données). Les gérondifs et les participes en -oč les plus fréquents (plus de 2 dans 3000) étaient rekoč (en disant) (25 occurrences), zahvaljujoč (grâce à) (10), takorekoč (soi-disant, pratiquement) (9), razumevajoč (comprenant) (4), upoštevajoč (considérant) (3). Pour les gérondifs et les participes en -eč, nous avons obtenu sodeč (jugeant) et obstoječ (existant) (avec occurrences respectivement) qui avaient plus de 2 occurrences parmi les 3000 exemples. Ceci signifie que les gérondifs et les participes ne sont pas très fréquents en général, mais que quelques-uns parmi eux sont tout de même assez fréquemment employés. L'analyse détaillée des gérondifs et participes choisis à travers tout le corpus Fidaplus a donné les résultats suivants. Le gérondif le plus fréquent était « rekoč » (33 241 occurrences) - en fonction d'adverbe de reformulation (exemple (11)), alors grammaticalisé : (11) S Tomom sta tako rekoč ista generacija in danes oba letita pri Adrii Airways Avec Tomo, ils appartiennent pratiquement à la même generation et tous les deux sont pilotes chez Adria Airways. (Štajerski tednik 1996) 5 Le corpus parallèle français-slovène, compilé par Adriana Mezeg, contient 6 millions de mots et comporte des originaux et leurs traductions, y compris des textes littéraires et journalistiques. 6 Le corpus composé par les textes législatifs de l'Union européenne, composé par le Service du gouvernement slovène de traduction et interprétation (SVEZ). 7 L'astérisque signifie qu'il peut y avoir une suite - le concordancier fait le repérage de tous les mots qui ne sont pas au nominatif masculin, mais qui varient selon le genre, le nombre et le cas. Il s'agit surtout des participes présents adjectivalisés. Dans 3221 cas, tako rekoč est écrit ensemble, ce qui présente un changement de la forme, une preuve de plus de sa grammaticalisation (exemple (12)) : (12) Poznala sva takorekoč vse trgovske zvijače, upala sva si reči ne. Connaissant soi-disant toutes les ruses des commerçants, nous avons osé dire non. (Dolenjski list 1998) Un usage de rekoč comme noyau verbal a tout de même été trouvé (exemple (13)) : (13) Pogosto se dogaja, da ljudje odkimajo z glavo, rekoč, veste, nisem jugonostalgik, ampak... Il arrive souvent que les gens hochent la tête en disant vous savez, je ne suis pas nostalgique de la Yougoslavie, mais tout de même.. (Delo 2004) Les gérondifs zahvaljujoč et upoštevajoč apparaissent dans leur rôle prépositionnel (exemples (14) et (15)) : (14) »Zmago smo dosegli zahvaljujoč odlični obrambi. Samo 14 golov v naši mreži v 60 minutah je dokaz odgovornosti, ki so se je moji igralci še kako zavedali,« je povedal trener Delmarja Bogosav Peric. Nous avons gagné grâce à l' excellente défense - 14 buts en 60 minutes présentent la preuve de la responsabilité de nos joueurs, a dit\déclaré le coach de Delmar Bogosav Peric. (Dnevnik 1997). (15) Upoštevajoč inflacijo to pomeni, da je dobiček realno manjši. L'inflation prise en compte cela signifie que le profit sera plus petit. (Delo 2003) Les formes en -eč retrouvées dans le corpus, à part sodeč et obstoječ, ne présentent que les participes adjectivalisés (les plus fréquents rdeč (rouge), pereč (poignant), (ne)boleč (qui (ne fait pas) mal), svareč (qui annonce le mal)) et les adverbes en -eče (sledeče (suivant), klečeče ((s')agenouillant), dišeče (sentant), grozeče (menaçant)), également les participes adjectivalisés qui ont subi l'adverbialisation. Parmi les 3000 occurrences des mots en -eč*, 14 exemples des formes en -eč ont été retrouvées avec un seul exemple du gérondif - poti tihotapcev vodeč z vzhoda (les chemins des contrebandiers partant de l'est) et il y avait plus d'une occurrence des gérondifs ou participes sodeč (6), obstoječ (5) et boleč (2 fois) et 2 restes de l'ancien participe lexicalisé pereč, moreč. Le gérondif le plus fréquent, sodeč po (selon), est grammaticalisé en tant que préposition. Dans le corpus Fidaplus, cette locution prépositionnelle atteint 13921 exemplaires (exemple (17)) : (17) Sodeč po včerajšnji razpravi v kolegiju predsednika državnega zbora bo na njenem dnevnem redu okoli 20 točk. Vu / considérant / selon le débat au conseil présidé par le président de l'Assemblée nationale hier, l'ordre du jour comportera 20 points environ. (Dnevnik, 13. 2. 2002) Nous pouvons conclure que les gérondifs les plus fréquents qui apparaissent en slovène avec la terminaison -oč/-eč sont ceux qui sont grammaticalisés. La même procédure a été adoptée pour les gérondifs en -aje : dans les premières 3000 occurrences, nous avons trouvé 18 gérondifs différents, parmi lesquels 8 sont apparus plus d'une fois. Le résultat était presque identique pour les 3000 dernières occurrences parmi 100 000 occurrences avec la terminaison -aje. Les gérondifs plus fréquents smehljaje (en riant), igraje (en jouant), šepetaje (en chuchotant), tous dans l'usage adverbial, étaient confinés à l'apparence dans les oeuvres littéraires. Dans l'usage prépositionnel, le gérondif le plus fréquent était upoštevaje avec 10 occurrences dans le test (et 1901 occurrences dans le corpus entier). Ce gérondif lexicalisé apparaît dans le corpus comme préposition upoštevaje, introduisant un nom à la forme accusative, ou une conjonction, plus exactement la locution conjonctive upoštevaje, da -(94 occurrences en corpus entier) que nous citons dans l'exemple (18) ci-dessous. (18) Upoštevaje celoto je mogoče dopis koroškega deželnega glavarja z dne 21. decembra 2001 razumeti kot na nič stvarnega oprti poskus zunanjega vplivanja na odločitve ustavnega sodišča. Prenant en compte la totalité, la lettre du charintien du 21-décembre 2001 peut être comprise comme les tentations sans fondements de l'influence extérieure à la décision de la cour constitutionnelle... (Delo 2002) Les formes gérondives en -e, étant déjà adverbialisées à partir du XVIe siècle, il était impossible de passer au repérage dans le corpus Fidaplus de la même manière que pour les formes précédentes. Nous avons analysé quelques exemples choisis : molče (en silence), mimogrede (en passant), glede (selon), parmi lesquels le dernier a subi une deuxième grammaticalisation en devenant la forme prépositionnelle glede na (selon). 2.3.2 L'analyse quantitative des gérondifs et participes français choisis dans deux corpus parallèles Les corpus FraSloK et Evroterm sont composés d'une manière différente que Fidaplus et ne permettaient pas de recherche similaire à celle effectuée dans le corpus Fidaplus ; il nous a été impossible de recenser tous les gérondifs présents dans les deux corpus. Nous nous sommes donc limitées à des gérondifs et participes choisis pour lesquels nous savions déjà qu'ils avaient entamé le processus de grammaticalisation. Nous avons pris en compte les gérondifs et les participes suivants : (en) admettant (que), (en) allant, (en) attendant (que), concernant, considérant (que), étant donné (que). Les résultats dans les deux corpus différaient considérablement. Le gérondif en admettant apparaissait dans le corpus Evrokorpus8 avec 27 occurrences, dans le corpus à valeur prépositionnelle (parmi lesquelles aussi l'exemple (18)). On compte 4 exemples où la forme participiale non grammaticalisée a été utilisée (entre autres dans l'exemple (19)) : (18) Ils ont confiance en ce système, tout en admettant la nécessité de poursuivre les travaux entrepris pour l'améliorer, notamment dans les régions où il existe un risque préoccupant de prolifération. (Evrokorpus : ID: 21996A0520(01)) (19) (...) pratiquant la vaccination contre la fièvre aphteuse et admettant sur son territoire la présence d'animaux vaccinés contre cette affection, ces animaux sont soumis aux exigences de la présente directive, exception faite de celles relatives à la vaccination antiaphteuse qui sont remplacées par les garanties suivantes... (Evrokorpus : ID: 31977L0098) Dans le corpus FraSloK9, en admettant n'avait que 8 occurrences, parmi lesquelles un exemple sous forme de conjonction ou locution conjonctive en admettant que (voir l'exemple (20)). Le reste des formes retrouvées était utilisé avec la valeur participiale ou gérondive. (20) On l' embrasse en arrivant et en partant, en admettant que « partir » ait un sens dans ce genre d'endroit (...) . (FraSloK) Le participe présent allant apparait dans l'Evrokorpus avec 601 occurrences et dans le corpus FraSloK avec 70 occurrences dont la plupart sont participiales ou gérondives (comme dans l'exemple (21)) et une plus petite partie prépositionnelle : (21) Je revis Charlotte dix ans après, pendant quelques heures, en allant à l'étranger. J'arrivai très tard le soir, et je devais repartir tôt... (FraSloK) L'utilisation prépositionnelle de l'exemple (22) est tirée d'Evrokorpus : 8 Evrokorpus est le corpus parallèle des traductions de la législation européenne; sa partie française contient 25 millions de mots et 560 000 unités de traduction. 9 Ce corpus parallèle, composé des originaux français du journal Le Monde Diplomatique ainsi que des textes littéraires et de leurs traductions slovènes, a été compilé par Adriana Mezeg dans le cadre de son travail de thèse doctorale et contient 6 millions de mots (Mezeg 2010). (22) En cas de vacance simultanée des postes de Directeur général et de Vice-Directeur général, le Conseil d'administration élit, sur la base des candidatures reçues à la suite d'une mise au concours, un Vice-Directeur général pour la période allant jusqu'au prochain Congrès. (Evrokorpus : ID: Ur. l. RS, MP 2006-117) Le gérondif et le participe (en) attendant apparaissent dans leurs formes gramma-ticalisées sous forme de la conjonction en attendant que, représentée par 361 occurrences dans Y Evrokorpus, parmi lesquels l'exemple (23), dans la suite ou sous forme de la préposition en attendant (exemple (24)) : (23 (...) 6.23 approuver, dans le cadre de ses compétences, les recommandations du Conseil d'exploitation postale concernant l'adoption, si nécessaire, d'une réglementation ou d'une nouvelle pratique en attendant que le Congrès décide en la matière ; (Evrokorpus : ID: Ur. l. RS, MP 2006-117) (24) (...) au stockage des marchandises en dépôt temporaire (locaux fermés et emplacements, clôturés ou non, agréés par la douane, ou les marchandises sont stockées en attendant leur dédouanement) ; (Evrokorpus : ID: 21973A0518(01)) La recherche dans le corpus FraSloK a donné, en revanche, très peu d'exemples grammaticalisés parmi 136 gérondifs et participes recensés, l'exemple (25) ci-dessus présente en attendant dans son rôle adverbial : (25) Espitalier va vous recevoir dans un quart d'heure, commença -t-il. En attendant, je vais vous expliquer pourquoi vous êtes là. (FraSloK) La forme grammaticalisée conjonctive en attendant que compte 12 occurrences dans FraSloK (exemple (26)) : (26) (C'est) est la danse à laquelle tous les enfants du pays qui mangent des sardinelles en attendant que Dieu veuille bien penser à eux souhaiteraient pouvoir inviter leur mère... (FraSloK) Le participe présent concernant compte 17361 occurrences dans Evrokorpus. A l'instar de l'exemple (27), tous avaient une valeur prépositionnelle. (27) (...) du 22 février 2005 concernant les demandes d'adhésion à l'Union Européenne présentées par la République de Bulgarie et la Roumanie LA COMMISSION DES COMMUNAUTES EUROPEENNES, vu le traité sur l'Union européenne, et notamment son article 49, considérant ce qui suit : (Evrokorpus : ID: UL EU, st. L 157) Dans le corpus FraSloK, nous avons recensé 74 occurrences du participe présent concernant, la plupart avec la même valeur prépositionnelle (par exemple dans (28)), mais quelques-uns attestaient aussi un usage prédicatif (exemple (29)) : (28) ...jamais elle ne laissait échapper un mot concernant son passé. Les notions évoquées plus haut d'héritage et de pension... (FraSloK) (29) (...) reçu , histoire de sauver la face. On échafaudait des plans insensés les concernant. Certains racontaient que j'allais emmener mon frère avec moi... (FraSloK) Pour le participe présent considérant, nous avons trouvé une nette distinction entre les données dans le corpus FraSloK et Evrokorpus. Dans FraSloK, parmi les 22 occurrences de ce participe dans les textes littéraires, toutes les valeurs étaient pré-dicatives (exemple (30)). (30) (La) fille est devenue amorphe, elle est comme vidée de son énergie. Puis, la considérant avec des yeux embués de larmes, la vieille dame ajouta : - Je me doutais... (FraSloK) Les exemples tirés du journal Le Monde Diplomatique présentent les usages gram-maticalisés (exemple (31)) : (31) (...) un des rares dirigeants talibans au Sud-Waziristan, dénonça les accords, considérant que le Pakistan les avait violés . M. Tahir Yaldeshiv lui apporta aussitôt (FraSloK) La fréquence des formes grammaticalisées dans Evrokorpus (23350 occurrences pour considérant tandis que 16318 pour considérant que ) est la preuve que ce mot fait partie du préambule de tout texte juridique - politique de l'UE (à comparer avec l'exemple (32) et (33)) : (32) Considérant les conclusions du séminaire de Brighton de 1997 visant à encourager les projets pilotes d'autorisations uniques communautaires impliquant une coopération entre les administrations douanières des Etats membres ; (Evrokorpus : ID: Ur-l-RS-st-21-2009) (33) (...) considérant que des études génétiques ont montré que les ours bruns des Pyrénées et les ours bruns de Slovénie appartiennent à la même lignée... (Evrokorpus : ID: Ur. l. RS, st. MP 2006-32) Le participe présent composé étant donné est aussi, dans son rôle grammaticalisé de la conjonction étant donné que, l'indicateur des textes administratifs avec ses 914 exemplaires, parmi lesquels l'exemple (34) ci-dessous : (34) Par dérogation à l'article 5.2, El Salvador, le Panama (Rép.), les Philippines, la Rép. dém. du Congo et le Vénézuéla sont autorisés à ne pas renvoyer les colis après que le destinataire en a demandé le dédouanement, étant donné que leur législation douanière s'y oppose. (Evrokorpus : ID: Ur. l. RS, MP 2006-117) Sur la base de cette recherche dans les corpus de ces quelques participes et gérondifs grammaticalisés, nous pouvons démontrer que les formes grammaticalisées varient selon le type de texte dans lequel elles sont employées. Les recherches sur Evrokorpus donnent les résultats qui diffèrent du FraSloK. Le nombre des gérondifs et participes grammaticalisés est plus élevé dans les textes administratifs et journalistiques, tandis que dans les textes littéraires, ceux-là gardent plus longtemps leur rôle de noyau de la prédication. CONCLUSION Le procédé de la grammaticalisation, moteur du développement d'un côté de nouvelles formes grammaticales, et de l'autre, de nouvelles entrées lexicales, est fréquent aujourd'hui dans la classe des gérondifs et participes. Les gérondifs et les participes présents français aussi bien que slovènes présentent les cas de la grammaticalisation. En français, la grammaticalisation des gérondifs et des participes présente des cas isolés, réservés à certaines formes, tandis qu'en slovène, la grammaticalisation peut toucher toute une catégorie des participes, notamment l'emploi adverbial des gérondifs en -e. En plus, en analysant l'apparition des participes et des gérondifs dans les corpus slovènes en ligne Fidaplus, nous avons pu constater que les « vrais » gérondifs et participes qui pourraient former le noyau verbal d'une structure détachée sont beaucoup plus rares que leurs homologues grammaticalisés. Il y a une différence considérable concernant l'usage des formes impersonnelles des gérondifs ou participes français grammaticalisées dans le corpus FraSloK et Evrokorpus. Dans le deuxième, l'usage grammaticalisé prévaut - tandis que dans le premier, nous trouvons encore les participes et les gérondifs dans leur usage comme noyau du syntagme verbal, surtout dans les textes littéraires. Sur la base de l'analyse des deux corpus, nous pouvons tirer la conclusion pour les textes français que la gram-maticalisation est moins fréquente dans les textes littéraires qu'ailleurs. Nous pouvons exposer le facteur pragmatique ou textuel de la grammaticalisation des gérondifs et des participes. Ces changements ne sont que partiellement notés par les dictionnaires, le dictionnaire du slovène standard Slovar slovenskega knjižnega jezika (SSKJ) n'en tient pas compte. Les grammaires mentionnent le procédé mais la recherche dans le corpus en donne de meilleures preuves dans des contextes particuliers. En revanche, le processus peut être remarqué dans les exemples des corpus mono- et bilingues étudiés. Les tendances sont visibles : les gérondifs et les participes slovènes les plus employés sont ceux qui ont subi la grammaticalisation. En revanche, en français, les cas isolés ont subi le figement prépositionnel, conjonctif ou adverbial tandis que le fonctionnement morpho-syntaxique et discursif de toute la catégorie des gérondifs et participes n'en est pas affecté. BIBLIOGRAPHIE : BLANCHE-BENVENISTE, Claire (1997) Approches de l'oral en français. Paris : Ophrys. BUSSMAN, Hadumond (1990) Lexikon der Sprachwissenschaft. Stuttgart : Kröner Verlag. 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Accès avril-juin 2011 Résumé LE GÉRONDIF ET LE PARTICIPE PRÉSENT ET LEUR ÉVOLUTION VERS LA GRAMMATICALISATION : Étude CONTRASTIVE DU SLOVèNE ET DU FRANçAIS Dans le cadre des études de la morphologie traditionnelle, le gérondif et le participe sont considérés être les formes verbales, formées à partir des désinences particulières, fait prouvé en diachronie. Ce procédé reste-t-il productif en synchronie ? A partir des fonctions exercées par les participes et les gérondifs dans le discours, nous pouvons nous poser plusieurs questions sur leur statut actuel aussi bien en français qu'en slovène. Ne s'agit-il pas du passage à la gramma-ticalisation en tant que procédé dans lequel les anciens gérondifs et participes endossent peu à peu le rôle d'une catégorie grammaticale dépendante ? Sur ces bases, nous présenterons une étude contrastive sur la grammaticalisation des gérondifs et des participes dans les deux langues, menée sur deux corpus parallèles français-slovène accessible en ligne - FraSloK (http://nl.ijs.si/spook/konkor/) et evrokorpus (http://evrokorpus.gov.si/) -, ainsi que sur le corpus monolingue slovène Fidaplus (www.fidaplus.net) qui mettra en valeur, à part les particularités morphologiques, aussi leurs particularités fonctionnelles dans leur usage contemporain. La recherche sur les gérondifs et les participes présents montrera que ces formes grammaticales ont suivi des procédés de grammaticalisation bien différents dans les deux langues. Tandis que les gérondifs et les participes restent productifs en français, surtout dans le registre littéraire, la grammaticalisation de ces formes est pratiquement généralisée en slovène, à quelques exceptions près, dans les textes administratifs et techniques. Povzetek DELEŽJA IN DELEŽNIKI SEDANJEGA čASA IN NJIHOV RAZVOJ V SMERI GRAMATIKALIZACIJE: SLOVENSKO-FRANCOSKA KONTRASTIVNA ŠTUDIJA V tradicionalni morfologiji so deležja in deležniki obravnavani kot glagolske oblike, ki se jih tvori s posebnimi končnicami. V diahroniji to dejstvo drži, vendar nas zanima, ali je ta pojav še produktiven v sinhroniji. Ob analizi funkcij, ki jih deležniki in deležja opravljajo v diskurzu, si lahko zastavimo več vprašanj o njihovem statusu v francoščini in slovenščini. Prihaja do pojava gramatikalizacije, pri katerem bivša deležja in deležniki v slovenščini in francoščini počasi prevzamejo vlogo odvisne slovnične kategorije. Na tej osnovi bomo predstavili kontrastivno študijo o gramatikalizaciji deležij in deležnikov v obeh jezikih, ki bo temeljila na analizi podatkov iz dveh vzporednih francosko-slovenskih korpusov, ki so dostopni prek spleta - FraSloK (http://nl.ijs.si/spook/konkor/) in evrokorpus (http://evrokorpus.gov.si/) - ter enojezičnega slovenskega korpusa Fidaplus (www.fidaplus.net). Raziskava bo poleg oblikoslovnih značilnosti prikazala tudi funkcijske značilnosti deležnikov in deležij v njihovi sodobni rabi. S primeri bomo nakazali, da so te glagolske oblike sledile različnim procesom gramatikalizacije v vsakem od jezikov. V francoščini deležja in deležniki še ostajajo tvorni predvsem v literarnem jeziku, medtem ko je gramatikalizacija teh oblik v slovenskem jeziku takorekoč splošna - z izjemo besedil administrativnega in tehničnega značaja.