II. Semestre provinces illyriennes. n.° 58- TELEGRAPHE OFFICIEL. Laybach , samedi 18 juillet 1812. EXTERIEUR. ANGLETERRE. Londres 24 juin. Le marquis de Wellesky a annoncé , dans la chambre des lords , que d'ici à q linze jours il roit une motion semblable à celle de M. Canning , en faveur des catholiques irlandais. ( Jour, de Paris ) Du 1 er juillet. On a affiché au café Loyds la nouvelle que la Régence de Tripoli avoit déclaré la guerre aux insurgés espagnols. Nous avons reçu de fort mauvaises nouvelles du corps espagnol commandé par Balleisteros. Une lettre d'Algésiras , du 3 j lin , contient les détails suivans : „ Une affaire a eu lieu lé î.er de ee mois d:ns les environs de Bomos. Le général Balleisteros ayant attaqué le général Curves pour le déloger de la position qu'il occu-poit, avoit d'abord obtenu quelque avantage ; mais une charge exécutée par un corps de cavalerie très nombreux , Je repoussa en lui faisant éprouver une p-rte très considérable. On lui a pris trois pièces de canon, et il a eu raille hommes tués, blessés ou faits prisonniers. Il n'a été encore publié aucune relation officielle sur cet événement. ( Journ. de l'Empire ) Extrait d'une lettre dt J êr èrnie, du zi avril. La partie de la flotte de Christophe qui bloquoit le Port-au-Prince, composée d'une corvette et de deux backs, a été attaquée par la flotte de Pétion , consistant en deux corvettes, deux bricks et environ vingt bateaux armés. L'un des bnclcs de Christophe a été iouié bas; l'amiral et tout ce qui étoit à bord , ont péri. L'autre brick a été pris et conduit au Port-au-Prince. La coiv tte a réussi à s'échapper et à se refugier sous une petite bitterie occupée par les troupes de Christophe, où elle continue à être bloquée. Christophe est parti le lendemain pour le Cap-Français; et comme son armée a été beaucoup harassée sur ses ailes par 500 hommes environ de troupes légères , et qu'elle manque de vivres depuis l'affaire avec la flotte de Pétion , il n'y a point de doute qu'elle ne soit obligée de le suivre sous peu. C'est par la supériorité de sa flotte que Christophe a pu transporter devant le Port-au-Prince son artillerie de siège , et c'est la même supériorité qui l'a mis à même de tirer du nord toutes les provisions nécessaires à son armée. Voici les forces respectives des deux armées: On évalue l'armée de Pétion au Port-au-Prince à 9000 hommes: les troupes légères h 5000, dont 2000 de cavalerie; les garnissons dans les différentes villes et ports du sud et de l'ouest sont estimées à 2000 hommes, et 1500 hommes sont employés à réduire les insurgés a Jérèmie. L'armée de siège de Christophe devant le Port-au-Prin-ce est d'environ 8000 hommes; Its garnisons du nord montent à 3000 hommes. ^ f Les farces maritimes de Pétion au Port-au-Prince sont deux corvettes, chacune de 20 canons; q atre gros b'icks de 16 canons , et armés de m >u.sqjets. Les forces maritimes de Christophe sont composées d'une corvette de 20 canons et deux brick de 16. ( Journ. de l'Empire ) Du 28 juin. Des nouvelles de Gibraltar annoncent q>ie la régence de Tripoli a déc'aré la guerre à la j înte de Cadix. — Des lettres d'Algésiras nous apprenant, comme une nouvelle positive, que Ballesteyros a été complètement défait par un corps f ançais dans les environs de Bornos, qi'il a perdu trois pièces de canon, près de 1500 hommes tués , et laissé sur le champ de bataille beaucoup de blessés. ÉTATS UNIS D'AMERIQUE NtW-Yorck , 20 mai. On dit q (e le président des E'ats-Unis doit commun,quer au congiés, demain ou après demain, un message relativement à ^nos contestations avec l'Angleterre. ( Gaz, de France ) T U R.Q U I E Snyne 2 mai, II se confirme que les b^ys se sont réunis aux Wahdbis pour combattre les troupes du pacha de l'Egypte. ( Jour, de l'Empire ) EMPIRE D'AUTRICHE. vienne , 27 juin. . Les dernières nouvelles de Prague nous apprennent que S. M. l'Impératrice Louise se dispose à retourner en France. Son départ est fixé au 28 , et S. M. l'Empereur d'Autriche doit l'accompagner avec la Suite volante de la cour, jusqu'aux frontières. S. M. l'Impératrice d'Autriche se rendra aux eaux de Tœplitz. BAVIERE. Nuremberg, 30 juin. On mande de Vienne q> e l'armée de Gallicie reçoit tout les jours des renforts , et qu'elle est dans le plus bel état. Le prince de H-ihenzoI ern , général de cavalerie , et le feld maréchal-lieutenant de Fri mont , viennent de se rendre sur les frontières, pour pren-des le commandement des corps qui leur sont destinés. Le départ de plusieurs généraux autrichiens pour l'armée a occasionné un changement dans quelques comman-demens de l'intériur. Le général Sommanva a été nommé commandant des troupes qni sont à Bude; le prnice de Hessenbourg, commandant de celles qui se trouvent dans les environs de Kaschau. Le général Gorupp est chargé du commandement des troupes de l'Autriche intérieure. Le feld-maréchal lieutenant de Cavallar et le générai de Sinzendorf sont morts dernièrement. ( Gaz. de France ) ROYAUME DE "WESTPHALIE. Magdebturg , 20 juillet. Le public vient d'être informé dans la feuille de ce département, qu un enfant du minou-vrier Henkel , attaqué de la petite-vérole, est mo^t après quelques jours de maladie. Lek ravages de estte sorte de peste ne se point bordés là. Deux autres enfans dudit Hen-|fel sont également atteints de ce mal contagienx. L'administration a dû prendre des mesures rigoureuses pour empêcher que la négligence coupable d'un individu ne devint funeste à 1800 enfans non encore vaccinés. En conséquence. M. le préfet a ordonné que les deux enfans malades fussent transportés à l'infirmerie de Saint-Augustin. Ils y seront isolés, confiés aux soins du médecin de l'établissement , traités avec toute l'attention que réclame l'humanité; mais ils ne seront rendus à leur parens qu'après leur parfaite guérison , si toutefois la cruelle imprévoyance de leurs pére et mère ne les a pas dévonés à la mort. Le préfet a appris avec satisfaction que dans ces derniers jours plus de 300 enfans or.t été vaccinés. ( Jour, de Paris ) GRAN-DUCHÉ DE BADE pribeurg ( Brisgow ), 26 juin. Ce soir , vers cinq heures, un ouragan terrible , accompagné d'une trombe de terre^ a passé au-dessus de notre ville ; il a déraciné tt brisé une quantité prodigieuse d'arbres dans nos environs ; des nuages qui ont crevé ont inondé plusieurs endroits. Ou n'a pu encore estimer le dommage qu'a causé cette tempête. ( Journ. de Paris ) GRAND-DUCHE DE FRANCFORT Francfort, 3 juillet. La Gazette de Vienne donne l'état officiel des changemens qui ont eu lieu , pendant le mois de mai, parmi ies généraux de l'armée autrichienne. Les généraux Cavallar et comte de Sinzendortf sout morts:: le général comte de Hardegg a été pensionné. Le prince de Schwarxembsrg a été nommé, ainsi que nous l'avons dit, commandant en chcf du corps d'armée d'observation en Gallicie i le général de cavalerie prince de HohenzoUern y est placé également. Les f.Kl-maréchaux-lieutenans de Frimont , Goreup, Hesse-Hombiurg et Sommariva ont été employés, savoir; le premier en Gallicie, le second comme commandant par intérim dans l'Autriche intérieure, le troisième k Kâschàu , et le quatrième comme divisionnaire à Bude. Les généraux-majors G.ffing et Sfutteiheiro ont été envoyés comme brigadiers, savoir: le premier en Rohême et le second en Gallicie. Le journal de Pre'bourg annonce l'arrivée de plusieurs régimens en Gallicie. Le régiment d'infanterie grand-duc de "Wurzbourg est entré à Radomysl ; le régiment d'infanterie de Louis Lichtenstein à Pilsno. Le régiment des hussards de Kaiser ( emperear ) a passé par Tarnow pour continuel sa marche; le régiment d'infanterie de Kaiser est resté à Tarnow. Le vice-roi d Italie a passé à Lipno sur la rive droite de la Vistule, entre Plotzk et Thorn , la revue de la division des troupes bavarosses, commandée par le général comte de Wrede. ( Gaz. de vienne ) D A N E M A R C K. Copenhague, 20 juin. S. M. a fait présent à l'université de Norwège d'une bibliothèque de 70,000 volumes. Peu de bibliothèques possèdent une collection aussi précieuse. Un convoi suédois de 60 voiles, escorté par 2 frégates et 2 bricks, a passé devant Christiansoé. Le capitaine Hoppe, qui commande 6 chaloupes canon-nonières, a eu, le 13, près de Stevens, un engagement avec un brile de 24 canons , qui se tjouvoit avec un vaisseau de ligne de 64. Les chaloupes n'ont point été endommagées , mais le brick ennemi a beaucoup souffert. ( Journ. de Paris ) SAXE Leipsick, 25 juin. Dans plusieurs petites villes de la Marche de Brandebourg, on forme enee moment des gardes nationales pour maintenir l'ordre et la isureté dans intérieur de ces communes et dans les environs. On a éprouvé en Saxe, dans les premiers jours de ce mois, plusieurs orages violens, accompagnés de grêle. En général, le temps a été jusqu'à présent assez favorable, la récolte du foin est très-abondante , et le fourrage est de bonne qualité. La moisson s'annonce de manière que nous po j vons nous attendre à l'une des récoltes les plus abondantes. Les vignes sont également dans le meilleur état. Les fruits sont le seul article qui nous manquera cette année; les insectes ont presque par-tout dévasté les arhres' ( Journ. de Paris ) POLOGNE. Kowno y 26 juin. L'armée française qui Se trouve actuellement sur la rive droite du Niémen, est formidable, et dans le meilleur état ; abondamment pourvue de tous , elle ne respire que la gloire. Un fait inconcevable , c'est' que les troupes françaises aientpassé Je fleuve sans rencon-rer le moindre obstacle de la part de l'ennemi, entièrement abusé sur les manœuvres de l'Empereur Napoléon. Ce passage mémorable a commencé à une heure du matin la nuit du 23 au 24* L'armée a pris sur-le-champ une très belle position. Les Polonais qni voient l'intérêt que l'on veut bien prendre à eux , rivalisent d'ardeur avec ies guerriers français. , Les. avant-postes français sont à Troki, ville de Lil* huanie, située sur le ruisseau de Bresaia ; à 6 petites lieues de ^ilna . et 30 de Grodno. Le quartier-général de Sa Majesjé a été transféré ici. GALLICIE. Lemhergy 27 juin Les quartier-général de l'armée autrichienne est parti hier pour ZbltieW, ainsi que' les deux bataillons de grenadiers de BrzezinsH et de Kirchenbetter. S. A. le général de cavalerie prince de Schwarzenberg a quité notre ville le même jour pour se rendre également à Zolkiewt S U I S S E Saint-Gali, 15 jujn. Nos feuilles publiques donnent s«' l'orage du 7 les détails suivans.- „ Les plaines de Gottheben , de Tegerweilen , Berli"* gen, Mannenbach, eie., qui otfroient à l'oeil uu si riant aspect, ne présentent plus q'une triste tableau de dévastation. Le 8, vers cinq heures du soir, les vents de nord et d'est, qui sembloient lutter avec violence, amoncelèrent une grande quantité de nuages. Un troisième vent s'éleva en même tems du sud-est, phénomène assez rare, et combattit les deux autres. Ce conflit fit crever lesnua-ges, et les torrens d'eau qui s'en dégagèrent avec imPr tuosité , dévastèrent en une demi-heure un espace de trois lic-ues audessous de Constance. Non-seulement tous lfS ruisseaux debordèrent et entraînèrent dans le Rhin ltfS ponts et les planches , mais les chemins furent C°'J verts de trois pieds d'&au , même à côté des fossés de 10 pieds de profondeur. A Berlingati, les torrens ont creuse' des trous si grands , qu'on pourroit y construire des baraques. „ Dans la commune de Mannenbach , toutes les fontaines et les aqueducs ont été' tellement dégradés, qVil faudra plus de six semaines pour pouvoir les remettre en état de fournir de l'eau potable. Une de ces fontaines se trouva le lendemain matin encombres: de trois pieds de limon , et l'eau étoit montée jusqu'au toit. 5) Un grand nombre de maisons ont couru les plus grands dangers; le rez-de-chaussée, et même le premier étage qui etoit assez éievé, ont été inondés , et les hibitans obligés de se réfugier sous le toit. Dans les caves, des tonneaux de la capacité de deux foudres et demi furent enlevés du chantier, Un petit garçon, qui, pour se sauver de l'inondation, étoit monté sur une haie et avoit grimpé de-là sur un arbre , f t entraîné avec l'arbre dans le lac, d'où l'on ne put le sauver qu'avec beaucoup de' peine au bout d'une demi-heure. ,, Dans l'espace entre Ëmishofen et Berlingen , toute communication fut interrompue pendant quelques jours , et il fallut envoyer tous les jours 5oh>mmes des endroits voisins pour travailler à rétablir les chea iis. La pluie qui tomboit par torrens étoit mèlie de gréions d'un volume peu considérable à la vérité , mais qui néanmoins ont fait beaucoup de tort aux vignes. Dans le voisinage, on a remarqué que les nuages dont l'orage étoit formé» parois-soient jaunes et non pas noirs comme dans les orages ordinaires. ( Gaz" de Franct. ) INTÉRIEU R. EMPIRE FRANCAI S. 2.e Bulletin de la Grande Armée XVelhxçiski le 22 juin 1812. Tout moyen de s'entendre entic i es deux Puissdnc.s devenoit impossible , l'esprit qui dominoit le cabinet Russe , 1e précipita a ia Guerre. Le Général Nai bonne, aide-Je-Camp ue l.'E mpereur , fut envoyé a Vie a été principalement remarquable par le zèle qu'il montra en pays étranger pour la religion. Il était venu à bout de bâtir une église à Smyrne , et de faire protéger les catholiques par le pacha.- le pape Ganganelli lui adressa à ce sujet un bref de félicitation avec la décoration d un de ses ordres. Une mort subite a frappe ce respectable vieillard dans un moment où il était occupé à écrire. ( J c tir n. d t Paris ) Du 7 juillet. On est parvenu , par de nouveaux procédés , à donner un accroissement considérable à la production du fer en barres dans l'arrondissement des mines de Komberg , royaume de Westphalie , et notamment dans les usines de Iioizhausen , Rommershausen , Rosenthal et Obern-Urf. L'administration des mines se trouve par-U en état de fournir à toutes les demandes que pourroient lui faire les marchands de fer des départemens du royaume. (journ. de Paris ) A V I S. Le Directeur du Télégraphe officiel avait annoncé dans les pre cédens Numéros que le texte italien paraîtrait au î.er juillet : il l'a adressé de cette epoque aux abonnés qui ont souscrit et i M. M. Les Directeurs des postes dans l'arrondissement desquels-l" langue italienne est plus répandu. Les personnes qui desi' reront ce texte sont invitées à souscrire à Laybach N. 18O ou aux Directions des postes. SUPPLÉMENT AU TÉLÉGRAPHE OFFICIEL du samedi 18 juillet i8ix. PIÈCES OFFICIELLES. J — Copie d'une note adressée, par le ministre des relations extérieures y a M. le comte de Romanz.ow > chancelier de Russie. Monsieur le comte, S. M. l'Empereur de Russie avoit reconnu à Tilsit que ia génération présente ne seroit rendue au b > heur qu'autan que toutes les nations, jouissant de la piémtude de leurs droits, pourroient se livrer en toute lib-rté à leur industrie; qu'autant que l'indépendance de Lur pavillon Seroit inviolable ; étoit un droit de chacune d'el■rs et un dévoir réciproque des unes envers les autres; qu' elles n'étoient pas moins solidaires de l'inviolabilité Je leur pavillon q je de celle de leur territoire; que si une puissance ne peut, sans cesser d'être neutre, laisser enlever sur son territoire, par une des puissances belligérantes, les propriéiés de l'autre , elle cesse également d'être neutre en laissant enlever sous son pavillon , par une de> puissances blligèrantes, les proprielé-, que l'autre y a placé s ; que toutes les puissances ont en conséquence le droit d'exiger q ie les nations qui prétendent ala neutralité fissent respect er leur pavillon , de la même manière qu'elles doivent faire respecter leur territoire; que tant que l'Angelttrre , persistant dans son système de guerre, ne reconnoit Tin épendance d'aucun pavillon sur les mers, auct ne puissance qui a des côtes ne peut être neutre envers l'Angleterre. Avec cette pénétration et cette é évation de sentinuns qui le distinguent, l'Empereur A exandre comprit ainsi qu'il ne pouiroit y avoir de prospérité pour les Etats OU continent que dans le ré;ablissement ,ie leurs droits, que par la paix maritime. Ce grand i n t é e't de la paix mariti me- do fr na dans le traite de Tilsit; tout le reste en fut la conséquence immo late. L empereur Alexandre offrit sa rr>é|iation au gouvernement anglais, et s'engagea, si se gouvernement "ne con-„ sentoit a conclure la paix , en reconnoissant que le^ pa-„ villons de toutes les puissances doivent jouir d'une égale ,, et parfaitem ép-ndance sur les mers, a faire cause com-,, m ine avec la France, sommer, de concert avec elle, ,, les trois co r< de Copenhagne, de Stockholm et de Lisbonne , de feimer leurs p^rts a.»x Anglais, et de Cêelarer la 5J gutrre a l'Angleterre ; et à insister avec force auprès des puissances -y pour quelles adoptent les mêmes principes." L;Emp reur Napoleon accepta la médiation de la Russie; mais l'Angleterre n'y répondit que par une violation du droit des gens , jusqu'alors sans exemple dans l'histoire. Elle vint , en pleine paix , et sans déclaration préalable de guerre j attaquer le Dart^marck , surprendre sa capitale, bru! r ses arsenaux, et s'emparer de sa flotte qui «toit désarmée et en sécu.ilé d*ns s.s ports. La Russie, se conformant aux stipulations et aux principes du traité de Tilsit , déclara la guerre à l'Angelterre; "proclama de nou-„ veau les principes de la neutralité armée, et s'engagea à ne déroger jamais à ce système. „ Ce fut alors que le cabinet britannique jeta le masque, en publiant , au mots de novembre 1807, ces arrêts du conseil par lesquels l'Angleterre levoit un octroi de 4 à 500 millions sur le continent, et elle soumettoit tous les pavillons aux tarifs et aux dispositions de sa législation. Ainsi, d'un côté elle se mettoit en état de guerre contre toute l'Europe ; de l'autre, elle s'assuroit les moyens d'en perpetuer indéfiniment la durée , en fondant se« finances sur les tributs qu'elle pré-lendoit imposer k tous les peuples. Déjà en 1806, et pendant que la France étoit en guerre contre la Prusse et la Russie, elle avoit proclamé un blocus qui mettoit en interdit toutes les côtes d'un Empire. Lorsque S. M fut entrée à Berlin, elle répondit a cette prétention monstreuse par le décret du blocus des îles britanniques. Mais pour repousser les arrêts du conseil de 1807, il falloit des mesures plus directes, plus précises, et S. M. par le décret de Milan, du 17 décembre de la même année, déclara dénationalisés tous les pavillons qui iaisseroient violer leur n.utrahté, en se soumettant à ces tributs. L'attentat de Copenhague avoit été soudain et public. L'Angleterre preparoit en Espagne des at tentats nouveaux ourdis avec méditation et dans les t*nébres. N'ayant pu ébranler la fermete' du roi Charles IV. elle forma un parti contre ce prince, qui ne vouloit pas sacrifier à l'Angleterre les intérêts de son royaume ; elle se servit du nom du prince des Asturies, et le père fut chassé de son trône au nom du fils; les ennemis de la France et l«s partisans de l'Angleterre s'emparèrent du pouvoir. S. M. appelée par le roi Charles IV. fit entrer ses troupes en Espagne , et la guerre de la péninsule fut rallumée . Par une des stipulations de Tilsitt, la Russie devoit évacitr la Valachie et la Moldavie. Citte évacuation fut diffe é„. Dj nouvelles révolutions survenues à Coristanti-nople , avoient plusieurs fois ensanglanté le sérail. Ainsi , un an s'éioit à peine éboulé depuis la paix de Tilsitt, les affaires de Copenhague, d'Espagne, de Con-stantinople, et 1 es arrêts publ é» en 1807 parle conseil britannique , avoient déjà placé l'Europe dans une situation tellement inattendue, que les deux souverains jugèrent con-nable de se concerter et de s'entenlre: l'entrevue d'Erfurt eut lieu. Unis d'intention et animés de l'esprit de Tilsitt, ils se mirent d'accord sur ce qu'exigeroient d'eux de si grands changemens: l'Empereur consentit à faire évacuer la Prusse par ses troupes, en mêm: tems q'i il consentoit que la Russie non seulement n'évacquat point la Valachie et la Moldavie, mais réunit ces provinces à son Empire. Les deux souverains pénétrés du même désir du rétablissement de la paix maritime , et alors aussi fermément attaché, q i'a Tilsitt, à la défense des principes pour les-qael ils s'étaient unis, ésolarent de faire en Commun uue é narche solennelle auprès de l'Angleterre. Vous vintes, M ie comte, en suivre les eiftft-s à Paris et vous é. han-g â(es alors plusieurs notes avec le gouvernement britannique. Mais le cabinet de Londres qui entre voyoït qu'une 4 erre a 11 oit se rallumer sur le continent, repoussa toute né^ociatio n. La Suèie s'étoit refusée à fermer ses ports à l'Angleterre. La Russie, conformément aux stipulations de Ttlsitt lui avoit déclaré la guerre. Il en résulta pour elle la perte de la Finlande , que la Russie réunit à son Empire. En même tems, [es armées russes occupèrent les places fortes du Danube, et firent un* guerre avantageuse contre la Tnrq un». Cependant, M. le comte, le système de l'Anglèterre triomphoit: ces arrêts du conseil menaçoient d'obtenir les plus immeuses résultats, et l'octroi, qui devoit fournir les moyens d'entretenir la guerre perpétuelle qu'elle avoit proclamée, se percevoit sur les mers. La Hollande et les villes anséatiques continuant de commercer avec elle , leur connivence rendit illusoires les dispositions salutaires et décisives des décrets de B.rlin et de Milan qui pouvaient seules combatre victorieusement les principes et les arrêts du conseil bntann que. L'exécution de ces disposition ne pouvoit être assurée que par l'action jcurnalière d'une administration ferme, vigilante, et à l'abri de toute influence ennemie , la Hollande et les villes an-éttiques durent être réunies. Mais tandis que les sentimens les plus chers tédo-ient dans le cœur da S. M. aux intérêts de ses peuples et à ceux du continent, de grards changemens s opéroient , la Russie abandonnoit les principes pour lesquels elle s étoit engagée à Tilsitt , de faire cause commune avec Ja France, q a,elle avoit proclamés dans sa' rié:!aration de guerre à 1" Angletetre, et qui avoient dicté les décrets de Berlin et de Milan. Us fnrent éiutjés par l'ukase le commerce qui ouvrit les ports de la Russie à tout bâtiment anglais chargé de marchandises coloniales, propriétés anglaises, pour qu'il prit la marque d'un pavillon étranger . ce coup inatte-du annula le traité de Tilsitt , et ces transactions fondamentales qui avoientfini la lutte des deux plus grands Empires du monde , et qui avoient promis à l'Europe le grand bienfait de la paix maritime; On pressentit dès lors des bou-leversemens prochains et des guerres sanglantes. La conduite'de la Russie depuis cette époque fut constamment dirigée vers ces funestes tésultats. La réunion du duché d'Oldembourg , enclavé de toutes parts dans les contrées nouvellement soumises au même régime que la Frantoi étoit une suite nécessaire de la réunion des villes an- séafiques. Uoe indemmi'é fut offerte. Cet obj:t étoit facile fi régler selon les con venances léctproques. Mais votre Cabinet en fit une affaire d'£tat , et l'on vit pour la première fois paroitre une protestation d'allié contre un allié. La lêception des vaiseaux anglais dans les ports russes et les dispositions de l'uîcase de 1810, avoient fait conpioitre que les traités n'exitoient plus; la .protestation piontra que non seulement les liens qui avoient uni les deux puissances étoient rompus, mais que la Russie j»»«>it publiquement le gant à la France pour une difficulté qui lui étoit étrangère, et qui ne pouvoit se résoudre que par le moy n que S. M. avoit offerts. On ne se dissimule point que le refus de cette offre déceloit le projet déjà formé d'une rupture. La Russie s'y préparoit en effet. Au moment de dicter les conditions de la Turquie , elle avoit rappelé tout-à eoup cinq divisions de "ai m Je de Moldavie, et, dès le mois de février j8ii, on apprit à Paris que l'armée de Varsovie avoit été obligée de repasser la Vistule pour se mettre à portée d'être secourue ptr la Confédération , tant les armées russes sur la frontière étoient déjà nombreuses et menaçantes. Lorsque la Russie s'étoit déterminée h des mesures contraires aux intérêts de la guerre active qu'elle avoit à soutenir, lorsqu'elle avoit donné à ses armements un développement onéreux à ses finances et sans objet dans la situ ation où se trouvoient toutes les puissances du continent, toutes les troupes françaises étoient en-deça du Rhin à l'exception d'un corps de 40,000 hommes rassemblés à Hambourg pour la défense des côtes de la mer du Nord, et pour le maintien de la tranquilité dans les pays nouvellement réunis; les places réservées en Prusse n'étoient occupées que par les troupes alliées; il n'e'toit resté à Dantziclc qu' une garnison de 4.000 hommes, et les troupes du duché de Varsovie étoient sur le pied de paix ; une partie même étoit en Espagne. Lei préparatifs de la Russie se trouvoient donc sans objet,, à moins qu'elle n'eût l'espérance d'en imposer à la France par un grand appareil de forces, et de la porter à mettre fin aux discussions d'Oldembour , en sacrifiant l'existence du duché de Varsovie, peut-être de Tilsitt ; la Russie n'avoit-elle reconrs à la force que pour chercher à justifier des violations qui ne pouvoient pas l'être. Cependant S. M. resta impassible. Elle persista dans le désir d'nn arrangement ; elle pensoit qu ii étoit toujours temps d'en venir aux armes; elle demanda que des pouvoirs fussent envoyés au prince Kourafcin, et q'une né-gociantion fû». ouverte sur des différents qui pouvoint se terminer facilement, et qui n'étoient assurément pas de nature à exiger l'effusion du sang. Ils se réduisirent aux quatres points suivans: 1.° L'existence du duché de Varsovie, qui avoit été une condition de la paix de Tilsitt, et qui, dès la fin de 1809, donna lieu à la Rnssie de manifester des défiances auxquelles S. M. répondit par une condescendance portée aussi loin que l'amitié la plus exigeante pouvoit le desirer, et que l'honneur pouvoit Je permettre. 2. La réunion du duché d'Oldenbourg, que la guerre contre l'Angleterre avoit nécessité , et qui étoit dans l'es p it de Tilsitt. 3. La législation sur le commerce des marchandises anglaises et les bâtimens dénationalisés, qui devoit être réglée par 1 esprit et les termes du traité de Tilsitt. 4. Enfin les dispositions de l'ukase de décembre 1810, qui, en détruisant toutes les relations commerciales dela France avec la Russie, et en ouvrant les ports aux pavillons simulés chargés de propriétés anglaises, étoient contraires à la lettre du traité de Tilsitt. Tels devoient être les objets de la négociation. . à ce qui regardoit le duché de Varsovie, S. M. s eœpressoit d'adopter une convention par laquelle elle sengageoit à ne favoriser aucune entreprise qui tendroit directement ou indirectement au rétablissement delaPologne. Quant à l'Oldenbourg, elle acceptoit l'intervention de la Russie, qui cependant n'avoit ascun droit des'immisser dans ce qui concernoit un prince de la Confédération du Rhin, et elle consentoit à donner h ce prince une indemnité. Quant au commerce des marchandises anglaises et aux bâtimens dénationalisés, S. M. demandoit à s'entendre ponr concilier les besoins de la Russie avec les principes du sys-' teme continental et l'esprit du traité de Tilsitt. Enfin , quant à l'ukase, S. M. consentoit à conclure tin traite de commerce, qui, en assurant les relations com- merciales de la Francs garanties par le traité de Tilsitt ménageroit tous les intérêts de la Russie. L'Empereur se flattoit que des dispositions dictées par un esprit de conciliation aussimanifesté , ameneroient enfin un arrangement. Mais il fut impossible d'obtenir de la Russie qu'elle donnât des pouvoirs pour ouvrir une négociation. Elle répondit constamment aux nouvelles ouvertures qui lui étoient faites par de nouveaux armemens , et l'on fut forcé de comprendre enfin qu'elle n'osoit point énoncer, et qui ne pouvoient pas être accordées ; que ce n'étoient pas des stipulations qui, en identifiant davantage le duché de Varsovie à la Saxe, en le mettant à l'abri des mouvemens qui pouvoient inquiéter la Russie sur la tranquillité de ses provinces qu'elle desiroit d'obtenir , mais le duché même qu'elle vouloit réunir; que ce n'étoit pas son commerce , mais celui des Anglais qu'elle vouloit fa* voriser pour soustraire l'Angleterre à la catastrophe qui la menaçoit ; que ce n'étoit pas pour les intérêts du riuc d'Oldenbjurg que lt Russie vouloit intervenir dans l'affaire de la réunion, mais que c'étoit une querelle ouverte contre la France qu'elle vouloit tenir en réserve pour le moment de la rupture qu'eile préparoit. L'Empereur reconnut alors qu'il n'y avoit pas un moment à perire. 11 eut aussi recours aux armes. Il se mit en mesure d'opposer des armées à des armées pour garantir un Etat du second ordre si souvent menacé, et qui faisoit reposer toute sa confiance sur sa protection et sur sa foi. Cependant, M. le comte, S. M. saisit encore tentes les occasions pour manifester ses sentimens. Elle déclara publiquement , le 15 août dernier, la nécessité d'arrêter la marche si dangereuse que prenoient les affaires, et le vœu d'y parvenir par des arrangemeus pour lesquels elle ne cessoit point de demander à entrer en négociation. A la fin du mois de novembre suivant S. M. crut pouvoir espérer que ce voeu allo/1 être enfin partagé par vôtre cabinet. Vous annonçâtes. M. le comte, à l'ambassadeur de S. M. que M. de Nesselrode étoit désigné pour se rendre à Paris avec des instructions. Quatre mois s'é-toient écoulés-lorsque S. M. apprit que cette mission n'au-roit pas lieu. Elle fit aussitôt appeler M. le colonel Czernichevv , et iui donna pour l'Empereur Alexandre une lettre qui tendoit de nouveau à ouvrir des négociât ions. M. de Czèrnichew est arrivé Je 10 mars à Saint-Pétersbourg, et cetre lettre est encore sans léponse. Comment se dissimuler plus long-tems que la Russie élude tout rapprochement? Depuis dix-huit mois, elle a eu pour règle-constante de porter la main sur son glaive toutes fois que des propositions d'arrangement lui ont été faites. Se voyant ainsi forcée de renoncer à foute espérance du côté de la Russie, S. M., avant de commencer cette lutte qui fera couler tant de sang, a pensé qu'il étoit de son devoir de s'adresser au gouvernement anglais. La gene qu'éprouve l'Angleterre, les agitations aux-quelies elle est en proie, et les changemens qui ont eu lieu dans son governement , ont décidé S. M. Un sincère désir de la paix a dicté la démarche dont j'ai reçu l'ordre de vous donner connoissance. Aucun agent n'a été envoyé à Londres , et il n'y a eu aucune autre communication entre les deux gouvernemens. La lettre dont V. Exc. trouvera la copie ci-jointe, et que j'ai adressée au secretaire-d'état pour les affaires étrangères de S. M. B. , a été remise en "mer au eommandant-de la station de Douvres. La démarche que je fais auprès de vous, Monsieur le comte, est une conséquence des dispositions du traité de Tilsitt, auquel S. M. a la volonté de se conformer jusqu' au dernier moment. Si les ouvertures faites à l'Angleterre ont quelque résultat, je m'empresserai de vous en prévenir. S. M. l'Empereur Alexandre y prendra part , ou en conséquence 'hi traité de Tilsitt, ou comme allié de l'Angleterre, si déjà ses relations avec l'Angl terre sont formées. U m'est formellement prescrit, Monsieur le comie, d'exprimer en terminant cette dépêche, le voeu déjà manifesté par S. M. à M. le colonel Czernichevv, de voir des négociations qu'elle n'a cessées de provoquer depuis dix-huit mois, prévenir enfin des évènemens dout l'humanité auroit tant à gémir. Quelle que soit la situation des choses lossque cette lettre parviedra à V. Exc. , la paix dépendra encore des résolutions de vôtre cabinet. J ai l'honneur, Monsieur le comte, de vous offrir l'as-usrance de la plus haute considération. Sigiti le duc DE BASSANQ.